Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Vingt heures six minutes)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Je déclare la séance ouverte. Je souhaite la bienvenue
à M. le ministre et son personnel tant dévoué à
cette cause qui est la cause des autochtones. Je souhaite aussi la bienvenue
aux députés qui ont bien voulu, ce soir, participer à
cette commission parlementaire.
Je rappelle le mandat de la commission qui est de procéder
à l'étude de l'élément 3 du programme 2 des
crédits budgétaires du ministère du Conseil
exécutif pour l'année financière 1987-1988.
L'élément 3 concerne le Secrétariat aux affaires
autochtones.
Mme la secrétaire, si vous voulez annoncer les remplacements.
La Secrétaire: Les remplacements sont les suivants: M.
Dauphin (Marquette) est remplacé par M. Forget (Prévost) et M.
Godin (Mercier) par M. Claveau (Ungava).
Le Président (M. Marcil): Cela va? Je dois vous rappeler
qu'il y avait une entente d'une enveloppe de trois heures entre les deux
leaders. Par contre, l'ordre de la Chambre l'a fixée à deux
heures, soit de 20 heures à 22 heures. Cependant, après une
rencontre entre le critique de l'Opposition et M. le ministre, on va essayer de
réaliser cet examen dans le temps le plus court possible. Si jamais, il
fallait poursuivre, je demanderai le consentement de cette commission. Cela
va?
M. le ministre, je vous invite immédiatement à vos
remarques préliminaires, s'il y en a, sinon je vais inviter le
député d'Ungava à commencer immédiatement la
discussion.
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier mes confrères qui ont voulu assister à cette rencontre
qui, j'espère, sera aussi brève qu'efficace. Je voudrais
également présenter les gens qui m'accompagnent. Pour les fins du
régistre, il y a d'abord M. Gilles Jolicoeur, qui est sous-ministre en
titre, secrétaire au Secrétariat des affaires autochtones.
À la droite de M. Gilles Jolicoeur, il y a M. André Maltais qui
est mon conseiller et attaché politique. À ma gauche, il y a le
grand trésorier du SAA, M. Jean-Marc Lessard. À ma droite
complètement, il y a M. Bernard Mathieu, responsable de la table
économique. À sa gauche, il y a M. Beaudoin, responsable de la
table développement communautaire. Ensuite, il y a M. Rochon qui est
notre conseiller juridique. Derrière M. Mathieu, il y a M.
Giguère, responsable de la tahle du développement socioculturel.
Il y a M....
M. Thériault: Thériault.
M. Savoie: ...Thériault, qui vient tout juste d'arriver au
Secrétariat des affaires autochtones. Il y a évidemment mon appui
principal, Louise Hébert, chef de mon cabinet et M. Moisan, qui est
l'assistant directeur au Secrétariat des affaires autochtones.
M. le Président, mes chers confrères, je vois que
l'Opposition est présente en grand nombre.
Il m'est très agréable de déposer aujourd'hui
devant les membres de cette commission les crédits affectés au
Secrétariat aux affaires autochtones pour l'année
budgétaire 1987-1988. Comme vous le savez, ce secrétariat est un
des organismes conseils auprès du premier ministre dont il relève
en dernier ressort. Cependant, en avril 1986, le gouvernement me confiait la
responsabilité des affaires autochtones et me charqeait
d'élaborer les politiques gouvernementales concernant les autochtones et
d'en coordonner la mise en oeuvre.
Dès mon entrée en fonction, M. le Président, je me
suis efforcé de rencontrer personnellement la majorité des
représentants des nations autochtones et de visiter le plus grand nombre
possible de communautés afin de me familiariser avec les besoins, les
aspirations et les priorités de ces descendants des premiers habitants
du pays. Le mandat prioritaire que je me suis fixé consiste à
traiter de manière dynamique et juste les revendications territoriales
et à mettre l'accent sur le développement économique des
autochtones en s'arrêtant particulièrement au problème de
formation des ressources humaines, d'implantation d'institutions
financières et d'entreprises dans les milieux autochtones.
De plus, M. le Président, je me suis fixé comme objectif
à long terme - et je crois que le gouvernement du Québec
devrait
continuer cette politique dans la mesure du possible - de voir à
l'instruction, particulièrement aux niveaux professionnel et technique,
des divers peuples autochtones, durant la première année de mon
mandat, comme je m'y étais d'ailleurs engagé. Dès ma
nomination, j'ai tenu à examiner le rôle, la structure et le
fonctionnement du Secrétariat aux affaires autochtones dont je suis
responsable, à redéfinir ses orientations et ses objectifs et
à modifier ses priorités en conséquence.
J'ai présenté un mémoire au Conseil des ministres
proposant de nouvelles orientations quant au fonctionnement du
secrétariat et ces propositions ont été approuvées
par un décret du gouvernement. Le nom du secrétariat et des
activités gouvernementales en milieu améridien-inuit, autrefois
le SAGMAI, qui était utilisé depuis 1978 est maintenant disparu
et remplacé, depuis le 14 janvier 1987, par celui du Secrétariat
aux affaires autochtones, qui est plus simple et qui marque un certain
renouveau dans les orientations gouvernementales et dans les rapports avec les
autochtones du Québec.
Le mandat original du Secrétariat aux affaires autochtones
demeure, à savoir: élaborer, en consultation avec les
intéressés, la politique d'ensemble de l'État
québécois touchant les autochtones et celle devant s'appliquer en
milieu amérindien-inuit; assurer la cohérence des politiques
sectorielles avec les politiques d'ensemble approuvées par le
gouvernement; assurer la coordination et la cohérence des interventions
gouvernementales et paragouvernementales en milieu autochtone et fournir aux
milieux autochtones une information générale pertinente relative
aux activités des programmes gouvernementaux.
Ce mandat général a été maintenu par le
Conseil des ministres qui y a cependant ajouté les volets suivants:
faire connaître les politiques gouvernementales pertinentes à
l'ensemble de la population; conduire la négociation des ententes
globales en collaboration avec les ministères concernés;
conseiller les ministères dans les négociations des ententes
sectorielles et veiller à la mise en application des ententes conclues.
Le secrétariat exécute aussi les mandats spécifiques qui
lui sont confiés par les ministres responsables.
Les politiques gouvernementales relatives aux autochtones sont mises en
oeuvre le plus souvent par l'intermédiaire des différents
ministères. Dans une vingtaine de ministères et organismes du
Québec, un coordonnateur ministériel est chargé de voir au
respect de ces politiques et à leur application. Le coordonnateur doit
servir de guichet d'entrée à l'intérieur de son
ministère pour les autochtones et il doit veiller à ce que les
programmes généraux leur soient accessibles et tiennent compte de
la spécificité autochtone. Ces coordonnateurs continuent leur
travail, comme par le passé, et se réunissent mensuellement pour
échanqer de l'information. Mais, comme ils sont appelés à
appliquer les politiques gouvernementales, il a été juqé
nécessaire de les associer davantaqe à la définition de
ces politiques. À cette fin, les coordonnateurs ont été
regroupés à des tables de travail liées à leur
secteur d'activité, soit une table sur le développement
économique, une sur le développement socioculturel et une autre
sur le développement communautaire.
Le personnel du secrétariat a été remanié de
façon parallèle et deux ou trois personnes ont été
désignées pour animer chacune de ces tables sectorielles, pour
préparer les dossiers et pour en assurer le suivi. Chacune des tables a
le mandat de suggérer des politiques et des programmes répondant
aux besoins des autochtones, d'analyser et de faire des recommandations au
secrétaire qénéral associé responsable du
secrétariat quant aux demandes provenant soit des autochtones, soit du
secrétaire lui-même ou directement du ministre.
Les trois qroupes de coordonnateurs ont commencé à
travailler selon cette nouvelle structure et les résultats sont
très concrets. Parmi les sujets actuellement traités, on peut
mentionner une étude sur l'accès des autochtones à
l'enseignement supérieur, l'établissement de maisons
d'hébergement pour les étudiants, la création
d'institutions financières autochtones, les voies d'accès aux
communautés, tes structures de loisir, les problèmes
reliés à l'abus de l'alcool et des droques et le
développement des langues vernaculaires.
La réalité autochtone au Québec, comme ailleurs,
n'est guère réjouissante. Après avoir réussi, au
cours des dernières années, à établir un dialogue
avec les autochtones, le gouvernement précédent avait
adopté des principes directeurs que l'Assemblée nationale avait
approuvés sous forme de motion en 1985. Le temps est venu de passer
à des actions plus concrètes et de concentrer les efforts dans
les secteurs prioritaires. La priorité gouvernementale a
été clairement identifiée comme étant la prise en
charge du développement économique par les autochtones
eux-mêmes. Les programmes et les actions seront donc orientés vers
cette prise en charqe en favorisant les projets reliés à
l'exploitation des ressources, aux activités traditionnelles et à
la formation rie la main-d'oeuvre, insuffisante, voire inexistante, dans
presque tous les domaines. Les autres secteurs ne seront cependant pas
négligés pour autant.
Au cours de l'année budgétaire 1986-1987, le
secrétariat a complété son travail de coordination pour
l'établissement de la nouvelle communauté inuit de Umiujaq qui
a
été inaugurée en décembre 1986. Il a
continué d'apporter son soutien financier aux organismes autochtones,
tels l'Alliance autochtone du Québec, l'Association des femmes
autochtones du Québec, le Regroupement des centres d'amitié
autochtones, de même qu'à plusieurs bandes ou groupes autochtones
pour les aider dans la poursuite de leurs objectifs et leur
développement économique, social ou culturel.
Le secrétariat a maintenu des services d'information aux
autochtones, à l'administration et au public. La revue Rencontre
est publiée quatre fois par an et sa diffusion s'améliore
constamment. On retrouve des encarts en montagnais, en inuktitut, en cri et
dans les versions française et anglaise dans la revue. D'autre part, un
bulletin bimensuel d'information destiné principalement aux
coordonnateurs ministériels traite des activités touchant les
autochtones.
Au cours de la dernière année, le secrétariat a de
plus coproduit quelques films vidéo. Mentionnons en particulier le
vidéo inukskuk sur la sculpture inuit qui est diffusé
internationalement. En collaboration avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources, le secrétariat a publié un
Important document: Localisation des nations autochtones au Québec,
historique foncier. Par ailleurs, le centre de documentation accroît
sans cesse ses collections qui sont de plus en plus utilisées.
Le secrétariat a continué de jouer un râle
très actif dans la préparation de la dernière
conférence constitutionnelle des premiers ministres sur les droits des
autochtones en participant à de nombreuses conférences de
ministres et de hauts fonctionnaires. Les négociations globales et
sectorielles avec plusieurs nations autochtones ont accaparé une bonne
part des activités du secrétariat. Les négociations
globales avec les Attikameks et les Montagnais qui étaient au point mort
depuis deux ans ont maintenant repris et des réunions
régulières laissaient entrevoir un dénouement
éventuel.
Après deux années très prometteuses, les
négociations avec les Inuit du Labrador ont été suspendues
inopinément à la suite du retrait de la participation des Inuit
du Québec. Quant aux négociations avec les Cris de Chibougamau en
vue de l'octroi de terres pour l'établissement d'une nouvelle
communauté, elles progressent lentement vers une solution. Les
discussions avec les Hurons pour l'obtention d'un territoire de chasse se sont
déroulées avec le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et ont abouti à la satisfaction de toutes les parties.
En vue d'assurer une meilleure cohérence dans les interventions
en milieu autochtone et d'éviter les duplications, le secrétariat
a établi des relations formelles avec la Direction régionale du
Québec du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien,
relations qui avaient cessé depuis 1976 et qui étaient au
détriment des autochtones. Les réunions régulières
et structurées permettent maintenant de mieux coordonner les
activités en vue d'améliorer les services que les deux niveaux de
gouvernement rendent à la communauté autochtone du Québec.
Enfin, le rôle de coordination du secrétariat a permis de
s'arrêter, avec la collaboration des ministères et organismes,
à plusieurs projets et études relatifs aux besoins des
autochtones, tels l'habitation, la mise en application des conventions
existantes, les questions touchant la chasse et la pêche, le
développement des langues vernaculaires et la culture autochtone en
général.
M. le Président, c'est là en résumé -et je
termine - l'essentiel des réalisations pour l'année 1986-1987.
Cette année en sera une de consolidation des actions entreprises au
cours de l'an passé. Je continuerai de mettre l'accent sur la formation
des autochtones et sur leur développement économique. Les
discussions amorcées avec le gouvernement fédéral
devraient déboucher à brève échéance sur la
siqnature d'une entente de concertation en matière de
développement économique. Cette entente permettra d'harmoniser
les actions des deux ordres de gouvernement et d'y associer les autochtones
eux-mêmes en vue de leur assurer une assise économique plus stable
et de leur permettre de se soustraire de l'état de dépendance
dans lequel ils se trouvent actuellement.
Je compte poursuivre et intensifier mes rencontres avec les chefs des
nations, les conseils de bandes des municipalités et villaqes nordiques
et les différentes associations autochtones. Je continuerai d'être
réceptif à leurs revendications, tout en tenant compte de notre
capacité de répondre à leurs besoins et à ceux de
la société québécoise en général.
Voilà, M. le Président, les remarques préliminaires
que je désirais faire à l'occasion de la défense des
crédits affectés au Secrétariat aux affaires autochtones
pour l'année 1987-1988 dont je propose l'approbation par cette
commission.
Vous noterez, M. le Président, en examinant les crédits
proposés pour cette nouvelle année budgétaire, qu'ils sont
inférieurs à ceux de l'an passé d'un montant d'environ 2
200 000 $. Cette réduction provient tout simplement du fait que les
travaux d'implantation du nouveau village nordique à Umiujaq sont
maintenant terminés et que le comité directeur chargé de
leur réalisation a maintenant été dissous. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci
beaucoup, M. le ministre. M. le critique de l'Opposition et
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'aimerais tout
d'abord saluer le ministre délégué aux Affaires
autochtones ainsi que ses collaborateurs et collaboratrices présents ici
ce soir.
Le gouvernement ayant nommé en avril 1986 à la tête
du SAGMAI, présentement le Secrétariat aux affaires autochtones,
le député d'Abitibi-Est - ministre délégué
aux Affaires autochtones - nous pouvons donc, è ce stade-ci, analyser sa
première année complète de gestion du secrétariat.
Je souhaite que ces quelques heures passées ensemble soient fructueuses,
et, pour ma part, c'est avec un vif intérêt que j'entreprends
cette période priviléqiée de discussion.
Le livre des crédits de 1987-1988 est des plus laconiques. Je
dois donc, pour cette analyse, m'attarder davantage sur les réalisations
et les prises de position du ministre que sur le budget en tant que tel. Je
considère comme étant assez inquiétant quant à la
gestion du secrétariat que l'Opposition n'ait pu obtenir qu'une copie de
la page connexe dans le livre des crédits 1987-1988. Il est assez
étonnant que le budget du secrétariat ne soit pas davantage
ventilé et explicité. Et, afin de faire comprendre au ministre de
quoi il s'agit quand on parle d'un cahier explicatif des crédits, je me
suis permis d'amener ici le cahier explicatif du ministère de
l'Énergie et des Ressources du Québec dans lequel on trouve
vraiment les explications sur ce qui se passe, sur comment cela fonctionne
è l'intérieur du ministère et qui donne des informations
concrètes sur l'évolution des crédits.
Si je me réfère, entre autres, à la section sur les
mines qui est très bien identifiée, et à laquelle je
suppose, enfin je crois, que le ministre a dû collaborer, il doit savoir
qu'on retrouve ici un historique complet de la situation minière ainsi
que les différentes orientations et tout ce qui sous-tend les chiffres
qui sont donnés dans le livre des crédits. Or, à une telle
demande qui vous a été faite concernant le Secrétariat aux
affaires autochtones nous avons reçu une page blanche, M. le
Président, et nous considérons donc que, n'ayant obtenu aucune
information concrète concernant les crédits, il revient donc
à cette commission, au stade où l'on se trouve, de poser les
questions pertinentes qui vont peut-être nous éclairer.
Enfin, à défaut d'obtenir des instruments de travail
décents, je devrai y aller d'un survol de l'année
écoulée tout en insistant sur des perspectives d'intervention que
le ministre entend privilégier et qui sont pour le moins confuses.
Tout d'abord, j'aimerais souligner l'absence et la non-implication du
ministre dans plusieurs dossiers majeurs pour les intérêts des
autochtones et, particulièrement, en matière constitutionnelle
où le ministre n'a pu affirmer aucune pensée personnelle,
n'étant en fait que l'ombre de son collègue des Affaires
intergouvernementales canadiennes. Je tiens à souligner ici l'affront
fait par le premier ministre aux autochtones du Québec en refusant de
participer à la dernière conférence constitutionnelle sur
les droits des autochtones. Une telle présence faisait l'objet d'une
entente formelle entre le précédent gouvernement et les
autochtones, et le fait d'y assister relève d'un devoir du chef du
gouvernement du Québec. Même si aujourd'hui le SAGMAI
relève principalement du ministre délégué, le
premier ministre reste toujours, aux yeux des autochtones, l'interlocuteur
privilégié du Québec auprès du
fédéral dans les questions d'ordre constitutionnel. Le ministre
délégué aux Affaires autochtones a notamment poussé
le désintéressement jusqu'à s'absenter de toutes les
discussions parlementaires sur le projet de loi concernant les autochtones,
laissant la maîtrise des dossiers entre les mains du ministre de
l'Énergie et des Ressources qui, devant l'Assemblée nationale,
fait véritable fiqure de ministre responsable des dossiers
amérindiens et inuit. Je pense ici tout particulièrement au
projet de loi créant la Société Eeyou de la Baie James et
à celui modifiant la Société Makivik, où le
ministre a brillé par son absence. Le ministre, enfin, ne défend
que très peu les intérêts de ses protégés.
Oserais-je croire que le ministre n'a aucun intérêt à ses
fonctions? Le ministre délégué délègue.
C'est le cas de le dire.
Où sont également les belles déclarations du
ministre qui se tarquait, l'année dernière, de hausser les
budgets du secrétariat? Depuis 1985-1986, les crédits
accordés au secrétariat ne cessent de baisser de façon
dramatique. De 6 700 000 $ qu'ils étaient, ils sont maintenant rendus
à 2 400 000 $. Plus de 4 300 000 % volatilisés depuis que le
qouvernement actuel a été élu. Est-ce là toute
l'importance accordée au secrétariat responsable du dossier des
autochtones dans toutes les facettes de l'administration gouvernementale?
Depuis 1978 que le SAGMAI existe, le secrétariat est devenu, sous
l'ancien gouvernement, le lien privilégié entre les
Amérindiens, les Inuit et le gouvernement. Mais je m'aperçois
que, depuis que le gouvernement actuel est au pouvoir, le rôle du
secrétariat est de moins en moins important.
Rappelons-nous que le Secrétariat aux affaires autochtones a pour
fonction
principale de coordonner les activités gouvernementales en milieu
autochtone et de planifier des politiques d'ensemble. Or, il m'apparaît
que, depuis quelque temps déjà, le Secrétariat aux
affaires autochtones est absent de la plupart des dossiers chauds concernant
les autochtones. En effet, où en est le secrétariat face aux
revendications des autochtones concernant le domaine de la santé et des
services sociaux? quant à l'implantation des tribunaux autochtones?
quant aux problèmes environnementaux? quant à l'éducation
et au transport? Les prises de position, si prise de position il y a, sont des
plus discrètes.
Pour ma part, je n'ai décelé aucune implication
réelle du ministre délégué dans ces dossiers. Il
s'est contenté, jusqu'à présent, de terminer ce qui a
déjà été entamé ces dernières
années, sans plus. La crédibilité du ministre, en fait,
s'effrite tranquillement, incapable qu'il est, dirait-on, de bien
représenter tes intérêts des autochtones auprès de
ses collègues. Nous osons croire que le ministre saura être moins
discret et plus efficace cette année, représentant ainsi plus
adéquatement les autochtones et protégeant leurs
intérêts lors de l'élaboration des politiques des autres
ministères et organismes. Il pourra dès lors entièrement
compter sur la collaboration de l'Opposition. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député d'Ungava.
En ce qui concerne l'enveloppe de temps, vu qu'il n'y a pas eu d'entente
entre les deux formations, nous allons appliquer le règlement. Si jamais
des députés veulent intervenir, il ne faut pas se gêner.
Vous avez un maximum de 20 minutes par question. Le ministre peut intervenir
à chacune des questions, à chacun des commentaires.
M. le député d'Ungava.
Discussion générale
M. Claveau: Merci, M. le Président. Comme je l'ai dit tout
à l'heure, on a eu très peu d'information. La seule
réponse qu'on a eue en demandant le cahier des explications, a
été de nous voir transmettre une photocopie de la page du livre
des crédits du gouvernement au chapitre du Conseil exécutif,
ainsi que quelques réponses à des questions que nous avions
posées. Encore là, la plupart des réponses n'en
étaient pas vraiment. Il n'y a aucuns frais, aucun engagement; il n'y a
rien eu, etc. Je crois que c'est le devoir de l'Opposition, à ce
stade-ci, d'éclaircir la situation. Bien que le ministre ait
vanté ses réalisations tout au long de son texte de
présentation, ces réalisations-là sont pour le moins
camouflées et très peu connues de l'ensemble de l'appareil
gouvernemental. Si ses réalisations, dont il a fait qrand état au
moment de sa présentation, sont véridiques, à ce
moment-là il se fera sûrement un grand plaisir de nous expliquer
le pourquoi, le comment et ee vers où l'on s'en va. Peut-être
pourra-t-il aussi nous expliquer comment il se fait que, malgré ' ses
déclarations de l'an dernier, à savoir que les budgets allaient
augmenter et que le SAGMAI, enfin le nouveau Secrétariat aux affaires
autochtones allait prendre une importance de plus en plus grande, on se
retrouve aujourd'hui avec des budgets qui sont tout à fait
réduits. Je dirais, à titre de réflexion, M. le
Président, à prime abord, que le fait que les travaux de Umiujaq
soient terminés, ne constitue pas une raison en soi. On sait qu'il y a
encore énormément de travaux de toutes sortes à
réaliser par beaucoup de communautés amérindiennes et
inuit. Si te ministre se donnait vraiment la peine de transférer ces
crédits, c'est-à-dire ceux qui disparaissent une fois les travaux
réalisés, et de les allouer pour d'autres travaux qui sont aussi
nécessaires ailleurs dans les communautés amérindiennes et
inuit, il y aurait sûrement matière à augmenter
considérablement ces crédits.
La première question qui me vient à l'esprit en regardant
les crédits ainsi que les notes explicatives que le ministre nous a fait
parvenir concerne son cabinet politique.
Une voix: Est-ce que c'est une réplique?
M. Claveau: Non, j'en viens à ma question, M. le
ministre.
M. Savoie: ...pas encore.
Le Président (M. Marcil): Tantôt, M. le ministre,
vous pourrez, immédiatement après sa question, dans votre
réponse, répliquer en même temps.
M. Savoie: D'accord.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
M. Savoie: Pas que cela m'intéresse, mais en tout cas.
M. Claveau: Vous me permettez que j'en vienne à ma
question. Ce sera très simple. À une question que nous vous
posions lorsque nous vous demandions certaines explications sur les
dépenses, nous parlions de votre personnel de cabinet. La
réponse, dans l'immense et magnifique dépliant qui nous est
parvenu, à l'annexe 3, est la suivante: Aucun employé de cabinet
pour le ministre déléqué aux Affaires autochtones. Donc,
aucune dépense engagée de ce côté-là.
M. Savoie: C'est là. (20 h 30)
M, Claveau: Par contre, dans la revue Rencontre, du numéro
de mars 1987, que vous nous avez généreusement fait parvenir au
moment de la demande sur les publications, on voit, au deuxième
étage, le ministre délégué aux Mines et aux
Affaires autochtones, et avec un cabinet... Je vois le premier niveau comme
étant le premier ministre sur l'échelle, enfin aux pages 12 et
13.
M. Bélisle: Ah! D'accord, c'est mieux. Des
étages.
M. Claveau: À côté, sur le même
étage, si vous me le permettez, on retrouve le mot "cabinet", avec deux
personnes: cabinet du ministre. Est-ce que ce sont des bénévoles?
Où est pris le budget de ces gens-là?
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Savoie: Je sais que c'est très compliqué, mais,
essentiellement, le cabinet du ministre relève du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Alors, comme ministre
délégué aux Mines, mon enveloppe de ministre est
là. Elle ne provient pas du SAGMAI en tant que tel. En
conséquence, il n'y en a pas techniquement. Cela relève du
ministère de l'Énergie et des Ressources au point de vue
budgétaire. C'est sûr que M. André Maltais travaille
à mon cabinet comme attaché politique. J'ai même, en plus,
une secrétaire, en l'occurrence, Danielle Fouquet qui relève
également de mon allocation comme ministre, mais non pas des Affaires
autochtones, cela relève des Mines.
Vous savez, si on m'a nommé au ministère des Affaires
autochtones, c'est parce que j'avais demandé cette charge au premier
ministre pour m'occuper des autochtones, à une condition: je ne voulais
pas m'occuper du dossier constitutionnel. Dès la première
rencontre que j'ai eue avec tous les chefs, je leur ai dit: "Ce que je veux
faire pour vous, c'est essayer de vous aider, tâcher de vous
préoccuper de votre épicerie. Les demandes que vous faites au
gouvernement, il vaut mieux les acheminer auprès de mes confrères
pour qu'elles se réalisent le plus rapidement possible." Les quatorze ou
quinze chefs présents, cette journée-là, ont tous
été d'accord. Malgré tout cela, j'ai assisté et
j'ai participé aux conférences constitutionnelles et je me suis
intéressé au dossier. Mais j'ai pris l'entente formelle que, vu
la complexité du dossier constitutionnel, vu qu'il était
déjà en marche depuis plusieurs années et qu'il demandait
du temps, je ne voulais pas m'y consacrer outre mesure. Je voulais vraiment me
consacrer aux autochtones pour élaborer une politique plus globale et
m'occuper des demandes sur une base individuelle, pour pouvoir, quand, par
exemple, une communauté telle Waswanipi demande de l'argent pour
réaliser une aréna, aller chercher l'argent, travailler avec
elle. Pouvoir, quand une communauté inuit demande de l'argent pour
transporter des étudiants vers le sud, voir à l'exécution
de ces commandes-là. Vous allez me dire que ce n'est pas grand-chose,
mais je puis vous dire que les autochtones sont très contents.
Vous m'avez parlé tout à l'heure de la
société Eeyou. Cela n'a rien à voir avec mes fonctions ni
avec le Secrétariat aux affaires autochtones. Bien sûr, nous avons
été consultés. Bien sûr, nous avons donné
notre avis sur ce projet de loi, mais, essentiellement, là
société Eeyou relève d'Hydro-Québec, et le ministre
responsable d'Hydro-Québec, c'est John Ciaccia. Ce n'est pas moi. Cette
structure ne tombe pas sous ma responsabilité.
C'est un peu la même chose avec la loi adoptée par le
ministre des Finances concernant Makivik. Cela n'a rien à faire avec
moi. Plusieurs ministres vont signer des ententes avec les nations autochtones
et je vais les encourager à le faire. Nous serons là pour les
conseiller, pour les guider et nous leur donnerons toute notre participation
dans la mesure du possible, au point de vue technique, mais il faut que chacun
des ministères s'implique avec les autochtones.
Vous dites que c'est terrible: le ministre Ciaccia a
déposé une loi concernant Eeyou et le ministre Savoie ne s'occupe
pas de ses affaires. C'est faux! C'est exactement le contraire. D'ailleurs, si
dix ministres s'étaient levés en cette salle pour
présenter dix projets de loi, j'aurais applaudi. C'est ce que je veux.
Je veux que l'ensemble du gouvernement s'intéresse davantage au fait
autochtone. Je ne suis pas là pour accaparer le pouvoir et m'assurer que
personne ne vienne jouer dans mes plates-bandes. C'est tout à fait le
contraire. On a un petit budget, c'est vrai. 2 200 000 $, c'est standard. Il a
été réduit tout simplement à cause d'Umiujaq, mais
ce sont des additions qui n'ont rien à voir. II n'y a pas eu de
diminution du budget des opérations au SAA.
Il faut que le gouvernement s'implique collectivement auprès des
autochtones et cela doit se faire sous la direction du SAA. Bien sûr, on
doit être là pour les conseiller, les guider pour qu'ils puissent
exercer, chacun à leur manière, leur mandat de la façon la
plus complète, mais on n'est pas là pour diriger toute la
politique et pour que personne d'autre n'ait le droit de parler aux
autochtones. C'est exactement le contraire. D'ailleurs, on a supprimé
cette attitude au SAGMAI quand j'y suis arrivé. On a dit: "II faut que
les autochtones aient accès directement au ministre, comme tout autre
citoyen du Québec." Ce ne sont pas des citoyens de seconde classe. C'est
cela notre politique. Ce
sont des citoyens de première classe et ils ont le même
droit de se présenter au même ministère que vous. Pour ceux
qui ont plus de difficulté à remplir une demande, on est
là, bien sûr, pour les aider. On demande aux peuples autochtones
de nous envoyer une copie de leur demande pour que l'on puisse les travailler
également et les tables travaillent fort à ce niveau.
On ne veut pas bloquer l'accès des autochtones au gouvernement du
Québec, on veut l'élargir. On veut qu'ils se rendent compte,
qu'ils constatent d'une part les difficultés que l'on a à
financer, par exemple, quatorze arénas dans quatorze villages inuit. On
veut qu'ils constatent cela de visu en discutant directement avec le ministre
sectoriel impliqué. C'est bon pour leur développement.
Le Président (M. Marcil): Cela va, M, le ministre?
M. Savoie: Dans un autre ordre d'idées, pour ce qui est du
volume, vous avez demandé des informations, on vous a tout fourni, tout
ce que vous avez demandé.
Si on regarde les informations les plus pertinentes que vous avez
demandées: les publications régulières, les voyages
à l'étranger, le personnel du cabinet, les dépenses du
cabinet, la liste des crédits périmés, la liste des
contrats de moins de 25 000 $, les demandes adressées à la
Commission des droits de la personne, les sondages et publicités
effectués, les paiements de transferts, l'organigramme du SAGMAI et la
liste de tous les programmes et éléments. Tout cela vous a
été fourni. Que je sache, l'information qui vous a
été fournie l'a été par ces fonctionnaires de bonne
foi et non pas sur une base politique.
Je n'accepte pas que vous accusiez mon personnel d'avoir agi d'une
façon malhonnête et injuste envers vous. Si vous avez besoin
d'informations, vous pouvez me les demander; on va tout vous fournir. Vous
savez, M. le député d'Ungava, que depuis que je suis là,
chaque fois que vous m'avez demandé quelque chose, j'ai toujours
livré la marchandise chaque fois que vous vouliez une information. Je
n'ai jamais dit non à une demande d'information, de quelque nature
qu'elle était. Jamais! Je comprends mal votre réaction. Si vous
aviez besoin de plus d'information, la porte était là. Vous
arrivez ce soir et vous dites: Vous ne m'avez pas fourni toute l'information,
ce n'est pas suffisamment bien présenté. Je trouve cela
malhonnête de votre part.
Je comprendrais si on ne se parlait pas, si on ne se voyait pas. On
vient tous les deux d'une région nordique. J'ai toujours joué
"fair play" avec vous. Quand vous vouliez me rencontrer, on s'est toujours
échangé des informations; j'ai toujours donné accès
à tout ce que j'avais comme information. Jamais je ne vous ai
refusé un document. D'ailleurs, pour votre information, chaque fois que
vous m'avez demandé de m'accompagner en voyage, je ne vous ai jamais dit
non, jamais. Chaque fois que vous êtes venu me voir, il y avait toujours
cette ouverture d'esprit chez nous. C'est la même chose chez les
fonctionnaires, même chez André Maltais.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Savoie: Alors, j'accepte mal votre critique. Si elle
était fondée, cela ne serait pas si pire. Mais que vous jugiez
que je ne suis pas présent sur le dossier constitutionnel... J'ai
été impliqué, j'y ai participé, j'ai
organisé des réunions, j'ai sensibilisé M.
Rémillard à plusieurs points de vue et on a eu plusieurs
rencontres. Je suis dans le dossier constitutionnel un peu malgré moi,
parce que ma volonté n'était pas là. Ma vision du peuple
autochtone... Bien sûr, le dossier constitutionnel, c'est important, bien
sûr qu'il faut s'en occuper, mais je pensais surtout à ceux dont
les routes d'accès ne sont pas terminées, à ceux qui ont
de la difficulté à se déplacer, à tous ceux qui ont
de la difficulté à se faire instruire, à ceux qui ont de
la difficulté à recevoir des soins médicaux et à
ceux qui sentent leur langue glisser. Ce sont des choses concrètes qui
m'intéressent. Mais comme le gouvernement précédent n'a
pas nommé un ministre d'office, je pense que cela a été
une lacune. Les peuples autochtones sont appelés à un plus grand
essor au Québec. M. Bourassa a pris la décision de nommer un
responsable des affaires autochtones à un niveau très concret.
Faire l'épicerie, vous allez me dire que ce n'est pas grand-chose, mais
je vous dis que c'est beaucoup pour ce peuple-là. Les rencontres et les
discussions qu'on a eues avec eux, Dieu sait que cela a toujours
été franc avec les autochtones. Jusqu'à maintenant, ils
sont très satisfaits de ce qui se produit et je peux dire que je
reçois leur pleine collaboration, de même que celle de l'ensemble
des gens du SAGMAI et du SAA.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Je crois que le ministre
confond deux documents qui sont tout à fait différents. Dans un
premier temps, quand on dit qu'on n'a pas reçu de cahier explicatif sur
les crédits, c'est un fait. On a demandé des cahiers explicatifs
depuis déjà plusieurs jours et tout ce que l'on a eu, ce sont des
notes.
Le ministre n'a qu'à regarder le cahier explicatif que, je
suppose, il a lui-même produit avec son personnel concernant le dossier
des mines. On a pour chaque élément de chaque programme la
problématique bien
exposée à plusieurs pages: le programme, les objectifS,
les perspectives d'intervention, les explications de la diminution ou de
l'augmentation de tel et tel budget. Et c'est sur plusieurs pages. C'est
très clair. On lit cela, et, finalement, on a toute l'explication et on
sait vers où cela s'en va. Ça, c'est tout à fait
différent des demandes d'information complémentaire que l'on peut
adresser, comme on l'a fait d'ailleurs, et auxquelles on a eu des
réponses, certes. Quand je dis cela, c'est loin d'être une
critique que je fais à l'endroit du personnel ou des fonctionnaires du
Secrétariat aux affaires autochtones. Je dis qu'on n'a rien en soi qui
nous explique le pourquoi des variations dans les colonnes, ce qui se fait dans
les différents ministères. Vous avez les différents
programmes, éléments, sous-éléments,
catégories et sous-catégories. Il n'y en a pas en ce qui concerne
le SAGMAI, et M. le ministre peut les chercher où il voudra. Enfin,
s'ils existent, ils n'ont pas été déposés. C'est ce
que l'on dit.
M. Savoie: On me dit qu'on n'a pas eu de demande, M. le
député.
M. Claveau: Mais cela suit automatiquement le travail dans le
cahier des crédits. Cela a été remis par l'ensemble des
ministres au leader du gouvernement qui, lui, se chargeait de les redistribuer
aux différents critiques.
M. Savoie: M. le député d'Ungava, vous m'avez dit
que vous avez fait une demande. En avez-vous fait une ou si vous n'en avez pas
fait une?
M. Claveau: On a fait une demande au leader pour obtenir les
documents qu'il devait avoir et qu'on n'avait pas obtenus parce que tous ces
documents-là - ici, c'est celui du ministère de l'Énergie
et des Ressources que j'ai apporté en exemple -étaient
déposés au bureau du leader qui, lui, les redistribuait aux
bureaux des critiques.
M. Savoie: M. le député d'Ungava, si vous aviez
demandé quelque chose, je suis certain qu'on l'aurait fourni. Si vous
avez demandé des informations et si vous les avez reçues, mais si
vous trouvez que... Je ne sais pas, je ne comprends pas votre intervention.
Vous dites qu'il manque des données comparatives.
M. Claveau: Est-ce que vous me permettez, M. le Président?
Est-ce que le ministre...
M. Savoie: Je suis très familier avec le livre des
crédits sur les mines, merci beaucoup.
M. Claveau: Bon. Alors, M. le ministre doit savoir que,
là-dedans, il y a des historiques de l'évolution de chacun des
programmes. Je vais donner un exemple. Durant la période de
l'année 1980, l'industrie, etc.
M. Savoie: On n'a pas de programme, M. Claveau. On n'en a pas de
programme. On a tout simplement...
M. Claveau: C'est un élément.
M. Savoie: ...un budget de 2 200 000 $ consacré uniquement
aux frais de services, au personnel, à l'allocation, au transport, et
c'est tout. Ce que nous avons, c'est un budget d'administration. Il y a un
petit budget discrétionnaire qu'on peut accorder ici et là, mais,
le reste du temps, on court après les ministres pour qu'ils
réalisent des objectifs, soit par le biais des tables, soit par le biais
de M. Jolicoeur, M. Lacasse, M. Maltais, moi-même ou d'autres. On
n'administre pas de programmes.
M. Claveau: C'est quand même un élément
à l'intérieur d'un programme, un élément d'une
catégorie. Tout est là, élément 3. On a toutes les
supercatégories, les catégories dans l'élément 3 du
programme.
M. Savoie: Vous avez eu toutes les dépenses du
Secrétariat aux affaires autochtones. Si vous regardez les
données que vous avez, M. le député, vous avez le
fonctionnement du personnel, le salaire du personnel. Vous avez le
fonctionnement, communications, services, entretien, loyer, fourniture, autres
dépenses; c'est la petite marge discrétionnaire, 150 000 $. Vous
avez du capital. Vous avez les transferts. Vous avez les prêts,
placements et avances. Total: 2 400 000 $. Et c'est notre budget. Ça a
toujours été cela au SAGMAI et ça reste comme cela. Ce qui
a été ajouté en plus, dans les années
passées, c'est parce qu'on construisait Umiujaq et parce que
c'était sous le contrôle de M. Beaudoin, je crois -c'est cela? -
le gouvernement transférait, à des fins de construction, les 2
200 000 $. M. Beaudoin prenait cela et les 2 200 000 $ étaient, à
toutes fins utiles, déjà dépensés pour l'achat de
ci et l'achat de ça, des toilettes et des barres de savon, et cela
partait pour le Nord. L'argent rentrait et sortait par l'autre porte. Cela ne
rentrait pas dans...
On n'a pas un programme, nous autres. C'est un budget spécial
à cette fin-là, qu'on a consommé, et quand il n'est plus
là, il n'est plus là. Alors, il n'y a pas eu de réduction
comme vous avez allégué. C'est cela que je vous ai
expliqué. J'ai même pris la peine, sachant fort bien que vous
tomberiez dans le panneau, de le mentionner
dans mon discours au début, qu'il fallait comprendre que le
budget du SAGMAI n'a pas passé de 4 400 000 $ à 2 200 000 $. Le
budget du SAGMAI était toujours à 2 200 000 $ ou 2 400 000 $.
Tout ce qu'on a fait auparavant, c'est qu'on a ajouté un montant de 2
200 000 $ aux fins de Umiujaq. Alors, tout l'argent rentrait au SAGMAI parce
qu'il était administré par ie SAGMAI. Mais tout l'argent allait
pour la construction de Umiujaq. On n'a pas de programme pour les autochtones.
Tout ce qu'on a, c'est un petit budget pour notre personnel. Ce qu'on vend,
nous autres, c'est nos capacités, les liens qu'on a, la table des
coordonnateurs. C'est tout ce qu'on a. À remarquer que c'est beaucoup,
mais c'est tout ce qu'on a.
M. Claveau: Je veux bien comprendre...
M. Savoie: Et on fait dépenser les ministères et on
irrite l'Opposition. (20 h 45)
Le Préaident (M. Marcil): Seulement pour une question de
clarification. Vous êtes censé dire, à ce moment-ci, que
les programmes, s'il y avait programme, seraient rattachés à
chacun des ministères concernés et non pas à votre
ministère.
M. Savoie: C'est exactement ça.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Je le demandais
seulement pour fins de compréhension. M. le député
d'Ungava.
M. Savoie: C'est exactement ça, M. le Président.
Par exemple, si un qroupe d'autochtones vient nous voir et veut construire une
aréna chez lui. II peut, depuis qu'on est là, aller directement
au ministère concerné, mais il peut venir nous voir et nous
organisons les rencontres. La table développement communautaire va
préparer le plan...
Le Président (M. Marcil): D'après moi, ils
s'inscrivent dans les programmes du MLCP.
M. Savoie: Exactement. Là, on va voir le MLCP et on
cherche à obtenir les fonds et à structurer l'affaire.
Le Président (M. Marcil): Vous faites le travail, dans le
fond, que nous, députés, faisons pour chacun de nos organismes de
comté.
M. Savoie: De l'épicerie, exactement.
Le Président (M. Marcil): Sauf que vous avez
peut-être plus d'argent que nous pour le faire. M. le
député d'Ungava.
M. Savoie: C'est-à-dire que... M. Claveau: ...
M. Savoie: II faut dire qu'on s'organise entre nous aussi, je
suppose.
Le Président (M. Marcil): Allez-y.
M. Claveau: Toujours est-il qu'on est là pour demander des
explications qui seront utiles à tout le monde et si ces explications
nous avaient été données par écrit avant d'arriver
ici, ce soir, on aurait probablement économisé du temps, puisque
cela nous aurait permis de comprendre où la société s'en
allait avant d'en arriver à cette table.
Dans cette perspective, je me permettrai de demander au ministre,
puisqu'il a dit que le budget a effectivement été réduit -
il a été réduit de 2 200 000 $ par année ou
à peu près au cours des deux dernières années;
encore 2 200 000 $ et il n'en restera plus - et que, maintenant, cet organisme
va uniquement se charger de faire une sorte de coordination et d'aider les
autochtones à entrer dans la machine gouvernementale, mais qu'il ne fera
pas le travail des ministères, ce qui est larqement défendable
à mon avis, j'aimerais comprendre comment il se fait que, étant
donné cette modification, le nombre d'employés ne change pas,
donc il n'y a pas, semble-t-il, de diminution de postes et, par le fait
même, il n'y a pas de changement dans le travail du personnel qui devrait
être relativement le même. J'aimerais que le ministre nous explique
la différence d'organigramme qu'il y a entre l'ancien SAGMAI et la
nouvelle 5ociété des affaires autochtones pour nous permettre de
comprendre où cette affaire s'en va.
M. Savoie: Merci. On va essayer de baisser le ton et d'être
plus coopératifs. Dans les documents qu'on vous a fournis, à
l'annexe K, on dit: Liste de tous les programmes et éléments de
programme d'assistance financière du SAGMAI au 31 mars 1987,
réponse: aucun, zéro, zilch, nil. Il n'y en a pas. C'est
indiqué à l'annexe K. II n'y en a pas; on ne peut pas en
inventer.
M. Claveau: Ce n'est pas ce que j'ai demandé.
M. Savoie: Non, mais je voulais vous le dire, car vous avez fait
des commentaires à ce sujet. On vous a fourni l'information selon
laquelle il n'y en a pas. On aurait bien aimé avoir un bouquin ça
d'épais avec 6000 proqrammes et un budget de fonctionnement de 600 000
000 $, mais on n'en a pas. On a un budget de fonctionnement de 2 200 000 $ et
"that's all", et on n'administre pas de programme, aucun programme. Tout ce
qu'on
a, ce sont des frais d'administration pour le personnel. C'est tout.
M. Claveau: Mats vous administrez, tout au moins, vous en
conviendrez, l'élément 3 du programme 2 du Conseil
exécutif.
M. Savoie: Qui est le fonctionnement des affaires
autochtones.
M. Claveau: C'est cela.
M. Savoie: C'est le salaire de M. Lacasse, M. Jolicoeur...
Une voix: Lessard.
M. Savoie: Lessard, excusez-moi.
Des voix: Ha! Ha!
M. Claveau: C'est 24 salaires, ce que je peux voir.
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: C'est 24 salaires?
M. Savoie: C'est 24 salaires, du papier, des déplacements
la publication de la revue Rencontre, notre party de Noël, plus les
subventions de 900 000 $.
M. Claveau: Cela étant dit, M. le ministre, est-ce que
vous pourriez nous expliquer la différence d'organigramme entre l'ancien
SAGMAI et le nouveau Secrétariat des affaires autochtones, étant
donné qu'il semble y avoir beaucoup de modifications, mais, par contre,
le personnel n'a pas changé.
M. Savoie: Effectivement, le personnel n'a pas changé. II
y a eu des changements, mais on n'a pas agi de façon incorrecte. Je
pense que les gens avaient développé une compétence au
SAGMAI. Plusieurs fonctionnaires avaient une bonne réputation, ils
étaient bien cotés et ils travaillaient fort bien. On s'est
restructuré en visant trois éléments. D'une part, on a
développé, pour mieux coordonner la relation entre les
autochtones et le gouvernement du Québec; auparavant, les coordonnateurs
qui provenaient d'une vingtaine de ministères et d'organismes se
rencontraient une fois par mois. Là, une fois par mois, tout le monde
était là et jasait de tout durant toute la journée et il y
avait une perte d'intérêt. On trouvait que c'était
peut-être bon pour l'échange d'informations, mais moins efficace.
Ce qu'on a fait, c'est qu'on a pris la grande table où il y avait des
réunions de 25, 26 personnes, on a coupé en trois. Une table pour
le développement économique: les ministères et les
organismes qui se penchent surtout sur des questions d'ordre économique;
une table de développement communautaire, c'est-à-dire les
infrastructures de la communauté, la vie communautaire et une
troisième table pour le développement socioculturel. Il y a plus
d'échanges et on donne plus de leadership aux coordonnateurs et aux
responsables de ces tables.
C'est le premier changement, je pense, et c'est ce qu'on croit
être le plus important. Évidemment, un autre
élément, a été ma nomination comme ministre
responsable. Une autre réalisation aura été la nomination
du secrétaire adjoint, M. Moisan. On a regroupé sous son
autorité, les services auxiliaires du ministère: les relations
avec les associations, la mise en application des conventions, les
négociations et le centre de documentation. Maintenant, on ne peut pas
comparer avec l'organigramme précédent parce qu'avant, M. le
député d'Ungava, il n'y en avait pas d'organigramme. J'en ai
demandé un, il n'y en avait pas. Cela n'existait pas. Cela marchait
selon l'"impetuous", sous le contrôle et la seule direction de M.
Gourdeau. Cet organigramme, en ce qui me concerne, c'est une première.
Comprenez-vous? Coudon, au moins écoutez quand je vous parle.
M. Claveau: Je vous écoute. Vous dites qu'il n'y avait pas
d'organiqramme avant. Les gens ne savaient pas ce qu'ils faisaient, de qui ils
dépendaient, c'était quoi la structure?
M. Savoie: Cela dépend. Je ne voudrais pas porter
d'accusations aussi graves, mais j'ai demandé... La première
chose que j'ai faite quand je suis arrivé au SAGMAI, fut de demander un
organigramme. M. Gourdeau était là depuis fort longtemps. Il
avait un contrôle, lui, sur les dossiers qu'il distribuait. Il y avait,
j'imagine, une structure dans sa tête, mais il n'y avait pas
d'organigramme aux Affaires autochtones. Mets ça dans ta pipe et fume
ça.
M. Claveau: Je ne dis pas que ce n'est probablement pas le cas.
Ce que je veux dire, c'est qu'il devait sûrement exister une structure de
fonctionnement. Il y avait des gens en place. Il y avait des pouvoirs...
M. Savoie: Ce n'est pas ça que je dis là. J'ai dit
que j'ai demandé un organigramme et qu'il n'y en avait pas. Il m'a dit
que c'était bien compliqué parce que c'était plein de
cercles et de demi-lunes.
M. Claveau: Je vois là-dedans des gens affectés
à de nouvelles fonctions. Les qens travaillaient sur certains dossiers
avant, ils travaillaient sur des choses spécifiques et on les retrouve
dans d'autres secteurs. Les gens avaient, avant, des responsabilités
très claires et très définies. Je prends entre
autres, par exemple, le groupe de fonctionnaires du SAGMAI qui
était en poste à Radisson. Il a été là
pendant un certain temps et il avait des activités bien définies,
bien encadrées à l'intérieur de la machine. Qu'on me dise
qu'il n'y avait pas d'organigramme sur papier ou sur le grand tableau noir,
soit, bon, on peut toujours le croire mais qu'il n'y ait pas de structures de
fonctionnement définies pour un organisme qui fonctionnait depuis 1978
et qui a donné un rendement valable...
M. Savoie: Écoutez, je ne veux pas passer de jugement de
valeur, vraiment.
Le Président (M. Marcil): Avant de poursuivre, M. le
ministre, c'est bien important vu qu'on échange entre parlementaires
qu'on maintienne quand même, comment pourrais-je dire...
M. Savoie: Un minimum de décorum.
Le Président (M. Marcil): Oui, s'il vous plaît,
compte tenu que les débats sont enregistrés. Vous pouvez y
aller.
M. Savoie: Je veux bien admettre un minimum de jugement de
valeur. Je ne veux pas poser un jugement de valeur sur ce qui s'est fait
autrefois. C'était une façon de fonctionner et qui marchait,
j'imagine, tant bien que mal. Il n'y a pas de miracle. Mais vous me demandez de
comparer le nouvel organigramme avec l'ancien. Là je vous ai
expliqué en gros notre organigramme. J'ai expliqué la tâche
du secrétaire adjoint, les tables, la fonction de M. Jolicoeur qui est
secrétaire général associé, qui voit aux
négociations et qui est également responsable de l'information.
Je ne peux pas le comparer cet organigramme à l'ancien parce qu'il n'y
en avait pas.
Étude sur un éventuel ministère
des Affaires du Nord
M. Claveau: Le ministre a, lui-même, identifié dans
son discours d'introduction certaines priorités et ce vers quoi il
s'orientait. Étant donné la nouvelle structure qu'il veut mettre
en place et qui semble être beaucoup plus proche des vocations
sectorielles de chacun des ministères - soit, c'est une décision,
une orientation qu'il a prise - je me demande comment tout cela se situe dans
son intention ou dans le mandat qui lui a été donné
d'étudier la possibilité de la mise en place d'un
ministère des Affaires du Nord.
M. Savoie: Ca c'est une initiative personnelle qui n'est pas
celle du parti, ce n'est pas, non plus, celle du caucus ou du Conseil des
ministres. D'ailleurs, cela n'a jamais fait l'objet de discussions ni au
caucus, ni dans le parti. C'est une initiative personnelle à laquelle je
crois. Je crois que tôt ou tard le Québec doit se doter d'une
structure administative spécifique pour le Moyen-Nord et le Grand-Nord
québécois.
M. Claveau: Le ministre sera d'accord que cette initiative
personnelle, il l'a prise à l'intérieur ou par le biais du
Secrétariat des affaires autochtones.
M. Savoie: En gros, je vais vous expliquer quelque chose
très rapidement. C'est qu'avant, le Québec ne s'occupait pas du
Nord. Cela a commencé seulement en 1963, lorsque M. René
Lévesque, qui, à ce moment-là, voyait encore clair,
était ministre des Richesses naturelles et a formé, à ce
moment-là...
M. Claveau: La DGNQ.
M. Savoie: ...la DGNQ (Direction générale du
Nouveau-Québec). Nous avions, pour la première fois, une
structure administrative qui visait le Nouveau-Québec. Il n'y avait pas
encore ou très peu de contacts avec les peuples autochtones. Les peuples
autochtones faisaient affaires avec Ottawa et non avec le gouvernement
provincial. Ce n'est qu'à partir de 1963 que des contacts et des
échanqes entre les autochtones et le gouvernement du Québec ont
commencé à avoir lieu.
En 1970-1971, avec la Baie James, on a modifié un peu la
structure et on a créé une autre direction qui n'a jamais
fonctionné parce qu'il y avait ces négociations concernant le
Nord. On ne parle pas d'un organisme qui visait des négociations avec
les autochtones, on parlait de la Direction générale du
Nouveau-Québec. Alors, là il y avait des rencontres avec les
Attikameks, Naskapis, Inuit et Cris. En 1976, il y a eu la prise du pouvoir par
le Parti québécois. On a réfléchi et on a
finalement abandonné cette orientation de la DGNQ, puisqu'il y avait eu
les ententes de la Baie James et que la Société de
développement de la Baie James fonctionnait. On s'est embarqué
sur le SAGMAI qui est essentiellement une structure qui vise la relation du
gouvernement du Québec avec les peuples autochtones, cet
échange-là. Ce n'est pas vraiment quelque chose qui vise le
développement du Nord et qui ne concernerait pas uniquement les
autochtones. Quelque chose qui viserait les Blancs, les autochtones et le
développement économique et social de toute cette vaste base
située au nord du 48e parallèle qui représente finalement
les deux tiers de la province de Québec.
M. Claveau: Je vous remercie, M. le
ministre, et je reviens à ma question: considérez-vous que
cette Initiative personnelle, que vous avez eue, fait partie de votre mandat
comme ministre délégué ou ministre responsable du
SAGMAI?
M. Savoie: Cela fait partie d'une des réflexions que je
dois certainement faire concernant l'orientation du SAA. Oui.
M. Claveau: M. le Président, le ministre a mis en place un
comité consultatif qui devait arriver à donner des grandes
orientations sur ce que devait être ce ministère des Affaires du
Nord. Est-ce que le comité a fini de siéger? Est-ce que son
rapport est connu ou est-ce qu'il est encore en délibération?
M. Savoie: Le rapport est terminé. Il est arrivé
à certaines conclusions. Il n'y a jamais eu de remise officielle encore,
parce qu'on a fait revoir en quelque sorte certains des éléments.
Il pourrait y avoir une remise publique bientôt.
M. Claveau: Est-ce que le ministre peut nous expliquer le lien
qu'il y a entre le rapport du comité en question et le contrat qu'il a
donné à M. Jean-François Thibault afin de faire une
étude sur la création du ministère des Affaires du
Nord?
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: Un contrat qui a coûté 17 607 $.
M. Savoie: Cela fait partie de l'information qu'on vous a
fournie, à l'annexe C des documents qu'on vous a transmis. Il n'y avait
aucun employé du cabinet envoyé par le ministre, toutefois
Jean-François Thibault fut engagé à contrat par la SAA
pour coordonner le groupe de travail visant la création d'une nouvelle
structure administrative pour la gestion des territoires nordiques. Il a
reçu, pour la période du 22 septembre au 30 avril, des
honoraires.
M. Claveau: Alors, c'est vraiment à l'intérieur de
ce comité qu'a fonctionné M. Thibault.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: II n'y a rien d'indépendant au
départ?
M. Savoie: Non.
M. Claveau: D'accord. Et les membres du comité le
faisaient de par leurs fonctions et par intérêt pour la question
nordique?
M. Savoie: C'est cela. Les autres membres du comité
étaient là à titre gratuit.
M. Claveau: Y a-t-il eu des rémunérations ou des
frais de déplacement payés à ces gens-là? Oui?
M. Savoie: Oui. Les frais de déplacement ont
été payés è ces gens-là.
M. Claveau: Par le secrétariat? (21 heures)
M. Savoie: Non, Je pense que c'était payé à
même mon enveloppe ministérielle aux Mines.
M. Claveau: D'accord. Je voudrais y revenir et ouvrir une
parenthèse là-dessus. Si je comprends bien, la question de votre
personnel politique qui s'occupe du Secrétariat aux affaires
autochtones, c'est-à-dire les deux personnes que l'on voit à
l'orqanigramme, on va retrouver ces postes lorsque l'on étudiera
ensemble les crédits sur les mines.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: C'est à ce moment-là que je pourrai
poser des questions là-dessus,
M. Savoie: Si vous voulez.
M. Claveau: Merci bien. Puisqu'on en est justement à la
liste des informations que vous nous avez fait parvenir concernant les contrats
de moins de 25 000 $, il y a une petite annotation là-dedans qui me
surprend.
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: II y a une petite annotation qui me surprend.
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: On dit: Contrats inférieurs à 500 $ et
on met tout simplement le total, 5915,49 $, alors qu'ailleurs, dans
l'énumération des autres contrats, il y a
énormément de contrats de moins de 500 $ que l'on a
spécifiés. Comment cela se fait-il qu'on ait reqroupé tout
à coup un certain nombre de contrats sous une même
appellation?
Le Président (M. Marcil): À quelle page voyez-vous
cela?
M. Claveau: M. le Président, c'est à l'annexe F,
question 6, réponse: Voir liste ci-jointe.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Savoie: II s'agit en très grande partie d'un ensemble
de petits contrats qui sont donnés à des pigistes, à des
photographes, à des gens qui font du dessin ou de la traduction pour la
revue Rencontre. Vous savez que la revue Rencontre qu'on publie
quatre fois l'on doit engager des pigistes, des photographes et payer pour
faire exécuter des dessins. Il s'agit de petits contrats, comme
çà, qui se donnent à gauche et à droite pour la
revue Rencontre.
M. Claveau: Je comprends ce que vous me dites, M. le ministre,
sauf que si on regarde la liste de la ventilation des autres dépenses,
on a cela: traduction pour la revue Rencontre, 200 $, textes pour la
revue Rencontre, 100 $, illustrations pour la revue Rencontre,
500 $, articles pour la revue Rencontre, 225 $, avec tous les noms,
les dates, etc. Comment cela se fait-il qu'on en ventile un certain nombre et
que, tout à coup, pour une raison qui nous est absolument inconnue, on
en regroupe une autre quantité sous la même appellation et on n'a
plus de noms, on n'a plus de dates, on n'a plus rien?
M. Savoie: Si vous vouiez les données bien
détaillées, on peut vous les fournir. C'est seulement une
question de répétition et d'ordonnance des textes. Plusieurs
traductions en montagnais, pour la revue Rencontre, 4167,68 $. Cela veut
dire que... Pour les traductions qu'on fait, on n'est pas pour
énumérer chacun des traducteurs, 30 $ pour l'un et 100 $ pour
l'autre; cela fait répétitif. Vous avez d'ailleurs, à deux
reprises, plusieurs traductions en montagnais pour la revue Rencontre,
un montant de 6800 $ et un montant de 4000 $. C'est pour des
périodes différentes et, tout simplement, on dit à qui
c'est versé, à Traduction montagnaise Enr., des choses comme
cela.
M. Claveau: J'avais compris cela, M. le ministre. On
spécifie, à ce moment-là, qu'il s'agit de textes de
traduction anglais-français. Dans le cas des 4471 $, traduction de
textes du français à l'anglais, on le comprend très bien,
mais il y a quand même une identification. Mais là, on a une ligne
qui s'intitule: Contrats inférieurs à 500 $. Cela peut être
n'importe quoi. C'est quand même près de 6000 $ au total. S'il
était possible d'avoir la ventilation de ces 5915,49 $, j'aimerais
bien.
M- Savoie: On va vous la fournir, M. le député.
M. Claveau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, vous prenez note
de la question. On va vous rappeler, à un moment donné, de
répondre à cette question, par écrit, je crois. Vous allez
donner cela au député d'Ungava. Cela va?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Marcil): Merci.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Revenons à
notre problématique globale. Vous nous avez parlé
brièvement de la question du ministère des Affaires indiennes et
du Nord canadien en nous refaisant un historique. Je vous remercie de l'avoir
fait pour le bénéfice de la commission. Quand on parle de la
question nordique, il y a un autre dossier qui se joint à tout cela et
qui est imprégné de toute cette dynamique nordique. D'ailleurs,
quant au Nord, ce n'est pas tout le monde qui s'entend par rapport à sa
limite sud. Il y a la question du gouvernement régional inuit ou
Kativik, pour lequel aussi d'ailleurs vous avez fait faire une étude sur
une forme de gouvernement inuit par M. Jean-Baptiste Bergevin, qui a
coûté 18 000 $, Est-ce que ça se retrouve encore à
l'intérieur de votre démarche sur la création d'un
ministère des Affaires nordiques?
M. Savoie: Cela a été fait avant. Ce
processus-là a commencé en 1984 lorsque les Inuit dissidents
avaient accepté de se joindre aux autres organismes inuit
conventionnés pour tenter de définir ce que pourrait être
un gouvernement autonome inuit au Nouveau-Québec. Après une
année de discussions et de consultations entre les Inuit, le
gouvernement, avec l'accord des Inuit, avait mandaté M. Berqevin. C'est
à ça que vous faites référence, le rapport
Bergevin?
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: Pour faire le point sur l'avancement du projet. M.
Berqevin a remis son rapport en 1986 au SAGMAI qui l'a transmis aux Inuit. Les
Inuit n'ont jamais réagi officiellement au rapport Bergevin.
M. Claveau: À l'assemblée régionale du
conseil régional de développement Kativik l'an dernier à
Kanqiqsujuaq, une des demandes principales qui émanait de
l'assemblée générale était justement la
création ou le transfert en bloc des dépenses gouvernementales en
milieu inuit dans le cadre d'une base structurelle pour un gouvernement
régional Kativik. Est-ce que le ministre est au courant de cette
demande-là et comment entend-il la traiter?
M. Savoie: C'est toute la question du "block funding" où
ils veulent recevoir un montant global de la part du gouvernement du
Québec et en faire l'administration.
Évidemment, il n'y a pas de prise de position formelle
là-dessus. Je leur ai dit à plusieurs reprises, Iors de
rencontres, que je pense qu'il y a encore un peu de temps à faire avant
qu'on en soit rendu là.
M. Claveau: Lors de la rencontre?
M. Savoie: Oui. J'ai déjà discuté à
plusieurs reprises avec des représentants inuit à ce
niveau-là, M. Gordon, Mary Simon...
M. Claveau: C'est parce que je faisais référence
spécifiquement à l'assemblée générale annuel
du conseil régional de développement Kativik...
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: ...et vous disiez: "...lors de la rencontre".
M. Savoie: J'ai eu plusieurs rencontres avec les intervenants. Je
ne faisais pas référence à la rencontre prévue,
là.
M. Claveau: D'accord. Dans le fond, pour le moment est-ce que
cette démarche est contradictoire ou entre en conflit avec votre
initiative personnelle, comme vous le disiez tout à l'heure, de mettre
en place un genre de ministère des Affaires du Nord?
M. Savoie: II n'y a pas de rapport entre le financement des
communautés inuit et le concept d'un ministère des Affaires du
Nord.
M. Claveau: Mais vous devez savoir, M. le ministre, que dans la
mentalité inuit, dans la traduction inuit de l'Administration
régionale Kativik, ce que nous appelons l'Administration
régionale Kativik, c'est traduit comme "gouvernement régional
Kativik".
M. Savoie: C'est ça.
M. Claveau: À ce moment-là, la population inuit
fonctionne et travaille dans le but avoué d'en arriver à
créer son propre gouvernement régional.
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: Ce qui n'est absolument pas, à mon avis,
compatible avec un ministère des Affaires du Nord dans ce que les Inuit
réclament.
M. Savoie: C'est parce que vous comprenez mal le concept d'un
ministère des Affaires du Nord, je pense.
M. Claveau: Est-ce que vous pourriez me l'expliquer, pour le
bénéfice de tout le monde et le mien en particulier?
M. Savoie: Le but, le concept d'un gouvernement régional
inuit, c'est justement d'administrer sur une base réqionale les domaines
d'activité inuit sur leurs territoires de catégories I, IA, IB et
II. C'est "ketchup", cela marche. Ce que nous visions par une administration du
Nord, c'était de coordonner les efforts des peuples autochtones et des
peuples non-autochtones pour pouvoir en arriver à un
développement plus accéléré, mieux structuré
pour répondre aux besoins économiques et sociaux du Nord. Que les
Inuit s'installent et disent: On aimerait gérer nos affaires à
l'interne de telle façon, avoir tel type de relations avec le
gouvernement du Québec, c'est parfait. De notre côté, nous
disions que le ministère des Affaires du Nord qui a d'ailleurs
été appuyé par des intervenants inuit sur une base
personnelle. Marc Gordon, entre autres, Mary Simon, étaient tous bien
intéressés et appuient très fortement cette
démarche du concept d'un ministère du Nord. Il n'y a pas
d'opposition en tant que telle. Je comprends pourquoi vous pouvez penser qu'il
y en aurait. Le ministère du Nord impliquerait nécessairement le
SAGMAI et d'autres intervenants d'autres ministères, et assurerait une
meilleure coordination pour le développement économique, pour les
services sociaux, les services de transport, en ce qui concerne le Nord.
M. Claveau: Dans votre esprit, M. le ministre, est-ce que le
ministère des Affaires du Nord serait ou pourrait être un
ministère à vocation horizontale qui reprendrait l'ensemble des
masses budgétaires affectées aux questions nordiques dans chacun
des ministères sectoriels et les gérerait d'une façon plus
globale pour le Nord ou si c'est un autre ministère à vocation
plutôt verticale qui ne ferait que recevoir les plaintes et essayer de
coordonner les activités des autres ministères sectoriels, mais
sans intervenir dans les activités sectorielles?
M. Savoie: Les critères qui ont été
dégagés dans l'étude, c'est que, peu importe que ce soit
un ministère ou un secrétariat, la conception qu'il fallait avoir
est triple. D'abord, cela devrait être assez vaste pour couvrir
l'ensemble des structures ministérielles; donc, avoir un aspect
horizontal. Deuxièmement, cela devrait être suffisamment bien
structuré pour avoir un impact immédiat dans l'administration du
Nord. Cela demandait, en quelque sorte, un aspect vertical dans le sens d'un
accès immédiat au Conseil des ministres et au Conseil du
trésor, une structure qui lui permettrait l'intégration assez
rapide aux différents ministères existants. Le troisième
élément - je pense que c'est le plus important - il fallait
développer de pair,
avec l'ensemble des ministères, un accès direct à
l'ensemble des structures et un aspect de recherche et de
développement.
M. Claveau: Est-ce que je peux vous poser une question bien
concrète pour essayer d'imager mon propos?
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: Supposons que, dans le cadre d'un ministère
des Affaires du Nord, le ministère envoie, à Kuujjuak, un
ingénieur civil. Est-ce que cet ingénieur, ayant les
compétences exigées, pourrait, durant le même voyage, en
réduisant les frais, étudier le problème d'un pont qui
relève du ministère des Transports, étudier le
problème du chauffage du centre hospitalier qui relève du
ministère de la Santé et des Services sociaux, étudier le
problème de la fenestration d'une école qui relève du
ministère de l'Éducation, étudier le problème de
l'aéroport, enfin faire le tour de l'ensemble des problèmes et,
après, revenir avec des données plutôt que d'envoyer un
spécialiste de chacun des ministères?
M. Savoie: C'est exactement le genre de structure qu'on vise. Ce
qu'on vise, c'est de rentabiliser les opérations nordiques et s'assurer
que, lorsqu'un ministère intervient dans le Nord, il n'intervient pas
avec des gens qui sont nouvellement affectés à ces
tâches-là ou qui n'ont pas vraiment l'expertise pour faire une
intervention efficace et peu coûteuse. On dit que les gens qui ont une
compétence en ce qui concerne la gestion nordique doivent se regrouper
autour d'un organisme central, que ce soit un ministère ou un
secrétariat, et qu'on puisse coordonner, à ce moment-là,
les différentes interventions. C'est sûr que le ministère
de la Santé et des Services sociaux, j'imagine, va continuer, pendant
encore une bonne secousse, à être le seul répondant au
chapitre des affaires sociales même au nord du 48e. On n'est pas contre
cela. On dit simplement: D'accord, mais il devrait y avoir un organisme qui,
lorsque vous dépassez cette zone-là, pourrait permettre cette
transformation-là d'une façon efficace.
M. Claveau: Je ne sais pas si c'est un lapsus, mais il me semble
que le ministre vient d'introduire un nouveau concept de la nordicité:
le nord du 48e. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Savoie: C'est cela. Le nord qu'on avait défini, en
gros, lors de notre rencontre, c'était le 48e de Rouyn, à peu
près, jusqu'à l'est de Val-d'Or, Senneterre; ensuite, cela
montait au 49e, à Chibougamau, et cela traversait ensuite sur la
Côte-Nord. Pour M.
Louis-Edmond Hamelin, qui est certainement le plus grand
géographe et le plus grand spécialiste en nordicité
québécoise d'ailleurs, c'est lui qui a inventé le terme
"nordicité", si je ne me trompe pas, "nordicité
québécoise" - il y a le Grand-Nord, il y a le Moyen-Nord et il y
a le fleuve. Le Moyen-Nord, pour lui, c'est le 48e. C'est pas mal la ligne
magique.
M. Claveau; J'aimerais comprendre pourquoi, à l'est du
soixante... - quel méridien à peu près, enfin le
méridien qui délimite l'Abitibi - pourquoi, à l'ouest de
ce méridien-là, le 48e est le Nord et pourquoi, vis-à-vis
du Lac-Saint-Jean, le Nord, ce n'est plus le 48e? (21 h 15)
M. Savoie: C'est une discussion qu'on a eue à plusieurs
reprises au sujet du Lac-Saint-Jean. Le Lac-Saint-Jean a deux
particularités: c'est un peu une réqion nordique, mais c'est
éqalement une région du fleuve, vraiment. Il y a une
municipalité, Chicoutimi, qui a une grande population, soit 100 000
personnes et quelque. Il y a beaucoup de transformation qui se fait dans les
usines d'aluminium de l'Alcan qui sont situées au Lac-Saint-Jean. C'est
une structure qui n'est pas vraiment nordique. Cela ne se trouve pas en
Abitibi. Cela ne se trouve pas non plus sur la Côte-Nord. Il y a un autre
élément cependant, car l'agriculture y est beaucoup plus
importante, plus prépondérante dans la région du
Lac-Saint-Jean qu'en Abitibi ou sur la Côte-Nord. Sur la Côte-Nord,
il n'y a pas d'agriculture. En Abitibi, il y en a, bien sûr, mais dans
mon comté, par exemple, dans tout le comté d'Abitibi-Est, il y a
40 cultivateurs. Il y en a beaucoup plus dans le comté du
député d'Abitibi-Ouest, M. Gendron; il y en a peut-être 280
ou 300.
M. Claveau: Qui est au nord du vôtre, M. le ministre.
M. Savoie: Oui, mais ce comté est dans une région
spéciale, tout près de la frontière de l'Ontario. II y a
quand même beaucoup de difficultés en matière
d'agriculture. Le qros de l'agriculture dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, c'est au Témiscaminque où il y a
environ 800 cultivateurs entre Rouyn-Noranda et Témiscaminque-Sud.
M. Claveau: J'aimerais comprendre quel genre de ressemblances le
ministère peut trouver entre une réqion économiquement
articulée et différenciée telle celle de Val d'Or ou celle
de Rouyn et, par exemple, les réserves de la côte de la baie
James.
M. Savoie: II y a énormément de similitudes entre
ces deux réqions. D'une part, toute cette région étant...
Essentielle-
ment, l'Abitibi et Rouyn-Noranda vivent de deux choses: l'exploitation
minière et forestière. Les services, la transformation, le
raffinage sont accessoires à ces deux activités. Le
déplacement des activités minières et forestières
s'effectue de plus en plus vers le sud de la baie James. Actuellement, les
nouvelles mines en Abittbi se trouvent à quelque 100 kilomètres
au nord de La Sarre. La région de Matagami et celle de Joutel sont
essentiellement des régions minières et, là, on est
carrément à la Baie James ou on est tout près. Il y a
actuellement beaucoup d'explorations au nord de Chibougamau et à l'ouest
de Chibougamau, entre la région de la baie James et Chibougamau. Toute
cette région va connaître, au fil des ans, beaucoup plus
d'activités minières et la récolte de la forêt sera
beaucoup plus riche qu'elle ne l'est actuellement.
M. Claveau: Pourquoi le ministre ne travaille-t-il pas à
partir des limites définies en 1975 par ceux-là mêmes qui
composent le gouvernement dont il est membre actuellement? Les limites du
territoire de la baie James qu'on établissait au 49e parallèle,
en l'occurrence, sont celles-là mêmes qui, suivant les
dispositions de la loi, ont permis au fédéral de
transférer les terres d'Abitibi et de Rupert au Québec, au
début du siècle. Ce sont ces limites suivant lesquelles la loi
québécoise peut être modifiée en fonction, par
exemple, des intérêts des autochtones, etc., ce qu'on ne retrouve
pas au nord du 49e parallèle ou, pour être plus précis, au
nord de la 100e borne, le long de la frontière, au sud de la baie James,
pour reprendre les termes de la loi de 1912. Comment se fait-il que le ministre
opte pour un autre principe, une autre vision que celle qui, depuis près
d'un siècle, a été celle qui devait délimiter ce
que devrait être le nord québécois en ce qui a trait
à l'occupation du territoire autochtone, que ce soit par les Cris, les
Naskapis ou les Inuit?
M. Savoie: Je pense que je travaille à partir de
données qui ne sont pas celles de 1912 mais avec des données de
1960, 1970, 1980, qui ont été établies par des
géographes québécois. Je pense, en particulier, à
Louis-Edmond Hamelin qui a, en quelque sorte, parrainé le comité
que j'ai formé. Louis-Edmond Hamelin est reconnu mondialement comme un
expert de la nordicité. Il est invité souvent en Russie, en
Suède, en Finlande, par les Inuit, par l'Association circumpolaire
internationale où il participe souvent à des colloques et
à des échanges. Il a étudié le Québec en
1952-1953; il a considéré le Québec et l'a divisé
en trois zones qui s'identifient clairement selon leur situation
économique, géographique, politique et culturelle. Il a dit: II y
a le Grand-Nord, au nord du 52e parallèle, peu peuplé, sinon par
des autochtones et, ou il y a énormément de lacs - on parlait de
1 000 000 de lacs; ensuite, il y a la zone entre les deux, une zone
d'activités minières intenses: la Côte-Nord, Chibougamau,
l'Abitibi-Témisca-mingue. Le, il y a des Blancs; il y a une rencontre,
une cohabitation entre les Blancs et les autochtones; il y a un va-et-vient
perpétuel, la population y est relativement jeune comparativement
à celle de la zone du fleuve et il n'y a vraiment que deux
éléments. Il y a peu de services qui s'y développent.
Ensuite, il y a la zone du fleuve, qui est carrément le Québec
traditionnel, vivant essentiellement de la transformation des richesses qui
sont récupérées au nord. Louis-Edmond Hamelin ayant
défini la géographie québécoise, en 1952, selon ces
principes, est reconnu par quasiment tout le monde, aujourd'hui. Je me suis
basé là-dessus.
M. Claveau: Si vous me permettez, j'en reparlerai avec M. Hamelin
parce que, pour en avoir déjà discuté avec lui, il ne me
semblait pas avoir compris vraiment la même chose, mais j'en reparlerai
avec lui.
Je crois que le ministre aura de la difficulté à faire
comprendre ou à faire avaler, oserais-je dire, aux gens qui vivent au
nord du 49e parallèle que l'Abitibi. Témiscamingue vit en
situation nordique. L'Abitibi-Témiscamingue, à notre avis, ne vit
pas en situation nordique. J'émets un point de vue tout à fait
personnel, tout à fait représentatif des qens qui m'ont
élu dans mon comté.
J'utilise souvent comme exemple - je pense que c'est un exemple qui se
vaut, puisqu'on est dans un secteur minier que le ministre connaît bien -
que, dans les mines, quand on est sous terre, on n'est pas sur le plan de
surface. L'Abitibi-Témiscaminque, comme le SaguenayLac-Saint-Jean
sont, à mon avis, les plans de surface, les entrées par où
l'on passe pour aller sur une route isolée, qui ressemble
peut-être un peu à un puits de mine et qui comporte
différents niveaux, dont les premiers, dans le cas de l'Abitibi,
pourraient être Joutel, Matagami, Radisson, etc. On s'en va toujours en
creusant, si on tourne la carte à l'envers, pour se faire une image.
Mais à partir du moment où on est sous terre, on n'est pas
sur le plan de surface. Quand on est sous terre, avoir une tonne de roches sur
la tête fait aussi mal que 100 000 000 de tonnes. Mais le 1 000 000 de
tonnes de roches, on ne peut pas l'avoir sur la tête quand on est sur le
plan de surface, parce que c'est le ciel qui est au-dessus. C'est un peu
l'imaqe que j'utilise pour faire comprendre le principe d'éloignement,
par exemple, que quelqu'un qui vit à Joutel ou à Matagami aura
à
assumer contrairement à quelqu'un qui vit à Amos, à
Rouyn ou à Val-d'Or, ou ailleurs dans le Témiscamingue, où
la situation, le contexte géopolitique et le contexte économique
sont tout à fait différents et où il n'y a pas de mesure
commune.
La preuve de cela? Prenez un industriel de Val-d'Or et essayez de
l'amener à Matagami sous prétexte que ce n'est pas pire à
Matagami qu'à Val-d'Or puisque, de toute façon, il est dans le
même contexte, et vous verrez la réponse qu'il va vous donner. Si
le ministre est capable de me dire que oui, les gens de Val-d'Or
considèrent qu'aller à Matagami, ce n'est pas compliqué,
c'est la même chose que de vivre à Val-d'Or et qu'on y va
n'importe quand, à ce moment-là, je dirai au ministre: "Oui, vous
avez probablement raison."
Par contre, quelqu'un qui vit à Matagami, à Radisson ou
à Chibougamau va facilement se déplacer vers d'autres champs
miniers parce qu'il est habitué à ce contexte. Vous allez le
retrouver à Schefferville, à Kuujjuaq, vous allez le retrouver
ailleurs. Je peux vous donner de nombreux exemples de gens qui ont
été élevés à Chibougamau, qui ont
vécu là et qui travaillent actuellement à Kuujjuaq,
à Ivujivik, à Kuujjuarapik ou dans ce coin-là. Mais on
retrouve quand même un peu moins de gens de Val-d'Or ou du
SaguenayLac-Saint-Jean, à moins qu'ils aient vécu pendant
un certain temps dans ces villages ou ces petites villes minières.
Si le ministre est capable de me prouver que n'importe qui de Rouyn ou
de Val-d'Or se sent exactement dans le même contexte s'il vit à
Chibougamau et qu'il va se déplacer sans aucune crainte et s'acheter une
maison là-bas parce que c'est la même chose qu'à Val-d'Or,
à ce moment-là, je dirai: "Oui, M. le ministre, vous avez raison,
et le ministère des Affaires du Nord devra passer par
l'Abitibi-Témiscamingue." Tant et aussi longtemps que ce ne sera pas le
cas, j'aurai beaucoup de difficulté à comprendre comment voua
allez réussir à faire admettre aux gens qui vivent à
Matagami qu'ils vivent exactement dans la même situation qu'à
Val-d'Or.
C'est ma réflexion sur la question du ministère des
Affaires du Nord, M. le ministre.
Le Président (M. Marcil): Maintenant, M. le
député, compte tenu que vous avez déjà
utilisé tout votre temps et qu'il y a un autre député qui
voudrait intervenir...
M. Claveau: J'ai utilisé mon temps, dans quel sens?
Le Président (M. Marcil): Dans le sens qu'il n'y a pas eu
d'enveloppe de temps négociée entre les deux formations. Donc,
j'applique le règlement, ce qui fait que s'il y a d'autres
députés qui veulent intervenir, je suis obligé de les
reconnaître. Cela va?
M. Claveau: D'accord, dans l'alternance. On n'a pas parlé
du droit global de trois heures.
Le Président (M. Marcil): Oui, oui, ne vous
inquiétez pas. M. le député de Mille-Îles.
Dépenses de transfert
M. Bélisle: Merci, M. le Président. J'aimerais
d'abord poser une petite question toute simple qui a rapport aux
dépenses de transfert pour 1986-1987, à la fin du cahier noir,
où on voit, en annexe, la liste des bénéficiaires et des
montants indiqués. Vous vous y retrouvez, M. le ministre?
M. Savoie: Oui, merci.
M. Bélisle: Voilà. D'abord, le montant total, c'est
combien?
M. Savoie: C'est 900 000 $.
M. Bélisle: 900 000 $, environ?
Une voix: Près de 700 000 $.
M. Savoie: 700 000 $.
M. Bélisle: 700 000 $.
M. Savoie: Cela se trouve à l'autre page. On aurait pu
effectivement mettre le total pour les fins de la rencontre.
M. Bélisle: D'accord. Dans le processus d'octroi de ces
montants qu'on appelle "dépenses de transfert", qui est la façon
habituelle de fonctionner du gouvernement du Québec, quel que soit le
ministère, je ne sais pas si vous le savez, M. le ministre, mais dans
l'ensemble du budget du Québec, 75 % du budget de la province - 3 $ sur
4 $ du budget total de dépenses - est accordé par voie de
paiements de transfert et de dépenses de transfert, ce qui est
énorme.
M. Savoie: Oui, effectivement.
M. Bélisle: J'aimerais savoir quelles méthodes
utilise le Secrétariat aux affaires autochtones pour faire la
vérification après que les sommes qui ont été
accordées par dépenses de transfert - par exemple, je vais
prendre un montant inférieur à 5000 $, le deuxième
montant, Administration régionale crie: 2304 $ - aient été
de fait utilisées pour les fins pour lesquelles elles ont
été demandées.
M. Savoie: D'accord. Comme vous le savez, on transige avec un
groupe très restreint d'intervenants. On parle en gros de quelque 40 000
autochtones au Québec. Lorsqu'on parle des Cris, on parle d'une
population d'environ 9000. Parmi ces 9000, on finit par connaître les
chefs et les administrateurs d'une façon assez individuelle. Lorsqu'on
nous fait une demande, cela peut se produire de trois façons. Cela peut
être sur une base ad hoc, c'est-à-dire qu'on nous demande une
subvention, par exemple, pour envoyer des jeunes Cris d'une communauté
à Montréal. Â ce moment-là, on verse le montant et
on nous présente les pièces justificatives, selon l'occasion.
Lorsque c'est sur une base plus ou moins récurrente, comme
l'Alliance autochtone du Québec, par exemple, pour les 100 000 $, ils
doivent nous présenter, soit sur une base bimensuelle, mensuelle ou
biannuelle, l'état des dépenses et la facturation par comptes
certifiés.
M. Bélisle: Sans bilan financier. Seulement un rapport
d'activités?
M. Savoie: Non, cela dépend de l'activité. Lorsque
c'est une activité pour laquelle on envoie un groupe de jeunes, les
factures suffisent. Lorsque c'est quelque chose de plus élaboré,
on demande les rapports vérifiés, un rapport comptable.
M. Bélisle: C'est fait pour tous les groupes?
M. Savoie: C'est assez standard. Évidemment, il y a des
groupes moins articulés que d'autres. Certains groupes ont moins de
possibilités que d'autres. Certains groupes au Québec, M. le
député, n'ont presque pas d'accès au monde
extérieur. Ils viennent nous voir et ils disent: M. Savoie, on veut
lancer une équipe de basketball à notre école; on aurait
besoin, d'abord, de 1500 $ pour l'équipement et, ensuite, pour louer un
autobus pour aller jouer contre telle autre tribu. On verse l'argent aux
administrateurs et une vérification est faite par les intervenants du
SAGMAI.
Lorsque c'est plus élaboré, par exemple lorsqu'on pense
à l'Association des femmes autochtones du Québec qui revient sur
une base récurrente, les montants sont beaucoup plus substantiels. Par
exemple, 100 000 $ à l'alliance et 107 000 $ aux femmes autochtones.
Là, il y a une structure. Elles sont souvent à Montréal.
Il y a des frais de location; il y a une organisation, un secrétariat et
le contrôle se fait beaucoup plus facilement. On exige évidemment
un rapport comptable à ce moment-là.
M. Bélisle: Si je prenais un exemple au hasard, le Conseil
de bande d'Eastmain, 5000 $, c'est un peu plus au bas de la page, à peu
près 12, ou le Conseil de bande de Betsiamites...
M. Savoie: Oui, d'accord.
M. Bélisle: 5000 $. Est-ce que vous êtes en train de
me dire, M. le ministre, que, même pour des montants inférieurs
à 5000 $, vous demandez un rapport d'activité? (21 h 30)
M. Savoie: Cela dépend de l'occasion, mais règle
générale, un montant, selon l'utilisation qu'ils doivent en
faire, peut être nécessaire pour terminer l'achat d'un morceau
d'équipement, acheter un camion pour déplacer les gens vers un
aéroport ou acheter un moteur ou un morceau d'équipement. Cela
varie énormément d'une nation à l'autre et d'un cas
à l'autre. Il est assez difficile d'avoir une règle de
vérification comme ça. Normalement, il y a toujours une
vérification qui se fait. Par exemple, lorsqu'ils nous disent qu'ils ont
3000 $, qu'ils veulent s'acheter un moteur de bateau pour 8000 $, qu'il manque
5000 $, et qu'ils font une demande pour 5000 $, on accorde les 5000 $. On
vérifie pour être certain qu'ils achètent le moteur. Il y a
une vérification qui se fait.
Maintenant, on ne peut pas exiger un rapport comptable pour l'achat d'un
moteur, vous comprendrez bien. Il y a des moyens de faire des
vérifications d'une façon assez sommaire, un moteur, la
fabrication, oar exemple, la facture, des contrôles semblables.
M. Bélisle: Cela va aller pour le moment relativement
à cette question.
M. Savoie: Parfois, on me dit que souvent c'est justement un cas
de complémentarité. Un ministère va dire: Je suis
prêt à aller jusqu'à tel montant. Finalement, il manque un
montant pour compléter la subvention parce que le temps s'est
écoulé et que les coûts ont augmenté, que les
facteurs ont varié. Il manque un petit montant de 5000 $ à 6000
$. Plutôt que de retourner au ministère pour aller chercher les
5000 $, 6000 $, on va aller à même notre montant pour contribuer
pour l'exécution du montant.
M. Bélisle: J'ai remarqué dans vos remarques
introductives que vous avez noté surtout la question de la prise en
mains de l'avenir économique par les peuples autochtones.
M. Savoie: Oui.
Qualification de la main-d'oeuvre
M. Bélisle: Pour moi, cela a énormé-
ment d'importance. Vous avez parlé également d'une
facette, en tout cas, majeure à cet égard, c'est-à-dire la
main-d'oeuvre qualifiée inexistante dans tous les secteurs
d'activité économique. J'ai cru déceler cela dans votre...
Vous pourriez peut-être me brosser un petit tableau dans les 40 000 du
degré de qualification de la main-d'oeuvre, de ceux qui travaillent, de
ceux qui ne travaillent pas. Avez-vous des données là-dessus?
M. Savoie: II existe des données. Vous comprendrez que le
phénomène de l'instruction est quasiment inexistant chez les
peuples autochtones. C'est un phénomène tout à fait
récent. Même qu'on pourrait dire qu'en grande partie,
jusqu'à tout récemment, l'ensemble des populations autochtones au
Québec étaient analphabètes. Lorsque j'ai fait une
tournée, l'été passé, j'ai essayé de faire
comprendre aux communautés qu'il était très important
qu'elles soient en mesure de construire elles-mêmes leurs systèmes
d'égout et d'aqueduc, qu'elles forment elles-mêmes leurs
électriciens, leurs plombiers, pour qu'elles puissent subvenir à
ce niveau d'autogérance qu'elles ne possèdent pas, mais dont
elles constatent aujourd'hui, je crois, l'importance.
Vous savez, il n'y a pas, à toutes fins utiles, quinze
électriciens autochtones. Ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas la
formation. Il y en a peut-être une quarantaine qui sont capables
d'enfiler une maison. Mais parce qu'ils demeurent dans des régions
éloignées, isolées souvent, il est très difficile
pour eux d'obtenir une carte de compétence pour fonctionner en dehors de
la réserve. Ils ont peu d'intérêt à
développer ces spécialisations. D'un autre côté,
étant donné que la civilisation monte de plus en plus, le temps
passe, qu'ils ont plus de communications avec nous autres, ils doivent
développer ces gens. Ils deviennent nombreux.
On a des communautés autochtones au Québec maintenant qui
ont 2000 de population, 2500. C'est considérable. À ce
moment-là, cela devient rentable pour un autochtone de devenir
spécialiste, d'obtenir des cartes de classification tout au moins pour
être reconnu par l'État québécois, d'aller chercher
les cours pour être reconnu comme autochtone électricien et qu'il
soit capable de fonctionner dans un cadre à l'extérieur de l'OCQ.
Mais qu'il soit reconnu électricien, par exemple, aux fins des
compagnies d'assurances. C'est important. Cela n'existe pas aujourd'hui. C'est
ce qu'on cherche à développer. Actuellement, je pense, chez les
Cris, on a un des chefs qui est ingénieur forestier. C'est incroyable ce
qu'il fait chez lui.
Il y a vraiment une orientation à sa communauté. Il y a un
développement économique qui se fait, et c'est vraiment un
rôle de modèle pour plusieurs communautés cries. Ils sont
rares. Ils sont exceptionnels. Le taux de scolarisation est très bas.
Pendant longtemps, les communautés autochtones ont été en
quelque sorte la lie de notre société. Ils le sont encore
à plusieurs niveaux. Il y a cette émergence qui se fait et qui
doit être encouraqée. Je pense que cela passe par deux niveaux.
D'abord, ce développement économique que vous avez
signalé, mais qui passe nécessairement par l'augmentation de la
scolarisation des peuples autochtones: On essaie de combiner les deux et de
structurer la continuité de cette éducation ou de cet
apprentissage sur la communauté; qu'un Indien vienne au Québec et
aille chercher sa carte de plombier, qu'il soit reconnu comme tel et qu'il
retourne dans sa communauté. Il faut que le gouvernement reconnaisse que
ce gars-là n'est pas capable de faire le même nombre d'heures,
qu'il n'est pas capable de satisfaire les exigences en vigueur dans le sud du
Québec, le long du fleuve. Il vit dans un contexte spécifique
comme beaucoup de gens qui vivent dans le Nord. Il faut modifier les normes et
les règles. C'est tout le discours du Nord. On pense qu'on devrait se
moderniser, s'adapter à leurs besoins pour les encourager à
développer cette notion d'activité économique chez eux.
C'est très difficile à faire, ils en sont conscients et je pense
qu'on est sur la bonne voie.
Vous savez qu'au Québec, à ce jour, on a fait très
peu de chose sur une base réelle. Il n'y a pas eu de volonté
nette, sauf peut-être ces quelques dernières années, pour
vraiment faire avancer la cause des autochtones. On peut poser des qestes comme
ceux-ci, au SAA, en travaillant avec ce qu'on a, mais cela va demander beaucoup
plus. Comme je vous l'ai indiqué tout à l'heure, cela va demander
de modifier les règles. Il y a tellement de modifications à faire
que ce n'est qu'un exemple, la modification des normes, des règlements,
mais je pense que c'est un pas dans la bonne direction.
M. Bélisle: À part les pressions morales par la
voie du discours oral que vous pouvez avoir en rencontrant des gens de ces
communautés, avez-vous pensé, à l'intérieur du
secrétariat, à des mesures incitatives beaucoup plus
concrètes, à des primes, pour l'insertion, la réinsertion
ou l'obtention de cartes de compétence, des exemples que vous nous
donniez tantôt, au lieu de procéder à l'inverse? Je vous
vois aller en disant: On va tenter d'adapter nos règlements, par
exemple, dans le domaine de la construction, au phénomène
autochtone, mais est-ce qu'il n'y a pas une autre route, une autre avenue, un
autre sentier à emprunter en leur mettant aussi une sorte de prime
à l'intégration?
M. Savoie: À l'intégration à la
communauté des Blancs?
M. Bélisle: Bien, à l'intégration, je veux
bien me faire comprendre.
M. Savoie: Oui.
M. Bélisle: Je ne veux pas être mal
interprété ce soir.
M. Savoie: Non.
M. Bélisle: Oisons que le terme "intégration" est
mal choisi.
M. Savoie: D'accord.
M. Bélisle: Surtout à développer cette
potentialité économique et à devenir de plus en plus
autonome en ayant plus de compétence, en ayant de la main-d'oeuvre plus
qualifiée, pas simplement dans le but d'adapter et de diminuer les
exigences pour qu'ils puissent fonctionner dans leur secteur, mais en leur
mettant des primes, des incitations à poser des gestes pour devenir plus
compétents. On abaisse les critères, on abaisse un tas de choses,
mais je pense qu'il y a aussi, dans l'autre avenue, la possibilité de
laisser les critères comme ils sont, mais donner des primes pour qu'ils
puissent se qualifier en fonction des critères.
M. Savoie: Je pense que vous avez vu correctement.
M. Bélisle: Vous avez réfléchi à
cela, vous?
M. Savoie: Notre attitude, en gros, c'est de tenir un discours
cohérent, continu sur le fait qu'ils doivent se développer au
niveau économique. On les encourage, on les incite à cela. Par
exemple, on essaie d'encourager les chefs à valoriser les jeunes qui
vont s'instruire, à leur donner un statut spécial à
l'intérieur de la communauté. Actuellement, on valorise encore
des valeurs de bons chasseurs, on valorise encore des notions qui s'adaptent
mal au contexte économique dans lequel ils vivent; c'est surtout
à ce chapitre. Le discours que l'on tient, on essaie de l'appuyer en
posant des gestes particuliers, mais on n'a pas une attitude rigide. On cherche
à prendre chaque communauté selon son contexte social et selon sa
situation. Vous savez qu'il y a des bandes, au Québec, qui occupent
d'énormes territoires, qui vivent un contexte économique
très particulier qui, donc, n'ont même pas de réserve ou
sont éparpillés sur un territoire occupé par des Blancs:
une maison "blanche", une maison "indienne", une maison "blanche", une maison
"indienne". Ce sont là des situations où il faut une très
grande flexibilité de notre part. Ce qu'on cherche surtout à
faire, c'est d'avoir une bonne sympathie face à leurs problèmes,
une bonne attitude et les aider selon leurs demandes, tout en les conseillant
du mieux qu'on le peut avec les restrictions budgétaires et les
réductions de personnel qu'on a. Vous allez me dire que c'est un peu un
cataplasme, que c'est une réaction plutôt qu'une initiative, mais
on essaie de combiner les deux. On ne veut pas remplacer le chef, on ne veut
pas remplacer leur système de vie traditionnel. Ce qu'on cherche
à faire, c'est de marcher avec eux en leur donnant tout l'appui qu'on
peut, en tenant un discours qui vise vraiment leur mieux-être et en
cherchant à instituer des programmes de n'importe quelle façon.
La façon que vous mentionnez, soit en fonctionnant de a à b ou de
b à a, pour nous, cela n'a aucune importance. Ce qu'on recherche, c'est
surtout le résultat. Si on pose un geste... Je connais plusieurs
personnes qui s'occupent du SAGMAI, aujourd'hui, et je peux vous dire que je
n'ai jamais vu ces gens-là s'arrêter et dire: Ce n'est pas comme
cela qu'on veut cela. On regarde toujours la façon dont, eux, veulent
cela et on essaie de s'adapter à leur façon tout en leur
indiquant qu'il nous arrive, parfois, d'avoir des restrictions, nous aussi, et
qu'il faudrait s'y conformer. "On cherche à intégrer, le plus
possible, si vous voulez, leurs demandes, leurs besoins selon les ressources
qu'on possède. On n'a pas de structures fixes. Si on est capable d'aller
de haut en bas ou de bas en haut, on va y aller selon ce qu'on est capable de
faire. Des incitatifs, oui, on cherche à en développer des deux
côtés.
M. Bélisle: Je pense à un programme de prime ou
d'accessibilité accrue...
M. Savoie: À l'enseignement?
M. Bélisle: ...à l'enseiqnement...
M. Savoie: Oui, cela...
M. Bélisle: ...à l'enseignement au Québec
pour des jeunes Amérindiens ou Inuit qui pourraient être au-dessus
des normes existantes dans les programmes du ministère de
l'Éducation. C'est dans ce sens que je pense de b à a au lieu de
a à b.
M. Savoie: Oui, d'accord.
M. Bélisle: Pour moi, si on parle de former de la
main-d'oeuvre qualifiée, la voie élémentaire, c'est de
passer par le système d'éducation, qu'on le veuille ou non.
M. Savoie: Oui, c'est cela.
M. Bélisle: Vous donniez tantôt
l'exemple de l'ingénieur forestier qui était chef de sa
tribu et qui est un modèle à citer pour le Québec. Je ne
dis pas qu'il faut les intégrer à notre communauté; ce
n'est pas cela du tout. Mais il faut leur donner des outils pour qu'ils soient
plus autonomes, il faut, peut-être, leur faire faire une partie du
chemin...
M. Savoie: C'est cela.
M. Bélisle: ...et ensuite qu'ils retournent à leur
communauté.
M. Savoie: C'est cela.
M. Bélisle: Moi, je vois que vous avez un petit budget,
mais, ce que je pense être une des solutions quand je parle de prime ou
d'incitation, ce serait que vous plaidiez auprès du ministre de
l'Éducation pour qu'il y ait un volet très spécial dans
les programmes nationaux d'accessibilité aux programmes
collégiaux, aux programmes secondaires dans les métiers divers et
dans les...
M. Savoie: Oui.
M. Bélisle: Vous comprenez très bien ce que je veux
dire, je pense.
M. Savoie: Oui, très bien. Ce qu'on cherche à
faire, c'est d'établir des écoles secondaires qui
répondent à leurs besoins. Les plus doués, les plus
débrouillards vont, évidemment, accéder à
l'enseignement collégial. Ces gens-là doivent souvent se
déplacer. Ce qu'on cherche à faire, c'est de faciliter ces
déplacements, de les placer dans un contexte où ils vont
être très à l'aise. On cherche par ces moyens à
faciliter l'instruction de ces individus. Pour le moment, même si on vise
à développer des géologues, des diplômés
d'études collégiales, au niveau des cégeps, dans des
techniques très particulières, on recherche des domaines qui ne
sont pas vraiment complexes et qui sont faciles à organiser: celui des
infirmières ou des électriciens... C'est difficile parce qu'il y
en a très très peu qui réussissent à terminer leur
dixième ou leur onzième année. Il y a déjà
eu des programmes au Québec où on cherchait à faire des
cours accélérés. C'est assez difficile. On en est vraiment
à la génération sacrifiée. On arrive à la
génération qui est la plus difficile... On est entre les deux
actuellement. Ce qu'on cherche à faire, c'est d'accélérer
ce processus en adaptant des cours du secondaire pour garder
l'intérêt des jeunes autochtones, en instituant des cours qui vont
combiner la lecture, l'arithmétique, qui vont représenter un
intérêt culturel pour eux et qui vont permettre... On cherche
actuellement à élaborer des mécanismes permettant aux
autochtones, particulièrement à ceux des régions
éloignées... On parle peu des Mohawks qui vivent à
Montréal et qui sont beaucoup plus scolarisés que ceux des
régions éloignées. On cherche à introduire des
mesures concrètes, techniques, réelles qui vont faciliter le
déplacement de ces autochtones de leur communauté pour recevoir
cette instruction, ensuite, lorsqu'ils retourneront chez eux, ils seront
capables d'exercer ce qu'ils ont appris. Ce n'est pas toujours facile, compte
tenu des Circonstances, pour les communautés et le peu de
population.
Le Président (M. Marcil): Cela va? M. le
député d'Ungava. (21 h 45)
M. Claveau: Merci, M. le Président. Il y aurait beaucoup
de choses à dire là-dessus, entre autres sur la question de la
qualification. Il y a, quand même une précision que je voudrais
demander au ministre à la suite d'une question de mon collègue.
Tout à l'heure, le ministre en donnant l'exemple du cas d'un
électricien qui pourrait être formé, disait qu'il pourrait
revenir dans son milieu, dans sa réserve et travailler selon des normes
différentes. Il parlait, entre autres de normes en milieu nordique et
tout cela. Je n'ai pas compris, dans son discours, que cela s'appliquait aussi
à la réserve d'Odanak ou à la réserve du village
huron. Ce ne sont pas des gens qui vivent dans des situations nordiques, mais
ils vivent quand même dans une situation un peu particulière.
M. Savoie: Oui, sauf que la majorité des Hurons sont
entourés par une grande municipalité urbaine qui est
Québec. Toutes les rues sont pavées. Ils vivent de façon
beaucoup plus aisée. Ils ne vivent pas avec les Blancs. Ils ne vivent
pas la même problématique que les communautés montagnaise,
algonquine, attikamek, naskapie, crie ou inuit au Québec. On pourrait
même le dire de certaines réserves en Gaspésie. Ce n'est
pas du tout et d'aucune façon le même contexte. Cela se compare
très difficilement. Les Hurons sont des autochtones, ici, à
Québec. Ils exercent leurs droits. Ils ont une vie spirituelle,
culturelle différente de l'ensemble des Québécois au
niveau de la ville. Leur contexte économique et social n'est pas du tout
pareil à celui des autres autochtones. Ils ont souvent une très
forte scolarisation. Il ont souvent des jobs. Ils font partie du tissu de la
ville de Québec.
M. Claveau: C'est bien ce qui me préoccupe dans les propos
du ministre. Est-ce que le ministre est en train de nous dire que, finalement,
il devrait y avoir deux catégories d'autochtones au Québec: ceux
qui vont avoir accès au monde des Blancs ou des
non-autochtones et qui vont pouvoir, à l'occasion, travailler en
dehors de leur réserve, dans les institutions, les compagnies, les
entreprises, les services non autochtones; et les autres, qui auront des
formations, des orientations, des niveaux de scolarité qui leur
permettront tout juste de gagner leur croûte sur leur réserve,
dans des clauses particulières, parce qu'ils sont loin des centres?
M. Savoie: Jamais, je ne dirais quelque chose d'aussi stupide, M.
le député d'Ungava. Jamais. Pour moi, il n'y a qu'une
catégorie d'autochtones. C'est celui qui a le droit d'exercer ses
droits, qui vit la culture autochtone, qu'il soit instruit ou non, qu'il
demeure à Québec ou non. On parlait des problèmes de
l'ensemble, de la très grande partie des peuples autochtones. Pour la
majorité, la réalité autochtone, c'est de demeurer sur une
réserve, loin d'un qrand centre, sauvent en forêt ou sur le bord
des côtes, soit du fleuve Saint-Laurent ou de la Baie d'Hudson ou de...,
vivant dans des conditions économiques et sociales complètement
différentes de quelques tribus, quelques nations, comme les Hurons et
les Mohawks.
M. Claveau: À ce moment-là, j'aurais aimé
que le ministre précise ses propos quand il répondait tout
à l'heure à la question de mon collègue. Il doit savoir
que, dans beaucoup de situations, les gens qui vivent sur ces réserves
ont aussi des programmes d'intégration sociale dans des entreprises, des
compagnies. On n'a qu'à faire référence à
Hydro-Québec ou à certaines mines. Vous savez que la mine du lac
Short, qui appartient maintenant à MINNOVA, a un programme
d'intégration des autochtones à l'activité minière.
Il y a des mécanismes de formation qui font sortir les autochtones du
ghetto de la réserve pour leur permettre de s'intégrer à
d'autres activités économiques et de développer des
compétences qui soient concurrentielles avec les compétences des
non-autochtones sur leur territoire. À mon avis, c'est une des choses
qu'il faut privilégier, parce qu'on parle aujourd'hui de former des
autochtones pour répondre à des besoins en électriciens,
en plombiers, en mécaniciens de skidoo pour les besoins
spécifiques des réserves. Mais il faut voir aussi à long
terme. Il ne faut pas s'organiser pour former de véritables ghettos avec
des gens qui n'auront pas une formation complète et qui ne pourront pas
occuper des "jobs" vraiment beaucoup plus rémunératrices et,
finalement, valorisantes. Je dis personnellement que je ne suis pas convaincu
que ce sont tous les autochtones aussi qui rêvent du retour è la
chasse et à la pêche, huit mois par année, dans le
bois.
M. Savoie: Vous vous leurrez. Il y a beaucoup d'autochtones qui
rêvent de vivre de chasse et de pêche et de n'entreprendre que ces
activités-là. Il y a beaucoup d'autochtones, je crois, qui
voudraient être plombiers et travailler, lorsque la communauté en
a besoin, comme plombiers et, le reste du temps, vaquer à leurs
occupations traditionnelles. Je pense que c'est le cas, actuellement, pour
plusieurs des communautés montaqnaîses, inuit, cries, et
algonquines. Il y en a plusieurs chez eux qui se disent: J'aimerais être
plombier, mais cela ne m'intéresse pas de "bider" sur des contrats ou
aller travailler chez les Blancs. Ce que j'aimerais faire, personnellement,
c'est de m'occuper de mon monde chez moi, répondre aux besoins de mes
frères et soeurs et vaquer à mes occupations de chasse et de
pêche. Sauf que quand le type fait cela et, par la suite, on veut assurer
sa maison, on a des difficultés avec les normes blanches, c'est la leur
frustration. C'est là leur désintéressement. Ce qu'on dit,
c'est qu'on doit tenir compte de la réalité et mieux
s'adapter.
Chez les Naskapis, un beau village, une centaine de maisons toutes
neuves, fraîchement construites, des édifices, des structures, il
n'y a pas de plombier parce que c'est un peu leur orientation, c'est un peu la
façon dont ils se sont développés. Aujourd'hui, on leur
dit: Oui, vous devez former un plombier chez vous. S'il y en avait un, on
tâcherait, nous, de maintenir sa compétence. On pourrait
s'organiser pour que, de temps à autre, on soit assuré qu'il
maintienne sa compétence et qu'il suive l'évolution dans le
domaine de la plomberie.
Je suis certain que même s'il y avait un autochtone qui
était plombier chez les Naskapis, il ne serait pas
intéressé à aller "bider" sur des contrats à
Schefferville ou ailleurs. Il le ferait peut-être, mais si cela lui
plaisait. Principalement, je crois que ce gars dirait: Oui, j'ai une fonction
sociale à l'intérieur de ma tribu, mais je peux également
voir à mes occupations de chasse et de pêche. Elles sont pour lui
très valorisantes. Peut-être que dans une génération
ce sera modifié, mais pour le moment, je pense que ce serait le cas.
De toute façon, je ne suis pas là pour porter un jugement
sur ces Naskapis, je ne suis pas là non plus pour porter un jugement sur
ce qu'ils devraient faire ou ne pas faire. Je suis là pour les aider. Je
leur dis: Pour vous aider, au lieu de faire affaire avec un Blanc qui vient de
Scheffervillè, qui vient faire un contrat chez vous et que vous payez,
vous pouvez le faire chez vous et payer un type de chez vous. L'argent va
rester dans la communauté. C'est ce qu'on vise.
M. Claveau: Je suis d'accord avec vous,
M. le ministre, que la clientèle que vous décrivez existe.
Je pense qu'il y a aussi une autre clientèle. C'est évident que
si en milieu naskapi on ne forme qu'un plombier, éventuellement, oui, il
va être intéressé à rester là. Mais le jour
où l'on donnera la possibilité à tous ceux qui sont
intéressés à la plomberie dans le village de pouvoir
devenir plombiers, il n'est pas évident non plus qu'il n'y en aura pas
parmi eux qui ne seront pas intéressés à aller travailler
dans d'autres milieux.
Ce que je dis, c'est qu'il ne faut pas se limiter seulement à
former des gens pour les bénéfices ou les besoins de la
réserve, car il y a aussi d'autres gens. Tout à l'heure, je me
disais qu'il faudrait que le député aille visiter l'école
technique de Chisasibi qui est très bien équipée et qui
forme des gens dans toutes sortes de domaines. Je ne suis pas certain que tous
ces gens vont travailler nécessairement sur la réserve. On en
voit qui travaillent dans les sociétés autochtones, qui prennent
des compétences dans différentes sociétés et qui,
par la suite, vont ailleurs. Par exemple, pourquoi, au moment de
négocier des conventions...
M. Savoie: Ils vont "bider" sur des contrats à
Montréal.
M. Claveau: Pardon?
M. Savoie: Ils vont "bider" sur des contrats à
Montréal.
M. Claveau: II n'est pas sûr que Cree construction ne le
fera pas à un moment donné en amenant sa clientèle.
M. Savoie: C'est cela. À l'intérieur de leur
communauté.
M. Claveau: Pas nécessairement non plus.
M. Savoie: Non, pas exclusivement. Je pense que,
principalement...
M. Claveau: Excusez-moi, M. le ministre, mais je vais
compléter mon intervention. Pourquoi, au moment de signer des
conventions avec Hydro-Québec, les Cris exigent-ils qu'il y ait des
programmes d'intégration au travail pour les autochtones dans les
programmes d'Hydro-Québec et non pas dans les programmes sur les
réserves? C'est donc qu'ils sont intéressés à
sortir des cadres de la réserve, à ne pas se "ghettoïser",
à ne pas être limités au seul potentiel économique
de la réserve afin de pouvoir aller ailleurs pour faire entrer des
sommes nouvelles dans la réserve qui vont sûrement servir au
développement de leur réserve et de leur famille.
Je pense qu'il faut avoir un éventail très large de
possibilités à offrir aux autochtones qui veulent avoir
accès à différentes formations académiques. Je ne
suis pas certain qu'un autochtone qui est médecin, par exemple, ne
serait pas intéressé, pendant cinq ou six ans, à
travailler dans un centre hospitalier de Québec. II faut qu'il soit
ouvert à l'ensemble de notre problématique et des
possibilités d'embauche à tous les niveaux. Mais, ce n'est pas
là nécessairement la nature de mon intervention qui va suivre. Il
y a plusieurs choses dont il faudrait discuter encore; je pense qu'il va nous
falloir un consentement.
Revendications territoriales
J'aimerais qu'on parle un peu des questions territoriales. Vous avez
dit, tout à l'heure, M. le ministre, dans votre présentation,
qu'une de vos grandes orientations, une des priorités que vous vous
donniez relativement au nouveau secrétariat, c'était de vous
assurer que les négociations territoriales avec les autochtones se
fassent dans les meilleures conditions possible. Vous avez même
cité quelques exemples qui, semble-t-il, vont très bien, ou sont
en voie de se réaliser, ou sont amorcées sur une bonne voie,
etc.
Est-ce que vous pourriez nous situer ou nous expliquer comment vous vous
sentez globalement devant toute la problématique des revendications
territoriales des différentes communautés autochtones du
Québec?
M. Savoie: Un après l'autre?
M. Claveau: Non, non, mais globalement, par rapport au principe
fondamental et par rapport aussi au genre d'intervention que vous pensez que le
SAA peut faire dans ce domaine, étant donné que c'est aussi
très proche de l'aspect constitutionnel et que vous nous avez dit que la
constitution ne vous intéressait pas particulièrement. Alors,
j'essaie de voir comment cela peut se situer dans vos interventions.
M. Savoie: Ce n'est pas que la constitution ne m'intéresse
pas, c'est que je ne voulais pas y consacrer tout mon temps. Je voulais surtout
me préoccuper de réaliser des choses très concrètes
à court terme. C'est ce que je voulais faire auprès des peuples
autochtones. La constitution, c'est un gros dossier, une grosse affaire. Ce que
je visais surtout à faire, c'était d'assister les autochtones,
parce que, vivant à Val-d'Or, je suis souvent en contact avec eux et je
vois dans quelles conditions sociales et économiques ils doivent
vivre.
Pour ce qui est de votre question qui porte sur les revendications
territoriales des
peuples autochtones, cela ne s'analyse pas très bien d'une
façon globale. Il faut prendre chaque nation, selon ses besoins et selon
ses demandes. Alors, les revendications territoriales des Cris, des Inuit, je
crois que c'est réglé, de même que pour les Naskapis. On ne
peut pas parler, pour le moment, de revendications territoriales pour ces trois
nations; je pense que le dossier est clos à leur satisfaction au moment
où l'on se parle, sauf pour les Cris d'Oujé-Bougoumou, mais
là c'est une reconnaissance de bande avec des terres, à laquelle
on travaille et que l'on est en train de régler.
Si on regarde du côté des Attikameks-Montagnais, M.
Jolicoeur dirige actuellement des négociations auprès de ces
derniers. Ils sont en train de préparer une entente-cadre qui va
permettre de continuer les activités, les Attikameks-Montagnais
étant financés par le gouvernement fédéral. Pour
les Algonquins, le processus n'est pas encore commencé. Chez les
Micmacs, les Hurons, les Mohawks, il n'y en a pas actuellement en discussion
avec eux. Il y a eu le groupe des Hurons qui ont fait une demande pour un
territoire de chasse, que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, comme je l'ai mentionné au tout début, leur a
accordé dans le secteur Tourilli du parc tout près de
Québec. Il y a les Malécites, évidemment, qui forment un
peuple autochtone qu'on avait perdu de vue pendant plus d'un siècle, qui
reviennent; ils se réinstallent sur les terres que le gouvernement leur
avait accordées, avec qui nous sommes en train de prendre contact. Ils
veulent se réaffirmer. Là encore, il y a des revendications
territoriales, mais très peu, finalement. Normalement, cela se
règle souvent par l'agrandissement d'une réserve ou d'un
territoire de chasse et de pêche.
Actuellement, les revendications territoriales portent au chapitre des
négociations qui ont lieu avec les Attikameks-Montagnais. C'est à
peu près le seul endroit où il y a un dossier majeur et important
entre les nations autochtones et le gouvernement du Québec.
M. Claveau: Mais, pour compléter ma question, j'aimerais
savoir de quelle façon vous envisagez traiter, d'une façon
globale -je ne veux pas m'attarder plus particulièrement au cas
d'Oujé-Bougoumou. On a eu l'occasion d'en discuster à plusieurs
reprises; je sais que vous avez rencontré les qens du milieu
là-dessus tout dernièrement. On verra ce que cela va donner par
la suite. Je dirais: De quelle façon, entendez-vous faire en sorte que,
dans chacune de ces négociations, celles qui sont en cours et celles qui
s'en viennent, parce qu'on commence à parler de questions du
côté de Maniwaki, je suis certain que les Algonquins de
l'Abîtibi-Témiscammgue, en général, sont en train -
s'ils ne l'ont pas fait jusqu'à présent - de se préparer
à faire des revendications probablement très précises et
très serrées comme négociation. (22 heures)
Je pense qu'on ne voit encore que la pointe de l'iceberg de ce que
seront ces négociations territoriales, si vous me permettez
l'expression. J'aimerais savoir de quelle façon vous avez dirigé
votre réflexion en ce qui concerne le Secrétariat aux affaires
amérindiennes pour faire en sorte de minimiser les frictions, les
impacts et les événements malheureux qui pourraient survenir
entre autochtones et non-autochtones sur les différents territoires qui
vont être concernés par ces négociations.
M. Savoie: Moi, je suis ministre déléqué aux
Mines et aux Affaires autochtones. Je pense que je dois avoir une
prédisposition favorable aux demandes autochtones à
l'intérieur de leurs droits, des revendications justes et
équitables. Dans ce sens, lorsqu'un groupe d'autochtones s'approchent
vers le SAA, je pense qu'avec l'ensemble de tous les fonctionnaires de la SAA
nous sommes prédisposés, d'une part, à assister à
définir leurs droits, leurs revendications et, d'autre part, à
leur assurer toute notre coopération pour qu'ils puissent
négocier de bonne foi et avec diliqence avec le gouvernement responsable
qui peut être nous, qui peut être, dans une première
étape, le gouvernement fédéral qui, souvent, finance les
négociations avec le gouvernement du Québec. Actuellement, par
exemple, les Attikameks-Montagnais vont chercher 1 500 000 $ à peu
près pour négocier avec le gouvernement du Québec la
revendication territoriale. On négocie avec eux de bonne foi, on essaie
de circonscrire le débat de les embarquer sur quelque chose de
structuré et, ensuite, on négocie de bonne foi avec eux comme on
prétend qu'ils néqocient de bonne foi avec nous.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre. M. le
député d'Ungava, compte tenu que nous dépassons 22 heures
je dois demander le consentement de cette Assemblée afin de poursuivre.
Est-ce qu'il y a consentement des deux côtés?
M. Claveau: Oui.
Le Président (M. Marcil): Et vous?
M. Claveau: II y avait une entente entre les leaders pour un bloc
de trois heures. S'il n'y a pas consentement, maintenant, on va revenir par
après pour en discuter pendant encore une heure. Nous avons une entente
de trois heures entre les deux leaders. C'est l'entente qu'il y a entre les
leaders.
Le Président (M. Marcil): Donc, pour clarifier, il y a un
ordre de Chambre qui dit deux heures. Donc, moi, je ne peux pas dépasser
le délai de deux heures sans avoir le consentement des deux partis. Il
faudrait peut-être ne pas prendre cinq minutes à savoir s'il y a
consentement ou pas là. Est-ce qu'il y a consentement...
M. Savoie: On pourrait peut-être prendre une
demi-heure.
Le Président (M. Marcil): Trente minutes?
M. Claveau: Moi...
M. Savoie: Non, non ce n'est pas cela que je veux dire, pour
savoir s'il y a consentement.
Le Président (M. Marcil): Oui, je vous le demande. Pour la
partie de l'Opposition, il y a consentement. De votre côté, est-ce
qu'il y a consentement?
M. Claveau: II n'y a pas consentement pour une demi-heure, M. le
Président. II faut s'entendre sur cela. Sur les feuilles que vous avez
tous reçues et que vous avez tous eues à vos bureaux qui
déterminent les blocs de temps pour les crédits...
Le Président (M. Marcil): M. le député
d'Ungava, c'est clair pour tout le monde...
M. Claveau: ...c'est trois heures.
Le Président (M. Marcil):...il y a trois heures de
déterminées entre les deux leaders. Cela veut dire que, si l'on
ne prend pas l'heure qui reste immédiatement, on va la prendre une autre
journée.
M. Claveau: Voilà! Sur cela on s'entend.
Le Président (M. Marcil): Cela va, c'est clair. Est-ce
qu'il y a consentement?
M. Savoie: Quant à commencer avec un film plate, aussi
bien le passer au complet...
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Marcil): Consentement.
M. Kehoe: Pourvu qu'on puisse dire quelques mots, nous aussi.
Nous n'avons pas parlé encore.
M. Claveau: Je vois que le ministre a une grosse opinion de ses
dossiers.
M. Kehoe: Cela fait quasiment deux heures que l'Opposition...
Le Président (M. Marcil): M. le député...
Non, non, nous respectons le temps de parole. Après ses 20 minutes, je
vais reconnaître un député ministériel, ce sera
vous.
M. Kehoe: Mon collègue a parlé durant à peu
près cinq à dix minutes jusqu'à maintenant. C'est
l'Opposition qui a parlé durant toutes ces deux heures.
M. Claveau: C'est l'alternance, M. le député. C'est
la notion de l'alternance respectée en Chambre.
Le Président (M. Marcil): Exactement. Donc, je reconnais
le député d'Ungava.
M. Claveau: À toutes les fois qu'il y en a un qui prend la
parole d'un côté ou de l'autre il a droit à 20 minutes,
c'est la notion de l'alternance.
M. Kehoe: Vous avez parlé pendant une heure et demie.
M. Claveau: Non, non. Les réponses du ministre ne sont pas
comprises dans mes questions.
Le Président (M. Marcil): La réponse du ministre
n'est pas incluse ou comprise dans le temps.
M. Kehoe: Bon!
Le Président (M. Marcil): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Elle devrait être comprise dans le temps du
côté ministériel.
Le Président (M. Marcil): En même temps, nous
comptons votre temps.
M. Claveau: Mon temps est compté. M. Savoie: Oui,
c'est vrai.
M. Claveau: J'espère que mes jours ne le sont pas.
Où est-ce que nous en étions?
Une voix: Nulle part.
M. Claveau: Je crois que nous étions dans des choses
très intéressantes. Le ministre disait que, lui, il a un mandat.
Ce sont des choses très sérieuses parce que ce ne sera pas le
jour où il va y avoir des guerres sectorielles de prix dans certains
coins de notre beau territoire québécois que cela va être
le temps de réagir pour savoir ce qui se passe avec cela. Vous serez
d'accord avec moi, M. le ministre, que ce n'est pas tout le monde,
malheureusement, qui vit dans la ville de Montréal et qui est
très peu affecté par les modifications des territoires qui
pourraient être affectés à des autochtones avec tout
l'intérêt et tout le positivisme avec lesquels on peut recevoir
leur demande. Sauf que, dans le quotidien, dans le milieu il y a des situations
qui se vivent; des situations souvent difficiles et tendues. Comme je l'ai dit,
on ne voit encore que la pointe de l'iceberg. Je crois que le gouvernement va
devoir s'orienter, à un moment donné, et prendre des directions
pour faire en sorte de réduire au minimum ou au maximum - prenez-le
comme vous voudrez - les frictions qu'il peut y avoir dans les milieux
donnés, là où vont se négocier des questions
territoriales.
On en a des exemples actuellement qui commencent à percer et qui
ne sont pas faciles. Je vous assure, M. le ministre, que vous allez perdre
votre sourire lorsque les Algonquins vont revendiquer, sur le territoire de
Val-d'Or et de tous ses environs, le droit exclusif de chasse et de
pêche.
Alors, j'aimerais savoir de quelle façon, malgré votre
mandat qui, semble-t-il, est très circonscrit en ce qui concerne
l'approche que vous devez avoir face aux autochtones, de quelle façon
votre gouvernement, si vous voulez, entend minimiser l'impact ou trouver des
mécanismes de coordination ou d'entente dans les milieux, qui vont faire
en sorte qu'on n'ait pas de situations malheureuses à vivre
éventuellement.
M. Savoie: Peut-on arrêter? Je pourrais peut-être
fumer une cigarette parce que je suis toxicomane. J'ai vraiment besoin de
nicotine. Cela fait deux heures. Y aurait-il moyen de prendre cinq minutes ou
si je suis obligé de répondre à la question?
Le Président (M. Bélisle): À la demande de
M. le ministre, M. le député d'Ungava, seriez-vous condescendant
pour faire ce que l'on appelle un "commanditaire", dans le film qui se
déroule devant nous ce soir, de quelques minutes?
M. Claveau: En autant que ie ministre m'assure une réponse
satisfaisante après le "commanditaire".
M. Savoie: Je vais vous répondre, puis on va
arrêter.
Le Président (M. Bélisle): La séance est
suspendue pour quatre minutes, le temps d'allumer puis d'éteindre.
(Suspension de la séance à 22 h 6)
(Reprise à 22 h 13)
Le Président (M. Bélisle): À l'ordre, s'il
vous plaît, tout le monde.
On reprend les débats après ce court "commanditaire". M.
le ministre, vous aviez la parole?
M. Savoie: Oui, je crois que j'avais eu une question du
député d'Ungava. Je crois qu'il voulait souligner qu'il existe
une certaine frustration, une certaine friction, entre le droit des
Québécois et le droit des peuples autochtones. Il voulait savoir,
particulièrement, de quelle façon j'allais réagir
lorsqu'il y a friction, en matière de revendications territoriales?
Je voudrais simplement répéter, en quelque sorte, que je
suis ministre des Affaires autochtones. Je dois d'abord m'assurer que les
autochtones puissent exercer tous les droits qu'ils possèdent soit en
vertu de la constitution, des lois du Québec ou d'autres lois. Je dois
avoir un préjudice favorable. Je dois être leur porte-parole
finalement au cabinet, au caucus du Parti libéral, au gouvernement de
ces droits-là.
Dans la mesure du passible, lorsque les autochtones ont une
revendication territoriale, que l'on est capable de cerner exactement la nature
de leurs droits, de les mettre en perspective avec le droit des autres
Québécois, cela élimine une bonne partie du
problème. Lorsqu'il y a un discours éclairé de part et
d'autre, le malentendu se dissipe. On a eu une bonne expérience de cela
à Chibougamau, vendredi passé, lorsque j'ai rencontré les
maires et où vous étiez présent. Après avoir
discuté, on a constaté et on s'est entendu. Cela a dissipé
une bonne partie de la frustration des maires de la région
Chapais-Chibougamau.
Dans ce contexte, cela va très bien et, souvent, en
négociant les choses se règlent, mais je dois d'abord, en tant
que ministre des Affaires autochtones, avoir cette prédisposition
favorable vis-à-vis d'eux pour m'assurer qu'ils exercent tous les droits
qu'ils possèdent ou qu'ils peuvent possséder.
M. Claveau: M. le ministre, le sens de ma question n'est pas
à l'effet de restreindre le droit des autochtones. D'ailleurs, par le
passé, j'ai moi-même fait preuve de mon attachement à la
défense des droits des autochtones, et ce, à plusieurs niveaux.
Là n'est pas la question. Je pense que la question devrait
préoccuper le ministre. Il y a une partie non négligeable de la
défense ou de l'application des droits des autochtones qui
résident dans la possibilité de pouvoir appliquer ou de jouir de
ces droits dans les meilleures conditions sociales et économiques
possible. Cela implique, entre autres, que ces droits puissent
s'épanouir en dehors d'une tension sociale énorme qui pourrait se
créer dans certains milieux, là où ces droits seraient
appliqués sans prendre en
considération les droits des autres groupes.
C'est en ce sens que je suis d'avis que le gouvernement devra trouver
une mécanique particulière, une approche globale qui fera en
sorte que les droits des autochtones pourront s'épanouir pleinement,
pourront être entièrement respectés par les populations qui
ont à partager les mêmes territoires ou à les voisiner
quotidiennement sans pour autant que l'on vive des situations sociales qui
pourraient devenir - je le dis et je pèse mes mots - malheureuses.
Ceci dit, j'aurais d'autres questions à poser, mais puisqu'on
nous presse un peu dans le temps...
M. Savoie: Personne ne vous presse, M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je vois le temps s'écouler et on a beaucoup de
choses à discuter. Les questions sont fondamentales et, comme je le
disais tout à l'heure, c'est un moment privilégié pour
discuter des différentes facettes de l'approche gouvernementale en
milieu autochtone. Peut-être que malheureusement, on n'aura pas beaucoup
d'autres occasions d'en parler. Je trouve déplorable que, tout au moins,
une fois par année, lorsqu'on a l'occasion de faire un peu le tour
là-dessus, essayer de nous comprendre relativement aux questions
autochtones, on nous bouscule, par des questions d'horaire, en essayant de nous
faire sentir qu'on est de trop quand on en parle. Je le disais tout à
l'heure, j'aurais des questions et je suis certain que le ministre aurait des
réponses à me donner aussi durant une bonne dizaine d'heures.
J'espère qu'un jour on pourra prendre tout le temps nécessaire
pour s'enquérir vraiment des visions gouvernementales et,
éventuellement, des réflexions de l'Opposition dans ce
dossier.
Le Président (M. Bélisle): C'est simple, M. le
député d'Ungava, vous n'avez qu'à parler à votre
leader et arranger le tout avec lui. Je suis sûr qu'il va vous
écouter.
Vols militaires au-dessus du Labrador
M. Claveau: L'arrangement qu'on a actuellement est de trois
heures et cela semble déjà être trop pour certains.
Le ministre a parlé tout à l'heure du SAGMAI ou du nouveau
Secrétariat aux affaires autochtones comme d'un organisme qui devrait
introduire ou permettre le cheminement de dossiers à l'intérieur
des autres milieux gouvernementaux. Je comprends le point de vue du ministre et
je le prends à la lettre de la façon dont il l'a exprimé.
Je demanderais au ministre si le SAGMAI ou le nouveau Secrétariat aux
affaires autochtones, au moment où l'on se parle, fait les pressions
nécessaires auprès du ministre de l'Environnement pour s'assurer
que les consultations publiques sur le territoire demandées par les
autochtones, consultations ou commissions itinérantes, essaieront
d'éclaircir leur point de vue et leur permettront de s'exprimer
entièrement et convenablement devant le ministre, entre autres devant le
ministre de l'Environnement sur la question des vols militaires au-dessus du
Labrador.
M. Savoie: La question des vols au-dessus du Labrador est une
relation entre les peuples Montagnais et le gouvernement fédérai,
en particulier le ministère de la Défense nationale. Lorsque cela
nous a été -demandé, nous avons appuyé la
revendication des Montagnais, mais nous n'avons pas à intervenir
directement dans ce dossier puisqu'il s'agit d'une relation entre l'exercice
des droits des autochtones vis-à-vis du gouvernement
fédéral.
Dans la mesure du possible, bien sûr, le Conseil
attikamek-montagnais demande finalement la cessation, l'arrêt des vols
auprès du ministère de la Défense nationale. Nous appuyons
sa revendication et nous appuyons, dans la mesure du possible, toutes les
démarches qu'il a faites auprès des Nations unies et
auprès des différents gouvernements, mais, en gros, il ne s'agit
pas d'un problème entre le qouvernement du Québec et les
Montaqnais, mais plutôt d'un problème entre les Montagnais et le
gouvernement fédéral.
M. Claveau: Je ne comprends pas vraiment le point de vue du
ministre là-dessus, parce que d'un côté, tout à
l'heure, quand on parlait de la question territoriale, il disait: Nous devrons
vraiment faire en sorte que les droits des autochtones soient respectés
et il me semble beaucoup plus sinueux dans sa réponse quand on parle des
vols au-dessus du Labrador où, justement, certains droits fondamentaux
des autochtones risquent de ne plus pouvoir s'exercer à cause d'une
condition extérieure qu'ils dénoncent eux-mêmes.
Quand le ministre dit que cela ne relève pas tout à fait
de la compétence québécoise, je ne sais pas s'il a pris
connaissance de la déclaration de M. Bernard Cleary qui était
porte-parole à ce moment-là du Conseil attikamek-montagnais et
qui l'est encore évidemment. Il réclamait des audiences
québécoises en disant qu'il serait inutile de participer à
des travaux de la commission fédérale de l'environnement car,
selon lui, les dés étaient pipés. Je suppose que s'il le
disait, c'est parce qu'il avait de bonnes raisons de le croire. Alors, pourquoi
le ministre ne fait-il pas de pressions ou des recommandations fermes
auprès de son collègue, le ministre de l'Environnement du
Québec, afin que le BAPE fasse des
audiences publiques qui pourraient permettre aux Attikameks-Montagnais
de vraiment se faire entendre devant le gouvernement du Québec qui, par
la suite, serait probablement en mesure de passer ce point de vue à son
homologue fédéral.
M. Savoie: Le 13 avril 1987, il y a à peine un mois, j'ai
écrit une lettre au ministre de la Défense nationale appuyant les
recommandations d'un groupe de travail suggérant des mesures de
mitigation de manière à réduire les inconvénients
dont se plaignent les Montagnais.
Le ministère de l'Environnement du Québec a un rôle
à jouer, mais c'est surtout le gouvernement fédéral qui
possède tes mécanismes d'évaluation et qui doit intervenir
auprès des peuples montagnais. Le gouvernement fédéral
exerce une juridiction qui lui est propre lorsqu'il autorise des vols, non pas
au-dessus du Labrador, parce qu'il ne s'agit pas d'un problème
québécois à ce moment, lorsqu'on parle au-dessus du
Québec, la Côte-Nord.
Nous, ce qu'on peut faire, c'est intervenir en disant: Vous nuisez aux
peuples montagnais dans l'exercice de leurs droits traditionnels. C'est ce que
nous faisons. Dans cette mesure, nous appuyons les revendications des
Montagnais tout en déclarant et en précisant qu'il ne s'agit pas
de quelque chose qui relève d'une prérogative ou de l'exercice
d'un pouvoir provincial. Il y a un problème, lorsqu'il y a des vols
à basse altitude, non pas au-dessus du Labrador parce que ce n'est pas
le Québec, mais au-dessus de la Côte-Nord, où les
Montagnais exercent leurs activités de vie traditionnelles. Ces vols
nous touchent dans la mesure où cela irrite les Montagnais ou cela les
empêche d'exercer leurs droits. Nous pouvons les appuyer, faire des
recommandations et faire des pressions auprès du ministère de la
Défense nationale, mais rien de plus. Comprenez-vous?
M. Claveau: Je vois ce que le ministre essaie de défendre
comme point de vue, sauf que les Attikameks-Montagnais, on le sait, ne peuvent
avoir confiance dans tout le mécanisme du bureau fédéral
de l'environnement, et preuve nous en est faite lorsque, tout
dernièrement, cela paraissait dans Le Soleil du 22 mai dernier,
on est le 27 aujourd'hui, cela fait cinq jours, où, d'une part, on a une
étude d'impact sur les vols militaires, qui est faite par le
fédéral, et, en même temps, le ministère de la
Défense nationale autorise une augmentation de 25 % des vols au-dessus
du Labrador et du Nord québécois. Comment voulez-vous que les
Attikameks-Montagnais puissent avoir confiance dans ces études et dans
le travail du bureau fédéral de l'environnement?
M. Savoie: M. le député d'Ungava, tout ce que je
peux faire, c'est de protester, recommander à la Défense
nationale d'intervenir. Ce n'est pas l'exercice d'une juridiction provinciale,
la défense, l'armée, dans le cadre confédératif
actuel, relève d'Ottawa. En plus, c'est le comté du premier
ministre, il est bien au courant du problème. Les Montagnais de la
Côte-Nord relèvent du comté du premier ministre. C'est lui
qui est le député de comté au gouvernement
fédéral. Il est bien au courant du dossier, c'est une
problématique assez complexe, mais sur laquelle je n'ai pas de pouvoir.
Tout ce que je peux faire, c'est chercher à intervenir auprès
d'Ottawa en faveur des Montagnais, ce que j'ai fait tout récemment
d'ailleurs, pas plus tard que le 13 avril 1987, où j'ai écrit une
lettre au ministre de la Défense nationale lui recommandant de donner
suite aux recommandations du groupe de travail.
M. Claveau: Mais dans la mesure, M. le ministre, et en fonction
de l'explication que vous nous avez donnée, tout à l'heure, de
votre organigramme... Je dirais "nouvel organigramme" parce qu'il y a quand
même changement de structure même s'il n'y avait pas de tableau
noir, avant, qui l'expliquait. Vous avez dit que vous deviez introduire des
dossiers au niveau des ministères sectoriels pour être sûr
qu'ils s'en occupent. Vous avez dit, dans votre réponse de tout à
l'heure, que vous aviez fait des pressions, que vous aviez écrit une
lettre, que vous ne pouviez pas faire plus que faire des pressions, mais est-ce
que votre homologue, ministre de l'Environnement, lui, qui a été
impliqué, a fait des représentations auprès du ministre
fédéral de l'Environnement? Est-ce que le ministre de
l'Environnement est impliqué dans le dossier qui, lui, probablement
pourrait avoir une machine un peu plus forte en tant que ministre
impliqué ou responsable des questions environnementales pour
défendre ce point de vue avec et conjointement avec vous en tant que
ministre délégué aux Mines et aux Affaires autochtones.
Non pas que ce soit vous, en tant que ministre, qui le fassiez tout seul sans
la contrepartie ou sans l'appui des autres ministères impliqués
dans le gouvernement dont vous faites partie,
M. Savoie: L'exercice des vols à basse altitude des avions
sous l'autorité du ministère de la Défense nationale
constitue l'exercice d'une prérogative du gouvernement d'Ottawa. Le
ministre de l'Environnement, M. Lincoln, est bien au courant de la
problématique et, lui aussi, est très sensible à la
revendication des Montagnais. J'ignore, pour le moment, si, effectivement, M,
Lincoln a fait une protestation formelle auprès d'Ottawa, moi, j'en ai
fait une. Vous comprendrez que c'est assez difficile, pour
lui, de se plaindre de vol è basse altitude, finalement, sur une
base non pas qui détruit l'environnement, mais parce que ça fait
peur au gibier, que cela affecte l'immigration ordinaire des gibiers et que
cela affecte donc l'exercice des droits de notre peuple montagnais.
M. Claveau: Je comprends que la communication là-dessus
n'est pas complète entre les deux ministères et que nous aurons
sûrement l'occasion de demander au ministre de l'Environnement s'il afait les démarches que vous souhaiteriez.
M. Savoie: M. le député, dans le groupe de travail
qui a fait les recommandations que j'ai appuyées, il y avait des
fonctionnaires du ministère de l'Environnement du Québec.
M. Claveau: Mais il faudra vérifier si le ministre de
l'Environnement lui-même a décidé de prendre position
fermement dans le même sens que vous nous dites que vous avez pris
position.
Nouvelles lignes d'Hydro-Québec
Puisqu'on parle d'environnement et qu'on parle un peu du genre
d'intervention que le SAGMAI ou que - j'ai toujours de la difficulté
avec le nouveau nom - le Secrétariat aux affaires autochtones pourrait
avoir avec les différents ministères, vous n'êtes pas sans
savoir que, tout dernièrement, Hydro-Québec a
déposé un plan de développement de lignes de haute tension
sur le territoire du Québec qui prévoit, au cours des prochaines
années, l'implantation de huit nouvelles lignes de transport qui vont
sûrement, d'ici là - parce que vous nous dites qu'en même
temps, on négocie sur des territoires un peu partout pour les
autochtones - couper, au moment de leur construction, des territoires qui vont
avoir été octroyés ou revendiqués par des
autochtones dans le cadre de négociations territoriales.
De quelle façon le Secrétariat aux affaires autochtones
a-t-il réagi à la présentation d'Hydro-Québec et
à son programme de construction des six nouvelles lignes? De quelle
façon ou quelles sont les représentations que le
secrétariat dont vous êtes le ministre responsable a faites
à Hydro-Québec, au ministre de l'Energie et des Ressources et
aussi au ministère de l'Environnement qui seront sûrement
très impliqués dans ce dossier?
Le Président (M. Marcil): Avez-vous répondu
à la question?
M. Savoie: M. Jolicoeur pourrait répondre à la
question.
(22 h 30)
Le Président (M. Marcil): À ce moment-là,
vous vous identifiez pour les besoins de l'enregistrement. Vous êtes
monsieur?
M. Jolicoeur (Gilles): Gilles Jolicoeur, secrétaire
général associé au Secrétariat aux - affaires
autochtones. Dans ce cas-ci, évidemment, il s'agit de projets
québécois qui sont assujettis au régime d'environnement du
Québec.
Alors, il y a tout un processus d'évaluation des impacts qui
existe dans la Loi sur la qualité de l'environnement et qui est
étudié par le Bureau des audiences publiques de l'environnement.
Nous invitons les autochtones à participer à ce
mécanisme-là, à se prévaloir des avantages qu'ils
ont de comparaître devant le bureau d'audiences environnemental, de faire
les représentations qu'ils jugent à propos et de pouvoir exiger
des mesures de mitigation dans le cas où les travaux prévus
affectent les activités traditionnelles qu'ils exercent habituellement
dans le territoire.
Le mécanisme qui existe actuellement prévoit la tenue
d'audiences publiques. Nous nous assurons que les autochtones soient
invités à y participer et à faire les
représentations qu'ils jugent à propos.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. Maintenant, je
vais reconnaître le député de Chapleau.
Dépenses de transfert (suite)
M. Kehoe: M. le ministre, je note ta liste de dépenses de
transfert. Dans cette liste de quelques... Je ne sais pas... Il y a une
centaine d'énumérations différentes. Les montants varient
de 366 $ jusqu'à 107 000 $ pour l'Associations des Femmes autochtones du
Québec.
Les montants sont de 5000 $, 2000 $, 3000 $, 1000 $, ainsi de suite.
Mais juste une explication générale pour les différents
montants qui sont impliqués dans ces affaires-là. Quels sont les
buts recherchés par le transfert de cet argent, quelle est l'aide que
vous apportez aux différentes associations? Comment se fait-il que vous
donniez un montant de 107 000 $ à une association de femmes autochtones,
un montant de 5000 $ à un certain conseil de bande et un autre montant
de 366 $ pour le Centre d'amitié autochtone du Québec?
Généralement, qu'est-ce qui se passe dans le transfert de ces
sommes d'argent?
M. Savoie: II y a certain de ces montants qui sont plus ou moins
récurrents au sein de ce groupe. Par exemple, comme vous l'avez
souligné, l'Association des femmes autochtones du Québec
reçoit un
montant très important, de même que l'Alliance autochtone
qui regroupe les indiens sans statut et les Métis du Québec.
Ce qu'on cherche à faire, c'est donner des mécanismes de
défense qui ne reçoivent pas de financement d'autres sources. Il
y a des groupes qui représentent des collectivités, comme
l'Association des Femmes autochtones du Québec et le groupe d'Alliance
autochtone qui ne peuvent que très difficilement, ailleurs, obtenir du
financement du gouvernement du Québec et à qui on donne des
montants substantiels.
Les autres sont traités sur une base plus ou moins ad hoc,
c'est-à-dire que les bandes, les associations vont faire des demandes et
elles sont analysées au mérite. Ce qu'on cherche à faire,
les critères qu'on cherche à déterminer, c'est, d'abord,
de s'assurer qu'il y a un peu d'argent distribué dans ta plus grande
partie des communautés autochtones.
On cherche à assurer des activités de développement
économique, social et communautaire, bien sûr, mais, surtout, sur
une base ad hoc et au mérite. Par exemple, si vous examinez ces montants
qui sont souvent distribués de façon discrétionnaire, on
cherche à en assurer la plus grande utilité en fournissant des
montants qui, normalement, sont hors normes ou qui complètent des
subventions accordées par d'autres ministères.
M. Kehoe: Si on prend juste un exemple. Le conseil de bande des
Naskapis...
M. Savoie: Oui.
M. Kehoe: Un montant de 2500 î -est-ce que c'est 2500 $ -
qu'est-ce que c'est, grosso modo? Qu'est-ce qu'ils font avec cet argent? Est-ce
pour des fins sociales, éducatives? Qu'est-ce qu'ils font avec cet
argent? Est-ce qu'il y a des comptes è rendre, est-ce que c'est
administré d'une façon suivie? Qu'est-ce qu'ils font avec cet
argent?
M. Savoie: Les Naskapi, par exemple, sont un groupe
d'autochtones, une nation autochtone, établie au nord de Schefferville.
Ils sont très loin. Lorsqu'ils ont des déplacements, par exemple,
pour un voyage culturel, comme dans le cas de cette demande-ci, ils doivent
supporter des frais de transport aérien très
élevés. Alors, ils font une demande. Ils disent, par exemple: On
a une excursion qui doit coûter, à titre d'exemple, 5000 $, 6000 $
ou 7000 $. La communauté va verser tant; tel ministre va peut-être
nous fournir un petit montant. Il nous manque 2500 $; on voua demande de
compléter l'enveloppe et on complète.
Dans ce cas-ci, on l'a complétée. On a accepté la
dépense pour un voyage de nature culturelle.
M. Kehoe: La Société de développement des
Naskapis, est-ce plus ou moins économique? Est-ce pour l'aider à
se développer ' économiquement ou... Le troisième
avant-dernier montant de 67 000 $?
M. Savoie: La Société de développement des
Naskapis... Le montant de 67 000 $ est un versement statutaire, selon la
convention.
M. Kehoe: Récurrent à tous les ans?
M. Savoie: Non.
M. Kehoe: Pour quelle fin?
M. Savoie: C'était le dernier versement.
M. Kehoe: Pour quelle fin?
M. Savoie: Pardon?
M. Kehoe: Pour quelle raison?
M. Savoie: C'est une obligation en vertu de la convention de la
Baie James.
M. Kehoe: Ah bon! D'accord. Revendications territoriales
(suite)
Dans un autre ordre d'idées, le gouvernement du Québec a
négocié, comme l'a dit mon collègue tantôt, sur une
base plus ou moins régulière avec les bandes indiennes,
concernant leur territoire.
M. Savoie: Oui.
M. Kehoe: Pourriez-vous nous dire s'il y a des
négociations en cours présentement avec différents
groupes? Est-ce qu'il y a des négociations en cours actuellement?
M. Savoie: Oui, il y a actuellement des négociations avec
les Attikameks-Montaqnais, sous la direction du secrétaire, M. Gilles
Jolicoeur. Ils font une revendication territoriale. On s'attend que les
Algonquins, d'ici à quelques années, se présentent
également à la table avec une revendication territoriale assez
complète. Il y a des revendications territoriales sur une base ad hoc.
Par exemple, les Cris de Chibougamau qui réclament des terres de
catégorie 1 et 2 dans la région de Chapais-Chibougamau. De temps
à autre, des communautés réclament soit un morceau de
terrain qui leur appartenait et qu'elles ont perdu, soit un territoire de
chasse pour les fins d'exercice de leurs activités traditionnelles.
M. Kehoe: Dans l'ensemble, cela veut
dire que c'est un "non going process". Cela ne se règle, jamais.
Les négociations sont continuelles avec les différentes bandes
indiennes.
M. Savoie: Oui. Je pense qu'on peut s'attendre que ce soit un
"non going process" encore pour plusieurs décennies.
Pêche au saumon dans la Restigouche
M. Kehoe: Une dernière question. Depuis plusieurs
années, nous avons entendu toutes sortes de rumeurs sur les
difficultés éprouvées concernant la pêche au saumon
chez les Micmacs de Restigouche. Pourriez-vous nous dire, puisque, depuis un
certain temps, on dirait que tout est mort, tout est tranquille, si le
problème est réglé? Est-ce qu'il se passe quelque chose
actuellement ou est-ce que le problème est réglé?
M. Savoie: Comme vous le savez, il y avait effectivement un
problème en ce qui concerne le saumon de la rivière Restigouche.
Les autochtones, les Micmacs, qui demeuraient près de la rivière
Restigouche, voulaient exercer leur activité traditionnelle en y
pêchant. Pour des raisons de continuation de la survie des saumons dans
cette région, on a négocié et signé une entente de
trois ans avec les Micmacs de Restigouche et une autre de cinq ans avec ceux de
Maria. Ceci a permis de les dédommager, pour la perte de l'exercice de
leurs droits, et de continuer partiellement les contrôles de la
quantité de saumon et la pêche sportive sur cette
rivière.
Cette entente à l'amiable va nous permettre premièrement,
d'assurer la continuation de l'existence du saumon dans cette rivière;
deuxièmement, cela permet aux autochtones de continuer à exercer
leur droit de pêche au saumon sur une quantité restreinte.
Troisièmement, cela permet aux autochtones de Restigouche de participer
aux contrôles de la quantité et de la qualité des saumons
dans la rivière.
M. Kehoe: À toutes fins utiles, le problème semble
être réglé?
M. Savoie: Oui, je crois que le problème est
réglé pour toujours. Je pense que l'entente sera
renégociable en 1989, si ma mémoire est bonne. À ce
moment-là, s'il y a signature de l'entente, il ne devrait plus y avoir
de problème sur une base récurrente.
M. Kehoe: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Marcil): M. ledéputé d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Malheureusement, on
est obligé de se bousculer un peu. On a encore plusieurs dossiers dont
on voudrait traiter.
Services de santé et services sociaux
Je voudrais revenir sur autre chose, soit la question de la commission
Rochon qui s'est promenée un peu partout sur le territoire et qui a,
entre autres, consulté les Cris à Chisasibi. À ce
moment-là, les porte-parole de la nation crie déclaraient
à la commission que "la structure locale des services - on parlait du
ministère de la Santé et des Services sociaux - ne reflète
pas suffisamment la culture autochtone et que les décisions
administratives prises à Québec oublient la réalité
des régions nordiques".
Premièrement, il serait peut-être intéressant de
savoir si le ministre responsable et, comme il nous l'a dit tout à
l'heure, qui doit défendre la position et le point de vue des
autochtones endosse ce point de vue-là, selon lequel l'administration de
Québec ne prend pas suffisamment en considération les conditions
vécues en milieu nordique dans ce cas-là et, je suppose aussi,
dans d'autres milieux autochtones. D'autre part, si tel est le cas, quelles
représentations a-t-il faites auprès de la ministre responsable
de ce dossier pour que les correctifs souhaités soient apportés
le plus rapidement possible?
M. Savoie: J'aimerais souligner que, lors de la tenue de cette
audience - je crois que c'était à Chisasibi - les autochtones ont
tenu à souligner qu'ils avaient senti une nette amélioration dans
l'approche du gouvernement du Québec depuis les élections de
décembre 1985. Bien sûr, il reste d'énormes
problèmes à régler pour l'administration du Nord et c'est
pour cela qu'on s'est penché sur la notion d'un secrétariat ou
d'un ministère du Nord pour mieux gérer les activités et
les interventions, entre autres, du ministère des Affaires sociales en
milieu nordique.
Comme vous le savez, on a énormément de route à
faire. Je pense que Mme Lavoie-Roux a démontré une certaine
volonté de mieux répondre à ces problèmes. La
commission Rochon a constaté un problème, mais cela faisait
à peine sept mois qu'on était au pouvoir, si vous vous rappelez.
Alors, je n'ai pas senti que cela visait particulièrement notre
gouvernement, mais plutôt le gouvernement qui était là
durant les dix années précédentes. D'autre part, je ne
pense pas que ce gouvernement non plus soit en mesure de résoudre tous
les problèmes de l'administration des affaires sociales dans le Nord.
Les grandes orientations données jusqu'à maintenant, selon la loi
75 entre autres, nous permettront de résoudre plusieurs
problèmes.
Un autre domaine qui tend à se
développer aussi concerne la formation d'infirmières,
particulièrement dans les villes nordiques, à Val-d'Or par
exemple qui est une ville nordique - nonobstant les dires du
député d'Ungava - et peut-être même à
Baie-Comeau. Cela nous permettra de desservir ces communautés avec des
infirmières et ce serait déjà un progrès
considérable particulièrement si ces infirmiers et
infirmières venaient des régions nordiques, qu'ils ou elles
soient autochtones, par exemple.
M. Claveau: Je ne voudrais pas éterniser le débat,
mais je trouve la réponse du ministre un peu hors contexte dans le sens
que, de toute façon, après s'être flatté la bedaine
avec une supposée déclaration des Cris, il vient nous dire qu'il
s'agissait de régler un problème que les autres avaient
créé avant. Je lui répondrai tout simplement qu'au moment
où ils ont pris le pouvoir et qu'ils ont voulu l'assumer, à les
entendre parler, ils allaient tout régler. Bien là, il y a des
problèmes sur la table, ils sont là les problèmes. Qu'ils
trouvent des solutions et qu'ils cessent de mettre le blâme sur les
autres.
De toute façon, s'il y a des problèmes aujourd'hui qui
découlent de ça, probablement qu'il devrait se demander aussi si
ces problèmes ne découlent pas d'une signature
prématurée d'une négociation faite d'une drôle de
façon par les membres du même gouvernement qui nous
représente aujourd'hui et qui, en 1975, ont signé la Convention
de la Baie James et du Nord québécois.
M. Savoie: Sur cette question... M. Claveau: Toujours
est-il...
M. Savoie: ...j'ai jasé tout dernièrement avec M.
Bearskin qui s'est dit très satisfait jusqu'à maintenant. Il
constatait les problèmes qui existaient, mais il se disait très
satisfait. En tant que directeur des services de santé pour les Cris, il
était très satisfait de l'approche, de l'intérêt et
de certains gestes qu'on avait posés dernièrement. Il a senti que
c'était un progrès très net.
M. Claveau: Bon. Je demande, à partir du moment où
la revendication a été faite à l'actuel gouvernement qui
est là et qui est supposé avoir réponse à tout, de
quelle façon le ministre s'assurera que les revendications de3
autochtones face à la problématique de la santé, ce sur
quoi ils disent eux-mêmes que les directives gouvernementales ne
réflètent pas la réalité de leur milieu, quelles
mesures concrètes seront prises pour que cela change? Est-ce que le
fait, par exemple, d'aller inaugurer à la cachette un hôpital
à Povungnituk va changer la situation?
M. Savoie: Inaugurer à la cachette un hôpital
à Povungnituk? Est-ce ce que j'ai fait?
M. Claveau: Non, mais c'est parce que vous ne le saviez
probablement même pas. Probablement que vous n'y avez pas
été invité. Cela s'est fait au mois de février
dernier lors d'un voyage très rapide dont personne n'a eu
connaissance.
M. Savoie: Mme Thérèse Lavoie-Roux a effectivement
fait deux ou trois voyages jusqu'à maintenant dans le Nord du
Québec; elle a officialisé l'ouverture d'un hôpital
à Povungnituk. J'y ai été invité mais je n'ai pu y
participer. Mais je ne comprends pas pourquoi vous dites que c'était
à la cachette. (22 h 45)
M. Claveau: Je demande au ministre quelle position il prend
devant la déclaration faite par les Cris et aussi les
déclarations des Inuit, alors qu'on pouvait lire dans le journal
à ce moment-là en gros titre "Les Inuit en furie". Comment
réagit-il et comment va-t-il s'assurer, par les mécanismes qu'il
a lui-même voulu mettre en place dans son Secrétariat aux affaires
autochtones, que la ministre responsable de ces dossiers les fasse
évoluer en fonction des intérêts des autochtones, puisque
c'est ce qu'il nous a dit qu'il était là pour défendre les
intérêts des autochtones en premier? Là, il a un
problème à régler. Quels mécanismes va-t-il
s'assurer de mettre en place pour faire en sorte que ce soit
réglé? Non pas de nous dire que cela plane ici et là et
que cela ne va pas si pire.
M. Savoie: Non. Ce n'est pas ce que je dis. Je ne dis pas que
cela plane et que cela n'est pas si pire. J'ai tout simplement dit que les
problèmes étaient énormes, que je ne sentais pas que le
rapport Rochon visait l'administration de ce gouvernement, plutôt celui
qui était sortant, parce qu'on venait juste d'arriver, et que je ne
m'attendais pas non plus qu'au bout de notre mandat, tous les problèmes
seraient résolus. Ce serait un peu absurde.
D'un autre côté, j'ai mentionné que les autochtones,
Iors de la tenue des audiences de la commission Rochon à Chisasibi, ont
mentionné expressément qu'ils sentaient que cela allait un peu
mieux et qu'il y avait une bonne volonté. On sentait qu'il y avait
quelque chose qui pourrait se faire et qu'il y avait déjà des
voies qui s'ouvraient et qui étaient favorables, qu'ils voyaient d'un
bon oeil. J'ai confirmé avec M. Bearskin tout dernièrement. J'ai
discuté avec lui et il m'a confirmé effectivement que cela se
maintenait toujours. On a réorganisé le SAA. Il y a une table de
développement
communautaire. Le responsable de cette table est M. Beaudoin, qui a
vécu longtemps à Kuujjuaq, qui a été
également à LG 2, qui connaît bien la problématique.
Je suis certain qu'il va surveiller de près l'évolution du
dossier. Mme Lavoie-Roux a encore à réagir d'une façon
formelle à la commission Rochon en disant qu'elle va adopter telle ou
telle recommandation. La question est un peu prématurée. Je ne
sais pas quoi répondre. Je ne sais pas ce qu'il veut.
M. Claveau: Malheureusement, on aurait encore beaucoup de
questions. Comme j'ai dit, il y a énormément de dossiers qu'on
n'a pas touchés et qui sont très intéressants tout autant
les uns que les autres. D'un autre côté, il y a aussi certaines
réponses qui mériteraient d'être approfondies, mais on aura
l'occasion de s'en reparler l'année prochaine de tous ces dossiers en ce
qui concerne la santé, les affaires culturelles, les affaires
sociales.
M. Savoie: C'est une autre affaire que je ne comprends pas. Si
cela vous intéresse tant, les questions autochtones, vous m'avez
posé seulement une question en trois parties un après-midi
pendant toute l'année que j'ai été ministre. Je n'ai
jamais eu d'autres questions de quelque nature que ce soit en ce qui concerne
le dossier autochtone. Deuxièmement, vous savez fort bien que vous
n'avez qu'à m'inviter à dîner, à déjeuner,
à souper. Je suis prêt à discuter avec vous, à vous
transmettre de l'information et vous rencontrer pour vous fournir de
l'information.
M. Claveau: Ce n'est pas la mécanique, M. le ministre.
Qu'il y ait une mécanique parlementaire qui fasse en sorte que lorsqu'il
se véhicule de l'information dans ce Parlement, ce n'est pas une
information de bouche à oreille entre deux individus, c'est quelque
chose qui doit être connu, où les positions doivent être
prises et tout le monde peut en parler. Ce que je déplore, à ce
moment-ci, c'est que le ministre semble croire qu'il peut passer à
côté de toute la mécanique parlementaire et faire en sorte
qu'on va s'asseoir à une table, on va en discuter et que le
problème sera réglé. Non, il y a une mécanique
parlementaire à respecter, une approche globale, une approche de
fonctionnement.
M. Savoie: M. le député, vous vous énervez.
Vous allez faire de la haute pression bientôt, j'en suis convaincu.
M. Claveau: Craignez pas.
M. Savoie: Je vous invitais tout simplement en disant que, si,
personnellement, il y a des choses, si vous voulez avoir des renseignements
additionnels, vous voulez causer, je n'ai jamais refusé une invitation
de votre part d'aller quelque part, que vous me payiez un lunch, que l'on
s'asseoie quelque part et que l'on discute. S'il y avait d'autres
mécanismes publics, je suis tout à fait disposé et je vous
ai même dit que vous n'avez jamais posé des questions, sauf une
fois dans un an depuis que l'Assemblée nationale siège,
sacrifice!
M. Claveau: Je vais faire une invitation au ministre tout de
suite, c'est de se prévoir une dizaine d'heures aux crédits
l'année prochaine pour que l'on puisse en parler tout le monde
ensemble.
Le Président (M. Marcil): Avez-vous une autre question
à poser, M. le député d'Ungava?
M. Claveau: J'en aurais beaucoup d'autres, mais on va regarder un
peu les chiffres.
M. Savoie: Je suis certain que les gens ici présents
seraient tout à fait contents même de payer le souper.
M. Claveau: Là n'est pas la question, M. le ministre. Je
suis encore capable de payer mon souper, mais j'aimerais beaucoup mieux que
l'on se donne vraiment du temps pour pouvoir discuter des choses sans
être à la presse comme c'est le cas présentement. Ce n'est
pas une petite question en Chambre ou une question-réponse qui sont
notre intérêt dans le dossier. C'est plutôt d'essayer
vraiment d'éclaircir les choses...
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: ...et de faire en sorte qu'on ait un maximum
d'information. Je suis d'avis qu'en ce qui concerne, entre autres, les dossiers
relatifs aux autochtones, on n'a pas toute l'information nécessaire.
M. Savoie: C'est ce que je vous dis, M. le député
d'Ungava. Si vous voulez de l'information, il y a, bien sûr, le
mécanisme officiel qui force toutes sortes de aens à s'asseoir
avec nous et à nous écouter d'une oreille...
M. Claveau: Je suis sûr qu'ils sont très
intéressés.
M. Savoie: II y a aussi une autre façon: c'est que vous
disiez: M. Savoie, j'aimerais vous rencontrer pour quinze ou vinqt minutes. Je
vais toujours m'y rendre, M. Claveau. Si vous me demandez, au cours de cette
rencontre, quelle est votre idée là-dessus et est-ce que vous
pouvez déposer tel ou tel document? Je vais toujours le faire. Je ne
suis pas de ceux qui cherchent à
cacher ou qui cherchent à ébruiter quelque chose. Je crois
qu'il doit y avoir un échange et que voua devez être
renseignés. D'ailleurs, le mieux vous serez renseigné, le mieux
vous remplirez votre rôle. Dieu sait que cela va aller mieux. C'est dans
l'intérêt de toute la province de Québec que cela soit
comme cela, M. Claveau.
Jamais je ne voudrais vous empêcher d'avoir accès à
des informations sur des budgets.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, vous devez
l'appeler M. le député d'Ungava.
M. Savoie; Pardon! Je m'excuse, M. le député
d'Ungava.
Le Président (M. Marcil): C'est bien.
M. Savoie: II me fait plaisir et je vous dis que ce n'est pas
parce que je veux faire des choses à la cachette, ce n'est pas cela du
tout, je suis bien prêt à m'asseoir avec vous pour discuter. Vous
me demandez: M. Savoie, qu'est-ce qui se passe à tel endroit? Je vais
vous le dire. Demandez-moi des informations, des renseignements, des notes par
écrit, je vais vous fournir tout cela. C'est tout ce que je vous
dis.
Ce n'est pas une situation... Enfin, je ne sais pas comment les autres
ministres fonctionnent, mais chacun doit fonctionner un peu à sa
méthode, selon son grain. Moi, mon grain, c'est de fonctionner comme
cela. S'il y a quelque chose et que je peux vous aider, je vais le faire. C'est
tout. Vous avez des droits. Vous êtes député. Vous faites
partie de l'Assemblée nationale. Je respecte cela. Mais ne venez pas me
dire, par exemple, à la toute fin de quelque chose d'aussi officiel et
public comme ça: Je n'ai pa9 le temps. On n'a pas le temps de se
rencontrer.
M. Claveau: C'est vrai.
M. Savoie: Je vous dis bien honnêtement et je pense que
vous devez me donner raison. Vous m'avez posé une question en Chambre et
vous ne m'avez jamais demandé de rendez-vous. Jamais!
M. Claveau: Bien oui, mais...
M. Savoie: Demandez-m'en et je vais vous voir. Je vais vous
l'accorder.
M. Claveau: Avant de se faire manger tout notre temps et, de
toute façon, je pense que la mécanique parlementaire dans la Loi
sur l'Assemblée nationale ne prévoit pas les rendez-vous,
j'aimerais qu'on termine. Ceci dit, cela n'empêche pas de se parler.
M. Savoie: Non.
M. Claveau: Je suis tout à fait conscient qu'il y a moyen
de parler avec le ministre de certains dossiers. Je suis aussi d'avis qu'on
doit prendre tout le temps nécessaire, à l'intérieur de la
mécanique parlementaire votée et approuvée en ce
Parlement, pour que l'information puisse être véhiculée au
maximum. Le ministre aurait probablement avantage à faire la même
invitation aux membres de sa formation politique qui pourraient peut-être
bénéficier aussi d'un certain nombre de renseignements qui
seraient positifs pour l'avancement du dossier des autochtones.
Je voudrais terminer, pendant les quelques minutes qui nous
restent...
M. Savoie: Je ne laisserai pas passer cela.
M. Kehoe: Défendez-vous!
M. Claveau: ...en regardant un peu les chiffres. De toute
façon, il va falloir approuver, je crois... Comment? Vous
défendre?
M. Savoie: Je puis dire que je suis très fier du caucus du
Parti libéral du Québec. Je suis très fier de la
participation...
Des voix: Merci.
M. Savoie: ...de mes confrères, de mes collègues
qui m'ont toujours appuyé dans mes démarches auprès des
autochtones. Je n'ai jamais eu de conflit jusqu'ici. Quand je me rends visiter
une réserve ou une nation, le député de la région
est toujours avec moi. C'est toujours comme cela. À la signature des
ententes, ils sont toujours là. Je comprends mal votre intervention
selon laquelle vous critiquez mes confrères.
M. Claveau: J'ai tout simplement réagi à quelques
commentaires que j'ai entendus pendant que je posais mes questions,..
M. Savoie: Ils ont posé de bonnes questions, je pense. Les
questions du député de Mille-Îles de même que celles
du député de Chapleau étaient excellentes.
M. Claveau: Écoutez, M. le ministre, on n'est pas
là pour essayer de réinventer la roue. On est là tout
simplement... J'ai dit tout à l'heure, en toute conscience, qu'il me
restait énormément de choses à éclaircir, qu'il y
avait encore plusieurs questions par rapport à la problématique
autochtone qui n'étaient pas assez claires et pour lesquelles, vous en
conviendrez, les textes officiels du gouvernement sont plutôt
dilués. Il aurait été intéressant d'avoir plus de
temps. Vous m'arrivez avec une longue tirade sur votre formation politique.
C'est votre affaire. Mais
je voudrais prendre les quelques minutes qui restent pour regarder les
chiffres et les variations dans les colonnes de chiffres que l'on a devant
nous.
M. Vallières: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le député
de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, le
député d'Ungava a pris environ dix minutes pour
répéter, à plusieurs reprises, les mêmes questions
ou les mêmes doléances auprès du ministre. Je sais que,
normalement, notre règlement prévoit que nous puissions
consacrer, par intervenant, quelque 20 minutes sur chacun des
éléments. Serait-il exagéré de demander, au cours
des quelques minutes qui suivent, que nous puissions, de ce
côté-ci de la Chambre, poser quelques questions?
Le Président (M. Marcil): M. le député
de...
M. Claveau: Je pense que les 20 minutes de ma dernière
intervention ne sont pas encore terminées.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: On a un élément et trois heures de
discussion, M. le Président.
M. Vallières: Je m'excuse, ce n'est pas par intervention,
c'est par élément.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît, M. le
député! Votre question est pertinente, mais, compte tenu que le
député d'Ungava a déjà engagé son temps, il
a 20 minutes pour ses questions. Le temps des réponses n'est pas inclus
dans ses 20 minutes, donc, à ce moment-là, je vais lui permettre
de terminer.
M. Vallières: Est-ce que...
Le Président (M. Marcil): Et à la fin de son temps,
à ce moment-là, nous pourrons procéder s'il y a lieu, avec
consentement, si vous voulez dépasser 23 heures, à d'autres
questions de la part du parti ministériel. Cela va?
M. Vallières: Merci, M. le Président. Le
Président (M. Marcil): Continuez...
M. Claveau: Merci, M. le Président. On va terminer cela en
regardant un peu les variations dans les colonnes comptables de
l'élément 3, puisqu'il n'y a qu'un élément dans ce
secrétariat-là. On constate, au niveau des traitements, que c'est
à peu près la seule place où il y a des augmentations et
il y a le même nombre de personnes. Cela correspond probablement à
l'augmentation des masses salariales, tel que le prévoient les
conventions de travail. Par contre, on constate qu'il y a une grosse diminution
des coûts liés aux autres rémunérations, une
diminution de 560 000 $ à 107 000 $. Le ministre pourrait-il nous
expliquer comment il se fait qu'il n'aura plus besoin finalement de services
externes et de rémunérations pour assurer ses travaux?
M. Savoie: C'est à cause de Umiujaq. C'étaient des
personnes qui étaient retenues pour les fins de l'exécution de
notre contrat de construction à Umiujaq. Arrivé à terme,
on n'a plus de crédits pour cette année.
M. Claveau: Les 107 000 $ qui restent vont servir à quoi
précisément ou d'une façon vague? De toute façon,
disons d'une façon globale...
M. Savoie: Globale.
M. Claveau: ...dans quel genre de contrat, dans quel genre
d'activité peut-on engager des gens qui vont avoir besoin d'une
rémunération partielle ou sporadique.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît!
M. Claveau: C'est moi qui ai la parole, j'ai des questions
à poser...
M. Bélisle: M. le Président.
M. Claveau: Et je ne prétends pas que l'on commande mes
questions.
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît!
M. Bélisle: Question de règlement.
Le Président (M. Marcil): Je n'ai pas à recevoir de
question de règlement.
M. Bélisle: M. le Président, j'ai une question de
règlement.
Le Président (M. Marcil): Oui, en vertu de quel
article?
M. Bélisle: En vertu de quel article? M. le
Président, il faut que le député d'Ungava, M. le
Président, cesse de s'adresser directement à des collègues
et passe par le président, s'il veut soulever une question de
règlement.
Le Président (M. Marcil): C'est bien, M. le
député de Mille-Îles, mais je vous demanderais...
M. Bélisle: Je vois son intention poindre à
l'horizon et je crains.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Mille-Îles, un instant s'il vous plaît!
M. Claveau: Je vous dirais, M. le Président, que je suis
tout à fait prêt à respecter cela, mais s'ils ont des
réflexions à faire sur mes questions, ils les feront au
micro.
M. Bélisle: M. le Président.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît! Je
voudrais vous demander... Quand un député est train de
questionner le ministre, je demanderais aux autres membres de cette commission
de maintenir un certain décorum. Vous pouvez y allez, M. Jolicoeur.
Une voix: Cela peut, cela peut.
M. Jolicoeur: Actuellement, on a quelques employés
occasionnels qui émargent au budget de 107 000 $ dont il est question
ici. II y a un conseiller juridique, un agent d'information qui travaille
à la revue Rencontre, une autre personne, une technicienne en
documentation affectée au centre de documentation au secrétariat
de même qu'une téléphoniste, à temps partiel. C'est
ce qui compose, essentiellement, le montant de 107 000 $ pour les autres
rémunérations qui sont indiquées au livre des
crédits.
Adoption des crédits
Le Président (M. Marcil): Cela va. Merci beaucoup, M.
Jolicoeur. Maintenant, je m'adresse aux membres de cette commission. Compte
tenu qu'il reste 30 secondes et qu'il faut adopter l'élément 3 du
programme 2 des crédits, j'aimerais savoir si l'élément 3
du programme 2 des crédits budgétaires du ministère du
Conseil exécutif pour l'année financière 1987-1988 est
adopté.
Des voix: Adopté.
M. Claveau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M, Marcil): Merci beaucoup, M. le
député d'Ungava. Je remercie tous les membres d'avoir
participé à cette commission de même que vos
invités, M. le ministre. J'ajourne la séance sine die.
(Fin de la séance à 23 heures)