Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Dauphin): Bienvenue. Nous allons
débuter nos travaux en constatant d'abord que le quorum... Le constat
est fait. Je déclare donc ouverte la séance de la commission des
institutions qui a pour mandat de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 150, c'est-à-dire la Loi sur le
processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel du
Québec. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements
quant aux membres de la commission?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y un
remplacement. M. Holden (Westmount) est remplacé par M. Libman
(D'Arcy-McGee).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors, avant de
procéder aux déclarations d'ouverture, est-ce qu'il y a des
motions préliminaires de la part de membres de la commission? Non?
Alors, encore une fois, j'aimerais souhaiter la bienvenue à tous les
membres, au ministre responsable et je lui demanderais peut-être de nous
présenter les personnes qui l'accompagnent et ensuite de procéder
à ses remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président, c'est
toujours un plaisir de travailler sous votre présidence. M. le
Président, je voudrais vous présenter les gens qui
m'accompagnent. Tout d'abord, du ministère de la Justice, il y a Me Jean
Allaire, qui est directeur du bureau des lois au ministère de la
Justice; Me Lorraine Lapierre, qui est légiste au bureau des lois du
Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes; Me
André Tremblay, qui est conseiller constitutionnel; du bureau du leader
du gouvernement, il y a M. James Maranda, directeur du cabinet du leader du
gouvernement. J'ai aussi, qui m'accompagnent, M. le Président, Mme Lise
Saint-Martin et M. Jean-Marc Fournier, qui sont conseillers en mon cabinet
ministériel du Secrétariat aux affaires canadiennes.
M. le Président, nous entreprenons donc, aujourd'hui,
l'étude article par article de ce projet de loi 150 sur l'avenir
politique et constitutionnel du Québec. Essentiellement, nous avons eu
l'occasion d'en discuter lorsque nous avons discuté de l'étude de
principe. Il s'agit là d'un projet de loi qui a pour objectif de
traduire en termes législatifs les conclusions, les recommandations de
la Commission Bélanger-Campeau.
Je me permets d'insister sur cet aspect en disant que, pour nous, il
s'agissait de pouvoir traduire en termes législatifs à la fois la
conclusion de Bélanger-Campeau et aussi la recommandation de
Bélanger-Campeau qui découlait directement de sa conclusion.
M. le Président, l'objectif de la loi aussi est d'établir
un échéancier qui apparaît très clairement dans le
projet de loi, avec la possibilité de la tenue d'un
référendum, donc, dès l'article premier de la loi, avec
des dates précises, et, M. le Président, on se
réfère aussi au coeur de la loi, qui est ces deux commissions
parlementaires, une pour étudier les questions afférentes
à la souveraineté et l'autre pour étudier des questions
concernant la qualité des offres qui pourraient nous venir du
gouvernement fédéral et des autres provinces en ce qui regarde un
fédéralisme profondément renouvelé.
M. le Président, c'est donc avec une grande ouverture d'esprit
qu'au nom du gouvernement, les membres de cette commission du parti
gouvernemental, nous abordons l'étude article par article de ce projet
de loi. Ouverture d'esprit parce que nous croyons, M. le Président,
qu'en bout de piste ce sont les Québécoises et les
Québécois qui devront décider de l'option
constitutionnelle et que, par conséquent, notre devoir, comme
parlementaires, est de pouvoir les informer adéquatement en fonction,
donc, du travail que pourraient faire ces deux commissions parlementaires.
Nous voulons nous situer au-delà de toute partisanerie politique
et avoir bien en tête les intérêts du Québec. Il
s'agit pour nous d'établir, à la suite de la démarche que
nous avons suivie depuis le mois de janvier, de juin dernier, dis-je, à
la suite de l'échec de Meech... nous avons suivi une démarche
éminemment démocratique et nous voulons continuer cette
démarche éminemment démocratique en fonction du rapport
Bélanger-Campeau. Et ce rapport, pour moi, se complète avec un
autre rapport qui, comme membre d'un parti, m'est très important aussi,
le rapport Allaire.
C'est donc dans ce contexte, M. le Président, que nous abordons
l'étude article par article de ce projet de loi 150.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, M. le
ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes, pour vos remarques préliminaires.
Je vais maintenant reconnaître le porte-parole de l'Opposition
officielle et député de Lac-Saint-Jean, pour procéder
à ses remarques préliminaires également.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, dans ce débat de deux
jours qui vient de se terminer tout à l'heure par un vote nominal
à l'Assemblée nationale, ce qui m'a beaucoup frappé et ce
que je considère, moi, comme tout à fait révélateur
et signifiant, ce sont les deux éléments suivants.
Premièrement, on peut dire manifestement qu'il y a un processus
de révision du fédéralisme qui est enclenché. C'est
clair, c'est net. Il n'est pas à venir, là; il est
enclenché. Le gouvernement est impliqué dans ce
processus-là et participe à ce processus-là. Le projet de
loi 150 est en quelque sorte une pièce ou un élément de ce
processus et de la stratégie gouvernementale comme partie prenante de ce
processus de révision du régime fédéral. En
d'autres termes, ce n'est pas vers la souveraineté qu'on se dirige,
contrairement à ce que pourrait laisser croire une lecture rapide, trop
rapide, trop superficielle du projet de loi 150. Ce n'est pas vers la
souveraineté. On n'est pas en route vers la souveraineté. On est
actuellement en route vers une forme de renouvellement du
fédéralisme dont on est incapable actuellement de préciser
les contours. Il y a beaucoup de flou et de nébuleux dans le projet de
révision du régime fédéral, mais c'est vers
ça qu'on chemine.
Le processus est manifestement enclenché et tous les discours des
ministériels, des députés ministériels - je suis
obligé de dire juste des députés parce que c'est un peu
étonnant, dans ce débat-là, il y a deux membres seulement
de l'Exécutif qui ont participé au débat: le premier
ministre, hier soir, et le parrain du projet de loi, le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales. C'est un peu
curieux. On n'a pas jugé utile de demander à d'autres membres du
Conseil des ministres d'intervenir. Ce sont uniquement les
députés qui sont intervenus dans le débat, y compris ceux
qu'on pourait maintenant appeler les pseudo-nationalistes.
Et c'est clair, quand on regarde, j'ai écouté
attentivement tous les discours, toutes les interventions des
députés ministériels et c'est évident que leur
choix, le choix du gouvernement, le choix du caucus ministériel, le
choix, donc, du Parti libéral, c'est le fédéralisme et
qu'il convient maintenant de s'efforcer de le réviser ou de le
renouveler, pour employer une expression courante.
D'ailleurs, le ministre aussi a été très clair
là-dessus. Je me réfère à son intervention de
départ quand il parle des considérants que le gouvernement a
ajoutés de son cru. Je le cite: Tout d'abord, le premier principe est
à l'effet que deux voies parallèles s'offrent désormais au
Québec, soit la souveraineté du Québec, soit un
réaménagement en profondeur du fédéralisme
canadien. Il fait référence à un des considérants
ajoutés par le gouvernement et il indique: Ce principe est le coeur du
projet de loi. Ceux qui pouvaient s'imaginer ou penser que le coeur du projet
de loi, c'est un référendum sur la souveraineté, ce n'est
pas ça. On avait raison de le dire, de le mentionner. Le ministre
lui-même aussi l'admet. Ce qui est au coeur du projet de loi, c'est le
fait que les deux voies parallèles sont évoquées et,
forcément, les interventions de tous les députés
ministériels dans ce débat-là nous démontrent hors
de tout doute que l'une de ces deux voies est tout à fait
privilégiée, préférée, choisie. C'est la
voie du renouvellement du fédéralisme, l'autre étant
résolument écartée. Donc, on est maintenant en face d'un
processus de révision du fédéralisme qui est
enclenché. Il n'est pas à venir, il est en cours
présentement et le gouvernement a décidé de s'engager dans
cette voie-là.
Deuxième remarque - et ça, ça m'apparait important
parce que ça clarifie les choses. Aucun des députés
ministériels qui sont intervenus dans le débat n'a
prononcé un mot, une phrase le moindrement sympathique ou favorable
à la souveraineté. Je n'en ai pas entendu une dans le
débat. C'est assez étonnant, hein? C'est assez étonnant.
Aucun, aucune remarque, aucune phrase exprimant, manifestant de la sympathie
à l'égard de la souveraineté. C'est étonnant parce
que c'est là qu'on voit vraiment l'imposture et ce que j'appelais, moi,
la tromperie qu'on retrouve dans le projet de loi 150 parce que c'est
même aberrant. On nous dit que le projet de loi prévoit un
référendum sur la souveraineté, mais en même temps
tous les discours ministériels ont eu pour objet de jeter du
discrédit ou de dévaloriser la souveraineté, soit en
manifestant ouvertement de l'hostilité à l'égard de cette
option, vraiment des discours très hostiles à l'égard de
l'option de la souveraineté, ou encore, soit en évoquant, sous
toutes sortes d'aspects, ce qu'on appelle le prix exorbitant de la
souveraineté. Ça va nous coûter très cher, ça
va coûter très cher. Le premier ministre est allé dans ce
sens-là, hier soir. Ou alors, en essayant de mettre en lumière
les impacts négatifs de l'accession du Québec à la
souveraineté, qui serait considérée comme une
espèce de désastre, surtout sur le plan économique.
Donc, curieusement, étrangement, on a un projet de loi venant du
gouvernement qui propose un référendum sur la souveraineté
et puis on a un discours officiel du gouvernement et des ministériels,
de la partie ministérielle qui, systématiquement,
discrédite cette option. Jamais un mot favorable ou sympathique à
l'égard de la souveraineté. Ça, c'est vraiment l'imposture
tout à fait claire et nette. Alors, ça veut dire, finalement...
Moi, la conclusion que j'en tire d'un tel débat, c'est que le
référendum sur la souveraineté, d'abord, il n'aura pas
lieu parce qu'on n'y croit pas. On ne croit pas à l'option qui serait
l'enjeu du référendum. On n'y croit pas. On y est hostile. On est
en désaccord avec ça.
Ou, alors, je me dis: Si, par hypothèse, il a
lieu, le référendum sur la souveraineté, eh bien,
tout ce beau monde là va se retrouver dans le camp du non.
Forcément. C'est la conclusion que je tire. Il va être dans le
camp du non. Ils n'ont pas dit un mot favorable à l'égard de la
souveraineté dans tout le débat. C'est mauvais. C'est
désastreux. C'est catastrophique. Ça va coûter un prix de
fou. C'était de l'hostilité tout le temps d'un bout à
l'autre, du début jusqu'à la fin du débat. C'est
évident que, s'il y a une chance, mais elle m'apparalt très
mince, que le référendum sur la souveraineté ait lieu,
tout ce beau monde va se retrouver dans le camp du non. Je suis obligé
de tirer cette conclusion-là. Pour tirer la conclusion contraire qu'il
se retrouverait dans le camp du oui, là il aurait fallu au moins que
j'entende de temps à autre quelques phrases sur un Québec
souverain, ça serait quand même viable, ou, si on doit y arriver,
ce ne sera pas la catastrophe. Ça va être non seulement faisable,
mais ça comporte aussi des avantages. J'aurais entendu ça, mais
je ne l'ai pas entendu. Donc, ils vont se retrouver dans le camp du non. Alors,
M. le Président...
D'ailleurs, j'ai ici... j'ai pris soin d'extraire des phrases, des
citations, des discours des intervenants ministériels. Tout ça
m'apparaît très clair. Le ministre, dans son discours: "Le
Québec, au sein d'un fédéralisme renouvelé,
représente l'option que le gouvernement du Québec
privilégie." M. MacMillan: "Pour ma part, j'ai déjà
mentionné qu'il était essentiel que le Québec cherche
à maintenir l'espace canadien." M. Maciocia, qui était membre de
la Commission Bélanger-Campeau: "M. le Président, je pense - et
c'est ma conviction profonde - que nous allons continuer de défendre ce
régime fédéral dans lequel nous évoluons depuis
1867."
Mme Bélanger, elle - mon collègue de Joliette l'a
citée tout à l'heure; c'est assez suave: "L'objectif premier du
projet de loi 150 porte sur la création de deux commissions
parlementaires spéciales, soit la Commission d'étude des
questions afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté - j'y crois tellement peu que j'ai de la misère
à prononcer le mot, M. le Président!" C'est ça qu'elle
nous a dit. M. Gautrin: "Ça va être difficile de défendre
leur position - on parlait de la souveraineté - ça va être
difficile de le prouver lorsqu'ils seront soumis à certaines questions.
C'est ça qui sera à l'intérieur de la loi 150 et c'est
actuellement ce qu'on propose." Donc, un procès.
Je pourrais continuer. Mme Bégin, qui était membre aussi
de la Commission Bélanger-Campeau: "La solution que je
privilégie, c'est certes un fédéralisme renouvelé.
Il a fait ses preuves." Comment peut-il avoir fait ses preuves? Il n'a jamais
existé. En tout cas. "Il a répondu à nos aspirations
malgré que je reconnais que le Québec aspire à plus
d'autonomie, comme c'est le cas d'ailleurs pour plusieurs autres provinces
canadiennes qui désirent également s'affirmer dans d'autres
champs de compétence", ce qui est douteux.
M. Gobé, même chose: "Je crois qu'il était temps
qu'on les crée, ces commissions parlementaires, l'une qui a pour but,
une fois pour toutes, de faire la lumière sur les allégations,
sur les rêves véhiculés par cette formation politique
qu'est le PQ, en ce qui concerne les bienfaits de la souveraineté."
Donc, il n'y en a pas. "Ils appellent ça la souveraineté, M. le
Président, parce qu'ils ont peur de l'appeler la séparation. Ils
ont peur de dire à la population du Québec que c'est une
démolition du Canada."
Georges Farrah, qui était réputé un des leaders,
des chefs de file de l'aile dite nationaliste: "Je dois vous dire que je suis
de moins en moins convaincu que la souveraineté est viable au
Québec. Elle l'a déjà été, mais elle ne
l'est plus." Bon. M. Houde: "Notre premier choix, comme je l'ai
mentionné il y a quelques instants, c'est un changement profond de la
structure politique actuelle, le fédéralisme actuel."
Alors, M. le Président, je pense que tout est clair. Les masques
sont tombés. Je trouve ça dans un certain sens heureux, utile, en
tout cas. Il y a eu perversion du sens et de la portée de la
recommandation Bélanger-Campeau. Je voudrais vous dire combien les
cheminements sont différents. Le cheminement de la Commission
Bélanger-Campeau, tel que, moi, en tout cas, je l'ai compris, tel que
mes collègues l'ont compris, c'était le suivant: Engageons-nous
sur la voie de la souveraineté, avec un référendum sur la
souveraineté quelque part en 1992. En cours de route, en cheminant vers
la souveraineté, examinons-en toutes les dimensions de l'accession
à la souveraineté pour être bien au fait de la façon
dont ça va se faire. Et si, en cours de route, il y a des offres qui
nous viennent du Canada anglais ou du gouvernement fédéral visant
à changer le régime actuel, eh bien, ces offres-là se
retrouveront au coeur du débat référendaire. Et les
Québécois appelés à faire un choix sur la
souveraineté, en faisant leur choix et en jugeant l'enjeu qu'est la
souveraineté, ils pourraient, pour faire ce choix et porter ce jugement,
avoir aussi à l'examen des offres qui seraient arrivées du
gouvernement fédéral et qui se retrouveraient au coeur du
débat. C'était ça, le cheminement de la Commission
Bélanger-Campeau tel que moi, je l'ai compris.
Le cheminement du projet de loi 150 est différent. Le cheminement
du projet de loi 150, ce n'est pas: Engageons-nous sur la voie de la
souveraineté; c'est: Engageons-nous sur la voie de la révision du
régime fédéral avec une menace, en brandissant une menace
qui est un référendum sur la souveraineté, en laissant
planer une menace, la menace du référendum sur la
souveraineté. Et ça, ça obligerait à faire des
offres. Des offres vont venir. Et là, soit qu'on repoussera
l'échéance, soit qu'on l'annulera tout simplement; puisqu'on aura
considéré les offres
comme étant acceptables, on les fera siennes. Et c'est ainsi
qu'on se retrouvera avec un régime fédéral plus ou moins
révisé. Je pense que c'est important de le signaler. C'est
ça. Quand on dit que ça a perverti ou que ça a
complètement dénaturé le sens et la portée de
Bélanger-Campeau, c'est ça qu'on veut dire. C'est qu'on a
substitué au cheminement prévu par la recommandation
Bélanger-Campeau un autre cheminement tout à fait
différent.
Alors, M. le Président, d'ailleurs, je voulais vous signaler que
le ministre actuel des Affaires municipales, M. Ryan, qui n'est pas intervenu
dans le débat, qui n'a pas participé à la Commission
Bélanger-Campeau - j'aimerais ça savoir pourquoi, mais je crois
deviner pourquoi parce qu'en 1984, à l'occasion d'un débat
à l'Assemblée nationale portant sur la question
constitutionnelle, le député d'Argenteuil avait dit ceci, et je
le cite: "On ne peut pas, en effet, s'engager à la fois pour une chose
et pour son contraire. On ne peut pas logiquement poursuivre en même
temps l'indépendance politique du Québec et le
fédéralisme à l'intérieur du Canada." Il
poursuivait plus loin: "Quand on s'installe dans une pareille
ambiguïté, on ne peut qu'être conduit à sombrer dans
la division et la confusion et à produire des résultats
stériles pour la population qu'on prétend servir." On ne peut pas
s'engager pour une chose et à la fois pour son contraire. On ne peut pas
s'engager pour tenir un référendum sur la souveraineté,
croyant à cette option - la souveraineté - et, en même
temps, participer à un processus de révision du régime
fédéral. C'est contradictoire, nous dit fort utilement et fort
à propos le député d'Argenteuil, dans un discours de 1984,
et je suis convaincu qu'il pense encore la même chose. C'est pour
ça, d'ailleurs, qu'il n'intervient pas. Je suis convaincu qu'il pense la
même chose. (12 heures)
II faut maintenant que les masques tombent complètement. Il faut
que le gouvernement, qui a fait le choix de la révision du régime
fédéral, en a fait son lit, poursuive son processus et que nous,
on critique son cheminement et son choix, comme c'est notre droit le plus
strict. Mais il ne faut pas essayer de tromper le monde. Il ne faut pas essayer
de tricher. Il ne faut pas essayer de berner la population, de jouer au plus
fin, de faire des finasseries, comme le disait Gilles Lesage, dans un editorial
à propos de M. Bourassa. "Il ne faut pas être à
géométrie variable" comme le disait Raymond Giroux, dans un
editorial du Soleil parlant de M. Bourassa, un Bourassa à
géométrie variable.
Il ne faut pas se retrouver avec des commissions qui seraient, selon
Alain Dubuc, les deux mamelles de la stérilité. Il ne faut pas se
retrouver avec des entourloupettes. Il faut être clair et net. Le
gouvernement a fait son choix, mais qu'il arrête d'essayer de faire
croire au monde qu'il a l'intention véritable de tenir un
référendum sur la souveraineté. Ce n'est pas vrai. C'est
dans une autre direction qu'il est allé, qu'il a décidé de
s'engager. C'est dans une autre direction, et c'est ce que souhaite son caucus.
Manifestement les interventions en Chambre le démontrent. C'est
ça qu'ils veulent. Ils veulent aller dans cette direction-là,
bon. Très bien. Mais n'essayons pas de jouer au plus fin, de jouer au
fin finaud et d'essayer de faire croire qu'on va dans une telle direction, mais
qu'en même temps on s'engage dans une autre. Ce n'est pas possible. C'est
impossible, à moins d'avoir le don d'ubiquité. Mais ça...
Ou d'omniprésence. Ça c'est la qualité, nous dit-on, en
théologie, exclusive à Dieu lui-même. Ce n'est pas la
qualité d'un gouvernement. Ce n'est pas un attribut gouvernemental, le
don de l'ubiquité et de l'omniprésence.
Alors, M. le Président, je conclurais, puisque le ministre,
a-t-on appris dans un article maintenant bien célèbre de la revue
L'actualité, on a appris que le ministre aimait beaucoup le
cinéma. Il avait même fait quelques essais d'amateur au
cinéma. Si je me réfère au cinéma - moi aussi
d'ailleurs, j'aime beaucoup le cinéma - on pourrait terminer ainsi la
critique suivante du projet de loi 150: scénario inutilement complexe,
ambigu et touffu, mise en scène laborieuse, interprétation
laissant à désirer. Moi, ma cote, ça serait six,
peut-être sept
Une voix: Sur combien?
M. Brassard: Merci. C'est la cote qu'on voit dans le
téléhoraire. Quand c'est six, c'est vraiment un mauvais film.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Série b.
M. Brassard: Oui. Et, quand c'est sept, c'est pourri. Alors
voilà, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean pour vos remarques préliminaires.
M. le ministre. Ensuite de ça, je reconnaîtrai M le
député de D'Arcy-McGee, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve et d'autres membres qui désirent faire des
remarques préliminaires. M. le ministre.
M. Gil Rémillard (réplique)
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean se réfère au
cinéma. Ce n'est peut-être pas tellement bien de se
référer au cinéma lorsqu'on a à étudier un
projet de loi aussi important. C'est peut-être ça qui est le
problème. Il faut qu'on puisse se rendre compte que ce n'est pas du
cinéma. C'est de la réalité.
Alors, je sais que le député de Lac-Saint-Jean aime
beaucoup le cinéma. C'est un grand
amateur de cinéma. Il fait même des bouts de films
lui-même. Il a tourné un peu de films - on m'a raconté
ça dans son comté, la dernière fois que je suis
allé visiter son comté - lorsqu'il était professeur. Mais
je voudrais simplement lui rappeler: Attention! Ne mélangeons par les
vues avec la réalité. Et là, c'est de la
réalité qu'on veut parler et, en particulier, lorsque je parle de
réalité, M. le Président, je voudrais bien quand
même que le député de Lac-Saint-Jean me cite
correctement.
J'ai voulu, lors de la présentation de ce projet de loi pour
étude de principe, faire un discours que j'ai lu à
l'Assemblée nationale. Je l'ai lu parce que chaque mot que nous avons
écrit, nous avons voulu y réfléchir. Ce que j'ai dit
à la page 22 de ce discours, M. le Président, que citait tout
à l'heure le député de Lac-Saint-Jean, c'était
ceci: "Deux voies parallèles s'offrent désormais au
Québec, soit la souveraineté du Québec, soit un
réaménagement en profondeur du fédéralisme
canadien. Ce principe est le coeur du projet de loi." C'est exactement ce que
j'ai dit. Ce n'est pas ce qu'a dit par contre le député de
Lac-Saint-Jean, lorsqu'il m'a cité tout à l'heure. Je confirme
que le coeur de ce projet de loi est vraiment ces deux commissions
parlementaires.
M. le Président, qu'est-ce que ça signifie? Ça
signifie tout simplement que je me réfère à la conclusion
de Bélanger-Campeau. Je me permets une fois encore de citer le dernier
paragraphe de cette conclusion de Bélanger-Campeau. "Un constat clair,
deux voies de solution tout aussi claires, dont l'une ne peut être
adoptée que si les partenaires du Québec le veulent aussi, et
dont l'autre requiert d'être préparée, quel que soit le
choix posé: voilà les éléments soumis à la
considération des Québécoises et des
Québécois." M. le Président, je répète,
parce que je l'ai dit il n'y a quand même pas tellement longtemps, tout
à l'heure en Chambre, je répète cette conclusion de
Bélanger-Campeau, parce que je crois que c'est là le
problème que nous avons et c'est là la difficulté que nous
aurons à discuter entre nous, aujourd'hui, dans les prochaines heures,
lorsque nous étudierons ce projet de loi article par article.
Ce que je veux dire, c'est que je comprends très bien la
difficulté de l'Opposition face à ce projet de loi. Je la
comprends dans le sens que l'Opposition a voté contre la conclusion de
Bélanger-Campeau. Rappelons-nous ça. Le paragraphe que je viens
de citer, l'Opposition... Il y a eu aussi M. Bouchard, Lucien Bouchard, il y a
eu aussi M. Turgeon - je pense que c'est tout... oui, M. Libman, excusez-moi,
M. le député de D'Arcy-McGee, qui ont voté contre cette
conclusion. Tous les autres membres de la Commission Bélanger-Campeau
ont voté pour cette conclusion.
Je me souviens très bien, comme si c'était hier, de ce qui
s'est passé à ce moment-là. Vous vous êtes
retirés. Vous en avez discuté entre vous. On sentait que ce
n'était pas facile. Ça arrive, ça se comprend, ça.
Dans toute formation politique... Ça se comprend. Il ne faut pas
minimiser ces discussions, parfois difficiles, qu'on peut avoir. Vous avez eu,
à ce moment-là, une discussion difficile. Vous vous êtes
retirés, vous êtes revenus dans la salle et vous nous avez dit: On
ne vote pas pour la conclusion. Vous avez voté contre avec M. Bouchard,
M. Turgeon et le député de D'Arcy-McGee, alors que tous les
autres commissaires de Bélanger-Campeau ont voté pour cette
conclusion.
C'est là, M. le Président, le problème que nous
avons aujourd'hui parce que vous avez voté ensuite sur les
recommandations, et là vous êtes confrontés. Parce que
nous, ce projet de loi là, il traduit essentiellement ce que
Bélanger-Campeau a décidé dans sa conclusion et sa
recommandation, mais vous êtes, je le comprends très bien, dans
une situation difficile, puisque vous retrouvez dans le projet de loi la
conclusion de Bélanger-Campeau et la recommandation. Là, vous
êtes coincé. Je le comprends.
Mais moi, je fais appel à votre sens de l'objectivité
parce que, vous savez, quand vous nous citez de mes collègues qui ont
parlé en termes sceptiques concernant la souveraineté, mais
combien, de votre côté, ont parlé en termes sceptiques du
fédéralisme renouvelé? Est-ce que j'ai entendu un seul bon
mot de votre part sur le fédéralisme renouvelé,
profondément renouvelé? Je ne m'en souviens pas. Moi, pour ma
part, en tout cas, comme je l'ai mentionné tout à l'heure en
présentant mes conclusions, j'ai dit que la souveraineté
était une option pour laquelle on doit avoir éminemment de
respect, qui était partagée par une partie importante de la
population du Québec et qu'elle devrait être traitée comme
telle. Je l'ai mentionné à plusieurs reprises, mais l'option du
fédéralisme renouvelé devrait être traitée
par vous aussi avec autant de respect.
Vous devriez aussi manifester autant de démocratie pour dire:
Voici, il y a deux commissions parlementaires. Pourquoi nous accuser de mettre
au ban la souveraineté alors que, nous, on pourrait dire exactement la
même chose en ce qui regarde le fédéralisme
renouvelé pour vous, puisque le coeur de Bélanger-Campeau,
c'était de présenter les deux options?
Il y a cet échéancier qui est strict, exprimé
très clairement, et là c'est le référendum qui
marque cet échéancier. Les deux principaux éléments
de ce projet de loi: d'une part, les deux commissions parlementaires, ce qui
est le coeur, et, d'autre part, vous avez l'échéancier qui
détermine tout le processus et qui fait en sorte qu'il y a un temps de
déterminé parce que ça, c'est un message que nous avons
reçu des Québécoises et des Québécois
tellement clairement que ça fait 30 ans qu'on discute des questions
constitutionnelles et qu'il est temps qu'on mette fin à ces 30 ans de
négociations qui
n'ont pas apporté les conclusions qu'on aurait dû avoir, et
le gouvernement fait sien ce message que nous avons reçu. Donc, par
conséquent, nous disons très bien: à l'article 1, il y a
ce référendum sur la souveraineté.
M. le Président, je le répète et je le dis comme
ministre de la Justice aussi. Je prends mon chapeau de ministre de la Justice
parce que, comme ministre de la Justice, on se situe au-delà de toute
question de partisanerie politique. J'ai profondément la conviction que
mon devoir est d'informer adéquatement la population du Québec
sur les deux options, profondément cette
responsabilité-là. Je suis convaincu qu'on le demandera ici
à mes collègues et c'est le sentiment qu'ils ont. On ne peut pas
les blâmer d'avoir des sensibilités, d'avoir des options
politiques, oui, mais ils vont participer à cette commission
parlementaire, aux deux commissions parlementaires qu'on créera avec
l'ouverture d'esprit, et il faudra peut-être que vous puissiez faire la
même chose de votre côté. Pourquoi ne pourriez-vous pas en
faire autant de votre côté en ce qui regarde la possibilité
de renouveler notre fédéralisme, pas de n'importe quelle
façon?
Et aussi - je ne veux pas être trop long, M. le Président -
mais lorsqu'on parle du renouvellement du fédéralisme, vous
savez, on ne peut pas faire ça en cachette; on ne fera pas ça en
cachette. On va faire ça ici en commission parlementaire, devant la
population du Québec, et on va pouvoir étudier ses offres. On va
faire témoigner des gens, des experts. On va leur demander: Qu'est-ce
que vous en pensez? Il y a une conclusion qui va être apportée.
Mais, M. le Président, où est-elle, la logique, du
côté de l'Opposition? Pourquoi voit-on dans ce projet de loi
quelque piège que ce soit, comme on a cru voir dans la conclusion
Bélanger-Campeau un piège? Il n'y avait pas de piège dans
Bélanger-Campeau, pas plus qu'il y en a maintenant dans ce projet de loi
150.
Le projet de loi 150, M. le Président - je termine la-dessus -
c'est la politique du gouvernement du Québec: informer les
Québécois, deux commissions parlementaires, un
échéancier expressément établi et la volonté
ferme du gouvernement de respecter cet échéancier. M. le
Président, souvenons-nous d'une chose. On nous dit, à un moment
donné, qu'il va se passer telle ou telle chose ou des tas de
scénarios, pour prendre des termes de cinéma, comme le
député de Lac-Saint-Jean aime en prendre. Souvenons-nous d'une
chose, d'un principe qui est fondamental dans notre système de
démocratie, de liberté, de parlementarisme que nous avons:
L'Assemblée nationale est le siège de la souveraineté du
peuple. Seule une loi de l'Assemblée nationale peut délier le
gouvernement de son obligation de tenir un tel référendum. M. le
Président, qu'est-ce qu'on peut demander de plus si ce n'est cette
obligation que prend le gouver- nement, conformément à
l'obligation qu'il a accepté de prendre dans le rapport de la Commission
Bélanger-Campeau?
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître le député de DArcy-McGee et ensuite,
dans l'ordre, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve. M. le
député.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président. Tantôt, le
député de Lac-Saint-Jean a cité plusieurs
fédéralistes du caucus libéral et n'a pas pris le temps de
citer notre caucus parce que c'est clair, notre position constitutionnelle,
ça a été toujours clair, et, traditionnellement ou depuis
la dernière élection, il y avait deux partis à
l'Assemblée nationale qui ont toujours été clairs en ce
qui concerne la question constitutionnelle. Nous autres et le Parti
québécois, pour des raisons différentes,
évidemment, nous sommes clairs et le Parti québécois est
toujours clair sur ce dossier. Mais, même s'ils ont été
toujours clairs sur la souveraineté, moi, j'ai de la misère
à comprendre leur position sur le projet de loi 150. Moi, j'ai
siégé sur la Commission Bélanger-Campeau et je n'ai aucune
idée comment ils peuvent essayer de convaincre la population du
Québec que ce projet de loi ne suit pas l'esprit et la lettre des
recommandations de la Commission Bélanger-Campeau. Il n'y a aucune
façon qu'ils peuvent faire croire aux Québécois que
ça ne suit pas exactement les recommandations de la Commission
Bélanger-Campeau. (12 h 15)
La Commission Bélanger-Campeau a recommandé un
référendum sur la souveraineté à certaines dates
prévues et la création de deux commissions parlementaires
à l'Assemblée nationale, pour étudier certains aspects.
C'est ça qui est fait par le projet de loi 150, pas d'autre chose que
ça, et cette porte de secours qui semble exister existe naturellement
par le système parlementaire que nous avons. Alors, je pense qu'il faut
reconnaître le fait que le Parti québécois essaie
peut-être de faire revivre l'option souverainiste dans la population en
créant la confrontation sur ce projet de loi. Mais c'est très
clair que ça suit l'esprit et la lettre de la recommandation de la
Commission Bélanger-Campeau.
Si on regarde la recommandation de la Commission
Bélanger-Campeau, elle-même est pleine d'ambiguïtés et
ça, c'est une des raisons pour lesquelles notre caucus a voté
contre les décisions finales de Bélanger-Campeau. Je pense que
cette ambiguïté se traduit dans le projet de loi 150. Mais une
chose sur laquelle nous ne pouvons pas mettre assez d'emphase - et je pense que
le Parti québécois doit reconnaître ça - est le fait
que le Parti libéral, le gouver-
nement du Québec, pour la première fois formellement,
s'engage dans un projet de loi - et n'oubliez pas que c'est un parti
plutôt fédéraliste, plutôt engagé vers la
Fédération canadienne. Le Parti québécois doit
réaliser que, pour la première fois, ce parti plutôt
fédéraliste inscrit dans un projet de loi un engagement pour un
référendum sur la souveraineté. Et je pense que ça
doit être reconnu par l'Opposition officielle comme une marque, un
événement important. Elle doit apprécier ça par son
point de vue et doit réaliser que c'est très important. Je ne
comprends pas pourquoi elle ne se rallie pas à cette nouvelle direction,
à ce nouveau virage pris par le parti gouvernemental.
Franchement, M. le Président, pendant la campagne
électorale de 1989, si vous aviez pu dire au Parti
québécois que le gouvernement, que le Parti libéral
s'engagerait dans trois ans dans un référendum sur la
souveraineté, il se serait réjoui. Alors, je comprends mal leur
position aujourd'hui, le jeu qu'ils jouent aujourd'hui. Je pense que les
Québécois doivent réaliser que c'est seulement un jeu
politique qu'ils font.
Deuxièmement, je pense que c'est évident que nous allons
voter contre ce projet de loi. Nous allons apporter certains amendements parce
que nous ne sommes pas du tout confortables avec le premier article. On parle
souvent de ce front commun qui existe entre nous et le Parti
québécois récemment, mais sur ce projet de loi nous votons
contre; eux, ils votent contre, mais nous votons contre à cause du
premier article. Eux ils votent contre pour tout, sauf le premier article.
Alors, il faut rétablir les faits sur ce front commun pas mal
exagéré entre nous autres et eux.
Le premier article, M. le Président, il faut reconnaître
à qui ça sert. Nous allons essayer d'apporter un amendement sur
le premier article pour changer les mots "la souveraineté" pour les mots
"l'avenir constitutionnel et politique du Québec". Je pense qu'il faut
réaliser pourquoi le premier article est là et pourquoi il est
comme ça. Je pense que, si le projet de loi ouvre deux voies à la
population, si les recommandations finales de la Commission
Bélanger-Campeau ouvrent deux voies à la population, il ne faut
pas privilégier une de ces deux voies, la souveraineté, dans le
premier article. Il faut dire la réalité, que nous pouvons avoir
un référendum sur une des deux choses. Alors, je pense que le
premier article doit refléter la réalité que les deux
avenues sont ouvertes et qu'on peut avoir un référendum sur une
des deux avenues. Mais le gouvernement veut, en insérant les mots "la
souveraineté" dans le premier article, essayer de faire la
souveraineté ou de créer la souveraineté comme une menace
au reste du Canada, un couteau sur la gorge au reste du Canada, pour essayer de
forcer le reste du Canada à croire que le Québec est
sérieux. Je pense que faire ça mine les deux avenues
proposées. Si, éventuelle- ment, il y a un
référendum sur les propositions d'un fédéralisme
renouvelé, l'insertion du mot "souveraineté" dans le premier
article, comme ça existe présentement, peut miner
l'atmosphère des négociations avec le reste du Canada. Nous ne
pouvons pas avoir des négociations sereines et fructueuses s'il y a
toujours ce couteau sur la gorge pour le reste du Canada, et je pense que cette
atmosphère ne sera pas propice à une offre du reste du Canada qui
sera raisonnable.
Deuxièmement, si la présence du mot "souveraineté"
dans le premier article est seulement pour apaiser les souverainistes au
Québec, de faire croire aux souverainistes que le gouvernement s'engage
à tenir un référendum sur la souveraineté, je pense
que même ça ne peut satisfaire les souverainistes, qui peuvent
réaliser que c'est un outil pour manipuler les négociations. Pour
les souverainistes qui ont pour rêve la souveraineté du
Québec, ils ne voient pas la souveraineté comme un outil
manipulateur de négociations. Je pense que même les souverainistes
ne peuvent pas avoir cette satisfaction que le gouvernement essaie de faire par
l'insertion de ces mots dans le premier article. Alors, je pense que la
première ligne comme telle qui dit qu'il y aura un
référendum sur la souveraineté ne sert à rien, ne
satisfait même pas les souverainistes et même pas les
fédéralistes au Québec. Alors, il faut qu'on discute
d'apporter un amendement à cet article.
Mais, finalement, il faut dire, M. le Président, que la
création de ces deux commissions, je pense, est nécessaire et
très importante. Malheureusement, la Commission Bélanger-Campeau
n'a pas correctement abordé les sujets que nous allons discuter dans ces
deux commissions. Moi, j'ai espéré, avant la création de
la Commission Bélanger-Campeau, que cette commission puisse servir
à analyser les questions comme le partage des pouvoirs, la question de
la charte et peut-être puisse faire ses propres recommandations sur le
genre d'offres du reste du Canada qui pourraient être acceptables, mais,
malheureusement, la Commission Bélanger-Campeau est devenue
obsédée avec un consensus au lieu d'analyser les questions qui
vont être abordées dans ces deux commissions.
Nous allons participer à ces deux commissions pour essayer aussi
de montrer aux Québécois que les coûts de la
souveraineté sont trop élevés, que certaines promesses,
certaines explications de l'Opposition officielle sont inexactes et, au moins,
nous allons avoir le forum de cette commission qui étudie les
coûts de la souveraineté pour examiner vraiment cette question
avec toute l'honnêteté possible. Les Québécois vont
avoir l'occasion de décider eux-mêmes. Ils vont avoir l'occasion
d'analyser avec nous, avec cette commission, tous les problèmes
inhérents à la souveraineté du Québec et ils
peuvent juger eux-mêmes si les
promesses dogmatiques du Parti québécois sont vraies ou
non. Alors, ce sera une bonne occasion de vraiment examiner cette question en
profondeur.
Finalement, j'aimerais bien, si nous pouvons le proposer, qu'un des
mandats de cette commission qui étudie l'accession à la
souveraineté puisse examiner aussi l'importante relation entre le
gouvernement du Québec et la communauté anglophone du
Québec, les allophones du Québec et les communautés
autochtones du Québec. Il ne faut pas oublier que, pendant les
réunions à huis clos, une des recommandations par les deux
présidents, quand ils ont fart leur première proposition,
était de créer une commission pour étudier
spécifiquement ces trois questions. J'espère qu'un des mandats
sérieux de la deuxième commission, la commission qui
étudie les questions afférentes à l'accession a la
souveraineté, sera d'étudier les relations avec les groupes
minoritaires au Québec.
Alors, c'est tout, M. le Président. Comme j'ai dit, s'il n'y a
pas d'amendements majeurs à ce projet de loi, nous allons voter contre.
Nous ne pensons pas qu'il y a la moindre chance, dans les 17 mois prochains,
d'avoir une offre bien formulée par le reste du Canada qui lie
formellement le reste du Canada. Il faut réaliser que cette
échéance est complètement irréaliste. Nous
rappelons tout ce qui s'est passé à Terre-Neuve, le gouvernement
qui a retiré son appui à un accord qui a été
signé par le prédécesseur du premier ministre. Croire
qu'une offre du reste du Canada peut être formellement liée dans
les prochains 17 mois est complètement hors logique et nous
espérons aussi apporter un amendement qui dit que le gouvernement
possède la possibilité de reporter la date
d'échéance que nous avons dans ce projet de loi de 6 mois ou de
12 mois, si une offre du reste du Canada est en train d'être
formulée. Alors, si ces amendements ne peuvent pas être
apportés à ce projet de loi, nous allons continuer notre
opposition à ce projet de loi. Nous allons voter contre le projet de loi
comme tel. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de D'Arcy-McGee, pour vos remarques préliminaires.
Je vais maintenant, tel que mentionné plus tôt, reconnaître
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Compte tenu de l'heure,
moi, je proposerais d'ajourner jusqu'après la période de
questions. Nous allons reprendre nos travaux après.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Il y a consentement
que nous ajournions? D'accord. La commission des institutions ajourne ses
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Dauphin): La commission reprend ses
travaux sur son mandat, qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 150, Loi sur le processus de
détermination de l'avenir politique et constitutionnel du Québec.
Nous en étions toujours au stade des remarques préliminaires et
je vais maintenant reconnaître Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Alors, merci, M. le Président. C'est avec
beaucoup d'attention que j'écoutais ce matin le ministre de la Justice
et des Affaires intergouvernementales canadiennes et, M. le Président,
je dois vous dire que les premières fois que j'ai entendu, il y a
maintenant quelques années, les interventions du ministre, j'ai
été subjuguée à ce moment-là par sa
capacité absolument phénoménale de modifier presque
insensiblement, je dirais presque imperceptiblement, de façon
distinguée, la réalité des faits pour finir par se
convaincre lui-même, à force de les répéter, de la
justesse de ses nouvelles interprétations. L'exemple de ce matin - je le
cite au mot - l'exemple qu'il me donnait à nouveau ce matin était
le suivant. Le ministre nous disait, et je le cite: Mon devoir est d'informer
la population du Québec sur les deux options. C'était ce qu'il
tirait comme conclusion des travaux de la Commission
Bélanger-Campeau auxquels j'ai participé, comme lui d'ailleurs,
et comme mon collègue Jacques, qui est avec nous cet
après-midi.
Alors, M. le Président, vous vous rendez compte, il en est
arrivé, le ministre de la Justice et des Affaires intergouvernementales,
à interpréter ce que nous avons fait pendant cinq mois comme lui
donnant le mandat d'informer la population du Québec sur les deux
options, pendant que, dans la réalité des choses, le mandat qui a
été donné au gouvernement, suite aux travaux de la
Commission Bélanger-Campeau, c'est de préparer l'accession
à la souveraineté, en restant ouvert à des propositions de
partenariat, qu'elles aient un caractère constitutionnel ou qu'elles
aient un caractère économique. Je me disais qu'il y a là
un gros problème de crédibilité parce que cette
façon de faire n'est pas nouvelle. C'est une façon habituelle. Je
n'ai pas à utiliser des gros mots, M. le Président, pour la
qualifier. Je vous citerai simplement tantôt quelques
éditorialistes de tous les journaux du Québec qui ont
suffisamment cité cette façon de faire pour qu'elle
accrédite une sorte de manière de faire du gouvernement.
Mais moi, si j'étais à la place des ministériels,
je serais inquiet de ne plus convaincre et je me rappellerais cette
vérité de La Palice qui veut qu'on est convaincant seulement
lorsqu'on est convaincu. On n'est jamais aussi convaincant
que lorsqu'on est convaincu. La seule question à laquelle il me
semble nécessaire de répondre et qui pour le reste nous donne une
juste idée des intentions ministérielles, c'est la question
suivante: Êtes-vous convaincus du mérite du
référendum sur la souveraineté, maintenant en 1992?
Êtes-vous convaincus du mérite d'un tel référendum?
Est-ce que, en tant que tel, le mérite de ce référendum
sur la souveraineté vous apparaît suffisant pour le proposer? On
se rend bien compte que la seule réponse apportée même par
les tenants - je vois mon collègue, le député de Vimont,
qui a d'ailleurs commis un discours où il se prononçait, je
pense, assez favorablement en faveur de la souveraineté - mais la
question est plus de savoir, avec le projet de loi 150, est-ce que vous vous
prononcez sur le mérite d'un référendum sur la
souveraineté? Vous savez très bien que la réponse est non.
Votre gouvernement répond que ça dépend. Ça
dépend essentiellement des offres qui seront faites. Alors, on voit bien
là le détournement, si ce n'est de la lettre, mais au moins de
l'esprit des travaux de Bélanger-Campeau. L'esprit de
Bélan-ger-Campeau ne consistait pas à prétendre recevoir
des offres et à brandir la menace d'un référendum pour en
accélérer la présentation ou en consolider le contenu, M.
le Président. Et, évidemment, on voit bien que c'est là
où il y a un gros problème de crédibilité qui se
présente. C'est que le gouvernement invoque la lettre des travaux de
Bélanger-Campeau et en a complètement abandonné
l'esprit.
Je me rappelle une intervention, notamment du président de la
CSN, lors de l'examen que nous faisions des recommandations, et je me rappelle
son intervention à l'effet que ce référendum sur la
souveraineté devait avoir lieu indépendamment des offres, quelles
que soient les offres. C'était à ce point cette
interprétation-là qui prévalait que le ministre de la
Justice et des Affaires intergouvernementales lui-même s'était
senti obligé, à ce moment-là, d'évoquer
publiquement devant les médias l'hypothèse d'utiliser la loi
référendaire pour tenir un autre référendum qui
pourrait porter sur les offres. M. le Président, le compte à
rebours que déclenchait le rapport de Bélanger-Campeau,
c'était un compte à rebours pour préparer l'accession
à la souveraineté, et la commission recommandée dans les
travaux de Bélanger-Campeau, c'était pour préparer
l'accession à la souveraineté.
M. le Président, tout ce débat-là m'apparalt
beaucoup comme cette maxime qui est assez significative de la politique
politicienne qui est souvent reprise par nos concitoyens, qui veulent rire ou
ironiser de cette politique politicienne: Répétez après
moi: Le cheval blanc de Napoléon est noir. Vous avez déjà
sans doute entendu cette phrase ironique qui veut évidemment, à
ce moment-là, qualifier une position qui est le contraire du sens
commun. Le cheval blanc de Napoléon est noir. En fait, M. le
Président, tout ce débat-là consiste pour le gouvernement
à dire: Répétez après moi sans rire: Une
dernière dernière chance au fédéralisme et la
première chance de la souveraineté.
C'est dans cette voie que le gouvernement prétendait amener
l'Opposition. Voyez, M. le Président, non seulement l'Opposition n'a pas
suivi, mais l'opinion publique non plus parce qu'il faut lire tout simplement
quelques éditoriaux publiés sur ce projet de loi 150 pour
comprendre que, vraiment, l'exercice du gouvernement ne mène nulle part.
Toutes les conclusions qui en sont tirées qualifient ce projet de loi
comme en étant un bidon. Est-ce que j'ai besoin, évidemment, de
vous citer l'éditorial paru dans Le Soleil, le 7 juin dernier?
J'en cite un court, court extrait, M. le Président: "Pour saisir le
déroulement de la vie politique québécoise, il faut
maintenant une lampe de poche et un chronomètre, en plus d'un calendrier
et d'une boussole, tellement M. Bourassa tend de perches différentes."
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça n'a pas convaincu, en tout cas,
l'équipe de l'éditorial du Soleil que les intentions du
gouvernement étaient clairement exprimées.
Dans Le Devoir, M. le Président, c'est encore plus
sévère, surtout sous la plume d'un éditorialiste qui a
souvent manifesté, je dirais, une certaine tolérance à
l'égard du gouvernement. Je cite, évidemment, Gilles Lesage qui,
dans l'éditorial du 7 juin, faisait valoir - et je le cite - ceci:
"Même quand il dit qu'il fait sienne l'échéance
référendaire d'octobre 1992, bien peu de personnes croient M.
Bourassa et ils ont raison car, redevenu fédéraliste bon teint,
le chef du gouvernement se sert de cette date fatidique comme d'un
éperon ou d'un aiguillon, espérant que, le couteau sur la gorge,
le Canada anglais comprendra enfin qu'il est la dernière chance du
fédéralisme. Il n'écarte même pas, s'il
reçoit des offres le moindrement substantielles, de reporter
l'échéance ou de recourir à des élections
référendaires plutôt qu'à un
référendum en bonne et due forme, ce qui lui permet de gagner du
temps et d'éviter, si possible, que des tiraillements libéraux
n'éclatent au grand jour."
Évidemment, M. le Président, le moins qu'on puisse dire,
c'est que le gouvernement n'a en rien convaincu ni de ses intentions ni de
l'opportunité du projet de loi 150, compte tenu qu'il manque
complètement de crédibilité dans la manifestation claire
d'une volonté de donner suite à ce projet de loi 150. Je veux
encore citer Raymond Giroux qui disait: "Le grand public cherche toujours le
manuel du professeur pour décortiquer la stratégie
constitutionnelle à géométrie variable de Robert Bourassa,
car le premier ministre du Québec possède à fond l'art
d'embrouiller les évidences les plus limpides."
Et puis je termine, M. le Président. Il y aurait encore,
évidemment, beaucoup d'autres savants éditorialistes à
citer, mais je termine avec l'éditorial d'Alain Dubuc, dans La
Presse,
qui était titré par l'expression suivante: "Une charade
vide de sens". Un court extrait, M. le Président: "Après de
nombreuses hésitations - écrit Alain Dubuc - il est devenu clair
que le premier ministre privilégiait le renouvellement du
fédéralisme. Et, dans le cadre de cette démarche, la
menace d'un référendum peut peut-être servir
d'épée de Damoclès pour le Canada anglais, mais elle
risque surtout de compromettre le succès des négociations en
imposant un échéancier irréaliste et en soumettant trop
rapidement ces résultats à une consultation dont l'issue est
imprévisible. Le premier ministre a tenu le même langage - ajoute
Alain Dubuc - en lançant divers messages sur ses fortes
réticences face à un éventuel référendum sur
la souveraineté."
Alors, est-ce qu'il y a besoin d'en ajouter, M. le Président? Le
gouvernement a un très, très gros problème de
crédibilité. C'est ce problème de
crédibilité qui, évidemment, s'attache à tout
gouvernement qui, lorsqu'il a subi un échec, plutôt que d'en tirer
des leçons, décide de faire de la fuite en avant en faisant
semblant d'adopter le point de vue contraire pour retourner, finalement,
à la case départ, comme si le gouvernement était
inconsolable de l'échec de Meech. (15 h 30)
Dans les propos que le ministre nous tient depuis l'examen du projet de
loi 150 et dans les réponses, d'ailleurs, qu'il fait à mon
collègue de Lac-Saint-Jean, lors de la période de questions,
jamais il ne précise même de quelle nature doivent être
constituées ces offres du fédéral. En fait, c'est comme si
le gouvernement, inconsolable de l'échec de Meech, tentait une sorte de
subterfuge en utilisant la menace de la souveraineté pour, à
nouveau, faire la tentative déjà ratée mais la reprendre
pour essayer, évidemment, de récidiver. C'est comme une sorte de
récidive avec d'autres moyens. Alors, dans ce contexte-là, vous
comprendrez, M. le Président, qu'on ne peut certainement pas souscrire
à ce qui nous semble être un détournement de l'esprit de
Bélanger-Campeau. Pensez simplement avec quelle insistance le ministre
nous dit que le coeur du projet de loi 150, c'est la création de deux
commissions parlementaires. Et là il insiste très fort pour nous
dire que ce n'est pas simplement celle portant sur les offres, mais aussi celle
sur la souveraineté. En essayant de nous faire oublier le coeur des
recommandations de Bélanger-Campeau, ce qui n'était pas d'abord
la formation de commissions parlementaires, mais c'était d'abord la
tenue d'un référendum sur la souveraineté. Les commissions
parlementaires, ce n'était pas là l'objectif; c'était tout
simplement une modalité.
Le coeur, M. le Président, ce qui nous semble devoir être
le point central à l'ordre du jour, actuellement, dans l'opinion
publique québécoise, c'est la tenue d'un référendum
sur la souveraineté. On voit bien que ce référendum est
complètement détourné de son sens parce que ce n'est pas
pour le mérite d'en tenir un que le gouvernement présente la loi
150. C'est pour tenter de brandir cette perspective comme une menace ou, au
pire, comme une sorte de pis-aller, comme par dépit, si les offres ne
viennent pas ou ne sont pas suffisantes. Et M. le Président, moi, je le
déplore.
En quelque sorte, j'écoutais avec beaucoup d'intérêt
les propos du député de D'Arcy-McGee qui mettait en garde le
premier ministre de jouer avec les rêves de la population. Je ne pense
pas le citer au texte, mais cette expression était très belle
parce que, M. le Président, je crois que rien ne peut discréditer
plus le projet de souveraineté que de le traîner, comme le
gouvernement fait présentement, dans une stratégie confuse
où la souveraineté n'est pas recherchée comme un projet en
soi dont le mérite s'impose, mais, au pis aller, c'est finalement une
option, si la révision du fédéralisme recherché
n'est pas satisfaisante.
Alors, c'est comme une sorte d'option par défaut; c'est comme une
sorte de prix de consolation pour ne pas avoir eu le gros lot. Et ça, M.
le Président, je le déplore personnellement et il y a là
certainement matière à créer beaucoup, beaucoup de
désenchantement dans la population sur le fait que le gouvernement
traîne littéralement - moi, j'appelle ça traîner -
peut-être pas dans la boue, mais dans la tactique, dans la "glue" ce
projet qui mériterait bien mieux et bien plus.
Sur cette question également, je relisais avec beaucoup, beaucoup
d'intérêt ce qu'un vétéran des négociations
constitutionnelles, était venu nous dire devant la Commission
Bélanger-Campeau. C'est un des plus hauts ex-fonctionnaires du
gouvernement. J'ai eu l'occasion de le citer, lors de l'examen en
deuxième lecture, mais j'aimerais le reprendre ici parce que je crois
que cet homme, qui est Louis Bernard, est connu pour sa probité et la
loyauté, non seulement à l'égard du Québec, mais
à l'égard des gouvernements qui se sont succédé
pour diriger le Québec. Ce qu'il est venu nous dire, ce
vétéran des conférences constitutionnelles, ce qu'il est
venu nous proposer, c'est exactement le contraire de la façon dont le
gouvernement agit maintenant. Il est venu nous proposer d'agir vite et je
voudrais juste citer - en fait, tout peut être relu, M. le
Président - mais citer simplement une réflexion qu'il nous
faisait: "Je crois - disait-il - que, si des gestes décisifs ne sont pas
posés pour vraiment faire avancer les choses, nous nous condamnons
à tourner en rond, que la situation risque de se dégrader et que
la solution du problème n'en sera que plus difficile."
M. le Président, les gestes décisifs, le moins qu'on
puisse dire, là, c'est qu'ils ne sont pas posés avec le
dépôt du projet de loi 150. Il y a, évidemment... L'opinion
publique canadienne n'est pas dupe, en fait, de ce qui se passe. Les
éditorialistes, d'ailleurs, l'ont repris à
satiété. Alain Dubuc disait d'ailleurs, à ce
sujet-là: "Les Canadiens anglais sont largement au courant des reculs de
M. Bourassa sur le référendum et du clivage qui sépare
libéraux et péquistes. L'épée de Damoclès du
référendum est bien émoussée. Avec la loi 150, M.
Bourassa n'envoie pas un message de fermeté au Canada anglais. La
fermeté, c'est plus dans les idées et les convictions qu'on la
trouve que dans les outils tactiques."
Alors, c'est un pétard mouillé, ça, finalement. Et,
malheureusement, il y a là une sorte de décalage, dans ce qu'on
fait cet après-midi, entre le sens commun, la réalité,
l'opinion publique et les gestes du gouvernement, qui peut difficilement
s'expliquer. Dans les sondages, de mémoire, je pense que c'est à
peine 19 % de nos concitoyens qui pensent sérieusement que le
gouvernement a l'intention de tenir un référendum sur la
souveraineté. 80 % ne sont pas dupes, M. le Président. Ils n'ont
pas besoin de relire les débats ni d'écouter les discours du
ministre. Ils en ont la conviction.
Une voix: II y a une sorte d'instinct.
Mme Harel: Oui, oui, il y a une sorte d'instinct, de gros bon
sens populaire qui leur fait comprendre que tout ça est bidon et,
finalement, ne vire à rien et va malheureusement finir en queue de
poisson. Et c'est, évidemment, d'autant plus regrettable qu'il y avait
un momentum et je pense que le gouvernement actuel sera jugé très
sévèrement pour être passé à
côté de ce moment de grâce qu'il y avait dans la
société québécoise. Cependant, les
événements vont, malgré tout, se dérouler en marge
du gouvernement, M. le Président, et ce qui a été
clairement illustré par les travaux de la Commission
Bélan-ger-Campeau, de toute façon, est en train de se mettre en
place, notamment que le Canada anglais a décidé de se
redéfinir sans nous.
Je pense bien que le succès actuellement remporté par le
Reform Party dans toute sa grande tournée canadienne, de même que
le succès grandissant de cette idée d'une assemblée
constituante pour redéfinir un projet canadien démontrent que,
finalement, d'une façon presque inexorable, je dirais d'une façon
presque irréversible, à la fois dans l'opinion publique
québécoise, mais je dirais également dans l'opinion
publique canadienne, les conditions se mettent en place pour définir des
projets qui, à terme - espérons-le - trouveront à se
reconnecter. Mais ça m'apparaît bien évident que l'opinion
publique canadienne n'est pas du tout ni préparée, ni
intéressée même, je dirais, dans une sorte de "revival",
là, du lac Meech. L'opinion publique canadienne est tout à fait
rendue presque ailleurs au coeur d'une redéfinition de ce qu'est le
Canada sans nous. En fait, c'est la conclusion qu'il faut tirer, je pense, de
la popularité du
Reform Party et, en même temps, de la popularité de
l'idée de l'assemblée constituante qui, malgré le refus du
gouvernement du Québec d'y participer, continue de trouver un promoteur
en la personne du premier ministre de l'Ontario qui a une influence,
évidemment, que l'on sait être assez déterminante sur la
suite des choses constitutionnelles.
Alors, il y a là un décalage profond, non seulement un
décalage entre l'action du gouvernement et l'état de l'opinion
publique dans notre société mais, en plus, un décalage
entre ce que le gouvernement met de l'avant par défaut... parce qu'on ne
sait pas, finalement, ce qu'est la barre en deçà de laquelle il
ne va pas reculer, en fait. On peut penser que ça correspond à
peu près à Meech, mais est-ce que c'est Meech ou Meech affaibli?
En tout cas, ce n'est certainement pas Meech plus.
Si le ministre et le gouvernement voulaient vraiment être
conséquents et respecteux des travaux de Bélanger-Campeau, M. le
Président, je dois vous dire qu'ils seraient pas mal plus exigeants sur
ce qu'ils attendent même de cette révision constitutionnelle. Moi,
j'ai en tête ces centaines de mémoires qui sont venus illustrer,
souvent avec des démonstrations très éloquentes... Je
pense entre autres au Forum pour l'emploi, qui regroupe 28 des organismes les
plus prestigieux de la société québécoise, des
organismes qu'on n'a pas l'habitude de voir travailler en commun, des
organismes patronaux comme syndicaux... C'est déjà
terminé?
Le Président (M. Dauphin): ...en conclusion, si vous
voulez bien, Mme la députée.
Mme Harel: Bon. M. le Président, en conclusion, je dois
vous dire que nous n'avons évidemment pas l'intention d'allonger les
travaux. Je souhaite, à une autre occasion, certainement faire
état de ce décalage entre le Québec et le Canada, tel que
je le perçois présentement. Et nous aurons évidemment
l'occasion d'en parler. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée, pour vos remarques préliminaires. Un autre membre
de la commission m'a demandé d'intervenir, M. le député de
Hull.
M. Robert LeSage
M. LeSage: Merci, M. le Président. Je serai assez bref.
J'aimerais tout de même commenter les propos du député de
Lac-Saint-Jean, lorsqu'il dit qu'on joue au fin finaud avec le projet de loi
150. Je me demande qui, M. le Président, de ce côté-ci ou
de l'autre côté, joue plus au fin finaud, lorsqu'on dit à
la population: Embarquez dans notre projet de souveraineté, de
séparation, et on verra après comment ça va aller. Il peut
y avoir des erreurs, mais ce sera nos erreurs.
Comment ça va se faire? Ça viendra. On vous le dira plus
tard.
Et Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve, pour sa part
- et là, ça me surprend un peu parce que Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, M. le Président, se
préoccupe beaucoup de l'Outaouais. Elle se demande comment on va finir
par convaincre les Québécois et les Québécoises du
bien-fondé du projet de loi 150. J'aimerais ça qu'elle vienne
dans l'Outaouais québécois convaincre les travailleurs et les
travailleuses du sort qui leur est réservé si le Québec
devenait souverain. Qu'est-ce qui arriverait avec les 26 000 fonctionnaires qui
demeurent sur le côté québécois et qui sont
employés par le gouvernement fédéral? Nous vivons
présentement un cas similaire: 50 employés des postes,
affectés dans Hull, Aylmer et Gatineau, sont appelés à se
déplacer pour aller travailler à Ottawa, et ça
soulève un tollé, M. le Président. Mais dans le
rapatriement de pouvoirs ou la séparation, on ne parle pas seulement de
50 employés; on parie de 26 000. C'est comme si on disait à
Montréal: Vous allez perdre 260 000 emplois. Je pense qu'on en
entendrait parler beaucoup plus qu'on en entend parier aujourd'hui.
Et M. le Président, Bélanger-Campeau, l'une de ses
recommandations, c'est de former un comité pour étuder cette
problématique des employés fédéraux dans
l'Outaouais québécois. Et moi, pour un, je suis fier que cette
recommandation ait été incluse à Bélanger-Campeau;
je suis fier également qu'il sera formé et je suis fier
également que l'on pourra encore se pencher sur cette
problématique avec les commissions qui sont formées par notre
gouvernement. Merci, M le Président. (15 h 45)
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Hull. Mme la députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je m'explique mal
l'étonnement des députés ministériels devant notre
opposition au projet de loi 150. Je pense que notre position a toujours
été très connue et très claire, qu'on ne pouvait
s'embarquer, qu'on ne pouvait endosser une démarche aussi
ambiguë.
Je commencerai par une parenthèse, M. le Président, pour
répondre au dernier intervenant puisque j'ai moi-même eu
l'occasion d'aller rencontrer des groupes dans la belle région de
l'Outaouais et que nous avons effectivement parlé du problème des
fonctionnaires. Je comprends parfaitement que les fonctionnaires
fédéraux s'inquiètent, et c'est parfaitement normal,
lorsque c'est notre gagne-pain, de se poser des questions là-dessus.
Mais je dois lui dire qu'à cet égard le travail qui a
été fait au Parti québécois remonte à 1974
où des études extrêmement précises ont
été faites. Je me souviens d'un document - et j'avais
rafraîchi la mémoire, l'an dernier, à nos militants sur ce
document qui avait été publié, qui comptait environ 75
pages et qui donnait toute la mécanique complète du transfert des
26 000 fonctionnaires fédéraux. Et nous avons, l'an dernier,
rajusté les chiffres puisque, depuis 1974, effectivement, il y a eu des
changements. Donc, tous ces chiffres-là ont été
rajustés et remis à jour. Ce à quoi on arrivait, au niveau
des coûts, c'est que, présentement, nous payons évidemment
25 % des coûts de l'ensemble des fonctionnaires fédéraux
et, même en rapatriant l'ensemble de ces 26 000 fonctionnaires, nous
arriverions à une épargne de 7 % des coûts. Donc,
c'était loin d'être quelque chose de négatif pour nous,
monétairement pariant, et, bien sûr, du côté de la
main-d'oeuvre, ce n'était pas quelque chose de négatif non plus
de réintégrer cette main-d'oeuvre. Il ne faut jamais oublier que,
si on récupère tous les pouvoirs, si on rapatrie tous les
pouvoirs, on se doit de donner les services après - l'ensemble des
services - puisqu'il ne sera pas question pour nous d'enlever quelque service
que ce sort. Si je pense, par exemple, aux pensions de vieillesse, il ne sera
pas question de les enlever. Donc, on va avoir besoin des fonctionnaires pour
l'opérer, ce système-là. Fin de la parenthèse, M.
le Président.
Je pense que c'est très clair, autant pour la population que pour
l'Opposition et que pour les journalistes - on l'a très bien cité
à plusieurs reprises, j'y reviendrai tantôt - que le projet de loi
150 tente de faire la tactique habituelle du gouvernement, je pense,
c'est-à-dire gagner du temps. Parce que la politique du gouvernement
Bourassa, dans tous les dossiers chauds, dans les dossiers difficiles à
trancher et, particulièrement, les dossiers qui ont touché des
sujets que je qualifierais d'émotifs: la langue, la culture et, bien
sûr, évidemment, de décider de l'option d'un peuple... Dans
tous ces dossiers-là, la politique était toujours de se dire: Le
temps finit toujours par tout arranger. Les gens sont déçus, mais
ils vont finir par oublier. Présentons un projet de loi mi-figue
mi-raisin où tout le monde pourra retrouver ce à quoi il
aspire.
On l'a d'ailleurs démontré au dernier congrès du
Parti libéral où les souverainistes sont ressortis du
congrès enchantés, rassurés - le rapport Allaire,
c'était la voie de l'avenir; il n'y avait aucun problème - et
où les fédéralistes, dans le discours de fermeture, ont pu
se rallier aussi parce qu'il n'y avait aucun problème: on ne sortait pas
du fédéralisme. Le projet de loi 150, à cet égard,
ne surprend pas l'Opposition. Il est la copie conforme de la politique du
gouvernement. C'est normal puisqu'il est rédigé par ce
gouvernement.
À cet égard, la Commission Bélanger-Campeau, dans
ses conclusions et recommandations, exprime exactement la même
pensée et la même philosophie. On arrive avec une conclusion
et une recommandation différentes qui permettent, là
aussi, l'ouverture, qui nous permettent de maintenir l'ambiguïté.
C'est ce qu'on a fait. Lorsque le ministre responsable, parrain de ce projet de
loi, nous rappelait que le Parti québécois s'est opposé
à la conclusion, j'aurais aimé qu'il le rappelle à ses
députés ministériels parce que plusieurs, tout au long de
leurs discours, nous ont répété à plusieurs
reprises que le Parti québécois avait endossé parfaitement
le rapport de la Commission Bélanger-Campeau. On a même
réussi, dans cet épisode depuis Meech, à faire croire - et
le chef du Parti Égalité l'a bien souligné - que le Parti
libéral avait vraiment pris un virage, le virage souverainiste. Les gens
y ont même cru et c'est vrai que les gens nous demandaient: Mais vous ne
pensez pas que M. Bourassa va réaliser la souveraineté? Et notre
réponse, elle était claire: S'il la réalise, tant mieux!
L'important, c'est qu'elle se réalise, peu importe qui va la
réaliser. C'est ce qu'on voulait dire quand on disait: La patrie avant
le parti.
La plus grande preuve de cette ambiguïté, c'est qu'on se
retrouve aujourd'hui avec un vote contre le projet de loi, autant par l'aile
souverainiste que par l'aile très fédéraliste, qui
s'identifie par le Parti Égalité. C'est la plus grande preuve que
le projet est ambigu. On ne peut pas en avoir une meilleure preuve, M. le
Président. Et lorsque s'ajoute un article 28, parce qu'on nous a
toujours dit que l'important, c'est la lettre et non seulement l'esprit...
Alors, l'article 28: "Sur proposition du premier ministre ou de son
représentant, l'Assemblée nationale décide de la cessation
d'existence d'une commission. " Le chef du Parti Égalité,
là aussi, l'a rappelé. Est-ce que le premier ministre avait
vraiment besoin de cette double ceinture? Il nous a toujours dit - et le
parrain de la loi aussi: L'Assemblée nationale est souveraine. Pourquoi
cette double ceinture, sinon pour justement se donner, mais vraiment toutes les
garanties de faire autre chose que ce qui est demandé dans l'article
1?
C'est bien évident. Lorsqu'on nous rappelait ce matin que c'est
l'Assemblée nationale qui va décider, sur proposition du premier
ministre... Comment qui que ce soit peut-il croire un instant qu'il y aurait
une chance pour que la proposition du premier ministre soit battue? Impossible
dans notre système parlementaire, surtout pas au nombre des
députés que nous avons présentement, d'un
côté et de l'autre de la Chambre. C'est tout à fait
impossible. Personne ne peut croire que la proposition du premier ministre
pourrait être battue à l'Assemblée nationale. Donc, c'est
évident que c'est le gouvernement libéral qui, au moment
où il décidera qu'il en a assez avec les commissions, au moment
où il jugera qu'une autre stratégie serait
préférable, par exemple, une élection, eh bien, tout
cessera, le travail s'arrêtera. Lorsqu'on nous parlait du coeur de
Bélanger-Campeau en parlant des deux possibilités, des deux voies
qui s'ouvraient à nous, le ministre nous a rajouté, par exemple,
s'apercevant que ce n'était peut-être pas juste ça le
coeur, il nous a rajouté un autre coeur: l'échéancier, le
référendum. Sauf que, partout dans les discours, personne ne nous
en a parlé. On est rendus à deux coeurs. Deux coeurs, ça
donne deux voies; deux coeurs, tout en double, deux options... Ha, ha, ha! Deux
options, donc, on maintient l'ambiguïté.
Donc, M. le Président, personne ne nous a parlé du
référendum, personne ne nous a vanté largement les
mérites du référendum, à quelques exceptions. On
nous a dit que parmi ces deux voies-là, la voie des offres du
fédéral... On nous disait au début: Nous attendons des
offres s'il y en a. Quelques mois plus tard: Nous sommes convaincus qu'il y
aura des offres. Et maintenant: S'il n'y a pas d'offres, on pourra toujours en
susciter, en désespoir de cause et, après tout, c'est vraiment
notre option, on pourra toujours en susciter. Si les offres n'arrivent pas
à temps et si ce qu'on suscite ne donne pas de résultats, eh bien
là, on mettra fin aux commissions pour se trouver une autre voie, une
troisième voie.
Ce que ça démontre, M. le Président - et c'est
triste un peu - c'est le manque de confiance que l'on a en nos
possibilités. C'est un peu normal, je pense, parce que tout peuple
colonisé porte toujours en soi ce manque de confiance. Et pourtant, si
des gens devaient comprendre l'importance de la confiance en soi, c'est bien
les députés ministériels parce que, dans nos vies
personnelles, tout le monde sait que, si on n'a pas la confiance en soi, on ne
peut pas réussir. Si, comme peuple, on n'a pas confiance en soi, on ne
croit pas clairement en une option, on ne pourra pas réussir. On ne peut
pas réussir un fédéralisme renouvelé qui n'a aucun
visage parce que ça aussi, c'était frappant dans les discours.
Tout le monde a vanté le fédéralisme renouvelé,
mais personne n'en a donné une véritable définition. Je
vous comprends parce que, de votre côté, les variantes sont
tellement grandes. Elles partent d'une presque souveraineté à un
fédéralisme pur et dur. Et là vous avez toutes les
versions possibles entre ça... peut-être près de 90
versions, je dirais. Donc, c'est normal que ce manque de confiance en soi se
soit traduit par cette ambiguïté.
Le ministre a aussi fait appel à l'ouverture d'esprit,
au-delà de la partisanerie politique. C'est ce que nous avions fait au
lendemain de Meech. C'est ce que le chef du Parti québécois avait
fait en tendant la main au premier ministre. Je me rappelle le discours du
député de Louis-Hébert, en Chambre, hier, qui disait: Le
chef du Parti québécois a tendu la main. Il a dit: Mon premier
ministre! Et, dès qu'il a eu une demande pour prouver cette
collaboration, il dit: Non. La demande, il se référait au projet
de loi
150. J'aimerais peut-être lui rappeler qu'il y a eu la Commission
Bélanger-Campeau et que, effectivement, le Parti québécois
a tendu la main, a participé aux travaux de bonne foi et, contrairement
à ce que laissait entendre le parrain de la loi, il n'y avait pas de
dissidence de notre côté. Il n'y avait pas de tiraillements. Notre
option, elle était claire et, au niveau des caucus, il n'y avait aucun
dissident et nous étions très clairs sur ce que nous
voulions.
Donc, on nous demande d'aller au-delà de la partisanerie et c'est
ce que nous avons fait. Par contre, dès le dépôt du projet
de loi 150, nous pouvions commencer à nous poser des questions devant la
teneur du texte, mais aussi nous poser des questions devant la réaction
de certains députés qui, eux, ne se sont pas cachés pour
dire immédiatement ce qu'ils comptaient faire de la commission de la
souveraineté. Le député de Papineau a été
très clair. Le député de Verdun aussi a été
très clair: Nous allons nous rendre à cette commission et nous
allons faire la job à la souveraineté. Nous allons
démontrer que ce système-là, il n'y a rien à faire
avec.
Et on s'étonne que le Parti québécois s'oppose au
projet de loi 150! On s'étonne de ça, on se demande... On manque
de confiance en nous! On a écouté les déclarations des
députés et c'était clair. Si on avait eu le moindre doute
- parce qu'on aurait pu avoir certains doutes - je vous avoue qu'à
l'écoute des discours on a eu une preuve irréfutable. Elle
était là, la preuve; les vrais visages, ils étaient
là. Et tout ce qu'on tentait de nous démontrer, c'était le
prix de la souveraineté. Quand va-t-on poser l'autre question aussi, le
prix du fédéralisme? Ce n'est pas ce qu'on nous a dit. Personne
n'a mentionné ça dans son discours, on va évaluer le prix
du fédéralisme. Non, on nous disait toujours: Le prix de la
souveraineté, on va attendre les offres du fédéralisme. Le
prix du fédéralisme, il faut se le poser à la commission
de la souveraineté. C'est là qu'il faut se le poser. Ah non!
Ça, on n'en parlait pas, bien non, puisqu'on est parfaitement convaincu,
de l'autre côté, que le fédéralisme n'a pas de prix,
hein! Pour rester dans le système fédéral, il n'y a pas de
prix pour ça.
Le dilemme, ils l'ont à l'intérieur de leurs structures,
ils l'ont à l'intérieur de leur parti, ils l'ont entre les
députés. Quelqu'un qui a écouté attentivement
l'ensemble des discours de l'autre côté... Et c'est vrai que, du
côté des ministres, on a été très calme; de
l'autre côté, on ne les a pas entendus beaucoup. J'aimerais
peut-être rappeler que ce matin, au moment du vote, il n'y avait pas
beaucoup de personnes présentes non plus: 62 du côté du
parti ministériel. Tout au long de leur discours, on s'est
retrouvé avec un discours fédéraliste, mais qui n'avait
pas de corps. On ne disait pas ce qu'on voulait, on disait surtout qu'on ne
voulait pas la souveraineté. Mais qu'est-ce qu'on voulait du
fédéra- lisme? C'était quoi, le fédéralisme
renouvelé? Personne ne le disait. On ne le sait pas. Parce que chacun a
sa propre version. J'ai même entendu certains députés
ministériels dire que c'était la confusion totale, qu'on ne
savait pas où on s'en allait et qu'on ne pouvait pas, à ce
moment-là, convaincre une population. Et c'est vrai! Comment convaincre
une population lorsqu'on n'a pas un projet clair? Sans projet clair, on ne peut
convaincre personne. C'est impossible. Oui, et le passé, notre
passé nous l'a prouvé. Notre passé à nous nous l'a
prouvé. Il faut une option claire et je pense que nous l'avons et
qu'elle était bien comprise par les gens. (16 heures)
Ce qui est dommage aussi, c'est que ce message que vous avez
lancé aux citoyens et aux citoyennes du Québec, par cette
confusion totale, vous l'avez également lancé au Canada tout
entier. On se retrouve aujourd'hui devant un Canada qui nous regarde, qui ne
sait toujours pas ce que les fédéralistes veulent comme
renouvellement et qui ne comprend toujours pas ce que le Québec veut. Et
pourtant, c'était si clair, il y a un an. D'ailleurs, de nombreux
journalistes l'ont souligné. Et, même ce matin, j'entendais
à la radio le commentaire du journaliste Laurent Laplante, qui disait
que par le discours du premier ministre Robert Bourassa, hier, il venait de se
livrer au gouvernement canadien. Il n'y avait plus de possibilité de
négocier quoi que ce soit. Il s'est attaché, selon son expression
même, les deux bras dans le dos. Il s'est mis une camisole de force en
disant tout de suite: La souveraineté, ça n'a pas de bon sens, le
prix que ça coûte; on ne pourra jamais y arriver. Puis d'un autre
côté, bien, on va peut-être aller vous la demander; si le
peuple veut, là, peut-être qu'on va aller vous la demander, mais
on n'y croit pas. Inquiétez-vous pas, on n'y croit pas. Donc, on s'en va
négocier avec une camisole de force.
Normand Girard aussi qui, dans son commentaire de ce matin, vendredi 14
juin, dit: "Bourassa attire l'attention sur les dangers de la
souveraineté... comme le craignait le Parti québécois." On
avait raison de craindre un peu, M. le Président. Les propos tenus par
le chef du gouvernement indiquent que c'est le procès de la
souveraineté que feront les deux commissions parlementaires qui
découleront de l'adoption de la loi 150 aujourd'hui. Ce n'est pas un
journaliste qui a été reconnu dans le passé comme
étant un farouche souverainiste, M. le Président.
Donc, le jugement, il est là. C'est le procès de la
souveraineté qu'on veut faire et personne n'a été dupe de
ça. Dès le 18 mai 1991, Lysiane Gagnon aussi parlait d'une
démarche incohérente. Mes collègues ont cité
Lesage, Dubuc, Giroux. Alors, moi, j'irai du côté de Lysiane
Gagnon qui nous disait: "Rarement aura-ton vu démarche plus
incohérente que celle du gouvernement Bourassa dans le dossier
constitutionnel. Le
projet de loi qui l'encadre annonce fort bien l'esprit de
l'affaire."
Alors, elle parlait des deux expressions, M. le Président, si
chères au parrain de la loi, l'esprit et la lettre. "Le texte
législatif qui a fait soupirer d'aise les fédéralistes se
lit comme un horaire de chemin de fer ou comme l'échéancier d'une
quincaillerie: bons de commande, dates prévues pour la livraison.
Prosaïque calendrier farci de petites attrapes fin finaudes qui
ressemblent bien au rapport qui l'a engendré. Ici encore, on laisse
miroiter un faux consensus en faisant semblant de placer les deux options sur
un pied d'égalité. Mais, en pratique, on met en place le
mécanisme qui permettra au premier ministre Bourassa de louvoyer
à sa guise et d'improviser, au gré des circonstances et des
sondages, d'autres tactiques à court terme.".
Le Président (M. Dauphin): En conclusion, s'il vous
plaît, Mme la députée.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Est-ce qu'il y a eu des
changements majeurs qui auraient pu nous permettre de changer de cap depuis
Bélanger-Campeau? Bien, les seuls changements majeurs que j'ai vus, M.
le Président, ce sont justement des changements pour nous encourager
à nous diriger encore plus vite vers la souveraineté,
c'est-à-dire l'empiétement du fédéral dans
l'éducation, dans le développement régional et son
avertissement qu'il n'y aura plus de transfert au Québec d'ici cinq ans
pour la santé et l'enseignement supérieur, M. le
Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. M. le député de Vimont.
M. Benoît Fradet
M. Fradet: Merci, M. le Président. Je peux vous dire que
je suis très heureux de pouvoir participer au débat entourant
l'avenir constitutionnel du Québec, surtout pour un jeune comme moi. Je
pense qu'on ne pourra pas nier que j'en ai pas mal moins de fait qu'il m'en
reste à faire, puis les jeunes de ma génération aussi.
Donc, l'avenir du Québec, l'avenir politique et constitutionnel nous
concerne grandement. Le projet de loi 150, à mon avis, ce n'est pas
compliqué. C'est, de un, une obligation de résultats avec un
échéancier référendaire fixe. Puis ça,
ça fait plusieurs fois qu'on le mentionne, mais je pense que c'est
important de le rementionner.
On a parlé un petit peu, de l'autre côté, du rapport
Allaire. Le rapport Allaire, ce n'est pas compliqué non plus. C'est
encore la même chose, une obligation de résultats avec un
échéancier fixe, un échéancier
référendaire. Me Jean Allaire et son comité ont
travaillé très fort pour élaborer une politique
constitutionnelle au Parti libéral, puis je pense qu'on est ressorti du
dernier congrès des membres encore plus forts. Le rapport Allaire, c'est
aussi pour le gouvernement du Québec la première base de
référence. Il y a eu des questions qui ont été
posées puis je pense que c'est important qu'on le mentionne. Le
gouvernement libéral issu du Parti libéral va se servir du
rapport Allaire comme étant une première base de
référence.
M. le député de Lac-Saint-Jean disait que les
députés libéraux ne démontraient même pas de
sympathie envers la souveraineté, envers l'option de la
souveraineté. Moi, je ne parlerais pas de sympathie. La
souveraineté, pour moi, ça ne me fait pas peur. Ça ne me
fait pas peur. Mais qu'on l'étudié, qu'on étudie les
impacts de la souveraineté. Que ce soit des effets négatifs ou
des effets positifs, qu'on le dise, qu'on l'étudié puis le projet
de loi 150 avec les deux commissions parlementaires, c'est là pour
ça. Je pense que c'est important. C'est important parce qu'il ne surfit
pas d'avoir une sympathie envers une option politique pour que ça soit
l'option privilégiée de tous les citoyens. Les citoyens, ce
qu'ils veulent, ce n'est pas juste une sympathie; ils veulent avoir l'heure
juste. On leur donne l'occasion, par le projet de loi 150, d'avoir l'heure
juste sur les deux options. Dans le rapport Bélanger-Campeau, il y avait
deux voies: la voie de la souveraineté, comme le rapport Allaire, ou le
premier choix, qui était quand même le premier choix du Parti
libéral du Québec par le rapport Allaire, un
réaménagement en profondeur des structures politiques et
constitutionnelles canadiennes.
Il va y avoir deux commissions parlementaires, une qui va étudier
éventuellememt les offres qui vont venir de nos partenaires canadiens et
l'autre, justement, pour étudier les impacts d'une souveraineté
éventuelle au Québec. Je pense que c'est important qu'on se serve
de ces deux commissions-là non pas, à mon avis personnel à
moi, pour discréditer une option ou l'autre, mais pour donner l'heure
juste aux Québécoises et Québécois. Je pense que
c'est très important.
Mon collègue des Îles-de-la-Madeleine disait hier dans son
discours: On n'est pas des pel-leteux de nuages. On est rationnels. Je pense
que c'est important qu'on démontre à la population quels sont les
effets du fédéralisme comme vous l'avez mentionné. Si ce
n'est pas rentable, le fédéralisme - puis on sait que,
actuellement, ce qu'on connaît n'est pas rentable non plus... Mais si ce
n'est pas rentable, la souveraineté, c'est viable, peut-être;
peut-être qu'elle est viable. Étudions-la, étudions les
impacts à la commission parlementaire.
Puis, dans ce sens-là, je me demande encore pourquoi... Depuis
tout à l'heure, depuis ce matin en commission parlementaire, j'ai
l'impression que les députés du Parti québécois
essaient de nous convaincre pourquoi ils votent
contre le projet de loi 150. Puis, moi, je peux dire qu'ils ne m'ont pas
convaincu pourquoi ils votaient contre le projet de loi 150. Ce n'est pas
compliqué. Le projet de loi 150, premier article. "Le gouvernement du
Québec tient un référendum sur la souveraineté du
Québec entre le 8 juin et le 22 juin 1992 ou entre le 12 octobre et le
26 octobre 1992." Le premier article du projet de loi 150, avec deux
commissions parlementaires qui vont être formées... Je me dis:
Bien, pourquoi le Parti québécois n'a pas pris la position de
dire: On va voter pour le principe du projet de loi parce qu'on est d'accord
avec le principe du projet de loi, puis, en commission parlementaire, on
arrivera avec des amendements qui nous rassureront davantage? Lorsqu'on sera
rassuré ou lorsqu'on ne sera pas rassuré davantage, on prendra
nos décisions puis on votera, s'il faut, contre le projet de loi en
dernière lecture. Mais je pense qu'au moins, le principe, le Parti
québécois aurait dû l'approuver. Je pense que ça,
c'est très important.
Mais le projet de loi 150, comme le disait... On a cite des
éditiorialistes, on a cité des commissaires, mais il y a un
commissaire qui a donné ses états d'âme dans Le Devoir
dernièrement, qui est Claude Béland, qui se demandait lui
aussi comment il se fait que le Parti québécois vote contre le
projet de loi 150 parce que, d'après Claude Béland, qui est un
souverainiste reconnu, qui est un gars assez intelligent, président du
Mouvement Desjardins, un brillant bonhomme... Il ne comprenait pas, lui non
plus, pourquoi le Parti québécois votait contre le projet de loi
150. Parce que, dans sa tête, lorsqu'il a signé le rapport
Bélanger-Campeau, il était clair qu'il y avait deux voies et
qu'il était pour être créé, par le projet de loi,
deux commissions parlementaires. Et que, bien entendu, le gouvernement gardait
son initiative, sa faculté d'appréciation.
Je pense que c'est normal aussi, la souveraineté de
l'Assemblée nationale. On a entré dans les considérants
que l'Assemblée nationale était souveraine et ça fait peur
au Parti québécois. Mais je pense que c'est comme normal parce
que, le 25 septembre 1989, le Parti libéral a été
élu avec 92 députés. Alors, c'est normal que le Parti
libéral soit au gouvernement et avec une forte majorité, comme le
député de Terrebonne l'a mentionné tout à
l'heure.
Alors, pour moi, M. le Président, le projet de loi 150 est clair:
une obligation de résultats avec un échéancier
référendaire fixe. Deux voies s'offrent à nous. On va
étudier, avec les deux commissions parlementaires... nous allons
étudier les offres, les éventuelles offres du gouvernement
fédéral qui devront lier, comme le dit le projet de loi,
formellement les autres provinces avec le gouvernement fédéral.
Nous allons étudier aussi les impacts d'une souveraineté au
Québec et, démocratiquement, comme le Parti libéral l'a
toujours prôné, démocratiquement, la population du
Québec choisira l'option qu'elle favorisera, l'option qu'elle pensera,
d'après elle, être la meilleure pour les intérêts
supérieurs du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Vimont. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Chapleau et, ensuite, M. le député de
Bertrand.
M. John J. Kehoe
M. Kehoe: Merci, M. le Président. M. le Président,
la commission qui étudie le bill, le projet de loi 150 est l'une des
plus importantes sur lesquelles on va avoir l'occasion de siéger.
Ça fait 10 ans que je suis député et je suis absolument
persuadé que c'est une des plus importantes sur lesquelles j'aurai eu le
privilège de siéger. Pour le Parti québécois, le
problème est bien simple. Leur position est catégorique, claire,
nette et précise: c'est la souveraineté du Québec à
n'importe quel prix. C'est justement ça qu'il ne veut pas savoir: Quel
sera le prix? Quelles seront les conséquences? Quel sera le coût
de la souveraineté de la province de Québec? Pourquoi... Et c'est
pour ça que je ne comprends pas leur attitude. Pourquoi ils ne veulent
pas embarquer avec nous autres, avec notre formation, pour décider
vraiment ce qu'est l'enjeu pour l'avenir de la province de Québec?
Pourquoi ils ne veulent pas étudier les questions afférentes
à l'accession du Québec à la souveraineté?
On ne dit pas que c'est une option à laquelle on va dire
absolument non. Le Parti libéral n'a jamais pris cette
position-là. C'est une option. Il y a deux options. Mais je ne comprends
pas pourquoi le Parti québécois ferme les yeux à toutes
les possibilités. Pourquoi ne pas faire une étude approfondie sur
la question de savoir le coût aussi pour rester dans le même
régime qu'on a actuellement? Nous, le Parti libéral, on dit
clairement qu'on étudie toutes les options, qu'on fait une étude
de la question de la souveraineté, comment ça va coûter,
quelles sont les implications, quels sont les coûts, quelles sont les
conséquences, et le fédéralisme aussi.
Nécessairement, dans ça, on dit: étude des questions
afférentes. Ce n'est pas d'étudier seulement les
conséquences de la souveraineté, mais c'est de rester dans le
régime actuel aussi.
La deuxième chose qui est importante aussi, c'est de savoir si
vraiment le Canada anglais est prêt à faire des offres
sérieuses, de donner une dernière chance, de savoir vraiment
s'ils sont prêts à aller d'un certain demi-mille à un
autre, à une certaine distance pour rejoindre les demandes
légitimes de la province de Québec. Moi, je me dis: C'est un peu
la même chose, la réaction du Parti québécois.
C'était la même chose dans notre région.
Le député de Hull a fait mention, tantôt, que,
lorsqu'on a commencé à parler de l'importance des
conséquences de la souveraineté de la province, on a vite vu,
dans notre région, que les conséquences y seraient senties le
plus vite et le plus durement que pour toutes les régions de la province
de Québec. Ça affectera la région de l'Outaouais. À
partir de là, quand la Commission Bélanger-Campeau est venue dans
la région, le 5 décembre dernier, tous les organismes de la
région ont fait des études assez profondes, assez
étoffées pour savoir les conséquences... et on a
découvert qu'ils ont moins... Le député de Hull a dit
qu'il y aurait une possibilité d'une perte d'au-delà de 26 000
jobs des fonctionnaires fédéraux. Mais il faut rajouter à
ça qu'il y a des jobs secondaires, jusqu'à 15 000 autres jobs,
qui pourront être perdus, pour un total de 41 000 jobs. (16 h 15)
Le Parti québécois, dans ce dossier-là, a pris
différentes positions. Pour commmencer, lors de leur congrès, ils
ont dit: On va créer un ministère qui va s'occuper de ça.
Leur chef, M. Parizeau, est venu dans la région et il a dit: Non, il
n'est pas question de créer un ministère spécifiquement
pour étudier ce problème-là. Là, il y a eu une
autre proposition à l'effet que les 26 000 fonctionnaires
fédéraux seraient intégrés dans la fonction
publique du Québec, et la région de l'Outaouais... Il
créera un troisième centre administratif dans la province de
Québec. Ce sera dans la région de l'Outaouais.
C'est des paroles dans les airs. Il n'y a pas d'études pour dire
si c'était possible de le faire. C'est juste de lancer des paroles, de
dire au peuple qu'on s'occupe du dossier. Mais nous, le Parti libéral,
qu'est-ce qu'on fait? On réalise l'importance du problème pour
notre région. On a dit que ça prend une étude approfondie
qui va aller jusqu'à étudier toutes les implications, toutes les
dimensions pour les fonctionnaires fédéraux et les autres
employés. Puis justement, durant le temps que la Commission
Bélanger-Campeau est venue dans la région, il y a eu des
propositions, des demandes pour qu'un comité soit formé pour
étudier le problème. Le bureau du premier ministre nous a
assurés que dans un avenir rapproché un membre, la personne qui a
siégé sur le comité, M. Marcel Beaudry, serait sur le
comité qui sera formé pour vraiment étudier de nouveau...
C'est à peu près la même chose qu'on va faire dans
l'Outaouais qu'on a fait ici dans le projet de loi 150. Dans le projet de loi
150, on va étudier les questions afférentes à l'accession
du Québec à la souveraineté. Dans la région, chez
nous, on va avoir un comité qui va étudier les
conséquences de la souveraineté du Québec, les
conséquences pour la région.
C'est à ça que je veux en venir, M. le Président.
Je pense que notre position dans le projet de loi 150, pour la région
chez nous, c'est une manière de procéder réaliste. On n'a
pas une idée... Notre esprit n'est pas formé. On dit qu'on va
étudier le problème des conséquences de la
souveraineté. On va étudier les conséquences pour la
région de chez nous. On va venir avec des solutions. On va venir avec
une décision éclairée. On n'a pas peur de faire la
lumière sur toute l'affaire.
Le Parti québécois, il a dit: Ferme la porte. On ne veut
rien savoir. Notre position est finale. Mon idée est faite. N'essaie pas
de la changer avec des faits, avec des études ou avec les
conséquences de ça. Peu importe ce que ça coûte,
c'est la souveraineté, puis laisse faire les jobs qui seront perdus dans
la région de chez nous et ailleurs dans la province de
Québec.
Mais cette attitude-là, M. le Président, je la
déplore. Je dis tout simplement que la manière que nous allons
procéder dans le projet de loi 150, ça prend un certain temps. Le
parti de l'Opposition... Eux autres, ils veulent avoir le
référendum immédiatement. Ils savent qu'actuellement il y
a un certain sondage. Eux autres, ils nous accusent de gouverner suivant les
sondages. Mais qu'est-ce qu'ils font là, dans ça, dans tout ce
qu'ils font pour l'avenir de la province de Québec? Ils savent
qu'actuellement les sondages sont favorables peut-être pour la question
de souveraineté. Actuellement, je le répète.
Mais les émotions ont fait en sorte, depuis l'échec du lac
Meech, qu'on est rendus là. Mais là, peu à peu, on
commence à apprendre le coût, le prix, les conséquences, et
pour le Canada, et pour le Québec. On commence à réaliser
vraiment les enjeux. Puis tout ce qu'on fait dans le projet de loi 150, c'est
de poursuivre l'étude un peu plus loin, de voir exactement quelles
seront les conséquences. Je ne peux pas comprendre. M. Béland l'a
dit. Le député de Vimont a dit tantôt que M. Béland
a dit la même chose.
Quelle peur avez-vous d'écouter des experts qui vont faire une
étude, qui vont expliquer à une commission parlementaire les
enjeux? À la lumière de tout ça, là, on va prendre
une décision éclairée, un engagement ferme, sans
équivoque, le 26 octobre. Le ministre responsable l'a dit à
maintes et maintes reprises: II faut avoir une autre loi. Si on décide
de changer le projet de loi 150, il faut venir devant l'Assemblée
nationale.
C'est bien sûr que, si les offres du fédéral ne sont
pas vraiment réalistes et vraiment à l'effet qu'il y a un
changement profond dans le fédéralisme actuel offert par le reste
du Canada, il n'y aura pas de question, à ce moment-là, on va
aller suivant l'article premier du projet de loi 150. Ça va être
un référendum. On ne peut pas s'en sortir de ça. Je ne
vois pas pourquoi le Parti québécois s'enchaîne,
déchire son linge en public et fait jusqu'à un "filibuster". Je
ne sais pas s'il fait un "filibuster" aujourd'hui, mais enfin.
Ce que je dis, tout simplement, - M. le Président, je finis
là-dessus - pourquoi ne pas
faire la lumière sur tout ça, pour avoir un jugement
éclairé, pour savoir exactement où on s'en va? C'est
l'avenir de la province de Québec, c'est notre avenir à nous
autres. On va faire ça avec les yeux fermés: C'est la
souveraineté, bonjour la visite, un référendum et tout de
suite, là, ne pas attendre, tout de suite? Moi, je n'embarque pas.
J'embarque dans une procédure beaucoup plus réaliste,
beaucoup plus plausible et beaucoup plus rationnelle, que ce soit, pour la
région de l'Outaouais, le comité qu'on crée pour
étudier les implications, que ce soit le projet de loi 150 où on
décide d'étudier toutes les questions. Donc, dans ces
circonstances, M. le Président, je suis absolument d'accord avec le
ministre et je demande que le Parti québécois ouvre les oreilles
et écoute les arguments qui sont avancés par combien d'autres
personnes que M. Béland, qui disent: On va étudier l'affaire et
on va prendre une décision après. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Chapleau, pour vos remarques préliminaires.
Alors, toujours à l'étape desdites remarques, je vais maintenant
reconnaître M. le député de Bertrand.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Permettez-moi d'abord
de souligner mon étonnement face à l'intervention visiblement
télécommandée du député de Vimont qui
contraste avec la position qu'il avait prise lors des discussions du Parti
libéral sur ce sujet.
J'aimerais, en préambule, répondre à quelques-unes
de ses affirmations et de ses questions. D'abord, le député nous
demandait pourquoi nous n'avions pas accepté de voter pour le principe
du projet, quitte à changer notre position par la suite si nous n'avions
pas les assurances que nous voulions avoir. Pour une raison bien simple, et je
pense que c'est important que la population le sache, c'est que, contrairement
au processus qui a présidé à l'établissement de la
Commission Bélanger-Campeau, où la nomination du président
lui-même a fait, pendant de nombreuses semaines, l'objet
d'échanges entre le chef du gouvernement et le chef de l'Opposition et
que la nomination, finalement, de la Commission elle-même a fait l'objet
d'échanges et, jusqu'à un certain point, d'un consensus entre les
deux chefs des partis politiques principaux, pour bien s'assurer que le
processus serait enclenché de la façon la moins partisane
possible... on peut sérieusement s'interroger pourquoi la même
démarche n'a pas été suivie dans le cas du projet de loi,
de la rédaction du projet de loi 150. Alors, voilà,
essentiellement, une des raisons pour lesquelles on vote contre ce projet de
loi. De toute façon, vous savez aussi bien que moi, comme personnes
politiques, que voter, dans une première lecture, pour un projet de loi
et, en cours de route, se retourner contre, c'est encore semer la confusion
davantage au sein de la population. D'autre part, le député de
Vimont disait que, après tout, c'est le Parti libéral qui est au
pouvoir et, donc, c'est le Parti libéral qui a la prérogative
d'imposer, en quelque sorte, sa propre loi en cette matière. J'en
conviens, mais alors, en suivant le même raisonnement, pour quelle raison
serions-nous obligés de l'appuyer, puisque c'est le raisonnement qui
nous est avancé?
Ceci étant dit, j'aimerais quand même déplorer et
regretter la démarche entreprise par le gouvernement. Je n'ai pas eu
l'occasion de participer à toutes les délibérations de la
Commission, comme l'ont fait certains de mes collègues. Je peux vous
dire que vu de l'extérieur, aussi bien comme simple citoyen que comme
député, je déplore la démarche qui a
été entreprise par le gouvernement parce qu'au moins, que l'on
soit fédéraliste ou souverainiste, il y avait, face à
l'extérieur, face aux interlocuteurs du Québec, un semblant
à tout le moins de consensus qui donnait au gouvernement du
Québec, quel que soit le parti au pouvoir, une force de
négociation qu'à mon avis, il vient de perdre.
C'est dans ce sens que je pense que le projet de loi 150 reflète
davantage les tiraillements au sein du Parti libéral et s'avère
un effort d'accommodement des différentes tendances qui s'opposent au
sein du Parti libéral, beaucoup plus qu'un effort réfléchi
et qu'un effort non partisan pour donner suite aux recommandations de la
Commission Bélanger-Campeau. J'en prends pour témoin, M. le
député, ce matin, le fait que, sur 91 députés
libéraux à l'Assemblée nationale, il y en avait à
peine 62 pour se prononcer sur ce projet de loi là. Entre autres, le
député de Nelligan, qui a fait des déclarations,
fanfaronnades à la presse disant qu'il se prononcerait, qu'il voterait
contre ce projet-là, il ne s'est même pas présenté
pour voter contre.
Une voix:...
M. Beaulne: Oui, mais enfin, ça reflète des
tiraillements. Lorsque vous essayez de mettre le fardeau de la preuve sur le
Parti québécois, de ne pas appuyer un projet de loi qui, de toute
évidence - et la population n'en est pas dupe, comme en témoigne
le dernier sondage qui a été fait, à savoir que la
majorité des Québécois ne croient aucunement que le
premier ministre va tenir un référendum sur la
souveraineté et que vous essayez d'abrier ça de façon
à ce que la population pense que vous êtes en train de leur
produire un suivi naturel des recommandations de la Commission
Bélanger-Campeau. C'est la raison pour laquelle nous, on ne tombe pas
dans le panneau.
Ceci étant dit, je pense que ce qu'il y a également de
regrettable, c'est le fait que cette stratégie du gouvernement envoie
dorénavant un message confus au Canada, contrairement au rapatriement de
la Constitution en 1981. À ce moment-là, M. Ryan était
chef de l'Opposition et il avait voté avec l'Opposition pour condamner
ce geste; de la même façon, lors des négociations sur
l'entente du lac Meech, l'Opposition a voté avec le gouvernement pour
renforcer la position de négociation du gouvernement; de la même
façon, il n'y a pas si longtemps, nous avons voté presque
unanimement, du moins, le parti ministériel et le parti de l'Opposition
officielle, pour condamner les ingérences du gouvernement
fédéral en matière d'éducation et en matière
de développement régional; de la même façon,
à ce moment-là, la société québécoise
envoyait un message clair et précis à ses interlocuteurs
canadiens quant aux bases minimales de nos négociations. Bien, avec
votre stratégie, vous venez de foutre tout cela en l'air et vous venez
de semer la confusion après le message clair qui avait été
transmis au reste du Canada.
Quant au message qui est maintenant véhiculé au
Québec, c'est également un message de confusion parce qu'un
projet de loi qui devait prévoir, entre autres, les modalités de
la tenue d'un référendum sur la souveraineté du
Québec se trouve face à une objection de l'Opposition officielle
et d'un parti politique qui a toujours eu comme motif premier la promotion de
la souveraineté du Québec. Alors, imaginez-vous la confusion
auprès de la population du Québec où on a un projet de loi
prévoyant un référendum sur la souveraineté contre
lequel vote le parti souverainiste à l'Assemblée nationale.
Quoi dire maintenant de la communauté internationale qui voyait
se dessiner une sorte de consensus de base au Québec, surtout suite
à l'assentiment qui avait été donné par le chef de
l'Opposition et le chef du gouvernement quant à la composition de la
Commission Bélanger-Cam-peau, et qui voit maintenant le parti
souverainiste voter contre un projet de loi prévoyant un
référendum? Je pense, M. le Président, que le
gouvernement, avec cette stratégie - je le déplore, à
titre de Québécois, pas à titre de péquiste - le
gouvernement, à mon avis, vient de brûler tous ses pétards
et c'est ça qui est regrettable. Il vient de brûler tous ses
pétards parce que, dans ses négociations face au gouvernement
canadien et face au Canada, il n'a plus ce que nos interlocuteurs appelaient un
fusil sur la tempe ou ce qu'on pourrait plus poliment appeler une espèce
d'épée de Damoclès de la souveraineté et une sorte
d'appui des mouvements souverainistes au Québec dans une espèce
de front commun face aux revendications minimales - tout du moins - du
Québec. Donc, à ce niveau-là, je ne vois pas comment le
gouvernement du Québec, même s'il fait passer, à travers
cette Assemblée nationale, grâce à cette majo- rité,
toutes sortes de propositions, va négocier avec force et surtout en
faisant valoir qu'il jouit d'un consensus et qu'il est mandaté par un
consensus au sein de la population du Québec. (16 h 30)
À ce niveau, il est intéressant de noter... Je me suis
absenté, il y a quelques minutes, de cette Chambre pour donner une
entrevue à CJAD. Entre autres, la question qui m'a été
posée concernait justement nos discussions sur la loi 150 et, sans
même que j'aie à répondre, mon interlocutrice m'a dit: "Au
fond, ce qui ressort de tout ça, c'est qu'il n'y a plus de consensus au
Québec." Alors, sans même que nous on ait à dire quoi que
ce soit, c'est déjà l'interprétation qui est faite par les
observateurs de la scène québécoise et de la scène
constitutionnelle canadienne.
D'autre part, face à la communauté internationale, je
pense que cette stratégie est lourde de conséquence et je ne
pense pas que vous en avez mesuré tous les impacts. Premièrement,
en supposant que vous soyez si transparents dans vos intentions, advenant que
la souveraineté soit l'option qui est retenue par une majorité de
Québécois - ça peut être le
fédéralisme mais mettons que, dans votre transparence, et vous ne
vous gênez pas pour nous le répéter, vous n'excluez aucune
option - en supposant que la souveraineté est l'option qui est retenue
par le peuple québécois, bien, la souveraineté, ça
n'implique pas simplement une discussion entre nous, ça implique
également une reconnaissance internationale. Et le fait d'envoyer un
message confus à la communauté internationale va, à mon
avis, créer des problèmes peut-être pas insurmontables,
mais certainement des problèmes accrus au niveau de la reconnaissance
internationale.
Deuxièmement, ça soulève également la
question quant à savoir qu'est-ce qui est une majorité acceptable
pour que la souveraineté du Québec soit reconnue sur le plan
international. On a toujours pensé que la majorité, c'est 50 plus
1. Sauf qu'on commence déjà à voir apparaître des
commentaires à l'effet que: Hum! Peut-être 51 %, ce n'est pas
assez, ça, pour consacrer la souveraineté du Québec. Ne
faudrait-il peut-être pas 60 % ou 75 % ou même 90 %? Bon,
voilà la porte qu'ouvre votre démarche confuse et
tarabiscotée.
Maintenant, sur le plan des coûts du fédéralisme et
de la souveraineté puisque, depuis tout à l'heure, on nous parle
de cet effort louable d'évaluer les coûts de la
souveraineté et que le premier ministre lui-même déclarait
il n'y a pas si longtemps qu'avant de se positionner il fallait évaluer
les coûts de la souveraineté, bien, je rappellerai ce que ma
collègue de Terrebonne a dit et qui est tout à fait vrai:
Jusqu'ici, les souverainistes ont eu à faire la démonstration que
la souveraineté était faisable et rentable. Je pense que c'est
maintenant aux fédéralistes,
d'autant plus que la Commission Bélanger-Cam-peau a eu comme
résultat, tout du moins, de prouver que la souveraineté
était aussi viable que le fédéralisme, mais surtout de
montrer que le fédéralisme était de moins en moins
rentable, avec ses juridictions qui s'entrecroisent, avec ses doublements de
dépenses. Donc, je pense que dorénavant le fardeau de la preuve
est beaucoup plus sur le dos des fédéralistes de faire la
démonstration à la population du Québec que c'est le
fédéralisme qui est encore rentable plutôt que la
souveraineté avantageuse.
À ce niveau-là, je pense qu'il est intéressant de
noter que plusieurs intervenants du côté ministériel
demandent ou invoquent le besoin de produire des études. Des
études démontrant quoi? Des études démontrant les
coûts de la souveraineté et que la souveraineté est
faisable. Je vais vous dire pourquoi vous demandez ça. Vous demandez
ça parce que la plupart des études techniques faites par des
personnes non partisanes et qui ont été présentées
à la Commission Bélanger-Campeau ont démontré que
la souveraineté était faisable et viable et vous allez exiger des
études et des commissions à satiété jusqu'à
temps que vous trouviez quelque chose à quelque part qui démontre
que votre fédéralisme est rentable. Bien, mes chers amis, je
pense que vous vous êtes embarqués dans la quadrature du cercle et
c'est une démarche, à mon avis, qui nous mène uniquement
dans un cul-de-sac.
Finalement, je pense qu'avec le projet de loi tel qu'il a
été présenté, comme l'ont souligné plusieurs
intervenants, les masques sont effectivement tombés. Je me rappelle
qu'il n'y a pas tellement longtemps il y avait un nombre assez important de
gens au Québec qui disaient: Ah! c'est M. Bourassa qui va faire la
souveraineté! Bien, je pense que là, au moins, l'échiquier
politique est clair et précis. Les gens, évidemment, se
prononceront selon leur conscience. Mais, au moins, l'échiquier
politique se précise de plus en plus et on ne pourra plus jouer sur la
double allégeance et sur les comportements confus.
Au niveau de cet aspect de clarification de l'échiquier
politique, je pense qu'il y a quelque chose qu'il est important de souligner.
Outre, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, le fait du sondage
- je pense la semaine dernière ou il y a deux semaines - qui
démontrait que la majorité de la population du Québec ne
croyait pas que le premier ministre tiendrait un référendum sur
la souveraineté, je pense qu'il est presque intellectuellement
malhonnête de laisser penser à la population
québécoise, par un projet de loi comme celui-là, que des
offres, entre guillemets, acceptables pourraient venir du Canada anglais,
d'autant plus que vous le savez qu'il n'y aura pas d'offres acceptables, et
pour les raisons suivantes: Nous venons à peine de sortir de
négociations pénibles sur l'accord du lac Meech où le
minimum des minimums n'a même pas pu être atteint.
Au fond, il y a quelque chose de clair qui est ressorti des
négociations de l'entente du lac Meech et que peut-être vous
n'avez pas noté, mais qui est néanmoins existant, c'est le
fait... Ça a démontré une chose. C'est qu'il s'est
creusé un fossé au Canada anglais entre la classe politique d'une
part et d'autre part l'opinion majoritaire canadienne anglaise. Je pense que
c'est la raison, malgré les efforts et malgré les engagements
qu'ont pris les représentants politiques du Canada anglais des autres
provinces concernant l'entente du lac Meech, que finalement l'entente a
échoué parce que l'opinion publique du Canada anglais
n'était pas derrière cet accord. J'en prends à
témoin les différents gouvernements qui ont tous
été battus les uns après les autres, ceux qui avaient
participé à ces négociations-là, en grande partie
en raison de leur flexibilité quant à l'accord du lac Meech.
Je reprendrai également les propos de mon cher collègue de
D'Arcy-McGee qui confirment effectivement - et je pense qu'il est honnête
quand il le dit parce que je fais la même analyse - que le délai
est tout à fait déraisonnable pour s'attendre à des
offres, entre guillemets encore une fois, acceptables. Vous le savez qu'il n'y
en aura pas. Alors, pourquoi retarder l'échéance? J'en tire
simplement une conclusion: Vous voulez prolonger le processus jusqu'à ce
que, miraculeusement, il y ait quelque chose qui sorte du sac et qui
démontre que le fédéralisme est encore rentable et
ça vous servirait de bouée de sauvetage pour vous attacher
à ce concept-là.
Finalement, je pense qu'il est regrettable que le Parti libéral
qui aurait pu jouer un rôle important dans la conjoncture historique
actuelle soit en train de rater une belle occasion de jouer un rôle
important. Un rôle important parce que, si le projet de loi 150 avait
voulu être aussi transparent que l'a été le processus qui
avait enclenché la Commission Bélanger-Campeau, les assurances -
et vous savez quelles sont les assurances que nous demandons - vous nous les
auriez données avant plutôt que d'imposer unilatéralement,
sans discussion, ce projet de loi.
Quant à la mécanique de l'affaire, je pense qu'il est
important également d'indiquer, pour le bénéfice des
Québécois, que, lorsqu'une commission fait appel à des
spécialistes ou fait appel à des personnes-ressources pour
justifier ou pour approuver ou pour appuyer une analyse plutôt qu'une
autre, ces personnes-ressources sont appelées par un vote majoritaire
des commissions, et c'est là où la population doit être
consciente. C'est la crainte que nous avions et c'est une des raisons pour
lesquelles on vote contre votre projet de loi. Qui nous dit que ce projet de
loi ne sera pas l'occasion rêvée pour faire le procès de la
souveraineté? Grâce à votre majorité, vous pouvez
appeler n'importe qui à témoigner. Lors des audiences de la
Commission Bélanger-Campeau, il y a beaucoup plus de témoins de
tous les
secteurs de la société favorables à la
souveraineté qui se sont présentés. Vous allez
peut-être essayer d'utiliser la mécanique de cette commission pour
contrebalancer les mémoires qui ont été
présentés à la Commission Bélanger-Campeau.
Voilà une autre des raisons pour lesquelles on s'objecte à ce
projet de loi.
Dans ce sens, M. le Président - et je terminerai là-dessus
- je pense que ce qui avait été amorcé comme une
démarche non partisane est devenu éminemment partisan. C'est la
raison pour laquelle le Parti québécois va voter contre tout au
long des étapes de ce projet de loi. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Bertrand, pour vos remarques préliminaires. Je
crois, M. le ministre, que vous désirez ajouter quelque chose. Est-ce
qu'il y a consentement pour qu'il puisse prendre quelques minutes?
M. Rémillard: Très, très rapidement.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Très rapidement, M. le
Président, et je remercie l'Opposition de me permettre de le faire. J'ai
écouté attentivement les commentaires qui ont été
faits par les membres de l'Opposition et, savez-vous, j'ai l'impression qu'on
va commencer l'étude de ce projet de loi article par article pas
très éloignés les uns des autres. Ce n'est quand
même pas si loin que ça, comme position.
Je comprends la position de l'Opposition. On parle de
détournement. Je me permets de dire bien simplement que, s'il y a un
détournement de ce projet de loi, ce n'est pas de notre
côté. Il y a détournement et c'est dans le sens d'un
détour. Ce détour que vous faites, vous le faites d'une
façon logique, je dois le dire, parce que vous n'avez pas accepté
la conclusion de Bélanger-Campeau. Nous, on n'est pas dans la même
situation parce qu'on a accepté la conclusion de Bélanger-Campeau
et on a accepté la recommandation de Bélanger-Campeau, alors que
vous, vous n'avez pas accepté la conclusion, mais vous avez
accepté la recommandation, d'où cette situation peut-être
un petit peu plus difficile, que je comprends. Je crois qu'en étudiant
article par article le projet de loi on pourra aplanir un peu cette
situation-là.
Pour notre part, nous n'avons pas de difficulté à traduire
Bélanger-Campeau dans tous ses aspects, puisque nous avons
accepté et la conclusion et la recommandation. Comme vous n'avez pas
accepté la conclusion, bien sûr qu'à ce moment-là
ça peut vous causer quelques problèmes face au projet de loi. Je
veux simplement dire, M. le Président, qu'après les remarques qui
ont été faites je crois qu'on peut aborder ce projet de loi
article par article dans un esprit d'ouverture, de bonne discussion, et
ça m'apparaît intéressant comme point de départ.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député.
M. Brassard: Une simple remarque. C'est vrai, le ministre a
raison de signaler que - notre position aux conclusions du rapport, je l'ai
moi-même mise en évidence à l'occasion de mon intervention
en deuxième lecture, c'est important de le signaler, ce que certains de
ses collègues, d'ailleurs, avaient oublié, malheureusement, dans
leurs interventions - nous étions contre la conclusion.
Ce n'est pas tellement ça qui nous sépare et qui a
commencé à susciter chez nous à la fois le doute qui s'est
transformé par après en opposition au projet de loi. C'est,
à partir d'un certain moment, avant même que le rapport de la
Commission Bélanger-Campeau soit déposé, l'expression
très claire de l'intention du gouvernement de ne pas respecter
l'engagement de tenir un référendum sur la souveraineté si
. certaines conditions ou certaines données survenaient. C'est là
que le bris, la rupture du consensus a commencé, puis la fissure s'est
ensuite élargie. C'est à partir du moment où le
gouvernement a dit: Oui, un référendum sur la
souveraineté, mais ce n'est pas sûr, ce n'est pas certain. Il
pourrait se produire des choses qui feraient qu'on ne le tiendrait pas.
Alors, à ce moment-là, à partir du moment où
c'était un engagement, de la part du gouvernement, tellement incertain,
tellement gélatineux, c'est évident qu'à ce
moment-là il y a un fossé qui a commencé à se
créer entre le gouvernement et l'Opposition, et qui n'a cessé de
s'élargir. Je pense que ça aussi, c'est important de le
signaler.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. Alors, les remarques préliminaires étant
terminées, j'appelle l'article 1 du projet de loi. M. le ministre?
Étude détaillée
Référendum sur la souveraineté
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Alors, cet
article... Est-ce que vous voulez que je lise l'article, M. le
Président? Est-ce qu'on doit lire l'article?
Le Président (M. Dauphin): C'est à votre
discrétion, M. le ministre. (16 h 45)
M. Rémillard: Ce n'est pas obligatoire. Je peux le lire
peut-être. Alors: "Le gouvernement du Québec tient un
référendum sur la souveraineté du Québec entre le 8
juin et le 22 juin 1992 ou entre le 12 octobre et le 26 octobre
1992. "Le résultat du référendum a pour effet, s'il
est favorable à la souveraineté, de proposer que le Québec
acquière le statut d'État souverain un an, jour pour jour,
à compter de la date de sa tenue."
M. le Président, c'est directement une conclusion et la
recommandation de la Commission Bélanger-Campeau. Ça
prévoit donc un référendum à des dates possibles
bien fixes. Là encore, ces dates avaient été
déterminées par les commissaires de Bélanger-Campeau. On
voulait que ce soit à un moment donné où les
Québécois ne sont pas en vacances ou qu'il n'y ait pas les
rigueurs de l'hiver. On voulait que ce soit dans une bonne période de
l'année. Alors, si on regarde les dates du 8 au 22 juin 1992, avant les
vacances de l'été, ou entre le 12 et le 26 octobre, après
le 26 octobre, le temps est plus difficile.
Ça donnait aussi une période de temps, en termes de mois,
qui paraissait suffisant à l'ensemble des commissaires. On se souvient
des discussions qui ont eu lieu, M. le Président. Dans un premier temps,
certains commissaires auraient préféré que ce
référendum puisse avoir lieu dans l'année 1991, on parlait
même de mai et de juin 1991. Pour notre part, on trouvait que
c'était beaucoup trop tôt et qu'à ce moment-là,
selon la théorie qui était avancée par ceux qui
prônaient un référendum aussi tôt, ça voulait
dire deux référendums, puisqu'il y avait un
référendum, tout d'abord, qui était posé pour
savoir si on devait négocier et, ensuite, un référendum
sur les résultats de la négociation, quelque chose d'un petit peu
semblable à 1980.
Ensuite, on a fait consensus sur le fait qu'il devait y avoir un seul
référendum et que ce référendum devrait avoir lieu
après un certain temps pour donner le temps justement d'informer la
population et aussi d'avoir les discussions qui s'imposent avec Ottawa et les
autres provinces. Alors, c'est dans ce contexte-là que nous avons cet
article 1.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: D'abord, une première remarque sur la date,
M. le Président. Nous avons consenti à ce que le
référendum sur la souveraineté puisse se tenir en 1992,
mais je vous signale que notre premier choix, comme la plupart d'ailleurs des
intervenants devant la Commission Bélanger-Campeau, c'était 1991.
Une ma|orité de Québécois et une très grande majo
rite des intervenants, qui ont témoigné devant la Commission,
préféraient et ont privilégié 1991 pour tenir ce
référendum. Il y a donc, de notre part en tout cas, un compromis
qu'on a accepté de faire pour que, sur la recommandation de la
Commission, il y ait un plus large consensus.
J'admets que le libellé de l'article 1 reflète
fidèlement l'un des éléments de la recommandation de
Bélanger-Campeau. J'ai des questions, cependant, à poser au
porte-parole du gouvernement, donc au ministre. Première question: Le
premier ministre, quand on lui demandait: Allez-' vous tenir le
référendum sur la souveraineté en 1992? la réponse
du premier ministre, il l'a faite au moins deux ou trois fois: Écoutez,
on ne peut pas prévoir ce qui va se passer. Il peut éclater une
troisième guerre mondiale. Il peut y avoir un tremblement de terre
épouvantable au Québec, donc des événements
incontrôlables qui peuvent se produire et qui feraient qu'on ne serait
pas en mesure de tenir le référendum sur la souveraineté
prévu à l'article 1.
Comme une troisième guerre mondiale est peu probable, je ne
croirais pas, dans un avenir prévisible et comme il peut bien se
produire un tremblement de terre, mais je ne pense pas que ça
arrête la société québécoise de
fonctionner... Il s'en est produit un il y a trois ans, je m'en souviens, on
était précisément en congrès, nous, du Parti
québécois, et on a tenu notre congrès quand même. On
était à Saint-Hyacinthe, d'ailleurs, dans le comté de
Saint-Hyacinthe et on a tenu le coup. Ça ne nous a même pas
empêchés de poursuivre notre congrès. Donc, il faudrait
qu'il soit très gros, le tremblement de terre, pour que le
référendum n'ait pas lieu.
Alors, ma question est bien simple. En dehors d'une troisième
guerre mondiale, et puis en dehors d'un tremblement de terre, est-ce que le
ministre pourrait nous indiquer s'il y a autre chose qui pourrait faire en
sorte que l'article 1 ne soit pas respecté? Ma collègue de
Hochelaga-Maisonneuve, tout à l'heure, faisait référence
à un sondage qui est quand même important. Il y a à peine
20 % de la population québécoise qui croit que le premier
ministre du Québec va respecter l'article 1. Ça veut dire qu'il y
en a 80 % qui sont convaincus qu'il ne respectera pas l'article 1, qu'il n'y
aura pas de référendum sur la souveraineté, que le premier
ministre n'est pas sérieux. Ils n'ont aucune confiance qu'il va tenir le
référendum sur la souveraineté.
Alors, la question au ministre: En plus d'une troisième guerre et
d'un tremblement de terre dévastateur comme en Arménie, y a-t-il
autre chose qui pourrait faire en sorte que l'article 1 ne soit pas
respecté par le gouvernement?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord le
député de Lac-Saint Jean me dit que la terre a tremblé au
moment de leur congrès Je vais dire bien humblement - parce que je ne
voudrais pas que le député de Lac-Saint-Jean fasse
référence à des articles de magazines ou quoi que ce soit
- que la terre a tremblé à mon anniversaire, parce que cette
journée-là c'était mon anniversaire. Alors, voyez-vous
comment ça
peut arriver des tremblements de terre?
Alors, tout ça pour dire que nous sommes ici devant une
obligation légale. L'obligation légale, on se souvient que
pendant les discussions de Bélanger-Campeau on avait parlé de
déclaration solennelle. Vous vous souvenez, en Chambre, on avait dit il
pourrait y avoir une déclaration solennelle. C'est-à-dire
qu'à ce moment-là ça aurait été le
gouvernement qui propose une motion, une déclaration - je pense que
ça serait une motion, M. le Président? - ça aurait
été une motion en termes parlementaires, où on aurait pris
un tel engagement par motion. Donc, l'engagement aurait été
politique.
Au fur et à mesure de l'évolution de nos discussions, on
en est arrivé à la conclusion qu'il fallait que cet engagement de
tenir un référendum soit encore plus fort. Et là on a dit:
Qu'est-ce qui pourrait vraiment être le plus fort? Qu'est-ce qui est le
plus fort dans notre système parlementaire, M. le Président, dans
notre démocratie? Ce qui est le plus fort c'est une loi, parce que c'est
l'expression directe de la souveraineté du Parlement, de
l'Assemblée législative. On se souvient de cet adage que le
Parlement peut tout faire sauf changer un homme en femme, et maintenant c'est
même possible.
Il y a au niveau parlementaire l'expression première qui est la
loi. Si on veut changer une loi, il n'y a qu'un moyen, c'est une autre loi. Par
conséquent, l'obligation légale qui est là est
l'obligation la plus forte qu'on peut avoir dans notre système
démocratique parlementaire. À partir de là, seule
l'Assemblée nationale peut délier le gouvernement de cette
obligation de tenir un référendum.
M. Brassard: J'en conviens, je sais tout ça. Au fond, ma
question est très simple. Je vais la reformuler.
Je sais bien que ça devient, à partir du moment où
le projet de loi est adopté, une obligation légale. En même
temps on en prendra connaissance et on en discutera quand on abordera les
considérants après coup. Vous insistez lourdement sur la
souveraineté de l'Assemblée nationale, sur la marge de manoeuvre
du gouvernement qui doit demeurer intacte, donc ça veut dire que vous
évoquez, vous posez la possibilité que cette obligation
légale soit modifiée par le dépôt d'un amendement ou
d'un projet de loi de l'Assemblée nationale qui change cette obligation
légale ou qui repousse l'échéance ou qui annule
l'événement prévu à l'article 1.
Ma question est, en quelque sorte, la suivante: Qu'est-ce qui ferait que
le gouvernement déciderait de recourir à sa majorité
ministérielle à l'Assemblée nationale pour modifier cet
article-là donc, soit repousser l'échéance, soit changer
l'objet du référendum ou soit l'annuler? Tout ça a
été évoqué. Vous l'avez vous-même
évoqué. Vous l'avez vous-même évoqué à
maintes reprises relativement, entre autres, à des offres de
révision du régime fédéral qui pourraient nous
arriver d'Ottawa ou du Canada anglais.
Vous avez dit maintes fois - conformément, d'ailleurs, au rapport
Allaire: Écoutez, si on a des offres que le gouvernement pourrait juger
acceptables, on peut fort bien recourir à la Loi sur la consultation
populaire et tenir un référendum sur ces offres plutôt que
de le tenir sur la souveraineté. Comment échapper à
l'obligation légale dont vous parlez? Bien, en recourant à la
majorité ministérielle à l'Assemblée nationale, en
modifiant la loi et en amendant cet article 1, là. Vous avez souvent
évoqué cette possibilité-là.
Moi, ce que je vous demande... Je veux en quelque sorte jauger la force
de votre engagement, si vous me permettez, ayant quelques doutes à ce
sujet. Je veux mesurer la force, la détermination de votre engagement
à respecter l'article 1 parce que vous avez souventefois
évoqué précédemment - M. le premier ministre aussi
- que, s'il y a des choses qui se produisent, s'il y a des
événements qui surviennent, il se pourrait bien qu'on annule
l'événement ou qu'on modifie l'objet ou qu'on en repousse
l'échéance à plus tard. Tout ça a été
évoqué.
Par conséquent, ce qui a donné lieu à la mise en
doute chez beaucoup de monde y compris l'opinion publique, y compris le peuple
québécois... Ils n'ont pas confiance. Il y a à peine 20 %
qui pensent que vous allez tenir le référendum sur la
souveraineté. Donc, il y a beaucoup de monde qui met en doute votre
détermination, votre fermeté. Alors, je voudrais le mesurer
aujourd'hui et je pense que c'est l'occasion puisqu'on est à l'article
1. Je voudrais évaluer la force de votre engagement, la force de votre
détermination, qu'est-ce qui ferait que le gouvernement ne respecterait
pas cette disposition de l'article 1.
Prenons, par exemple... Allons plus clairement... Les offres. Si vous
aviez des offres en provenance du gouvernement fédéral, des
offres de renouvellement du fédéralisme - c'est votre choix et,
visiblement, vous vous êtes engagé dans cette voie-là, le
processus de révision du régime fédéral - que vous
jugez acceptables, est-ce que c'est un élément nouveau que vous
trouvez suffisant pour que le gouvernement ne respecte pas l'article 1 du
projet de loi 150? Est-ce qu'il y a autre chose qui peut faire en sorte que
ça aboutisse au même résultat que vous décidiez de
ne pas respecter cette disposition?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Le
député de Lac-Saint-Jean fait référence au doute et
le député de Jacques-Cartier, hier, lisait les Pensées
de Pascal. Probablement que son leader, le député de
D'Arcy-McGee, va être heureux d'apprendre qu'un de ses
députés lit Pascal, les Pensées de Pascal. Il m'a
envoyé une note sur un passage de cette pensée de Pascal qui
disait que
le doute est la source de la sagesse. (17 heures)
M. Brassard: Je suis étonnamment sage, dans ce
cas-là.
M. Rémillard: Alors, je veux donc souligner votre
sagesse...
M. Brassard: Merci beaucoup.
M. Rémillard: ...dans la question que vous me posez. On a
voulu aussi, pour suivre cet exemple de sagesse, étant donné
l'importance de la loi, mettre dedans les considérants parce que c'est
exceptionnel que le législateur fasse ainsi un préambule aussi
complet à un projet de loi. Normalement, ici en tout cas, dans notre
technique législative, on n'utilise plus les préambules. C'est
très exceptionnel qu'on utilise...
M. Brassard: II est même trop complet à notre
avis.
M. Rémillard: Bien là, attendez, on va les
discuter.
M. Brassard: On en parlera.
M. Rémillard: On va l'expliquer, on va en discuter. Dans
ce préambule qu'on aura l'occasion de discuter un peu plus tard, on se
réfère, comme vous l'avez mentionné, à la
souveraineté du Parlement et aux prérogatives du gouvernement.
Alors, c'est deux principes fondamentaux de notre démocratie
parlementaire. Par conséquent, lorsqu'on étudie ce projet de loi,
surtout en son article 1, on s'aperçoit que cet engagement n'est pas
nuancé par quelque élément juridique que ce soit mais bien
exprimé très clairement, expressément.
Je sais que les membres de l'Opposition ont été quelque
peu surpris quand ils ont vu le projet de loi et qu'ils ont vu cet article 1.
Ils ont été surpris qu'on puisse exprimer aussi clairement ce qui
a été écrit, ce qui a été
suggéré, ce qui a été proposé par le rapport
Bélanger-Campeau. Par conséquent, on sait très bien que
seule une autre loi pourrait changer cette loi. Ce qui veut dire, M. le
Président, tout un processus parlementaire. Le processus que nous
suivons aujourd'hui pour accepter la loi 150, on referait le même
processus pour amender la loi 150. Ça ne se ferait pas en catimini,
ça ne se ferait pas caché dans un petit coin, ça se ferait
au vu et au su de tout le monde, et la population du Québec nous
regarderait agir. Alors, M. le Président, on a confiance dans notre
parlementarisme, on a confiance dans notre démocratie et par
conséquent, pour nous, ce qui est important c'est un engagement du
gouvernement par ce projet de loi 150 qui est là, qui clairement nous
dit qu'il y aura référendum aux dates prévues et cet
engagement-là sera tenu.
Le député de Lac-Saint-Jean nous dit: Oui, mais faisons
des scénarios - toujours dans son contexte cinématographique -
faisons des scénarios. Oui, mais il parle d'une façon bien
hypothétique. Ce ne sont pas des hypothèses que nous avons
à évaluer. Ce que nous avons à évaluer c'est un
projet de loi et l'engagement du gouvernement est clair. S'il y avait dans le
texte des échappatoires, si c'était rédigé de
façon à ce qu'on puisse s'en échapper, bien là, on
pourrait en discuter. On pourrait dire: Écoutez, les mots que vous avez
utilisés ou bien la façon dont vous l'avez écrit,
ça nous démontre que vous ne voulez pas respecter cet engagement.
Mais il n'y en pas d'échappatoire, vous n'en avez pas mentionné
un. C'est très clairement exprimé.
Alors, qu'est-ce que ce serait l'autre possibilité? Ça
serait un projet de loi qui viendrait changer cette loi, par conséquent,
un processus parlementaire comme nous le connaissons présentement, un
même processus parlementaire. Écoutez, à tout ça, si
ça se faisait, il y a un prix politique à payer comme toute
action du gouvernement. Et ça, c'est notre démocratie. Mais ce
que vous nous dites c'est purement hypothétique. La
réalité, elle est là, elle est écrite puis elle est
écrite clairement. Un référendum sera tenu
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député.
M. Brassard: M. le Président, ce n'est pas purement
hypothétique le fait que le gouvernement actuel du Québec se soit
engagé dans un processus de révision du régime
fédéral. Ce n'est pas hypothétique, ça. Ce n'est
pas une hypothèse que j'émets là. Manifestement,
visiblement, tout le monde le sait, vous avez fait un choix et vous vous
êtes engagé dans un processus de renouvellement du régime
fédéral. C'est ça votre choix et c'est en cours,
ça. Ce n'est pas une hypothèse que j'émets en vous disant
qu'il y a des offres de révision du régime fédéral
qui peuvent survenir, qui vont survenir. Le gouvernement fédéral
nous l'a indiqué qu'à l'automne il va déposer des offres
puis engager des discussions, des pourparlers avec tous les intervenants
là-dessus. Je ne suis pas dans l'hypothèse... dans
l'hypothétique, là. Ce n'est pas encore arrivé, mais ce
n'est pas hypothétique, ça va arriver. Le processus dans lequel
vous êtes embarqués, ce n'est pas hypothétique. Vous
êtes embarqués dans un processus de révision du
fédéralisme. Donc, le premier point: On n'est pas dans
l'hypothétique.
Deuxième point: Je sais bien que, pour changer l'article 1, il va
falloir revenir à l'Assemblée nationale. Ça, je le sais.
Pas nécessairement, de toute façon. Vous pourriez tenir, en vertu
de la Loi sur la consultation populaire, un référendum - je l'ai
ici la Loi sur la consultation populaire - à l'automne sur des offres de
renouvellement du régime fédéral. En vertu de la
Loi sur la consultation populaire vous pourriez le faire, c'est une loi
générale. Vous convoquez la Chambre, vous faites un débat
de 35 heures sur un projet de question, que vous déposez, relativement
à des offres de révision du régime fédéral
et il y a une campagne référendaire qui s'amorce et il y a un
vote. Vous n'avez pas amendé la loi, là. Non, non, non, vous
n'avez pas amendé la loi; vous n'avez pas encore amendé la
loi.
Vous pouvez, avant l'article 1... Il n'y a rien dans le projet de loi
qui vous interdit avant de tenir le référendum sur la
souveraineté prévu à l'article 1, il n'y a rien qui vous
interdit d'en tenir un autre sur autre chose que la souveraineté en
vertu de la Loi sur la consultation populaire. Vous-même, vous l'avez
dit, on était ici d'ailleurs; on s'était transportés de
Maizerets à ici, lors de cette séance de la Commission
Bélanger-Campeau. Vous-même, vous l'avez dit.
Mais moi, ce que je veux savoir, ce n'est pas, si vous décidez
d'amender l'article 1, que le processus législatif, ouvert, public, va
avoir lieu. Je le sais bien qu'il va avoir lieu. Dans n'importe quel projet de
loi, il y a un processus. Il faut déposer un projet de loi à
l'Assemblée nationale et, là, il y a les trois étapes, les
étapes législatives connues. Tout ça se fait au vu et au
su de tout le monde, ça, je sais ça. Moi, ce que je veux savoir,
c'est ce qui vous motiverait de modifier l'article 1, de ne pas tenir le
référendum sur la souveraineté, d'en repousser
l'échéance ou de l'annuler ou de faire un
référendum sur autre chose. Qu'est-ce qui vous motiverait? Il y a
sûrement des choses qui vous motiveraient, vous l'avez vous-même
évoqué à maintes reprises.
Si le gouvernement fédéral nous fait des offres qu'on
jugerait acceptables, on pourrait tenir un référendum
là-dessus plutôt que sur la souveraineté. Ça aussi,
vous l'avez évoqué à maintes reprises, vous inspirant de
Bélanger-Campeau dans la résolution adoptée par le Parti
libéral où le référendum est alternatif - pas
Bélanger-Campeau, excusez, le rapport Allaire. Allaire, c'est
alternatif. Vous présentez un projet de renouvellement
fédéraliste. Si ça donne lieu à des discussions et
si ça aboutit à une entente, alors là, il y aura un
référendum sur cette entente-là. S'il n'y a pas d'entente,
là c'est sur la souveraineté. Le référendum est
alternatif dans Allaire. Ça aussi, vous l'avez maintes fois
évoqué.
Alors moi, je vous demande, pour mesurer le degré de
détermination du gouvernement quant au respect de l'article 1, ce qui
vous motiverait, ce qui vous inciterait, en cours de cheminement dans votre
démarche, à décider de ne pas respecter l'article 1, donc,
soit de l'amender, soit de tenir un référendum avant, sur autre
chose en vertu de la loi générale sur les consultations
populaires.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le seul motif que
nous avons, c'est celui de traduire en termes législatifs, la
recommandation, la conclusion de Bélanger-Campeau. C'est le seul motif
que nous avons. Si je regarde simplement un scénario que le
député de Lac-Saint-Jean nous propose - c'est lui qui le propose,
ce n'est pas moi - il nous dit: Si vous faisiez référence, si
vous utilisiez la loi référendaire...
M. Brassard: Vous l'avez déjà dit.
M. Rémillard: La loi référendaire, qui est
une loi générale, qui a été votée pour le
référendum de 1980 - donc, qui existe toujours - et qui permet au
gouvernement de mettre en place un processus pour consulter la population sur
n'importe quelle question qu'on pourrait poser à la population du
Québec, elle existe toujours. C'est une loi générale,
comme dit le député de Lac-Saint-Jean, et il a raison.
Dans la mesure où on voudrait utiliser cette loi
référendaire, il faut bien comprendre que, dans un premier temps,
la question posée ferait l'objet d'un débat de 35 heures, en
Chambre. 35 heures, c'est combien de temps, à peu près,
ça, en Chambre, M. le Président, en termes de semaines? À
peu près deux semaines, trois semaines? Deux ou trois semaines - qu'on
me dit, à l'arrière - de débats parlementaires.
Imaginez-vous! Deux ou trois semaines, qu'on me dit. Ça dépend de
la collaboration de tout le monde et de la longueur des discours. Ce n'est pas
en cachette que ça se fait, ça.
En plus de ça, il faudrait ensuite modifier la loi 150, avec un
processus parlementaire aussi. Écoutez, je comprendrais vos craintes si
on se référait ou si on discutait, présentement, d'une
déclaration solennelle ou d'un engagement politique. Mais il s'agit d'un
projet de loi dont nous discutons, il s'agit d'un engagement légal comme
tel. Donc, vos scénarios sont hypothétiques. Regardons la
réalité! Et la réalité, c'est un engagement que
prend le gouvernement, que prend l'Assemblée nationale à l'effet
qu'il y ait ce référendum.
M. Brassard: Est-ce que le ministre, au nom du gouvernement, est
disposé à prendre l'engagement, devant cette commission, que quoi
qu'il arrive, peu importent les offres de renouvellement du régime
fédéral qui vont nous arriver d'Ottawa ou du Canada anglais,
l'article 1 sera respecté scrupuleusement par le gouvernement? Quoi
qu'il arrive.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Je fais toujours référence
aux
considérants, à l'esprit et à la lettre de
Bélan-ger-Campeau, qu'on retrouve aussi dans le texte de la loi. On peut
faire bien des scénarios. Tout à l'heure, le député
de Lac-Saint-Jean s'est référé à la loi
référendaire, d'autres pourraient se référer aux
prérogatives du premier ministre qui existent toujours. Ça
existe, la prérogative de l'Exécutif, du premier ministre,
ça existe dans notre système démocratique parlementaire.
Toutes ces prérogatives sont là, elles peuvent être
exercées.
Mais au-delà de ces prérogatives du premier ministre de
convoquer des élections demain ou après-demain - peu importe,
c'est sa prérogative - au-delà de toutes ces
considérations qu'on peut énumérer au niveau politique, il
y a un fait qui demeure, c'est que nous avons devant nous un projet de loi qui
est l'expression de l'Assemblée nationale et que, par conséquent,
seule une loi peut délier le gouvernement de son obligation de tenir ce
référendum. Ne l'oublions pas! N'oublions pas ça!
Il ne faut pas comprendre que, du jour au lendemain, le premier ministre
ou le Conseil des ministres pourrait dire: La loi 150? Fini! On n'en tient plus
compte, c'est terminé, la loi 150! On ne peut pas faire ça, c'est
une loi. Donc, par conséquent, seule une autre loi pourra délier
le gouvernement de cet engagement qu'il prend aujourd'hui. C'est
sérieux, ça, M. le Président, c'est sérieux!
Il ne faut pas faire croire aux gens qu'il n'y a pas une obligation
légale alors que ce projet de loi comprend cette obligation
légale de tenir un référendum, comme il comprend aussi
l'obligation légale d'avoir ces deux commissions parlementaires: une
pour étudier les questions afférentes à la
souveraineté, et une autre pour étudier les offres qui peuvent
nous venir du gouvernement fédéral et des autres provinces.
Alors, voilà une obligation de résultats par un
échéancier en référendum. Voilà le coeur de
la loi en fonction de ces deux choix que nous avons et qui traduit très
clairement la conclusion de Bélanger-Campeau. Et voilà ce qu'est
le projet de loi 150! (17 h 15)
M. Brassard: Mais quand cette obligation légale
s'appliquera, quand il y aura un référendum sur la
souveraineté, est-ce que je dois en déduire que vous serez, vous,
dans le camp du oui, que vous allez demander aux Québécois de
voter en faveur de la souveraineté, pour la souveraineté?
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président...
M. Brassard: Puisqu'il semble bien, d'après ce que vous me
dites, que c'est chose assurée, inéluctable, le
référendum sur la souveraineté va avoir lieu. Bon, bien
alors, très bien, prenons acte. Vous serez dans quel camp, vous?
M. Rémillard: M. le Président..
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...premièrement, je
répète que seule une loi peut venir délier le gouvernement
de cet engagement.
M. Brassard: Oui. D'accord.
M. Rémillard: Donc, il faudrait une autre loi...
M. Brassard: Donc, il aura lieu.
M. Rémillard: ...si on veut aller à
l'en-contre...
M. Brassard: Je prends pour acquis qu'il va avoir lieu.
M. Rémillard: ...de cette loi.
M. Brassard: Très bien. Je prends pour acquis qu'il va
avoir lieu.
M. Rémillard: Dans quel camp je serai, M. le
Président, je serai dans le camp du Québec. Qu'est-ce que
ça signifie...
M. Brassard: Oh!
M. Rémillard: M. le Président, laissez-moi
terminer. Qu'est-ce que, pour moi, ça signifie? Ça signifie qu'en
respect de ce projet de loi il y a le travail de deux commissions
parlementaires et ces deux commissions parlementaires vont travailler le plus
objectivement possible. Comme parlementaires, on se doit de le faire et
j'attends de l'Opposition...
M. Brassard: Vous serez dans le camp du Québec.
M. Rémillard: ...la même ouverture d'esprit qu'on
devrait avoir...
Le Président (M. Dauphin): Un instant, s'il vous
plaît.
M. Rémillard: ...du côté ministériel
quant aux différentes questions qui devront être
étudiées. D'une part, qu'il y ait l'ouverture d'esprit du
côté de l'Opposition quant aux offres - étudier
sérieusement les offres qui pourraient nous venir du gouvernement
fédéral et des autres provinces.
Le seul processus qui est en cours actuellement, M. le Président
- je tiens à le préci-
ser - c'est le processus de la loi 150. Il n'y a aucune
négociation, aucune discussion avec le gouvernement
fédéral ou d'autres provinces qui est en cours
présentement. Et, M. le Président, on n'a pas l'intention non
plus d'en tenir. S'il y a des offres, ces offres viendront du gouvernement
fédéral et des autres provinces. S'il n'y a pas d'offres, la loi
150 est là.
Dans ce contexte, respectons . tous les aspects de la loi et ce que
ça signifie. Ça signifie de respecter qu'il y aura une commission
parlementaire qui étudiera des offres si elles nous viennent et il
faudra que l'Opposition ait l'ouverture d'esprit pour étudier aussi ces
offres dans leur réelle dimension. Il n'y a quand même pas
tellement longtemps que vous étiez sensibles au beau risque, hein? Tout
à coup que vous seriez séduits encore une fois par ce beau
risque. Je ne sais pas. Tout à coup que ça vous arriverait que le
beau risque vous arriverait comme ça à la suite d'offres qu'on
pourrait recevoir. Attendez. Ne fermez pas la porte tout de suite. Attendez.
Non, non, mais attendez. Attendez. Laissez... Je vous demande d'avoir l'esprit
ouvert dans l'intérêt du Québec. Attendez.
Vous avez, il n'y a pas tellement longtemps, été ouverts
à un fédéralisme profondément renouvelé. Si
on pouvait le renouveler, ce fédéralisme, peut-être qu'on
pourrait, unanimement... Ah! vous auriez peut-être des problèmes
avec certains éléments de votre côté. Je le
comprends. Mais, d'une façon générale, on pourrait, tous
ensemble peut-être, être d'accord sur un fédéralisme
profondément renouvelé. Ne fermons pas de portes. Ne fermons pas
de portes et regardons bien objectivement, d'une part, des offres de
fédéralisme qu'on pourrait avoir, de nouveaux partenariats, de
changements majeurs et, d'autre part, en ce qui regarde la souveraineté,
toutes les questions afférentes, d'une façon la plus objective,
la plus complète possible pour informer la population.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, M. le
député, c'est que M. le député de D'Arcy-McGee,
depuis le début, me demande d'intervenir.
M. Brassard: Oui, mais je voulais finir le débat
là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): Une autre question. Ensuite de
ça, D'Arcy-McGee et ensuite Hochelaga-Maisonneuve.
M. Brassard: Le ministre essaie de me faire oublier ma question,
mais il ne réussira pas. Il a fait une pirouette tantôt. Je lui ai
posé une question bien claire et il a fait une pirouette. Moi, je prends
pour acquis... Il m'a tout expliqué ça et je le prends au mot. Je
le prends au mot.
L'obligation légale, bon, c'est là et ça va se
faire. Il va y avoir un référendum sur la souveraineté. Je
le prends au mot. Il va y avoir un référendum sur la
souveraineté. Veut-il le gagner, ce référendum sur la
souveraineté? Et, comme c'est un référendum sur la
souveraineté, la question va porter sur la souveraineté. Dans un
référendum, tu n'as pas une case pour oui, une case pour non puis
une case pour autre chose: Je suis dans le camp du Québec.
Une voix: Du peut-être.
M. Brassard: Je suis dans le camp du Québec. Je suis pour
tout le monde, je suis pour les Québécois. Non. C'est oui ou
c'est non.
Je reviens à ma question. L'obligation légale de tenir un
référendum sur la souveraineté va s'appliquer. Il va y
avoir un référendum sur la souveraineté. Je le prends au
mot. Ça va avoir lieu en 1992, disons en octobre 1992, le plus tard
possible. Lui, il va répondre quoi à la question et il va
demander aux Québécois de répondre quoi à la
question? Oui ou non? Alors, là, laissez faire la pirouette: Je serai
dans le camp du Québec. Ça me fait penser aux pirouettes du
premier ministre: Je suis là pour défendre les
intérêts supérieurs de la nation. Vous allez dire oui ou
non et vous allez demander aux Québécois de dire oui ou de dire
non?
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Moi aussi, je vais prendre au mot le
député de Lac-Saint-Jean. Je vais le prendre au mot. Il semble
montrer beaucoup d'ouverture pour étudier les deux aspects - je le
comprends de ses interventions - il montre de plus en plus d'ouverture, oui,
pour regarder un fédéralisme profondément
renouvelé, des offres qu'on pourrait avoir, autant que la
souveraineté. Est-ce que le député de Lac-Saint-Jean
pourrait siéger sur la commission parlementaire qui va étudier
les offres? Ça, ça serait intéressant, aussi, que le
député de Lac-Saint-Jean - je sais qu'il aimerait mieux
être sur la commission parlementaire qui sera en fonction de la
souveraineté, mais...
M. Brassard: Je vais être sur les deux.
M. Rémillard: Alors, voilà, il va être sur
les deux. Alors, avec une ouverture d'esprit, est-ce qu'il va être
capable de démontrer, envers les offres qu'on pourra recevoir, une
ouverture d'esprit complète, comme quand il appuyait le livre bleu, les
22 conditions du beau risque? Tout à coup que ces 22 conditions, on
pourrait les avoir, ou à peu près. Quelle serait la situation du
député de Lac-Saint-Jean?
Je vais poser la question au député de Lac-
Saint-Jean, M. le Président. Si on avait ces 22 conditions du
livre bleu, est-ce qu'il serait d'accord pour un fédéralisme
renouvelé, aujourd'hui, comme il l'était il n'y a quand
même pas longtemps, au mois de mai 1985? Ici, dans cette salie, c'a
été lancé en grande pompe et c'a été
présenté à l'Assemblée nationale - ça a
été présenté à Ottawa avant
l'Assemblée nationale, il faut dire. On se souvient de ça. Mais
au moment où on se parie, avec son ouverture d'esprit, si on pouvait
avoir les 22 conditions du livre bleu, est-ce que le député de
Lac-Saint-Jean dirait oui au fédéralisme?
M. Brassard: Répondez d'abord à ma question...
M. Rémillard: Bien, je voulais poser moi aussi la
question.
M. Brassard: ...et je répondrai à la vôtre
après. Répondez d'abord à ma question. Seriez-vous dans le
camp du oui ou dans le camp du non lors du référendum sur la
souveraineté, cette obligation légale dont vous parlez dans le
projet de loi qu'on étudie présentement? Répondez à
ma question et je répondrai à la vôtre après.
M. Rémillard: Je vais vous faire la même
réponse que vous m'avez faite: Je vais être sur les deux
commissions moi aussi. Je vais être sur les deux commissions.
M. Brassard: Ça ne répond pas à la
question.
M. Rémillard: Oui, mais, vous aussi, vous répondez
à la même question.
Mme Harel: Oui, mais il sait déjà comment il va
répondre.
M. Brassard: Moi, je vais voter oui.
M. Rémillard: Attention! ce n'est pas si clair que
ça. On me dit quelque chose...
M. Brassard: Non, non, pour moi, c'est très clair.
M. Rémillard: M. le Président, il y a d'autres
personnes...
M. Brassard: Si vous tenez un référendum sur la
souveraineté, moi, je sais déjà dans quel camp je vais
être. Je vais être dans le même camp que celui où
j'étais en 1980, dans le camp du oui. Je vais être dans le camp du
oui, ça c'est sûr. Je vais voter oui, ma femme va voter oui, mes
enfants vont voter oui, ça, c'est sûr et certain. Mais je ne sais
pas encore, vous, comment vous allez voter.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, il y a d'autres
membres de...
M. Brassard: C'est vous qui le proposez, le
référendum.
M. Rémillard: M. le Président, il y a d'autres
membres de la commission, de l'Opposition, qui veulent répondre pour le
député de Lac-Saint-Jean. Le député de
Lac-Saint-Jean me dit: Oui, si ça se passe aujourd'hui, le
référendum sur la souveraineté, je serai pour la
souveraineté. Non seulement moi, mais ma famille sera aussi du
côté de la souveraineté.
M. Brassard: Je lui en ai parlé, je suis sûr
deçà.
M. Rémillard: il y a cinq ans, au mois de mai 1985,
à ce moment-là, qu'est-ce qu'il disait ici, dans le même
endroit? Il disait: Oui, je serai en faveur du fédéralisme et ma
famille sera en faveur du fédéralisme. Moi, je lui dis bien
amicalement: C'est parler trop vite. Il y a deux commissions parlementaires qui
vont étudier les situations complètes qui se présenteront
devant nous: d'une part, la souveraineté, avec les questions
afférentes et, de l'autre côté aussi, tout ce qui regarde
les offres qu'on pourrait avoir. Pourquoi le député de
Lac-Saint-Jean n'attend-il pas un petit peu? Pour ne pas qu'il soit
obligé de rechanger d'idée, qu'il attende. Il pourrait
attendre.
M. Brassard: Donc, ce n'est pas sûr. M.
Rémillard: Laissez-moi terminer.
M. Brassard: Ce n'est pas sûr que le
référendum sur la souveraineté ait lieu.
M. Rémillard: Regardez bien. Laissez-moi terminer,
là.
M. Brassard: Ça pourrait être autre chose. M.
Rémillard: Non, mais tout à coup... M. Brassard: C'est
ça que vous me dites.
M. Rémillard: Non. Il peut y avoir un
référendum sur la souveraineté, mais il pourrait voter
contre. Tout à coup qu'on a les 22 conditions du livre bleu. Qu'est-ce
que ferait le député de Lac-Saint-Jean? Qu'est-ce que ferait sa
famille - parce qu'il se réfère à sa famille? Là,
c'est compliqué, c'est difficile.
M. Brassard: S'il y avait un référendum sur
la souveraineté, vous feriez quoi, vous? M. Rémillard:
Ce serait... M. Brassard: Votre femme ferait quoi?
M. Rémillard: ...difficile. Mais là il implique sa
famille. Vous savez, ça fait beaucoup de monde. Ça fait beaucoup
de monde dans tout ça. Moi, ce que je dis bien amicalement au
député de Lac-Saint-Jean, c'est que les questions qui se posent
sont soit hypothétiques, soit prématurées. Ce qui est
important pour nous, aujourd'hui, de décider et de s'entendre, c'est sur
la réalité des choses telles qu'elles se présentent
à nous présentement. Comment c'est cette réalité?
Elle est en fonction du rapport Bélanger-Campeau et elle signifie pour
le gouvernement ce projet de loi 150, avec l'article 1 qui est un
référendum, qui doit avoir lieu dans des périodes bien
déterminées. Pourquoi on ne serait pas d'accord, tout le monde,
pour accepter ce fait-là?
Les hypothèses qu'on peut élaborer ne peuvent pas changer
ce projet de loi par elles-mêmes. Seule une autre loi peut changer ce
projet de loi. Donc, par conséquent, pourquoi essayer d'élaborer
toutes sortes de scénarios? Ce sont des scénarios qui viendront
au fur et à mesure et, à ce moment-là, notre régime
démocratique parlementaire sera toujours en place pour y faire face.
Mais, pour le moment, ce n'est pas ça l'objet de notre discussion.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. Tout d'abord, le
député de Lac-Saint-Jean parle de la démocratie. Si mon
père me disait comment je dois voter dans une élection, dans un
référendum, ça m'inquiéterait, M. le
Président. Sûrement un non sur ça. J'espère qu'il a
déjà eu ces discussions avec ses enfants ou même sa femme.
Si ma femme me dit comment je dois voter dans un référendum,
ça, c'est un peu trop.
M. Brassard: M. le Président, soyons clairs. C'est qu'ils
m'ont dit comment eux allaient voter.
M. Rémillard: Ah! Ce n'est pas clair. Des voix: Ha,
ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): De toute façon, le vote
étant secret...
M. Libman: Une autre chose. Il a dit qu'il a voté comme
ça en 1980 et qu'il va voter comme ça aujourd'hui. Je vois qu'il
n'y a pas eu d'évolution du député de Lac-Saint-Jean
depuis 11 ans.
Une voix: Vous non plus.
Une voix: II est plus certain qu'en 1980.
Le Président (M. Dauphin): La parole est au
député de D'Arcy-McGee, sans susciter de débat, s'il vous
plaît.
M. Libman: M. le Président, pourquoi est-ce qu'on
crée une commission pour analyser les offres du reste du Canada? La
raison qu'on crée cette commission dans ce projet de loi c'est pour
analyser ces offres et, si ces offres sont acceptables au Québec, la
population du Québec devra se prononcer là-dessus. Alors, il faut
avoir un moyen, une façon pour que la population du Québec puisse
se prononcer sur les offres du reste du Canada, si nous décidons que les
offres sont acceptables.
Alors, ceci étant dit et le fait que la Commission
Bélanger-Campeau a clairement dit qu'il y a deux voies dans la
population, deux tendances au Québec, je pense qu'il faut avoir une
façon pour que le référendum porte ou sur la
souveraineté ou sur les offres du reste du Canada. C'est pour ça
que je pense que le premier article n'est pas valable. Je pense qu'il faut
regarder, il faut demander pourquoi, si la Commission Bélanger-Campeau a
exprimé le fait qu'il existe deux voies dans la population, on
privilégie la souveraineté dans le premier article.
Deuxièmement, je pense que ce premier article ne satisfait pas
les fédéralistes. Les fédéralistes
s'inquiètent. Ils ne sont pas à l'aise avec le fait que nous
demandons un référendum sur la souveraineté, même
les souverainistes ne veulent pas que la souveraineté soit
utilisée comme une tactique pour manipuler une réaction du reste
du Canada. Je pense que les souverainistes appuient ces démarches pour
des raisons sociales, pour des raisons de vouloir un certain projet de
société. Ils ne veulent pas utiliser la souveraineté comme
un jeu, comme une tactique, comme un couteau à la gorge.
Je pense que ce premier article ne satisfait ni les
fédéralistes, ni les souverainistes. Alors, je propose un
amendement qui est beaucoup plus honnête, qui ouvre toutes les portes
nécessaires, qui suit logiquement la recommandation finale de la
Commission Bélanger-Campeau qui dit qu'il y a deux voies dans la
population. C'est pour ça que je propose un amendement à
l'article 1 qui dit ou qui demande de remplacer, dans le premier alinéa,
les mots "la souveraineté" par les mots "l'avenir politique et
constitutionnel". Ça veut dire qu'il y aura un référendum
en 1992, mais il portera sur l'avenir politique et constitutionnel du
Québec. Si nous jugeons que les offres du reste du Canada sont valables,
il y aura un référendum sur ça. Si nous décidons
que les offres ne sont pas acceptables, il y aura un référendum
sur la souveraineté. Je pense que ça, c'est la voie qui
était proposée par la Commission Bélanger-Campeau.
Alors, avec votre permission, je dépose cet
amendement, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que vous l'avez par
écrit votre amendement, M. le député?
M. Libman: Je pense qu'il faut être honnête, il faut
être clair et, s'il y a un référendum l'année
prochaine, on ne sait pas aujourd'hui si ça sera sur la
souveraineté ou si ça sera sur les offres du reste du Canada.
Nous créons cette commission pour analyser les offres pour la simple
raison que, si les offres sont acceptables, la population se prononce sur ces
offres. Alors, il faut laisser la possibilité dans ce projet de loi pour
un référendum sur les offres. C'est pour ça que je propose
cet amendement.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a des
députés qui veulent plaider sur la recevabilité de cet
amendement?
Une voix: Est-ce que vous pourriez en faire la lecture, M. le
Président?
Le Président (M. Dauphin): Ça serait de remplacer
dans le premier alinéa les mots "la souveraineté" par les mots
"l'avenir politique et constitutionnel". (17 h 30)
Alors, je vous indique tout de suite, M. le député, avec
toute déférence, que je ne peux recevoir cet amendement,
puisqu'il irait à rencontre du principe même du projet de loi
selon les articles 244 et 197 du règlement de l'Assemblée
nationale. C'est que ça irait à rencontre du principe même
qui est de tenir un référendum sur la souveraineté du
Québec.
Alors un amendement, pour qu'il soit recevable, ne peut aller à
rencontre de son principe.
M. Libman: Pouvez-vous m'expliquer comment ça va à
rencontre du principe de ce projet de loi, si le principe de ce projet de loi
est de tenir un référendum sur l'avenir politique et
constitutionnel du Québec? Nous créons des commissions pour
effectivement décider si les offres du reste du Canada sont acceptables.
Et, si elles sont acceptables, c'est très clair que nous devrons nous
prononcer sur ces offres. Alors, pourquoi on appelle des offres du reste du
Canada si nous n'allons pas nous prononcer sur ces offres, si on ne donne pas
à la population le choix, la possibilité de se prononcer sur ces
offres? Je ne pense pas que ce soit à rencontre du principe.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lac-Saint-Jean, sur la recevabilité.
M. Brassard: J'aurais quelques commentaires à faire sur la
recevabilité parce que, sans être d'accord avec l'amendement du
député de D'Ar-cy-McGee, il me semble que là encore,
à ce sujet-là, le député de D'Arcy-McGee vient de
prendre au mot le ministre.
Mme Harel: Bien oui.
M. Brassard: Le ministre vient tout juste de nous dire, dans sa
dernière intervention, qu'il faut laisser toutes les portes ouvertes. Il
ne faut pas fermer de porte, y compris la porte évidemment conduisant
à la révision du régime fédéral. Il nous a
dit ça. C'est du mot à mot. Je le cite quasiment mot à
mot. Il ne faut pas...
M. Rémillard: Question de règlement, M. le
Président. Est-ce que...
M. Brassard: ...fermer les portes.
M. Rémillard: ...actuellement le député de
Lac-Saint-Jean conteste la décision de la présidence?
M. Brassard: Je parle sur la recevabilité, oui.
Le Président (M. Dauphin): Ma décision est rendue
sur la recevabilité. D'ailleurs, je vous...
Mme Harel: Avant même...
M. Brassard: Vous auriez pu nous demander un peu...
Le Président (M. Dauphin): Non, je veux dire avec toute
déférence, vous pouvez plaider sur la recevabilité. C'est
que sur... Vous nous aviez fait part lors de vos remarques préliminaires
de votre intention d'apporter cet amendement-là. Alors, pendant nos
travaux tantôt, évidemment, j'avais mon opinion, comme
président, sur la recevabilité, mais en plus, j'ai fait
vérifier ça par les conseillers en loi. Alors, c'est pour
ça. Vous pouvez plaider sur la...
Mme Harel: Est-ce qu'on peut déposer leur avis, M. le
Président...
M. Libman: Si je peux...
Mme Harel: Un instant, là. Vous nous dites l'avoir fait
vérifier par les conseillers en loi?
Le Président (M. Dauphin): Exact. Mme Harel:
Peut-on déposer leur avis?
Le Président (M. Dauphin): Laissez-moi quelques minutes,
je vais aller les chercher.
M. Libman: Alors, M. le Président, ça répond
à...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de D'Arcy-McGee.
M. Libman: ...beaucoup de questions du député de
Lac-Saint-Jean. Ça veut dire que si cet amendement n'est pas recevable,
ça veut dire que l'année prochaine il y aura un
référendum sur la... Si les offres du reste du Canada sont
acceptables, dans le référendum sur la souveraineté le
parti gouvernemental va être dans le camp du non pour défaire le
référendum, et après accepter les offres du Canada, si on
trouve que ces offres sont acceptables. Si elles ne sont pas acceptables, c'est
clair qu'ils vont être dans le camp du oui l'année prochaine.
Alors, ça répond à toutes les questions du
député de Lac-Saint-Jean pourquoi le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales n'était
pas si clair.
Si on crée une commission pour accepter les offres du reste du
Canada, si elles sont acceptables, ça veut dire que vous devez voter
contre la proposition dans le référendum l'année
prochaine, si vous jugez que ce n'est pas acceptable cet amendement.
M. Rémillard: M. le Président, tout
simplement...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, vous avez tout
à l'heure demandé s'il y avait des membres de cette commission
qui voulaient plaider sur la recevabilité. Il n'y a eu personne qui a
plaidé sur la recevabilité, et vous l'avez demandé
à deux reprises si ma mémoire est bonne. Là vous avez
rendu votre décision que, pour ma part, je considère bien
fondée. Je me permets simplement de dire qu'il y a un principe. Le
principe de la loi, c'est qu'il y ait un référendum à une
date précise et que ce ne soit pas un référendum que
propose l'amendement sur une chose et sur l'autre mais sur un sujet
précis. Si vous proposez un changement à ce point important, que
vous proposez deux objets au référendum, vous changez le principe
de la loi. Ça m'apparaît évident. Donc, c'est un amendement
qui n'est pas recevable. M. le Président, on aura tout vu, bon Dieu! On
aura tout vu.
Mme Harel: M. le Président...
M. Rémillard: Le député de Lac-Saint-Jean
veut maintenant...
Mme Harel: Franchement.
M. Rémillard: ...seconder un amendement qui irait à
rencontre du principe qu'il y ait un référendum sur la
souveraineté. J'ai tout vu, M. le Président.
Mme Harel: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Vous avez demandé
aux membres de cette commission s'il y avait des interventions sur la
recevabilité. Habituellement, quand on est contre la recevabilité
d'une motion, on le dit, M. le Président. Et quand on est en faveur,
comme... eh bien! on attend de voir s'il y aura des objections. D'office, c'est
rare qu'un président - je préside, moi, une commission
parlementaire - c'est rare, d'office, qu'on décide de la
recevabilité avant même qu'il y ait eu une seule objection. Pas un
d'entre vous ne s'est prononcé pour s'objecter à la motion et
plaider sur sa non-recevabilité. Alors, franchement, je trouve ça
cavalier, M. le Président.
M. Audet: Non. Je trouve que vous avez entièrement raison.
Vous l'avez mentionné. Dans les remarques préliminaires, le
député de D'Arcy-McGee a fait part de l'amendement qu'il
déposerait. Alors, le président vient de nous aviser - les
membres - que pendant qu'on a discuté il a fait valider ça. Le
règlement, il est clair à cet effet-là. Il vient modifier
le principe du projet de loi. Regardez les notes explicatives. Ce projet de loi
prévoit la tenue d'un référendum sur la
souveraineté du Québec. C'est l'essence même, c'est le
principe même du projet de loi. Alors, M. le député de
D'Arcy-McGee veut amender le principe. Ça ne se fait pas. Je n'ai jamais
vu ça, moi. J'en préside des commissions parlementaires et...
Mme Harel: ...commission parlementaire.
M. Audet: ...je n'ai pas vu ça souvent. C'est tout, M. le
Président. Alors, votre décision est rendue. Je pense qu'on peut
continuer, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Là, il y a trois ou
quatre membres qui m'ont demandé d'intervenir. Alors, M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: M. le Président, quand la députée
de Hochelaga-Maisonneuve a dit qu'il n'y a personne qui a levé la main
pour parler sur la question de recevabilité, je n'ai pas levé la
main; je pensais que l'affaire était tellement claire. Ça change
complètement la nature même de la loi elle-même. Quand vous
parlez de souveraineté, quand vous parlez de l'avenir constitutionnel du
Québec, je pense que c'est deux affaires complètement
opposées. À ce moment-là, personnellement, je n'ai pas...
Personne dans la salle ne l'a fait. Vous, d'office, vous avez
décidé de rendre votre jugement. Je soumets respectueuse-
ment... Moi aussi, je suis président de séance comme vous,
vous êtes président de cette commission-là. On a rendu des
jugements. Après que le jugement est rendu, c'est fini, l'affaire. Il
n'y a plus d'autres discussions.
Une voix: C'est vrai.
M. Kehoe: Je soumets respectueusement, à ce
moment-là, votre Seigneurie... votre Seigneurie! M. le Président,
qu'on vote. Si vous voulez qu'on vote sur la recevabilité... Bien, il
n'y a pas de vote, non.
Le Président (M. Dauphin): Pas de vote.
M. Kehoe: Votre décision est "over and out", c'est
fini.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, c'est que
le contexte, évidemment, est particulier, comme je l'expliquais
tantôt. C'est que déjà, dès le début, le
député de D'Arcy-McGee a mentionné, lors de ses remarques
préliminaires: Tantôt, je vais déposer un amendement pour
que le référendum se tienne sur autre chose que la
souveraineté du Québec. Déjà, au préalable,
j'avais obtenu de la direction du conseil en droit parlementaire les opinions
sur les principes pour me conformer à l'article 197 qui dit qu'un
amendement ne peut pas aller à rencontre du principe de la loi. C'est le
premier principe que j'avais devant moi à l'effet que la tenue d'un
référendum sur la souveraineté du Québec est un
principe. Je ne suis pas obligé d'entendre tous les membres de la
commission sur la recevabilité. Je vous l'ai dit tout de suite, avec
toute déférence, vous pouvez plaider mais, à sa face
même, l'amendement proposé par le député de
D'Arcy-McGee allait à rencontre du principe même du projet de
loi.
M. Libman: O.K. Alors, M. le Président, est-ce que je peux
poser une question au ministre? Si vous jugez que c'est irrecevable - toujours
en discussion sur l'article 1 - je veux poser une question au ministre. Nous
créons une commission pour analyser les offres du reste du Canada. Si
cette commission juge que ces offres sont acceptables, qu'est-ce qui va se
passer? Est-ce que vous pouvez confirmer l'analyse que je viens de faire?
M. Rémillard: M. le Président...
M, Libman: Si les offres sont jugées acceptables par cette
commission, qu'est-ce qu'on fait?
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: la question du député de
D'Arcy-McGee est très semblable aux questions que me posait tout
à l'heure le député de Lac-Saint-Jean. C'est
peut-être pour ça que j'ai la même réaction quant
à l'amendement puisque, du côté de l'Opposition, on aurait
voulu, semble-t-il, seconder cet amendement qui aurait pour objectif...
M. Brassard: Non, non, il ne faut pas non plus me faire dire des
choses que je n'ai pas dites. On peut être d'accord avec la
recevabilité d'un amendement puis ne pas être d'accord avec le
contenu de cet amendement, la teneur de cet amendement. Ça me semble
aller de soi. Je n'ai indiqué d'aucune façon que j'étais
d'accord avec la teneur de l'amendement du député de D'Arcy-McGee
mais je pense, puis c'est mon droit, que cet amendement-là était
recevable.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Bertrand.
M. Beaulne: Monsieur...
M. Libman: Question de règlement, M. le Président.
J'ai posé une question et je ne pense pas que c'est la même
question que le député de Lac-Saint-Jean. J'attends la
réponse, toujours pas de réponse.
Une voix: La question était bonne, effectivement.
M. Libman: Si les offres sont acceptables, qu'est-ce qu'on
fait?
Une voix: Pas de question de règlement en commission.
M. Rémillard: M. le Président, la question est
hypothétique et comme le député de Lac-Saint-Jean me
posait cette question, je me dis, je refais exactement.. Il se posait la
question et il se répondait en même temps, le député
de Lac-Saint-Jean. Il répondait à ses questions en disant: II y a
toujours la loi référendaire générale qui est
là. La loi référendaire générale est
toujours là. Alors, le député de Lac-Saint-Jean a
très bien répondu à sa propre question.
Le Président (M. Dauphin): Alors, si vous permettez nous
allons suspendre quelques minutes et nous reviendrons après le vote.
Alors, la commission suspend ses travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 42)
(Reprise à 17 h 55)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre! Les
prochaines interventions seront de Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, M. le député de Bertrand et Mme la
députée de Terrebonne. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: En écoutant le ministre répondre aux
questions qui lui étaient posées par le député de
Lac-Saint-Jean, M. le Président, je me disais que c'est quand même
un sacré talent qu'il a pour embrouiller les choses. C'est quand
même... C'est vraiment - ah oui - sacré au sens admiratif parce
que le ministre parle d'une obligation légale et puis, ensuite, il a dit
que la question était hypothétique à cette obligation
légale. Alors, il crée - il est le parrain du projet de loi - une
obligation légale de tenir un référendum, mais la question
de savoir comment il va voter devient une question hypothétique. Libre
à lui.
Par ailleurs, j'aimerais bien qu'il nous explique, parce qu'il l'a
tellement répété qu'à force de le
répéter c'était presque érigé en principe,
cette façon de voir les choses qui l'amenait à considérer
qu'il n'était pas question de subir un autre échec comme en 1980.
Je ne sais trop combien de fois il a dit - c'était un leitmotiv,
d'ailleurs, durant les premières années de son mandat en Chambre
- qu'il n'était pas questron de tenir un référendum sans
avoir la garantie de le gagner. Je ne pourrais même pas compter le nombre
incalculable de fois qu'il me semble l'avoir entendu clairement exprimer cette
idée à laquelle il avait l'air de tenir beaucoup, qu'un
référendum devait avoir lieu sous son gouvernement s'il avait la
conviction qu'il pouvait aller chercher un appui massif des
Québécois.
Alors, là il a l'air de s'éloigner complètement de
cette façon de faire parce que, finalement, il ne sait pas s'il va
être dans le camp du succès, de la victoire, il ne sait pas
comment il va voter, il sait juste qu'il va avoir lieu en 1992. Il nous dit:
Ça, ce n'est pas négociable. C'est sûr qu'il va avoir lieu,
mais il ne sait pas encore comment il va voter. Donc, il est prêt
à le tenir même s'il n'a pas la conviction qu'en le tenant il va
remporter. Ça m'apparaît assez évident. C'est d'une logique
assez simple, simpliste mais évidente. Il a beaucoup parlé de
l'obligation de résultats. Faut-il comprendre que cette
obligation-là, c'est celle de tenir un référendum et non
pas de faire la promotion pour essayer de le gagner?
M. Rémillard: Je dois répondre immédiatement
ou je...
Mme Harel: Ah oui, oui, immédiatement.
M. Rémillard: ...réponds lundi? Tout de suite? Tout
d'abord, sur les premières affirmations de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, j'ai toujours dit, et je le répète,
qu'avec un référendum sur la souveraineté on ne peut pas
se permettre encore une fois d'affaiblir le Québec, c'est
évident. Ça, je le répète. Ce que je dis, c'est
qu'il y a deux commissions parlementaires qui seront créées par
ce projet de loi et que ces deux commissions parlementaires, nous devons les
aborder avec un esprit très ouvert pour voir les deux options. Ce que je
disais tout à l'heure au député de Lac-Saint-Jean, j'ai
dit: Écoutez, voyons ce que ces deux commissions parlementaires vont
faire comme travail. Je me référais à votre livre bleu sur
le beau risque, avec les 22 conditions.
Question hypothétique pour question hypothétique. Si les
22 conditions étaient satisfaites, vous seriez dans une situation un
petit peu difficile. Vous auriez le livre bleu lancé à
l'Assemblée nationale, expression, donc, d'un gouvernement. Je sais que
tout le monde a le droit de changer d'idée, c'est évident,
ça fait partie de la politique et de la sagesse politique. Je ne mets
pas ça en doute. Ce que je dis, c'est que vous pourriez donc changer
d'idée par rapport à ce que vous nous dites aujourd'hui.
Pourquoi on ne ferait pas l'exercice? Nous voyons, par la commission
parlementaire, les offres qui peuvent être reçues. S'il n'y en a
pas ou si ce n'est pas satisfaisant - et je me permets simplement de
répéter - je ne veux pas être trop long, mais je veux
simplement répéter que ça ne se fera pas en catimini,
à huis clos, ça va se faire ici probablement dans ce salon rouge.
Ça va se faire ici où des experts vont venir témoigner,
où on va étudier entre parlementaires la qualité de ces
offres. Si on n'a pas d'offres, c'est réglé. Si on en a...
Peut-être que le député de Lac-Saint-Jean...
Peut-être moins la députée de Hochelaga-Maisonneuve - le
beau risque pour elle, c'était moins beau, un petit peu. Je sais qu'elle
avait plus de difficultés avec cette politique-là.
Bon, dans chaque parti, il y a des sensibilités
différentes puis il faut le respecter, comme nous, on le respecte de
notre côté, puis je le respecte du côté de
l'Opposition, c'est normal. C'est ça notre démocratie, ce qui
fait la beauté de notre société. On n'a pas tous la
même pensée, mais il y a des liens communs qui nous unissent
à un moment donné dans des causes. Je comprends qu'il peut y
avoir des sensibilités différentes.
Alors, c'est dans ce contexte-là que je me dis que c'est une
question hypothétique. Pourquoi essayer immédiatement de nous
enfermer dans des carcans? Pourquoi ne pas essayer d'avoir l'esprit un peu plus
ouvert et dire: Faisons donc l'exercice avec ces deux commissions
parlementaires?
Mme Harel: Mais ce qui n'est pas... M. Rémillard:
On verra en bout de piste.
Mme Harel: Ce qui n'est pas hypothétique...
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée
Mme Harel: ...c'est que vous proposez à l'article 1 que
nous tenions un référendum sur la souveraineté au Quebec
en 1992, n'est-ce pas? Ce qui est hypothétique, vous le savez, c'est
qu'il y a autant de chances que les 22 conditions soient satisfaites que ce
soit vous le futur premier ministre du Québec, hein? Alors...
M. Rémillard: Très peu, très peu de
possibilités.
Mme Harel: ...revenons donc à la réalité des
choses. C'est l'article 1, la réalité. Vous nous dites que c'est
une obligation légale...
M. Rémillard: Sur le dernier aspect...
Mme Harel: ...et vous dites que vous avez l'intention ferme d'y
donner suite et que, donc, il y aura un référendum sur fa
souveraineté du Québec au plus tard en octobre 1992. Ce que vous
évitez, c'est de nous dire si vous tenez à gagner ce
référendum. Pourquoi... C'est une sorte de contrainte pour la
forme. Vous introduisez une contrainte, la contrainte ça devient une
obligation légale. Dans le fond, il faut lire le mot "contrainte". Une
contrainte pour la forme, mais le pire qu'il puisse arriver c'est que cette
contrainte-là vous amène à devoir le tenir sans avoir le
désir, l'intention, la volonté, le goût, l'ambition de le
gagner. C'est ça qu'il faut comprendre.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: J'avoue que j'essaie de comprendre le
raisonnement de Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, aussi de
M. le député de Lac-Saint-Jean et je ne comprends pas pourquoi
ils peuvent être contre une obligation mise aussi clairement dans un
texte de loi. On dirait qu'ils sont un petit peu...
Mme Harel: On n'est pas contre.
M. Rémillard: Ils ne sont pas d'accord. Pourquoi
êtes-vous contre ça?
Mme Harel: On n'est pas contre.
M. Rémillard: J'essaie de comprendre, j'essaie de voir.
Qu'est-ce que ça peut être comme raison? Pourquoi sont-ils contre
le fait qu'on mette si clairement dans la loi...
Mme Harel: On n'est pas contre.
M. Rémillard: Écoutez, si c'était une
déclaration politique encore une fois, je comprendrais. Mais ce n'est
pas une déclaration politique, c'est une loi. Donc, il y a une
obligation légale et seule l'Assemblée nationale peut
délier le gouvernement de cette obligation-là. J'essaie de
comprendre pourquoi vous pouvez être contre. Pourquoi posez-vous toutes
ces questions hypothétiques? Qu'est-ce que ça peut avoir
comme...
Mme Harel: Ce n'est pas hypothétique.
M. Rémillard: Bien oui, mais vous me dites des si. S'il
arrive telle chose, s'il arrive telle autre chose. Moi aussi je peux vous en
poser des questions. Si on a les 22 conditions. Si on a d'autres conditions
encore meilleures. Je peux en mettre des si moi aussi. Je peux en faire des si.
Mais la réalité, c'est le projet de loi qu'on a devant nous. Il
n'y en a pas de si. Ce n'est pas marqué dans le projet de loi: II y aura
un référendum si. C'est marqué: II y aura un
référendum. C'est clair. Si on avait marqué si, ah,
là vous auriez dit: si, si, si. Mais ce n'est pas ça. Le texte de
la loi, il est clair. Il n'y en a pas de si dans le texte de la loi.
Mme Harel: Justement.
M. Rémillard: II n'y en a pas. Pourquoi en cherchez-vous,
à ce moment-là, bon Dieu?
Mme Harel: Alors, M. le Président, ce qui est difficile
à suivre, c'est la pensée du ministre. Il nous a dit justement
qu'il n'y avait pas de si. Alors, il y a un référendum sur la
souveraineté. On le prend au mot. On va même voter en faveur de
cet article 1. Alors, on le prend au mot, il y a un référendum
sur la souveraineté. Est-ce qu'il veut le gagner? Que lui ne soit pas
capable de répondre à cette question élémentaire...
Veut-il gagner le référendum qui est une obligation
légale? Veut-il gagner ce qu'il nous invite à faire comme
société? Veut-il gagner ce qu'il nous propose d'adopter?
Ça, il n'est même pas capable de répondre à cette
question absolument élémentaire.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Ce que je comprends, c'est que, pour
moi...
Mme Harel: Voyons donc!
M. Rémillard: ...et je le dis très clairement, il
s'agit de renforcer le Québec. C'est ça qui est le but. Je vois
très bien maintenant, de plus en plus, le raisonnement du
côté de l'Opposition. C'est que, comme ils passent au-dessus...
un
détournement... Ils contournent la conclusion de
Bélanger-Campeau et ils n'abordent finalement qu'un aspect qui, pour le
moment, fait leur affaire. Je dis toujours pour le moment parce que le
député de Lac-Saint-Jean, si on a 22 conditions, si c'est du beau
risque, je ne sais pas ce qu'il ferait. La députée de
Hochelaga-Maison-neuve, je suis pas mal plus sûr que, même si on
avait 22 conditions, ça serait plus difficile. Ça, je suis
d'accord avec elle.
M. Brassard: Si on a un référendum sur la
souveraineté, je ne sais pas ce que le ministre va faire. Pantoute!
M. Rémillard: Le député de Lac-Saint-Jean,
je ne le sais pas! Si on a 22 conditions, il va y penser deux fois parce que...
Mais, en fait, je suis d'accord avec la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Elle est plus catégorique.
M. Brassard: Non, mais depuis cinq ans, M. le ministre, j'ai
peut-être haussé la barre. J'ai élevé la barre.
M. Rémillard: Si je prends ça, M. le
Président... Bon. Attention! Le limbo ça donne des tours de
rein.
M. Brassard: Vous, vous l'avez descendue, moi, je l'ai
levée.
M. Rémillard: Dans ce contexte-là, pourquoi
contourner la conclusion de Bélanger-Campeau? Cette conclusion, c'est
les deux commissions parlementaires. Alors, quand vous m'interrogez et que vous
me posez vos questions, dans votre esprit, pour vous, il n'y a pas deux
commissions parlementaires. Ça ne vous intéresse pas, ça.
Je ne vous blâme pas, c'est votre façon de voir les choses et je
la respecte. Mais je peux vous dire que ce n'est pas comme ça
qu'à Bélanger-Campeau, ça été fait. Je
respecte cette façon d'aborder les choses mais ce n'est pas comme
ça. Les deux commissions parlementaires font partie du consensus de
Bélanger-Campeau aussi bien que l'article 1.
Alors, si vous contournez les deux commissions parlementaires et que
vous nous dites: C'est la souveraineté, bien, peut-être que pour
vous votre idée est faite. Mais je vous dis encore une fois: Attendez.
Il y a peut-être des membres de votre deputation qui seront plus
réservés. On ne le sait pas. Il faut attendre, il faut voir les
choses évoluer. Regardons ça avec un esprit ouvert, les choses
peuvent évoluer. On verra.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, Mme la
députée? M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Oui. J'ai quelques commentaires et une question. Le
ministre réfère souvent au besoin de ne pas s'enfermer dans un
carcan. Je suis bien d'accord avec ça, sauf que, entre...
M. Rémillard: M. le Président, question de
règlement. On prend des termes de casino: Ça va, ça ne va
pas. Non. Il faut faire attention! On ne joue pas... Rien ne va plus. On ne
joue pas à la roulette, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Beaulne: Entre un carcan et une maison ouverte à tout
vent, je pense qu'il y a une différence. Également, un autre
concept auquel le ministre fait souvent allusion, c'est celui de ne pas
affaiblir le Québec. Bien, moi, je pense que le simple débat qu'a
engendré l'amendement proposé par notre collègue de
D'Arcy-McGee sur l'article 1 illustre très bien le type de confusion et
les malentendus qui, dès l'étude de ce projet de loi, sont en
train de faire surface.
D'autre part, il y a une différence que je pense qu'il est
important de souligner pour le bénéfice de ceux qui suivent ces
débats-là. Dans le contexte de la Commission
Bélanger-Campeau - et je dis ça comme quelqu'un qui était
extérieur à cette histoire-là - les personnes qui
étaient appelées à témoigner ou les associations,
les groupes qui étaient appelés à déposer des
mémoires étaient choisis par une espèce de comité;
un comité où étaient représentés non pas
simplement les parlementaires des deux côtés de l'Assemblée
nationale, mais où il y avait, soi-disant, des personnes qu'on
qualifiait de non alignées, ou enfin, le terme exact que vous
employez... C'étaient des personnes qui était non
identifiées avec un parti politique, ce qui donnait une sorte de caution
un peu de non-partisanerie excessive dans la sélection des
mémoires et dans la sélection de ceux qui avaient des points de
vue à présenter.
Bon, vous avez dit, tout à l'heure, que l'Assemblée
nationale était garante, en quelque sorte, de cette démarche
parce qu'il faudrait une autre loi qui serait débattue en public. Je
veux bien le croire mais ça, c'est de la théorie parce que - et
je pense que les gens doivent en être conscients - en pratique, le parti
qui possède la majorité peut manipuler l'appareil comme il le
veut. C'est ça qu'il est important de prendre en considération
parce que l'Assemblée nationale, tout pompeusement, peut bien
décider, si le parti gouvernemental en décide, d'abroger la loi,
la charte sur les droits du Québec. Bon, ça se ferait en grande
pompe par l'Assemblée nationale, ça aussi.
Donc, ce que vous nous dites, ça ne représente absolument
aucune garantie en pratique. La meilleure garantie aurait été
donnée par une discussion préalable du projet de loi, par une
entente sur les modalités de fonctionnement, comme ça a
été le cas pour la Commission Bélanger-Campeau et je suis
convaincu que ça
aurait évité beaucoup des malentendus qui vont faire
surface à mesure qu'on avancera dans l'étude de ce projet de
loi.
Ma question, finalement, est la suivante. Vous avez mentionné que
des experts pourront venir nous exposer les différents
côtés de la médaille. Qui va les choisir, ces
experts-là? Qu'est-ce qui arrive dans l'éventualité
où nous ou vous n'êtes pas d'accord pour entendre tel ou tel
expert? Qui décide, puisqu'il n'y a plus dans le portrait maintenant les
soi-disant non-alignés?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Bertrand fait des affirmations qui, j'avoue, me
surprennent. Peut-être qu'il ne l'a pas dit avec... Oh! Je suis certain
qu'il ne l'a pas dit avec malice, mais il se réfère à la
Commission Bélan-ger-Campeau en disant: cette affaire-là;
siéger à cette affaire-là. Bien, cette affaire-là,
Bélanger-Campeau, je vais vous dire, moi, ça me touche un peu
parce que j'ai pris beaucoup de temps pour y siéger. Je sais aussi qu'il
y a deux membres qui sont ici qui ont siégé beaucoup sur la
Commission et que ce n'était pas une affaire. C'était vraiment un
processus démocratique et probablement que le député de
Bertrand n'a pas utilisé le mot "affaire" dans un sens péjoratif,
je comprends bien, mais je veux simplement le relever quand même.
M. Brassard: Ce n'est pas dans le sens de machin. Ce n'est pas
dans ce sens-là.
M. Rémillard: Pas une affaire de machin, mais
d'affaire...
Mme Harel: Au sens le plus noble.
M. Brassard: Comme les Affaires internationales.
M. Rémillard: Comme Affaires internationales.
M. Brassard: Comme dans les Affaires culturelles.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: "An affair", non? Pas dans ce
sens-là? Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): On retourne de plus en plus
dans les casinos, M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, vous avez
raison de nous ramener à l'ordre.
Il y a un autre aspect aussi que le député de Bertrand
nous disait. Il nous dit: ces soi-disant gens qui n'étaient pas
alignés, soi-disant pas alignés. Bien, je lui demande de faire
attention encore. Il y avait des gens qui ont fait partie de cette Commission
qui n'étaient pas des parlementaires qui ont fait un travail remarquable
et qui continuent d'être très, très sensibles à ce
qui se passe - pour ma part, qui me téléphonent - et qui ne sont
pas nécessairement de la même opinion que nous, mais qui nous font
part de leurs commentaires, qui suivent encore les débats. Donc, par
respect pour le travail qu'ils ont fait, il faudrait faire attention aux mots
qu'on utilise.
Le député de Bertrand nous dit: Le parti qui a la
majorité en Chambre peut manipuler la Chambre. Là encore un mot
difficile: manipuler. Probablement qu'il n'a pas utilisé encore ce
mot-là d'une façon péjorative, mais, écoutez, c'est
notre démocratie parlementaire qui est en fonction d'une majorité
en Chambre. Quand il y a une majorité en Chambre, par le fait
même, il y a ce qu'on appelle un contrôle démocratique avec
des moyens qui sont là de contrepoids, d'équilibre, qui
permettent de respecter quand même la démocratie qui est
essentiellement en relation avec la souveraineté du peuple.
Je ne crois pas que le député de Bertrand devrait utiliser
le mot "manipuler" parce que finalement, quand j'arrive à l'étude
de tous ces mots utilisés par le député de Bertrand,
j'arrive à la conclusion que le député de Bertrand n'a pas
confiance en nos institutions et là, c'est plus grave, M. le
Président. Ce n'est pas le projet de loi 150 qui va régler
ça parce que ce n'est pas son objectif. Il va falloir penser
peut-être à une constitution du Québec et réviser
à ce moment-là tous les aspects de notre processus parlementaire.
Mais, pour ma part, je crois en nos institutions et je crois que nos
institutions fonctionnent correctement au moment où nous nous parlons.
Je crois que nous vivons dans un régime de démocratie et que,
s'il y a une majorité parlementaire, cette majorité doit
s'exprimer en fonction de règles, en fonction de principes qui nous
guident et que, par conséquent, le principe démocratique est
respecté. (18 h 15)
Alors, quand nous faisons une loi, M. le Président, nous la
faisons avec ce débat que nous faisons ici et c'est un débat que
nous faisons avec tous les modes d'enregistrement que nous avons: les
caméras qui sont là pour transmettre des images, informer la
population; l'Assemblée nationale qui sanctionne, finalement, ce projet
de loi par trois votes au moins, plus tout le travail que nous faisons ici; le
lieutenant-gouverneur qui donne la sanction et, finalement, un processus qui
est extrêmement démocratique. Pour aller à rencontre de ce
processus-là, il faut un processus semblable. Mais, écoutez,
c'est quelque chose, ça.
Alors, le mot "manipulation" utilisé par le député
de Bertrand, je crois qu'il n'a pas sa place. Si on parle de manipulation,
ça semble dire que toutes nos lois votées par
l'Assemblée
nationale ne sont pas des lois légitimes. Or, cette
Assemblée, l'Assemblée nationale du Québec, dans son
fonctionnement comme dans sa composition, pour moi, est essentiellement
légitime.
Le Président (M. Dauphin): Avez-vous une autre
intervention? Oui?
M. Beaulne: Certainement. Premièrement, je n'accepte pas
que le ministre me prête des intentions. Deuxièmement, je trouve
qu'il est très habile à utiliser n'importe quelle perche à
laquelle il puisse s'accrocher pour éviter de répondre aux
questions, étant donné qu'il n'a répondu à aucune
des questions que j'ai posées. Finalement, quand je parle de manipuler,
le ministre sait très bien qu'il ne s'agit pas du sens péjoratif
du terme, mais simplement du sens où le parti gouvernemental, dans
n'importe quel système parlementaire, peut faire adopter les lois qu'il
veut en utilisant les techniques parlementaires à sa disposition par le
seul fait de sa majorité.
Je pense que ça, c'est important de le souligner dans ce
débat-ci, puisque, dans votre projet de loi - et on va le voir par la
suite - nous, comme Opposition, nous n'avons aucune garantie que les
témoins, que les points de vue que nous voudrons faire valoir vont
être pris en considération étant donné que vous avez
rédigé unilatéralement votre projet de loi.
Ce que je cherchais uniquement à contraster, même si je
conviens avec vous que certains mots ne sont pas tellement parlementaires -
parce que je ne suis pas un expert en science politique comme vous, moi, je
suis un banquier et j'aime les choses claires et précises plutôt
que les grands ensembles un peu flous - c'est qu'il demeure que dans... Ce que
je voulais faire ressortir avant tout c'est le contraste entre le processus de
consultation qui a précédé à l'établissement
de la Commission Bélanger-Campeau par rapport à la dimension et
au processus unilatéral de la rédaction de ce projet de loi qui
pose problème. C'est tout.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je voudrais bien
répondre le plus clairement possible au député de
Bertrand, parce qu'il veut voir les choses le plus clairement possible, mais
j'en reviens strictement au projet de loi et à l'article 1. Si le
député de Bertrand veut avoir les choses claires, qu'il regarde
l'article 1. Est-ce qu'il est possible d'écrire l'article 1 en termes
plus clairs? Est-ce que le député de Bertrand aurait une
rédaction encore plus claire à proposer? C'est directement ce qui
est proposé dans la Commission Bélanger-Campeau. Ça ne
peut pas être plus clair.
Comme je l'ai mentionné tantôt, M. le Président,
avec toutes les questions hypothétiques qu'on nous posait,
c'était comme si on avait mis des si dans la rédaction du projet
de loi. Il n'y en a pas de si dans le projet de loi. C'est clair, c'est net.
Article 1: II y aura un référendum. C'est dans une loi. Seule une
autre loi peut changer une loi. C'est clair, ça, M. le Président.
Si le député de Bertrand veut avoir des choses claires, veut
avoir des situations claires, eh bien - bon Dieu - qu'est-ce qu'il y a de plus
clair, de plus limpide que des mots qui expriment très clairement ce
qu'on veut signifier? Et ce qu'on veut signifier se retrouve clairement
à l'article 1 par des mots très clairs. Si le
député de Bertrand a une autre rédaction possible, qu'il
la soumette. Peut-être que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve a une possibilité nouvelle à nous
soumettre.
Une voix:...
Le Président (M. Dauphin): O. K. Alors, là,
j'ai...
M. Rémillard: Adopté?
Le Président (M. Dauphin):... une dernière
intervention de Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci...
M. Kehoe: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Question de règlement,
M. le député de Chapleau?
M. Kehoe: Bien, d'information, peut-être. Est-ce qu'on
parle encore de la motion de recevabilité?
Le Président (M. Dauphin): Non, non. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Kehoe: C'est fini, ça? C'est ça que je
demande... Qu'est-ce qu'ils plaident, eux autres?
Le Président (M. Dauphin): Non. Ça fait une
demi-heure que c'est terminé, M. le député.
M. Kehoe: Oui, c'est ça. C'est pour ça que c'est
tellement important.
Une voix: C'est l'article 1...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Chapleau, on ne peut en appeler des décisions du président.
M. Kehoe: Mais les autres, ils parlent quand même. Vous
pourriez le dire.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député de Bertrand, avez-vous terminé?
M. Beaulne: Simplement... Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Dauphin): Un commentaire?
M. Beaulne: C'est simplement... Non, je n'ai rien à
ajouter à la formulation de l'article 1. J'ai simplement relevé
une affirmation qu'avait dite le ministre concernant le témoignage des
experts et je lui avais posé la question, à savoir comment ces
experts seraient choisis et qu'est-ce qui arrivait en cas de litige au sujet
des experts qui seraient appelés à témoigner. C'est tout.
J'ai relevé simplement une affirmation qu'il avait dite dans sa
présentation.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard:... c'est une question probablement qu'on
pourrait discuter lorsqu'on étudiera le fonctionnement des commissions,
peut-être.
M. Beaulne: Oui.
M. Rémillard: En tout respect, à ce
niveau-là, c'est des questions qu'on pourra discuter.
M. Beaulne: Oui.
M. Rémillard: On en discutera au moment où on
arrivera à ces articles de la loi. Je veux simplement vous dire que,
pour nous, notre objectif, c'est que tout se passe avec le maximum de
transparence, de clarté pour une option comme pour l'autre.
Le Président (M. Dauphin): Finalement, je vais
reconnaître Mme la députée de Terrebonne comme
dernière intervention cet après-midi.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense que puisque
l'article 1... On l'a répété régulièrement
de notre côté, nous tenons à un référendum
sur la souveraineté.
Une voix: Nous tenons quoi? Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Un vrai. Donc, c'est évident que nous allons,
bien sûr, parler sur cet article 1.
M. Rémillard: Au moment d'une déclaration aussi
importante.
Le Président (M. Dauphin): S'il vous plaît,
monsieur.
Mme Caron: J'avoue que les réponses aux questions
précises de mes collègues nous ont, effectivement,
confirmé qu'on avait toutes les raisons de craindre ce projet de loi
150. Si le ministre peut me répondre clairement, je sais que c'est
quelque chose d'extraordinaire que je lui demande, je lui demande de faire un
effort... Vous créez une commission parlementaire pour recevoir les
offres du fédéral. Ce n'est pas une hypothèse, ça,
c'est une réalité. Vous créez une commission pour recevoir
les offres du fédéral. Vous en recevez. Est-ce que vous tenez un
référendum sur ces offres?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, on m'a posé
cette question je ne sais pas trop combien de fois, et la réponse...
Même, à un moment donné, le député de
Lac-Saint-Jean a répondu à sa propre question. Ce que je ne
comprends pas, c'est qu'on ne puisse pas lire l'article 1 comme il est
écrit. Je me permets de le lire pour qu'on voie bien la
rédaction...
Mme Caron: Vous recevez ces offres avant ces
dates-là...
M. Rémillard: Regardez, l'hypothèse... Vous pouvez
faire bien des scénarios. Il y a beaucoup d'autres scénarios
qu'on peut faire, toutes sortes de scénarios. Ce n'est pas de questions
de scénarios qu'on discute ici, mais du projet de loi. Vous savez, si on
avait écrit: Le gouvernement du Québec tient un
référendum sur la souveraineté du Québec entre le 8
juin et le 22 juin 1992... si... Ah bien là, je comprendrais que vous me
posiez toutes ces questions: Si quoi? Comment ça va se passer? Qu'est-ce
qui arrive? Mais il n'y en a pas de si. Il n'y en a pas de si. Il n'y en a pas
d'hypothèse comme ça, comme telle. Attendons de voir les choses
évoluer, mais, pour le moment, dans le projet de loi, il n'y a pas de
si, parce que, s'il y avait des si, on n'aurait pas besoin d'amender la loi.
Là, vous avez un terme de la loi qui est très clair, qui est
exprimé très clairement. Vous ne pouvez pas avoir un
article...
Le député de Bertrand, tantôt, me disait: J'admets
que c'est très clair et je n'ai pas d'autre rédaction à
proposer parce que c'est très clair. Le texte de l'article 1, il n'y a
personne qui peut nous dire que cet article 1 n'est pas clair. L'article 1 est
très clair. On ne peut pas avoir un article plus clair que
ça.
Bon Dieu! Comment pouvez-vous être contre cet article-là?
Vous allez me dire... Vous allez me faire des scénarios: si, si, si.
Mais écoutez, peu importent les si, un article d'une loi ne peut se
modifier que par une autre loi. L'Assemblée nationale seule peut
délier le gouvernement de cette obligation de tenir un
référendum. C'est quelque chose, ça. C'est quelque chose,
ça!
Alors, je ne comprends pas pourquoi vous
vous interrogez et que vous essayez de voir toutes sortes de choses
derrière cet article 1, parce qu'il est très très
très clairement exprimé et écrit. Il n'y en a pas
d'hypothèse dans l'article 1, il n'y en a pas d'hypothèse. Il n'y
en a pas de si dans 1. Il est en termes affirmatifs, en termes clairs. Or,
pourquoi ne pas le voir comme ça?
Mme Garon: Dernier commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Dernier commentaire, Mme la
députée.
Mme Caron: Je ne vois vraiment pas pourquoi le ministre se
torture à penser qu'on est contre l'article 1. Personne n'a parlé
contre l'article 1. On a posé des questions sur vos intentions, M. le
ministre.
M. Brassard: Vote nominal.
Le Président (M. Dauphin): Vote nominal, l'article 1.
Alors, j'appelle aux voix l'article 1 du projet de loi. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire: Pour ou contre l'article 1. M.
Rémillard (Jean-Talon)?
M. Rémillard: Pour.
La Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Pour.
La Secrétaire: M. Lafrance (Iberville)... Excusez-moi, M.
LeSage (Hull)?
M. LeSage: Pour.
La Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Pour.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)?
M. Kehoe: Pour.
La Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)?
Le Président (M. Dauphin): Pour.
La Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
La Secrétaire: M. Beaulne (Bertrand)?
M. Beaulne: Pour.
La Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Pour.
Une voix: Mme Harel, peut-être?
M. Brassard: Non, on a droit juste à trois votes.
Le Président (M. Dauphin): L'article 1 est
adopté.
Alors, nous avons terminé nos travaux pour aujourd'hui et
j'ajourne les travaux de notre commission sine die.
(Fin de la séance à 18 h 27)