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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Je déclare ouverte cette séance de la commission des
institutions visant à poursuivre le mandat que nous avons reçu,
à savoir: procéder à une consultation
générale et tenir des audiences publiques sur le projet de loi
104, Loi sur le Conseil permanent de la jeunesse.
Je demanderais à notre secrétaire, Me Giguère, de
bien vouloir annoncer les remplacements.
La Secrétaire: M. Johnson (Anjou) est remplacé par
Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Kehoe (Chapleau) par M. Hamel (Sherbrooke), M.
Laporte (Sainte-Marie) par M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) par Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M.
Vallières (Richmond) par M. Thérien (Rousseau).
Organisation des travaux
Le Président (M. Filion): Très bien. Je
rappellerai, pour le bénéfice des membres de la commission et
pour nos invités qui ont déjà pris place dans la salle,
notre ordre du jour pour aujourd'hui.
La Jeune Chambre de commerce de Montréal est déjà
arrivée. Je demanderais à ses représentants de bien
vouloir prendre place à la table des invités. Nous entendrons
subséquemment les représentants du groupe Oxy-Jeunes Inc., puis
à 15 heures, cet après-midi, le Regroupement d'organismes de la
MRC de Deux-Montagnes; à 16 heures, le Collectif de jeunes provenant de
divers organismes du secteur des loisirs; à 17 heures, la Commission
jeunesse du Parti libéral du Québec. Dans la soirée,
à 20 heures, nous entendrons la Société de recherche en
orientation humaine et, enfin, M. Chrystian Lapointe.
Je souhaite la plus cordiale des bienvenues aux représentants de
la Jeune Chambre de commerce de Montréal. Sans plus tarder, je
demanderais aux personnes qui représentent cet organisme de bien vouloir
s'identifier pour le bénéfice des membres de la commission et du
Journal des débats.
Auditions
M. Buteau (André): D'accord, je vous remercie. Je voudrais
vous présenter mes collègues, Mme Monique Thomas, directrice
générale de la jeune chambre et M. Florent Francoeur,
vice-président exécutif. Je m'appelle André Buteau,
président de la Jeune Chambre de commerce de Montréal.
Le Président (M. Filion): M. Buteau, je vous demanderais
de bien vouloir présenter votre mémoire tout en vous rappelant
que le temps qui vous est alloué est de 60 minutes: 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire et 40 minutes pour les
échanges de propos avec les membres de la commission.
Jeune Chambre de commerce de Montréal
M. Buteau: D'accord.
Nous désirons remercier la commission de nous avoir
accordé le droit d'exprimer notre position sur le projet de loi 104.
Juste quelques mots sur la jeune chambre. Nous sommes un organisme sans but
lucratif qui regroupe près de 650 jeunes gens d'affaires qu'ils ou elles
soient entrepreneurs, professionnels ou cadres. Nous sommes affiliés
à la Chambre de commerce du Québec. Nous avons récemment
obtenu un siège au sein du conseil d'administration de cet
organisme.
La jeune chambre joue un rôle prépondérant dans la
relève économique de Montréal et du Québec. Nous
développons l'esprit d'entrepreneurship chez les jeunes en leur
fournissant des ressources expérimentées dans différents
domaines d'activité. Elle est un lieu privilégié
d'échanges de vues, de formation additionnelle et de rencontres
d'affaires. La Jeune Chambre de commerce fonde beaucoup d'espoir sur le Conseil
permanent de la jeunesse pour donner une voix aux jeunes dans l'appareil
gouvernemental québécois. Nous réalisons que ce ne sera
pas la seule voix représentant les jeunes du Québec, mais cela
pourrait bien être une des principales.
Cependant, ce conseil doit remplir certaines conditions pour s'assurer
le succès escompté. Le conseil devra avoir une juste
représentativité, une bonne crédibilité et devra
être légitime. Pour discuter de ces conditions, je laisserai la
parole au vice-président exécutif, M. Florent Francoeur.
M. Francoeur (Florent): Comme le disait André, on a
développé trois éléments majeurs sur lesquels le
futur conseil devrait s'appuyer. Le premier critère en est un de
représentativité. La mécanique de composition du
conseil telle que définie à l'article 16 nous satisfait.
L'incorporation permet d'assurer une certaine crédibilité aux
organismes et les quatre secteurs énoncés dans l'article en
question devraient rejoindre tous les organismes. Toutefois, une
représentativité sectorielle et régionale doit être
assurée.
Concernant la représentativité sectorielle, afin d'assurer
une représentation significative de tous les secteurs, nous recommandons
qu'une liste d'organismes soit établie par secteur - les quatre secteurs
définis à l'article 16 - et que seuls ces organismes puissent
recommander une candidature. Par la suite, la procédure définie
à l'article 19 devrait ensuite être appliquée. Nous voulons
également nous assurer d'une représentativité
régionale et, compte tenu de la répartition démographique
de la population, nous considérons qu'un conseil divisé
moitié-moitié entre la région métropolitaine et les
autres régions serait équitable.
Le second critère sur lequel nous nous sommes attardés est
un critère de crédibilité. Le conseil doit assurer son
indépendance et son pouvoir d'intervention. De ce fait, le
président devrait être choisi par les membres du conseil et le
conseil devrait avoir le pouvoir de présenter ses propres avis.
Un dernier critère, celui de la légitimité. Le
conseil devra être une voix forte et crédible de la jeunesse et on
devra lui donner les outils nécessaires pour le faire. Monique vous
présentera nos suggestions quant à ces outils.
Mme Thomas (Monique): Je dirai quelques mots sur les moyens
techniques que nous privilégions pour favoriser le développement
du Conseil permanent de la jeunesse et lui assurer de réels pouvoirs.
Quant au collège électoral, les 40 membres nommés par le
gouvernement en tenant compte de la représentativité sectorielle
et régionale telle qu'expliquée par Florent, c'est
déjà un exercice en soi. Ces personnes demeurant inactives
après la nomination au conseil du CPJ, nous voulons que les autres
membres du collège électoral puissent avoir un rôle actif
au sein du futur Conseil permanent de la jeunesse. En ce sens, le projet de loi
ne prévoit absolument rien pour les 29 autres personnes qui demeurent un
peu inactives. Nous voulons que soit prévu par la loi un
mécanisme permettant de consulter ces membres du collège sur
toute question qu'étudieront les membres du CPJ. En d'autres mots,
l'article 29 prévoit la formation de comités spéciaux. Or,
ces personnes, les membres du collège, devraient être les
premières à être sollicitées pour faire partie de
ces comités d'étude de ces comités spéciaux. Il
faut mettre à contribution toutes ces ressources humaines
représentant un potentiel énorme de compétence, de faits
vécus, d'expériences enrichissantes de toutes sortes que
possèdent actuellement les jeunes au Québec.
Quant aux ressources techniques devant être affectées au
Conseil permanent de la jeunesse, nous proposons de lui donner, comme support
technique principal, l'actuel Secrétariat à la jeunesse. Pour
notre part, le Secrétariat à la jeunesse possède
déjà des bureaux régionaux, possède
déjà un service de recherchistes et rassemble, depuis quelques
années, des données statistiques et des documents accessibles
à tous les jeunes des différentes régions du
Québec. Le nouveau CPJ pourrait bénéficier de ces
ressources déjà en place et, bien sûr, il faudra lui
ajouter d'autres ressources à mesure que les besoins s'en feront sentir
et afin de mieux répondre à ces fonctions qui vont en croissant
d'année en année.
Bien que le Secrétariat à la jeunesse soit rattaché
au CPJ, il n'en demeure pas moins qu'il doit poursuivre son mandat et ses
activités de continuer d'oeuvrer dans toutes les régions du
Québec et de fournir l'information aux jeunes du Québec.
En annexant le SAGE au CPJ, on s'assure que les énergies ne se
doublent pas et qu'on donne les outils nécessaires pour un organisme de
consultation fort et disponible pour l'ensemble des jeunes de la province.
Maintenant, nous proposons que le Conseil permanent de la jeunesse
s'assure d'entrées valables auprès du gouvernement et des
différents ministères. Nous proposons une voie directe avec les
instances décisionnelles et que le CPJ relève du premier
ministre.
M. Buteau: J'aimerais résumer un peu nos recommandations,
qui sont les suivantes: 1. Assurer la répartition équitable
suivant un processus d'affiliation de ses membres; 2. assurer une
répartition régionale des sièges; 3. assurer l'autonomie
du conseil; 4. assurer au conseil des ressources suffisantes pour consulter et
approfondir les dossiers qu'il adresse; 5. assurer le support du
Secrétariat à la jeunesse pour éviter le
dédoublement du travail; 6. rattacher le conseil directement au premier
ministre pour assurer une action ou une intervention efficace. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Filion): Merci. J'inviterais donc les
représentants du groupe ministériel à bien vouloir amorcer
l'échange de vues avec nos invités, je vous en prie.
M. Thérien: Merci, M. le Président. Mme Thomas, M.
Francoeur, M. Buteau, d'abord au nom du gouvernement du Québec, on vous
souhaite la bienvenue et on vous remercie d'avoir participé à
cette importante
consultation en ce qui a trait à la jeunesse
québécoise.
Je dois d'abord vous signaler que le préambule qui anime votre
document fait partie intégrante du préambule qui a animé
la commission jeunesse du Parti libéral à la fondation du Conseil
permanent de la jeunesse. On y retrouve une dynamique qu'on appuie sans
réserve, comme vous allez le constater.
Parmi vos recommandations, bien entendu, vous parlez d'accroître
l'autonomie des onze membres du conseil. Vous parlez aussi de la
possibilité des 29 membres dont on ne sait pas trop quel rôle ils
joueront.
Il est dans l'esprit du gouvernement d'apporter certains changements
dans le sens d'accroître l'autonomie. On est à l'époque de
la présentation et de la consultation. Il est dans notre esprit, bien
entendu, d'accroître l'autonomie du conseil, c'est sûrement la
meilleure bonification qu'on pourrait apporter au Conseil permanent de la
jeunesse.
Parmi les questions qui me viennent à l'esprit en ce qui concerne
la représentation, vous parlez d'une liste par secteurs que je trouve
intéressante, mais vous parlez d'une représentation. J'aimerais
que vous m'expliquiez la dynamique - vous souriez, vous devinez la question qui
arrive - qui vous a fait penser qu'une juste et raisonnable
représentation serait une moitié Montréal et sa
région et une autre, le reste du Québec. J'aimerais entendre ce
qui a motivé votre représentation à cet égard.
M. Francoeur: Si je peux me permettre de répondre.
Une voix: M. Francoeur.
M. Francoeur: Merci. D'un simple point de vue
démographique, la région métropolitaine regroupe à
peu près 50 % de la population de la province. Deuxièmement, on
dit que la plupart des organismes ont soit un pied-à-terre ou une
représentativité dans le secteur de Montréal, ce qui fait
que pour ne pas pénaliser tous ces organismes ou pénaliser les
gens de la région de Montréal qui subissent ce contrecoup, je
dirais, on appuie l'idée d'avoir une représentativité
à 50-50.
M. Thérien: Concernant la problématique et les
difficultés vécues par la jeunesse québécoise,
est-ce que c'est simplement une question de nombre ou plutôt une question
de région?
M. Francoeur: Ce n'est pas une question de nombre et ce n'est pas
une question de région non plus. On dit qu'avec une
représentativité 50-50 entre ces deux pôles - parce qu'il y
a quand même un pôle qui serait la région
métropolitaine, et l'autre, le reste de la province - en ayant une
représentativité moitié-moitié, on est en mesure
d'être un porte-parole valable pour les jeunes de la province.
M. Thérien: Si on se fie à votre tableau de
représentativité, il y aurait fort probablement 50 % des
régions qui ne seraient pas représentées du tout. Si on se
fie à 20 membres-20 membres, moitié-moitié, il y aurait
fort probablement des régions qui n'auraient pas un
représentant.
M. Francoeur: Comme je le mentionnais tantôt, beaucoup
d'organismes couvrent, je dirais, la province et ont un pied-à-terre
à Montréal. Souvent, le pied-à-terre en question est, par
exemple, la direction générale. On n'a qu'à penser
à beaucoup d'organismes de loisir. Cette représentativité
serait comptée dans la région de Montréal et, de ce fait,
pénaliserait les gens de la région métropolitaine
même.
M. Thérien: Donc, c'est par délégation que
ces gens-là seraient représentés.
M. Francoeur: Oui.
M. Thérien: Je vous remercie pour vos réponses
là-dessus. Vous faites état aussi que le Conseil permanent de la
jeunesse aurait comme secrétariat l'actuel Secrétariat à
la jeunesse. Ne croyez-vous pas que ce ne sont pas les mêmes fonctions si
on considère que le Secrétariat à la jeunesse maintenant
joue un rôle plutôt administratif et que le Conseil permanent de la
jeunesse va jouer un rôle dit politique, c'est-à-dire qu'il y
aurait une intervention directe avec le gouvernement et l'Assemblée
nationale qui pourrait peut-être avoir son propre secrétariat?
Comment voyez-vous cela? Ne croyez-vous pas que cela...
Mme Thomas: D'accord. Je vais répondre à cette
question. On s'est posé la question sur la façon ne pas doubler
les ressources et de bien utiliser ce qui est déjà en place. Je
pense que le Secrétariat à la jeunesse utilise bien les
ressources dont il dispose: recherchistes, bureaux régionaux. Alors, le
CPJ n'a pas de bureaux régionaux prévus par le projet de loi.
On veut adjoindre au CPJ un secrétariat avec les ressources qui
sont déjà en place, ce qui n'élimine pas le
Secrétariat à la jeunesse, d'une part, parce qu'il continue son
mandat actuel et poursuit son oeuvre au sein de la province. Par contre, le CPJ
se dote de ressources déjà en place. Cela n'empêche pas
d'augmenter les ressources dont le CPJ va avoir besoin au fur et à
mesure que les dossiers vont s'ouvrir avec les années.
M. Thérien: En fait, le conseil permanent pourrait
s'inspirer du Secrétariat à la jeunesse, mais pas
forcément.
Mme Thomas: La première fonction du Conseil permanent
à la jeunesse est de donner de3 avis au bureau du premier ministre, des
consultations. Le Secrétariat à la jeunesse a un rôle
beaucoup plus administratif.
M. Thérien: Vous parliez - et je l'avais pris en note car
je pense que c'est très pertinent - des 29 membres qui ne font pas
partie du conseil d'administration. Est-ce que vous avez pensé à
des façons de les rendre plus actifs à l'intérieur de ce
groupement?
Mme Thomas: Exactement. C'est pour cela qu'on dit que ces 29
personnes devraient être les premières... La loi ne prévoit
rien, le projet de loi ne mentionne rien sur ces 29 personnes qui sont issues
de différents milieux, de différents organismes de la province et
qui regroupent un potentiel d'énergies qu'il faudrait utiliser.
Ce qu'on dit, c'est que ces 29 personnes devraient être
appelées en premier lieu pour siéger aux différents
comités que mettra en place le futur Conseil permanent de la
jeunesse.
M. Thérien: Parfait. On prend vos suggestions en note.
Dans la page suivante, vous dites qu'il faut, bien entendu, attribuer
des ressources financières suffisantes. C'est bien entendu, si on veut
faire quelque chose de valable qui va mener des consultations. Est-ce que vous
avez, des suggestions de mener ces consultations dont le conseil pourrait
s'inspirer? Est-ce que vous avez pensé à la façon dont
pourrait se faire une consultation à ce niveau?
Mme Thomas: Au début, j'ai entendu parler d'un budget
allant de 800 000 $ à 1 000 000 $. Évidemment, si le Conseil
permanent de la jeunesse veut s'assurer de faire affaire avec des
"boîtes" de communications pour faire faire des études très
professionnelles dans certains domaines, il va falloir avoir plus d'argent.
C'est pour cela qu'on dit: Utilisons les ressources du Secrétariat
à la jeunesse qui possède ses recherchistes. Cela va nous
épargner de l'argent et des ressources. Attribuons des ressources et de
l'argent à des crédits pour employer des personnes plus
spécialisées dans certains domaines.
M. Thérien: Comme dernière question pour le moment,
est-ce que dans vos activités de Jeune Chambre de commerce de
Montréal, qui est tout à fait louable, vous avez envisagé
une certaine forme de collaboration avec la Société
d'investissement jeunesse'
M. Buteau: Oui, absolument. On est en train de créer
certains liens avec lesquels on pourrait se compléter sur
différents dossiers. Oéjà la jeune chambre a établi
ce qu'on appelle le groupe d'assistance professionnelle, c'est un groupe de
soutien aux jeunes entrepreneurs en phase de démarrage et de
"prédémarrage". On voit d'un très bon oeil la SIJ comme
étant un organisme qui pourrait donner un appui financier à ces
jeunes entrepreneurs. Parce qu'en fin de compte, pour la plupart des jeunes,
les deux problèmes qui les empêchent de bien se développer
au point de vue de l'entrepreneurship, c'est surtout la question de s'entourer
de bonnes ressources humaines, le conseil, et aussi la question
financière. On pourrait facilement procurer la ressource humaine de ce
côté et la SIJ pourrait appuyer financièrement.
M. Thérien: Je vous remercie pour le moment.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député de Rousseau. Est-ce que... Non? Je constate qu'aucun autre
membre du groupe ministériel ne veut prendre la parole.
Une voix: Pour le moment. (10 h 30)
Le Président (M. Filion): Pour le moment, d'accord. Mme la
députée de Chicoutimi, porte-parole de l'Opposition.
Mme Blackburn: Merci. Mme Thomas, messieurs, il me fait plaisir
de vous souhaiter la bienvenue au nom de ma formation politique. Je dois dire
qu'il y a un certain nombre de choses que je trouve fort pertinentes et
intéressantes dans votre mémoire. Je pense, en particulier,
à ce qu'on pourrait envisager comme, je ne dirais pas utilisation, mais
comme moyen d'exploiter ce potentiel qui est le collège électoral
en les faisant travailler sur d'éventuels comités qui seraient
créés au sein du conseil consultatif. Je trouve que cette
idée est intéressante.
Par ailleurs, tout à l'heure, j'écoutais le
député de Rousseau faire un parallèle entre le
préambule de votre mémoire et celui de la commission jeunesse du
Parti libéral. Je ne suis pas sûre que cela ajoute beaucoup de
crédit à votre mémoire. Je préférerais
penser que vous vous êtes aussi inspirés du document de travail du
Secrétariat à la jeunesse en reprenant les principaux
thèmes de ce document, qui sont la représentativité, la
légitimité et la crédibilité. Cela veut dire
probablement que le Secrétariat à la jeunesse fait un excellent
travail, mais que vous avez aussi bien compris le message.
J'aimerais maintenant revenir sur quelques questions, avoir des
commentaires en page... Le mémoire que j'ai n'est pas paginé.
Vous avez les notes sur les activités de la jeune chambre de commerce,
le Conseil permanent de la jeunesse. C'est la deuxième page après
le conseil permanent où vous n'avez qu'un seul paragraphe. Vous faites
une remarque, vous dites: "Bien que la proportion relativement faible
d'organismes représentatifs de la jeunesse dans notre milieu..." Je
pense que vous parlez du milieu des affaires ou du commerce. Je voudrais vous
dire que les groupes de soutien aux initiatives jeunesse en particulier, il y
en a tout près d'une quarantaine qui, par leur regroupement, sont venus
se faire entendre ici, ce qui est, proportionnellement au nombre d'organismes
jeunesse dans toute la province, je ne dirais pas une surreprésentation,
mais certainement une représentation plus qu'intéressante de
votre milieu et qui a bien traduit, je pense, les préoccupations du
monde des affaires. La préoccupation qui est particulièrement la
leur, c'est celle de voir à créer des emplois pour les
jeunes.
Dans votre mémoire, pour ramener les thèmes que vous
abordez, représentativité, légitimité et
crédibilité, cela ne vous étonnera pas et je ne vous
apprendrai certainement rien si je vous dis que je ne partage pas votre avis
qu'il faut partager la province 50-50: Montréal et le reste.
Heureusement, ce n'est pas tout à fait comme cela que ça se passe
avec la députation. Je ne pense pas que ce soit une des meilleures
représentations. Par exemple, étant donné qu'on a trois
grandes universités dans la région de Montréal, que la
Conférence des recteurs et des principaux des universités soit
représentée à 50 % par la grande région de
Montréal - dans la région de Montréal, vous avez aussi des
gens qui viennent des régions - il me semble que cela ne serait pas
très équitable. D'autant plus que quand vous avez deux ou trois
représentants pour un secteur d'activité, je pense, par exemple,
aux jeunes en difficulté dans l'Est de Montréal, vous en auriez
dix que vous n'auriez pas plus de jeunes à représenter. Les
problèmes qui existent entre les différentes régions, les
problèmes auxquels est confrontée la jeunesse, que vous soyez en
Gaspésie, à Sept-Îles, à Rouyn-Noranda ou à
Chicoutimi, ne sont pas tout à fait les mêmes. Dans ce sens, je
voudrais juste vous dire que je ne partage pas vraiment votre conception du
partage, ce que vous appelez un partage équitable de la
représentation.
Vous avez également abordé des questions que je trouve
intéressantes au début de la page intitulée Le Conseil
permanent de la jeunesse - Développement: chômage, abandon des
études. Certains organismes de jeunes qui se sont
présentés ici estimaient que la création d'un conseil
consultatif aurait été plus pertinente si cela s'était
situé dans le cadre d'une politique jeunesse. D'ailleurs, je voudrais le
rappeler, c'était l'approche que privilégiait la Commission des
droits de la personne en disant que cela prendrait un organisme consultatif qui
donne des avis sur les grandes orientations d'un gouvernement.
Ici, on a procédé à l'inverse. On crée un
conseil consultatif qui, vraisemblablement, devrait avoir, entre autres,
j'imagine, à donner des avis au ministre, au gouvernement sur ce que
pourraient être les grandes politiques touchant la jeunesse. Si vous
aviez à établir des priorités d'action pour ce conseil,
quelles seraient-elles?
M. Buteau: Ce serait sûrement sur les questions de
l'emploi, du travail, bien entendu, puisque c'est le domaine qu'on
représente, mais aussi parce qu'au point de vue économique on
croit que c'est là que les jeunes sont le plus touchés et
qu'advenant une bonne économie pour notre jeunesse
québécoise, tous les autres facteurs vont suivre, à
savoir: les loisirs, une meilleure équité sociale, etc.
Mme Thomas: Pour enchaîner, je dirais qu'une des
priorités, c'est de voir à la recherche et au
développement. Actuellement au Québec, les jeunes accusent un
retard en ce qui a trait au développement technologique. Souvent, on
importe des cerveaux plutôt que de les faire faire au Québec. Il y
a un retard au Québec à ce point de vue. Ce serait une des
priorités du Conseil permanent de la jeunesse de faire en sorte, " au
Québec, de favoriser le développement technologique.
Évidemment, nous avons les ressources, les jeunes sont pleins de
potentiel. Les universités ne développent peut-être pas
assez de budgets pour la recherche et pour le développement. C'est une
des priorités sur lesquelles il faudrait se pencher.
Mme Blackburn: Vous parlez des priorités et vous parlez de
la recherche, du développement et des emplois. À l'ouverture des
travaux de cette commission parlementaire, j'ai suggéré que, pour
rendre plus efficace un tel conseil consultatif, il fallait peut-être
fixer quelques priorités. Une façon de le faire dans certains
conseils consultatifs, c'est la création de commissions permanentes
chargées d'examiner un aspect particulier du secteur de
l'activité concernée. Par exemple, je pense au Conseil
supérieur de l'éducation et à une commission de
l'éducation permanente, le Conseil des universités, des
commissions de la recherche, etc. Je suggérais que cela pouvait
être une commission de l'emploi et une autre
commission qui aurait pu être une commission de l'adolescence.
L'essentiel des problèmes que confronte la jeunesse trouvent beaucoup
leur origine dans l'adolescence. Je voudrais seulement vous voir réagir
par rapport à ces propositions de ce que j'appellerais des
priorités.
M. Francoeur: Sur ce point, quand on a parlé,
tantôt, du collège électoral, où il y avait 29
personnes qui, après la nomination du conseil lui-même,
étaient laissées en suspens si on peut parler ainsi, on a
préconisé, dans le mémoire, que ces 29 personnes soient -
toujours entre guillemets -utilisées pour former des comités.
Cela dit, on est plus réticent pour que ce soit des comités
permanents, mais ils pourraient être effectivement utilisées pour
former des comités sur l'emploi.
Mme Blackburn: Pourquoi avez-vous des réticences sur la
création d'un comité permanent, sur l'emploi
précisément?
M. Francoeur: C'est simplement - je dirais - pour permettre un
certain mouvement parmi le collège électoral et pour pouvoir
utiliser à bon escient ces personnes. Dans les 40 personnes qui vont
être nommées pour former le collège électoral, il y
a un bagage de connaissances et d'expériences qu'il faut utiliser. On ne
croit pas, au départ, que le conseil pourra s'attaquer à une
multitude de projets, mais bien à des points très
spécifiques en permettant un certain mouvement et en utilisant les 29
personnes qui sont en arrière. Cela va permettre peut-être un
échange d'idées plus fructueux.
Mme Blackburn: Au-delà de cela, ne pensez-vous pas que la
problématique de l'emploi en est une qui est là pour durer?
M. Francoeur: Sûrement. D'ailleurs...
Mme Blackburn: Et qui appellerait peut-être une commission
permanente.
M. Francoeur: Comme je vous disais, le comité en question
pourrait se pencher sur des problèmes majeurs. Cela dit, le conseil
pourrait aussi juger de la pertinence de s'attaquer à un problème
autre s'il le juge nécessaire.
Mme Blackburn: Estimez-vous que la création d'un conseil
consultatif aurait été plus pertinente et plus efficace que
l'inverse dans le cadre d'une politique générale de ta jeunesse?
C'est-à-dire qu'on crée le conseil et on créera la
politique après.
Mme Thomas: On ne s'est pas penché sur cela. Je dis
déjà que, d'avoir un Conseil permanent de la jeunesse, assure
à la jeunesse québécoise une voix pour se faire entendre
et défendre ses intérêts. Cela s'inscrit quand même
dans une politique globale de la jeunesse. On a déjà le
Secrétariat à la jeunesse. On va pour le CPJ maintenant.
Mme Blackburn: Comment va se situer cette voix ou ce que vous
appelez les porte-parole par rapport aux porte-parole déjà
existant, que ce soit pour les associations étudiantes ou le
Regroupement des organismes communautaires jeunesse dans la région de
Montréal qui rassemble une centaine d'organismes de jeunes.
Au-delà de donner des avis, cet organisme deviendrait-il le porte-parole
privilégié, selon vous?
Mme Thomas: D'abord, le CPJ, c'est une voix, ce qui
n'empêche pas que tes autres organismes puissent se faire entendre par
d'autres voix tout simplement. Je pense bien que la jeune chambre sera
sûrement consultée sur certains dossiers du CPJ, mais elle
pourrait aussi donner son opinion sur d'autres dossiers dans différents
ministères; c'est une voix parmi d'autres.
M. Buteau: Une autre chose, c'est que cela va aussi permettre un
échange de vues entre les différents secteurs qui seront
intégrés à l'intérieur du collège
électoral et du conseil, ce qui ne se produit pas de façon
régulière présentement.
Mme Blackburn: Dans le volet de la crédibilité du
conseil, l'un des éléments que vous avancez pour faire reposer la
crédibilité du conseil, c'est que le président devrait
être choisi par les membres plutôt que par le gouvernement. Cela
vous apparaît-il suffisant pour assurer la crédibilité du
conseil? D'autres organismes estiment que le conseil consultatif, à
l'instar du Conseil du statut de la femme, trouvera beaucoup sa
crédibilité dans la vigueur des associations et des organismes de
jeunesse. Vous n'avez pas abordé toute cette question de la survie des
organismes de jeunesse, du financement et de la reconnaissance et vous estimez
que la crédibilité du conseil, l'élément que vous
présentez, "son pouvoir d'intervention sera réel et bien
défini. En ce sens, nous considérons que le président du
conseil devrait être choisi par les membres plutôt que par le
gouvernement". Estimez-vous que c'est là l'élément
principal qui assurera la crédibilité au conseil?
M. Francoeur: En fait, quand on suggère que le conseil
élise son président, dans un contexte plus général,
on veut que, finalement, le conseil ait son propre pouvoir de décision
et non qu'on lui impose ses leaders, si on peut parler ainsi. Dans la
mesure où on forme un comité représentatif de la
jeunesse québécoise et qu'on lui impose son ou ses leaders, cela
pourrait peut-être affecter la crédibilité du conseil. Nous
disons que si on poursuit cette démarche en laissant le conseil choisir
son président, on ne nuira sûrement pas à la
crédibilité du conseil.
Mme Blackburn: Je dois dire que je trouve la proposition assez
intéressante. Vous concluez ce volet en disant: "En deux mots, pour
être crédible comme canal de communication entre le gouvernement
et les jeunes, le conseil ne doit avoir ni filtre ni sourdine." Cela me semble
aller beaucoup en contradiction avec ce que j'ai entendu ici de la part du
parti ministériel, en commençant par le premier ministre, qui
nous disait que ce conseil devrait être un partenaire, qu'il y aun certain partenariat entre le conseil et le gouvernement. D'autres
députés ont utilisé les expressions "être ami-ami",
"main dans la main" et "une certaine complicité" ce qui me semble
très loin du critère que vous avez en disant: II ne devrait y
avoir ni filtre ni sourdine. Quels devraient être, selon vous, les
rapports entre un conseil consultatif et un gouvernement? Pourriez-vous
réagir avec plus de détails ce que vous avancez dans votre texte
ici?
M. Buteau: En fin de compte, c'est pour cela que le paragraphe
qui précède mentionne que le conseil devrait pouvoir
énoncer ses propres avis, sans en avoir nécessairement le mandat
du premier ministre, et parler librement sur ses points de vue et sur les
résultats des dossiers auxquels il s'adresse.
Mme Blackburn: Plusieurs mémoires ont soulevé un
certain nombre de difficultés que vous n'avez pas abordées, et je
le comprends très bien, parce qu'on ne peut pas aborder la
totalité; vous vous êtes surtout centrés sur ce qui
constituait vos préoccupations. Je le comprends. Je vais essayer d'en
faire le tour et j'aimerais avoir vos réactions là-dessus.
D'abord, le fait que, pour être candidat à un poste, il faut
être recommandé, avoir une résolution de trois organismes
incorporés. On sait que la plupart des associations étudiantes ne
sont pas encore incorporées en vertu de la partie III de la Loi sur les
compagnies, elles sont soit accréditées ou bona fide; elles n'ont
pas d'incorporation. Il y a également le fait des difficultés que
cela pourrait poser, que toute cette démarche posera
nécessairement pour un jeune de 15, 16 et 17 ans, par exemple, qui n'a
pas établi tous les contacts qui lui permettraient d'aller chercher ses
appuis. Alors, c'est sur ces deux volets-là. (10 h 45)
M. Francoeur: En ce qui concerne l'incorporation, pourquoi on
appuie l'idée d'incorporation, c'est pour donner simplement une
crédibilité aux organismes qui parrainent des gens. En fait, ce
qu'on veut éviter, c'est qu'un organisme se fonde demain matin pour
pouvoir aider des gens sur le Conseil permanent de la jeunesse, alors qu'il y a
des organismes qui ont des structures depuis, dans notre cas, 57 ans et qui
travaillent depuis très longtemps à cette cause.
Mme Blackburn: On pourrait dire aussi que dans certaines
écoles, dans certains collèges, vous avez des associations qui
n'ont peut-être pas autant d'années, mais qui sont là
depuis de nombreuses années et qui ne sont pas incorporées. Je
pense aux associations étudiantes dans les écoles polyvalentes,
en particulier et dans certains collèges. Elles seraient moins
crédibles, parce que non incorporées?
M. Francoeur: Je ne voudrais quand même pas m'avancer au
point de dire qu'elles sont moins crédibles parce que non
incorporées. Effectivement, dans les, associations étudiantes, il
existe une crédibilité. Cela dit, il faut quand même
assurer une continuité et une valeur au conseil permanent et
forcément éliminer certains points qui pourraient biaiser ou
fausser la valeur du conseil. Alors, l'idée d'incorporer - je me
répète - c'est pour assurer la crédibilité du
conseil.
Mme Blackburn: Certains organismes proposaient une formule qui
dirait que l'association ou l'organisme ait douze mois d'existence et que
c'était suffisant indépendamment qu'il soit ou non
incorporé. Comment réagissez-vous à une telle
proposition?
M. Francoeur: En fait, il y a tout un mécanisme, comme
vous le dites, Mme Blackburn, qui pourra être utilisé. Ce qui est
important et ce qu'on veut souligner, c'est qu'on doit s'assurer lorsqu'on va
nommer des représentants au collège électoral que tous ces
organismes soient crédibles. Maintenant, à la limite, on pourra
discuter longtemps sur cette question. Mais à la base, c'est de
s'assurer que nos organismes qui vont représenter les jeunes, qu'ils
n'aient pas d'arrière-goût de fausseté. Je ne sais pas si
je me fais bien comprendre.
Mme Blackburn: Dans une structure comme celle que vous endossez,
comment pensez-vous que les jeunes de 15 à 17 ans qui ont moins
d'expérience, moins d'appui, pourront trouver leur place au sein du
collège électoral, d'abord se rendre au collège
électoral et du collège électoral, se trouver une chance
d'être élu au conseil, d'être recommandé, parce que
c'est sur recommandation d'un nom? Je ne veux pas
leur compliquer la chose parce qu'ils sont jeunes.
M. Francoeur: D'abord, notre clientèle à la jeune
chambre, on parle de gens entre 20 et 35 ans. On s'est évidemment
attardés à ce point dans notre mémoire. Cela dit, on est
d'accord que le conseil devrait s'attarder à des gens entre 18 et 35 ans
ou 18 et 30 ans. De toute manière, je pense que l'association
étudiante ou la personne qui a 15 ans pourra avoir quand même le
droit de parole à ces organismes-là.
Mme Blackburn: Une autre difficulté que posait la loi,
telle que rédigée, c'était de deux ordres. Le premier,
c'est que le gouvernement n'est pas obligé de consulter le conseil au
moment où il élabore une politique, ce qu'on retrouve dans la
plupart des droits de conseils consultatifs. Le second, c'est que le
gouvernement, par ailleurs, peut demander des avis, des recherches, des
études.
Les craintes qui ont été apportées ici
étaient les suivantes. Un gouvernement qui voudrait museler le conseil
n'aurait qu'à lui donner suffisamment de mandats pour qu'il n'ait pas
lui-même de place pour produire ses propres mandats. Je sais qu'à
un endroit dans votre mémoire, vous nous dites que le conseil doit
être capable de - c'est toujours en page 4, la crédibilité
du conseil - pouvoir formuler ses propres avis.
Mais dans l'hypothèse où le gouvernement - pour utiliser
un terme anglais - "load" le conseil avec des demandes d'avis, qu'est-ce qu'il
advient de ce conseil consultatif? Est-ce qu'il devient un centre de recherche
pour un gouvernement?
Mme Thomas: Je pense que le Conseil permanent de la jeunesse
regroupera un certain nombre de jeunes...
Mme Blackburn: C'est pour cela que vous l'avez mis
là-dedans?
Mme Thomas: ...qui peuvent parler assez fort et qui peuvent avoir
assez de détermination. Ce n'est pas ma crainte que l'on passe outre aux
conseils du CPJ parce que je connais les jeunes au Québec. S'ils
décident et s'ils ont la détermination de faire valoir certains
intérêts, ils vont s'équiper pour le faire. Je pense que
pour le CPJ, on va trouver les meilleures ressources. Les jeunes vont se rendre
où ils doivent se rendre et se feront écouter.
Mme Blackburn: Ne pensez-vous pas qu'il aurait été
plus prudent d'indiquer certaines réserves à l'intérieur
du projet de loi?
M. Francoeur: Effectivement, si la situation se produisait
où on "load" le conseil permanent de problèmes, je pense - on a
parlé tantôt de priorités - que le conseil devra
déterminer les priorités parmi les problèmes qui sont
soulevés. Je pense que c'est une évidence.
Mme Blackburn: Si vous lisez l'article 27: "Le conseil doit - ce
n'est pas "peut" -donner son avis au ministre sur toute question que celui-ci
lui soumet relativement aux besoins et aux intérêts de la
jeunesse. Il doit de plus effectuer ou faire effectuer les études et
recherches qui lui sont demandées par le ministre." Il n'a pas le
choix.
M. Francoeur: Oui, sauf qu'on n'a pas mentionné de date
précise dans cet article. Ce qui fait que si on pose aujourd'hui vinqt
questions, on n'a pas donné de délai. Â ce
moment-là, le conseil pourra décider que telle question est
jugée prioritaire et on pourra y répondre dès aujourd'hui
et la dernière dans vingt jours.
Une voix: Voyons donc!
Mme Blackburn: Parce que vous pensez que si monsieur, madame ou
moi-même commandons une étude à un conseil consultatif, on
va lui dire qu'on veut une étude ou un devis et qu'on n'établira
pas un échéancier. Je n'ai jamais vu cela, nulle part. Je ne
pense pas que ce soit à la Jeune Chambre de commerce de Montréal
que vous appreniez à accepter des mandats sans échéancier.
Vous nous faites marcher un peu. Vous savez bien que cela n'a pas de... Vous
savez bien qu'on ne peut pas jouer avec cela. Vous êtes en train de rire
de nous autres en même temps que... Écoutez, il faut être
sérieux un peu. Surtout que vous travaillez avec beaucoup de rigueur.
J'en suis d'avance convaincue. Jamais vous n'accepteriez un mandat sans en
connaître l'échéancier. C'est une porte trop facile
celle-là.
Alors, à mon avis, il y a un danger réel que ce conseil se
voit confier tellement de travaux de recherche qu'il n'aura pas le temps de
faire autre chose. Il y a des précédents. Juste pour vous les
rappeler, je vous dirai qu'à la création du Conseil du statut de
la femme, qui a été créé en 1973, pendant trois ans
un gouvernement du Parti libéral a rejeté tous les
problèmes touchant la condition féminine au Conseil du statut de
la femme pour études et recommandations. La première politique
très articulée que le conseil a réussi à
déposer l'a été six ans après sa création.
Cela vous donne une idée. C'est tout ce que je veux parce qu'il ne faut
quand même pas... Je connais les limites d'un organisme consultatif pour
en avoir créé un et présidé un.
Je pense qu'il y avait aussi autre chose
qui aurait pu être intéressant si on l'avait
retrouvé dans le projet de loi et qui aurait permis de jouer dans le
sens où vous venez de le dire. Si le conseil consultatif avait eu, comme
plusieurs autres conseils consultatifs, la responsabilité de produire
annuellement un rapport sur l'état et les besoins de la jeunesse... On
n'a pas cela. On sait qu'il est obligé de déposer un rapport
d'activités, sauf qu'il n'est pas obligé de faire un rapport sur
l'état et les besoins de la jeunesse. Cela aurait pu être fait en
matière de travail, d'intégration sociale et ainsi de suite. Ce
qui, finalement, étant donné que c'est dans le projet de loi,
justifie qu'il passe aux activités qui sont précisément
prévues dans le projet de loi avant de devoir répondre à
des commandes qui viennent de l'extérieur.
Écoutez, j'aurais peut-être une dernière petite
question. Vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure et je dois
dire que c'est probablement parce que je ne vous en ai pas donné la
chance. Cela avait trait à l'idée de créer un conseil
consultatif alors que le gouvernement ne s'est pas encore donné de
politique. Vous qui êtes habitués à travailler de
façon plus structurée...
M. Francoeur: Ce que le gouvernement nous offre, c'est un autre
canal de communication dans la structure gouvernementale. Ce qu'on dit, c'est
qu'on ne refusera sûrement pas un canal, quel qu'il soit, pour pouvoir
parler au premier ministre, par exemple. On nous l'offre et on le prend.
Maintenant, tout cela s'insère, je dirais, dans une politique globale.
Mais au moment où on se parle, avec les outils qu'on a, je pense que le
conseil permanent, comme on l'a défini tantôt, n'est pas la seule
voie, mais en est une supplémentaire dont on va se permettre
sûrement de profiter.
Mme Blackburn: Je voulais seulement une opinion. C'est sûr
qu'actuellement je suis d'accord avec vous, étant donné que le
projet est sur la table, que l'on en discute comme il est. Dans une
démarche un peu plus structurée, selon vous, n'aurait-il pas
été préférable qu'on connaisse d'abord les grandes
orientations, non pas les orientations très fines, mais les grandes
politiques d'ensemble touchant le développement de la jeunesse pour
inscrire à l'intérieur un conseil consultatif pour réagir
à ces grandes orientations?
Mme Thomas: Le Conseil permanent de la jeunesse va pouvoir, par
ses avis, faire des consultations auprès des organismes de jeunes ou
donner des consultations sur les grandes orientations que pourrait avoir une
politique sur la jeunesse.
Le Président (M. Filion): II vous reste une minute.
Mme Blackburn: II me reste une minute. La CEQ proposait une
formule toute autre que j'ai trouvée intéressante, je vous la
livre comme cela. Elle disait: Plutôt que -vous me passez le terme - de
"ghettoïser" les jeunes par le biais d'un conseil consultatif qui leur est
propre, pourquoi n'aurait-on pas une réelle politique
d'intégration des jeunes dans toutes les structures administratives? On
pense au conseil d'administration dans les CLSC, dans les affaires sociales,
dans les collèges; on pense à tous ces organismes où il
serait intéressant d'avoir au moins autant de jeunes que le pourcentage
qu'ils représentent dans la population, c'est-à-dire 29 % ou 30
%. C'était la proposition de la CEQ que j'ai trouvée
intéressante parce que c'était une façon d'investir tous
les lieux de pouvoir et pas seulement un.
M. Buteau: On n'est pas au courant de cette proposition. Il
faudrait l'étudier.
Mme Thomas: C'est intéressant.
M. Buteau: C'est une bonne recommandation, mais il faudrait
l'étudier plus à fond pour pouvoir la commenter.
M. Francoeur: Ce serait d'ailleurs un beau mandat à
confier au conseil.
Mme Blackburn: Celui-là avec de la recherche en
développement technologique.
Je voudrais, au nom de ma formation politique, vous remercier - le temps
passe vite, j'aurais eu encore de nombreuses questions - de votre collaboration
aux travaux de cette commission et vous dire que j'ai toujours beaucoup de
considération et de respect pour les organismes, les groupes, quels
qu'ils soient, qui s'inscrivent dans une démarche démocratique
comme celle qu'on est en train de faire.
Je voudrais, au nom de ma formation politique, vous dire à
nouveau merci et vous dire qu'on est, malgré qu'on semble
peut-être difficile à l'occasion, sur certaines questions, assez
proches de vos préoccupations. Je vous remercie.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, Mme la
députée de Chicoutimi, porte-parole de l'Opposition. Je
cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Si je ne m'abuse, quel
âge ont les membres de la jeune chambre? Est-ce que l'âge limite
est 35 ans?
M. Buteau: C'est 40 ans, mais la moyenne d'âge est
d'envrion 27 ans. En réalité, on a des membres d'environ 20
à 35 ans.
M. Gratton: La définition de jeunesse de 15 à 30
ans dans te projet de loi, est-ce que cela vous convient?
M. Buteau: Oui, très bien.
M. Gratton: Est-ce que je me trompe ou si vous êtes la
seule jeune chambre qui reste à l'exclusion d'une nouvelle, je pense,
dans la région 03? Est-ce que vous êtes la seule jeune chambre qui
existe encore au Québec?
M. Buteau: Oui à ce que l'on sache.
M. Gratton: Je dois dire que je le déplore...
Mme Thomas: À part la région 04. M. Gratton:
La région 04 ou 03? Mme Thomas: 04, Trois-Rivières.
M. Gratton: Mauricie.
M. Buteau: Dans la région de Trois-Rivières, on
sait qu'il y a une jeune chambre qui est en train de se former qui est
régionale, mais pas nécessairement dans une région aussi
précise que la nôtre. Jusqu'à maintenant, par rapport
à l'envergure de l'organisme, on est la seule qui est aussi
structurée, que l'on sache.
M. Gratton: J'ai moi-même été très
actif dans le mouvement jeune chambre il y a plusieurs années, notamment
à la jeune chambre de Hull. C'était, à l'époque,
une des belles écoles de formation sur le plan...
Mme Blackburn: C'est après cela que cela a fermé,
non?
M. Gratton: Non, pas tout de suite. Cela a été une
des belles écoles de formation, notamment en ce qui a trait à la
préparation aux assemblées délibérantes. C'est ce
qui a amené plusieurs membres de gouvernements lointains parce que,
comme vous le voyez à la députation qui est devant vous, ce n'est
plus le cas aujourd'hui, ils sont beaucoup plus jeunes. C'est ce qui a
amené plusieurs jeunes Québécois à la politique.
(11 heures)
Je voudrais signaler, quant à moi, que votre organisme est
probablement le seul qui parle vraiment à titre d'association de jeunes
gens d'affaires. Effectivement, il y a des organismes de soutien aux
initiatives jeunesse qui oeuvrent dans le domaine des affaires, mais qui n'ont
pas du tout la même vocation que la jeune chambre.
M. Buteau: La distinction vient aussi du fait que nous sommes
totalement autonomes, notre organisme s'autofinance; je pense que c'est un
facteur distinctif.
M. Gratton: Vous regroupez des gens d'affaires et vous parlez au
nom des gens d'affaires, alors que les organismes de soutien aux initiatives
jeunesse sont là pour appuyer des initiatives de jeunes.
M. Buteau: Nous faisons beaucoup de sondages à
l'intérieur de l'organisme justement pour tâter le pouls de nos
membres et avoir une idée de ce qu'ils pensent, de leurs
intérêts et de leurs craintes.
M. Gratton: Évidemment. Ce qui m'a frappé dans la
discussion que vous avez eue avec Mme la députée de Chicoutimi,
c'est que, d'emblée, vous semblez avoir beaucoup plus confiance en ce
que pourra faire le Conseil permanent de la jeunesse. Je suis plutôt
porté à penser, comme vous, qu'on doit faire confiance. Si on
préfère ne pas faire confiance au gouvernement, soit, mais on
doit faire confiance aux jeunes qui formeront le Conseil permanent de la
jeunesse. C'est la raison pour laquelle je m'oppose, comme vous je pense,
à ce qu'on édicté dans la loi, par exemple, qu'on doive
créer des commissions permanentes. Il me semble qu'on peut faire
confiance aux onze membres du conseil - ils seront peut-être plus
nombreux - pour déterminer s'il doit y avoir des commissions permanentes
et ce qu'elles doivent être.
Vous faites une recommandation en ce sens que les 29 membres non
élus du collège électoral soient mis à contribution
à premier titre. Est-ce qu'il vous apparaît nécessaire que
ce soit inscrit dans la loi? Rien dans la loi n'exclut ou n'empêche le
Conseil permanent de la jeunesse d'opter pour cette voie d'impliquer au premier
chef les membres du collège électoral. Est-ce que vous insistez
pour que ce soit inscrit dans la loi ou si vous êtes prêt à
faire confiance au Conseil permanent de la jeunesse là-dessus?
Mme Thomas: Étant donné que la loi est muette
à ce point de vue, nous sommes préoccupés de savoir ce
qu'on fera avec les 29 autres qui sont rendus, qui ont été
nommés au collège électoral et qui ont derrière eux
un certain bagage de vécu, de connaissances de leur milieu, de leur
organisation. Ils doivent avoir un rôle à jouer au CPJ. C'est la
raison pour laquelle la loi, sans qu'elle dise exactement ce à quoi ils
seront appelés à travailler, doit mentionner qu'ils soient au
moins les premiers appelés quand il s'agit de l'étude de dossiers
particuliers dont ils possèdent une connaissance.
M. Gratton: II me semble que cela va
de soi; c'est probablement ce que le conseil permanent décidera
de faire. Ce n'est pas nécessaire qu'on l'inscrive dans la loi. Je ne
vois pas le risque.
Mme Thomas: C'était une suggestion, tout simplement.
M. Gratton: D'accord. Quant à l'obligation que ferait le
projet de loi au conseil de fournir un avis sur demande, pour ma part, il
m'apparaît que c'est le cas de tous les conseils consultatifs. Le
gouvernement peut fixer des délais à la production d'un avis,
mais Dieu sait que les échéanciers que fixe le gouvernement sont
rarement respectés, non seulement par les conseils consultatifs, mais
par les ministères et les ministres eux-mêmes, disons-le
franchement. Quant à moi, je n'ai pas d'objection à laisser le
Conseil permanent de la jeunesse exercer son jugement quant à
l'opportunité de fournir un avis, qu'il soit demandé par le
ministre ou non.
De la même façon, je n'ai aucune objection non plus
à accepter que si le conseil permanent a un avis à donner, qu'il
soit sollicité ou non, il va trouver le moyen de le donner.
Évidemment, il restera au gouvernement à subir les
conséquences d'accepter l'avis ou de ne pas l'accepter. C'est pour cela
que le conseil permanent existe.
Une dernière question parce que, malheureusement, le temps est
déjà écoulé. Qu'est-ce que vous pensez de la
représentation égale des femmes au sein du conseil?
Mme Thomas: Nous pouvons en parler clairement parce que, à
la jeune chambre, sur 650 membres, la proportion est
moitié-moitié. J'imagine que dans les autres organismes, plus
ça va, actuellement, les femmes prennent bien leur place. Je ne vois pas
pourquoi on indiquerait une proportion dans le projet de loi, sauf qu'il faudra
certainement en tenir compte,
M. Gratton: Vous dites que, chez vous, c'est
moitié-moitié?
Mme Thomas: Cela y va naturellement, chez nous. On est dans une
génération où les femmes sont...
M. Gratton: Mais vous n'auriez sûrement pas d'objection si
c'était inscrit dans la loi.
Mme Thomas: Nous n'aurions pas d'objection à ce que ce
soit inscrit dans la loi, mais nous n'aurions pas d'objection, non plus,
à ce que ce ne soit pas inscrit dans la loi.
M. Gratton: D'accord. Une dernière question,
peut-être, M. le Président?
Le Président (M. Filion): II reste encore quelques
minutes, M. le ministre.
M. Gratton: J'aurais le goût de continuer cet
échange de propos encore longtemps. Lorsque vous nous dites que vous
préférez que le Conseil permanent de la jeunesse relève du
premier ministre, entendez-vous, par là, qu'il relève directement
du premier ministre, qu'il n'y ait pas de ministre délégué
à la Jeunesse?
Mme Thomas: Qu'il relève directement du bureau du premier
ministre.
M. Buteau: Pour que le conseil, justement, soit totalement
crédible et efficace dans ses actions.
M. Gratton: Qu'est-ce que vous pensez de l'argument selon lequel
d'autres organismes invoquent le contraire, le premier ministre étant
tellement retenu par ses fonctions, il n'a possiblement pas les
disponibilités requises pour consacrer autant d'attention qu'il le
devrait à ce dossier?
M. Buteau: Je pense que le premier ministre a déjà
démontré son intention d'accorder de l'importance à ce
dossier. C'est une façon de le prouver en le prenant en main.
Mme Thomas: Je pourrais ajouter aussi que le dossier jeunesse a
tellement d'importance, actuellement, au Québec, qu'on veut lui donner
la voix pour se faire entendre de façon certaine.
M. Francoeur: En fait, on se refuse à considérer
que le dossier jeunesse ne soit pas une priorité pour le premier
ministre.
M. Gratton: M. le Président, un dernier
élément, parce que cela rejoint les autres, lorsqu'on parlait de
confiance au conseil permanent. Tantôt, la députée de
Chicoutimi a fait référence à l'article du projet de loi
qui n'exiqe pas que le rapport annuel, qui est déposé à
l'Assemblée nationale, fasse état spécifiquement de
certaines choses. Je ne vois pas pourquoi on innoverait alors qu'il s'agit de
la jeunesse quand aucun des organismes qui a à produire un rapport,
notamment les ministères, ne subit de directives semblables. Il me
semble qu'il va de soi que le Conseil permanent de la jeunesse qui a
l'obligation de déposer un rapport à l'Assemblée nationale
devrait pouvoir assurer le contenu du rapport en tant que tel et le
défendre, parce que cela peut faire l'objet d'examen en commission
parlementaire. Cela fait évidemment l'objet
d'observations de la tribune de la presse, des députés
eux-mêmes et de l'ensemble des citoyens québécois. Quoi
qu'il en soit, je regrette - je le redis - qu'on ne puisse pas continuer cet
échange de propos. Je vous remercie infiniment de votre participation.
Nul doute que votre point de vue, qui est quand même assez unique dans la
mesure où c'est le seul qui nous parviendra plus particulièrement
des jeunes gens d'affaires du Québec, sera scruté très
attentivement. Il me reste à vous remercier d'être venus nous
rencontrer ce matin.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le ministre.
Mme Blackburn: Juste pour fins d'information. Je ne voudrais pas
laisser l'impression que j'errais complètement. Plusieurs projets de loi
de conseils consultatifs prévoient spécifiquement que l'organisme
est obligé annuellement de faire rapport sur "l'état et les
besoins de". C'est dans ce sens que je disais qu'un tel article met en
priorité cette obligation aux conseils consultatifs. Ce qui fait que
cela passe en priorité, avant les demandes qui pourraient venir de
l'extérieur. C'est juste ce que je voulais dire, M. le ministre.
M. Gratton: Alors, j'avais mal compris. Chose certaine, je fais
confiance au conseil permanent pour qu'il se conforme à cette
coutume.
Le Président (M. Filion): À mon tour, au nom des
membres de la commission, je vous remercie M. Buteau, Mme Thomas, M. Francoeur
pour votre mémoire ainsi que pour la qualité des échanges
de ce matin.
Nous allons suspendre nos travaux deux minutes pour laisser au groupe
suivant, Oxy-Jeunes Inc., le temps de s'installer à la table des
invités.
(Suspension de la séance à 11 h 10)
(Reprise à 11 h 18)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons poursuivre nos travaux avec les représentants
du groupe Oxy-Jeunes Inc., à qui je vaudrais d'abord souhaiter la plus
cordiale des bienvenues. Sans plus tarder, je demanderais aux membres du groupe
Oxy-Jeunes Inc. de bien vouloir s'identifier.
Oxy-Jeunes Inc.
Mme Campeau (Renée-Johanne): Merci, M. le
Président. Je m'appelle Renée-Johanne Campeau. Je suis directrice
de Oxy-Jeunes; Nicole Desjardins est agente de participation et Guy Boulanger
est coordinateur du Festival de créations jeunesse.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie. Je vous
rappelle que le cadre de notre débat est de 60 minutes; 20 minutes sont
allouées à la présentation de votre mémoire et le
temps qui reste est consacré à l'échange de vues avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à présenter votre
mémoire.
Mme Campeau: M. le Président, si vous me le permettez,
avant de commencer à parler, on a préparé une allocution.
Est-ce qu'il serait possible de la remettre aux personnes présentes?
Le Président (M. Filion): Si vous vouiez m'en donner une
copie.
Mme Campeau: Merci.
Le Président (M. Filion): D'accord. Je vous en prie.
Mme Campeau: Vas-y, Nicole!
Mme Desjardins (Nicole): M. le Président, nous tenons tout
d'abord à vous remercier de nous avoir invités à venir
faire part à cette commission de nos réflexions sur le projet de
loi 104. Nous espérons que les commentaires que nous émettrons
sauront être un outil de plus pour le travail qu'effectue la
présente commission.
Avant de vous faire part de nos commentaires, permettez-moi de vous
présenter notre organisme. Oxy-Jeunes Inc., travaille à
promouvoir la culture jeunesse. Ses principaux objectifs sont de stimuler les
jeunes à s'impliquer culturellement par le biais de la création,
faire reconnaître l'apport des jeunes à la vie et au
développement culturel et multiplier les points de rencontre entre
jeunes et professionnels.
Organisateur du Festival de créations jeunesse, Oxy-Jeunes Inc.,
a permis depuis sept ans à plus de 3000 jeunes du Québec de
présenter leurs créations au grand public. Ce festival annuel
n'est évidemment qu'une de nos activités. Oxy-Jeunes Inc., est un
des rares organismes à se préoccuper de la problématique
de la culture jeunesse et à y apporter des solutions. Nous sommes
appuyés par de nombreux secteurs de la société, notamment
par les syndicats, les entreprises, les organismes jeunesse, les artistes et
les parents.
Puisque nous travaillons depuis longtemps auprès des jeunes et en
collaboration avec les organismes les reqrou-pant, il est évident que le
projet de loi 104 suscite notre curiosité. Nous avons donc lu
attentivement le projet de loi en
cherchant à bien saisir les implications futures de l'adoption de
ce projet de loi. Après analyse, nous n'avons pu faire autrement que
d'avoir des réticences face au projet tel que proposé.
C'est donc pour vous faire part de notre questionnement et de nos
réticences que nous avons choisi de présenter un mémoire
et de participer à la présente commission, en espérant que
notre réflexion pourra servir au gouvernement dans sa démarche et
dans sa propre réflexion.
Voici donc les raisons de notre réticence: Premièrement,
pour la question de reconnaissance, le présent projet de loi sollicite
l'implication d'organismes jeunesse et de leurs regroupements en leur demandant
d'appuyer des candidatures de jeunes désireux de siéger au
conseil permanent. Dans les faits, cela implique que les organismes et
regroupements accorderont leur crédit à ce conseil, puisqu'il
faut tout de même y croire un peu pour y présenter des jeunes.
Là s'arrête notre rôle: entériner les projets du
gouvernement. Là s'arrête aussi la reconnaissance de nos actions
et expertises. En effet, nulle part dans ce projet de loi, ou même dans
les divers discours et rumeurs qui l'ont entouré, on n'affirme une
volonté de reconnaissance des organismes jeunesse et de leurs
regroupements. Il nous apparaît donc contradictoire que l'on veuille
créer un haut-parleur pour la jeunesse alors que l'on ne reconnaît
pas les diverses structures qu'elle s'est déjà
données.
Deuxièmement, le mode d'élection. En ce qui concerne le
mode d'élection, il nous semble que le projet de loi propose, dans les
faits, une nomination pure et simple, mais déguisée sous une
apparence de démocratie. En effet, à partir du moment où
les candidatures seront remises au gouvernement, les jeunes et organismes
perdront totalement le contrôle du processus puisque le reste du
cheminement relève entièrement de la volonté du
gouvernement. De plus, même si les organismes appuient des candidats,
rien ne garantit, depuis un an qu'on parle de ce conseil, que les personnes que
le gouvernement aimerait choisir ne sont pas déjà
impliquées dans les organismes et regroupements jeunesse dans le but
ultérieur de faire appuyer leur candidature. Cela s'est
déjà vu.
Troisièmement, la question de la représentativité.
Tant au collège électoral qu'au conseil lui-même, la
question de la représentativité des membres est abordée,
mais jamais clairement définie. On mentionne la représentation
par secteurs d'activité: travail, éducation, loisir et social.
Est-ce à dire, par exemple, qu'un jeune issu d'un groupe sportif aurait
à défendre les intérêts nettement divergents du
milieu culturel ou environnemental sous prétexte que tous trois
relèvent traditionnellement du loisir? Et un jeune militant de Pro-vie
saurait-il défendre le point de vue d'un autre qui milite pour
l'avortement? Cela relève pourtant du même secteur.
On le constate, la question de la représentativité est
fort délicate. Il nous semblerait peut-être plus important de
miser sur le dynamisme, l'implication et la responsabilité des candidats
que de vouloir à tout prix accéder à une
représentation qui ne saurait être que relative, entre autres,
parce qu'il y a plus de secteurs d'activité que de membres sur le
conseil.
Le mandat. À la lecture du présent projet de loi, il est
clair que le Conseil permanent de la jeunesse n'aurait qu'un pouvoir
très relatif. En effet, et tel que spécifié aux articles
27 et 28, c'est le ministre responsable qui donnera ou accordera des mandats au
conseil. De plus, toujours selon le projet de loi, il serait très facile
de contrer toute initiative du conseil soit en ne lui accordant pas
l'autorisation de former certains comités d'étude, soit en
l'inondant de mandats que le ministre choisirait. Dès lors, on peut se
demander ce qu'il adviendra des dossiers prioritaires aux organimes et
peut-être même au conseil, mais jugés inintéressants
ou embêtants par le gouvernement. Si le gouvernement a tant besoin
d'être conseillé, comment peut-il, logiquement et
honnêtement, se garder un droit de décision sur le choix des
conseils qu'on pourrait lui transmettre?
II nous apparaît donc essentiel que le CPJ bénéficie
d'une indépendance face au gouvernement quant à ses choix
d'études et du traitement de ses dossiers. Cela aiderait de plus
à éviter le risque d'uniformisation du discours jeunesse, de la
définition des intérêts, problèmes et valeurs des
jeunes.
Si le projet de loi 104 était adopté tel quel, cela
pourrait éventuellement avoir des conséquences assez dramatiques
pour la jeunesse. Permettez-moi de vous faire part de celles que nous avons pu
facilement entrevoir.
La déresponsabilisation des ministères. Une des
conséquences de la mise sur pied du Conseil permanent de la jeunesse
serait que les ministères considèrent celui-ci comme un
fourre-tout, comme un outil facile pour se débarrasser de dossiers
complexes ou de dossiers considérés comme non prioritaires par
les ministres ou leur personnel. Cela pourrait finalement servir de
prétexte pour justifier le refus d'entendre les revendications des
organismes jeunesse et des regroupements.
C'est là une question importante. De quelle façon les
ministères se serviront-ils du conseil? Le Conseil permanent de la
jeunesse deviendra-t-il une véritable porte d'accès aux
différents ministères ou eonstituera-t-il une étape de
plus à franchir dans le déjà trop long processus
d'accès à nos élus? Qu'adviendra-t-il du travail
effectué depuis
longtemps auprès des différents ministères? Les
contacts déjà établis pourront-ils réellement se
poursuivre? Si oui, qu'est-ce qui nous le garantit?
Deuxièmement, le haut-parleur du gouvernement. Le fait que les
rôles des organismes jeunesse et des regroupements soient limités
à des propositions de canditats et que ces mêmes organismes
n'aient ensuite aucun regard sur les mandats et recommandations du conseil nous
amène à craindre que le CPJ soit dans les faits le haut-parleur
du gouvernement et non celui de la jeunesse.
Troisièmement, le contrôle de l'opinion. Dans ses
recommandations au gouvernement concernant la création de ce conseil, le
Secrétariat à la jeunesse mettait en garde le gouvernement contre
la tentation de se servir du conseil comme un élément de
contrôle de l'opinion publique. Or, le présent projet de loi
propose un conseil tellement bien encadré et dirigé qu'il serait
effectivement aisé pour le gouvernement de s'en servir, entre autres,
à cette fin. Nous espérons donc que, tout comme nous, les
médias sauront être vigilants face à cette
possibilité.
Avant de présenter nos recommandations à cette commission,
nous aimerions formuler quelques questions essentielles, mais qui sont pour
nous demeurées sans réponse. Pourquoi crée-t-on un Conseil
permanent de la jeunesse dont le mandat principal sera de faire des
études et des recommandations, alors que les organismes et regroupements
jeunesse en soumettent régulièrement au gouvernement et que
celles-ci sont généralement ignorées? Pourquoi veut-on
créer un haut-parleur pour la jeunesse alors qu'il suffirait de lui
donner une voix en reconnaissant ce qui existe, reconnaissance qui sous-entend
le respect, l'écoute et le soutien?
On propose de créer un Conseil permanent de la jeunesse pour
représenter l'ensemble des jeunes, mais est-ce qu'il serait possible,
selon vous, de créer un conseil des adultes composé d'une
douzaine de personnes qui pourraient prétendre représenter
l'ensemble des valeurs, besoins, attentes, croyances, problèmes et
visions des adultes?
Comme vous le constatez, M. le Président, nous nous sommes
penchés avec sérieux sur l'étude du projet de loi 104.
C'est à partir de l'expérience d'Oxy-Jeunes et des organismes que
nous côtoyons régulièrement que nous nous permettons de
vous faire part de nos recommandations.
Comme vous pourrez le constater, nos recommandations sont peu
nombreuses. Elles sont cependant importantes puisqu'elles couvrent le projet de
loi dan3 son ensemble. J'aimerais vous les redire puisque, depuis la
rédaction de notre mémoire, nous avons poursuivi notre
réflexion et nous avons modifié certaines de nos recommandations.
Les voici donc. Premièrement, que la question de la
représentativité soit repensée en fonction de
critères permettant une réelle transposition des aspirations des
jeunes, des organismes et des regroupements plutût que d'être
basée sur une répartition géographique et sectorielle
s'inspirant plus d'un souci bureaucratique que d'un souci de réelle
efficacité. (11 h 30)
Deuxièmement, que tous les membres, tant du collège
électoral que du conseil lui-même, soient choisis non pas par
nomination mais par une élection faite par les organismes jeunesse et
leurs regroupements.
Troisièmement, que Ies pouvoirs du ministre responsable soient
diminués afin que le conseil permanent puisse faire un travail valable
et plus crédible.
Quatrièmement, que le collège électoral ait plus de
fonctions, notamment celle d'alimenter le conseil permanent et celle de pouvoir
lui donner des mandats.
Cinquièmement, que l'approbation des mandats, comités
d'études, recherches, etc., puissent être accordés par le
collège électoral suivant ainsi l'exemple des assemblées
générales des organismes jeunesse.
Sixièmement, que le ministre responsable puisse demander et
suggérer des études, recherches ou mandats au conseil permanent,
sans toutefois pouvoir les exiger.
Septièmement, que la durée des mandats soit étendue
à trois ans et qu'il y ait alternance afin qu'il puisse y avoir un suivi
dans les dossiers sans que tout reparte à zéro à chacune
des élections. Par exemple, la première choisie pour la
présidence pourrait avoir un mandat de quatre ans.
Huitièmement, que l'article 15 de la première section soit
modifié afin de tenir compte de l'expérience des candidats et
candidates plutôt que des normes gouvernementales et syndicales qui, on
le sait, sont un obstacle majeur à l'égalité des chances
qu'ont les jeunes de se trouver un emploi. Il nous semble logique que le
Conseil permanent de la jeunesse soit le premier à assouplir ses
règles d'embauche afin de coller à la réalité de la
jeunesse.
M. le Président, nous pourrions parler encore longuement des
modifications à apporter au projet de loi 104. Nous croyons, cependant,
avoir abordé l'essentiel, la substance et nous préférons
maintenant répondre aux questions que la commission voudra nous poser.
Je tiens donc à vous remercier ainsi que vos confrères et
consoeurs de l'attention que vous nous avez accordée.
Le Président (M. Filion): Mme Desjardins, je vous
remercie. Sans plus tarder, je voudrais inviter le député de
Mille-Îles du groupe ministériel à amorcer
les échanges de points de vue avec vous.
M. Bélisle: Bonjour et merci beaucoup Mme Desjardins, Mme
Campeau et M. Boulanger d'avoir présenté votre mémoire
devant nous aujourd'hui. Je dois dire d'abord qu'il est très
articulé, très direct. II représente clairement ce que
vous pensez, on le sent. Il dénote vos réserves, vos craintes,
votre questionnement et je pense que c'est ça qu'on veut,
c'est-à-dire que vous nous disiez exactement ce que vous pensez.
Voici une question préliminaire. Quand vous parlez des
activités dont vous faites la liste à la fin de votre
mémoire, le Festival de créations jeunesse, est-ce que vous
pourriez me dire si vous avez des permanents dans votre groupe? Quel est le
nombre de bénévoles que vous avez? Quels sont les types
d'activités? Est-ce que vous allez chercher du financement pour des
organismes reliés à la culture pour des festivals?
Décrivez-nous exactement ce que vous faites sur le terrain auprès
des jeunes.
Le Président (M. Filion): Mme
Campeau.
Mme Campeau: Oxy-Jeunes, premièrement, c'est un organisme
qui regroupe environ 600 jeunes. Il y a aussi beaucoup d'organismes qui
travaillent en collaboration avec nous. Ce qu'on fait, c'est que, par
différents moyens, on veut développer la culture jeunesse, la
culture faite pour les jeunes, mais surtout celle faite par eux. Les jeunes qui
sont membres, ce sont les jeunes de 12 à 18 ans. Je m'excuse, mais vous
m'avez posé beaucoup de questions. J'ai un peu de difficulté dans
ce temps-là. On fait aussi d'autres activités, par exemple, du
soutien à la création auprès des jeunes. On offre aussi
des stages sur commande. On fait beaucoup de représentation à
divers niveaux pour essayer de faire avancer le développement culturel
chez les jeunes. Évidemment, comme on travaille avec des jeunes et qu'on
travaille au niveau culturel, bien sûr, on a besoin d'aide
financière.
M. Bélisle: Ce qui est difficile à obtenir. Est-ce
que je me méprends là?
Mme Campeau: Non, vous ne vous méprenez pas du tout.
M. Bélisle: Est-ce que je me méprends en constatant
clairement qu'un des gros problèmes, parce que je vois l'annexe à
votre mémoire, votre structure de financement... Vous avez un budget de
194 000 $. Vous en recevez 5 % du ministère des Affaires culturelles et
3 % du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. C'est
ça?
Mme Campeau: À peu près cela, oui.
M. Bélisle: Où trouvez-vous le reste des sommes
pour faire fonctionner les services que vous donnez aux jeunes?
Mme Campeau: On arrive, bon an, mal an, à avoir des
programmes de développement d'emploi, par exemple. Il y a
énormément de bénévolat qui se fait. Je ne vous
conterai pas toutes les passes plus ou moins propres et légales qu'on
fait pour arriver à pouvoir travailler, à pouvoir vivre aussi de
ce qu'on fait.
On a beaucoup travaillé depuis deux ans mais cela a donné
des résultats particulièrement cette année - a chercher
des commanditaires, des gens dans le public qui aideraient à financer.
On a ramassé à ce jour près de 15 000 $. Ce n'est pas
encore beaucoup, mais il y a un début à tout. Il faut dire que
c'est très difficile de sensibiliser les commanditaires éventuels
parce qu'ils ont une espèce de pudeur à vouloir financer des
trucs de jeunes pour ne pas avoir l'air de vouloir vendre leurs produits
à des gens qui ne sont pas encore majeurs. On lutte un peu aussi contre
un paquet de principes.
M. Bélisle: Face au problème de financement de vos
activités, est-ce que votre groupe a fait, à ce jour, des
représentations officielles étoffées au ministère
des Affaires culturelles pour lui demander des sommes d'argent qui seraient
disponibles pour vos activités?
Mme Campeau: Très sincèrement, cela fait sept ans,
je dirais, qu'on passe au moins une journée par semaine à faire
des représentations auprès du qouvernement pour avoir du soutien
et aller chercher du financement. Dans tous les ministères, le seul
programme auquel on a accès, c'est le programme du MLCP, aide aux
manifestations populaires, où on va chercher à peu près
3000 $ par année. Pour tout le reste, soit qu'on est des jeunes, soit
qu'on ne travaille pas avec des professionnels que cela concerne plus ou
moins.
Présentement, on pense qu'il peut y avoir une ouverture avec le
ministère des Affaires culturelles. On a rencontré M. Dion, entre
autres, qui semble réceptif. Ce n'est pas encore fait. Il faut qu'on
continue à travailler cela. Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Bélisle: Cela répond à ma question.
Partant du problème majeur de financement des activités
que vous avez, ne pensez-vous pas que la mise sur pied d'un Conseil permanent
de la jeunesse... Vous posez beaucoup de questions là-dessus. Si
quelqu'un vient de trois associations à caractère sportif, vous
vous demandez s'il peut bien représenter le secteur culturel et
peut-être
inversement; on pourrait se poser la question, j'imagine, des deux
bords...
Mme Campeau: Oui, tout à fait.
M. Bélisle: Ne pensez-vous pas que cet outil qui serait
mis en place, pour votre problème majeur qui est de mettre un peu
d'énergie dans votre moteur qui tourne à haute révolution
parce que vous essayez présentement de faire des activités pour
les jeunes et que vous avez un problème de financement, pourrait
être une façon un petit peu plus accélérée
d'atteindre votre but, d'avoir des programmes? Vous nous dites: II y a un
programme qui existe pour financer nos activités. Est-ce que cela ne
pourrait pas vous aider à régler votre problème de
base?
Mme Campeau: Non.
M. Bélisle: Vous ne le pensez pas.
Mme Campeau: Je ne crois pas. Je pense que notre dossier est un
dossier politique. À partir du moment où le gouvernement va
vouloir le soutenir, il va le faire. Cela fait assez longtemps qu'on fait des
représentations, il y a assez de monde qui connatt notre dossier pour
que cette volonté soit considérée immédiatement. Si
on fait encore des représentations auprès du Conseil permanent de
la jeunesse et s'il juge notre dossier important ou non, il fera des
recommandations, cela va nous reporter à quand? On ne le sait pas et
cela ne changera absolument rien. La présentation qu'il va faire de
notre dossier va être biaisée parce qu'il va y avoir eu des
étapes, ce sera d'autres personnes qui vont présenter notre
dossier. En plus, il y a de plus en plus d'accès et à force de
travailler, on est capable de le vendre notre dossier. On n'a pas besoin du
Conseil permanent de la jeunesse. Je pense que ce sera plus une étape
supplémentaire à franchir qu'une aide réelle.
M. Bélisle: Vous jugez cela comme une étape
supplémentaire, mais dans mon esprit, ce n'est pas du tout une
étape supplémentaire. Vous allez continuer à frapper
è notre porte, la porte du ministère des Affaires culturelles,
qui ne semble pas l'avoir ouverte ou qui est en train de s'entrouvrir pour la
première fois. Cela fait plusieurs années que vous faites cela,
d'après ce que vous nous dites, avec un nombre d'heures important. Vous
ne pensez pas que de faire publiciser... si le conseil permanent, les jeunes
qui sont là-dessus, produisent un avis, donnent une opinion, ils ont les
moyens de publiciser que vous n'avez pas. L'opinion qu'ils ont, ils disent: Les
groupements, les organismes, les associations qui sont voués au
développement de la culture jeunesse doivent avoir des moyens de
financement adéquats. Vous ne pensez pas que cela a plus de "punch" que
si vous alliez au ministère des Affaires culturelles pour essayer
d'ouvrir une porte qui est fermée depuis huit ans?
Mme Campeau: Vous dites, si je comprends bien, qu'il y a des
jeunes qui vont avoir plus de "punch" que d'autres tout simplement parce qu'ils
sont dans un conseil.
M. Bélisle: Peut-être à cause des moyens qui
sont donnés par l'outil qui est le projet de loi ici. Je vous pose la
question.
Mme Campeau: Je trouve dangereux ce que vous me posez comme
question. C'est comme si vous me disiez que parce qu'on n'a pas de moyen de
publicité, on n'est pas crédible et que notre voix ne porte
pas.
M. Bélisle: Écoutez, je ne vous dirai jamais que
vous n'êtes pas...
Mme Campeau: Non, mais vous dites que notre voix ne porte pas,
finalement.
M. Bélisle: Ce que je constate d'après...
Mme Campeau: Vous nous dites qu'eux ils vont pouvoir le dire
mieux que nous.
M. Bélisle: Mme Campeau, ce que je constate, c'est ce que
vous venez de me dire.
Mme Campeau: Oui.
M. Bélisle: Vous me dites: Cela fait sept ans qu'on fait
des pèlerinages, qu'on passe une journée par semaine et qu'on n'a
presque pas de résultats. On est obligés de faire du travail
bénévole. On fait un travail actif. On sert 3000 jeunes du
Québec, c'est ce que vous avez écrit dans votre
mémoire.
Mme Campeau: Voilà sept ans qu'on fait...
M. Bélisle: Depuis sept ans, depuis x années. Je me
demande si - vous êtes très crédibles, je ne touche pas
à votre crédibilité, pas du tout - la mise sur pied de ce
Conseil permanent de la jeunesse ne vous donnera pas une carte de plus dans
votre jeu.
Mme Campeau: Je ne pense pas. M. Bélisle: Vous ne
pensez pas.
Mme Campeau: Je vous ai dit que je ne pensais pas.
M. Bélisle: Bon. Je vais attirer votre attention, Mme
Campeau...
Mme Campeau: Je ne sais pas comment.
M. Bélisle: ...sur une partie importante de votre rapport,
vous me parlez des fonctions et des pouvoirs du conseil. Vous avez dit et
répété dans votre document de ce matin: "...il serait
très facile pour le ministre de contrer toutes les initiatives du
Conseil permanent de la jeunesse - la même crainte a été
signalée par le groupe qui est venu avant vous - soit en n'accordant pas
l'autorisation de former des comités d'études..." "...on est en
droit de se demander ce qu'il adviendra des dossiers prioritaires aux
organismes mais jugés inintéressants ou embêtants par le
ministre."
Je veux seulement vous poser une question, Mme Campeau. Dans le petit
texte de loi qui est là, il y a l'article 27. Quand vous me dites: On va
peut-être être inondés de commandes venant du ministre.
Pourtant, l'article 27 dit: "Le Conseil doit donner son avis au ministre sur
toute question que celui-ci lui soumet..." Est-ce que vous êtes d'accord
avec ma lecture de l'article? Si vous étiez au Conseil permanent de la
jeunesse et qu'une question non prioritaire vous était posée vous
diriez clairement au ministre: Non, ce n'est pas prioritaire. Est-ce que vous
feriez cela?
Mme Campeau: C'est probable; reste à savoir si le ministre
m'écouterait.
M. Bélisle: Bon. Vous rempliriez votre obligation à
l'article 27 en disant: Pour nous, la question que tu nous poses ce n'est pas
notre préoccupation principale, on en a d'autres. Vous pourriez faire
cela. Mais, moi, l'article important dans tout cela, l'article 27, c'est une
des sous-fonctions, mais l'article 25 et l'article 26 qui sont juste avant, je
pense que c'est cela la mission véritable. À l'article 25, le
conseil a pour fonction de conseiller le ministre sur toute question relative
à la jeunesse. Ce n'est pas nécessairement sur les questions que
le ministre va lui poser. Prenons le cas où le ministre ne pose pas de
questions.
Mme Campeau: Je m'excuse, M. le député.
M. Bélisle: Oui.
Mme Campeau: Pour donner des conseils, il faut qu'il y ait eu
à quelque part, des études.
M. Bélisle: C'est exact.
Mme Campeau: Cela a du sens. Or, si le conseil veut conseiller le
gouvernement sur certains dossiers, il faut d'abord qu'il en fasse des
études.
M. Bélisle: Oui.
Mme Campeau: Or, à l'article 29, il est clairement dit
que, pour faire des études ou pour créer des comités, il
faut qu'il ait l'autorisation du ministre. Alors, si, par exemple, le conseil
décide qu'il veut faire une étude sur la culture des jeunes et
que ce n'est pas une priorité pour le gouvernement, il n'est pas
obliqé de lui donner son mandat. Qu'est-ce qu'il arrive? Le conseil va
dire: Bien, nous, on trouve cela important et le ministre responsable va dire:
Bien, moi pas, tant pis pour vous. Je ne vois pas...
M. Bélisle: Je veux juste vous donner ma réaction
personnelle. Remarquez que c'est le premier ministre qui aura possiblement le
dossier ou un autre ministre, selon l'évolution du dossier. Je ne pense
pas que l'effort fait présentement soit dans le but de dire que si le
CPJ... On ne met pas en place une structure semblable pour dire que, s'il y a
quelque chose qui sort du Conseil permanent de la jeunesse, le ministre va se
retourner de bord et va dire: Écoutez, moi je ne suis pas
intéressé. Je pense qu'il va y avoir un climat de confiance qui
va s'installer. En tout cas, je le souhaite, sinon l'exercice que nous faisons
est absolument futile. Etes-vous d'accord avec moi qu'il faut un climat de
confiance pour qu'on puisse en arriver à quelque chose?
Mme Campeau: Tout à fait. M. Bélisle:
Bon.
M. Boulanger (Guy): On peut favoriser ce climat de confiance par
des articles précis dans la loi.
M. Bélisle: C'est exact et cela va se prouver au fur et
à mesure. Je veux juste terminer sur une chose.
Mme Campeau: Est-ce que je peux seulement répondre parce
que vous avez dit beaucoup de choses?
M. Bélisle: Oui, Mme Campeau.
Mme Campeau: Nous ne pensons pas que le gouvernement va
systématiquement inonder le conseil, etc.
M. Bélisle: D'accord.
Mme Campeau: Ce sont des craintes que nous avons. Je pense que
nous l'avons clairement dit dans cela.
M. Bélisle: C'est juste.
Mme Campeau: Nous n'accusons pas le gouvernement de vouloir faire
des choses
comme cela, nous craignons et nous disons que c'est possible. Selon
nous, ce serait important de faire en sorte que cela ne soit pas possible.
Voyez-vous la nuance? Ce n'est pas que nous accusons le gouvernement de vouloir
le faire, c'est que cela est possible et, de la façon que la loi est
écrite, c'est possible de le faire. (11 h 45)
M. Bélisle: Le message est compris. Je note seulement une
chose. Malgré vos craintes qui sont très légitimes, dans
le document initial que vous avez produit, à la page 9 - le document
initial, non pas votre allocution de ce matin - le dernier petit paragraphe de
la conclusion, c'est comme si, à la fin, vous nous disiez: Oui, on a des
craintes, c'est sérieux, c'est réel, avec le texte qui est
là. Et vous dites: "L'idée d'un Conseil permanent de la jeunesse
n'est pas nécessairement à rejeter." Je continue plus loin parce
que les deux autres lignes sont encore plus importantes: "II est cependant
essentiel que son rôle et ses buts soient clairement et honnêtement
établis. Autrement, les organismes jeunesse ne pourront logiquement et
consciemment y donner crédit." Mme Campeau, je voudrais que le Conseil
permanent de la jeunesse ait assez d'étoffe, de colonne, pour, à
l'intérieur de tout ce qui est donné par la loi, décider
lui-même de son rôle et de ses buts et qu'il soit un interlocuteur
articulé, comme vous l'êtes ce matin avec nous.
Mme Campeau: Pour arriver à cela, il faut que le conseil
soit autonome. Si on fait des nominations, si les organismes ne peuvent pas
vraiment se choisir des gens ou s'ils les choisissent à la
première étape et que, après, c'est le gouvernement qui
décide, ils ne sont plus des représentants, ce sont des
nominations. Si, effectivement, on lui donne de la colonne et qu'on cesse de
vouloir l'encader, il est possible qu'il soit quelque chose
d'intéressant et un outil, mais je ne dirai jamais qu'il sera le
haut-parleur de la jeunesse ni son porte-parole, il sera un outil qui pourrait
éventuellement, s'il y a des modifications, être
intéressant, effectivement.
M. Bélisle: Merci, Mme Campeau.
Le Président (M. Filion): Y a-t-il quelqu'un d'autre du
coté ministériel qui veut intervenir? Je cède donc la
parole à Mme la députée de Chicoutimi et porte-parole de
l'Opposition.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. Mesdames
et messieurs, il me fait plaisir de vous accueillir, au nom de ma formation
politique, à la commission parlementaire. J'ai eu l'occasion de le
souligner à plusieurs reprises, j'ai toujours beaucoup d'estime pour
ceux qui acceptent de s'inscrire dans une démarche démocratique
de cette nature et davantage pour les organismes jeunesse, parce que je sais
que les jeunes n'ont pas toujours les moyens financiers qui leur permettent
effectivement de participer à ce genre de consultation. J'ai
participé à la commission parlementaire sur le financement des
universités et je suis très consciente qu'ils avaient des moyens
qui dépassent largement ceux dont vous disposez. J'apprécie
d'autant plus votre participation à cette commission parlementaire.
Je comprends un peu le malaise du parti ministériel devant un tel
mémoire parce que, effectivement, vous touchez du doigt les points les
plus névralgiques du projet de loi qui nous est soumis ici.
Indépendamment du parti politique au pouvoir, on a toujours
intérêt à se donner des lois qui ne permettent pas de
maîtriser ou d'investir comme gouvernement un organisme consultatif.
C'est extrêmement important. Je trouve que c'est fondamental quel que
soit le parti au pouvoir, parce que celui-ci se retrouvera demain dans
l'Opposition avec une situation qui pourrait être celle de se retrouver
avec des organismes complètement noyautés. Je ne suis pas
sûre que cela serve bien les intérêts du gouvernement au
pouvoir et de la collectivité dans son ensemble. Je pense que ce que
vous soulevez ce matin est important.
Par ailleurs, je voudrais revenir 3ur les propos du député
de Mille-Îles qui me semble faire une interprétation large et
plutôt libre de ce qui est un article de la loi. Quand il dit à
l'article 27 ou 28... Je vais vous le dire...
M. Bélisle: 25.
Mme Blackburn: Non.
M. Bélisle: 26.
Mme Blackburn: 27: "Le conseil doit donner un avis..." 11 dit
qu'il peut donner un avis. Ce n'est pas vrai. Au sens strict de la loi, il doit
donner un avis. Si c'était...
Le Président (M. Filion): S'il vous plaît! Mme la
députée de Chicoutimi vous a laissé exposé votre
point de vue, je vous demanderais, M. le député de
Mille-Îles, de laisser une chance à Mme la députée
de Chicoutimi d'exposer à la fois son point de vue et d'amorcer
l'échange de propos avec nos invités. Mme la
députée de Chicoutimi, la parole est à vous.
Mme Blackburn: Merci. À présent, je voudrais dire
au député de Mille-Îles que si telle est son intention,
c'est-à-dire de pouvoir laisser une certaine latitude à ce
conseil consultatif, on pourrait effectivement
remplacer le "doit" par un "peut" et, déjà, vous voyez que
cela n'a pas du tout la même portée. Cela rejoindrait l'impression
générale que voulait laisser tout à l'heure le
député de Mille-Îles.
Par ailleurs, il disait également qu'il reviendra au conseil
consultatif de définir son rôle et ses buts. Si telle était
la situation, on aurait constitué le conseil en un article. On n'aurait
pas défini son mandat tel qu'il l'est, ses fonctions et ses pouvoirs,
dans un texte de loi. Tout ce que peut faire un conseil consultatif, c'est
tenter une interprétation du mandat qui lui est confié. Il ne
définit pas son mandat, le mandat est défini par la loi. Il ne
pourrait pas radicalement s'en écarter, c'est bien évident. Il
faut faire attention quand on fait ce genre d'interprétation.
Les points que vous soulignez sont particulièrement pertinents.
Je vais revenir sur deux questions, sur la question du financement des
organismes et sur les propos du député qui laissaient voir que
cela pourrait éventuellement être un atout considérable
pour l'établissement d'une politique de financement et de reconnaissance
des organismes jeunesse. Je pensais que c'était le cas, mais j'ai
compris dans vos propos que le caractère d'urgence d'une telle
intervention se place mal par rapport à la lourdeur de l'intervention
d'un conseil consultatif. Vous avez abordé toute la question de la
reconnaissance et du financement. Lorsque ce conseil consultatif sera
créé - il le sera vraisemblablement - il aura à
établir ses priorités. Quelles seraient ses priorités,
selon vous?
Mme Campeau: C'est une bonne question. Quelles seront ses
priorités? Je pourrais parler de mes propres priorités. Un
Conseil permanent de la jeunesse est censé représenter la
jeunesse. Ce serait donc à tous les organismes de définir les
priorités du conseil. Je l'ai eui
Mme Blackburn: Vous m'excuserez, madame Campeau, j'ai
été distraite.
M. Boulerice: II faudrait le répéter,
c'était intéressant.
Mme Blackburn: Oui? Vous disiez?
Mme Campeau: J'ai dit que je pourrais vous dire quelles seraient
mes priorités, celles de mon organisme. Si un conseil permanent est
vraiment représentatif des organismes des jeunes, cela doit être
les priorités de l'ensemble des organismes, pas nécessairement
les miennes.
Mme Blackburn: Certains organismes se sont
présentés ici et ont fait valoir que la crédibilité
du conseil reposait beaucoup sur la vigueur et le dynamisme des organismes
jeunesse. Je pense, par exemple, au Conseil du statut de la femme qui est
particulière- -ment performant parce qu'il y a, dans ce secteur
d'activité, des organismes très vigilants - je le dis toujours
ainsi - qui ne laisseraient pas dire n'importe quoi au Conseil du statut de la
femme. La crédibilité de ce conseil exceptionnel au
Québec, si on le compare à l'efficacité d'autres conseils
consultatifs, repose beaucoup sur la vigueur. C'est pourquoi je me demandais si
les autres pensaient qu'il était urgent qu'on donne aux organismes
jeunesse un financement et une reconnaissance qui leur permettent effectivement
de jouer ce rôle pour le Conseil permanent de la jeunesse.
Mon collègue, le député de Saint-Jacques, veut
également poser des questions, mais j'en aurais une dernière.
Vous avez mis beaucoup de réserve, particulièrement dans votre
premier mémoire où vous nous dites: Ce conseil consultatif, vous
ne l'avez pas créé à la demande des jeunes. Dans votre
conclusion, si je me souviens...
Mme Campeau: La conclusion à laquelle je pense,
c'est...
Mme Blackburn: Sauf qu'il nous semble important de souligner que
les organismes jeunesse n'ont pas demandé une telle structure. La
Centrale des enseignants et enseignantes du Québec faisait une
recommandation que je trouvais intéressante, c'est-à-dire,
plutôt que de créer un organisme jeunesse qui isole les
problèmes des jeunes de l'ensemble de la société, il
serait peut-être intéressant de se donner une politique
réelle de représentation des jeunes dans tous les organismes
publics et parapublics, entre autres, dans les conseils d'administration. On
pourrait penser à une formule qui permettrait de retrouver la même
proportion de jeunes que celle qu'ils représentent dans la
communauté, soit environ 30 %. Comment réagissez-vous devant une
hypothèse comme celle-là?
Mme Campeau: Comment réagit-on? De prime abord, c'est une
belle idée, c'est une bonne idée sauf que, dans les faits, j'y
crois plus ou moins pour avoir, autant moi-même que d'autres personnes de
notre organisme ou d'autres personnes que je connais dans d'autres organismes,
fait partie de différents comités consultatifs, etc. On sait
très bien, par expérience, qu'on n'est pas plus
écouté. Je ne pense pas qu'on soit nécessairement plus
écouté, je pense que c'est un voeu pieux. C'est beau, ce serait
le "fun", mais je n'y crois pas.
Mme Blackburn: Je pensais, par exemple, à un conseil
d'administration d'un CLSC, à un conseil d'administration
d'université, à un conseil d'administration ou dans
quelque service que ce soit, à l'Environnement, aux Affaires sociales,
ainsi de suite, où il y a 15 ou 20 personnes. On pourrait trouver
jusqu'à 30 % de jeunes dans ces organismes s'il y avait une
réelle volonté gouvernementale de politique en ce sens.
C'était cela, la proposition de la CEQ.
Mme Campeau: C'est sûr qu'on ne peut pas être contre
cela. C'est dans l'application. En tout cas, par expérience - je peux
parler à partir de mon expérience - je n'y crois pas. Je sais que
lorsqu'on fait partie de conseil d'administration, etc., on passe toujours pour
du monde "cute", fin, gentil, parce qu'on n'a pas nécessairement le
même vocabulaire ni la même expertise. On est comme des
invités sur les quatre dernières chaises du coin, on nous
écoute gentiment et on continue à parler après. Je n'y
crois pas. Je ne peux pas y croire.
Mme Blackburn: D'accord. En quoi croyez-vous?
Mme Campeau: Je ne peux pas vous dire cela. Moi, je crois en
l'autonomie des jeunes. Je crois aux structures qu'ils se sont données,
qui existent. Je crois à tout le travail qui est fait, à toute
l'expertise qu'on a déjà développée, qu'on essaie
de transmettre tant au gouvernement qu'aux autres organismes que le
gouvernement s'est donnés. Cela ne passe pas, cela reste sur des
tablettes et cela reste pratiquement toujours ignoré. C'est à
cela que je crois, malheureusement, parce que cela reste ignoré.
Mme Blackburn: Vous croyez à ce que les jeunes font
aujourd'hui et, si on poursuit votre raisonnement, vous seriez davantage
favorable à une politique de reconnaissance, de financement de ce que
les jeunes font actuellement.
Mme Campeau: Tout à fait. Écoutez, si on fait des
choses, on en parle là-dedans, il y a une question de respect quelque
part. On existe, les jeunes; il y a des regroupements, des organismes qui
existent. On travaille depuis des années. On a développé
une expertise que n'Importe quel conseil ne pourra pas aller chercher. Quand
cela fait sept ans qu'on travaille avec les jeunes sur le plan culturel, on a
une expertise qu'on peut toujours transmettre sur de petits papiers mais si
quelqu'un d'autre les prend, il ne pourra jamais approfondir autant. C'est la
même chose pour l'hébergement, pour la prostitution, c'est la
même chose dans tous les domaines. Je ne comprends pas pourquoi on veut
faire un conseil, alors que tous ces documents existent. Je peux aller
rencontrer le ministre responsable avec d'autres organismes qui s'occupent de
la culture jeunesse et lui expliquer quels sont les problèmes, quels
sont les besoins et de quelle façon on devrait travailler, lui faire un
tas de suggestions. Le Regroupement des organismes communautaires jeunesse du
Montréal métropolitain peut faire la même chose pour ses
domaines, le Regroupement des maisons de jeunes du Québec peut le faire.
Il y a un illogisme quelque part de mettre de l'argent dans un conseil, alors
que tout est disponible, tout existe déjà. C'est comme vouloir
dire qu'on ajoute, qu'on mette des sous. Je dirais que s'il faut mettre des
sous quelque part, qu'on aide les orqanismes à faire peut-être des
documents plus précis, plus nets, plus propres, qui ressemblent plus
à de vraies études qu'à des documents qu'on fait souvent
plus avec le coeur et la raison qu'avec une conscience d'universitaire. Je me
suis emportée, excusez-moi.
Mme Blackburn: Ecoutez, ce n'est pas parce que je n'aimerais pas
poursuivre l'échange mais je sais que le député de
Saint-Jacques brûle d'envie aussi de vous poser quelques questions, avec
votre permission, M. le Président.
Le Président (M. Filion): On va donc donner ta parole au
député de Saint-Jacques avant qu'il ne brûle.
Mme Blackburn: C'est dans son comté, hein?
M. Boulerice: C'est votre feu et votre fougue qui me consument.
Non, c'est simplement du caractère, Mme Campeau. Je vois que vous avez
d'énormes réserves et je suis content de les entendre parce que,
moi aussi, face à ce dossier, j'ai d'énormes réserves. Je
regarde tout de suite l'article 16. Heureusement que votre organisme est
incorporé parce que l'article 16 dit "est incorporé".
Heureusement que vous touchez aux loisirs parce que, sans ça, comme on
dit en bon Québécois, "you were out", parce que l'article 16
parle des secteurs des affaires sociales, de l'éducation, des loisirs et
du travail. Malheureusement, on n'y a pas inclus la culture. Je veux en
profiter pour saluer votre présence et dire, enfin, un groupe de la
culture. En si peu de jours, deux en trois, je ne serai pas sans m'en
réjouir.
Si je vous comprends bien, vous êtes en train de dire qu'un
Conseil permanent de la jeunesse ne réglera rien, contrairement à
ce qu'on a peut-être laissé entendre, au problème majeur
que vous avez, qui n'est pas de savoir quoi faire, mais avec quoi le faire,
c'est-à-dire avec le financement. (12 heures)
Mme Campeau: Oui, avec le financement. C'est sûr que, dans
la situation où la majorité des organismes communautaires
jeunesse sont présentement, on se débat avec le
financement, mais ce n'est pas juste cela. On n'a pas besoin que de cela. Il y
a tout le travail qu'on fait, qu'on voudrait développer davantage, qu'on
voudrait transmettre, qui reste souvent à l'interne parce qu'on n'a pas
les moyens de le diffuser, parce qu'on n'a pas l'énergie, parce qu'on ne
reçoit pas nécessairement l'écoute.
M. Boulerice: C'est une reconnaissance que vous souhaitez.
Mme Campeau: C'est une reconnaissance de ce qu'on fait.
M. Boulerice: Et vous dites: Déjà, je parle
à un ministère... Là, vous semblez dire: Je vais
peut-être être là, ce n'est pas certain, et, si j'y suis,
j'y suis peut-être un peu diluée dans le sens que je ne serai pas
une antenne directe. Ce qui est en train de me faire faire la réflexion,
M. le ministre, que la ministre de la culture a peut-être eu tort
d'abolir le Conseil des arts du Québec. Même s'il n'avait pas
siégé depuis 25 ans, on aurait pu le réanimer et vous y
nommer. Vous auriez conseillé le ministère des Affaires
culturelles quant à une politique culture jeunesse. Cela aurait
peut-être été... Malheureusement, les
Québécois ont freiné cet enthousiasme, cette
volonté que j'avais le 2 décembre 1985, mais je sens qu'ils vont
me donner la chance de me rendre au bout de cette idée-là.
Une voix: ...
M. Boulerice: Pardon?
Mme Campeau: Je ne ferai pas...
M. Boulerice: C'est vous qui le dites, ce n'est pas fort,
monsieur.
Mme Campeau: Si vous me le permettez, je ne ferai pas...
M. Boulerice: C'est la première fois que j'entends votre
voix d'ailleurs. Je suis content que ce soit à cette commission.
Oui?
Mme Campeau: Je ne ferai pas le procès du ministère
des Affaires culturelles ou d'autres ministères. Je pense que la culture
jeunesse, c'est quand même quelque chose d'assez récent. Il faut
aussi être indulgent envers nos aînés, leur laisser le temps
de s'adapter, sauf que, là, il est temps.
M. Boulerice: D'accord.
Mme Campeau: II est grandement temps.
M. Boulerice: Cela va.
Le Président (M. Filion): Cela va? Il reste encore cinq ou
six minutes du côté ministériel et peut-être encore
quelques minutes... Qui demande la parole? Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voudrais simplement, au nom de ma formation
politique, vous remercier pour votre participation aux travaux de cette
commission. Ce qui m'impressionne dans votre document, je le rappelle, c'est
que vous touchez les vrais problèmes et je comprends que vous soyez
offensées - je pense que j'utilise le terme consciemment - du fait qu'on
crée un conseil consultatif en laissant l'impression qu'il n'y avait pas
de porte-parole jeunesse dans la population et que la problématique
n'était pas bien connue. Donc, on se donne un conseil consultatif. Je
trouve que vous avez touché du doigt des choses importantes, des choses
majeures.
Avant de vous quitter, je dois dire aux députés qui sont
ici que j'ai pris connaissance du programme du festival de créations
jeunesse. J'ai été impressionnée par ce qui se faisait par
le biais de cet organisme. Je pourrais demander aux députés
ministériels d'encouraqer le festival. Ils pourraient le faire parce que
je ne doute pas que vous ayez déjà des jeunes dans vos
comtés respectifs qui participent à ce festival. Pour ma part,
parce que j'ai vu qu'il y avait des jeunes qui s'étaient inscrits au
festival organisé par Oxy-Jeunes, je me disais qu'une des façons
d'encourager le développement de la culture au Québec,
c'était, par le biais de notre petite enveloppe discrétionnaire,
de leur donner un petit appui, ce qui n'est pas majeur pour nous, mais ce qui
est important pour un organisme comme celui-là. Je voulais simplement
lancer l'invitation aux députés de la formation
ministérielle, comme je l'ai fait pour ma propre formation avec le
député de Saint-Jacques. Je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
Mme Blackburn: Je voudrais ajouter, si vous avez du pouvoir
auprès de la ministre des Affaires culturelles, du ministre de
l'Éducation, du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
d'essayer d'exercer un peu de pression.
M. Gratton: On a au moins le pouvoir de s'informer et je pense
qu'on aura des communications à fournir tantôt au groupe
Oxy-Jeunes.
Je voudrais à mon tour, M. le Président, remercier nos
invitées d'être venues ce matin nous dire aussi franchement les
craintes, les appréhensions qu'elles
entretiennent à l'égard du projet de loi 104. Nous
convenons tous que si le Conseil permanent de la jeunesse doit être utile
à quelque chose, il faudra nécessairement que nous
répondions, sinon dans le texte de la loi, tout au moins dans la suite
que le gouvernement y donnera, à ces craintes que vous exprimez et qui
sont partagées par d'autres organismes que nous avons entendus.
Je voudrais tenter de répondre aux trois questions que vous posez
à la page 6 de votre texte de ce matin. D'ailleurs, je pense que le
député de Mille-Îles a commencé à y
répondre tantôt. Vous nous posez la question: Pourquoi
crée-t-on un Conseil permanent de la jeunesse dont le mandat principal
sera de faire des études et des recommandations alors que les organismes
et regroupements jeunesse en soumettent régulièrement au
gouvernement et que celles-ci sont généralement
ignorées?
C'est justement parce qu'on a constaté que jusqu'à
maintenant, le gouvernement n'a manifestement pas répondu de
façon satisfaisante aux demandes, aux attentes des groupes jeunesse. Le
député de Mille-Îles le soulignait, ce n'est pas une
question de crédibilité des organismes qui existent
déjà. C'est beaucoup plus un manque de moyens. Dans la mesure
où le gouvernement veut, par le biais de la création de ce
Conseil permanent de la jeunesse, se donner un comité consultatif qui
viendra répondre à des questions que le gouvernement pourra lui
adresser mais qui aura aussi la possibilité de prendre des initiatives
et d'informer le gouvernement sur des problématiques qui peuvent
être sectorielles ou régionales mais qui ont toutes comme trait
commun de toucher à la jeunesse du Québec, on pense qu'il y a
là une amélioration.
Il n'est pas question de remplacer ce qui existe déjà,
mais bien de venir l'appuyer par un organisme qui aura des ressources
gouvernementales, qui aura les ressources nécessaires pour en faire
état de façon peut-être plus évidente, plus tangible
que les organismes existants peuvent le faire, quel que soit le secteur ou la
région où ils oeuvrent.
Vous nous posez une deuxième question: Pourquoi veut-on
créer un haut-parleur pour la jeunesse alors qu'il suffirait de lui
donner une voix en reconnaissant ce qui existe, reconnaissance qui sous-entend
le respect, l'écoute et le soutien? L'un n'écarte pas l'autre.
Bien au contraire, le Conseil permanent de la jeunesse viendra renforcer ce
désir que vous avez qu'il y ait une reconnaissance, dans le respect,
dans le soutien des organismes qui existent déjà.
C'est pour cela qu'on a pensé à la formule du
collège électoral. Normalement, dans tous les autres conseils
consultatifs du genre, le gouvernement consulte et nomme. On peut penser que
cela s'apparente à cela mais on est allé un pas plus loin. On a
dit: II y a des organismes qui sont dans le domaine et qui peuvent et qui
devraient appuyer des candidatures. Le mécanisme peut laisser à
désirer. On a déjà dit et répété
qu'on va tenter de l'améliorer. C'est d'ailleurs pourquoi on tient une
commission parlementaire. On aurait pu tout aussi bien déposer le projet
de loi, le faire étudier à l'Assemblée et ne pas inviter
les organismes de jeunes à venir nous faire des représentations.
Mais nous y avons pensé et c'est dans ce sens que nous apprécions
que vous soyez venus ici. Si on avait pensé que tout le monde viendrait
saluer le geste et applaudir au projet de loi 104, je pense bien que là
on aurait pu parler d'une consultation bidon.
Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Je vous prie de nous croire; les
recommandations et les remarques que vous faites dans votre mémoire
feront l'objet d'une considération sérieuse et vous pourrez en
juger à la lumière de la suite qu'on donnera à vos
représentations et surtout dans les gestes qu'on posera dans la
performance du conseil permanent. C'est sûr que les jeunes y perdraient
beaucoup si le Conseil permanent de la jeunesse ne devait pas atteindre les
objectifs qu'on lui dicte.
Mme Campeau: Autant les jeunes que le gouvernement.
M. Gratton: Évidemment, c'est ce que j'allais dire. Le
gouvernement en serait encore plus affecté si on s'inquiète des
intérêts partisans du parti qui forme le pouvoir
présentement.
À votre troisième question, on propose de créer un
Conseil permanent de la jeunesse pour représenter l'ensemble des jeunes.
Mais est-ce qu'il serait possible, dites-vous, de créer un conseil des
adultes composé d'une douzaine de personnes et qui pourrait
prétendre représenter l'ensemble des valeurs, besoins, attentes,
croyances, problèmes et vision des adultes? Évidemment, je
réponds non, sauf si on voulait avoir un avis sur un problème
donné, sur un secteur particulier.
Dans le cas qui nous préoccupe, par exemple, on a parlé de
cette suggestion de la CEQ d'une politique d'intégration
systématique de tous les organismes. Encore là, la
création du Conseil permanent de la jeunesse n'exclut pas cette
possibilité. Nous tentons, depuis un an, d'assurer la présence de
jeunes à l'intérieur de tous les organismes où le
gouvernement a un pouvoir de nomination. Mais cela n'exclut pas
l'utilité du Conseil permanent de la jeunesse parce qu'il faut bien le
dire, en supposant qu'il y aurait représentation adéquate,
c'est-à-dire d'environ 30 % sur tous les organismes gouvernementaux,
cela n'assurerait qu'une représentation de 30 %. Ce que nous
souhaitons, c'est de pouvoir compter sur un organisme qui, lui, sera
composé uniquement de jeunes, de gens qui vivent la problématique
des jeunes.
C'est ainsi que, selon nous, la création du Conseil permanent de
la jeunesse viendra combler une carence, une lacune. Si le gouvernement n'a pas
réussi, comme vous le prétendez à juste titre, à
avoir des politiques, à avoir des programmes qui répondent
adéquatement aux besoins des organismes jeunesse, c'est sûrement
parce qu'il a été mal inspiré, qu'il a été
mal conseillé ou pas conseillé du tout par les premiers
intéressés que sont les jeunes.
On peut dire: Oui, des organismes existants lui fournissaient des avis.
Mais sûrement que la façon de le faire n'a pas été
adéquate, puisque le résultat, lui, ne l'est pas. Ce que l'on
dit, c'est un peu comme le disait le comité qui a été
créé par la Commission des droits de la personne, à
l'occasion de l'année de la jeunesse. Vous avez prétendu que la
création du Conseil permanent de la jeunesse ne répondait
à aucune attente. Je vous cite le passage de la déclaration de la
Commission des droits de la personne du Québec à l'occasion de
l'Année internationale de la jeunesse sous le titre "Un conseil de la
jeunesse". Je prends la peine - je termine là-dessus, M. le
Président - de citer ce passage. "La participation effective des jeunes
aux activités impliquant toutes les couches de la société
requiert que le gouvernement prenne ici aussi des mesures spécifiques
leur permettant d'exercer pleinement leurs droits politiques,
économiques et sociaux reconnus expressément dans la Charte. Il
est essentiel, en conséquence, que l'État reconnaisse aux jeunes
leur aptitude et leur capacité de promouvoir des idéaux qui leur
sont chers et de participer pleinement à la vie politique et au
progrès social de leur pays et qu'ils les comptent parmi les
éléments dynamiques de la société. "Il faudrait
à cet effet, que les autorités publiques soient à
l'écoute des jeunes Québécois et Québécoises
et créent un organisme de consultation de leurs représentants et
un forum adéquat où la jeunesse peut faire entendre librement son
point de vue sur les grandes options arrêtées par les gouvernants.
Il pourra s'agir d'un organisme qui sera chargé également
d'examiner les lois en vigueur concernant la jeunesse ou de proposer
l'abrogation des lois et règlements désuets et de proposer des
projets cadrant mieux avec la situation des jeunes et répondant à
leurs aspirations".
Je termine là-dessus. C'est l'esprit qui nous anime en
présentant le projet de loi 104. Vous êtes venus nous dire ce
matin que le libellé, le texte du projet de loi n'est pas, dans tous les
points, ce que l'on devrait peut-être souhaiter pour atteindre cet
objectif-là. Nous sommes ici pour entendre ce point de vue-la, pour le
considérer sérieusement afin d'améliorer le projet de loi
104 avant de le représenter à l'Assemblée nationale.
Ensuite et surtout après son adoption, il nous faudra veiller à
ce que le conseil permanent joue vraiment son rôle de façon
autonome, avec toute la légitimité et la
représentativité que vous souhaitez.
Le Président (M. Filion): Oui, vous aimeriez
réagir, madame?
Mme Campeau: Est-ce que je peux faire une brève
conclusion, s'il vous plaît?
Le Président (M. Filion): Allez-y!
Mme Campeau: D'une part, je voudrais répondre qu'il est
certain qu'il y a des organismes qui souhaitent un conseil permanent ou quelque
chose comme ça. Vous parlez de la commission. J'ai déjà eu
ce texte. Effectivement, que je sache, ce n'était pas
nécessairement un groupe de jeunes qui travaille depuis très
lonqtemps. Ils se sont penchés sur cette question mais je ne pense pas
que l'on puisse qualifier cela de quelque chose ressemblant, par exemple, au
ROC ou bien au RMJQ ou bien au Regroupement des maisons d'hébergement
jeunesse du Québec.
Évidemment, parmi les 600 organismes jeunesse et plus qu'il y a
peut-être au Québec, il y en a qui ont peut-être
demandé cela, mais je pense que ceux qui sont déjà
regroupés n'ont pas besoin d'un autre organisme. C'est ce que j'aurais
dû dire plus précisément tantôt.
J'aimerais vous remercier de votre écoute. J'ai souligné
au début qu'on avait été directes. C'est un peu notre
habitude et j'apprécie que vous l'ayez été de votre
côté aussi. J'apprécie quand il y a une certaine ouverture.
Je voulais seulement souligner le fait qu'on ne voulait pas non plus arriver en
chiâlant. Ce qu'on veut, c'est qu'il y ait quelque chose d'efficace, de
crédible tant pour le gouvernement que pour les organismes. On travaille
à la cause des jeunes depuis longtemps et on veut continuer, c'est tout.
Je vous remercie.
Le Président (M. Filion): Je voudrais vous remercier. Avec
la permission de mes collègues et comme je ne suis pas intervenu souvent
dans ce débat depuis que j'en préside les consultations...
J'écoutais le ministre nous parler un peu de l'opinion de la Commission
des droits de la personne que j'ai eu l'occasion de lire. Je pense que les mots
sont importants.
La Commission des droits de la personne disait: "II faut un forum
adéquat où la jeunesse peut faire entendre librement sa voix et
proposer, etc." Je pense que ce sont
des mots importants. À partir du moment, comme vous l'avez si
bien souligné dans votre mémoire, où le collège
électoral joue un rôle strictement figuratif et que l'on
considère que les jeunes sont incapables de procéder
eux-mêmes à faire en sorte que des jeunes issus de leur
volonté soient nommés au sein de ce Conseil permanent de la
jeunesse, à partir du moment où cela prend l'autorisation du
ministre pour créer des comités par exemple, à partir du
moment où les articles 25, 26, 27, 28 sont d'une facture telle que le
Conseil permanent de la jeunesse risque de, comme vous l'avez bien
souligné, devenir le haut-parleur, non pas de la jeunesse, mais du
gouvernement, je crois que les préoccupations qui font partie de votre
mémoire sont tout à fait fondées. Espérons qu'avec
le temps, avec le temps de perfection de ce projet de loi, avec ce qu'a pu dire
le ministre, nous en arriverons, du moins c'est le souhait du président
de cette commission, à une solution qui respectera un peu plus
l'autonomie, le dynamisme, les capacités et l'avenir de notre jeunesse.
Je voudrais vous remercier également de votre mémoire qui est
très bien fait. Nos travaux sont suspendus jusqu'à cet
après-midi, 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 18)
(Reprise à 15 h 21)
Le Président (M. Messier): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux concernant la consultation
générale sur le projet de loi 104, Loi sur le Conseil permanent
de la jeunesse.
Je demanderais au Regroupement d'organismes de la MRC de Deux-Montagnes
de se présenter à la table centrale, s'il vous plaît!
Auparavant, on va annoncer quelques changements. Mme la secrétaire.
La Secrétaire: Je demanderais le consentement pour que M,
Hamel (Sherbrooke) soit remplacé par Mme Bleau (Groulx) pour cet
après-midi et ce soir. Consentement?
Le Président (M. Messier): II y a consentement.
La Secrétaire: D'accord. M. Hamel (Sherbrooke), qui
remplaçait déjà M. Kehoe (Chapleau), sera remplacé
par Mme Bleau (Groulx).
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup. Avant de
commencer, je demanderais au Regroupement d'organismes de la MRC de
Deux-Montagnes de se présenter et, après, je vais vous
décrire le fonctionnement de la commission parle- mentaire.
Regroupement d'organismes de la MRC de
Deux-Montagnes
Mme Vallée (Linda): Mon nom est Linda Vallée.
Le Président (M. Messier): Linda Vallée?
Mme Vallée: Linda Vallée, c'est cela. Le
Président (M. Messier): Merci.
Mme Vallée: Je représente le CLSC
Jean-Olivier-Chénier ainsi que le Comité action-jeunesse de
Saint-Eustache.
Le Président (M. Messier): Merci. Et madame à votre
gauche'
Mme Guérin (Chantai): Je suis Chantai Guérin du
Mouvement des jeunes au travail de Saint-Eustache. Comme Linda, je
représente le Regroupement d'organismes de la MRC de Deux-Montagnes.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme Guérin et Mme
Vallée. Pour commencer notre après-midi de travail, vous avez
vingt minutes pour votre exposé. Ensuite, il y aura vingt minutes
à la partie ministérielle pour poser des questions concernant
votre mémoire et vingt minutes à l'Opposition
représentée par Mme la députée de Chicoutimi.
Au nom du gouvernement, je vous souhaite la bienvenue et vous demande de
procéder immédiatement.
Mme Vallée: Merci. Bien sûr, même si ce n'est
pas Montréal, qu'il n'y a pas 200 à 300 organismes, on a pris
quand même la peine de s'asseoir, de réfléchir et de
rédiger ensemble un mémoire portant sur la création
éventuelle du Conseil permanent de la jeunesse parce que chacun des
organismes de la MRC de Deux-Montagnes est confronté quotidiennement au
vécu des jeunes, à la fois dans ses hauts et ses bas, et aussi
aux difficultés des organismes de jeunesse dans le milieu, que ce soit
dans le domaine du financement ou celui de la reconnaissance.
II nous apparaît important de préciser, quant à
nous, que le principe du conseil permanent, on le considère comme
positif au départ. Cependant, comme vous avez pu te voir dans le
mémoire, on a fait une série de recommandations qui, à
notre sens, sont pratiquement conditionnelles au fait que l'on considère
la création du conseil permanent comme vraiment pertinente.
Ce qui nous est apparu comme une lacune un petit peu plus
évidente dans le projet de loi, c'est, entre autres, le glisse-
ment, je dirais, sur les régions. Quant à noua, si on se
reporte à ce qu'est un jeune, même si je ne prétends pas
aujourd'hui vous en donner la définition, il demeure qu'on peut
s'entendre, je pense, sur un état de passage. Bien malheureusement,
chacun d'entre nous peut constater qu'on ne naît pas jeune et qu'on ne
meurt pas jeune. Malheureusement, cela change. Quand on est jeune, on demande
aussi d'avoir une réponse rapide; on n'est pas patient. Je pense que
chacun d'entre vous le sait, entre autres pour avoir été jeune et
aussi pour avoir, sûrement, des enfants.
L'avenir, c'est important, mais cela demeure à l'état de
théorie. On a besoin de résultats concrets qui sont proches de
nous. Par là, j'entends d'avoir des lieux pour se faire entendre et qui
sont beaucoup plus proches de notre réalité, soit la ville ou
encore la région. C'est ce qui a fait qu'on a considéré la
région comme le lieu le plus important pour permettre aux jeunes de se
faire entendre. Comme on le voit dans les recommandations, on parle beaucoup de
brancher le Conseil permanent de la jeunesse via des conseils permanents
régionaux.
Pour nous, c'est important au sens de la représentation de
permettre que les jeunes qui vont participer au conseil permanent, soit sur une
base régionale ou sur une base nationale, soient vraiment appuyés
et connus par les organismes du milieu. Je ne vous apprends rien quand je vous
parle des disparités régionales; on entend ce discours depuis
plusieurs années au Québec. Les besoins des jeunes sont
diversifiés, les besoins des régions aussi, un même besoin
chez un jeune peut être vécu différemment sur la
Côte-Nord et à Montréal et on croit qu'il est important de
respecter ces nuances et cette dynamique afin que les jeunes puissent se
reconnaître dans le conseil permanent. Pour cela, il faut que ce soit
proche de nous. Ce qui est important, encore une fois, dans la création
du conseil permanent et ensuite dans la création des conseils permanents
régionaux, c'est de permettre qu'il se passe quelque chose en
région, qu'on ait une visibilité, que le conseil permanent, sur
le plan national, ait une visibilité en région et qu'on puisse y
discuter de besoins et de priorités régionales.
Il est aussi important de considérer la question du pouvoir et de
l'autonomie des conseils régionaux et du conseil permanent national.
Pour les jeunes, il est important aussi d'avoir rapidement une réponse,
comme je l'ai dit tout è l'heure, mais aussi d'avoir le sentiment qu'on
a quelque chose à dire et que ce qu'on a à dire est
écouté et pris en considération. Je pense qu'aucun jeune
au Québec, actuellement, ne pourrait penser, avec un conseil
électoral ou un Conseil permanent de la jeunesse qui serait à
Québec et qui prétendrait représenter l'ensemble des
jeunes de la province, ou ne pourrait se considérer comme
représenté, avec un vrai canal pour se faire entendre. II est
important - je le redis au risque de me répéter -d'avoir quelque
chose de proche, une proximité et une réciprocité. En
fonction de cela, le conseil permanent devrait aussi étaler ses travaux,
étaler ce qu'il fait ou les besoins qu'il entend faire connaître,
afin que l'ensemble des jeunes du Québec soit au courant des travaux du
conseil permanent.
À notre sens, si le conseil permanent n'est pas branché
régionalement et qu'on ne se dote pas d'une mécanique pour faire
aller et venir l'information, cette structure sera probablement suspendue dans
le vide, comme on l'a vu souvent pour différents conseils consultatifs
depuis des années au Québec.
On s'est beaucoup basé - si vous avez pu voir le mémoire -
pour les recommandations et la structure du conseil, sur l'exemple du Conseil
du statut de la femme, qui est actuellement le conseil le plus fonctionnel
parce que, justement, il y a une constituante régionale,
c'est-à-dire que le Conseil du statut de la femme, via les
Consult-Actions, a une permanence en région qui permet de soutenir la
concertation des femmes en région et qui permet, ensuite, de faire
valoir les besoins au grand jour. II y a aussi le Secrétariat à
la condition féminine qui permet, lui, d'informer plus
précisément l'appareil gouvernemental et il y a également
une ministre déléguée à la Condition
féminine. C'est ce qu'on recommande par rapport au Conseil permanent de
la jeunesse, c'est-à-dire une structure régionale, dans un
premier temps, avec éventuellement un transfert de l'effectif du
Secrétariat à la jeunesse qui est une structure qui existe
déjà en région. On parlerait toutefois d'un transfert
quant aux effectifs affectés à la liaison jeunesse qui pourrait
soutenir les conseils régionaux en région. On pourrait conserver
le Secrétariat à la jeunesse qui, lui, pourrait effectivement
remplir le mandat de conseil auprès de l'appareil gouvernemental avec le
conseil permanent national formé d'une personne
déléguée par chacun des conseils régionaux.
Je pense qu'on peut constater, malgré tous les efforts du premier
ministre pour être au fait de tous ses dossiers, qu'il est humainement
impossible d'être proche de tous les dossiers dans la province; donc, on
ferait la demande d'avoir un ministre délégué à la
jeunesse.
J'aimerais ajouter que, pour nous, une véritable volonté
politique, c'est beaucoup plus que de faire un projet de loi et de proposer une
structure comme le conseil permanent, c'est aussi y affecter des budgets et du
personnel. Que ce soit dans un organisme jeunesse, un organisme communautaire
ou dans une association politique ou autre, on constate bien que,
quand on n'a pas d'appui pour asseoir des choses, que ce soit en
réqion ou sur le plan national, il est inutile de parler de
véritable concertation ou d'efficacité même.
Cela va. Je pense que cela fait le tour et cela résume, en fait,
ce qu'on a pu soumettre.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, Mme
Guérin.
Mme Vallée: Vallée.
Le Président (M. Messier): Excusez-moi? Mme Vallée,
Mme Guérin est à votre gauche. Je demanderais au
député de Louis-Hébert, M. Doyon, de s'entretenir avec
vous.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Les premiers mots que
j'aurai seront pour vous souhaiter la bienvenue et vous remercier du travail
que vous avez fait. On sent que vous avez pris le temps qu'il fallait pour
faire une réflexion sur un projet sérieux. Vous manifestez un
certain nombre d'inquiétudes mais, dans un premier temps, vous prenez la
peine de dire que vous reconnaissez que cette intention gouvernementale de
former un Conseil permanent de la jeunesse est positive et va dans le sens d'un
règlement des problèmes que connaît la jeunesse.
Je pense qu'en ce qui concerne cette commission parlementaire il est
important que nous nous entendions sur des principes de base. Les principes de
base qui sous-tendent le projet de loi sont de permettre à un
comité-conseil d'aider le gouvernement dans ses propres
réflexions et dans les actions qu'il devra poser.
Je me félicite de voir que, sur ce principe, nous sommes
d'accord. Je le dis avec d'autant plus de plaisir que j'ai eu l'occasion -
parce que nous siégeons depuis de nombreuses journées -
d'entendre la députée de Chicoutimi dire que, quand les
intervenants devant nous manifestaient un accord, que ce soit un accord de
principe ou un accord général, elle était très
rapide à les accuser d'avoir été guidés par des
gens qu'elle ne nommait pas, mais qui se seraient apparentés au Parti
libéral.
Je suis sûr que - j'aimerais vous l'entendre dire - en aucun cas
vous n'avez été influencés pour porter un jugement - si
c'est le contraire, vous me le direz - sur le principe du projet de loi. C'est
une réflexion que vous avez faite vous-mêmes. De quelle
façon en êtes-vous venus à cette appréciation du
projet de loi comme tel? Pouvez-vous éclairer la commission
là-dessus, s'il vous plaît?
Mme Vallée: Je pense qu'on en est venu à cette
réflexion par différentes influences qui viennent, entre autres,
des organismes du milieu et du fait aussi que cela fait dix ans que je
travaille dans les organismes communautaires jeunesse. Je pense que l'influence
vient de là, entre autres. C'est lié aux personnes qui sont dans
les organismes tout simplement.
M. Doyon: Pas besoin de vous dire que je me doutais un peu de la
réponse et je posais la question dans te but d'éclaircir un
certain nombre de choses, parce que nos délibérations sont
enregistrées et demeurent dans le Journal des débats. J'ai
entendu moi-même - je le relèverai au besoin, si c'est
nécessaire - la députée de Chicoutimi dire que certains
mémoires auraient été inspirés par des moyens non
divulgués et non avouables et que c'était de cette
façon-là qu'on retrouvait devant nous des gens qui manifestaient,
à des degrés divers, un appui au projet de loi. La
députée de Chicoutimi ne disait rien de neuf là-dessus et
elle reprenait des propos que je considère comme malheureux et qui ont
paru dans le journal aujourd'hui de jeunes péquistes qui sont, comme
vous le savez, dans un tiraillement interne de promotion, d'affirmation et tout
cela et qui dénonçaient avec virulence - dit l'article ici, dans
Le Soleil - le processus, disait-on, bidon de consultation mis en branle par le
Québec pour cautionner la promesse électorale des libéraux
de créer un conseil permanent des jeunes appelé à devenir,
selon l'Opposition, un sénat jeunesse partisan.
Je pense que ce sont des propos insultants à l'endroit de gens
qui, comme vous, ont pris la peine de rédiger un mémoire, de
faire la consultation qui s'impose et de venir le présenter de toute
bonne foi devant les membres de cette commission parlementaire qui, pour la
plupart - en tout cas, je parle pour moi-même et pour mes
collègues de ce côté-ci - sont prêts à vous
écouter avec toute la sympathie et à prendre note - c'est
important de le dire - des remarques de façon à bonifier le
projet de loi. De qualifier cette consultation de bidon, c'est vous insulter et
vous dire que vous êtes complices de cela.
Je voudrais que vous sachiez que nous sommes parfaitement conscients
ici, de notre côté... Jamais, en aucun moment, nous n'avons voulu
vous utiliser de quelque façon que ce soit; vous êtes ici pour
nous éclairer, pour nous rendre service. Nous sommes ici pour vous
écouter et bénéficier de votre expertise. De qualifier cet
exercice de bidon, c'est absolument révoltant, parce que ce n'est pas le
cas. Je voudrais prendre la première occasion qui m'est offerte pour me
dissocier de ces propos scandaleux, M. le Président, des jeunes
péquistes qui reprennent et qui ne font que reprendre les propos
malheureux de la députée de Chicoutimi en de nombreuses reprises.
Ils ne font que répéter ce qu'ils ont entendu ailleurs.
Ce n'est pas une consultation bidon.
C'est une consultation qui vise à mettre sur pied quelque chose
d'important. Vous avez réfléchi sur le mode de structure des
nominations et vous avez fait des suggestions intéressantes. Vous parlez
de conseils régionaux. Pourriez-vous nous expliquer l'arrimage qui
pourrait se faire entre ces conseils régionaux qui seraient
dispersés un peu partout dans la province et le centre, le pivot qui
serait, j'imagine, dans votre esprit, le Conseil permanent de la jeunesse?
Comment voyez-vous cet arrimage des choses entre les conseils régionaux
et le CPJ?
Mme Vallée: C'est assez simple comme structure, comme
proposition. Au fond, il s'agit d'avoir régionalement
l'équivalent d'un conseil permanent national. On recommandait qu'il soit
formé, si je ne me trompe - parce qu'il est un petit peu difficile de
vous parler et de lire en même temps - de membres qui sont, bien
sûr, âgés entre 15 et 30 ans et qui viennent de
différents secteurs, comme cela a été proposé dans
le projet de loi, soit du secteur des loisirs, du secteur social, du secteur du
travail, etc. Comme je vous le disais tout à l'heure, ils pourraient
être soutenus par, entre autres, les effectifs du Secrétariat
à la jeunesse qui sont déjà en région. C'est en
termes de soutien. Ce qu'il est important de voir dans le conseil
régional, c'est que cette structure pourrait éventuellement
servir de structure de concertation régionale au plan de la
jeunesse.
Sauf qu'il n'y a pas de concertation régionale, ni même
locale, qui puisse se faire sans soutien réel, ne serait-ce que dans la
mécanique de la convocation et celle des procès-verbaux. On le
voit à chaque jour dans les organismes communautaires. On voit comment
la concertation est difficile parce qu'elle n'est pas appuyée par un
soutien financier ou technique. Donc, pour que cela fonctionne, on voudrait
qu'il y ait un soutien à ce niveau. Que chacun des conseils
régionaux délègue son président, par exemple, pour
former le conseil permanent national, duquel pourrait être élu le
président du conseil permanent national qui, lui, proviendrait d'une
région, évidemment, mais qui serait élu par les autres
membres.
Ce qu'on voudrait aussi par la suite, c'est que le Secrétariat
à la jeunesse demeure, mais vraiment pour jouer un rôle de conseil
au niveau de l'appareil gouvernemental ou de coordination des activités
gouvernementales auprès des jeunes. Ce qu'on voit actuellement, c'est
qu'il se fait beaucoup de choses. Il s'est fait beaucoup d'études et de
recherches; par contre, tout cela demeure sectaire, sans véritable
coordination sans approche globale auprès des jeunes. Cela pose une
difficulté importante parce qu'un jeune n'est pas un quart, un tiers,
une demie, c'est une totalité, c'est une globalité. II y a une
diversité de problèmes.
Je pense qu'on devrait les voir avec des principes globaux.
Ce que je souhaiterais, c'est qu'éventuellement, s'il y avait la
mise en place du conseil permanent avec une structure comme celle que nous
proposons, le conseil permanent puisse ramasser l'ensemble des interventions et
apporter aussi une vision globale de la problématique de la jeunesse au
Québec.
M. Doyon: Ce que je saisis un petit peu moins bien - je suis
sûr que vous pouvez m'éclairer là-dessus - c'est quant
à la formation des conseils régionaux eux-mêmes. Comment
prendraient-ils naissance? Est-ce que leur naissance serait provoquée
par la mise en place d'une espèce de mini-secrétariat permanent,
avec des auxiliaires qui iraient dans les régions et qui provoqueraient
comme ça la naissance d'un lieu de concertation? Comment se ferait la
mise en place de ces conseils régionaux de la jeunesse?
Mme Vallée: Actuellement, dans chacune des régions,
malgré les disparités, il existe quand même passablement
d'organismes communautaires jeunesse dans les différents secteurs qui
touchent les jeunes. Ce que nous proposons dans le mémoire justement,
c'est un petit peu sur le modèle de la mise en place du programme de
l'Année internationale de la jeunesse ou encore du programme Jeunes
volontaires, qui fonctionne pour ce dernier avec des comités de
sélection locaux pour recevoir les projets des jeunes. Dans le cas du
programme de l'année internationale, on fonctionnait avec des
comités de sélection régionaux pour recevoir l'ensemble
des projets. Ces comités de sélection régionaux avaient
été formés à partir des recherches que chacun des
responsables régionaux avaient faites dans le milieu pour trouver des
personnes qui venaient des différents secteurs, soit du milieu du
travail, du social, des loisirs, du municipal, etc. Ils avaient soumis une
liste au premier ministre qui avait à faire la nomination de chacune de
ces personnes.
Je pense qu'on pourrait très bien procéder de la
même façon pour constituer un comité de sélection
régional qui, lui, pourrait recevoir les candidatures des jeunes
intéressés à former, dans un premier temps, le conseil
permanent réqional pour ensuite remonter la filière jusqu'au
conseil national. Est-ce que cela vous éclaire?
M. Doyon: Oui, cela me donne une idée sur votre
façon de voir les choses. Aussi, dans votre mémoire, au
début, vous indiquez que vous vous êtes penchés sur des
modèles qui existaient déjà, par exemple, le Conseil du
statut de la femme, et sur la façon dont les constituantes
régionales autonomes
étaient mises en place et fonctionnaient. Quant à la
nomination des onze membres du Conseil permanent de la jeunesse,
considérez-vous que le gouvernement fait un pas en avant, au plan de
cette nomination - on s'entend, tout d'abord - quand il abandonne ni plus ni
moins le pouvoir discrétionnaire total qu'il avait et s'en remet
à un collège électoral qui va lui proposer des
candidatures? Comment voyez-vous cette évolution?
Mme Vallée; À première vue, l'idée
est loin d'être mauvaise, c'est sûr. Cela fait vraiment
différent de ce qu'on a connu dans le passé. Par contre, à
mon avis, ce n'est-pas aller suffisamment loin. C'est pour cela que nous
proposions des comités de sélection régionaux qui nous
permettraient de former les conseils régionaux et, ensuite, de former le
conseil national pour nous assurer d'un appui réel et d'une
représentativité la plus réelle possible. Je ne pense pas
qu'une personne puisse prétendre représenter un ensemble de
jeunes ou de besoins. Je pense qu'on peut tout simplement tendre vers
l'excellence, tout en ne prétendant pas y être
réellement.
Je pense que la structure qu'on propose permet d'aller un petit peu plus
loin par rapport au collège électoral, en faisant en sorte que
les gens qui vont se retrouver au conseil régional et, par la suite, au
conseil national, soient vraiment branchés sur leur milieu.
M. Doyon: Vous faites une autre proposition. Même si le
conseil permanent était formé de la façon dont vous le
suggérez, vous indiquez qu'il n'est pas certain que la
représentativité vous satisfasse totalement et, à partir
de cela, vous dites que le conseil devrait possiblement être
habilité à faire des suggestions pour augmenter son nombre de
membres de trois ou quatre - vous allez même jusqu'à cinq -de
façon à combler certaines lacunes que le conseil permanent aurait
identifiées. Est-ce que vous pouvez préciser cette
idée?
Mme Vallée: Ce qu'on entendait par lacunes, à ce
moment-là, c'était, par exemple que si on fonctionnait de la
façon que l'on proposait tout à l'heure, bien sûr, on
pourrait se retrouver avec un nombre inégal d'hommes et de femmes, un
nombre inégal de représentation en termes de proportion par
rapport aux populations des différentes régions ou encore en
termes d'expertise professionnelle.
C'est important de pouvoir s'adjoindre des gens qui viennent de
différents secteurs, des hommes et des femmes, et qui
représentent les 15-30 ans qu'on retrouve dans le mémoire et dans
le projet de loi comme tel. Ce serait strictement pour permettre
d'équilibrer le conseil permanent comme tel.
M. Doyon: Relativement à ce qu'il est convenu d'appeler
l'autonomie du CPJ, vous avez eu l'occasion d'écrire quelques mots
à ce sujet. Est-ce que vous pourriez expliquer votre pensée
à ce sujet et nous dire ce que vous pensez de ce qui est proposé
dans le projet de loi et comment vous concevez cette nécessaire
indépendance du CPJ par rapport au gouvernement.
Mme Vallée: II nous semblait important de souligner qu'il
ne fallait pas se retrouver . avec une structure un peu suspendue dans le vide
et qui réponde davantaqe aux besoins de l'appareil gouvernemental en
termes d'identification de besoins qu'aux besoins des jeunes. C'est pour cela
qu'on a parlé d'autonomie aussi, c'est-à-dire de pouvoir
travailler d'une manière autonome, de revendiquer un statut
différent de celui des jeunes actuellement et de vraiment pouvoir
prendre la place qu'on a à prendre tout en étant autonomes.
Ce qu'il est important de voir, je pense, pour les jeunes, c'est que si
on se rendait compte, à l'usage, que le conseil permanent ne faisait que
répondre aux commandes gouvernementales, par exemple au niveau de
l'identification des besoins - si l'on prend seulement cela - le conseil
permanent perdrait très rapidement sa crédibilité. Autant
les jeunes ont besoin d'avoir une réponse rapide, autant ils peuvent
tasser un organisme ou une structure rapidement et ne plus lui accorder de
crédibilité. Ce serait donc se couper un peu de la base et
devenir par le fait même incapable d'identifier les réels besoins
et d'obtenir une réelle collaboration du milieu jeunesse.
M. Doyon: Cette préoccupation a été bien
saisie. Nous avons d'ailleurs eu l'occasion de rassurer presque tous les
intervenants qui sont venus sur la façon dont nous voyons le rôle
du CPJ. Il a un rôle de conseiller absolument essentiel et je pense qu'il
serait malsain que cet organisme réponde tout simplement à des
commandes venues d'en haut. Cet organisme doit être capable de
générer lui-même un certain nombre d'interrogations, de se
donner les moyens d'y répondre et de faire les consultations qui
s'imposent pour faire des propositions qui vont dans le sens de ce qu'il a
compris comme étant la problématique et les difficultés
éprouvées. En ce sens-là, je veux vous assurer que nous
sommes très sympathiques à cette préoccupation que vous
avez. (15 h 45)
Vous indiquez aussi que vous souhaitez qu'il y ait une certaine
diffusion des
activités, au moins annuellement, du conseil permanent. Alors,
à votre avis, cette publicisation des activités du CPJ prendrait
quelle forme? Comment cela devrait-il se faire?
Mme Vallée: On n'est peut-être pas allé
à fond dans la mécanique ou la forme que cela pourrait prendre,
mais, effectivement, les conseils régionaux pourraient être
utilisés à ce moment-là par des activités
spécifiques qui permettraient aux jeunes du milieu de se rendre compte
du travail qui a été effectué et de se rendre compte aussi
des résultats. C'est important d'utiliser la structure régionale
à ce moment-là, de la même façon que l'on devrait
aussi rendre public tout ce qui a été fait comme travail de
réflexion ou tout dossier qui aurait été monté par
le conseil permanent.
M. Doyon: De toute façon, il y aura un rapport annuel
déposé à l'Assemblée nationale et qui, de ce fait,
sera public et pourra être consulté. Ce n'est sûrement pas
suffisant. Il y a d'autres choses qui doivent être faites, mais votre
idée vaut d'être retenue aussi.
Alors, M. le Président, j'aurais de nombreuses autres questions
à poser, mais il y a peut-être un ou deux collègues qui
voudraient intervenir. Je veux vous dire que, de mon côté, cela
m'a éclairé et que, comme je le disais tout à l'heure, je
considère que vous avez fait un travail valable. Contrairement à
ce qui a pu être dit par des gens du parti péquiste, nous
considérons que cette structure est utile et que le gouvernement se
devait et tout le monde se doit d'écouter les porte-parole de la
jeunesse dont vous êtes. Je ne souscris absolument pas à
l'affirmation - et j'ai ici la coupure de journal - qui qualifie les
intervenants qui viennent déposer devant cette commission de faux
interlocuteurs. Vous êtes de vrais interlocuteurs. Vous êtes des
interlocuteurs valables qui ont une expérience donnée; vous
donnez les choses au meilleur de votre connaissance. Nous le prenons de cette
façon-là et je vous en remercie beaucoup.
Le Président (M. Messier): J'aimerais remercier
l'honorable député de Louis-Hébert de ses remarques
très pertinentes, et je demande à l'honorable
député de Mille-Îles, M. Jean-Pierre Bélisle, de
vous adresser la parole.
M. Bélisle: Mme Guérin, je vous dirai tout
simplement de façon très rapide que, depuis que j'écoute
les groupes qui viennent en commission, cela me plaît de plus en plus,
l'idée des conseils permanents régionaux et la philosophie
d'avoir une perspective plutôt à caractère régional
ou de représentation régionale.
Je dois vous dire que cela s'inscrit dans mon cheminement intellectuel,
dans une facette importante d'une politique, appelez cela, de
représentation régionale ou de développement
régional ou d'intérêt régional "at large" - entre
guillemets - pris sur une grande base. Je veux vous dire que, personnellement -
je suis sûr que certains de mes collègues partagent la même
opinion que moi - je tenterai d'influencer certaines personnes pour que cela
s'oriente dans cette voie.
Ce que j'ai trouvé très particulier -c'est la
première fois que c'est soulevé dans tous les rapports que j'ai
eus jusqu'à maintenant devant la commission - c'est la
possibilité d'ajouter au Conseil permanent de la jeunesse certains
membres selon la composition. Je trouve cela très original et unique.
J'aimerais que vous nous donniez des précisions à ce sujet. Cela
me plaît énormément. Vous êtes le premier groupe
à souligner une telle chose et à nous proposer une
mécanique additionnelle où je vois très bien que l'on peut
avoir des carences avec un groupe donné et où on tente de
corriger une situation pour améliorer l'équipe en place.
J'aimerais vous entendre plus longtemps là-dessus.
Mme Vallée: À partir du moment où on
décide de mettre en place une procédure qui permet
l'élection de personnes, on a évidemment moins de contrôle
que lorsque l'on décide de les nommer en fonction de critères
préalablement établis. Cela peut aussi nous mettre dans des
situations où on manque d'expertise, où on n'en a tout simplement
pas. Sans faire la guerre des sexes ici, les femmes ont une façon de
voir les choses qui est différente de celle des hommes et vice versa,
sans dire que l'une est meilleure que l'autre. Ce qu'il est important d'avoir,
c'est un bon équilibre entre les deux.
Aussi, pour ce qui est des âges, quand on parle des jeunes
actuellement, on parle des 15 à 30 ans; souvent on va même
jusqu'à 35 ans. On relie cela beaucoup à l'acquisition
d'autonomie ou pas. C'est lié à des valeurs économiques,
à une situation sociale aussi. Donc, il est important d'avoir une
représentativité des âges qui soit équitable pour
nous assurer vraiment d'une information de pointe.
La même chose en ce qui concerne les secteurs d'intervention. On
peut se retrouver avec différentes régions qui ont des
présidents qui viennent plus du secteur des loisirs ou plus du secteur
social. Au conseil permanent, on aurait plus une voix des loisirs qu'une voix
sociale. Il serait important d'ajouter des gens qui viennent combler ces
lacunes pour nous assurer du meilleur équilibre possible. Ce n'est pas
magique. On
peut se donner des moyens pour essayer de tendre le plus possible vers
l'excellence, comme je le disais tout à l'heure, ou vers
l'objectivité.
M. Bélisle: Ce que je trouve des plus inédits dans
votre suggestion, c'est de laisser aux membres du conseil permanent
eux-mêmes la liberté, la discrétion de voir les lacunes
qu'il y aura à l'intérieur de leur propre groupe. Je trouve cela
fantastique.
Mme Vallée: Si on veut faire un réel travail
d'équipe, c'est très important de constater ses forces et ses
faiblesses pour mieux les utiliser.
M. Bélisle: Merci, madame.
Le Président (M, Messier): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres membres de l'équipe ministérielle? Il reste trois
minutes. Je demanderai à la députée de Chicoutimi, Mme
Blackburn, de commencer.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président, mesdames. Au nom de
ma formation politique, je voudrais d'abord vous souhaiter la bienvenue. Vous
comprendrez que, même s'il me répugne un peu de prendre à
témoin de divergences politiques des gens qui viennent ici avec beaucoup
de courage, je dirais, défendre des opinions à l'endroit du
projet de loi, vous comprendrez que je ne peux pas passer sous silence les
accusations du député de Louis-Hébert. Comme il le disait
si bien tantôt, cela reste en effet inscrit au Journal des
débats. Je vais donc me permettre de corriger son ignorance, car
s'il avait été à la réunion ce matin il aurait
compris la référence que je faisais à la Commission
jeunesse du Parti libéral.
Je ne reprendrai pas ses propos dans l'ordre, mais il y en a un qu'il
faut relever immédiatement, je pense. C'est faux et cela risque de jeter
du discrédit sur la Commission jeunesse du Parti
québécois. La Commission jeunesse du Parti
québécois, à moins que le député n'ait des
difficultés de lecture, n'a jamais dit, n'a jamais qualifié les
intervenants à cette commission de faux interlocuteurs. C'est faux. Elle
a parlé d'une commission bidon, d'une consultation bidon et cela, c'est
autre chose. De faux interlocuteurs, c'est autre chose.
Je voudrais dire, pour faire baisser la pression du député
de Louis-Hébert: La référence que j'ai faite ce matin -
s'il y avait assisté, il ne l'aurait pas citée tout de travers -
c'est à la suite des propos du député de Mille-Îles,
qui faisait un rapport entre le préambule du mémoire de la Jeune
Chambre de commerce de Montréal et le préambule du mémoire
de la Commission jeunesse du Parti libéral. Il disait qu'elles avaient
vraiment compris la question de la même façon, que la chambre
avait été influencée sûrement par la Commission
jeunesse du Parti libéral et que c'était bien bon. Ce ne sont pas
mes propos, c'est le propos du député de Mille-Îles; vous
pourrez le faire relever.
M. Bélisle: C'est faux. Question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Messier): Allez-y, M. le
député de Mille-Îles, on vous écoute.
M. Bélisle: M. te Président, je demande que les
galées soient sorties. Je n'ai jamais dit une telle chose ce matin.
Mme Blackburn: Ce n'est pas une question...
M. Bélisle: Mme la députée de Chicoutimi, au
lieu de tricoter, allez donc directement au but, faites sortir les
galées. Je vous défie de dire que c'est moi qui ai dit cela ce
matin.
Mme Blackburn: M. le Président, ce n'est pas une question
de règlement. Il n'a pas le droit de m'interrompre au moment où
je suis en train de faire un exposé. Si je l'ai mal cité, il
pourra le dire une fois que j'aurai terminé.
Le Président (M. Messier): Parfait. Cela sera fait,
madame.
Mme Blackburn: Cependant, je suis d'accord avec le
député de Mille-Îles s'il veut faire sortir la
transcription des débats de ce matin.
Ce qui est important de dire, lorsque les jeunes du Parti
québécois qualifient la commission de consultation bidon, c'est
parce que la première fois que la commission a été
convoquée, on a donné trente jours aux jeunes pour
préparer les mémoires, alors qu'on avait donné deux mois
à la commission parlementaire sur le financement des universités.
C'était du 1er au 31 octobre. Les lettres sont arrivées dans les
organismes entre le 15 et le 22 octobre. Cela ne vous donne pas beaucoup de
temps pour préparer un mémoire. À la suite des pressions
exercées, le délai a été prolongé jusqu'au
17 novembre.
Une seconde chose, la commission parlementaire qui devait avoir lieu
à la fin de novembre a été reportée, mais jamais,
jamais, on n'a indiqué aux organismes jeunesse, de façon
officielle, que les délais pour la présentation d'un
mémoire étaient effectivement reportés. C'est ce qui fait
dire, à juste titre, que la commission, si on ne s'en était tenu
qu'aux convocations officielles, aurait effectivement été une
commission bidon. Je trouvais important et
je trouve toujours important, lorsque se présente une telle
tribune pour venir défendre les dossiers des jeunes, que les jeunes y
soient. J'ai donc pris de mon temps et j'ai fait le tour des régions
pour rencontrer des jeunes et pour leur dire: II faut que vous veniez en
commission parlementaire. Sans vouloir me vanter, je pense qu'au moins 50 % des
mémoires ont été présentés à notre
invitation, car on disait: Écoutez, mettez dedans ce que vous voulez. Ce
n'est pas cela. On n'a pas préparé un petit texte pour analyser
le mémoire. On a dit: Mettez dedans ce que vous voulez, mais venez vous
faire entendre. . Quand vous ne parlez pas, quelqu'un d'autre parle en votre
nom. C'est vraiment le message qu'on est allé livrer. Je trouve
important de le rappeler ici.
Est-ce la meilleure structure? Là-dessus, je fais confiance aux
jeunes et je pense que les divergences d'opinions sont telles qu'elles
commencent vraiment à déranger le gouvernement actuel, car cette
proposition semble loin de satisfaire les jeunes. Je lisais qu'environ le tiers
est d'accord, mais avec des modifications mineures, un autre tiers est
d'accord, mais avec des modifications telles que cela n'a plus aucun rapport
avec un organisme consultatif, et le dernier tiers est contre. L'un dans
l'autre, je pense qu'on est loin du compte pour légitimer le
gouvernement de créer un tel organisme consultatif sans y
réfléchir deux fois.
Si vous le permettez, relativement aux insinuations que soulevait
tantôt le député de Louis-Hébert, j'ai effectivement
dit ce matin - d'ailleurs, on entendra ce soir un mémoire qui le dit
clairement - que des organismes jeunesse se sont fait aider, qu'ils ont pris
des documents d'analyse et se sont fait guider dans la rédaction des
mémoires. C'est probablement normal, puisqu'ils ne sont pas tous bien
équipés pour le faire. C'est une chose. Aujourd'hui, on va en
entendre un qui remercie. Ce n'est pas moi qui l'invente.
Une autre raison qui a fait qualifier par les jeunes du Parti
québécois cette commission de consultation bidon, c'est qu'on
avait demandé une commission itinérante, car on disait que les
jeunes n'avaient pas tous les moyens de venir à Québec se faire
entendre. Ils ne sont pas organisés pour faire cela. On avait
demandé une commission itinérante ou, sinon, on avait
demandé que les jeunes aient des budgets pour venir se faire entendre.
Je sais que quelques députés du parti ministériel - je
pense que je dois leur dire merci - à même leur enveloppe
budgétaire, ont facilité le déplacement de quelques
jeunes. Cela ne s'est pas fait dans toute la province. Si on avait voulu
consulter sérieusement les jeunes, on se serait déplacés.
Voilà pour la consultation bidon. (16 heures)
Je vais revenir sur le fond du mémoire. Le député
de Louis-Hébert se réjouissait que vous soyez tout à fait
en accord avec la création de ce conseil. Je vois un accord, mais si
ténu que j'aurais le goût de vous poser la question suivante, en
me référant à un paragraphe de votre mémoire que je
retrouve et dans lequel vous dites qu'il est primordial qu'il y ait une
décentralisation. Vous dites, dans le préambule à la page
3 à l'avant-dernier paragraphe: "Malheureusement, le Conseil permanent
de la jeunesse dans sa forme actuelle nous semble coupé du milieu qu'il
prétend représenter. Le projet de loi 104 ne propose aucun
mécanisme de concertation régionale et par conséquent
dilue grandement, malgré l'idée d'un collège
électoral, l'accessibilité du CPJ". Et vous dites, à la
page 4: "La section "recommandations" qui suit vous propose les amendements qui
s'avèrent les plus significatifs pour nous. Leur valeur repose toutefois
sur l'acceptation préalable d'une décentralisation du Conseil
permanent de la jeunesse." Si on sait lire, c'est cela qu'il faut lire
là-dedans.
Ce que j'ai compris, c'est que vous dites qu'il faut vraiment que cet
organisme, si on veut le créer pour qu'il soit utile, soit
décentralisé. Est-ce qu'on a bien compris'?
Mme Vallée: C'est très clair. Nous sommes d'accord
avec le principe à partir des conditions que l'on pose en termes de
recommandations. Pour nous, la crédibilité et l'efficacité
d'un conseil permanent uniquement national serait grandement mis en
péril s'il n'était pas branché sur les besoins des
régions. Et cela vaut, finalement, pour l'ensemble des structures
gouvernementales. Je pense que je n'apprends rien à personne. Cela fait
des années que l'ensemble des régions revendique des droits et
des retours par rapport à ce qui se brasse au gouvernement.
Mme Blackburn: Vous avez fait un certain nombre de
recommandations et il y en a une que je voudrais mieux comprendre, c'est celle
qui touche les nominations au conseil et l'admissibilité des membres. En
page 5, donc, vous recommandez que le conseil permanent national soit
formé par l'ensemble des présidents nommés par chacun des
conseils régionaux. Qui nomme les présidents des conseils
régionaux? Je crois comprendre que ce serait un comité.
Mme Vallée: Non, on a parlé de comités de
sélection pour les mises en candidature pour la formation du conseil
permanent régional, d'accord?
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Vallée: Mais ce sera aux membres
du conseil permanent régional de se donner un président au
une présidente, c'est cela.
Mme Blackburn: D'accord, on se comprend bien. Vous avez
également... J'écoutais le député de
Mille-Îles tantôt qui disait trouver cela tout à fait
original et que c'était la première fois qu'il entendait parler
de l'idée de coopter. Ce que j'appelle "coopter", c'est un certain
nombre de personnes qui sont nommées pour leur compétence et
leurs connaissances au sein de l'organisme. On retrouve cela dans quelques
organismes. Je trouve cette idée-là également
intéressante. Cependant, je dirais que ce n'est pas le premier
mémoire et j'espère que dans leurs recommandations... Et la
sagesse du gouvernement fera qu'on ira un peu aussi de ce côté
parce que cela permet de compléter les connaissances, je dirais, des
membres au sein d'un conseil parce que cela vous permet, si vous avez une
sous-représentation des groupes issus du milieu culturel ou du milieu
des affaires sociales, d'aller les chercher par ce biais-là. Je trouve
que l'idée est intéressante.
Votre mémoire fait beaucoup de recommandations qui ont trait
à la décentralisation aux fins de vous donner une meilleure
connaissance des besoins régionaux. Vous proposez d'ailleurs une
structure régionale et vous séparez le budget en budget de
fonctionnement et budget de recherche.
Avez-vous essayé d'estimer ce que pourrait être l'ampleur
d'un tel budget?
Mme Vallée: Je pense que cela pourrait être un peu
l'équivalent de ce que vous avez vu dans d'autres mémoires
où on suggérait, par exemple, un dollar par jeune au
Québec. Cela pourrait être une base de calcul
intéressante.
Mme Blackburn: À la page 7, vous faites d'autres
recommandations. Dans le premier paragraphe, vous dites: "que le conseil
permanent national ait l'obligation de produire un bilan annuel de ses
activités ainsi qu'une bibliographie complète de ses recherches
ou études. Ce bilan devra être public." Vous savez que l'article
32 du projet de loi prévoit qu'annuellement le conseil soit tenu de
faire rapport de ses activités, et pour l'exercice financier
précédent.
Effectivement, il n'y a pas l'obligation de publier une bibliographie de
ses recherches. Certains organismes qui se sont présentés ici
estimaient également que ce rapport devait être un peu comme celui
d'autres organismes consultatifs, soit un rapport annuel sur l'état et
les besoins des jeunes. Évidemment, ce n'est pas sur l'ensemble, cela va
être ciblé. Je pense au Conseil du statut de la femme. Cela peut
être la parité salariale; pour les jeunes, cela peut être la
pédagogie et un certain nombre de choses comme cela. Ils prennent un
aspect du problème des jeunes et cela fait l'objet du rapport annuel.
Qu'est-ce que vous pensez d'une hypothèse de travail de cette
nature?
Mme Vallée: Je pense que cela va être important
effectivement de cibler. Je ne pense pas qu'on puisse prétendre que le
conseil permanent puisse toucher à l'ensemble des besoins. Il va falloir
se donner des priorités en fonction des besoins qui changent,
d'ailleurs, très rapidement du côté des jeunes. C'est un
peu la difficulté de mettre en place une structure comme cela, c'est que
lorsqu'on parle des femmes, on est toujours une femme. Quand on est un jeune,
c'est quelque chose qui passe. Donc, les besoins varient d'un âge
à l'autre. Quand on est un jeune de 25 ans, on a X besoins, quand on est
un jeune de 15 ans, on en a d'autres. Donc, il sera important de se doter de
priorités par rapport au dossier, mais aussi en tenant compte des
différents groupes d'âges que forment les jeunes en
général.
Mme Blackburn: Parlant des qroupes d'âges, si je comprends
ce que vous proposez, vous ne demandez pas aux organismes qui appuient une
candidature d'être incorporés. Pourriez-vous m'en parler un peu
parce que je retrouve cela en page 5, soit l'éligibilité des
membres? Vous dites: "Que soit éligible toute personne âgée
entre 15 et 30... Qu'elle soit appuyée par un minimum et un maximum de
trois organismes de sa région représentant au moins deux secteurs
d'intervention." Est-ce que vous vous êtes interroqés sur toute la
question de savoir si les organismes doivent être ou non
incorporés?
Mme Vallée: Vous pouvez le voir ici dans le même
paragraphe. On dit: "Qu'un organisme reconnu au sens de l'article 16...
Mme Blackburn: Oui, d'accord.
Mme Vallée: ...de la loi 104 ne pourra appuyer plus de
deux candidats." C'est donc qu'on suppose que des organismes dûment
incorporés devront appuyer les jeunes en question. Mais ces jeunes ne
doivent pas nécessairement venir d'organismes ou être membres
d'organismes dûment incorporés. Cela peut être un jeune du
milieu appuyé par deux ou trois organismes de jeunesse incorporés
selon la troisième partie de la Loi des compagnies.
Mme Blackburn: Ici, on nous a fait valoir que cela pouvait poser
des difficultés pour les jeunes de 15 à 18 ans, plus
particulièrement, parce que les associations
étudiantes dans les écoles, dans les polyvalentes, dans
les collèges ne sont pas incorporées. Certains collèges
non plus. Certains groupes fonctionnent davantage sur une forme bona fide, de
sorte qu'ils n'ont pas cette incorporation qui leur permet d'appuyer des
candidatures. Cela a été soulevé ici. Je pensais avoir
compris que vous faisiez une distinction entre un organisme reconnu au sens de
la loi... D'accord. Oui. Je pensais que vous faisiez une distinction entre ceux
qui étaient incorporés et ceux qui ne l'étaient pas. Mais
vous n'avez pas réfléchi autrement à ce que pourrait
représenter le fait d'être ou non incorporé.
Mme Vallée: Non, mais puisque vous posez...
Mme Blackburn: Non, d'accord.
Mme Vallée: ...la question, je pense qu'on pourrait
certainement s'entendre sur une mécanique pour considérer l'appui
de tables de concertation, par exemple, qui ne sont pas nécessairement
des entités au sens de la loi, parce qu'elles ne sont pas
incorporées, faute de soutien, entre autres. Mais on pourrait
très bien considérer qu'une table de concertation ou une
association étudiante puisse avoir du poids dans l'appui d'un
candidat.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, vous disiez que ce conseil
ne pourrait pas tout faire, qu'il y aurait nécessité
d'établir des priorités. Quelles seraient les priorités
auxquelles devrait s'attaquer ce conseil, selon vous?
Mme Vallée: C'est une très grande question, Mme
Blackburn.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Blackburn: En une minute.
Mme Vallée: En une minute, les priorités du conseil
permanent pour l'année 1988-1989.
Mme Blackburn: Oui, oui.
Mme Vallée: Je m'attarderais davantage à
développer une approche globale auprès des jeunes. Bien
sûr, ce que je vous dis là est très gros. Je pense qu'il
faudrait établir des sous-priorités. Mais je pense que cela
devrait être un peu le leitmotiv d'une première année
d'existence d'un conseil permanent. Malheureusement, les jeunes sont un petit
peu victimes, sans vouloir dramatiser, du fait qu'il y a
énormément de recherches, énormément de programmes
qui existent, mais qui ne les touchent que d'une manière parcellaire
sans véritable cohérence actuellement. Je pense que, dans un
premier temps, si j'étais le conseil permanent, c'est à cela que
je m'attaquerais.
Mme Blackburn: D'accord. Je suggérais, à titre
d'hypothèse de travail, qu'il y avait peut-être deux
priorités auxquelles devait s'attaquer le conseil permanent - et une des
façons de le faire aurait pu être de créer des commissions
permanentes - c'était l'emploi et l'adolescence. L'emploi, je pense bien
que cela parle tout seul. L'adolescence parce que, selon la plupart des
études, l'essentiel des problèmes vécus par la jeunesse
trouve son origine dans l'adolescence. Une des façons d'éviter
que les adolescents d'aujourd'hui viennent grossir demain le lot des jeunes en
difficulté, c'est de mieux comprendre cette situation pour pouvoir
tantôt se donner un certain nombre de mesures à caractère
préventif. Comment réagiriez-vous devant une hypothèse de
travail comme celle-là?
Mme Vallée: Je pense que l'hypothèse est
intéressante au départ, sauf qu'on pourrait rencontrer plusieurs
difficultés. Quand on parle d'emploi, c'est clair, comme vous le dites.
Quand on parle d'adolescence et de prévention, cela devient un peu moins
clair parce que chacun est conscient qu'on vit dans une société
qui a quand même à faire face à un ensemble de
bouleversements actuellement, autant en ce qui a trait aux valeurs qu'en ce qui
concerne ses structures économiques et familiales. C'est très
difficile de cerner les choses. Par ailleurs, ce que je retiens dans ce que
vous dites pour la prévention, c'est qu'il faudrait peut-être se
pencher effectivement sur une nouvelle façon de faire de la
prévention. La prévention qu'on a faite auprès des jeunes
jusqu'à présent a consisté surtout à l'information,
à les informer soit dans les écoles, soit dans les lieux
où ils se retrouvent, etc. Je pense que les jeunes ont un peu une
"overdose" - si vous me permettez l'expression d'information et il faudrait
peut-être développer de nouveaux concepts de prévention qui
permettraient de les outiller davantage, eux comme les principaux acteurs de
leur vie, finalement, plutôt que de les placer dans une situation
où ils n'ont qu'à attendre qu'on fasse les choses pour eux ou
qu'on veuille bien leur faire une place. Je pense qu'une commission sur
l'adolescence pourrait effectivement être intéressante, mais
à condition de bien cerner les choses, et particulièrement au
niveau de la prévention et des actions entreprises auprès des
jeunes.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Messier): II vous reste environ sept
minutes.
Mme Blackburn: Une question qui...
Le Président (M. Messier): Si vous n'avez pas d'autres
questions...
Mme Blackburn: Ah, j'en ai une autre! Le Président (M.
Messier): Cela va? Mme Blackburn: Ah oui!
Le Président (M. Messier): D'accord, parfait. Je
croyais...
Mme Blackburn: S'il y avait, de la part du gouvernement, un refus
de décentraliser les activités du Conseil permanent de la
jeunesse, est-ce que vous lui accorderiez quand même votre appui?
Mme Vallée: Je ne croirais pas. On ne peut pas croire
à l'efficacité d'une telle structure si elle n'est pas vraiment
branchée sur le milieu, je le répète.
Mme Blackburn: Vous avez également abordé, sur une
toute autre question - je dois dire que j'y allais un peu par priorité
en me disant que je n'aurais pas le temps de tout couvrir - vous avez
abordé, dis-je, dans votre préambule, la
représentativité et l'accessibilité. Dans la
représentativité, vous parlez de la diversité des
âges, des sexes, des champs d'action et des régions. À
propos des régions, vous avez donné assez de détails.
Hier, il y a un organisme qui nous suggérait que, dans la loi, on
indique qu'il devait y avoir parité entre les hommes et les femmes au
sein du conseil. Vous qui êtes deux femmes, comment réagissez-vous
à une proposition comme cela?
Mme Vallée: Je pense qu'on ne peut pas être contre
la vertu!
Mme Blackburn: Est-ce que vous verriez qu'on inscrive cela dans
un projet de loi? Je trouvais que cela se défendait de la façon
dont c'était présenté. On disait: Sans penser qu'on doive
introduire cela dans toutes les lois au Québec, il serait
intéressant qu'on l'inscrive dans une loi qui touche
précisément la jeunesse qui est prête, elle, à
revoir un peu les valeurs des aînés, heureusement. On disait
qu'une des façons de s'en assurer est peut-être de commencer
tranquillement en l'adoptant dans cette loi et peut-être que dans
cinquante ans, on considérera que c'est une loi complètement
archaïque. Ou encore, comme je le disais, il faudra peut-être la
modifier pour dire "au moins", parce qu'à un moment donné, il y
aura peut-être plus de femmes. Je trouvais intéressante
l'idée d'associer ce mouvement ou cette discrimination positive au fait
que c'est un organisme jeunesse qui s'y prêtait mieux et qu'on devait
aider à développer de nouveaux modèles. (16 h 15)
Mme Vallée: Effectivement. Mais c'est un peu ce qu'on
sous-entend quand on parle d'équilibre des sexes, des âges
différents secteurs et qu'on suggère même de
compléter par d'autres membres éventuels, Pour nous, le fait
qu'il y ait un équilibre égal homme-femme... Je n'irai
peut-être pas aussi loin que Mme Bleau en disant plus de femmes, mais ce
serait au moins à parts égales, disons.
Mme Blackburn: Et vous verriez que ce soit inscrit dans la
loi.
Mme Vallée: Oui.
Mme Blackburn: Pour ce qui est des jeunes, une autre
préoccupation a été soulevée ici à plusieurs
reprises: c'est la difficulté qu'éprouverait un jeune de quinze
ou seize ans à passer à travers toute cette démarche pour
lui permettre éventuellement d'avoir accès au conseil permanent.
D'abord, il faut qu'il trouve les trois organismes incorporés qui
pourraient appuyer sa candidature. On sait que, généralement,
dans son école, il ne les trouvera pas. Deuxième chose, une fois
qu'il aura passé cette étape, il faut qu'il sache défendre
suffisamment sa place pour être nommé parmi les 40. Une fois rendu
aux 40 qui recommandent les 11, il s'agit d'être capable de se
défendre pour se retrouver parmi les 7 personnes qui pourraient
éventuellement siéger au conseil.
Certains groupes recommandaient qu'on définisse d'avance des
postes à être occupés par - je ne me le rappelle pas bien,
mais je pense qu'ils disaient - les 15 à 24 ans et les 24 à 30
ans. Je pense qu'ils séparaient cela à peu près ainsi. Il
faudrait peut-être s'assurer, dans la loi, par le biais d'un paragraphe,
que ces jeunes auront au moins des chances égales.
Mme Vallée: Effectivement, c'est difficile pour un jeune
de quinze ou seize ans de prendre autant de place quand la
société qui l'entoure ne lui en donne pas ptus qu'il ne faut et
qu'il a à se battre presque quotidiennement pour la prendre. Par
ailleurs, en fonctionnant sur une base régionale, je pense qu'il serait
beaucoup plus facile, par l'implication des organismes communautaires du milieu
et des organismes de jeunesse, d'encourager un jeune à faire sa place.
Je pense que ce serait extrêmement important de le faire. On a beau
revendiquer une place au sens large, mais je pense qu'il faut nous
responsabiliser, chacun dans nos organismes, pour appuyer ces jeunes et leur
permettre de
faire ce type d'expérience. Il ne faut pas se leurrer, ce ne sont
pas tous les jeunes de quinze ans qui seraient è même de le faire.
Par contre, je pense qu'il y en a quand même passablement qui seraient
capables de faire toute la démarche en étant appuyés par
leur milieu. C'est possible de le réaliser. Je pense, entre autres, aux
maisons de jeunes qui sont dans chacune des régions. Elles pourraient
très facilement appuyer un jeune dans cette démarche.
Mme Blackburn: Vous faites référence, dans votre
mémoire, à la structure du Conseil du statut de la femme et vous
pariez des constituantes régionales autonomes. Pour le Conseil du statut
de la femme, je pense que, dans les régions, ce sont des
répondantes. Il n'y a pas de conseil régional du statut de la
femme. Est-ce que je me trompe?
Mme Vallée: II n'y a pas de conseil officiel, mais souvent
de petits comités formés à titre consultatif...
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Vallée: ...qui permettent un peu de prendre le pouls
des besoins des femmes dans chacune des régions. C'est une structure
informelle par rapport à ce qu'on recommande comme conseil permanent
régional.
Mme Blackburn: Bien. On me dit que le temps est
écoulé. J'aurais eu encore de nombreuses questions. Je voudrais
vous dire et vous réaffirmer que, pour nous, pour ma formation
politique, il n'a jamais été question que l'on puisse
considérer les intervenants, à cette commission parlementaire,
comme étant de faux interlocuteurs. On me parle d'un article de presse.
J'ai ici le communiqué de presse qui a été émis par
le comité jeunesse du Parti québécois, et il n'y a aucune
référence de cette nature. Avec le consentement de cette
commission, je le déposerais. Comme les journalistes écrivent
beaucoup de choses, on peut penser qu'ils ont pu écrire cela
également.
Des voix: ...consentement.
Le Président (M. Messier): Un instant, s'il vous
plaît! À l'ordre! Il y a consentement pour le dépôt,
s'il vous plaît!
Mme Blackburn: De là à le prêter aux jeunes
du Parti québécois, je pense qu'il y a une marge. Je voudrais
juste vous dire que si j'avais cru une telle chose, je ne serais pas
allée, pour ma part, solliciter la participation des organismes jeunesse
à cette commission parlementaire. Je trouve qu'il est extrême-
ment important que vous soyiez là et que vous veniez parler en votre nom
et au nom des jeunes pour ne pas laisser un gouvernement, quel qu'il soit,
parler en votre nom. Je voudrais vous remercier de votre participation à
cette commission parlementaire et vous assurer que je vais voir à
rappeler les différentes recommandations contenues dans votre
mémoire au moment où on examinera le projet de loi. Je vous
remercie.
Le Président (M. Messier): À la suite de ce
débat, je vais permettre deux courtes répliques aux deux
députés qui ont été brutalisés verbalement,
le député de Louis-Hébert et le député de
Mille-Îles.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Mme Blackburn:
C'est à moi...
Le Président (M. Messier): Non, je crois que ce sont deux
députés du parti ministériel.
M. Doyon: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Excusez-moi, je veux me
rétracter, trois interventions. Il nous reste quelques minutes pour le
parti ministériel. Rapidement, s'il vous plaît!
M. Doyon: D'accord. Très rapidement, M. le
Président, avec votre bonne permission. Je ne voudrais pas impliquer nos
intervenants, et la députée de Chicoutimi a tenté fort
maladroitement de se dépêtrer d'un filet dans lequel elle
s'était emmêlée elle-même. Elle a dit â
plusieurs reprises que, selon le cas, quand les intervenants avaient des propos
qui étaient de nature à donner un appui fort, ferme ou
mitigé au projet de loi, elle croyait - elle l'a dit très
clairement et je ferai sortir la transcription de nos débats, il n'y a
pas de secret dans cela - qu'il y avait eu inspiration venant d'ailleurs et que
c'était la raison pour laquelle les propos étaient de cette
nature. Je vous signalerai, M. le Président, que nulle part vous ne
retrouverez que qui que ce soit - ni le ministre, ni mes colloques, ni
moi-même - a minimisé la valeur des propos émis par les
intervenants. Nous les avons considérés sur un pied
d'égalité et nous allons continuer de le faire.
Je voudrais tout simplement, en terminant, demander la permission de
lire entre guillemets, pour le Journal des débats, ce qui est dit
dans un article de journal, une dépêche de la Presse Canadienne
signée par M. Maurice Girard dans Le Soleil de ce matin, qui dit
- c'est la présidente du Comité national des jeunes
péquistes qui parle, Mme Courville - ce qui suit: "On investit 1 000 000
$ dans une structure dont
on n'a pas besoin, dit Mme Courville. Le gouvernement devrait
écouter les vrais porte-parole de la jeunesse plutôt que
d'écouter les faux." Alors, je demanderais la permission du
président et de cette commission pour déposer cette coupure de
presse.
Le Président (M. Messier): Est-ce qu'il y a consentement,
Mme la députée?
Mme Blackburn: Si vous me permettez de réapprendre au
député de Louis-Hébert à lire un
communiqué.
M. Doyon: M. le Président, vous avez demandé le
consentement. Est-ce qu'elle le donne ou non?
Le Président (M. Messier): Mme la députée,
est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt du document?
Mme Blackburn: Oui, avec un commentaire, M. le
Président.
M. Doyon: Pas de commentaire sur cela, M. le
Président.
Mme Blackburn: C'est vous qui présidez, vous me
l'accordez?
Le Président (M. Messier): Est-ce qu'il y a
consentement?
Mme Blackburn: Oui, j'ai accordé mon consentement.
Le Président (M. Messier): D'accord, il y a consentement
pour le dépôt. Cela veut dire qu'il y aura deux
dépôts de documents.
Mme Blackburn: Alors, pour inviter le député de
Louis-Hébert...
Le Président (M. Messier): Très, très court,
parce qu'on va...
Mme Blackburn: ...à réapprendre à lire
correctement, quand on parle de faux interlocuteurs, il s'agit du futur Conseil
permanent de la jeunesse. N'importe qui aurait lu cela.
Des voix: ...
Le Président (M. Messier): À l'ordre, s'il vous
plaît: Merci. Oui, j'avais autorisé le député de
Mille-Iles et le ministre du Revenu.
M. Bélisle: Merci beaucoup de votre présentation et
je maintiens que la facette originale que vous avez soulevée dans votre
rapport, je trouve cela fantastique.
Maintenant, Mme la députée de Chicoutimi, dans la
même veine, vous tricotez à l'envers et à l'endroit. Voici
les galées de ce matin. Je vous défie, je vous somme de
rétracter ce que vous avez dit. Je viens de consulter les galées
de la page R-1886, CI, page 1, de 11 h 30 à 11 h 45, à la page
R-1889, CI, page 2. Jamais je n'ai dit une telle chose. Suivez les
débats attentivement. Arrêtez de faire du "wishful thinking" et
d'essayer de mettre dans la tête des gens...
Mme Blackburn: M. le Président?
M. Béiisle: ...ce que vous essayez de leur faire dire.
Écoutez les jeunes.
Mme Blackburn: Voulez-vous me dire...
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Je vous somme de vous rétracter,
madame.
Le Président (M. Messier): M. le ministre du Revenu, s'il
vous plaît.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais dire à nos
invitées, Mme Guérin et Mme Vallée, que nous
apprécions vivement le témoignage que vous êtes venues
fournir à la commission. Évidemment, on peut difficilement
s'abstenir de faire des débats partisans à l'Assemblée
nationale. On est d'ailleurs élu pour cela. Le gouvernement est
là pour proposer des choses et l'Opposition, si elle est alerte, est
là pour être méfiante et pour faire ressortir les carences
des gestes que pose le gouvernement. Une Opposition qui ne ferait pas ce
travail serait condamnée, je pense, par l'opinion publique pour ne pas
s'acquitter de ses responsabilités. Quand voua venez nous
suggérer de décentraliser, comme vous le faites et de
façon très imaginative, vous nous formulez une suggestion
très concrète sur la façon d'y procéder. Je vous
dis que le gouvernement trouve cela intéressant et valable et a
l'intention d'y accorder une considération très sérieuse.
Je ne vous promets pas que nous amenderons le projet de loi
nécessairement pour traduire exactement la suggestion que vous faites.
Ce que je retiens, par contre, c'est que comme beaucoup d'autres groupes vous
êtes venus nous dire qu'il faudra décentraliser, qu'il faudra,
pour que le Conseil permanent de la jeunesse soit crédible, qu'il soit
représentatif, qu'il soit légitimé, qu'il s'appuie sur une
représentation des régions. En cela, nous nous rejoignons.
Quant à savoir si à la commission, ici, la consultation
est bidon ou pas, je pense que le seul moment où on aura la
réponse, c'est quand on verra le projet de loi qui en découlera.
Si on a tenu la commission parlementaire, c'est pour savoir ce que les
organismes jeunesse en pensaient.
Une voix: ...
M. Gratton: Si on me le permet, M. le Président, je dirais
tout simplement que, quel que soit le libellé éventuel du projet
de loi, on pourra juger de sa valeur seulement après l'avoir
rodé, après que le gouvernement aura procédé
à la formation du Conseil permanent de la jeunesse et après que
celui-ci aura rempli son rôle pendant un certain temps.
Quant à moi, je trouve l'Opposition très habile et je dis
à la députée de Chicoutimi... D'une part, le comité
jeunesse dit qu'il s'agit d'une consultation bidon; d'autre part, Mme la
députée de Chicoutimi se félicite d'avoir suscité
des représentations aussi sérieuses que la vôtre. Alors,
d'une façon ou d'une autre, an ne peut pas perdre, du côté
de l'Opposition. Soit que la consultation donne des résultats concrets,
auquel cas on pourra en prendre le crédit du côté de
l'Opposition, soit que cela ne nous donne pas grand-chose, auquel cas on pourra
dire qu'effectivement c'était une consultation bidon. J'ai
été assez longtemps dans l'Opposition, M. le Président,
pour savoir qu'on cherche toujours à avoir raison, quels que soient les
résultats. C'est pourquoi certains partis restent dans l'Opposition plus
longtemps que d'autres.
Mme Blackburn: Vous en savez quelque chose!
M. Gratton: J'en sais quelque chose, effectivement. J'ai
été dans l'Opposition plus longtemps qu'au pouvoir, dans ma
carrière, mais j'ai l'intention que cela change au cours des
années qui viennent.
Le Président (M. Messier): Oui, Mme Vallée.
Mme Vallée: Ma toute dernière intervention sera
très courte. Je vous remercie d'avoir dit ce que vous venez de dire par
rapport au fait que c'était un mémoire intéressant, que
c'était intéressant aussi que des jeunes viennent dire ce qu'ils
avaient à dire. Personnellement, je pense que si on avait cru qu'il
s'agissait d'une commission bidon on ne serait pas ici. Comme l'a
souligné Mme Blackburn, il fallait avoir les moyens de venir, tout de
même, à Québec, pour revendiquer des choses. Cela ne posait
pas de problèmes pour notre région parce que le CLSC était
directement impliqué. Ce n'est pas le cas pour l'ensemble des
régions. Je trouve un peu dommage -même si je suis quand
même très contente de l'échange qu'on a pu avoir
aujourd'hui -que des minutes soient consacrées à ce débat
un peu sur notre dos. J'aurais aimé explorer davantage certaines
recommandations avec vous et les éclaircir. Je vous avoue bien
humblement que je ne suis pas venue de Saint-Eustache, aujourd'hui - et c'est
la même chose pour Chantal Guérin qui est à
côté de moi - pour vous entendre délibérer sur des
choses parues dans les journaux aujourd'hui. Je pense que, comme moi, les
jeunes du Québec n'ont que faire de ce genre de choses, je pense que ce
qui est important, c'est d'être écouté et d'explorer
jusqu'au bout les recommandations qu'on a pu faire, même si on n'entend
pas... On n'exige pas non plus que le conseil permanent ressemble à
notre mémoire, tout comme le groupe d'à côté
pourrait l'exiger. Je pense que ce ne serait pas réaliste. Par ailleurs,
j'espère bien que le gouvernement va prendre bonne note. Enfin, c'est
seulement quand il y aura création ou non du conseil permanent qu'on
verra si on a été écouté. Merci.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup. En mon nom et
au nom du gouvernement...
Mme Blackburn: Nous désirons faire amende honorable.
Le Président (M. Messier): Faire amende honorable, oui ou
non? Pour l'Opposition seulement?
Mme Blackburn: Je dois faire mes excuses au député
de Mille-Îles. Effectivement, j'ai fait erreur sur la personne. Il
s'agissait du député de Rousseau, M. Thérien, dont je
rappelle les propos de ce matin.
Le Président (M. Messier): Très court, madame.
Mme Blackburn: Oui, très court. Il salue les personnes et
dit: "Je dois d'abord vous signaler que votre préambule - il parle
à la Jeune Chambre de commerce de Montréal - qui anime votre
document fait partie intégrante du préambule qui a animé
la Commission jeunesse du Parti libéral à la fondation du Conseil
permanent de la jeunesse. On y retrouve une dynamique qu'on appuie sans
réserve, comme vous allez le constater." Alors, vraiment, ce
n'était pas un propos... Je m'excuse cependant, j'ai fait erreur sur la
personne.
Le Président (M. Messier): Parfait. Alors, en mon nom et
au nom du gouvernement, j'aimerais remercier le Regroupement d'organismes de la
MRC de Deux-Montagnes et je vous souhaite un bon voyage de retour. Merci
beaucoup. On suspend les débats pour deux minutes pour permettre au
Collectif de jeunes provenant de divers organismes du secteur des loisirs, de
se présenter en avant, s'il vous plaît!
(Suspension de la séance à 16 h 30)
(Reprise à 16 h 34)
Le Président (M. Messier): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Louis-Hébert. Nous allons
reprendre la séance de consultation générale sur le projet
de loi 104. Nous avons en face de nous le Collectif de jeunes provenant de
divers organismes -secteur loisirs. Bienvenue à cette commission
parlementaire. Vous avez vingt minutes pour exposer votre allocution; ensuite,
il y a vingt minutes du côté ministériel et vingt minutes
du côté de l'Opposition pour vous questionner. Je vous demanderais
de vous présenter, puis nous commencerons.
Collectif de jeunes provenant de divers organismes du
secteur des loisirs
Mme Bossé (Linda): Bonjour. Avant d'entrer dans le vif du
sujet et avant même de nous présenter, j'aimerais qu'on
présente aussi nos organismes.
Le Président (M. Messier): Avec le plus grand plaisir,
madame.
Mme Bossé: Le collectif en loisirs, c'est une dizaine de
jeunes issus de différents organismes du secteur des loisirs tels que
l'Organisation pour le tourisme étudiant au Québec, dont le
principal slogan est "Les voyages forment la jeunesse", qui travaille
principalement à sensibiliser les jeunes à une nouvelle forme de
voyage. C'est Environnement jeunesse, qui est un organisme d'éducation
à l'environnement qui offre des services d'animation et de formation
à des jeunes venant de divers milieux, dont M. Jean-Claude Lavergne est
le directeur général. C'est le Mouvement québécois
des chantiers qui travaille à la formation des jeunes
décrocheurs, assistés sociaux, chômeurs, étudiants,
itinérants, etc., par la réalisation de travaux manuels et
d'activités de loisir, dont je suis la présidente, Linda
Bossé.
Ces trois organismes à eux seuls traduisent bien notre conception
de ce qu'est le loisir, c'est-à-dire un loisir socio-éducatif.
C'est pourquoi nous nous préoccupons globalement des besoins des jeunes
et c'est avec intérêt que nous considérons les aspects
sociaux, éducatifs, culturels ou économiques qui les concernent,
étant donné notre intervention auprès des jeunes
touchés par l'ensemble de ces problématiques. C'est pourquoi il
était aussi important pour nous de se pencher sur le projet de loi 104,
que nous avons d'ailleurs étudié avec le plus grand
intérêt.
Le Président (M. Messier): Avant de commencer, M.
Lavergne, je demanderais le consentement de cette noble Assemblée pour
permettre à Mme Vermette d'intervenir tout à l'heure, en
remplacement de M. Godin. Est-ce qu'il y a consentement du côté
ministériel?
Une voix: ...
Le Président (M. Messier): ...de bonne foi. Merci. On vous
écoute.
M. Lavergne (Jean-Claude): Avant de discuter le principe
même du Conseil permanent de la jeunesse, il serait important pour nous
de situer le contexte général du mouvement jeunesse au
Québec. Pour nous, le mouvement jeunesse, c'est un mouvement qui a une
forme d'organisation assez particulière. C'est un mouvement
polycéphale qui est multiforme, qui comprend une multitude de groupes de
tout acabit qui interviennent dans différents secteurs dans les
différentes régions du Québec et qui sont rarement
regroupés. Il existe un certain nombre de tables de concertation, la
plupart institutionnelles d'autres communautaires, donc des tables de
concertation comprenant des jeunes issus du milieu. Il y a des tables qui sont
sectorielles, d'autres multi-sectorielles et, dans tout cela, un certain nombre
de fédérations nationales, généralement
sectorielles: le Regroupement des maisons de jeunes, Environnement jeunesse et
d'autres groupes qui existent. On se rappelle que tout à fait
dernièrement, il restait encore trois associations étudiantes
nationales au Québec qui partageaient des points de vue
différents. Pour un autre exemple en ce qui concerne la
problématique de l'emploi, qu'on pense aux affinités qui peuvent
exister entre le regroupement autonome des jeunes et les jeunes chambres de
commerce.
Il existe donc plusieurs organismes aux opinions divergentes, aux
intérêts divergents et intervenant sur des problématiques
distinctes.
Tout cela résulte, pour nous, d'une absence de concertation
efficace entre ces intervenants. Il y a une forme d'incapacité à
créer des fronts communs et il y a certainement un éparpillement
des différents leaders de ces réseaux. Or, arrive l'idée
du Conseil permanent de la jeunesse. Cette idée ne provient pas des
organismes du milieu - il est important de le souligner encore une fois - elle
provient d'une commission jeunesse d'un parti politique, en l'occurrence le
Parti libéral. Elle a été appuyée par la suite par
un appareil gouvernemental, par la Commission des droits de la personne, qui
avait considéré comme intéressante l'idée de
permettre aux jeunes de s'exprimer.
À ce moment-là, étant impliqués dans le
milieu à différents niveaux, principalement au niveau provincial
québécois, on a analysé l'idée. Certaines
appréhensions ou réserves nous sont apparues. La première
appréhension
dont on ne discutera pas longtemps aujourd'hui, car noua avons
été rassurés et nous comptons l'être encore,
concerne le financement du conseil. Pour nous, il est important que, dans le
contexte où l'on parle de diminuer le nombre de conseils - tout à
coup on arrive et on veut en créer un nouveau, le Conseil permanent de
la jeunesse > ce conseil puisse posséder les ressources
financières nécessaires à son bon fonctionnement. On nous
a dit que le conseil aura un budget important. Donc, cela ne nous semble plus
être une des questions prioritaires.
Notre principale appréhension est la suivante. On s'est
demandé: Pourquoi créer un Conseil permanent de la jeunesse?
Est-ce pour donner une voix aux jeunes? Or, nous trouvons louable la
volonté de donner une voix aux jeunes, mais ce n'est pas, à notre
avis, en créant le Conseil permanent de la jeunesse, avec 11 jeunes
choisis par 40 jeunes très sélects nommés par le
gouvernement, que ceux-ci réussiront à représenter ou
à parler au nom de l'ensemble des jeunes Québécois. Pour
nous, les seuls habilités à parler au nom des jeunes sont ceux
qui se regroupent et s'organisent, les groupes de jeunes qui existent et qui se
structurent à l'échelle provinciale, sur les différentes
problématiques et aux opinions divergentes. Ce sont les seuls
habilités à parler en leur propre nom.
C'est pourquoi il ne faudra en aucun temps que le conseil permanent se
sente ou agisse comme représentant ou porte-parole des jeunes
Québécois. Il est important de situer comment nous voyons le
rôle des différents intervenants, les groupes de jeunes,
l'État et le conseil dans l'ensemble de la problématique
jeunesse. Pour nous, les groupes de jeunes connaissent les besoins
identifiés par le milieu. Ils prennent l'initiative d'offrir certains
services et s'intéressent à différentes
problématiques. Ils sont les seuls, encore une fois, habilités
à parler pour leurs membres. Ils doivent être consultés,
soutenus et surtout financés.
De son côté, l'État a le double rôle
d'intervenant direct auprès des jeunes par ses programmes et politiques
et d'"octroyeur" de subsides aux groupes du milieu. En ce sens, l'État
doit soutenir financièrement les groupes de jeunes ainsi que leurs
mécanismes de concertation, mais sans prétendre les organiser ou
espérer les contrôler par le biais du financement. Par ailleurs,
il importe que dans son deuxième rôle l'État concerte ses
différentes interventions afin que les différentes politiques et
différents programmes des divers ministères puissent être
réellement complémentaires. Nous croyons qu'un tel rôle
pourrait être dévolu au Secrétariat à la jeunesse
s'il relève d'un ministre fort ou d'une ministre forte qui puisse avoir
un poids politique au secrétariat de façon à asseoir les
hauts fonctionnaires des différents ministères à une
même table et de concerter les interventions.
Pour ce qui est du Conseil permanent de la jeunesse, en aucun cas le
conseil ne devra servir de paravent au gouvernement face aux attentes et
revendications maintes fois formulées par les jeunes. Il ne devra pas
non plus servir à légitimer les politiques gouvernementales. Pour
nous, le conseil doit être un lieu privilégié de
réflexion, d'études et d'échanges, propre à aborder
la problématique jeunesse dans toute sa complexité et sa
globalité. Ce doit être un lieu de réflexion. Ce doit
être un outil permettant l'animation de débats sur des solutions
ou des mesures susceptibles d'améliorer la situation
générale des jeunes. Ce doit être aussi un outil permettant
de construire, de proposer et aussi, éventuellement,
d'expérimenter de nouvelles solutions aux problèmes vécus
par les jeunes. Ce doit être un canal privilégié, mais non
exclusif, par lequel les groupes de jeunes pourront avoir accès à
l'appareil gouvernemental. Le conseil doit aussi avoir un rôle de
critique des politiques et programmes gouvernementaux s'adressant aux
jeunes.
Dans ce tableau des intervenants jeunesse, il y a évidemment le
ministre responsable du conseil permanent qui, pour nous, doit avoir aussi la
responsabilité du Secrétariat à la jeunesse, de l'ensemble
du dossier jeunesse et de la concertation interministérielle des
politiques et programmes concernant les jeunes. Cela nous semble très
important, face à l'expérience passée, que ce ministre
puisse être disponible et qu'il ait le poids nécessaire à
l'accomplissement de sa tâche.
En ce qui concerne le projet de loi 104, on va maintenant vous
présenter les principales modifications que nous aimerions voir apporter
à celui-ci et ceci, dans le but de créer un conseil plus
crédible, plus autonome et plus efficace.
Mme Bossé: Je vous épargnerai cependant la lecture
de ces recommandations puisque vous connaissez sans doute aussi bien que moi le
projet de loi 104 et que vous avez sans doute aussi lu notre mémoire.
J'aimerais tout de même soulever les points qui nous apparaissent les
plus importants.
Concernant les articles 3, 4 et 6 relatifs aux nominations et vacances,
dans le but de faire assumer un leadership encore plus visible au conseil et
dans un but aussi de crédibilité, il serait important que toutes
les nominations à la présidence, à la
vice-présidence ou en cas de vacance soient faites à
l'intérieur même des membres du conseil permanent.
Concernant les articles 16, 19 et 20 relatifs à la nomination des
membres du
collège électoral, nous tenons à mentionner que,
d'une façon générale, la formule du collège
électoral nous semble intéressante, d'autant plus aussi que c'est
un précédent. Mais ce qu'on voudrait ajouter pour assurer que les
jeunes qui seront présents et au collège électoral et au
conseil permanent aient une vision la plus large possible quant aux
problématiques concernant la jeunesse, ce que nous proposons, c'est que
les candidats reçoivent un appui des quatre organismes venant des quatre
secteurs différents.
Ensuite, concernant l'article 26 relatif aux pouvoirs du conseil, dans
le but d'assurer une plus grande pertinence du conseil, nous recommandons
d'ajouter un cinquième pouvoir au conseil, sur le modèle du
Conseil supérieur de l'éducation, visant à s'assurer que
le conseil émettra des avis sur tes lois ou règlements portant
sur la jeunesse que le gouvernement sera tenu de lui soumettre. De plus, nous
recommandons d'inclure un sixième pouvoir afin d'assurer au conseil
l'accès è toute l'information gouvernementale.
Concernant l'article 29 relatif à la création de
comités spéciaux, afin d'assurer l'autonomie et le leadership du
conseil quant è la priorisation de ses dossiers et è
l'organisation de ses travaux, nous recommandons de laisser l'initiative au
conseil plutôt qu'au ministre pour la formation des comités.
Voilà donc un bref résumé de notre mémoire.
En bref, nos recommandations visent d'abord à rendre le conseil plus
autonome. Nous considérons la formation de ce conseil comme un outil
supplémentaire pour la jeunesse qui vaut la peine d'être
créé. Nous pouvons maintenant discuter, si vous le
désirez.
Le Président (M. Messier): Je vais demander au ministre du
Revenu et leader parlementaire de participer avec vous à cette
discussion.
M. Gratton: Je voudrais remercier les représentants du
collectif de jeunes du secteur loisirs de la présentation de leur
mémoire qui est extrêmement bien articulé et qui, dans
plusieurs sinon toutes ses facettes et ses recommandations, vient fournir des
suggestions très concrètes qui, si elles étaient retenues,
pourraient lever plusieurs des inquiétudes qui ont été
formulées par d'autres organismes avant vous et que vous partagez,
évidemment.
Il n'y a pas de doute que, dans toutes les représentations que
nous avons reçues jusqu'à maintenant, il y a un trait commun qui
se détache. De façon générale, on croit au principe
et au bien-fondé de la création du Conseil permanent de la
jeunesse, mais on veut surtout s'assurer que ce Conseil permanent de la
jeunesse ne soit pas un apanage ou ne devienne pas - vous le dites
vous-même textuellement - le canal exclusif par lequel la jeunesse puisse
s'exprimer. Je vous prie de croire que telle n'est pas l'intention du
gouvernement. Mais il en dépendra surtout de ces jeunes qui formeront le
Conseil permanent de la jeunesse de l'assurer.
Évidemment, à titre de législateurs, noua pouvons
faire en sorte que le texte de loi délimite le plus possible comment on
peut atteindre cet objectif. Or, quel que soit le texte de loi que nous
adopterons, au bout de la démarche, c'est surtout ce que les membres du
Conseil permanent de la jeunesse voudront bien en faire qui comptera. Vous
parlez - je le répète, vous faites des recommandations
très pertinentes - des façons de lever certaines des
inquiétudes; elles feront sûrement l'objet d'une
considération très sérieuse de la part du gouvernement,
puisqu'on est là pour cela, en commission parlementaire, pour entendre
ces représentations et leur accorder cette considération.
J'ai un certain nombre de questions. Notamment, vous mentionnez la
nécessité que le ministre responsable de l'application de la loi
soit un ministre fort et disponible. Est-ce que, selon vous, le premier
ministre pourrait être ce ministre assez fort, mais peut-être pas
assez disponible, ou vice versa?
Mme Bossé: En fait, ce qu'on ne voudrait surtout pas -
cela peut peut-être répondre à votre question - ce sont un
peu les expériences qu'on a vécues antérieurement,
c'est-à-dire que la jeunesse se ramasse - excusez l'expression - avec un
"back-bencher" au Conseil des ministres qui n'a à peu près pas de
pouvoir. C'est ce qu'on ne voudrait pas qu'il arrive, justement, dans tes
prochaines années.
M. Lavergne: Juste pour se situer. Au Québec, M.
Lévesque était responsable du dossier jeunesse. Par contre, vu sa
tâche, il n'avait pas la disponibilité nécessaire à
la plus grande écoute. Au fédéral, c'est le cas contraire,
on se retrouve avec un ministre n'ayant peut-être pas le poids du poste,
mais qui est très disponible. En ce sens, pour nous, il y a vraiment un
choix à faire concernant les candidatures et les gens ministrables.
Idéalement, ce serait intéressant qu'une personne suive
exclusivement ce dossier en ayant le prestige et la compétence pour
convaincre ses autres collègues du conseil de l'importance de son
dossier.
M. Gratton: Par exemple, est-ce que la formule d'un ministre
délégué qui fait en sorte que la responsabilité
première appartient au premier ministre puisqu'on sait qu'un ministre
délégué à la jeunesse ou, par
exemple, le ministre délégué à la
Réforme électorale que je suis... Le Secrétariat à
la réforme électorale, un peu comme le Secrétariat
à la jeunesse, relève du Conseil exécutif, donc, il est
sous l'autorité directe du premier ministre, mais il est
également la responsabilité ou la préoccupation
première d'un ministre délégué. Est-ce que cette
formule pourrait possiblement rejoindre [es deux critères de force et de
disponibilité dont vous parlez?
M. Lavergne: Ce n'est pas vraiment à moi de me mettre
à évaluer les membres de la Législature qui seraient
potentiellement les plus intéressants. Idéalement, ce qu'on
aimerait, ce serait qu'un ministre soit là à temps plein comme
ministre responsable. Un ministre délégué ou un ministre
senior ayant ce mandat ou relevant du cabinet du Conseil exécutif, cela
peut être intéressant pour nous, mais ce n'est pas l'idéal.
Pour nous, vraiment, en fin de compte, il faudrait un individu ayant le
charisme pour combler ce poste.
M. Gratton: On vient de me souffler une suggestion, que je ne
fais pas mienne, de vous demander: Si c'était moi, qu'en
penseriez-vous?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gratton: De peur que vous ne répondiez dans un sens ou
dans l'autre, je ne vous pose pas la question. Vous nous dites, entre autres
choses... Je m'excuse!
Une voix: Ce serait pas mal fort!
M. Gratton: Peut-être devrions-nous reprendre les
éléments un à un. Selon moi, au gouvernement, on peut y
souscrire à la lettre. À la page 8 de votre mémoire, vous
dites: "Le Conseil permanent de la jeunesse ne doit pas servir de paravent au
gouvernement face aux attentes et revendications maintes fois formulées
par les jeunes, ni servir à légitimer les politiques
gouvernementales. Le conseil doit être un lieu privilégié
de réflexion, d'études et d'échanges, propre à
aborder la problématique jeunesse dans toute sa complexité et sa
globalité." Nous partageons ce point de vue. "Le conseil doit être
un outil permettant l'animation de débats sur des solutions ou mesures
susceptibles d'améliorer la situation générale des
jeunes." C'est la raison même de la création du conseil. "Le
conseil doit être un outil permettant de construire, de proposer et
éventuellement d'expérimenter de nouvelles solutions aux
problèmes vécus par les jeunes. Le conseil doit être un
canal privilégié (mais non exclusif) par lequel les groupes de
jeunes pourront avoir accès à l'appareil gouvernemental. À
cet effet, nous concevons le conseil comme le moteur politique des
consultations à effectuer auprès du milieu jeunesse. Le conseil
doit avoir un rôle de critique des politiques et programmes
gouvernementaux s'adressant aux jeunes."
Évidemment, tout cela sous-tend que ces gens qui sont membres du
conseil permanent entretiennent des contacts réguliers,
privilégiés et directs avec la jeunesse. Vous qui avez
réfléchi de façon très sérieuse à
tout cela, comment entrevoyez-vous ces contacts? Comment les assurer? Vous avez
entendu le groupe qui vous a précédés nous suggérer
une façon très précise d'aborder le sujet. Comment
voyez-vous cela de votre côté?
M. Lavergne: Tout d'abord, c'est au niveau des individus qui vont
y siéqer. C'est dans ce sens qu'on a apporté un amendement, une
proposition, pour que les individus soient reconnus, si on veut,
référés et appuyés par au moins quatre organismes
comprenant quatre secteurs d'activité distincts. Pour nous, c'est
important que ces gens puissent avoir des connaissances et des relations dans
les différents milieux. Cela est un premier élément.
Quant au deuxième élément, je crois qu'il sera
très utile aux membres du futur conseil de poursuivre les liens
amorcés avec les membres du collège électoral, ce qui
devrait être des antennes privilégiées.
Pour le troisième élément, je crois qu'il ne faudra
pas avoir peur d'aller chercher les ressources et les expertises là
où elles se trouvent, donc de passer par les différents
intervenants et les différents organismes du milieu. C'est en ce sens
que, quand je dis que je veux que le conseil soit le plus autonome possible en
ce qui concerne la création de comités de travail, c'est parce
que je crois que les gens du conseil auront avantage à remplir ces
comités de travail du plus grand nombre possible d'intervenants
spécialisés dans des problématiques particulières,
qui ont une expertise, qui ont un vécu, qui ont déjà un
cheminement et qui sont vraiment reliés à la dynamique du
terrain, à ce que vivent les jeunes. Je ne vois pas la pertinence,
à ce moment-ci de l'évolution du mouvement jeunesse au
Québec, de vouloir créer une super structure - parce que c'est de
cela qu'on parle - avec des conseils régionaux et des conseils locaux,
ce qui reviendrait finalement à quelque chose qui ressemblerait au
modèle du Conseil de la jeunesse d'expression française qui
existe en Belgique. Je ne crois pas qu'ici les groupes et le milieu soient
assez structurés pour pouvoir, dans un temps relativement court, en
arriver à mettre sur pied une telle dynamique. Je pense que cela est
plus intéressant, dans un premier temps, en ce
qui me concerne... Ce n'est pas le rôle des élus, des
adultes, ou de l'État d'organiser le milieu jeunesse. L'État
devrait par contre soutenir les demandes qui lui sont faites au niveau de la
concertation entre les organismes. C'est par le biais de cette concertation que
petit à petit, par affinité de fonctionnement, par
affinité de secteur, par affinité de problématique et par
affinité idéologique, les différents intervenants du
milieu vont réussir è se structurer et à se doter d'une
coalition ou d'un regroupement permanent qui sera propre à exprimer leur
volonté. En ce qui me concerne, on ne doit pas s'enligner pour
créer un conseil permanent avec une structure de représentation
régionale.
M. Gratton: Si cela peut vous rassurer, je partage
entièrement votre point de vue. Je disais hier, d'ailleurs, que la
création du Conseil permanent de la jeunesse n'est pas la
création d'un conseil national ou d'une fédération
nationale des jeunes du Québec. Dans la mesure où ce n'est pas
l'objectif du projet de loi, évidemment, cela impose qu'on se retrouve
avec un conseil qui ne sera pas parfait sur le plan de la
représentativité régionale selon les secteurs
d'activité, les classes ou les catégories d'âge.
Finalement, ce que le gouvernement recherche, c'est de se doter d'un outil qui
va lui permettre de vérifier si les politiques qu'il propose collent
à la réalité des jeunes et en même temps se faire
dire, par cet outil, quelles sont les priorités et quels sont les
besoins des jeunes.
Je voudrais bien qu'on puisse trouver une formule magique qui nous
permettrait d'avoir cette perfection à tous les niveaux. Je crois qu'il
est illusoire de penser qu'il y a une formule magique et c'est dans ce sens
qu'on doit faire appel à la confiance mutuelle. Le gouvernement se dit:
J'ai besoin d'un interlocuteur. Il y en a un très grand nombre dans le
décor qui sont très valables, qui sont très plausibles et
qui font un travail formidable. Ce n'est pas facile d'établir les
communications, c'est presque impossible. La preuve, c'est que si on ne parle
que du financement des organismes jeunesse, par exemple, Dieu sait qu'on n'a
pas trouvé de solution encore. Ce n'est pas simplement de dire que cela
prend un plus gros budget, je pense qu'il faut être plus articulé
que cela. (17 heures)
Donc, le gouvernement a besoin de se donner ce comité "aviseur"
et a choisi de procéder à la création du Conseil permanent
de la jeunesse. Ce que je voudrais savoir -et dites-le-nous franchement, on est
là pour cela - c'est si vous considérez que dans son
libellé actuel, avec, évidemment, des améliorations qu'on
s'est déjà engagé à faire et qui pourront
même nous être suggérées, car on a encore trois jours
de séances la semaine prochaine; il y a sûrement des suggestions
inédites qui nous seront communiquées la semaine prochaine...
Mais, dans les grandes lignes, selon vous, ce que propose le projet de loi 104
peut-il servir, peut-il être utile au gouvernement et, encore plus
important, aux jeunes dans l'élaboration des politiques
gouvernementales?
Mme Bossé: Je pense que c'est assez clair dans le
mémoire que, sur le principe, nous sommes d'accord avec la
création du Conseil permanent de la jeunesse. S'il y avait les
modifications dans le projet de loi que nous apportons en ce qui concerne,
entre autres, les articles, il resterait tout de même - en cela, ce ne
sera pas le conseil qui aura le contrôle - quelques réserves que
nous avons soulevées tout au long de notre mémoire. On ne
voudrait surtout pas que le collège électoral, par exemple, soit
d'égard envers un parti politique. La nomination des 40
délégués au collègue électoral va se faire
par le premier ministre. Déjà, en soi, le collèqe
électoral est intéressant. Il ne faudrait pas que les nominations
faites suscitent des luttes et qu'au sein du collège on retrouve
exclusivement des partis politiques. A ce moment-là, cela va être
des luttes de programmes électoraux, comme on a vu ici un peu tout
è l'heure, et il ne faudrait absolument pas que cela se passe ainsi au
Conseil permanent. C'est une réserve que nous avons et nous disons:
Attention, M. le premier ministre! C'est, d'ailleurs, une des raisons pour
lesquelles, dans notre mémoire, on ajoute qu'on souhaiterait que toutes
les mises en candidature présentées au cabinet du premier
ministre fassent l'objet d'une publication dans les journaux du
Québec.
M. Gratton: J'aurais le qoût de vous dire que vous ne
risquez pas... Évidemment, il y a toujours un risque, on ne peut
prédire l'avenir, mais si le passé est qarant de l'avenir, avec
le premier ministre que nous avons, vous ne risquez pas tellement qu'il
procède à des nominations partisanes. Je vous donne un exemple
d'une commission qu'il avait formée, la commission Cliche, dans
l'industrie de la construction, laquelle était présidée,
justement, par un ex-chef du NPD, le juge Cliche, et qui était
composée de deux autres commissaires, le député
péquiste actuel de Joliette, M. Chevrette, et l'actuel premier ministre
du Canada, M. Brian Mulroney. Parmi eux, on n'en retrouve pas un seul qui soit
libéral. Je dis cela parce que, effectivement, vous avez
complètement raison: S'il fallait que le gouvernement - et le premier
ministre, en premier chef -procède à des nominations de ce genre,
du genre partisan, ce serait torpiller le Conseil permanent de la jeunesse au
départ. Je vous prie de croire qu'on n'est pas à ce point
inconscient pour ne pas être très vigilant à
cet égard.
Vous disiez qu'il ne faudrait pas que ce soit exclusivement des
nominations partisanes. Seriez-vous plutôt enclins à nous dire
qu'il faudrait exclure toute... On a eu des représentations d'un groupe
disant qu'on devrait prévoir une participation des partis politiques ou
de représentants des partis politiques au sein du Conseil permanent de
la jeunesse. Je crois comprendre que vous êtes plutôt
réfractaires à cette idée et que vous souhaiteriez
même qu'on les exclue complètement.
Mme Bossé: Nous, de notre côté, on
considère que la seule partisanerie qui doive exister au Conseil
permanent de la jeunesse et au collège électoral, c'est une
partisanerie jeunesse. Si cela peut répondre à votre
question...
M. Gratton: Oui. Cela me satisfait. Je partage votre point de vue
là-dessus.
Mme Bossé: C'est une des raisons pour lesquelles - et je
le souligne - nous demandons dans notre mémoire que les noms des
candidatures soumises fassent l'objet d'une publication non seulement à
l'intérieur des procès-verbaux, mais dans les médias
d'information que nous connaissons au Québec.
M. Gratton: Je puis vous dire que cette suggestion
m'apparaît très valable et mérite qu'on la retienne. On
verra si la force ou l'influence du ministre y est pour quelque chose. Quant
à moi, je défendrai cette idée parce qu'on va devoir
s'assurer, dans un premier temps, que tout le processus soit publicisé,
soit connu parce qu'il y a énormément d'organismes qui viennent
nous rencontrer et on sent bien qu'il y a des organismes jeunesse qui sont
informés du projet de loi 104. Il y en a probablement autant, sinon
plus, qui ne le sont pas.
Donc, on devra s'assurer d'avoir les candidatures les plus valables
possible pour qu'on fasse cet exercice d'information au préalable, avant
les candidatures, et qu'ensuite on fasse le même exercice pour qu'elles
soient connues et, surtout, que les jeunes puissent juger de la valeur des
décisions ou des choix qu'aura faits le gouvernement.
Le Président (M. Marcil): Cela va, M. le ministre?
M. Gratton: Oui, je crois que je pourrai peut-être
revenir...
Le Président (M. Marcil): À la fin. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Mesdames et messieurs, bonjour. Je voudrais, au nom de ma formation
politique, vous souhaiter la bienvenue et vous dire que c'est avec beaucoup
d'intérêt que j'ai pris connaissance de votre mémoire. Je
suis devenue un peu plus prudente parce que, lorsque les mémoires sont
assez critiques à l'endroit du projet, je sens que cela provoque des
remous dont on a vu tout à l'heure les désagréments. Mais
je voudrais vous rassurer, normalement, les débats se déroulent
de façon assez sereine.
Vous faites un certain nombre de constatations majeures et, ici, des
deux côtés de la table, je pense qu'on le reconnaît; la
lecture que vous faites de la réalité jeunesse est relativement
juste quand vous soulignez les problèmes de chômage, d'aide
sociale, de prostitution, de délinquance, de marginalisation et
d'itinérance. Je pense que vous mettez le doigt sur les plus graves
problèmes de la jeunesse d'aujourd'hui et je dois dire qu'à mon
grand étonnement, à mesure que j'ai lu les mémoires qui
sont rentrés, on a fini par se donner une définition de la
jeunesse en termes de difficultés. Je trouve que cela nous en dit long
sur les difficultés de la jeunesse d'aujourd'hui parce que, par exemple,
on ne parle pas de la jeunesse à l'emploi. On a fini par se donner une
définition de la jeunesse qui associe jeunesse et dépendance
financière ou non-autonomie.
Par rapport à ce qu'on connaissait il y a une vingtaine
d'années, c'est vraiment ce que je qualifierais de virage majeur.
Pourtant, les jeunes qui sont actuellement à l'emploi éprouvent
aussi des difficultés parce que les emplois sont précaires. Ils
sont souvent mal payés, mal assurés, ils n'ont pas de
sécurité d'emploi, pas de permanence, mais il y a tellement
d'autres problèmes ailleurs que je dirais qu'on a fini par
définir la jeunesse par ses difficultés.
Vous faites un certain nombre de remarques sur la pertinence de
créer, à ce moment-ci, un conseil consultatif, sur le rôle
qu'il pourra éventuellement jouer. Je voudrais juste y revenir; j'ai
plusieurs questions de clarification d'une part et, en même temps,
peut-être, d'information. Vous vous êtes longuement attardés
sur les qualités que devra posséder éventuellement le
porte-parole du dossier au sein du Conseil des ministres en disant: II ne
faudra pas que ce soit un député d'arrière-ban. Je
comprends un peu ce que vous vouliez dire dans le fond, c'est quelqu'un qui n'a
pas suffisamment d'expérience en politique et au sein d'un Conseil des
ministres pour savoir comment tirer sa carte du jeu. Je suis obligée de
le reconnaître parce qu'on a déjà eu, au sein de mon parti,
des conversations assez intéressantes là-dessus en se disant
qu'effectivement la meilleure façon de reconnaître la
priorité qu'on accorde à ce
dossier, ce n'est pas de le laisser au premier ministre. Vous l'avez
bien signalé tout à l'heure et avec justesse. Au moment où
c'était M. Lévesque, ce n'était pas mieux non plus. Il est
vrai qu'il était très fort, sauf qu'il n'était pas
très disponible. Dans ce sens-la, je pense que vous avez tout à
fait raison. On se disait, comme vous, que la façon la plus sûre
de faire progresser ce dossier-là ou de signifier l'intérêt
qu'un gouvernement accorde au dossier jeunesse, c'est de le donner, à ce
que j'appelle un ministre senior qui connaît la "game" au sein du Conseil
des ministres. Vous me passerez l'expression.
On se disait également qu'une des façons de
reconnaître une priorité au dossier jeunesse, c'était aussi
de donner des budgets à ce ministre. Ce qui fait la force d'un ministre,
c'est son enveloppe budgétaire; cela lui permet d'infléchir des
décisions, d'orienter des actions. Un ministre sans portefeuille n'a pas
une grosse chance de faire évoluer les dossiers, même s'il est
assez fort au sein du Conseil des ministres. C'est dans ce sens que j'ai
compris votre intervention. Je voudrais seulement vérifier si j'ai bien
compris le sens de votre intervention.
Mme Bossé: Comme M. Lavergne l'a dit tout à
l'heure, je pense que ce n'est pas à nous de nommer le ministre ou de
dire la façon dont il va fonctionner. Ce dont je puis parler, c'est des
deux exemples que nous avons eus dans le passé: d'un côté,
un premier ministre qui est fort mais qui n'est pas disponible, et, de l'autre,
un ministre qui est délégué, qui n'a pas toute
l'expérience politique, qui arrive au Conseil des ministres et à
qui ont dit: Demain matin, voilà ton dossier. C'est ce qu'on ne voudrait
pas qu'il arrive. Nous pensons que les jeunes vivent tellement de
problèmes actuellement, que nous pourrions aller jusqu'à dire que
c'est l'avenir du Québec qui pourrait être en danger. Qui va payer
nos pensions à nous, s'il n'y a pas de jeunes qui travaillent, s'il n'y
a pas de jeunes qui s'en sortent économiquement? Donc, il faut
absolument que cela soit quelqu'un de fort et qui arrive à faire passer
ses priorités jeunesse au sein du Conseil des ministres.
M. Lavergne: J'aurais aimé compléter votre
première partie d'intervention. Ce n'est pas qu'on remette en question
l'opportunité de créer un conseil, on dit qu'il faut créer
un conseil le plus vite possible. C'est un outil qui nous semble valable, pour
autant qu'il n'ait pas pour objet de pointer un interlocuteur ou un
porte-parole de la jeunesse et qu'après, aussitôt qu'il aura
été créé, quand on voudra une réponse sur un
jeune ou un autre, on aille voir le président ou la présidente du
conseil pour lui demander ce que les jeunes pensent de telle chose et
qu'après la séance, la personne dise: Les jeunes pensent telle
chose. Nous ne voulons pas de cela. Nous voulons un conseil qui soit un outil
d'animation, un lieu de réflexion qui va lancer des débats, qui
va permettre aux groupes du milieu de prendre des choses qui ont
été mâchées et de réagir, et de dire: Cela a
du bon sens; cela, on pourrait le changer de telle façon: cela, on
pourrait l'améliorer. Ce serait vraiment un outil d'animation, un lieu
de réflexion. En ce sens, il n'y a pas d'antériorité
logique ou chronologique entre créer un conseil, un outil et
reconnaître et financer des groupes de jeunes. Cela devrait être
une des priorités, à l'heure actuelle, même si, comme
monsieur le disait tout à l'heure, c'est quelque chose qui est
compliqué. Ce n'est pas exclusivement une question de budget. C'est un
dossier trè9 complexe. Il serait intéressant et important que le
conseil se penche là-dessus en priorité. L'annonce d'une
consultation avait été faite en 1985 pour mettre sur pied une
politique de financement des qroupes de jeunes. Le secrétariat l'avait
annoncée par voie postale à l'ensemble des groupes de jeunes,
mais cette consultation n'a pas eu lieu. Il serait très important qu'on
relance au moins le dossier et qu'on fasse un débat plus ouvert et plus
large sur cette question. On ne remet pas en question la création du
conseil. Il faut faire l'un et l'autre.
Mme Bossé: J'ajouterai, Mme Blackburn, un
élément qui fait un petit peu le suivi. Vous avez parlé
tout à l'heure de priorités. On parlait de reconnaissance et de
financement des organismes et vous avez dits II est curieux de voir que les
jeunes qui viennent présenter des mémoires ici nous parlent de
chômeurs, d'assistés sociaux, etc., c'est-à-dire qu'on
compartimente la jeunesse. Je pense que c'est peut-être dû aux
politiques qu'il y a eu au Québec depuis le début des
années soixante-dix jusqu'à aujourd'hui. C'est une politique de
"patchage" de trous en ce qui a trait à la jeunesse, d'un gouvernement
à l'autre. Ce qui fait que c'est peut-être un peu pour cela que
les jeunes compartimentent. On parlait de priorités. Je pense qu'au
conseil permanent, pour une fois, des jeunes se pencheront sur des dossiers qui
les concernent. Si les gouvernements jusqu'à maintenant n'ont pas
été capables d'établir de priorités, nous
espérons que les jeunes qui travailleront aux dossiers qui les
concernent pourront en établir. (17 h 15)
Mme Blackburn: Je voudrais juste préciser - je suis
responsable, probablement, de la confusion - que je ne m'étonnais pas du
fait qu'on compartimente. Je soulignais simplement que toutes les questions
qu'on soulève à l'endroit des jeunes, on les soulève sous
forme de problèmes. Comprenez-vous?
On avait fini par définir la jeunesse en fonction de sa
dépendance, alors que je lisais qu'il y a 20 ans on l'aurait aussi
définie en fonction de sa scolarisation, de son intégration
sociale, de son chômage également, mais on aurait aussi
parlé des jeunes travailleurs. C'était le seul objet de ma
remarque. Je trouve triste qu'on en soit rendu là. C'est simplement
l'objet. Ce n'est pas l'idée que cela se compartimente. C'est même
l'une de mes principales préoccupations et elle a été
soulevée à quelques occasions ici, dans certains mémoires,
où on estime que la jeunesse commence à 12 ans et, dans d'autres,
qu'elle finit à 35 ans. Non seulement est-elle compartimentée,
mais elle est très étalée dans le temps et très
éclatée en matière de problèmes et de condition
sociale ou économique. C'est vraiment sous cet angle que je le
soulignais.
J'aimerais aborder tout de suite le volet de votre mémoire qui
touche aux recommandations. Dans votre première recommandation
concernant les articles 3, A et 6, vous dites, en parlant de la nomination du
président: "Après avoir sollicité l'avis du conseil, le
ministre nomme un président parmi les membres du conseil." Je voulais
être un peu au clair sur ce que vous recherchez par là. Cela
veut-il dire, selon vous, que cette formulation vous assure que le ministre
choisit la personne...
Mme Bossé: Je m'excuse, Mme Blackburn. "Après avoir
sollicité l'avis du conseil", c'est ce qui existe actuellement dans le
projet de loi. Nous recommandons la fusion des articles 3 et 4, qui se liraient
comme suit: "Le président et les deux vice-présidents sont
nommés par les membres du conseil parmi eux", ce qui est très
différent.
Mme Blackburn: "Lorsque survient une vacance de mandat parmi les
membres du conseil, ce dernier désigne un remplaçant pour la
durée non écoulée du mandat. Le ministre entérine
la proposition et effectue la nomination." Certains nous disaient que, s'il
devait y avoir une vacance, on devrait la combler à même le bassin
que constitue le collège électoral.
Mme Bossé: C'est un peu ce que cette proposition dit.
Actuellement, dans le projet de loi 104, on dit que le ministre nomme en cas de
vacance. Nous, on dit que c'est au sein du conseil, et pourquoi pas au sein du
collège électoral, le bassin qui est là, qu'il y a
nomination. Pour qu'il y ait entérinement, le conseil devra
désigner la personne.
Mme Blackburn: Sur vos recommandations...
M. Lavergne: Excusez-moi.
Mme Blackburn: Oui?
M. Lavergne: Je voudrais souligner ceci relativement aux
intervenants qui ont suggéré de "prioriser" quelqu'un au
collège électoral. C'est très intéressant, mais ce
ne devrait pas nécessairement être un prérequis ou une
obligation de puiser à même ce bassin, car s'il n'y avait personne
d'intéressé ou de disponible, qu'est-ce qu'on ferait?
Mme Blackburn: D'accord.
M. Lavergne: Donc, je ne le dirai pas dans la loi comme telle, je
laisserais plutôt cela à la discrétion du conseil.
Mme Blackburn: Certains organismes ont prétendu que le
mode de sollicitation d'appuis à leur candidature pouvait constituer des
barrières réelles pour les jeunes de 15, 16 ou 17 ans, car les
organismes doivent d'abord être incorporés en vertu de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies. Dans les écoles,
on en trouve peu. Les jeunes auraient de la difficulté à faire
valoir leur candidature. Pour certains organismes, c'était une
barrière réelle et ils en concluaient qu'il y avait peu de chance
qu'on retrouve des jeunes de moins de 18 ans au sein des conseils.
Vous semblez, à l'inverse, renforcer le modèle en disant
qu'il faudrait, si je me rappelle, quatre appuis d'organismes...
Mme Bossé: Quatre secteurs différents. Pour ce qui
est des écoles secondaires, par expérience, pour avoir aussi
été dans le milieu scolaire, je sais que certaines écoles
secondaires sont enregistrées selon la troisième partie de la Loi
sur les compagnies...
Mme Blackburn: Incorporées.
Mme Bossé: ...par le fait qu'elles appartiennent à
la Jeunesse étudiante chrétienne. Dans les collèges, je
sais aussi que la plupart des associations étudiantes sont
incorporées selon la troisième partie de la loi.
La raison principale qui fait qu'on propose les quatre secteurs est
qu'il faut bien voir qu'à ce conseil, étant donné
l'ampleur des problèmes qui existent pour la jeunesse, à notre
avis, les jeunes qui seront là connaissent assez bien l'ensemble des
problèmes pour ne pas arriver au conseil et défendre
exclusivement leurs petits dossiers à eux. Quand je dis "leurs petits
dossiers", pour l'organisme, cela peut être très important, mais
au niveau provincial ou régional... Venant moi-même d'une
région, je sais que généralement on va défendre des
dossiers bien précis. Je viens du domaine du loisir, mais je sais
très bien qu'actuellement, pour
la jeunesse, la priorité n'est pas le loisir. C'est l'emploi.
C'est pour cela qu'il faudrait avoir une vision la plus large possible de toute
la problématique jeunesse.
Jean-Claude, est-ce que tu as quelque chose à ajouter?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Bossé: Tu voulais une...
M. Lavergne: Peut-être juste un petit
élément. Dans le même sens que Linda, l'important, c'est
que les gens... On parle, en fin de compte, de 40 jeunes et il y a 600
organismes de jeunes au Québec. Pour moi, dire que la candidature d'un
jeune soit considérée comme valable et qu'il ait l'appui de
quatre organismes, cela ne me semble pas effarant. Effectivement, pour les plus
jeunes, adolescents de 15-16 ans, les maisons de jeunes sont possibles parce
qu'elles sont incorporées les unes et les autres, cela s'adresse
à cette clientèle aussi. Il me semble important que les individus
qui vont présenter leur candidature aient déjà
entamé une réflexion et aient déjà un minimum de
vision des différents dossiers, sans pour cela arriver avec des
idées préconçues. Qu'ils arrivent là en sachant un
peu de quoi ils vont parler et quelles sont les différentes
problématiques, ce qu'est le MJQ, les sigles ou quelque chose en quelque
part. Sinon, il ne se passera rien au conseil avant trois ans.
Mme Bossé: II faut que ce soit très efficace, au
départ.
Mme Blackburn: M. le Président, avec votre autorisation,
la députée de Marie-Victorin doit quitter. Je reviendrai
après, si vous le permettez.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: II me fait plaisir de vous adresser la parole. Je
sais que je vais faire avancer un peu le débat parce que mes questions
concernent l'article 26 qui touche les deux points que vous avez ajoutés
en ce qui a trait à l'exercice de la fonction du conseil comme tel
où vous appuyez beaucoup... En fin de compte, l'information est dans les
deux sens, c'est-à-dire que cela ne reste pas seulement en haut et
qu'après on vous demande d'entériner. Vous voulez vraiment
être partie prenante aux décisions ou, en tout cas, à
toutes les grandes questions au sujet d'une loi ou, éventuellement,
d'une orientation en ce qui concerne la jeunesse.
Je me dis: Effectivement, pour le cinquième point, cela va de soi
que le conseil puisse donner son avis au ministre sur les questions et
règlements concernant la jeunesse. Je pense que cela va de soi. Dans le
fond, si vous vouiez jouer votre rôle convenablement et correctement, je
pense que c'est important qu'on tienne compte de vos recommandations ou, en
tout cas, de votre point de vue en ce qui concerne les orientations du
gouvernement. Vous devenez des personnes privilégiées ayant des
connaissances et expertises des différents milieux puisque vous avez dit
au tout début que vos groupes sont vraiment centrés sur le milieu
et se forment, se modèlent en fonction des problèmes du milieu
aussi.
La question que je me pose sur le sixième point que vous avez
formulé, c'est que le conseil doit aussi avoir accès à
toute information gouvernementale concernant la jeunesse. Là, je me dis:
À quelle sorte d'accès à l'information gouvernementale
faites-vous référence?
M. Lavergne: Si je faisais un parallèle, j'en ferais avec
l'environnement. La Loi sur la qualité de l'environnement prévoit
un accès direct à l'information sur les produits toxiques ou
autres, ce qui est une particularité distincte. La loi
générale d'accès à l'information est plus lourde
d'application à cause des délais pour obtenir de l'information.
Si on a pris l'initiative d'ajouter ce sixième pouvoir, qui est
peut-être mal rédigé au niveau du "doit" versus le "peut" -
je ne suis pas un juriste - c'était vraiment dans le sens suivant: si le
conseil avait besoin, à un moment donné, d'une information, d'une
statistique ou de documentation sur l'évaluation interne que le
ministère a faite d'un de ses programmes, qu'on ne nous la cache pas et
qu'on puisse l'obtenir dans les meilleurs délais par appel à
l'autorité de la législation. On veut avoir un mécanisme
quelque part qui soit plus direct que la loi sur l'accès aux
documents..
Mme Vermette: C'est-à-dire que vous voulez prévenir
tout ce qui pourrait orienter des politiques qui seraient très
importantes pour une qualité de vie ou à différents autres
niveaux, finalement. C'est plus qlobal que la jeunesse.
M. Lavergne: II y a cet élément, mais c'est
vraiment dans le sens indiqué dans notre mémoire; c'est
l'accès à toute l'information gouvernementale concernant la
jeunesse - tantôt, je faisais un parallèle qu'on peut maintenant
oublier. C'est avoir vraiment accès à l'information
gouvernementale, mais de façon plus directe que par la loi sur
l'accès aux documents. Que les membres du conseil, ses recherchistes ou
ses employés, s'ils veulent avoir une information du Secrétariat
à la jeunesse et que ce dernier a malheureusement eu la directive que
tel document a été classé secret tant
qu'il n'est pas rendu public, puissent l'avoir. Je ne sais pas trop
comment cela fonctionnerait. Bref, notre volonté, ce qu'on demande,
c'est de trouver un moyen - ce sérait le "fun" si vous pouviez
reformuler cet amendement ou le concrétiser autrement -pour nous
permettre d'avoir accès à l'information, pour ce qui est de
l'article 26. À l'article 26, nous avons pris le libellé, tel
quel, du Conseil supérieur de l'éducation. Le point important
pour nous n'était pas tant "Le conseil doit donner son avis au ministre"
que celui qui disait "que celui-ci est tenu de lui soumettre". C'est vraiment
pour que le gouvernement ait l'obligation quelque part de consulter le conseil
sur des éléments concernant les jeunes. Il s'agirait de
préciser comment cela pourrait être articulé.
Mme Vermette: En fait, ce que vous demandez, c'est une
participation à la démarche ou à toute démarche,
finalement. C'est plus qu'être juste consulté ou avoir
l'information une fois que tout est fait. Vous voulez vraiment participer
à la démarche.
M. Lavergne: Absolument.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): II vous reste quatre
minutes.
Mme Blackburn: Quatre minutes? Alors, deux brèves
questions. Vous en avez parlé, mais vous avez voulu clarifier davantage
le mandat du conseil, de manière qu'il soit beaucoup plus autonome par
rapport au gouvernement. La partie ministérielle estimait que,
contrairement à ce que vous avancez, ce conseil devait être - je
reprends les propos du premier ministre - dans une relation de partenariat avec
le gouvernement. Pour d'autres députés du parti
ministériel, il devait être un complice du gouvernement. On
parlait d'aller main dans la main. Il me semble qu'il y a un écart
considérable entre ce que vous proposez et les propos de la partie
ministérielle.
M. Lavergne: ...pour le partenariat? Mme Blackburn: Ha!
Ha! Ha!
Mme Bossé: Pour avoir fait partie de plusieurs organismes
et pour avoir été partenaire dans différents secteurs,
pour différents ministères, sous deux gouvernements
différents, je peux vous dire que le partenariat, cela ne veut pas
nécessairement dire...
Mme Blackburn: Égalité. Une voix:
Religion.
Mme Bossé: ...reliqion et dogmatisme, bien au contraire.
Cela peut aussi vouloir dire très critique.
Mme Blackburn: Et complicité main dans la main? Cela
aussi?
Mme Bossé: Disons que... Ha! Ha! Ha!
Mme Blackburn: Écoutez, cela m'amène à une
question. Si les modifications que vous proposez... Cela n'a l'air de rien,
mais elles sont majeures. Tant qu'à créer le conseil consultatif,
je pense qu'il faudrait effectivement, d'une part, s'assurer qu'il y a toutes
les marges de manoeuvre pour être capable de former ces comités
et, d'autre part, que le ministre responsable est obligé de le consulter
sur certains projets de loi, sur certaines politiques; cela paraît
élémentaire. Je trouve que c'est une façon de s'assurer
qu'il va être efficace. Donc, pour l'essentiel, je partage vos
recommandations. J'aurais une petite réserve par rapport aux jeunes de
15 à 18 ans et à la facilité. C'est l'expérience
qui va davantage nous dire si l'on trouvera des jeunes, des femmes et
suffisamment de gens des régions, par exemple. Pour le moment,
là-dessus, j'ai certaines réserves.
Dans l'hypothèse où le projet de loi qui vous est
présenté ne serait modifié que de façon mineure,
est-ce que vous lui accorderiez quand même votre appui, tel qu'il
est?
Mme Bossé: Tel que libellé? Mme Blackburn:
Oui.
Mme Bossé: Si on accordait au projet de loi 104 actuel...
Nous avons présenté un mémoire ici et je pense que c'est
évident qu'on ne peut pas exiger d'un gouvernement - parce que j'imagine
qu'on n'est pas les seuls à avoir présenté un
mémoire - qu'il accepte nécessairement notre mémoire. Je
pense que ce serait un peu utopique. S'il n'y avait pas de modification... Il y
a une maxime qui dit: Vaut mieux essayer de le changer de l'intérieur
que de le changer de l'extérieur. C'est peut-être cela qu'on fera
à ce moment-là.
Mme Blackburn: Bonne école! Je dois vous dire que parmi
les mémoires que nous avons reçus, plusieurs mémoires vont
dans le sens du vôtre. Certains vont beaucoup plus loin pour ce qui est
des nominations, au sujet d'une certaine liberté du conseil, mais
plusieurs mémoires reprennent certaines de vos recommandations, pour ne
pas dire d'une façon intégrale, certainement d'une
façon
substantielle. Pour ma part, si le gouvernement estime toujours que
c'est la meilleure structure à offrir aux jeunes, je vous dis que la
bataille ne sera pas trop longue. Le Conseil permanent de la jeunesse va
effectivement être adopté. Ce dont je voudrais vous assurer, au
nom de ma formation politique, c'est qu'au moment où on examinera le
projet de loi article par article on verra à rappeler en temps utile au
gouvernement les principales recommandations des organismes de manière
que, si on estime toujours que c'est encore la meilleure formule, elle soit la
moins dommageable possible. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, compte tenu de l'heure, je me
limiterai simplement à dire que, lorsqu'on parle de complicité
entre le gouvernement et le Conseil permanent de la jeunesse, on ne parle
évidemment pas de collusion et surtout pas, en tout cas, de collusion
dans le but de ne pas s'assurer que le conseil atteigne ses objectifs. Je donne
un exemple concret de complicité entre l'Opposition et le gouvernement
dans les travaux de la commission parlementaire qui a dégagé des
consensus pour amender la loi sur la délimitation des circonscriptions
électorales. C'est un domaine tellement important qu'on avait à
juger que moi, à titre de ministre responsable, j'avais jugé que
nous ne ferions que les changements qui obtiendraient l'aval des deux partis
représentés à l'Assemblée nationale, en d'autres
mots, qui feraient l'unanimité.
Au départ, nous partions avec des positions très
divergentes sur des questions fondamentales. En cours de route, on s'est
retrouvé avec des consensus qui ont surpris tout le monde, m' incluant
au premier chef, et qui ont fait conclure à plusieurs qu'on peut
effectivement, avec une complicité objective et positive, obtenir de
meilleurs résultats que dans l'affrontement. C'est dans ce sens qu'on
parle de complicité avec le conseil permanent. Il ne s'agit pas de
donner un conseil qui va dire comme le gouvernement, qui va dire ce que le
gouvernement veut entendre. Quel que soit le gouvernement, ce que le
gouvernement voudrait entendre c'est qu'il n'y a pas de problème
à régler, qu'il n'y a pas de financement des organismes jeunesse
à assurer et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes;
donc, passons à autre chose. C'est malheureusement ce que l'absence d'un
Conseil permanent de la jeunesse ou d'un organisme semblable a permis au
gouvernement, jusqu'à maintenant, peut-être... C'est une des
raisons pour lesquelles on n'a pas trouvé les solutions et qu'on n'a pas
de politique adéquate de financement des organismes de la jeunesse,
qu'on n'a pas une politique adéquate concernant la jeunesse. Et on pense
que c'est tout cela que le Conseil permanent de la jeunesse peut nous aider
à formuler et à énoncer.
Évidemment, lorsqu'on vous pose la question à savoir si
vos recommandations ne sont pas adoptées, est-ce que vous serez toujours
d'accord avec la formation du conseil permanent? C'est sûr que si on pose
la question aux 40 ou aux 50 organismes qui viennent nous rencontrer et que
chacun répond non, on risque de déplaire à plusieurs parce
que les recommandations ne se recoupent pas toujours. Il y en a qui sont
même diamétralement opposées. Le rôle du gouvernement
n'est pas nécessairement de plaire au plus grand nombre, mais c'est de
faire en sorte que son intention se traduise le plus clairement possible, le
plus efficacement possible, à la lumière des choses que vous,
entre autres, et d'autres êtes venus nous dire. Alors, on prend tout cela
en considération. On prend cela en délibéré et,
après cette démarche, s'il fallait que le projet de loi 104 reste
tel quel, qu'il n'y ait pas de changement, je serais le premier à dire:
II y a eu une consultation bidon. Comme je n'ai pas l'habitude de m'associer
à quoi que ce soit de bidon, j'ai l'impression qu'on va avoir un projet
de loi 104 qui sera amélioré lorsqu'on le présentera
à l'Assemblée nationale.
Est-ce qu'il recueillera l'assentiment de l'Opposition? J'ai
plutôt tendance à croire que oui. Je sais ce que j'ai en
tête et je sais ce que le gouvernement a en tête et cela va
être bien difficile pour l'Opposition de ne pa3 y souscrire. Je souhaite
seulement... La loi, ce n'est pas aussi important qu'on le pense. Ce qui est
inscrit dans la loi, ce n'est pas une fin en soi. On en voit des lois. Je vous
donne un exemple. On a des règles de pratique à
l'Assemblée nationale, il n'y a rien de plus solennel que cela. Le
règlement de l'Assemblée nationale dit qu'à chaque
année le Vérificateur général doit être
entendu par une commmission parlementaire. Cela existe depuis quatre ans dans
nos règlements et il n'a jamais été entendu une fois.
Comment s'explique-t-on cela? C'est dan3 la loi. C'est la loi de
l'Assemblée, de l'institution. C'est qu'il y a eu une complicité
peut-être négative dans ce sens; dans le passé, il n'a
jamais été entendu. Alors, on pourrait dire n'importe quoi dans
la loi et si, finalement, il n'y a pas une volonté politique de la part
du gouvernement, qu'il n'y a pas surtout une volonté de s'associer - une
volonté appuyée sur une confiance mutuelle - à des
organismes comme le vôtre, c'est sûr qu'on n'aura pas grand-chose
au bout de la démarche.
Je pense que cela dépend beaucoup du
gouvernement de faire en sorte que cela soit un succès, mais
j'irais jusqu'à dire que cela dépend encore plus des jeunes. Des
organismes comme le vôtre doivent y voir. Vous avez déjà
fait votre devoir en venant noua rencontrer aujourd'hui. On vous en remercie
très chaleureusement et très sincèrement. On va continuer
à se parler. Ce n'est pas parce qu'il n'y aura pas une commission
parlementaire à chaque année ou à chaque mois qu'on ne
continuera pas à dialoguer et à communiquer entre nous,
même avec ceux qui ne pensent pas comme nous. C'est plutôt avec eux
qu'on devrait parier qu'avec ceux qui pensent comme nous, parce que, autrement,
on risque justement de se reposer un peu trop à ce moment.
Mme Bossé et M. Lavergne, on a bien apprécié ce que
vous êtes venus nous dire. Encore là, ne partez pas en pensant que
tout est entériné, tout est accepté. Mais il y a une
chose, on accepte volontiers de regarder chacune de vos recommandations et on
va tâcher de leur donner une suite. Et si on ne leur donne pas une suite,
on expliquera pourquoi on ne le fait pas.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
M. Gratton: Mme Bossé a quelque chose à dire.
Mme Bossé: Oui. Nous vous remercions nous aussi au nom du
collectif en loisirs de nous avoir écoutés en espérant
qu'il y aura des résultats concrets.
Le Président (M. Marcil): Mme Bossé et M. Lavergne,
merci de votre présence. Nous allons suspendre pour trente secondes
seulement, compte tenu du temps qu'il nous reste.
(Suspension de la séance à 17 h 38)
(Reprise à 17 h 40)
Le Président (M. Marcil): Nous allons entendre maintenant
la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec. Nous allons
vous permettre de vous identifier.
Nous vous souhaitons la bienvenue à cette commission
parlementaire. Pourriez-vous vous identifier, s'il vous plaît, et,
ensuite, exposer...
Commission jeunesse du Parti libéral du
Québec
M. Gauthier (Joël): Certainement. Je m'appelle Joël
Gauthier, président de la Commission jeunesse du Parti libéral du
Québec. À ma droite, M. Claude Dugas, coordonnateur aux affaires
politiques et, à ma gauche, M. Pietro Perrino, ex-président de la
Commission jeunesse.
Le Président (M. Marcil): Soyez les bienvenus. Vous avez
20 minutes pour faire votre exposé et, ensuite, nous partirons...
Oui?
M. Gratton: Je sais que nous débordons déjà
dans le temps, M. le Président, mais je constate qu'il n'y a personne de
l'Opposition. Est-ce qu'on pourrait suspendre jusqu'à l'arrivée
de Mme la députée de Chicoutimi.
Le Président (M. Marcil): Nous allons suspendre, comme
vous voulez, s'il y a consentement.
M. Gratton: II me semble important que les deux formations
politiques soient représentées.
Le Président (M. Marcil): Cela va, noua allons suspendre
nos travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 41)
(Reprise à 17 h 42)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît! Vous pouvez commencer immédiatement.
M. Gauthier (Joël): J'aimerais vous préciser que
notre présentation sera brève, ce qui nous permettra
d'échanger des propos plus longuement. Je voudrais commencer par
remercier le président de la commission et les membres de cette
commission de l'occasion que vous donnez à la Commission jeunesse du
Parti libéral du Québec de se faire entendre, de faire valoir sa
position sur le mémoire qu'on a déposé.
Nous sommes extrêmement heureux de participer à la
commission parlementaire qui étudie le projet de loi 104, soit la
création d'un Conseil permanent de la jeunesse. Ce projet de loi
intéresse particulièrement la Commission jeunesse du Parti
libéral du Québec, car il est intéressant de souligner que
le projet provient, entre autres, des délibérations de 2000
jeunes congressistes au Congrès-Jeune de 1985 de la commission jeunesse
du parti.
C'est lors de ce congrès que fut débattue la
création d'un Conseil permanent de la jeunesse. Donc, c'est avec une
certaine fierté que nous constatons que nos propositions se retrouvent
aujourd'hui sous forme de projet de loi.
Le Conseil permanent de la jeunesse n'est pas la solution à tous
les maux que vît présentement la jeunesse québécoise
mais il pourra, néanmoins, devenir une voix, non pas la voix de la
jeunesse, mais une voix, une
voix forte et bien sentie auprès du gouvernement. Enfin, nous
l'espérons particulièrement.
En comparaison, il y a longtemps que les corporations professionnelles,
les syndicats, le Conseil du patronat ou les intervenants institutionnels,
disposent des ressources nécessaires à l'élaboration d'un
discours articulé et à sa défense auprès du
gouvernement.
La Commission jeunesse du Parti libéral du Québec estime
qu'il est impératif que les jeunes qui formeront le conseil ne
proviennent pas d'un des partis politiques. Ces jeunes ne doivent avoir aucune
étiquette politique partisane, quelle qu'elle soit. Il est important
aussi pour nous que les jeunes qui soient là, en tant qu'individu,
soient là aussi pour leur expérience vécue et non pas
à titre de représentant d'un organisme en particulier. Trop
sauvent, on a reproché aux membres de conseil consultatif de reprendre
simplement les revendications propres à leur milieu d'origine et,
malheureusement, de s'y limiter.
On pense qu'il y a certains points que l'on peut améliorer dans
ce projet de loi, soit le projet de loi 104, et nous croyons donc opportun
d'apporter certains commentaires.
Premièrement, on est d'avis que la transparence devrait guider le
gouvernement dans la nomination des membres du collège électoral
et ce, du début du processus jusqu'à la fin. On est d'avis aussi
qu'il serait utile d'introduire la notion d'appui principal qui fait foi d'un
secteur de provenance des candidatures afin d'avoir une meilleure
représentativité sectorielle. On considère aussi que la
mise à contribution des membres du collège électoral, au
lendemain du conseil, est souhaitable et qu'un moyen à envisager
pourrait être de les impliquer dans les comités spéciaux,
tel que stipulé à l'article 29 du projet de loi.
On croit aussi que le Conseil permanent de la jeunesse devrait se doter
d'un organe d'information régulièrement expédié
dans le milieu jeunesse pour informer et solliciter des interventions. On
estime que le processus de remplacement des vacances devrait être plus
respectueux des élections tenues par le collège
électoral.
On souhaite aussi que le Conseil permanent de la jeunesse se contraindra
à un mécanisme de justification publique de ses désaccords
avec les groupes jeunes, s'il y a lieu. On espère, de même, que le
gouvernement prendra l'habitude de fournir une explication publique de ses
désaccords avec le conseil, s'il y a lieu.
Enfin, nous exprimons le souhait que les ressources financières
dont disposera le Conseil permanent de la jeunesse servent principalement
à la préparation de dossiers et à leur promotion
auprès des élus et de la population. Oe plus, nous demandons que
le
Conseil permanent de la jeunesse puisse gérer lui-même
l'enveloppe qui lui sera dévolue, c'est-à-dire développer
lui-même ses politiques d'embauché et lui permettre de
répartir lui-même ses priorités.
En conclusion, il importe donc, pour notre organisme, de saisir
l'occasion pour réitérer les principes à l'origine du
projet du Conseil permanent de la jeunesse et de faire en sorte que la
naissance de cet outil de participation qui est important pour les jeunes du
Québec se déroule dans un climat de franchise, de transparence et
d'objectivité éminemment utile pour la crédibilité
et l'efficacité futures du conseil. Nous souhaitons donc, dans ce
dossier, des discussions et des évaluations empreintes de
maturité politique et exemptes de considérations partisanes
gratuites.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. Gauthier.
Nous allons passer immédiatement à la période
d'échanges de points de vue. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, je remercie les
représentants de la Commission jeunesse du Parti libéral du
Québec pour leur mémoire, les suggestions et recommandations que
vous nous faites. Je pense qu'il faut, à juste titre, remercier la
commission jeunesse également de l'initiative, à partir d'une
résolution adoptée à un congrès jeunesse de la
commission à l'été 1985, d'avoir réussi à
faire accepter par le Parti libéral du Québec cet engagement
électoral qui vient se traduire par la présentation du projet de
loi 104. De la même façon que le gouvernement, en proposant
l'adoption du projet de loi 104, donne suite à un engagement
électoral, la commission jeunesse, elle, doit veiller et continuer de
veiller à ce que l'esprit qui animait ses membres au moment de
l'adoption de cette résolution soit respecté dans la lettre du
projet de loi. C'est ainsi que j'ai noté dans votre mémoire,
entre autres recommandations, celle qui a trait à la
responsabilité gouvernementale qui ne doit pas être exclue dans la
nomination des membres du conseil. Nous avons voulu entériner ce
principe, car on ne saurait s'imaginer qu'un comité consultatif du
gouvernement échappe complètement à l'intervention du
gouvernement dans la nomination de ses membres. J'ai noté aussi que vous
estimez que le processus de remplacement lors d'une vacance devrait être
plus respectueux des élections tenues par le collège
électoral. En cela, vous rejoignez un certain nombre d'organismes qui
nous ont fait la même remarque. Quant au collège électoral,
vous nous faîtes part de l'avis que la transparence devrait guider le
gouvernement dans la nomination des membres du collège électoral,
que vous considérez que la mise à contribution des membres du
collège
électoral au lendemain de l'élection du conseil est une
chose souhaitable - on vous demandera sûrement tantôt de nous dire
comment vous voyez cette contribution et cette participation des membres du
collège électoral - et que vous êtes en désaccord
avec le fait qu'il puisse y avoir des balises données au collège
en ce qui a trait à la nomination des membres. Finalement, vous nous
faites une série de suggestions qui débordent du cadre du projet
de loi, mais qui pourront faire partie de ces considérations
premières que le Conseil permanent de la jeunesse devra faire. Si je
fais ce résumé, M. le Président, c'est que j'avais
déjà indiqué à M. Perrino que je devrai m'absenter.
J'ai déjà eu l'occasion de le dire la semaine dernière,
j'ai encore, après quatorze ans d'expérience à
l'Assemblée nationale, la mauvaise habitude de penser que quand on doit
commencer ou terminer une chose à une heure précise,
c'est-à-dire dans ce cas-ci 18 heures, cela va commencer ou se terminer
à cette heure. J'ai un engagement auquel je ne peux me soustraire, donc
je devrai m'excuser immédiatement auprès de vous tout en vous
disant que, de toute façon, il me semble qu'il serait peut-être
plus opportun que l'Opposition connaisse le fond de la pensée de la
commission. Nous avons quand même des occasions priviligiées de
converser entre nous. Je ne veux surtout pas exclure la possibilité que
mes collègues ministériels puissent vous intéresser. Quant
à moi, je me réserverai le plaisir de converser avec vous
à une autre occasion, sauf pour une question. Vous avez mentionné
que vous voulez éliminer toute partisanerie ou la possibilité de
nommer des gens qui font de la politique active au conseil. En cela, vous vous
écartez complètement de ce que d'autres sont venus nous dire.
Jusqu'où cela va-t-il? Est-ce que l'on doit, par exemple, écarter
la possibilité qu'une personne qui a déjà milité
à votre commission jeunesse puisse être membre du conseil ou
même être candidate pour le collège électoral?
M. Perrino (Pietro): Là-dessus, on veut être
très clair. D'ailleurs, dans les documents initiaux, quand on a
commencé à discuter du Conseil permanent de la jeunesse en 1984,
je me souviens d'avoir fait personnellement une tournée. On arencontré pas loin de 800 jeunes libéraux qui participaient
à ce congrès, et les 20 000 jeunes libéraux membres de la
commission savent très bien qu'il n'y aura aucune nomination partisane.
On ne veut pas créer un débat, une dynamique de parti dans ce
conseil permanent. C'est sûr que cela va être politique, mais on ne
veut pas qu'il y ait de politique partisane. On choisit chacun notre moyen de
faire de la politique pour faire avancer les choses et nous avons fait le choix
de le faire dans un outil qui s'appelle le PLQ. Jusqu'à ce jour, cela va
très bien, on est très fiers et c'est un outil fort
intéressant pour nous.
II y a plusieurs jeunes qui n'ont pas d'étiquette politique
claire dans le front -PQ ou PLQ - qui sont très compétents,
d'après nous, qui ont des expertises assez intéressantes et qui
pourraient participer à ce genre de conseil. C'est à eux qu'il
faut laisser la place. C'est sûr qu'il y a, peut-être, des jeunes
qui ont participé à des partis politiques et qui ont eu des
expériences tristes; en tout cas, je ne veux pas en nommer. Mais, c'est
bien important pour nous que ce conseil soit dénudé de toute
espèce caractérisée de la politique partisane. Même
si on a des doutes, lorsque le ministre responsable, le premier ministre, va
avoir des doutes sur la candidature de quelqu'un qui peut être
assimilé aux jeunes libéraux, aux jeunes péquistes, au
jeunes du NPD - je sais que c'est malheureux - je pense qu'il devrait
s'abstenir parce qu'il faut absolument que ce conseil ait toute la
crédibilité, la plus forte crédibilité possible
lorsqu'il va commencer. C'est sa première année qui va faire le
conseil et il faut qu'il soit reçu auprès des autres organismes
de jeunes. Nous, nous avons déjà notre outil,
M. Gratton: J'en conclus que vous ne serez pas candidat nulle
part, M. Perrino.
M. Perrino: Non. Je vais encore déranger dans le Parti
libéral.
M. Gratton: Iriez-vous jusqu'à dire qu'on doit exclure
toute personne membre d'un parti politique ou si on devrait plutôt
considérer une telle candidature, mais exiqer qu'elle n'en fasse plus
partie, qu'elle n'en soit plus membre?
M. Perrino: Je n'irais pas jusqu'à exiqer qu'elle ne soit
plus membre, parce que cela enlèverait tout de suite 25 000 jeunes
Québécois de la carte qui sont nos membres, mais il y a une
différence entre membres et membres militants. On peut demander,
même si on s'aperçoit que quelqu'un est membre à un moment
donné, mais ce n'est pas quelqu'un qui est militant actif fortement
identifié, au minimum, mais vraiment au minimum, de s'abstenir de toute
activité partisane pendant qu'il sera au CPJ. Quand il sera au CPJ, il
va être là pour défendre les intérêts du CPJ.
Nous à la commission jeunesse, notre clientèle cible n'est pas
juste les 25 000 jeunes libéraux, on essaie de représenter le
plus de jeunes possible. Mais, on est soumis à certaines
barrières dans un parti politique, qui sont des barrières assez
souples pour notre exemple, les jeunes libéraux du Québec; mais,
on est soumis quand même à certaines barrières et on les
accepte. Parfois, on joue à certains jeux et
on accepte les règles du jeu auquel on va jouer. Mais, pour ceux
qui sont du Conseil permanent de la jeunesse, il faut que ce conseil soit
accepté auprès des organismes de jeunes. Les jeunes sont bien
réticents par rapport aux étiquettes politiques, et il ne faut
pas alimenter ce sentiment.
M. Gratton: Une dernière question si vous me le permettez,
M. le Président. Quant à la facilité d'inscrire dans la
loi l'obligation que la représentation des membres du conseil soit
égale pour les femmes, qu'est-ce que vous en pensez?
M. Gauthier (Joël): Je pense que dans toute la
société, il est souhaitable qu'il y ait une
représentativité égale des deux sexes, et on est
très ouvert à cela. À savoir si on doit mettre ces balises
et dire: On n'a pas le droit à plus de 20 hommes ou 20 femmes, on
pourrait peut-être "scraper" - ]e m'excuse de l'expression - on pourrait
peut-être enlever de la qualité. Je dirais qu'à candidat
égal, on pourrait peut-être faire de la discrimination positive,
mais de donner des balises et de dire qu'il faut X nombre d'hommes et X nombre
de femmes, on pourrait perdre une certaine qualité. Mais je suis
extrêmement réceptif à faire de la discrimination
positive.
M. Gratton: Merci, et encore une fois mes excuses. On se reverra
plus tard ailleurs.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: À la page 8 en c), vous dites que "la
Commission jeunesse considère que la mise à contribution des
membres du collège électoral au lendemain de l'élection du
conseil est une chose souhaitable". Comment voyez-vous cette mise à
contribution? Par des rencontres ou par des rapports?
M. Gauthier (Joël): A l'article 29 du projet de loi, on
mentionne que le conseil permanent pourra se doter de comités
spéciaux qui étudieront des sujets qui seront
déterminés par lui. Il serait souhaitable que les membres du
collège électoral ne fassent pas que participer à
l'élection du conseil, mais qu'ils participent à toutes les
autres activités du Conseil permanent de la jeunesse et, si possible,
les inclure dans ces comités spéciaux.
Mme Bleau: Je comprends bien. À f et à g, vous
dites que la commission jeunesse espère que le CPJ se contraindra
à un mécanisme de justification publique. Ne trouvez-vous pas que
c'est un peu naïf? Est-ce vraiment souhaitable qu'on fasse de telles
choses? Des explications publiques au CPJ, en cas de désaccord, ne
risquent-elles pas de saper le climat de confiance que vous voulez instaurer
dans le CPJ?
M. Gauthier (Joël): Je pense, au contraire, Mme Bleau, que
cela va créer un climat de confiance. Si le Conseil permanent de la
jeunesse, par les études administratives et politiques qu'il aura
faites, détermine qu'il n'est pas d'accord avec un avis provenant d'un
regroupement de jeunes, je pense qu'il est sain qu'il explique pourquoi il
n'est pas en accord. De cette façon, cela mettra la clientèle
jeune en confiance de constater que, oui, on n'est pas d'accord, mais qu'on en
explique la raison.
M. Perrino: Je pense que cela joue aussi du côté du
gouvernement, car le gouvernement ne pourra pas, d'une façon, garder le
silence sur un avis ou dire tout bêtement qu'une chose est infaisable ou
pas intéressante. On souhaiterait - et on le retrouve dans plusieurs
commentaires - des deux côtés, que le CPJ explique clairement ses
positions, s'il y a des désaccords. Dix organismes demandent quelque
chose, sept d'un côté et trois de l'autre. Il faut qu'il explique
clairement ses choix, de la même façon et surtout - je crains bien
plus le gouvernement que le CPJ - que le gouvernement, lorsqu'il n'est pas
d'accord avec le conseil permanent, dise pourquoi et très clairement, et
ce sera aux gens de juger, prioritairement aux jeunes, mais aux autres
également. Mais il est surtout important que le gouvernement explique
pourquoi il est en désaccord, si désaccord il y a.
Mme Bleau: Et que ce soit public.
M. Perrino: Oui, car il ne faut pas que cela demeure... Ici, on
parle de 11 ou 40 personnes et du ministre responsable. Quand je dis qu'il faut
que cela soit jugé par les jeunes des organismes, il faut que cela se
fasse d'une façon publique, dans les journaux ou dans les médias,
mais cela doit être très clair. Il faut que cette affaire soit
prise au sérieux. On ne doute pas que ce soit pris au sérieux
présentement, si le gouvernement prenait la peine d'en faire un projet.
Je souhaite que ce gouvernement demeure au pouvoir le plus longtemps possible,
mais il pourrait arriver une erreur de parcours et que ce soit quelqu'un
d'autre.
Il faudrait instaurer cette tradition pour que, lorsqu'il y a
désaccord, ce soit expliqué clairement pour que les gens puissent
juger.
Mme Bleau: Quant à la représentativité
régionale, est-ce que vous la voyez d'un bon oeil? Vous semble-t-elle
importante ou moins importante?
M. Gauthier (Joël): II est important que toutes les
régions de la province soient représentées. Il est
d'autant plus important que ce comité ou ce conseil soit aussi
représentatif des secteurs d'activité des jeunes, que ce soit le
secteur social, le travail, l'éducation, les loisirs ou
l'environnement.
On dit qu'on mettrait une notion d'appui principal, qu'on
considère les régions et qu'on considère également
les secteurs, pour éviter qu'on ne se retrouve avec un conseil
composé uniquement de gens provenant du secteur des loisirs, de
l'environnement ou de l'éducation, pour qu'il y ait un amalgame de tous
les secteurs possibles.
M. Perrino: Si je puis me permettre d'ajouter quelque chose
concernant la représentativité. Oui, c'est important, mais non de
cibler et de dire: Un ou deux de telle région, X nombre de femmes, X
nombre d'hommes, X nombre d'ethniques. Il est important d'avoir un conseil qui
soit le plus représentatif possible, mais il faut qu'il soit
accepté par le milieu, et le milieu est très
hétérogène. Ce n'est pas un milieu homogène.
Ce qui va primer et ce dont le gouvernement devrait tenir compte quand
il fera son choix, c'est de la compétence des individus et leur
efficacité. On ne veut pas une mosaïque, un tableau ou un Riopelle
de la jeunesse québécoise. On veut quelque chose - je m'excuse de
l'anglicisme - qui va "driver" et il va falloir mettre du monde qui "drive"
dessus, avec des filles qui "drivent" et des gars qui "drivent" de Rimouski, de
Montréal ou d'Ottawa. Mais, avant tout, je pense à la
qualité, en tenant compte de la représentativité, mais
aussi de la compétence.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi. (18 heures)
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais,
messieurs, vous souhaiter la bienvenue au nom de ma formation politique et vous
dire, comme j'ai eu l'occasion de le dire à une autre commission
parlementaire, que, lorsque les jeunes s'engagent en politique, quel que soit
le parti, je trouve que cela mérite tout notre encouragement. Je dois
dire également que votre recherche de solutions pour aider à
améliorer la condition des jeunes au Québec est
intéressante. La proposition que vous avez mise sur la table et qui se
retrouve aujourd'hui sous forme d'un projet de loi ne manque pas non plus
d'intérêt.
Cependant - et vous le soulignez en rappelant un peu les étapes
qu'a franchi cette proposition - ce n'est pas issu, si je peux m'exprimer
ainsi, d'une volonté claire- ment et fortement exprimée par les
différents groupes de jeunes au Québec. Cela fait que les jeunes
qui se présentent ici, si vous avez eu l'occasion de suivre le
débat, voudraient quelque chose qui aille beaucoup plus loin. Ils sont
d'accord avec le principe mais ils disent: Cela nous prend quelque chose, mais
quelque chose de beaucoup plus décentralisé, qui a effectivement
un pouvoir réel et dans certains cas, qui a des pouvoirs certains pour
définir et appliquer ce que pourrait être une politique de
financement des organismes jeunesse.
Ce que je dirais du modèle que vous nous proposez, c'est que je
le trouve intéressant comme adulte parce qu'il s'inscrit dans les
modèles traditionnels, je dirais, dans le sens qu'il n'est pas novateur
au sens strict du terme puisqu'il reprend les modèles déjà
existants et créés à partir des années
soixante.
Ce que les jeunes sont venus nous dire abondamment ici, c'est que ce
n'était peut-être pas ce modèle qui convenait. Bien qu'on
ait besoin de quelque chose, ce n'est pas nécessairement ce
modèle. Les modèles qu'ils proposent auraient comme effet, si on
acceptait leurs propositions, je ne dirais pas de dénaturer, mais de
modifier radicalement la structure qui est proposée ici.
Dans votre mémoire, pour expliquer votre démarche et pour
nous dire qu'effectivement, cela n'est pas venu exclusivement de la commission
jeunesse, vous rappelez les recommandations qui ont été
faîtes par la Commission des droits de la personne. Mais je me permets
juste de vous rappeler ce que disait la Commission des droits de la personne et
essayer de poser une question sur l'orientation de ce conseil. La Commission
des droits de la personne disait: Que les autorités publiques soient
à l'écoute des jeunes Québécois et
Québécoises et qu'à cet effet, on crée un organisme
de consultation de leurs représentants; en somme, qu'il crée un
forum adéquat où la jeunesse peut faire entendre librement son
point de vue sur les grandes options arrêtées par les
gouvernements.
Vous n'êtes pas sans savoir que c'est une question que j'ai
posée régulièrement par le passé, soit qu'un
conseil consultatif vienne s'inscrire dans une politique. Ici, on crée
le conseil et on ne peut pas demander, aujourd'hui, à ce conseil - ou
demain, quand il sera créé, ou dans six mois - de venir se
prononcer sur les grandes options arrêtées par le gouvernement
parce qu'en matière de politique jeunesse, il n'y a pas beaucoup de
grandes options d'arrêtées encore. Il y en avait une sur les frais
de scolarité et je dois dire, heureusement qu'on vous a eus, vous, les
jeunes du Québec. Vous avez fait reculer le gouvernement
là-dessus. Mais, dans cette perspective, est-ce que vous ne trouvez pas
que cela va être long pour un organisme
consultatif de se donner les premiers éléments d'une
politique, dans quelque secteur que ce soit, étant donné qu'il ne
peut pas se prononcer sur les grandes orientations ou les grandes options
arrêtées par le gouvernement, comme le suggérait la
Commission des droits de la personne?
M. Perrino: Je ne le pense pas. D'ailleurs, j'aimerais
souligner... On l'a oublié dans le mémoire. C'est en feuilletant
les vieux rapports chez nous que... Il y en a une pleine caisse. Ce conseil
avait été une recommandation qui émanait d'une proposition
qui avait été discutée à l'époque au Sommet
québécois de la jeunesse, en 1983. Il n'y avait pas seulement des
jeunes libéraux, là, à l'époque. Je pense que les
jeunes qu'on retrouvait au sommet québécois étaient assez
représentatifs de l'ensemble de la jeunesse. Je ne pense pas qu'il
faille absolument faire une politique de la jeunesse "at large" et ensuite,
finir cela avec un conseil permanent ou un conseil consultatif. Je ne vois pas
pourquoi on ne pourrait pas le faire tout de suite. Cela fait dix ans au
Québec qu'on attend ou qu'il y en a qui parle de politique nationale de
la jeunesse. Je ne pense pas que cela va arriver demain matin, ce qui
n'empêchera pas les jeunes de se prononcer quand même sur des
choses qui sont très importantes à nos yeux. Comme je l'ai dit
tantôt, la jeunesse, c'est très hétérogène.
Ce n'est pas homogène. Le projet du Conseil permanent de la jeunesse ose
fournir aux jeunes une occasion de relever le dénominateur commun des
différents discours, et je pense que c'est faisable dans certaines
choses. Je regardais les travaux de la commision et l'exemple qui revenait le
plus souvent, c'était toute la question des régimes de retraite.
Cela ne me regarde pas personnellement, aujourd'hui, à 20 ans, mais
quand je regardais les choses, si tout va bien dans 20 ans, je vais en avoir
40. Tout le monde se plaint de payer trop d'impôt aujourd'hui, on ne sait
pas où aller chercher l'argent. Mais nous, on va être pas mal
moins nombreux dans 20 ans, et vous, vous allez être pas mal plus
nombreux. On a quand même l'intention de vous aider encore un peu, mais
on se demande sérieusement comment. Ce sont des décisions qui
devraient être prises aujourd'hui, mais on n'est pas là et on
n'est pas écouté.
Quand ça va mal dans la société et qu'il y a des
compromis à faire, on le fait sur le dos de ceux qui ne sont pas
là. De toute façon, ils ne peuvent pas se plaindre et c'est
beaucoup plus facile. Je prends l'exemple de la Sûreté du
Québec, ce qu'on a appelé les "clauses orphelins". Tout le monde
veut des augmentations de salaire, pas moyen de les donner. Alors, qu'est-ce
qu'on dit? On dit: Les nouveaux qu'on va employer, on va leur donner beaucoup
moins pour le même travail mais il ne faut pas qu'ils soient plus
paresseux, il ne faut pas qu'ils soient moins compétents. Ils vont faire
la même chose, mais on va les payer moins. Encore une fois, ils ne sont
pas là quand cela se décide.
Pour Air Canada, c'est la même chose. Un conseil aurait pu se
prononcer et allumer le monde là-dessus. Quand on en parle à des
gens ordinaires qui ne sont pas nécessairement des politiciens, des gens
dans la rue, quand on commence à parler, qu'on prend une bière et
qu'on discute de cela, ils trouvent cela absurde et ils ont 40 ans. Et ce n'est
pas d'une façon machiavélique que tous ceux qui ont 40 ans ont
patenté la société pour faire ramasser la facture à
ceux qui ne sont même pas en train de boire, mais c'est ce qui arrive.
À un moment donné, il faut que quelqu'un le dise et il n'y a
personne qui le fait présentement. Il y a beaucoup d'organismes jeunesse
et ils sont tous un peu dans leur coin. Nous sommes chanceux, nous sommes
capables de nous faire entendre chez nous. Mais il n'y a pas seulement des
jeunes libéraux au Québec, il y a beaucoup d'autres jeunes aussi.
Et cela prend une place forte pour qu'ils puissent se faire entendre.
On dit qu'une des qualités ou caractéristiques de la
jeunesse est l'impatience. Je la trouve "slow", mais très "slow" - entre
guillemets - encore. La machine administrative est très lente, puisque
cela prend presque deux ans à créer un Conseil permanent de la
jeunesse; il me semble que c'est long. Je sais que les fonctionnaires et les
politiciens travaillent, mais depuis le 2 décembre je m'aperçois
que c'est très long. Je n'attendrai pas qu'il y ait une politique
globale de la jeunesse pour demander un conseil. On est prêt à en
avoir un tout de suite. Il y a certains avantages pour ce conseil à agir
tout de suite, alors qu'on le fasse.
Mme Blackburn: Vous parliez de l'absence des jeunes dans
différentes structures de pouvoir et je suis tout à fait d'accord
avec vous. Dans les organismes où je suis passée, c'est ce que
j'ai largement défendu. Je trouvais, pour reprendre les propos de tout
à l'heure, que la meilleure façon est encore de lutter de
l'intérieur. Je pensais qu'effectivement il fallait mettre tous nos
efforts et même peut-être avoir une politique ou inscrire dans nos
projets de loi, dans les préambules, une note qui nous assurerait qu'il
y a une présence de jeunes de moins de 18 ans proportionnelle à
leur nombre dans la population dans nos conseils d'administration, dans les
affaires publiques et parapubliques. Il me semble qu'il y a quelque chose
là. Un peu ce que vous avez fait dans votre parti.
Ce que proposait la CEQ était de dire,
plutôt que d'avoir un conseil qui va venir isoler la
problématique jeunesse, pourquoi ne pas avoir une politique qui . nous
assurerait que dorénavant ils ont une place? Parce que je dois
reconnaître avec vous, comme je l'ai fait avec d'autres interlocuteurs,
que les jeunes ont été littéralement mis de
côté. Je m'en trouve fort désolée. Il y a tout un
groupe d'âge, je dirais entre 27 ou 28 ans, et plus de 30 ans, qu'on ne
trouve nulle part ou presque. Les places ont été occupées
par d'autres. Heureusement, il y a votre génération qui est en
train de relever le défi.
À présent, cette proposition était
intéressante de la façon suivante? Le danger de dépayser -
si vous me permettez le terme, parce que je ne suis pas sûre qu'il soit
encore français - les jeunes en créant une structure comme cela.
D'ailleurs, hier ou ce matin, quelqu'un est venu nous demander à quoi
pouvait servir un Conseil permanent de la jeunesse. Est-ce qu'on a
déjà songé qu'on pourrait, avec un conseil des adultes,
régler le sort des adultes? C'est peut-être un peu boiteux, je le
reconnais avec vous, mais il y a quelque chose là.
M. Perrino: Vous-même, vous avez participé à
un certain conseil si je ne m'abuse. Vous avez été
présidente d'un conseil sur les collèges. Il devait y avoir
quelque chose à faire là? Si on prend l'exemple - ce n'est pas
pareil, mais on peut séparer la société - du Conseil du
statut de la femme, est-ce que cela a donné quelque chose? Est-ce que le
Conseil du statut de la femme a enlevé tous les discours
féminins, et qu'il n'y a plus de discours de l'AFEAS ou de la
Fédération des femmes du Québec? Est-ce qu'ils n'ont pas
leur discours particulier eux aussi? J'entendais souvent dire que le conseil
sera le seul à parler et qu'on ne reconnaîtra plus les organismes
de jeunes. C'est faux. Cela va être une voix de plus, mais qui va
être bien outillée pour faire de la recherche, pour faire entendre
son point fort, un peu comme le Conseil du statut de la femme. D'ailleurs c'est
cela qu'on avait en tête quand on a commencé les travaux. Il y a
plusieurs avis sur cela. Le Conseil du statut de la femme a créé
plusieurs avantages pour les femmes. Il leur a donné un outil de plus
mais n'a pas tué le discours que certains organismes de femmes avaient
et ont encore et qui est particulier à leur groupement par rapport au
conseil du statut, même que parfois il critique le Conseil du statut de
la femme.
Mme Blackburn: Je dirais en boutade que cela n'a pas encore paru
dans votre formation, il y a trois porte-parole masculins. Voici ce que je
voudrais vous dire par rapport au Conseil du statut de la femme, mais cela
aussi nous a été rapporté ici. Je trouvais que cela
était pertinent. Effectivement, c'est le conseil au Québec -je
pense qu'on peut le dire et personne ne s'en offensera - qui a
été le meilleur défenseur des intérêts du
groupe qu'il représentait. La réponse est fort simple dans le
fond. C'est que le conseil consultatif n'a pas le choix, parce qu'il y a des
organismes extrêmement vigilants et très structurés du
côté des associations féminines qui, si vous me permettez
l'expression, ne laisseraient pas le conseil dire n'importe quoi. Donc la
vigueur du conseil réside presque essentiellement dans la vigilance, le
dynamisme et la vigueur des organismes féminins. Ce qui faisait dire
à des groupes qui venaient nous parler, ils l'expliquaient ainsi, c'est
que ce qui aurait peut-être été urgent de se donner avant
un conseil, une politique de financement et de reconnaissance des organismes
jeunesse qui leur permettrait effectivement de durer et ne pas être
toujours constamment à la recherche de budget. Effectivement, le Conseil
du statut de la femme, aujourd'hui pour demain, ne pourrait pas dire n'importe
quoi au nom des femmes. On l'a vu à un moment donné, il y a cinq
ou six ans, alors qu'il s'avançait sur un terrain un peu fragile. On
accusait à ce moment le Conseil du statut de la femme d'être
davantage porté à défendre l'intérêt des
femmes au travail que des femmes au foyer. Je suis certaine que les
députés vont se rappeler de ce moment qui a été
très critiqué par les associations féminines au Conseil du
statut de la femme. Alors, ce que je veux illustrer par mon propos, c'est que,
si le Conseil du statut de la femme est si vigilant et très alerte, cela
réside beaucoup dans le dynamisme, la créativité et la
vigilance des organismes féminins. On ne peut pas dire qu'on a cette
cohésion, je peux m'exprimer ainsi, chez les jeunes. Vous l'avez bien
expliqué en parlant de la problématique jeunesse, c'est qu'elle
est très locale, elle est très éclatée, du moment
où les organimes de jeunes sont en train de rendre des services
précieux, importants pour leur communauté, ils ne sont pas en
train de se donner un porte-parole. C'est ce qui distingue, à mon avis,
et ce qui distinguera dans le futur la capacité de ce conseil
d'être aussi efficace que l'est le Conseil du statut de la femme, parce
qu'il n'aura pas ce support.
Il faut dire aussi - j'ajouterais - que les associations
féminines, et plusieurs associations féminines, tous les ans
tiennent des congrès monstres quasiment, 2000, 3000, 4000 personnes et
produisent des cahiers de recommandations très épais. Cela vient
alimenter un conseil.
M. Gauthier (Joël): J'ajouterai, Mme Blackburn, que la
vigilance et la cohérence des organismes de jeunes - j'ai
peut-être
l'occasion de les voir et d'en rencontrer plus souvent - mais, elle est
là. Il y a peut-être un manque de ressources. Si vous faites le
parallèle entre le Conseil du statut de la femme et celui du Conseil
permanent de la Jeunesse, en ce qui me concerne, je ne suis pas inquiet. Le
conseil ne pourra pas avoir des positions opposées au discours des
jeunes, à savoir s'il est cohérent et vigilant; je suis convaincu
que le Conseil permanent de la jeunesse va être aussi cohérent et
aussi vigilant, il va être aussi représentatif des jeunes que le
Conseil du statut de la femme a su l'être. (18 h 15)
M. Perrino: Moi aussi, je pense que je suis beaucoup plus
optimiste et j'ai confiance aux organismes de jeunes au Québec.
D'après leur poids et leur nombre, il y a quant même certains
organismes qui ressortent du tas. Ils vont se faire entendre auprès de
ce conseil permanent et ce conseil permanent ne pourra pas ne pas les
écouter ou dévier, il n'aura plus aucune
crédibilité si le conseil permanent fait cela. Il n'aura plus
aucune crédibilité dans le milieu et s'il n'est pas
branché sur le milieu jeune, ce n'est pas seulement qu'il n'aura pas de
crédibilité dans le milieu, mais, quelle
crédibilité aura-t-il par rapport au gouvernement? Il va parler
au nom de qui, ce conseil? Parce qu'il est pris entre les deux. II n'est pas
comme un conseil consultatif actuel où le gouvernement nomme l'ensemble
des membres et il n'est pas comme le Conseil du patronat, qui nomme
lui-même ses membres. Il est entre les deux; il est redevable devant le
gouvernement et devant les organismes de jeunesse aussi à cause de la
formation du collège électoral. On ne peut pas le situer
exactement comme les autres conseils au Québec. D'après son
processus de nomination, c'est le seul qui sera comme cela. C'est le seul qui
va avoir comme une espèce de double représentativité. J'ai
plutôt confiance et j'ai plus le goût de laisser une chance aux
jeunes, de laisser une chance au coureur. C'est au cours des deux
premières années que le conseil va établir sa
crédibilité et j'ai confiance qu'il va l'établir.
Mme Blackburn: Beaucoup d'organismes se sont
inquiétés des pouvoirs particulièrement importants qui
étaient laissés au ministre. Par exemple, à l'article 27:
"Le conseil doit - "doit", je souligne le terme -donner son avis au ministre
sur toute question que celui-ci lui soumet relativement aux besoins et aux
intérêts de la jeunesse. Il doit de plus effectuer ou faire
effectuer les études et recherches qui lui sont demandées par le
ministre."
Les inquiétudes qu'exprimaient les jeunes étaient les
suivantes. Dans l'hypothèse où un gouvernement veut museler le
conseil consultatif - il a 1 000 000 $ de budget; vous allez voir qu'en
recherche, ce n'est pas énorme, surtout si vous voulez vous
déplacer un peu dans les régions; cela coûte cher -dans
l'hypothèse où un gouvernement considère que le conseil
consultatif est un centre de recherche, même s'il ne veut pas le museler,
il a tendance et il pourra le faire... Je me permets de rappeler pour ceux qui
étaient moins engagés politiquement à l'époque que
ce gouvernement l'a déjà fait avec le Conseil du statut de la
femme entre 1973 et 1976. Il déférait tous les problèmes
de la condition féminine au Conseil du statut de la femme, ce qui fait
que rien ne s'est réglé pendant ces trois ans. En plus, une
partie des énergies du conseil était consacrée à
répondre aux demandes des ministres, ce qui fait que cela a pris six ans
au Conseil du statut de la femme - qui est efficace, vous le reconnaissez et on
le reconnaît ensemble - à produire sa première politique
majeure, qui était égalité et indépendance. La
crainte soulevée ici était la suivante: Dans l'hypothèse
où l'on considère le Conseil permanent de la jeunesse un peu
comme un centre de recherche et qu'il doit - non pas "il peut", mais "il doit"
- donner son avis au ministre - il n'a pas le choix, c'est inscrit, c'est
légal, c'est dans la loi...
M. Perrino: II y a deux côtés, par exemple. Il doit
donner son avis et il peut prendre des mandats d'initiatives. Je pense que
c'est cela qui est important.
Mme Blackburn: Oui.
M. Perrino: Quand on a fait notre congrès là-dessus
et qu'on a conçu la réflexion, on a tous vu le danqer de
surcharger le conseil et de te paralyser; c'est sûr. Possiblement, un
gouvernement pourrait le faire dans le temps. Je me dis que les gens qui
siègent au conseil peuvent se donner des mandats d'initiatives. S'ils
sont capables de justifier leurs mandats d'initiatives et d'établir des
priorités, tant mieux. Le gouvernement ne pourra pas mettre la
clé dans la porte parce qu'il doit donner des avis. Si le gouvernement
l"'overload" en avis, qu'on lui donne plus de capacité... Est-ce qu'il y
a des avis strictement administratifs qui pourraient être donnés
par le Secrétariat à la jeunesse? Ce sont deux outils qui vont
être complémentaires, non pas identiques. Il faut quand même
rappeler que le Secrétariat à la jeunesse n'a jamais
été branché sur la machine. Cela fait un an qu'il est
branché sur la machine. Il n'y a jamais eu de volonté du
gouvernement de brancher un des seuls outils qu'on avait pour la jeunesse sur
la machine administrative que sont les fonctionnaires. Cela fait un an qu'ils
sont branchés. Tant qu'il n'y a pas de volonté, cela n'avance
pas. Au moins, il y a de la volonté. Si jamais un gouvernement qui
n'aurait plus cette volonté commençait à faire des
gestes comme celui-là, je pense qu'il serait sévèrement
jugé. On ne restera pas silencieux; je pense que ceux qui siègent
au conseil vont être capables de défendre leur position et
d'expliquer dans quel état ils se retrouvent. Les hommes politiques de
ce temps seront jugés et, je l'espère,
sévèrement.
Mme Blackburn: Vous savez qu'entre un "doit" et un "peut", le
"doit" prime sur le "peut".
M. Perrino: II peut aussi donner ses avis. Malheureusement, je ne
siégerai jamais à ce conseil, mais si j'étais à ce
conseil et qu'il y en aurait vingt qui me "loaderaient", je donnerais l'avis
que je jugerais prioritaire.
Mme Blackburn: Et je vous ferais confiance. Ce que je voulais
dire également, c'est que le ministre...
M. Dugas (Claude): Le projet de loi peut être
transformé pour indiquer que si le conseil permanent juge qu'il n'a pas
la capacité, parce que c'est trop de travail de traiter certains
dossiers et qu'il préfère en favoriser certains autres, il
pourrait - ce serait peut-être une modification possible au projet de loi
- affirmer qu'il est sursaturé en ce moment, qu'on va "prioriser"
certains dossiers et quand on aura le temps de s'attaquer à
ceux-là ou quand on aura besoin de ressources supplémentaires, on
l'indiquera.
Mme Blackburn: Je dois dire également que dans ce projet
de loi, il n'y a aucune obligation qui est faite au ministre de consulter sur
l'élaboration de politiques. On retrouve cela dans plusieurs projets de
loi.
M. Perrino: On le retrouvait à l'intérieur des
propositions initiales où on avait commencé cela, et c'est encore
dans le fait qu'on avait peur, justement, de surcharger ce conseil. Qu'est-ce
qui touche la jeunesse? L'éducation touche la jeunesse, la
sécurité du revenu aussi. On a parlé des régimes de
pension, cela touche aussi la jeunesse. Des lois dans le domaine du
ministère de la Justice, dans le sens où cela change l'ordre de
la justice ou si cela peut me toucher dans mon avenir. Ce n'est pas
compliqué, tout peut toucher à la jeunesse. Ce qui fait
qu'encore, la crainte que vous venez juste d'exprimer, c'est d'avoir ce conseil
trop surchargé, c'est pour cela qu'on a préféré
recommander qu'il puisse donner des avis sur ce qui... Si jamais le
gouvernement décide de ne pas le consulter sur tel sujet parce qu'il a
peur de la réaction, le conseil sera assez autonome pour dire: On va
rédiger un avis là-dessus quand même et on va le rendre
public.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, d'entrée de jeu, je
pense que vous avez parlé de la latitude qui devait être
laissée au conseil pour l'embauche de son personnel. Vous savez que
l'article 15 est très clair là-dessus.
M. Perrino: Ce sont justement des changements à cet
article, je pense que c'est l'article 15 qui parle des politiques de la
fonction publique? C'est cela?
Comme je vous l'ai dit, concernant le projet de loi, la commission
jeunesse a travaillé très fort sur des propositions, a
travaillé très fort avec les parlementaires pour donner nos
points de vue, mais ce qu'on apprend, c'est que la politique d'embauche dans la
fonction publique, et tout cela... Ce n'est que depuis le 2 décembre que
nous avons l'expérience de la façon dont cela peut se passer au
pouvoir. C'est d'ailleurs très enrichissant - non pas sur le plan
financier, par exemple - mais on s'aperçoit que cela peut être
très lourd. Ce n'est pas assez vite à notre goût et c'est
trop pesant. Les personnes que nous mettons là, on leur fait confiance,
alors qu'on fasse donc confiance aux jeunes, qu'on leur donne une enveloppe
budgétaire et qu'ils engagent eux-mêmes leur personnel. J'ai
davantage confiance aux choix de personnel que les jeunes vont faire que ceux
de certains fonctionnaires. On pourrait engager nous-même, pour une
partie du budget, on pourrait nous mettre tant d'argent et on serait autonomes
pour le faire. Le conseil va être jugé par les jeunes, par le
gouvernement et par la population, mais donnez-lui les éléments
afin qu'il puisse faire le meilleur job possible. Je ne pense pas qu'avec toute
la réglementation qu'il y a présentement sur... On va lui donner
une camisole de force et on va dire: Bouge. C'est sûr que cela ne
marchera pas.
Mme Blackburn: Bien. J'aurais plusieurs autres questions. Vous
développez très longuement, en page 5 particulièrement, la
position du Conseil permanent de la jeunesse, à l'intérieur de
l'ensemble de l'appareil politique administratif, une structure qui me
semble... Je dirais, d'ailleurs, que ce n'est pas la partie que j'ai
trouvée la plus limpide de votre mémoire, si vous me permettez le
commentaire, d'autant plus qu'elle fait longuement état d'une
démarche qui mène à une loi. Vous savez - d'autant plus
avec ce gouvernement, je dirais - qu'on se propose de légiférer
moins et mieux. Alors, il y a peu de travaux au Conseil permanent de la
jeunesse qui, normalement, devraient déboucher sur un projet de loi tel
que vous l'exprimez dans une démarche articulée, je devrais dire,
mais...
M. Perrino: Je pense que ce qu'il faut lire... c'est seulement un
exemple que l'on
pourrait donner de ce qui pourrait se passer. Alors, c'est un
scénario hypothétique qui est là pour essayer de faire
comprendre la démarche. Si je le reprends rapidement, des organismes ont
présenté au conseil des avis là-dessus et lorsque ces avis
convergeront, le conseil pourra prendre l'ensemble de ces convergences et faire
lui-même un avis qui pourrait être ensuite employé par la
machine. C'est le déroulement par étapes. Ce n'est pas ce qui est
le plus intéressant à expliquer, mais on l'a inclus parce qu'on
pensait que c'était important. On sait qu'il y a quand même
plusieurs organismes de jeunes qui vont lire le mémoire... Un
scénario, comment cela pourrait fonctionner selon une
hypothèse.
Le Président (M. Marcil): En conclusion, madame.
Mme Blackburn: Vous dites - ce sera ma dernière question,
parce qu'on me fait signe que c'est terminé, pour ainsi dire - en page
6, au dernier paragraphe: "La commission jeunesse - du Parti libéral,
j'imagine - s'estime donc satisfaite du mode de nomination des membres du
Conseil permanent de la jeunesse proposé dans le projet de loi 104. Elle
demeure ouverte aux propositions susceptibles de l'améliorer, dans la
mesure où ces suggestions respectent le principe de la double
responsabilité." J'aurais le goût d'une taquinerie. C'est comme si
ce n'était pas des recommandations, des propositions d'amendement que
l'on pourrait faire ici, si elles ne reçoivent pas l'assentiment de la
commission jeunesse du Parti libéral, comment réagiriez-vous?
M. Perrino: Je pourrais vous dire une chose: c'est ce que nous
préférons. S'il y en a qui préfèrent autre chose,
libre à eux. S'il y a d'autre chose dans le projet de loi, tant pis pour
nous. Ce qu'on a jugé bien important et c'est nouveau, c'est qu'il n'y a
aucun conseil qui a ce processus de nomination que j'ai expliqué tout
à l'heure, qui est la double représentation. C'est ce qui est
nouveau et nous avons trouvé cet élément très
intéressant. J'écoutais tout à l'heure le groupe qui nous
a précédés, et on soulevait en fait que c'était un
élément très intéressant. Dans notre esprit, on
préférait comme chaque groupe qui vient ici et qui dit: on
aimerait que cela marche de telle et telle façon, nous disons, nous,
qu'on aimerait que cela marche de telle et telle façon. Si ça ne
marche pas comme cela, tant pis, l'important c'est que ça marche, et ce
sont nos préférences à nous.
Mme Blackburn: Comme mon temps est écoulé, je
voudrais, au nom de ma formation politique, vous remercier de votre
participation aux travaux de cette commis- sion. J'ai lu et j'ai bien pris note
de vos différentes observations. Je dois vous répéter,
cependant, que j'aurais souhaité, venant d'un organisme jeunesse,
peut-être quelque chose de moins traditionnel, au delà de la
composition du collège électoral, ce qui est intéressant,
il faut le reconnaître, mais qui laisse paraître un organisme pour
ce qu'il n'est pas, un organisme consultatif. Si c'est le gouvernement qui le
nomme, il est consultatif ou bien il représente les jeunes. Cette
ambivalence dans les mandats ou dans les modes de désignation des
membres n'a pas été reçue de façon aussi... Les
gens ne se sont pas montrés très emballés par cette
structure. Par ailleurs, pour avoir présidé un organisme
consultatif, j'en connais aussi les limites. J'en connais les lourdeurs et les
lenteurs. Cependant, je ne pourrais quand même pas terminer sans vous
féliciter pour l'effort que vous avez fait. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Une question de la part du
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président, ce sera très
bref. L'Opposition, entre autres la députée de Chicoutimi, a
souvent fait état que c'était peut-être difficile de
travailler, d'une part, en collégialité, c'est-à-dire le
Conseil permanent de la jeunesse avec le gouvernement, et, d'autre part,
d'être critique. J'aimerais seulement avoir vos commentaires
là-dessus, sachant très bien que, à l'intérieur
même du parti, la commission jeunesse a été quand
même très critique, tout en travaillant et fonctionnant main dans
la main avec le parti. Il y avait un partenariat. J'aimerais vous entendre
à ce sujet pour apaiser les craintes de l'Opposition. Cela s'impose,
étant donné que le Conseil permanent de la jeunesse est un outil
qui sera très impartant, il se doit d'être objectif et de
travailler main dans la main. Il se doit aussi d'être très
critique. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Gauthier (Joël): Je vous dirais, M. le
député, que lorsqu'on est conseiller ou lorsqu'on est un conseil,
notre but c'est de conseiller, de faire en sorte qu'on aille dans la bonne
direction. Pour le Conseil permanent de la jeunesse, ce sera de conseiller sur
la problématique des jeunes. Si le gouvernement ne va pas dans la bonne
direction, le conseil va le conseiller et il va faire ses critiques. Il n'est
pas là pour toujours dire oui à ce que le gouvernement dit; il
est là pour faire en sorte qu'un développement se fasse pour les
jeunes. Je ne suis pas inquiet et la commission jeunesse n'est pas
inquiète. Je pense que l'ensemble des gens n'est pas inquiet à
savoir que ce Conseil permanent de la jeunesse va être
critique et qu'il va faire en sorte de développer un meilleur
dossier jeunesse.
M. Farrah: Vous conciliez très bien le fait de travailler
main dans la main et le fait d'être efficace.
M. Gauthier (Joël): Oui.
M. Perrino: L'important, c'est de partager les mêmes
objectifs et les mêmes convictions. Tant que cela se fait au sein du
gouvernement présentement - et on en est très heureux - il n'y a
aucun doute que cela se fasse dans les groupes de jeunes. Tant qu'il y aura ce
mariage, cela va bien aller.
Le Président (M. Marcil): Merci. M. Dugas, s'il vous
plaît.
M. Dugas: Une petite remarque.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît.
M. Dugas: II semble que les gens mettent beaucoup d'emphase sur
le Conseil permanent de la jeunesse comme si c'était la chose qui allait
régler les problèmes des jeunes au Québec. C'est sûr
que les problèmes des jeunes au Québec sont dans un état
critique en ce moment, mais cela va en s'améliorant dans certains cas.
Le conseil permanent, c'est un outil, mais tout ne va pas passer
nécessairement par là. Il y aura autre chose de
créé. Je suis sûr que la commission jeunesse va faire un
gros effort pour présenter d'autres idées. Il ne faudrait surtout
pas mettre trop de pression sur le conseil permanent et s'imaginer que c'est
lui qui va régler tous les problèmes qui existent au monde. C'est
seulement une petite remarque.
Le Président (M. Marcil); Mme ladéputée de Kamouraska-Témiscouata.
Mme Dionne: J'aimerais seulement terminer en mentionnant deux
choses. On a parlé de crédibilité tantôt et cela me
ramène toujours au souhait de la commission jeunesse au départ,
et au besoin du gouvernement de pouvoir compter sur des conseils judicieux de
la jeunesse.
Je reviens à la crédibilité. C'est sûr que ce
conseil doit être crédible auprès du gouvernement, mais
c'est peut-être l'une des premières fois que les jeunes du
Québec auront l'occasion de participer pleinement en envoyant des
représentants au collège électoral, appuyés par
trois organismes, bien sûr.
Parmi les inquiétudes que manifestaient les jeunes qu'on a
rencontrés ces jours-ci, il faut dire que c'est la première fois
qu'on dit que c'est important et qu'on n'a pas eu à y participer de
cette façon auparavant. C'est un apprentissage qu'il faut faire, et le
projet de loi en tant que tel est suffisamment souple pour permettre
différentes choses, et pour s'adapter à la réalité
de la jeunesse. Dans ce sens, il a peut-être besoin d'être
bonifié, mais sa base est, en fin de compte, la vôtre, car vous
l'avez pensé à la commission jeunesse du parti. Le projet de loi
répond quand même d'une façon assez précise aux
besoins du gouvernement et aux besoins des jeunes de se faire
représenter et d'être tout près du gouvernement.
D'autre part, j'aimerais mentionner à Mme la
députée de Chicoutimi qu'on retrouve trois jeunes hommes ici en
face, mais que les femmes ont également des postes stratégiques.
Au cabinet du premier ministre, on retrouve une femme qui est
représentante et qui... Bien oui! C'est important de le
mentionner...
Une voix: ...du premier ministre.
Mme Dionne: C'est une femme. Elle est jeune et elle s'occupe de
la problématique jeunesse au cabinet. Dans ce sens, j'aimerais
également vous remercier d'avoir présenté l'idée.
Il est certain que le gouvernement va étudier plusieurs de vos
recommandations avec beaucoup de sérieux. Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. Gauthier et
M. Perrino. S'il vous plaît! Nous reprendrons nos travaux à 20
heures pile. Si nous commençons en retard, nous terminerons plus
tard.
(Suspension de la séance à 18 h 33)
(Reprise à 20 h 4)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons maintenant entendre la Société de recherche en
orientation humaine, Mme Solange Delorme - je suppose que c'est vous? - et M.
Jean-François Chapleau. Nous vous souhaitons la plus cordiale bienvenue
à cette commission parlementaire. Vous connaissez un peu les
règles du jeu. Vous avez vingt minutes pour faire votre exposé.
Ensuite, il y aura des discussions pendant 40 minutes. Allez-y. On vous
écoute.
Société de recherche en orientation
humaine
Mme Delorme (Solange): Je vais reprendre certaines des
recommandations qui ont été faites par les représentants
des jeunes de notre organisme, la Société de recherche en
orientation humaine. Tout d'abord, pour vous situer un peu, on écrit
dans le document qu'il y a un tiers des
membres de cette société de recherche qui sont des jeunes
de 15 à 30 ans. Nous avons soumis le projet de loi à ces jeunes
qui représentent des étudiants de différents milieux
étudiants ou terminant le secondaire. Je vais essayer de vous expliquer
quelles sont les craintes qui les ont amenés à faire les
recommandations.
Leur première crainte, c'est que le Conseil permanent de la
jeunesse ne soit pas suffisamment représentatif de la
réalité des jeunes. Pour s'assurer que le conseil permanent soit
représentatif de la réalité des jeunes, ils proposent une
dimension qui leur semble importante: à leur avis, la dynamique des
problèmes des jeunes n'est pas la même selon les régions.
Donc, il faudrait qu'il y ait une représentation des différentes
régions. C'est pourquoi ils proposent des collèges
électoraux régionaux qui, eux, nommeraient quatre
représentants au collège électoral provincial, bassin dans
lequel seraient élus les onze membres ou plus du conseil permanent. Cela
a pour but de permettre une représentation de l'ensemble des
régions du Québec et pas seulement de quelques
régions.
Un autre aspect, qui touche également la
représentativité, vise à assurer une rotation. Pour
éviter que ce soient les mêmes individus qui, d'année en
année, se retrouvent au conseil permanent et au collège
électoral provincial ou régional, ils ont stipulé qu'une
même personne ne pourrait remplir que deux mandats, consécutifs ou
non et que cela fasse partie des règles.
Toujours sur le plan de la représentativité, à leur
avis, 15-30 ans est une marge d'âge tellement vaste qu'il faudrait
absolument faire des subdivisions. Ils proposent 15-22 et 23-30,
c'est-à-dire qu'il faudrait s'assurer que le collège
électoral de chaque région compte des représentants de ces
deux strates d'âge et qu'ils soient délégués au
conseil électoral provincial. Les quatre personnes de chacune des
régions administratives ne devraient pas être toutes
âgées de 25-30 ans, mais il devrait y avoir au moins une ou deux
de ces quatre personnes qui représentent les 15-22 ans et les deux
autres, les 23-30 ans. Justement, ces jeunes qui sont de différents
groupes d'âge ont constaté que les préoccupations sont
très différentes selon le type d'âge soit de 15 à 20
ans ou de 20 à 30 ans. Ce n'est pas du tout la même
réalité.
Un autre aspect qui leur apparaît très important, c'est
d'être véritablement intégrés au processus de
travail. Dans la recommandation, ils ont formulé cela en termes de
formation. On m'a demandé de bien spécifier dans quel sens ils
l'entendent. Ce qu'ils considèrent important pour le conseil permanent,
parce que cette formation toucherait le conseil permanent et non le
collège électoral global, c'est d'obtenir des adultes, avec
lesquels ils auront à travailler et avec qui ils souhaitent travailler,
des éléments d'information et de formation pour être en
mesure d'avoir un impact réel.
Ils craignent de n'être que des individus qui alimentent une
structure sans pouvoir s'y intégrer véritablement et sans en
connaître les rouages réels. Ils espèrent que, dans la
structure même du conseil permanent, on prévoie de leur donner
cette formation pour qu'ils soient suffisamment au courant des rouages pour
pouvoir avoir l'impact qu'ils veulent avoir.
Ils estiment aussi que, sur le plan de la réalité des
échanges, sur le plan professionnel ou du travail il y a certaines
lacunes. Enfin, ils espèrent que le conseil permanent comble un peu
celles-ci en leur donnant la possibilité de connaître les rouages
administratifs ou juridiques, de savoir comment les utiliser, comment les
rentabiliser en fonction de leurs besoins, et d'obtenir aussi des informations
de la part des adultes sur le plan de l'organisation des tâches et de la
relation interpersonnelle. D'ailleurs, ce souci va à l'appui d'une
préoccupation de la société de recherche qui est de
créer des milieux de travail conjoint entre jeunes et adultes, et de
faire en sorte qu'on cesse un peu d'avoir des ghettos où les jeunes sont
d'un côté et les adultes de l'autre, où ce sont les adultes
qui informent les jeunes et les jeunes qui alimentent les adultes, mais
rarement les deux groupes qui travaillent ensemble. Ils espèrent que le
conseil permanent permette le travail conjoint entre jeunes et adultes.
D'ailleurs, pour cela, ils souhaitent que les adultes impliqués avec eux
leur donnent de l'information sur l'ensemble des structures.
La dernière recommandation porte sur l'impact qu'ils souhaitent
avoir, que le conseil permanent, à leur avis, devrait avoir. Ils veulent
que cet impact ne soit pas limité à la structure gouvernementale
et au conseil, que ce soit auprès du ministre ou du premier ministre,
mais qu'il y ait aussi une possibilité de diffusion auprès du
public, que l'accent soit mis sur la diffusion réelle auprès du
public, autant jeune qu'adulte, et qu'on prenne les moyens nécessaires
afin d'assurer la mise en marche de cette diffusion, par exemple, en
étudiant quels sont les modes de diffusion qui rejoignent le plus les
jeunes et les adultes.
L'idée est de faire en sorte que le travail du conseil permanent
mette quotidiennement et continuellement à l'esprit de la population
québécoise la présence de la jeunesse et la
préoccupation de la jeunesse dans l'organisation de la
société, parce que, selon eux, le conseil permanent offre la
possibilité de se faire entendre comme partie prenante des
préoccupations de l'ensemble du gouvernement.
M. Chapleau et moi-même sommes
disposés à recevoir les questions.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup Mme Delorme. Nous
allons procéder immédiatement à cette période de
questions. Je dois reconnaître le député...
M. Després: Du comté de Limoilou, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): C'est cela, c'est ce que j'aidit. Vous êtes tellement nombreux dans votre formation qu'on ne peut
pas retenir tous les comtés.
M. Després: Mme Delorme, M. Chapleau, je voudrais vous
souhaiter la bienvenue à cette commission parlementaire et au nom de
tous les députés ministériels. Je voudrais vous remercier
de cette participation à cet exercice démocratique qui est de
venir è cette commission pour nous faire des recommandations sur la
façon de bonifier le projet de loi.
J'aimerais tout d'abord, dans une première partie, en
connaître un peu plus sur votre société. Il faut dire que
j'ai été assez impressionné de voir le nombre de
conférences et d'activités de votre société depuis
sa création en 1972 d'après ce que vous m'avez dit au
début. Les activités ont lieu autant au niveau international que
national; ce sont des séminaires, des rapports et des mémoires,
et ce, sur différents sujets. Je pense que vous parlez de
l'éducation, de la famille et du milieu social. Vous avez dit au
début que le tiers de vos membres étaient des jeunes, entre 15 et
30 ans. J'aimerais savoir combien de membres regroupe la Société
de recherche en orientation humaine et qui ils sont. Vous avez dit qu'ils
provenaient du milieu scolaire mais est-ce qu'il y en a d'autres? Je vais
commencer par cela.
M. Chapleau (Jean-François): L'organisme compte environ
200 membres actifs. On doit dire qu'il y a plus de gens qui appuient notre
organisme, mais de façon active il y en a environ 200. Les membres
proviennent de toutes les couches socio-économiques de la population. On
a dit que le tiers des membres est constitué de jeunes de moins de 30
ans. On a des parents, des travailleurs, des éducateurs et des
administrateurs. On a donc un membership multidisciplinaire, qui regroupe des
gens d'un peu toutes les strates socio-économiques.
(20 h 15)
M. Després: Vous me dites qu'il y a 200 membres. Donc,
toute personne intéressée à la société peut
devenir membre. De quelle façon ces gens-là sont-ils actifs? Par
des rencontres, des colloques ou des discussions?
Mme Delorme: Je peux vous le préciser. Vous aviez l'air de
vous intéresser surtout au tiers, c'est-à-dire les jeunes. On a
plusieurs sources d'information pour que les jeunes deviennent membres de la
société de recherche. Comme vous le dites, les personnes
intéressées par l'activité et le type de travail de la
société de recherche peuvent devenir membres en en faisant la
demande. Évidemment, la société de recherche est un
organisme sans but lucratif. Donc, il y a un taux minime d'environ 20 $ par
année pour devenir membre actif de cet organisme. Les jeunes viennent
chez nous par le biais d'activités que nous avons organisées. Par
exemple, la société de recherche est considérée
comme OVEP par le ministère de l'Éducation et, dans le cadre des
activités OVEP, nous avons fait beaucoup de choses avec les jeunes, par
exemple des ateliers de formation pour les jeunes en chômaqe, ou pour les
jeunes qui arrivent sur le marché du travail. A travers ce genre
d'activités, les jeunes, évidemment, s'intéressent
à l'organisme et voient qu'à travers cet organisme, ils peuvent
non seulement avoir des éléments d'activité, mais aussi
des éléments de formation et d'apprentissage au milieu social.
Ainsi, en s'y intéressant, ils deviennent membres.
Donc, ce sont des jeunes qui terminent le secondaire ou qui viennent
d'entrer sur le marché du travail, comme des étudiants. Comme M.
Chapleau le disait, puisque c'est multidisciplinaire, on a aussi beaucoup
d'éducateurs et d'enseignants qui sont membres et qui, eux,
véhiculent cela auprès des étudiants. Les étudiants
du secondaire s'intéressent, à ce moment-là, à la
société de recherche et deviennent membres. Nous avons dit aussi
que des familles sont membres et les adolescents de ces familles
s'intéressent souvent à la société, et deviennent
membres et participent aux organismes qui concernent plus la jeunesse de la
société de recherche.
M. Després: Cela répond bien à ma question.
Vous dites, dans votre rapport, que vous avez trois commissions: Une commission
de recherche sur la thématique familiale et une autre en
éducation jeunesse. Est-ce que ces commissions produisent les rapports
ou les mémoires que vous faites? Comment ces commissions
fonctionnent-elles? Est-ce que ce sont elles qui produisent les rapports?
Mme Delorme: Le type de travail que ces commissions ont à
faire, c'est soit des rapports, ou des publications, ou l'organisation
d'activités, conférences ou colloques. Elles ont aussi pour
tâche de se tenir à l'affût d'informations qui concernent
leur commission. Par exemple, à la commission éducation jeunesse,
il y a une partie des membres de cette commission qui
sera particulièrement à l'affût afin d'identifier
les problèmes qui touchent les jeunes et qui peuvent survenir au niveau
de l'éducation. À partir de l'identification des problèmes
ou des situations particulières, ils développent le type d'action
qu'il est possible de faire pour essayer d'intervenir face à ce genre de
chose.
Un exemple me vient à l'idée. La commission famille
identifie certaines difficultés qui arrivent actuellement au
Québec sur le plan de ta réalité multi ethnique et, face
à cela, ils essaient de voir les gestes que peut poser la
société de recherche pour inciter à une meilleure
façon de composer avec cette réalité. Par exemple, en
identifiant ce genre de problème, on réalise que, dans le milieu
de l'éducation, le même problème revient. Donc, on demande
à la commission éducation jeunesse de voir aussi quelle serait le
type d'action qu'ils sont en mesure de faire, soit une intervention directe
auprès de certaines institutions ou des représentations
auprès des responsables gouvernementaux ou de l'animation populaire au
moyen de conférences ouvertes au public, sur certains sujets qui sont
pertinents et qui peuvent susciter la réflexion et pousser...
M. Després: Est-ce que vous tenez compte de la
représentation des jeunes dans ces commissions? Est-ce que vous avez un
tiers? Non, pas nécessairement, il y a des jeunes.
Mme Delorme: Non, c'est cela. Disons qu'à
l'assemblée générale, la façon dont cela
fonctionne, je dirais que c'est par motivation. On ouvre les candidatures pour
les membres des différentes commissions. Les individus
intéressés par le type de problématique de la commission,
ainsi que par les projets soumis par l'ancienne commission...
c'est-è-dire qu'une commission qui vient de terminer son mandat lance
des projets pour l'année suivante, et les gens qui sont
intéressés, soit à modifier ces projets ou à les
assumer, deviennent membres de la nouvelle commission, mais c'est par
élection en assemblée générale et par volontariat
des différents membres.
M. Després: Étant donné qu'on parle des
commissions, est-ce que vous avez présentement un projet prioritaire ou
plus important? Étant donné qu'on est dans le cadre de
l'Année des sans-abri, est-ce que vous songez, à
l'intérieur de votre société, à un projet qui
viendra, je ne sais pas, en 1987 ou en 1988?
Mme Delorme: Actuellement, le projet en marche ne concerne pas
les sans-abri, mais l'accès au milieu du travail. Nous avons
réalisé un vidéo sur le marché du travail et les
jeunes, dans lequel il y avait des entrevues et des témoignages
d'adultes travaillant avec des jeunes, et de jeunes qui ont
accédé au marché du travail dans différents
domaines artistiques grâce à des subventions gouvernementales, ou
dans le milieu de l'administration. Avec ce vidéo, on va dans les
écoles secondaires et dans les cégeps pour animer un
échange avec les jeunes qui s'en vont sur le marché du travail,
pour essayer ainsi de les préparer à la réalité
qu'ils auront à affronter et pour voir avec eux quelles seraient les
démarches qui pourraient mieux les préparer è cette
réalité, quelles sont leurs attentes et comment les ajuster.
Disons qu'actuellement, c'est ce que nous avons sur le tapis. D'autre part,
toujours pour les jeunes, on a une recherche actuellement dans les
écoles secondaires qui porte sur l'impact des modes de vie familiaux,
sur la dimension de la sexualité et l'affectivité des jeunes.
C'est une recherche effectuée par enquête et questionnaire
auprès des parents et des jeunes.
M. Després: D'accord. Avant de passer à vos
recommandations, j'aurais peut-être une dernière petite question
en ce qui concerne votre société. Vous avez dit tout à
l'heure que les membres payaient une cotisation et que vous étiez
subventionnés dans le cadre du programme OVEP du ministère de
l'Éducation. Avez-vous d'autres sources de financement? Comment votre
société est-elle financée à part ces deux sources
de financement? Quel est le montant de votre budget?
M. Chapleau: II y a d'abord le ministère de
l'Éducation, dans le cadre de projets spécifiques à la
formation, de même que le ministère de la Santé et des
Services sociaux. Depuis plusieurs années, nous sommes appuyés en
tant qu'organisme communautaire. Dans le cadre d'activités ponctuelles,
nous sollicitons certains appuis financiers. Si je prends un exemple, nous
avons organisé en 1985 un congrès international, dans le cadre de
l'Année internationale de la jeunesse et nous avons évidemment
sollicité les appuis financiers des ministères concernés
par cet important projet.
On a parlé de cotisation de membres. Il y a effectivement un
"membership" qui apporte un peu d'eau au moulin. Il y a également des
sollicitations faites auprès des entreprises. D'autre part, on
reçoit un certain nombre de dons, et le budget est d'environ 100 000 $
par année.
M. Després: D'accord. Merci.
En ce qui concerne vos recommandations, à la paqe 9, plus
précisément, la première recommandation, vous parlez
d'établir un collège électoral régional.
J'aimerais savoir comment ce collège électoral serait
formé. Serait-il formé à partir d'un comité de
sélection, d'une personne par organisme, par région? De quelle
façon voyez-vous la formation de ce collège?
Mme Delorme: C'est lié aux organismes régionaux. On
passerait par le biais d'organismes régionaux pour que ceux-ci nomment
des individus et, qu'ensemble, ils finissent par en élire quatre qui
seront acheminés vers le collège électoral provincial.
La façon dont chaque région nommerait ces quatre personnes
n'a pas été précisée, mais l'objectif, c'est
d'assurer que les jeunes qui sont acheminés vers le collège
électoral provincial soient représentatifs de la jeunesse de leur
région, et qu'ils sentent qu'ils ont à véhiculer,
jusqu'à un certain point, les priorités ou les
prérogatives de leur région et des organismes dont ils sont les
représentants. Les jeunes voient en cela un phénomène de
régulation, c'est-à-dire que ceux qui seraient nommés au
collège électoral et au conseil permanent auraient,
jusqu'à un certain point, des comptes à rendre aux organismes de
la région dont ils seraient les représentants. Cela leur semble
important, contrairement à ce que propose le projet, c'est-à-dire
que les individus posent leur candidature de façon très libre.
Dans ce cas, selon l'avis des jeunes, les prises de position ou le type de
préoccupation pourrait être plus spécifique à des
individus, et moins à un ensemble de jeunes dans une région.
M. Després: Votre deuxième recommandation m'a
frappé, lorsque vous parlez des catégories d'âge de 15
à 22 ans et de 23 à 30 ans, parce que vous m'avez dit tout
à l'heure, que les jeunes que l'on retrouve à l'intérieur
de votre société sont surtout du niveau secondaire. Donc, je
comprends peut-être un peu mieux pourquoi on retrouve l'idée
d'avoir cette catégorie de 15 à 22 ans. En trouvant cette
catégorie, est-ce qu'on voulait qu'il y ait autant de membres de 15
à 22 ans que de 23 à 30 ans, ou était-ce simplement pour
s'assurer qu'il y ait un minimum de participation chez les jeunes de 15
à 22 ans?
Mme Delorme: Je ne voudrais pas vous induire en erreur. Ce n'est
pas qu'il y a une grande représentation des jeunes du secondaire, mais
ces représentants ont tenu à le dire, peut-être parce que,
même chez nous, ils n'ont pas une grande représentation Leur
objectif, c'est qu'il y en ait. Ils craignent que, si on laisse la
catégorie d'âge de 15 à 30 ans, il n'y ait pas de
représentant de 15 à 20 ans. Ils craignent qu'il n'y en ait pas
si on ne met pas une structure qui exige, jusqu'à un certain point, que
cette strate d'âqe soit représentée, lis ne le demandent
pas pour des raisons d'égalité ou de nombre, mais pour qu'on ait
cette préoccupation afin qu'on ne dise pas: On a onze jeunes de 23
à 27 ans, alors on représente les 15 à 30 ans. Pour eux,
cette situation n'est pas acceptable.
M. Després: En ce qui me concerne, il est important qu'on
retrouve des jeunes entre 15 et 22 ans. D'ailleurs, je pense que vous
n'êtes pas le premier groupe à le mentionner. C'est
peut-être un peu plus difficile pour le jeune qui a 15 ans de
réussir à percer parmi ceux qui ont 26, 27 ou 28 ans. Pour un
jeune qui veut se présenter, c'est peut-être un peu comme se
présenter en politique au milieu des loups de la politique.
En ce qui concerne votre recommandation no 4: "Nous recommandons que les
membres du conseil permanent puissent recevoir une formation concernant les
mécanismes de la structure gouvernementale et les aspects juridiques,
économiques, sociaux et humains", je voudrais vous féliciter,
parce que c'est une très belle initiative. Ce sont justement des
commissions comme celles-ci qui nous permettent d'avoir des recommandations.
Pour ma part, je suis d'accord. Je pense que la position gouvernementale sera
également favorable. Il est important que le conseil ait une information
minimale afin de connaître un peu les rouages administratifs de cette
structure gouvernementale, qui est très lourde. On s'en est rendu
compte, nous-mêmes qui sommes des députés élus
depuis maintenant un an. Cela prend un certain temps à se familiariser
avec le fonctionnement de la machine gouvernementale.
En ce qui concerne...
Mme Delorme: Est-ce que je peux me permettre - puisque vous
parlez de cette recommandation - d'ajouter un élément?
M. Després: Oui, sûrement.
Mme Delorme: Cet élément m'apparaît important
dans les études qu'on a faites avec les jeunes. Il s'agissait de
réaliser que, souvent, ce qu'on appelle la "démobilisation des
jeunes", entre guillemets, pouvait être liée au fait que tout au
long de leur expérience jusqu'à maintenant, on ne les a pas
tellement confrontés à ta nécessité de
développer une résistance face à l'adversité ou
face à des obstacles. C'est un peu le propre de cette
génération de jeunes d'avoir vécu au long de leur
éducation, familiale ou scolaire, dans un milieu et dans un contexte
assez conciliants à certains égards, et très difficiles
à d'autres - je n'embarquerai pas dans les détails - mais assez
conciliants à certains égards. On a voulu que
l'apprentissage soit agréable et motivant. Dans les familles, on
n'a pas voulu que ces enfants soient confrontés à des
difficultés qui pourraient les perturber. C'est ainsi que nous nous
retrouvons avec des jeunes de 15 à 20 ans qui n'ont pas beaucoup
l'expérience de l'adversité et qui auraient besoin d'apprendre
à persévérer face à des obstacles et, je dirais,
presque à s'entêter face à des difficultés. On
parlait de formation. Ce serait aussi une bonne relation entre ces jeunes et
des adultes qui connaissent le milieu et qui connaissent le rouage pour qu'il y
ait un genre de dialogue, d'encouragement ou d'entraînement, de
façon qu'ils n'aient pas le sentiment qu'ils n'ont aucun impact. Les
jeunes attendent du Conseil permanent de la jeunesse qu'il donne à ceux
qui seront dans les collèges électoraux et provinciaux et
è tous ceux qui auront accès à l'information qui va venir
de ce conseil permanent, le sentiment que des jeunes peuvent avoir un impact ou
une emprise sur l'avenir de la société dont ils auront en main
les rouages dans quelques années. Il ne faut pas qu'ils aient
l'impression, actuelle peut-être, que c'est une machine qu'on leur
donnera dans quelque temps dans l'état dans lequel on voudra bien la
leur donner, et qu'ils n'auront rien eu à faire et rien à en
dire.
M. Després: Je suis entièrement d'accord avec vous.
On a pris bonne note de cette recommandation.
En ce qui concerne votre dernière recommandation, à savoir
que le Conseil permanent de la jeunesse devrait avoir tous les moyens à
sa disposition pour diffuser et publier, annuellement et au besoin le
résultat de ses recherches et de ses travaux, je ne vois pas, pour ma
part, quelle difficulté il y aurait pour le Conseil permanent de la
jeunesse de pouvoir faire cette diffusion. Je pense qu'on va lui accorder un
budget. Ce sera à lui de diffuser cette information et de rendre publics
ses résultats annuellement. Selon le projet de loi, il devra en rendre
compte au moins une fois par année à l'Assemblée
nationale. Je pense qu'il sera important de mettre la jeunesse au courant des
résultats des démarches du conseil et des avis qu'il émet.
Effectivement, je pense qu'il aura tous les moyens pour pouvoir le faire.
M. le Président, pour l'instant, j'ai terminé.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Limoilou. Maintenant, je vais céder la parole
à Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Bonsoir madame,
bonsoir monsieur.
Au nom de ma formation politique, il me fait plaisir de vous souhaiter
la bienvenue à cette commission. Je veux en même temps vous
remercier d'avoir pris la peine de vous présenter devant cette
commission. Les avis et les mémoires qu'on a reçus ici sont fort
variés. Je dirais qu'il y en a finalement peu qui nous viennent
d'organismes d'adultes, comme je les appellerais, même si vos membres
sont jeunes. On sait que c'est un organisme davantage tourné vers la
recherche et qui implique donc plutôt des adultes. Je trouve cela
intéressant pour cette raison. Le fait que vous ayez jugé utile
de nous soumettre un mémoire m'apparaît, non seulement
justifié, mais fort pertinent. (20 h 30)
Si vous me le permettez, j'aborderais tout de suite votre
mémoire. En introduction, à la troisième ligne, vous
dites: "Ce conseil doit être avant tout un mécanisme
complémentaire des diverses instances de la société afin
d'éviter un cloisonnement des jeunes par rapport aux adultes." C'est un
peu I'interrelation ou la contestation qui nous a été soumise par
un groupe qui disait: Si on crée une conseil consultatif
spécifique à la jeunesse, on vient en quelque sorte
"déresponsabiliser" la société qui confie ses
problèmes ou sa lecture des problèmes à cet organisme. Il
tenait sensiblement le même discours sur la condition féminine. Il
disait: À partir du moment où vous tenez un organisme responsable
de vous présenter la problématique de la condition des femmes,
les problèmes d'intégration des jeunes et des femmes deviennent
des problèmes de jeunes, de femmes et non pas des problèmes de
société.
Je dois vous dire que j'ai toujours été sensible à
cet argument, même en ce qui concerne le Conseil du statut de la femme.
Cela a commencé avec le Conseil du statut de la femme. On a toujours
craint que du moment où on spécialise des questions comme
celle-là, on finit par "déresponsabiliser" la
société. On dit: Ce ne sont plus des problèmes de
société; ce sont des problèmes de femmes. Ce ne sont pas
des problèmes de société; ce sont des problèmes de
jeunes. C'est un argument qui nous a été servi à quelques
reprises. Comment réagissez-vous?
Mme Delorme: Je pense que cela entre tout à fait dans le
cadre de nos préoccupations. En recommandant une formation qui met en
contact les jeunes et les adultes, on essayait d'éviter cet isolement
des jeunes. La préoccupation de la société de recherche
à cet égard - c'est pourquoi on en parle dans l'introduction - a
toujours été d'établir une relation et un dialogue entre
le jeune et l'adulte et non pas d'isoler le jeune par rapport à l'adulte
et l'adulte par rapport au jeune. On a constaté que le mode de vie
sociale actuel, tant sur le plan du travail que celui des loisirs, a
malheureusement tendance à créer ou à
accentuer cette séparation entre jeunes et adultes.
Permettez-moi un bref rappel historique. Lorsque nous en étions
à l'étape du travail artisanal, le jeune était en contact
permanent avec l'adulte et apprenait quotidiennement les gestes et les modes de
penser de l'adulte. Actuellement, puisque la répartition des
tâches et les loisirs sont beaucoup plus spécialisés
qu'à cette époque, il faut volontairement - dirais-je -
créer des milieux de rencontre entre jeunes et adultes. Autrefois, cela
se faisait naturellement par la nécessité des choses, parce que
les individus vivaient dans des cadres plus fer-més et que le travail
était moins spécialisé.
Actuellement, il faut se rendre compte que cette dimension du rapport
jeune-adulte doit être prévue de façon consciente et
volontaire par l'ensemble de la société, sinon, il y aura un
genre de séparation entre le monde et la vie des jeunes et le monde et
la vie des adultes. J'y reviens. L'exemple qui me vient à l'esprit,
c'est le travail et les loisirs qui sont très spécialisés:
loisirs de jeunes, loisirs d'adultes, un travail pour les adultes, des
études pour les jeunes ou un autre type, et la réalité du
monde du travail que les jeunes rencontrent. Ils ont à composer et
à transiger avec des adultes, ce qu'ils n'ont peut-être pas
beaucoup fait pendant X années, à part les enseignants qu'ils ont
rencontrés.
Mme Blackburn: Vous nous dites qu'il y a un danger de renforcer
cet isolement des jeunes par le biais d'un Conseil permanent de la jeunesse,
à moins qu'on ne soit très vigilant.
Mme Delorme: C'est cela. Mme Blackburn: D'accord.
Mme Delorme: II faut être préoccupé par cette
dimension. Premièrement, il ne faut pas, je dirais,
déculpabiliser la société en disant: Nous avons un conseil
permanent; donc, si les jeunes ont quelque chose à dire, ils n'ont
qu'à le dire par cette voix-là et s'ils ne le disent pas, ce
n'est pas notre problème. Il ne faudrait pas qu'il y ait ce genre de
"déresponsabilisation" de la part des adultes. Il faudrait simplement
que le conseil permanent soit une voix plus forte que les voix habituelles. Je
le disais précédemment, il faudrait que les jeunes aient le
sentiment qu'ils peuvent avoir un impact sur une structure et, peut-être
que le conseil permanent, s'il est fait en fonction de cet objectif, pourrait
leur permettre d'avoir cette voix, d'avoir cet impact.
Mme Blackburn: À partir de la page 6 et suivantes, on
retrouve vos recom- mandations touchant le collège électoral.
Vous recommandez la création d'un collège électoral dans
chacune des régions administratives du Québec composé des
représentants des organismes régionaux de la jeunesse oeuvrant
dans les secteurs de l'éducation, du loisir, des affaires sociales et du
travail. Vous entendez bien organismes régionaux et non pas locaux.
Mme Delorme: II faudrait me préciser la différence
que vous faites.
Mme Blackburn: Des organismes régionaux de la jeunesse, il
n'y en a pas beaucoup. C'est là-dessus que je voulais attirer votre
attention. Est-ce que vous parlez vraiment d'organismes...
Mme Delorme: Non, je pense que cela voulait dire des organismes
de la région.
Mme Blackburn: D'accord. De la région. Mme Delorme:
Oui.
Mme Blackburn: Je trouvais qu'on finissait par en avoir moins que
quatre dans certaines régions.
Mme Delorme: Je comprends votre... Une voix: C'est
vrai.
Mme Delorme: Non, c'étaient les organismes de la
région.
Mme Blackburn: D'accord. Vous dites, toujours dans le même
paragraphe: "tel que stipulé à l'article 16" et là vous
ajoutez: "Tout candidat, avec l'appui de son organisme...". Est-ce que vous
postulez comme à l'article 16 que l'organisme doit être
incorporé en vertu de la troisième partie de la Loi sur les
compagnies ou est-ce tout simplement un organisme qui pourrait être non
incorporé, bona fide ou encore...
Mme Delorme; Non, la préoccupation pour le
représentant d'organismes - je le disais tout à l'heure, je
crois, au député de Limoilou - c'est que le candidat soit tenu
jusqu'à un certain point par un "background" de jeunes de sa
région et qu'il ne se sente pas à l'aise d'avoir des
préoccupations qui pourraient ne pas être communes à
l'ensemble des jeunes de sa région. Alors, comme il est le
représentant d'un organisme et rattaché à un organisme,
qui, lui, regroupe plusieurs jeunes, il a jusqu'à un certain point des
comptes à rendre à ces jeunes et, en ce sens-là, cela
assure une certaine supervision, je dirais. Cela n'est pas le bon mot, mais
enfin, l'individu sentirait qu'il n'est pas là juste à son propre
titre, qu'il a des comptes à rendre à un groupe de
jeunes de sa région, qui ont des problèmes
spécifiques. Mais ce n'est pas dans le sens d'incorporer ou de
légaliser, etc. Non, c'est simplement qu'il soit rattaché, qu'il
soit alimenté par un groupe de jeunes et qu'il ait des comptes à
rendre à ce groupe de jeunes pour qu'il soit en contact réel avec
ce que les jeunes vivent.
Mme Blackburn: Donc, qu'il ne se représente pas
exclusivement lui-même.
Mme Delorme: C'est cela. Il y a les deux côtés: que
les jeunes de l'organisme l'alimentent des types de préoccupations et
que lui ait des comptes à leur rendre; donc, qu'il s'en tienne à
cela.
Mme Blackburn: Dans "Durée des mandats et strates
d'âge", toujours en page 6, vous dites: "La durée du mandat au
sein des collèges électoraux régionaux est de deux ans."
C'est votre proposition.
Mme Delorme: Oui.
Mme Blackburn: "Chaque organisme doit déléguer un
nouveau représentant à chaque mandat." Cela veut dire, si je
comprends bien, que les mandats ou collège électoral ne
pourraient pas avoir une durée de plus de deux ans, si je lis
correctement, parce que chaque organisme doit déléguer un nouveau
représentant à chaque mandat.
Mme Delorme: C'est cela. Mais comme chaque région a quatre
représentants, il y aura des nouveaux et des anciens, je me souviens,
quand les jeunes en ont discuté avec moi, qu'ils ont proposé
qu'il y ait à la fois une rotation et une espèce de
continuité. Ils essayaient de trouver une formule qui permettrait un peu
les deux choses. Ils ne les ont pas mises dans le mémoire, mais il y a
une formule qui me paraît intéressante où une partie du
conseil permanent peut rester pour deux mandats consécutifs et une autre
partie doit nécessairement être renouvelée. Finalement, ils
ont décidé de laisser cela à votre discrétion, mais
ils veulent qu'on soit attentif à ce qu'il y ait nécessairement
une rotation. Ils sont conscients qu'une continuité est importante pour
transmettre le flambeau d'une année à l'autre, mais aussi que le
dynamisme d'un renouvellement continuel est absolument nécessaire pour
éviter que même un groupe de jeunes puisse se scléroser. Ce
n'est pas exclu, même quand on est jeune.
Mme Blackburn: Je voulais juste comprendre la formulation.
Mme Delorme: Oui, je comprends votre...
Mme Blackburn: J'avais l'impression que tel que
rédigé, cela ne se pouvait pas; étant donné que
chaque organisme présente un nouveau représentant tous les ans,
il ne peut pas se retrouver quelqu'un qui ait deux mandats
consécutifs.
Mme Delorme: Au pied de la lettre, vous avez tout à fait
raison; je l'avais remarqué aussi en le relisant.
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Delorme: Mais comme j'étais présente aux
réunions, j'essaie de vous transmettre quel était l'esprit.
Mme Blackburn: Je suis consciente qu'il ne faut pas
scléroser un organisme avec des mandats trop longs, mais ne trouvez-vous
pas que deux ans, c'est un peu bref pour un organisme de cette nature et
à ce niveau?
Mme Delorme: C'est pour cela qu'ils ont parlé de la
possibilité de deux mandats. Donc, cela fait quatre années.
Enfin, il y a différents facteurs qui jouent. Nous avons besoin de
représentants des jeunes. Si on met un mandat de quatre années,
le jeune arrive à 24 ans, il en a déjà 28 au bout des
quatre années. Alors, c'est ce qenre de considération d'âge
qui a fait qu'à la suite de discussions entre eux, les jeunes en sont
venus à dire que des mandats de deux ans étaient peut-être
préférables puisque, de toute façon, ils
considéraient qu'en tant que jeunes, ils sont beaucoup plus mobiles et
peut-être instables, d'une certaine façon, et qu'un engagement
à plus long terme pourrait être assez difficile. Deux ans avec la
possibilité de réengagement pour deux autres années, cela
leur semblait plus réaliste, mais ils avaient comme préoccupation
qu'un engagement à trop long terme pourrait être difficile sur le
plan réaliste et sur le plan de la représentativité de
l'âge des jeunes.
Mme Blackburn: Je pense que dans tes autres organismes
consultatifs, c'est trois et cinq ans. C'est pour cela que je trouvais que deux
ans, c'était un peu bref. Pour qu'un nouveau venu à un conseil
consultatif comprenne la problématique au rythme d'une réunion
par mois - il faut retenir qu'il n'est pas là tous les jours, ce n'est
pas comme sur le marché du travail - il lui faut trois, quatre ou cinq
réunions avant d'avoir fait à peu près le tour des
dossiers, de sorte qu'il commence à être fonctionnel au
sixième, septième ou huitième mois. Cela ne lui donne pas
beaucoup de temps. En tout cas, c'était l'essentiel. Je comprends aussi
!a préoccupation des jeunes qui ne veulent pas d'engagements à
trop long terme, mais, par ailleurs, je trouve cela bref comme mandat, (20 h
45)
Vous touchez, en page 7, la diffusion des informations. Je trouve que le
pouvoir des conseils consultatifs repose presque exclusivement, pour ne pas
dire exclusivement, sur la diffusion de leurs avis. Je pense bien qu'il faut
donner à l'organisme à créer tous les moyens de faire
cette diffusion.
Par ailleurs, dans les autres lois, on voit une obligation faite au
ministre, non pas au ministre mais au conseil consultatif, de présenter
annuellement un rapport, non seulement sur ses activités, mais un
rapport sur l'état et les besoins des groupes qu'il représente.
Ils prennent un thème, le développent et en font l'objet d'une
publication annuelle. Dans cette loi, on n'a pas cette obligation. De
même, une des remarques, une des craintes, pour ne pas dire une des
appréhensions des groupes qui se sont présentés ici, c'est
que, telle que libellée, la loi donne au ministre le pouvoir de demander
des avis à ce conseil, lequel doit donner des avis et doit faire des
recherches à la demande du ministre. La crainte que les organismes
avaient à cet égard, c'est qu'un ministre qui ferait beaucoup de
commandes au conseil, qui doit donner des avis, finirait par
complètement museler le conseil, à toutes fins utiles.
C'était une des inquiétudes.
La seconde appréhension, c'est que le ministre ne soit pas tenu,
aux termes de la loi, de consulter le conseil sur les politiques de son
ministère touchant la jeunesse. C'était l'autre
préoccupation. Vous ne vous êtes pas vraiment penchés sur
ces aspects.
Mme Delorme: Le seul aspect qui touche un peu cela, c'est - on le
voit, d'ailleurs, dans la recommandation - je dirais, de minimiser,
jusqu'à un certain point, le pouvoir du ministre, en ce sens que dans le
projet de loi, le ministre choisit, dans le collège électoral,
les onze représentants du conseil permanent, alors que, dans la
recommandation ici, c'est le collège électoral provincial qui
élit onze personnes. Je crois qu'on laisse au ministre la nomination du
président du conseil permanent, mais c'est le collège
électoral qui élit les onze personnes qui seront au conseil
permanent. C'est le seul point où il y a quand même une
préoccupation pour que le ministre ait de l'information de la part du
conseil permanent, mais sans avoir la mainmise sur ce conseil.
L'élément de diffusion des informations a été
traité aussi en ce sens: on demande que ce ne soit pas un conseil qui ne
serve qu'au ministre, mais qui serve également à la population
et, dans ce sens, que tout ce que le conseil permanent jugera important de
diffuser à la population puisse l'être et qu'il ne soit pas
simplement tenu de répondre aux demandes du ministre ou aux
préoccupations du ministre.
Mme Blackburn: L'article 27 leur fait obligation... Avez-vous un
exemplaire de la loi en main?
Mme Delorme: Oui.
Mme Blackburn: Je me permets de vous le lire: "Le Conseil doit
donner son avis au ministre sur toute question que celui-ci lui soumet
relativement aux besoins et aux intérêts de la jeunesse. Il doit
de plus effectuer ou faire effectuer les études et les recherches qui
lui sont demandées par le ministre."
L'inquiétude de plusieurs organismes, c'était de dire que
dans l'hypothèse où le ministre fait plusieurs commandes,
l'essentiel des énergies devra être consacré à
répondre à des commandes du ministre, et non pas à
entreprendre des travaux, des recherches, des enquêtes.
Mme Delorme: Je pense qu'il n'y a pas de recommandation
précise par rapport à cet article 27, mais on souliqne le besoin
de collaborer avec le ministre, mais aussi d'avoir une certaine autonomie sur
le plan de l'action et des préoccupations.
Mme Blackburn: Toujours à la page 7, vous parlez de la
formation des membres. Je partagerais votre opinion: si la durée des
mandats est aussi courte, il faudra leur assurer une formation le plus
rapidement possible pour les rendre habiles à comprendre un peu la
structure administrative et la fonction consultative en administration
publique. Ce n'est pas simple comme approche. On ne peut pas aller non plus
dans toutes les directions. Je trouve que c'est une recommandation fort
pertinente.
Vous avez parlé de la place qui devrait être faite aux
jeunes de 15 à 23 ans, 15-22. C'est effectivement une autre remarque qui
nous est venue souvent: la difficulté qu'éprouveraient, selon le
mode de sélection prévu au projet de loi, les jeunes de 15, 16 et
17 ans à faire valoir leur candidature et à franchir les
différentes étapes. C'est revenu, je pense, très souvent.
Le mode que vous proposez, déjà, s'il est accepté, aura
comme effet de réduire un peu les obstacles. Cependant, si, dans une
région, vous avez 40 ou 50 organismes qui délèguent un
représentant, il faudra quand même que votre jeune de 15, 16 ou 17
ans fasse valoir sa candidature pour être parmi les quatre.
Mme Delorme: Quant à la proposition pour les quatre
représentants, il doit nécessairement y avoir au moins un
représentant de la tranche d'âge 15-22 ans et c'est plutôt
au collège électoral provincial, quand il y aura élection
du conseil permanent, qu'il devra faire valoir son poids; mais il serait
déjà d'office au
collège électoral provincial.
Mme Blackburn: Vous vous êtes penchés sur le cas des
15-22 ans. Un organisme faisait valoir qu'on devait avoir la même
attention pour assurer une place aux femmes au sein de ce conseil. On disait
qu'il faudrait que les femmes soient paritaires. Est-ce qu'on devrait, selon
vous, inscrire cela dans un projet de loi?
Mme Delorme: Je dois vous avouer que les jeunes qui ont
étudié le projet de loi n'ont pas pensé ou cru bon de le
mentionner de façon précise. Évidemment, un Conseil
permanent de la jeunesse où il n'y aurait que des femmes ou que des
hommes me semblerait sûrement partiel. De là à dire qu'il
faut absolument mettre une structure pour en assurer la
représentativité, j'espère que non.
Mme Blackburn: Voici ce qu'avançait hier le groupe des
femmes diplômées, je pense, pour le justifier. Je trouvais que ce
n'était pas complètement dénué de bon sens. Je leur
ai demandé: Est-ce que vous pensez qu'une telle obligation devrait
être inscrite dans toutes les lois? Non, elles estimaient que
c'était particulièrement pertinent au moment où on est en
train d'examiner un projet de loi qui touche la jeunesse, laquelle jeunesse est
en train de modifier ses valeurs. Donc, il faut lui en donner l'occasion.
C'était un moyen de s'inscrire dans ces nouvelles valeurs où les
femmes partagent à part égale la responsabilité de la
gestion de certaines affaires dans les organismes publics entre autres. Je
trouvais que cela se défendait.
Mme Delorme: C'est cela, comme je vous dis, peut-être
qu'elles ont présumé qu'automatiquement il y aurait une
représentation à peu près égale de garçons
et de filles, puisqu'elles n'ont pas prévu un mécanisme
précis pour cela.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a eu autant de garçons que
de filles qui ont travaillé à la préparation de ce
rapport?
Mme Delorme: Bonne question. Je revois les visages dans ma
tête.
Mme Blackburn: Oui, oui.
Mme Delorme: Je dirais qu'il y avait peut-être un peu plus
de filles que de garçons.
Mme Blackburn: D'accord. On a vu aussi de façon
générale qu'il y a probablement, dans les organismes de jeunes -
je pense à la commission jeunesse du Parti libéral - autant de
filles que de garçons, sauf que les porte-parole sont
généralement masculins.
J'ai une dernière question. Vous avez fait un certain nombre de
travaux impressionnants, je dois dire. J'ai eu l'occasion de prendre
connaissance un peu de vos réalisations. Si vous aviez à
identifier les quelques priorités sur lesquelles devrait se pencher le
conseil permanent, quelles seraient-elles? Sur quoi ce conseil devrait-il
d'abord, en priorité, placer ses énergies?
Mme Delorme: Je dirais que ce serait de se concentrer d'abord sur
le mécanisme ou la structure - je ne sais pas laquelle -mais sur quelque
chose qui permettrait aux jeunes de sentir l'impact qu'ils peuvent avoir dans
la société. J'ai parlé tout à l'heure de cette
dimension de développer une résistance et de réussir
à persévérer dans une action au sein d'une
société à la fois d'adultes et de jeunes. Je pense que ce
serait la première préoccupation à avoir.
Mme Blackburn: En somme...
Mme Delorme: Cette implication du jeune dans la
société qui inclut à la fois des jeunes et des adultes, et
peut-être pas se préoccuper d'abord de choses qui ne concernent
que les jeunes.
Mme Blackburn: Leur apprendre l'effort et qu'ils peuvent avoir
des résultats en mettant de l'effort en collaboration avec les autres
groupes. C'est un peu ce que je comprends.
Mme Delorme: Disons que l'accent serait mis sur l'implication au
sein de la société et, pour que cette implication soit possible,
d'après ce qu'on a vu dans nos recherches, il faut que le jeune accepte
et développe cette dimension de résistance et de
persévérance.
L'objectif visé serait l'implication non seulement dans le cadre
des préoccupations et des activités liées aux jeunes, mais
dans une société en général.
Mme Blackburn: Vous dites qu'il faut apprendre aux jeunes
à se battre.
Mme Delorme: Leur apprendre à prendre leur place au sein
de l'ensemble et non à essayer de se créer un univers à
part.
Mme Blackburn: Très bien.
Mme Delorme: Un univers qui serait de plus en plus douillet, mais
qui serait à part.
Mme Blackburn: Je voudrais vous remercier. J'ai fort
apprécié à la fois votre mémoire et votre
présentation. J'espère que les quelques recommandations
importantes
touchant à la fois la formation, la diffusion et la composition
du collège électoral seront examinées avec beaucoup
d'attention par le parti ministériel. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Gratton: Mme Delorme et M. Chapleau, je peux vous assurer que
le gouvernement considérera très sérieusement vos
recommandations. Je partage votre point de vue que les jeunes doivent apprendre
à être persévérants, à faire face à
l'adversité et à s'intégrer dans la société,
notamment au gouvernement. C'est exactement l'un des buts que vise la
création du Conseil permanent de la jeunesse, de permettre à ces
jeunes qui en 'sont membres de faire des représentations et de
représenter, évidemment, ceux qui les auront
délégués, étant fort conscients que la tâche
ne sera pas facile. Elle ne sera sûrement pas facile. Je vous donne
l'exemple du député nouvellement élu. Pour ma part, cela
fait quatorze ans et j'apprends encore tous les jours sur la façon de
faire affaire et d'obtenir des résultats du gouvernement. Je suis
sûr que certains de mes collègues, élus il y a à
peine un an, seraient probablement prêts à vous dire qu'ils n'ont
pas encore terminé leur apprentissage. Ces jeunes qui feront partie du
conseil permanent en auront besoin, compte tenu de la courte durée du
mandat...
Si on a fixé le mandat à deux ans, notre perception de la
situation est que, finalement, dans les organismes de jeunesse, l'implication
des jeunes à titre individuel est d'une durée d'environ un an.
C'est très court. Évidemment, la jeunesse a cet aspect
particulier qu'on ne demeure pas jeune très longtemps, malheureusement.
II sera donc extrêmement important de donner suite à cette
recommandation inédite. Vous êtes les premiers à nous
parler de cette nécessité d'assurer la formation des membres du
conseil permanent. Il faudra inventer des moyens pour qu'ils puissent sentir
qu'ils ont l'occasion d'apporter leur contribution au cours d'une
période de temps, qu'elle soit de deux, trois ou quatre ans. Je suis ici
depuis quatorze ans et, je le disais tantôt, je ne connais pas encore
tous les trucs pour faire avancer les choses. J'en ai appris un certain nombre
et j'en apprends encore chaque jour.
Cette recommandation, qui déborde un peu le cadre du projet de
loi, vous en conviendrez, m'apparaît très pertinente, et les
autres également. Le député de Limoilou l'a indiqué
clairement. Chacune de vos recommandations rejoint certaines
préoccupations exprimées par d'autres organismes et elles
amèneront le gouvernement à réfléchir sur la
façon de les traduire dans le texte du projet de loi.
Je vous remercie très sincèrement de votre contribution.
Vos réalisations en tant qu'organisme sont garantes du sérieux de
vos propositions. Il sera impossible, j'en suis sûr, de satisfaire toutes
les recommandations qui nous ont été faites. Mais, c'est surtout
dans l'esprit, dans la façon dont on utilisera tant la loi que le
Conseil permanent de la jeunesse que l'on pourra se rejoindre, tout au moins,
sur les objectifs à atteindre. Merci infiniment.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Mme Delorme et M. Chapleau, merci de votre présence ce soir. Nous allons
suspendre pendant 60 secondes afin de permettre à M. Christian Lapointe
de se présenter.
(Suspension de la séance à 21 h 1)
(Reprise à 21 h 2)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux. M. Lapointe, je vous souhaite la plus
cordiale bienvenue à notre commission parlementaire. Vous en connaissez
un peu le déroulement. Vous êtes la deuxième personne qui a
le courage de se présenter seule et de rédiger un mémoire.
Pour la plupart, il s'aqit d'organismes. Nous apprécions beaucoup votre
présence ce soir. Sans plus tarder, nous vous laissons la parole.
M. Chrystian Lapointe
M. Lapointe: Je vais essayer de faire un bref
résumé du mémoire pour garder plus de temps pour les
discussions.
Le principe de base du Conseil permanent de la jeunesse est très
intéressant, mais il y a des lacunes comme dans toute structure nouvelle
qu'on veut implanter. Par contre, le Conseil permanent de la jeunesse va
être un bon point pour les jeunes. Il va donner une place aux jeunes; ils
pourront dire au gouvernement ce qu'ils pensent, ce dont ils ont besoin et ils
pourront s'impliquer dans les structures, dans tout ce qui peut se rattacher
à eux, autant au niveau du travail qu'au niveau des politiques
générales, parce que c'est la jeunesse d'aujourd'hui qui va
être assise à la place du gouvernement dans quelques
années. Je pense aussi que le gouvernement a une bonne intention en
formant le Conseil permanent de la jeunesse. Il donne à la jeunesse une
place dans la structure gouvernementale et il donne une chance aux jeunes de
connaître ce qu'est une structure gouvernementale, de connaître les
prises de décisions, comment on structure une génération,
etc. Il y a beaucoup de bons
points pour le Conseil permanent de la jeunesse.
Par contre, dans la structure qui est présentée dans le
projet de loi, il y a différentes lacunes. Je vais en nommer
quelques-unes ici, entre autres, la formation qu'on propose du collège
électoral, soit 40 personnes et parmi celles-ci, on choisit onze
personnes. Le premier ministre nomme un président. Selon moi, c'est une
grosse lacune. Je proposerais plutôt la création de conseils
permanents régionaux, c'est-à-dire quatre personnes par
région qui représenteraient les quatre secteurs
différents, soit travail, éducation, loisir et affaires sociales.
Parmi ces quatre personnes, il y aurait une personne nommée et elle
ferait partie d'office du conseil permanent national. Donc, on se retrouve avec
onze personnes au conseil permanent national. Pour combler différentes
lacunes au sein du conseil national, il faudrait porter le nombre à 15
ou 16 personnes. Celui-ci reste à déterminer. Il faudrait
prévoir quatre ou cinq postes de plus pour pouvoir combler les lacunes.
Supposons qu'il y ait sept personnes qui représentent le travail, trois
qui représentent un secteur ou tant d'autres qui représentent un
autre secteur, il y a une grosse proportion des membres qui représentent
un secteur particulier. Si on augmente le nombre de postes de quatre ou de cinq
personnes, on va pouvoir équilibrer les différents secteurs qui
sont présents au Conseil permanent de la jeunesse.
De plus, pour que ce conseil permanent ait un poids, autant dans la
structure gouvernementale qu'auprès des jeunes, pour qu'il ait aussi, au
sein du gouvernement, une porte d'entrée fiable et présente, la
suggestion, la recommandation, c'est la nomination d'un ministre
délégué à la Jeunesse. D'après moi, le
premier ministre n'a pas le temps d'être présent à un
conseil comme celui-là, parce que cela demande beaucoup d'attention et
de présence, et que le premier ministre est chargé de beaucoup de
dossiers différents. La nomination d'un ministre
délégué va, en même temps, enlever un peu de "job"
au premier ministre et donner une "job" à une autre personne. Cela va
faire travailler du monde. Dans un temps de pénurie d'emplois et de
chômage, faire travailler quelqu'un, cela va être le "fun".
Dans un autre contexte, ce que je suggère, c'est le transfert de
la structure complète du Secrétariat à la jeunesse au
Conseil permanent de la jeunesse, autant les bureaux régionaux que la
structure administrative, la documentation et la recherche.
Si on forme le CPJ et qu'on garde le SAJ, pour moi, ce sont deux
structures qui travaillent à la même chose, mais qui sont l'une
à côté de l'autre. Ils peuvent certainement travailler
ensemble et se concerter dans leurs actions. Par contre, si on prend les deux
structures, qu'on les met ensemble, qu'on leur donne un budget et que le
même nombre de personnes y travaillent, le gouvernement économise
des cents parce qu'il fusionne les deux structures et qu'il diminue le budget,
ce qui devrait lui faire plaisir, vu qu'il est en période de
compressions budgétaires. De plus, il devrait permettre que le CPJ ait
tout le bagage de recherche, d'études et de données sur les
jeunes que le SAJ possède. En mettant tout cela ensemble, cela va faire
un beau "brain-storming" - excusez l'expression - et cela peut être
encore meilleur pour les jeunes.
C'est le gros des recommandations qu'il y a dans mon mémoire.
J'ai peut-être quelques petites notes ou quelques commentaires à
faire. Sur 750 organismes présents au Québec - on parle de 700
organismes incorporés - il y a eu environ 45 mémoires
présentés, ce qui veut dire qu'un peu moins de 20 % des
organismes de jeunesse, au total, ont participé à cette
commission parlementaire ou au projet de loi sur le Conseil permanent de la
jeunesse. Ma question, je la pose; je n'y ai pas répondu: Est-ce que
c'est par manque de publicité ou si les organismes ne sont pas
intéressés à une structure comme celle-là? Ils se
disent: Écoute, le gouvernement nous promet des choses, on essaie
d'entrer au gouvernement et de proposer des choses, et on est plus ou moins
écoutés parce qu'on n'a pas de poids. C'est une question que je
me suis posée. Je me suis dis: quand j'irai à la commission
parlementaire, je la poserai; il y aura sûrement quelqu'un qui va me
répondre.
Cet après-midi, je me posais la question suivante: Est-ce que le
Conseil permanent de la jeunesse va être un conseil permanent
d'organismes de jeunesse ou un conseil permanent de jeunes? Je suis ici
aujourd'hui; je me représente moi-même et personne d'autre.
D'après ce que j'ai pu voir, toutes les autres personnes qui se sont
présentées représentaient des organismes et beaucoup ont
dit: On propose que ce soient les organismes entre eux qui nomment les
représentants au sein du conseil. Est-ce qu'on n'est pas en train de
créer une structure pour les organismes de jeunesse au lieu de
créer une structure pour les jeunes? J'ai une autre question. Cela fait
un résumé du mémoire que j'ai présenté.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. Lapointe, de
votre exposé. Maintenant, on va procéder immédiatement
à une discussion avec vous afin d'amener les gens à
préciser davantage certains points.
Mme Dionne: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): Oui, je vais vous
reconnaître Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Mme Dionne: Oui, j'aimerais, tout d'abord, remercier M. Lapointe
d'avoir travaillé à la préparation de son mémoire
et d'avoir été présent depuis plusieurs heures avec nous.
C'est important de présenter un mémoire, de venir le
débattre ici en commission parlementaire, mais je trouve sage aussi de
prendre le temps d'écouter ce que les autres organismes ou autres
individus ont à dire sur le même sujet et, en ce sens, je tiens
à vous féliciter.
Ma première question, ce serait sur votre implication dans le
milieu communautaire de la jeunesse. Vous en parlez dans votre mémoire
et j'aimerais que vous expliquiez un peu ici à la commission en quoi
cela consiste, ce que vous faites exactement.
M. Lapointe: D'accord. Je suis impliqué dans le milieu
communautaire depuis environ trois ans. Je me suis impliqué au
début d'un projet de jeunes volontaires, puis au comité local des
jeunes volontaires qui gèrent les budgets et les projets du programme
des jeunes volontaires du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche; par la suite au sein de différents conseils
d'administration, tels un organisme d'orientation jeunesse, des maisons
d'hébergement, une participation aussi à différents
paliers, soit avec le Secrétariat à la jeunesse, soit avec
d'autres organismes de la région, tels la maison des jeunes, la maison
d'hébergement pour femmes. Mon implication générale dans
le milieu, c'est à peu près mon intervention.
Mme Dionne: Comme cela, vous avez touché à
plusieurs secteurs d'intérêt pour les jeunes, de
problèmes...
M. Lapointe: Oui. Je pense que j'ai touché à peu
près à tous les secteurs, en milieu d'hébergement, de
travail, d'éducation. J'ai été président du conseil
étudiant pendant trois ans quand j'allais à l'école. Je
pense que j'ai touché à tous les secteurs.
Mme Dionne: Ma première observation, c'est sur une
question que vous avez posée tout à l'heure sur le conseil
permanent, à savoir s'il va être représentatif d'organismes
ou d'individus. Ce qu'on recherche dans un conseil permanent, ce sont des
individus qui, à partir de leurs connaissances, de leur
expérience, de leur implication dans leur milieu... D'ailleurs, on
demande qu'il y ait trois organismes de deux secteurs différents qui
appuient une candidature pour s'assurer que l'individu qui va siéger au
collège électoral soit du milieu et en ait une bonne
connaissance. Mais, c'est avant tout un conseil formé d'individus.
Je regardais aussi un commentaire que vous faisiez dans votre
mémoire sur la nomination des onze membres du conseil permanent.
Attendez que je retrouve le paragraphe. Vous vous inquiétiez du fait que
la nomination des onze membres du conseil devrait être faite par une
personne qui se trouve à être le premier ministre et aussi que la
nomination du conseil soit faite par un comité ministériel. En
écrivant ces mots, vous avez dû vous référer
à l'article 2 du projet de loi, mais on peut se référer
aussi à l'article 21 qui, je pense, est important. Il dit: "Les membres
du collège électoral doivent, dans les 30 jours qui suivent leur
nomination, recommander parmi eux au ministre les membres du conseil." (21 h
15)
En reprenant tout le processus, normalement dans un conseil consultatif,
que ce soit le Conseil du statut de la femme ou un autre, les membres doivent
être nommés par le premier ministre ou le ministre responsable
avec des organismes qui appuient les candidatures. Ce qui est spécial et
innovateur cette fois, c'est qu'effectivement les organismes présentent
des candidatures pour un collège électoral. C'est à ce
moment-là que le ministre ou le ministre responsable est en charge de la
nomination, mais, par la suite, ce sont les membres du collège
électoral, donc, ce sont les jeunes qui élisent les membres du
conseil permanent et qui vont siéger au conseil permanent. Par le fait
même, les nominations sont entérinées par le premier
ministre. C'est intéressant parce qu'il y a une double implication des
jeunes dans le processus et c'est innovateur parce qu'on ne le rencontrait pas
dans le passé. Je pense qu'à ce niveau, les jeunes ont une double
garantie que les gens qui seront là vont être
représentatifs et comprendront bien la problématique des jeunes
du Québec, que ce soit d'une région ou d'une autre.
Vous parlez de dix ou onze représentants, quatre fois onze
régions, cela fait donc 44 membres. Vous présumez qu'il y a
effectivement onze régions administratives.
M. Lapointe: Oui. En tout cas, que je sache, il y a onze
régions administratives au Québec.
Mme Dionne: Alors, c'est à partir des onze en tant que
telles...
M. Lapointe: C'est cela. Dans ce que j'ai présenté,
le collège électoral existe plus ou moins, c'est-à-dire
que s'il y a des comités régionaux qui sont formés, s'il y
a quatre personnes qui sont nommées, le collègue électoral
n'existe plus.
Concrètement, il y a quatre personnes qui sont nommées
dans les régions et il y en a une de ces quatre qui est élue au
conseil. Donc, on oublie le stade du collèqe
électoral.
Mme Dionne: Je vous posais la question parce que... Je vais vous
donner un exemple. Dans la réqion 01 qui part de La Pqcatière et
qui va jusqu'en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, quatre
personnes représenteraient la région 01. Avec les distances qu'on
connaît dans la région de l'Abitîbi-Témiscamingue par
exemple, cela créerait un problème pour les jeunes qui se
réuniraient en comités régionaux. Cela causerait des
difficultés pour les rencontres.
M. Lapointe: Le seul commentaire que je peux faire, c'est que je
suis ici à Québec et je suis parti de Trois-Rivières. Il
n'y a personne qui paie cela. Cela vient directement de mes poches. Si les
jeunes ont le goût de s'impliquer, ils vont, à mon avis, faire les
déplacements en conséquence et, s'ils ont vraiment le goût
de participer à un conseil permanent, ils vont y participer, ils vont se
déplacer. C'est sûr que ce sont de grandes régions, de
grandes distances. Je veux juste donner l'exemple d'une région, celle de
Mont- Laurier, Sainte-Agathe, Saint-Jovite, etc. Â un moment
donné, il y a eu une espèce de table de concertation ou un
conseil. Chaque mois, il y avait une réunion qui se tenait à
différents endroits; un mois c'était à Mont-Laurier,
l'autre mois c'était à Sainte-Agathe, ensuite c'était
à Saint-Jovite. Ce ne sont donc pas toujours les mêmes qui se
déplacent. On peut alterner dans les différentes rencontres. Je
pense que, si on est intéressé, on va se déplacer.
Mme Dionne: Oui. Au conseil permanent, je pense qu'on a quand
même prévu pour les membres des frais de déplacement qui
pourraient être remboursés. Mais j'examinais votre suggestion
d'avoir des comités régionaux. Si on veut avoir un comité
régional qui soit représentatif dans une grande région
comme la région 01, par exemple, cela cause effectivement des
problèmes. Alors, est-ce qu'il faudrait faire une pyramide, aller
jusqu'au conseil permanent?
M. Lapointe: Si les bureaux régionaux du
Secrétariat à la jeunesse, d'après ce qui est dans mon
mémoire, sont transférés au SAJ, les personnes qui vont
travailler dans ces bureaux régionaux vont permettre la distribution des
informations entre les quatre personnes. De plus, vu que c'est une grande
région, cela fait effectivement de grandes distances à couvrir.
Je crois, par contre, que c'est possible de le faire même si c'est
difficile. Il y a beaucoup de régions au Québec qui sont
très grandes.
Mme Dionne: Je vais vous poser la question différemment.
La Jeune Chambre de commerce est venue nous présenter une opinion qui
était différente. Selon elle, étant donné que la
région de Montréal a le plus grand bassin de population du
Québec, si on suit votre idée, quatre représentants ne
seraient pas suffisants dans cette région. Ils pourraient
réclamer d'en avoir...
M. Lapointe: Je ne crois pas que, parce que Montréal est
la plus grande ville et qu'elle représente à peu près la
moitié de la population du Québec, il devrait y avoir plus de
quatre personnes qui représentent ce secteur. De toute façon, je
dis dans le mémoire que l'importance de ce Conseil permanent de la
jeunesse, c'est sa régionalisation, c'est sa présence dans les
régions. J'irais même jusqu'à dire que Montréal n'a
peut-être pas besoin de ce Conseil permanent de la jeunesse, parce que
Montréal, avec toutes ses structures, ses réseaux
déjà établis, soit publics ou gouvernementaux, et tous les
autres réseaux, privés, communautaires, etc., est, selon moi,
déjà assez équipée. Par contre, le Conseil
permanent de la jeunesse est bon pour toutes les régions du
Québec. Je dis que ce conseil va être encore plus important dans
les régions parce que les régions sont mal outillées pour
l'intervention, pour l'information. J'habitais Sainte-Thérèse et
l'information de ce qui se passe ailleurs, on n'en avait pas. Pourtant,
Sainte-Thérèse est une ville très bien située, qui
est collée sur Montréal, et l'information ne passe pas. On dirait
qu'il y avait comme des portes. J'imagine que ce doit être à
Mont-Laurier... Je me demande s'ils ont des journaux. Le conseil permanent va
être là pour la redistribution des informations avec ses
comités régionaux. L'importance du conseil permanent vient de sa
présence dans les régions, parce que ce sont les régions
qui ont le plus besoin d'un coup de main.
Mme Dionne: D'accord. En fin de compte, vous donnez cet exemple
pour la réqion de Montréal. Vous seriez donc peut-être
prêt à dire que quatre par région administrative, cela
pourrait quand même être modifié tant et aussi longtemps que
les régions seront bien écoutées au conseil permanent?
M. Lapointe: Oui.
Mme Dionne: C'est ce qui est important.
M. Lapointe: Oui. En tout cas, selon moi, la
crédibitité du conseil permanent va passer par sa
représentation régionale.
Le Président (M. Marcil): Pourquoi, à ce
moment-là, insistez-vous sur la représentation des secteurs:
travail, affaires
sociales, éducation?
M. Lapointe: D'accord. Mes deux grosses
préoccupations...
Le Président (M. Marcil): Juste pour terminer ma question,
vous mettez cela de l'avant un peu comme les autres organismes également
qui ont soulevé ce point. Vous proposez également qu'il existe
onze comités régionaux, que chacun des comités puisse
proposer quatre personnes au collège électoral. Pourquoi pas cinq
personnes, à ce moment-là: une personne représentant
chacun des secteurs?
M. Lapointe: Cela dépend toujours combien on
définit de secteurs. Selon moi, les deux gros points importants pour la
crédibilité du conseil permanent, sont, premièrement, sa
régionalisation et, deuxièmement, les secteurs qui sont
représentés. On peut définir plusieurs secteurs: travail,
éducation, loisirs, services sociaux, affaires culturelles. On pourrait
mettre dix secteurs, si Ton veut. Ce qui est important, c'est de savoir dans
lesquels de ces secteurs les jeunes ont des besoins particuliers et ceux qui
ont besoin d'une attention et d'un outillage particuliers. Présentement,
c'est le travail, l'éducation, les services sociaux. Selon moi, ce sont
les trois secteurs importants. Je vous dirais que les loisirs sont
déjà assez structurés par les villes. On pourrait les
enlever et mettre un autre secteur. Tout dépend des secteurs que l'on
définit. Je dirais même que chaque région pourrait avoir
des secteurs différents. À Montréal, s'ils ont
réglé le problème d'étude, ce pourrait être
un secteur qui reste, mais ils ne seraient pas obligés de nommer un
représentant, parce qu'ils ont d'autres secteurs qui vont plus ou moins
bien.
Mme Dionne: Donc, vous voulez dire que, dans un sens, le fait
d'avoir mis cinq secteurs donne de la latitude pour soulever des
problématiques qui peuvent être régionales: plus fortes,
par exemple, au chapitre du chômage en Gaspésie et, pour
Montréal, ce serait peut-être un autre problème, celui des
sans-abri, etc.?
M. Lapointe: II pourrait même...
Mme Dionne: Est-ce, d'après vous, assez souple dans le
moment?
M. Lapointe: Comme il est présenté ici, on prend
les quatre grands secteurs. Dans le projet de loi, il n'y a pas de souplesse
écrite, mais je pense qu'en prenant les quatre grands secteurs inscrits
dans le projet de loi, cela va, oui.
Mme Dionne: Ma dernière remarque, ce serait au sujet de la
représentation et des mémoires qui ont été
déposés ici. Vous avez mentionné qu'effectivement, il y a
46 mémoires. C'est exact, sauf qu'il faudrait peut-être ajouter
une chose: les 46 mémoires représentent 250 groupements, parce
qu'il y en a qui se sont réunis par région administrative ou
autrement. Alors, on a parlé de 500 groupements au Québec...
Une voix: 750.
Mme Dionne: ...750. On peut dire qu'on a quand même le
tiers des groupements de jeunes qui se sont regroupés ou qui ont
présenté un mémoire.
M. Lapointe: Oui, sauf que tantôt j'ai dit 20 %, on
pourrait l'augmenter à 30 % et à 35 %. L'importance que les
jeunes attachent à ce Conseil permanent de la jeunesse n'est pas
très forte. Tous ces organismes, peu importe le nombre - il y a
au-dessus de 1 150 000 jeunes au Québec -est-ce que ces 250 organismes
représentent aussi le tiers des 1 200 000 jeunes? Je n'en suis pas
certain. En tout cas, en ce qui me concerne, la publicité a
manqué quelque part. C'est comme s'il était normal depuis une
couple d'années que les jeunes se désintéressent un peu de
ce qui...
Mme Dionne: Peut-être aussi - en tout cas, c'est un
commentaire vraiment personnel - qu'effectivement la publicité a
manqué. Toutefois, c'est la première fois que des jeunes ont la
chance de se présenter en commission parlementaire ou de
présenter des mémoires pour former le Conseil permanent de la
jeunesse. Quand on commence quelque chose, on n'a pas l'habitude de se
présenter, comme au niveau forestier, par exemple, où on retrouve
des groupements très bien préparés. Alors c'est une
première et c'est une première aussi dans la latitude qu'on donne
aux jeunes, et je pense qu'elle est très grande. La
crédibilité du conseil dépend beaucoup de ce que les
jeunes en feront également. Alors, c'est vraiment une belle porte qui
est ouverte, sauf qu'on ne l'a peut-être pas examinée avec tous
ses points forts.
Le Président (M. Marcil): J'ai une question
supplémentaire. J'ai remarqué que vous avez accordé
beaucoup d'importance à la structure: le fonctionnement, les
comités régionaux, les représentants réqionaux de
même que le collège, etc. On sait qu'une structure est aussi
présente, aussi efficace que le dynamisme des jeunes qui y vivent d'une
part. Et, d'autre part le dynamisme est positif et bon, si on permet aux gens,
qui vivent dans cette structure, de s'exprimer, de prendre position, de donner
des bons avis,
etc. Il y a des articles qui partent un peu du mandat, du rôle que
ce comité ou cette commission permanente peut jouer, et dans votre
conclusion, c'est la formule miracle, c'est ce qui va être probablement
être le haut-parleur de la jeunesse au Québec. Y croyez-vous
vraiment?
M. Lapointe: Oui.
Le Président (M. Marcil): Pensez-vous que de la
façon dont vous l'avez exposé ou de la façon que vous la
concevez, cette commission permanente de la jeunesse va répondre
réellement à un besoin des jeunes? Va-t-elle réellement
Être le haut-parleur de la jeunesse québécoise?
M. Lapointe: Comme elle est présentée dans mon
mémoire?
Le Président (M. Marcil): Oui, mais vous exposez un peu
l'analyse ou l'opinion que vous faites du projet de loi. Si on répond au
type de structure que vous proposez, vous avez confiance que les jeunes vont
être assez dynamiques et qu'ils vont être capables de s'imposer
à l'intérieur de cela. Vous faites le parallèle avec les
autres articles portant sur le mandat, le rôle du ministre, les
autorisations qu'il aura à donner, etc. Vous avez confiance que - vous
pensez que cela peut fonctionner - si les jeunes se prennent en main, vous
allez avoir une voix au chapitre, vous allez être capables
réellement d'exprimer vos opinions et de forcer ou de critiquer, de
donner des avis positifs afin d'amener le gouvernement à établir
des politiques concrètes pour les jeunes au Québec. Vous y
croyez?
M. Lapointe: Je dis que si le Conseil permanent de la jeunesse
est doté d'une structure crédible au sein des organismes de
jeunesse et au sein des jeunes, oui, ce Conseil permanent de la jeunesse va
être utile, autant au gouvernement qu'aux jeunes. Il ne faudrait pas
à prime abord que ce conseil permanent serve seulement aux jeunes, et
qu'il serve seulement au gouvernement, c'est-à-dire que, si on veut
avoir quelque chose de concret sur le plancher où les jeunes sont et
où les intervenants travaillent, il faut qu'en haut, quelque part, les
deux travaillent de concert. Si le Conseil permanent de la jeunesse est
monté d'une façon crédible au sein des organismes, je
crois qu'il servira autant au gouvernement qu'aux jeunes. Il va servir de
haut-parleur à la jeunesse et au gouvernement pour alimenter et
générer des politiques pour la jeunesse. (21 h 30)
Le Président (M. Marcil): Remarquez que j'ai autant
confiance que vous, mais je préfère l'entendre dire de la part
des jeunes.
II est très important, lors d'une commission comme celle-ci,
qu'on le souliqne s'il y a des choses qui ont besoin d'être
modifiées, des propositions ou des modifications majeures à
apporter. Il ne faut pas se gêner. Je suis convaincu que les gens autour
de cette table, peu importe leur formation politique, prendront en
considération les recommandations faites par l'ensemble des
organismes.
Mme la députée de Chicoutîmi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Lapointe, je
voudrais vous souhaiter la bienvenue et vous féliciter également.
Comme le soulignait le président tout à l'heure, peu d'individus
se donnent la peine ou ont suffisamment d'intérêt pour venir
participer aux travaux d'une commission parlementaire. Vous êtes la
deuxième personne à cette commission parlementaire et je voudrais
vous en féliciter. Cela demande une certaine ouverture d'esprit envers
les autres et aussi du courage. II faut le faire. Il faut rédiger et il
faut se préparer. Ce n'est pas chose facile, mais cela démontre
un intérêt certain pour ce qui se passe autour de vous.
Si la députée de Kamouraska-Témiscouata me le
permet, il me semble qu'il s'est glissé tantôt, dans
l'interprétation qu'elle a faite de la loi, une interprétation
qui m'apparaît inexacte et qu'il est utile de rappeler. Le collège
électoral n'élit pas les membres du conseil. Il ne fait que des
recommandations au ministre. Rien n'indique que le ministre soit obligé
de retenir les recommandations.
Il y a deux façons de rédiger un projet de loi: le
ministre nomme sur recommandation. À ce moment-là...
Mme Dionne: Je me suis trompée de mot.
Mme Blackburn: Oui, car ce n'est pas sur recommandation.
Mme Dionne: ... il dit "recommander".
Mme Blackburn: II recommande et le ministre nomme s'il le veut
et, s'il ne le veut pas, il en choisit d'autres. Cela ne crée en rien
une obligation au ministre de choisir les personnes qui sont proposées,
comme le projet de loi est rédigé.
Cela se voit dans d'autres organismes. La seule façon d'obliger
le ministre à revenir devant le conseil s'il refuse une des
candidatures, c'est d'indiquer que c'est nommé sur recommandation. Si
telle était l'intention du ministre, il faudrait modifier la loi. C'est
seulement ce que je voulais dire, car H y a une différence importante.
Je trouvais important de ne pas laisser filer cela, car ce n'est pas la
même chose.
Cela étant dit, votre mémoire est intéressant, mais
il ferait sursauter plusieurs organismes qui se sont présentés
ici, car vous qualifiez ce conseil de haut-parleur national de la jeunesse.
C'est précisément ce que beaucoup de jeunes refusent d'accepter,
car ils se demandent s'il est exact de dire que, dorénavant, le seul
interlocuteur, le seul porte-parole ou le seul haut-parleur de la jeunesse dans
la province de Québec sera le conseil permanent. En fait, la confusion
vient un peu du fait qu'on n'a pas vraiment répondu à votre
question tantôt.
Au moment où vous faisiez votre présentation, vous disiez:
Est-ce que le conseil consultatif sera le porte-parole des organismes de
jeunesse ou le porte-parole des jeunes? La structure que vous proposez voudrait
davantage faire de ce conseil consultatif, si je ne m'abuse, le porte-parole
des organismes de jeunesse. Est-ce exact?
M. Lapointe: Je voudrais souligner un point. J'ai dit que le
Conseil permanent de la jeunesse deviendra le haut-parleur de la jeunesse, mais
je tiens à préciser qu'il ne sera pas le seul haut-parleur de la
jeunesse. Il ne sera pas l'unique symbole de la jeunesse.
Je reprends une petite anecdote que j'ai entendue aujourd'hui. On
disait: Vous allez avoir le CPJ, vous allez passer par lui et vous allez
être encore plus crédibles. Je prétends qu'il n'est pas
obligatoire d'avoir un CPJ pour être écoutés par le
gouvernement ou par les instances plus hautes. Le Conseil permanent de la
jeunesse ne sera pas le symbole de l'écoute. Je tenais à le
préciser.
Mme Blackburn: Je vous retourne la question que vous avez
posée tout à l'heure. Est-ce que le Conseil permanent de la
jeunesse devrait être le porte-parole des organismes de jeunesse ou de la
jeunesse?
M. Lapointe: II devrait être le porte-parole des deux en
même temps, autant des organismes de jeunesse que des jeunes. Ce que je
dis, par exemple, c'est que le Conseil permanent de la jeunesse ne doit pas
devenir le seul porte-parole. Par exemple, l'organisme qui veut faire des
représentations auprès du gouvernement ne devrait pas
obligatoirement passer par le CPJ pour aller plus haut. Il devrait pouvoir
aller voir directement les instances gouvernementales sans passer par le CPJ
ou, s'il le veut, passer par le CPJ pour mettre une carte de plus dans son jeu,
si le CPJ a une crédibilité quelconque dans la démarche
que l'organisme est en train de faire.
Mme Blackburn: Dans votre mémoire, à la page 3,
"Les structures du conseil", au deuxième paragraphe, vous dites: "Pour
répondre à ces questions...". Il faudrait peut- être
remonter au premier paragraphe: "Après une étude attentive du
projet de loi et de la structure proposée du conseil, il ressort que le
principe comme tel est très acceptable, mais qu'il contient certains
inconvénients et avantages. Ceux-ci seront discutés dans les
prochaines lignes. Pour répondre à ces questions, j'ai
étudié un document, résumé d'une consultation faite
par le Secrétariat à la jeunesse, où ressortaient les
priorités des groupes de jeunes de chaque région. Dans ce
document, nous remarquons que certaines priorités et certaines craintes
appartiennent à plusieurs ou sont partagées, probablement, par
plusieurs régions". Vous poursuivez en disant: "Ces priorités et
ces craintes sur la création d'un Conseil permanent de la jeunesse sont
basées sur le vécu des jeunes et d'intervenants de chaque
région." Est-ce que vous pouvez me dire, de mémoire, quelles
étaient ces craintes?
M. Lapointe: De mémoire, je vais le dire un peu comme
c'était écrit. On parlait de représentativité
régionale. On parlait aussi de partisanerie aux élections des
membres du collège et du conseil. On parlait aussi d'un budget minimum.
On parlait aussi de la peur que le gouvernement coupe des sommes
destinées au Secrétariat à la jeunesse pour les injecter
dans le CPJ. J'aimerais entendre quelqu'un du gouvernement me dire que cette
préoccupation n'est pas vraie, que le Secrétariat à la
jeunesse restera et que le Conseil permanent de la jeunesse sera
créé ou que les deux seront mis ensemble. J'aimerais avoir une
réponse là-dessus tantôt. On parlait également de la
peur d'avoir une polarisation des jeunes âgés de 25 à 30
ans, d'avoir un manque de représentativité chez les jeunes qui
sont handicapés ou de différentes ethnies. Il y a des
prestataires d'aide sociale parmi les jeunes. On disait que cette population de
jeunes pourrait ne pas être représentée.
Mme Blackburn: Plusieurs mémoires ont aussi fait
état d'appréhensions touchant les pouvoirs du ministre: pouvoir
de nomination, pouvoir de confier des mandats à ce conseil, devoir du
conseil de donner des avis et de faire effectuer des recherches et des
études à la demande du ministre, devoir du conseil de demander
une autorisation pour créer des comités. Je dirais que
c'était à peu près du même ordre. C'est revenu dans
plusieurs mémoires. Les organismes disaient: Si l'article 27
était appliqué intégralement et de façon exigeante
au cours des premières années, cela pourrait finir par
neutraliser complètement un conseil consultatif qui se verrait dans
l'obligation de répondre à des commandes d'un ministre. Il
n'aurait plus le temps, ni l'énerqie, ni les ressources
financières pour faire autre chose. C'était une des
appréhensions. Certains nous
suggéraient, plutôt que d'inscrire "le conseil doit",
d'inscrire "le conseil peut" pour éviter qu'à un moment
donné, on trouve le moyen de réduire au silence un conseil un peu
turbulent et exigeant, en lui donnant beaucoup de travaux et beaucoup
d'études.
M. Lapointe: Je crois que ce sera au Conseil permanent de la
jeunesse de définir les priorités de travail qu'il veut, à
partir des études qu'il aura effectuées en région. Une
région peut avoir un besoin d'études ou de recommandations sur un
sujet et une autre région peut en avoir besoin sur un autre sujet. Je
crois que cela va être au Conseil permanent de la jeunesse et non pas au
ministre responsable de définir les études, les recherches et les
mandats. Cela va être au Conseil permanent de la jeunesse de le
déterminer, avec ces comités régionaux, les intervenants
et les jeunes qui sont sur le plancher et qui savent ce dont ils ont besoin. Un
ministre quelconque peut certainement demander au conseil d'effectuer des
recherches ou une étude sur un sujet. Je pense que le conseil est
là autant pour les jeunes que pour le gouvernement. Mais cela devrait
être au conseil de déterminer ce qu'il fait en premier, ce qu'il
se donne comme mandat.
Mme Blackburn: D'accord. Mais au sens strict de l'article 27 du
projet de loi qui nous est soumis, c'est: Le conseil doit donner des avis et il
doit effectuer ou faire effectuer des études ou des recherches.
C'était le sens de ma question.
Tout à l'heure, vous faisiez allusion au sort qu'on pourrait
éventuellement réserver au Secrétariat à la
jeunesse. J'aimerais un peu vous entendre réagir sur les propos d'un
groupe qui a présenté un mémoire cet après-midi et
qui se disait heureux de constater que le Secrétariat à la
jeunesse avait un rattachement administratif à différents
ministères, ce qui ne se faisait pas et ce groupe s'en
réjouissait. On me dit qu'antérieurement, 75 % des
activités du secrétariat consistaient en des services qu'on
donnait aux organismes dans les grandes régions, comme les
régions éloignées, que 25 % du temps était
consacré à la diffusion d'information en direction des
ministères et qu'actuellement, c'est l'inverse. C'est que le
Secrétariat à la jeunesse consacre 75 % de son temps à
répondre à des demandes d'information issues des
ministères et 25 % environ aux besoins des organismes de jeunesse.
Pourriez-vous me dire quelle serait, selon vous, la formule la plus
souhaitable? Est-ce que vous pensiez à une formule où le
secrétariat serait très fortement rattaché au service des
ministères?
M. Lapointe: Pour ma part, je n'ai pas pu remarquer de
changements importants dans le Secrétariat à la jeunesse vu que
la personne avec qui on travaillait à notre bureau régional
occupait 100 % de son temps à donner un coup de main aux organismes,
à donner de l'information. Par contre, si un Secrétariat à
la jeunesse sert plus au gouvernement qu'aux jeunes, il y a des questions
à se poser. Je me dis: Est-ce qu'on ne pourrait pas, dans les deux
structures existantes - vu qu'il va exister une autre structure qui va
s'appeler le Conseil permanent de la jeunesse - définir qui va faire
quoi, comment, avec quel effectif et avec quel budget? Cela resterait à
définir.
Mme Blackburn: Vous me disiez que vous aviez été
très actif dans votre association étudiante alors que vous
étiez au secondaire. Trois ans président, c'est beaucoup. Une
autre des difficultés qui a été soulevée dans ce
mémoire, c'est celle qu'éprouverait un jeune de niveau secondaire
à passer à travers les différentes étapes. La
première étape, c'est trouver trois organismes qui appuieraient
sa candidature, la seconde, c'est être élu parmi les 40 membres du
collège électoral et la troisième, c'est être
recommandé par ce collège électoral pour une nomination au
conseil permanent. Est-ce que vous pensez que c'est réaliste de
suggérer qu'un jeune de 15, 16 ou 17 ans puisse, au même titre que
celui qui en a 25 et plus, franchir ces différentes étapes?
M. Lapointe: Je vous dirais que je ne trouve pas très
pertinent qu'on demande aux organismes qui appuient des jeunes d'être
incorporés. Premièrement, on sait que les conseils
étudiants de ta plupart des écoles secondaires ne peuvent pas
être incorporés parce qu'ils ne sont pas reconnus par le
gouvernement. Il y a encore des conseils étudiants de cégeps qui
ne sont pas incorporés parce qu'ils ne fonctionnent pas plus qu'il ne
faut. Il y a des organismes de jeunesse que je connais très bien et qui
ne sont pas incorporés parce que la structure qu'on leur impose, en
étant incorporés, est trop grosse et que l'administration
comporte une incorporation aussi. Je ne trouve pas pertinent que l'on demande,
dans le projet de loi, que les organismes soient incorporés pour
permettre à un jeune de 15 ans qui siège à un conseil
étudiant d'avoir la facilité de se rendre à ce
collège électoral. Cela donnerait plus de facilité aux
jeunes de se présenter au collège électoral si, dans le
projet de loi, on spécifiait que les organismes n'ont pas besoin
d'être incorporés. Cela permettrait à des associations
étudiantes de collaborer avec le Conseil permanent de la jeunesse.
Mme Blackburn: Vous qui êtes ce courageux qui vient nous
présenter, en son nom, un mémoire, j'aimerais entendre votre
avis sur une recommandation qui voudrait que l'on fasse une part
égale aux garçons et aux filles au sein de ce conseil et que
l'obligation soit inscrite dans la loi.
M. Lapointe: C'est pertinent de dire qu'au sein du conseil, on
doit avoir le même nombre de femmes et d'hommes. Par contre, c'est aussi
pertinent d'avoir la représentativité des jeunes; je ne parle pas
de l'aspect régional. Parmi les jeunes, il y en a qui sont
handicapés, il y en a d'autres qui font partie d'ethnies, il y en a
d'autres qui sont prestataires de l'aide sociale. Pour moi, il serait plus
important que l'on indique, dans un projet de loi, la
représentativité des jeunes dans ce sens-là plutôt
que dans ie sens où on fait une part égale aux hommes et aux
femmes. C'est aussi important, mais, pour moi, le plus important, c'est la
représentativité des jeunes comme population active.
Mme Blackburn: Et par groupes d'âge. Vous en avez
parlé par problèmes, dirais-je. De plus en plus, on
définit la jeunesse en fonction des problèmes et non pas en
fonction d'un autre statut de travailleur, par exemple.
M. Lapointe: À propos du groupe d'âge de 15 à
30 ans, j'ai entendu des recommandations qui disaient: On va faire deux
séries d'âge distinctes: 15-22 et 23-30, ou quelque chose qui
ressemble à cela. Cela pourrait être pertinent si, dans la
structure de base, on ne définit pas le nombre de jeunes qui ont tel
âge. Si on dit, dans la structure, qu'il faut avoir des jeunes de 15 ans,
qu'il en faut au moins un, cela ne devient peut-être pas obligatoire de
spécifier des catégories d'âge. Mais si on oublie cela, il
devient important que les catégories d'âge soient inscrites dans
le projet de loi.
Mme Blackburn: Vous me permettrez, au nom de ma formation
politique, de vous remercier d'abord pour votre sens civique et votre sens des
responsabilités. On devrait avoir, à l'occasion et plus souvent,
des personnes qui, en leur nom, viennent exprimer en commission parlementaire
leur conception de ce que devraient être les organismes publics et leur
mandat. Je voudrais vous remercier et vous souhaiter beaucoup de succès.
Je sais que vous êtes encore étudiant.
M. Lapointe: Merci.
Mme Blackburn: J'imagine que les expériences acquises dans
le cadre de travaux de cette nature sont certainement équivalentes
à un bon cours...
M. Lapointe: À plusieurs années
d'études.
Mme Blackburn: ...un bon cours en sciences politiques. Je vous
remercie.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi, juste avant de conclure également, pour dissiper vos
craintes face à l'avenir du Secrétariat à la jeunesse et
pour bien situer les deux organismes dans deux positions différentes, le
CPJ comme tel, le Conseil permanent de la jeunesse, est dans une position de
conseil face au ministre, tandis que le Secrétariat à la jeunesse
est dans une unité administrative, il fait déjà partie de
la machine, il est en relation de "staff"; donc, il exécute des mandats
venant du gouvernement. Ce sont deux organismes qui vont se compléter,
mais qui vont demeurer si le conseil permanent prend naissance tel qu'il est
proposé.
M. Lapointe: J'ai soulevé une préoccupation comme
cela, parce que de plus en plus on voit dans les régions des bureaux
fermés, des coupures de postes et des restrictions budgétaires.
On le voit parce qu'il y a moins de personnel et qu'il y a moins d'information.
On le voit même dans les livres, dans les chiffres qui nous sont fournis.
Tranquillement, pas vite, on est en train de réduire le budget du SAJ et
on est en train de couper des postes. Cela fait peur à plusieurs jeunes,
à plusieurs intervenants et à plusieurs organismes.
Le Président (M. Marcil): Vous l'avez vu quand même:
d'abord, il y a le Secrétariat à la jeunesse qui existe. Par la
loi 103, qui a été adoptée au mois de juin, il y a eu la
création de la Société d'investissement jeunesse.
Maintenant, par le projet de loi 104, on va créer le Conseil permanent
de la jeunesse. Vous voyez qu'il y a une préoccupation majeure et
très marquée du gouvernement présent pour la jeunesse.
Soyez-en assuré.
Je profite de l'occasion pour vous remercier de votre présence ce
soir. Vos recommandations seront très bien reçues et très
analysées de la part des comités. On apportera certainement des
modifications au projet de loi. Merci beaucoup.
Nous ajournons à mardi, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 51)