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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Dauphin): Mesdames, messieurs, le quorum
étant constaté, je déclare la séance de la
commission des institutions ouverte, qui a pour mandat, ce matin, de
procéder à l'étude du projet de règlement sur la
procédure de recrutement et de sélection des personnes aptes
à ôtre désignées à ta fonction d'arbitre au
nommées à celle d'assesseur au Tribunal des droits " de la
personne. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Kehoe (Chapleau) est remplacé par M. Lafrance (Iberville); M. Larouche
(Anjou) par M- Chenail (Beauharnois-Huntingdon); M. Thérien (Rousseau)
par M. Brouillette (Champlain).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. J'invite
maintenant le ministre de la Justice à procéder à ses
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, vous me permettrez
tout d'abord de vous présenter les personnes qui m'accompagnent. M.
Gaston Pelletier, qui est à ma droite, et qui est du ministère de
la Justice. Il y a aussi avec moi Mme Nicole Breton et M. Yves Pleau, qui sont
aussi du ministère de la Justice, et je suis accompagné aussi de
Mme Julienne Pelletier, qui est responsable de ce dossier au sein de mon
cabinet politique.
M. le Président, ça me fait particulièrement
plaisir d'être ici à cette commission parlementaire ce matin,
puisque nous aurons à étudier un règlement qui s'inscrit
dans le cadre de cette Loi modifiant la Charte des droits et libertés de
la personne concernant la Commission et instituant le Tribunal des droits de la
personne. M. le Président, on se souvient que cette loi a
été sanctionnée le 22 juin 1989. Et je me permets de
souligner, M. le Président, le travail qui a été fait par
cette commission. Dans un premier temps, cette commission s'était
réunie à quelques reprises pour faire le point sur le respect des
droits et des libertés fondamentales et nous, M. le Président,
nous avons donc présenté un projet de loi au printemps dernier,
que nous avons ensuite discuté à cette commission parlementaire
et qui nous a permis d'améliorer considérablement le respect, les
mécanismes de respect des droits et des libertés au
Québec, en instituant, notamment, un Tribunal des droits et des
libertés. C'est un apport considérable, M. le Président,
et lorsque nous discutons des droits et des libertés et des moyens de
les protéger, de les faire valoir, les moyens que nous pouvons offrir
aux citoyens et citoyennes du Québec pour avoir un maximum
d'accessibilité pour que leurs droits soiont reconnus, il est
intéressant, bien sûr, qu'on puisse se situer au-dessus de toute
ligne de partisanerie politique, et c'est ce que nous faisons. Nous discutons
de ces projets de loi en fonction des critères de démocratie, de
liberté, de justice, d'équité, qui nous guident tous, ici,
comme Québécois et comme Québécoises.
On se souvient donc, M. le Président, que cette loi, que nous
avons votée au mois de juin dernier, vient modifier la Charte des droits
et libertés de la personne pour ajouter, notamment, la
possibilité pour la Commission des droits de proposer à une
personne qui aurait été victime de discrimination ainsi
qu'à la personne à qui cette violation est imputée le
recours à l'arbitrage pour régler leur différend. Cette
loi prévoit de plus l'institution du Tribunal des droits de la personne
pour entendre et disposer de certains litiges en matière de
discrimination. Pour permettre l'application de ces mesures, la loi
prévoit que la Commission pourra offrir les services d'arbitres alors
que le président du Tribunal sera assisté d'assesseurs.
M. le Président, je me permets de souligner le caractère
innovateur de ce projet de loi qui, pour la première fois, introduit
cette possibilité d'arbitrage d'une façon complémentaire
ou parallèle à l'existence d'un tribunal des droits. C'est
intéressant, M. le Président, parce que l'arbitrage permet de
procéder avec plus de célérité, avec moins de
formalisme. Très souvent, dans les cas qui nous sont soumis, au niveau
du respect des droits et libertés, l'arbitrage peut donner satisfaction
aux parties impliquées avec moins de formalisme et d'une façon
beaucoup plus rapide que le processus formel d'un tribunal. Cependant, il est
évident qu'un tribunal est là pour entendre les parties qui
veulent se faire entendre par ce tribunal, soit par la voie de la Commission
des droits qui peut prendre fart et droit pour un citoyen qui est
lésé dans ses droits ou pour un citoyen qui peut aller
directement au niveau de ce tribunal des droits. Et alors, c'est plus formel,
c'est présidé par un juge de la Cour du Québec. Mais il y
a toujours, donc, ce processus de l'arbitrage qui est offert, qui offre un
moyen de plus pour accentuer les moyens d'accessibilité pour faire
reconnaître des droits
et des libertés. Parce que, M. le Président, très
souvent, malheureusement, on se rend compte qu'avoir un droit, avoir une
liberté, c'est une chose mais que, malheureusement, les exercer,
ça peut être autre chose.
Dans le projet de loi que nous avions adopté au mois de juin
dernier, il est en outre prévu que les arbitres et assesseurs seront
nommés par le gouvernement, suivant une procédure de recrutement
et de sélection établie par règlement. Or, ce
règlement doit, par ailleurs, être déposé devant la
commission des institutions qui fera rapport de cette consultation à
l'Assemblée nationale. Dans ce contexte, je dépose donc devant
cette commission, ce matin, le projet de règlement sur la
procédure de recrutement et de sélection des personnes aptes
à être désignées à la fonction d'arbitre ou
nommées à celle d'assesseur au Tribunal des droits de la
personne.
Avant de passer aux discussions sur l'ensemble de ce projet, M. le
Président, je tiens à vous souligner qu'il s'agit d'un projet de
règlement inspiré de la procédure qui est applicable
à la sélection des personnes aptes à être
nommées juges à la Cour du Québec. Il s'en distingue,
toutefois, pour tenir compte de la multidis-ciplinarité chez les
membres, tout en assurant une proportionnalité minimale d'avocats dans
l'esprit des commentaires et recommandations formulés devant la
commission des institutions en juin dernier, lors de la discussion du projet de
loi modifiant la Charte des droits et libertés de la personne.
De plus, ce projet de règlement vise à assurer le
recrutement de personnes manifestant un intérêt marqué en
matière de droits et libertés de la personne et sensibles
à leur respect. À cet effet, le projet de règlement
contient des dispositions, tant au niveau de l'inscription d'une candidature
qu'au niveau des critères de sélection, que sera tenu d'appliquer
le comité de sélection.
Enfin, il prévoit la possibilité, pour ce comité,
de consulter sur tout élément du dossier d'un candidat les
organismes voués à la défense ou à la promotion des
droits et libertés de la personne. La mise en application de ce projet
de règlement devrait assurer le recrutement d'arbitres et d'assesseurs
qui sauront répondre aux attentes exprimées lors de
l'étude du projet de loi en commission parlementaire, le printemps
dernier.
M. le Président, voilà la présentation que je
tenais à faire. Je suis prêt à procéder à
l'étude du projet de règlement, article par article.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre
de la Justice, pour vos remarques préliminaires. Je demanderais
maintenant à Mme la députée de Hocholagfi Maisonneuve et
porte parole officiel de l'Opposition en cette matière de
procéder à son tour, peut-être, à quelques remarques
préliminaires.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, on doit donc, encore une fois,
constater que faire adopter une loi, c'est une chose et la faire appliquer,
c'en est une autre. Et il faut reconnaître que, pour tout de suite,
là, l'institution du Tribunal des droits de la personne n'existe que sur
papier et que, après un an presque, enfin un an, où l'adoption de
ce Tribunal a été consacrée, on n'en est maintenant
qu'à examiner le règlement. Je pense qu'on peut certainement le
regretter, quand on sait avec quel concours, le concours de l'Opposition et, je
pense, de l'ensemble des organismes qui oeuvrent dans le domaine des droits et
libertés, quand on sait que c'est dans ce contexte d'appui unanime que
cette loi. finalement, a été adoptée, à la fin de
la session.
Bon, je pense qu'il est certainement de la nature du laxisme
gouvernemental qu'on en soit maintenant aux balbutiements pour en arriver
à mettre en vigueur les institutions, en fait, et les modifications
importantes qui étaient introduites par la loi 140. J'ai en tête,
M. le Président, une série d'articles publiés par le
journal La Presse et qui relataient les difficultés, les
obstacles qui se dressaient sur la voie des personnes qui cherchaient à
faire appliquer des droits en matière d'égalité,
notamment, et je me dis que ces obstacles, évidemment, qui existent
toujours et qui certainement ne concourent pas à répandre la
volonté de faire respecter des droits qui, sur papier, en fait, sont
conférés, eh bien, ces obstacles auraient certainement
été atténues si le Tribunal avait été mis
sur pied plus rapidement.
Oui, c'est vrai que la loi 140 améliore considérablement
le respect des droits et libertés au Québec. Oui, c'est vrai que
cette loi donne des moyens de protéger ces droits, de les faire valoir.
Oui, c'est vrai que cette loi favorise l'accessibilité, mais, pour tout
de suite, évidemment, ça reste bien théorique puisque les
justiciables et nos concitoyens savent ne pas pouvoir y avoir accès.
C'est un peu comme un mirage pour les médias.
Alors. M. le Président, nous allons, évidemment, faciliter
l'adoption du règlement dont nous entamons l'étude ce matin. Mais
nous voulons également, à l'occasion de ces remarques
préliminaires, rappeler au ministre qu'il y a également du
laxisme dans la nomination des membres de la Commission des droits de la
personne dont les mandats sont échus, pour la plupart d'entre eux,
depuis quelques mois. Sur les huit membres de la Commission, y compris le
président, au moins sept siègent à la Commission, mais
leurs mandats sont échus depuis la fin 1989 ou depuis l'automne 1989,
pour un certain nombre d'entre eux. Évidemment. nous considérons
que le ministre et le gouvernement doivent, le plus rapidement possible,
corriger cette situation. Évidemment, on
peut compter, certainement, sur l'engagement personnel des membres de la
Commission à maintenir leur intérêt à l'égard
du mandat qui leur avait été donné, je sais qu'il a
été prolongé, mais il faut quand même mettre fin
à cette situation-là où l'on retrouve sept ou huit membres
de la Commission des droits de la personne du Québec dont les mandats
sont déjà échus.
M. le Président, nous souhaitons, évidemment, à
l'égard de la nomination du président du Tribunal des droits de
la personne, que le ministre procède de façon diligente.
Évidemment, nous souhaitons également qu'il procède
à la consultation qu'il s'était engagé à faire en
juin dernier, lors de l'adoption du projet de loi 140. Nous espérons
pouvoir échanger sur cette question le plus rapidement possible.
M. Gil Rémillard M. Rémillard: M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: Est-ce que vous me permettez simplement,
brièvement, de dire que je comprends très bien les commentaires
que vient d'exprimer la députée concernant la mise en vigueur de
la loi 140. L'idéal aurait été, certainement, que le
lendemain de la sanction de cette loi, donc le 23 juin, toute cette loi
fût appliquée. On sait que, malheureusement, pour des questions
administratives, ce n'est pas possible. On l'avait déjà
prévu en commission parlementaire, on en avait discuté ensemble
et on savait qu'on devait mettre en place un ensemble de mécanismes
dont, en particulier, cette évolution pour la Commission des droits qui
doit évoluer en fonction de cette nouvelle responsabilité qui lui
échoit maintenant avec notre projet de loi. Ça ne se fait pas du
jour au lendemain et ça signifie qu'on doit mettre en branle des
changements administratifs majeurs.
Lorsque Mme la députée fait référence
à des membres de la Commission dont les mandats sont expirés,
plusieurs de ces membres ne sont pas intéressés à faire
renouveler leur mandat, d'autres voudraient voir leur mandat renouvelé.
Par contre, nous aurons à penser à nommer de nouveaux membres
à bien des niveaux. Cependant, je crois que je me dois de souligner
l'énorme travail fait par la Commission des droits de la personne et
ceux qui ont oeuvré au sein de la Commission. En particulier, je veux
souligner le travail de Me Jacques Lachapelle, le président, qui, tout
au long de nos travaux pour adopter la loi 140, a été très
très précieux comme collaborateur. Donc, je souligne
l'énorme travail de tous ces gens qui ont travaillé avec nous et
qui nous ont permis de faire cette loi 140. Maintenant, avec le
règlement que nous étudions aujourd'hui, nous allons pouvoir
déterminer la procédure pour faire les nominations au niveau des
arbitres, des assesseurs, et le Tribunal viendra donc en application dès
que nous aurons cô règlement et que nous pourrons procéder
aux nominations; le projet de loi pourra donc s'appliquer.
Bien sûr qu'il y a quelque temps qui s'est écoulé
depuis la sanction de la loi, mais pour des questions strictement
administratives, on ne pouvait pas faire autrement. Maintenant, je veux assurer
Mme la députée que pour les nominations au conseil
d'administration de la Commission, à la Commission, nous allons
procéder dans les meilleurs délais, des gens nous ayant
signifié très clairement, comme je le mentionnais tout à
l'heure, qu'ils n'étaient pas intéressés à
continuer parce qu'ils avaient fait déjà un bon bout de chemin et
d'autres avaient d'autres préoccupations. Enfin, bref, j'aurai à
revenir, dans un avenir quand même pas très lointain, avec des
noms, des suggestions pour compléter les nominations. (10 h 30)
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre.
Est-ce que j'ai dit autre chose? Ha, ha, ha! M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Je pense que c'est la meilleure que j'ai
entendue...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre,
pour ces informations. Juste avant de commencer l'étude des articles que
nous n'aurons pas à adopter mais à étudier, j'aimerais en
profiter, si les membres de cette commission m'en donnent la permission, pour
vous dire que, à l'époque, en tant que porte-parole
gouvernemental, où nous avons eu, justement, dans le cadre d'un mandat
de contrôle et de surveillance sur l'article 294, à voir les
orientations de la Commission des droits et libertés de la personne,
avec mon prédécesseur, l'ancien président de la commission
des institutions, l'ancien député de Taillon... J'aimerais juste
prendre quelques secondes pour vous dire que le travail qui avait
été effectué, à ce moment-là, était
vraiment un' bel exemple de la réforme parlementaire de 1984 qui voulait
donner plus de contrôle au législatif, plus de matière aux
députés pour procéder à l'étude et à
la surveillance, aux orientations de différents organismes, et nous
avions décidé, à ce moment-là, de procéder
à cette surveillance avec la Commission des droits et libertés.
Alors, ce furent des efforts que plusieurs membres de la commission ont faits
pendant près de deux années et, en invitant des groupes qui ont
travaillé avec la Commission des droits et libertés,
nous avons pu, comme commission, effectivement, faire nos travaux et
faire des recommandations à l'Assemblée nationale du
Québec.
J'aimerais en profiter pour souligner aux membres de la commission que
le ministre de la Justice actuel, qui avait été nommé
à ce poste, je peux en témoigner, avait tout de suite vu nos
recommandations d'un très bon oeil et avait effectivement donné
les directives nécessaires au ministère afin que le projet de loi
140 puisse être présenté à l'Assemblée
nationale. Je tiens tout de suite à dire aux membres de la commission
que ce fut un excellent travail fait par tous les membres de la commission, et
le ministre de la Justice et son équipe avaient tout de suite bien
répondu à nos recommandations. D'ailleurs, le projet de loi 140
reprend presque la totalité des recommandations qui avaient
été faites par la commission des institutions.
Je pense que c'est un bel exemple de démocratie, un bel exemple
du rôle des parlementaires, et ça va justement dans le sens de la
réforme de 1984. Les membres de la commission ne sont pas sans savoir
que nous allons entreprendre très bientôt un autre mandat de
contrôle et de surveillance avec un autre organisme qui s'appelle,
celui-là, le Protecteur du citoyen. J'espère que nous pourrons,
comme commission, exercer le même travail, avoir la même
efficacité que nous avons eue au cours des deux dernières
années avec la commission des institutions.
Étude détaillée
Ceci étant dit, nous allons maintenant appeler l'article 1 du
projet de règlement.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 1 de ce
projet de règlement décrit le champ d'application du
règlement.
Mme Harel: Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Ça va Alors, l'article 1
est étudié. J'appelle l'article 2.
M. Rémillard: L'article 2, M. le Président, fixe la
proportionnalité minimale d'avocats que doit respecter la liste
prévue à l'article 62.
Mme Harel: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Sur cette proposition de considérer que la
liste doit être constituée d'au moins la moitié des
personnes membres inscrites au tableau de l'Ordre des avocats du Québec,
peut-on savoir quels sont les motifs qui ont préskié à ce
choix de la moitié? Est ce qu'il y a des exemples qui peuvent être
apportés par le ministre pour expliquer qu'on ait retenu la
moitié plutôt que le tiers ou les deux tiers?
M. Rémillard: Voici, M. le Président. D'une
façon générale, nous avons voulu établir le
principe selon lequel un arbitre ou un assesseur ne doivent pas
nécessairement être avocats. Donc, ils pourront être de
différente formation, peu importe leur formation, et ils pourront
être appelés à arbitrer certains litiges. Cependant,
l'arbitre qui a une formation juridique pourrait, dans certains cas, être
amené à jouer un rôle efficace en ce qui regarde les
respects des droits et des libertés dans l'application de la
règle audi alteram partem dans certains cas. C'est pour ça que...
Et le Barreau et le député de Taillon à l'époque,
M. Filion, avaient insisté fortement pour qu'on puisse avoir une
proportion d'avocats qui pourrait être de la moitié. Et nous avons
conclu, à ce moment-là, que ce serait une bonne chose. Donc, les
gens pourront choisir leur arbitre. Ils peuvent choisir en fonction d'une
formation que les arbitres pourront avoir, mais il faut comprendre que les cas
litigieux, concernant les droits et les libertés, peuvent conduire
à des discussions qui peuvent nous amener à conclure que
quelqu'un qui a une formation juridique, ça peut être d'une grande
utilité. C'est pour ça que nous avons conclu que ce serait une
bonne chose que la moitié de ces arbitres et assesseurs aient une
formation juridique.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Oui, on peut certainement comprendre le
bien-fondé d'une formation juridique pour occuper ce rôle. Mais
faut-il, en plus de la formation juridique, exiger de la personne qu'elle soit
inscrite au tableau de l'Ordre des avocats du Québec? Parce qu'on peut
à la fois demander une formation juridique complétée sans
pour autant exiger l'inscription au tableau de l'Ordre. On pense, par exemple,
à la Chambre des notaires. Certains d'entre eux peuvent, à bon
droit, sans doute, considérer avoir cette formation juridique utile au
règlement de différends sans pour autant être inscrits au
tableau de l'Ordre des avocats.
M. Rémillard: Voici, c'est que.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Le notaire... Vous soulignez, d'ailleurs, un
point très intéressant, je dois vous dire, et d'actualité
dans les relations entre les avocats et les notaires, si on se
réfère à la publicité que vous voyez de ce temps-ci
dans les
Journaux, qui à mon sens, est inopportune, mal placée.
J'ai rencontré, d'ailleurs, lundi dernier, M. Lambert, président
de l'Ordre des notaires,
pour lui faire part de mes commentaires. Mais, ceci dit, il faut bien
comprendre que lorsque nous fartons, ici, d'un arbitre, d'un assesseur, nous
parions de contentieux qui implique la règle audi alteram partem,
c'est-à-dire une audience, une audition et, par conséquent, de
par sa formation, l'avocat a une formation dans ce domaine-là pour juger
des règles, qui peuvent être des règles de preuve,
d'audience, en fait, une procédure qu'on comprend dans une audience
normalement. Alors, je comprends que des notaires pourraient avoir aussi une
formation juridique, mais nous avions conclu, lorsqu'on a étudié
le projet de loi, que, dans ce cas-ci, lorsqu'on se réfère
à une audience, il faut se référer aussi à cette
partie de formation que les avocats ont et que les notaires n'ont pas
nécessairement.
Le Président (M. Dauphin): Ça va. Alors, l'article
2 est terminé. J'appelle l'article 3.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 3 est de
façon à susciter d'éventuelles candidatures et cet article
vise à informer le plus grand nombre possible de personnes du fait que
des postes sont à combler.
Mme Harel: M. le Président, il faut comprendre que le
ministre de la Justice fait publier un avis dans un seul journal circulant dans
tout le Québec et dans le journal du Barreau du Québec. Est-ce
bien le cas? Est-ce que l'avis va être publié en français
et en anglais?
M. Rémillard: Dans au moins un journal. Mme Harel:
Au moins un. M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: La pratique habituelle, c'est de publier cet avis dans
combien de journaux et dans quelle langue?
M. Rémillard: Je vais demander à M.
Pelletier, si vous voulez. Un instant. Si vous me permettez, je vais
juste me référer à...
Me Pleau m'informe que, dans un cas comme celui-ci, normalement, c'est
cinq ou six journaux qui seront utilisés pour couvrir l'ensemble du
territoire québécois.
Mme Harel: II y a une pratique finalement qui est retenue par le
secrétariat des commissions parlementaires lors de la publication d'avis
pour des audiences publiques de commissions. Est-ce que les modalités
prévues à l'article 3... Ah non, on reviendra à l'article
4. Très bien. Merci.
Le Président (M. Dauphin): L'article 3 est terminé.
J'appelle l'article 4.
M. Rémillard: M. le Président, cet article
établit le contenu de l'avis qui sera publié dans les journaux.
En prévoyant un contenu aussi élaboré, cette disposition
fait, par ailleurs, en sorte d'informer au mieux les personnes et les groupes
intéressés.
Mme Harel: Alors, M. le Président, ma question est la
suivante: Est-ce que c'est là une modalité particulière ou
si vous vous êtes inspiré, dans la rédaction de l'article
4, de pratiques usuelles? On peut peut-être se référer aux
nominations d'assesseurs à la Commission des affaires sociales, à
ceux de la Commission d'appel en matière de lésions
professionnelles. Est-ce une pratique inusitée, inédite ou si
elle est usuelle? (10 h 45)
M. Rémillard: Non. Nous nous sommes inspirés de la
loi sur la nomination des juges à la Cour du Québec. C'est notre
première référence que nous avons suivie, mais nous
l'avons complétée, en particulier, en ce qui regarde le
paragraphe 3°. Nous l'avons complétée, étant
donné le genre de personne que nous souhaitons avoir.
Donc, le fondement, si vous voulez, se réfère à la
procédure que nous avons déjà pour la sélection des
juges à la Cour du Québec, plus les compléments que nous
avons ajoutés au paragraphe 3°.
Mme Harel: Y aura-t-il des critères académiques qui
seront déterminés pour recevoir des candidatures?
M. Rémillard: Oui, tout à l'heure, M. le
Président, lorsque nous étudierons l'article 17, vous verrez
qu'il y a les critères qui sont énumérés et
peut-être que ça pourra répondre à la question de
Mme la députée.
Mme Harel: C'est donc dire, M. le Président, que le
paragraphe 3° de l'article 4 prévoit que non seulement une personne
physique peut soumettre sa candidature, mais un groupe de personnes ou un
organisme peut proposer une candidature également. Ça, j'imagine,
c'est inédit. Est-ce que c'est là une pratique qu'on retrouve
ailleurs? Est-ce que c'est une disposition complètement
inédite?
M. Rémillard: C'est tout à fart inédit.
C'est pour répondre aux voeux qui ont été exprimés
par les différents groupes, aux recommandations. Et, entre autres,
c'était une des recommandations établies par fa commission
parlementaire. Et je trouve qu'elle est très appropriée. Mais
c'est inédit.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 4 est
étudié et terminé. J'appelle l'article 5. Il faut
bien prononcer!
M. Rémillard: Cet article prévoit que cet avis doit
être transmis au président du Tribunal, au président de la
Commission et au bâtonnier du Québec.
Mme Harel: Enfin, pourquoi, finalement, ces trois personnes en
particulier?
M. Rémillard: II faut comprendre que ces personnes sont
directement intéressées en fonction des organismes qui sont
touchés Alors, tout d'abord, en ce qui regarde le tribunal, c'est le
juge en chef qui est touché en premier lieu. Mais, là, c'est le
président du Tribunal qui va présider le Tribunal des droits de
la personne. Donc, il est normal qu'on transmette cet avis. Il y a le
président de la Commission qui est directement impliqué et le
bâtonnier en ce qui regarde une matière qui est contentieuse et
qui nous amène à pouvoir souligner, avertir et, ensuite, il y a
50 % d'avocats sur la composition. Alors, on avertit le bâtonnier.
Mme Harel: À quel intervalle le ministre sera-t-il tenu de
publier cet avis?
M. Rémillard: Vous savez que la liste est établie
pour trois ans, c'est-à-dire les gens ont une nomination pour trois ans.
Alors, il y aura un mouvement et, au fur et à mesure que nous aurons
à faire des nominations, par le fait même, il y aura des avis qui
seront envoyés.
Mme Harel: Donc, le processus consiste, à chaque fois
qu'il y a une nomination, à publier cet avis, même s'il y a une
liste qui conserve les noms des personnes qui ont déjà fait
connaître leur intérêt à la fonction.
M. Rémillard: II faudra voir, à chaque fois que les
besoins se feront sentir... c'est-à-dire, par exemple, si on ne peut
plus respecter la règle de 50 % pour les avocats, ça signifie
qu'il va falloir faire d'autres concours, ouvrir des concours. Donc, par le
fait même, des avis seront faits Or, ce sera au fur et à mesure
que les besoins vont se faire sentir.
Mme Harel: Mais, théoriquement, par exemple, il serait
plausible qu'un avis soit publié en 1990 et qu'un très grand
nombre de candidats ou de candidates fassent une demande ou soumettent,
plutôt, leur candidature, que les postes soient comblés et que tes
nominations à effectuer dans les années futures soient
comblées par ces candidatures de 1990 et qu'il n'y ait pas d'avis
à cet effet avant plusieurs années. Est-ce qu'il serait
invraisemblable que ça puisse se produire?
M. Rémillard: Si vous me le permettez, je vais demander
à Me Pelletier de répondre à votre question.
M. Pelletier (Gaston): Normalement, effectivement, lors du
premier concours, il risque d'y avoir beaucoup de candidats Alors, il y aura
là une banque d'arbitres qui sera établie et des assesseurs qui
seront nommés par le gouvernement. On le verra un peu plus loin aux
articles 17 et suivants. Il demeure, cependant, qu'au fur et à mesure
des besoins, le gouvernement pourra avoir intérêt à lancer
un nouveau concours pour compléter, par exemple, un manque en
sociologues ou en psychologues parmi les arbitres ou les assesseurs ou encore
lorsque la proportionnalité d'avocats ne sera plus respectée Je
pense que ce sera très tributaire des besoins, au fur et à mesure
des années.
Mme Harel: Mais il pourrait donc se produire que cette banque
d'arbitres et d'assesseurs soit suffisante pendant plusieurs années pour
combler les nominations éventuelles et qu'il n'y ait pas, à
nouveau, d'avis et qu'à ce moment-là, on se retrouve avec des
personnes vieillissantes, malgré tout, mais qui ont déjà,
finalement, soumis leur candidature. On ne se retrouve peut-être pas
à renouveler, à rafraîchir, d'une certaine façon, la
banque en faisant appel, lors de chacune des nominations, à de nouvelles
candidatures.
M. Pelletier: C'est que les arbitres, comme je vous l'ai dit,
seront inscrits sur la liste pour trois ans. Alors, au bout des trois ans, ils
devront ou bien soumettre de nouveau leur candidature ou bien Hs seront
rayés de la liste. Donc, à ce moment-là, comme je vous le
dis, les besoins se feront alors sentir de lancer des concours.
Mme Harel: D'accord Où est-ce qu'on le retrouve ça,
ce délai de trois ans?
M. Pelletier: C'est à l'article 22.
Mme Harel: À l'article 22, merci, on y reviendra. Une
dernière question. M. le ministre. On y reviendra peut-être sans
doute à un autre article, mais entendez-vous vous conformer à
l'action positive en matière de nomination des arbitres et des
assesseurs?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Évidemment, nous sommes en
matière de droits et de libertés et s'H y a un droit, une
liberté qui est fondamentale pour nous, c'est l'égalité
et, en fonction de cette égalité, il y a aussi nos
règles de promotion. Dans ce contexte-là, on va appliquer toutes
les règles qui peuvent s'appliquer.
Mme Harel: C'est-à-dire celles qui sont, par
exemple, en usage dans les directives du Conseil du trésor ou de
l'Office de recrutement du personnel de la fonction publique.
M. Rémillard: Je ne pourrais pas vous dire plus
précisément, mais je crois qu'on va prendre toutes les politiques
que nous avons, les plus efficaces, pour y favoriser l'accessibilité,
entre autres, des femmes. Il y a aussi les minorités qu'on veut
favoriser dans le sens où il faut avoir une composition qui
représente adéquatement ce qu'est notre
société.
Mme Harel: Est-ce que vous entendez appliquer le même
principe dans la nomination des juges?
M. Rémillard: Dans le processus de nomination des juges,
il faut se référer à la procédure que nous avons
dans la loi, c'est-à-dire qu'il y a une liste, qu'il y a une annonce qui
est faite. Il y a des gens qui posent leur candidature. Il y a un comité
de sélection qui est créé et ce comité propose une
liste des nominations. Le ministre a comme critères, lorsqu'il en a le
choix, bien sûr, toutes ces règles qui doivent nous amener
à ce que notre magistrature reflète la réalité de
notre société dans sa composition.
Mme Harel: Mais, évidemment, c'est juste... En fait, ce
n'est pas juste, mais c'est de bonne foi que tout cela se fait, parce que ces
nominations ne sont pas assujetties aux règles en vigueur à
l'Office de recrutement du personnel de la fonction publique. Alors, c'est bona
fide, finalement, que vous entendez utiliser ces règles. C'est à
l'usage, en fait, c'est aux résultats qu'on verra si cela a
été fait.
M. Rémillard: Oui, c'est en fonction, je dirais, de
l'esprit général qui s'applique déjà depuis un bon
bout et qui fait que le comité de sélection est sensible à
cette dimension, et le ministre l'est lorsqu'il a discrétion
Quelquefois, on peut me donner un seul nom, me dire: Nous avons entendu x
nombre de personnes qui veulent être juge, et il y a une seule personne
que nous vous recommandons. Quelquefois, ça peut être deux, des
fois, ça peut être trois. Même, j'en ai eu où
c'était plus que ça.
Alors, on doit faire un choix et, parmi les critères que nous
avons pour faire ce choix, existe certainement le fait qu'on doive avoir une
magistrature qui reflète la réalité, et la
réalité, c'est l'égalité entre les hommes et les
femmes, c'est l'existence des minorités, en fait, le tissu humain que
nous avons dans notre société.
Mme Harel: On y reviendra sûrement, M. lé
Président, lors de l'étude de l'article 9 concernant la formation
du comité de sélection puisque la composition du comité de
sélection lui-même, qui aura à choisir les candidatures qui
seront soumises, sera évidemment importante puisque, malgré tout,
ce comité ne sera pas assujetti à des règles à cet
égard.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'étude de
l'article 5 est terminée.
Mme Harel: M. le Président, une dernière
question.
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Est-ce que le nombre de mandats est limité
quant aux assesseurs et aux arbitres qui sont nommés?
M. Rémillard: Ça va dépendre des besoins. En
fait, le nombre n'est pas limité. On verra comment les choses vont
évoluer; si on a besoin de plus d'assesseurs, on en prendra plus. C'est
l'avantage de cette formule; elle nous permet de vraiment répondre aux
besoins.
Mme Harel: Le même assesseur pourra-t-il compléter
un nombre illimité de mandats? Le mandat de trois ans qui est
renouvelé peut-il l'être indéfiniment?
M. Rémillard: Je crois que les mandats peuvent être
renouvelés, mais, à l'article 22, on a une disposition qui va
nous permettre d'en discuter tout à l'heure sur ces renouvellements de
mandats, ce qui nous permettra probablement d'apporter les compléments
de réponse, lorsqu'on étudiera quand les personnes cessent
d'être Inscrites sur la liste.
Mme Harel: À ce moment-là, on prévoit,
à cet article 22, qu'une personne cesse d'être inscrite sur la
liste 36 mois après sa nomination à titre d'assesseur au Tribunal
des droits de la personne. Donc, après trois ans, elle cesse
d'être inscrite sur la liste.
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: Mais si elle ne peut pas se faire réinscrire
sur la liste, peut-elle voir son mandat renouvelé?
M. Rémillard: Elle peut probablement être
renommée, mais en suivant le processus. C'est le processus.
Mme Harel: Le processus qui consiste à soumettre sa
candidature suite à un avis?
M. Rémillard: Exactement, parce que tout doit
recommencer.
Mme Harel: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): L'article 5 est terminé.
J'appelle l'article 6.
M. Rémillard: Cet article énumère les
renseignements requis d'une personne pour que le comité soit en mesure
d'évaluer adéquatement sa candidature, compte tenu des
critères de sélection prévus. Deuxièmement, cet
article prévoit que le candidat doit transmettre un écrit par
lequel il accepte que les vérifications et les consultations
prévues par la charte et le règlement soient faites.
Le Président (M. Dauphin): Y at il des commentaires, des
questions?
Mme Harel: Est-ce que ce sont là les renseignements usuels
qu'on réclame lors de la nomination d'assesseurs dans des cas
analogues?
M. Rémillard: On se réfère à
l'article 5 concernant les juges de la Cour du Québec, mais, en plus, on
a ajouté des dispositions qui se réfèrent de façon
plus spécifique à cette loi. Donc, nous demandons des
informations plus spécifiques en ce qui regarde sa formation, par
exemple, en ce qui regarde aussi sa sensibilité au domaine des droits et
des libertés de la per sonne. Mais, fondamentalement, il s'agit d'une
référence aux mêmes dispositions que nous avons concernant
les juges de la Cour du Québec. (11 heures)
Mme Harel: En regard du paragraphe 7° de l'article 6 qui
indique que, en plus de l'exposé résumant les motifs de son
intérêt à exercer la fonction, là, la personne doit
également transmettre, d'après le deuxième paragraphe, "un
écrit par lequel elle accepte qu'une vérification soit faite
à son sujet auprès de toute corporation professionnelle dont elle
est ou a été membre et des autorités policières et
que. le cas échéant, des consultations puissent être faites
auprès des organismes mentionnés à l'article 16".
Là, on y reviendra, en fait, quant aux organismes. Mais est-ce que c'est
usuel de demander une autorisation pour faire des vérifications
auprès des autorités policières?
M. Rémillard: C'est la même chose que l'article 5
concernant les juges de la Cour du Québec. C'est la même chose. Le
but est de savoir si, du côté policier, on a des enquêtes
qui sont en cours sur certaines personnes, etc. Imaginez-vous si on nomme
quelqu'un assesseur et puis que cette personne est actuellement soumise
à une enquête de... oui, d'agression ou je ne sais trop quoi, de
discrimination ou peu importe; ce serait un petit peu délicat, pour le
moins que je puisse dire. Alors, on prévoit la même
procédure que pour les juges de la Cour du Québec.
Le Président (M. Dauphin): L'étude de l'article 6
est terminée. J'appelle l'article 7.
M. Rémillard: L'article 7, M. le Président, est
là pour assurer le recrutement de personnes compétentes,
manifestant un intérêt marqué en matière de droits
et libertés de la personne et sensibles à leur respect. Alors,
c'est un article qui permet à toute personne ou groupe de personnes de
proposer la candidature d'une personne qu'il estime apte à exercer les
fonctions d'arbitre ou d'assesseur. Il en est de même de tout organisme
voué à la défense et à la promotion des droits et
libertés de la personne.
Mme Harel: Pourquoi le troisième paragraphe qui stipule
que le nom de l'auteur d'une proposition de candidature, en fait, à la
fonction d'arbitre ou d'assesseur ne peut être dévoilé sans
le consentement écrit de celui-ci?
M. Rémillard: Oui, c'est un renseignement nominatif et,
par conséquent, c'est pour protéger l'anonymat et la
confidentialité et, si cette personne qui veut faire une proposition
désire garder l'anonymat, pour qu'on puisse le permettre.
Mme Harel: Mais si l'auteur est un organisme ou un groupe de
personnes, ça n'est pas un renseignement nominatif.
M. Rémillard: Mais il y a plus que ça, i y a
simplement, pour nous, le besoin d'avoir des suggestions qui peuvent venir de
plus d'organismes ou de personnes possible et certains de ces organismes
pourraient en être empêchés, ou des personnes pourraient
être empêchées de le faire, parce que, eux, ne voudraient
pas que ce soit connu publiquement, pour toutes sortes de raisons. Alors, c'est
quelque chose qui nous a été recommandé par beaucoup
d'intervenants qui sont venus témoigner devant la commission des
institutions en juin dernier. Et on sait que c'est déjà à
l'article 6 de la Loi sur la magistrature, en ce qui regarde les juges de la
Cour du Québec.
Mme Harel: En ce qui concerne les juges à la Cour du
Québec, est-ce qu'un groupe de personnes ou un organisme peut proposer
par écrit une candidature?
M. Rémillard: Bien. il y a le Barreau. 1 y a une section
du Barreau qui peut le proposer. Et souvent on reçoit des lettres; moi,
comme ministre de la Justice, je reçois des lettres appuyant la
candidature de M. Untel ou de Mme Unetelle au poste de juge. Et
ça, ça se fait régulièrement.
Mme Harel: Mais considérez-vous ça comme de
l'ingérence politique?
M. Rémillard: Ce n'est pas de l'ingérence
politique, absolument pas. Même qu'un collègue vienne, me
téléphone et me dise: Bien, je connais cette personne et je peux
témoigner de sa compétence, c'est un bon citoyen, une bonne
citoyenne, etc., ce n'est pas de l'ingérence politique, ça. Je
suis libre de décider et de suggérer au Conseil des ministres la
personne que je considère, en mon âme et conscience, la plus
compétente. Mais que des citoyens qui connaissent cette personne
puissent se référer à moi, ça arrive quelquefois et
je ne considère pas ça comme des ingérences.
Mme Harel: Mais il s'agit quand même de personnes
physiques, là, tandis qu'ici, on parle d'un groupe de personnes.
M. Rémillard: II y a des associations, aussi, qui font ces
représentations.
Mme Harel: Mais "tout groupe de personnes ou tout organisme
voué à la défense et à la promotion des droits et
libertés de la personne ou au bien-être d'un groupe de personnes".
C'est-à-dire que théoriquement, ça pourrait même
être un parti politique, à ce moment là, tout groupe de
personnes. Ça pourrait être un parti politique ou un syndicat, par
exemple, qui recommande la candidature d'une personne.
M. Rémillard: Oui, je ne vois pas d'objection à
ça. Je pense que c'est une recommandation. Maintenant, il y a le
concours qui est là. Ça n'empêche pas le concours, au
contraire. Le concours existe et ensuite, il peut y avoir différentes
interventions, différents groupes. C'est une disposition qui a
été mise dans la loi à la suite de représentations
très fortes et de plusieurs intervenants devant la commission des
institutions en juin dernier.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 7 est terminé.
J'appelle l'article 8.
M. Rémillard: M. le Président, de façon
à ne pas imposer au candidat ou à la candidate visé
à l'article 7 l'exercice d'une fonction sans son consentement, le
présent article vise à assurer le respect de la volonté de
la personne dont la candidature a été proposée.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 8,
étudié et terminé. J'appelle l'article 9.
M. Rémillard: Cet article fixe la composition du
comité de sélection et prévoit le mode de nomination de
ses membres.
Mme Harel: II me semble, M. le Président, que cet article
9 est absolument stratégique. C'est, d'une certaine façon, la
pierre d'assise du règlement, puisque ce comité de
sélection sera chargé de choisir, finalement, les candidats aux
fonctions d'arbitre et d'assesseur. Alors, si vous voulez, on va
l'examiner.
À la fois, ce comité sera composé du
président du Tribunal ou, après consultation de celui-ci, d'un
autre membre de ce Tribunal qui est juge; d'un avocat, après
consultation du Barreau de Québec; d'une personne qui n'est ni juge ni
avocat et que le ministre estime représentative. De ces trois personnes,
il y a à la fois un représentant... Ou en fait, pas directement
mais, en fait, quelqu'un est choisi après consultation du Barreau, le
président du Tribunal et un citoyen. C'est à ce comité de
trois personnes que le ministre confie la responsabilité - qui est
évidemment assez conséquente - de choisir les candidats. Est-ce
qu'il ne serait pas opportun que la personne qui n'est ni juge ni avocat soit
choisie après consultation auprès d'organismes voués
à la défense et à la promotion des droits et
libertés de la personne?
M. Rémillard: C'est une référence, tout
d'abord, principale à l'article 10 de la Loi sur la magistrature, en ce
qui regarde les comités de sélection pour les juges de la Cour du
Québec. La personne qui n'est ni juge ni avocat, c'est une personne qui
est choisie par le ministre et que le ministre estime représentative.
Là, je me permets de faire la distinction importante, je crois - en
particulier dans ce domaine - entre une personne qui serait
représentante et une personne représentative. Je crois qu'il faut
éviter des personnes qui seraient représentantes et qui seraient
suggérées par des groupes de personnes, entre autres, dans le
milieu, fort légitimement, qui pourraient être
suggérées et qui pourraient devenir, à ce
moment-là, représentantes. Dans la Loi sur la magistrature et
dans ce règlement, nous voulons éviter ça. Nous voulons
qu'il n'y ait pas de personne représentante, mais que ce soit une
personne représentative.
Donc, qu'est-ce que ça signifie? Ça signifie que c'est une
personne qui est sensible à la question des droits et des
libertés, qui oeuvre au sein des différents groupes et organismes
voués à la défense et à la promotion des droits et
libertés de la personne. Mais il ne faudrait pas que des recommandations
ou des consultations se fassent d'une façon trop formelle entre le
ministre et ses groupes, pour conserver cette qualité de
représentation et non pas de mandataire, si vous voulez, avec un
organisme. Si on tombait dans le piège, et c'est un piège qui est
là, et il faut en être très conscients... Si des organismes
- fort légitimement, je dois dire - proposaient des noms et que ces
personnes étaient nommées, et que ces personnes, ensuite, avaient
un véritable mandat en fonction d'une
ou des personnes, je pense que ça viendrait fausser tout le
processus qu'on veut établir.
La discussion a déjà eu lieu lorsqu'on a parlé de
l'article 10 concernant la magistrature et je crois que la disposition que nous
avons ici est complétée, parce que nous parlons de droits et de
libertés, et que nous ajoutons fort judicieusement qu'il faut que ce
soit une personne qui oeuvre au sein des différents groupes et
organismes voués à la défense et à la promotion des
droits et libertés de la personne. Et il est important, M. le
Président, qu'on puisse conserver la discrétion accordée
au ministre, pour que cette personne soit représentative et non pas
représentante.
Mme Harel: Évidemment, il y a une sorte de nuance, aussi,
qui peut être faite entre ces concepts de représentante et
représentative Ce sont des personnes qui sont choisies par le ministre,
mais d'après une liste de noms qui est confectionnée par des
organismes qui oeuvrent dans le domaine de la promotion des droits. Alors,
ça permet à la fois de contourner la difficulté qu'a
décrite le ministre d'une personne qui se croit mandataire, mais en
même temps, ça permet aussi de faire en sorte que le jugement que
le ministre doit exercer sur l'aspect représentatif le soit dans un
cadre qui est déterminé par les organismes qui sont justement
voués à la promotion des droits.
C'est un moyen terme entre la nomination d'une personne
représentante et celle qui est considérée comme
représentative. Est-ce que le ministre a examiné cette
possibilité de nommer une personne qui n'est ni juge, ni avocat, mais
qui est choisie d'après une liste de noms qui est confectionnée
par des groupes ou organismes voués à la défense et
à la promotion des droits et libertés de la personne?
M. Rémillard: II est...
Mme Harel: Les nominations sont faites, par exemple, au Conseil
du statut de la femme, où l'on demande à l'ensemble des groupes
de femmes de faire connaître des recommandations et où le ministre
se réserve la nomination.
M. Rémillard: C'est la même chose qu'on fait pour
les juges à la Cour du Québec. Lorsqu'on a à exercer notre
discrétion, comme c'est le cas quand on nous fournit une liste de
membres du Barreau qui peuvent devenir membres de la magistrature, être
nommés juges, pour faire le choix, si j'ai deux, trois ou quatre noms,
ou plus, je vais faire des consultations. On consulte le Barreau local
où l'avocat exerce sa profession, on va consulter différents
organismes où il a oeuvré, on va faire des consultations qui sont
informelles. C'est laissé à ta discrétion du ministre,
justement pour éviter le piège dont je parlais tout à
l'heure, et il est évident qu'il y a consultation. Il y a consultation,
if y a information, et je dirais plus d'information que de consultation,
toujours en fonction de ce que j'ai dit tout à l'heure. Il faut
absolument que, lorsqu'on nomme soit un juge, soit un assesseur, dans ce
cas-ci, soit un arbitre, on soit très conscients que cette personne sera
représentative et que cette personne ne soit pas représentante,
et en particulier dans le domaine des droits et libertés, où il y
a beaucoup de groupes qui oeuvrent - et je dois dire, je le
répète, fort légitimement - et qui voudraient voir un des
leurs, qui est là, et qui voient à ce que ce soit quelqu'un qui
est sensible à telle cause ou telle autre cause À ce
niveau-là, si on se réfère à cette dimension tort
légitime des gens, ça ne veut pas dire que le ministre ne doit
pas les consulter; mais c'est à la discrétion du ministre de
s'informer et de vérifier la qualité des personnes qui sont en
cause pour faire son choix. (11 h 15)
Mme Harel: Est-ce que vous vous satisfaites d'une
procédure aussi informelle dans la nomination des juges à la Cour
suprême que celle que vous souhaitez obtenir dans l'accord du lac
Meech?
M. Rémillard: Dans l'accord du lac Meech. dans la
procédure de nomination pour les juges de la Cour suprême, il y a
une liste qui va être soumise au gouvernement central.
Mme Harel: Est-ce que ce n'est pas un piège que vous
tendez?
M. Rémillard: Cette liste
Mme Harel: Vous partiez tantôt d'un piège dans les
nominations de mandataires.
M. Rémillard: Non, cette liste... Nous allons pouvoir
établir la procédure que nous allons suivre pour dresser cette
liste. Mais cette liste sera établie en fonction de la recherche de la
personne la plus compétente possible. Là encore, lorsqu'on
choisit un magistrat, surtout à ce haut niveau, il est évident
qu'on ne cherche pas quelqu'un qui est représentant, mais quelqu'un qui
est représentatif en fonction de ce qu'est notre société
et en fonction de la compétence qu'on doit rechercher pour occuper un
tel niveau.
Mme Harel: Mais vous entendez déposer une liste. Vous ne
laissez pas tout ça à la discrétion ou à la
consultation ou à la recherche d'informations du gouvernement
fédéral seulement.
M. Rémillard: Non, on a entendu beaucoup de choses
à ce niveau là. On peut se référer à ce qui
se fait du côté, par exemple, de nos voisins du Sud. Aux
États-Unis, ils ont une façon de procéder. En Angleterre,
il y en a une autre.
En France, il y en a une autre. Mais le but, l'objectif premier est de
chercher la personne la plus compétente
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 9 est terminé.
J'appelle l'article 10.
M. Rémillard: Cet article vise à assurer
l'impartialité des membres d'un comité de sélection.
Mme Harel: Alors, il s'agit donc pour ce membre de se
récuser s'il a une connaissance, une relation personnelle, enfin, s'il a
eu ou s'il entretient une relation personnelle telle que stipulée aux
quatre paragraphes de l'article 10.
M. Rémillard: C'est, à toutes fins pratiques,
l'article de la Loi sur la magistrature.
Mme Harel: À ce moment-là, le comité n'est.
constitué que de deux membres?
M. Rémillard: Non, il s'agit, ici, d'un membre qui
réalise qu'il a une relation personnelle avec un des candidats, une des
candidates. Par conséquent, si on se réfère à
l'article 9, dans le dernier alinéa on disait que lorsqu'un membre est
absent ou s'est récusé, le ministre lui substitue une personne en
la nommant de la même façon. Alors, on suit la même
procédure qu'on a étudiée tout à l'heure à
l'article 9, mais on se réfère à l'article 11 de la Loi
sur la magistrature pour être certain qu'il n'y a pas de lien direct.
Évidemment, on ne peut pas éviter dans une société
comme la nôtre, par exemple, qu'il y ait des liens, pas de liens, mais
des liens de connaissance à certain niveau. On n'est quand même
pas pour éviter tout ça. Mais on procède, ici, en fonction
de quatre cas qui sont évidents, il y a trois cas en particulier:
lorsqu'il s'agit du conjoint, c'est évident; lorsque c'est un parent ou
l'allié jusqu'au degré de cousin germain inclusivement; lorsque
le membre a déjà été l'associé, l'employeur
ou l'employé de la personne et c'est évident que, si c'est
lui-même qui a proposé la candidature, il faut qu'il se
récuse. Alors, il s'agit de quatre cas flagrants. À partir de
là, je ne pense pas qu'on puisse, dis-je, contrôler les autres
liens qu'il peut y avoir.
Mme Harel: Donc, le comité de sélection est
toujours composé de trois membres. Lors de la formation d'un
comité, il y a des substituts. Est-ce qu'il y aurait des substituts qui
seraient nommés? De toute façon, ces substituts, dans le cas du
président du tribunal, il peut, à ce moment-là, s'agir
d'un autre membre du tribunal qui est juge, c'est bien ça? Dans le cas
du Barreau du Québec, il s'agirait d'un autre avocat, et la question,
par exemple, reste ouverte à l'égard de la personne qui n'est ni
juge ni avocat.
M. Rémillard: C'est une autre personne. Mme Harel:
Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 10 est
terminé. J'appelle l'article 11.
M. Rémillard: Cet article oblige les membres à
prêter le serment de discrétion prévu à l'annexe A.
Ça se réfère à l'article 12 de la Loi sur la
magistrature, M. le Président.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 11 est
étudié. J'appelle l'article 12.
M. Rémillard: Cet article permet à une même
personne d'être membre de plus d'un comité de sélection
simultanément. On se réfère aussi à l'article
semblable qui existe dans l'article 13 de la Loi sur la magistrature.
Mme Harel: Le ministre envisage-t-il de former plusieurs
comités simultanément?
M. Rémillard: Non, pas nécessairement, mais s'il
arrivait un besoin, s'il arrivait qu'on doive faire quelques nominations en
même temps, il faudrait donc qu'on forme différents
comités. Il se peut fort bien qu'une personne qui est membre, le
président, par exemple, du tribunal, veuille absolument être
membre des différents comités de sélection et il pourra
l'être. Ça ne pose pas de problème.
Mme Harel: Donc, dès le départ, combien y aura-t-il
de postes d'assesseurs et d'arbitres a combler?
M. Rémillard: Je vais demander à Me
Pelletier, si vous me le permettez, de répondre à cette
question qui se réfère à un point bien technique.
Le Président (M. Dauphin): Me Pelletier.
M. Pelletier: Les études sont en cours au
ministère, effectivement, par la Direction de la planification et de
l'évaluation des besoins. Il reste cependant qu'en vertu de l'article
101 de la loi, il doit y avoir au moins six assesseurs. Il pourrait y en avoir
plus. Et la liste d'arbitres, je pense, devrait être suffisamment longue
pour répondre aux besoins dès le départ. Alors, il
s'agira, effectivement, d'évaluer les besoins. Si, je vous l'ai dit
tantôt, on voit qu'il y a un manque, il s'agira de lancer un autre
concours.
Mme Harel: Je comprends donc que le
ministre souhaite, par exemple à l'article 12, que le
président du Tribunal des droits de la personne qui souhaiterait
siéger lui-même à tous les comités puisse le faire.
Mais, est-ce que c'est souhaitable qu'il en soit ainsi pour l'ensemble des
autres membres parce que, quand même, l'article 12 donne ouverture
à toute personne, y compris celle qui est nommée après
consultation du Barreau, y compris celle qui l'est après, qui est
choisie par le ministre lui-même? À ce moment-là, pourquoi
nommer plusieurs comités si, vraisemblablement, les mêmes
personnes siègent sur ces comités?
M. Rémillard: Normalement, la roue tourne. Ce sont
différentes personnes. Mais là, ce sont des cas, comme je vous le
dis, qui peuvent arriver... On a besoin de nommer quelqu'un et on peut
procéder rapidement. Ça peut s'appliquer surtout en ce qui
regarde le président, mais ça peut s'appliquer aussi pour le
représentant du Barreau. C'est le bâtonnier qui va tenir à
être là. Ça dépend comment les choses
évoluent. C'est juste pour avoir... C'est le même article que nous
avons dans le règlement concernant la magistrature et qui nous permet de
faire face à une situation qui nous amènerait à demander
à des gens de siéger simultanément sur des comités
de sélection différents. Mais c'est exceptionnel. Je me demande
si ça s'est fait. Je ne sais pas si ça s'est appliqué.
Mme Harel: De toute façon, ce sont des comités ad
hoc qui...
M. Rémillard: Oui
Mme Harel: ...sont formés pour les besoins de combler des
postes précis.
M. Rémillard: Le poste est comblé. Le comité
n'existe plus.
Mme Harel: Adopté, étudié. Excusez-moi.
Le Président (M. Dauphin): L'article 12 est
terminé. J'appelle l'article 13.
M. Rémillard: Cet article prévoit, M. le
Président, que les candidatures qui ont été
expédiées sont transmises au président du
comité.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 13 est
étudié. J'appelle l'article 14.
M. Rémillard: Cet article permet au comité
d'analyser les dossiers des candidats et de les convoquer lorsque, à son
avis, ils répondent aux conditions d'admissibilité. Il
prévoit toutefois que lorsqu'il ne convoque pas un candidat ou lorsqu'il
n'a pas pu le rencontrer, le comité doit signaler ce fait au ministre et
lui en donner les motifs. Cela s'inspire de l'article 15 du règlement
concernant la nomination des juges à la Cour du Québec.
Mme Harel: Ce règlement prescrit quoi exactement, celui
des juges à la Cour du Québec?
M. Rémillard: L'article 15 dit ceci: "Le comité
convoque chacun des candidats. Dans le cas où une rencontre est
impossible, le comité le signale dans son rapport au ministre et en
donne les motifs*
Mme Harel: II y a quand même une différence sensible
avec ce règlement qui concerne les juges à la Cour du
Québec, puisque le comité rencontre tous les candidats tandis
qu'ici, à l'article 14, on y dit que le comité 'convoque ceux des
candidats qui. à son avis, répondent aux conditions
d'admissibilité". Ce n'est pas vraiment la même chose?
M. Rémillard: Vous avez raison de souligner la
différence, et je vais vous expliquer pourquoi parce que le
problème, c'est qu'on risque d'avoir beaucoup de candidatures. Je ne
sais pas combien de candidatures on peut avoir, mais on peut en avoir beaucoup;
300, 400, 500 même, beaucoup de candidatures. 600 si vous voulez..
Alors... Et ce sera heureux dans le sens que ça montrera à quel
point les gens sont sensibles au respect des droits et libertés, et
c'est une bonne chose. Mais il est donc opportun que le comité puisse
faire un premier tri à la seule vue du dossier, afin de mettre de
côté les candidatures qui ne répondent pas à toutes
les conditions d'admissibilité, évitant ainsi des
déplacements inutiles de ces personnes. Et le deuxième
alinéa de l'article vise à assurer un exercice raisonnable, par
le comité, de la discrétion qui lui est ainsi
accordée.
Mme Harel: Alors, c'est une discrétion qui est totale,
d'une certaine façon?
M. Rémillard: Non, pas totale, si vous me permettez, parce
qu'elle doit être motivée. Ça se fait d'abord dans les
conditions d'admissibilité II faut respecter les conditions
d'admissibilité, dans un premier temps, et. d'autre part, il faut la
motiver au ministre.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 14,
étudié. J'appelle l'article 15.
M. Rémillard: C'est un article qui établit la
procédure de convocation des candidats et des candidates et
prévoit également que ceux et celles qui ne seront pas
convoqués ou rencontrés en seront avisés.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): Étudié. J'appelle
l'article 16.
M. Rémillard: L'article 16, M. le Président. Pour
assurer le recrutement de personnes compétentes manifestant un
intérêt marqué en matière de droits et
libertés de la personne et sensibles à leur respect, cet article
prévoit que le comité peut procéder à des
consultations auprès de divers organismes gouvernementaux ayant pour
mission de conseiller le gouvernement ou un ministre dans des matières
proches de celles qui sont du ressort de la Commission des droits de la
personne et du Tribunal des droits de la personne. Cet article lui permet de
consulter également divers groupes voués à la
défense et à la promotion des droits et libertés de la
personne. ' Or, c'est un article qui est nouveau, c'est-à-dire qu'on ne
le retrouve pas dans le règlement sur la nomination des magistrats, des
juges de la Cour du Québec. Cet article, nous l'avons inscrit pour que
l'on puisse le plus possible coller a la réalité et aux voeux des
groupes et des personnes qui oeuvrent dans le milieu des libertés et
droits fondamentaux.
Mme Harel: Je m'étonne de ne pas retrouver le Conseil de
la famille au sein des groupes qui vont faire l'objet de cette consultation, en
fait, de cette possible consultation, parce que c'est simplement au choix du
comité, à la discrétion du comité que cette
consultation aura lieu.
M. Rémillard: Oui, vous avez raison, et le paragraphe 8
dit: "... un autre organisme auquel la loi confère la fonction de
conseiller le gouvernement ou un ministre, ainsi que les divers groupes
voués à la défense et à la promotion des droits et
libertés de la personne et que le comité estime les plus
représentatifs". Donc, ça n'empêcherait pas de consulter le
Conseil de la famille. Le problème est que faire
l'énumération de tous ces groupes serait extrêmement
difficile. Il s'agit d'une liste qui n'est pas exhaustive, et le paragraphe 8
est là pour en témoigner. (11 h 30)
Mme Harel: Le comité de sélection va soumettre
ensuite au ministre son rapport et le choix final appartient au ministre, c'est
bien le cas?
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Harel: Pourquoi le ministre ne se ré-serve-t-il pas
aussi la possibilité de consulter, parce que le comité de
sélection peut ne pas toujours exercer, peut-être, avec la
même opportunité ou la même sensibilité le jugement
de consultation?
M. Rémillard: Le ministre de la Justice - là, on
peut se référer dans ce cas-ci à ce qui prévaut
lorsqu'on nomme des juges - doit prendre sa décision en son âme et
conscience et soumet sa décision au Conseil des ministres. Mais dans ce
cas-ci, il faut être particulièrement vigilant en ce qui regarde -
comme je le mentionnais encore tout à l'heure - le rôle des
organismes qui sont très actifs dans les démarches visant
à faire respecter les libertés et les droits fondamentaux. Alors,
dans un premier temps, le comité de sélection consulte tous ces
organismes, tous ces conseils, tout ce qui peut servir à l'informer sur
la qualité des candidats aspirant à être nommés
assesseur ou arbitre; il fait ensuite rapport au ministre de la Justice. Le
ministre de la Justice procède, il est évident, à des
consultations informelles et, finalement, fait son choix. Mais il faut
éviter que le ministre de la Justice reprenne ce qui a été
fait par le comité dans un premier temps, revienne à certains
organismes qui, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, peuvent
avoir des intérêts très légitimes à ce que
l'un des leurs soit nommé en fonction de certains intérêts
qu'ils représentent - je le dis encore - fort légitimement, mais
il faut que nous soyons conscients de cette dimension-là. Il faut donc
être très vigilants et, à la suite du travail qui est fait
par le comité, que le ministre de la Justice - qui peut faire des
consultations, c'est à sa discrétion - prenne sa décision
en son âme et conscience.
Le Président (M. Williams): Étudié?
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Williams): L'article 17.
M. Rémillard: Cet article établit les
critères de sélection dont le comité doit tenir compte
pour évaluer les candidats et les candidates. Ça se
réfère à l'article 18 du règlement concernant la
nomination des juges à la Cour du Québec.
Mme Harel: Je suis surprise, à cet article 17, de ne pas
retrouver dans ces critères de sélection dont le comité
devra tenir compte par règlement les préoccupations du ministre
et de son gouvernement en matière d'action positive. Je pense que c'est
à ce stade-ci qu'on devrait certainement lire un paragraphe 4
ajouté à ces critères de sélection dont le
comité doit tenir compte pour faire valoir que, évidemment,
à mérite égal, un peu comme on retrouve ça dans le
règlement de recrutement, on doit procéder tel que c'est
stipulé, là, habituellement, pour l'ensemble des autres
nominations à faire au gouvernement.
M. Rémillard: M. le Président, il est
évident, comme on le mentionnait il y a quelques instants, que parler
des droits et des libertés, c'est certainement se référer
au principe de
l'égalité. Et l'égalité entre les sexes et
la promotion de cette égalité signifient que, à valeur
égale, on peut, dans certaines circonstances, dans des cas où il
y a, de fait, un manque évident à cette égalité,
favoriser, par exemple, la candidature féminine. C'est quelque chose qui
est là et qui s'exerce. J'essaie de l'exercer, pour ma part, dans la
nomination des juges à la Cour du Québec quand faire se peut, et
ici, c'est évident que c'est là. Maintenant, la
députée nous suggère de mettre un quatrième
paragraphe comme tel, et là est-ce qu'on devrait inclure un tel
paragraphe? De prime abord, je n'ai pas d'objection majeure. Il faudrait que je
regarde peut-être plus avant les implications ou comment ça peut
se situer dans le contexte d'un tel règlement, si ça peut causer
des problèmes. Mais moi, de prime abord, je peux vous dire que c'est ce
qui se fait en pratique, mais, si on peut le mettre comme règle, je ne
vois pas de problème là. Je ne vois pas de problème, mais
je le dis sous toutes réserves, comme ministre de la Justice, je dois
vous dire que je le dis sous toutes réserves... Que ce soit
étudié... Alors, on m'informe, ici, qu'il faut en vérifier
l'impact avec la Loi sur la fonction publique, etc. Ce que je peux vous dire
c'est que, en principe, je considère que c'est certainement quelque
chose qu'on peut envisager.
Mme Harel: Voilà, M. le Président. Nous ne sommes
qu'à la première étape de l'étude de ce
règlement qui sera publié dans la Gazette officielle et
qui sera à nouveau déposé pour étude, je pense,
article par article devant la commission. Alors, nous souhaitons que
l'examen... Non? Une fois...
M. Rémillard: On m'informe qu'il ne sera pas
déposé à la commission. Si on veut procéder
à un amendement, il faut le faire immédiatement, est-ce que c'est
ça? Attendez. Peut-être qu'on peut le demander, M. le
Président. Pourriez-vous nous informer sur la procédure?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, nous en
faisons, effectivement, l'étude aujourd'hui même. Je crois que
c'est prévu à l'article 15, que le gouvernement peut modifier par
la suite le projet de règlement. Si j'en fais une bonne analyse, s'il y
a des propositions à faire, il faut les faire aujourd'hui. Mais le
gouvernement peut modifier par après le projet de règlement.
M. Rémillard: Mais, M. le Président, si vous le
permettez, je pourrais dire ceci à Mme la députée. Je
suis, en principe, très sensible à la demande. Il reste à
en vérifier l'impact au niveau juridique auprès des gens du
ministère de la Justice. S'H n'y a pas d'impact qui rend la chose
impossible et qui cause des problèmes insurmontables, je suis prêt
à suggérer au gouvernement de faire une telle modification.
Mme Harel: Là. M. le Président, je veux comprendre
la séquence de nos travaux. A l'article 98 de la loi 140. on peut lire:
'Le gouvernement, après consultation de la commission - c'est ce que
nous faisons ce matin... Ah! C'est vrai. C'est ce qui s'est fait d'ailleurs -
publie son projet de règlement à la Gazette officielle du
Québec - c'est vrai, c'est ce qui a été fait le 14
mars - avec un avis indiquant le délai après lequel ce projet
sera déposé devant la commission des institutions - c'est ce que
nous faisons ce matin - et indiquant qu'il pourrait être pris... " "Qu'il
pourrait être pris", qu'est-ce que ça signifie, ça?
Une voix: Adopté.
Mme Harel: Adopté. C'est un nouveau terme, n'est-ce pas?
"... qu'il pourrait être pris, après l'expiration des 45 jours
suivant le dépôt du rapport de cette commission devant
l'Assemblée nationale". Donc, on a toujours l'opportunité, au
moment du rapport de la commission devant l'Assemblée nationale, de
faire un débat de prise en considération du rapport, si tant est
que vous considériez ne pas avoir retenu la suggestion que nous vous
faisons ce matin.
M. Rémillard: C'est ça, puisque c'est
l'interprétation que l'on peut retenir.
Mme Harel: C'est ça. A ce moment-là. I y a le
débat de la prise en considération du rapport, s'il y avait
lieu.
Le Président (M. Dauphin): II y a un débat d'une
heure sur la prise en considération du rapport.
Mme Harel: C'est ça.
M. Rémillard: Je pense que ça mériterait une
vérification, mais, si je comprends bien, puisque c'est
déposé en Chambre, normalement cela voudrait dire qu'il y aurait
un certain débat, j'imagine.
Une voix: Oui. c'est ça.
M. Rémillard: Mais, quant à l'amendement, c'est le
gouvernement qui amende? Alors là, comme ministre de la Justice, ce que
je pourrais faire si on avait un débat, ce serait de vous dire oui ou
non sur votre amendement et de vous donner les motifs comme tels et, ensuite,
de faire recommandation au gouvernement pour qui y ait des amendements. Est-ce
que je comprends bien la signification de l'article?
Le Président (M. Dauphin): Oui. M. le ministre. Mais si
vous voulez, on va peut-être faire des vérifications plus
approfondies et nous
reviendrons tantôt sur cet aspect... Mme Harel: Oui, on va
vérifier.
Le Président (M. Dauphin): ...pour être bien certain
de vous donner les bonnes directives.
Mme Harel: De toute façon, on procède simplement
à l'étude du projet de loi. À ce stade-ci, peut-on
également suggérer ou peut-on même déposer des
modifications?
Une voix: Non, non.
Le Président (M. Dauphin): Mais nous y reviendrons
tantôt, Mme la députée, pour être bien certain des
directives. Alors, l'article 17 est étudié. Nous appelons
maintenant l'article 18.
M. Rémillard: Cet article a trait au rapport que le
comité soumet au ministre de la Justice. C'est un complément
à l'article 14, M. le Président. Cet article traite de la partie
du rapport qui concerne les candidats que le comité a rencontrés
et parmi lesquels il désigne ceux qu'il estime aptes à exercer la
fonction d'arbitre ou d'assesseur.
Mme Harel: Si je comprends bien, le rapport ne contient pas
nécessairement ou n'a pas nécessairement à contenir les
consultations qui ont été faites, tel que prévu à
l'article 16.
M. Rémillard: Tout à l'heure... Il y a deux
rapports, si je comprends bien. Dans le rapport, tout à l'heure... Je
vais demander à Me Pelletier, si vous me le permettez, de donner la
réponse à votre question.
Le Président (M. Dauphin): Me Pelletier.
M. Pelletier: Le rapport du comité contiendra à la
fois des renseignements sur les gens qui n'ont pu être rencontrés
ou qu'on n'a pas convoqués, compte tenu des règles qu'on a vues
tantôt à l'article 14. On disait que le comité va faire
part au ministre des motifs , pour lesquels il n'a pas à convoquer
certains candidats.
Deuxièmement, le rapport fera état des candidats où
il y a eu une rencontre, dont il a apprécié les qualités
et qu'il recommande comme étant aptes. Formellement, effectivement, il
n'y a pas d'obligation de faire état des consultations.
Mme Harel: Et pourtant, ce pourrait être évidemment
souhaitable, d'une certaine façon, qu'il y ait cette obligation parce
que si le comité a jugé bon - il n'est pas obligé de le
faire - mais s'il a jugé bon de consulter, par exemple, un conseil ou
une commission et qu'il a obtenu un avis de ce conseil ou de cette commission
qui n'est pas transmis au ministre, à ce moment là, le ministre
n'a pas, finalement, l'ensemble du tableau et...
M. Rémillard: Je ne sais pas si... Je comprends la
préoccupation de Mme la députée. Je me demande si ce
serait une bonne chose que le comité sort obligé, dans son
rapport, de faire état de toutes les consultations qu'il a menées
comme telles. Est-ce qu'on... Ça pourrait peut-être mettre le
comité dans une situation un peu difficile.
Mme Harel: Finalement, compte tenu de l'obligation qui lui serait
faite de rendre compte de toutes les consultations, qu'il soit amené
à vouloir moins consulter.
M. Rémillard: À moins consulter, à limiter.
En fait, il y a... Je crois que si on rend ça trop formel, ça
pourrait causer des problèmes plus qu'apporter des avantages. (11 h
45)
Mme Harel: Par ailleurs, si, par exemple, le comité, lors
de cette consultation qu'il entreprend, obtient une information qui jette un
éclairage négatif sur une des candidatures et qu'il ne juge pas
opportun d'en faire part au ministre, et que le ministre procède
à la nomination de cette personne, est-ce que le ministre ne so mettrait
pas éventuellement en situation fâcheuse?
M. Rémillard: Est-ce que vraiment ça pourrait
survenir, ça, qu'il y ait un renseignement important susceptible
d'affecter la capacité de siéger de cet assesseur, de cet
arbitre, qui aurait été communiqué par un organisme ou une
personne au comité de sélection qui est formé d'un juge,
d'une personne venant complètement de l'extérieur, d'un
représentant du Barreau, et qu'on recommande cette personne et qu'on
n'informe pas le ministre de ce qu'on vient de recevoir comme information? En
théorie, peut-être bien que c'est une situation qui peut se
produire. Par conséquent, est-ce qu'on doit obliger le comité
à rendre compte au ministre de toutes ses consultations pour cette
considération qui, à mon sens, est peut-être plus
théorique que pratique, si on regarde les problèmes que ça
pourrait occasionner en obligeant le comité à faire toutes ses
consultations d'une façon très formelle, en l'obligeant par le
fait même à peut-être limiter ses consultations? J'ai
l'impression que si on introduit trop de formalisme à ce niveau, bien
sûr qu'on peut fermer la porte à certaines situations. Et Mme la
députée vient d'en mentionner une qui est possible
théoriquement. Mais est-ce qu'on ne vient pas, là aussi,
créer une rigidité qui peut limiter la connaissance que peut
avoir le comité sur la compétence des candidats?
Mme Harel: Le comité de sélection est
formé de trois personnes qui, comme ça sur papier, ont
l'air de venir de milieux bien différents. Mais il y a des études
très sérieuses qui ont été réalisées
aux États-Unis qui tendent à démontrer que, finalement,
les membres des comités ou de la haute direction finissent toujours par
niveler l'état de leur opinion et c'est ce qui amène finalement,
par exemple, cette cooptation de personnes du même milieu, des
mêmes orientations, de la même façon de penser, et la vie et
la société finalement. Ça suppose, d'une certaine
façon, que le ministre ait de l'audace dans le choix de la personne, ni
juge ni avocat, de façon à rafraîchir des façons de
penser. Ce n'est pas une procédure qui est fréquente dans nos
comités. On choisit finalement toujours des gens du même milieu,
du même monde. Ça finit par toujours produire à peu
près les mêmes choix et les mêmes résultats. Bon, de
toute façon, je laisse le ministre sur ces
réflexions-là.
M. Rémillard: Ce sont des réflexions qui ne sont
pas sans fondement dans le sens qu'on peut être portés à
choisir les mêmes personnes. Mais je veux rassurer Mme la ministre, le
ministre actuel...
Mme Harel: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Mme la députée. Mais
présentement...
Mme Harel: Ça viendra.
M. Rémillard: Savez-vous qu'au rythme où vont les
choses, on sera contents de vous compter parmi nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Un gouvernement de coalition nationale
peut-être.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): C'est un meilleur lapsus que le
mien, M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Mais je veux simplement dire que le ministre
est audacieux dans la mesure où ça se situe dans le cadre d'une
société juste et démocratique.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 18
étudié, j'appelle l'article 19.
M. Rémillard: Cet article a trait à la dissidence
d'un membre.
Mme Harel: Étudié
Le Président (M. Dauphin): L'article 19,
étudié. J'appelle l'article 20.
M. Rémillard: Cet article prévoit que le
gouvernement dresse la liste des personnes qui peuvent être retenues
comme arbitres ou nommées assesseurs. Il prévoit également
que la liste doit indiquer certains renseignements sur ces personnes, et
qu'elle est consignée dans le registre établi et conservé
à cette fin au ministère de la Justice.
Mme Harel: Je vais vous poser une question qui me vient à
la suite de la réponse que vous m'aviez donnée à une
question précédente Puisque cette liste est dressée, il y
a donc cette banque, là, de candidatures au poste d'arbitre, à la
fonction d'arbitre ou d'assesseur. On ne refera pas nécessairement le
processus chaque fois qu'il y aura une nomination à faire puisqu'il y a
la banque, là, qui existe. C'est bien le cas? Par exemple, la nomination
d'un assesseur est pour trois ans. Le mandat est de cinq ans La personne qui
est nommée pour cinq ans cesse d'être inscrite sur la liste.
Ça, c'est l'article 22; on y reviendra, là Mais donc, dès
sa nomination à titre d'assesseur, elle cesse d'être inscrite sur
la liste. Et si tant est qu'il y ait une nomination à faire à la
suite de ces cinq années, mais qu'il y a déjà une liste
qui est confectionnée, cette personne n'en fait pas partie Pour refaire
le processus dont vous me parliez, il faudrait qu'N y ait un nouvel avis, mais
il n'y a pas nécessité de donner un nouvel avis puisqu'il y a
déjà une liste qui est confectionnée et une banque qui
permet de nommer, de faire des nominations à l'intérieur de cette
liste-là. Donc, par la combinaison de toutes ces dispositions-là,
c'est un mandat de cinq ans si tant est qu'il n'y ait pas de nouvel avis...
M. Rémillard: Oui..
Mme Harel:... et un nouveau processus.
M. Rémillard: Mais si vous me le permettez, j'aimerais que
Me Pelletier puisse répondre à votre question.
Le Président (M. Dauphin): Me Pelletier.
M. Pelletier: D'abord, la liste sera constituée et le
gouvernement, parmi cette liste, nommera des assesseurs. Au moment de leur
nomination, les assesseurs sont rayés de la liste pour être
assesseurs au Tribunal des droits. Il reste donc une liste d'arbitres et non
pas de candidats, mais d'arbitres, dont la commission peut se servir au
besoin.
Si le mandat d'un assesseur vient à terme, au bout de cinq ans,
en vertu de l'article 101 de
la loi, ce mandat est renouvelable. Il sera donc possible de le renommer
assesseur. Si ce n'est pas le désir de la personne ou du gouvernement,
à cte moment-là, le gouvernement pourra aller dans sa banque
d'arbitres et y choisir des assesseurs, mais il pourra aussi lancer un nouveau
concours pour se faire, comme vous le disiez tantôt, du matériel
neuf.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 20,
étudié. J'appelle l'article 21.
M. Rémillard: Cet article complète le
précédent en prévoyant que cette liste est publique, et en
favorise l'accessibilité.
Mme Harel: La liste des arbitres qui est confectionnée au
ministère du Travail, l'est-elle également par le gouvernement,
par arrêté en conseil?
M. Rémillard: Oui. Mme Harel:
Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 21,
étudié. J'appelle l'article 22.
Mme Harel: On m'a bien dit: Oui, hein? Parce que ça n'a
pas dû être enregistré, j'imagine.
M. Rémillard: Cet article énumère...
Mme Harel: Les "paroles non verbales" ne sont pas
enregistrées.
M. Rémillard: Cet article énumère les
événements à cause desquels une personne cesse
d'être inscrite sur la liste. A contrario, le paragraphe 1° indique
que la durée d'une inscription est de trois ans.
Mme Harel: Est-ce là un délai qui est usuel pour la
confection des listes, par exemple, celle des arbitres, au ministère du
Travail?
M. Rémillard: Je crois que c'est nouveau comme
disposition. On a pris trois ans, croyant qu'il s'agissait d'une période
qui était suffisamment longue. Remarquez qu'on a mis trois ans aussi
dans la procédure d'amendements constitutionnels en 1982, avec les
résultats qu'on connaît. Ça paraît, de fait,
très long, trois ans. Est-ce qu'il y a d'autres motifs? Je peux
peut-être m'adresser à Me Pelletier, pour savoir s'il y a d'autres
motifs.
M. Pelletier: II en est un qui me vient à l'esprit, mais
qui est d'ordre très pratique: c'est que la liste des arbitres
étant fort probablement plus longue que celle des assesseurs, il y a
là des gens qui auront peut-être été appelés
une fois par année ou même pas. Alors, c'est peut-être bon
qu'après certains délais, le gouvernement puisse revoir ces
personnes et leur demander: Est-ce que vous êtes toujours
intéressé, est-ce que vous voulez reposer votre candidature? Puis
qu'on fasse une mise à jour. Alors, ça nous apparaissait un
délai juste entre le cinq et le un, qui était...
Mme Harel: L'article 22, étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 22,
étudié. J'appelle l'article 23.
M. Rémillard: Cet article, M. le Président,
prévoit que la liste est transmise à certaines personnes.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 23,
étudié. J'appelle l'article 24.
M. Rémillard: Cet article prévoit l'origine de
confidentialité applicable à la procédure de recrutement
et de sélection. On se réfère à l'article 27 du
règlement concernant la nomination des juges à la Cour du
Québec.
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'article 24,
étudié. J'appelle l'article 25.
M. Rémillard: Conformément à l'article 17 de
la loi sur les règlements, cet article prévoit que ce
règlement entrera en vigueur le quinzième jour qui suit la date
de sa publication à la Gazette officielle du Québec.
Mme Harel: Alors, qu'est-ce que le ministre prévoit au
calendrier pour rendre enfin opérant le Tribunal des droits de la
personne?
M. Rémillard: L'adoption du règlement pourrait se
faire au début de juin. Là, ça dépend, s'il y a des
modifications qui sont nécessaires. Mais il y a un point, je pense,
qu'on retient, là, pour...
Mme Harel: Vérifier.
M. Rémillard: ...la vérification. Et
l'entrée en vigueur se ferait vers la mi-juin environ, fin juin, ce qui
veut dire qu'on pourrait procéder...
Mme Harel: Aux avis.
M. Rémillard: ...ensuite, aux avis et au processus de
nomination qui suivrait. En septembre, octobre, il y aurait des entrevues.
Fin
d'octobre, le rapport au ministre, et on pourrait mettre en vigueur, par
décret, la liste des personnes, probablement vers le mois de novembre
prochain.
Mme Harel: Et c'est donc dire que pour mettre, finalement, en
application le règlement lui-même, le ministre va devoir
procéder préalablement à la nomination du président
du Tribunal.
M. Rémillard: Oui, oui, oui. Ça, ça ne
retardera pas. On m'informe que, selon le nombre d'inscriptions puis le nombre
de concours, on ne sait pas vraiment; là, on est un petit peu dans
quelque chose de tout à fait nouveau. Alors, on ne sait pas vraiment,
mais on veut procéder avec le maximum de
célérité.
Mme Harel: Le ministre entend t il promouvoir les règles
de... Enfin, promouvoir l'égalité dans la nomination du
président du Tribunal?
M. Rémillard: Oui Mme Harel: Bien. M.
Rémillard: J'espère le pouvoir.
Mme Harel: Oui, alors, M. le Président, est-ce que vous
êtes en mesure de nous indiquer les séquences du travail que nous
faisons comme commission, là, suite a la fin de l'étude du
règlement?
Le Président (M. Dauphin): Pour répondre de
façon la plus précise possible à votre interrogation de
tantôt, c'est qu'effectivement, après vérification,
puisqu'il s'agit d'un projet de règlement, il n'y a pas de prise en
considération du rapport, contrairement à l'étude d'un
projet de loi, où il y a toujours une prise en considération du
rapport. Alors, je fais le raisonnement suivant: puisque l'article 1598
prévoit que le gouvernement peut modifier ledit projet de loi, comme le
ministre nous l'a mentionné tantôt, qu'il était pour en
faire l'étude et qu'il était très sensible à cette
question d'égalité, c'est la décision que j'ai à
rendre à ce niveau-là.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel:... avant que vous ne la rendiez, me permettez-vous de
vous faire valoir une des dispositions de notre règlement?
Le Président (M. Dauphin): Allez-y.
Mme Harel: Je vais vous demander de m'aider à l'identifier
dans notre règlement. C'est une disposition qui prévoit que,
suite à l'étude en commission parlementaire, nous pouvons
procéder à des recommandations à l'Assemblée
nationale. C'est l'article 176, et je vais vous en faire lecture. "Au terme de
l'examen d'une affaire qui lui a été confiée par
l'Assemblée, toute commission dispose d'un jour franc pour
déterminer en séance de travail les observations, conclusions et
recommandations qu'elle entend déposer à l'Assemblée.
"
Je crois comprendre que l'article 176 pourrait, en l'occurrence,
s'appliquer à l'examen de ce qui nous avait été
confié par l'Assemblée, aujourd'hui, que nous pourrions nous
réunir en séance de travail et que nous aurions à
étudier le rapport, à l'Assemblée, lors de la prise en
considération du rapport de la séance de travail.
Le Président (M. Dauphin): Cet article, juste pour qu'on
le saisisse bien "Au terme de l'examen d'une affaire qui lui a
été confiée par l'Assemblée, toute commission
dispose d'un jour franc pour déterminer en séance de travail les
observations, conclusions et recommandations qu'elle entend déposer
à l'Assemblée. " Si je saisis bien, Mme la députée,
vous aimeriez que notre commission, en pratique, aujourd'hui - puisque l'on
parle d'un jour franc - se transforme en séance de travaS et que nous
décidions s'il y aurait lieu de faire une recommandation à
l'Assemblée nationale, dans le sens que vous nous indiquiez
tantôt. C'est ça?
Mme Harel: Non, ce n'est pas vraiment ça, M. le
Président. Voyez-vous, l'article 176 n'est pas laissé à la
discrétion de la commission. Lorsqu'il y a une demande d'étude en
séance de travail, la commission doit procéder II peut y avoir un
rapport minoritaire ou majoritaire devant l'Assemblée. En fait, c'est
là une pratique qui est assez usuelle dans d'autres commissions que
celle des institutions. Mais. M. le Président, je reviens à la
décision que vous avez à prendre...
Le Président (M. Dauphin): II faut dire qu'il y a 177
aussi.
Mme Harel: Oui, parce que la décision que vous avez
à prendre...
Le Président (M. Dauphin): Bon. c'est clair à
177.
Mme Harel: Oui?
Le Président (M. Dauphin): "Le rapport de la commission
est constitué du procès-verbal de ses travaux évidemment -
et, le cas échéant, de ses observations, conclusions et
recommandations. " Alors, on n'a pas...
Mme Harel: Mais je veux savoir, plus précisément
pour les fins du conseiller en droit parlementaire de l'Opposition, envertu, de quel règlement vous considérez qu'il n'y aura pas
de prise en considération du rapport de la commission devant
l'Assemblée?
Le Président (M. Dauphin): J'ai pris cette
décision-là par analogie parce que l'article... Quel article
est-ce... C'est qu'il n'y a aucun article spécifique qui stipule qu'il
n'y a pas de prise en considération du rapport. L'information qu'on m'a
donnée, c'est que...
Mme Harel: Tout rapport de commission peut donner lieu à
une prise en considération devant l'Assemblée.
Le Président (M. Dauphin): Ce n'est pas l'information
qu'on m'a donnée. On pourrait peut-être suspendre une minute, si
vous n'avez pas d'objection?
Mme Harel: Oui, si vous voulez.
Le Président (M. Dauphin): De toute façon, nos
travaux sont prévus jusqu'à 12 h 30. On va suspendre une minute
pour le clarifier davantage. Alors, c'est suspendu pour une minute.
(Suspension de la séance à 12 h 5)
(Reprise à 12 h 30)
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
reprend ses travaux. Nous allons terminer l'étude du projet de
règlement. Nous en étions rendus à l'annexe A, tout de
suite après l'article 25. Est-ce que l'annexe A est
étudiée?
Mme Harel: Étudié.
Le Président (M. Dauphin): L'annexe A est
étudiée. Est-ce que l'étude du projet de règlement
est terminée?
Mme Harel: Terminé.
Le Président (M. Dauphin): Alors, la commission des
institutions, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)