Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures dix minutes)
Le Président (M. Marcil): Je déclare la
séance ouverte. Nous souhaitons la bienvenue à M.
Côté et à ses collaborateurs, de même qu'à
tous les députés qui ont manifesté leur intention de
participer activement à cette commission.
Avant de passer à la présentation des personnes, je vais
rappeler le mandat de la commission qui est de procéder à
l'étude du rapport préliminaire de la Commission de la
représentation électorale et, à cette fin, entendre la
Commission de la représentation électorale.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des changements ou des
remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. Bélisle (Mille-Îles)
est remplacé par M. Cusano (Viau); M. Filion (Taillon) est
remplacé par M. Gendron (Abitibi-Ouest); M. Godin (Mercier) est
remplacé par Mme Juneau (Johnson).
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. L'ordre du jour
se lit donc comme suit: de 11 h 10 et durant 45 minutes, il y aura
l'exposé du président de la Commission de la
représentation électorale, qui sera suivi des remarques
préliminaires du ministre délégué à la
Réforme électorale de même que de celles du porte-parole de
l'Opposition. Par la suite, on aura une vingtaine de minutes pour les
députés qui auraient quelques remarques à apporter.
Ensuite, on fera une pause pour le lunch pour poursuivre, dans
l'après-midi, avec les intervenants de chacune des circonscriptions
électorales. M. le Directeur général des élections,
M. Côté, si vous voulez bien nous présenter vos
collaborateurs et procéder à votre exposé.
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président,
à mon extrême droite, Me Eddy Giguère, secrétaire de
la commission; à côté de M. Giguère, le commissaire
Guy Bourassa; à mon extrême gauche, M. Jean-Luc Lemieux, adjoint
à la représentation et immédiatement à ma gauche,
M. Marc-André Lessard, le troisième commissaire de cette
commission. Il y a évidemment des membres du personnel de mon bureau qui
nous accompagnent et qui, j'espère, ont toute la documentation et toutes
les informations sur les questions que vous voudrez bien nous poser et
auxquelles nous serons en mesure de répondre.
On vous distribue actuellement le texte de mon exposé. Je ne
crois pas prendre trois quarts d'heure - enfin, j'espère que je ne
prendrai pas toute la période prévue - afin de laisser plus de
temps à messieurs et mesdames les députés
d'intervenir.
Exposé du président de la commission M.
Pierre-F. Côté
M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la
commission permamente des institutions, les membres de la Commission de la
représentation électorale, M. Bourassa, M.
Lessard et moi-même sommes heureux de nous présenter devant
cette commission parlementaire pour discuter avec vous du rapport
préliminaire traitant de la délimitation de circonscriptions
électorales au Québec remis au président de
l'Assemblée nationale, conformément aux dispositions de la Loi
sur la représentation électorale, le 15 septembre 1987.
En premier lieu, permettez-moi de vous rappeler les articles 28 et 29 de
la Loi sur la représentation électorale. L'article 28: "Le
rapport préliminaire de la commission est soumis à la commission
de l'Assemblée nationale." Pour les fins de l'étude de ce
rapport, tous les députés peuvent participer aux
délibérations de la commission. L'article 29: "Lorsque la
commission parlementaire étudie ce rapport, la commission doit lui
fournir tous les documents et renseignements nécessaires et être
à sa disposition pour l'exécution de ses travaux."
Le rapport préliminaire se veut, dans sa proposition de
délimitation de circonscriptions électorales, conforme à
la Loi sur la représentation électorale, telle que
modifiée par l'Assemblée nationale en juin dernier. D'ailleurs,
on se souvient que les principaux changements apportés à la loi
faisaient en sorte que, premièrement, le nombre de circonscriptions
électorales ne devait pas être inférieur à 122 ni
supérieur à 125. Je relis ce que j'ai dit en juin dernier et je
me demande si ce n'est pas en mars que cela a été modifié
plutôt qu'en juin. Je pense qu'il y a peut-être une erreur de
mois.
Deuxièmement, le nombre d'électeurs dans une
circonscription ne devrait être ni supérieur ni inférieur
de plus de 25 % au quotient obtenu par la division du nombre d'électeurs
et par le nombre de circonscriptions électorales et,
troisièmement, pour l'avenir, il y aurait obligation pour la commission
de produire au président de l'Assemblée nationale, dans les trois
mois suivant la date d'une élection générale, un rapport
sommaire Indiquant si une nouvelle délimitation y apparaît
nécessaire pour assurer le respect des critères établis
dans la loi.
Par ailleurs, la loi continuait de maintenir, dans son article 3.1, les
importantes dispositions traitant du sentiment d'appartenance, du taux de
croissance, de l'accessibilité, de la superficie, des frontières
naturelles et des limites des municipalités.
Les modifications à la Loi sur la représentation
électorale. Il est bon de rappeler ici que ces modifications
apportées à la Loi sur la représentation électorale
tiennent leur origine des travaux de la commission permanente des institutions
tenue tes 20, 21 et 22 janvier 1987. Vous vous souvenez que, lors de cette
commission, on a beaucoup discuté de la fréquence et de
l'importance des modifications apportées à la carte
électorale du Québec. De toutes ces discussions, il s'est
dégagé un désir de voir la future carte électorale
établie de façon qu'au lendemain de la prochaine élection
générale, il y ait peu de modifications importantes à
apporter à la délimitation des circonscriptions.
Cette idée de faire en sorte que le prochain exercice de
délimitation des circonscriptions électorales en soit un de
consolidation a retenu l'attention de la commission tout au long de ses
travaux. Cette optique nous a d'ailleurs amenés à nous pencher
sur l'évolution du nombre d'électeurs au cours des
dernières années et à tenter d'en prévoir
l'évolution pour les années à venir.
La démarche de la commission. Tout en ayant constamment à
l'esprit les principaux critères mentionnés
précédemment, voici maintenant comment la commission a
procédé pour en arriver à sa proposition de
délimitation des circonscriptions électorales dans le rapport
préliminaire. Si on regarde les nouveaux critères
numériques établis dans la loi, quant au nombre de
circonscriptions et au nombre maximum et minimum d'électeurs, on
constate d'abord que le Québec compte actuellement 4 576 600
électeurs répartis dans 122 circonscriptions, soit un nombre
moyen d'électeurs de 37 513 et que l'ajout de deux nouvelles
entités territoriales porte le nombre de circonscriptions à 124,
avec une moyenne d'électeurs par circonscription de 36 908, pour un
minimum de 27 681 et un maximum de 46 135 électeurs.
Advenant qu'à la suite des témoignages entendus lors des
audiences publiques tenues dans les villes de Longueuil, Terrebonne,
Montréal, Salaberry-de-Valleyfield, Lévis, Drummondville et
Québec, et des représentations des membres de cette
Assemblée, au cours des travaux de la commission, la Commission de la
représentation électorale décide que le nombre de ses
circonscriptions soit porté, non pas à 124, mais à 125,
nous aurions alors un nombre moyen d'électeurs de 36 613 avec un minimum
de 27 460 et un maximum de 45 766.
Ces critères numériques étant établis, la
commission a ensuite déterminé les secteurs ou régions
où elle se devait d'intervenir. À titre d'exemple, la
région périphérique de Montréal qui, aussi bien
dans sa partie sud que dans sa partie nord, a connu une croissance rapide du
nombre de ses électeurs entre les deux dernières élections
générales.
Après avoir identifié chacun des secteurs d'intervention,
la commission a ensuite étudié diverses hypothèses de
délimitation pour, finale- ment, retenir celle qui lui apparaissait la
plus appropriée.
Ici, vous me permettrez d'attirer votre attention sur le fait que, dans
plusieurs cas, nous ne sommes arrivés à certaines conclusions
dans notre rapport qu'après avoir pris en sérieuse
considération l'équité de représentation entre les
différents secteurs de la province. J'emploie le mot "secteur" de
préférence au mot "région" pour qu'il n'y ait pas de
confusion. À titre d'exemple, la révision de la
délimitation des circonscriptions dans le centre-ville de Québec
qui n'a pu se faire sans que l'on tienne compte des principaux critères
que nous avons appliqués dans le centre de l'île de
Montréal, notamment en ce qui a trait à la diminution de la
population dans le centre-ville et à son accroissement vers la
périphérie.
Tout en identifiant les secteurs où elle se devait d'intervenir,
la commission a demandé au personnel mis à sa disposition par le
Directeur générai des élections de lui fournir des
données quant à l'évolution prévisible du nombre
des électeurs au cours des prochaines années.
L'augmentation du nombre d'électeurs. Prévoir le futur
n'est pas chose facile. Entre 1976 et 1985, au Québec, le nombre
d'électeurs s'est accru de 13,07 % alors que la population totale n'a
augmenté que de l'ordre de 4,8 %. Une telle situation est
étroitement reliée au vieillisement de la population et,
j'ajouterais, au phénomène de la dénatalité ou de
la natalité dont il est davantage question ces jours-ci.
Tel que je vous l'ai mentionné précédemment, ce
sont les grandes périphéries urbaines, celles de Montréal
et de Québec en particulier, qui connaissent les plus forts taux de
croissance du nombre de leurs électeurs. Cette situation contraste avec
celle des centres-villes correspondants qui stagnent ou qui subissent des
diminutions. De plus, s'il est relativement aisé de prévoir le
taux de vieillissement de l'ensemble de la population du Québec, il est
très difficile de prévoir ce taux à l'échelle
locale, car celui-ci dépend très largement du
phénomène des migrations. Ces dernières sont d'ailleurs
imprévisibles puisqu'elles découlent elles-mêmes de
décisions inattendues relatives à des investissements financiers,
industriels et à des décisions prises en haut lieu aussi bien que
par les citoyens eux-mêmes. L'attrait des grands centres avec les
différents services qu'ils offrent pèse beaucoup dans le choix
d'un domicile, par exemple.
L'importance des auditions. Au cours des auditions tenues, les citoyens
ont pu s'exprimer tant sur les limitations que sur ta désignation des
circonscriptions. Soit dit en passant, les membres de la commission ont
été impressionnés par le sérieux des
mémoires et des interventions des citoyens et des organismes
intéressés. En tout, 95 mémoires et interventions.
Plusieurs personnes se sont interrogées à savoir si leur
intervention serait sérieusement prise en considération par la
commission lorsqu'elle procède-
rait de façon définitive à la délimitation
des circonscriptions électorales. À cet égard, les membres
de ta commission de la représentation ont constamment rassuré les
citoyens sur l'importance de leurs interventions, surtout lorsque celles-ci
étaient rationnelles et tenaient compte des réalités
démographiques, géographiques et socio-économiques.
La commission a particulièrement apprécié recevoir
les mémoires traitant de l'aspect global d'une question. En effet, il ne
faut pas se limiter à dire qu'on n'est pas d'accord avec un
découpage donné. Les interventions les plus remarquées ont
été celles qui proposaient des options aux délimitations
proposées.
La commission est bien consciente qu'elle n'est pas en possession
tranquille de toute la vérité, comme je me plais souvent à
le dire. Alors que la commission dispose facilement de données
numériques, il est plus difficile de connaître aisément
tous les éléments à caractère
socio-économique tels que stipulés dans l'article 3.1 de la loi.
Ces derniers sont le propre d'une réalité sociale concrète
qui ne peut très souvent nous être dévoilée
totalement qu'au moment des audiences publiques. C'est dans cet esprit que les
auditions sont pour nous une des meilleures formes de cueillette de
données quant à notre connaissance de la réalité
socio-économique.
On comprendra aussi que la commission ne peut acquiescer à toutes
les demandes ou requêtes qui lui ont été faites. Nous
devons, en effet, nous efforcer de garder un bon équilibre dans la
délimitation des circonscriptions en tenant compte du facteur
d'interaction qui risque de faire qu'un changement de délimitation des
circonscriptions affecte un ensemble plus vaste. C'est ce qu'on appelle, dans
notre langage, le phénomène des dominos ou de la réaction
en chaîne.
La désignation des circonscriptions: Nous aimerions maintenant
vous entretenir brièvement du problème de la désignation
des circonscriptions électorales. Conformément aux dispositions
de la loi, la commission doit attribuer un nom à chaque circonscription
après avoir pris l'avis de la Commission de toponymie, ce qu'elle a
toujours fait.
Au cours des auditions publiques, plusieurs personnes nous ont fait
connaître leur désapprobation des noms proposés et
même de certaines désignations existantes. Comme |e l'ai
mentionné à plusieurs reprises au cours des dernières
semaines, les membres de la commission sont toujours heureux de recevoir toute
proposition sur ce sujet. Serait-il approprié, par exemple, de
désigner les circonscriptions du nom de deux ou trois anciens premiers
ministres? Si oui, dans quelles régions de la province devrions-nous le
faire à votre avis? Nous apprécierions grandement, j'Insiste
là-dessus, recevoir vos commentaires et suggestions sur ce sujet.
À titre d'exemple, tes appellations de Lacoste sur I'île de
Montréal et de Tekakwitha pour le territoire de la ville de Brossard ne
jouissent pas, c'est le moins qu'on puisse dire, d'une grande popularité
et la commission songe sérieusement à revoir ces
désignations. Dans le cas spécifique de Tekakwitha où la
commission souhaitait honorer une Amérindienne, ce sont des
représentants des Mohawks eux-mêmes, ainsi que les
autorités municipales et scolaires, qui nous ont signifié leur
désaccord.
Je voudrais peut-être ajouter à ce texte d'autres
réflexions sur d'autres noms. Par exemple, à la place de Lacoste,
un des mémoires qui nous ont été présentés
nous suggérait le toponyme de - je vous le donne entre mille -Camilien
Houde. Dans les cas où nous nous posons aussi de sérieuses
questions, je voudrais ajouter le cas de Soulanges qui a également
été soulevé par des intervenants. J'ai mentionné le
nom de Brossard et je voudrais ajouter celui de Terrebonne. Dans notre
proposition, on l'a fait disparaître, mais est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu de le faire revenir?
Je voudrais vous donner à ce sujet simplement une explication
qu'on a donnée à plusieurs reprises. La commission croit qu'il
n'est pas toujours approprié de désigner une circonscription par
le nom d'une ville. Cependant, là-dessus, et en particulier sur les
désignations, nous sommes prêts à changer d'opinion assez
facilement. Je disais tout à l'heure à un député,
avant le début de la séance: Quant à la désignation
des noms, nous sommes prêts à accepter n'importe quelle
proposition. Ne touchez pas trop à nos délimitations, mais
modifiez les noms si bon vous semble ou si vous voulez faire des suggestions
dans ce sens.
Par exemple, un député directement intéressé
est intervenu auprès de la commission pour nous suggérer le
changement du nom de Nicolet par Nicolet-Yamaska. C'est une autre
difficulté pour nous. Est-ce que c'est une bonne idée d'avoir des
noms composés? Est-ce que c'est une bonne idée d'avoir d'anciens
noms qu'on retrouve accolés à d'autres noms? Sur cette question,
nous sommes très très ouverts, je tiens à vous le dire.
Nous sommes dans l'obligation de prendre l'opinion de la Commission de
toponymie, ce que nous allons faire, mais nous désirons vous signaler
que nous avons la plus grande ouverture d'esprit possible sur les
désignations.
Il se peut même que les contraintes d'un
réaménagement des circonscriptions fassent en sorte que la
commission décide de ne pas attribuer - c'est un autre
phénomène qui peut se produire - un des nouveaux noms
proposés. Ce pourrait être le cas de Bethune
éventuellement. Tout dépendra de la façon dont l'ouest de
l'île de Montréal se réglera en définitive, mais il
est possible qu'on ne soit pas obligé de désigner une
circonscription par ce nom.
Les modifications proposées. La Commission de la
représentation électorale, dans son rapport préliminaire,
propose des modifications à la division des circonscriptions:
premièrement, dans
I'île de Montréal; deuxièmement, dans tes
régions périphériques nord et sud de Montréal;
troisièmement, dans la partie extrême sud-ouest du Québec;
quatrièmement, dans la région de la capitale;
cinquièmement, dans la région allant de la rive sud du
Saint-Laurent à la hauteur de Québec jusqu'à la
frontière américaine; sixièmement, dans la région
des Bois-Francs.
LUe de Montréal. Sur l'île de Montréal, la
commission remanie en profondeur les circonscriptions situées en bordure
du Saint-Laurent. Le nombre des électeurs va sans cesse grandissant dans
les deux extrémités de l'île de Montréal, alors
qu'au centre, on assiste à une diminution ou à une stagnation de
ce nombre d'électeurs.
La commission a jugé bon de revoir les délimitations de
façon que tous les citoyens de cette région jouissent d'une plus
grande égalité de représentation tout en assurant, dans ta
mesure du possible, le respect de l'homogénéité
socio-économique. Comme je t'ai mentionné tantôt, il a
même été jugé bon de remplacer les noms de certaines
circonscriptions pour éviter toute méprise de la part des
électeurs. Je le répète, les nouvelles appellations
proposées sont Lacoste, Rivière-des-Prairies et Bethune.
Là encore, nous apprécierions recevoir, j'insiste
là-dessus, vos suggestions quant à ces désignations.
Le sud et le nord de l'île de Montréal. La commission
propose l'ajout de deux circonscriptions dans les zones
périphériques sud et nord de l'île de Montréal. A
notre connaissance, personne n'a manifesté d'opposition à la
création d'une circonscription à même te territoire de la
ville de Brossard. Il est à remarquer que cette municipalité et
la région environnante ont connu un accroissement
phénoménal du nombre de leurs électeurs au cours des
dernières années. Tel que mentionné
précédemment, seule l'appellation proposée de Tekakwitha
fait problème.
Dans la périphérie nord de l'île, la commission
projette l'ajout d'une circonscription dénommée Marsan et, par le
fait même, revoit la délimitation des circonscriptions de Groulx,
de l'Assomption, de Rousseau et de Terrebonne. Cette proposition ne fait pas
l'unanimité. La majorité des intervenants qui se sont fait
entendre à l'audition de Terrebonne réclame le statu quo.
Plusieurs citoyens et organismes prétendent que, d'ici à quelques
années, ce n'est pas une circonscription qu'il faudrait ajouter, mais
deux. La commission a pris note des évaluations de croissance qui lui
ont été soumises et elle les étudie.
Le sud-ouest de fa province. Dans le sud-ouest de la province, dans la
zone regroupant les territoires des circonscriptions de Vaudreuil-Soulanges, de
Beauharnois et de Huntingdon, la commission observe que la circonscription de
Vaudreuil-Soutanges connaît toujours une situation d'exception quant au
nombre des électeurs. Nonobstant te fait que cette circonscription
jouisse d'une situation géographique tout à fait spéciale,
la commission a proposé de corriger cette exception. Certains autres
éléments de solution ont été mis de l'avant par des
citoyens et des organismes de la région, mais la question fait toujours
l'objet de nos réflexions.
Dans la région de Québec. Dans la région
métropolitaine de Québec, la commission apporte des modifications
aux délimitations des circonscriptions de Taschereau, de Jean-Talon, de
Louis-Hébert, de La Peltrie, de Limoilou et de Montmorency.
Jusqu'à présent, un citoyen seulement et MM. les maires de
Cap-Rouge et de Beauport ont fait connaître leur opinion sur le sujet, ce
qui nous porte à croire que la majorité des citoyens et des
organismes ne s'opposent pas à nos propositions.
Lévis, la Beauce et les Bois-Francs. Venons-en maintenant
à la zone qui regroupe tes circonscriptions de Beauce-Nord, Beauce-Sud,
Bellechasse, Lévis et Lotbinière. Les propositions
avancées dans le rapport préliminaire trouvent peu d'oreilles
favorables. La majorité des mémoires reçus proposent
l'ajout d'une circonscription. On invoque l'accroissement considérable
du nombre des électeurs dans la circonscription de Beauce-Nord et de
Lévis, le sentiment d'appartenance des Beaucerons à leur "patrie"
et les disparités socio-économiques qui existent entre tes
électeurs situés à l'ouest de l'actuelle circonscription
électorale de Lévis et ceux de Lotbinière.
Enfin, dans la région des Bois-Francs, la commission recommande
que des électeurs des circonscriptions d'Arthabaska, de Drumrnond et de
Frontenac soient transférés dans la circonscription de Richmond.
En effet, depuis plusieurs années, cette dernière circonscription
compte toujours sur un nombre d'électeurs inférieur à
celui que permet la loi. Quant aux représentations faites relativement
à délimitation de la circonscription électorale de
Richmond, celle-ci démontre une insatisfaction générale
qui, pour nous, signifie une demande de ne pas appliquer la loi et de maintenir
le statu quo. C'est une réflexion sur laquelle je me permets d'insister.
Si on nous demande qu'il y ait trop d'exceptions, en fin de compte, à
notre avis, on nous demande de ne pas remplir notre devoir et de ne pas
appliquer la loi.
Les exigences des articles 3.1 et 3.2 de la loi. Notre rapport
préliminaire s'est efforcé de répartir le nombre
d'électeurs de façon que les exigences numériques soient
satisfaites. La commission ne propose, dans ce rapport, qu'une circonscription
d'exception, soit celle d'Ungava. Cela a parfois entraîné des
modifications de délimitation qui ont eu comme conséquence de
créer des entorses ou d'effectuer certaines contorsions au sentiment
d'appartenance. On nous t'a d'ailleurs souligné lors de certaines
auditions.
Nous constatons que d'essayer de tenir totalement compte, à la
fois des exigences de l'article 3.1 communautés naturelle et le reste et
de l'article 3.2 (critères numériques), c'est
parfois essayer de réaliser la quadrature du cercle. C'est ainsi
que, dans notre rapport final, on pourra accorder priorité à l'un
ou l'autre de ces articles, soit pour donner suite aux représentations
qui nous ont été faites, soit pour satisfaire les exigences d'une
carte établie pour une période de huit ans selon les
critères numériques. Là encore, Je me permets d'insister
et aussi d'abandonner un peu mon texte pour une minute. Il ne faudrait pas
perdre de vue que le travail qu'on a fait dans le rapport préliminaire
est dans une perspective de huit ans, tel que cela a été
exprimé en particulier, non seulement dans les dispositions de la loi
actuelle, mais surtout en commission parlementaire au mois de janvier.
La commission comprend en effet que la loi, telle que
rédigée, et les débats de la commission parlementaire de
janvier dernier lui enjoignent d'établir une carte des circonscriptions
électorales qui ne devrait pas subir de changements majeurs après
les prochaines élections générales. Si notre
compréhension de la loi actuelle est la bonne, cela nous impose des
contraintes inéluctables.
Le nombre de circonscriptions électorales. À ce moment-ci,
permettez-moi d'attirer votre attention sur le nombre de circonscriptions
électorales au Québec.
Dans son rapport préliminaire, la commission propose que le
Québec soit divisé en 124 circonscriptions électorales,
alors que la loi permet un maximum de 125 circonscriptions. Les deux nouvelles
circonscriptions, tel que mentionné précédemment,
s'ajoutent en périphérie sud et nord de Montréal. En
proposant un nombre de 124 circonscriptions, la commission voulait se
réserver une marge de manoeuvre et contribuer ainsi à
l'économie substantielle que représente le coût des
indemnités et des allocations d'un nouveau député à
l'Assemblée nationale.
Or, au cours des derniers mois, la commission a reçu des demandes
pour l'ajout de deux circonscriptions au Québec. (11 h 30)
La première demande vient de représentants des Inuit lors
de l'audition tenue à Montréal. Je voudrais vous signaler,
également, que nous avons reçu hier une lettre de la part des
Inuit, du même organisme qui s'est présenté devant nous,
revenant encore à la charge pour la création d'une
circonscription au nord de l'Ungava, dans le Nouveau-Québec, au nord du
55e parallèle. Il a alors été Invoqué que la nation
inuit constituait une communauté naturelle ayant des
caractéristiques socio-économiques fort différentes de
celles des électeurs de la circonscription électorale d'Ungava et
qu'elle vivait sur un territoire aux traits géographiques bien
particuliers et d'accessibilité réduite.
Nous sommes impressionnés par cette demande de la nation inuit.
Cependant, vous savez tous que l'on dénombre environ 3300
électeurs inuit - non seulement inuit, mais d'autres races
également, des blancs et des améridiens - ayant la qualité
d'électeurs au Québec et la question que se pose la commission
est à savoir s'il appartient à la commission de la
représentation ou à l'Assemblée nationale de
décider de la création d'une circonscription dans un tel cas. Il
faut se rappeler que l'Assemblée nationale a jugé bon, il y a
plusieurs années, d'indiquer nommément dans la loi que les
Îles-de-la-Madeleine constituaient une circonscription, bien que le
nombre d'électeurs ait toujours été fort en
deçà de toute norme numérique. Actuellement, il y a
environ 10 000 électeurs aux Îles-de-la-Madeleine. Quand les
Îles-de-la-Madeleine ont été constituées comme une
circonscription d'exception, il y avait environ 4000 électeurs.
La seconde demande vient des citoyens des organismes situés sur
la rive sud de Québec. Il en a été fait grand état
dans tous tes médias d'information à la suite de l'audience tenue
à Lévis. L'ajout d'une circonscription sur la rive sud ferait en
sorte que le nombre maximum de 125 serait dès maintenant atteint. Dans
une perspective plus générale, lors d'une prochaine
révision de la carte, un choix majeur se posera: il faudra que vous
décidiez d'ajouter un certain nombre de circonscriptions au nombre
déjà existant ou bien la commission sera dans l'obligation de
faire disparaître certaines circonscriptions dont le nombre
d'électeurs ne justifie pas l'existence.
Une autre question qu'il faut se poser, c'est que, d'après notre
évaluation de l'évolution du nombre d'électeurs, le
secteur de la province où sera requise assez rapidement une nouvelle
circonscription, si les critères numériques demeurent toujours
les mêmes, c'est dans la région de Québec, au lieu de la
rive sud, la rive nord de Québec.
Ces deux questions devraient, croyons-nous, trouver réponse dans
les prochaines années. Il ne faut cependant pas perdre de vue que toute
solution d'aujourd'hui entraîne des conséquences qui,
évidemment, se répercuteront dans l'avenir.
En terminant ces quelques réflexions préliminaires, je
tiens à vous souligner qu'en vertu des articles 27 et 31 de la loi,
notre rapport final, d'abord prévu pour le 15 mars, sera effectivement
déposé immédiatement après Pâques. Ce retard
involontaire est attribuable aux différents délais que nous avons
connus dans la tenue des audiences publiques.
Avant de vous faire part de mes deux derniers paragraphes, M. le
Président, j'aimerais ajouter un petit mot très bref. Les
commissaires et moi - évidemment, cela a été
approuvé par les commissaires - avons convenu d'ajouter seulement deux
courts paragraphes. Si nous avions eu le temps, nous aurions repris la
dernière page. Je me permets de vous lire les deux paragraphes qui
précèdent les deux derniers de la page 18.
Je voudrais vous signaler que nous avons hésité un peu
quant à la nature de la présente
intervention, II va de soi que nous avons étudié les
représentations qui nous ont été faites et un bon nombre
de celles-ci nous amèneront très probablement à des
modifications à notre rapport préliminaire. Cependant, nous ne
croyons pas qu'il aurait été approprié de vous soumettre
dès maintenant le fruit de toutes nos réflexions actuelles parce
que nous croyons que la présente rencontre nous permettra de voir plus
clair et de pouvoir décider en plus grande connaissance de cause. Les
points de vue de messieurs et mesdames les membres de l'Assemblée
nationale sont essentiels et primordiaux dans la réalisation d'un mandat
comme le nôtre.
M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la
commission, je vous remercie de votre attention et soyez assurés que
tous vos commentaires et suggestions recevront de notre part une écoute
des plus attentives, comme ce fut d'ailleurs le cas pour toutes les auditions
publiques. Ce processus de consultation est essentiel et fait partie
intégrante de notre démarche de délimitation des
circonscriptions électorales.
Au nom de mes deux collègues ainsi qu'en mon nom personnel, je
vous remercie de votre bonne attention et nous espérons vous donner
satisfaction relativement aux informations que vous nous demanderez,
conformément aux dispositions des articles 28 et 29 de la Loi sur la
représentation électorale. Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M.
Côté. Maintenant, je vais reconnaître M. le ministre
délégué à la Réforme électorale.
Remarques des parlementaires
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. Avant d'aborder le vif
du sujet, j'aimerais d'abord m'excuser auprès de vous et des membres de
la commission, de même qu'auprès de nos invités, du retard
que nous avons dû subir pour le début de nos travaux ce matin,
retard qui est occasionné par des problèmes de transport de
certains députés, notamment de celui qui vous parle.
J'en profite, également, M. le Président, pour saluer
l'arrivée, comme porte-parole de l'Opposition officielle en
matière de réforme électorale, du député
d'Abitibi-Ouest et leader parlementaire de l'Opposition, qui viendra prendre ta
relève du député de Gouin qui, lui, a accédé
à l'indépendance au cours des derniers mois. Et j'ajoute, M. le
Président, que c'est avec plaisir que je constate que le
député de Gouin, qui a toujours été très
assidu aux travaux entourant la réforme électorale, entend bien -
et sa présence le prouve ce matin - continuer à manifester cet
intérêt.
M. le Président, à titre de ministre
délégué à la Réforme électorale, il
me fait plaisir, au nom du gouvernement, de souhaiter la bienvenue au
président, aux deux autres membres de la commission, MM.
Côté, Lessard et Bourassa ainsi qu'à leurs collaborateurs,
MM. Giguère et Lemieux, et de les remercier de leur présence
à cette commission parlementaire.
Il ne m'appartient pas d'analyser le rapport préliminaire soumis
par la commission de la représentation. Ce n'est pas mon rôle,
compte tenu de l'indépendance de la commission de la
représentation, tant du pouvoir exécutif que du pouvoir
législatif. Je me permets, cependant, de constater que le projet de
délimitation des circonscriptions électorales soumis le 15
septembre dernier répond globalement aux exigences de la loi telle que
nous l'avons modifiée l'année dernière à ta suite
du consensus intervenu à cette même commission des
Institutions.
La commission de la représentation pouvait ainsi proposer entre
122 et 125 circonscriptions électorales, ce qu'elle a fait, en retenant,
pour le moment du moins, le nombre de 124. D'autre part, les dispositions
concernant la périodicité de la délimitation traduisaient
la volonté du législateur de viser une plus grande
stabilité de la carte électorale, ce que la commission de la
représentation nous dit avoir pris en considération dans
l'élaboration de son projet de délimitation et, d'ailleurs, le
président de la commission en faisait état à nouveau ce
matin.
Je pense cependant opportun, M. le Président, d'apporter une
simple précision aux propos de M. Côté que l'on retrouve
à la page 15, quant à ta nécessité
d'interpréter la loi quant à la périodicité de la
délimitation. En effet, au cours des débats que nous avons eus en
commission parlementaire, en janvier 1987, nous avions, je pense, clairement
indiqué que nous souhaitions que la carte électorale soit
établie de façon à être la plus stable possible,
à ne pas subir des modifications qui ne seraient pas tout à fait
justifiées. Cependant, je pense que la loi est claire en tant que telle
et que la commission de la représentation a, je pense, toute la latitude
voulue pour prendre en considération et tenir compte des
représentations qui lui ont été faites.
Évidemment, la loi impose des contraintes mais je ne suis pas
sûr qu'elle impose une contrainte de devoir délimiter une carte
nécessairement pour une période de huit ans. Il est tout à
fait conforme, et le député de Gouin pourra peut-être
confirmer ou infirmer, que nous avons souhaité et que nous continuons de
souhaiter que les circonscriptions électorales ne soient pas
chambardées après chaque élection générale
si c'est possible. Mais je persiste à croire que la loi telle que
rédigée permet, et n'impose pas une obligation comme telle
à la commission de la représentation, de fixer une
délimitation qui devra nécessairement tenir pour huit ans.
Cela étant dit, M. le Président, plutôt que de
traiter du fond des recommandations de la commission, je voudrais parler
brièvement de la démarche qui nous réunit aujourd'hui.
L'étude en
commission parlementaire du rapport préliminaire de la Commission
de la représentation électorale fait partie intégrante de
la procédure d'adoption de la délimitation des circonscriptions
électorales. Cette procédure, on le sait, est
caractérisée par le pouvoir décisionnel que la loi accorde
en exclusivité à la commission de la représentation. Les
parlementaires québécois peuvent, en effet, être fiers
d'avoir eu le courage de déléguer une responsabilité qui
leur incombait et qui leur tenait à coeur mais qui pouvait les placer,
sinon en situation réelle de conflit d'intérêts, du moins
en apparence de conflit d'intérêts.
S'ils ont délégué leur pouvoir de décision
à une commission Indépendante, les députés n'en
demeurent pas moins des intervenants privilégiés dont la
participation est essentielle au succès de la démarche. En effet,
par la position stratégique qu'ils occupent dans la population, par la
connaissance privilégiée qu'ils développent des besoins de
leur milieu et par le devoir qui leur incombe de se faire les porte-parole de
leurs commettants, les députés ont la responsabilité de
faire valoir devant la commission de la représentation leur point de vue
et celui de la population qu'ils représentent. C'est dans cet esprit
d'ouverture et de collaboration à l'amélioration constante de nos
institutions démocratiques que cette commission parlementaire doit
travailler. Je remercie et félicite les collègues qui ont
indiqué leur intention de participer à ces travaux.
La commission de la représentation, qui vient de tenir des
audiences publiques dans les régions les plus touchées par son
rapport, se fera, pour sa part, un devoir, et, d'ailleurs, la loi le lui
impose, d'étudier les représentations qui lui seront ainsi faites
avant de déposer son rapport final de délimitation des
circonscriptions électorales.
En tant que ministre délégué à la
Réforme électorale, j'invite donc mes collègues à
faire preuve, encore une fois, de la maturité et de l'ouverture d'esprit
que nous avons toujours privilégiées, que nous devons toujours
privilégier dans nos interventions dans le domaine électoral si
nous voulons continuer de contribuer à préserver et à
accroître le haut degré de crédibilité de nos
institutions démocratiques.
M. le Président, cela étant dit, je redeviens maintenant
le député de Gatineau pour la suite des travaux. Comme le rapport
préliminaire de la commission ne formule aucune recommandation de
changement ni à la circonscription que je représente ni aux
quatre autres circonscriptions de la région de l'Outaouais, je laisserai
la parole aux collègues qui veulent faire des représentations sur
des propositions de la commission qui touchent leur circonscription ou
région respectives. Je suis sûr que ces représentations
seront faites par les députés et, donc, seront reçues par
la commission de la représentation avec toute l'objectivité qui
s'impose lorsque nous discutons d'un sujet aussi fondamental pour le processus
démocratique que la délimitation des circonscriptions
électorales.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup M. le ministre
délégué à la Réforme électorale.
Je vais maintenant reconnaître le leader de l'Opposition, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, membres de la commission, MM.
Côté, Lessard, Bourassa ainsi que MM. Lemieux et Giguère,
mon premier commentaire sera, bien sûr, pour remercier de son excellent
travail fait au nom de l'Opposition, mon collègue indépendant, le
député de Gouin. Tout ce que je souhaite, c'est d'être en
mesure de poursuivre le travail avec autant de professionalisme, toujours
guidé, pour l'essentiel en tout cas, par les préoccupations les
plus démocratiques possible.
Je ne sais pas si c'est le retard de nos travaux - quoiqu'on pardonne
facilement au leader du gouvernement et ministre délégué
à la Réforme parlementaire - qui a fait qu'il était peu
volubile sur le rapport ce matin. Très rapidement, il s'est
déguisé en député de Gatineau. En
conséquence, comme il n'est pas touché, il n'aura pas grand-chose
à dire là-dessus. J'indique dès maintenant à M.
Côté et à son équipe ainsi qu'à vous, membres
de la commission, que moi non plus, comme député d'Abitibi-Ouest,
je ne serai pas tellement volubile parce que je suis très peu
touché, pour ne pas dire que je ne le suis pas du tout.
Cependant, comme critique de l'Opposition, je pense qu'il y a lieu, ce
matin, de faire quelques remarques d'ordre général. J'ose
espérer qu'elles seront interprétées par les
intéressés comme étant des remarques susceptibles
d'éclairer votre lanterne sur le point de vue de l'Opposition, sur
certaines considérations qui nous apparaissent importantes. (11 h
45)
La première est d'ordre très général. Les
travaux que nous avons à faire sont quand même des travaux
majeurs, importants dans un système démocratique. En particulier,
je pense qu'il y a lieu d'insister de nouveau, dans un régime où
on travaille en démocratie représentative, sur la
légitimité des gouvernements qui repose, pour l'essentiel, sur
l'exercice du droit de vote accordé à tout citoyen mais
également sur l'égalité du vote entre les
électeurs. Je pense qu'il est important de rappeler ce principe. La
délimitation des circonscriptions électorales doit avoir pour
principal objet de concrétiser ce principe fondamental en
démocratie: le plus possible d'égalité de poids politique
entre les électeurs.
Au Québec, notre régime a un avantage, non seulement parce
que la carte électorale est essentielle à la démocratie
mais parce qu'ici, en vertu de la Loi sur la représentation
électorale, cette délimitation fait l'objet d'un processus
largement démocratique. La Commission de la représentation
électorale a entendu plusieurs commentaires d'organismes, d'élus
et elle accompli aujourd'hui une étape de plus: elle entend les premiers
concernés, les différents représentants des
circonscriptions électorales du Québec. Je pense que c'est un
processus largement démocratique. Dans la plupart des cas, d'ailleurs,
les diverses réformes qui ont apporté des modifications à
la carte électorale depuis les années soixante ont toujours eu
cette volonté d'uniformiser le rapport député-nombre
d'électeurs dans chacune des circonscriptions, toujours afin de
consacrer le principe important qui est celui d'une égalité du
vote des électeurs entre eux.
Un autre principe, selon nous. Y a-t-il, oui ou non, lieu de modifier la
carte électorale? Autrement dit, est-il opportun de le faire à ce
moment-ci? Cette démarche arrive-t-elle au bon moment et est-elle de
très grande actualité? En ce qui concerne l'Opposition, la
révision de ta carte électorale s'imposait. Nous sommes
complètement d'accord avec le principe d'une réforme de la carte
électorale pour tenir compte de l'évolution démographique
prévisible du Québec et pour ajuster la carte à
l'évolution de sa population électorale. On peut bien dire qu'on
a des problèmes de natalité. C'est un fait que c'est un
problème majeur très aigü et un peu dramatique. Mais il n'en
demeure pas moins que, compte tenu du vieillissement de la population,
l'élément de la population électorale joue beaucoup plus
que l'augmentation de la population comme telle. En conséquence, une
carte électorale doit être sensible et s'ajuster à cette
évolution démographique des électeurs dans certaines
régions.
Il est clair cependant que le principe de ne pas jouer avec cela aux six
semaines, au six mois ou à chaque élection en est un qu'on
achète sûrement. Il faut conférer un certain degré
de stabilité aux circonscriptions électorales si on veut'
développer un principe légitime et normal de
représentation, un certain caractère
d'homogénéité.
Je suis cependant conscient, M. le Président, que votre mandat
n'est pas facile. Le mandat de la Commission de la représentation
électorale n'est pas facile parce qu'on dit qu'au-delà du rapport
mathématique député-nombre d'électeurs par
comté, le législateur a introduit quelques critères de
délimitation. J'ai nommé le premier soit celui de
l'homogénéité d'une circonscription. Il peut y avoir
plusieurs définitions de l'homogénéité d'une
circonscription. Il n'est pas toujours facile de jouer là-dedans, en
particulier, quand vous aurez, comme ce sera le cas durant les heures qui vont
suivre, à entendre les principaux intéressés qui ont la
prétention que leur circonscription leur appartient un peu. Tout
parlementaire que ce soit a souvent l'impression que la meilleure façon
est de toujours conserver le statu quo à cause des habitudes et de
toutes sortes d'éléments auxquels prétendrait-Il, on ne
peut pas toucher.
Il ne faudra pas que vous soyez trop sensible à cet
aspect-là, si jamais vous voulez faire votre "job". Vous devez avoir un
degré de sensibilité à certains éléments
plus précis, mais, à partir du moment où il faut ajuster
à certains endroits, il me semble que, par définition, c'est
sûr que certaines circonscriptions devront être touchées. En
conséquence, tous ceux qui plaideront que le statu quo est la meilleure
solution le feront parce qu'ils ne sont pas sensibles aux grands principes plus
généreux et plus généraux de votre
responsabilité.
Avant d'aller plus loin, l'Opposition veut réitérer sa
position dans la foulée du débat suscité par le rapport
Rémillard sur la délimitation des circonscriptions
électorales et sur le mécanisme de la délimitation de la
carte électorale qui soit le plus détaché possible de
l'exécutif. Cela nous caractérise et c'est une bonne formule au
Québec de s'assurer que ce soit le moins près possible de
l'exécutif. Dans ce sens, le ministre responsable de la réforme
avait un peu raison de prendre ses distances, pour le moment, eu égard
à votre responsabilité.
Cela étant dit, nous sommes d'accord sur le principe de la
révision de la carte électorale rendue nécessaire par le
vieillissement de la population. Je ne veux pas être très long
là-dessus. Je pense que vous l'avez très bien
évoqué dans le rapport que vous avez déposé et par
les considérations qui ont été faites.
Maintenant, je voudrais exprimer, M. le Président, les
principales attentes de l'Opposition. On en a certaines et je voudrais que vous
en preniez note. Je sais très bien que certains de mes collègues
vont vous exprimer les leurs et je sais que les parlementaires d'en face
également, pour avoir suivi un peu les revendications qui ont
été faites par leurs commettants ou pour eux-mêmes, vous
parleront plus spécifiquement de ce que j'appellerais la
problématique qui est plus la leur.
Mais les attentes de l'Opposition ne sont pas tellement nombreuses.
J'aimerais que vous en teniez compte. Une première, c'est ce que
j'appellerais toute la question de Vaudreuil-Soulanges, Beauharnois. Sur la
rive sud de Montréal, pour pallier l'accroissement de la population dans
ces comtés, la commission propose la création d'un comté
englobant la ville de Brossard et propose de réaménager de
façon majeure les comtés de Vaudreuil-Soulanges et de Huntingdon.
Cette proposition aura pour résultat de provoquer la disparition de
l'actuel comté de Beauharnois. On pense que cette proposition semble
avoir été motivée surtout pour des raisons
mathématiques au détriment de la réalité
socio-économique des comtés visés, en ce qui nous
concerne.
Je voudrais vous rappeler un certain nombre de réticences des
intervenants du milieu tors des auditions publiques. Les gens de Vaudreuil-
Soulanges acceptent plutôt mal la scission de leur comté en
deux entités distinctes, soit Vaudreuil et Soulanges, sans égard
au grand sentiment d'appartenance et à la configuration
géographique particulière de ce territoire. Cette configuration,
d'ailleurs, avait servi de base au territoire de la MRC de Vaudreuil-Soulanges.
C'est un dossier que je connais un peu pour avoir été ministre de
l'Aménagement et du Développement régional lors du
découpage des territoires. Il me semble qu'on déferait là
une chose sur laquelle on s'est apppuyé passablement pour créer
la MRC.
Vous êtes conscient, M. le Président, et les
collègues parlementaires aussi, que la vie régionale s'est
structurée sur la base de cette intégralité territoriale.
Vous connaissez tous ceux qui ont fait des représentations: chambres de
commerce, corporations de développement économique, CLSC
presqu'île, le musée régional, le Bureau du tourisme de
Vaudreuil-Soulanges, ont parlé de résultats très concrets.
Nous remettons en question cette proposition de la commission parce qu'elle
porte atteinte à l'intégrité territoriale de cette
presqu'île de Vaudreuil-Soulanges. De plus, votre proposition modifie le
profil homogène des comtés actuels de Beauharnois,
Vaudreuil-Soulanges et Huntingdon par la scission de l'actuel comté de
Beauharnois fortement industrialisé, fortement urbanisé, en deux
parties qui seront rattachées à des comtés essentiellement
ruraux, celui de Huntingdon et le comté projeté de Soulanges.
Autrement dit, vous prenez une entité caractérisée
davantage par une industrialisation forte, dense, un comté très
urbain, vous séparez cela en deux, vous faites deux entités et
vous les rattachez à deux autres comtés qui n'ont pas du tout la
même configuration; en tout cas, en ce qui nous concerne. En disloquant
l'axe industriel Beauharnois-Valleyfield. Melocheville, la proposition dilue
considérablement l'homogénéité
socio-économique de ce comté. L'impact de la proposition sur les
structures de concertation existantes dans Beauharnois et Vaudreuil-Soulanges
est un impact qui, d'après les intéressés, sera assez
considérable dans l'avenir. Concilier des intérêts
différents entre une population fortement urbanisée,
industrialisée et des populations rurales, essayer de faire un "mix" de
communautés industrialisées et agricoles va poser des
problèmes particuliers dans le futur. À ma connaissance, cela
appelle des interventions particulières.
C'est également, suivant votre proposition l'éclatement de
l'homogénéité. Cela ne facilite sûrement pas la mise
au point de solutions plus personnelles, plus appropriées pour les
éventuels représentants de ces circonscriptions ou pour leurs
représentants actuels. Nous vous demandons de reconsidérer le
projet, de préserver l'homogénéité des deux
comtés en maintenant le comté de Beauharnois qui possède
une cohésion sociale avec la MRC, le CLSC, te centre hospitalier, ainsi
de suite. On fait une suggestion pour dire' N'allez pas dans ce sens-là.
Vous avez raison - et vous insistez là-dessus dans vos notes de
présentation - de dire qu'être des tenants du statu quo, c'est
trop facile.
Vous avez dit que vous seriez sensibles à des suggestions. Je
prétends que vous avez raison de vouloir faire quelque chose là,
compte tenu de l'augmentation importante de la population d'électeurs.
La solution qui pourrait être envisagée - encore là, je ne
prétends pas avoir le monopole de la vérité
là-dessus - pourrait être le rattachement des électeurs de
l'île Perrot à l'agglomération de Nelligan. En
conséquence, vous pourriez peut-être régler une partie du
problème.
Voilà l'essentiel de mes remarques concernant Beauharnois, M.
Côté, et je dois vous dire que nous pensons qu'on ne devrait pas y
toucher. À tout le moins, on ne devrait pas le faire disparaître.
Qu'on fasse des ajustements, on comprend cela. Je vous ai donné une
indication. C'est la première attente importante de l'Opposition.
La deuxième, c'est la problématique
Sainte-Marie-Saint-Jacques, sur l'île. Vous devez composer avec ta
croissance importante du nombre d'électeurs aux extrémités
nord-ouest et sud-ouest de l'île, c'est un fait. Parce que c'est ainsi,
la commission propose un réaménagement majeur de quatorze
comtés de l'île qui se traduit, à l'est et au centre-ville,
par la disparition des comtés de Saint-Jacques et de Sainte-Marie,
fusionnés dans un nouveau comté dont personne ne veut et qui
s'appellerait Lacoste, et par la création d'un nouveau comté dans
l'est. C'est du nom de Lacoste dont personne ne veut. Je ne parle pas
nécessairement de la justesse de votre proposition de faire quelque
chose. Cela m'apparaît logique quand on veut être le plus
démocratique possible et respecter le premier principe du rapport entre
ce que j'appellerais le poids des votes d'un député dans une
circonscription par rapport à un autre. La population de l'est grandit
dans la pointe de l'île alors qu'elle diminue dans la partie
Sainte-Marie-Saint-Jacques pour des raisons économiques. Si on faisait
un peu de politique, ce serait probablement pour des raisons d'absence du
gouvernement qui se soucie peu de la population de cette région. Cela
amène un affaiblissement de la population, ces gens sont obligés
de se déplacer.
Vous n'avez pas la responsabilité de diriger l'État du
Québec, vous avez la responsabilité d'assurer une
représentation électorale plus adéquate. Vous avez raison
de dire qu'il y a une baisse de population quelque part, qu'il y a une
augmentation dans la pointe et qu'il faut donc faire des ajustements.
Ce sont les remarques que je voulais vous faire. Nous sommes conscients
de ce que je viens de dire. Il y a un nombre excessif d'électeurs dans
Lafontaine, découlant de la forte expansion
du quartier de Rivière-des-Prairies. On est conscient d'un
déplacement de la population vers les extrémités au
détriment d'une certaine stagnation, voire d'une diminution importante
de la population dans les quartiers centraux.
L'Opposition envisage à contrecoeur la perspective de la fusion
des comtés actuels de Sainte-Marie et de Saint-Jacques, qu'on aime bien,
sachant que la commission doit tenir compte de l'expansion domiciliaire de
Rivière-des-Prairies pour les dix prochaines années. Comme vous
avez l'obligation de regarder cela pour deux élections, il faut regarder
cela dans une certaine perspective, et la perspective est bien
tracée.
La création d'un nouveau comté dans
Rivière-des-Prairies, en ce qui nous concerne, nous apparaît
inévitable. Vous avez là une solution logique. Cependant, suivant
notre point de vue final sur cette problématique, la commission doit
trouver aux comtés fusionnés, à tout te moins, un nom
autre que celui de Lacoste auquel les gens de Sainte-Marie et de Saint-Jacques
semblent très peu s'identifier.
Pour des détails plus précis, plus mordants, plus
sensibles également, je sais que certains de mes collègues vous
en feront. C'est vous qui avez la responsabilité d'être beaucoup,
peu, passionnément, à ta folie attentifs ou pas aux propos qu'ils
tiendront. Je pense qu'il est important de vous dire: Oui, on doit tenir compte
de choses importantes, mais en ce qui nous concerne comme Opposition, Lacoste,
oubliez cela.
Ma troisième remarque concerne le transfert du secteur
Saint-Raymond du comté de Saint-Henri à celui de
Notre-Dame-de-Grâce. Toujours dans le but de préserver
l'homogénéité d'un comté tout en respectant, dans
la mesure du possible, la moyenne d'électeurs prévue par la loi,
nous souhaitons que la commission donne suite à la proposition
présentée par nos amis du Parti québécois de
Saint-Henri pour transférer le secteur Saint-Raymond au comté de
Notre-Dame-de-Grâce, soit environ 3000 électeurs. (12 heures)
Le secteur Saint-Raymond est séparé du reste du
comté de Saint-Henri par l'échangeur Turcot et l'autoroute
Décarie. C'est un secteur très majoritairement anglophone dans un
comté très francophone. C'est un mariage qui n'est pas
nécessairement souhaitable dans les circonstances. Le sentiment
d'appartenance est très fort entre (es gens de Saint-Raymond et ceux de
Notre-Dame-de-Grâce. Plusieurs organisations de Notre-Dame-de-Grâce
desservent d'ailleurs les gens de Saint-Raymond, entre autres, les
médias écrits. Dans les deux cas, la proposition faite respecte
les normes prévues sur le nombre d'électeurs. La perte des
électeurs de Saint-Raymond serait compensée par la construction
domiciiaire sur d'anciens sites industriels aux abords du canal Lachine, du
garage de la CTCUM et également, par ville Eymard.
Enfin, on voudrait faire une remarque importante qui est peut-être
la quatrième considération de l'Opposition, c'est toute la
question de la rive sud de Québec. Il y a un nombre excédentaire
d'électeurs dans le comté de Lévis. En plus, il y a une
croissance du nombre d'électeurs dans Beauce-Nord. Il y a diminution des
électeurs dans Mégantic-Compton. Vous proposez un
réaménagement majeur des délimitations actuelles des
comtés de la rive sud. Vous faites un transfert des municipalités
de Bernières, de Saint-Nicolas et de Saint-Rédempteur du
comté de Lévis à celui de Lotbinière - nous ne
sommes pas trop favorables à cela - ainsi qu'un transfert d'un nombre
important de municipalités des comtés de Beauce-Nord et de
Beauce-Sud à ceux de Bellechasse et Mégantic-Compton. Autrement
dit, il y a un gros réaménagement sur la rive sud dans ce que
vous prévoyez.
La position de l'Opposition et du Parti québécois est la
suivante. Bien qu'on aurait préféré le maintien du statu
quo à court terme pour les comtés de Lévis, de Beauce-Nord
et de Beauce-Sud, on est conscient du problème que risque de poser la
croissance des populations des municipalités de Bernières,
Pintendre, Saint-Rédempteur et Saint-Nicolas, à moyen terme.
Autrement dit, je suis conscient que j'aurais préféré
cette décision, mais c'est de la courte vue. À partir du moment
où il faut regarder cela pour une période d'une dizaine
d'années, je serais très compréhensif et sensible, pour la
rive sud, à un mouvement qui aurait comme conséquence d'envisager
la création d'un nouveau comté. Donc, comme Opposition, on est
favorables à la création d'un nouveau comté sur la rive
sud, s'il existe une marge de manoeuvre nécessaire permettant la
création d'un nouveau comté rencontrant la norme prévue
d'électeurs ei respectant le principe de
l'homogénéité d'une communauté naturelle. Il y a
lieu de regarder cela assez sérieusement, compte tenu des
représentations que les gens de la Beauce vous ont faites, autant ceux
de Beauce-Nord que de Beauce-Sud. Ils ne veulent pas tellement qu'il y ait de
changements dans cette région. Pour des raisons historiques,
traditionnelles, défendables exportées dans tout le
Québec, ces gens ont raison de ne pas vouloir que ce soit trop
modifié; je parle des deux Beauces.
D'ailleurs, le nouveau comté pourrait être
créé à partir du territoire des municipalités
composant la MRC des Chutes-de-la-Chaudière, comme l'ont
suggéré plusieurs intervenants lors des auditions, notamment, les
représentants de la Conférence des préfets de la rive sud
de Québec, au nom des dix MRC.
Ce sont à peu près les remarques que je voulais vous
faire. Pour l'ensemble, M. le Président, je pense que vous avez fait un
travail sérieux. La commission s'est acquittée de ses
responsabilités et ce n'était pas facile. On souhaite qu'elle
puisse faire des ajustements et
qu'elle tienne compte de certaines orientations majeures. Mais,
essentiellement, je pense que vous avez été sensible à
votre mandat, à votre responsabilité et aux objectifs que la
représentation doit poursuivre.
Dernier commentaire avant de conclure, M. le Président, M. le
président de la commission ainsi que M. Côté et ses
collègues. Je n'ai pas d'opinion très ferme sur ce que vous
souhaitiez tantôt. Est-ce qu'il y aurait lieu de désigner une,
deux ou trois circonscriptions du nom d'un, de deux ou de trois premiers
ministres du Québec? Sans avoir fait une réflexion à ne
plus finir là-dessus, comme critique de l'Opposition, il est sûr
que je n'aurais aucune espèce d'objection, je serais même
très favorable à ce que vous envisagiez que la circonscription de
Taillon, dont le nom n'a pas beaucoup de signification, puisse
éventuellement être appelée en mémoire de feu le
regretté René Lévesque. De l'avis de l'Opposition et d'une
très grande majorité de Québécois, M.
Lévesque a été un homme extraordinaire
dévoué à des valeurs comme celles dont on discute
aujourd'hui, c'est-à-dire une représentation la plus
démocratique possible, la plus respectueuse possible d'un bassin
d'électeurs. Je connais un peu Longueuil et je ne pense pas que la
dénomination de Taillon ait énormément de connotation et
de signification historiques pour ce bassin de population. M. Lévesque a
été député de cette circonscription. Il l'a
représentée dignement, fièrement. Vous me demandiez mon
point de vue.,. Je pense que ce serait très, très gratifiant pour
l'avenir du Québec d'avoir une circonscription qui immortaliserait sa
mémoire et son nom, quoique je sois convaincu qu'il n'y ait pas de
problème avec ça. Le nom de M. Lévesque va demeurer des
millénaires pour ceux qui nous suivront. Ce serait tout simplement une
juste reconnaissance, pour ce grand démocrate qu'il a été,
d'avoir une circonscription qui le rappellerait à tout jamais.
Alors, voilà, M. le Président, les principales
considérations que je voulais vous faire. Et, en conclusion, comme le
mentionnait le leader du gouvernement et responsable de la réforme
électorale, en ce qui concerne le critique de l'Opposition officielle
pour le reste de la conduite des travaux, je pense qu'il appartient davantage
aux parlementaires de faire valoir leur point de vue et que vous soyez à
l'écoute de leurs revendications. L'essentiel du travail du critique de
l'Opposition officielle a été - fait dans l'étape que nous
allons franchir. Je suivrai attentivement le reste des travaux mais je vais
laisser aux autres collègues parlementaires le soin de s'exprimer.
Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
porte-parole de l'Opposition.
Maintenant je vais reconnaître le député de
Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Vous me permettrez,
en guise d'introduction, de suivre l'exemple de mes collègues de
Gatineau et d'Abitibi-Ouest en leur disant qu'effectivement - puisqu'ils m'ont
ouvert la porte - je garde autant, sinon plus d'intérêt... J'ai
peut-être plus de temps pour m'intéresser à l'ensemble des
questions de démocratisation de nos institutions politiques. Ma
présence ici, ce matin, l'illustre bien puisque, non seulement je ne
représente pas une formation politique, n'en étant pas une et
n'ayant pas l'intention d'en former une. De plus, je ne suis pas
concerné et ma circonscription électorale ne l'est pas non plus.
Je pense cependant qu'il y a un certain nombre de questions fondamentales qui
méritent d'être regardées maintenant et plus tard. C'est ce
qui me fait dire aussi, M. le Président, que j'ai toujours le même
intérêt. Je veux assurer les deux porte-parole des deux formations
politiques de ma disponibilité et de ma volonté de collaborer
pleinement aux travaux qu'ils souhaiteront pour inspirer les gens qui se
préoccupent de la démocratisation de nos institutions. J'aurai
peut-être l'occasion de revenir là-dessus un peu plus tard et de
leur donner le goût de prendre un certain nombre d'initiatives puisque
l'époque nous permettrait de le faire.
M. le Président, nous sommes réunis pour aborder une des
questions les plus importantes, une des questions qui est probablement au coeur
de la démocratisation des institutions politiques que nous avons connue
au Québec au cours des dix ou quinze dernières années: le
processus de la délimitation de la carte électorale.
On peut difficilement parler d'un processus démocratique tant et
aussi longtemps qu'on n'a pas pleinement démocratisé le processus
de délimitation des circonscriptions électorales. C'est de cette
façon, je pense, qu'on donne un sens à tout le reste. Quand je
pense à tout le reste, je pense, oui, à l'accès au droit
de vote, à la facilitation de l'expression du droit de vote, au
financement des partis politiques mais ce n'est que par une
démocratisation de la délimitation des circonscriptions
électorales que nous pouvons donner un sens, une valeur et une
portée à l'ensemble des gestes majeurs que nous avons
posés pour démocratiser nos institutions politiques.
Quand on dit démocratiser nos institutions politiques, ce n'est
pas pour nous qu'on le fait, c'est pour les électeurs. C'est pour faire
en sorte que les institutions appartiennent de plus en plus aux
électeurs, que les électeurs s'y retrouvent de plus en plus,
accordent, reconnaissent la légitimité des hommes et des femmes
qui les représentent, qui décident pour eux et pour qu'ils aient
la confiance la plus large, la plus solide et ta plus profonde envers les
institutions politiques qui les guident, qui tes dirigent et qui tes
représentent.
L'étape où nous en sommes rendus est une
étape qui suit le prolongement qu'a connu ce dossier au cours des
derniers mois. Je fais allusion, M. le Président, à cet important
débat sur cette question de délimitation des circonscriptions
électorales, l'an dernier, à peu près à la
même époque, je pense, à savoir, si nous retenions
l'idée de baser la délimitation des circonscriptions
électorales sur la population générale plutôt que
sur les électeurs. Je pense que les membres de l'Assemblée
nationale ont pris une bonne décision en retenant que les
circonscriptions électorales continueraient d'être
délimitées en fonction du nombre d'électeurs et que c'est
de cette façon que nous pourrions vraiment respecter
intégralement l'équité de la représentation et donc
du poids politique entre chacun des électeurs et des électrices
du Québec.
Ce matin, nous donnerons à l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale l'occasion de participer pleinement à ce
processus de consultation que mène et qu'a mené jusqu'à
maintenant la Commission de la représentation électorale.
Effectivement, comme ceux qui m'ont précédé ce matin, je
dois dire que voilà une bonne formule où on a réussi
à concilier l'implication et la participation pleine et entière
des élus de l'Assemblée nationale au processus de
délimitation des circonscriptions électorales en même temps
qu'à partager de façon nette, claire et précise le
rôle qu'ils ont à jouer dans les décisions qui doivent
être prises quant à la délimitation des circonscriptions
électorales. Je pense que les dernières années nous ont
prouvé que ce modèle est bien accepté et bien acceptable
et qu'il doit être maintenu en ce qui a trait au rôle des
élus dans le processus de délimitation des circonscriptions
électorales.
Je voudrais faire aussi un autre commentaire sur cette Idée d'un
homme, un électeur, un vote qui est, à mon sens, le principe
fondamental le plus important qui doit guider la commission dans ses travaux.
On sait, et je n'ai pas l'intention de revenir plus qu'il ne le faut
là-dessus, toute l'équité que représente cette
notion, ce principe d'égalité entre chacun des électeurs
pour être bien certain qu'ils aient tous le même poids politique
dans les décisions qui les concerneront directement.
Il faut donc, effectivement, que la commission travaille beaucoup
à partir de préoccupations numériques, quantitatives, si
on veut réellement respecter ce grand principe d'un électeur, un
vote. Mais, en même temps, je pense que cela illustre combien il est
difficile d'y arriver parfaitement parce qu'il ne s'agit pas simplement de
caser des électeurs dans des groupes d'électeurs pour être
sûr qu'on aura 122, 124 ou 125 députés sur un même
pied d'égalité, puisqu'ils doivent aussi représenter des
populations qui vivent dans différents milieux, qui ont des
problématiques particulières, des situations communes. Donc, il y
a une nécessité de les regrouper sur une base dans laquelle ils
se retrouveront, qui correspond à leur quotidien et à leur
vécu personnel et qui permet donc de faire en sorte que non seulement
les députés qui viennent siéger à
l'Assemblée nationale représentent autant d'électeurs les
uns que les autres, mais que chacune des distinctions qui existent entre les
différentes régions et entre les différents milieux de vie
du Québec soit aussi représentée à
l'Assemblée nationale, ce qui fait que certains députés se
préoccupent plus de questions agricoles et d'autres plus de questions
culturelles, etc. C'est aussi parce que, au-delà du nombre
d'électeurs, il y a ce milieu de vie, ce territoire sur lequel on doit
retrouver des électeurs. C'est là au fond, en même temps,
que je dis qu'il faut absolument, au premier niveau, se préoccuper de
cette dimension; c'est là, par contre, que commence à se
compliquer le processus de l'équité entre les différents
électeurs.
Je dois dire que c'est effectivement très difficile. Je pense que
les dernières refontes de la carte électorale nous ont permis,
grâce au travail très studieux et très rigoureux
réalisé par les membres de la commission, d'en arriver à
des situations acceptables et correctes qui alliaient les deux
préoccupations de la façon la plus acceptable possible. Je dirai
aussi qu'il faut beaucoup se méfier des exceptions qu'on est de plus en
plus porté, tous ensemble, à proposer. Plus on regarde le milieu
de vie, plus on regarde la dynamique locale, plus on regarde la
problématique régionale ou sous-régionale, plus on regarde
notre patelin, au fond, plus on est porté à dire que c'est
unique, parce que c'est vrai aussi que c'est un peu unique mais, en même
temps, à trop voir tout comme étant unique au Québec, et
particulier et différent, on va se retrouver avec une carte
électorale qui ne sera plus équitable et démocratique et
qui nous replongera finalement dans une Assemblée nationale où
les décisions ne se prendront pas en fonction du nombre de citoyens, en
fonction des intérêts, donc, des droits premiers des citoyens,
mais plutôt en fonction d'autres préoccupations importantes et
nobles, mais qui ne doivent pas primer ce grand principe de
l'équité quant au poids électoral de chacun des
électeurs. (12 h 15)
Donc, oui, et je suis le premier à le dire, au premier niveau il
faut se préoccuper des milieux de vie, des dynamiques locales,
sous-régionales et régionales, mais soyons très
méfiants, très sensibles à l'idée d'ajouter des
exceptions parce qu'il n'y aura plus de limite à cela. On le voit
déjà à certaines occasions quand on se repenche sur la
carte électorale. Le sentiment spontané d'un peu tout le monde,
c'est de regarder si on ne devrait pas faire l'objet d'une exception. Je pense
qu'il faut faire attention à ce type de mouvement qu'on pourrait
connaître, qui n'en est pas un actuellement, mais qu'on pourrait
éventuellement connaître.
D'autre part, M. le Président, il faut aussi s'assurer de la
stabilité des circonscriptions électorales. Les citoyens d'une
municipalité ou
d'un quartier en milieu urbain, qui sont maraudés d'une
circonscription électorale à l'autre, d'une refonte de la carte
à une autre, c'est évident que cela pose un problème
d'appartenance à un milieu, de reconnaissance, de participation à
une dynamique locale ou sous-régionale. Cela pose un problème
à ces électeurs. Il faut que la commission ait aussi une
préoccupation par rapport à ce type de conséquence. En ce
sens-là, je suis heureux d'entendre les propos du ministre responsable
de la réforme électorale qui nuance beaucoup la position qui
avait été la sienne en janvier 1987 sur la question de la
durée, de la permanence de la carte électorale qui sera issue des
travaux que vous menez actuellement. Votre consultation vous a sûrement
permis de voir encore de plus près et plus réellement combien il
est difficile de faire une carte électorale pour huit, dix ou douze ans,
d'autant plus que la loi ne vous encarcane pas dans une carte qui doit
absolument être respectueuse des critères pour huit ans. Je pense
aussi que l'ouverture d'esprit que manifeste le porte-parole du gouvernement
sur cette question vous donnera encore plus la marge de manoeuvre que vous
devez avoir pour délimiter les circonscriptions électorales en
vue de cette refonte présente de la carte électorale.
J'ajoute aussi un élément, M. le Président, sur
l'idée qui me semble absolument essentielle, et je le dis pour faciliter
le travail et la réflexion sur les prochains travaux de la Commission de
la représentation électorale. Je pense que, dans notre prochaine
refonte de la carte électorale, révision de la carte
électorale, on n'aura pas d'autre choix que d'éliminer un certain
nombre de circonscriptions électorales. Je sais qu'à chaque fois,
c'est difficile et c'est ce qui nous a amenés, reconnaissons-le tous
ensemble, cette fois-ci à dire: Écoutez, on va accepter de passer
de 122 circonscriptions électorales à un maximum de 125 pour que
les commissaires aient entre les mains les outils nécessaires pour ne
pas éliminer des circonscriptions électorales.
C'est évidemment très difficile d'aller expliquer à
un député que son comté n'existe plus du tout. Il faut
considérer ce fait. C'est évident que ce n'est pas quelque chose
de simple, expliquer à une population que, finalement, elle se retrouve
dans deux ou trois autres comtés parce qu'ils ne sont plus suffisamment
nombreux. Je conviens que c'est difficile, et je reviens donc à
l'idée des exceptions. Si, à un moment donné, on n'accepte
pas d'abord de mettre un terme à l'augmentation du nombre de
députés, je pense que notre population ne requiert d'aucune
façon une augmentation addiltoi permet actuellement. Nous avons atteint
ce qu'il faut et ce qui doit demeurer.
Donc, la prochaine étape sera d'envisager la disparition de
certaines circonscriptions électorales. En ce sens-là, la
prochaine fois que vous aurez à réviser la carte
électorale, d'autant plus que vous aurez probablement plus de temps pour
le faire parce qu'il n'y aura pas ce débat autour des orientations de
base à refaire - je le souhaite en tout cas - il faudra que vous
envisagiez plutôt de recommencer un peu à zéro la
délimitation des circonscriptions électorales. Je dis "un peu" en
ce sens qu'à force de vouloir aménager les frontières de
toutes les circonscriptions électorales, c'est là que cela
commence à être compliqué. C'est là qu'on commence
à avoir une confrontation entre l'équité d'un
électeur, un vote et le respect des milieux de vie et là on
commence à promener des municipalités ou des quartiers d'une
circonscription à l'autre.
Je ne dis pas qu'il faut refaire tout le Québec, mais je pense
que. quand on y regarde de plus près dans certaines régions du
Québec, c'est clair - j'en suis convaincu - que ce serait beaucoup plus
facile de repartir en disant: Et s'il n'y avait pas de circonscription et qu'on
repartait, ce serait beaucoup plus facile que d'essayer de corriger et de
travailler à partir de ce qui existe.
Je pense que les membres de l'Assemblée nationale devraient vous
indiquer qu'ils reconnaissent que la logique des grands principes qu'on
retrouve dans la loi devrait vous permettre éventuellement, pour au
moins un certain nombre de régions du Québec, d'être en
mesure de commencer vos travaux de cette façon et aussi peut-être
réussir à mieux respecter les milieux de vie qui, dans certains
cas, sont de plus en plus difficiles à respecter, parce qu'on essaie de
moins chambarder la carte électorale. Je l'ai dit tantôt, il faut
respecter aussi cette notion de stabilité des circonscriptions
électorales, mais je pense qu'il faut trouver un certain
dénominateur commun dans tout cela.
Concernant la question de la dénomination des circonscriptions
électorales, je suis bien à l'aise pour répéter ce
que j'ai toujours dit sur cette question. Non pas par la volonté
exprimée par le président de la commission de vouloir honorer la
mémoire de deux très honorables expremiers ministres du
Québec, M. Lesage et M. Lévesque, mais je pense qu'il faut, avant
de le faire, se poser la question à savoir si nous voulons continuer
à donner aux circonscriptions électorales des noms qui ne
correspondent pas nécessairement à des milieux de vie dans
lesquels les citoyens se retrouvent. J'en ai parlé en janvier 1987, j'en
reparle aujourd'hui. Les citoyens de ma circonscription électorale ont
fini par s'habituer au fait qu'ils étaient des citoyens du comté
de Gouin parce que quelqu'un, un jour, a décidé de les baptiser
électeurs du comté de Gouin, mais ils ne comprennent toujours
pas. Ceux qui sont à l'extérieur de la circonscription ont la
conviction que le boulevard Gouin, évidemment, traverse la
circonscription d'un côté à l'autre.
Je pense qu'il faut faire attention. Je pense, dans ce sens, que la
formule fédérale est une formule plus souhaitable, plus correcte
quant aux
objectifs qu'on doit avoir, qui sont aussi de faire en sorte que les
citoyens se retrouvent dans le nom de leur circonscription électorale.
Évidemment, cela donne lieu à des appellations composées.
Pensons à Mégantic-Compton-Stanstead, au fédéral,
mais mon Dieu que le citoyen du coin concerné doit se retrouver un peu
mieux, et quand il voit son député désigner sa
circonscription électorale, cela doit être un peu plus facile pour
lui de savoir que c'est de son comté dont on parle que si on appelle son
comté la circonscription de Taillon ou de Lacoste. Je pense que cette
volonté d'honorer des personnes doit être bien
évaluée une dernière fois par la commission de la
représentation parce que ce n'est pas un facteur qui permet aux citoyens
de mieux se retrouver dans leur circonscription électorale, donc
d'ajouter au sentiment d'appartenance qui est déjà difficile pour
eux, considérant tous les critères qui entrent en ligne de compte
pour délimiter une circonscription électorale.
Cela dit, évidemment, si la commission décidait de
maintenir sa volonté d'honorer des personnes qui ont marqué le
Québec dans l'appellation des circonscriptions électorales, je
suis évidemment d'accord pour qu'une circonscription de la grande
région de Montréal porte le nom de M. Lévesque, comme je
suis d'accord qu'une circonscription de la grande région de
Québec porte le nom de M. Lesage. Je pense que ne pas le faire serait
vraiment vous placer dans une situation encore plus incompréhensible,
étant donné tous les autres premiers ministres qui ont
été honorés, entre autres, de cette façon.
Mais il y a beaucoup d'autres façons de le faire. D'ailleurs,
Montréal a trouvé une façon assez extraordinaire de le
faire pour M. Lévesque. Il y a beaucoup d'autres façons de
signaler la reconnaissance que l'on a à l'endroit d'hommes et de femmes
politiques, mais c'est ajouter inutilement trop d'éléments
à considérer pour la commission pour en arriver à des
circonscriptions électorales qui ont toutes les qualités, toutes
les vertus qu'on doit ou qu'on souhaite y retrouver. J'attire votre attention
là-dessus.
Finalement, sur les propositions que vous avez sûrement entendues,
vous me permettrez de vous dire - c'est peut-être le seul commentaire
local que je ferai - que si jamais vous aviez l'intention d'ajouter une
circonscription électorale dans la grande région de Québec
- je veux juste compliquer le travail un peu - là, je pense qu'on
poserait un geste d'inéquité envers les gens de la grande
région de Montréal parce que, effectivement, ajouter une
circonscription dans la grande région de Québec ferait en sorte
que, région pour région, il y aurait là une
inéquité. Je veux au moins attirer votre attention
là-dessus. Je pense qu'il faut tenir compte des équilibres entre
les grandes régions du Québec et, de cette façon, il faut
être sensible à la tentation que vous auriez peut-être
à la suite des consultations que vous avez menées d'ajouter une
circonscription dans la région de Québec. En soi, cela se tient
sûrement, mais il faut voir aussi l'effet sur le reste du Québec
et particulièrement pour la grande région de Montréal.
Je ferai un dernier commentaire, M. te Président, à
l'endroit du ministre, cette fois-ci pour lui dire que je considère,
oui, que c'est important, une carte électorale bien faite, oui, c'est
important le respect d'un électeur, un vote. Je pense qu'il ne faut pas
se satisfaire de cela et que ce n'est pas suffisant pour permettre une saine,
une démocratique et une bonne représentation de l'ensemble des
citoyens du Québec à l'intérieur de nos institutions
politiques.
Je l'inviterais, vu qu'il a sûrement du temps pour le faire,
même si le tourisme est passionnant, je n'en doute pas, et que
l'Assemblée nationale a du temps, lorsqu'on regarde le menu
législatif, pour le faire aussi, je pense que le gouvernement ou
peut-être une commission bipartite de l'Assemblée nationale, donc,
une commission qui serait au-delà des formations politiques, devrait se
repencher sur la question du mode de scrutin. Je ne vous dis pas cela en
fonction du nouveau statut que j'ai. J'ai toujours été favorable
à une réforme du mode de scrutin qui ouvre plus largement les
portes de l'Assemblée nationale aux différents courants qu'on
retrouve à l'intérieur de notre société, qu'on
retrouve de plus en plus dans notre société et de moins en moins
à l'Assemblée nationale. Je pense qu'il faut aller vers une
refonte du mode de scrutin pour ouvrir plus largement les portes de
l'Assemblée à une meilleure, à une plus grande et plus
solide représentativité des différents courants et des
différentes tendances qu'on retrouve de plus en plus dans notre
société et, je le répète, de moins en moins
à l'Assemblée nationale, pour vraiment que notre Assemblée
poursuive l'évolution qu'elle a connue au cours des dernières
années dans le sens d'une plus grande représentativité et
donc d'une plus grande démocratisation. Je pense que c'est le pas qu'il
nous reste à franchir et que nous devrions rediscuter tous ensemble,
rapidement, au-delà 'des divergences partisanes qui peuvent exister. Je
pense que, finalement, le moment actuel est peut-être un des meilleurs
moments à l'intérieur des pires moments parce que reconnaissons
que ce n'est jamais le temps, prétendons-nous, de réformer un
mode de scrutin, mais c'est peut-être le meilleur moment de le faire
maintenant pour qu'on puisse arriver à quelque chose rapidement de ce
côté.
Il y a différentes formules qui ont été mises sur
la table au cours des dernières années. Je pense qu'il y a
suffisamment de réflexions qui ont été faites autour de
cela pour nous permettre de ne pas reprendre tout cela à zéro,
mais de partir de l'ensemble des propositions faites au cours des
dernières années pour au moins permettre à des
parlementaires de se reposer une nouvelle fois cette question pour, je le
souhaite, déboucher sur des décisions qui Iraient dans le
sens d'une plus grande ouverture du Parlement sur la
société que nous disons et prétendons représenter.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Gouin. Pour les cinq dernières minutes, je vais
reconnaître le député de Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Seulement quelques mots,
quelques remarques, étant donné que les députés de
la région de Québec auront l'occasion de faire valoir, par leurs
porte-parole, le point de vue sur lequel ils se sont entendus à la suite
du rapport du Directeur général des élections. Simplement
pour vous dire, M. le Président, que la commission comprendra que c'est
normal et que ce n'est jamais de gaieté de coeur que des
députés voient leur circonscription électorale
modifiée. Cela se comprend facilement. Les députés ont
développé des liens, ont parcouru pendant des années et
des années la totalité de leur circonscription électorale,
s'en sont occupés, se sont dévoués, ont là des
amis, des collaborateurs. Il faut comprendre que ce n'est pas par immobilisme
ou par refus du changement que les députés agissent de la
sorte.
C'est un peu comme un père de famille - et toute comparaison est
boiteuse et celle-là particulièrement - à qui on dirait de
se départir d'un de ses enfants. Il ne peut pas choisir. La famille,
c'est la famille, et au cours des ans, pour un député, ses
électeurs et ses électrices deviennent en quelque sorte sa
famille, il s'identifie à eux et il espère un peu que c'est la
même chose de la part de ses électeurs et de ses
électrices. Cette éventualité ne sourit à personne.
Il est normal, considérant que tout se concentre vers le sommet, vers le
député, qu'on ne retrouve pas, iI ne faudrait pas
interpréter comme de l'insensibilité ou un manque
d'intérêt de la part des électeurs le fait qu'ils ne
réagissent pas plus qu'ils ne le font, particulièrement, en tout
cas, pour la région de Québec.
Un grand nombre d'électeurs et délectrices m'en ont
parlé. Des représentants des corps Intermédiaires m'en ont
parlé. Ils font preuve, et |'ai tenté de les convaincre du
contraire, d'un certain fatalisme, ils disent: Si c'est cela qui a
été décidé, c'est cela qui est
décidé. J'essaie de leur expliquer, comme vous avez
essayé, mais je suis sûr que vous avez eu un peu la même
réponse que moi, que la commission est maître du jeu
là-dedans. Même si on allait faire valoir des points de vue, on
n'est pas trop au courant des critères, on ne pèsera pas fort
dans la balance et de toute façon, ce qu'on dit au député,
on considère qu'on l'a dit à la commission. On dit au
député: "Vous le ferez valoir à la commission quand la
commission parlementaire siégera." (12 h 30)
Qu'il y ait eu simplement deux ou trois personnes, quelques intervenants
seulement dans la région de Québec, il ne faudrait pas s'y
tromper, M. le Président, et c'est ce que je tiens à rappeler
avant que les députés de la région de Québec
fassent connaître leur point de vue et certaines contre-propositions qui
mériteraient d'être étudiées davantage par la
commission.
M. le Président, je souligne en passant, aussi, qu'il est
important de s'assurer qu'à l'Intérieur d'une circonscription
électorale, il n'y a pas trop d'intérêts totalement
opposés ou divergents, parce que cela condamne le député
à faire continuellement une sorte d'arbitrage. Cela le condamne,
à la limite, à l'immobilisme et c'est dans ce sens-là que
le député pourra représenter ses électeurs et ne
pas trop souvent avoir à choisir parmi eux des groupes
d'intérêts bien identifiés qui s'opposeraient et qui ne lui
permettraient pas ou l'obligeraient à choisir très souvent et
à oublier une partie de ses électeurs et électrices. En
tout cas, c'est un côté des choses qui vaut la peine d'être
considéré.
Je sais que vous avez eu des égards particuliers pour un certain
nombre de critères. Je sais qu'ils vous sont définis dans la toi,
mais comme vous le verrez demain après-midi, les députés
de la région de Québec ont fait une étude sérieuse
de vos propositions, les ont regardées de très près, ont
passé de très nombreuses heures à regarder comment tout
cela pourrait s'articuler, s'arrimer ensemble et par la suite vont
présenter à cette commission parlementaire une analyse des
recommandations en ce qui concerne la région de Québec avec des
propositions qui, je l'espère, pourront, étant donné
qu'elles font l'unanimité des députés de la région
de Québec, donner suite de votre part à un certain nombre
d'ajustements qui permettraient de rencontrer des difficultés ou des
problèmes que poseraient, selon nous, les propositions que vous
faites.
Alors, sans prolonger plus, M. le Président, c'est tout
simplement pour annoncer que, demain après-midi, nous serons au poste et
nous aurons l'occasion à ce moment-là de rendre public le rapport
préparé par les députés de la région de
Québec ensemble.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. En conclusion, M. le ministre.
Conclusion
M. Michel Gratton
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président, parce qu'il me semble qu'il existe encore une certaine
incompréhension, tout au moins chez la population, dans certains cas,
à savoir qui est responsable de la délimitation des
circonscriptions électorales.
À titre de ministre délégué à la
Réforme électorale, j'ai reçu de nombreuses
représenta-
tions en réaction au rapport préliminaire qu'avait
déposé la Commission de la représentation
électorale. Je désire tout simplement répéter ce
que tous les membres de la commission savent déjà, que ni le
gouvernement, ni même l'Assemblée nationale n'a à
s'ingérer et ne s'ingère dans le processus de délimitation
de la carte électorale. La Commission de la représentation
électorale a toute la latitude voulue en fonction des critères
fixés dans la loi pour faire un travail objectif, indépendant,
autonome, tant du point de vue législatif qu'exécutif, et c'est
ce qui m'a inspiré ce matin de ne pas réagir d'aucune
façon, au nom du gouvernement, aux propositions faites par la commission
dans son rapport préliminaire.
M. le Président, je tiens à dire que ni le gouvernement en
tant que tel, ni le Parti libérai du Québec, qui forme
présentement le gouvernement, n'ont d'avis à communiquer de
façon officielle ou officieuse aux membres de la Commission de la
représentation électorale. Je le dis pour que les membres de la
commission soient tout à fait à l'aise et prennent
évidemment en considération les représentations qui leur
sont faites par les députés ministériels, mais qui sont
faites uniquement en leur nom et au nom de leurs commettants respectifs et non
au nom du gouvernement.
Cela dit, je me permettrai, très brièvement, de faire
allusion à deux propos qui ont été tenus par le
député de Gouin, notamment. Je partage son point de vue à
savoir que si on souhaite et si la commission de la représentation
souhaite honorer des personnages en désignant une circonscription
électorale de leur nom, cela ne doit manifestement pas devenir un
critère qui n'est pas inclus dans la loi et que si une telle chose est
possible en respectant les critères énoncés dans la loi -
et là, je parle à titre strictement personnel - II me semble que
la commission pourra agir selon son bon vouloir. Chose certaine, si le
législateur n'a pas inclus ce critère dans la loi, je suppose que
c'est volontairement et en connaissance de cause et que, si le
législateur voulait le souhaiter, la façon réelle
d'inscrire son souhait pour que la commission de la représentation en
tienne compte, ce serait, évidemment, de l'inscrire dans la loi, ce qui
n'est pas le cas présentement.
Dans un deuxième temps, sur le mode de scrutin, le
député de Gouin suggère qu'on y repense. Je ferai
remarquer au député que je me suis déjà
engagé et que, très prochainement, nous entamerons tout le
processus d'amendement à la Loi électorale et que cela n'exclura
pas, bien entendu, la discussion autour de la réforme du mode de
scrutin. Je voudrais que ce soit très clair dès maintenant, il
n'est pas dans l'intention du gouvernement, possiblement à moins de deux
ans de l'élection générale, de pousser très loin la
réflexion sur la réforme du mode de scrutin. Nous consacrerons
nos efforts en priorité aux très nombreuses questions qui se
posent quant à des amendements à apporter à la Loi
électorale et ce, de façon que nous puissions y procéder
suffisamment longtemps avant les prochaines élections
générales. Cela, à mon point de vue, exclut toute
possibilité d'amender la loi en ce qui a trait au mode de scrutin avant
les prochaines élections générales, ceci pour assurer et
le député de Gouin et l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale qu'on ne risque pas de tenir les prochaines
élections générales à partir d'un nouveau mode de
scrutin.
Cela dit, M. le Président, je remercie à nouveau les
membres de la Commission de la représentation électorale de leur
présence. Je sais que les discussions qui s'entameront cet
après-midi avec les membres de la commission seront toutes empreintes de
ce désir d'améliorer et de contribuer à un meilleur
processus de délimitation des circonscriptions électorales.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
Nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 14 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 14 h 12)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre s'il vous
plaît!
Interventions des députés de la rive
nord de Montréal-Lanaudière-Laurentides
Nous reprenons nos travaux. Nous allons entendre les
représentants de la rive nord de
Montréal-Lanaudière-Laurentides qui veulent intervenir sur les
propositions de réforme de la carte électorale de votre secteur.
Je vais reconnaître la députée de Groulx.
Mme Madeleine Bleau
Mme Bleau: M. le Président de la commission des
institutions, M. le président de la représentation
électorale, je me présente devant vous avec deux courts
mémoires: le premier décrit un peu plus le côté
d'appartenance de mon comté et le deuxième est un peu plus
technique. Je me sens très à l'aise de le faire, puisque lors de
la dernière refonte de la carte électorale, en 1980, comme simple
citoyenne, j'avais présenté un mémoire devant la
commission afin de demander que la ville de Bois-des-Filion ne soit pas
comprise dans les délimitations du comté de Terrebonne. Si vous
consultez cedit mémoire, vous verrez que les positions que je
défendrai aujoud'hui comme députée sont à peu
près les mêmes que je défendais en 1980. La
différence, c'est que j'ai à défendre les concitoyens de
deux municipalités, Lorraine et Bois-des-Filion.
Après la formation du comté de Groulx, le
sentiment d'appartenance a fait son chemin. Il est très
ancré dans l'esprit des gens maintenant. Les deux villes qu'on songe
à détacher sont chez elles dans le comté de Groulx. En
effet, les six villes qui forment le comté de Groulx forment aussi la
MRC Thérèse-De Blainville. Tous les services, aqueduc,
égout, CLSC, commerces, etc viennent de la ville de Rosemère,
à l'ouest de Bois-des-Filion. Aucune affinité pour Lorraine et
Bois-des-Filion, deux villes dortoirs, avec Sainte-Anne-des-Plaines et
Terrebonne, villes agricoles en partie et Industrielles.
Dans la loi actuelle, on limite le nombre d'électeurs dans un but
louable, je crois, celui de permettre au bureau du député de
fournir à ses concitoyens les meilleurs services dans un laps de temps
très court. Dans le comté de Groulx, cette règle n'est pas
difficile à appliquer. En effet, de l'endroit le plus au nord-ouest du
comté, qui est la ville de Blainville, à l'endroit le plus au
sud-est du comté, qui est la ville de Bois-des-Filion, il ne faut que
dix minutes à un citoyen pour se déplacer.
Trois autoroutes sillonnent le comté: les autoroutes 13, 15 et
640. Qu'on habite Sainte-Thérèse, Blainville, Boisbriand ou
n'importe quelle autre municipalité, on peut aller d'un endroit à
l'autre cinq ou six fois dans la même Journée sans aucun
problème.
De plus, l'esprit qui anime tous les gens de n'importe quelle ville de
mon comté est un esprit de fraternité, d'entraide et de
leadership. Tous appartiennent à la même chambre de commerce, tous
font partie de la même Société de développement
économique, du même CLSC. Nous n'avons qu'un exemplaire de chacun
des organismes pour le comté. C'est vous dire combien est
impliquée chacune des municipalités dans le processus
décisionnel de la vie économique et sociale du comté de
Groulx.
Je vous soumets ce mémoire avec l'encouragement et l'espoir de
tous les citoyens et de tous les organismes du comté qui m'en ont fait
part. Ceux-ci d'ailleurs vous ont fait parvenir, pour la plupart, des
résolutions à cette fin.
La loi actuelle ne nous permettra pas d'augmenter sans fin le nombre de
comtés dans toute la province. Avec les changements proposés, on
en est déjà à un comté près du nombre
limite. Pour toutes les raisons énumérées plus haut et
pour le moment, Je vous demande donc une dérogation pour le comté
de Groulx. Le nombre d'électeurs n'est pas du tout un handicap au bon
fonctionnement du comté. Au contraire, en se voyant amputé de
deux de ses villes, le comté de Groulx et les citoyens auraient à
subir un grave préjudice.
Je dirais que ceci est pour le côté du coeur. Je vais
maintenant vous soumettre un peu le côté technique sans vous
obliger à suivre le mot à mot. Je vais vous sortir quelques
grandes lignes que je trouve les plus Importantes.
Bien que l'un des principes consiste à toucher le moins de
personnes et de circonscriptions possible, la carte proposée ne va pas
sans conséquences sur les comtés actuels, premièrement, en
modifiant les limites des comtés mis en place, comme le comté de
Groulx, seulement depuis 1981, en affectant des comtés conformes quant
à la représentativité sans que ceux-ci ne soient vraiment
concernés - et je pense à Rousseau - et en modifiant les
territoires d'application d'organismes régionaux nouvellement
créés.
Dans sa forme actuelle, une telle proposition soulève plusieurs
interrogations, mais je ne vous en soumettrai que deux. N'est-il pas
prématuré de proposer une nouvelle carte dont les
conséquences négatives sur tes communautés
régionales ont été presque unanimement
décriées lors des audiences publiques? N'est-il pas
préférable d'attendre que l'évolution démographique
soit davantage stabilisée avant d'entreprendre une nouvelle
délimitation dont l'horizon d'application serait plus sûr?
La grande région couvrant les MRC de Deux-Montagnes, de
Thérèse-De Blainville, des Moulins et de L'Assomption a
enregistré une croissance démographique de l'ordre de 11 % entre
1981 et 1986 contre 3,3 % pour la région métropolitaine de
Montréal.
Les projections démographiques laissent entrevoir une progression
soutenue pour les prochaines années. Les projections pour l'an 2001
établissent à plus de 400 000 personnes la population de ces
quatre MRC. Vous verrez par les tableaux suivants, que Je vous ai
déposés, quelles sont justement ces progressions à
venir.
L'évolution des permis de construction corrobore cette situation
de forte croissance comme en témoignent les données des tableaux
suivants aussi. Deux parcs industriels importants dans mon comté,
Boisbriand et Blainville, sont en plein essor. Automatiquement, comme il y a de
nombreuses industries qui s'implantent, beaucoup d'employés
emménagent forcément dans ma région puisqu'ils travaillent
dans les grandes industries qui s'implantent dans mon comté.
La population totale projetée pour ces régions laisse donc
entrevoir la nécessité de revoir le découpage
électoral à très court terme. Il apparaît plus
important d'attendre les données réelles que de composer avec des
projections qui, selon moi, sont très changeantes pour le moment.
Parallèlement à ces considérations, la
région du nord s'est caractérisée par une volonté
de consolider les régions d'appartenance et par la création
d'organismes d'intervention appropriés. Le domaine d'application de ces
organismes s'établit généralement à
l'intérieur des limites territoriales des MRC qui, dans le contexte de
la rive nord, correspondent à peu près toutes aux comtés
provinciaux. Les représentations aux audiences publiques ont
confirmé le dynamisme de ces organismes et la volonté de ne pas
modifier leur territoire d'application.
La rive nord comporte donc plusieurs
régions d'appartenance au dynamisme important et dont il faut
véritablement tenir compte au même titre, sinon davantage, que le
critère mathématique de délimitation. Ces données
permettent de conclure à: une croissance démographique importante
pour la région pour les années passées; une croissance
soutenue pour les prochaines années; une situation de mouvement et non
de stabilité démographique, rendant actuellement difficile une
nouvelle délimitation basée sur ce critère; la
présence de plusieurs régions d'appartenance dotées
d'organismes d'interventions spécifiques, la volonté quasi
unanime de ne pas modifier leur territoire d'application, correspondant en
majorité aux limites actuelles des comtés, telle que
présentée lors des audiences publiques de novembre 1937,
Dans ce contexte, deux propositions apparaissent possibles: le statu quo
- dont je ne vous parlerai pas - et le statu quo révisé dont
j'aimerais vous parler et qui pourrait peut-être amener une vision
nouvelle. La proposition se base sur les principes suivants: maintien du nombre
de comtés, donc statu quo pour les comtés de Groulx, de
Terrebonne et de Rousseau; transfert des municipalités de
Saint-Gérard-Magella, de L'Épiphanie ville et de
L'Épiphanie village, du comté de L'Assomption au comté de
Joliette. Les résultats dans chacun des comtés pourraient
s'équilibrer, à ce moment-là. Cela représente les
avantages suivants. Elle soulage le comté de L'Assomption, soit celui
qui présente un véritable problème, puisqu'il
excède la moyenne actuelle de près de 31 %; en transférant
les municipalités du nord du comté au comté de Joliette,
l'écart pour L'Assomption s'établit à 17,6 %, alors que
Joliette ne dépassera pas 16,3 %. Elle évite la modification des
limites actuelles de comté et n'affecte pas les comtés qui sont
conformes aux normes et qui n'étaient concernés que par l'effet
domino. Elle maintient le comté d'exception de Groulx, lequel ne
dépasse que de peu la limite supérieure à la moyenne,
25,01 %. Elle permet une période d'attente et de réflexion sur
une révision possible des critères de délimitation et de
la délimitation elle-même, une fois la croissance
démographique davantage stabilisée. Elle ne perturbe pas les
appartenances régionales - c'est très important - qui sont en
voie de consolidation et qui, pour moi, sont déjà
consolidées. Les avantages de cette proposition surpassent de beaucoup
les désavantages en respectant les critères de la commission et
les volontés régionales.
Je pense que la principale conclusion est la demande de ne pas
précipiter les événements en proposant une carte allant
à l'encontre des représentations régionales et dont
l'horizon risque d'être modifié à court terme en raison des
mouvements démographiques actuels. Le contexte démographique et
ses répercussions régionales vont devoir impliquer une
réflexion sur la nature même de la représentativité
et la pertinence des critères actuels.
Par exemple, devra-t-on toujours procéder à des
révisions périodiques des délimitations pour s'adapter aux
mouvements démographiques? Celles-ci entraînent un processus de
transfert de municipalités d'un comté à l'autre qui va
souvent à l'encontre des communautés et qui modifie les
territoires d'application des organismes régionaux. Ne peut-on pas
envisager un découpage plus fixe, correspondant, par exemple, au
territoire des MRC et y appliquer un système de représentation
peut-être proportionnelle? Il y aurait, à ce moment-là, une
seule variable à modifier, soit celle de la
représentativité et non celle de la délimitation.
Différents scénarios devront être
développés pour correspondre tôt ou tard à la
nouvelle réalité démographique et impliqueront une
réflexion sur le sujet. Dans ce contexte, la révision actuelle
apparaît prématurée, la proposition de statu quo
révisé apparaissant comme une solution de compromis
appropriée.
J'espère que vous allez lire mes petits mémoires avec un
esprit ouvert, en tenant compte du fait que, comme simple citoyenne,
déjà à ce moment-là, j'étais venue
présenter un mémoire parce que je ne voyais vraiment pas comment
Bois-des-Filion et Terrebonne pouvaient s'ailler dans un contexte semblable.
Alors, j'espère que vous allez en tenir compte et je vous en
remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée. M. le député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. D'abord, je
tiens à vous saluer et je sais que vous n'avez pas une tâche
facile à accomplir parce que dès qu'on touche à un iota du
fief d'un député, il regimbe de façon naturelle,
intempestive souvent, mais combien normale.
Quelques remarques générales. Bien sûr, le but de
votre fonction, c'est de faire en sorte qu'un vote d'un électeur dans un
coin du Québec ait la même valeur qu'un vote d'un électeur
dans un autre coin du Québec. Cependant, nous savons que c'est une
impossibilité mathématique pour différentes raisons que je
n'élaborerai pas ici parce que tout le monde est au courant.
Évidemment, si on regarde la représentativité à
l'Assemblée nationale - comparons-nous un peu à l'Ontario - il y
a 9 200 000 personnes en Ontario et ils ont 130 députés. Nous
avons 6 500 000 personnes au Québec et nous avons 122 ou 124
députés. Alors, il y aurait une surreprésentation à
notre Assemblée nationale comparativement à l'Assemblée
nationale, si on peut l'appeler ainsi, de l'Ontario. Et il y a une limite, je
crois, à ajouter des comtés au Québec. Il y a une limite
physique aussi de l'autre côté, mais ce n'est pas un facteur
très valable pour la démocratie que de dire: On n'ajoutera
pas
d'autres députés parce qu'il n'y a plus de place à
l'Assemblée nationale, cela demeure quand même que c'est un aspect
qu'il faut regarder calmement, mais il est là.
Je suis tout à fait d'accord quand on dit qu'on devrait faire une
révision générale, totale et entière de toutes les
circonscriptions du Québec, à l'échelle de la
totalité du Québec, et ceci sur une base moderne que l'ensemble
des députés et des gouvernements ont essayé d'inculquer
à la population depuis quelques années. La base d'appartenance
nouvelle et la base d'appartenance moderne aujourd'hui, ce n'est plus le
comté, c'est la MRC. L'idéal, le rêve absolu, ce serait
qu'il y ait un découpage total et entier du Québec à
zéro, comme on dit, mais je ne partirais pas à zéro, je
partirais avec la base des MRC.
Pour être très bref, je vais citer deux exemples. Prenez
Laval qui a une MRC et il y a cinq comtés entiers, ligne pour ligne,
à l'intérieur de cette MRC. Il pourrait y avoir des comtés
où il y a deux MRC, il pourrait y avoir des comtés où il y
a une seule MRC, mais la coïncidence des lignes entières à
l'intérieur de chacune des MRC qui est, au Québec, la nouvelle
voie du sentiment d'appartenance, ce n'est plus le comté. Depuis des
années, nous nous débattons sur le territoire pour dire que c'est
la MRC qui est le facteur d'appartenance totale. Je parle de façon
égoïste parce que le deuxième exemple, c'est le comté
de Terrebonne qui est une MRC, une commission scolaire et un comté ligne
pour ligne, population pour population. C'est donc dire que les
différents élus, autant les élus locaux ou les élus
régionaux que les élus provinciaux ont de la facilité
à travailler parce qu'ils ont les mêmes gens, les mêmes
délimitations territoriales et ont, à ce qu'on dit, la même
appartenance au territoire moderne, les MRC. Je crois qu'il est impossible de
faire une division totale et absolue basée seulement sur les MRC.
J'ai essayé, je vous le dis, mais c'était un peu trop pour
un seul homme. Certaines personnes m'ont dit qu'elles avaient essayé en
groupe et qu'elles n'étaient pas parvenues à trouver des
solutions idéales parce qu'il y a Québec et Montréal, et
c'est différent. (14 h 30)
Le principe selon lequel un votant a droit à la même
représentation à l'Assemblée nationale est un principe de
base que tout le monde défend du fond de son coeur et de son âme,
mais dans le sens de la démocratie, bien sûr, c'est cette base que
nous devons avoir à l'esprit. Il arrive que même nous, les
législateurs, savons que c'est tellement impossible que nous avons dit:
Selon les circonstances, plus ou moins 25 %. On en parle. C'est tel nombre plus
25 %. Cela voudrait donc dire que dans certains comtés qui ont la
moitié d'un autre ou presque, dans certaines circonstances
l'électeur vaut la demie. Nous allons presque à la demie de la
représentativité. Il y a donc quelque chose d'un peu sournois sur
la représentativité, à l'Intérieur de cette saine
démocratie.
Me basant sur cela, c'est la représentation des électeurs
à l'Assemblée nationale qui est Importante. À
l'Assemblée nationale, l'électeur doit être
représenté de la même façon ou de la façon la
plus égale possible. Si on avait moins 25 % ouvert ou moins 35 %,
ça ne me dérangerait pas, à la condition que ce moins 25 %
ou que ce moins 35 % soit reporté sur les grands ensembles urbains et
non pas sur les campagnes. Je suis entre les deux, je suis bien placé
pour parler. Un instant! Le député lui-même dans son
rôle, égoïstement parlant, se doit de travailler pour ses
électeurs. Vous savez que dans une ville comme Montréal où
on est 30 députés devant une mairie et que dans une campagne
où on est 1 député pour 30 maires, il y a peut-être
un peu plus de temps à passer pour que l'électeur soit sainement
représenté de la même façon.
C'est peut-être souvent impossible de réaliser
l'équilibre de la représentativité dans les campagnes avec
un homme un vote égal devant la démocratie, c'est vrai, mais il
demeure quand même, selon l'obligation que l'on concède aux
députés, que les personnes seront plus ou moins bien
représentées parce que manque de temps ou trop de travail. Ce
n'est pas que je veuille déprécier les députés
urbains, ils ont un travail fou à faire eux aussi, mais ils n'ont pas de
chemin, pas d'agriculture, très peu d'environnement, pas
d'égouts, pas d'alimentation en eau. Ils ne s'occupent même pas
des hôpitaux parce que c'est généralisé. Alors ils
ont plus le temps de s'occuper de façon directe de leurs
électeurs tandis que les pauvres députés ruraux qui ont
25, 30 et même jusqu'à 54 municipalités dans certains
comtés... Est-ce que vous voyez le travail de ces
députés-là pour que la démocratie joue son plein
rôle? Il y a ce côté-là. Si on a un plus 25 %, cela
ne me ferait absolument rien - c'est même plus 35 % dans certains
comtés - à la condition que le plus soit
généralisé dans les régions urbaines et non dans
les régions rurales pour donner une chance aux députés
ruraux de faire au moins des représentations égales, d'avoir plus
le temps d'y aller en ayant moins d'électeurs.
Cela dit, sur la base générale, je sais que ce n'est pas
facile. Je vous dis que je préfère être
député qu'être à votre place parce que nous,
égoïstement parlant, on ne défend qu'un petit coin ou qu'une
petite région. Dans ce cas-ci, je vais revenir égoïstement
aux propos que je veux tenir sur ma région, je ne vais pas me borner
à Terrebonne. Égoïstement et, de façon partisane, je
voudrais ouvrir une parenthèse. Il serait très sain pour le Parti
québécois que la division soit telle qu'elle, nous aurions un
député de plus. Mais ce n'est pas de cela que je veux parler,
cela ne doit pas venir en ligne de compte. L'élection n'est pas faite
mais, chiffre pour chiffre...
Une voix:...
M. Blais: Je m'excuse, normalement, c'est un monologue ici. Ligne
pour ligne, si on regarde les choses, ce serait une bonne chose, du
côté partisan, qu'il en soit ainsi. Cela donnerait deux
comtés à majorité péquiste. Bon! Mais je ne veux
pas du tout qu'il en soit ainsi parce que l'ensemble des gens, ce n'est pas une
représentation égoïste d'un territoire, ce n'est pas une
représentation égoïste d'un fief. Je ne suis pas le seigneur
de Terrebonne qui défend ses rues. Il y a une chose que je dois dire, il
y a deux comtés dans notre région, ce qui fait que si ce
chambardement arrive, il y a un tout petit surplus de gens, mais très
peu, 25,02 % dans Groulx et L'Assomption... C'est L'Assomption qui est le
réel problème. À 25,02 % dans Groulx, vous savez que
personne ne s'arrachera les cheveux pour laisser cela tel quel. L'Assomption
fait problème cependant. Pourquoi changer quatre ou cinq comtés
quand on pourrait prendre L'Assomption qui est le problème et en passer
une partie au côté de Berthier ou de Joliette qui sont
collés et qui n'ont pas le nombre suffisant d'électeurs et qui
peuvent en prendre beaucoup, tout en sachant que Joliette se dépeuple
depuis quelques années? Joliette a été tellement stable
que ça se dépeuple.
Je sais que mes confrères de la région sont très
bien préparés, ils m'en ont parlé et je suis d'ailleurs
d'accord avec leur présentation. Regardez le nombre d'électeurs
dans Joliette. On pourrait même regarder Berthier aussi qui peut prendre
des gens. Le problème réel est L'Assomption. Pourquoi ne pas
prendre L'Assomption et donner son trop-plein vers les deux comtés du
nord ou seulement un, c'est à vous de le décider, et de laisser
calmement les autres comtés à leur place et attendre? Le
développement tire à sa fin, vous savez. Les condos ne se vendent
plus depuis un an. On prévoit, l'an prochain, que la construction
domiciliaire va chuter à 48 000 unités plutôt que 75 000
comme l'an passé. Il y a une stabilité qui s'en vient. Il y a une
limite aussi à quitter les villes. On semble arriver vers cette limite
de déménagement de vider les grandes villes.
Alors, pourquoi ne prendrait-on pas quelques années pour regarder
les choses aller quitte à tout refaire, mais sur une base beaucoup plus
équitable pour l'ensemble de la région? En tout cas,
personnellement, je tenais à dire ceci: Pour la petite exception de
25,01 % - Je le vois là - du comté de Groulx, le 0,01 %
pèche légalement. Pourquoi changer l'appartenance de tout ce
monde? En tout cas, quant à la MRC des Moulins qui fait partie de mon
comté de Terrebonne les chambres de commerce, en général,
toutes les autorités locales sauf une personne, les deux partis
politiques de Terrebonne sont allés dire qu'ils ne voulaient pas de
changement. Pourquoi? Parce que le développement qui s'est fait comme un
champignon dans les 20 dernières années... Vous savez que le
comté de Terrebonne actuel, si on prend ses limites, a doublé de
population à tous les cinq ans dans les 20 dernières
années, jusqu'en 1981. D'accord? Depuis 1981 jusqu'à aujourd'hui,
ça ne double plus,
Est-ce qu'on arrive à la limite? Je pense qu'il faudrait prendre
te temps de voir comment va se développer encore le comté de
Groulx, comment va se développer encore le sud du comté de
Rousseau, comment va se développer le comté de Terrebonne,
comment va se développer l'est du comté de L'Assomption, le sud
de Jollette et de Berthier? Et après que cet ensemble sera fait, il y
aura justification probablement à y ajouter un comté, mais sur
une base beaucoup plus solide, parce que le développement champignon
sera dans quelques années, je crois, à son degré de
saturation totale. C'est pour le bien de la région que j'ai voulu faire
cette intervention.
Cependant, il y a deux autres choses que j'aimerais signaler. On parle
de changer le nom de Terrebonne. Cela porte ombrage un peu à l'histoire.
Mais, quand on est en possession d'un pouvoir, on a d'autres raisons parfois de
changer des noms. Je ne suis pas contre le fait de changer des noms de
comté de façon généralisée. Mais, vous
savez, ce comté de Terrebonne, il est là depuis la
Confédération et il en porte le nom. Probablement que c'est par
délicatesse que vous avez, dans votre proposition, changé ce nom
parce que lorsqu'il y a deux grandes villes dans un comté, garder le nom
d'une de ces deux villes, cela peut porter ombrage à la deuxième.
Je pourrais comprendre cette délicatesse. Cependant, si vous ne faites
pas ce changement, si vous décidez de ne pas le faire, ce serait de bon
aloi pour l'ensemble des gens de conserver ce nom de Terrebonne. Il est
là depuis la Confédération et les gens y tiennent
mordicus.
Deuxième chose, mon Dieu, qu'il y en a des affaires! Je vais
parier d'une - seule autre. Vous nous dites, et autant le leader du
gouvernement que le leader de l'Opposition l'ont dit aussi, que, de
façon générale, il y a un comté qui reçoit
le nom des grands premiers ministres du Québec. Je n'ai vraiment aucune
objection. Au contraire. Je trouverais de très bon aloi qu'il y ait un
comté Jean-Lesage et un comté René-Lévesque. Je
trouverais cela de très bon aloi. Ce sont deux grands hommes qui se sont
signalés dans les dernières décennies et ils
méritent autant que les autres premiers ministres antérieurs,
autant que Duplessis, ou d'autres, ou Taschereau - au moins autant - d'avoir
leur nom sur la carte des comtés du Québec. Cependant, je
consentirais à ce que tout cela s'efface, si vous faites une
révision en partant des MRC, pour la prochaine campagne, en donnant des
noms, je ne sais pas de quoi, de fleurs ou d'espoir à tous les
comtés du Québec plutôt que des noms historiques, mais il
est très dur de séparer le territoire de l'histoire d'un peuple
parce que dans les noms et dans son territoire, l'histoire nous tient à
coeur
et on aime beaucoup retrouver des noms qui ont charmé nos vies,
qui que l'on soit et de quelque côté de la Chambre que l'on soit.
Je vous remercie beaucoup, M. te Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Terrebonne. Je vais reconnaître M. le
député de Rousseau.
Mais, avant de poursuivre, j'aimerais quand même vous signaler que
les mémoires que vous présentez sont déposés
à la commission des institutions et qu'ils seront naturellement transmis
à tous les membres de cette commission et également au Directeur
général des élections.
M. le député de Rousseau.
M. Robert Thérien
M. Thérien: Merci, M. le Président. Messieurs du
comité, je voudrais d'abord dire que je suis parfaitement d'accord avec
l'exposé de mes deux collègues, de Terrebonne et de Groulx, et
vous dire que je suis un des députés ruraux dont M. le
député de Terrebonne vient de faire la plaidoirie. Je viens vous
implorer aujourd'hui de ne pas m'enlever une ville. Vous allez peut-être
me dire: Vous en avez suffisamment. C'est masochiste un petit peu. Il faut
quand même l'être un petit peu en politique.
La présente proposition de révision de la
délimitation des circonscriptions électorales répond
à la volonté d'adapter la carte à l'évolution
démographique des dernières années. Ces changements sont
particulièrement importants sur la rive nord de la région
métropolitaine, comme mes deux collègues vous le mentionnaient
tantôt, laquelle a enregistré et enregistre encore une forte
croissance de sa population, mais toujours pas dans le comté de
Rousseau, toujours pour les comtés qui sont plus au nord.
Pour résoudre le problème des comtés d'exception de
L'Assomption et de Groulx qui frôle l'exception, la commission propose la
création d'un nouveau comté par la modification des comtés
actuels de Groulx, Terrebonne, L'Assomption et, par ricochet, Rousseau. Cette
proposition a été élaborée en fonction des
critères légaux relatifs aux communautés naturelles et au
nombre d'électeurs, tout en voulant toucher le moins d'électeurs
et de circonscriptions possible et éviter les modifications qui
risqueraient d'être trop rapidement remises en question. Cependant, pour
arriver à solutionner le problème de ces comtés plus
populeux, la proposition a dû impliquer des comtés actuellement
conformes en termes de représentativité, comme ceux de Rousseau
et de Terrebonne. Ceux-ci ne se trouvent qu'indirectement concernés par
ce processus, par l'effet de réaction en chaîne, comme
l'expliquait le député de Terrebonne.
Le comté de Rousseau, comme on le voit sur la carte, compte
actuellement 43 295 électeurs, soit 15,4 % de plus que la moyenne. Il
correspond donc aux critères de la loi et ne présente pas de
problème quant à sa représentativité et ce,
à moyen terme. Je tiens peut-être à vous l'expliquer parce
qu'en ce qui concerne la démographie, il y a deux choses à
remarquer dans le comté de Rousseau. Il y a une croissance, je dirais
rapide, parce que ce sont toutes des petites villes, à
Sainte-Anne-des-Plaines, qui accueille à peu près en moyenne 125,
150 familles par année. Pour tout le reste du comté, c'est
très lent, très lent. Plus vers le nord, si on prend Saint-Donat,
Chertsey, Saint-Calixte, il y a l'exode des jeunes. Les jeunes ne restent pas
là. À 16, 17 ans, ils vont étudier à
l'extérieur, et pendant, je dirais, un bon bout de temps, jusqu'à
ce qu'ils puissent trouver du travail pour finir leurs études, les gens
ne viennent pas habiter là en permanence. Donc, je ne dirais pas qu'il y
a une décentralisation, mais ces coins-là s'en plaignent
énormément.
Donc, à moyen terme, pour les huit prochaines années au
moins, il n'y a pas de problème en ce qui a trait aux critères
édictés dans la loi pour le comté de Rousseau. Bien
entendu, on sait très bien que ce n'est pas le comté de Rousseau
que vous visiez lorsque vous avez fait cette réforme. C'est la
réaction en chaîne qui a fait que vous avez été
obligés de prendre Sainte-Anne-des-Plaines pour créer le chiffre
qu'il fallait dans Masson.
Si je continue, pour solutionner le problème démographique
des municipalités riveraines de la rivière des Mille-Îles,
la proposition de la commission transfère la ville de
Sainte-Anne-des-Plaines du comté de Rousseau au comté
proposé de Masson. En voulant régler un problème
particulier à une région, la proposition en crée cependant
un autre pour le comté de Rousseau parce qu'on sait très bien
qu'en 1981, si on regarde tous les intervenants, Rousseau ce n'est
peut-être pas le comté idéal. Je ne peux pas prendre les
mêmes arguments que le député de Terrebonne. Je n'ai pas
une seule MRC. J'en ai plusieurs. Je n'ai pas un seul CLSC, j'en ai cinq. Et je
pourrais vous dire jusqu'à quel point ce comté-là est
difficile à trouver. Tantôt, je vais vous en parler. Il a quand
même trois vocations précises. On essaie de trouver une forme
d'intensité pour que les intervenants puissent travailler. De plus, on
en enlève déjà une qui se trouverait à être
la plus grosse ville comme intervenant dans le sud du comté.
Dans sa forme actuelle, une telle proposition soulève plusieurs
interrogations sur sa portée et sa durée réelle. Ma
collègue de Groulx vous en a cité deux. Je vais reprendre les
deux, mais je vais en ajouter. L'objectif d'une carte applicable pour les huit
prochaines années est-il véritablement atteint? Et ça, je
pense que c'est une question qu'il faut se poser parce qu'on sait qu'il y a une
croissance, comme on vous le mentionnait tantôt. Et il y aura
peut-être lieu d'attendre un petit peu parce qu'il faudra peut-être
faire deux comtés dans la même MRC, un
petit peu plus tard, sans pour autant toucher à Rousseau ou sans
toucher à un autre comté existant. La région
concernée ne connaît-elle pas aujourd'hui un rythme de croissance
démographique pouvant entraîner une nouvelle révision
à court terme? La commission ne dit-elle pas elle-même, qu'il est
difficile de prévoir l'évolution lorsqu'il s'agit de
phénomènes de migration? (14 h 45)
Ma collègue disait tantôt qu'il était
peut-être prématuré de proposer une nouvelle carte et elle
disait aussi qu'il était préférable d'attendre; enfin,
cette situation ne pose-t-elle pas un problème plus fondamental de la
représentativité dans son ensemble et n'implique-t-elle pas une
réflexion plus approfondie des critères actuellement applicables,
notamment le nombre maximum de députés? Je pense que le
député de Ter-rebonne a bien mentionné tantôt que
cela tourne plus autour des MRC qu'autour des comtés. Je peux vous dire
que, dans ma région, si on faisait passer le concours pour savoir
à quel comté que vous appartenez, je suis convaincu que les gens
n'auraient pas 100 % parce qu'ils sont passés dans Prévost,
tantôt dans Montcalm, tantôt dans Joliette et ce n'est pas facile.
Il y a une MRC qui s'appelle la MRC de Montcalm et les gens écrivent
comté de Montcalm sur les lettres; cela existait, alors...
Déjà là, on vient encore bousculer cela. Ce n'est pas
facile pour l'appartenance de ces gens-là.
Dans le tableau "Problématique régionale", vous trouverez
toutes les données qui permettent de s'interroger à court terme
sur la nécessité de former un nouveau comté. On ne dit pas
que la nécessité n'est pas là de former un nouveau
comté à moyen terme, mais, tout de suite, je pense que cela
serait peut-être prématuré.
Le transfert de Sainte-Anne-des-PIalneà avec des villes
riveraines et davantage urbaines ne tient pas compte du caractère propre
au comté de Rousseau. Celui-ci est davantage orienté vers
l'agriculture. Je vais vous mentionner les trois orientations du comté
de Rousseau car il faut quand même essayer de trouver des vocations pour
regrouper les gens autour d'elles. Je n'ai malheureusement pas les MRC;
même mon comté, avec le décret du 22 décembre, est
sectionné en deux régions différentes: la région
des Laurentides et la région de Lanaudière. Déjà
là, c'est une autre difficulté qu'éprouve le comté.
Celui-ci est davantage orienté vers l'agriculture:
Sainte-Anne-des-Plaintes, Saint-Roch-de-l'Achigan, Saint-Esprit, pour n'en
nommer que quelques-uns, le récréotouristique:
Sainte-Adèle, Saint-Donat, et la villégiature: Saint-Calixte,
Saint-Hippolyte, Chertsey et bien d'autres.
Sainte-Anne-des-Plaines constitue une communauté semi-urbaine et
agricole et agit à titre de pôle de service à sa population
locale et à une clientèle touristique et de villégiature.
Les affinités entre Sainte-Anne-des-Plaines et le reste du comté
sont beaucoup plus évidentes qu'avec Terrebonne. Je tiens à vous
dire qu'avec
Terrebonne, il n'y a aucun lien, même pas sportif,
récréatif ou magasinage; il n'y a aucun lien, même pas
scolaire, même pas MRC. Sainte-Anne-des-Plaines, entre autres, appartient
à la MRC de Thérèse-De Blainville. Donc, il n'y a aucun
lien avec Terrebonne qui se retrouverait la plus grosse ville de ce
comté-là. Il faudrait donc recommencer à créer des
liens. Je ne dis pas que c'est impossible; je vous dis juste qu'il y a encore
une difficulté supplémentaire, ou les autres villes plus au sud,
notamment en termes de taille et de fonction; les deux autres villes sont
Bois-des-Filion et ville Lorraine qui sont nettement plus axées vers
Montréal et Laval.
Des liens se sont développés ces dernières
années entre les municipalités du comté sur la base d'un
regroupement de communautés aux activités et aux
préoccupations semblables. Dès 1981, le député en
place à l'époque a commencé à créer des
liens dans Rousseau - et ce n'était pas facile - et je pense que j'ai
continué son travail. Je veux juste vous citer les quelques liens qu'on
a commencé à amorcer; ce n'est peut-être pas très
important, mais je peux vous dire qu'on a commencé. ll y a un projet
pour acheter l'aréna de la ville de Laurentides, sept villes ensemble
dont Sainte-Anne-des-Plaines, sept villes de Rousseau, des villes à
faibles revenus. Donc, ces gens-là ont décidé de se
regrouper et d'acheter l'aréna pour offrir des loisirs. Si on enlevait
Sainte-Anne-des-Plaines, c'est la plus grosse ville, cela pourrait mettre
certaines activités en péril. Bien entendu, l'achat d'une
aréna ne change pas le monde, mais on commence à créer des
liens.
La route 337, on est en train de la réparer. Entre
Sainte-Anne-des-Plaines et Saint-Lin, des interventions ont été
faites par le ministère des Transports, bien entendu, mais il y a aussi
eu l'implication de ces deux villes. C'est un lien important entre ces deux
villes-là. Le nettoyage des routes entre Sainte-Anne-des-Plaines et
Sainte-Sophie où des ententes et des liens ont été
créés. Jamais avec Bois-des-Filion et Jamais avec Lorraine et,
encore moins, avec Terrebonne, comme je vous le mentionnais tantôt, non
pas parce que Sainte-Anne-des-Plaines ne serait pas bien avec Terrebonne, ce
n'est pas ce que je veux vous mentionner.
Juste au plan des centres d'accueil, on fait partie du CLSC
Sainte-Thérèse. Bien entendu, lorsque nos gens arrivent dans les
centres d'accueil, ils sont dirigés vers le Centre d'accueil Drapeau
à Sainte-Thérèse. Il n'y a jamais de place, parce
qu'à Sainte-Thérèse, Blainville, Bolsbriand. Il y a eu une
entente de les envoyer à Saint-Antoine-de-Padoue, à la ville de
Laurentides. Il faut prendre le dossier du CLSC Sainte-Thérèse et
transférer ies gens dans Montcalm, ce qui était très
pénible dans le passé et ce qui se fait en une journée
maintenant. Il est acquis que les gens ont beaucoup plus de place et beaucoup
plus de services à la ville de Laurentides, située à
environ huit kilomètres, qu'à Sainte-Thérèse.
La distance ne compte pas, mais c'est plutôt le volume de
personnes.
Je voulais simplement vous mentionner quelques liens qui
s'établissent, tantôt dans le domaine de la santé et
tantôt dans le domaine du loisir. Ils commencent à
s'établir parce que ce n'est pas un comté facile pour
établir des liens. Nos affinités sont beaucoup plus basées
vers ce point.
Au point de vue économique, comme on le disait, Sainte-Anne est
une ville qui va chercher ses services à Saint-Jérôme,
généralement, dont l'hôpital et autres. Des liens se sont
développés ces dernières années, comme je le disais
tantôt. Donc, le nouveau redécoupage va à rencontre d'une
consolidation des échanges actuels. Le comté de Rousseau se voit
donc proposer une situation ayant des répercussions sur sa
délimitation et sa communauté régionale sans qu'il soit
véritablement concerné, puisque conforme. Pour une fois, on
disait, te nombre d'électeurs n'étant pas dépassé:
On va essayer de vivre avec ce comté-là un bout de temps pour
qu'au moins les gens sachent dans quel comté et sachent quel est le lien
d'appartenance. On se voit un peu bousculés. Dans ce contexte, nous
sommes d'avis que le comté de Rousseau doit demeurer tel qu'il est et
que les solutions apportées aux comtés d'exception ne devraient
impliquer que les municipalités concernées de même que
celles ayant les mêmes affinités.
Je ne reprendrai pas les arguments de ma collègue, mais je vais
vous dire que moi aussi je suis pour à 100 %. C'est votre tâche de
le faire. On se permet de vous faire ces recommandations, qui vont aussi dans
le sens de celles du député de Terrebonne, le transfert des
municipalités du comté de L'Assomption - c'est là vraiment
le problème en vertu de la loi que vous avez à modifier, qu'on a
aussi à respecter - le transfert des municipalités de
Saint-Gérard-Magella, L'Épiphanie village et L'Épiphanie
paroisse, qui prennent tous leurs services - vous n'avez qu'à
vérifier - qui prennent tous leurs services à Joliette de toute
façon. Cela donnerait tout simplement les chiffres suivants, et je tiens
à vous les mentionner. On aurait 123 comtés au Québec, la
moyenne serait de 37 208 électeurs, si on se fie au prorata. Le
comté de Groulx serait d'environ 26 %, comme on le mentionnait; le
comté de Rousseau, 16,4 %; le comté de Terrebonne, 19,1 %;
L'Assomption, 18,6 % et Joliette, 17,3 %. Donc, à peu près tout
le monde serait d'accord, si on ne veut pas s'arrêter aux 25 % - on est
à 25,09 % - pour venir voir vraiment la migration des gens plutôt
vers le nord. On laisserait vivre davantage le comté de Rousseau - je
pense qu'il en a besoin - qui, grâce aux efforts de tout le monde,
même des voisins, développe un peu plus d'affinités. Comme
ma collègue le disait, cela soulage le comté de L'Assomption qui
dépasse, je dirais, de beaucoup les 25 %. Il risque de le
dépasser encore plus à la prochaine élection.
Je ne reprendrai pas les mêmes arguments - bien que je les aie mis
dans mon mémoire - que la députée de Groulx mentionnait
tantôt. L'argument principal, c'est que cela ne perturbe pas les
appartenances régionales. Dieu sait que tout le monde travaille
là-dessus, qu'on soit dans l'Opposition ou au pouvoir, des intervenants
sociaux, récréatifs ou autres. Tout le monde travaille sur des
appartenances. On essaie de plus en plus de se créer des outils
régionaux et cela vient un peu bousculer. Bien entendu, les gens qui
sont à Saint-Donat, il n'y a pas eu une grosse argumentation pour garder
Sainte-Anne-des-Plaines parce que ces gens-là - vous allez d'ailleurs
recevoir les résolutions des différentes villes - ne sont pas
bousculés. Il est important, à mon avis, n'étant pas
illégal au niveau des chiffres, de permettre au comté de Rousseau
de vivre dans son intégrité pendant les huit prochaines
années. On sait que, dans le Nord, il y aura lieu de créer fort
probablement un nouveau comté, mais peut-être pas à moyen
terme et peut-être pas à court terme, peut-être un peu plus
tard.
C'est la réflexion. Je pense que les trois vous ont
répété à peu près la même chose. Je
vous ai un peu plus parlé du comté de Rousseau où on
trouve quand même des difficultés d'appartenance. Au moment
où on en trouve, on se les fait un peu démanteler et surtout
lorsque ce n'est pas nous qui sommes visés, lorsque c'est le
comté de Groulx, le comté de Terrebonne et le comté de
L'Assomption par ricochet. C'est vrai ce que le député de
Terrebonne et la députée de Groulx disaient tantôt: au
Québec, le fait qu'il y ait un comté qui a la même
commission scolaire, la même MRC, les mêmes chambres de commerce,
dans le comté de Groulx aussi, c'est rare et je pense qu'il faut les
conserver. Ces organismes qui ont été mis en place, il faut leur
laisser la chance de vivre cette appartenance.
M. le Président, c'est ce que j'avais à vous dire tout
simplement. J'ai espoir de voir le comté de Rousseau dans les huit
prochaines années essayer de se conformer, essayer de travailler dans
les trois vocations parce qu'il y a trois vocations. Il ne s'agit pas de dire
qu'il y a une vocation, mais de consolider ces trois vocations par une
espèce d'appartenance, du moins de comté parce qu'ils n'ont pas
d'appartenance en ce qui concerne les MRC. Les députés de
Terrebonne et de Groulx peuvent s'asseoir autour de cela. Nous espérons
nous asseoir comme appartenance autour d'un comté. Cela fait
peut-être contre-courant, mais on espère un jour.
Concernant les noms, je veux aussi appuyer... Bien entendu, s'il faut
choisir des noms, il faut les choisir le plus possible pour que les gens se
reconnaissent. J'avoue que Rousseau, cela n'a pas été facile pour
les gens et ce n'est pas encore facile. Je me promène avec mon
dictionnaire pour expliquer comment il se fait qu'on a baptisé cela du
nom de Rousseau. Je ne vous en fait pas un reproche, mais c'est presque
un exercice d'histoire pour leur dire que c'est dû à M.
Rousseau le botaniste qui était à Montréal, j'imagine. On
est obligé d'expliquer cela aux gens. Je pense qu'il y a lieu
d'actualiser un petit peu le nom des comtés ou de garder ceux qui sont
connus parce que ce n'est pas facile. Je tiens à vous dire que les gens
ne s'y reconnaissent pas beaucoup.
Donc, je vous remercie beaucoup de votre attention et en espérant
que... Bien entendu, c'est nous qui défendons égoïstement
notre comté, mais c'est par la volonté des gens aussi qu'on se
présente devant vous aujourd'hui. Merci beaucoup.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Rousseau. Pas de question? Cela va?
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, si vous
me permettez...
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Côté (Pierre-F.): ...des questions
d'éclaircissement...
Le Président (M. Marcil): Allez-y.
M. Côté (Pierre-F.): ...sur les
énoncés qui ont été faits. La première,
c'est lorsqu'on nous suggère de maintenir Groulx comme une
circonscription d'exception, on nous fait remarquer que c'est seulement un 0,1
%, je dirais, qu'il y a en trop actuellement. J'aimerais savoir si on s'est
penché sur l'avenir. D'après nos estimations, dans quatre ans,
l'exception va être considérable.
Ma deuxième question, c'est lorsqu'on nous suggère de
transférer des municipalités de L'Assomption dans Joliette, ce
serait intéressant de connaître le point de vue, soit
d'électeurs de Joliette, soit du député de Joliette, ce
qu'on ne peut peut-être pas avoir présentement parce que cela n'a
pas été mis dans notre proposition. Ce sont toutes des
difficultés qu'on rencontre dans de nouvelles propositions. Si on
adoptait une solution comme celle qui est proposée, quelle serait la
réaction des personnes impliquées, en l'occurrence, dans ce
cas-ci, les personnes de Joliette?
Le Président (M. Marcil): Cela va?
M. Thérien: C'est très sage de consulter ces
citoyens comme nous avons consulté les nôtres. Mais je suis
convaincu que vous allez vous apercevoir, en ce qui regarde leur appartenance
de services, où vont ces gens, surtout quand la moyenne est de trois.
C'est juste cela qu'on se dit. C'est facile pour nous de dire: On prend ces
électeurs et on les met là. Mais, après
vérification, nous avons le sentiment qu'il est toujours plus sage de
consulter les gens.
M. Côté (Pierre-F.): Une grosse question qu'on se
pose au sujet de Groulx, c'est que nos prévisions sont à l'effet
qu'en 1989, cela ne sera plus 25 %, mais au-delà de 35 %, même
près de 40 % d'écart. Alors, la grosse question que je pose
à nouveau est ta suivante: Est-ce que vous êtes d'avis qu'on doit
- je pense que c'est un de vos arguments et je voudrais juste une clarification
là-dessus - agir à très court terme et non pas sur une
perspective de huit ans? Si je comprends bien aussi le sens des trois
interventions, vous ne voyez pas la nécessité de l'ajout d'une
autre circonscription sur la rive nord de Montréal.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Terrebonne. je pense, ou vous vouliez intervenir une dernière fois?
Mme Bleau: M. le Président, on m'a posé une
question. Est-ce que je pourrais répondre?
Le Président (M. Marcil): Oui, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Vous avez raison, il est sûr que la
démographie, dans quelques années, aura encore changé dans
le comté de Groulx, j'en suis certaine. À ce moment-là, ce
ne sera peut-être pas les villes de Bois-des-Filion et de Lorraine qui
sont deux petites municipalités, il y a des villes où justement
la construction et l'arrivée de nouvelles personnes sont beaucoup plus
probantes et probables et ce sont les villes de Blainville et de Boisbriand. Je
pense que si vous touchez dès maintenant au comté de Groulx, vous
allez être obligés de refaire le même exercice dans trois ou
quatre ans et c'est là que j'en suis. Il faudrait peut-être
attendre justement que cela se stabilise pour vraiment savoir quelles sont les
villes qu'il faudrait toucher à ce moment-là. Je pense que cela
n'apportera pas grand-chose d'enlever Bois-des-Filion, Lorraine du point de vue
de la population de Groulx. Peut-être un peu pour le moment mais pas
plus. (15 heures)
À ce moment-là, il y aura peut-être moyen de former
un comté peut-être plus au nord. Je ne peux pas vous donner des
conseils, je ne suis pas assez connaissante sur le sujet. C'est cela qu'est
notre problème. Si on touche dès maintenant, on est à peu
près certain que vous allez être obligés de retoucher
encore. Ce n'est pas drôle de déménager. Vous savez qu'on
appartenait à Terrebonne, le grand comté de Terrebonne. Cela fait
quatre fois qu'on retouche au comté: par le nord, par l'est, par
l'ouest. Le comté de Groulx est là seulement depuis 1981.
Vraiment, on a une appartenance et une vie communautaire extraordinaires. Avant
d'y toucher, j'aimerais bien, pour la population, qu'on attende justement que
l'immigration soit terminée.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Groutx. M. fe député de Ter-rebonne.
M. Blais: Oui. Pour répondre à votre question,
c'est bien sûr que le fait que nous venions ici émettre nos
idées et faire des propositions implique, si vous tenez compte de ce que
nous disons, qu'il y aura d'autres consultations éventuelles. Sinon,
lorsque vous avez fait votre proposition, comme comité, de ce genre de
carte, vous avez dit: on va alter voir ce que les gens en pensent, quitte
à les écouter pour faire des transformations. Après que
les gens sur le territoire aient fait des représentations et que nous en
fassions ici, cela va de soi que, s'il y a des propositions qui semblent
vouloir être retenues, vous fassiez d'autres consultations. Je ne crois
pas que ce soit un inconvénient d'apporter la proposition que je
soutiens d'ailleurs. Le député de Joliette ou les gens de
Joliette pourraient être consultés pour voir si cela les
dérangerait de recevoir quelques municipalités de L'Assomption,
ce qui soulagerait L'Assomption et agrémenterait peut-être la vie
jo-liettaine.
Pétition déposée
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Terrebonne. Je vous remercie beaucoup. Je vais donc
recevoir à ce moment la partie ouest de Montréal,
c'est-à-dire les députés qui veulent Intervenir. Juste
avant, Je vais recevoir aussi comme dépôt une pétition des
citoyens du comté de Rousseau. Je vais pouvoir vous la remettre. Elle se
lit comme suit: "Considérant qu'à chaque modification de la carte
électorale, les citoyens de Sainte-Anne-des-Plaines sont constamment
chambardés par des changements de comté; "Considérant que
Sainte-Anne-des-Plaines est maintenant dans un comté qui se compose de
22 petites municipalités, ce qui donne un climat homogène
souhaité; "Considérant que les citoyens de
Sainte-Anne-des-Plaines partagent certains équipements avec ses voisins,
dont ville des Laurentides, surtout en matière de loisirs et son
réseau routier; "Considérant surtout que l'augmentation de la
population du sud du comté est compensée par un
dépeuplement des permanents du nord; "M. le Président, nous vous
demandons de conserver le comté de Rousseau tel que décrit en
1981 et ce, avec Sainte-Anne-des-Plaines.
Donc, nous recevons cette pétition. Merci beaucoup.
Je vais maintenant reconnaître le député de
Marguerite-Bourgeoys qui représente également la partie ouest de
I'île de Montréal.
Interventions des députés de la rive
ouest de Montréal
M. Gilles Fortin
M. Fortin: Merci, M. le Président. M. le président
de la commission, M. le commissaire, je voudrais d'abord souligner le travail
et le nombre d'heures que vous avez mis à préparer le rapport
pour être capable de donner une représentation vraiment
équitable aux électeurs.
Tel que mentionné dans votre rapport, l'augmentation du nombre
d'électeurs au Québec, particulièrement dans l'île
de Montréal où une forte croissance dans le nombre
d'électeurs est localisée aux extrémités nord-est
et sud-ouest, a nécessité une sérieuse observation pour
trouver une solution à long terme à ces
réalités.
Je peux vous dire que je suis généralement en accord avec
les changements proposés pour l'ensemble du Québec par la
Commission de la représentation électorale du Québec.
Cependant, à titre de député de la circonscription
électorale de Marguerite-Bourgeoys, vous me permettrez de discuter
certaines modifications proposées dans le rapport préliminaire
sur ta délimitation des circonscriptions électorales et
d'apporter quelques observations et précisions.
La circonscription électorale de Marguerite-Bourgeoys a
été créée en 1965 et comprend une grande partie de
la ville de La Salle. Les limites actuelles du comté sont les suivantes:
Limites de la ville de La Salle avec la ville de Saint-Pierre et la ville de
Montréal, le Canal de l'Aqueduc de Montréal, la 9e Avenue, le
fleuve Saint-Laurent, la 90e Avenue, le boulevard Newman et le boulevard
Dollard. Plusieurs voies de communication ont joué un rôle
clé dans le développement socio-économique de la
circonscription électorale de Marguerite-Bourgeoys. Ce sont les
boulevards Champlain, La Salle, de la Vérendrye ainsi que l'avenue
Dollard et la 90e Avenue. D'autant plus que la circonscription
électorale est un pôle économique important pour les
circonscriptions électorales environnantes.
Plusieurs industries, petites et moyennes entreprises, contribuent
à assurer un bon roulement de l'économie dans cette
région. Le degré de prospérité, dans la
circonscription électorale de Marguerite-Bourgeoys, est attribuable au
fait qu'il y a une certaine association dans le monde des affaires avec la
ville de La Salle, située, en grande partie, dans le comté.
Le rapport préliminaire sur la délimitation des
circonscriptions électorales propose de réduire le nombre
d'électeurs de 36 421 à 34 550, ce qui représente une
baisse du nombre d'électeurs de 1871. Cependant, cette diminution dans
le nombre d'électeurs a pour effet de déplacer deux tiers des
électeurs. C'est-à-dire que la circonscription électorale
de Marguerite-Bourgeoys donnerait 24 769 électeurs à la
circonscription électorale de Marquette, pour ensuite recevoir 22 898
électeurs de la circonscription
électorale actuelle de Verdun. Sur les 36 421 électeurs
actuels, seulement 11 652 électeurs demeureraient dans la
circonscription électorale de Marguerite-Bourgeoys.
Malgré le fait que la commission a essayé, dans l'ensemble
de ses propositions, de toucher le moins d'électeurs possible, il
demeure tout de même évident qu'une grande partie des
électeurs des circonscriptions électorales de
Marguerite-Bourgeoys, de Marquette et de Verdun seraient affectés par
ces changements. En effet, sur les 99 287 électeurs regroupant ces trois
comtés, 73,97 % subiraient les effets d'un déplacement ou de
l'élimination de leur circonscription.
À titre de représentant élu, je peux vous dire
qu'un changement à la délimitation d'un comté a pour effet
de confondre la population. À ce jour, le comté de
Marguerite-Bourgeoys subit encore des effets des modifications à la
carte électorale de 1980. Il m'arrive régulièrement de
devoir transférer des dossiers à mes collègues de Verdun
et de Marquette. Ce transfert a parfois l'effet d'induire les gens qui
s'adressent à mon bureau de comté à la confusion ou au
mécontentement. Puisque le comté de Marguerite-Bourgeoys englobe
une grande partie de la ville de La Salle, c'est-à-dire 68,39 % des
électeurs de la ville, il semble donc logique au résident de la
ville de La Salle de communiquer avec mon bureau sans nécessairement
être résident de ce comté.
Cette confusion est issue de l'évolution historique de la
circonscription et j'en fais maintenant un bref résumé.
Dès son avènement, en 1965, le comté de
Marguerite-Bourgeoys comprenait la ville de La Salle, la ville de
Montréal-Ouest, la ville de Saint-Pierre ainsi qu'une partie de la ville
de Montréal. À la suite des changements apportés à
la carte électorale en 1972, le comté de Marguerite-Bourgeoys
comprenait uniquement la ville de La Salle. En 1980, le comté de
Marguerite-Bourgeoys était encore modifié et, cette fois, il
incluait une grande partie de la ville de La Salle, tout en en laissant une
partie à Verdun et à Marquette. On comprend très bien que
la ville de La Salle est trop grande pour avoir seulement un comté. Une
ligne doit être tirée quelque part. À quel endroit? C'est
discutable d'un côté ou de l'autre, mais elle doit absolument
être tirée. Sur les 53 257 électeurs résidant
à La Salle, 36 421 demeurent dans le comté de
Marguerite-Bourgeoys, 10 000 demeurent dans Marquette et 6363 dans le
comté de Verdun. Ces chiffres sont basés sur le recensement de
1985.
Au fil des ans, ce lien géographique entre la ville de La Salle
et le comté de Marguerite-Bourgeoys s'est noué à un
sentiment d'appartenance. Les résidents du comté de
Marguerite-Bourgeoys utilisent les services sociocommunau-taires à
l'Intérieur de cette ville, tout comme les résidents des
circonscriptions électorales de Verdun et de Marquette font
respectivement appel aux services offerts par la ville de Verdun et les villes
de Lachine et de Saint-Pierre.
D'ailleurs, ces affinités géoculturelles et ces sentiments
d'appartenance se reproduisent dans le comté de Verdun où, depuis
1922, les électeurs de ce comté s'identifient essentiellement
à la ville de Verdun. Existant depuis 1980, la circonscription
électorale de Marquette partage cette même affinité
auprès des villes de Lachine et de Saint-Pierre.
Il est également essentiel de souligner que, depuis sa
création, le comté de Marguerite-Bourgeoys a subi plus que sa
part de changements quant à la délimitation de son territoire. Je
reconnais que ces modifications étaient le résultat de la
croissance de la population habile à voter. Évidemment, la
croissance de la ville de La Salle s'est faite dans les dernières
années. Il ne reste pratiquement plus d'endroit où cette ville
peut vraiment prendre de l'expansion. Sur le plan domiciliaire, il ne reste que
quelques terrains qui sont zonés Industriels et qui demeureront
industriels. Ce qui n'amènera pas vraiment des changements, à
l'avenir, à l'Intérieur de la ville de La Salle. Cependant, il
demeure tout de même remarquable de noter qu'à chaque ronde de
révision de cette carte électorale du Québec, le
comté de Marguerite-Bourgeoys a été assujetti à ces
modifications. D'autant plus que ces résultats démontrent que le
comté de Marguerite-Bourgeoys est un comté qui a le plus souvent
subi des modifications à sa délimitation électorale.
Les changements continuels à la délimitation du
comté de Marguerite-Bourgeoys, lors de chaque modification à la
carte électorale du Québec, sont en soi matière à
réflexion, ce que je vous demande, M. le président et MM. les
commissaires, de considérer sérieusement.
Cela étant dit, vous me permettrez de faire une suggestion qui a
pour effet d'apporter quelques retouches mineures au comté de
Marguerite-Bourgeoys. Étant donné l'identification des
résidents à la ville de La Salle, ceci m'amène à
proposer le changement suivant. La circonscription électorale actuelle
de Marguerite-Bourgeoys recevrait de la circonscription électorale de
Marquette la section de la ville de La Salle située à
l'intérieur de cette circonscription, ce qui représente 10 473
électeurs. Elle céderait au comté actuel de Verdun les
sections de vote 128 à 151, soit 5784 électeurs; vous pourrez
voir, à l'annexe 3 du mémoire, la façon dont on a
divisé les électeurs. Ce territoire est délimité
comme suit: la rue Raymond, le boulevard Champlaln, la 9e Avenue et le
boulevard La Salle fongeant le fleuve Saint-Laurent.
Le comté de Marguerite-Bourgeoys comprend une partie de la ville
de La Salle et est délimité comme suit: la limite des villes de
Lachine et de Saint-Pierre, le canal de Lachine et de la ville de
Montréal, la ville de Verdun, le Canal de l'Aqueduc de Montréal,
la rue Raymond et le fleuve Saint-Laurent. Vous pourriez voir aussi l'annexe
4.
Pour ce qui est de la ville de Saint-Pierre,
il est Important de souligner qu'elle partage des services
socioculturels et éducatifs avec la ville de Lachine. Il serait logique
qu'elle partage la même circonscription électorale, d'autant plus
qu'un sentiment d'appartenance existe déjà entre les villes de
Lachine et de Saint-Pierre. Ce qu'on vous démontre à l'annexe 5
du mémoire.
Ou point de vue géographique, il existe une barrière
naturelle prononcée entre La Salle et Saint-Pierre. Le pont de la ville
de Saint-Pierre situé à la limite de ces deux villes est une
Importante barrière géographique qui crée également
une barrière psychologique. Pour ajouter à cet obstacle naturel,
il y a, à une distance d'environ un demi kilomètre à
l'intérieur de la ville de La Salle, un secteur industriel qui inclut un
terrain du ministère de la Défense nationale. Il y a donc
très peu de voyagement de la part des résidents d'une ville
à l'autre. Il est à noter qu'aucune barrière de cette
envergure n'existe entre les villes de Lachine et de Saint-Pierre. (15 h
15)
Cette proposition observe les critères d'ordre légal
établis à l'article 3.1 de la Loi sur la représentation
électorale. Les considérations d"ordre géographique sont
maintenues, c'est-à-dire les limites d'une grande partie de la ville de
La Salle avec tes villes de Lachine, Saint-Pierre, Montréal et Verdun,
ainsi que les frontières naturelles du Canal de l'Aqueduc de
Montréal, le fleuve Saint-Laurent et le parc Angrignon.
Selon cette proposition, le nombre d'électeurs du comté de
Marguerite-Bourgeoys serait d'approximativement 41 110 électeurs, ce que
vous pourrez voir à l'annexe 3. Ce chiffre se situe bien en dessous de
la limite de 46 135 établie par la commission. Lorsque nous observons la
croissance naturelle de la population, ce comté est loin de devenir
exceptionnel d'ici quatre ou huit ans. Car, lors des recensements de 1981 et de
1985, le nombre d'électeurs dans le comté de Marguerite-Bourgeoys
a augmenté de seulement 1097 électeurs. Ceci revêt du
nombre limité de terrains vacants et d'une saturation dans le domaine de
la construction. De ce fait, il est donc raisonnable de conclure que, d'ici
à 1989, il y aura une faible augmentation dans le nombre
d'électeurs, environ 1500. Le nombre d'électeurs dans ce
comté serait alors de 42 610. Encore une fois, ce chiffre serait en
dessous du maximum de 48 346 prévu par la commission dans sa
prévision du nombre d'électeurs de 1989 pour les circonscriptions
proposées.
Les résultats de nos recherches respectives correspondent
à la réalité du comté de Marguerite-Bourgeoys. Le
taux de croissance de ce comté a atteint un niveau stable de 0,9 %
établi par la commission. Contrairement aux prévisions de la
commission, le nombre d'électeurs du comté de Verdun et de
Sainte-Anne a augmenté et non diminué. Certains secteurs à
l'intérieur de la ville de Verdun, particulièrement sur
l'île-des-Soeurs, ont accueilli quelques milliers de personnes depuis le
recensement d'octobre 1985. Cette hausse de taux de croissance de la population
justifie le maintien du comté électoral de Verdun. L'augmentation
du nombre d'électeurs dans les circonscriptions électorales de
Verdun et de Sainte-Anne requiert un sérieux réexamen de ce
changement majeur démographique.
La suggestion apportée aujourd'hui en est une de compromis, qui a
tenté de minimiser la réaction en chaîne des comtés
avoisinants et permettrait à 77 % des résidents de La Salle de
demeurer à l'intérieur du comté de Marguerite-Bourgeoys.
Cette proposition vise à respecter les mesures établies dans la
Loi sur la représentation électorale tout en considérant
le respect des modalités, des affinités culturelles et les
sentiments d'appartenance.
Je comprends bien que ce qui a amené la commission à
vouloir déplacer Verdun, Marguerite-Bourgeoys, Marquette,
Jacques-Cartier, c'était la surpopulation de Nelligan et de Robert
Baldwin, ce qui poussait tout vers le centre et le sud-ouest de
Montréal. Nous, on dit, en d'autres mots: S'il est possible, faisons
l'exercice de l'autre côté à partir de Sainte-Anne
où il pourrait y avoir un ajout d'électeurs, ce qui permettrait
d'éviter de changer ou de déplacer beaucoup d'électeurs
dans tous ces comtés. C'est-à-dire, pour vous le donner selon la
carte, le déplacement pourrait se faire du centre, à partir du
comté de Sainte-Anne, qui inclut l'île-des-Soeurs. On pourrait
pousser Sainte-Anne un peu sur Verdun - et garder naturellement le nom de
Verdun comme comté, étant donné que, depuis 1922, ces gens
ont créé une grande appartenance - pousser Verdun un peu plus
vers La Salle pour aller chercher 4000 à 5000 électeurs de plus,
garder Marguerite-Bourgeoys pour La Salle, en lui enlevant des électeurs
qui seraient de trop et qui pourraient aller à Verdun, donner
Saint-Pierre et Lachine; parce que Lachine a tout de même actuellement
une grande croissance au niveau du golf où on est en train de construire
des condos, je pense qu'il y a 3000 ou 4000 électeurs qui, d'ici un an
ou deux, y seront rendus, ce qui permettrait à la commission de garder
tout de même le nombre d'électeurs selon le minimum et le maximum
d'électeurs. Cela enlèverait des électeurs à
Jacques-Cartier pour en reprendre de Robert Baldwin et de Nelligan. Ils
pourraient être poussés de Robert Baldwin à Nelligan et de
Nelligan à Jacques-Cartier. Cela pourrait donner un équilibre
beaucoup plus équitable que tout le déplacement et le changement
de nom de chacun des comtés. Parce que la carte proposée change
énormément les électeurs et enlève
énormément d'appartenance à chacun des comtés.
Je termine en vous remerciant, M. le président et MM. les
commissaires, d'avoir prêté une oreille attentive à ces
modestes suggestions qui ont pour but d'améliorer la
représentation actuelle du comté de Marguerite-Bourgeoys et de
l'ouest de Montréal.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent Intervenir? M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Je n'ai pas de question précise sur ce que
vient de dire le député de Marguerite-Bourgeoys, mais j'ai une
intervention à faire pour la même région.
Le Président (M. Marcil): C'est cela, altez-y, c'est ce
que je demande, ceux qui veulent Intervenir...
M. Dauphin: Parce que mon collègue d'Ou- tremont
était inscrit à l'horaire avant moi, mais je n'ai pas
d'objection, s'il y consent, à le précéder.
M. Fortier: Allez-y, si vous êtes sur la même
longueur d'onde...
M. Dauphin: D'accord.
Le Président (M. Marcil): Nous sommes toujours dans la
partie ouest de Montréal, d'une façon ou d'une autre.
M. Dauphin: D'accord, M. le Président, aucun
problème.
Le Président (M. Marcil): S'il y a un député
qui veut intervenir, il n'a qu'à s'identifier.
M. Fortier: S'il y en a quatre ou cinq, j'aimerais mieux passer,
mais s'il y a seulement le député de Marquette, cela va, parce
que c'est dans la même région.
M. Dauphin: Cela concerne le même comté. De toute
façon, j'ai un court texte qui vous sera distribué. Je ne sais
pas, M. le Président, si vous avez, à votre connaissance, deux ou
trois petites pages du député de Marquette?
Le Président (M. Marcil): Vous allez l'avoir, nous allons
procéder.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: M. le Président, membres de la commission, M.
le président de la Commission de la représentation
électorale ainsi que vos collaborateurs, commissaires et autres,
à mon tour, j'aimerais vous féliciter pour tout le travail
accompli jusqu'à maintenant. Je sais pertinemment que ce n'est pas une
tâche facile puisque, d'autres intervenants avant moi l'ont
mentionné, lorsque l'on touche à des circonscriptions, à
des comtés, bien souvent, les députés - plusieurs l'ont
mentionné - ont l'impression de perdre un des membres de leur famille
puisque, avec les années, on crée des liens étroits avec
la com- munauté, avec des organisateurs et organisatrices, maires,
conseillers municipaux. C'est toujours un peu délicat de toucher aux
circonscriptions, d'autant plus que votre rapport préliminaire ayant
été déposé, nous sommes souvent face à des
journalistes locaux qui nous demandent: Qu'est-ce que vous en pensez. C'est
toujours un peu embêtant de dire: Telle ville, j'aimerais autant ne pas
l'avoir, et je préférerais telle autre ville, sans savoir,
à la fin du processus, ce qui va advenir véritablement de la
circonscription ou du territoire.
Mon intervention touchera deux aspects. Le premier concerne le
territoire, évidemment, c'est le plus important, et le deuxième,
le nom. J'endosse entièrement les recommandations qui viennent de vous
être faites par mon voisin, le député de
Marguerite-Bourgeoys, M. Fortin, premièrement, relativement à la
ville de Saint-Pierre, qui est une petite municipalité de 3500
électeurs. D'ailleurs, le maire de cette municipalité,
mandaté par son conseil municipal, le 7 décembre, à
Montréal, est allé témoigner devant vous pour vous
demander de faire partie de la ville de Lachine plutôt que de faire
partie de la ville de La Salle, comme vous le proposez dans votre rapport
préliminaire.
Comme député, j'aimerais ajouter ma voix à la
suggestion et à la recommandation de la ville de Saint-Pierre.
Effectivement, la ville de Saint-Pierre a beaucoup plus d'affinités avec
Lachine qu'avec La Salle, pour toutes les raisons que vous trouvez à la
page 3 de mon petit résumé, s'il vous a été
distribué. Effectivement, en termes de services, Saint-Pierre est
déjà compris avec Lachine pour tous les services publics en
général et une barrière sépare Saint-Pierre de La
Salle, notamment le canal Lachine et la série d'industries que vous
mentionnait tantôt le député de Marguerite-Bourgeoys. C'est
un voeu de la population, l'ayant constaté sur le terrain, et c'est un
voeu évidemment aussi de ses édiles municipaux
Ma première recommandation est simple, c'est que la population
électorale formée par les municipalités de Lachine et de
Saint-Pierre ne forment qu'un seul comté. Vous avez entendu
également, le 7 décembre 1987, le maire de Dorval qui est venu
témoigner devant vous, vous disant que le West Island commence à
Dorval et non pas à Lachine ou à Saint-Pierre. Effectivement,
pour y travailler à temps plein depuis sept ans, je peux vous dire que
Dorval a beaucoup plus d'affinités avec le West Island,
communément appelé, qu'avec la municipalité de Lachine ou
de Saint-Pierre. C'est que Dorval, Pointe-Claire et les autres villes en s'en
allant vers l'ouest, Kirkland ou Beaconsfield, vous n'êtes pas sans le
savoir, effectivement, premièrement, sont à majorité
anglophone tandis qu'à Lachine et Saint-Pierre, il y a une
majorité nettement francophone. Ensuite, je pourrais vous dire que
Lachine et Saint-Pierre représentent actuellement environ 33 000
électeurs, ce qui rencontrerait les
critères prévus par la loi. C'est sûr que la moyenne
serait peut-être un petit peu plus basse que dans d'autres comtés,
mais considérant l'appartenance, considérant cette espèce
de clôture entre West Island et la ville de Lachine, je vous
recommanderais, tel que le veulent d'ailleurs les édiles municipaux, que
Lachine et Saint-Pierre ne forment qu'un seul comté.
Quant au nom, la majorité des électeurs actuels de Lachine
et Saint-Pierre sont habitués, depuis 1981, avec le comté de
Marquette. Alors, j'endosse les recommandations de mon
prédécesseur. Que Verdun reste Verdun. Les gens sont
habitués avec cela. Que Marguerite-Bourgeoys, étant situé
à 100 % dans La Salle, reste Marguerite-Bourgeoys. Que Saint-Pierre et
Lachine, les gens y étant habitués depuis 1981, pour ne pas les
confondre Inutilement restent dans Marquette. Et que Jacques-Cartier,
commençant à Dorval, Pointe-Claire et Beaconsfield, reste
Jacques-Cartier. Je pense que ce serait très pratique comme solution que
de conserver les noms actuels.
Alors, c'était l'essentiel de mon intervention et je vous
remercie beaucoup de nous avoir entendus. Si vous avez des questions, je suis
prêt à y répondre.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Marquette. Oui?
M. Bourassa (Guy): Une brève question peut-être
à propos des noms, vous dites que...
Le Président (M. Marcil): Voudriez-vous vous identifier s'il vous
plaît, du moins pour les besoins de notre Journal des
débats?
M. Bourassa (Guy): Bien sûr. Guy Bourassa.
À propos des noms, tout simplement, vous dites qu'on pourrait
déplacer à nouveau les noms et réintroduire Verdun comme
nom. Pour vous, bien sûr, cela entraîne la disparition du nom de
Bethune que nous proposions?
M. Dauphin: Effectivement.
M. Bourassa (Guy): Et vous n'y voyez pas d'objection?
M. Dauphin: Effectivement. Je pense que c'est le voeu,
d'ailleurs, de 100 % des personnes consultées.
M. Bourassa (Guy): Ah bon! Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. Cela va? M.
Côté.
M. Côté (Pierre-F.): On aurait peut-être plus
une interrogation sur ce qui est proposé à l'égard de la
ville de Dorval. Votre suggestion est de la transférer dans West Island.
Peut-être que tout à l'heure, quelqu'un va...
M. Dauphin: D'ailleurs, ma collègue de
Jacques-Cartier...
M. Côté (Pierre-F.): Vous allez aborder cette
question-là, madame. Ah bon! Alors, je réserverai ma question
pour tout à l'heure.
M. Dauphin: Le gros de son intervention est là-dessus.
Sauf que je peux y répondre quand même, M. le
Président.
M. Côté (Pierre-F.): Si madame répond. On
pourrait y revenir tout à l'heure. Comme vous aimerez.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Excusez-moi, madame, je vais
d'abord reconnaître M. le député d'Outremont et ensuite, on
va passer...
M. Fortier: Je ne pensais pas qu'on avait demandé de
laisser passer tout le monde. Si vous me permettez, ce ne sera pas long.
J'étais le deuxième sur la liste. Est-ce que je peux passer?
Le Président (M. Marcil): Allez-y. M. Pierre-C.
Fortier
M. Fortier: M. le Président et mes chers collègues,
je vous remercie de me donner l'occasion de faire une brève
intervention. D'ailleurs, j'ai un texte que je fais distribuer. D'autant plus
que cela ne touche pas l'ensemble de la carte électorale et que
l'intervention que je fais est très mineure et la dynamique dont mes
collègues viennent de discuter ne s'implique pas là-dedans. Mais
je la fais quand même parce que je crois qu'elle a un sens et je voulais
vous l'expliquer.
Cela ne touche que deux petites parties des comtés d'Outremont et
de Westmount et cela ne touche pas du tout les limites des circonscriptions
électorales dans leur ensemble. Donc, cela ne s'implique pas dans
l'ensemble de la dynamique qui a été discutée par mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys et mon collègue de
Marquette.
Le plus simple, M. le Président, si on veut être succinct,
c'est de se limiter à l'intervention que j'ai écrite et, comme
cela, on couvrira tous les aspects du problème.
C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai pris connaissance du
rapport préliminaire et il est indéniable que celui-ci
découle d'un sérieux travail de la part des membres de la
commission, laquelle cherche à atteindre un équilibre souvent
difficile, je crois qu'il faut le reconnaître.
Vous me permettrez d'aborder immédiate-
ment le point central de mon intervention. Je désire discuter
avec vous de la partie sud-ouest de ma circonscription électorale qui,
elle, comprend deux grands secteurs. En fait, ce qu'on appelle le comté
d'Outremont comprend la ville d'Outremont comme telle et un autre grand secteur
qui est celui de Côte-des-Neiges, qui est une partie du quartier du
même nom Inclus dans la ville de Montréal. Et, dans les faits,
j'ai à peu près 50 % de mes électeurs dans la ville
d'Outremont et 50 % dans Côte-des-Neiges. (15 h 30)
Le quartier Côte-des-Neiges est généralement
décrit - je ne parle pas uniquement de la partie qui est dans mon
comté - géographiquement par le territoire situé à
l'intérieur des limites suivantes. Là, je me réfère
aux gens du quartier pour qui Côte-des-Neiges comprend le territoire
limité par le chemin de fer du Canadien Pacifique, c'est-à-dire
au sud de Jean-Talon; au sud, par la colline de Westmount, une partie de la
montagne; à l'ouest, par la rue Lavoie et, à l'est, par la limite
de la ville d'Outremont comme telle.
Lorsqu'on regarde ce quartier, on constate rapidement qu'il est un des
rares au Ouébec à être morcelé et à
être représenté par trois députés
différents à l'Assemblée nationale du Québec.
Même si tes trois députés de Westmount, d'Outremont et de
Mont-Royal collaborent ensemble, il reste qu'on obtient rapidement des
situations pour le moins confuses pour la population. La Maison des jeunes de
Côte-des-Neiges est située dans le comté de Mont-Royal, la
Maison de la culture de Côte-des-Neiges et le Centre communautaire de
loisirs de la Côte-des-Neiges, pourtant situés presque face
à face sur le Chemin de la Côte-des-Neiges, sont dans deux
comtés différents: Westmount et Outremont.
L'ancien village de Côte-des-Neiges, dont l'incorporation remonte
à 1860, a été annexé à la ville de
Montréal entre 1907 et 1910. Certains soutiennent que le quartier
Côte-des-Neiges devrait, en raison de ses caractéristiques tant
sociales, culturelles qu'économiques, être regroupé dans la
même circonscription électorale. Bien que cette revendication
peut, à plusieurs égards, être légitime, il est
évident que si l'on cherchait à la satisfaire, on irait à
l'encontre d'un des objectifs de la commission visant à toucher le moins
de personnes et le moins de circonscriptions possible dans le but
d'éviter les répercussions à la chaîne sur presque
toute I'île de Montréal.
En prenant en considération cette importante contrainte - et je
le reconnais - je crois qu'il serait tout de même possible
d'atténuer quelque peu la situation que cause la présente
délimitation.
Nous recevons à notre bureau de comté - tous les
députés d'Outremont ont toujours eu leur bureau dans Outremont
mais, depuis 1985, j'ai volontairement placé mon bureau de comté
dans Côte-des-Neiges - de nombreuses doléances des citoyens
habitant le côté ouest du Chemin de la Côte-des-Neiges,
entre le boulevard Édouard-Montpetit et l'avenue Ridgewood. Ceux-ci ne
peuvent comprendre, bien que notre bureau soit situé à quelques
minutes de leur résidence, qu'ils doivent traverser un obstacle naturel,
la montagne, pour aller au bureau de la circonscription électorale de
Westmount, puisque le bureau de comté de Westmount se trouve du
côté sud, tout à fait de l'autre côté de la
montagne.
De plus, ces personnes appartiennent en grande partie à la
même paroisse, Notre-Dame-des-Neiges, et leurs enfants fréquentent
la même école primaire, Notre-Dame-des-Neiges, qu'une
majorité de citoyens résidant à l'intérieur des
limites de la circonscription électorale d'Outremont. En
réalité, cette section du Chemin de la Côte-des-Neiges
comme limite de circonscription électorale ne correspond aucunement au
tissu social et communautaire du quartier.
Les résidents du côté est ou ouest du Chemin de la
Côte-des-Neiges, par exemple, à la hauteur du Chemin de la
Reine-Marie ou de l'avenue Lacombe, se sentent tout à fait
intégrés à la même communauté. En effet,
plusieurs de ces personnes fréquentent le même supermarché,
la même église, la même maison de la culture, le même
centre communautaire, la même université, l'Université de
Montréal, le même CLSC, le même bureau de poste, utilisent
le même métro et parlent la même langue, parce que, dans le
haut de Côte-des-Neiges, c'est le français qui prédomine.
Je désire donc faire une proposition mineure qui viendrait
atténuer, dans une certaine mesure, les problèmes dont je viens
de faire état.
Afin de bonifier le rapport préliminaire de la
délimitation des circonscriptions électorales, je vous
suggère donc bien humblement de déplacer la limite sud-ouest du
comté d'Outremont, qui est la partie nord-est du comté de
Westmount, du Chemin de la Côte-des-Neiges dans l'axe qui serait le
prolongement de la rue Légaré. Vous avez une carte qui vous
indique approximativement quelle serait cette modification.
Concrètement, moins de 2000 électeurs du comté de
Westmount, les sections de vote nos 20 et 62, en partie seulement, et les nos
70 à 76 inclusivement, seraient transférés au comté
d'Outremont. Je me réfère aux sections de vote de
l'élection de 1985. L'annexe A nous donne le nombre approximatif
d'électeurs touchés par section de vote, alors que l'annexe B
vous illustre de façon tentative la carte électorale d'Outremont
telle qu'elle serait modifiée.
L'expérience que nous vivons dans Outremont-Côle-des-Neiges
depuis une décennnie confirme l'affirmation de la commission indiquant
que la population des centres-villes stagne ou subit une diminution.
D'ailleurs, on le retrouve puisque Statistique Canada vient de
révéler les dernières statistiques qui nous disent que, en
particulier dans la ville d'Outremont, la popula-
lion a régressé, de 1981 à 1986, de 5,3 %, passant
de 24 338 à 23 080 individus au 1er juillet 1986.
Rien ne laisse présager, pour les prochaines années, un
renversement spectaculaire de la tendance générale
observée par ta commission pour notre région.
À la lumière des statistiques de la liste
électorale confectionnée au mois d'octobre 1985, notre
proposition aurait pour effet de faire passer le nombre d'électeurs du
comté d'Outremont de 33 602 aux environs 35 500. Cette augmentation de 5
% se ferait aux dépens de la circonscription électorale de
Westmount où le nombre d'électeurs passerait de 34 913 à
près de 33 000. On constate donc que cette proposition respecte la
moyenne du nombre d'électeurs souhaité par la commission dans son
rapport préliminaire, avec des écarts largement inférieurs
à ceux prévus à l'article 3 de la Loi sur la
représentation électorale. Finalement, cette modification mineure
reçoit un appui favorable, semble-t-il, du député de
Westmount.
En conclusion, j'ose croire que la présente proposition, tout en
ne touchant qu'un faible nombre d'électeurs, permettrait un
découpage plus rationnel pour les électeurs de la paroisse
Notre-Dame-des-Neiges, le coeur de l'ancien village de Côte-des-Neiges.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député d'Outremont. Est-ce qu'il y a des questions? M. Bourassa?
Non? Cela va. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Je voudrais revenir à la question de la
région du sud-ouest de l'île de Montréal. J'aimerais
remercier la commission de cette occasion privilégiée qui m'est
donnée de m'exprimer sur le rapport préliminaire traitant de la
délimitation des circonscriptions électorales.
Il va sans dire que mes remarques s'appliqueront uniquement à la
région sud-ouest de l'île de Montréal. Je n'ai pas
l'intention de reprendre toute l'argumentation de mes collègues de
Marquette et de Marguerite-Bourgeoys, sauf pour dire que je suis
entièrement d'accord avec leur analyse qui ressemble de très
près à l'analyse des Intervenants lors des audiences publiques
à Montréal.
Je crois que la proposition que nous présentons ensemble
aujourd'hui est respectueuse des principes énoncés par la
Commission de la représentation électorale dans son rapport,
à savoir, premièrement, que tout réaménagement
devrait toucher le moins de personnes et le moins de circonscriptions possible
dans le but d'éviter les répercussions à la chaîne
inutiles; deuxièmement, que tout réaménagement doit
respecter autant que possible l'intégrité du territoire de chaque
municipalité ainsi que les frontières naturelles sur le plan
physique et le plan socio-économique; troisièmement, qu'on doit
préserver autant que possible l'identification historique du nom de
chaque comté avec certains territoires; quatrièmement, qu'on doit
tenir compte évidemment des changements démographiques de la
région.
À mon avis, les réaménagements proposés dans
le rapport préliminaire ne respectent pas fidèlement ces
principes. Par contre, je crois que les options que nous proposons aujourd'hui
constituent un plan d'aménagement plus cohérent et plus
respectueux des objectifs visés. Notre proposition touche moins de
personnes, respecte intégralement, à 90 % peut-être, les
territoires des municipalités, maintient les noms des comtés
comme tels On tient compte des pôles de développement
démographique, surtout dans l'ouest de l'île. Il y a aussi un
pôle de développement sur l'île des Soeurs et d'autres
petites poches de développement. Mais le but de l'exercice est surtout
de résoudre le problème du taux de croissance de la population
dans l'ouest de l'île de Montréal. Je crois que,
cinquièmement, notre proposition respecte les communautés
naturelles.
Notre proposition est la suivante. Au lieu de déménager
tous les comtés vers l'est, avec le résultat que Verdun serait
éliminé, et qu'on ajoute un nouveau comté qu'on a
nommé Bethune, nous proposons qu'on fasse l'inverse afin de tenir compte
du développement démographique à l'ouest. Nous proposons
que chaque comté soit déménagé un peu vers leurs
voisins à l'ouest avec l'ajout, on le sait, de 10 000 personnes, plus ou
moins, pour chaque comté; on ajoute 10 000 personnes sur le
côté ouest. De cette façon, on ne touche pas la
majorité du territoire de chaque comté. On garde tous les noms.
On respecte autant que possible l'intégrité des
municipalités et des communautés naturelles.
Maintenant, j'arrive à Dorval parce que, dans votre proposition
préliminaire, Dorval était attachée à Lachine. Je
suis très heureuse que Lachine soit regroupée parce que, en 1981,
elle était divisée en deux. Lachine était mal servie. Je
crois que le maire de Lachine a dit, lors des audiences, qu'il
préfère avoir un député au lieu de deux et je crois
que c'est certainement une question de bon sens que de réunir
Lachine.
Pour Dorval, je suis entièrement d'accord avec le discours du
maire de Dorval lors des audiences. Mais j'aimerais le renforcer. On pourrait
examiner la vie de la population de Dorval, de n'importe quelle optique et on
arriverait forcément à la même conclusion: Dorval fait
partie Intégrale du West Island. Pour la population du West Island, on
utilise ce terme de plusieurs façons. Le vrai West Island, pour tout ce
qui vit dans le West Island, commence à Dorval. Je pourrais même
dire que, dans l'esprit de la population, la population de Lachine ainsi que la
population de Dorval, il y a une espèce de mur invisible entre ces deux
communautés. Il y a
très peu de contacts, de liens entre ces deux
communautés.
Lachine s'oriente vers l'est et Dorval s'oriente vers l'ouest. On
pourrait examiner n'importe quelle activité socio-économique,
commerciale, industrielle, intermunicipale, coopération des
municipalités sur le plan des événements culturels, sur le
plan des problèmes, dans le réseau de transport, les services
sociaux, les services de santé, l'hôpital Lakeshore et
Pointe-Claire, toute la vie du West Island est contenue en-dedans des trois
comtés de Robert Baldwin, Nefligan et l'actuel Jacques-Cartier, sauf
Lachine. (15 h 45)
Alors, de scinder, de détacher la ville de Dorval du West Island,
d'un comté du West Island serait une grande injustice pour la population
du West Island. Vous savez qu'avant 1981, on avait un comté de
Jacques-Cartier identique au comté que vous avez proposé dans le
rapport préliminaire. C'est exactement l'ancien comté de
Jacques-Cartier. À cette époque, Dorval était
scindée. Je crois que la ville de Dorval, la population de Dorval a
été mal servie par l'ancienne carte électorale et je
n'aimerais pas retourner à cette situation malheureuse.
Ce que Je propose, c'est un comté appelé "Jacques-Cartier"
- ce serait cohérent avec le reste de toute la proposition, on
déménage tout le monde vers l'ouest - comprenant Dorval, avec 12
900 électeurs - Je crois que mes chiffres sont corrects; ils sont
basés sur les chiffres de 1985 - la ville de Pointe-Claire, avec 17 524
électeurs, et l'ajout de Kirkland. Le nombre d'électeurs de
Kirkland et de Beaconsfield est d'à peu près 20 000. Le nombre
d'électeurs est presque également réparti. Je n'ai pas les
chiffres exacts de Kirkland, mais c'est à peu près 10 000. Ces
trois villes ensemble, on aurait un comté de 40 000 électeurs,
peut-être 40 500.
Pourquoi Kirkland? Il y a plusieurs raisons pour l'ajout de Kirkland,
qui est actuellement dans le comté de Nelligan. D'abord, sur le plan
socio-économique, il y a beaucoup d'harmonie entre Dorval, Pointe-Claire
et Kirkland. Les trois villes se partagent l'autoroute transcanadienne. En ce
qui concerne leur effort commun pour améliorer le réseau routier,
le réseau de transport, pour régler le problème de
surcharge sur les routes, ces dernières se reliant à la
transcanadienne, elles ont beaucoup en commun. Aussi, les trois
communautés, Dorval, Pointe-Claire et Kirkland, ont à peu
près te même mélange résidentiel et industriel.
Elles se ressemblent socio-économiquement. Je crois que cela pourrait
être un mariage normal.
Qu'est-ce que je recommande pour Nelligan? Nous sommes
entièrement d'accord avec votre proposition de scinder Pierrefonds-Ouest
dans le comté de Robert Baldwin et de le donner à Nelligan. Nous
sommes entièrement d'accord avec cette proposition. Notre proposition
est de laisser Beaconsfield dans le comté de Nelligan, ce qui donne un
comté de Nelligan de 42 000 électeurs, soit le statu quo.
C'est, nous croyons, une proposition logique: cela commence à
Verdun et se termine avec Nelligan, en déménageant à peu
près 10 000 personnes d'un comté à l'autre vers l'ouest,
et cela respecte tous les grands principes énoncés par votre
commission. J'espère qu'après considération, notre
proposition sera adoptée par la commission. Merci de votre
attention.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Jacques-Cartier. M. le président.
M. Côté (Pierre-F.): Madame, j'aurais deux questions
à vous poser. Je n'ai pas très bien saisi à la fin, et je
m'en excuse. Est-ce que votre suggestion serait de transférer
Beaconsfield dans Nelligan?
Mme Dougherty: Non, Beaconsfield est déjà dans
Nelligan. J'ai mentionné Beaconsfield...
M. Côté (Pierre-F.): Vous le laisseriez dans
Nelligan, je veux dire.
Mme Dougherty: ...parce que, dans la proposition, dans votre
rapport, vous avez proposé que Beaconsfield et Kirkland soient
ajoutés à Pointe-Claire pour créer Bethune. Dans noire
proposition, on ignore Bethune parce qu'on a assez de comtés. Si on
regarde Verdun, on élimine l'idée de Bethune et on utilise le nom
de Jacques-Cartier, qui existe déjà pour Dorval et Pointe-Claire,
qui sont déjà dans Jacques-Cartier. Pour équilibrer le
nombre d'électeurs, etc., on ajoute seulement Kirkland.
M. Côté (Pierre-F.): Si on laisse Beaconsfield dans
Nelligan, à notre avis, cela porterait la circonscription
électorale de Nelligan à 44 000.
Mme Dougherty: Non, Nelligan, actuellement, selon les chiffres
que nous avons tous reçus, comprend 42 500 électeurs.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, 42 690.
Mme Dougherty: Un peu plus de 42 000, n'est-ce pas?
M. Côté (Pierre-F.): Pardon, Nelligan est à
32 000 si je ne me trompe pas.
Mme Dougherty: Non, le comté de Nelligan proposé
est de 32 000.
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
Mme Dougherty: L'actuel comté de Nelligan comprend 42 500
électeurs. Avec l'ajout de Pierrefonds-Ouest, cela fait au moins 10 000
de plus et, avec le retrait de Kirkland, c'est le statu quo pour Nelligan, 42
000. Pour le comté
de Jacques-Cartier que j'ai proposé, j'arrive à 40
500.
M. Côté (Pierre-F.): Juste un dernier point, si vous
me permettez. Vous vous prononcez pour tout l'ouest de l'île. Est-ce que
vous avez pu étudier l'hypothèse qui a été
soulevée ce matin de joindre l'île Perrot à Nelligan?
Mme Dougherty: Je n'ai pas examiné ce secteur. D'abord, ma
réaction est que île Perrot ne fait pas partie de la CUM; tout
d'abord, il y a une problématique dans ce comté concernant son
appartenance à la CUM. Deuxièmement, il y a 14 000
électeurs, je pense, même un peu plus. Qu'est-ce qu'on va faire
avec cela? Sauf si on crée un autre comté...
Pour être réalistes, si on veut une carte qui durera
jusqu'en 2010, il faut créer un autre comté dans le West Island
parce qu'on aura, avec notre proposition, trois comtés de 40 000 ou un
peu plus. Cela veut dire que, dans le vrai West Island - c'est Important de
parler du vrai West island - sur l'île de Montréal, il y a
déjà 120 000 électeurs répartis presque
également dans trois comtés. Le taux de croissance dans les
comtés actuels de Nelligan et de Robert Baldwin est de 3 % par an. Cela
représente 45 % dans 15 ans, pour le Nelligan de demain. Dans le
comté regroupant Kirkland, Pointe-Claire, etc., c'est un peu moins, 2,5
% par an. Cela fait 37 % d'ici l'an 2000. Cela représente une population
énorme. C'est impossible de garder trois comtés si on ajoute 48
000 électeurs.
L'autre alternative, c'est ta question de l'île-Perrot. La
suggestion d'attacher cela à Nelligan semble raisonnable. Je ne sais pas
si c'est raisonnable socio-économiquement mais, si c'est raisonnable,
après analyse, il faut ajouter un autre comté. Il faut
créer quatre comtés, ce qui pourrait peut-être
éviter un autre chambardement dans cinq ans. Avec les trois
comtés actuels, en retenant les propositions de la commission
préliminaire, on ne peut pas ajouter 14 000 électeurs à
Nelligan.
M. Côté (Pierre-F.): Merci, madame.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Je vais reconnaître maintenant
M. te député, ministre et président du Conseil du
trésor, le député de Verdun.
M. Paul Gobeil
M. Gobeil: Merci. M. le Président. M. le Président,
MM. les commissaires, je vous remercie de l'occasion que vous m'accordez de
vous faire part de mes réflexions sur le réaménagement de
la carte électorale, tel que vous le proposez dans votre rapport
préliminaire, et de vous féliciter sincèrement pour la
qualité de votre travail. Je suis conscient de l'ampleur et de la
complexité de la tâche que vous avez à accomplir. Vous
comprendrez toutefois qu'il m'est difficile d'en être entièrement
satisfait, puisque vous m'avez, pour ainsi dire, rayé de la carte
électorale en proposant la disparition de la circonscription
électorale de Verdun.
Une voix: Un vrai coup de hache.
M. Gobeil: Je m'interroge sur ta pertinence de faire
disparaître le nom de Verdun de la prochaine carte électorale
alors que 27 autres comtés conservent leur identité municipale.
Les électeurs et électrices de Verdun se sentent
particulièrement froissés d'avoir été
désignés, les premiers et les seuls, pour perdre leur
Identité dans cette réforme. Vous n'êtes pas sans savoir
que les gens de Verdun sont particulièrement attachés à ce
nom. Les représentations qui vous ont été faites,
notamment par le maire Raymond Savard et M. Louis Leblanc, un conseiller
municipal et président de l'Association libérale du comté
de Verdun, en témoignent vivement. À celles-là,
j'ajouterai que j'ai reçu à mon bureau de comté des
centaines de lettres confirmant ce profond attachement.
Pour tous ces gens, Verdun, c'est plus que le nom de leur ville, c'est
le reflet d'une identité profondément historique. Même le
gouvernement fédéral l'a compris puisqu'il désigne
toujours ce comté sous le nom de Verdun-Saint-Paul et le comté
fédéral inclut tes villes de Verdun, ville Eymard, Saint-Henri et
Côte-Saint-Paul. Je veux bien, MM. les commissaires, comprendre votre
argument à savoir que les noms de comtés devraient être
différents des noms de villes, mais il faut aussi comprendre le
sentiment de frustration des électeurs et des électrices du
comté de Verdun qui verraient le nom de leur comté
disparaître. Néanmoins, si un jour la décision officielle
était de changer les noms de comtés portant des noms de villes,
il serait alors plus acceptable pour tous que les noms des 27 circonscriptions
impliquées soient changés en même temps.
Au pis aller, si vous jugez impossible de conserver le nom de Verdun, la
nouvelle circonscription ne devrait pas s'appeler Marguerite-Bourgeoys. On
évitera une confusion majeure chez les électeurs et les
électrices à la fois de la ville de Verdun et de la ville de La
Salle, vu que le comté voisin actuel du comté de Verdun porte
déjà le nom de Marguerite-Bourgeoys. Celui-ci, lors du changement
proposé, porterait un nouveau nom, Marquette, qui, lui, existe
déjà et est voisin du comté actuel de
Marguerite-Bourgeoys. L'idéal, à mon point de vue, serait de
faire le moins de changements possible en conservant les sept noms actuels, ce
qui implique de garder le nom de Verdun et de ne pas introduire, tel que
proposé, le nom de Bethune pour un comité situé entre les
comtés actuels de Nelligan et de Jacques-Cartier.
L'idéal serait aussi de faire le moins de
changements possible quant aux délimitations des comtés.
Permettez-moi, pour Illustrer cette question, de faire référence
aux diverses observations qui vous ont été faites au cours des
représentations antérieures par des électeurs et
électrices du sud-ouest de l'île de Montréal. Sept
comtés en tout nous préoccupent, en partant de l'est, soit les
comtés de Sainte-Anne, Verdun. Marguerite-Bourgeoys, Marquette,
Jacques-Cartier, Nelligan et Robert Baldwin. Dans ces sept circonscriptions, on
dénombre une population de 259 696 électeurs et
électrices. La proposition actuelle de la commission aurait pour effet
de redistribuer les électeurs et les électrices de ces sept
comtés de la façon exposée à l'annexe 1 qui, je
crois, vous a été remise.
À mon point de vue, parmi les propositions des intervenants
antérieurs, celle de l'Association libérale du comté
actuel de Marguerite-Bourgeoys présente, en ce qui concerne les
comtés de la partie est, Sainte-Anne, Verdun, Marguerite-Bourgeoys et
Marquette, une solution intéressante. Elle tient compte, entre autres,
des exigences numériques et démographiques tel que stipulé
aux articles 3.1 et 3.2 de la Loi sur la représentation
électorale. Je vous fais grâce de la lecture de ces articles
sachant que vous les connaissez sûrement par coeur. (16 heures) . Au
tableau, à l'annexe 1, vous constaterez que, pour les besoins de la
cause, une moyenne de 38 494 électeurs a été
répartie dans chacune des trois circonscriptions plus à l'ouest,
soit Jacques-Cartier, Nelligan et Robert Baldwin. Vous m'excuserez de ne pas
être entré dans le détail de cette répartition, ne
connaissant pas suffisamment ces comtés pour être en mesure de le
faire efficacement. Je laisse le soin à mes confrères et
consoeurs députés de vous faire les représentations
nécessaires pour ces trois comtés, mais je suis convaincu que la
détermination de la délimitation de ces trois comtés
pourra se faire sans grand problème.
Ma proposition ne change aucunement le nombre de comtés, pas
plus, d'ailleurs, que celle de la commission, mais elle a l'avantage de faire
moins de changements Intercomtés, de respecter davantage les limites des
villes concernées et de prévoir la croissance
démographique.
Vous avez l'annexe 2 qui démontre, par un jeu de couleurs, ce que
seraient les délimitations de ces quatre comtés de l'est, avec le
nombre d'électeurs et d'électrices basé sur le dernier
recensement. On voit, si on pan: de l'est par exemple, que le comté de
Sainte-Anne n'est pas du tout touché. Ceci a pour but d'éviter au
comté de Sainte-Anne de dépasser trop rapidement la limite
supérieure permise du nombre d'électeurs. Comme vous le savez,
l'île des Soeurs, qui fait partie du comté de Sainte-Anne, se
développe rapidement. Les autorités de la ville de Verdun
prévoient la construction d'environ 1000 unités de logement par
année au cours des dix prochaines années. Cela donnerait, selon
les estimations, une augmentation d'environ 18 000 personnes, dont plusieurs
seront évidemment des votants et des votantes.
Le comté de Verdun, tel qu'il est actuellement, se verrait
enrichi de quelques 7000 électeurs et électrices provenant de la
circonscription de Marguerite-Bourgeoys, c'est-à-dire le territoire
délimité par la rue Raymond, le boulevard Champlain, la 9e Avenue
et le boulevard La Salle, longeant le fleuve Saint-Laurent. Vous n'êtes
pas sans savoir que l'Association libérale de Marguerite-Bourgeoys,
ainsi que le député de ce comté, sont en parfait accord
avec cette solution, en ce qui concerne la partie de la ville de La Salle qui
passerait au comté de Verdun.
Dans te comté de Marguerite-Bourgeoys, le nombre
d'électeurs passerait de 36 421 à 41 110 et les tableaux soumis
par les représentants de Marguerite-Bourgeoys me semblent très
clairs. Marguerite-Bourgeoys conserve ta partie de la ville de La Salle
située au sud du Canal de l'Aqueduc de Montréal, Jusqu'à
la rue Raymond et s'enrichirait de la partie de la ville de La Salle
située dans l'actuel comté de Marquette. À toutes fins
utiles, te comté de Marguerite-Bourgeoys comprendrait l'entière
ville de La Salle, sauf une petite partie à la limite de Verdun qui
irait dans Verdun. Ceci, à mon point de vue, ne cause aucune
ambiguïté puisque le comté de Verdun comprend
déjà une partie de la ville de La Salle. On ne ferait que le
prolonger de quelques rues vers l'ouest. Dans la proposition envisagée
ici, le comté de Marguerite-Bourgeoys comprendrait environ 32 000
électeurs et électrices. soit l'ensemble de la ville de Lachine
et la totalité de la ville de Saint-Pierre. Ce territoire partage des
liens d'affinités socio-économique et culturelle.
Je vous remercie d'avance, messieurs les commissaires, pour la
considération que vous accorderez à cette proposition. Les
suggestions qu'elle comporte se veulent avant tout respectueuses des
critères d'ordre légal établis à l'article 3,1 de
la Loi sur la représentation électorale. La réforme d'une
carte électorale n'est pas facile, on peut même dire que cela
représente un gigantesque casse-tête. Mais, aujourd'hui, c'est
à titre de représentant des électeurs et électrices
de Verdun que je suis devant vous. Si cette proposition se veut respectueuse de
la loi, elle cherche aussi à apporter des solutions qui permettront de
sauvegarder les sentiments d'identité et d'appartenance qui animent
depuis 1922 les électeurs et électrices de la circonscription
électorale de Verdun
Merci, en leur nom, de m'avoir prêté votre attention. J'ose
espérer une décision favorable de votre part.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Verdun. Est-ce qu'il y aurait des questions? C'est
clair? Merci beaucoup.
Maintenant, je vais reconnaître ta partie de la rive sud de
Montréal, compte tenu du fait que nous en avons terminé avec ta
partie ouest.
Nous allons suspendre les travaux pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 5)
(Reprise à 16 h 12)
Le Président (M, Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons poursuivre nos travaux et je vais reconnaître Mme la
députée de Vachon.
Interventions des députés de la rive sud
de Montréal
Mme Christiane Pelchat
Mme Pelchat: M. le Président, M. le président de la
commission, MM. les commissaires, cela me fait plaisir de vous revoir. On s'est
vu lors des auditions à Longueuil. Cela m'a fait grand plaisir de vous y
rencontrer pour une première fois et de vous revoir ici. Pour moi, c'est
très Important d'être Ici et de vous exprimer clairement mon
opinion concernant la proposition du redécoupage du comté de
Vachon.
Comme vous avez pu le constater lors de l'audition qui a eu lieu
à Longueuil, cette opinion est partagée par plusieurs organismes
et résidents de Saint-Hubert. Lors des auditions, la ville de
Saint-Hubert, représentée par le maire Guy Desgroseilliers, a
clairement manifesté le souhait que la ville reste intégralement
dans un même comté pour l'instant. L'Association du Parti
québécois de Vachon, au même titre que l'Association du
Parti libéral de Vachon, ont aussi tenu les mêmes propos.
Vous trouverez en annexe du présent mémoire - et je vais
vous le remettre, M. Côté, tantôt - des lettres soutenant la
même position que la ville de Saint-Hubert et la mienne. Il s'agit de
celle de la conseillère municipale du quartier visé par le
redécoupage, Mme Lise Martin-Cesta, de la commissaire d'écoles du
secteur Laflèche, Mme Christiane Daoust, accompagnée d'une
résolution de la commission scolaire Taillon, ainsi que celles des
organismes suivants: le club Optimiste, l'AFEAS, le club du Bet âge, la
Société d'histoire de Saint-Hubert, qui ont tous manifesté
leur appui à la position du maire de Saint-Hubert et la mienne,
c'est-à-dire que pour l'instant, la ville de Saint-Hubert reste
intégralement dans le comté de Vachon.
Le comté de Vachon, tel qu'il existe, est en tout point
circonscrit par les limites de la ville de Saint-Hubert. Selon la proposition
présentée par la commission, le secteur que l'on propose de
retirer du comté de Vachon est un secteur de la ville de Saint-Hubert
où l'on recensait 4091 électeurs en 1985 sur une population
totale de 6200 personnes, soit environ 10 % de la population actuelle de
Saint-Hubert. Ce secteur est compris dans l'ex-municipalité de
Laflèche qui fut annexée à Saint-Hubert en 1971. Je dois
rappeler que l'annexion de la municipalité de Laflèche ne s'est
pas faite sans heurt. Il a fallu plusieurs années pour que les
résidents de ce secteur acceptent leur nouveau tuteur, la ville de
Saint-Hubert. On sent maintenant que les gens du secteur se sentent bien
intégrés à l'actuelle ville de Saint-Hubert et qu'ils y
ont développé un fort sentiment d'appartenance. Je peux vous
parler en connaissance de cause puisque je suis née, que j'ai grandi et
habité jusqu'à tout récemment dans ce secteur.
Les résidents du secteur Laflèche possèdent des
caractéristiques socio-économiques propres qui les
différencient totalement des villes avoisinantes, Saint-Lambert,
Greenfield Park, du comté de Laporte où on propose de les
intégrer. À titre d'exemple, selon Statistique Canada, le revenu
moyen par ménage du secteur Laflèche est de 20 000 $
comparativement à celui de Saint-Lambert, principale ville du
comté de Laporte, où il est de 34 000 $. Quant à la
scolarité, 21 % des adultes du secteur Laflèche ont
terminé leurs études secondaires contrairement à 73 % pour
la ville de Saint-Lambert et 69 % pour la ville de Greenfield Park. Quant
à la langue parlée, 83 % de la population du secteur
Laflèche est francophone comparativement à 60 % pour
Saint-Lambert et 45 % pour Greenfield Park. On y retrouve, aussi, une
très forte proportion de locataires contrairement à une
très forte proportion de propriétaires, à tout le moins
pour la ville de Saint-Lambert qui est la plus grosse ville du comté de
Laporte.
Il s'agit donc, en somme, d'une communauté qui se distingue
nettement de celle du comté de Laporte. De plus, les résidents de
ce secteur y retrouvent l'ensemble des services municipaux, scolaires et
communautaires susceptibles de répondre à leurs besoins. En
outre, le secteur visé est séparé par une barrière
très importante, la route 138, le boulevard Taschereau. Rien n'indique
que tes résidents du secteur Laflèche entretiennent des liens
au-delà du boulevard Taschereau avec les communautés de
Greenfield Park et Saint-Lambert. Comme le disait d'ailleurs le maire de
Saint-Hubert dans sa présentation, le boulevard Taschereau est une
barrière qui décourage tout type d'échange au-delà
des besoins fonctionnels rattachés au déplacement automobile,
peut-être l'hôpital Charles-Lemoyne ou le centre commercial qui est
situé de l'autre côté du boulevard Taschereau.
Toujours, selon les données de Statistique Canada, la population
du comté de Vachon, de la ville de Saint-Hubert donc, était de 66
218 personnes au 1er Juin 1986. Il s'agissait d'une augmentation de 9,3 % par
rapport à la population du 1er juin 1981 qui s'établissait
à 60 573 personnes. Si l'on considère que la population
prévue pour le même territoire en l'an 2000 sera
de 90 000 personnes environ, soit une augmentation moyenne de 2 % par
année sur une période de 20 ans, on constate que ta donnée
obtenue en 1987 correspond au rythme d'évolution prévu. Ainsi, en
utilisant le même pourcentage annuel d'accroissement, c'est-à-dire
2 % d'augmentation par année, on obtient une population de plus ou moins
72 000, 73 000 personnes en 1991 pour la ville de Saint-Hubert.
Du côté de la ville de Brassard, dans les limites
proposées par la commission pour te nouveau comté de Tekakwitha,
la population s'établissait à 52 232 personnes en 1981 et 57 441
personnes en 1986, soit une augmentation annuelle moyenne de 2 % par
année. De la même façon on peut donc prévoir que la
population de Brossard sera, d'ici 1991, de plus ou moins 63 000,64 000
personnes.
Quant au comté de Laporte, essentiellement les villes de Lemoyne,
Greenfield Park et Saint-Lambert, on prévoit que sa population se
stabilisera d'ici l'an 2000, puisque la population des trois villes
susmentionnées passera de 42 000 en 1981 à environ 46 000 autour
des années 2000.
Selon les données présentement disponibles, dis-je, le
nombre d'électeurs pour le comté de Vachon est passé de 34
953 en 1980 à 43 153 en 1985, soit une augmentation moyenne de 3,3 % par
année. On sait que cette évolution est supérieure à
celle de la population mais normale dans ce type de population puisque la
tranche des 15 à 25 ans est plus élevée que celle des
zéro à dix ans.
Dans le cas du comté de Laporte, le nombre d'électeurs
pour la même période est passé de 38 000 à 39 000,
soit une faible augmentation de 2,5 % en cinq ans. Si on compare avec d'autres
comtés avoisinants, par exempte le comté de Marie-Victorin,
celui-ci est passé de 35 600 à 37 000 pour la même
période. Il est aussi important de se rappeler que le nombre moyen
d'électeurs par comté est actuellement établi à
environ 36 000, avec des écarts maximum de 27 000 et 46 000 en moins et
en plus.
Ainsi le comté de Vachon n'atteint-il pas encore la limite
supérieure admise de 46 143 électeurs puisqu'il est en ce moment
de 43 153. Notons aussi que le rapport préliminaire de la commission
propose sur la rive sud la création du nouveau comté de
Tekakwitha, s'il garde le même nom, où le nombre
d'électeurs était établi en 1985 à 36 584
électeurs.
Si on regarde vers l'avenir, en utilisant les taux de croissance de 2 %
observés depuis les quinze dernières années, on peut ainsi
anticiper la population des électeurs en 1992: 53 000 électeurs
pour le comté de Vachon; pour le comté de Brossard, appelons-le
Lapinière, 45 000 électeurs; pour le comté de Laporte, 39
741 électeurs; pour le comté de Marie-Victorin, 38 500
étecteurs.
De plus, selon la MRC de Champlain, d'ici l'an 2000 on retrouvera
à Saint-Hubert et Brossard plus de 55 % de tous les nouveaux logements
qui seront construits sur la rive sud immédiate de Montréal. Ces
logements se situeront pour la majorité au sud-est du territoire,
à la convergence de l'autoroute 30 et de la route 10. Selon tes
prévisions, la majeure partie du territoire délimité par
les autoroutes 10, 30, le boulevard Gaétan-Boucher et le chemin Chambly
devrait être construite en l'an 2001. tt semble que seules les
populations des comtés de Laporte et Marie-Victorin auront tendance
à se stabiliser au cours des prochaines années. Cependant, selon
cette évolution, rien n'indique, pour l'Instant, que ta population
électorale de ces deux comtés chutera au cours des prochaines
années en-deça des seuils définis par la commission.
Cependant, la population électorale des comtés de Vachon
et de Lapinière, Tekakwitha, enfin augmentera significativement pour
atteindre près de 100 000 électeurs vers 1992. Je crois que te
meilleur moment pour voir au découpage du comté de Vachon serait
vers cette période puisque l'on pourrait voir naître un
troisième comté de la fusion de ces deux derniers. Il serait
facilement envisageable de concevoir ce nouveau comté à cheval
sur la limite des deux villes de Saint-Hubert et de Brossard puisqu'il
regrouperait de nouveaux résidents qui n'ont pas vraiment de sentiment
d'appartenance car ce seraient de nouveaux secteurs.
En conclusion, j'estime que te comté de Vachon ne devrait pas
subir un redécoupage à cette étape-ci et je crois que
l'article 3.1 de la loi, dans son esprit et sa lettre, justifie le statu quo
pour l'instant...
Comme l'invoquait M. Côté, ce matin, dans son intervention,
la disposition, le sentiment d'appartenance doit être un facteur
très important à considérer. Pour avoir, encore une fois,
grandi et vécu jusqu'à ces quelques derniers mois dans te secteur
Laflèche, je peux vous dire que les gens de Laflèche ne se
sentent pas du tout, ni de près ni de loin, associés aux gens du
comté de Laporte.
Je pense avoir bien démontré que le sentiment
d'appartenance des citoyens du secteur visé va tout à fait et
naturellement à leur municipalité à cause des
frontières naturelles mais aussi à cause de
l'homogénéité des caractéristiques
socio-économiques. Ainsi, le secteur Laflèche n'a pas beaucoup en
commun avec le comté de Laporte d'autant plus que les deux secteurs que
l'on veut réunir sont divisés, encore une fois, par la route 138,
le boulevard Tas-chereau. L'accès des citoyens du secteur
Laflèche à leur éventuel nouveau comté en est
d'autant plus restreint.
En outre, j'aimerais faire remarquer que sur la carte de Saint-Hubert -
et je pense qu'on peut le voir, on en a déjà discuté avec
les gens de la commission - on observe une enclave qui appartient à
Greenfield Park. Cette enclave appartiendrait naturellement, par les limites
géographiques, au territoire de Saint-Hubert mais
elle est comprise dans la municipalité de Greenfield Park et, par
le fait même, dans le comté de Lapone.
En fait, la question que l'on se pose et que les résidents du
comté de Vachon et du secteur Laflèche sont en droit de se poser:
Pourquoi faire à Saint-Hubert ce que l'on a refusé de faire
à Greenfield Park, c'est-à-dire d'inclure une partie de sa ville
dans un comté voisin?
M. le Président, je dois rappeler que le nombre
d'électeurs du comté de Vachon ne dépasse pas la limite
permise par la loi puisqu'il est de 43 153 et que la limite est de 46 135.
Alors, en vertu de l'article 3.2 de la loi, il n'y a pas lieu, pour l'instant,
de toucher au comté de Vachon.
J'aimerais souligner, en terminant, que le comté de Vachon a
été créé en 1980. On propose de le modifier cette
année, en 1988. On aura sûrement à le modifier à
nouveau en 1992 selon tes statistiques, si on fait des prévisions de
croissance démographique. Alors, je pense qu'il serait plus sage
d'attendre lorsque l'éclatement de la population, en fait la
finalisation de l'occupation des territoires de Brassard et Saint-Hubert sera
accomplie dans les années 1992-1993. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Vachon. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Laprairie et vice-président de
l'Assemblée nationale.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir
que je veux adresser aujourd'hui certains commentaires à M. le
président, à messieurs les commissaires ainsi qu'à M. te
secrétaire de la Commission de la représentation
électorale à la suite du rapport préliminaire
déposé à la commission en septembre dernier.
Mes propos seront divisés en deux volets. Dans un premier temps,
je voudrais parler d'une question de délimitation et, dans un
deuxième temps, de la question de la désignation des
comtés et, à ce moment-là, je vous ferai part de certains
commentaires concernant le comté de Laprairie ainsi que du nouveau
comté de Tekakwitha.
Sur le plan de la délimitation, je vous dirai que je suis
d'accord avec la délimitation proposée pour le nouveau
comté de Laprairie qui comprendra dorénavant sept
municipalités et pour le nouveau comté créé pour la
ville de Brassard qui comprendra uniquement la ville de Brassard. À cet
égard, je voudrais simplement rappeler que l'écart par rapport
à la moyenne des électeurs de l'ensemble des circonscriptions
électorales du Québec pour les deux comtés visés,
soit Laprairie et Châteauguay, est quand même assez
élevé. Si on regarde au tableau, il est de 39 900 pour Laprairie
et de 27 035 pour Châteauguay. Ce sont les deuxième et
sixième plus grands écarts constatés dans l'ensemble des
circonscriptions du Québec, tel que te mentionne votre rapport
préliminaire à la page 26.
J'étais présent à l'audience qui s'est tenue
à Longueuil le 16 novembre dernier et j'ai eu l'occasion de vous
rencontrer. M. le président mentionnait ce matin, dans ses propos qu'il
n'y avait eu aucune manifestation de désaccord sur la proposition de
cette nouvelle délimitation. Je peux vous dire que, concernant Brassard,
il n'y a aucun problème, les gens sont effectivement très heureux
que la ville de Brassard devienne un. comté. C'est quelque chose
d'inévitable en soi - on a parlé des écarts tantôt -
et, dans la nouvelle proposition, on a quand même 36 000
électeurs, environ.
D'un autre côté, si je prends le nouveau comté de
Laprairie, à ma connaissance, il n'y a aucune opposition des villes
concernées. J'ai moi-même fait des vérifications
auprès des municipalités du comté de Laprairie, soit La
Prairie, Candiac et Saint-Philippe. J'ai également communiqué
avec certains représentants municipaux, des maires, des conseillers, des
cadres ou même des fonctionnaires des villes de Saint-Constant, Delson,
Sainte-Catherine et Saint-Mathieu qui se joindront au comté de
Laprairie. De ce côté-là, il n'y a pas d'opposition. C'est
une situation qu'on considère acceptable et qui est même un peu
normale, parce que je vous dirai que sur le plan administratif, dans la
région sud de Montréal, les sept municipalités
concernées sont quand même reconnues comme une région
administrative distincte. On parle de la rive sud-ouest, et on identifie
clairement ces sept municipalités. À titre d'exemple, le CLSC
Kateri situé à Candiac dessert les sept municipalités du
nouveau comté de Laprairie. C'est un exemple que je vous donne de la
représentation des groupes de travail, des groupes sociaux. Souvent, on
s'organise pour représenter les sept municipalités en question.
Donc, de ce côté-là, il n'y a aucun problème quant
à la délimitation.
Maintenant, je voudrais vous parler un peu de la désignation.
J'ai remarqué dans le rapport préliminaire que pour le
comté de Laprairie, selon la recommandation ou la suggestion de la
Commission de toponymie, on veut que le nom Laprairie soit écrit
maintenant en deux mots. À la suite du dépôt du rapport, je
me suis imposé de faire beaucoup d'histoire avec les gens du milieu, et
ce fut un bon exercice. Si on a donné le nom de Laprairie,
effectivement, c'était pour la plaine, la petite prairie, si vous
voulez, il y avait un secteur qu'on appelait Les Prairies. Il est vrai qu'au
départ, La Prairie s'écrivait en deux mots.
J'ai pu constater que dans beaucoup de documents historiques La Prairie
est souvent écrit en deux mots. Je pourrai vous remettre, pour votre
information, certains textes, entre autres un affidavit produit par un
cultivateur de l'époque, un M. Bétournay dans le
procès-verbal pour l'homologation du chemin La Pinière. On y
reviendra pour ta délimitation de Tekakwitha. Vous verrez qu'on
l'Identifie comme étant la paroisse de Laprairie en un mot.
C'était quelque chose qu'on connaissait. Ce document date de 1862. {16 h
30)
Selon une carte de la seigneurie de Laprairie-de-la-Magdelelne, qui date
de 1866, on voit Laprairie écrit en un seul mot, même si, à
l'origine, c'était en deux mots. J'ai parlé au reglstrateur du
bureau d'enregistrement de Laprairie, M. Jacques Mongeau, et je lui demandais,
Justement, comment on écrivait Laprairie au bureau d'enregistrement.
Dans le premier livre de renvoi qui date du 2 novembre 1867, on parie de la
paroisse Laprairie, en un mot, de Lamagdeleine en un mot également. Par
la suite, cela a été corrigé, on a écrit La
Magdeleine en deux mots, et en 1974, le registrateur me mentionne qu'il y a eu
certains ajustements. Un nouveau bottirt a été publié pour
décrire les bons cadastres avec le bon orthographe. En 1974, on a
changé, au livre de renvoi, la paroisse de Laprairie-de-la-Magdeleine en
paroisse de Laprairie-de-la-Madeleine, mais toujours Laprairie en un mot. Donc,
depuis 1867, dans les livres de renvoi, on Identifie la paroisse
Laprairie-de-la-Magdeleine ou de Laprairie-de-la-Madeleine, selon le cas, mais
on écrit toujours Laprairie en un mot.
L'an dernier, à Laprairie, nous avons fêté le 150e
anniversaire du premier train canadien. À ce moment-là, nous
avons retrouvé une pancarte qui datait peut-être de 150 ans
où on donnait les tarifs applicables aux trajets. Le premier train
canadien partait de Laprairie et allait vers Saint-Jean. On lisait très
bien: Laprairie-Saint-Jean, et Laprairie était en un mot. On voyait:
Laprairie vers Montréal par le bateau. J'ai même une petite photo
- je vous la remettrai tantôt - où on parle justement de
locomotive, etc., avec des gens qui sont là, et on parle de
Laprairie-Saint-Jean, et Laprairie est en un mot.
Je veux simplement démontrer que si, historiquement, Laprairie
s'écrivait en deux mots, l'usage courant - parce qu'on écrivait
souvent au son, ou à l'oreille, comme on disait - voulait qu'on
écrive Laprairie en un seul mot. Actuellement, on écrit le nom de
la ville de La Prairie en deux mots, mais la désignation du comté
provincial a toujours été en un mot depuis sa création et
même à l'époque où c'était
Napiervllle-Laprairie. On a fait une distinction d'orthographe entre les deux.
Quand on parle de Laprairie en un mot, c'est le comté, la ville de La
Prairie étant en deux mots. C'est une distinction importante, surtout
avec les précédents et la continuation de l'usage dans les
bureaux d'enregistrement depuis plus de 100 ans, depuis 1867, dans les livres
de renvoi.
Concernant les chemins de fer, je pourrai vous remettre certains
documents, tantôt, dont une déclaration assermentée et un
procès-verbal pour la reconnaissance d'un chemin où on
écrivait toujours Laprairie en un seul mot. C'étaient mes
remarques concernant la désignation pour le comté de
Laprairie.
Dans le deuxième cas, au chapitre de la désignation, ce
qui me préoccupe davantage, c'est le nom du nouveau comté par
lequel Brassard sera désigné. Une proposition de la commission
lui donnait le nom de Tekakwitha. M. le Président mentionnait ce matin
qu'il n'a pas eu une très grande popularité, même que cela
a causé un problème. Le représentant des Mohawks a dit que
c'était pratiquement un sacrilège. La commission scolaire de
Brossard s'est opposée, plusieurs citoyens se sont opposés.
Je vous dirai pour ma part que, quand le rapport a été
publié, en septembre dernier, j'ai eu plusieurs appels et j'ai
rencontré beaucoup de gens au cours d'activités dans mon
comté, mais je n'ai pas vu une seule personne - je peux vous le jurer,
l'en ai vu beaucoup - qui était d'accord avec le nom Tekakwitha, mais
j'en ai vu des milliers qui étaient contre. Partout, les gens sont
contre Tekakwitha et, dans la situation actuelle, avec la représentation
des Mohawks, ce serait difficile de lui donner ce nom.
M. le président mentionnait également, ce matin, que la
commission n'était pas tellement favorable à donner le nom d'une
municipalité. On parle d'une certaine confusion. Vous avez d'ailleurs
mentionné, lors du dépôt du rapport préliminaire en
conférence de presse, que les noms des municipalités
n'étaient pas souhaitables. Je suis tout à fait d'accord avec
cela. Je veux simplement vous mentionner l'exercice que j'ai fait concernant
les noms. J'ai contacté la mairesse de Brossard et je l'ai
informée que je verrais à communiquer avec les gens de la
bibliothèque de Brossard ainsi que ceux de la Société
d'histoire de Laprairie et de Brossard. À la bibliothèque de
Brossard, le directeur, M. Yvon-André Lacroix et Mme Claire
Séguin, bibliothécaire, ont publié un volume en 1984, qui
s'intutile Brossard, de 1958 à 1983, ta création et
l'évolution d'une banlieue. Donc, il y a eu de bonnes recherches faites
sur l'historique de la ville de Brossard, et tout ce qui peut concerner
l'histoire même et les fondements de la ville.
J'ai communiqué également avec la Société
d'histoire de Laprairie et celle de Brossard. Celle de Brossard étant
plus récente n'a pas tellement de documents mais à Laprairie, on
a beaucoup de documents, même concernant Brossard. J'ai voulu tenter de
regarder pour trouver un nom qui pourrait nous amener un peu l'histoire de
Brossard, concernant sa situation géographique particulière, et
qui serait évocateur de l'historique de la ville et qui pourrait aussi
avoir peut-être un certain symbole. Après avoir examiné une
foule de documents, j'en suis venu à la conclusion suivante, non
seulement moi, mais, entre autres, M. Lacroix, Mme Handfield, Mme Fontaine de
la Société d'histoire de La Prairie et une représentante
de la Société d'histoire de Brossard, qui était une
ancienne présidente
d'élection provinciale. Après discussion avec ces gens et
les gens de fa ville de Brossard et de la commission scolaire, la proposition
qu'on peut faire, c'est que le comté soit désigné sous le
nom de Lapinière. Vous verrez ici le document. J'ai parlé
tantôt d'un procès-verbal d'un cultivateur qui date de 1870.
C'était à l'époque où on voulait demander
l'homologation du procès-verbal pour la reconnaissance d'un chemin qu'on
appelle La Pinière - en deux mots. Vous verrez là-dessus qu'on
fait référence également à la Côte de La
Pinière. On fait aussi référence à la montée
de La Pinière qui était quand même connue. Si on retourne
à la carte de 1866, la carte de la Seigneurie de La Prairie de la
Magdeleine, on se rendra compte, à ce moment-là, qu'il y a
plusieurs secteurs qui sont identifiés. On part de la Côte des
Prairies, qui est plutôt à La Prairie, et on revient vers l'est.
On parle de la Côte Fontarabie, de la Coste de La Fourche, de la Coste de
la Borgnesse, de la Côte Mouille Pieds, de la Côte Saint-Lambert
et, évidemment, de la Côte de La Pinière. Cela a
été un secteur important dans te développement historique
du coin, dans la distribution des terres et la séparation des terres en
seigneuries. Il y en avait le long du fleuve et il y en avait aussi le long du
chemin de La Pinière qui rejoignait, à ce moment-là, la
baronnie de Longueuil et la Seigneurie des Jésuites qui est devenue la
Seigneurie de La Prairie.
C'est un nom historique qui m'apparaîtrait important à
garder à cause de son fondement lointain. Je vous remettrai un document
du recensement de 1821 de Côte de La Pinière qui s'adressait
également aux habitations autour de cela. Il y a également le
recensement de 1832. Ce sont des documents tirés des oeuvres de M.
Benjamin Suite, un historien québécois. Vous avez,
également, tiré du Fonds Elisée Choquet, qui est un ancien
prêtre-curé à Laprairie qui a colligé certains
documents... On remonte au 6 juin 1880 où on parle de la Côte de
La Pinière, de la bénédiction de la croix de la Côte
de La Pinière. Cette croix de la Côte de La Pinière
était située à la fin du boulevard Rome actuel, donc, un
peu plus à l'ouest que le chemin de Lapinière actuel. Cela
démontre que la région de la Côte de La Pinière
était quand même un secteur assez grand. Cette croix se situerait
aujourd'hui en plein centre de Brossard. Donc, c'est la croix de La
Pinière qui était située à l'endroit où
aujourd'hui se situe le boulevard Rome. On parle également d'un terrain
pour l'auberge à La Pinière. En 1832, il y avait un acte d'un M.
Untel, où on disait: Une auberge à La Pinière. On
Identifiait même le secteur comme tel, comme une espèce de petite
ville ou de petit village.
Vous avez aussi des documents qui datent de 1800 et qui viennent
toujours du Fonds Elisée Choquet où on parle de certains noms
historiques, de certains noms de saints qui étaient accordés
à certaines parties du territoire. On voit que le nom de La
Pinière est mentionné dans les noms historiques concernant la
nature. Pourquoi La Pinière? Parce que, tel que le définit le
dictionnaire, purement et simplement, la pinière était un terrain
planté de pins. Beaucoup de pins poussaient dans ce coin, c'est
pourquoi, on a appelé ce secteur la Côte de La Pinière.
Donc, je pense qu'avec ces documents vous pouvez comprendre que le nom
Lapinière a une signification particulière pour Brossard sur le
plan historique. Je vous dirai que, si on remonte aux origines, c'est la plus
lointaine rue qu'on a d'une désignation ancienne de Brossard. Le
boulevard Lapinière existe toujours actuellement, à Brossard
même. Et, quand on arrive dans Greenfield Park, dans te comté
voisin de Laporte, cette rue devient, pour Greenfield Park et pour
Saint-Lambert - cela continue vers le fleuve - la rue Victoria. C'est seulement
dans Brossard qu'elle est identifiée comme Lapinière, la
même continuation de rue. Donc, le boulevard? La Pinière, c'est le
plus ancien nom de rue de l'histoire qu'on retrouve dans te comté. Dans
ce sens, je pense que la proposition de nommer ce comté La
Pinière pourrait donner aux gens une espèce de réveil
historique en ce qui concerne les origines de ta ville.
C'est évidemment approuvé par la municipalité. Vous
avez reçu certaines lettres de la municipalité, je pense, et une
résolution qui s'opposait au nom de Tékakwitha, mais vous avez
une résolution du conseil, qui date du 24 novembre 1987, qui appuie la
demande du nom de Lapinière. Vous avez également une
résolution de la commission scolaire de Brossard qui, dans un premier
temps, vous proposait Brossard, mais cela a été changé
à cause des circonstances historiques que je vous ai
énoncées. J'ai communiqué avec la commission scolaire et
on vous a proposé de donner le nom de La Pinière - en deux mots -
au nouveau comté.
Je pourrai aussi vous remettre certaines lettres que j'ai reçues
de citoyens ou de clubs sociaux comme le Club Optimiste ou l'Union des
familles, appuyant le nom de La Pinière. La commission scolaire
protestante St. Lawrence approuve également ce choix et une
résolution sera effectivement adoptée ce soir. Cela a
été proposé lors de l'assemblée de janvier et, ce
soir, on confirmera par résolution l'appui au nom de La Pinière
pour le comté de la ville de Brossard. La commission scolaire St.
Lawrence couvre totalement la ville de Brossard ainsi que certaines autres
municipalités autour de la ville.
C'étaient les représentations que je voulais vous faire
quant à la dénomination du comté pour la ville de
Brossard, comté de Lapinière, qui pourrait s'écrire en
deux mots ou en un seul; on a un peu le même problème qu'avec
Laprairie. Historiquement, c'est plutôt en deux mots, mais, à
titre d'exemple, le boulevard Lapinière s'écrit actuellement en
un mot.
Je vous remettrai, pour votre utilisation, si
vous le jugez utile, les documents que j'ai mentionnés Ici, je
vous remettrai ces documents-là en liasse par la suite. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Marcil): En un mot, M. le
député de Laprairie, merci beaucoup de votre exposé
à caractère historique. Je vais maintenant reconnaître M.
Bourassa.
M. Bourassa (Guy): Guy Bourassa. Une brève question, M. le
député. Est-ce que c'est vraiment te seul nom qui ressort pour
cette circonscription, jusqu'à maintenant, de Tékakwitha? Vous
avez fait...
M. Saintonge: Comme nouveau nom?
M. Bourassa (Guy): Oui.
M. Saintonge: Oui, c'est le seul nom sur lequel les gens... Il
n'y a pas d'autres propositions qui me sont parvenues. On avait parlé
peut-être, en tenant compte de certaines notes historiques, par exemple,
li y en a certains qui m'avaient parlé de Lesage, une ou deux personnes,
mais on disait que ce n'était pas approprié à chez nous,
mais plutôt à certaines circonscriptions de Québec. Mais,
avec ce que j'ai regardé, c'est un lien entre le passé et le
présent. Le boulevard Lapinlère existe actuellement. Je pense que
c'est ce qui est essentiel et c'est une artère principale de Brassard.
Le développement s'est fait autour du boulevard Lapinière et ce
boulevard est uniquement dans Brosssard, dans la ville voisine, il change de
nom.
M. Bourassa (Guy): Merci.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Merci beaucoup. Je vais
maintenant reconnaître M le député de Vaudreuil-Soulanges
et ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. M. le directeur
général, MM. les commissaires, je tenais à vous rencontrer
aujourd'hui après que vous ayez rencontré les gens de mon
comté, à Valleyfield, afin de bien voir avec vous si ce qu'on a
devant nous n'est pas un conflit qu'on pourrait qualifier de classique entre
l'arithmétique et l'appartenance.
Vous avez, dans l'exécution de votre mandat, à concilier -
et j'en reconnais la difficulté - des notions sociologiques, des notions
démographiques, dans ce dernier cas, qui reconnaissent l'existence d'un
tissu social particulier, d'une histoire commune qui peut unir des gens, alors
que, de l'autre côté, du côté qu'on pourrait
qualifier d'administratif, il y a évidemment des règles
très concrètes et très précises auxquelles, je le
répète, je reconnais que vous êtes soumis.
Il n'en reste pas moins que, dans des cas de conflits, du moins
apparents, il faut se pencher sur des solutions à ces conflits et le
milieu de Vaudreuil-Soulanges, tel qu'on le connaît aujourd'hui, en a
déjà fait valoir devant vous.
Je vais le dire d'entrée de jeu, ce que Je plaide ici s'intitule
"le statu quo" et représente évidemment une demande formelle qui
vous a déjà été faite de considérer
Vaudreuil-Soulanges comme une circonscription d'exception au sens où,
évidemment, nous excédions déjà, sur la base des
électeurs de 1985, les critères arithmétiques qui doivent
vous guider. Tout laisse soupçonner, on va Ee reconnaître tout de
suite, que la croissance démographique de ce comté fera en sorte
que le nombre d'électeurs sur ce territoire augmentera tous les ans, de
quelque nombre que ce soit, ce n'est pas en cause, mais, chose certaine, II
augmentera par rapport à une situation qui dépasse les bornes
purement numériques que vous avez à regarder. (16 h 45)
J'aimerais souligner néanmoins... Et si je plaide pour des
exceptions, II faudrait quand même que je puisse démontrer le
caractère exceptionnel de l'application des critères non
numériques à une circonscription comme celle-là, ne
serait-ce que par la géographie qui nous appuie ou fait de nous des
frontaliers de l'Ontario, d'une part, frontière immuable s'il en est,
naturelle, c'est moins sûr, mais, chose certaine, immuable - j'entends de
l'autre côté qu'on n'est pas d'accord. Velléité
d'invasion de nos voisins de l'ouest, ou peu importe - des frontières
naturelles, immuables celles-là sans aucun doute, que sont les deux
cours d'eau représentés par l'Outaouais, le lac des
Deux-Montagnes, donc le fleuve Saint-Laurent et le lac Saint-François,
et la présence mitoyenne à tout le moins, lorsqu'on a franchi les
ponts qui les séparent, de I'île Perrot et de Dorion,
située sur le continent, pourrions-nous dire, dans ce dernier cas.
Donc, une configuration, ne serait-ce que sur la configuration
géographique, quelque chose d'assez exceptionnel: une pointe
parfaitement identifiable qui nous permet de nous mériter
-peut-être que les géographes y trouveront quelque opposition - le
nom de presqu'île. Ce n'est pas à proprement parler une
presqu'île, un bras de terre qui s'avancerait dans la mer pour former
presque une île, mais, chose certaine, cela s'illustre bien clairement
dans l'esprit de nos gens que l'intégrité de ce territoire, sa
configuration, amène à penser que nous formons une
presqu'île à l'intérieur de laquelle, de façon
très précise, nous pourrions continuer à vivre
ensemble.
Qu'il s'agisse des appartenances que les différents ordres
d'administration publique se sont trouvés, Commission scolaire
régionale du comté de Vaudreuil-Soulanges, comme on la
connaît, municipalité régionale de comté qui,
à certains égards, à l'époque où elle avait
été imposée à certains électeurs ou
certaines munici-
palités, notamment celle de Soulanges qui ne se trouvait pas,
à l'époque, je le reconnais bien clairement, d'appartenance
à ce nouvel ensemble de MRC qui succédait au comté
municipal de Vaudreuil et au comté municipal de Soulanges mais qui,
quelques années plus tard - nous sommes déjà en 1938 - a
pu permettre de mettre sur pied des instruments communs de
développement, notamment de développement économique, qui
ont embrigadé sur une base que je dirais volontaire les gens de
Vaudreuil et de Soulanges, tel qu'on les connaissait autrefois, dans une oeuvre
commune. Les chambres de commerce ont également, après
s'être surtout centrées dans quelques municipalités,
notamment à Vaudreuil, déborder le cadre de certaines
municipalités où elles étaient actives et nous avons une
chambre de commerce qui regroupe l'ensemble des municipalités qui sont
les nôtres aujourd'hui.
La demande qui vous a été transmise, enfin le
mémoire qui vous a été livré à Valleyfield
iI y a quelques semaines, reprenait essentiellement ces arguments. Ils sont
toujours valables ici même, devant cette commission, devant vous, par le
porte-parole des gens de mon comté que je suis. Je n'ajouterais rien si
je ne faisais évidemment que répéter les termes du
mémoire et venir appuyer les énoncés qui ont
été faits devant vous, mais j'entends ajouter quelque chose et
surtout, alléguer l'expérience de député que cela
signifie que de maintenir cette circonscription dans la configuration qu'on lui
connaît aujourd'hui, défi constant et constamment relevé,
je dois le dire, du mariage, de l'appariement des ambitions.
Les visions de l'avenir que peuvent avoir les gens d'une section
largement agricole, dans certains cas, exclusivement agricole, largement rurale
dans d'autres cas - car ce n'est pas la même chose qu'être rural ou
agricole - et largement urbaine d'autres municipalités, présentes
dans des institutions qui regroupent l'ensemble des municipilatés, font
en sorte qu'il y a un travail d'enrichissement réciproque qui se fait.
À chaque dossier qui doit être traité dans
Vaudreuil-Soulanges, à l'intérieur de ces institutions que nous
avons maintenant et qui regroupent l'ensemble des gens qu'on retrouve sur ce
territoire, se développent de nouvelles complicités. Lorsque se
frottent les originalités des milieux agricole, rural et urbain, se
développent des solutions à des problèmes que nous avons
à rencontrer. À ce titre, comme député y
participant très intimement, comme mes prédécesseurs, il y
a là l'essence même de ce qu'est le travail du
député, la variété à concilier des
intérêts en apparence divergents, mais qui convergent à
cause de cette appartenance géographique, cette communauté
historique, que les gens ont partagée depuis si longtemps.
Enrichissement également en voyant le dynamisme quf s'exprime
sous toutes sortes de formes différentes, selon qu'on considère
le milieu agricole, rural ou urbain. Enrichissement des intervenants, des
partenaires qui sont actifs dans ces institutions. Bien au-delà de ce
que peut en retirer le député comme satisfaction personnelle de
son travail fait dans des conditions comme celles-là. C'est surtout
d'être le témoin des efforts des gens de ce comté qui,
quant à moi, depuis longtemps, retient mon attention. Un dynamisme
renouvelé qui s'exprime par des moyens financiers concrets consentis par
les municipalités, notamment, je le rappelle, en matière de
développement économique. Déjà, on vous en a fait
état lors de l'audition des mémoires à Valleyfield.
Est-ce qu'il y a une solution au problème arithmétique qui
est devant vous? Il y a une proposition, évidemment la vôtre, qui
a été faite de transporter des gens d'un milieu exclusivement
agricole ou presque vers une circonscription existante largement
industrialisée. Les gens de Rivière-Baudette, de Saint-Zotique ou
de Saint-Polycarpe n'ont vraiment rien en commun avec les gens de Valleyfield,
en ce sens que les objectifs de développement économique, la
trame dans laquelle la vie de tous les jours se déroule, ne
correspondent, dans un cas comme dans l'autre, aucunement à
l'expérience des autres. Oui, on pourra évoquer - je le fais bien
ouvertement - les liens familiaux ou de parenté, établis par le
mariage d'il y a longtemps ou de très bientôt, qu'on peut
retrouver dans la façon dont les familles, quant à elles,
correspondent, de part et d'autre du lac Saint-François en empruntant le
pont Mgr-Langlois plutôt que d'emprunter des voitures d'eau, comme on le
faisait jusqu'à il n'y a pas si longtemps, ou d'emprunter le pont "des
chars", comme on dit, comme cela se produisait il y a une trentaine
d'années ou à peu près.
Il n'en reste pas moins que sur le seul critère - pour y revenir
- de la configuration des lieux, je serais tenté de prétendre
qu'il s'agit là d'un cas quasi unique, à moins que vous ne me
répondiez que vous avez fait franchir des rivières à un
nombre considérable d'électeurs un peu partout au Québec
pour les rattacher à des régions dont ils sont aujourd'hui
séparés de façon très concrète et
très significative, je dirais, comme c'est le cas qui nous occupe.
Donc, une solution qui tronque véritablement ce territoire de la
presqu'île, une solution qui, en reconnaissant certains des liens
sociologiques - j'ai dit familiaux - qui peuvent unir les gens de Soulanges
à ceux de l'autre côté, produit néanmoins une
césure beaucoup plus importante et significative à
l'intérieur même de ce territoire où on considère,
d'une part, Soulanges, comme on le connaît, et ce que nous appelons,
nous, dans Vaudreuil-Soulanges, le haut du comté, comme on peut le voir
facilement sur la carte.
Donc, appartenance des gens de la presqu'île entre eux beaucoup
plus forte que tout ce qu'on pourrait imaginer malgré la
proximité de Valleyfield, de certaines des zones riveraines du
lac Saint-François du côté de Vaudreuil-Soulanges.
Appartenance beaucoup plus réelle, beaucoup plus solide, beaucoup plus
ancienne des gens de Soulanges avec ceux du haut du comté et,
éventuellement, avec ceux qu'on retrouve du côté de
Vaudreuil en allant vers l'est.
Appartenance certainement à cette région bien
délimitée par les cours d'eau plutôt qu'à celle de
la rive sud. C'est toujours avec beaucoup de surprise que je vois encore qu'on
considère dans toutes sortes d'organisations, y compris dans le parti
ministériel, que le député de Vaudreuil-Soulanges fait
partie de la région rive sud.
M. le directeur, MM. les commissaires, malgré toutes sortes de
raisons historiques qui peuvent me toucher, je trouve que mon travail de
député et la région de Vaudreuil-Soulanges n'ont pas
vraiment beaucoup en commun avec les gens qui habitent à Sorel, à
Saint-Hyacinthe ou à Brossard, j'allais dire à Valleyfield, mais
sous toutes réserves et avec les nuances que j'ai apportées tout
à l'heure évidemment pour reconnaître quand même que
cette proximité a tissé des liens.
Donc, caractère exceptionnel, à mon sens, à cause
de la géographie, à cause de l'histoire, à cause de la
répartition des noms de familles qu'on retrouve un peu partout sur la
presqu'île et qui déborde, et c'est là où Je veux en
venir pour plaider le caractère d'exception, sur l'île Perrot
où on retrouve énormément, encore une fois, de rapports
entre les gens de la section est comme on le voit sur la carte du comté
de Vaudreuil-Soulanges, d'une part, et les gens de l'île Perrot d'autre
part. On pourra alléguer, et ça existe, des liens de nature
historique, familiale avec ce qu'on peut trouver dans la région de
Sainte-Anne-de-Beilevue, par exemple, ou certaines autres régions du
sud-ouest de l'île de Montréal par rapport à l'île
Perrot.
Il n'en reste pas moins que les institutions dont nous nous sommes
dotés ont intégré, à tout point de vue, les
résidents del'île Perrot à la vie de la presqu'île
géographique, pour employer l'expression, que je décrivais tout
à l'heure. J'ai entendu, afin de venir à votre secours en partie,
le député d'Abitibi-Ouest, M. Gendron, mentionner qu'une des
façons de régler le problème arithmétique qui est
le vôtre serait de transporter cette fois les résidents de
l'île Perrot sur l'île de Montréal, pour employer une image.
J'ai été très surpris de cette suggestion .dans la mesure
où même si elle a été évoquée à
Valleyfield, mais littéralement du bout des lèvres comme quelque
chose qui avait déjà été mentionné dans
certains milieux, cette solution ne retient absolument aucune espèce
d'appui des gens de l'îlePerrot et, à la limite, laisserait les
gens du reste du comté indifférents, je dis bien à la
limite, mais dans les faits de façon générale les gens du
reste du comté, donc de la presqu'île géographique,
s'entendent plutôt bien avec les gens de l'île Perrot. La
participation de ceux-ci à certains organismes qui regroupent l'ensemble
des 28 municipalités est fort active et appréciée et
enrichit, elle aussi, à cause du profil démographique,
sociologique de l'île Perrot, l'expérience collective des gens de
Vaudreuil-Soulanges. J'ai donc été très surpris de voir la
suggestion du député Gendron. Je ne sais pas exactement comment
ça serait reçu dans mon comté.
Toujours est-il qu'on n'est pas ici pour évaluer cela mais pour
constater que ce n'est pas, à mon sens, une solution qui retiendrait
certainement l'adhésion des gens en cause ou même des
récipiendaires éventuels qu'ils soient députés ou
résidents de l'île de Montréal, auxquels ont pourrait
soumettre cette alternative.
En définitive, donc, messieurs, il m'apparaît que les
caractéristiques de l'histoire de ce comté, les deux anciennes
seigneuries qu'on y retrouvait, les caractéristiques
géographiques qu'on peut observer, le site même des lieux et la
façon dont ils sont déterminés sur la carte par diverses
barrières naturelles ou politiques, dans le cas de la frontière
de l'Ontario, sont toutes des caractéristiques exceptionnelles qu'on ne
retrouverait pas aussi facilement réunies en aussi grand nombre et avec
autant d'intensité dans d'autres régions du Québec et
qu'à ce titre on peut plaider. C'est ce que je fais au nom des gens de
mon comté et je suis entièrement d'accord avec cette vision des
choses. Après plus de six ans, près de sept ans comme
député, je suis profondément convaincu qu'on peut
conserver cette entité électorale comme on la retrouve
aujourd'hui, tes seuls risques étant que le député actuel
ou quelque successeur que ce soit, trouve lourd de s'occuper de 50 000 à
60 000 électeurs, avec le temps. {17 heures)
Je dirais qu'à ce moment-là il appartient aux
électeurs d'indiquer, je crois qu'ils l'ont fait de façon assez
claire devant la commission, qu'ils veulent des changements de situation
où leur vote, 1 sur 60 000, à la limite, dans quelques
années ne représente que la moitié d'un vote d'un
électeur d'une autre circonscription. Les électeurs de
Vaudreuil-Soulanges, les pouvoirs municipaux ont indiqué en toute
connaissance de cause qu'ils préféraient le maintien de la
circonscription électorale que nous connaissons. Pour que ce
témoignage, aussi transitoire soit-il, puisse avoir de l'importance,
j'ajouterais que le député à l'Assemblée nationale
est parfaitement à l'aise et recherche les occasions de servir un nombre
accru d'électeurs dans Vaudreuil-Soulanges et qu'il y a donc, à
mon sens, unanimité de ce côté quant au maintien des
frontières que nous connaissons dans ce comté aujourd'hui.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges et ministre de l'Industrie et du
Commerce. Oui, M. le député de...
M. Jolivet: Oui, je voudrais juste... Le Président (M.
Marcil):... Laviolette.
M. Jolivet: Oui. Je voudrais juste faire une petite mise au point
parce que peut-être que le ministre a mai compris l'intervention de mon
collègue leader du gouvernement, il n'a pas fait de proposition.
M. Johnson: II est leader de l'Opposition.
M. Jolivet: Ah oui. Je suis tellement habitué comme ancien
président. Je veux juste que le ministre ne vienne pas dire que mon
collègue avait fait une proposition. Ce matin - et là cela adonne
bien avec les galées que nous avons maintenant de ce qu'il a dit ce
matin - il demandait si la solution qui avait été
envisagée comme possible pouvait être regardée. Donc, il
disait: "La solution qui pourrait être envisagée encore là,
je ne prétends pas avoir la vérité là-dessus, mais
ça pourrait être le rattachement des électeurs de
l'île Perrot avec la circonscription de Nelligan." Cette question
n'était pas une proposition qu'il faisait. Tout simplement il l'amenait
comme discussion pour aujourd'hui en disant: C'est une proposition qui a
été faite dans le temps et comme c'est une proposition, je vous
la remets sur le tapis et posez les questions en conséquence. C'est le
but de la réunion d'aujourd'hui. Ce n'était pas dans le sens d'en
faire une recommandation, mais beaucoup plus pour qu'on l'examine comme il faut
aujourd'hui.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Laviolette. Oui, M. le directeur
général.
M. Côté (Pierre-F.): Pierre Côté. M. le
député, je voudrais juste... Je pense qu'à la fin, vous
avez en partie répondu à cette question que je vais vous poser,
mais je veux avoir une précision. Vous suggérez que
Vaudreuil-Soulanges soit considérée comme une circonscription
d'exception avec 27,5 % au lieu de 25 % d'écart. Vous avez
mentionné à la fin - c'est le point que je voudrais que vous
précisiez ici - que ça ne vous dérange pas ou qu'il n'y a
pas de problème, d'après vous, si on retrouve en 1989 un
écart qui serait près de 40 %. C'est que si on envisage
l'établissement - c'est un des points que j'ai soulevés ce matin
- de la carte dans une perspective de deux mandats, à notre avis, on
sera rendu en 1989 si on maintient le statu quo à un écart de
près de 40 %.
M. Johnson: Soit 52 000, 53 000... M. Côté
(Pierre-F.): 53 000 à peu près.
M. Johnson: Oui, évidemment, pour les fins d'illustration
de mon argument, j'indiquais que les électeurs visés ne semblent
pas faire d'objec- tion à avoir un poids relatif inférieur de
presque la moitié de ce que la moyenne des comtés pourrait
prévoir. J'ai ajouté que, quant à moi, j'étais
très à l'aise avec cela. À partir de ce moment, on
pourrait, compte tenu de l'évolution démographique - et je crois
que cela a déjà été évoqué durant les
auditions - peut-être pas la prochaine fois, mais l'autre fois plus tard,
on pourrait en arriver à un nombre d'électeurs sur ce territoire
tel qu'il y aurait place carrément pour deux circonscriptions
plutôt qu'un rattachement, et c'est cela qui fait problème.
Une partie du comté actuel, de l'autre côté du lac
Saint-François, avec une circonscription, notamment, celle où se
retrouve Valleyfield, qui, dans l'état actuel des choses n'aurait
essentiellement pas besoin d'être agrandie de 11 000 électeurs.
C'est à partir d'une perspective de deux élections, ne regardons
pas 1989, 1990, mais regardons 1995, 1996, à ce moment-là, il
n'est pas impossible avec les rythmes de croissance qu'on peut anticiper qu'il
y ait tant de croissance pour avoir suffisamment de résidents ou
d'électeurs pour former - cela a été évoqué
et je te répète à ce titre - deux circonscriptions mais
qui maintiendraient, quant à l'ensemble de la région, une
appartenance à ce qui est la presqu'île plus l'île
Perrot.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
Je vais reconnaître le député de Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, M. le Président. M. le président,
MM. les commissaires, mon intervention devant cette commission a pour but
d'exprimer aussi fidèlement que possible l'ensemble des opinions et
commentaires que j'ai recueillis à l'intérieur de la
circonscription électorale que je représente. Le comté de
Huntingdon s'étend, comme on le sait, sur un vaste territoire qui
comprend 26 corporations municipales. Il est essentiellement rural et, sur le
plan économique, il est un des plus importants comté agricole du
Québec. Dans l'élaboration de sa proposition, la commission a
suggéré d'intégrer au comté de Huntingdon cinq
municipalités additionnelles dont ta ville de Beauharnois. Elle
proposait aussi de renvoyer la municipalité de Saint-Isidore au
comté de Châteauguay.
Permettez-moi d'abord d'indiquer qu'à partir du moment où
des propositions de la Commission de la représentation électorale
furent connues, peu de personnes du comté de Huntingdon se sont
opposées à ce que certaines modifications soient
apportées. Cependant, à la suite de nombreux commentaires de
citoyens-électeurs, l'inclusion de la ville de Beauharncis dans le
comté de Huntingdon est très loin de faire
l'unanimité.
La très vaste majorité m'a indiqué son
désir
ardent de conserver la vocation agricole du comté de Huntingdon
et, comme deuxième point, elle a fait mention du peu d'affinités
qu'on aurait avec la ville de Beauharnols.
M. le Président, tout en voulant bien respecter et comprendre le
mandat et les pouvoirs confiés à la Commission de la
représentation électorale, je désire indiquer que je suis
également un de ceux qui croient que la ville de Beauharnois n'a
vraiment aucune affinité avec les municipalités voisines
situées dans le comté de Huntingdon. Beauharnois est une ville
plutôt industrielle et, de ce fait, cause un problème
d'homogénéité pour Huntingdon.
Beauharnois ne représente pas également un coin de
services pour les municipalités voisines tout comme il n'existe aucun
sentiment d'appartenance avec les municipalités qui touchent la ville de
Beauharnois.
Comme je l'indiquais plus tôt, très majoritairement les
résidents soulignent leur désir de vouloir conserver intacte la
vocation agricole du comté de Huntingdon. Je voudrais mentionner que le
comté de Huntingdon est aussi plutôt unique dans le sens où
toute ses municipalités ont une vocation principalement agricole. Vous
comprendrez que la conservation de cette intégrité revêt
une très grande importance pour les agriculteurs ainsi que pour les
résidents-électeurs du comté.
M. le Président, je n'ai pas beaucoup d'autres
éléments à soumettre si ce n'est une opinion personnelle
à savoir que la tâche que se voient confier les
députés de comtés ruraux ayant plusieurs
municipalités à servir est généralement beaucoup
plus accaparante que celle de nos collègues de comtés urbains,
À cet égard il me semblerait opportun et appréciable
qu'une application moins rigoureuse du critère numérique puisse
être consentie dans les cas où l'étendue du territoire et
le nombre de municipalités à servir imposent trop de
contraintes.
Cependant, si des modifications devaient être apportées, il
nous apparaîtrait acceptable d'inclure dans Huntingdon les
municipalités de Saint-Stanislas-de-Kostka, de
Saint-Etienne-de-Beauharnois et de Saint-Louis-de-Gonzague tout en conservant
la municipalité de Saint-Isidore.
C'étaient les quelques remarques que je désirais apporter
sur les modifications proposées par la Commission de la
représentation électorale et je vous en remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Huntingdon.
Je vais maintenant me permettre... Oui?
M. Bourassa (Guy): Guy Bourassa. Une brève question, M. le
député de Huntingdon. Vous avez fait allusion aux
municipalités de Saint-Stanislas et de Saint-Louis-de-Gonzague pour les
rattacher à Huntingdon. Est-ce que vous êtes au courant que ces
deux municipalités nous ont demandé d'être
rattachées à Soulanges?
M. Dubois: Je comprends, mais si on doit augmenter le nombre
d'électeurs dans le comté de Huntingdon, ces trois
municipalités que j'ai mentionnées, a savoir Saint-Louis,
Saint-Étienne et Saint-Stanislas sont de petites municipalités
rurales. Si on parle d'homogénéité, cela respecte
l'homogénéité du comté de Huntingdon et cela
élèverait d'à peu près 3000 électeurs le
nombre de nos électeurs actuels. C'est dans ce sens-là... Je
comprends qu'il pourrait y avoir objection de la part des résidents de
ces trois municipalités.
M. Bourassa (Guy): Merci.
M. Serge Marcil
Le Président (M. Marcil): Je vais me permettre quelques
minutes également comme député de Beauharnois pour
apporter une opinion sur la proposition. Comme député, il est
certain que le statu quo serait la solution Idéale en ce qui concerne le
comté de Beauharnois. Pourquoi? D'abord, parce que Beauharnois est,
historiquement parlant, un comté qui existe depuis que le Québec
existe comme tel et les gens du territoire voient d'abord de façon
très négative la disparition du nom du comté d'une part et
aussi de traverser le fleuve pour s'associer avec les gens de Soulanges. Par
contre, dans les auditions des différents intervenants qui ont
participé ce qui m'a surpris c'est leur position. Lorsque vous aviez
présenté cette proposition, j'avais rencontré tous les
membres de la MRC de Beauharl'île nois-Salaberry, parce que ta MRC
regroupe l'ensemble des municipalités du comté de Beauharnois,
trois municipalités du comté de Huntingdon et nous avons une
municipalité du comté de Beauharnois qui fait partie d'une autre
MRC. J'ai été surpris de voir que l'ensemble des maires, sauf un,
était d'accord avec la proposition que vous faisiez. Me Grove, le maire
de Maple Grove, par le biais d'une résolution que lui et son conseil
vous ont fait parvenir, je ne sais pas si vous avez vu la copie de
résolution, à savoir qu'ils s'opposaient, du moins ils voulaient
demeurer dans te comté de Beauharnois pour faire en sorte que le
comté de Beauharnois demeure intact et si jamais la proposition
s'appliquait, plutôt s'associer au comté de Châteauguay
qu'au comté de Huntingdon. Je les comprends parce qu'il y a plus
d'affinités entre Maple Grove, la ville de Léry,
Châteauguay qu'entre Maple Grove et Huntingdon.
Mon collègue, le député de Huntingdon,
alléguait le fait que Huntingdon est un comté rural. S'il y a un
comté rural au Québec, c'est bien Huntingdon. Le comté de
Beauharnois a une petite partie de son comté qui est rurale soit
Salnt-Stanislas-de-Kostka, Saint-Louis-de-Gonzague et Saint-Étienne. Par
contre le maire de Valleyfield qui représente quand même une ville
de 30 000 habitants, était favorable à votre proposition. Le
maire de Melocheville et le maire
de Beauharnols étaient également favorables à la
proposition. Vous aviez également les représentants de la chambre
de commerce qui étaient favorables à la proposition. Les maires
de Saint-Louis-de-Gonzague et de Saint-Stanislas voulaient demeurer
rattachés au secteur de Valleyfield comme solution possible et par
contre vous aviez des groupes de Huntingdon qui s'opposaient à votre
proposition et des groupes de Soulanges où il y avait également
des opinions partagées.
L'île Salaberry regroupe Melocheville, les deux
Saint-Timothée, village et paroisse, la municipalité de
Grande-Île, de même que la ville de Salaberry-de-Valleyfield. C'est
une île en soi.
Les gens vous ont proposé des noms, parce qu'on parle de noms
également. Beauharnois, pour nous, c'est un nom historique, qui doit
être maintenu. Donc, le statu quo du comté de Beauharnois
règle le problème. Si vous appliquez votre proposition, il est
certain que l'île Salaberry qui regroupe quand même
Salaberry-de-Valleyfield vous proposerait de faire en sorte que la prochaine
circonscription électorale se dénomme Salaberry, parce que c'est
quand même un nom historique et Soulanges est aussi un nom historique et
un ancien comté également. Par contre, le nom de cette
circonscription électorale pourrait être aussi Beauharnois parce
la plus grande partie du territoire de la seigneurie de Beauharnois touchait
Saint-Stanislas-de-Kostka, Saint-Louis et l'île Salaberry
également.
Donc, tout cela pour vous dire que les opinions sont très
partagées chez nous dans les institutions reconnues. C'est assez clair
en ce sens qu'elles étaient favorables à votre proposition. Pour
ce qui est des groupes locaux, des associations, les gens ne sont pas
nécessairement favorables à votre proposition. Comme
député et résident de ce comté, j'y suis né,
je proposerais qu'on maintienne le statu quo en ce qui concerne Beauharnois,
parce qu'avec la venue des MRC cela a créé ce fameux lien
d'appartenance qui était difficilement perceptible auparavant. (17 h
15)
Le même phénomène se retrouve également dans
Vaudreuil-Soulanges. Autant Soulanges et Vaudreuil ne se sentaient pas
nécessairement en bonne relation, si on peut dire, parce que Soulanges
est une partie rurale qui avait plus d'affinités avec Valleyfield, mais
depuis l'avènement de la MRC de Vaudreuil-Soulanges, on a senti que
Vaudreuil et Soulanges ne forment aujourd'hui qu'une seule communauté.
Cela paraît également dans les projets de développement
régional où on retrouve Vaudreuil-Soulanges réellement en
front commun par rapport à ce qui existait auparavant. Huntingdon est
une circonscription électorale assez particulière. D'abord, elle
compte un pourcentage assez important d'anglophones. Beauharnois est une
circonscription électorale francophone à 95 % et
industrialisée, car nous y retrouvons quand même trois parcs
industriels et un port. La plus grosse ville est Salaberry-de-Valleyfield qui
regroupe environ 30 000 habitants. Donc, en termes d'affinités,
Beauharnois devrait demeurer telle quelle.
Les trois circonscriptions électorales touchées, dans le
fond, devraient demeurer telles quelles. Dans la solution que vous proposez,
vous vous servez du comté de Beauharnois comme d'un moyen pour
régler le problème démographique du comté de
Vaudreuil-Soulanges. Donc, vous nous enlevez 12 000 électeurs pour les
transférer dans Huntingdon parce qu'il peut le prendre, comptant 27 000
électeurs, et vous prenez 12 000 électeurs de Soulanges pour les
ramener à Beauharnois afin de diminuer le nombre d'électeurs dans
Vaudreuil. C'est cette simple mesure arithmétique que vous appliquez
dans le fond; c'est ce que vous recherchez. Compte tenu que nous sommes dans un
cul-de-sac géographiquel'île ment parlant, nous servons quasiment
de bassin; on nous enlève et on va en chercher 12 000 dans Soulanges.
C'est facile à faire, disons, quand on le calcule sur papier, mais, dans
les faits, je pense que vous touchez à beaucoup de choses, vous touchez
à un sentiment d'appartenance, vous touchez à des régions
qui ont une vocation historique parce qu'on y retrouve des parcs historiques.
Donc les gens tiennent beaucoup à leur territoire et, lorsque vous
modifiez les noms, cela pose un problème énorme.
Pour le bien de tout le monde, du moins en ce qui me concerne, le statu
quo serait préférable. Je sais que vous avez tout un
problème à régler et je ne voudrais pas être dans
vos souliers, comme le disait ce matin le leader de l'Opposition. C'est une
règle de calcul et il faut trouver une solution commune acceptable et
acceptée de part et d'autre, mais c'est sûr qu'on est conscient
qu'on ne fait pas d'omelette sans briser d'oeufs. C'est tout ce que je voulais
ajouter concernant Beauharnois.
Nous avons maintenant terminé avec la rive sud, à moins
qu'il n'y ait d'autres intervenants. Non?
Nous allons recevoir immédiatement les représentants de
l'est de Montréal. Je vais reconnaître le... Oui? Une minute?
Est-ce seulement pour votre bien personnel? Bon, on va suspendre, si vous le
voulez. Êtes-vous consentant, M. le député de Laviolette,
que nous suspendions pour deux minutes pour changer les cartes, ainsi de
suite?
Mme Pelchat: ...de la commission. Alors j'en propose le
dépôt.
Le Président (M. Marcil): Je vais recevoir votre document
comme dépôt. Nous allons le transmettre au président de la
Commission de la représentation électorale. Cela va?
Mme Pelchat: La même chose pour...
M. Saintonge: M. le Président, je pourrais faire
exactement la même chose, sauf que je n'ai
qu'une seule copie. Si je la dépose à la commission, c'est
pour être transmis à...
Le Président (M. Marcil): Nous allons en faire des
photocopies.
M. Saintonge: Ah, bon! Très bien. En tout cas, si vous me
permettez simplement d'ajouter un point dans mon exposé concernant la
division du nouveau comté de Laprairie.
Le Président (M. Marcil): En deux mots ou en un seul?
M. Saintonge: En deux mots, rapidement. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Saintonge: La députée de Châteauguay, Mme
Cardinal, ne pouvait être ici aujourd'hui, mais je lui avais parlé
de la division concernant le nouveau comté de Laprairie avec les quatre
villes de Châteauguay qui se joignent aux trois villes de Laprairie. Elle
manifestait son accord à ce sujet. Je pense que c'est important de le
noter. C'est ce point-là.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Vous me permettrez de simplement remercier, puisque
j'ai la parole, les gens de la Société d'histoire de Laprairie et
de Brossard et aussi de la bibliothèque de Brossard pour leur appui dans
les recherches que j'ai dû effectuer pour soumettre ces documents
à la commission. Merci.
Interventions des députés de l'est de
Montréal
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Laprairie, en deux mots. Je vais maintenant
reconnaître le député de Lafontaine pour l'est de
Montréal.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. M.
Côté, MM. les commissaires, j'aimerais vous saluer et vous dire
que ce ne sera pas trop long. Je sais qu'il y a d'autres collègues
représentant des comtés de l'est de Montréal qui ont
à vous faire part de recommandations plus détaillées que
les miennes. Étant donné que le comté que je
représente est situé en périphérie de l'est de
Montréal, mes collègues ont pensé qu'il serait bon que
j'intervienne avant eux. Cela me permettrait en plus de leur donner tout le
temps dont its pourront disposer par la suite pour faire valoir leur point de
vue.
La délimitation que vous proposez pour le comté de
Lafontaine va se situer, d'après votre rapport, à la hauteur de
la 36e avenue, à la ligne hydroélectrique qui traverse
Pointe-aux-
Trembles entre la 36e et la 39e avenue. Cela veut dire que, d'un
côté, on a le traditionnel Pointe-aux-Trembles situé
à l'ouest de la ligne, où la majorité de la population
habite depuis 50, 75 ans, et, de l'autre côté, les nouveaux
développements de Pointe-aux-Trembles où il y a eu de nouvelles
constructions, en particulier dans le cadre de l'opération 20 000
logements qui a été mise de l'avant par la ville de
Montréal ces quatre ou cinq dernières années. D'un
côté, on a une population assez traditionnelle, assez
habituée à Pointe-aux-Trembles, à son petit quartier,
à son hôtel de ville - anciennement annexé à
Montréal - et, de l'autre côté, une population de type
banlieue qui est arrivée d'un peu partout, de Laval, de Montréal,
du centre-ville, certains même de la rive sud, à cause du
rapprochement de leur emploi dans la région, du transport et d'un
voisinage plus facile d'accès.
Il y a aussi Rivière-des-Prairies. Comme vous le savez et l'avez
constaté, Rivière-des-Prairies a connu, depuis quelques
années, une croissance assez importante. On parle d'à peu
près 2000 nouveaux résidents par année. Il faut dire que
là aussi il y a eu l'opération 20 000 logements. Il y avait
beaucoup de terrains vacants. Il y a quatre ans, à
Rivière-des-Prairies, il y avait 11 000 électeurs. Il y en amaintenant environ 21 000, peut-être 22 000 ou 23 000, et c'est
grâce à l'opération 20 000 logements. On a pu voir depuis
quatre ans ces gigantesques chantiers de construction, du bout de l'île
de Pointe-aux-Trembles à Rivière-des-Prairies. C'est maintenant
assez stabilisé. Il reste quelques terrains, mais ces derniers, en
partie, sont réservés au parc Archipel situé au bout de
l'île.
Il y aussi des terrains qui sont Impropres à la construction
domiciliaire ayant été pollués par les raffineries. Vous
vous souvenez sans doute de la fameuse nappe de goudron qu'on avait
découverte il y a un an ou deux, alors qu'on s'apprêtait non loin
à y construire des résidences. Ces terrains ne seront pas
propices à une construction domiciliaire avant au moins une quinzaine
d'années, à cause des problèmes de dépollution et
de nettoyage.
On peut dire que le développement de Rivière-des-Prairies
et du bout de l'île est assez stabilisé. Le bout de l'île de
Pointe-aux-Trembles est maintenant complet, 36e avenue en allant vers le bout
de l'île, et ta piste Richelieu, le parc Bel-Air, etc. c'est complet. On
peut y retrouver une population stable. On a aussi assisté à une
baisse des populations traditionnelles de ces quartiers, parce qu'il y en avait
quand même un peu, entre autres à Rivière-des-Prairies.
C'est-à-dire que des familles de quatre personnes, le père, la
mère et deux enfants, qu'on retrouvait à la même adresse
lorsqu'on a fait le recensement; maintenant ils ne sont plus que deux. Il n'y a
plus que le père et la mère, les enfants étant partis. Il
y a eu, là aussi, une légère baisse du nombre de la
population, mais cela a été compensé, bien entendu, par
le
développement qui a eu lieu. On a environ 21 000 électeurs
et on peut penser qu'on n'ira pas tellement plus loin avant une dizaine
d'années.
À la lumière de tout cela, connaissant bien mon
comté parce que cela fait une dizaine d'années que j'y travaille,
j'ai eu une entreprise tout au bout de l'île, qui s'appelait Automobiles
Vincent Forgues et location... Alors connaissant bien le tissu du coin, lorsque
j'ai vu votre découpage électoral, ma première
réaction a été de dire: Pourquoi la ligne
électrique? Pourquoi pas Tricentenaire ou Saint-Jean-Baptiste? Ma
deuxième réaction a été de prendre le cahier du
recensement et les secteurs électoraux et je me suis rendu compte que
vous aviez réussi à trouver une barrière naturelle, soit
une ligne électrique immense où il y a deux gros pylônes de
chaque côté, c'est une double ligne, qui correspondait à un
secteur électoral en plus. Donc, on n'a pas besoin de charcuter les
pôles. J'ai trouvé cela assez génial. J'ai dit: Tiens, le
hasard fait qu'on peut trouver une délimitation naturelle - mais on est
en ville et il ne faut quand même pas oublier qu'on n'est pas en
campagne, on est dans une ville - et en même temps des secteurs
électoraux qui sont déjà faits, qui sont
déjà homogènes. J'ai regardé, j'ai essayé de
voir moi aussi si je ne pourrais pas trouver des améliorations, des
petits changements. Force m'était de convenir que ce serait un
changement ou un autre, on reviendrait toujours au même problème.
Il fallait couper quelque part et que la coupure semblait être la plus
logique en tenant compte des circonstances et des événements.
J'ai fait une petite consultation dans la population. J'ai
commencé par parler d'abord avec les gens que je fréquente assez
souvent dont quatre personnes dans mon comté qui sont des journalistes
locaux; nous avons quatre hebdos et à toutes les semaines je leur donne
des nouvelles, je fais une conférence ou je donne des
communiqués. J'ai consulté des gens dont certains sont là
depuis une quinzaine d'années, une vingtaine d'années. Ils
semblaient comprendre assez la délimitation. Ils semblaient dire: Oui,
en effet, il faut couper. On n'a pas le choix. Il faut faire une nouvelle
délimitation à 52 000 ou 54 000 électeurs. On ne peut pas
rester comme cela.
Par la suite, je suis allé voir des citoyens. Je sais qu'il y a
des gens qui ont dit: Il ne faut pas couper le quartier en deux. On n'a rien
à voir avec l'autre quartier à côté. Entre
parenthèses, j'aimerais mentionner et rappeler qu'avec l'autre quartier
cela fait quand même 20 ans qu'on est dans le même comté. Il
n'y a que Pointe-aux-Trembles et Rivière-des-Prairies qui sont dans le
même comté, donc dans le même quartier; il y a une
communauté d'intérêt qui est là depuis 20 ans, 19
ans, quelque chose comme cela. Donc, Ils ont eu les mêmes
députés, ils ont eu les mêmes organisations depuis ce
temps. D'autres gens m'ont dit: Nous on est d'accord, sauf qu'on s'appelle
Rivière-des-Prairies et on n'aime pas cela. Là j'ai dit: "Wo!"
J'ai regardé pourquoi. Ils m'ont dit: Écoute, on habite à
Pointe-aux-Trembles sur la 39e, 41e, 90e avenue; quand on a acheté notre
maison, on est venu habiter dans le quartier de Pointe-aux-Trembles et
là tu vas appeler cela Rivière-des-Prairies.
Il y avait une espèce de petit mélange qui a
été peut-être un peu moussé par le fait que du
côté de Rivière-des-Prairies il y a une communauté
un peu plus ethnique, néo-québécoise et des gens ont dit:
Bien oui, cela va être un quartier où nous autres on ne sera plus
chez nous. On ne sera pas vraiment dans notre quartier de Pointe-aux-Trembles.
J'ai trouvé cela assez intéressant. En effet, pourquoi quelqu'un
qui achète une maison dans le bout de l'île de Pointe-aux-Trembles
se verrait dire: Je réside dans le quartier de
Rivière-des-Prairies ou dans le comté. Vous savez, les gens en
ville parfois peuvent mêler cela un peu, surtout quand c'est le nom d'un
quartier qui s'appelle comme le comté.
J'ai continué mon petit sondage, mon petit "survey" et d'autres
personnes m'ont dit: Écoute, quand tu prends les chiffres, tu te rends
compte qu'il y a 32 000 électeurs du comté de Lafonl'île
taine, de notre comté actuellement, qui restent ensemble et qui vont
s'appeler RDP. Il y en a 20 000 ou 21 000 qui vont aller avec une partie
d'Anjou et une partie de Bourget et ils vont s'appeler Lafontaine. Il y en a
qui m'ont dit, entre autres, un journaliste du journal L'Avenir de l'Est, M.
Alain Vaillancourt, directeur du journal m'a dit: Moi Jean-Claude, je trouve
cela un peu bizarre. Cela devrait être le contraire parce que le nouveau
comté, ce n'est pas celui qui s'appelle Rivière-des-Prairies,
c'est celui qu'on appelle Lafontaine parce qu'il prend une partie de
Tétreaultville, de Bourget et une partie d'Anjou pour faire un
comté.
Voyant cela j'ai dit: Oui, cela peut avoir de l'allure. J'ai
continué ma petite consultation et j'ai soumis cela en allant dans les
clubs de l'âge d'or le samedi soir pour parler aux gens dans les quatre
comtés. J'ai lancé l'idée un peu en l'air. Les gens
disaient: Oui, nous autres cela ne nous dérange pas. On s'appelle
déjà Lafontaine. Quand même que le bout de l'île
s'appellerait Lafontaine, cela ne change rien pour nous et les gens de
Rivière-des-Prairies, dont mon association libérale que j'ai
consultée m'ont dit: Nous autres, on est Lafontaine, on ne voit pas
pourquoi cela nous dérangerait. Vous avez dû recevoir un
mémoire que j'ai ici. Mme Ashton, une dame qui est depuis une trentaine
d'années dans le comté, dans le bout de l'île; elle s'est
Impliquée dans le bénévolat, elle s'occupait de
recensement, elle était commissaire pour le recensement
fédéral, enfin, toutes sortes de choses. Elle a
décidé de parler avec plusieurs de ses amis et relations du bout
de l'île et ils sont venus déposer ce mémoire que j'ai bien
aimé, que j'ai vu d'ailleurs moi aussi parce que j'ai reçu une
copie et qui fait un peu valoir tout cela.
C'est évident que ce mémoire, je ne peux
pas faire autrement que de l'appuyer, sous toutes réserves ne
voulant vous imposer quelque chose, et de penser que cela peut refléter
peut-être le compromis entre Pointe-aux-Trembles et
Rivière-des-Prairies en ce qui concerne l'appartenance d'un bout du
quartier à l'autre quartier. (17 h 30)
En même temps j'ai reçu une autre chose que vous avez
dû recevoir aussi, parce que c'est une copie qui m'a été
envoyée de la ville de Montréal-Est. Dans te comté,
actuellement, il y a trois parties. Il y avait trois parties dans le temps. Il
y avait Rivière-des-Prairies, qui était un quartier de la ville
de Montréal, annexé depuis une vingtaine d'années. Il y a
Pointe-aux-Trembles, qui était anciennement une ville
indépendante mais qui est annexée depuis maintenant six ans
à Montréal. Il y avait deux villes qui ont fait un quartier de
Montréal, Pointe-aux-Trembles et Rivière-des-Prairies. Il y a la
petite ville, la petite municipalité de 3500 ou 3700 habitants de
Montréal-Est, l'endroit où on voit les raffineries quand vous
prenez le boulevard Métropolitain. Oui, les ayatollahs.
À la ville de Montréal-Est, lors d'une assemblée du
conseil, tes conseillers ont eu une discussion sur la représentation
électorale. Ils en sont venus à la conclusion suivante - que vous
avez dû voir dans le procès-verbal qu'ils vous ont envoyé,
si vous l'avez reçu, mais je le crois - étant donné que le
comté serait, lui aussi coupé, que Tétreaultville serait
avec et que tout ça c'était antérieurement situé
dans la paroisse de Pointe-aux-Trembles, le cadastre de Pointeaux-Trembles, que
Pointe-aux-Trembles est une ancienne ville historique avec un nom un peu
historique - il y a un vieux moulin, enfin II y a différentes choses -
qu'il serait peut-être bon, vu que maintenant c'est un quartier de
Montréal, afin de conserver le nom et la délimitation
géographique de Pointa-aux-Trembles, d'appeler cela Pointe-aux-Trembles.
Alors je leur ai conseillé de vous faire parvenir leurs pensées.
Je vois qu'ils l'ont fait sous forme de procès-verbal signé par
les conseillers à l'unanimité. Et je pense que là aussi
ça pourrait être un compromis, ce qui permettrait aux gens qui
étaient en faveur de la promotion de Pointe-aux-Trembles,
Montréal-Est, d'avoir une certaine satisfaction parce qu'on conserve le
nom de Pointes-aux-Trembles. On conserve peut-être le nom de
Montréal-Est aussi selon la décision que vous prendrez
finalement.
Cela permettrait peut-être de clore le débat dans notre
quartier, dans notre coin, débat qui, d'après mol, se fait sur la
sémantique des mots et non sur la délimitation. Car, comme je le
disais au début, non seulement vous avez fait la délimitation en
fonction d'une ligne hydroélectrique et en plein quartier de ville,
c'est vraiment important, il n'y a rien sur 150 mètres. Il n'y a plus de
maison. C'est comme une tranchée, un "no man's land" et en plus un
secteur électoral complet qui coupe et après on recommence
d'autres secteurs.
Alors je pense qu'en termes de délimitation naturelle et
délimitations physiques vous aviez raison. Mais en termes de gens,
d'appartenance, bien ce sont de nouveaux résidents à l'autre bout
de l'île par rapport aux anciens résidents de Pointe-aux-Trembles,
Montréal-Est, à partir de la route 36 et Tétreaultville
qui d'ailleurs était avant dans le même comté qui
s'appelait Bourget. Je ne sais pas si vous vous souvenez de ça
antérieurement, il y a de nombreuses années, cela s'appellait
Lafontaine.
Pour toutes ces raisons Je pense que je reflète un peu la
pensée de pas mal de gens dans le coin. Je n'ai pas la prétention
d'avoir la science infuse et la seule vérité. Je crois qu'on ne
l'a pas souvent. Quand on l'a, on doit être très heureux. Mais je
pense quand même avoir une bonne opinion et une bonne perception de ce
que les gens disent.
En terminant je tiendrais à faire savoir qu'en ce qui me
concerne, comme député, j'apprécie le travail qui a
été fait par la commission. Il me semble correspondre à
des réalités qui ne sont pas faciles à vivre et à
trancher. Et je vous remercie.
Le Président (M, Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Lafontaine.
Est-ce qu'il y a des questions? Cela va. M. le leader adjoint.
M. Lefebvre: M. le Président, à moins qu'il n'y ait
d'autres interventions suite à...
M. Boulerice: Une très brève intervention, M. le
Président...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Saint-Jacques
M. Boulerice: ...s'adressant à M. le directeur
général. Lorsque vous avez tenu vos audiences publiques, il y a
eu d'autres représentations qui ont été faites quant au
territoire qu'identifie mon collègue, M. Gobé. Est-ce que vous
avez l'intention d'en tenir compte lorsque vous allez revoir la configuration
de la carte électorale pour ce qui est de Lafontaine, à l'issue
de nos travaux?
M. Côté (Pierre-F.): Effectivement, M. le
député, nous allons tenir compte de toutes les
représentations qui ont été faites dont celles auxquelles
vous faites référence et nous allons, comme c'est notre devoir,
je pense bien, peser le pour et le contre de chacune des représentations
et, ultimement, prendre la décision que nous croirons être la
meilleure. Mais vous avez raison de souligner qu'il y en a eu d'autres.
Le Président (M. Marcil): M. le leader adjoint.
M. Lefebvre: M, le Président, pour ce qui est du bloc de
la partie est de Montréal, il y a encore à entendre le
député de Saint-Louis. Maintenant, pour des raisons purement
techniques, M. le député n'est pas disponible pour le moment,
étant donné que son intervention était prévue pour
20 heures. Ce que je suggère - et je pense que le leader adjoint de
l'Opposition est d'accord avec ma suggestion, car on en a parlé tout
à l'heure - c'est d'ajourner les travaux à demain matin, dans le
but de reprendre une partie de l'enveloppe du temps qu'on perdra aujourd'hui,
à 9 h 30 demain. On commencera immédiatement avec le
député de Saint-Louis.
M. Jolivet: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): J'ai également
demandé au député de Gouin, qui est d'accord. Nous allons
donc ajourner jusqu'à demain matin, 9 h 30.
(Fin de la séance à 17 h 36)