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(Quatorze heures quatre minutes)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance ouverte. Je vais vous rappeler le
mandat de cette commission qui est de procéder à l'étude
des prévisions budgétaires du Directeur général des
élections pour l'année financière 1987-1988. Nous avons un
bloc de trois heures pour faire ces études. Je vais demander à
Mme la secrétaire s'il y a des remplacements.
La Secrétaire: II y a un seul remplacement. M. Godin
(Mercier) est remplacé par M. Rochefort (Gouin).
Le Président (M. Marcil): Cela va. M. le directeur
général, je vous remercie d'avoir bien voulu participer à
cette séance. On vous remercie de votre présence et j'aimerais
vous inviter à nous présenter les gens qui vous accompagnent,
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président,
à ma droite, M. Jean-Luc Lemieux, qui est adjoint à la
représentation électorale; à l'extrême gauche, M.
Jean Jolin, qui est adjoint au scrutin; immédiatement à ma
gauche, M. Jean Lambert, qui est adjoint au financement des partis politiques
et, à l'arrière, il y a d'autres de mes fonctionnaires qui sont
là pour apporter aide et assistance.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. Donc, je vous
inviterais immédiatement à présenter vos remarques
préliminaires s'il y a lieu.
Remarques préliminaires M. Pierre-F.
Côté
M. Côté (Pierre-F.): D'accord, M. le
Président. Je pense que Mme la secrétaire a des copies du texte
si... D'accord, vous les avez.
Alors, M. le Président, mesdames, messieurs, pour la
cinquième année consécutive, je me présente devant
une commission de l'Assemblée nationale conformément aux
exigences des articles 485 et suivants de la Loi électorale et de
l'article 116 du règlement de l'Assemblée nationale. Je suis
heureux de partager avec vous, en guise d'introduction, ces quelques
réflexions sur l'institution que j'ai l'honneur de diriger.
L'institution du Directeur général des élections est
devenue importante au fil des ans par le rôle de premier plan qu'elle
occupe dans la sauvegarde des valeurs démocratiques qui constituent le
fondement de notre société politique. Depuis 10 ans, de nouvelles
lois ont modifié les mandats et élargi les responsabilités
de l'institution de sorte qu'aujourd'hui le DG exerce ses fonctions en regard
de plusieurs catégories d'activités et
d'événements. Ces obligations législatives se
réalisent par l'accomplissement régulier et continu de tout un
éventail de tâches de la part de l'équipe du Directeur
général des élections.
Cette brève présentation me permet d'abord de faire
état des catégories d'activités qui nous sont
dévolues par la législation, ensuite de souligner les principales
tâches accomplies au cours du dernier exercice financier et d'esquisser
certaines perspectives et préoccupations pour l'avenir, non sans avoir
échanqé avec vous au sujet du rapport financier
préliminaire pour l'exercice 1986-1987 et des prévisions
budgétaires pour l'année 1987-1988. Je me permets de
procéder ainsi parce que l'année qui vient de s'écouler
n'a pas comporté d'événements électoraux. C'est
donc pour moi l'occasion rêvée - si je puis dire - de
répondre brièvement à la question si souvent posée:
Chez le Directeur qénéral des élections, qu'est-ce que
vous faites lorsqu'il n'y a pas d'événements électoraux,
tels que des élections générales, des élections
partielles ou un recensement? Je vous résume cette partie de ma
présentation en dix brèves catégories.
Première catéqorie d'activités: la
préparation d'événements. En vertu du mandat qui m'est
confié, le Directeur général des élections - vous
savez évidemment que cette expression siqnifie à la fois une
personne et une institution - doit maintenir une administration
électorale prête à fonctionner à quelques jours
d'avis, de façon à pouvoir gérer, le cas
échéant, la tenue d'une ou de plusieurs élections
partielles, d'une élection générale ou d'un
référendum. Pour le DGE, être prêt signifie d'abord
qu'il dispose en tout temps du matériel électoral
nécessaire. Cette obligation implique une gestion continue de notre
inventaire, en un réapprovisionnement en formulaires et en
matériel et une organisation réqulière de sessions de
formation du personnel électoral, traitant à la fois des
aspects propres au scrutin, au financement des partis politiques et à la
délimitation des circonscriptions électorales.
Être prêt signifie aussi que toutes les améliorations
possibles à la loi et à la gestion sont apportées. C'est
dans cette perspective que, par exemple, nous procédons à la
révision et à la mise à jour de nos formulaires,
procédures, manuels d'opération, programmes et que nous
effectuons l'étude de diverses propositions d'amendement à la Loi
électorale. Nous sommes heureux de nous associer à la
démarche en cours entreprise par M. le ministre
délégué à la Réforme électorale en
vue d'apporter des amendements à la Loi électorale. Soyez
assurés à cet égard de notre entière et positive
collaboration.
Deuxième catégorie d'activités: la tenue de
l'événement. Pour une rare fois, il n'y a pas eu
d'événement électoral comme tel en 1986-1987. Toutefois,
l'obligation d'être en constante disponibilité fait en sorte que
nous sommes en mesure de gérer les opérations relatives à
la tenue de tout éventuel événement, à quelque
moment qu'il se présente. Il s'agit d'être vigilant pour pouvoir
précéder rapidement.
Troisième catégorie d'activités: le suivi de
l'événement. Tout événement électoral fait
l'objet d'un suivi fertile en activités de la part de l'équipe du
DGE. Que l'on songe, par exemple, à la suite des élections
générales du 2 décembre 1985, à la proclamation des
élus, à la récupération du matériel
électoral, à la vérification et au remboursement des
dépenses électorales, au paiement du personnel électoral,
à la production du Rapport des résultats officiels, au traitement
des plaintes, et le reste.
Quatrième catégorie d'activités: la
représentation et la délimitation des circonscriptions
électorales provinciales. Vous savez évidemment que la Commission
de la représentation électorale est chargée de la
délimitation des circonscriptions électorales. Il est impartant
de souligner qu'elle effectue ce travail avec l'apport du personnel du
Directeur général des élections. Depuis février
dernier, à la suite de la commission parlementaire du mois de janvier,
la CRE poursuit ses travaux sur la nouvelle carte électorale pour la
remise de son rapport préliminaire au secrétaire
général de l'Assemblée nationale au mois de septembre de
la présente année.
Au cours du dernier exercice financier, le DGE a participé
à deux commissions parlementaires, l'une en décembre 1986 lors du
projet de loi 147 suspendant les travaux de la CRE jusqu'au 1er mai 1987, et
l'autre, en janvier dernier, pour l'examen des propositions de réforme
en matière de délimitation des circonscriptions
électorales. À la suite de cette dernière commission et
des consensus établis, il v eut dépôt du projet de loi 25,
Loi modifiant la Loi sur la représentation électorale et d'autres
dispositions législatives. Ce projet de loi est actuellement à
l'étape de l'étude en commission parlementaire. Les amendements
à la Loi sur la représentation électorale se rapportent
aux critères numériques, au nombre de circonscriptions, aux
secteurs électoraux, au calendrier des travaux ainsi qu'au processus de
délimitation. Le DGE a poursuivi tout au cours de l'année ses
travaux réguliers de production et de mise à jour des dossiers
socio-économiques, des indicateurs de municipalités, de parties
de municipalités, de rues, de secteurs électoraux, de
délimitation de sections de vote par les directeurs de scrutin, et de
production de cartes.
Cinquième catégorie d'activités: la division des
municipalités en districts électoraux. Comme je l'ai
rappelé précédemment, le personnel du Directeur
général des élections doit être mis à la
disposition de la Commission de la représentation électorale pour
l'accomplissement de ses responsabilités. Parce que je fais état
présentement des travaux de mon personnel entre deux élections,
je vous présente maintenant les tâches qui ont été
accomplies pour la CRE.
En vertu de la Loi sur les élections dans certaines
municipalités, la Commission de la représentation
électorale doit approuver tout règlement délimitant un
district électoral dans lequel le nombre d'électeurs est
supérieur ou inférieur de plus de 15 % au quotient
déterminé. Le projet de loi 100 ayant pour titre Loi sur les
élections et les référendums dans les municipalités
est présentement à l'étude en commission parlementaire. Il
remplacera la Loi sur les élections dans certaines
municipalités.
En 1986, nous avons étudié les dossiers de subdivision en
districts électoraux de quelque 62 municipalités dont 49 de moins
de 20 000 habitants et treize de 20 000 habitants et plus. De ce nombre, 31
municipalités, dont sept de 20 000 habitants et plus, ont adopté
des règlements comportant des districts d'exception, d'où
l'intervention spécifique de la Commission de la représentation
électorale. Cette intervention s'est exprimé plus
particulièrement à cinq reprises de façon publique par la
tenue d'audiences pour les municipalités d'Aylmer, Rouyn, Gatineau,
Salaberry-de-Valleyfield, Saint-Patrice-de-la-Rivière-du-Loup. Vous
trouverez en annexe un tableau illustrant l'évolution du rôle de
la CRE dans la délimitation des districts électoraux
municipaux.
Pour l'année 1987, 24 municipalités procèdent
à la division de leur territoire en districts électoraux. La CRE
poursuit à leur égard ses travaux de recherche et de
constante mise à jour des données pertinentes et leur
apporte de plus toute l'aide technique nécessaire dans le cadre de
l'application de la loi. Pour 1988, il est à prévoir qu'un
minimum de 39 municipalités auront à se subdiviser en districts
électoraux.
Sixième catégorie d'activités: le financement des
partis politiques provinciaux et le contrôle des dépenses
électorales. Le financement des partis politiques et le contrôle
des dépenses électorales constituent évidemment une autre
importante responsabilité du Directeur général des
élections. L'autorisation du DGE est nécessaire pour tout parti
politique, toute instance d'un parti ou tout candidat indépendant qui
désire solliciter ou recueillir des contributions ou effectuer des
dépenses. Ainsi, le DGE reçoit les demandes d'autorisation, les
vérifie et il accorde ou non l'autorisation. En 1986-1987, nous avons
autorisé deux nouveaux partis politiques et nous avons retiré
l'autorisation à dix instances. Le DGE vérifie de plus les
rapports financiers des instances et des partis politiques et ceux de leurs
instances, contrôle leur financement quant au total des contributions
versées et à l'état des revenus et dépenses,
rembourse partiellement les frais encourus pour la vérification des
rapports financiers des partis politiques et il verse annuellement les
allocations aux partis politiques représentés à
l'Assemblée nationale selon les dispositions prévues dans la loi.
De plus, le DGE vérifie le rapport des dépenses
électorales et il verse, selon le cas, un remboursement correspondant
à 50 % des dépenses admissibles. Enfin, j'ai rendu publics, lors
d'une conférence de presse tenue le 11 mai dernier, les rapports
financiers des partis politiques et de leurs instances.
Septième catégorie d'activités: les
élections municipales. Le domaine municipal génère, en
plus des responsabilités assumées par la CRE, plusieurs
activités pour le Directeur général des élections.
En vertu de la Loi sur les élections dans certaines
municipalités, les articles 18 et 19 prévoient que le DGE apporte
l'aide nécessaire et fasse des recommandations aux présidents
d'élection dans l'exercice de leur fonction. De plus, par le chapitre
VII de la loi, le DGE assume diverses responsabilités en regard du
financement des partis politiques municipaux et du contrôle des
dépenses électorales.
À titre d'information, je vous souligne que 1148 avis
d'élection ont été émis en 1986, dont 984 pour les
élections de novembre, 117 pour des élections partielles, 39 pour
des élections complémentaires à la suite des postes
laissés vacants lors des mises en candidature, et de huit autres pour
des élections partielles dont le jour du scrutin a été
fixé dans le présent exercice.
Quant aux villes assujetties au chapitre VII de la loi, il s'est tenu 27
élections municipales dont 20 élections générales,
pour un nombre total d'électeurs de 3 340 134, soit 73 % du nombre
d'électeurs inscrits lors de l'élection provinciale du 2
décembre 1985. Pour ces élections, 637 candidats ont
brigué les suffrages et de ce nombre, 237 étaient des candidats
indépendants autorisés. Ici, j'attire votre attention sur l'aide
et les recommandations que nous apportons régulièrement aux
présidents d'élection. Nous constatons à cet égard
que les demandes d'aide ne cessent de croître avec les années.
En vertu des articles 18 et 19 de la Loi sur les élections dans
certaines municipalités, notre Service des scrutins municipaux a
répondu, en 1986-1987, à 2282 demandes d'assistance provenant de
504 municipalités différentes. Pour la période
électorale de 1986, nous avons noté une augmentation de 28 % des
demandes par rapport à l'exercice précédent. De plus, nous
avons apporté aide et conseil à 14 municipalités pour la
tenue d'une consultation populaire. Nous avons aussi procédé
à l'envoi de 2032 documents aux municipalités en élection
traitant de l'aspect organisationnel de la tenue d'un scrutin. Les sujets
d'assistance technique auprès des présidents d'élection
portaient par exemple sur les qualités d'électeur, le bulletin de
présentation des candidats et la confection de la liste
électorale. Les services fournis et l'expertise développée
chez le DGE nous ont amenés à développer une collaboration
plus étendue avec les différents intervenants. À titre
d'exemple, je vous mentionne notre participation avec le ministère des
Affaires municipales à huit sessions de formation des présidents
d'élection pour les municipalités réqies par le Code
municipal.
Huitième catégorie d'activités: la nomination des
directeurs du scrutin. La Loi électorale prévoit la nomination,
par le Directeur général des élections, d'un directeur du
scrutin pour chacune des circonscriptions électorales. Cette nomination
fait suite à un concours public pour un mandat d'une durée de
cinq ans. (14 h 15)
En 1986-1987, 107 postes de directeurs du scrutin devenaient libres
à la suite de l'expiration de leur mandat, d'où l'organisation
par mon bureau d'une vaste opération de recrutement et de
sélection à l'échelle du Québec. Actuellement,
trois postes sont à pourvoir, soit ceux des circonscriptions de
Charlesbourq, de Sainte-Anne et de Jeanne-Mance, lesquels feront l'objet d'un
concours au début de l'automne prochain.
Les étapes suivantes ont été
développées et réalisées pour mener à terme
ce travail: 1 , la publication à deux reprises des avis de concours dans
les quotidiens et
hebdomadaires du Québec. 2°, la préparation et la
transmission d'un dossier d'information avec un formulaire d'inscription
à toute personne désireuse de poser sa candidature et qui en
faisait la demande. 3°, la préparation, l'administration et la
validation de l'examen écrit en collaboration avec l'Office des
ressources humaines. 4°, la tenue d'un examen oral; les quatre premiers
candidats de chacune des circonscriptions électorales ayant
réussi l'examen écrit étaient reçus en entrevue.
Finalement, la nomination du candidat classé premier et son
assermentation.
Les entrevues de sélection ont eu lieu dans toutes les
régions du Québec. Elles ont été
précédées d'une session de formation pour les membres des
comités de sélection. Ces nouveaux directeurs du scrutin ont
procédé au choix et à la nomination de leur
secrétaire. Nous avons évidemment tenu des premières
sessions de formation en avril dernier pour ce personnel électoral.
Neuvième catégorie d'activités: Les services aux
citoyens et aux médias. En plus des activités décrites
précédemment, l'institution assume aussi d'autres
responsabilités comme les services aux citoyens et aux médias.
J'ai employé précédemment l'expression "être
prêt"; sans faire de mauvais jeux de mots, je désire vous
souligner que nous avons une préoccupation constante qui est celle
d'être également près des électeurs. Ces derniers
sont, en effet, l'alpha et l'oméga de notre raison d'être.
En 1986-1987, la DGE a poursuivi ses activités d'information des
électeurs par la rédaction et la diffusion de communiqués,
par la réalisation et le placement de messages publicitaires, par
l'organisation et la tenue de conférences de presse dont celle pour la
présentation des rapports financiers des partis politiques et par ses
réponses aux électeurs à de nombreuses demandes de
renseignements.
Dixième catégorie d'activités: Les relations avec
l'extérieur. Par rapport à ses échanges avec
l'extérieur, la DGE maintient régulièrement des relations
avec les autres provinces canadiennes et le gouvernement fédéral.
La DGE est membre de la Conférence des administrateurs
d'élections du Canada. Nous aurons, cette année encore, notre
rencontre annuelle qui est toujours fructueuse en informations inestimables.
J'occupe actuellement le poste de vice-président du Council on
Governmental Ethics Laws, COGEL, une association américaine qui traite
d'éthique, de lobby, de financement et de l'administration des
élections. À la fin de septembre 1987, nous serons l'hôte
de cette conférence annuelle, ici même, dans la ville de
Québec. Cette association regroupe 40 États américains,
des provinces du Canada et l'administration fédérale des
élections. Cette conférence aura une allure internationale par la
participation de représentants de la France, de la Grande-Bretagne et de
l'Allemagne de l'Ouest. C'est encore là un lieu privilège
d'échange d'informations.
Le printemps dernier, j'ai aussi déjà agi comme conseiller
en matière électorale auprès d'une
délégation d'Haïti, en visite au Canada, chargée de
préparer les prochaines élections générales dans ce
pays.
Prospectives et perspectives. Je viens de faire état sommairement
des activités de la DGE en période dite calme. Je crois
maintenant important de vous faire part de certaines prospectives en les
situant de façon particulière dans ce que j'appellerais la
philosophie ou, mieux, les perspectives qui animent toutes les activités
de l'institution que j'ai l'honneur de diriger. Le législateur nous
confie l'administration de certaines lois dont, au premier chef, la Loi
électorale, en ayant inscrit dans ces lois une pensée centrale,
une préoccupation première, qui est celle des électeurs
à qui incombe la responsabilité démocratique
d'élire librement les représentants de leur choix à
l'Assemblée nationale. Ce service aux électeurs est non seulement
sous-jacent à toutes nos activités, mais également un
souci constant. En effet, parce que la démocratie est exigeante, nul ne
peut cesser d'être vigilant pour qu'elle ne s'étiole pas.
Dans les mois futurs, il y aura une importante opération de
révision de la Loi électorale. Ce ne sera pas la première
fois ni la dernière, je l'espère, qu'une telle opération
se tiendra. Cette loi doit être à la fine pointe, doit
répondre constamment, de façon satisfaisante, aux exiqences du
meilleur exercice possible du droit de vote. Le jour où le sens civique,
le sens de la responsabilité démocratique qui incombe à
tous ne sera plus une préoccupation majeure des électeurs, des
parlementaires et des partis politiques, ce jour-là, il faudra parler de
déclin de la démocratie. Ce n'est heureusement pas le cas.
À cette opération de révision de la Loi
électorale s'ajoutera la révision de la carte électorale
à laquelle tous les électeurs pourront s'associer. Au cours des
prochains mois, nous continuerons à nous préoccuper plus
particulièrement de certaines catégories d'électeurs afin
de leur faciliter le droit de vote. Je pense aux personnes âgées,
aux personnes handicapées, aux analphabètes et aux personnes
dites "incapables". Nous désirons également trouver les moyens
les plus appropriés pour que les jeunes de nos écoles, en
collaboration avec le ministère de l'Education, soient bien
informés de notre ' système électoral.
Il faut quand même souligner que la Loi électorale dans sa
facture actuelle suscite l'étonnement admiratif des étrangers.
C'est, disons-le franchement, un produit
exportable, ce qu'on appelle, dans le langage actuel, un produit haut de
gamme. Nous faisons présentement une percée sur le plan de
l'information auprès du monde anglo-saxon, l'Australie récemment,
et il restera à le faire également du côté de la
francophonie.
Il va sans dire que, de façon immédiate, ce qui retient
notre attention, ce sont les projets de lot suivants, lesquels sont
présentement à l'étude à l'Assemblée
nationale: le projet de loi 25, Loi modifiant la Loi sur la
représentation électorale; le projet de loi 100, Loi sur les
élections et les référendums dans les
municipalités; le projet de loi 26 modifiant la Loi sur le Protecteur du
citoyen dont le libellé modifie la fonction du Directeur
général des élections, et le projet de loi 28, Loi
modifiant diverses dispositions législatives eu égard à la
Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels.
Rapport financier préliminaire. Les résultats que vous
trouverez à la page 3 du rapport financier sont estimés à
partir des dépenses comptabilisées au système informatique
du gouvernement le 28 février 1987. Vous remarquerez que, pour
l'ensemble du programme 3, Administration du système électoral,
l'écart entre les prévisions de 10 977 200 $ et les
dépenses estimées de 10 077 200 $ s'élèvent
à 900 000 $.
Concernant la Commission de la représentation électorale,
je vous réfère à la page 5 pour constater que
l'écart est de 30 000 $ entre les dépenses estimées et
celles prévues en 1986-1987. Ce montant de 30 000 $ a été
inclus dans les 900 000 $ mentionnés précédemment. Il
m'apparaît utile de vous souligner que les résultats obtenus, soit
une dépense moindre que prévue de 900 000 $, sont te fruit de
l'étroite collaboration de notre institution, à l'instar des
ministères et organismes qouverne-mentaux, dans la poursuite de
l'objectif de compression des dépenses amorcée l'an dernier. Dans
la lettre que j'adressais au secrétaire du Conseil du trésor le 8
octobre 1986, je disais que, compte tenu de la nature des activités du
Directeur général des élections, nos efforts de
compression ne pouvaient porter que sur des dépenses de fonctionnement.
C'est ainsi que nous avons procédé à la réduction
de nos effectifs en ne comblant pas les postes vacants, en diminuant
l'enveloppe des employés temporaires, en mettant en oeuvre, dans toute
la mesure du possible, le programme d'indemnisation volontaire et la mise en
disponibilité de certains employés. L'ensemble de ces mesures
représente une épargne de 485 000 $ de notre masse salariale.
Ici, je me dois de vous souligner que, sans l'étroite collaboration de
tout le personnel du DGE, il nous aurait été difficile
d'atteindre de tels degrés de rationalisation. Les décisions
administratives prises ont favorisé un regroupement des services et
développé la polyvalence de mon personnel. De plus, l'expertise
acquise dans le domaine électoral depuis l'intégration nous a
aussi permis d'augmenter notre productivité. Nous pouvons
présentement faire face à nos obligations avec un personnel
moindre, à cause du haut degré de professionnalisme de celui-ci
et d'une forte augmentation de sa productivité. Je dois toutefois
évoquer une phrase importante de la lettre que j'ai adressée au
Conseil du trésor sur les conséquences des compressions
budgétaires. Je cite: "...elles auront une incidence sur les services
rendus aux membres de l'Assemblée nationale, aux partis politiques et
aux électeurs dans le cadre des responsabilités qui me sont
dévolues par les lois qu'il m'incombe d'administrer."
Concernant les conséquences de l'intégration de
l'administration du système électoral, je vous soumets un
tableau, à la page 7 du rapport financier préliminaire, faisant
état de l'évolution de nos dépenses depuis l'année
précédant l'intégration jusqu'aux prévisions des
dépenses pour l'exercice financier 1986-1987, Je vous signale ici que,
depuis l'intégration le 1er janvier 1983, nos prévisions
budgétaires sont présentées d'une façon
séparée, à savoir, d'une part, les données du DGE
et, d'autre part, celles concernant la Commission de la représentation
électorale.
Les prévisions budgétaires 1987-1988. Pour l'exercice
financier 1987-1988, le total des dépenses prévues est
estimé a 10 500 000 $. Chacune des colonnes du tableau de la page 3
donne la ventilation du programme administré. L'élément 1
fait état des prévisions pour la gestion interne et le soutien de
l'administration du système électoral, lesquelles
s'élèvent à 7 800 000 $. L'élément 2
concerne des prévisions de 300 000 $ pour des travaux à effectuer
par la Commission de la représentation électorale.
L'élément 3 comprend une prévision de 2 400 000 $ pour les
activités électorales. Par exemple, le
réapprovisionnement, les élections municipales, la formation du
personnel électoral, l'allocation aux partis politiques.
À la page 4 de ce même document, il est fait mention de la
comparaison entre les prévisions 1987-1988 et celles de 1986-1987. Nous
remarquons, à cet égard, une baisse de 477 200 $ dans les
prévisions. Cette diminution est due aux efforts de rationalisation
faits l'an dernier.
Je vous souligne en terminant que, telles que présentées,
les prévisions budgétaires ne comprennent aucune activité
à caractère purement électoral ni à aucun mandat
spécial. Si des élections partielles devaient être tenues
ou si des modifications
importantes à la loi devaient être apportées, il est
certain que, selon l'évolution de la situation, il nous faudrait revoir
les conséquences réelles des compressions et établir plus
précisément les perspectives budgétaires pour 1987-1988, y
compris l'enveloppe des effectifs requis.
J'espère pouvoir maintenir cette enveloppe, mais je
n'hésiterais pas à la modifier, le cas échéant, en
conformité avec les exigences des responsabilités qui
m'incombent.
M. le Président, Mme et MM. les membres de la commission des
institutions, je vous remercie de votre attention et je demeure à votre
disposition pour répondre à toute question qu'il vous plaira de
m'adresser.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le directeur
général. Je vais maintenant reconnaître le
député de Gouin. Excusez-moi, je vais d'abord reconnaître
le député de Gatineau et leader du gouvernement.
M. Gratton: Merci, M. le Président. J'aimerais tout
d'abord remercier M. Côté, le Directeur général des
élections, de s'être présenté devant la commission
pour lui permettre de disposer des obligations que lui font tant la Loi
électorale que le règlement de l'Assemblée nationale de
revoir les prévisions budgétaires du Directeur
général des élections.
Avant de passer à l'étude des crédits, M. le
Président, j'aimerais poser une ou deux questions sur le contenu de la
déclaration préliminaire de M. Côté. Lorsque vous
faites état du rapport préliminaire que la Commission de la
représentation électorale doit normalement déposer en
septembre prochain, est-ce que l'état des travaux de la commission
à ce moment-ci vous permet de nous indiquer si ce rapport
préliminaire sera prêt à temps ou pourrait-il être
prêt pour dépôt à l'Assemblée nationale avant
septembre 1988?
M. Côté (Pierre-F.): Non, selon le calendrier que
nous avons déjà soumis, le calendrier de réalisation de la
nouvelle carte électorale, le rapport préliminaire sera
prêt au tout début de septembre. Il sera effectivement remis au
président de l'Assemblée nationale au début du mois de
septembre.
M. Gratton: Donc, il n'y a pas de difficulté qui pointe
à l'horizon.
M. Côté (Pierre-F.): Il n'y a pas de
difficulté majeure. Tout fonctionne normalement. Nous avons
évidemment eu plusieurs séances de la commission. Les travaux
vont bon train. C'est tout ce que je peux vous dire pour le moment. Il sera
à vous d'en juger quand on déposera le rapport, mais, pour nous,
nous procédons de façon satisfaisante et nous allons respecter
les échéances prévues.
M. Gratton: Concernant les amendements qui seront
nécessairement apportés à la Loi sur la
représentation électorale - on le sait, vous I'avez
mentionné, le projet de loi 25 est présentement devant
l'Assemblée nationale, on devrait en disposer d'ici les deux prochaines
semaines - vous n'avez pas vécu de problème majeur ou de quelque
nature avec les amendements qui ont fait l'objet de consensus à la
commission parlementaire de janvier dernier.
M. Côté (Pierre-F.): Non, d'aucune façon, M.
le ministre. Quand a été tenue la commission parlementaire du
mois de janvier, vous nous aviez demandé à la fin de la
commission, en accord avec l'Opposition, de procéder à la
rédaction du projet de loi, ce que nous avions fait. Le projet
présentement à l'étude en commission parlementaire
reflète, à mon avis, de façon très exacte et
très scrupuleuse, les consensus auxquels vous en étiez
arrivés et, dans l'exécution de nos travaux jusqu'à
maintenant, il n'y a aucun problème majeur qui, par exemple, pourrait ou
aurait pu m'amener à vous demander des amendements ou des modifications.
Non, tout va très bien. On procède conformément aux
décisions qui ont été prises quant au projet de loi
25.
M. Gratton: Je suis très heureux de constater que cela ne
vous occasionne pas de problème. Le but des amendements n'était
sûrement pas de vous en créer et je suis content que vous nous
informiez que tel n'est pas le cas.
À la page 8 de vos remarques, vous mentionnez avoir
autorisé au cours de 1986-1987 deux nouveaux partis politiques et avoir
retiré l'autorisation à dix instances. Je pense que vous aviez
fait état, avant aujourd'hui, de ces instances. Mais vous serait-il
possible de nous donner les noms, soit en les énumérant ou en
nous en remettant la liste?
M. Côté (Pierre-F.): Oui, M. le ministre. Les deux
partis politiques qui ont été autorisés sont, l'un, le
Parti citron - je m'excuse, mais c'est le nom qu'ils se sont donné - le
8 janvier 1987, et l'autre, le Parti des travailleurs du Québec, le 8
décembre 1986. Les instances qui ont été
"désautorisées", si on peut employer cette expression, sont des
instances de l'Union Nationale, au nombre de dix. Ce sont des instances des
circonscriptions électorales: Arthabaska, Jean-Talon,
Louis-Hébert, Ma-tane, Méqantic-Compton, Montmorency, Richelieu,
Richmond, Trois-Rivières. Il y a
aussi l'instance de l'Union Nationale de la région de
Montréal, ce qui fait un total de dix.
M. Gratton: Ce sont toutes des instances du parti de l'Union
Nationale.
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Gratton: Pour quelles raisons? Est-ce que ce sont des
instances de circonscriptions électorales qui n'ont pas rempli les
exigences de la loi? (14 h 30)
M. Côté (Pierre-F.): Trois de ces instances
n'avaient pas produit de rapport financier, ce qui est une raison de
"désautorisation". Pour sept autres, c'est à la demande du chef
du parti, ce que la loi autorise. La loi permet de retirer l'autorisation d'une
instance si le chef du parti politique en fait la demande.
M. Gratton: On pourra peut-être y revenir tantôt. M.
le Président, à moins que le député - j'allais dire
de Rochefort - de Gouin ait des remarques d'ordre général, je
voudrais entreprendre un certain nombre de questions concernant les
crédits mêmes du Directeur général des
élections.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre
délégué à la Réforme électorale. Je
vais reconnaître le député de Gouin.
M. Rochefort: Je veux tout simplement, d'abord, souhaiter la
bienvenue au Directeur général des élections, de
même qu'à ses principaux collaborateurs et, deuxièmement,
le remercier, ainsi que les membres de la commission, d'avoir accepté de
devancer notre séance de 15 heures à 14 heures pour me permettre
de faire face à des obligations qui me sont venues à la
dernière minute.
D'autre part, comme le ministre délégué à la
Réforme électorale, il y a sept ou huit sujets que j'aimerais
aborder avec le directeur général et ses collaborateurs. Compte
tenu du fait qu'on n'a pas de programme, on peut peut-être y aller selon
l'ordre qu'a pu se fixer le ministre, mais en s'entendant pour que, lorsqu'on
aborde un sujet, on prenne le temps, des deux côtés, de le vider
pour, ensuite, passer à autre chose.
Le Président (M. Marcil): Cela va? M. le ministre.
Administration du système
électoral
M. Gratton: M. Côté, l'estimation totale des
dépenses que vous nous avez soumise dans le rapport financier
préliminaire, vous l'indiquiez tantôt, reflète la situation
au 28 février dernier, avec une projection jusqu'au 31 mars, et les
crédits totaux s'élèvent à 10 077 200 $. On
retrouve d'ailleurs ce chiffre à la page 3. Est-ce que les chiffres
définitifs sont disponibles maintenant quant aux dépenses
réelles? Est-ce qu'il y a un écart appréciable entre ce
que vous prévoyiez au moment de la préparation de ce rapport
préliminaire et ce qui a été effectivement
dépensé?
M. Côté (Pierre-F.): Les chiffres sont effectivement
disponibles, M. le ministre, et la différence n'est pas très
élevée. Les déboursés réels
s'élèvent à 10 080 890 $. Il y a 4000 $ de
différence. 10 080 890 $, et je pourrais vous donner...
M. Gratton: Moins de 3000 $ de différence.
M. Côté (Pierre-F.): De différence, oui.
M. Gratton: C'est parfait. Quant aux effectifs, on indique, dans
les prévisions budgétaires pour 1987-1988, à la page 4, un
nombre d'employés permanents en moins de 26 et une réduction des
employés temporaires de 8. Par contre, quand on consulte les chiffres
sur le traitement des employés, on note que la différence entre
les dépenses de l'an dernier et les prévisions pour cette
année n'est que de quelque 115 000 $, c'est-à-dire 4 900 000 $
pour l'année dernière, comparé à 4 785 000 $
prévus pour 1987-1988. Est-ce qu'on doit en conclure qu'avec 34 postes
en moins et seulement 115 000 $ de différence les postes qu'on
prévoit abolir en 1987-1988 sont effectivement des postes qui
étaient déjà vacants en 1986-1987?
M. Côté (Pierre-F.): Pas tout à fait. Je vais
vous donner la précision. D'abord, évidemment, entrent dans les
prévisions les augmentations qui sont dues aux dernières
conventions collectives dont il faut tenir compte; c'est la première
observation.
Si vous me permettez, M. le ministre, je peux peut-être,
très rapidement, vous donner des chiffres assez précis sur
l'évolution des effectifs du 1er avril 1986 à ce qu'on
prévoit d'ici la fin de l'exercice 1987-1988. Au 1er avril 1986, il y
avait 171 postes autorisés. De ces 171 postes, il fallait soustraire 17
postes de la façon suivante: en cours d'année, il y a 8 postes
vacants d'annulés, 5 postes annulés attribuables à des
mutations et à des départs et 4 postes annulés
attribuables au programme de départ volontaire. Donc, on arrive au 30
mars i987 avec 154 postes.
Au 1er avril 1987, il y a 4 postes à supprimer pour des
départs volontaires connus et qui auront lieu en l'année 1987 et
6 employés en disponibilité à être placés
d'ici le 31 mars 1988. Donc, il y a 10 personnes qui sont encore dans les
effectifs.
M- Gratton: Six ou dix?
M. Côté (Pierre-F.): Dix en tout: quatre en
disponibilité et six à supprimer pour départ volontaire.
Ce qui fait que d'ici la fin de l'exercice nous devrions avoir 144 postes
autorisés. Ce qui veut dire 26 postes de moins, soit en pourcentage
15,78 %, si on veut l'avoir en pourcentage.
Pour revenir à la question que vous m'avez posée, il y a
deux éléments qui expliquent les prévisions:
l'augmentation des salaires et le fait que, dans la diminution envisagée
dont je viens de vous faire part, il y en a pour une dizaine de personnes.
C'est en cours. Il faut prévoir leurs traitements jusqu'à ce
qu'ils soient mis en disponibilité ou que les postes soient vacants.
M. Gratton: Quel montant d'argent y aura-t-il en vertu de
l'entente collective?
M. Côté (Pierre-F.): Pour les traitements? M. le
ministre, est-ce que vous demandez ce que représentent les
augmentations?
M. Gratton: Oui, en argent.
M. Côté (Pierre-F.): Une somme d'environ 300 000
$.
M. Gratton: Je ne sais si vous m'avez fourni la réponse
tantôt, mais, dans le livre des crédits 1987-1988, on parle d'un
nombre d'employés permanents de 152 - ce sont les crédits
à Personnes désignées par l'Assemblée nationale -
alors que, dans vos prévisions budgétaires, vous parlez de 145
employés permanents.
M. Côté (Pierre-F.): Parce qu'il y en a sept en
disponibilité. Dans 145, il faut ajouter sept qui sont
présentement en disponibilité. C'est pour cela que cela arrive au
chiffre de 145 au lieu de 152.
M. Gratton: D'accord. Dans vos prévisions
budgétaires aux pages 5 et 6, à l'élément Loyers...
Est-ce que, du côté des traitements, vous avez des questions?
M. Rochefort: J'avoue que, quand j'ai fait la proposition qu'on
aille sujet par sujet, je pensais finalement faire des crédits
budgétaires un sujet, si j'ai bien compris. De toute façon, vous
n'en avez pas des dizaines et des dizaines de questions sur les crédits.
Je vais vous laisser poursuivre.
Location d'édifices
M. Gratton: Aux pages 5 et 6 des prévisions
budgétaires, les montants de 625 000 $ et 9000 $ aux postes des loyers
pour le Directeur général des élections et pour la
Commission de la représentation, en quoi ces dépenses
consistent-elles?
M. Côté (Pierre-F.): Comment se répartit
l'élément Loyers?
Les 640 000 $ se répartissent de la façon suivante:
location d'édifices à bureaux, 137 000 $; entrepôts et
garages...
M. Gratton: Je m'excuse, mais la location d'édifices
à bureaux, c'est l'édifice que vous occupez ici à
Québec?
M. Côté (Pierre-F.): 137 000 $.
M. Gratton: C'est l'édifice de?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, c'est
l'édifice rue de la Pérade et celui du bureau de
Montréal.
M. Gratton: Rappelez-moi donc où se trouve
l'édifice de Montréal?
M. Côté (Pierre-F.): Sur le boulevard
Henri-Bourassa. J'oublie toujours l'adresse, parce que je m'y rends par coeur,
comme on dît, c'est 1575 ouest, boulevard Henri-Bourassa. Je
m'excuse.
M. Gratton: Quelle partie des 137 000 $ est affectée pour
le loyer à Montréal?
M. Côté (Pierre-F.): On me donne une
précision qui est importante, M. le ministre. C'est que les 137 000 $ se
rapportent uniquement au bureau de Montréal, parce qu'on retrouve
à un autre poste budgétaire, dans les immobilisations, le bureau
de Québec.
M. Gratton: Vous êtes propriétaire de
l'édifice ici à Québec.
M. Côté (Pierre-F.): Le gouvernement est
propriétaire, je m'excuse.
M. Gratton: Oui, d'accord. Oui, évidemment. Donc, 137 000
$, c'est le loyer de l'édifice sur le...
M. Côté (Pierre-F.): D'un étage que nous
avons dans l'édifice à Montréal. C'est le sixième
étage d'un édifice à Montréal.
M. Gratton: Combien de pieds carrés occupez-vous? On
pourrait nous le fournir plus tard, si on ne l'a pas à portée de
la main.
M. Côté (Pierre-F.): Je pourrais vous donner la
réponse. Ce n'est pas très qrand. Il y a quatre bureaux, une
salle de conférence, trois ou quatre...
M. Gratton: Combien de personnes sont affectées en
permanence à Montréal?
M. Côté (Pierre-F.): À Montréal? Il y
a six personnes.
M. Gratton: Donc, 137 000 $, c'est pour le bureau de
Montréal. Ensuite?
M. Côté (Pierre-F.): Ensuite, l'entrepôt qu'on
a sur la rue Kepler qu'on appelle l'entrepôt Roger -Lefrançois, du
nom de l'employé qui a été assassiné à
l'Assemblée nationale il y a quelques années. C'est 315 000 $.
C'est le plus gros élément sur les 527 000 $. Après cela,
on a: machines industrielles, machines-outils et outils, pour 1500 $,
matériel de transport, 6000 $, matériel de communication, 3000 $,
et entre dans cet élément Loyers le matériel informatique
et bureautique. Depuis maintenant trois ans, nous implantons l'informatique et
la bureautique à notre bureau. Pour cette année, c'est un montant
de 158 000 $ qui va à la location du matériel nécessaire.
Si vous êtes en train de prendre les chiffres, pour que vous arriviez
exactement, il y a 4500 $ dans Autres dépenses.
M. Gratton: On est suffisamment près du total pour qu'on
ne s'en soucie pas. Donc, la location d'entrepôts pour 315 000 $, ce sont
les entrepôts où vous emmagasinez le matériel du scrutin
entre les élections et tout cela?
M. Côté (Pierre-F.): M. le ministre, autrefois,
lorsque nous étions sur le boulevard Charest, c'était à
même le bureau. C'était immense, cet édifice, qui est
maintenant transformé en condo. Nous occupions pratiquement tout
l'édifice pour entreposer tout le matériel électoral.
Juste pour vous donner un ordre de grandeur, nous avons plusieurs tonnes de
papier à bulletins de vote qui sont toujours disponibles. Lorsqu'une
élection générale est déclenchée, c'est au
moins de 20 à 30 caisses en bois, de grosses caisses en bois, qui sont
envoyées dans chacune des 122 circonscriptions électorales.
Alors, cet entrepôt est assez considérable, mais on l'a eu de
façon fort intéressante, il y a quelques années, en
collaboration avec... C'était un très grand entrepôt qui
appartenait à la Société des alcools. Comme ils avaient
trop d'espace, ils ont accepté de le diviser en deux et de nous en
céder une partie. Ce n'est pas très très loin de notre
bureau actuel sur la rue de la Pérade et c'est très très
fonctionnel. Cependant, juste pour compléter cet exposé, si vous
le permettez, sur cet entrepôt -incidemment, j'apprécierais, si
vous êtes intéressé, que vous veniez le visiter pour avoir
une idée de ce que cela représente.
Tous les membres de l'Assemblée nationale seraient les bienvenus.
Nous procédons de façon de plus en plus rationnelle dans
l'inventaire et la tenue de cette entrepôt. Il y avait, par exemple,
plusieurs employés qui étaient là au cas où, dans
le cas du déclenchement d'une élection. Alors, on a
diminué considérablement le personnel. Nous sommes en train
d'avoir l'inventaire de tout le matériel requis. Nous sommes en train de
l'établir sur ordinateur. Lorsque arrivera un événement,
plutôt que d'avoir du personnel permanent - c'est un exemple des gens que
nous avons mis en disponibilité dans le cadre des compressions
budgétaires - nous engagerons du personnel temporaire pour la
circonstance. On a gardé une ou deux personnes qui connaissent bien ce
qu'il y a dans cet entrepôt et comment l'expédier rapidement. (14
h 45)
On calcule, nous, qu'on dispose d'un maximum de 24 à 48 heures.
Quand une élection est déclenchée, au bout de 48 heures,
il faut que tout soit rendu dans les 122 circonscriptions, dans toute la
province. Cela veut dire qu'on entrepose - c'est la raison d'être de cet
entrepôt - tout le matériel. Cela veut dire non seulement le
papier à bulletins de vote, mais le matériel en carton, tous les
formulaires pour la révision des listes, le recensement, il y a tout
dans cette... Tout est toujours en quantité suffisante pour que, par
exemple, si le permier ministre décidait de déclencher une
élection, dans l'espace de 48 heures, ce serait rendu dans les
circonscriptions électorales.
M. Gratton: Donc, vous nous dites que, présentement, il y
a seulement une ou deux personnes en permanence à cet
entrepôt?
M. Côté (Pierre-F.): Il y en a deux.
M. Gratton: Deux personnes. Est-ce que je me trompe en disant
qu'an doit maintenir des conditions climatiques particulières pour la
préservation du papier et tout cela?
M. Côté (Pierre-F.): Oui. À cet égard,
c'est un entrepôt assez récent, assez neuf. L'atmosphère
est bien contrôlée, les conditions de température sont bien
contrôlées pour préserver le papier; c'est surtout du
papier qu'on a là. Il faut qu'il ne soit pas affecté.
M. Gratton: Est-ce que l'édifice appartient à la
Société des alcools ou à l'entreprise privée?
M. Côté (Pierre-F.): Non, c'est un édifice
privé qui appartient à M. Roussin, qui était le
propriétaire à ce moment - et je pense qu'il l'est encore - de
qui la Société
des alcools le louait. Il y a eu une entente avec le propriétaire
pour qu'on puisse arriver à cette solution de...
M. Gratton: Louez-vous directement du propriétaire?
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Gratton: Ou en sous-bail, en sous-location?
M. Côté (Pierre-F.): Je vais vérifier. C'est
directement de M. Roussin.
M. Gratton: De combien de pieds carrés disposez-vous?
M. Côté (Pierre-F.): Malheureusement, je n'ai pas
les chiffres disponibles, mais...
M. Gratton: Si on pouvait nous fournir les...
M. Côté (Pierre-F.): Je pourrais certainement vous
les fournir...
M. Gratton: En pieds ou en mètres carrés.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, oui. Je n'ose pas vous
avancer un chiffre, je sais que c'est immense, et c'est surtout en hauteur; on
a beaucoup d'étagères, alors, cela permet de gagner de l'espace.
Mais nous prenons une note et nous ferons parvenir l'information à tous
les membres.
M. Gratton: Merci. M. te Président, je pense que Mme la
députée avait une question.
Le Président (M. Kehoe): Mme ta députée de
Groulx, sur le même sujet.
Mme Bleau: Je voulais demander ceci à M. le directeur
général. Aucune des circonscriptions possède de document
à ce moment-là; tout est à la même place et, au
moment d'une élection, tout s'en va dans chacune des
circonscriptions.
M. Côté (Pierre-F.): C'est exact. Le meilleur
exemple, c'est une élection générale, mais c'est la
même chose pour une élection partielle ou un
référendum; la documentation nécessaire, toutes les
formules, tout le matériel électoral requis est
expédié. La raison est la suivante: cela nécessiterait, si
on procédait autrement, que, chez les directeurs ou directrices de
scrutin, ils aient l'espace requis pour entreposer ce matériel. Il y a
une autre raison qui me paraît aussi impérieuse, de ne pas aboutir
à... D'abord, de toute façon, le coût serait énorme
et je ne pense pas que ce serait faire preuve d'une saine administration que de
procéder de cette façon-là, à moins que les
directeurs du scrutin aient besoin de leurs bureaux pour autre chose ou d'un
entrepôt quelconque. Cela coûterait très... Mais l'autre
raison, c'est la suivante: quand il y a des amendements à la Loi
électorale, il nous faut souvent revoir les formules, c'est l'une des
conséquences... Alors, à ce moment-là, on procède
directement, on commande et on entrepose cela directement ici à
Québec. Alors, quand l'événement est
déclenché, on expédie tout le matériel
nécessaire.
Mme Bleau: À ce moment-là, chaque directeur de
circonscription électorale, chaque directeur de scrutin a-t-il des
relations continues avec vous ou avec votre personnel entre les
élections? Reçoivent-ils un salaire à ne rien faire ni
plus ni moins?
M. Côté (Pierre-F.): Non, non, non. Les directeurs
ou directrices du scrutin sont d'abord en relation continue avec nous de la
façon suivante: par exemple, tout de suite après
l'établissement de la carte électorale qui sera le rapport
préliminaire, au tout début de l'année prochaine, ils
seront appelés à revoir les sections de vote, la
délimitation des sections de vote et des secteurs électoraux,
selon les dispositions de la nouvelle loi, le projet de loi 25. Quand un
directeur ou une directrice de scrutin fait un travail comme celui-là,
il est payé pour le travail qu'il fait, mais, en dehors de cela, il n'y
a pas de rémunération. La seule chose qu'on a prévue,
cette année, c'est un léger dédommagement pour leur
permetre d'entreposer chez eux la documentation qu'on leur envoie. C'est un
classeur, en fait, qu'ils ont. Ils sont dans l'obligation de le remettre s'ils
démissionnent ou s'ils quittent. Mais on leur donne un léger
dédommagement pour compenser pour l'entrepôt, parce que ce n'est
pas tout le monde qui a l'espace requis pour... C'est surtout trois ou quatre
tiroirs de documents qu'on leur adresse dans une année.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Oui. Une ou deux questions, M. le Président.
À l'élément Immobilisations, on sait que, cette
année, on ne prévoit aucune dépense d'immobilisations pour
l'édifice de la Pérade alors que, dans les années
antérieures, il y avait une dépense de quelque 325 000 $ chaque
année. Dois-je conclure que l'immeuble est maintenant payé?
M. Côté (Pierre-F.): Non, M. le ministre, c'est sur
une période de dix ans. Dans le document Prévisions
budgétaires, à
la page 4, vous avez, à peu près au milieu de la page, la
catégorie 11 qui est Autres dépenses. Pour 1987-1988, il est
prévu 1 586 000 $. Ce montant comporte, entre autres, ce qu'on appelle
ici, dans une sous-catégorie que j'ai ici en main, Intérêts
sur biens achetés à terme, 300 000 $. En fait, ce montant couvre
les intérêts sur l'achat de l'immeuble.
M. Gratton: Mais, si, à Immobilisation, le montant
prévu pour cette année est de zéro, est-ce que c'est
strictement un transfert comptable?
M. Côté (Pierre-F.): C'est une nouvelle façon
de procéder et je vais vous la dire dans une minute. C'est une nouvelle
façon de procéder - je ne dirais pas qu'on nous impose - qui est
suivie actuellement à l'intérieur du gouvernement, d'après
les informations qu'on me donne. Autrefois, on trouvait, sous Immobilisation,
le reliquat du montant du paiement de l'immeuble, qui est sur une
période de dix ans. On me dit qu'il reste environ 2 000 000 $ à
verser. Mais, au lieu de les avoir dans les prévisions
budgétaires, ça va dans un autre élément qui
n'apparaît pas ici, les comptes à payer. Pourquoi les situer comme
ça? C'est une nouvelle façon comptable de les présenter.
Ce qui apparaît, c'est ce que je vous ai mentionné tantôt
dans la catégorie 11. Ce sont les intérêts sur le montant
qui reste à payer.
M. Gratton: 300 000 $. M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Gratton: Est-ce qu'il n'y a pas possibilité que vous
nous fournissiez - pas aujourd'hui, mais dans les jours à venir - un
état complet des transactions ou des soldes dus sur l'édifice et
tout ça? Parce que je vous avoue que, pour une fois, je m'y comprenais,
parce que je pouvais comparer l'an dernier avec cette année. C'est
peut-être pour ça qu'on a changé la méthode. Ce
n'est pas à vous que je le reproche. L'étude des crédits
pendant neuf ans dans l'Opposition m'a amené à croire que c'est
souvent comme ça. Dès qu'on a commencé à
comprendre, on s'aperçoit qu'on a changé de méthode
comptable.
S'il y avait moyen de nous fournir la ventilation de l'acquisition de
l'édifice, les paiements, tant le capital que les intérêts,
de façon que nous puissions nous situer sur l'état de la
situation.
M. Côté (Pierre-F.): Je vous fournirai ces
informations avec plaisir et les transmettrai aux membres de la commission.
Si vous me permettez cette petite parenthèse de ma part, je vais
ajouter un autre document qui éclaircira peut-être un autre aspect
qui traîne dans le décor, et qu'on rappelle à l'occasion;
je me permets de le souligner, et il me fera plaisir de vous transmettre ce
document. Quand on a acquis l'immeuble - ce fut un concours de circonstances et
je ne vous raconterai pas toute l'histoire, car c'est un peu long
-n'étant pas obligé de le faire, mais je l'ai fait quand
même à ce moment-là, j'ai demandé l'avis du Conseil
du trésor. J'ai, dans mes documents, un texte du Conseil du
trésor de l'époque qui recommandait très très
fortement l'acquisition de l'immeuble. Je pense que cela pourrait faire partie
de vos dossiers, si jamais vous étiez intéressé de voir
comment on a procédé, et je vous fournirai le montant global de
l'acquisition, sur quelle période de temps cela s'est fait, quel est le
solde du capital et quel montant nous payons par année en
intérêt. Est-ce que cela irait comme information, M. le
ministre?
M. Gratton: Oui, absolument. D'ailleurs, ma question n'avait
sûrement pas pour but de contester le bien-fondé de la
décision. J'ai une copie du CT...
M. Côté (Pierre-F.): Non, non, je comprends
très bien. Il y a un vide. Il semble y avoir une absence et il faut que
ce soit payé quelque part.
M. Gratton: Oui. D'ailleurs, j'avais une question à vous
poser au sujet des autres dépenses, c'est-à-dire l'explication de
l'augmentation, mais vous venez de me fournir la réponse en faisant
allusion aux 300 000 $ d'intérêt.
Une dernière question, M. le Président. Fournitures; on
voit, pour 1987-1988, une somme prévue de 326 000 $. On retrouve cela
à la page 4 des prévisions budgétaires. Le montant se
répartit comme suit: 295 000 $ pour le Directeur général
des élections, 31 000 $ pour la Commission de la représentation.
Par ailleurs, l'estimation des dépenses effectuées l'an dernier
s'élève à quelque 198 000 $, et ce, pour te Directeur
général des élections seulement, puisque aucun montant
n'était prévu pour la Commission de la représentation
électorale. En quoi consiste cette augmentation des dépenses
prévues de quelque 100 000 $ à Fournitures? II s'agit de...
M. Côté (Pierre-F.): Je vais préciser votre
question, M. le ministre. Quand vous dites qu'il y a 100 000 $ de
différence, c'est à la paqe 4 des prévisions
budgétaires?
M. Gratton: Oui, à la page 4 des prévisions.
M. Côté (Pierre F.): Il y a 326 000 $ et...
M. Gratton: 326 000 $ et, dans le rapport des dépenses
estimées pour l'an dernier, le montant est de 198 000 $.
M. Côté (Pierre-F.): Ah bon! Alors, la question est:
Si on a dépensé 198 000 $, pourquoi prévoit-on, cette
année, 326 000 $?
M. Gratton: C'est cela. Oui. L'an dernier, vous avez
dépensé 198 000 $. Faisons abstraction de la Commission de la
représentation électorale parce qu'on comprend que la commission
travaille cette année, alors que, l'an dernier, elle n'avait pas de
travaux aussi importants en cours. Mis à part les 31 000 $ pour la
Commission de la représentation, vous avez prévu 295 000 $ pour
l'année qui vient. De 295 000 $ à 198 000 $, il y a 100 000 $
additionnels dans les prévisions.
M. Côté (Pierre-F.): Juste pour être plus
précis, si on prend le chiffre de 198 000 $, il faudrait le
réduire si on veut parler seulement de l'institution du DGE. Il faudrait
parler de 182 200 $.
M. Gratton: Pardon?
M. Côté (Pierre-F.): Au lieu de parler de 198 000 $,
parce qu'il faut déduire des 198 000 $ ce qui va pour la commission,
c'est de 182 200 $ qu'il faut parler de ce qui a été...
M. Gratton: Vraiment dépensé. M.
Côté (Pierre-F.): ...dépensé. M. Gratton:
D'accord.
M. Côté (Pierre-F.): J'ai un chiffre plus
précis: 19* 743 $, c'étaient les prévisions... Il n'y a
pas une grande différence là.
M. Gratton: Alors, cela nous amène exactement à 100
000 $ de plus pour l'an prochain. (15 heures)
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Les différences
portent sur les points suivants. Je vais vous dire un secret au départ,
c'est un des éléments sur lesquels on se permet d'avoir certaines
réserves cachées, je dirais. Il y a des fois où on
augmente un peu et cela nous permet, à un moment donné, de-Une
voix: ...
M. Côté (Pierre-F.): Pour être bien franc avec
vous. Mais il y a quand même des différences à certains
éléments.
M. Rochefort: M. le Président, le directeur
général me permettra sûrement un commentaire.
Généralement, lorsque quelqu'un fait l'étude des
prévisions budgétaires de quelqu'un d'autre, on remarque toujours
son habileté à réussir à trouver rapidement
où sont les petits coussins. Je pense que le ministre a réussi
à y arriver une trentaine de minutes après le début de la
commission. Alors, on en prend bonne note.
M. Gratton: On pourrait discuter du ministère du Revenu,
ensuite, pour voir si on ne pourrait pas trouver quelque chose là
aussi.
M. Côté (Pierre-F.): Par exemple, il y a...
M. Rochefort: Je suis convaincu que le ministre du Revenu est
moins transparent que le Directeur général des élections
quant aux petits coussins qu'on retrouve dans leurs budgets respectifs.
M. Côté (Pierre-F.): Par exemple, on a un titre,
ici, pour lequel je suis obligé de demander une information et cela me
surprend moi-même. Cela s'appelle "Matières fabriquées non
comestibles", c'est du papier. Ce qu'on a dépensé en papier,
achat de papier, photocopies et le reste, c'est 19 500 $. Cette année,
on a un bon montant de prévu et cela fait une bonne différence,
c'est 51 000 $. Dans les pièces accessoires de matériel et
d'équipement, on a dépensé 7100 $ et, cette année,
on prévoit 15 000 $. Pour les formulaires, les livres, les disquettes,
les fournitures de bureau, on a dépensé 44 500 $; on
prévoit 76 000 $. Il y a une augmentation normale de
l'électricité, du gaz et du chauffage; l'an dernier, cela a
coûté 85 000 $ et, cette année, on prévoit 101 000
$. Ce sont les principaux montants qui expliquent la différence.
M. Gratton: Outre le chauffage, le dernier élément
s'inspire-t-il de la possibilité d'élections partielles?
M. Côté (Pierre-F.): Non. Ce qui est prévu
dans cela, c'est... Je dis non; je devrais peut-être dire oui et non. Il
nous reste des choses à compléter dans la préparation du
matériel électoral. Pour être totalement prêts, il
nous reste quelques éléments. Dans cet ordre de grandeur, il y a
un certain nombre de choses qu'on voudrait produire, des directives, par
exemple - c'est ce qui explique l'augmentation du papier, des matières
non comestibles - parce qu'on dispose de temps et tout va dépendre du
moment où les amendements seront apportés à la loi. On
devrait peut-être les produire au bureau, ce qui, parfois, revient moins
cher que de les donner à l'imprimeur. Évidemment, si on les fait
au bureau, il nous faut un peu plus de papier. Cela explique en
partie cette différence.
M. le ministre, je m'excuse, j'aurais peut-être une réponse
à une question que vous m'avez posée tantôt en ce qui
concerne la grandeur de l'entrepôt et la grandeur du bureau de
Montréal, On vient de me donner une information, est-ce que je peux vous
la communiquer maintenant?
M. Gratton: Oui.
M. Côté (Pierre-F.): L'entrepôt a 54 000 pieds
carrés.
M. Gratton: Attendez une seconde.
M. Côté (Pierre-F.): À l'époque, les
besoins d'espace avaient été faits en étroite
collaboration avec ce qui s'appelait, à ce moment-là, le
ministère des Travaux publics. On a eu l'aide des experts du
ministère pour déterminer de façon précise l'espace
dont on avait besoin et on avait abouti à ce chiffre de 54 000 pieds
carrés qu'on occupe effectivement. Au bureau de Montréal,
l'espace occupé est d'environ 7000 pieds carrés.
M. Trudel: De combien? 17 000?
M. Côté (Pierre-F.): 7000 pieds carrés.
M. Trudel: 7000.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous terminé, M. le
ministre?
M. Gratton: Oui.
M. Trudel: J'ai une petite remarque à faire. M. le
directeur général, en tenant compte de ce que vous avez dit
tantôt, je serais un peu d'accord avec mon collègue de Gouin sur
le fait que, trouver un coussin en moins d'une heure, il faut le faire. Quand
j'étais P.-D.G. d'une compagnie et que j'avais à subir le
même sort que vous aujourd'hui, et qu'il fallait que je
révèle mes coussins, cela prenait plus de temps que cela. Ce
n'était pas moi qui étais nécessairement plus habile;
c'était peut-être le conseil de l'époque qui était
plus lent. Je vous dis que 1 % sur 10 000 000 $ de budget, cela me paraît
tout à fait raisonnable. On parle d'à peu près 100 000 $,
au fond?
M. Côté (Pierre-F.): À peu près.
M. Trudel: Avec le prix du papier qui augmente, et tout cela,
cela me paraît tout à fait raisonnable.
M. Gratton: D'ailleurs, en tenant pour acquis qu'il n'y a pas
d'autres coussins nulle part ailleurs, moi aussi, je trouve cela
extrêmement...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gratton: ...raisonnable. M. le Président, une
dernière question, si on me le permet, pour le moment. Vous avez fait
allusion à la conférence annuelle du "Council on Governmental
Ethics Laws" qui doit se tenir à Québec même, en septembre.
Avez-vous prévu un budget du côté du Directeur
général des élections pour la participation, sinon du
gouvernement, de la Direction générale des élections
à ce congrès?
M. Côté (Pierre-F.): Je suis très heureux de
votre question. Je vais vous répondre de la façon suivante, en
trois points: le premier, c'est qu'une conférence comme celle-là,
normalement, se finance par les frais d'inscription. Je parle des autres
congrès auxquels j'ai assisté au cours des années
antérieures. Deuxièmement, évidemment tenir une
conférence comme celle-là à Québec coûte plus
cher que de la tenir à n'importe quel endroit aux États-Unis, a
cause en particulier de la distance et de la différence de coûts,
mais aussi parce qu'on veut lui donner une dimension internationale. Cependant,
ce qui est assez extraordinaire, c'est que mes collègues canadiens de
toutes les provinces ont accepté de fournir une aide financière
pour la réalisation de cette activité. Je vais vous donner
quelques exemples: le gouvernement fédéral accepte de payer les
frais de la réception d'ouverture, une province accepte de
défrayer un petit déjeuner, une autre... Je disais à la
blague à la coprésidente de l'organisation du congrès que,
pour qu'un de mes collègues canadiens puisse agir dans un des panels, je
lui vendais sa participation. Il fallait qu'il contribue. Mais, blague à
part, ce qui va se produire, c'est que, si nos prévisions actuelles se
réalisent, on ne devrait pas avoir de difficulté sur le plan
budgétaire pour la réalisation. Troisièmement, la
dernière partie de la réponse, c'est qu'il y aura quelques
déboursés de la part de la DGE, par exemple, sous forme de
participation active d'un certain nombre de membres de mon personnel,
c'est-à-dire qu'ils vont s'inscrire... S'il n'y avait pas eu cette
conférence à Québec, ils ne se seraient pas inscrits. Mais
je ne prévois pas que ce seront des montants exorbitants.
Il y a une partie pour laquelle nous espérons l'aide du
gouvernement provincial autre que de notre budget. Nous avons
déjà acquis l'accord du ministre des Relations internationales et
ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes, qui a accepté de donner une réception ici au salon
rouge. Son Excellence le lieutenant-gouverneur donnera également une
réception et devrais-je révéler, M. le ministre, que nous
avons également adressé une demande...
M. Gratton: Oui, révélez. Qui risque de se
concrétiser, d'ailleurs.
M. Côté (Pierre-F.): Je vous en remercie! La
principale réception serait défrayée par le
ministère du Revenu ou le ministère du... Enfin.
M. Gratton: Le Conseil exécutif. Donc, vous n'avez
prévu nulle part dans les prévisions budgétaires, un
montant?
M. Côté (Piemî-F.): Non. Les dépenses
que l'on va encourir. sont des dépenses de temps, avant tout, et tes
autres dépenses vont entrer dans le budget. On ne prévoit pas
qu'il y aurait des écarts assez considérables pour pouvoir
prévoir un montant pour cela.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. On me permettra
sûrement quelques commentaires, notamment sur la dernière
intervention du député de Bourget qui a parlé
d'habileté plus ou moins grande de la part des différents
participants à la recherche des coussins. Je dirai plutôt que
c'est souvent attribuable à la volonté de transparence de la
personne interrogée si l'on peut évaluer la rapidité de
l'identification des coussins.
M. le Président, je voudrais dire que je suis un peu heureux du
déroulement des questions de la part du ministre responsable de la
réforme électorale. Je remarque, un peu comme on était en
mesure de l'observer au cours de notre commission parlementaire de l'hiver
dernier sur la Commission de la représentation électorale, cette
fois-là, que, malgré le nombre important de questions,
l'inquiétude même qui a toujours circulé dans les rangs de
l'actuelle majorité autour des crédits budgétaires, des
budgets, des dépenses effectuées par le Directeur
général des élections, finalement, on s'est aperçu
que l'actuelle majorité possédait peu de données pour
étayer ses inquiétudes quant à l'ampleur des
dépenses. La liste des questions qu'a adressées le ministre au
Directeur général des élections cet après-midi nous
indique que, finalement, peu de données étaient entre les mains
du Parti libéral lorsqu'on a eu droit à certaines interventions,
peut-être un peu fortes à l'époque, sur des
inquiétudes qui régnaient quant aux dépenses
effectuées par le Directeur général des élections.
Et je pense que l'attitude manifestée aujourd'hui par le ministre est
une attitude qui va permettre, effectivement, d'avoir des données
précises, très exactes et appuyées sur des
réalités qui vont nous permettre sûrement, par la suite,
d'avoir des discussions empreintes d'une dose de réalisme beaucoup plus
grande que celle que nous avions connue à l'époque où
certains de ses collègues participaient à la commission de
l'étude des crédits du Directeur général des
élections qui, d'ailleurs, avait un style fort différent de celui
que nous retrouvons au cours de notre commission aujourd'hui.
Compressions budgétaires
M. le Président, moi, j'aurai deux ou trois questions sur les
crédits budgétaires du Directeur général des
élections et, par la suite, j'imagine que le ministre aussi sera
d'accord pour aborder certains éléments qu'on retrouve dans les
remarques d'introduction du directeur ou qui sont le lot, de toute
façon, de ses activités générales. Première
remarque: dans votre document, dans vos notes préliminaires, vous faites
allusion à deux passages, sauf erreur, vous citez des extraits d'une
lettre que vous avez fait parvenir au président du Conseil du
trésor ou au Conseil du trésor lui-même pour les
crédits budgétaires de cette année.
Est-ce que cette lettre est disponible pour dépôt à
la commission?
M. Côté (Pierre-F.): Si tel est le désir des
membres de la commission, je n'y vois pas de difficulté majeure. C'est
une demande, qui nous a été adressée comme on l'a
adressée à tous les ministères, de voir à ce qu'on
effectue des compressions budgétaires. Elle fait part de notre
acceptation de collaborer dans ce sens. Ce que j'ai décrit tout à
l'heure, ce qui se manifeste dans nos prévisions
budqétaires...
M. Rochefort: Pour être bien précis, M. le
Président, je demandais la possibilité qu'on dépose la
lettre du Directeur général des élections au Conseil du
trésor. Si je comprends bien sa réponse, c'était à
la suite d'une lettre du Conseil du trésor?
M. Côté (Pierre-F.): C'est juste, M. le
Président.
M. Rochefort: Est-ce que le ministre aurait objection à ce
que la lettre du Conseil du trésor soit déposée aussi?
M. Gratton: En principe non, M. le Président, mais je
pense que le député de Gouin acceptera volontiers que je consulte
mon collègue, le président du Conseil du trésor, avant de
procéder au dépôt de ladite lettre. Pour en avoir pris
connaissance, il s'agissait non pas d'une demande comme telle, mais, de la
même façon que, je pense, le Conseil du trésor avait
formulé le souhait auprès du président de
l'Assemblée nationale, par exemple, en réalisant bien et en
notant bien le caractère de personne désignée du Directeur
général des élections. Il lui
demandait de s'associer aux efforts de rationalisation du gouvernement
et le Directeur général des élections avait cru utile et
souhaitable de répondre favorablement.
Donc, pour ce qui est de la lettre du Directeur général
des élections, il appartient à M. Côté de juger de
l'opportunité de la déposer. Pour ce qui est de la lettre du
président du Conseil du trésor, j'en saisirai le président
du Conseil du trésor et, à prime abord, j'indique tout de suite
qu'il n'y a pas d'objection de principe à ce qu'elle soit transmise aux
membres de la commission.
M. Côté (Pierre-F.): Je peux peut-être
ajouter, M. le Président, dans Je sens de ce que vient de dire M. le
ministre que la lettre - je voudrais être bien précis
là-dessus - du Conseil du trésor était une demande qui
sollicitait, ce n'était pas une demande formelle, je veux dire une
instruction formelle que donnait le Conseil du trésor. Je suis
très clair là-dessus, le libellé de la lettre
était, je dirais à cet égard, tout à fait correct
et nous avons répondu, par la suite, à cette demande. Moi, je
n'ai pas d'objection à ce qu'on remette la lettre que j'ai
adressée ce soir.
M. Rochefort: Un commentaire, M. le Président. Je
comprends la réponse du ministre et je vous indique immédiatement
que, dans la mesure où son collègue, le président du
Conseil du trésor, ne serait pas trop favorable à ce qu'on
dépose cette lettre, j'avoue que cela augmentera le nombre de questions
que je vous poserai. Oui, c'est toujours délicat qu'une instance
gouvernementale communique directement avec une personne désignée
comme le Directeur général des élections, une personne
désignée par l'Assemblée nationale et, compte tenu de
l'indépendance absolument sans nuance dont doit jouir le Directeur
générai des élections, je pense, M. le Président,
que c'est une lettre qui est importante et utile dans l'évaluation que
l'Opposition souhaite faire de ce qui se déroule du côté du
Conseil du trésor et cela m'amène à une question quant
à l'année précédente. Si je comprends bien, sauf
erreur, l'année précédente, c'était par une
démarche - vous me corrigerez ou vous préciserez si je me trompe
- c'était à la suite d'une démarche du secrétaire
général du Conseil exécutif de l'époque que vous
aviez procédé è certaines compressions budgétaires,
si je ne me trompe. Vous nous aviez ... (15 h 15)
M. Côté (Pierre-F.): C'était en 1986.
M. Rochefort: C'est cela. Je parle de l'année
précédente, l'année à laquelle on
réfère.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. C'est cela.
M. Rochefort: En 1986, c'est plutôt M. Bolduc qui
était alors secrétaire général.
M. Coté (Pierre-F.): Non, c'est par le secrétaire
du Conseil du trésor, M. Arpin.
M. Rochefort: Ah boni. Vous voyez?
J'avais compris que c'était le secrétaire
général du Conseil exécutif, il y a deux ans, qui avait
fait des demandes.
M. Côté (Pierre-F.): Non, c'était le
secrétaire du Conseil du trésor.
M. Rochefort: Je vous dis immédiatement qu'à tous
points de vue j'étais resté avec l'impression que c'était
le secrétaire général du Conseil exécutif de
l'année dernière pour 1986, qui avait communiqué avec vous
quant à l'état général des finances publiques et
des implications.
M. Côté (Pierre-F.): Vous avez raison, M. le
député. Une communication de la part du secrétaire
général du Conseil exécutif a été faite de
façon verbale.
M. Rochefort: Et qui a été suivie, si je comprends
bien maintenant, d'une lettre de M. Arpin qui était secrétaire
général du Conseil du trésor?
M. Côté (Pierre-F.): Oui, mais il faudrait que je
retrace la chronologie des événements pour savoir lequel a
précédé l'autre.
M. Rochefort: Et cette année, il y a eu seulement une
démarche du Conseil du trésor dans votre direction. Oui, on vient
de parler d'une lettre dont je viens demander le dépôt.
M. Gratton: C'est exact, c'est pour 1986-1987.
M. Rochefort: Non, mais écoutez, on étudie les
dépenses budgétaires pour 1987-1988, il faut que les compressions
soient déjà impliquées dedans. Ce n'est pas à la
fin de l'année budgétaire qu'on applique des compressions, c'est
en début d'année budgétaire.
Je voulais seulement être sûr qu'on se comprenne.
M. Gratton: C'est cela.
M. Rochefort: On a devant nous...
M. Gratton: Alors, moi, j'inviterai M. Côté à
nous dire si la lettre a été ...
M. Rochefort: Oui, mais je vais seulement préciser le sens
de ma question, si
le ministre est d'accord? M. Gratton: Oui.
M. Rochefort: Correct. On a devant nous les prévisions
budgétaires 1987-1988, dans lesquelles, si je comprends la
déclaration d'ouverture que vous nous avez faite, il y a des
compressions budgétaires qui - si j'ai compris, dans votre intervention
-ont impliqué une réponse de votre part au Conseil du
trésor, dont vous nous faites état de deux extraits. Une
réponse qui faisait suite à une lettre du Conseil du
trésor, dont on a parlé, le ministre et moi, et le ministre va
vérifier auprès du président du Conseil du trésor
si elle peut être rendue publique. À ce que je comprends, cela
faisait partie des prévisions budgétaires 1987-1988, ce pourquoi
nous sommes réunis. J'ai - et c'est relié à cela - voulu
comparer l'approche gouvernementale et le type de relation que vous avez eue,
vous, le Directeur général des élections, avec les
autorités gouvernementales, pour 1987-1988 avec ce qui s'était
produit pour 1986-1987. Je vous avais rappelé qu'à
l'époque je me souvenais que vous nous aviez dit que la première
démarche avait été une démarche du
secrétaire général du Conseil exécutif, M. Bolduc,
à votre endroit - je me souviens à peu près des mots que
vous avez employés -vu l'état général des finances
publiques, demandant de voir dans quelle mesure vous pourriez refléter
cette préoccupation présente partout dans le gouvernement, qu'on
souhaitait voir aussi présente chez vous. J'ai compris que
peut-être une lettre de M. Arpin était intervenue.
M. Côté (Pierre-F.): Vous permettez que
j'intervienne juste une seconde parce qu'il y a un point dans ce que vous avez
donné sur lequel je voudrais absolument apporter une précision.
Je pense qu'il y a un imbroglio sur un petit point.
M. Rochefort: Sûrement, parfait.
M. Côté (Pierre-F.): Voici ce qui s'est
passé, M. le député. Ce que vous disiez tout à
l'heure pour le secrétaire général du Conseil
exécutif, cela va. Cela a été suivi...
M. Rochefort: Si vous voulez préciser les années
dont on parle.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, c'est cela. Cela a
été suivi, ce que vous mentionniez tout à l'heure, en juin
1986 par une lettre du secrétaire du Conseil du trésor. J'y ai
répandu quelques mois après pour mettre en application, au mois
d'octobre, ce que j'appelle dans mon texte les compressions budgétaires.
Elles se sont donc appliquées au cours de l'exercice 1986-1987. On
retrouve le reflet de ces compressions dans le rapport préliminaire
1986-1987, le livre bleu que vous avez en main. Une deuxième demande a
été adressée, par la suite, par le Conseil du
trésor, à l'automne.
M. Rochefort: Pour 1987-1988.
M. Côté (Pierre-F.): Non, toujours pour la
même année. Mais j'ai répondu à la deuxième
demande qui m'a été faite -c'était en novembre - j'ai
répondu au mois de février 1987 que je n'y donnais pas suite, que
je n'étais pas en mesure d'y donner suite. Pour l'année
1987-1988, les prévisions budgétaires de cette année, il
n'y a pas de demande de la part du Conseil du trésor. Cependant, j'ai
dit tout à l'heure que ce qui s'était produit l'an dernier se
reflète encore puisqu'il y a une diminution et que cela se
reflète dans les prévisions budgétaires. Est-ce que c'est
suffisamment clair?
M. Rochefort: C'est clair. Cela m'amène à poser une
question au ministre, M. le Président. Vu qu'il y a eu plus qu'une
démarche, au moins deux par écrit et une troisième
verbale, qui est reconfirmée, du secrétaire général
du Conseil exécutif de l'époque, je souhaiterais vraiment, M. le
Président - et c'est sujet aux conversations que le ministre souhaite
avoir avec le président du Conseil du trésor et que je respecte -
je souhaiterais vraiment qu'on ait accès à toute la
correspondance échangée entre le Conseil du trésor ou
d'autres autorités gouvernementales avec le Directeur
général des élections quant à ses budgets qui ont
impliqué des compressions budqétaires ou des non-compressions
budgétaires. Si je comprends, il y en a eu au moins deux par
écrit et une qui a trouvé réponse reflétée
dans le budget 1986-1987 avec des conséquences pour la suite, y compris
cette année. Le directeur général vient de faire allusion
à une autre lettre qui n'a pas obtenu le suivi positif souhaité
par le Conseil du trésor.
Je pense, M. le Président, vu qu'on discute de dépenses
publiques et qu'on est dans l'étude des crédits des
dépenses publiques et que, deuxièmement, il existe cette
indépendance qui, je le rappelle, doit être sans aucune nuance de
l'institution qu'est le Directeur général des élections,
je pense qu'à tous points de vue et pour tout le monde, il est
souhaitable que la correspondance qui a été
échanqée soit rendue publique, en tout cas, fournie aux
parlementaires de façon qu'on puisse vraiment voir comment on a
procédé.
M. Gratton: M. le Président, j'indique tout de suite que
je n'ai aucune objection à ce que le Directeur général des
élections dépose les deux lettres qu'il a expédiées
au
Secrétariat du Conseil du trésor au à toute autre
personne en la matière. Je m'engage à saisir le président
du Conseil du trésor de cette demande.
Contrairement au député de Gouin, je n'ai aucune crainte
quant à l'atteinte qu'aurait pu comporter cette demande du Conseil du
trésor à l'indépendance du Directeur général
des élections. La plus belle preuve qu'il n'y a pas eu atteinte, c'est
dans le cas de la réponse du Directeur général des
élections cette année. Cela a été une fin de
non-recevoir quant à des compressions budgétaires. Mais,
dès que j'aurai discuté de la chose avec le président du
Conseil du trésor, je donnerai la réponse au député
de Gouin et à l'ensemble des membres de la commission.
M. Rochefort: M. le Président, pour qu'on se comprenne
bien, je n'affirme pas qu'il y a eu attaque à l'indépendance. Je
dis que, vu la protection absolue et sans nuance qui doit être maintenue
à cette notion d'indépendance de l'institution, je pense que le
fait que les lettres soient rendues publiques va permettre de lever toute
ambiguïté qui pourrait circuler autour de cela. On se comprend
bien.
M. Gratton: Dans la plus grande transparence.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Relié
à cela aussi, justement à la paqe 19, le Directeur
général des élections cite un extrait d'une lettre qu'il a
adressée au président du Conseil du trésor concernant les
conséquences des compressions budgétaires et il dit et je cite:
"...elles auront une incidence sur les services rendus aux membres de
l'Assemblée nationale, aux partis politiques et aux électeurs
dans le cadre des responsabilités qui me sont dévolues par les
lois qu'il m'incombe d'administrer." C'est le Directeur général
des élections qui parle. Est-ce que vous pourriez développer ces
contraintes que cela a impliquées sur les services que vous devez
rendre?
M. Côté (Pierre-F.): Cet extrait est
évidemment contenu dans la lettre dont on parle depuis quelques minutes,
dans la réponse à M. Arpin, le secrétaire du Conseil du
trésor. Il faut le lire aussi, évidemment, dans tout le contexte
de la lettre. Ce que je veux bien souligner tout simplement par ce passage,
c'est le fait suivant: Une diminution des effectifs chez nous, le resserrement
des effectifs qu'on a effectué a pour conséquence un certain
ralentissement pour fournir des informations qui nous sont demandées par
des députés.
Par exemple, il y a quinze jours, trois semaines, on a eu une demande
d'information de la part d'un député, qui nécessitait
assez de recherches et de travaux. Autrefois, on lui aurait fourni les
informations dans l'espace de quelques jours et là, cela a pris quelques
semaines. Il a eu quand même ses informations, mais cela a pris un peu
plus de temps. C'est ce que cela signifie quand on dit que cela aura une
incidence sur les services rendus aux membres de l'Assemblée nationale,
aux partis politiques et aux électeurs dans le cadre des
responsabilités qui me sont dévolues. Je ne veux pas dire par
là que cela affecte directement les responsabilités qui
m'incombent. Pour le moment, en tout cas, on peut réaliser que cela ne
fait que ralentir les réponses ou la rapidité d'exécution
de certaines demandes qui nous sont adressées par les partis politiques
ou les membres de l'Assemblée nationale. Si vous le permettez, je vais
compléter ma réponse en vous siqnalant que, dans le texte de
présentation tout à l'heure, j'ai dit, à la fin, que je me
gardais une certaine réserve à l'égard des effectifs chez
nous. Je peux peut-être enchaîner tout de suite là-dessus,
si vous le permettez. L'esprit dans lequel nous avons effectué ces
compressions budgétaires qui, pour nous, ne pouvaient porter que sur les
dépenses d'administration - il n'y avait pas ailleurs d'autres places
où on pouvait le faire, ce qui voulait dire une diminution d'un certain
nombre de postes, l'esprit dans lequel on l'a fait est particulièrement,
dû au fait que, pendant l'année où cela nous était
demandé, il n'y avait pas d'événements électoraux
comme tels à l'horizon. On s'est dit: On est probablement capables de
faire un effort tout comme d'autres efforts sont consentis dans l'ensemble du
gouvernement. Cependant, selon l'évolution de la situation et si les
pressions de travail ou les exiqences deviennent plus grandes pour nous, le
moindrement, il nous faudra revoir cette question et peut-être repenser
à d'autres postes.
Par exemple, juste pour vous donner un exemple de ce que j'ai en
tête: J'ai mentionné tout à l'heure que nous
développions l'informatique chez nous. Il faudra peut-être qu'on
crée un autre poste dans le domaine d'analyste en informatique pour
compléter notre structure. Mais cela n'a pas d'effet sur la
réduction des effectifs qui est présentement en cours parce que
les personnes qu'on a mises en disponibilité ou qu'on a invitées
à prendre leur retraite sont les personnes pour qui les fonctions ne
sont plus requises de façon absolue. J'ai donné l'exemple qui,
pour moi, est le plus simple et le plus clair, soit le personnel de
l'entrepôt. C'est une modification qu'on a faite dans l'organisation de
l'administration, mais on va être capables de remplir quand même
nos responsabilités à cet égard en ayant, le moment voulu,
du personnel supplémentaire.
M. Rochefort: Cela va. Je vous remercie.
M. le Président, en ce qui me concerne, cela fait le tour des
questions reliées directement aux crédits et de celles
reliées plus directement au mandat du Directeur général
des élections. Je ne sais pas si le ministre a d'autres questions
reliées aux crédits.
M. Gratton: J'en aurais d'autres, M. le Président, mais je
ne voudrais pas non plus accaparer tout le temps de la commission sur... Je
n'ai pas d'objection à ce qu'on passe à d'autres questions
d'ordre général.
M. Rochefort: D'accord. Juste un commentaire sur les
crédits, M. le Président. Je voudrais seulement qu'on clarifie
les deux lettres au président du Conseil du trésor. Ce que je
comprends, c'est que d'une façon ou d'une autre le ministre va
communiquer de nouveau avec moi pour me faire part...
M. Gratton: C'est cela.
M. Rochefort: Parfait.
M. le Président, chronologiquement, je voudrais adresser une
question d'ordre un peu général au Directeur
général des élections quant à la dernière
élection générale du 2 décembre 1985 et par la
suite, on précisera. Je voudrais savoir si tous les dossiers, tout ce
qui était impliqué dans l'élection, dans les suivis qui
étaient à faire, sont fermés. Je me souviens, par exemple,
que l'année dernière, à l'occasion de l'étude des
crédits du Directeur général des élections, on
avait abordé la question des plaintes qui avaient pu être
inscrites au bureau du Directeur général des élections
reliées à ce qui s'était déroulé au cours de
la dernière campagne électorale. Je souhaiterais qu'on fasse un
peu le point là-dessus. Est-ce que tout est réglé, tout
est fermé? Si oui...
Dossiers sur les dernières élections
générales
M. Côté (Pierre-F.): Oui, M. le Président,
à la suite des dernières élections
générales, il y a eu... On va distinguer deux choses, les
dossiers et les poursuites. J'ai déjà expliqué, je le
précise, que les dossiers sont ceux qui sont ouverts chez nous et qui
font l'objet d'une recherche ou d'une enquête, soit ouverts à la
suite de plaintes ou de notre propre chef parce qu'il y a des choses qu'on
réalise et sur lesquelles on veut avoir des précisions. Alors, du
côté des dossiers, à la suite des élections du 2
décembre, en relation avec le financement, il y a eu 199 dossiers
d'ouverts et il y en a 172 qui sont actuellement fermés.
M. Rochefort: 172?
M. Côté (Pierre-F.): Il y en a 172 qui sont
fermés. Les cas sont réglés. (15 h 30)
M. Rochefort: 172?
M. Côté (Pierre-F.): 172, oui et 27 qui demeurent
encore ouverts, qui ne sont pas terminés complètement. Â
l'égard du scrutin, il faut faire une distinction entre financement et
scrutin, il y a 115 dossiers qui ont été ouverts, 101 sont
présentement fermés, il en reste 14 qui sont encore à
compléter pour un total de 314 dossiers. Donc, le total est le suivant:
273 dossiers fermés et 41 ouverts. Pour les poursuites...
M. Rochefort: Qui découlent automatiquement de cela?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, je n'ai pas
saisi.
M. Rochefort: Qui découlent automatiquement de ce qui
reste.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Dans ces dossiers ouverts,
il y a eu un certain nombre de poursuites. Ce qu'il y a de frappant, c'est
qu'à la suite de l'élection générale du 2
décembre, il n'y a pas eu beaucoup de poursuites. En tout, il y en a eu
11. En ce qui concerne le financement, il y en a eu six...
M. Rochefort: Simplement pour que je me retrouve facilement dans
la décomposition des chiffres; les six, on les retrouve dans les
dossiers fermés parce que vous considérez qu'une fois que vous
les avez transmis au procureur qénéral, c'est fermé ou
est-ce qu'on les retrouve dans les 27 dossiers à l'étude?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse. Je vais distinguer
deux choses, pour être plus clair que cela. Je vous ai donné un
certain nombre de chiffres qui se rapportent à l'ouverture de
dossiers,
M. Rochefort: C'est cela.
M. Côté (Pierre-F.): Et là, je vous parle de
ces dossiers qui ont été ouverts, il y en a qui se sont
transformés en poursuites.
M. Rochefort: Bon, ce que je veux comprendre, c'est...
M. Côté (Pierre-F.): Dans le domaine des poursuites,
je veux tout de suite, si vous me permettez, apporter une précision, le
procureur général n'a rien à y voir. Les poursuites, c'est
moi qui les prends.
M. Rochefort: C'est vrai, c'est vous, d'accord.
M. Côté (Pierre-F.): C'est moi qui décide,
s'il y a une poursuite, c'est moi qui la prends.
M. Rochefort: C'est vrai.
M. Côté (Pierre-F.): Alors, pour ce qui est des 199
dossiers sur des poursuites - je reparlerai tantôt du financement - il y
en a 172 de fermés et 27 d'ouverts. Il y a six poursuites sur ce
total.
M. Rochefort: Mais les six sont inclus dans les dossiers
considérés comme fermés ou dans ceux à
l'étude?
M. Côté (Pierre-F.): Sur les six dossiers, je vais
vous apporter d'autres précisions. Sur ces six dossiers, il y en a cinq
qui sont terminés et il y en a un qui est devant la cour.
Cinq fermés sur les six, un en cour.
M. Rochefort: D'accord.
M. Côté (Pierre-F.): Cela va? Le même tableau
dans le domaine du scrutin. II y a eu cinq poursuites de prises et il y a cinq
causes qui sont terminées.
M- Rochefort: Cela fait dix ou cela s'annule?
M. Côté (Pierre-F.): C'est-à-dire que le
total de poursuites est de onze, dont dix sont terminées et une est
devant la cour. C'est à dire qu'il y en a une qui n'est pas finie
d'être instruite.
M. Rochefort: Je m'excuse, je dois être un peu
distrait.
M. Côté (Pierre-F.): Ce n'est pas assez clair,
non?
M. Rochefort: Je dois être distrait. C'est seulement pour
qu'on se comprenne sur le vocabulaire. Quand c'est fermé, elles
proviennent des dossiers fermés? Quand vous dites que le dossier est
fermé, qu'il y a eu jugement, et tout, qu'est-ce que vous appelez
"fermé" dans les poursuites?
M. Côté (Pierre-F.): Bon, votre question est quand
même pertinente. Je m'excuse de vous mentionner cela, mais je viens, moi
aussi, de saisir un point important. Tout à l'heure j'ai dit qu'il y
avait 172 dossiers fermés. Et je vous dis que cinq poursuites sont
terminées. Cela va?
M. Rochefort: Ah oui!
M. Côté (Pierre-F.): Ces cinq poursuites
terminées sont dans les 172 dossiers fermés.
M. Rochefort: D'accord. Mais quand vous parlez de poursuites
terminées, c'est tout le processus'
M. Côté (Pierre-F.): Il y a eu jugement.
M. Rochefort: II y a eu jugement; parfait. Et il reste un dossier
relié au financement?
M. Côté (Pierre-F.): Qui n'est pas encore
terminé.
M. Rochefort: Qui n'est pas terminé.
M. Côté (Pierre-F.): C'est le même
raisonnement qu'on applique pour le scrutin. Sur les 101 dossiers
fermés, il y a eu cinq poursuites, il y en a cinq de
terminées.
M. Rochefort: D'accord. Et dans les 27 au financement à
l'étude et les 14 au scrutin à l'étude, il pourrait y
avoir des poursuites qui découleraient de cela,
éventuellement.
M. Côté (Pierre-F.): Peut-être, c'est peu
probable, mais... Oui, c'est probable. C'est plausible, je ne veux pas me
prononcer de façon indue parce qu'il reste, avant de fermer le dossier,
à se prononcer définitivement pour dire s'il y aura ou non des
poursuites. Vous avez raison.
M. Rochefort: D'autre part, M. le Président, toujours
relié à la dernière campagne électorale, on a vu
tantôt dans les notes d'introduction du directeur général -
le ministre l'a questionné un peu là-dessus -qu'au cours de la
dernière année il y a eu deux formations politiques qui se sont
vu autoriser et dix instances qui se sont vu retirer leurs autorisations.
J'aimerais que le directeur général développe un peu sur
l'expérience qu'il a vécue au cours de la dernière
campagne électorale quant au manque de sérieux - je prends cette
expression pour l'instant, faute de mieux -de certaines formations politiques
qui, pourtant, avaient été autorisées par le directeur
général parce qu'elles avaient respecté l'ensemble des
prescriptions qu'on retrouve dans la Loi électorale eu égard
à l'autorisation d'une formation politique. Est-ce que, finalement, le
directeur général ne considère pas qu'on devrait
peut-être être un peu plus sévère quant aux
rèqles prévalant pour l'autorisation des formations politiques
pour éviter qu'on se retrouve, par la suite, avec des formations
politiques, qui, une fois l'élection complétée se votent
retirer leur autorisation? Elles ont pourtant participé pleinement et
entièrement au scrutin avec toutes les conséquences que cela peut
représenter y compris les coûts.
M. Côté (Pierre-F.): Je pense que vous
avez tout à fait raison. Il y a eu, à la suite des
dernières élections, douze partis politiques qui se sont vu
retirer leur autorisation parce qu'ils n'avaient pas présenté le
nombre de candidats requis par la loi. Automatiquement, ils se sont vu retirer
leur autorisation. Je dirais que sur cette question, il nous faudra
réfléchir assez longuement. Je crois, d'une part à la
liberté d'expression et à la liberté d'association pour
favoriser les différents courants d'opinion. Je crois qu'il ne faudrait
pas que la formation de nouveaux partis politiques soit si sévère
qu'on empêche cette liberté d'expression et d'opinion que peuvent
ressentir un certain nombre de citoyens qui trouvent le moyen de s'exprimer par
la mise sur pied, par la demande d'autorisation de la reconnaissance d'un parti
politique. Ceci étant dit, je vais donner l'exemple le plus
étrange que j'ai vécu et qui m'a complètement
déconcerté. À partir de là, je me suis dit qu'il
faudrait certainement trouver une façon de contrôler ou
d'être plus sévère pour accorder l'autorisation. Je parle
du parti Socialisme Chrétien, qui a été une aventure tout
à fait inimaginable. Ces gens ont pris ce mode d'expression pour
véhiculer autre chose que des préoccupations politiques. Soyons
bien clairs là-dessus. C'est ce qui s'est produit. À mon avis, il
faudrait être un peu plus sévère, un peu plus restrictif,
ou trouver une autre façon de procéder pour autoriser les partis
politiques. Les exigences actuelles ne sont pas énormes. Il s'agit
d'avoir 60 signatures d'électeurs dans 10 circonscriptions
électorales, cela fait 600 signatures. Quelques-uns les obtiennent assez
facilement en étant à la porte d'un centre commercial ou quelque
chose du genre. Il y a d'autres exigences: nommer un chef, des choses de ce
genre. Je pense que cela pourrait être un peu plus sévère.
Il faudrait réfléchir pour trouver la façon de le faire -
vous me demandez ma propre opinion - tout en procédant de telle
façon qu'il faudrait quand même permettre aux mouvements ou aux
gens qui veulent lancer un parti politique qui serait de bon aloi, de le faire
sans que les exigences soient telles qu'ils ne pourraient pas le faire du
tout.
M. Rochefort: M. le Président, j'ai la même
préoccupation que celle qu'énonce le Directeur
général des élections. Je pense que sa réponse nous
permet un peu de mieux définir les balises à l'intérieur
desquelles il nous faudrait poursuivre la réflexion entourant cette
question. Ceci étant dit, je pense qu'il nous faut absolument regarder
cela. J'ai l'impression que c'est un peu trop facile et ce, à un point
tel que, quiconque peut réussir à être autorisé
à ne pas respecter la loi durant la campagne électorale, à
ne pas remplir les obligations qui sont les siennes, ces obligations qui font
que, là aussi, le droit de parole de l'ensemble des citoyens est
respecté. Par ta suite, parce que, justement, ces groupements ne se sont
pas soumis aux règles auxquelles se soumettent toutes les autres
formations politiques, ils pourront dire: Ce n'est pas grave, on veut me
retirer mon autorisation, mais, au moins, j'étais là quand
j'avais le goût d'y être et quand cela comptait. Pour ce genre de
formation politique, évidemment, ce n'est pas entre deux campagnes
électorales qu'elles ont eu le plus d'activités, c'est
plutôt pendant les campagnes électorales» C'est dans ce sens
qu'il faut quand même s'assurer qu'on tiendra bien compte de
l'expérience de la dernière campagne électorale, parce
que, moi aussi, j'ai été assez frappé par l'exemple dont
vous avez parlé.
M. Côté (Pierre-F.): Si vous permettez, M. le
député, d'ajouter un point. On m'informe que, dans certaines
provinces, il existe, par exemple, une restriction qu'on pourrait
peut-être envisager: il n'y a pas d'autorisation accordée à
un nouveau parti politique dès qu'un décret est émis.
C'est au moins une restriction. Il y a une période où il n'y a
pas possibilité de reconnaître de nouveaux partis politiques.
C'est un des éléments, cela peut être des façons
qu'on peut envisager de...
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, inutile de vous dire que je
partage les appréhensions, autant du député de Gouin que
du Directeur généra! des élections quant à cette
possibilité qui existe et dont on a vécu l'expérience lors
de la dernière élection. Il y a des possibilités, dis-je,
pour un parti politique d'avoir été autorisé, sans pour
autant participer, de façon positive à l'exercice
électoral. Cela m'intéresserait énormément de
connaître, pas à brûle-pourpoint, aujourd'hui, le point de
vue du Directeur général des élections. On sait que, parmi
les sujets sur lesquels nous entendons nous pencher, il y a celui des partis
politiques autorisés farfelus, si vous voulez, et également des
candidatures farfelues. Une des grandes difficultés est,
évidemment, de concilier le respect de la liberté d'association
et d'expression avec le sérieux minimum qu'on voudrait voir
respecté dans les partis autant que pour les candidats. Une des notions
qui pourraient faire l'objet d'un examen serait peut-être un
contrôle a posteriori, c'est-à-dire de renforcer les
pénalités qui pourraient résulter du non-respect de ce
caractère de sérieux qu'on recherche. Chose certaine, il faudra
être très très vigilant pour ne pas faire en sorte qu'on
impose des conditions tellement lourdes ou tellement difficiles à
remplir qu'on se
trouve, par le fait même, à brimer la liberté
d'association et la liberté d'expression. Il faudrait peut-être
penser davantage à rendre responsables les partis autorisés et
leurs candidats. On pourrait le faire par le biais de sanctions plus
sévères. Je vous avoue que les sanctions que la loi
précise à l'égard d'un parti ne sont pas de nature
à dissuader quelqu'un de se lancer dans le genre d'exercices qu'on a
connu lors de la dernière élection. Je n'en fais pas une
recommandation. Une chose est certaine, c'est là un des thèmes
majeurs sur lesquels nous devrons nous pencher pour tâcher d'y apporter
des solutions au cours de ce processus que nous avons mis en marche pour en
arriver à modifier la Loi électorale avant les prochaines
élections générales.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Cela va, M. le Président. Il y a un autre
sujet que je voudrais aborder avec le Directeur général des
élections. Il a été un peu abordé, tantôt,
à la suite d'un échange entre le ministre et le directeur. Je
conviens immédiatement avec vous que, s'il y a des aspects
délicats puisque vous êtes à travailler à ce
dossier, je veux que vous attiriez mon attention pour mettre fin à
l'échange. Actuellement, la commission de la représentation est
à préparer un projet, un rapport préliminaire de
modifications à la carte électorale. Je me demandais quelle
était la nature des mécanismes qui étaient mis en place
pour maintenir la confidentialité totale quant aux hypothèses de
travail envisagées par les trois commissaires et le personnel qui
gravite autour, jusqu'à ce que ce rapport soit rendu public.
M. Côté (Pierre-F.): La première
réponse que je peux vous faire là-dessus, c'est qu'il ne se passe
pas une séance de travail sans que cette obligation ne soit
rappelée à tout le monde de ma part. Les gens commencent à
me trouver pas mal fatigant avec ce sujet, mais je n'aurai de cesse,
jusqu'à ce qu'il soit rendu public, de leur rappeler qu'ils sont sujets
au secret professionnel d'après leur serment d'office, tous et chacun ou
toutes et chacune. Je peux me féliciter à ce jour - et je touche
du bois - qu'il n'y ait eu personne qui ait commis quelque indiscrétion
que ce soit. Je serais assez confiant que cela devrait continuer comme cela.
Mais, dans cette matière, nul ne peut jurer de rien. On prend toutes les
mesures les plus sécuritaires, je dirais, possibles pour les textes et
les documents qu'on a, pour qu'ils soient sous bonne clé. Mais,
même si on a une très bonne clé, passez-moi l'expression,
on n'est pas toujours capables de fermer la trappe de quelqu'un, on n'est pas
toujours capables de fermer une armoire à double tour non plus. Alors,
tout ce qu'on peut faire, c'est de faire confiance aux gens et espérer
en leur rappelant leur devoir à cet égard.
M. Rochefort: Combien de personnes sont associées au
processus? (15 h 45)
M. Côté (Pierre-F.): Présentement, à
peu près une dizaine de personnes.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre. M. le
député de Bourget.
M. Trudel: Oui. M. le directeur général, j'aurais
dû sans doute poser la question immédiatement après
l'avant-dernière intervention de mon collègue de Gouin, parce
qu'on parlait de partis politiques pendant les élections. J'ai une
partie du texte de votre conférence de presse fort intéressante
du 11 mai dernier, et je vous référerais aux deux cas qui ont
été soulevés par les journalistes, notamment de partis
politiques pour lesquels vous songiez à certaines actions. Je pense, en
particulier, au Nouveau parti démocratique, dont on sait qu'il pourrait
être financé par l'instance fédérale. On vous a
posé quelques questions et j'aimerais, si possible, que vous
élaboriez là-dessus. Je reviendrai tantôt sur le cas de
l'Union Nationale. On en parlé tantôt avec la disparition de dix
instances, mais il y a tout un problème de dettes qui ne sont pas
remboursées et dont j'aimerais vous entendre parler
également.
M. Côté (Pierre-F.): Ce qui s'est produit, c'est
qu'à l'occasion de la conférence de presse, des journalistes ont
fait état du fait que le Nouveau parti démocratique du
Québec serait aidé financièrement par le Nouveau parti
démocratique-Québec, qui se rapporte à la section Canada,
et un journaliste a déclaré qu'une somme de 100 000 $ ou 125 000
$ avait été reçue, ce qui voudrait dire une contribution
financière par un organisme à un parti politique. À la
suite de cette information qui a été donnée au moment de
la conférence de presse, nous avons commencé nos démarches
et nos recherches d'information à cet égard. Je puis d'ores et
déjà vous dire que la collaboration des responsables du parti est
actuellement très positive. Nous sommes à étudier la
question. Pour le moment, je ne suis pas en mesure de vous en dire plus.
M. Trudel: Non, je peux comprendre la prudence de votre
réponse. Est-ce que le député de Gouin veut poser une
question sur le NPD?
M. Rochefort: Oui, juste une seconde. Compte tenu de la
proportion que cela a pris lorsque la question a été
soulevée, comptez-vous rendre publique votre décision?
M. Côté (Pierre-F.): Oui, je pense que je le ferai,
surtout que cela a été soulevé en conférence de
presse.
M. Rochefort: C'est cela, et cela a pris des proportions
importantes.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, on rendra cela public et
les conclusions auxquelles on arrivera seront connues.
M. Rochefort: Merci.
M. Trudel: En ce qui a trait, M. le directeur
général, tant à l'Union Nationale qu'au Parti conservateur
du Québec, si je me réfère à votre
conférence de presse, vous aviez dit là aussi que compte tenu de
l'institution que représente l'Union Nationale ou qu'a
déjà représentée l'Union Nationale au
Québec, il fallait quand même être prudent, qu'il fallait
voir, que vous alliez discuter avec ces gens-là. Est-ce qu'on peut
savoir où vous en êtes rendus dans vos discussions avec le Parti
conservateur, mais surtout avec l'Union Nationale?
M. Côté (Pierre-F.): Dans le cas de l'Union
Nationale, le chef du parti a eu une rencontre avec mon adjoint. Je lui ai
écrit une lettre très explicite, très claire - dont je
vais vous donner les grandes lignes dans deux minutes - sur mes
préoccupations. La même chose a été faite dans le
cas du Parti conservateur. Dans l'un et l'autre cas, c'est le même genre
de problème qui se pose, mais je dirais à des niveaux
différents. Le Parti conservateur est tout à fait récent,
tandis que l'Union Nationale traîne dans le décor depuis un
certain nombre d'années. La principale difficulté qui surgit pour
l'un et l'autre parti, c'est le non-paiement d'intérêts sur des
dettes. La Loi électorale stipule que le non-paiement annuel des
intérêts est un motif de retrait d'autorisation. J'ai
expliqué en conférence de presse et je vous répète
que je pourrais formellement, juridiquement, procéder dans les prochains
jours ou immédiatement au retrait d'autorisation des deux partis
politiques. Cependant, je ne le fais pas immédiatement pour la raison
suivante: du côté du Parti conservateur, le chef du parti a
sollicité une rencontre avec mon bureau. Il nous a exposé son
point de vue et j'ai accepté de retarder de quelques mois une
décision à cet égard, étant donné qu'il nous
a fait valoir, je dirais, d'une façon sérieuse, qu'il envisageait
des solutions à leurs problèmes. Je me suis dit: Je ne suis pas
là pour avoir une hache automatique. C'est une question de bon sens qui
intervient de ma part. La décision est toujours possible. Cela peut
être une question de temps. C'est exactement la même position qui a
été prise à l'égard de l'Union Nationale. Ce qui
veut dire, dans mon esprit, qu'une période de quelques mois, qu'un
certain délai leur est accordé pour qu'ils puissent nous fournir
des preuves de leur bonne foi et de leur façon de procéder pour
trouver une solution à ces problèmes, de sorte que je ne serais
pas obligé de procéder à "désautoriser", si je peux
employer ce mot, ni l'un ni l'autre de ces partis politiques.
M. Trudel: M. le directeur général, on parle dans
chacun des cas d'un montant de 20 000 $ à 30 000 $, je pense?
M. Côté (Pierre-F.): Dans le cas de l'Union
Nationale, c'est environ 30 000 $ par année. Mon adjoint, M. Lambert,
m'apporte une précision importante. Dans le cas du Parti conservateur,
le problème est un peu différent. J'ai dit tout à l'heure
qu'il était question d'intérêts payés, ce sont
plutôt des comptes à payer pour une somme de près de 200
000 $, dont le paiement doit se faire sur une période de six mois. C'est
aussi un motif de "désautorisation", alors c'est un problème
différent. Je vous ai peut-être donné une information
inexacte tout à l'heure en vous disant que c'était la même
chose pour l'un et l'autre parti. Les deux ont des problèmes financiers.
Ces problèmes peuvent avoir comme conséquence des retraits
d'autorisation, mais ce sont deux choses distinctes. L'un, c'est le
non-paiement d'intérêts, l'autre ce sont des comptes
impayés. C'est 122 000 $ dans le cas du Parti conservateur et les
intérêts annuels, dans le cas que j'ai mentionné
tantôt, sont de l'ordre de 30 000 $ pour l'Union Nationale.
M. Trudel: Merci.
M. Côté (Pierre-F.): Pour une dette,
évidemment, de 300 000 $.
Le Président (M. Marcil): M. le directeur
général, lorsque vous donnez l'autorisation à une
formation politique, lorsque vous reconnaissez officiellement une formation
politique, quelle est la responsabilité... Je vais poser ma question
autrement. Lorsqu'une formation politique se fait retirer son autorisation
à cause de la non-conformité des rapports et ainsi de suite,
qu'arrive-t-il aux créanciers comme tels? Je vous donne un exemple, on
parle de deux formations politiques déjà connues. Est-ce que la
Direction générale des élections du Québec a aussi
une responsabilité morale face à ces créanciers, du fait
qu'elle autorise une formation politique?
M. Côté (Pierre-F.): Si, d'aventure, dans des cas
comme celui-là, il reste quelque argent en caisse, ils sont dans
l'obligation de le remettre et nous voyons à le redistribuer aux
créanciers, au prorata, mais il est plutôt rare qu'il en reste,
quand c'est pour ces raisons-là. S'il ne reste pas d'argent et qu'ils
sont "désautorisés", les créanciers perdent tout
simplement leurs créances. Les partis politiques n'ont pas d'existence
juridique, il n'y a pas de recours possible contre un parti comme tel. C'est le
risque que prend un "contributeur", quelqu'un qui donne de l'argent à un
parti politique. Il court le risque de ne pas en revoir la couleur, d'aucune
façon.
Le Président (M. Marci): Est-ce qu'il existe des
formations politiques qui n'auraient pas déposé de rapport
financier de la dernière élection?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, M. le
Président...
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a des formations
politiques qui n'ont pas déposé de rapport financier à la
dernière élection? Je veux dire, vous les avez...
M. Côté (Pierre-F.): Vous parlez des rapports de
dépenses électorales ou des rapports financiers annuels?
Le Président (M. Marcil): Des rapports financiers
annuels.
M. Côté (Pierre-F.): À ce jour, il y a
seulement le Parti vert qui n'a pas déposé son rapport financier
annuel.
Le Président (M. Marcil): Pour retirer une autorisation,
est-ce que vous donnez des délais sur plus d'une année, deux ans,
trois ans?
M. Côté (Pierre-F.): Dans le cas du Parti vert, je
tiens audience publique cette semaine, à Montréal. Un
communiqué de presse est émis, les principaux responsables du
parti sont prévenus, n'importe qui peut y assister et cette audience
publique a pour objet d'entendre les représentations qu'on peut faire.
La loi dit que, quand je me propose de retirer une autorisation, je dois tenir
une audience publique pour fournir aux personnes le soin de se faire entendre
et, par la suite, je maintiens ou non mon intention de la retirer.
Dernièrement, par exemple, pour un parti politique municipal de la
région de Montréal, il y a trois semaines environ, j'ai tenu une
audience publique. Personne ne s'est présenté, alors j'ai
maintenu ma décision de retirer l'autorisation à ce parti
politique municipal. C'est la façon de procéder. Je dois tenir
une audience publique si les exiqences ne sont pas remplies, qui sont des
motifs de "désautorisation". Il peut arriver qu'on me fournisse des
renseignements ou des réponses satisfaisantes qui m'amènent
à dire non, je ne retire pas... Mais il n'y a pas de période, je
dirais, il n'y a pas de délai de grâce; vous mentionniez, par
exemple, une période de six mois ou d'un an. Dès que le fait est
connu chez moi, je peux procéder à ces audiences et enlever ces
autorisations. Mais, comme je viens de le mentionner par les deux exemples que
j'ai cités au sujet de l'Union Nationale et du Parti conservateur, il y
a les questions de circonstance, de contexte...
Le Président (M. Marcil): C'est un peu différent.
Vous avez de vieilles formations dont le problème n'est pas
nécessairement d'avoir omis de déposer un rapport financier,
c'est autre chose.
M. Côté (Pierre-F.): C'est cela.
Le Président (M. Marcil): Là, vous avez une
formation politique qui n'a pas encore déposé son rapport
financier.
M. Côté (Pierre-F.): C'est exact.
Le Président (M. Marcil): Qu'arrivera-t-il à cette
formation politique, à la prochaine campagne électorale? Est-ce
qu'une formation politique qui ne dépose pas de rapport financier de
l'élection précédente n'a plus...
M. Côté (Pierre-F.): À partir du moment
où elle n'est plus autorisée, elle n'a plus d'existence en regard
de la Loi électorale. La principale conséquence est qu'elle n'a
plus le pouvoir de recueillir des fonds, par exemple.
Le Président (M. Marcil): La même règle
s'applique aux candidats aussi?
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gouin.
Sélection des directeurs de scrutin
M. Rochefort: Oui, M. le Président, dans un autre ordre
d'idées, je voulais aborder un élément de la
sélection des directeurs de scrutin. On sait combien le processus a
connu progressivement, graduellement, au fil des années et des
réformes, une "départisanisation" complète, si vous me
passez l'expression, qui fait qu'aujourd'hui seul le Directeur
qénéral des élections est impliqué à une
étape ou l'autre du choix des directeurs de scrutin. Une chose m'a par
contre frappé à ce sujet. Dans la
documentation obtenue de chez vous, on nous expliquait tout le personnel
qu'impliquait le processus de sélection des directeurs de scrutin. On
s'apercevait qu'on retrouvait, aux différents jurys, beaucoup de
personnes qui ne sont pas membres du personnel du Directeur
général des élections. On retrouvait des fonctionnaires
pris un peu partout dans l'appareil gouvernemental, évidemment, dans la
mesure du possible, des fonctionnaires impliqués professionnellement
dans la sélection du personnel, j'imagine, donc, à la commission
de la fonction publique ou des organismes similaires qui ont des mandats assez
semblables, qui étaient impliqués à différentes
étapes du processus de recrutement et de sélection des directeurs
de scrutin. J'avoue que cela m'a un peu agacé. Dans la mesure où
on a voulu vraiment au fil des années se doter d'un mécanisme de
sélection mur à mur, des directeurs de scrutin, qui impliquait le
Directeur général des élections comme individu et comme
institution, donc avec tout son personnel, un processus que tout le monde
jusqu'à maintenant a salué, notamment parce que personne ne
pouvait prétendre qu'il y avait eu interférence de qui que ce
soit dans le processus de sélection des directeurs de scrutin - je ne
veux pas remettre en question la qualité de la sélection et
surtout l'objectivité dans le processus de sélection qu'on a
connu jusqu'à maintenant - mais j'avoue que le nombre de fonctionnaires
non membres du personnel du Directeur général des
élections qui ont été impliqués m'a un peu
agacé au point que je me dis: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, quitte
à ce que le concours dure un peu plus longtemps ou je ne sais trop,
qu'on réduise le nombre de personnes impliquées dans le processus
et que personne ne provienne d'autres organismes que du bureau du Directeur
général des élections pour éviter qu'on ne dilue la
qualité de l'objectivité du processus? (16 heures)
M. Côté (Pierre-F.): Vous avez un point qui est
certainement intéressant, M. le député. Je vous
signalerais à titre d'information, parce que je pense que vos
commentaires méritent certainement réflexion...
Évidemment, c'est dans la deuxième étape, la
première étape étant le concours écrit, la
présélection, je dirais... Vous parlez évidemment des
jurys qui ont été constitués. Il y a eu cinq jurys de
constitués et, dans tous les cas, les jurys comportaient trois
personnes, mais toujours deux sur trois étaient membres de mon
personnel. Alors, c'est sur cette troisième personne que vous me posez
des questions. Cette façon de procéder a été faite
en conformité... Dans tout le reste de la procédure, c'est ce
qu'on s'est efforcé de faire aussi. C'est ce qui se fait dans la
procédure établie dans la fonction publique par l'Office des
ressources humaines.
Alors, aller chercher quelqu'un de l'extérieur qui, souvent, a...
On est allé chercher des personnes très compétentes. Ce
n'est pas cela du tout votre point, mais je tiens à vous le souligner.
Ce sont des personnes très compétentes qui apportaient
très souvent un élément d'objectivité et
d'appréciation qui pouvait être assez précieux parce qu'on
s'est efforcé... Je dois vous dire que les premières rencontres
que j'ai eues... On a eu des sessions de formation entre les directeurs de
scrutin. J'ai hâte de voir. On voit seulement à l'exercice si le
choix a été bon. Mais je dois vous dire que nos premières
impressions de la qualité des directeurs et directrices sont assez
bonnes à ce jour. C'est dû certainement au processus de... Je ne
dis pas que c'est parfait et je dis qu'on va avoir des surprises, c'est bien
évident. Sur 107, il va y avoir des surprises. Il y aura peut-être
lieu de repenser ce que vous soulignez, soit d'avoir seulement des membres de
mon personnel qui fassent partie des jurys, que la troisième personne ne
soit pas de l'extérieur. Vous avez raison de dire que cela prolongerait
un petit peu ta... Je serais disposé à réfléchir
à la suite de votre réflexion.
M. Rochefort: Parce que...
M. Côté (Pierre-F.): Je n'en ferai pas un absolu, je
ne dirai pas qu'il faut absolument avoir cette...
M. Rochefort: Je veux bien qu'on se comprenne. Évidemment,
si la règle existe dans la fonction publique, et je pense que c'est une
bonne chose, c'est justement pour permettre qu'il n'y ait pas seulement des
fonctionnaires d'un même ministère impliqués dans le
processus de sélection du personnel qui viendra y travailler, notamment
dans la haute fonction publique, mis à part les sous-ministres et les
sous-ministres adjoints. Je pense que c'est une bonne chose pour s'assurer de
l'objectivité et de l'impartialité du processus qu'on entache le
moins possible le processus de sélection des fonctionnaires d'importance
dans l'appareil gouvernemental. Mais le problème qui se pose en ce qui
concerne le Directeur général des élections, c'est
d'où cela pourrait provenir, tout en maintenant totalement
l'impartialité et même la non-intervention possible de
l'Exécutif dans le processus. Je n'ai pas de cas, qu'on soit bien
à l'aise. Je ne veux pas laisser sous-entendre quoi que ce soit. C'est
la question d'avoir un processus mur à mur. C'est le sens de mon
intervention. Je me suis dis: Le fonctionnaire XYZ de tel ministère est
ultimement susceptible de recevoir... Sa ligne hiérarchique n'est pas le
Directeur général des élections dans son
travail de tous les jours et qui lui donne une qualité
nécessaire, parce que le directeur général ne recrute pas
en dehors de la fonction publique ses troisièmes personnes. Ultimement,
il est susceptible d'avoir à répondre aux ordres d'un ministre,
de l'Exécutif. Je ne prétends pas - je veux être bien
précis - que des ministres seraient intervenus auprès de
fonctionnaires membres de la fonction publique qui ont été
choisis pour participer a des jurys dans la sélection des directeurs de
scrutin chez le Directeur général des élections. Mais je
me dis, comme on dit souvent, que non seulement il faut qu'il y ait justice,
mais il faut qu'il y ait toutes les apparences de justice.
Je ne veux pas vous demander une décision, mais je vous soumets
vraiment ce que je pense, que cela ajouterait encore plus à
l'étanchéité totale du processus que de faire en sorte
qu'il n'y ait personne qui soit ultimement relié à
l'Exécutif qui soit impliqué dans ce processus. S'il y a toujours
volonté de recruter une troisième personne d'ailleurs, en
fonction d'une préoccupation un peu de la même nature que celle
qui existe dans les concours de la fonction publique, il faudrait
peut-être voir s'il n'y a pas un ailleurs autre que la fonction publique
québécoise. Mon Dieu! Un directeur de scrutin déjà
en poste, je ne le sais pas, ou des gens qui sont impliqués dans le
processus électoral au palier municipal, mais je pense que c'est un
sujet qui mérite réflexion. J'avoue que j'ai été
surpris - je l'avoue très sincèrement - de voir qu'il y avait
autant de monde dans le processus qui n'était pas directement sous la
responsabilité du Directeur général des
élections.
M. Côté (Pierre-F.): En fait, je vais vous
préciser. Comme je vous l'ai dit, c'est une matière sur laquelle
je suis bien disposé à réfléchir pour voir s'il n'y
aurait pas lieu de modifier un peu la formule. Quand j'ai parlé de cinq
jurys, cela voulait dire qu'en tout, pour les cinq jurys, il y a eu 42
personnes. Sur les 42 personnes, il y en a eu 14 de l'extérieur. Sur les
14 personnes de l'extérieur, 7 seulement provenaient de la fonction
publique. Les 7 autres venaient d'en dehors de la fonction publique. Je pense,
par exempte, à mon ancien adjoint à Montréal qui n'est
plus à la fonction publique et qui nous a aidés. Il y a des
personnes à leur retraite, qui ont une expérience dans le domaine
municipal, par exemple, qui connaissent donc le domaine des élections
municipales.
M. Rochefort: Dans quel document est-ce que j'ai bien vu
cela?
M. Côté (Pierre-F.): Que vous avez vu...?
M. Rochefort: Dans quel document aurais-je bien vu cette liste? A
moins que ce ne soit dans les documents du conseil consultatif.
C'étaient peut-être des documents qu'on a eus du conseil
consultatif faisant suite au concours.
M. Côté (Pierre-F.): C'est un document
d'information, je pense, oui. Je crois que c'est un document d'information
qu'on a transmis aux membres du conseil consultatif, oui.
M. Rochefort: En tout cas, j'avais vu une longue liste.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, oui. La seule
interrogation que je me poserais dans la poursuite de cette réflexion,
c'est s'il est avantageux d'avoir quelqu'un de l'extérieur, comme vous
le mentionnez, en dehors de la fonction publique. Peut-être qu'il serait
avantageux de maintenir cet avantaqe d'avoir quelqu'un de l'extérieur
pour ne pas non plus que ce soit trop intra muros, trop en catimini, pour que
cela ne donne pas l'impression que cela se concocte uniquement entre nous. Je
ne sais pas trop. Il faudrait y repenser, mais je trouve que vous avez une
réflexion très pertinente, sur laquelle il faut certainement
réfléchir.
M. Rochefort: D'accord. Cela me satisfait, M. le
Président. Un autre point que je vais aborder avec M. le directeur
qénéral, sans, en aucune manière, parler du cas que j'ai
en tête. Récemment, il m'est arrivé d'observer le
déroulement d'une élection qui m'a fait me poser beaucoup de
questions quant à l'étanchéité des prescriptions de
la Loi électorale eu égard aux dépenses
électorales. Je vais essayer de donner un exemple théorique,
parce que je ne veux pas me référer au cas précis que j'ai
en tête, mais cela m'a beaucoup frappé. On sait que dans la Loi
électorale les dépenses électorales de tout candidat et de
toute candidate sont limitées et doivent respecter des règles
très précises. D'ailleurs, on les a abordées tantôt
un peu en partie. Dans la mesure où un candidat... Je vais essayer de
bâtir un exemple fictif. Disons que je suis candidat aux prochaines
élections. Évidemment, je suis limité dans le montant que
je peux investir dans mes dépenses électorales en termes de
plafond. Mais, par ailleurs, j'ai un commerce dont l'existence commerciale
comprend mon nom: Les ameublements Jacques Rochefort. Tout à coup, par
hasard, pendant la campagne électorale où le même Jacques
Rochefort est candidat, le budget de publicité de mon entreprise
connaît une progression extraordinaire, exponentielle où... Je
pense, M. le Président, que j'ai introduit ma question. Vous avez
dû suivre l'introduction
que j'ai faite à ma question?
Le Président (M. Marcil): Oui, oui, oui, oui.
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Marcil): Non, non, mais c'est un cas.
M. Rochefort: Non, non, mais je pense que vous avez dû
suivre l'introduction que j'ai faite à ma question à tout point
de vue.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Rochefort: Bon. Je pense qu'on s'est compris. Puis, tout
à coup, le budget de mon entreprise en publicité commence
à être très imposant et, comme par hasard, c'est la
même firme de communications qui a mes deux budgets et on retrouve
beaucoup de similitude entre les deux campagnes de publicité
reliées à cet expert en ameublement qui serait Jacques
Rochefort.
J'avoue que cela m'a beaucoup frappé. Dans la mesure où on
aurait une approche qui dise, finalement, que voulez-vous y faire, ce n'est pas
la même chose, notre loi ne nous permet pas de... Ce qui est
peut-être le cas. J'avoue que je n'ai pas eu le temps de rouvrir ma Loi
électorale depuis que j'ai assisté à cela et surtout que
j'ai réfléchi un peu. Je me dis: Voilà tout un trou et
toute une grande porte ouverte à n'importe qui voudrait contrevenir
carrément et directement à l'esprit de la loi quant au plafond
des dépenses électorales. Je ne sais pas si vous avez des
réflexions à me faire là-dessus, mais j'avoue que cela m'a
beaucoup dérangé, et plus j'en parle, plus cela me
dérange.
M. Côté (Pierre-F.): Mes réactions à
vos réflexions, M. le député, sont les suivantes: c'est
que je les partage entièrement. J'ai eu le même étonnement
vis-à-vis de certains faits qui ont pu se produire, il n'y a pas
très longtemps. Non seulement le même étonnement, mais nous
nous posons de sérieuses questions et nous regardons cela attentivement.
Je me dis que, si les dispositions de la loi actuelle ne sont pas suffisamment
claires pour couvrir de tels cas, il faudrait certainement que le
législateur - ce sera ma recommandation éventuellement - se
penche sur cette question. Il y a un vieux principe de droit qui dit qu'on ne
peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement.
Évidemment, vous touchez là à un exemple, je dirais,
à des échappatoires possibles qu'il y a dans toute loi. Il s'agit
pour la personne la plus habile de trouver l'échappatoire et de
l'utiliser. Pour déterminer si c'est fait sans accroc aux dispositions
actuelles de la loi, nous serions portés, je dirais - puisque vous avez
donné un exemple hypothétique - à étudier avec
beaucoup de soin l'entreprise Les ameublements Jacques Rochefort.
M. Gratton: II y a un phénomène à l'inverse,
aussi, que j'ai déjà constaté. C'est celui qui, en
affaires, ne veut pas dépenser de l'argent pour de la
publicité...
M. Rochefort: Oui, c'est vrai.
M. Gratton: ...et est candidat à toutes les
élections possibles pour faire parler de lui et de son entreprise.
M. Rochefort: Avec possibilité de remboursement. Ha! Ha!
Ha!
M. Gratton: Évidemment, celui dont je parle s'arrangeait
toujours pour ne pas se rendre à terme. Donc, il ne faisait aucune
dépense, n'était plus candidat, se désistait à la
dernière minute. On avait un agent d'assurances chez nous qui
était candidat à toutes les élections, municipales,
provinciales, fédérales, scolaires, et c'est comme cela qu'il
vendait quelques polices d'assurance. Je ne sais pas s'il en vendait beaucoup,
mais je sais qu'il n'avait jamais de vote parce qu'il ne se rendait jamais
à terme.
Les effets des projets de loi 26 et 28 sur la fonction
du DGE
M. Rochefort: Une autre question, M. le Président.
À la page 17 des notes préliminaires du Directeur
qénéral des élections pour l'étude de ses
crédits, on fait allusion au contenu des lois 26 et 28, la Loi sur le
Protecteur du citoyen et la loi sur l'accès à l'information.
J'avoue, M. le Président, que ceci n'étant pas directement
relié à mes champs de responsabilité dans mon
équipe parlementaire je n'ai pas eu l'occasion de regarder ces deux
projets de loi. Mais j'aimerais qu'on profite de l'occasion pour permettre au
Directeur général des élections d'attirer notre attention
un peu plus sur ce qui implique des modifications, si j'ai bien vu, au mandat
du Directeur général des élections qu'on retrouve dans ces
deux lois. J'imagine que le leader du gouvernement va apporter une grande
attention à cette discussion.
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, est-ce
que je peux me permettre de vous demander simplement quelques minutes de
suspension, si c'est possible?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Marcil): Nous' allons suspendre la
séance pour un maximum de cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
(Reprise à 16 h 23)
M. Gratton: M. le Président, si on me permet, en attendant
le retour du député de Gouin, j'aurais quelques questions qui ont
trait aux crédits et on pourrait revenir à la question
soulevée par le député de Gouin ensuite, notamment,
à l'élément 13, Prêts, placements et avances. Dans
le rapport financier préliminaire pour l'année dernière,
l'exercice financier 1986-1987, il y avait un montant de 55 000 $ comme
prévision pour 1986-1987, et le même montant, 55 000 $, a
été dépensé l'an dernier. Dans les
prévisions budgétaires pour cette année, on n'indique
aucun montant. Je voudrais simplement savoir de quoi il s'agissait, quel
étaient ces 55 000 $ et pourquoi il n'y a pas de montant semblable
prévu pour cette année.
M. Côté (Pierre-F.): Le montant de 55 000 $ est une
avance qu'on détient en fidéicommis pour avoir la somme requise
dès le début de l'année financière pour pouvoir
payer les allocations aux partis politiques. Comme ce montant est
déjà en fidéicommis et se renouvelle constamment,
c'est-à-dire 55 000 $, il n'est pas nécessaire de le renouveler
dans les prévisions budgétaires de cette année.
M. Gratton: C'est pour un remboursement de?
M. Côté (Pierre-F.): Le paiement des allocations aux
partis politiques. En début d'année, il faut faire les premiers
versements des allocations aux partis politiques, 1 119 000 $ par année,
et il a fallu au tout début qu'on ait cette somme à notre
disposition. Ce sont ces 55 000 $ qui sont en fidéicommis.
M. Gratton: Ce montant est toujours là.
M. Côté (Pierre-F.): Il est toujours là, il
n'est pas nécessaire d'ajouter un autre montant de 55 000 $ tous les
ans.
M. Trudel: Est-ce pour la première année, pour
votre première année d'activité?
M. Côté (Pierre-F.): C'est pour augmenter l'avance
qu'on avait déjà, ce qu'on a fait l'an dernier. On avait une
avance de 95 000 $, on l'a augmentée de 55 000 $ l'an dernier et elle a
atteint 150 000 $. Pour cette année, il n'est pas nécessaire de
l'augmenter. C'est toujours ce montant en fidéicommis.
M. Trudel: Merci.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Moi, c'est sur la question des projets de loi 26 et
28...
Le Président (M. Marcil): Sur la question des projets de
loi 26 et 28, M. le directeur général.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, brièvement, M. le
Président. D'abord, la question du projet de loi 26. Dans le projet de
loi 26, l'article 15 du projet de loi prévoit qu'est assimilée
à un organisme public, aux fins de la présente loi, toute
personne désignée par l'Assemblée nationale, pour exercer
une fonction qui en relève, lorsque la loi prévoit que son
personnel est nommé et rémunéré suivant la Loi sur
la fonction publique. Ce qui veut dire, en pratique et en clair, que serait
assimilé à un organisme public le Directeur général
des élections.
Quand je dis dans mon texte d'introduction que ce libellé modifie
la fonction du Directeur général des élections, je
voudrais juste poser un certain nombre de questions et de réflexions
très brièvement. Je pourrais en parler beaucoup plus longuement,
mais j'ai juste deux ou trois questions et vous verrez le sens de mes
réflexions. On pourrait simplement se demander si le Directeur
général des élections est soumis à la juridiction
du Protecteur du citoyen. Est-ce que te Protecteur du citoyen, lors d'un
recensement lors d'une période électorale, pourrait contester la
décision d'un bureau de révision qui possède des pouvoirs
quasi judiciaires? Est-ce à dire que le Protecteur du citoyen, en
matière de financement des partis politiques, particulièrement
lorsque le Directeur général des élections se prononce sur
la légalité du temps d'antenne gratuit ou de l'espace gratuit
dans un journal en dehors d'une période électorale, pourrait
contester la décision du Directeur général des
élections? Est-ce à dire que le Protecteur du citoyen, en
matière de financement des partis politiques, lors de la production d'un
rapport sur les dépenses électorales, pourrait contester la
décision du Directeur général des élections de
considérer ou non une dépense comme étant une
dépense électorale aux fins de remboursement des dépenses
électorales à un candidat ou un parti? On pourrait
énumérer comme cela un bon nombre de questions.
Ce pourquoi ces questions-là sont posées, c'est parce que
je suis fermement, définitivement convaincu pour ma part que le
Directeur qénéral des élections doit être exclu de
la juridiction du Protecteur du citoyen, c'est-à-dire qu'il ne faut pas
augmenter la juridiction du Protecteur du citoyen à l'égard du
Directeur général des
élections. J'énumère seulement encore trois
raisons, je pourrais en donner plus. D'abord, le Protecteur du citoyen n'a
juridiction que sur les actes d'administration. Le Directeur
générai des élections doit conserver et préserver
le principe d'indépendance de sa fonction, principe qui doit primer
devant toute ingérence de l'exécutif judiciaire ou de tout autre
personne ou institution. Comme le Protecteur du citoyen a juridiction d'abord
et avant tout sur les actes d'administration, on voit là quelles
difficultés cela peut présenter.
Un autre argument me semble assez important. Si le législateur a
cru bon d'écarter les tribunaux dans toutes les décisions
concernant le domaine électoral, sauf pour les poursuites en dommages,
le même principe s'applique pour les mêmes raisons au Protecteur du
citoyen. Je crois que la juridiction du Protecteur du citoyen ne doit pas
comporter le domaine électoral pour les quelques raisons que je viens de
mentionner, en particulier celles qui découlent du statut même du
Directeur général des élections comme étant une
personne désignée de l'Assemblée nationale. Le Protecteur
du citoyen l'est également, mais pour l'exercice de ma fonction,
l'exercice des fonctions du Directeur général des
élections, devrais-je dire, je pense que le statut de personne
désignée, qui fait que c'est un statut très
indépendant face à l'Exécutif et dans l'exercice de ses
fonctions, ne doit pas être assujetti à quelque autre juridiction
que ce soit. Simplement pour vous donner une illustration de ce que je pense et
pour vous montrer que le Protecteur du citoyen, il n'y a pas si longtemps,
pensait exactement la même chose, il est dit, dans son rapport annuel de
1982-1983, à la page 9, où il fait état de sa conception
du rôle d'une personne désignée, et je cite: Dans
l'exercice des fonctions qui lui sont confiées, une personne
désignée agit en effet de façon autonome en son propre nom
et de son propre chef. Elle est personnellement responsable des gestes qu'elle
pose et elle manquerait à son devoir si elle se laissait dicter sa
conduite par un tiers, quel qu'il soit. Je suis très surpris de
réaliser que cette disposition est incluse dans ce projet de loi qui,
comme je l'ai mentionné, aurait pour effet de m'assujettir au Protecteur
du citoyen. Il pourrait arriver, à l'occasion d'une élection, par
exemple, qu'un électeur mécontent ou que plusieurs
électeurs mécontents s'adressent au Protecteur du citoyen, et
vous voyez là quelles seraient les conséquences pour
l'administration des élections. Cela va pour ce projet de loi et je me
permets d'insister sur le fait que c'est une question assez sérieuse.
(16 h 30)
Quant au projet de loi 28, il y a, à l'article 77 en particulier
- il y a d'autres articles, mais c'est celui qui me semble le plus important -
une modification qui est apportée à l'article 403 de la Loi
électorale. Cette modification me semble aussi importante, mais pas
d'une gravité exceptionnelle, je dirais. Elle est importante pour la
raison suivante. Actuellement, l'article 403 prévoit que, quand on nous
transmet les rapports financiers annuels, ils nous sont transmis pour le 1er
avril et on ne doit pas dépasser cette date parce que cela a toutes
sortes de conséquences, comme vous le savez. Dans la loi actuelle, je
dispose d'un mois pour en faire l'étude, pour procéder à
l'impression et, au bout d'un mois, je les rends publics. La modification
qu'apporte le projet de loi, c'est que, dès le 1er avril, dès que
les rapports financiers sont déposés, je suis dans l'obligation
d'en communiquer la teneur à quiconque voudrait en faire la demande, ce
qui exclurait l'analyse, enfin, l'analyse qu'on peut en faire, et la
publication. Il y a une petite porte de sortie qui est, à mon avis... Je
ne partage pas tout à fait cette opinion, mais, enfin, ce serait
peut-être une façon de s'en sortir. Il est prévu dans la
loi d'accès à l'information que, lorsqu'une demande est faite
à l'administration publique, on dispose d'une vingtaine de jours comme
délai de grâce, je dirais, avant d'y donner suite. À cause
de cette modification, je pense que ce serait malvenu d'utiliser ce
délai de grâce de 20 jours, qui est assez exceptionnel, qui est
plutôt l'exception que la règle, et profiter de cette
période pour faire l'analyse et imprimer les rapports financiers, comme
on le fait depuis toujours. Dans ce projet de loi, il y a d'autres dispositions
qui touchent à la Loi électorale, mais c'est celle sur laquelle
je désire attirer votre attention et qui me semble la plus
importante.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que le leader du
gouvernement a des commentaires à faire là-dessus?
M. Gratton: Non, M. le Président. On sait que ces deux
projets de loi seront débattus à l'Assemblée nationale,
probablement cette semaine, et que, lors de l'étude
détaillée, les ministres parrains - dans un cas, c'est le
ministre de la Justice et, dans l'autre, c'est le ministre des Communications -
seront à même d'expliquer leurs positions respectives
là-dessus. Par contre, j'ai pris connaissance des représentations
du Directeur général des élections adressées au
premier ministre, de même que du mémoire en réaction
à ces commentaires du Protecteur du citoyen. Je pense qu'il appartient
aux ministres sectoriels d'expliquer ou de faire valoir leurs arguments et,
peut-être bien, d'apporter les amendements qui s'imposeront le cas
échéant.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce qu'on peut demander
au Directeur général des élections si le mémoire
qu'il a préparé peut être rendu disponible?
M. Côté (Pierre-F.): M. le ministre vient d'indiquer
que c'est un mémoire qui était adressé au premier ministre
au départ, parce que j'ignorais qui serait le parrain du projet de loi.
Je ne sais quelle liberté j'ai de vous faire parvenir une copie du
mémoire que j'ai adressé au premier ministre.
M. Gratton: Consultez le premier ministre. À prime abord,
je n'ai pas d'objection.
M. Rochefort: M. le Président, je comprends bien que c'est
un mémoire qui a été adressé au premier ministre,
au chef du gouvernement, puisqu'il s'agit là de législation
gouvernementale. Mais, compte tenu du fait qu'il s'agit maintenant de projets
de loi qui n'appartiennent plus au gouvernement, mais qui appartiennent
à l'Assemblée, et que, deuxièmement, le Directeur
général des élections est justement une personne
désignée par l'Assemblée, je pense que, pour permettre aux
parlementaires qui vont se pencher sur ces deux projets de loi d'effectuer une
analyse de façon responsable et en toute connaissance des
différentes implications que comporte le libellé des deux projets
de loi, il serait souhaitable que ces documents d'information soient fournis
aux membres de l'Assemblée.
M. Gratton: En principe, je n'ai pas d'objection, M. le
Président, mais je vais quand même vérifier quelle est la
coutume et la tradition dans ce genre de chose. Je fournirai la réponse
aux membres de la commission dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
M. Rochefort: Dans les meilleurs délais.
Évidemment, je comprends bien qu'on est en fin de session...
M. Gratton: Oui.
M. Rochefort: ...et que le processus législatif fonctionne
à plein rendement...
M. Gratton: Demain. M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Marcil): C'est bien. Est-ce qu'il y a
d'autres questions?
M. Rochefort: Cela va en ce qui me concerne.
Le Président (M. Marcil): Cela va.
M. Gratton: Une dernière petite question, M. le
Président. Est-ce qu'au cours de l'année dernière, le
Directeur général des élections a effectué ou fait
effectuer des sondages d'opinion quelconques?
M. Côté (Pierre-F.): Non, M. le ministre.
M. Gratton: Est-ce qu'il est prévu d'en effectuer ou d'en
faire effectuer cette année?
M. Côté (Pierre-F.): Non.
M. Gratton: Également - vous pourrez nous fournir
l'information plus tard - dans le rapport annuel 1985-1986 du Directeur
général des élections, à la page 9, on voyait un
organigramme. Est-ce qu'il vous serait possible de faire parvenir au
président de la commission, qui pourra en saisir les membres de la
commission, la répartition du personnel, le nombre, le statut, soit
permanent ou occasionnel, et le niveau d'emploi, cadre, professionnel et
personnel de soutien, à l'intérieur de chaque boîte de
l'organigramme?
Une voix: S'il vous plaît!
M. Côté (Pierre-F.): Certainement, M. le
député.
M. Gratton: Une dernière question, M. le Président.
Je présume que le Directeur général des élections
comme son personnel peuvent à l'occasion être appelés
à voyaqer à l'extérieur du Québec. À quel
élément retrouvons-nous les prévisions budgétaires
pour les voyages ou frais de déplacement?
M. Côté (Pierre-F.): Dans le proqramme 3, a la
catégorie 3, Communications, on retrouve - il y a un montant global de
585 000 $ - les voyaqes ou les frais de déplacement.
M. Gratton: Est-ce qu'on pourrait ventiler les 585 000 $ pour
l'année qui vient?
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Il y a 395 000 $ qui sont
répartis de la façon suivante... Je m'excuse, j'ai cassé
mes verres tout à l'heure et je suis en train de les perdre. Pour les
frais de déplacement, la prévision est de 55 000 $.
M. Gratton: Combien?
M. Côté (Pierre-F.): C'est 55 000 $.
M. Gratton: Oui.
M. Côté (Pierre-F.): Frais de déplace-
ment et inscription à des congrès, s'il y en a, 5500 $.
Réunions ministérielles ou interministérielles, 10 000 $.
Frais de poste, 30 000 $. Frais de transport et messagerie, 16 000 $.
Là, on touche au plus gros point de cette catégorie. Je ne sais
pas pourquoi c'est là, mais c'est dans ce secteur: la
téléphonie, 225 000 $. Publication d'information, 500 $. Films et
photographie, 1500 $. Des publications, 38 000 $, et on a un autre montant de
13 500 $, pour un montant de 395 000 $.
M. Gratton: Frais de déplacement, 55 000 $. Congrès
et autres frais de représentation, 5000 $. Avez-vous dit:
Réunions ministérielles?
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Réunions
ministérielles ou interministérielles, 10 000 $.
M. Gratton: En quoi cela consiste-t-il?
M. Côté (Pierre-F.): C'est que, s'il y a des
rencontres...
M. Gratton: Ce ne sont pas vos réunions avec moi.
M. Côté (Pierre-F.): Elles ne sont pas assez
fréquentes et elles ne coûtent pas cher, quand elles ont lieu.
Non, je m'excuse. À cet élément - je vous dis tout de
suite que ça ne couvre pas, que ça n'englobe pas tout ce montant,
il va de soi - lorsque, par exemple, nous tenons, ce qui se produit quand
même assez fréquemment, des réunions ou des rencontres au
bureau et qu'on doit luncher au bureau, c'est à cet
élément que sont pris pareils frais. Mais on n'en fait pas pour
5000 $ par année, c'est bien certain. Vous allez peut-être trouver
un autre petit coussin, on ne sait jamais.
M. Gratton: M. le Président...
M. Trudel: J'ai peut-être mal compris, parce que vous
êtes allés vite. J'ai perdu depuis pas mal d'années l'art
de prendre des notes rapidement. Il me semble que l'addition que je fais me
porte encore très loin de 585 000 $.
M. Côté (Pierre-F.): C'est 395 000 $.
M. Trudel: Vous avez dit à Communications pour
1987-1988.
Une voix: C'est 395 000 $.
M. Côté (Pîerre-F.): C'est 395 000 $.
M. Trudel: D'accord.
M. Gratton: D'accord.
M. Côté (Pierre-F.): Il vous manquait 200 000 $.
M. Gratton: Les 190 000 $, c'est à la Commission de la
représentation.
M. Trudel: C'est ça.
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Gratton: Ce sont tes consultations prévues en province
et tout le reste.
M. Côté (Pierre-F.): C'est cela.
Le Président (M. Marcil): Quand vous parlez de 225 000 $
à la téléphonie...
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que vous avez, à
l'intérieur de ce budget, des lignes téléphoniques pour
les systèmes informatisés?
M. Côté (Pierre-F.): Pas pour le moment.
Le Président (M. Marcil): Pas pour le moment.
M. Côté (Pierre-F.): Non, pas pour le moment.
Le Président (M. Marcil): Cela va,
M. Gratton: M. le Président, compte tenu de l'heure et des
exigences - frais de déplacement et autres - du député de
Gouin, je pense qu'on peut considérer que te mandat de la commission est
accompli et, comme il ne s'agit pas pour nous d'adopter les crédits du
Directeur général des élections, mais simplement
d'examiner les prévisions budgétaires...
Le Président (M. Marcil): Les approuver, M. le ministre.
M. Gratton: Non, M. te Président, il n'est pas question de
les approuver ou de les désapprouver, je pense que le statut de personne
désignée du Directeur général des élections
nous amène à être très prudents de ce
côté. Il me reste donc à remercier le Directeur
général des élections et ses collaborateurs des
réponses qui nous ont été apportées, lui dire notre
satisfaction d'avoir pu encore une fois dialoguer comme on l'a fait de
façon très ouverte et très transparente, et souhaiter que
cette collaboration va se maintenir au cours des mois qui suivent. Je retiens
l'offre de collaboration du Directeur général des
élections quant à la démarche que nous avons entreprise
à l'égard des modifications
à apporter à la Loi électorale,
M. Rochefort: M. le Président, à mon tour, je veux
remercier le Directeur général des élections de même
que ses collaborateurs pour la séance de travail que nous venons de
tenir, l'assurer nous aussi de notre collaboration dans les mandats qui sont
les siens au cours de l'année qui viendra et rappeler, M. le
Président, au ministre que nous attendons des réponses de sa part
quant à des documents impliquant son collègue, le
président du Conseil du trésor, et un autre document impliquant
le premier ministre, eu égard au contenu des projets de loi 26 et 28.
Nous souhaitons obtenir ces documents pour accomplir l'ensemble des
responsabilités du mandat qui est le nôtre.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Merci beaucoup. Pour
apporter un peu plus de précisions, je pense qu'en vertu de l'article
288 on doit approuver les...
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, si vous
permettez, la différence, c'est que la présente commission
approuve, mais fait rapport à l'Assemblée nationale qui, elle, ne
les adopte pas.
Le Président (M. Marcil): Exactement, c'est cela. On peut
considérer cela comme étant approuvé. M. le directeur
général, de même que vos représentants, nous vous
remercions beaucoup de vous être prêtés à cette
analyse des crédits.
M. Côté (Pierre-F.): Merci.
Le Président (M. Marcil): Nous ajournons cette commission
sine die.
(Fin de la séance à 16 h 43)