(Douze
heures deux minutes)
La Présidente (Mme Beaudoin) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte.
Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Le mandat de la
commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 3, Loi
modifiant la Loi électorale afin de prévoir des élections à date fixe.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Beaudoin (Mirabel) remplace M. Ferland
(Ungava); M. McKay(Repentigny)
remplace M. Leclair (Beauharnois); Mme Richard (Îles-de-la-Madeleine) remplace
M. Therrien (Sanguinet); M.
Bergman (D'Arcy-McGee) remplace M. Marsan (Robert-Baldwin); M. Dutil
(Beauce-Sud) remplace M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys); et M. Deltell (Chauveau)
remplace M. Duchesneau (Saint-Jérôme).
Étude
détaillée (suite)
La Présidente (Mme Beaudoin) : Nous sommes toujours à l'étude de l'amendement du
député de Beauce-Sud,qui propose d'introduire
l'article 1.1 au projet de loi. Lorsque nous avons ajourné nos travaux hier
soir, Mme la députée d'Acadie avait la parole. Mme la députée de l'Acadie,
il vous reste 17 min 15 s. À vous la parole.
Mme
St-Pierre : Merci, madame, bon matin. Bon matin, M. le Directeur
général des élections, bon matin, chers collègues et bon matin, M. le ministre.
Tout d'abord, Mme la
Présidente, je veux souligner un peu ma déception par rapport à ce qui s'est
passé ce matin au salon bleu après la période des questions lorsqu'il y a eu le
dépôt d'une motion de la part du ministre des Institutions
démocratiques. Je comprends que le ministre des Institutions démocratiques,
évidemment, son projet de loi,c'est
son bébé, et il veut que ce projet de loi là progresse. Mais ce projet de loi
là doit progresser dans le respect justement des institutions
démocratiques. Et, pour moi, moi, je respecte beaucoup le travail des
institutions démocratiques et surtout le
travail de cette commission, qui est si importante, Mme la Présidente, cette
commission parlementaire, puisquenous
parlons de démocratie. Et ce que nous voulons en bout de ligne, ce que nous
voulons en bout de ligne, c'est que le plus de personnes possible
puissent s'exprimer lors d'élections générales.
Nous avons, dans le
passé, il y a quelques mois à peine, adopté un projet de loi pour faire en
sorte que des étudiants aient un meilleur accès au bureau de scrutin. On l'a
fait en ajoutant... en ayant au point de départ, en passant au point de départ aux étudiants de niveau collégial, ensuite
aux étudiants au niveau universitaire — ou
enfin en même temps — puis
on a voulu aussi que cette mesure, ce projet de loi puisse inclure les
étudiants dans les écoles de formation professionnelle.
Alors,
c'est un exercice qui a été un peu plus long que prévu au point de départ, mais
qui, à la fin, a donné vraiment, je pense... Tout le monde était tout à
fait content du projet de loi, et ça s'est fait vraiment à l'unanimité.
C'était
le député de Chauveau qui avait soulevé la question. Personnellement,
évidemment, il avait à coeur cette question-là puisque sa fille étudie
dans un centre de formation professionnelle, dans un très bel endroit.
Une voix :
...
Mme St-Pierre : Oui? Institut. Alors, un institut, dans un magnifique endroit qui est
tout à fait... qui est à côté de mon village natal. Bon. Alors, tout
cela pour dire que je pense qu'à la fin on était tout le monde très contents de
ce projet de loi là, et je suis convaincue qu'à la fin de ce processus nous
allons être très contents parce que ce que nous voulons, en bout de ligne, je
le disais, c'est de faire en sorte qu'on puisse avoir le meilleur projet de loi
possible.
Hier, j'ai posé des
questions au Directeur général des élections sur... en fait, pour qu'il nous
éclaire sur la situation dans les autres provinces. Moi, je considérais que je
n'avais pas suffisamment d'information concernant les autres provinces qui
avaient adopté des projets de loi semblables et qui avaient eu probablement à
discuter et qui ont probablement... soit qu'ils l'ont prévu dans l'écriture ou
ils en ont discuté lors de leurs travaux parlementaires et ils ont vraiment...
ils sont arrivés à un consensus.
Nous
avons devant nous une situation où la demande de l'opposition officielle n'est
pas exagérée. La demandede l'opposition
officielle, c'est de prévoir une zone tampon, une zone tampon qui n'est pas une
zone qui est interminable comme… je pense, c'est en Alberta qu'on parle
de trois mois. C'est en Alberta?
Une voix :
Oui.
M. Drouin (Jacques) : Ce n'est pas
pour les mêmes raisons, par exemple. Pas pour les mêmes raisons.
Mme St-Pierre :
Est-ce qu'on peut demander... puis il va nous éclairer davantage?
La Présidente (Mme Beaudoin) :
Est-ce qu'on a le consentement pour que… M. Drouin?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Beaudoin) : D'abord,
je veux vous souhaiter la bienvenue, ainsi qu'à votre équipe.
M. Drouin (Jacques) : Merci.
La Présidente (Mme Beaudoin) : Vous
avez la parole, M. Drouin.
M. Drouin (Jacques) : Merci, Mme la
Présidente. Désolé pour le retard. En Alberta, ce que j'ai mentionné, c'est que
c'est la période à l'intérieur de laquelle l'élection peut être fixée et non
pas une période pour la reporter. Donc, c'est entre le 1er mars et le
31 mai, qui est la période des élections à date fixe. Voilà.
Mme St-Pierre : Mais vous êtes d'accord
avec moi que c'est encore beaucoup plus large...
M. Drouin (Jacques) : Ça donne un
spectre, c'est sûr.
Mme St-Pierre : ...que ce que les
autres provinces. Et c'est le premier ministre ou c'est le directeur général
qui fixe la date?
M. Drouin
(Jacques) : C'est le
directeur général. En Alberta, il faudrait que je le vérifie. Je ne le sais pas
par coeur, honnêtement, là.
Mme
St-Pierre : Bien, moi, je
pense que ça doit être par la première ministre puisqu'on parle d'une zone
quandmême assez importante. Alors,
je pense que nous sommes... nous approchons de la solution, Mme la Présidente,
et cettesolution-là, elle se veut...
Aussi, ce qu'on propose dans nos discussions, c'est que ça soit laissé à la
discrétion du premierministre ou de
la première ministre. Alors, si la première ministre ou le premier ministre, ou
si une formation politiqueconsidère
qu'il n'est pas nécessaire de reporter pour certaines raisons, bien, ça sera à
la discrétion du premier ministre ou de la première ministre.
Et, quand on
parle d'une zone tampon, moi, dans mon esprit… On a eu le cas des questions des
fêtes religieuses, je pense que notre collègue de D'Arcy-McGee a été assez
éloquent et émouvant, hier, sur cette question. Mais il pourrait y avoir des
cas de force majeure, il pourrait y avoir des cas d'épidémie, il pourrait y
avoir des catastrophes naturelles. On pourrait avoir une situation où on ne
peut pas tenir l'élection à la date là, là, là, pour ne pas dire ici, ici, ici.
Alors, c'est
clair, Mme la Présidente, que, dans notre esprit, il y a un article qui ne se
retrouve plus dans le cahierqui nous
a été, je le répète, remis en début de semaine et qui, selon les informations
que mon collègue de Beauce-Sudnous a
livrées, qui n'avait pas fait l'objet d'un consensus, retiré l'article — à moins qu'on me corrige — 129.1. Est-ceque... Alors donc, cela n'avais pas fait... Puisque le ministre nous a
parlé beaucoup et abondamment, bon, bien, respectezce qui a été dit en Comité consultatif avec le
Directeur général des élections. Eh bien, là, cet article-là qu'on retire, on
apprend qu'il est retiré...
Une voix : Qu'il veut le retirer.
• (12 h 10) •
Mme St-Pierre : ...qu'il veut le
retirer. Bien, en fait, dans la proposition de l'amendement, il est retiré.
Et il y a une piste vraiment, vraiment, vraiment
intéressante et importante qui se trouve dans le projet de loi initial, mais qui disparaît dans le cahier qui
inclut les amendements. Alors, cette piste, c'est l'article 129.1, et je vais
lelire : «S'il constate que le
jour du scrutin déterminé conformément au deuxième alinéa de l'article 129 ne
concorde pasavec les exigences de la
situation, notamment parce qu'il coïncide avec la tenue d'une autre élection,
le Directeur général des élections peut reporter [des] élections au
lundi suivant.»
«Notamment», à
moins que ma définition soit complètement erronée, «notamment» veut dire, je
pense, «par exemple», «notamment»
étant : par exemple, voici un cas où ça pourrait arriver, mais il pourrait
y avoir d'autres cas. Alors, je pense qu'on a ici une belle piste de
solution pour arriver au bout de nos peines dans ce dossier. C'est très important, je le répète, et je pense que... et j'espère
que les gens qui suivent cette commission, et j'espère que les... aussi les
médias qui suivent cette commission vont faire un peu la part des choses. Parce
que faire la part des choses, c'est d'écouter tous les points de vue. Et moi,
je sens que dans les...
Et je fais
une petite... je me permets — ce que je ne fais à peu près jamais — une petite critique : je demande auxjournalistes qui suivent cette commission d'écouter
attentivement ce qui se dit dans la commission, parce qu'il se dit des
choses vraiment importantes.
Et ce qui se
dit ici, c'est que, sur 10 provinces, dans cinq provinces… Il y a les
territoires aussi, mais il y acinq
provinces canadiennes qui ont compris qu'il fallait cette... j'utilise le mot
«zone tampon», là, mais enfin les gens, je pense, comprennent, c'est très
clair, ce que ça veut dire… Il y a cinq provinces qui ont décidé de l'inscrire,
et même, bon, l'Alberta, c'est encore plus large que
cela, là, c'est vraiment une plage de trois mois pour déterminer... je n'appelleplus ça des élections à date fixe, là, je
pense que l'Alberta... enfin, ce n'est pas ma définition d'élection à date
fixe, on pourrait parler d'élection à saison fixe ou... mais pas d'élection
à date fixe.
Une voix : Et encore.
Mme St-Pierre : Et encore. On peut
chevaucher l'hiver et le printemps, et tout ça. Mais je pense que...
Des voix : …
Mme
St-Pierre : Moi, j'en
appelle vraiment à un compromis de la part du ministre qui est responsable des
Institutions démocratiques.
Des voix : …
Mme
St-Pierre : Est-ce
que j'ai dit une bêtise?
Une voix : Non, non, pas du tout.
Mme St-Pierre : Enfin. Je vais
passer dans les «bloopers», c'est ça?
Une voix : Non, non, ça va bien.
Mme St-Pierre : Ça va bien? Bon.
Une voix : Les «bloopers» du
caucus.
La Présidente (Mme Beaudoin) : Mme
la députée, vous pouvez continuer.
Mme
St-Pierre : Merci. Bon,
alors, vous éclairerez ma lanterne un de ces jours. Donc, je me dis qu'il y a
unepossibilité ici de trouver une
solution à cette question qui nous... bien, enfin, qui domine nos travaux
depuis quelques jours maintenant. Nous avons, à notre grande surprise,
découvert que l'article 129.1 avait été... il y a une proposition de retirer... Mon collègue de Fabre m'a corrigée tout
à l'heure, gentiment; il y a une proposition de retirer l'article 129, et,
dans l'article 129, moi, j'y vois vraiment une façon de bien encadrer la
situation.
Et, encore
une fois, si on prend le scénario du Nouveau-Brunswick, qui fait en sorte que c'est
le premier ministre ou la première ministre qui prend cette décision,
bien, à ce moment-là, ça sera le premier ministre, ça va devenir sa
prérogative. Et puisque le premier ministre, même dans la loi... On parle d'élection
à date fixe, mais encore une fois il y a une
petite... il y a quelque chose aussi qu'il faut vraiment souligner, il y aura
toujours, dans ce projet de loi là et quiva devenir loi, la possibilité pour un premier ministre ou une première
ministre de déclencher des élections au momentoù elle ou il jugera opportun. Donc, on est devant quelque chose qui, je
pense, n'est pas quelque chose d'insurmontable. La montagne, elle n'est
pas si haute que cela.
Et le
discours peut très bien en être un où on dit : Bien, nous, nous sommes inclusifs,
nous, nous voulons faireen sorte que
tout... qu'il y ait le plus grand nombre de citoyens possible qui participent
aux élections générales, que letaux
de participation soit le plus élevé possible, et je pense que... Prenons, par
exemple... Mme la Présidente, est-ce que je peux poser une question au
Directeur général des élections?
La Présidente (Mme Beaudoin) : Oui,
on avait le consentement tantôt, alors ça va.
Mme
St-Pierre : Et évidemment ce
n'est pas sur mon temps. M. le Directeur général des élections, je me suisposé la question ce matin, et il y avait des
rencontres et je n'ai pas eu le temps d'aller faire ma recherche : Est-ce
qu'il y aquelque chose dans la loi
qui prévoit, par exemple, s'il arrive un cas de force majeure en Gaspésie et
que toute la régiongaspésienne est
dans une situation où elle ne pourrait pas aller voter? Ça existe? Donc, il y
en a, des possibilités. Vous faites signe que oui, mais...
La Présidente (Mme Beaudoin) : À
vous la parole.
M. Drouin
(Jacques) : Merci, Mme la
Présidente. On peut prolonger les heures du scrutin, comme je le mentionnais, on peut changer le jour du scrutin,
mais on ne peut pas déplacer toute la période électorale, à l'heure actuelle,dans ce qu'on a dans la loi. Donc, si un
scrutin doit être prolongé pour une raison ou pour une autre ou il doit être
reportéparce que ce jour-là il y a
une inondation, on a ce qu'il faut pour le faire, mais on n'a pas la
possibilité de changer la période électorale au complet.
Mme St-Pierre : Quel est le terme qui est utilisé dans la loi
présentement? Le choix… Est-ce que c'est les exigences de la situation?
M. Drouin (Jacques) : «Si le scrutin n'a pu [être commencé] à l'heure
fixée, a été interrompu par force majeureou n'a pu être terminé en raison d'un manque de bulletins, le Directeur
général des élections peut prolonger les heures de scrutin dans la
mesure qu'il détermine pour le bureau de vote concerné.» Alors, c'est assez
restreint comme...
Mme St-Pierre : Donc, alors, les mots clés, c'est «force majeure». «Cas de force
majeure» pourraient être lesmots
utilisés où on peut travailler sur une... puisqu'on voit bien, là, que notre
libellé ne satisfait pas le gouvernement, onpeut... Moi, je propose que nous puissions travailler ensemble à un...
quitte à suspendre les travaux. Je l'ai vu, moi, dansdes projets de loi que j'ai fait, on a suspendu
les travaux, on s'est mis toute l'équipe ensemble et on a rédigé des articles.Ça se fait, là, ce n'est pas inusité. Les
choses peuvent se faire. On pourrait travailler ensemble à une rédaction qui
pourrait convenir tant de notre côté que du côté du gouvernement.
Nous
avons, pour nous, vraiment la volonté d'adopter ce projet de loi là, on l'a
dit, on a été très clairs là-dessus.Mais
nous avons aussi la très grande volonté d'arriver avec un projet de loi qui va
satisfaire tout le monde. On ne peutpas,
je le répète, on ne peut pas adopter un projet de loi, Mme la Présidente, qui
ne sera pas à l'unanimité à l'Assemblée nationale lorsqu'on parle d'une
loi sur les élections qui modifie la Loi électorale. Ça ne se peut pas. Nous
sommes en démocratie, il faut arriver à...
il faut trouver une solution. Nous ne pouvons pas nous présenter, et le
ministre ne pourrapas moralement, à
mon avis, se présenter devant la Chambre et dire que ce projet de loi là
satisfait l'ensemble, l'ensemble des Québécois. Ça ne pourra pas se
produire.
Et
peut-être que des petits gains... Peut-être qu'il y a des gains politiques qui
peuvent se faire à court terme, dansl'opinion
publique, mais, à long terme, ces choses-là — et j'en appelle au député de Chauveau — vont
rattraper l'ensembledes
parlementaires, parce que, l'ensemble de parlementaires, nous représentons...
nous sommes 125, représentant tout le Québec, et il faut que, lorsqu'on arrive
avec des lois comme celle-là, nous puissions dire haut et fort que cette
loi-là, c'estla loi qui vraiment
représente l'ensemble des Québécois et qui va faire en sorte que l'ensemble des
Québécois va pouvoirs'exprimer, et
qu'on désire et qu'on souhaite qu'il y ait un plus grand nombre... que le taux
de participation soit plus élevé,quoique
vous nous avez révélé cette semaine que ça n'avait pas changé grand-chose dans
les provinces où il y a un taux...les
élections à date fixe. Mais je vais garder mon jugement là-dessus, parce que
moi, je me dis que les provinces qui ontdes élections à date fixe, elles l'ont fait pour augmenter leur taux
de... participation, pas de satisfaction, mais de participation.Je pense qu'ils n'ont pas... enfin, ce n'est pas
la meilleure solution, il y a d'autres solutions pour cela. Combien il me reste
de temps?
• (12 h 20) •
Une voix :
...
Mme St-Pierre : Il me reste deux minutes. Alors, je vais conclure là-dessus. L'essentiel
de mon message, c'estvraiment :
favoriser la démocratie. Je parle de souplesse. J'en appelle à ce que nous
puissions travailler ensemble, que nous nous assoyons ensemble pour
faire un libellé qui, vraiment, va convenir à l'ensemble des parlementaires. Et
je pense que les plus gagnants dans tout
cela, ce seront les Québécois, ce seront les Québécois qui vont ressortir
gagnants d'une loi qui aura été adoptée au salon bleu à l'unanimité sous
les applaudissements de 125... bon, on va exclure le président, 124 députés. Et ça, je pense que c'est ça qu'il faut qu'on
arrive à... Moi, pour moi, là, la piste d'atterrissage, elle est là.
La Présidente (Mme Beaudoin) : M. le ministre, vous avez votre droit de réplique
pour cinq minutes. À vous, la parole.
M. Drainville : Merci. J'aimerais m'adresser au Directeur général des élections. À l'article
490, il est écrit : «Si,pendant
la période électorale ou pendant une période de recensement ou de révision, le
Directeur général des électionsconstate
que, par suite d'une erreur, d'une urgence ou d'une circonstance
exceptionnelle, une disposition de la présente loi ne concorde pas avec
les exigences de la situation, il peut adapter cette disposition pour en
réaliser sa fin.
«[…]Il
doit cependant informer préalablement les partis autorisés représentés à l'Assemblée
nationale de la décision qu'il entend
prendre et prendre tous les moyens nécessaires pour informer les autres partis
autorisés, les candidats et les électeurs visés de la décision qu'il a
prise.»
Donc,
si pendant... Là, je refais une lecture, là, en allant à l'essentiel. Si,
pendant la période électorale, une urgence ou une circonstance
exceptionnelle se produit, le DGE peut adapter cette disposition. Donc, la
disposition, une des dispositions, ça pourrait être le...
Une voix :
Le jour du scrutin.
M. Drainville : ...le jour du scrutin — merci beaucoup, M. le député de
Beauce-Sud — bon.
Alors là, je me posela
question : Est-ce que 490 pourrait vous permettre de reporter, d'informer
les partis qu'à cause d'un déluge, d'un verglas,d'un tremblement de terre, d'une épidémie, par exemple, de H1N1, vous
jugez que le scrutin ne peut pas être tenu et doncvous demandez de pouvoir le reporter? Est-ce que
cet article 490 vous permettrait de le faire? En d'autres mots, pour faireencore plus simple : Est-ce que l'article
490 pourrait vous permettre de reporter le scrutin en cas de force majeure
défini au sens de catastrophe naturelle, par exemple?
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. Drouin...
M. Drainville : Ou les crises
de santé publique.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : À vous la parole.
M. Drouin (Jacques) : Merci, Mme la
Présidente. L'article 90...
M. Drainville : 490.
M. Drouin (Jacques) : 490, pardon,
commence de la façon suivante : «Si, pendant la période électorale...»
Donc, on comprend que l'élection est déjà en cours. Donc, ça...
M.
Drainville : Mais ça dit
aussi : «Pendant une période de recensement ou de révision», ce qui
pourrait laisser entendre que c'est... Bien, oui, la campagne a débuté,
mais le scrutin ne s'est pas tenu, là.
M. Drouin
(Jacques) : Oui, mais c'est
pendant la période électorale ou la période de révision, qui est, de toute
façon, à l'intérieur de la période électorale.
M. Drainville : Bien sûr, bien sûr.
M. Drouin
(Jacques) : Là, il y a une
petite différence, maintenant, parce que, bon, il n'y a plus de recensement
en période électorale, mais il peut quand même y avoir un recensement sur
recommandation du Directeur général des élections.
Mais, dans notre interprétation à nous — et, si on veut aller plus loin, je
demanderai à Me Coulombe de vousen
parler — mais,
pour nous, ça ne s'appliquerait pas à une telle situation. C'est l'avis qu'on a
reçu quand on a fait les recherches, comme je vous avais mentionné hier
ou avant-hier, là, sur la grippe H1N1.
M.
Drainville : Très bien.
Merci. Alors, dans le fond, Mme la Présidente, la question, à ce moment-là, que
j'aimerais poser à la députée de l'Acadie
ou, sinon, à un autre député de l'opposition officielle, s'ils souhaitent y
répondre,c'est la suivante :
Est-ce que c'est possible pour vous de nous définir ce que vous entendez par
«force majeure»? Et est-ceque la
définition de «force majeure» que vous évoquez, elle... Est-ce que vous pouvez
déposer une définition de ce que c'est, un cas de force majeure, pour
vous? On aimerait ça savoir exactement de quoi on parle avant d'aller plus
loin.
La Présidente (Mme Beaudoin) : Bon,
je vais vous dire, il reste 3 min 5 s pour le député de Beauce-Sud
et 13 min 35 s pour le député
de D'Arcy-McGee. M. le député de Fabre... pas de Fabre, excusez-moi, député de
Beauce-Sud, à vous la parole.
M.
Dutil : Merci, Mme la
Présidente. La question que pose le ministre est importante. Et ce que nous, on
aimeraitsavoir, c'est : Est-ce
que «force majeure», ou «ne concorde pas avec les exigences de la situation»,
comme on le retrouvedans l'article
490 ou comme on le retrouvait dans le projet qui nous avait été déposé
initialement, que le ministre veut éliminer,
là, ne seraient pas des synonymes? C'est quoi, ça, «ne concorde pas avec les
exigences de la situation»? Notreinterprétation,
c'est des cas qui ne sont pas prévus, qui sont imprévisibles et qui, par
définition, ne peuvent pas être définis.C'est ça, la chose. Qu'est-ce qui peut se produire dans l'avenir? Il
peut se produire 56 000 choses différentes, et c'est cette
souplesse-là que l'on recherche.
Et on a très bien compris que notre amendement
va être défait tout à l'heure parce qu'on ne veut pas voir apparaître les mots
qui apparaissent dans d'autres législatures. On a très bien compris ça. Mais
nous, on cherche une solution, une soupape,
une définition correcte. Puis que veut dire «ne concorde pas avec les exigences
de la situation»?Bien, à mon avis,
ça veut dire tout ce qui peut se produire dans la vie courante d'une société
qui font que le gros bon sensdit au
Directeur général des élections : Bien non, on ne peut pas faire l'élection
cette journée-là, ça ne marchera pas. Il y a de quoi qui ne va pas, là.
La Présidente (Mme Beaudoin) : M. le
député de Chauveau, à vous la parole.
M.
Deltell : Mme la Présidente,
je ne veux pas faire du droit parlementaire, là, et commencer à se perdre dans
les méandres, mais je tiens quand même à rappeler qu'on est actuellement sur l'étude
d'un amendement proposé par l'opposition
officielle. Si je me fie aux propos entendus immédiatement par le député de
Beauce-Sud, bien, cet amendement-là, ils sont quasiment prêts à le
retirer. Bon, si c'est le cas, qu'ils le manifestent.
Dans un
second temps, la députée de l'Acadie émet une hypothèse qui mérite d'être
analysée. Mme la Présidente, avec
respect pour mes collègues, je les invite à le formuler dûment, qu'ils en
fassent la proposition, et que nous pourronsdébattre sur un texte. Là, on parle de... Il y aurait... C'est quoi, le
«force majeure»? Est-ce qu'on parle de cataclysme?Est-ce qu'on parle de... Écoutez, on veut savoir
de quoi on parle, là. Et je sais que j'ai à côté de moi des gens de qualité,des gens sérieux, rigoureux, qui aiment
travailler sur des textes. Je les invite à formuler par écrit leurs
propositions sur lecas de force
majeure, qu'on puisse en débattre sereinement et avec un esprit positif, comme
celui qui nous anime actuellement, puis on pourra voir où est-ce qu'on
se dirige.
Maintenant,
Mme la Présidente, sans vouloir en faire une question de directive, est-ce qu'on
doit prendre au pied de la lettre le propos du député de Beauce-Sud, qui a dit
tout à l'heure que, bon, bien, notre amendement, on sait qu'il va être
battu? Bien, si c'est le cas, qu'on passe au vote sur cet amendement-là et qu'on
attende un autre amendement de l'opposition officielle.
La
Présidente (Mme Beaudoin) : M. le député de Beauce-Sud, il vous reste
1 min 40 s.
M. Dutil :
Alors, Mme la Présidente, oui, j'ai très bien été compris par le député de
Chauveau. Nous, on pense que c'était une bonne mesure que celle du
Nouveau-Brunswick. Mais, par souci de compromis, sachant que ça ne reçoit pas l'aval
du ministre et que ça ne reçoit pas l'aval du député de la deuxième opposition,
on se dit : Est-ce qu'il y a une autre proposition qui pourrait être
faite? On n'a pas d'objection à passer au vote sur celle-là parce que,
malheureusement, bien que ce soit une bonne idée, elle sera défaite, on le
sait. Et puis, on va passer à quelque chose qui, à notre avis, a plus de
chances de recevoir l'aval des deux autres formations politiques.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. le député de Chauveau.
M. Deltell :
Bien, alors, Mme la Présidente, je laissais tout le temps nécessaire à l'opposition
officielle de s'exprimer sur leur
amendement, là. Je crois comprendre que c'est fini. J'aimerais quand même
utiliser mon temps de parole pour cet
amendement-là. Et je pense qu'on va en faire oeuvre utile puisque l'opposition
officielle aura le temps, àce
moment-là, de rédiger comme il se doit l'amendement sur lequel ils travaillent
concernant la question des catastrophes naturelles.
Mme
la Présidente, ce n'est pas agréable, ce qui se passe actuellement puis ce n'est
pas agréable, ce qui se passe depuis deux jours, particulièrement depuis
hier soir, alors que les reportages ont commencé à être diffusés. C'est une situation qui est malheureuse, et, pour arriver à
cette situation-là... Il est important de rappeler les faits et les
circonstances qui nous ont amenés à ça.
Il
faut savoir que la question des élections à date fixe, ça fait partie du débat public
depuis, mon Dieu, 15, 20 ansfacilement.
Les partis politiques, au fil des années, se sont prononcés là-dessus, certains
pour, certains contre. Et on estarrivés
à l'élection de 2012, où les positions étaient bien campées, que ce soit le
Parti vert, Option nationale,Coalition
avenir Québec, Parti québécois, Québec solidaire. Voilà des partis politiques
qui avaient clairement dit : Nous sommes
en faveur des élections à date fixe. Bien. Il y avait également le Parti
libéral, dirigé à l'époque par M. le premierministre Jean Charest, qui n'était pas en faveur de ça, et c'est tout à
fait pertinent, logique et responsable d'avoir cetteposition-là, puis je le respecte. M. Charest, le
premier ministre Charest avait toujours eu... avait eu l'occasion de le dire
à plusieurs reprises : Ça peut causer plus de problèmes qu'autre chose. Et
ça fait partie du débat public, et ça évolue, Mme la Présidente.
• (12 h 30) •
Dois-je
rappeler... Je me souviendrai tout le temps de la déclaration du premier
ministre Lucien Bouchard, qui avait
dit… je résume en mes mots, mais il avait dit : C'est peut-être le seul
dernier pouvoir qu'il me reste, c'est bien certainque je vais me battre pour le garder. Fin de la
citation, de mémoire. Alors, oui, ça évolue. Donc, on comprend qu'un parti
politique peut être contre puis, quelques mois plus tard, être pour. C'est correct,
ça fait partie du débat public.
Donc,
la position était campée. On se retrouve le 5 septembre 2012, au lendemain de l'élection.
On a un gouvernement dûment élu par la population et qui, dans son
programme, a la position des élections à date fixe. Bien. Arrive le mois de novembre. Ça ne fait même pas
trois semaines qu'on siège et déjà le ministre des Institutions démocratiques dépose le projet de
loi n° 3, qui prévoit des élections à date fixe. On est au mois de
novembre, Mme laPrésidente. Tout de
suite, la Coalition avenir Québec a dit : «La proposition telle que formulée ne nous plaît pas. Noussouhaitons que les élections n'aient pas lieu le
dernier lundi de septembre, mais bien plutôt le premier lundi d'octobre.Il y a eu des discussions, formelles,
informelles et finalement, bien, le gouvernement a accepté notre proposition.» Maisje
vous rappelle, Mme la Présidente, qu'on est en novembre. Et, à moins que j'aie
manqué quelque chose, c'est probable, mais je n'ai entendu aucune
observation concernant les fêtes religieuses, aucune. On est au mois de
novembre.
Pour
expliquer aux gens qui nous écoutent comment ça fonctionne, parce qu'on entend
parler du comité directeur,du Comité
consultatif, ce qu'il faut savoir, c'est que le DGE a un organisme qui s'appelle
le Comité consultatif, où des partis politiques dûment représentés à l'Assemblée
nationale ont des représentants. Ça nous permet de débroussailler le
terrain, d'essayer de s'entendre à portes closes pour essayer de voir, pour
faire des débats à coeur ouvert, appelons ça comme
ça, pour voir jusqu'où on pourrait trouver des terrains d'entente. Et, lors de
ces rencontres-là — il y en
a eu trois,rencontres concernant le
projet de loi n° 3, ce dont on parle actuellement — il y a un consensus qui s'est dessiné. Et,
jeme permets de la répéter, par
respect pour cette grande institution qu'est le Parti libéral, j'avais fait la
proposition d'attendrel'élection du
nouveau chef de ce parti-là, puisqu'on sait que les trois candidats à la
chefferie du Parti libéral avaient despositions
qui ne concordaient pas. Certains étaient pour, d'autres contre, on ne sait pas
trop, d'autres : Bon, tiens, pourquoi pas? Et c'est correct. C'est
correct, je n'ai pas de jugement à porter là-dessus. Donc, par respect pour ce
grand parti politique qu'est le Parti
libéral, j'avais proposé d'attendre l'élection, donner une bonne dizaine de
journées pour que lesgens puissent
se remettre d'aplomb puis avoir le... Puis, si on n'est pas d'accord, on n'est
pas d'accord, on le dit. Si on est d'accord, on est d'accord. Et donc
arrive la fin du mois de mars, où le consensus se fait au comité directeur, où
là, on dit : Bon, bien, c'est beau. On s'entend pour que l'élection à date
fixe ait lieu le premier lundi d'octobre. On est au mois demars, Mme la Présidente. Et, là encore, à moins
que j'aie manqué quelque chose, d'aucune façon, personne dans le débat
public n'a émis la question des fêtes religieuses. D'aucune façon.
La
semaine dernière, on apprend que le projet de loi va être ramené, étude article
par article, pour cette semaine.Bien.
On a des échanges informels entre les collègues. C'est normal, ça fait partie
du travail. Vers quoi tu te diriges? Est-ceque ça va? Oui, ça va. Bon, bien. Et là, lorsque le travail commence en
commission parlementaire, le Parti libéral, par la voix de son distingué député
de... D'Arcy-McGee, pardon, D'Arcy-McGee, nous met en lumière cette réalité-là,
que la date du 3 octobre 2016 correspond à une fête religieuse. Nous l'apprenons
comme tout le monde l'apprend ici en commission parlementaire. Bon.
Est-ce qu'il aurait été
souhaitable qu'une fois informés de ça on ait des discussions préliminaires, de
façon informelle, pour essayer de voir
comment on peut trouver un terrain d'entente? Probablement. Cela dit, Mme la
Présidente, je ne suis pas ici pour
jouer mon gérant d'estrade puis faire «rewind», là : on n'est pas capables
de revenir dans le temps. Bien, prenons les faits tels qu'ils sont. Nous
sommes placés devant cette réalité-là.
Et je dois
rappeler quelque chose d'important, Mme la Présidente, parce que la question,
le point en question, c'est que dans
la loi c'était écrit que l'actuelle législature allait être dissoute et que des
élections auraient lieu le 3 octobre 2016.Mais, Mme la Présidente, il n'y aura pas d'élection le 3 octobre 2016 et
nous le savions tous. Pourquoi? Parce que nousavons devant nous un gouvernement minoritaire qui peut, du jour au
lendemain, mardi prochain, pourrait être renversé en Chambre, peut être
renversé, donc déclencher des élections. Donc, c'était une date virtuelle. Et
tout ce qu'on a fait pendant les deux jours
suivant la déclaration du député de D'Arcy-McGee, c'est un débat virtuel, parce
que ça ne concordaitpas avec la
réalité des faits. Nous savons tous que le gouvernement minoritaire va être
battu avant la fin de son échéance électorale.
Je dois
rappeler aussi, Mme la Présidente, et le point est important, le projet de loi
dont on parle actuellement,c'est un
projet de loi qui a une force morale, point. Ça n'a pas une force légale,
constitutionnelle au sens propre du terme. Pourquoi? Parce que la
Constitution canadienne prévoit que c'est le lieutenant-gouverneur qui a et qui
conserve le pouvoir de dissoudre la Chambre.
Si on veut retirer ce pouvoir-là au lieutenant-gouverneur, il faut rouvrir la
Constitution.Il y a-tu quelqu'un qui
veut rouvrir la Constitution? Oui, il y en a un qui l'a dit, le 18 octobre...
le 18 mars dernier, qu'ilsouhaitait
rouvrir la Constitution, mais je pense qu'il s'est repris depuis. Bon. Alors,
moi, je n'en connais pas beaucoup, d'acteurs politiques, actuellement,
qui souhaitent rouvrir la Constitution.
Alors, c'est
ça, Mme la Présidente. Et, d'ailleurs, pour l'article 1, qu'on vient... qu'on a
adopté hier, il est bien prescrit que le pouvoir ultime appartient au
lieutenant-gouverneur parce que c'est inscrit dans notre Constitution. Alors, la loi qu'on vote actuellement, ce qu'on
débat depuis deux jours puis qui semble vouloir enflammer le débat public,c'est un poids moral et non un poids
politique et constitutionnel réel. Bon. C'est quand même important de prendre
ça en note, là.
Et donc on
arrive avec le débat qui nous a amenés là-dessus. Et je tiens à le rappeler,
Mme la Présidente : Avantl'intervention
pertinente et intéressante du député de D'Arcy-McGee mardi, ici, en commission
parlementaire, publiquement, jamais, ni de façon formelle ou informelle,
nous n'avions été avisés de cette réalité-là. Bon. Qu'est-ce qu'on fait, à ce moment-là? Eh bien, on débat du
fond des choses. On débat du fond des choses. Et nous avons tenu à lemaintenir, je le répète : La Coalition avenir
Québec tient la position à l'effet qu'il faut avoir des élections à date fixe
et que le compromis auquel nous sommes tous arrivés, du premier lundi d'octobre,
était pertinent.
Il y a des
amendements qui ont été amenés par l'opposition officielle, des amendements qui
ont fait en sorte qu'ils proposaient d'autres dates. Quatre, en fait,
ont été proposées. Mal leur en prit, Mme la Présidente, mal leur en prit. Premier amendement proposé par l'opposition
officielle, c'était quoi? Revenir à la proposition initiale du gouvernementqui concernait le dernier lundi du mois de
septembre. Ça tombe mal, il y a une fête juive, les années 2015 puis 2018. C'estembêtant, Mme la Présidente, parce qu'ils
ont fait tout un tabac, qui mérite d'être fait, dans le débat public, concernant
le fait que la date prévoyait une élection
alors que l'élection était prévue pour une fête juive. Bien. Mais là la
proposition qu'ils nous ont faite amenait une fête également. Première
erreur.
Seconde
proposition, dernier lundi d'octobre. Ça tombe mal, ça tombe le 31 octobre. Le
Parti libéral voulait qu'on aille en élection le jour de l'Halloween. Ce
n'est pas un point de vue que je partage. Donc, l'amendement a été battu.
Troisième amendement, premier lundi de novembre,
le lendemain des élections municipales, exactement le contraire de la situation. Dommage, Mme la Présidente. À partir du
moment où on inscrit dans la loi qu'on veut faire lepremier lundi de novembre, il peut arriver, dans
les 50 années à venir, que ça tombe le lundi, le lendemain d'une élection
municipale. Ça ne marche pas.
Et, le
dernier, textuellement : sept jours après le premier lundi de l'Action...
le premier lundi du mois d'octobre, donc on tombe la journée de l'Action
de grâces. Un, deux, trois, quatre. Quatre propositions, quatre propositions
qui, malheureusement, ne tenaient pas la route.
Il me reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Beaudoin) : Une
seconde.
M. Deltell : Une seconde? Ouf!
La Présidente (Mme Beaudoin) : Non,
excusez, je vais répondre dans une seconde. 10 minutes.
• (12 h 40) •
M.
Deltell : Ah! D'accord.
Bien. Revenons au fond des choses. Donc, on se dit : Est-ce qu'on doit
être capablesde se trouver un
terrain d'entente? Parce qu'on se comprend qu'il n'y a pas de date magique,
hein? On se comprend tous, là,il y
aura toujours des dates qui feraient friction puis tout ça, et on accepte ça.
Mais, après quelques recherches, le gouvernement nous a amené certains
éléments qui méritent réflexion. Il y a une centaine de fêtes religieuses, Mme
la Présidente, pendant l'année, et, pour la
plupart, ces fêtes religieuses là sont à date variable. Donc, c'est difficile
de trouver une date qui pourrait vraiment faire l'affaire. Ça va être
difficile.
Et, l'autre
point que ça amène, Mme la Présidente : Quelle importance doit-on accorder
à telle fête religieuse parrapport à
telle autre fête religieuse? Et je le dis avec grande modestie : Qui
suis-je, moi, pour décider qu'une fête religieuseest importante et l'autre ne l'est pas? Qui
suis-je? Je ne me sens strictement aucune autorité morale et même humaine dedéfinir c'est quoi, une fête religieuse
importante puis l'autre qui ne l'est pas. Sincèrement, là, je ne me vois pas
là-dedans.
J'ai, dans ma
circonscription, Mme la Présidente, participé à la sacralisation de l'église
orthodoxe roumaine. Les Roumains de la
région de Québec se sont donné la main pour créer leur propre église — église au sens petit «e» duterme — et ils ont acheté une vieille, magnifique
église, ancienne église anglicane qui était dans ma circonscription, juste àcôté de l'aréna, à un mille d'où j'ai
grandi, où j'ai passé ma vie. Et voilà que cette communauté-là a décidé de
faire renaîtrecette chapelle, qui
avait été mise de côté parce qu'il n'y avait plus de fréquentation. Et j'ai
assisté à la sacralisation de cette église-là il y a un mois. Le 8 mai
dernier, si mes souvenirs sont bons, c'était leur fête de Pâques, j'y étais. C'est
touchant de voir ça, j'aime voir ça. Je suis ému de voir ces gens-là qui
croient, qui sont animés par la croyance.
Mais est-ce
que pour moi c'est une fête, ça, qui est plus importante qu'une autre? Je suis
qui, moi, là, pour déciderqu'il y a
une fête religieuse plus importante que l'autre? Non, Mme la Présidente, ce n'est
pas à moi à décider ça, c'est àchacun
d'entre nous de vivre la foi qui nous anime, avec tout le respect que j'ai,
tout le respect que j'ai pour toutes les religions puis toutes les fois. Puis ceux qui me connaissent le savent,
je suis très attentif à ça. D'où le fait que j'ai trouvémalheureux des propos qui heureusement ont été
effacés récemment. Bien. Donc, peut-on définir qu'est-ce qu'une fête
religieuse plus importante qu'une autre? Non, Mme la Présidente. Je ne me sens
pas à l'aise de faire ça.
Le gouvernement, le ministre a amené un bon
point auquel je n'avais pas pensé, et je l'ai trouvé pas pire : les élections municipales et les élections scolaires
ont lieu le dimanche. Je suis romain catholique baptisé, comme la plupart
des bons vieux «Canayens» français, comme on disait dans le temps. Je suis né
en 1964, c'est clair, j'ai été baptisé catholique. Je vais à l'église aux
grandes fêtes, et évidemment j'ai passé mon enfance à aller à l'église le
dimanche, comme tout le monde. Bien,
justement, le dimanche, c'est une journée religieuse. Pourtant, on a des
élections scolaires,des élections
municipales. Est-ce qu'on doit ne plus tenir les élections scolaires et municipales
parce que c'est le dimanche, puis le
dimanche, c'est une journée sacrée pour la religion catholique, puis on sait
que la religion catholique, ça a été le ciment de la nation
canadienne-française pendant les 200 ans suivant la colonisation? Non, non. Et
ça se vit bien. Et combien de gens, Mme la
Présidente — j'ai
déjà été candidat au municipal — allaient voter le dimanche à l'église puisaprès ça… pardon, allaient à l'église le
dimanche, le matin, et après ça allaient voter? Puis c'est correct, ça fait
partie destraditions, puis c'est
beau, puis c'est normal, puis c'est respectable, puis on aime ça. Donc là, Mme
la Présidente, ça cause ce point-là de réflexion.
Mais l'argument
qui est vraiment, à mon point de vue, fort et pertinent, c'est le précédent. On
n'est pas en droitnouveau ici, Mme
la Présidente. On l'a mentionné tout à l'heure, il y a 10 législatures
canadiennes — fédérale,
provinciales et territoriale, Territoires du Nord-Ouest — qui
ont des élections à date fixe. Là-dessus, il y en a cinq qui ont des exceptions
concernant justement des fêtes patrimoniales et religieuses… culturelles et
religieuses, pardon, et cinq qui n'en ont
pas. C'est 50-50, c'est le cas de le dire; alors, la moitié qui sont pour, l'autre
moitié qui sont contre. On voit que ce n'est pas tranché au couteau. C'est
quand même très équilibré comme débat.
Et le
précédent, Mme la Présidente, est arrivé pas au XIXe siècle; il y a cinq ans,
même pas, quatre ans et demi :l'élection
fédérale de 2008 a eu lieu lors d'une fête religieuse juive. En aviez-vous
entendu parler, Mme la Présidente? Moi,
non. Je n'étais pas actif politiquement parlant. Chacun a à faire ses
occupations. J'avoue que je n'avais pas été saiside cette situation-là. Est-ce que ça fait partie
du débat public? Peut-être. Mais je n'ai pas été saisi de ça, comme bien desgens. À juste titre, hier, le député de D'Arcy-McGee
rappelait que la décision avait été prise par le premier ministre Harper,
un homme qui... le moins qu'on puisse dire,
on ne peut pas être… on ne peut pas douter de son amitié pour lacommunauté juive. M. Harper a pris sa décision
sans le savoir. Le député de D'Arcy-McGee nous a informés hier que,
lorsque la communauté juive a pris acte de cette situation-là, ils ont informé
le cabinet du premier ministre, et le premier
ministre a reconnu — et
selon les propos du député de D'Arcy-McGee, que je fais miens — que
c'était une erreur de bonne foi. Bien.
Alors, qu'est-ce
qu'on fait? On ne pouvait pas arrêter le processus électoral, le gouverneur
général avait donné sasanction.
Bingo! C'était parti. Alors, qu'est-ce qu'on a fait? Eh bien, on s'est adapté,
on s'est adapté. On a obtenu des…Les
gens sont allés voter par anticipation. Et donc on a tous mis de l'eau dans
notre vin, et tous les gens se sont entendus pour que ça fonctionne.
Et, Mme la
Présidente, je tiens à citer le rapport qui a été fait par le Directeur général
des élections, enfin, ÉlectionsCanada,
dans lequel il est écrit... que l'on parle justement de cet anniversaire-là...
la date… l'anniversaire du Soukkoth…pardon,
la fête du Soukkoth. Il est dit — il y a deux phrases qui sont importantes
là-dedans : «…la date choisie aurait puempêcher certains électeurs de voter.» C'est vrai. Et l'autre phrase
aussi qui est importante, c'est que : «B'nai Brith Canada,[qui est l']organisme représentant la communauté
juive, a assuré que cette communauté n'y verrait pas d'offense.» Voilà.Et qu'est-ce qui s'est passé, Mme la Présidente?
On s'est arrangés pour que les gens puissent aller voter par anticipation,qu'on a mis des tables supplémentaires, du
personnel supplémentaire. Et résultat, tel que le dit le rapport de les
Élections Canada : «Un taux […] supérieur à la moyenne nationale pour
le vote par anticipation.»
Donc, ça se
fait, Mme la Présidente. On est capables d'avoir une élection générale lors d'une
fête importante pourune communauté
quand les gens sont avisés, et quand les gens se préparent, et quand le DGE ou
Élections Canada metl'épaule à la
roue pour qu'on puisse le faire. Le précédent existe, Mme la Présidente, et le
précédent a été conclu... a été couronné de succès.
Mme la
Présidente, je trouve ça triste, le débat auquel nous assistons actuellement,
je ne vous le cacherai pas. Je trouve ça malheureux, et je trouve ça dommage.
Il y a des propos malheureux qui ont été tenus. On s'est excusés, tantmieux, bravo, mais on sent que la situation est
tendue, et c'est triste. Nous avons un consensus qui existait, qui mérite
d'être tenu. Mais je vous rappelle, Mme la Présidente, et il y a eu un
précédent au fédéral, initié par le gouvernement conservateur de Stephen
Harper — erreur
de bonne foi mais quand même, ça a eu lieu — où il y avait eu... l'élection
avait lieu la journée d'une fête juive, mais
ça a fonctionné. On a été capables de tenir l'élection, et la communauté a pu
s'exprimer. Il y a même eu un vote participation... vote par anticipation
supplémentaire.
Bref,
Mme la Présidente, j'invite tout le monde à soutenir la proposition qui fait en
sorte que nous avons des élections à date fixe pour... prévues, tel que convenu
de consensus, le premier lundi d'octobre.
La Présidente (Mme Beaudoin) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions
concernant l'amendement du député de Beauce-Sud? M. le ministre, vous
avez votre droit de réplique comme toujours.
M. Drainville : Non, je vous remercie, Mme la Présidente. Je pense que le moment est
probablement venu de voter sur l'amendement.
La Présidente (Mme Beaudoin) : S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement introduisant le
nouvel article 1.1 est adopté?
Des voix :
Adopté.
M.
Drainville : Je vais proposer ou... Je ne sais pas comment il faut le
dire, là...
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Alors, est-ce que vous demandez un appel par vote nominal?
M.
Drainville : Oui, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Mme la secrétaire.
La
Secrétaire : M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil :
Pour.
La
Secrétaire : Mme St-Pierre (Acadie)?
Mme
St-Pierre : Pour.
La
Secrétaire : M. Ouimet (Fabre)?
M. Ouimet
(Fabre) : Pour.
La
Secrétaire : M. Bergman (D'Arcy-McGee)?
M. Bergman :
Pour.
La
Secrétaire : M. Deltell (Chauveau)?
M. Deltell :
Contre.
La
Secrétaire : M. Drainville (Marie-Victorin)?
M.
Drainville : Contre.
La
Secrétaire : M. Cardin (Sherbrooke)?
M. Cardin :
Contre.
La
Secrétaire : Mme Richard (Îles-de-la-Madeleine)?
Mme Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Contre.
La
Secrétaire : M. McKay (Repentigny)?
M. McKay :
Contre.
La
Secrétaire : Mme Beaudoin (Mirabel)?
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Contre.
La
Secrétaire : Rejeté.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Donc, le nouvel article 1.1 est rejeté. M. le député de
Beauce-Sud, est-ce que vous voulez intervenir?
M. Dutil : Bien, Mme la Présidente,
nous avons un nouvel amendement à proposer, et si ça...
La Présidente (Mme Beaudoin) :
Est-ce que vous voulez en faire la lecture?
M. Dutil : Oui, si on veut procéder
de la façon formelle, là, je pense que j'en fais la lecture puis...
Alors :
1.1. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 129, de l'article suivant :
«129.0.1. S'il constate que le jour du scrutin
déterminé conformément au deuxième alinéa de l'article 129 ne concorde pas avec
les exigences de la situation, le directeur général peut reporter les élections
au lundi suivant.»
La Présidente (Mme Beaudoin) : On va
suspendre quelques minutes pour analyser la recevabilité et faire des copies.
(Suspension de la séance à 12 h 49)
(Reprise à 12 h 52)
La Présidente (Mme Beaudoin) : À l'ordre,
s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. M. le député de Beauce-Sud, à vous
la parole.
M.
Dutil : Oui. Alors, Mme la
Présidente, je pense que là on a une formule qui s'en va vers ce qu'on se
rapproche, mais il y aurait
probablement lieu, étant donné qu'on est tout près de la fin de la séance, de
suspendre nos travaux. Et donc je suggère une motion d'ajournement, nous
permettre de décanter tout le monde, de revenir la semaine prochaine et d'être
en mesure, je pense, de trouver une solution raisonnable de part et d'autre
pour en finir avec cette question.
La Présidente (Mme Beaudoin) :
Est-ce que la motion est adoptée?
Des voix : Adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Beaudoin) :
Adopté. Compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au lundi 10
juin 2013 à 14 heures, afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 35.
(Fin de la séance à 12 h 53)