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(Onze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Bélisle): À l'ordre, s'il
vous plaît?
Messieurs et mesdames de la commission, bonjour. Alors, je
déclare ouverte la séance de la commission des institutions et je
rappelle le mandat de la commission que nous avons reçu de la Chambre,
c'est-à-dire de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi suivants dans l'ordre où je
vais les appeler le projet de loi 77, Loi modifiant le Code civil et la Loi sur
les bureaux d'enregistrement, le projet de loi 78, Loi modifiant la Loi sur les
renvois à la Cour d'appel et enfin le projet de loi 71, Loi modifiant de
nouveau la Loi sur les tribunaux judiciaires.
Mme la secrétaire, est-ce que vous pourriez nous annoncer les
remplacements, s'il y a lieu?
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, M le
Président.
Le Président (M. Bélisle): D'accord, c'est
noté Est-ce qu'il y a des motions ou requêtes préliminaires
à présenter? M le député de Taiflon.
M. Filion: Merci, M le Président D'abord, la personne
à ma gauche n'est pas le nouveau député d'Anjou, il est
mon recherchiste. Je voudrais tout simplement présenter aux membres de
cette commission Me Stéphane Dolbec, jeune, dynamique et très
compétent avocat Je vous assure que dans l'Opposition - le ministre le
sait - on n'a pas des grosses équipes et Me Dolbec travaille très
étroitement avec moi, ce qui nous amène souvent à donner
des performances acceptables à l'Assemblée nationale, c'est
important en commission également. Alors, on fait tout ce
travail-là et on n'a pas...
M. Marx: ...
M. Filion: l'équipement du ministère de la Justice.
Mais je dois vous dire qu'on apporte le meilleur de notre connaissance, de
notre cerveau et de notre collaboration à bonifier les projets de loi du
ministre qui, en général, sont bien ficelés. Mais
évidemment, un projet de loi est toujours perfectible, c'est pourquoi
nous nous réunissons en commission. Nos commentaires doivent être
accueillis comme des suggestions. Nous n'avons pas la vérité de
ce côté-ci de la table mais par contre, on exprime des
préoccupations qui n'en sont pas moins véritables et qui
demandent, à ce moment-là, un échange avec le parti
ministériel et le ministre, évidemment, pour arriver à en
faire des projets de loi qui vont fonctionner en hiver comme en
été et pour le plus grand bénéfice des citoyens
qu'on a accepté de servir.
Le Président (M. Bélisle): Alors, c'est bien
noté, M. le député de Taillon
M. Filion: Merci
Le Président (M. Bélisle): Bienvenue à votre
adjoint de recherche, Me Dolbec, avocat. II faut prendre les compliments tandis
qu'ils passent, ils sont si peu nombreux en politique.
Projet de loi 77
J'appelle le projet de loi 77, Loi modifiant le Code civil et la Loi sur
les bureaux d'enregistrement J'appelle l'article 1.
M. Marx: Je vous remercie, M. le Président
La modification proposée à l'article 1 est d'ordre
technique . Elle vise à actualiser l'article 1056c du Code civil, le
renvoi qui se rapporte à la Loi sur le ministère du Revenu.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Oui, c'est une simple concordance - c'est ce que nous
avions compris - avec la Loi sur le ministère du Revenu.
Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté J'appelle
l'article 2.
M. Marx: L'article 2 La modification à l'article 1163 du
Code civil a pour objet de faire en sorte que les offres et la consignation
puissent à l'avenir être faites non seulement en argent comptant
mais aussi au moyen de chèques visés.
Le Président (M. Bélisle): M le
député de Taillon.
M. Filion: Bon, je voudrais poser la question suivante au
ministre. Outre le fait que le dépôt d'un chèque
visé permet d'éviter le transport et la manipulation de sommes
d'argent comptant, est ce que le ministre pourrait me dire quels sont les
autres avantages de cette formule-là, s'il y en a?
Le Président (M. Bélisle): M le ministre de la
Justice.
M. Marx: Je ne vois pas beaucoup d'autres avantages mais c'est un
avantage important que vous avez souligné là.
Le Président (M. Bélisle): M le
député de Taillon.
M. Filion: Merci. Est-ce que le fait de
déposer un chèque visé va permettre au signataire
de ce chèque de conserver. D'abord, quel intérêt
reçoit-on. Je m'excuse, je retire la première partie de ma
question. Quel intérêt reçoit-on de cette somme d'argent
qui est déposée en consignation, par exemple à l'occasion
d'une action en passation de titre? Est-ce qu'il y a un intérêt.
II doit y avoir un intérêt de 5 % - je ne sais pas. Quel est
l'intérêt exact du demandeur ou du défendeur, selon
l'adjudication?
M. Marx: Je pense que c'est l'intérêt établi
par le ministère des Finances au taux légal, c'est le taux
légal du Code civil.
M. Filion: Donc, une fois déposé, l'argent est
placé, évidemment, par le ministère de la Justice?
M. Marx: Par le ministère des Finances. Cela va au fonds
consolidé.
M Filion: Mais est-ce qu'il rapporte des petits, cet argent?
M. Marx: Bien, le fonds consolidé, cela reste
là.
M Filion: Donc, cela va dans le fonds consolidé qui, lui,
est investi par le ministère de Finances, bien sûr.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Donc, on donne un intérêt légal.
Quel est l'intérêt légal actuellement?
M. Marx: 6 % Cela a été 5 % longtemps, mais
maintenant, c'est à 6 %.
M. Filion: Bon. Cet intérêt profite, bien sûr,
au capital, la somme qui a fait l'objet du dépô.t
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Est-ce qu'il est adjugé sur cet
intérêt, avec le capital, ou, si l'intérêt
revient.
M. Marx: II n'y a rien dans la loi. On peut lire l'article 1163,
le texte actuel.
M. Filion: Oui.
M. Marx: Pour que les offres réelles soient valables, il
faut qu'elles soient faites au créancier, etc, qu'elles soient faites en
monnaies courantes et en espèces réglées par la loi, s'il
s'agit d'une somme d'argent. Tout ce qu'on change, c'est le paragraphe 4,
dirais-je, l'alinéa 4del'artile 1163.
M. Filion: Donc, les deux formules permet- tent l'accumulation
d'intérêts
M. Marx: Mais tout reste le même, sauf qu'au lieu de
transporter 100 000 $ en billets, ce sera possible de transporter un
chèque visé et donc, I'avantage, c'est que c'est moins pesant. Et
aussi, c'est plus...
Le Président (M. Bélisle): Sécuritaire
M. Marx: ...sécuritaire Merci, M. le Président
Le Président (M Bélisle): Cela me fait plaisir, M.
le ministre de la Justice.
M. Filion: L'argument de la sécurité, je l'ai
évoqué. Je cherche à savoir s'il y a d'autres
avantages.
M Marx: Non il y a juste ces avantages. Tout reste le même,
sauf que c'est plus sécuritaire et c'est moins pesant de transporter un
chèque que des billets.
M. Filion: Oui mais j'avais signalé en Chambre, qu'un
chèque visé permettait. Je vais donner un exemple
concret.Supposons que c'est moi qui fais l'action en passation de titre Je
dépose les 125 000$ qui vont avec l'offre d'achat de ma maison. Je fais
un chèque visé. J'avais signalé en Chambre que le
chèque visé ne m'enlevait pas les intérêts sur la
somme d'argent correspondant au chèque tant et aussi longtemps que le
chèque n'était pas effectivement encaissé. Et
là-dessus, je dois vous dire que j'ai rencontré un notaire qui
nous écoutait à la télévision - c'est plutôt
rare.
Une voix: II a beaucoup de temps libre.
M. Filion: Et il ma dit. Ce n'est pas toujours le cas. Je ne sais
pas si vous avez, de votre côté, vérifié cela.
M. Marx: Ce n est pas le cas de quoi?
M. Filion: À savoir si un chèque visé
soustrait . En somme si |e tire un chèque à ma banque, est ce que
je vais continuer à bénéficier des intérêts
correspondant au capital de la somme?
M. Marx: Posez la question à votre banque.
M. Filion: Oui, mais j'ai posé la question à ma
banque.
M. Marx: Certaines banques oui.
M. Filion: Ils m'ont dit qu'il n'y avait pas de problèmes,
que les intérêts continuaient.
M. Marx: Ah bon! Parfait.
M. Filion: Mais là, le notaire m'a dit que les
intérêts ne continuaient pas.
M. Marx: Faites affaire avec votre banque et non avec la banque
du notaire.
M. Filion: Non, non. Je donne un exemple, M le ministre. Est-ce
que de votre côté, il y a une opinion là-dessus.
M. Marx: Non.
M. Filion: ou s'il n'y en a pas?
M. Marx: On n'a pas pris d'informations sur cela.
M. Filion: Bon, il n'y en a pas, parfait Vous n'avez pas
vérifié cela. Cela aurait pu être un avantage. Je pense que
cela aurait été important de le vérifier. On adopte un
projet de loi Le monde veut savoir à ...
Mme Bleau: Est-ce que le chèque va rester longtemps dans
les poches du gouvernement ou non?
M. Filion: Eh bien, madame, le chèque va être
encaissé - vous avez raison - par le ministère des Finances, le
ministère de la Justice.
Mme Bleau: assez vite, merci.
Le Président (M Marcil): Mme la députée de
Groulx.
M. Filion: Oui, cela va. On est.
Le Président (M. Marcil): Cela va Non, c'est parce que,
pour les fins du ...
M. Marx: Est-ce que cela va pour cet article, M le
Président?
M. Filion: Donc, vous dites que l'intérêt est
à 6 %.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que cela va pour
l'article 2?
M. Filion: Ce ne sera pas long. On est en train de.
Évidemment, la grosse demande là-dessus, M le ministre de la
Justice, cela aurait été de permettre les lettres de garantie.
Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle vous n'avez pas voulu permettre les
lettres de garantie?
M. Marx: On a déjà apporté une modification,
l'an dernier, aux autres consignations à la suite de la demande de
I'ancien bâtonnier, M Clément Trudel, qui est maintenant juge
à la Cour supérieure. Et en ce qui concerne les lettres de
garantie, nous sommes en train d'étudier toutes sortes de
possibilités dans ce sens .Vous comprenez que ce n'est pas seulement le
ministère de la Justice qui est impliqué. II y a aussi le
ministère des Finances et d'autres ministères.
M. Filion: Le gouvernement fait de l'argent avec cela,
voilà!
M. Marx: Non, ce n'est pas une question de faire de l'argent.
M. Filion: Le gouvernement ...
M. Marx: On a fait des modifications deux fols et nous sommes en
train d'en étudier d'autres possibles, pour que ce soit plus commode, si
vous voulez.
M. Filion: M le ministre de la Justice, le gouvernement donne 6 %
d intérêt sur une somme d'argent qui est gelée là
souvent pendant des années. Le ministère des Finances saisit
cette somme d'argent-là pour en jouir et je suis persuadé que la
jouissance du ministère des Finances dépasse 6 %. C'est pourquoi
on peut dire que les citoyens impliqués dans ces procédures
judiciaires et qui ont à verser des sommes d'argent sont
défavorisés finalement et que c'est le gouvernement qui en
profite. Est-ce que c'est pour cette raison qu'on ne voudrait pas intro duire
les simples lettres de garantie comme étant suffisantes. Par exemple, si
une banque dit.
M. Marx: Bien.
M. Filion: Laissez-moi terminer, ce ne sera pas long.
Advenant le cas ou notre client est. On voit cela avec les lettres de
garantie des banques. On retrouve cela, c'est une formule moderne
employée partout, dans le secteur de l'assurance, dans le secteur des
transactions commerciales. Les lettres de garantie cela se faisait couramment,
mais là on modifie l'article 1163. Pourquoi ne va-t-on pas vraiment au
coeur du problème et ne permet-on pas carrément les lettres de
garantie par des institutions financières reconnues, par exemple des
banques? À ce moment-là, cela réglerait tout le
problème. On n'aurait pas besoin de donner un intérêt
légal qui a toujours été relativement minable
L'intérêt légal n'a jamais été une chose pour
s'enrichir Je suis convaincu que les plus riches de notre société
n'ont pas fait leur argent avec l'intérêt légal qui est un
frein donc à l'investissement, à l'activité commerciale,
etc. Je voudrais savoir du ministre pourquoi ne pas permettre
carrément.
M Marx: On a déjà fait ce que vous suggérez
dans le sens que |e me suis trompé quand j'ai dit, l'an dernier -
c'était au printemps - que nous avons adopté un article pour
modifier les offres et la consignation pour permettre que quelqu'un
fasse un dépôt dans une société de fiducie. On peut
faire un dépôt dans une société de fiducie et donc,
on reçoit l'intérêt sur son argent et ...
M. Filion: Ce n'est pas le cas là.
M. Marx: C'est un autre. Le cas que vous avez soulevé, les
lettres de crédit..
M. Filion: Oui.
M, Marx: On a déjà prévu, pas exactement
cela, mais on a prévu que la personne qui doit faire un
dépôt puisse faire le dépôt dans une
société de fiducie et avoir un titre qui est déposé
à la cour. Donc, la personne bénéficiera de
l'intérêt payé par la société de fiducie.
M. Filion: Excusez. C'est quel article? Avez-vous le texte qu'on
a adopté?
M. Marx: Vous étiez d'accord avec cela. Cela a
été adopté le 23 juin .
M. Filion: Oui, je voudrais juste que vous me
rafraîchissiez la mémoire.
M. Marx: Le 23 juin 1987. C'est cela. Dans le cas où
l'offre d'une somme d'argent est faite afin d'obtenir l'exécution de
l'obligation de la partie adverse, la partie qui fait l'offre peut, au lieu de
consigner cette somme au greffe des tribunaux, confier celle-ci à une
compagnie de fidéicommis enregistrée en vertu de la Loi sur les
compagnies de fidéicommis. La compagnie de fidéicommis doit
s'engager à remettre, le cas échéant, la somme à la
partie adverse sur preuve de l'exécution de l'obligation. Elle doit, de
plus, engager, etc. Donc, M le Président, le député de
Taillon était d'accord avec ce projet de loi au mois de juin et il a
été adopté de façon unanime à
l'Assemblée nationale.
M. Filion: Ce que je ne comprends pas, M le ministre, c'est la
relation - vous allez me l'expliquer - entre ce projet de loi qu'on a
adopté et le fait qu'aujourd'hui, dans l'article 1163, on ne fait pas
les modifications correspondantes .C'est cela que je ne comprends pas.
M. Marx: C'est parce que cela, c'est dans te Code de
procédure civile et maintenant, nous sommes dans un autre code.
M. Filion: Oui, mais est-ce que ...
M. Marx: Et dans l'autre code, on prévoit que les offres
réelles. J'imagine que si c'est 100 $, 150 $, 200 $ ou 300 $, quelqu'un
n'a pas vraiment intérêt à aller dans une
société de fiducie pour faire un dépôt, avoir
l'intérêt, transporter le titre et ainsi de suite Je pense que
...
Cette modification a été demandée par le Barreau et
la Chambre des notaires.
M. Filion: Je pose ma question à nouveau. C'est
peut-être technique, il faut juste se comprendre comme il faut. On
modifie l'article 1163 pour remplacer le paragraphe 4 qui disait avant:
"Qu'elles soient faites en monnaies courantes et en espèces
réglées par ta loi, s'il s'agit d'une somme d'argent." Cela
voulait dire, ni plus ni moins, en bon français, du "cash", du "cold
cash", comme on dit.
M. Marx: Pour quelqu'un qui pose beaucoup de questions sur la loi
101, de temps -en temps, je suis très surpris par son "franglais" en
commission parlementaire.
M Filion: M le ministre, il ne faudrait pas que vous vous en
surpreniez. Même je peux sortir Je parle trois langues, vous savez. II y
a des expressions espagnoles qui sont aussi très savoureuses. II arrive,
à l'occasion, que l'on veuille faire respecter une loi comme la loi 101,
mais cela ne veut pas dire de ne pas être généreux à
l'égard des autres langues. Apprendre une langue, c'est s'enrichir
chaque fois, nous sommes d accord, mais faire respecter une charte qui stipule
que la langue de communication d'une collectivité c'est le
français, c'est autre chose.
M. Marx: Oui, mais le mot "cash" dans une conversation en
français.
M. Filion: Ce serait une réponse de démagogue que
de me dire. Je suis surpris de voir que le député de Taillon
parle l'anglais en commission parce qu il a dit "cold cash".
M. Marx: Non, non, pas de parler anglais, ce n'est pas ça.
Mais ...
Le Président (M. Marcil): On va revenir, M le ministre,
à l'article 2. Le débat sur la langue, on le fera à un
autre moment.
M. Filion: Bref, pour se comprendre, ce n'est pas tellement long,
cela voulait dire du "cold cash", l'article 1163, paragraphe 4 Cela dit. "Pour
que les offres réelles soient valables " Je me souviens fort bien qu'on
a adopté le projet de loi 34 Mais ce que je ne comprends pas et ce que
j'expose au ministre depuis tantôt, c'est. Comment se fait-il que dans le
Code de procédure civile, à 189 1, on permet l'intervention d'une
compagnie de fiducie et le dépôt d'un
récépissé délivré par la compagnie de
fidéicommis qui constate I'engagement pris par la compagnie de
fidéicommis de payer les sommes d'argent auquel pourrait être
exposé le débiteur alors que dans l'article 1163, pour que les
offres réelles soient valables, on reste à du "cold cash"?
M. Marx: Parce que dans 1163, fe notaire va rencontrer le
vendeur. II va dire Voici I'argent, je suis prêt à passer le
titre. D'accord?
M. Filion: Hum!
M. Marx: Si le titre est passé, cela finit là. Si
le vendeur ne veut pas signer, il va voir un notaire, le Code de
procédure va ...
M. Filion: D'accord, je pense que je comprends. En deux mots,
1163, c'est pour des offres réelles sans procédures judiciaires
alors que 1891, ce sont des offres réelles mais avec procédures
judiciaires. Cela permet ...
M. Marx: C est ça, d'accord?
Le Président (M. Marcil): C'est en discutant qu on
clarifie les choses.
M. Filion: C'est simple, il s'agit juste de l'expliquer. Je
l'avoue, je n'avais pas perçu Je ne suis pas sûr non plus que le
ministre avait nécessairement saisi tout cela.
Le Président (M Marcil): S'il vous plaît, est-ce que
I'article 2 est adopté à ce moment-là?
M. Marx: J'avais compris le mécanisme, mais j'avais mal
saisi la question, M le Président. Je m'excuse.
M. Filion: Moi, j'avais bien compris le ministre, ce qui m'avait
mal fait saisir la solution.
Le Président (M. Marcil): L'article 2 est-il
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): J'appelle I'article 3.
M. Marx- L'article 3 prévoit que désormais le
certificat de non appel mentionné à I'article 2153 du Code civil
pourrait être délivré dans le cas d'un jugement rendu par
défaut et dans le cas d'un jugement contesté.
M. Filion: Quels sont les avantages, M le ministre?
M. Marx: Dans un cas de jugement rendu par défaut, 30
jours après la date du jugement, pourvu qu'il n'y ait pas eu depuis la
date du jugement appel de celui ci ou présentation d'une requête
en rétractation du jugement. Et dans te cas d'un jugement
contesté, dès que le délai d'appel est expiré sans
qu'il y ait eu appel du jugement. Pour un jugement contesté, il y a des
délais de moins de 30 jours pour aller en appel. En cas de faillite, c
est 10 jours.
M. Filion: 10 ou 15 jours? (11 h 45)
M. Marx: 10 jours D'accord?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté J'appelle
l'article 4.
M. Marx: À l'article 4, la modification proposée
prévoit que le jugement visé à l'article 2153 n'est pas
signifié au défendeur lorsqu'il a été rendu du
consentement des parties. Ce n'est pas nécessaire de le signifier en cas
de consentement.
M. Filion: Cela a beaucoup d'allure.
Le Président (M. Mareil): Adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M Marcil): Adopté. J'appelle
I'article 5.
M. Marx: À l'article 5, la modification proposée
est de concordance avec l'article 6 du projet de loi qui introduit I'article 51
à la Loi sur les bureaux d enregistrement. D'accord?
Le Président (M. Marcil): Adopté?
M Filion: Ne bougez pas. Cela va.
Le Président (M Marcil): Adopté. J appelle
I'article 6.
M. Marx: La modification proposée introduit I'article 51
dans la Loi sur les bureaux d'enregistrement. Les deux premiers alinéas
proposés reprennent les dispositions de I'article 2159 du Code civil qui
traite de la nomination des registrateurs. Le dernier alinéa vise
à simplifier la procédure de remplacement temporaire des
registrateurs qui ne peuvent remplir leur fonction pour cause d'absence ou de
maladie. C'est une question d'administration ce n'est pas une question de
fond.
M. Filion: Le ministre doit m'expliquer cela Comment les bureaux
d'enregistrement vont ils marcher avec cet article sur les registrateurs?
M. Marx: Je vais vous lire l'article et je vais vous expliquer
cela mot à mot.
M. Filion: Oui, expliquez-moi cela.
M. Marx: "Le ministre de la Justice nomme, par
arrêté, pour chaque bureau d enregistrement, un registrateur
chargé de la garde de ce bureau" C'est facile, vous comprenez, il y a un
arrêté ministériel. C'est la procédure actuelle. En
bas, je signe mon nom.
Deuxième alinéa: "Le ministre de la Justice peut
toutefois, compte tenu des circonstances, confier la garde de plus d'un bureau
d'enregistrement à un même registrateur." C'est le cas actuel, il
y a un registrateur et deux bureaux, l'un à côté de
l'autre, il peut y avoir un registrateur pour les deux.
Maintenant, on est au troisième alinéa, c'est beaucoup
plus compliqué: "Chaque registrateur est d'office, tant qu'il demeure en
fonction, registrateur adjoint pour tout bureau d'enregistrement autre que
celui pour lequel il est nommé." Donc, il peut travailler partout au
Québec. C'est tout. C'est très simple. Quelqu'un va en vacances
ou est malade, il sera possible d'envoyer un registrateur d'un autre bureau
accomplir ses fonctions.
M. Filion: Comment un registrateur peut-il s'occuper de plusieurs
bureaux d enregistrement qui sont distants parfois de centaines de
kilomètres?
M. Marx: C'est la loi actuelle.
M. Filion: Oui, mais je vous pose la question.
M. Marx: Ils sont souvent supervisés. II peut y avoir un
bureau ou il n'y a pas de registrateur en titre, si vous voulez, le bureau est
supervisé par un registrateur qui se trouve dans un autre bureau qui est
très proche. Étant donné que nous avons adopté une
loi pour fermer 10 bureaux d'enregistrement, nous aurons moins de
problème avec cette question de transfert et de supervision. Est-ce que
le député de Taillon veut nous proposer de fermer plus de bureaux
d'enregistrement? Son prédécesseur a voulu en fermer 32.
Une voix: Cela va pour l'article.
M. Marx: "Mon" prédécesseur, non pas
"son-prédécesseur Son prédécesseur était
contre la fermeture de 32 bureaux, mais mon prédécesseur
était ...
M. Filion: Est-ce qu'avant l'adoption du projet de loi qu'on
étudie. Actuellement je regarde l'article 5 et l'article 6.
M. Marx: C'est seulement l'administration, cela ne cause aucun
problème.
M. Filion: Non, non, laissez-moi poser ma question. L'article 5
et l'article 6, je regarde cela La loi actuelle.
M. Marx: Oui
M. Filion: est-ce que je dois comprendre. D'abord, l'article 5
dit Lorsque des registrateurs conjoints sont nommés dans une des
divisions d'enregistrement mentionnées dans l'article 3, cela est
Montréal et Québec, je pense.
M. Marx: C'est quel article?
M. Filion: L'article 5. Chacun reçoit le traitement qui
lui est assigné conformément aux Pour cela, cela va Je regarde
l'article 51, cela est nouveau, M. le ministre.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Cela n'existait pas avant.
M. Marx: Non, M le Président.
M. Filion: Bon. L'article 51 introduit une nouvelle notion.
L'article 51 introduit ta notion - et vous me corrigerez si je me trompe - qui
fait qu'un même regtstrateur peut avoir la garde de plus d'un bureau
d'enregistrement. Cela est nouveau?
M. Marx: Non, cela est la situation actuelle.
M. Filion: Non d'accord. Cela existe où dans la Loi
actuelle sur les bureaux d'enregistrement?
M. Marx: On va vous dire cela.
M. Filion: Je ne parle pas d'absence ou de maladie, j'en parlerai
tantôt.
M. Marx: C'est cela, I'article 2159 du Code civil.
M. Filion: Oui dit quoi?
M. Marx: "Le ministre de la Justice nomme, par
arrêté, un registrateur chargé de la garde du bureau
d'enregistrement. Le registrateur est tenu d'exécuter les prescriptions
contenues dans ce titre et dans les autres dispositions législatives le
concernant, il est tenu, notamment, de veiller à ce que les documents
qu'on lui présente soient conformes aux règles de I
enregistrement. "Le ministre de la Justice peut, compte tenu des circonstances,
confier la garde de plus d'un bureau d'enregistrement à un même
registrateur. "
M Filion: Parfait. Cela est réglé. Excellent C'est
clair.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Finalement on répète la disposition du
Code civil dans la Loi sur les bureaux d'enregistrement.
M. Marx: Pas tout l'article.
M. Filion: Pas tout l'article, mais je parle seulement de cet
alinéa là.
M. Marx: L'alinéa, oui.
M. Filion: D'accord. Qu'est-ce que cela veut dire exactement, le
troisième alinéa?
M. Marx: Chaque...
M. Filion: "Chaque registrateur est d'office, tant qu'il demeure
en fonction, registrateur adjoint pour tout bureau d'enregistrement...
Autrement dit, dès qu'il y a un registrateur, il est adjoint dans tous
les autres.
M. Marx: II peut aller dans tous les autres agir comme
registrateur.
M. Filion: II peut aller dans tous les autres agir. Cela est
nouveau.
M, Marx: Cela est nouveau.
M. Filion: On l'a, la clé, là. Seulement pour me
comprendre, en deux mots, cela veut dire qu'un registrateur du
Saguenay-Lac-Saint-Jean à Chicoutimi peut être nommé
adjoint, lui, à Rouyn.
M. Marx: II l'est, par la loi. Il sera adjoint, par la loi; ce ne
sera pas nécessaire pour lui de faire une nouvelle assermentation.
M. Filion: Cela est nouveau, par exemple? M. Marx: Cela
est nouveau, oui.
M. Filion: Tout cela est nouveau. Est-ce que je me trompe en
disant...
M. Marx: Cela est nouveau.
M. Filion: ...qu'il n'y a pas dans la loi actuelle de
dispositions concernant les adjoints?
M. Marx: Pas dans le même sens. Actuellement, lorsqu'un
registrateur ne peut remplir ses fonctions pour cause d'absence ou de maladie,
la procédure visant à assurer le remplacement...
M, Filion: Je ne parle pas de l'absence ou de la maladie là.
M. Marx: Mais vous parlez de quoi?
M. Filion: Je parle uniquement du troisième alinéa
de l'article 5.1 tel que proposé dans l'article 6 du projet de loi.
M. Marx: À l'heure actuelle, cela n'existe pas. Si cela
existait, on n'aurait pas répété cela dans la loi.
L'alinéa 3 n'est pas dans la foi actuelle, parce que, s'il était
dans la loi actuelle, on ne l'aurait pas répété ici. Ce
n'est pas dans la loi actuelle.
M. Filion: Écoutez, les cas d'absence et de maladie sont
déjà prévus dans la loi actuelle. C'est le dernier
alinéa de l'actuel article 6.
M. Marx: L'article 6...
M. Filion: L'article 6 actuel prévoit les cas d'absence ou
de maladie.
M. Marx: Où cela? L'article 6 actuel? M. Filion:
Actuel.
M. Marx: Un instant.
M. Filion: Dernier alinéa de l'article 6 actuel.
M. Marx: Le ministre de la Justice ou tout fonctionnaire de son
ministère qu'il désigne par écrit peut nommer au sein du
personnel des registrateurs des adjoints qui acceptent les fonctions de ces
derniers si les circonstances l'exigent. Notamment, pour cause d'absence...
Oui, mais on ne peut pas...C'est dans le même bureau d'enregistrement et
c'est pour trois mois, à la fois. Il ne faut pas...
M. Filion: Ah! Cela, c'est dans le même bureau
d'enregistrement?
M. Marx: C'est dans le même bureau ou dans tout le
bureau.
M. Filion: Oui, je pense que c'est dans tout le bureau
d'enregistrement.
M. Marx: C'est dans tout le bureau mais trois mois à la
fois. Il faut recommencer à tous les trois mois.
M. Filion: Bien, Alors, premièrement - on reviendra aux
cas d'absence et de maladie plus tard - ce que le projet de loi introduit comme
concept, c'est le fait qu'un registrateur peut devenir adjoint dans tous les
cas et dans n'importe quel autre bureau d'enregistrement.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Trouvez-vous que cela a du sens?
M. Marx: S'il faut que le registrateur à Pointe-au-PIc
aille à Sept-îles donner un coup de main, il peut le faire, en
vertu de la loi. Ce n'est pas nécessaire de faire un'
arrêté ministériel et ainsi de suite. C'est une question de
gérance.
M. Filion: Mais pourquoi irait-il à Sept-îles donner
un coup de main?
M. Marx: Parce qu'ils ont beaucoup de travail. Le monde
achète des maisons et il y a
beaucoup de titres et ainsi de suite. Cela ne pose pas de
problème.
M. Filion: Oui, mais vous avez déjà au paragraphe 7
du projet de loi.
M. Marx: C'est quoi .Pourquoi est ce que vous êtes . C'est
quoi, le problème?
M. Filion: Écoutez, c'est parce que les registrateurs sont
des personnes.
M. Marx: Mais ils sont d'accord avec cela.
M. Filion: pas seulement des pions dans un organigramme.
M. Marx: Ils sont tout à fait d'accord avec cela. On les
consulte. Ce n'est pas comme si on prenait un article et qu'on leur disait
Alors, voilà, on a pensé telle chose il y a des
consultations.
En effet, je suis le premier ministre de la Justice qui assiste à
chaque congrès des registrateurs. Je sais exactement ce qu'ils veulent
Je peux vous informer tout de suite que le mobilier dans les bureaux
d'enregistrement est souvent du 17e, 18e ou 19e siècle. Nous sommes
à acheter un nouveau mobilier pour un grand nombre de bureaux
d'enregistrement. Pour moi, les bureaux d'enregistrement sont très
importants. On a fait un très grand effort pour mettre tout cela
à jour.
M Filion: Ce que vous dites, c'est que les registrateurs sont d
accord.
M. Marx: Mais, oui
M. Filion: pour être adjoints partout au Québec.
M. Marx- L'Association des registrateurs a même
demandé cela.
M. Filion: Bien.
M. Marx: Cela va?
M. Filion: Cela va.
M. Marx: Voilà!
M. Filion: L'article 6 est adopté.
Le Président (M. Mardi): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Marx: La première modification introduite par l'article
7 du projet de loi apporte, en matière de remplacement des registrateurs
adjoints, une modification analogue à celle introduite par l'article 6
pour les registrateurs
La seconde modification prévoit que les membres du personnel des
bureaux d'enregistrement qui sont nommés registrateurs adjoints de
façon temporaire lorsque les circonstances l'exigent, par exemple pour
cause de maladie d'un registrateur, seront dorénavant nommés pour
la période fixée dans leur acte de nomination. Par ailleurs,
leurs fonctions et pouvoirs pourront désormais être
précisés dans l'acte de nomination. Cest-à-dire qu'on peut
aller au-delà de trois mois. On peut réduire leurs fonctions.
M. Filion: Pour revenir à la période, voici la
première question que je voulais poser. Comment se fait il - il y a une
réponse, j'en suis sûr, je ne ta connais pas - qu'au
troisième alinéa de 51 qui va être dans la Loi sur les
bureaux d'enregistrement on ait un alinéa qu'on retrouve - vous me
corrigerez - intégralement dans le troisième alinéa de
l'article suivant? Est-ce que je me trompe?
Une voix: ...
M. Filion: Ah! c'est le registrateur adjoint.
M. Marx: Adjoint. Oui, c'est cela. C'est cela la
différence.
M. Filion: En deux mots, ce qu'on dit pour les registrateurs,
vous le répétez pour les registrateurs adjoints, pour être
bien sûr.
M. Marx: C est cela.
M. Filion: Parfait Réglé.
M. Marx: Cela va?
M Filion: Cela va.
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Deuxième alinéa.
M. Marx: Bien.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que cela va?
M. Marx: Pas tout à fait.
M Filion: Mon Dieu, que le ministre de la Justice.
Le Président (M. Marcil): Ah! Excusez-moi M le ministre,
vous m'énervez Ha, ha, ha!
(12 heures)
M. Filion: Le ministre de la Justice est en train de
démentir le proverbe qui dit que la justice a le bras long. Mais il
prend du temps pour l'étendre parce qu'il semble être
pressé ce matin.
M. Marx: le bras long mais cela va rapidement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Deuxième aliéna: "Le ministre de la
Justice ou tout fonctionnaire de son ministère qu'il désigne par
écrit peut, compte tenu des circonstances, nommer, pour fa
période qu'il fixe et parmi le personnel des bureaux d'enregistrement,
des registrateurs adjoints. L'acte de nomination peut limiter leurs pouvoirs et
fonctions et préciser leurs conditions d'exercice. " Le texte actuel ou,
je devrais dire, le texte de la loi actuelle le ministre de la Justice ou tout
fonctionnaire de son ministère qu'il désigne par écrit
peut nommer au sein du personnel des registrateurs des adjoints qui exercent
les fonctions de ces derniers si les circonstances t'exigent, notamment pour
cause d'absence ou de maladie, pour une période n'excédant pas
trois mois à la fois" Lorsque je comprends bien la modification
apportée, il y a deux choses.
Premièrement, on fait sauter le "notamment".
M. Marx: Le quoi?
M. Filion: Les mots: "notamment pour cause d absence ou de
maladie", on les fait sauter pour être clair qu'on étend les
possibilités de nomintion.
Deuxièmement on fait sauter la limite contenue dans te texte
actuel qui était de trois mois.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Ce que je me pose comme question c'est ceci. Le
ministre de la Justice a le pouvoir de nommer des adjoints qui exercent les
fonctions des registrateurs pour une certaine période, notamment pour
cause d'absence ou de maladie. Là, le ministère de la Justice
aura le pouvoir de donner à ces adjoints là, sans aucune limite
.En deux mots, on va prendre quelqu'un et on va lui donner le titre de la
responsabilité du bureau d enregistrement.
M. Marx: Mais pas permanent
M. Fillion: Non mais lais.sez-moi terminer. On va lui donner la
responsabilité d'un bureau d'enregistrement sans lui donner
l'équivalent de la responsabilité, c'est à-dire la
permanence, l'indépendance de sa fonction. En deux mots, la personne qui
sera nommée comme adjoint, avec la responsabilité d'un
registrateur, peut être nommée pour deux ans et peut être
payée au salaire qui n'est pas celui du registrateur. Donc, elle aura
cette responsabilité là.
M Marx: C'est à-dire que la fonction de registrateur est
une fonction juridique et c'est bien sûr qu'on ne peut pas nommer quelqu
un dans un bureau d'enregistrement et lui donner tous les pouvoirs d'un
registrateur. Si on prend Montréal, il y a un registrateur et un
registrateur adjoint. II y a 1 000 000 de documents à signer. Ce ne sont
pas ces deux personnes qui signent tous les documents, elles auraient mal au
bras. Donc, on nomme des gens pour signer, pour poser un certain acte, pour
apposer leur signature sur certains documents. C'était ce que cela
voulait dire Je comprends votre ...
M. Filion: C'est une délégation de
responsabilités, mais ce qui me chicote un petit peu, je vous le dis
bien simplement c'est qu'on a une délégation de
responsabilités qui n'est pas limitée dans le temps. Je me
demande si on a la reconnaissance administrative qui va de pair avec cette
responsabilité qui n'est pas limitée dans le temps. En deux mots,
je ne voudrais pas qu'on prenne des hommes ou des femmes, qu'on les nomme
temporairement.
M. Marx: Ce sont des fonctions spécifiques. On ne
délègue pas tous les pouvoirs.
M. Filion: Ce n'est pas ce qui est dit dans le texte, par
exemple.
M. Marx: "Le minisire de la Justice ou tout autre fonctionnaire
de son ministère qu'il désigne par écrit peut, compte tenu
des circonstances, nommer, pour la période qu'il fixe et parmi le
personnel des bureaux d'enregistrement, des registrateurs adjoints. L'acte de
nomination peut limiter leurs pouvoirs et fonctions et préciser leurs
conditions d'exercice " C'est ce qu'on fait. Je comprends ce que vous voulez
dire. Vous voulez dire.Supposons qu'on prend une sécrétaire.
M. Filion: Ou un commis.
M. Marx: Un commis, un messager. On va le nommer en vertu de
cette loi et lui donner tous les pouvoirs d'un registrateur sans lui donner le
même salaire. Je vais vous dire que cela ne marcherait pas longtemps dans
ce bureau d'enregistrement. II va y avoir un grief. Cela ne marchera pas, on ne
peut pas faire cela.
M. Filion: La loi va vous y autoriser.
M Marx: II y a une convention collective. On ne fera pas cela
parce que cela va nous causer plus de problèmes. Ce n'est pas un "money
saving device", cest juste donner des fonctions spécifiques.
M. Filion: Je comprends que ce n'est pas toutes les
responsabilités, c'est une partie des responsabilités.
M. Marx: Supposons que c'est quelqu'un qui
n'a pas toutes les connaissances nécessaires, même pour
agir comme registrateur. Donc, on va lui donner la compétence de poser
un certain acte. C'est un article qui va aider les registrateurs à
accomplir leur tâche. Cela ne nuit pas.
M. Filion: Cela existait avant? C'était limité
avant?
M. Marx: Chaque trois mois, il a fallu, au cas où... Ou si
c'était pour six mois, il fallait signer deux fois, et ainsi de
suite.
M. Filion: Je voulais juste vous signaler que de la façon
dont cela est libellé actuellement, l'hypothèse que je vous
soumets deviendrait tout à fait légale. Il n'y aucune limite dans
le temps, il n'y a aucune limite dans les fonctions, bien qu'il peut y en avoir
dans l'acte de nomination. Le texte de loi, le dernier alinéa de
l'article 7 qu'on étudie, est tellement large que cela permettrait,
statutairement, de nommer des gens, de leur confier des responsabilités
et de les garder comme cela pendant X années.
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: Je comprends ce que vous me dites: On ne veut pas
sauver de l'argent avec cela. Je me base un peu plus sur la reconnaissance du
travail effectué par les gens qui ont des responsabilités. Je
vais attendre que vous m'écoutiez. Si la loi - comme vous I'avez
souligné - dit: le registrateur a telle fonction juridique, le texte de
loi va permettre de déléguer la totalité. Il y a une
responsabilité qui va avec cette délégation. Donc, on
pourrait ne pas reconnaître cette responsabilité sur le plan
administratif. En plus, la situation pourrait perdurer.
M. Marx: Je peux nommer un...
M. Filion: Elle pourrait durer pendant des années
M. Marx: Je peux nommer un registrateur incompétent. Je
peux nommer une personne incompétente comme registrateur et cela va
durer pour toujours, quarante ans.
M.Filion: Je ne parle pas d'incompétence, je parle de
l'absence de reconnaissance du travail effectué par vos
fonctionnaires.
M. Marx: Non, si on fait cela, on va avoir un problème.
Pensez-vous que l'Association des registrateurs va permettre qu'on nomme un
commis registrateur en titre par le biais de ce paragraphe?
M. Filion: L'Association des registrateurs n'aurait pas un mot
à dire. C'est le personnel qui vivrait une situation, c'est le commis,
c'est la personne qui recevrait cette responsabilité. C'est pour cela
que le texte de loi...
M. Marx: Un registrateur adjoint, c'est cela.
M. Filion: Ce ne sont pas des registrateurs, ce sont des
registrateurs adjoints.
M. Marx: C'est cela. Il y a toujours un registrateur...
M. Filion: Le registrateur reste là. C'est toujours les
registrateurs adjoints, parce qu'on parte de ces derniers. Les derniers, ce
sont les adjoints.
M.Marx: C'est cela.
M. Filion: Ils ont quand même des responsabilités,
ces adjoints.
M. Marx: Ils travaillent sous la direction du registrateur.
M. Filion: Vous me dites que ce n'est pas le registrateur qui
aurait des problèmes en vertu de cet article, c'est le personnel qui
pourrait se voir confier des responsabilités et ne pas être
reconnu...
M. Marx: Non, c'était le registrateur... M. Filion:
...en conséquence.
M. Marx: Mais c'est le registrateur adjoint qui a donné
cette compétence pour poser certains actes.
M. Filion: Non, c'est le ministre ou le fonctionnaire qui
nomme.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Ce n'est pas le registrateur adjoint. Ah,
écoutez, moi, je... Est-ce que le personnel a été
consulté dans cela? Évidemment, est-ce que le personnel du bureau
d'enregistrement est regroupé dans une unité
particulière?
M. Marx: Ces questions sont discutées avec les
registrateurs et avec tout le monde. Cela va les aider. Maintenant, on peut le
faire mais seulement pour trois mois. Lisez l'article actuel: "Le ministre de
la Justice...
M. Filion: Oui.
M. Marx: "...ou tout fonctionnaire de son ministère qu'il
désigne par écrit peut nommer au sein du personnel des
registrateurs des adjoints qui exercent les fonctions de ces derniers si les
circonstances l'exigent, notamment pour cause d'absence ou de maladie, pour une
période n'excédant pas trois mois à la fois". Donc, on
revient avec les documents chaque fois. Si, à Montréal ou
il y a 1 000 000 d actes, c'est très lourd et j' ai mal aux doigts rien
qu 'à les signer.
M. Filion: Cela ne vous tenterait pas de mettre un plafond,
même si ce n'est que pour trois mois? Mettre, par exemple, je ne sais
pas.
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire.
M. Filion: ... six mois.
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire.
M. Filion: En deux mots, ce que vous me dites.
M Marx: Pourquoi? C'est quoi le problème?
M. Filion: Le problème c'est celui que je soulève.
Comme I'article est large en ce qui concerne le contenu de ce que pourrait
être la délégation de responsabilités.
M. Marx: Mais c'est plus large maintenant, parce qu'on ne peut
pas limiter leurs fonctions.
M. Filion: Oui, c'est cela.
M. Marx: Maintenant, dans la loi actuelle, on ne peut pas limiter
leurs fonctions. Maintenant, on pourrait ...
M. Filion: Oui, je sais.
M. Marx: Donc, on veut être ...
M. Filion: Mais vous pourriez aussi ne pas limiter leurs
fonctions.
M. Marx: Non, mais on veut le faire. II faut présumer
qu'on n'est pas ici pour causer des problèmes à tout le monde
.Cela n'a pas de ...
M Filion: Non, je ne le crains pas. Je sais que vous n êtes
pas là pour causer des problèmes. Mais ce que je peux entrevoir,
c'est qu'on adopte des dispositions qui permettent des situations qui seraient
injustes à I' égard d'une catégorie du personnel des
bureaux d'enregistrement.
M. Marx: II y a des conventions de travail, des conventions
collectives, dirais je...
M. Filion: Oui.
M. Marx: et des conditions de travail et tout est soumis à
cela. C'est cela, on ne peut pas donner à quelqu' un la
responsabilité d'une fonction et payer pour une autre, cela ne
fonctionnerait pas.
M. Filion: Écoutez!
M Marx: il n'y a pas de problème, M le
député de Taillon.
M. Filion: Moi, je vais vous dire une chose. On va adopter
l'article, bien sûr, mais je suis préoccupé non pas parce
qu'il y a de la mauvaise foi mais par le cadre légal qui va exister et
qui pourrait permettre de créer des injustices pour une catégorie
de personnel. J'imagine le cas du commis. Au registrateur, on lui dit. Bien
écoute, il faudrait que tu authentifies tel document, par exemple les
certificats de recherche, pour donner un exemple, mais il n'est peut-être
pas bon. Veux-tu, pour sauver du temps et tout cela, c'est toi qui vas
authentifier les certificats de recherche. Le commis dit. Bien oui .Tout le
monde veut avoir des responsabilités dans la vie, c'est normal. Mais
là, lui il va être là et il va faire cela pendant X
années, il va avoir une responsabilité Quand il y aura une
erreur, c'est sa signature qui va être invoquée devant le juge
même. Si jamais il y a des poursuites en dommages etc, il a une
responsabilité parce que cela va être sa signature à lui et
cela implique celle du ministre de la Justice d'ailleurs en fin de compte. Et
cela ne sera pas reconnu, c'est ma seule crainte. Je me dis. Quand on donne des
responsabilités à des gens .Autrefois, on disait. Sur une base
temporaire, pas de problème, absence, maladie, même en
général, surplus de travail. Pourquoi le législateur
avait-il mis un plafond, une limite à la période durant laquelle
pouvaient fonctionner ces délégations de responsabilités,
sinon pour protéger I'intégrité du travail?
M. Marx: Cela a été fait en 1866 et maintenant nous
sommes en 1986.
M Filion: Oui, mais je vous ferais remarquer que l'article 6 a
été modifié en 1964, en 1965 deux fois, en 1974, en 1978,
en 1981 et en 1983. (12 h 15)
M. Marx: Bien, c'est cela les conditions changent. On ne peut pas
vivre avec le même article. On est à une autre époque. En
1964, certaines routes étaient même fermées en hiver, je
crois. On n'a pas envoyé des gens de Sept-îles à Pointe au
Pic.
M. Filion: Écoutez, en toute conscience, vous pouvez
appeler le vote, là-dessus, M le Président.
M. Marx: Bien.
M Filion: On va voter contre.
M. Marx. Sur division.
M. Filion: Parce que je ne suis pas satisfait des intentions du
ministre. Mais qui a dit que I 'enfer était pavé de bonnes
intentions?
M. Marx: Sur division et la prochaine fois que je ...
M. Filion: Alors, sur division. M. Marx: Quand je
rencontrerai.
Le Président (M. Marcil): L'article 6 est adopté
sur division. C'est cela?
M. Filion: Pour ne pas retarder nos travaux .
M. Marx: Quand je vais rencontrer un registrateur, la prochaine
fois, je vais lui dire qui a défendu ses droits.
M. Filion: Ce ne sont pas les registrateurs, M le ministre, qui
sont le problème. Je vous l'ai dit, c'est le personnel.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 7
M. Filion: Les registrateurs vont vivre fort bien avec cela
M. Marx.: Adopté sur division.
M. Filion: ...
Le Président (M. Marcil): L'article 7?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcil): Adopté sur division.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 8.
M. Marx: À l'article 8, la modification proposée
simplifie la procédure actuelle entourant la prestation de serment des
registrateurs et des registrateurs adjoints. C'est juste le serment
d'office.
M. Filion: II n'aura pas le choix. Cela va être le serment.
II ne se fera pas sur la bible.
M. Marx: Oui. Mais ça pourrait être ... M.
Filion: Je pense qu'on a ...
M. Marx: ...suivant l'article 58 de la Loi
d'interprétation, l'expression du serment peut se faire au moyen de
toute affirmation.
M Filion: C'est cela. Ah bon! Parfait. Cela va .
Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'article 8 est adopté
J'appelle l'article 9
M. Filion: Si on abroge des formules comme le fait l'article 9, M
le Président, moi, je suis d'accord.
M. Marx: Ah d'accord! Vous savez, c'est parce que je suis le
ministre responsable de la Déréglementation.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Marx: C'est cela C'est ce qui est inscrit dans le cadre de la
déréglementation
M. Filion: M le Président ...
M. Marx: J'espère que tout le monde en prend note,
ici.
M. Filion: ...avec toutes les fonctions que doit exercer le
député d'Arcy McGee, à savoir ministre de la Justice,
Procureur général.
M. Marx: C'est bon.
M. Filion: Solliciteur général par intérim,
ministre responsable de la Protection du ...
M. Marx: Cela démontre que je suis capable.
M. Filion: - laissez-moi terminer - mi- nistre responsable de la
Protection du consommateur.
M. Marx: Oui.
M. Filion: je ne sais pas s'il trouve le temps de s'en occuper
mais eux autres trouvent que cela ne va pas vite dans ce secteur-là. Et
puis, enfin, on l'oublie souvent, il est ministre responsable de la
Déréglementation. Je dois vous dire que le bilan dressé
par son collègue.
M. Marx: J'ai moins de reponsabilités que mon
prédécesseur, mais j'en fais plus.
M. Filion: l'ex-député de
Notre-Dame-de-Grâce, M Reed Scowen, est tout à fait exact. En
termes de déréglementation du gouvernement, le Parti
libéral avait promis mer et monde, notamment aux entrepreneurs qui
...
M. Marx: Prochain dossier, M le Président.
M. Filion: fréquentent leurs soupers. II leur a promis
mer et monde, en termes de déréglementation et, effectivement, le
premier geste de déréglementation que pose le ministre, c'est
dans la loi.
Le Président (M. Marcil): ...
M. Filion: Je n'ai pas terminé, M le
Président
Le Président (M. Marcil): Oui, mais vous Est-ce que c'est
parti.
M. Filion: Je suis dans le milieu de ma phrase, M le
Président.
Le Président (M. Marcil): Bien. Est-ce que vous C'est
pertinent au projet de loi?
M. Filion: Je suis dans le milieu de ma phrase, M le
Président. Alors, le premier geste que pose le ministre responsable de
la Déréglementation, c'est d'abolir deux formules dans la loi.
C'est le bureau d'enregistrement Je pense que vous ne recevrez pas de
trophée Méritas là-dessus, M le ministre.
M. Marx: Le trophée Méritas, cela commence avec le
premier pas.
Le Président (M. Marcil): Cela va pour l'article 9?
Adopté. L'article 10 égale- ment.
M. Filion: Je suis content de voir que le ministre
reconnaît son inaction en termes de déréglementation.
Le Président (M. Marcil): Donc, il n'y a aucun article de
laissé en suspens. Le projet de loi 77 est-il adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Le titre, Loi modifiant le Code
civil et la Loi sur les bureaux d'enregistrement, est-il adopté? Cela
va? Adopté.
Projet de loi 78
Maintenant, j'appelle le projet de loi 78, Loi modifiant la Loi sur les
renvois à la Cour d'appel. J'appelle l'article 1.
M. Marx: Cet article vise à ce que l'opinion de la Cour
d'appel transmise à la suite d'un renvoi puisse faire l'objet d un appel
à la Cour suprême du Canada
M le Président, je suis sûr que le nouveau recherchiste du
député de Taillion sera tout à fait d'accord avec cet
article parce que comme jeune avocat, il comprend que cela met de l'ordre dans
nos lois. Et, comme jeune avocat, j'en suis sûr, il a lu le Journal
des débats de 1982 et 1983 et il était d'accord avec mes
interventions sur ce point
M. Filion: M le Président, si le ministre veut amorcer un
"filibuster".
Le Président (M. Marcil): De grâce!
M. Marx: Non, non, c'est un compliment que je fais à votre
recherchiste.
M. Filion: qui, pour la première fois de l'histoire du
parlementarisme, serait piloté par le recherchiste de l'Opposition.
Le Président (M. Marcil): Donc, est-ce que I article 1 est
adopté?
M. Marx: Non, mais je connais l'importance des recherchistes Je
suis le premier à l'admettre.
M. Filion: J'en suis encore à changer de dossier, M le
ministre. Ça ne sera pas long.
Le Président (M. Marcil): Je voudrais rappeler qu'il
s'agit du projet de loi 78, l'article 1 du projet de loi 78.
M. Filion: Est-ce que le ministre peut nous fournir des
explications additionnelles sur le projet de loi, sur cet article?
Le Président (M. Marcil): M le ministre, pournez-vous
fournir des explications additionnelles sur le projet de loi 78?
M Marx: Je n'ai pas d'autre explication que celle que j'ai
formulée lors de l'adoption en principe.
M. Filion Moi non plus, je ne reprendrai pas le discours que j'ai
fait lors de la deuxième lecture du projet de loi 78. Cependant, il
faudrait quand même rappeler certaines données de base du
dossier
D'abord, effectivement, la modification proposée par le projet de
loi 78 permettrait d'ajuster la Loi sur les renvois à la Cour d'appel
à la Loi sur la Cour suprême et plus spécifiquement,
I'article 37 de la loi. Concrètement, cela veut dire que si le
gouvernement du Québec est insatisfait d'une opinion qu'il a
demandée à la Cour d'appel, il pourrait en appeler à la
Cour suprême du Canada sans devoir revenir à l'Assemblée
nationale du Québec.
J'ai signalé au ministre de la Justice, lors de mon discours de
deuxième lecture, un peu ma surprise vis-à vis du projet de foi
78. J'ai également feuilleté l'ensemble des interventions du
ministre de la Justice à l'occasion des lois spéciales qui ont
été adoptées par l'Assemblée nationale lors des
appels à la Cour suprême sur les opinions certifiées qui
donnent suite aux renvois à la Cour d'appel.
Le ministre de la Justice, à l'époque, avait
soulevé en Chambre, à quelques reprises, le fait que selon lui il
ne serait pas nécessaire de passer par l'Assemblée nationale
avant de s'adresser à la Cour suprême. J'ai pris connaissance
également de la réponse fournie par le ministre de la Justice de
l'époque, M Marc-
André Bédard, comme j'ai pris connaissance des
débats qui entouraient ces lois spéciales.
Je les appelle "lois spéciales" mais il faut se comprendre C'est
une loi d autorisation mais de nature spéciale. Je vais vous dire que,
de notre côté M le Président, on trouve qu'il serait
intéressant que I'Assemblée nationale soit saisie des
matières qui pourraient faire I'objet d'un appel à la Cour
suprême après une opinion certifiée des juges de la Cour d
appel. Pourquoi?
M. Marx: C' est injuste.
M. Filion: Laissez-moi terminer. Pourquoi? d'abord quand le
gouvernement du Québec s'adresse à la Cour d'appel, il le fait
sur une matière importante, pas sur des "guidis". Parce que les
"guidis", de toute façon, non pas que les citoyens en font, mais ils
peuvent toujours venir à la Cour d'appel par le biais des
procédures judiciaires intentées par tous les citoyens dans le
cours ordinaire de I administration de la justice.
Lorsque le gouvernement du Québec juge à propos de
s'adresser à la Cour d'appel et de demander une clarification d'un point
de droit une opinion sur un point de droit, c'est toujours des matières
qui sont extrêmement importantes pour I 'ensemble de la
société, par définition.
Le projet de loi 78 a pour but de soustraire de I'Assemblée
nationale la possibilité daller en appel en Cour suprême, en deux
mots sans même que l'Assemblée nationale en soit saisie. Je vais
donner un exemple. On pourrait en prendre d autres.
M Marx: Ce n'est pas I'Assemblée nationale qui va en Cour
suprême, c'est le gouvernement.
M. Filion: Non, non.
M. Marx: ...c est I' exécutif.
M. Filion: Bien sûr.
M. Marx: Ce n est pas la même chose.
M. Filion: Non, non Je comprends.
M. Marx: Non, on ne se comprend pas.
M. Filion: Non. J'ai dit que l'Assemblée nationale
autorisait I'appel à la Cour suprême de l'opinion
certifiée.
M. Marx: C' est là I' injustice.
M. Filion: du juge de la Cour d'appel.
M. Marx: C 'est cela, I' injustice.
M. Filion: Laissez moi terminer, M. le...
M. Marx: Parfait. Je vais vous expliquer I' injustice
après.
M. Filion: Laissez moi terminer. M'expliquer I' injustice! Je
vous explique.
M. Marx: Parfait.
M. Filion: ...comment je vois cela.
M Marx: Parfait.
M. Filion: Donc, c'est une matière d'intérêt
public, importante. Au cours des lois spéciales - je les appelle comme
cela - qui ont été adoptées les députés ont
eu la chance de s'exprimer sur le contenu du jugement et sur la
possibilité d en appeler à la Cour suprême. Cela a
donné des débats absolument intéressants ou non seulement
le ministre de la Justice quand il était député de
I'Opposition intervenait, mais aussi le député d'Argenteuil
à l'époque factuel ministre de I'Éducation, etc. En deux
mots cela donne une chance aux parlementaires de s'exprimer sur la
matière qu'on voudrait amener en Cour suprême. II y a un
débat qui a lieu et une décision est prise il y a un vote qui est
pris, mais par les élus du peuple et non pas une décision
automatique qui soustrait le débat - c'est de cela qu'il faut se rendre
compte - de la juridiction des élus du peuple. C'est ce' enlever aux
élus du peuple le soin de se prononcer sur une matière importante
pour I 'ensemble de la société.
M. Marx: Vous êtes...
M. Filion: Non, non, laissez-moi terminer, M. le ministre.
M. Marx: D'accord
M. Filion : ... s' il vous plaît
M. Marx: D' accord
M. Filion: On est capable de se comprendre, laissez-moi terminer
mon argumentation et je vais écouter la vôtre après. Ce
qu'on dit de ce côté ci bien simplement c'est que
I'Assemblée nationale devrait pouvoir se prononcer là-dessus.
Mais là ou le ministre a possiblement raison - j' aimerais bien cela
qu'il m écoute un peu par exemple - cest quand il dit. Pourquoi faire
une loi pour autoriser cet appel? C'est ce qu'il va nous dire. Pourquoi faire
une loi? Dans le fond, cest vrai que le processus législatif, c'est un
processus lourd pour permettre un appel à la Cour suprême. II y a
d'autres façons d'en arriver au même résultat sans devoir
nécessairement adopter une loi. C'est ce que je vais soumettre
tantôt au ministre de la Justice.
Quelle est idée derrière tout cela? Si les jugements
étaient rendus à quelques semaines d'intervalle on n'aurait pas
de problème. Mais quand une décision de la Cour d'appel s'en va
à
la Cour suprême, voulez-vous que je vous le dise, cela prend des
mois avant de savoir l'opinion des juges de la Cour suprême, parfois des
années Bien, pas des années, mais cela peut aller au-delà
de douze mois facilement. La Cour suprême, sur une matière
importante, elle ne veut pas dire n'Importe quoi. Les juges discutent entre
eux, entre elles également parce qu'il y a une ou deux femmes. Bref, il
y a tout un processus qui est long, mais le problème est urgent pour la
société dans bien des cas.
Alors, pourquoi soustraire l'Assemblée nationale de ce processus?
Dans ce sens-là, force m'est donnée de donner raison à
l'ancien ministre de la Justice, à tous les anciens ministres de la
Justice qui n'ont pas voulu modifier cette loi. Par contre, je ne veux pas dire
que le ministre de la Justice actuel a tout à fait tort. Non, ce n'est
pas vrai. II a en partie raison dans son argumentation quand il dit qu'un
processus législatif, comme mécanisme, c'est trop lourd. II y a
sûrement des solutions intermédiaires.
Donc, ma question au ministre de la Justice, c'est. Est-ce qu'il est
disposé à ce que nous examinions ensemble, à cette
commission, la possibilité de trouver une solution qui permettrait
à la fois aux élus du peuple de se prononcer sur le
bien-fondé de l'appel, sur le contenu de ce sujet et qui permettrait
également au gouvernement d avoir une marge de manoeuvre un peu plus
libre pour porter la décision de la Cour d'appel à la Cour
suprême? Évidemment, il ne m'a pas écouté tout le
long, mais...
Le Président (M. Marcil): M. le ministre (12 h 30)
M. Marx: M. le Président, je pense que la première
chose qu'il faut dire sur le projet de loi qu'on propose aujourd'hui, c'est qu
il existe dans toutes les autres juridictions au Canada, c'est-à-dire
dans les neuf autres provinces. Le problème, c'est un problème de
justice parce que lorsque le gouvernement demande - ce n'est pas
l'Assemblée nationale - un avis consultatif, c'est le gouvernement qui a
la responsabilité de préparer les plaidoiries, les factum et tout
ça. L'injustice, c'est que le gouvernement peut demander un avis
consultatif, supposons, sur une loi sur les fiducies. D'accord? On demande un
avis consultatif. Si le gouvernement gagne en Cour d'appel, le gouvernement
peut arrêter là et ne pas aller en appel à la Cour
suprême du Canada.
Cependant, il est évident que c'est une loi publique qui touche
les intérêts privés. Si le député de Taillon
est président d'une compagnie de fiducie, supposons, et qu'il veut aller
en Cour suprême du Canada parce qu'il n'est pas d'accord avec le jugement
de la Cour d'appel, iI est bloqué, il ne peut pas parce qu'en vertu de
la loi actuelle, ça prendrait une loi de l'Assemblée nationale
pour permettre cela. Si le gouvernement gagne sa cause, le gouvernement peut
bien s'asseoir sur le jugement de la Cour d'appel et ne pas permettre à
l'autre partie d'aller en Cour suprême du Canada,
premièrement.
Le deuxième problème, c'est que si nous avons un avis
consultatif de la Cour d'appel qui arrive, supposons, le 15 juin, il faut
attendre jusqu'à Noël ou après Noël pour adopter une
autre loi, ie cas échéant, pour aller à la Cour
suprême du Canada Mais je pense que pour moi, l'essentiel, c'est la
question de l'accessibilité de tout le monde qui est touchée par
un jugement de faire appel à la Cour suprême du Canada. Maintenant
que j'ai expliqué cela de cette façon, l'accessibilité, la
justice, le député de Taillon sera moins en désaccord.
Le Président (M. Marcil): M le député de
Taillon.
M. Filion: M. le Président, deux choses
premièrement, une question et deuxièmement un commentaire. Je
vais faire mon commentaire. Le ministre nous dit deux choses face à
l'argumentation que je veux présenter. II nous dit. Écoutez,
ça crée une injustice, la partie qui peut être
lésée par le jugement de la Cour d'appel ne peut pas aller
à la Cour suprême. Non, non. La loi spéciale à
l'Assemblée nationale n'autorise pas l'autre partie, elle autorise le
gouvernement à aller à la Cour suprême. Elle n'autorise pas
l'autre partie à aller à la Cour suprême. Bon!
Deuxième remarque là-dessus, c'est que même avec le
projet de loi qu'il nous soumet, le gouvernement, lui, s'il est satisfait de
l'opinion de la Cour d'appel, n'ira pas en Cour suprême. Ce qu on
crée...
M. Marx: ...la partie.
M Filion: avec le projet de loi 78, c'est uniquement la
possibilité d'y aller sans devoir passer par l'Assemblée
nationale.
M. Marx: L'autre partie peut y aller.
Le Président (M. Marcil): L'autre partie qui est
lésée, admettons que le gouvernement gagne sa cause.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): L'autre partie veut aller en
Cour suprême, elle ne peut pas y aller. Elle n'a pas...
M. Filion: Elle ne pourra pas plus y aller avec le projet de
loi.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Filion: Non. Voyons donc! Usez-le comme II faut, M le
Président. Ce que votre projet de loi permet, c'est l'appel par le
gouvernement.
M. Marx: Non, non.
M. Filion: Bon, j'ai vérifié ce point.
M. Marx: "L'opinion certifiée de la cour sur les questions
ainsi soumises doit être considérée comme un jugement de
cette cour et il peut en être interjeté appet à la Cour
suprême du Canada comme d'un jugement dans une action".
C'est-à-dire que quand il y a un appel, quand il y a un avis
consultatif, il y a d'autres parties qui se joignent à l'appel et donc
c'est comme dans un jugement. Supposons qu'en Ontario, ils avaient un avis
consultatif à la Cour d'appel sur une loi scolaire il y a un an ou deux.
Cela a donné la permission aux commissions scolaires, en vertu de leur
loi, d'aller en appel à la Cour suprême du Canada, Quand le
député de Taillon a soulevé ce point...
M. Filion: C'est important. Je dois comprendre...
M. Marx: Non, non. Je pense que ce qui est important, c'est ce
que le député de Taillon a soulevé parce que
peut-être que dans l'amendement qu'on propose, on ne le voit pas. Il faut
lire cela avec la Loi sur la Cour suprême et notre loi aussi et avec tout
parce que, juste en lisant l'article, on peut se tromper.
M. Filion: Bon alors, ce que vous me dites, c'est qu'avec le
projet de foi 78, une fois adopté, n'importe quelle partie peut en
appeler à la Cour suprême.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Je pense que c'est important.
M. Marx: Oui.
M. Filion: C'est clair, d'ailleurs.
M. Marx: Parce que...
M. Filion: Je lisais l'article 5.1 avec l'article 5.
M. Marx: Non, vous avez raison. Il y a l'article 37 de la Loi sur
la Cour suprême du Canada qui prévoit cela.
M. Filion: Oui, je suis d'accord avec vous sur l'article 37.
Écoutez, vous allez vérifier cela.
Donc, la possibilité d'interjeter appel à la Cour
suprême...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...appartiendra à n'importe quelle partie.
M. Marx: Mes légistes ont confirmé ce que j'ai
dit.
M. Filion: En autant, évidemment, que c'est une partie au
jugement.
M. Marx: C'est cela. Elle va se mettre partie sous
l'exemption.
M. Filion: Pour qu'elle soit partie... Cela pose un
problème, je vous le pose.
M. Marx: L'exemption...
M. Filion: Généralement, dans les
référés que je connais - vous me corrigerez, je ne suis
pas un expert non plus - il n'y a pas. de partie, il y a une opinion, par
exemple, sur la loterie du maire Drapeau, une opinion sur le pouvoir... Je vais
laisser répondre le ministre.
M. Marx: La loi est très claire. L'article 4 de la Loi sur
les renvois à la Cour d'appel, notre loi...
M. Filion: Permet d'intervenir.
M. Marx: C'est cela. La cour peut ordonner que la date de
l'audience, lors du renvoi d'une section à la cour en vertu de la
présente loi, soit notifiée à toute personne
intéressée. Si une classe de personnes est
intéressée, ou si une ou plusieurs personnes représentent
cette classe, elles ont le droit d'être entendues sur la question.
M. Filion: Est-ce que cela veut dire qu'elles sont partie?
Est-ce que cela veut dire qu'elles ont le droit d'intervenir en fonction de
l'article 51?
M. Marx: II y a des précédents dans les autres
provinces On a pris la même disposition que celle qui se retrouve dans
les lois des autres provinces Toutes les provinces ont la même
disposition, mot pour mot, je pense.
M. Filion: Elles n'ont peut-être pas le même genre de
jurisprudence en ce qui concerne tes interventions à la Cour
d'appel.
M. Marx: Lisez, par exemple, les avis consultatifs, les
décisions, c'est toujours le Procureur général contre
quelqu'un. Cela se lit ainsi. On va vous donner des exemples de causes, si vous
voulez.
M. Filion: Je prends votre parole et celle des gens qui vous
entourent. Cela règle une partie du problème. Vous voulez le
permettre aux individus qui pourraient être concernés par le
jugement ou qui auraient été reconnus tels par la Cour
suprême, soit, cela va, cela règle une partie du problème.
Reste l'autre partie du problème, celle que je soulevais . Encore une
fois,
je ne me base pas sur des choses folichonnes mais sur les quatre cas ou
il y a eu des demandes d'opinion certifiée de la Cour d'appel, la taxe
volontaire de M. le maire Drapeau à l'époque, la juridiction de
la Cour provinciale, le droit de veto du gouvernement du Québec et le
rapatriement unilatéral. Dans ces quatre matières, surtout dans
les deux dernières, on se rend compte qu'il peut y avoir des parties
intéressées, tout te monde peut être
intéressé à un droit de veto ou au rapatriement
unilatéral, mais essentiellement, c'est une question qui
intéresse l'ensemble des citoyens du Québec. C'est pour cela
qu'on a adopté une loi à l'Assemblée nationale pour
autoriser l'appel à la Cour suprême.
Je me dis que si vous voulez permettre l'accessibilité d'une
partie, oui, cela va. Mais en ce qui concerne le gouvernement du
Québec.
M. Marx: Oui, il peut toujours.
M. Filion: C'est évident qu'avec le texte actuel, il
pourrait toujours. Mais compte tenu des arguments que j'apporte, est ce que
vous ne croyez pas que les élus du peuple devraient pouvoir se pencher
sur cette matière fondamentale qui fait l'objet du
référé avant de porter le jugement de la Cour d'appel
à la cour?
M. Marx: Si l'Assemblée nationale veut avoir un
débat sur une question, on peut toujurs le faire.
M. Filion: D'accord, mais il s'agit de permettre l'appel à
la Cour suprême.
M. Marx: Supposons qu on demande à la Cour d appel de
vérifier la popularité du Parti libéral du Québec -
vous savez, nous sommes très populaires.
M. Filion: Soyons sérieux, quand même, M le
ministre.
M. Marx: D'accord. Plus sérieux que cela?
M. Filion: Si vous n'êtes pas sérieux, on va se
ramasser le 23 décembre tous les deux en commission parlementaire et on
va se parler encore.
M. Marx: C'est parfait! Je ne vais pas en vacances. Prenons l'un
de vos exemples. Supposons que c'est la loi sur le droit de veto du
Québec. C'est bien sûr qu'il peut y avoir des parties qui
interviennent. Cela peut être des associations pour la.
M. Filion: Personne n'est intervenu, de toute façon.
M. Marx: Non. Cela peut être ...
M.Filion: ... en pratique.
M. Marx: des personnes qui interviennent pour faire valoir leur
point de vue. Donc, on donne la possibilité à tout le monde
d'aller à la Cour suprême Je ne vois pas de problème.En ce
qui concerne les débats, j'en suis conscient, on peut toujours faire un
débat le vendredi après-midi.
M. Filion: Pardon?
M Marx: On peut toujours avoir un débat à
l'Assemblée nationale.
M. Filion: C'est le sens de la modification que je
m'apprêtais à vous soumettre. Je vais être obligé de
la rédiger à nouveau, compte tenu du fait que...
M. Marx: Oui, mais on ne peut pas.
M. Filion: ...vous m'avez éclairé sur
l'accessibilité pour la partie
M Marx. C'est cela.
M. Filion: Ce que je voudrais vous souligner - je I'avais
déjà préparé, mais je vais être obligé
de le reformuler - ce serait de permettre l'appel à la Cour
suprême, non pas sur une loi, c'est trop lourd, mais sur une motion de
l'Assemblée nationale à cet effet.
M. Marx: Non. Premièrement, si les droits de quelqu'un
sont lésés, il doit avoir le droit d aller à la Cour
suprême du Canada. Je ne comprends pas. Supposons que vous avez une
condamnation en Cour d'appel pour une infraction criminelle. Est-ce que vous
voulez que cela prenne une motion?
M. Filion: Non pas une motion pour la tierce partie, mais une
motion si c'est le gouvernemen.t
M. Marx: Pourquoi pas une loi ?
M. Filion: Le gouvernement du Québec existe en fonction de
quoi? II existe en fonction des citoyens du Québec Ce n'est pas un
gouvernement du Québec incorporé. Et si c'est une matière
tellement importante qu'on a décidé d'aller en Cour d'appel,
pourquoi les élus du peuple, de l'autre côté,
n'autoriseraient-ils pas l'appel à la Cour suprême par le
gouvernement du Québec? Cela fait en sorte, en pratique - je vous le
répète - de prendre un problème, de demander au juge de le
régler et de prendre, dans certains cas, six, douze ou dix-huit mois
pour le régler. Autrement dit, il s'agirait de redonner au moins non pas
un pouvoir décision nel là-dessus à l'Assemblée
nationale - on n'est
pas des juges - mais de permettre aux élus du peuple d'avoir leur
mot à dire sur une question d'importance fondamentale.
M. Marx: Quels étaient les mots des élus en ce qui
concerne la défense de la loi 101 devant la Cour d'appel et devant la
Cour suprême du Canada?
M. Filion: Le gouvernement du Québec était
là.
M. Marx: C'est cela, mais le gouvernement du Québec sera
ici aussi.
M. Filion: Oui, mais là, c'est le gouvernement du
Québec qui demande une opinion à la Cour d'appel. C'est une
opinion, ce n'est pas une cause. Je l'ai dit au tout début de mon
argumentation, il ne faut empêcher.
M. Marx: C'est la même chose.
M. Filion: l'administration judiciaire de se faire.
M. Marx: Mais c'est la même chose.
M. Filion: S'il y en a qui trouvent que la loi 101 est
illégale, ils peuvent contester et ils ne se gênent pas pour le
faire. Comme pour toute autre loi, n'importe quel citoyen peut le faire.
D'ailleurs, le gouvernement du Québec est formé, dans notre
système, - vous le savez - d'élus du peuple. Pourquoi ne pas
permettre aux élus du peuple de se prononcer, non pas par voie
législative - je suis d'accord avec vous, c'est trop lourd - mais par
vole de motion?
M. Marx: Parce qu'un avis consultatif égale un jugement
Rinfret a déjà dit cela. Vous allez trouver la jurisprudence
où les Juges de la Cour suprême du Canada ont déjà
dit qu'il y a une différence, mais que cela revient au même. Si on
demande un avis consultatif et qu'un an plus tard, on arrive avec un litige,
les juges ne changeront pas leur jugement. Ils ne diront pas. On a
décidé sur un avis consultatif l'an dernier, cette année,
c'est un litige, on va décider différemment.
M. Filion: Je ne vois pas la pertinence.
M. Marx: C'est cela. Donc, un avis consultatif vaut un
jugement.
M. Filion: Oui, je suis d'accord avec vous.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon, la question que je poserais, dans ce cas-ci, est la suivante: Compte
tenu du fait qu'on permet, avec cet amendement, à un individu de
référer le dossier à la Cour suprême qui n'avait pas
nécessairement ce pouvoir, sans le consentement de l'Assemblée
nationale...
M. Filion: Non. Écoutez, cela n'a jamais existé,
une loi de l'Assemblée nationale pour permettre à un individu
d'en appeler du jugement de la Cour suprême.
Le Président (M. Marcil): Non, d'accord. Mais
l'Assemblée nationale...
M. Filion: Je veux que ce soit clair.
Le Président (M. Marcil): D'accord, mais étant
donné que vous soulevez le point de laisser de côté
l'aspect législatif parce que c'est trop lourd, il y a seulement
par...
M. Filion: Bien disons...
Le Président (M. Marcil): ...un dépôt de
motion qu'on pourrait discuter ou débattre à l'Assemblée
nationale de l'opportunité de cela ou non. (12 h 45)
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M Marcil): La question que je pose est.
Est-ce qu'au moment où on se parle, on a ces mécanismes
présentement à l'Assemblée nationale?
M. Filion: Oui, certainement.
Le Président (M. Marcil): Donc, pourquoi l'inclure dans un
amendement comme vous voulez le proposer?
M. Filion: Mais non, la motion n'est pas nécessaire. S'il
n'y a personne qui présente la motion, elle n'est pas
discutée.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Filion: II faut qu'elle soit présentée pour
qu'on la discute.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que cet amendement
empêche un député de déposer une motion?
M. Filion: Mais non, mais elle ne le permet pas.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Filion: parce que l'appel est. La possibilité d'en
appeler va être automatique. Autrement dit, quoiqu'on fasse...
Le Président (M. Marcil): Oui, je comprends.
M. Filion: ...à l'Assemblée nationale, on ne
pourra. Jamais empêcher le gouvernement du Québec, quel qu'il
soit, de prendre une patate
chaude et de l'envoyer à la Cour suprême et d'avoir la paix
pendant 18 mois sans débat à l'Assemblée nationale. Vous
comprenez? C'est l'idée. C'est cela qui est l'idée. Je comprends
votre point de vue.
M. Marx: Je propose que cela soit adopté sur division.
Le Président (M. Marcil): Je n'ai pas... Je suis en train
de... On va rédiger notre amendement.
M. Marx: Non, M. le Président, je vais dire tout de suite:
C'est sur...
M. Filion: Je vais demander un vote là-dessus.
M. Marx: ...la...
Le Président (M. Marcil): On a assez de...
M. Marx: C'est très difficile... Non, mais je vais
expliquer la question technique. Je pense qu'en rédigeant ce projet, les
légistes avaient des versions et tout cela. À la fin, ce qu'on a
fait, on a rédigé l'article exactement comme c'est
rédigé dans les autres lois parce qu'il ne faut pas... Parce
qu'il y a une Loi sur la Cour suprême du Canada, il faut utiliser les
mêmes mots, ce que toutes les autres provinces ont fait. On n'est pas
pour prendre une aventure ici et changer un mot ou deux mots en ne sachant pas
ce qu'on fait. Il y a toute une jurisprudence, toute une histoire en ce qui
concerne l'article en question. On n'est pas pour rédiger une
modification ici et quelqu'un va arriver à la Cour suprême du
Canada et dire: Vous venez de Québec et vous avez rédigé
un article qui ne vous permet pas de faire telle et telle chose. C'est le
problème. Toutes les provinces ont exactement le même article.
Cela veut dire que c'est le bon article.
M. Filion: Juste une question avant d'aborder le fond de ce que
dit le ministre. Dans l'état actuel du droit, est-ce qu'il est clair
qu'une partie ne peut pas intervenir dans un appel à la Cour
suprême?
M. Marx: Ne peut pas intervenir? M. Filion: Oui.
M. Marx: Mais si le gouvernement ne fait pas appel à la
Cour suprême, c'est fini.
M. Filion: D'accord. M. Marx: C'est fini.
M. Filion: D'accord. Sur la question de fond, le ministre me dit:
Cela serait trop compli- qué à rédiger. Ce n'est pas
compliqué à rédiger. Deuxièmement...
M. Marx: Rédiger cela...
M. Filion: ...que la Cour suprême... Vous savez, à
la Cour suprême, on a demandé à ce qu'il y ait des juges du
Québec. C'était un des gros points, un des gros acquis de
l'entente constitutionnelle du lac Meech. Deuxièmement, est-ce qu'on
n'est pas censé être une société un peu distincte?
Non? Or, qu'il existe des lois différentes de ce qui existe au Manitoba
ou au Québec, je suis convaincu que le ministre non plus, cela ne
l'empêche pas de dormir.
M. Marx: Non.
M. Filion: Qu'au Québec, on ait...
M. Marx: Pas aujourd'hui parce que je suis très
fatigué.
M. Filion: Non seulement on a réussi à se
développer comme société distincte bien avant que
l'entente constitutionnelle du lac Meech le mentionne... Or bref, le ministre
me dit: On n'est pas capable de rédiger cela. Je vais lui soumettre un
texte qui m'apparaît conforme à l'article 37 de la Loi sur la Cour
suprême et qui serait très simple: "Toutefois, concernant la
décision du gouvernement du Québec d'en appeler", alors ajouter
après...
Une voix:...
M. Filion: C'est cela. À l'article 1, ajouter: Toutefois,
concernant la décision du gouvernement du Québec d'en appeler
à la Cour suprême, le gouvernement devra préalablement
faire adopter une motion à l'Assemblée nationale à cet
effet." Et là, il y a une motion et si tout le monde est d'accord, elle
dure deux minutes. Si c'est un débat, on tombe dans la formule qui est
prévue dans notre règlement stipulant que c'est un débat
restreint qui dure, je ne sais pas, 20 heures ou je ne sais pas trop.
Là, les gens s'expriment comme le ministre de la Justice l'a fait sur le
droit de veto, comme le ministre de l'Éducation l'a fait sur le
repatriement unilatéral, comme le leader parlementaire de
l'époque, M. Charron, l'avait fait, le ministre de la Justice, le
premier ministre même dans certains cas, parce que ce sont des
matières fondamentales et qu'on est élu pour ça nous
autres aussi, un petit peu, pour débattre des questions qui
'intéressent la société. Ce n'est pas toujours de
laisser... Vous savez, dans une société où une partie de
plus en plus grande des pouvoirs appartient aux tribunaux de faire en sorte que
davantage de pouvoirs, encore une fois, relèvent des tribunaux, avec
tout le respect que je dois aux tribunaux...
Mais chaque composante de notre système démocratique doit
prendre ses responsabilités: la
composante législative, la composante executive et la composante
judiciaire. Et dans la proposition que je fais, la composante exécutive
a décidé si elle veut aller en appel ou pas. Sa décision
va rester à elle, pas à l'Assemblée nationale. Elle va
décider d'initier le processus, d'aller en Cour suprême.
Deuxièmement, le pouvoir législatif va autoriser
l'exécutif à aller faire cet appel-là comme étant
la meilleure solution pour régler le problème qui affecte tous
les citoyens.
Et, troisièmement, le pouvoir judiciaire, lui, va trancher la
question.
Cela m'apparaît prendre ses responsbilités d'une
façon souple et qui tient compte de la lourdeur que veut éviter
le ministre. Et je relisais ses galées à l'époque.
Pourquoi faire adopter une loi? Il a raison. C'est lourd, une loi. Cela peut
même être bloqué par l'Opposition dans certains cas, une
loi, "filibuster", etc. Une motion - pouf! - c'est un cadre restreint. C'est
débattu et on vote.
Comme on n'a pas encore changé - n'est-ce pas, M. le
député de Mille-Îles? - notre système parlementaire,
j'aime croire que peu importe le Parlement - n'est-ce pas? - les
députés de la majorité ministérielle se rendront
à l'aimable invitation de leur leader parlementaire et se
lèveront en Chambre pour appuyer la décision de
l'exécutif. Mais au moins, un débat public aura eu lieu, un
débat dont pourront se saisir les citoyens et puis un débat qui
sera tout à fait démocratique.
Moi, je le dis, je suis conscient de ce que veut faire le ministre et je
suis d'accord avec lui à 90 %. Ce que je lui demande de respecter,
peut-être, et je vois qu'il réfléchit, c'est le peu de
pouvoir qui reste, bien finalement dans bien des cas, aux élus du
peuple. En ce sens-là, je vais déposer cet amendement-là
pour que nous puissions en débattre.
Le Président (M. Marcil): Je vais recevoir votre
amendement.
M. Filion: Alors, il s'agit de le rédiger le mieux
possible. Il est 12 h 55.
Le Président (M. Marcil): À moins que nous ne
suspendions nos travaux.
M. Filion: Si on suspend? Nos travaux se terminent à 13
heures.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Filion: Bon, c'est comme vous voulez. Si vous voulez, je peux
essayer d'ici environ une heure de déposer un texte ou si vous
préférez, je peux prendre un peu plus de temps pour être
bien sûr qu'il est le mieux rédigé possible. Je pense que
ça n'apparaîtrait...
M. Marx: C'est au président de décider.
Le Président (M. Marcil): Moi, écoutez, si vous
voulez, compte tenu qu'il nous reste à peu près cinq minutes, je
ne sais pas si on va discuter de la recevabilité de l'amendement. Donc,
à ce moment-là, ce qu'on pourrait faire, c'est suspendre
immédiatement nos travaux pour vous permettre de rédiger votre
amendement et à 15 heures on va reprendre nos travaux.
M. Filion: Nous, on n'a pas d'ordre, M, le Président. On
n'a pas eu d'ordre de la Chambre.
Mme Bleau: II y a une autre commission aussi.
M. Filion: On ne siège pas cet après-midi parce
qu'on va être en Chambre.
Le Président (M. Marcil): Peut-être.
M. Marx: Je pense que moi je suis au service de
l'Assemblée nationale, M. le Président, et je vais suivre les
ordres de l'Assemblée nationale. Si l'ordre était de
siéger jusqu'à 13 heures et après ça, de 15 heures
à 18 heures et de siéger ce soir de 20 heures jusqu'à 3
heures du matin, je suis prêt à faire ce qu'on me demande de
faire.
M. Filion: À ce moment-là, je suggère qu'on
suspende nos travaux parce qu'il ne reste que 5 minutes.
Le Président (M. Marcil): À moins que de
consentement, vous ne décidiez de poursuivre les travaux.
M. Marx: Bien c'est parce qu'il y a un autre projet aussi, M. le
Président.
M. Filion: Peut-être. C'est le projet...
Le Président (M. Marcil): Projet de loi 71. À moins
qu'on ne le fasse immédiatement?
M. Filion: Oui, ça pourrait être tentant
ça.
Le Président (M. Marcil): Donc, nous allons
suspendre...
M. Filion: Ah! il y a des modifications à ça. Le
Président (M. Marcil): Oui.
M. Filion: Bien, ça va prendre plus que 5 minutes. Cela va
prendre plus que 5 minutes parce que je sais que le ministre a des
papillons.
Le Président (M. Marcil): Bon, écoutez bien. Moi,
ce que |e vous propose, c'est à vous d'en disposer, puisque lorsqu'on
arrive à 13 heures, ça prend un consentement unanime pour
poursuivre nos travaux. Est-ce que vous...
M. Marx: Si le député pense qu'on peut tout faire
d'ici.
Le Président (M. Mardi):. ...d'ici 13 heures.
M. Marx: ...d'ici 14 heures, oui Mais sinon
M. Filion: Bien, 14 heures, écoutez. On a trois projets de
loi en Chambre.
M. Marx: ...je ne veux pas faire que le député.
Le Président (M. Marcil): Donc, messieurs les
députés et mesdames les députées, on va suspendre
les travaux. Nous allons ajourner.
M. Marx: À quelle heure?
Une voix: On ajourne sine die.
Le Président (M. Marcil): Je vais attendre de recevoir
l'ordre de l'Assemblée nationale.
M. Marx: L'ordre, c'était quoi?
Le Président (M. Marcil): C'était d'arrêter
à 13 heures. Suspendu.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît'
Nous reprenons nos travaux sur le projet de loi 78. Nous en sommes
à l'article 1.
M. le ministre, lorsque nous avions suspendu les travaux, M. le
député de Taillon voulait déposer un amendement.
Cependant, vous avez manifesté l'intention d'ajouter quelques
renseignements supplémentaires avant de recevoir l'amendement.
M. Marx: Oui, M. le Président. Nous avons pris certaines
Informations et en ce qui concerne les avis consultatifs demandés
à la Cour d'appel, au moins les deux dernières fois, par le
Procureur général, le gouvernement a dit à l'avance qu'on
en appellerait à la Cour suprême du Canada, c'est-à-dire
qu'au moment où la Cour d'appel rendra sa décision, le Procureur
général sera libre d'aller ou de ne pas aller en appel à
la Cour suprême. Si l'amendement que le député nous soumet
est adopté, la décision du Procureur général sera
soumise à la décision de l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire que le Procureur général ne sera pas à
l'abri des pressions politiques, parce que, normalement, le Procureur
général doit prendre la décision d'aller en appel ou non
sans subir de pression de quelque nature que ce soit . Mais s'il y a une motion
où on va lui dire:
II faut faire cela ou il faut faire ceci, cela va radicalement changer
notre système Vous pouvez étudier cela, M. le Président,
dans les deux livres de Edwards sur le Procureur général, il y a
toute l'histoire et ainsi de suite.
Donc, pour résumer la situation actuelle, au moins depuis
quelques années, si on dit à l'avance qu'on va aller à la
Cour suprême au moment de la décision de la Cour d'appel, le
Procureur général est libre d'en appeler à la Cour
suprême ou non, comme il semble bien le fairel II ne faut pas soumettre
le Procureur générai aux pressions politiques - entre guillemets
- de l'Assemblée nationale J'aimerais souligner, M. le Président,
que je n'avais pas cette information ce matin! Ce matin, je ne savais pas que,
depuis quelques années, on annonçait à l'avance qu'on
allait à la Cour suprême du Canada . Voilà!
Le Président (M. Marcil): Merci, M le ministre. Je vais
reconnaître M le député de Taillon.
M. Filion: J'aimerais comprendre ce que le ministre vient de nous
dire. Vous dites que le Procureur général peut décider
d'aller ou de ne pas aller à la Cour suprême, c'est certain. II
n'y a rien qui affecte la décision du Procureur général.
Celui-ci a une décision à prendre et il ne faudrait pas que
l'Assemblée nationale se substitue au Procureur général
.Si celui-ci veut aller à la Cour suprême, dans le sens de ce que
je disais ce matin, on peut. D'abord, s'il décide de ne pas y aller, on
ne peut pas le forcer à y aller Bon, cela, c'est clair.
M. Marx: Juste une petite précision que je n'ai pas
donnée c'est-à-dire que les projets de loi qu'on dépose
pour en appeler à la Cour suprême du Canada sont
déposés avant qu'on demande à la Cour d'appel son avis
M. Filion: Ah!
M. Marx: J'ai manqué ce bout qui est important Les deux
dernières fois, on a déposé un projet de loi avant qu'on
ait demandé l'avis à la Cour d'appel, en disant qu'on pourrait
aller à la Cour suprême du Canada. D'accord? Donc, la loi donne la
permission au Procureur général d'en appeler à la Cour
suprême du Canada, mais il est libre d'y aller ou de ne pas y aller.
C'est ce qu on a fait Je pense que. C'est cela, c'est cela. Donc, s'il y a un
débat.
Je n'avais pas cette information ce matin, je sais que cela change un
peu le débat, excusez-moi. En effet, nous avons vérifié
avec la direction constitutionnelle, avec le contentieux, c'est-à-dire
le sous-ministre associé qui est chargé de cette direction
générale.
M. Filion: La décision d'aller à la Cour
suprême n'intervient pas après le jugement de la
Cour d'appel.
M. Marx: C est cela. J'avais oublié.
M. Filion: La faculté d'aller à la Cour
suprême est donnée avant que le gouvernement décide.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...c'est-à-dire avant que le jugement ne soit
rendu.
M. Marx: Oui, oui Je ne savais pas cela avant. J'avais
oublié. D'accord?
M. Filion: Oui et...
M. Marx: Je pense que cela change la problématique. J'ai
compris que le député de
Taillon voulait qu'on fasse le débat après l'avis de la
Cour d'appel.
M. Filion: On peut le faire avant, le débat peut
être fait avant.
M. Marx: Oui, mais vous êtes dans un autre système
de droit.
M. Filion: Non, non, comme c'est le cas maintenant.
M. Marx: Oui, oui, c'est cela.
M. Filion: Le débat peut être fait avant, il n'y a
pas de limite de temps. Je comprends. Je pense que le ministre nous apporte des
clarifications sur ce qui s'est produit dans le passé, mais cela ne
change pas - à moins qu'on ne me prouve le contraire - les
données de ce que j'exposais. Je vais vous remettre en plusieurs
exemplaires l'amendement que j'ai préparé, que je lis "Que
l'article 1 du projet de loi 78 soit modifié " Donc, je retire la
proposition d'amendement que j'avais présentée verbalement.
M. Marx: Oui, oui.
M. Filion: avec le consentement "Que l'article 1 du projet de loi
78 soit modifié en ajoutant à l'article 1 après le mot
"action", les mots suivants:
Toutefois, le gouvernement ne peut interjeter appel à la Cour
suprême qu'après I'adoption d'une motion de l'Assemblée
nationale à cet effet."
La motion - je vais expliquer mon amendement - veut dire
évidemment que le Procureur général prend sa
décision à n'importe quel moment. II peut la prendre avant ou
pendant II n'y a pas de délai d'ailleurs pour aller à la Cour
suprême, sauf erreur.
M. Marx: C'est 90 jours normalement.
M. Filion: Non, pas dans le cas d'un référé,
d'après ce que je crois.
M. Marx: Peut-être. Bon, ce n'est pas important.
M. Filion: Ce n'est pas important. Mais l'argument du
délai, c'était pour. Quelquefois, le temps peut...
M. Marx: Vous parlez d'une motion .Est-ce qu'il va y avoir un
vote sur la motion? Normalement, quand il y a motion, il y a vote.
M. Filion: Oui, oui, il y a un vote sur une motion.
M. Marx: Mais supposons que la motion est de ne pas en appeler
à la Cour suprême.
M. Filion: Non, non, ici il est dit "l'adoption d'une motion
à l'Assemblée nationale à cet effet".
M. Marx: À quel effet?
M Filion: À l'effet d'interjeter appel.
M Marx: Mais supposons...
M. Filion: Si vous n'y allez pas, il n'y a pas de
problème.
M. Marx: Oui, mais la motion va dire d'y aller ou de ne pas y
aller.
M. Filion: Non, non, non. M. Marx: La motion dit quoi?
M.Filion: La motion va dire que le gouvernement peut interjeter
appel à la Cour suprême du référé qui sera
fait.
M. Marx: Supposons que la motion est défaite.
M. Filion: Ah! Si la motion est défaite, la motion est
défaite.
M. Marx: Le Procureur général serait dans une bonne
position d'aller à la Cour suprême du Canada.
M. Filion: Le Procureur général ne pourra pas aller
à la Cour suprême.
Une voix: II ne pourra pas?
M. Marx: Ah! on ne peut pas accepter cela, M le
Président.
M. Filion: Si les projets de loi dans le passé n'avaient
pas été adoptes, vous n'auriez
pas pu Je veux dire que le Procureur général
précédent n'aurait pas pu .
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire que le projet de loi soit
adopté..
M. Filion: Qu'il soit débattu.
M. Marx: Cela peut être juste déposé ou on
peut demander un avis à la Cour d'appel .Je peux demander un avis
à la Cour d'appel. Pensez-vous que dans le cas qu'on adopte telle et
telle loi serait valide? On peut faire cela aussi. On ne le fera pas .
M. Filion: Oui, mais dans les cas précédents, les
Procureurs généraux avant vous avaient besoin d'une loi de
l'Assemblée nationale pour aller à la Cour suprême.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Et le fait d'avoir une loi n'était pas
considéré comme exerçant une pression quelconque. Je veux
dire que c'est juste notre système de droit. Vous comprenez ce que je
veux dire? Vous me référiez à Edwards et tout cela.
M. Marx: C'est cela, oui, mais ta différence est
expliquée ce matin.
M. Filion: Oui.
M. Marx: C'était impossible pour une personne
lésée d'aller à la Cour suprême.
M. Filion: Oui, mais cela est réglé Pour moi, cela
est réglé.
M. Marx: Ah, cela revient, mais enfin...
M. Filion: Avec ce que la première partie.
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: Avec le projet de loi actuel.
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: ...cela est réglé.
M. Marx: Oui, mais ce sera ta première fois que, dans une
loi, l'Assemblée nationale fera quoi que ce soit en ce qui concerne les
pouvoirs du Procureur général. Cela ne me fait rien si on coupe
les pouvoirs du Procureur général actuel, mais je pense à
mes successeurs.
M. Filion: À ce moment-là, M. le ministre -
supposons cela parce que vous me servez cet argument - le Procureur
général n'est-il pas toujours un peu limité par les lois
qui existent."? Et ce n'est pas considéré comme étant des
contraintes politiques inacceptables.
M. Marx: En ce qui concerne l'Assemblée nationale, la loi
est la loi
M. Filion: Non, mais les lois adoptées par
l'Assemblée nationale ne sont jamais considérées comme des
contraintes inacceptables pour le Procureur général. Cela ne se
peut pas parce qu'une loi est adoptée par l'Assemblée nationale;
c'est le cadre d'exercice des fonctions du Procureur général.
Le Président (M. Marcil): Par contre, est-ce que le
Procureur général a une responsabilité, par la suite,
lorsque l'Assemblée nationale adopte un projet de loi? Il a la
responsabilité d'aller jusqu'en Cour suprême un jour.
M. Marx: De la défendre.
Le Président (M. Marcil): Et d'aller le défendre
Sauf que la, on fui enlève une partie de ses responsabilités. On
lui dit qu'avant d'aller en Cour suprême, il va falloir déposer
une motion à l'Assemblée nationale. II va falloir qu'elle soit
acceptée à l'Assemblée nationale.
M. Filion: Oui, mais cela existait avant, M. le
Président.
M. Marx: Non, cela n'existait pas avant.
M. Filion: Non? Je ne comprends toujours pas.
Écoutez...
M. Marx: Non, parce qu'avant...
M. Filion: On parle juste des référés pour
commencer.
M. Marx: de demander un avis à la Cour d'appel - supposons
qu'on pense à demander un avis à la Cour d'appel - on adopte une
loi pour dire que dans le cas d'un tel avis, on peut aller à la Cour
suprême du Canada. Le gouvernement peut aller à la Cour
suprême du Canada.
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: C'est cela qu'on a fait.
M. Filion: La motion va avoir le même effet?
M. Marx: Non, parce que la motion va intervenir.
M. Filion: Non, ce n'est pas nécessaire. M. Marx:
Quand va arriver la motion?
M. Filion: Elle va arriver au début, avant de
référer à la Cour d'appel.
M. Marx: Oui.
M. Filion: C'est une motion qui peut intervenir avant.
M. Marx: Mais M le Président, la question de demander un
avis va être plus limitée que cela ne l'était dans le cas
actuel, parce que dans le cas actuel, on peut demander un avis à la Cour
d'appel sans avoir une motion, en vertu de la foi actuelle.
M. Filion: Là non plus, avec la proposition d'amendement
que je vous fais, vous n'êtes pas obligé d'avoir une motion
à l'Assemblée nationale pour demander à être
référé à la Cour d'appel.
M Marx: Oui, mais après la Cour d'appel, vous voulez qu'il
y ait une motion avant qu'on aille à la Cour suprême.
M. Filion: La motion peut intervenir à n'importe quel
moment.
M Marx: Toutefois, le gouvernement ne peut interjeter appel
à la Cour suprême qu'après l'adoption d'une motion de
l'Assemblée nationale à cet effet .
M. Filion: Oui.
M. Marx: Bon Vous êtes en train d'immiscer ou de mettre
l'Assemblée nationale dans les pattes du Procureur général
quand il accepte sa fonction - comment dirais-je? - pas judiciaire, mais...
M. Filion: Oui, je comprends. À cela, je vous
réponds, M. le Procureur général.
M. Marx: ...devant les tribunaux
M. Filion: ...que toutes les lois de l'Assemblée nationale
sont dans vos pattes.
M. Marx: Elles ne comportent pas de motions.
M. Filion: La preuve, c'est que... Écoutez, vous trouvez
la formule législative trop lourde Moi, je parle d'une simple
motion...
M. Marx: Non, \e ne peux pas accepter cela, M. le
Président, parce que cela va - comment dirais-je? - limiter,
déformer le pouvoir de l'institution du Procureur général.
Car le Procureur général n'est pas une personne, c'est une
institution.
M. Filion: Depuis 1867. M. Marx: On sait cela.
M. Filion: Cela fait donc 120 ans que le Procureur
général, s'il veut en appeler à la Cour suprême de
référés à la Cour d appel, est obligé
d'avoir une loi.
M. Marx: Pas depuis toujours.
M. Filion: On ne peut pas dire que le Procureur
général peut faire tout ce qu'il veut, cela fait 120 ans qu'il
est obligé d'avoir une loi.
M. Marx: Pas depuis 120 ans, parce que ta Cour suprême n'a
été établie qu'en 1875.
M. Filion: 1871.
M. Marx: 1875.
M. Filion: Bon, alors.
M. Marx: Un instant! On ne savait pas si on pouvait demander un
avis consultatif à la
Cour suprême du Canada avant 1912, je pense. Votre recherchiste va
me dire si j'ai raison.
M Filion: Non, non.
M. Marx: 1912.
M. Filion: Peu importe, on se comprend.
M. Marx: Je pense que cela a été une
décision du comité judiciaire du Conseil privé.
M Filion: On se comprend. Ce que je veux dire c'est que cela a
toujours été comme cela.
M. Marx: II faudrait que je me réfère au grand
livre de loi avant de répondre à cette question.
M. Filion: Donc, cela a toujours existé dans le
passé. On ne peut...
M. Marx: On perd notre temps avec cela, parce que je ne peux pas
accepter une telle décision.
M. Filion: On ne perd pas notre temps.
Mme Bleau: Claude, est-ce que tu me permettrais?
M. Filion: Oui. sûrement. On est ici pour cela. Je n'ai pas
de permission à vous donner, à part cela.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: M le Président. Le Président (M.
Marcil): Oui.
Mme Bleau: Je sais que je te coupe la parole.
Le Président (M. Marcil): Oui, c'est bien, mais on
n'interpelle pas les députés par leur petit nom non plus.
Mme Bleau: Je m'excuse. M le député de Taillon,
j'aimerais cela avoir des exemples sur la table parce que je ne suis pas une
femme de loi et je ne connais rien à cela.
Supposons qu'à un moment donné, vous voulez qu'on en
appelle à l'Assemblée nationale par une motion. Si le Procureur
général a, de ces législateurs, un avis comme quoi il est
mieux de ne pas y aller ou d'y aller, il peut avoir un avis des
législateurs qu'il est mieux de ne pas faire appel dans certains cas
comme il peut avoir un avis qu'il serait mieux de faire appel. Si nous, par une
motion, on lui dit. Non, vous n'allez pas en appel, et que les conseillers lui
disent. II faut que vous alliez en appel, ou qu'on lui donne l'ordre d'aller en
appel et que les conseillers lui avaient dit non, je ne vois pas quel jeu on
jouera dans cela Je pense que ce n'est pas très bon.
M. Filion: Je vais vous répondre. Premièrement,
avec l'amendement tel que déposé, on ne pourrait pas dire au
Procureur général qui aurait décidé - quand on
parle du Procureur général, on parle du gouvernement du
Québec.
Mme Bleau: Oui.
M Marx: Non, le Procureur général, pas le
gouvernement du Québec. On ne parle pas d'ordre du jour.
M. Filion: Non, je comprends. Au point de vue théorique,
cela va. On se comprend.
M. Marx: Je peux vous donner beaucoup de causes.
M. Fîlion: Au point de vue théorique, j'ai lu moi
aussi là-dessus.
M. Marx: Personne ne me donne des ordres, M. le
Président.
M. Filion: Non, non. II fait aussi partie du Conseil des
ministres, contrairement à ce qu'on retrouve dans les autres provinces,
soit dit en passant.
M. Marx: Non, dans les autres provinces
M. Filion: Pas dans les autres provinces, dans d'autres pays
organisés où le Procureur général ne fait pas
partie du Conseil des ministres, précisément pour garder son
autonomie, mais peu importe. Revenons à la question de Mme la
députée de Groulx.
M. Marx: Je ne soumets pas mes décisions à
l'approbation du Conseil des ministres.
M. Filion: Qu'est-ce qu'une réunion du mercredi matin si
ce n'est pas une petite pression politique?
M. Marx: Je n'ai jamais eu de pression politique pour faire quoi
que ce soit comme Procureur général.
M. Filion: Mais vous faites partie d'un Conseil des ministres qui
a des opinions politiques.
M. Marx: Je n'ai jamais subi de pression, je veux que ce soit
bien souligné, M. le Président, dans le Journal des
débats, en caractères gras.
M. Filion: Non, cela ne peut pas l'être.
M. Marx: ...que je n'ai jamais subi de pression de qui que ce
soit.
M. Filion: Revenons à la question de Mme la
députée de Groulx. D'abord, avec l'amendement.
Une voix: ...
M. Marx: Même ma femme ne me parle pas de ces questions, M.
le Président.
Le Président (M. Marcil): M le ministre, s'il vous
plaît!
M. Filion: Avec l'amendement tel que déposé,
l'Assemblée nationale ne peut pas donner l'ordre au ministre d'aller
à la Cour suprême ou de ne pas y aller. Elle ne lui donne pas
d'ordre Si le ministre décide de ne pas aller à la Cour
suprême, il n'y a pas de problème, il n'y va pas, à la Cour
suprême et c'est fini. S'il décide d y aller, on doit
débattre une motion à l'Assemblée nationale.
M. Kehoe: Et si la motion est battue?
M .Filion: C'est une question intéressante.
M. Kehoe: On restreint le pouvoir, à ce moment là,
du Procureur général, c'est ce qui n'est pas acceptable.
M. Filion: Oui, mais là-dessus, ma réponse est la
suivante Avant aujurd'hui, il y avait bien pire qu'une motion cela lui prenait
une loi pour aller à la Cour suprême. Mais disons que
j'achète la nouvelle théorie, "New and Improved", nouvelle et
améliorée, 1987, qui dit que le Procureur général
ne veut pas avoir de contrainte. À ce moment-là, on pourrait
prévoir non pas l'adoption d'une motion mais simplement le débat
d'une motion sans vote. En deux mots, qu'il y ait au moins un débat
à l'Assemblée nationale.
Mme la députée de Groulx, vous étiez
présente ce matin, je ne vais pas recommencer
mes arguments. On a un projet de loi à étudier, mais
l'idée est la suivante. On ne peut pas soustraire des élus du
peuple une décision d'une importance comme celle-là sur un sujet
d'importance qui pourrait être tout le système confessionnel dans
les écoles, l'ancienne loi 3, ou qui pourrait être peut-être
n'importe quel'autre, toute la politique linguistique, qui pourrait être,
je ne sais pas, par exemple, la capacité du Québec
d'adhérer au traité de libre-échange, la capacité
pour le gouvernement fédéral de signer un traité de
libre-échange sans avoir le concours des provinces en n'importe quelle
matière d'intérêt national. Vous comprenez ce que je veux
dire? Je comprends votre point de vue. Peut-être qu'à ce
moment-là - je soumets cela au ministre - la solution serait un simple
débat. Ce que je veux, c'est quoi? Que la démocratie s'exerce un
petit peu. C'est tout. Un simple débat sans vote ne constituerait
sûrement pas une contrainte, cela permettrait de débattre au moins
la question à l'Assemblée nationale et cela pourrait avoir lieu
à n'importe quel temps. Comme dans la loi, avant cela, cela pouvait
avoir lieu avant de référer à la Cour appel, ou
après, à n'importe quel moment. C'est le but de mon propos. (15 h
30)
M. Marx: M. le Président, juste quelques mots pour clore
le débat en ce qui me concerne. L'Assemblée nationale peut faire
un débat sur n'importe quelle question n'importe quand. Il n'est pas
nécessaire de mettre dans les lois qu'on peut avoir un débat. Si
l'Assemblée nationale décide d'avoir un débat, elle peut
avoir des débats.
M. Filion: Oui.
M. Marx: II n'y a pas une loi qui prévoit qu'il faut avoir
un débat avant que le gouvernement fasse quelque chose. Je ne suis pas
mandaté...
M. Filion: À ce moment-là, je vais garder ma
motion.
M. Marx: ...par le gouvernement pour changer les règles
qui ont guidé l'Assemblée depuis sa fondation.
M. Filion: Je comprends du ministre qu'il refuse d'amender la
loi 78 pour y inclure un processus impliquant les membres élus de
l'Assemblée nationale.
M. Marx: Le député a finalement compris.
M. Filion: À quelque niveau que ce soit, même au
niveau d'un débat?
M. Marx: Vous avez compris.
M. Filion: M. le ministre, j'ai toujours été
honnête avec vous. Je ne suis pas d'accord. Nous allons soulever ce
problème et vous connaissez fort bien mes arguments.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Les propositions que je fais rencontrent toutes les
exigences des intentions de votre projet de loi. Je demande...
Le Président (M. Marcil): L'amendement est-il
rejeté?
M. Filion: Non, je demande le vote par appel nominal sur
l'amendement tel que je l'ai proposé.
Le Président (M. Marcil): Donc, j'appelle le vote.
M. Filion: Non, ce n'est pas comme cela qu'on procède au
vote, M. le Président. Il faut appeler les députés un par
un.
Le Président (M. Marcil): Je vais appeler le vote...
M. Filion: Ceux qui ne sont pas là ne sont pas
là.
Le Président (M. Marcil): ...en invitant chacun des
députés à se prononcer. Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce,
M. Thuringer: M. le Président, je passe parce que je ne
suis pas sûr. J'ai tout saisi...
Le Président (M. Marcil): Vous vous abstenez?
M. Thuringer: Oui.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Contre.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Marx: Contre.
Le Président (M. Marcil): Maintenant, ceux qui sont
pour.
M. le député de Taillon.
M. Filion: Ce n'est pas comme cela que cela marche, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Je vous appelle,
je vous demande.
M Filion: Vous n'appelez pas ceux qui sont pour vous appelez les
députés et ils se prononcent.
Le Président (M. Marcil): C'est cela M. ledéputé de Taillon.
M Filion: Pour.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est
rejeté.
La Secrétaire: Abstention 1 Contre 3
Pour 1
M. Marx: Ce n'est pas si pire que cela. La Secrétaire:
La motion est rejetée.
Le Président (M Marcil): Donc, je reviens à I
'article 1.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcil): Est ce que
I' article 1 est adopté?
M. Marx: Adopté sur division, j' imagine. M. Filion:
Oui.
Le Président (M. Marcil): Adopté sur division.
Donc, l'article 2 est-il adopté? Le projet de loi 78 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Marx: Sur division.
Le Président (M Marcil): Sur division.
M. Filion: Avez vous appelé I' article 2 ?
Le Président (M. Marcil): Oui Article 2 "La
présente loi entre en vigueur le ... "
M. Filion: À la date de la sanction. C'est ce qui est I
intention ?
M. Marx: Oui.
M. Filion: La date de la sanction ?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcif): Adopté. Le titre du
projet de loi est il adopté?
M. Filion: Avant d adopter le projet de loi dans son entier, j
aimerais demander au ministre de la Justice quelles sont ses intentions eu
égard à I' utilisation de ce projet de loi?
M. Marx: À ce moment -ci je ne le sais pas.
M. Filion: II peut être utilisé ou ne pas être
utilisé.
M Marx: C'est cela. Je n'ai pas de cas précis, mais cela
pourrait arriver.
M.Filion: À ce moment-là on se...
M Marx Je dois dire que maintenant le gouvernement n'a pas
adopté de question à poser à la Cour d'appel. À ma
connaissance, il ny a pas de question devant le Conseil des ministres
M Filion: Est ce qu'il y a des sujets sur des questions qui ne
sont pas encore formulées?
M. Marx: C'est beaucoup me demander. M. Filion: Est ce
qu'il y a des sujets?
M. Marx: II est possible qu'à un moment donné il y
en ait un. Je ne peux parler pour le gouvernement.
M. Filion: C'est vous qui prenez les décisions. Vous venez
de dire cela il y a cinq minutes.
M. Marx: Non. C'est le gouvernement qui donne le mandat pour la
question et en ce moment il n 'y a pas de projet de mandat devant le Conseil
des ministres. Je peux vous dire cela et je peux vous dire tout ce que je
connais sur cette question, mais c'est bien sûr que cela pourrait
être utilisé. Je reviens à ce que j'ai dit en Chambre au
début. J'ai toujours demandé au Procureur général,
quand j'étais dans l'Opposition, de faire cette réforme, si
mineure soit elle. Mon prédécesseur aurait mis cela dans un
projet de loi omnibus avec papillon à 4 heures du matin. Moi je fais
cela durant la journée par un projet de loi bien spécifique.
M. Filion: Quand vous étiez.
M. Marx: Et je ne critique pas mon prédécesseur
pour cela mais j'ai seulement dit les faits.
M. Filion: Non, mais le ministre me dit que j' ai toujours...
M. Marx: II aurait pris cinq secondes pour adopter cela.
M. Filion: Je l'ai toujours demandé quand j'étais
dans I'Opposition. Vous avez aussi demandé la fermeture de Parthenais
quand vous étiez dans I' Opposition. Vous avez demandé bien
des
choses quand vous étiez dans l'Opposition... M. Marx: Mais
je ne peux pas tout faire.
M. Filion: ...mais il y en a certaines sur lesquelles vous avez
carrément changé d'idée.
M. Marx: Je ne peux pas tout faire dans la même
année mais j'essaie. Je garde des choses pour les douze ans qui vont
suivre. Cela fait seulement deux ans.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
M. Filion: Oui. M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcil): Le projet de loi 71 est-il
adopté?
M. Filion: Ce n'est pas le projet de loi 71, c'est le projet de
loi 78.
Le Président (M. Marcil): Excusez-moi, le projet de loi 78
est-il adopté?
M. Filion: Sur division.
Projet de loi 71
Le Président (M. Marcil): Adopté sur division.
Maintenant, j'appelle le projet de loi 71, Loi modifiant de nouveau la
Loi sur les tribunaux judiciaires.
M. Marx: D'accord. Le projet de loi 71, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 1.
M. Marx: II y avait des amendements. Est-ce qu'on peut donner
tous les amendements au député tout de suite?
Le Président (M. Marcil): Oui, s'il vous plaît. Nous
allons les distribuer. Ce serait bien gentil de votre part si vous en
distribuiez une copie au président. M. le ministre, à vous la
parole.
M, Marx: Oui. L'amendement, M. le Président,
c'était: Insérer, avant l'article 1 du projet de loi, les
articles suivants: 0.1 La Loi sur les tribunaux judiciaires (L.R.Q., chapitre
T-16) est modifiée par l'insertion, après l'article 8, du
suivant: "8.1 Pour l'application de l'article 22 de la Loi sur les juges
{S.R.C. 1970, chapitre J-1), un juge de la Cour d'appel peut, en sa
qualité de juge de cette cour et avec l'autorisation du juge en chef,
participer à un événement ayant un rapport avec
l'administration de la justice.". 0.2 Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 31, du suivant: "31.1 Pour l'application de
l'article 22 de la Loi sur les juges, un juge de la Cour supérieure
peut, en sa qualité de juge de cette cour et avec l'autorisation du juge
en chef, participer à un événement ayant un rapport avec
l'administration de la justice.".
L'article 0.1 a pour objet de permettre aux juges de la Cour d'appel
d'être remboursés de leurs dépenses lorsqu'ils participent,
sur une base volontaire, à un événement ayant un rapport
avec l'administration de la justice et l'article 0.2 a le même effet en
ce qui a trait aux juges de la Cour supérieure.
M. Filion: Quand on dit "remboursés", je pense qu'on fait
référence à ce moment-là aux dispositions
fédérales, n'est-ce pas?
M. Marx: C'est cela. Le fédéral rembourse
déjà ces dépenses pour des juges de la Cour
supérieure et de la Cour d'appel dans les autres provinces. Donc, ce
sera la même chose pour le Québec.
M. Filion: Cela va être le gouvernement
fédéral qui va rembourser les dépenses des juges?
M. Marx: C'est cela. Cela ne coûte absolument rien au
gouvernement du Québec.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. L'amendement est
adopté. Maintenant, je vais appeler le deuxième amendement
à l'article 1.
M. Marx: L'article 1.
Le Président (M. Marcil): J'ai appelé l'article
1.
M. Marx: L'amendement est de remplacer dans les première
et deuxième lignes de l'article 1 du projet de loi ce qui suit: "la Loi
sur les tribunaux judiciaires (L.R.Q., chapitre T-16)" par les mots "cette
loi".
M. Filion: Adopté.
M. Marx: Donc, c'est adopté aussi.
Le Président (M. Marcil): L'article est adopté
également.
M. Filion: Étant donné qu'on parle de "cette loi"
dans le paragraphe précédent...
Le Président (M. Marcil: Tel qu'amendé.
M. Filion: C'est ça D'accord, amendé
Le Président (M. Marcil): Adopté tel
qu'amendé J'appelle l'article 2 Juste une seconde, M le ministre, y
a-t-il d'autres amendements à l'article 1 ?
M. Marx: L'article 11. II y a d'autres amendements à I
'article 1.
Le Président (M. Marcil): C'est-à-dire que ce sont
de nouveaux articles.
M. Marx: L'article 11: "11. L'article 79 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans la première ligne du
deuxième alinéa, du nombre "73" par le nombre "74". C'est un
ajustement technique à l'article 79.
M. Filion: Mais 73 et 74, ça représente quoi?
M. Marx: C'est le nombre de juges au Tribunal de la jeunesse et
à la Cour des sessions de la paix.
M.
Filion. Ce n'est plus technique. C'est un juge de plus
à la Cour des sessions de la paix.
M. Marx: Cet amendement apporte unique ment un ajustement
technique à I'article 79 de la Loi sur les tribunaux judiciaires afin de
tenir compte de I'augmentation du nombre de juges de la Cour des sessions de la
paix découlant de l'article 116c de la Loi sur les tribunaux
judiciaires. II ne modifie donc pas le nombre actuel de postes de juges de la
Cour des sessions de la paix.
M. Filion: D'accord, adopté.
M. Marx: Je peux vous expliquer cela davantage.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
I'article 1 2.
M. Marx: Oui: "12 L'article 110 de cette loi est modifié
par le remplacement, à la fin du deuxième alinéa, de ce
qui suit "quarante trois" par le nombre "47"" Cet amendement augmente de 4 le
nombre de juges du Tribunal de la jeunesse. D'accord?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 1 3.
M. Marx: "13 L'article 125 de cette loi est modifié par le
remplacement, dans le premier alinéa, des nombres "157' et "154" par,
respectivement, les nombres "158" et "155". Cet amendement vise...
M. Filion: En concordance avec 1 1.
M. Marx: ...à réduire de 4 le nombre de juges de la
Cour provinciale tout en tenant compte de l'ajustement technique
découlant de l'article 116c de la Loi sur les tribunaux judiciaires et
qui avait entraîné l'addition de 5 juges. II en résulte
donc une augmentation nette d'un poste de juge dans le texte de loi mais, dans
les faits, cest une réduction de 4 postes de juges de la Cour
provinciale qui est proposée ici.
M. Filion: On a le portrait complet. En fait ce qu'on fait, c'est
qu'on a 4 juges de plus au Tribunal de la jeunesse, un juge de plus à la
Cour des sessions de la paix et 4 |uges de moins à la Cour provinciale
civile.
M. Marx: C'est le même nombre. C'est juste un ajustement
technique dans la loi. Mais il y a 4 postes de moins à la Cour
provinciale et 4 postes de plus au Tribunal de la jeunesse.
M. Filion: Oui, mais quand on fait passer 157 à 158 il y
en a un de plus. II vient d'où?
Le Président (M Marcil): C'est une augmentation
théorique.
M. Filion: C'est une augmentation qui découle de I'
article 1 1.
M. Marx: Je vais vous expliquer cela. En 1967, lors de
I'institution du Tribunal de la jeunesse, des dispositions transitoires furent
prévues à la Loi sur les tribunaux judiciaires. Ces dispositions
permettaient aux juges de la Cour du bien être social, dans les six mois
de l'entrée en vigueur de la Loi sur la protection de la jeunesse, de
demander d'être admis à la retraite ou encore d'être
nommés soit à la Cour des sessions de la paix, soit à la
Cour provinciale.
De plus elles spécifiaient que le nombre de juges de la Cour des
sessions de la paix ou de la Cour provinciale serait augmenté en
proportion du nombre de juges qui étaient nommés dans un tel
contexte. En pratique, 5 juges furent ainsi nommés à la Cour
provinciale sans que le nombre de juges prévu à l'article 125 de
la Loi sur les tribunaux judiciaires ne soit corrigé en
conséquence par la suite. C'est donc cet ajustement technique que vise
l'amendement proposé en plus d'une réduction effective de 4
postes.
C'est à-dire, M le Président, que c'est probablement un
amendement qui avait été fait sur le bout de la table en 1967. On
a fait une erreur. Je corrige cela maintenant. C'est juste une erreur
technique. Ca ne change absolument rien.
M. Filion: J'en profite pour signaler. D'abord, quand est- ce que
les 4 juges du Tribu-
nal de la jeunesse, à peu près, vont être
nommés. Je pense que les concours sont ouverts maintenant.
M. Marx: Non, on n'a pas ouvert les concours.
M. Filion: Non?
M. Marx: On n'a pas ouvert les concours parce qu'on n'a pas de
postes. On va les ouvrir quand les postes seront. II y a des concours
maintenant mais ils sont tenus pour des remplacements.
M. Filion: Quand le ministre compte-t-il effectivement employer
4 juges de plus au Tribunal de la jeunesse? Compte tenu... {15 h 45)
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...qu'au Tribunal de la jeunesse, à
Montréal, ils sont débordés. Je l'ai déjà
dit lis sont débordés, les délais sont devenus absolument
inacceptables et ce, non seulement à cause du nombre de juges qui est
insuffisant, mais il y a beaucoup de problèmes au Tribunal de la
jeunesse de Montréal. On a une loi. Je voudrais vous citer ici le
résumé de certaines réunions qu'il y a eu entre des juges
et des gens de la Direction de la protection de la jeunesse. On a une loi qui
est une Cadillac en terme de Tribunal de la jeunesse, mais on a un effectif qui
est comme une Volkswagen.
M. Marx: Bien, cela va être tout.
M. Filion: Et tout cela marche canin caha, malgré le
meilleur effort notamment des juges et du personnel qui est affecté au
Tribunal de la jeunesse. On le sait, c'est une loi qui demande un jugement et
une souplesse d'administration peu communs. D'accord, on augmente le nombre de
juges de quatre, mais c'est uniquement une partie du problème. D'abord,
il faudrait le faire le plus vite possible. Deuxièmement, M. le
ministre, c'est juste une partie du problème. II y a nettement toute une
réévaluation qui doit être faite au Tribunal de la
jeunesse. Je ne sais pas si votre ministère est impliqué
là-dedans -j'espère que oui - pour arriver à faire en
sorte que cela marche en hiver comme en été au coin de
Saint-Denis et de Bellechasse, entre autres.
M. Marx: M. le Président, la grande surprise que j'ai eue
quand j'ai été nommé ministre de la Justice est le peu de
choses qu'on a faites avant ma nomination. Pas parce que le ministère
n'était pas prêt mais parce qu'il n'y avait pas la volonté
politique de régler des problèmes. Si vous voulez, M. le
Président, je peux vous donner la liste maintenant. Cela prendrait au
moins deux heures. Je peux vous dire qu'il y avait la question des juges qui
n'était pas réglée, celle des procureurs de la Couronne,
des avocats, des notaires, et même pour les juristes qui conseillent le
ministre, le contrat n'était pas signé pour leur donner
l'augmentation qu'ils méritent. Ils ne méritent même plus,
mais nous méritions tous plus et on a toujours moins, parce qu'on
travaille pour le peuple.
M le Président, il y avait la loi sur les saisies, la loi sur les
règlements, le Code de procédure pénale, le Code civil
était ralenti. II y a toutes sortes de lois et toutes sortes de
réformes il y a toute la politique sur les victimes, sur les femmes
battues.
M le Président, vraiment, pendant dix ans, on a fait très
peu de choses. On aurait dû faire plus. Voilà. Je ne veux pas
critiquer mes prédécesseurs, surtout pas le dernier, mais la
vérité est la vérité Maintenant, en ce qui concerne
le Tribunal de la jeunesse, je suis tout à fait d'accord qu'il y a
beaucoup de choses à changer. Même que pour les locaux à
Montréal, je suis prêt à faire des améliorations -
comment dirais-je? - la rénovation nécessaire ou même
prendre des mesures pour déménager le Tribunal de la jeunesse
dans d'autres locaux. Mais j'attends l'avis des juges parce que je pense que
c'est aux juges de nous dire comment ils aimeraient procéder soit par la
rénovation de leurs bâtiments ou qu'ils déménagent.
On va nommer d autres juges. On va leur donner tout l'appui possible. On a
justement nommé un autre juge au Tribunal de la jeunesse à
Sherbrooke.
L'autre réforme qui s'en vient - et je vais terminer sur ce point
- est qu'au mois de mars, je vais déposer le projet de loi sur
l'unification des tribunaux, c'est-à-dire que pour la Cour des sessions
de la paix, la Cour provinciale et le Tribunal de la jeunesse, il va y avoir
une cour avec trois chambres. Cela va permettre d'avoir des juges polyvalents.
Donc, quand les juges auront moins à faire à la Cour provinciale,
chambre civile, ce sera possible pour eux de travailler à la chambre de
la jeunesse et ainsi de suite.
Grande réforme promise par mon prédécesseur pendant
au moins sept ans mais réalisée par son successeur en deux ans.
Même le député de Taillon est impressionné.
Le Président (M. Marcil): M le ministre, j'aurais une
question à vous poser.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcil): Dans l'hypothèse
où le projet de loi est adopté par l'Assemblée nationale,
cela veut dire que vous créez quatre nouveaux postes. Vous allez donc
afficher quatre postes?
M. Marx: On va afficher quatre postes immédiatement.
Le Président (M. Marcil): Immédiatement?
M. Marx: Immédiatement.
Le Président (M. Marcil): D'accord.
M. Marx: C'est-à-dire qu'il faut mettre des avis dans les
journaux, mais cela se fera tout de suite. Je pense que le député
de Taillon est au couran.t
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Non, cela va.
Le Président (M. Marcil): D'accord, cela va Est-ce que
l'article 1 3...
M. Marx: Mais quand le député de Taillon parte du
Tribunal de la jeunesse et des problèmes, je comprends qu'il y a des
problèmes et une des façons d'en régler, c'est d'avoir
quatre postes de plus. Je pense que cela prend au moins cela. On en a
déjà trouvé un cinquième à Sherbrooke qui
n'était pas comblé. Il y a un concours et nous ferons tout en
notre possible parce que ce sont des juges qui travaillent
énormément. Ils siègent beaucoup et ont un travail assez
difficile parce que ce sont des enfants en difficulté.
Le Président (M. Marcil): M le député de
Taillon.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président.
En ce qui concerne le Tribunal de la jeunesse, je l'ai dit au ministre
de la Justice et je le répète, les problèmes là-bas
sont de nature différente premièrement, effectif insuffisant,
deuxièmement, problèmes de fonctionnement et de concertation et
d'attitude entre les différents intervenants au Tribunal de la jeunesse,
troisièmement, les problèmes physiques, je mets cela en dernier,
mais c'est possible que Je me souviens fort bien.
M. Marx: À Montréal et Ottawa. Très
mauvais.
M. Filion: Je me souviens fort bien d'avoir occupé des
bureaux qui étaient...
M. Marx: Je vous écoute.
Le Président (M. Marcil): Je m'excuse, M le
député de Taillon.
M. Filion: ...adjacents à ceux du Tribunal de la jeunesse.
Dans la salle d'attente du Tribunal de la jeunesse, tout le monde est debout.
II y a probablement des problèmes de locaux aussi et cela prend une
volonté pour arriver à faire en sorte qu'une belle loi. On se
pète les bretelles avec notre loi sur la protection de la jeunesse mais
dans la réalité de tous les jours. Si cette commission-ci se
déplaçait au lieu de brasser des mots, si on allait juste voir ce
qui se passe au Tribunal de la jeunesse à Montréal, une
journée, une heure ou deux.
Une voix: Allons-y donc!
M. Filion: Bien allez-y, madame, c'est accessible à tout
le monde. II y a évidemment le huis-clos pour certaines
procédures parce que cela implique les jeunes, etc .On reviendrait ici
révolté. C'est ce que je dis au ministre de la Justice depuis
tantôt puis il dit. II y avait tellement de problèmes quand je
suis arrivé. C'est depuis le 2 décembre 1985. C'est votre
anniversaire, c'est mon anniversaire à moi aussi, la démocratie a
voulu que je sois de l'autre bord, mais ce sont tous nos anniversaires .Les
jeunes députés, pas le député de Chapleau ni le
député d'Arcy McGee, mais vous, M le Président, Mme la
députée de Groulx, cela fait deux ans que vous êtes au
pouvoir Je ne suis plus capable d'entendre dire. Je règle ce que je
peux. Cela fait deux ans que vous êtes là.
M. Marx: Je fais plus que ce que je peux.
M. Filion: Laissez-moi parler Je vous ai laissé parler, M
le ministre, laissez-moi parler aussi.
Mme Bleau: Ce n'est pas long, deux ans.
M. Filion: Quand, à ce moment-là, allez-vous
réaliser que c'est vous qui êtes au pouvoir? D'accord, on va
modifier, on va passer les saisies de 50 $ à 55 $, mais est-ce qu'on va
en entendre parler pendant deux ans.
M. Marx: Quatre. Ha, ha, ha!
M. Filion: Quand même, je pense qu'il y a une limite dans
ce sens-là. II y a des choses en profondeur qui ont besoin d'être
faites. Ce n'est pas un hasard si à peu près tous les
intervenants du milieu de la justice depuis deux ans se sont plaints comme
jamais dans le passé. Vous aurez beau dire que vos
prédécesseurs n'ont rien fait de bon, il demeure une chose jamais
n'a-t-on vu le milieu de l'administration de justice dans une telle
effervescence et insatisfaction que maintenant .Je regrette, mais c'est
cela.
M. Marx: Les attentes sont plus grandes maintenant parce qu'ils
attendent plus de moi que de mes prédécesseurs et effectivement,
ils ont plus. J'arrêterai de parler de mes prédécesseurs
quand je vais régler tous les problèmes qu'ils ont
créés et pas réglés.
M. Filion: Ce n'est pas correct. M. Marx: Non.
M. Filion: II est 16 heures. Je vais laisser passer, mais
j'aimerais cela que le ministre réalise qu'il est au pouvoir, qu'il a
tous les moyens et qu'il suffit d'un peu de volonté politique pour
brasser ses camarades du Conseil des ministres, notamment son teneur de gousset
qui est le président du Conseil du trésor.
M. Marx: Mes collègues sont tous excellents.
M. Filion: ...qui est un être complètement
insensible à la question de la justice. Donc, ce serait le rôle du
ministre. Lorsqu'il dit à un groupe de citoyens, d'intervenants et
d'auxiliaires de la justice. Vous avez raison, ces gens là devraient
avoir raison. Et puis, ce n'est pas normal que les juges, les procureurs de la
couronne, les avocats de l'Aide juridique, les notaires et les avocats de la
fonction publique se ramassent avec le président du Conseil du
trésor qui ne comprend strictement rien, ne serait-ce qu'à l'Aide
juridique. Si vous saviez les choses absurdes que votre collègue a dites
dans son bureau de comté à des avocats qui sont allés le
voir, vous n'en reviendriez pas. C'est bien évident que pour
sensibiliser cette "gang" de gestionnaires, de "provigros", à la
réalité de l'administration de la justice, cela prend un minimum
de volonté politique. Autrement, l'ébul-lition du milieu
judiciaire n'est pas terminée, elle semble vouloir continuer et - et
vous I'avouere2, au moins - c'est l'opinion majoritaire des intervenants. II
suffit de regarder I actualité depuis deux ans. C'est cela
l'actualité depuis deux ans.
M. Marx: M le Président, il y a l'article 1 4.
Le Président (M. Marcil): Juste une seconde Mme la
députée de Groulx, est-ce que vous vouliez intervenir?
Mme Bleau: Je voulais intervenir, mais M le ministre a dit pas
mal ce que je pensais. Si on a tant de demandes, c'est que la population, que
ce soit les avocats ou autres, attendait et attend toujours beaucoup de nous.
On fait une chose à fa fois, autant qu'on peut et tout va se faire.
M. Filion: Vous ne croyez pas que c'est ce que faisait l'ancien
gouvernement?
Mme Bleau: Je ne le pense pas.
M. Filion: Vous pensez que l'ancien gouvernement faisait
exprès de laisser pourrir les problèmes?
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Groulx.
Est-ce que l'article 1 3 est adopté?
M. Marx: Oui. M. Filion: Oui.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 1 4.
M. Marx: Article 14: "14 Les articles 116a à 116c de la
Lof sur les tribunaux judiciaires (SRQ, 1964, chapitre 20),
édictés par l'article 145 du chapitre 20 des lois de 1977, sont
abrogés."
M. Filion: C est une concordance technique.
M. Marx: Ils ont cessé d'avoir effet six mois après
leur entrée en vigueur qui avait eu lieu le 1er avril 1978.
M. Filion: On vient corriger un problème qui date de
1979.
M. Marx: Non, cela s'insère dans tout le processus de la
déréglementation.
Le Président (M. Marcil): Adopté? M. Marx:
Adopté. M. Filion: Adopté.
Le Président (M Marcil): Adopté. J'appelle
I'article 2.
M. Marx: Adopté.
M. Filion: C est I' entrée en vigueur?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Maintenant, le titre.
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Le projet de loi 71 est
adopté tel qu'amendé.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté.
M. Filion: J'avais dit 16 heures, M le Président, et il
est 16 heures. Le ministre, ce matin. On n'avait pas réussi à
adopter. II faut quand même prendre le minimum de temps pour adopter
cela. La semaine dernière, je lui avais dit qu'il n'y aurait pas de
complication, sauf qu'il faut prendre le temps de débattre les
choses.
M. Marx: J'aimerais remercier mes collègues de
l'Assemblée nationale pour leur collaboration pour les travaux de cette
commission, surtout Je député de Taillon. J'aimerais souligner,
M. le Président, que j'ai beaucoup de patience et beaucoup de temps. II
nous reste au moins deux semaines durant cette session. Comme autrefois, il est
possible qu'on siège toute la nuit. Je me souviens quand j'ai
siégé avec M. Pierre Marc Johnson au salon bleu toute une nuit.
Il n'y avait que lui et moi. Il n'y avait pas de président et à
la fin, il a fallu que je me lève pour jouer le rôle du
président pour terminer le débat.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: On remercie le président.
M. Marx: On remercie le président; cela prend au moins un
président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. Il faut dire
qu'il est encore tôt dans la journée. Je sais que je suis ici pour
une période assez longue aujourd'hui. Nous ajournons les travaux sine
die.
(Fin de la séance à 16 heures)