(Quinze
heures six minutes)
Le
Président (M. Hardy) :
Alors, bonjour, tout le monde. Mon nom est Guy Hardy, député de Saint-François. C'est moi qui préside la séance cet après-midi. Et, après avoir constaté
le quorum, veuillez prendre place, et je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte. Veuillez, s'il vous
plaît, vous assurer que vos appareils électroniques sont en mode
silencieux afin de ne pas perturber nos travaux.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude détaillée du projet de loi
n° 51, Loi visant notamment à rendre l'administration de la justice
plus efficace et les amendes aux mineurs plus dissuasives.
Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Auger (Champlain)
remplace M. Bernier (Montmorency) et M. Hardy (Saint-François) remplace
M. Ouellette (Chomedey).
Le Président (M. Hardy) :
Merci.
Remarques préliminaires
Nous
débuterons avec les remarques préliminaires. Mme la ministre de la Justice,
vous disposez d'un maximum de 20 minutes pour vos remarques
préliminaires.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Merci, M. le Président. Alors, bonjour à tous les
collègues, membres de l'équipe parlementaire et collègues de l'opposition. Ça fait plaisir de vous retrouver, aussi de
retrouver toute l'équipe du ministère de la Justice et des différents ministères qui sont derrière nous.
Là, nous sommes aujourd'hui dans une salle sans caméra, mais c'est quand
même assez impressionnant de voir toute
l'équipe de juristes du ministère qui sont présents avec nous dans la salle. Je
tiens à vous présenter, à ma droite, Me Monique Ducharme, qui est la légiste
qui s'est chargée du projet de loi.
Alors, aujourd'hui,
nous en sommes rendus à l'étude détaillée du projet de loi n° 51, loi qui
vise notamment à rendre l'administration de
la justice plus efficace et les amendes aux mineurs plus dissuasives. C'est un
projet de loi qui a été présenté à l'Assemblée nationale le 13 juin
dernier. Nous avons procédé aux consultations particulières le 24 septembre dernier. Ça s'est fait de façon
quand même relativement succincte, puisque deux groupes se sont présentés
en commission parlementaire. Par contre, il y a quatre mémoires qui ont été
soumis à l'attention des membres de la Commission des institutions.
En fait, ce projet de
loi là, c'est un projet de loi qui regroupe un certain nombre de mesures qui
amènent des modifications au Code de procédure pénale, au Code des professions,
à la Loi d'interprétation, à la Loi sur la justice administrative, à la Loi concernant les partenariats en matière
d'infrastructures et de transport, à la Loi sur la protection de la jeunesse, à la Loi sur le recours collectif
et à la Loi sur les tribunaux judiciaires. Il s'agit de mesures qui
représentent et qui sont
représentatives d'un certain nombre de demandes qui ont été formulées auprès du
ministère de la Justice au cours des
dernières années, des demandes qui visent, comme le nom du projet de loi
l'indique, à rendre l'administration de
la justice plus efficace et également, dans le contexte des amendes aux
mineurs, bien, qui visent à adapter les amendes aux mineurs, qui n'ont
pas été revues depuis plus de 30 ans, et à les rendre aussi plus
dissuasives.
Les
modifications vont nous apporter à moderniser les dispositions de certaines
lois pour permettre de faciliter l'administration de la justice et permettre de
rendre notre système de justice plus efficace, plus efficient en modernisant
des pratiques, notamment en les adaptant aux nouvelles technologies, qui nous
permettent de faire bien des choses.
Alors,
je vous ferai grâce de la lecture de ces amendements que j'ai pris le temps de
faire hier, lors du principe du projet
de loi. Alors, je suis convaincue que nous pourrons travailler en collaboration
sur ce projet de loi, comme nous savons le faire à la Commission des
institutions. Alors, je vous remercie.
• (15 h 10) •
Le
Président (M. Hardy) : Merci, Mme la ministre. J'invite maintenant le
porte-parole de l'opposition officielle en matière de justice et député
de Chicoutimi à faire ses remarques préliminaires.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Oui. Merci, M. le Président. Alors, mes salutations
à vous, à votre équipe, à la ministre ainsi... et à celles et ceux qui
l'accompagnent, nos collègues députés et le responsable de la deuxième
opposition.
Donc, je ne répéterai pas les propos que j'ai tenus
lors de l'adoption de principe, hier, du projet de loi. Sur l'ensemble des mesures, nous nous sommes inscrits
en faveur, là, quant au principe et à l'amélioration du fonctionnement. Au niveau administratif, je vais plutôt
appuyer sur, je vous dirais, les éléments sur lesquels nous avons une réserve.
Peut-être, le premier sur lequel nous avons un accord, qui, j'imagine... bien,
un accord... où nous avions constaté une problématique,
qui a été mentionnée lors des auditions, et sur lequel la ministre avait montré
son ouverture pour modifier — nous avons préparé un amendement en conséquence, mais peut-être que nous
n'aurons pas à le déposer, là — quant à éviter l'apparence de conflit d'intérêts, là, quant à
ceux et celles qui sont appelés à siéger lorsqu'il y a des plaintes concernant
certains membres d'autres tribunaux. Et ça
semblait aller de soi, je pense que c'était à la demande de ceux et celles qui
ont administré ce fonctionnement. Et je
pense aussi que le justiciable y sera gagnant ainsi que ceux et celles qui
portent plainte. Donc, ça va faire en
sorte de s'assurer que les gens gardent confiance dans le processus qui est
instauré maintenant, tout, aussi, en
donnant le pouvoir d'agir contre ceux et celles qui ont des problématiques
quant à la façon de mener leurs affaires. Donc, le ministre pourra
peut-être nous en parler un peu plus, là, dans le cadre de l'article article
par article.
L'autre
élément sur lequel... et je pense que mon collègue de l'ADQ... de la CAQ
plutôt, avait les mêmes réserves, je
pense. Il a été aussi témoin de la représentation qui a été faite par
l'association qui est venue — de la justice alternative, c'est ça?
Une voix : ...
M.
Bédard :
Alternative — quant à
l'aspect non dissuasif, finalement, de l'augmentation pour, entre guillemets,
les jeunes contrevenants. Dans ce cas-ci, on
parle du caractère pénal, mais le principe s'applique aussi. On a mentionné,
en tout cas en ce qui me concerne... je
pense que le collègue aussi l'a dit lors de l'adoption de principe, qu'il était
en faveur d'une actualisation.
Comment on peut conserver l'esprit qui nous a animés quant aux jeunes
contrevenants tout en s'assurant de
cette actualisation? J'ai ouvert la porte lors des auditions avec ce groupe
pour voir est-ce qu'on peut agir pour certains récidivistes dans ce domaine
pour s'assurer du caractère véritablement dissuasif. Et j'espère et je souhaite
que le côté ministériel soit ouvert à
des modifications. Je comprends le positionnement, il est compréhensible dans
le contexte actuel, je ne suis pas
sûr s'il correspond en tous points à la façon qu'on administre la justice pour
les plus jeunes, pour les mineurs, finalement.
Alors,
j'espère avoir cette ouverture pour s'assurer que nos travaux se déroulent
bien. Parce que, pour le reste, je regardais, à part... Nous aurons à le faire
article par article quant aux éléments plus techniques, mais nous partageons
en grande partie les objectifs qui ont été
identifiés par le projet de loi. Donc, souhaitons, M. le Président, que nous
aurons de la musique d'ambiance à un
niveau acceptable. On dit que la musique adoucit les moeurs, alors j'imagine
que ça va contribuer à notre
zénitude, M. le Président. Et donc nous sommes ouverts à collaborer puis à
trouver un terrain d'entente pour que ce projet-là puisse être adopté le
plus rapidement possible.
Le
Président (M. Hardy) : Merci
pour ces remarques. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière
de justice et député de Borduas à faire ses remarques préliminaires.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. À mon tour de vous saluer, de saluer Mme la ministre ainsi que les
collègues de la partie ministérielle, le député
d'Ungava, de Vimont, Jean-Talon, La Prairie ainsi
que de Champlain, mon collègue
de la première opposition, le
député de Chicoutimi,
les membres du secrétariat qui participent à cette commission ainsi que les employés du ministère de la Justice qui sont présents et qui ont
contribué à la rédaction et à la préparation de ce projet de loi.
D'entrée de
jeu, M. le Président, comme je l'ai mentionné lors de l'adoption de
principe, ma formation politique
est en faveur du principe du projet de loi. Nous souhaitons avoir des discussions avec la ministre
dans le cadre de l'étude détaillée du
projet de loi, notamment en ce qui concerne l'intention de la ministre
relativement à la justification de l'augmentation des peines pour les mineurs, les gens qui sont
âgés de moins de 18 ans, de façon à savoir : Les montants, le quantum des montants qui ont
été fixés, 500 $ pour le Code de procédure pénale et 1 000 $
pour le Code de sécurité routière, les
articles 1 et 18 du projet de
loi n° 51, sont-ils basés sur certaines études? Comment est-ce qu'on
est arrivé à ce montant? Est-ce que c'est un
montant qui est déterminé de façon approximative? Est-ce que c'est arbitraire
ou il y a une justification qui sous-tend ce montant-là?
Il faut
savoir également, M. le Président, est-ce que... Le Barreau nous disait dans
son mémoire : L'actualisation, depuis
1987, à 2,24 % d'inflation par année, ça donnerait environ, là, un montant
de 185,69 $. Donc, on comprend que, dans... L'objectif du projet de loi, c'est d'amener une dissuasion.
Mais, comme je l'ai dit lors de l'adoption de principe, il y a un équilibre aussi à avoir avec la
prévention et pour s'assurer aussi que ce ne soit pas... que ça ne retombe pas
sur les parents et que ça a un effet
également préventif. Donc, ça sera, je pense, l'objet de nos discussions dans
le cadre du projet de loi.
Également, M.
le Président, d'entrée de jeu, au niveau du Comité de rémunération des juges,
de trois à quatre ans, nous aurons
des échanges avec la ministre sur cet article-là, notamment pour savoir est-ce
qu'il va y avoir un impact sur le
trésor public si on fait passer de trois à quatre ans ce comité de rémunération
là, et aussi sur les conclusions. Parce que, dans le mémoire du Barreau également, il y avait un commentaire qui nous
disait que, les conclusions du rapport, dans les juridictions où un
cycle de quatre ans est adopté, bien, on est parfois lié par ces conclusions-là
et que ça ne laisse peut-être pas un temps de réflexion supplémentaire.
Donc, M. le
Président, nous allons collaborer à l'étude du projet de loi et nous sommes
prêts à débuter. Je vous remercie.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le député de Borduas. Est-ce qu'il y a d'autres membres qui
souhaitent faire des remarques préliminaires?
Étude détaillée
S'il
n'y a pas de motion préliminaire, nous allons immédiatement débuter l'étude
article par article. Je prends en considération l'article 1. Mme la
ministre, à vous la parole.
• (15 h 20) •
Mme
Vallée : Merci, M. le Président. Alors, l'article 1 se lit comme suit : L'article 51 du
Code de procédure pénale (chapitre C-25.1) est modifié par le
remplacement, à la fin du dernier alinéa, de «100 $» par «500 $».
Alors,
il s'agit de la première proposition de modification au Code de procédure pénale.
C'est une modification qui est liée à
d'autres propositions que l'on verra un petit peu plus loin dans le projet de
loi et dont l'objectif est de hausser la
limite maximum... la limite maximale — puis je pense que c'est très important de
souligner le terme «maximale» — des sommes
qu'un jeune de 14 à 18 ans peut avoir à fournir en matière d'infraction
pénale. La limite qui est prévue à l'article 51 du
code, qu'il est proposé de modifier ici, a trait au cautionnement et aux frais
qu'un jeune témoin de moins de 18 ans arrêté en vertu d'un mandat d'amener peut devoir fournir pour être
libéré. C'est une hausse proposée qui vise à lui redonner un caractère
dissuasif qu'elle a perdu depuis son adoption en 1987.
Bien,
en gros, c'est l'objectif derrière tout ça, on a apporté des modifications à l'amende maximale. Parce
qu'on comprend qu'en matière pénale
il y a toujours la possibilité d'évaluer la capacité de payer du jeune. Et nous
en sommes à l'amende maximale parce que, depuis 1987, l'amende maximale,
et le cautionnement maximal, en conséquence, qui
pouvait être demandé, était de 100 $, bien que, pour bien des infractions,
l'amende pouvait aller jusqu'à parfois 3 000 $. On regarde, et là on pourra avoir... j'imagine
qu'on aura des échanges entre les collègues, mais il y a vraiment un besoin.
Puis, derrière cet article-là et derrière les autres articles qui suivent et
qui se rattachent à cet article-là, c'est la même évaluation, la même
philosophie qui est derrière ça, c'est de ramener les amendes... d'une part, de
les adapter, de les moduler, parce qu'au
moment où elles ont été établies, le projet de loi... la loi avait été adoptée
en 1987, mais on parlait d'amendes
qui avaient été établies en 1984, donc il y a de cela plus de 30 ans. La
situation... la société a évolué, il y a eu un changement quand même significatif dans les habitudes de consommation
des jeunes, et il y a la volonté de se rapprocher d'une amende qui pourrait être plus significative
auprès des jeunes et de lancer un message quand même qui est important, notamment en lien avec les infractions au Code de la sécurité routière. On pourra y revenir, je pense
que je vais m'arrêter là-dessus pour le moment.
Et
on m'informe, et là je fais un petit aparté, M. le Président, que... Nous
avions fait une proposition, puis je sais qu'on n'en a pas disposé
encore, d'aborder les sujets par thème pour permettre, là, d'éviter de faire
du...
M.
Bédard :
Coq-à-l'âne.
Mme
Vallée : ...du
coq-à-l'âne et du tango législatif.
Alors, je ne sais pas si tout le monde a reçu la liste des sujets qui
avait été présentés.
M.
Bédard :
Oui, oui. En ce qui me concerne, ça me convient, là. Il n'y a aucun problème de
passer selon...
Le Président (M.
Hardy) : Est-ce qu'il y a consentement?
M.
Bédard :
Consentement. De toute façon, on devra procéder article par article, mais, par
sujets, je trouve effectivement beaucoup plus intelligible pour tout le monde.
Le Président (M.
Hardy) : Parfait. Il y a consentement, M. le député de Borduas?
M.
Jolin-Barrette : Oui, consentement.
Le Président (M.
Hardy) : Merci.
M.
Bédard : Bien, tout d'abord, mon premier questionnement,
évidemment, dans le premier article, on traite de la disposition qui concerne le cautionnement. C'est
cela? La ministre a éveillé, peut-être, ma curiosité, elle a dit : Bon,
dans certains cas, les amendes
peuvent s'élever jusqu'à 3 000 $. Peut-être, nous donner quelques
exemples, donc, dans l'application de d'autres lois de celle dont on
parle. J'imagine que...
Mme Vallée :
Les amendes pour adultes. Évidemment, là, on parle...
M.
Bédard :
O.K. Pour adultes. O.K.
Mme Vallée :
Excusez-moi, là, j'ai...
M.
Bédard :
C'est beau, oui.
Mme
Vallée : Les amendes pour adultes. C'est qu'on s'entend que les
amendes pour les jeunes de 14 à 18 ans étaient limitées à 100 $. Mais, lorsqu'on regarde la panoplie
d'infractions qui sont les plus communes chez les jeunes de cette catégorie
d'âge là, si on regarde les amendes maximales imposées aux adultes, il y a un
creux, un gouffre important entre
les... qui sépare les deux. Alors, pour le même type d'infraction, il peut y
avoir, par exemple... Et, surtout en matière de sécurité routière, les amendes maximales... Notamment en matière de
grand excès de vitesse, en matière de «car surfing», excusez mon
chinois, en matière de course de rue, nous avions, au cours des dernières
années ici, à cette Assemblée, choisi
d'imposer des amendes maximales importantes pour signifier clairement que ce
type d'agissements là constituait... que
ce n'était pas acceptable d'une part, mais non seulement en raison du caractère
de non-acceptabilité, mais aussi en raison
du danger que ça comportait pour la société dans son ensemble. Et, pour le même
type d'infraction, actuellement l'adolescent de 14 à 18 ans ou
l'adolescente de 14 à 18 ans n'a pas d'amende supérieure à 100 $.
Alors, il y avait...
Notamment
pour ces infractions-là, il y a eu, en octobre 2013, un rapport de la
Table québécoise de la sécurité routière qui est venu nous éclairer en
disant : Écoutez, sur le montant des amendes, il serait important de
demander... Et la recommandation 18,
que l'on retrouve à la page 32 du rapport, nous dit ce qui suit :
«Demander au ministre de la Justice — à l'époque, c'était le ministre de la
Justice — de
modifier l'article 233 du Code de procédure pénale pour hausser le montant maximal pour le défendeur de moins de
18 ans [notamment] en cas d'infractions prévues au Code de la sécurité
routière.» Et ça, on l'expliquait parce
qu'il y avait un grand nombre de jeunes conducteurs qui commettent des
infractions, et il y avait une
surreprésentation des jeunes conducteurs de 16 à 18, on s'entend, pas 14 à...
de 16 à 18. Notamment en 2010,
lorsqu'on regardait les chiffres des infractions qui avaient été commises, il y
avait 70 658 titulaires d'un permis de conduire qui avaient moins de 18 ans. Sur ces
70 000 titulaires de permis de conduire, eh bien, il y avait
18 000 infractions qui
avaient été commises. Et donc le taux
se situait à 250 infractions par 1 000 titulaires, alors que,
chez les adultes, le taux était de 192 infractions par
1 000 titulaires... pour 1 000 titulaires.
Et cette
sous-représentation-là, dans les accidents de la route, elle était également
présente. En proportion, il y avait
beaucoup plus de jeunes de 16 à 18 ans d'impliqués dans des accidents de
la route qui avaient causé des dommages corporels, alors pas seulement des
dommages matériels, mais des dommages corporels.
Alors, pour toutes ces raisons-là, la table de
la sécurité routière a fait des recommandations pour modifier le Code de procédure pénale, notamment
en matière de sécurité routière. Et c'est pour ça qu'on retrouve dans le projet de loi une disposition. La disposition, elle est particulière quant aux
infractions de la sécurité routière et elle se... Et on la voit également
pour les infractions qui touchent les véhicules hors route. Parce qu'on a aussi
beaucoup de jeunes qu'on retrouve dans des
infractions à cette loi sur les véhicules hors route, des jeunes qui roulent, par exemple, sans casque de protection
sur un VTT dans les routes. Mon collègue est de la... vient des régions. Je suis persuadée
que, chez lui, il a eu l'occasion de constater certaines situations, en tout cas je pense. J'étais à même aussi de le constater. Malheureusement, il y a... Parfois, ce n'est pas de mauvaise foi,
mais : ce n'est pas grave, hein? On minimise l'impact que peut avoir un
accident causé par certaines pratiques puis un certain comportement
routier.
Et donc la
table nous disait : Transmettons un message à nos jeunes, un message
sévère sur le caractère hautement répréhensible
de certains comportements. Parce
qu'il y a trop de jeunes blessés, on
a trop vu, dans les médias, d'accidents qui ont été rapportés, des
jeunes qui avaient fait des grands excès de vitesse. On a vu, il y a quelques
années c'était le «car surfing» qui était à
la mode. Peut-être que les dispositions qui ont... les dispositions
législatives ont permis de créer ce
message-là à l'effet qu'il s'agit d'infractions importantes et que ces
infractions-là peuvent avoir des conséquences aussi, non seulement sur notre vie, mais sur la
vie des autres. Alors, c'était cela.
Et on nous disait... la table de la sécurité
routière nous disait ce qui suit : «...en matière de vitesse au volant,
[les montants] des amendes a été doublé pour les grands excès de vitesse et
peut atteindre des sommes largement supérieures
à 1 000 $. De la même
manière, en 2010, les amendes pour conduite dangereuse, surf de véhicule et
course de rue ont été haussées à un montant minimal de 1 000 $ en
raison du caractère dangereux de ces infractions. Des conséquences
souvent tragiques résultent de ces comportements et du manque flagrant de
responsabilité de la part du conducteur
délinquant. Excès de vitesse, action imprudente et conduite avec alcool dans le
sang [constituent], en 2010, tout
près de 60 % des infractions commises par les moins de 18 ans — 60 %! [Et] les amendes prévues pour ces
infractions sont largement supérieures [au] 100 $», qui est prévu
au Code de procédure pénale.
• (15 h 30) •
Alors, la
table nous recommandait ce qui suit : «L'article 233 du Code de
procédure pénale devrait être modifié pour
refléter davantage le caractère hautement répréhensible des infractions au Code
de la sécurité routière et les risques qui [...] sont associés.»
Alors, c'est
dans cet esprit-là, évidemment, c'est dans cet esprit-là que nous déposons ces
propositions d'amendement là au Code de procédure pénale, pour pouvoir
refléter ce message. Parce qu'objectivement on espère que les jeunes vont adopter un comportement au volant qui permettra
d'éviter des accidents tragiques. Et c'est le message à lancer. Tandis que, pour certains jeunes,
malheureusement, on le retrouvait, ce n'est pas grave si j'ai une contravention.
En fait, les points... le nombre de points
était beaucoup plus préoccupant que l'infraction comme telle. Ce n'est pas
grave, c'est seulement que
100 $. Et c'est minimisé. Pour ceux et celles qui ont eu le privilège de
faire de la pratique privée, c'est un
argument que l'on entend à l'occasion lorsqu'on représente des jeunes. Ils sont plus préoccupés
par leurs points que par l'amende,
parce que l'amende, 100 $, pour certains, ça représente... Et je suis très
consciente, je suis très consciente des
arguments qui ont été mis de l'avant par le ROJAQ, c'est-à-dire : il
existe dans notre société des jeunes qui n'ont pas cette capacité de payer là. Mais on parle d'une
amende maximale. Alors, dans un tel cas, il y a aussi cette possibilité pour
le tribunal de venir évaluer la capacité de payer.
L'autre
élément que je tiens à porter à l'attention de mes collègues, parce que c'est
aussi important de le garder en tête,
c'est que, lorsqu'on fait une analyse comparative, il y a... Bon, le Québec
prévoit des limites maximales pour les jeunes contrevenants, évidemment. Il y a
l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et les Territoires du Nord-Ouest également
qui ont adopté cette approche-là,
c'est-à-dire que les jeunes contrevenants n'ont pas les mêmes amendes que les
adultes, les mêmes amendes maximales
que les adultes. On les limite justement pour considérer cet aspect bien
particulier qui est la phase de
l'adolescence. Et par contre, dans les autres provinces et territoires du
Canada, il n'y a pas cette distinction-là. Par contre, en Ontario, Nouveau-Brunswick puis dans les Territoires du
Nord-Ouest, l'amende maximale, elle est de 1 000 $. Ailleurs,
en Alberta, en Colombie-Britannique, à l'Île-du-Prince-Édouard, en
Nouvelle-Écosse, au Manitoba puis au Nunavut,
il n'y a pas une peine maximale de 1 000 $, et, en matière de
sécurité routière, les amendes maximales peuvent varier entre
2 000 $ et 5 000 $. Mais c'est tout simplement pour aussi
remettre en contexte la...
M.
Bédard : ...pour prendre votre argument, est-ce qu'il y a
moins d'infractions commises par les mineurs dans les provinces que vous
venez de m'indiquer?
Mme
Vallée : Attendez, je vais... Je n'ai pas toutes les
statistiques en matière de sécurité routière. Je voulais quand même vous
donner la réalité, là. C'est simplement pour vous indiquer...
M.
Bédard :
Non, moi, je pose la... Oui, non, exact...
Mme
Vallée : Bien, il y a des provinces qui, comme nous le faisons,
reconnaissent des peines maximales particulières
pour les mineurs pour des raisons très... qui sont tout à fait historiques puis
de... oui, des raisons historiques et philosophiques, tout à fait.
Le
Président (M. Hardy) : Pour le bénéfice des gens qui nous suivent, qui
nous écoutent, nous en sommes à la liste
des sujets, là, le sujet n° 1, dans le code des procédures pénales,
hausser les limites maximales des amendes, qui est compris à l'article 1,
3, 18 et 40, pour permettre aux gens de suivre avec nous le... M. le
député de Chicoutimi.
M.
Bédard : Très rapidement. Effectivement, je me souviens
quand on a augmenté les amendes. J'étais présent dans cette commission. Je me souviens, j'étais allé faire... Il y avait
des mésententes sur certains aspects de la loi suite aux recommandations. Et, je pense, dans ces mêmes
modifications, on avait introduit des peines plus sévères pour ceux qui utilisaient, par exemple, leurs cellulaires.
Et j'avais même, je vous dirais... J'ai le souvenir d'avoir fait la présomption
qui pouvait être évidemment... qui était une
présomption réfragable, là, dans... pour ceux et celles qui utilisaient le
cellulaire, pour s'assurer que ces dispositions puissent être
considérées comme conformes à nos codes.
En
même temps, on avait la préoccupation, à l'époque, de ceux qui allaient très
vite, par exemple, dans les zones scolaires.
Moi, je me souviens, c'était la principale préoccupation. Et c'est sûr qu'à
l'usage... On va se le dire entre nous, il y a l'aspect dissuasif, peut-être, il y a aussi... qui est combiné
beaucoup à des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes, auprès de tout le monde, l'alcool au
volant étant un bel exemple où on a augmenté les règles tout en sensibilisant
plus. Et c'est l'effet des deux, on ne sait
pas c'est lequel des deux, mais c'est sûrement les deux qui ont permis de faire
en sorte qu'il y ait des retombées plus positives.
Dans
ce cas-ci, par contre, il y a aussi des intérêts qui sont d'ordre monétaire.
Évidemment, comme ils sont nombreux,
puis vous le dites, en proportion, de façon beaucoup plus importante, bien,
c'est sûr que ça a un impact aussi sur
la perception de ces sommes. Et ce que je ne veux pas qu'on perde, c'est la
philosophie au profit, je vous dirais, de l'aspect purement monétaire.
Quant aux autres
exemples que la ministre m'a donnés au niveau du Canada, j'irais jusqu'à lui
dire que nous sommes peut-être les champions
en matière de protection, de l'approche que nous avons en cette matière. Et je
pense que nous pouvons se gargariser,
peu importent les gouvernements, d'avoir toujours eu cette volonté. Donc, la
comparaison avec les autres n'est sûrement pas l'argument, je vous
dirais, le plus percutant.
Ce
qui serait peut-être intéressant de savoir, c'est, par exemple : Est-ce
que... la proportion des jeunes, ça, ça serait intéressant et différent, puis est-ce qu'elle évolue selon les montants
des amendes? Ça pourrait peut-être être un indicatif pour savoir est-ce qu'on correspond plus à un
aspect monétaire ou on est dans quelque chose de véritablement dissuasif.
Parce que j'ai de la misère à croire que les jeunes qui commettent ces
infractions ont comme première préoccupation l'amende.
Peut-être quand ils sont devant le tribunal, ouf, ça m'a rien que coûté tant,
mais je n'ai pas l'impression que c'est ce qui se parle le plus entre
elles et entre eux.
Est-ce
que la ministre est capable, par exemple, de voir l'impact? On a décidé au
Québec, je ne sais pas si c'est vrai ailleurs, que les jeunes, ceux qui
ont des temporaires, ceux qui ont des permis — je pense que c'est en bas de 18 ans — ont moins de points, c'est ça, que les
conducteurs, entre guillemets, normaux, majeurs, Est-ce que ça, ça a un
impact plus important? Par rapport aux autres provinces, est-ce que cette
approche est la bonne? Puis on verra à ce moment-là,
en termes statistiques, est-ce que les choix qu'on a faits par rapport au
nombre de points, qui semblent, dans certains
cas, être plus préoccupants pour les jeunes, parce que, quand tu perds tes
points... Quand tu paies une amende, c'est
une chose, il faut que tu le dises parfois à tes parents ou, toi, ça peut avoir
un impact sur ton portefeuille à la fin de la semaine. Mais c'est sûr que perdre ton permis de conduire, ça, par
contre, c'est assez déterminant et c'est plate à dire à ses parents : Bien, écoute, je ne pourrai
plus conduire, cher papa et chère maman, dans des cas qui sont plus jeunes. Et
c'est pour ça que j'aimerais qu'on soit
capables d'établir en termes statistiques c'est quoi qui a le plus d'impact?
Parce que la table, je le voyais...
Et j'essaie de retrouver, tantôt, la recommandation qu'il y avait, qui a été
faite, puis je pense qu'on était au gouvernement à l'époque, qui
recommandait une augmentation mais qui ne fixait pas de montant.
Le Président (M. Hardy) : Mme la
ministre.
Mme
Vallée : D'abord,
dans un premier temps, simplement recadrer : Cette disposition-là n'est pas une disposition
qui est présentée dans un contexte budgétaire.
Elle est vraiment, honnêtement, là... Non, puis je vois le sourire — parce que, là, évidemment,
on ne peut le voir à l'écran — je
vois le sourire de mon collègue, mais c'est une disposition... Puis je
tiens à rappeler que nous avions à l'époque... Au moment du dépôt, notre
collègue qui est aujourd'hui ministre des Transports
avait déposé un projet de loi qui allait dans ce sens-là et qui avait comme objectif
justement de rendre ces amendes plus dissuasives
pour lancer un message dans le cadre de certaines infractions au Code de la
sécurité routière.
Et, en fait,
c'est un petit peu le travail...
ce travail-là que nous reprenons dans le projet de loi n° 51 et c'est
cette philosophie de dire, de lancer
un message à l'effet qu'il est important de rendre dissuasives certaines
infractions. Idéalement, on ne veut
pas et on ne souhaite pas que ces dispositions-là soient appliquées et
applicables, parce que ça implique que des
jeunes auraient commis des infractions au Code de la sécurité routière,
notamment, et de graves infractions. Parce que le billet, la contravention de base n'est pas une amende... ne constitue
pas une amende substantielle. Certaines amendes sont de l'ordre de
50 $, sont de l'ordre de... il y a certaines contraventions qui sont de
moins de 100 $ et donc...
M.
Bédard : Il n'y en
a pas beaucoup, par contre.
• (15 h 40) •
Mme Vallée :
Non, il y en a de moins en moins, parce que je pense qu'on a voulu lancer un
message que les excès de vitesse, ça
n'avait pas sa place et puis que ça comportait un enjeu de dangerosité non
seulement à l'égard de celui qui conduit, mais à l'égard des autres.
M.
Bédard :
Mais, à la blague, je vous dirais que même les tickets de stationnement sont
rendus très onéreux, hein, et je ne pense pas que c'est lié à la
sécurité proprement dite.
Mme Vallée :
Oui, bien, ça, c'est un autre débat, je vous dirais. Et puis, peut-être pour
revenir sur les statistiques, on a
46 % des constats qui ont été remis pour les jeunes de 18 ans et
moins en 2010... 46 % des constats comportaient une amende maximale de 100 $ ou moins — alors, ça, ça ne pose pas de problème — 2,16 % comportaient une amende
de 301 $ à 599 $ et 2,16 % comportaient une amende supérieure à
600 $. Évidemment, dans les deux derniers cas, on s'entend qu'il s'agit de
cas graves, des conduites qui dépassent...
M.
Bédard :
Dangereuses.
Mme Vallée :
...conduites dangereuses, qui dépassent la norme. Et c'est justement ça qu'on
vise par le projet de loi, c'est
vraiment de sanctionner les conduites dangereuses, les conduites qui, pour les
adultes, ont... comportent aussi ce message important.
Et il ne faut
pas oublier non plus que le Code de procédure civile permet aussi un certain
nombre de mesures... le Code de
procédure pénale, pardon — j'étais dans un autre dossier quelque temps plus tôt — le Code de procédure pénale prévoit des mesures d'exécution des jugements, qui
ne sont pas nécessairement de sortir de paiement comme tel, pour venir
compenser advenant une incapacité pour le contrevenant de payer sa peine, de
payer son amende.
Et donc, dans
un premier temps, on peut accorder un délai supplémentaire pour payer les sommes,
on peut payer par versements. Il peut
y avoir aussi des travaux compensatoires, à ne pas confondre avec le travail
bénévole au profit de la communauté
qui est imposé par la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents.
Mais les travaux compensatoires peuvent aussi permettre à un jeune qui
n'a pas les moyens de payer l'amende importante à laquelle il a été condamné en
raison d'un écart de conduite important ou une conduite dangereuse... bien,
peut-être qu'on peut s'assurer que ce
jeune-là puisse effectuer des travaux compensatoires. Alors, ça évite
évidemment que ses parents soient tenus de payer pour lui et ça évite
aussi de compromettre une situation pour un jeune qui n'a pas la capacité de
payer.
Alors, ça, ça
demeure, ces dispositions-là demeurent. Et je sais qu'on avait... certaines
personnes ont soulevé la question de
capacité de payer des jeunes si nous avions une hausse des amendes maximales,
mais les travaux compensatoires sont toujours là.
Le Président (M. Hardy) : Merci, M.
le député de Chicoutimi. Je passe la parole au député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Merci, M.
le Président. J'ai entendu la ministre expliquer qu'une des raisons qui
motivaient la hausse, à l'article 18, pour le Code de sécurité routière,
c'était notamment la table de concertation, je pense, qui est présidée par M. De Koninck? Effectivement. Ce que
j'aimerais savoir, par contre, puis je l'ai mentionné lors des remarques
préliminaires, dans le fond, c'est que... Le
montant de 1 000 $, comment est-il déterminé? Dans les conclusions du
rapport de la table est recommandé un
certain montant. Parce que ça m'apparaît quand même un pas de géant entre un
montant... Supposons qu'on
actualiserait le montant de 100 $ de 1987, 28 ans plus tard, à 185 $
et quelques sous, 185,69 $. Pour passer de ce montant-là à
1 000 $, sur quoi se base-t-on du côté du ministère?
Je comprends
l'effet dissuasif. Mais, pour, supposons, un mineur qui travaille, supposons,
l'été de ses 16 ans, l'été de
ses 17 ans, qui est au secondaire, qui travaillerait 40 heures par
semaine, il y a environ huit semaines dans l'été, ça donne 320 heures. Supposons une moyenne de
10 $ de l'heure, ça donne 3 000 $ par période estivale. Prenez
le cas de figure où il travaillerait à temps partiel 15 heures par
semaine en même temps qu'il fait ses études, il va chercher un autre 3 000 $. Donc, c'est, supposons,
6 000 $ dans l'année où... le maximum du revenu qu'il pourrait
gagner. Donc, une amende de
1 000 $, c'est quand même important. Et la majorité des mineurs en bas de 18 ans ne travaillent pas nécessairement autant d'heures puis ils ne
vont pas chercher un revenu si important.
Donc,
je me questionne à l'effet : Est-ce que ce montant-là de
1 000 $, c'est le montant approprié? Peut-être devrions-nous le diminuer, tout en augmentant le
montant maximal de 1 000 $, qui est prévu à l'article 51 du Code de procédure pénale pour le cautionnement, à l'article 18 aussi. Donc, j'aimerais entendre la ministre
sur est-ce qu'il y a des études. C'est basé, dans le fond, sur quoi, le
montant fixé à 1 000 $ et à 500 $ pour le Code de procédure
pénale?
Le Président (M.
Hardy) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Cette question-là
a été soulevée, a été abordée à maintes occasions. La hausse de la limite
maximale des amendes avait été
soulevée pour une des premières fois par l'UMQ lors des consultations qui se penchaient justement sur les modifications au Code
de la sécurité routière en 2007, peut-être
les consultations auxquelles faisait référence notre collègue
de Chicoutimi tout à
l'heure. Et à l'époque l'UMQ
suggérait d'augmenter, et en 2014, à l'automne 2014, c'est le Directeur
des poursuites criminelles et pénales
qui suggérait cette hausse de limite, à 1 000 $, non seulement
pour la sécurité routière, mais généralement. Et vous voyez, dans le projet de loi, ce qu'on a retenu, c'est 1 000 $ en matière de sécurité routière et en matière de véhicules hors route, 500 $ pour les autres
infractions, parce qu'en matière de sécurité
routière et de véhicules hors route on veut lancer le message pour les grands...
les infractions graves, c'est-à-dire... et les infractions qui touchent majoritairement les jeunes de 16 à 18, grand
excès de vitesse, «car surfing», course automobile. Pour vous donner une idée, pour un grand excès de
vitesse, là, on parle de 160 kilomètres dans une zone de 50, là. On parle
d'infractions quand même qui sont en dehors de la norme, là, vraiment.
Et
le message, c'est parce que... Puisque nous avons lancé le message en modifiant
le Code de la sécurité routière
pour adopter des peines qui sont significatives pour les adultes, nous adaptons
le concept de peine significative et dissuasive
pour les jeunes, mais évidemment en les limitant tout de même à un montant de
1 000 $. On comprend très bien
que... On comprend très bien que les jeunes n'ont pas tous la même capacité de
payer. Alors, c'est vrai qu'un jeune qui
travaille au salaire minimum pourrait, dans certains cas, se retrouver dans une
situation particulière, mais, comme je le mentionnais tout à l'heure, le tribunal a
aussi la possibilité, la discrétion d'adapter en fonction de la réalité. Et
il y a aussi... Le Code de procédure pénale prévoit que, pour un contrevenant, un jeune, par exemple, qui n'aurait pas la capacité de
payer, il pourrait être tenu de faire des travaux compensatoires, donc pour
l'équivalent de son 1 000 $ de travaux qu'il pourrait faire de façon compensatoire. Alors, ça
permet... Si le jeune n'a pas la capacité de payer, il devra quand même être tenu de faire ces travaux
compensatoires là, bien souvent au sein des organismes communautaires.
Le Président (M.
Hardy) : M. le député de Borduas.
• (15 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Oui. Je comprends ce que la ministre me dit, qu'il peut faire des
travaux compensatoires, mais encore
faut-il qu'il conteste le constat d'infraction et qu'il fasse des
représentations sur sentence. Et bien souvent, lorsque vous êtes un mineur, vous recevez un constat d'infraction, vous
n'allez pas nécessairement connaître l'étendue de vos droits ou connaître le processus aussi. Puis vous n'allez pas
nécessairement avoir la chance d'aller consulter un avocat, ou d'avoir le réflexe de commander la
preuve, ou de contester le constat d'infraction. Bien souvent, c'est la chance
d'être pris ou même l'éducation qui peut
être faite par le policier au moment de remettre le constat d'infraction qui va
avoir une incidence sur le comportement du mineur qui commet l'infraction.
Donc, il y a toute la question aussi de l'éducation, aussi.
Puis
je pense qu'au cours des dernières années, notamment en matière d'alcool au
volant, on a vu que les sanctions administratives
au niveau de la perte du permis de conduire, du nombre de points associés au
permis de conduire, bien, ça a un
impact d'autant plus important... Tout à l'heure, la ministre disait :
Bon, bien, dans les palais, quand qu'on regarde davantage, peut-être qu'on peut faire repousser le constat... le dossier
à la cour pour pouvoir avoir le temps d'avoir des points
supplémentaires. Mais supposons, pour les grands excès de vitesse, je regardais
le tableau... je ne sais pas s'il est à jour,
j'ai la version de 2013 pour les grands excès de vitesse, mais si... Prenons le
cas d'un adulte qui roule à 160 kilomètres-heure,
donc ça constitue un grand excès de vitesse. L'amende est de 630 $ et de
10 points d'inaptitude. Donc,
concrètement, un mineur qui se ferait prendre... sous réserve, là, des bons
chiffres, là, mais un mineur qui se ferait prendre à cette vitesse-là se
ferait imposer cette amende-là et perdrait aussi son permis de conduire, parce
qu'il a un permis de conduire avec 4 points
d'inaptitude, et il aurait la même amende qu'un majeur, dans le fond, si on
modifiait à hauteur de 1 000 $ le Code de sécurité routière
avec ce qui est proposé, à 1 000 $. Donc, c'est pour ça que je vous
dis qu'il y a peut-être une mesure à aller
chercher pour peut-être diminuer, au niveau du Code de sécurité routière, le
montant maximal de l'amende tel que proposé.
Le Président (M.
Hardy) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Mais, pour ce qui est des grands excès de vitesse, ça
dépend à quelle vitesse le jeune roulait et dans quelle zone, parce que l'amende est en fonction de ça. Et les amendes
varient. Par exemple, pour ce qui est du Code de la sécurité routière,
on a des amendes qui varient entre 15 $ à 3 000 $, puis, en
fonction de la Loi sur les véhicules hors route,
on parle d'amendes maximales qui varient de 30 $ à 9 000 $. Alors,
ça dépend toujours de quelle infraction. Mais, rappelons-nous, là, les grands excès de vitesse, ce sont des infractions
graves qui mettent en jeu la sécurité d'autrui. Donc, on parle quand
même de situations vraiment exceptionnelles.
Et il est important... Le Code de la sécurité
routière a été revu, a été renforcé. Et le député de Chicoutimi le mentionnait, faisait référence aussi à l'usage du
cellulaire au volant. C'est un fléau, malheureusement. Combien de jeunes
utilisent cette extension de leur main qu'on
appelle le cellulaire et qui en sont... et qui l'utilisent régulièrement? Bien,
ça aussi, c'est une autre... on n'en a pas parlé, là, mais ça aussi,
c'est une autre réflexion.
On
a voulu, dans notre société, lancer un message que l'utilisation d'un véhicule
automobile, c'est un privilège et
c'est un privilège qui s'accompagne de responsabilités, responsabilité de
conduire de façon diligente, et, à défaut de quoi, il peut y avoir, oui, perte de ce privilège, perte du permis de
conduire, et... La limite et la restriction au niveau des points
d'inaptitude lancent ce message-là, mais c'est aussi... la conduite dangereuse
doit aussi être sanctionnée, parce qu'elle
est malheureusement la cause de trop nombreux accidents qui impliquent des
dommages corporels puis aussi des décès.
On a tous été touchés, ici, par le décès... Il y a des jeunes, à chaque année,
malheureusement, et c'est largement rapporté
dans les médias, des jeunes qui succombent à leurs blessures et qui décèdent
sur le coup d'un impact suite, parfois, à des manoeuvres qui ne sont
tout simplement pas acceptables.
Et c'est ce
message-là qu'on lance. L'objectif, c'est de lancer le message aux jeunes
qu'au-delà de la perte du permis de
conduire il peut y avoir aussi cette sanction. Mais, dans un monde idéal, le
message en soi suffira, et on n'aura pas
à l'appliquer. On l'espère qu'on n'ait pas à l'appliquer. Idéalement, nos
jeunes vont respecter le Code de la sécurité routière. Mais, pour ceux qui ne respectent pas, il y a ce message
dissuasif. Et, au niveau de la table de la sécurité routière, ça a été très clair, on me disait :
Malheureusement, dans la forme actuelle, le Code de procédure pénale, de par
son amende maximale qui est prévue à
100 $, ne permet pas ce message-là auprès des jeunes, ne permet pas ce
message sévère sur le caractère
hautement répréhensible de certains comportements routiers. Et cette table-là
nous a rapporté ça. Je pense que... Et,
derrière cette table, il y a quand même bon nombre d'intervenants, de toutes les sphères, qui nous recommandent ça
maintenant.
Et, pour ce
qui est du 1 000 $, bien, comme je vous disais, pour la source du
1 000 $, je vous dis que nous nous sommes inspirés de la recommandation qui avait été formulée par le
Directeur des poursuites criminelles et pénales, qui faisait une recommandation très large pour
l'ensemble des amendes. Nous, on a fait le choix de lancer le message fort
en matière de sécurité routière et en
matière de véhicules hors route, et puis de réduire à... de ramener à
500 $ pour les autres
infractions, ce qui, à notre avis, constitue une somme... Parce qu'on parle
d'amende maximale toujours. Et puis il ne faut pas... ce n'est pas toutes les amendes aux jeunes, mais c'est une
somme qui, dans la société de 2015, est représentative. Parce que l'amende maximale comporte aussi un
message auprès des jeunes. On est dans une société où maintenant, bon, le
salaire minimum n'est pas ce qu'il était en
1984, il est rendu à 10,55$ de l'heure. Bon, on comprend que bon nombre de
jeunes travaillent au salaire minimum, mais
ils ont quand même ça. Puis on a quand même des jeunes qui font des choix
de consommation. Lorsqu'un jeune choisit
d'avoir son iPhone avec son forfait, il y a des jeunes qui travaillent pour
payer ça et qui arrivent à se le
payer, le téléphone, le téléphone cellulaire, qui arrivent à se payer un
certain nombre de petits luxes, de
petits bonheurs. Mais il faut aussi adapter les amendes en conséquence, parce
que le 100 $ de 1984 n'a certainement pas la même... ne représente
pas en 2015 ce qu'il représentait en 1984.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui. Merci, M.
le Président. J'entends bien la ministre, je la remercie également. On est d'accord avec elle pour le caractère dissuasif d'augmenter
l'amende. Mon questionnement est à l'effet : 1 000 $, d'où
provient-il? La ministre m'a dit :
D'une recommandation du Directeur des poursuites criminelles et pénales. Je ne
sais pas si elle accepterait de nous
déposer... peut-être qu'elle a la recommandation ou une partie du rapport pour
les... Pour le bénéfice de la
commission, peut-être qu'on pourrait en prendre connaissance aussi, sur le
libellé qui a été transmis, dans le fond, au ministère de la Justice.
Pour ce qui est des choix des jeunes au niveau
de la consommation, je ne crois pas que c'est nécessairement à l'État d'évaluer
comment les jeunes dépensent leur budget puis les choix qu'ils font. On
pourrait faire le même exercice avec les
citoyens qui ont 18 ans et plus, et je ne pense pas que l'État a un
rôle... doit regarder que font-ils avec leur argent. Peut-être que ces
jeunes-là aussi vont travailler la fin de semaine pour payer leurs études
postsecondaires aussi, et c'est légitime en soi.
Donc, il faut
se questionner, à savoir : Le montant, le quantum, c'est peut-être un
petit peu trop élevé, 1 000 $. On pourrait peut-être atteindre
la même cible en diminuant un peu ce montant-là.
Pour ce qui
est également de, supposons, l'utilisation du cellulaire et du comportement
routier des jeunes, bien, ce n'est
pas uniquement ceux-là qui sont... cette catégorie d'âge là, qui sont visés par
des comportements où il y a violation du
Code de sécurité routière. L'ensemble de la population violent,
malheureusement, M. le Président, le Code de sécurité routière et commettent des infractions. Donc, ce
n'est pas uniquement attribuable à cette catégorie d'âge là. Et je pense que
c'est véritablement la sanction administrative au niveau du permis de conduire
qui a davantage un impact, M. le Président. Et, au cours des dernières années,
je pense qu'on l'a atteint.
Et d'ailleurs
je tiens également à souligner que le bilan routier a tendance à s'améliorer au
niveau du comportement, notamment avec l'alcool au volant, auprès des
mineurs, suite notamment à du travail de la table de concertation de la sécurité routière et aux campagnes que le
ministère des Transports fait également. Donc, je pense qu'on peut toujours
tendre à l'amélioration, c'est ce qu'on souhaite, mais je pense qu'on doit
quand même saluer aussi le changement de mentalités et les comportements qui
évoluent au fil des décennies.
• (16 heures) •
Vous savez,
c'est souvent par des politiques publiques et c'est souvent aussi par du
renforcement qu'on réussit à sensibiliser les jeunes et à changer les mentalités
puis les comportements aussi. Vous pouvez prendre l'exemple, supposons, dans les années 80, où le
gouvernement québécois avait fait des campagnes, entre autres, contre... la
lutte à l'homophobie, puis ça a
changé aussi les mentalités, notamment au niveau des écoles et puis au niveau
comportemental aussi. Supposons qu'on prend les campagnes de
sensibilisation qu'il a faites au moment où le VIH est apparu, bien, il y en a
eu de la sensibilisation au niveau des maladies transmises sexuellement et de la
prévention associée à ça.
Donc,
je reviens, M. le Président, avec mon argument au niveau du 1 000 $. Tout à l'heure, la ministre nous
référait à son collègue le ministre
des Transports à l'époque où il était dans l'opposition, le député de Marguerite-Bourgeoys,
qui, par son projet de loi
n° 490, Loi modifiant le Code de procédure pénale afin de normaliser pour
les mineurs les amendes imposées en
vertu du Code de la sécurité routière... Et le projet de loi avait deux
articles, M. le Président, et ce qu'on disait, c'est : L'article 233 du Code de procédure pénale est modifié
par l'insertion, après le premier alinéa, du suivant : «Le présent article ne s'applique pas au Code de la sécurité
routière.» Donc, concrètement, ce qu'on disait, c'est que... Ce que le député
de Marguerite-Bourgeoys voulait à l'époque,
en 2013, alors qu'il était dans l'opposition, ça disait : Bien, ça va être
la même amende qui va s'appliquer pour le mineur et le majeur.
Donc, je
comprends l'intention de la dissuasion, mais j'inviterais peut-être à réviser
le montant maximal qui va être mis au Code de sécurité routière.
Notamment, aussi, pensons aux jeunes qui sont en région, qui perdraient leurs permis de conduire à cause d'un grand excès de
vitesse, et qui se retrouveraient avec une amende de 1 000 $, et que
là c'est les parents qui doivent
continuer de faire le taxi. Donc, ça aussi, il faut y penser, M. le Président.
Et je pense que la cellule familiale
doit être prise en compte dans cette situation-là. D'autant plus que, parfois,
un premier emploi aussi, ça invite
les mineurs à se responsabiliser et à apprendre la vie sur le marché du
travail. Donc, il ne faudrait pas non plus que, le montant de l'amende, il ne soit pas capable, un, de le rembourser.
Puis je vous ai fait le détail de ce qu'un jeune peut gagner en l'espace d'un été, supposons qu'il
commence à travailler à 16, 17 ans. Donc, je pense qu'il y aurait
peut-être... on aurait peut-être
intérêt à réviser un peu à la baisse le montant maximal, tout en maintenant l'intention
de la ministre et, je pense, de l'ensemble des gens ici de dissuader
davantage, et ça devrait se jumeler à davantage de prévention et d'éducation,
M. le Président.
Le Président (M. Hardy) : Mme la
ministre.
Mme Vallée :
En fait de prévention et d'éducation, je pense, il y a un travail qui se fait,
qui continue de se faire et qui s'est
intensifié. Je vous dirais, depuis 2007, il y a eu énormément de campagnes.
Malgré ça, on a tout de même des chiffres
qui sont accablants pour les gens. Alors, le message qui... L'objectif, c'est
vraiment de faire comprendre que les problématiques
de sécurité routière, les problématiques reliées à une utilisation inadéquate
de véhicules hors route, ce sont des
problématiques graves. Et l'objectif, c'est aussi de s'assurer qu'il y aurait
moins d'intentions délinquantes, parce qu'il y a quand même ce
message-là qui doit passer.
Puis, simplement, M. le Président, pour revenir
à l'exemple que notre collègue nous donnait sur les jeunes en région, croyez-moi, je suis sensibilisée avec un
jeune en région à la maison. Mais les grands excès de vitesse sont aussi
sanctionnés par la perte de points, alors...
actuellement. Donc, le permis de conduire, c'est ça, c'est ce qui arrive malheureusement
quand un jeune se comporte... Le message, lorsque les points d'inaptitude ont
été revus, lorsque les dispositifs... les
dispositions pour les jeunes ont été revues, c'était aussi ça, c'est de
s'assurer que les jeunes adoptent un comportement
responsable derrière le volant, surtout dans les premières années. Et, malgré
ça aussi, malgré ces dispositions-là,
il y a quand même des statistiques qui nous amènent à trouver et... à revoir
notamment le message qui est lancé aux jeunes par l'imposition d'amendes
plus importantes.
Le
1 000 $, à notre avis, il correspond à un message clair pour des
infractions qui sont graves. Le 1 000 $ ne sera pas appliqué pour des infractions qui ne sont pas
graves. Le tribunal a toujours aussi cette discrétion, n'oublions pas la
discrétion qu'a le tribunal aussi lorsque le
jeune est devant lui, en fonction de la situation particulière du jeune, en
fonction de l'infraction en question, de lui imposer une amende. Parce
qu'on parle d'amende maximale ici.
Mais je crois
qu'il est important de lancer ce message-là à nos jeunes qui... Et je
dis ici «nos jeunes» parce que, comme
je vous le mentionnais, moi, je pense à ceux qui sont chez moi et je me dis : Je
veux qu'ils comprennent aussi. Malgré tout ce qu'on fait comme travail de
sensibilisation, il est important que nos jeunes comprennent l'importance d'adopter des comportements routiers qui sont responsables. On espère qu'il n'y a aucun jeune
qui sera... qui adoptera des
comportements qui feront en sorte que des amendes seront imposées. Mais par
contre certains... Et les statistiques sont désastreuses, les statistiques sont très... illustrent malheureusement
encore les problématiques que l'on retrouve sur les routes du Québec, où
on a des jeunes qui sont derrière trop d'accidents. On n'a pas les moyens de
perdre nos jeunes.
Et c'est un
petit peu ce message-là que nous lançons. Il s'agit d'avoir une amende, une
amende maximale, je le souligne et le resouligne, qui donnera un signal
fort quant à la gravité des infractions en question.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Chicoutimi.
M.
Bédard :
Oui, peut-être une précision. Parce que, si on veut résoudre un mal, on va
essayer de le circonscrire comme il
faut. La ministre, depuis tantôt, me dit qu'il y a des chiffres accablants au
niveau des... en termes statistiques auprès
des jeunes. Par exemple, il y a 20 ans, la proportion d'infractions
commises par des jeunes de moins de 18 ans versus aujourd'hui,
c'est quoi, la différence?
Le Président (M. Hardy) : Mme la
ministre.
Mme Vallée : En toute
honnêteté, M. le Président, je n'ai pas cette statistique devant les yeux...
M.
Bédard : O.K. Non,
non, non, mais je ne veux pas vous prendre à défaut...
Mme Vallée : C'est parce
qu'en fait je...
M.
Bédard :
Ou il y a 10 ans, avez-vous...
Mme Vallée : En fait, je
pense que la table de sécurité routière nous a fait vraiment une démonstration
du pourcentage déjà, et
c'est ça que je considère... Lorsqu'on nous dit que 60 % des infractions commises par les moins de 18 ans étaient l'excès de vitesse, actions
imprudentes, conduite avec alcool dans le sang, ça, c'est en 2010, et 60 %
des infractions des jeunes de moins de 18 ans, de 16 à 18, bien...
M.
Bédard : Mais ça,
je le comprends.
Mme Vallée : C'est ce que je
considère comme accablant, c'est-à-dire que c'est beaucoup, c'est beaucoup.
M.
Bédard :
O.K., mais, par rapport à il y a 10 ans, est-ce que c'est mieux ou c'est
pire? C'est ça que je voulais savoir, parce que...
Mme Vallée : Écoutez...
M.
Bédard :
Est-ce qu'on est sur la bonne voie ou est-ce qu'on s'enfonce? Ça, ça serait la
première chose, voir qu'est-ce qu'on
fait maintenant, est-ce que c'est bon? Alors là, ça nous aiderait peut-être à
circonscrire cette prémisse-là.
Parce que
tout le monde aime ses enfants ici, qu'ils en aient ou pas d'ailleurs, je pense
qu'on aime tous nos enfants, et on
n'est pas là pour en douter, on veut tous le bien pour eux, mais, quand on fait
quelque chose comme ça, ça a un impact sur
le portefeuille, réellement. Puis il y en a qui pourraient douter... Puis là je
ne veux pas entrer dans l'aspect philosophique est-ce que c'est vraiment dissuasif ou pas. Ça, on pourrait en parler
plus tard. Je pourrais nommer des centaines d'études qui vous diraient non, qui vous diraient que la
sévérité des peines n'a rien à voir avec la dissuasion. Mais là je ne suis pas
là pour entreprendre un débat
philosophique. Puis je vous dis : Ne pas avoir de peine... Tout le monde,
en général, disent que c'est l'aspect
plus d'éducation qui a le plus d'impact. Mais, bon, on n'est pas là pour les
enlever. Puis je vous dirais même qu'il
y a un certain... il y a un consensus pour les actualiser. Puis ça peut être
par rapport au salaire minimum, ça peut être par rapport à ce que
propose le Barreau. Moi, je crois à l'actualisation en général, de geler dans
le temps.
Là, si on est
capables de circonscrire est-ce que nos jeunes d'aujourd'hui font plus
d'infractions que les jeunes d'il y a
20 ans... Parce que c'est un phénomène qui n'est pas nouveau, là, il
suffit de voir les films des années 50 pour voir qu'à l'époque, en général, tu commençais à fumer à 12 ans,
après ça tu commençais à conduire, puis en général la première course automobile venait rapidement. Et
là on n'est plus là, vous voyez, on a évolué. Je pense que fumer ne fait
plus partie de... pour devenir une femme ou
un homme, ne fait pas partie de notre rhétorique ou de notre expérience de
vie nécessaire. Faire une course automobile non plus. Mais j'aimerais seulement
circonscrire puis qu'on n'agisse pas pour
des cas en particulier mais généralement, parce que ça, ça va s'appliquer aussi
à la personne qui a des infractions normales, qui ne conduit peut-être
pas à 190 dans une zone de 50 mais qui va commettre d'autres types
d'infractions.
• (16 h 10) •
Ça fait que
je veux être sûr... Puis, comme la ministre... comme elle me dit, puis je le
crois... Elle ne partage pas un
objectif monétaire ou budgétaire. Donc, si on peut arriver au même objectif
qu'on a aujourd'hui mais à d'autres fins, tout en préservant la
philosophie que nous avons, moi, je pense qu'on est capables de s'entendre
rapidement.
En tout cas,
si la commission pouvait se documenter là-dessus. Parce que,
ce que je vois, la table, j'ai lu et je relis, puis il n'y a pas de recommandation de montant, mais elle dit : Vous devez
augmenter, puis on est tous d'accord pour augmenter ici. Par contre, tout le monde... pas tout le monde, mais mon
collègue, je vois, de la CAQ, moi, d'autres, là, le Barreau disent : C'est beaucoup, c'est
beaucoup. Puis ils ne comprennent pas le justificatif de ce montant-là. Et là
peuvent apparaître d'autres
justifications que la ministre n'a pas. Donc, tant mieux. Comme on ne les a
pas, comment on peut arriver au même résultat ou...
Parce que, même si demain matin on augmenterait
à 1 000 $, je suis convaincu que le nombre d'accidents ne diminuera pas. Ça, j'en ai la conviction profonde.
Donc, c'est un ensemble de choses qui amènent à un comportement différent des jeunes, mais de tout le monde en
général, et ce n'est pas parce que tu as en bas de 18 ans... 19 ans aussi puis à
20 ans, c'est une problématique qui est là aussi.
Donc, si la ministre pouvait mieux documenter
cet aspect-là des jeunes et de ces chiffres, effectivement, qui s'inscrivent sûrement dans une réalité historique,
ça nous aiderait. Parce que, si le fléau est énorme, s'il se maintient ou
s'il s'en va en diminuant, bien, déjà, on
aura une indication de... C'est vrai que, comme statistique, ce n'est pas
évident, mais au moins on s'améliore,
on est sur la bonne voie. En tout cas, j'invite la ministre à peut-être
creuser un peu. J'imagine que le ministère de la Sécurité publique ou le ministère
des Transports doivent avoir ces statistiques sur une période un peu plus longue.
Le Président (M. Hardy) : Mme la
ministre.
Mme Vallée : C'est certain qu'on me fait part d'un certain
nombre de statistiques, là, qui existent. Il y a
eu une amélioration. Bon, 2014, on a
eu quand même certaines améliorations. Je pense
qu'il faut le noter, les chiffres sont en baisse. Par contre, la gravité des infractions, ceux qui demeurent,
la gravité des infractions augmente. Alors, on a moins d'infractions
mais des infractions plus graves.
Donc, c'est
certain que les campagnes ont fait leur oeuvre. Comme le disait le député de Chicoutimi,
nos habitudes de conduite ne sont pas
les mêmes en 2015 qu'elles ne l'étaient en 1975 ou en 1980. On s'entend. Alors,
les campagnes de sensibilisation, de prévention
ont fait leur oeuvre. Évidemment, l'objectif... Actuellement, le message de
l'amende maximale à 100 $, il n'est pas
vraiment cohérent avec tous les messages, justement, de sensibilisation et tous
les messages qui sont passés lorsqu'on vient...
M.
Bédard : Tout à fait, oui, oui. Un petit commentaire :
Mais, en général, tu sais, on ne met pas le montant de l'amende. Tu sais, quand on fait les campagnes
d'éducation, on va dire : Conduire à telle... Je me souviens, les
conduites dangereuses, des gens étaient morts, moi, des jeunes, je me
souviens encore, dans la côte... c'était un petit village, Sainte-Rose-du-Nord, un des plus beaux villages du
Québec d'ailleurs, mais il y a une côte en descendant, il y avait une
course, et le parent avait montré le vidéo, les jeunes s'étaient filmés, et il
y a un des jeunes qui était mort pendant cet événement-là
malheureux. C'est arrivé il y a sept, huit ans. Et je peux vous dire que ce
n'est pas le montant de l'amende qui
a eu un impact, c'est de voir le vidéo, en vrai, de jeunes mourir puis le
parent qui dit : Je ne veux pas que ça vous arrive, à vous. Et ça, qu'on passe de 100 $à
200 $, de 100 $ à 100 000 $, je peux vous dire que je suis
convaincu que ce... Cette petite
campagne a eu plus d'impact que tout montant. Je voulais lui dire : Tu
sais, le montant, dans les campagnes, on le voit souvent apparaître... on le voit rarement apparaître, là, texto,
c'est 100 $, ou 200 $, ou 300 $. On va dire : Faites-le
pas, votre vie est en danger.
Mme Vallée :
Mais par contre il existe des campagnes où on voit les amendes. Je me souviens
puis je... évidemment, ce n'est pas au Québec, là, mais, pour ceux et celles
qui empruntent la route 417 et qui... Pour aller en Outaouais, on utilise la 417 parfois. Non, mais
c'est... Et on voit les infractions et l'amende. Les infractions, rendu à... si
vous roulez à 120 kilomètres-heure, voici l'amende, si vous roulez à 140,
voici l'amende.
Ce
type de publicité là ou d'information là peut avoir un effet dissuasif sur le
comportement routier, mais c'est certain qu'au-delà de ça il y a le
message qui est lancé. Parce que les jeunes, avec respect pour mon collègue de
la deuxième opposition, les jeunes de 16 à 18 ans, entre eux,
s'informent et ils sont au courant des amendes. Et il y en a plusieurs qui sont tout à fait au courant et qui
nous disent : Bien, en fait, ce n'est pas tant l'amende qui me dérange,
mais c'est les points. Tu sais,
l'amende, ce n'est pas grave, c'est juste 100 $. Et ce n'est pas
scientifique, ce que je vous dis, dans ce sens que je l'ai entendu
amplement lorsque je pratiquais pour des jeunes qui voulaient venir contester
et qui reportaient leurs dossiers à la cour
pour pouvoir arriver à la date butoir où ils récupéraient un certain nombre de
points. Mais l'amende, ce n'était pas
grave, ce n'était pas si grave que ça parce que c'était juste 100 $. Et ça
aussi, c'est que ça donne un message
pour certains... pour certaines infractions, c'est une chose, mais pour les
infractions graves, les infractions dont on a parlé un peu plus tôt et
auxquelles la table de sécurité routière fait référence.
Et
je pense que c'est un message qui n'est pas tout à fait cohérent. C'est que,
pour les adultes, on a posé des gestes très
clairs, on est allés et on a revu notre Code de la sécurité routière justement
pour que le message passe. À l'époque, on
n'a pas adapté les dispositions du Code de procédure pénale pour que ce
message-là aussi puisse être transmis, dans une proportion haute... Tout à fait d'accord que la proportion, donc les
amendes maximales imposées aux adultes et les amendes maximales imposées aux jeunes, soit distincte, tout à fait. On
ne remet pas ce principe-là en question du tout, du tout. Mais c'était... Et l'objectif est quand même de passer un
message que, pour une infraction grave pour laquelle les amendes maximales aux adultes sont
substantielles, bien, que cette amende maximale là puisse aussi être importante
pour les jeunes.
Et
c'est un message que l'on passe et, on l'espère, qui avec les campagnes de
prévention, avec toutes les autres mesures
vont permettre ultimement, on l'espère, d'arriver à un chiffre magique qui est
de zéro. Parce que l'objectif, c'est ça, c'est de ramener à zéro, et ce n'est pas de faire de l'argent, là, c'est
vraiment de ramener à zéro le nombre d'accidents, le nombre d'infractions. Et, si ce message-là
permet d'amener à zéro, bien, on va perdre, on ne fera pas d'argent, dans
ce sens qu'il n'y aura pas d'entrée dans les
coffres de l'État, mais on aura des statistiques qui seront à l'image de ce
qu'on souhaite, c'est-à-dire qu'on aura des gens, sur les routes, qui
auront adopté des comportements responsables.
C'est
vraiment la philosophie derrière tout ça. Ce n'est pas autre chose que de
lancer ce message clair que 100 $... Malheureusement, le 100 $ ne lance plus et ne lance pas, dans un
contexte... Et, à l'époque où on a adopté le 100 $, on n'avait pas
non plus... en matière de sécurité routière puis en matière de véhicules hors
route, on n'avait pas ces infractions-là qui
avaient été modifiées en raison de comportements, là... des comportements qui,
au fil des ans, se sont modifiés.
Le Président (M.
Hardy) : M. le député de Borduas.
• (16 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Mais, en fait, je pense que la ministre et
moi-même disons sensiblement la même
chose, qu'on souhaiterait qu'il n'y ait aucune infraction, et puis qu'il n'y
ait personne qui soit pénalisé pour un comportement répréhensible au
Code de la sécurité routière, et qu'il n'y ait pas d'infraction complètement.
On est en faveur de
hausser le montant qui est actuellement prévu au Code de la sécurité routière,
donc de l'augmenter, de le dégeler. En fait,
concrètement, M. le Président, ce qu'on dit à la ministre, dans le fond, c'est
que 1 000$, en l'absence de
données probantes... On a parlé de la recommandation du DPCP, je ne sais pas si
vous l'avez avec vous. M. le
Président, si la ministre peut le déposer ou si on pourrait avoir davantage
d'informations... Mais ce que je vous dis actuellement, c'est qu'on ne souhaite pas que les individus âgés de
moins de 18 ans commettent de telles infractions, mais que le montant de 1 000 $ nous apparaît
un peu élevé, considérant les revenus que les mineurs peuvent avoir et
considérant l'impact que l'imposition
d'une telle amende pourrait avoir sur eux, là. Oui, il y a un objectif de
dissuasion, mais, comme j'ai dit d'entrée de jeu, il y a une question
d'équilibre aussi.
Donc,
nous proposerions un amendement, à partir du moment où on va être rendus à
l'article... où j'invite la ministre à
nous déposer davantage d'informations pour le quantum, le 1 000 $. Je
comprends qu'on a fait du droit comparé, qu'on est allés voir dans les
autres juridictions, mais... La justification pour le 1 000 $.
Le Président (M. Hardy) : Mme la
ministre.
Mme Vallée : La justification pour le 1 000 $, elle est aussi simple que
celle-là : Les grandes infractions prévoient pour les adultes des amendes minimales de
1 000 $ et maximales de 3 000 $, notamment pour le surf de
voiture, les grandes vitesses, et les
actions imprudentes, c'est, encore là, une amende minimale de 1 000 $
et maximale de 3 000 $ et, pour la course, une amende minimale de 1 000 et un maximum de
3 000 $. Alors, en fait, ce maximum de 1 000 $ correspond
au minimum, à la peine minimale pour les
infractions chez les adultes. Alors, c'était pour permettre... Puis, encore là,
c'est une amende maximale, on
s'entend, là, le montant de l'amende maximale pour majeurs... pour les mineurs.
Donc, ça permet au tribunal
d'apprécier... évidemment en fonction de l'infraction, mais, dans ces cas-là,
d'imposer l'amende maximale de 1 000 $, qui correspond à
l'amende minimale chez les adultes.
Puis, pour ce
qui est des recommandations du DPCP, ça, c'est une recommandation qui s'est
faite dans le cadre des consultations ministérielles. Alors, je n'ai pas de
document à vous soumettre, ça fait partie de nos échanges, comme lorsque
nous consultons nos partenaires dans le cadre de différents projets de loi.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Chicoutimi.
M.
Bédard :
Permettez-moi peut-être, à ce moment-ci... Parce que je vous avouerais que ça
devient un peu circulaire, tout ça. Puis
c'est correct, mais on tourne un peu autour puis on se répète un petit peu. Ce
que je propose à la ministre, je
pense qu'elle est capable de voir qu'il n'y a pas unanimité sur le
montant : qu'en termes statistiques on aurait peut-être besoin d'un peu plus, je vous dirais, de
lourdeur, là, en termes de démonstration, et peut-être aussi, si la ministre,
ou si le ministère, ou quelqu'un a un
objectif précis, bien, qu'il nous le dise, puis on regardera comme... Si c'est
le «car surfing» qu'on veut avoir une politique qui est plus forte,
bien, on le regardera.
Peut-être
qu'il faut couper en morceaux notre approche et de plutôt y aller sur une base
qui est sur des éléments précis du
code sur lesquels on pense qu'il faut agir pour certains jeunes, parce que, là,
on parle d'une minorité, d'une extrême minorité
de jeunes. Donc, moi, je suis très ouvert qu'on regarde cet aspect-là tout en
maintenant notre... moi, ma proposition d'actualiser. Comme la ministre le disait tantôt — elle parlait du salaire minimum — le Barreau a fait son actualisation, très ouvert. Mais, à partir de ce moment-là, ce
qu'on pourrait faire, c'est peut-être se laisser un peu mariner un petit peu
puis être capables d'avancer sur d'autres dispositions.
Parce que
moi, je pense qu'il y en a d'autres qui sont intéressantes, et là on risque de
passer la prochaine heure à essayer
de se convaincre mutuellement, puis je pense qu'on est rendus au bout des
arguments. Ce que je proposerais à la ministre,
c'est peut-être de passer au point 2, qui est la procédure d'instruction.
Et il y a d'autres dispositions qui sont fort importantes. Puis ça nous permettrait peut-être, au ministère puis à
celles et ceux qui accompagnent la ministre, d'amener d'autres éléments puis en même temps qu'on
réfléchisse — on vient
de terminer les consultations — puis de voir par la suite si on est capables de s'entendre sur un
montant. Je proposerais ça comme fonctionnement, parce que les autres sont
quand même pertinentes, là, ça nous permettrait d'avancer.
Mme Vallée : Moi, je n'ai pas
de problème à suspendre l'étude de l'article 1, des dispositions...
M.
Bédard : ...1840,
c'est ce que je vois, là, oui.
Mme Vallée : ...les dispositions
qui touchent les amendes maximales imposées aux mineurs. Ceci étant dit, j'aimerais simplement, puis c'est vraiment, là, savoir ce que vous souhaitez avoir
comme documentation, parce qu'on peut, ça aussi... cet échange-là peut
aussi être circulaire.
Et je pense
que les objectifs que nous vous avons décrits sont quand même assez clairs, on
s'inspire clairement des dispositions
de la table de la sécurité routière, des recommandations qui ont été faites,
des statistiques quand même alarmantes quant à — malgré,
malgré des statistiques qui s'améliorent — cette présence, cette
prépondérance des infractions graves en
matière de sécurité routière chez les jeunes, que l'on retrouve commises par des jeunes de 16 à 18 ans.
Je
pense qu'on a quand même
cette préoccupation-là, là, moi, je vous dirais, puis très, très,
très... de façon très transparente. Moi,
c'est ce qui me préoccupe, c'est-à-dire c'est de lancer un message clair aux
jeunes, et de ne pas minimiser ces infractions au sein des... chez les jeunes,
et de lancer un signal clair qui nous amènera, on l'espère, à de meilleures statistiques au cours des années futures. Ça,
c'est ce que je souhaite sincèrement. Et l'objectif, comme je vous l'ai
mentionné, de 1 000 $,
bien, dans le fond, il représente l'équivalent de l'amende minimale qui est imposée
aux adultes. Alors, c'était le message à passer.
Puis ce n'est pas du tout un exercice pour en
arriver à l'équilibre budgétaire, c'est vraiment... Ce n'est pas un objectif qui est motivé par des considérations
budgétaires actuelles, c'est un objectif qui est motivé par une préoccupation
sincère pour la sécurité routière et pour
nos jeunes. Et donc, comme je le mentionnais, ultimement, si nos statistiques
sont à zéro, ce serait l'idéal.
M.
Bédard : Oui. Je
vous avouerais que le Trésor fait ses projections en fonction d'une réalité
objective et j'aurais tendance à vous dire
qu'il considère cela, pas que les gens... on arrive à zéro, et ça, c'est bien
correct, je ne dis pas que la ministre le pense,
mais ça fait partie des prévisions d'entrées du gouvernement comme toute autre,
comme les municipalités, les tickets, puis
ils veulent que tous les citoyens soient conformes. Donc, je ne remets pas en
cause tout ça, mais il ne me reste
plus beaucoup de naïveté, malheureusement. Alors, peut-être qu'un jour ça va
revenir, puis je vais me le souhaiter.
Ceci
dit, on a le même objectif, c'est que ça soit... qu'il y ait un caractère
dissuasif. On est d'accord pour augmenter, je pense que tout le monde l'a dit, dans la proportion... qu'est-ce
qu'on vise, quel type d'infraction, on est prêts à aller jusque-là, en termes statistiques. C'est quoi qui
monte, c'est quoi qui baisse? Moi, j'aimerais savoir dans les 15 dernières
années, il y a peut-être des phénomènes
qu'il faut s'attaquer de façon plus importante, alors que d'autres diminuent,
alors que cet article-là s'applique
de façon générique. C'est seulement ça. Voilà ce qu'on veut documenter un peu
plus pour être capables d'atteindre l'objectif que s'est donné la
ministre.
Mme Vallée :
Puis, M. le Président, je n'ai pas de problème à ce qu'on obtienne, puis on
pourra obtenir des statistiques qui, je
l'espère, sauront répondre à la curiosité de notre collègue. Et on peut passer
à d'autres articles du projet de loi, ce qui nous permet de satisfaire
aussi nos leaders respectifs.
Le Président (M.
Hardy) : Merci, Mme la ministre.
M.
Bédard :
On va se donner l'impression d'avancer un peu plus.
Le Président (M.
Hardy) : Je vais passer la parole au député de Borduas, de très courts
laps de temps.
M. Jolin-Barrette : Oui, merci, M. le Président. Je suis d'accord
avec la proposition de mon collègue de Chicoutimi, de passer à un
autre bloc, puis on va pouvoir réfléchir à tout ça, mais, comme piste de
réflexion également... Je comprends que la ministre nous dit, supposons : Dans le cadre
d'une infraction de «car surfing», l'amende maximale pour un individu âgé en bas de 18 ans serait 1 000 $, et l'amende minimale pour un
individu âgé de plus de 18 ans serait 1 000 $. Mais, pour les autres infractions, pour les infractions
au Code de la sécurité routière, pour des excès de vitesse, on pourrait se
retrouver dans une situation où, si l'amende
maximale pour un mineur est de 1 000 $, bien, jusqu'à la tranche de
1 000 $, le mineur va avoir
la même amende que le majeur. Donc, il n'y aura pas de distinction entre mineur
et majeur. Puis je pense que, dans
notre société, il faut peut-être donner une chance au coureur, au jeune, de ne
peut-être pas être pénalisé autant
qu'un individu qui est âgé de plus de 18 ans. Donc, il y aurait peut-être
lieu, là, de mettre un plafond un peu plus bas pour faire une distinction nette et pour, je vous le dirais,
peut-être une erreur de jeunesse... ou pour moduler un peu le tout. Parce que, bon, les amendes, au niveau du
Code de sécurité routière, pour les excès de vitesse, il pourrait y avoir
un équivalent, au niveau du majeur, qui représente le même montant, jusqu'à
1 000 $.
Le Président (M.
Hardy) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Bien, en fait, n'oublions pas qu'il y a toujours cette
discrétion que le tribunal détient aussi pour imposer l'amende...
• (16 h 30) •
M.
Jolin-Barrette : Vous me permettrez, Mme la ministre, simplement, ça,
c'est dans l'optique où le constat d'infraction
est contesté. Mais, sur le coup, le mineur qui est arrêté, supposons, sur la
20, entre Québec et Montréal, il va recevoir
son constat d'infraction... Le mineur va se faire intercepter, il va peut-être
plaider coupable, puis on... Ce n'est pas
la majorité des constats d'infraction qui se rendent en cour. Donc, concrètement, il va être arrêté par un policier.
Il va déjà avoir l'odieux de s'être fait arrêter, peut-être son
comportement va changer, il va déjà être pénalisé, puis là on le pénaliserait à
la même hauteur qu'un adulte.
Mme
Vallée : Mais, dans
certains cas, c'est déjà le cas actuellement pour les infractions qui sont de moins de 100 $,
dont l'amende est de moins de 100 $. Donc, jusqu'à concurrence de
100 $, les mineurs ont le même
montant à payer que l'adulte. C'est simplement que le 100 $ a été
fixé il y a 30 ans. Alors, là-dessus... et ça devient...
Je
pense qu'il faut aussi permettre... Puis, avec respect... Puis je sais que tout
le monde va faire rouler son hamster au
cours des prochains jours sur cette question-là, mais il faut penser... il
faudrait voir à trouver une façon. Si d'aventure on devait revoir tout ça, il faudrait s'assurer de trouver une façon qui
n'est quand même pas trop complexe. Parce que, si on se lance avec des calculs, des pourcentages,
pensons à ceux et celles qui doivent émettre le constat d'infraction, ça
peut devenir un exercice qui est fastidieux.
Alors, il faut aussi que tout ça puisse être quand même pratique et que...
clair et pratique.
Ce
que je voulais vérifier auprès de mes collègues, parce que, là, on remet en
question... On parle de l'amende de
1 000 $, mais est-ce que l'amende... est-ce que le montant de
500 $, qui est prévu au texte, pour les autres, les autres amendes, c'est-à-dire celles qui ne concernent pas
la sécurité routière et la Loi sur les véhicules hors route... Est-ce que le
montant de 500 $ est adéquat? Parce que
je comprends qu'on veut aussi... on a aussi cet aspect-là qui est touché par
les dispositions.
M.
Bédard :
Sur le 500 $, ce qu'on pourrait faire, ce ne serait peut-être pas mauvais — je ne
sais pas à quel moment on va se réunir à nouveau — pour éviter de se
retrouver dans la même situation...
Mme Vallée : On nous a donné
plein de plages la semaine prochaine. Et demain aussi.
M.
Bédard :
... — oui,
O.K. — qu'on
puisse peut-être rencontrer quelqu'un du ministère qui nous explique vraiment
quels types d'infractions qui sont visés. Puis les mêmes questions
vont se poser sur le 500 $.
Pourquoi 500 $? Moi, je pense
que c'est la même question, c'était... Bon, le Barreau parle de 200 $.
Est-ce que la ministre est ouverte à couvrir,
par exemple, des cas de récidive pour ceux qui... donc, autrement dit, pour garder
la même approche qui est celle de
dire : Pour les mineurs, on va toujours s'assurer que ce soit moins élevé,
en général? Et, si c'est vrai pour... et là je vais faire attention, mais, si c'est vrai pour des
infractions d'une gravité extrême, puis je n'aurais pas besoin de le nommer
à la ministre, sur lequel on encadre la
discrétion des juges, parce qu'on pense qu'ils n'appliqueraient pas, je vous
dirais, la même approche que nous
avons... Je pense qu'on doit conserver cet esprit-là. Donc, peut-être, à ce
moment-là, de bien documenter, bon,
le 500 $, il vient d'où. Est-ce que vous avez regardé d'autres
possibilités? Est-ce que la proposition du Barreau, qui parlait de 200 $... Est-ce que vous avez regardé ces
aspects-là? Est-ce que ça peut être différent? Parce que le témoignage, moi, je pense, des gens qui sont venus
dans... l'association... — j'ai toujours le mauvais nom, je ne sais pas pourquoi je me trompe — le regroupement de justice alternative, et
c'était quand même assez intéressant. Et, des fois, on pense bien faire, mais finalement ce qu'on
appelait à une certaine époque... c'étaient des fausses bonnes idées, là. Il
faut être sûr de ne pas entrer dans le côté sombre, finalement, de cette
approche-là, malgré qu'on parle de montant.
Alors, ce
qu'on veut, c'est être abreuvé, je pense, moi, de ce qui a permis au ministère
d'arriver à ce montant-là. Est-ce qu'on rejoint l'objectif? Est-ce qu'il
va y avoir aussi une approche qui est plus alternative par rapport à la
sensibilisation qu'on peut faire auprès des jeunes? Et voilà. Est-ce que je
réponds à la ministre?
Le Président (M. Hardy) : Mme la
ministre.
Mme Vallée : Oui, bien, en fait, je pense
qu'il faut revoir le Barreau. On nous dit souvent : Le
Barreau nous dit 200 $. Ce n'est
pas tout à fait exact, là. Le Barreau nous dit, finalement, qu'il veut
simplement s'assurer que nous sommes tous
sensibilisés à trouver un juste équilibre entre l'objectif de dissuasion puis
la capacité de payer des jeunes. C'est le message que le Barreau nous lance.
Ils ont actualisé...
M.
Bédard : Puis, ce
qu'il dit aussi, il dit : Si on voulait actualiser, ça serait 190 $.
Mme Vallée : À partir de
1987.
M.
Bédard : Voilà.
Mme Vallée : Ce que
j'expliquais, c'est que le 100 $ a été établi en 1984, adopté en 1987.
M.
Bédard : Ce qui
nous mettrait peut-être à 205 $.
Mme Vallée : Mais peu
importe...
M.
Bédard : On peut
régler là, si la ministre veut.
Mme Vallée :
Oui, puis ce qui fera que, l'an prochain, on sera peut-être à réactualiser.
Donc, il y a aussi cette réalité-là, là. Ça fait 30 ans qu'on ne
s'est pas penchés sur la question. Comment actualiser tout ça? Puis, lorsqu'on actualise une peine qui se veut dissuasive, on ne
se fie pas nécessairement sur l'indice de consommation non plus, là. Lors
des consultations, c'est certain qu'on a
donné des exemples, notamment l'exemple... le salaire minimum, ce qu'il
était à l'époque, ce qu'il est maintenant.
Mais l'objectif que nous devons avoir en tête, c'est plutôt de trouver ensemble
quel montant serait dissuasif. Et on parle toujours d'amende maximale imposée
aux jeunes. Alors, il faut regarder, il faut avoir en tête le caractère
dissuasif. On a considéré qu'un montant de 500 $, comme je vous
mentionnais un peu plus tôt... Le Directeur
des poursuites criminelles et pénales avait émis, lors des consultations, une
recommandation de hausser à 1 000 $, ce qui peut s'avérer quand même
substantiel, là, pour des jeunes. Et, compte tenu aussi, notamment, des infractions qui sont les plus, malheureusement,
populaires chez les jeunes, je pense qu'on a établi le montant dissuasif
comme étant 500 $.
Et c'est cet exercice-là... Bon, évidemment, on
a actualisé le 100 $. Le 100 $ nous donne, actualisé, plus ou moins 209 $, mais, dans le contexte... il
faut aussi remettre le contexte. Quand je parlais tout à l'heure... Quand je
faisais référence aux habitudes de
consommation des jeunes, loin de moi l'idée de dicter les habitudes de consommation
des jeunes, mais soyons quand même
réalistes : les jeunes d'aujourd'hui ont quand même des habitudes de
consommation qui n'étaient pas présentes il y a 30 ans.
Une voix : ...
Mme Vallée : Bien, disons, il
y a 30 ans, on avait des habitudes de consommation qui étaient
différentes, peut-être que les jeunes...
M.
Bédard : ...de
quelle nature, oui?
Mme Vallée : Bien, je dis
«on», je nous inclus.
M.
Bédard :
Un, je ne me trouve pas vieux, là, mais...
Mme Vallée : Je nous inclus,
chers collègues, mais...
M.
Bédard : ...mon
recherchiste comme témoin, je pense que ça serait bien.
Mme Vallée :
Je pense qu'on a une belle représentation autour de la table de... Mais
sincèrement les habitudes...
M.
Bédard : On
pourrait faire témoigner le député de Borduas.
Mme Vallée :
Mais on a quand même des habitudes de consommation qui sont différentes, et
là-dessus aussi... On doit aussi se
pencher là-dessus, c'est quand même une réalité à laquelle on ne peut pas
échapper lorsque vient le temps d'établir une peine qui aura un effet
dissuasif. On ne peut pas faire autrement que de le considérer.
M.
Bédard :
...suggère la ministre, j'ai toujours entendu la phrase, peu importent les
époques, qu'on soit jeune aujourd'hui,
je suis sûr que ça va être... plus vieux : Ah! les jeunes d'aujourd'hui,
hein? Alors, ça, c'est la phrase qui revient à chaque époque, et, finalement, il me semble, quand j'étais là, ce
n'était pas si pire. Et j'ai tendance à dire que mes enfants, finalement, sont même mieux que moi, j'étais.
C'est, je vous dirais, mon approche. Mais c'est correct, effectivement, on va
voir de quelle façon on peut trouver une solution.
Mme Vallée : En fait, c'est
d'arriver à trouver cet équilibre-là.
M.
Bédard :
Moi, j'ai l'impression qu'ils sont plus sensibilisés, les jeunes d'aujourd'hui,
moi, c'est ma perception, je vous
dirais, beaucoup plus collés sur les conséquences de leurs gestes, par rapport
à mon époque. Moi, je vous dirais, je suis beaucoup plus confiant en l'humanité
quand je regarde mes jeunes que quand je voyais ma génération. Donc, je vous dirais que, si vous suivez ma philosophie, on
va peut-être baisser les amendes, alors passons, allons... Vous ne trouvez
pas? Avec tous les médias sociaux... Écoute,
ils sont conscients de ce qui se passe actuellement en Syrie plus que sûrement
moi à l'époque, ils sont confrontés à cette
réalité. Ils savent qu'il y a des jeunes à Gatineau qui ont tel problème.
Avant, on se limitait pas mal à notre quartier puis...
Mme Vallée : À notre rue.
M.
Bédard :
Oui, à notre rue, voilà. Non, je trouve ça... moi, je suis... C'est pour ça
que, si on est capables de le circonscrire
qui on veut viser, quel type de comportement... Puis il y a des gens qui ne
sont pas amendables aussi, ça existe, même
quand tu es jeune, il y a des bonnes puis il y a des moins bonnes personnes.
Mais, qu'on ne soit pas trop larges, voilà ce qu'on recherche, puis je
suis convaincu qu'on est capables de trouver une solution à nous 10.
Mme Vallée : Moi, je ne pense
pas qu'on soit si loin les uns des autres dans notre...
M.
Bédard : Voilà.
• (16 h 40) •
Mme Vallée :
L'objectif, il s'agit juste de...
En tout cas, il s'agit juste de trouver la voie de passage.
Mais, ceci étant, nous, on vous
soumet bien respectueusement que le 500 $, pour nous, constituait un
montant actualisé qui répondait à l'ensemble
de cette réalité-là. Et évidemment toujours se rappeler qu'il s'agit d'une amende maximale.
Alors, ce n'est pas... Il ne faut pas
penser que, du jour au lendemain, tous les jeunes qui commettent une infraction
vont se retrouver avec des amendes qui sont au plafond, là, ce n'est pas
du tout l'objectif.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, Mme la ministre. Là, ça me prend le consentement des membres de la commission pour suspendre l'étude
qu'on fait du sujet n° 1. On suspend l'article 1, 3, 18 et 40.
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Hardy) : Consentement. Merci. Je vais passer au sujet
n° 2, qui est la procédure d'instruction par défaut des poursuites
pénales qu'un défendeur est réputé ne pas contester, régime «no-contest», aux
infractions constatées au moyen d'un système photographique automatisé, qui est
compris dans les articles 2, 8, 9, 10, 11, 14, 15, 16, 17 et 40. Je prends
en considération l'article 2 et tous les autres articles. Mme la ministre,
à vous la parole.
Mme Vallée : On m'indique
qu'il est proposé que je fasse la lecture de chacun de ces articles et par la
suite qu'on passe aux commentaires. Alors,
je ferai cela. Je veux tout simplement indiquer aux collègues qu'un nouveau
visage s'est joint à la table. Il s'agit de Me Pascale Bussières...
Brière, pardon, Brière, qui est...
Une voix : ...
Mme Vallée : Petit lapsus.
Alors, voilà.
Pour
ce qui de l'article 2 — alors là c'est technique, évidemment, là, je
vous avise d'entrée de jeu : L'article 71 de ce code, modifié par l'article 13 du
chapitre 51 des lois de 1995, est de nouveau modifié par le remplacement,
dans le paragraphe 9°, de «un certificat attestant que le défendeur
n'a pas, dans le délai prévu à l'article [60], transmis un plaidoyer de culpabilité ou de non-culpabilité et
n'a pas versé la totalité ou une partie du montant d'amende et de frais réclamé» par «une attestation ou un certificat
prévus à l'un des paragraphes 2° et 5° à 8° du deuxième alinéa de
l'article 218.4».
Donc, cet article-là vise à ajouter à la liste
des documents dont la preuve de la qualité ou la signature d'une personne n'a pas été démontrée les attestations et
les certificats qui sont prévus aux paragraphes 2° et 5° à 8° du nouvel
article 218 du Code de procédure
pénale. C'est une modification qui est nécessaire en raison des modifications
apportées à l'article 218.4 du
code par l'article 15 du projet de loi, dont on fera la lecture tout à
l'heure, et visant à ajouter à la liste des éléments constitutifs du
dossier du juge qui instruit une poursuite que le défendeur est réputé ne pas
contester, les attestations et les certificats applicables dans le cas
d'infractions constatées au moyen d'un appareil photographique automatisé.
Une voix : ...
Mme Vallée :
Oui, bien, c'est ça. Et là je vais vous faire la lecture de l'article 8.
Je vais laisser aux collègues le temps de se rendre.
M.
Bédard :
Moi, c'est drôle, j'aurais tendance à vous dire... Est-ce qu'on est mieux de
commencer avec 10 ou 15?
Une voix : Moi, j'aurais
commencé par 10, peut-être.
M.
Bédard : C'est ça.
Parce que ça, c'est des conséquences de l'article...
Une voix : Pour avoir les
conditions, juste pour vous remettre dans le contexte, là.
M.
Bédard : Exact,
pour qu'on comprenne, là.
Mme Vallée :
En fait, c'est pour les fins de la transcription. On nous recommande de faire
la lecture en ordre, quitte à ce qu'on commence... lorsqu'on va aborder
l'étude, on pourrait revenir...
M.
Bédard : Ah! comme
vous le voulez.
Mme Vallée : Alors, c'est
vraiment, là... J'essaie de me plier...
M.
Bédard : Ça va être
long, je pense que vous avez...
Mme Vallée : Oui, ça... Bien,
écoutez, il faut...
M.
Bédard : Je regarde
9, là, il n'est pas le fun à lire, honnêtement.
Mme Vallée :
Il faut commencer. Alors, je vais commencer 8, puis après ça on passera à 9, et
puis on prendra de l'eau. Donc, pour ce qui est de l'article 8 :
L'article 146 de ce code est modifié :
1° par le remplacement, dans le deuxième alinéa,
de «le constat relatif à une infraction visée à la section II du
chapitre [IV] doit...»
Des voix : Six.
Mme Vallée : «...VI — pardon — doit,
lorsque l'infraction a été constatée personnellement par un agent de la paix
ou par une personne chargée de l'application
de la loi,» par «lorsqu'un constat est signifié conformément à
l'article 157.2 et que les conditions prévues aux
paragraphes 1°, 2° et 4° du deuxième alinéa de l'article 163 sont
réunies, il doit»;
2° par l'insertion, dans le deuxième alinéa et
après [s] «du constat», de «ou, le cas échéant, de transmettre la déclaration
visée à l'article 592.1 ou 592.1.1 du Code de la sécurité routière
(chapitre C-24.2) dans le délai prévu à l'article 592.1 de ce code».
Là, je pense
que je vais vous faire grâce de la lecture des commentaires, et puis on
reviendra... ou, bien, je vais lire...
M.
Bédard : Bien,
comme vous voulez.
Mme Vallée : Allons-y,
allons-y.
M.
Bédard : Mais
l'important c'est qu'il soit déposé, parce qu'il risque d'être interprété.
Mme Vallée :
Non, mais je vais les lire. Je vais les lire, puis, comme on mentionnait tout à
l'heure, on reprendra nos discussions par la suite.
Alors,
pour ce qui est de cet article, évidemment le paragraphe 1° de cet article
vise à prévoir que, dans le cas où un
conseil est signifié conformément à l'article 157.2 et que les conditions
d'ouverture de la présentation de non-contestation d'une poursuite prévue aux paragraphes 1°, 2°
et 4° du deuxième alinéa de l'article 163 sont réunies, la mention de mise
en garde est requise sur le constat d'infraction.
Cette modification est nécessaire en raison des
modifications apportées aux articles 157.2 et 163 du Code de procédure pénale pour rendre la procédure
particulière d'instruction des poursuites que le défendeur est réputé ne pas
contester applicable dans le cas d'infractions constatées au moyen d'un
appareil photographique automatisé.
Le paragraphe 2° de cet article vise à
modifier la mention de mise en garde devant apparaître au constat d'infraction pour y ajouter qu'à défaut de
transmettre, le cas échéant, la déclaration visée à l'article 592.1 ou
592.1.1 du Code de la sécurité
routière, chapitre C-24.2, dans le délai prévu à ce code, le défendeur qui
n'a pas transmis de plaidoyer ou
versé la totalité ou une partie de l'amende sera réputé ne pas vouloir
contester la poursuite et pourra être déclaré coupable de l'infraction
reprochée en son absence et sans avoir l'occasion de se faire entendre.
Cet ajout est
nécessaire en raison de la modification apportée par l'article 10 du
projet de loi au deuxième alinéa de l'article 163 et visant à
prévoir que la présomption de non-contestation de la poursuite par le défendeur
ne trouve pas application lorsque le
défendeur a transmis, dans le délai prévu, la déclaration autorisée par les
articles 592.1 ou 592.1.1 du Code de la sécurité routière.
Article 9. Alors, le député de Chicoutimi m'a
mise au défi, alors voilà.
M.
Bédard :
Oui, oui. Bien, vous pouvez le faire lire par le président, si vous voulez.
Moi, j'ai vu des ministres faire lire par le président.
• (16 h 50) •
Mme Vallée : Non, je ne ferai
pas ça. Alors : L'article 157.2 de ce code est remplacé par le
suivant :
«157.2. Le
constat d'infraction comportant la mise en garde visée au deuxième alinéa de
l'article 146 est signifié :
«1° lors de
la perpétration de l'infraction, personnellement au défendeur ou conformément à
l'un des articles 158 et 158.1, le cas échéant;
«2° au
défendeur, conformément à l'un des articles 20, 21, 22 et 23, dans un
délai de 60 jours à compter de la date de la perpétration de l'infraction dans le cas où celle-ci est constatée
par une photographie prise au moyen d'un cinémomètre photographique ou
d'un système photographique de contrôle de circulation aux feux rouges;
«3° au
défendeur responsable du paiement du péage ainsi que des frais et des intérêts
y afférents en application du paragraphe 5°
de l'article 13 de la Loi concernant les partenariats en matière
d'infrastructures de transport (chapitre P-9.001), conformément à l'un
des articles 20, 21, 22 et 23, dans un délai de 60 jours à compter de
la date de la perpétration de l'infraction
prévue à l'article 417.2 du Code de la sécurité routière (chapitre C-24.2)
lorsqu'un des éléments de [la] preuve est une photographie prise au
moyen d'un appareil visé à l'article 595.1 de ce code;
«4° au
défendeur responsable du paiement du péage ainsi que des frais et des intérêts
[...] afférents en application de
l'un des paragraphes 1°, 3° et
6° de l'article 13 de la Loi concernant les partenariats en matière
d'infrastructures de transport,
conformément à l'un des articles 20, 21 [et] 22[...], dans un délai d'un
an à compter de la date de la perpétration de l'infraction prévue [par]
l'article 417.2 du Code de la sécurité routière lorsqu'un des éléments de
preuve est une photographie prise au moyen d'un appareil visé par
l'article 595.1 de ce code.»
Alors, c'est
un article qui propose le remplacement de l'article 157.2 du Code de
procédure pénale pour prévoir, en
plus de la règle de signification personnelle du constat applicable dans le cas
de la procédure particulière d'instruction des poursuites que le défendeur est réputé ne pas contester, les règles
de signification applicables dans le cadre de cette procédure lorsque l'infraction est constatée au
moyen d'un cinémomètre photographique ou d'un système photographique de contrôle de circulation aux feux rouges ou
encore lorsqu'un des éléments de preuve de l'infraction est une photographie
prise au moyen d'un appareil visé à l'article 595.1 du Code de la sécurité
routière.
Le paragraphe 1° de l'article 157.2 du
Code de procédure pénale, tel que modifié, reprend la règle actuelle de signification pour les constats d'infraction qui
sont signifiés au moment de la perpétration de l'infraction. Dans le cas,
le constat est signifié de main à main au défendeur, sauf dans la mesure prévue
par les articles 158 et 158.1.
Le
paragraphe 2° de l'article 157.2, tel que modifié, ajoute que le
constat peut être signifié au défendeur dans un délai de 60 jours à compter de la perpétration de l'infraction,
conformément aux articles 20, 21, 22, 23 du Code de procédure pénale, dans le cas où celle-ci a été constatée
par une photographie prise au moyen d'un cinémomètre photographique ou
d'un système photographique de contrôle de circulation aux feux rouges.
Le paragraphe 3° de l'article 157.2,
tel que modifié, ajoute que le constat peut être signifié au défendeur responsable du paiement du péage en application du
paragraphe 5° de l'article 13 de la Loi concernant les partenariats
en matière d'infrastructures de transport,
chapitre P-9.001, conformément aux articles 20, 21, 22, 23 du Code de
procédure pénale, dans un délai de
60 jours à compter de la perpétration de l'infraction prévue à
l'article 417.2 du Code de la sécurité routière lorsqu'un des
éléments de preuve de l'infraction est une photographie prise au moyen d'un
appareil visé à l'article 195.1 du code.
Et le
paragraphe 4° de l'article 157.2, tel que modifié, ajoute que le
constat peut être signifié au défendeur responsable du paiement du péage en application d'un des paragraphes 1°,
3°, 6° de l'article 13 de la Loi concernant les partenariats en matière d'infrastructures de transport, et ce,
conformément aux articles 20, 21, 22, 23 du Code de procédure pénale, dans
un délai d'un an de la perpétration
de l'infraction prévue à 417.2 du Code de la sécurité routière lorsqu'on des
éléments de preuve est une photographie qui est prise au moyen d'un
appareil visé à l'article 195.1 du code.
Le Président (M. Hardy) : Mme la
ministre, vous voulez déposer un document?
Mme Vallée : Oui.
En fait, je ne sais pas, il faut croire que je rends l'exercice épouvantable,
mais on me suggère fortement de
déposer le cahier des commentaires. Mais je ne pense pas que ça va me libérer
de l'obligation de la lecture des articles, par contre.
Document déposé
Le Président (M.
Hardy) : Parfait. Ce document est déposé.
Mme
Vallée : Alors, maintenant, l'article 10. Donc,
l'article 10 du projet de loi, qui est peut-être l'article le plus
au coeur de ce bloc, donc :
L'article 163 de
ce code est modifié par le remplacement du deuxième alinéa par les
suivants :
«Toutefois,
est réputé ne pas contester la poursuite le défendeur qui ne transmet ni
plaidoyer, ni, le cas échéant, la
déclaration visée à l'article 592.1 ou 592.1.1 du Code de la sécurité
routière (chapitre C-24.2), ni la totalité ou une partie du montant
d'amende et de frais réclamé lorsque les conditions suivantes sont
réunies :
«1° il s'agit d'une
infraction visée à la section II du chapitre VI;
«2°
l'infraction a été constatée personnellement par un ou plusieurs agents de la
paix ou personnes chargées de l'application de la loi;
«3° le constat
d'infraction a été signifié au défendeur conformément à l'un des paragraphes de
l'article 157.2, selon le cas;
«4° le défendeur
avait 18 ans ou plus au moment de la perpétration de l'infraction.
«Le
deuxième alinéa ne s'applique pas lorsque le défendeur est un conducteur ou un
locataire qui a été désigné conformément à l'article 592.1 ou
592.1.1 du Code de la sécurité routière.»
Voilà.
Alors, article 11 : L'article 168.1 de ce code est modifié par
le remplacement de «s'il s'agit d'une infraction visée à la section II du chapitre VI» par «dans le cas d'une
poursuite que le défendeur, en application du deuxième alinéa de
l'article 163, est réputé ne pas contester».
L'article 14 maintenant :
L'article 218.2 de ce code est remplacé par le suivant :
«218.2.
La présente section s'applique à l'instruction par défaut des poursuites
relatives aux infractions au Code de la sécurité routière (chapitre
C-24.2) ou à un règlement relatif à la circulation ou au stationnement adopté
par une municipalité lorsque le défendeur, en
application du deuxième alinéa de l'article 163, est réputé ne pas
contester la poursuite.»
Article 15 :
L'article 218.4 de ce code est remplacé par le suivant :
«218.4.
Le juge instruit la poursuite et rend jugement par défaut, en l'absence du
défendeur et du poursuivant, en se fondant sur les documents versés au
dossier.
«Le dossier est constitué :
«1° du constat
d'infraction;
«2° de l'attestation
de l'agent de la paix ou de la personne chargée de l'application de la loi
indiquant qu'il a lui-même constaté
l'infraction et, le cas échéant, que les faits constitutifs de l'infraction ont
été constatés en partie par lui-même et en partie par un autre agent de
la paix ou une autre personne chargée de l'application de la loi;
«3° de l'attestation
de la signification du constat;
«4° dans les cas
visés aux articles 158 et 158.1, de l'attestation de l'envoi de l'avis au
défendeur;
«5°
dans les cas visés aux paragraphes 2°, 3° et 4° de l'article 157.2,
du certificat d'une personne autorisée à cette fin par le poursuivant attestant que la signification du constat a été
faite de la manière et dans le délai prévus au paragraphe applicable;
«6°
dans les cas visés aux paragraphes 2° et 3° de l'article 157.2, du
certificat de la personne autorisée à cette fin par le poursuivant attestant que le constat d'infraction et la
photographie ont été transmis conformément à l'article 592.1 ou
592.5 du Code de la sécurité routière (chapitre C-24.2), selon le cas;
«7° dans le cas visé
au paragraphe 2° de l'article 157.2, du certificat de la personne
autorisée à cette fin par le poursuivant
attestant que le défendeur n'est pas un conducteur ou un locataire désigné
conformément à l'article 592.1 ou 592.1.1 du Code de la sécurité
routière;
«8°
du certificat du greffier ou d'une personne autorisée à cette fin par le
poursuivant attestant que le défendeur n'a
pas, dans le délai prévu à l'article 160, transmis un plaidoyer de
culpabilité ou de non-culpabilité et n'a pas versé la totalité ou une partie du montant d'amende et de
frais réclamé ni, le cas échéant, dans le délai prévu à l'article 592.1 du
Code de la sécurité routière, transmis la déclaration visée à cet article ou à
l'article 592.1.1 de ce code.»
• (17 heures) •
Article 16 :
L'article 218.5 de ce code est modifié :
1°
par le remplacement, dans le premier alinéa, de la deuxième phrase par la
suivante : «Il examine aussi l'attestation visée au
paragraphe 2° du deuxième alinéa de l'article 218.4 et, le cas
échéant, les certificats et l'attestation visés aux paragraphes 4° à 7° du
deuxième alinéa de cet article.»;
2°
par le remplacement, dans le deuxième alinéa du texte anglais, de «has not
entered» par «did not enter» et de «has not paid» par «did not pay»;
3° par l'insertion,
dans le deuxième alinéa, après «réclamé», de «ni, le cas échéant, dans le délai
prévu à l'article 592.1 du Code de la
sécurité routière (chapitre C-24.2), transmis la déclaration visée à cet
article ou à l'article 592.1.1 de ce code»;
4° par le remplacement, dans ce qui précède le
paragraphe 1° du troisième alinéa, de «a été complété» par «et l'attestation de
l'agent de la paix ou de la personne chargée de l'application de la loi ont été
complétés»;
5° par le remplacement du
paragraphe 3° du troisième alinéa par le suivant :
«3° que l'agent de la paix ou la personne
chargée de l'application de la loi a attesté, s'il y a lieu, que les faits constitutifs de l'infraction ont été constatés en
partie par lui-même et en partie par un autre agent de la paix ou une autre
personne chargée de l'application de la loi.»
Article 17... Oui?
Le Président (M. Hardy) : On a un
vote...
Mme Vallée : Ah!
M.
Bédard : Ça sonne?
Le
Président (M. Hardy) : On
est demandés à aller voter. Est-ce
qu'on poursuit après ou si on suspend
les travaux?
Mme Vallée : Ça finissait à
5 heures, alors...
Le Président (M. Hardy) : Ça
finissait à 5 heures.
Mme Vallée : Alors, à demain.
Le
Président (M. Hardy) : Oui.
Donc, compte tenu de l'heure, je lève la séance, et la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 1)