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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Je déclare cette séance de la commission des institutions
ouverte. Il y a deux parties à nos travaux de ce matin.
Une partie où nous allons procéder avec enregistrement
pour recevoir le rapport de la sous-commission des institutions qui a
siégé avec grand éclat les 19, 20 et 21 août 1987
sur l'avant-projet de loi portant réforme au Code civil du Québec
du droit des sûretés réelles et de la publicité des
droits.
Dans une deuxième partie, sans enregistrement, nous allons
adopter le procès-verbal de notre dernière réunion du mois
d'août et nous allons étudier plus à fond le mandat de
surveillance que nous nous sommes donné, en vertu de l'article 294,
relativement à la Commission des droits de la personne.
Dans un troisième temps, nous allons discuter du problème
soulevé par notre mandat de vérification des engagements
financiers.
Et il y aura aussi un quatrième point divers.
Je rappelle notre premier mandat, qui est de recevoir le rapport de la
sous-commission des institutions qui a siégé les 19, 20 et 21
août 1987 afin de procéder à une consultation
générale et de tenir des auditions publiques dans le cadre de
l'étude de l'avant-projet de loi portant réforme au Code civil du
droit des sûretés réelles et de la publicité des
droits.
D'abord, je demanderais à la secrétaire d'annoncer les
remplacements, s'il y en a.
La Secrétaire: Oui. M. Godin (Mercier) est remplacé par
Mme Harel (Maisonneuve).
Le Président (M. Filion): Voilà pour les
remplacements. J'invite le président de la sous-commission, M. le
député de Beauharnois, à soumettre le rapport de la
commission en vertu de l'article 151, qui se lit comme suit: "Toute
sous-commission soumet son rapport à la commission qui l'a
constituée. "Dans le cas d'un mandat confié par
l'Assemblée, le rapport de la sous-commission fait l'objet d'un
débat restreint d'au plus une heure, au cours duquel des amendements
peuvent être proposés. La commission ne vote que sur les
amendements. Elle fait ensuite rapport à l'Assemblée."
Dépôt du rapport de la
sous-commission
M. Marcil: Donc, M. le Président, je profite de
l'occasion, comme président de la sous-commission, pour déposer
le rapport de la sous-commission des institutions qui a siégé les
19, 20 et 21 août 1987 afin de procéder à une consultation
générale et tenir des auditions publiques dans le cadre de
l'étude de l'avant-projet de loi portant réforme au Code civil du
Québec du droit des sûretés réelles et de la
publicité des droits.
Remarques générales
Le Président (M. Filion): D'accord. Est-ce qu'il y a des
intervenants?
Mme Harel: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, en fait, c'est un rapport qui consiste en un
procès-verbal des auditions que nous avons tenues sur l'avant-projet de
loi. Nous aurons certainement l'occasion de revenir sur le contenu de
l'avant-projet de loi. C'est un rapport qui est certainement conforme aux
travaux que nous avons menés. J'aimerais simplement vérifier
auprès du député de Marquette, adjoint parlementaire du
ministre de la Justice, si la lettre que la commission a reçue du
président de la Chambre des notaires a bien été
distribuée à tous les membres de la commission et de la
sous-commission.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Effectivement, pour répondre à la
députée de Maisonneuve, Me Giguère qui est
secrétaire de la commission et qui a également agi comme
secrétaire de la sous-commission a communiqué avec le
comité directeur de ladite sous-commission pour lui faire part d'une
lettre qu'elle avait reçue de la Chambre des notaires du Québec
relativement à un organisme qui aurait émis des commentaires
erronés, selon les prétentions de la Chambre des notaires. La
secrétaire de la commission a fait parvenir à tous les
membres de la commission et aux membres de la sous-commission copie de ladite
lettre de la Chambre des notaires afin qu'on puisse en prendre
connaissance.
Le Président (M. Filion): D'accord. Je pense qu'il serait
peut-être opportun de considérer ce document comme
déposé. Non?
Mme Harel: Le document a déjà été
distribué, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Le président a
déjà été distribué. D'accord.
Mme Harel: Le document a déjà été
distribué. Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Filion): Le document...
Mme Harel: Le président, on pourrait se le distribuer en
tranches. Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Filion): Donc, la lettre du
président de la Chambre des notaires du Québec du 18 septembre
1987, signée par le président, Me Jean Lambert, notaire, qui est
d'ailleurs l'un de nos confrères d'université, a
été distribuée aux membres de la commission. Est-ce bien
cela, Mme la secrétaire? D'accord. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur ce rapport de la sous-commission?
M. Dauphin: Oui, M. le Président. Comme Mme la
députée de Maisonneuve l'a mentionné tantôt, nous
aurons l'occasion à titre de membres autant de la commission que de la
sous-commission de revenir sur l'avant-projet de loi qui deviendra
éventuellement projet de loi sur les sûretés. Je voudrais
en profiter pour remercier les membres qui ont participé à cette
sous-commission, notamment la critique de l'Opposition qui a très bien
fait son travail, également, la députée de Groulx qui a
fait un excellent travail et celui qui a agi comme votre remplaçant,
l'actuel vice-président, le député de Beauharnois. Je
voulais en profiter pour tes remercier de leur excellente collaboration.
Le Président (M. Filion): Pour ma part, je veux vous
signaler que j'ai eu certains échos concernant cette commission. Je suis
venu faire un tour à l'occasion, mais très court, étant
donné que la commission elle-même siégeait, si vous vous en
souvenez bien, de l'autre côté, à certains moments. Je dois
vous dire que les commentaires recueillis ont été
extrêmement favorables. Les intervenants qui m'ont contacté m'ont
signalé qu'ils avaient apprécié la très haute
qualité des échanges avec les membres de la sous-commission, ce
dont, d'ailleurs, la commission elle-même n'avait jamais
douté.
Mme Harel: M. le Président, me permettez-vous un
commentaire à ce stade-ci? Parfois, cela apparaît
rébarbatif ce type d'étude sur un sujet qui peut avoir l'air
à prime abord assez complexe et loin des réalités de tous
les jours. Pourtant, je crois que les travaux que nous avons menés
durant trois jours ont permis de nous rendre compte que c'est très
proche des préoccupations immédiates de nos concitoyens, qu'il y
a des enjeux extrêmement importants et des choix de société
qui sont complexes, mais qui nécessitent d'avoir une vision d'avenir
parce que ce sont des choix qui sont là pour longtemps.
Le Président (M. Filion): Mme la députée de
Maisonneuve est ici, M. le député de Marquette. Est-ce qu'on peut
profiter de l'occasion, uniquement dans le but de planifier nos travaux?
Qu'est-ce qu'on peut prévoir, M. le député de Marquette,
dans les mois qui viennent eu égard au Code civil et également au
projet de loi? Je ne veux pas que vous me dévoiliez les intentions du
ministre, mais en termes d'échéancier de travail, je pense qu'il
serait bon que les membres de la sous-commission et les membres de la
commission sachent un peu vers quoi on va se diriger étant donné
qu'il s'agit là d'une brique. L'étude article par article d'un
projet de loi semblable, je dois vous le dire, va exiger
énormément de temps. Alors, peut-être que vous pourriez, M.
le député de Marquette...
M. Dauphin: Chose certaine - d'ailleurs la députée
de Maisonneuve a, dans ce domaine, une expérience là-dedans sous
l'ancien gouvernement - l'avant-projet de loi va effectivement devenir un
projet de loi. Nous devrons à ce moment-là étudier le
projet de loi article par article. Ensuite, en décembre, un autre
avant-projet de loi sur les obligations, contenant 1700 articles, sera
déposé. Et le même processus se répétera pour
ce qui est des consultations. Ce sera à nous de nous entendre sur les
dates. Vous serez évidemment consulté en tant que
président de la commission. Il y a deux événements majeurs
en vue, c'est-à-dire l'étude article par article du projet de loi
concernant les sûretés et la publication des droits, et des
consultations générales relativement à tout le chapitre
des obligations, probablement durant l'intersession avant la session du
printemps. Ce sera toujours en sous-commission, non seulement pour
l'étude article par article mais également pour les consultations
générales sur les obligations.
Le Président (M. Filion): D'accord. Quant à
l'étude article par article, en deux
mots le dépôt du projet de loi...
M. Dauphin: Avant que cela se fasse, on aura probablement une
séance des deux groupes pour s'entendre sur certains points et à
ta suite de cela, il y aura dépôt d'un projet de loi à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Dauphin: Quant aux dates précises je ne peux pas vous
le dire.
Le Président (M. Filion): Voyez-vous cela également
d'ici le mois de mars 1988, le dépôt du projet de loi?
M. Dauphin: Sûrement. Peut-être pas l'étude
article par article, mais le dépôt du projet de loi en Chambre,
sûrement.
Le Président (M. Filion): D'accord.
Mme Harel: J'aurais un commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je pense que l'étude de la réforme du
Code civil fait mentir ceux qui prétendent que les politiciens n'ont
qu'une courte vue du travail qu'ils font parce que, quand on travaille à
la réforme du Code civil, on travaille pour l'avenir. Je ne pense pas
qu'il n'y ait aucun gouvernement, aussi valeureux soit-il, qui ait le
goût de recommencer avant quelques décennies. C'est quand
même un travail qui se poursuit depuis maintenant au delà de 20
ans avec le dépôt du rapport de la commission de la
réforme, n'est-ce pas? Nous échafaudons finalement les
dispositions juridiques avec lesquelles vivront nos concitoyens dans 30 ou 40
ans peut-être.
Ma remarque est surtout la suivante. Je fais actuellement des
représentations auprès du ministre de la Justice et de son
adjoint parlementaire pour que certains chapitres du projet de loi 20 que nous
avons déjà adopté ici à cette Assemblée
soient mis en vigueur. Je pense en particulier à l'ensemble des
dispositions portant sur la protection des propriétaires de
condominiums. Je conçois qu'on puisse souhaiter avoir un bel
échafaudage juridique complet, tout à fait finalisé, avant
de mettre en vigueur l'ensemble des dispositions, mais il demeure que
l'évolution des choses est telle que, si nous avions
procédé comme cela en regard du droit de la famille nous serions,
dix ans plus tard, parce que la loi 89 a été adoptée en
1979, celle qui proclamait l'égalité des parents dans les
décisions et les charges familiales, qui abolissait les distinction
entre enfants adultérins et autres, qui mettait à jour notre
droit de la famille. Si tant est que nous avions attendu que soit
finalisé l'ensemble de la réforme du Code civil pour mettre en
application ces dispositions, vous comprendrez qu'on n'aurait certainement pas
permis à nos concitoyens de vivre de nouveaux rapports. En tout cas, on
n'aurait pas accompagné les nouveaux rapports sociaux, parentaux,
conjugaux et familiaux qui se vivent dans notre société. Le droit
aurait été terriblement un frein à cette
évolution.
Je pense qu'il en va peut-être de même pour ce qui est des
droits des personnes et des biens. Le projet de loi est adopté, mais sa
mise en vigueur est retardée, nous dit le ministre de la Justice,
jusqu'à ce que soit entièrement finalisé l'ensemble de la
réforme du Code civil. Mais on sait maintenant que, même à
un rythme accéléré, cela ne pourrait pas se
réaliser pleinement peut-être avant trois ou quatre ans au
total-
Vaut mieux peut-être tout de suite mettre en vigueur les
dispositions de protection des propriétaires de condominiums, compte
tenu de l'évolution de ce mode de tenure, comme on dit, vu que les
propriétaires de condos sont actuellement sans protection comme on
pourrait souhaiter qu'il y en ait. Cela vaut pour ce chapitre des biens, mais
cela vaut aussi pour le chapitre des personnes. C'est une remarque que je
souhaite être prise en considération.
M. Dauphin: On en prend bonne note tout en signalant, Mme la
députée de Maisonneuve, que vous parlez du chapitre des
condominiums. On a beaucoup de représentations aussi pour d'autres
secteurs ou d'autres aspects de la réforme. Il s'agit de se demander si
effectivement...
Mme Harel: Dans la balance des inconvénients, vaut-il
mieux accepter l'inconvénient que ce ne soit pas entièrement
finalisé avant que ce soit mis en vigueur, plutôt que les
inconvénients de ne pas assurer la protection suffisante dans bien des
domaines de leur vie à nos concitoyens pour attendre que
l'échafaudage juridique soit terminé?
M. Dauphin: On en prend bonne note. Évidemment, la
communauté juridique, M. le Président, souhaiterait ardemment que
nous maintenions notre position de départ, c'est-à-dire de tout
adopter à la fin plutôt que d'adopter à la pièce.
Vous comprendrez les praticiens du droit qui se sentent mêlés
entre deux codes ou d'avoir constamment à se référer
à deux codes.
Le Président (M. Filion): Finalement, j'ai quand
même compris de la remarque de la députée de Maisonneuve
qu'elle considérait qu'il ne s'agissait pas d'entamer un processus
généralisé d'adoption à la pièce,
mais bien plutôt de mettre en vigueur une partie bien précise pour
des raisons...
Mme Harel: D'évolution.
Le Président (M. Filion): ...tout à fait
justifiées à cause d'un ensemble de situations.
M. Dauphin: D'ailleurs, le droit est en constante
évolution, M. le Président. Par exemple, le droit de la famille.
On est en train de le rouvrir après l'avoir adapté il n'y aquand même pas longtemps.
Mme Harel: Alors, il ne faut pas freiner cette évolution
sous prétexte que les praticiens du droit souhaitent que
l'échafaudage complet soit terminé.
Le Président (M. Filion): Me permettez-vous une question?
En ce qui concerne le droit de la famille, on a reçu des
mémoires, en ce qui concerne le partage des biens, est-ce que c'est une
matière qui est encore sur la table de travail, actuellement?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Filion): En deux mots, après
l'adoption des dispositions, les dispositions sont rouvertes pour étude.
C'est ça?
Mme Harel: Déjà rouvertes pour étude, ce qui
montre bien que l'évolution des rapports sociaux est tellement rapide
qu'elle commande presque une révision à toutes les
décennies.
Le Président (M. Filion): Je signale qu'en Ontario, ils
ont modifié leur position pour adopter un régime
équivalent, si on veut, au régime de la société
d'acquêts.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Filion): Ce qui est d'une importance
fondamentale dans l'ensemble du dossier de dissolution du mariage.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Filion): Je suis heureux d'entendre cela.
Y a-t-il un échéancier de prévu pour cette partie du
travail qui concerne le partage des biens en cas de dissolution du mariage?
M. Dauphin: Pour le bénéfice des membres de la
commission, c'est que, lorsque nous avons adopté le projet de loi 20, le
ministre de la Justice avait annoncé la formation d'un comité
justement pour étudier toute la question des droits économiques
des conjoints. J'y ai participé. On s'est réuni pendant au moins
quatre mois. Le rapport a été déposé auprès
du ministre de la Justice. Là, c'est rendu au stade du Conseil des
ministres qui aura à trancher sur les propositions du comité.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Dauphin: Même problème que dans le temps de la
réserve héréditaire.
Mme Harel: II y a une situation particulière au
Québec, c'est que la majorité des ménages ont un contrat
en séparation de biens.
Le Président (M. Filion): C'est ça. Alors, encore
une fois, je voudrais remercier les membres de la sous-commission. Nous prenons
acte comme commission du rapport de cette sous-commission et nous tenons
à spécifier qu'évidemment la sous-commission a rempli la
totalité du mandat qui lui avait été confié par
l'Assemblée nationale. Nous sommes en position, je pense, de recommander
le dépôt de ce rapport à l'Assemblée. Faut-il une
résolution pour le faire? Non. Nous nous entendons donc pour recommander
le dépôt du rapport à l'Assemblée, et à ce
moment, ce rapport peut être débattu, bien sûr, à
l'Assemblée par... Non?
Une voix: Non.
Le Président (M. Filion): Le rapport n'est pas
débattu.
Une voix: II n'y a pas de débat, c'est un simple
dépôt.
Le Président (M. Filion): C'est un simple
dépôt, étant donné que c'est un avant-projet de loi?
C'est ça? C'est ça, étant donné que c'est un
avant-projet de loi. Pardon? C'est un simple dépôt, étant
donné que c'est un avant-projet de loi.
M. Dauphin: S'il y avait des recommandations, à ce moment,
il pourrait y avoir...
Le Président (M. Filion): On pourrait aussi...
Étant donné qu'il n'y a pas de recommandations, c'est un
procès-verbal, d'accord.
Je vais quand même suspendre nos travaux pour quelques instants
pour nous permettre d'entamer la deuxième phase qui se déroulera
sans enregistrement. Je veux remercier Mme la députée de
Maisonneuve qui s'est jointe à nous pour cette première
partie.
(Fin de la séance à 10 h 32)