(Quinze
heures trois minutes)
Le Président (M. Bachand) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Bienvenue. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de Commission
des institutions ouverte. Je demande bien sûr
à toutes les personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre
la sonnerie de leurs appareils électroniques, s'il vous plaît.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Conseil exécutif des crédits
budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2019‑2020. Une enveloppe de cinq heures a été allouée pour
l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, Mme
la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. Mme Lachance (Bellechasse) est remplacée par M. Poulin
(Beauce-Sud); M. Lamothe (Ungava) est remplacé par M. Skeete (Sainte-Rose); Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacée par M. Arcand (Mont-Royal—Outremont);
M. Tanguay (LaFontaine) est remplacé par M. Fortin (Pontiac); Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce) est remplacée par Mme Sauvé (Fabre); M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé par Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques);
M. LeBel (Rimouski) est remplacé par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Le
Président (M. Bachand) : Également,
selon l'article 132, j'aurais besoin du consentement pour autoriser deux autres députés, soit le député
de Jean-Talon et de Robert-Baldwin,
à participer aux travaux de la commission. Consentement? Merci.
Conseil exécutif
Nous
allons débuter par les remarques préliminaires puis nous allons procéder à une
discussion d'ordre général par blocs
d'environ 20 minutes, incluant les questions et réponses. La mise aux voix
de ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, ce
soir, vers 21 h 30.
Remarques préliminaires
Nous
débuterons d'abord avec les remarques préliminaires. M. le premier ministre,
bienvenue. Vous disposez de 20 minutes. M. le premier ministre,
s'il vous plaît.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Bonjour, tout le monde. Donc, M. le Président, M. le chef de l'opposition
officielle, Mme la cheffe du deuxième
groupe d'opposition, M. le chef du troisième groupe d'opposition, Mmes, MM. les
députés, d'abord, je veux vous
signaler que j'ai deux personnes très importantes auprès de moi. D'abord,
M. Yves Ouellet, qui est le secrétaire général, c'est le patron de tous les fonctionnaires, que j'ai choisi
l'été dernier au cas où je gagne, donc, hein, c'est ça. Et Martin
Koskinen, qui est avec moi depuis le Sommet du Québec et de la jeunesse, au
moment où il était président de Force Jeunesse, donc c'est mon directeur de
cabinet depuis toujours.
Donc, content d'être
ici, content de venir faire le point sur les derniers six mois. Je pense que,
quand on regarde nos promesses, nos engagements, on a commencé à livrer la
marchandise. On l'a dit puis on l'a répété depuis sept ans, depuis la création de la CAQ puis en particulier
pendant la campagne électorale, trois grandes priorités : l'éducation, l'économie, la santé. Donc, on s'est attardé à travailler, à
remplir ces engagements. J'ai entendu certains députés de l'opposition dire... en tout cas, nous reprocher de trop remplir nos engagements,
de trop tenir parole. Je veux vous dire que, malheureusement, je
vais continuer à trop tenir nos engagements.
Évidemment, on avait,
durant la campagne électorale, annoncé un grand changement. C'est ce qu'on
essaie de mettre en place. Je commence par
les trois grandes priorités que je viens de mentionner. L'éducation, bien, vous l'avez vu dans le budget, il y a des sommes importantes, autant du côté du fonctionnement que du côté des infrastructures, ce qu'on appelle le PQI, parce que malheureusement 50 %
des écoles au Québec sont en mauvais état. C'est gênant quand... On a un
consensus, je pense, dans notre société pour
dire que l'éducation, ça devrait être la priorité nationale. Or, de dire qu'il
y a 50 % de nos écoles qui ne sont pas en bon état, bien, il y a du
travail à faire.
Il
y a un dossier aussi qui est très important pour moi, là. J'ai eu la chance
d'être ministre de l'Éducation, de travailler sur la réussite des enfants. Pour moi, ce qui me touche le plus, c'est
la réussite des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. On le sait, il faut agir tôt. D'ailleurs, c'est au
moment où j'étais avec le chef de la troisième opposition au ministère de
l'Éducation qu'on avait choisi ces mots,
Agir tôt, hein, il s'en souvient sûrement, avec Anne Marcotte et compagnie. On
avait aussi Agir autrement, mais, en tout cas, on avait insisté sur Agir
tôt.
Bon,
évidemment, quand on regarde le budget, on voit qu'il y a une croissance de
5,1 %. J'ai des amis du monde des
affaires qui trouvent que c'est beaucoup, mais, pour moi, c'est la priorité.
Évidemment que ça couvre beaucoup plus que ce qu'on appelle les coûts de
système, là. J'ai vu le Dr Barrette... ici, on peut-u appeler... Non.
Une voix :
...
M.
Legault : O.K.
Donc, l'ancien ministre de la Santé poser beaucoup de questions sur les coûts de système.
Bien, évidemment, en éducation, on couvre les coûts de système. Donc, un des
défis qu'on a, c'est d'arrimer aussi le travail des différents ministères. Il y a le ministère
de la Famille, il y a le ministère de la Santé puis le ministère de
l'Éducation. Évidemment, quand
les enfants arrivent à l'école, les enseignants connaissent tous les enfants
qui ont des difficultés d'apprentissage.
Donc, si on veut donner des services à tous les enfants qui ont des difficultés
d'apprentissage, l'idéal, c'est de commencer par les enseignants.
Mais l'école commence seulement à cinq ans. Et
je me rappelle, comme parent, d'avoir lu un livre qui s'appelle Tout se joue avant 6 ans. C'est très stressant parce qu'on se dit :
ça se joue dans les premières années. Les interventions, les services qu'on donne aux enfants, dans les
premières années, sont beaucoup plus efficaces que quand c'est donné après
l'âge de six ans.
Et je suis
vraiment fier, là, de mon coup d'avoir recruté celui qui est député de
Marie-Victorin... Chambly. Non, je parle de Lionel Carmant.
Une voix : Taillon.
• (15 h 10) •
M.
Legault : Taillon, donc qui est un docteur, un neuropédiatre, un des
plus grands spécialistes au monde, je peux vous le dire. J'ai déjà entendu des
conversations dans des soirées, où il parlait avec des gens d'autres pays qui
le consultaient. C'est vraiment un
des grands spécialistes. Dans les dernières années, il a développé un système
de dépistage, donc via un certain nombre de questions, on peut faire un premier
tri des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. Et, par la suite, bien, ça prend des spécialistes. Ça peut être des médecins, des
neuropédiatres, des orthophonistes, des orthopédagogues. Et donc
l'important, c'est de dépister le plus tôt possible puis de commencer à donner
des services le plus tôt possible.
Évidemment,
il y a beaucoup de travail qui se fait actuellement dans les CPE, dans les garderies, mais, comme on le sait, il y a
malheureusement... Si on prend, par exemple, les enfants de quatre ans, il y a seulement
30 % des enfants de quatre ans qui ont des difficultés... qui fréquentent
la maternelle... les CPE, pardon. Donc, pour nous, c'est important d'offrir, que ça soit CPE ou maternelle quatre
ans, d'être capables d'offrir des services à tous les enfants de quatre ans.
C'est ce qu'on va faire avec la
maternelle quatre ans. Évidemment, actuellement, il manque de locaux, il
manquait déjà de locaux. Donc, on va
être capables d'ouvrir 250 classes. C'est peu, là. On aurait voulu en
ouvrir 1 000, 2 000, mais on va le faire au fur et à mesure.
Évidemment, à la rentrée de septembre 2019, on va faire ce qu'on peut avec
ce qui nous a été laissé. À la rentrée 2020 puis la rentrée 2021, on
va être capables vraiment d'offrir plus de places.
On va aussi
offrir plus de places dans les CPE, puis il faut comprendre aussi que les
enfants qui actuellement sont dans
les CPE, qui vont choisir d'aller dans les maternelles quatre ans, bien, ça va
libérer des places dans les CPE pour les enfants de moins de quatre ans. Donc, c'est une étape qui est importante
pour moi, de mieux s'occuper de ces enfants-là. Évidemment, quand je disais 50 % des écoles qui sont en mauvais
état, d'offrir à nos enfants des belles écoles, c'est important. Le ministre de l'Éducation y travaille. Encore là,
on ne peut pas faire de miracle pour tout régler en six mois, mais, sur la
durée du mandat, il va y avoir des sommes colossales qui vont être investies
pour avoir des belles écoles.
Dans le
budget qui a été déposé aussi, on s'est préoccupé du problème de financement de
certains cégeps en région. Il y a des
cégeps en région qui ont de la difficulté à remplir des classes. Évidemment, le
gros du financement qui est donné par
le ministère de l'Éducation est donné par étudiant. Donc, c'est difficile pour
certains cégeps en région. Donc, on a mis des mesures de financement additionnelles pour les cégeps en région.
Donc, évidemment, l'éducation, là, ça va demeurer, pendant les quatre
ans, la grande priorité.
En économie, bien, il y a deux choses en
économie. D'abord, il y a la question du portefeuille des Québécois. On avait
promis de faire trois choses. Enlever la taxe libérale sur les tarifs de
garderie, donc de ramener les garderies à
8,25 $ pour tout le monde par jour. Donc, avoir un tarif unique, enlever
cette taxe-là qui coûte très cher aux familles de la classe moyenne. On a aussi
ajouté une allocation famille. Donc, actuellement, quand on regarde
l'allocation qui est donnée pour le
premier enfant, à peu près 1 800 $, bien, c'est trois fois plus que
le montant qui est donné pour le deuxième enfant ou pour le troisième enfant.
Donc, il y a vraiment une incohérence, là. Il doit sûrement y avoir des
députés, ici, qui ont des enfants. Ça ne coûte pas moins cher par enfant, le
deuxième ou le troisième enfant. Donc, ce n'est pas normal que l'allocation
soit aussi peu élevée pour le deuxième et le troisième enfant.
Et évidemment
il y a la question des taxes scolaires. Puis, bon, j'étais content de voir
notre collègue ministre des Finances
être capable enfin de faire adopter son projet de loi sur les taxes scolaires.
On le sait, actuellement, c'est un vrai fouillis, les taxes scolaires. Il y a des taxes scolaires à 0,30 $
du 100 $ d'évaluation, puis il y a d'autres régions, c'est 0,10 $
du 100 $ d'évaluation. Je vais trouver mon tableau pendant que je vous
parle.
Donc,
l'objectif, c'était de ramener tout le monde à 0,10 $. J'ai bien pris note
que la députée de Joliette, la députée du
PQ de Joliette, nous a dit qu'elle, plutôt que de réduire tout le monde à
0,10 $, donc réduire de 800 millions, elle, elle aurait
préféré augmenter de 400 millions les taxes scolaires pour certains et
diminuer le 400 millions. Je vais peut-être le trouver, mon document, là, mais, bon, il n'est sûrement pas loin.
Mais il y a des régions qui paient beaucoup plus cher. Je vois entre autres le député du Bas-Saint-Laurent, là, le Bas-Saint-Laurent paie plus cher, mais le PQ n'est pas d'accord
pour qu'on réduise à 0,10 $. Et pire que ça, par exemple, pour Québec,
la députée péquiste de Joliette propose d'augmenter les taxes scolaires. Ça, c'est vraiment une
surprise pour moi que non seulement le PQ ne veut pas réduire les taxes
scolaires, mais veut les augmenter.
Donc, ce que ça veut dire, c'est que, si on
écoutait la députée de Joliette, il faudrait augmenter les taxes scolaires dans les Laurentides. Donc, les gens des Laurentides
qui nous écoutent, là, le PQ veut augmenter les taxes scolaires dans les Laurentides, à
Québec, en Abitibi, en Outaouais, en Montérégie, à Montréal et en Estrie. Donc,
nous, on pense qu'on doit réduire
tout le monde. Bon, le Parti libéral est contre cette réduction-là. Il faut
comprendre, par exemple, Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui est à 0,30 $, bien, avec
nous, ils vont passer à 0,10 $. Donc, en moyenne, ils vont passer de
789 $ par année à 269 $ par année. Le Parti libéral est contre ça,
veut que les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean restent à 789 $. Même chose pour la Mauricie, ils veulent qu'on reste à 789 $.
Lanaudière, il veut que ça reste à 690 $ plutôt que de baisser à 269 $. Nous, on trouve que ce n'est pas
juste, et c'est important de consacrer cet argent à remettre de l'argent dans
le portefeuille de façon équitable.
En
économie, bien sûr aussi, on parle de créer des emplois mieux payés. On le
sait, et puis, bon, j'ai eu des débats avec
le chef de l'opposition officielle depuis quelques jours, probablement qu'il le
sait lui aussi, quand on regarde la richesse par habitant, le Québec, malheureusement, a un écart négatif de
15 % avec l'Ontario, 20 % avec le reste du Canada. L'écart n'a
pas beaucoup bougé depuis 50 ans.
Au
contraire, je me rappelle très bien lorsqu'il y avait eu un document de
préparé, les Finances d'un Québec souverain, le Québec recevait 4 milliards de péréquation
par année. On s'était dit : Peut-être qu'avec certains dédoublements, on
pourrait compenser ce
4 milliards. Or, aujourd'hui, c'est rendu 13 milliards. J'aimerais ça
entendre le chef du Parti québécois nous dire où il prendrait le
13 milliards de péréquation. Mais dans tous les cas, peu importe la
proposition constitutionnelle qu'on fait, le Québec aurait avantage à se
débarrasser de la péréquation, à se débarrasser de cet écart de richesse.
Comment?
Attirer plus d'investissements privés, se concentrer sur des emplois à plus de
50 000 $ par année, augmenter nos exportations. J'étais
content, là, j'en profite, on vient de nommer aujourd'hui Michèle Boisvert
comme déléguée générale du Québec à Paris,
Michèle Boisvert que certaines ont connue comme journaliste, autant à La
Presse, Radio-Canada, Caisse de
dépôt. C'est une économiste qui connaît bien l'économie, puis son travail, ça
va être de doubler les exportations du Québec vers la France puis
d'augmenter les investissements des entreprises françaises au Québec.
Donc, actuellement,
ce n'était pas vraiment l'objectif des délégués généraux du Québec à
l'étranger, puis il n'y avait pas vraiment
cette pression chez Investissement Québec. On devrait, dans les prochains
jours, annoncer un nouveau président chez Investissement Québec, une
nouvelle équipe qui va vraiment avoir comme objectif de faire exploser les investissements, les entreprises, augmenter la
productivité et augmenter le salaire moyen au Québec, parce que ça a l'air
petit, l'écart, là, au Québec, c'est
49 000 $ par année; en Ontario, c'est 53 000 $ par année.
Donc, il faut fermer cet écart de 4 000 $ par année.
Évidemment,
quand j'entends l'opposition dire : Il faudrait combler les postes à
20 000 $ par année, comme dirait la cheffe du deuxième groupe,
ça ne prend pas des pogos dégelés pour comprendre que, si on ajoute des emplois
à 20 000 $ par année, ça ne va pas
nous aider à réduire l'écart, à l'augmenter, le salaire moyen, de
49 000 $ à 53 000 $. Donc, quand on parle d'immigration, quand on parle d'aider les entreprises,
bien, il faut qu'on se concentre, là, sur la création des emplois
payants.
• (15 h 20) •
J'ai commencé moi-même
à aller faire du démarchage à l'étranger. Je suis allé à Boston, je suis allé à
Paris, je suis allé à Davos. Il y a
une chose qui se répète aussi : les entreprises aiment, entre autres, Montréal à cause de l'intelligence artificielle, mais aimeraient voir plus de diplômés en informatique,
technologies de l'information, intelligence artificielle. Il faut
vraiment augmenter le nombre de diplômés dans les secteurs, là, numériques.
C'est vraiment là qu'est l'avenir.
Ce qu'on veut aussi,
à la CAQ, bon, je l'ai expliqué en long puis en large dans le livre que j'ai
appelé Le Projet Saint-Laurent, c'est de créer des zones d'innovation où il y
aura des campus collégiaux, universitaires, surtout en génie puis en santé, avec des entrepreneurs. Il faut être
capable de rapprocher nos établissements d'enseignement avec nos entrepreneurs.
Ce n'est pas tout à fait dans la culture, au
Québec, mais il faut être capable de le faire. C'est comme ça qu'on crée de la
richesse. Puis même des pays très
sociaux-démocrates comme la Suède le font depuis une dizaine, une vingtaine
d'années. Nous, on a encore de la
difficulté, là, à marier notre innovation, ce qui se fait dans les universités,
avec nos entrepreneurs.
Il
faut vraiment, là... Notre défi, ce n'est pas la recherche, c'est de
commercialiser notre recherche, et, ça aussi, on va complètement changer
l'approche qui avait été prise par les gouvernements qui étaient là avant nous.
Donc, évidemment, l'économie, je suis
ouvert à toutes les questions. J'aime beaucoup ça quand le chef de l'opposition
officielle me pose des questions sur
l'économie. J'espère qu'il va continuer, puis on va expliquer qu'il y a une
différence entre les finances publiques puis l'économie. Donc, on peut avoir un surplus budgétaire, mais être plus pauvre. En tout cas, j'espère, avec
les prochaines questions, qu'on va pouvoir en parler davantage.
Troisième
grande priorité, la santé. Bon, évidemment, on a vu tous les drames qui ont été annoncés,
CHSLD... Bon, le gouvernement libéral a donné 1 milliard
de dollars de trop aux médecins spécialistes, donc le président
du Conseil du trésor est en train, avec une firme indépendante, de
faire une analyse comparative. Et puis, bon, ça ne sera pas des négociations faciles, mais ça doit être fait.
L'autre
problème, c'est évidemment les médecins
de famille. J'entendais le député
de Pontiac nous dire : Il y a plus de personnes qui cherchent un médecin
de famille. Écoutez, il y a plus de personnes, depuis qu'on est là, qui ont un médecin de famille. Mais c'est comme chercher un emploi, tu sais, à un moment donné, les gens, ils se découragent puis ils n'en cherchent plus, d'emploi. Donc, j'aurais aimé que le député
de Pontiac nous montre que le nombre de Québécois qui ont un médecin de famille a
augmenté de 84 000 depuis qu'on est là. Ce n'est pas assez, il faut
augmenter beaucoup plus, mais, pour y
arriver, il va falloir une nouvelle entente avec les omnipraticiens.
Actuellement, les omnipraticiens sont payés à l'acte, n'ont pas
d'intérêt à déléguer des actes aux infirmières, n'ont pas intérêt non plus à
faire certains actes par téléphone. Donc, il faut changer cette approche de
rémunération puis il faut qu'il y ait une vraie prise en charge. Actuellement, il y a 60 % des Québécois qui
n'ont pas accès à leur médecin de famille en 36 heures. Donc, même si le
Parti libéral dit : Bon, on a augmenté
le nombre de Québécois qui ont un médecin de famille, ils oublient de dire que,
si le médecin de famille, il n'est
pas disponible puis qu'il y en a 60 % qui sont obligés d'aller engorger
les urgences, bien, ça ne fonctionne pas.
Donc, il faut renforcer la première
ligne, investir dans les soins à domicile. Et je pourrais vous reparler
beaucoup plus de santé. Évidemment,
ne serait-ce que pour la cheffe du deuxième groupe d'opposition, parler
d'environnement... Je pense que, dans quatre ans, on pourra dire qu'il n'y a
pas un gouvernement au Québec qui aura plus investi que nous en transport en commun. Ça, c'est important de le
dire. Ce qui est important aussi, c'est de faire connaître notre
hydroélectricité à nos voisins, parce
que, sur les 60 États et provinces, on est l'État qui a le moins de GES
par habitant. Donc, on veut bien s'améliorer,
là, mais on est déjà bons. Est-ce qu'on peut se dire : On est déjà les
meilleurs? Mais on a des voisins qui ne sont pas bons et on pourrait les
aider avec l'hydroélectricité en l'exportant.
Donc,
évidemment, il y a l'environnement, il y a les préoccupations des Québécois.
Donc, le gouvernement va se concentrer
vraiment sur ces priorités : l'éducation, l'économie, la santé,
l'environnement. Ce sont les sujets sur lesquels on va travailler, puis j'espère
qu'on aura l'occasion d'en discuter tout l'après-midi, toute la soirée.
Le Président (M. Bachand) : Merci, M.
le premier ministre. J'invite maintenant
le chef de l'opposition officielle... Oui, M. le député.
M. Bérubé : Article 214, le premier ministre fait
référence à un document qu'un de ses assistants lui a donné, qui fait...
Le
Président (M. Bachand) : ...s'il vous plaît, M. le député.
Quand on sera rendus, en temps opportun...
M. Bérubé :
Je veux juste...
Le
Président (M. Bachand) : En temps opportun.
M. Bérubé : Mais c'est le moment opportun, M. le Président. Je vous réfère les règles de l'Assemblée
nationale. C'est immédiatement, la
règle. Donc, le document auquel il fait référence, où il attribue des
propos à la députée de Joliette, j'aimerais ça qu'il le partage avec les
participants.
Document déposé
Le
Président (M. Bachand) : Alors, vous allez faire le dépôt,
M. le premier ministre?
M. Legault :
Oui.
Le Président (M. Bachand) : Oui. Parfait. Merci beaucoup. M. le député de... M. le chef de
l'opposition officielle, pour une durée de 13 min 20 s, s'il
vous plaît. Merci.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Merci,
M. le Président. Écoutez,
je veux prendre juste quelques instants pour saluer les gens présents, évidemment le premier
ministre, ses conseillers, M. le secrétaire général du gouvernement. J'en profite également pour saluer les membres de ma formation politique, les chefs
d'opposition qui sont aujourd'hui présents, et je remercie évidemment tous les fonctionnaires qui ont
travaillé, justement, à l'élaboration de ces documents pour notre discussion aujourd'hui.
Je voudrais également profiter de
l'occasion pour dire essentiellement... D'abord, je remercie le premier ministre qui nous
a rappelé qu'il était l'architecte du budget de l'an un. Alors, je pense qu'on
aura l'occasion d'en reparler très bientôt.
Maintenant,
vous comprenez que, comme je n'ai pas beaucoup de réponses durant la période de questions, je
vais prendre tout le temps disponible pour essayer de tenter d'obtenir
certaines réponses de la part du premier
ministre. Alors, à ce
stade-ci, je souhaite reporter notre temps et laisser la parole aux autres
membres de l'opposition.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup, monsieur... de l'opposition officielle. Je me tourne maintenant vers la cheffe de la deuxième opposition pour ses
remarques préliminaires, pour une durée de 3 min 20 s. Mme la
cheffe de l'opposition... du deuxième groupe.
Mme Massé :
Alors, je vais garder ce temps-là pour mes précieuses questions.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Maintenant,
c'est au tour du chef du troisième
groupe d'opposition pour ses remarques préliminaires.
M. Bérubé :
M. le Président, nous attendrons les questions aussi.
Discussion générale
Le
Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Alors, je vous remercie. Je suis prêt à reconnaître la première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange. M. le chef de l'opposition officielle, la parole est à vous, s'il vous plaît.
M. Arcand : Merci. Nous, quand on regarde la situation au Québec, évidemment,
une des choses que l'on remarque et
qu'on entend parler dans toutes les régions du Québec, c'est la question
de la pénurie de main-d'oeuvre. Et on sait également que, parmi les
façons de régler les questions de pénurie
de main-d'oeuvre, évidemment,
la question de l'immigration a été évidemment importante à ce niveau-là. Et on sait aussi qu'au
Québec, depuis les derniers mois, c'est encore plus compliqué et à un point tel d'ailleurs que plusieurs
nous parlent, évidemment, de mesures antiéconomiques et du climat qui est
très néfaste pour les investissements. Et c'est ce qui découle, évidemment,
de certaines mesures du nouveau gouvernement.
Ma
première question touche la question de l'immigration, parce qu'hier on a appris que
le système Arrima en question est un
système qui ne serait pas opérationnel avant février 2020. Alors, on est en
pleine situation de main-d'oeuvre. Alors, ma question, c'est : Qu'est-ce
que vous comptez faire? Parce que les entrepreneurs, pour eux, c'est très
prioritaire, et actuellement le message que
vous lancez aux entreprises, c'est la chose suivante, c'est que vous dites,
essentiellement, là : Pour l'avenir, attendez en 2020.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre.
• (15 h 30) •
M. Legault :
Oui. Bon, le problème qu'on vit actuellement avec le choix des nouveaux
immigrants, c'est d'abord... il y a un inventaire de 60 000 personnes
qui est à Ottawa, donc des personnes qui ont été choisies par le gouvernement
libéral, qui attendent sur le bureau à
Ottawa. Donc, ça devrait être des personnes qui vont être acceptées au cours de
la prochaine année. C'est le premier bloc. Il y a un deuxième bloc,
qu'on a appelé les 18 000 dossiers, qui représentent 40 000 personnes qui doivent être triées
premier arrivé, premier servi. Ça, c'est le premier bloc, et nous, on pense
qu'on devrait racheter ces dossiers-là, 1 000 $, par le
montant qui avait été investi, puis de transférer tout le monde sur le
programme Arrima.
Il
y a déjà 104 000 personnes sur le programme Arrima. L'objectif du
programme Arrima, c'est que les entreprises puissent choisir, en fonction de leurs besoins, les nouveaux arrivants
qui répondent le mieux aux qualifications qui sont exigées. Bon, éventuellement, les employeurs
pourront le faire par eux-mêmes sans passer par les fonctionnaires du ministère de l'Immigration. Par contre, dans la prochaine année,
ils doivent passer par le ministère de l'Immigration.
Mais,
pour qu'on puisse utiliser le programme Arrima, il faut d'abord que notre projet de loi soit accepté, parce que le Parti
libéral refuse qu'on rachète les 40 000 dossiers de personnes et refuse
qu'on passe tout de suite à Arrima, donc veut qu'on continue encore pour deux ans, parce qu'il y a déjà un an qui est
en retard à Ottawa, puis là il y aurait une autre année, ça serait
premier arrivé, premier servi, alors que nous, ce qu'on propose, c'est de
racheter les 40 000 dossiers puis de commencer à trier en fonction des besoins des entreprises dès
maintenant. Mais, pour ça, il faut l'adoption du projet de loi qui est
bloqué actuellement par Parti libéral.
M.
Arcand :
...surtout le système Arrima qui est actuellement bloqué, d'après ce qu'on
entend, parce qu'on nous a dit hier
qu'il n'y aurait pas d'autre façon de le faire fonctionner avant 2020. C'est ce
qu'ils nous ont dit hier et c'est ce qu'on a appris lors de la
commission parlementaire.
Alors, moi, la
question, c'est... Premièrement, en même temps, on peut faire les deux, on peut
traiter les anciens dossiers, on peut
essayer de travailler avec le systématique Arrima. Et ce que je ne comprends
pas, M. le premier ministre, c'est
que le 29 janvier dernier, quand vous avez discuté avec les journalistes,
vous avez dit la chose suivante, vous avez dit : «Les 18 000 dossiers vont devoir être traités avec
les anciennes règles.» Vous avez dit ça et dit après ça : «On va mettre
en place les mesures.»
Pourquoi,
quelques jours après cette déclaration, avez-vous changé votre discours pour
vous en tenir finalement à cette
cassette qu'on entend régulièrement de la part du ministre de l'Immigration?
Qu'est-ce qui est arrivé pour que vous en arriviez à cette décision-là?
M.
Legault : Bon, au moment où j'ai fait cette déclaration, c'était
l'ancien système qui fonctionnait. Donc, selon l'ancien système... Bon, puis il y a même un jugement, une injonction,
qui fait qu'on n'a pas le droit, pour l'instant, de racheter les
40 000 dossiers puis de commencer à utiliser Arrima.
Donc,
nous, ce qu'on souhaiterait, c'est que le projet de loi soit adopté le plus
rapidement possible, qu'on commence à
utiliser Arrima. Puis là il faut se comprendre, il y a deux étapes dans
Arrima : il y a Arrima qui peut être utilisé en passant par les fonctionnaires, ça, ça peut être fait dès
maintenant; puis, en 2020, les entreprises vont pouvoir aller directement sur
Arrima sans passer par les fonctionnaires.
Mais là il y a un
grand différend entre le Parti libéral et la CAQ. Le Parti libéral demande
qu'on procède puis qu'on analyse les
40 000 dossiers, premier arrivé, premier servi, et qu'ensuite,
l'année prochaine, on commence à utiliser Arrima. Nous, on voudrait commencer à utiliser Arrima tout de suite. Les
représentants des employeurs sont d'accord avec le gouvernement de la CAQ,
voudraient qu'on commence dès maintenant à utiliser le programme Arrima, parce
qu'avec le programme Arrima on se
concentre à répondre aux besoins du marché, aux besoins des entreprises. Donc,
actuellement, le système premier
arrivé, premier servi, il y a toutes sortes de critères, là, entre autres,
quelqu'un peut avoir un diplôme, un doctorat
dans un domaine où on n'a pas besoin de personnes, mais il obtient plus de
points que quelqu'un qui est en informatique, alors qu'on en cherche
beaucoup.
Donc,
j'essaie de convaincre... Là, je sais que le chef de l'opposition officielle
est un ancien homme d'affaires. Il me semble
qu'il devrait comprendre que, pour le bien des entreprises, ça serait important
qu'on adopte dès maintenant le projet de loi puis qu'on commence dès
maintenant à utiliser le système Arrima.
M.
Arcand : C'est parce que,
écoutez, M. le premier ministre, on nage actuellement en pleine confusion dans
ces dossiers-là. D'une part, vous
dites : Écoutez, moi, je veux que l'économie fonctionne, je veux que ça
marche à fond de train. Ça prend du monde pour ça.
Première décision, vous dites : Écoutez, l'immigration, on baisse ça de
50 000 à 40 000, dans un
premier temps. Après ça, on apprend, depuis hier, que le système Arrima ne sera
pas opérationnel... Vous reculez sur la déclaration que vous avez faite à la fin du mois de janvier. Et hier, en
plus, votre ministre de l'Immigration a dit : Bien, il est possible qu'on
remonte les niveaux d'immigration. Alors là, écoutez, on nage en pleine
confusion dans ce dossier-là, et c'est très mauvais pour l'économie du
Québec.
Alors, encore
une fois, la question que je vous pose... Vous avez dit : Moi, je veux
faire plus, je veux faire mieux. C'est
ça, la CAQ, c'est de faire plus et mieux. Actuellement, par rapport au reste du
Canada, en cette matière de pénurie de main-d'oeuvre,
on prend du recul, on recule constamment, à toutes les semaines. Ils sont
beaucoup plus efficaces que nous. C'est
compliqué de faire affaire au Québec et en particulier depuis que la CAQ est
là. Qu'allez-vous faire, compte tenu des récents développements qu'on a
devant nous?
M.
Legault : Oui. Bon, quand le chef de l'opposition officielle parle du
nombre total d'immigrants, que ça soit 50 000
ou le seuil qu'on veut descendre temporairement, à 40 000, il doit
comprendre qu'il y a deux groupes. 60 % des immigrants, c'est ce qu'on appelle l'immigration économique, choisie par
Québec. L'autre 40 %, c'est ce qu'on appelle réfugiés puis
réunification familiale. À notre avis, là, il faut arrêter d'augmenter ce
groupe-là, il faut même le diminuer. Je ne
sais pas si le Parti libéral est d'accord avec ça, là, mais 40 % de
50 000, ça veut dire 20 000 personnes qui viennent dans la catégorie réunification familiale et
réfugiés sans répondre aux besoins du marché du travail. Nous, ce qu'on
voudrait, c'est qu'il y ait plus
d'immigrants qui répondent aux besoins des entreprises, pas nécessairement plus
de diplômes possibles, là, répondre précisément, dans chacune des
régions du Québec, aux besoins du marché du travail.
Maintenant,
j'essaie encore une fois de rétablir ce que le chef de l'opposition officielle
appelle de la confusion. Le programme Arrima, il est utilisable
actuellement en passant par le ministère de l'Immigration. Donc, une entreprise
qui cherche trois techniciens en informatique, bien, peut, si on avait le droit
d'utiliser le programme Arrima, identifier trois personnes, puis, en passant
par le ministère de l'Immigration, bien, peut avoir ces trois personnes-là qui
passent devant tout le monde. Pour
l'instant, il faut passer par le ministère de l'Immigration. En 2020, ça sera
encore plus simple, les employeurs
pourront directement aller sur Arrima sans être obligés de passer par des
fonctionnaires du ministère de l'Immigration.
Donc, je ne
sais pas si ça répond à la question, là : C'est quoi, la différence entre
Arrima aujourd'hui, Arrima 2020? Arrima
aujourd'hui, il faut passer par le ministère de l'Immigration, mais on choisit
en fonction des besoins des entreprises. Arrima 2020, même pas besoin de passer
par le ministère de l'Immigration, les employeurs choisissent dans ce qu'on
appelle une piscine, là, les employés
qui répondent à leurs besoins, les éventuels employés, puis là, bien, au
ministère de l'Immigration, on les fait passer devant tout le monde.
Mais le Parti libéral préfère qu'on garde le
vieux système : 40 000 personnes qui soient traitées premier arrivé, premier servi sans vraiment répondre aux besoins
des entreprises. Et c'est pour ça que les entreprises appuient le gouvernement
de la CAQ, les entreprises veulent qu'on
utilise maintenant Arrima. Les entreprises voudraient que le Parti libéral
comprenne que, pour répondre à leurs besoins, il faut utiliser Arrima
dès maintenant.
M.
Arcand : M. le premier
ministre, vous savez très bien que ce n'est pas ce qu'on dit. Ce qu'on dit,
c'est qu'encore une fois on peut
utiliser le système Arrima et on peut également traiter les 18 000 dossiers.
Ça a toujours été notre position, et,
si on ne s'était pas entêtés, n'est-ce pas, vous seriez, à ce moment-ci, pas
mal plus avancés que vous l'êtes maintenant.
Et ma
question... Mettons les choses simples. Ma question, c'est : La
baisse que vous avez préconisée depuis les derniers mois, en quoi ça
fait une différence? En quoi ça aide l'économie du Québec actuellement?
M.
Legault : O.K. Bon, d'abord, vous êtes d'accord, j'espère, pour que le
40 % qu'on appelle réunification familiale puis réfugiés soit
diminué de 20 %. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette partie-là?
M.
Arcand : Écoutez, nous, on
pense qu'on a besoin actuellement, à tout le moins, d'être au même niveau qu'on
était avant. C'est ça, notre
position, ça a toujours été la même position. Et, s'il y a des besoins, à ce
moment-là, bien, il faut d'abord les traiter en priorité. C'est ça, la
réalité. Vous ne pourrez pas empêcher qu'il y ait de l'immigration de réfugiés,
vous ne pouvez pas empêcher que ça arrive.
Et là ce que vous faites tout simplement, c'est qu'il y a moins de choix en
bout de ligne pour les entrepreneurs.
• (15 h 40) •
M. Legault : O.K. Bon, je vais
essayer de réexpliquer. Il y a 40 % des immigrants qui sont dans la
catégorie réunification familiale et réfugiés. Ce nombre-là n'arrête pas de
grandir, on a dépassé notre capacité d'intégration pour ces 20 000 personnes. Donc, nous, on pense qu'il faut diminuer le
nombre de nouveaux arrivants dans les catégories réunification familiale
et réfugiés.
Maintenant, pour ce qui est de la catégorie
économie, le 60 %, ce qu'on veut, c'est dès maintenant utiliser le système Arrima, puis on essaie de convaincre le
gouvernement fédéral qu'étant donné qu'on va se concentrer en premier sur répondre aux besoins du marché des
entreprises, qu'on donne un certificat temporaire et que les nouveaux arrivants
aient trois ans pour réussir un test
de français. O.K.? Donc, on dit... on se concentre à répondre aux besoins des
entreprises, on les reçoit de façon temporaire, on leur donne
gratuitement des cours de français qui vont être beaucoup plus disponibles qu'ils l'étaient avant, et on leur donne trois ans
pour réussir un test de français. Pendant cette période de transition, on n'a
pas le choix que de réduire le nombre d'immigrants, d'autant plus que, comme
l'a dit le chef de l'opposition officielle, les
40 000 dossiers, pour l'instant, on est obligés de les traiter premier
arrivé, premier servi, sans lien avec les besoins des entreprises.
Pourquoi
on a une pénurie aujourd'hui? C'est le résultat de la mauvaise approche
libérale des 15 dernières années. C'est
ça qui est le problème. Il faut changer l'approche dans le choix des nouveaux
arrivants, surtout la partie économique, puis la partie réunification
familiale et réfugiés, bien, il faut réduire le nombre.
M.
Arcand : Écoutez, M. le
premier ministre, je vais vous citer une seule déclaration, là. Le Conseil du
patronat, ils doivent comprendre
quelque chose, hein? Ils ont plein d'analystes, etc. Je vais les citer, M. le
premier ministre : «Même si l'immigration ne constitue qu'une
partie des solutions pour combler les besoins criants en matière de main-d'oeuvre,
environ 22 % des besoins pour les
10 prochaines années, il s'agit d'un bassin de main-d'oeuvre essentiel
pour la prospérité du Québec. En
réduire le volume ne fait qu'empirer la situation.» Encore une fois, le milieu
des affaires dit que ce sont des mesures antiéconomiques.
Alors, vous
pouvez bien m'expliquer tout ça, mais la réalité, c'est que c'est plus
compliqué d'immigrer au Québec que partout ailleurs au Canada. Et en plus de
ça, le système Arrima en question, on nous dit qu'il ne fonctionne pas.
Que c'est que vous allez faire pour régler cette situation-là?
M.
Legault : Bon, d'abord, le chef de l'opposition officielle va sûrement
être d'accord avec moi, quand on regarde le bilan des dernières années, il y a beaucoup trop de nouveaux arrivants
qui choisissent, après quelques mois, quelques années, de quitter le Québec pour une autre province.
Ensuite, le taux de chômage est le double chez les nouveaux arrivants.
Pourtant, il est supposé d'avoir une
pénurie d'emplois. Donc, il y a un problème dans les critères de sélection des
nouveaux arrivants.
Donc, ce
qu'on propose, c'est de réduire le nombre, changer les critères puis ensuite
réaugmenter le nombre. Il me semble que c'est facile à comprendre.
M.
Arcand : M. le premier
ministre, je pense qu'on ne s'entendra pas là-dessus, parce qu'il est bien
clair que vous faites des missions à l'étranger, vous dites : Écoutez,
moi, je veux absolument travailler à faire en sorte qu'on puisse
recruter des gens, et on veut attirer des
investissements. Sauf que ça devient de plus en plus compliqué. Et comble de
l'ironie, vous envoyez même des futures enseignante dans d'autres
provinces, d'après ce qu'on a vu.
Alors,
comment vous allez convaincre les entreprises, M. le premier ministre, les
organisations québécoises que vous faites ce qui est dans leur intérêt? Parce
que la réalité, c'est qu'après plusieurs mois la situation a empiré et va
continuer d'empirer, si on ne fait pas des changements importants.
M.
Legault : Oui. Bon, d'abord, je ne sais pas si le chef de l'opposition
officielle va contester le fait que le taux de chômage des nouveaux arrivants,
dans les cinq premières années, est le double du taux de chômage au Québec.
Donc, au lieu d'être à 5 %, on est à 10 %. Je suppose qu'il
est d'accord avec ça. Donc, premier problème.
Deuxième
problème, il faut se concentrer, comme je le disais tantôt, à combler des
postes à plus de 50 000 $ par année. Moi, j'ai dit aux gens à
l'immigration, là, je veux, dans les prochaines années, qu'aucun potentiel
immigrant qui est prêt à prendre une
job à plus de 50 000 $ par année soit refusé. Aucun, zéro. Donc, il
faut aussi distinguer ceux qui ont les qualifications
pour prendre les jobs à plus de 50 000 $, ceux qui sont prêts à
prendre des jobs qui font baisser le salaire moyen.
Et le chef de
l'opposition officielle dit : Les enseignants vont quitter. Écoutez, quand
je regarde le budget de l'Ontario, augmentation
de 0 % en éducation. Nous, on a une augmentation de 5,1 % en
éducation. Je ne sais pas dans quelle direction, moi, les enseignants vont bouger, mais je pense que ça va être de plus
en plus attirant de venir travailler en éducation au Québec.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup pour le premier bloc d'échange. Avant d'aller plus loin, M. le
premier ministre, il y a une demande... juste un rappel du député de
Matane-Matapédia pour le dépôt de documents.
Une voix : Oui.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait, merci beaucoup. Alors, nous allons aller au
premier bloc concernant les députés formant
le gouvernement. M. le député de Beauce-Sud, pour un temps de
13 min 40 s. M. le député, s'il vous plaît.
M. Poulin : Merci beaucoup, M. le
Président, M. le premier ministre, très content d'être avec vous aujourd'hui. Également, je veux saluer, bien évidemment, mes
collègues de l'opposition, première, deuxième et troisième, et mes collègues
de la partie gouvernementale. Très content
également de faire cette étude des crédits qui est un exercice extrêmement
sérieux également pour des députés
ministériels. Bien évidemment, notre volonté, c'est de poser de vraies et de
bonnes questions au premier ministre
parce que c'est un exercice qui est sérieux. Je crois même que les collègues de
l'opposition vont dire : le député de Beauce-Sud m'a volé ma question,
tellement qu'il a posé de bonnes questions sur des enjeux extrêmement
spécifiques.
Bien
évidemment, le privilège que j'ai, c'est d'être adjoint parlementaire au
premier ministre, donc être responsable du Secrétariat à la jeunesse. Demain, on aura des études de crédits pour
la jeunesse et on pourra échanger ensemble sur ce qu'il y a, selon moi, de plus
important dans notre société, une des plus grandes richesses naturelles que
nous avons, qui est la jeunesse. On pourra parler, bien entendu, des actions de
notre gouvernement depuis le 1er octobre, mais parler également de l'avenir et de ce qu'on se doit de mettre en
place. Très content également des échanges que nous avons jusqu'à présent,
qui se passent dans un très bon ton. Alors, ça, je pense que c'est apprécié
également par les gens qui nous écoutent.
L'un des
sujets, M. le premier ministre, vous l'avez bien exprimé, qui concerne la
population du Québec, mais qui est
une grande préoccupation, c'est, bien entendu, l'éducation. Une grande
préoccupation également pour les parents du Québec,
parce que quand on devient parent, ce qu'il y a de plus important, bien
entendu, ce sont nos enfants et c'est de
faire en sorte qu'ils puissent avancer, que ce soit dès la prématernelle, dès
l'école primaire et dès l'école secondaire. C'est une préoccupation également qui se fait via, bien
entendu, les directions d'école, via les enseignants, via les professionnels,
mais qui doit s'inscrire également dans une
volonté gouvernementale. Si on n'a pas de gouvernement qui décide de faire
une priorité de l'éducation, qui décide d'y
mettre les sommes financières nécessaires, qui décide de mettre également tout
un réseau au service du bien des élèves et
du bien des parents, alors c'est d'où là l'importance de prioriser, bien
entendu, notre système d'éducation.
Vous avez
fait référence, tout à l'heure, au programme Agir tôt. Bien évidemment, le
détectage précoce chez nos élèves,
chez nos jeunes enfants est une priorité, mais encore une fois faut-il mettre
les sommes nécessaires et avoir cette volonté d'atteindre les objectifs
qu'on s'est donnés.
Alors, dans
le budget, on le sait, les moyens sont là. 1 milliard de dollars sur cinq
ans pour la mise en place de la prématernelle
quatre ans. 340 millions de dollars pour le programme Agir tôt qui vise le
dépistage précoce. Donc, on sait que les sommes financières sont là.
Bien entendu,
on se doit, comme gouvernement, de répondre à certaines craintes, et c'est
normal, de la population concernant
les services qui sont sur le terrain. Il y a de mauvais souvenirs qui datent
d'il n'y a pas tellement longtemps, un an, deux ans, trois ans sur des
coupures dans le système d'éducation qui ont fait en sorte que des parents ne
puissent pas avoir accès aux services dont
ils souhaitaient, d'avoir des services aux élèves que ce soit dans les classes,
que ce soit dans l'aide aux devoirs,
que ce soit après l'école, qui n'étaient pas au rendez-vous. Alors, les gens se
disent : cette fois-ci, je veux
vous croire. Cette fois-ci, je veux voir le résultat dans le réseau scolaire,
je veux m'assurer que mon enfant puisse avoir les services auxquels il a
droit parce que ça n'a pas été le cas au courant des dernières années.
Alors, la
barre est haute, on ne se le cache pas, pour notre gouvernement, pour
notre ministère de l'Éducation, de cette fois-ci répondre aux besoins,
d'où l'importance d'investir les sommes financières. Là, je dresse un portrait
assez rapide, là, mais 5,1 %
d'augmentation en 2019‑2020, on n'a pas vu ça souvent au Québec. C'est assez
impressionnant, et je pense que tout
le monde, là, y compris les oppositions, lorsqu'on a déposé le budget
québécois, on n'a pas chialé sur les sommes financières qui vont être
investies en éducation parce que c'était au rendez-vous.
4 milliards
de dollars pour l'agrandissement et la construction des écoles, parce qu'il
faut réussir à créer un climat également pour l'apprentissage, et ça, c'est
important. Et je le disais, donc 1 milliard de dollars pour les cinq
prochaines années, pour la
prématernelle quatre ans. Également, il y a d'autres mesures, hein, parce qu'il
n'y a pas un jeune pareil au Québec.
Il y a des jeunes, bien entendu, qui ont besoin d'aide un peu plus tôt,
d'autres c'est un peu plus tard. Mais également, tout le réseau parascolaire, qui est important au Québec, on pourra y
venir lors des crédits à la jeunesse, mais 455 millions de dollars pour l'ajout d'une heure à l'école pour
des activités parascolaires, c'est important et c'est, encore une fois, salué
par les parents et même des élèves. J'étais
dans une école récemment de ma circonscription, puis les élèves ont dit :
Moi, vous savez, j'ai le goût de
rester à l'école une heure de plus, surtout si je fais de l'aide aux devoirs,
surtout s'il y a du sport puis
surtout s'il y a de l'art puis de la culture. Alors, ça, je trouve ça
intéressant qu'également des élèves le voient de bon oeil.
• (15 h 50) •
235 millions
de dollars pour augmenter les services
de soutien professionnel direct aux élèves, 100 millions pour l'ajout de
classes spécialisées, 36 millions
également de dollars par année pour
permettre l'achat de lunettes et de lentilles. Je ne sais pas si vous
vous souvenez de ça, M. le premier ministre, on en parlait dans l'opposition
puis on se disait : Qu'est-ce qu'il
faut faire pour concrètement, les étudiants, les élèves dans ce cas-ci,
puissent voir, puissent avoir de l'aide? Et on sait qu'une paire de
lunettes, ça coûte assez cher pour des parents. Ça fait partie du budget
familial, donc c'est extrêmement difficile, et, à travers tout un bouquet de
mesures dans un budget, des fois, ça passe sous silence. On pourra y revenir, là, mais quand même, 36 millions pour mieux voir, je pense que c'est important puis ce sont de très
bonnes actions.
135 millions de dollars pour les sorties culturelles et les bibliothèques
scolaires. Encore une fois, ça a été salué par le réseau scolaire et ça a été salué également par le réseau de la
culture, parce que quand on rencontre les intervenants du milieu culturel, ils
veulent entrer dans les écoles. Ils veulent pouvoir parler également
de la culture québécoise dans les écoles. Bien, encore une fois, on
a été au rendez-vous.
Maintenant,
c'est sûr qu'il y
a... quand on arrive, je le disais,
au pouvoir, il y a quand
même des interrogations qui peuvent
avoir lieu, entre autres en ce qui concerne les... bon, l'aspect des
écoles en ruines, bien évidemment. On sait qu'il y a tellement
à faire à ce niveau-là. Comment, comme gouvernement, on va réussir à
prioriser tout ça? Parce que c'est assez rare que, dans la population, on dit : Moi, mon école est belle, venez la
visiter. Souvent, on nous dit : Non, non, au contraire, il y a des investissements
à faire dans mon école. Alors, comment on va réussir, comme gouvernement, à
prioriser la construction de nos écoles? Je pense que c'est un élément qui est
hyperimportant.
On a également
beaucoup parlé du réseau de la petite enfance au Québec,
hein? Les centres de la petite
enfance, nos éducateurs, nos
éducatrices en milieu familial qui font un travail extraordinaire et où nous,
on croit que tout le monde a sa place pour
accompagner nos enfants et nos élèves. Alors, est-ce qu'on devra faire des
choix comme gouvernement pour financer les nouveaux services
destinés à la petite enfance? C'est une question qui provient à la fois du
réseau, mais également auprès de la population. Alors, on s'interroge
là-dessus.
Et, pour la
prématernelle quatre ans, on a raison d'être fiers comme gouvernement de faire le choix de ses enfants. Il faut juste se rappeler ça. À travers tous les débats, là, de prendre
des sommes financières à l'intérieur d'un budget puis de les donner pour nos
enfants, il y a-tu quelque
chose de plus beau que ça? Mais il
n'en demeure pas moins que certains groupes
s'interrogent, entre autres, sur le fait : est-ce que ça ne serait pas
mieux de rénover la maison? Est-ce que ça ne serait pas mieux de régler
le salaire des enseignants tout de suite au lieu d'investir dans la prématernelle
quatre ans?
Alors,
j'aimerais, M. le premier ministre, tout
d'abord, parler de ces choix-là que
l'on fait comme gouvernement, qui,
oui, étaient des engagements électoraux, mais qui, somme toute, ont été des priorités.
Alors, comment on va faire pour prioriser tout ça? Et, bien entendu, je suis convaincu qu'on va pouvoir répondre à certaines interrogations
qu'il y a dans la population présentement.
M. Legault : Bien, merci. Je
remercie le député de Beauce-Sud pour sa question.
Effectivement, c'est une remarque que j'ai
entendue sur le terrain. Comment à la fois rénover les écoles et construire des nouvelles classes, entre autres pour les maternelles quatre
ans? Moi, je pense que c'est possible
de faire les deux puis je pense, ça
serait une erreur de ne pas faire les deux. Oui, il y a un rattrapage à faire
dans nos écoles, sur l'état de nos
écoles. On a eu des bonnes discussions dans les derniers mois, entre autres avec le président du Conseil
du trésor.
Rappelez-vous
qu'en campagne électorale, on pensait être capables de naviguer à travers
le PQI de 100 milliards sur 10 ans. Bien, quand on a commencé à
additionner les écoles qu'il fallait rénover, on s'est rendu compte qu'il fallait
ajouter 15 milliards. Bon, je comprends, le Parti libéral dit : On
vous laisse une dette qui est un peu en baisse, mais je comprends, on a négligé
les infrastructures. Évidemment, quand on va investir dans les infrastructures,
c'est de l'argent emprunté, donc on va
augmenter un peu la dette, mais c'est nécessaire. On ne peut pas se dire : Au Québec,
c'est important, l'éducation
puis d'envoyer nos enfants dans des écoles, des classes qui font, dans certains
cas, là, vraiment dur.
Donc, ça,
c'est la partie infrastructures. On a fait le choix d'augmenter de 15 milliards le PQI sur 10 ans, entre
autres à cause des montants à investir dans les écoles.
Maintenant, les maternelles quatre ans. Bon,
gros sujet. Je suis content que vous abordiez le sujet, parce que je vois l'opposition
qui est contre les maternelles quatre ans offertes à tout le monde, et on
préfère dire : Vous devriez prendre tout cet argent et le mettre dans les
garderies.
Bon, d'abord,
on va regarder la différence entre une garderie, un CPE, puis une maternelle quatre ans. Bon, d'abord,
regardons la formation des personnes. Les personnes qui travaillent dans les
garderies et dans les CPE font un travail extraordinaire.
Il y a le deux tiers des personnes dans les garderies qui ont un D.E.C.
technique, donc qui ont fait trois ans de cégep, qui sont vraiment
spécialisées pour les jeunes enfants. Elles font un travail extraordinaire.
Dans une maternelle quatre ans, dans une
école, ce sont des enseignants, qui ont fait deux ans de cégep puis quatre ans
d'université en pédagogie. Est-ce
qu'on peut améliorer leur formation? Oui. Le ministre de l'Éducation dit :
Ces personnes-là, là, qui font deux ans de cégep, quatre ans d'université, pourraient être encore mieux formées
pour les jeunes enfants, hein? On n'apprend pas de la même façon à un
jeune enfant qu'à un adolescent. On va plus, avec les jeunes enfants, apprendre
en jouant.
Puis moi,
j'invite les gens de l'opposition à aller visiter des maternelles quatre ans,
parce que ce n'est pas des gens en
rangée qui sont en train de faire des dictées, là. Ça se fait par le jeu, puis
c'est accompagné d'enseignants qui vont être de mieux en mieux formés. Et les maternelles quatre ans vont être dans des
écoles primaires, et, dans une école primaire, bien, il y a tous les outils, là, les différents
spécialistes, que ce soit un orthophoniste, orthopédagogue, travailleur social,
psychiatre, psychologue. Ils ont accès à tous ces services.
Évidemment,
si on disait : On offre tous ces services-là dans un CPE pour juste des
enfants de quatre ans, on ne pourrait pas justifier de mettre autant de
spécialistes, alors que, si on les met dans une école primaire, bien, une
journée, ils vont travailler sur les quatre
ans, l'autre année sur... l'autre journée, sur les cinq ans, après sur les six
ans, les sept ans. Parfois, c'est quelques heures par semaine que les
enfants ont besoin d'accompagnement.
Mais ce qui
est important, là, c'est les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage.
Moi, quand je dis, là, la maternelle quatre
ans est importante, je pense aux 28 % d'enfants qui ont une vulnérabilité,
28 %. Moi, ça m'a fait peur les premières fois que j'ai vu ça, là. C'est
plus qu'un enfant sur quatre qui va éventuellement avoir un problème :
l'autisme, la dysphasie, la dyslexie,
un trouble d'attention, un problème d'apprentissage. Bien, ces enfants-là ont
besoin de spécialistes, puis j'ose penser
que, même s'il y a encore du travail à faire, qu'un enseignant qui a étudié
pour donner des services aux enfants est très bien placé pour aider ces
enfants-là.
Et les
maternelles quatre ans aussi, l'avantage, c'est qu'il y en a pour tout le
monde. Actuellement, il y a seulement 30 % des enfants qui vont dans les
CPE. C'est qu'il y en a 70 % qui ne sont nulle part, puis il y en a au
moins 20 %, là, qui ne sont pas plus dans une garderie privée ou
milieu familial. Ils ne sont nulle part. Donc, c'est important d'agir tôt. C'est important d'avoir les maternelles quatre
ans, puis on n'est pas en train d'inventer quelque chose, là. Ça existe à peu
près dans tous les pays occidentaux. Même,
en France, on commence l'école à trois ans. Je regarde le taux de diplomation
au Québec. On a le plus bas taux de diplomation au Canada, mais on commence
l'école à cinq ans.
Puis vous
savez, la réticence du Parti libéral, du Parti québécois puis de Québec
solidaire aux maternelles quatre ans, je me rappelle d'avoir vécu
exactement la même chose pour les maternelles cinq ans. Les maternelles cinq
ans ne sont toujours pas obligatoires, mais il y a 98 % des enfants de
cinq ans qui vont à la maternelle cinq ans, puis les parents, aujourd'hui, là,
ils n'auraient pas idée de dire : Bien, voyons donc, cinq ans, c'est bien
trop jeune. On va fermer ça, les maternelles
cinq ans, puis on va commencer tous à six ans. Bien non. Puis moi, je suis
certain, là, que dans quelques années, tous
les gens qui sont l'autre bord, là, ils vont dire : Aïe! on était-u
spécial de penser que l'école à quatre ans, c'était trop de bonne heure,
tu sais. Je pense qu'ils vont le regretter. On va garder ça sur film.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le premier ministre. Alors, je
cède la parole à la cheffe du deuxième groupe d'opposition pour une période de
13 min 38 s. Mme la cheffe...
Mme Massé : ...déjà?
Le Président (M. Bachand) :
13 min 38 s, s'il vous plaît.
Mme Massé : Cinq minutes?
Le Président (M. Bachand) : 13.
• (16 heures) •
Mme Massé :
13. Ah! j'ai eu peur. Alors, bonjour, tout le monde. Prenez mes salutations
pour faites.
M.
le premier ministre, chaque fois, dans les derniers mois, où j'ai questionné
soit vous-même ou des gens de votre gouvernement
sur la question des changements climatiques, vous m'avez souvent répondu en me
parlant d'environnement. Alors, c'est
sûr que, lorsqu'on parle d'environnement, à mon sens, c'est une chose, de
changements climatiques, c'en est une autre. J'ai peur que vous ne
saisissiez pas bien la différence entre les deux.
Alors,
une question plus ouverte en partant. J'aimerais que vous m'expliquiez, pour
vous, c'est quoi, la différence entre environnement et changements
climatiques.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M.
Legault : Oui. Bien, en environnement, il y a plusieurs sujets. Par
exemple, la décontamination des sols, c'est de l'environnement, avoir de l'eau propre, c'est de l'environnement. Les
changements climatiques, c'est de s'assurer qu'on réduise les émissions
de gaz à effet de serre pour réduire le réchauffement de la planète.
Donc,
on s'est donné des objectifs. Entre autres, ça a commencé à Paris, la COP21, de
dire : D'ici 2020, il faudrait réduire
les GES de 20 %, puis d'ici 2030, de 37,5 %. Bon, malheureusement, on
est arrivés au gouvernement, on a ouvert les livres et puis on était rendus seulement à moins 9 %. Donc,
soyons réalistes, là, on n'atteindra pas le moins 20 % l'année
prochaine, là, même si on revirait tout à l'envers au Québec.
Donc,
actuellement, il faut aussi admettre que, quand on regarde les GES par
habitant, on est les meilleurs. On est les
meilleurs, il faut arrêter de s'autoflageller, là. On est les meilleurs. On
peut faire mieux, entre autres dans le domaine du transport. On peut faire mieux, mais il reste
qu'on est les meilleurs et il faut regarder ce qui se fait dans les autres
provinces puis les autres États.
Le
Président (M. Bachand) : ...la députée, s'il vous plaît.
Mme
Massé : Oui. Bien, en fait, vous allez voir, j'ai découpé ça en très
bing, bang, bang. Comme on sait... Alors donc, c'est de réduire les gaz à effet
de serre. Effectivement, beaucoup plus large que ça, mais le temps ne me permet
pas de faire le tour.
Parlons-en. Ce matin,
je vous ai parlé de gaz naturel. Le gaz naturel n'est pas une énergie de
transition, puisque le cycle de vie du gaz
naturel, même sur 100 ans, est beaucoup plus nocif que l'impact... sur le
réchauffement de la planète, que le
CO2. Mais ça, vous ne semblez pas le reconnaître et à quelque part...
Bien, en fait, je veux juste être sûre, là, parce que ce matin vous m'avez dit clairement que vous
ne reconnaissiez pas ça. Donc, est-ce que j'ai bien compris ce matin que,
pour vous, le gaz naturel est une énergie de transition?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault :
Il y a différentes catégories, hein, d'énergies, puis il y a des énergies qui
sont fossiles, donc pas renouvelables, il y
a des énergies qui sont plus polluantes, qui émettent plus de GES, puis il y en
a qui en émettent moins. O.K. Et, si je compare, par exemple, le charbon puis
le pétrole, bien, ça, c'est à peu près ce qu'il y a de pire. Ce qu'il y a
de mieux, c'est l'hydro, c'est l'éolien,
c'est le solaire, quoique du côté du solaire et de l'éolien, il y a un problème
de batteries, il y a un problème d'être capable d'accumuler l'énergie
pour être capable de l'utiliser au bon moment.
Donc,
si vous me dites : Est-ce que je préfère le gaz au pétrole ou au charbon?
La réponse, c'est oui. Mais est-ce que
je préfère l'hydroélectricité au gaz? Oui, je préfère l'hydroélectricité au
gaz. Mais, à un moment donné, si, avec le projet de GNL, on amène du gaz au
Saguenay puis qu'ensuite on l'envoie en Europe, qu'on ferme des centrales au
charbon, qu'on utilise moins de
pétrole puis qu'on réduise les GES en passant au gaz, on est gagnants. Ce n'est
pas idéal, on pourrait aller plus loin, mais déjà on a gagné une partie
de réduction de GES.
Mme
Massé : Alors, c'est là que je vois, M. le premier ministre, pardonnez-moi,
que les lobbys d'Énergir ont bien réussi
avec vous, parce que l'émission... les gaz qui provoquent l'effet de serre ne
sont pas que du CO2. Et quand vous me répondez comme ça, vous me répondez comme quelqu'un qui me dit :
Bien, voyons donc, Manon, ça produit bien moins de CO2. Bien oui, vous avez bien raison, ça produit du
méthane, et le méthane, lui, dans l'atmosphère, a un effet qui produit son potentiel de réchauffement et jusqu'à
86 fois plus important sur les 20 premières années et 34 fois plus important sur les
100 premières années. Et savez-vous, ce n'est pas moi qui dit ça, moi...
c'est un de nos spécialistes au Québec, Damon
Matthews, qui a contribué à deux reprises au rapport du GIEC, qui nous dit
et nous répète que le gaz est une énergie non renouvelable, non renouvelable, qui a un impact majeur sur le gaz à effet de serre. Je ne comprends pas pourquoi vous vous refusez à comprendre cet
élément-là.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Legault :
Bon, vous connaissez Barack Obama probablement.
Mme Massé :
...entendu parler.
M.
Legault : Vous savez qu'aux États-Unis,
Barack Obama, les démocrates, qui sont pour la réduction des GES, ont adopté,
dans plusieurs États, incluant les États du Nord-Est, là... j'en discutais entre
autres avec le gouverneur du Massachusetts,
quand on discute d'exporter notre hydroélectricité, notre compétiteur, c'est le gaz. Moi, j'aurais
le goût de vous demander, là, est-ce que, pour vous, le charbon, est-ce
que c'est mieux que le gaz?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
Mme
Massé : Oui, avec plaisir.
Je n'en suis pas là. Ce que je vous dis, c'est que le charbon, le pétrole, les
énergies fossiles, peu importe ils sont lesquelles, y compris le gaz
naturel, qu'il soit un gaz qui a été extirpé par la fracturation hydraulique ou même le gaz naturel, émet du
méthane. Et là je réitère, je veux bien que vous me dites que le fait
d'exporter du gaz naturel, on va
aider le reste de la planète à diminuer leurs gaz à effet de serre, mais pourquoi
se poser comme acteur? D'ailleurs, je vous rappelle qu'il n'y a toujours
pas eu de BAPE pour le gazoduc GNL Québec. Vous semblez l'approuver beaucoup, et
pourtant l'acceptabilité sociale n'est pas encore démontrée, mais c'est une
autre paire de manches.
Pourquoi
vous semblez complètement acheter, et je répète, je peux le comprendre,
avec 136 mandats de lobbys auprès de tous les ministères,
auprès de toutes les... pas toutes les municipalités, mais bref, vous me comprenez, 136 mandats
de gens pour qui le gaz naturel semble être une énergie de transition. Pourquoi
vous achetez ça, M. le premier ministre?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M.
Legault : D'abord,
je veux rassurer la co-porte-parole de Québec
solidaire, là, moi, les lobbys, là,
il faut bien mal me connaître pour penser qu'ils ont une influence sur
moi. O.K.? Moi, je ne dois rien à personne et je n'ai aucune influence de la part des lobbys, que ça soit une commission scolaire, ou que ça soit une compagnie de gaz, ou peu importe.
Mais je suis un gars pragmatique, puis moi,
j'invite la co-porte-parole de Québec solidaire, parce que nous, au Québec,
on est chanceux, on a l'hydroélectricité, allez rencontrer Charlie Baker, le gouverneur du
Massachusetts, là, puis dites-lui :
Bien, vous devriez arrêter d'ouvrir des centrales au gaz, là. Qu'est-ce que vous allez lui suggérer? Qu'est-ce...
non, mais je veux juste savoir
qu'est-ce que vous lui suggérez. Avez-vous une solution? Parce que c'est bien
beau être contre tout, là, mais qu'est-ce que vous avez à suggérer à
ceux qui utilisent du gaz actuellement?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
• (16 h 10) •
Mme
Massé : M. le premier ministre, moi, je m'adresse au premier ministre
du Québec, qui peut agir ici, au Québec, et il peut agir notamment au
niveau de la crise climatique en cessant d'investir dans les énergies non
renouvelables, comme vous le faites avec le
Fonds vert et le gaz naturel, hein? On déroule le tapis pour Énergir, comme
vous le faites avec... comme vous acceptez que le fassent certains de
nos investisseurs collectifs.
Moi, ce que
je vous demande à vous, c'est : Pourquoi vous vous laissez berner par
l'idée qu'un... développer les infrastructures pour diffuser le gaz naturel,
qui a un impact 86 fois plus grand en potentiel de réchauffement de la
planète, ça, c'est mieux que quelque
chose? On a une belle expertise au Québec, vous avez raison, et on en est
fiers, et effectivement l'hydroélectricité
joue un rôle majeur. On a des surplus, vous avez raison, et vous savez quoi? On
pourrait en avoir encore plus de
surplus si on agissait dès maintenant au niveau de l'efficacité énergétique.
Mais ce n'est pas pour nécessairement l'exporter
à tout vent, c'est parce qu'on a du transport, nous-mêmes, à électrifier, pas
du char individuel, du transport collectif.
Alors, d'où vient cette obsession que le gaz
naturel, qui a un impact beaucoup plus grand sur 100 ans, alors qu'on sait que, sur 100 ans, on a à diminuer et non
pas augmenter, comment se fait-il que vous avez développé cette obsession-là?
M.
Legault : O.K.
J'écoute la porte-parole de Québec
solidaire, puis c'est comme si le Québec
était sur une autre planète, comme si le Nord-Est américain, là, il y avait
un mur entre le Québec puis le Nord-Est américain... puis qu'on dise : Bien, ils prennent du gaz, là, dans le
Nord-Est américain, ce n'est pas grave, nous, au Québec, on a un mur, là. On
est tous sur la même planète, puis ce qui compte, c'est les GES de l'ensemble
de la planète.
Puis je
reviens sur le gaz. Le projet, là, c'est de prendre du gaz qui vient de l'Ouest
canadien, de l'amener à Saguenay, de
le liquéfier, de l'envoyer en Europe pour remplacer du charbon et du pétrole.
Qu'est-ce qu'il y a qui est si difficile que ça à comprendre,
de dire : Grâce au projet GNL, il va y avoir moins de GES sur la planète?
Là, la députée de Québec solidaire nous dit : Moi, ce qui est important
pour moi, c'est juste le Québec,
comme s'il y avait un mur autour du Québec puis qu'on disait : Tout ce qui est important, c'est les GES au
Québec. Ce n'est pas important, ce qui se passe aux États-Unis. Ce n'est
important, ce qui se passe en Europe. Ce n'est pas important, ce qui se passe
en Chine. Nous, là, avec 0,0001 % des émissions de GES sur la planète,
c'est ici qu'on va sauver la planète.
Bien, moi, je
vous dis, là, la plus grande contribution qu'on pourrait faire, ça serait
d'exporter de l'hydroélectricité pour remplacer du gaz aux États-Unis.
Ça, là, ça serait plus important. Elle devrait m'aider à travailler là-dessus,
la co-porte-parole de Québec solidaire.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Massé :
M. le Président, je conviens que le Québec pourrait être un leader, mais ce
n'est pas en disant que ce que... on est les meilleurs, et, pour ça, il
ne faut pas s'occuper de ce qui se passe ici. Ça, je n'en suis pas.
D'ailleurs,
ça a l'air que je ne suis pas toute seule à partager cette préoccupation-là. On
l'a vu, beaucoup de jeunes sont dans
la rue, beaucoup de jeunes sont préoccupés, et ça va continuer. Pourquoi? Bien,
parce qu'ils ont catché que le gaz naturel, ce n'est pas mieux que... et qu'on a
la possibilité ici de développer des énergies mauditement plus propres que
celle-là. Le 22 avril, ces jeunes-là vont être ici, autour du Parlement.
Puisqu'il
me reste quelques secondes, M. le premier ministre, j'aimerais ça vous inviter
officiellement à venir avec moi à la rencontre de ces jeunes-là, pour qu'ils
vous expliquent, eux autres, comment ils la comprennent, cette game-là,
et que vous compreniez que ce n'est pas une obsession de Québec solidaire ou de
sa cheffe parlementaire, mais c'est une préoccupation appuyée par des
scientifiques qui... dans le fond, ils nous lancent un cri d'alarme qui n'a pas
été écouté, malheureusement, par le passé.
Vous avez l'opportunité de le faire. Je vous invite à venir avec moi à la manif
le 22, pas pour manifester, mais pour
écouter les jeunes vous expliquer, eux autres, qu'est-ce qu'ils comprennent des
changements climatiques.
Le Président (M. Bachand) : Et cela clôt ce bloc d'échange. Je me tourne vers
les députés formant le gouvernement. Pour une période de
13 minutes, M. le député de Nicolet-Bécancour, s'il vous plaît.
M.
Martel : Bien, bonjour, tout le monde, M. le Président, M.
le premier ministre, très content d'être avec vous autres cet
après-midi.
M.
le premier ministre, vous avez été élu avec un mandat fort le 1er octobre
dernier. Durant la campagne électorale, vous avez fait état de nombreuses priorités en santé, en éducation, sur
la laïcité, mais depuis votre retour en politique et la fondation de
votre propre parti en 2011, vous vous êtes surtout fait connaître comme un
homme avec une vision économique importante
pour le Québec. Vous vous êtes donc présenté aux dernières élections comme un
premier ministre économique et vous le prouvez à chaque fois que vous en
avez l'occasion.
En janvier dernier,
vous vous êtes rendu à Paris et à Davos pour une première mission outremer
depuis votre assermentation.
Traditionnellement, les premiers ministres en mission en France vont parler
d'une panoplie de sujets allant de la
culture à la langue française, mais avec votre touche personnelle, vous avez
réussi, sans négliger ces aspects importants, à carrément orienter cette première mission en France sur l'économie.
Tout en positionnant le Québec comme la principale porte d'entrée pour les entreprises européennes
vers l'Amérique du Nord, vous avez rencontré un nombre impressionnant de chefs d'État, d'entreprises de haut niveau,
autant à Paris qu'au Forum économique de Davos, en Suisse, lors du même
déplacement en Europe. Tout au long de votre mission, vous avez parlé de
l'importance de diversifier nos exportations, en rappelant que 70 % de nos
exportations allaient vers les États-Unis. Et je dois dire que je trouve que
c'est une vision importante car ce n'est pas toujours bon de mettre nos oeufs
dans le même panier et qu'en ces temps de protectionnisme aux États-Unis, c'est
même une stratégie essentielle.
Cela
étant dit, il n'en demeure pas moins que 70 % de nos exportations qui vont
vers les États-Unis, c'est énorme. J'ai moi-même un bon nombre
d'entreprises manufacturières dans mon comté qui exportent quotidiennement vers
les États-Unis. Il y a un conflit
présentement à l'ABI, et on sait que les tarifs imposés pas l'administration
Trump sur l'aluminium n'aident en rien la situation actuelle. Autant le
syndicat qu'Alcoa s'entendent là-dessus.
Donc,
ma question est la suivante, M. le premier ministre : Est-ce que vos
prévoyez faire une mission économique aux
États-Unis, au même titre que celle que vous avez faite en Europe, pour attirer
des investissements, mais aussi pour porter
le message auprès de l'administration américaine sur la nécessité d'éliminer
ces nouveaux tarifs qui affligent les entreprises et les travailleurs de
nos régions?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Legault :
Oui. M. le Président, on discutait tantôt... D'abord, merci, M. le député
de Bécancour, pour la question. On discutait
tantôt de l'écart de richesse du Québec avec le reste de l'Amérique du Nord,
donc avec l'Ontario, avec le reste du
Canada, avec les États-Unis. Notre défi, c'est de faire deux choses. C'est
d'augmenter les investissements privés de façon importante. Il y a un
écart important quand on regarde, par habitant, les investissements des
entreprises.
Évidemment,
il y a des investissements qui sont faits par des entreprises québécoises, mais
il y a aussi des investissements qui
sont faits par des entreprises qui viennent de l'extérieur du Québec. Et un des
défis qu'on a au Québec, c'est de grandir la taille moyenne de nos
entreprises. Il faut avoir des petites entreprises qui deviennent moyennes puis
des moyennes qui deviennent grandes. C'est
entre autres une des façons importantes, de robotiser, mécaniser, avoir plus
de valeur ajoutée puis d'avoir des salaires plus élevés, donc être capable
d'avoir des grandes entreprises qui viennent s'installer
au Québec, comme chez ABI, donc c'est important, Alcoa, Alcan. Ce sont des
entreprises qui créent des emplois. Chez ABI, on parle de
92 000 $ par année. Donc, évidemment, si je veux augmenter mon revenu
moyen de 49 000 $ à 53 000 $, bien, j'en prendrais à la
tonne, des emplois comme ça.
Donc,
c'est important effectivement d'aller sur les marchés à l'extérieur rencontrer
des investisseurs potentiels. C'est ça que j'ai fait quand je suis allé à
Paris. J'ai eu des rencontres individuelles, des soupers avec une dizaine de
CEO, de présidents de grandes entreprises. Et puis il y a un suivi qui est fait
actuellement par le ministre de l'Économie, puis j'ai confiance que, dans les prochains mois, il y a
quelques dossiers, là, qu'on a mis à l'eau, qui vont rapporter beaucoup. Il
faut continuer à le faire.
Il
faut le faire aux États-Unis. C'est vrai que les États-Unis, c'est 70 % de
nos exportations. On a beaucoup d'oeufs dans ce panier-là, mais, en même temps, il faut être réaliste, c'est
notre voisin immédiat. C'est important. Je suis allé déjà à Boston. On a eu des bonnes rencontres avec des
entreprises à Boston. On a un contrat important d'Hydro-Québec. Évidemment,
là, il reste à passer la ligne de
transmission sur le territoire du Maine, mais, même si j'entendais l'opposition
aujourd'hui nous accuser de dépenser 170 ou 190 millions, ça va
rapporter 10 milliards, ce contrat-là. Je trouve que c'est un bon
rendement, un bon deal. Comme on dit, là, j'en prendrais beaucoup de deals
comme ça.
• (16 h 20) •
J'en profite pour vous
donner un scoop. Le mois prochain, je vais aller à New York puis ensuite à
Washington. À New York parce que c'est
incontournable. À New York, c'est la plus grande ville. C'est là qu'il y a le
plus d'entreprises. Et il faut convaincre, puis déjà notre nouvelle
déléguée générale du Québec à New York est en train de me céduler une série de rencontres. Je ne pense pas que ça va
être nécessairement reposant, mais je vais aller rencontrer des entreprises qui
veulent investir au Québec. Puis ensuite je
vais aller à Washington, parce que, là, il faut se débarrasser de cette taxe-là
sur l'acier puis l'aluminium. Même
les entreprises américaines le disent, ça nuit à l'économie. Puis quand on
regarde l'aluminium, par exemple, comme chez ABI, le problème
qu'on vit, c'est que la compétition...
L'aluminium qui va aux États-Unis, notre compétiteur, c'est la Chine. La Chine, qui actuellement, bon, ne suit
pas toujours les mêmes règles que ce qu'on voit en Amérique du Nord, qui paie moins bien ses employés
et qui a, avec un surplus de production, abaissé le prix de l'aluminium
à un prix où, pour l'instant, ce n'est pas rentable ou, en tout cas, pas très
rentable pour les alumineries.
Donc, on a un
double problème. On a le problème du prix de l'aluminium qui est bas puis, en
plus, les Américains nous taxent de 10 % ce qu'on envoie aux États-Unis.
Pendant ce temps-là, l'aluminium qui arrive de la Chine débarque et est
moins cher que le nôtre. Donc, on est dans une situation, là, où cette taxe-là
doit partir. Et j'ai demandé à nos représentants de m'organiser des rencontres
peut-être plus politiques à Washington, avec les gens responsables de l'administration américaine, pour expliquer
qu'actuellement la personne, ou le pays qui devrait être attaqué, ou qui
devrait faire l'objet de négociation,
ça devrait être la Chine, pas le Québec, pas le Canada. On a à peu près les
mêmes règles de fonctionnement. Ça
n'a pas de bon sens, effectivement, qu'on soit en compétition avec l'aluminium
qui est fait en Chine avec des règles qui sont différentes des nôtres.
Donc, de ce côté-là, c'est important.
L'autre chose
qui est importante, quand je vais aller à New York puis aux États-Unis, c'est
les exportations. On le sait, le Québec, malheureusement, au total, a un
déficit commercial. Je me souviens, dans le temps, Bernard Landry disait :
On est un peuple d'exportateurs, on a un
surplus. Bien, depuis une dizaine d'années, ce n'est plus vrai. On a un
déficit, et là il faut vraiment, là... ça, c'est du cas par cas, il faut
identifier une série d'entreprises québécoises puis demander à nos délégués qu'ils cherchent des clients, ça veut
dire des réseaux de distribution, des clients pour nos entreprises québécoises
pour qu'on augmente nos exportations.
Parce
qu'économiquement c'est ce qu'il y a de plus payant, les exportations, parce
qu'on prend de l'argent qui vient de l'extérieur pour créer des emplois ici.
Donc, il faut se... On ne sera jamais riches au Québec, là, on sera toujours
pris avec la péréquation tant qu'on aura une balance commerciale qui est
négative. Donc, il faut faire deux choses quand on va à l'étranger,
comme je vais le faire à New York puis à Washington : un, attirer des
investissements des entreprises au Québec
et, deux, aider nos entreprises à trouver des nouveaux clients pour augmenter
nos exportations. Puis il ne faut pas oublier qu'avec le taux de change
à 0,75 $ on devrait être dans une position avantageuse pour exporter
davantage. Puis quand je regarde dans les dernières années, malheureusement,
les exportations ont beaucoup plus augmenté en Ontario vers les États-Unis qu'au Québec vers les États-Unis. Donc, il n'y a pas
de raison, là. Il faut avoir une nouvelle approche, un nouveau plan
économique. Il faut qu'on s'intéresse à l'économie. C'est, à mon avis, là...
Tu sais,
pendant un certain temps, à cause du débat sur la souveraineté du Québec, le
Parti libéral prétendait être le parti de l'économie. Mais il disait :
Nous, on est contre la souveraineté. C'était ça, leur plan économique, on est
contre la souveraineté du Québec.
C'est court, comme programme. Puis là, bien, évidemment, les gens ont compris
que maintenant il y a un vrai parti de l'économie. Et là, nous, on va
s'en occuper, nous, on va augmenter les exportations, nous, on va augmenter les investissements des entreprises au
Québec. Nous, on va aller négocier, s'assurer aussi avec Ottawa, hein...
je ne manque pas une occasion de le répéter
à Justin Trudeau, pas de bon sens, là, ces taxes-là, tu sais, puis qu'on
maintienne, là... Pour l'instant, on a mis des taxes dans l'autre sens...
qu'on maintienne puis qu'avant de ratifier l'accord avec les États-Unis, qu'on
s'assure que ces taxes-là soient enlevées. Ce n'est pas juste, ce n'est
acceptable.
Puis qu'on
arrête d'être naïfs aussi. On avait un gouvernement, quand il faisait des contrats
de transport en commun, qui ne
mettait aucune clause de contenu local. Écoutez, là, on a donné le REM, hein?
Pourtant, le gouvernement du Québec contribue
1,3 milliard dans le REM. Bien, il va être construit en Inde. Écoutez, là,
je regarde les États-Unis, ils mettent des règles, ils exigent un contenu local de 60 %, 70 %. Nous, on
était, avec les libéraux, naïfs, aucune demande de contenu local. Il faut avoir un gouvernement qui sait négocier,
qui n'est pas en culottes courtes quand on discute avec les autres pays, les
autres États. C'est ça qu'on va faire.
Ça n'empêche
pas d'avoir des bonnes relations, hein? Charlie Baker, c'est un amateur de
hockey, des Bruins, c'est un grand amateur de Patrice Bergeron. Donc, moi, je
lui ai dit : Tu nous en dois une, tu sais, tu as Patrice Bergeron dans ton
équipe, là, bien là, il serait temps
que tu nous aides ici, au Québec. Puis vous savez, le contrat qui est signé
avec le Massachusetts, ça va représenter 17 % des besoins d'énergie
du Massachusetts. Le reste, c'est du gaz.
Puis je comprends que la co-porte-parole de
Québec solidaire, là, ça ne l'intéresse pas de remplacer du gaz au Massachusetts par de l'hydroélectricité. Elle,
tout ce qu'elle veut, c'est qu'on travaille sur le territoire du Québec, comme
s'il y avait un mur autour du Québec, là. Donc, d'aller travailler avec le
Massachusetts pour qu'il y ait plus d'exportations d'énergie propre, qu'on ferme des centrales au
gaz, qu'on ferme des centrales au charbon, ça ne l'intéresse pas, mais moi, ça
m'intéresse. Parce que, vous savez, il y a deux choses : un, il y a
l'environnement, ça réduit les GES de la planète; deux, c'est payant. Écoutez, le contrat avec le
Massachusetts, ça va rapporter 10 milliards, 10 milliards sur 20 ans,
là, qui va rentrer de plus direct chez Hydro-Québec.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le premier ministre. Je passe maintenant
la parole au chef du troisième groupe d'opposition pour une période de
13 min 38 s, s'il vous plaît.
M.
Bérubé : Merci, M.
le Président. Je veux à mon tour saluer le premier ministre, son équipe,
l'ensemble des collègues. Et je veux
m'adresser aux gens qui nous écoutent en disant que les questions que je vais
poser, comme celles des oppositions, le premier ministre ne les connaît pas, alors ça va
être une surprise totale. Alors, je veux indiquer ça d'entrée de jeu.
J'ai noté que
le premier ministre a fait référence à l'époque où je travaillais à son
cabinet, au ministère de l'Éducation. Il s'en est passé des choses
depuis ce temps-là.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : S'il vous plaît!
M.
Bérubé : Le
ministre se plantait souvent.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, oui, allez-y.
M.
Bérubé :
Le ministre se plantait, puis je vais vous expliquer pourquoi. Ce sera sur leur
temps, M. le Président, les rires.
Depuis ce temps-là, bien, il y a bien des choses qui se sont passées. Il a créé
son propre parti, il s'est nommé chef, il a fait un certain nombre de
conversions.
En mai
dernier, dans une entrevue avec Geneviève Lajoie, elle lui demande :
Pourquoi, vous, vous êtes fier d'être Canadien?
Il dit — c'était
un peu difficile, je vais mettre l'extrait en ligne, tantôt — Je suis confortable avec le Canada, je me
suis réconcilié avec le Canada, puis ça s'arrête pas mal là. Bon, ça, c'était
en mai. Ensuite, il est devenu premier ministre, il est devenu ami avec
les premiers ministres des provinces. Puis là j'ai commencé à regarder la
relation avec le Canada puis je me suis
dit : Lui, ce n'est pas un souverainiste, donc ils vont bien l'accueillir.
Il est dans une lune de miel, d'ailleurs il a l'attitude d'un gars en
lune de miel, il est de bonne humeur, alors il va négocier avec un mandat fort
dans une année électorale fédérale, la
meilleure conjoncture possible. Puis là j'ai dit : Rapport d'impôt unique,
on a un rapport de force, ça a duré
cinq minutes, M. le Président. Après, le tramway, ça ne marche pas. Puis
quémander de la peinture pour le pont de Québec, on est rendu là, puis l'aide aux réfugiés, puis la Davie. 75
députés, mandat fort, une année électorale fédérale, le gouvernement du Canada lui dit non. Donc, il n'y a
pas de changement, ils n'ont pas plus de rapport de force que le Parti libéral.
Alors,
j'aimerais ça qu'il me convainque pourquoi, moi aussi, je devrais me
réconcilier avec le Canada. Comment il
vit ça, lui, le fait d'être fédéraliste, maintenant Canadien? Le 1er juillet,
j'imagine, quand il va fêter, il va avoir une pensée pour ça. Alors, j'aimerais
ça qu'il essaie de me convaincre.
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
• (16 h 30) •
M. Legault : Oui. Je sais que le
chef du Parti québécois est un homme impatient, mais je veux lui rappeler que ça fait juste six mois qu'on est là, hein, donc
six mois. Et moi, j'ai confiance qu'on va faire des gains, qu'on va faire des
gains en immigration, qu'on va faire des gains économiques. Aujourd'hui, je
parlais avec Jason Kenney, j'en ai profité pour parler un peu de l'exportation d'hydroélectricité chez son ami Doug
Ford. Moi, j'ai encore espoir que le Québec exporte de l'électricité en
Ontario plutôt que de les laisser mettre 20 milliards dans la rénovation
de centrales nucléaires.
J'ai des dossiers... Bon, on voit que le Parti
conservateur est d'accord avec un rapport d'impôt unique qui serait géré par le gouvernement du Québec. Donc,
moi, je pense qu'on va faire des
gains, mais il faut voir aussi l'alternative. Je sais qu'il n'aime pas parler
de péréquation, mais on est rendus à 13 milliards de péréquation. Tu sais,
on a beau dire : On envoie de l'impôt à Ottawa, mais on a tenu de
compte de tout ça, là. Mais, en plus, on reçoit 13 milliards de
péréquation.
Donc, la
souveraineté du Québec... Bon, je comprends, le député de Matane, chef du Parti
québécois, pense que les Québécois vont, à un moment donné, comprendre
que la souveraineté du Québec, c'est ça, la priorité. Pourtant, le Parti québécois, durant la dernière campagne électorale,
a dit : Nous, si jamais on est élus, là, c'est sûr qu'on ne fait pas de
référendum, là, ça ne nous intéresse
pas à court terme. Donc, moi, je pense, M. le Président, que la preuve, la
démonstration doit être faite : Quels sont les gains de la souveraineté,
quels sont les gains financiers, quels sont les gains, mettons, dans le secteur
des produits laitiers? Donc, qu'il
essaie de nous vendre... Moi, je lui donne la parole, là, qu'il nous explique
pourquoi il est souverainiste.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, s'il vous plaît.
M.
Bérubé :
M. le Président, passer du statut de locataire à celui de propriétaire, signer
tous nos impôts, percevoir tous nos
impôts, nos taxes, signer l'ensemble de nos traités internationaux, voter
toutes nos lois, ça s'appelle la liberté d'une nation. Si on est la seule nation qui ne veut pas ça, moi, je me pose
des questions sur ce qu'on est comme Québécois. On a le droit d'aspirer
à ça.
Puis tantôt il a parlé de la péréquation puis de
l'exercice du budget d'un Québec souverain, puis on a compilé ensemble un certain nombre de données. Il
dit : Quand j'ai fait les Finances d'un Québec souverain, la
péréquation était de 4 milliards,
puis elle est maintenant de 13 milliards. Il a dit ça. Le premier
ministre, il est content, mais il a la comptabilité sélective. Il oublie plusieurs éléments
importants : l'inflation, le service de la dette, le Fonds des
générations. On commence par ça. Au
cours des 16 dernières années, les revenus autonomes du gouvernement du
Québec ont crû de 91 %. Il est d'accord avec ça? On va donc utiliser cette base-là. On a donc 5,4 milliards
de plus de péréquation, oui, c'était après les coupures des libéraux
fédéraux. On part à 5,4 milliards.
Maintenant, il y a le service de la dette. Si on
la payait proportionnellement, la même chose qu'en 2003‑2004, il n'y avait pas le Fonds des générations, bien,
on économise 4,8 milliards par rapport à ce qu'on payait en 2003‑2004.
Mais ce n'est pas fini. Finalement,
en 2003‑2004, le Fonds des générations, bien, il n'existait même pas. Donc, on
est dans une situation
de 2,9 milliards de plus qu'en 2003‑2004, si on considère le versement au
Fonds des générations. On aurait donc 5,4 milliards
de moins en péréquation par rapport en 2003‑2004, mais on gagnerait
7,7 milliards par rapport à 2003‑2004. Le premier ministre, il est content, mais il n'a pas vu ça. Puis
comparativement, en 2003‑2004, un Québec indépendant aurait environ
2 milliards de plus de la marge de manoeuvre.
Alors,
est-ce qu'il reconnaît qu'on paie moins cher des versements à la dette, puis
que le Fonds des générations, il n'existait pas en 2003‑2004, puis qu'on
pourrait mettre à jour l'exercice qu'il a fait en 2005? Et je pense que la
conclusion serait assez éclairante.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M.
Legault : Oui, mais, M. le Président, j'invite... Moi, là, ça me fait
tellement plaisir d'entendre le chef du Parti québécois faire la promotion de
la souveraineté. Puis, écoutez, c'est son choix. Donc, que le député de Matane
utilise... Moi, je lui suggère, là,
d'utiliser toutes les tribunes pour parler de la souveraineté, pour expliquer
que la priorité au PQ, c'est la souveraineté du Québec.
Moi,
je suis arrivé à la conclusion que la priorité des Québécois, c'est plus autour
de l'éducation, de l'économie, de la santé, de protéger notre langue, de
protéger notre identité, de protéger nos valeurs, de protéger ce qu'on est. Que
le chef du Parti québécois utilise toutes
les tribunes au Québec pour dire : Nous, la priorité, on pense que c'est
la souveraineté du Québec, puis nous, on pense que le 13 milliards
de péréquation, bien...
J'aimerais
qu'il me dise où il va prendre l'argent. On a beau dire : Les revenus ont
doublé depuis le 4 milliards, mais, si on passe de 4 milliards à 8 milliards, il en manque encore,
là. Puis le 13 milliards, on le compte comment, ce trou-là? Et comment on va financer nos services en éducation,
en santé? Est-ce qu'on va augmenter les impôts? Tantôt, là — j'espère qu'il a eu le document — sa députée de Joliette dit : On va
augmenter les taxes scolaires de 400 millions. Plutôt que de les réduire de 800 millions, il y a certaines
régions qu'on va augmenter de 400 puis d'autres qu'on va réduire de 400. Bien,
lesquelles régions vont augmenter de
400 millions? Pour aller chercher le 13 milliards, est-ce qu'on va
augmenter les taxes puis les impôts? Bon, la priorité du PQ, c'est la
souveraineté, c'est ça qu'on comprend puis, bon, c'est correct.
M. Bérubé :
M. le Président, d'abord, il n'a pas répondu à ma première question. Pourquoi
qu'il est fier d'être canadien? Il ne veut pas le dire. Il ne sera pas à la fête
du Canada, il est mal à l'aise avec ça. Vous allez entendre
l'extrait, c'est un beau malaise pas à peu près, puis il ne veut jamais
répondre à ça.
Sur
les chiffres, je lui ai indiqué que je vais lui fournir les chiffres que j'ai.
Si ce n'est pas ça, c'est qu'il est très fier d'être canadien.
Si ce n'est pas les chiffres, il veut être assujetti à une autre nation, c'est
ça qu'il veut. Alors, moi, je pense
que le Québec est capable de faire des choix. Lui, il pense, il a évolué, il a
atteint tous ses objectifs, y compris celui de devenir premier ministre
du Québec.
Claire
Durand, la grande sociologue de l'Université
de Montréal, devrait l'inciter avec
ses travaux à avoir un peu plus
d'humilité sur la force de son mandat. 55 % des gens qui ont voté à la dernière élection, le premier
indicateur pour voter, c'était de
remplacer le Parti libéral du Québec; 17 %, le premier ministre, son
équipe et son programme. Donc, il y a eu une volonté de changement beaucoup, beaucoup lorsqu'on compare avec le
Parti libéral du Québec. Mais quant à l'avenir du Québec, quand on
regarde les choix qu'on n'est pas capables de faire, le premier ministre
accepte ça une fois après l'autre puis il
dit : Il va arriver quelque chose, les conservateurs vont être là, ils
vont leur dire oui, puis là le premier ministre m'a dit telle affaire. Moi, je me méfie parce que, quand il a rencontré
Kathleen Wynne, ce qu'il nous a dit, ce n'est pas ce qui est arrivé.
J'aime mieux avoir l'autre version avant de porter un jugement.
La
fierté, là, pour une nation, là, c'est important. Puis le gouvernement se dit
nationaliste. J'ai posé des questions sur la langue. Aïe! Ça semble être
l'angle mort du gouvernement. Il ne va pas renforcer la loi 101. Il ne va pas
assujettir les entreprises de 50 travailleurs et moins. Il n'y a pas plus de
financement. C'est quoi, être nationaliste, si la langue, un enjeu aussi important, le gouvernement n'en fait
pas une priorité? Ça ne paraît pas. Moi, le nationalisme, je ne l'ai pas vu
à date tant que ça dans ce gouvernement.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Legault :
Oui, M. le Président. D'abord, je veux rassurer le chef du Parti québécois, je
suis un fier Québécois. Pour moi, c'est le Québec d'abord. À l'intérieur
du Canada, mais c'est le Québec d'abord, O.K.? On peut-u s'entendre là-dessus,
là? Le Québec d'abord.
Maintenant, ce que ne
comprend pas le chef du Parti québécois, c'est que les Québécois veulent sortir
du débat souverainistes-fédéralistes. Quand
le chef du Parti québécois dit : Ah! dans le fond, selon Claire Durand,
ils voulaient surtout se débarrasser du Parti libéral, bien, pourquoi qu'ils
n'ont pas choisi le PQ? Pourquoi ils n'ont pas choisi la souveraineté du
Québec?
Tu
sais, moi, je pense que l'indépendance qui est la plus importante, c'est
l'indépendance financière. Puis moi, ce que je n'accepte pas, c'est qu'il y ait
un écart de richesse de 15 % avec l'Ontario, puis 20 % avec le reste
du Canada, puis 40 %, 50 %
avec les États-Unis. Ce n'est pas une fin en soi, la richesse, mais c'est une
question d'avoir les moyens de nos ambitions.
C'est beau, être fier, mais il faut avoir les moyens, à un moment donné, de se
dire : Ça va être beau, le Québec, on va avoir les plus belles
écoles, les plus beaux hôpitaux, on va investir dans notre culture, on va
investir dans notre architecture. C'est ça
que les Québécois veulent. C'est comme ça que les Québécois vont redevenir plus
fiers, pas en parlant de la souveraineté du Québec.
Le Président
(M. Bachand) : M. le député, s'il vous plaît.
M. Bérubé : Je repose
ma question une troisième fois. Je le sais qu'il est fier d'être Québécois, là,
il y avait un drapeau géant, là, dans
une conférence. Au lieu que ça coûte zéro à l'Assemblée nationale, ça a coûté
33 000 $ l'autre bord de la rue pour avoir son drapeau géant
puis ses figurants de la CAQ.
Je lui repose les
questions. Pourquoi, lui, il est fier d'être Canadien? Juste ça.
Le Président
(M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault :
M. le Président, je l'ai dit, je le répète, là, je suis d'abord fier d'être
Québécois. J'accepte que le Québec soit dans le Canada. Je pense qu'il y a des
avantages à rester dans le Canada. D'abord, 13 milliards de péréquation,
ça commence bien. Ensuite, bien, il y a des
programmes sociaux qui existent au Canada. Il y a des bonnes équipes de hockey
au Canada. Donc, M. le Président, il y a des
avantages. Mais le chef du Parti québécois n'arrivera pas à me faire dire que
je ne suis pas d'abord fier d'être Québécois. Donc, ça, là-dessus, on va
s'entendre.
Puis,
vous savez, quand on demande aux Québécois : Êtes-vous Canadien,
Québécois? Êtes-vous fédéraliste, souverainiste ou nationaliste? La
majorité des Québécois sont là où est la CAQ, nationalistes. Le Québec d'abord
à l'intérieur du Canada. La journée que le
chef du Parti québécois va comprendre ça, bien, il va peut-être commencer à se
rebrancher sur les Québécois.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. M. le député,
s'il vous plaît.
M. Bérubé :
Quand il viendra dans mon comté mercredi prochain, il va voir que je suis assez
branché sur la population que je
représente. Est-ce qu'il est fier d'être Canadien, oui ou non? Pourquoi il est
fier d'être... Il ne veut pas le dire, hein? C'est quelque chose, hein?
Une voix :
M. le Président, question de règlement...
M. Bérubé :
Occupe-toi de ta job, hein?
Le
Président (M. Bachand) : ...se déroule, là. M. le député
de Matane-Matapédia a la parole, s'il vous plaît.
• (16 h 40) •
M. Bérubé :
Je pose la question comme chef parlementaire de ma formation politique. Un premier
ministre qui se dit à l'aise à
l'intérieur du Canada, je lui pose la question : Donnez-moi des raisons
d'être fier d'être Canadien puis êtes-vous fier d'être Canadien? Non, ce n'est
pas drôle, la question est importante.
Le
Président (M. Bachand) : En 30 secondes, M. le premier
ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Oui. M. le Président, je suis d'abord fier d'être Québécois. Le Québec,
je pense, actuellement et puis pour de bon, c'est mieux de rester
à l'intérieur du Canada. C'est mieux de se concentrer sur d'autres priorités
que d'un changement constitutionnel. C'est
important, à un moment donné, de préserver ce qu'on a, de développer notre économie, d'être capables d'être maîtres
chez nous économiquement. C'est ça, la priorité pour les 20 prochaines
années.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Je me tourne maintenant
vers les députés formant le gouvernement pour un bloc de 14 minutes. M. le député de Nicolet-Bécancour,
s'il vous plaît.
M.
Martel : Oui, merci, M. le Président. M. le
premier ministre, je ne peux pas ne
pas profiter de la tribune qui m'est
offerte pour ne pas vous parler du parc industriel de Bécancour. Juste pour
rappeler aux gens, ce n'est pas juste du chauvinisme, là, le parc industriel
de Bécancour, évidemment, il est dans mon comté, mais c'est le seul parc,
les seuls espaces industriels
qui appartiennent au gouvernement du
Québec. Dans le parc industriel
de Bécancour, on a un port en eau
profonde, on a la voie ferrée, on a un système d'autoroute puis on a des terrains très, très
bien organisés pour recevoir la grande entreprise.
Pourtant,
quand je regarde les 15 dernières années, on a perdu plus d'emplois dans
le parc industriel qu'il s'en est créé. Puis quand on regarde au
niveau économique au Québec, ce n'est
pas la tendance qu'il y a eu. Il
y a des investisseurs qui sont venus, pas beaucoup, mais il y a
des investisseurs qui sont venus, puis on n'a jamais réussi à en concrétiser
un encore dans les derniers qui avaient été annoncés.
Puis
quand on fouille puis on cherche les explications, il y
a deux choses. Souvent,
il y a les délais par rapport à tout ce que ça prend au niveau des certificats en environnement, mais aussi il y a toute la lourdeur au niveau du financement. Moi, depuis qu'on est au pouvoir, j'ai demandé au ministre de l'Économie et de l'Innovation de venir visiter le parc industriel,
de lui expliquer un peu la situation
du parc. Je pense qu'il a été impressionné, sincèrement, des infrastructures. Et j'ai amené aussi le ministre de l'Environnement pour qu'il
voie, parce que ce que je souhaiterais, c'est que...
Actuellement, toutes
les fois qu'il y a quelqu'un qui va chercher un permis, les permis sont
délivrés en fonction des terrains, un par rapport à l'autre. Moi, ce que
j'aimerais, c'est qu'on mette des préautorisations pour l'ensemble des terrains pour diminuer un peu les délais. Mais ce
qu'on a convenu avec le ministre de
l'Environnement, c'est que peut-être qu'il
y aurait des ressources affectées directement pour le parc industriel,
parce que, souvent, on a même perdu des investissements des entreprises
qui étaient sur place à cause des délais. En parlant avec le ministre de l'Économie et de l'Innovation, lui,
il disait que ça devrait être une priorité aussi au niveau d'Investissement
Québec.
Donc, ma
question est très simple, est-ce que vous partagez avec moi le grand potentiel
du parc industriel de Bécancour?
Le Président (M. Bachand) : M. le
premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault :
Oui. Bien d'abord, je suis content. Merci. Le député de Bécancour, comme vous
le savez probablement, est mon
adjoint parlementaire qui s'occupe entre autres des zones d'innovation, hein?
Puis ça, c'est... Je sais que le député de Bécancour aime qu'on discute du sujet des zones d'innovation, parce
que le défi qu'on a au Québec, c'est d'attirer plus d'investissement des entreprises, mais de le faire
dans un contexte où on est plus accueillant. Ça veut dire quoi, être plus
accueillant? Ça veut dire, pour moi, créer
des zones d'innovation, s'assurer qu'il y ait un guichet unique chez
Investissement Québec. Que ça soit
pour l'environnement ou que ça soit pour toutes les autorisations qu'on a
besoin, quand il y a un projet important,
bien, il faut qu'il y ait un suivi qui soit fait semaine par semaine pour être
capable qu'il y ait un aboutissement le plus rapidement possible, parce
que notre priorité, c'est d'augmenter les investissements des entreprises.
Revenons
à Bécancour, Bécancour et Trois-Rivières, l'Est-de-Montréal, Québec. Il y a, le
long du Saint-Laurent, des zones
d'innovation qu'on doit développer. C'est quoi, une zone d'innovation? Bon,
évidemment, tout le monde essaie de copier la zone d'innovation à succès qui
est Silicon Valley en Californie. Qu'est-ce qu'on retrouve dans Silicon
Valley en Californie? Bon, d'abord, des
établissements d'enseignement. Je sais que le député de Bécancour a commencé à
parler entre autres avec les gens de
l'Université du Québec à Trois-Rivières, l'UQTR, entre autres département de
génie, pour être capable d'avoir un campus, hein, un campus où il y
aurait en même temps un lieu commun pour que les chercheurs côtoient les entrepreneurs. Ça, c'est un peu à
contre-culture au Québec de faire travailler ensemble les chercheurs et les
entrepreneurs.
D'ailleurs,
quand on regarde les statistiques, on voit qu'en recherche, qu'on le calcule
par habitant ou en pourcentage du
PIB, on est parmi les meilleurs, mais quand on regarde les brevets, on est
parmi les moins bons. Et quand on regarde la commercialisation de
l'innovation, c'est là qu'on a des problèmes. Donc, il y a vraiment un effort à
faire concrètement à créer des lieux
communs. C'est important, là, qu'à Bécancour, Trois-Rivières, qu'on se concerte
pour que les chercheurs... puis c'est
dans des domaines pas mal précis, là, à peu près 80 % de l'innovation,
c'est en ingénierie technique, santé, donc c'est dans ces secteurs-là
qu'on doit être très présents.
Qu'est-ce
qu'on voit aussi dans une zone d'innovation? Des parcs, on est sur le bord de
l'eau, ce qui est le cas, donc la beauté, puis des résidences aussi. Il faut
que ça soit un mélange où les gens peuvent aller travailler à vélo l'été, où
les gens soient capables d'être dans
un cadre qui est agréable. Avant, il y avait des parcs industriels qui étaient
très laids, là, avec des toits plats,
puis la cantine qui arrivait, puis, bon, c'était vraiment laid. Ce n'est plus
ça qu'on parle. Il faut qu'il y ait une architecture spéciale. Donc,
dans la beauté, il y a l'eau, il y a les parcs, il y a l'architecture, et des
maisons, et des entreprises.
Puis
là, bien, il faut choisir quelques créneaux. Puis Bécancour, ce n'est pas rien.
C'est le plus grand parc industriel au
Canada. Mais pendant les 15 années où les libéraux ont été là, ils ont
amené combien d'entreprises? Deux? Trois? Zéro? Bien, en tout cas, il faut, à un moment donné, là... On n'est pas dans
une région éloignée, on est au Centre-du-Québec, là, entre Montréal puis Québec. Puis, quand on regarde
le salaire moyen, on n'a jamais réussi à remplacer les emplois payants qu'on a
eus entre autres dans le secteur du papier à Trois-Rivières. On a eu des
entreprises qui ont disparu aussi à Shawinigan et, bon, on a eu
Drummondville qui a développé beaucoup de PME, mais il y a un problème de
salaire moyen.
Le
salaire moyen, quand on regarde le Centre-du-Québec puis la Mauricie, il doit y
avoir un coup de barre de donné pour amener quelques grands investissements,
parce que dans une zone d'innovation, il faut d'abord qu'il y ait deux, trois entreprises importantes. Ensuite se greffent
des petites entreprises, qui soient fournisseurs, sous-contractants ou autres.
C'est comme ça qu'on développe un
écosystème. Puis honnêtement, il n'y a pas de raison que, dans le
Centre-du-Québec puis la Mauricie, on ne soit pas capables d'avoir un
salaire qui est au moins équivalent à la moyenne du Québec.
Il faut y travailler.
Évidemment, Investissement Québec va avoir du travail à faire. Ce qu'on veut
faire avec Investissement Québec, c'est de
donner beaucoup plus d'autonomie à Investissement Québec dans chaque région.
Donc, il va y avoir un Investissement
Québec qui va avoir plus d'autonomie, où il va y avoir même un conseil d'administration
avec des représentants du monde des
affaires, monde municipal aussi, mais monde des affaires qui ne faut pas
oublier, qui peuvent être au courant de projets.
• (16 h 50) •
Puis
on a du démarchage à l'international. Il faut qu'on soit capable, chez
Investissement Québec, quand on va à New
York ou quand on va à Paris ou à Davos, de dire : «By the way», on a des
beaux terrains de disponibles à Bécancour, sur le bord de l'eau, à une heure et demie de Montréal, une heure de
demie de Québec. Donc, il n'y a pas de raison que ce parc industriel là
soit vide. Il y a une question de volonté, il y a une question de détermination
d'Investissement Québec. Et c'est ça qu'on
va faire, on va amener quelques grandes entreprises puis ensuite on va ajouter
des petites entreprises. On va
s'assurer que les travailleurs puis les chercheurs aussi innovent ensemble. Donc, c'est ce qu'on va faire à Bécancour et à
Trois-Rivières. On va le faire avec l'UQTR.
Évidemment,
il faut que l'entreprise ABI réouvre, là, ça presse. Donc, j'ai dit ce que
je pensais. Il y en a que ça n'a pas fait leur affaire, mais... Je
pense que le député de Bécancour ne pensait pas la même affaire que moi.
Il faut, à un moment donné, je veux dire, quand il y a des emplois à 90 000 $ par année, là, il faut faire des concessions sur les
libérations syndicales, il faut faire des concessions sur le régime de
retraite. Écoutez, quand on est rendu que le régime de retraite, l'employeur paie 12 %, l'employé 8 %, ça veut dire
donc que l'employeur paie 60 %, puis que, là, les métallos en demandent...
Bien, écoutez, à un moment donné, dans un contexte où le prix de
l'aluminium est bas, dans le contexte où on est pris avec cette taxe-là américaine sur l'aluminium... Bien,
évidemment, ça fait monter dans les airs les partis de gauche, là. Québec
solidaire puis le PQ, ils disent... les gens
des syndicats des métallos ne sont pas contents, mais, à un moment donné, des
emplois à 92 000 $ par année,
c'est dans le 9 % les mieux payés, dans un contexte où le prix de
l'aluminium est au plus bas.
Donc, cette
grande entreprise, évidemment, il faut travailler, là. Aujourd'hui, je pense
que le ministre du Travail faisait une proposition, là, pour essayer
encore une fois de convaincre les parties, là, d'adopter une position qui est raisonnable puis qu'on
puisse revenir au travail. Malheureusement, il y a eu un feu aujourd'hui. On me
dit que ce n'est pas grave. Donc, il
faut amener quelques grandes entreprises à Bécancour et ensuite créer un
contexte, avec l'UQTR, où on va attirer plus de recherche, plus
d'entrepreneurs, plus de développement, plus de PME, qui vont venir se greffer
sur ces grandes entreprises, puis c'est la
responsabilité d'Investissement Québec. Puis je compte sur le député de
Bécancour pour nous rappeler
régulièrement de ne pas oublier Bécancour. Donc, oui, il y a Montréal, oui, il
y a Québec, mais il y a aussi Bécancour.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Bécancour, il reste 1 min 30 s.
M.
Martel :
Bien, êtes-vous... C'est parce que, quand je regarde l'historique un peu des
dernières années... tantôt, je vous ai peut-être induit en erreur. Il y a eu
une entreprise qui s'est installée, c'est une serre de cannabis, que je n'avais
pas entendu parler, mais, pour moi, ce n'était pas ça, la vocation du parc
industriel. Mais, au-delà de ça, il est venu des investisseurs très importants. Êtes-vous d'accord avec moi que, quand on
réussit à intéresser une grande entreprise qui a des projets d'un milliard, deux milliards,
on ne devrait pas les lâcher. Investissement Québec devrait les attacher pour
être sûr qu'on réussisse à les concrétiser.
M.
Legault : Oui. Bien, ça, il y en aurait beaucoup à dire, là, mais les
libéraux ont géré Investissement Québec comme une banque. D'ailleurs, quand on parle avec la Banque Nationale ou avec
Desjardins, ils vont dire : On compétitionne sur les mêmes deals pour des prêts ou des garanties de
prêts. Ça n'a pas de bon sens, là. Puis l'ancienne ministre de l'Économie,
ce qu'elle voulait, c'est de faire des profits chez Investissement Québec,
alors que ce qu'elle devrait regarder, c'est les retombées, les impôts. Si on a plus d'impôts, de jobs payantes, il va y
avoir plus de retombées pour le gouvernement au ministère des Finances. Donc, il faut changer complètement l'approche
d'Investissement Québec, puis c'est ce qu'on va faire, là. On va
commencer dans les prochains jours.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, M. le premier ministre. Je me tourne maintenant vers
l'opposition officielle pour 20 minutes. M. le chef de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
M.
Arcand : Merci, M. le
Président. On a entendu tout à l'heure, finalement, un échange pratiquement
surréaliste entre un souverainiste et
un ex-souverainiste. Mais, en fait, la réalité, M. le Président, c'est que j'ai
beaucoup de difficulté à comprendre le premier ministre sur ce
dossier-là, entre autres.
Moi, je suis un fédéraliste. Comme ma formation
politique, on est fiers de faire partie du Canada, mais vous, ce n'est pas très clair. Ça a commencé d'abord en
2011, où est-ce que vous avez dit : Écoutez, nous, on ne sait pas trop si
on est fédéralistes, souverainistes. Il n'y aura pas de référendum au Québec
avant 10 ans, et donc pas avant 2021. Alors, on se demande
qu'est-ce qu'il va se passer.
Deuxièmement, vous dites : Écoutez, je ne
suis pas tout à fait Canadien, je ne suis pas tout à fait souverainiste non plus. Je suis Québécois. En fait... Et vous
dites : Écoutez, il n'y aura pas de référendum à court terme. On a donc
beaucoup de difficulté à vous suivre, et, en fait, ce que vous avez
l'air à dire, c'est : J'accepte que le Québec soit dans le Canada.
Alors, ma question pour vous : Est-ce que
le Canada, pour vous, est un mal nécessaire?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre
M.
Legault : Oui. Vraiment,
je trouve ça surréel. On a un chef du Parti
libéral qui a l'occasion
de me poser des questions sur l'économie, sur l'éducation, sur la santé, mais il me parle de la
souveraineté du Québec. Il faut le faire, là.
Bon, comment
je répondrais à sa question? D'abord, je suis surpris qu'il ne me pose pas
ses questions en anglais, hein? C'est
la première question qu'on devrait se poser, parce que
l'objectif qu'on s'est donné, à la CAQ, c'est de rassembler
les Québécois, autant les francophones, les anglophones que les
allophones. Bon, évidemment, je pourrais être pas gentil puis dire que le Parti libéral a seulement
10 % d'appui chez les
francophones. Je ne le dirai pas, mais je pense qu'il devrait y avoir une espèce de post mortem de fait par le
Parti libéral, de se dire, là : Comment ça se fait qu'on est déconnectés
comme ça des francophones? Comment ça
se fait... Nous, on n'arrête pas de dire : Bien, on est des fédéralistes,
Canada, tu sais, puis on va vendre
les valeurs canadiennes au Québec et puis... Je ne sais pas pourquoi, les
francophones ne m'appuient pas.
Bien, les
Québécois, ils sont d'abord fiers d'être Québécois puis ils souhaitent rester
dans le Canada. Mais c'est le Québec d'abord. Puis ça, évidemment... je connais
depuis longtemps le chef de l'opposition officielle, je le sais que lui, c'est le Canada d'abord. Mais les Québécois
ne sont pas là. Les Québécois, c'est le Québec d'abord. Tu sais, c'est ça qui
a fait le succès de Robert Bourassa, de Jean Lesage, mais c'est ce qui a fait
l'échec des dernières années au Parti libéral. Le Parti libéral est devenu un parti qui essentiellement défend les
anglophones et les allophones. On le voit dans le débat sur la laïcité. On est dans une situation où le
Parti libéral dit : Même les policiers, policières devraient pouvoir
porter un signe religieux, hein? Moi,
je l'invite à aller se promener en Allemagne, en France, en Belgique. Il
arrêterait peut-être de nous accuser d'intolérance puis d'accuser
indirectement les Québécois francophones d'être intolérants.
M.
Arcand : Écoutez, je pense que
déjà, là, suite à ces accusations de la semaine dernière, je pense que les
journalistes ont fortement commenté
qu'il était allé beaucoup trop loin dans ce domaine-là. Et d'ailleurs, vous
voulez rassembler les gens. Vous dites que vous voulez rassembler les gens, et
je dois dire que depuis les derniers mois, on ne peut pas dire que... pour rassembler les gens, il faut d'abord
avoir une confiance, hein, et on doit exercer un sentiment de confiance. Et
très souvent, quand je regarde la situation, il faut avoir un gouvernement qui
sait négocier, qui a de bonnes relations.
Et, pour vous, vous nous avez toujours
accusés en nous disant : Écoutez, vous, le Parti libéral, vous êtes à la
solde du gouvernement fédéral. Ça a toujours été un peu votre discours.
Et par contre, ce que je sens, c'est que votre attitude avec les autres provinces, là... j'ai plein d'articles ici sur la
relation avec M. Ford, ce qui s'est passé avec Mme Wynne, avec Mme Notley également, etc., et vous, on dirait que
votre position est la suivante, c'est que collaborer avec un gouvernement,
comme, par exemple, dans le cas du
gouvernement fédéral, ou collaborer avec l'Ontario, ou avec d'autres
gouvernements, surtout au Canada, c'est de l'aplaventrisme pour vous.
Collaboration, pour vous, égale aplaventrisme.
Est-ce
que votre attitude, c'est toujours de la confrontation? Est-ce que c'est
vraiment, comme premier ministre, votre argument pour créer de la
richesse au Québec?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M.
Legault : Oui. M. le Président, d'abord, ce n'est pas moi qui s'est
excusé la semaine dernière. C'est le chef du Parti libéral qui s'est
excusé d'avoir appuyé le maire d'Hampstead, en disant qu'il comprenait ses
propos...
M.
Arcand :
M. le Président, là, c'est tout à fait faux. Vous le savez.
Le
Président (M. Bachand) : O.K. Allez-y, M.
le premier ministre.
• (17 heures) •
M.
Legault : J'avais cru
entendre des excuses. Mais, M. le
Président, le chef du Parti libéral nous dit : Moi, j'avais des
meilleures relations avec le Canada. Je comprends, quand on ne demande rien, c'est sûr
que les gens nous aiment, hein? Donc, c'est facile.
Nous, on est en
demande. On demande que l'immigration, bien, que ça ne soit pas juste le
60 % économique qui soit choisi par le Québec,
que ça soit aussi la partie réunification familiale. On demande d'avoir un
rapport d'impôt unique, qui
est géré par le Québec. D'ailleurs, c'est assez spécial, parce que
le chef du Parti libéral dit qu'il est d'accord avec ça, mais il ne l'a jamais
demandé pendant les 15 ans où il a été là.
Il
faut être capable, à un moment donné, de dire : Le Québec, appelez ça une nation,
une société distincte, bien, oui, on veut avoir plus
de pouvoirs, on veut être capable de mettre en place un test de français pour
les nouveaux arrivants. Moi, je trouve ça,
là, inquiétant de savoir que, l'année dernière, 53 % des nouveaux arrivants ne parlaient pas français puis que la majorité des adultes ne
suivent jamais de cours de français.
Donc,
nous, on dit, le gouvernement de la CAQ, on demande au fédéral de pouvoir
exiger la réussite d'un test de français dans les trois premières années. C'est
sûr que c'est plus facile de dire au gouvernement
fédéral : Non, non, non, continuez de choisir les immigrants,
continuez d'entrer 40 % des immigrants qui ne parlent pas français dans ceux que vous
choisissez. C'est plus facile. Mais moi, je pense qu'on a le droit puis on a même le
devoir, quand on est au gouvernement du
Québec, de défendre la nation québécoise, une nation qui parle français, une
nation qui a le droit d'avoir plus de pouvoirs en matière d'immigration, en matière de langue, en matière de culture.
On a le droit de demander, puis c'est certain que, si on ne demande
rien, on n'aura jamais rien.
C'est
vrai que le PQ dit : Bien, ça prend du temps, mais moi, j'ai confiance
qu'on va arriver à faire des gains dans les quatre ans. En tout cas, on
va essayer, ce qui n'a pas été le cas du Parti libéral.
Le
Président (M. Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle,
s'il vous plaît.
M.
Arcand :
Je vais essayer... Suite à la question du député de Matane, tout à l'heure, et
le chef de la deuxième opposition, je vais vous poser la question
suivante : C'est quoi, pour vous, les avantages de faire partie du Canada?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre.
M.
Legault : C'est surréaliste, M. le Président. Écoutez, les Québécois
qui nous écoutent, là... entendre le chef du Parti libéral, qui aurait l'occasion de parler d'éducation, de santé,
d'économie, du portefeuille des Québécois, d'environnement, il demande c'est quoi, les avantages du Canada.
Écoutez, le Parti libéral, là, a perdu son atout, hein, dans un vieux débat
entre les deux vieux partis, où il y en
avait un qui n'aimait pas le Canada, puis il y en a un qui aimait le Canada.
Puis ils étaient habitués de
dire : Nous, ce qui nous différencie, c'est qu'on aime le Canada, alors
que le PQ veut sortir du Canada. Mais ce n'est pas ça, les priorités des
Québécois, là.
Les
Québécois veulent qu'on défende d'abord le Québec, qu'on reste à l'intérieur du
Canada, mais ils veulent qu'on leur parle d'éducation, ils veulent qu'on
leur parle d'économie, des jobs payantes. Ils veulent qu'on leur parle de leur portefeuille, arrêter d'augmenter les taxes,
les permis. Ils veulent qu'on leur parle quand est-ce qu'ils vont avoir un
médecin de famille, quand est-ce
qu'on va enfin avoir un réseau de la santé qui fonctionne, quand est-ce qu'on
va mieux choisir les immigrants, puis
qu'il y en ait plus qui travaillent, plus qui parlent français. C'est ça que
les Québécois veulent entendre parler. Ils ne veulent pas entendre
parler : Récitez-moi les 12 avantages du Canada.
Le
Président (M. Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle,
s'il vous plaît.
M.
Arcand :
Bien, je pense que vous avez de la difficulté à en parler parce que vous ne
répondez pas à ma question. Hier, je vous ai
posé des questions sur la péréquation, et je cite vos propos, là, vous avez
dit : Écoutez, il faut se libérer de la péréquation. Aujourd'hui, vous
parlez d'un avantage de la péréquation. On a quand même de la difficulté à vous
suivre de ce côté-là.
Alors, moi,
ma question, elle est très simple. Quand vous regardez l'opportunité canadienne
qui existe, dans quel dossier particulier, vous voyez des endroits où il
peut y avoir de la collaboration?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Bien, moi, je pense que
le plus important, c'est dans les endroits qui touchent notre identité. Qu'il y ait 40 000 ou
50 000 immigrants par année, là, qui s'ajoutent au Québécois, là, au
bout de 10 ans, là, c'est un demi-million, c'est important pour notre identité que ces personnes-là s'intègrent à
la communauté québécoise, hein? Qu'on ait des valeurs communes, qu'on
ait un vivre-ensemble, c'est important.
Je trouve ça malheureux parce qu'entre autres
c'est un gouvernement libéral qui avait réussi à obtenir plus de pouvoirs en matière d'immigration. Mais pourquoi
penser qu'on ne peut pas faire un deuxième gain en immigration? En culture, bien, c'est important. On aimerait être
capable, en culture, de mieux contrôler le choix qui est fait par le
gouvernement fédéral en culture, parce
qu'on a une culture qui est distincte au Québec. Donc, il y a effectivement des
gains qu'on peut faire de ce côté-là.
Il y a des
gains aussi qui sont plus du côté de l'économie, de la gestion. D'avoir un
rapport d'impôt unique, c'est important pour les Québécois. Donc, être
certains aussi qu'on puisse mieux choisir, quand il s'agit de transport en commun, nos priorités, plutôt que de se faire
imposer... 72 % va être donné à telle municipalité, puis 8 %
seulement à Québec, puis etc. Je pense que le Québec comprend bien les
préoccupations des Québécois, puis le gouvernement fédéral aurait avantage à
décentraliser des pouvoirs.
Et puis vous savez quoi? On n'est pas la seule
province à demander ça. Aujourd'hui, Jason Kenney me disait : On va être d'accord pour réclamer plus d'autonomie
pour les provinces. Bien, on va le faire ensemble. Mais le Parti libéral,
depuis 15 ans, ne l'a pas fait, n'a
rien demandé à Ottawa, donc n'a rien eu. Donc, il est temps que le Québec
récupère des pouvoirs, et c'est que le gouvernement de la CAQ va faire.
Le Président (M.
Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle, s'il vous
plaît.
M.
Arcand : Bien, écoutez, on
parle de collaboration, on ne parle pas de confrontation. Et moi, la question
n'était pas sur votre exposé, là, au sujet des relations et de la
réclamation des pouvoirs des uns et des autres. Ma question, c'était : C'est quoi, les projets concrets?
On veut tous créer de la richesse. Vous voulez... vous prétendez être celui qui
va créer de la richesse au Québec. Vous allez être le meilleur,
infiniment meilleur que nous pour créer de la richesse.
Alors, comme
vous allez être infiniment meilleur que nous pour créer de la richesse, venez
m'expliquer, par exemple, avec le Canada, c'est quoi, vos projets économiques
de collaboration. C'est ça, ma question.
M. Legault : Bien, le projet le plus
important, c'est que l'Ontario accepte de recevoir notre hydroélectricité.
Écoutez, là, c'est important, là, important...
Une voix : ...
M. Legault : Pardon?
Une voix : On ne lâchera pas.
M. Legault : Non, effectivement, je
ne lâcherai pas. C'est important d'être capable de dire à l'Ontario...
Une voix : ...
M.
Legault : Non, mais je vois le député de Pontiac, il trouve ça drôle,
lui. Il est content que l'Ontario dise non. Bien, moi, je m'excuse, je suis peut-être plus entêté que le député de
Pontiac, qui est plus à plat ventre face à Ottawa. Il ne reste pas loin.
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, attention, attention à vos
mots, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui, je fais attention.
Je fais attention, mais il trouve ça drôle qu'on essaie de convaincre l'Ontario
d'exporter de l'hydroélectricité, qui coûte
moins cher que la rénovation de leurs centrales nucléaires, qui est moins
polluante, en tout cas, quand on
parle des déchets nucléaires. Il trouve ça drôle, le député de Pontiac. Le
député de Pontiac, là, a le goût de
ne rien demander. C'est lui qui voulait être chef, là, hein? C'est lui qui
voulait être chef jusqu'à il n'y a pas longtemps, mais, bon, il a vu que
Dominique prenait de la place.
Mais, M. le
Président, on va continuer de réclamer avec Ottawa. Puis, avec le secrétaire
général, on s'est donné une façon de
fonctionner, où on suit les 20 projets les plus importants dans le
pipeline, hein, les 20 projets d'entreprises, là, qui veulent
investir au Québec. On les suit, on s'assure que les autorisations qui sont
nécessaires soient obtenues le plus rapidement
possible. Donc, le premier ministre est un premier ministre économique, un
premier ministre qui s'assure que tous les ministres travaillent, entre
autres, sur les 20 projets les plus importants.
Puis
encore une fois, là, j'invite le Parti libéral puis, en particulier, le député
de Pontiac, là, à appuyer le gouvernement pour convaincre Doug Ford de
prendre l'hydroélectricité du Québec ou de Terre-Neuve — on
pourrait travailler ça ensemble — plutôt que de rénover des centrales
nucléaires.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le chef de l'opposition officielle, s'il
vous plaît. Merci.
• (17 h 10) •
M.
Arcand : Alors, écoutez, la
question est bien simple, là, parce que, quand vous l'avez rencontré, M. Ford,
au mois de novembre, je pense, que vous l'avez rencontré, vous avez dit un
paquet de choses. Vous avez dit : Écoutez, on va travailler... Vous
étiez même prêt à ramener des travailleurs ontariens pour bâtir nos barrages
hydroélectriques.
Alors, moi,
ma question, elle est bien simple. Depuis ce temps-là... parce qu'il y avait
plein de bonnes intentions. Vous avez même dit que vous alliez vous rencontrer
au moins deux fois par année. Qu'est-ce
que vous avez fait récemment pour le
convaincre de pouvoir acheter de l'hydroélectricité du Québec?
Avez-vous fait quelque chose de concret? Est-ce que vous avez des délégués? Vos délégués sont supposés être les
meilleurs au monde. Il y a un délégué à Toronto qui existe? Est-ce qu'on
a un dossier économique?
C'est parce
que, quand je regarde la situation, vous avez de la difficulté à faire des
ententes avec Ottawa, vous avez de la difficulté à faire des ententes avec le gouvernement fédéral, vous êtes en chicane avec le
gouvernement de l'Alberta, et vous
dites : On va être le gouvernement le plus extraordinaire sur le plan
économique que le Québec n'a jamais vu. Ça ne part pas tellement bien.
Alors, ma
question, c'est : Qu'est-ce que vous allez faire, particulièrement dans le
dossier avec l'Ontario, pour vendre votre électricité? C'est quoi, votre
plan d'action?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui. M. le Président,
moi, j'aurais souhaité que le chef du Parti libéral soit là dimanche chez Hydro-Québec. Bon, je m'excuse, on a invité M.
Couillard, il ne pouvait pas venir. On a invité M. Charest, il est venu. On
a invité Daniel Johnson, il est venu. Mais
j'ai été frappé par la déclaration de Jean Charest qui, dans un panel, a dit textuellement : Je veux féliciter le
gouvernement de la CAQ qui persiste à s'assurer qu'on exporte
l'hydroélectricité davantage en
Ontario. J'ai eu l'occasion dimanche de parler pour la ixième fois avec Éric
Martel, le président d'Hydro-Québec, qui a des contacts avec son homologue
en Ontario.
Au cours des
prochains mois, il y a des rencontres de prévues avec Doug Ford, et on a des
gens du monde des affaires aussi qui
poussent en Ontario. Parce que Doug Ford peut bien dire : Ah! je ne veux
pas accepter l'hydroélectricité qui vient du Québec, sauf que les résidents, les entreprises veulent des tarifs
d'électricité plus bas. Et, quand on leur dit que, grâce à l'hydroélectricité, les tarifs seraient plus
bas, il y a une pression qui est en train de se mettre sur Doug Ford. Puis j'espère
que le chef du Parti libéral ne nous suggère
pas de baisser les bras comme le suggère le député de Pontiac. Il faut
continuer de se battre, tous
ensemble. Il faut être capables de convaincre l'Ontario d'accepter d'examiner
ce projet extraordinaire de pouvoir avoir accès à de l'énergie pas
chère, de l'énergie propre, qui n'a pas de déchets nucléaires. Il faut
travailler ça ensemble. M. le chef du Parti libéral, ne faites pas comme le
député de Pontiac.
Le Président (M.
Bachand) : Une minute, M. le député chef...
M.
Arcand : Écoutez, M. le
Président, encore une fois, quand j'écoute le premier ministre, j'en conclus
une chose : il n'y en a pas de
deal. Il n'y en a pas de deal, puis je le répète, ils ont de la difficulté à
faire quelque entente que ce soit avec le gouvernement fédéral, ils n'ont pas
réussi à faire des deals avec l'Ontario, ils ont une mauvaise relation avec
le... ils avaient une mauvaise
relation avec le gouvernement de l'Alberta. J'entends dire des rumeurs comme
quoi monsieur... le nouveau premier
ministre, M. Kenney, va demander, évidemment, de diminuer la péréquation pour
le Québec. C'est clair que ça s'en vient. Alors, on va être en chicane
partout.
Alors, le
premier ministre, encore une fois, comment va-t-il créer de la richesse au
Québec s'il est en chicane avec l'ensemble de ses voisins?
Le
Président (M. Bachand) : Ça
termine ce bloc. Alors, je me tourne vers les députés du gouvernement pour une
période de 13 minutes. Mme la députée de Les Plaines, s'il vous plaît.
Mme
Lecours (Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le Président. Le premier
ministre m'a volé les mots de la bouche dans mon introduction, parce que je ne
pensais vraiment pas que la population... en tout cas, je ne pense toujours pas
que la population veut, en ce moment,
entendre parler de fédéralisme, de séparation et tout ça. Je pense qu'ils
veulent entendre parler de santé, d'économie et d'éducation.
Moi, j'ai
décidé, pour ces études de crédits là, de parler d'économie, mais surtout d'un
point précis, de la rareté de la main-d'oeuvre,
parce que ça, c'est une problématique. Et j'ai comme l'impression qu'on a
commencé à en parler juste en campagne
électorale, mais pourtant, on a des chiffres qui sont assez éloquents. Selon
l'Enquête sur les postes vacants et les salaires, le Québec comptait
117 980 postes vacants au quatrième trimestre de 2018, mais c'est une
augmentation de 27,5 % par rapport au
même trimestre en 2017. Donc, je pense que la rareté de main-d'oeuvre, je
préfère parler de rareté que de pénurie de main-d'oeuvre, je pense
qu'elle était installée depuis longtemps.
Et je vais
vous citer l'économiste Pierre Fortin qui, lors du rendez-vous annuel des gens
d'affaires de février dernier, disait que «la pénurie de main-d'oeuvre
restera avec nous tout le long du XXIe siècle». D'ailleurs, M. Fortin a
redit ce genre de
commentaires là lors des auditions lors de la Commission des institutions, et
il était encore plus virulent, lorsqu'il en parlait, qu'il faut faire
quelque chose.
Donc, vous
voyez, je pense qu'on doit aborder la question avec une vision à long terme, et
il n'y a pas qu'une solution unique, mais une série de gestes à poser. En fait,
la seule et unique solution qui semble avoir été mise par les libéraux
pendant les 15 dernières années,
c'était de hausser les seuils d'immigration sans un soutien adéquat en matière d'intégration ou de francisation. Et je
vais citer à nouveau l'économiste Pierre Fortin : «Il serait insensé de
chercher à résoudre des pénuries particulières de main-d'oeuvre avec de
fortes hausses de quotas généraux d'immigration. Cela aurait pour effet de
faire augmenter le chômage déjà élevé des
nouveaux arrivants, de monter l'opinion publique contre les immigrants et, en
fin de compte, de pousser nos élus à réduire l'immigration de façon
draconienne. Vouloir avancer trop vite nous ferait reculer. Par contre, recruter sélectivement des
travailleurs étrangers reste une solution pleine de bon sens.» Ça, il a dit ça
à L'Actualité, il a été cité dans L'Actualité, section des
affaires, au mois d'août de l'année dernière. Donc, ça signifie arrimer de
façon spécifique l'immigration aux besoins du marché du travail. C'est
exactement ce qu'on propose de faire.
Moi, M. le
Président, avant d'arriver ici, j'ai été directrice d'une chambre de commerce,
et, avec la fédération... qui était
membre de la Fédération des chambres de commerce du Québec, et, avec la
fédération, on a mis sur pied... plusieurs chambres ont mis sur pied un programme qui s'appelle Mon premier emploi
en sol québécois. J'ai assisté à des rencontres entre des immigrants qui
étaient à Montréal, qui se rendaient en région pour se trouver un emploi, et
c'est excessivement difficile pour
diverses raisons. Un, ils ne répondaient pas aux critères des emplois en
région; et soit ils étaient sous-qualifiés ou surqualifiés, et ces gens-là
étaient sur le chômage à Montréal. Donc, l'immigration n'est pas que la seule
solution, je pense que c'est assez
évident. Le programme est là, est là pour rester, ils nous l'ont même dit en
commission parlementaire, mais c'est de plus en plus difficile.
Donc, un de nos engagements électoraux était
d'encourager la participation au marché du travail avec la mise en place d'incitatifs fiscaux. Donc là, ici, on ne
parle pas d'immigration, on parle d'incitatifs. La bonification à l'incitatif
pour les travailleurs de 60-64 ans a
été une de ces réponses, et la diminution de 50 % des charges sur la masse salariale des travailleurs âgés de 60 à
64 ans et de 75 % pour ceux âgés de 65 ans et plus est une autre
solution.
Moi, je vais
vous poser... M. le Président, je vais poser en rafale quatre questions à notre
premier ministre aujourd'hui. Comment
le premier ministre se prépare-t-il à aborder une rareté de main-d'oeuvre qui
s'annonce, à toutes fins pratiques, permanente?
Quels sont les moyens concrets qui seront mis de l'avant? Comment, plus
spécifiquement, l'immigration peut-elle
contribuer à combler les emplois disponibles? Et, en fin de compte, quels sont
les espoirs d'en arriver à une entente avec Ottawa en matière d'immigration?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le premier ministre, s'il vous plaît.
• (17 h 20) •
M.
Legault : Oui. D'abord, je veux remercier ma collègue, hein, ancienne
responsable de la chambre de commerce, donc députée d'un nouveau comté,
Les Plaines, dans la belle région de Lanaudière.
Donc, très
content, effectivement, de pouvoir échanger sur la rareté de main-d'oeuvre,
parce qu'il faut être prudent dans la façon dont on traite cette rareté de
main-d'oeuvre. Pierre Fortin a raison, ce n'est pas un problème qui va
disparaître à court terme.
Évidemment, il va y avoir des transformations importantes du marché du travail
dans les prochaines années. Ça fait des années, là, où on parle... Avant,
c'était un peu comme trop visionnaire de parler de robots puis de toute
la mécanisation des entreprises, mais évidemment que cette robotisation, cette
numérisation des entreprises, ça va venir régler
une partie du manque de main-d'oeuvre. C'est qu'on va être capable de produire
ou de rendre des services avec moins d'employés.
Puis il y a quelque chose qui va être bon là-dedans pour les employés, c'est
qu'au lieu d'avoir des fonctions répétitives, bien, la partie répétitive va
être faite par des robots, par des machines, puis la partie où on réfléchit,
on planifie, on programme les ordinateurs,
bien, ça, ça va être fait par des
gens, là, donc, qui vont avoir plus de valeur ajoutée sur le produit ou
le service. Donc, l'entreprise va être capable de mieux payer, parce que ça
doit être ça, là.
Le grand
changement dans les défis économiques, depuis quelques années, c'est qu'on est passé d'une situation... Je me rappelle, à l'époque, Bernard Landry, qui regardait le taux de
chômage le premier vendredi du mois, si c'était bon, il ouvrait une
bonne bouteille. C'était comme ça, là, qu'on évaluait les succès ou les échecs,
selon le nombre d'emplois, selon le taux de
chômage. Aujourd'hui, on est... Bon, il y a encore des endroits où il y a du
chômage, mais il reste qu'au total, grosso modo, on est au plein emploi.
Donc, on est dans une situation où le défi,
c'est de modifier les emplois, c'est de prendre des emplois à 15 $ de l'heure puis les transformer en des emplois à
30 $ de l'heure. O.K.? Notre défi, là, si on très concret, c'est que le
salaire moyen au Québec, c'est
49 000 $, alors qu'en Ontario c'est 53 000 $. Ça a l'air de
rien, là, mais ce 4 000 $, là, ça fait tout un impact sur les revenus du gouvernement. Si le
Québec avait le même revenu moyen que l'Ontario, le gouvernement du Québec
aurait 10 milliards de plus de revenus, en tout cas, ou 10 milliards
de moins de péréquation, prenez ça comme vous voudrez, mais, en tout cas, on serait plus indépendant. Puis, peu
importe qu'on soit souverainiste ou fédéraliste, ça donne une meilleure force de frappe quand on
négocie avec Ottawa si on est aussi riche que le reste du Canada, ce qui n'est
pas le cas actuellement.
Je reviens à la rareté de main-d'oeuvre. Il va y
avoir des secteurs où ça va être difficile. Prenez les magasins de détail. Les gens, je regarde mes jeunes,
reçoivent des boîtes régulièrement, vont passer par des entreprises.
D'ailleurs, c'est un défi, ça : Peut-on créer un Amazon québécois? C'est
quelque chose qu'il faut éventuellement regarder. Mais, de plus en plus, les gens vont commander leurs objets
sur Internet plutôt que d'aller dans un magasin. Donc, il va y avoir des
emplois qui vont disparaître dans les magasins. Et il y a quelque chose de bon
là-dedans parce que ça va être de plus en
plus difficile... Ce n'est pas juste au Québec, là, dans tous les pays
industrialisés, trouver des employés qui acceptent d'être payés
12 $ ou 15 $ de l'heure, ça va être de plus en plus difficile.
Donc,
il faut aider les entreprises à faire la transition. Quand je disais
tantôt : Il faut prendre les petites, les amener moyennes, prendre les
moyennes, les amener grandes, ça suppose aussi d'avoir plus de valeur ajoutée
dans les emplois. Quand on regarde,
actuellement, on nous dit : Il y a 118 000 emplois qui sont
disponibles. Bon, on a le ministre du Travail qui est en train de faire
l'inventaire. Il ne regarde pas juste le chiffre total, là. Région par région,
entreprise par entreprise, il est en
train de faire l'inventaire. Puis moi, je lui ai demandé : Faisons la
distinction entre les salaires à moins de 50 000 $ puis les salaires plus que 50 000 $. Il
se rend compte rapidement, là, que c'est une petite minorité qui est à plus de
50 000 $. Puis là ça devient mathématique. Si, demain matin,
on va chercher des immigrants pour combler des postes à 20 000 $ par année, on ne va pas augmenter notre salaire
moyen. Ça, c'est facile à comprendre. Donc, il faut s'assurer, à l'avenir, avec
Arrima, que les employés éventuels qu'on
choisit dans l'immigration, bien, soient capables de prendre les jobs à combler
à plus de 50 000 $. Ça, c'est une partie du travail.
L'autre
partie du travail, puis il y a un changement de culture à faire, c'est
l'orientation des jeunes et des moins jeunes quand on parle de formation, quand on parle d'éducation. Il y a des
secteurs, là, comme tous les secteurs numériques, là, où on va avoir de plus en plus de pénuries, puis
ce sont des jobs payantes, tu sais. Bon, évidemment, il y a des jeunes, ça
les intéresse, il y a des jeunes, ça ne les intéresse pas, mais il faudrait au
moins qu'ils soient informés le plus tôt possible qu'il va y avoir des bonnes
jobs payantes dans ces domaines-là.
Donc, il y a
du travail à faire dans les écoles primaires, les écoles secondaires pour bien
définir, puis c'est ça qu'on veut
faire, là, avec le ministre du Travail, bien définir... On va commencer
par les emplois actuels, mais aussi demander aux entreprises : Dans
cinq ans, dans 10 ans, vous prévoyez quoi? Il y a toujours une part, là,
d'inconnu dans essayer de prévoir ce qui va
arriver dans 10 ans ou dans 20 ans, mais c'est certain qu'un jeune
qui s'en va en technologies de l'information, en informatique, en intelligence artificielle, là, il ne se trompe pas.
Je ne pense pas qu'il va avoir de difficulté à trouver un emploi.
Donc, il faut être capable d'identifier comme il
faut les besoins actuels, les besoins à venir. Il y a évidemment l'immigration, puis là ça devient comme très,
très, très important de dire... bon, puis vous savez, là, je l'ai dit tantôt,
c'est important, le français, là, puis c'est pour ça que nous, on veut
un test de français obligatoire. Mais actuellement, quand on choisit les immigrants, si la personne parle
français, il y a des points de plus. Ça ne veut pas dire qu'elle répond aux
besoins du marché du travail. Si la
personne a un doctorat au lieu d'un certificat de formation professionnelle,
elle a plus de points. Ça ne veut pas
dire qu'elle répond plus aux besoins du marché du travail. Donc, c'est pour ça
que c'est important d'avoir une
espèce de piscine, là, puis il y a déjà 102 000 personnes d'inscrites
à Arrima, qu'on soit capable de dire aux entreprises : Vous voulez
ces trois-là, là? On les passe devant tout le monde. Mais le gouvernement...
pas le gouvernement, mais le Parti libéral ne veut pas nous laisser aller de
l'avant avec Arrima, veut qu'on traite d'abord les 40 000 dossiers.
Je reviens
sur la partie formation. Ça va être très important de s'arrimer avec notre
ministre de l'Éducation. Puis je pense, oui, il y a toute la question de
l'informatique, mais il y a toute la question aussi de la formation
professionnelle, formation technique,
là, ce qu'on appelle les métiers. Actuellement, le portrait, grosso modo, c'est
qu'il y a à peu près 30 % des
jeunes qui choisissent la formation professionnelle ou technique. Idéalement,
ça prendrait 50 %. La formation universitaire, on en a à peu près
30 %, ça prendrait 35 %.
Donc, il y en
a encore, quelques jobs qui ne nécessitent pas de formation, mais là où on a le
plus de travail à faire... bon, oui, il y a peut-être un 5 % à augmenter
dans certains secteurs à l'université, mais là où il y a le plus de travail
à faire, là, c'est dans la formation
professionnelle et technique. Il faut s'assurer qu'il y ait des cartes de
programmes dans toutes les régions.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci, M. le premier ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de
Marie-Victorin pour une période de cinq minutes. Mme la députée, s'il vous
plaît.
Mme Fournier : Merci, M. le
Président. M. le premier ministre, je trouvais important de venir m'exprimer aujourd'hui, parce que j'ai beau regarder le
budget, les cahiers des crédits, je me dis que ce n'est pas pire pour une
province. Mais je dois dire que moi,
je suis déçue, je préférais nettement le budget de 2005 qu'avait fait le
premier ministre, le budget de l'an
1, celui d'un Québec souverain. Puis je suis déçue parce que le premier
ministre, il aurait pu être ce premier ministre là, le premier à faire
le budget d'un Québec indépendant.
Puis c'était
d'ailleurs très intéressant, ce qu'il écrivait, à l'époque. Il disait qu'un
Québec souverain, et je le cite, «disposera au contraire d'une marge
importante de manoeuvre financière qu'il pourra utiliser notamment pour faire de l'éducation une véritable priorité,
maintenir la qualité des soins de santé, mieux protéger son environnement et
réduire sa dette. Le gain premier de la souveraineté est celui de faire ses
propres choix.»
Alors, moi,
M. le Président, j'aimerais entendre le premier ministre sur la raison pour
laquelle il pense maintenant que ce serait une mauvaise chose qu'on
puisse faire nos propres choix au Québec.
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Bien, j'aurais le goût de dire à la députée de
Marie-Victorin, là, une réponse assez simple : Moi, je respecte le choix
des Québécois. Les Québécois, actuellement, ne veulent pas entendre parler de
souveraineté du Québec. Actuellement, les Québécois sont nationalistes, donc,
oui, le Québec d'abord, oui, défendre le français, oui, défendre nos
valeurs, mais à l'intérieur du Canada. C'est ça, le choix qu'ont fait les
Québécois. Puis les Québécois ont choisi un gouvernement qui avait trois
grandes priorités : l'éducation, l'économie, la santé.
Je comprends que la députée de Marie-Victorin,
même si elle est rendue indépendante, qu'elle, sa priorité, ça demeure la souveraineté du Québec, mais ce n'est
pas ça que les Québécois ont choisi. Il y a eu 10 députés, bon, il en
reste neuf au
Parti québécois, mais il y en a 10 chez Québec solidaire, mais la majorité des
Québécois, là, il y a 75 députés du côté
de la CAQ, ils ont choisi un gouvernement qui travaillait sur leurs
préoccupations, puis leurs préoccupations, ce n'est pas la souveraineté
du Québec.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée, s'il vous plaît.
• (17 h 30) •
Mme Fournier : M. le Président, le
premier ministre sait très bien que la souveraineté est liée à chacune des préoccupations des Québécois. Ouis il répète
souvent ça, hein, il dit que les Québécois ne sont pas intéressés à entendre
parler de souveraineté. Mais pourtant, M. le Président, si on regarde
les chiffres, là, si on compare d'abord l'appui qu'a eu la Coalition avenir
Québec aux élections du 1er octobre dernier, bien, on voit qu'il y a 66,5 %
des électeurs qui sont allés voter puis
qu'il a eu l'appui de 37,4 % de ces électeurs-là. Donc, au final, là, ça
nous donne 24,9 % des électeurs québécois qui ont voté pour la CAQ.
Pourtant, si on prend un sondage qui a été fait
à une période similaire, une semaine avant les élections, un sondage Léger-Huffington
Post Québec, ça nous montrait qu'il y avait 37 % des Québécois qui
étaient favorables à la souveraineté. Donc,
c'est dire que l'indépendance du Québec, M. le Président, est plus populaire
que la CAQ. Mais, cela dit, le
premier ministre parle souvent de ses années chez Air Transat. Il a souvent
laissé entendre qu'une gestion de l'État inspirée du monde des affaires
serait bénéfique pour le Québec.
Alors, moi,
j'ai deux questions pour lui. Combien de fois est-ce que le premier ministre,
lorsqu'il était à Air Transat, a
laissé le conseil d'administration d'une autre compagnie aérienne prendre des
décisions à la place d'Air Transat? Puis est-ce qu'Air Transat aurait
accepté, sous sa direction, de verser la moitié de ses revenus à une autre
entreprise pour qu'elle les gère à sa place?
Et, si la réponse à ces questions est non, bien, pourquoi est-ce qu'il laisse
faire ça pour le Québec?
Le Président
(M. Bachand) : Merci. En une minute, M. le premier
ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui. M.
le Président, la députée de
Marie-Victorin dit : Il y a 37 % des Québécois qui sont favorables à la souveraineté du Québec. Ce qu'elle ne dit
pas, c'est le pourcentage de Québécois pour qui c'est une priorité, la souveraineté. Parce qu'on a beau dire, il y a
37 %, peut-être, là, qui sont souverainistes, mais, pour eux autres, la
priorité, ce n'est pas ça. Même le parti pour lequel elle s'est présentée, le
parti disait, là : Je vous promets qu'il n'y aura pas de référendum
pendant quatre ans. Donc, même le Parti québécois avait compris que ce n'était
pas ça, la priorité des Québécois.
Puis quand on
regarde, bien, l'utilisation qui est faite des fonds qui sont envoyés à Ottawa,
bien, j'aimerais quelle me donne un
exemple, là, important où elle pourrait dire, là : Si on avait 100 %
des revenus à une place, on ferait telle chose de différent. C'est ça
que les Québécois veulent entendre, là. Mais actuellement, on reçoit
13 milliards de péréquation. Pourquoi?
Parce qu'il y a des provinces qui produisent du pétrole, parce qu'il y a des
provinces qui sont plus riches que nous
autres puis qu'il y a un système qui fait que les provinces plus riches
envoient de l'argent aux provinces plus pauvres. Puis je n'aime pas ça, dire ça, là. Je n'aime pas ça être dans le même
paquet que les provinces maritimes. J'aimerais mieux être du côté de
l'Ontario puis des provinces de l'Ouest. Mais, pour ça, il faut prioriser
l'économie.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci, M. le premier ministre. Je me tourne maintenant vers l'opposition
officielle pour un bloc de 20 minutes. M. le chef de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
M. Arcand : Merci, M. le
Président. Bien, on a parlé évidemment du climat qui n'est pas très positif sur
le plan de l'investissement actuellement au Québec, à cause, évidemment, de
certaines des mesures du gouvernement, de ses relations avec l'ensemble des administrations. Mais
j'aimerais parler aujourd'hui d'un certain trait de caractère et d'une attitude
un peu récurrente de la part du premier ministre, c'est-à-dire
l'ingérence, l'interventionnisme du premier ministre.
Moi, je me rappelle, parce que je me rappelle
d'avoir assisté à des débats en 2007 puis en 2008, hein, il voulait à l'époque intervenir constamment dans la Caisse
de dépôt, hein? Il disait... Je me rappelle, avec Mme Jérôme-Forget, vos
aviez des débats très intenses, vous vouliez intervenir dans la Caisse de
dépôt. Là, vous en parlez moins. Je ne sais pas si c'est parce que le président du Conseil du trésor, ayant travaillé à
la Caisse de dépôt, vous a convaincu que ce n'était pas une bonne chose
d'investir de cette façon-là. Mais vous aimez vous ingérer dans différents
dossiers.
Et, encore
une fois, j'aimerais que vous investissiez davantage vos efforts, vos
interventions dans les dossiers... On a parlé tout à l'heure de la vente
d'électricité à l'Ontario. Voilà un dossier où vous devriez investir vos
énergies de ce côté-là. Vous ne semblez pas vous en préoccuper. Vous laissez
ça aux gens d'Hydro-Québec. Et je pense qu'il y a des endroits où vous êtes intervenu entre autres, et je pense entre autres
au conflit d'ABI, où, évidemment, votre prise de position a suscité
beaucoup de questionnements dans ce dossier-là.
Et je sais qu'aujourd'hui il y a eu une
hypothèse de règlement qui a été présenté dans ce dossier-là par votre ministre du Travail. Et la question, à mon avis,
qui est évidente, dans ce dossier-là, c'est : Est-ce que votre prise de
position en faveur de l'employeur dans le dossier ABI a guidé le
ministre à proposer une hypothèse de règlement en faveur de l'employeur?
Le Président
(M. Bachand) : Merci. M. le premier
ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Oui. M. le Président, effectivement, on a un différend entre le Parti libéral puis la CAQ sur la protection des
sièges sociaux. C'est important, on
s'est effectivement débattus. Bon, le chef du Parti libéral parle de Monique
Jérôme-Forget. Je pense que Monique
était un peu plus proche de la CAQ sur défendre les sièges sociaux.
Malheureusement, le Parti libéral a laissé aller des grandes entreprises comme
Alcan, hein, puis Alcan a été vendue à Rio Tinto. Quand les Chinois ont voulu
acheter Rio Tinto, les Australiens puis les Londoniens ont dit : Ce n'est
pas à vendre, Rio Tinto. Mais le gouvernement libéral
a choisi de faire confiance aux acquéreurs, puis regardez ce qui reste du siège
social d'Alcan à Montréal, puis vous pourriez en parler à Jacinthe Côté,
qui est aujourd'hui présidente du conseil d'administration d'Hydro-Québec.
Évidemment,
je pourrais revenir sur le débat concernant RONA. On sait ce qui est arrivé
avec Jacques Daoust, là, je...
M.
Arcand : M. le
Président, ma question est sur ABI.
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre a la parole. M. le premier
ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Oui. M. le Président, le chef de l'opposition officielle m'a
accusé d'être interventionniste. J'essaie de lui expliquer pourquoi il faut être interventionniste et que tous les
États dans le monde le sont. Pourquoi? Parce qu'on veut protéger les
jobs payantes, parce qu'on veut protéger les centres de décision où on choisit
les fournisseurs.
Maintenant,
revenons à ABI. Revenons à ABI. ABI, où le Parti libéral n'a rien fait pendant
un an, hein? ABI a fermé ses portes en janvier 2018. Jusqu'à l'élection du 1er
octobre, le gouvernement libéral n'a rien fait. Bon, moi, j'ai pris le temps de m'asseoir avec le syndicat et
m'asseoir avec l'employeur, avec le président d'Alcoa, puis d'écouter les
revendications des uns et des autres.
Et j'aurais pu me taire, mais le chef de l'opposition officielle me connaît, je
suis quelqu'un d'authentique et j'ai
une inquiétude réelle que cette belle entreprise soit fermée pour longtemps,
parce qu'on a une situation actuellement où il y a de la surcapacité d'aluminium dans le marché à cause des
alumineries chinoises, parce qu'on a un prix de l'aluminium, donc, qui
est bas, parce qu'il y a des taxes de 10 % sur l'aluminium qui est exporté
aux États-Unis.
Donc, on est dans une situation, M. le
Président, où, honnêtement, je le dis, je crois que le Syndicat des métallos
exagère dans ses négociations. Il devrait faire plus de compromis. C'est quand
même des jobs à 92 000 $ par année. C'est
parmi les 9 % les mieux payées. Puis ça nous en prend plus, de jobs comme
ça, mais, si on exagère... Vous savez, on dit : On veut passer le salaire moyen de 49 000 $ à
53 000 $. Mais, si on exige 92 000 $ avec des fonds de
pension payés à 60 % par l'employeur, ce qu'on ne retrouve à peu
près nulle part, 10 000 heures de libération syndicale par année, si on
exagère sur l'ensemble des demandes, bien, il y a un risque que ces emplois-là,
ça va faire peur.
Et puis j'ai
rencontré le président d'Alcan, puis j'ai rencontré les présidents de grandes
entreprises qui se disent : On
compare notre coût de main-d'oeuvre avec le coût de main-d'oeuvre aux
États-Unis, puis là le Québec est de moins en moins compétitif. Je suis très surpris d'entendre d'ailleurs le Parti libéral
nous accuser d'être trop proches des employeurs. Le chef du Parti
libéral est rendu prométallos, c'est quand même spécial.
Le Président (M.
Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle, s'il vous
plaît.
M.
Arcand : Je pense que, M. le
Président, il ne devrait pas mettre des mots dans ma bouche. Essentiellement,
ce que je dis, parce qu'il a été dans la haute direction d'Air Transat
pendant des années : Comment vous auriez réagi, si M. Bourassa, à l'époque, ou M. Bouchard aurait dit : Écoutez, le
conflit de travail que vous avez chez Air Transat, là, moi, je pense que
c'est le syndicat qui a raison? Comment vous auriez réagi?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
• (17 h 40) •
M. Legault : Oui. M. le Président,
c'est une belle entreprise, ABI, qui est fermée depuis 15 mois. On ne
parle pas d'une entreprise, là, qui est en
train de négocier une convention collective depuis deux semaines, là, fermée
depuis 15 mois. Moi, j'ai une
conscience et puis je me dis : Il me semble que c'est ma responsabilité de
donner mon opinion. Il me semble
que c'est ma responsabilité, puis ça reste
un conflit privé, là. Le syndicat va faire ce qu'il veut, puis l'employeur va
faire ce qu'il veut. Mais j'entends les gens, le député de Bécancour
entend les gens.
J'étais dans
une cabane à sucre que vous connaissez bien en fin de semaine passée, puis j'ai
des gens de Trois-Rivières qui sont
venus me dire : Bravo! Enfin quelqu'un qui a dit ce qu'on pense. Les gens
en Mauricie, les gens dans le Centre-du-Québec se disent... parce qu'il
y a à peu près 100 millions par année que c'est la masse salariale chez
ABI, mais des retombées économiques, il y en
a pour 500 millions de dollars par année. Donc, le fait qu'ABI soit fermée
depuis 15 mois, ça n'a pas juste un impact chez les travailleurs
d'ABI, ça a des impacts chez les fournisseurs, chez les sous-contractants, chez les marchands. Toute la région
souffre depuis 15 mois. Donc, moi, je me sentais une conscience de dire la
vérité, puis j'ai écouté comme il faut les deux parties, puis j'ai dit ce que
j'en pensais.
Le Président (M.
Bachand) : ...chef de l'opposition officielle, s'il vous plaît.
M.
Arcand : Écoutez, on
regardera, parce qu'évidemment le syndicat et l'employeur vont regarder
l'hypothèse de règlement, vont
prendre leur position. Ce que je comprends de ce que vous me dites, c'est que
votre intervention, selon vous, dans ce dossier-là, a été heureuse.
Autre
intervention, parce que ce n'est pas la première fois que vous êtes ingéré dans
les affaires d'une entreprise privée... Quand on a discuté de transport aérien
régional, entre autres, hein, le premier ministre a promis aux gens des régions
qu'il allait négocier lui-même les prix
réduits pour les billets d'avion d'Air Canada. Vous avez déclaré, là : «Je
veux — je
cite, là — négocier
moi-même avec Air Canada, a déclaré le chef de la Coalition avenir Québec.»
J'aimerais
savoir comment avancent vos négociations avec Air Canada, combien de rencontres
ont eu lieu. Alors, ma
question : Est-ce que vous êtes toujours enclin à négocier vous-même avec
Air Canada pour le transport aérien régional?
Le Président (M. Bachand) : M. le
premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Oui. M. le Président, actuellement, le dossier est dans les
mains de François Bonnardel... du ministre des Transports, pardon, qui a
effectivement des rencontres, mais encore une fois, si c'est nécessaire, oui,
j'interviendrai, parce qu'il y a quelque chose de fondamentalement
injuste.
Actuellement,
Air Canada charge un prix, là, pour les vols régionaux au Québec qui est le
double de ce qu'on charge pour les vols sur l'Europe. Puis, quand on calcule,
par heure de vol, avec ce qu'Air Canada fait dans l'Ouest canadien, il y
a un écart de 30 %, 40 %, là, où on charge trop au Québec. Puis il
faut comprendre qu'un monopole, ça vient avec des obligations. Donc, Air Canada
ne peut pas dire : Je suis tout seul sur les routes, mais je charge
1 200 $ pour aller aux Îles-de-la-Madeleine. Ça n'a pas d'allure.
Puis je comprends, ce
n'est pas dans le style du chef du Parti libéral de dire : Je vais me
mêler de ça. Plus laisser-faire, hein? On va
laisser faire. Moi, je pense qu'il y a une responsabilité, à un moment donné,
là, quand une entreprise exagère,
hein? Une entreprise, dans ce cas-là, exagère... Donc, vous voyez, quand le
syndicat pose des gestes, que je trouve, qui ne sont pas corrects pour les Québécois, je le dis. Quand une
entreprise pose des gestes qui ne sont pas corrects pour les Québécois, je le dis. Je pense que c'est la
responsabilité d'un premier ministre qui se soucie du bien-être des Québécois
de régler ce genre de problèmes là. François Bonnardel est en train d'essayer
de le régler. J'ai espoir qu'il y arrive, puis si jamais il n'y arrive
pas, oui, je n'exclus pas de m'en mêler.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le chef de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
M.
Arcand :
C'est parce que nous, notre position, c'est de dire : Il faut s'assurer,
en fait, qu'on puisse avoir des interventions qui vont encourager la
compétition, pas commencer à négocier directement avec une partie ou l'autre.
Je pense qu'il faut s'assurer qu'il y ait de
la compétition. C'est ça, l'objectif. Sinon, comment allez-vous vous assurer
que les entreprises vont dire, écoutez... Nous sommes en présence d'un
gouvernement qui intervient à tout moment, et je pense qu'il y a quelque chose
d'un peu inquiétant. Et moi, si j'étais investisseur, je ne suis pas sûr que
j'aurais vraiment le goût de venir au Québec
et qu'à chaque fois qu'il y a quelque chose qui ne marche pas le premier
ministre intervient. Je ne sais pas si ça vous inquiète. Moi, c'est
drôle, si j'étais investisseur, ça m'inquiéterait. Bon.
Le Président
(M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Je vais laisser le chef de l'opposition penser ce qu'il
pense sur les investisseurs, mais vous allez voir les résultats dans les
prochains mois.
Je reviens sur Air
Canada, puis, pour faire la petite histoire, là, il fut un temps où j'étais chez
Québecair, hein? Les gens qui sont un peu plus vieux se souviennent de
Québecair. À l'époque, sur les aéroports régionaux au Québec, il y avait
deux transporteurs : Québecair puis Air Canada. Les deux perdaient de l'argent,
pour se rendre compte qu'il y avait de la place juste pour un transporteur. Donc,
il y a des routes, là, au Québec, malheureusement, où il
n'y a pas assez d'achalandage pour avoir de la compétition. Mais
ce n'est pas parce qu'il y a une situation de monopole que l'entreprise peut faire
ce qu'elle veut.
Puis
actuellement, bon, Air Canada a créé une nouvelle filière,
qu'ils ont appelée Rouge. Ils ont mis 50 avions dans la division Rouge.
Ils ont négocié avec leurs syndicats des clauses orphelins, hein, des salaires beaucoup
plus bas pour leurs pilotes puis
leurs agents de bord, puis ils utilisent Rouge pour compétitionner nez à nez
Air Transat. Je déclare mon conflit
d'intérêts, j'étais avant président
d'Air Transat. Mais, pendant ce temps-là, Air Canada perd de l'argent
avec Rouge, mais fait de l'argent
sur les routes domestiques au Québec sur le dos des Québécois, puis là le chef du Parti libéral dit : Surtout ne faites rien. Je ne suis pas d'accord avec
le Parti libéral.
Le
Président (M. Bachand) : M. le chef de
l'opposition officielle, s'il vous plaît.
M.
Arcand : En tout
cas, M. le premier ministre, sur
cette question-là, on a fait un sommet sur le transport régional, dans un premier temps, et, encore
une fois, nous étions en train de
travailler à la création d'entreprises qui auraient pu faire de la compétition à
Air Canada. C'était ça, la solution qui était devant nous.
Maintenant, moi, j'ai
juste une question pour vous par rapport à ça. C'est simplement... Vous dites
que votre ministre des Transports travaille là-dessus. C'est quoi...
Avez-vous un échéancier de résultats? Les gens vont vouloir, à un moment donné, avoir des tarifs
moindres. C'est quand, votre... C'est quoi, votre échéancier?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier
ministre.
M. Legault :
Écoutez, je vais vous dire une chose : on va être plus efficaces que les
libéraux. 15 ans, rien ne s'est passé à part des sommets, des tables, des
comités, des rencontres. Nous, on va agir — ça fait juste six mois qu'on
est là — puis
on va régler le problème des prix exorbitants des vols régionaux au Québec.
M.
Arcand :
Mais vous n'avez pas d'échéancier.
Le Président
(M. Bachand) : M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Legault :
Moins que 15 ans.
M.
Arcand : O.K. Alors, moi, j'avais une question... Je vais
passer à un autre sujet, parce
qu'évidemment 92 % des Québécois souhaitent que vous respectiez
votre engagement au sujet des trop-perçus. Alors, je voudrais vous parler des trop-perçus. Je sais que vous allez dire qu'il
y a eu des baisses d'impôt, dans les taxes scolaires, etc., mais avez-vous
l'impression d'avoir trompé les Québécois en leur promettant que les
trop-perçus leur seraient remboursés...
Le
Président (M. Bachand) : ...s'il vous plaît, s'il vous plaît! Allez, continuez, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Arcand : ...n'avoir pas dit les vraies choses aux Québécois
lorsque vous avez promis que les trop-perçus leur seraient remboursés
sous un gouvernement de la CAQ?
Le
Président (M. Bachand) : M. le chef de l'opposition
officielle, vous êtes un politicien
expérimenté. S'il vous plaît,
grande prudence. M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Oui. M. le Président, je cherchais un tableau, là, de l'évolution des tarifs d'Hydro-Québec depuis les 10 dernières
années. Ce qui est arrivé... Quand le gouvernement de Philippe Couillard est arrivé au pouvoir, il
avait promis que les tarifs d'électricité n'augmenteraient pas de plus
que l'inflation, hein? Le chef actuel du Parti libéral doit se rappeler de ça. En campagne électorale, 2014, Philippe Couillard promet : Si je suis premier ministre, les tarifs d'électricité n'augmenteront pas de plus que
l'inflation.
Promesse
rompue pendant deux ans. Pendant deux ans, les tarifs d'électricité augmentent
de beaucoup plus que l'inflation. Donc, on se retrouve dans
une situation de trop-perçus pendant que le Parti libéral est au pouvoir, en début de mandat.
Vers la fin du mandat, projet de loi déposé qui assure qu'à l'avenir les augmentations de tarifs d'Hydro-Québec
ne pourront pas dépasser l'inflation, puis,
je peux vous dire une chose, je vais m'assurer de ça, que les augmentations de tarifs d'Hydro-Québec n'excéderont pas l'inflation.
• (17 h 50) •
Je reviens
sur les trop-perçus du Parti libéral. Bon, durant la campagne électorale, on était d'ailleurs
ceux qui proposaient de remettre le plus d'argent dans le
portefeuille : réduire les taxes scolaires, augmenter les allocations
familiales, enlever la taxe famille
libérale sur les tarifs de garderie. On avait promis donc de remettre à peu près
1,7 milliard par année dans le portefeuille des Québécois, à terme, alors que les trop-perçus étaient à peu près
de 1,5 milliard, accumulés pendant les années libérales.
Donc, on se
retrouve dans une situation, M. le
Président, où on remplit nos
promesses, c'est-à-dire qu'on diminue les taxes scolaires, on enlève la
taxe libérale sur les tarifs de garderie, on augmente les allocations
familiales pour le deuxième et le troisième enfants. Et là le Parti
libéral vient nous dire : Bien oui, mais qu'est-ce que vous faites avec
les tarifs d'électricité? Il faut quand même
avoir du front, comme on dit en québécois, pour arriver puis de dire : Pourquoi vous
ne remboursez pas les trop-perçus du Parti libéral? Il n'a jamais été
question, là... 1,5 milliard, 1,5 milliard, 1,5 milliard. Si on
avait promis de rembourser 1,5 milliard, ça aurait paru dans le cadre
financier.
Or, quand
vous regardez le cadre financier, je suis certain que le chef du Parti libéral l'a bien étudié, mais quand vous
regardez les engagements, là : réduction du taux de taxe scolaire,
allocations familiales, soins de la vue, élimination de la contribution... nulle part on ne parle de
rembourser les tarifs d'électricité. On a dénoncé le fait que les libéraux ont
augmenté les tarifs d'électricité de plus
que l'inflation puis ils n'ont pas remboursé les trop-perçus, mais nous, on a
proposé de rembourser les Québécois en axant sur la famille, donc donner
plus d'argent aux familles.
Le Président (M.
Bachand) : Ça complète le bloc. J'aurais besoin d'un consentement.
On a pris quelques petites minutes de retard
sur le bloc de cet après-midi. J'aurais besoin d'un consentement pour continuer pour cinq minutes
supplémentaires. Donc, on terminerait le bloc pour commencer avec le bloc de ce
soir. Est-ce qu'il y a consentement pour cinq minutes? Merci beaucoup. Alors,
je me tourne vers les députés formant le gouvernement pour 13 min
17 s. M. le député de Chapleau, s'il vous plaît.
M.
Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Donc,
j'aimerais peut-être entretenir le premier ministre en lien avec la remise de l'argent dans le
portefeuille des Québécois. Donc, vous ne serez pas surpris que le gouvernement
a mené sa dernière campagne électorale en
promettant de remettre de l'argent dans le portefeuille des familles
québécoises. Donc, nous souhaitons
pouvoir compter sur des services publics de qualité et efficaces. Nous
souhaitons aussi nous assurer que la
population reçoive les services de qualité auxquels elle a droit. Nous désirons
également que les contribuables aient plus de capacité financière
personnelle.
Le
nouveau gouvernement met tout en oeuvre, donc, pour stimuler l'innovation,
l'entrepreneuriat et les investissements privés. C'est par des politiques
ambitieuses et innovantes que nous serons en mesure de soutenir nos entreprises
et surtout de les aider à s'adapter aux nouvelles réalités dont ils
doivent faire face. Ce n'est pas anodin de stimuler l'investissement, l'innovation et la création d'emplois bien payés,
parce qu'il s'agit d'une stratégie pour remettre de l'argent dans les poches
de l'ensemble des Québécoises et des Québécois.
Il faut avoir
du courage politique pour appliquer ce programme qui se veut une mise à jour et
un virage économique important. Et j'ai le sentiment que nous l'avons.
Nous avons ce courage. Comme vous l'avez si bien dit, M. le premier ministre, le 2 octobre dernier sur les ondes
du 98,5 FM à Montréal : «Je suis convaincu qu'on va être capables de
livrer la marchandise, je suis convaincu qu'on va être capables de tenir
parole sur nos engagements.» Et moi également.
Cependant, un
fardeau fiscal important se fait encore sentir sur la population. Comme nous le
savons, les citoyens ont subi des hausses de taxes, de tarifs et
d'impôts pendant tout le règne libéral qui a duré près de 15 ans. Par
exemple, pendant la campagne électorale de 2014, le Parti
libéral du Québec s'est engagé à ne pas hausser les tarifs de garderie à contribution réduite. L'ancien gouvernement a
rompu sa promesse, comme tant d'autres d'ailleurs, en créant la taxe famille.
Sous l'ère libérale, les familles québécoises ont été étouffées par les taxes,
les tarifs et les impôts.
J'aimerais
d'ailleurs citer, à cet effet, Michel Girard du Journal de Montréal, qui
affirmait le 3 avril dernier, 2018 dernier : «Sous Couillard, hausse
d'impôts et de taxes de 12 milliards de dollars. Dans le cadre de son
cinquième budget, le gouvernement
Couillard se vante d'avoir réduit de façon importante le fardeau fiscal des
Québécois. Toutefois, il omet de nous dire combien d'argent de plus il est venu
chercher dans les poches des contribuables pendant ses années de pouvoir.
«Voici la réponse qui nous a été fournie. Tout
en tenant compte des récentes mesures de réduction du fardeau fiscal, c'est finalement une somme supplémentaire
nette de 12,3 milliards de dollars d'impôts, de taxes, de tarifs, de
droits et permis que nous allons
verser, en incluant l'année dernière, dans les coffres du gouvernement
Couillard durant son mandat.»
Voici quelques exemples de hausses de
tarifs : donc, tarif d'électricité, tarifs de garderie, taxe scolaire,
taxes municipales, droit d'immatriculation
pour les grandes cylindrées, prime d'assurance automobile, diminution de crédit
de cotisation syndicale. Le temps est
venu d'offrir à la population un répit pour contribuer à l'essor de notre
économie. C'est littéralement le
début d'un temps nouveau, celui de l'allégement du fardeau fiscal pour les
Québécois et pour les Québécoises. En
bout de ligne, les Québécoises et les Québécois ont une marge de manoeuvre
tellement faible qu'il est désormais nécessaire de tout mettre en oeuvre pour
réduire le fardeau de taxation. Ne rien faire équivaut à appauvrir et à réduire
le niveau de vie des Québécoises et
des Québécois. C'est pourquoi un gouvernement responsable doit donner un peu de
répit à la classe moyenne en renonçant entre autres à hausser les taxes.
Durant notre
campagne électorale, nous avons pris des engagements courageux axés et orientés
sur des priorités des Québécoises et
Québécois. Nous nous sommes engagés à notamment diminuer les taxes scolaires en
uniformisant le taux de taxation dans
l'ensemble des régions du Québec. Nous remplissons déjà cet engagement électoral
avec le projet de loi n° 3 qui a
été déposé à l'Assemblée nationale le 6 décembre 2018 et qui devrait
recevoir incessamment la sanction royale.
Cette loi
vise l'instauration d'un taux unique de taxation scolaire sur les territoires
des commissions scolaires visées par
la Loi sur l'instruction publique pour d'abord éliminer les inéquités
interrégionales du régime de taxe scolaire, maintenir les allégements fiscaux consentis lors de la
réforme précédente, maintenir le niveau de financement des commissions
scolaires et simplifier l'administration du régime de la taxe scolaire.
La loi
propose aussi une baisse graduelle du taux de taxe scolaire jusqu'à ce que le
taux le plus bas actuellement observé
s'applique à l'ensemble des contribuables à la taxe scolaire. Le coût de cette
réforme sera réparti dans le temps. Le gouvernement allouera
graduellement les sommes nécessaires à la baisse du taux de la taxe scolaire et
une somme... évidemment, une subvention
d'équilibre fiscal sera versée au réseau scolaire public pour combler la
réduction de leur revenu de taxation scolaire et pour maintenir le
financement des écoles du Québec.
Un autre engagement était d'augmenter le montant
d'allocation familiale versé pour le deuxième enfant et les suivants. D'ailleurs, Richard Cloutier, dans le
journal Les Affaires, affirmait : «Le gouvernement Legault bonifie
le montant maximal accordé pour les
deuxième et troisième enfants. Conformément à leur engagement visant à remettre
de l'argent dans le portefeuille des
familles, le premier ministre du Québec, François Legault, et le ministre des
Finances, Eric Girard, ont profité de
la mise à jour économique afin de bonifier le crédit d'impôt remboursable pour
le soutien aux enfants dont bénéficient
les familles québécoises depuis 2005 afin de hausser de 500 $ le montant
maximal accordé pour les deuxième et
troisième enfants. Le paiement de soutien aux enfants sera renommé allocation
familiale, et le montant passera de 1 235 $ à
1 735 $. La mesure sera effective dès janvier 2019, et le montant
continuera d'être indexé par la suite.»
Donc, à titre
illustratif, un couple aurait pu recevoir un maximum de 1 235 $ pour
son deuxième ou son troisième enfant en 2019, soit un montant
représentant la moitié de celui accordé pour le premier enfant, établi à
2 472 $. Notre gouvernement est
d'avis que cette mesure représente une aide supplémentaire de plus de
250 millions de dollars par année et
que plus de 423 000 familles profiteront d'une aide fiscale
additionnelle pouvant atteindre 1 000 $ par année. Encore une
fois, on constate que nous respectons l'engagement de remettre de l'argent dans
les poches des familles.
Un autre
engagement était d'éliminer la contribution additionnelle pour frais de garde
d'enfant. Le gouvernement, lors de sa mise à jour économique, a annoncé
le gel de la contribution additionnelle pour la garde d'enfant en service subventionné à compter de 2019 afin de donner
encore plus d'oxygène aux familles en attendant que l'abolition complète
de cette contribution additionnelle arrive.
Donc, comme nous le constatons, nous continuons donc à remplir nos engagements
envers la population et nous remettons de l'argent dans les poches des familles.
Donc, ma
question pour vous, M. le premier ministre... Ce n'est pas un secret pour
personne que le gouvernement entend
remettre de l'argent dans les portefeuilles des familles et des Québécois.
Pouvez-vous nous expliquer un peu sous quelle forme cette remise va s'effectuer
dans les prochaines années, quels montants on envisage pour les citoyens? Merci
beaucoup.
Le Président
(M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault :
Oui, merci. Je veux remercier mon collègue, un jeune qui fait partie de la
relève, qu'on va entendre pendant longtemps puis qu'on va voir longtemps
ici, à l'Assemblée nationale, je suis certain.
Effectivement,
quand on regarde le portefeuille des Québécois, on a des partis qui ont regardé
de haut cette préoccupation des
Québécois. On a eu, pendant la campagne électorale, des partis qui mettaient en
opposition bien financer des services
versus remettre de l'argent dans le portefeuille. Nous, on a toujours dit que
c'est possible de faire les deux. La preuve, bien, c'est le budget qu'on vient
de déposer. On a un budget où il y a eu des augmentations dans les deux
principaux budgets, éducation et
santé, de 5,1 % et 5,4 %. C'est quand même pas mal plus que
l'inflation, pas mal plus que ce qu'on appelle
les coûts de système. Ça va permettre d'améliorer les services. Et on a annoncé
aussi, d'abord dans le Point qui a été déposé en décembre dernier et dans le budget
qui a été déposé il y a quelques semaines, des mesures qui vont exactement
dans le sens de ce qui a été promis en campagne électorale.
• (18 heures) •
D'ailleurs,
on s'est fait un peu accuser de vouloir trop respecter nos engagements
électoraux en insistant trop sur ces
trois mesures. Je veux les reprendre une par une. D'abord, l'allocation familiale.
Effectivement, l'allocation familiale est beaucoup moins élevée pour le
deuxième et le troisième enfant que pour le premier. On a fait un premier geste
dans le budget. Ça veut dire, concrètement, les familles vont recevoir, ceux qui
ont deux enfants, jusqu'à 500 $ de plus en faisant leur rapport d'impôt. Les familles qui ont trois
enfants vont recevoir jusqu'à 1 000 $ de plus, et c'est un premier
pas. On va ajouter à ces montants-là dans les prochaines années.
On n'avait
pas promis de remettre de l'argent aux aînés, mais on en a beaucoup entendu
parler pendant la campagne électorale.
Évidemment, en visitant beaucoup de centres pour les personnes âgées, je me
suis fait répéter souvent : M. Legault, vous promettez de remettre de l'argent pour les familles, mais rien pour
les aînés. Bon, c'est sûr que ce n'est pas un montant énorme, mais on a
remis un 200 $ pour les aînés, qui n'avait pas été prévu.
L'autre promesse qu'on avait faite, c'est la
contribution pour les tarifs de garderie. Je sais qu'il y a trois partis devant nous qui défendent beaucoup les CPE puis
les garderies, mais nous, on est conséquents, on va réduire graduellement
le tarif. Ce qui est arrivé avec les
libéraux, c'est qu'on s'est retrouvés, dans les dernières années, où les
familles de la classe moyenne, lorsqu'ils faisaient leur rapport d'impôt, au
mois d'avril, avaient des sommes, là... parfois, c'étaient des milliers
de dollars à payer en plus, la contribution santé, la contribution aux tarifs
de garderie. On va ramener tout le monde à
8,25 $. Donc, on va ramener tous les... toutes les familles vont payer le
même tarif. Actuellement, là, avec ce qui avait été fait par le gouvernement
libéral, ça allait jusqu'à 22 $ par jour. Donc, il y a des familles qui
payaient 22 $ par jour. Donc, ça
veut dire, concrètement, là, prenons un exemple, une famille qui a deux revenus
combinés qui totalisent 100 000 $, donc deux salaires,
100 000 $, ils vont économiser 1 027 $ en 2020. Donc, c'est
quand même une bonification qui est importante.
On a aussi bonifié l'exemption de pension
alimentaire pour enfant à charge. C'est un sujet qui a été beaucoup, beaucoup
discuté, entre autres par Québec solidaire, et nous, on l'a livré. On n'a pas
juste jasé, on l'a livré, on l'a fait.
Bon,
évidemment, le dossier qui a été le plus discuté, c'est la taxe scolaire, hein?
On se souvient, durant la campagne électorale,
les exemples, là, par exemple, Laurentides, Lanaudière, deux régions qui sont
une à côté de l'autre. Lanaudière, on
a un taux... Bien, Laurentides, pour commencer, on a un taux de 0,10 $ du
100 $. Ça, ça veut dire 269 $ pour une maison moyenne, alors
que, quand on arrive dans Lanaudière, c'est 0,27 $, donc 690 $ pour
la même maison, pour les mêmes services. Mais les oppositions ne voient aucun
problème avec ça.
Ce que le PQ
puis Québec solidaire nous disaient, c'est : Si vous réduisez la taxe
scolaire à 0,10 $ pour tout le monde, comme c'est le cas dans les Laurentides, bien, il n'y a plus d'argent
pour les écoles, puis vous allez être obligés de couper. Y a-tu
quelqu'un qui a vu des coupures en éducation? Il n'est pas question... Mais on
a réussi quand même à remettre 800 millions.
J'étais surpris, hier, on a eu un vote à l'Assemblée nationale, les trois
partis d'opposition ont voté contre le projet
de loi pour remettre 800 millions dans le portefeuille des Québécois.
Quand même, là, extraordinaire, trois partis qui se sont levés pour
dire : Je refuse qu'on donne 800 millions de dollars aux Québécois.
Puis vous savez, les grands gagnants, bien,
c'est d'abord les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Saguenay—Lac-Saint-Jean, 0,30 $, ça veut dire 789 $, ils vont passer à
269 $ en moyenne. C'est toute une différence. Mauricie, même chose, 789 $, ils vont passer à 269 $.
Centre-du-Québec, même chose. La Gaspésie, passer de 0,28 $ à 0,10 $.
Lanaudière, 0,27 $, on va...
hein, puis il y a des gens de Lanaudière, il y en a une, d'ailleurs, c'est
assez spécial, la députée de Joliette, qui
est dans Lanaudière, s'oppose à ce qu'on réduise les taxes. Dans Lanaudière, ils vont passer en moyenne de
690 $ par maison à 269 $ par maison. La députée péquiste de
Joliette...
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, en terminant, s'il vous
plaît.
M.
Legault : En terminant. Bien, je pourrais continuer, M. le Président,
mais c'est important de remettre de l'argent dans le portefeuille des
Québécois.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le Président.
Compte tenu
de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30. Merci
beaucoup de votre collaboration. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 6)
(Reprise à 19 h 29)
Le Président
(M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît, à l'ordre! Merci beaucoup d'être ici. Nous allons
reprendre nos travaux.
Je vous rappelle que la commission est réunie
afin de poursuivre l'étude du volet Conseil exécutif des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2019‑2020.
Nous étions rendus
à un bloc d'échange de l'opposition officielle. M. le chef de l'opposition
officielle, la parole est à vous pour 19 minutes, s'il vous plaît.
• (19 h 30) •
M. Arcand : Merci, M. le Président. Vous savez,
pendant qu'on était en train de prendre notre repas à un endroit, d'ailleurs, où il y a une pénurie de main-d'oeuvre, en passant, juste le St-Hubert au coin de Grande Allée,
n'est-ce pas... Alors, il va falloir
que vous vous en occupiez. On avait un article sur les trop-perçus... Parce
que, quand on a quitté, on a discuté
de ça. Et là le président d'Hydro-Québec, là, je lis un peu ce qu'il y a
là-dessus, là, va proposer des pistes de solution pour retourner les
trop-perçus passés et futurs. Alors, c'est ce qu'il vient de donner comme
entrevue, n'est-ce pas? Et évidemment,
fidèle à ce qu'Hydro-Québec est, ils sont ouverts à trouver des pistes de
solution, mais à condition, bien sûr, que ce ne soient pas eux, mais que
ce soit le gouvernement qui paie les trop-perçus.
Puis
je sais que vous avez même trouvé vous-même des qualités aux trop-perçus. Vous
avez dit que, entre autres, là, je
vais juste citer, «il faut qu'il reste un incitatif à Hydro-Québec pour faire
un gain d'efficacité». Alors, le premier ministre plaide maintenant que,
si 100 % des gains sont remboursés, il n'y a plus d'incitatif. Alors, je
voulais juste que vous m'expliquiez, encore une fois, quelle est votre position
dans ce dossier-là.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M.
Legault : Oui, merci, M. le Président. Ce qui est très important quand
on parle des tarifs d'électricité, c'est de ne pas avoir d'augmentation qui excède l'inflation. Les deux premières
années du gouvernement de M. Couillard, ça a excédé, puis de pas mal,
l'inflation. Ça, ça ne devrait plus se reproduire.
Maintenant,
une fois qu'on s'est assurés que les tarifs, les augmentations de tarifs
n'excèdent pas l'inflation, il faut
effectivement penser, puis on est en train de penser à une formule qui ferait
que la direction aurait quand même un incitatif à être plus efficace, parce que
c'est une espèce... Actuellement, c'est une espèce de «cost plus». Si demain
matin Hydro-Québec réduit ses dépenses,
bien, il serait obligé de passer une baisse de tarifs aux citoyens. Donc, ça
veut... Et, s'il augmente trop ses dépenses, il pourrait augmenter plus
ses tarifs. Donc, il y a quelque chose de malsain.
J'en
ai parlé avec Éric Martel, on va se pencher là-dessus, mais je le répète, la
clé, c'est de ne pas faire ce qui a été fait dans les deux premières années du gouvernement de M. Couillard,
c'est-à-dire avoir des augmentations de tarifs qui excèdent l'inflation, parce que le peuple, là, M.,
Mme Tout-le-monde, ils n'ont pas d'augmentations de salaire qui excèdent
l'inflation. Les fonds de pension, là, ce
n'est pas plus que l'inflation. Donc, on se retrouve dans une situation où les
personnes n'ont pas d'augmentation de
5 %, 6 %, puis malheureusement, le gouvernement libéral a augmenté de
5 %, 6 % les tarifs d'électricité.
Il ne faut plus jamais que ça arrive, ce qui s'est fait dans les premières
années du gouvernement de M. Couillard.
Le
Président (M. Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle,
s'il vous plaît.
M.
Arcand :
Bien, d'abord, je veux rectifier les faits, parce que d'abord, les tarifs qui
avaient augmenté, là... Nous avons
pris le pouvoir le 7 avril 2014, les tarifs ont augmenté le 1er avril. Alors,
j'espère que vous ne nous accusez pas, et cette fois-là, c'était 4,3 %, si ma mémoire est bonne. Et donc,
c'était l'ancien gouvernement, hein, qui avait fait ça. Alors, depuis ce temps-là, on a été passablement
rigoureux de ce côté-là, où on a demandé à Hydro-Québec de contrôler au maximum
les dépenses.
Maintenant,
sur cette question-là, la déclaration de M. Martel dit entre autres que c'est
un enjeu qui est complexe et qui a
été, selon lui, exagérément simplifié, très politisé et qui entache désormais
la réputation d'Hydro-Québec. Il a lâché, il a dit : «Les gens pensent qu'on a volé. Ça ne nous a pas aidés
parce que ça a créé la perception qu'Hydro-Québec gardait de l'argent et qu'on ne retournait pas ça. C'est
dommage parce que c'est faux, on l'a toujours retourné.» C'est ce qu'il a dit.
Je voulais juste avoir votre commentaire là-dessus.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Legault :
Bien, je veux revenir sur l'affirmation du chef du Parti libéral. Je me
rappelle très bien, durant la campagne électorale de 2014, Philippe Couillard
avait dit : Même pour l'année 2014, je vais corriger les augmentations de tarif du gouvernement du Parti québécois et on
va se limiter à l'inflation. Puis je vous rappelle, là, l'inflation, pour 2014,
c'était 1,6 %. Donc, on était beaucoup plus haut. Le chef du Parti
libéral vient de dire : Ça s'est fait seulement en 2014. En 2015, l'inflation était 0,74 %, puis les
augmentations de tarif ont été de 2,9 %, donc 200 points de plus que
l'inflation. C'est ça qui choque les
citoyens. Bon, j'avoue que les années suivantes, hein, 2016, 2017, on n'a pas
dépassé l'inflation. Puis moi, je peux vous assurer que, pendant toutes les
années du gouvernement de la CAQ, on n'excédera pas l'inflation. Mais il y a eu effectivement l'année 2014 et
l'année 2015 où on a beaucoup excédé l'inflation, puis c'est ça qui a
fâché les Québécois.
Le
Président (M. Bachand) : M. le chef de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
M. Arcand :
Ce qui a fâché aussi les Québécois, c'est qu'ils étaient vraiment sous
l'impression que vous étiez pour rembourser
les trop-perçus, ce que vous n'avez pas fait. C'est ça aussi qui les a choqués
de façon extrêmement importante.
Maintenant,
il y a une chose cependant que j'ai de la misère à saisir dans ce que vous
dites. Vous avez dit : Écoutez, nous,
il est clair qu'à l'avenir, les tarifs d'électricité, on va les mettre sous
contrôle. Ça va être ça, ça va être extrêmement contrôlé et ainsi de
suite. Vous savez que les tarifs ne sont pas fixés par vous, c'est fixé par la
Régie de l'énergie.
Alors,
ma question est simple. Est-ce que vous avez l'intention de fixer vous-même les
tarifs d'électricité? Est-ce que vous allez intervenir pour fixer les
tarifs électriques?
Le Président
(M. Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault :
Pour l'instant, il n'y a rien d'exclu. Ce qu'on veut, c'est de s'assurer que
les augmentations de tarif n'excèdent
pas l'inflation. La Régie de l'énergie, j'étais là quand M. Brassard, avec
Lucien Bouchard, a mis ça en place. Il y
avait deux objectifs avec la Régie de l'énergie. Il y avait un premier objectif
qui était de s'assurer qu'il n'y ait pas de subvention indirecte et que les tarifs qui sont chargés pour l'électricité
à l'exportation, qu'il y ait un certain contrôle d'une régie
indépendante. Ça, c'était le premier rôle, puis ça, ça doit rester.
Deuxièmement,
c'était une façon aussi de s'assurer que les augmentations de tarifs
n'excédaient pas les augmentations de
dépenses chez Hydro-Québec. Est-ce que c'était une bonne idée? Je me souviens
même qu'à l'époque, là, sans révéler les discussions du Conseil des ministres,
il y avait des arguments pour puis il y avait des arguments contre. Puis,
dans les arguments contre, ils sont toujours
là, c'est ce que je disais tantôt, c'est que, si Hydro-Québec fait des efforts
pour réduire ses dépenses,
Hydro-Québec est obligée de réduire ses tarifs. Puis, si Hydro-Québec dépense
trop d'argent, plus que l'inflation, ça lui permet d'augmenter les
tarifs de plus que l'inflation, ce qui est, du point de vue gestion, pas idéal.
Donc, il faut
revoir. C'est sûr que la partie Régie de l'énergie, pour ce qui est de la
partie des tarifs à l'exportation, ça
doit rester là. Mais l'important, je le répète, c'est qu'au Québec, plus jamais
il n'y ait d'augmentation de tarif qui excède l'inflation.
Le Président
(M. Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle, s'il
vous plaît.
M. Arcand : Donc, si vous
envisagez toutes les possibilités, dont entre autres celle que le gouvernement
pourrait lui-même fixer les tarifs
d'électricité, si je comprends bien, est-ce que ça veut dire qu'il y a une
possibilité que soit que la Régie de l'énergie soit abolie ou que son
mandant soit très substantiellement changé?
Le Président
(M. Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Il faut savoir
qu'actuellement il y a des dizaines, si ce n'est pas des centaines de personnes
qui travaillent et chez Hydro-Québec et à la
Régie de l'énergie à s'assurer qu'on calcule comme il faut, que les tarifs sont
en proportion de la variation des dépenses d'Hydro-Québec. Encore une
fois, moi, je pense que ce qui est important, puis moi, j'en prends un engagement, là, c'est de s'assurer puis de dire aux
Québécois : Il n'y aura jamais d'augmentation de tarif chez Hydro-Québec qui vont excéder
l'inflation. Est-ce qu'on a besoin pour ça d'avoir des dizaines puis des
centaines d'employés? On se pose la question actuellement avec
M. Martel.
Le Président
(M. Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle, s'il
vous plaît.
M. Arcand : Très bien.
Alors, écoutez, on va voir. Je comprends que l'avenir de la Régie de l'énergie
est quelque peu... risque d'être très profondément modifié parce que...
M. Legault : Pas pour la
première partie.
• (19 h 40) •
M. Arcand : Pas pour la
première partie. J'aimerais vous parler du Fonds des générations parce que,
comme vous le savez, le Fonds des
générations, c'est... On appelle ça véritablement une façon absolument
reconnue, une façon extraordinaire de pouvoir s'assurer, justement, que
la dette du Québec soit le plus possible sous contrôle. Et vous avez décidé d'un coup de rembourser 10 milliards
de dollars dans le Fonds des générations. En fait, vous avez abaissé la dette
par rapport au Fonds des générations.
Cette décision-là a été critiquée de façon très
considérable par beaucoup de spécialistes. Et là je ne veux pas nécessairement
ce soir faire un débat de spécialiste, mais, une chose est certaine, c'est que
ça démontre une chose, ça démontre que vous
n'avez pas confiance en l'économie du Québec puisque vous nous avez dit, à l'époque : Écoutez,
c'est très simple, on a eu, pendant
des années, des cycles à la hausse, alors là on va avoir un cycle à la baisse.
C'est un peu ce que vous nous dites.
Est-ce que le gouvernement s'attend donc à une
baisse des marchés financiers? Et, si oui, quand?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M.
Legault : Encore là, c'est intéressant de parler du Fonds des
générations. Lorsque
Michel Audet, ministre des
Finances, a mis en place le Fonds des générations, j'étais porte-parole en
Finances à l'opposition, et on avait suggéré, à
l'époque, qu'au fur et à mesure le Fonds
des générations rembourse la dette, c'est-à-dire qu'on ne joue pas avec l'argent des Québécois. L'objectif du Fonds
des générations, c'est de rembourser
la dette.
Or, ce que le
Parti libéral pensait, c'est que, dans le fond, disons qu'on
parle du 10 milliards qui a été remboursé, si, au lieu de rembourser la
dette pour 10 milliards, donc de sauver 3 %, 4 % d'intérêt, je place cet argent-là à 7 %, bien,
je suis gagnant. O.K.? J'avais, à l'époque,
dit à Michel Audet : Bien, si vous êtes si certains que ça, pourquoi vous
n'empruntez pas 50 milliards à
3 %, 4 % pour le placer à 7 %? Soyons logiques puis allons
jusqu'au bout, là. Si on est certains qu'en plaçant l'argent on va faire plus que du 3 %, 4 %, allons-y
fort, 50 milliards, 100 milliards, empruntons-en en masse puis
plaçons l'argent.
On sait qu'il faut être conservateurs parce
qu'il s'agit de l'argent des pensions des Québécois. En plus, depuis quelques années, on a eu des marchés haussiers.
Les spécialistes, je suis certain que l'ancien ministre des Finances, qui
était à la Banque Laurentienne, qui était
économiste puis un des bons, à part de ça, pour prévoir, pourrait vous
dire : Il y a un risque de correction boursière, il y a un risque, hein? Puis je pense
que ni vous ni moi on n'est capables de dire : Est-ce que l'année
prochaine ça sera plus 7 % ou si ça sera moins 10 %?
Mais,
une chose qui est sûre, puis on l'a vécu, hein, rappelez-vous la mauvaise année
de la Caisse de dépôt, ce n'est pas
impossible qu'on ait un moins 10 %. Ce n'est pas impossible, là, je parle
des marchés mondiaux. Ça ne va pas très bien entre les États-Unis puis la Chine, et puis, bon, il y a toutes sortes
de points d'interrogation qui sont là. On ne le sait pas. Peut-être qu'on va faire plus 10 %, peut-être
qu'on va faire moins 10 %. Mais, de façon conservatrice, moi, je pense que
ce n'est pas une mauvaise idée, c'est même une très bonne idée de dire :
Plutôt que de mettre à risque ce 10 milliards, utilisons-le pour son vrai
objectif, c'est-à-dire pour rembourser la dette. Donc, on va sauver 3 %,
4 % de la dette en appliquant le
10 milliards au remboursement de la dette plutôt que d'aller prendre le
risque qu'il y ait peut-être une correction boursière puis qu'on perde
10 % de notre 10 milliards.
Mais
il n'y a rien de sûr, quand on parle de placer de l'argent, il n'y a rien de
sûr. Ce qu'on sait, par contre, c'est qu'il
y a eu plusieurs bonnes années de marchés haussiers et qu'il y a un risque. Et
puis cet argent-là, c'est de l'argent des Québécois pour leurs pensions. Moi, je pense que c'est naturel de
rembourser la dette plus rapidement avec le Fonds des générations.
Le
Président (M. Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle,
s'il vous plaît.
M.
Arcand :
J'écoute ce que vous me dites et je comprends ce que vous dites, mais je ne
suis pas sûr que c'est ça, la vraie
raison, entre vous et moi. Je pense que la vraie raison, c'est que le
remboursement de la dette vous permettrait d'avoir une meilleure marge de manoeuvre au niveau de vos
dépenses d'opération. Je pense que c'est ça qui est probablement aussi ce qui vous a guidé, parce que c'est clair qu'en
faisant ça, vous vous retrouvez avec une meilleure marge de manoeuvre à ce
niveau-là. Moi, je n'ai pas de misère à ce que le gouvernement ait une marge de
manoeuvre.
Ma
question, c'est que, quand j'entends les experts nous disent : Écoutez,
c'est des centaines de millions de dollars que les Québécois vont perdre dans cette opération-là, je comprends que
vous allez me dire qu'il y a un risque, que c'est possible que ça aille
bien mal, etc., mais, quand même, l'avis des experts est quand même important.
Moi,
je voulais vous demander : Sur quelles études se base le gouvernement pour
vider la cagnotte du Fonds des générations?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Legault :
Bien, écoutez, c'est assez spécial. On a un chef du Parti libéral qui est en
train de nous dire : Les gouvernements
dans le monde qui remboursent leurs dettes, là, font une erreur. Ils devraient plutôt placer cet argent-là et
attendre plus tard avant de rembourser la
dette. J'ai un désaccord profond avec le chef du Parti libéral. Moi, je pense
que c'est une bonne idée de
rembourser la dette. C'est pour ça, le Fonds des générations, pour rembourser
la dette. Et on ne devrait pas jouer
avec l'argent des Québécois, puis c'est bon de rembourser la dette. Moi,
j'aime ça, rembourser la dette.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Robert-Baldwin,
s'il vous plaît.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Je suis un peu entre deux micros, là. O.K., merci, M.
le Président. Alors, revenons donc au Fonds des générations. Vous savez sans doute que le Fonds des
générations est géré par la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Donc, est-ce
que vous doutez de la capacité de la
Caisse de dépôt de gérer le Fonds des générations convenablement? Vous
vous attendez encore à une perte de 10 %?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault :
Bien, je vais reposer ma question. Si on...
Une voix :...
Le
Président (M. Bachand) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M.
Legault : Oui, je sais que
c'est vous qui posez des questions puis c'est nous qui sommes au gouvernement, là, mais je veux juste pousser l'ancien ministre des Finances
jusqu'au bout de son raisonnement. Si l'ancien ministre des Finances
est si sûr que la Caisse de dépôt peut battre le rendement de 3 %, 4 % de notre dette, pourquoi
n'emprunte-t-il pas 25 milliards de plus pour le placer à la Caisse
de dépôt? Pourquoi se contenter de seulement 10 milliards?
M.
Leitão : Là n'est pas la question. La question, c'est : Qu'est-ce
qu'on fait avec le Fonds des générations. Comme vous savez très bien, le Fonds des générations a ses propres sources de
revenus. C'est un outil qui a été mis en place avec ses propres sources
de revenus, dont d'ailleurs une bonne partie vient des redevances hydrauliques
d'Hydro-Québec. Donc, c'est une épargne
forcée. Cette épargne forcée est gérée par la Caisse de dépôt et placement dans
des placements très conservateurs. Vous
parlez d'un krach boursier, mais vous savez certainement que le portefeuille du
Fonds des générations est seulement à
peu près à 30 % dans le marché boursier. Le reste est dans de l'équité
privée, dans le fonds de revenu fixe. Donc,
une chute de 10 % du Fonds des générations, c'est extrêmement improbable,
étant donné la composition du portefeuille du Fonds des générations.
Alors, l'outil est toujours très utile parce qu'on a des fonds dédiés qui
rentrent au Fonds des générations et qui, par la suite, servent à diminuer la
dette nette du Québec.
Donc,
je ne vois pas pourquoi, quelle est l'utilité de baisser d'un coup le Fonds des
générations, ne serait-ce que, comme notre
chef vient de le dire, pour libérer une plus grande marge de manoeuvre en
termes d'intérêts payés sur la dette. Moi, j'ai confiance en la Caisse
de dépôt, oui.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M.
Legault : Oui. M. le Président, l'ancien ministre des Finances, député
de Robert-Baldwin, est en train de nous dire : Bon, on a un Fonds
des générations pour rembourser la dette. Donc, on accumule de l'argent dans le
Fonds des générations, mais on ne rembourse
jamais la dette. Dans 25 ans, on aura beaucoup d'argent dans le Fonds des
générations. Le Fonds des générations
est là pour rembourser la dette, mais on ne remboursera jamais la dette. Quand
propose-t-il qu'on rembourse la dette?
M.
Leitão : Justement, parce que nous avons mis en place des politiques
budgétaires et fiscales bien ordonnées, notre cote de crédit a augmenté. Et
parce que notre cote de crédit a augmenté, l'intérêt que nous payons sur la
dette du Québec a baissé. Donc,
l'écart entre le rendement du Fonds des générations et la dette publique du
Québec a augmenté, et donc, ça nous donne
une certaine confiance qu'à l'avenir, étant donné surtout la façon dont le
fonds est structuré, dans des actifs qui ne sont pas tellement risqués, on perd le rendement. Et vous savez très
bien qu'avant le paiement de presque 10 milliards, à peu près... presque 1 milliard, 900 et quelques
millions, de revenus provenaient des revenus de placement du Fonds des
générations. Donc, on va perdre cet
effet levier du Fonds des générations, et ça, c'est ce qu'on trouve très
dommage avec la décision de votre gouvernement.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Cela clôt le bloc d'échange avec
l'opposition officielle. Je me tourne maintenant vers les députés formant
le gouvernement pour un bloc de 15 minutes. M. le député de Sainte-Rose,
s'il vous plaît.
• (19 h 50) •
M.
Skeete : Bonjour. Merci, le Président, M. le Président, j'apprécie
l'occasion de m'adresser... ce n'est pas à tous les jours qu'on peut questionner le premier ministre du Québec. Donc,
pour moi, c'est un privilège de le faire. Je salue aussi mes collègues
de l'opposition, merci d'être ici. Collègues, aussi, du gouvernement.
J'aimerais
prendre un moment pour parler de, bien, mon comté, ma ville, Laval. Laval,
historiquement, M. le premier ministre,
on n'est pas toujours choyés. Durant les dernières années, il y avait pourtant
six sur six de candidats et d'élus libéraux sur l'île de Laval, puis on se retrouve avec des situations un petit peu
aberrantes. En culture, on est toujours sous-financés. En éducation, on est sous-financés, il manque des
infrastructures. Mais surtout, ce que je veux vous parler aujourd'hui, c'est
la santé. J'aimerais parler spécifiquement,
dans la santé, de la première ligne, parce qu'à Laval, bien, nos cliniques
débordent. On a des problèmes d'accès
qui sont assez importants, et c'est inquiétant. Les Québécois viennent me voir
dans mon bureau de comté, M. le
premier ministre, pour me dire qu'ils n'ont pas toujours la chance de consulter
un médecin quand ils ne filent pas bien. On se retrouve avec des
situations aberrantes, où est-ce que des personnes qui sont déjà malades
doivent sortir et attendre dans des lignes
où est-ce qu'elles vont contaminer d'autres gens qui sont également malades.
Alors, je pense qu'on tourne en rond
avec cette situation-là. Surtout, puis on l'a entendu dans des manchettes
récentes, la santé mentale aussi, l'accès à la santé mentale de la
première ligne est également inquiétant.
Je pense précisément
à un cas de comté que j'ai vécu chez nous, où est-ce qu'une dame nous a
appelés. Elle souffrait d'une incohérence,
elle n'était pas bien, et elle cherchait une ressource, et puis c'était assez
triste, et heureusement mon personnel a compris la situation, qu'il y
avait un problème d'accès, il y avait un problème aussi d'orientation, et on a tout fait pour essayer de trouver les
ressources pour cette dame-là. Et, en bout de ligne, quand on a appelé une
ressource, on a finalement trouvé de l'aide, bien, on nous a dit :
Bien là, est-ce que vous êtes suicidaire? Bien là, madame a dit : Non, je ne file pas, j'ai besoin d'aide, mais non,
je ne veux pas me tuer. Puis là, bien, on dit : Bien, malheureusement, on
ne peut pas vous aider. Ça fait que,
là, on se retrouve avec des situations où est-ce qu'on a ce qui semble être un
quasi-sentiment d'accès, puis cette
dame-là... Heureusement, ne serait-ce que de la persistance de mon personnel de
bureau, en qui je suis très reconnaissant, Dieu sait qu'est-ce qui serait
arrivé avec cette dame-là.
Aussi,
quand on se compare à d'autres régions, il y a des données assez inquiétantes.
Les cas de la santé publique... l'Institut
de recherche de la santé publique de l'Université de Montréal classe Laval 17e
sur 22 pour l'accès, un fait et une donnée qui est assez inquiétante
pour la quatrième ville d'importance au Québec, où est-ce qu'on trouve un
dynamisme et une motivation d'exceller qui
est vraiment hors pair, puis ça, c'est le fier Lavallois qui parle. Je peux
vous dire qu'il y a 80,4 % des
Lavallois qui ont accès à un médecin de famille, ce qui veut dire
nécessairement qu'il y a à peu près 20 % qui n'ont pas accès à un
médecin. Enfin, aussi, on trouve que le temps moyen d'attente est
2 h 30 min.
Moi,
je me souviens, je me suis joint à la CAQ pour vous aider à changer les choses.
J'ai très hâte à voir le plan qu'on
va implanter avec la ministre de la Santé. J'aimerais ça, vous entendre, M. le
premier ministre, sur le legs libéral en santé, par rapport à qu'est-ce qu'ils nous ont laissé et qu'est-ce qui est le
manque à gagner et l'opportunité qui est devant nous.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
M. Legault :
Oui. M. le Président, là, j'aurais le goût de remonter loin, loin, loin, parler
du député de La Pinière lorsqu'il était avec la CAQ et puis qu'on s'entendait sur
les solutions pour les médecins de famille. Mais, bon, il a pris une autre direction, et puis il a été là quatre ans,
puis on est avec 1,6 million de Québécois qui n'ont pas de médecin de famille. Et
ce n'est pas normal, hein?
Je fais une petite règle du pouce, là.
Il y a 8,4 millions de Québécois, il y a à peu
près 8 500 médecins de famille au
Québec. Faites un petit calcul, ça fait à peu près 1 000 patients par
médecin de famille. Je connais des médecins de famille qui ont 2 000 patients, et puis ils les
servent très bien avec d'autres médecins, avec des infirmières sept jours sur
sept. Donc, il y a un vrai problème.
Allez au golf l'été, vous allez voir où est-ce qu'ils sont, les médecins de
famille. Mais bon, ça, c'est une autre histoire.
Mais
on a un problème de prise en charge. C'est presque un problème de
responsabilisation des médecins de famille. Surtout le soir, la fin de semaine,
pendant les congés fériés, hein, le temps des fêtes, l'été quand il fait beau,
il manque de médecins de famille disponibles, puis 60 % des
Québécois, ils n'ont pas accès à leur médecin de famille quand ils sont malades. Parce que, là, on peut bien dire, là,
qu'il y a 20 % des Québécois qui n'ont pas de médecin de famille, mais le
problème est bien plus grave que ça. Dans le 80 % qui ont un médecin de
famille, 60 % des cas, le médecin de famille n'est pas disponible avant 36 heures. Ça fait que ça donne quoi? Il
y a des médecins qui ne laissent pas de place au sans rendez-vous. Donc, si vous appelez pour voir votre
médecin, puis il n'est pas disponible parce que tout son horaire est chargé,
si vous êtes malade le soir, la fin de
semaine, l'été, le temps des fêtes, c'est encore pire. Donc, il faut vraiment
responsabiliser les médecins de famille puis signer une nouvelle entente
avec les médecins de famille.
L'ancien ministre de
la Santé, il a déjà été d'accord avec ça. À un moment donné, il a donné les
clés de l'auto à la FMOQ pendant deux ans,
il ne s'est rien passé. Puis après, il a repris les clés, mais il était pas mal
à la fin de son mandat. Et on est
dans une situation où actuellement, tant qu'on n'aura pas réglé le problème des
médecins de famille, on va continuer d'avoir des problèmes dans le
réseau de la santé.
Donc,
la première ligne, bon, oui, il y a les soins à domicile, il y en a beaucoup
qui en ont parlé, on ajoute 280 millions. On avait promis 200 millions dès la première année, de plus, on en
a mis 280 millions. Mes collègues, mon trio à la Santé, là, est venu plusieurs fois à mon bureau dans les
derniers mois, et puis effectivement on a accepté de mettre encore plus que ce qu'on prévoyait. Mais la première ligne, je
reviens, c'est d'abord le médecin de famille, c'est d'abord le groupe de
médecine de famille, le GMF. Un GMF,
j'ai ouvert ou lancé le premier GMF, c'est vrai que c'était Rémy Trudel, juste
avant moi, qui l'avait préparé, mais
c'est moi qui a ouvert le premier. Et l'idée, avec les GMF, c'était d'avoir une
dizaine de médecins avec des infirmières et d'avoir une prise en charge
sept jours sur sept, incluant le soir, incluant la fin de semaine.
C'est sûr que, si on
demande aux médecins de famille... Moi, je me souviens, le président de la FMOQ
m'avait dit : Si j'accepte votre
proposition, je ne suis plus président de la FMOQ. Parce qu'il y a une pression
très forte, surtout à Montréal, pour
dire : Je travaille quatre, cinq jours par semaine, mais je ne travaille
pas la fin de semaine, je ne travaille pas le soir. Sauf qu'il y a du
monde malade le soir, la fin de semaine.
Et
quand un médecin de famille fait un acte au téléphone, il n'est pas payé. Quand
un médecin de famille délègue un acte
à une infirmière, la plupart du temps, il n'est pas payé. Ça fait qu'il n'y a
pas d'incitatif à l'efficacité à cause du paiement à l'acte.
Les
endroits dans le monde où ça marche mieux, puis là ils commencent à le faire
beaucoup en Ontario, ils l'ont fait
en Colombie-Britannique, dans plusieurs pays, c'est ce qu'on appelle la
capitation. Donc, vous recevez un montant pour le patient, montant par année, puis là vous avez la responsabilité de
vous occuper du patient, soit vous, soit une infirmière, soit un
collègue, mais il faut un taux d'assiduité. Ça veut dire quoi, ça? Ça veut
dire, quand quelqu'un est malade, là, il
faut qu'il y ait quelqu'un de disponible au GMF. Le GMF, ça peut être dans une
clinique privée ou ça peut être dans un CLSC. Ça, ce n'est pas grave, là, le format. C'est vrai que les jeunes
médecins aiment moins qu'avant les cliniques privées, là. Il va falloir comme, je ne sais pas, les aider
encore plus à construire des GMF privés, mais il faudrait que les CLSC
deviennent aussi des GMF. Et, de ce
côté-là, malheureusement, dans les quatre dernières années, on a perdu quatre
ans. On a perdu quatre ans.
• (20 heures) •
Et
j'entendais le porte-parole du Parti libéral, la semaine dernière, interpeler
la ministre de la Santé en disant... vous vous rappelez, il avait
un beau graphique, là, puis il disait : Écoutez, depuis que la CAQ est au
pouvoir, il y a plus de personnes au Québec
qui cherchent un médecin de famille. Sur le coup, je me suis dit, après la
période de questions : C'est quoi,
cette affaire-là? Et là c'est un peu comme quelqu'un qui se cherche un emploi,
puis, à un moment donné, il est découragé, il ne cherche plus d'emploi.
C'est vrai qu'il y a plus de monde qui cherche un médecin de famille, mais il y
a plus de Québécois aujourd'hui qu'il y a
six mois qui ont un médecin de famille. Il y a 84 000 Québécois de plus
qui ont un médecin de famille aujourd'hui.
Donc,
je ne qualifierai pas ce qui a été présenté par les libéraux, là, mais c'est
vrai qu'il y en a plus qui en cherchent, donc ça veut dire qu'il y en a qui ont
retrouvé espoir d'en trouver un, donc ils se sont mis à la recherche d'un
médecin de famille. Mais la ministre
de la Santé est en discussion avec la FMOQ puis il va falloir revoir le mode de
rémunération. Il va falloir
responsabiliser les médecins de famille, il va falloir dire aux médecins,
là : Il faut que vous preniez en charge au moins
1 000 patients et il y aura des conséquences financières si vous ne
le faites pas.
Parce que, dans le
monde de la santé, là, c'est presque infini, le nombre d'actes. On peut soigner
des rhumes, puis faire notre budget pendant
quatre jours, puis après, bon, bien, notre semaine est faite. Mais on a besoin
d'avoir une prise en charge, on a
besoin que les actes plus faciles soient délégués aux infirmières, que des
actes soient faits au téléphone. Le patient qui est malade, qui appelle
le médecin puis que c'est la quatrième fois cette année qu'il a le même
problème, bien, le médecin ou l'infirmière a
le dossier patient puis il est capable de dire : Bien, monsieur, madame,
voici ce que vous devez faire. Déplacez-vous pas pour rien, là, tu sais.
Donc, il y a
une approche à modifier. Et une des choses que je me suis rendu compte quand
j'ai rencontré l'actuelle ministre de la Santé pour la première fois l'été
dernier, suite à l'histoire rocambolesque que mon directeur de cabinet...
une histoire de magasinage, là. Je ne sais
pas dans quel endroit c'était, le magasinage, mais en tout cas, bon... Bref, on
m'a présenté cette personne, et puis
elle m'a dit : La priorité, c'est la première ligne, c'est de s'assurer
que tout le monde a un médecin de famille. Puis il n'y a pas de raison... Au
Québec, on est la province qui a le plus de médecins de famille par habitant.
Il n'y a pas de raison, au Québec,
qu'on soit si mal pris puis qu'il y ait autant de Québécois qui n'aient pas de
médecin de famille.
Puis c'est pire dans certaines régions. Puis
j'ai bien aimé le commentaire du député de...
Une voix : Sainte-Rose.
M. Legault : Sainte-Rose.
Écoutez, j'ai senti, depuis six mois, quand je me promène à Laval, une espèce
de délivrance, hein? Tu sais, c'était une région qui était 100 % libérale,
un peu prise pour acquise, hein, c'était le moins qu'on puisse dire, comme l'Outaouais, d'ailleurs. Oui. Et les gens sont
heureux, là, ils ont l'impression enfin qu'il y a quelqu'un qui les
écoute.
Mais il va
falloir, dans chaque région, s'assurer qu'il y a des GMF, s'assurer que les
médecins de famille, d'abord, soient mieux distribués. Ça, c'est un
problème dans ce qu'on appelle le 450. Il y a des PREM, des plans régionaux
d'effectifs médicaux. C'est facile, donner une petite permission par-ci,
par-là, de dire... parce qu'il y a beaucoup de médecins qui voudraient
travailler à Montréal ou à Québec, qui n'aiment pas aller travailler en dehors
des grands hôpitaux. Bien, à un moment
donné, les gens à Laval, ils paient les mêmes impôts qu'à Montréal. Donc, ils
devraient avoir droit à autant de médecins, puis même chose dans
Lanaudière, même chose en Montérégie. Mais actuellement ce n'est pas ça qui se
passe, là. Les anciens gouvernements donnaient, je ne sais pas comment on
appelle ça, là, mais, hein...
Une voix : ...
M. Legault :
Des quoi? Des dérogations. Oui, oui, vous pouvez vous installer à Montréal, c'est
correct, là, puis vous pouvez vous installer à Québec. Laissez faire Laval,
laissez faire la Montérégie, laissez faire Lanaudière. Donc, il va
falloir qu'il y ait une répartition, puis il y a une loi, il y a une loi qui le
permet. Je me souviens, c'est une loi qu'on a même
adoptée un été, parce qu'il y avait eu quelqu'un de mort en Mauricie parce
qu'il n'y avait pas de médecin. Et là on a mis en place des règles qui font que... À chaque année, il y a des
médecins qui sortent des quatre facultés de médecine. On est chanceux au Québec, là, pour une population de
8,4 millions, on a quatre facultés de médecine. C'est beaucoup, sauf
que si, à chaque année, ces gens-là, ils
s'en vont tous à Montréal puis à Québec, bien là, ce n'est pas juste pour les
autres.
Il y a aussi un problème... On m'a dit que — il
faut que je sois prudent — l'ancien
ministre de la Santé a fait qu'il n'y a plus
beaucoup d'étudiants qui ont le goût d'aller en médecine familiale, depuis
quatre ans. Mais là je pourrai élaborer dans une autre question.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci, M. le premier ministre. Je cède maintenant la parole à la cheffe du
deuxième groupe d'opposition pour une période de
10 min 32 s. Mme la cheffe, s'il vous plaît.
Mme Massé : Woups! Je vais
partir mon «timer», comme on dit par chez nous.
Le programme de la CAQ, notamment, on en a
entendu parler durant la dernière campagne électorale, contenait des mesures
qui... Certaines mesures rejoignaient celles de mon parti. Alors, c'est
intéressant, hein? Vous êtes surpris, M. le
premier ministre. Mais ça prouve que ce n'est pas parce qu'on est complètement
à l'opposé qu'il n'y a pas certains terrains sur lesquels on peut
s'entendre.
Bon, c'est
clair, au niveau de l'environnement, on ne s'entend pas. Je pense qu'on va
continuer à travailler pour faire en sorte de bien se comprendre en
cours de route. Mais, dans votre premier budget, il y a quand même un certain nombre... vous vous vantez régulièrement de réaliser l'ensemble de vos
promesses. Vous vous donnez quatre ans, je comprends ça. Alors, je me suis
amusée en me disant : Bon, 10 minutes, c'est tellement court qu'on va
faire un jeu. J'ai préparé six questions
courtes, très courtes, qui, dans les faits, sont des engagements que vous aviez
pris, et, dans le fond, bien, je vais accueillir vos brèves réponses
puisque j'ai six brèves questions. C'est bon? On joue? C'est parti.
Alors, il y
avait des engagements, notamment, au niveau des médecins spécialistes. Est-ce
que le premier ministre va revoir l'entente avec les médecins
spécialistes? Et quand?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui. Oui, la réponse
est oui. Le gouvernement libéral a donné 1 milliard de dollars de trop aux
médecins spécialistes, un écart d'à peu près
20 % quand on compare avec le reste du Canada, qu'on tient compte du coût
de la vie, il y a un problème. Donc, le
président du Conseil du trésor a donné le mandat à une firme privée. Le rapport
devrait arriver entre juin et septembre, et dès qu'on a le rapport, on
s'assoit avec la FMSQ, et on négocie, et notre objectif, c'est rien de moins que de dire : S'il y a un
écart, disons, de 10 % avec le reste du Canada ou l'Ontario pour les
médecins de famille, pour les infirmières, pour tous les travailleurs,
bien, il doit aussi y avoir un écart de 10 %. Or, actuellement, c'est plus dans l'autre sens. Il y a 10 % de
plus, alors que tout le monde est 10 % de moins. Donc, oui, réponse
courte, oui.
Le Président (M.
Bachand) : ...la députée, s'il vous plaît.
Mme
Massé : Est-ce que le premier ministre va abolir les heures
supplémentaires obligatoires pour les infirmières? Quand?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M.
Legault : Oui. Durant le mandat, c'est l'engagement qu'on a pris. Si
on est capables de le faire plus rapidement, on va le faire plus rapidement. Déjà, on ajoute 200 millions pour
engager du personnel. C'est un peu comme l'oeuf puis la poule. C'est que plus on exige de temps
supplémentaire, moins il y a d'infirmières qui veulent prendre des postes à
temps complet.
Donc,
actuellement, la ministre de la Santé commence à régler des problèmes dans des
établissements. Donc, ça s'améliore,
mais on a pris l'engagement sur la durée du mandat. Et donc, durant la campagne
électorale de 2022, quand je vais me présenter, je vais pouvoir
dire : Il n'y a plus d'heures supplémentaires.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Massé : ...est-ce que le premier
ministre va mettre fin aux clauses orphelin? Si oui, quand?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Quelles clauses
orphelin?
Mme Massé : Les clauses orphelin
dans les contrats au niveau de la loi du travail, des normes du travail.
M.
Legault : J'ai le goût de dire, vous savez, mon directeur de cabinet
était président de Force Jeunesse. Le premier, c'était François Rebello,
le deuxième, c'était mon directeur, puis le troisième, c'était le ministre. Et
la raison d'être de Force Jeunesse, c'était pour abolir les clauses orphelin.
Donc, ce qu'il en reste, oui.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Massé : Quand?
M. Legault : Durant le mandat.
Mme
Massé : Bien, puisque le premier ministre s'est réengagé dernièrement,
par une motion sans préavis unanime, à
abolir le délai de prescription pour les agressions sexuelles, est-ce que le
premier ministre peut me dire quand il va le faire? Parce que ça presse.
M. Legault : Dans les prochains
12 mois, ça sera fait.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Massé : C'est bien.
M. Legault : Ça s'améliore.
Mme
Massé : Est-ce que le premier ministre va revoir le régime
d'indemnisation, grande promesse de son leader notamment, au niveau du
régime d'indemnisation des victimes d'actes criminels, l'IVAC?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Dans la prochaine
année.
Mme Massé : Dans la prochaine année.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
Mme
Massé : Vous comprenez bien que tout ça, c'est des réponses qu'on va
suivre à la trace. Et mon dernier petit sprint, c'est... Est-ce que le premier ministre peut nous assurer que
l'élection de 2018 aura été la dernière organisée avec un mode de
scrutin archaïque, soit le mode de scrutin actuel?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
• (20 h 10) •
M. Legault : On est trois partis
ici, autour de la table, là... je pense qu'il y en avait un quatrième qui était
le Parti vert, et on a pris l'engagement de
déposer un projet de loi avec un mode de scrutin proportionnel mixte, dans la
première année. Ça veut dire qu'on va déposer un projet de loi avant le 1er octobre 2019. Maintenant, à partir de là, il faut d'abord qu'on
s'entende, qu'on appuie le projet de
loi. Quand je regarde comment c'est
long, faire passer nos projets de loi, j'espère que les libéraux ne vont pas
étirer la sauce, et ensuite, bien, le travail va être le travail du DGEQ.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
Mme
Massé : Est-ce que le premier ministre va assurer le leadership au
sein même de son caucus pour nous assurer que cette réforme du mode de scrutin
va être vraiment proportionnelle mixte?
M. Legault :
Oui.
Mme
Massé : Bien. Vous avez fait
mon sprint. Félicitations! Mais il me reste du temps, vous êtes
malchanceux.
Le
Président (M. Bachand) : Allez-y, Mme la députée.
Mme Massé :
J'ai regardé... Je vais revenir sur l'environnement. J'ai regardé avec
attention votre budget. On ne s'entend pas, d'ailleurs.
Il n'y a... Pas plus tard que cet après-midi,
votre ministre, je crois, de l'Économie, je ne suis pas certaine, parlait de 24 milliards pour le transport collectif. Là, de 9 milliards, à 13 milliards, à 24 milliards, c'est difficile à suivre.
Vous avez fait le
choix, dans l'argent investi, notamment... je ne veux pas parler de transport
collectif, parce que ça a l'air qu'on ne s'entend pas sur les
chiffres. Vous avez fait le choix d'investir principalement au niveau du transport individuel, donc l'électrification de l'auto,
hein? C'est un choix que vous avez fait, qu'on n'est pas en désaccord. Mais
tantôt, je vous demandais de m'exprimer c'est quoi, pour vous, la
différence entre l'environnement et la lutte aux changements climatiques. Vous
m'avez fait part de votre compréhension des choses.
Est-ce que vous avez
compris que, pour relever le défi, même sur un territoire comme celui du
Québec, il est incontournable de multiplier, d'emprunter peut-être l'argent
dont vous parliez tantôt au chef du Parti libéral pour massivement investir
dans le transport en commun? Est-ce que vous avez considéré cette facette-là?
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Legault :
Bien, il y a deux choses. D'abord, la porte-parole, la co-porte-parole de
Québec solidaire a raison, on fait des
efforts du côté des autos électriques, électrifier les autos. Honnêtement, moi,
j'aimerais qu'on fasse aussi des efforts du côté des camions et des
autobus. On a la compagnie Lion puis une autre compagnie qui est en train de développer un produit. Bon, évidemment, le défi,
c'est toujours le même, c'est la batterie, là, c'est d'être capable d'avoir
la portée pour les autobus puis les camions. Donc, c'est du côté du transport
qu'on peut améliorer notre bilan.
Mais je veux revenir
sur le transport en commun...
Une voix :
...
M.
Legault : Oui, mais sur le transport en commun, juste pour expliquer
pourquoi 13 ou 20 milliards, c'est que, dans le 13 milliards,
il y a des projets qui n'ont pas l'estimé de coûts au complet parce qu'ils ne
sont pas tous là. Mais, quand on va avoir
les estimés totaux pour toutes les grandes villes, là, incluant Montréal,
Laval, la Rive-Sud de Montréal, Gatineau, on va être plus autour de
20 milliards.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Massé :
...enveloppe centrale, là, qui n'est pas dans le budget, mais qui est au moins
dans votre tête.
Puisqu'il
me reste quelques secondes, je vais vous redemander : Est-ce que vous
acceptez, M. le premier ministre, de venir avec moi le 22 avril, Jour de la
Terre, venir à la rencontre des jeunes, venir à la rencontre de l'angoisse
environnementale que vivent ces jeunes-là? Je vais vous les présenter.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre.
M.
Legault : Oui, écoutez, j'ai rencontré Dominic Champagne, et, s'il y a
des jeunes qui veulent venir me rencontrer, ça va me faire plaisir. Aller dans
des manifestations avec des pancartes, je ne suis pas certain que c'est le rôle
du premier ministre.
Mme Massé :
Moi, je fais juste vous rappeler que le Jour de la Terre, j'ai dit
manifestation, parce que c'est mon
vocabulaire à moi, c'est un grand rassemblement ici, à Québec, et d'ailleurs
partout sur la planète, c'est la journée de la Terre. Et vous m'avez
dit, la semaine dernière, que j'étais décrochée des jeunes et je pense que ça
m'a un peu vexée. Pourquoi? Bien, parce que
je suis à leur côté régulièrement, pour ne pas dire à chaque vendredi. Et c'est
pour ça, je me dis... Bien, dans les
faits, si, à chaque fois que je parle de changements climatiques, vous laissez
entendre que c'est moi qui ai décroché,
bien, je me dis, bien, venez, moi, je ne ferai même pas... je vais juste les
laisser vous parler et je pense que peut-être que vous pourriez saisir
qu'il y a une réelle angoisse chez la génération montante.
Le
Président (M. Bachand) : 15 secondes, M. le premier
ministre.
M.
Legault : Oui. D'abord, j'ai un garçon ici, à Québec, avec moi, de
25 ans, un autre à Montréal, 26 ans, donc ils m'interpellent beaucoup aussi, ces jeunes-là.
Maintenant, si j'ai blessé la porte-parole, ce n'était pas mon intention, hein?
Donc, ce n'était pas mon intention.
Maintenant, bien, il faudrait voir c'est quoi, la formule, là, mais rencontrer
des jeunes, ça va me faire plaisir.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup, M. le premier ministre. Je me tourne vers les élus formant le gouvernement
pour une période de 15 min 3 s. M. le député de Vachon, s'il
vous plaît.
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de saluer les distingués collègues.
Je suis heureux de participer à ce moment
qui est important pour notre démocratie. Puis en passant, pour ceux qui nous regardent
à la maison et qui ont manqué la partie qui
s'est passée avant souper, je veux vous rassurer, je pense que notre budget
n'était quand même pas si mauvais que ça, parce qu'il n'y a pas eu grand questions sur le budget. Ce qui s'est passé plus tôt, c'est que les oppositions ont décidé plutôt, malgré le fait qu'ils avaient
vraiment déchiré leur chemise sur le test des valeurs, ont
décidé de faire passer un test des valeurs souverainistes à notre premier ministre. Alors,
c'est un moment qui n'était pas intéressant du tout, mais très
divertissant.
C'est
quand même mes notes bien écrites, cher collègue. Et justement, je veux
répondre à mon collègue tantôt qui s'est
permis une boutade en disant que ses questions n'étaient pas écrites,
contrairement à nous. Je peux vous dire que sa question était hautement prévisible sur la souveraineté mais je peux
vous confirmer que, moi, quand j'ai parlé à mes électeurs, ce qu'ils voulaient entendre parler, c'était des
cas concrets. Et moi, j'ai une question pour le premier ministre ce soir, et
c'est une question concrète, une
question d'économie pour les gens de Saint-Hubert. Alors, M. le premier
ministre, vous allez me permettre de vous poser cette question-là. C'est
important pour nous.
Vous savez, à
plusieurs reprises, vous avez parlé d'économie. Vous avez parlé d'un Québec
avec des jobs qui sont payantes pour rejoindre et dépasser nos voisins de
l'Ontario. Et, depuis un bout de temps, le milieu aéroportuaire à Saint-Hubert est vraiment en effervescence, puis
ils veulent se développer à trois niveaux. Je parle d'un sujet que vous connaissez très bien. Vous êtes un initié au monde
de l'aviation. Les trois niveaux, je vous parle de l'ENA, l'École nationale
d'aérotechnique. Il y a plus de 800 étudiants qui sont là présentement sur
une capacité de 1 300. Je vous parle aussi d'entretien de moyens
porteurs. On se rappelle tous du dossier d'Aveos, un vrai gâchis, et il y a des
employés qui se sont pris en main, qui ont
décidé de monter un projet. Même les oppositions nous ont appuyés pendant la
campagne électorale pour avoir ce projet-là. Puis finalement, un projet de
transport de voyageurs, on peut appeler ça du «low cost» ou du «ultra low cost», pour venir en compétition
avec l'aéroport de Plattsburgh — puis je suis sûr que je vais aller chercher
la fibre nationaliste des gens en face de moi — qui ont le culot d'appeler leur aéroport The
Montreal U.S. Airport.
Alors,
M. le premier ministre, ce sont des gens qui sont bien organisés chez nous pour
ne pas travailler en silo, pour vraiment partager leurs ressources. Et
des exemples concrets? Bon, ils ont besoin d'un hangar, parce que,
présentement, l'ENA a des avions, mais qui sont sur le tarmac, qui sont à
l'extérieur, et le hangar servirait en même temps à faire de l'entretien de
moyens porteurs. Les étudiants pourraient même faire du travail, donc du
travail pendant leur formation. Bref, je
vous dis tout ça pour vous dire que c'est vraiment une solution qui est
intégrée, c'est du concret. Et moi, j'aimerais savoir si ça fait partie de votre vision économique, ça, la vision
économique du premier ministre, d'avoir un projet qui est concret comme
ça.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M.
Legault : Bien, je voudrais remercier le député de Vachon pour sa
question qui, effectivement... Je ne l'ai pas dans mon cahier, mais c'est une question intéressante concernant
l'entretien lourd des avions, et puis, c'est effectivement un dossier
qui m'intéresse.
Les
gens ont peut-être vu ça passer, mais il y a une semaine ou deux, la compagnie Lufthansa
Technik a annoncé qu'elle s'en venait
à Montréal. Je vous explique ça pourquoi? Parce qu'il faut aller visiter les
installations de Lufthansa Technik. Vous
savez, Lufthansa Technik, c'est une filiale, c'est une division séparée de la
compagnie Lufthansa. C'est plus gros que Lufthansa. Ils font l'entretien lourd pour plus d'une centaine de
compagnies aériennes, et quand on va là-bas, à Hambourg, c'est comme un
village de hangars et c'est des jobs très payantes.
Nous,
on a une expertise en entretien lourd à cause d'Air Canada. Air Canada, pendant
longtemps, a fait son entretien lourd.
Ce que ça veut dire, là, un avion, il a... en anglais, on appelle ça des
«A-check», «B-check», «C-check», «D-check». Donc, quand il y a un certain nombre d'heures ou de cycles, au bout de
la ligne, on finit par presque tout refaire l'avion. Les gens de Lufthansa Technik disent, quand on va à
Hambourg : On fait plus d'avions qu'Airbus, parce que, dans le fond, on
les refait continuellement, les avions.
• (20 h 20) •
Même
chose avec les moteurs, ce qu'on appelle en anglais les «overhauls» de moteurs.
On avait tout cet équipement-là à
Dorval, et malheureusement, quand Air Canada a été privatisée, il y avait une
obligation pour Air Canada de faire
son entretien lourd au Canada, puis, en pratique, c'était beaucoup à Montréal.
Malheureusement, on a enlevé cette
obligation à Air Canada, puis actuellement Air Canada fait son entretien lourd un petit peu partout dans le monde, un peu chez
Lufthansa Technik, un peu en Allemagne, un peu en Asie, un peu aux États-Unis,
et ce sont des emplois très payants.
Puis
effectivement, j'ai rencontré à quelques reprises les employés
d'Aveos. Il y en a même un qui s'était présenté, je pense, pour le Parti
québécois. Et Aveos était dans une
drôle de situation, parce
que, quand on est dépendant d'un seul
client, on est dans une situation
très vulnérable. Donc, Aveos avait un seul client, qui était Air Canada
et, bon, s'est retrouvé que parfois, on acceptait ses soumissions, des
fois, on ne les acceptait pas. Bref, on s'est retrouvés dans une situation où pour y arriver, puis je sais que le chef du Parti libéral n'aimera pas ça, mais il va falloir s'asseoir avec Air Canada.
Puis ce n'est pas une question de les
forcer, là, c'est de les convaincre... puis le gouvernement du Québec a un
potentiel. Puis je pense à
Saint-Hubert, je pense aux aéroports régionaux qu'on a, je pense aux programmes
de formation qu'on a de mécaniciens. Ce sont des jobs
très payantes, très, très payantes.
On a
l'expertise, et que ça soit sur la Rive-Sud... je sais qu'il y a des projets
aussi Mauricie, Centre-du-Québec, des projets
bien sûr aussi à Mirabel, mais il y a un potentiel extraordinaire, et il faudrait... le gouvernement
du Québec, là, puis peut-être via Lufthansa Technik, doit convaincre Air Canada
de ramener une partie importante de son entretien lourd au Québec.
Et bon, évidemment, on pourra regarder différents scénarios, est-ce que
c'est sur la Rive-Sud de Montréal, est-ce
que
c'est à Mirabel, est-ce que c'est à Trois-Rivières, mais il y a un potentiel extraordinaire, et l'arrivée de Lufthansa Technik va pouvoir nous aider à trouver une entente. Puis j'en ai déjà
parlé avec le ministre de l'Économie, puis ça fait partie des dossiers chauds
qu'on regarde. Et j'espère, dans la prochaine année, être capable d'avoir des
bonnes nouvelles.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Vachon, s'il
vous plaît.
M. Lafrenière : Il me reste combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, sept minutes, vous avez du temps...
M.
Lafrenière : J'ai le goût de
vous parler d'un deuxième dossier, M.
le premier ministre. J'ai le goût de
vous parler des proches aidants, mais pas de chiffres. Je ne veux pas embarquer
sur les chiffres, je vais embarquer sur des cas concrets, sur des gens.
Je vais vous
parler de M. Hébert, un homme de 70 ans qui se présente souvent
à mon bureau, je vous dirais aux deux
semaines, pour me parler de son fils, son fils qui a subi un traumatisme
craniocérébral. Et sa crainte, pour lui, c'est de mourir avant son garçon. Vous savez, maintenant, il y a une
espérance de vie qui est beaucoup plus longue pour les gens qui vivent des handicaps de ce type-là, et pour
les parents, je pense que leur stress, c'est de quitter avant leurs enfants,
puis ils se demandent qui va s'occuper de leurs enfants par la suite. Les
CHSLD, ce n'est pas un endroit qui est approprié pour héberger des gens de cet âge-là. Alors, ça, c'est un besoin
particulier, puis cet homme-là vient me voir à toutes les semaines, puis
sa crainte, c'est : Qui va s'occuper de mon enfant?
J'ai aussi la mère de Mathieu qui est venue me
voir récemment. Elle est à bout de souffle, elle est au bout du rouleau, puis ce que j'ai trouvé dur, c'est que
lorsqu'elle a constaté le réseau, elle a fait appel au réseau, elle s'est fait
dire : Tu devrais placer ton
enfant, il va avoir beaucoup plus de services et de soins que si tu le gardes.
Pour cette mère de famille là, bien,
c'est déchirant, parce qu'elle, elle l'aime, son enfant, elle veut s'en occuper,
puis dans le fond, ce qu'elle se fait dire, c'est que, si elle le plaçait, la famille qui va l'adopter, qui va s'en
occuper, va recevoir 12 882 $
de plus par année pour s'en occuper, ce qui est incroyable.
Alors, les questions, puis je ne jouerai pas aux
questions en rafale comme ma collègue, mais j'ai quand même quelques questions pour vous. Pendant la campagne
électorale, on a promis des choses pour les proches aidants, proches
aidants des enfants handicapés, et on avait promis de soutenir la construction
de 20 Maisons Gilles-Carle au cours des 10 prochaines
années, dont huit dans les quatre premières. On avait aussi promis de déposer
une première politique nationale québécoise
sur les proches aidants. On avait promis la création de l'observatoire en
proche-aidance. On a promis d'assurer la survie du Fonds de soutien aux
proches aidants. On a promis aussi de bonifier de 22 millions par année le
programme d'aide financière pour les parents
d'enfants lourdement handicapés. Puis on a promis de rétablir un équilibre
entre l'aide versée aux familles naturelles et familles d'accueil. Comme
je vous disais tout à l'heure, c'est presque 12 000 $ de différence.
Alors, ma
question toute simple... parce que pendant la campagne électorale, on avait
promis, comme je vous avais dit, de bonifier de 22 millions le programme
SEHNSE, le programme pour les familles, puis quand on regarde dans le budget, il est écrit que le premier versement
va être en 2020‑2021. Est-ce qu'on va pouvoir répondre à notre engagement,
notre promesse qu'on avait faite, M. le premier ministre?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Oui. Bien, effectivement, durant la campagne électorale, on
a pris deux engagements, puis entre autres, la députée actuelle de Soulanges, qui est la mère d'une enfant
lourdement handicapée, c'est sa raison pourquoi elle s'est impliquée en
politique. Évidemment, la ministre des Aînés aussi, c'est un dossier important
pour elle. Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, c'est un
dossier important. Donc, j'ai beaucoup de pression pour effectivement,
comme on le fait pour les autres promesses électorales, de bien les réaliser le
plus rapidement possible.
Donc,
première chose qu'on s'était engagés à faire, c'est, pour l'année 2019‑2020,
d'ajouter 22 millions. Il y a eu comme
un malentendu qui fait que le 22 millions, parce que le programme n'était
pas prêt, n'a pas été mis dans le budget. Je me suis assuré, avec le
ministre des Finances, là, le 22 millions, puis on parle d'argent
neuf, O.K., qui pourrait venir par exemple
de la réserve qu'on avait prévue dans le budget, il est disponible dès que
le projet est prêt, puis on me dit que le
projet devrait être prêt dans les prochaines semaines. Donc, je m'attends à ce
que le 22 millions, son utilisation soit annoncée dans les
prochaines semaines.
L'autre
engagement qu'on a pris, c'est un engagement sur la durée du mandat. J'avais
été très clair que c'était sur la
durée du mandat. On va le faire le plus rapidement possible, mais l'objectif,
c'est de régler une espèce d'injustice où, effectivement, les parents d'un enfant handicapé qui placent leur enfant
chez une famille d'accueil, bien, la famille d'accueil va recevoir plus
d'argent que si la famille décidait elle-même de s'occuper de son enfant, ce
qui n'a pas de bon sens. Et l'engagement qu'on a pris sur la durée du
mandat, c'est de réduire cet écart-là de façon importante.
Donc,
actuellement, il y a des travaux qui se font. La ministre de la... Bien, en
fait, le trio santé m'en parle, et puis on s'en parle, puis moi aussi, je veux
que ça avance. La députée de Soulanges m'en parle. Donc, quand on va être prêts,
on va l'annoncer, mais c'est certain qu'on
va respecter cette promesse-là pour la durée du mandat, mais j'aimerais ça, le
faire le plus vite possible. Mais ce
n'est pas simple, parce que, selon la lourdeur du handicap, bien, on ne peut
pas donner le même montant. Comment on évalue la lourdeur du handicap?
C'est plus complexe qu'on peut penser.
Donc,
on est en train de travailler sur le programme, mais oui, ces deux promesses-là
vont être respectées, comme les
promesses sur la politique des proches aidants, les Maisons Gilles-Carle. Et
puis vous connaissez la ministre des Aînés, je ne pense pas qu'elle va lâcher
le morceau. Donc, on va respecter toutes nos promesses concernant les proches
aidants.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Vachon, il vous reste deux minutes.
M.
Lafrenière : Oui, merci. Je vous avais dit, je ne parlerais pas de
chiffre, mais je ne peux pas m'empêcher de vous dire que, oui, il y a le programme SEHNSE qui a été mis en place par le
précédent gouvernement en 2016. Lorsqu'on fait une vérification sur les 4 493 membres qui ont été reçus de l'aide
financière, il y a 54 % de ces demandes-là qui ont été refusées, donc les familles ne sont pas
qualifiées. Parce que tantôt vous avez parlé de la façon qu'ils se faisaient
qualifier, leurs enfants doivent être
très, très, très handicapés. S'ils sont juste très handicapés, ils ne reçoivent
pas d'argent. Alors, c'est incroyable
pour les familles, puis on parle d'une aide, c'est 962 $ par mois, mais plus de
la moitié avait été refusée. C'est pour ça que je trouve ça important
que cet engagement-là, on passe au travers.
M. Legault : Ça a été un sujet qui a
été beaucoup discuté dans la dernière année. Le gouvernement a fait une
annonce, mais quand les familles ont commencé à appliquer pour le programme, il
y en a plus que la moitié, donc on ne parle
pas de deux, trois, là, plus que la moitié qui ont été refusées. Donc, je peux
comprendre, comme je le disais tantôt, qu'il
peut ay voir des degrés, des niveaux de lourdeur de handicap, mais là, de dire
que plus de la moitié des dossiers qui ont
été déposés soient refusés, il y a un problème dans la conception du programme.
Donc, on va le revoir complètement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
M. Lafrenière : ...réponse. Merci.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Je me tourne maintenant vers le chef du troisième groupe
d'opposition pour une période d'échange de 10 min 32 s.
M. le député.
• (20 h 30) •
M.
Bérubé : Merci, M. le Président. On va parler de chiffres, et un des
slogans de la Coalition avenir Québec, c'est : Remettre de l'argent dans
les poches des Québécois. Alors, j'ai regardé avec attention les débuts du
gouvernement de la CAQ puis je me
suis dit : Lesquels des employés payés par l'État vont être les premiers à
être récompensés? Bon, je me suis
dit : Les préposés aux bénéficiaires, non; les infirmières, non plus,
elles le méritent, elles aussi; les enseignants, non plus, bon, peut-être
que cet argent-là pourrait aller ailleurs, pas nécessairement en
salaire; les familles des enfants lourdement handicapés non plus.
Et j'ai
découvert que les premières personnes payées par le gouvernement du Québec qui
ont eu une augmentation, c'est les directeurs de cabinet du
gouvernement. Et le salaire annuel moyen des directeurs de cabinet des membres
du gouvernement de la CAQ s'élève à
147 330 $ comparativement à 136 939 $ sous le gouvernement
précédent. Ça, ça veut dire une
augmentation de 7,5 % d'augmentation, tandis que la prévision des
conseillers en ressources humaines agréés, on est allés chercher une
source totalement neutre, c'est 2,7 % habituellement. Alors, il n'y a pas
eu de négociation publique, il n'y a pas eu
de communiqué, ça n'a pas été connu de personne. Alors, les premiers qui ont
reçu de l'argent, là, dans leurs poches,
les premiers qui ont eu de l'argent supplémentaire dans leurs poches, c'est les
directeurs de cabinet, des gens qui ont leur carte de la Coalition
avenir Québec.
Alors, je
demande au premier ministre comment qu'il a décidé ça, lui, que de toutes les
personnes que j'ai évoquées, préposés
aux bénéficiaires, enseignants, infirmières, parents des familles lourdement
handicapées, il dit : Non, les premiers, là, que je vais récompenser,
c'est ceux qui ont fait la campagne, qui se joignent à nous puis qui sont des
caquistes. Comment qu'il explique ça?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Oui. Bon, M. le Président, le chef du PQ a sûrement remarqué
qu'il y a moins de ministres avec le gouvernement
de la CAQ qu'il y en avait dans le gouvernement libéral, première chose.
Deuxième chose, effectivement, quand
on regarde la masse salariale des employés de cabinet, elle est inférieure, la
masse totale, à ce que l'ancien gouvernement avait. Ce qu'on se rend compte, c'est qu'il y a moins de personnes, mais
que les personnes sont mieux payées. Donc, on a préféré en avoir moins, mais axer sur la qualité. Donc, l'important,
c'est la masse salariale totale. Ça, c'est la première chose.
Deuxième
chose, parce que le chef du PQ fait un lien que je n'aime pas du tout entre les
préposés aux bénéficiaires et puis les membres des cabinets, qui
travaillent très fort et qui ont un emploi qui est quand même toujours précaire
en politique. Je veux lui dire qu'il y a une
négociation de convention collective, qui va commencer cet automne, qui devrait
se terminer pour un renouvellement en 2020. C'est le président du Conseil du
trésor qui va coordonner cette négociation, et j'ai demandé qu'on attache une
attention particulière aux préposés aux bénéficiaires. Je pense qu'il y a une
approche actuellement, dans les négociations
de fonction publique, où on donne la même augmentation de salaire à tout le
monde. Je pense qu'il va falloir
tenir compte du fait que c'est de plus en plus difficile de recruter des
préposés aux bénéficiaires. Donc, je trouve un peu malavisé de comparer
la situation des préposés aux bénéficiaires avec la situation de certains
attachés politiques.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député, s'il vous plaît.
M. Bérubé : M.
le Président, c'est son choix. Il aurait pu décider que ce soient les préposés
aux bénéficiaires, il a choisi les directeurs de cabinet. 7,5 %, c'est
beaucoup plus que l'inflation. Là, les Québécois l'apprennent. C'est quand même une augmentation qui est importante.
Statut précaire, c'est un choix qu'on fait, en politique. On ne sait pas
si on gagne, on ne sait pas si on perd. On s'engage en politique, certainement
pas pour des questions financières.
Alors, lui,
il a décidé d'augmenter. Il pourrait en faire plus, en prendre moins puis en
prendre soin, c'est un de ses slogans.
On aurait pu sauver de l'argent avec ça puis on aurait pu l'utiliser ailleurs.
Moi, je trouve que ce qui est malavisé, c'est d'avoir consenti la
première augmentation d'importance à des gens qui sont payés par l'État, à des
directeurs de cabinet, à 7,5 %. Je
trouve ça inacceptable. Puis d'ailleurs ça se vérifie, il a de la difficulté à
le justifier. Ce n'est pas malavisé de
dire que les préposés aux bénéficiaires, des gens qu'on respecte, devraient
avoir... les premiers à avoir une augmentation salariale, en ce qui me concerne. J'ai vécu une situation pendant trois
ans et demi, d'en côtoyer chaque jour, je peux vous le dire. Les infirmières, les enseignants... Mais
ça, on ne l'aurait jamais appris si on n'avait pas fouillé, le gouvernement ne
l'aurait pas dit.
Alors, je dis une chose, ça, c'était malavisé.
Et 7,5 % d'augmentation pour des gens qui ont été choisis sur une base
politique, parce qu'ils ont fait la campagne, ils ont choisi de se joindre au
gouvernement, ce n'est pas acceptable
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, oui.
M. Legault : Oui. M. le Président,
c'est faux de dire qu'il y a une augmentation de 7,5 % puisque ce sont des
nouveaux employés. Donc, ce sont des nouveaux employés qu'on a recrutés à
partir d'une enveloppe qui est moins importante
au total que celle qu'on avait dans le précédent gouvernement. Donc, on n'a pas
augmenté l'enveloppe de 7,5 %, on
a diminué l'enveloppe. Mais on a fait le choix de recruter moins de personnes,
mais des personnes qui ont plus d'expérience, qu'on a... Mais il n'y a
pas eu d'augmentation de 7,5 %, pas du tout...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de...
M. Legault : On compare des pommes
et des bananes...
Le Président (M.
Bachand) : Excusez-moi, M. le premier ministre, excusez-moi.
Vous posez une question. La moindre des choses, c'est de...
Une voix : ...
Le
Président (M. Bachand) :
S'il vous plaît! Attendez et écoutez la réponse, s'il vous plaît. O.K.? M. le
premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Oui. Bien, le chef du Parti québécois a déjà été au
gouvernement, donc il sait très bien comment ça fonctionne. Même pour le
personnel politique, il y a des échelles et puis toutes ces échelles-là sont
respectées.
Maintenant,
si on fait le choix d'avoir moins de personnes, mais que chaque personne soit
mieux payée que ce qu'on avait au
Parti libéral, bien, c'est un choix qui est fait, mais qui est fait à
l'intérieur de l'enveloppe. Même l'enveloppe totale est inférieure. Donc, je ne sais pas où veut aller
le chef du Parti québécois, là, mais de comparer ça... c'est assez difficile...
Une voix : ...
Le Président (M. Bachand) :
Allez-y, M. le premier ministre, vous avez la parole. Vous avez la parole.
M.
Legault : ...je le vois faire des simagrées l'autre côté, puis il en
connaît plusieurs, des personnes, d'ailleurs, qui ont été embauchées.
C'est des personnes qui avaient des emplois très bien payés dans l'entreprise
privée et...
Le Président (M.
Bachand) : Je vais vous donner la parole, M. le député de
Matane-Matapédia...
M. Bérubé : Vous ne me regardez pas
souvent, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Je
vous regarde souvent, faites-vous-en pas. Mais je vous demande d'être
respectueux dans l'écoute des réponses aux questions que vous avez
posées. M. le député, vous avez la parole.
M. Bérubé : Oui, j'en connais, puis
dans certains cas, ça a favorisé des conversions. Je peux vous le confirmer.
Autre question.
Maternelle quatre ans, pour nous, ce n'est ni souhaitable, ni
réalisable, ni faisable. La marge de
manoeuvre du gouvernement du Québec, elle s'en va là. Les maternelles quatre ans à 1 milliard, là, sont rendues à deux, voire à trois. Alors, je vais poser une question
simple au premier ministre, je lui donne une chance. À 500 millions près, ça va coûter combien, les maternelles quatre ans au Québec?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : M. le
Président, je n'en reviens pas de
l'approche du chef du Parti québécois. On parle d'éducation, on parle
de se donner un système où les enfants, d'abord, qui ont des difficultés
d'apprentissage sont dépistés plus tôt, qu'on commence à donner des services
dans des maternelles quatre ans.
Évidemment,
il faut être prudent quand on veut donner un chiffre parce que
ça dépend du pourcentage d'enfants qui choisiront d'aller dans la maternelle
quatre ans. S'il y en a 25 %, il y a un coût; s'il y en a 50 %, il y
a un autre coût; s'il y en a 90 % ou
98 %, comme c'est le cas dans les maternelles cinq ans, bien, il va y avoir
un coût qui est plus élevé. Mais
honnêtement, de construire des classes, d'embaucher des enseignants selon les
échelles actuelles de salaire pour donner des services à des enfants de
quatre ans, moi, là, je suis tellement fier de ça, là. Puis je suis convaincu
que le chef du Parti québécois va, dans quatre ans puis peut-être même avant,
nous remercier d'avoir fait ce choix-là.
C'est
important de donner ce qu'il y a de mieux à nos enfants et donc de fournir des
classes, des belles classes, avec des
enseignants et de donner des services aussi d'orthophoniste, d'orthopédagogue,
d'être capable de donner toutes les chances pour que les enfants
réussissent, et, pour qu'ils réussissent, il faut agir tôt.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. M. le député.
M.
Bérubé : M. le Président, je mets au défi les députés de la CAQ qui
sont devant moi à m'indiquer combien de fois ils ont reçu des appels de
parents qui leur demandaient des maternelles quatre ans. Ils connaissent la
réponse...
Des voix :
...
Le
Président (M. Bachand) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Bérubé :
Là, je vais finir ma question.
Le
Président (M. Bachand) : Allez-y, M. le député de Matane...
M. Bérubé :
Je le sais parce que les députés de la CAQ, dans bien des cas, puis ils se
reconnaîtront, ils viennent me le dire, O.K.
Les députés du caucus, je peux en nommer au moins quatre. Puis si le premier
ministre veut que je lui dise à lui,
je lui dirai. Ils n'en ont pas d'appels pour ça. La demande des parents, c'est
pour les CPE, pour des raisons très simples. Quand le premier ministre,
il dit : il n'y a pas beaucoup d'accès, si vous développez des places,
elles vont être occupées, ces places-là.
Dans ma région, là,
il y a une liste d'attente très, très longue pour des CPE. C'est le premier
choix des parents. Ce n'est pas le seul
choix, mais c'est le premier qu'ils priorisent. S'ils ont accès, ils vont y
aller. Puis le problème avec la maternelle quatre ans, c'est que l'été,
il faut faire quelque chose avec les enfants. Les services de garde, comment ça
fonctionne? Comment on va occuper ça? Puis
qu'il y ait cinq élèves, ou qu'il y en ait 25, ou qu'il n'y en ait pas, il faut
construire quand même les classes, très hasardeux.
Et là j'indique au
premier ministre qu'à la commission scolaire des Phares ils ont reçu une note
du ministère qui leur dit : Marauder les enfants dans les CPE directement
puis ailleurs. Ils ont une consigne, là, très concrète, là, Gaston Rioux, président de la commission scolaire
des Phares. Ça, c'est le ministère de l'Éducation qui dit : Là, là, il
faut absolument des enfants, vous allez trouver ceux qui vont en CPE,
puis vous allez les appeler pour qu'ils viennent à la maternelle quatre ans. Ça
vient de sortir, ce texte-là.
Alors,
moi, ce que je dis depuis le début sur les maternelles quatre ans : Ce
n'est pas souhaité par les parents, ce n'est pas faisable, ce n'est pas
réalisable. Puis le dépistage en bas âge, on peut le faire en CPE. Je ne sais
pas ce que le premier ministre a contre les
CPE. Je ne sais pas qui l'a convaincu, là, quel chercheur l'a convaincu qu'il
fallait aller à tout prix pour les maternelles quatre ans. Je vais
parler pour ma région, il va frapper un mur parce que les parents, là, qui font une manifestation demain dans mon comté, ce qu'ils nous disent : On n'a jamais
demandé ça, les maternelles quatre
ans, puis on ne comprend pas pourquoi qu'il insiste pour mettre tant
d'emphase, tant d'énergie, tant d'argent là-dessus.
Alors,
pour terminer, le coût est important, puis c'étaient les marges de manoeuvre en éducation qui vont y aller. À 500 millions
près, ça va coûter combien?
• (20 h 40) •
Le
Président (M. Bachand) : Vous avez 10 secondes, M. le
premier ministre.
M. Legault : Bien, écoutez, le
député et chef du PQ parle pareil
comme des personnes quand on a implanté les maternelles cinq ans. Ils disaient la même chose, ils ne connaissaient
pas ce que c'était. Actuellement, les parents ne connaissent pas les maternelles
quatre ans. Plus ils vont les connaître, plus ils vont vouloir les avoir.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Je me tourne maintenant
vers les députés formant le gouvernement
pour une période de 15 minutes. M. le député de Saint-Jean, s'il vous
plaît. Merci.
M. Lemieux : Merci
beaucoup, M. le Président. M. le premier ministre, le
député de Vachon
vous parlait de proche aidance. Je vais vous parler de maisons des aînés.
C'est ce qu'on aura. Pour l'instant, on a des CHSLD.
Les derniers
chiffres dont on dispose, M. le
premier ministre, nous amènent à juin
2018. C'est il n'y a pas tellement
longtemps. Il y avait 2 573 personnes au Québec qui
attendaient une place permanente dans un CHSLD. La question
est intéressée parce qu'il y en avait 562 en Montérégie, c'est
plus qu'à Montréal, M. le premier ministre, et il y en a énormément dans
le comté de celui qui vous parle, Saint-Jean.
D'ailleurs,
il y a une problématique dont il va falloir qu'on parle à un moment donné. Il
faut même l'étudier, selon le
président-directeur général du CISSS de la Montérégie-Centre, des
chefs-lieux — je les
appelle comme ça, moi, bon — les chefs-lieux
comme Saint-Jean-sur-Richelieu drainent énormément de personnes âgées qui
viennent prendre leur retraite, et ça amène des futurs clients pour le
service de santé, ça. Et ce n'est pas nécessairement des services de santé qui
étaient équipés, meublés pour recevoir ces
gens-là. Puis on ne parle pas de maisons des aînés, on parle juste des services
de santé. Après, on va parler de
services de CHSLD et de maisons des aînés. D'ailleurs, le même président-directeur
général du CISSS de la Montérégie-Centre me disait : Louis, on va avoir un
très gros problème de CHSLD, ça presse. Ça presse énormément.
Puis là ma question, une première question pour
vous, M. le premier ministre, c'est... Je sais qu'on va livrer, je n'ai jamais été inquiet, là. On va livrer. On va faire ce
qu'on a dit puis on a dit ce qu'on allait faire. Mais, pour les maisons des aînés, là, c'est quand même un nouveau concept,
un nouveau système. On va faire quoi en attendant? On va faire des
bons vieux CHSLD à la bonne vieille méthode?
Le Président
(M. Bachand) : M. le premier ministre,
s'il vous plaît.
M. Legault : Bien, d'abord, je veux remercier le député qui, je le sais, est
très proche de ses citoyens, et il y
a une inquiétude sur le terrain. Évidemment,
on a une population qui vieillit puis on a des CHSLD qui sont vieux,
hein? On me disait, l'âge moyen des CHSLD du Québec, c'est 47 ans, puis il y en a
plusieurs, là, qui ont plus de 75 ans. Donc, il y a un premier problème, là, qui est le
fait de dire... Bon. Puis il y a le quart des CHSLD qui sont évalués comme
vétustes. Ça veut dire qu'on n'a pas un
petit projet devant nous, là, on a un premier grand projet qui est de rénover
des CHSLD puis, en même temps aussi, ajouter des gens. Comme le disait le député,
il y en a 2 500 qui attendent une place, puis là ça va
juste augmenter dans les prochaines années.
Donc, il faut avoir
en parallèle comme deux projets : continuer, peut-être
pendant six mois, un an, à rénover des CHSLD
comme on les connaît, à augmenter le personnel dans les CHSLD, augmenter les places dans les
CHSLD. Mais le projet des maisons des aînés, c'est un projet d'une
génération, là. Ça ne se fera pas dans un ou deux mandats, là. Mais moi, je
trouve que c'est un beau projet de la
prochaine génération. Puis l'idée, c'est de se dire : On va se donner des
maisons des aînés
qui sont belles. Donc, on va développer, dans la prochaine année, des concepts,
puis les prochains, à partir de dans un an, bien là, ça va être selon le
nouveau concept, il est plus petit, puis etc.
Le Président
(M. Bachand) : M. le député de Saint-Jean,
s'il vous plaît.
M. Lemieux : ...permettez, M. le Président. C'est bien
que vous aimiez beaucoup le concept des maisons des aînés parce que
j'ai convaincu la ministre
responsable de venir faire un tour
dans mon comté. Parce que vous avez sûrement entendu parler de la
maison — et là,
ici, je parle d'alzheimer — la Maison Carpe Diem à Trois-Rivières. Il y a un projet chez nous qui s'inspire de ce qui se passe à
Genève et ce qui se passe aussi aux Pays-Bas, où on veut faire une sorte de
maison des aînés pour alzheimer. Et, même
chez nous, les gens qui créent ce projet pilote pour voir ce que ça va donner,
ce que ça peut donner... on est en train
encore d'essayer de figurer comment ça peut s'articuler, mais ça semble vouloir
tenir la route, en tout cas, c'est très prometteur. Ça dégagerait une certaine
partie des besoins vers les CHSLD, et, si vous aimez les maisons des
aînés, vous allez adorer le Faubourg Alzheimer. C'est la même chose mais pour
l'alzheimer.
Mais là où je
veux en venir avec ça, c'est... On va faire quoi avec tous ces vieux CHSLD là?
Et ceux qu'on va être obligés de construire... en tout cas si j'en crois les
besoins qu'on a chez nous puis ce qu'on me dit, là, à part que d'aller à
50, 60 kilomètres d'où ils sont puis de
les envoyer très, très loin, on va avoir besoin de construire. Il y a-tu un
plan mitoyen entre la bonne vieille recette, puis la maison des aînés, puis
entre les deux? Puis on va faire quoi avec le vieux stock, là?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M.
Legault : D'abord, les vieux édifices, là, quand je dis qu'ils ont
46 ans en moyenne, qu'il y en a qui ont 75 ans, je pense que
ça commence à être des appartements qu'il faut regarder pour démolir puis
construire à neuf.
Maintenant,
le concept des maisons des aînés... On a commencé à se donner une certaine
liste, là, de critères qu'on va
bonifier dans les prochains mois, mais de dire : Bon, d'abord on veut que
ce soit un concept architectural qui est unique, là, hein, que ça soit
beau puis que ça soit unique.
Ensuite, un
caractère familial. Vous parlez de la Maison Carpe Diem, quand on va là on a
l'impression qu'on est en train de
souper dans une maison ordinaire, bon. Donc, il faut que ça ait l'air d'un
domicile. Il ne faut pas que ça ait l'air d'un hôpital, hein? Il ne faut pas
qu'on voit, là, trop de blanc puis il faut que les meubles ressemblent à des
meubles dans une école... pas dans
une école, dans une maison. Et ce qu'on veut aussi, c'est d'avoir des unités,
donc des espèces... plusieurs maisonnées,
là, huit à 14 résidents. Donc, ça ne sera pas des blocs énormes comme
parfois on voit dans les CHSLD. Autant que
possible, quand il y a du terrain, que ça soit le plus possible au
rez-de-chaussée, donc qu'on ne soit pas dans des étages, là, évidemment, là, qui sont plus compliquées. On veut
aussi qu'il y ait des aires communes pour des rencontres, on veut que
l'alimentation se fasse sur un mode résidentiel.
Climatisation,
ça, c'est un vrai problème, là. Là, actuellement, ce qu'on va s'assurer, c'est
que, dans les CHSLD, il y ait un lieu
commun climatisé quand il y a des canicules, mais, dans les nouvelles maisons,
des aînés on veut que ça soit tout
climatisé. Donc, ça, c'est une exigence. On veut que l'équipement médical soit
caché, donc qu'on ne se sente pas dans un hôpital. Évidemment, des toilettes
privées, chambres doubles pour les couples. Ça a l'air ridicule, mais il y a
des places où il n'y a pas de chambre
double pour les couples. Pas de postes d'infirmiers, là, dans... ou des longs
corridors, là. Ça, ce n'est pas beau. Lumière naturelle, donc être
capable d'avoir beaucoup de vue sur l'extérieur.
Donc,
être capable d'avoir des petites unités qui ressemblent à des maisons, et puis,
oui, on peut s'inspirer de ce qui existe déjà à certains endroits, mais
il ne faut pas que ça ait l'air des CHSLD actuels.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Mais on va être pris
avec nos CHSLD un bon bout de temps.
M.
Legault : On va effectivement avoir à rénover des CHSLD.
Graduellement, on va les remplacer par les maisons des aînés, mais ça ne serait pas réaliste de
penser qu'en l'espace d'un mandat on est capable de tout remplacer les CHSLD
par des maisons des aînés. Ça va se faire
graduellement, donc par nos successeurs éventuels. Moi, je ne suis pas là pour
plus que trois, quatre mandats, donc ça va peut-être prendre plus que ça.
Donc, il va
falloir éventuellement que ceux qui vont nous suivre, là... une génération,
habituellement, c'est 25 ans, là. Donc,
je le disais d'ailleurs à Hydro-Québec, j'espère que lors du
100ème anniversaire... puis je leur ai annoncé que ça ne sera pas moi qui vais être là pour le... là, on a
fêté le 75ème dimanche, je leur ai dit : Attendez-vous pas à ce que ça
soit moi qui soit là pour le 100ème, mais la personne qui sera là,
j'espère qu'elle pourra dire qu'on a développé des contrats avec nos voisins, qu'on est devenus aussi riches,
le Québec, que l'Ontario puis le reste du Canada, qu'on ne reçoit plus de
péréquation. Tu sais, il faut laisser ça...
On peut faire ensemble deux, trois, quatre mandats, mais pas six, là, tu sais.
On va s'entendre.
M. Lemieux : Est-ce qu'il me reste
une minute, M. le Président?
• (20 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) : Il vous reste cinq minutes, M. le député de
Saint-Jean.
M.
Lemieux : Dans le fond,
surtout que ça achève, là, mais on a beaucoup parlé d'éducation plus tôt, là on est dans la santé... C'est un peu
ça qui est difficile, finalement, c'est la gestion des attentes. On est pressés
pour changer des choses, on a des
bonnes idées, mais c'est la gestion des attentes et comment continuer de faire,
excusez, je sais que c'est classique, là,
mais plus et mieux, là, au quotidien en attendant d'arriver à ce qu'on veut, à
ce qu'on sait qu'on veut faire. C'est un peu ça qui est difficile à
vivre, là.
M.
Legault : Mais je pense que ce qu'il faut donner, actuellement, aux
Québécois, c'est de l'espoir. Tu sais, moi, je veux qu'ils en voient, des
maisons Gilles-Carle, je veux qu'ils en voient, des maisons des aînés, je veux
qu'ils en voient, des nouvelles écoles, je veux qu'ils en voient, des
maternelles quatre ans. Même les péquistes, là, à force de les voir, ils
vont les aimer, les maternelles quatre ans.
Donc, il faut
créer de l'espoir. On ne sera pas capables de tout faire à court terme, mais
créer de l'espoir, que les gens aient des modèles de ce qui fonctionne
bien en santé, ce qui fonctionne bien en éducation, ce qui fonctionne bien pour nos aînés, créer de l'espoir, c'est ça qui
manque au Québec, d'avoir de l'espoir qu'on s'en va dans la bonne direction,
que tout n'est pas corrigé, mais au moins que les choses s'améliorent.
M. Lemieux : Merci, M. le premier
ministre.
Le
Président (M. Bachand) :
Autre question du côté du gouvernement? Il reste quatre minutes. M. le député
de Beauce-Sud, s'il vous plaît.
M. Poulin : O.K. Bien, je... Bien,
allez-y, M. le député.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Sainte-Rose, allez-y.
M. Skeete : J'en avais une que je
voulais poser tantôt sur la santé.
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y, M. le député.
M.
Skeete : En fait... Laissez-moi juste reprendre ma note. Ah oui! En fait,
là, on a parlé de la santé tantôt, je voudrais vous entendre sur le 90 minutes, là, parce qu'il y a beaucoup de
gens qui nous disent : Bien là, regarde, là, c'est rêver en couleurs,
on ne va jamais arriver aux 90 minutes pour le temps d'attente dans les
urgences. Moi, je veux vous entendre sur les
délais, là, pour avoir accès à un médecin, lorsqu'on est malade ponctuellement,
qu'est-ce qu'on va faire, puis je veux vous entendre sur ce délai-là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Bon, le délai de 90 minutes, c'est le moment à
l'urgence où on rentre puis le moment où on a vu un médecin, O.K.? Après, il y a la durée de séjour,
hein? Avant qu'on soit envoyé à l'étage ou renvoyé chez nous, là, on parle
plus d'un objectif de 12 heures. Mais
le 90 minutes, moi, un des modèles, là, qu'il faut suivre, c'est l'Hôpital
juif. Pendant longtemps, l'Hôpital
juif, puis Dieu sait que c'est un hôpital qui est très achalandé à Montréal, respecte
le 90 minutes. Je pense qu'ils sont à 91 minutes. Donc, il y a
possibilité d'atteindre cet objectif.
Mais, pour y arriver, ce qu'on a
besoin, c'est d'avoir une première ligne forte. C'est bizarre, là, de dire...
On est portés, pour améliorer les urgences, à mettre plus d'argent dans les
urgences, mais ce n'est pas vrai. C'est qu'il faut sortir les cas plus mineurs puis les envoyer dans les GMF
pour que les gens ne soient pas obligés d'aller engorger les urgences,
puis qu'à l'urgence ce soient des cas vraiment graves et puis qu'on n'ait pas
des durées d'attente interminables.
Puis
d'ailleurs les gens le disent, hein? Quand on parle du système de santé, les
gens disent : Quand on est vraiment malade, là, ça va bien, quand on est
un petit peu malade, là, c'est là que c'est long, hein, tu sais. Parce que tout
le monde est classé, là, un, deux,
trois, quatre, cinq, et, si tu as un cas qui n'est pas grave, bien, tu peux
être là pour longtemps. Mais tu ne
devrais pas être là, tu ne devrais pas être à l'urgence. Donc, si tu es à
l'urgence, c'est très possible, c'est très faisable... Moi, je pense
qu'on va atteindre notre objectif que tout le monde soit vu en dedans de
90 minutes.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Beauce-Sud, il reste
1 min 50 s.
M.
Poulin : Une minute... Est-ce qu'on peut le reporter à notre prochain
bloc du gouvernement? Parce qu'il nous en reste un pour ce soir.
Le
Président (M. Bachand) : Pas de souci. Pas de souci.
M. Poulin :
On va faire ça. Parfait.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. Alors, je me tourne maintenant
vers l'opposition officielle pour un bloc de 19 min 12 s. M.
le chef de l'opposition officielle, s'il vous plaît. Merci.
M.
Arcand : Bien, merci, M. le Président. On va parler
de Québec, un peu, de la ville de Québec, parce qu'il y a des éléments qui me
préoccupent beaucoup actuellement, parce
que les dossiers... on semble avoir
de la difficulté à avancer. Je vais vous parler évidemment
du tramway. Une trentaine de personnalités d'affaires se mobilisent pour le
tramway. La chambre de commerce presse le gouvernement d'agir. Au tour des jeunes de se mobiliser pour le tramway. Vingt
médecins à la défense du projet de tramway. Une trentaine de
personnalités qui disent que ça n'avance pas du côté du tramway. Et il y a même un article qui dit :
«Oubliez-le, votre tramway. Tout ce qui manque pour l'avancement du projet,
c'est une volonté de succès de la part du gouvernement.»
Bon,
alors, écoutez, on a discuté de beaucoup de dossiers. Pouvez-vous nous
expliquer, premièrement, ce que vous faites personnellement pour régler
le dossier du tramway? À l'exception de dire que c'est la faute du gouvernement
fédéral, qu'est-ce que vous faites
exactement? Puis je vous demanderais, si c'est possible, de me répondre de la
même façon que vous avez répondu à la
cheffe de la seconde opposition, sans que ce soit trop long, parce qu'on a
plusieurs questions.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Legault :
Le gouvernement fédéral a annoncé un programme de 5,2 milliards pour le
transport en commun. Par contre, dans son
projet, il a déjà, le gouvernement fédéral, identifié combien il y avait
d'argent pour chacune des villes au Québec. Donc, sur le
5,2 milliards, ils ont prévu qu'il y avait 3,7 milliards pour
Montréal, 400 millions pour Québec, 300 millions
pour Longueuil, 173 millions pour l'Outaouais, etc. Donc, ce qu'on se rend
compte, c'est que, quand on regarde les populations, il y a un problème.
Mais
là vous avez entendu aujourd'hui la mairesse de Montréal, puis je la comprends.
Elle, elle s'est fait dire par le gouvernement fédéral : Sur le
5,2 milliards, il y en a 3,7 qui vont aller à Montréal puis seulement
400 à Québec. Ça fait que, si nous, on décide qu'on veut en mettre
moins à Montréal puis plus à Québec, bien là, la mairesse de Montréal va
dire : Non, non, non, le fédéral m'a
promis de mettre 3,7 milliards à Montréal, vous allez mettre 3,7 milliards.
Donc, à Québec, le maire de Québec, avec l'ancien premier ministre, se
sont entendus sur un projet de 3 milliards, 60 % financé par le gouvernement du Québec, donc 1,8 milliard. Ce
1,8 milliard, il est dans notre PQI. Donc, la portion du gouvernement du
Québec, on a respecté notre promesse.
Maintenant, le
gouvernement fédéral vient nous dire : Au lieu de mettre
1,2 milliard, on va mettre seulement 400 millions.
On prend où l'autre 800 millions? Ce n'est pas une question de chicane,
là, c'est une question de dire : Vous n'aviez pas d'entente avec le fédéral puis vous vous êtes avancé le nez
en disant : On va pouvoir prendre 1,2 milliard du programme de
5,2 milliards. Vous vous êtes trompés, l'ancien gouvernement, puis là
nous, on est pris avec ça. Puis le gouvernement
fédéral, bien, a annoncé, a dit : J'ai annoncé 500 millions pour
toutes les municipalités. Mais il a appelé... François-Philippe Champagne a appelé le président de la FQM puis de
l'UMQ puis là il a dit : Il y a 500 millions pour les municipalités. Puis après, il a pris le téléphone,
il a appelé Régis Labeaume puis il a dit : Il y a 500 millions pour
Québec. Le même 500 millions, il l'a promis à deux places.
Ensuite...
M.
Arcand :
Donc, c'est la faute du fédéral.
M. Legault :
Bien non.
Le
Président (M. Bachand) : En terminant, M. le premier ministre,
s'il vous plaît.
M.
Legault : Ensuite, on a eu 800 millions... on a eu
1,8 milliard, pardon, pour les technologies vertes. On a des programmes, des demandes des municipalités pour
plus que 1,8 milliard. Là, le fédéral dit : Pigez là-dedans. Bien là,
on va-tu aller dire à des municipalités : Vos projets sont refusés
parce qu'on veut en donner plus que 1,8 milliard pour le tramway de Québec? Dans le fond, là, tout ce
dossier-là a été mal attaché par l'ancien gouvernement libéral, puis là on est
pris avec le problème. Il n'y a pas d'entente avec le fédéral.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le chef de l'opposition officielle, s'il
vous plaît.
M.
Arcand : Premièrement, il n'y
a jamais eu autant d'argent, d'une part, sur la table. Deuxièmement, il me
semble que c'est votre rôle, comme
gouvernement, de prioriser les dossiers. Alors là, évidemment, c'est la faute
de tel ministre, c'est la faute du gouvernement
fédéral, c'est la faute de l'ancien gouvernement. Nous, ce qu'on pense, c'est
qu'il n'y a pas de volonté politique
de votre part d'essayer de régler ça, parce que votre priorité, c'est beaucoup
plus le troisième lien que c'est la question du transport... le tramway
comme tel, le transport en commun à Québec.
Est-ce que
vous souhaitez, en fait, que les villes du Québec, quoi, se chicanent entre
elles pour essayer d'obtenir du financement
pour les projets de transport? C'est vous qui devez prioriser, c'est vous qui
devez dire : Écoutez, l'argent va aller là, etc.
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : Je veux juste être sûr de bien comprendre le chef du Parti
libéral. Donc, le chef du Parti libéral, il est en train de
dire que lui, il prendrait une partie du 3,7 milliards de Montréal
puis il dirait : Moi, j'ai décidé de le donner à Québec. Au lieu de donner 412 millions à Québec, je vais en
donner 1,2 milliard puis je vais en enlever à Montréal. Est-ce que
c'est ça qu'il propose? Qu'est-ce qu'il propose?
Le Président (M.
Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle, s'il vous
plaît, oui.
• (21 heures) •
M.
Arcand : Je suis en
train de dire que c'est vous qui êtes le gouvernement, c'est vous qui devez
essayer de trouver une solution. Et je ne
comprends pas, encore une fois, que ça prenne autant de temps pour régler cette
question-là avec le gouvernement
fédéral. Vous avez demandé de la flexibilité. Est-ce que vous demandez plus d'argent? Vous n'êtes pas content
des sommes qu'il y a eu? C'est quoi, le problème?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M.
Legault : Bien, le problème,
c'est que le gouvernement libéral n'avait pas d'entente avec le gouvernement fédéral. Philippe Couillard a
annoncé, en grande pompe, un projet de 3 milliards, qui serait financé 1,8 milliard
par Québec, 1,2 milliard par le
fédéral, puis il n'y avait pas d'entente avec le fédéral. Donc, je veux bien,
là, prendre la chaleur, mais je veux comprendre aussi ce que le Parti
libéral propose, là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle, oui.
M.
Arcand : Écoutez, il y a une
question de volonté dans ça, hein? On a vu que, dans les mêmes programmes, par
exemple, on a appris, à travers les médias,
que votre gouvernement, par exemple, avait l'intention de prioriser les bornes
de recharge électrique dans le Grand Nord
avant le projet structurant de la ville de Québec. Il me semble que là, déjà,
vous faites un choix qui est pour le
moins surprenant, je devrais dire, et qui a été d'ailleurs souligné par
plusieurs dans ce dossier-là.
C'est donc
une question, à mon avis, de volonté. Il faut... Vous avez eu des rencontres,
je sais que M. Champagne était au
bureau du Conseil exécutif, il y a eu des discussions. Alors, expliquez-nous
fondamentalement... il me semble que moi,
j'ai eu déjà, au Conseil du trésor, des discussions sur certains programmes
fédéraux par le passé. Et, quand on négocie avec toute la bonne volonté possible, je pense qu'il y a moyen de
réaliser quelque chose de ce côté-là, surtout qu'il y a quand même
beaucoup d'argent actuellement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M.
Legault : M. le Président, pourquoi le gouvernement libéral a annoncé
un projet de 3 milliards dont supposément 1,2 milliard viendrait du
fédéral, alors qu'il n'avait pas attaché le financement du gouvernement
fédéral? Moi, je n'en reviens pas,
là. Je trouve ça irresponsable que l'ancien gouvernement libéral du Québec ait
annoncé un projet de 3 milliards, dont 1,2 milliard viendrait du fédéral, mais ils n'ont pas d'entente de
signée pour le 1,2 milliard d'Ottawa, puis Ottawa nous dit :
Nous, on veut juste mettre 400 millions. Il me semble que je serais gêné,
je changerais de sujet, moi.
Le Président (M.
Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle, s'il vous
plaît.
M.
Arcand : Moi, je vous dirais
qu'encore une fois c'est parce que vous ne prenez pas vos responsabilités. Vous
ne prenez pas votre responsabilité, c'est à vous... Vous dites à Ottawa :
Écoutez, nous, il n'y a jamais eu autant d'argent, et nous, on ne veut pas régler cette affaire-là. Puis
je pense que la compréhension de beaucoup de personnes actuellement dans
la ville de Québec, c'est que vous ne voulez pas le régler. Vous ne voulez
vraiment pas régler cette question-là.
Très souvent, les
gouvernements ont fait des ententes par le passé, ce n'était pas tout signé, ce
n'était pas tout entendu, et on l'a réglé au
fil des années. Pourquoi, dans ce dossier-là particulièrement, il semble y
avoir une telle problématique? Et
qu'est-ce que vous faites, vous, pour essayer de régler cette question-là?
Est-ce que c'est parce que vous trouvez qu'il n'y a pas assez d'argent?
C'est ça, le problème?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. M. le Président,
on trouve qu'il n'y a pas assez d'argent d'Ottawa, là. Est-ce que le chef du Parti libéral est en train de nous dire, sur le projet de 3 milliards, qu'on devrait mettre 400 millions d'Ottawa puis 2,6 milliards
du gouvernement
du Québec? Est-ce que c'est ça qu'il
propose? Comment on peut annoncer un projet, qui est financé 60 % par Québec, 40 % par Ottawa,
puis ne pas avoir d'entente avec Ottawa? Je ne sais pas, il me semble que le
chef du Parti libéral, là, a assez d'expérience pour comprendre que son ancien
chef, là, a commis toute une erreur...
M.
Arcand : Je ne suis
pas sûr de ça, moi. Je pense que c'est une très bonne...
M. Legault : ...ou peut-être que
c'est l'ancien ministre des Finances.
Le
Président (M. Bachand) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le chef de l'opposition
officielle, s'il vous plaît.
M.
Arcand : En tout cas, moi, ma
compréhension, M. le Président, c'est que le gouvernement n'a pas de volonté
politique de régler cette affaire-là. C'est
un dossier qui dure depuis déjà plusieurs mois. Il y a eu des négociations,
mais, encore une fois, comme beaucoup
de négociations, dans plusieurs domaines actuellement, il semble y avoir des
accrochages. Alors, c'est un
gouvernement qui se vante de faire des deals, qui se vante d'avoir la capacité
extraordinaire d'amener le Québec
plus loin, mais véritablement, il semble y avoir des difficultés, en tout cas,
à faire des ententes et particulièrement, entre autres, avec le fédéral.
Maintenant,
je vais vous parler de l'autre dossier de Québec, parce qu'on va manquer de
temps, c'est le dossier du troisième lien. Encore une fois, là, il y a un petit
peu de confusion dans ce dossier-là parce que la question... vous avez décidé,
en fait, quand je lis ce qui se passe dans le dossier du troisième lien, vous
avez décidé, d'une part, de faire en sorte de mettre ça rapidement à ce qu'on appelle l'étape de la planification. Alors, le dossier d'opportunité, il est donc
complété et approuvé, si je comprends
bien. J'aimerais donc connaître le montant qui est réservé à l'enveloppe
centrale pour le troisième lien.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui. M. le Président,
il est trop tôt pour avoir l'estimé total du projet. Encore une fois, le chef
du Parti libéral sait très
bien les différentes étapes puis il
sait très bien qu'à l'étape où on est rendus, que pour
l'instant, il n'y a pas eu d'estimé qui... On y travaille actuellement, mais je voudrais bien comprendre. Est-ce que le Parti libéral est pour ou contre le troisième lien?
Le Président (M.
Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Arcand : La question, c'est de savoir... parce que
normalement, quand on est rendus à une étape de planification comme ça, il devrait normalement
y avoir des sommes réservées. C'est la façon de faire.
Alors là, ce que vous nous confirmez, c'est
que... puis, écoutez, j'ai entendu certains députés de la CAQ, particulièrement dans la région de Québec, dire : Écoutez, on va faire ça, puis
ça va être prêt en 2022. Et là on est rendus en 2019, on s'approche de 2020, on
sait jusqu'à quel point ce dossier-là va être complexe. Alors, c'est clair que
vous ne pourrez pas atteindre 2022,
votre échéancier, certainement, dans ce dossier-là. Et vous n'avez pas de montant
d'argent à nous dire et vous êtes rendus à l'étape de la planification.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le premier ministre.
M.
Legault : Oui. M. le Président, le chef du Parti libéral est en train de nous dire que, pour le REM, on a
été capables de commencer les travaux à l'intérieur d'une période de
trois ans, mais on ne sera pas capables pour un pont à Québec.
Écoutez,
encore une fois, là, ça fait six mois qu'on est là. Ça ne fait pas 15 ans,
comme les libéraux, et les dossiers cheminent.
Puis quand on va avoir des estimés, on va les donner, mais pour l'instant, on
n'est pas rendus à cette étape-là. Ça fait juste six mois qu'on est là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle, s'il vous
plaît.
M.
Arcand : C'est parce
que, pour le REM, il y avait des montants qui étaient prévus. C'est ça, la
différence. Là, vous ne mettez pas de montants, vous dites que c'est trop tôt.
Vous dites que ça ne fonctionne pas.
Alors, moi, écoutez...
puis on a de la difficulté à vous suivre. Je vais vous dire, je... Vous avez
participé à l'émission Infoman à la fin de l'année, je crois,
hein? Vous avez participé à l'émission Infoman à la fin de l'année et
vous avez dit que, si
une majorité d'études disaient que ce n'était pas une bonne
idée, le troisième lien, vous étiez prêt à changer d'idée. Vous avez dit
ça à l'émission Infoman.
Alors, vous dites aujourd'hui que vous êtes
certain que vous allez réaliser le projet, j'imagine. Alors, c'est donc que vous avez les études nécessaires, vous avez
toutes les études et que ces études-là sont positives. Alors, est-ce que
vous allez rendre publiques ces
études-là? Est-ce qu'on va pouvoir le savoir? C'est parce que
je ne vous suis pas, je ne sais pas où vous êtes rendu dans ce
dossier-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le premier ministre.
M.
Legault : M. le Président, on est en train d'évaluer les coûts, on est en train de faire les
études. Donc, quand on aura les études complétées, ça me fera plaisir de
partager avec le chef du Parti
libéral. Mais, pour l'instant, ces
études ne sont pas complétées.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le chef de l'opposition officielle, s'il
vous plaît.
M.
Arcand : Mais là vous dites que les études ne sont pas
complétées. Ça veut dire que vous n'êtes pas sûr de le faire?
Le Président (M.
Bachand) : Écoutez, là, je voudrais juste
m'assurer que ça ne soit pas une conversation de cinq secondes à cinq secondes.
Alors donc, je me tourne vers le premier ministre.
M.
Legault : Oui. Bien, on est
en train d'étudier les coûts. Donc, oui, on va faire le projet. Oui, le projet
va être commencé avant 2022, avant la
prochaine élection. Commencé, c'est bien ce qu'on a dit. Maintenant,
pour l'instant, on n'a pas les coûts, on est en train de les évaluer.
Le Président (M.
Bachand) : M. le chef de l'opposition officielle,
s'il vous plaît.
M.
Arcand : Bien, c'est parce que le premier ministre nous dit que le projet, il est en planification, qu'il a franchi les
étapes des études préliminaires, mais vous n'êtes pas en mesure de dire à la
population, un, comment ça va coûter. Et êtes-vous capable de nous dire
quel est le tracé qui a été retenu?
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M. Legault : M. le Président, ça
fait partie actuellement du travail qui est fait, là. Je comprends que le chef
du Parti libéral a hâte d'avoir des
résultats, mais, à un moment donné, je pense qu'on va être plus vites que les
libéraux, mais, à un moment donné, on ne peut pas donner des résultats
qu'on n'a pas encore.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : O.K., s'il vous plaît. S'il vous plaît, M. le chef
de l'opposition officielle.
M.
Arcand : Je pense que l'ancien
ministre des Finances a raison, c'est qu'à partir du moment où vous mettez ça
en planification, vous devriez normalement avoir un ensemble de données. Vous
avez décidé de mettre ça en planification, et vous n'avez pas ça, vous
n'avez pas les données. Alors, vous avez un coût.
• (21 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le premier ministre.
M.
Legault : Bien, je n'ai rien
à rajouter. On est en train d'évaluer les coûts du troisième lien. On vient d'arriver, donnez-nous
une chance de finir les travaux, et puis on va être plus vite que les libéraux.
C'est tout ce que je peux vous dire, là, pour l'instant, là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M.
Arcand : M. le
premier ministre, vous avez dit que
depuis... pendant des années, qu'il fallait plus de transparence. Alors, pourquoi vous ne rendez pas publics les résultats des
études? Pourquoi vous ne rendez pas public le tracé, à tout le
moins? Il n'y a rien de fait, si je comprends bien, puis vous avez décidé de
mettre ça en planification.
Le
Président (M. Bachand) : M. le premier ministre. Et je rappelle qu'il reste 2 min 30s. M. le premier ministre.
M.
Legault : Je me sens comme
dans un roman de Kafka, là. Je ne sais pas, là, il veut avoir les études, puis
les études ne sont pas encore faites. Je ne sais plus quoi répondre, là.
Le Président
(M. Bachand) : Oui, s'il vous plaît.
Une voix : ...
Le Président (M. Bachand) : S'il vous plaît! M. le chef de l'opposition officielle, oui, s'il
vous plaît. Je vous demanderais peut-être de mettre un peu plus de viande, là, s'il
vous plaît, dans votre question.
M. Arcand : C'est ça, ici, les directives qu'il y a.
Quand on a un projet, on décide de le mettre en planification, hein, puis je pense que votre secrétaire général comprend très, très bien ça, là. Quand on décide de mettre ça en planification, c'est parce qu'on est avancé dans le projet. Ça veut dire qu'on
sait où est-ce qu'on s'en va, qu'on a une idée des coûts, on a une
idée des études, on a une idée de tout ça. Vous avez décidé de le mettre comme
si le projet était avancé puis comme si vous aviez tout ça.
Alors,
moi, ma question est bien simple : C'est quoi le coût, etc.?
Mais vous dites : Écoutez, on est encore en étude.
Le
Président (M. Bachand) : O.K. Est-ce
qu'il y a consentement... parce qu'on a ciblé le secrétaire général. Est-ce
qu'il y a un consentement pour que le secrétaire général prenne la parole?
Des voix :
Consentement.
Le
Président (M. Bachand) : Consentement. M. le secrétaire
général, s'il vous plaît.
M. Ouellet
(Yves) : Merci, M. le Président. Bon, vous le savez,
pour certains projets, il y a différentes étapes à respecter. Ici, lorsqu'on passe rapidement à l'étape de la
planification, c'est normal, il n'y a pas eu de dossier d'opportunité parce que l'opportunité est évidente. Donc, on
fait les analyses au niveau de l'évaluation de l'impact du projet, du design,
des aspects techniques. Donc, c'est ce qui est en train d'être fait
présentement.
Le
Président (M. Bachand) : Il reste moins d'une minute, M.
le chef de l'opposition officielle.
M. Arcand :
Ma question, c'est que lorsqu'on décide, il me semble que, quand on décide, en
tout cas, moi, c'était ça dans mon
temps, puis mon temps n'est pas si lointain que ça en passant, c'est que, quand
on décide de mettre un projet en planification, on doit normalement réserver
des sommes. D'où ma question : C'est quoi, les sommes qui ont été
réservées? Puis là vous me répondez :
Bien, il est en planification. On fait de la planification, mais il n'y a pas
de somme parce qu'on ne sait pas. À moins que...
Le
Président (M. Bachand) : En 30 secondes, M. le
premier ministre.
M. Legault :
Oui, en quelques secondes. Écoutez, on a le chef du Parti libéral qui était
dans un gouvernement qui a annoncé un
tramway de 3 milliards dont 1,2 milliard venait du fédéral, puis là
il essaie de nous faire... puis il ne l'avait pas, le 1,2 milliard, puis là il essaie de nous faire la leçon
parce qu'on est en train d'étudier le coût du troisième lien. Moi, je me
garderais une petite gêne, si j'étais à la place du chef du Parti libéral.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Alors donc, je me tourne
maintenant vers les députés formant le gouvernement pour une période
14 min 44 s, M. le député de Beauce-Sud, s'il vous plaît.
M. Poulin :
Merci beaucoup, M. le Président. Une discussion fort intéressante sur le
troisième lien, mais la bonne nouvelle
là-dedans, c'est que, nous, on est au travail dans le dossier du troisième
lien, et je suis convaincu que les citoyens de la région de Québec sont
fort contents. D'ailleurs, ils l'ont prouvé lors de la dernière élection.
Maintenant,
M. le Président, il y a un sujet qui nous préoccupe, mais qui me préoccupe
particulièrement, c'est tout ce qui concerne nos enseignants au Québec. On a un
programme très ambitieux en matière d'éducation. On en a largement discuté au cours des dernières minutes, des
dernières heures. Et, pour atteindre ces résultats-là en matière d'éducation,
ça nous prend les enseignants avec nous. Il faut, bien entendu, en former, il
faut valoriser ce travail-là également d'enseignant.
Il y a, bien entendu,
tout l'enjeu également de former des enseignants en région aussi, de partir nos
cohortes d'enseignants. Moi, je viens d'en
partir une à Saint-Georges, à 28 élèves, mais, à 27, je ne la partais pas.
Ça fait qu'imaginez, ces jeunes-là n'auraient pas pu étudier pour
devenir enseignants, puis on les aurait peut-être perdus. Peut-être qu'ils auraient été à Québec, mais on les aurait perdus,
du moins, dans la région. Alors, il faut démarrer nos cohortes d'enseignants
et il faut également réviser. Je sais que le
ministre de l'Éducation est au travail à ce niveau-là, il faut réviser la façon
dont on démarre nos cohortes dans nos
centres universitaires en région pour s'assurer qu'on puisse avoir des
formations universitaires qui sont au rendez-vous.
Et,
au-delà de ça, je sais que, comme députés, on se donne tous des objectifs. Moi,
il y a un objectif que je me donne à chaque semaine, c'est de parler à un
médecin, non pas pour parler de mon état de santé, mais pour parler de ce qui
se passe dans le réseau de la santé, et je
parle à un enseignant ou une enseignante pour savoir comment ça a été dans la
salle de classe, ils sont où, les besoins, ils sont où, les défis au niveau du
nombre d'élèves, parce qu'il y a encore des classes trop nombreuses au
Québec.
Là-dessus,
il va falloir travailler très fort. Et également, au niveau des ressources, au
niveau des psychoéducateurs, au
niveau des orthopédagogues, il en manque. Les commissions scolaires doivent faire des efforts supplémentaires pour
s'assurer que ça ne soit pas juste des demi-journées dans des écoles. C'est le
cas en région, hein? Moi, à Saint-Ludger, ils
viennent une demi-journée par semaine. Qu'est-ce tu réussis à faire comme
psychoéducateur, comme orthopédagogue, quand
tu vois les besoins qu'il y a actuellement dans les salles de classe, puis on n'est pas
capable d'avoir les professionnels de l'éducation qui soient au rendez-vous?
Alors, à ce niveau-là, il y a énormément
de travail à faire. On a parlé des salaires tout à l'heure, on a pris un
engagement qui est important, qui est celui de rehausser le salaire de nos
enseignants au Québec. Et ça, au-delà du fait qu'on va tenir cet
engagement-là, bien évidemment,
il y a une volonté également de revaloriser ce travail-là, si on veut que des
jeunes Québécois décident
d'aller dans cette profession-là qui est exigeante.
On a vu des
reportages, entre autres, du Journal de Québec, du Journal de
Montréal, il y a plusieurs mois, qui démontraient
une enseignante qui demeurait dans une classe pendant plusieurs semaines, à
quel point que c'était difficile, à
quel point que, bien entendu, il y a
différentes langues qui sont abordées, c'est le cas, entre autres, du côté de
Montréal, que les défis des élèves
sont inégaux. Alors, c'est sûr que, quand on voit des reportages comme ceux-là,
ça n'incite pas des jeunes hommes, des jeunes femmes à se lancer dans le
domaine de l'éducation.
On avait pris aussi
un engagement, et je pense que ce sera très important de le réaliser, c'est
également de resserrer les critères d'entrée
de la formation, notamment à l'égard de la maîtrise du français. On n'a pas
abandonné sur la langue, bien au
contraire. Notre volonté, c'est de s'assurer que le français soit valorisé puis
de poser des gestes extrêmement concrets dès le réseau scolaire.
Lorsqu'on parle bien
français, lorsqu'on a la volonté également que le français soit valorisé dans
la salle de classe, que tout le monde peut
l'utiliser à son maximum et de le faire de la bonne façon, ça prend des gestes
qui sont concrets, plus de classes
spécialisées. Également, un programme de mentorat pour les nouveaux
enseignants, c'est important, moins d'élèves
par classe, on en a parlé et, bien entendu, plus de formation continue. Puis
ça, c'est les enseignants, lorsqu'on leur parle sur le terrain, qui
souhaitent plus de formation.
Mais
je trouve quand même qu'à travers tout ça, à travers ce qu'on a pris comme
engagements, comment on va faire pour s'assurer qu'il y ait plus
d'enseignants... mais, en même temps, on va resserrer les critères au niveau de
l'entrée. Alors, pour plusieurs, ça
peut être paradoxal qu'on réussisse à faire les deux, alors je me questionne
là-dessus. Notre volonté également,
ce n'est pas de sacrifier un ou l'autre, parce qu'on a besoin des deux. Alors,
comment on va réussir à faire ça?
Et on avait pris un
engagement également, je pense, dès la fondation de la Coalition avenir Québec,
vous allez me le confirmer, M. le premier
ministre, concernant un ordre des enseignants et des enseignantes, sur le fait
que la possibilité que ces gens-là puissent se retrouver avec une
certaine protection, un certain parapluie qui permet non seulement de valoriser la profession, mais qui crée également
des barèmes extrêmement importants pour celles et ceux qui décident de
se lancer dans cette profession-là.
Heureusement,
au courant des derniers jours, des dernières semaines, on a eu des bonnes
nouvelles qui confirmaient qu'il y avait plus d'enseignants... bien, en
tout cas, d'étudiants qui s'inscrivaient dans les formations d'enseignants et
d'enseignantes. Mais il ne faut rien prendre pour acquis, parce que la volonté,
c'est que nous, on en a besoin pour la prématernelle
quatre ans, on en a besoin également avec les départs à la retraite qui
continuent. Bien entendu, j'avais de bonnes
nouvelles récemment. J'ai rencontré l'association des retraités de
Beauce-Etchemin, et j'ai pris la liste de ceux qui ont pris leur retraite cette
année, puis ils m'ont dit : On va retourner au travail faire quelques
journées de remplacement, parce qu'ils ont le goût, parce qu'ils ont le goût de
connaître notre nouvelle génération. Mais ils trouvent ça dur, les nouveaux
enseignants, quand ils reviennent, parce que les classes ont changé, les
classes ont évolué. La relation avec les parents aussi est extrêmement différente. On n'est plus enseignant
dans les années 90 comme on est enseignant aujourd'hui, dans les années 2000.
Alors, je veux vous
entendre là-dessus, M. le premier ministre, parce qu'il y a des défis
importants. Il y a des enseignants qui nous
écoutent à la maison aussi, qui se demandent à quoi va ressembler le métier au
courant des prochaines années. Et je pense qu'il y a des gestes
extrêmement concrets que l'on peut poser.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le premier ministre, s'il
vous plaît.
• (21 h 20) •
M. Legault : Bien, merci, puis c'est une bonne idée que le
député de Beauce-Sud a de rencontrer, à chaque semaine, un enseignant puis un
médecin. Beaucoup de députés devraient s'inspirer de cette pratique, aller dans
les écoles aussi. Moi, une des choses
que j'aime faire, c'est d'aller, pendant le lunch, dans le salon des profs,
s'ils sont d'accord évidemment, là, habituellement,
oui, puis juste jaser avec les enseignants. Et c'est incroyable, ce qu'on peut
apprendre, et puis c'est motivant, parce
qu'évidemment, là, si on pense que l'éducation, c'est la priorité nationale,
bien, nos enseignants, ce sont les personnes les plus importantes.
Et comment valoriser
la profession d'enseignant? D'abord, il ne faut pas avoir peur de le dire, il y
a la question salariale. Actuellement, les
enseignants ont beaucoup plus d'échelons avant d'atteindre le maximum que
d'autres professions. Donc, si on
veut que les enseignants soient importants dans notre société, il faut mieux
les payer. Donc, on parlait tantôt des préposés
aux bénéficiaires, mais c'est aussi une situation qui va s'appliquer aux
enseignants. Donc, on va avoir une négociation collective où on n'offrira pas
les mêmes augmentations ou bonifications à tous les groupes d'employés. Je
pense qu'on aurait dû faire ça depuis longtemps.
À
un moment donné, il faut être capable, par exemple en informatique ou du côté
des ingénieurs en transport, quand on
a de la difficulté à recruter, bien, il faut être capable de mieux payer, de
bonifier les conditions de travail. Puis les enseignants, bien, évidemment, là, il faut... si on veut
augmenter les critères, si on veut augmenter les exigences, bien, il va falloir
qu'il y ait plus de gens qui
appliquent dans les facultés d'éducation. J'étais content, moi aussi, de voir
les chiffres, mais, dans la négociation
collective qui va se faire dans la prochaine année, là, qui commence dès cet
automne, le président du Conseil du
trésor est très au courant de l'importance... Entre autres, ce qu'on propose,
c'est finalement d'éliminer les cinq premiers échelons, donc de commencer à au moins plus que 50 000 $ par
année, là, et de s'assurer... parce que c'est souvent dans les cinq premières années que les enseignants se
découragent et puis quittent la profession. Donc, les cinq premières années,
si on les paie mieux... Il ne faut pas négliger l'importance.
Mais ce n'est
pas la seule chose. Bon, évidemment qu'en commençant à s'occuper plus jeunes
des enfants, ça veut dire qu'on va être capable de régler des problèmes
à des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, donc ça va être bénéfique pour tous les
enseignants jusqu'à la fin du secondaire. Le fait qu'on ait corrigé des
problèmes d'apprentissage pour certains enfants, ça va aider. Ensuite,
bien, augmenter le nombre de spécialistes, créer des postes à temps plein d'orthophonistes, d'orthopédagogues, d'être
capable de mieux aider... Je reviens toujours à mon 28 % d'enfants qui ont
des difficultés. Bien, ces enfants-là, si on les aide, c'est plus facile
pour les enseignants.
L'autre chose qu'on a
faite aussi dans le budget, c'est de mettre 100 millions de dollars pour l'ajout
de classes spécialisées. Puis là il y a
comme un équilibre. Il fut un temps, il y a une vingtaine d'années, où on
n'intégrait pas assez les enfants qui
ont des difficultés d'apprentissage dans les classes régulières, puis il y a
des enfants qui se sentaient exclus et des enfants aussi qui n'étaient pas
tirés vers le haut par les premiers de classe. Et ce qu'on a fait dans les
dernières années, c'est un peu aller
à l'autre opposé, mais à l'extrême... c'est-à-dire que là c'était de
l'intégration, presque à tout prix, d'enfants qui ont des difficultés
d'apprentissage dans des classes régulières. Puis honnêtement, bien, ça devient
un problème, parce que quand un
enseignant... bon, puis il y a toute la question aussi des milieux, là, mais
quand un enseignant a, dans sa classe, deux enfants qui ont des
difficultés d'apprentissage, ça se gère. Si l'enseignant en a 10, enfants qui
ont des difficultés d'apprentissage, ça ne se gère plus.
Donc, on va créer...
on a mis 100 millions, puis c'était une demande du ministre de
l'Éducation, le ministre de l'Éducation qui
est un enseignant, donc qui a vécu ce manque d'équilibre là. Ça ne veut pas
dire, là, que tous les enfants qui ont des difficultés, on va tous les
mettre dans des classes spéciales, là. Il ne faut pas non plus revenir à
l'autre extrême. Donc, il faut trouver un
équilibre. Bon, 235 millions pour le soutien professionnel, des bourses
d'excellence pour les étudiants en
enseignement. Il faut valoriser. Donc, on donne des bourses... on va donner des
bourses d'excellence. On a mis 5 millions par année pour un programme de
mentorat. Encore là, quoi de mieux qu'un autre enseignant pour aider un jeune
enseignant? Ça se fait dans certaines
écoles, mais ça ne se fait pas dans la majorité des écoles, et donc on met un
programme de mentorat.
Évidemment
aussi, le nombre d'enseignants. Il faut espérer que des enseignants... soit des
jeunes qui ont lâché dans les cinq premières années ou des relativement jeunes,
là, dans la cinquantaine, soixantaine, qui ont pris leur retraite, mais que, là... On peut-u les convaincre? On a des
mesures, dans notre budget, fiscales, pour que ça soit incitatif à revenir,
à ramener des enseignants qui avaient lâché le réseau, les ramener chez nous.
Donc, c'est ce qu'on veut. Évidemment, quand
on dit que la moitié des écoles sont vétustes, ce n'est pas encourageant, aller
travailler, pour un enseignant, dans une école qui est laide. Donc, si on
embellit nos écoles, on va aussi aider nos enseignants. Donc, c'est une
série de mesures qui...
Puis
il faudrait sensibiliser toute la
population. Un enseignant, là, dans certains pays, je pense entre autres... les
pays scandinaves, il y a neuf étudiants sur 10 qui sont refusés dans les
facultés d'éducation. Pourtant, les salaires sont plus bas que chez nous, mais là-bas, là, c'est bien vu
d'être enseignant. Bien, il faut qu'au Québec ça soit important. C'est une
personne importante, l'enseignant,
l'enseignante. Donc, il y a aussi un changement à faire dans notre société pour
valoriser les enseignants.
Donc,
ce n'est pas nécessairement des mesures qui vont toutes donner des résultats à
court terme, mais augmenter le budget... Tu sais, quand on dit : On
augmente le budget de 5,1 % en éducation... Je regardais, la semaine
passée, en Ontario, ils ont augmenté le budget de l'éducation de 0 %.
Bien, augmenter le budget de l'éducation de 0 % en Ontario, là, je peux-tu vous dire que ça va vouloir dire des
coupures? Ça veut dire, un peu comme les libéraux ici ont fait il y a certaines
années, ils n'ont pas couvert les coûts de
système. Quand on ne couvre pas les coûts de système, là, qui sont 3 %,
3,5 % d'augmentation pour couvrir les coûts de système, puis ça a été
le cas... ils ont joué un peu au yoyo, l'ancien gouvernement libéral. Les
premières années, ils n'ont pas couvert les coûts de système. La dernière
année, année électorale, ils ont plus que couvert les coûts de système.
Mais on a joué comme au yoyo, et ça, il ne faut plus jamais que ça arrive.
On
a pris l'engagement, comme parti, de dire : Même s'il y avait une
récession, là, il n'est pas question de couper en éducation, surtout pas auprès
des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. Vous vous rappelez
peut-être mes échanges durs avec
Philippe Couillard, mais, s'il y a une chose que je n'ai jamais pardonnée à
Philippe Couillard... Quand je lui disais : Pouvez-vous vous
assurer qu'il n'y a aucune coupure des services aux enfants qui ont des
difficultés d'apprentissage?, là, il me parlait de l'importance pour le
ministre des Finances d'équilibrer le budget puis de dégager des marges de manoeuvre. Écoutez, là, on ne dégage
pas des marges de manoeuvre puis on n'équilibre pas des budgets sur le dos des
enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. Ça, là, pas de bon sens que ça
ait été fait. Ça ne sera plus jamais fait.
Donc, ça, c'est important aussi, le message qu'on envoie, de dire : Il ne
faut pas juste que ça soit dans les discours que c'est important,
l'éducation, il faut que ça soit là dans les décisions.
Puis
vous savez, le ministre des Finances, avant que je le convainque d'être
candidat, ses questions étaient toutes autour
de l'éducation. Donc, on a un ministre des Finances qui croit à l'éducation. On
a un ministre des Finances qui ne fera pas comme l'ancien ministre des Finances
puis de couper en éducation, jamais. Jamais, il ne serait pas capable de le
faire.
Le
Président (M. Bachand) : En conclusion.
M.
Legault : Donc, c'est important, en conclusion, de valoriser de toutes
les façons possibles l'éducation, au Québec. Il faut vraiment que ça devienne la priorité nationale. Puis ce sont des
personnes importantes, les enseignants, les enseignantes, dans notre
société.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le premier ministre.
Adoption des crédits
Le temps alloué à l'étude du volet Conseil
exécutif du portefeuille — eh oui, déjà, M. le premier ministre — Conseil exécutif étant presque
écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme 1, intitulé Cabinet du
lieutenant-gouverneur, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté sur division.
Le programme 2, intitulé Services de soutien
auprès du premier ministre et du Conseil exécutif, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Compte tenu
de l'heure, la commission ajourne ses travaux au jeudi 18 avril, après les
affaires courantes, où elle va
entreprendre l'étude du volet Relations avec les Québécois d'expression
anglaise du portefeuille Conseil exécutif des crédits budgétaires. Merci
beaucoup.
(Fin de la séance à 21 h 29)