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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Bonjour, mesdames et messieurs. Je déclare ouverte la
séance de la commission des institutions. Ladite commission a pour
mandat de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère du Solliciteur général
pour l'année financière 1987-1988. J'aimerais souhaiter la
bienvenue, au nom des membres de la commission, non seulement au ministre, mais
également à toutes les personnes qui l'accompagnent.
À ce stade-ci, je demanderais au secrétaire s'il y a des
remplacements de membres de la commission.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. On m'a
avisé que M. Johnson (Anjou) serait remplacé par M. Chevrette
(Joliette) et M. Trudel (Bourget) par M. Gobé (Lafontaine).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. J'aimerais
rappeler aux membres de la commission ainsi qu'à nos invités que
nous avons une enveloppe de cinq heures divisée comme suit pour
l'étude des crédits: ce matin, de 10 heures à 12 h 30 et
cet après-midi de 15 h 30 à 18 heures
J'invite maintenant M. le Solliciteur général à
faire ses remarques préliminaires à ce stade-ci.
Remarques préliminaires M. Gérard
Latulippe
M. Latulippe: Bonjour, mesdames et messieurs, membres de la
commission des institutions. Nous sommes réunis, aujourd'hui, pour
procéder à l'étude détaillée des
crédits alloués au ministère du Solliciteur
général. À la même époque l'année
dernière, je me présentais devant les membres de cette commission
avec le titre de Solliciteur général pourvu en vertu d'une
décision du Conseil des ministres de responsabilités jusqu'alors
dévolues au ministre de la Justice.
Je me fixais alors comme une de mes priorités pour l'année
1986-1987 le dépôt d'un projet de loi créant un
ministère du Solliciteur général et son adoption par
l'Assemblée nationale. Or, le ministère du Solliciteur
général est officiellement devenu réalité le 10
décembre 1986 avec l'adoption et la sanction du projet de loi 138, soit
la
Loi sur le ministère du Solliciteur général et
modifiant diverses dispositions législatives. Cette loi, qui pourvoit
à la constitution et à l'organisation du ministère, confie
notamment au Solliciteur qénéral le mandat d'élaborer et
de proposer au gouvernement les politiques relatives au maintien de la
sécurité publique, à la prévention de la
criminalité, à l'implantation et à l'amélioration
des méthodes de détection et de répression de la
criminalité ainsi qu'a l'incarcération et la réinsertion
sociale des détenus; des fonctions en matière de police, de
détention, de probation, la responsabilité d'assurer la
sécurité routière et de contrôler les permis
d'alcool. Ses fonctions s'étendent aussi à l'endroit des
coroners, des commissaires aux incendies et des agences d'investigation et de
sécurité.
Cette décision historique est venue dans les faits
concrétiser le partaqe de deux missions distinctes, l'une touchant le
fonctionnement du système judiciaire et l'autre la
sécurité publique qui relevait, jusque-là, du seul
ministère de la Justice.
Cette réorganisation administrative permet aujourd'hui de
rassembler sous la responsabilité d'un ministère unique,
diriqé par le Solliciteur qénéral du Québec,
plusieurs aspects fort importants de la sécurité publique: le
maintien de l'ordre au Québec, la prévention du crime,
l'amélioration des méthodes de détection et de
répression de la criminalité ainsi que la garde, la surveillance
et la réinsertion sociale des personnes contrevenantes.
La création du ministère du Solliciteur
général du Québec est cependant plus qu'une simple
réforme administrative. Elle témoigne de la volonté du
gouvernement d'accorder plus d'importance aux questions touchant la
sécurité des Québécois. Elle est soutenue par
l'objectif d'accroître la sécurité et le bien-être de
tous en offrant aux citoyens des services de qualité sans cesse
améliorés.
Pour notre gouvernement, la sécurité publique est
considérée comme un service essentiel. Pour y arriver, il importe
que les différents aqents chargés d'assurer certains aspects
particuliers de la sécurité des citoyens, qu'il s'agisse des
agents de la paix, des agents de probation, des constables spéciaux, des
surveillants en établissements de détention adaptent leurs
méthodes d'intervention à la réalité des
années d'aujourd'hui et de demain... Ils doivent aussi être en
mesure de réagir efficacement et
rapidement à la criminalité d'aujourd'hui, tant pour la
combattre que pour la prévenir.
Le ministère du Solliciteur général est conscient
de cette nécessité et entend utiliser les ressources humaines et
financières dont il dispose pour protéger le mieux possible la
population tout en permettant aux citoyens d'exercer pleinement leurs droits et
de vivre dans un environnement qui leur soit agréable.
S'il a cet objectif, le ministère du Solliciteur
généra! a aussi le souci de se rapprocher de la population afin
qu'elle collabore avec lui à assurer la sécurité du public
québécois. En effet, même si le ministère est
placé au coeur de cette mission, la sécurité publique est
une responsabilité collective et individuelle que tous doivent assumer.
Chaque citoyen peut contribuer de multiples façons. Il peut, par
exemple, s'engager dans sa communauté à prévenir la
criminalité, en participant aux divers programmes de prévention
existants. Il peut également contribuer à réduire les
actes criminels en étant lui-même respectueux des lois et
règlements. II peut aussi apporter son soutien au traitement de la
criminalité en aidant les contrevenants à retrouver leur place
dans la société.
Quant au ministère, pour être en mesure de réaliser
efficacement le mandat qui lui est confié, il fait enfin appel à
la collaboration de tous ceux qui oeuvrent dans les domaines de la
sécurité publique et de la justice pénale. Sans l'aide des
juges, des substituts du Procureur général, des avocats de la
pratique privée, des intervenants sociaux, des groupes communautaires,
plusieurs programmes mis de l'avant pour prévenir ou traiter la
criminalité pourront difficilement atteindre les objectifs
souhaités. La collaboration de tous les intervenants et de tous les
citoyens est nécessaire pour assurer la sécurité publique
chez nous.
Les moyens que je privilégie pour assurer cette concertation sont
un comité de concertation interministériel avec le
ministère de la Justice et des tables de concertation régionales
regroupant tous les intervenants du système de justice
pénale.
Les crédits qui font aujourd'hui l'objet d'une étude
détaillée se regroupent sous quatre secteurs. Dans le secteur des
institutions judiciaires, nous étudierons le programme 1 de mon
ministère ayant trait à la recherche des causes et des
circonstances des décès. L'année 1986-1987 a
été en cela la première année d'application de la
nouvelle Loi sur les coroners.
Dans le secteur de la gestion juridique du cadre
socio-économique, nous étudierons le programnne 2 relatif au
contrôle des permis d'alcool, programme axé cette année sur
la mise en place de nouveaux mécanismes de régulation du commerce
des boissons alcooliques et l'instauration d'un permis de restaurant pour
servir.
Dans le secteur des institutions pénales, nous étudierons
le programme 3, lequel réfère à la garde des
détenus et à la réinsertion sociale des
délinquants. Les services correctionnels et la Commission
québécoise des libérations conditionnelles sont les deux
principales composantes de ce proqramme. Cette dernière année a
été principalement marquée par le développement de
mesures de rechange à l'incarcération et par
l'amélioration des équipements carcéraux.
Dans le secteur de la sécurité publique, nous
étudierons les proqrammes 4, 5 et 6 traitant respectivement de la
sécurité publique, de la normalisation et de la surveillance de
l'exercice des fonctions de police et enfin de la Sûreté du
Québec. Les préoccupations majeures de l'année qui vient
de s'écouler ont porté principalement sur le renforcement du
dispositif de contrôle en matière de sécurité
routière et sur la prévention de la criminalité.
Finalement, le programme 7, soit l'administration, regroupe les diverses
unités administratives qui fournissent aux autres composantes du
ministère des services spécialisés en matière de
gestion des ressources humaines, matérielles, financières et
informationnelles.
L'enveloppe budgétaire du ministère du Solliciteur
général pour l'exercice financier 1987-1988 se situe à 561
886 300 $. Au fur et à mesure de l'étude des différents
programmes, nous aurons l'occasion d'examiner plus en détail la
répartition et l'utilisation de cette enveloppe budgétaire. Par
ailleurs, je voudrais profiter de l'occasion qui m'est offerte pour passer en
revue les différentes réalisations de mon ministère pour
l'année 1986-1987 et pour vous faire part également de mes
orientations et priorités pour l'exercice financier qui a
débuté le 1er avril dernier.
Tout d'abord, la loi sur le ministère du Solliciteur
qénéral. Comme je vous le précisais au début de mon
exposé, je suis particulièrement fier d'avoir donné suite
à la volonté gouvernementale de créer un ministère
ayant comme mission de contribuer à assurer la sécurité de
tous les Québécois.
Deuxièmement, la rénovation des services policiers au
Québec. L'organisation policière au Québec, c'est
près de 13 000 policiers répartis presque éqalement entre
la Sûreté du Québec, le Service de police de la
Communauté urbaine de Montréal et l'ensemble des autres corps de
police municipaux. C'est également une enveloppe budgétaire
annuelle qui atteint le cap des 880 000 000 $.
La rénovation des services policiers a été un
dossier important pour mon ministère au cours de l'année 1986.
Nous avons fait des recherches, des évaluations et des analyses. Nous
avons abondamment consulté
les différents intervenants et partenaires. Nous avons
préparé des scénarios de rénovation. Comme on le
sait, l'organisation policière comporte plusieurs aspects. Les
mécanismes régulateurs du système, le partage des
responsabilités entre les ordres de gouvernement, provincial et
municipal, ainsi qu'entre les municipalités elles-mêmes et enfin,
la tâche policière et les services qui lui sont auxiliaires.
L'amélioration des services correctionnels au Québec. Une
des priorités que je m'étais fixée, lors de mon
entrée en fonction, était l'amélioration des services
correctionnels au Québec. Un tel objectif comporte plusieurs volets dont
les deux principaux sont une meilleure gestion des ressources carcérales
existantes tout en examinant concurremment la possibilité de consolider
ou de développer des mesures sentencielles en milieu ouvert. En relation
avec la gestion des ressources carcérales, j'ai déjà eu
l'occasion d'annoncer la construction de deux nouveaux centres de
détention en remplacement de deux édifices dont la construction
datait du début du siècle et même avant, dans le cas de
Trois-Rivières.
Leur vétusté et les conditions de vie insalubres pour la
population carcérale ont été soulignées depuis
longtemps et à maintes reprises par différents groupes, dont le
Protecteur du citoyen. Il s'agit de la construction de l'établissement
de détention de Trois-Rivières et celui de Sherbrooke.
L'établissement de Trois-Rivières dont la capacité sera de
110 places sera livré à l'automne 1988 alors que
l'établissement de Sherbrooke, d'une capacité de 84 places, sera
livré à l'automne 1989. Dans les deux cas, la
détermination du nombre de places a été faite en accord
avec les besoins de chacune des régions.
En ce qui concerne le volet de la consolidation et du
développement des mesures sentencielles en milieu ouvert, le
comité d'étude sur les solutions de rechange à
l'incarcération me remettait en août dernier un volumineux rapport
assorti d'une série de recommandations visant à réduire la
population carcérale par le recours notamment aux sentences en milieu
ouvert. Lorsque j'ai rendu ce rapport public, le 11 septembre dernier, j'avais
dit qu'il n'était pas de mon intention de le laisser sur une tablette.
C'est ainsi que dans la lignée des recommandations qui m'ont
été faites, j'ai dégagé pour l'exercice financier
1987-1988 des crédits d'environ 1 300 000 $ pour la mise en oeuvre de
nouvelles initiatives telles le programme de sensibilisation et
d'évaluation en matière de conduite avec facultés
affaiblies, la surveillance intensive, l'expérience pilote
d'évaluation à la cour et les rapports présentenciels.
De plus, des crédits additionnels de 190 000 $ ont
été dégagés pour pallier une augmentation de notre
intervention en matière de violence conjugale. De même, j'ai
déposé pour adoption par l'Assemblée nationale un projet
de loi modifiant la Loi sur la probation et sur les établissements de
détention, qui vise essentiellement à rendre disponible à
l'ensemble des tribunaux québécois de juridiction pénale
et criminelle une nouvelle mesure de rechange à l'incarcération,
soit la surveillance intensive. L'ordonnance de surveillance intensive s'ajoute
aux trois types déjà existants d'ordonnance de probation:
l'ordonnance de probation sans surveillance, l'ordonnance de probation avec
surveillance d'un agent de probation et l'ordonnance de travaux
communautaires.
J'ai eu aussi l'occasion d'amorcer des consultations, auprès
d'intervenants d'autres ministères, pour la mise en application de
certaines recommandations, contenues dans le rapport Landreville, et je compte
poursuivre mes démarches dans ce sens.
Toujours dans l'optique d'améliorer les services correctionnels
et en vue de favoriser une participation accrue des citoyens, j'ai
déposé à l'Assemblée nationale le projet de loi 83,
modifiant la Loi sur la probation et sur les établissements de
détention, qui vise à donner une personnalité juridique
aux fonds au bénéfice des personnes incarcérées.
Ces fonds, dois-je le rappeler, ont pour fonction d'établir et
d'appliquer des programmes d'activité visant à favoriser la
réinsertion sociale des personnes incarcérées. De
même, je tiens à signaler que les modifications apportées
donnent suite à une des recommandations formulées par le
Protecteur du citoyen, sur le respect des droits des personnes
incarcérées.
Pour terminer avec les principales réalisations de mon
ministère en 1986-1987, en accord avec les priorités que je
m'étais fixées en début d'année, j'ajouterai qu'un
suivi a été apporté au rapport du Protecteur du citoyen
amenant, entre autres, certaines modifications au régime de vie des
personnes incarcérées, la formation d'un comité relatif
à la situation de la femme incarcérée, en vue
d'étudier la discrimination dont seraient victimes les femmes
incarcérées à la maison Tanguay et, enfin, la promotion du
programme continuité famille. De plus, des politiques relatives à
l'accueil de la personne incarcérée en vue de lui apporter un
service d'aide, de support et de conseil, à son entrée dans
l'établissement, au plan de séjour de la personne
prévenue, au programme de santé et des activités ont
été développées. Ces politiques sont en processus
de validation et d'implantation en milieu carcéral. Un document
vidéo, "Les yeux ouverts", facilitant l'accueil des personnes
incarcérées, a d'ailleurs été produit et est
présentement disponible dans le réseau carcéral.
Permettez-moi de vous donner
maintenant quelques statistiques, pour l'armée 1986-1987. Pour
mieux illustrer ce que l'année 1986-1987 a représenté pour
mon ministère, je me permets de vous livrer ces quelques statistiques.
Le nombre de décès, rapportés au coroner en 1986, a
augmenté de 48 % par rapport à l'année
précédente. Les circonstances obscures et violentes ont
représenté 53,7 % du nombre de décès
rapportés. En effet, cette augmentation, telle que prévue, du
nombre de décès rapportés au coroner s'explique par le
fait que 1986 coïncidait avec la première année
d'application de la nouvelle Loi sur la recherche des causes et circonstances
des décès.
Sur le plan des services correctionnels, on constate une baisse de
l'ordre d'environ 6 % du nombre total de personnes détenues admises dans
nos centres de détention et une diminution significative de l'ordre de
22 % du nombre d'admissions pour défaut de paiement d'amendes. Enfin, la
durée des peines imposées est demeurée à peu
près inchangée, si ce n'est que les sentences de courte et de
longue durées ont diminué alors que celles de durée
moyenne ont légèrement augmenté.
Par ailleurs, il ressort de l'analyse des statistiques correctionnelles,
pour 1986-1987, que les programmes mis de l'avant pour favoriser, lorsque c'est
possible, les alternatives à l'incarcération commencent à
porter fruit et la tendance devrait aller en s'accroissant au fur et à
mesure de l'implantation des recommandations, contenues notamment dans le
rapport Landreville. Enfin, au chapitre de l'utilisation des ressources
communautaires, on remarque une hausse du nombre de clients
référés, dans toutes les catégories de services,
qu'il s'agisse de ressources d'hébergement communautaire, hausse de 5,5
%, des ateliers de réinsertion par le travail, hausse de 20,1 %, des
ressources spécialisées, tel que Pinel, hausse de 15,6 %. (10 h
30)
En matière de sécurité publique, les quelques
données qui suivent nous donnent un profil de la criminalité au
Québec en 1986. Très légère hausse de 0,27 % du
nombre d'infractions au Code criminel. Lorsque mis en relation avec
l'augmentation de la population, le taux pour 1000 habitants a même
diminué légèrement. Augmentation de 7,41 % du nombre de
crimes avec violence. Toutefois, il y a eu diminution de 23,67 % des homicides
et de 19,68 % des tentatives de meurtre. Baisse de 1,86 % des crimes contre la
propriété. Augmentation de 8,97 % du nombre d'affaires
résolues. Diminution de près de 11 % du nombre de jeunes
contrevenants impliqués dans des infractions au Code criminel.
Augmentation de 20,4 % du nombre d'infractions au Code de la
sécurité routière signalées par les services de
police.
Toujours dans le secteur de la sécurité publique, je
voudrais souligner le travail effectué par la Sûreté du
Québec en 1986 dans le domaine de l'application de la Loi sur les
infractions en matière de boissons alcooliques, où les
activités entreprises ont augmenté de 57,4 % par rapport à
l'année précédente. De même, en matière de
sécurité routière, l'intervention accrue de la
Sûreté a contribué à une diminution de 6,3 % des
accidents de toutes sortes sur nos routes. Au seul chapitre des accidents
mortels, la baisse en 1986 se chiffre à 26,9 % par rapport à
l'année précédente.
Permettez-moi de vous livrer les priorités pour l'année
1987-1988. Au cours de l'exercice financier 1987-1988, j'entends naturellement
poursuivre et concrétiser le travail amorcé au cours de la
dernière année. Par ailleurs, d'autres priorités viendront
s'ajouter à celles déjà identifiées, et ce, en
regard notamment de la sécurité routière, de ia
prévention de ta criminalité et des alternatives à
l'incarcération. Tant au chapitre de la sécurité
routière que de la prévention de la criminalité, la
Sûreté du Québec sera appelée à jouer un
rôle prépondérant. Ainsi, la Sûreté du
Québec entend, notamment, sensibiliser les gens du troisième
âge qui forment un groupe sans cesse croissant dans notre
société, sur différents aspects reliés à la
prévention du crime et à la sécurité
routière. L'objectif principal visé est d'assurer la meilleure
protection passible à ces personnes en les conseillant, en les informant
et en les sécurisant.
La sécurité routière. Mes priorités dans le
domaine de la sécurité routière sont de deux ordres,
à savoir une application accrue du Code de la sécurité
routière et aussi un meilleur contrôle du transport routier des
biens et des personnes. Les coûts sociaux reliés à
l'utilisation de l'automobile et !e rôle du réseau routier dans la
société font que les tâches policières
afférentes à la notion de sécurité routière
sont devenues extrêmement importantes. C'est d'ailleurs lorsqu'il circule
sur la voie publique que le citoyen est le plus suceptible d'être
confronté au travail policier, que ce soit lors de l'application du Code
de la sécurité routière, pendant le constat d'un accident
de la circulation, lors d'une opération de secours ou simplement en
signalant une défectuosité de la chaussée. Ces
tâches occupent une partie importante des effectifs policiers, et la
façon dont le policier les exécute est en fonction de la
philosophie de gestion et d'opération en usage au sein du corps de
police.
En 1986, la Sûreté a affiché une très bonne
performance en effectuant 16 336 constats d'infractions au code criminel, en
distribuant 489 084 contraventions et
340 138 avis de défectuosité mécanique en regard du
Code de la sécurité routière, dans le but de
prévenir les accidents de la route. Globalement, les accidents de la
circulation au nombre de 57 657 représentent une diminution de 6,3 % par
rapport à 1985. Les accidents mortels ont chuté de 26,9 %. C'est
la première réduction depuis cinq ans. Les accidents avec
blessés ont connu une baisse de 9 % tandis que ceux avec dommages
matériels ont enregistré une diminution de 5,2 %. Il
m'apparaît important de continuer dans cette veine et, à cet
effet, je me fixe comme objectif pour la présente année de
maintenir la diminution des accidents de la circulation. Des énergies
devront, en conséquence, être déployées pour assurer
la sécurité des usagers du réseau routier notamment par
l'augmentation de la présence policière sur nos routes en y
assignant le maximum d'effectifs et en augmentant te temps consacré
à la patrouille et l'augmentation de notre efficacité en
utilisant de façon maximale, rationnelle et sélective toutes les
techniques d'opération.
Je tiens également à mentionner aux membres de cette
commission que j'ai dernièrement mis sur pied un groupe de travail
composé de membres de cette assemblée, soit les
députés de Nicolet, de Montmagny-L'Isïet et de Rousseau dont
le mandat consiste à examiner l'action policière en
matière de sécurité routière et de l'application
des lois et règlements sur le transport routier, à formuler un
diagnostic sur la capacité opérationnelle des corps de police en
matière de sécurité routière et de l'application
des lois et règlements sur le transport routier, à analyser tout
particulièrement les programmes de prévention en matière
de sécurité routière actuellement en usage et à
envisager la possibilité d'innover en ce domaine, à examiner les
termes et les modalités d'implication de la population dans la
sécurité routière et à formuler les recommandations
appropriées.
Depuis plusieurs mois, un grand nombre d'intervenants publics et
privés ont insisté sur le manque de contrôle dans le
domaine du transport routier. Les conséquences d'une telle situation
sont, notamment, la détérioration du réseau routier et
l'obligation pour le gouvernement d'y consacrer des sommes astronomiques pour
en assurer l'entretien, la perte de revenus en taxes et en impôts, parce
que les usagers évitent d'acquitter les droits prévus dans la
réglementation et le non-respect des règles de concurrence
établies par le Québec pour son industrie du transport. Il
m'apparaît que la meilleure façon d'atteindre les objectifs
gouvernementaux en la matière, soit d'améliorer la
sécurité des usagers sur la route, de réduire la
détérioration du réseau routier, d'éliminer le
transport illégal et de récupérer certaines sommes
d'argent non perçues en droits et impôts et de favoriser et de
susciter la collaboration et la participation des différents
intervenants concernés, et ce, en vue notamment d'assurer le respect des
lois et des règlements auquel les transporteurs sont soumis. Il faut
procéder à un tel redressement en mettant en commun les
ressources disponibles de plusieurs ministères dont celui du Revenu, de
la Justice, de l'Énergie et des Ressources, de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, du Travail, des Transports, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
La prévention de la criminalité. Le coût social de
la criminalité de même que ses conséquences sont
énormes. Qu'il s'agisse des coûts du système judiciaire,
des services sociaux affectés, de l'aide sociale requise, du coût
des assurances relié à la perte ou la destruction des biens,
même si les services policiers doivent déployer beaucoup d'efforts
pour assurer la sécurité publique il ne faut pas croire qu'ils
sont les seuls tributaires de cette responsabilité. C'est aussi une
obligation sociale que doivent se partager tous les citoyens. Dans ce contexte
et tout en accentuant encore davantage les activités de mon
ministère en matière de prévention de la
criminalité et de la délinquance, j'entends profiter de la
présente année pour réviser nos approches et nos modes de
fonctionnement dans le domaine. Mon objectif est d'établir une politique
ministérielle en la matière. Nos stratégies à
l'égard des comités régionaux de prévention du
crime seront révisées de façon à les soutenir plus
adéquatement et de maximiser ainsi leur performance. La
prévention de la criminalité n'est pas uniquement l'affaire de la
police et du ministère du Solliciteur général. Le citoyen
et la communauté sont éqalement des acteurs fort importants. Par
ailleurs, mon ministère doit faire preuve de leadership et c'est dans ce
sens que nous nous orientons pour la présente année.
Les alternatives à l'incarcération: Dans la poursuite de
l'application de certaines recommandations du rapport Landreville sur les
alternatives à l'incarcération et les efforts entrepris pour
améliorer les services correctionnels au Québec, mon
ministère entend prioriser les actions suivantes: la mise en oeuvre
à la suite de l'adoption du projet de loi du programme de surveillance
intensive, la mise en oeuvre des programmes de sensibilisation et
d'évaluation en matière de conduite en état
d'ébriété; mise sur pied dans la région de la
Montérégie d'une expérience pilote concernant la
création d'un service d'évaluation rapide et ponctuel à la
cour en vue d'identifier les besoins de la clientèle et de
référer aux ressources appropriées et disponibles;
améliorer nos réponses aux demandes du système
judiciaire
en matière d'évaluation et de programmes en milieu ouvert.
De plus, j'entends prendre les dispositions requises en vue de favoriser la
concertation de tous les intervenants impliqués dans le processus de
justice pénale. Je compte donc doter mon ministère d'une
politique de concertation et d'en prévoir les mécanismes et
modalités d'application.
Parmi les autres dossiers qui retiendront davantage l'attention de mon
ministère au cours de la présente année, je citerai,
présentement, principalement la consolidation du réseau de
coroners à la suite des expériences vécues au cours de la
première année d'application; la mise en application, pour ce qui
est du contrôle des permis d'alcool, de mécanismes de
contrôle en vue d'enrayer les pratiques illégales; une
préoccupation et une intervention accrues en matière de violence
conjugale.
Pour terminer au sujet de mes priorités pour 1987-1988, il
m'apparaît important et intéressant de profiter du fait que le
ministère du Solliciteur général est de création
récente pour modeler et assurer le développement de
l'organisation selon les principes contenus dans le rapport du comité
directeur sur la rénovation de l'administration publique et ce,
notamment, en regard du service au public, de la compétence et de la
mobilisation du personnel et de la responsabilisation de tous les membres de
l'organisation.
Les crédits à voter au ministère du Solliciteur
général pour l'exercice financier 1987-1988 s'établissent
à 561 886 300 $, soit une augmentation de 44 833 000 $ par rapport aux
dépenses probables 1986-1987 contenues dans le livre des renseignements
supplémentaires sur le budget 1987-1988 déposé par le
président du Conseil du trésor.
Cette augmentation s'explique principalement par les facteurs suivants:
l'indexation des traitements, l'augmentation du coût des loyers payable
à la Société immobilière du Québec,
l'augmentation du fonds de retraite des policiers de la Sûreté du
Québec, enfin l'indexation des autres types de dépenses.
Afin de financer certains dossiers jugés prioritaires pour
l'année en cours, mon ministère a dégagé des
crédits pour le financement de certains programmes dont: le programme de
sensibilisation et d'évaluation en matière de conduite avec
facultés affaiblies, 620 000 $; la surveillance intensive, 330 000 $;
l'expérience pilote d'évaluation à la cour, 175 600 $; les
rapports présentenciels, 150 000 $; la politique en matière de
violence conjugale, 190 000 $ et les évaluations psychiatriques, 193 000
$.
De plus, à partir des actions et recommandations qui me seront
proposées en matière de sécurité routière,
de transport routier, de prévention de la criminalité et de
rénovation de l'organisation policière, je prendrai les
dispositions requises afin de dégager, s'il y a lieu, les
différentes ressources requises pour leur application.
M. le Président, j'ai voulu, par cet exposé,
présenter aux membres de la commission des institutions, un portrait des
réalisations des programmes qui, en vertu de la nouvelle loi
créant le ministère du Solliciteur qénéral, sont
sous ma juridiction.
Je vous ai également fait part de mes priorités et des
orientations qui me guideront dans l'accomplissement de mes fonctions au cours
de la présente année.
Je vous ai détaillé l'ensemble des crédits dont
nous disposons pour l'année 1987-1988. Nous les soumettons à
votre analyse et à votre approbation.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
Solliciteur général pour vos remarques préliminaires.
J'inviterais maintenant le porte-parole de l'Opposition, le
député de Taillon, à faire ses propres remarques.
M. Claude Filion
M. Filion: Merci, M. le Président. Tout d'abord, je
voudrais souhaiter la bienvenue au Solliciteur général, à
M. le sous-ministre, à MM. les sous-ministres adjoints, au personnel du
cabinet du Solliciteur général, à MM. les dirigeants de la
Sûreté du Québec ainsi qu'aux dirigeants des autres
organismes relevant du Solliciteur général. C'est tout ce beau
monde que j'aperçois, dans la salle, derrière le Solliciteur
général. (10 h 45)
Nous nous attarderons donc aujourd'hui è ce jeune
ministère du Solliciteur général créé au
mois de décembre 1986, donc il y a à peine six ou sept mois, par
l'adoption du projet de loi 138 auquel l'Opposition avait d'ailleurs bien
sûr concouru.
Les responsabilités du Solliciteur général sont
énormes. Il suffit d'entendre les remarques préliminaires du
Solliciteur qénéral pour comprendre l'étendue des
responsabilités de ce ministère. Quand on parle de la qarde des
contrevenants, de leur réinsertion sociale et du maintien de la paix
publique, ces simples mots évoquent facilement l'importance que l'on
doit attacher à ce ministère, parce qu'il touche au fondement
même d'une des responsabilités premières de l'État,
soit le maintien de la paix publique.
À mon sens, un gouvernement, cela fait bien des choses. D'abord,
il doit prendre soin des plus démunis et il doit chercher à
éduquer sa jeune population. Mais une fois que ces missions essentielles
de l'éducation et des affaires sociales sont accomplies,
immédiatement ou peu de temps après, l'on tombe à ces
volets de maintien de la paix publique et de garde des contrevenants qui,
dans toutes les sociétés et dans tous les États,
sont les axes absolument fondamentaux de n'importe quelle action
gouvernementale.
Ce qui m'inquiète - je le dis immédiatement au Solliciteur
générai, j'ai écouté attentivement son
énoncé, j'ai suivi sans doute ses activités durant cette
année-là où mes fonctions démocratiques m'appellent
à être son critique, pas toujours négatif, j'espère,
mais positif à l'occasion -lorsque j'écoute le Solliciteur
général parler de ses priorités, c'est de voir le peu de
moyens financiers et humains qu'il se donne ou que le gouvernement lui a
donnés pour mener à bien ses priorités.
J'ai retenu la sécurité routière, la
prévention de la criminalité et l'alternative à
l'emprisonnement. Le Solliciteur général sait que nous partageons
ses priorités, pas totalement mais en bonne partie. Lorsque vient le
temps d'étudier les crédits qui doivent sous-tendre ces
priorités, malheureusement, on retrouve bien peu de sous pour mener
à bon terme des priorités aussi importantes. J'écoutais le
Solliciteur général nous faire le résumé de ses
priorités et, à la fin, nous faire le bilan des sommes
consacrées spécialement pour mener à bien ses
priorités et le budget est plutôt maigre.
Nous aurons donc l'occasion, tout au long des quatre heures environ
qu'il nous reste à passer ensemble, de nous pencher plus
particulièrement sur certains éléments de programme de ce
ministère. Déjà, mon impression générale
pour l'année passée, le Solliciteur général la
considérera comme étant négative. Et c'est vrai. Je
considère qu'ayant maintenant accompli plus de douze mois complets comme
Solliciteur général, je me dois de remarquer qu'il a bien peu
entrepris. Il a annoncé, certes, bien des politiques et bien des
orientations, mais tout cela est resté lettre morte lorsque vient le
temps de regarder le bilan. C'est notre travail, ici, à cette
commission, de le faire.
Bien sûr, le Solliciteur général a dû
présider, disons, à la naissance administrative de son
ministère. J'ai évoqué tantôt le projet de loi 138.
Mais est-ce que cette présence dans la salle d'accouchement de son
ministère est une justification pour avoir entrepris si peu? Non. Non,
parce que le Solliciteur général ne s'est pas privé de
faire des déclarations. Si le Solliciteur général
s'était consacré à l'administration dès les
premiers mois de la mise sur pied de son ministère, on aurait pu
considérer qu'il a décidé, en administrateur, de se
consacrer à mettre sur pied ce nouvel enfant qui existait
déjà en bonne partie, il faut se comprendre. Il ne vient pas des
limbes, ce n'est pas l'action de saint Joseph qui a donné le
ministère du Solliciteur général. Évidemment, il y
a eu une opération qui a été parfois douloureuse, mais sur
laquelle je n'insiste pas, et qui a fait qu'il y a des parties du
ministère de la Justice qui ont dû se retrouver au
ministère du Solliciteur général. J'ai même
remarqué, à l'occasion de l'étude des crédits,
qu'on a dû faire appel à des ressources de l'extérieur pour
venir arbitrer cette séparation de deux frères siamois: le
Solliciteur général et le ministère de la Justice.
Le Solliciteur général a fait, dans certain cas, une bien
grosse campaqne publicitaire, si je puis dire, tout au long de l'année.
Mais, quand on regarde au-delà des pancartes, quand on reqarde
l'inventaire dans le magasin et quand on reqarde l'inventaire sur les
tablettes, on s'aperçoit que c'est plutôt mince.
De quoi entendons-nous parler depuis 18 mois? De réorganisation
policière d'abord, d'alternative à l'emprisonnement et
également d'embauche à la Sûreté du Québec.
Je voudrais d'abord parler de la réorganisation policière. Le
ministre, quelques jours à peine avant notre dernière
étude de crédits, sauf erreur, avait annoncé toute cette
opération de réorganisation policière. En fait, je pense
que cela fait même plus longtemps que cela, cela fait autour de 18 mois.
Depuis ce temps, le ministre consulte. Bien qu'il ait fait état, depuis
le printemps 1986, d'un ambitieux programme de consultation, cela fait 18 mois
maintenant que cette consultation a cours. Selon mes informations, il y a des
grands bouts qui sont terminés dans cette consultation. Mais on n'a pas
encore vu le commencement du début d'une amorce de réorganisation
policière.
Nous sommes maintenant en juin 1987. Aucune mesure concrète n'a
été mise de l'avant, si ce n'est, cependant, qu'après
avoir été consultés, les intervenants, les organismes du
milieu, restent dans l'incertitude quant à la position du ministre. Ils
ont fait leurs devoirs, comme le soulignait M. Jean Pelletier, président
de l'Union des municipalités du Québec. Mais qu'attend le
ministre pour faire ses devoirs et, également, les livrer aux
intervenants? II est facile d'annoncer des couleurs, de parler de nouvelles
politiques. Il ne faut pas oublier que les propos du Solliciteur
général suscitent chez les intervenants, dans les milieux
concernés, énormément d'attente, énormément
d'expectative. Lorsque des attentes ou des expectatives ne sont pas
satisfaites, cela crée des frustrations et, le Solliciteur
général le sait, les frustrations donnent un climat de travail
tout à fait malsain.
Je vais donner comme exemple les comités. - Les comités,
je les mets au pluriel. - Le Solliciteur général nous a
parlé d'un comité. Mais les comités chargés
d'étudier la sécurité routière, tout le
problème, tout le contexte de la sécurité routière,
certains de ces comités n'ont même pas consulté les
dirigeants de la Sûreté du
Québec. Irrespectueux des responsabilités qui ont
été confiés par les lois à certains intervenants,
certains comités ont fait leur travail sans consulter les principaux
intervenants. C'est inadmissible, M. le Président, dans une
société démocratique comme la nôtre, où le
Solliciteur général a à coeur, je le sais, un climat de
travail respectable. Ces comités sont venus du ministère des
Transports, dans certains cas. Ils sont venus d'ailleurs, dans d'autres cas. Le
Solliciteur général en a lui-même créé un
autre, il y a probablement six mois. Mais on n'a pas vu les couleurs de tout
cela. Ce qui crée, parmi les dirigeants de la Sûreté du
Québec, parmi les policiers affectés par cette politique de
sécurité routière, de l'incertitude. Encore une fois, un
des endroits où il faut éviter à tout prix l'incertitude,
c'est bel et bien celui du maintien de l'ordre et de la paix au Québec.
C'est trop important, comme je l'ai dit tantôt.
Maintenant, qu'en est-il des alternatives à l'emprisonnement? Je
l'ai souligné au ministre, le comité Landreville a fait un
excellent travail de synthèse, particulièrement. Trop souvent, on
a des rapports. Mais, quand vient le temps de passer à l'action, on
n'est pas plus éclairé. Une excellente analyse de la
problématique des alternatives à l'emprisonnement et, de plus,
d'excellentes recommandations très précises ont été
déposées par le comité dirigé par M. Landreville.
Il y a des efforts qui ont été faits. Il faut quand même,
je pense, constater que le Solliciteur général a
déposé le projet de loi 151 sur la surveillance intensive. Il a
également déposé le projet de loi 83 qui traite
indirectement du fonds des détenus, etc.
Mais le Solliciteur général sait ce que je pense de ces
deux projets de loi. Il s'agissait là d'une consécration
officielle de situations qui existaient déjà. Du moins, ce sont
les points qui ont été prouvés par celui qui vous parle
lors des derniers engagements financiers. Je ne peux pas dire que le
Solliciteur général n'a rien fait, mais il a fait bien peu. Le
concept de surveillance intensive: même si l'appellation peut être
nouvelle, quant à ce qui se passe vraiment sur le terrain, rien de neuf.
Il y a un enrobage terminologique, officiel, administratif, bien sûr, qui
est maintenant différent. Le gouvernement précédent, je le
rappelle au Solliciteur général, avait innové par le biais
du système des travaux communautaires, par le biais des travaux
compensatoires pour non-paiement d'amendes et par la création de la
Commission québécoise des libérations conditionnelles. Il
s'agissait là, à proprement parler, d'innovations. Je crois que
le Solliciteur général ne doit pas avoir peur en matière
d'alternatives à l'emprisonnement d'innover, d'être original, de
développer de nouveaux sentiers pour atteindre les objectifs qu'il se
fixe et que nous partageons.
Maintenant, en ce qui concerne les prisons, j'aimerais beaucoup savoir
du Solliciteur général... C'est une question que je voulais lui
poser tantôt, je la pose immédiatement pour lui donner le temps de
réfléchir. On parle de nouvelles prisons à
Trois-Rivières, à Sherbrooke, environ 200 places au total. Quelle
est la philosophie carcérale de ces nouveaux établissements de
détention? Nous n'avons pas eu l'occasion d'en traiter ensemble. Nous
aimerions faire le tour de cette question avec le Solliciteur
général. Évidemment, nous allons l'interroger
également sur Parthenais. Dans ses remarques préliminaires, le
Solliciteur général a fait référence deux fois aux
documents déposés par le Protecteur du citoyen.
Le Protecteur du citoyen avait aussi traité de Parthenais. Cette
prison juchée comme une cage à pigeons dans une tour que tous les
ministres de la Justice précédents... L'actuel collègue du
Solliciteur qénéral, le député de D'Arcy McGee,
alors qu'il était à cette place-ci, c'est-à-dire comme
critique de l'Opposition en matière de justice, avait également
demandé la fermeture de Parthenais à plus d'une reprise.
Voilà que le Solliciteur général, loin de fermer
Parthenais, annonce au cours de l'année - il n'a pas repris cet
énoncé dans ses remarques préliminaires - que non
seulement Parthenais serait gardé ouvert, mais qu'également des
fonds supplémentaires y seraient injectés pour conserver cet
établissement ouvert, ce que nous déplorons hautement. (11
heures)
L'actuel ministre de la Justice déclarait en février 1985,
pas dans un journal, mais dans son document L'avenir de la justice au
Québec, qu'il faut éviter de construire de nouvelles prisons,
qu'il faut tout d'abord éviter d'incarcérer les personnes en
attente de leur procès. Le Solliciteur général oublie-t-il
justement que les personnes à Parthenais sont des prévenus en
attente de leur procès et non des détenus condamnés
à l'emprisonnement? J'ai constaté, lors de ma visite à
Parthenais, cet hiver, que certaines personnes continuaient à demeurer
à Parthenais pour des périodes qui dépassaient six
mois.
L'actuel ministre de la Justice, puisque le Solliciteur est plutôt
sourd à mes exhortations en ce qui concerne Parthenais -peut-être
serait-il moins sourd au ministre de la Justice - écrivait en
février 1985 qu'environ 40 % des personnes admises dans les
établissements de détention du Québec sont des
prévenus. La durée moyenne de leur séjour était, en
1983, de 16,4 jours. Ce pourcentage, à notre avis, est trop
élevé.
Il est donc difficile de comprendre la logique du gouvernement actuel.
Je cherche encore la cohérence dans les prises de
décision du Solliciteur général. Comment expliquer
la baisse de crédits de transfert aux organismes chargés de
réinsertion sociale? 21 % en moins, selon les crédits
déposés. Comment expliquer la faible part de la
réinsertion sociale dans l'ensemble du secteur garde des détenus
et réinsertion sociale? Alternative à l'emprisonnement,
disiez-vous, mais comment les concrétiser dans la réalité?
En aucune façon, le Solliciteur général n'a
appliqué de façon concrète et innovatrice, depuis qu'il
est en poste, de nouvelles mesures de substitution à
l'incarcération. Alors que le Solliciteur général nous
parle d'alternative à l'incarcération, les crédits
à voter pour les programmes de garde des détenus et de
réinsertion sociale des délinquants qrugent 20 % du budget du
ministère. Selon mes calculs, il en coûte de plus en plus cher, au
Québec, pour garder un détenu en prison. C'est la
société qui défraie la note, en fin de compte, les
contribuables.
Un mot également au Solliciteur général sur la
surpopulation des prisons. Nous avons eu l'occasion, durant l'année, de
visiter quelques-unes des prisons du réseau. Nous avons également
lu plusieurs textes là-dessus. Nous avons eu l'occasion de converser non
seulement avec des détenus, mais également avec des agents de la
paix, des gardiens de prison. Je l'ai fait l'an passé è plusieurs
reprises. Je dois de nouveau insister auprès du Solliciteur
général pour qu'il reconsidère la politique actuelle sur
le plan de la surpopulation des prisons. Trop de monde dans une prison
empêche la création du minimum de climat humanitaire
nécessaire pour la réinsertion sociale. Trop de monde dans une
prison empêche les gardiens de prison de faire un travail convenable avec
les détenus. Trop de monde dans une prison amène à une
situation qui va à l'encontre de l'objectif même de la prison
parce qu'elle déshumanise les rapports à l'intérieur de la
prison entre les prisonniers eux-mêmes, entre les prisonniers et les
gardiens, entre la direction et les gardiens, entre la direction et les
détenus.
La surpopulation des prisons au Québec est un problème
important auquel le Solliciteur général doit s'attaquer non pas
pour trouver des solutions dans cinq, six ou huit ans, mais de trouver des
solutions maintenant à ce problème. Bordeaux, par exemple, ou
Orsainville, deux grands centres qui servent un peu de pacage pour les
détenus. Pour avoir un peu d'humanité dans ces deux centres, la
première directive à appliquer, c'est de limiter à un
nombre respectable le nombre de détenus qui y sont actuellement
entassés. J'ai insisté à plusieurs reprises auprès
du Solliciteur général là-dessus. Malheureusement, j'ai eu
peu de réactions de sa part, mais j'apprécierais qu'il nous fasse
part de ses intentions relativement au problème de la surpopulation.
Fin ce qui concerne l'embauche à la Sûreté du
Québec, le total de postes autorisés pour l'effectif policier
était de 4295 en 1986-1987 et, en 1987-1988, il est de 4295. Qu'est-ce
à dire? Le total des employés permanents relevant de la
5Ûreté du Québec était de 5307 en 1986-1987; en
1987-1988, 5307. Pour l'administration, cependant, au ministère du
Solliciteur général, on retrouve 40 postes additionnels.
D'où viennent ces 40 postes additionnels? Pourquoi 40 postes
additionnels à l'administration, au ministère du Solliciteur
général? Le ministre se targue d'effectuer du recrutement
à la Sûreté du Québec. Ne serait-ce pas plutôt
du remplacement de postes à l'intérieur d'une enveloppe qui
demeure la même?
De plus, voilà que nous apprenions dans un article du journal
Le Devoir, du 4 mai 1987, que ce serait les petites municipalités
qui seraient appelées à défrayer les coûts
additionnels engendrés par ces nouveaux effectifs par le biais d'un
ticket de 10 000 $ et plus, ticket qui serait imposé aux petites
municipalités selon l'importance de la population. Ce n'est pas moi qui
le dis, c'est Le Devoir, à la date du 4 mai 1987. Par contre,
vendredi dernier, dans le journal Le Nouvelliste de
Trois-Rivières, j'ai trouvé une déclaration du Solliciteur
général qui disait que ce serait le gouvernement qui
défraierait les coûts inhérents à cette
augmentation. Pourquoi cette confusion, M. le Solliciteur
général? Pourquoi entretenir de l'incertitude, s'il est vrai que
c'est le gouvernement qui va défrayer les coûts? Aujourd'hui,
nombre de petites municipalités ont l'impression qu'elles devront
défrayer un coût additionnel. Le ministre, à grand battage
publicitaire et à qrand renfort de communiqués de presse,
annonçait dernièrement qu'il y avait engagement de 23 nouvelles
recrues à la Sûreté du Québec. Encore une fois,
est-ce que ce ne serait pas plutôt des remplacements de l'effectif?
Sinon, pourquoi ne pas le dire?
Nous cherchons donc la logique, la cohérence dans les propos et
les promesses du ministre. Le ministre serait-il devenu en si peu de temps un
expert dans l'art de l'esquive? Nous n'en doutons plus après cette
première année d'exercice complet du pouvoir.
Un mot, M. le Président, sur la Sûreté du
Québec. J'ai été frappé, à la lecture des
documents que l'Opposition a demandés pour l'étude des
crédits, par l'engagement humanitaire de la Sûreté du
Québec. Les missions de nature humanitaire menées par la
Sûreté du Québec doivent recevoir, à notre avis, les
félicitations de l'ensemble des membres de cette Assemblée
nationale et, quant à nous, de l'Opposition, nous n'hésitons pas
à qualifier de tout à fait louables les
initiatives prises par la Sûreté du Québec au point
de vue humanitaire- J'ai été à même de constater -
en ce qui concerne la Croix-Rouge, je pense que ceia existait
déjà depuis un certain temps - en ce qui concerne la fibrose
kystique, les efforts qui ont été faits par la
Sûreté du Québec- Également, le Solliciteur
général l'a mentionné dans ses remarques
préliminaires, j'ai pris note de la volonté de la
Sûreté du Québec de s'engager étroitement avec le
troisième âge, non seulement pour des raisons
démographiques -tout le monde connaît le problème de la
pyramide démographique québécoise où,
malheureusement, une base de plus en plus petite sera appelée à
supporter un sommet de plus en plus large - mais également pour
favoriser l'intégration des services policiers au sein de la
communauté québécoise. Nous louons donc au plus haut point
cette façon de faire de la Sûreté du Québec dans ses
missions et dans ses engagements humanitaires. Pourquoi j'insiste sur cet
aspect? Je l'ai souligné en Chambre lors de la Semaine de la
prévention du crime. À mon avis, il est extrêmement
important de favoriser toutes les initiatives qui permettent aux services
policiers de mieux s'intégrer à la communauté
québécoise. Les gens ont l'impression, les jeunes en particulier,
que les policiers sont des reflets de Magnum, P.l. ou de je ne sais trop quelle
autre vedette de la télévision. Ici, encore une fois, la
télévision est un produit de consommation de plus en plus
utilisé par les jeunes qui gardent du policier une image
déformée. Le policier est appelé à intervenir dans
des champs d'activité multiples dans une journée. Cette
polyvalence, il doit continuellement l'avoir à l'esprit; cette souplesse
de jugement, il doit la conserver. Il faut que la population soit de plus en
plus consciente des exigences du poste de policier aujourd'hui au
Québec. Ces missions humanitaires entreprises par la Sûreté
du Québec et entreprises également par d'autres corps policiers
vont permettre une meilleure compréhension du rôle des services
policiers en général au Québec.
En terminant, un mot sur la législation adoptée par le
Solliciteur général. On a mentionné, évidemment, le
projet de loi 138 qui créait le ministère. C'était pas mal
difficile de l'éviter, celui-là. Encore une fois, l'Opposition y
a concouru, sauf erreur, comme pour tous les autres projets de loi du
Solliciteur général. En ce qui concerne le projet de loi 151 sur
la surveillance intensive, nous avons déjà énoncé
notre pensée à ce sujet. Le projet de loi 83 sur le fonds des
détenus, j'ai été à même de constater
qu'à Orsainville... Je disais à l'époque au Solliciteur
général qu'il consacrait officiellement ce qui existait
déjà officieusement, soit le fonds des détenus dans les
prisons. À Orsainville, à ma grande surprise, lors de ma visite
là-bas, le fonds des détenus était autour de 1 000 000 $.
Ce n'est sûrement pas depuis l'adoption de la loi qu'ils ont pu amasser
un fonds semblable. Le fonds des détenus existait au Québec et le
projet de loi 83 est venu consacrer ce qui existait déjà. Enfin,
il y a le projet de loi 96 concernant les boissons alcooliques. Donc, c'est un
bilan législatif plutôt maigre. De plus, bien peu de paroles ont
été traduites en actions, De belles théories et, bien
sûr, des consultations. Mais après 18 mois de consultation, il
nous semble que le temps est venu pour le ministre de commencer à
meubler son magasin, à grossir son inventaire et à livrer un peu
la marchandise. En ce sens, il aura la collaboration de l'Opposition pour ses
réalisations concrètes mais non pas pour des belles paroles. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Taillon.
Est-ce que d'autres membres de la commission auraient des remarques
préliminaires avant d'aborder les différents programmes? Non? M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Nous, les membres de cette commission du
côté gouvernemental, avons écouté avec attention les
commentaires du ministre qu'on trouve impressionnants, importants même.
À moins que le ministre n'ait des commentaires à faire sur les
réflexions du porte-parole de l'Opposition, nous proposons de passer
immédiatement à l'étude des programmes et
éléments.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
S'il n'y a pas d'entente particulière quant aux numéros de
programmes, nous allons passer immédiatement au programme 1, Recherche
des causes et des circonstances des décès.
M. Filion: Ce que je sugqère, M. Le Président,
c'est que, à moins que certaines personnes ne doivent être
dégagées plus tôt dans la journée, nous suivions
l'ordre normal, l'ordre chronologique de l'étude des crédits. Je
dois considérer que cela va du côté du Solliciteur
général pour que nous suivions cet ordre. (11 h 15)
M. Latulippe: Pour que nous suivions l'ordre, oui, je n'ai pas
d'objection.
Recherche des causes et des circonstances des
décès
Le Président (M. Dauphin): L'ordre prévu, d'accord.
Alors, J'appelle maintenant le proqramme 1. Est-ce que des membres de la
commission auraient des questions?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Latulippe: Peut-être...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Latulippe: ...si vous permettez... M. Filion: C'est
90-10, n'est-ce pas?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. Justement sur
ce point, en ce qui concerne la procédure quant aux questions à
poser, on m'a informé tantôt qu'il n'y avait pas eu d'entente
particulière. Évidemment, la tradition parlementaire veut qu'un
temps plus long soit alloué à l'Opposition, mais rien
n'empêche les députés ministériels de poser des
questions. Alors, sans que ce soit 50-50, la tradition parlementaire veut que
les députés ministériels puissent quand même poser
des questions. À ce stade, je reconnais le député de
Taillon.
M. Filion: Oui, à ce sujet, juste avant de
commencer...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Filion: ...M. le Président. D'ailleurs, on a fait
l'étude des crédits l'an passé ensemble, il n'y a pas de
problème. Je suis tout à fait disposé. Je comprends
d'ailleurs que cette commission n'est pas le seul fait de l'Opposition et que
tous les membres de cette commission ont tout à fait le privilège
de poser des questions au Solliciteur général. Par contre, je
voudrais attirer l'attention de mes collègues d'en face sur le fait que,
par tradition, évidemment, j'allais dire, par mandat, l'étude des
crédits demeure principalement l'examen, par l'Opposition, des
crédits du Solliciteur général. Autrement, je n'arriverais
pas à faire mon travail comme il se doit. Je suis très ouvert, de
mon côté, et je suis convaincu que les questions de part et
d'autre sont intéressantes pour la totalité des membres de cette
commission parlementaire. Je suis persuadé qu'on peut arriver... Vous
m'informez qu'il n'y a pas d'entente, je croyais que c'était la
même entente que l'an passé, à savoir 90-10. S'il n'y a pas
d'entente, je suis prêt à ce qu'on fonctionne sur une base qui se
déterminera au fur et à mesure de nos travaux.
M. Bélisle: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: ...vous savez, la conséquence de la
transformation, qu'évoque souvent le député de Taillon,
soit la modification au règlement de l'Assemblée nationale en
1984, quand on l'analyse correctement, a changé en profondeur les
règles du jeu. Nul doute que le partage effectif du temps, dans te cadre
de ta tradition renouvelée en fonction de l'amendement au
règlement de 1984, donnera à la fin environ 60-40, comme cela a
été vécu dans d'autres commissions, l'année
passée, tors des crédits budgétaires, entre autres, et
vous me permettez de donner l'exemple de la commission du budget et de
l'administration où tout a très bien fonctionné. Alors, il
n'est pas dans notre intention, du côté ministériel, de
couper cela au couteau et de s'en aller à 50-50, ce n'est pas cela du
tout. M. le Président, on va permettre au critique de l'Opposition de
faire son travail correctement. Si vous vous souvenez bien de l'étude
des crédits en commission parlementaire, l'année passée,
le critique de l'Opposition, le député de Taillon, peut se
remémorer qu'il y avait des questions quand même assez judicieuses
de posées au ministre qui nous sont également imputables, non
seulement aux membres de l'Opposition, mais à tous les membres de
l'Assemblée nationale. C'est la distinction fondamentale. Si on commence
à faire des distinctions, sur ce point, entre membres de l'Opposition et
membres de l'Assemblée nationale, on va limiter le principe de
l'imputabilité. Je suis sûr que ce n'est pas ce que le
député de Taillon veut inférer. Alors, quant à
nous, liberté: on fonctionne, on roule, on partage le temps, mais je
suis sûr qu'à la fin cela devrait donner un partage qui va
satisfaire le député de Taillon.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Taillon.
M. Filion: En fait, on travaille entre deux pôles. Je pense
que te député de Mille-Îles et celui qui vous parle sont
conscients, d'une part, de la nécessité que soit fait un travail
critique des crédits généralement par l'Opposition, parce
que, malheureusement, la réforme parlementaire n'a rien changé
à la ligne de parti, c'est le premier pôle. Le deuxième
pôle est le fait que tous les membres de cette commission sont membres
à part entière de la commission et qu'il n'y a pas deux
catégories de membres comme l'a bien souligné le
député de Mille-Îles. Je partaqe donc le voeu du
député de Mille-Îles. Je suis convaincu que, lorsque nous
terminerons les travaux, dans trois heures et cinquante minutes, nous pourrons
dire que, de part et d'autre, nous avons atteint nos objectifs respectifs. S'il
devait survenir un problème en cours d'exercice, M. le Président,
je suis convaincu que vous
exercerez votre bon jugement pour nous donner la chance de nous exprimer
tous et chacun à l'intérieur des pôles que j'ai
définis.
Donc, vous avez appelé l'élément 1 du programme
1.
M. Latulippe: Si vous permettez, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Latulippe: Je vais présenter les gens qui sont avec
moi. ïl y a M. Robert Diamant, qui est le sous-solliciteur
général, M. Grenier qui est le coroner en chef, M. Godbout qui
est directeur des ressources matérielles.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
M. Filion: Alors, bienvenue, Dr Grenier. Le Solliciteur
général nous a remis, encore une fois comme dans bien des cas,
à notre demande, certains documents complémentaires qu'on appelle
généralement le cahier explicatif qu'on a reçu, quant
à nous, un peu tardivement. Je tiens à souligner au Solliciteur
général que j'ai reçu ces documents jeudi de la semaine
dernière, alors que je sortais à peine des eaux du lac Meech, ce
qui ne m'a pas permis, en fin de semaine, de passer à travers autant que
je l'aurais voulu. Pour l'an prochain, je souhaite pouvoir obtenir les cahiers
explicatifs des crédits avec un délai un peu plus respectable que
quelques jours.
Donc, dans le cahier explicatif, j'ai retracé les orientations
1987-1988 en ce qui concerne la Loi sur la recherche des causes et des
circonstances des décès. J'ai été
particulièrement frappé par cette préoccupation de
formation des coroners qui semble être une des principales orientations
du Bureau des coroners. À ce sujet, est-ce que le Solliciteur
général pourrait faire le point en ce qui concerne les
distinctions entre coroner permanent et coroner à temps partiel?
Le Président (M. Dauphin): M. le
Solliciteur général.
M. Latulippe: Vous voulez dire la formation?
M. Filion: La formation.
M. Latulippe: Au sujet de la formation, je vais demander à
M. Grenier de nous dire quels ont été les cours de formation qui
ont été donnés tout au cours de l'année, autant
pour les coroners permanents que pour les coroners à temps partiel.
M. Grenier (Jean): M. le ministre, M. le Président, il
faut comprendre que, des onze coroners permanents actuellement en exercice,
plus de la moitié étaient déjà en exercice
antérieurement et avaient déjà une formation de coroner
complète dû à leur expérience, et qu'il n'y avait
qu'à les familiariser avec la nouvelle loi.
Quant aux nouveaux coroners, lorsqu'ils ont été
nommés et avant d'être assermentés, ils ont reçu une
formation complète, principalement en médecine légale et
sur les différents aspects de la nouvelle loi, durant une semaine. Pour
les coroners permanents, en fait, la formation est permanente en ce sens qu'il
y a des réunions locales et provinciales organisées sur une base
régulière. En plus, il y a des échanges avec le coroner en
chef adjoint responsable, pour les enquêteurs et les investigateurs.
Donc, chez les permanents, la formation est effectivement permanente. Je pense
que cela a fonctionné de manière satisfaisante.
M. Filion: D'accord. Mais les coroners à temps partiel ne
reçoivent pas tout à fait la même formation que les
coroners permanents parce qu'ils n'ont pas la même expérience,
d'une part? Deuxièmement, est-ce qu'ils suivent les mêmes
programmes de formation?
M. Grenier: Les mêmes programmes de formation en
condensés leur sont donnés. Il n'est pas possible pour les
coroners à temps partiel d'être réunis une semaine. On les
réunit donc pour une journée ou deux, ce qui était
justement le cas la semaine dernière à Québec pour
près de la moitié des coroners à temps partiel et cette
semaine à Montréal pour l'autre moitié.
Pour l'an prochain, on veut donner une formation plus poussée -
surtout sur la nouvelle loi, mais aussi en médecine léqale et sur
différents autres aspects - aux coroners à temps partiel pour
tendre à leur donner la même formation que celle donnée aux
permanents.
M. Latulippe: D'autant plus, M. le Président, que, quand
on regarde l'évolution des décès signalés aux
coroners au cours des dernières années, et surtout à
partir de l'année 1985 à l'année 1986, on se rend compte
qu'il y a eu un accroissement quand même assez important des
décès déclarés.
Dans les années qui ont précédé, 1983, 1984,
1985, cela s'est situé entre 5000 et 6000, c'est-à-dire environ
5500. Cela a été assez stable pendant ces années. Cette
année, en 1986, cela a passé de 5600 à 8410. Donc, on voit
un accroissement. Évidemment, c'est à cause de la nouvelle loi.
Donc, il existe évidemment un besoin de formation des coroners en
fonction de l'accroissement de la demande et en fonction aussi de la nouvelle
Loi sur les coroners.
Je voudrais juste ajouter, si vous permettez, M. le Président,
que je pense que l'enquête, on va l'appeler ainsi, l'enquête
Sanfaçon a effectivement démontré de façon assez
claire que la nouvelle loi fonctionne. Cette enquête a permis de tester
avec éclat le fonctionnement de la nouvelle loi. On se rend compte que
le coroner Sanfaçon a agi de façon à faire en sorte que la
loi fonctionne. Cela démontre que la nouvelle loi qui, je dois le dire,
a été adoptée par l'ancien gouvernement, fonctionne bien.
Je pense que l'enquête Sanfaçon va devenir un exemple à
suivre quant à la façon de tenir une enquête, les
procédures d'enquête pour tous les coroners-enquêteurs au
Québec.
M. Filion: Je partage également l'analyse du Solliciteur
générai là-dessus. La durée, depuis l'instauration
de la loi, je pense que le bilan est positif, c'est une formule viable,
intéressante qui a aussi ses embûches, bien sûr, mais qui a
ses avantages. Je voudrais demander au Solliciteur général quel
est le processus de sélection des coroners à temps partiel.
M. Latulippe: Le processus de sélection des coroners
à temps partiel est un comité formé. Des avis sont
publiés dans les journaux, les gens posent leur candidature et le
comité de sélection reçoit en entrevue les candidats et
nous suggère, à la suite de cela, des coroners à temps
partiel à nommer. C'est la façon par laquelle on a
procédé au cours de l'année; il y a eu un ou deux
comités de sélection durant l'année et ils ont
procédé de la façon que je viens de vous mentionner.
M. Filion: Est-ce que je dois comprendre que le comité
retient une liste de coroners à temps partiel potentiels et que, selon
les besoins, à la suite de cela, on choisit tel coroner à temps
partiel pour effectuer telle enquête?
M. Latulippe: Cela dépend des régions. Cela doit
être réparti sur le territoire du Québec. Le comité
retient certains noms en fonction des différentes régions du
Québec et nous fait des recommandations. C'est à partir de ces
recommandations que nous soumettons le tout à l'approbation du
gouvernement par décret.
M. Filion: Est-ce que les postes sont tous comblés,
actuellement?
M. Latulippe: Je dois vous dire que, cette année, on devra
faire certains efforts additionnels dans certaines régions du
Québec où le "case load" des coroners est encore trop
élevé. Je vais vous les nommer: la région de l'Estrie, la
région de l'Abitibi, la région du nord de Montréal et la
région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. En nombre, je pense qu'il doit y avoir 82
coroners à temps partiel au Québec.
M. Filion: Pardon?
M. Latulippe: II y en a actuellement 82.
M. Filion: 82. Le comité dont vous parlez est formé
de qui?
M. Latulippe: Je vais demander à M. Grenier de
répondre.
M. Grenier: Le comité est formé de trois membres,
le coroner en chef ou un des deux coroners en chef adjoints, une personne
nommée par le ministre et une personne qui représente la
profession, soit la corporation médicale, soit le Barreau.
M. Filion: Je suppose que, quand il y a un poste disponible, vous
déterminez d'abord si vous aimeriez avoir une prédominance
juridique ou une prédominance médicale. Est-ce que je me
trompe?
M. Grenier: Évidemment, si la région où il
manque des coroners s'adonne à manquer de coroners investigateurs,
ceux-là, par règlement, doivent être a formation
médicale et M. le ministre nommera, à ce moment-là,
quelqu'un représentant la profession médicale.
M. Filion: Cela va. Est-il possible d'obtenir des statistiques
pour l'année 1986 relativement au nombre de suicides au Québec
par région? Est-ce que ces données existent? Cela doit. (11 h
-50)
M. Latulippe: II y a le rapport annuel qui est sous presse et qui
va être déposé à l'Assemblée nationale. Je
vais voir si j'ai les chiffres ici, je vais pouvoir vous les donner tout de
suite. Oui, je peux vous donner le nombre total de suicides pour l'année
1986; il est de 1228 pour l'ensemble du Québec.
M. Filion: On parle beaucoup, surtout du côté des
sociologues, de l'augmentation du taux de suicide chez les jeunes. Est-ce que
les statistiques de 1986 que vous avez entre les mains permettent de comparer
avec les années antérieures?
M. Latulippe: Celles que j'ai entre les mains ne permettent pas
de comparer avec les années antérieures.
M. Filion: Bon! C'est bien. Peut-être qu'au moment du
dépôt du rapport annuel, je pourrai avoir ces renseignements ou
en...
M. Grenier: La comparaison avec
l'année antérieure est toujours difficile à faire
étant donné que les lois étaient différentes, les
interprétations et même les classifications étaient
différentes. Je pourrais me permettre de dire qu'il ne semble pas, selon
les chiffres que nous avons, exister une augmentation particulièrement
plus grande chez le groupe des jeunes que chez les autres groupes. J'ai ici un
tableau qui donne la répartition par groupes de cinq ans, selon la
classification internationale. On ne l'a pas pour les années
antérieures, mais les quelques évaluations qu'on a pu faire ne
semblaient pas démontrer d'augmentation majeure du côté du
suicide chez les jeunes.
M. Filion: Vous voulez dire si on les compare avec les autres
segments de la population, les plus âgés?
M. Grenier: C'est cela.
M. Filion: Si on compare, en chiffres absolus, le nombre de
suicides chez les jeunes en 1986 par rapport au nombre de suicides chez les
jeunes en 1985?
M. Grenier: La définition de ce qu'est un suicide
entraîne des conséquences considérables à la
compilation. On peut donc difficilement... On pourra comparer cette
année avec l'an prochain ou avec dans deux ans, dans quatre ans, dans
cinq ans, mais comparer avec le passé, cela demeure très
difficile.
M. Filion: D'accord.
M. Grenier: Les chiffres sont du même ordre de grandeur
pour le moment, tels qu'ils sont, mais sous toute réserve.
M. Filion: D'accord. Je vais laisser, M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): Je reconnais maintenant M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. M. le
Solliciteur général, je remarque que le budget de 1987-1988 est
passé à 4 830 000 $, comparativement à 4 111 000 $ en
1986-1987, soit une augmentation en valeur absolue de 718 000 $,
équivalant en pourcentage à 17,5 % d'augmentation, ce qui me
semble fort important. Je pense que c'est relié, M. le Solliciteur
général, si on se souvient bien de notre discussion à la
même période des crédits l'année dernière,
aux dispositions de la nouvelle loi. Je vous écoutais attentivement
tantôt et vous nous disiez qu'il y avait 53,7 % de plus de cas soumis au
Bureau des coroners. Est-ce que c'est exact?
M. Latulippe: Le nombre de cas soumis au Bureau des coroners, je
l'ai dit tout à l'heure, de 5655 qu'il était en 1985 est
passé à 8410 en 1986. Une statistique qui peut être
intéressante dans le cadre de la question que vous me posez, c'est la
suivante. Si on répartit les avis aux coroners selon les raisons
justifiant l'intervention des coroners, on se rend compte que 53 % des raisons
étaient liées à des circonstances obscures et violentes,
un peu suivant le même type d'interventions que le coroner faisait au
cours des années antérieures. Si on regarde les nouveaux types
d'interventions des coroners, les décès dans les centres
d'accueil, par exemple, représentent maintenant 18,7 % des cas
référés aux coroners, et pour des causes
indéterminées, qui sont des données similaires, cela
représente 15,8 %, soit au-delà de 30 % qui représentent
un peu cette nouvelle juridiction des coroners, entre autres, en ce qui
concerne les centres d'accueil.
Si on va plus loin, on se dit qu'à la suite des enquêtes
dans ces deux secteurs, on se rend compte que sur ces 32 %, il y en a 10 %
seulement où, à la suite de l'intervention du coroner, on a
trouvé qu'il y avait des circonstances obscures. Je ne sais pas si vous
me suivez. C'est donc que cette nouvelle intervention du coroner l'a
amené à trouver 10 % de circonstances obscures additionnelles sur
les 32 % de nouveaux types de cas. C'est une petite partie, sinon infime, de
l'ensemble de cette autre juridiction des coroners.
Décès dans des centres d'accueil
M. Bélisle: M. le Solliciteur qénéral, vous
me faites sursauter quand vous me donnez ces statistiques parce que je ne crois
pas que ce soit exact. Si on prend les 8400 cas moins les 5655 de
l'année précédente, vous avez 2755 nouveaux cas.
L'année passée, aux crédits budgétaires, je vous
avais souligné, en commission parlementaire, l'énormité
dans la nouvelle loi de 1984, soit pour les gens qui provenaient de centres
d'accueil, il fallait trouver les circonstances du décès. On
présumait que quand on était dans un centre d'accueil, il y avait
quelque chose de spécial qui pouvait peut-être se passer. Alors
que si quelqu'un décède à la maison, les parents qui
vivent à la maison et qui décèdent, pour eux, c'est une
mort normale. Pour ceux qui sont en institutions d'État, eux, ce n'est
pas une mort totalement comme les autres personnes qui
décèdent.
Vous ajoutez encore plus à ma confusion cette année. Vous
êtes en train de dire que sur les 2755 nouveaux cas, il y en a 10 %, - et
10 % c'est très élevé si je reporte cela à
l'ensemble de la population du Québec qui décède -
où il y aurait vraisemblablement des causes ooscures de
mort violente ou par d'autres voies. Là, vous êtes en train
de m'ouvrir une boîte extraordinaire et j'ai peur du monstre que je vais
voir sortir.
Ce que j'aimerais connaître, quand vous me dites que c'est 10 %,
c'est le nombre exact de rapports policiers ou d'enquêtes
policières qui ont mené à des enquêtes judiciaires
ou à des accusations criminelles de portées à la suite de
ces 2755 nouveaux cas. M. le Solliciteur général, comme membre de
l'Assemblée nationale, je sais que les budgets de 1984, dans le cas du
bureau du coroner, c'était un petit bout de jouet, comme le disait mon
ami Sol, c'était environ 1 800 000 $ ou 2 000 000 $. Et là,
à cause d'une nouvelle loi que tout le monde a voté à
l'Assemblée nationale, c'est en train de faire une explosion en l'espace
de deux ans et de façon extraordinaire, On dirait que le
législateur de l'époque n'a pas vu qu'en ouvrant une petite
porte, on est en train de créer un monstre. Il y a bien des gens dans
notre système qui voient des monstres ces temps-ci. Il me semble que
c'est rendu dans des proportions inquiétantes.
M. Latulippe: C'est facile de répondre à votre
question. Pour répondre très précisément, M. le
député de Mille-Îles, quant au nombre de cas, dans les cas
additionnels, qui ont été référés au coroner
pour décès dans les centres d'accueil, cause
indéterminée ou décès d'un autre type que celui de
la juridiction des coroners et qui ont mené à des accusations
criminelles, M. le coroner en chef me dit qu'à sa connaissance, il n'y
en a aucun.
M. Bélisle: M. le Solliciteur général, ce
que je vous rétorque là-dessus - je vous remercie de cette
donnée - c'est tout simplement qu'il faudrait peut-être, et je
vous le suggère très respectueusement, que vos services
juridiques revoient les dispositions de la loi de 1984. Quand on regarde ce
qu'en fin de compte on obtient, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune
poursuite criminelle, qu'on a ajouté 2755 cas, soit 53 % et qu'on a
rajouté en l'espace de deux ans tout près de 2 000 000 $ dans un
budget au départ qui était de 2 000 000 $, je me demande
sincèrement pourquoi on a mis cette disposition dans la loi quand cela
ne donne rien.
Donc, je remets en question, M, le Solliciteur général,
les dispositions de la loi 84, compte tenu de l'expérience qui a
été vécue en 1986-1987 et également en
1985-1986.
Le Président (M. Gobé): M. le
Solliciteur général, vous avez la parole.
M. Latulippe: En fait, M. le député de
Mille-Îles, je dois vous dire aussi qu'on ne connaît pas encore, de
façon précise, l'impact final que cela va avoir. C'est la
première année d'expérience. II est fort possible qu'il y
ait pas mal plus de 1400 décès dans les centres d'accueil qui,
éventuellement, pourraient être rapportés au coroner. Je
pense que ce que vous dites a du sens du fait qu'il va falloir, au bout d'un
certain temps - probablement durant cette année - que l'onévalue l'impact de la nouvelle loi. Il va certainement falloir qu'on
regarde l'impact de la nouvelle loi en fonction des nouvelles juridictions,
autant en ce qui a trait aux décès dans les centres d'accueil, en
particulier, qu'en ce qui a trait aux autres aspects de cette nouvelle loi pour
voir vraiment, par un bilan, son impact. On ne l'a pas nécessairement
fait jusqu'à maintenant, parce que c'est la première année
véritable d'opération. Je pense que c'est un exercice qu'il
serait intéressant de faire.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président. Bien entendu, M. le
Solliciteur général, il ne faut pas prendre mes remarques dans le
sens d'un désaveu. Vous comprendrez que, lorsqu'on regarde l'existence
d'un programme gouvernemental et qu'on regarde les coûts à la fin,
il y a certains bénéfices qui doivent être
comptabilisés pour la société. Moi, j'aimerais grandement
que, dans le courant de l'année, et je ne suis peut-être pas le
seul autour de cette table, on regarde si la dépense n'est pas
totalement inutile, non seulement sur le plan économique, mais inutile
sur le plan social. J'arrive à ma dernière question.
M. Latulippe: Si vous me permettez, je vais donner une autre
information.
M. Bélisle: Oui.
M. Latulippe: On pense qu'il y aurait environ 4000
décès dans les centres d'accueil - c'est un chiffre approximatif,
je ne suis pas capable de vous le dire de façon précise - et il y
en aurait 1400 de rapportés. Donc, les directeurs de centres d'accueil
semblent rapporter une partie des cas seulement et ils semblent les rapporter
lorsqu'il pourrait y avoir doute. Le bilan n'est pas fait actuellement, mais
c'est peut-être une chose qu'on pourrait conclure.
M. Bélisle: Raison de plus, M. le Solliciteur
général, si 1400 sont rapportés et que les autres ne le
sont pas parce que les directeurs généraux des centres d'accueil
considèrent que ces décès sont des décès
naturels. Je pense que cela prouve encore plus l'inutilité du programme
en question.
Je vais en venir à ma dernière
question, à la page 4.1 du document que vous nous avez soumis.
L'année passée, encore une fois, aux crédits
budgétaires, si ma mémoire est exacte, on avait parlé - M.
le député de Taillon me regarde, M. le Président, avec un
point d'interrogation - du suivi des recommandations des coroners. Je
m'aperçois, en lisant à la page 4.1, qu'on espère encore
le mécanisme de suivi des recommandations.
M. Latulippe: Oui.
M. Bélisle: Vous savez, M. le Solliciteur
général, c'est oui la réponse.
M. Latulippe: Vous avez raison, effectivement, le suivi des
recommandations comme tel... D'ailleurs, c'est difficile, en pratique, de
suivre les recommandations strictement des coroners, surtout dans les cas
où ils peuvent faire des recommandations sur la protection de la vie.
Par exemple, une recommandation peut être adressée à une
municipalité ou à un ministère. Le coroner n'a pas le bras
assez long, sa juridiction ne va pas assez loin pour qu'il s'assure que ses
recommandations soient appliquées dans tel ou tel ministère ou
même dans des entreprises privées, en fin de compte.
M. Bélisle: Je comprends, M. le Solliciteur
général, que le bras du coroner soit limité, mais je
comprends également que le bras de l'ensemble du nouveau
ministère du Solliciteur général est beaucoup plus long
que le bras du coroner. Il serait très facile d'avoir un registre
central, par numéro de décisions du coroner, et d'avoir quelques
colonnes pour le suivi. Ce serait excellent pour le public de savoir, M. le
Président, si telle ou telle recommandation qui s'adresse, par exemple,
à la ville de Québec ou à la ville de Montréal ou
à telle entreprise, dans un délai X, a été
entérinée par l'organisme ou l'institution en question. Je vous
dis respectueusement que j'ai hâte, l'année prochaine, de vous
reposer la même question. (11 h 45)
M. Latulippe: Ce que je peux vous dire c'est qu'actuellement, au
moment où des recommandations sont faites, le coroner en chef, en
même temps qu'il transmet les recommandations à l'organisme,
demande à ce dernier de l'informer du suivi des recommandations. C'est
la procédure qui est adoptée cette année.
Évidemment, c'est la première année d'application; je
pense qu'il serait important de voir et de colliger, à la suite de ces
recommandations, à la suite de la demande du coroner en chef, la liste
des cas où les recommandations auront été suivies.
M. Bélisle: Surtout de publiciser l'application de la
recommandation dans le public en général. Ce n'est pas tout de le
colliger, il faut le publiciser. La seule chose qu'on voit dans les journaux,
c'est le rapport des coroners. C'est le côté violent de l'affaire.
Mais après, cela finit là.
M. Latulippe: II est certain que ce sera dans le rapport annuel
de l'an prochain parce que, cette année, cela ne pouvait pas
l'être de toute façon, étant donné que c'est la
première année d'application...
M, Bélisle: Je vous le soumets.
M. Latulippe: ...mais cela devra être dans le rapport
annuel.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Taillon.
Mme Bleau: M. le député de Taillon, est-ce que ce
serait possible, sur le même sujet, que je donne un avis, qui n'est pas
nécessairement le même...
M. Filions Certainement, madame. Mme Bleau: Vous
êtes bien gentil.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée
de Groulx.
Mme Bleau: M. le ministre, je pense que les enquêtes qui
sont faites sur les décès dans les centres d'accueil, c'est
très important. Je pense qu'il ne faut laisser ni la population ni les
familles de ces qens qui pourraient mourir, sans qu'on sache la cause
réelle du décès comme cela en l'air. Je pense qu'il est
nécessaire qu'on protège les centres d'accueil qui sont des
organismes gouvernementaux pour bien prouver que les soins apportés
à ces personnes sont adéquats et que la mort n'est pas
causée par un manque de soins ou une cause quelconque qui pourrait
être reliée aux soins donnés dans ces centres.
Contrairement à mon ami de Mille-Îles, je pense qu'il faut
continuer dans cette... Trop souvent des familles qui ont perdu un parent dans
les centres d'accueil ont laissé planer des doutes, un moment, sur les
soins apportés à ces personnes. Grâce aux enquêtes
que nous faisons, je pense qu'on peut enlever tous les doutes qui pourraient
rester dans l'esprit des gens. Je ne sais pas, peut-être que le
député de Mille-Îles pense que c'est un peu trop
poussé, mais il ne faut pas non plus s'en aller dans le sens contraire.
Cela pourrait avoir un certain danger dans l'esprit des gens.
M. Latulippe: Ce que je peux dire... Le Président (M.
Dauphin): M. le
ministre.
M. Latulippe: ...c'est que je m'engage à faire, durant
cette année, une analyse et un bilan des applications de la nouvelle loi
du coroner dans ces nouvelles juridictions particulières, afin de voir
s'il y a lieu ou pas de procéder à des modifications à
cette loi, mais au moins faisons un bilan durant l'année de
l'application de cette nouvelle loi.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Taillon. À la suite de cela, je crois que le
député de Chapleau... Tout le monde a des questions, mais on peut
respecter l'alternance.
M. le député de Taillon.
M. Filion: On a sept programmes et il nous reste trais heures et
demie, sauf erreur.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Deux commentaires très rapides et une question.
Le premier commentaire qui est une question aussi, juste pour m'en assurer,
est-ce que le comité sur les morts opératoires existe encore? Je
trouvais cette formule assez intéressante. Il s'agissait de ramasser
l'expertise sur les morts opératoires. Je les définis, ce sont
les morts qui surviennent avant, pendant ou après une opération
chirurgicale. À l'époque, je me souviens, l'an dernier, sauf
erreur, on m'avait sensibilisé à l'existence d'un certain
créneau d'expertises ou Bureau des coroners sur ces morts
opératoires.
Ma question est la suivante. Existe-t-il sous une forme ou sous une
autre une centralisation des données des expertises sur ces morts
opératoires?
M. Latulippe: Je vais demander au docteur Grenier de
répondre.
M. Grenier: Ma réponse est non aux deux questions.
À ma connaissance, il n'a jamais existé de tel comité,
mais il en a été question. Cela existe en Ontario, où la
Loi sur les coroners modifiée a bientôt dix ans
d'expérience. Il est très possible qu'on se dirige vers la
constitution de ce comité dont il a été question, mais il
y a le statut juridique de ce comité en arrière du bureau qui
n'est pas précisé chez nous. Il y a aussi le danger que, à
partir du moment où on a un comité, on limite le nombre des
intervenants. On pourrait donc avoir un tout petit groupe qui est toujours le
même consulté et informé. Est-ce que cela servirait bien
les fins du bureau du gouvernement? Ce n'est pas clair. Pour le moment,
à l'occasion de chacun des décès, un ou des experts ont
été appelés pour aider le coroner-enquêteur à
faire son enquête et aider à préparer son rapport
d'enquête. Mais, pour le moment, il a été effectivement
question et, même dans les journaux d'un tel comité, cela existe
en Ontario, dans d'autres provinces, dans d'autres États, pour le
moment, nous n'en n'avons plus pour les décès opératoires
que pour d'autres types de décès. Mais on l'a à
l'idée.
M. Filion: D'accord. Évidemment, à ce
moment-là, parce qu'on me remet l'information que j'avais prise dans les
journaux... Cela arrive à l'occasion, vous savez, dans les journaux
qu'on... "Une réalisation spectaculaire: le comité sur les morts
opératoires" et où on dit que la création d'un
comité sur les morts dites opératoires semble être la plus
spectaculaire réalisation du nouveau régime des coroners, qui
vient tout juste d'entrer en vigueur; c'est une information, donc, qui
était, comme cela arrive, à l'occasion, plus ou moins exacte.
Ma deuxième remarque, rapidement. Évidemment la nouvelle
Loi sur les coroners, d'abord, a de nouveaux objectifs qui sont
extrêmement importants. Je suis très sensible à ce que le
député de Mille-Îles avait évoqué, l'an
dernier et évoque cette année et j'en conclus un peu ceci, c'est
qu'il est peut-être mieux d'embrasser un peu plus large au départ,
pour être sûr qu'on n'échappe pas des gros morceaux. Mais,
le temps est peut-être venu, il ne faut pas se presser, deux ou trois ans
pour moi, c'est très jeune. Il ne faut pas se presser non plus pour
arriver à modifier cette loi; si le temps est propice: très bien,
mais je pense que le temps est venu, effectivement, de faire une analyse -
peut-être pas un bilan, le mot est peut-être un peu fort au bout de
deux ou trois ans - des résultats de l'application de la nouvelle Loi
sur les coroners si le Solliciteur général en conclut que,
dès maintenant, il faut apporter des modifications, l'Opposition y
collaborera, mais je ne suis pas sûr qu'il faille procéder avec
trop de célérité dans l'évaluation de l'application
de la nouvelle Loi sur les coroners.
Vols à main armée chez les
dépanneurs
Je suis très sensible, évidemment, aux arguments du
député de Mille-Îles là-dessus, c'est juste une
remarque en passant. La question est un peu la suivante, on entend beaucoup
parler, notamment à cause des journaux, de ce qui se passe, des vols
à main armée dans les dépanneurs. Alors, le coroner
Héroux avait, à l'époque, rendu une décision dont
j'ai, en partie, copie dans laquelle il disait... Il faisait le tour un peu du
problème des vols à main armée et des décès
survenus chez les dépanneurs et, on le sait, cela a
ameuté l'opinion publique d'une façon assez
énorme.
Je voudrais en venir à deux suggestions du coroner Héroux
qui ont été faites: l'une qui incitait les municipalités
à veiller à ce que les nouveaux dépanneurs s'installent en
des endroits visibles et bien éclairés et la deuxième est
en deux volets et elle s'adressait au gouvernement du Québec et visait
à faire en sorte que le gouvernement du Québec pourrait
peut-être mettre sur pied un organisme de sécurité au
travail pour les petits commerçants. Cela va assez loin comme
recommandations, je ne sais pas si cela a été
apprécié. Une autre recommandation du coroner, celle-là,
à mon avis, mérite d'être analysée à
très court terme. J'espère que cela a été fait. Il
invitait les ministères intéressés à ne pas
hésiter pour assumer en entier le coût des publications pour
informer adéquatement les petits commerçants sur les
possibilités de défense qu'ils ont pour prévenir les vols
à main armée et également - s'il y en a un qui survient -
pour faire en sorte que les vols à main armée ne soient pas
l'occasion de décès aussi malheureux que ceux qu'on a pu voir
durant le cours de l'année.
Donc, mes questions au Solliciteur général: Est-ce qu'il a
donné un suivi à cette recommandation précise du coroner
en ce qui concerne les vols à main armée chez les
dépanneurs? Est-ce que cette publication existe, en collaboration ou
non, avec le ministère de la Justice? En deux mots, quel suivi concret a
été apporté à cette recommandation qui concerne, il
faut le dire, un aspect important de la criminalité, soit les vols chez
les petits commerçants, souvent effectués par des jeunes qui sont
à la recherche d'argent facile, qui s'imaginent qu'en allant voler le
dépanneur du coin ils trouveront l'argent pour satisfaire, dans certains
cas, leur assujettissement à des narcotiques. Qu'est-ce que le
Solliciteur général a fait concrètement concernant ce
problème-là?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Latulippe: Je suis heureux de voir que mon collègue, le
député de Taillon, me pose ces questions, parce qu'on a fait
état tout au long de l'année et surtout ce printemps de tout le
problème des vols à main armée chez les petits
commerçants, dont les dépanneurs et aussi les stations-service.
D'abord, si vous vous rappelez ce que le coroner Héroux a dit, il
apporte des louanges au travail effectué, entre autres, par la
Sûreté du Québec et des publications de cette
dernière en rapport avec ce type de problèmes. Je pourrais vous
citer certains des commentaires du coroner à ce sujet. La
Sûreté a fait un travail là-dessus, ainsi que le
ministère du Solliciteur général - ce qui n'a pas
été relaté dans l'enquête du coroner - par le biais
de sa direction de la sécurité publique, pour tenter de
sensibiliser la population, les intervenants, les milieux concernés
quant au problème relatif à la criminalité dans les petits
commerces. Vous avez d'ailleurs des publications, un programme au sein du
ministère qui s'appelle Action-Prévention, au sein de la
direction de la sécurité publique qui procède à
faire des publications qui sont distribuées aux différents
intervenants. Dans ce programme Action-Prévention, vous avez, cette
année, un document qui s'intitule "Prévenir le vol à main
armée". C'est un dépliant qui traitait du problème du vol
chez les dépanneurs et les petits commerçants.
Vous aviez aussi différentes grilles d'informations dans ce
programme Action-Prévention pour prévenir le vol dans votre
commerce. Il s'aqit d'une espèce de charte qui donne toute une grille de
gestes à poser pour prévenir le vol dans son commerce, concernant
l'environnement du commerce, l'éclairage, les portes, les coffres-forts,
les coffres de dépôt. La personne qui le lit peut facilement voir
quelles mesures concrètes elle peut prendre pour prévenir le vol.
Par exemple, pour les coffres-forts, on lui donne des conseils précis
comme de lui dire de s'équiper d'un coffre-fort pouvant résister
à l'infraction et aux incendies, de bien fixer le coffre-fort au
plancher à un endroit bien éclairé et facilement visible
de l'extérieur, de garder une liste précise de tous les objets de
valeur contenus dans son coffre-fort. Donc, toute une série de
recommandations pour permettre aux petits commerçants de mieux
prévenir le vol dans leur commerce.
Il y a encore un autre document faisant partie de cette campagne, qui
s'intitule: Ouvrez l'oeil! Il s'agit d'une fiche de signalement du suspect,
fiche qui peut aider, à la suite d'un tel événement, les
corps policiers à bien effectuer leur travail. Donc, je pense qu'un
effort a été fait cette année de la part de mon
ministère en rapport avec le problème auquel vous faites
référence.
M. Filion: Ce sont de nouvelles publications du ministère
du Solliciteur général?
M. Latulippe: Oui. Ce sont des publications qui ont paru durant
l'année 1986-1987. (12 heures)
M. Filion: D'accord. Est-ce que le Solliciteur
général partaqe le point de vue exprimé, à savoir
qu'il serait préférable que les dépanneurs ne
possèdent pas d'arme à feu dans leur local pour éviter non
pas une provocation, parce que c'est une défense, mais des morts
d'hommes? On sait que le coroner Héroux, dans cette recherche qu'il
avait faite, avait répété en somme que la seule
défense du dépanneur était de ne pas être
armé. Cette recommandation avait connu une assez bonne diffusion dans la
population en général. Est-ce le conseil que le Solliciteur
général est prêt à donner aux dépanneurs au
moment où l'on se parle, soit de ne pas avoir d'arme, pour éviter
des incidents et que le voleur ne croie qu'il lui faut une arme, étant
donné que le dépanneur est armé? C'est tout le
problème de l'utilisation de l'arme à feu qui se pose très
violemment aux États-Unis. Il se pose de façon un peu moins
éclatante ici au Québec, mais, quand même, à cause
de ces vols à main armée chez les petits commerçants, cela
commence à devenir un problème chez nous.
Donc, j'aimerais bien que le Solliciteur général, s'il est
en mesure de le faire, donne à cette commission et surtout à la
population concernée son avis en ce qui concerne ce problème de
la possession d'armes à feu pour les petits commerçants. Je suis
convaincu que le Solliciteur général a dû étudier la
question.
M. Latulippe: Oui, effectivement, selon ma philosophie et celle
de mon ministère, la violence risque de provoquer la violence. Je ne
crois pas que le fait qu'un dépanneur possède une arme à
feu permette de prévenir les vols à main armée ou les vols
à l'intérieur de son établissement. Je pense que cela
risque de provoquer beaucoup plus de violence qu'autre chose.
On doit plutôt utiliser diverses mesures de prévention,
comme celles que l'on propose dans nos publications. Ces mesures de
prévention, si elles sont dûment appliquées par les
dépanneurs, réduiront substantiellement les vols à main
armée dans les établissements.
Vous soulevez le problème de la possession des armes à
feu. Aux États-Unis, comme vous l'avez souligné, un débat
a été soulevé à ce sujet. Le débat est moins
présent ici, au Canada et au Québec. Personnellement, je pense
que le contrôle de la possession des armes à feu doit être
très strict. J'irais même jusqu'à dire qu'il y aurait
peut-être avantage à ce qu'il soit renforcé dans nos lois,
en partant du principe que la violence provoque toujours la violence.
M. Filion: Juste un commentaire là-dessus pour avoir,
comme tout le monde, placoté avec quelques dépanneurs de mon
comté qui, je dois vous le dire, dans la majorité des cas,
possèdent maintenant des armes à feu. Je pense, M. le Solliciteur
général, que les dépanneurs seraient prêts à
adhérer à cette pensée que je partage, soit qu'une arme,
quelle qu'elle soit, peut seulement provoquer et ne peut qu'attirer une autre
arme, etc. Toutefois, les dépanneurs eux-mêmes, quand on les prend
un par un et qu'on leur parle un peu, nous disent: Écoutez, moi je veux
me protéger des fous qui arrivent, car les voleurs sont souvent
déjà intoxiqués au moment où ils posent leur geste
criminel. D'où peut-être l'importance que la campagne de
sécurité soit un peu plus coordonnée dans l'ensemble des
ministères concernés et des municipalités.
Je comprends que vous faites ces publications, mais elles existaient
déjà à l'époque où le coroner Héroux
a fait son étude, sauf qu'il recommandait d'en assumer la
totalité des coûts. Mais il m'apparaît qu'il faudrait une
action peut-être un peu plus centrée sur la sécurité
chez les petits commerçants. Peut-être cela existe-t-il, mais
pourquoi pas une journée de sécurité pour les petits
commerçants où le ministère, les corps policiers
municipaux et peut-être la Sûreté du Québec se
réuniraient et inviteraient les commerçants à une
journée de prévention du vol, pour leur commerce, afin de leur
communiquer directement l'ensemble des conclusions auxquelles sont
arrivés les criminologistes, les fonctionnaires, les policiers
eux-mêmes, etc''
En deux mots, c'est beau, à mon sens, de dire cela, mais les
dépanneurs, dans mon comté, pensent à leur vie et pensent
à sauver leur vie. Ils n'ont pas eu connaissance, en tout cas, de cette
action qui commence à poindre au niveau de la sécurité. En
tout cas, en ce qui me concerne, je vous demanderais de commencer à
regarder la possibilité de planifier des activités vraiment
dirigées, pour la protection du petit commerçant. A chaque fois,
ce sont des vols à main armée qui causent - pas à chaque
fois, mais dans bien des cas - des traumatismes sérieux. Il y a mort
d'homme, dans d'autres cas, dont une qui a défrayé les manchettes
et où même le commerçant a expliqué pourquoi il
vendait son commerce, etc. Dans une société normale, on est
arrivé vraiment à un deqré presque intolérable.
N'y aurait-il pas lieu d'employer des moyens draconiens, un peu plus
articulés que ces simples dépliants? Non que je veuille les
dévaloriser, mais n'y aurait-il pas lieu d'aller beaucoup plus loin?
Pourquoi pas des journées où l'on inviterait les petits
commerçants à se déplacer, etc? Je dois vous dire que la
préoccupation est grande, en particulier, chez les dépanneurs.
Dans mon comté et dans tous nos comtés, je pense bien, c'est la
même chose. Ils sont inquiets, ils nous en parlent, etc. C'est ma
suggestion.
M. Latulippe: Oui, je suis aussi sensible que le
député de Taillon à ce problème. Sur ce point,
plusieurs actions doivent être menées. Les dépanneurs ont
avantage à se regrouper. Vous vous souviendrez du problème, il y
a quelques années, qu'on a
vécu concernant les banques où il y avait, à un
moment donné, une recrudescence importante des vols à main
armée. Non seulement les banques se sont regroupées, mais elles
ont accru leurs mesures de sécurité. Divers programmes,
finalement, ont été mis sur pied pour accroître la
sécurité dans ce domaine. Effectivement, il y a eu une
réduction substantielle des vols à main armée dans les
banques.
Je pense qu'en ce qui concerne les dépanneurs, plusieurs actions
- non seulement celles qu'on vous a mentionnées tout à l'heure -
sont entreprises. Comme je vous le dis, les dépanneurs ont certainement
avantage à se regrouper pour faire circuler entre eux les
différentes mesures de prévention que l'on suggère au
ministère. La police de la Communauté urbaine de Montréal
- et le coroner Héroux en fait état - a été
très sensibilisée à ce problème, et a pris, elle
aussi, des mesures, parce que le vol chez les dépanneurs survient
partout sur le territoire du Québec, mais il est spécialement
concentré, évidemment, sur le territoire de l'île de
Montréal. Je vous souligne qu'à la police de la CUM, on a
créé une section qui s'appelle "La prévention du crime" et
on a formé des conseillers en prévention. Dans chacun des 24
postes de police a été désigné un conseiller en
prévention du crime, c'est-à-dire un policier qui a reçu
une formation particulière dans ce domaine.
Dans les quartiers les plus touchés par le problème de la
criminalité, on procède à une surveillance des rues de
façon plus systématique, en plus d'entreprendre un travail de
sensibilisation directement auprès des dépanneurs. Il y a eu des
patrouilles de garde qui ont été orientées en fonction des
dépanneurs. Des contacts personnels ont eu lieu avec les
dépanneurs. Et c'est un travail vraiment sur le terrain qui a
été fait par la police de la CUM. Je pense qu'on doit souligner
ici l'excellent travail que fait la police de la CUM dans ce domaine. Comme je
vous le dis, il y a eu la Sûreté du Québec. D'ailleurs, je
cite encore une fois le coroner Héroux: "Nous allons dire que la
Sûreté du Québec a apporté, à nos solutions
de ce problème, un intérêt et a accompli un travail dignes
de mention". Là, il fait état des travaux que la police effectue.
C'est aussi, en même temps, un instrument de rapprochement de la police
et de la communauté.
M. Filion: Je ne doute pas de ce qui a été fait. Je
dis qu'il faut aller plus loin. Parce que les dépanneurs, dans mon
comté, je vous le dis, n'en sont pas rendus là encore. Ils en
sont encore à l'a, b, c, en somme, de leur défense. Il faut aller
plus loin. Cela prend des moyens peut-être un peu plus grands, bien que
je ne dévalorise en aucune façon ce qui a été fait.
Je pense que c'est une bonne chose, mais il faut aller plus loin. Le
problème dans le fond, ce sont les jeunes et en particulier, je pense
que le coroner Héroux le mentionne, ce sont les jeunes qui sont des
consommateurs de drogue. Ces jeunes, à un moment donné, perdent
la tête, parce qu'ils sont sous l'effet de la droque ou d'un manque de
drogue. Ils ne sont pas normaux quand ils se présentent chez le
dépanneur.
J'ai même entendu parler d'un cas où le jeune est
allé voler le dépanneur qui était en bas de chez lui. II
faut avoir une partie de son jugement ailleurs en se mettant un bas et en
s'imaginant qu'il ne serait pas reconnu. Cela prouve dans quel état
psychologique est le voleur. Chaque fois qu'on a mort d'un commerçant,
je vous dis que cela est douloureux et que cela coûte cher à la
société.
Je ne doute pas de ce qui a été fait, peut-être
qu'il faudrait attirer les commerçants d'une façon plus
systématique. Je suggérais ces journées, mais cela peut
être une autre façon de leur communiquer toute cette information
que vous avez. Le regroupement des commerçants, c'est une idée.
Ne pas garder trop d'argent dans la caisse, c'est une autre idée. Mais
encore faut-il que toutes ces idées, il y en a beaucoup d'autres...
Comment réagir si quelqu'un se présente avec une arme à
feu? II y a une façon d'expliquer cela au commerçant.
C'est évident que, s'il considère que les 250 $ dans la
caisse, c'est toute sa vie et qu'il va jouer sa vie là-dessus, il a des
chances de mourir. Il est peut-être mieux de se faire voler quelque 250 $
et garder sa vie. Je laisse cela à l'appréciation du Solliciteur
général, mais en attirant son attention.
M. Latulippe: Juste un petit point pour conclure. Je pense que la
voie d'avenir là-dessus réside dans le regroupement des
dépanneurs. Vous savez comme moi que, souvent, les dépanneurs
sont isolés sur le territoire du Québec, ils ne sont pas vraiment
orqanisés, ils sont isolés partout. C'est beaucoup plus difficile
de faire parvenir l'information lorsqu'on est isolé. Le regroupement des
dépanneurs va aider à prendre connaissance et à poser des
gestes concrets à partir des efforts qui sont faits actuellement tant
par les corps de police que par mon ministère ou par d'autres
intervenants, parce qu'il y a des efforts, des choses qui se font. Je vous ai
parlé des publications, des mesures précises de protection qui
peuvent être prises par les dépanneurs, de l'aide technique qui
peut être donnée par les policiers, comme on l'a mentionné
tout à l'heure. Ce regroupement ou ces regroupements vont certainement
faciliter, non seulement la prise de
conscience par les dépanneurs des mesures de prévention
qu'ils peuvent prendre, mais l'exécution aussi de ces mesures de
prévention.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre, Merci,
M. le député. Juste avant d'aborder le programme 2, le
député de Lafontaine m'a fait signe qu'il voulait poser une
question.
M. Gobé: Merci, M. le Président, c'est un peu dans
le même sens que le député de Taillon. J'aimerais dire en
plus qu'il n'y a pas seulement les dépanneurs qui sont souvent victimes
d'agression ou ce qu'on appelle des hold-up. Je me demande, lorsque vous
parlez, M. le Solliciteur général, de regroupement de
commerçants, si vous entendez par là juste de regroupement de
gens dans le but de s'échanger de l'information ou des méthodes
de réaction ou de comportement, ou la création, de ce qu'on
appelle dans d'autres pays, des groupes d'autodéfense où des
commerçants se sont associés, ont des radios ou des sonnettes, et
interviennent les uns les autres avec armes et autres instruments lorsqu'il y a
une alerte? C'est la première question. Ce n'est pas tout à fait
clair dans votre explication, et je pense que cela peut avoir des
conséquences importantes.
Deuxièmement, j'aurais un commentaire. J'ai l'impression que cela
se passe beaucoup dans les zones urbaines, parce qu'on ne voit pas tellement,
à la campagne ou dans les petites agglomérations, des attaques de
commerçants ou de dépanneurs. Il y en a certainement, mais ce
n'est pas endémique comme on peut le voir actuellement dans les grandes
régions comme Montréal, la rive sud, même Québec
peut-être.
Je me demande si on n'a pas là un des problèmes qui
découlent de l'absence des policiers dans leur quartier, dans leur
milieu et dans les rues. On a des gens qui se baladent en auto-patrouille, qui
sont très sympathiques, ils s'occupent de la sécurité
à bicyclette, ils font beaucoup de choses, mais on ne les voit pas
patrouiller à pied, on ne les voit pas aller visiter les
commerçants ou même être présents à un
carrefour, si ce n'est pour faire la circulation et se substituer aux feux de
circulation.
Alors, je me demande si on ne devrait pas regarder dans ce sens et
recommencer comme cela se faisait antérieurement. Je me souviens, quand
je suis arrivé à Montréal, il y a de nombreuses
années, avoir demandé ma route à un policier. Il me
l'avait indiquée. Je n'en vois plus maintenant, il faut que
j'arrête l'auto-patrouille, et j'ai de la misère. (12 h 15)
Imaginez si quelqu'un attaque un dépanneur, avant que
l'auto-patrouille arrive, cela peu prendre du temps et, disons, que cela ouvre
peut-être la porte à ce qenre de comportement, car les gens savent
qu'il y a une auto-patrouille. Dans ma circonscription, par exemple, il y a une
auto-patrouille à Rivière-des-Prairies, une autre à
Montréal-Est et une autre à Pointe-aux-Trembles. Pour se rendre
dans le centre où il pourrait y avoir une agression, cela va prendre dix
minutes de chaque côté. Si, d'un côté, vous avez un
accident, l'auto-patrouille est prise, l'autre auto-patrouille est à
faire passer un alcootest et la troisième règle une chicane de
ménage à Rivière-des-Prairies; il n'y a donc plus
d'auto-patrouille disponible et les bandits, les délinquants, qui sont
des gens quand même assez futés, assez malins - ce ne sont pas
tous des imbéciles qui attaquent le dépanneur en bas de chez eux
- peuvent faire ce qu'ils veulent. Je m'interroge, à savoir si on ne
devrait pas avoir, dans notre corps policier, des policiers qui sont là
pour assurer la sécurité des gens et être dans la rue, pas
seulement dans leur auto-patrouille, quitte à en mettre plus. C'est
évident que cela amène des coûts, mais je crois que les
coûts des hold-up, les coûts sociaux, les coûts
d'incarcération, sont peut-être aussi élevés, si ce
n'est plus, en termes de retombées. C'est un commentaire et une question
en même temps.
M. Latulippe: Vous avez soulevé deux points, M. le
député de Lafontaine. Les groupes d'autodéfense.
Personnellement, je ne crois pas aux groupes d'autodéfense dans le sens
que, pour moi, on ne doit pas - les citoyens dans tout le Québec -
tenter de se faire justice soi-même. Comme je l'ai dit tout à
l'heure, pour moi, la violence provoque la violence. Si on se met à
multiplier, dans tous les secteurs, des groupes d'autodéfense qui,
à la limite, seraient armés, eh bien je pense que, finalement, on
risque sérieusement de détériorer notre tissu social. Cela
revient quand même aux forces policières d'assurer - c'est le
mandat, d'ailleurs, qui leur est donné - le maintien de l'ordre dans
notre société. Cependant, il est important que la
communauté, les gens, autant les commerçants parce que c'est le
problème auquel on fait face aujourd'hui... On pourrait aussi bien
penser à la surveillance de quartier, des citoyens, à instaurer
des programmes de surveillance des quartiers. C'est important, parce que la
prévention du crime n'est pas uniquement une responsabilité de la
police. C'est aussi une responsabilité de chaque citoyen du
Québec de voir à assumer cette prévention, de voir aussi
à améliorer la sécurité publique. Pour le faire,
c'est en participant dans des groupes comme ceux-là,
bénévoles, qui ont pour objectif de prévenir la
criminalité et de prendre des mesures préventives face à
cette criminalité. C'est dans ce sens-là que je crois au
regroupement des dépanneurs, comme je vais croire au regroupement
des citoyens dans les quartiers, mais dans le but de prendre des mesures
préventives et non dans le but de procéder de façon active
et ouverte à la défense de leur territoire.
Le deuxième point que vous avez souligné, c'est la
présence des policiers dans les rues. Il faut trouver des moyens et
c'est un des moyens de rapprocher la police des citoyens. À
Montréal, je peux vous dire que la police de la CUM, parce que c'est
dans les zones urbaines où le problème auquel vous faites
référence est le plus important, est fort
préoccupée par ce que vous avez mentionné. On a
parlé, tout à l'heure, de la création de la section de la
prévention du crime. Je sais que la police de la CUM procède
à ta préparation d'îlots de surveillance, où les
patrouilles seront asssignées spécialement à un
îlot, à un endroit, à une aire, où elles auront
particulièrement à intervenir auprès de la
communauté. Tous ces moyens sont nécessaires pour accroître
le niveau de sécurité, accroître le sentiment de vivre en
sécurité et aussi améliorer la compréhension, la
perception de la police par la population et inversement.
M. Gobé: J'ai une dernière remarque. Ne croyez-vous
pas, si on ne règle pas très rapidement ce problème de
présence de ta police dans les quartiers, que l'exaspération des
commerçants ne va pas les amener à former ces groupes
d'autodéfense? Vous savez, entre se réunir pour parler d'un
système d'alarme et se réunir pour dire: Moi, j'ai un 38 en
dessous. Moi, j'ai mon fusil; appelle-moi s'il y a quelque chose, le pas
à franchir devant l'exaspération - les gens deviennent
choqués, et frustrés - n'est pas très grand et on pourrait
se retrouver avec ce genre de choses. N'y aurait-il pas moyen aussi de
renforcer les peines de prison pour les délinquants? Par exemple,
quelqu'un qui va attaquer un dépanneur avec une arme, je pense qu'il
devrait savoir ou s'attendre à avoir des peines de prison ou de travaux.
Quelle serait la solution qu'on pourrait retenir, mais plus forte? Cela aurait
peut-être un effet dissuasif. J'en parle beaucoup avec des
commerçants. Je représente un comté où il y a
beaucoup de petits commerçants. On en arrive à de
l'exaspération. Maintenant, il y a aussi, dans Montréal et dans
d'autres régions, des commerçants d'origine ethnique, avec des
habitudes, des comportements différents, en degré
d'agressivité et de réaction, de ceux des
Québécois, de ceux auxquels on était habitué depuis
quelques années. Vous savez comme moi que des gens qui viennent du
Liban, d'Italie, de Sicile ou d'autres réqions ont des comportements
peut-être plus agressifs ou plus volontaires que les gens qui viennent du
Québec. Les qens du Québec ont des réactions plus
paisibles. Est-ce qu'on ne va pas assister à des effets explosifs?
Est-ce qu'il ne serait pas mieux de le prévoir? Est-ce que c'est
prévisible? On s'y attend; le député de Taillon le
mentionnait lui aussi. Je pense qu'il y a un consensus dans la population.
M. Latulippe: M. le député de Lafontaine, vous
soulevez des questions qui sont intéressantes et importantes. Il y a
deux points que je veux relever. Quand vous parlez de groupes, d'associations
de personnes qui se réunissent pour faire de la prévention, vous
dites que cela peut risquer de devenir facilement des groupes
d'autodéfense. Je dis que c'est là que les corps de police sont
importants pour servir de soutien aux citoyens et à ces groupes.
Finalement, la défense de la sécurité publique
relève véritablement des corps de police et les policiers doivent
être impliqués à l'intérieur de ces groupes. Ils
doivent leur servir de soutien. Je pense que c'est la garantie que cela va se
faire en fonction de la prévention de la criminalité et non pas
en fonction de la création de groupes parallèles
d'autodéfense.
Le deuxième point que vous soulignez, c'est que le tissu social,
en particulier dans la région de Montréal, à cause de
l'immigration, est en train de se transformer, qu'il y a différents
groupes ethniques qui ne réagissent pas nécessairement de la
même façon que nous et qui ont une culture différente de la
nôtre, c'est normal. Je dis qu'il est important pour la ville de
Montréal, parce que le problème auquel vous faites
référence est particulièrement concentré dans la
région métropolitaine de Montréal, d'être
sensibilisée à cela. Pour cela, il faut que les policiers qui
sont engagés dans les forces policières, dans les services de
police, comprennent la diversité du tissu social et les réactions
de la communauté dans laquelle ils vont oeuvrer. En ce sens, je peux
vous dire que des cours sont donnés à l'Institut de police en
relations humaines, par exemple, pour sensibiliser les policiers aux
différentes cultures, aux différents problèmes auxquels il
auront à faire face avec un tissu social comme celui de Montréal,
en particulier, qui est plus diversifié.
Deuxièmement, je pense qu'il faut mettre l'accent pour tenter
d'embaucher des policiers provenant des groupes ethniques eux-mêmes. Je
peux vous dire que la Communauté urbaine de Montréal en
particulier fait un effort. Ce n'est pas automatique que des personnes qui
proviennent de groupes ethniques demandent à être engagées
dans les services policiers. Souvent, cela ne vient pas de la part des groupes
ethniques. Donc, les gens de la Communauté urbaine de Montréal
ont
commencé à sensibiliser les groupes ethniques. Par
exemple, ils sont allés dans les écoles secondaires pour
sensibiliser les jeunes à entrer dans les services policiers, à
aller suivre les cours de technique policière au cégep et,
finalement, d'aller même à l'Institut de police. C'est comme cela
qu'on va accroître le nombre de policiers provenant des différents
groupes ethniques.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre.
Étant donné qu'il reste cinq minutes à notre horaire, avec
le consentement des membres de cette commission, le député de
Notre-Dame-de-Grâce aurait une courte question, plutôt que
d'aborder le programme 2 pour trois ou quatre minutes, à moins que le
député de Taillon n'ait une question sur le même
programme...
M. Filion: J'ai une question à poser.
Le Président (M. Dauphin): Oui. Excusez-moi, allez-y.
M. Filion: C'est sur notre fonctionnement. On a une
période de cinq heures avec le Solliciteur général. On a
commencé à 10 h 15 environ...
Le Président (M. Dauphin): À 10 h 15 environ.
M. Filion: Est-ce qu'on ne pourrait pas reprendre
immédiatement le temps perdu au lieu d'attendre à 18 heures et
filer jusqu'à 12 h 45?
Le Président (M. Dauphin): Vous voulez dire les quinze
minutes perdues?
M. Filion: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Dauphin): Je n'ai aucune objection.
Est-ce que tout le monde est consentant pour terminer à 12 h 45 au lieu
de 12 h 30?
M. Latulippe: Oui, je n'ai pas d'objection.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Dauphin): Alors, allons-y!
M. Filion: Allons-yl
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Les commentaires du député de Lafontaine
me font penser à quelque chose que je veux souligner au Solliciteur
général. Il a parlé des personnes qui viennent d'autres
pays. Nous avons, à Montréal et, bien sûr, dans mon
comté de Notre-Dame-de-Grâce, un nombre important de ce qu'on
appelle les minorités visibles; dans mon cas, ce sont des Noirs. Je veux
souligner au ministre que, malgré certains efforts qui sont faits par la
police de la CUM, il reste un travail énorme à faire pour
s'assurer qu'il n'y a pas de discrimination envers ces personnes. Je peux vous
dire - je les connais, cela fait neuf ans que je travaille avec elles - que ce
n'est pas un groupe de personnes qui sont, de par leur nature, violentes. Elles
ne viennent pas non plus de régions qui sont semblables au Liban et
où il y a peut-être une tradition, au moins depuis quelques
années, de violence. C'est un sujet très difficile, j'en
conviens, mais je ne veux pas que le ministre pense, à cause des efforts
qui ont été faits dernièrement par la police de la CUM et
par la Sûreté du Québec, que la situation est
satisfaisante. J'ai des histoires, des exemples de gestes qui ont
été posés et qui viennent des éléments les
plus responsables de ce comité. Je veux simplement qu'il sache,
étant assez prêt de cette situation où il y a, je pense, 12
000 Noirs qui vivent dans le comté de Notre-Dame-de-Grâce
actuellement, que c'est inquiétant et qu'il reste beaucoup à
faire.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Latulippe: Je suis très sensible aux commentaires de
mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce. Je pense que les efforts
doivent être poursuivis et doivent être incessants.
Évidemment, la discrimination, c'est large, et surtout dans un secteur
comme le secteur policier où finalement les policiers sont des
intervenants de première ligne, ceux qui sont appelés au moment
où cela va mal, où il y a un incident. Il est très
important de faire le maximum pour éviter, finalement, que s'instaurent
des comportements qui pourraient être perçus comme étant
discriminatoires, comportements discriminatoires ou même qui pourraient
être perçus comme étant discriminatoires, parce qu'à
ce moment, c'est la confiance de la population et de ces groupes
vis-à-vis des policiers qui peut être en cause. Et je pense qu'on
ne doit pas se permettre cela. Il y a des efforts qui sont faits actuellement,
qui sont sérieux, qui sont faits par la Communauté urbaine de
Montréal, en fait par la police de la Communauté urbaine de
Montréal. Son directeur d'ailleurs, M. Bourget, m'a assuré qu'il
allait poursuivre ses efforts. Il a une volonté ferme de les poursuivre
et vous pouvez être sûrs que, quant à moi, je vais y veiller
aussi.
M. Scowen: À moins qu'il n'y ait eu
des changements depuis quelques mois, à ma connaissance, au poste
15, il n'existe pas un seul membre du -corps policier qui soit noir, pas un
seul.
M. Latulippe: Vous avez certainement -je ne connais pas la
situation au poste 15 -le problème des personnes provenant des
minorités visibles au sein des corps de police. Il y en a très
peu, quel que soit le corps de police, c'est vrai. Pour cela, c'est un.,. Il
n'y avait aucune tradition chez ces minorités visibles et même
chez d'autres minorités, groupes ethniques, d'aller s'enqager dans les
corps de police. II faut, je pense, sensibiliser les différents groupes
ethniques au fait d'y aller.
M. Scowen: Je m'excuse, mais quand on dit qu'il n'y a pas de
tradition, ces personnes viennent presque exclusivement des îles des
Caraïbes et je peux vous assurer que dans chacune de ces îles, il y
a un corps policier.
M. Latulippe: Oui, mais ce que je veux dire, c'est
qu'effectivement, au Québec, actuellement, à l'Institut de police
en ce qui concerne les cours de techniques policières, il y en a
très peu.
M. Scowen: Oui.
M. Latulippe: Alors, il faut commencer par là pour finir
par être engagé dans un corps de police.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre.
Comme vous avez pu le remarquer, la présidence a accepté des
questions qui débordaient quelque peu du programme 1, mais elles
étaient à tout le moins ancillaires avec le programme 1.
M. Filion: Je vaudrais, M. le Président, remercier le Dr
Grenier de s'être joint à nous pour cette étude de
crédits et lui souhaiter et nous souhaiter la plus cordiale des chances
avec la délégation qu'il sera appelé à piloter,
sauf erreur, aux jeux de Calgary. Le Dr Grenier - je tiens à le
souligner - je pense, assumera la direction de l'équipe
québécoise. Alors, comme c'est tout le Québec qui sera
présent là-bas, je pense que c'est un bel exemple d'implication
dans la communauté que donne le coroner en chef. Je voudrais donc le
saluer et lui souhaiter un bon voyage là-bas, en temps et lieu. (12 h
30)
Le Président (M. Dauphin): Alors, en tant que
président et au nom des membres de la commission, merci beaucoup.
M. Latulippe: C'est l'équipe canadienne de patinage de
vitesse, effectivement, où le Dr Grenier... C'est le chef de la
délégation.
M. Filion: Ah bon, je pensais que c'était l'équipe
québécoise.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Contrôle des permis d'alcool
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle le
programme 2, Contrôle des permis d'alcool. M. le député de
Taillon.
M. Filion: En ce qui concerne...
M. Latulippe: Excusez-moi, je vous présente M. Ghislain
Laflamme, qui est président de la Régie des permis d'alcool.
Le Président (M. Dauphin): Bienvenue, M. Laflamme.
M. Filion: Bienvenue à Me Laflamme. Ma première
remarque sur le programme 2, évidemment, porte sur la diminution de
crédits d'environ 4,6 %. Selon les documents qui nous ont
été remis, l'explication qui nous est fournie, c'est que la
baisse prévue des dépenses résulte de la rationalisation
des frais d'administration, notamment grâce à une plus grande
utilisation de l'informatique. Je tiens à souligner à Me Laflamme
que je le félicite parce que, en général, je dois vous
dire que, dans tout ce que j'examine comme crédits, on dirait que
l'informatique coûte plus cher. Dans votre cas, je suis heureux de
constater que l'informatique a semblé provoquer une baisse de
dépenses et je vous en félicite.
Je souhaite que votre exemple se répande partout, non seulement
au ministère du Solliciteur général, mais dans tous les
autres ministères, comme l'a bien noté le Vérificateur
général, dans son dernier rapport - nous y reviendrons,
d'ailleurs, en ce qui concerne le ministère du Solliciteur
général -où il souligne la piètre
efficacité, dans bien des cas, des systèmes informatiques
gouvernementaux, notamment parce qu'on définit mal ses objectifs. Je
dois donc comprendre que Me Laflamme a bien défini ses objectifs,
puisque ses systèmes informatiques donnent une pleine mesure.
Ma première question touche l'application du projet de loi 96, en
ce qui concerne le permis de servir ainsi que le permis de vendre. On se
souviendra qu'en adoptant le projet de loi 96, on adaptait également une
disposition transitoire, étant donné que ces deux permis
s'excluaient l'un et l'autre et étant donné qu'une bonne partie
des détenteurs de permis, avant l'entrée en viqueur de la loi,
n'avaient pas fait leur choix. Les restaurateurs avaient 90 jours pour choisir
l'un ou l'autre des deux permis.
Ma question porte sur un sujet qui nous avait intéressés
à l'époque, et c'est un peu ma curiosité qui me pousse
à le demander: Qu'est-il advenu, finalement, quel fut le choix des
détenteurs de permis et de quelle façon s'est effectuée la
transition avec ce nouveau régime législatif?
M. Latulippe: Au 27 mai 1987, dans la catégorie
restaurants pour servir, il y a eu, au total, 190 demandes qui ont
été déposées à la régie pour des
permis de restaurants pour servir. Là-dessus, il est intéressant
de constater que 178 de ces demandes ont été
déposées au bureau de Montréal et 12 seulement au bureau
de Québec.
M. Filion: Donc, cela veut dire que près de la
moitié des restaurateurs qui entretenaient cette pratique du vin libre
ont carrément laissé tomber. Est-ce que je me trompe?
M. Latulippe: Je vais demander à M. Lafiamme.
M. Lafiamme (Ghislain): Lors des auditions qu'on avait tenues sur
ce phénomène, nous avions évalué entre 200 et 300
le nombre de restaurateurs qui se livraient à cette pratique.
L'imprécision de 200 à 300 résultait du fait que certains
pratiquaient le vin libre épisodiquement et que c'était un
recensement difficile à faire. Jusqu'à maintenant, nous avons
reçu au-delà de 300 demandes d'information entre le moment
où la loi a été adoptée et, disons, la semaine
dernière. De ces demandes d'information, seulement 190 se sont
concrétisées en demandes fermes. La majorité des demandes
a été formulée entre le milieu de février et le
milieu de mars, parce que, dans la loi, il y avait une disposition qui disait
que les personnes qui se livraient au vin libre et qui déposaient une
demande dans les 90 jours de l'adoption de la loi pouvaient continuer cette
pratique jusqu'à ce que la régie dispose de leur demande.
L'immense majorité des demandes a été formulée
avant le 19 mars. Nous en avons environ une quinzaine depuis, tout
simplement.
M. Filion: Évidemment, il est beaucoup trop tôt pour
tenter d'évaluer le nombre de commerces de restauration qui pourraient
fonctionner dans l'illégalité. J'en soupçonne un peu
quelques-uns, pas juste des restaurants, des cabanes à sucre, etc.
Est-ce que la régie a entrepris une procédure de
vérification de l'application de la loi?
M. Laflamme: Ce qu'on a préféré faire au
tout début, c'est une campagne d'information pour que les gens sachent
bien qu'un nouveau permis existe, connaissent bien les conditions auxquelles le
permis peut être demandé. On a distribué, par l'entremise
des diverses associations de restaurateurs et d'hôtellerie, des
dépliants expliquant de quoi il s'agit. Également, on a pris
arrangement avec la Sûreté du Québec, qui est notre force
d'inspection, pour la distribution de cette même information.
Cependant, on a également mentionné que, depuis le 1er
avril, on ne fait plus de tolérance, l'information ayant
été donnée là où les gens avaient à
formuler une demande. Ceux qui ont fait une demande sont dans la
légalité et ceux qui n'en ont pas fait doivent cesser cette
pratique, particulièrement ceux qui détiennent déjà
un permis pour vendre. Dans quelques cas, des interventions policières
ont été faites, mais je n'ai pas de statistiques à ce
moment-ci pour en évaluer l'ampleur.
Il y a également le phénomène des cabanes à
sucre qui s'est généralement réglé par un permis de
réunion pour un événement ponctuel plutôt que par un
permis à l'année, qui ne paraissait pas pratique dans leur
cas.
M. Filion: D'accord. Donc...
M. Latulippe: Juste un petit point là-dessus, si vous
permettez. Relativement aux activités de la Sûreté du
Québec, en application des lois sur les infractions en matière de
boissons alcooliques, il y a eu un accroissement cette année de 57,4 %
par rapport à l'année précédente, l'année
1985. Donc il y a eu une intensification des activités de la
Sûreté du Québec en rapport avec l'application des lois sur
les boissons alcooliques.
M. Filion: Est-ce qu'à votre connaissance, Me Lafiamme ou
M. le Solliciteur qénéral... Je pense qu'on peut conclure que,
d'une part, le consommateur dispose d'à peu près les mêmes
restaurants ou les mêmes ressources en restaurants pour ceux qui aiment
apporter leur vin. Je dois vous dire que j'avais 400 comme chiffre. Vous m'avez
dit 200, 300 et, dans mon dossier, j'avais 400. Peu importe, il y a 190
demandes qui ont été déposées, 178 dans la
région de Montréal, nous dit le Solliciteur
général, donc il y a un bassin suffisant pour les consommateurs
qui désirent poursuivre cette pratique. La loi que nous avons
adoptée à l'Assemblée nationale a donc rempli ses
objectifs.
M. Latulippe: Oui, effectivement. Il n'est pas exclu que, dans
l'avenir, il y ait d'autres demandes de permis pour servir. Il faut se rendre
compte aussi que cela a été concentré dans certains
quartiers de Montréal; on pense à la rue Duluth et à la
rue Prince-Arthur, où ce type de restauration s'était
développé en premier lieu. Des quartiers entiers fonctionnaient
en fonction
de ce type de restauration.
Il est loin d'être exclu que ces expériences qu'on
vît dans certains quartiers de Montréal en particulier ne
prendront pas de l'expansion dans d'autres villes du Québec ou
même dans d'autres quartiers de Montréal, de Québec ou de
Sherbrooke.
M. Filion: D'accord. Deuxième volet en ce qui concerne la
contrebande de l'alcool entre les États-Unis et le Québec. On
avait discuté avec le Solliciteur général, j'avais
soulevé cette question, l'an dernier, lors de l'étude des
crédits. Le Solliciteur général nous avait dit - je le
cite à peu près - qu'il était à regarder comment la
LIMBA, la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques,
pourrait être amendée dans le but d'en arriver à des
restrictions beaucoup plus fortes, dans le but de donner des dents à la
loi pour contrer toute situation illégale qui pourrait survenir en
rapport avec le commerce des boissons alcooliques.
Évidemment, on a adopté le projet de loi 96. J'aimerais
savoir du ministre combien il y a eu de poursuites intentées contre les
contrevenants eu égard à cet aspect bien particulier de
l'entrée illégale de l'alcool au Québec?
M. Latulippe: Le cas auquel vous faites référence,
il faut dire que c'est la Sûreté du Québec, en fait, qui
met en marche les activités et qui entreprend les enquêtes en
fonction de la contrebande. Je vous ai dit tout à l'heure qu'il y a eu
une augmentation de l'ordre de 57 % des activités de la
Sûreté du Québec en matière d'application des lois
sur les boissons alcooliques.
M. Filion: Mais cela, c'est pour l'ensemble.
M. Latulippe: Pour l'ensemble. J'arrive. Par la suite,
évidemment les dossiers de poursuites sont remis au ministère de
la Justice et c'est le ministère de la Justice qui a mandat de prendre
les poursuites contre les contrebandiers. Je n'ai pas ici avec moi les
statistiques relatives aux poursuites qui ont pu être prises par le
ministère de la Justice en fonction de la contrebande de boissons
alcooliques.
M. Filion: Je pense que j'avais exposé mes craintes au
Solliciteur général. La loi 96 amenait une augmentation des
amendes à ce chapitre qui n'était quand même pas tellement
énorme: les amendes se situent entre 500 $ et 1000 $ pour la
première infraction et de 1000 $ à 2000 $ pour la deuxième
infraction. Quand on connaît les enjeux financiers de la contrebande, ce
n'est pas pour rien qu'Al Capone le faisait dans le temps de la prohibition aux
États-Unis. C'est parce que c'est drôlement payant. On a juste a
s'acheter une bouteille de cognac, aujourd'hui, au Québec, pour se
rendre compte que les marges de profits et les taxes sur les boissons
alcooliques sont rendues énormes.
Donc, une simple augmentation des amendes à 1000 $ pour la
première infraction, à 2000 $ pour la deuxième infraction,
est-ce que, véritablement, M. le Solliciteur général,
même s'il est un peu tôt, on ne peut pas conclure que le projet de
loi 96 a été nettement insuffisant pour nous permettre
d'atteindre nos fins en matière de contrebande?
Je vaudrais d'ailleurs vous citer l'inspecteur Gaétan
Rémillard, responsable de la section douanes et accises à
Montréal, qui a dit, lorsqu'il a fait état du bilan de 1985,
où il y avait eu une soixantaine de personnes arrêtées et
au-delà de 15 000 bouteilles saisies: "La Gendarmerie royale ne cache
pas qu'elle a fait bien peu. Ce commerce illicite prend parfois les allures
d'une véritable PME. Toujours selon M. Rémillard, le qros du
trafic illégal est l'oeuvre d'organisations bien structurées.
Certaines d'entre elles font passer clandestinement de 100 à 125 caisses
d'alcool au Québec à chaque voyage aux États-Unis. Les
contrebandiers touchent de 6 $ à 8 $ par bouteille, soit 35 $ à
50 $ par caisse, etc." Bref, on a affaire à une industrie
illégale qui semble être fort rémunératrice pour
leurs dirigeants, qui est bien structurée. Je me demande si, en ce sens,
le projet de loi 96 a doublé. Je ne doute pas qu'il y a sûrement
eu un effort de fait également par les forces policières, mais
est-ce que le ministre est en mesure de nous dresser un bilan de l'année
1986? Est-ce qu'il peut nous faire part un peu de ses orientations pour
l'année 1987-1988 en ce qui concerne les actions à entreprendre
à ce sujet?
M. Latulippe: Un point très vite.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Latulippe: Je pourrai compléter - je comprends M. le
Président - cet après-midi. C'est que la loi est entrée
véritablement en vigueur le 19 décembre 1986. Cela ne fait donc
que quelques mois. Si vous disiez tout à l'heure qu'il était un
peu tôt pour faire le bilan de la Loi sur les coroners, il est
certainement encore beaucoup trop tôt pour faire un bilan de cette loi,
puisqu'elle est en viqueur depuis beaucoup moins longtemps. Je voudrais juste
corriger un point. En ce qui concerne les amendes, on ne fait pas dans la loi
de distinction d'où provient l'alcool: si l'alcool ne provient pas de la
Société des alcools, s'il est importé ou s'il provient
d'un débit clandestin. Les amendes, dans le cas d'une première
infraction, sont d'au moins
1000 $ et d'au plus 5000 $ et pour une infraction subséquente,
d'une amende d'au moins 5000 $ et d'au plus 20 000 $-
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Nous
reprendrons cet après-midi avec le programme 2. La commission suspend
ses travaux jusqu'à 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 46)
(Reprise à 15 h 32)
Le Président (M. Dauphin): Mesdames, messieurs, la
commission des institutions reprend ses travaux. Lors de l'ajournement, nous
étions rendus au programme 2. Si ma mémoire est fidèle, le
député de Taillon venait de poser une question au ministre.
M. Filion: Oui et M. le ministre m'avait répondu en
partie. Je crois comprendre qu'il voudrait peut-être ajouter un
complément d'information.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Latulippe: Oui, j'avais un complément d'information, M.
le Président. Mon collègue vous a parlé de la contrebande
de boissons alcooliques. Je voulais juste préciser la façon dont
on procédait. Il y a deux sortes de contrebande, jusqu'à un
certain point. Il y a l'importation illégale, c'est-à-dire
lorsque c'est de la boisson provenant des États-Unis, par exemple, qui
est importée illégalement au Québec et la contrebande qui
provient de l'alcool frelaté, d'alambic, entre guillemets, qui est
fabriqué illégalement au Québec. Quand c'est de
l'importation provenant des États-Unis - je vous donne l'exemple des
États-Unis - c'est la loi sur l'accise qui entre en jeu et c'est la GRC
qui procède à surveiller ce type d'infraction. Une fois que la
boisson est importée, qu'elle est rendue dans les débits de
boissons au Québec, là, c'est la Sûreté du
Québec qui s'en occupe. Si elle constate qu'il y a de la boisson dans un
débit de boissons qui est importée illégalement des
États-Unis, qui ne provient pas de la Société des alcools,
des causes seront initiées. Il pourra y en avoir devant la Régie
des permis d'alcool et le permis de la personne qui le détient pour le
débit de boissons pourrait être suspendu, même
révoqué.
Un mot quant aux statistiques de l'année dernière. J'ai
mentionné tout à l'heure les inspections de dépistage dans
les établissements licenciés. II y en a eu 6446 cette
année. Quant aux inspections systématiques dans les
établissements licenciés, il y en a eu 7833. C'est à
partir de cela qu'on peut dire qu'il y a eu un accroissement de 57 % par
rapport à l'année 1985.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. Filion: Cela va, en ce qui concerne ce proqramme, M. le
Président. Je pense qu'on peut l'adopter.
Le Président (M. Dauphin): Le député de
Lafontaine avait une courte question.
M. Gobé: Oui, une courte question, peut-être avec un
commentaire, M. le ministre. . Plusieurs de mes électeurs m'ont fait
part que lors de visites de la police dans leur établissement, des
visites qui avaient lieu bien souvent d'une manière impromptue, à
l'improviste, les gens arrivaient, dérangeaient un peu la
quiétude des clients et se conduisaient un peu comme si c'était
la briqade SWAT qui arrivait. J'ai eu quelques réflexions de ces
commerçants qui, somme toute, sont généralement
d'honnêtes commerçants; je les connais moi-même. Il peut
arriver que, comme d'autres commerçants, ils ne soient pas tout à
fait en règle, mais est-ce que c'est normal, de la part des inspecteurs
des forces policières, d'arriver un peu brutalement? N'y aurait-il pas
lieu d'arriver d'une manière un peu plus discrète, tout en
faisant le même travail? Je ne veux pas du tout porter atteinte à
la mission qu'ils ont de vérifier l'alcool qui est entreposé ou
les étiquettes sur les bouteilles, mais peut-être pourraient-ils
le faire avec un peu plus de délicatesse, en regard de la
clientèle et de l'effet que cela peut avoir sur la réputation des
entreprises, qui sont généralement en règle ou qui peuvent
être considérées en règle jusqu'à ce qu'on
ait prouvé le contraire.
M. Latulippe: Je pense qu'il faut faire...
M. Gobé: C'est un commentaire-question.
M. Latulippe: Je peux vous dire qu'on n'a jamais eu de plainte
à notre ministère relativement à la façon dont les
corps de police procèdent à l'inspection. Aussi, il faut faire
une distinction selon la nature de l'intervention. Si ce sont des cas de
dépistaqe, ils font cela pratiquement incoqnito. Si ce sont des
descentes, parce qu'il y a là véritablement un problème,
c'est certain que cela peut perturber l'activité.
M. Gobé: Je me rapporte à des cas assez
particuliers qui se sont déroulés. Je pense que c'est une
opération bien précise qui avait lieu dans les
établissements de buffet tenus par des gens de la communauté
italienne, dans la région de Montréal, où,
semble-t-il, on a tourné, dans tous ces buffets-là, à
plusieurs reprises, en disant: Ce sont des établissements qui sont plus
sujets ou qui - entre parenthèses - pourraient être plus
concernés par la vente d'alcools ou de vins qui sortiraient du
réseau normal d'approvisionnement. Il semble que cela a
créé un peu de remous. J'ai eu personnellement des remarques
directement de ces gens-là qui m'ont demandé de le faire savoir.
C'est évident qu'ils n'iront pas se plaindre parce qu'ils se disent: Ils
vont revenir.
M. Latulippe: Comme je vous le disais, nous n'avons pas eu, au
ministère, de plaintes. Je prends bonne note de ce que vous nous
dites.
M. Gobé: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Brièvement, M. le député de Chapleau.
M. Kehoe: Ma question concerne le nouveau permis pour les gens
qui ont maintenant la permission d'apporter leur vin dans les restaurants. Quel
est le résultat de cette politique? Y a-t-il eu des contestations par
des gens qui ont des permis, des propriétaires d'établissements
qui ont des permis? Comment cela fonctionne-t-il dans l'ensemble? Cela fait,
quoi, un certain temps que c'est en vigueur, presque un an. Dans l'ensemble,
quel est le résultat de ce changement dans la loi?
M. Latulippe: C'est en vigueur depuis décembre 1986. Il
n'y a pas eu de contestation. Je l'ai dit ce matin, il y a eu 190 demandes de
permis pour servir. La très grande majorité des demandes, 178,
proviennent de la région de Montréal, elles ont été
déposées au bureau de Montréal, et le reste de la
région de Québec. Mais le phénomène est
concentré à Montréal jusqu'à maintenant, tout comme
les demandes de permis qu'on a reçues.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Est-ce que le programme 2 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants
J'appelle le programme 3 qui concerne la garde des détenus et la
réinsertion sociale des délinquants. Je demanderais au ministre
de nous identifier les ou la nouvelle personne qui va l'accompagner.
M. Latulippe: Je voudrais vous présenter M. Normand
Carrier, le directeur général par intérim des services
correctionnels à mon ministère.
Le Président (M. Dauphin): Merci et bienvenue. M. le
député de Taillon.
M. Filion: M. le Président, en ce qui concerne la garde
des détenus, qui est effectivement une partie fort importante en termes
de ressources, je pense qu'il est bon de faire un peu le tour de la question.
D'abord, je note que les crédits à voter sont de l'ordre de 106
000 000 $, soit une augmentation de 4,3 % par rapport aux crédits de
1986-1987, ce qui me fait dire, d'ailleurs, qu'un détenu coûte de
plus en plus cher aux Québécois. Je pense que le dernier chiffre
qu'on avait à l'oeil ou à l'esprit était d'environ 80 $
par jour pour chaque détenu. C'est la note que les contribuables sont
appelés à payer à même leurs taxes. Les services
correctionnels, les prisons retiennent donc 105 000 000 $ de ces 106 000 000 $,
alors que la Commission québécoise des libérations
conditionnelles prend 1 195 000 $.
M. Latulippe: Excusez-moi. Est-ce qu'on procède ensemble
avec la Commission des libérations conditionnelles ou si c'est
séparé?
M. Filion: Non, non, je suis surtout à
l'élément 1, Services correctionnels.
M. Latulippe: D'accord.
M. Filion: Mais je fais quand même le tour pour bien faire
noter aux membres de cette commission que les services correctionnels, donc la
garde des détenus en prison occupent la majeure partie du budget, soit
105 000 000 $ sur 106 000 000 $. C'est déjà peu. De là, ce
matin, mon insistance à faire valoir des solutions oriqinales au
problème des alternatives à l'emprisonnement.
Je voudrais d'abord interroger un peu le Solliciteur
général sur le problème de la surpopulation des prisons.
Il y a eu évidemment, durant la dernière année, le conflit
entre le Procureur général et les procureurs de la couronne qui a
amené une certaine densité, si on veut, de la population
carcérale. C'est terminé. On a eu quelques fermetures de prisons
également. Ma première question au Solliciteur
général, d'abord, pour qu'on se comprenne un petit peu, lui et
moi. Est-ce qu'il admet le problème d'une surpopulation dans les prisons
québécoises? Évidemment, s'il ne l'admet pas, on ne se
comprendra jamais. S'il dit qu'il n'y a pas de problème et qu'on a
suffisamment de place pour recevoir toutes les personnes qui sont
condamnées par les tribunaux, on ne pourra pas discuter des solutions.
Il va me dire qu'il n'y a pas de problème. J'aimerais savoir du
Solliciteur général si, à son honnête avis, comme
responsable de ce ministère du Solliciteur général, il est
en mesure de me dire que, oui, il est conscient du problème, maintes
fois soulevé par celui qui vous parle, d'une trop grande population
carcérale par rapport aux installations carcérales dont nous
disposons.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Latutippe: Je pense qu'on doit faire une distinction. J'admets
deux choses. Je pense qu'à certaines périodes de l'année,
en particulier, il y a eu et il y a encore, pas actuellement, au moment
où l'on se parle, mais durant l'année, il y a eu des
problèmes de surpopulation. Je dois dire que ce n'est pas une situation
qui est générale tout au long de l'année. Voilà
pour le premier point.
Le deuxième point, c'est que le problème que nous avons
vécu cette année pendant certaines périodes, nous l'avons
vécu de façon un peu différente des autres années.
Je vais vous expliquer comment. Par exemple, il y a eu une hausse de 3 % de la
population des prévenus. Par ailleurs, quand on regarde la population
des détenus, de ceux qui sont condamnés, il y a eu, au contraire,
une baisse assez significative d'environ 6 % ou 7 % de leur nombre durant
l'année. On ne peut donc généraliser en parlant de
problèmes de surpopulation.
M. Filion: Quand je parlais du problème de surpopulation,
je vais être plus précis, ce n'est pas un problème qu'on
rencontre dans tous les centres de détention du Québec. C'est un
problème qu'on rencontre en particulier aux endroits suivants. D'abord,
à Parthenais, ensuite à Bordeaux, ensuite, à certains
moments, à Orsainville, qui sont, comme par hasard, les gros centres de
détention qu'on a au Québec. Donc, la surpopulation est
présente précisément dans les centres de détention
qui ont déjà une grosse population, d'où, à mon
avis, un facteur aigu de problèmes, à savoir que
déjà les gros centres de détention ne sont pas propices
à la réhabilitation et, là, on entasse les gens à
certaines périodes de l'année, j'en conviens. (15 h 45)
À Bordeaux, selon les chiffres que j'ai obtenus à
différents moments de l'année, il y a à peu près
toujours un problème de surpopulation. Ailleurs ça peut varier,
j'en conviens, mais à Bordeaux, selon les informations, encore une fois,
qui me sont transmises, on a toujours un problème de surpopulation.
À Bordeaux puisqu'on parte de ce centre de détention: 895 places;
à Orsainville: 519 places. Là, je viens de nommer les deux plus
gros centres de détention du Québec.
Au centre de prévention à Montréal,
troisième plus gros centre de détention au Québec: 403
places. Quand on parle de ces trois centres de détention, on a environ
1700 places sur un total de 3199 places. Cela veut dire, M. le Solliciteur
général, qu'à partir du moment où on
reconnaît un problème de surpopulation à ces trois
endroits, on peut conclure qu'il y a 50 % des places qui sont occupées
au Québec dans les centres de détention, dans un contexte de
surpopulation. Surpopulation veut dire quoi? Surtout dans ces
établissements-là, il y a déjà beaucoup de monde et
il y en a encore plus. Cela veut dire qu'il y a des sentences qui sont plus ou
moins purgées. Des sentences ordonnées par les juges qui sont
plus ou moins purgées.
Cette branche de l'État qu'est le pouvoir judiciaire demande au
pouvoir exécutif d'accomplir les sentences ordonnées par elles.
Deuxièmement, au niveau du fondement même de la garde des
détenus, c'est-à-dire les critères de
réhabilitation, ça implique qu'on passe à
côté. C'est impossible de travailler dans un contexte où il
devrait y avoir 900 personnes et où il y en a 1000. Quand j'ai
visité Parthenais, ce n'était pas loin de 500 ou 400. Je
comprends qu'on en envoie ailleurs et qu'on les dépêche, etc., on
fait appel à d'autres ressources. Mais il demeure, à la base,
qu'il est impossible d'effectuer un travail intelligent de
réhabilitation, de contact avec les détenus dans un contexte de
surpopulation.
Ma question au Solliciteur général est -à partir du
moment où on s'entend au moins sur le fait qu'il y a un problème,
peut-être qu'on ne s'entend pas sur l'ampleur du problème; quant
à moi, c'est un problème extrêmement qrave -: Quelles sont
les solutions qu'il entend mettre de l'avant pour pallier la situation
chronique de surpopulation dans les centres de détention au
Québec? Dans l'année qui vient, comment arriver à
dénouer l'impasse? Et je ne porte pas de blâme sur qui que ce
soit. Je dis juste qu'il y a une impasse et c'est votre responsabilité
de la dénouer. Donc, comment apporter les correctifs nécessaires
pour faire en sorte que nos prisons et nos centres de détention jouent
véritablement le rôle qu'ils devraient jouer?
M. Latulippe: Je vais expliquer un peu notre approche en fonction
du problème tel que je l'ai décrit tout à l'heure.
D'abord, il faut bien se comprendre. C'est que le nombre de places total dans
l'ensemble du Québec pour le réseau de 24 centres de
détention, c'est 3199. Il faut bien
comprendre que, durant l'année 1986-1987, le nombre de personnes
incarcérées en moyenne par jour, c'est 2635, On a 3199 places.
Donc, finalement, le réseau est suffisant pour tenir compte du nombre de
personnes incarcérées en moyenne par jour. Comme on l'a dit tout
à l'heure, ce n'est pas toujours la moyenne. Parfois, c'est plus et,
parfois, c'est moins. Donc, il y a des périodes où effectivement
il y a un problème, comme je l'ai décrit tout à
l'heure.
Maintenant, quand on a analysé les différentes composantes
de ce problème, on en revient à quatre. L'obligation
légale d'héberger séparément certaines
clientèles qui, évidemment, font en sorte que certaines places
sont plus ou moins disponibles comme les prévenus, les détenus,
les juvéniles et les adultes. Deuxièmement, la
spécialisation de certains établissements comme Waterloo.
Troisièmement, la mauvaise répartition des places en centre de
détention au niveau provincial qui fait qu'effectivement on
procède à plusieurs transferts des régions. Que l'on pense
à Trois-Rivières ou à Sherbrooke vis-à-vis
Montréal en particulier. Ceci fait en sorte qu'il y a une
clientèle dans les centres de détention ou de prévention
de Montréal qui proviennent des autres régions. Il y a aussi
Hull. Une partie de la surpopulation à Montréal dépend du
déversement de la clientèle qui provient d'autres régions.
Quatrièmement, les établissements qui ne répondaient pas
aux standards minimums permettant un séjour -c'est la raison, entre
autres, pour laquelle la prison de Trois-Rivières a été
fermée - et la fluctuation, comme je l'ai dit tout à l'heure,
importante de la clientèle au cours de l'année. Il y a des
périodes où c'est plus occupé que d'autres et
substantiellement plus occupé que d'autres. Ces éléments
causent des problèmes à certaines périodes de
l'année. Notre stratégie est double. Il y en a une à court
terme et il y en a une autre évidemment à moyen terme.
À court terme, comme on l'a dit, la surpopulation se vit
davantage dans la région de Montréal. Il s'agit, je pense, quant
à nous d'utiliser au maximum les places disponibles dans les autres
régions: Sorel, Saint-Hyacinthe, Valleyfield. Pour ce qui provient de la
région de Québec: Québec, Baie-Comeau ou New-Carlisle.
Même qu'on a pu dégager un certain nombre de places dans certains
centres de détention. Je pense à Saint-Hyacinthe, à
Baie-Comeau et à New-Carlisle. Je dirais aux alentours de 45 places,
dans les périodes de surpopulation, pour pouvoir finalement
héberger ce surplus. C'est à court terme.
À moyen terme, il y a évidemment les nouvelles
constructions. Pour moi, je pense qu'on va désengorger et qu'on va
solutionner une partie importante du problème à Montréal
par la construction de la prison de
Trois-Rivières et de celle de Sherbrooke. Par exemple, à
Trois-Rivières, actuellement les détenus en parties sont
envoyés au quartier cellulaire de la prison de Shawinigan. Ce sont les
prévenus. Il y a 18 places à Shawinigan. Avec la nouvelle
construction à Trois-Rivières, à l'automne 1988, il y aura
110 places. Quand on avait la vieille prison de Trois-Rivières qui
était complètement désaffectée à toutes fins
utiles, c'était 40 places. Donc, vous allez voir là un
accroissement de 60 à 70 places de plus pour la région de
Trois-Rivières.
À Sherbrooke, c'est encore une prison -on a hérité
de ces prisons - qui fait penser quasiment au temps de Montecristo, il y a 42
places. Avec la nouvelle construction qui sera prête à l'automne
1989, on va monter cela à 84 places. Ce sont deux projets en cours
actuellement. À Trois-Rivières, on est en train de construire.
À Sherbrooke, on est en train de faire les plans et devis. Cette
année, on va regarder comment on pourrait améliorer la situation
aussi dans la réqion de Hull. C'est l'objectif, cette année,
d'ajouter Hull aux améliorations qu'on fait à Sherbrooke et
à Trois-Rivières. Cela ne veut pas nécessairement dire
construire, mais on va se pencher sur le problème de Hull. Avec cela, je
suis convaincu que cela va désengorger la région de
Montréal.
La deuxième partie de la stratégie, on le verra, il s'agit
de solutions de rechanqe à l'incarcération et de
différents programmes qui nous permettront d'orienter et d'encadrer de
façon différente des personnes qui, autrement, auraient
été détenues. Autant en ce qui concerne le réseau
d'hébergement communautaire que la probation et des autres moyens de
rechanqe à l'incarcération que l'on a déjà
commencé à mettre en place, on pourra en parler tout à
l'heure, si vous le désirez.
M. Filion: M. le Solliciteur général, il demeure,
comme je vous l'ai démontré je pense, des problèmes de
surpopulation, à Orsainville, à Bordeaux et à Parthenais.
Si on additionne le nombre de places dans ces endroits, on arrive à un
total d'environ 1700 places sur 3199. Donc, on parle d'un problème qui
affecte non pas une partie de l'organisme mais la majeure partie de
l'organisme.
Je suis d'accord avec le Solliciteur général, les
problèmes, on ne les rencontre probablement pas à Valleyfield,
Hull, Amos, Sept-Îles, Baie-Comeau ou dans les petits centres de
détention. Les problèmes, on les rencontre dans les grands
centres urbains que sont Montréal et Québec. Bien sûr, je
sais qu'en fin de semaine, dans bien des cas, on envoie les détenus dans
des prisons périphériques, mais cela ne change pas le fond du
problème, soit qu'il y a trop de monde dans ces endroits et qu'il faut
y
apporter des solutions pour tout le monde. Qu'est-ce que cela donne de
garder quelqu'un en dedans dans des conditions où, quand il va sortir,
il ne sera pas mieux qu'il était quand il est entré? Il va
coûter encore plus cher à la société. S'il ne
reçoit pas l'attention, des soins, dans certains cas et le climat de
réhabilitation nécessaire, on va envoyer le délinquant en
dedans, il va ressortir, on le renvoie en dedans et il va ressortir, etc. II
faut d'abord faire des centres de détention, des endroits un peu
propices à la réhabilitation. La première clé,
c'est évidemment de désengorger ces immenses terrains de
détention que sont Bordeaux, - -Orsainville et Parthenais. Autrement, je
pense qu'on passe à côté.
Motion d'ajournement des travaux
Je pense qu'on pourra reprendre cette discussion, M. le
Président, parce qu'à ce stade-ci, j'ai une motion à
faire. Comme vous le savez, le premier ministre du Québec se dirige
demain à Ottawa pour engager l'avenir collectif des
Québécois. Comme vous le savez, une commission parlementaire a
été tenue ici, au Parlement, au cours de laquelle nous avons eu
l'occasion d'entendre certains intervenants, mais cette commission s'est tenue
sans texte juridique. Comme vous le savez, le chef de l'Opposition a
demandé que l'on dépose ces textes juridiques en Chambre cet
après-midi, ce que le premier ministre a refusé. Comme vous le
savez également, il y a un Conseil des ministres qui commencera dans
deux minutes à l'endroit habituel, et le Solliciteur
général, qui est notre invité à cette commission,
fait partie de ce Conseil des ministres. Au surplus, il est juriste et pourrait
donc apporter sa lumière sur les textes juridiques que nous avons
maintenant rendu publics, vu que le gouvernement cherchait à jouer
à la cachotterie...
M. Doyon: Question de règlement.
Le Président (M. Dauphin): Question de...
M. Filion: C'est à l'intérieur d'une motion, M. le
Président. Je pense qu'il serait bon de l'entendre avant de dire quoi
que ce soit.
M. Doyon: Question de règlement sur la motion, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Question de règlement,
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, nous sommes à
l'étude des crédits et avant qu'une motion puisse être
présentée, débattue et que cette commission puisse en
être saisie, il faut, en tant que président, que vous la
reconnaissiez comme recevable. Pour qu'elle soit recevable, il faut qu'elle se
rapporte au sujet qui est devant cette commission. Je vous rappelle que quand
on étudie les crédits, en l'occurrence les crédits du
Solliciteur général, nous devons obligatoirement nous en tenir au
sujet devant nous, c'est-à-dire à l'étude des
crédits programme par programme, élément de programme par
élément de programme.
M. le Président, tout ce qui ne se rapporte pas aux
crédits est irrecevable et vous devez, dans les circonstances, rappeler
le député de Taillon à l'ordre de façon que cette
commission puisse s'acquitter du mandat qui lui a été
confié par l'Assemblée nationale, soit d'étudier les
crédits que le Solliciteur général est ici pour
défendre et expliquer. On est en train de faire fausse route et le
député de Taillon le sait fort bien. Il s'essaie, mais c'est
allé assez loin. Je pensais que c'était une erreur de parcours et
qu'il faisait tout simplement un aparté sans conséquence, mais
s'il est le moindrement sérieux dans son affaire, force nous est de vous
demander de le rappeler à l'ordre de façon que la pertinence du
débat soit sauvegardée et que cette commission puisse s'acquitter
des travaux qui lui sont confiés par l'Assemblée et par le
règlement.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la question de règlement? (16 heures)
M. Filion: Sur la question de règlement, j'attire votre
attention sur l'article 165 de nos règles de procédure, lequel
prévoit spécifiquement les motions d'ajournement des travaux.
Deuxièmement, sans en faire un plat, il demeure que le
député de Louis-Hébert aurait avantage à entendre
le contenu de la motion avant de vous demander de faire quoi que ce soit en
vertu de notre règlement.
Donc, je terminais et je vous remets une copie de la motion que je
dépose devant les membres de cette commission. Pour toutes les raisons
mentionnées, je fais motion afin que la commission, conformément
à l'article 165 des rèqles de procédure, ajourne ses
travaux de façon à permettre au ministre, qui est notre
invité, de participer à la séance de travail du Conseil
des ministres spécial qui aura lieu dans quelques minutes et qui portera
sur l'entente du lac Meech. Tel est le texte de la motion que je dépose
en vertu de l'article 165 de nos règles. Encore une fois, je ne veux pas
en faire un plat et prendre trop de temps, mais l'idée à la base
est la suivante, je l'explique aux membres de cette commission: II y a un
Conseil des ministres spécial sur le document fondamental pour...
M. Doyon: M. le Président, question de
règlement. Avant de faire valoir les arguments, que je suis
prêt à écouter, du député de Taillon, vous
devrez tout d'abord vous prononcer sur la recevabilité de la motion
comme telle. Le député de Taillon a sûrement des arguments,
avec lesquels je doute fort qu'il me convainque, mais en tout cas, il en a, il
les fera valoir en temps et lieu, mais le moment n'est pas venu, on en est au
chapitre de la recevabilité de la motion. Si quelqu'un veut plaider, il
peut plaider sur ce sujet mais pas sur le fond.
M. Filion: Vous avez des choses à dire sur la
recevabilité?
M. Doyon: Non, moi, j'ai dit ce que j'avais à dire.
M. Filion: Moi, j'ai dit ce que j'avais à dire: l'article
165.
Mme Bleau: Je pense que si le ministre veut assister à ce
caucus spécial ou ce Conseil des ministres spécial, c'est
à lui de faire un choix, ce n'est pas à nous à lui donner
des ordres.
M. Filion: On ne lui donne pas d'ordre, on lui donne le loisir de
le faire, madame.
Mme Bleau: S'il le voulait, je pense qu'il nous l'aurait
demandé, il n'est pas gêné.
M. Filion: Non, mais si cette commission accepte ma motion, cela
permettra au Solliciteur général d'aller jouer son rôle au
Conseil des ministres.
Une voix: Demande-lui s'il veut y aller...
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui désirent intervenir sur la question de
règlement?
M. Laporte: Question d'information: est-ce que l'article 165 nous
permet de déroger à l'ordre qui nous a été
donné par la Chambre? C'est simplement une question d'information que je
demande a la présidence.
M. Filion: Voulez-vous m'entendre là-dessus, M. le
Président?
Le Président (M. Dauphin): Oui.
M. Filion: Je pense qu'il est important de noter que... Je pense
que l'argument du député de Sainte-Marie vaut la peine
d'être souligné. L'article 165 que je pourrais vous lire, que vous
êtes en train de lire, prévoit spécifiquement, de
façon expresse, la possibilité d'un ajournement - on va le lire
ensemble - et cette disposition ne fait aucune distinction entre un mandat
découlant d'un ordre de la Chambre et tout autre mandat. À ce
moment-là, je vous signale que l'article 165, encore une fois, est
clair, précis, ne crée pas de distinction, permet les motions
d'ajournement et, encore une fois, je ne veux pas en faire un plat qui va durer
éternellement, surtout pour le Solliciteur général et nos
invités. Mais je voudrais que les membres de cette commission soient
saisis de l'importance du dossier constitutionnel, des conséquences de
ce dossier qui vont bien au-delà des études de crédits et
qui, d'ailleurs, peuvent engager des études de crédits de bien
des ministres pendant longtemps. Quant à nous, nous voulons laisser le
loisir au Solliciteur général de se déplacer et d'y aller
pour faire son travail comme membre de la plus haute instance exécutive
de notre gouvernement, au moment où le premier ministre s'apprête
à poser des gestes qui sont peut-être irréparables...
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député de Taillon. Si vous me le permettez, j'ai lu attentivement
l'article 165 de notre règlement. Effectivement, un membre de la
commission peut proposer que la commission ajourne ses travaux. Pour ceux qui
n'ont pas le texte devant eux: "Cette motion est mise aux voix sans amendement
et elle ne peut être faîte qu'une fois au cours d'une
séance, sauf par le président ou un ministre membre de la
commission. Elle ne peut être débattue, sauf qu'un
représentant de chaque groupe parlementaire peut prononcer un discours
de dix minutes chacun. Un représentant de chaque groupe
parlementaire.
À ce stade-ci, après vérification auprès des
experts, je suis en mesure de déclarer votre motion recevable et je suis
également en mesure de vous demander, puisque votre groupe parlementaire
n'est représenté que par vous, si vous voulez bien exercer votre
droit de parole de dix minutes, immédiatement. Si, de l'autre
côté, un des membres ministériels veut exercer un droit de
parole de dix minutes, il l'exercera. Mais, tout de suite après ces dix
minutes, on passera à la mise aux voix.
Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Si j'ai bien compris, vous avez dit au commencement
que la question ne devrait pas être débattue? Mais comment peut-il
la débattre?
Le Président (M. Dauphin): Elle ne peut être
débattue, sauf qu'un représentant de chaque groupe parlementaire
peut prononcer un discours de dix minutes,
Mme Bleau: On aura droit à un
discours.
Le Président (M. Dauphin): C'est-à-dire que chaque
groupe parlementaire peut faire un discours de dix minutes.
Mme Bleau: Une bonne manière de mettre cela dans les
galées.
Le Président (M. Dauphin): C'est effectivement
prévu dans notre règlement. À ce stade-ci, M. le
député de Taillon, étant donné que j'ai
déclaré votre motion recevable, si vous désirez vous
prévaloir de votre droit de parole de dix minutes, je vous demanderais
de le faire immédiatement.
M. Filion: Alors...
Mme Bleau: Excusez-moi. J'ai une autre question.
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Bleau: Le temps qu'on va prendre pour débattre ce
projet, est-ce que cela compte dans le temps qui nous est alloué pour
l'étude des crédits ou non?
Le Président (M. Dauphin): Cela compte dans le temps qui
nous est alloué pour l'étude des crédits.
Mme Bleau: Alors, on ne dépassera pas notre temps. Ce sera
soustrait. Bien.
M. Filion: On a une enveloppe de cinq heures, M. le
Président, et le temps qu'on prend est déduit de l'enveloppe de
cinq heures.
Le Président (M. Dauphin): Exactement. M. Claude
Filion
M. Filion: Je ne prendrai pas dix minutes, M. le
Président, mais je vais quand même prendre quelques minutes. Je
sais que nos invités, en particulier, peuvent peut-être trouver
fastidieux de nous entendre traiter pendant quelques minutes d'un sujet autre
que strictement les crédits du Solliciteur général. C'est
quand même mon devoir comme parlementaire de signaler ce qui suit.
Premièrement, le premier ministre du Québec, dûment
élu démocratiquement en décembre 1985, est en train de
négocier l'adhésion du Québec à la constitution
canadienne. Il s'agit d'un geste fondamental pour les Québécois,
les Québécoises et toutes les générations à
venir. Le premier ministre du Québec a dit, après l'entente du
lac Meech au début du mois de mai, que dès qu'il aurait les
textes juridiques, il les rendrait disponibles pour un débat public, sur
la place publique, à la pleine lumière, afin que l'on puisse
dégager pour le Québec quelles sont les conséquences et la
portée de l'accord du lac Meech, non seulement pour nous, mais pour nos
enfants et nos petits-enfants. Le premier ministre, en Chambre, cet
après-midi, a refusé de consentir au dépôt des
textes juridiques finals - on ne sait pas s'ils sont finals - mais, en tout
cas, des textes juridiques qui circulent actuellement et qui contiennent les
conditions de l'adhésion du Québec au "Canada Bill". Et
ça, M. le Président, c'est carrément inadmissible comme
façon de faire.
Maintenant, puisqu'il faut quand même se plier à la
volonté de la majorité, comme je le ferai dans quelques minutes
lorsque, probablement, le vote sera négatif à ma motion,
puisqu'il faut se plier à la volonté de la majorité en
cette Chambre et à cette commission, la motion a simplement pour but de
faire en sorte que notre invité, le Solliciteur général,
qui est lui-même avocat de formation, puisse participer à la seule
instance exécutive qui va se pencher sur les accords juridiques avant,
espérons que non, mais avant, probablement, une siqnature pour le
premier ministre du Québec. C'est cela qui est grave, M. le
Président. Le premier ministre du Québec sans mandat, sans
légitimité, sans nous avoir fait connaître les textes
juridiques, sans nous avoir fait connaître les conséquences de
notre adhésion au "Canada Bill", voudrait, demain, aller signer en
catimini l'avenir du Québec et ça, c'est inadmissible! Si au
moins nous, comme parlementaires, ne pouvons pas participer à ces
délibérations, qu'au moins le Solliciteur général,
avocat et membre du Conseil des ministres, puisse se libérer et aller
faire son devoir de l'autre côté au Conseil des ministres
spécial. C'est le but très simple, M. le député de
Louis-Hébert, mes collèques, membres de cette commission, de ma
motion.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Taillon.
Un représentant du qroupe ministériel, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Très simplement et très rapidement, M. le
Président. Cela me dépasse de voir quelqu'un comme le
député de Taillon tenir un langage aussi double que
celui-là. Il nous fait valoir que la présence du Solliciteur
général est requise au Conseil des ministres spécial parce
que le Conseil des ministres pourrait profiter de ses lumières, etc.
Je vous rappellerai tout simplement qu'il y a à peine quelques
jours ou quelques semaines le même député n'a pas
accepté, il a fait des mains et des pieds pour empêcher
une des sommités dans le domaine constitutionnel au
Québec, M. Claude Ryan, ministre de l'Éducation, de participer
à la commission parlementaire...
M. Filion; Ce que vous dites est inexact, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: ...des institutions qui devait...
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre! messieurs.
À l'ordre!
M. Filion: Je ne suis jamais intervenu sur cette
question-là.
M. Doyon: ...étudier et entendre une cinquantaine
d'intervenants parmi les experts du Québec qui sont venus de toutes les
avenues nous expliquer comment ils voyaient l'entente. Le député
de Taillon, membre de cette formation politique, donc solidaire des
décisions qui ont été prises par cette formation
politique, a empêché, littéralement boycotté le
ministre de l'Éducation, que tout le monde reconnaît comme une
compétence hors de l'ordinaire dans le domaine constitutionnel. Et
là, on nous arrive en disant que le Solliciteur général,
sous prétexte que l'accord constitutionnel devrait pouvoir être
discuté par l'ensemble du Conseil des ministres dont est membre le
Solliciteur général... M. le Président, je vous invite
à mettre ça en parallèle avec l'attitude de l'Opposition
péquiste d'il y a à peine quelques semaines. C'est à se
tordre de rire.
Autre chose que je vous siqnalerai, M. le Président. On a un
Conseil des ministres spécial là-dessus. Je vous invite à
faire la comparaison avec la façon dont s'est comporté le Parti
québécois quand il était au pouvoir le 16 avril 1981. Ils
n'ont même pas tenu de Conseil des ministres. Les membres du Conseil des
ministres ni 1 ni 2 ni 3 ni 4 ni 20 sur 30 n'ont été saisi de
ça. C'est le premier ministre qui est parti avec trois ou quatre
feuilles dans sa poche intérieure de veston pour aller discuter de
l'avenir constitutionnel du Québec. Le gouvernement libéral tient
un Conseil des ministres spécial où la grande majorité des
ministres seront présents.
Eux, n'en ont même pas tenu. Trois jours après les
élections, sans que le Conseil des ministres n'ait pu siéger
d'aucune façon, le premier ministre s'est précipité
à Ottawa pour renoncer à notre droit de veto. Et là, si on
parle de catimini, on pourrait s'en parler longtemps. Je vais sauter par dessus
ce petit bout-là. Il n'y a pas eu de commission parlementaire en 1981.
Il n'y a même pas eu de Conseil des ministres. Premièrement, un,
comment se fait-il qu'il serait nécessaire, aujourd'hui, d'avoir la
présence du Solliciteur général alors que, il y a quelques
jours, la présence de M. Claude Ryan était complètement
superflue et non désirable au sein de la commission parlementaire des
institutions, cette même commission parlementaire, pour discuter avec des
experts du fond de la question, en public, à la suite d'invitations
lancées à des intervenants?
Deuxièmement, un Conseil des ministres est tenu avec la
présence de la grande majorité des ministres. Comparons ça
avec la situation du 16 avril 1981 comme je l'ai dit tout à l'heure. Je
pense qu'on est dans l'obligation de tirer nos conclusions, on est prêt
à voter.
Des voix: Le vote! Le vote! Le vote!
M. Filion: Juste un élément d'information, M. le
Président, je pense ne pas avoir utilisé mes dix minutes.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Je voudrais simplement signaler aux membres de cette
commission et au Solliciteur général que son collègue le
ministre des Transports, face à l'offre qui a été faite
dans une commission voisine au même moment où je vous parle, a
trouvé effectivement qu'il s'agissait là d'une ouverture
très intelligente de la part de l'Opposition et les travaux de l'autre
côté ont été suspendus ou ajournés pour une
période d'une heure pour permettre au ministre des Transports d'aller
faire son devoir de membre du Conseil des ministres. Je viens tout juste
d'obtenir cette information.
Avant que l'on rejette du revers de la main la motion que je
présente, j'ai dit que je ne voulais pas en faire un plat, mais il faut
quand même être sérieux. La motion vise tout simplement
à permettre au ministre de se déplacer et d'aller, lui aussi,
jeter son coup d'oeil sur ces textes juridiques qui engagent notre avenir. Je
ne répondrai pas aux arguments du député de
Louis-Hébert, parce que cela nous amènerait dans un autre
débat. Je voudrais juste situer la motion dans le cadre dans lequel elle
est faite et parler de son contenu, non pas de ses intentions ou quoi que ce
soit.
Avant de refuser, je pense... {16 h 15)
Une voix: ...
M. Filion: Bien oui. Alors le Solliciteur général
répond peut-être à la même motivation que son
collègue le ministre des Transports. Je pense que le ministre des
Transports est lui aussi avocat, je n'en suis pas sûr. Non? Je fais
l'offre et je la fais d'une façon très spontanée et
très ouverte,
sans vouloir compliquer nos travaux. Encore une fois, je suis convaincu
que les gens qui accompagnent le Solliciteur général comprendront
que le Québec vit des heures particulièrement lourdes de
conséquences.
Le Président (M. Dauphin): S'il n'y a pas d'autres
interventions, je mets donc la motion aux voix et, selon l'article 221, je la
lis: "Que la commission, conformément aux dispositions de l'article 165
des règles de procédure, ajourne ses travaux de façon
à permettre au ministre invité de participer à la
séance de travail du Conseil des ministres cet après-midi portant
sur l'entente du lac Meech." Est-ce que la motion du député de
Tailion est adoptée?
M. Filion: Avant qu'on passe au vote, M. le Président, je
ne sais pas si on posait la question au monde, mais peut-être serait-il
intéressant d'avoir l'avis du Solliciteur général, comme
celui de ses collègues?
M. Doyon: Ce n'est pas nécessaire, M. le Président,
puisque le Solliciteur est ici tout simplement comme invité et qu'il n'a
pas à se prononcer sur les travaux de cette commission. Je pense que
notre responsabilité nous appartient, et nous allons la prendre, M. le
Président.
M. Filion: C'est vrai. Mais...
Le Président (M. Dauphin): Comme je l'ai dit tantôt,
la motion est aux voix. Est-ce que la motion du député de Taillon
est adoptée?
Une voix: Non. M. Filion: Adopté. Une voix:
Non. M. Doyon: Rejeté. Des voix: Rejeté.
Le Président (M. Dauphin): La motion est
rejetée.
M. Filion: Vote nominal, M. le Président.
Une voix: Ah non!
Le Président (M. Dauphin): Cela vient d'être
rejeté, M. le député de Tailion.
M. Filion: Vote nominal. Je peux demander le vote nominal?
M. Doyon: Trop tard.
Le Président (M. Dauphin): Selon l'article 220, si cinq
députés l'exigent. Alors, vous, c'est un député.
Est-ce qu'il y a quatre autres députés?
M. Filion: Quel article?
Le Président (M. Dauphin): 220.
M. Filion: Pour le vote nominal.
Le Président (M. Dauphin): Le vote se fait à la
main levée ou, si cinq députés l'exigent, par appel
nominal.
On vient de m'indiquer qu'il aurait fallu que vous demandiez l'appel
nominal avant qu'on se prononce.
M. Filion: Bon. Vous m'apprenez qu'il faut cinq
députés pour un vote nominal. Je ne le savais pas. C'est
bien.
Le Président (M. Dauphin): La motion est rejetée.
Nous revenons au programme 3. La parole était au député de
Taillon.
M. Filion: Juste avant, M. le Président, une question de
directive.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Tailion.
M. Filion: Est-ce que vous avez dit que cette motion ne peut
être faite qu'une seule fois par chaque groupe parlementaire? Ou est-ce
une seule fois pour l'ensemble des membres de la commission?
Le Président (M. Dauphin): Une seule fois par
séance. Mais, quitte à vérifier, laissez-moi un
instant.
M. Filion: Quel article est-ce? Une voix: 165.
Le Président (M. Dauphin): Toujours l'article 165.
C'est cela, une seule fois au cours d'une séance, sauf par le
président ou un ministre membre de la commission.
M. Filion: On ne recommencera pas le débat, mais comme
président de la commission, est-ce que cela me donne le droit de le
faire deux fois? Je ne le ferai pas deux fois.
Je veux quand même, malgré le vote...
Mme Bleau: Pas comme président.
M. Filion: Non, non. Je suis encore ici comme président,
madame. II est président de séance.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants (suite)
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Tailion, la parole est à vous sur l'étude des crédits.
M. Filion: Nous revenons à nos moutons. Je ne veux pas
prolonger le débat sur la surpopulation. Je pense que j'ai saisi ce que
le Solliciteur général a dit. Je pense qu'il est conscient des
effets de la surpopulation des prisons. Je suis aussi conscient des efforts qui
sont faits pour essayer de régler cela.
Il demeure que la situation telle qu'on la voit, statistiquement
parlant, n'est pas tellement rose.
Je voudrais peut-être lui poser une question en ce qui concerne
Parthenais en particulier. Est-ce que le Solliciteur général peut
me confirmer une augmentation quand même sensible, marquée, du
temps supplémentaire au centre de prévention de Parthenais?
M. Latulippe: Vous dites du temps supplémentaire? Au cours
de la période où il y a eu une surpopulation des
prévenus... Bien, c'étaient des prévenus à
Parthenais, mais, au cours de cette période où il y en a eu
durant cet hiver, un mois je pense, à ce moment-là, on a
utilisé les quartiers cellulaires de la Sûreté du
Québec. C'est environ une quarantaire de cellules. À ce
moment-là, effectivement, pendant cette période en particulier,
il y a eu des occasionnels qui ont été utilisés. De fait,
il y a eu aussi un accroissement du temps supplémentaire pendant cette
période où ces activités étaient plus intenses
à Parthenais, mais ce n'est pas une situation qui dure toute
l'année, comme je vous l'ai mentionné tout à l'heure.
M. Filion: J'attire quand même l'attention du Solliciteur
général sur le fait que, sur une base annuelle, le temps
supplémentaire à Parthenais a augmenté ou aurait
augmenté, devrais-je dire, parce que je n'ai pas les chiffres
précis. C'est impossible pour moi d'obtenir ce genre de données.
Il aurait augmenté donc de façon plus que sensible. Cela
témoigne encore une fois du surplus de travail des agents de la paix en
institutions pénales, plus particulièrement à
Parthenais.
M. Latulippe: Sur ce point, je pourrais demander à mon
sous-ministre en titre d'intervenir.
M. Filion: Je vous en prie, M. Diamant.
M. Diamant (Robert): Oui, M. Filion. L'enveloppe
budgétaire consacrée au temps supplémentaire à
Parthenais pour les opérations courantes a été de
même niveau, de même nature que les années
antérieures.
Par ailleurs, comme l'a dit M. Latulippe, au moment de l'utilisation des
40 places additionnelles du quatrième étage de Parthenais, qui
sont les locaux de la Sûreté du Québec, il a fallu bien
sûr prêter du personnel ou ajouter du personnel. Cela s'est fait en
partie par du personnel occasionnel et, bien sûr, en partie par du temps
supplémentaire exécuté par le personnel du Centre de
prévention de Montréal, donc de Parthenais.
De ce point de vue, effectivement, au mois de février ou mars si
mon souvenir est bon, il y aurait certainement eu du temps
supplémentaire additionnel fait par le personnel du Centre de
prévention de Montréal pour faire face aux besoins causés
par la surpopulation.
M. Filion: Bien. Puisqu'on parle de Parthenais, je n'ai pas
retrouvé dans le cahier explicatif des crédits les sommes que le
Solliciteur général avait dans sa déclaration de janvier
1987. Je n'ai pas retrouvé dans le cahier des crédits, donc, les
sommes nécessaires pour le réaménagement du centre
Parthenais. Est-ce que je me trompe?
M. Latulippe: Non.
M. Filion: Non. Donc est-ce que je dois conclure que vous n'avez
pas l'intention de procéder aux travaux de réaménagement
de Parthenais avant avril 1988 ou si vous avez des crédits ailleurs?
M. Latulippe: Ces budqets ne sont jamais dans les budgets du
ministère, parce que nous sommes les clients de la Société
immobilière du Québec. Deuxièmement, les scénarios
qu'on a examinés ou qu'on est en train d'examiner pour amener des
modifications à Parthenais seraient faits conjointement avec la
Société immobilière du Québec, qui, effectivement,
est intéressée à faire d'autres aménagements
à Parthenais qu'uniquement des aménagements pour les besoins du
centre de prévention lui-même, c'est-à-dire à
d'autres endroits, les extérieurs du bâtiment, je pense - je n'ai
pas le détail - et la réfection de l'enveloppe extérieure
de la bâtisse, entre autres.
Quant à nous, il serait inconcevable que la SIQ procède
aux aménagements qui concernent le centre de prévention
lui-même sans procéder à l'ensemble des aménagements
qui concernent tout le bâtiment lui-même. Donc, c'est un travail
qui se fera conjointement avec la SIQ et c'est avec elle que l'on va
procéder.
Je dois dire que les aménagements que l'on fera à
Parthenais, au moment où on y sera rendu, j'en suis convaincu, vont
solutionner une partie importante des éléments que vous avez
soulevés dans l'article que vous avez fait paraître sur le
réaménagement de Parthenais dans La Presse, ily a déjà quelques semaines où vous avez
mentionné une série de problèmes bien précis, entre
autres, les problèmes relevant de la cour extérieure de
Parthenais, les problèmes relevant du grand nombre d'unités de
vie et les problèmes relevant de l'apparence et de l'architecture - les
barreaux - qui sont vraiment aliénants pour les personnes qui se
trouvent dans le centre de prévention. Ces aménagements sur
lesquels nous nous penchons actuellement vont permettre de solutionner une
partie importante de ceux que vous avez soulevés. Par ailleurs, vous
avez dit, dans votre article, que...
M. Filion: M. le Solliciteur général, je m'excuse
de vous interrompre. À la demande, notamment du bureau de votre leader
et de mon collègue, le député de Louis-Hébert, ce
qui pourrait peut-être modifier votre emploi du temps, on voudrait
suspendre nos travaux.
Le Président (M. Dauphin): La séance est suspendue
pour une minute.
(Suspension de la séance à 16 h 28)
(Reprise à 16 h 31)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Si vous me permettez, la commission reprend ses travaux pour annoncer
que la commission suspend ses travaux jusqu'à 17 h 30. Nous poursuivrons
de 17 h 30 à 18 h 30, selon l'entente qui vient d'être convenue
entre les deux groupes parlementaires.
(Suspension de la séance à 16 h 32)
(Reprise à 17 h 38)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions reprend ses travaux. À la suite
d'une entente, nos travaux se termineront à 18 h 30. Nous étions
rendus...
M. Filion: C'est-à-dire à 18 heures. Le
Président (M. Dauphin): 18 h 30.
M, Filion: Bien non, on commence à 17 h 38.
Le Président (M. Dauphin): L'entente était-elle
d'une durée d'une heure ou devions-nous terminer à 18 heures?
Une voix: De 17 h 30 à 18 h 30.
M. Filion: Oui, mais on a commencé à 17 h 30.
M. Gobé: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Lafontaine.
M. Gobé: Excusez-moi, pour votre information, j'aimerais
vous rappeler que mes collègues et moi avons un caucus à 18
heures qui semble aussi être très important.
Le Président (M, Dauphin): Non, non, là-dessus, on
est tous conscient qu'on avait un caucus à 18 heures. Toutefois, on
s'était quand même entendus pour finir à 18 h 30.
M. Gobé: Vous ne l'aviez pas oublié. D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Sans perdre de temps...
M. Filion: Oui, M. le Président, on va aller le plus
rapidement...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Taillon, programme 3.
M. Filion: ...possible. Oui?
M. Latulippe: Si vous me le permettez, je n'avais pas
terminé au sujet de Parthenais. À moins que vous ne vouliez
continuer.
M. Filion: Oui, oui. J'allais vous redonner la parole au sujet de
Parthenais en ce sens. Vous étiez en train de faire le point
là-dessus.
M. Latulippe: D'accord. Donc, je continue.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Allez-y, M. le
ministre.
M. Latulippe: D'accord. Je pense qu'il serait inconcevable,
actuellement, de penser fermer Parthenais et construire un nouveau centre
à Montréal. Cela coûterait entre 50 000 000 $ et 75 000 000
$. Si l'ancien gouvernement n'avait jamais juqé bon de fermer
Parthenais, c'est qu'il était conscient des coûts
énormes.
Ma stratégie est différente. Elle vise à ce que,
dans les régions, je pense à Sherbrooke et à
Trois-Rivières, on ait des centres plus humains qui permettent aux
prévenus d'être détenus dans leur propre région.
Avec cette stratégie, nous pourrions corriger à Parthenais les
principaux problèmes que le député de Taillon a d'ailleurs
soulignés dans son article dans La
Presse. Cela comprend la subdivision des unités de vie,
l'enlèvement de certains chemins de ronde, l'aménagement de
certaines salles, l'amélioration de l'acoustique, l'aménagement
d'une meilleure salle d'exercice et d'une cour extérieure. Voilà
les éléments qui ont été soulevés afin que
l'on puisse corriger les défauts sur lesquels on s'entend en ce qui
concerne Parthenais. Mon collègue, le député de Taillon, a
soumis une proposition en parlant du Solliciteur général, et je
vous la cite; N'a-t-il jamais songé à un plan de transfert des
prévenus de Parthenais vers la prison de Bordeaux, notamment par des
constructions à coût modique d'unités à
sécurité minimum capables de recevoir la plupart des
détenus de l'actuelle prison de Bordeaux, unités
érigées sur le terrain même de la prison?
D'une part, quant aux prévenus à Parthenais, il faut bien
comprendre que plusieurs d'entre eux seront condamnés à des
peines de plus de deux ans. Certains vont peut-être même être
condamnés à des emprisonnements à vie. Va-t-on installer
ces gens-là dans des unités à sécurité
minimum?
Le projet soulevé par le député de Taillon dans son
article d'ériger des unités à sécurité
minimum dans Bordeaux, était, à toutes fins utiles, le projet du
Parti québécois: construire une prison à La Salle.
C'était un projet double: on construisait une prison à La Salle
et on aménageait des unités à sécurité
minimum à Bordeaux. Je ne comprends pas pourquoi mon collègue le
député de Taillon ramène, à toutes fins utiles, le
projet de son ancien gouvernement sous des formes différentes d'une
prison à La Salle, projet qui n'avait définitivement pas
été accepté par la population.
M. Filion: À propos de Parthenais, M. le Président,
j'ai l'impression que le Solliciteur général et moi pourrions
passer une fin de semaine complète à en discuter et
peut-être qu'on n'en aurait pas assez.
Je voudrais juste souligner deux choses. Premièrement, puisqu'il
est, encore une fois, non pas sourd mais, disons, plus ou moins attentif aux
suggestions que je mets de l'avant, je voudrais lire le rapport d'enquête
du Protecteur du citoyen. Lui-même en fait cas, en prend bonne note. Il
l'a mentionné deux fois, comme je l'ai dit, dans ses remarques
préliminaires. À la page 105, le Protecteur du citoyen nous dit
ceci, je lis très rapidement là: "Depuis sa construction en 1962,
ce centre a fait l'objet de nombreuses critiques, et on s'accorde,
généralement, pour en réclamer la désaffectation.
Avant même son ouverture, un groupe d'experts déclaraient que le
logement des prévenus à cet endroit - c'est-à-dire au
sommet d'une tour, du gratte-ciel de la police provinciale - comporte pour tous
les prévenus un risque certain de détérioration mentale.
Ces experts avaient vu juste, et ce risque est toujours présent. Nous ne
reprendrons pas ici - c'est le Protecteur du citoyen qui parle -
l'énumération de tous les inconvénients que comporte ce
centre. L'intéressé pourra toujours se référer aux
ouvrages qui traitent de ce sujet comme par hasard, le Protecteur du citoyen se
réfère à une étude de la Commission des droits de
la personne d'octobre 1982. "Notre enquête, dit le Protecteur du citoyen,
n'a fait que confirmer ce qu'on a déjà dit. Nous voulons
simplement joindre notre voix à celles très nombreuses qui se
sont déjà élevées contre cette institution." En
terminant, il dit: "Nous concevons que fermer Parthenais puisse poser un
certain nombre de problèmes, mais nous savons aussi qu'une
volonté politique ferme et courageuse, peut venir à bout de
toutes les difficultés et de tous les obstacles."
C'est ce que je prétends depuis le début dans le dossier
de Parthenais, M. le Solliciteur général, même en faisant
des travaux - je connais leur ingéniosité - les architectes et
ingénieurs québécois pourraient sortir le meilleur de leur
cerveau pour essayer de réaménager Parthenais, mais, encore une
fois, dans le sens de l'article que vous me faites l'honneur de lire. Tout cela
va constituer tout simplement un cataplasme sur une jambe de bois. C'est ce que
je vous dis.
Quand j'évoque une solution, il y en a peut-être d'autres.
Je n'ai pas en main -vous l'aurez deviné - tous les instruments et les
outils, mais, chose certaine, il faut, à la base, une volonté
politique ferme dans le cas de Parthenais, et ce que je critique, dans le sens
positif du mot critique, c'est cette absence de volonté de la part du
Solliciteur général en ce qui concerne Parthenais.
Ce que j'ai constaté m'a tout simplement encore plus convaincu.
Vous y êtes sûrement allé, M. le Solliciteur
qénéral. Moi, ce que je vous dis, vu qu'il y a des discussions en
cours... On veut refaire, m'avez-vous dit, un peu l'extérieur de la
bâtisse et tout cela doit concorder avec le réaménagement
de l'intérieur des étages réservés aux
prévenus. Vu que le dossier semble vouloir prendre un certain temps
avant de déboucher, ce que l'Opposition vous dit très simplement,
c'est: Pensez-y, donc, à Parthenais, une deuxième fois, pensez-y
donc comme il faut. Et je soulève un point dans mon article. Je vais
terminer mes remarques là-dessus parce que je voudrais entreprendre
d'autres éléments du budget avant d'aller plus loin. Je
n'aimerais pas cela, en me levant un matin, apprendre par le journal qu'il y a
eu un feu à Parthenais. Les détenus qui sont en haut doivent
être gardés en sécurité, cela veut dire qu'on ne se
déplace pas comme on veut dans cette bâtisse-là. S'il y a
un feu, imaginez-vous l'évacuation des personnes qui y sont
détenuesl Le temps que
cela pourrait prendre pourrait transformer Parthenais en une
rôtisserie dont nous aurions, comme société, à
supporter le poids de la culpabilité pendant longtemps. Rien n'est
facile quand on parle des prisons. Vous le savez, M. le Solliciteur
général, quand vous essayez d'en fermer, le monde n'aime pas
cela; quand vous essayez d'en ouvrir, le monde n'aime pas cela. Les prisons, ce
n'est pas facile. Ce n'est pas comme les sièges "social" de compagnies,
tout le monde veut avoir cela dans son patelin.
Une voix: Un siège social, des sièges sociaux!
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, monsieur,
à l'ordre!
M. Filion: Voulez-vous corriger mes galées? Cela me fera
plaisir.
Une voix: Je vous signale cela en passant parce que cela vous a
échappé. Allez!
M. Filion: Donc, il n'y a rien de facile dans ce secteur, mais,
si à la base il n'y a pas de volonté, c'est bien sûr que
vous allez trouver 10 000 bonnes raisons pour garder Parthenais ouvert. Si
jamais il vous en manque, les gens du Conseil du trésor vont vous en
trouver 10 000 autres! Ou des millions d'autres, pour chacun des dollars que
cela peut nous coûter comme société en nous payant un
système carcéral décent à la mesure de ce que nous
sommes comme civilisation. Le Conseil du trésor va allonger les
arguments et va dire: Voilà les millions que cela coûte! Mais de
temps en temps, en société, on arrive à un moment
où il faut faire des choix qui coûtent de l'argent. C'est cela. Si
on parle d'humanité, d'un contexte humain pour les détenus, d'un
contexte propice à la réhabilitation, encore là, on parle
des prévenus. Or, les prévenus sont des gens qui n'ont pas
été condamnés. Ce sont des gens qui devraient recevoir, au
premier titre, le bénéfice de la présomption d'innocence.
Au Québec, les gens qui sont détenus dans les pires conditions,
ce sont les gens qui sont détenus à Parthenais. Je ne pense pas
me tromper. Ce n'est pas ceux qui sont à Bordeaux, à Orsainville
ou dans les autres centres de détention du Québec, ce sont ceux
qui sont à Parthenais. Je vous dis simplement ceci, M. le
Président. Je ne prétends pas que, par magie, on va trouver
l'argent nécessaire pour le faire comme dans les boîtes de
Kellogg's. Par contre, notre société est rendue au carrefour
où, dans certains cas, il faut - que voulez-vous? -ouvrir les goussets
et sortir les sous qui sont nécessaires, et avec un peu d'imagination.
Ce que je suggère, c'est d'utiliser le terrain de Bordeaux et ce que
Bordeaux comprend déjà en tant que complexe immobilier. Je
n'arrive pas à ces chiffres de 50 000 000 $, mais à tout prendre
je n'ai pas les mêmes analystes que vous.
Cela étant dit, c'est l'opinion de l'Opposition, du parti que je
représente. Il ne s'agit pas de sortir une solution qui a
déjà été essayée. Les gens de la ville de La
Salle n'ont pas voulu d'une prison. Que voulez-vous? Peut-être
qu'ailleurs on en voudrait une et cela nous permettrait de répondre
d'une façon positive à la question que je pose à la fin de
mon article. La question que je pose à la fin de mon article est la
suivante: S'il est vrai qu'on mesure le degré de civilisation d'une
société par la façon dont elle traite les détenus,
le Solliciteur général doit refaire son devoir mal
bâclé, sans quoi notre société ne passerait pas
l'examen. C'est aussi simple que cela.
M. Latulippe: Je voudrais dire que mon collèque, le
député de Taillon, a parlé de courage politique en ce qui
concerne Parthenais. Il n'était pas là. Je n'étais pas
là, sous l'ancien gouvernement. L'ancien gouvernement avait fait un
choix. Ce choix était, semble-t-il, de fermer Parthenais et de
construire, à la place une prison à ville de La Salle. Ils n'ont
pas eu le courage de respecter le choix politique qu'ils avaient fait, à
l'époque: fermer Parthenais et construire une prison à ville de
La Salle. Je ne pense pas qu'on ait aujourd'hui, de leçon à
recevoir sur la façon de faire et le courage politique.
Quant à moi, j'ai décidé de procéder d'une
façon différente parce que j'ai aussi fait une tournée des
centres de détention au Québec. J'ai aussi lu le rapport du
Protecteur du citoyen. J'ai constaté les conditions de vie dans d'autres
centres de détention. Je pense particulièrement au centre de
détention à Trois-Rivières. Vous vous étiez
engagés à fermer le centre de détention de
Trois-Rivières. Vous ne l'avez jamais fermé. Les conditions de
vie au centre de détention à Trots-Rivières étaient
pires qu'à Parthenais. Il s'aqissait d'un centre de détention qui
datait du début du XXIXe siècle. Parthenais a été
construit en 1962 ou en 1964. Mais le Centre de détention de
Trois-Rivières datait du début du XXIXe siècle.
Imaginez-vous le type d'incarcération, d'emprisonnement qu'on avait au
début du XXIXe siècle. C'est presque inconcevable en 1987 et
c'était aussi inconcevable durant les dix années où vous
avez gardé le pouvoir. C'est la même chose à Sherbrooke. Le
centre de détention de Sherbrooke date, aussi, je pense, de la fin du
XXIXe siècle.
Les conditions de vie à la prison de Sherbrooke sont pires
qu'à Parthenais. J'ai dû faire des choix. Mes choix ont
été de remplacer ces deux centres de détention.
D'ailleurs, le Protecteur du citoyen
mentionnait, dans son rapport, que les conditions de vie étaient
inacceptables pour des détenus ou pour des prévenus. Ce furent
là, mes priorités. Mais, même si j'avais ces
priorités, je concevais qu'il y avait des problèmes à
Parthenais. Mon approche a donc été différente. Elle a
été de dire: Je vais enlever, dégorger Parthenais par des
centres régionaux, d'une part et je vais faire, en sorte, de tenter de
réduire le nombre de séjours. La réduction des
séjours en prévention à Parthenais peut se faire de
plusieurs façons notamment par des programmes tel l'évaluation
rapide des ponctuels à la cour et en tentant d'accélérer
les enquêtes sous cautionnement avec comme objectif, s'il y a lieu, de
les tenir la journée même pour les dépôts ou les
engagements par les tiers.
Il y a aussi les aménagements que j'ai mentionnés à
Parthenais. Je voudrais terminer en vous mentionnant, finalement, ce que disait
le Protecteur du citoyen à la suite des démarches et des mesures
que nous avons entreprises au ministère à la suite du rapport du
Protecteur du citoyen. Celui-ci disait: "Nous devons témoigner d'un
changement de mentalité appréciable de la part des dirigeants.
Cela a largement contribué à rendre l'établissement de
détention perméable à des fonctions sociales qui n'en sont
pas moins essentielles pour être extrêmement difficiles à
réaliser. Il reste certes beaucoup d'améliorations à
apporter, mais il est davantage important que l'effort soit constant
plutôt que spectaculaire et sans lendemain.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Taillon.
Recommandations du rapport Landreville
M. Filion: J'aurais beaucoup de commentaires là-dessus,
mais étant donné le peu de temps qu'il nous reste, je vais les
garder pour une séance ultérieure. Je voudrais revenir
très brièvement sur le rapport Landreville. J'avais l'intention
de rappeler au Solliciteur général certaines des recommandations
du rapport Landreville dont on n'a pas encore vu le jour, même sous une
forme indirecte. Le Solliciteur général sait que j'ai
étudié avec lui les deux projets de loi. Quant au reste, je
comprends qu'il y a des travaux internes qui se font, mais je voudrais demander
au Solliciteur général s'il y a espoir qu'on sorte un peu du
cercle des comités et des rapports et qu'on puisse passer à
l'action quant aux recommandations les plus importantes du comité
Landreville. Je pourrais parler rapidement des recommandations 10 et 11 sur la
non-judiciarisation par les policiers d'un cas approprié, la
déjudiciarisation, recommandations 12 et 13, par les substituts du
Procureur général; recommandation 15, que les décisions
prises au stade judiciaire reposent sur une bonne connaissance du contrevenant,
limiter le recours à la détention préventive et
réduire la durée de la détention préventive,
recommandations 16, 17, 18, 19 et 20. Toutes ces recommandations,
évidemment, favorisent des mesures sentencielles autres que
l'incarcération et que celles qui ont fait l'objet de projets de loi.
Toutes ces recommandations concernent la nécessaire concertation entre
le ministère de la Justice, le ministère du Solliciteur
qénéral et le ministère fédéral de la
Justice. Je comprends qu'il y a un travail qui est fait au ministère
là-dedans, mais j'aimerais que le ministre -s'il est en mesure de le
faire - nous dise quand nous sortirons du stade de l'analyse et des
comités pour aboutir concrètement.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Latulippe: Je voudrais un peu expliquer au
député de Taillon les démarches concrètes que nous
avons entreprises et faire un peu le bilan des réalisations que nous
avons faites et que nous nous apprêtons à faire à la suite
du rapport Landreville. Cela répondra aussi aux questions
précises que mon collègue vient de me poser.
Après le rapport Landreville, nous avons, au ministère,
pris la décision qu'il ne resterait pas sur les tablettes.
Effectivement, nous avons mandaté des personnes à
l'intérieur de mon ministère dans le but qu'il soit le
maître d'oeuvre de la réalisation du rapport Landreville, dans le
but de voir au suivi des différentes recommandations dudit rapport, dans
le but de voir lesquelles peuvent être réalisées à
court terme, lesquelles peuvent l'être à moyen terme et celles
pour lesquelles il est nécessaire d'y avoir une concertation avec
d'autres intervenants dans le but de réaliser certaines de ces
recommandations. C'est la première étape.
La deuxième, nous avons procédé à une
consultation des différents intervenants à l'intérieur de
mon ministère et à l'extérieur de mon ministère,
comme les procureurs de la couronne ou même la magistrature, sur la
faisabilité de ces recommandations. Donc, comme première
étape, le maître d'oeuvre, la deuxième avec la
consultation.
Troisième étape, nous avons décidé de
réaliser certaines mesures immédiatement. D'abord, a
été mis sur pied un comité interministériel avec le
ministère de la Justice pour en analyser la faisabilité et faire
avancer les dossiers pour lesquels spécifiquement j'avais besoin de mon
collègue, le ministre de la Justice, pour réaliser certaines de
ces recommandations. Je dois vous donner, comme exemple, le
dossier de la déjudiciarisation. Ce dossier implique,
évidemment, d'autres intervenants que mon ministère. C'est
évident que les policiers vont avoir un rôle important à
jouer dans la déjudiciarisation, à savoir de s'assurer que
certains cas puissent être réglés sans aller devant les
tribunaux, mais il est évident que les procureurs de la couronne aussi
sont des intervenants essentiels quant à la déjudiciarisation.
Donc, c'était un dossier qui nécessitait à la fois les
intervenants de la Justice et ceux du Solliciteur général. Donc,
c'est un dossier qui est discuté actuellement au sein de ce
comité interministériel avec le ministère de la
Justice.
Maintenant, il y a des cas où nous avons pris des mesures
immédiates, je vais vous les donner: le programme de sensibilisation et
d'évaluation en matière de conduite avec facultés
affaiblies. Il s'agit là d'un programme qui est double. Dans un premier
temps, pour les personnes qui sont accusées et qui en sont à une
première infraction en matière de facultés affaiblies, un
juge aura le loisir, à l'intérieur d'une ordonnance de probation,
d'exiger que cette personne suive, pendant une période de six heures, si
je ne m'abuse, de trois heures et demie, je m'excuse, une séance
d'information sur les conséquences de l'alcool au volant en vue de les
sensibiliser au problème. (18 heures)
Un deuxième volet du programme porte sur un programme
d'évaluation. Il s'agit de cas où les personnes en sont à
leur deuxième offense. Les juges pourront demander à la personne
d'aller, pendant une fin de semaine, suivre une séance
d'évaluation, de diagnostic et d'information qui évaluera si
cette personne - c'est la deuxième fois qu'elle est condamnée
pour facultés affaiblies - a un problème d'alcoolisme et ce, dans
le but effectivement, par la suite, de traiter ce problème. Il
s'agissait là d'une recommandation précise du rapport
Landreville.
La Loi sur la surveillance intensive et l'implantation qu'on en fera
cette année découle d'une recommandation précise du
rapport Landreville. L'expérience pilote d'évaluation rapide
à la cour c'est la première fois que j'en parle aujourd'hui. Il
s'agit, encore là, d'une recommandation du rapport Landreville qui
demandait qu'on instaure un programme spécifique au plan de la probation
afin de s'assurer, lorsqu'il y a un besoin immédiat précis
manifesté par la magistrature, on n'ait pas à passer par tout le
processus des rapports présentenciels. Il faut qu'on puisse
déférer un individu qui en a besoin immédiatement à
une ressource sans qu'il soit nécessaire, si ce n'est pas obligatoire,
de passer par tout le processus des rapports présentenciels. Ceci est
fait dans le but d'apporter un service additionnel à ceux pour qui il ne
serait pas nécessaire d'obtenir des rapports présentenciels mais
qui pourraient avoir besoin des ressources du ministère. Nous
entreprendrons cette année une expérience pilote quant à
ce créneau même de services que pourraient fournir certains agents
de probation dans la région de la Montérégie.
Vous avez mentionné aussi qu'il y avait des problèmes, je
me souviens, par rapport à l'étude de la Loi sur la surveillance
intensive dans le "back-log", la charqe de travail, je m'excuse, des agents de
probation. Nous avons ici, au dossier, une somme prévue pour tenter de
réduire les délais des rapports présentenciels des agents
de probation, cette année. Il y a aussi des sommes prévues pour
la politique en matière de violence conjugale et les évaluations
psychiatriques.
Quant aux recommandations du rapport Landreville concernant le
gouvernement fédéral, certaines des recommandations comme la
détermination de critères quant à la peine, l'introduction
dans le Code criminel de sanctions autres que celles qui existent actuellement
dont la sanction des travaux communautaires je vous ai déjà fait
part de cela. J'ai déjà discuté de ce sujet avec mon
collègue, le Solliciteur qénéral du Canada, M. Kelleher et
je lui ai écrit. Nous, les provinces, allons sûrement, au sein des
conférences fédérales-provinciales, discuter de ce sujet,
puisque le rapport Archambault, au fédéral, dans certaines de ses
conclusions rejoint effectivement le rapport Landreville dans d'autres noms.
Actuellement, je peux vous dire qu'un dialogue est engagé avec le
gouvernement fédéral, le ministère de la Justice et le
Solliciteur qénéral en rapport avec ces recommandations.
Commission québécoise des
libérations conditionnelles
M. Filion: Je remercie le Solliciteur qénéral de sa
réponse très complète sur cela. Nous aurons l'occasion de
suivre ce dossier très important. Ma question suivante porte sur
l'élément 2 du programme, à savoir la commission
québécoise des libérations conditionnelles. Ce sont
quelques questions rapides qui j'espère pourront amener une
réponse rapide. De façon générale...
M. Latulippe: Donc, c'est terminé l'élément
1?
M. Filion: Oui, c'est cela. De façon
générale, lorsqu'il y a une expiration de mandat d'un membre ou
d'un organisme qui relève du Solliciteur général, je crois
comprendre que, de façon habituelle, on donne des avis de six mois, des
préavis, par exemple, aux membres sortants. Également, je
comprends de ma courte expérience en semblable matière que pour
des gens qui ont
occupé des fonctions au sein d'organismes comme la commission
québécoise de libérations conditionnelles, on cherche
à reclasser des membres de cette commission. Or, je constate, à
l'occasion des nominations qu'a faites le ministre à la commission
québécoise des libérations conditionnelles, que M. Roland
Vadeboneoeur a été reclassé à !a Commission de
police, que M. Maurice Gauthier a été reclassé, quant
à lui, je pense, comme haut fonctionnaire au ministère de la
Justice, sauf erreur. En ce qui concerne Mme Lise Deslauriers,
j'apprécierais savoir - j'ai retracé le décret 392-87 du
18 mars 1987... Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle le Solliciteur
général, dans ce cas-ci, n'aurait pas fait part à cette
personne, qui a rendu des services à l'État, il ne lui aurait pas
envoyé un préavis de six mois et que, dans son cas, il n'y aurait
pas eu de reclassement?
M. Latulippe: Si vous me permettez de vous présenter,
avant de commencer, la nouvelle présidente de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles du
Québec, Mme Renée Colette.
M. Filion: Madame?
M. Latulippe: Renée Colette.
M. Filion: Cela me fait plaisir.
M. Latulippe: Je dois vous dire qu'évidemment, comme vous
le savez, ces nominations se font par décret. Il n'y a pas d'obligation,
de la part du ministère ou du gouvernement, quand ce sont de telles
nominations, de reclasser une personne qui n'a pas véritablement de
statut à l'intérieur du gouvernement, à l'intérieur
de la fonction publique.
M. Gauthier avait, effectivement, un droit de rappel; il l'a
exercé à la fin de son mandât. C'est à la suite de
ce droit de rappel qu'il a été intégré au
ministère de la Justice. Quant à Mme Deslauriers, avant cela, je
dois vous dire qu'il existe une pratique - il n'existe pas d'obligation, mais
une pratique - à savoir que, lorsqu'une personne en vient à
l'expiration de son mandat, si celui-ci n'est pas renouvelé, il lui est
donné un préavis de trois mois et une indemnité
correspondant à ce préavis. C'est la pratique qui est usuelle.
Dans le cas de Mme Deslauriers, il y a eu ce préavis de trois mois qui a
été donné.
M. Filion: II y a eu paiement d'une indemnité de trois
mois.
M. Latulippe: Non, elle a eu un préavis de quatre mois
plus trois mois d'indemnités.
M. Filion: D'accord. Cela va pour le programme 3, M. le
Président. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, vous me permettez M. le
député de Taillon, il faut les adopter par élément.
Je m'excuse, M. le ministre.
M. Latulippe: Est-ce que je peux juste dire, par ailleurs, qu'on
est sensible, même s'il n'y a aucune obligation, dans son cas...
Actuellement, on fait des démarches, malgré qu'on n'ait aucune
obligation, pour tenter de l'aider.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Est-ce que
l'élément 1 du programme 3 est adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que
l'élément 2 est adopté?
M. Filion: Adopté.
Sécurité publique
Le Président (M. Dauphin): J'appelle le programme 4.
Réforme des structures
policières
M. Filion: En ce qui concerne le programme 4, dans le peu de
temps qui nous est imparti, je voudrais traiter, avec le Solliciteur
général, du dossier de la restructuration ou de la
rénovation - si l'on veut - policière. Je ne veux pas reprendre
tous les éléments des remarques préliminaires que j'ai
faites tantôt. Mais, cela fait 18 mois que le Solliciteur
général nous dit que la rénovation policière s'en
vient, etc. Cela a créé beaucoup de remous dans tous les milieux
et chez tous les intervenants, non seulement en ce qui concerne l'aspect de la
sécurité routière, mais aussi en ce qui concerne la
responsabilité possible des municipalités à l'éqard
de leur corps de police.
Je voudrais savoir du Solliciteur général... Ma question
est simple, peut-être pour amener une réponse simple: Quand
allons-nous connaître les intentions du Solliciteur général
en ce qui concerne la réforme des structures policières au
Québec et quand pouvons-nous espérer soit des décisions de
nature exécutive ou des projets de loi?
M. Latulippe: Ma réponse sera simple. Malheureusement, je
ne satisferai certainement pas au désir de mon collègue, le
député de Taillon, parce que je réserve le
dépôt de mon projet de loi à l'Assemblée nationale.
Je pense que lorsqu'on dépose un projet de loi, ce n'est pas ici,
maintenant,
qu'on annonce ses intentions. Je vais d'abord procéder par le
Conseil des ministres, comme il se doit, et je ferai le dépôt de
ce projet de loi en temps et lieu à l'Assemblée nationale qui
sera, je crois, la première tribune, le premier forum qui sera au
courant et qui aura la nouvelle quant aux amendements et aux changements que
nous ferons à la Loi de police.
M. Filion: Le Solliciteur général, qui est en poste
depuis 18 mois et qui a parlé sur beaucoup de tribunes de son dossier de
la rénovation de l'organisation policière, peut-il dire aux
parlementaires que nous sommes à peu près quand - je ne vous
demande pas de date, je ne vous demande pas le contenu de ces décisions
- on commencera à voir la fin de l'incertitude dans ce dossier-là
et les couleurs du ministre et du gouvernement? À peu près. Je ne
lui demande pas de date non plus, je lui demande à peu près
quand.
M. Latulippe: Vous dites que ça fait 18 mois qu'on
travaille sur le dossier. Effectivement, je dois vous dire que ça fait -
on ne se chicanera pas sur les dates - douze mois à toutes fins utiles,
parce qu'on a débuté l'an dernier vers les mois d'avril ou mai.
C'est un travail d'envergure que nous avons entrepris. Je dois vous dire que
pendant les années où le gouvernement précédent
était au pouvoir, les derniers amendements dataient, avec cette fameuse
norme de 5000, de 1979. Cela ne concernait que certains aspects de la Loi de
police parce que pendant toute la durée du mandat du gouvernement
précédent, on n'a jamais eu le courage politique entre autres de
regarder avec un oeil nouveau la Commission de police, par exemple, qui est si
sensible dans le monde policier. Dans le passé, on n'a jamais eu le
courage politique de le faire pendant dix ans de temps. Et vous voudriez
qu'après un an on règle tous les problèmes, tous les
volets de la réforme ou de l'organisation policière au
Québec. J'y arrivel J'y arrivel
M. Filion: Ce n'est pas ce que j'ai demandé. J'ai
demandé quand.
M. Latulippe: J'y arrive!
M. Chevrette: Après vous être encensé,
accouchezl
M. Latulippe: Non, on n'encense personne, on veut simplement vous
expliquer...
M. Chevrette: Vous étiez supposé de faire mieux.
Maudit "faiseux"!
M. Latulippe: ...ce qui se passait et ce qu'on a fait pendant un
an.
M. Filion: Juste pour vous aider, M. le Solliciteur
général...
M. Latulippe: M. le Président, j'aimerais...
M. Filion: Pour vous aider, j'ai pris connaissance...
M. Latulippe: M. le Président...
M. Filion: ...de tout, ce qui a été fait, du livre
également. Je sais que la firme Raymond, Chabot, Martin, Paré et
Associés a fait des travaux là-dedans. Je sais que vous avez
retenu les services de la firme Beauregard, Hutchinson, McCoy, Capistran et
probablement pour vous aider au niveau des communications. De l'argent des
contribuables a été investi dans le dossier de la
rénovation policière. Je ne vous dis pas de tout régler
demain matin, je n'ai jamais dit ça. Ce que je vous demande bien
simplement, c'est à peu près quand, à quelle
période de l'année, on est en 1987, si ce n'est pas en 1987
à quelle période de l'année 1988... Comme les
municipalités, comme les policiers, comme les dirigeants policiers,
également comme tout le monde, on veut savoir à peu près
quand.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. (18 h 15)
M. Latulippe: Je dois vous dire que si on regarde l'ensemble de
l'organisation policière, il y a plusieurs valets: le volet des aqents
régulateurs du système qui comprend finalement tous les
organismes qui encadrent l'orqanisation de la police au Québec. On peut
penser au rôle du ministère du solliciteur. On pense en
particulier à la Commission de police ou encore à l'Institut de
police. Il y a un deuxième valet qui concerne le partage des
responsabilités entre Québec et les municipalités ou entre
les municipalités entre elles. Il y a aussi tout un volet qui concerne
la tâche policière et les services auxiliaires de police.
Ce que je veux vous dire, c'est que, sur ces différents volets,
le travail est grandement avancé. Mon intention demeure d'être en
mesure, au plus tard cet automne, de déposer mes orientations et
même, je l'espère, un projet de loi relativement à mes
orientations ou à certaines d'entre elles.
M. Filion: Je vais laisser la parole à mon
collègue, le député de Joliette, qui a quelques questions
à poser à ce sujet.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Est-ce que les
évaluations de votre
rénovation sont faites par rapport aux coûts?
M. Latulippe: Comme je vous l'ai dit, il y a plusieurs volets. Il
y a donc plusieurs... En fait, cela dépend de quel volet vous
parlez.
M. Chevrette: Globalement, est-ce que, après la
réforme, cela coûtera plus cher a l'État, oui ou non?
M. Latulippe: De quel volet parlez-vous? Vous pouvez parler du
premier volet, celui des agents régulateurs du système. Vous
pouvez parler finalement de cette organisation qui encadre les services
policiers au Québec. Vous pouvez parler aussi du deuxième volet
qui concerne plus spécifiquement le partage des responsabilités
entre le Québec et les municipalités.
M. Chevrette: De tout.
M. Latulippe: Je pense qu'il y a suffisamment actuellement, en
tout cas dans ce deuxième volet, d'argent d'investi dans la
sécurité publique au Québec. Quand on parle globalement,
je pense que 880 000 000 $ suffisent à bien organiser les services
policiers dans les différentes municipalités, en région ou
en quelque endroit que ce soit sur le territoire du Québec.
M. Chevrette: Donc, il y a suffisamment d'argent d'investi
présentement. Êtes-vous capable de prendre l'engagement
aujourd'hui que les taxes municipales n'augmenteront pas, à la suite de
votre rénovation?
M. Latulippe: Ce que je peux vous dire actuellement, c'est que je
ne peux pas prendre d'engagement alors qu'on n'a pas établi de
scénario. On ne s'est pas assis et on n'a pas fait le choix d'un
scénario précis. On en a développé plusieurs. Mais
ce que je peux prendre comme engagement par contre, c'est qu'effectivement,
dans cette partie ou dans les parties qui concerneront plus spécialement
les intérêts des municipalités - je l'ai dit a l'Union des
municipalités - mon intention est de les considérer comme des
partenaires dans ce dossier. Parce que même entre les
municipalités, les intérêts sont divergents. Les
intérêts ne sont pas nécessairement les mêmes chez
les membres de certaines unions de municipalités. Les
intérêts peuvent être divergents.
Donc, l'engagement que je peux prendre, dis-je, aujourd'hui, c'est de
les considérer comme des partenaires dans ce dossier et de m'assurer,
dans les parties qui concernent spécifiquement les municipalités,
de faire évoluer ce dossier avec les municipalités, parce
qu'elles sont directement concernées au chapitre des coûts et au
chapitre de l'impact sur la fiscalité municipale en particulier. Je ne
conçois pas qu'on puisse le faire de notre propre chef,
unilatéralement, sans cheminer avec les municipalités.
M. Chevrette: Est-ce que votre réforme vous amènera
à amender les lois du travail, entre autres, la loi sur l'arbttraqe?
M. Latulippe: Personnellement, je n'ai pas juridiction sur le
Code du travail, comme vous le savez. Actuellement, le régime des
relations du travail des policiers au Québec est encadré par le
Code du travail, sauf pour la Sûreté du Québec qui est
distincte, mais je parle des policiers municipaux. Je n'ai donc pas juridiction
sur toute cette partie du Code du travail. Ce dossier devra cheminer avec mon
collègue, le ministre du Travail. Je l'ai sensibilisé. Le
ministre des Affaires municipales l'a sensibilisé également
à l'ensemble de la question. D'ailleurs, l'Union des
municipalités aussi. Mais dans ma réforme, personnellement, dans
le dossier qui me concerne, je ne considère pas avoir juridiction pour
modifier le Code du travail.
M. Chevrette: Est-ce qu'à ce jour, vos deux
collègues font partie du comité interministériel? Autant
celui du Travail que celui des Affaires municipales quant à cette
réforme?
M. Latulippe: Vous parlez du
COMPACS. Mon collègue du Travail fait partie du COMPACS. Mon
collègue des
Affaires municipales fait partie du COMPADR.
M. Chevrette: Est-ce que les deux sont associés à
l'élaboration des réformes et des hypothèses de
réformes.
M. Latulippe: Actuellement, ils sont membres du Conseil des
ministres et... au moment où une décision sera prise... C'est
évident que...
M. Chevrette: On sait qu'il y en a qui sont mis au courant, le
jour du dépôt du mémoire mais, dans le cheminement, avant
d'en arriver à un dépôt de mémoire il y a des
comités ministériels qui existent. Même quand un individu
ne fait pas nécessairement partie d'un comité ministériel,
le COMPADR ou bien le Comité de développement social ou un
comité autre, on sait très bien que, pour un mandat X, lorsqu'on
lui demande l'autorisation de détailler une politique un individu peut
être associé, un ministre peut être associé à
une proposition d'un autre ministre par exemple qui pourrait dire: Compte tenu
que la réforme puisse toucher éventuellement les relations du
travail des
policiers, pour les circonstances, le ministre du Travail est
associé dans le comité interministériel.
M. Latulippe: Je peux vous dire que tous les ministres
concernés ont été jusqu'à maintenant, à un
moment ou l'autre, associés à la démarche dès lors
qu'il y avait des sujets qui, effectivement, les concernaient. Ils le seront
aussi à l'avenir. Je vous dis que cela concerne évidemment le
ministre des Affaires municipales à un plus haut titre, et le ministre
des Finances aussi. Vous ne l'avez pas mentionné dans votre question
mais le ministre des Finances est aussi concerné tout autant que le
ministre des Affaires municipales et le ministre du Travail, à un
certain titre.
M. Chevrette: Vous partez avec le fait que vous avez
déjà suffisamment d'argent sans aller en demander plus. Le
ministre des Finances serait moins intéressé. Cela dépend,
si je suis votre cheminement. Le ministre des Affaires municipales pourrait
être drôlement plus intéressé dans le cadre du
respect d'une enveloppe de 800 000 000 $. Cela touche sa fiscalité
municipale, c'est lui qui doit la défendre et non vous. Là, il
pourrait être intéressé doublement. Dans le cas où
le ministre des Finances dit: Cela ne me coûtera rien de plus, je ne vois
pas quel grand intérêt, il y aurait. Mais le ministre du Travail
peut y avoir un grand intérêt et le ministre des Affaires
municipales peut en avoir un très grand.
M. Latulippe: Le ministre des Finances vous avez
été au gouvernement plus longtemps que moi - est responsable de
la politique fiscale du gouvernement. Il est évident que, dans la mesure
où cette politique fiscale a un impact sur la fiscalité
municipale, le ministre des Finances est, à mon avis, directement
concerné par ces aspects.
M. Chevrette: C'est ce qui fait que vous ne prenez aucun
engagement aujourd'hui vis-à-vis du monde municipal.
M. Latulippe: J'en ai pris un.
M. Chevrette: Celui de les consulter, cela ne fait pas des
enfants forts sur le plan de la fiscalité.
M. Latulippe: Je m'excuse, j'en ai pris un, celui de les
considérer comme des partenaires.
M. Chevrette: Oui.
M. Latulippe: C'est peut-être un peu plus fort même
que de les consulter. C'est pas mal plus fort que de les consulter. Je pense
que le monde municipal doit être certainement rassuré par cette
volonté ferme qui est la mienne et, j'en suis convaincu, celle de mes
autres collèques concernés par le dossier, de les
considérer comme des partenaires dans les parties du dossier qui les
concernent directement. Je dois vous dire, j'ai eu l'occasion de le dire aussi
au président de l'Union des municipalités...
M. Chevrette: M. le ministre, étant donné que je
n'ai malheureusement pas le temps, je vais faire certains commentaires et
j'aimerais que vous réagissiez. Mes conversations avec, à la fois
des fonctionnaires de votre ministère et également des gens de
l'extérieur vont dans le sens suivants ces gens sont inquiets quant
à votre démarche. On me dit que vous avez des contacts faciles
avec le Département de criminologie de l'Université de
Montréal et que vous ignorez à peu près, à toutes
fins utiles, les hauts fonctionnaires de votre entourage qui ont une expertise
et qui oeuvrent depuis plusieurs années. Ils sont à peine
consultés dans le processus de la réforme que vous faites. Vous
consultez beaucoup de gens de l'extérieur. Entre autres, un
ex-associé, M. Martel, de l'extérieur, alors que vous ignorez
qu'il y a des gens qui peuvent vous donner une expertise fort valable dans
votre propre entourage. Une telle attitude inquiète
énormément ceux qui, quotidiennement, depuis des années,
ont à oeuvrer dans le domaine de la justice. Ils n'ont pas la chance de
vous le faire savoir, si ce n'est par la voix des élus, ici. Il y en a
d'autres qui s'inquiètent beaucoup. Est-ce que le rapport Doyon, par
exemple - c'est une autre question que je voudrais vous formuler, dans mon
commentaire - constitue l'une des premières étapes de votre
rénovation? Oui ou non? Il y a des gens qui sont inquiets, même
dans la police, et qui se disent: Est-ce qu'on va revenir avec des petites
polices, de la "commission des liqueurs", de la petite route, de la
grand-route, police de ceci, police de cela? Ce sont des questions qu'il
m'apparaît important de discuter, non pas en serres chaudes, ni
après que le Conseil des ministres ait publié un projet de loi,
mais ce doit être un débat public. Donc, êtes-vous
prêt à prendre l'engagement, aujourd'hui, de tenir une commission
parlementaire, par exemple, sur votre réforme, pour que les
parlementaires puissent questionner à la fois la direction des corps
policiers, les associations représentatives et les municipalités,
pour que l'on puisse véritablement savoir ce que ces gens pensent de
votre réforme? Est-ce que, sous le couvercle d'une grande
réforme, on n'est pas en train de revenir à d'anciennes
méthodes où l'on va cloisonner les individus?
J'ai toujours pensé que ces choses-là
se discutent au grand jour. Il me semble important d'être capable
de donner mon opinion sur la question, à savoir "est-ce que ce serait
bon d'avoir une simple police de la route ou si on ne devrait pas avoir
également un corps policier permettant beaucoup plus de
flexibilité, de mutations à l'intérieur, pour
éviter qu'il se développe des petits corps isolés à
l'intérieur, par exemple, d'une Sûreté du Québec?
Cela se discute ouvertement, il ne faut pas attendre d'être placé
devant une situation de fait. Il me semble que le ministre, dans une
réponse qu'il donnait tantôt à mon collègue, lui
disant: Écoutez, je vais aller au Conseil des ministres... Il me semble
que le ministre, avec une réforme d'une telle envergure - à moins
qu'il n'accouche d'une souris - devrait même lancer un avant-projet de
loi avec des options - cela se fait - pour permettre aux individus de
s'exprimer. On a déjà vu cela à moult reprises à
l'intérieur du Parlement, des avant-projets de loi avec des options ou
encore un livre blanc proposant une certaine politique avec des options. On
pourrait peut-être avoir moins d'inquiétude. En tout cas, ce
serait un premier commentaire et je reviendrai avec un petit dernier
commentaire.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Latulippe: Au sujet de la démarche, M. le
député de Joliette, elle ne pouvait pas être plus
"participative" et consultative que celle que nous avons entreprise. C'est la
raison pour laquelle cela fait un an que nous travaillons sur le dossier.
D'abord, je dois vous présenter la personne qui a
été un peu le chef d'orchestre, qui est le chef d'orchestre
effectivement des démarches que nous avons entreprises au plan de la
rénovation policière. Il s'agit de M. Pierre Verdon, qui est
sous-ministre associé à la sécurité publique depuis
de nombreuses années; il était aussi, je pense, présent,
en 1979, au moment...
Une voix: C'est après.
M. Latulippe: ...c'est après! Il est au ministère
depuis plusieurs années. II a été et il est encore le chef
d'orchestre, à mon ministère, au plan de cette
réforme.
Deuxièmement, la démarche a été
"participative" parce que, dès le début, nous avons
demandé à tous les intéressés, autant la
Sûreté du Québec, la Commission de police, les intervenants
du monde syndical, les corps policiers au Québec, la CUM, les unions de
municipalités, de nous faire voir, de nous donner leurs vues sous forme
de mémoires en rapport avec la démarche et avec les divers volets
de la réforme que nous entreprenions. Ils l'ont fait; ils ont
terminé quelque part au mois de janvier ou février. Il y a eu de
400 à 500 pages de mémoires qui ont été
déposées à mon ministère. Cela consiste en la
première partie de la démarche.
Pour la deuxième partie, effectivement, par la suite, il y a eu
et il y a encore des rencontres formelles et informelles avec différents
intervenants, pour y discuter de points spécifiques en rapport avec les
différents volets de cette réforme. . Sur l'équipe de
travail que dirigeait M. Pierre Verdon, il y a des représentants de
différents milieux de la Commission de police, de la Sûreté
du Québec, de la DGSP, de la police de la CUM, du ministère des
Affaires municipales. Donc, je dois vous dire que le milieu a participé
et continue de participer a ces différents volets de la réforme.
Je peux vous donner l'assurance que c'est mon intention de continuer de le
faire. (18 h 30)
M. Filion: Je vous remercie, M. le Solliciteur
général.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
M. Chevrette: Vous avez fini? Votre engagement de tenir une
commission parlementaire, ce serait peut-être intéressant que vous
ayez l'heur de répondre au moins à une des questions
soulevées.
M. Latulippe: On répond à vos questions. Je ne
prendrai pas aujourd'hui l'engagement de tenir une commission parlementaire. Si
je prends cet engagement, ce sera au moment où je déposerai un
projet de loi ou un avant-projet de loi comme vous m'en faites la suggestion.
Par ailleurs, je peux vous dire que mon intention dans le dossier, au moment
où on déposera des orientations, un projet de loi ou un
avant-projet de loi, la consultation n'est pas finie, elle va continuer
jusqu'à la fin parce que j'y crois, M. le député de
Joliette.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Solliciteur
général. Juste un mot sur la rénovation policière,
il nous reste peu de temps. Sauf erreur, la première fois que le
Solliciteur général avait parlé du dossier de la
rénovation policière, il avait dit: En décembre 1986, je
déposerai un projet de réforme et probablement au printemps ou au
début 1987, je déposerai un projet de loi. On est rendu en juin
1987. Ce que j'ai entendu, c'est que sur un ou des volets de la
rénovation on aura possiblement à l'automne, du moins le
Solliciteur général l'espère, un énoncé de
politique peut-être suivi d'un projet de loi. Si le Solliciteur
général a bien noté, ses propos ne sont pas de nature
à dissiper l'inquiétude qui règne non seulement chez les
policiers, chez les dirigeants
policiers, chez les dirigeants des municipalités mais
également pour l'ensemble des citoyens. II ne faut pas l'oublier, je
l'ai déjà dit au Solliciteur général,
derrière le dossier de la rénovation policière se cache un
enjeu financier extrêmement important non seulement pour le gouvernement
du Québec, le Conseil du trésor du Québec et le ministre
des Finances du Québec mais également pour les
municipalités.
Je veux bien que vous me disiez qu'il y aura des consultations à
l'automne. On va attendre et on verra. Il est bien sûr qu'un dossier
semblable, avec le temps qui aura été mis pour la
préparation, ne pourra pas déboucher sans que la consultation
continue jusqu'à la fin, du moins, c'est là mon avis et je
termine là-dessus. Je suis prêt à adopter ce programme
ainsi que le suivant parce que j'ai deux questions à poser sur le
programme 6.
M. Latutippe: Juste en terminant...
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, M. le ministre!
M. Latulippe: ...j'aimerais simplement dire à mon
collègue, le député de Taillon, que nous sommes encore au
printemps et que l'été commence le 21 juin.
M. Filion: J'en prends bonne note.
Le Président (M. Dauphin): Le programme 4 est
adopté. Si j'ai bien saisi, M. le député de Taillon, vous
n'avez pas de questions concernant le programme 5?
M. Filion: C'est cela, étant donné le peu de temps.
Non pas parce que je n'ai pas de questions, j'ai beaucoup de questions...
Le Président (M. Dauphin): Étant donné le
manque de temps...
M. Filion: ...sur le programme 5 mais étant donné
le manque de temps, quitte à ce qu'on prenne quelques minutes de plus,
je suis convaincu que le Solliciteur général ne me le reprochera
pas.
Le Président (M. Dauphin): Le programme 5 est
adopté. J'aimerais vous signaler que nous avons un caucus des
députés ministériels à 18 heures.
M. Filion: Oui.
Sûreté du Québec
Le Président (M. Dauphin): J'appelle le programme 6 qui
concerne la Sûreté du Québec.
M. Latulippe: Le programme 5 concernait la Commission de police
et M. le juge Tremblay, président de la Commission de police
était présent ici avec nous.
M. Filion: Oui, c'est ça. Je voudrais évidemment le
saluer. Encore une fois, ce n'est pas parce que je n'avais pas de questions sur
la Commission de police, j'en avais plusieurs. Certaines ont reçu
réponse en partie lors de nos travaux antérieurs, d'autres plus
spécifiques n'auront pas de réponse. Encore une fois,
c'étaient des questions d'ordre qénéral.
Sur le programme 6, je voudrais saluer évidemment M. Beaudoin. Il
nous reste peu de temps. Je vais limiter mon interrogation à quelques
questions. Le Solliciteur général pourra me répondre.
D'abord, en ce qui concerne les négociations avec les policiers, ce ne
sont pas des dossiers faciles. Si je pose la question au Solliciteur
général, je ne voudrais pas qu'il s'imagine que je suis en train
d'ouvrir une trappe de douze pieds sur douze pieds sous sa chaise. Mais le
dossier des négociations de l'État avec ses policiers n'a jamais
été un dossier facile et ça ne l'est pas plus parce que
c'est le Solliciteur général qui occupe ce poste. Est-ce qu'il
est en mesure aujourd'hui de nous faire part du déroulement des
négociations? À quelle étape en sommes-nous rendus et
comment vont les négociations?
M. Latulippe: Si vous permettez, M. le député de
Taillon, est-ce que je pourrais vous présenter M. Jacques Beaudoin,
directeur de la Sûreté du Québec? Si vous permettez, au nom
du directeur de la Sûreté du Québec, j'aimerais remettre
aux différents participants de la commission un document ou divers
documents en rapport avec les activités de la Sûreté du
Québec en matière de prévention de la criminalité
et aussi les activités de la Sûreté du Québec que
vous avez bien soulignées au début de votre présentation
relativement aux implications sociales et communautaires de la
Sûreté du Québec. Je voudrais me joindre à vous, sur
ce point en particulier, pour dire combien, je pense, cela entre à
l'intérieur des orientations du ministère qui vise à
rapprocher la police de la communauté.
Maintenant, concernant les négociations de la Sûreté
du Québec, je ne peux pas m'empêcher de vous dire que je ne pense
pas que cela pourrait jamais aller pire que cela a été en 1985,
alors que l'actuel chef de l'Opposition était ministre de la
Justice.
M. Filion: Je l'ai entendue celle-là, M. le Solliciteur
général.
M. Latulippe: Mais je peux vous dire que...
M. Filion: Votre vidéoclip sur cela, je
Pau..
M. Latulippe: Non, je ne l'ai jamais mentionné...
M. Filion: Je l'ai déjà entendu quatre ou cinq
fois.
M. Latulippe: Je ne l'ai jamais mentionné, vous avez
dû entendre cela de la part de la plupart des citoyens du Québec
que vous avez côtoyés. Ce que je peux vous dire, c'est
qu'actuellement les parties négocient fermement: il y a des
réunions de négociation constantes. Entre autres, demain matin,
il y en a. Je peux vous dire que le climat à la table des
négociations est bon. Mes informations sont que le climat est bon. Le
moral est bon concernant les troupes et concernant finalement aussi les
policiers à travers le Québec. Personnellement, je souhaite et je
le répète aujourd'hui - je l'ai dit au congres du syndicat des
policiers de la Sûreté du Québec, l'APPQ, il y a quelque
trois semaines de cela ou un mois - je veux et je souhaite vraiment qu'on soit
en mesure cette fois-ci d'arriver à un règlement
négocié avec les policiers et le syndicat des policiers de la
Sûreté du Québec.
M. Filion: D'accord. Trois petites questions rapides pour
terminer. Premièrement, en ce qui concerne le renouvellement de la
flotte de voitures de la Sûreté du Québec, est-ce que le
Solliciteur général peut nous dire s'il va y avoir
accélération de ce processus du renouvellement des
véhicules automobiles dans lesquels les policiers sont obligés de
se déplacer? Deuxièmement, j'ai noté - je l'ai lu à
différents endroits - que la Sûreté du Québec
s'apprêtait à faire modifier son uniforme, d'ailleurs on en a
déjà discuté, me semble-t-il, ensemble. Je voudrais savoir
comment chemine ce dossier. De quelle façon s'est fait le choix de la
personne, du designer ou du couturier, qui doit dessiner le nouveau
modèle des vêtements que devront porter les policiers?
Troisièmement, j'ai noté également qu'il y avait une
histoire de la Sûreté du Québec qui était en
préparation et qu'un contrat avait été octroyé
à cet effet, je pense, à M. Jean-François Leclerc. Je
voudrais savoir à quel moment à peu près on peut
espérer voir cette histoire de la Sûreté du Québec
publiée?
M. Latulippe: Sur le premier volet, je vais vous dire concernant
la flotte qu'il y a 1 000 000 $ additionnels d'injectés cette
année pour le renouvellement de la flotte. Concernant les deux autres
questions, je vais demander à M. le directeur général de
la Sûreté de bien vouloir y répondre.
M. Beaudoin (Jacques): Concernant l'uniforme, actuellement nous
avons un prototype qui est en train d'être fait. Il s'agit en somme, vous
savez, tout simplement de modifications et la personne qui nous fait cela est
Simon Chang. On n'a pas eu de concours, c'est cette personne qu'on e choisie,
parce qu'elle consentait à travailler dans un cadre de travail qu'on lui
donnait, à partir d'une couleur précise, à partir du fait
qu'on avait déjà quelque chose d'existant. C'est tout simplement
un rafraîchissement. On devrait recevoir les prototypes d'ici environ un
mois et demi et là on annoncera la chose.
Quant à la deuxième partie, l'histoire de la
Sûreté du Québec, on devrait sortir un manuscrit dans le
cours du mois de janvier prochain. C'est un projet qui se fait en
coopération avec l'École internationale de criminologie de
l'Université de Montréal. On a cru bon de s'associer avec eux
à cause de la rigueur universitaire que ce projet méritait et
aussi des diverses ressources qu'on met à notre disposition en cours de
route. Jean-François Leclerc est un historien de l'Université de
Montréal qui a travaillé sur divers projets. On a retenu ses
services à cause de ses intérêts précédents
dans des dossiers semblables.
M. Filion: Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): À ce stade-ci... Oui, il
faut adopter les programmes. Est-ce que le programme 6 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que le
programme 7 est adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Le programme 7 est adopté.
Au nom de tous les membres de la commission, j'aimerais remercier le
ministre ainsi que toutes les personnes qui l'accompagnaient.
La commission des institutions, ayant accompli le mandat qui lui
était confié, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 42)