(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Bernier) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte et je demande à toutes
les personnes dans la salle, bien sûr, d'éteindre la sonnerie des leurs
téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de La Peltrie au
président du Conseil du trésor sur le sujet suivant : Les
nominations du gouvernement libéral.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Melançon (Verdun) est remplacée par M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys); M. Ouellette (Chomedey) est remplacé
par M. Bernier (Montmorency); M. Marceau (Rousseau) est remplacé par M.
Bérubé (Matane-Matapédia); et M. Jolin-Barrette (Borduas) est remplacé par M.
Caire (La Peltrie).
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Je comprends qu'il y a une entente à l'effet que l'opposition officielle
interviendra lors des troisième et sixième
séries d'interventions. Il y a un consentement? Merci. Je vous rappelle que
le débat ne peut, à moins d'un consentement,
dépasser midi. Comme la séance a débuté à 10 h 3, il y a consentement
pour que nous poursuivions nos travaux au-delà de midi, soit 12 h 3?
Consentement. Merci.
Nous allons
donc débuter l'interpellation par les déclarations d'ouverture de M. le député
de La Peltrie. Vous avez la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M.
le Président. D'abord, vous me permettrez de saluer le président du Conseil du
trésor, mes collègues de la partie ministérielle, mon collègue de l'opposition
officielle, et les gens du Conseil du trésor qui accompagnent le président du
Conseil du trésor, notamment le secrétaire général, que je salue bien bas, et vous-même,
M. le Président.
M. le Président, l'interpellation... en fait, je pense que toutes les interpellations sont importantes, mais celle-ci me tient particulièrement
à coeur parce qu'elle touche un sujet qui, je pense, est extrêmement sensible.
Je m'explique. On va tous s'entendre ici,
j'en suis convaincu, pour dire que nous avons, de façon très générale, une
fonction publique qui est professionnelle et qui est compétente. Je l'ai
dit, mon collègue de l'opposition officielle l'a dit en d'autres mots, il l'a
dit, et le président du Conseil du
trésor l'a dit. Et je suis convaincu que, si je lui pose la question, il va
réaffirmer ça sans réserve.
La question
qu'il faut se poser, M. le Président, c'est : Est-ce que ça a toujours été
le cas? Et, sinon, qu'est-ce qui a
changé? À la question : Est-ce que ça a toujours été le cas?, la réponse,
c'est non. À la question : Qu'est-ce qui a changé?, c'est une
volonté politique de faire les choses différemment.
Donc, au
tournant des années 60, on s'est rendu compte, M. le Président, que le critère
d'embauche, dans notre fonction publique,
n'était pas nécessairement en lien avec la compétence, avec le
professionnalisme, et on a mis en place des mécanismes pour faire en
sorte que ça change. Et, aujourd'hui, M. le Président — et je
suis convaincu que mes collègues vont dire
la même chose — ça ne
donne rien, pour un citoyen, d'appeler à mon bureau de comté en disant :
Je me cherche une job dans tel ou tel ministère ou dans tel ou tel organisme,
parce que la réponse, elle est inévitable et invariable :
Je n'y peux rien. Il y a un processus qui existe pour devenir un employé de la
fonction publique qui est strict, rigoureux,
basé sur la recherche de compétences. On passe un concours, donc on se qualifie
en termes de compétences pour un type
d'emploi. On est sur une liste. Quand il y a un poste qui s'ouvre, on se fait
appeler. On est à l'essai pour un certain
temps — hein, il
y a une période de probation — et ensuite on devient titulaire de l'emploi.
Résultat des courses, M. le Président? Aujourd'hui, dans cette
Assemblée, tout le monde doit affirmer : Nous avons une fonction publique
professionnelle et compétente.
Malheureusement,
je dirais, depuis ces changements-là très importants, M. le Président, très
importants, on n'est pas allés au
bout de la logique. Il y a encore un nombre important d'emplois, notamment dans
les emplois supérieurs, les dirigeants
d'organisme, sociétés d'État, etc., qui ne dépendent pas nécessairement... et
je dis bien «nécessairement», et je fais
la nuance, M. le Président, parce que je n'exclus pas que la recherche de
compétences est évidemment un critère, je ne l'exclus pas, mais, et il faut ben l'admettre, mais on ne peut pas
exclure non plus que la filiation politique puisse être un critère aussi. Et ça, c'est extrêmement
répréhensible. Puis c'est répréhensible dans les deux cas : c'est
répréhensible dans le cas où ça devient un
critère d'embauche, c'est répréhensible dans le cas où ça devient un critère
d'exclusion. De la même façon, M. le
Président, qu'on ne peut pas dire à quelqu'un : Je t'engage parce que tu es
de ma filiation politique, je pense
qu'on ne devrait pas dire : Je ne t'engagerai pas parce que tu es de ma
filiation politique. Et c'est là où entre en scène, je pense, l'idée de mettre des mécanismes où, à
visière levée, on va pouvoir faire ce processus de sélection là en
tenant compte, et j'en conviens, en tenant
compte, je dirais, du caractère névralgique de certains emplois, en tenant
compte de certains critères qui sont tout à fait légitimes, j'en
conviens.
Et je rappelle une déclaration de mon chef qui a
été reprise dans différents débats, peut-être un peu décontextualisée, mais où on comprend parfaitement qu'un
gouvernement puisse arriver avec une certaine vision de sa gouvernance,
un plan de match, et que les officiers en charge de mettre à exécution ce plan
de match là doivent, d'abord et avant tout, être d'accord — et je
pense que mon collègue de Marguerite-Bourgeoys pourra attester du fait que de
se battre avec quelqu'un qui ne partage pas
ta vision, c'est tannant, c'est tannant, c'est tannant — et ultimement le gouvernement, ses ministres ont été élus pour mettre en place un
programme. Donc, que ce gouvernement-là n'ait pas envie de se battre
avec ses officiers, contre ses officiers, ses hauts dirigeants pour être
capable, de façon légitime, de mettre de l'avant son programme, c'est tout à
fait naturel.
• (10 h 10) •
Mais on ne parle pas
de filiation politique, M. le Président, dans ce cas-là, on parle de partager
une vision du Québec, une vision de la gouvernance. Et ça, c'est très
différent. Ça, c'est très différent, et je vous donne un exemple. Christian Dubé. Christian Dubé, maintenant
à la Caisse de dépôt et placement, il n'y a personne qui va penser que
Christian Dubé est une nomination partisane.
Mais Christian Dubé, visiblement, partage certaines visions avec les dirigeants
de la Caisse de dépôt et de placement, puis je pense que tout le monde ici,
unanimement, on va dire : Il fait une bonne job. Il fait une bonne job.
De
la même façon qu'il y en a eu, des nominations de filiation politique...
Pensons à André Boisclair, qui avait été
nommé délégué général du Québec à New York. On a salué ça. Bon, le caractère
permanent, ça, c'est une autre histoire, mais la nomination de l'individu... Pensons à Line Beauchamp, qui est
maintenant notre déléguée générale du Québec à Paris, excellente nomination, une excellente nomination sur la base des
compétences. Et on l'a saluée, cette nomination-là.
Donc,
M. le Président, aujourd'hui, je pense qu'on a, le président du Conseil du
trésor, les collègues et moi, on a deux
choix. On peut faire un débat où on est dans le déni ou dans la partisanerie à
outrance ou on peut faire un débat où on
admet que ça fait partie du problème puis on se met en mode pour définir le
problème et trouver des solutions au problème parce que notre objectif commun, c'est d'avoir une fonction publique qui
continue de s'améliorer en termes de professionnalisme, de compétence,
parce qu'on doit toujours viser l'excellence. Bon, peut-être que c'est un
objectif inatteignable, mais on doit quand même avoir cet objectif-là.
Et
moi, je suis tout à fait disposé, M. le Président, à avoir cette discussion-là
avec le président du Conseil du trésor. J'ai des solutions, si le
président du Conseil du trésor veut, j'ai aussi des exemples si on décide qu'on
joue dans la partisanerie, ce que je ne
souhaite pas, bien évidemment. Et j'espère que, dans mon discours
d'introduction, les collègues comprendront
que cette interpellation-là, selon les souhaits que vous avez faits aussi, peut
se faire dans une recherche de solutions et non pas dans une joute
politique. J'espère que le président du Conseil du trésor aime bien
l'expression.
Parce
que, ultimement, ultimement, le but, c'est de s'assurer que cette façon de
faire là cesse. Elle doit cesser, M.
le Président, parce qu'elle est nocive. C'est nocif de savoir que quelqu'un,
dans la fonction publique, pourrait devoir, je dis bien pourrais devoir son emploi à sa filiation politique. C'est
nocif parce que son voisin, qui, lui, est peut-être une personne compétente, regarde ça puis il se
dit : Tabarouette! Je suis obligé de faire avec, je suis obligé de faire
avec cette personne-là pour des mauvaises raisons. De la même façon
qu'on pourrait hésiter... et, je le redis, on pourrait hésiter à nommer quelqu'un
qui est compétent pour les mêmes raisons.
Et petite anecdote.
Dans ma carrière, on a rencontré, et vous aussi, M. le Président, on a
rencontré plusieurs hauts fonctionnaires. Puis j'avais une discussion avec un
de ces hauts fonctionnaires là qui me disait : Vous savez, M. Caire — il dit — moi, si on se fie au discours ambiant, je
suis le résultat d'une nomination partisane. Il dit : Pourtant, j'ai la certitude que j'ai toujours bien servi
l'État, que j'ai toujours bien servi le gouvernement. Ma réponse a été bien
simple. Elle dit : Si c'est vrai, si
c'est vrai, vous n'êtes pas le résultat d'une nomination partisane. Et
j'insiste : il faut s'assurer que les
gens qui sont en place le sont sur la base de leurs compétences, que la couleur
politique n'intervient pas ni positivement ni négativement.
Mon
collègue de Deux-Montagnes avait, au début de la session, déposé un projet de
loi. Ce projet de loi là a été rejeté
par le gouvernement. Je comprends qu'on n'est pas d'accord sur la solution,
mais est-ce qu'on peut, au moins, être d'accord sur l'existence du
problème et travailler sur une solution commune qui va faire en sorte qu'on va
le régler. C'est ce que j'espère qu'on atteindra à la fin de cette
interpellation.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député de La Peltrie. Nous allons passer
du côté ministériel. Alors, M. le ministre, vous avez 10 minutes pour vos
remarques...
Réponse du ministre
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Oui, merci, M. le Président. À mon tour de...
Le Président (M.
Bernier) : ...d'ouverture.
M.
Moreau : Merci. À mon tour de vous saluer, de saluer le
porte-parole de la deuxième opposition dont c'est l'interpellation, le député de La Peltrie, et
le député de Matane, qui est leader de l'opposition officielle et qui
participe à nos travaux, également, mon adjoint parlementaire, le député de
Marguerite-Bourgeoys et mon collègue le député de La Peltrie, qui est
président du caucus de la Montérégie d'ailleurs... de La Prairie, oui, pardon.
M.
Caire : C'est moi,
le député de La Peltrie.
M. Moreau :
La Peltrie, La Prairie. Alors, on va essayer de se classer... de
s'orienter correctement.
Moi,
j'accepte tout à fait que cette interpellation-là soit faite sans partisanerie,
mais j'ai honnêtement un peu de difficulté
à saisir le problème qu'évoque le député de La Peltrie, puis je dis ça
sans aucune partisanerie, puis je ne veux pas non plus avoir l'air d'insister. Tous les gens qui sont nommés à la
fonction publique, ou dans les sociétés d'État, ou comme administrateurs d'État — puis on pourrait en faire la discussion, je
pense, c'est bon de faire de la pédagogie pour les gens qui nous écoutent — sont nommés par le gouvernement selon des
critères, parce que le gouvernement n'a pas une discrétion absolue et totale. Il y a des critères, il y a des
balises qui sont faites là. Mais tous ces gens-là, qui que ce soit qu'on
va nommer, ont un passé, M. le Président, avant d'arriver dans la fonction dans
laquelle ils sont. Et les balises justement
que l'on s'est mises au fil du temps visent deux choses : un, s'assurer de
la compétence de ces gens-là... Et c'est vrai que je redirai partout, et je le dis depuis que j'ai un poste à
l'Exécutif au gouvernement du Québec, nous avons une fonction publique
de très, très grande qualité. Et les balises que l'on s'est mises visent deux
objectifs. D'une part, assurer la compétence
de ces gens-là et, d'autre part, assurer une représentativité de la société
québécoise dans le cadre de ces
nominations-là. Puis, dans le cas des nominations qui relèvent du troisième
pouvoir, qui serait le pouvoir judiciaire, d'assurer l'indépendance de
ces gens-là.
Mais ils ont
tous un passé. Et, moi, là, autant je vais me battre pour dire que la fonction
publique est une fonction publique de
grande qualité, autant je vais me battre contre les gens qui veulent ostraciser
une personne pour avoir fait de la politique dans sa vie, pour avoir été
membre d'un parti politique ou pour avoir été en politique active.
Et le danger
dans le débat... Je suis content que le député de La Peltrie dise :
C'est un sujet sensible. C'est un sujet sensible, parce que, à certaines occasions, il est facile de dire :
Bien, voici, il a un passé politique x, puis, comme c'est la même filiation que le parti au pouvoir, bien,
c'est clair que la nomination a été basée sur ces éléments-là. Ça, c'est
faire fi de la réalité des choses dans l'ensemble des nominations qui sont
faites par le gouvernement du Québec.
Et c'est faire fi d'un autre élément, le député
de La Peltrie l'exprimait en disant : Bien, on ne veut pas avoir quelqu'un contre qui on va se battre. Ce n'est pas
strictement lié à l'orientation ou à la filiation politique. On veut
aussi avoir, dans des postes, en raison de
l'imputabilité qui appartient aux élus et notamment à l'exécutif, on veut avoir
des gens avec lesquels non seulement
on a une confiance liée à la compétence, mais une confiance qui n'est pas liée
à la filiation politique, mais liée à
l'idée d'aller dans le sens exprimé par le gouvernement. Pourquoi? Parce que le
gouvernement est élu démocratiquement
et qu'il fait des représentations à la population en disant : Voici, moi,
mon projet de société, si vous me portez au pouvoir, c'est celui-là. Il
serait incompatible d'avoir, autour du gouvernement, dans des fonctions qui relèvent de la gestion et de l'État, des gens qui,
obstinément, seraient non pas neutres, mais qui iraient à l'encontre du
projet du gouvernement.
Et ça, ça ne veut pas dire de nommer des
libéraux quand le gouvernement est libéral. Je voyais le député de
La Peltrie monter au filet sur la déclaration de son chef. Lui, il a
dit : Bien écoutez, nous autres, là, en gros, là — je pourrais le citer au texte puis je ne veux pas
tomber dans ces éléments de partisanerie là — nous autres, si on rentre là, on va faire le ménage puis on va mettre des gens qui
pensent comme nous. Bon. C'est vrai que, pris à son sens premier, ça
peut inquiéter du monde, ça, de voir que... Et savez-vous pourquoi? Ce n'est
pas si inquiétant que ça. Ce n'est pas si inquiétant
que ça, parce qu'il existe qu'une chose qui s'appelle la sécurité d'emploi dans
la fonction publique. Et une des raisons pour lesquelles la sécurité
d'emploi a été instituée dans la fonction publique, c'est justement pour mettre
à l'abri des gestes intempestifs d'un
pouvoir exécutif strictement partisan les gens qui font leur travail avec
compétence, avec neutralité et dans le sens du mandat qui leur est confié.
• (10 h 20) •
Alors, sincèrement, M. le Président, moi, je
veux vous dire, j'ai été membre d'un gouvernement depuis 2003 avec une interruption de 18 mois. J'ai été parfois
membre du Conseil des ministres, et, au début de ma carrière politique, je
ne l'étais pas. Et ce que j'ai vu au fil des ans, puis même avant même d'être
engagé en politique active, par des gouvernements du Parti
québécois et par le gouvernement du Parti québécois pour la période de 18 mois où ils ont été
au pouvoir sous le gouvernement de Mme Marois : des gens de toutes formations politiques
qui ont été nommés. Moi-même, lorsque je suis arrivé aux Affaires
municipales, la personne qui est encore aujourd'hui présidente de la Commission
municipale du Québec, c'est l'ancienne directrice de cabinet de Bernard Landry.
C'est une femme d'une compétence exceptionnelle, qui fait un travail
fantastique, qui est une bonne collaboratrice. Puis moi, je vous dis
sincèrement, j'évoquerais ici, puis je pense
qu'elle ne m'en voudra pas, la première conversation qu'on a eue lorsque je
l'ai rencontrée, moi, ministre des
Affaires municipales, elle, présidente de la Commission municipale. Elle
dit : M. Moreau, vous savez d'où je
viens, moi. Puis j'ai dit : Oui, oui, oui. Je veux assurer de ma loyauté.
J'ai dit : Madame, si j'avais le moindre doute, ce ne serait pas
lié à votre affiliation politique, puis ne seriez pas là parce qu'il y a
d'autres, avant moi, qui auraient décidé de ça.
Le collègue
de La Peltrie évoquait Christian Dubé. Christian Dubé, c'est un homme
compétent qui a été à la CAQ. Bon,
tout le monde peut faire des erreurs dans ses choix politiques. C'est une
blague. Je ne veux pas faire de partisanerie. Mais, Christian Dubé, je pense que tous les membres de l'Assemblée
nationale qui l'ont connu, qui l'ont côtoyé étaient capables de reconnaître sa très grande compétence.
Puis, aujourd'hui, que ce gars-là soit un haut dirigeant de la Caisse de
dépôt et de placement du Québec, je vais
vous dire, moi, comme Québécois, ça me fait du bien puis ça me conforte
dans le fait qu'on a des dirigeants de grande compétence.
Et on peut en nommer plusieurs. Les
gouvernements du Parti québécois ont déjà nommé des libéraux. Le gouvernement libéral a nommé des gens...
Commission de la construction du Québec : Diane Lemieux. Diane
Lemieux, là, elle était leader de
l'opposition quand moi, je suis... non, quand je suis arrivé, c'était André
Boisclair. Un petit peu après, elle a été leader de l'opposition. Je
vais vous dire une affaire, là, elle était partisane pas à peu près quand on
était ici, à l'Assemblée nationale. Diane
Lemieux, elle a été nommée sur la recommandation de ma collègue, qui
aujourd'hui est vice-première
ministre, à la Commission de la construction du Québec. Elle y fait un travail
remarquable. Et je le disais en
entrevue avant d'entrer ici, moi, je suis convaincu qu'elle a passé à autre
chose dans sa vie où elle n'est plus une péquiste, une libérale, une caquiste ou... Elle peut avoir
des opinions, mais ces opinions-là s'effacent devant le travail et le
mandat qui lui ont été confiés. C'est ça, la réalité des choses.
Et je vais
vous dire sincèrement : Est-ce que, à travers tout le filet qui existe de
nomination, il y a des gens qui réussissent
à se glisser là? Je vais vous donner le plus bel exemple récent, contemporain.
On a souvent oublié ça. Tout le monde
se rappelle de la commission Bastarache. Il y a peu de gens qui se rappellent
des conclusions de la commission Bastarache,
parce que la conclusion de la commission Bastarache, c'est dire : Il n'y a
pas d'influence politique dans la nomination des juges au Québec. Et,
depuis la commission Bastarache, la procédure de nomination des juges a été complètement revue, de sorte qu'aujourd'hui la
ministre de la Justice fait la recommandation directement au Conseil des
ministres, puis le Conseil des ministres
nomme suivant les critères qui sont retenus et les candidats qui sont suggérés
par un comité de sélection sur la base de critères indépendants.
Les
sous-ministres — secrétaire
général, secrétaire général adjoint, secrétaire général du Conseil du
trésor — sont des
administrateurs d'État dans des postes névralgiques. De tout temps, les
gouvernements ont désigné ces gens-là et, lorsqu'il y a des changements politiques, ces gens-là demeurent des
administrateurs d'État, peuvent être placés dans d'autres situations qui sont moins névralgiques que le
secrétaire du Conseil exécutif, parce que le secrétaire du Conseil
exécutif, il est la cheville ouvrière entre l'orientation politique et
l'orientation administrative de l'État. Alors, moi, j'aborde cette discussion-là avec beaucoup d'ouverture. Puis je
suis prêt à répondre aux questions des collègues s'il y en a ou à
continuer l'interpellation.
Argumentation
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Nous allons donc débuter nos échanges
par M. le député de La Peltrie pour un premier bloc de cinq
minutes. La parole est à vous.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Bien, écoutez, je ne cacherai pas ma déception parce
que, d'entrée de jeu, le président du
Conseil du trésor me dit quoi, en substance? Il dit : Il n'y en a pas, de
problème de nomination partisane. Les nominations
qui sont faites dans les emplois supérieurs, dans les sociétés d'État ne sont
que des nominations basées sur la compétence.
Et il me donne des exemples où, effectivement, la compétence des gens ne fait
aucun doute, la compétence des gens ne fait aucun doute.
Ceci étant
dit, le fait qu'il y ait des nominations qui soient des bonnes nominations
n'autorise pas le gouvernement à se
livrer à des nominations partisanes. Et, si les bonnes nominations ne
souffriraient pas d'un processus plus transparent, les mauvaises nominations, elles, probablement, en
souffriraient. Je vais donner un exemple, parce que le président du Conseil du trésor me donne un exemple de
nomination qui était tout à fait légitime. Je lui en ai moi-même donné...
j'ai parlé de notre ancienne collègue, Line Beauchamp, mais je vais lui parler
aussi, par exemple, de l'actuel P.D.G. de la SEPAQ, John MacKay. John MacKay,
John MacKay, qui dit : Écoutez, moi, je ne connaissais rien là-dedans. On
lui a demandé, à John MacKay, là, en
entrevue, puis il a été pris un peu à brûle-pourpoint, on lui a demandé :
Oui, mais la SEPAQ, connaissez-vous
ça? Il a dit : Oui, j'ai déjà visité les installations. M. le Président,
ce n'est pas sérieux, ce n'est pas
sérieux. Ça a même fait dire au premier ministre, l'espace d'un instant, et je
le cite : «La nomination de John MacKay était le genre de chose
qu'on ne veut plus voir.» Ça, c'est le premier ministre du Québec qui déclare
ça, là. C'est le premier ministre du Québec qui déclare ça.
Alors, M. le
Président, le président du Conseil du trésor nous donne l'exemple de la
commission Bastarache. C'était quoi,
la commission Bastarache? On s'en souvient très bien. Il a dit : Bah! Il
n'y avait pas d'influence, la recette était bonne, la procédure était bonne, mais on va la changer
pareil. Pourquoi? Pourquoi on change la procédure si la procédure est bonne?
Est-ce que je dois rappeler au président du Conseil
du trésor Mme Landry, Mme Landry, qu'on a surnommée Mme Post-it?
Une voix : ...
M.
Caire : Bien non,
parce que, au départ, mais j'ai bien dit...
Le Président (M. Bernier) :
Non, écoutez, là, pas d'interpellation entre vous, là. Parlez-moi.
M.
Caire : Mais, M. le
Président, d'entrée de jeu, là, d'entrée de jeu...
Le Président (M. Bernier) :
C'est comme ça que l'interpellation va se faire.
M.
Caire : ...j'ai dit au président du Conseil du trésor : J'ai deux fiches. On discute des
solutions ou du problème. Mais, quand
on me dit : Il n'y en a pas, de problème de nomination partisane au
gouvernement... Comment voulez-vous qu'on
discute d'une solution si le président du Conseil du trésor me dit : Il
n'y en a pas, de problème? Bien, moi, je lui fais la démonstration, là, qu'il y en a un, problème, il y en a un,
problème. On peut repasser la liste des 82 nominations qui ont été faites par le gouvernement. S'il veut,
là, on peut faire ça, là. Est-ce qu'il y a des bonnes nominations là-dedans?
Probablement. On ne le sait pas. On ne le
sait pas. Pourquoi? Parce que ce n'est pas fait dans la transparence. Est-ce
qu'il y a des nominations sur la base exclusive de l'affiliation politique?
Probablement aussi, probablement aussi.
Alors,
que le gouvernement du Québec veuille avoir un droit de regard sur qui est
nommé où, il n'y en a pas, de problème.
Qu'il soumette une liste de candidats et il y aura — comme on le fait dans d'autres cas — un regard qui sera porté par une
institution neutre. Nous, on avait suggéré une commission parlementaire qui
fera un certain nombre de recommandations au
premier ministre, puis la liste retournera au premier ministre, puis le premier
ministre nommera la personne qu'il
désire, qu'il désire. Ça, ça a été refusé, puis, aujourd'hui, on nous
dit : Il n'y en a pas, de problème, tout va bien dans le meilleur des mondes, les gens sont nommés... certains
critères, puis on reviendra là-dessus, éventuellement, sur les critères. Mais, moi, quand je vois des nominations
comme Mme Gauthier, quand je vois des nominations comme John MacKay,
quand je vois des nominations... Je l'ai, la liste, on pourra les regarder un
par un si le président du Conseil du trésor
veut. 82 avec des affiliations politiques très claires dans la fonction
publique depuis 2014. 82 depuis 2014, M. le Président, puis ça, c'est
ceux dont l'affiliation politique est claire, là, on n'a pas fait une liste
exhaustive.
Quand on connaît le passé, M. le Président...
Est-ce que je dois rappeler qu'un élément...
Le Président (M. Bernier) :
En terminant.
M.
Caire :
...qui a été porté à notre connaissance, c'est cet organigramme-là? Écoutez,
là, c'est l'UPAC, les flèches sont
claires. Nominations, ministres, c'est clair. Moi, je veux bien qu'il n'y a pas
de problème, là, mais, à part vivre dans le déni, comment peut-on dire
qu'il n'y a pas de problème?
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Nous allons passer du côté
ministériel. M. le ministre, vous avez un premier bloc de cinq minutes.
• (10 h 30) •
M. Moreau :
Voyez-vous qu'on est capables ici de dire une chose et son contraire? On ne
fera pas de partisanerie. Il a les
deux mains dedans. J'étais convaincu, convaincu que ses voeux pieux ne
dureraient pas le temps de cinq minutes d'interpellation, puis il le
démontre, là.
M. MacKay,
là, avant d'être nommé à la SEPAQ... Pour être nommé à SEPAQ, est-ce que ça
prend un pêcheur ou quelqu'un qui travaille dans une poissonnerie
d'après vous? M. MacKay, là, ça a été un administrateur d'État à la Société d'habitation du Québec. Et la SEPAQ, ce
que l'on demande, c'est qu'elle soit gérée. Et M. MacKay a été
nommé après la recommandation d'un comité.
Alors, c'est facile de lancer... Mme Gauthier. Qu'est-ce qu'il a contre
Mme Gauthier? Mme Gauthier
a été ministre de l'Agriculture. Elle a été avocate en pratique privée puis
elle a été nommée à la commission des
libérations conditionnelles. Un avocat en commission des libérations
conditionnelles, là, c'est mieux que quelqu'un qui a installé des ordinateurs
en quelque part un jour dans sa vie, je vais vous dire franchement.
Moi, là, je
suis outré de voir cette espèce d'attitude en disant... Qui est-il, le député
de La Peltrie pour juger de la compétence
des gens qui ont été nommés? Il y a un petit problème dans son argumentation,
ça s'appelle l'imputabilité. Puis ce
n'est pas vrai que le gouvernement du Québec va nommer des gens recommandés par
le parti d'opposition puis qu'il va
répondre en imputabilité des gens que ce monde-là vont recommander. Écoutez,
faites-vous élire. Formez le gouvernement puis vous nommerez qui vous
voudrez de la façon dont vous le voudrez. Mais ne commencez pas à dire que les nominations... Parce que vous ne pouvez pas, dans
la première phrase, dire que vous avez une fonction publique et des gens qui sont des administrateurs d'État
compétents et passer les 20 minutes qui suivent à dénigrer la façon dont
ces gens-là sont nommés. C'est comme ça que vous créez du cynisme dans
la population. Et, M. le Président, moi je trouve ça honnêtement méprisant à
l'égard de la fonction publique que nous avons. On ne peut pas faire ça.
Le Président (M. Bernier) : Il faut
être prudent...
M. Moreau : Alors, je
suis très prudent.
Le Président (M. Bernier) : Il
ne faut pas, M. le ministre. Il ne faut pas porter...
M. Moreau : Non, non.
Bien, écoutez...
Le Président (M. Bernier) :
...mettre dans la bouche de votre collègue, là...
M. Moreau : Non, non.
Mais je ne mets pas...
Le Président
(M. Bernier) : ...des
propos qu'il n'a pas tenus et lui donner également des positions qu'il n'a pas
tenues.
M. Moreau : Moi, ce que
je vous dis, là...
Le Président (M. Bernier) :
Donc, je vous invite à faire votre présentation.
M. Moreau : ...c'est que
les grands administrateurs de l'État sont nommés sur la base de l'imputabilité.
Qui est-ce qui va répondre des décisions qui sont prises par les sous-ministres
dans les ministères? Qui est-ce qui, vous pensez, sont...
Moi, là, je
me souviens de la période de questions il n'y a pas si longtemps, là. C'est moi
qui réponds de ça quand ça touche à la
fonction publique. J'ai besoin d'avoir quelqu'un derrière moi qui est compétent
puis qui est capable de répondre aux questions. Et
ce n'est pas moi qui l'ai nommée, cette personne-là, c'est le premier ministre,
parce qu'ultimement, dans un gouvernement,
la personne responsable, c'est le premier ministre. Et ça, on répond de ça
devant la population. C'est à ça que ça sert, la période de questions.
Quand on
arrive dans des sociétés d'État, les sociétés d'État choisissent leur
président, font des recommandations à travers leur conseil
d'administration, et le gouvernement se rend à la recommandation du conseil
d'administration. On l'a fait dernièrement avec la Société québécoise des
infrastructures. Le conseil d'administration a recommandé M. Ouellet.
J'imagine que l'ancien secrétaire général du Conseil du trésor doit trouver
grâce aux yeux du député de La Peltrie, puis, aujourd'hui, il va diriger
la Société québécoise des infrastructures.
C'est facile
de faire des généralités puis de dire : Voulez-vous qu'on passe les
82 nominations? Il est qui, le député de La Peltrie, pour décider si, dans ces 82 nominations-là,
ces gens-là sont compétents ou pas pour faire le travail? Il est
meilleur que les comités de sélection? Il est meilleur que les gens qui font
des recommandations? Par exemple, pour quelle
raison est-ce qu'on a modifié la procédure de nomination des juges? Parce qu'on
peut toujours améliorer la façon de faire,
même quand elle est bonne. Et il prend la commission Bastarache. La première
chose qu'il fait, c'est Mme Post-it. Écoute, il pourrait répéter ça toute la journée, ça ne me dérange pas,
Mme Post-it. Moi, ce qui me dérange, c'est qu'à la fin de la journée, là, il y a un commissaire
indépendant, qui, d'ailleurs, au passage, était un juge de la Cour suprême du
Canada, qui est venu dire : Il n'y a pas d'influence politique dans la
nomination des juges.
Il peut bien faire de la politique toute la
journée pendant l'interpellation, ça ne me dérange pas. S'il veut faire quelque chose de constructif, je lui suggérerais
de commencer à avoir des suggestions plutôt que de dénigrer les gens qui
sont en poste. Ce n'est pas comme ça. On ne
se grandit pas en piétinant les autres, M. le Président. Et, quand on est
là... moi, comme président du Conseil du trésor, je suis politiquement le
représentant de la fonction publique du Québec.
Le Président (M. Bernier) : En
terminant.
M. Moreau : Et je ne
laisserai pas les gens dire qu'on a une fonction publique qui est une fonction
publique partisane, déconnectée et
incompétente. Ce n'est pas vrai. Puis ce n'est pas parce qu'on est en
interpellation puis qu'on n'a pas grand suggestion à faire, d'après ce
que je peux voir...
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Moreau : ...qu'on
peut se permettre de se limiter à ça.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Poëti : Merci, M. le
Président. Il me fait plaisir d'être avec vous ce matin. En fait, un peu comme
mon collègue le ministre et président du
Conseil du trésor, j'étais content de vous entendre en ouverture. Je me suis
dit : Bien, je pense qu'on va
vivre peut-être une interpellation qui, pour les gens qui nous écoutent, ceux
qui nous entendent puis qui se disent :
De quoi ils parlent ce matin?, on va
éclaircir les choses. On va éclaircir les choses puis on va le faire d'une
façon, je vous dirai, on a utilisé le terme
«non partisan», mais ça ne semble pas être possible, ça. Et ça, c'est une de
mes peines en politique depuis que j'y suis.
Le député de La Peltrie, en tout respect,
nous a ramenés aux années 60 en ouverture — j'avais cinq ans. Et ça m'a interpelé, parce que, je me souviens,
moi, quand j'avais cinq ans... mais, non, j'avais vraiment cinq ans. Et il
nous a dit, depuis les années 60, c'est là
qu'on part. Mais il y a une raison, à quelque part, s'il veut partir
de là, pour regarder tout le chemin qui s'est fait de changement, tout
le chemin qui s'est fait d'amélioration. Les générations ont commandé des changements. La société évolue, le monde politique
doit évoluer avec elle, et c'est exactement ce qu'on a fait. Le député de La Peltrie, il dit aussi... il m'a visé directement, pas visé, mais a souligné que ce n'est pas facile, discuter avec des
gens qui ne sont pas du même
avis que nous autres. Alors, mon père, ça m'a agacé quand il me disait ça, là,
mon père avait une citation qui disait que, quand tout le monde est du même
avis, c'est que personne ne réfléchit vraiment beaucoup.
Et je pense
qu'on est capables d'avoir des divergences d'opinions sur des gens, des situations
ou des allégeances politiques qui, au Québec, il faut le reconnaître, on
n'a pas 40 choix, là, on peut avoir des valeurs libérales, celles que j'adhère, on peut avoir des valeurs caquistes, on
peut avoir des valeurs péquistes, Québec
solidaire. Moi, je m'ennuie un
peu de Françoise, honnêtement. C'était une personne qui amenait, à l'Assemblée, une autre vision.
Non, mais je sais qu'elle était quand même assez proche de vous. Mais, en
dehors de ça, je dis que Françoise amenait un volet différent de la société sur les valeurs qu'elle incarnait. Si on
prend ce que je viens de dire en entrée, dans l'exercice des
nominations, est-ce que quelqu'un qui a une valeur différente de la nôtre ne
peut pas être compétent dans la fonction pour laquelle on le nomme?
Et, si on
veut prendre des exemples faciles, je vais prendre celle de Nicolas Girard.
Nicolas Girard avait des valeurs politiques différentes des miennes,
différentes de mon gouvernement. Il a été en place, il est resté là —et je vois
le collègue sursauter à côté — jusqu'au moment où on a effectué la
transition, c'est-à-dire qu'on demandait de démanteler l'AMT et d'avoir une transition. Il a resté
pendant un an et demi, près de deux ans à son poste, et je lui ai fait
confiance, et il a fait le travail.
Alors, moi,
ce que je veux dire, là, on peut donner un paquet d'exemples. Puis j'inviterais
le député de La Peltrie peut-être d'arrêter d'attaquer les gens sur
leur nom, puis le titre des post-it, puis Mme Untel puis M. Untel. Vous savez, M. le député, à l'intérieur de la fonction,
là, à l'intérieur de la fonction, là, c'est des êtres humains, c'est des
gens qui ont travaillé, qui ont des formations et qu'on attaque publiquement
d'une certaine façon. Quand j'entends le député parler comme ça, savez-vous à qui ça me fait
penser? Anne-Marie Dussault, 24/60, les publicités qu'on a. Notre
métier à nous, c'est de douter, ça, c'est le
mandat que Mme Dussault se donne tous les jours à la télévision, notre mandat,
c'est de douter, M. le Président, pas de valider les informations, pas de les
confirmer. J'espère qu'ils le font, mais de dire que c'est de douter.
Ce que
j'entends, ce matin, au départ, là, au départ doux, tout doux, hein, du député
de La Peltrie, et, tout d'un coup, ça y est, un crissement de
pneus, la fumée se lève, et là on part dans une autre catégorie.
Mais douter, là, on ne peut pas douter tout le
temps, il faut aussi regarder les choses. Et, si on a vraiment des éléments qui
prouvent le contraire et qui disent que c'est une mauvaise décision, bien, moi,
je pense qu'il a son droit parlementaire de
le souligner. Mais de mettre en doute l'ensemble de la fonction publique sur
certains cas et, d'une certaine façon,
minimiser qui ils sont et surtout leur professionnalisme, pour moi, c'est plus
ou moins acceptable, M. le Président. En fait, c'est regrettable. Et je pense que, si on veut avancer, j'ai hâte
d'entendre des propositions. Je comprends que le titre, c'est critique,
là, mais est-ce que, dans le critique, il pourrait avoir des propositions?
Est-ce qu'on pourrait faire ça, des
propositions pour nous emmener plus loin, pour travailler pour les citoyens qui
nous regardent, puis de se dire, bien, qu'ensemble, on peut aller plus
loin?
Gestionnaire,
on peut être gestionnaire de plusieurs catégories. J'ai fait plusieurs
fonctions autres que celles que la police dans ma vie, et j'ai eu, en tout
respect...
Le Président (M. Bernier) :
En terminant.
M. Poëti :
...un certain succès parce que la connaissance va aussi avec l'expérience et
l'expertise en dehors de nos valeurs politiques, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de La Peltrie, la parole est à vous.
• (10 h 40) •
M.
Caire :
Merci, M. le Président. D'entrée de jeu, j'ai dit : Faudra, si on veut
avoir une discussion constructive, éviter le déni et la partisanerie.
Mais le président du Conseil du trésor n'a pas évité le déni, il est en plein
dedans. Le président du Conseil du trésor,
il dit : Ça n'existe pas, des nominations partisanes dans la fonction
publique. Le député de La Peltrie, il invente des affaires. Le député
de La Peltrie crée une
réalité qu'il n'existe pas de nominations
partisanes. Tu sais, on dit toujours
que le premier pas vers la guérison, c'est d'accepter le problème. Mais, à la
base, moi, je peux bien lui parler de
mes solutions, j'en ai. Mais il ne reconnaît même pas le problème. Alors, on va
solutionner quoi s'il n'y a pas de problème?
Il veut des solutions pour quoi si, à la base, il n'admet pas qu'il y a un
problème? Bien, moi, je veux bien, là, qu'on discute de solutions, mais
pour solutionner quoi? Pour solutionner quoi?
Le président du Conseil du trésor, il dit : Le député de La Peltrie, il est qui, lui, pour juger de la compétence des gens? Bien, il
est membre de la Commission de l'administration publique, dont c'est le mandat
dans la loi en plus, imaginez donc. C'est
mon mandat de recevoir des administrateurs puis de voir s'ils ont fait preuve
de compétence. Ça fait que là, si...
et aussi mes collègues du gouvernement et aussi mes collègues de l'opposition officielle, M. le
Président... C'est comme ça qu'ils
fonctionnent, nos institutions. Et, oui, on a reçu des administrateurs. Et,
oui, Mme Gauthier est passée devant
la Commission de l'administration
publique comme présidente de la Commission de l'agriculture. Son mandat, ça n'a pas été extraordinaire. Même chose pour M. MacKay à la SEPAQ, ça n'a pas
été extraordinaire. Donc, M.
le Président, là, si on veut jouer à
ce jeu-là, bien, je vais dire : Qui sont mes collègues du gouvernement pour juger de la capacité des uns et des autres? Ce sont des
élus du peuple. Voilà. Puis c'est comme ça que ça fonctionne, M. le Président.
Vous pourrez probablement juger qui était le président du Conseil du trésor
pour dire : Bon, bien, tu sais, Nicolas Girard, dont faisait référence mon collègue, principal dénonciateur des
nominations partisanes, j'imagine qu'il aura la décence, dans la foulée des opinions qu'il a émises
largement en Chambre, de refuser une nomination si elle lui était proposée dans ce contexte, celle de l'AMT, parce qu'il jugeait
que c'était une nomination partisane, j'imagine. C'était ça, son
propos.
Donc, M. le Président, moi, je veux bien qu'on
discute des solutions, mais est-ce qu'on va commencer par admettre qu'il y a un problème? Et pourquoi
je parle de tel individu, tel individu, tel individu? Parce qu'ils sont le
résultat de ce problème-là. Ils sont le résultat
de ce problème-là. Donc, si, à la base, on se dit, ici, dans cette Chambre...
Et je refais essentiellement la proposition que j'ai faite tout à
l'heure. Puis j'aurai plaisir à entendre le président du Conseil du trésor,
mais aussi le député de Marguerite-Bourgeoys. Si on s'entend qu'on a une fonction publique compétente, si mes collègues
ont entendu le discours et pas rien que l'entente, l'ont compris, il comprendra
que je faisais référence au fait qu'elle est devenue compétente parce
qu'on a mis en place des mécanismes qui faisaient en sorte que la partisanerie
ne pouvait pas intervenir.
Et le président du Conseil du trésor disait : Bien, écoutez,
là, sur la simple base d'une filiation politique, peut-on dire
que c'est une nomination partisane? Je réponds à ça par un non. C'est exactement
ce que j'ai dit tantôt. La filiation politique ne doit pas être un
critère ni pour ni contre. Donc, je suis tout à fait cohérent. Mais il ne faut
pas que ce soit un critère pour non plus.
Et la raison d'avoir des mécanismes de transparence...
Je ne nie pas le droit du gouvernement à désigner ses sous-ministres, à
désigner ses dirigeants de sociétés d'État, à désigner ses dirigeants
d'organismes. Je dis que, dans le processus, il doit y avoir une fenêtre de transparence
qui fait en sorte qu'on s'assure que ce sont effectivement les compétences. Et nous avons suggéré... Puis je le
dis, là, il ne peut pas me dire : Il n'y a pas de solution. Je lui
dis : Nous avons suggéré que
cette instance, ce tiers neutre soit une commission parlementaire où l'ensemble des parlementaires peuvent se prononcer. Mais on est ouverts aux suggestions si, comme son
chef, le président du Conseil du
trésor, pense que les commissions parlementaires ne sont que des
instances partisanes où il n'y a rien de bon qui se fait, bien, il fera une autre suggestion,
il nous proposera d'autre chose s'il pense que les commissions parlementaires, c'est trop partisan, c'est trop inefficace. Moi, je ne crois pas ça. Je
crois que nos commissions
parlementaires sont capables de
s'élever à la hauteur de leurs fonctions. Si ce n'est pas son opinion,
il le défendra.
Ceci étant
dit, c'est certainement pas en niant le problème... Et j'ai fait
référence à l'organigramme de l'UPAC, j'ai fait référence à Mme Landry,
j'ai fait référence aux individus que j'ai nommés parce que ce sont des
exemples.
Le Président (M. Bernier) :
En terminant.
M.
Caire : Ce sont des exemples qui démontrent le contraire
de ce que le président du Conseil du
trésor affirme. Et moi, je suis ouvert à discuter des solutions, mais
encore faut-il qu'on s'entende sur le fait qu'il y a un problème avant de
penser à des solutions.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Moreau :
M. le Président, pour que ces
solutions en soient, encore faudrait-il que le député de La Peltrie ait une vision correcte des
rôles qu'il a et que les commissions ont. La commission... lui, il dit que,
comme membre de la Commission de l'administration
publique, il juge de la compétence
des gens qui sont devant lui. Je l'inviterais à relire l'article 117.6 du règlement, qui donne le mandat
de la commission. Elle vérifie les engagements financiers, elle
entend le Vérificateur général, elle entend «les ministres, si ceux-ci le
jugent opportun, et, selon le cas, les sous-ministres ou les dirigeants
d'organismes afin de discuter de leur gestion administrative». Elle ne juge pas de la compétence des individus,
elle juge de la gestion administrative
qu'ils ont faite. Et ça, ça fait partie justement de la transparence et de
l'imputabilité. Et ce qu'il nous suggère,
lui, c'est assez simple, c'est de dire : Le gouvernement, là, il va
répondre, il va être imputable des
gestes que pose la haute fonction publique, mais c'est nous autres, c'est le
législatif qui va décider avec qui ils vont travailler. C'est quelque
chose de...
Il y a un principe, hein, il y a un principe de base,
dans notre société démocratique, c'est la séparation des pouvoirs. Il y a le législatif, ça, c'est
l'Assemblée nationale. Et la séparation, elle est souple entre le législatif et
l'exécutif, parce que le gouvernement, il
est issu de l'Assemblée nationale. Mais il y a une séparation des pouvoirs.
L'exécutif, il est là pourquoi, là,
d'après le député de La Peltrie? Il est là pour écouter ce que
l'opposition a à dire? Puis je n'ai rien contre l'opposition,
l'opposition a un rôle, on appelle ça la loyale opposition à Sa Majesté,
l'opposition, c'est de dire : Moi, je
veux faire en sorte que le gouvernement rende des comptes. C'est un exercice
qui est tout à fait légitime, puis on s'inscrit parfaitement dans cette
logique-là, mais ce n'est pas vrai que le gouvernement va s'en remettre à
l'opposition pour décider de la façon de faire les choses et les nominations.
Et encore, il
faut voir qu'est-ce que c'est, la situation. De 2006 à 2016, 48 % des
nominations qui ont été effectuées concernaient des personnes qui
étaient déjà titulaires d'un emploi supérieur et qui obtiennent un
renouvellement ou une prolongation de mandat
ou qui sont nommées à un autre emploi supérieur. C'est à peu près la moitié,
ça. Alors, quand on essaie de dire,
là : Écoutez, il y a des nominations partisanes, une affaire
épouvantable... Le rôle du Secrétariat aux emplois supérieurs, là, c'est justement de vérifier si les nominations
satisfont aux critères qui sont fixés. Dans certains cas, on va valider
le curriculum vitae, on va regarder la déclaration des intérêts, on va regarder
s'il y a des antécédents judiciaires, on va
voir s'il y a un critère d'indépendance, si c'est conforme au règlement sur
l'éthique et la déontologie de l'administration
publique — c'est
tous des critères publics — sur la conformité du règlement à l'éthique et à la déontologie.
Maintenant, quand je disais qu'il y a des
fonctions, parce que l'État est séparé entre le législatif, l'exécutif et le judiciaire... le judiciaire, là, on ne fera
toujours bien pas nommer les juges par une commission parlementaire.
Parce que l'indépendance du pouvoir judiciaire amène à traiter à distance. Et,
aujourd'hui, là, je pense qu'on a atteint probablement
ce qu'on pouvait avoir de plus indépendant et impartial dans le contexte de la
nomination des juges. Mais, dans la
fonction judiciaire de l'État, il n'y a pas que les juges. La fonction
judiciaire de l'État, ça part de la police, ça va par le DPCP, puis ça se rend jusqu'aux tribunaux, et
ça inclut les tribunaux administratifs. Et ces gens-là, dans ce
secteur-là, doivent répondre à des critères de nomination qui garantissent
l'indépendance et l'étanchéité entre la fonction législative, judiciaire et exécutive. Et c'est comme ça que les choses
fonctionnent. Maintenant, ce n'est pas vrai qu'on regarde... on pige dans le boulier du Parti
libéral du Québec en disant : Bon, on a une nomination à faire, on va
regarder qui c'est qui est là. Ce n'est pas
comme ça que ça fonctionne, ce n'est pas vrai, je veux dire, je m'excuse, ce
n'est pas vrai.
Alors, les
organismes qui sont les sociétés d'État, il y en a 23. Dans le cas des sociétés
d'État, là, il y a des critères très stricts. On est très fiers de dire,
aujourd'hui, qu'on a atteint la parité hommes-femmes, même, il y a plus de
femmes aux conseils d'administration des sociétés d'État qu'il n'y a d'hommes,
je pense qu'on est à 56 %...
Une voix : ...
M. Moreau : 51 %. Des
membres indépendants. Il y a des membres qui doivent répondre à des critères spécifiques, ça doit être des comptables, il y a
des gens qui doivent être issus de l'identité culturelle, je l'expliquais,
pour correspondre à la diversité culturelle du Québec, puis on est très fiers
de dire — et
ça, c'est une réalisation du député de
Sainte-Rose — qu'aujourd'hui,
là, on doit avoir aussi des jeunes dans les conseils d'administration des
sociétés d'État. Alors, ce qui est
fait n'est pas fait sur un alignement partisan, c'est fait sur la base de
critères qui touchent l'ensemble des sociétés d'État.
• (10 h 50) •
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Merci, votre
temps est écoulé. M. le député de La Prairie.
M. Merlini : Merci
beaucoup, M. le Président. Je salue
le ministre président
du Conseil du trésor, mon collègue
de Marguerite-Bourgeoys, les députés de La Peltrie et de Matane-Matapédia
pour cette interpellation ce matin.
J'aimerais
continuer un peu sur ce que le ministre a souligné par rapport au fait que, dans
le processus, il y a des règles. Ce n'est pas sorti, comme il a dit tantôt,
d'un boulier, de dire : Bien, voici, on va prendre quelqu'un
au hasard. L'indépendance d'une
personne nommée par rapport à celui qui le nomme ne dépend pas juste de son
mode de sélection et de nomination, elle dépend aussi, entre autres, de
règles encadrant ce processus de sélection et de nomination des modalités
entourant sa destitution et de la qualité renouvelable ou non de son mandat.
Paul Journet
soulignait, à juste titre, le 4 mai dernier, que — et je cite :
«l'indépendance d'un chef vient de deux
choses : d'abord de la façon de le nommer, il ne doit pas être choisi à
cause de sa couleur politique, ensuite de la façon de le dégommer, il ne doit pas craindre d'être congédié ou de ne
pas être renouvelé pour un autre mandat». Fin de la citation. Le député de Marguerite-Bourgeoys en a
donné un exemple tantôt, et le ministre aussi en a donné, des exemples,
dans ses deux interventions.
Cette dernière
protection existe, entre autres, pour le DPCP. Et nous avons déposé, l'an
dernier, le projet de loi n° 107, qui
répond à une des recommandations de la commission Charbonneau et fait en sorte
que le patron de l'UPAC soit choisi
et démis de la même façon que celui du DPCP. C'est quand même des institutions
importantes, que le ministre a soulignées tantôt.
Le
projet de loi n° 792, qui a été déposé par le député de Borduas, fait
abstraction de mesures qui existent déjà pour assurer un processus
rigoureux et transparent de sélection et de nomination de ses décideurs. Par
exemple, le ministre en a fait écho, il
existe actuellement des processus rigoureux et indépendants de recrutement et
de sélection des juges de plusieurs
tribunaux administratifs. Ce processus est établi par règlement. C'est le cas
du processus du Tribunal administratif
du Québec, ou on aime appeler ici le TAQ, et le Bureau des présidents des
conseils de discipline, qui relève de la Justice, de la Régie du
logement et du Tribunal administratif du travail. Également, il existe une
exigence qui garantisse que les personnes
nommées possèdent les compétences nécessaires à l'exercice du poste à pourvoir.
Le ministre a fait allusion, tantôt,
à différents postes. Comme, par exemple, un poste de juge, on ne peut pas
nommer quelqu'un qui a travaillé
autre que dans la loi, et qui doit être avocat, et ensuite juge. Pour être nommé
juge, il faut avoir cette formation-là particulière,
même chose pour être nommé directeur de la Sûreté du Québec, par exemple. Ça,
ce ne sont que quelques exemples.
La
sélection et la nomination des dirigeants de l'UPAC, du DPCP et de la SQ, qui,
pour la deuxième opposition, demande un changement de mode, sont
soumises à des règles qui assurent leur indépendance, bien qu'elles relèvent de
l'Exécutif. Alors que le chef de la deuxième opposition s'engage à ce que
l'UPAC et le DPCP soient nommés aux deux tiers de l'Assemblée, le rapport de la
commission Charbonneau cite en exemple le mode actuel de nomination du DPCP et recommande d'appliquer le même pour la
nomination du commissaire à l'UPAC. Ce n'est quand même pas rien. Et
rappelons déjà que l'UPAC fait figure d'exemple pour l'excellence de ses
pratiques à travers le monde. En étude des
crédits du ministère de la Sécurité publique, pas plus tard que la semaine
dernière, il a été rappelé que l'ONU cite l'UPAC comme modèle pour son
expertise en matière de lutte à la collusion et à la corruption.
Pour
satisfaire à la recommandation de la commission Charbonneau de faire en sorte
que le patron de l'UPAC soit choisi
et démis de la même façon que celui du DPCP... c'est pour ça que le
gouvernement a déposé le projet de loi n° 107. On est donc bien loin, très, très loin des
institutions telles qu'elles sont présentées par la deuxième opposition,
lesquelles seraient presque, à les entendre, des automates aux mains du
gouvernement.
Cela
dit, et le ministre l'a souligné, nous convenons qu'il est toujours possible
d'améliorer nos façons de faire, non
pas de les politiser et de les américaniser, mais de les améliorer pour que les
nominations... pour faire des nominations gouvernementales, mais aussi, aussi, pour les nominations aux deux tiers
des membres de l'Assemblée... Au début de l'étude de ses crédits, le 26 avril dernier, le premier ministre a
abordé cette question. Il a rappelé qu'une fonction publique de grande
qualité qui s'acquitte de ses responsabilités avec professionnalisme et
neutralité était un précieux héritage de la Révolution tranquille et du
gouvernement libéral de Jean Lesage, que nous voulons tous préserver.
Il
arrive que des commentaires sur les choix de certains titulaires soient
conditionnés par des impératifs partisans plutôt que par l'évaluation
objective des compétences de ces personnes. Nous devons donc travailler à
améliorer le processus, et, tout comme le
ministre, tout comme mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, nous attendons, dans
cette interpellation, des suggestions pour en venir à ça.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : Merci, M. le Président. Je veux saluer l'ensemble
des collègues présents, les personnes qui participent à l'interpellation, les personnes qui nous
écoutent également et saluer particulièrement le ministre. Je veux lui
témoigner, de façon plus formelle, qu'on est
heureux de son retour, qu'il soit en santé, qu'il reprenne ses fonctions, même
si c'est un adversaire qui est
redoutable, on le sait, respecté de son caucus, respecté de l'autre côté de la
Chambre également pour ses capacités.
Je me souviens à l'époque où il était leader également, alors, parfois, là, je
vais voir, là, quel style il avait, puis je me réjouis parfois qu'il ne
soit pas en face de moi, là. Je voulais l'indiquer ici.
Ce
qui est important, aujourd'hui, c'est de regarder, à sa face même, quels sont
les résultats. Et je vais commencer par saint Thomas d'Aquin, c'est lui
qui va guider ma réflexion aujourd'hui. Dans un gouvernement humain, l'ordre normal des choses est enfreint chaque fois qu'un
être humain accède au pouvoir pour une autre raison que l'éminence de son intelligence. On part de ça. Et le pouvoir,
c'est les abus, mais c'est également les gens qui occupent des fonctions
importantes. D'abord, comment ça fonctionne? Pour avoir eu, moi aussi, le
privilège de siéger dans un Conseil des ministres,
celui de Mme Marois, je le dis un peu comme le ministre l'a fait récemment, à
son tour, il y a des nominations... Non, ce n'est pas le même
gouvernement, mais...
Une
voix : ...
M.
Bérubé :
Bien, moi, non plus, ce n'est pas...
Le Président (M.
Bernier) : Évitez de vous...
M.
Bérubé :
Je n'ai pas prêté aucune intention au ministre.
Le
Président (M. Bernier) : Non, non. C'est juste parce que les
gens qui nous écoutent, à ce moment-là, eux, s'attendent à ce que vous
puissiez faire votre présentation. Votre temps est précieux.
M.
Bérubé : Alors, je suis fier d'avoir participé à ce
gouvernement, j'ai été à même de voir comment s'opère la nomination. Alors, les fameuses feuilles jaunes,
il y a un cartable qui est là, un peu comme celui-là, puis là on voit
les nominations, puis on peut échanger
là-dessus. Et puis il y a les emplois supérieurs qui nous font des
recommandations, puis on regarde ça.
Mais, d'abord, les
premières nominations, c'est le premier ministre qui les fait, avec raison; il
nomme le secrétaire général, il nomme son
directeur de cabinet et son cabinet. Il nomme ensuite le Conseil des ministres.
Ça, c'est ses premières nominations.
Puis évidemment on reconnaît que ça appartient au gouvernement, c'est lui qui
va former son équipe. Et on peut le
juger là-dessus, on peut le juger sur les choix qu'il fait de son entourage, on
peut le juger du choix qu'il fait du
Conseil des ministres. Moi, par exemple, en toute amitié, je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys devrait toujours être au Conseil des
ministres, mais ça, c'est juste moi qui pense ça. Alors, je pense ça, je pense
qu'il serait excellent, puis, si le président du Conseil du trésor veut
intervenir à cet effet pour renchérir, on pourrait l'entendre aussi là-dessus.
Ensuite,
il y a les sous-ministres. Très important, parce que les sous-ministres, eux,
ils sont là indifféremment des gouvernements.
Je donne l'exemple... je ne nommerai pas de personne aujourd'hui, je vais
nommer des recommandations puis je
vais nommer également des situations. Je vais donner l'exemple de Luc Monty.
Luc Monty, c'était le sous-ministre aux Finances de notre formation
politique, de notre gouvernement, et c'est le même qui travaille sur un enjeu
très, très sensible, qui est le budget.
Alors, M. Monty est un grand fonctionnaire de l'État qui est capable de
travailler avec les deux équipes
selon les orientations qui sont celles des gouvernements. Alors, je veux rendre
hommage aux sous-ministres, et, eux,
là, le plus important, d'entrée de jeu, c'est les sous-ministres. Je veux m'assurer
qu'ils soient vraiment là parce que c'est des fonctionnaires, des grands
fonctionnaires.
J'ai eu un bémol dans
le gouvernement actuel pour le sous-ministre, c'est à l'agriculture : je
trouvais que la nomination de l'ex-ministre de l'Agriculture ne répondait pas
aux mêmes critères que les autres. J'émets ce bémol-là. Cette personne-là n'est plus en place, mais je trouvais que c'est
quelqu'un qui passait de la filière plus politique à sous-ministre. Je n'étais pas convaincu que c'était la
meilleure personne, je me permets d'émettre ce bémol-là. Je me permets
de le dire parce que... On me suggère M.
Boisclair — j'entends
le président du Conseil du trésor — c'était une excellente nomination, c'est un grand délégué du Québec à New
York. J'ai eu l'occasion, moi-même, de participer à une mission. C'est
quelqu'un qui a bien servi l'État, c'est quelqu'un qui était un grand
parlementaire également, il a fait un bon travail — moi, j'étais heureux de travailler avec
lui — et je
pense que ça a été salué. Certains ont dénoncé des éléments, des
conditions, ils l'ont fait. Et j'arriverai tout à l'heure à des
recommandations.
Tout comme moi, j'ai
eu à travailler au ministre du Tourisme, avec deux personnes pour qui j'ai de
l'estime, Elizabeth MacKay et Marc Croteau.
Et les premières choses qu'ils ont faites, quand on s'est rencontrés :
Vous savez d'où je viens? Bien sûr
que oui. Dans le cas de Mme MacKay, oui, je le savais, je la connaissais, dans
le cas de M. Croteau, encore plus.
C'est des gens qui ont été loyaux à mon action politique, qui m'ont donné
l'heure juste. Et soyez assurés que, si j'avais eu le moindre doute, je
me serais organisé pour qu'ils ne soient plus là. Je vous le dis, puis ils le
savent, et c'est des gens avec qui je suis encore en lien, on se salue, et tout
ça.
Ceci
étant dit, il arrive souvent qu'on se pose la question, si, à talent égal, le
fait d'être apparenté au gouvernement libéral
ou d'un autre gouvernement peut influencer. Et c'est là que j'aurais un
problème, moi, comme parlementaire. Alors, il m'est arrivé aussi de
questionner des...
Le Président (M.
Bernier) : En terminant.
• (11 heures) •
M.
Bérubé : Bien, en fait, je veux surtout en arriver au
rapport Perrault, novembre 2013, quels sont les suivis qui seront apportés
par le gouvernement à toutes les recommandations qui ont été faites au rapport
de M. André Perrault, et c'est là que je veux en venir dans mon deuxième bloc,
à un suivi constructif...
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député.
M.
Bérubé :
...comment on peut avancer là-dessus.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Moreau : D'abord, à mon tour, je veux dire tout le bien que je
pense du leader de l'opposition
puis je vois très bien dans... les
gens qui nous écoutent, là, vont voir la différence entre des... puis je ne le
dis pas, là, à... Il n'y a aucune mesquinerie dans ce qui va suivre, M.
le Président.
Il
y a une différence entre des gens qui ont déjà occupé des fonctions
ministérielles et ceux qui ne l'ont pas fait, parce qu'effectivement,
quand on arrive dans des fonctions ministérielles pour la première fois, on
réalise justement l'importance que la haute fonction publique se donne à être
neutre dans l'exercice de leurs fonctions.
Puis tantôt peut-être que mon collègue a mal
saisi la suggestion que je faisais d'André Boisclair, il parlait de Mme
Gauthier. Non, non, mais on peut bien discuter puis avoir un jugement sur la
qualité de la gestion. Je faisais ce parallèle-là
parce que je dis : C'est encore beaucoup plus sensible lorsqu'une personne
est nommée après avoir occupé des fonctions
politiques électives. C'est encore pire que les gens qui ont... la
perception... Et ça ne veut pas dire que ces gens-là ne font une bonne
job. Je suis d'accord avec ce qu'il a dit, André Boisclair a fait un excellent
travail comme délégué du Québec.
Puis on regarde les gens qui sont dans la
fonction publique. Le secrétaire général du Conseil du trésor a été nommé
sous-ministre adjoint par un gouvernement libéral de M. Bourassa puis il a été
nommé sous-ministre en titre par un gouvernement péquiste, c'était de M.
Landry. Pourquoi? Parce que, dans la vie, les gens ont un passé, puis ce
passé-là ne doit pas être occulté, puis ils ne doivent pas être ostracisés
parce qu'ils ont eu, à un moment donné, une participation à la démocratie sous
le chapeau d'un parti politique. Puis honnêtement, là, je vous le dis, ce n'est
pas que... Reconnaître un problème, là, moi, je n'ai pas d'objection à
reconnaître un problème quand j'en vois un.
Mais, quand
je regarde la façon dont les choses se font... Je vous donne un exemple, là,
les sociétés d'État. On a d'autres
blocs, on pourra voir les autres éléments. Prenons le P.D.G. de la SQI, là. Le
conseil d'administration constitue un comité
de ressources humaines puis un comité d'éthique et de gouvernance. Ça, là, ce
n'est pas propre à la SQI, c'est les sociétés
d'État. Le comité est composé de membres indépendants et le comité élabore et
propose un profil de compétences et d'expérience pour la nomination du
président-directeur général, puis, après ça, la recommandation est soumise au
gouvernement, qui fait la nomination.
Honnêtement,
là, est-ce qu'un seul individu peut dire : Ah! moi, je pense que lui, il
n'est pas très bon, il n'était pas très
bon quand il a passé devant la commission parlementaire? Un instant, là. C'est
de se mettre pas mal plus haut qu'un
paquet de monde qui sont indépendants et qui ont un objectif de neutralité. Et
c'est de faire fi aussi de l'obligation de neutralité qui est faite dans
la Loi sur la fonction publique. Alors, ça, c'est pour la question des sociétés
d'État.
Le député de
La Prairie faisait tantôt mention de l'UPAC, du DPCP, du Bureau des
enquêtes indépendantes puis de la
Sûreté du Québec. Ce sont des comités de sélection. Dans tous les cas, là, ça
varie entre trois personnes et cinq personnes, sauf pour la SQI, là, où
il n'y a pas de procédure spécifique prévue. Mais la procédure qui a précédé la
nomination du directeur général actuel, M. Prud'homme, c'est un comité de
sélection, même si ce n'était pas obligatoire
en vertu de la loi. Bon. Alors, on parle de suggestions pour améliorer les
choses, on peut peut-être le formaliser dans la Loi sur la Sûreté du
Québec; ça ne changerait rien, parce que c'est le processus qui a été suivi.
Alors, moi,
là, quand on est dans le processus d'amélioration, je n'ai pas de difficulté
avec ça. Quand on est dans le
dénigrement, je regrette infiniment, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai et ça
n'a pas prise dans la réalité. On peut être en désaccord avec des choix qui ont été faits. Ça, c'est une chose. Mais on
ne peut pas dire et porter un jugement, là, erga omnes, en disant :
Tout ça, là, tout ce qui se fait, là, ce n'est pas bon. Ce n'est pas vrai. Je
regrette. Puis la réalité a quand même ses
droits. Je ne passerai pas le processus de nomination à la magistrature, je
pense que tout le monde, ici, à moins que je fasse erreur, là, vont
convenir que c'est un processus...
Le Président (M. Bernier) : En
terminant.
M. Moreau :
...qui est d'une grande neutralité. On verra tantôt quand on arrivera aux
nominations aux deux tiers de l'Assemblée.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Nous allons passer du
côté ministériel avec M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Poëti :
Merci, M. le Président. Alors,
écoutez, pour continuer un peu sur l'orientation qu'on faisait tantôt,
oui, j'ai émis certains commentaires assez
clairs sur le fait que, quand la mission c'est de douter, on commence
difficilement, mais, si la mission, c'est de
valider puis de s'assurer que les processus sont en place, ça, c'est une bonne
nouvelle, et je pense que ça, c'est démocratique, et tout le monde a son
rôle à jouer là-dedans.
Je reviens
vite fait sur les années 60. Qu'est-ce qui s'est passé depuis ce temps-là? Il
s'est passé beaucoup de choses. Et,
pour les gens qui nous écoutent, les gens qui ne sont pas ici tous les jours et
qui nous fait cette confiance-là, de les représenter à l'Assemblée nationale, ils veulent savoir : Qu'est-ce
qui s'est passé? Moi, je pense que le député de La Peltrie sait ce
qui s'est passé, et, si je suis dans l'erreur, il va le souligner.
Le Parti libéral du Québec demeure, à ce jour,
la seule formation politique au Québec à s'être doté d'un code d'éthique qui
porte entre autres sur les bonnes conduites aussi en matière de financement.
J'ajoute à cela la mise en vigueur d'un code d'éthique et de déontologie qui
s'applique à tous les membres de l'Assemblée nationale, donc, la loi n° 48. Nous avons légiféré pour empêcher
l'usage de prête-noms en matière de contribution électorale. C'est une
loi, la loi n° 113, en 2010. Nous avons
augmenté les pouvoirs de contrôle du DGEQ, loi n° 114. La loi n° 118,
n° 119 ont mis en place diverses
mesures concernant le financement des partis politiques et le processus
électoral, entre autres. Nous avons renforcé,
avec la loi n° 15, en 2011, les actions de prévention de la lutte contre
la corruption en lien avec les contrats publics, en plus de proposer la mise en place, l'an dernier, via le projet de loi
n° 108, l'Autorité des marchés publics. En 2012, la loi n° 75 attribuait des pouvoirs
supplémentaires d'inspection et de saisie à la commission Charbonneau, M. le
Président. L'an dernier, la loi n° 101 donnait suite aux recommandations
de la commission en matière de financement politique et allant même au-delà de ça. Le projet de loi
répond à sept recommandations de la commission Charbonneau. Le projet de loi répond à sept recommandations de la
commission Charbonneau. Ce n'est pas parce que je bégaie, M. le
Président, c'est parce que je veux qu'on entende très bien ces choses-là. Ce
n'est pas parce que je me suis trompé de ligne.
On est en
lien avec tous les mécanismes de vérification. On est en lien avec la société,
qui dit : Certaines choses sont questionnables. C'est la société
qui peut soulever des problématiques et c'est à nous d'y répondre. Voici une
partie de la liste, non seulement de nos
intentions, mais ce qui a été fait sur une base législative, M. le Président.
Alors, le projet de loi, évidemment,
répond à sept recommandations de la commission Charbonneau et propose une
mesure qui va encore plus loin en supprimant complètement le délai après
lequel une contribution ou une partie de contribution politique contraire à la
loi électorale n'a pas été remise au DGEQ.
Enfin, le
projet de loi n° 107 a été déposé en 2016 pour accroître la compétence et
l'indépendance du Commissaire à la
lutte contre la corruption et du Bureau des enquêtes indépendantes ainsi que le
pouvoir du DPCP d'accorder certains avantages à des témoins
collaborateurs. Et rappelons également qu'en 2013 toute contribution politique
est limitée à 100 $. Il n'est plus déductible d'impôt.
Ce n'est que
quelques exemples, M. le Président, qui démontrent à la population qui nous a
élus que nous faisons une analyse
complète des problématiques et non seulement en discutons, mais mettons en
place et faisons des projets de loi
pour régler ces problématiques-là. Ça, c'est une partie, à mon avis, pour le
député de La Peltrie, de solution, de mise en place de règlement de
problèmes pour éviter certaines difficultés.
Alors, si on
revient, encore une fois, aux allégeances politiques, il m'apparaît un peu
particulier de juger de la compétence
d'une personne parce qu'elle aurait des valeurs libérales, des valeurs
caquistes, des valeurs péquistes. En ce qui me concerne, la compétence d'une personne sur sa capacité
d'effectuer un travail doit être reliée à sa compétence. Et, il n'y a
pas longtemps, le député de Verchères était surpris d'une nomination à la
Francophonie, pour apprendre que cette dame avait reçu la médaille de la France
de la Francophonie et faisait ce travail-là sur une base bénévole. Alors, là, c'est sûr que, ce matin-là, le député de
Verchères n'était pas complètement à l'aise. Mais il y avait une vérité dans
ça. C'était ça, la vérité. C'est ce qu'on doit dire aux citoyens. C'est ce
qu'on doit exprimer aux citoyens.
Et d'avoir des questionnements, je l'accorde
complètement au député de La Peltrie. Il a ce devoir...
Le Président (M. Bernier) : En
terminant.
M. Poëti : ...de le faire.
Mais de douter continuellement de la compétence des gens en faisant un lien
avec l'allégeance politique, à mon avis, ça, c'est trop large, ce n'est pas
acceptable, et on doit s'éloigner de ça.
• (11 h 10) •
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député. M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
M. le Président, le député de Marguerite-Bourgeoys n'aurait pas pu faire une meilleure
introduction à mon prochain bloc, parce que
la partisanerie, c'est aussi de prendre les propos d'un adversaire et de les
transformer pour servir son argument. Et malheureusement je suis obligé
de dire que mon collègue de Marguerite-Bourgeoys et le président du Conseil du
trésor se sont livrés à cet exercice. Je trouve ça malheureux.
Je ne dis pas
que tout est mauvais et je ne dis pas que tous les administrateurs sont
mauvais, et ils le savent très bien. Je
leur donne des exemples précis, et, à ces exemples-là, mon collègue du Conseil
du trésor décide que ça, ça ne fait pas son affaire. S'il prend les
exemples que je lui donne, s'il les considère, ces exemples-là ternissent son
propos. Donc, solution facile, c'est de les écarter de la réflexion, de faire comme
s'ils n'existaient pas.
Ce que je
trouve aussi... je ne veux pas utiliser le mot «comique» parce que ce n'est pas
drôle, c'est que je lui dis, à mon
collègue, lorsqu'il était de ce côté-ci de la Chambre, il a dénoncé des
nominations partisanes. Nicolas Girard, il a affirmé que c'était une
nomination partisane. Maintenant qu'il est au gouvernement, il me dit :
Non, non, ça n'existe pas, des nominations
partisanes, dans l'administration publique, ça n'existe pas. Et j'aurais pu
prendre d'autres exemples... de celui
qui est actuellement leader du gouvernement au moment où il était dans
l'opposition. M. le Président, vous avez un bagage d'expérience assez important, malgré votre jeunesse, et vous
savez très bien que, de tout temps, les oppositions ont dénoncé les
nominations partisanes, de tout temps. Lorsque le Parti libéral était ici, il
l'a dénoncé. Mes collègues du Parti
québécois l'ont dénoncé. Je l'ai dénoncé. Quand on est dans l'opposition, les
nominations partisanes existent. Quand on arrive du côté du
gouvernement, les processus sont robustes, ça n'existe pas.
Alors, moi,
je lui parle de Violette Trépanier. Il peut ne pas aimer le nom de Violette
Trépanier. Il peut mettre ça dans la liste des mots bannis. Ça se peut,
mais elle existe, elle a existé. Il y a des courriels qui ont été rendus
publics où Violette Trépanier dit : Je croule sous les piastres. Une telle
est-elle fédéraliste? Envoie-moi le CV d'un autre. Ça a existé, ça. Ça a existé, ça. Et il y a eu, au Parti québécois,
quelqu'un qui a fait ça aussi. Puis c'est drôle parce que le Parti libéral le dénonce, ça. Alors, aujourd'hui, il n'y
a plus de nomination partisane, mais, quand on leur parle de ça, ils
nous disent : Aïe! Au PQ, c'est une
telle qui faisait ça, c'est une telle qui faisait ça. Alors, pourquoi ça existe
de façon sporadique? Dépendamment du
propos, ça existe ou ça n'existe pas. Si c'est les autres, ça existe. Si c'est
eux, ça n'existe plus. M. le Président,
ça ne fonctionne pas. Violette Trépanier a existé. Mme Landry a existé. Et il y
a, aujourd'hui, quelqu'un qui remplace Mme Landry au bureau du premier
ministre.
Puis on nous parle de critères. On a des
critères. Bien, quels sont-ils, ces critères? Je ne les connais pas. Je ne peux pas les valider. Il y a des exigences. Quelles
sont-elles, ces exigences? Est-ce que ce sont des exigences de
compétence ou les exigences de Mme Trépanier? Je ne le sais pas, je ne peux pas
le valider. Bien, tout ce qu'on fait, c'est dire : Ces gens-là n'ont pas existé. Ces problèmes-là n'ont pas existé. Donc, à
partir de là, on n'est pas obligés d'en discuter, ça n'existe plus. On
les a fait disparaître.
M. le Président, et mon
collègue de Matane et le président du Conseil du trésor ont dit quelque chose
de très significatif. Lorsqu'ils sont entrés
en poste comme ministres, des hauts fonctionnaires sont allés les voir pour
leur dire : Tu sais d'où je
viens. Pourquoi ces gens-là se sentent obligés de dire ça? Pourquoi ces gens-là
se sentent obligés de se présenter comme ça? Quand il y a un nouveau patron,
là, dans une direction X, Y de la fonction publique, est-ce qu'il y a un seul employé qui va aller voir son patron
en disant : Bonjour, boss, tu sais d'où je viens? Non. Pourquoi?
Parce qu'il est le résultat d'une nomination
non partisane. Parce qu'il est le résultat... parce qu'il a passé un concours,
parce qu'on a validé sa compétence, parce qu'il a passé à travers un
processus rigoureux qui assure que cette personne-là, elle est là pour les
bonnes raisons.
Et est-ce que
vous pensez que, dans notre fonction publique, il n'y a pas des membres du
Parti libéral, du Parti québécois, de
la Coalition avenir Québec, de Québec solidaire ou de tout autre parti? Bien
sûr qu'il y en a. Le militantisme politique n'est pas une tare. Il ne
faut pas que ça le devienne. Je serais le premier à dénoncer ça. Et il y a,
chez nos fonctionnaires, des gens qui font
du militantisme politique, mais ce n'est pas pour ça qu'ils sont dans la
fonction publique, parce qu'on a mis en place des processus qui font en
sorte qu'on est certains que ce n'est pas pour ça qu'ils sont dans la fonction
publique.
Et mon
collègue parlait de ce qui a été fait dans les années 60. Ce que je dis,
c'est : Allons au bout de la logique. Allons au bout de cette logique-là qui a inspiré ces grands politiciens-là
du passé. Inspirons-nous d'eux au lieu de penser que tout va bien et
d'avoir un comportement qui dit une chose et son contraire : Il y a des
nominations partisanes, il n'y en a pas. Pourquoi on ne règle pas le problème?
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Moreau :
Bien, le député de La Peltrie a
fait une très grande allégorie au début, là, en disant : Vous
savez, le député de Marguerite-Bourgeoys, quand il utilise mes propos pour les citer de
façon... c'est de la partisanerie. Regardez bien, là, le plus bel exemple de partisanerie, il a parlé pendant cinq
minutes de Violette Trépanier. Elle a été nommée où exactement, Violette
Trépanier? Elle a été nommée où? Qu'il nous trouve un endroit où un gouvernement
a nommé Violette Trépanier en quelque part. Nulle part.
Pourquoi il
fait ça? Parce qu'il joue avec la
première page du Journal de Québec puis du Journal de
Montréal, parce qu'il aime ça, c'est
dans l'air du temps, Violette Trépanier. Alors, Violette Trépanier, dans une
interpellation sur des nominations, ça, ça fait quelque chose qui lui...
il pense qu'il marque des points politiques là-dessus. Moi, là, si ça lui fait
du bien, qu'il fasse ça.
Mais je pense, moi, qu'une interpellation, c'est
de dire : Est-ce que le gouvernement pourrait nous rendre des comptes sur les processus, sur la façon dont c'est
fait? Je vais lui rendre un compte rapide, là, sur Violette Trépanier :
elle ne fait partie d'aucun processus de sélection. Ça peut régler le problème.
Puis regardez
bien, là, je vous fais la citation précise, là, de son chef : «...il faut
remplacer les personnes qui font de la
politique, mais aussi les sous-ministres — alors, faites attention, M. Jean, là — et les présidents de sociétés d'État
qui ne pensent pas comme nous, qui ne sont pas d'accord pour faire ces
virages.» Ça, là, je vais vous dire, le critère est assez large, hein? Pour un gars qui se plaint de ne pas connaître les
critères, s'il s'intéressait au règlement qui touche les nominations dans la fonction publique, il les
verrait, ces critères-là. S'il regardait les lois des sociétés d'État, il
verrait quels sont les critères qui conduisent aux nominations.
La position du gouvernement, elle a été
clairement exprimée là-dessus justement parce qu'on ne veut pas ostraciser des gens parce qu'ils ont déjà eu des
actions politiques. Le premier ministre lui-même disait : «Je veux
avoir des gens compétents, mais je veux
également faire en sorte que le fait d'avoir une affiliation politique, un
engagement politique, incluant le fait
d'avoir travaillé dans un cabinet politique où il y a des gens parfois et très
souvent très compétents, que ce ne soit pas un facteur d'exclusion.» Et
c'est exactement ce que nous suggère le député de La Peltrie.
Et je le
répète, M. le Président : Il est évident que, pour porter le jugement, le
genre de jugement qu'il porte sur les gens
qui occupent ces fonctions-là, il est clair que le député de La Peltrie
n'a pas la connaissance du fonctionnement d'un cabinet ministériel non
plus que d'un conseil des ministres. Puis je ne lui en fais pas un reproche, je
le constate. Et je forme un souhait, c'est
qu'il n'en fasse jamais partie non plus. Parce qu'avec une attitude comme
celle-là, il irait donner directement,
là, s'il suit l'orientation de la déclaration de son chef, un coup mortel à ce
que l'on estime de notre fonction publique, c'est-à-dire sa neutralité
et sa compétence. Et ça, là, ce n'est pas acceptable.
En fait,
l'interpellation aura au moins révélé ça : Voici quels sont les dessins de
la deuxième opposition. Puis, écoutez, préparez-vous, parce que la
fonction publique du Québec, on peut dire, dans la première phrase qu'il a
faite, qu'elle est très, très compétente.
Mais, écoutez, là, si nous, on arrivait là, là, on va... vous allez voir ça,
qu'on va remplacer les personnes qui
font de la politique, et les sous-ministres, et les présidents des sociétés
d'État qui ne pensent pas comme nous. Ça, je vous le dis, si... En tout cas, c'est
un très beau programme politique, mais moi, je n'y adhère pas d'aucune façon.
Le député de
Matane me demandait quelles étaient les intentions du gouvernement à l'égard
des suites à donner à la commission,
au rapport de... en fait, du comité sur la condition d'emploi, le rapport
Perrault. Et je dois lui dire... je sais qu'il reste peu de temps, mais je vais... je reviendrai là-dessus, mais je
veux déjà commencer ça parce que ça, ça m'apparaît vraiment intéressant, qu'il y a plusieurs des
éléments de recommandation qui sont déjà mis en oeuvre et il y en a
certains autres dont on pourra faire le détail qui sont pris en compte. Parce
que le premier ministre a déjà annoncé, et je pense que vous étiez aux crédits ou à ses crédits, un virage dans les
nominations, notamment en commençant par les tribunaux administratifs et
les titulaires des grands postes dans la fonction publique, pour avoir plus de
transparence. Et on veut s'aligner là-dessus. Et j'aurai l'occasion de le
détailler avec vous.
• (11 h 20) •
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Poëti :
Merci, M. le Président. Écoutez, je l'ai dit tantôt, au départ de
l'interpellation, j'étais content d'entendre le départ des bonnes intentions du député de La Peltrie et de mettre de côté un peu cette
partisanerie-là. On voit clairement que c'est fini, c'est dépassé.
D'ailleurs,
j'ai essayé subtilement, tantôt, de dire : Vous savez, lorsqu'on parle des systèmes
en place, qu'on parle de la façon
dont ça fonctionne, que les lois qui encadrent ces décisions-là de nomination,
bien, ça touche des personnes. Alors,
si on était capables de faire... et
je le ferai faire à la fin, de compter le nombre de fois qu'il a dit Violette
Trépanier. C'est beaucoup de temps perdu, en
ce qui me concerne, sur des recommandations que vous pourriez faire, des
suggestions de changements, une amélioration à ce que vous... ce qui vous
inquiète. Et ça, ça m'embête un peu.
Et, quand il
a fait allusion qu'on se sert des mots de partisanerie, permettez-moi, M. le
Président, de m'inscrire en faux sur
ça, mais de lui répondre clairement. Lorsqu'on perçoit une mauvaise
compréhension, à notre avis, de ce qu'on dit, je trouve ça malheureux.
Parce qu'en
fait ce que j'entends, quand je l'écoute, c'est un peu la ligne qu'on entend à
la semaine longue, puis que les
citoyens se disent : Pourquoi que le chef de la deuxième opposition dit
toujours que ça va mal, que le Québec est un échec, qu'on est les derniers de tout, et qu'au Québec, vraiment, là...
se réveiller au Québec, c'est inquiétant? Bien, si le député de La Peltrie s'était réveillé ce
matin en Syrie, il aurait peut-être trouvé ça autrement. Il va dire : Il
exagère. O.K. En Turquie, ça vous intéresserait?
Peut-être en Italie, c'est magnifique. Je lui rappelle qu'il n'y a pas de
gouvernement actuellement en Italie, ils
essaient d'en construire un. Peut-être qu'il aurait aimé mieux se réveiller en
France, parce que ça va bien financièrement en France, parce que ça va
bien dans l'État actuellement, la France. Peut-être qu'il aurait aimé mieux se
réveiller aux États-Unis, hein, il y a stabilité, là, qui va vraiment très bien
à travers le monde. Est-ce qu'il veut se
réveiller en Grèce, où c'est un déficit depuis des années de temps? Ces
gouvernements-là, qui vivent, à travers le monde, des difficultés phénoménales... Est-ce qu'il veut se réveiller
à Londres avec une signature du Brexit et que les gens se disent : Qu'est-ce qui va nous
arriver? Quand, au Québec... les gens viennent investir au Québec, ont la
confiance du public au Québec, qu'à travers le monde les gens veulent venir
investir au Canada... Ça, c'est se réveiller ici dans un gouvernement d'échec?
Moi, ça m'embête un peu, ce côté négatif qui ressort sur tout. Oui, il y a une
partie du travail critique, je l'accepte, mais que ça soit défaitiste, non, je
m'inscris en faux là-dessus, M. le Président.
Et ça
m'embête aussi lorsqu'on vient attaquer un parti en particulier. Et là on
dit : Ah! mais là, là, le financement politique, ça a un lien, c'est terrible, ce que le Parti libéral a fait,
c'est très, très grave. Là, je suis obligé de dire que ça m'embête un peu. En fait, davantage, parce que,
quand le collègue parle de financement politique, je trouve qu'il a un
petit peu d'audace, parce que son chef
lui-même a été coprésident de la campagne de financement du Parti québécois à
l'époque, pas pour 200 000 $, pour
6 millions de dollars. Mais, dans son cas, ça ne se pouvait pas, là, qu'il
pouvait avoir un lien entre une nomination ou une autre, là, jamais il
n'aurait fait ça, jamais il n'aurait tenu compte de ça. Ça, ce n'est pas de la partisanerie, ça? Alors, il faut faire attention.
Non, mais je n'endosse pas ça, M. le député, je n'endosse pas ce genre
de propos là. Je ne les partage pas.
Mais, de ce
côté-là, en utilisant ce fondement-là de partisanerie, venir attaquer les
institutions... j'ai de la misère. Quand
ce parti-là attaque les institutions, c'est-à-dire l'UPAC, quand il attaque la
commission Charbonneau, quand il... parce
que, là, ah! ça, non, ça, ce bout-là, on ne l'a pas aimé, on aurait aimé mieux
autrement. Quand on parle du DPCQ et on attaque le DPCP, là aussi, ça
m'embête. Ça veut dire que la confiance des citoyens est ébranlée par un
représentant politique qui dit : Il ne faudrait pas avoir confiance en ça.
Ça va faire une heure et demie, je n'ai pas encore entendu une seule
suggestion, M. le Président.
Puis celle aux deux tiers, je vais l'arrêter
tout de suite, parce qu'à la prochaine élection, si jamais on est aux deux tiers, on fait ça puis on a plus que les deux
tiers des députés ici, qu'est-ce qu'il va faire? Est-ce que la majorité
va l'emporter à chaque fois? Alors, c'est
ça, il y a un nombre, pour les deux tiers, hein, il y a un nombre à obtenir de
députés qui seront au gouvernement, et, s'il
dépasse les deux tiers... Alors, c'est quoi, cette règle des deux tiers? Est-ce
qu'elle est en béton? La réponse, c'est non. Alors, si ça, c'est la solution
qui est cachée, qu'il va nous sortir à moins cinq, bien, il faut en trouver une
autre, parce que ça ne marchera pas, M. le Président. Moi, je pense que les
citoyens ont droit...
Le Président (M. Bernier) :
En terminant.
M. Poëti : On a 13 secondes.
Donc, les citoyens ont droit à un parti politique, à un gouvernement qui fait
des changements, un gouvernement qui avance. On peut prendre la critique, mais
on ne peut pas dénier nos efforts.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Oui. Merci,
M. le Président. Mon Dieu! J'oserais
dire au député de Marguerite-Bourgeoys que c'est parce qu'on ne veut pas se
réveiller avec ces problèmes-là qu'il faudrait peut-être remplacer le gouvernement
actuel.
Une voix : ...
M.
Caire : Oui. Bien,
c'est comme la petite joke de Christian tantôt. Je dis ça comme ça.
M. le Président, c'est drôle, parce que les arguments que je sers à mes amis d'en face,
de toute évidence, on ne veut pas les
entendre. J'ai clairement cité, tout
à l'heure, le président du Conseil du trésor, qui, alors qu'il était dans l'opposition, dénonçait la nomination de Nicolas Girard. Il n'en
a pas parlé. Bien non, ça ne sert pas son propos. Ça ne l'aide pas parce
que là il dénonçait une nomination partisane du gouvernement
du Parti québécois. Ça ne sert pas son propos, il faut qu'il ignore ce que j'ai dit, parce
que, sinon, son propos s'écroule, sa
théorie s'écroule, son monde idéal qu'il tente de construire s'écroule. Il ne faut pas que je parle
de Violette Trépanier, parce que ça vient contredire ce qu'il dit. Il ne
faut pas que j'en parle. Est-ce que Violette Trépanier...
Une voix :
...
M.
Caire : Non, mais
elle, elle en a nommé combien, par
exemple? Ça, ça serait intéressant de
le savoir. Sur quelle base? Ça a coûté combien? Ça a rapporté combien?
Le Président (M.
Bernier) : ...prendre la parole tout à l'heure.
M.
Caire : Alors, M. le Président... Et les courriels sont éloquents. Donc, il ne faut pas en parler. Il
ne faut pas en parler, de ça. Les
courriels qui ont été rendus publics sont éloquents : Est-elle fédéraliste? Il a-tu donné au parti? Il a-tu
sa carte de membre? Pourquoi les gens
envoient leur CV à Violette Trépanier si elle n'a aucune influence, si elle ne
sert à rien, si c'est une espèce de
«no man's land», Violette Trépanier? Voyons donc, M. le Président. Les gens qui
nous écoutent, là, ne sont pas fous,
là. Ils écoutent ce que le président du Conseil du trésor dit. Ils l'écoutent
puis ils se disent : Voyons donc, nous prenez-vous pour des
valises?
Alors,
moi, je veux bien, là. Puis mon collègue, tout à l'heure, parlait de la
citation de mon chef, il faut remplacer des gens qui pensent comme nous. C'est drôle parce que, d'entrée de jeu,
c'est exactement ce que le président du Conseil du trésor a dit. Ça prend des gens avec qui on peut travailler. Ça prend
des gens avec qui on peut collaborer. Ça n'a rien à voir avec la couleur
politique. Ça n'a rien à voir avec la couleur politique. Ça a tout à voir avec
la compétence puis la capacité de faire avancer le gouvernement. Puis ça, je le
dis, je le répète, il n'y a pas de problème. Mais, quand une nomination, avant de la faire, il faut vérifier
s'il y a eu un don, ça, ça n'a rien à voir avec faire avancer le Québec.
Quand, avant de faire une nomination, il
faut vérifier les allégeances politiques, ça, ça n'a rien à voir avec faire
avancer le Québec. Quand, dans l'opposition, l'actuel président du
Conseil du trésor se lève : Nicolas Girard, j'espère qu'il va refuser la
nomination, parce que c'est une nomination partisane, puis qu'aujourd'hui il a
le culot de me regarder puis de me dire : Non, non, ça n'existe pas...
Le Président (M.
Bernier) : ...des intentions.
M.
Caire : Bien, M. le Président, je ne prête pas d'intention.
J'ai une citation du président du Conseil du trésor qui parle de la
nomination de Nicolas Girard. J'ai le même président du Conseil du trésor qui,
aujourd'hui, me dit...
Le Président (M.
Bernier) : Oui, mais il ne faut pas prêter... J'ai le culot, là.
M.
Caire :
...que les nominations partisanes, ça, ça n'existe pas. Alors, en tout respect,
M. le Président, et je respecte votre décision...
Le Président (M.
Bernier) : Je viens de trancher et je lui ai dit que c'est en ce qui
concerne l'utilisation.
M.
Caire :
Et j'ai respecté votre décision, M. le Président...
Le Président (M.
Bernier) : Oui, allez-y, M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
...parce que je n'ai pas continué dans cette voie.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, vous avez peu de temps. Il vous reste
1 min 40 s.
M.
Caire :
Je n'ai pas continué dans cette voie. Ceci étant dit, moi, je veux bien, là. On
me dit : Le député de La Peltrie
devrait proposer des solutions. Bien, on en a trouvé, des solutions. Proposé.
On a déposé un projet de loi. Le gouvernement a voté contre. Vous me
dites, ma solution n'est pas bonne. Parfait. C'est quoi, la contreproposition?
Puis, je l'ai dit d'entrée de jeu, on a une proposition sur la table. Vous
n'êtes pas tous d'accord? Moi, je suis ouvert à discuter. Qu'est-ce qu'on change là-dedans? Comment on l'améliore?
Comment la bonifier? Pas de problème. Mais ce n'est pas ça que j'entends, M. le Président, c'est : Nominations
partisanes? Quelles nominations partisanes? Ça n'existe pas, des
nominations partisanes. Comment voulez-vous qu'on discute d'une solution si on
n'est même pas capables d'admettre le problème?
Et
ce que je dis, M. le Président, c'est qu'il y a un double discours. Quand on
est ici, les nominations partisanes existent.
Autant quand ce parti-là est dans l'opposition, autant quand ce parti-là est
dans l'opposition, les nominations partisanes, ça existe, on les
dénonce. Quand on s'en va l'autre bord? Ah non! Là, les processus sont
rigoureux. Les processus sont rigoureux puis ils répondent à des impératifs de
gouvernance que le député de La Peltrie ne comprend pas, parce que le
député de La Peltrie n'a pas été ministre. Fin de l'épisode.
Mais
peut-être que le député de La Prairie pourrait nous parler de la
nomination du député de Champlain au titre de vice-président de la RBQ. Sur quelle base ça s'est fait, cette
nomination-là? Sur quels critères de compétence l'actuel député de Champlain a été nommé, à l'époque,
vice-président de la RBQ? Qu'est-ce qui, dans son parcours
professionnel...
Le Président (M.
Bernier) : En terminant.
• (11 h 30) •
M.
Caire : ...le
destinait à aller là? Peut-être qu'on pourrait avoir des explications de la
part de mon collègue de La Prairie sur
cette excellente nomination. Les nominations partisanes, ça existe, ça écoeure
le monde, et il faut y mettre fin. Est-ce que vous êtes prêt à
travailler là-dessus, oui ou non?
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le ministre, la parole est à vous.
M. Moreau : Alors, encore une
fois, on voit quel était l'objectif derrière l'interpellation. L'objectif
derrière l'interpellation, c'est d'essayer
de faire... Au lieu d'être constructif, là, 30 secondes, d'essayer, depuis 10
heures, on est rendus à 11 h 30, là,
d'essayer de faire une espèce de joute politique où on va dénigrer des gens, des individus...
Faute d'avoir des idées, bien, on dénigre
les gens. Moi, je sais qu'il y a des gens qui nous écoutent, puis j'espère
qu'ils vont reconnaître ça. C'est-à-dire que ce qu'il dit ne tient pas
compte de ce qui existe dans les lois.
Et, s'il référait, là, aux courriels qui ont
circulé dans les journaux, la commission Bastarache a siégé après ces courriels-là. Il a parlé de Mme Post-it. La commission Bastarache l'a entendue et la commission Bastarache conclut
qu'il n'y a pas d'inférence politique dans la nomination des juges. Regardez,
là, à un moment donné, il faut... Il a beau ne pas me respecter moi, ça, honnêtement,
là, je n'en ai rien à cirer, mais...
M.
Caire : Ça, c'est
me prêter des intentions. J'ai beaucoup de respect pour mon collègue, puis je
pense que je n'ai pas...
M. Moreau : ...il ne peut pas
faire fi des institutions et des décisions...
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre, il ne faut pas prêter d'intention non plus, là.
M. Moreau : Bien, je ne la
prête pas, l'intention. Mais on ne peut pas faire fi...
Le Président (M. Bernier) :
Autant de votre côté que de son côté.
M. Moreau : On ne peut pas faire fi des décisions des commissions qui ont été des commissions d'enquête qui ont été rendues publiques. On ne peut pas essayer de faire des amalgames
puis faire un petit... On va faire une économie
de la chronologie des événements, puis on va
faire aller son propos, puis on va jaser, puis on va dénigrer des gens. Ça, il
peut bien choisir de faire ça, là. Je vais lui laisser.
Moi, ce qui
m'importe, c'est d'essayer d'être constructif ici aujourd'hui, puis le député
de Matane semble se diriger dans
cette direction-là. Je vais donc répondre au député de Matane en disant, sur la
question de la commission Perrault : Le gouvernement ne prend
maintenant aucune initiative en matière de gestion des emplois supérieurs,
incluant le renouvellement de contrats lors
du déclenchement d'une élection générale. Ça faisait partie des recommandations
Perrault. Le gouvernement n'accorde pas
d'allocation de transition de départ à un titulaire démissionnaire avant la fin
de son mandat. Il n'accorde pas
d'allocation de transition de départ à un titulaire acceptant un autre dans le
secteur public ou quittant son poste
de son plein gré avant la fin de son mandat. Il met en place des contrats types
afin de limiter le nombre et d'alléger la gestion des contrats. Et ça
aussi, ce sont des éléments du rapport Perrault. Maintenant, le premier
ministre a annoncé, dans ses crédits,
l'intention de modifier les règles. De façon concrète, on souhaite que les
informations sur les postes offerts, les
exigences requises et les processus de concours et de sélection applicables
seront désormais tous rassemblés sur une seule plateforme numérique. Et un plan d'action en matière de
représentativité sera établi afin d'assurer, pour l'ensemble des titulaires nommés par le gouvernement, une
meilleure parité entre les hommes et les femmes, la présence de membres
des communautés autochtones, anglophones ou des minorités ethnoculturelles.
Et, dans la
foulée de ce que le premier ministre a annoncé et sur lequel les réflexions
sont en cours, il y a d'autres éléments
qui apparaissaient au rapport Perrault, notamment sur le renouvellement du
contrat d'un titulaire qui provient de l'extérieur seulement à partir du
troisième mois avant son échéance. Et déjà le gouvernement octroie la sécurité
d'emploi au titulaire provenant de l'extérieur seulement après une période de
travail d'une durée significative.
Alors, ça, ce
sont des éléments qui vont dans le sens du rapport Perrault. Et, lorsqu'on
regarde l'ensemble des situations,
lorsqu'on les regarde véritablement puis qu'on le fait sérieusement en
regardant les règlements d'application, en regardant les lois, en regardant les mécanismes d'encadrement, on
réalise qu'il y a un très grand bout de chemin qui a été fait et
qu'aujourd'hui on peut certainement dire que le type d'apocalypse dans lequel
voudrait bien nous faire verser le député de La Peltrie dans sa vision
nuagique de la chose, là...
Le Président (M. Bernier) :
En terminant.
M. Moreau : ...n'existe pas,
M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Poëti : Merci, M. le Président. Écoutez, en terminant, je voudrais rappeler aux citoyens
qui nous écoutent mais aussi aux gens
de la première et deuxième opposition ce que le premier ministre a dit sur les
inquiétudes ou en réponse aux inquiétudes du
député de La Peltrie. Le premier ministre a annoncé qu'il poursuivrait les
gestes posés par le gouvernement en matière de transparence et d'accessibilité
à l'information et qu'il apporterait un certain nombre de changements progressivement aux procédures de
nomination en débutant par les tribunaux administratifs. De façon plus
particulière, dans un souci de transparence et d'accessibilité, on retrouvera,
sur une même plateforme numérique, les informations
touchant les postes disponibles, les exigences requises et les processus de
concours ou de sélection applicables. De
même, afin d'atteindre une meilleure représentativité des composantes de la
société québécoise au sein de la haute fonction
publique, un plan d'action sera établi afin d'assurer, pour l'ensemble des
titulaires nommés par le gouvernement, premièrement,
une atteinte de la parité entre les hommes et les femmes, la présence
d'autochtones, d'anglophones et de personnes issues de minorités
ethnoculturelles.
Pour ce qui est évidemment des nominations aux deux tiers, la
proposition, le premier ministre a dit qu'il avait pris acte de la
proposition formulée par le député de Borduas selon laquelle trois candidats
seraient proposés aux oppositions, qui choisiraient, parmi eux, celui à nommer,
et avait déjà expliqué pourquoi sa proposition apparaissait difficilement applicable. Tantôt, je sentais un
peu de questionnement quand j'ai parlé du deux tiers. Bien, à la
prochaine élection, 83 députés libéraux ici,
c'est fini, le deux tiers, on aura toujours la majorité. Cette solution-là
n'est pas applicable. À 83, les deux
tiers ne tiendraient plus. Ce n'est pas dur à compter, ça, M. le Président, je
ne suis pas méchant quand je dis ça,
mais la solution ne marcherait pas. Alors, il faut quand même penser à autre
chose, là, on a encore un peu de temps.
Cependant, toujours dans ce même souci d'améliorer le
processus, le premier ministre a proposé que le candidat à la direction de l'une ou l'autre des organisations
visées puisse préalablement être rencontré privément par chacun des chefs
de groupe parlementaire et leurs
représentants pour permettre à chacun d'avoir une meilleure idée de la valeur
du candidat proposé et de ses compétences. C'est ce qu'on propose, c'est
ce que le premier ministre a dit ici, en Chambre. Je ne comprends pas qu'à ce
temps-ci de l'interpellation on n'en a pas encore parlé une seule fois.
Je veux terminer avec ça, M. le député de La Peltrie,
pour vous dire que notre orientation gouvernementale va dans ce sens-là. Il faut la relire doucement, et,
si on manque de temps, je suis obligé de lire vite. Mais lisez ça
doucement. Il me semble que ce sont des
solutions, il me semble que ce sont des propositions fort intéressantes qui
nous éloignent, et, Dieu merci, des
années 60, M. le Président, en dehors des lois qu'on a faites. Je n'ai plus
cinq ans. Le premier ministre l'a déjà
fait en Chambre, mais il me fait plaisir d'expliquer de nouveau, au collègue de
La Peltrie, pourquoi ce n'est pas une proposition optimale et de rappeler au passage que, s'il y a une crise de
confiance de la population envers nos institutions, il faut arrêter éternellement de faire ces amalgames,
ces perceptions, ces interprétations. Il faut baser ces propos-là, en ce
qui me concerne et en tout respect, M. le Président, avec des faits.
On peut répéter le même mot 78 fois. Est-ce que cette dame
est encore là? La réponse, c'est non, hein? Est-ce qu'on s'est débattu, pendant deux heures, pour
dire que... si cette dame a fait un mauvais ou bon travail? Est-ce que
ce travail-là a été vu par la commission
Charbonneau? Est-ce que j'entends aujourd'hui que la commission
Charbonneau, selon le député de
La Peltrie, n'a pas fait son travail? Est-ce que j'entends aujourd'hui que
l'UPAC ne fait pas son travail? Est-ce
que j'entends que le directeur de la Sûreté du Québec, qui a servi sur deux
gouvernements, sur deux gouvernements, n'est pas neutre et ne fait pas
son travail? Pour moi, la réponse, c'est non. Ils font leur travail.
Nos attentes, les attentes des citoyens qui nous écoutent,
c'est quoi? C'est que les policiers fassent leur travail
professionnellement, que les hommes et femmes politiques fassent un travail
professionnel, et également que les fonctionnaires fassent aussi un travail
professionnel. Il faut arrêter tout le temps de mettre en doute tout. Et, si on
a la preuve, et si on a une inquiétude, et si on a un cas précis, amenons-le.
Puis, s'il a tort ou raison, bien, on se corrigera.
Le Président (M.
Bernier) : En terminant.
M. Poëti : Il y a une série de lois qui
ont été mises en place, M. le Président. Il y a les propos du premier
ministre qui... on ne peut plus clairs sur
l'intention, et déjà sur l'amorce, et actuellement le changement des choses.
C'est là qu'on va, M. le Président...
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député...
M. Poëti : ...c'est là qu'on
va aller.
Le Président (M. Bernier) :
...M. le député de Matane-Matapédia.
• (11 h 40) •
M.
Bérubé : Merci,
M. le Président. Alors, pour
poursuivre sur mon bloc précédent, le gouvernement du Parti québécois, préoccupé par cette question,
a commandé le rapport Perrault, qu'il a rendu public. Il y a
un certain nombre de recommandations qui portent notamment sur le recrutement,
la sélection, l'intégration en emploi, la sécurité d'emploi, les
questions reliées aux contrats, la rémunération des autres conditions de
travail, l'éthique et les cadres de la gestion.
Ma première
proposition au ministre, c'est qu'il puisse nous faire, je dirais, un rapport
d'étape public, où on en est, sur les recommandations qui ont été
faites. Il en a évoqué quelques-unes tout à l'heure, on pourrait le faire pour l'entièreté. Parce que, quand on prend un rapport,
on le prend au complet. Alors, sur l'ensemble des mesures qui ont été proposées, ça date de l'automne 2013, je
suggère au ministre, dans un exercice qu'il pourrait faire dans l'année
actuelle, faire un suivi de ce qui a été
appliqué. Je pense que ce serait de nature à répondre à un certain nombre des
questionnements qu'on a.
Par
contre, là, il y a des questionnements nombreux que je partage avec mon
collègue de La Peltrie. Et là j'ai hâte de voir les réponses du ministre là-dessus. La commission Charbonneau,
on ne peut pas dire que c'est un grand succès, hein, avec une dissidence qui, quant à moi,
demeure suspecte d'un des deux commissaires. Si on parle des recommandations
puis on en retient une, il faudrait les
prendre toutes. Je comprends qu'on peut retenir celles qui portent sur la
nomination du commissaire de l'UPAC, puis on fait abstraction des autres qui
n'ont pas été appliquées. Alors, celle-là, il se réfugie derrière ça. Le
gouvernement dit : Ah! la commission Charbonneau a dit ça, mais il y en a
d'autres qui ne sont pas appliquées encore.
Donc, pourquoi nous,
on fait une proposition aux deux tiers? Pour faire en sorte d'assurer
l'indépendance du commissaire à l'UPAC. Puis
j'ai fait l'exercice la semaine dernière pendant cinq heures à l'étude des
crédits, puis je réitère pourquoi.
Parce que, oui, on doit avoir confiance en nos institutions, et elles doivent
être indépendantes, c'est le souci qui nous
anime. Mais, dans le cas de l'UPAC en particulier — puis je n'aborderai pas ni le DPCP ni la
Sûreté du Québec, je vais me
concentrer sur l'UPAC — ce n'est pas compliqué, le commissaire de l'UPAC, il est nommé par
le gouvernement libéral à l'époque de M. Charest. Il est renommé par le
gouvernement libéral actuel.
Une
des tâches du commissaire à l'UPAC, c'est d'enquêter sur le gouvernement libéral.
Il me semble qu'il devrait avoir une
certaine indépendance. Et suis-je le seul à penser ça? Semblerait-il que non
parce que, dans un sondage récent... bon,
peut-être qu'on n'aimera pas le chiffre, là, mais, quand on demande à la
population si l'UPAC subit des pressions de la part des dirigeants
politiques, 61 % — c'est
presque les deux tiers — des
répondants croient que c'est le cas. Il y a seulement 22 % qui croient
qu'elle est totalement indépendante.
Une
des réponses que le gouvernement peut apporter, c'est de dire : On entend
ce que vous dites. Mes doutes ne sont pas sur l'UPAC, ils sont sur cette
perception largement répandue, pas par l'opposition ni par la Coalition avenir Québec ni par le Parti québécois, c'est l'écho
qu'on a là-dedans qui dit : Si vous êtes si sûr de votre coup, donnez-lui
la totale indépendance.
Puis
j'ai une autre suggestion à faire. Il y a le projet de loi n° 107 sur
l'indépendance totale de l'UPAC par rapport à la Sûreté du Québec. On pourrait l'assortir d'un mode de nomination pour
le prochain, qui reposerait sur les deux tiers. Ça, c'est une proposition que je fais, d'accord? Alors, pour l'UPAC,
vous avez vu les chiffres, le ministre a vu les chiffres, le sondage Léger, je ne sais pas s'il va en tenir
compte, mais c'est... Je ne l'ai pas entendu parler là-dessus, mais, en
même temps, il y a l'avantage qu'on a
l'heure juste assez rapidement quand il veut réagir. C'était dans LeJournal
de Montréal. C'était un
sondage. Il a vu des chiffres. Le projet de loi n° 107, je sais que ce
n'est pas lui qui est à la Sécurité publique, mais il pourrait être assorti d'un mode de nomination. Puis je peux vous
dire que ça réglerait bien des questionnements qu'on se pose.
Le ministre a fait
une proposition à l'époque, il était candidat à la course à la direction du
Parti libéral du Québec. Il est venu dans ma
circonscription, à Amqui, je me souviens de ça. Je connais des gens qui étaient
là. Ils ne sont plus au Parti libéral
parce qu'ils auraient aimé ça qu'il gagne. Mais bon, ça, ça leur appartient.
Ils m'ont dit : Il a fait des propositions
intéressantes, dont une, ils disent... puis là on m'a rapporté ça, puis j'ai
retrouvé la trace de ça, ils proposent de faire comparaître les P.D.G. des sociétés d'État et les délégués du
Québec devant une commission parlementaire. Je ne sais pas si ça avait
été appliqué par ce gouvernement...
Le Président (M.
Bernier) : En terminant.
M.
Bérubé : ...mais j'espère que oui. Puis, en terminant, sur
Violette Trépanier, je ne peux pas prouver qu'elle a procédé à des
nominations, mais je peux...
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député.
M.
Bérubé :
...mais je peux vous indiquer qu'elle en a reçu pas mal, par exemple.
Conclusions
Le
Président (M. Bernier) : Nous allons passer du côté du dernier bloc
d'échange. Donc, vous avez la parole pour 10 minutes, M. le
ministre.
M. Pierre Moreau
M.
Moreau : Oui, très bien. Alors, très rapidement, pour répondre
à ça, je pense que d'ailleurs le premier ministre l'a dit dans ses crédits, son intention de faire
en sorte que les partis d'opposition rencontrent les gens des sociétés
d'État sur les nominations justement pour
que ça puisse faire état de leurs compétences. Ça s'inscrit probablement dans
le cadre d'une proposition que j'ai faite, que ce soit...
Une voix :
...
M.
Moreau : ...mais que ce soit... Bon, bien, vous voyez, on fait
partie d'un gouvernement puis on est solidaires, puis je suis très fier
de tous les gouvernements auxquels j'ai appartenu. Et je suis convaincu que
c'est la même chose pour vous.
Donc,
sur cette question-là, sur la commission Charbonneau, on n'en prend pas une, on
est sur l'étude du projet de loi
n° 108, qui est la première recommandation de la commission Charbonneau.
Il y a 60 recommandations dans le rapport
de la commission, il y en a 34 qui sont réalisées puis il y en a 26 qui sont en
cours. Alors, ce n'est pas vrai, là, qu'on n'en tient pas compte.
Maintenant,
sur la question des nominations aux
deux tiers, je vais vous faire une petite citation, là, de l'article de Gilbert Lavoie du 5 mai 2017. Ça ne fait pas si longtemps
que ça, ça fait sept jours, hein? «Le DPCP a été mis sur pied en 2007
dans le contexte du scandale de la prostitution juvénile à Québec. On voulait
"sortir la politique" — entre guillemets — des
procès criminels. Mais, 10 ans plus tard, l'opposition laisse encore
planer des doutes sur son indépendance.
«Il faudrait se poser la question : On
s'arrête où avec ça? Faudra-t-il dorénavant que tous les juges et les commissaires des tribunaux administratifs
reçoivent aussi l'aval des deux tiers des élus? L'histoire récente — l'histoire
récente — démontre que, si on soumet trop de
nominations à de telles exigences, on va paralyser le système. Il a
fallu quatre ans aux partis [d'opposition]
pour s'entendre sur le remplacement de Renaud Lachance par Guylaine Leclerc au
poste de Vérificateur général. Il a fallu un
an pour remplacer le Directeur général des élections par Pierre Reid après la
démission de Jacques Drouin en avril 2014. Tout récemment, l'ancienne
directrice du contentieux de l'Union des municipalités, Me Diane Simard, une
avocate spécialisée dans les questions éthiques, a été bloquée par la CAQ et le
PQ au poste de commissaire à l'éthique : elle avait donné 100 $ au
Parti libéral. Cent piastres à vie, ça fait de vous un libéral à vie...»
Ça, ce n'est pas moi qui le dis, c'est un
chroniqueur du Soleil. Alors, ce que je constate, moi, c'est que... et d'ailleurs, regardez bien, dans les nominations
aux deux tiers, la dernière fois, on parlait du Protecteur du citoyen.
Qui, M. le Président, dans le vote, s'est abstenu? La CAQ en bloc. Puis ils se
sont levés pour s'abstenir dans le cadre de nomination
aux deux tiers. Ils en veulent ou ils n'en veulent pas? Il faudrait se brancher
là-dessus. Et, je vais vous dire, plus que
ça, lorsqu'il était question de Mme Zachaïb par le Commissaire à l'éthique...
Alors, le Commissaire à l'éthique, là, il est nommé aux deux tiers.
Alors, la CAQ, sur la décision rendue, a exprimé sa déception en février 2014
face aux réticences du Commissaire à
l'éthique de l'Assemblée nationale à la suite d'une demande d'enquête sur la
gestion de la ministre Élaine Zachaïb
relativement à un cas de favoritisme. Si on nomme les gens aux deux tiers, la
moindre des choses, ce serait qu'on
respecte les décisions que ces gens-là rendent. Or, du côté de la CAQ, ce n'est
pas comme ça qu'on est enlignés. On va les nommer aux deux tiers; s'ils
décident quelque chose qu'on n'est pas contents, on va les critiquer.
Bien, voyez-vous que ça ne peut pas s'appliquer
comme ça dans le cas des officiers de justice, dans le cas du système
judiciaire pour une raison très simple. C'est que tous ceux qui sont des
officiers de justice prêtent serment de
valoriser et de soutenir les institutions dans le domaine de la justice, que ce
soient les tribunaux, que ce soient le Code de déontologie des avocats,
les serments d'office des policiers, les serments qui sont prêtés par les
procureurs au DPCP. Pourquoi? Parce que
soutenir nos institutions, c'est un critère fondamental pour assurer le respect
de celles-ci par l'ensemble de la
population. Ah! on peut bien se cacher derrière l'idée de dire : Ah non!
Il faudrait que ce soit nommé aux deux tiers de l'Assemblée nationale. Écoutez, on s'abstient. Ils l'ont à l'égard de
certains titulaires, dont la nomination qui était soumise à l'Assemblée nationale pour la Protectrice du
citoyen. Ils se sont abstenus. Moi, j'ai toujours pensé que les
abstentions dans les votes à l'Assemblée
nationale, là, c'était quelqu'un qui était à cheval sur la clôture. Et, comme
m'a dit quelqu'un dernièrement, à cheval sur la clôture, quand on tombe
dessus, c'est inconfortable.
Et le
problème est le suivant : c'est que, quand aussi on a voté en faveur d'un
vote aux deux tiers pour nommer quelqu'un,
on doit respecter ses décisions. Alors, moi, je n'ai pas d'inspiration, de
grande inspiration qui me provienne de l'action
de la Coalition avenir Québec justement sur ce type de respect minimal que l'on
doit à l'égard des gens qui sont nommés par l'Assemblée nationale.
• (11 h 50) •
Alors, c'est la deuxième fois qu'on se retrouve
ici à la demande de la Coalition avenir Québec pour débattre du sujet qui concerne les processus de nomination.
Encore une fois, rappelons-nous qu'après deux fois il n'y a pas eu une seule suggestion constructive qui a été faite. Et
ce que je constate, c'est que le député de La Peltrie a utilisé l'interpellation
pour pointer des individus et pour faire en
sorte que, au lieu de soutenir les institutions et d'augmenter leur
crédibilité, on a essayé, tout simplement,
de... on a eu des propos qui font en sorte que la population dise : Bon, bien, il y a peut-être quelque chose de vrai dans ce qu'il
dit. Indépendamment de la réalité. Puis, dans une interpellation, on n'a pas le temps d'aller au fond, mais chacun des dossiers dont il a parlé, chacun des dossiers dont
il a parlé, si on en faisait un examen détaillé, nous permettrait
d'établir qu'il n'y a pas eu d'infraction, il n'y a pas eu d'élément qui va à
l'encontre des critères qui sont établis, à l'encontre des processus de nomination.
Puis c'est
facile de se baser sur les apparences. On parlait tantôt
de la nomination d'André Boisclair. Ça aurait été facile de danser sur le pupitre pour dire :
André Boisclair a fait un bon travail. Et il dit que, écoutez,
tout mon argumentaire s'écroule dans
le cas de Nicolas Girard. S'il avait regardé la déclaration qui a été faite
concernant Nicolas Girard, c'est que Nicolas Girard remplaçait une
personne qui avait une compétence absolument intouchable, reconnue par tous
dans le domaine ferroviaire, M. Côté, qui avait tous les talents et qui était
en fonction au moment... ce n'était pas une suite de mandat. Si ça avait été la suite d'un mandat, on aurait pu se poser
la question. Ce qui était inquiétant, c'est qu'on a
remplacé M. Côté, qui était en fonction, alors que celui-ci avait toutes les
compétences requises. Encore là, là, l'argumentaire, il tient, M. le Président.
Évidemment,
quand on fait l'économie, là, de la réalité puis du détail des dossiers,
on peut toujours bien monter un argumentaire. Quand on n'en
fait pas l'économie, c'est un petit peu plus difficile à justifier. Et ce que
je vous dis, c'est que jamais, jamais,
on ne peut penser qu'un parti qui aspire un jour à former le gouvernement va pouvoir se grandir en mettant
en doute les critères de nomination et d'accession aux postes de la fonction publique québécoise. Et, s'il
y a une chose que je veux réitérer
ici... Il reste peu de temps pour le
faire, c'est le dernier bloc, la procédure parlementaire suggère que la partie qui demande l'interpellation
complète et prenne la parole en dernier dans ce contexte-là. Mais l'idée, ce
n'est pas le dernier qui parle, l'idée, c'est de dire : Quel est le
contenu de ce que l'on dit? Et le contenu de ce que je veux dire, c'est qu'on a un processus de nomination qui
garantisse la compétence de notre fonction publique. Et, à cet égard-là,
non seulement je défendrai la réputation des
gens de la fonction publique... et je défendrai les processus de
nomination actuels en
ayant l'ouverture d'esprit de dire : Si on peut les améliorer, on va les
améliorer. Mais ce n'est pas vrai qu'on va jeter le bébé avec l'eau du
bain puis qu'on va dire que tout est mauvais.
Et
peut-être que le député de La Peltrie pourrait profiter du dernier temps
de parole qui nous est alloué aujourd'hui pour commencer, à la fin, à
tout le moins, pour commencer à faire des suggestions qui sont constructives,
plutôt que d'essayer de mettre en doute la
compétence des individus qui ont servi l'État et qui mettent à la disposition
du public les talents qui nous
permettent de faire avancer l'État dans chacun de ces domaines de compétence.
Ça, c'est un souhait que je formule, mais je vous dirais très
sincèrement que je ne m'attends pas à ce qu'il soit rempli. Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député de
La Peltrie, vous avez... pour un dernier bloc de 10 minutes.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. Je suis toujours fasciné de
voir avec quelle aisance le président du Conseil du trésor, mais je dois
dire aussi mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, naviguent dans les profondes
eaux de leurs contradictions. C'est sidérant. C'est fascinant, en fait, ça
devrait faire l'objet d'une étude en sciences politiques.
D'une
part, on nous dit : Il ne faut pas dénigrer les gens, il ne faut pas
prêter des intentions, puis là mon collègue de Marguerite-Bourgeoys s'attaque à une journaliste en disant que sa
façon de travailler, c'est de douter, c'est de douter, il ne faut pas
faire ça. Il fait ce qu'il dit de ne pas faire.
M. Poëti :
...des intentions, je ne me suis pas attaqué, j'ai rapporté des faits.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député...
M. Poëti :
Non, mais, M. le Président, c'est important.
Le Président (M.
Bernier) : ...le bloc ne dure que 10 minutes, et, s'il y a des
choses qui ne fonctionnent pas, je vais le dire.
M. Poëti :
...dans les règlements de l'Assemblée, il ne peut pas prêter des intentions.
M.
Caire : Non, mais, M. le Président, je n'attaquais pas non
plus les individus, j'attaquais les processus, puis alors, à ce
compte-là, il pourrait «s'autoquestionderéglementer», là.
Mais je vais
poursuivre dans la même veine. On nous dit : Il ne faut pas dénigrer nos institutions.
Le député de La Peltrie, la CAQ, vous dénigrez nos institutions. Là, ça fait 10 minutes, 15 minutes que j'entends autant le député
de Marguerite-Bourgeoys que le président du Conseil du trésor nous dire à quel point le vote aux deux tiers, ce n'est pas bon.
Ce n'est pas bon, le vote aux deux tiers. Alors, si la Vérificatrice générale
nous écoute, elle doit être contente. Si effectivement le Protecteur
du citoyen nous écoute, il doit être
content. À la Commission de la
fonction publique, ils doivent être contents. Autant d'officiers qui
sont nommés aux deux tiers de l'Assemblée nationale...
J'entendais
l'argument de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys... dire : Aïe! Si on se
ramasse avec 83 députés libéraux...
J'aurai deux réponses à ça. D'une part, peut-être qu'il sera temps, un jour, de
revoir notre mode de scrutin, mais, deuxièmement,
dans le contexte actuel, si c'est ce que la population désire, il en sera ainsi
et on vivra avec, M. le Président. Mais
de dénigrer le vote des deux tiers, son efficacité, sa pertinence et son
résultat, ça, c'est s'attaquer à l'indépendance d'officiers de
l'Assemblée nationale qui sont majeurs, majeurs, pour le fonctionnement notre
démocratie et auxquels, d'ailleurs, le gouvernement lui-même réfère régulièrement.
Donc, le vote aux deux tiers, c'est bon, mais pas trop. Curieux, curieux.
Le
président du Conseil du trésor a eu une réplique savoureuse, parce qu'il a
dit : Toutes les nominations que le député de La Peltrie dénonce, ces gens-là qu'il dénigre, qu'il
traîne dans la boue et je ne sais plus quoi, encore, ce que j'ai fait aujourd'hui, si on faisait une étude
détaillée de leurs nominations, là, on verrait que ce n'est pas si terrible que
ça, que ça marche bien. Mais c'est
exactement ce qu'on lui demande, de pouvoir faire une vérification détaillée.
Donc, enlevons le «si» de cette
proposition-là, parce que c'est ce que nous demandons très exactement à ce
gouvernement. Nous demandons : faisons des vérifications
détaillées.
Et
là l'empire contre-attaque, M. le Président, la méchante CAQ, la méchante
CAQ : le Protecteur du citoyen, ça ne fonctionne pas. M. le Président, on ne s'est pas prononcés sur le
Protecteur du citoyen. Savez-vous pourquoi? Puis je suis content que le président du Conseil du trésor soulève
la question. Pas le Protecteur du citoyen, le Commissaire à l'éthique, pardon. Pourquoi? Parce qu'il y avait une
proposition qui était faite. On a posé une question : Est-ce que c'est
quelqu'un qui a contribué au Parti libéral?
Il y a eu retrait de la candidature puis on n'en a plus jamais entendu parler.
Ah! on ne peut pas avoir voté sur
quelqu'un dont on a retiré la candidature parce qu'on a posé des questions. Et
ça, ça fait en sorte que le vote aux
deux tiers, ah! ça ne marche pas. Ça ne marche pas, le vote aux deux tiers.
Parce que là, quand vous posez ce genre de questions là, on retire les candidatures puis ne peut plus nommer les
gens. Bien, moi, je pense qu'au contraire ça fait la démonstration que ça ne fonctionne pas si pire.
Et, dans le cas du Protecteur du citoyen, le président du Conseil du
trésor omet un léger détail. Parce que nous
avons fait des suggestions. Vous savez, depuis tantôt qu'il demande des
suggestions de la CAQ. On en a fait, des suggestions, sur la façon de
constituer les nominations, qui ont été totalement refusées par le Parti libéral. Totalement refusées. Ça fait que
nous, on a dit : Parfait, alors, vous voulez le nommer? Nommez-le.
On s'abstient. Et, soit dit en passant, pour
autant que je suis concerné, quand on vote dans cette Assemblée, il y a les
pour, les contres et les abstentions, et les trois positions sont légitimes.
Ceci étant dit, ça ne soutient en
aucun temps, en aucun temps, le fait qu'on essaie de nous faire accroire que
le vote aux deux tiers, c'est une bien,
bien, bien mauvaise affaire, ça. C'est sûr que ça ne marche pas, puis ça donne
des bien mauvais résultats, là, parce
qu'on est obligés de parler avec les oppositions, puis on est obligés de
montrer patte blanche, puis ça, ça, là, ça, ça ne marche pas. Ça, ça ne
marche pas.
Alors, M. le
Président, pendant deux heures, la seule chose qu'on a dite, c'est qu'il y
avait de la place à l'amélioration et on l'a
démontré. On l'a démontré. Mais pour chaque démonstration, il y avait une
négation. Violette Trépanier, c'est intangible, ça. C'est intangible.
Le Président (M.
Bernier) : S'il vous plaît.
M.
Caire :
Non, mais j'aime ça, parce que...
Le Président (M.
Bernier) : Non, non. S'il vous plaît...
M.
Caire :
...il ne faut pas en parler. Ça... non, mais, non, monsieur. Laissez-les aller,
M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : C'est le député de La Peltrie qui a la parole, s'il
vous plaît.
• (12 heures) •
M.
Caire : Ça démontre ce que je suis en train d'exposer :
il ne faut pas en parler. Pourquoi? Parce que l'univers fantaisiste du gouvernement s'écroule. Ça
s'écroule. Le fait que, quand ils sont dans l'opposition, ils se sont levés
pour dire au gouvernement du Parti québécois à l'époque : Vous avez
procédé à des nominations partisanes. Il ne faut pas en parler. Il ne faut pas
en parler parce que l'argumentaire s'écroule.
Et
j'ai posé des questions au président
du Conseil du trésor. Je lui ai
demandé — puis
ça, ça non plus, là, il a évité ces questions-là avec une habilité que
je lui reconnais : Qui a remplacé Chantal Landry? Pas de réponse. Les
fameux critères de compétence dont vous nous
avez parlé, mais sur lesquels vous n'avez pas élaboré pas 30 secondes, quels
sont-ils? Est-ce qu'on peut les voir? Est-ce que c'est écrit quelque part? Est-ce qu'on peut les connaître? Le processus par
lequel on passe et qui visiblement passe
encore par le cabinet du premier
ministre pour les nominations,
quel est-il? Les CV, ils viennent d'où? Envoyés par qui? Sur recommandation
de qui?
Alors, M. le
Président...
Une voix :
...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Caire : Non, mais,
M. le Président, c'est toutes des questions que j'ai posées dans
les blocs précédents. Mais c'est drôle parce que, au moment où il avait
l'occasion de répondre, le président du Conseil du trésor, il a comme oublié ce bout-là. Puis il réécoutera, il a manqué
une belle interpellation, il la réécoutera, il va trouver ça intéressant
parce que ces questions-là y étaient. Je lui ai posé ces questions-là, mais il
aimait mieux me parler d'autre chose. Parce qu'évidemment
c'est plus compliqué à justifier, tu sais, pendant cinq minutes de temps, dire
que tu ne veux pas répondre à la
question. C'est plus facile de dire : La CAQ, c'est bien méchant, puis le
vote aux deux tiers, ce n'est pas bon. Puis on est rendus ailleurs. Ou, encore mieux, mieux — ça, c'est le nec plus ultra : les
nominations partisanes, ça n'existe pas, ce sont des histoires qu'il ne
faut pas croire. Connaissez-vous la comptine?
Bien, M. le
Président, je suis déçu aujourd'hui, déçu parce que, oui, on en a, des
suggestions, déçu parce que, oui, on est
prêts à travailler sur le problème, encore faut-il que vous soyez prêts à accepter
qu'il y a un problème. Parce que tant que le gouvernement, tant que le
président du Conseil du trésor va vivre dans le déni, on peut bien proposer des
suggestions... D'ailleurs, je trouve ça drôle. Je trouve ça drôle, M. le
Président...
M. Poëti :
M. le Président, question de règlement.
Le Président (M.
Bernier) : Monsieur, il reste...
M. Poëti :
Le député vient de dire qu'il vit dans le déni.
M.
Caire :
Ah! M. le Président, là.
M. Poëti :
Je ne crois pas que le député puisse tenir des propos semblables.
Le
Président (M. Bernier) : M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
il reste 1 min 30 s. Et, s'il y a des choses...
M. Poëti :
M. le Président, je comprends...
Le
Président (M. Bernier) : Écoutez, s'il y a des éléments qui
portent sur une personne en particulier, j'interviens immédiatement. Si
c'est global, c'est global.
M. Poëti : ...dans le déni,
ça, c'est acceptable?
M.
Caire :
...décision, il n'a pas le droit de la contester puis il me vole mon temps.
M. le
Président, je continue à dire que, tant que le président du Conseil du trésor
va être dans le déni, tant qu'il va nous
dire, au gouvernement, qu'il n'y a pas de nomination partisane, ce qu'il contredit
quand il est dans l'opposition — ça non plus, il n'a pas élaboré
là-dessus — on
peut continuer...
Une voix : ...
M.
Caire : ...on peut
continuer...
M. Moreau : Ce qu'il vient de
dire là est inexact.
Le Président (M. Bernier) :
Monsieur, écoutez, vous pouvez être insatisfait de ce qu'il dit, mais vous
aurez l'occasion d'en discuter par la suite. Il reste une minute.
M. Moreau :
Mais, M. le Président, est-ce que... Question de règlement. Est-ce qu'on peut
dire n'importe quoi qui est contraire à ce qui s'est passé dans les cinq
minutes qui ont précédé?
Une voix : ...
Le
Président (M. Bernier) : Écoutez, là, un instant, là. Un
instant, là. Les gens qui nous écoutent sont à même de juger les
déclarations qui sont faites par les parlementaires. Donc, en ce qui me
concerne, en ce qui me concerne, les gens sont à même de juger.
Je vous avise de terminer. Il vous reste 30
secondes, M. le député.
M.
Caire : Bien, M. le
Président, ce que je constate, de toute façon, là, c'est que le gouvernement
libéral, il n'y a rien qui a changé. Il n'y
a rien qui a changé. À part peut-être le nom des gens qui sont en poste. Mais
on est dans la continuité...
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) :
...
M.
Caire :
Ça va continuer comme avant. C'est la bonne vieille façon de faire. Et, si
jamais les Québécois veulent que ça change, bien, ce n'est certainement
pas avec ce gouvernement-là que ça va arriver, M. le Président. C'est la
conclusion à laquelle j'en arrive.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Le temps est maintenant écoulé.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance. Et la commission ayant accompli son mandat ajourne ses travaux au mardi
16 mai 2017, à 10 h 30, où elle poursuivra un autre mandat.
(Fin de la séance à 12 h 4)