(Onze heures cinquante minutes)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Merci. Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des institutions ouverte. Je demande bien sûr
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi n° 1, la loi modifiant les règles encadrant la
nomination et la destitution du commissaire à la lutte contre la corruption, du
directeur de la Sûreté du Québec et du directeur des poursuites criminelles et pénales.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Anglade
(Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacée par Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel); M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé
par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve); et M. LeBel (Rimouski) est
remplacé par Mme Richard (Duplessis).
Étude détaillée
(suite)
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Au moment d'ajourner nos travaux, le jeudi
28 mars dernier, les discussions
portaient sur un amendement à l'article 1 proposé par M. le député de LaFontaine.
Interventions? M. le
député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Oui, M.
le Président. Alors, on va tous se
remettre à la même page, parce que ça fait quand
même une petite secousse, des fois, puis il y a des choses qui se passent de
part et d'autre.
Donc, l'amendement... Et j'avais déjà annoncé à
Mme la ministre que, normalement, il nous restait deux amendements sur l'article 1, qui est un article extrêmement
important. Encore une fois, l'article 1, c'est, on pourrait le dire
ainsi, copier-coller également, même chose
pour les articles 6 et 9 du projet de loi n° 6, et, en ce sens-là, le
débat que l'on fait sur
l'article 1 sera tout à fait pertinent. Les avancées que nous aurons
faites sur l'article 1 seront tout à fait pertinentes pour les
discussions que nous aurons également sur l'article 6 et 9.
Donc, l'amendement qui est devant nous vise, M.
le Président, à modifier la façon de fonctionner au niveau de la nomination du commissaire à l'UPAC. En ce
sens-là, il y a trois éléments. Le premier alinéa, on modifie à cette fin
que le premier ministre désigne... Donc, on
veut faire en sorte que le premier ministre communique un dossier sur ou
relativement à trois personnes candidates et
que, donc, il y a appel des offres... appel de candidatures, x nombre de
personnes, plusieurs, sans pouvoir
quantifier le nombre de personnes qui va répondre présent à l'appel de
candidatures, déposent leurs candidatures.
Et là il y a
un comité que l'on veut indépendant... puis j'ai eu l'occasion, durant la
période de questions, de poser une
question à la ministre là-dessus, on veut que le comité soit indépendant. Le
comité de sélection doit être... Et ça, c'est l'esprit de la loi, ça a
toujours été le cas, on veut que le comité soit indépendant.
Et, en ce sens-là, il est important même de
rappeler à l'époque les conversations, les débats qu'avait le ministre Coiteux avec le collègue André Spénard, qui était
collègue de la CAQ, député de Beauce-Nord. Et là, sur cet aspect-là, on
avait pu nous sortir la citation exacte du ministre, où il précisait que
l'indépendance du comité, on ne pouvait pas jouer là-dessus. Il faisait même référence à une application similaire d'un
tel processus préalablement à la nomination qui avait eu lieu. Et là on
avait respecté l'indépendance du comité de sélection.
Donc, le
comité de sélection reçoit toutes les candidatures suite à l'appel de
candidatures et là il les sélectionne. C'est un comité indépendant. On
ne vient pas remettre en question avec le projet de loi la qualité, et
l'indépendance, et l'intelligence, l'apport
de leur expérience que les cinq personnes auront et qui constituent le comité.
Donc, ils sélectionnent, et là on
veut qu'ils remettent un dossier, qu'ils remettent une recommandation sur trois
personnes au premier ministre. Et le premier ministre, recevant ces
trois candidatures-là, via un dossier, qu'il communique et transmette le
dossier aux chefs parlementaires de chaque parti.
Alors, plutôt
que de dire une seule, comme le prévoit le projet de loi n° 6
présentement, une seule candidature devant un comité de quatre députés qui représentent leur parti et que, là, ils
posent leurs questions... C'est supposé être à huis clos puis confidentiel, mais le huis clos puis la
confidentialité, M. le Président, on ne peut pas y croire. On ne peut pas
croire à ça, le huis clos puis la confidentialité. C'est extrêmement difficile
de l'assurer, surtout qu'on peut prendre pour acquis... Prenons-le pour acquis, c'est très clair, 125 députés seront au
courant que le comité des quatre députés a rencontré telle personne et que, si d'aventure, ça n'a pas
fonctionné, ça n'a pas fonctionné, puis là des gens voudront le justifier à
travers les médias.
Alors, la
confidentialité et le huis clos, on a de très, très, très sérieux doutes. Et on
est venus nous dire, entre autres la Sûreté
du Québec est venue nous dire :
Écoutez, nous, ça pourrait même être un frein pour des personnes qui
seraient par ailleurs d'excellentes candidates. Ça
pourrait être un frein car il y aurait là un rejet, il y aurait là... Ils ne
croyaient pas non plus, M. le Président, plus, là, puis je les paraphrase, au
huis clos et à la confidentialité. Donc, les risques sont très élevés que ça se
sache que vous étiez candidat, que vous avez été rejeté par le comité des
députés. Donc, au départ, êtes-vous prêt à assumer ça? Il y en a qui vont dire
oui, il y en a qui vont dire non. Puis donc ceux qui vont dire non vont
dire : Bien, écoutez, moi, je ne présenterai pas ma candidature.
Alors, en ce
contexte-là, ce qu'on propose, c'est que... pas juste une candidature, trois
candidatures par le comité de sélection, donne ça au premier ministre, et le premier
ministre prend ces trois candidatures-là. On ne fait pas, contrairement à ce
que propose la ministre, une empreinte du premier ministre, là, parce que, si
je veux dire : On veut sortir ça d'entre les mains de l'exécutif, on n'a
pas à préserver, en rédigeant le projet de loi n° 6,
l'emprunt de... rédiger ça de façon à protéger l'empreinte du premier ministre.
C'est le terme qu'elle a utilisé. Moi, je pense que ça n'a pas sa place là. Et
donc faire en sorte que le premier ministre prenne les trois candidatures sur
dossier très complet — puis
j'aurai l'occasion de revenir un peu plus tard parce que je veux laisser mes
autres collègues l'occasion de parler — donne ça aux chefs
parlementaires qui, eux, font à l'interne leur consultation.
L'objectif, c'est de
savoir quoi? C'est de savoir : Est-ce que le groupe parlementaire x sera
en accord, votera pour ou contre cette candidature-là; de responsabiliser,
parce que c'est le premier officier, par définition, d'un groupe parlementaire,
le chef parlementaire, en disant : Je te donne ces trois dossiers-là. La
confidentialité, toi, comme chef, tu l'assures avec ton whip, ton leader et les
gens qui t'entourent. Tu as les gens de ton cabinet, ayez votre discussion,
comme on l'a déjà avec toutes les nominations aux deux tiers. Ça passe par les
chefs, puis il n'y a pas de fuite parce que, là, il y a un contrôle qui est
entre les mains des chefs des partis politiques.
Et il est arrivé...
On pourrait se dire : Oui, mais c'est tout le temps à l'unanimité. Non,
non, non. Il est arrivé que des candidatures ont été rejetées à ce niveau de
consultation là, et on a su préserver, parce que c'était hermétique, la
réputation des gens qui ont été rejetés. Et ça, on a des exemples très récents
de gens qui ont été rejetés des nominations de deux tiers, puis je vais
m'arrêter là parce que je ne veux pas faire le contraire de ce que je plaide.
Alors, sur dossier,
trois personnes sont analysées, on remet ça aux chefs. Le deuxième aspect,
c'est de modifier — là,
c'est sémantique — «cette
demande» par «cette communication». Là n'est pas la substantifique moelle de
l'amendement. Et le troisième élément, les chefs parlementaires de chaque parti
autorisé représenté à l'Assemblée nationale transmettent, à ce moment-là, un
rapport ou une communication — ça, on pourrait voir la rédaction — mais
transmettent leur opinion sur chacune des trois candidatures au premier
ministre. Et là le premier ministre, oui, rendu là, le premier ministre pourra
décider : Bien, finalement, il y a consensus plus fort pour cette
candidature-là, je présente cette candidature-là, et là on vote aux deux tiers.
C'est ce que vise
l'amendement, M. le Président. On protège les réputations, on protège la
confidentialité. On s'assure qu'il n'y aura pas de candidatures qui auraient
des craintes que leur réputation, la non-confidentialité ne soit pas assurée et
qu'ils ne présentent pas leur candidature. Et, puis je terminerai
là-dessus, je veux laisser la parole à mes autres collègues qui voudront
sûrement parler, et aussi, M. le Président, sur dossier, je reviendrai,
là, mais on parle d'un C.V. complet, déclaration d'intérêt, habilitation de
sécurité, publication, recension de tout, incluant les réseaux sociaux,
déclaration du candidat qui vise le poste et le formulaire. Donc, réellement un
dossier complet.
Il n'y a pas de
question, qui serait justifiée lors d'une rencontre à huis clos avec un
candidat, qui ne trouverait pas réponse dans le dossier. Une question qui
serait recevable et tout à fait justifiée dans un entretien à huis clos
trouvera nécessairement réponse dans le dossier sur lequel seront jugées les
trois candidatures. Et là où on a cet aspect de sur dossier, M. le Président,
c'est qu'on s'assure qu'il y aura analyse de trois dossiers et non pas — parce
qu'on veut en avoir trois, on veut être capables de choisir — et
non pas trois entrevues, trois entrevues où forcément il y aura un gagnant,
deux perdants, disons-le comme ça.
Alors, je vais
m'arrêter pour l'instant, mais j'aurai l'occasion de revenir sur l'amendement, M.
le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le député. D'autres
interventions? Interventions une fois, interventions deux fois... Je vous
regarde... Oui, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît.
• (12 heures) •
Mme Weil :
On avait eu ces échanges, je pense que c'était jeudi dernier. Essentiellement,
cet aspect de confidentialité, c'est pour ça, le sur dossier, l'importance
d'avoir trois... Je reviens toujours à ça, qui fait écho, puis on aura
l'occasion d'en parler... C'était une demande traditionnelle de la CAQ pendant
des années, qu'il y ait toujours trois candidatures proposées, puis on est vraiment
à... et je l'ai expliqué la semaine dernière, on est vraiment à ce moment bien
important où on a un premier contact dans le processus avec les députés de l'opposition.
Donc, je considère
que c'est important, mais mon collègue amène des éléments importants qui
rendent quand même le processus recommandé... qu'on recommande simple parce que
c'est «sur dossier». Ce n'est pas trois rencontres individuelles, c'est un
dossier avec trois candidatures, et, ensuite, le premier ministre pourra avoir,
donc, l'opinion des collègues et de l'Assemblée, des partis, des chefs des
autres partis à l'Assemblée nationale, qui fait en sorte que le dossier
atterrit très bien lorsqu'il arrive pour le vote des trois tiers.
Je tiens quand même,
suite aux échanges en Chambre, de réitérer que nous sommes pour ce projet de
loi. Nous sommes pour cette modification, cette modernisation de cette façon de
faire. On est partie prenante. Les recommandations ou les modifications, les
amendements qui sont apportés font écho parfois à ce qu'on a entendu, font écho
notamment aussi à ce que la CAQ a plaidé pendant plusieurs années, et,
d'ailleurs, c'est l'actuel leader qui l'a plaidé et souvent avec moi directement.
Donc, il fallait trois candidatures. Alors, on pourra en parler lorsqu'on
arrivera sur cet enjeu-là.
Je tiens aussi à rassurer la ministre qu'on est
bien conscients que les deux autres institutions qu'on va traiter... L'article 1,
c'est l'article névralgique, c'est le coeur du projet de loi, donc, on va
vouloir avancer dans le projet de loi, on n'est pas là
pour bloquer le projet de loi... et que beaucoup des discussions qu'on va avoir
dans cette section-là, qui touche l'UPAC, le directeur de l'UPAC, ça se
ressemble, en quelque sorte, à la sécurité du Québec. Le DPCP, c'est un peu
différent, mais le modèle est semblable.
Donc, les arguments qu'on présente ici, si ça
passe ou ça casse, c'est sûr que ça passe ou ça casse pour les autres aussi. Il
y a peut-être quelques nuances. Donc, je voudrais rassurer la ministre, on
n'est pas dans un exercice de vouloir faire du temps pour faire du temps, mais il
y a des interventions et des propositions qu'on pense valables. La ministre
s'exprimera, si elle les trouve inacceptables ou non recevables, et pourquoi.
Elle pourrait peut-être, dans certains cas, être d'accord avec certains de ces
amendements.
Alors, c'est tout ce que j'avais à dire pour
l'instant, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, Mme la députée. M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, s'il vous plaît.
M. Leduc : M. le Président,
j'aimerais d'abord dire bonjour à tous mes collègues. J'ai fait une petite
pause pour aller à la Commission de l'économie et du travail. On a eu le temps
de traiter une étude détaillée en trois jours, ça a été rapide, mais on a fait
notre travail, on a déposé des amendements. Voilà, c'est terminé. Alors, bien
je suis content d'être de retour ici avec vous.
Tout ça pour dire, et je ne sais pas si c'est
commun quand c'est un parti d'opposition qui dépose un amendement, je peux
poser une question à mon collègue, je ne suis pas obligé de poser une question
à la ministre.
Une voix : Oui.
M. Leduc : D'accord. Je veux vraiment...
Le Président (M.
Bachand) : ...juste, M. le député, la tradition veut qu'on
passe toujours par la présidence. On s'adresse à la présidence, mais il n'y a
aucun souci.
M. Leduc : Bien sûr, bien sûr,
mais pour comprendre le sens de l'amendement qui est déposé.
Le Président (M.
Bachand) : Aucun problème, M. le député.
M. Leduc : Voilà, je continue à
m'adresser à vous, pas de danger. J'essaie de comprendre ce qui est déposé aujourd'hui.
Là, j'en prends connaissance évidemment maintenant, et ce qu'on m'a expliqué,
c'est que pendant mon absence, donc, il y a eu des motions qui ont été déposées
par ma collègue députée de Mercier, notamment l'amendement qui visait, entre
autres, à apporter un rapport public, donc que le rapport des échanges et de la
sélection finale soit rendu public.
Évidemment, là, ça ne contiendrait pas tous les
noms des personnes qui ont été rencontrées ni le détail des rencontres, mais le
fait de bouger vers une transmission d'information la plus ouverte possible,
tout en maintenant la confidentialité, bien sûr, m'apparaît peut-être un peu
contradictoire avec l'idée de ne pas vouloir du tout de rencontres privées, parce
que je comprends... c'est que l'effet principal de ça, c'est de retirer la question
d'avoir une rencontre avec le ou les candidats... en tout cas, le candidat,
dans le cas échéant, selon le projet de loi, serait rencontré, puis si je me
trompe, bien, là, encore une fois, on me corrigera si j'ai mal compris, mais
mes collègues de l'opposition officielle avaient appuyé notre amendement par
rapport au rapport public. Mais là, dans un amendement suivant, on propose de
retirer la rencontre privée pour des motifs qui peuvent être jugés contraires, peut-être,
à celui d'avoir appuyé un rapport public. Donc, j'essaie un peu plus de
comprendre le sens de cet amendement, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Oui, M. le
Président, j'ai la liste ici des amendements rejetés, et je voulais juste voir
avec mon collègue, et je le remercie pour sa question, et avec son
recherchiste... votre collègue de Mercier avait déposé un amendement... un sous-amendement
que le vote aux deux tiers comporte aussi les députés indépendants. Ça a été
rejeté, et un deuxième amendement de la collègue de Mercier, que les
candidatures déclarées aptes par le comité de sélection soient transmises
directement au comité de députés, donc, qu'il n'y ait pas un choix, mais que
toutes les candidatures, indépendamment du nombre, nous, on met «trois», mais,
indépendamment du nombre... Je n'ai pas d'autre indication... quand un
amendement... mais mon collègue a raison, on a parlé, à un certain moment
donné, puis je ne sais pas si la ministre peut éclairer notre lanterne
là-dessus, on a débattu, à un moment donné, sur l'opportunité que le résultat
des délibérations soit public, mais peut-être que la ministre pourra nous aider
à trouver la réponse, M. le Président, pour l'efficacité de nos débats.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? Oui, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, ce que je
comprends, c'est qu'il y a bel et bien eu un amendement qui a été déposé, là,
pendant mon absence par ma collègue de Mercier, qui est un amendement en bloc
sur l'ensemble de l'article 5, qui avait une section, à la fin, qui
disait : «Ce rapport est déposé à l'Assemblée nationale en même temps que
la motion de nomination du premier ministre.» Là, je n'ai pas la date exacte ni
le moment où il a été déposé, là, je ne peux pas vous répondre
dans le détail, mais j'essaie juste de comprendre le sens, ça me semble aller
dans le sens contraire de ce qui a été appuyé par mes collègues précédemment.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît, oui.
M. Tanguay :
...j'aimerais l'entendre là-dessus. Il a raison. L'information, puis je n'ai
pas voulu l'induire en erreur, c'est qu'on m'a donné juste la première ligne de
son amendement. C'est mon erreur. Pouvez-vous le relire pendant qu'on se
retrouve, nous autres?
M. Leduc : Alors, il y avait la
question de faire en sorte qu'il y ait, bien sûr, le comité d'experts au
préalable. Il y avait les rencontres prévues avec les différents députés
délégués par le chef de parti. Et, à la fin, on disait : «Dans le mois
suivant cette demande, les députés transmettent au premier ministre un rapport
conjoint contenant le nom de la personne choisie. Ce rapport est déposé à
l'Assemblée nationale en même temps que la motion de nomination du premier
ministre.» Là, il y a quand même une notion du rapport ici, dans lui-même, je
comprends qu'il n'est pas public, mais, bon, ça peut être logique avec
l'amendement qui est déposé.
Sauf que, là, ce que je ne comprends pas, c'est
pourquoi on retire la rencontre privée avec la personne qui nous est suggérée
par le gouvernement parce que... Mais, en tout cas, de mon expérience, je n'ai
pas été patron souvent, je le suis, normalement, en ce moment, pour la première
fois de ma vie, en réalité, comme député d'Hochelaga-Maisonneuve, mais moi, je
n'ai jamais entendu parler ou, en tout cas, très rarement, d'embauche sur
simple C.V. Donc, je ne vois pas la crainte de rencontrer la personne parce
qu'au final c'est l'Assemblée nationale qui va l'embaucher, en quelque sorte,
on va choisir une personne, puis je vois mal l'embaucher sur simple C.V. Je ne
vois pas les écueils possibles avec une rencontre, en plus, qui serait privée,
entre les différentes personnes. Je ne vois pas l'intérêt de se débarrasser de
cet article-là qui est, à mon avis, un des seuls qui restent intéressants dans
la démarche du gouvernement.
M. Tanguay : M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, M. le député de LaFontaine. Je dois rappeler,
pour votre gouvernance, il vous reste 3 min 35 s. Merci
beaucoup.
M. Tanguay : Merci
beaucoup, je vais les utiliser. M. le Président, j'invite peut-être mon
collègue à déposer un sous-amendement s'il veut, et il a le loisir de le faire,
à ce qu'à la fin «les chefs parlementaires de chaque parti autorisé représenté
à l'Assemblée nationale transmettent au premier ministre un rapport contenant
leur opinion sur les candidatures proposées». Nous, on ne l'a pas mis, mais
s'il croit qu'il peut... qu'il désire que ce soit rendu public, moi, j'aurais
des représentations à faire là-dessus. Mais je l'invite à déposer un
sous-amendement sur ça s'il croit que c'est un principe important.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, ça a déjà été
fait comme amendement dans un autre... la notion a déjà été débattue dans un
autre amendement, je ne trouve pas que c'est nécessaire de le refaire
aujourd'hui.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? Oui.
M. Ouellette : C'est parce
que... je ne le sais pas, mais je regardais le non verbal de la ministre, là,
puis j'ai manqué une petite semaine, ça fait que je demandais si elle n'avait
pas une remarque, mais j'aurai une intervention...
Le Président (M.
Bachand) : Comme j'ai déjà dit, M. le député de Chomedey, la
ministre est libre de répondre ou pas aux questions.
M. Ouellette : Ah!
Le Président (M.
Bachand) : Alors donc, moi, je regarde tout le temps, si
quelqu'un me fait signe, ça va être avec plaisir que je vais donner le droit de
parole. Donc, M. le député de Chomedey.
• (12 h 10) •
M. Ouellette : Bien, c'est sûr
que je vais avoir quelque chose à dire là-dessus, et, je veux dire, je
comprends aussi toute la latitude de la ministre de répondre.
Dans un premier temps, j'ai une semaine à
rattraper, M. le Président. Je désire vous remercier de votre collaboration
parce que je vous ai écrit devant mon impossibilité, la semaine dernière,
d'assister aux convocations de lundi dernier et de mardi matin, convocations
que j'avais qualifiées d'empressement du gouvernement à cette époque-là, et je
réitère, je réitère mon propos, et aussi pour vous demander d'autoriser ma
collègue d'Anjou—Louis-Riel
à déposer un amendement. Parce que, sur l'article 1, on n'est pas encore
rendus là, finalement, on n'en a pas eu besoin, mais j'aurai un amendement à
déposer sur un des alinéas.
Je veux tout
simplement nous rappeler... Parce que j'ai lu, je n'ai pas encore tout relu ce
qui s'est passé la semaine dernière, mais j'ai lu plusieurs choses qui m'ont
fait sourciller, M. le Président. Puis je pense que tous les parlementaires — et
pour avoir occupé pendant de nombreuses années le siège que vous occupez — tous
les parlementaires à la Commission des institutions, M. le Président, on est
ici pour faire la meilleure législation possible. La perception, la perception
qu'on peut en avoir, que ça soit parce que c'est notre premier projet de loi,
que ça soit par manque d'expérience parlementaire, que ça soit pour toutes
sortes de raisons, le travail qu'on fait ici, que chacun des membres de la
commission fait ici, M. le Président, est très important.
Je l'ai mentionné
lors des remarques préliminaires, c'est la première fois que des législateurs,
donc tous et chacun de nous autres, dûment élus par la population du Québec pour
la représenter et faire les meilleures lois possibles, c'est la première fois
qu'on se questionne ensemble sur la notion du deux tiers. Le reste, on fait de
la politique. Qu'on entende que tel parti n'est pas pour le deux tiers, qu'un
autre parti est pour le deux tiers, qu'untel parti s'abstient quand c'est le
deux tiers, c'est de la politique. Mais fondamentalement nous avons, nous, les parlementaires
de la Commission des institutions, nous avons l'obligation de faire la
meilleure loi possible, et pas avec empressement, pas à la sauvette, pas parce
que c'est le projet de loi n° 1 qu'il faut... Comme le député d'Hochelaga-Maisonneuve
l'a mentionné, il y a des projets de loi qui sont en trois jours. Et il y a des
projets de loi, rarement, qui sont des projets de loi qui sont adoptés sans amendement.
Je respecte énormément
notre institution et les légistes qui font nos lois. Mais nos lois sont
perceptibles... sont perfectibles, pas perceptibles, elles sont perfectibles.
Et, dans chacune de nos lois, et pour avoir travaillé sur le projet de loi
n° 1 du précédent gouvernement... On parle de cinq articles. Vous allez me
dire : Cinq articles, les deux doigts dans le nez, on fait ça dans une
journée. Mais finalement le projet de loi n° 1, écrit par nos légistes, a
fini avec 12 amendements. Cinq articles.
Le précédent gouvernement
de 2012, le projet de loi instituant, là, la loi sur les marchés publics, il y
avait une centaine d'articles; 91 amendements. Ça, ça veut dire qu'on a fait du
très bon travail. J'ai travaillé sur la loi constitutive avec le député de
Verchères, la loi constitutive de l'Unité permanente anticorruption. On parle
de 74 articles; 54 amendements. On a presque tout réécrit ce que les
légistes avaient soumis. Je ne mets aucunement en question l'excellence de leur
travail. Mais, quand on me dit que parce qu'ils ont vécu quelque chose, il
faudrait, sur parole, les croire...
Vous avez sûrement
entendu la remarque que c'est nous autres qui met nos visages sur les poteaux
et c'est nous autres, devant la population, qui est imputable. Et je pense
qu'on a tous et chacun ici, dans cette commission, la responsabilité...
M. Lévesque
(Chapleau) : Point d'ordre!
Le
Président (M. Bachand) : Oui, M. le député.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci, je pense qu'on est un peu à l'écart du sujet,
là, actuellement, là. On ne discute pas de l'amendement.
M. Tanguay :
M. le Président...
Des voix :
...
M. Ouellette :
C'est ce genre de... Oui, bien, je vais vous laisser trancher, M. le Président.
M. Tanguay :
Mais, sur l'appel au règlement, M. le Président...
Le Président
(M. Bachand) : M. le député de LaFontaine, oui.
M. Tanguay :
Que la ministre veuille ne pas répondre, c'est son choix, mais on peut-u
laisser un parlementaire qui a 12 ans... puis qui a présidé notre commission,
là, s'exprimer sans le bâillonner, M. le Président? J'espère qu'on est toujours,
au Québec, dans ce style de parlementarisme là...
Des voix :
...
M. Tanguay :
...le respect.
Mme Thériault :
...on est dans la législation...
Le
Président (M. Bachand) : Mais je vais demander quand même au
député de Chomedey, qui connaît extrêmement bien les règles d'une commission,
qui connaît très bien les règlements...
Des voix :
...
Le
Président (M. Bachand) : Je vais le laisser continuer son droit
de parole. On est très contents de le ravoir en commission, d'ailleurs. Mais
vous connaissez les règlements. Donc, si possible, on est sur l'amendement du député
de LaFontaine, et par respect aussi pour l'amendement du député
de LaFontaine, alors, M. le député de Chomedey, s'il vous plaît, s'il vous
plaît.
M. Ouellette : Bien, je pense
que l'amendement... Merci, M. le Président. C'en est un, très bel exemple, ce
qu'on vient juste de voir. Il y a un empressement que je ne m'explique pas. Je
suis d'accord, M. le Président, et j'accepte que Mme la ministre fasse des
remarques quand elle veut bien faire des remarques, mais je pense qu'on a un
travail à faire. Si, effectivement, on veut que ça fonctionne juste d'une façon,
bien, on va tous s'en retourner à nos bureaux, puis vous passerez votre loi,
vous avez la majorité, puis, regarde, il n'y aura pas de problème, puis on se
guidera en conséquence. Mais je ne pense pas qu'en 12 ans j'ai été habitué
comme ça, je ne pense pas. Et je pense que, par expérience de vie, que ça soit
comme parlementaire à 12 ans ou que ça soit dans mes anciennes fonctions
pendant 32 ans, je n'ai jamais fait perdre mon temps à personne et je n'ai
jamais, surtout, fait perdre leur temps à personne.
Ça fait que, M. le Président, je pense qu'il est
très important que les gens qui nous écoutent... Parce que tout ce qu'on se dit
aujourd'hui, hein, les gens vont aller voir, puis les gens peuvent aller voir
la contribution que le député de Chomedey a faite à la loi créant l'Unité
permanente anticorruption et les contributions du député de Chomedey dans tous
les projets de loi. Dans certains projets de loi, je vous dirai même que
certaines institutions ont pu abuser du gouvernement. C'est peut-être un peu
normal qu'on soit... qu'on questionne.
J'aime beaucoup la remarque du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
quand il mentionne qu'on ne peut pas se tromper sur la mécanique, on ne peut
pas se tromper. L'article 1, et je le dis, Mme la ministre, avec beaucoup
de déférence, c'est l'article le plus important. On a travaillé, et j'ai eu à
présider des commissions, entre autres à l'économie et du travail avec ma
collègue d'Anjou—Louis-Riel,
qui était ministre, et son article 1, bien, il y a eu beaucoup de
discussions dans les corridors, il y a beaucoup de discussions avec les
légistes du gouvernement pour faire avancer le projet de loi. On ne le sent
pas. On ne le sent pas, cet échange, et on ne sent pas cette volonté-là, on
sent une volonté d'écraser, d'aller vite, puis à s'empresser...
M. Lévesque (Chapleau) : M. le
Président, je vais devoir rappeler encore une fois à l'ordre...
Une voix : ...le bâillonner.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Chapleau, s'il
vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Je vais devoir rappeler à l'ordre, là. Je pense qu'on s'égare du sujet également
et on prête des intentions, là, ici.
Le Président (M.
Bachand) : Je vais...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Je vais rappeler au député de Chomedey qu'il a la parole, et je lui
laisse. Mais, encore une fois, M. le député de Chomedey, vous connaissez les règlements,
O.K., vous pouvez même... vous pourriez devenir un professeur pour beaucoup de
monde alentour de cette table. Je vous demande de revenir, si possible... pas
si possible, de revenir sur l'amendement qu'on discute présentement. Je vous ai
laissé amplement de temps pour ce qu'on peut appeler un préambule. La
présidence a été quand même généreuse, mais vous connaissez les règles. Mais,
cela dit, M. le député de Chomedey, je vous laisse la parole. On est sur l'amendement
du député de LaFontaine concernant l'article 1. M. le député.
M. Tanguay : J'aimerais
rappeler au règlement le collègue de Chapleau, qui n'arrête pas d'interrompre
mon collègue ici, qui a la parole, sur des prétendus arguments en vertu de l'article 211
et de la pertinence, alors que la jurisprudence, je peux vous la nommer, on dit
que la pertinence, à ce stade-ci d'article par article, est interprétée au
bénéfice du député, décision du 13 février 1986 et décision du
16 avril 1986, la jurisprudence indique qu'elle doit être appliquée, la
règle de la pertinence, d'une façon très large.
Alors, je vous demande de le rappeler à l'ordre,
le décorum, article 32, quand il n'arrête pas de couper la parole d'un
député qui est ici depuis 12 ans puis qui a présidé votre commission, M.
le Président. Je ne suis pas sûr qu'il veut avoir la réputation du bâillonneur
en chef, lui.
Le Président (M.
Bachand) : Écoutez, j'interprète les règlements avec beaucoup,
beaucoup, beaucoup de largesse. Alors, je redonne la parole au député de Chomedey,
mais je vous demanderais une certaine prudence. Je peux comprendre l'impatience,
mais...
Mme Richard : ...
• (12 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) : Question de règlement? Je veux
juste terminer, Mme la députée de Duplessis, avant de vous donner la parole. Je
vous rappelle une certaine prudence. Je pense qu'il y a un respect qui doit se
faire, mais, en même temps, il faut respecter les règles. Alors donc, Mme la
députée de Duplessis, s'il vous plaît, sur l'appel au règlement.
Mme Richard :
Merci, M. le Président. Je n'ai pas l'expérience de mon collègue de ma gauche,
le député de Chomedey. Mais moi, j'ai présidé, moi aussi. J'ai fait de la législation
sur des projets de loi extrêmement controversés. Je pourrais vous dire, le projet
de loi sur les mines, ça a duré quelques années, et, si le gouvernement avait
agi de telle façon que de ce que je constate ce matin, ça n'aurait pas bien
été, là, M. le Président.
Quand on est en commission parlementaire, on
peut invoquer des questions de règlement si on essaie de s'attaquer à un député
ou nos propos sont malveillants. Quand on discute... Puis moi, je vous le dis tout
de suite, d'entrée de jeu, M. le Président, quand ça va être mon temps, quand
je vais décider que je prends la parole, si je prends 20 minutes pour dire
des propos, comment je perçois le projet de loi, je vous le dis d'entrée de
jeu, M. le Président, vous aurez besoin de me trouver un bon règlement qui va
m'empêcher de prendre la parole.
Et, je termine là-dessus, ce que je trouve, ce
matin, de la part du gouvernement... Il y a des commandes qui se passent. Je
vais leur dire en toute sincérité, chers collègues, cessez ce jeu parce que ça
ne va pas bien aller, pour moi particulièrement et, je pense, de ce côté-ci. On
ne peut pas invoquer des questions de règlement à tout moment parce qu'un
député prend la parole. Puis je ne plaide pas pour le député de Chomedey, il
est capable de le faire lui-même, il a plus d'expérience encore que moi. Je
veux juste aviser les collègues autour de la table qu'ils ne le fassent pas
quand la députée de Duplessis va prendre la parole. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, Mme la députée de Duplessis. Avant de
redonner la parole au député de Chomedey, je vous rappelle que c'est la
présidence qui travaille avec vous pour vous donner droit de parole avec
immensément de plaisir. Donc, encore une fois, prudence, s'il vous plaît. Et,
M. le député de Chomedey, vous avez la parole, s'il vous plaît.
M. Ouellette : Je ne peux pas
être en désaccord avec vous, M. le Président. Je pense que j'exprime des préoccupations
qui sont très légitimes de tous les parlementaires, et j'ose penser que ces
préoccupations sont aussi partagées par les collègues du gouvernement parce que
je pense que c'est important. Quand cette loi, pour laquelle on est d'accord,
quand cette loi va être adoptée et que chacun des mots qu'il y aura dans cette
loi pour laquelle nous sommes, alentour de la table, tous imputables... Ça, je
pense qu'il y en a qui ne le comprennent pas. Je pense qu'il y en a qui ne
comprennent pas ou... Je me prête des intentions. Je pense qu'on doit tous
essayer de comprendre la portée des mots qu'on utilise. Je ne voudrais pas,
pour des expériences passées dans mes 50 ans de vie professionnelle, être
imputable de quelque chose qu'on n'aura pas regardé, et qu'on n'aura pas fait
la meilleure législation possible. Parce qu'après nous il n'y a pas personne
d'autre.
Sur l'amendement du député de LaFontaine, on est
à l'article 1, je me questionne, puis je le dis à Mme la ministre, M. le
Président, que je vais me questionner, puis que je vais questionner aussi parce
que ça a toujours été trois personnes. Et là plus on avance, plus on est en
train de stigmatiser, M. le Président, un processus, et le commissaire à
l'UPAC, le directeur de la Sûreté et le DPCP vont payer, et je le mets entre
guillemets, pour les discussions qu'on a et la législation qu'on est en train
de faire. Est-ce qu'on peut juste être respectueux de leurs fonctions et
vraiment essayer de travailler à faire le meilleur projet de loi? Peut-être que
c'est long. Bien, il y a des précédents, les légistes pourront en parler.
Le secrétariat de la commission... M. le
Président, vous avez une secrétaire exceptionnelle à côté de vous qui a
travaillé avec d'autres présidents, et d'autres présidents qui étaient très,
très, très préoccupés par la parole au député, par les statistiques, par les
amendements, les sous-amendements, par le temps en commission, ce qui se
faisait ailleurs, et je pense qu'on doit tous garder à l'esprit qu'on travaille
pour le public, et on travaille surtout pour avoir une multitude de candidats à
chacun des postes.
Il y en a un qu'on n'a pas parlé puis que je
vais vous parler, là — ça
fait une semaine que je ne vous ai pas parlé, je vais vous en parler : le
renouvellement de la directrice du Bureau des enquêtes indépendantes est dû
dans huit mois. Ça va être quoi, le processus? J'ai beaucoup parlé
d'uniformisation puis d'harmonisation, et je vais y revenir, là-dessus. Mais
c'est pour ça que je vous dis que l'article 1, c'est très important.
Puis je n'ai pas juste mentionné des chiffres en
l'air pour les articles 1 de chacun des gouvernements. Faites-le,
l'exercice. Allez voir. 91 amendements sur l'article déposé par le président
du Conseil du trésor en 2012. 12 amendements pour cinq articles en 2014
sous le précédent gouvernement. Il n'y a pas personne qui perd son temps ici,
là. J'aurai d'autres commentaires, mais je vais prendre le temps de décanter un
petit peu, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) : Merci, M. le député de Chomedey. Autres
participants? Mme la députée de Duplessis, vous aviez annoncé que vous vouliez
prendre la parole. Est-ce que vous la prenez à ce moment-ci? Non? Mme la
députée d'Anjou—Louis-Riel,
s'il vous plaît. Merci.
Mme Thériault : Oui.
Merci, M. le Président. Évidemment, M. le Président, j'ai écouté avec beaucoup
d'attention ce que mes collègues ont dit. C'est sûr qu'il faut aller sur
l'amendement. Je n'ai pas de problème avec ça, mais l'amendement parle de la
loi. Puis la loi, c'est nous autres qui la fait, M. le Président.
Vous savez, je pense que les amendements qu'on
dépose ici, ça veut tout simplement dire qu'on veut bonifier le projet de loi.
Et, quand on veut bonifier un projet de loi, c'est parce qu'on est en accord
avec le projet de loi, M. le Président. Vous savez, mon collègue le député de
LaFontaine a posé une question en période de questions aujourd'hui, parce qu'on
n'a pas de réponse à nos questions quand on est en commission parlementaire. Ça
fait que je comprends que peut-être que la ministre, elle ne veut pas répondre.
Et je comprends que peut-être à chaque fois qu'elle répond, elle se met le pied
dans la bouche, là, mais, honnêtement, M. le Président...
Le
Président (M. Bachand) : S'il vous plaît!
Mme Thériault : Oui.
Excusez, je vais faire attention à mes termes.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Merci, Mme la députée.
Une voix : ...
Mme Thériault : C'est
correct. Oui, oui. Je vais essayer vraiment, M. le Président, de modérer mes
termes.
Le Président
(M. Bachand) : S'il vous plaît.
Mme Thériault : Vous
avez raison. Vous avez raison.
Une voix : ...
Le Président
(M. Bachand) : Oui, je laisse la parole à Mme la députée.
Mme Thériault : Mais, M.
le Président, regardez, là, le projet de loi n° 1, il est important. J'ai
eu l'occasion de dire dans le micro, ici, en séance de travail, que le Parti
libéral du Québec est pour le vote aux deux tiers. Je l'ai dit. Je l'ai dit à
plusieurs reprises. Je l'ai dit quelques fois en ligne. Je le dis sur chacune
des interventions. Et, en période de questions, la ministre nous prête des
intentions. Elle dit exactement l'inverse que ce que j'ai dit ici, en
commission parlementaire. Puis moi, je ne perds pas mon temps, M. le Président.
Je ne perds pas mon temps. C'est vrai que je suis payée pour faire de la
législation. Je peux en faire jusqu'à demain matin, les lundis et les
vendredis, puisque c'est ce que la ministre semble vouloir faire. Mais, M. le
Président, elle ne peut pas nous dire qu'on retarde indûment un projet de loi.
Elle ne répond même pas à nos questions.
Ça fait qu'honnêtement, jeudi passé, on avait
une belle chimie. Il y avait des échanges. La ministre était participative. Ce
n'était pas son attaché politique qui prenait des notes. Elle ne nous regarde
pas. Elle ne nous écoute même pas. C'est l'attaché politique qui prend des
notes. Puis je trouve ça épouvantable parce que le travail de législateur,
d'apporter des amendements, comme mon collègue de LaFontaine vient de le faire,
M. le Président, savez-vous ce que ça vise? Ça vise exactement... Ici, là,
c'est de dire, dans le cas de cet amendement-là qui est déposé, c'est de
dire : Pour garantir la confidentialité, pour ne pas mettre personne mal à
l'aise, on va regarder sur dossier les candidats. Quel amendement pertinent au
débat puis à l'étude du projet de loi! M. le Président, c'est pertinent. Quand
la ministre a l'occasion de parler, elle ne parle pas. O.K. C'est correct. Mais
elle peut toujours bien dire : Non, je ne suis pas d'accord avec
l'amendement du collègue. Bien, au moins, elle va avoir dit quelque chose.
Puis regardez, je vais vous donner un exemple.
Le cannabis, M. le Président, O.K.? Le projet de loi... l'étude sur le
cannabis. Savez-vous qu'il y a eu 136 heures d'étude sur le projet de loi
du cannabis? O.K.? Puis je vais vous donner un exemple patent, puis la ministre
va comprendre où est-ce que je m'en vais. 136 heures d'étude sur le
cannabis. Savez-vous que, comme ministre de l'Habitation, j'ai demandé à ma
collègue la ministre des Services sociaux d'apporter un amendement pour
permettre aux propriétaires d'amender les baux pour faire en sorte que ceux qui
ont des clauses non-fumeurs fassent en sorte que les gens ne puissent pas fumer
du cannabis, sauf sous condition médicale, M. le Président? C'est l'esprit de
la loi. C'est le sens des discussions qui ont eu lieu des deux côtés, entre la
ministre des Services sociaux, qui a expliqué pourquoi elle déposait cet
amendement-là, les questions de l'opposition... C'était la députée de
Repentigny qui a même déposé un amendement, M. le Président, parce qu'elle
voulait, elle, que le locataire donne la preuve médicale, son billet médical
comme quoi il pouvait consommer du cannabis. Le gouvernement a dit non parce qu'il
a dit : Au respect de la vie privée des gens, on ne commencera pas à
donner des billets médicaux. Si on commence là-dessus, on n'aura pas fini.
C'est un argument qui était tout à fait logique, M. le Président. On a passé au
vote, puis ça a été rejeté, mais au moins on a inscrit dans la loi, par un
amendement, qu'on devait le protéger.
• (12 h 30) •
Malgré ce que la ministre a dit et la
discussion, savez-vous qu'il y a un régisseur qui a rendu une décision, une
régisseure qui a rendu une décision qui fait une brèche dans la loi? O.K.?
Donc, j'imagine que la propriétaire va porter en appel sa cause. Elle a encore
des jours devant elle. Mais honnêtement, M. le Président, on avait dit, pour
condition médicale, qu'on pouvait aller à la régie. Ça fait que c'est comme... Il
y a eu une nette différence entre l'intention du législateur, et les paroles
qui ont été prononcées lors de l'étude du projet de loi, et l'interprétation
sur la loi.
C'est pour ça qu'on est en commission
parlementaire, pour pouvoir dialoguer, pour pouvoir échanger, voir le point de
vue d'un côté, voir le point de vue de l'autre, le bonifier, le modifier. C'est
à ça que ça sert, une commission parlementaire, M. le Président, pas à d'autres
choses. J'ai eu l'occasion de dire ici : Le projet de loi appartient aux
parlementaires à partir du moment où il est déposé, parlementons. Est-ce qu'on
peut parler? Est-ce qu'on peut échanger sur les idées? Est-ce qu'on peut savoir
où la ministre loge, M. le Président?
Puis mon collègue a bien fait de rappeler que
les légistes, effectivement, ils font un bon travail. J'ai travaillé avec eux.
J'ai travaillé avec eux, M. le Président. Je suis en accord avec les légistes.
Mais il y aura toujours des légistes, des avocats qui vont interpréter chacun à
leur manière ce que leur donne le pouvoir. Mais nous, qui sommes des législateurs
aussi, on a nos manières de voir. Et, des fois, on oublie des choses et on veut
parfaire et rendre meilleur...
Donc, il est évident que
la discussion qu'on avait eue jeudi passé pour permettre à la ministre d'avoir
un rôle à jouer dans la nomination... Elle change le mode de nomination. C'est
un amendement qui est tout à fait valable, M. le Président. Mon collègue,
ici, il dit : Bien, on ne veut pas juste... Tu sais, on va rencontrer une
personne. Bien, pourquoi on ne les regarde pas sur dossier? Effectivement,
pourquoi on ne regarde pas sur dossier? Son amendement est tout à fait logique
et valable. La ministre ne parle pas. Parfait. Mais honnêtement ceux qui nous
écoutent, M. le Président, ils vont penser quoi?
L'intention du gouvernement, on la connaît,
c'est le projet de loi. Mais l'intention du gouvernement, c'est avec nos
amendements aussi. Qu'est-ce qu'elle en pense? Puis ce n'est surtout pas de
dire qu'on est contre le vote aux deux tiers. Écoutez, on n'est pas contre
le vote. On est pour le vote aux deux tiers, pour, puis je suis sûre que mes
collègues comprennent parfaitement ce que je dis, ici, là. On est pour le vote
aux deux tiers. Ça fait que je regarde la ministre puis je lui dis : On
est pour le vote aux deux tiers, Mme la ministre... pardon, M. le Président, parce
que je dois m'adresser à vous, sinon je vais avoir un rappel au règlement.
Mais toujours est-il, M. le Président... Vous
savez, l'expérience du député de Chomedey est tout à fait pertinente parce
qu'il était là lorsqu'on a créé l'UPAC. Il a assisté à l'étude du projet de loi
avec l'ancien député de Verchères, M. Bergeron. Les deux avaient une
expérience pertinente pour la création de l'UPAC. Puis moi, je considère qu'ils
ont fait un super de bon travail. Ça fait que, si le député de Chomedey a des
amendements à proposer puis quand il pose des questions à la ministre, je pense
que c'est pertinent aussi. Puis la députée de Duplessis, elle a le droit, elle
aussi, en tant que critique, pour savoir quand on va voter sur quelque chose,
pourquoi on n'a pas pu faire un amendement ou pas pour qu'on soit en mesure de
comprendre ce qu'on fait.
Bien là, on n'a pas de réponse, puis je trouve
ça vraiment malheureux parce qu'il n'y a pas personne qui est ici, là, juste
pour le plaisir d'être ici. Moi, j'ai fait adopter 13 lois, M. le
Président, 13 lois, dans toutes mes fonctions de ministre. Savez-vous
combien à l'unanimité, M. le Président? 13. 13 lois sur 13 adoptées à l'unanimité.
Je ne demande pas à ce qu'on adopte sa loi à l'unanimité, mais on peut-u
adopter des articles à l'unanimité, M. le Président?
Puis, en plus de ça, je lui dis : On est
pour la nomination aux deux tiers, M. le Président. On est pour. Mais adopter
des lois à l'unanimité, ça veut dire aussi accepter les amendements qui sont
proposés par les autres parlementaires parce que leur but, ce n'est pas de
marquer des petits points puis de faire de la petite politique, là. Ce n'est
pas ça pantoute. Le but, c'est de faire la meilleure loi possible parce que
cette loi-là, elle va rester là, puis parce que, quand il y a une commission
qui est débordée parce qu'il y a plein de projets de loi, ce qui est le cas de
la Commission des institutions, bien, ce que ça fait, c'est que les autres
projets de loi ne peuvent pas passer.
Puis ce n'est pas parce qu'on veut empêcher la
ministre de travailler, M. le Président. Puis je n'ai pas de problème à le dire
ici puis à le dire n'importe où, sur toutes les tribunes, en plus de ça. Mais
ce n'est pas vrai que la ministre va nous obliger, ou les collègues de l'autre
côté, en faisant des questions de règlement, à passer le bulldozer sur un
projet de loi. On n'est pas des pee-wee ici. On a tous une expérience ici, là,
qui est fort pertinente, O.K.? Ça fait que les pee-wee, ce n'est pas ici. Ça
fait que, quand on dépose des amendements... Puis mon collègue de LaFontaine,
en plus de ça, vous savez, c'est un brillant plaideur, hein? Moi, je ne suis
pas avocate. J'ai fait des lois, par exemple. J'ai été ministre. Mais lui,
c'est un brillant plaideur. À chaque fois qu'il dépose un amendement... Est-ce
que vous savez que ses amendements, là, sont appuyés sur des situations vécues,
réelles, des autres lois ou en commission parlementaire? Tout est validé,
vérifié, contre-vérifié, M. le Président. Il n'y a rien de fait à la légère, absolument
rien.
Ça fait que ce n'est pas vrai qu'on va faire
n'importe quoi puis qu'on va avoir l'air d'une bande d'amateurs, M. le
Président. Je le dis tout de suite. Je suis une légiste d'expérience. J'adore
le rôle de législateur. Je n'ai aucun problème à faire du temps en commission
parlementaire. Je vais libérer mon agenda, M. le Président, pour être ici.
C'est correct, mais on va faire les vraies lois puis on va faire les bonnes
lois. C'est tout.
Ça fait que, de dire qu'on est contre le vote
aux deux tiers, ce n'est pas vrai. Si on était contre, là, on ne déposerait pas
des amendements comme ça, M. le Président. Puis je pense que chaque mot... Puis
on a eu l'occasion de le dire, là, le législateur ne parle pas pour ne rien
dire. Un «peut» puis un «doit», ce n'est pas pareil. Puis, si la ministre se
donne des droits, bien, qu'elle se les donne, les droits, mais on va les écrire
dans la loi, par exemple, parce que c'est ça qu'on veut. On veut que ça soit
clair pour tout le monde. Puis je pense que le point que mon collègue a fait la
semaine passée, c'était très clair, dans ce qu'on voulait faire, ce qu'on
pourrait faire, le pouvoir qu'elle a puis le pouvoir qu'elle n'a pas.
Mais, chose certaine, quand on change un mode de
nomination, la loi, là, elle ne superpose pas deux pouvoirs en même temps non
plus. Ça fait que, là, on parle de la nomination. On parle du processus pour
pouvoir procéder à la nomination. Puis ce qu'on dit ici, c'est, plutôt que de
dire : «...celle-ci est rencontrée par des députés lors d'un même
entretien tenu à huis clos. À cette fin, le premier ministre désigne un député
de son parti et demande au chef de chaque autre parti autorisé représenté à
l'Assemblée nationale de faire de même.» Et «parti autorisé à l'Assemblée
nationale», je vous rappelle que ça exclut le député de Chomedey parce qu'il
est indépendant puis il n'est pas d'un parti autorisé. Il pourrait avoir le
débat aussi, là. Mais, à un certain moment donné, je trouve ça particulièrement
spécial que le député qui compte le plus d'expérience en matière policière, de
lois qui touchent la police, soit mis à l'écart complètement, alors que, là, on
a une belle manière de pouvoir le faire participer ici à partir du moment où on
dit qu'on peut regarder sur dossier, M. le Président.
Donc, vous comprendrez que je m'inscris dans le
débat, M. le Président, parce que faire de la législation, j'adore ça. J'adore
ça. C'est le fun, faire de la législation parce qu'on contribue à changer les
lois puis on est ici pour changer le monde, M. le Président. Moi, ça fait
17 ans, presque, que je suis élue à l'Assemblée nationale. Dans deux
semaines, ça va faire 17 ans, M. le Président. Puis je ne suis pas ici pour
perdre mon temps. Jamais, jamais, jamais. Mais, quand je me couche le soir, M.
le Président, savez-vous quoi, je peux me regarder dans le miroir puis
dire : Aujourd'hui, je n'ai pas perdu mon temps
parce que j'ai fait avancer la société, parce que j'ai contribué à changer un
projet de loi qui va faire une différence quelque part.
Puis, quand on parle de transparence, M. le
Président, c'est exactement là où on est avec cette nomination-là. Les nouveaux
modes de nomination, c'est de la transparence. Ça fait que la transparence, je
trouve que ce que mon collègue dit, c'est parfait. On en voit trois. On a
l'impression, avec les propos de la ministre, des fois, quand elle parle,
qu'honnêtement son but ce n'est pas de le faire adopter, le projet de loi n° 1,
M. le Président. Puis c'est malheureux à dire, mais, quand on se parle puis
quand il y a de la discussion, on est capables de faire avancer les projets de
loi, M. le Président. Mais, quand on s'entête à ne pas vouloir nous
écouter puis nous entendre, on ne peut pas faire avancer le projet de loi. Ça
fait qu'on va déposer des amendements pertinents, comme toujours.
Puis je veux juste rappeler à la ministre, là,
puis je vais le faire... le projet de loi n° 156 sur le cannabis, sur
l'article 5, neuf séances d'étude. Neuf séances d'étude sur un article, M.
le Président. Six amendements ont été présentés par la CAQ, sa formation
politique, son leader, à part de ça, je pense, si je ne me trompe pas. Spécial,
hein? 40 heures d'étude. L'article 15, pour les lieux publics, quatre
séances, quatre amendements présentés par la CAQ. Puis ils en ont présenté
trois autres, à part de ça, qu'ils ont transmis en vertu du règlement de
l'Assemblée nationale. 18 heures d'étude juste sur les lieux publics, sur
un projet de loi qui avait fait 30 consultations par ma collègue
l'ex-députée de Soulanges, qui était ministre des Services sociaux. Elle a
consulté tout le monde dans les régions, les municipalités. Elle est partie sur
la route aller voir le monde.
Les seules personnes que la ministre a besoin de
consulter, M. le Président, c'est nous, les parlementaires. Elle ne nous écoute
même pas. Elle ne veut même pas regarder nos amendements. Elle n'ouvre pas la
bouche. Bien, M. le Président, son premier ministre avait raison, hein? Elle
manque un petit peu d'expérience. Mais moi, je lui tends la main. On peut
l'aider, M. le Président. On peut l'aider. Je lui tends la main. Tout ce que je
souhaite, c'est de faire avancer son projet de loi, puis d'ex-ministre de la
Sécurité publique à la ministre de la Sécurité publique. Puis
d'ex-vice-première ministre à la vice-première ministre, M. le Président, n'en
déplaise à la ministre, j'ai une expérience pertinente. Ça me fera plaisir de
la lui transmettre. Je le fais avec mes propres collègues députés puis je le
fais avec des députés de l'autre côté aussi, de la CAQ. Pourquoi? Parce que je
sais que ce n'est pas facile de s'attribuer un rôle, M. le Président. Mais
honnêtement moi, je veux bien travailler, mais encore faut-il qu'on veuille travailler
avec nous, hein? On le dit, il faut être deux pour danser le tango.
Ça fait que, M. le Président, vous avez bien
compris que je suis en accord avec l'amendement de mon collègue et que, pour le
moment, je vais m'arrêter ici, mais je n'hésiterai pas à revenir, M. le
Président.
• (12 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. D'autres interventions? Mme la
députée de Duplessis, s'il vous plaît.
Mme Richard : Merci, M. le
Président. M. le Président, l'article 1, c'est le coeur même du projet de
loi. Vous voyez, depuis ce matin, bon, nous ne sommes pas dans une période
d'échange, de dialogue. Je vous ai dit ce que j'avais à dire par rapport...
Quand moi, j'ai mon droit de parole, je suis très sereine, je suis très calme.
Mais, M. le Président, on ne peut pas évacuer comme ça l'article 1. Moi,
je me souviens qu'il y a eu des nominations, des fois, qui ont été faites où,
des fois, on soumet des candidatures pour tel ou tel poste dans la fonction
publique. Et je me souviens très bien que la Coalition avenir Québec disait toujours :
On a juste une candidature, là, on ne peut pas vérifier les autres. On pourrait
retrouver le moment qui... Je ne pense pas que ce soit pertinent de savoir qui
puis quand, mais ça a été fait, puis, si les gens veulent fouiller, ils le
pourront.
On n'en sortira pas, M. le Président, à moins
d'avoir une réelle collaboration de la part du gouvernement. J'en ai fait, moi
aussi, de la législation. Il y avait des fois, là... l'atmosphère était extrêmement
tendue entre l'opposition officielle, puis je faisais partie de l'opposition
officielle, et certains ministres. Je peux vous le dire. Je peux vous dire
également que parfois on avait des temps d'arrêt. Et savez-vous comment se
réglait souvent le projet de loi? C'était durant les arrêts que nous avions.
Pas que chacun partait de son côté, là, c'est que le ministre disait :
Bon, qu'est-ce que vous voulez? Qu'est-ce qu'on peut faire? On arrêtait, on
prenait... change tel mot, puis ça, je pense que ça va passer. Bon, moi, je ne
reviendrai pas sur tout ce qui a été dit. On ne sent pas d'ouverture du tout.
Vous savez, tout comme moi, je sais que vous
avez une expérience parlementaire. Peut-être pas dans le même parlement, mais
vous en avez une. Et tous les collègues autour de la table, même s'il y en a
qui débutent comme députés, ont quand même eu le temps de faire une ou deux
commissions, là, pour la plupart, puis de faire quelques heures en commission.
Ils savent comment ça se passe. Je ne pense pas que, de ce côté-ci de la table,
les parlementaires... parce que, bon, la ministre refuse quelque amendement...
Le débat va être terminé sur l'article 1, j'en suis convaincue. Ce que je
propose, Mme la ministre... M. le Président, parce que je le sais...
Vous savez, il y a un blogueur, puis il a
d'autres fonctions aussi, à un moment donné, il avait dit : Je pense que
je vais faire une émission pour la porte 6. La porte 6, à l'Assemblée
nationale, vous allez dire : Où est-ce qu'elle va avec ça, hein? La porte 6,
auparavant, il y avait beaucoup de gens qui fumaient, puis même les gens qui ne
fumaient pas, c'était un lieu de discussion où on dit que c'est apolitique. On
parle de tout entre collègues, tous partis confondus, et on se dit : Ce
qui se dit à la porte 6 reste à la porte 6. Il y a moins de monde qui
la fréquente parce qu'il y a de moins en moins de fumeurs, mais c'est quand
même très intéressant, M. le Président, très intéressant.
Et je sais pertinemment qu'il y a des collègues
au gouvernement qui aimeraient que la ministre soit un petit peu plus souple ou
un petit peu plus compréhensive par rapport à certaines choses, surtout sur le
fond, que ce serait vraiment... On le sait, qu'ultimement les gens... bon, on
va tout avoir épuisé notre temps, et puis qu'ultimement ce projet-là, il va
être adopté selon ce que la ministre souhaite et les personnes de son
entourage, que je ne nommerai pas ici, parce que la
ministre a beau avoir un rôle, on sait tous, en tout cas, ceux qui ont de
l'expérience, comment la machine fonctionne.
Moi, je demande à la ministre si elle peut
regarder pour cet après-midi... nous revenons en commission, si elle peut
regarder de quelque façon que ce soit, avec son entourage politique, avec sa
famille politique, avec ses légistes, de quelle façon on pourrait faire en
sorte... Je comprends son... quand elle dit : Bien, ce n'est pas sûr qu'on
ait des candidatures, bon, qui soient exceptionnelles, puis qu'on puisse en
avoir plus que deux ou trois. Je peux comprendre. Mais ça ne donne pas un bon
message, quand même, même si je peux comprendre. Pour une question de
transparence, pour une question que, comme... Vous soumettez une candidature
qui est importante, surtout pour l'UPAC. Puis on a eu de la difficulté. Vous le
savez. En tout cas, si vous ne le savez pas, M. le Président, je vous
l'apprends. On a été les premiers, au Parti québécois, à le demander. Puis ce
n'était pas facile, là, que la nomination soit proposée aux deux tiers à l'Assemblée
nationale... pour le vote aux deux tiers. Si la ministre peut trouver une façon
qu'on puisse arriver à trouver ce qu'on demande...
Puis je vais m'arrêter là, sinon on va continuer
comme ce matin. Puis il y a des commandes qui sont passées d'arrêter les
députés, puis là le temps... On est tous ici, là, M. le Président... Si on est
ici, là, et je m'inclus, c'est tout parce qu'on a des ego assez forts puis on
ne lâche pas le morceau, personne. Ça dépend des intensités de chacun et de
chacune, c'est sûr. C'est ça, la game politique. Mais on a quand même un projet
de loi qui est le projet de loi n° 1 puis qui, pour
moi, est d'une grande importance. Parce que mon collègue de Chomedey, il en a
fait référence, avec mon collègue de Verchères, Stéphane Bergeron. Je n'étais
pas sur cette commission-là, mais j'en entendais parler. C'était quelque chose,
là, ce n'était pas anodin, ce n'était banal. Écoutez, il y avait des
discussions, là, il y avait souvent des off, là. Moi, j'ai fait des
commissions. J'étais plus souvent à off qu'à on. Ça veut dire qu'on réglait plus
de choses dans le corridor qu'on en réglait en commission, là. J'ai vu ça, là.
Et, je vous l'ai dit, j'ai fait deux projets de loi sur les mines, là, ça a
duré des années. C'est nous autres, quand on est arrivés au gouvernement, qui
l'a passé, un gouvernement minoritaire. Puis je participais à plein de
commissions.
Si on ne veut pas continuer comme ça de part et
d'autre, puis qu'il n'y a pas un bon climat d'échange... Parce que j'en ai vu,
là, des fois où on tient à quelque... on tient à un amendement. On y tient
parce que, selon nous... Puis on a validé avec notre monde puis on a vérifié
l'interprétation. On aimerait un petit peu plus bonifier de ce côté-ci. De
l'autre côté, ils ont une position que, des fois, on ne connaît pas puis on ne
sait pas jusqu'où l'ouverture peut aller. Si la ministre ne veut pas ouvrir,
elle nous le dira. Moi, j'espère qu'elle va me le dire, on termine, là, puis
qu'elle va me le dire à 3 heures. Moi, je n'interviendrai plus là-dessus,
je vous le dis, peut-être plus, à moins qu'à un moment donné ça vienne me
chercher, là.
Puis, je veux dire, ils porteront l'odieux parce
qu'ils auront à porter l'odieux d'un projet de loi extrêmement important où il
n'y a pas eu de collaboration, où il n'y a pas eu d'ouverture. Un projet de loi
comme ça, qu'il n'y ait pas d'amendement qui soit accepté, qu'il n'y ait pas de
dialogue... Il faut que le ton change, M. le Président, ici, à la commission.
Je n'ai pas de leçon à donner à personne, là, puis je ne suis pas professeure
non plus, là, hein, de donner les façons de faire pour avoir un bon climat,
parce que, moi aussi, ça m'arrive de m'emporter. Vous l'avez vu tantôt, hein?
On fait des campagnes pour l'intimidation. Moi, il n'y a pas personne qui
m'intimide, même pas dans mon coin de pays où il y a des personnes qui
voudraient le faire de temps en temps. Ça fait que ce n'est pas ici que je vais
le faire, puis je ne veux pas intimider personne, puis je ne veux pas... Ce
n'est pas mon genre. Je souhaite juste qu'on reprenne un climat d'échange.
Puis, si elle ne peut pas, la ministre, qu'elle nous dise : Je ne peux
absolument pas. Moi, je vais terminer. Mais ils auront à porter ce projet de
loi là qui n'aura pas été un projet de loi dans lequel on va avoir collaboré
puis bonifié. C'est tout.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Guilbault :
Oui, merci, M. le Président. Bien, je vais prendre quelques minutes pour
répondre, du moins, à la députée de Duplessis. Et je veux la rassurer sur le
fait que j'interviens assez régulièrement dans la foulée des innombrables
amendements de l'opposition officielle et sous-amendements de l'opposition
officielle. C'est sûr que ce n'est pas toujours les mêmes personnes qui sont
présentes autour de la table, M. le Président, mais, dans l'ensemble, si on
réécoute les enregistrements, j'interviens régulièrement.
Et ça me fait plaisir de réintervenir
aujourd'hui et de l'informer, si jamais elle n'était pas au courant de la
chose, que j'ai annoncé, moi, la semaine dernière, mon intention de déposer un
amendement à l'article 2 du projet de loi. Bien honnêtement, j'ai perdu
espoir qu'on se rende à l'article 2, mais je vais quand même le déposer,
au moment où je pourrai le faire, à l'article 2... qui va réintroduire une
exigence quant à un minimum de candidats éligibles au poste de commissaire à
l'UPAC, parce qu'à l'article 2 du projet de loi on prévoyait supprimer
l'alinéa 4° de l'article 5.1 de la loi sur la corruption, qui faisait en
sorte que, finalement, on n'avait plus de minimum requis pour le nombre de
candidats éligibles au poste de commissaire. Et je vais modifier cet article-là
par un amendement qui va venir préciser qu'on va pouvoir avoir au moins deux
candidats éligibles, donc deux noms à proposer, pour le poste de commissaire à
l'UPAC, parce qu'entre autres choses j'ai entendu les discussions de tout le
monde ici, et, à force d'échanger, dans une journée où on avait un échange
productif, j'ai fini par concéder le fait que, oui, ça pourrait être bien de
préciser explicitement qu'on devait avoir au moins deux personnes.
• (12 h 50) •
Donc, je voulais en informer moi-même la députée
de Duplessis parce qu'encore une fois je ne pense pas avoir l'occasion de
déposer l'amendement puisqu'il touche l'article 2 du projet de loi, et que
nous sommes en stagnation à l'article 1. Ça, c'était la première chose, M.
le Président.
Donc, voilà un exemple où
la collégialité et le gros bon sens ont prévalu et qui nous a permis, du moins,
de manifester l'intention de déposer éventuellement un amendement sur
l'article 2 du projet de loi. Et, vous savez, M. le Président, j'ai, moi — d'ailleurs pas loin ici, là — une série d'amendements qui sont en
préparation, qui sont même pas mal finalisés, qui sont prêts à être
déposés et qui touchent une foule d'éléments du projet de loi, qui, je pense,
pourraient intéresser, du moins, la deuxième
et la troisième opposition, les collègues de l'équipe gouvernementale, bien
sûr, et qui pourraient répondre à certaines préoccupations qu'ils ont
évoquées, entre autres, lors des consultations particulières. Mais, M. le Président, que voulez-vous que je vous
dise de plus que je n'ai pas l'occasion de déposer ces amendements-là
parce que nous en sommes encore à l'article 1.
Et j'ai moi-même... C'est-à-dire, j'ai, entre
autres choses, la semaine passée, évoqué le fait que l'opposition officielle pourrait peut-être évaluer la
possibilité que l'article 1 du projet de loi soit un bon article, soit
adéquat comme il est, et qu'on puisse
procéder vers les articles 2, 3, 4, 5, et ainsi de suite. Et, M. le
Président, j'ai certains échanges privés avec des gens autour de cette table et je peux vous dire qu'avec mes
collègues de l'équipe gouvernementale nous ne sommes pas les seuls à
déplorer l'attitude de l'opposition officielle depuis le début de l'étude
détaillée.
Et, quand j'entends
la députée d'Anjou—Louis-Riel, à
moins que ce soit son collègue de LaFontaine, il dit... et qui
dit : Ceux qui nous écoutent vont penser quoi... Elle pose, comme ça, la
question : Ceux qui nous écoutent vont penser quoi? Bien, M. le Président, les gens qui nous écoutent vont penser que,
pour un projet de loi qui est aussi consensuel que le projet de loi n° 1,
qui est, en soi, une pure concession politique aux partis d'opposition... Parce
qu'il n'apporte rien au gouvernement,
M. le Président, ce projet de loi là. Au contraire, il enlève des pouvoirs au
gouvernement pour les donner aux oppositions.
Bien, malgré le fait que, par nature, le projet de loi n° 1
ne soit qu'une concession politique pure et simple aux partis
d'opposition, le Parti libéral trouve le moyen de continuer de s'opposer aux
nominations aux deux tiers et de continuer de s'opposer à ce projet de loi là.
Ils ont voté contre le principe. Et maintenant ils utilisent d'autres outils parlementaires à leur disposition, et ils ont
parfaitement le droit de le faire, M. le Président, pour éviter qu'on
puisse en venir au fin mot de ce projet de loi là et qu'on puisse
résolument l'adopter.
Donc, à la
question : Que vont penser les gens qui nous écoutent?, je pense
qu'après... Là, on en sera à 22, 23 heures quand on terminera à
13 heures. Je pense qu'après 22, 23 heures de discussion entre des
élus qui sont payés pour faire avancer de la législation, si on demande aux
citoyens, dans un vox pop dans la rue, M. le Président : Pensez-vous qu'on
rentabilise le temps des élus?, je ne peux
pas parler à la place de personne, mais je suis assez certaine que des gens
trouveraient que ça commence à être long pour un article de projet de loi.
Donc, je porte ça à la connaissance ou à la réflexion des collègues de
l'opposition officielle.
Et, pour
terminer, M. le Président, bien, j'assure les collègues des oppositions de mon
très grand intérêt, évidemment, pour mon propre projet de loi, celui de
notre gouvernement. Tous les collègues ici sont fortement intéressés à le faire
cheminer, à le faire progresser, à le
bonifier, notamment avec les amendements que nous souhaitons déposer, si tant
est qu'on parvenait un jour à un autre
article que le 1, qui nous permettrait d'avoir d'autres discussions sur les
amendements qu'on déposerait, sur d'autres
amendements qui pourraient être déposés par les partis d'opposition, et qu'on
puisse enfin évoluer et se rendre
utiles, à toutes fins pratiques, pour les citoyens, parce que le but d'un
projet de loi, je vais le rappeler, c'est
de l'adopter, et surtout qu'il devienne bénéfique pour la population, et, pour
qu'il soit bénéfique pour la population, il faut, à un moment donné,
être capable d'avancer pour pouvoir l'adopter et que la loi entre en vigueur.
Et je vais
terminer, encore une fois, sur un point que j'ai souvent évoqué, M. le
Président, à l'effet que ce que le Parti libéral est en train de faire
par son attitude, c'est tout simplement de nous exposer au risque que le
prochain commissaire de l'UPAC doive être
nommé par le seul gouvernement si on n'en vient pas à une adoption du projet de
loi d'ici le mois de juin, à moins qu'on le fasse très rapidement au début de
l'automne. Mais je rappelle que, le 3 novembre maximum, le nouveau commissaire de l'UPAC doit être nommé. Donc, je
redépose tout ça pour alimenter la réflexion des collègues et je vais
céder la parole à une autre personne autour de la table.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. J'ai quelques interventions.
D'abord, le député de Chomedey, s'il vous plaît.
M. Ouellette : Je suis un peu abasourdi, M. le Président. Je ne
m'attendais pas à une prise de position de cette nature de la part de la
ministre. Je ne m'attendais pas d'entendre que ce projet de loi là, c'était
pour les oppositions, que ça n'apporte rien
au gouvernement. C'est le projet de loi n° 1. Si ça n'apporte rien au gouvernement, bien, retirons-le puis retournons-nous-en chez nous. Je ne
pense pas qu'il n'y ait personne qui ait... On a tous d'autres choses à faire.
On est tous occupés dans plein d'autres choses.
Je pense que ce qui est important, puis je pense
qu'on devrait se poser la question du côté du gouvernement : Qu'est-ce qui bogue à l'article 1?
Pourquoi est-ce
qu'il y a autant d'interventions? Pas
parce que c'est des interventions le lundi puis le vendredi, là. Puis je comprends
qu'on veut démoniser le Parti
libéral, puis tout ça. J'ai bien
compris le jeu. Mais maintenant, étant député indépendant et étant au
courant de toutes les tractations qui se font entre les leaders du gouvernement puis les leaders des autres oppositions, là, la mauvaise foi, là, n'est pas toute à
l'endroit où vous pensez qu'elle peut
être. Je vous dirais qu'il y a beaucoup de choses qu'on veut laisser entendre au public
puis qui ne sont pas tout à fait de même dans la réalité des choses. Je
pense qu'on part tous avec des bonnes intentions. Je pense que l'équipe de la ministre...
Puis on ne sait pas
ce qui est l'intention de la ministre derrière son projet de loi, mais on a
tous les meilleures intentions du monde pour lui donner le meilleur projet de
loi du monde pour qu'elle soit capable de dire que le projet de loi n° 1, c'est un travail consensuel de tous les députés alentour de la table.
Je ne ressens pas ça. On a eu un briefing technique. Les légistes qui sont venus, malgré l'excellence de leur
travail, n'avaient pas de mandat. On a exposé certaines interrogations qu'on avait. Ils ont pris ça, ils sont repartis
avec les interrogations. Ils n'avaient pas de mandat. Ils avaient à venir nous
porter le cahier et prendre en note ce qu'on pouvait avoir pour le ramener.
Puis,
je le dis, on travaille, et je pense que ça prend une ouverture dans le
respect. Je pense aussi qu'on doit être cohérents. On fait des lois. Ce
n'est pas vrai que je vais mettre mon nom sur un projet de loi qui va être
contraire aux 11 autres nominations
qu'on fait, à l'Assemblée nationale, de dirigeants d'organismes. Ce n'est pas vrai.
Je vous le dis, là, je ne peux pas être en accord avec ça. Puis ce n'est
pas vrai que je vais mettre mon nom, M. le Président, sur un projet de loi, là,
si je ne suis pas convaincu qu'on a la meilleure législation possible.
Eh
oui, c'est le processus de la négociation. La ministre nous annonce qu'elle a un amendement, qu'elle veut avoir deux candidats. On n'est peut-être pas d'accord,
mais on va probablement arriver à un compromis. Il y a une majorité gouvernementale. On aura des discussions. On ne perd pas notre temps sur le 1. Je
pense que la première ouverture qu'on doit avoir, M. le Président, dans
notre commission, bien, elle doit venir de la ministre qui est porteuse du projet
de loi. On veut tous l'aider à avoir le
meilleur projet de loi possible pour les citoyens du Québec
qu'on représente. Je veux
dire, ce n'est pas sorcier, ce qu'on dit là, là. On ne fait pas ça pour nous
autres, puis on ne fait pas ça parce qu'on est orgueilleux, puis on ne fait pas ça parce qu'on se pense plus
intelligents que les autres, là. On fait ça pour faire en sorte de donner
le meilleur encadrement au futur directeur de la Sûreté. Moi, quand même que...
le 3 novembre, pour le commissaire à l'UPAC,
là, je vais prendre le temps de bien faire ce que j'ai à faire dans les
meilleures dispositions possible. Puis ce n'est pas vrai qu'on va me pousser dans le dos puis qu'on va me rentrer de
quoi dans la gorge. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas de même qu'on
fonctionne, à moins que vous vouliez changer les règles. Mais ce n'est pas de
même qu'on fonctionne.
Ça fait que je vous
encourage à réfléchir sur l'heure du midi.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. J'ai quelques autres députés qui
m'ont demandé la parole. On va faire ça au retour de travail.
Alors, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 15 h 23)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux.
Lors de la suspension
de ses travaux, ce matin, les discussions portaient sur un amendement de
l'article 1, proposé par le député de LaFontaine. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, s'il vous plaît.
M. Leduc :
...dans la commission sur laquelle j'ai siégé, la semaine dernière, avec
M. Jean Boulet, il avait pris... Moi, je suis nouveau, hein, je ne
sais pas si c'est une coutume, mais il avait pris l'initiative de déposer
l'ensemble de ses amendements pour le bénéfice... qu'on puisse se les
approprier. En tout cas, l'expérience que j'ai eue, la semaine dernière, ça nous a facilité la tâche, et l'esprit
de ralliement fonctionnait en ce sens-là, même que ça nous invitait, nous,
les oppositions, à envoyer aussi d'avance nos amendements à la partie
ministérielle pour pouvoir collaborer. Moi, je suis disposé à le faire, j'en ai
déjà quelques-uns de rédigés, donc c'est une invitation que je lance comme ça.
Le
Président (M. Bachand) : O.K., il y avait la députée de
Notre-Dame-de-Grâce qui m'avait demandé la parole, s'il vous plaît.
Mme Weil :
...même sens. Quand j'ai eu à piloter des dossiers... et c'est vraiment une
coutume, quand les ministres ont des amendements, ils vont les déposer
en avant parce que c'est difficile pour l'opposition d'avoir une vue globale de
la structure de la loi et des différentes dispositions. Et j'ai l'impression
que... bien, l'amendement est crucial, j'ai l'impression,
parce que la ministre semble dire que la discussion devrait débloquer. Donc,
moi, j'encourage la ministre à déposer
ses amendements pour qu'on puisse avoir une vue globale du projet de loi, et ça
pourrait nous éclairer beaucoup.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, Mme la députée.
Interventions? M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay :
Oui, là, je pense qu'on est sur l'amendement. J'aimerais ça savoir ce qu'en
pense la ministre, de cette suggestion-là du collègue de Québec solidaire.
Le Président (M. Bachand) : Interventions? M. le député de LaFontaine a
soulevé un point. Interventions, une fois... M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay :
Oui, M. le Président, la bienséance élémentaire aurait requis que la ministre
réponde à l'offre faite par notre collègue
de Québec solidaire. Elle décide, encore une fois, de ne pas entrer
dans le dialogue, tout en se plaignant, M. le Président, puis ça a été
envoyé ce matin par un tweet de la ministre, là — puis ça, honnêtement,
là... — tweet
à l'effet que le Parti libéral continue de faire de l'obstruction. M. le Président, «it takes two
to tango». Je veux dire, on ne peut pas
faire d'obstruction si... on ne peut pas nous accuser de faire de l'obstruction
si on est tout seuls à parler. En ce sens-là, lorsqu'il
y a des arguments intelligents, on peut nous faire confiance pour reconnaître
l'intelligence et le bien-fondé des arguments.
Alors,
on vient d'avoir là, encore une fois, un exemple où un collègue de bonne foi
demande s'il peut déposer ses amendements,
puis on n'a même daigné lui répondre. Je suis père de famille, moi, M. le Président, comme d'autres ici, autour de la table, pères et mères de
famille. Ce n'est pas de même qu'on élève nos enfants. Même à un enfant, M. le
Président, on dirait : La politesse élémentaire, c'est de répondre lorsqu'on
t'adresse la parole. A fortiori quand on est payés puis délégués par le
peuple pour être les représentants de circonscription, il faut qu'on se parle.
Je le déplore.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, s'il
vous plaît.
Mme Guilbault :
Oui, je vais intervenir. Ça me fait plaisir de répondre quand il y a des
questions vraiment spécifiques qui appellent
des réponses spécifiques. Et donc c'est ça, ça me fait plaisir de répondre au
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve sur les amendements. Je suis en train vraiment de
finaliser les derniers, M. le
Président. J'ai d'ailleurs
encore certaines discussions en parallèle de la commission qui vont aiguiller
la fin de ma réflexion. Mais je vais évaluer l'opportunité de déposer peut-être
ou de présenter du moins ces amendements-là à l'ensemble des collègues.
Mais,
ceci étant dit, M. le Président, j'avise à l'avance l'opposition officielle que ces amendements-là vont toucher l'article 2
et les suivants. Donc, à partir du moment où il nous cantonne dans l'article 1
depuis maintenant 23 heures, je pense
qu'on n'est pas dans l'urgence de déposer la suite des amendements. Je pense
que l'objectif serait peut-être d'en finir avec l'étude de l'article 1
pour passer à l'article 2 et de découvrir, séance tenante, peut-être même aujourd'hui,
M. le Président, si on se rendait à l'article 2,
de découvrir l'amendement de l'article 2, que j'ai déjà annoncé, d'ailleurs. Ce
ne sera pas une grosse nouvelle, c'est celui
qui va réintroduire une exigence minimale de deux candidats éligibles au
poste de commissaire à l'UPAC.
Alors, moi, je suis
toute disponible pour présenter mes amendements les uns après les autres, si
tant est qu'on pouvait avancer dans le projet de loi, et, cette possibilité, on en est privés actuellement, M. le Président, essentiellement par la surutilisation, je dirais, des outils
parlementaires par l'opposition officielle.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de
Duplessis...
M. Tanguay :
...
Le
Président (M. Bachand) : Excusez-moi, M. le député de
LaFontaine. Oui, Mme la députée. Excusez-moi.
Mme Richard : Merci, M. le Président. Si je peux faire une proposition à la ministre,
en vue de dénouer l'impasse dans laquelle nous nous retrouvons, ce
serait, parce que là, on n'y arrivera pas, de suspendre l'article 1 et de
passer à l'article 2. On pourra avancer
parce que, sinon, M. le Président, on va encore passer de nombreuses heures sur
l'article 1 parce qu'il y a des choses
auxquelles on tient. Puis là peut-être qu'en suspendant l'article 1, si la
ministre le veut bien, on pourrait passer à l'article 2, puis...
Le Président (M. Bachand) : Je prends... Je vous écoute parce que je pense
qu'il y a d'autres députés qui veulent intervenir là-dessus. Je vous
reviendrai aussi sur la mécanique. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay :
Non, M. le Président, je n'ai pas d'intervention là-dessus.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Chomedey.
• (15 h 30) •
M. Ouellette : Je trouve que la suggestion de ma collègue de Duplessis est très à
propos, et je pense qu'effectivement, avec le nombre d'heures et le
nombre de commentaires qu'on a eus sur l'article 1, il y a encore une
réflexion, puis j'invite la ministre, M. le
Président, dans sa réflexion, puis je pense que sa réflexion n'est pas finie,
sur des amendements à d'autres articles. Je pense qu'on a tous le désir
de faire avancer le projet de loi.
Je ne pense pas que
la réflexion soit finie sur l'article 1, parce que mon collègue de
LaFontaine a des amendements. J'en ai un
qui, particulièrement, touche le statut des députés indépendants à l'Assemblée,
qui ont les mêmes droits que tout le
monde, qui devraient avoir les mêmes droits que tout le monde, pour toutes
sortes de raisons, parce qu'on est des parlementaires élus. Et je pense
que, dans les circonstances, ça pourrait être de très bon augure qu'on
suspende, s'il y a vraiment une volonté
d'avancer l'article 1, qu'on aille à l'article 2 puis qu'on commence à regarder les
amendements. Puis, au fur et à mesure que
les amendements seront prêts, sûrement que ça va
favoriser un dialogue entre les parlementaires de la commission. Et vous avez, M. le Président, toute la
latitude : avec le consentement de tous les parlementaires, on peut
faire à peu près... «sky is the
limit», là, excusez-moi l'anglicisme. Mais je pense que c'est une très
bonne suggestion de la collègue de Duplessis, et ça permettrait de
régler, à l'intérieur de la Commission des institutions et non pas sur les médias
sociaux, le sort du projet de loi n° 1.
Le
Président (M. Bachand) : D'autres interventions sur ce sujet?
La mécanique, c'est qu'on va devoir d'abord trouver,
si vous êtes d'accord, un consentement pour suspendre l'amendement, l'étude de l'amendement, et après ça un consentement pour suspendre l'article 1.
M. Tanguay :
Oui, M. le Président, on va se prononcer, tout en informant les collègues que,
pour revenir à l'article 1, ça prendra le consentement ou, à défaut, faire
tout le projet de loi et on revient à la fin.
Le
Président (M. Bachand) : Exactement.
M. Tanguay :
C'est les conséquences de ça.
Le
Président (M. Bachand) : Exactement. Oui, M.
le député de Chomedey.
M. Ouellette : Et même, dans un souci de collaboration, M. le Président, parce que la mécanique est très chère au discours de
notre collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, si, d'entrée de jeu, on suspendait l'amendement
du député de LaFontaine, qu'on allait à l'article 2, et qu'il y a une
ouverture manifestée de tous les côtés, je m'engage à faire parvenir à la ministre et à ses légistes, avant discussion, l'amendement que j'aurai à un des alinéas de l'article 1. Et je pense que tous les collègues, de ce
côté-ci, pourraient partager la même vision parce que je pense qu'on a tous le même
but de faire en sorte de faire le meilleur projet de loi dans les meilleures dispositions
pour répondre aux attentes.
Le Président (M. Bachand) : Merci. D'autres interventions? Est-ce que
je comprends qu'il y
a... Oui, madame... Anjou—Louis-Riel,
pardon, oui.
Mme Thériault : M. le Président, je m'inscris dans le débat, évidemment.
Vous savez, je dis à la ministre que nous sommes en faveur de son projet de loi, donc le vote aux deux tiers. J'ai
dit à la ministre, dans plusieurs rencontres également, que nous étions
ici pour faire avancer les choses. Donc, au nom de mes collègues porte-parole
de l'opposition officielle, mais aussi au
nom de tous les collègues, et c'est ce que la ministre devrait aussi
comprendre, M. le Président, présentement, vous avez une opposition qui est à peu près toute sur la même longueur
d'onde, peu importe que ce soit le député indépendant, le Parti
québécois, Québec solidaire ou le Parti libéral, nous sommes tous d'accord au
vote aux deux tiers. Nous avons des
différences dans les amendements qu'on dépose, évidemment, par contre, on est
tous disposés à faire avancer... on est tous disposés à suspendre
l'amendement et suspendre l'article et de pouvoir continuer.
J'aimerais
aussi préciser, M. le Président, que la ministre a dit ce matin qu'elle avait
en main ses amendements. Donc, vous
savez que, de consentement, on peut tout faire. Moi, je pense que, si on
suspend, et que la ministre pourrait très bien déposer de manière — puis je vais le dire comme ça, M. le Président — informelle, même, ses amendements aux
collègues députés pour qu'on puisse prendre
connaissance des amendements, qu'on puisse en discuter, puis, après ça, les
déposera officiellement, au fur et à mesure,
bien, on pourra au moins lui annoncer, oui, ah!, ça, on est d'accord avec ça,
hum!, ça, on a une petite réticence,
ça se pourrait qu'on vous apporte un amendement, etc. C'est usuel de le faire.
On l'a fait souvent en commission parlementaire. Les documents ne sont
pas officiels tant que la ministre ne l'aura pas déposé, mais ce que ça fait,
c'est que nous, on prend connaissance des amendements puis on peut en parler
ensemble.
Puis
la collègue de Duplessis a dit, à juste titre : Ça arrive souvent qu'on va
suspendre exprès pour pouvoir s'entendre. Mais on est des gens de bonne
volonté, et je tends la main du Parti libéral du Québec à la vice-première
ministre et ministre de la Sécurité
publique, qui, je suis convaincue, a à coeur l'avancement de son projet de loi
parce que, contrairement à ce que la
ministre a dit, si c'est le projet de loi n° 1, ce n'est pas un projet de
loi pour les oppositions. Si c'était ce cas-là, M. le Président, je pense que la ministre accepterait quelques
amendements de l'opposition. Donc, je pense que le projet n° 1 est
quand même cher aux yeux du gouvernement, et ça nous fera plaisir de le faire
avancer, évidemment, dans un esprit de collaboration. Voilà.
Le Président (M. Bachand) : Merci. D'autres interventions? Donc, je vous
rappelle la procédure. On doit d'abord...
Consentement unanime pour suspendre l'étude de l'amendement, consentement
unanime pour suspendre l'article 1, et on s'en va à l'article 2, et puis après, ce qui est important, et le
député de LaFontaine le disait aussi très bien, c'est que ça prend le
consentement unanime pour revenir à l'article 1, sinon, on continue,
article 2, 3, 4, etc. Ça va? Donc, ça, c'est la mécanique pour continuer.
M. le député de Saint-Jean.
M. Lemieux :
Sans vouloir présumer du travail qu'on
va réussir à faire ou de la vitesse à laquelle on va aller, le député
de LaFontaine nous répète régulièrement que le 1, le 6
et le 9 sont pratiquement des copies conformes. À partir du moment où on décide ce qu'on est sur le point de
décider, est-ce qu'on ne devrait pas tout de suite décider que le 6 et le 9...
Non? Je pose la question juste par rapport à la mécanique.
Le Président (M. Bachand) : Si on est à 2, puis il n'y a
pas de consentement unanime, à
ce moment-là, on tombe sur les autres articles, oui. Mais vous êtes toujours
souverains, hein, si vous décidez de suspendre un autre article, c'est
votre droit, d'accord? Est-ce que je sens
un consensus sur ça? Alors, je demande s'il
y a un consentement unanime pour
suspendre l'étude de l'amendement du député de LaFontaine?
Des voix :
Consentement.
Le
Président (M. Bachand) : Consentement.
Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article 1 du projet de loi?
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, nous allons commencer...
Une voix :
...
Le
Président (M. Bachand) :
Oui, juste m'assurer du côté gouvernemental, c'est
consentement? Oui. Alors, nous allons débuter l'étude de
l'article 2, s'il vous plaît. Mme la ministre.
Mme Guilbault :
Merci. L'article 5.1 de cette loi est modifié par la suppression du
quatrième alinéa.
Et là je veux déposer un amendement. C'est à ce
moment-ci que je le fais? Oui? Je lis l'amendement ou est-ce qu'on le distribue
avant?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, puis, après ça, on va suspendre pour la
distribution, oui.
Mme Guilbault : O.K. Donc, remplacer l'article 2 de ce projet de loi par
le suivant :
2. L'article 5.1 de cette loi est modifié
par le remplacement, dans le quatrième alinéa, de «trois» par «deux».
Le Président (M.
Bachand) : Parfait, on va suspendre quelques instants, s'il
vous plaît. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 39)
Le Président (M.
Bachand) : Alors, on reprend les travaux. Merci beaucoup.
Alors, je cède la parole à Mme la ministre sur l'amendement, s'il vous
plaît. Mme la ministre.
M. Tanguay : Même à
vous, elle ne répond pas.
Le Président (M.
Bachand) : Non, non, on a tous ensemble un très bon lien de
communication, M. le député de LaFontaine.
Alors donc, on est sur l'étude de l'amendement
proposé par la ministre. Alors, je cède la parole à la ministre.
• (15 h 40) •
Mme Guilbault : Bon, alors, je le relis? Bien, je vais le relire,
il est bref de toute façon. Remplacer l'article 2 de ce projet de
loi par le suivant :
2. L'article 5.1 de cette loi est modifié
par le remplacement, dans le quatrième alinéa, de «trois» par «deux».
Et donc cet
amendement vise à prévoir qu'un nouvel appel de candidatures doit être publié
lorsqu'au terme de leur évaluation
moins de deux candidats, au lieu de trois, ont été déclarés aptes à exercer la
charge de Commissaire à la lutte contre la corruption par le comité de
sélection.
Donc, juste
pour brièvement expliquer l'esprit de cet amendement-là, bien, je l'ai dit déjà
un petit peu ce matin, ça fait suite
à beaucoup d'échanges qu'on a eus ici sur le fait qu'il y avait un malaise
généralisé à l'idée qu'il pourrait y avoir un seul candidat qui ressorte
des travaux du comité de sélection. Et, depuis le départ, moi, je dois dire
bien franchement, M. le Président, dans ma
tête, il y aurait plus qu'un candidat, la grande majorité du temps, et je
crois, moi aussi, qu'il est de bon
augure qu'il y ait au moins deux candidats. Je voulais qu'on se laisse la
latitude nécessaire, mais je comprends que les collègues soient plus à l'aise qu'il soit expressément prévu qu'on ait
au moins deux personnes et je partage leur opinion en ce sens-là, c'est
pourquoi je propose cet amendement-là, et donc, c'est ça.
Donc, la
notion d'appel de candidatures dont on a parlé, aussi le député de LaFontaine,
entre autres, puis la collègue d'Anjou—Louis-Riel en ont parlé beaucoup,
là, la notion d'appel de candidatures, à quel moment on en fait un, à quel moment on en refait un, qu'est-ce qui justifie
d'en refaire un, est-ce qu'on n'en fait pas, donc, là, on vient camper aussi
cette notion d'obligation de refaire un appel de candidatures si on a moins que
deux candidats.
Ça fait que
je pense que c'est un amendement qui devrait faire consensus, du moins, je
l'espère, et qui est déposé évidemment en toute bonne foi, et qui a la
qualité de rallier, je pense, le point de vue d'à peu près tout le monde autour
de la table à ma connaissance, selon ce que j'ai pu entendre à ce jour.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, Mme la ministre. M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay : ...il y a
d'autres collègues qui veulent parler. Je n'en suis pas sur le fond, juste une
question de directives, M. le Président, puis qu'on le prenne sur mon temps, il
n'y a pas de problème.
Techniquement,
donc, il s'agit d'un amendement qui amende donc l'article 2 du projet de
loi puis qui concerne le même alinéa. Donc, on va statuer sur
l'amendement qui modifie l'article 2 du projet de loi et, par la suite,
nous allons restatuer sur l'article 2 tel qu'amendé. C'est ma
compréhension, c'est bon?
Le
Président (M. Bachand) : Oui, vous avez raison.
M. Tanguay :
Parfait. O.K., merci.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
s'il vous plaît.
M. Leduc :
Question sur le fond. Moi, ce que je comprends de la manière dont c'est écrit,
l'article qui était supposé être
abrogé puis que, là, on modifie de... «trois» pour «deux», c'est que c'est les
personnes qui sont considérées aptes à exercer
la charge de commissaire, dans lequel le ou la ministre va piger sa candidature
préférée, qui va ensuite nous être envoyée
au comité des députés, donc, le comité des députés qui sont nommés par les
chefs des différents partis, nous, on ne
verra jamais les deux personnes, on va en voir juste une. On reste dans la même
logique d'en avoir qu'une seule. Est-ce que je comprends bien le sens du
projet... de l'article ici?
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, effectivement, depuis le départ, l'idée
était que le premier ministre soumet une candidature au comité de parlementaires, mais il y avait eu
plusieurs discussions, entre autres avec la députée de Mercier, sur le
fait qu'il y avait ce malaise qu'à l'issue
du premier comité il pourrait n'y avoir qu'un seul candidat, donc même pas de
choix à la base parmi lesquels sélectionner
cette candidature qui serait éventuellement présentée aux parlementaires. C'est
pour ça que je dis, en ce sens-là, que ça vient pallier une lacune finalement
qui avait été notée par plusieurs collègues.
Le
Président (M. Bachand) : Intervention? Oui, M. le député.
M. Leduc :
Je n'étais pas là, je n'ai pas écouté tout ce que ma collègue de Mercier a dit
évidemment, mais, si je veux bien comprendre, c'est que, dans le fond, nous,
comme députés des autres partis qui vont être invités au comité des députés,
dans le fond, on ne le saura jamais, combien de personnes ont été présentées à
la ministre. Là, on s'assure qu'il y ait au moins deux — il
pourrait en avoir trois, il pourrait en avoir quatre, il pourrait en avoir
cinq — qui
sont jugées aptes.
Mme Guilbault : Oui.
M. Leduc :
Mais nous, on ne sera jamais informés du nombre de personnes, à part, là, du
fait qu'on sait qu'il y en aura au moins
deux qui va vous être suggéré. Puis, là, encore une fois, je n'ai pas écouté ce
que madame ma collègue de Mercier a
dit, mais j'ai bien l'impression... en tout cas, moi, ma lecture, c'est qu'on
aurait... c'est bien, puis je veux dire, je vais voter pour, là, c'est mieux que de ne pas avoir rien du tout comme
c'était l'article précédemment, mais, je pense, le véritable objectif, c'est que ça atterrisse au
comité des députés... plus qu'une personne. Là, je comprends que c'est là-dessus...
ce n'est pas là-dessus qu'on bouge, là.
Mme Guilbault : Bien, deux choses peut-être, de toute façon,
l'article 2 porte seulement sur l'élément qui touche les candidatures issues du comité de sélection.
Donc, on est vraiment là-dedans pour ce qui est de cet article-là, donc
de cet amendement-là, et, pour l'autre
aspect, bien, comme je disais, depuis le départ, il est dans notre intention de
soumettre un candidat à la fois, bien, de
soumettre un candidat qu'on espère qu'il va être accepté. S'il devait ne pas
l'être, on proposerait une autre
candidature, mais c'est le principe qui avait été retenu, entre autres pour des
questions de confidentialité, pour des questions
de minimiser les noms qui pourraient circuler, les rencontres, ne serait-ce que
circuler dans les corridors, là. On a déjà
même discuté de ça, ça devient difficile pour une personne de s'exposer à cette
médiatisation puis au fait que ça va être
connu qu'elle vient rencontrer un comité pour être D.G. de la Sûreté ou être
DPCP, alors qu'elle pourrait ne pas obtenir l'emploi, puis là, elle retourne dans son emploi, puis ça s'est ébruité,
et tout ça. Donc, il y avait une question de respect et de
confidentialité qui était à la base de ça.
Le
Président (M. Bachand) : Intervention, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc :
Ça va, merci.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Chomedey, s'il vous
plaît.
M. Ouellette : Merci, M. le Président. Juste pour clarification, je pense que c'est
une avancée de le faire comme ça,
mais, dans la mécanique, comment,
dans la mécanique, le comité d'évaluation... Est-ce
que le comité d'évaluation ferait rapport à la ministre
que, suite au comité d'évaluation, il n'y a seulement qu'un candidat qui est
apte? Et le comité d'évaluation pourrait recommander dans son rapport
à la ministre de retourner ou il pourrait juste faire le
constat qu'il n'y en a juste un, mais
il y aurait un rapport du comité d'évaluation écrit attestant
de leurs travaux qui guiderait la ministre
dans la reconvocation. Parce qu'on parle de transparence, on parle de tout l'aspect de perception, partant
du moment où on met un comité de
sélection et puis qu'il y a
juste un candidat qui pourrait être apte, il faut qu'en quelque part il puisse y avoir une trace, probablement confidentielle, mais
qu'il puisse y avoir une trace et que le comité de sélection recommanderait à la ministre de... ou dirait à la ministre
qu'il y a juste une candidature pour éviter, pour
éviter, puis je vous laisse pour vos commentaires après, M.
le Président, justement
pour éviter qu'unilatéralement... ou qu'on commence à s'imaginer que,
oui, il y a eu deux personnes qui ont appliqué, c'est sûr
qu'il n'y en aura pas... On va être moins que deux, là, et puis on va retourner
en appel d'offres. Juste pour assurer la transparence du comité.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le député. Mme la
ministre, s'il vous plaît.
Mme Guilbault :
Oui. Bien, je ne sais pas si j'ai bien compris la question du député de
Chomedey, mais c'est essentiellement le même
principe qui prévaut déjà. Donc, le comité de sélection fait rapport à la
ministre, c'est déjà prévu ainsi,
donc, fait rapport à la ministre. Et là il y aura, par exemple, deux, trois,
quatre, cinq noms, selon. Et donc, là, ensuite, ça poursuit le
processus. S'il y avait seulement un nom, bien, automatiquement, il y a un
nouvel appel de candidatures qui se fait. Donc, je ne sais pas...
Il faut dire aussi,
M. le Président, qu'on a déjà eu des discussions très détaillées sur la
question des appels de candidatures, le
rapport qui est fait au ministre, et tout ça, la semaine dernière. Donc, je
comprends que les députés ne peuvent pas être présents en tout temps,
mais, en même temps, aussi, on ne peut pas refaire les discussions
éternellement sur les mêmes sujets.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Chomedey, oui.
M. Ouellette : Non, mais je comprends. Je comprends, M. le Président, qu'on ne peut
pas refaire les discussions, mais,
toujours dans un souci de transparence... Et je comprends aussi que, s'il y a
juste un candidat apte, vous retournez en appel de candidatures. O.K. Ça, c'est automatique. Mais mon intervention
était tout simplement dans la mécanique. C'est que le comité de sélection fait rapport, puis il y a juste un candidat.
Puis, s'il y a juste un candidat, je pense que l'article 1 va s'appliquer, là, parce qu'il va falloir qu'il
soit passé en entrevue. Vous ne retournerez pas en appel d'offres s'il reste
juste un candidat à la fin, là.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre, oui.
Mme Guilbault :
Bien, je ne suis pas sûre de comprendre, là. Le principe même de l'article,
c'est de dire que, s'il y a juste un candidat, on retourne en appel de
candidatures.
Mais je vais
peut-être, pour le bénéfice du collègue de Chomedey, lire tout simplement le
quatrième alinéa de l'article 5.1 de la
loi sur la corruption avec le nouveau libellé qui refléterait l'amendement que
j'ai déposé. Donc, ça dit : «Si, au terme de l'évaluation des
candidats, moins de deux candidats ont été considérés aptes à exercer la charge
de commissaire, le ministre doit publier un nouvel appel de candidatures.»
Donc, oui, il y a ce
que le député a appelé un nouvel appel d'offres, là, mais qui serait un appel
de candidatures, il y en a un
automatiquement qui sera fait. Et on espère évidemment attirer de nouveaux C.V.
puisque ceux qui ont déjà été reçus au premier appel, vraisemblablement,
ne feront pas l'affaire, et ainsi de suite, M. le Président.
M. Ouellette : O.K. Toujours dans cette optique-là puis pour le besoin des gens qui
nous écoutent aussi, situation : quatre candidats appliquent, il y
en a juste un qui est retenu par le comité de sélection, le comité de
sélection, puisqu'il y en a juste un et
puisqu'on est en deçà du quatrième alinéa, le comité de sélection ne dira pas à
celui qui est retenu que, bon, il a
été retenu, le comité de sélection va tout simplement faire rapport à la
ministre, et on repart en appel de candidatures. Dans la mécanique.
Mme Guilbault :
Oui.
M. Ouellette :
Oui? Parfait.
• (15 h 50) •
Mme Guilbault : Mais la personne... Je peux peut-être préciser.
Pour le bénéfice d'une éventuelle personne qui se retrouverait à être la seule personne déclarée
apte, sa candidature pourrait être maintenue par la suite sur une éventuelle
liste qui serait complétée à la lumière du
deuxième appel de candidatures, si on ne veut pas non plus que la personne se
trouve... subisse un préjudice. La personne
qui aurait été déclarée apte, seule déclarée apte dans le premier appel de
candidatures, on ne veut pas qu'elle subisse un préjudice de ce fait non plus.
Ça fait que son nom pourrait être ajouté à la liste qui serait complétée par le
deuxième appel de candidatures.
M. Ouellette :
O.K. Est-ce que c'est dans vos...
Mme Guilbault :
Elle ne perd pas finalement son statut de personne apte. C'est ça que je veux
dire.
M. Ouellette :
C'est ça. Est-ce que c'est dans vos réflexions ou est-ce que justement ce
préjudice-là que la ministre ne veut pas, M. le Président, que cette
personne-là subisse, là, on a-tu besoin de l'écrire en quelque part?
Mme Guilbault : ...
Le Président (M. Bachand) : Je suspends
quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 51)
(Reprise
à 15 h 58)
Le Président (M. Bachand) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, on
va continuer nos travaux. Je vais céder la parole au député de Chomedey,
s'il vous plaît. M. le député.
M. Ouellette :
Je pense que c'est toujours un... Pour les gens, ça peut peut-être sembler
long, des fois, certaines suspensions, mais je pense que, comme on l'a mentionné précédemment, au début du projet de loi, la
semaine passée, quand je n'y étais pas mais que j'étais avec vous autres
en pensée, et aujourd'hui, je pense que ça mérite d'être clair, et il faut
que ça soit mentionné au micro que, dans le
cas qui nous occupe et cet amendement-là, s'il
y a quatre candidatures, qu'il y en a une qui est retenue, la mécanique est très, très, très importante
pour la suite des choses, et ne serait-ce que d'avoir fait avancer ce point-là et d'avoir un point de clarification de la ministre, bien, ça
va être important pour la suite de
cet amendement-là, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Interventions? Mme la ministre.
• (16 heures) •
Mme Guilbault :
Oui. Bien, pour rassurer le député de Chomedey puis peut-être des gens qui nous
regardent, effectivement, s'il y
a un appel de candidatures pour le
poste de commissaire à l'UPAC qui donne lieu à seulement une personne
déclarée apte par le comité de sélection, nous referons un appel de
candidatures pour avoir au moins une autre personne. La personne qui a
initialement été déclarée apte va continuer d'être considérée apte, donc va
demeurer un candidat potentiel... parmi lesquels nous pourrons choisir la
candidature qui serait éventuellement soumise au comité parlementaire.
Évidemment, on aura
le souci, le cas échéant, de faire les choses quand même assez rondement. Si on
s'aperçoit qu'il y a juste un candidat qui
est déclaré apte, on ne tardera pas trop à publier un nouvel appel de
candidatures, on veut avoir
rapidement des gens qui se manifestent. On ne veut pas non plus que le candidat
initialement déclaré apte se tanne d'attendre,
se trouve un autre emploi ou autre considération qui fait en sorte que là, on
le perdrait. Ça fait que ce n'est pas ça,
le concept, non plus. On veut avoir
deux personnes ou plus. Et je vais quand
même, au micro, dire la précaution
que la personne va continuer d'être
considérée apte aux mêmes conditions auxquelles elle a été considérée apte à
l'origine. C'est sûr que, si,
entre-temps, elle commet un acte illégal, ou elle se met dans des situations
particulières, ou s'il lui arrive
quelque chose qui fait en sorte qu'elle ne
peut plus occuper la fonction, bien sûr qu'on devra aviser. Mais, sinon, oui,
elle fera partie de la future liste, parmi lesquelles nous pourrons
choisir le candidat qui sera soumis aux parlementaires.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de Chomedey,
oui.
M. Ouellette : Je pense que cette clarification-là s'imposait. Là, je pense que c'est clair pour tout le monde, dans le même
langage que tout le monde a compris. J'apprécie, M. le Président, que la ministre ait éclairé positivement ma lanterne.
Le
Président (M. Bachand) : Le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
s'il vous plaît.
M. Leduc : Encore
une fois, une clarification pour bien comprendre comment fonctionnerait la séquence. Donc,
avec l'article qui est proposé, advenant l'adoption telle quelle ensuite du projet de loi, si, d'aventure, le comité des députés qui reçoit une seule candidature, pour x ou y raisons,
refuse cette candidature-là, on pourrait tout de suite passer à la
deuxième personne qui aurait été jugée apte,
donc au deuxième choix du ou de la ministre, et ça nous éviterait de devoir
faire un appel de candidatures advenant qu'on ait refusé la personne, puis qu'il
y en ait juste une qui avait été proposée. Je comprends bien comment
vous voyez... Est-ce qu'on voit la même chose?
Mme Guilbault : Je pense que oui. Mais c'est que le fait d'avoir
au moins deux personnes considérées aptes, ça donne effectivement, automatiquement, si vous me passez l'expression, un «backup» pour
le futur comité parlementaire. Puis évidemment deux, c'est un minimum. Il faut toujours
le rappeler. Ça se peut qu'il y en ait quatre, cinq, six. Et là on aura
l'embarras du choix.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions? M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay : Comment le comité de députés serait informé, le cas échéant, qu'il y a deux, ou trois, ou plus de candidatures dans les possibilités?
Est-ce qu'il y a une façon où on pourrait...
Mme Guilbault : Ce n'est pas une information qui sera transmise
au comité des parlementaires. Le comité des parlementaires va recevoir
une candidature avec l'information relative à cette candidature-là, va pouvoir
rencontrer la personne, comme on a déjà
dit. Mais il est prévu nulle part dans le projet
de loi que le comité parlementaire soit avisé du nombre de
candidats déclarés aptes ou ne reçoive la liste de ces personnes-là, comme on a
déjà évoqué préalablement, pour des questions, entre autres, de
confidentialité.
M. Tanguay : Est-ce que, M. le Président, on s'entend
aussi, donc, dans l'application de ce qui en sera fait, peu importe qui est ministre, qui est premier ministre, là, parce qu'on légifère toujours pour les années à venir, que, si,
d'aventure, il y a trois candidatures ou quatre candidatures, l'on épuise, autrement
dit, le bassin de candidatures jugées aptes avant de constater qu'il y a là une
impasse?
Mme Guilbault : ...d'avoir compris la question
du député de LaFontaine. Est-ce qu'il insinue que le comité de parlementaires
pourrait rejeter une candidature après l'autre seulement pour voir combien il y
en avait au total?
M. Tanguay : Si c'est
réellement ça qu'elle pense que j'ai pu dire, ça démontre la haute opinion
qu'elle a de moi-même, là. Bien, avec votre... Probablement que mes explications n'étaient pas claires. Mon point est que, dans sa
gestion, si, d'aventure, le comité refuse la
première candidature et la deuxième, l'exécutif en place, premier ministre et ministre, auront l'obligation, dans l'application de l'esprit de la loi, de toujours
suggérer le prochain ou la prochaine candidate qui est dans le lot de
celles et ceux qui sont déclarés aptes, autrement dit, que, si, d'aventure,
pour x raisons, il y a un rejet de la première, il y a un rejet de la deuxième,
s'il y a trois candidatures, bien, qu'on se rende à la troisième candidature.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, merci. Bien, effectivement, c'est le
principe de base. Si une candidature est rejetée, on en propose une autre. Mais on s'en remet, depuis le
début, à la bonne foi des gens, des partis représentés à l'Assemblée nationale, pour juger avec
discernement et objectivité de la qualité des candidatures.
Et, comme je le disais ce matin, ce projet de
loi là, dans sa nature même, est, quant à nous, une concession aux oppositions. On veut leur donner plus de pouvoir.
On veut leur donner un plus grand rôle dans le processus de nomination de ces gens-là. Et ça comporte effectivement un
risque, un risque de devoir composer avec d'autres opinions que la
nôtre, un risque de devoir accorder de
l'importance au point de vue des députés d'autres formations politiques que la
nôtre, un risque de devoir, des fois, se ranger aux décisions prises par
les autres partis représentés à l'Assemblée nationale et contreproposer une autre personne. On s'expose
effectivement, M. le Président, à ces risques-là. Mais c'est l'esprit du projet de loi de
vouloir donner plus de pouvoir aux députés qui ne font pas forcément partie de gouvernement.
Alors, on va
vivre avec ce risque-là. Mais c'est bien entendu qu'on tient pour acquis que
les gens vont se comporter avec la
responsabilité qui vient avec la charge élective que nous avons le privilège
d'occuper. Et nous proposerons, bien sûr,
des gens que nous considérerons hautement qualifiés et aptes, déclarés aptes,
de toute façon, par un comité indépendant, à occuper les fonctions pour lesquelles ils postulent. Donc, on a bon
espoir que ça se déroule bien et qu'on aura les meilleures personnes
pour ces trois postes importants, M. le Président.
M. Tanguay : Là-dessus, M. le Président, je veux juste
m'assurer qu'on remette un peu la pâte à dents dans le tube. J'ai posé
en ce sens-là une question à la ministre ce matin. Lorsqu'elle a dit, la
semaine passée... Et je la cite : «[Moi, comme
ministre,] ce que je peux faire, c'est refaire un appel de candidatures si je
juge qu'une personne, ce n'est pas à ma satisfaction[...]. [...]on ne
peut pas enchâsser dans la loi des prescriptions trop strictes quant au
nombre[...]. [...]d'appels de candidatures qu'il faut faire...» Fin de la
citation.
Autrement dit, il adviendra un temps, peut-être,
puis il faut le prévoir, puis c'est en le disant que ça va être clair, que, si une première est rejetée puis qu'il en
reste juste une ou que s'il y en deux qui sont rejetées puis qu'il en reste
juste une... La ministre nous a affirmé la
semaine passée que, si, dans ce scénario-là ou dans d'autres, elle, elle
jugeait que ce qui restait, là, dans les options des candidatures
déclarées aptes, ça ne faisait pas son affaire, qu'elle pourrait redemander complètement un nouvel appel de candidatures.
Alors, d'où ma question : Est-ce qu'avant de faire un appel... Parce
que je prétends qu'elle n'a pas cette
option-là. Avant de faire un autre appel de candidatures parce qu'on aura
épuisé toutes les options, la
ministre n'a pas discrétion pour dire : Oui, bien, ils ont refusé la...
un, puis là, non, non, ce qui est là-dedans, là, comme option, là, je refais un appel, je ne veux pas leur soumettre ça.
Il faudrait... Elle aurait l'obligation de soumettre ça au comité des
députés?
Le Président (M.
Bachand) : Intervention, Mme la ministre? S'il vous plaît, oui,
Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, je vais reprendre essentiellement le
même concept que j'ai dit tout à l'heure, là. Donc, moi, je tiens pour acquis que les gens vont se
comporter en toute bonne foi puis que les candidatures qu'on va présenter
seront de bonnes candidatures. Mais, si les
gens des partis représentés dans le comité parlementaire sont en majorité
défavorables au candidat, bien, on proposera une autre candidature qu'on aura
choisie parmi la banque de gens déclarés aptes. S'il y a seulement deux
personnes déclarées aptes, bien, forcément, la deuxième personne sera la
contreproposition.
Mais donc, là, je ne sais pas exactement où on
veut en venir avec ça, là. Je pense que j'ai fait le tour un peu du principe
que je voulais exposer. Puis, quant à moi, ça clôt mon intervention, à moins
qu'il y ait vraiment des nouvelles questions qui portent sur des nouveaux
aspects, mais je pense que j'ai clairement expliqué le principe.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député, oui.
M. Tanguay :
...de la ministre, M. le Président, je vais relire l'article s'il était...
L'article, s'il était amendé, comment il
se lirait, tout le monde va comprendre mon point : «Si, au terme de
l'évaluation des candidats — on parle de l'évaluation faite par le comité de sélection — moins de deux — c'est l'amendement — candidats ont été considérés aptes à
exercer la charge de commissaire, [la] ministre doit publier un nouvel appel de
candidatures.»
Donc,
s'il y en a moins de deux, elle republie un nouvel appel de candidatures, tout
en conservant... S'il y en avait zéro, elle en republie un, évidemment.
S'il y a en avait juste un, elle le garde puis elle publie un deuxième appel de
candidatures pour en avoir un deuxième,
minimalement. Le débat et l'affirmation de la ministre qui nous a surpris,
d'où ma question en Chambre ce matin, c'est-à-dire, moi... Elle l'a dit,
là : Si, d'aventure, je me retrouve dans une situation où des candidatures déclarées aptes, je n'en ai plus rien
qu'une puis qu'elle ne fait pas mon affaire, moi, je refais un appel de
candidatures. Et c'est à ce stade-ci qu'on doit préciser ça. Est-ce que la ministre,
comme elle le disait la semaine passée, a toujours cette perception-là, d'avoir
ce pouvoir discrétionnaire là?
Le Président (M. Bachand) : Interventions? D'autres interventions, s'il vous
plaît? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil :
Bien, peut-être que les légistes pourraient voir à clarifier cette question
juste... parce que, quand on regarde la transcription, ça reste, hein?
C'est dans la transcription. Il y a peut-être une façon très, très simple de
juste clarifier que ça s'arrête là ou qu'il
y a un autre appel. En tout cas, si je comprends bien, à cause de la
déclaration de la ministre, c'est que ça crée cette zone grise. Alors,
je ne sais pas si les légistes pourraient trouver une façon de...
Le
Président (M. Bachand) : Excusez, juste... Oui, interventions?
Oui, M. le député de LaFontaine.
• (16 h 10) •
M.
Tanguay : Juste pour que ce soit clair, là, parce qu'on
discute... parce qu'on est tout à fait de bonne foi là-dedans. Ce qui a été dit par la ministre, c'est que, si,
d'aventure, dans des scénarios x, dans son panier de possibilités, on le
sait, qui vient du comité de sélection, si,
d'aventure, il y avait une seule candidature, soit, parce que le comité en
arrive juste à une, mon collègue a
raison, si le comité arrive juste à une, là, il doit recommencer pour en avoir
deux. Parfait, moi, j'en suis. Dans
l'autre cas de figure, s'il y en avait deux puis que le comité des députés
dise : Non, on ne veut pas... là, il en reste juste une. Est-ce que
la ministre a, dans ce scénario-là, l'opportunité de dire : Je ne vais pas
soumettre cette seule candidature là qui reste parce que j'ai le pouvoir de
faire un deuxième appel de candidatures? Il faut juste que ce soit clair.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Il faut bien faire la part des choses, M. le
Président. Strictement parler d'un point de vue légal, nous pourrions faire ce que le collègue de
LaFontaine décrit. Mais un peu comme quand on disait, là, s'il y avait juste
un candidat, est-ce qu'on pourrait ou non
refaire un appel parce qu'on déciderait que lui n'est pas bon, et tout ça, il y
a le point de vue strictement légal. On peut le faire, mais il y a après
ça la décision politique. Et donc ça devient le choix, là, du gouvernement de proposer ou non un nom. Une
personne qui est déclarée apte, ça ne vient pas avec un droit. Il n'y a
pas, de manière inhérente, au statut d'être
déclaré apte, un droit d'être nommé au poste. Il faut bien faire la distinction
entre les deux. Oui, tu es apte à
occuper le poste, mais ça ne veut pas dire qu'on va te nommer automatiquement.
Puis il peut y avoir des
considérations. Je me souviens que la députée d'Anjou—Louis-Riel et moi avions donné des exemples, par
exemple si on voulait une femme, par exemple si on voulait une personne qui
vient du milieu civil ou plutôt policier, par exemple... Bon, il y a toutes
sortes de considérations qui peuvent prévaloir.
Alors,
c'est ça, M. le Président. Mais, dans tous les cas, on va respecter la décision
du comité de sélection, du premier comité
de sélection indépendant, de gens experts du milieu, qui, eux, vont décider si
une personne est apte ou non à occuper la
fonction. On ne va pas se substituer au comité et on ne va pas aller à
l'encontre du comité sur le fait qu'une personne est considérée apte. Mais le gouvernement, ensuite, a
la prérogative de choisir parmi ces personnes-là s'ils veulent ou non
les proposer pour occuper la fonction.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay :
Ça, là-dessus, M. le Président... Puis c'est correct. Elle a dit son point,
puis c'est clair. Elle pense que...
Puis c'est correct. Je dis : Elle pense, ce n'est pas péjoratif, là. Elle,
son intime conviction est à l'effet qu'elle pourrait... Il en reste
juste une soit parce qu'au début il y en avait une, mais là l'article règle le
cas, on va en chercher une deuxième; ou j'ai
passé une des deux, elle ne passe pas, là, je reviens «square one», il y en a
juste une. Je refais un appel d'offres.
Elle, elle ne m'intéresse pas pour x raisons, puis la ministre l'a dit, parce
que ce n'est pas une femme, parce que... les régions, peu importe.
Moi, je pense que...
Oui, c'est des exemples, puis, je veux dire, je n'en suis pas sur la validité
ou pas de la justification. Mais, moi, sur
le cas d'espèce, c'est là où, d'où ma question ce matin, on considère que
l'esprit du comité, qu'on disait expert, indépendant, de sélection, on
le met de côté lorsqu'on dit : Bien, nous, si vous en... parce qu'on
présume... Quand on présente un amendement
et qu'on dit : Il faut qu'il y en ait minimalement deux, on prend pour
acquis que les deux se valent puis
que, là, c'est une question d'opportunité. Mais là on dit : Ça se peut
qu'ils ne se valent pas. Donc, le fruit du travail du comité de
sélection, il n'est pas égal parce qu'il s'est forcé peut-être pour en avoir
une deuxième qui ne tient pas la route, et ainsi de suite.
Alors,
en ce sens-là, je pense qu'il faut miser sur l'intelligence du comité de
sélection, qui pourrait, lui, dire... Le comité de sélection, cinq personnes intelligentes autour de la table,
pourrait dire : Savez-vous quoi, on le sait, qu'il va falloir refaire un appel d'offres si on en présente juste
une, mais on va en présenter juste une. On n'en présentera pas deux
parce que, dans ce qu'on a là, là, la deuxième, peu importe laquelle, elle
n'est pas apte, j'en ai juste une. La ministre va dire : Parfait — l'amendement — on refait un appel d'offres. Le comité va être
bien content parce que, Mme la ministre, je ne veux pas vous en mettre un juste pour vous en mettre un. Alors, si on
fait confiance au comité de sélection qui est trié sur le volet, vous le savez, sous-ministre, Conseil du
trésor, directeurs de police, et ainsi de suite, le Barreau, ils vont bien
faire leur travail.
Mme Guilbault :
Ils vont bien faire leur travail.
M. Tanguay :
Alors, c'est là où, M. le Président... Puis on aura l'occasion de... On a eu
l'occasion de s'exprimer là-dessus.
Moi, une fois qu'on aura statué là-dessus... Puis j'aurai des représentations,
là, parce que l'amendement... Je déposerai
un amendement. Une fois qu'on aura statué là-dessus, je vais déposer un
amendement qui viendrait clarifier la situation,
puis la ministre verra, avec ses collègues, à voter contre ou pas. Mais ce
n'est pas à ce stade-ci que je déposerais l'amendement. Il faut d'abord
statuer là-dessus.
Donc, je
reviens sur l'amendement comme tel, M. le Président. L'article de loi — je ne veux pas me répéter puis je ne ferai pas du temps pour faire du temps, là,
comme on n'a jamais fait ici, là — dit trois candidats. Vous le savez,
vous me l'avez entendu dire, c'est le
collègue André Spénard, de Beauce-Nord, qui l'avait soumis à Martin Coiteux,
qui avait dit : Trois, ça nous
semble un amendement où là il y a un bassin. Puis, là aussi, il y avait la même
mécanique. Si le comité arrive juste avec deux, le comité le sait, il en
manque un, on va se faire dire : On refait un appel d'offres. Ce n'est pas grave, on
refait un appel d'offres. On va aller chercher ailleurs
mieux, dans un bassin autre, puis là on va être capables d'en avoir une deuxième ou une troisième, pour arriver à
trois. Alors, ça, M. le Président, je pense que ça donne plus de latitude
même à la ministre de dire : J'ai
trois candidatures aptes. Puis, pour moi, s'ils sont aptes, ils ne sont pas
aptes à moitié, là. Ce n'est pas Animal Farm, là, certains sont
plus égaux que d'autres, là. S'ils sont aptes, ils ne sont pas aptes à moitié.
Alors, en ce sens-là, M. le Président, nous, ce que l'on considère, c'est que
trois candidatures, ça tient la route.
Puis là-dessus vous me permettrez de citer le
leader actuel, le député de Borduas, leader du gouvernement, qui, le 10 février 2017, quant au processus
de nomination aux deux tiers... et je le cite, c'est un
communiqué de presse : «Le député
de Borduas et porte-parole de la Coalition avenir Québec pour la réforme des institutions démocratiques, [...]a annoncé vendredi que sa formation
politique s'opposerait dorénavant
au processus en
vertu duquel le gouvernement propose une candidature unique aux groupes d'opposition pour procéder à
une nomination aux deux tiers de l'Assemblée nationale.»
Donc, il était contre la candidature unique. Le projet
de loi, sur le point d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est une candidature unique. Effectivement, nous, on voulait — on
l'a fait, ce débat-là — avoir
trois candidatures, mais là on a une candidature unique. Premier
élément, où le député de Borduas, leader d'aujourd'hui, critique à l'époque, disait : Candidature
unique, ce n'est pas correct, ça ne tient
pas la route. Plus loin, dans le même communiqué de presse, du 10 février
2017 : «Nos institutions et notre
démocratie seraient mieux servies si le gouvernement nous soumettait une liste
de trois candidats pour l'une de ces importantes fonctions.» Fin de la
citation.
Alors, ce
qu'il tenait, à l'époque, pour vrai, il le tient encore aujourd'hui : trois candidatures, M. le
Président. Je pense que c'est
important d'avoir ces trois candidatures-là. Et, nous, ce qu'on voulait, c'est
que la ministre ait ces trois candidatures elle-même pour pouvoir choisir parmi trois candidatures aptes. Elle a plus de latitude. Comme ministre, moi, je ne
voudrais pas me limiter à deux candidatures. Je dirais : Bien, le comité,
là, il pourrait m'en donner trois, ça a été trois
dans le passé, je laisse ça à trois, puis ils en trouveront trois. S'ils n'en
trouvent pas trois, on refera un appel
d'offres. On garde la candidate ou les deux
candidats qui sont déjà là puis on va compléter pour en avoir trois.
Premier élément. Puis, deuxième élément, ultimement, on aurait aimé que ces
trois-là soient soumis au comité de députés, mais elle n'ira pas là.
Dans une interpellation, 17 mars 2017, le
même collègue de Borduas, leader du gouvernement, et je le cite au texte, qu'est-ce qu'il disait, lui, dans le
contexte d'une interpellation, sur le processus de soumission de candidatures
et de nomination pour les postes requérant les votes des deux tiers des
membres? «...à mon avis, et à l'avis de ma formation politique, ce n'est pas vrai qu'il y a une seule candidature qui est
bonne pour un poste, et c'est pour ça qu'on a proposé à la ministre de la Réforme des institutions
démocratiques de moderniser le processus et d'arriver avec une liste de trois
personnes de façon à avoir le meilleur
candidat possible. [...]Alors, pour notre démocratie, pour nos institutions
démocratiques, ce serait beaucoup mieux d'avoir dans tous les cas une
possibilité de choix de candidats de façon à ce qu'on puisse décider de façon
consensuelle[...].
«[...]on doit
surtout s'assurer, pour servir l'intérêt public, d'avoir le meilleur candidat
possible aux différents postes.
«[...]Quelle est la problématique de faire
confiance au législatif?
«[...]Parce que ce que la ministre fait
présentement, c'est de dire : Je n'ai pas assez confiance aux élus de
l'Assemblée nationale pour arriver avec un choix de trois nominations. On
affecte le jugement des parlementaires. On leur dit : Écoutez, ça va être
la décision de l'exécutif, puis on va tenter que ça soit entériné.»
Dernier
élément : «...je propose à la ministre d'avoir un processus plus intègre,
plus transparent, plus collaboratif, plus équitable. Qui est contre ça?
Nous, ici, on propose des réformes.» Fin de la citation.
Ça, M. le
Président, c'était un élément tellement important, tellement important qu'à
partir du 15 mars 2017 — ça, c'était le 17 mars 2017 — il y a eu huit jours où l'Assemblée nationale
a dû statuer sur des postes aux deux tiers, huit jours, M. le Président, pour 17 postes, où
l'Assemblée nationale a dû statuer. Qu'est-ce qui est arrivé? Bien, la
Coalition avenir Québec a appliqué,
puis c'était son droit, ce principe-là, qui était sacro-saint à l'époque, et il
y a eu des votes où il y a eu des
abstentions. Il y a eu des abstentions où, là, nous, on a dû, au gouvernement,
puis avec les autres partis d'opposition, se compter. Puis il y a des matins où on disait : Bien, on est trop
proches de 84. Si, des fois, il y a un député qu'on perd de vue puis qu'il n'est pas là, ce n'est pas vrai que,
collectivement, comme institution, on va tous perdre la face puis qu'on va
perdre le vote par un vote, deux votes,
alors, parce que la Coalition avenir Québec s'absentait sur une question de
principe : Un seul, ça ne tient
pas la route, on en veut plus qu'un, trois, c'est un minimum, qu'ils nous
fassent confiance, on en veut trois. Là, volte-face, on renonce à ça
aujourd'hui.
• (16 h 20) •
Et là-dessus,
M. le Président, je peux vous dire...
La collègue ministre a été élue le 2 octobre 2017. Le
17 octobre 2017, la députée
de Louis-Hébert, ministre, a voté contre le vote au... contre la
nomination... pas a voté contre, elle s'est abstenue, parce qu'ils
s'abstenaient, contre le Commissaire au lobbyisme. Elle s'est abstenue le
17 octobre 2017, la ministre, parce
qu'elle trouvait, par principe, puis c'était son droit, que trois, ça n'a pas
bon sens : Si on n'en a pas trois, je m'abstiens. Donc, elle s'est
retirée du processus de voter pour ou contre.
Le
7 décembre 2017, la ministre de la Sécurité publique, ici présente,
députée de Louis-Hébert, s'est abstenue pour élire le vice-président de la commission des
droits, donc, qui est Philippe-André Tessier, qui, aujourd'hui, a été voté
aux deux tiers sur proposition de la
ministre... pas la ministre, pardon, sur proposition du premier ministre.
Philippe-André Tessier, on l'a voté
président, on l'a élu président de la Commission des droits de la personne.
Bien, le 7 décembre 2017, la ministre, ici présente, a voté... s'est abstenue parce qu'il n'y avait pas trois
candidatures sur cette même candidature parce que c'était un élément de
principe.
Il y a deux
autres dates, M. le Président. Le 7 décembre 2017, membre à temps partiel,
Marjorie Villefranche, la députée de Louis-Hébert s'est abstenue parce que c'était un principe extrêmement important. Il
ne fallait pas qu'il y ait moins que trois candidatures. Mais
aujourd'hui c'est une autre histoire.
Le
11 juin 2018, M. le Président, la ministre de la Sécurité publique, qui,
aujourd'hui, nous dit : Écoutez, trois, vous n'avez pas besoin d'en
avoir trois... C'était tellement important que les membres de la commission de
l'accès à l'information... Il y en avait
cinq : M. Gauthier, Mme Giguère, M. Racicot,
Mme Riendeau et M. Khuong. Cinq candidats. La ministre, la
députée de Louis-Hébert, s'est abstenue parce qu'il n'y
avait pas trois candidatures.
Et ça, M. le
Président, c'était tellement important, ils s'abstenaient. Au-delà de la
qualité des candidatures, c'était un
élément de principe. Ils s'abstenaient de voter. Et nous, ces matins-là, on a
pu procéder parce que, voyez-vous, quand on se comptait, là, il en avait 87, 86, 90, 89, 89, 88, 88. Savez-vous
que les cinq derniers... M. le Président, là, les cinq derniers où la ministre s'est abstenue, voulez-vous savoir
le compte? Pour, 84, abstention, 21. On a passé proche de la catastrophe
comme institution, catastrophe, oui, parce
qu'imaginez-vous, pas pour un, même pour cinq membres de la commission
de l'accès à l'information, c'est important, on les nomme aux deux tiers. On
est arrivés, le monde à la maison comprennent ça,
flush, flush, à 84. 21 députés de la Coalition avenir Québec jugeaient ça
assez important parce que c'est un élément de principe. Ils se sont abstenus. Et ça, c'est un matin, M. le Président,
où on a, permettez-moi l'expression, poussé notre luck. On a poussé
notre luck, avec les autres collègues des autres oppositions, du Parti
québécois, de Québec solidaire, pour faire passer ces candidatures-là.
Mais, à un
moment donné, les institutions, notamment la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, M. le Président,
ont souffert du fait que les nominations ne sont pas arrivées à temps. La
ministre, je le sais, elle va
dire : Ah! il faut le voter en novembre, là, le commissaire à l'UPAC. On
va y arriver en novembre, M. le Président. Elle va y arriver en novembre. Il n'y aura pas de problème là-dessus. Mais on
va faire nos représentations dans l'intervalle puis on ne va pas
s'abstenir. Puis, lorsque c'est une question de principe fondamental,
aujourd'hui, je trouve ça tout à fait, M. le
Président, surprenant de voir que non seulement pour elle, vice-première
ministre, mais pour son leader du gouvernement,
on a passé proche, à plusieurs reprises, de la catastrophe, notamment ce matin
du 11 juin 2018, à 84 juste. Un
vote de moins, un député qui se lève, prend un appel, ça arrive, sort de la
Chambre, c'était 83, c'était final, un malaise de santé, un député,
comme à matin, il se lève puis qu'il sort de la Chambre, alors que ça ne
devrait pas être le cas, ça, M. le Président, on aurait passé... comme
institution, on aurait perdu la face collectivement.
Alors,
en ce sens-là, pour nous, M. le Président, on ne peut pas voter pour
l'amendement qui, aujourd'hui, fait dire à la vice-première ministre, qui s'est
abstenue quatre fois sur huit postes, qui nous dit : Ça ne sera pas trois,
voyons donc, ça ne sera pas trois, ça
va être deux... Bien, c'est le discours qu'elle a tenu. Puis les bottines ont
suivi les babines, à l'époque, quand
elle disait : On s'abstient, puis quitte à ce que le vote ne passe pas.
Ça, ce n'était pas important, c'était réellement de dire : Si vous voulez ne pas agir en respectant
notre principe, nous, on s'abstient. Ça, M. le Président, aujourd'hui, je
pense que c'est justifié de le mentionner, d'autant plus que l'on fait un pas
de côté pour aller chercher dans la loi ce qui existe déjà. Ce que le collègue
de Beauce-Nord, de la CAQ, André Spénard, a dit : On fait un pas de côté
non seulement pour... pas pour respecter les trois candidatures, M. le
Président, mais pour retirer de façon proactive ce qui existe déjà.
Si on lui demandait :
Mettez-le donc dans la loi, là, il y en a trois, elle pourrait
dire : Bien, vous, vous ne le faisiez
pas, on ne le fait pas. O.K., ça
serait un peu court, mais ça tiendrait, pour une certaine partie, la route.
Mais là elle fait exprès, puis exprès
dans le sens positif, dans le sens constructif de l'expression, pour aller
l'enlever, le trois, puis elle dit :
Ça va être deux. Trois, ça n'a ni queue ni tête, ça va être deux. Quand je vois
ça, M. le Président, moi, je ne peux pas me rallier à ça. Alors, elle me dit : Ah! bien là, on le supprimait
totalement. Le comité pouvait n'en remettre rien qu'une. Puis là la
ministre se donnait le pouvoir que, s'il en avait juste une, elle-même, elle
refaisait un appel d'offres. Là, elle l'amende
en disant : Bien, on vous en donne un de plus, on en met deux. Qu'elle ne
touche à rien là-dessus, M. le Président, il y en a déjà trois, trois
belles candidatures. On fait confiance au comité de sélection.
Puis, en ce
sens-là, c'est pour ça que nous, notre formation, on ne voit pas ça comme une
avancée : On passe d'un à deux.
On voit ça comme un recul. On passe de trois à un. Et j'applique les bons
principes qu'elle-même, la vice-première ministre, députée de Louis-Hébert, a appliqué en 2017 et 2018, ce que son leader
aussi a appliqué. Puis on en est là, M. le Président. C'est pour ça qu'on va
voter contre l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la ministre.
Mme Guilbault : Je vais en faire une petite parce que je
considère important d'amener une certaine précision. Là, on s'est perdus
dans d'autres affaires qui n'ont plus de rapport avec l'article 2, mais
c'est assez traditionnel.
Mais,
pour en revenir à l'article 2, sur les candidats et le fait qu'on propose
les candidats un après l'autre, et tout ça, puis, bon, ce qui avait été à l'origine... Quand le député de
LaFontaine nous dit que le fait, finalement, d'appliquer une certaine subjectivité ou sélectivité parmi la
liste de candidats déclarés aptes, donc le premier ministre choisit un
candidat parmi la liste de gens déclarés aptes
pour la soumettre au comité parlementaire, et donc plutôt qu'une autre, et donc
nous taxe d'une espèce de subjectivité hypothétique, bien, symétriquement, la
même logique s'applique pour le comité de parlementaires. Alors, si le collègue
de LaFontaine estime qu'en choisissant un candidat plutôt qu'un autre parmi une
banque de gens déclarés aptes on se substitue au comité
de sélection, bien, le même principe vaut si le comité de parlementaires décide de refuser une candidature
qui aura préalablement été déclarée apte par le même comité de
sélection. Donc, si on veut faire ce genre de logique là un peu boiteuse, ça
vaut dans un sens comme dans l'autre.
Et
on ne se substitue pas non plus au comité de sélection indépendant en
choisissant une personne plutôt qu'une autre pour la simple et bonne raison qu'il y aura, en bout de ligne, une seule
personne qui va être nommée sur les x qui auront été déclarés aptes. Donc, forcément, des gens vont avoir le statut apte
sans pour autant être nommés au poste parce qu'il y a juste, vous savez l'expression, plus d'appelés
que d'élus. Donc, les autres, ce n'est pas contre eux et ça ne leur
enlève rien, mais il y aura forcément juste une personne qui va avoir le poste
en bout de ligne.
Donc, ça, ça va clore
mes interventions, M. le Président, sur l'article 2 parce que j'estime
que, vraiment, on a fait le tour.
Une voix :
...
Mme Guilbault : Sur quoi, sur l'amendement? Ah! c'est sur
l'amendement. Bon, en tout cas, de toute façon, ça va peut-être même clore en général parce que je pense
qu'on a fait le tour. Mais, si d'autres collègues ont des questions
vraiment sur d'autres volets ou veulent amener d'autres points...
Mais
je vais me permettre de souligner que, là, on avait une belle avancée en
suspendant l'article 1 pour avancer sur l'article 2. Et, si les collègues de l'opposition officielle
appliquent le même principe qu'à l'article 1, d'aller de
20 minutes en 20 minutes,
d'amendement en sous-amendement, je veux juste souligner que ça nous prive
d'avancer vers un... tu sais, à un moment donné, de procéder puis
d'avancer dans le projet de loi. Ils ont le droit de le faire. La question
n'est pas là. Mais je pense que, là, on
avait un beau consensus à l'effet qu'on voudrait peut-être essayer d'être
capables d'adopter des choses puis de
dégager des consensus. L'amendement que je dépose sur le projet de loi n° 2 en est un exemple. Donc, on pourrait
tout simplement l'adopter et peut-être passer à l'article 3. Mais, ceci
étant dit, ce n'est qu'une suggestion bien humble. Et je vais laisser
les travaux se dérouler conformément aux règles qui prévalent, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Le député de LaFontaine, s'il vous
plaît.
M. Tanguay :
Bien, M. le Président, désolé de décevoir la ministre, mais, si toutes les
interventions qui sont pertinentes, c'est
quand on va dire exactement comme elle, elle n'a pas fini d'être déçue, en
commission parlementaire puis en
travaux article par article, parce qu'on est là. Ce n'est pas son projet de
loi. C'est notre projet de loi. On est là pour le bonifier. Et tous les amendements étaient
excessivement étayés, justifiés et constructifs en ce sens-là. Alors, si elle
déplore le fait qu'on passe du temps puis on
est payés pour ça, nous, les députés, de voter les lois puis débattre les
amendés, à ce moment-là, je me
demande ce qu'elle-même fait ici. Je me demande ce qu'elle fait ici si elle
trouve qu'on perd du temps. Premier élément.
Deuxième
élément. Je vais lui mettre devant sa propre turpitude, là... Je pense qu'elle
a parlé d'une logique boiteuse. Je
pense que c'est elle-même qui vient de tomber, elle a creusé un trou puis elle
est tombée dedans, quand elle dit, et je la cite : Une logique
boiteuse... que la subjectivité du ministre ou du premier ministre est tout à
fait assimilable à la subjectivité du comité des députés. Bien, M. le
Président, c'est ça, le but du projet de loi, c'est de changer à qui est la subjectivité. On passe de la subjectivité, oui, du
ministre ou du premier ministre, puis l'objectif avoué, c'est que ça
soit la subjectivité des élus. Bien, bravo!
Alors, quand elle qualifie ça, M. le Président, de logique boiteuse, je pense
qu'elle a creusé un trou puis elle est tombée dedans bien comme il faut.
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la ministre, oui.
Mme Guilbault : Je vais réintervenir parce
que le député de LaFontaine sait très bien que ce n'est pas ce que j'ai dit. Si le premier ministre
choisit un candidat apte plutôt qu'un autre déclaré apte aussi, il applique une
certaine subjectivité ou une sélectivité parce qu'il doit proposer un
nom. Quand le comité... et c'est pourtant une personne... les deux sont déclarées aptes par le même comité indépendant,
mais on en choisit une plutôt qu'une autre, il y en aura juste une qui
va être nommée, en bout de ligne, quand le
comité parlementaire choisit un candidat plutôt qu'un autre, c'est exactement
le même principe, M. le Président. Donc, ça
n'a rien à voir avec la translation d'une partie du pouvoir de l'exécutif vers
le législatif, on parle bien d'une
sélectivité qu'il est tout à fait normal de pouvoir appliquer, à la fois par le
premier ministre, dans le choix du
candidat qu'il va présenter aux parlementaires et à la fois dans le privilège
des parlementaires d'accepter ou non le candidat.
Si on suit ce que le député de LaFontaine vient de dire, le
comité parlementaire serait emprisonné dans le fait que le
candidat qu'on lui propose a été déclaré apte par un comité indépendant auquel
personne ne doit se substituer, donc, théoriquement,
le comité parlementaire serait tenu d'accepter d'office le candidat. Or, on
veut justement leur conférer le privilège
de pouvoir se prononcer sur le fait qu'ils acceptent ou non ce candidat-là, ce
qui est tout à fait exactement le même principe que de pouvoir choisir
un candidat apte plutôt qu'un autre de la part du premier ministre.
Ceci étant dit, je ne veux pas qu'on passe la journée
là-dessus, je pense que le collègue de LaFontaine a très
bien compris ce que je voulais dire, et ça va, cette fois-ci pour vrai, clore
mes interventions, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : M. le député de LaFontaine, mais très peu de
temps.
M.
Tanguay : M. le Président, on a le bénéfice... puis c'est ça
qui est important, c'est qu'on a le bénéfice des transcripts, et tout le monde
ici, de ce bord-ci de la table, a compris la même chose, où, pour la ministre,
c'était quelque chose
de condamnable, M. le Président, que de dire : On va... Et le député
plaide pour une subjectivité de député versus la subjectivité de sélectionner les candidats. Les députés vont
sélectionner les candidats, n'en déplaise à la ministre, puis ça se peut
que le candidat qui est proposé, ça se peut qu'il soit rejeté, subjectivité des
députés. À ce moment-là...
Une
voix : ...
M. Tanguay : M. le Président, elle
avait dit qu'elle ne parlerait plus, alors j'espère qu'elle va tenir sa parole. Alors, M. le Président, en ce
sens-là, c'est justement ça, la logique même. Alors, si elle dit que c'est une
logique boiteuse, son projet de loi lui-même, il est boiteux, M. le
Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le député de LaFontaine. M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, s'il vous plaît.
M.
Leduc : Je voulais juste dire que le député de LaFontaine ne parle pas
en mon nom, là, je suis capable de parler tout seul, ça fait que, quand
il dit : De ce bord-ci de la table, on a tous compris la même chose, je
suis capable de me prononcer, si jamais j'ai envie de le faire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bachand) : D'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 2 est
adopté?
Une
voix : ...
Le
Président (M. Bachand) : Vote par appel nominal.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :
Pour.
La
Secrétaire : M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
La
Secrétaire : Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme Lachance :
Pour.
La
Secrétaire : M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Pour.
La
Secrétaire : Mme Lecours (Les Plaines)?
Mme Lecours
(Les Plaines) : Pour.
La
Secrétaire : M. Martel (Nicolet-Bécancour)?
M. Martel :
Pour.
La
Secrétaire : M. Lamothe (Ungava)?
M.
Lamothe : Pour.
La
Secrétaire : M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière :
Pour.
La
Secrétaire : M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay :
Contre.
La
Secrétaire : Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Thériault : Contre.
La
Secrétaire : Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil :
Contre.
La Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire :
Mme Richard (Duplessis)?
Mme Richard : Pour.
La Secrétaire :
M. Ouellette (Chomedey)?
M. Ouellette : Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté.
Alors, nous allons continuer sur
le débat, les interventions sur l'article 2. Interventions? M. le député
de LaFontaine.
M. Tanguay :
M. le Président, tel qu'annoncé, j'ai un amendement sur l'article 2 pour
fermer une porte qui est de moins en moins clairement fermée, parce qu'on a su des choses, des
déclarations de la ministre, la semaine passée, mais ce matin, cet après-midi, elle semble vouloir
remettre un peu la pâte à dents dans le tube. L'amendement se lirait comme
suit :
L'article 2 du projet de loi
est modifié par l'insertion de l'alinéa suivant après le premier alinéa :
L'article 5.1
de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin de son quatrième alinéa, des
mots, et je cite : «Le
ministre ne peut pas demander de publication d'un nouvel appel de candidatures
pour toute autre raison.» Fin de la citation.
Le Président (M.
Bachand) : O.K. On va suspendre quelques instants. Merci
infiniment.
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise à 16 h 39)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Nous sommes sur l'amendement
du député de LaFontaine. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
• (16 h 40) •
M. Tanguay : Oui, M.
le Président. Alors, l'amendement, j'en ai déjà fait la lecture. Ce que l'on veut faire,
c'est s'assurer de fermer une porte parce que,
quand on a eu le... entre autres, quand on a effleuré la question,
la semaine passée, puis on a eu l'occasion d'en discuter : Est-ce que
la ministre peut, suite au travail du comité de sélection, qui est, par essence, indépendant,
est-ce que la ministre peut regarder la liste des candidats jugés aptes
et dire : Non, cette liste-là, là, il n'y en a pas un là-dedans auquel je fais confiance, je relance
un appel de candidatures, ou est-ce qu'elle pourrait même le faire, finalement,
pour x raisons, x scénarios, il en reste juste un, il y en avait
deux, ils en ont bloqué un, il en reste juste un, lui, honnêtement, ou elle, là, non, fais pas confiance, je refais un appel de candidatures... Ça, c'est ce que la ministre
a déclaré.
Et ça a été
ma question en Chambre ce matin. Et là je voyais une certaine
ouverture de la ministre. Moi, quand on a posé la question pour les collègues autour de la table, quand on a
posé la question : Bien, en
vertu de quoi, en vertu de
quoi la ministre aurait ce pouvoir-là? Ça prend un pouvoir habilitant? Si la
ministre veut, elle-même, avoir le pouvoir habilitant...
on a même proposé à la ministre : Faites un amendement. Puis je l'ai même soulevé, l'amendement,
où la ministre peut, en tout temps,
refaire un appel d'offres. J'ai dit : Faites l'amendement, mettez-le clair
dans la loi, on va voter contre, vous
avez la majorité, vous voterez pour, mais là, au moins, ce sera très clair et
ce sera assumé, qu'elle a le pouvoir habilitant de refaire un appel de candidatures, M. le Président. Même si, dans le
lot des candidatures jugées aptes, il en reste toujours une, deux, trois, peu importe le nombre, elle,
elle pourrait complètement, permettez l'expression, by-passer le résultat
du travail du comité de sélection.
Ici, ce qu'on
vient dire, c'est : Fermez cette porte-là. La ministre... «Le ministre ne
peut pas demander la publication d'un
nouvel appel de candidatures pour toute autre raison.» Le comité de sélection
arrive, on vient de le voter, on a voté contre, mais la majorité l'a emporté, c'est parfait, c'est notre
démocratie, on est démocrates. S'il n'y en a pas deux, s'il y en a juste
une ou s'il y en a zéro, là, dans le contexte de l'article, il y a un appel de
candidatures. Mais on vient tout simplement
fermer la porte pour que, tout autre contexte, la ministre ne puisse pas
demander la publication d'un nouvel appel de candidatures pour toute
autre raison
Et, moi, M. le
Président... On a eu un débat là-dessus. Ça avait... ce qui était évident,
c'est que ce n'était pas clair. Ce qu'on
demandait à la ministre, c'est qu'elle dépose un amendement qui lui donne le
pouvoir, en tout temps, de by-passer
le comité de sélection puis de faire un deuxième appel ou un troisième appel de
candidatures — elle ne
serait même pas
limitée dans le nombre. Et là ce qu'on nous a dit, c'est que, non, elle a le
pouvoir inhérent, puis on nous a sorti une règle d'interprétation où
l'on disait : Le singulier inclut le pluriel. Bien, quand on est rendu,
comme rédacteur de lois, M. le Président,
comme législateur, à dire : Bien, on ne fera pas notre travail, on ne va
pas voter, on ne va pas prendre les quelques minutes que ça prend pour voter une disposition de la loi très claire
qui lui donne ou pas le pouvoir, mais qu'on va se fier sur une interprétation où, textuellement, ce qu'on
nous a dit, «le singulier inclut le pluriel», bien, ça ne tient pas la
route, M. le Président, on ne fait pas notre
travail comme législateur. Si la ministre nous dit : Bien là, vous passez
du temps, vous faites trop de temps, bien, on passe du temps, mais si,
au moins, on faisait notre travail de législateur, M. le Président...
L'article ici 5.1,
tel que rédigé, et je le lis, 5.1, au début : «Dans l'année qui précède
l'expiration du mandat du commissaire ou dès
que la charge devient vacante, le ministre publie un appel de candidatures par
lequel il invite les personnes», et
ainsi de suite. C'est au singulier. On nous a dit, règle d'interprétation, le
singulier inclut le pluriel, donc elle
pourrait, même s'il reste des candidatures jugées aptes par le comité, les
mettre de côté et refaire un autre appel de candidatures. Ça, M. le Président, l'amendement que l'on propose a
l'avantage de clarifier que l'on ne veut pas. Parce que, moi, puis je l'avais dit, M. le Président, je
l'avais dit, ce matin, j'ai posé une question en Chambre parce que moi, je
juge, et on juge, notre formation politique, que ça ne tient pas la route, elle
n'a pas ce pouvoir-là.
Imaginez le cas
d'espèce parce que, s'il y a un deuxième appel de candidatures, s'il y a un
deuxième appel de candidatures, M. le
Président, ça va se savoir par définition. Et, si, là, il est su... et vous
savez qu'au Québec, des fois, avec les
journalistes qui sont très efficaces, on apprend qu'il restait une ou deux
personnes ou trois personnes dans le lot, et que la ministre a fait un deuxième appel de candidatures, je ne voudrais pas
que, peu importe notre formation politique, peu importe le ministre en place, je ne voudrais pas que la personne, parce
qu'il en revient de nos institutions puis de l'indépendance, doivent répondre à un barrage de questions : Bien,
comment ça? Vous n'aviez même pas le droit, en vertu de la loi. Pourquoi vous avez fait... pourquoi
vous avez by-passé le résultat du travail du comité de sélection puis que
vous avez fait un autre appel de
candidatures? En vertu de quoi vous avez jugé, vous, du haut de votre poste de
ministre de la Sécurité publique que,
contrairement à ce qu'a dit le comité indépendant, ces gens-là ou cette
personne-là n'est pas apte, puis vous
la mettez de côté? Ça, M. le Président, ça aurait l'effet totalement contraire
du projet de loi n° 6, qui vise à renforcer l'apparence de
neutralité, d'indépendance dans, notamment, le processus de nomination.
Alors,
ça, M. le Président, au moins, ça a l'effet de la clarté. Et, si je vous le
dis, M. le Président, si la ministre, elle veut déposer un amendement contraire à ça, qui dit : Non, non, non,
je veux... la ministre peut demander la publication d'un nouvel appel de
candidatures pour toute autre raison, elle a juste à l'amender, ça va avoir
l'effet contraire. Elle peut le sous-amender,
M. le Président, puis je l'informe tout de suite qu'on ne fera même pas de
temps. On est contre, pour les raisons que je viens de dire, mais, si la
ministre, elle dit : O.K. Député de LaFontaine, je sous-amende : «Le
ministre...» Enlevez le «ne pas». «Le
ministre peut demander la publication d'un nouvel appel de candidatures pour
toute autre raison.» On va voter contre ça, mais ça aura le bénéfice
d'être clair et de légitimer... de lui donner un pouvoir habilitant.
Puis, ça, je la mets
au défi, M. le Président. Elle a dit qu'elle a le pouvoir, elle dit que c'est
en vertu des règles d'interprétation, je lui
donne sur un plateau d'argent, je m'engage même, M. le Président, à ne faire aucun commentaire
parce que je les ai faits sur son sous-amendement, puis nous, on serait prêts à passer au vote là-dessus,
puis elle votera pour, puis ça sera
au moins clair. Ça, là, c'est du travail extrêmement constructif, mais ça va
être clair. Peu importe le parti, le ministre en place aura ce
pouvoir-là.
Le
Président (M. Bachand) : ...interventions? Est-ce que vous
demandez le vote, M. le député de LaFontaine?
M. Tanguay : ...non, de
toute façon, je ne peux pas demander le vote. En vertu de quel article
je demanderais le vote?
Le
Président (M. Bachand) : ...prêt à voter d'abord? Est-ce qu'on
est prêts à voter?
M. Tanguay :
En vertu de quel article je pourrais demander le vote? J'aimerais ça trouver
cet article-là.
Le Président (M. Bachand) : Non, non, non, mais, excusez-moi, M. le député de
LaFontaine, vous comprenez, là. Donc,
il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement à l'article 2 est adopté?
Mme Thériault : ...vous allez vite un petit peu, M. le Président, je
pense que le député de Chomedey aussi voulait...
Le
Président (M. Bachand) : ...je vous regarde tout le temps, je
vous demande de...
Des voix :
...
Le Président (M. Bachand) : Je vous regarde tout le temps, vous avez juste à
me faire signe. Il n'y a aucun souci là-dessus. Je vous demande de
m'écouter aussi.
M. Tanguay :
On vous écoute.
Le Président
(M. Bachand) : Alors oui, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
s'il vous plaît.
Mme Thériault : Oui, M.
le Président. Oui, ça va me faire plaisir. Écoutez, je pense que simplement
parce qu'à un certain moment donné il peut y
avoir une confusion au niveau... parce que mon collègue a offert une position
qui est tout à fait
correcte à la ministre aussi, puis c'est sûr que moi, je m'attendais juste à ce
qu'elle réponde. C'est correct, elle n'a pas répondu, parfait, pas de
problème, sauf que je pense que je ne suis pas toute seule à penser que
peut-être ça aurait été intéressant...
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y, Mme la députée, vous avez la parole.
Mme Thériault : Donc, il est évident que ce que le
député vient de faire en plus de ça, c'est exactement dans la même lignée que la discussion qu'on avait la
semaine passée. O.K.? La ministre ne peut pas invoquer la manière... le
mode de nomination qu'il y a présentement,
elle ne peut pas l'invoquer en disant : J'ai déjà les pouvoirs, alors que
ce mode de nomination là, il saute
complètement, on passe à autre chose, puis ce n'est pas la ministre qui va
recommander au premier ministre et à
l'exécutif de nommer... On veut... Elle le dit : C'est un projet de loi
pour les députés. Parfait, pas de problème, les députés ont un travail à faire. Donc, le collègue, lui, ce qu'il
dit, c'est que, même en déposant son amendement, O.K., c'est mieux d'écrire dans la loi, puisqu'on est
des législateurs, ce que le ministre peut et ce que le ministre doit faire.
Ce n'est pas compliqué, là? C'est aussi simple que ça.
Donc, moi, je
comprends bien l'amendement de mon collègue, et il tend la perche directement à
la ministre. Moi, je pense que ça a
au moins le mérite d'être clair parce que ça lui donne le droit, dans la loi,
de le faire. Puis, peu importe, un
jour, il y aura un autre ministre qui va être là, hein? Un jour, il y aura un
autre parti politique qui sera là. Si, dans la loi qui régit la
nomination du Directeur des poursuites criminelles et pénales, c'est inscrit
que c'est la ministre de la Justice qui
interfère, elle est là, la ministre de la Justice pour le DPCP, c'est écrit,
c'est dans la loi. Moi, je fais juste dire, donnons à la ministre le
droit de le faire en l'écrivant dans la loi parce qu'on ne peut pas interpréter
la loi présentement en disant : Présentement, j'ai le pouvoir.
Une voix : ...
Mme Thériault : Oui, mais vous changez totalement
la nomination. Vous la changez, la nomination, le mode de nomination, vous le changez. Donc, vous ne pouvez
pas dire : Bien oui, mais j'ai le droit de faire ça quand même. Ce
n'est écrit nulle part, ni dans la loi qu'on nous soumet, là, tu sais.
Ça fait que
je pense que le collègue député de LaFontaine a quand même eu le bon sens de
dire : Voici ce que moi, je
propose. Mais, si la ministre veut absolument... L'amendement qui est là, le
sous-amendement, on pourrait suspendre, on va vous l'écrire, on va vous le donner, il l'a dit. On ne fera même
pas de temps dessus, on ne parlera même pas, on passe au vote tout de suite. Mais, au moins, c'est écrit
dans la loi que la ministre peut, elle a le droit. C'est là, là, c'est là.
Elle pourrait l'avoir, tu sais.
Ça fait que
moi, je pense que de se faire... Tu sais, on n'est pas ici pour retarder le travail,
on veut juste qu'il soit bien fait.
Puis, moi, j'ai déjà exprimé qu'il faut que ce soit clair. On les écrit, les
lois. Ce sont nos lois à nous aussi. Un jour, la ministre ne sera plus là. Il y aura quelqu'un d'autre assis sur la
chaise. Puis on sera les premiers à vouloir dénoncer que le ministre se mêle de quelque chose qu'en
principe il n'est pas supposé parce que ce n'est pas écrit dans la loi. C'est
écrit pour le Directeur des poursuites criminelles et pénales. Puis, tout ce
qu'on veut, c'est de l'écrire dans la loi.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, Mme la ministre.
Mme Guilbault : Bien, simplement pour répondre, je ne ferai pas d'intervention
là-dessus parce qu'on a déjà eu ce
débat-là sur cette question-là très précise, amplement détaillée, la semaine
dernière. Je le dis pour le bénéfice des collègues autour de la table qui n'étaient pas forcément là
la semaine dernière. On a abondamment traité de cette question-là, et je
me souviens même que nos amis légistes en
arrière sont venus au micro pour répondre aux questions du député de
LaFontaine. Donc, la question d'est-ce que,
oui ou non, on peut faire des appels de candidatures, refaire des appels de
candidatures, a déjà été très exhaustivement traitée, M. le Président.
C'est la raison pour laquelle je n'abonderai pas davantage.
• (16 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? Interventions? M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay :
Oui. Contrairement à ce que dit la ministre, ça n'a pas été, non, «très
exhaustivement». Honnêtement, et on écoute quand on nous répond, la dame
qui nous a répondu est du ministère — j'oublie son nom, je m'en excuse — et ce que j'ai retenu, parce que, moi, ça...
S'il y a une évidence, c'est que ce n'est pas clair, c'est que le... Une
règle... En vertu de la Loi d'interprétation
du Québec, qui est une loi, il y a une règle qui dit que le singulier inclut le
pluriel. Pour les gens qui écoutent à la
maison, le singulier écoute le... inclut le pluriel. Une chance qu'on
n'applique pas ça à nos couples, M. le Président, parce que ça ne
fonctionnerait pas bien.
Une voix : ...
M. Tanguay : Non, le
singulier... Quand c'est clair, c'est clair.
Une voix : ...
M. Tanguay :
Le singulier n'inclut pas le pluriel. En ce sens-là, M. le Président, puis je
pense que mon collègue va vouloir prendre la parole, là, mais il va être
hors d'ordre, ça fait que je fais un rappel au règlement, en ce sens-là, M. le Président, on ne
fera pas notre travail aujourd'hui si on ne statue pas là-dessus. Et, si la
ministre veut — je ne
me répéterai pas — l'avoir, si elle considère qu'elle l'a, il
ne faut pas commencer à se mettre à risque comme administration future. Puis elle ne sera pas toujours là.
Personne, ici, ne sera toujours là, par définition. Ce qu'on dit là est
important. Puis on a l'occasion de fermer une porte, puis on l'offre sur
un plateau d'argent pour qu'on statue là-dessus par un vote.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le député. D'autres
interventions? M. le député de Chomedey, oui.
M. Ouellette : Bien, je réfléchis, M. le Président, si je vais faire une intervention
ou pas, parce que je sens que vous essayez
de... Vous hâtez ma réflexion, là, puis j'essaie juste de voir entre
l'obligation qu'avec l'adoption de l'amendement qu'on vient de faire,
que, s'il y a moins de trois... c'est-à-dire que, si le comité d'évaluation
nous donne moins que trois candidats,
c'est-à-dire deux et un, la ministre doit aller en appel de candidatures. Et,
au début de ma réflexion, je pensais que
l'intervention du député de LaFontaine, bien, était peut-être plus appropriée à
l'article 1. Sauf que j'ai trouvé un petit peu de lumière, là, dans
le temps que vous me permettiez de réfléchir, M. le Président. Et je pense que
le député de LaFontaine nous offre la
possibilité, au lieu de créer l'obligation de la ministre, qu'on lui donne le
choix. Et je pense que... Bon, ma
réflexion n'est pas finie, mais je vous dirai que c'est peut-être une bonne
option, que la ministre puisse avoir le choix entre l'obligation qu'elle
a présentement à 5.1 et l'amendement qui est apporté par le député de
LaFontaine.
Le Président (M. Bachand) : Merci, M. le député de Chomedey. D'autres
interventions? Alors, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel, s'il vous plaît.
Mme Thériault :
Bien, M. le Président, puisque je suis conséquente avec moi-même et que je
crois fermement qu'on doit le créer dans la
loi, je vais déposer un sous-amendement pour donner le pouvoir à la ministre de
le faire. Donc, l'article 2, comme sous-amendement, je vous
déposerais :
L'amendement
proposé à l'article 2 du projet de loi est modifié par la suppression, après
le mot «ministre», du mot «ne» et la suppression, après le mot «peut»,
du mot «pas».
Donc, à ce moment-là,
M. le Président, ça va donner : «Le ministre peut demander la publication
d'un nouvel appel de candidatures pour toute autre raison.»
Donc, je vous
demanderais une courte suspension, le temps qu'on puisse transmettre le
sous-amendement.
Le
Président (M. Bachand) : Parfait. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
16 h 54)
(Reprise à 17 heures)
Le Président (M. Bachand) : À l'ordre,
s'il vous plaît! Merci. Alors, la commission
reprend ses travaux. Nous sommes en discussion sur le sous-amendement de
la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Thériault : Oui, merci, M. le Président. J'attendais que les micros s'ouvrent. Donc, évidemment,
j'ai expliqué, avant que l'amendement
soit distribué... avant que le sous-amendement, pardon, soit distribué, la
raison pourquoi je considère tout
simplement qu'on doit, tant qu'à faire les lois, tant qu'à les ouvrir... ça a
le mérite d'être clair. Et je donne le pouvoir à la ministre par ce sous-amendement-là. Et il n'y aura pas d'autre
commentaire, M. le Président. Je ne suis pas ici pour faire du temps,
mais bien pour améliorer les lois.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay :
Très rapidement. Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Sur le fond des
choses, et on a eu l'occasion abondamment de
nous exprimer, on considère que la ministre n'a pas ce pouvoir-là. Mais, entre
deux maux, il faut choisir le
moindre. Ne pas clarifier la situation, ce serait mettre en péril la clarté de
nos institutions, la neutralité du processus
de nomination, et c'est pour ça que je vais voter en faveur de l'amendement,
parce qu'au moins ça a le mérite d'être
clair. Et la ministre, j'en suis persuadé, va voter en faveur de notre
amendement pour être accord avec ce qu'elle plaide depuis le début de
nos travaux.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Donc, sous le sous-amendement,
d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention sur le
sous-amendement, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que le
sous-amendement à l'article 2 est adopté?
Une voix :
...
Le
Président (M. Bachand) : Par appel nominal. Merci.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Thériault : Pour.
La
Secrétaire : M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Guilbault (Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme Lachance :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Contre.
La Secrétaire :
Mme Lecours (Les Plaines)?
Mme Lecours
(Les Plaines) : Contre.
La Secrétaire :
M. Martel (Nicolet-Bécancour)?
M. Martel :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière :
Contre.
La Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Richard (Duplessis)?
Mme Richard :
Pour.
La Secrétaire :
M. Ouellette (Chomedey)?
M. Ouellette :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M. Bachand) : Abstention.
Ce sous-amendement est refusé. On retourne au débat sur l'amendement.
Donc, interventions?
M. Tanguay :
Sur l'amendement, M. le Président, alors, la ministre et le groupe représentant
la banquette ministérielle a pris une
décision qui a une conséquence. Ils ont voté contre un amendement qui, de façon
très claire, donnerait le pouvoir...
contre un sous-amendement qui aurait donné le pouvoir, très clairement, à la
ministre de faire ce qu'elle dit qu'elle
peut faire. Elle a refusé que ce soit marqué dans la loi. Celles et ceux qui
liront les transcriptions pourront plaider dorénavant, puis ils auront cette ligne — que je suis en train de dire, que, si la ministre
a voté contre, donc, et que ça a été rejeté, et que la commission
parlementaire a statué très clairement, on ne veut pas que la ministre ait ce
pouvoir-là — à lire. Le législateur,
quand il vote, il envoie des signaux, la ministre, donc, dans l'interprétation
de la loi, au-delà du singulier et
que le pluriel, là, puis des choses, là, qu'on ne doit pas considérer quand on
interprète une loi si elle est bien écrite, bien, ça, M. le Président, c'est un vote très clair, la
ministre a voté contre avoir ce pouvoir-là, on pourra plaider qu'elle ne l'a
pas, le pouvoir. Moi, je n'ai plus d'autre représentation à faire sur
l'amendement, qui vise aussi cette précision.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup, M. le député. Autres
interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à
l'article 2 est adopté?
Une voix :
...
Le
Président (M. Bachand) : Appel nominal, s'il vous plaît. Vote
nominal, pardon.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Thériault :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Guilbault (Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme Lachance :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Contre.
La Secrétaire :
Mme Lecours (Les Plaines)?
Mme Lecours
(Les Plaines) : Contre.
La Secrétaire :
M. Martel (Nicolet-Bécancour)?
M. Martel :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière :
Contre.
La Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Richard (Duplessis)?
Mme Richard :
Contre.
La Secrétaire :
M. Ouellette (Chomedey)?
M. Ouellette : Contre.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. L'amendement est
rejeté. Merci. Donc, on reprend le débat sur l'article 2. Interventions?
Une voix : C'est
l'article 2?
Le Président (M.
Bachand) : Sur l'article 2.
M. Tanguay :
L'article 2 tel qu'amendé...
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay :
Oui, merci, M. le Président. Alors, sur l'article 2 tel qu'amendé, c'est
important de voir le recul que le
gouvernement de la CAQ s'apprête à nous faire faire en commission. Le recul est
le suivant, et celles et ceux qui nous écoutent à la maison peuvent le
constater, telle que rédigée, la loi, si on ne fait rien, elle dit quoi? «Si,
au terme de l'évaluation des candidats,
moins de deux candidats ont été considérés aptes à exercer la charge de
commissaire, le ministre doit publier
un nouvel appel de candidatures.» Là, sous un gouvernement de la CAQ, de la
vice-première ministre, ministre de
la Sécurité publique, elle dépose un amendement pour baisser les standards, qui
est totalement en contradiction avec le projet de loi, qui est de monter les standards quant à la neutralité et
à l'indépendance du processus de nomination. Là, on se contente, M. le Président, de moins avec un gouvernement de la CAQ. On passe de nécessité d'avoir trois
belles candidatures aptes à savez-vous quoi? On peut se passer de la
troisième; deux, c'est amplement suffisant.
Alors, on
s'apprête à voter. Nous, on va voter contre cet amendement-là, parce qu'on ne veut pas baisser les
standards, on veut les améliorer, et, si la
ministre vote pour, elle me donnera raison sur toute la ligne. Par son vote,
elle veut diminuer les pouvoirs et diminuer l'opportunité de, justement,
s'assurer que l'on ait le meilleur processus en place.
Alors, c'est
une autre décision lourde de conséquences qu'on aura l'occasion de lui rappeler
dans le contexte de la joute parlementaire et elle aura à répondre à ces
questions.
Le
Président (M. Bachand) :
Autres interventions sur l'article 2? S'il n'y a pas d'autre intervention
sur l'article 2, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce
que l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Vote nominal? Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Guilbault (Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :
Pour.
La Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire :
Mme Lachance (Bellechasse)?
Mme Lachance : Pour.
La Secrétaire :
M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire :
Mme Lecours (Les Plaines)?
Mme Lecours (Les Plaines) : Pour.
La Secrétaire :
M. Martel (Nicolet-Bécancour)?
M. Martel (Nicolet-Bécancour) :
Pour.
La Secrétaire :
M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe :
Pour.
La Secrétaire :
M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Pour.
La Secrétaire :
M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay : Contre.
La Secrétaire :
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Thériault : Contre.
La Secrétaire : Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil : Contre.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire :
Mme Richard (Duplessis)?
Mme Richard : Pour.
La Secrétaire :
M. Ouellette (Chomedey)?
M. Ouellette : Pour.
La Secrétaire :
M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'article 2, tel qu'amendé, est adopté. Alors, s'il n'y
a pas d'autre indication, nous allons passer à l'article 3. Mme la
ministre?
Mme Guilbault :
Ah! excusez, j'étais en pavoison devant ce progrès... en pâmoison.
Des voix : ...
Mme Guilbault :
Bien non, mais on peut quand même souligner l'avancée des travaux, non?
Une voix : ...
Mme Guilbault :
Bon, est-ce que je lis l'article à la base ou l'amendement directement? Bon,
alors, l'article 3 : L'article 5.2 de cette loi est modifié par
l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Sous réserve d'une destitution en application
de l'article 117, 119, 234 ou 252 de la Loi sur la police, le commissaire ne peut être destitué que par l'Assemblée
nationale, sur motion du premier ministre et avec l'approbation des deux
tiers de ses membres.»
Et donc c'est
ça, l'article 3 propose de modifier l'article 5.2 de Loi concernant
la lutte contre la corruption pour déterminer
les règles relatives à la destitution du commissaire à la lutte contre la
corruption. Sous réserve des cas de destitution prévus par la Loi sur la
police, il ne pourrait être destitué que par l'Assemblée nationale. Et j'aurai
un amendement, M. le Président, à déposer sur l'article 3.
Le Président (M.
Bachand) : Voulez-vous en faire la lecture?
Mme Guilbault :
Oui.
Le Président (M.
Bachand) : On va faire la distribution. Merci.
Mme
Guilbault : Remplacer
l'article 3 de ce projet de loi par le suivant : 3.
L'article 5.2 de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, de
l'alinéa suivant :
«Sous réserve
d'une destitution en application d'une disposition de la Loi sur la police, le
commissaire ne peut être destitué que
par l'Assemblée nationale, pour cause, sur motion du premier ministre et avec
l'approbation des deux tiers de ses membres, après que le ministre a
reçu un rapport de la Commission de la fonction publique.»
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Nous allons suspendre quelques
instants, s'il vous plaît. Merci beaucoup.
On suspend.
(Suspension de la séance à 17 h 9)
(Reprise à 17 h 13)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux.
Nous sommes
sur l'amendement à l'article 3, présenté par Mme la ministre. Mme la ministre, est-ce que vous
avez une intervention sur votre amendement?
Mme Guilbault : Oui, bien, je l'ai déjà lu, je pense. Donc, c'est
ça. Alors, ça vise à préciser... Bien, j'ai déjà dit les commentaires sur l'article 3, à la base, donc
d'appliquer la même modification au mode de destitution qu'au mode de
nomination, en ce qui concerne le fait de le voter aux deux tiers des membres
de l'Assemblée nationale. Par contre, l'amendement
réintroduit la notion de pour cause, qui, si ma mémoire est bonne, était
présente dans le... oui, hein, la loi sur...
parce que ce n'est pas toujours la même chose pour la loi, mais, de mémoire,
pour le commissaire, c'était déjà prévu qu'il était destitué pour cause.
Et, dans le nouveau libellé, pour laisser place à la nouvelle façon de faire...
Une voix : ...
Mme Guilbault : Oui, c'était prévu? Bon, c'est ça. Donc, dans le
nouveau libellé, pour la nouvelle façon de faire, c'est comme si on l'avait fait disparaître, mais,
en fait, ce n'était pas tout à fait volontaire... bien, c'est-à-dire, ce
n'était pas volontaire. Et, quant à
nous, évidemment, c'était en quelque sorte implicite que, pour vouloir
destituer quelqu'un, il y aurait forcement
une bonne cause jugée légitime, mais on vient l'expliciter parce que je pense
que ce n'est pas mauvais de le faire, et
ça donne écho aussi à une préoccupation que je me souviens avoir entendue, en
tout cas, que je sais, de la part de Québec solidaire, et que je pense
aussi avoir entendue de la part d'autres collègues, de la part aussi de gens
qui sont venus en consultations particulières. Et je précise aussi d'emblée que
cette introduction d'un pour cause sera faite aussi pour les deux autres
postes. Donc, on a la même logique, toujours ce souci d'harmonisation des trois
postes.
On précise aussi que c'est sur réception d'un
rapport de la Commission de la fonction publique, donc une entité indépendante qui a déjà le mandat d'ailleurs,
aussi, d'enquêter dans des circonstances similaires, dans la loi actuelle
sur la corruption. Donc, on maintient, si on
veut, le mandat à la Commission de la fonction publique d'enquêter pour
déterminer si, oui ou non, il y a matière à
destitution. Et je pense bien que ce sont essentiellement, oui, les deux
éléments qu'apporte l'amendement à l'article 3.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, s'il vous plaît.
M. Leduc :
Merci. Mme la ministre a raison de mentionner qu'on avait parlé de ça, entre
autres, dans nos remarques concernant
l'adoption de principe. Donc, on avait préparé un amendement également. Je suis
content de savoir que c'est déposé
par la partie ministérielle. Et puis je pense qu'il va peut-être y avoir des
débats sur d'autres aspects, mais, sur le fond, de rajouter le «pour
cause», on est bien contents que ça soit là, et on va voter pour.
Le Président
(M. Bachand) : Oui. Bien, M. le député de Chomedey, s'il
vous plaît.
M. Ouellette : Merci, M. le
Président. J'aurais aimé ou j'aimerais avoir de la ministre la raison pourquoi,
dans l'amendement initial, c'est-à-dire
dans... oui, dans l'amendement initial, on fait référence aux
articles 117, 119, 234, 252, et,
dans votre amendement présent, on ne l'y retrouve plus? Est-ce qu'il y a une
raison? Parce que, si... Pour les gens qui nous écoutent, ça ne leur dit rien, là, 117, 119, 234, 252. Est-ce qu'il
y a une raison pourquoi on ne le retrouve plus dans l'amendement actuel?
C'est ma première question.
Le Président
(M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. C'est qu'on a profité de la modification
pour, en fait, simplifier parce qu'actuellement ces articles-là, c'est... Bien, sans rentrer trop dans
les détails, mais comme 117, ce serait, par exemple... Ces articles-là
prévoient, en fait, les modalités pour
lesquelles le ministre peut destituer par lui-même, donc, par exemple,
quelqu'un qui exercerait d'autres
activités sans en avoir le droit, quelqu'un qui deviendrait coupable d'un acte
en vertu du Code criminel, et tout ça. Donc,
ce sont des articles qui prévoient les raisons pour lesquelles le ministre peut
destituer. Mais si, un jour, on venait qu'à modifier la Loi sur la police, donc s'il s'ajoutait des nouveaux
articles pour des raisons de destitution par la ministre, ou si les articles, les numéros d'articles changeaient,
ou s'il y avait quoi que ce soit qui était modifié dans la Loi sur la
police, ça nous obligerait, à chaque fois, à
venir amender, donc ça laisse tout simplement plus de latitude, mais la façon
dont c'est libellé, évidemment, on
parle d'articles qui prévoient des pouvoirs pour la ministre de destituer en
vertu de causes bien précises.
M. Ouellette : Mon deuxième commentaire, M. le
Président, sera sur la Commission de la fonction publique. J'avais
été celui qui avait demandé à ce que la Commission de la fonction publique vienne en consultation parce
qu'effectivement le fait
que la Commission de la fonction publique soit l'organisme choisi ou
l'organisme dédié par la loi actuelle et par la loi qu'on est en train de faire pour faire les
enquêtes, ça nous... on aurait eu des questions pour la Commission de la
fonction publique sur comment ils font
leur... pas juste leur choix, mais comment... sur la mécanique, comme dirait
mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, de ce genre de demandes
gouvernementales touchant certaines fonctions. Mais ils ont brillé par leur
absence, et je tenais à le souligner.
J'ai
une interrogation, M. le Président, sur l'enquête pour destitution puis que
l'enquête soit menée par la Commission de
la fonction publique. Dans une situation où le commissaire à l'UPAC est un
policier en exercice, je vois mal que l'enquête puisse être faite par la Commission de la fonction publique. Je verrais
peut-être beaucoup plus pertinent si le choix du Commissaire de la lutte à la corruption était un policier prêté du SPVM,
du SPVQ ou de la Sûreté du Québec, donc encore un policier en fonction. Je vois très mal, et je pense... j'aurais
souhaité que ça puisse être le Bureau des enquêtes indépendantes qui
fasse l'enquête de destitution. Je pense que ça aurait été normal.
Je
ne sais pas si les légistes au ministère... ou s'il y a eu une réflexion faite
par les gens qui ont rédigé le projet de loi, mais je pense que j'aurais besoin d'une explication, M. le Président, de
la ministre sur cette situation hypothétique, mais qui pourrait être problématique et qui pourrait
m'emmener aussi... Parce que, je l'annonce à la ministre, quand on va
parler du commissaire associé aux enquêtes, ce sera la même chose. Si le
commissaire associé aux enquêtes, on demande sa destitution pour cause et que c'est un policier, je vois très mal la
Commission de la fonction publique. Et donc, ça serait peut-être à préciser que ça devrait être le Bureau
des enquêtes indépendantes, qui est
la police des polices, qui fasse l'enquête.
• (17 h 20) •
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le
député de Chomedey. Interventions? Mme la ministre, oui.
Mme Guilbault : Oui, bien, je ne sais pas si j'ai bien compris le
souci du député de Chomedey, mais c'est sûr que la Commission
de la fonction publique va enquêter,
tu sais, de prime abord, si on a des raisons de croire qu'il y a
peut-être des motifs de destitution ou, en tout cas, si la personne n'est pas compétente, n'est pas impartiale, n'est
pas... bon, s'il y a certains problèmes qu'on décode, qu'on dénote, qu'on soupçonne,
disons. Mais les articles que j'ai cités tantôt, là, 117, 119, 234 et 252 de la Loi sur la police font
référence à des choses bien précises qui peuvent amener le fait que ce sera
d'autres instances qui vont enquêter. Si, par exemple, on parle d'une allégation
criminelle, bien, évidemment, ce sera un corps policier. Si on parle
d'une infraction à un code de déontologie, bien là, il y a le Comité de
déontologie policière qui peut enquêter aussi et qui peut même aller jusqu'à la
destitution.
Et
donc c'est ça, alors, je ne sais pas si ça répond à la question du député, mais
la Commission de la fonction publique, c'est sa mission, elle existe
exactement pour ce genre de mandat.
M. Ouellette :
J'entends, M. le Président...
Le
Président (M. Bachand) : M. le député,
oui.
Mme Guilbault :
...pour un haut fonctionnaire, pour un haut...
M. Ouellette : Oui. J'entends les commentaires de la ministre, M. le
Président, mais je serais, je pense
qu'on serait tous plus rassurés, par
souci de transparence, qu'on puisse retrouver dans... Après que «[la] ministre
a reçu un rapport de la Commission de la fonction publique», j'ajouterais,
après ces mots, «de la fonction publique», «ou du Bureau des enquêtes
indépendantes» parce que la Commission de la fonction publique enquête sur des
fonctionnaires, puis normalement le Bureau
des enquêtes indépendantes enquête
sur la police. On est dans le processus de nomination de... directeur de la Sûreté du Québec,
Commissaire à la lutte contre la
corruption. On est dans le domaine de
la police. Je pense qu'il serait... et, je pense, ça
rassurerait tout le monde, et ça rendrait le processus encore plus transparent.
J'ai un
sous-amendement de prêt, mais je ne veux pas le déposer immédiatement. Je pense
que je veux nous inviter à réfléchir que,
pour être conséquents, on devrait considérer de rajouter que, dans le cas d'un
fonctionnaire, ce serait la
Commission de la fonction publique, mais dès que ça touche le domaine policier,
blindons-nous, c'est notre devoir de législateurs, blindons-nous, et
automatiquement, si ça touche un policier, que ça soit comme commissaire, ou
comme commissaire associé aux enquêtes, ou
comme directeur de la Sûreté, ou comme directeur adjoint de la Sûreté, les
enquêtes pour destitution doivent être faites par le Bureau des enquêtes
indépendantes.
Le
Président (M. Bachand) : Merci, M. le député. Interventions?
Mme Guilbault :
Non. Bien, peut-être une minisuspension, par contre, pour être sûre de mon...
Le
Président (M. Bachand) : Pas de souci.
Bien, on va suspendre
quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
17 h 23)
(Reprise à 17 h 31)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission va continuer ses travaux. Je cède la parole à la ministre. S'il vous
plaît, Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, merci,
M. le Président. Je voulais m'assurer d'avoir toute la bonne information pour
répondre adéquatement aux collègues. Et c'est ça, un peu dans le sens de ce que
je disais, là, c'est bien évident que, s'il y avait une allégation de nature
criminelle contre un éventuel gestionnaire de l'UPAC ou même de la Sûreté, mais
là tenons-nous-en à l'UPAC pour cette fois-ci, qui a un statut d'agent de la
paix, effectivement, donc, s'il y avait une allégation criminelle contre cette personne-là, ce serait... Bien, en fait, c'est
les articles, là, bien, 289 et 289.3 qui s'appliqueraient, de la Loi sur
la police.
Donc, la
ministre peut mandater un corps de police pour faire enquête, si c'est des
allégations criminelles, ou peut mandater
aussi le BEI. C'est à sa convenance. Dans le fond, les deux options existent.
Et donc c'est ça, donc ce sera forcément le cas si c'est une allégation de nature criminelle. Si c'est une
allégation de nature criminelle qui est plus spécifiquement liée à quelque chose de sexuel, c'est même déjà
prévu que c'est automatiquement le BEI. Mais, si, par exemple, on a des motifs de croire qu'il y a des problèmes avec la
gestion des ressources humaines, ou la gestion en général, ou les
compétences qui auraient décliné pour une
raison ou pour une autre, ou, en tout cas, d'autres choses qui n'ont pas de
rapport avec le volet policier du
travail, bien, à ce moment-là, ce serait la Commission de la fonction publique
qui ferait l'enquête conformément à sa mission.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Chomedey.
M. Ouellette : M. le Président, vous me confortez encore plus à
ce qu'on devrait ajouter à l'amendement de la ministre le rapport de la
Commission de la fonction publique ou le Bureau des enquêtes indépendantes
parce qu'à ce moment-là je vous dirais qu'on
couvre 99,9 % des cas de figure qui pourraient se passer, et je pense que
ça serait encore plus clair.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, oui.
Mme Guilbault : Oui. Bien, premièrement, comme je l'ai dit, il
existe quand même la possibilité de faire appel à d'autres corps de police. Ça fait que, là, on
éliminerait, si on veut, d'autres options qui, pourtant, existent dans la loi.
Donc, par cohérence, il faut quand même se garder les options ouvertes.
Et le cas que
décrit le député de Chomedey est déjà prévu à l'article 119. Il y a déjà
un article de la Loi sur la police qui prévoit les cas où il y a des
allégations de nature criminelle contre un policier. Donc, c'est déjà traité
autrement que par l'article n° 3 de notre projet de loi, qui, lui, réfère finalement à des cas qui
seraient autres que ceux qui sont déjà prévus
à des articles de la Loi sur la police pour, justement, l'incompatibilité de
fonctions, tu sais, quelqu'un qui pratiquerait d'autres fonctions en
même temps que celui de policier qui sont incompatibles, des infractions
criminelles ou des infractions au code de déontologie qui seraient traitées par
le Comité de déontologie policière.
Donc, toutes
ces possibilités-là de destitution existent dans d'autres articles. L'esprit de
l'article 3 du projet de loi touche
vraiment les autres possibilités qui ne sont pas autrement prévues dans les
articles de la Loi sur la police. Donc, on parle vraiment d'un mandat qui serait... pas d'un mandat, mais,
c'est-à-dire, de motifs de suspicion, de cause de destitution qui
seraient enquêtées par la Commission de la fonction publique, qui existe
exactement pour ce type de situation là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Chomedey.
M. Ouellette : M. le Président, j'entends les explications de la
ministre aussi. Si, d'entrée de jeu, c'est prévu que, pour tout ce qui est administratif, c'est la
Commission de la fonction publique, pourquoi avoir senti le besoin de le
préciser dans l'amendement? Je vais répéter,
M. le Président. Je pense que Mme la ministre avait une discussion avec les
légistes, là, mais je veux juste être sûr qu'on est à la même place. Si,
d'entrée de jeu, tout ce qui est administratif, c'est prévu que c'est la
Commission de la fonction publique, pourquoi avoir besoin de le préciser dans
l'amendement à l'article 3?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre, oui.
Mme Guilbault : C'est parce qu'on l'avait retiré
involontairement, en quelque sorte, dans le nouveau libellé, à moins que
je me trompe, là. Mais, tu sais, c'est ça, c'est un peu comme le «pour cause».
M. Ouellette : M. le Président, toujours par votre
intermédiaire, donc, même si plusieurs collègues pourraient être d'accord avec moi que ça ne nous pénalise pas de
rajouter «ou du Bureau des enquêtes indépendantes» à l'amendement de la ministre à l'article 3, M. le Président,
vous ne jugez pas pertinent et nécessaire que ça doive être ajouté? Parce que,
là, je suis encore en réflexion d'un débat sur un sous-amendement parce que je
tiendrais probablement, et plusieurs de mes collègues
partageraient mon point de vue... Je pense qu'en ayant la ceinture et les
bretelles... On ne l'avait pas prévu dans l'ancien, mais, si, dans l'amendement actuel, on précise que le «pour
cause» doit avoir un rapport de la Commission de la fonction publique...
Et je
croirais que ça n'enlève pas, M. le Président, les pouvoirs de la ministre
qu'on dit : Après que le ministre aurait reçu un rapport de la
Commission de la fonction publique ou du Bureau des enquêtes indépendantes. On
n'interfère absolument pas sur les pouvoirs
de la ministre de décider qu'à cause du cas par cas ou à cause de certaines
allégations précises ça ne soit pas
le Bureau des enquêtes indépendantes qui fasse enquête. Je pense que tout le
monde est... Je pense qu'on n'encadre
pas ou ne met pas un carcan sur le pouvoir décisionnel de la ministre, mais je
crois qu'on se couvre dans tous les
aspects de notre travail. Et je serais beaucoup plus rassuré et je pense que le
processus serait beaucoup plus transparent qu'on ajoute ou qu'on précise : Après que la
ministre aurait reçu un rapport de la Commission de la fonction publique
ou du Bureau des enquêtes indépendantes. Je le laisse à la ministre pour
réflexion avant d'officiellement déposer un sous-amendement pour ne pas
allonger le débat. Je pense que c'est une suggestion pertinente qui pourrait
être considérée par la ministre.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Je vais réexpliquer la même chose. C'est que, si
on fait ça, premièrement, c'est comme si une enquête par un corps de police n'était plus admissible, parce que, là,
on se trouve à nommer seulement la Commission de la fonction publique et le BEI, alors que, dans les faits, il existe,
dans la loi, à l'article 289, la possibilité pour la ministre de
demander à un corps de police d'enquêter sur une allégation criminelle qui
toucherait le commissaire de l'UPAC. Et donc c'est ça.
Deuxièmement,
s'il y avait une telle allégation criminelle, comme je l'ai dit, de toute
façon, automatiquement, ce serait
traité soit par un corps de police ou par le BEI. Et, si cette accusation-là
donnait lieu à une condamnation, il est, de toute façon, destitué. Donc, on n'est plus dans l'article 3. On
n'est plus dans la destitution par les deux tiers. On n'est plus dans l'article 119 de la Loi sur la police ou
dans l'article 3 de notre projet de loi. Il est destitué automatiquement.
Donc, ça n'a rien à voir avec les deux tiers de l'Assemblée nationale.
Et, troisièmement, juste pour repréciser...
parce qu'il me disait : Pourquoi on parle de la Commission de la fonction publique? J'ai dit : C'est parce que
c'était déjà le cas avant. Mais, en fait, c'est que c'est l'article 4 de
notre projet de loi. À
l'article 4, le prochain, on prévoit la suppression du premier alinéa de
l'article 5.4 de la loi sur la corruption. C'est ça?
Une voix : ...
Mme Guilbault : Non, non, 5.4... donc, prévoit la suppression du
premier alinéa de l'article 5.4 de la loi sur la corruption, dans lequel il était écrit que ce
serait avec un rapport de la Commission de la fonction publique. Donc, on
le supprime au prochain article du projet de
loi. Alors là, on vient le réintroduire à cet article-ci, par l'amendement que
j'ai déposé, que ça demeure le mécanisme administratif de mise pour ça.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Mme la députée de Duplessis, s'il vous plaît. Merci.
• (17 h 40) •
Mme Richard : Merci, M. le Président. Bon, j'ai entendu les
explications de la ministre. Et, quand elle dit : Bon, si on n'en ajoutait pas... Parce que moi, je suis
d'accord avec le député de Chomedey, là. On rajoute le Bureau d'enquêtes
indépendantes qui enquêterait éventuellement
sur un acte de nature criminelle du futur commissaire à l'UPAC. Et ce
que je comprends des explications de la
ministre, c'est parce qu'il pourrait y avoir un autre corps policier qui
pourrait enquêter.
Donc, si je
comprends bien, ce que la ministre veut me dire, c'est que, s'il devait y avoir
une allégation criminelle quelconque — de nature criminelle, mais il y en a de
toutes sortes — contre,
éventuellement, le commissaire à l'UPAC, on pourrait demander à la Sûreté du Québec d'aller enquêter sur la nature
des allégations criminelles du commissaire. Je veux juste savoir si j'ai bien compris ça parce que,
selon moi, le Bureau d'enquêtes indépendantes est quand même... C'est
lui qui enquête sur la Sûreté du Québec. Je
vous dirais, le Bureau d'enquêtes indépendantes, c'est ultimement celui qui
enquête sur la police même si c'est des
policiers, des enquêteurs d'expérience. C'est une question de transparence.
C'est une question aussi de
dire : Bien, ça ne sera pas la Sûreté du Québec. Quand on va donner le
mandat à la Sûreté du Québec ou même autres corps policiers, ce serait-u
le policier de Laval qui irait enquêter sur le commissaire à l'UPAC?
Moi, j'aurais
besoin de davantage de précisions parce qu'à ce moment-ci je ne vois pas
qu'est-ce qui empêche la ministre de
juste rajouter... Bon, s'il y a une faute administrative ou que, bon, le futur
commissaire à l'UPAC... ça, on le sait,
ça peut revenir à la fonction publique. Mais, si ça devait être autre chose, et
de nature plus grave ou, en tout cas, plus inquiétante, de nature criminelle, pourquoi pas qu'on dise que ça soit
le BEI qui enquêtera? Et là la ministre semble dire : Mais c'est parce que ça viendrait me restreindre,
la possibilité d'avoir un autre corps, même si je comprends que ce
serait à un autre corps policier, d'enquêter, là. Je veux juste bien
comprendre.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Merci. Je vais réexpliquer. Le mandat du BEI,
c'est d'enquêter sur, bien évidemment, des décès ou des blessures dans le cadre d'interventions policières, on
n'est pas du tout là-dedans... ou sinon peut enquêter sur des allégations
de nature criminelle contre un policier.
Donc, quand
il s'agit du BEI, ce serait parce
qu'il y aurait une allégation de nature criminelle à l'encontre ou, en tout cas, au sujet du commissaire de l'UPAC. Si
tel était le cas, ce serait traité en vertu de l'article 119 de la Loi sur
la police. Et donc le BEI fait un
rapport et dépose ce rapport-là au DPCP, qui, lui, va juger si, oui ou non, il
y a matière à déposer des accusations. Et, s'il y a matière à déposer
des accusations, les tribunaux décideront ensuite de ça, si, oui ou non, la
personne est condamnée.
Mais
le ministre ne peut pas prendre un rapport du BEI, qui, par ailleurs, donnera
lieu ou non à des accusations puis, éventuellement, des condamnations,
puis utiliser ça pour décider si, oui ou non, il veut destituer quelqu'un. Je
veux dire, toute cette mécanique-là, qui
implique soit le BEI ou un corps de police, est prévue à l'article 119
d'une manière bien claire, et c'est
dans la séquence que j'ai décrite. Donc, ce serait parce qu'il y a un rapport
du BEI ou d'un autre corps de police. Mais admettons que c'est le BEI
qui donnerait lieu ou non, selon une décision indépendante du DPCP, à des accusations et qui
ensuite donnerait lieu ou non à une condamnation par les tribunaux, tout ça est
prévu par une séquence qui est complètement à part, et, si la personne
est reconnue coupable de l'infraction, va être destituée automatiquement.
Donc,
on n'est plus dans la nécessité de venir préciser qu'un rapport du BEI aurait
permis la destitution. Elle est déjà
prévue à l'article 119. Et ce n'est pas le rapport du BEI, en soi, qui va
donner matière ou non à destituer la personne, c'est s'il y a une condamnation ou non qui en résulte. Ça fait qu'il
faut ne pas juste mélanger les choses. Le BEI a un mandat qui est bien circonscrit, et il ne faut pas lui
donner des mandats qui ne sont pas les siens. Il ne faut surtout pas utiliser
des rapports du BEI à des fins autres que celles qui sont prévues dans la loi.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée de Duplessis, s'il vous
plaît.
Mme Richard : Merci, M. le Président. Je suis tout
à fait d'accord avec la ministre.
Il ne faut pas placer le BEI, comme
j'exprimais simplement, à toutes les sauces. Mais à ce moment-là... puis c'est sûr qu'il faut qu'il
y ait des preuves, on l'a assez dit, pour que ça se rende au DPCP
puis que le DPCP décide de poursuivre. Et là, bon, il y aurait quelque chose pour aller en procès et même
viser une destitution.
À ce moment-là, M. le Président, comme on ne peut pas rallonger, puis qu'on est
en collaboration, puis que ça va bien jusqu'à présent depuis un bon petit moment,
pourquoi ne pas... parce que, moi, ma crainte, c'est qu'on aille juste au niveau de
la fonction publique, là. Et pourquoi ne pas rajouter, bien, un corps policier
qui serait apte à mener une enquête, parce que, là... Puis, écoutez, la ministre... Moi, je ne suis pas accompagnée de juristes et
de toute l'équipe que la ministre s'est entourée, là. Moi, tout ce que je veux m'assurer, de ce côté-ci, M. le Président, c'est que, pour une destitution qu'on va amener aux parlementaires, ce ne soit pas juste au niveau
de la fonction publique, des hauts fonctionnaires de la fonction publique,
que ce soit le sous-ministre de la Sécurité publique qui décide à un moment donné qu'il ne
fait plus l'affaire pour x raison, là. C'est juste ça.
En tout cas,
j'y vais en termes simples. Je sais que la ministre, elle comprend très bien...
Si ce n'est pas le BEI, mais qu'on
vienne spécifier s'il y a d'autres natures... Si le commissaire à l'UPAC doit être destitué pour autre nature que des tâches administratives,
et tout, ça, je pense que ça peut être au niveau de là fonction publique qu'ils
fassent certaines recommandations à la ministre au sens de la destitution.
Mais, s'il y a d'autres natures puis qu'on ne veut pas vraiment identifier le
BEI, bien, qu'on dise «tout corps policier apte à faire enquête». On serait
capables de sûrement rédiger un amendement
qui viendrait faire en sorte... en tout cas, pour moi, de ce côté-ci, je ne
sais pas, je ne vais pas parler pour mes autres collègues, mais que,
moi, ça me rassurerait, en tout cas, par rapport à «pour cause», pour une
destitution.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, si je comprends bien, j'ai
l'impression que la députée de Duplessis voudrait qu'en fait, dans le cas d'une allégation criminelle, ce
soit automatiquement le BEI, puis qu'on élimine l'option d'un autre
corps de police? C'est ça que... parce que,
sinon, je pense que j'ai quand même bien expliqué, là, les nuances qu'il faut
apporter. On ne peut pas utiliser le rapport
ni du BEI ni d'un corps de police autrement que pour le déposer au DPCP puis de
voir s'il y aura des accusations, puis après
ça les tribunaux, et tout ça. Un ministre ne peut pas prendre un rapport comme
ça, qui...
D'ailleurs,
le ministre ne reçoit pas les rapports du BEI puis les rapports des corps de
police sur les enquêtes qui se font,
ne peut pas prendre ce rapport-là. Puis ce n'est pas le mandat du BEI de
recommander ou de tirer des conclusions qui pourraient aiguiller la réflexion d'un ministre ou d'une autre
instance, à savoir si, oui ou non, on devrait destituer un commissaire de l'UPAC ou un D.G. de la Sûreté du
Québec. Tu sais, ce n'est pas ça, le mandat du BEI ni des corps de
police. C'est vraiment dans les cas d'infraction criminelle. Et ça suit la
séquence que j'ai précédemment décrite.
Le
Président (M. Bachand) : Oui, Mme la députée de Duplessis. Après
ça, j'ai d'autres interventions.
Mme Richard : J'ai compris un peu les explications de la ministre. Peut-être que je
me suis mal exprimée dans ce que
j'aimerais avoir. Quand on parle de la fonction publique, on parle de quelque
chose au niveau administratif. Quand on parle d'acte criminel... Puis moi, je n'ai pas la Loi sur la police, à
l'article 119, à côté de moi, là. Bon, on parle d'acte criminel, et tout, parce qu'on fait référence à une
destitution, puis le processus, puis on dit : Bon, pour des actes
administratifs, des lacunes, ça va être la fonction publique. On
s'entend là-dessus?
Bon,
la ministre, ce qu'elle nous dit, c'est que, si ça arrive qu'il y avait quelque
chose au niveau criminel, c'est déjà prévu
dans la Loi sur la police, à l'article 119. On se comprend bien jusqu'à
présent? Tout ce que je voudrais, c'est qu'on retrouve la même chose
qu'on prend la peine de préciser dans l'amendement de la ministre : au
niveau administratif, avec la fonction
publique, même s'il est prévu à l'article 119, on fait juste le rajouter
ici. Vous dites que c'est déjà prévu que,
s'il y a des accusations criminelles, des allégations criminelles... c'est déjà
prévu par la Loi sur la police. Ça doit être sûrement prévu aussi que
c'est quelqu'un de la fonction publique qui s'occupe... quand c'est au niveau
des tâches administratives.
Une voix :
...
Mme Richard : Oui, il est écrit là. J'ai très bien compris, M. le député, qu'il est
écrit là. Mais vous comprendrez très bien
que moi, je voudrais qu'on y rajoute également la suite que je demande depuis
tantôt, et je suis convaincue que la ministre comprend très bien où
est-ce que je veux aller.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Oui, Mme la ministre, parce
que...
Mme Guilbault : Je vais, peut-être, une dernière fois, très, très
brièvement, là... Il est où, mon amendement n° 3?
Excusez. Les cas où le BEI pourrait
intervenir sont distincts des cas qui vont relever de la Commission de la
fonction publique et sont déjà prévus en vertu d'autres articles. C'est
dans les cas bien spécifiques où il y aura une allégation de nature criminelle. Donc, il ne faut pas mettre ça sur le
même pied qu'un rapport de la Commission de la fonction publique. C'est parce que... En fait, je vais essayer de
l'exprimer autrement, c'est que, si une enquête du BEI donnait lieu à des
accusations décidées par le DPCP, qui,
elles, donneraient lieu à des condamnations décidées par les tribunaux, la
destitution, finalement, ne se sera
pas faite sur la base du rapport du BEI, elle se sera faite sur la base de la
condamnation décrétée par les tribunaux. Ça fait que sous cet angle-là,
c'est peut-être plus clair.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Chomedey, s'il vous plaît.
M. Ouellette : On va essayer de
s'éclaircir encore plus.
• (17 h 50) •
Mme Richard : ...un petit peu
plus clarifié, pour moi...
M. Ouellette : Non, mais on va essayer de s'éclaircir encore
plus. M. le Président, si on phrasait l'amendement de la façon suivante : «Le commissaire ne peut
être destitué que par l'Assemblée nationale, pour cause, sur motion du premier ministre et avec l'approbation
des deux tiers de ses membres, après que le ministre a reçu un rapport
administratif de la Commission de la
fonction publique ou sous réserve d'une destitution en application d'une
disposition de la Loi sur la police», ça
veut dire qu'on couvre nos deux aspects. On est transparents. Je ne sais pas
si, dans le «wording» des légistes... Bon, je recommence. Je vais recommencer.
Ce ne sera pas long.
Une voix : ...
M. Ouellette : Non, non, je
vais dire la même chose.
Mme Guilbault :
Je vais peut-être amener...
M. Ouellette : Oui, juste
pour...
Mme Guilbault : Je vais inviter le député de Chomedey à relire
peut-être, premièrement, l'amendement où il est écrit : «Sous réserve d'une destitution en application d'une
disposition de la Loi sur la police...» C'est déjà écrit. Puis la façon dont c'est écrit, c'est pour amener le fait
que, si tel était le cas qu'on se retrouve avec une destitution qui est
autrement prévue dans la Loi sur la police,
le mécanisme du deux tiers, puis l'intervention du premier ministre, puis tout ça, ça ne s'applique
plus. Ça ne s'applique plus. La destitution se fait automatiquement par d'autres articles de la Loi
sur la police qui sont prévus ainsi,
entre autres avec une condamnation qui pourrait découler d'un rapport du BEI ou
d'un corps de police. Donc, c'est
deux notions distinctes qui sont juxtaposées par une virgule, mais qui sont
très distinctes. Donc, je ne sais pas si ça peut répondre au député.
Le
Président (M. Bachand) : M.
le député de Chomedey, parce que j'ai aussi une autre intervention, le temps
avance.
M. Ouellette : Ça va
super bien, M. le Président. Si vous me permettez, ça sera ma dernière
intervention là-dessus.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, oui, allez-y, continuez.
M. Ouellette : Et je
pense qu'on travaille pour le clarifier, là, puis je pense que plus on a une
explication... Je pense, ça s'en vient de plus en plus transparent pour
tout le monde, O.K.?
Bon, ça fait
que j'ai voulu faire un «wording». M. le Président m'a donné une explication
qui me satisfait parce qu'à partir du
moment où il y a une première possibilité je n'ai plus besoin d'aller avec une
destitution aux deux tiers parce qu'il va être destitué à partir du
moment où il va y avoir un rapport. Mais là je vais rajouter que, par souci de
transparence, dans cet amendement, est-ce
que la ministre pourrait considérer, puis par souci de transparence, juste pour
ne pas mêler tout le monde parce
qu'on a été mêlés puis ça fait une demi-heure qu'on en parle, de préciser ou de
rajouter : Le commissaire ne
peut être destitué, là, sur motion du premier ministre après que le ministre a
reçu un rapport administratif de la Commission de la fonction publique?
Ça, je pense qu'on couvrirait tout parce que tout ce qui est policier serait
couvert par la loi de police et tout ce qui serait administratif, là, ça serait
clair pour tous ceux qui nous lisent.
M. le
Président, par votre entremise, est-ce que la ministre pourrait considérer
l'ajout du mot «administratif» après le
«rapport», qu'on dise que le ministre a reçu un rapport administratif de la
Commission de la fonction publique? Un rapport administratif, ça veut dire un rapport administratif. À moins que vous
me disiez que, parce que c'est écrit comme ça, ça inclut
«administratif», je vous dirais que ça serait un peu plus rassurant.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? Mme la ministre.
Mme Guilbault :
M. le Président, honnêtement, là, je ne comprends pas exactement où le député
veut en venir. Le rapport de la Commission
de la fonction publique, ce sera le rapport de la Commission de la fonction
publique qui est habitué
de travailler, de faire des enquêtes, de faire des rapports. Et là on va en
faire bon usage. Puis ça va aider le ministre à se faire une tête, à
savoir est-ce qu'il y a matière ou non à destitution.
Je veux dire,
je comprends que c'est bien important de faire la distinction, pour le public,
qu'il existera toutes les situations
où on parle d'une allégation criminelle, qui seront traitées, d'une certaine
façon, par le BEI ou par un corps de police,
DPCP, tribunaux, etc., par d'autres articles de la Loi sur la police... et la
distinction entre un problème ou un enjeu qui serait très administratif, de gestion pure, qui serait enquêté par la
Commission de la fonction publique. Je comprends que c'est important, pour le député de Chomedey puis
pour les gens qui vont éventuellement lire la loi, de bien être
conscients de ça et de bien comprendre ça. Mais c'est déjà, quant à moi, bien
mis en relief dans le libellé qu'on propose, avec «sous réserve d'une destitution en application d'une disposition de la Loi sur
la police», qui est en incise au début du paragraphe. Et ensuite on enchaîne avec la mécanique des deux
tiers, qui ne s'appliquerait que lorsque ce serait une situation
administrative enquêtée par la Commission de la fonction publique.
Le
Président (M. Bachand) : Je
vais reconnaître le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous dirais qu'il
reste très peu de temps pour la séance. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
s'il vous plaît.
M. Leduc :
Merci, M. le Président. J'ai deux questions de clarification. Je suis content,
encore là, qu'on ait rajouté le «pour cause», mais je veux vraiment
comprendre quand et comment on va savoir quelle cause, justement, est invoquée pour la destitution. Et, dans l'amendement
et dans les commentaires, on dirait qu'il y a deux choses qui se disent
de pas tout à fait... Le rapport, là, de la commission, est-ce qu'il est remis
uniquement au ou à la ministre? Dans les commentaires, il semble être dit qu'il
est envoyé aussi à l'Assemblée nationale. Est-ce que c'est en deux temps? Donc,
comment ça va fonctionner, cette cause-là? Et le rapport, comment on va pouvoir
en prendre connaissance? Parce qu'évidemment, si on vote sur une destitution,
on aimerait savoir pourquoi.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, le rapport, effectivement, il est
transmis au ministre. Donc, c'est au ministre d'apprécier le contenu du rapport et d'évaluer s'il y a
matière ou non à destituer ou à proposer la destitution de la personne. Mais
c'est vraiment l'Assemblée nationale qui va voter, qui va, finalement, se
prononcer si, oui ou non, on destitue, mais sur proposition du premier
ministre, comme pour la candidature.
M. Leduc : Mais on n'aura
aucune idée de la cause invoquée pour la destitution?
Mme Guilbault : Bien, c'est sûr que les rapports de la Commission
de la fonction publique sont confidentiels parce qu'il y a toutes sortes
d'informations là-dedans. Il peut y avoir des informations sur la santé, sur
des enjeux très, très personnels à la
personne. Donc, ce ne sont pas des rapports qu'on peut transmettre. Mais
évidemment, là, la loi obligera le ministre
à disposer d'un rapport de la Commission de la fonction publique contenant un
motif suffisant pour juger qu'il y a
cause pour destitution. Donc, c'est sûr qu'il y a un certain acte de foi à
faire là-dedans, mais la Commission de la fonction publique est une entité indépendante qui est
précisément mandatée pour faire ce genre de chose là. Et le ministre aura
en main ce rapport-là de la Commission de la fonction publique.
M. Leduc :
Parce que, là, pour la nommer, cette personne-là, aux deux tiers, on a
l'occasion de la rencontrer, poser des
questions. Donc, on a à apprécier sa valeur. Mais là, pour la destituer, on
n'aura absolument aucune information, à part ce qui aura peut-être filtré dans les médias. Mais, provenant du
gouvernement, du ministre, on n'aura absolument aucune raison? On va
juste nous dire : On vous suggère de destituer. Parce que, si c'est
vraiment ça, vous vous magasinez des abstentions en série, là.
Mme Guilbault :
Je voulais demander une suspension, mais là...
Le Président (M.
Bachand) : On arrive en fin de séance, mais c'est libre à vous
aussi, là...
Mme Guilbault : C'est parce que je ne sais pas. On peut peut-être
finir sur autre chose parce que je ne veux pas... parce que, le temps
qu'on suspende, on va... dans le fond, ça va être fini.
M. Ouellette : Oui, mais on pourrait continuer demain...
considérer le mot «administratif» aussi dans le rapport.
Le
Président (M. Bachand) : Si
vous êtes d'accord, il y a consentement pour considérer qu'il est 18 heures, et puis qu'on pourra se
revoir demain et achever ces travaux. Alors donc, est-ce qu'il y a consentement?
Alors, la commission ajourne ses travaux. Merci
beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 58)