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(Vingt et une heures cinq minutes)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance ouverte. Je voudrais rappeler le
mandat de la commission des institutions qui est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 104, Loi sur le Conseil
permanent de la jeunesse. Mme la secrétaire, pourriez-vous annoncer les
remplacements?
La Secrétaire: Les remplacements sont les suivants. M.
Godin (Mercier) est remplacé par Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Kehoe
(Chapleau) par M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Laporte (Saint-Marie) par M.
Després (Limoilou) et M. Vallières (Richmond) par Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata).
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la secrétaire.
Nous pourrions immédiatement procéder aux remarques
préliminaires, s'il y a lieu. M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Gratton: M. le Président, mes remarques
préliminaires serviront simplement à indiquer aux membres de la
commission que je leur ai déjà remis, et à vous aussi, je
présume, M. le Président, une série d'amendements - est-ce
qu'on peut avoir deux autres copies des amendements, s'il vous plaît? -
que nous entendons soumettre à la considération des membres de la
commission. Mme la députée de Chicoutimi a fait de même
à notre endroit de façon qu'on puisse examiner
immédiatement les propositions d'amendement.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que vous les
déposez?
M. Gratton: Oui. En voulez-vous une autre copie?
Le Président (M. Marcil): Une copie. Cela va.
M. Gratton: M. le Président, comme on a
procédé cet après-midi et même ce soir à
l'adoption du principe...
Le Président (M. Marcil): Juste une seconde, s'il vous
plaît! Est-ce qu'on pourrait avoir quelques minutes de silence? Merci
beaucoup. Vous pouvez procéder, M. le ministre,
M. Gratton: Comme on a procédé cet
après-midi et ce soir à l'adoption du principe, quant à
moi, nous pourrions immédiatement aborder, après les remarques de
Mme la députée de Chicoutimi, l'étude
détaillée du projet de loi.
Le Président (M. Marcii): Merci, M. le ministre.
J'inviterais Mme la députée de Chicoutimi à faire ses
remarques préliminaires, s'il y a lieu.
Mme Blackburn: M. le Président, j'aurai peu de remarques.
On pourra passer assez rapidement à l'examen du projet de loi. Il y en a
une qu'il me semble utile de faire. Je suis toujours étonnée
d'entendre le leader ou le député de Mille-Îles nous dire
qu'il s'agit d'une initiative inédite et originale, alors qu'on
connaît de nombreux conseils consultatifs au Québec. Je trouve que
déclarer l'initiative originale ou inédite a quelque chose
d'étonnant. Ce en quoi elle peut être inédite, c'est
qu'elle touche à la jeunesse. À part cela, elle n'a rien
d'inédit, sinon qu'elle crée un conseil consultatif au
Québec et on connaît le nombre de conseils qu'on a
déjà.
Je voudrais juste dire en commençant, si vous me le permettez, un
peu ce que j'ai eu l'occasion de dire de façon non officielle tout
à l'heure au leader et ministre du Revenu. Les propositions
d'amendements que l'Opposition suggère veulent améliorer le
projet de loi sans en modifier fondamentalement, ou même essentiellement,
l'orientation et l'essence. Elles veulent améliorer en prenant pour base
différentes représentations qui nous ont été faites
par les organismes qui se sont présentés en commission
parlementaire.
Je voudrais, comme l'a fait le ministre en Chambre, rappeler que c'est
dans un esprit tout à fait positif qu'on fait ces recommandations. On
aurait souhaité que l'organisme ait plus de pouvoirs. On l'a
exprimé en commission parlementaire. On aurait souhaité qu'il
soit davantage un organisme entre un ministère et un conseil
consultatif, peut-être le modèle d'un office, plus proche de ce
que pensait que serait cet organisme le premier ministre, lorsqu'il en a
parlé, en commission parlementaire, au moment où on
étudiait le projet de loi 103
sur la Société d'investissement Jeunesse... Mais, pour le
reste, je voudrais vous assurer que si, pour ce gouvernement, c'est la
structure qui lui semble la plus convenable, évidemment, on verra au fur
et à mesure des améliorations qui seront apportées tout
à l'heure. J'aurais souhaité plus, j'aurais souhaité
mieux, mais nous allons faire ce travail de façon très
consciencieuse. Vous pouvez être assurés de notre
collaboration.
Étude détaillée
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Si vous le voulez, je vais appeler les
articles un à un. S'il n'y a pas de discussion sur chacun des articles,
on pourrait procéder rapidement à l'adoption. Cependant, vous
pouvez intervenir quand bon vous semblera.
Institution et organisation
J'appelle l'article 1. "Est institué le "Conseil permanent de la
jeunesse"." Adopté?
Mme Blackburn: Question. Le Président (M. Marcil):
Oui.
Mme Blackburn: Dans l'hypothèse où on apporterait
des modifications telles qu'on puisse parler de quelque chose qui ressemble
plus à un office, est-il prudent d'accepter le premier article?
M. Gratton: M. le Président, je pense que je pourrais tout
de suite répondre que le gouvernement a l'intention de créer un
conseil permanent de la jeunesse et non un office, tel que le suggère
Mme la députée de Chicoutimi. Je ne verrais pas d'objection
à ce qu'on suspende l'adoption de l'article 1 jusqu'à ce qu'on
ait vidé l'ensemble des autres articles. Peut-être bien qu'il
serait plus logique de procéder ainsi. Si c'est ce que Mme la
députée de Chicoutimi souhaite, je n'ai pas d'objection à
ce qu'on suspende l'article 1.
Mme Blackburn: On y reviendra à la fin.
Le Président (M. Marcil): Cela va. L'article 1 est donc
suspendu. J'appelle l'article 2 avec son amendement: "Remplacer l'article 2 par
le suivant: "Le conseil se compose de quinze membres élus par les
personnes qui forment le collège électoral prévu à
la section II, conformément à cette section."
M. Gratton: M. le Président, si je comprends bien, vous
avez fait lecture de la proposition d'amendement. Effectivement, l'explication
va de soi. Compte tenu des représentations qui nous ont
été faites en commission parlementaire, è savoir que notre
objectif devrait être d'avoir un conseil le plus représentatif
possible non seulement des secteurs d'activités, mais des
régions, des groupes ethniques et des autres considérations qui
nous ont été formulées. Nous avons cru qu'il serait
opportun de porter de onze à quinze le nombre des membres du conseil, ce
qui permettra au collège électoral, puisque c'est lui maintenant
qui élira les membres du conseil, d'élire, dans la mesure
où la liste des candidats soumis au collège électoral le
permettra, de se donner un Conseil permanent de la jeunesse qui sera le plus
représentatif possible de l'ensemble des secteurs d'activités,
des intérêts, des personnes et des groupes oeuvrant dans le
domaine.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
M. Gratton: Je sais qu'il est inutile de faire abstraction de la
proposition d'amendement que Mme la députée de Chicoutimi
suggère. Pour la bonne compréhension, peut-être, de ceux
qui pourront relire le Journal des débats, je ne sais pas, M. le
Président, comment vous voudriez que l'on procède puisque Mme la
députée de Chicoutimi nous fait une proposition d'amendement
à l'article 2 qui est sensiblement différente, dans sa
portée, de celle que nous formulons. Évidemment, il nous est
impossible de discuter de deux amendements, mais, peut-être,
pourrions-nous faire le débat de fond sur la philosophie ou la notion
dont s'inspire Mme la députée de Chicoutimi dans sa proposition
d'amendement. Comme la plupart ou un bon nombre des amendements qu'elle
suggère sont de concordance et conséquents avec l'amendement
à l'article 2, peut-être que, une fois qu'on aura vidé
cette question, on pourra ensuite procéder plus efficacement.
Donc, si vous y consentiez, M. le Président, on pourrait
éqalement faire lecture de la proposition d'amendement de Mme la
députée de Chicoutimi. Évidemment, une fois qu'on aura
disposé d'un amendement, je présume que, par le fait même,
on disposera du deuxième amendement en même temps.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Merci, M. le ministre.
En temps normal, chaque amendement devrait appeler un débat distinct. Il
faudrait presque, si on veut appliquer la règle, débattre du
premier amendement et recevoir ensuite le deuxième amendement pour en
débattre, à moins que vous ne décidiez de modifier la
règle comme telle. M. le ministre.
Une voix: Excusez-moi.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, comme en temps
normal, chaque amendement doit faire l'objet d'un débat distinct, et
comme un droit de parole est rattaché à chacun des amendements,
je me demande si on ne devrait pas d'abord disposer de l'amendement que vous
proposez et ensuite attaquer le deuxième amendement, ou,
peut-être, désirez-vous les débattre en même temps et
passer au vote après? (21 h 15)
M. Gratton: Si nous adoptions...
Le Président (M. Marcil): On est aussi bien
d'établir la règle immédiatement, car que j'ai
l'impression qu'on va en avoir plusieurs d'ici à la fin.
M. Gratton: J'ai bien l'impression que si nous adoptions
l'amendement que nous proposons à l'article 2, cela ne remettrait pas en
cause l'amendement. Alors, je suggérerais ce qui suit, M. le
Président, de façon qu'on puisse vraiment accorder toute
l'attention que mérite l'amendement de Mme la députée de
Chicoutimi. Je retire donc ma motion d'amendement pour le moment. On va
débattre celle de Mme la députée de Chicoutimi et compte
tenu de la décision de la commission sur l'amendement de Mme la
députée, on pourra ensuite juger de l'opportunité de
présenter le nôtre.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Donc, si vous
êtes consentants à cette règle, nous allons l'appliquer. Je
retire donc l'amendement que vous avez déposé et je vais
maintenant recevoir l'amendement proposé par Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Je vais le lire.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Marcil): II se lit comme suit: l'article
2 de la Loi sur le Conseil permanent de la jeunesse est remplacé par le
suivant: "Le conseil se compose des membres suivants: "a) Le président,
nommé par le gouvernement après consultation du conseil; "b) Onze
personnes représentant les régions administratives du
Québec, chacune d'elles déléguée par une
assemblée générale des organismes jeunesse de la
région concernée. "c) Trois personnes, nommées par le
gouvernement sous recommandation des milieux syndicaux, des affaires, de
l'éducation et des services sociaux."
Mme Blackburn: Bien! Alors M. le Président, je vais
essayer d'expliquer pourquoi je préfère cette formule à
celle qui était avancée dans le projet de loi. Je me permets,
également, de réaqir un peu à celle qui a
été déposée par le gouvernement. Je pense qu'il y a
au moins une chose sur laquelle on s'entend, c'est le nombre. C'est 15. Cela
sous-entend également un autre élément sur lequel on est
du même avis, soit la possibilité d'une représentation de
toutes les régions. Du moment où l'on l'augmente à 15, on
peut penser que le gouvernement a eu également ce souci.
Pourquoi, à présent, une composition telle
qu'imaginée ici et un mode de nomination? On s'est basé sur
différentes recommandations faites en commission parlementaire. On se
rappellera que, entre autres, les régions voulaient jouer un rôle
réel dans la nomination des personnes du conseil. Elles voulaient
éviter que cela soit décidé à l'intérieur
d'une équipe qui aurait peut-être été largement
composée de gens de la grande réqion de Montréal ou de
celle de Québec. Elles voulaient s'assurer qu'elles aient effectivement
droit au chapitre et que la personne qu'elles désignaient, qu'elles
nommaient, deviendrait, en quelque sorte, le délégué, le
porte-parole de la région. C'était cela qui était
important pour ces gens-là. Elles se disaient: si c'est nous qui le
désignons au conseil consultatif, il va se sentir redevable
vis-à-vis la région. C'était pour eux une question
importante. Je dois dire, pour avoir milité lonqtemps au sein
d'orqanismes consultatifs, socio-économiques ou de regroupements
populaires, que j'ai pu constater - comme l'a, peut-être, constaté
le ministre également - que lorsque vous êtes en dehors des
grandes régions, vous avez toujours de la difficulté à
faire valoir vos points de vue. C'était la première raison.
La seconde, c'est que dans beaucoup d'organismes consultatifs, on
s'assure que le gouvernement nomme le président, le choisit, le nomme
ainsi que quelques membres au sein du conseil, de manière à se
donner certains pouvoirs et orienter, déjà, un peu l'action du
conseil consultatif. Dans ce sens, vous allez trouver la composition
suggérée assez comparable à celle de différents
conseils consultatifs, et, plus particulièrement, à celle des
conseils d'administration. Au conseil de la Société
Radio-Québec, c'est sensiblement la même composition. Le
gouvernement choisit en fait de nommer quatre personnes, le président et
les trois membres socio-économiques qu'on appelle, dans d'autres
organismes, les "cooptés". Dans ce sens, la formule nous apparaissait
intéressante à plusieurs éqards parce qu'elle donne quand
même - je pense qu'il faut le reconnaître - au gouvernement la
responsabilité et le pouvoir de nommer quelques personnes au sein du
conseil. Cela nous apparaît important.
On s'assure ainsi d'avoir véritablement
un représentant par région et la personne va se sentir
davantage liée par les besoins, les attentes des organismes jeunesse de
sa région. Je ne voudrais pas aller plus loin là-dessus. La
proposition d'amendement que nous apporte le gouvernement rejoint la
nôtre en ce sens qu'on propose de porter à 15 le nombre des
membres du conseil. Vraisemblablement, on veut ainsi s'assurer qu'il y aura
possibilité de faire place à toutes les régions. En gros,
ce sont tes raisons qui ont milité à l'endroit d'une proposition
d'amendement qui va dans ce sens.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Gratton: Je reconnais d'emblée qu'un certain nombre
d'organismes que nous avons rencontrés en commission parlementaire sont
venus nous dire qu'ils préféraient une formule semblable à
celle que propose Mme la députée de Chicoutimi,
c'est-à-dire qu'en ce qui concerne chacune des régions
administratives, il y ait un regroupement des organismes et des individus qui
oeuvrent dans le domaine. Ce regroupement pourrait élire un
représentant de la région au sein du Conseil permanent de la
jeunesse. Il y a plusieurs raisons qui nous motivent à ne pas retenir
cette conception. D'abord, on l'a dit et je le répète, pour nous
le Conseil permanent de la jeunesse n'est pas un organisme ou une
fédération des qroupes oeuvrant dans le domaine, dans le but d'en
venir à un discours unique en la matière. Il me semble et il nous
a semblé dès le départ, que - et je reviens à la
remarque préliminaire de Mme la députée de Chicoutimi qui
disait non pas s'offusquer, mais se surprendre un peu du fait que nous parlions
du caractère inédit que propose le projet de loi 104. Ce qui est
inédit dans le projet de loi 104, c'est justement la notion ou le mode
de nomination que nous proposons. C'est-à-dire la notion d'un
collège électoral. On sait qu'il est vrai qu'il y a un bon nombre
de conseils consultatifs que le gouvernement s'est donnés dans le
passé. De façon générale, le mode de nomination
consiste pour le gouvernement à nommer des gens, soit sur proposition ou
sur recommandation d'organismes socio- économiques ou autres, mais c'est
toujours par nomination.
Ce qu'il y a d'inédit dans ce que propose le projet de loi 104,
c'est la création d'un collège électoral qui,
effectivement, est composé de 40 membres nommés par le
gouvernement, mais à partir d'un mécanisme de nomination, de mise
en candidature qui est très bien explicité dans le projet de loi
et qui l'est davantage avec les amendements que nous étudierons
tantôt. Par exemple, le caractère de
représentativité. La formule que nous propose Mme la
députée de Chicoutimi, à toutes fins utiles, ne donne
aucune garantie quant à la présence équilibrée
d'hommes et de femmes, quant à la présence de
représentants des communautés culturelles, quant à la
présence de représentants des différents secteurs
d'activité. Chaque région agissant de façon autonome, on
pourrait se retrouver théoriquement avec 15 - parlons des 11 qui
seraient délégués par les réqions, donc avec 11 sur
15 membres qui seraient tous des hommes, ou tous des femmes, à
l'inverse, où l'on ne retrouverait aucune personne provenant des
communautés culturelles, ou d'un secteur d'activité
donné.
Combien d'autres organismes et même ceux parmi qui nous
recommandaient un mode de représentation réqionale du qenre que
propose Mme la députée de Chicoutimi, nous disaient,
également, concourir à la nécessité que le Conseil
permanent de la jeunesse soit te plus représentatif possible. Par
exemple, Mme la députée de Chicoutimi elle-même a souvent
parlé de la nécessité de tâcher d'assurer la
présence de représentants des diverses catégories
d'âge. Elle se souciait particulièrement des personnes de moins de
18 ans, par exemple. Avec la formule qu'elle nous propose, force nous est de
reconnaître que nous n'aurions aucune espèce de garantie.
J'admettrai volontiers, comme le faisait le député de
Mille-Îles tantôt à l'Assemblée nationale, que le
projet de loi, quel que soit son libellé, ne nous donnera jamais des
garanties complètes. Mais la formule que nous proposons, que te projet
104 comporte déjà et qui est améliorée par les
amendements que nous étudierons tantôt, nous donne au moins le
minimum de chances d'en arriver à cette représentativité
la mieux équilibrée possible. Ce que nous ne retrouvons pas - je
le repète - dans la proposition de Mme la députée de
Chicoutimi.
Il y a aussi un autre élément et cela me frappe. Quand on
parle de trois personnes qui seraient nommées par le gouvernement sur
recommandation des milieux syndicaux, des affaires, de l'éducation et
des services sociaux, je comprends que ces personnes ne seraient pas
nécessairement de jeunes personnes, des personnes de moins de 30 ou de
35 ans. À ma connaissance, pas un seul organisme qui est venu nous
rencontrer en commission parlementaire n'a émis cette proposition ou me
l'a souhaité - à l'exception de la CEQ, peut-être - mais,
de toute façon, la CEQ ne croyait pas, au départ à
l'institution du Conseil permanent de la jeunesse.
Donc, M. le Président, en résumé, il nous semble et
je reviens à ce que j'ai dit cet après-midi ou ce matin à
l'Assemblée nationale. Ce dont on veut se doter, c'est d'un conseil
consultatif et non d'une
fédération des organismes de jeunesse du Québec. Le
gouvernement, au moins dans cette conception du "partnership" que nous voulons
développer entre te gouvernement et les groupes de jeunes, des individus
également, le gouvernement qui veut se doter d'un conseil consultatif,
d'un conseil "aviseur", doit se réserver et a même la
responsabilité de s'assurer que les personnes qui éventuellement
formeront le Conseil, par le biais du collège électoral, soient
les plus représentatives possible. C'est de cette façon que, tout
en conservant la plus grande autonomie possible, au Conseil permanent de la
jeunesse, que, par cette décision, le gouvernement peut s'assurer de la
présence, dans la mesure où les mises en candidature le
permettront, de représentants de ces divers groupes.
Je crois donc, M. le Président, que tout en convenant encore que
cette formule que propose Mme la députée de Chicoutimi pourrait
plaire à un très grand nombre d'organismes, le fait demeure que
cela ne nous donnerait pas ce que nous avons comme conception du Conseil
permanent de la jeunesse, c'est-à-dire un conseil permanent de la
jeunesse, un comité "aviseur" que le gouvernement se donne pour le
conseiller sur les décisions qu'il a à prendre dans le domaine et
qu'on veut te plus représentatif possible.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais
peut-être ajouter quelques éclairages là-dessus qui
viendraient probablement rassurer le ministre sur la possibilité
d'assurer une meilleure représentation. La façon de s'assurer
qu'il y ait une meilleure représentation réside dans les quatres
postes nommés par le ministre ou, par le gouvernement, le
président et les trois autres personnes. C'est la façon d'assurer
une espèce d'équilibre finalement de la représentation au
sein de cet organisme. Ensuite, je voudrais dire que la notion de
collège électoral peut être intéressante. Il est
intéressant de souligner ce que les jeunes sont venus nous dire. C'est
peut-être important de le retenir. Ils ne trouveraient la structure
intéressante que dans la mesure où on la conserve, où elle
a une utilité quelconque. On crée un conseil, on crée un
collège électoral mais il n'y a rien qui prévoit - il me
semble que j'ai regardé un peu vos amendements - qu'on puisse le
maintenir. Cela ne veut pas dire qu'éventuellement on ne pourrait pas
aller dans ce bassin choisi - rappelons-le - par le gouvernement pour
constituer des comités ou pour la participation aux activités du
conseil. Je ne suis pas sûre que ce soit ta meilleure garantie de trouver
tes bonnes personnes. Les objections les plus importantes, le ministre s'en
souviendra - il a suivi comme Mme Diodati toutes tes présentations de la
commission parlementaire, la consultation - il se souviendra que de nombreux
intervenants sont venus dire que, si un collège électoral est
utile, quoique cela ait été mis beaucoup en doute, il faudrait
qu'on puisse le maintenir. Sinon, on ne voit pas la nécessité de
constituer un tel organisme pour l'abolir. (21 h 30)
Je reviens donc sur le collège électoral, qui ne me
semblait pas avoir suscité cette espèce de ferveur qu'on semble
vouloir y mettre. Si le conseil n'est inédit que par cette formule, moi
je la mets en ballant avec celle qui voudrait qu'on s'assure de la
participation réelle des organismes jeunesse dans toutes les
régions du Québec, pour élire un membre du conseil. Je
pense que, si on allait en consultation, demain matin, auprès des jeunes
pour leur demander la formule qu'ils préfèrent, à savoir
une nomination par leurs pairs dans leur région à la
création d'un collège électoral, je pense que les jeunes -
je ne pense pas me tromper en l'affirmant - choisiraient cette formule
d'élection dans les régions.
Je maintiens, pour l'avoir vécu dans certains organismes, que la
formule selon laquelle le président et les membres du comité
socio-économique sont nommés par le gouvernement, permet de
rééquilibrer les forces au sein du conseil consultatif en
même temps que de combler, par exemple, l'absence ou une
sous-représentation des femmes ou d'un groupe quelconque.
Vous avez soulevé une autre question. Est-ce qu'il s'agira, pour
les trois personnes, de jeunes? Rien ne l'exclut. Cela me paraît
évident, mais rien n'en fait un absolu non plus. Je ne sais pas si vous
vous rappelez les représentations qui nous ont été faites,
il est vrai, par deux groupes d'adultes qui représentaient,
premièrement, la Société de recherche en orientation
humaine et, deuxièmement, la CEQ. À l'Office des personnes
handicapées, que je sache, il n'y a pas seulement des personnes
handicapées. Excusez-moi... Oui, c'est une comparaison qui peut... Au
Conseil des collèges du Québec, il n'y a pas que des
représentants des collèges. Au Conseil supérieur de
l'éducation, il n'y a pas que des qens de l'éducation. À
tous les conseils consultatifs que je connais, on n'a pas réservé
tous les postes exclusivement aux groupes concernés. On le
reconnaît de façon générale dans la
société; ce ne sont pas toujours les meilleures décisions,
quoi qu'on ne puisse pas en avoir contre. Je dis que la formule que nous avons
là ne l'exclut pas comme elle n'en fait pas une obligation. Ce n'est pas
parce que quelqu'un aurait 31 ans, que ce serait une jeune enseignante mise en
disponibilité en éducation, qu'elle serait à la fois du
milieu syndical et de l'éducation, que
cela ne pourrait pas être une formule intéressante. Ce
n'est pas, je pense, parce qu'elle aurait 31 ans que ce serait
nécessairement quelqu'un qui ne comprendrait pas bien les besoins des
jeunes.
Dans les organismes consultatifs qui prévoient une
représentation de gens issus d'autres milieux, je crois que c'est une
façon d'assurer certains liens entre l'organisme en question, le champ
d'activité qu'il couvre et certains secteurs d'activité. Par
exemple, je vais revenir au Conseil supérieur de l'éducation. Ses
représentants viennent à la fois du milieu francophone et
anglophone, catholique et protestant, primaire, secondaire, collégial et
universitaire. Vous avez évidemment le monde du travail. Je pense au
Conseil des collèges, parce que c'est une structure que je connais
mieux, où vous avez des représentants du monde de la
coopération, de l'économie du travail, du monde syndical, des
collèges, des parents, des étudiants. Vous avez vraiment une
gamme d'intervenants qui permet à ce conseil d'avoir au moins une vision
minimale des différents secteurs d'activité qui les
concernent.
Dans ce sens, je pense qu'il faudrait s'assurer que le Conseil permanent
de la jeunesse ait le minimum de rapports avec le monde du travail, le monde
syndical, avec le monde des services sociaux. La formule mérite vraiment
d'être examinée avec beaucoup de soin. D'autant plus que je me
rappelle que le collège électoral n'a pas suscité
l'engouement que vous auriez souhaité. Enfin, on n'a pas vu d'engouement
particulier, sauf que des gens disaient: S'il y en a un, conservez-le. S'il y a
un conseil provincial, donnez-en un aussi au niveau régional. Mais on
n'a pas vu cette espèce d'unanimité qui nous ferait dire que
c'est la formule que l'on doit adopter.
Je vous dis que ce n'est pas parce que je suis contre, car vous avez vu
les amendements qu'on apporte. Il n'y a rien qui vient gauchir la mission du
conseil, qui vient l'enrichir, oui, mais c'est essentiellement dans cet esprit
qu'on a fait les recommandations. Nous étions bien conscients que vous
n'aviez pas tellement l'intention, à la suite des propos tenus en
conclusion à la commission parlementaire, de modifier fondamentalement
l'organisme. On s'est contenté de faire des amendements qui allaient
dans le sens qui nous semblait vouloir se dégager des intentions du
gouvernement.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée. M. le ministre...
M. Gratton: M. le Président, j'ai trois points à
souligner mais auparavant, la proposition de Mme la députée va
très loin dans le changement de la nature du conseil permanent. Il faut
rappeler qu'un comité consultatif ou un conseil consultatif, du genre de
celui que propose le projet de loi 104, ne doit pas être une
fédération d'organismes ou de représentants de tantes de
concertation réqionales. Il faut remarquer que la formule que nous
proposons dans le projet de loi 104, avec le collège électoral
n'empêche aucunement la concertation au niveau régional. On l'a
d'ailleurs dit en commission parlementaire. Une façon, pour une
région donnée, de s'assurer de la présence des
représentants de son choix au sein du collège électoral,
c'est précisément au moyen de la concertation au niveau
régional et par l'appui de candidatures limitées en nombre, par
l'ensemble des intervenants, en présumant que cela pourrait se faire
assez facilement. Donc, la concertation régionale n'est pas
écartée, loin de là, par la formule que nous
proposons.
Dans un deuxième temps, Mme la députée de
Chicoutimi a dit que, si nous demandions aux groupes venus nous rencontrer leur
préférence par rapport aux deux formules, soit celle du
qouvernement et celle qu'elle propose, ce serait presque unanime. Je dirais
que, si on devait demander à ces organismes s'ils souhaitent la
présence de personnes qui ne seraient pas des jeunes ou des personnes
âgées de moins de 35 ans, j'ai plutôt l'impression qu'au
contraire, les gens qui sont venus nous rencontrer nous diraient que le Conseil
permanent de la jeunesse n'est pas l'endroit où on veut retrouver des
personnes de plus de 35 ans.
Évidemment, le Conseil permanent de la jeunesse pourra toujours,
par la formation de comités, par les avis qu'il pourra recueillir
d'experts ou de gens qui ont une spécialité quelconque, recourir
à des gens qui ne sont pas âgés de moins de 35 ans. Cette
décision de recruter les membres des comités appartient
d'ailleurs au conseil, à notre point de vue. Il lui appartient aussi,
d'obtenir les appuis et l'expertise là où le conseil jugera
approprié de les retrouver.
J'en viens maintenant au troisième point. Le collège
électoral va être un excellent bassin de ces ressources. Il me
semble que, si les onze régions administratives délèguent
ou appuient des candidatures en nombre suffisant, avec une concertation
suffisante, le gouvernement devra nécessairement choisir parmi les
candidatures qui sont les mieux appuyées, les plus
représentatives des diverses régions. Ce collèqe
électoral sera d'autant plus apte à fournir les ressources au
conseil permanent pour la formation de ces comités et pour d'autres
fonctions que ce sera lui qui aura élu les membres du Conseil permanent
de la jeunesse.
Je conçois mal que 15 personnes, élues par les 40 membres
du collège électoral,
pourraient tout simplement, à compter de leur élection,
faire fi de ceux de qui ils obtiennent leur mandat. II est donc faux de
prétendre, selon moi, que le collège électoral n'aura
comme seule fonction de procéder à l'élection des membres
du Conseil permanent de la jeunesse pour ensuite disparaître dans le
néant. Bien au contraire. Il me semble que c'est d'abord là que
le Conseil permanent de la jeunesse ira puiser les ressources
nécessaires à l'accomplissement de son mandat.
Quant à moi, je ne trouve pas que la proposition de Mme la
députée est sans mérite. Au contraire. Mais il me semble
que dans le contexte, dans la philosophie dont nous nous sommes inspirés
pour la création du Conseil permanent de la jeunesse, ce que nous
propose Mme la députée de Chicoutimi est quelque chose de
complètement différent. Cela pourrait être très
populaire auprès de plusieurs organismes de jeunesse, j'en conviens,
mais cela ne s'inscrit pas dans notre conception du rôle du Conseil
permanent de la jeunesse.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le ministre vient justement de faire une remarque
qui vient confirmer un peu les appréhensions que j'avais tout à
l'heure, au moment où j'ai parlé du rôle ou de
l'utilisation - si vous me passez l'expression - que l'on pourrait faire de ce
collège électoral, une fois qu'ils auront élu les
représentants du conseil. Si on prend ce bassin, comme dit le ministre,
pour aller recruter les membres des comités, parce que j'ai vu que vous
proposiez des comités et, nous, nous proposons des commissions, mais que
ce soit l'une ou l'autre des formules qui soit retenue, si on va puiser dans ce
bassin des 40 personnes pour constituer des comités de sept ou huit
personnes, on en constituerait trois. On irait chercher presque l'essentiel de
ces 40 personnes qui, rappelons-le, sont toutes nommées par le
gouvernement. Toutes! Cela vient boucler la boucle, et on aura
créé l'illusion que les jeunes ont effectivement exercé un
pouvoir alors qu'ils ne l'auront pas exercé puisque les 40 personnes
sont choisies par le gouvernement. Â moins que la formule ne soit
changée, c'est elle qui était retenue et elle me semble
être la même. Cela devrait nous préoccuper un peu, quel que
soit le gouvernement. Je voudrais dire tout de suite - et c'est toujours ce que
j'ai tenté de faire -qu'il faut éviter, quand on est au
gouvernement, quel que soit le parti, de faire des lois pour soi-même,
parce que, tantôt, on va être dans l'Opposition et on sait que les
humeurs politiques changent, les fortunes politiques également. Le
ministre est bien placé pour le savoir. Dans ce sens-là, chaque
fois qu'on fait une loi, parce qu'on semble pouvoir contrôler l'ensemble,
il faut se dire que ce sera un autre gouvernement, un autre parti,
tantôt, qui pourra aussi l'utiliser. Cela ne sera pas
nécessairement pour le mieux-être des organismes ou des qroupes
qu'on voudrait préserver. Que l'on en fasse ce qenre d'utilisation me
préoccuperait parce que cela finirait pas confirmer le fait que les
membres des commissions ou des comités sont aussi nommés par le
gouvernement. De façon indirecte, me direz-vous, mais d'une façon
aussi efficace.
Pour ce qui est de la présence de personnes qui ne seraient pas
nécessairement des jeunes, je suis d'accord avec le ministre: Je ne
pense pas que ce soit une formule très populaire auprès des
jeunes qui, spontanément, diraient: On veut être entre jeunes. On
comprend la réaction. Sauf que je prétends que, aussi longtemps
qu'on fera du problème de jeunesse un problème de la jeunesse, on
n'en fera pas un problème de société. J'ai maintenu le
même discours lorsqu'il s'agissait des femmes ou des personnes
handicapées. Chaque fois qu'on marginalise un groupe, avec les effets
que cela a, cela déresponsabilise la société. Cela a un
effet de déresponsabilisation. Je maintiens - et je le dis haut et fort
devant les associations féminines - qu'aussi longtemps qu'on fera de la
condition féminine un problème de femmes, on est loin des
solutions parce que ce n'est pas un problème de société.
Si on marginalise ce groupe en le laissant exclusivement entre eux, je me dis
que ce n'est pas nécessairement la meilleure façon de servir
leurs propres intérêts.
Dans l'idée d'y adjoindre quelques adultes, il y a aussi
l'idée de favoriser une solidarité intergénération.
Ce n'est pas fou non plus. Évidemment, je n'irais pas faire une guerre
là-dessus pour dire qu'il faut absolument qu'il y ait des qens de 35
ans, de 40 ans et d'autres de 50 ans. Ils pourraient tous avoir moins de 30 ans
et je n'aurais pas d'objection, mais je dis qu'il ne serait pas malsain, vu
à sa face même, que quelques adultes siègent au sein de ce
conseil, surtout s'ils constituent des bons poteaux, je dirais, ou des bannes
ressources dans certains milieux, que ce soit le milieu de l'économie,
du travail, syndical, de l'éducation, etc.
Finalement, j'ai beaucoup plus d'appréhension par rapport
à l'utilisation qu'on pourrait face du collège électoral
que je n'en avais tantôt parce que cela vient confirmer les
appréhensions que j'avais. S'il devait servir effectivement à
cela, cela veut dire que tous les membres des comités seraient
indirectement nommés par le gouvernement.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
(21 h 45)
M. Gratton: Ce sera au conseil de décider. Ce n'est pas le
gouvernement qui dictera les lignes de conduite au Conseil permanent de la
jeunesse quant à la formation des comités. C'est d'abord le
conseil qui décidera s'il doit y avoir formation de comités,
à quel sujet, avec quel mandat. Contrairement à ce qu'à
proposé la députée de Chicoutimi, nous n'imposons pas de
carcan ni d'obligation au conseil de procéder à la nomination de
commissions permanentes, par exemple. Donc, c'est uniquement le conseil qui
jugera opportun, ou non, de recourir aux services des membres du collège
électoral. Je disais tantôt qu'il m'apparaîtrait normal que
ces gens-là qui obtiendront le mandat de siéger au conseil des
membres du collège électoral se tournent d'abord de ce
côté-là. Le fait d'avoir été mis en
candidature et le fait que leur candidature ait été
appuyée par le milieu, par au moins trois organismes de jeunesse, fera
de ces 40 personnes qui auront été nommées par le
gouvernement des gens représentatifs du milieu.
M. le Président, on peut reprocher au gouvernement de se sentir
responsable dans la mesure où il continue de prétendre que c'est
le gouvernement qui devrait nommer les membres du collège
électoral. Il faut rappeler que ce sont les gens du milieu qui
fourniront les candidatures et qui susciteront le nombre, la qualité des
candidatures qu'ils voudront bien susciter. Effectivement, si on voulait
établir un conseil, une fédération des organismes de
jeunesse, soit, c'est une formule qui serait extrêmement
intéressante, mais on l'a répété à plusieurs
reprises, ce n'est pas ce que nous souhaitons. Le gouvernement souhaite se
donner un comité "aviseur", un conseil consultatif et là
où nous innovons, nous avons cru qu'il pourrait être plus
intéressant pour les... Et surtout parce que le gouvernement se sent
peut-être un peu inhabile à identifier les bonnes personnes. Donc,
il nous a semblé qu'une façon d'améliorer les choses, ce
serait cette notion du collège électoral. Mais il n'est pas
question, du fait que le gouvernement nomme les 40 membres du collège
électoral de s'imaginer qu'il s'agira strictement d'une officine du
gouvernement. Si cela devait être le cas, les seules personnes qui en
seraient responsables seraient les organismes de jeunesse eux-mêmes qui,
dans un premier temps, appuieront les candidatures et les jeunes
eux-mêmes dont les noms auront été retenus pour être
membres du collège électoral et, éventuellement, les
quinze qui auront été élus au Conseil permanent de la
jeunesse.
J'ai de la difficulté à m'imaginer que les jeunes soient
à ce point irresponsables ou même que le gouvernement soit
lui-même à ce point irresponsable qu'on risque de rater toute la
manoeuvre strictement pour uniformiser les choses, pour faciliter les choses,
soit à l'une des deux parties. Cela me paraît tout à fait
inconcevable.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Que les 40 personnes
soient nommées sur désignation des organismes et sur
recommandation - c'est vrai que c'est sur recommandation - de trois ou quatre
organismes, qu'elles soient de préférence issues des
différentes régions, ce qui a été largement
souhaité, cela n'en fait pas pour autant une fédération
des organismes de jeunesse. Je rappellerai au ministre qu'on a un
précédent là-dedans, et là, on n'a pas
fouillé toutes les lois pour vérifier, mais je suis convaincue
qu'il doit y en avoir également dans d'autres projets de loi où
on a eu cette prudence: Le conseil d'administration de la Société
Radio-Québec était composé de chacun des présidents
des régions, plus un certain nombre de personnes. Je pense que, au
total, il y avait 18 personnes, dont dix étaient issues des
régions. Cela n'en faisait pas pour autant une fédération
de Radio-Québec, mais on s'était assuré, par une telle
composition, de bien traduire l'esprit et les besoins des régions.
Du fait que j'ai cette préoccupation des régions, cela ne
me répugne pas une composition qui permet de garantir, de façon
certaine, qu'il va y avoir un représentant par région. Il faut
considérer qu'entre les besoins des jeunes de la région que je
connais un peu, parce que j'y ai des amis - de votre région M. le
ministre - et les besoins des jeunes de ma région, il y a un monde.
Entre les miens et ceux de la Gaspésie, c'est un autre monde. Pour
beaucoup de gens, ils ont l'impression que cela peut finir par se ressembler,
mais l'infrastructure économique est totalement différente; les
emplois sont différents, les rapports entre les individus sont
différents; la population n'est pas étalée de la
même façon, il y a vraiment un monde aussi entre
ceux-là.
S'imaginer que quelque conseil, qui que ce soit, puisse bien traduire ou
avoir la sensibilité de différentes régions d'une autre
façon, en passant par le biais d'un collèqe électoral, si
on ne s'assure pas que ce sont nécessairement des groupes ou individus
qui viennent de différentes réqions, je dis que ce n'est pas
faciliter les choses.
Il est normal - et l'on va voir ce qu'on voit dans tous les conseils
consultatifs -qu'au début, vous n'ayez pas trop de problèmes pour
la première composition, parce qu'on sort d'une commission parlementaire
où les régionaux ont fait valoir leurs droits. On a dit: au
Conseil des collèges, au Conseil de l'environnement, au
Conseil de !a famille, au Conseil de planification et de
développement, on veut vraiment que les régions soient
représentées. À certaines commissions parlementaires, cela
ne rate pas le coup effectivement, le gouvernement est sensible à cela
et il s'assure qu'il y a une bonne représentation des
régions.
Deuxième mandat. D'abord, il y a des vacances qui se
créent pour différentes raisons et là, c'est
déjà un peu moins facile, on tourne dans le bassin qu'on
connaît mieux et, au deuxième mandat, presque chaque fois, vous
voyez un glissement et l'argument que vous faites jouer est le suivant: Est-ce
qu'on choisit des compétences ou des régions? C'est l'argument
massue, l'argument majeur. Les gens provenant des régions savent
très bien que j'ai raison là-dessus. Est-ce qu'on choisit - je me
rappelle, c'est l'argument qu'on nous servait pour nos commissions -est-ce
qu'il faut absolument que toutes les régions soient
représentées ou si on n'est pas mieux d'aller chercher les
compétences? Invariablement, les compétences se retrouvaient
à Montréal ou à Québec. Invariablement.
C'était toujours comme cela. Je commence à avoir une bonne
expérience des organismes consultatifs, veuillez me croire, de
même que des différentes formes de consultations, de projets de
loi et des choses qui ressemblent un peu à cela. Indépendamment
du gouvernement, cela finit toujours de la même façon.
Bientôt, on a une sous-représentation des régions et,
à plus long terme, on a aussi une sous-représentation des femmes.
Le premier mouvement, généralement - je le rappelle encore parce
qu'on sort d'une consultation générale - c'est: On n'est pas pour
se faire descendre en flammes sur la place publique, alors qu'on a
réclamé qu'il y ait représentation des femmes, des
réqions et des différentes communautés culturelles.
Le Président (M. Marcil): En conclusion, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Première consultation, donc première
composition, pas de problème; en deuxième et troisième,
vous voyez cela glisser. Pourquoi une garantie comme cela, une certaine
sécurité comme cela qui oblige à aller dans les
régions? Cela m'apparaissait, à moi, indispensable.
M. Gratton: Et je suis tout à fait d'accord avec
Mme...
Le Président (M. Marcil): II vous reste 40 secondes, M. le
ministre et Mme la députée, vous avez terminé votre
temps.
M. Gratton: Je suis tout à fait d'accord avec Mme la
députée de l'importance de la représentation des
régions. Je ne répéterai pas ce qu'elle vient de dire. Je
souscris entièrement à ce qu'elle nous dit. Sauf que si retenons
sa formule, c'est le seul critère qu'on respectera vraiment,
c'est-à-dire la représentativité au niveau des
réqions, mais on risquera, par le fait même, de faire fi de
l'ensemble des autres secteurs ou des autres critères, que ce soient les
secteurs d'activités, que ce soient les groupes d'âge, que ce soit
- et Mme la députée le soulignait elle-même - la
présence de femmes et d'hommes, que ce soit les membres des
communautés culturelles. On s'exposerait à se retrouver avec une
très bonne représentation des régions, mais une
très mauvaise, excessivement mauvaise représentation de ces
divers autres critères. La formule que nous proposons est beaucoup plus
susceptible de nous assurer, peut-être bien une moins bonne
représentation des régions, quoique cela ne soit pas
nécessairement acquis puisque...
Le Président (M. Marcil): En conclusion, M. le
ministre.
M. Gratton: ...on pourra l'assurer, puisque c'est inclus dans les
critères de la loi et, soit dît en passant, c'est le seul principe
- cela aussi est inédit - on le précise, on précise ces
divers critères dans la loi même. Vous m'invitez à
terminer, je termine, M. le Président, mais il me semble que, en
comparaison, je préfère satisfaire ou tenter de satisfaire un
plus qrand nombre de critères que de m'assurer d'en satisfaire un au
risque de ne satisfaire aucun des autres.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Y a-t-il d'autres intervenants sur cet article? Non. À ce
moment-là, je procéderais au vote sur l'amendement.
Mme Blackburn: J'aurais bien d'autres choses, mais...
Le Président (M. Marcil): Malheureusement, madame, les
règles veulent que nous ayons 20 minutes d'intervention sur chacun des
amendements. Donc, à moins d'un consentement unanime à l'effet de
poursuive, à ce moment-là, nous avons de grosses chances de
dépasser le temps, mais c'est à vous à convenir des
règles. Cela va? J'appelle le vote sur l'amendement. Quels sont ceux qui
sont pour? Juste une seconde. Voulez-vous qu'on procède par appel
nominal ou...
M. Gratton: Non, je ne pense pas que ce soit
nécessaire.
Le Président (M. Marcil): Non. Pardon? M. Gratton:
À moins que Mme la
députée de Chicoutimi n'insiste, on pourrait s'abstenir de
prendre un vote nominal.
Le Président (M. Marcil): Voulez-vous qu'on aille par
appel nominal ou bien c'est accepté ou rejeté sur...
Mme Blackburn: Cela va bien être sur division toute la
soirée. J'en ai l'impression.
Le Président (M. Marcil): Oui. On ne sait jamais,
madame.
M. Gratton: Peut-être pas.
Mme Blackburn: Je me sens bien forte et aussi bien capable
que le gouvernement mais...
M. Gratton: Ah! Je suis sûr qu'il y a des choses auxquelles
vous ne pourrez pas dire non.
Le Président (M. Marcil): Donc, sur division,
rejeté sur...
Mme Blackburn: J'espère que cela pourra être aussi
à l'inverse, des choses sur lesquelles...
M. Gratton: Oui, je le souhaite moi aussi.
Mme Blackburn: ...parce que nos propositions ne sont pas
complètement dénuées de bon sens.
M. Gratton: Non, et je veux bien que ce soit clair, loin de
là. Il s'agit de choix que le gouvernement s'impose finalement, tout en
reconnaissant que les choix que nous faisons ne sont pas parfaits mais ont le
mérite d'avoir été réfléchis et d'avoir
été proposés à l'Assemblée nationale. C'est
loin d'être un jugement de...
Le Président (M. Marcil): ...valeur.
M. Gratton: ...valeur sur les propositions de Mme la
députée.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre;
donc, l'amendement est-il rejeté?
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Marcil): Sur division. J'appelle
l'amendement présenté par M. le ministre qui se lit comme suit:
"Remplacer l'article 2 par le suivant: Le conseil se compose de quinze membres
élus par les personnes qui forment le collège électoral
prévu à la section H, conformément à cette
section." M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, il y a deux
éléments, il y a le nombre des membres qui passe de onze à
quinze et le fait que, plus tard, on retrouvera les dispositions à
l'article 27, je crois, où le collège électoral
élira plutôt que recommandera au ministre les noms des membres du
conseil. Donc, on retrouve "membres élus" plutôt que "membres
nommés" et c'est là la teneur de cet amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Mme la députée de Chicoutimi. Pas de problème. Donc,
l'amendement est-il adopté?
Mme Blackbum: C'est l'amendement 2: Le conseil se compose...
Le Président (M. Marcil): Oui, c'est le 2.
Mme Blackburn: Oui, oui.
Le Président (M. Marcil): ...de quinze membres. Cela
va?
Mme Blackburn:: L'explication du ministre que j'ai
manquée.
M. Gratton: Deux amendements, deux modifications...
Mme Blackburn:: Oui, il y a le nombre... M. Gratton:
...importantes: le nombre... Mme Blackbum: ...et
l'élection.
M. Gratton: ...Mme la députée a déjà
dit qu'elle était d'accord.
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Gratton: Et plutôt que de lire "membres nommés"
comme c'était le cas au moment où le ministre nommait les membres
du conseil à partir de recommandations faites par le collège
électoral, comme nous proposerons tantôt que le collèqe
électoral élise les quinze membres du conseil, on retrouve donc
le mot "élus" plutôt que "membres nommés".
Le Président (M. Marcil): Cela va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackbum: Bien! Pas de commentaires là-dessus.
M. Gratton: Élus par les personnes qui forment le
collège électoral plutôt que nommés par le ministre
responsable de l'application de la loi.
Le Président (M. Marcil): Adopté? Mme Blackburn:
Adopté.
Le Président (M. Marcil): Merci. J'appelle l'amendement...
Nous procédons toujours de la même façon, on appelle
l'amendement pour... Nous avons adopté l'article 2 tel
qu'amendé.
M. Grattons Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Maintenant, j'appelle l'article
3. À l'article 3, j'ai un amendement proposé par Mme la
députée qui se lit... Est-ce que vous le présentez
toujours? Non?
Mme Blackburn: C'est un amendement de concordance. Je peux bien
vous entretenir là-dessus, mais j'imagine que vous avez le goût
que je fasse autre chose.
Le Président (M. Marcil): J'aurais été
obligé de refuser votre amendement, madame, puisqu'on doit rejeter ou
adopter un article et non pas le biffer. À ce moment-là,
j'appelle l'amendement de M. le ministre qui se lit: Remplacer l'article 3 par
le suivant: "Après avoir sollicité l'avis du conseil, le ministre
responsable de l'application de la présente loi nomme le
président parmi les membres du conseil," M. le ministre.
M. Gratton: Essentiellement, c'est un amendement d'ordre
technique. Nous parlions du ministre. Or, nous spécifions maintenant
qu'il s'agit du ministre responsable de l'application de la présente
loi.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je me permettrai de vous faire remarquer d'abord
qu'il y a une faute de frappe probablement.,.
Une voix: Oui.
Mme Blackburn: ...à "sollicité"...
M. Gratton: À "sollicité" oui, c'est
déjà corrigé. (22 heures)
Mme Blackburn: D'accord. Ensuite, ce que je me dis: "le ministre
responsable de l'application de la présente loi nomme le
président". Ce sont qénéralement les présidents
d'organismes. Je n'ai pas fait le tour des organismes consultatifs, mais ils
sont nommés par décret par le gouvernement.
De toute façon, la démarche que je connais, c'est qu'ils
sont nommés par le gouvernement. On pourrait même suspendre votre
amendement pour que vous alliez vérifier la chose. Mais,
là-dessus, je suis assez formelle.
M. Gratton: Je ne suis pas légiste de
carrière...
Mme Blackburn: Oui.
M. Gratton: ...mais, normalement, la façon que je
l'interprète, c'est que lorsque le ministre nomme un président,
évidemment, il ne le fait pas à partir strictement d'une...
Mme Blackburn: C'est parce que ça prend un décret,
généralement, pour...
M. Gratton: Oui, j'ai plutôt l'impression que vous avez
raison. Cela prend un décret, mais c'est ce qui est implicite dans la
formulation.
Mme Blackburn: C'est généralement sur
recommandation. Ah non! c'est généralement le gouvernement. Mais
si on veut dire sur recommandation du ministre responsable, c'est autre chose.
C'est le gouvernement à qui, généralement, est
confiée cette responsabilité.
Le Président (M. Marcil): Pour éviter toute
ambiguïté, nous pourrions suspendre l'amendement et l'article.
M. Gratton: Oui, d'ailleurs, on me dit que la secrétaire
du...
Mme Blackburn: J'ai ici trois conseils consultatifs. Il y en a un
quatrième, à ce qu'on me dit. Je vais vous les nommer. C'est
toujours le gouvernement, c'est le gouvernement qui les nomme.
M. Gratton: On va vérifier avec le comité de
législation.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Nous
allons suspendre l'amendement et l'article. J'appelle, à ce
moment-là, l'article 4 pour lequel il y a également un amendement
présenté par M. le ministre. Remplacer l'article 4 par le
suivant: "Deux vice-présidents sont choisis par les membres du conseil
parmi eux." M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, il s'agit de remplacer le mot
"nommés" par "choisis". C'était "deux vice-présidents sont
choisis", alors que le texte original se lisait "deux vice-présidents
sont nommés par les membres". On nous dit que c'est plus conforme
à la technique législative et à l'intention du
législateur.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: J'imagine qu'on prévoit dans un article
suivant que leur traitement, leur rémunération...
Le Président (M. Marcil): Oui, nous...
Mme Blackburn: ...sont fixés par le gouvernement.
Le Président (M. Marcil): Exactement, madame. Cela va, Mme
la députée? Adopté? Adopté, l'article, tel
qu'amendé?
Mme Blackburn: Adopté. L'amendement, adopté et
l'article, tel qu'amendé, adopté.
Le Président (M. Marcil): Exactement. Vous avez raison.
Donc, nous adoptons l'amendement et nous adoptons l'article, tel
qu'amendé. J'appelle l'article 5 pour lequel également il y a un
amendement qui se lit comme suit: Remplacer l'article 5 par le suivant: "La
durée du mandat des membres du conseil est de deux ans. Un membre ne
peut être réélu consécutivement qu'une fois.
À l'expiration de son mandat, il demeure en fonction jusqu'à ce
qu'il soit remplacé ou élu de nouveau." M. le ministre.
M. Gratton: II s'agit simplement de concordance, oui.
Mme Blackburn: Concordance.
Le Président (M. Marcil): Cela va.
Mme Blackburn: Si vous le permettez, pendant qu'on est sur cette
proposition d'amendement, j'aurais un amendement à apporter à
l'amendement.
Le Président (M. Marcil): Nous devrions...
Mme Blackburn: Là, je ne sais pas s'il faut le faire sur
l'amendement ou sur l'article. Il faudrait le faire sur l'article, parce que
cette partie de l'article n'est pas amendée. C'est la durée du
mandat, la durée du mandat de deux ans.
Le Président (M. Marcil): Juste une seconde, si vous le
voulez. Vu que j'ai déjà annoncé un amendement, nous
devrions normalement en disposer et revenir au vôtre, ensuite.
Mme Blackburn: Mais votre amendement inclut à la fois la
durée, parce que, sans que vous l'ayez amendé, vous avez inclu
dans votre amendement la durée du mandat. Cela veut dire que ça
ne me permettrait pas, une fois l'amendement adopté, de revenir sur la
question de la durée.
Le Président (M. Marcil): À moins que vous ne
voudriez faire un sous-amendement, apportez un sous-amendement, à ce
moment-là.
Mme Blackburn: C'est un sous-amendement et c'est sur la
durée du mandat.
Le Président (M. Marcil): Cela va, madame. Je recevrai
votre sous-amendement, Mme la députée.
Mme Blackburn: Alors, je veux proposer que le mandat soit de
trois ans.
Le Président (M. Marcil): Donc, votre
sous-amendement...
Mme Blackburn: La durée du mandat des membres du
conseil...
Le Président (M. Marcil): ...porte sur la durée du
mandat des membres du conseil. Il s'agirait de remplacer "deux ans" par "trois
ans".
Mme Blackburn: ...est de trois ans. Alors, c'est le
changement.
Le Président (M. Marcil): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je vais peut-être expliquer.
Le Président (M. Marcil): Oui, allez, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je vais essayer de m'expliquer. Dans cette loi,
dans ce projet de loi, on a l'impression qu'il y a deux types de traitements,
parce qu'il y a des jeunes et parce qu'il y a des vieux. Les conseils
consultatifs sont généralement composés de gens de plus de
30 ans, d'aînés, d'adultes et on leur donne des mandats... Il y a,
d'abord, cette question-là. Il y a aussi la question de la
rémunération des membres, quoique vous y aviez apporté une
modification qui permet au moins de leur donner le même traitement que
dans un conseil consultatif. Dans la première rédaction de la
loi, c'est ce qui m'avait frappé. On estime, dans un conseil, quel qu'il
soit, que, pour se donner une vision un peu provinciale, un peu nationale,
ça vous prend environ un an à vous adapter aux discours, au
contenu, aux problématiques.
Après, vous commencez à devenir un peu fonctionnel et deux
ans, c'est très court. Je sais que ça peut être
renouvelé une seconde fois. Mais, à mon avis, deux ans, c'est
insuffisant.
Encore une fois, vous allez me permettre de faire appel à
l'expérience que j'ai vécue. Quand vous changez une partie de
votre conseil, vous recommencez quasiment à neuf. C'est normal; les
personnes qui
arrivent II y a trois, quatre, cinq ou six qui arrivent et elles
arrivent avec des...
Si vous les changez, vous devrez en changer au moins la moitié,
parce qu'il n'y pas d'alternance prévue. Alors, vous devrez en changer
au moins la moitié pour ne pas vous retrouver à les changer aux
trois quarts après quatre ans. Donc, vous avez un problème. Ils
vont être obligés de recommencer. Parfois, j'ai vu arriver le
tiers du conseil. Sur dix-huit, vous en aviez six. Bien il faut tout
recommencer. Il faut recommencer à convaincre ces nouveaux membres de la
justesse des avis qui ont été donnés antérieurement
et de la nécessité de travailler sur tel dossier.
Cela ne différera pas pour ce conseil consultatif, même si
ce sont des jeunes. Je dirais même que cela a des chances d'être un
peu plus fort que les jeunes étant plus dynamiques. Je pense que pour
assurer une certaine stabilité et leur permettre de travailler un peu
plus à long terme, il faut leur donner au moins trois ans.
Le Président (M. Marcil): Si je comprends bien l'esprit de
votre sous-amendement, vous visez deux choses. D'abord...
Mme Blackburn: Non, pour le moment, nous...
Le Président (M. Marcil): ...mandater pour trois ans et
faire en sorte qu'il n'y ait pas un changement du collège de...
Mme Blackburn: Cela, non. Je ne l'inclus pas, parce que, de
façon générale, il y a une espèce de prudence des
gouvernements, à moins qu'on ne veuille vraiment faire un nettoyage.
Le Président (M. Marcil): M. te ministre.
Mme Blackburn: Mais, généralement, il n'y a pas
de... Mais, essentiellement, c'est sur la durée du mandat qui devrait
être, à mon avis, porté à trois ans...
Le Président (M. Marcil): Merci, madame...
Mme Blackburn: ...pour qu'on ait là le même
traitement, à peu près, qu'on a ailleurs. Je vous le dis, deux
ans, à se réunir une fois par mois, ça fait, au total, 24
réunions, s'ils se réunissent tous les mois, et ce n'est pas
beaucoup. Ce n'est pas beaucoup quand vous venez d'à peu près
toutes les régions de la province, ce qui est souhaitable, et que vous
venez de différents milieux.
Je vous dis que mettre ça en commun, c'est...
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. Le ministre.
M. Gratton: M. le Président, la seule réserve que
j'ai ou, en tout cas, la première qui me vient à l'esprit, c'est
la nature même des personnes qui y siégeront. Ce sont des
représentants jeunes, des personnes âgées de moins de 30
ans. Un mandat de trois ans, j'avoue franchement que cela ne rn'apparaît
pas trop long, indûment long.
Je me pose la question, cependant, dans le cas d'une
réélection. Six ans, cela devient peuit-être quelque peu
long, compte tenu de l'expérience que l'on vit, par exemple, dans les
mouvements de jeunesse. Je pense à mon expérience personnelle
dans le mouvement des Jeunes chambres, par exemple.
Il est assez rare qu'on retrouve des jeunes qui s'impliquent et restent
impliqués aussi lonqtemps. C'est d'ailleurs à ce moment-là
que les jeunes sont susceptibles de changer d'emploi, pour ceux qui ont la
chance d'en avoir un, évidemment, de façon un peu plus
accélérée. Ce sont souvent des gens appelés
à se déplacer, à déménager d'une
région, sinon d'une province à l'autre. Il est assez rare que
l'on retrouve des gens dans la catégorie des 18-22 à 30 ans qui
restent, sinon dans un même endroit, du moins avec les mêmes
centres d'intérêts.
C'est là particulièrement que je craindrais que le mandat
de trois ans s'avère un peu lonq dans le cas d'une
réélection pour un deuxième mandat. Je vous avoue que, si
on le permettait, on pourrait peut-être suspendre le sous-amendement de
Mme la députée pour pouvoir y réfléchir et y
revenir un peu plus tard.
Mme Blackburn: Oui. Je pourrais peut-être juste ajouter
quelques arguments qui, à mon avis, devraient nous permettre de trancher
en faveur du sous-amendement. C'est que deux ans, deux fois deux, ça
fait quatre ans. On n'est pas très loin du compte finalement. Trois ans;
vous avez des bonnes chances que, si vous Pavez nommé à 26 ou 27
ans pour trois ans, il ait déjà dépassé l'âge
requis, ce qui fait qu'il ne pourra pas nécessairement obtenir un second
mandat.
Mais par rapport au centre d'intérêts, ce n'est pas parce
que vous êtes jeune, ce n'est pas parce que vous passez, par exemple, de
l'université au marché du travail que vous êtes vieux pour
autant. Votre centre d'intérêts est changé, mais votre
connaissance de la jeunesse et vos préoccupations de jeunesse
demeurent.
J'imagine que l'influence subie ou l'intérêt
manifesté par le biais de la participation dans des organismes
quelconques demeure. C'est une expérience acquise. Ce n'est pas parce
que les centres d'intérêts sont changés que la personne
perd des compétences ou des qualités pour siéger au
conseil
C'est l'argument que vous nous aviez servi au moment où...
M. Gratton: Je m'excuse, ce n'est surtout pas ce que je voulais
dire. Je ne pensais pas au fait qu'on puisse manquer d'intérêt ou
qu'un individu puisse manquer d'intérêt mais plutôt au fait
que les changements de situations puissent l'empêcher ou sur le plan de
la disponibilité.
Mme Blackburn: Oui, mais...
M. Gratton: Je pense à celui qui déménage,
par exemple. Cela m'est arrivé très souvent au cours des
premières années. Il m'a été impossible, en
déménageant à Toronto, de continuer à oeuvrer dans
un organisme semblable au Québec.
Mme Blackburn: Vous savez, ça pourra toujours arriver.
Moi, ce que je voudrais dire, par rapport à ces deux ans, c'est que
c'est trop bref. C'est trop bref pour faire un travail de longue haleine. Il y
a un travail de recherche. Le conseil consultatif, c'est un travail de
recherche, essentiellement d'orientation, de politiques, etc. Cela demande un
minimum de stabilité et c'est très déstabilisant quand
vous chanqez une partie des membres trop rapidement.
Je vous dis qu'on a l'impression qu'il faut que ça recommence. Ce
n'est pas pour faire un débat pour un débat; je trouve que c'est
important. Cela m'avait frappé. Vous savez, c'est vrai aussi pour les
gens de tous les conseils consultatifs. Des personnes sont obligées de
déménager, de changer d'emploi, de changer leurs conditions de
famille ils peuvent choisir d'avoir une famille, d'avoir des enfants. Cela
change avec la disponibilité.
Mais on ne dit pas pour autant qu'il faudrait que ce soit un mandat de
deux ans. Je trouve que c'est important. Le seul avantage de deux ans
plutôt que trois ans, c'est de pouvoir faire des nominations plus
souvent. Je ne suis pas sûre que ça serve l'intérêt -
indépendamment du parti encore une fois - de l'organisme, parce que
ça déstabilise. Je le rappelle et je me permets de le rappeler
une fois, de le redire. C'est par expérience que je le sais.
Vous n'avez qu'à diriger un conseil d'administration dans un
cégep, dans une université, dans un CLSC, n'importe où,
pour constater que, si vous avez trois ou quatre personnes qui changent au
conseil, cela vous prend quatre réunions à rétablir le
rythme à peu près, pour pouvoir recommencer à travailler
de façon un peu plus approfondie les dossiers.
Deux ans, c'est bref. C'est bref et, généralement, les
organismes consultatifs siègent sur dix mois et jamais sur douze ou
exceptionnellement sur douze, parce qu'il y a toute la période
d'été, ce qui fait peu de rencontres. Cela fait peu de rencontres
pour établir des liens de solidarité, une certaine
compréhension commune des dossiers.
En gros, c'est ça, c'est l'essentiel de mes arguments.
M. Gratton: On me fait valoir du côté du
Secrétariat à la jeunesse que, effectivement, on a beaucoup
réfléchi à cette question de la longueur du mandat. Je
suppose qu'on a même consulté et discuté avec les
principaux intéressés. Si on a retenu deux ans, finalement,
conscient des contraintes et des désavantages que ça peut
comporter et que fait valoir Mme la députée de Chicoutimi, c'est
en grande partie à cause de la difficulté que pourrait comporter
le recrutement de personnes intéressées à s'impliquer pour
une période aussi longue que six ans. (22 h 15)
On me fait valoir - je n'ai aucune raison de ne pas croire que c'est le
cas -que pour nombre de jeunes, s'impliquer pour deux ans demande un engagement
moins prolongé, évidemment, mais moins lourd de
conséquences que s'engager pour trois ans avec une possibilité de
trois ans additionnels. Je dois me rendre à l'évidence que cela
peut être un argument tout aussi important que celui qu'invoque à
juste titre Mme la député de Chicoutimi, quant au
caractère d'instabilité qui pourrait découler du fait de
retenir le mandat de deux ans.
Mme Blackburn: M. le Président, une dernière
remarque à ce sujet. Le gouvernement a le pouvoir actuellement et je
n'ai pas l'impression que je pourrais le faire passer de force, c'est pour cela
que j'essaie de le faire passer en présentant des arguments. Je le
maintiens, deux ans, c'est trop court. Ce sera d'autant plus court, si vous
vous retrouvez... Qu'on les nomme tous, que vous les nommiez tous, qu'ils se
nomment, s'élisent, de toute façon, ce conseil sera
composé en octobre prochain et vous allez bientôt vous retrouver
en octobre 1989, où vous devrez nommer d'autres membres. À moins
de vouloir tous les reconduire et vous aurez, alors, ce problème en
1991. Vous aurez toujours ce problème. Si vous voulez avoir un minimum
de stabilité pour votre conseil et si vous voulez qu'il vous soit utile
pendant que vous êtes là, qu'il soit suffisamment stable, qu'il ne
soit pas dans l'insécurité, si vous voulez vous assurer qu'il y
ait une certaine continuité, vous allez vouloir changer quelques
membres. Sinon vous allez laisser cela à ta responsabilité du
prochain gouvernement quelque part en 1991. À ce moment-là, on
vient de déstabiliser un organisme. Je maintiens, et je vous dis encore
une fois, je
parle d'expérience et même, dans des organismes beaucoup
moins importants que celui-là et beaucoup plus localisés, dans
les CLSC, où c'est le même monde, le même quartier, Le
moindrement que vous changez, trois, quatre personnes au sein d'un conseil
d'administration, en même temps, dans le même mois, s'il se fait
quatre, cinq nominations, vous êtes fait pour les trois, quatre
prochaines réunions. Cela donne quatre mois. Ce sont des gens qui
restent dans le même quartier, partagent les mêmes
préoccupations, se connaissent souvent, ce sont des voisins. Mais chacun
a le goût de faire sa marque, de comprendre les affaires et cela
recommence. Essentiellement, c'est cela. Je me dis, s'engager pour trois ans,
tout le monde sait qu'ils ne sont pas attachés là, ils peuvent
démissionner après six mois, cela ne pose pas plus de
difficultés. S'engager pour trois ans ou s'engager pour deux mandats de
deux ans, ce qui fait quatre ans, vous ferez bien ce que vous voudrez, mais je
trouve que c'est périlleux, ce que vous êtes en train de faire et
c'est dangereux pour la viabilité de votre organisme ou son
efficacité. Il va toujours y avoir du monde pour y aller mais...
M. Gratton: Je souhaiterais que nous suspendions l'article 5.
J'aimerais quand même y réfléchir personnellement.
Le Président (M. Marcil): Donc le sous-amendement,
l'amendement et l'article sont suspendus.
M. Gratton: Suspendons l'ensemble de l'article 5.
Le Président (M. Marcil): C'est ce que je viens de dire,
M. le ministre.
M. Gratton: Oui, je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Je vais appeler l'article 6. Il
se lit comme suit: "Lorsque survient une vacance en cours de mandat parmi les
membres du conseil, le ministre nomme un remplaçant pour la durée
non écoulée du mandat, après avoir sollicité l'avis
du conseil."
M. Gratton: Je m'excuse, M. le Président, on est à
l'article...?
Le Président (M. Marcil): L'article 6. M. Gratton:
L'article 6.
Le Président (M. Marcil): Avez-vous des remarques sur cet
article, M. le ministre.
M. Gratton: Je pense que le libellé parle de
lui-même. Il s'agit de la façon de combler une vacance.
Le Président (M. Marcil): J'ai oublié un bout de
texte, M. le ministre, vous m'excusez. Également, dans cet article, on
dit aussi: "Constitue une vacance l'absence à un nombre de
réunions déterminé par le règlement de régie
interne du conseil, dans les cas et les circonstances qu'il indique." Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Sur cet article, je ferai une remarque qui,
j'espère, va valoir pour l'ensemble du texte. Dans la loi on a dit
"ministre responsable de la loi", ensuite on dit "ministre", et là on
voit que, dans l'amendement, par exemple, qu'on a adopté à
l'article 3, on a parlé de ministre responsable de la loi, alors que
vous avez ministre responsable de la loi à l'article 2.
M. Gratton: C'est-à-dire qu'on ne l'a pas adopté,
dans un premier temps, on l'a suspendu.
Mme Blackburn: D'accord. Dans l'amendement, c'est dans l'article
3 d'abord, le ministre...
M. Gratton: On a suspendu l'article 3. Ma façon de le
lire, c'est que, originalement, à l'article 2, on parlait du "ministre
responsable de l'application de la présente loi". Comme on a
amendé l'article 2, et qu'on a supprimé cette notion, puisque
c'est maintenant le collège électoral, il fallait la
reprendre.
Mme Blackburn: ...responsable, d'accord.
M. Gratton: J'ai l'impression qu'il faudra reprendre l'expression
"le ministre responsable de l'application du projet de loi" au premier article
qui en fera mention. Parce que je vous donne...
Mme Blackburn: À l'article 6, donc il devrait y avoir une
modification selon vous? Non, parce que, dans l'article 3, il serait contenu,
donc, dans l'article 6, il n'y serait pas.
M. Gratton: Non, je vous annonce qu'on vous donne raison, que
cela devrait être le gouvernement et non le ministre responsable.
Mme Blackburn: Oui.
M. Gratton: Alors je pense que c'est probablement à
l'article 6 qu'il faudra parler du "ministre responsable de l'application de la
présente loi".
Le Président (M. Marcil): Donc, à l'article 6 nous
allons porter...
M. Gratton: Je vais proposer un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Un amendement, oui.
M. Gratton: Que nous ajoutions, à la deuxième ligne
de l'article 6, après le mot "ministre" les mots suivants: "responsable
de l'application de la présente loi".
Le Président (M. Marcil): Intervention sur l'amendement.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Adopté. L'amendement est
adopté.
M. Gratton: Je vous fais part, M. le Président, que je
n'ai pas le libellé écrit. Je présume que Mme la
Secrétaire peut...
Le Président (M. Marcil): "Le ministre responsable de la
présente loi nomme un remplaçant pour la durée non
écoulée du mandat..." et ainsi de suite. Donc l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 6 est adopté tel
qu'amendé?
Mme Blackburn: Je voudrais y revenir.
Le Président (M. Marcil): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Plutôt que de lire: "après avoir
sollicité l'avis du conseil", pourquoi ne serait-ce pas: "sur
recommandation du conseil"? J'en ferais une proposition d'amendement,
M. Gratton: M. le Président, je n'ai pas d'objection... On
devra me permettre de consulter les légistes, parce que je ne voudrais
pas m'engager là-dessus. Je ne suis vraiment pas légiste et je ne
veux pas donner l'impression ou créer l'impression que je pourrais le
devenir un jour.
Mme Blackburn: Évidemment, c'est plus fort, vous le
comprendrez facilement. "Sur recommandation du conseil", le ministre est
obligé d'accepter la recommandation. S'il n'est pas d'accord avec le
choix, il doit retourner en consultation devant le conseil. On voit la
formulation de façon assez courante. Mais c'est certainement plus
contraignant. Je pense bien qu'il faut se le dire tout de suite. Cela donne un
pouvoir plus réel au conseil pour...
M. Gratton: Je vais vérifier et on pourra y revenir.
Le Président (M. Marcil): Donc, suspendons-nous
également l'article 6?
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Marcil): L'article 6 est suspendu.
J'appelle l'article 7, qui se lit comme suit: "Le président administre
le conseil et en dirige le personnel. "Les vice-présidents assistent le
président dans l'exécution de ses fonctions, suivant les
attributions respectives que détermine le conseil." M. le ministre.
M. Gratton: Je pense, M. le Président, à moins que
Mme la députée...
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi, sur l'article 7.
Mme Blackburn: Je n'ai pas de commentaire, sauf qu'il aurait
peut-être été intéressant, dans la perspective
où nous, nous envisagions la création de commissions permanentes
au sein du conseil, que les vice-présidents soient présidents de
ces commissions. C'est aussi également le genre de structure qu'on
retrouve dans les conseils consultatifs.
M. Gratton: Je conviens avec Mme la députée que,
dans cette perspective, cela aurait été indiqué, mais
comme on ne l'a pas retenu, il n'y a rien qui empêchera les
vice-présidents de présider les comités qui seront
formés. Mais comme la loi, elle-même, ne prévoit pas la
création de ces commissions ou comités, il est évidemment
inutile de préciser qui les présidera.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi. Vous avez compris les remarques de M. le ministre?
Mme Blackburn: J'étais distraite.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, pourriez-vous
reprendre vos remarques, s'il vous plaît, concernant...
Mme Blackburn: Les vice-présidents.
Le Président (M. Marcil): La remarque de Mme la
députée de Chicoutimi, concernant les vice-présidents?
M. Gratton: Je disais que, dans la mesure où la loi ne
prévoit pas la création de comités ou de commissions
permanentes, évidemment, on peut difficilement prévoir qui en
seront les présidents. Il appartiendra au conseil de désigner les
vice-présidents, si le conseil le juge à propos, comme
présidents des comités qu'ils voudront bien former.
Mme Blackburn: On pourrait peut-être, avec le consentement
du ministre, suspendre l'article et revenir après, quand on aura
réexaminé l'amendement que j'ai proposé
touchant la création possible de comités.
Le Président (M. Marcil): Si je comprends bien l'article 7
est suspendu également?
Mme Blackburn: Voilà. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 8.
Mme Blackburn: On va finir par en oublier.
Le Président (M. Marcil): "En cas d'empêchement
temporaire du président, le ministre désigne un des
vice-présidents pour le remplacer tant que dure cet empêchement."
M. le ministre, cela va? Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Si vous le permettez. "En cas d'empêchement
temporaire", je ne suis pas sûre de cette expression, ce n'est pas
"d'incapacité"... Le temporaire, signifie-t-il une semaine, un mois. Je
pense qu'il y aurait une formulation plus exacte que -cela. Je le relis de
façon plus attentive. C'est: "En cas d'incapacité d'agir du
président". Il y a une formule comme cela qui me revient.
M. Gratton: Je suis obligé de m'en reporter aux
décisions du comité de législation qui assure la
cohérence des lois et qui nous indique que cette formulation est
acceptable.
Mme Blackburn: Bon! Alors donc le "temporaire", comment le
qualifie-t-on? Si cela dure un an et demi sur un mandat de deux ans, est-ce
encore temporaire? Je trouve que...
M. Gratton: II me semble que non. Il va de soi que ce que le mot
"temporaire" indique ici, c'est dans la mesure où la durée de
l'empêchement est estimable ou appréciable, au moment où
cet empêchement survient. Je suppose que le conseil demandera au ministre
de...
Le Président (M. Marcil): Peut-être dans le but
d'éclairer les membres, si on se référait à
l'article 6, qui est suspendu, où on dit, au deuxième paragraphe:
"Constitue une vacance l'absence à un nombre de réunions
déterminé par le règlement de régie interne du
conseil..." En d'autres mots, cela pourrait s'appliquer également au
président, s'il est absent de plusieurs...
Mme Blackburn: Oui, mais, généralement, pour le
président, ce n'est pas ainsi que cela arrive. Cela arrive beaucoup plus
parce qu'il a eu un accident, qu'il est malade qu'il est ailleurs qu'il est en
conqé de formation ou en année sabbatique ou qu'il est en
formation ailleurs. Je n'ai pas rencontré souvent ta formule
"empêchement temporaire" et celle-ci prête à
interprétation. Il aurait peut-être été plus simple,
comme on le voit aussi ailleurs, d'avoir parlé d'un premier et un
deuxième vice-présidents ou vice-présidentes. J'imagine
que, dans les lois, ils n'ont pas besoin de tenir compte de cela,
président, présidente, vice-président,
vice-présidente. C'est automatique, c'est le premier
vice-président qui prend la succession en cas d'incapacité d'agir
du président. C'est beaucoup plus simple, au moins là.
M. Gratton: En termes législatifs, je ne crois pas, avec
Mme la députée, que ce serait plus simple. Dans la mesure
où les deux vice-présidents sont nommés par le conseil
lui-même, il me semble que, en cas d'absence temporaire, s'il y a une
réunion qui est prévue et que le président est
empêché temporairement de présider cette réunion, le
ministre désigne le vice-président qui le remplace.
Mme Blackburn: C'est compliqué, votre affaire. Vous voyez
le portrait: Le président est absent, il a une bonne grippe, il ne sera
pas à la réunion convoquée pour te mardi matin. Or, cela
arrive le lundi soir, on ne téléphonera pas au ministre pour
avoir l'autorisation de faire présider la réunion par quelqu'un
d'autre. Je trouve que c'est alambiqué, votre truc, et je ne suis pas
sûre que ce soit la façon... Généralement, pour un
président de séance - dans ce cas, ce serait un président
de séance - c'est le conseil qui décide que la séance, en
l'absence du président, sera présidée par... Ce n'est pas
compliqué. Ce dont on parle ici, l'empêchement temporaire, c'est
parce que te président a des responsabilités en matière de
gestion de personnel. C'est beaucoup plus pour combler ces
responsabilités-là.
M. Gratton: J'en conviens.
Mme Blackburn: Généralement, ce qu'on voit, c'est
la nomination d'un premier et d'un deuxième vice-présidents.
M. Gratton: On n'a pas choisi d'en nommer un premier et un
deuxième, on a choisi de laisser le conseil nommer deux
vice-présidents. Si vous voulez en faire un amendement, libre à
vous.
Mme Blackburn: C'est parce que l'article 7 est suspendu.
M. Gratton: On peut suspendre l'article 8 aussi, si c'est ce que
vous souhaitez.
Mme Blackburn: Je vous dis que ce n'est pas simple comme...
M. Gratton: Oui, suspendons l'article, M. le Président.
Passons à Particle 9.
Le Président (M. Marcil): Vous suspendez l'article 8?
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 9. "Le
président et les vice-présidents exercent leurs fonctions
à plein temps."
Mme Blackburn: Les jeunes s'y étaient opposés, mais
je pense...
M. Gratton: On peut suspendre cela aussi.
Mme Blackburn: Non. Ce n'est pas moi qui ai rédigé
votre projet de loi. Je ne voudrais pas, là-dessus, que le ministre
commence à s'exciter. J'essaie de voir comment... (22 h 30)
M. Gratton: Je ne m'excite absolument pas, Mme la
députée, je dis simplement: le gouvernement a
rédigé son projet de loi. Il a subi toutes les étapes,
l'examen des comités interministériels, du comité de
législation et, si vous avez des formulations différentes
à nous proposer, je vous suggère et je vous demande de le faire.
On pourra les débattre et en disposer.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Marcil): À l'article 9.
Mme Blackburn: À l'article 9, les jeunes nous ont fait
valoir qu'aucun des membres du conseil ne devaient être
rémunérés. Je trouvais que ce n'était pas
très pratique ni être très conscient des
réalités que suppose le travail d'une commission comme
celle-là. Je suis tout à fait d'accord qu'on ait à la fois
un président et un vice-président à temps plein. C'est un
minimum, d'autant plus que la durée du mandat n'est pas très
longue. Cela va finir par être ces personnes-là qui vont tenir le
conseil.
Le Président (M. Marcil): Si je comprends bien, l'article
9 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 10: "Le gouvernement fixe la rémunération, les
avantages sociaux et les autres conditions de travail du président et
des vice-présidents."
Mme Blackburn: Je n'ai pas de commentaire.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Mme Blackburn:
C'est conforme au...
Le Président (M. Marcil): L'article 10 est adopté.
J'appelle l'article 11: "Les membres du conseil autres que le
président...
Mme Blackburn: II y a une modification.
Le Président (M. Marcil): Je m'excuse, il y a un
amendement à cet article et je te lis: Remplacer l'article 11 par le
suivant: "Les membres du conseil autres - avec un s - que le président
et les vice-présidents ne sont pas rémunérés sauf
dans les cas, aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le
gouvernement. "Ils ont cependant droit d'être indemnisés des
dépenses qu'ils encourent pour assister aux séances du conseil
aux conditions et dans la mesure que détermine le gouvernement."
M. Gratton: M. le Président, il s'agit là d'un
amendement qui reprend un libellé. II s'agit d'une directive du Conseil
du trésor concernant la rémunération des membres d'un
conseil consultatif ou autres organismes gouvernementaux.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
Mme Blackburn: J'ai vu là-dedans quelque chose qui me
semble beaucoup plus normal que l'absence de toute référence
à une forme de rémunération, alors que les autres conseils
consultatifs ont droit à des rémunérations. On sait, selon
la nouvelle directive, que c'est après douze séances. Dans
certains conseils, comme le Conseil supérieur de l'éducation,
c'est du moment où vous n'êtes pas membre de la fonction publique
et c'est à toutes les séances. Il y a des variantes selon les
conseils consultatifs. Il faudrait s'interroger, quand on sera là, sur
les avantages ou sur ce que l'on consentira effectivement aux jeunes, par
rapport à ce que l'on consent à d'autres conseils
consultatifs.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée. L'article 11 est adopté. L'amendement est-il
adopté?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Marcil): L'article 11 est adopté
tel qu'amendé. J'appelle l'article 12: "Le conseil peut tenir ses
séances à tout endroit au Québec. Il doit se réunir
au moins une fois par deux mois."
Cela va, Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Cela va. Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 13: "La majorité des membres constitue le quorum aux
séances du conseil. En cas de partage, le président a une voix
prépondérante."
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 14: "Le secrétariat du conseil est situé sur le
territoire de la Communauté urbaine de Québec, à l'endroit
déterminé par le gouvernement. Un avis de la situation et de tout
déplacement du secrétariat est publié à la
Gazette officielle du Québec." Adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 15: "Le secrétaire et les autres membres du personnel du
conseil sont nommés et rémunérés
conformément à la Loi sur la fonction publique."
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté.
Mme Blackburn: J'aurais peut-être un commentaire à
faire. Je leur souhaite bonne chance, parce que c'est long.
Choix des membres
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 16 qui est
remplacé par un amendement proposé par Mme la
députée de Chicoutimi: L'article 16 de la Loi sur le Conseil
permanent de la jeunesse est modifié par l'insertion à la
troisième ligne, après les mots "de l'éducation", des mots
"de la culture".
M. Gratton: Dans le cas de l'amendement proposé par Mme la
députée...
Le Président (M. Marcil): On le retrouve dans votre
amendement.
M. Gratton: ...il est déjà incorporé dans la
proposition d'amendement, mais qui dans notre cas va plus loin. Donc, je
proposerais, si Mme la députée de Chicoutimi est d'accord...
Le Président (M. Marcil): De retirer l'amendement de Mme
la députée et de revenir à l'amendement de M. le ministre.
Cela va, Mme la députée?
Mme Blackburn: Cela va sur le rejet de...
Le Président (M. Marcil): Oui. Compte tenu que nous...
M. Gratton: Non sur le rejet, mais qu'on le traite en même
temps...
Mme Blackburn: Oui. On n'en a pas besoin. À
l'intérieur, cela va.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Mme Blackburn:
Oui.
Le Président (M. Marcil): Donc, j'appelle l'amendement de
M. le ministre: Remplacer l'article 16 par le suivant: "Est un organisme, aux
fins de la présente section, tout organisme sans but lucratif qui
rencontre les conditions suivantes: "1. Sa mission est d'oeuvrer
prioritairement auprès des personnes âgées entre 15 et 30
ans; "2. II oeuvre dans les secteurs des affaires sociales, du travail et de
l'entrepreneuriat, des loisirs, de l'éducation ou de la culture; "3. Il
exerce ses activités depuis au moins douze mois."
M. le ministre.
M. Gratton: Alors voilà la façon que nous avons
imaginée pour tenter de traduire le souhait des nombreux organismes qui
sont venus faire valoir que l'obligation que l'on faisait à ces
organismes d'être des corporations ou d'être incorporés
pouvait empêcher un certain nombre d'entre eux d'appuyer des
candidatures. Alors plutôt que de parler d'un organisme incorporé
en vertu de la Loi sur les compagnies, nous proposons tout simplement qu'il
s'agisse d'un organisme sans but lucratif et qui réponde aux trois
conditions, c'est-à-dire oeuvrer prioritairement: alors que l'on
retrouvait dans la formulation originale "d'un organisme qui oeuvre", on dit
"prioritairement auprès des personnes âgées entre 15 et 30
ans". On a ajouté le mot "entrepreneuriat" à votre grand dans, M.
le Président.
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le ministre.
M. Gratton: Et on a ajouté également ce que nous
suggérait Mme la députée de Chicoutimi, "de la culture".
Finalement, de façon à pouvoir cerner quelque peu le genre
d'organisme, on a une troisième obligation, à savoir que
l'organisme "exerce ses activités depuis au moins douze mois". Ce qui
nous semble être un minimum.
Le Président (M. Marcil): Vous comprenez la raison pour
laquelle j'ai de la
difficulté à le prononcer. Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Pour l'essentiel de l'amendement qui est
proposé, on sera d'accord. Pour le mot "entrepreneurial", cela sera
difficile de mettre deux pattes là-dessus pour l'identification. C'est
comme parler de la créativité. Cela n'a pas quelque chose de
propre comme la culture. Cela n'a pas quelque chose de propre comme les
loisirs. Il faudrait parler du monde du travail, du monde des affaires, mais
l'entrepreneuriat, c'est un qualificatif. C'est un nom, mais...
M. Gratton: On me suggère de vous demander de
décrire ou de définir le mot "culture" plus
précisément.
Mme Blackburn: La culture...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît, Mme la
députée.
Mme Blackburn: On pourrait peut-être consulter le
spécialiste en la matière qui est le député de
Bourget.
L'entrepreneuriat, tout d'abord, cela limite. Si je comprends, c'est
à la demande des groupes de soutien aux initiatives jeunesse et on ne
trouvera rien d'autre en dehors de cela. Si jamais on modifie la structure des
groupes, dites-moi où on va trouver l'entrepreneuriat. Cela n'est pas
tout à fait comme les chambres de commerce. Cela n'est pas tout à
fait comme le milieu des affaires, la coopération.
M. Gratton: Une chambre de commerce, un groupe de soutien, vous
l'avez mentionné.
Mme Blackburn: Plutôt que de se limiter à
l'entrepreneuriat... j'ai de la difficulté à voir que l'on fasse
quelque chose de spécial et dans dix ans se demander ce que cela va
vouloir dire par rapport à ce que l'on a en main? Alors on serait
peut-être mieux de parler du monde des affaires. Je n'ai rien contre.
C'est qualifier le monde des affaires par entrepreneuriat. Je me dis: Pourquoi
ne pas parler du monde des affaires? C'est un peu ce que l'on veut. Le monde
des affaires, cela pourrait être les groupes de soutien au
développement des entreprises, les commissariats industriels. Cela
pourrait venir des incubateurs et c'est beaucoup plus large de parler du monde
des . affaires. Vous mettrez l'entrepreneuriat si vous le voulez, mais je me
dis: La réalité peut changer et c'est beaucoup plus souple de
parler comme on le fait de la culture et de parler du monde des affaires.
M. Gratton: Au fond, c'est peut-être le nouveau vocabulaire
que l'on emploie. On me dit qu'au ministère de l'Industrie et du
Commerce il y a une direction des jeunes entrepreneurs.
Mme Blackburn: Oh oui! parlez-moi des jeunes entrepreneurs. On va
peut-être mieux...
M. Gratton: C'est évident que lorsque l'on parle
d'entrepreneuriat, il s'agit de l'exercice...
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a un dictionnaire?
M. Gratton: ...des entrepreneurs. Mme Blackburn: Oui,
mais...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Tentative de réponse: Entrepreneur au
sens large du terme signifie quelqu'un qui prend un risque, en tout cas, dans
n'importe quel volume de base en économie, dans le domaine des finances
ou dans le domaine des affaires en général. Je peux esquisser ce
qu'on pourrait exclure si on utilisait l'expression "le monde des affaires":
Prenez toutes les personnes ayant 21 ans, 22 ans, qui terminent à
l'université dans des domaines comme la géologie ou la
sociologie, dans le domaine de l'art dentaire, dans le domaine professionnel,
elles ne seraient pas incluses dans l'expression. J'essaie de vous expliquer
qu'elles ne font pas d'affaires. Un professionnel ne fait pas d'affaires. Un
géologue ne fait pas d'affaires, mais il peut assumer un risque comme
entrepreneur. Je comprends très bien qu'une femme notaire, qui ouvre un
bureau à l'âge de 21 ans, 22 ans, ne fasse pas partie du monde des
affaires, mais qu'elle soit au sens large du terme et beaucoup plus large que
dans l'expression "le monde des affaires", une entrepreneure.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le sens que donne à entrepreneur le
député de Mille-Îles, c'est entreprenant. Quelqu'un qui
prend un risque, c'est quelqu'un d'entreprenant, ce n'est pas quelqu'un
d'entrepreneur. C'était bien ce que je pensais, je viens de le
vérifier. Quelqu'un d'entreprenant prend des risques, il est audacieux,
il est osé, il n'est pas entrepreneur. Entrepreneur, c'est quelqu'un qui
dirige quelque chose, qui est responsable d'une activité, c'est la
personne de la société qui est charqée d'exécuter
les travaux et ainsi de suite. Sur entrepreneuriat, je me demande si vous
n'avez pas quelque chose du monde des affaires ou du monde de
l'économie. Cela ne
vous empêchera pas d'aller le chercher dans ce que vous qualifiez
d'entrepreneuriat ou d'entrepreneur.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
Mme Blackburn: Je fais une proposition de sous-amendement en ce
sens qu'entrepreneuriat soit modifié pour: II oeuvre dans le secteur des
affaires sociales, du travail, du monde de l'entreprise, des loisirs, de
l'éducation et de la culture.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, quant à nous...
Le Président (M. Marcil): Juste une seconde, M. le
ministre. Vous faites un sous-amendement.
Mme Blackburn: Un sous-amendement pour remplacer "de
l'entrepreneuriat" par "il oeuvre dans le monde de l'entreprise, des loisirs",
ou on dit: II oeuvre dans le secteur des affaires sociales, du travail, de
l'entreprise, des loisirs.
Le Président (M. Marcil): Remplacer le mot
"entrepreneuriat" par "entreprise". D'accord. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, il me semble qu'avec le mot
"entrepreneuriat" employé dans ce sens où on parle du travail et
de l'entrepreneuriat, les deux étant différents, cela rend bien
le sens que nous entendons donner à l'article. Quant à nous, nous
préférons le conserver et donc rejeter le sous-amendement de Mme
la députée.
Mme Blackburn: Je fais une autre proposition de sous-amendement,
le monde des affaires.
Le Président (M. Marcil): Je m'excuse, Mme la
députée. On doit d'abord débattre ce sous-amendement. On
rejette le sous-amendement?
Mme Blackburn: II est rejeté.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Donc je vais recevoir
un autre sous-amendement de votre part.
Mme Blackburn: Dans le secteur des affaires.
Le Président (M. Marcil): Dans le secteur des affaires,
à la place...
Mme Blackburn: À la place de l'entrepreneuriat.
Le Président (M. Marcil): À la place de
l'entrepreneuriat.
M. Gratton: M. le Président, pour les raisons qu'a
évoquées le député de Mille-Îles tantôt
lorsqu'il parlait des entrepreneurs qui peuvent oeuvrer dans des domaines qui
ne sont pas dans le domaine des affaires, je me vois contraint de...
Mme Blackburn: Parce que les affaires, cela limite, cela exclut
les professions?
M. Bélisle: C'est pour cela qu'il y a des professions.
Le Président (M. Marcil): Une seconde, s'il vous
plaît!
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que vous posez une
question, Mme la députée de Chicoutimi? (22 h 45)
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Oui, madame.
Mme Blackburn: Je n'ai jamais compris que le monde des affaires
excluait les professionnels. Vous avez votre bureau d'affaires à telle
enseigne ou à tel numéro civique et c'est un bureau d'affaires.
Vous avez beau être avocat, notaire, physicien ou consultant en je ne
sais quoi, cela n'exclut pas les professionnels. Écoutez, il ne faut pas
exagérer.
Mon argument n'est pas compliqué. Entrepreneuriat se
définit encore mal par rapport à des activités
précises dans la société. On est loin d'être certain
qu'il aura une longue vie. Ce mot-là peut être une mode, je ne
l'ai jamais trouvé très beau et, là-dessus, je partagerais
l'avis du président. Je trouve qu'on cède trop facilement
à ce genre de mode. Cela fait "in", un peu, d'utiliser un terme comme
celui-là. Je dirais; le monde des affaires. Que vous alliez chercher les
jeunes groupes, les groupes de soutien aux initiatives jeunesse qui sont
davantage orientés vers ta création des entreprises, dans le
soutien et le développement de nouvelles entreprises, de petites et
moyennes entreprises, je suis tout à fait d'accord et je trouve cela
intéressant. Mais ce n'est pas exclu parce qu'on met "le monde des
affaires" ou "le secteur des affaires".
Je ne discuterai pas plus longtemps que cela si vous laissez
"entrepreneuriat" que je trouve inélégant; c'est un mot à
la mode qui n'a pas nécessairement une espérance de vie
très longue. Écoutez, on ne se chicanera pas
là-dessus.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Je trouve étrange, bien entendu, qu'une
appellation définie par nos organismes sur la langue, selon la
députée de Chicoutimi, n'ait pas une espérance de vie
très longue. Cela me traumatise.
Mme Blackburn: M. le Président, il faudrait...
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: II est facilement "traumatisable". Il est
peut-être un peu faible pour être à l'Assemblée
nationale. S'il pense que cela aura une vie très longue, il faudrait que
la langue française soit une langue morte. Comme la langue
française est une langue vivante, il y a de bonnes chances qu'à
un moment donné certains mots à la mode ne le seront plus dans
dix ou quinze ans. Et, c'est exclusivement là-dessus...
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, je n'ai rien à
ajouter, sauf pour dire que, si on considère le mot "entrepreneurial"
trop à la mode, comme le projet de loi s'adresse justement aux jeunes,
il me semble qu'il n'y aura pas de méprise de leur côté, en
tout cas, quant au sens qu'on donne au mot.
Mme Blackburn: J'ai l'impression, M. le Président, qu'on
est en train de niaiser. Je disais tout simplement...
M. Gratton: M. le Président, je ne sais pas qui niaise
qui, mais je prie Mme la députée de croire que je ne niaise pas
tes membres de la commission. Les amendements suggérés ici le
sont en toute connaissance de cause, avec toute la réflexion
nécessaire et indiquée. Je conviens avec Mme la
députée qu'elle peut avoir une opinion différente de la
nôtre, mais elle nous permettra d'avoir également notre opinion.
Si diverger d'opinions avec Mme la députée constitue du
"niaisage", c'est son appréciation à elle.
Mme Blackburn: M. le Président, si vous permettez que je
remette les choses au clair...
Le Président (M. Marcil): Une seconde, madame. Est-ce que
vous avez terminé, M. le ministre?
M. Gratton: Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le ministre dit: Boni le seul reproche que j'ai
à l'endroit de ce terme-là, c'est qu'il soit à la mode. Ce
n'est pas vrai. Ce n'est pas parce qu'on met un terme à la mode que cela
correspond nécessairement à une opinion plus ou moins favorable
au caractère de jeunesse de cet organisme. Voyons donc! C'est dans ce
sens-là que j'ai dit qu'on est en train de vous niaiser. La seule
remarque que j'ai faite, c'était pour dire qu'à mon avis, on
avait plus de difficulté à cerner entrepreunariat, au moment
où on se parle, à identifier un certain nombre d'organismes
couverts par cette appellation, et qu'on avait peut-être plus de
facilité à le faire avec le monde des affaires. Si cela ne fait
pas, écoutez, c'est tout, c'est fini. Je vous l'ai dit tantôt.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Donc, est-ce que le sous-amendement est
rejeté ou adopté?
M. Gratton: Rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Rejeté. Nous revenons
donc à l'amendement. Est-ce que l'amendement tel que
déposé est adopté?
M. Bélisle: Adopté.
Le Président (M. Marcii): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Laissez-moi parler. Je suis capable de parler en
mon nom, si vous le permettez. Étant donné que l'essentiel de cet
amendement est particulièrement important, et qu'on est d'accord avec
celui-ci, je n'irai pas m'opposer exclusivement pour un mot qu'on aurait pu
mieux qualifier. Alors, c'est adopté.
Le Président (M. Marcii): Merci. L'amendement est
adopté et l'article 16 est adopté tel qu'amendé.
J'appelle maintenant, l'article 17 auquel il y a également un
amendement qui se lit comme suit: "Un collège électoral
composé de 40 membres, nommés par le gouvernement,
conformément à la présente section, doit être
formé avant le 15 janvier 1988 et par la suite, à tous les deux
ans à compter de cette date, pour procéder au choix des membres
du conseil."
M. Gratton: II s'aqit tout simplement, M. le Président, de
modifier la date du 1er avril 1987, qui est déjà
dépassée, par la date du 15 janvier 1988. Cette date est en
fonction de l'échéancier dont nous avons déjà
parlé; elle peut être respectée en supposant l'adoption du
projet de loi avant l'ajourne-
ment d'été.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi, vous comprenez que je ne pourrai pas recevoir votre amendement, qui
demandait la suppression de l'article 17, à moins que...
Mme Blackburn: Non, c'étaient des amendements de
concordance.
Le Président (M. Marcil): D'accord.
Mme Blackburn: J'attends des explications. Pourquoi est-ce le 15
janvier? Je trouve que c'est loin le 15 janvier 1988, c'est dans six mois. Cela
fera plus de deux ans que cette question est sur la table. Un an et demi avant
que le conseil ne soit consultatif, cela nous place dans au moins une
année encore pour que le conseil consultatif soit en fonction et,
connaissant les délais pour l'embauche du personnel par le biais de la
fonction publique, on peut ajouter six mois additionnels. Cela veut dire qu'il
sera à peu près opérationnel en 1989.
M. Gratton: II faut bien noter que l'on dit: Avant le 15 janvier
et non pas nécessairement au plus tôt. Donc, l'intention du
gouvernement est de procéder le plus rapidement possible, mais on
s'impose la limite ultime du 15 janvier 1988.
Mme Blackbum: Mais le 15 janvier? Pourquoi pas le 15 novembre,
deux mois plus tôt? Est-ce plus facile de réunir le monde pour un
15 janvier? Quelle est la logique? Il doit y en avoir une.
M. Gratton: C'est à partir des considérations qui
ont d'ailleurs été faites en commission parlementaire, à
savoir que dans un premier temps, alors qu'il s'agit de former le premier
collège électoral, il sera nécessaire de diffuser le plus
d'information possible, de sensibiliser le plus grand nombre d'organismes et
d'individus à l'importance de soumettre des candidatures, de participer
à l'ensemble du processus. La date du 15 janvier, comme date ultime,
tient compte de la période estivale au cours de laquelle peut-être
la diffusion de cette information ne sera pas la plus facile. Donc, on peut
présumer que probablement tout l'exercice sera mieux accueilli et mieux
réussi au moment de la rentrée, c'est-à-dire vers la fin
de l'été, au mois d'août, au mois de septembre, et tout le
processus pourra nous amener, je le souhaite, à former un collège
électoral avant la fin de cette année 1987. Donc, on dit avant le
15 janvier 1988.
Mme Blackburn: Oui, mais ensuite, c'est tous les deux ans
à compter de cette date. J'aurais trouvé
préférable, je pense bien, que l'on puisse se donner un peu plus
de contraintes. Je voudrais juste vous le rappeler: La toute nouvelle question
nationale, c'était la jeunesse. Cela ne va pas vite. Je le rappelle, le
15 janvier... C'est au moins 30 jours après qu'ils doivent élire
les membres du conseil. Ensuite il va y avoir la nomination et l'installation
du bureau. Cela nous amène au minimum en juin et avant que l'on ait
engagé tout le personnel, je vous le rappelle, on sera en 1989 et on
n'aura pas encore vraiment commencé les travaux. Je trouve que c'est un
peu loin et je me demande si l'on avait vraiment besoin d'aller aussi loin que
le 15 janvier. Si on pense pouvoir le former avant, pourquoi ne l'a-t-on pas
indiqué avant?
N'est-il pas plus facile aussi, c'est une question que je pose à
ceux qui connaissent un peu les milieux, est-ce que le milieu des jeunes, des
étudiants et autres n'est pas plus en effervescence, plus facile
à rejoindre à l'automne qu'après les fêtes? Vous
allez me dire encore une fois qu'ils ont réfléchi à tout
cela, mais je me dis: Si vous aviez voulu mettre un peu de pression
là-dessus, on aurait écrit au moins le 15 novembre. Je comprends
que moins de quatre mois, c'est difficile. La période
d'été aide à préparer... Cela n'est pas
complètement perdu. Le personnel s'installe planifie sa campagne
d'information, fait la liste des organismes, engage le personnel et il est
capable de fonctionner dès la mi-août. Il faut au moins cela pour
planifier une bonne campagne de sensibilisation à l'information, mais ce
n'est pas parce que c'est l'été que c'est complètement
perdu lorsqu'il s'agit de planification. C'est certainement perdu si on compte
rejoindre les organismes de jeunesse au cours de ces périodes-là.
Mais faire la planification de la campagne de sensibilisation, il n'y a rien
qui interdise cela pendant l'été et cela demande tout
l'été. Il n'y a pas de problème là-dessus.
Si le ministre est pour me répondre que tout le monde a
réfléchi et que c'est réglé d'avance, aussi bien le
laisser filer et dire que le 15 janvier, c'est la date qui nous convient.
M. Gratton: Est-ce que Mme la députée pourrait
convenir avec moi qu'au moment où on se parle on ne peut présumer
que l'Assemblée nationale adoptera le projet de loi 104 probablement
avant l'automne prochain? Théoriquement, il nous reste une semaine,
jusqu'au 23. Il pourrait survenir une situation qui pourrait nous
empêcher... J'ai déjà dit que c'était notre
intention, avec la collaboration des membres de l'Assemblée nationale,
de tâcher de faire franchir toutes les étapes au projet de loi.
Mais Dieu sait qu'il peut survenir des situations qui peuvent venir chambarder
ce calendrier! Si cela devait s'avérer être le cas, on pourrait
se
retrouver avec une date fixée au 15 novembre qui nous serait
absolument impossible de respecter dans la mesure où nous n'aurions pas
adopté le projet de loi 104. En fixant la date au 15 janvier, c'est se
donner cette latitude. L'intention du gouvernement, je le dis et je te
répète, c'est de procéder dans les meilleurs
délais, le plus rapidement possible. Au moment où on se parle, on
ne peut pas présumer de l'intention de l'Assemblée nationale, de
sa capacité même, d'adopter le projet de loi avant le 23 juin.
Mme Blackburn: Le ministre a peut-être des informations que
l'on n'a pas. Ce qu'on lui a donné, c'est l'assurance de notre
collaboration.
M. Gratton: Oui, mais...
Mme Blackburn: Dans ce sens-là, je ne pense pas que l'on
fasse de "filibuster" et qu'on essaie d'étirer cela jusqu'au mois
d'octobre.
M. Gratton: Ce n'est pas à cela que je me
réfère comme possibilité. Cela pourrait être un
autre projet de loi qui serait présenté ou une autre
circonstance, un cas d'urgence. Dieu sait que cela arrive souvent, à
l'Assemblée nationale, de devoir chambarder ses plans!
Mme Blackburn: À ce moment-là, je dirai au ministre
que le délai n'est probablement pas assez long parce que la Chambre
reprend ses travaux la deuxième semaine d'octobre.
M. Gratton: La troisième.
Mme Blackburn: La troisième semaine d'octobre et la
deuxième de mars. Cela veut dire que cela ne donnera même pas
trois mois, en éliminant la période des fêtes. Vous ne
seriez même pas en mesure de respecter votre délai si jamais le
projet de loi n'était pas adopté.
M. Gratton: Le projet de loi n'étant pas adopté, on
pourrait à ce moment-là préciser ou modifier le 15
janvier. Mais au moment où on se parle, c'est pour se donner toute cette
latitude.
Mme Blackburn: Si le minitre m'assure que ce n'est pas pour
reporter encore une fois, trop loin, la création de cet organisme
consultatif...
M. Gratton: Absolument pas, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est-il
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'article 17 est adopté,
tel qu'amendé?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 18 qui se
lit comme suit: Toute personne... Il y a un amendement proposé par Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: C'était un amendement de concordance.
Le Président (M. Marcil): De concordance, je m'excuse, Mme
la députée. Donc, l'article 18 se lit comme suit: "Toute personne
âqée entre 15 et 30 ans, qui est citoyen canadien et
domiciliée au Québec depuis au moins douze mois, peut
présenter sa candidature pour devenir membre du collège
électoral."
Pour le bon fonctionnement de cette commission, j'aimerais rappeler aux
membres de cette commission, s'il vous plaît, de vous intégrer au
groupe ou bien de vous retirer en arrière si vous avez des discussions
autres que celles reliées à cette commission parlementaire. Merci
de votre collaboration.
M. le ministre. (23 heures)
M. Gratton: M. le Président, je n'ai pas de remarques
particulières.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Mme Blackburn:
L'article 18 est adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 19 pour lequel il y a un amendement. Remplacer l'article 19 par le
suivant: "La personne qui désire poser sa candidature doit, au cours de
la période de mise en candidature prescrite par règlement,
produire une déclaration de candidature. Cette déclaration de
candidature doit être faite de la manière et selon la formule
prescrite par règlement. "Cette déclaration doit être
accompagnée de résolutions à l'appui de cette candidature,
en provenance des conseils d'administration d'au moins trois organismes
oeuvrant dans au moins deux secteurs d'activités distincts. "Les
résolutions d'appui d'un organisme doivent être faites de la
manière et selon la formule prescrite par règlement. "La personne
qui pose sa candidature doit joindre à sa déclaration tout autre
document prescrit par règlement." M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, l'amendement vise à
préciser la façon ou la forme de la déclaration de la
candidature qui devra
être fate de la manière et selon la formule prescrite par
règlement. Il précise également que le règlement
pourra prescrire la forme des résolutions d'appui d'un organisme et
permet par règlement d'exiger des documents, par exemple un curriculum
vitae ou autre document qui pourrait s'avérer utile dans
l'appréciation des candidatures.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le ministre n'a pas trouvé souhaitable de
modifier le nombre d'appuis que devaient recevoir les jeunes. On se rappellera
qu'en commission parlementaire on a beaucoup fait valoir le fait que pour un
jeune de moins de 18 ans, ce serait probablement assez difficile, parce que
l'appui qu'il peut recevoir, c'est souvent son école à cet
âge et souvent, cela se limite à cela. Cela sera difficile pour le
jeune de faire une telle démarche pour trouver des appuis de trois
organismes.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Gratton: Nous avons réfléchi à cette
représentation qui nous avait été faite. Nous avons cru
qu'en exigeant un minimum de trois, cela constituait une meilleure garantie du
sérieux d'une candidature, surtout dans la mesure où nous
élargissons la définition d'organisme comme on l'a vu
tantôt à l'article pertinent. Il nous semble que si nous devions
exiger une seule résolution d'appui d'un seul organisme, cela pourrait
donner lieu à des candidatures qui manqueraient du sérieux
requis. Donc, par exemple, concernant les candidatures farfelues, nous pensons
qu'avec trois organismes oeuvrant dans deux secteurs d'activités
différents, c'est le minimum pour nous assurer que les candidatures qui
seront reçues seront bel et bien des candidatures sérieuses.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Cela a été soulevé à
plusieurs reprises et cela pose un problème pour les plus jeunes. Je ne
dis pas que ce n'est pas garant d'une certaine qualité des candidatures,
mais cela cause un problème pour les plus jeunes.
À présent, c'est davantage une question d'information.
Secteurs d'activité distincts, est-ce que c'est en fonction de secteurs
d'activité qu'on a identifiés tout à l'heure? C'est donc
dire que...
M. Gratton: À l'article...
Mme Blackburn: ...le jeune qui est à la fois engagé
dans son club de hockey en même temps que dans les loisirs de sa
paroisse, cela fait seulement un secteur d'activité.
M. Gratton: C'est-à-dire que si le...
Mme Blackburn: C'est le même loisir. C'est tous les deux
des loisirs.
M. Gratton: Ce n'est pas tellement l'appartenance du candidat
lui-même qui est en cause, mais le secteur d'activité de
l'organisme.
Mme Blackburn: Oui, mais il a comme plus de chances à se
trouver des appuis dans les organismes dans lesquels il a été
actif, où il est militant, cela va de soi un peu. Je me demandais, par
exemple, en ce qui concerne le jeune qui s'occupe de l'association
étudiante dans son école, est-ce des loisirs ou de
l'éducation? Je vais poser ce genre d'interprétation au moment
où vous allez le régler.
M. Gratton: Mais, c'est une interprétation très
large finalement.
Mme Blackburn: Oui, mais...
Le Président (M. Marcil): Mais si je comprends bien, M. le
ministre, quand vous dites dans cet amendement: "Cette déclaration doit
être accompagnée de résolutions à l'appui de cette
candidature en provenance des conseils...", ce sont les appuis qui doivent .
provenir des conseils d'administration et non pas l'individu comme tel qui doit
oeuvrer dans plusieurs secteurs.
Mme Blackburn: Non, non. Ce sont les appuis.
Le Président (M. Marcil): Ce sont uniquement tes
appuis.
Mme Blackburn: À présent, le terme "conseil
d'administration" exclut quasiment automatiquement les associations
étudiantes d'écoles, de polyvalentes. Il n'y a pas vraiment un
conseil d'administration dans une association étudiante. C'est un
conseil étudiant, mais cela n'a...
Le Président (M. Marcil): Habituellement, c'est un conseil
d'administration. Il me semble que...
Mme Blackburn: Oui, cela se peut. Je ne sais pas. Vous allez voir
comment vous allez le qérer tantôt. Est-ce que vous
considérez cela comme un conseil d'administration?
Le Président (M. Marcil): À titre d'exemple, dans
une école, lorsqu'on fait une
assemblée générale des étudiants pour
élire un conseil étudiant, on élit un conseil
d'administration qui provient, au fond, du secteur de l'éducation. Cela
va?
Mme Blackburn: Cela va. Il y a seulement le problème qui,
à mon avis, n'est pas résolu. C'est pour les plus jeunes.
M. Gratton: Effectivement. Il est sûr et certain que les
jeunes de la catégorie de 15 à 18 ans auront
nécessairement plus de difficultés que les autres à
obtenir des appuis, mais je ne pense pas que cela soit impossible en fonction
du fait qu'on a éliminé la nécessité qu'il s'agisse
d'organismes incorporés. Cela va dans le sens de faciliter les
choses.
Mme Blackburn: Lorsqu'on parle de document prescrit par
règlement, à quoi songe-t-on en particulier? Dans le dernier
paragraphe: "La personne qui pose sa candidature doit joindre à sa
déclaration tout autre document prescrit par règlement." Est-ce
que c'est un acte de naissance, par exemple, pour certifier qu'il n'est pas
plus vieux que 30 ans ou si c'est autre chose?
M. Gratton: C'est le genre d'informations qu'on exige du candidat
à une élection, soit un certificat de naissance. Je ne sais pas
quels sont les autres... Cela peut être une lettre de
présentation, curriculum vitae. Ce sont des informations pour mieux
connaître le candidat.
Le Président (M. Marcil): À titre
d'éclairage, on peut supposer que, dans le règlement, on va
réellement déterminer qu'un candidat devra fournir un curriculum
vitae, un acte de naissance, une lettre de références, quelque
chose comme cela.
Mme Blackburn: Le règlement est prescrit pour qui?
M. Gratton: On nous indique qu'il s'agira de formulaires que
devront remplir les candidats de façon à simplifier la chose le
plus possible.
Mme Blackburn: Quand on parle de "prescrit par règlement",
le règlement est prescrit par qui? C'est adopté par le
gouvernement?
M. Gratton: Par le gouvernement en vertu de l'article 24. On
verra tantôt à l'article 24, dans les pouvoirs de
réglementation qu'on prévoit ces...
Le Président (M. Marcil): Cela va, Mme la
députée? Donc, l'amendement est adopté et l'article 19 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 20.
M. Gratton: M. le Président, avant que vous ne
procédiez, nous avions proposé un amendement, mais je voudrais le
remplacer par un autre amendement, donc le retirer.
Le Président (M. Marcil): Je n'ai pas
présenté l'amendement. Donc, je n'ai absolument rien à
retirer.
M. Gratton: Voici. L'amendement dont je demanderai qu'on fasse
des photocopies, je me permets d'en faire la lecture...
Le Président (M. Marcil): Allez M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président. Cela me permettra de le lire
pour la première fois moi-même. Il se lit comme suit: De remplacer
l'article 20 par le suivant: "Le gouvernement nomme les membres du
collège électoral parmi la liste des candidats admissibles. Dans
la mesure où cette liste le permet, le collège électoral
doit être composé tant de femmes que d'hommes. La composition du
collège électoral doit, dans la même mesure, tenir compte
notamment d'une représentation diversifiée des régions du
Québec, des secteurs d'activités visés à l'article
16, des groupes d'âge et des communautés culturelles."
Le Président (M. Marcil): C'est précis.
M. Gratton: Le libellé que nous avons soumis au
début, on nous a fait valoir qu'il pouvait être
interprété comme nécessitant qu'on remplisse chacune des
exigences. La nouvelle formulation rend mieux le sens que nous voulons donner
à l'article 20, c'est-à-dire de pouvoir remplir l'une et/ou
l'autre des exigences.
Le Président (M. Marcil): Je vais recevoir les photocopies
dans quelques minutes. Voulez-vous qu'on suspende l'article 20 et qu'on passe
immédiatement à l'article 21?
M. Gratton: Soit dit en passant, M. le Président, on peut
peut-être siqnaler que le phénomène ou le problème
qu'a soulevé à de nombreuses reprises la députée de
Chicoutimi au sujet des groupes d'âges, on retrouve cette nouvelle notion
dans l'amendement.
Mme Blackburn: Je pose toujours la même question. Comment
allez-vous retrouver des groupes d'âge? C'est juste cette question. C'est
celle qui nous a été posée par plusieurs. Dans votre
collèqe électoral, il va falloir en susciter quelque part
sûrement parce que ce n'est pas convenu d'avance qu'un jeune de 15, 16 ou
17 ans trouve les appuis dans son milieu tel que supposé dans le projet
de loi. Alors, si
vous ne les retrouvez pas au sein de votre collège
électoral, vous aurez de la difficulté aussi à les
retrouver dans la composition de votre conseil tantôt.
M. Gratton: Comme le suggère Mme la députée,
on pourra au moins mousser cette possibilité d'obtenir des
candidatures.
Mme Blackburn: II y a...
M. Gratton: Le même problème se pose pour les
communautés culturelles, pour des représentants de
communautés culturelles.
Mme Blackburn: Oui.
M. Gratton: Ce n'est pas dans toutes les régions qu'on en
retrouvera nécessairement qui sont impliqués dans les
mouvements.
Mme Blackburn: II n'y en a pas dans toutes les régions,
effectivement. Il y en a peu finalement. Ils ne sont pas en nombre suffisant,
mais ceux qu'on trouve chez nous sont généralement actifs ou dans
les régions. Mais, concernant les groupes d'âge, je trouve que
c'est important de le rappeler. C'est important d'en avoir. J'ai eu l'occasion
d'aller souvent dans les écoles et les collèges. Dans les
écoles secondaires, j'ai toujours été très
agréablement surprise de voir la qualité de réflexion des
jeunes qui ont 15 ou 16 ans. Ils sont déjà actifs au sein de
l'école. Ils ont beaucoup d'envergure. Ils sont très
développés et ils ont réfléchi à beaucoup de
choses. Ils n'ont évidemment pas l'expérience de la vie, mais ils
ont la spontanéité et une espèce d'ouverture d'esprit qui
compense souvent ce que les années ont pu faire acquérir. Je
trouve que c'est important qu'on les retrouve là.
M. Gratton: Je suis tout à fait d'accord. Est-ce
que...
Le Président (M. Marcil): Nous attendons toujours, M. le
ministre, avec impatience.
M. Gratton: On peut peut-être suspendre en attendant.
Le Président (M. Marcil): Nous suspendons l'article 20 et
j'appelle l'article 21. Il y a un amendement. Remplacer l'article 21 par le
suivant: "Les membres du collège électoral doivent, dans les 30
jours qui suivent leur nomination, élire parmi eux les membres du
conseil et en transmettre la liste au ministre."
M. Gratton: L'amendement vise à préciser qu'il
s'agit d'une élection plutôt qu'une recommandation. On a
ajouté la transmission de la liste au ministre pour qu'il en soit au
moins informé.
Mme Blackburn: Concordance donc. M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est
adopté.
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 21, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 22. Il y a
également un amendement.
M. Gratton: Qui est de concordance, M. le Président.
Est-ce que vous voulez en faire lecture?
Le Président (M. Dauphin): Je peux en faire lecture.
Remplacer l'article 22 par le suivants "À défaut par le
collège électoral d'élire les membres du conseil dans le
délai prescrit, le ministre nomme les membres du conseil aux postes non
comblés par le collèqe électoral, parmi les membres du
collèqe électoral."
M. Gratton: En concordance, il s'agit d'élire plutôt
que de recommander.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est
adopté... Oui, Mme la députée?
Mme Blackburn: Qui prend l'initiative de convoquer les 40 membres du
conseil pour les elections? Est-ce qu'il y a quelque chose là-dessus?
(23 h 15)
M. Gratton: À l'article 24. À l'amendement que nous
déposerons à l'article 24, on retrouvera cette disposition.
Est-ce que cela va avec l'amendement à l'article 22?
Mme Blackburn: II y a juste le délai de 30 jours qui me
semble un peu court. Si on veut que les gens se voient, se connaissent, se
reconnaissent un peu, pour élire quelques-uns d'entre eux, je ne sais
pas combien de temps vous allez les tenir, dans un hôtel, pour faire
cela. Non, mais, sérieusement, vous allez en voir arriver 40, de toute
la province, qui ne se sont jamais vus. Il y en a quelques-uns qui vont se
connaître, mais bien peu, probablement, et on va leur dire: Vous
élisez quinze personnes.
M. Gratton: C'est dans cette mesure qu'on donnait un peu plus de
temps...
Mme Blackburn: 30 jours? M. Gratton: ...pour
s'assurer...
Mme Blackburn: ...cela ne m'apparaît pas excessif.
M. Gratton: Dans la mesure où la réglementation et
tout l'appareil sont en place et prêts, effectivement, il nous semble
que... D'abord, les 40 sont nommés en même temps. Donc, qu'ils
puissent être convoqués et réunis dans les 30 jours ne
m'apparaît pas impossible, loin de là.
Mme Blackburn: Non, réunis dans les 30 jours, cela va.
C'est sûr que, sur le plan technique, on est capable de les
réunir, qu'il n'y a pas de problème. Mais il faut leur donner le
temps nécessaire pour qu'ils portent un jugement à peu
près éclairé sur le choix des personnes qu'ils vont
élire... Ils ne se connaissent pas. Ils viennent de partout dans la
province de Québec. Il y en aura peut-être une dizaine qui en
connaîtront quelques-uns. C'est juste une question pratique. Qu'on se
mette dans les mêmes conditions, vous et moi: On se retrouve à 40,
on ne s'est jamais vus ou à peu près et on nous dit: À
présent, on élit des gens là-dedans.
M. Gratton: Préalablement, chacun aura reçu,
évidemment...
Mme Blackburn: La liste des...
M. Gratton: ...toute l'information...
Mme Blackburn: ...membres nommés au collège
électoral?
M. Gratton: Non seulement la liste, mais les informations qui
sont prévues par règlement et qui sont exigibles de chacun des
candidats. L'autre façon impliquerait nécessairement de devoir
réunir les membres du collège électoral
préalablement à l'élection. Or, comme le but principal,
sinon unique, dans la perspective où les membres du collège
électoral n'auraient plus à intervenir à l'invitation du
conseil permanent, on pourrait se demander quelle utilité il pourrait y
avoir à réunir le collège électoral à
d'autres fins que pour l'élection des membres du conseil. Donc, c'est un
peu dans le sens de la demande de Mme la députée de Chicoutimi
que le conseil soit en place le plus rapidement possible. Dans la mesure
où on aura suffisamment de temps avant le choix des membres du
collège électoral pour que la réglementation et pour que
l'ensemble des informations soient disponibles, nous pensons que le
délai de 30 jours est approprié.
Mme Blackburn: M. le Président, ce n'était pas sur
le délai de 30 jours. Ce ne sont pas les 30 jours, en somme. Il est
toujours possible de les réunir, de les enfermer trois, quatre jours
dans un hôtel et de leur dire: On décide ensemble, par rapport
à la loi, qu'il faut s'assurer qu'entre nous, quand on va élire
les gens, il faut qu'il y ait tant de femmes... Bon! vous connaissez la grille.
Vous avez déjà essayé de composer une commission de huit,
neuf membres, avec la grille qu'on s'est donnée? Alors qu'on choisit les
personnes, qu'on a une liste de personnes et qu'on essaie de faire entrer tout
cela là-dedans, c'est déjà compliqué. Il faudra que
vous ayez une façon de procéder, si vous voulez satisfaire
à ces critères, où on va finir quasiment par nommer les
personnes. Non, pas les nommer, mais c'est-à-dire qu'on va finir
quasiment par les désigner. On va se dire: II faut avoir un secteur
d'activité donné, un certain nombre d'allophones, d'immigrants
allophones, de néoquébécois, de femmes, de régions,
ainsi de suite. Cela veut dire que, plus cela va aller, à la fin, il va
rester quelques noms. Essayez d'y penser et d'imaginer. Je voudrais voir
l'exercice. Je vous dis juste que les gens qui vont avoir à élire
ces gens... J'aimerais que vous me fassiez part de la première
expérience que vous allez vivre dans de telles conditions. D'autant plus
qu'on va demander à des gens de faire le choix de personnes, de
candidats. J'imagine que chacun va faire son petit laïus pour se
présenter - quelque chose comme cela - un peu comme on fait dans
n'importe quelle organisation où on a à procéder à
des élections. Je vous souhaite bonne chance.
M. Gratton: D'ailleurs, on prévoira tantôt des
dispositions qui pourront permettre au collège électoral
lui-même de proposer des façons de procéder. Donc, cela
impliquera nécessairement plus qu'une simple réunion de quelques
heures pour procéder à l'élection comme telle.
Mme Blackburn: C'est pourquoi je vous disais 30 jours, le temps
qu'on leur fournisse une information, qu'ils aillent mijoter un peu, qu'ils
reviennent et qu'ils se fassent une tête. Si vous faites cela en deux
jours, si par exemple, à une réunion de deux jours, vous vous
assoyez et vous essayez de vider la question, il va se créer plus de
frustrations que de satisfactions. Vous risquez beaucoup.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'amendement...
Mme Blackburn: Une fois le délai prescrit - et c'est votre
amendement à l'article 22 - c'est le ministre qui fait les nominations,
faute d'avoir procédé... Il me
semble que ce n'est pas long.
M. Gratton: II nous semble que 30 jours seraient suffisants, mais
est-ce que Mme la députée a une suggestion? On pourra penser
à 45 ou à 60 jours, mais le problème va se poser de la
même façon.
Mme Blackburn: Oui. Le problème risque de se poser de la
même façon, mais on aurait peut-être pu imaginer un autre
tour de scrutin. Est-ce que je sais? Ce n'est pas comme l'élection
papale, mais...
M. Gratton: On viendra tantôt... Mme Blackburn:
D'accord.
M. Gratton: ...à ces possibilités qui vont
exister.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Blackburn: C'est adopté.
Le Président (M. Marcil): L'article 22 est adopté
tel qu'amendé. Je vais revenir à l'article 20 qui est en suspens
et dont l'amendement se lit comme suit: "Le gouvernement nomme les membres du
collège électoral parmi la liste des candidats admissibles. Dans
la mesure où cette liste le permet, le collège électoral
doit être composé tant de femmes que d'hommes. La composition du
collège électoral doit, dans la même mesure, tenir compte
notamment d'une représentation diversifiée des régions du
Québec, des secteurs d'activité visés à l'article
16, des groupes d'âge et des communautés culturelles."
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. Comme le temps
passe, nous allons revenir aux articles... Oui. L'article 20, tel
qu'amendé est-il adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Je vais revenir à
l'article 8 qui est en suspens. Il semblerait que les gens...
M. Gratton: Pourquoi ne continue-t-on pas avec l'article 23?
Le Président (M. Marcil): Si jamais on avait à
ajourner jusqu'à demain, au moins, on aurait terminé tous les
articles en suspens.
M. Gratton: Non. J'ai déjà un article auquel je
veux réfléchir.
Le Président (M. Marcil): Cela va, M. le ministre. Nous
continuons à ce moment-là. J'appelle l'article 23 pour lequel il
y a également un amendement qui se lit comme suit: "Les membres du
collège électoral ne sont pas rémunérés; ils
ont cependant droit d'être indemnisés des dépenses qu'ils
encourent pour assister à la séance du collège
électoral, aux conditions et dans la mesure que détermine le
gouvernement."
M. Gratton: L'amendement vise à prévoir les
conditions dans la mesure que détermine le gouvernement, selon la
formulation que nous avons vue tantôt.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est-il
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'article 23 est adopté
tel qu'amendé. J'appelle l'article 24. Il y a un amendement qui se lit
comme suit: "Le gouvernement détermine, par règlement: "1° la
période de mise en candidature au cours de laquelle une personne peut
poser sa candidature pour devenir membre du collège électoral;
"2° la forme et la teneur de la déclaration de candidature, des
résolutions d'appui des organismes, lieu où celles-ci doivent
être produites; "3° la procédure à suivre par le
collège électoral pour élire... du conseil. Ce
règlement peut, aux conditions qu'il fixe, permettre aux membres du
collège électoral de déterminer certaines dispositions de
cette procédure; "4° toute autre mesure qu'il juge utile à
l'organisation et au bon fonctionnement de la séance du collèoe
électoral."
Excusez-moi, à l'alinéa 3 ...
M. Gratton: Oui. Il faudrait ajouter, au deuxième
paragraphe, après le mot "organismes", les mots "et le lieu où
celles-ci doivent être produites".
Le Président (M. Marcil): "Et le lieu où
celles-ci", d'accord. Et à l'alinéa 3°: "la procédure
à suivre pour le collège électoral pour élire... du
conseil...
Mme Blackburn: Cela veut dire "les membres du conseil", je
présume.
M. Gratton: "Les membres".
Le Président (M. Marcil): "Pour élire les membres
du conseil".
Mme Blackburn: Vos législateurs étaient
distraits.
M. Gratton: Non, c'est plutôt la
dactylo.
Le Président (M. Marcil): Si vous le voulez, je vais
reprendre la lecture de l'amendement, pour que ce soit bien clair pour tout le
monde.
M. Gratton: À l'alinéa 2°.
Le Président (M. Marcil): A l'alinéa 2°
surtout: "2° la forme et la teneur de la déclaration de candidature,
des résolutions d'appui des organismes et le lieu où celles-ci
doivent être produites; 3° la procédure à suivre par le
collège électoral pour élire les membres du conseil." Tout
ce qui suit est conforme et juste.
M. Gratton: Si on me permet, M. le Président...
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le ministre.
M. Gratton: L'amendement, quant au premier alinéa,
n'apporte aucun changement. Dans le deuxième alinéa, nous
prévoyons la possibilité d'édicter la forme et la teneur
des résolutions d'appui des organismes de façon que ce soit le
plus uniforme possible et qu'on n'ait pas la situation qui existe, par exemple,
quant à la présentation de pétitions, ici, à
l'Assemblée nationale. Donc, ce sera probablement un formulaire que les
organismes pourront remplir et signer, ce qui évitera qu'on puisse
contester la candidature d'une personne pour vice de forme.
Dans le cas de l'alinéa 3° , évidemment, on fait la
concordance en ce qui a trait à l'élection des membres du conseil
et on ajoute également que "le règlement peut, aux conditions
qu'il fixe, permettre aux membres du collège électoral de
déterminer certaines dispositions de cette procédure". Il s'aqit
là, comme je l'ai mentionné tantôt, de la
possibilité qui pourra être donnée aux membres du
collège électoral de déterminer, par exemple, le mode de
votation, le nombre de tours de scrutin. C'est le genre de choses que,
inévitablement, le collège électoral devra faire avant de
procéder à l'élection des membres du premier conseil et
qui leur permettra, dans une certaine mesure, de mieux se connaître avant
de procéder à l'élection des quinze, parmi eux, qui
deviendront membres du conseil permanent.
Finalement, au quatrième alinéa, il s'agit de
préciser, dans un règlement, toute autre mesure quant à
l'organisation et au fonctionnement de la séance du collège
électoral. C'est cette réglementation qui devra
nécessairement être préparée et diffusée
auprès des membres du collège électoral, avec des
séances de formation -j'imagine - ou d'information, afin de s'assurer
qu'au moment où ils se réuniront pour procéder à
l'élection, ils soient bien informés de la procédure
à suivre.
Mme Blackburn: À l'inverse du commentaire que je faisais
tout à l'heure où je disais que, généralement,
c'est le gouvernement qui fait les nominations, les règlements sont
généralement ministériels. Ici, on dit: "Le gouvernement
détermine par règlement..." Ce n'est pas "le ministre
détermine par rèqlement", ce sont souvent des règlements
de... Je ne sais pas. Il faudrait peut-être vérifier.
M. Gratton: Un règlement implique nécessairement un
décret. Donc, le gouvernement s'exprime par décret et c'est le
gouvernement qui s'exprime et non le ministre.
Mme Blackburn: II y a des règlements
ministériels.
M. Gratton: Des arrêtés ministériels.
Mme Blackburn: Des arrêtés ministériels,
mais, dans les derniers projets de loi, dans les dernières lois qu'on a
adoptées, j'essaie de me rappeler si c'est le ministre des Transports ou
celui de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Je vois
les projets de loi. Je m'en souviens parce qu'on avait dit que ce gouvernement
ne voulait pas réglementer outre mesure. Dana le projet de loi, il y
avait au moins trois endroits où le ministre se réservait un
pouvoir de réglementation. Mais c'est autre chose.
M. Gratton: Effectivement, une loi peut habiliter un ministre
à décréter - si on me permet le terme - des conditions,
par exemple, sans que le gouvernement en soit pour autant saisi; c'est le cas
d'un arrêté ministériel. Mais dans le cas d'un
rèqlement, cela doit faire nécessairement l'objet d'un
décret. Donc, c'est le gouvernement qui s'exprime par décret. (23
h 30)
Mme Blackburn: Très bien.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est-il
adopté? Est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Blackburn: Ici, quand on dit "le gouvernement", ce sera,
j'imagine, préparé par le secrétariat.
M. Gratton: Pour la procédure, oui. Normalement, c'est le
ministère impliqué, en l'occurrence, ce serait le
Secrétariat à la jeunesse, le ministère du Conseil
exécutif.
Mme Blackburn: Le ministère du Conseil exécutif
piloterait cette activité,
parce que, un règlement, c'est une chose et mettre en place toute
la mécanique, !a machine pour procéder à l'élection
et à la nomination, etc., c'est autre chose. Est-ce que te
Secrétariat à la jeunesse serait responsable de l'ensemble de
cette activité*?
M. Gratton: Ce sera le ministère du Conseil
exécutif qui pourra, évidemment, déléguer
probablement, au Secrétariat à la jeunesse, le rôle ou la
tâche de préparer cette réglementation.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Marcil): Cela va. M. le
député de Saint-Hyacinthe, voulez-vous intervenir sur cet
article?
M. Messier: Oui, s'il vous plaît! Concernant les
recommandations des trois organismes, est-ce qu'il a été
décidé si ce sont trois organismes du même secteur
d'activité ou de trois secteurs différents ou quoi que ce
soit?
M. Gratton: Oui, on précise que...
Le Président (M. Marcil): Nous avons vu cela à
l'article...
Mme Blackburn: Ce sont deux secteurs différents.
M. Gratton: C'est cela. L'on précise un minimum de trois
organismes oeuvrant dans au moins deux secteurs d'activité
différents.
M. Messier: Et juste peut-être...
Le Président (M. Marcil): C'est à l'article 19.
M. Messier: ...un autre renseignement. Le budget a-t-il
été dévolu au Conseil permanent de la jeunesse? Y a-t-il
eu des représentations disons pour 1 $ par jeune? A-t-on pensé
à un budget pour... Ou peut-être que cela va aller plus tard dans
les autres articles.
M. Gratton: Cela ne fait pas l'objet du projet de loi comme tel.
Il s'agit là d'une décision de l'exécutif et non du
législatif.
Fonctions et pouvoirs
Le Président (M. Marcil): Cela va? L'amendement à
l'article 24 est-il adoptéz? L'article 24 est adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 25, qui se lit comme suit: "Le Conseil a
pour fonction de conseiller le ministre sur toutes questions relatives à
la jeunesse." Adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'article 26: "Dans l'exercice
de cette fonction, le Conseil peut...
M. Gratton: M. le Président, je vous ferai remarquer qu'il
y a un projet d'amendement de Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, c'est un ajout à...
Le Président (M. Marcil): C'est un ajout. Est-ce que je
devrais lire l'article et, ensuite...
Mme Blackburn: ...lire l'article...
Le Président (M. Marcil): ...intervenir à l'ajout,
si vous voulez parce qu'on a...
M. Gratton: M. le Président, dans la mesure où
personne ne conteste ou désire amender les quatre premiers, je ne pense
pas qu'il soit nécessaire d'en faire lecture. On pourrait
procéder à la présentation de l'amendement de Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. L'article... Il faudrait que l'article
soit...
Le Président (M. Marcil): Juste une seconde. Est-ce que
cela va pour les quatre premiers?
Mme Blackburn: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Donc, nous ajoutons un
5° à l'article 26 qui est: "Organiser des symposiums
réqionaux et nationaux." Donc, il y a discussion sur la proposition
présentée par Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. On se rappellera que les intervenants venus
en commission parlementaire souhaitaient s'assurer qu'il y ait une consultation
assez large. L'une des façons d'être consultés,
c'était vraiment dans l'organisation de symposiums régionaux et
nationaux. On n'a pas voulu détailler et dire si cela pourrait
être confié à un service ou à un secrétariat,
l'équivalent de Consult-Action, par exemple, pour le Conseil du statut
de la femme, et si cela serait décentralisé dans les
régions responsables de la tenue de tels symposiums. On pense qu'il est
important, pour que le conseil reste branché sur la
réalité, qu'il puisse orqaniser des symposiums régionaux
et nationaux.
On n'a pas voulu non plus indiquer la fréquence pour ne pas
enfermer inutilement l'organisme dans des délais qu'il ne serait pas
nécessairement capable de respecter. Mais il semble important, et cela
semblait important pour, je dirais, la grande majorité
des intervenants qui sont venus en commission parlementaire, de
s'assurer qu'on tienne, à l'occasion, de ces grandes activités
qui permettent effectivement de jeter les sondes dans les différents
milieux qui regroupent et obligent le conseil à se brancher un peu sur
la réalité. À la fois dans les régions et au niveau
national. Cela voulait...
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Gratton: À prime abord, il est sûr que
l'organisation de colloques régionaux pourra être l'un des moyens
que voudra retenir le conseil dans l'organisation de ses travaux. À
l'article 26, c'est là, selon moi, un moyen d'atteindre les objectifs et
d'exercer ces fonctions que le conseil pourra décider. Il pourrait y
avoir d'autres façons d'atteindre les mêmes objectifs. Mais il
nous semble que ce n'est pas dans la loi qu'il faut préciser ces moyens
que le conseil doit utiliser. Au moment où, dans les quatre paragraphes
que contient l'article 26, on indique au conseil ce qu'il doit faire pour bien
s'acquitter de son mandat, cela n'exclut en rien les autres moyens que le
conseil voudrait utiliser pour mieux...
Mme Blackburn: Faute de préciser, on ne donnera pas
nécessairement à ce conseil les ressources dont il aurait besoin
pour tenir de tels symposiums. Vous savez très bien que c'est,
indépendamment - je vais encore le dire - des gouvernements, selon la
ferveur du moment, on pourra ou non leur donner les ressources
nécessaires. Si on n'indique pas qu'ils ont aussi cela comme
responsabilité, on ne tiendra pas nécessairement compte de cette
réalité, de la nécessité de consulter ou
d'organiser des rencontres un peu plus larges au moment où on leur
accordera leur budget. Dans ce sens-là, on trouvait que c'était
important à la fois pour assurer qu'il y ait une large consultation, que
le conseil consultatif reste branché sur la réalité et
qu'on leur accorde aussi les ressources financières nécessaires
pour le faire, parce que, également, cela a été
demandé aussi en commission parlementaire. Cela a même
été largement réclamé, je veux seulement le
rappeler. Au fond, cela viendrait remplacer les tables de concertation
nationales et régionales dont on parlait, et cela assure et oblige
è une certaine forme de consultation. Dans ce sens-là, un
organisme comme celui-là n'a pas ici les mêmes facilités de
consultation que les associations étudiantes, par exemple. C'est clair,
c'est facile à organiser et à rencontrer, tandis que, dans des
cas comme ceux-là, ce n'est pas facile... Et n'étant pas facile,
surtout si vous n'avez pas les budgets, cela ne se fera pas
nécessairement. Les jeunes ont réclamé que ce soit assez
branché sur la réalité. Et une façon de le brancher
sur la réalité, pour nous, c'était cela.
M. Gratton: Je ne suis pas sûr que les jeunes nous ont dit
nécessairement de procéder à des consultations par le
truchement de colloques régionaux. Je me rappelle d'ailleurs fort bien
que certains sont venus nous dire qu'on en avait soupé de la
consultation du gouvernement auprès des groupes de jeunes et qu'on
voulait plutôt de l'action. Effectivement, il n'est pas impossible que
des organismes gouvernementaux autres que le conseil permanent pourraient
procéder a l'organisation de ces colloques régionaux, notamment,
par exemple, le Secrétariat à la jeunesse.
II me semble que c'est là beaucoup plus un moyen d'assurer les
mêmes objectifs, j'en conviens, mais c'est un moyen parmi d'autres que le
conseil permanent pourra utiliser. Mais, de la même façon, on est
venu nous faire valoir qu'il fallait, pour respecter l'autonomie du conseil, ne
pas le surcharger de mandats. Effectivement, on sait que l'organisation de
colloques ou symposiums nationaux ou régionaux, tel que le
suggère l'amendement proposé par Mme la députée,
implique énormément de ressources. Cela pourrait être de
nature à brimer ou à empêcher le conseil d'oeuvrer avec
toute l'autonomie souhaitée par l'ensemble des groupes.
Je fais valoir, M. le Président, qu'il s'agit là d'un
moyen bien différent des principes inscrits à l'article 26, quant
à l'exercice des...
Mme Blackburn: M. le Président, sur les contraintes que
cela pourrait constituer pour le conseil consultatif, on n'a pas
souhaité indiquer de fréquence pour la raison que, effectivement,
cela prend du temps à organiser, cela prend des ressources. Mais le fait
d'en faire un article indique le souci du gouvernement pour que ce conseil
reste branché sur la réalité. Dans ce sens-là,
c'était à la fois pour rejoindre une partie de l'opinion
exprimée en commission parlementaire, bien que je reconnaisse avec le
ministre que les jeunes nous ont dit qu'ils en avaient soupé de la
consultation en disant: Vous avez toutes les informations, vous n'avez
qu'à procéder, vous n'avez pas besoin de créer un conseil
consultatif. Ce n'est probablement pas ce que le ministre a voulu rappeler
tantôt. Ce que les jeunes réclamaient, c'était davantage
une politique d'attention, une politique touchant la jeunesse.
Je ne voudrais pas continuer à parler là-dessus.
C'était une façon à la fois de s'assurer, je le rappelle,
que ce conseil ait
les ressources nécessaires pour le faire et une façon
aussi de s'assurer qu'il restait branché sur la réalité.
C'est relativement facile que de se débrancher, vous le savez comme
député ou comme ministre. Ce qui réussit à nous
brancher avec la réalité, c'est quand on se rend dans les
comtés; autrement, on finit par penser que la réalité,
c'est ici, mais on sait très bien, par exemple que, quand on en sort, ce
n'est pas tout à fait comme cela.
Un conseil permanent, quand vous avez toute votre permanence qui exerce
un pouvoir important au sein des conseils consultatifs, - c'est normal, ils
sont là pour le faire, le personnel est là pour
réfléchir à longueur d'année, il est payé
pour ce faire -finit par développer une expertise et une
réflexion beaucoup plus articulée que les membres
généralement. Alors, les membres viennent à quelques
reprises, une fois par mois, dix fois par année, échanger sur des
projets de recherche ou d'avis. Il y a danger rapidement que, effectivement, on
soit coupé du milieu et qu'on ne connaisse plus vraiment la
réalité que de façon un peu éclatée par le
porte-parole et les quinze, pas quinze parce qu'il y en a qui vont rester sur
cela, il y en a trois qui vont être nécessairement
résidentes ici à Québec, qui sont des permanents, le
président et deux vice-présidents. Les douze autres personnes
vont venir ici occasionnellement, une fois par mois. Il y a un danger qu'elles
soient rapidement coupées de la réalité. C'était
à la fois pour s'assurer qu'il y avait ce lien entre les organismes de
jeunesse et les régions, . et aussi qu'on leur fournisse les ressources
nécessaires.
M. Gratton: Mme la députée nous dit qu'on ne fait
pas d'obligation quant à la fréquence de ces activités,
j'en conviens, sauf qu'en l'inscrivant comme obligation, nécessairement
le conseil devrait les organiser quelle qu'en soit la fréquence. Il
pourrait s'avérer que le conseil choisisse d'autres moyens que celui de
l'organisation de symposiums régionaux ou nationaux pour rester
branché sur la réalité. Cela pourrait prendre diverses
formes. Comme il s'agit là d'un moyen parmi d'autres, il nous
apparaît plus efficace, plus indiqué de laisser le soin au conseil
de demeurer branché sur la réalité. Tout l'esprit de la
loi ou du projet de loi 104 indique clairement ce souci de
représentativité des régions et des divers secteurs
d'activité. Il me semble que cela va de soi que nous devons laisser au
conseil le choix des moyens pour y arriver.
C'est pourquoi, M. le Président, quant à nous, nous
devrons rejeter l'amendement de Mme la députée.
Mme Blackburn: Sur division.
M. Gratton: Sur division.
Le Président (M. Marcil): Sur division. Le
cinquième ajout est donc rejeté et l'article 26 est
adopté. Cela va?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 27 pour
lequel il y a aussi un amendement. Remplacer l'article 27 par le suivant: "Le
Conseil donne son avis au ministre sur toute question que celui-ci lui soumet
relativement aux besoins et aux intérêts de la jeunesse. De plus,
il effectue ou fait effectuer des études et recherches qui lui sont
demandées par le ministre." (23 h 45)
Mme Blackburn: C'est une proposition d'amendement, 27.1? Pas d'un
amendement, d'un ajout.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Gratton: Est-ce qu'on pourrait disposer de l'amendement que
vient de lire le président? On pourra revenir à celui de Mme la
députée de Chicoutimi parce que cela ne fera pas de
problème. Dans le cas de notre amendement, on biffe tout simplement le
mot "doit". "Le conseil donne son avis...", plutôt que "Le Conseil doit
donner son avis..." "Il effectue plutôt que "II doit effectuer"...
Au fond, je conviendrai que cela ne change pas beaucoup le sens de
l'article. Certains groupes sont venus nous dire que le mot "doit" constituait
peut-être une obligation qui mettait en péril l'autonomie du
conseil. Donc, c'est strictement une modification de forme.
Mme Blackburn: Je pense que c'est effectivement une meilleure
rédaction. Il donne son avis et il pourrait tout simplement donner un
avis qu'il n'en donne pas aussi.
M. Gratton: Oui. Mais il aurait pu faire la même chose
quand on disait "doit". Il aurait pu donner l'avis. Il donne l'avis qu'on n'en
donne pas.
Mme Blackburn: Probablement. Parce que, moi, je l'aurais fait
dans le temps... Oui, je suis convaincue! Il faudrait qu'il aille, dans le
fond, pour contester...
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. Maintenant,
l'article 27, adopté, tel qu'amendé. J'appelle l'amendement ou
l'ajout
d'un article qui est le 27.1, qui se lirait comme suit: "Le gouvernement
doit solliciter l'avis du Conseil permanent de la jeunesse sur tout programme
mis de l'avant par ses ministères susceptibles d'avoir un impact sur la
jeunesse.
M. Gratton: Le moins qu'on puisse dire, M. le Président,
c'est qu'on demande que toute décision gouvernementale soit soumise au
Conseil permanent de la jeunesse, puisque effectivement, il n'y a pas beaucoup
de décisions que le gouvernement prend qui ne soit pas susceptible,
comme le dit le libellé, d'avoir un impact sur la jeunesse, qu'il
s'agisse du budget, qu'il s'agisse de quelque déclaration de politique
budgétaire.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que le ministre
peut relire l'amendement? II s'agit de programmes. Il ne s'agit pas de
politiques. Il s'agit de programmes. C'est important comme
différence.
M. Gratton: Je dirai ceci à Mme la députée.
Dans un premier temps, on nous a fait valoir que le conseil ne devait pas
être inondé de demandes du gouvernement ou du ministre, de peur
qu'on affecte son autonomie, que, deuxièmement, le conseil peut, en tout
temps, de sa propre initiative, donner un avis au gouvernement sur un programme
donné.
Il n'y a rien, dans le projet de loi, qui empêche le conseil de
donner son avis au gouvernement, de publiciser ou de faire de l'information sur
un programme, même sur un programme appréhendé. J'irais
aussi loin que cela. Donc, ce que souhaite Mme la députée est
déjà possible dans le libellé actuel, sans toutefois
ajouter cette contrainte.
Mme Blackburn: Mais, M. le Président, là-dessus, je
voudrais argumenter. De façon générale, dans les conseils
consultatifs, il est prévu que le ministre doit consulter pour le
gouvernement sur toute question ou décision qui touche... On fait une
obligation au ministre, au gouvernement de consulter.
Vous savez, la différence entre le fait d'avoir une obligation
pour le gouvernement de consulter. Il se pourrait que le conseil estime ne pas
avoir ou les délais ou l'expertise pour le faire et qu'il ne
réponde pas, un peu comme on l'a dit tantôt. Sauf que ça
oblige le gouvernement, avant de procéder, d'avoir au minimum un
commentaire ou un avis du conseil. Quand il s'agit de programmes qui ont un
impact sur les jeunes - je pense, par exemple, à un programme d'aide aux
associations, un programme d'aide au développement de l'entrepreneurship
ou l'entreprenariat chez les jeunes - il me semble qu'il serait important
qu'ils soient consultés.
Dans ce sens-là, quand on parle d'un programme mis de l'avant par
d'autres ministère, que ce soit le ministère de l'Industrie et du
Commerce, que ce soit le ministère des Affaires sociales pour les jeunes
assistés sociaux, si on ne fait pas une certaine forme d'obligation,
c'est que le conseil va être en train de réfléchir aux
grandes orientations, de façon générale, alors que, dans
la pratique et dans le quotidien, une partie des activités touchant le
domaine de la jeunesse va complètement échapper à leur
vigilance. Ce n'est pas inédit que de proposer une formulation comme
celle-là.
M. Gratton: Non, j'en conviens. Quand on parle de programmes dans
le domaine de l'éducation, par exemple, c'est beaucoup plus facile
à définir que de parler d'un programme mis de l'avant par un
ministère susceptible d'avoir un impact sur la jeunesse. Je risquerais
peu de me tromper en disant qu'il n'y a pas beaucoup de progammes
adoptés par l'ensemble des ministères qui ne risquent pas d'avoir
un impact sur la jeunesse, qu'il s'agisse du domaine économique, du
domaine culturel, de l'éducation, bien évidemment, des affaires
sociales. Bref, à peu près l'ensemble des programmes du
gouvernement devrait nécessairement et obligatoirement être soumis
au Conseil permanent de la jeunesse.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce serait une contrainte
extrême pour le gouvernement et une pression indue, selon moi, sur le
conseil lui-même.
Mme Blackburn: Je le rappelle. Peut-être qu'on pourrait
revoir la formulation des impacts prévus spécifiquement pour les
jeunes ou d'aide à la jeunesse. Mais si vous êtes en train, d'un
côté, d'avoir un organisme consultatif qui s'interroge sur ce que
devraient être les meilleurs programmes au Québec et que, en
même temps, le gouvernement est en train de s'en donner sans le
consulter, dites ce que vous voulez, mais il y a quelqu'un quelque part qui va
perdre son temps.
Alors, est-ce qu'avoir un impact spécialement sur la jeunesse,
spécifiquement sur la jeunesse, quelque chose de cette nature ou
prioritairement sur la jeunesse... Je ne sais pas comment vous le libellez.
Mais s'il n'y a pas cette obligation, comment ça va aller? Les
ministères vaquent à leur affaire. On sait que c'est assez
cloisonné dans tous les ministères. Cela arrivait dans le temps
et ça doit encore arriver un peu. Ils se donnent des programmes et il ne
se consultent pas tout le temps. Le conseil consultatif va relever d'un
ministre dont on ne connaît pas encore le nom. Est-ce sera un ministre
délégué à la Jeunesse ou est-ce que ça
relèvera encore du ministre, du premier ministre?
Mats il y a une chose certaine. C'est que, s'il n'y a pas une certaine
forme d'obligation, on va procéder et on ne les consultera pas alors
qu'ils auraient l'expertise pour le faire. Ils vont développer une
certaine expertise au cours des années et ils seraient probablement les
plus qualifiés pour porter un jugement sur les orientations et la valeur
de certains programmes.
S'il n'y a pas une obligation de faite -vous le savez également -
que ce soit aux Affaires sociales, que soit au Travail et Main-d'Oeuvre et
Sécurité du revenu, que ce soit à l'Éducation, s'il
n'y a pas une certaine forme d'obligation de consulter le conseil, ils ne le
feront pas.
M. Gratton: M. le Président, je ne partage le point de vue
de Mme la députée là-dessus. Il n'y a pas d'obligation,
par exemple, qui est faite à quiconque de consulter la Commission des
droits de la personne sur diverses décisions que prend le
gouvernement.
Mme Blackburn: Il y en a.
M. Gratton: Oui, il y en a. Il y en a qui sont...
Mme Blackburn: Elles sont implicites. Si vous passez à
côté de...
M. Gratton: Je vous donne un exemple très actuel. Le
Protecteur du citoyen qui veut assujettir le Directeur général
des élections à son autorité. Il n'y aucune obligation
quelque part qui obligeait quiconque à demander, à
requérir l'avis de la Commission des droits de la personne et le
gouvernement le fait.
Évidemment, je ne peux pas m'imaginer un gouvernement ou un
ministère qui pondrait un programme qui s'adresse de façon...
Vous avez parlé de mieux définir le programme pour que ça
ne couvre pas l'ensemble des programmes gouvernementaux, donc qui viserait les
jeunes de façon spécifique et qui n'apprécierait pas la
possibilité de le soumettre au Conseil permanent de la jeunesse.
Si cela devait être, le Conseil permanent de la jeunesse pourrait
toujours faire connaître son avis, même s'il n'a pas
été demandé et on pourrait reprocher, par le fait
même, au ministère, de ne pas avoir... Quelles seront les
sanctions si on ne se rend pas à l'obligation? Si un ministère ne
soumet pas son projet au conseil, on va, à ce moment-là,
l'obliger à demander l'avis? Est-ce que, par le fait même, on va
également obliger le conseil de donner l'avis?
Je pense que le tout est couvert. Dans un premier temps, le conseil peut
s'exprimer et donner son avis sur n'importe quelle question, sur n'importe quel
programme, qu'il soit ou non sollicité et il me semble que cela va de
soi que le gouvernement, en se donnant un conseil permanent, va s'adresser au
conseil permanent lorsqu'il y aura des programmes qui s'adresseront
spécifiquement aux jeunes.
Je ne vois vraiment pas l'obligation ou la nécessité
d'inscrire l'obligation dans la loi parce qu'on irait exactement à
l'encontre des représentations que nous avons eues selon lesquelles il
fallait... On ne voulait même pas que le ministre puisse demander un avis
au conseil et, là, on est en train de dire qu'il y aura obligation pour
tous les ministres de demander un avis au conseil sur tous les programmes qui
toucheront la jeunesse.
Mme Blackburn: Vous savez, un conseil consultatif peut toujours
se prononcer sur à peu près n'importe quoi. Là-dessus, je
partage votre avis, sauf lorsqu'il s'agit de ces programmes-là. En
même temps qu'ils sont annoncés, ils sont
généralement adoptés. Alors, le temps de réaction,
je vous le donne en mille, il n'y en a pas.
Tout ce qu'il va pouvoir faire, c'est réagir après coup,
en disant: Vous ne vous êtes pas donné le meilleur des programmes.
C'est à peu près la réaction que le conseil va pouvoir
avoir.
M. Gratton: Mais même en inscrivant l'obligation, en
supposant que le ministère ne la respecterait pas, le résultat
serait le même est quelle sera la sanction? L'opinion publique? C'est
exactement la même sanction qu'on aura sans inscrire l'obligation dans la
loi.
Mme Blackburn: Mais vous savez très bien que, normalement,
lorsqu'il y a une obligation, on est un peu plus vigilant et, le moindrement
que c'est dénoncé une fois, on ne récidive pas. Quand le
ministre me dit, à titre d'exemple, qu'on va consulter le Protecteur du
citoyen pour voir s'il n'y a pas eu violation des droits de la personne, je
trouve que ce n'est pas du tout de même nature. Effectivement, on prend
une certaine précaution. On n'est pas obligé de le faire, mais
c'est plus prudent de le faire et cela va de soi, car si, effectivement, on
estimait qu'il y a violation des droits de la personne, on serait obligé
de modifier la décision ou la faire relever de quelqu'un d'autre, pour
reprendre l'exemple qu'il a donné tantôt. Je ne pense pas que cela
s'applique beaucoup à un conseil consultatif, l'exemple qu'il a
cité pour dire qu'on va consulter même s'il n'y a pas obliqation.
Il y a, dans le cas du Protecteur du citoyen, une certaine prudence à le
faire au cas où, après coup, on s'apercevrait qu'on a
violé les droits de la personne. Ce n'est pas du tout de même
nature.
Ce que je dis sur cela: Si un conseil
peut être utile, c'est lorsqu'il porte des jugements sur les
programmes touchant le secteur d'activité qui le concerne et sur lequel
il a la responsabilité de donner des avis.
M. Gratton: M. le Président, je pense avoir tout dit ce
que je veux dire sur cela. Je demeure profondément convaincu qu'obliger
les ministères à requérir l'avis du conseil sur ces
programmes, dans un premier temps, est une contrainte inacceptable pour le
gouvernement, sur le plan strictement de l'efficacité, et qui est
également inacceptable pour le conseil compte tenu des
représentations qu'on nous faites et de cette crainte justifiée
ou non des organismes de jeunesse qu'on porte atteinte à l'autonomie du
conseil en Pinandant de demandes, c'est exactement ce que nous instituerions en
acceptant l'amendement de Mme la députée.
Mme Blackburn: La seule façon de donner à un
conseil consultatif un peu de pouvoir, c'est de créer certaines
obligations au gouvernement; autrement, il n'y en a pas.
Le Président (M. Marcil): Je tiens à vous signaler
que nous sommes heureusement rendus à minuit. Donc, il reste à
peu près un vingtaine d'articles en incluant les amendements que vous
avez à proposer. Est-ce qu'il y a consentement à ce que nous
poursuivions nos débats ou si vous voulez ajouner jusqu'à
demain?
M. Gratton: Je vois mal comment on pourrait terminer
l'étude. Donc, quant à moi on pourrait peut-être, si Mme la
députée en convient, disposer de l'article 27 et ajourner
à une séance subséquente.
Mme Blackburn: Bien, on dispose de l'article 27.
Le Président (M. Marcil): Disposons.
M. Gratton: C'est-à-dire que, quant à nous, M. le
Président...
Le Président (M. Marcil): L'article 27.1. (minuit)
Mme Blackburn: L'article 27.1. L'amendement proposé.
Le Président (M. Marcil): Oui.
Mme Blackburn: Parce que l'article 27 était
déjà adopté.
Le Président (M. Marcil): II était
déjà adapté.
M. Gratton: L'article 27.1 est rejeté, M. le
Président. L'article 27 est adopté. C'est cela.
Le Président (M. Marcil): L'article 27 est
déjà adopté.
Mme Blackburn: L'article 27 est déjà
adopté.
M. Gratton: II est déjà adopté,
d'accord.
Le Président (M. Marcii): L'article 27.1 est rejeté
sur division.
M. Gratton: Évidemment.
Le Président (M. Marcil): C'est cela. Donc...
Mme Blackburn: Oui, sur division. À moins d'être
masochiste, on n'est pas pour dire que c'est à l'unanimité.
Le Président (M. Marcil): Nous ajournons...
Mme Blackburn: On ne les a pas rédigés juste pour
amuser la galerie.
M. Gratton: Non, le seul fait que vous le proposez...
Mme Blackburn: C'est parce qu'on y croit.
M. Gratton: Mais, Mme la députée, du seul fait que
vous le proposez, c'est évident que...
Mme Blackburn: Non, pas nécessairement.
M. Gratton: Lorsque c'est rejeté, c'est rejeté sur
division. Cela ne peut pas l'être autrement.
Mme Blackburn: Pas nécessairement. Vous pouvez faire des
propositions. Vous connaissez les règles de procédure. Vous
pouvez faire des propositions et, ensuite, vous vous prononcez contre la
proposition que vous avez mise sur la table. Je dirais que cela n'est pas
très courant chez les parlementaires, mais dans une assemblée
délibérante, c'est courant. Quand vous voulez disposer d'une
question, vous la proposez. Ils en discutent. Vous pouvez être contre. Il
n'y a rien qui indique dans votre proposition - ce n'est pas vraiment le cas
ici - que vous êtes nécessairement pour.
Le Président (M. Marcil): Je tiens à vous informer
que les articles 1, 3, 5, 6, 7 et 8 sont toujours en suspens. Les travaux se
poursuivront probablement demain, mais, en attendant d'avoir l'avis, j'ajourne
sine die.
(Fin de la séance à 0 h 2)