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(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare donc la séance de la commission des
institutions ouverte. Elle a pour mandat de faire l'étude
détaillée du projet de loi 138, Loi sur le ministère du
Solliciteur général et modifiant diverses dispositions
législatives. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
secrétaire. Est-ce que M. le ministre ou M. le député de
Taillon ont des remarques préliminaires à faire?
M. Latulippe: Je n'ai pas de remarques préliminaires
à faire.
M. Filion: Effectivement, M. le Président, je pense qu'on
a amplement souligné en Chambre, cet après-midi, à quel
point le ministère qui verra une autre de ses périodes de
création franchie ce soir -puisque nous aiderons à la
fécondation de ce ministère - est d'une importance capitale. Nous
allons étudier sérieusement ce projet de loi créant le
ministère, eu égard particulièrement aux commentaires que
nous avons soulevés lors de nos discours de deuxième lecture,
qui, j'en suis sûr, ont été bien entendus par le ministre
dont la réceptivité à l'égard des amendements de
l'Opposition est bien connue au Parlement.
Le Président (M, Dauphin): Merci, M. le
député de Taillon. J'appelle maintenant l'article 1 du projet de
loi.
Organisation du ministère
M. Latulippe: C'est un article qui prévoit que le
Solliciteur général assume la direction du ministère du
Solliciteur général.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 1?
M. Filion: Est-ce que le Solliciteur général me
permettrait une question au sujet de l'article 1? II n'y a pas beaucoup de
ministres finalement au sein de l'Exécutif, de la couronne provinciale
comme on disait dans le temps, qui portent un nom précis en dehors du
nom de leur ministère. Dans ce cas-ci, est-ce qu'on doit dire ministre?
On ne peut pas dire: C'est le ministre Solliciteur général, on
dit: C'est le Solliciteur général. A ma connaissance, il n'y apas beaucoup d'équivalents dans la Loi sur l'exécutif
où le ministre porte un nom autre que ministre de son ministère.
C'est quand même curieux -ce n'est pas tellement une question, c'est
surtout une curiosité - que, dans ce cas-ci, le ministère du
Solliciteur général soit dirigé par le Solliciteur
général. Cela doit venir d'une tradition, peut-être,
britannique. Je ne sais pas si le Solliciteur général est
vraiment conscient du fait qu'il porte un nom bien précis et ce,
à l'exception de tout autre cas en vertu de la Loi sur
l'exécutif. Il porte le nom de ministre parce qu'il est membre du
Conseil des ministres, mais, quand il dirige son ministère, il est
Solliciteur général.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Latulippe: À votre question, M. le député
de Taillon, oui, je suis conscient que je porterai un nom particulier qui est
celui de Solliciteur général.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 1 est adopté.
J'appelle maintenant l'article 2.
M. Latulippe: Cet article pourvoit à la nomination du
sous-ministre en titre.
M. Filion: Le sous-ministre va s'appeler également
sous-solliciteur général. II ne s'appellera pas sous-ministre
Solliciteur général. Oui, sous-solliciteur général.
Je comprends, mais c'est une curiosité, encore une fois. Parce qu'il n'y
a pas de fonction judiciaire comme telle, le Solliciteur général.
Je !e comprendrais dans le cas, disons, du Procureur général. Le
ministre de la Justice s'appelle également Procureur
général. Il pourrait appeler son adjoint le sous-procureur
général. C'est une curiosité. Si le ministre était
en mesure de m'informer de l'oriqine de cette appellation, je lui en saurais
gré, mais je ne le blâmerai pas non plus de ne pas être en
mesure, ce soir, de m'expliquer l'origine, les sources de ces appellations un
peu particulières qui ne causent pas de problème. C'est vraiment
un peu par
curiosité.
M. Latulippe: Oui, suivant les antécédents
historiques du poste de Solliciteur général, son origine est
britannique et la fonction de Solliciteur général a
été instituée, pour la première fois au
Québec, en 1782. Le poste a été aboli 115 ans plus tard,
pour refaire surface en 1950. À ce moment-là, le mandat
était d'agir comme procureur et conseil, de plaider devant les tribunaux
à la demande du Procureur général dans toute affaire
légale ou instance judiciaire dont la conduite relève du
Procureur général.
M. Filion: Vous voyez jusqu'à quel point l'histoire est
curieuse. L'origine de l'appellation, c'est d'agir devant les tribunaux.
Maintenant, on voit que le poste de Solliciteur général ne sera
précisément pas celui-là, la fonction de
représenter le gouvernement devant les tribunaux étant
réservée au Procureur général, mais le titre
continuera finalement. C'est curieux.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Chapleau, vous voulez intervenir?
M. Kehoe: Juste une question d'ordre général. M. le
ministre, dans des termes plus généraux, quelle est, grosso modo,
la différence entre les fonctions du Solliciteur général
et celles du Procureur général? Y en a-t-il un qui a des
fonctions d'ordre civil et l'autre, d'ordre criminel? Grosso modo, est-ce que
l'on peut faire la différence entre les deux de cette façon?
M. Latulippe: Non. Le Solliciteur général a des
fonctions ou aura des fonctions...
M. Kehoe; Je sais que les fonctions sont là, mais je parle
en général.
M. Latulippe: C'est cela. Le ministre de la Justice qui est aussi
Procureur général est le poursuivant devant les tribunaux, tandis
que le Solliciteur général a des responsabilités
précises en rapport avec certaines lois relatives à la
sécurité publique et d'autres que l'on verra tout à
l'heure. Le Procureur général est le poursuivant.
M. Kehoe: II est le poursuivant; c'est son rôle.
M. Latulippe: Oui.
M. Kehoe: C'est toujours le même.
M. Latulippe: II est poursuivant.
M. Kehoe: Le Procureur général et le ministre de la
Justice, c'est toujours la même personne. Ces deux fonctions n'ont jamais
été scindées,
M. Latulippe: Au Québec, je ne pense pas.
M. Kehoe: Auparavant, je me souviens que M. Marx, le ministre de
la Justice actuel, pendant les quatre ans où il a été dans
l'Opposition, a toujours demandé au ministre du temps pourquoi il ne
voulait pas scinder les postes de Solliciteur général, de
Procureur général et de ministre de la Justice. C'était
bien évident que M. Bédard avait un surplus d'ouvrage; il ne
pouvait pas remplir... Il avait aussi d'autres fonctions en même temps.
À toutes fins utiles, le Procureur général, et le ministre
de la Justice, c'est toujours la même personne.
M. Latulippe: Au Québec, oui, effectivement, c'est la
même personne. En Ontario, par exemple, il y a aussi un Solliciteur
général et il y a un ministère du Procureur
général qui est un peu l'équivalent de celui de la
Justice. Il y a aussi un ministère des Affaires correctionnelles, en
Ontario.
M. Kehoe: Au fédéral?
M. Latulippe: Au fédéral, il y a un ministre de la
Justice qui est aussi Procureur général et il y a un Solliciteur
général qui, toutes choses étant égales, a une
juridiction semblable à celle que je peux détenir au provincial.
En Colombie britannique, il y a un ministère du Procureur
général. Le Procureur général est à la fois,
à toutes fins utiles, ministre de la Justice.
M. Filion: Deux ministères et un ministre.
M. Latulippe: Oui, c'est cela. En fait, c'est le ministère
du Procureur général.
M. Filion: Ce qu'on va peut-être arriver à se poser
comme question au Québec -c'est un peu ce que soulève le
député de Chapleau; cela n'a rien à voir avec le projet de
loi comme tel - est-ce une bonne chose que le Procureur général
et le ministre de la Justice soient la même personne? Le ministre de la
Justice est responsable de l'administration, si l'on veut, des tribunaux et,
comme Procureur général, il est appelé à intervenir
devant ces mêmes tribunaux. Éventuellement, je pense que le jour
ou l'année n'est peut-être pas aussi loin où l'on pourrait
voir là un possible conflit d'intérêts et demander au
Procureur général de ne s'occuper que de représenter le
gouvernement devant les tribunaux. Mais, en somme, on fait peut-être de
la politique-fiction ici. Je pense que c'est déjà un pas
magnifique -
comme on l'a souligné - que celui de créer deux
ministères différents. Cela va. C'est adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 2 étant
adopté, j'appelle l'article 3. M. le ministre.
M. Latulippe: L'article 3 précise les fonctions du
sous-ministre.
M. Filion: Ce qui me chicote dans l'article 3, c'est le
deuxième paragraphe. On dit: Le sous-ministre "exerce également
toute autre fonction que lui assigne le gouvernement ou le ministre."
Peut-être que j'ai erré, mais en lisant la Loi sur le
ministère de la Justice - j'ai pris cela à titre d'exemple - je
n'ai pas retrouvé semblable pouvoir par le gouvernement, non pas par le
ministre, je pense que cela va de soi. Il faut bien lire l'article 3. Cela veut
dire que le gouvernement pourrait demander au sous-ministre d'exercer des
fonctions autres que celles prévues par la loi, évidemment, et
autres que celles déléguées par le ministre. Dans la Loi
sur le ministère de la Justice que j'ai ici, lorsqu'on parle du
sous-ministre, sauf erreur... Dans la Loi sur l'exécutif, on me signale
également que le sous-ministre... Évidemment, il y a le
Secrétaire général qui, on le sait, peut demander au
sous-ministre d'exercer certains pouvoirs. Est-ce un cas unique ou cela
existe-t-il également dans les autres lois?
M. Latulippe: Non, dans les nouvelles lois, on insère
cette disposition, me dit-on, pour qu'il y ait plus de souplesse quant à
l'administration du ministère. On me dit également que, dans la
loi créant le ministère des Approvisionnements et Services, on
retrouverait une telle disposition.
M. Filion: Le Solliciteur général est quand
même conscient du contenu du deuxième alinéa de l'article
3, à savoir que le gouvernement pourrait confier à son
sous-ministre des fonctions autres que celles que lui, comme Solliciteur
général, pourrait lui confier. Je sais que ce n'est pas la fin du
monde, mais quand même.
M. Latulippe: Je fais partie du gouvernement, du Conseil des
ministres.
M. Filion: Oui, je le sais.
M. Latulippe: En conséquence, je serais là au
moment où une fonction lui serait déléguée.
M. Filion: II faudrait y être ce mercredi; là si on
décidait de lui confier l'administration d'un... Cela avait
attiré mon attention à l'époque. Cela va.
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 4.
M. Latulippe: L'article 4 vise à consacrer juridiquement
l'autorité du sous-ministre.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Latulippe: Cet article habilite le Solliciteur
qénéral à déléguer, à certaines
conditions, l'exercice de ses fonctions à un membre du personnel du
ministère. (20 h 30)
M. Filion: Quelles étaient vos notes? Excusez.
M. Latulippe: Cela habilite le Solliciteur général
à déléguer à certaines conditions l'exercice de ses
fonctions à un membre du personnel du ministère.
M. Filion: Cela va plus loin que cela aussi, parce que cela
identifie, dans certains cas, le titulaire d'un emploi ou le fonctionnaire
à qui cette subdélégation peut être faite. Il y a un
pouvoir de délégation et un pouvoir de
subdélégation avec identification. Cela va.
Le Président (M. Dauphin): L'article 5 étant
adopté, j'appelle l'article 6.
M. Latulippe: Cet article prévoit la nomination du
sous-ministre associé.
M. Filion: II y a des ministères où on appelle les
sous-ministres adjoints sous-ministres associés. Est-ce qu'il y aura des
sous-ministres adjoints dans votre ministère ou seulement des
sous-ministres associés?
M. Latulippe: Ils ont le même statut.
M. Filion: Mais, je crois que quant à la
rémunération, c'est différent.
M. Latulippe: C'est exactement la même chose.
M. Filion: C'est la même chose. Donc, il n'y a plus de
distinction à faire entre ces deux titres qui, autrefois, avaient des
notions différentes. Un associé, les mots le disent, est
différent d'un adjoint. Alors, c'est cela, il n'y a plus de distinction.
Alors, pourquoi ne donne-t-on pas à tous ces gens le même nom?
M. Latulippe: On l'appelle le sous-ministre associé.
M. Filion: Oui, mais dans 90 % des
ministères, on les appelle sous-ministres adjoints. Est-ce que,
dans les autres ministères, on commence è les appeler
sous-ministres associés?
M. Latulippe: Dans le domaine de la justice, c'est une tradition
de les appeler sous-ministres associés.
M. Filion: Ah bon! Cela va pour les sous-ministres
associés, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): L'article 6 étant
adopté, j'appelle maintenant l'article 7,
M. Latulippe: L'article établit le principe que le
personnel du ministère du Solliciteur général est
constitué de fonctionnaires nommés et
rémunérés selon la Loi sur la fonction publique.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Dauphin): L'article 7 étant
adopté, j'appelle l'article 8.
Fonctions et pouvoirs du ministre
M. Latulippe: L'article 8 expose le rôle du Solliciteur
général.
M. Filion: En comparant l'article 8 avec ce qui existait dans la
Loi sur le ministère de la Justice, j'ai remarqué certaines
améliorations, notamment qu'au lieu de se limiter à parler
d'incarcération on parle aussi de réinsertion. L'implantation et
l'amélioration des méthodes de détection et de
répression de la criminalité, cela y était
déjà. Alors, c'est juste la réinsertion.
Je remarque donc l'introduction de ce concept de la réinsertion
qui fait partie des fonctions principales du ministre. Bien sûr,
l'article 8 est un article descriptif plus qu'autre chose, mais c'est bon que
ce soit précisé dans les principales fonctions du ministre qu'il
ne doit pas simplement voir à ce que les gens soient détenus,
mais aussi voir à ce qu'ils puissent être
réinsérés dans la société. Je n'ai pas
d'autres commentaires sur l'article 8.
Le Président (M. Dauphin): L'article 8 étant
adopté, j'appelle l'article 9.
M. Latulippe: L'article 9 expose de façon plus
précise les fonctions du Solliciteur général.
M. Filion: J'ai un amendement à proposer. Je l'avais
déjà annoncé dans mon discours de deuxième lecture.
Il faut quand même prendre le temps de l'expliciter un peu.
Une voix: Peut-on le voir?
M. Filion: Oui. Je vais le présenter et je le distribuerai
après.
Le Solliciteur qénéral a perçu pendant les
débats de deuxième lecture l'importance que l'Opposition
accordait à la sécurité lors d'événements
internationaux en sol québécois. Je pense également que le
Solliciteur général a remarqué que, de l'avis des membres
de l'Opposition la Sûreté du Québec, et son
ministère bien sûr, est en mesure d'accomplir ce rôle
important sur le plan de l'image et du message également que nous
envoyons à l'extérieur.
M. le Président, un exemple de cela, c'est le sommet de la
francophonie qui se tiendra au Québec l'an prochain et qui sera une
occasion pour les francophones de se réunir comme ils l'on fait à
Paris cette année. En ce sens, bien sûr, il y aura toujours
collaboration entre les différents corps policiers; c'est toujours
nécessaire et utile. Mais dans ce cas-ci on parle d'assumer le
contrôle et la responsabilité de la sécurité des
gens qui viennent nous rendre visite et qui choisissent le Québec comme
endroit pour tenir une réunion internationale de quelque nature que ce
soit. Or, la collaboration sera toujours nécessaire, bien sûr. On
a juste à penser à toutes les méthodes de détection
du terrorisme, qui existent aujourd'hui sur le plan international, donc qui
intéressent surtout la Gendarmerie royale du Canada. C'est comme la
prévention du crime. La prévention du crime intéresse tout
le monde, autant le fédéral que le provincial. Pourtant parmi les
fonctions du ministre prévues à l'article 8, il y a, comme on l'a
dit, la prévention. La prévention, ce n'est pas seulement la
Sûreté du Québec et les corps policiers municipaux qui la
font, c'est tout le monde.
Motion proposant que le ministre assure la
sécurité
des dignitaires lors d'événements
internationaux
En ce sens - je vais peut-être donner plus d'explications lorsque
le Solliciteur général aura été saisi de mon
amendement, M. le Président - nous suggérons que l'article 9 du
projet de loi 138, Loi sur le ministère du Solliciteur
général et modifiant diverses dispositions législatives,
soit modifié par l'ajout, après le 11 alinéa, du
paragraphe suivant: "à assurer la sécurité des dignitaires
lors d'événements internationaux."
M. Latulippe: Est-ce que vous allez nous en donner une copie?
M. Claude Filion
M. Filion: Oui, je vais le distribuer. Alors, évidemment,
en ce qui concerne les mots utilisés, peut-être qu'avec les
juristes on pourra échanger là-dessus. Ce sont les
premiers qui nous sont venus à l'esprit. Encore une fois, un
amendement semblable ne voudrait pas dire que la Sûreté du
Québec agirait seule, mais ce serait une belle occasion, dans la loi
créant le ministère du Solliciteur général,
d'affirmer le pouvoir et le devoir des corps de police qui oeuvrent en
territoire québécois d'assurer le plein exercice de leurs
fonctions. Ils sont capables de le faire. C'est un corps de police remarquable,
la Sûreté du Québec. J'ai déjà eu plusieurs
fois l'occasion de le dire. Cela ne voudrait pas dire que la
Sûreté du Québec ne pourrait pas déléguer,
dans certains cas, comme elle le fait, une partie de ses responsabilités
è d'autres corps de police. Cela ne voudrait pas dire que le
ministère du Solliciteur général serait appelé
à tout faire. Cela voudrait dire, par exemple, que le ministère
du Solliciteur général est capable, comme je le disais lors de
mon discours de deuxième lecture, de prendre soin de la visite. On
s'occupe du confort des dignitaires nous-mêmes. On s'occupe du contenu,
en bonne partie, nous-mêmes. On est capable de s'occuper de leur
sécurité. Je comprends qu'il ne faudrait pas lésiner, il y
aurait collaboration entre les corps de police, bien sûr, j'en suis. Je
croirais, encore une fois, qu'il n'y a aucun problème de juridiction
à ce que le paragraphe 12 que je suggère soit inscrit dans la
loi.
M. Latulippe: Je voudrais ajouter...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre. Je vais
vous faire la lecture de l'amendement proposé. Le député
de Taillon propose que l'article 9 du projet de loi 138... Oui?
M. Filion: C'est juste la forme, mais il faudrait ajouter
douzièmement. Comme, en fait, on pourrait l'insérer entre 10°
et 11° , si le Solliciteur général était tenté
d'accepter mon amendement.
Le Président (M. Dauphin); Comme je le disais, le
député de Taillon propose un amendement à l'article 9 du
projet de 138, Loi sur le ministère du Solliciteur général
et modifiant diverses dispositions législatives. Ajouter, après
le 11° alinéa, le paragraphe suivant: "12° à assurer la
sécurité des dignitaires lors d'événements
internationaux".
Le règlement prévoit un temps de parole des deux
côtés sur la recevabilité de l'amendement. Est-ce qu'il y a
des demandes d'intervention? M. le député de Taillon, voulez-vous
faire d'autres commentaires sur la recevabilité de l'amendement que vous
avez proposé?
M. Filion: Sur la recevabilité?
Le Président (M. Dauphin): Sur la recevabilité
comme telle.
M. Filion: Sur la recevabilité, je ne sais pas si on y
voit un problème. L'article 9 dit: "Les fonctions du ministre consistent
plus particulièrement à assurer..," C'est tout è fait dans
le cadre du projet de loi qu'on est en train d'étudier. C'est dans le
cadre de ce qu'on est en train de faire.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Normalement, M. le Président, quand on
présente un amendement, c'est parce qu'on croît qu'il est
recevable. C'est très difficile de parler de sa recevabilité
avant de se faire dire qu'il ne serait pas recevable, ce que l'on ne croit pas.
(20 h 45)
Le Président (M. Dauphin): Nous n'y sommes pas
obligés, M. le député de Terrebonne, mais la coutume le
veut ainsi. Vous le savez comme moi, étant des parlementaires depuis au
moins six ans...
M. Blais: Nous ne sommes pas tellement traditionnels.
Le Président (M. Dauphin): ...la coutume veut que de
chaque côté, soit du côté ministériel ou du
côté de l'Opposition, on puisse intervenir sur la
recevabilité des amendements. D'ailleurs, on en a eu un bel exemple la
semaine dernière à la commission des institutions concernant le
projet de loi 92. Le député de Taillon, si j'ai bien compris, a
fait part de ses commentaires sur la recevabilité.
M. Filion: S'il y a des membres de la commission qui pensent que
ce n'est pas recevable parce que c'est écrit en chinois, à ce
moment-là, je vais réajuster mes arguments à ce qu'on va
me dire.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'un des membres de la
commission voudrait intervenir sur la recevabilité de l'amendement
proposé par le député de Taillon?
M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le député de Taillon
comprendra que cela fait suite à nos quatre propositions d'amendement de
la semaine dernière à l'article 356 du projet de loi 92. Quatre
propositions d'amendement, M. le député de Taillon. Vous
vérifierez le Journal des débats. Vous avez retiré
la deuxième.
Une voix: Vous avez raison.
M. Bélisle: J'en suis sûr.
Une voix: Cela va être plus court.
M. Bélisle: Cela étant dit, j'aimerais entendre le
député de Taillon, au moins, avant de me faire une idée
sur la pertinence.
M. Filion: Est-ce que c'est vous qui siégez comme
président? Vous aimeriez m'entendre. Moi, je parle au
président.
M. Bélisle: M. le Président, n'est-il pas coutume
lors d'une motion de demander au proposeur de nous dire pourquoi c'est
recevable ou non? Il me semble que c'est toujours comme cela que cela
fonctionne, que ce soit sur l'intérêt, la recevabilité, la
pertinence et tout le reste. II faut croire qu'on n'a pas pratiqué le
droit de la même façon.
M. Blais: II se pense à la Cour d'appel.
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs! II n'y a pas de dame. À l'ordre, messieurs! J'ai
demandé tantôt au député de Taillon s'il avait des
commentaires à faire relativement à la recevabilité. Ses
commentaires ont été brefs, mais il les a quand même
énoncés concernant la recevabilité.
J'indique aux membres de cette commission du côté
ministériel qu'ils ont la possibilité et tout le loisir
d'intervenir à ce stade-ci en ce qui concerne la recevabilité de
l'amendement. Tout le monde a eu copie de l'amendement.
M. le ministre, avez-vous des commentaires à faire sur la
recevabilité de cet amendement'?
M. Latulippe: J'aurais aimé entendre le
député de Taillon un peu plus. J'essaie de comprendre depuis tout
à l'heure. Peut-être y a-t-il un lien? J'aimerais qu'il puisse
m'expliquer comment, en vertu de l'article 197, c'est directement relié
au principe. Mais peut-être que cela l'est, effectivement.
M. Filion: Je voudrais informer le député,
puisqu'on s'adresse directement à moi et qu'on dit: J'aimerais entendre,
etc., que c'est le président qui nous entend. Quand je m'adresse
à cette commission, en général, c'est au président
que je le fais.
Deuxièmement, je voudrais juste vous faire remarquer que, la
dernière fois que nous avons entamé un débat sur la
recevabilité d'un amendement à cette commission, il a duré
trois heures. À ce moment-ci, je n'ai absolument aucune objection, au
contraire, si vous désirez entamer un débat sur la
recevabilité de cet amendement. Encore faudrait-il qu'on en conteste la
recevabilité. À ce moment-là, cela me fera plaisir de
discuter avec le député de Mille-Îles avec lequel j'ai
déjà eu des échanges de vues à différents
titres. Il est assis à cet endroit, mais la dernière fois il
était assis à un autre endroit. Il était assis à un
endroit où je m'adressais à îui. Cela, c'est notre
système et c'est parfait, mais là, par exemple, il n'est pas
assis au même endroit.
Troisièmement, avec vous, M. le député de Chambly,
je n'ai absolument aucune objection à entamer un débat sur la
recevabilité de mon amendement, mais encore faudrait-il que cette
recevabilité soit contestée. Cela me fera plaisir d'aller au fond
des articles 243 et 244 de nos règles. J'attire votre attention
là-dessus parce que, malheureusement, on lit beaucoup l'article 197
quand on parle d'amendement, mais l'article 197 est un article
général qui est, d'ailleurs, compris à l'intérieur
de la section 2 qui s'appelle Amendements, qui est comprise à
l'intérieur du chapitre II qui s'appelle Motions, qui relève
plutôt des règles qui gouvernent les travaux de l'Assemblée
nationale lorsque nous sommes précisément en Chambre. Je vais
attendre que le député de Chambly m'écoute. Les articles
243 et 244 font partie de la section 4 de nos règles, du chapitre III
qui porte sur les débats, ce que nous sommes précisément
en train de faire. La section 4 s'intitule Étude détaillée
en commission. C'est là où nous sommes.
À ce moment-là, on pourra lire ensemble l'article 197 le
temps qu'il faut pour convaincre le président du bien-fondé de la
recevabilité de mon amendement. On va devoir lire en détail
l'article 244. Je vais le lire pour m'en imprégner davantaqe: "La
commission saisie - nous sommes saisis comme cela ne se peut pas -
étudie chaque article du projet de loi - on les a étudiés
rapidement jusqu'à ce moment - et les débats - c'est ce que nous
sommes en train de faire - portent sur les détails du projet." L'objet
du projet de loi était de créer un ministère. "Les
amendements doivent se rapporter à son objet - à l'objet du
projet de loi et non de l'article du projet de loi - et être conformes
à son esprit - à l'esprit du projet de loi et non pas à
l'esprit de l'article du projet de loi - et à la fin qu'il vise." A la
fin du projet de loi et non à la fin de l'article du projet de loi,
etc.
Si vous voulez entendre le député de Chambly ou le
député de Mille-Îles sur l'origine de ses
préoccupations, l'origine de ses inquiétudes sur la
recevabilité de l'amendement, je n'ai aucune objection à
entreprendre ce débat s'il devait y avoir quelque doute dans l'esprit de
quiconque.
M. Latulippe: M. le Président, après les
explications de M. le député de Taillon, je n'ai pas d'objection;
je n'ai rien à dire sur la recevabilité.
Le Président (M. Dauphin): Sur la
recevabilité, oui. MM. les députés, membres de
cette commission, nous en sommes au stade de trancher. Nonobstant le fait que
je n'aie pas le règlement devant moi, l'expérience, depuis six
ans, m'indique qu'un amendement est recevable... Pardon, M. le
député.
M. Blais: Avant de l'accepter, j'aurais une remarque à
faire.
Le Président (M. Dauphin); Sur la recevabilité?
M. Blais: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Je voudrais poser une question au Solliciteur
général.
Le Président (M. Dauphin): C'est une remarque ou une
question?
M. Blais: Une question remarque; une remarque de question.
M. Bélisle: Sur la recevabilité? M. Blais:
Oui, sur la recevabilité. M. Bélisle: C'est fort.
M. Blais: Oui, c'est très fort. Ce n'est pas
nécessaire de venir de Mille-Îles pour être puissant.
Juste une question qui me fatigue un peu sur la recevabilité.
Bien qu'étant Solliciteur général d'un gouvernement
subordonné, on veut que vous ayez la responsabilité de vous
occuper de la sécurité de dignitaires internationaux. Je crois
qu'il pourrait ne pas être recevable parce que c'est une
responsabilité du gouvernement fédéral et que l'on ne peut
pas, comme gouvernement subalterne, recevoir un amendement de la sorte. Il
devrait s'adresser au Parlement d'Ottawa. Je vous le demande.
M. Latulippe: M. le Président, la remarque de mon
collègue, le député de Terrebonne, touche le contenu. Il
pourra en discuter à loisir au moment de l'étude du contenu, si
la recevabilité est acceptée.
M. Blais: Est-ce que je peux poser poser une seconde question, M.
le Président?
Le Président (M. Dauphin): M. le député,
nous en sommes au stade de la recevabilité d'un amendement.
M. Blais: C'est sur la recevabilité, a moins que vous
trouviez...
Le Président (M. Dauphin): Vous vous interrogez sur le
fait qu'en tant que membres du Parlement québécois...
M. Blais: Je le trouve non recevable.
Le Président (M. Dauphin): ...avec nos compétences
législatives, nous puissions étudier un amendement qui
hypothétiquement pourrait relever de la compétence
fédérale; c'est la question que vous vous posez.
M. Blais: C'est comme si on apportait un amendement ici pour
parler d'une responsabilité municipale. Je le trouverais irrecevable
dans le projet de loi parce qu'il n'est pas selon l'esprit de la Loi sur le
ministère du Solliciteur général et modifiant diverses
dispositions législatives. Le Solliciteur général n'a pas
à s'occuper, dans notre système britannique,
d'événements internationaux et de la protection des dignitaires.
Donc, cela s'adresse à un autre gouvernement. Donc, il est irrecevable,
ici, dans ce projet de loi concernant ce gouvernement secondaire qui est le
gouvernement du Québec.
M. Latulippe: M. le Président, peut-être que vous
devriez accorder une suspension d'audience pour permettre à mes deux
collègues de se parler et à mon collègue, le
député de Taillon, d'expliquer les histoires de la vie à
mon collègue, le député de Terrebonne, et en particulier
les raisons et les motifs de l'amendement qu'il propose.
M. Blais: Je n'ai pas d'autres questions.
M. Filion: D'ailleurs, je pense que les commentaires du
député de Terrebonne ne vont pas nécessairement contre ce
que je disais. D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Alors, à ce stade
où nous sommes sur le point de faire certaines consultations, justement,
en ce qui concerne la compétence législative, nous nous posons la
question suivante: De fait, est-ce notre rôle comme législateurs
de juger du droit ou de la compétence? Alors, on m'indique, après
consultations auprès des conseillers parlementaires, que ce n'est pas le
rôle des présidents de commission ou des présidents de
séance de juger de la compétence législative,
fédérale ou provinciale, d'un amendement qui est proposé.
Alors, continuant selon la même logique, après avoir lu
l'amendement proposé et après avoir lu la définition ou
les différents paragraphes de l'article 9, je serais d'avis que
l'amendement proposé par le député de Taillon est
recevable, même si je laissais entrevoir tantôt certaines
réticences en ce qui a trait à la compétence
législative.
À ce stade, étant donné que les conseillers
parlementaires nous indiquent que ce n'est pas à nous de juger de la
consti-tutionnalité, à savoir si c'est intra ou ultra vires comme
amendement, je déclare l'amendement recevable, en m'appuyant sur une
décision antérieure rendue notamment par M. Jean-Guy Lemieux, le
digne président de la commission de l'économie et du travail. La
décision a été rendue comme ceci: "Un amendement est
compatible avec le principe du projet de loi son esprit et sa fin. Le
président ne peut juger du fond d'un amendement, c'est-à-dire de
son opportunité, pas plus qu'il ne peut décider si une
proposition est inconstitutionnelle ou incompatible avec une disposition
déjà adoptée ou avec une loi existante. Le
président n'interprétera pas le droit et, si les
députés estiment que l'amendement est illégal, ils peuvent
toujours s'y opposer en votant contre." Cela confirme ce que nous avait
conseillé tantôt, c'est-à-dire que ce n'est pas au
président de séance ou à un président de commission
de juger de l'opportunité d'un amendement et de son caractère
intra ou ultra vires. Je déclare donc l'amendement recevable et, en
vertu de notre règlement, les députés de cette commission
peuvent faire des interventions de fond sur l'amendement pour un maximum de 20
minutes chacun. Est-ce qu'il y a un député, membre de cette
commission, qui demande la parole? M. le ministre.
M. Gérard Latulippe
M. Latulippe: M. le Président, je voudrais dire que, quant
à moi, il n'est pas nécessaire - et je m'y oppose -
d'insérer dans l'article 9 l'amendement proposé par mon
collègue, le député de Taillon. Tout d'abord, je dois dire
que la Sûreté du Québec continue actuellement à
assurer la protection des dignataires qui viennent effectivement au
Québec. (21 heures)
D'ailleurs, quand le gouvernement du Québec invite une
personnalité étrangère, il est tout à fait normal
que la Sûreté du Québec soit impliquée, de
façon significative et même fortement significative, dans la
protection de la personnalité qu'il a invitée.
Je voudrais simplement souligner à mon collègue, le
député de Taillon - et cela remonte à la période
où le gouvernement était péquiste, lors de la venue du
président Reagan au Québec, car ce cas a été
très connu dans la société québécoise - que
c'est la Gendarmerie royale du Canada qui avait vu... Je ne sais pas si le
député de Taillon pourrait m'écouter. Peut-être
serait-il bon qu'il sache qu'à ce moment-là, sous son
gouvernement - tout comme moi, il n'était pas là à
l'époque, mais le député de Terrebonne y était,
n'est-ce pas, et il le sait aussi - c'est la Gendarmerie royale du
Canada qui avait assuré la protection du président des
États-Unis.
Je pense qu'il est tout à fait normal qu'il y ait une
collaboration entre les différents paliers de gouvernement lorsqu'il est
question d'assurer la protection d'un dignitaire étranger. Je vais vous
citer un exemple. Quand le président ou le premier ministre d'un pays
vient au Québec, nous avons définitivement besoin de
renseignements de nature internationale. Il serait tout à fait illogique
que l'on se prive de ces sources de renseignements internationaux lorsqu'un
dignitaire étranger vient au Québec. Or, c'est la Gendarmerie
royale du Canada ou les services de renseignements qui sont en mesure de nous
fournir ces informations et qui sont en mesure de nous dire si telle ou telle
personnalité étrangère est soumise à un risque de
terrorisme, à un danger.
Pourquoi recommencerions-nous aujourd'hui les guerres de clocher lorsque
la sécurité d'une personnalité étrangère qui
vient au Québec est en jeu? Pourquoi nous priverions-nous finalement de
cette nécessaire collaboration qui doit exister entre les corps
policiers en ce qui concerne la protection des personnalités
étrangères venant au Québec?
Je voudrais souligner à mes collèques, le
député de Taillon et le député de Terrebonne, que,
s'ils prennent connaissance du texte proposé au deuxième
paragraphe de l'article 9, l'une des fonctions du ministre est de favoriser et
de promouvoir la coordination des activités policières. Il est
donc dans mes fonctions de promouvoir la coordination des activités
policières. Je dois dire, quant à moi, que cette coordination
doit exister entre les activités policières de la GRC, que la GRC
est la plus compétente pour accomplir, et les activités
policières de la Sûreté du Québec ou des corps
policiers municipaux. Je ne vois pas pourquoi on voudrait encore aujourd'hui
refaire surface avec des chicanes de clocher inutiles.
Quand on parle, dans un amendement semblable, d'assurer la
sécurité de dignitaires lors d'événements
internationaux, il est clair que cela fait partie, à différents
degrés ou à différents niveaux, du mandat de la
Sûreté du Québec, à l'article 39 de la Loi de
police. C'est l'un des mandats, dans la Loi de police, d'assurer le maintien de
la paix, de l'ordre et de la sécurité publics, et cela comprend
en partie, dans les limites de notre juridiction et dans les limites de cette
collaboration nécessaire avec le gouverne-ment fédéral, la
protection de la sécurité des dignitaires étrangers.
On demande ici un amendement pour assurer la sécurité des
dignitaires lors d'événements internationaux. Cela entre, entre
autres, dans le concept de la sécurité publique. C'en est une
partie. Est-ce qu'on va commencer à proposer un amendement
pour le devoir de la Sûreté du Québec de combattre
le crime organisé'' C'est aussi une partie spécifique de son
mandat. Est-ce qu'on va proposer un amendement pour que la sûreté
maintienne un service de renseignements de sécurité ou un service
de renseignements criminels? Cela fait partie de son mandat
général.
Je ne vois pas pourquoi on arriverait avec une multiplication
d'amendements ou un amendement scindant les fonctions de la Sûreté
du Québec. Cela fait partie de son mandat général et je ne
vois pas pourquoi on mettrait un focus sur une partie de son mandat. Je pense
qu'on a dans cet article 9 les jalons suffisants pour faire en sorte que, dans
le cadre de notre juridiction, dans le cadre aussi de la nécessaire
collaboration avec la Gendarmerie royale du Canada, nous puissions assumer
notre rôle de maintenir la paix, l'ordre et la sécurité
publics pour toutes les personnes qui sont sur notre territoire, y compris les
dignitaires étrangers.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a un autre membre qui voudrait intervenir?
M. Claude Filion
M. Filion: Oui, je vous remercie, M. le Président. Le
Solliciteur général nous dit deux choses, essentiellement: Des
chicanes de clocher, je n'en veux pas. D'abord, c'est lui qui dit cela, c'est
lui qui parle de chicanes de clocher. C'est vous qui le dites. Nous, ce que
nous disons, c'est qu'il y a une nécessaire collaboration entre tous les
corps de police. C'est toujours cela qu'on a dit.
C'est évident, aujourd'hui, qu'un corps de police ne peut pas
fonctionner en vase clos, que ce soit un corps de police municipal, un corps de
police comme la Sûreté du Québec que j'appellerais national
ou un corps de police comme la GRC qu'on pourrait appeler fédéral
ou canadien. C'est clair qu'il y a entre ces niveaux de corps de police une
nécessaire collaboration. C'est très rare, aujourd'hui, qu'un
corps de police puisse fonctionner... Je l'ai dit dans mon discours de
deuxième lecture: Aujourd'hui, c'est l'information qui est la
denrée la plus utile pour les corps de police. L'information, qu'on la
trouve n'importe où, c'est de l'information et c'est une denrée
nécessaire. Alors, en ce sens, les chicanes de clocher, on ne les
favorise pas. Ce n'est pas bon, les chicanes; on n'est pas pour cela, nous
autres. Mais c'est le Solliciteur général qui parle de chicanes
de clocher. Nous, c'est ce que nous disons essentiellement. C'est le premier
argument du Solliciteur général. Le deuxième, il dit que
cela fait partie de son mandat général, pourquoi le
spécifier? Je vais vous le dire. Depuis décembre 1985 - et
j'aimerais que le Solliciteur général ait la franchise de nous le
dire en commission parlementaire - est-il exact que la Sûreté du
Québec s'est délestée d'une partie des
responsabilités qu'elle assumait généralement, lors
d'événements internationaux, au profit de la Gendarmerie royale
du Canada? C'est bien sûr, le Solliciteur général nous a
dit tantôt: La Sûreté du Québec continuera
d'être impliquée. Je pense que notre discussion, ce soir, M. le
Président, dans le fond, porte sur ce mot qu'a utilisé le
Solliciteur général, quand il nous a dit que la
Sûreté du Québec continuerait d'être
"impliquée". Et c'est précisément le deqré
d'implication de la Sûreté du Québec lors
d'événements internationaux qui nous intéresse, ce soir,
par cet amendement.
Je suis convaincu, moi, que la Sûreté du Québec va
jouer un certain rôle lors du sommet francophone. On peut prendre cet
exemple, mais il pourrait y en avoir bien d'autres. Il s'agit pour nous de
déterminer qui aura le contrôle de la sécurité lors
des événements internationaux qui seront tenus en sol
québécois. Nous, ce que nous disons de ce côté,
c'est que le Québec est en mesure d'assumer le contrôle des
opérations avec la collaboration de tous les corps de police, bien
sûr. La ville de Québec aura un rôle important à
jouer. La Gendarmerie royale du Canada aura un rôle important à
jouer. Mais ce que nous disons, c'est que la Sûreté du
Québec est un corps de police ultramoderne, capable de jouer ce
rôle, capable d'assumer cette responsabilité, avec l'aide, bien
sûr, des autres corps de police.
Alors, je croirais que l'introduction de cet amendement à
l'intérieur de l'article 9 permettra de souligner le degré
d'implication des corps de police québécois lors
d'événements internationaux pour s'assurer, en tant que
législateurs, que le peuple québécois sait recevoir, pour
s'assurer que te Québec sait faire les choses. Autant en ce qui concerne
le confort des personnes qu'en ce qui concerne les endroits physiques où
se déroulent les événements, etc., on est capables de
faire les mêmes choses en ce qui concerne la sécurité. On
n'en fait pas un plat, mais c'est juste, je pense, que le Québec, que le
gouvernement du Québec, par son corps de police assume ses pleines
responsabilités et fasse en sorte qu'il joue tout le rôle qu'il
est capable de jouer dans tous les événements. Quand Reagan est
venu ici à Montréal Je pense qu'il n'est pas juste venu à
Québec à cette occasion-là. Il n'est pas
arrêté à Montréal?
Une voix: II est venu à Québec. Une voix: Au
Grand Théâtre.
M. Filion: Je pense qu'il s'est arrêté à
Montréal ou dans une autre ville canadienne. En tout cas, peu importe...
C'était l'an
dernier. Que la Gendarmerie royale du Canada joue un rôle
important là-dedans, cela se comprend, c'est sûr, pour assurer les
liaisons avec le corps de police américain et le service de garde du
président américain, etc., mais il faut s'assurer que le
degré d'implication de la Sûreté du Québec dans les
opérations de sécurité soit à la mesure de ce qu'on
est capable de faire. On ne peut pas tout faire, c'est sûr, mais on est
capable d'en faire une bonne partie, une maudite bonne partie.
Alors, je pense que c'est dans ce sens que l'amendement est introduit.
Ce n'est pas pour des chicanes de clocher, comme vous le dites. Vous me dites
que c'est dans le mandat général de la Sûreté du
Québec également. Il y a bien des choses qui sont dans le mandat
général et qui sont ici. Je vais prendre un exemple au hasard.
Vous dites: "3° à maintenir un service de documentation et de
statistiques permettant d'évaluer l'état de la criminalité
et l'efficacité de l'action policière." On dit également:
"2° à favoriser et à promouvoir la coordination des
activités policières." À l'article 8, on parlait de "la
prévention de la criminalité." Cela fait aussi partie du mandat
général, mais quand on vote une loi qui crée votre
ministère, on souligne certaines choses, finalement, on souligne
certains axes, les axes principaux des fonctions, des devoirs et des pouvoirs
des différents intervenants. Moi, cela ne me rebute pas de souligner cet
aspect du travail de la Sûreté du Québec; au contraire, je
verrais cela d'un bon oeil. M. le Président, j'aimerais beaucoup que le
Solliciteur général réponde à la question que j'ai
posée à l'intérieur de mon commentaire: N'est-il pas exact
que votre ministère, depuis décembre 1985, a un degré
d'implication moins important que ce qui s'est fait durant les quatre, cinq,
six, sept, huit dernières années dans les opérations de
contrôle de sécurité lors d'événements
internationaux?
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, tout en laissant le loisir au ministre de
répondre tantôt, à moins qu'il ne veuille répondre
tout de suite.
M. Scowen: À moins que le ministre ne veuille parler
avant. J'aurais quelques commentaires à faire, mais je peux les faire
après. (21 h 15)
M. Latulippe: Oui, tout simplement et rapidement sur ce que mon
collègue, le député de Taillon, vient de dire. La
Sûreté du Québec, depuis décembre 1985, depuis notre
élection, a continué d'être impliquée, comme elle
l'était, d'une façon significative dans la protection des
personnalités étrangères.
Quand mon collègue, le député de
Taillon, parle de la venue du président Reagan au Québec
en nous disant qu'effectivement la Sûreté du Québec a
été impliquée d'une façon significative, je dois le
corriger pour lui dire qu'à l'époque c'est effectivement la
Gendarmerie royale qui a été le maître d'oeuvre de
l'ensemble de la sécurité lors de la venue du président
Reagan. Cela a été la même chose quand le pape Jean-Paul II
est venu au Québec.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Je ne suis pas expert dans ce sujet, mais je trouve
les propos du député de Taillon, soit irresponsables, soit
irréfléchis. Il propose dans l'amendement d'assurer la
sécurité des dignitaires, ce qui, pour moi, veut dire prendre la
responsabilité de la vie, et peut-être même de la mort, de
ces personnes et de leur entourage.
Si, par exemple, le Solliciteur général me demandait de
prendre la responsabilité d'une telle opération, je lui
demanderais plusieurs choses. La première, de s'assurer que c'est nous
qui avons le contrôle clair, parce que, dans une telle affaire, on ne
peut pas se permettre d'avoir une collaboration entre cinq ou six forces
policières, il faut avoir une personne prête à prendre la
responsabilité. Donc, je présume que la première chose
à faire serait de commencer à négocier avec le
gouvernement du Canada pour nous permettre, si c'est permis par la
constitution, de prendre cette responsabilité nous-mêmes.
J'imagine que cela prendrait beaucoup de temps.
Je ne sais pas si c'est permis par la constitution ou non, mais je
demanderais plusieurs éléments de contrôle très
importants: premièrement, des frontières étanches, parce
que je n'accepterais pas de prendre la responsabilité de la vie de ces
personnes si je n'avais pas la responsabilité du va-et-vient des
personnes à travers les frontières du Québec;
deuxièmement, je demanderais une force policière apte à
faire ce que l'on appelle aujourd'hui de l'antiterrorisme, qui est quelque
chose d'assez sophistiqué. Je ne suis même pas certain que le
Canada soit à la fine pointe de la techonologie dans cette
affaire-là. C'est effectivement très sophistiqué et cela
nécessite des liens directs - pas indirects -avec les forces
policières et les informateurs, ou les sources d'information partout
dans le monde. J'exigerais certainement le droit de faire appel directement et
rapidement aux forces armées du pays, mais, malheureusement, on n'a pas
de forces armées au Québec, c'est canadien.
Une voix: Malheureusement.
M. Scowen: Si vous voulez, mais les conséquences d'une
telle proposition, c'est effectivement de créer des forces
armées, parce qu'à un moment donné, quand vous parlez de
la vie ou de la mort d'un dignitaire de l'extérieur du pays, qui
pourrait être suivi par je ne sais combien de personnes, c'est bien
compliqué. Alors, tout cela implique une série de gestes et de
mesures pour assurer un véritable contrôle et pouvoir dire
à chaque dignitaire qui vient ici: C'est clair, c'est nous qui prenons
la responsabilité de votre vie et de la vie de votre entourage pendant
votre séjour.
Il faut avoir une forte impression que cela fonctionne très mal
aujourd'hui, dans le système actuel, pour décider, afin de
prouver que le Québec sait faire ou que l'on veut collaborer, de faire
des revendications de cette nature-là qui sont à peu près
les seules que j'ai entendues ce soir, afin d'établir une affaire aussi
compliquée. Deuxièmement, cela va prendre une période
très longue, à la suite de l'adoption d'un tel amendement, pour
négocier, si cela est possible, ce contrôle absolu.
Je trouve, à moins que vous n'ayez des raisons qui sont beaucoup
plus importantes que celles que vous avez invoquées jusqu'ici, que votre
projet est, je le répète, soit irresponsable, soit très
irréfléchi.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: J'écoute le député de
Notre-Dame-de-Grâce attentivement et je suis inquiet. Inquiet pour la
sécurité des personnes qui viennent au Québec. Inquiet
pour la sécurité des personnes qui vivent au Québec, tous
les jours, comme vous, comme moi, comme les milliers de touristes qui viennent
nous rendre visite chaque année et comme les milliers de dignitaires,
disons, qui sont de rang moins important que les chefs d'État, mais qui
viennent au Québec. Cela m'inquiète, parce que je
considère qu'outre la Gendarmerie royale du Canada, il existe, au
Québec, une force policière importante qui a
développé au fil des années une expertise remarquable et
qui est capable de faire un tas de choses. Pour moi, vous savez, en ce qui
concerne les vies humaines, la protection de la vie humaine et la protection de
la sécurité des gens, il n'y a pas de degré. Il faut
donner le mieux de ce qu'on peut en termes de ressources. Il faut donner le
meilleur de notre volonté, assumer la protection de la vie de tout le
monde, indifféremment.
II y a un argument du député de Notre-Dame-de-Grâce
qui est important. Il dit: Moi, je ne serais pas prêt à assumer
cette responsabilité parce qu'on ne contrôle pas nos
frontières, parce qu'on n'a pas de force antiterroriste ni
d'armée. Il est évident qu'un amendement comme celui que je
propose ne peut pas chambarder la constitution. Il est évident que, dans
toutes les lois créant des ministères, il existe des
responsabilités qui sont partagées. Quand on parle - vous
n'étiez pas là tantôt - de la prévention de la
crimininalité, le fédéral fait un gros boulot, mais cela
n'empêche pas le Québec de faire son bout de chemin qui peut
être drôlement important. C'est la même chose pour toutes les
mentions qui sont là.
En acceptant l'amendement - je voudrais vous rassurer là-dessus,
M. le député de Notre-Dame-de-Grace - cela ne voudrait pas dire
que le Québec serait seul a jouer ce rôle. Tantôt, le
Solliciteur général parlait de la collaboration entre la
Sûreté du Québec et la Gendarmerie royale du Canada; ce
n'est pas lui tout seul qui fait cela. Il n'a aucun contrôle sur la
Gendarmerie royale du Canada. C'est le Solliciteur général
fédéral, le ministre de la Justice fédéra! qui fait
cela. Un amendement de cette nature - je voudrais vous rassurer dans ce sens,
parce que, si c'est la chose qui vous retient pour adopter cet amendement,
peut-être qu'on peut régler cela vite - cela ne voudrait pas dire
que le Québec aurait une juridiction exclusive. Cela voudrait dire qu'il
exercerait, cependant la part de juridiction qui lui revient. Elle peut
être très importante.
Bien sûr, nous ne contrôlons pas nos frontières. Il
semble que le peuple a voté autrement en 1980. On vit encore dans un
régime fédéral, on ne contrôle pas les
frontières et c'est le fédéral qui s'occupe de cela. Bien
sûr qu'on n'a pas d'armée. C'est une bonne chose, d'ailleurs. On a
juste à regarder ce que les armées coûtent dans tous les
pays européens et dans tous les pays qui doivent en maintenir. Cela
coûte une fortune. Nous avons la chance d'utiliser ces montants pour
faire autre chose: investir dans les hôpitaux - un peu plus,
espérons-!e, que ce qui a été fait - investir dans les
écoles, faire autre chose. Tant mieux si on n'a pas d'armée, si
on peut s'en passer régulièrement. Au Québec
l'armée ne joue pas un grand rôle. Elle est venue en 1970, C'est
tout ce qu'elle a fait, elle est venue pendant la crise d'octobre. Autrement,
l'armée au Québec, cela ne nous apporte pas grand chose.
M. Scowen: Si vous deveniez membre de l'OTAN, vous seriez
obligé d'avoir une armée. Cela fait partie de...
M. Filion: C'est vous qui le dites.
M. Scowen: Bien non, c'est écrit dans les règles de
l'OTAN. Vous ne pouvez en devenir membre sans faire de contribution.
M. Filion: C'est vous qui le dites.
M, Scowen: C'est officiel. Ce n'est pas nous autres.
M. Filion: II peut y avoir une contribution sous bien des
formes.
M. Scowen: J'ai les règles du jeu de l'OTAN.
M. Filion: Les collaborations entre l'OTAN et les pays membres
peuvent prendre bien des formes différentes. Aller fournir quelques
soldats avec la fleur de lis sur le casque, je ne sais pas s'il y a une grande
réjouissance à faire cela. En deux mots, c'est bien sûr que
ce n'est pas un simple amendement comme celui-ci qui va bouleverser la
constitution, qui va empêcher la RCMP de s'occuper du prochain sommet
francophone en bonne partie, mais je voudrais que la Sûreté du
Québec joue son rôle et ait sa place, ni plus, ni moins.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Gérard Latulippe
M. Latulippe: M. le Président, j'ai l'impression que mon
collègue, le député de Taillon, n'a pas tous les
éléments nécessaires pour être en mesure de faire
des commentaires judicieux sur son propre amendement. Il devait être au
courant, comme le disait, d'ailleurs, mon collègue, le
député de Notre-Dame-de-Grâce, que c'est très
important, la protection des personnalités, des dignitaires
étrangers qui viennent au Québec. C'est la vie de ces personnes
qui, souvent, peut être mise en danger.
On fait face, aujourd'hui, à des réseaux internationaux de
terroristes - je voudrais souligner à mon collègue, le
député de Taillon, qu'on fait toujours partie du Canada - et le
Canada a une responsabilité en ce qui concerne la protection de ces
dignitaires étrangers. II a assumé cette responsabilité en
signant un accord international, l'accord de Vienne, qui assure aux dignitaires
étrangers, aux personnes qui ont un statut diplomatique, la protection
dans les pays qui sont signataires de cet accord.
Le Canada a assumé une obligation au niveau international
relativement à cet accord de Vienne et il l'a assumée aussi dans
une loi du Canada, le projet de loi C-9, qui a été adopté
en 1984 - mon collègue, le député de Taillon, l'oublie
probablement -durant une période où il y avait a Québec un
gouvernement péquiste. Ils ont assumé par cette loi la protection
des personnalités étrangères qui ont ce statut. Cependant,
c'était comme cela sous votre gouvernement et c'est encore la même
chose aujourd'hui; le statut de la protection des personnalités
étrangères est le même. C'est la même chose. Sous
votre gouvernement, le Canada, comme nation avait cette responsabilité
et il l'a encore aujourd'hui.
Dans votre amendement, vous tentez, par la porte d'en arrière, de
modifier cette responsabilité si Importante que, comme nation, on a
à travers le monde, M. le député de Taillon. Il est
essentiel qu'effectivement le gouvernement du Québec, comme il l'a fait
dans le passé, collabore, finalement, avec la Gendarmerie royale du
Canada, qu'il assume même dans un bon nombre de cas, en collaboration
avec la GRC, la protection de ces personnalités
étrangères. C'est tout à fait normal.
Je ne vois pas d'où vient, finalement, votre soudain amendement.
Est-ce pour susciter des débats qui n'existent pas? À mon avis,
je ne vois pas d'autre raison. J'ignore pourquoi vous apportez cet amendement,
compte tenu du fait que nous avons et que nous allons continuer comme
gouvernement de collaborer et d'assumer, dans les cas qui seront
nécessaires, la protection des personnalités
étrangères. On l'a dit: II est nécessaire qu'il y ait
cette collaboration entre le Solliciteur général du Canada, la
Gendarmerie royale du Canada, le Solliciteur général du
Québec et les forces policières du Québec. Cela fait
partie de notre mandat. On va continuer de l'assumer. On va continuer de
l'assumer peut-être encore mieux que du temps de votre gouvernement. (21
h 30)
Dans ce cadre-là, je dois dire que, pour moi, cet amendement est
tout à fait inutile et suscite des débats là où il
n'en existe pas.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres demandes d'intervention?
M. Claude Filion
M. Filion: Je suis frappé par l'argumentation du
Solliciteur général. Il dit: On le fait. Je lui dis: Si vous le
faites, mettez-le donc dans le projet de loi. Il me dit: Non, on ne le mettra
pas dans le projet de loi. Cela ne changera rien qu'on le mette dans le projet
de loi. Cela ne change rien légalement sauf que c'est un message
important que l'on envoie. Quand on dit -écoutez, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce - au paragraphe 1° que le
Solliciteur général - on est en train de créer un
ministère - surveille l'application des lois relatives à la
police, je vais vous dire que, franchement, on n'a pas besoin de le dire.
D'accord? On n'a pas besoin de le dire, cela existe déjà dans les
autres lois. On n'a pas besoin de le dire, c'est un fait. Quand on dit
que le ministre s'occupe de la prévention de la
criminalité et du maintien de la sécurité publique, on n'a
pas besoin de le dire, cela existe aussi. Mais, on détaille, aux
paragraphes 9° et 10°, une série de fonctions qui incluent les
boissons alcooliques, les permis d'agences de sécurité. Je trouve
aussi important ce que le Solliciteur général vient de dire que
les permis d'agences de sécurité. Pourquoi ne pas l'inscrire dans
le projet de loi? C'est tout. Cela ne changera pas l'accord de Vienne de 1949
ou dans ces années-là, je croîs. Cela ne changera pas ces
accords, cela ne changera pas les responsabilités, sauf que cela va
faire partie des fonctions du ministre de voir à cela. D'autant plus que
le Solliciteur général nous dit: On va jouer un rôle
important dans la sécurité lors d'événements
internationaux, par exemple, le sommet francophone. Puisqu'il nous le dit,
puisque nous le suggérons et puisque tout le monde est d'accord,
allons-y, inscrivons-le dans le projet de loi. Cela a une force
d'autorité législative qui ne donnera pas plus de pouvoirs, mais
qui n'en enlèvera pas, non plus. On pourrait même ajouter: "en
collaboration avec les autres corps de police", le cas échéant.
Je ne suis pas à un détail près dans mon amendement, si
c'est ce qui retient les gens du parti ministériel.
Le Président (M. Dauphin); Est-ce qu'il y a d'autres
demandes d'intervention? M. le député de Taillon.
M. Filion: Le vote.
Le Président (M. Dauphin): Le vote? Mme la
secrétaire.
La Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles), pour
ou contre l'amendement?
M. Bélisle: Contre l'amendement.
La Secrétaire: M. Dauphin, vous êtes membre de la
commission, vous pouvez voter. Pour ou contre l'amendement?
Le Président (M. Dauphin): Contre.
La
Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
La
Secrétaire: M. Filion (Taillon)?
M. Filion: Pour.
La Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)? M. Laporte
(Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre.
La Secrétaire: M. Scowen (Notre-Dame- de-Grâce)?
M. Scowen: Contre.
La Secrétaire: M. Latulippe (Chambly)?
M. Latulippe: Contre.
La Secrétaire: II y a six voix contre et une voix pour
l'amendement. Alors, l'amendement est rejeté.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est donc
rejeté. Nous retournons è l'article 9 du projet de loi tel que
présenté.
M. Filion: En ce qui concerne l'article 9...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Taillon.
M. Filion: ...j'aimerais que le ministre nous explique d'abord la
portée du deuxième alinéa. Il nous a mentionné
tantôt, par exemple, que la coordination des activités
policières fait partie de sa "job", donc, la collaboration entre la GRC
et la SQ. J'aimerais qu'il nous explique la portée, dans son esprit, du
deuxième alinéa.
M. Latulippe: II y a plusieurs façons...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Latulippe: ...dont les corps de police peuvent et doivent,
à mon avis, collaborer. D'abord, il y a cette nécessaire
collaboration entre les corps de police municipaux et la Sûreté du
Québec. On sait qu'à plusieurs occasions - et c'est normal aussi
- les corps de police municipaux, eu égard à leur taille et
à leur statut actuels, n'ont pas, dans tous les cas, la technologie
nécessaire pour faire face à certains événements
particuliers. Que l'on pense, par exemple, à des cas
d'enlèvements. Ce peut être un cas d'enlèvement d'enfant,
par exemple, dans une petite municipalité de 5000 ou 6000 habitants, qui
a un corps de police de cinq ou de six policiers. Dans ces cas, on doit, je
pense, et c'est tout à fait normal, demander assistance à la
Sûreté du Québec. Dans d'autres municipalités ou
dans d'autres cas - je pense à des cas d'enquêtes criminelles - il
est nécessaire que les corps de police municipaux et la
Sûreté du Québec collaborent et c'est normal. On pense
à des enquêtes qui ont pu être suscitées dans une
municipalité quelconque. I! arrive que des personnes témoignent
et nous indiquent l'existence d'un réseau. On peut penser à des
vols de voiture, par exemple. On peut penser à certains réseaux
de prostitution, par exemple. II est important alors que les corps de
police
collaborent, en ce qui concerne les renseignements et en ce qui trait a
l'aide technique sur le terrain.
Je pense que c'est le rôle du ministre de favoriser au maximum
cette collaboration nécessaire entre les corps de police municipaux et
la Sûreté du Québec. Je pense aussi que je ne dois pas, et
on ne doit certainement pas, mettre une barrière entre les
activités de la Sûreté du Québec dans certains cas
et celles de la Gendarmerie royale du Canada. Que l'on pense à ces
activités de la Gendarmerie royale, en particulier dans les
réseaux de la drogue et à la nécessaire collaboration de
la Sûreté du Québec et de la Gendarmerie royale du Canada
dans ces cas. Vous savez comme moi, M. le député de Taillon,
qu'une enquête sur un cas de drogue ou sur le commerce de la drogue peut
déboucher rapidement sur une enquête de nature internationale de
drogue. Je pense que dans ces cas - je vous ai donné des exemples
pratiques - il est nécessaire de promouvoir la coopération et
surtout la coordination entre les forces policières
particulièrement au Québec.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Une question, en ce qui concerne le troisième
alinéa qui demande que le ministre maintienne un service de
documentation et de statistiques permettant d'évaluer l'état de
la criminalité et l'efficacité de l'action policière.
Est-ce que je peux connaître, d'abord, l'état actuel de ce service
de documentation, qui existe déjà? En deux mots, est-ce que cet
alinéa prévoit quelque chose de neuf ou s'il prévoit
continuer ce qui existait déjà au sein du ministère de la
Justice?
M. Latulippe: II existe actuellement un service de documentation,
qui est administré actuellement par la DGSP (Direction
générale de la sécurité publique) qui continuera au
sein de ce qui sera mon ministère. Il fait la collecte des
données en rapport avec la criminalité et fait l'analyse de ces
données. Pour l'instant, évidemment, il continuera d'exister dans
l'état où il se trouve actuellement.
M. Filion: Ma question visait particulièrement à
savoir si le ministre a l'intention d'en faire une direction différente
de la DGSP?
M. Latulippe: Pour l'instant, absolument pas, mais, dans
l'avenir, on verra finalement ce qu'il adviendra dans le cadre de la
rénovation policière.
M. Filion: Cela va. D'abord, en ce qui concerne le
cinquième alinéa, j'attire l'attention du ministre et je pense
que les mots sont importants "à assurer la disponibilité des
services d'agents de probation". Je lui signale que cette fonction, à
laquelle nous adhérons entièrement, fait en sorte qu'en
particulier on devra voir à éviter la rareté dans la
disponibilité des agents de probation qui peuvent être requis eu
égard, premièrement, eux exigences des tribunaux et,
deuxièmement, en ce qui concerne l'autre projet de loi qu'on
étudiera prochainement. Je puis l'assurer de ma collaboration s'il doit
discuter avec son collègue du Conseil du trésor.
C'est beau d'adopter des lois, mais il faut avoir les moyens de les
faire fonctionner, cependant. Ici - et j'aurai l'occasion de le lui rappeler au
cours des mois ou des années durant lesquels il occupera son poste, si
je demeure critique des mêmes secteurs - l'article de la loi dît:
"à assurer la disponibilité des services d'agents de probation".
Il n'est pas sans savoir qu'aujourd'hui la disponibilité des services
d'agents de probation pose des problèmes.
Ce n'est pas que je veuille retirer ce devoir au ministre, bien au
contraire. Je suis heureux qu'on en fasse un mandat spécifique, si l'on
veut, mais, eu égard à ce qui se passe actuellement devant les
tribunaux, je pense que cette fonction aurait besoin de ressources
additionnelles pour être accomplie de façon sérieuse.
M. Latulippe: Quand mon collègue de Taillon parle de
rareté, je me demande sur quelles données il se base pour parler
de la rareté actuelle des agents de probation. Je voudrais l'informer
que les services d'agents de probation sont assurés partout au
Québec. Évidemment, s'il peut y avoir des problèmes, il
n'y en a pas de majeurs. Ces services sont assurés aux tribunaux de la
façon qu'il se doit. J'aimerais bien, s'il parle de rareté, qu'il
fasse référence à des données précises et
à des endroits précis.
M. Filion: D'accord. Premièrement, je ferai remarquer que,
dans ma phrase, j'ai dit qu'il faudrait qu'il voie à ce qu'il n'y ait
pas de rareté. Deuxièmement, j'ai dit qu'il y avait à
l'heure actuelle des problèmes relativement sérieux quant
à la présence et à la disponibilité des agents de
probation.
Ce qui m'inquiéterait, c'est que !e Solliciteur
général ne soit pas au courant de ce problème qui existe
dans les cours de justice, lorsque des juges, notamment, demandent des rapports
au Service de probation et que ces rapports ne peuvent être fournis dans
de courts délais, car il n'y a pas d'agents de probation. Cela
m'inquiéterait que le Solliciteur général ne soit pas au
courant de ce problème. Je ne dis pas que c'est un problème
grave, mais
c'est un problème sérieux.
M. Latulippe: Si mon collègue, le député de
Tailton, comme il le dit souvent, aime collaborer avec le ministre et s'il a
des données sur lesquelles il se base pour parler de rareté ou de
problème important dans certains endroits, j'apprécierais qu'il
nous le fasse savoir dans l'intérêt des services, dans
l'intérêt du ministère et dans l'intérêt de
l'ensemble des Québécois.
Quant à moi, je suis conscient qu'ici et là il peut y
avoir eu des délais occasionnels, mais je ne vois pas où il
pourrait prendre ses données pour conclure qu'il existe des
problèmes importants à l'intérieur des services de
probation. Au contraire, je dois dire que j'ai moi-même fait une
tournée de plusieurs services de probation du Québec. (21 h
45)
Vendredi dernier, j'étais à Montréal, au Service de
probation de Montréal. Je suis allé à Hull. Finalement, je
suis allé à Sherbrooke et je dois dire que les gens, les agents
de probation qui travaillent actuellement dans nos services sont des gens qui
sont compétents, qui font un travail assez extraordinaire pour la
réhabilitation sociale des personnes contrevenantes. Si mon
collègue veut faire des insinuations quant à la nature des
services, j'apprécierais qu'il le fasse en toute droiture et qu'il nous
dise, effectivement, sur quelles données il se base. Où? Qui?
Quand? Comment? En quel nombre? Puis, on pourra collaborer avec lui, s'il veut
nous donner ces informations.
M. Filion: C'est intéressant, parce que le Solliciteur
général, quelquefois, je lui parle et j'ai l'impression qu'il ne
me saisit pas ou qu'il ne veut pas me saisir. Je n'ai jamais mis en doute la
compétence des agents de probation. J'ai parlé, comme le dit
l'article de loi qu'on est en train d'étudier, de la
disponibilité, cela veut dire de la présence ou l'absence de
présence, du nombre d'agents de probation. Je veux parler de
Montréal. On parle de Hull et de Sherbrooke ou d'ailleurs. Encore une
fois, cela me préoccupe de voir que, selon le Solliciteur
général, il n'y a aucun problème actuellement concernant
le nombre de ressources au Service de probation. Parce que c'est cela que vous
me dites, ce soir, qu'il n'y en a pas de problème. C'est cela que je
dois comprendre, qu'il n'y en a pas de problème.
M. Latulippe: Je répète que, si mon
collègue, le député de Taillon, veut insinuer qu'il existe
des problèmes graves dans les services de probation, qu'il nous donne
des faits, qu'il nous donne ses données, s'il en a. Je peux
présumer qu'il n'a pas de données; c'est une autre chose. S'il en
avait, j'espère que, pour l'intérêt de la bonne gestion de
la justice, il nous le ferait savoir. J'espère qu'il s'empresserait
même rie nous dire: M. le député de Chambly, à
Montréal, il y a un problème, il manque deux agents de probation.
Certainement, ce serait d'abord de son devoir de le faire. Alors, je l'invite,
aujourd'hui, à nous le dire. Où? Est-ce à Montréal?
Combien en manque-t-il? Quel est le "case load" d'un agent de probation
à Montréal? S'il nous dit qu'il y a des problèmes, qu'il
nous le dise. On vous écoute, M. le député de Taillon.
M. Filion: D'accord, je prends bonne note, M. le Solliciteur
général, du fait qu'à votre connaissance il n'existe pas
de problème concernant les ressources au Service de probation.
J'interprète exactement ce que vous me dites.
M. Latulippe: Vous pouvez, M. le député de Taillon,
interprétez, interprétez, interprétez toujours, mais cela
serait probablement préférable que vous nous donniez des faits.
D'ailleurs, c'est votre rôle, comme député de l'Opposition,
de nous donner des faits et non pas de faire des insinuations.
M. Filion: Est-ce que le Solliciteur général a fait
une étude sur le nombre d'officiers de probation à
Montréal? D'une façon générale, sur les ressources
disponibles au Service de probation de Montréal?
M. Latulippe: Au total, à travers le Québec, il y a
150 agents de probation et la moitié de ces agents sont à
Montréal, au Service de probation de Montréal. D'ailleurs, comme
vous le savez... Je ne sais pas si vous le savez.
M. Filion: Allez-y. Moi, je ne sais rien.
M. Latulippe: Ah! cela...
M. Filion: Je ne sais rien, rien, rien.
M. Latulippe: Qu'est-ce que fait le député de
Taillon de ses journées?
M. Filion: Allez-y. C'est vous qui possédez la
vérité, M. le Solliciteur général, on vous
écoute.
M. Latulippe: Je n'ai jamais dit que l'on possédait la
vérité, mais on se demande ce que connaît le
député de Taillon.
M. Filion: On vous écoute.
M. Latulippe: Vous savez probablement ou vous ne savez pas,
peut-être - je l'ignore, en tout cas, vous nous le direz, on essaie de
savoir ce que vous savez et ce que vous ne savez pas - que les services de
probation
dans la région de Montréal sont aussi
décentralisés un peu dans les districts pour permettre que les
agents de probation soient près des personnes ayant besoin des
différents services. Le saviez-vous, M. le député de
Taillon?
M. Filion: Le Solliciteur général pourrait-ti me
dire quel est le délai moyen entre une ordonnance qu'un rapport de
probation soit confectionné par un juge à la Cour des sessions de
la paix de Montréal et le moment où ce rapport est
déposé devant le juge''
M. Latulippe: C'est très variable. M, Filion: Le
délai moyen.
M. Latulippe: Un instant, c'est très variable parce que
cela peut dépendre d'abord de la nature du rapport présentenciel.
Je vais vous donner un exemple. On demande un rapport présentenciel et
si, à l'intérieur du rapport présentenciel on a besoin
d'une autre ressource, par exemple, d'une évaluation psychiatrique, vous
comprendrez que, dans un cas comme celui-là, cela prendra beaucoup plus
de temps que si vous demandez un rapport présentenciel qui
nécessite tout simplement une intervention première de l'agent de
probation, une enquête sociale, quelques coups de
téléphone, une rencontre avec le contrevenant et d'autres
personnes. Donc, cela varie. Cela peut aller de trois semaines à cinq
semaines, environ, mais on ne peut pas faire, finalement... D'abord, ce serait
très mal concevoir l'administration de ce département que de
concevoir cela en termes de délai moyen parce que cela dépend de
la nature du rapport présentenciel. Il faudrait vraiment regarder les
différentes natures des rapports présentenciels, les ressources
que chaque rapport implique. Vous pourriez alors constater, finalement, comment
dans certains cas cela peut demander beaucoup plus de temps. D'ailleurs, vous
le savez, à un moment donné il peut même y avoir des
remises, dans certains cas, qui sont demandées par la magistrature, des
délais qui sont occasionnés par les remises que la magistrature
donne. Donc, cela varie, mais je dois dire qu'il n'y a pas, à mon avis,
de problème majeur. II peut survenir des problèmes ici et
là; d'ailleurs, ta perfection n'est pas de ce monde.
M. Filion: Mais les problèmes qui surgissent ici et
là sont des problèmes de quoi?
M. Latulippe: Je vous l'ai dit tout à l'heure...
M. Filion: De ressources disponibles?
M. Latulippe: Non. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
dans certains cas, cas après cas, il peut survenir des problèmes
ici et là, mais je vous répète qu'il n'y a pas de
problème majeur dans l'administration de ce département et si mon
collègue, le député de Taillon... Je l'invite encore une
autre fois, dans l'intérêt de l'administration de la justice au
Québec, plutôt que d'insinuer, à nous donner des faits.
M. Filion: C'est vous qui dites que j'insinue. Ce n'est pas moi
qui le dis.
M. Latulippe: Plutôt que d'insinuer, il pourrait nous
donner des faits. Je pense que l'insinuation est la pire des choses, M. le
député de Taillon. Je suis prêt à vous entendre,
à vous écouter et à collaborer avec vous n'importe quand,
quand vous nous donnez des faits, mais non pas des insinuations.
M. Filion: Quand j'écoute le Solliciteur
général parler d'insinuations, cela me fait penser aux
intentions. C'est comme l'argent, les intentions, et c'est comme les
insinuations. Pour en prêter, il faut en avoir. Alors, c'est vous qui
dites cela. Je vous pose des questions tout simplement. Je vous ai
demandé quel était le délai moyen, vous m'avez dit: entre
trois et cinq semaines.
M. Latulippe: J'ai répondu que cela variait. J'ai
répondu aussi qu'à Montréal cela pouvait varier entre
trois et cinq semaines. Je vous ai dit que cela dépendait finalement de
la nature des ressources disponibles, s'il y avait des ressources
additionnelles nécessaires dans le cadre d'une demande d'un rapport
présentenciel. Je vous l'ai expliqué. Comprenez-vous?
M. Filion: Alors, sur le délai moyen, quelle est votre
réponse?
M. Latulippe: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
répéter pour une troisième fois ce que je viens de
dire.
M. Filion: Alors, je retiens de trois à cinq semaines,
parce que ce sont les seuls chiffres que vous m'avez donnés.
M. Latulippe: C'est exactement ce que je viens de vous dire.
M. Filion: D'accord. Est-ce que le Solliciteur
général est au courant si, oui ou non, certains rapports de
probation retardent parce qu'il y a un manque de ressources disponsibles au
Service de probation au palais de justice de Montréal? Est-il au
courant?
M. Latulippe: Je redemande à mon collègue, le
député de Taillon, s'il a des
informations particulières, des données
particulières, pour une meilleure administration de la Justice, de nous
les donner. C'est son rôle de nous les donner et je l'invite à le
faire.
M. Filion: A-t-on déjà porté à sa
connaissance un manque de ressources disponibles au Service de probation de
Montréal?
M. Latulippe: Que mon collègue le porte a ma connaissance
et qu'il nous dise quand, où...
M. Filion: Mais, vous, est-ce qu'on l'a porté à
votre connaissance?
M. Latulippe: Que mon collègue, le député de
Taillon, le porte à ma connaissance.
M. Filion: C'est vous qui êtes ministre, pas moi. Je n'ai
pas de rapport qui arrive sur mon bureau.
M. Latulippe: Une chance!
M. Filion: C'est vous qui le dites.
M. Latulippe: II n'y a pas... Si mon collègue a des
informations, qu'il nous les transmette. Je répète que,
finalement, à Montréal les services de probation sont bien
administrés et que c'est à la satisfaction générale
des tribunaux.
M. Filion: Est-ce que je dois comprendre de votre réponse
qu'on n'a pas porté à votre connaissance de problèmes de
ressources?
M. Latulippe: M. le Président, mon collègue s'amuse
à lancer des insinuations. Je lui répète pour une
dernière fois - peut-être faudrait-il qu'il l'écrive pour
s'en souvenir -que, s'il a des données précises pour nous
informer sur des problèmes qui ont pu survenir à Montréal,
il nous donne les dates, les informations précises, il nous mentionne
à quelles ressources il fait référence, à quels
rapports il fait référence et cela va me faire plaisir de
collaborer avec lui pour améliorer l'administration de la justice,
l'administration de mon ministère. Cela me fera plaisir de collaborer
avec lui. Qu'il nous donne ses informations plutôt que de lancer ici et
là des affirmations, des questions, des insinuations. Qu'on parle sur
des faits, cela va me faire plaisir de parler sur des faits avec mon
collègue, le député de Taillon. Mais il n'a pas l'air d'en
connaître, des faits.
M. Scowen: Est-ce que ses questions sont même pertinentes
à l'étude du projet de loi? Je me demande si les questions qui
sont posées par le député de Taillon sont pertinentes
à l'étude du projet de loi. Cela relève peut-être de
la période des questions.
M. Filion: J'aime interroqer...
M. Scowen: Il peut peut-être faire une conférence de
presse, mais on étudie un projet de loi et il pose des questions sur les
détails de l'administration courante du ministère.
Le Président (M. Dauphin): En faites-vous une question de
directive, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: C'est une question que je me pose.
Le Président (M. Dauphin): Sur la question de
règlement, M. le député de Taillon.
M. Filion: Oui, c'est pour répondre au
député de Notre-Dame-de-Grâce. La période de
questions ne dure pas longtemps. J'ai l'impression qu'on en apprend plus du
Solliciteur général en commission qu'en Chambre. On apprend
beaucoup de choses de toute nature. Deuxièmement, je prends pour un fait
qu'on n'a pas porté à la connaissance du ministre - en tout cas
il ne nous en a pas parlé, ou ce n'est pas son opinion -que...
C'est-à-dire que, selon lui, le Service de probation de
Montréal...
Le Président (M. Dauphin): Un instant, M. le
député de Taillon. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Filion: Je termine là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): ...a une question de
règlement, à savoir si c'est pertinent de poser des questions sur
les agents de probation. Dans un premier temps, je lui répondrai
qu'effectivement c'est pertinent. Dans un deuxième temps, il faudrait
admettre que cela fait quatre fois que vous posez la même question.
M. Filion: Mais...
Le Président (M. Dauphin): Et cela fait quatre fois que
vous avez la même réponse.
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M. Dauphin): Alors...
Une voix: Cela peut faire dix fois, vingt fois.
M. Filion: C'est cela, cela peut faire dix fois, vingt fois,
comme le Solliciteur
général.
Le Président (M. Dauphin); On peut vous formuler d'autres
questions, si vous voulez.
M. Filion: Je prends donc pour un fait, M. le Président,
que pour le Solliciteur général il n'existe aucun problème
à Montréal en ce qui concerne le Service de probation. Je retiens
cette déclaration du ministre en commission. Cela est important quand on
adopte une loi lui confiant la responsabilité de s'assurer de la
disponibilité des services d'agents de probation.
M. Latulippe: M. le Président, je voudrais terminer en
disant simplement que mon collègue peut faire les affirmations qu'il
veut, peut me prêter les déclarations qu'il veut et peut faire des
interprétations. D'ailleurs, depuis le début, il dit
interpréter ce que je dis. Je vais répéter une autre fois
que, pour moi, il y a des services qui se donnent à Montréal. Il
peut y avoir des problèmes ici et là, c'est certain, mais
généralement ces services se donnent en conformité avec la
loi. Si mon collègue a des faits qu'il veut porter à mon
attention, je l'y invite. C'est son devoir de le faire. Pour moi, les
interprétations qu'il fait sont les siennes, sont sa
responsabilité. Ce sont ses déclarations à lui. Les
miennes sont bien enregistrées aujourd'hui.
M. Filion: Est-ce que le Solliciteur général
prévoit une augmentation des effectifs en ce qui concerne les agents de
probation à la suite de la politique gouvernementale concernant la
probation intensive?
M. Latulippe: Vous me poserez ces questions au moment où
on étudiera le projet de loi sur la surveillance intensive, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Est-ce que le Solliciteur général a
perçu une augmentation de l'utilisation de la probation par les
tribunaux au cours de la dernière année? (22 heures)
M. Latulippe: J'aimerais bien que mon collègue, le
député de Taillon, précise sa question parce qu'elle est
vague. Quand il nous demande s'il y a un accroissement des demandes des
services de probation, je ne comprends pas. Il faudrait qu'il me dise de quels
services de probation il s'agit. Les services de probation, c'est une gamme de
services.
M. Filion: En général.
M. Latulippe: C'est une gamme de services. Les services de
probation c'est très diversifié. Souvent, ils n'ont même
pas de rapport les uns avec les autres.
M. Filion: Oui, mais il y a un rapport.,.
M. Latulippe: J'aimerais bien que mon collègue
précise quels services en particulier.
M. Filion: D'accord. Écoutez, en général...
On se comprend, un aqent de probation fait bien des choses.
M. Latulippe: Non, on ne se comprend pas.
M. Filion: II confectionne des rapports présentenciels, il
suit des détenus, il rencontre des détenus, il peut les suivre
sur des périodes plus ou moins longues, etc. Est-ce que les services des
agents de probation, dans la dernière année, ont
été requis de façon plus considérable que dans le
passé?
M. Latulippe: Je ne vois pas à quels services mon
collègue fait référence en particulier. S'il parle en
qénéral, vu que sa question n'a à peu près pas de
conséquence de façon générale et qu'il parle
d'à peu près tout et de rien, je vais lui répondre
qu'effectivement il y a des variantes suivant les différents services
que la probation donne. Globalement, comme il le dit lui-même, ces
services se maintiennent et, globalement, les services et les demandes des
services, finalement, se maintiennent.
M. Filion: Quand il dit "se maintiennent", veut-il dire qu'ils se
maintiennent en constante évolution ou s'ils se maintiennent au
même deqré?
M. Latulippe: La signification de votre demande est très
limitée puisque vous parlez toujours globalement. On va se limiter
à vos commentaires, à votre demande et à ce que la
généralité veut dire, vu que c'est général,
Cela se maintient. Je veux dire que cela se maintient à un degré
similaire, globalement parlant.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Taillon.
M. Scowen: On ne fait pas de manchette avec une
déclaration semblable.
M. Filion: Non.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Filion: Des manchettes, parfois cela se fait de façon
bien surprenante.
M. Scowen: Oui, mais de la façon que vous serez
obligé de citer vous-même.
M. Filion: En ce qui concerne le cinquième alinéa,
cela va.
Le Président (M. Dauphin): J'aimerais juste, à ce
stade-ci, M. le député de Taillon, vous rappeler que l'article
244 de nos règlements stipule que vous avez un droit de parole de 20
minutes sur chaque article, paragraphe ou alinéa. Il est vrai que vous
êtes ici seulement depuis un an, il est vrai que personne n'est au
courant de toute la jurisprudence des règlements de l'Assemblée
nationale, mais, lorsque vous voulez intervenir sur chaque article ou sur
chaque alinéa ou paragraphe d'un article, il faut que vous le
précisiez avant de commencer votre intervention. Ceci est basé
sur la jurisprudence de notre règlement selon une décision de
l'ancien député de Chambly, M, Tremblay. Je voudrais juste vous
avertir que vous avez droit à 20 minutes pour parler de l'article.
Cependant, si vous aviez précisé que vous vouliez prendre 20
minutes pour chaque alinéa, vous auriez eu droit à 20 minutes par
alinéa. Vous ne l'avez pas demandé. C'est M. Luc Tremblay,
député de Chambly, le 6 décembre 1984. Je ne veux pas vous
enlever votre droit de parole.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Mais vos 20 minutes...
M. Filion: Écoutez, vous aurez compris que l'on est un peu
dans...
Le Président (M. Dauphin): C'est à moins que les
membres de la commission ne consentent à élargir le droit de
parole du député de Taillon. En tant que président, je
veux seulement vous signaler l'interprétation jurisprudentielle de notre
règlement.
M. Filion: Vous aurez compris, M. le Président, que l'on
est un peu dans le cadre du projet de loi et que, évidemment, un projet
de loi peut être divisé de bien des façons. Dans ce
cas-ci...
Le Président (M. Dauphin): C'est pour cela que je ne veux
pas être trop rigide dans mon interprétation.
M. Filion: On est aux fonctions du ministre, c'est donc la partie
où il y a le plus de corps, de substance dans le projet de loi. Or,
comme chacun des alinéas constitue en lui-même tout un pan de mur
des fonctions du ministre, vous aurez compris que ma demande, même si
elle n'avait pas été formulée de façon explicite,
elle l'avait été de façon tout à fait
implicite.
Le Président (M. Dauphin): Je suis quand même bien
placé pour connaître la substance du projet de loi. C'est la
raison pour laquelle je me fie à votre bon jugement, étant
donné que ce sont les deux principaux articles du projet de loi,
c'est-à-dire 8 et 9. Nonobstant le fait que votre temps est
expiré, vous avez compris mon message.
M. Filion: D'accord. En ce qui concerne le sixième
alinéa, les fonctions du ministre consistent à voir à la
surveillance de la circulation routière. Je voudrais savoir du ministre
s'il a des intentions à l'égard de cette responsabilité,
notamment. Est-ce que le ministre songe à confier la surveillance de la
circulation routière à des personnes différentes des
agents de la paix qui l'effectuent maintenant?
M. Latulippe: Je n'ai certainement pas l'intention de faire comme
l'ancien gouvernement a fait. Vous avez, depuis 1981, gelé les effectifs
de la Sûreté du Québec et vous avez, à toutes fins
utiles, présidé à l'attrition des effectifs de la
Sûreté du Québec à un tel point qu'effectivement on
se demande jusqu'où serait allé, par exemple, le vieillissement
des effectifs à la Sûreté du Québec si, dès
mon arrivée en fonction, au printemps dernier, je n'avais pas
procédé à la réouverture du processus
d'embauché à la Sûreté du Québec. Je ne pense
pas que sur cela on ait véritablement de leçon à avoir des
ministres, autant Solliciteurs qénéraux que ministres de la
Justice, qui m'ont précédé en ce qui a trait à la
Sûreté du Québec et à son mandat d'assumer la
surveillance du territoire québécois.
M. Filion: Combien y a-t-il eu de policiers
d'embauchés?
M. Latulippe: La réembauche a été ouverte et
déjà, depuis le printemps dernier, le processus est en marche
actuellement et l'ouverture des postes se fait. Dans les mois qui viendront, il
y aura de nouveaux policiers à la Sûreté du
Québec.
M. Filion: Combien de postes ont-ils été
ouverts?
M. Latulippe: Des postes seront rouverts et, dès le mois
de décembre, il y aura de nouveaux policiers. De plus, en janvier et en
février, pour les budgets qui viendront, il y aura plusieurs nouveaux
policiers à la Sûreté du Québec alors qu'il n'y en
avait pas eu depuis 1981.
M. Filion: Je veux juste comprendre la réponse du
Solliciteur général. Il me dit qu'au printemps on a rouvert
l'embauche. Or, je lui ai demandé combien il y avait eu de nouveaux
policiers embauchés.
M. Latulippe: Au printemps on a ouvert l'embauche. Vous savez il
y avait beaucoup de choses à faire au sujet de la réouverture de
l'embauche. Je vais vous donner un exemple bien précis, les normes
d'embauche. Vous en étiez encore aux normes d'embauche qui
étaient basées sur la taille et le poids des policiers au moment
où on a rouvert l'embauche. Au moment où j'ai rouvert l'embauche,
il existait un règlement qui prévoyait que les
intéressés devaient avoir une certaine taille pour être un
policier. Imaginez-vous si l'on partait de loin. Imaginez-vous la
discrimination par rapport, entre autres, aux femmes et aux groupes
ethniques.
Une voix: René Lévesque.
M. Latulippe: René Lévesque n'aurait pas pu
être policier. II a fallu que l'on procède a réviser ce
règlement d'embauche. On n'était quand même pas pour
embaucher des gens avec des normes et des règlements semblables qui
dataient finalement...
Une voix: Tout à fait inimaginable.
M. Latulippe: ...de Mathusalem. C'était tout à fait
inimaginable. II a fallu qu'on révise ces règlements. Depuis le
26 novembre dernier, il y a un nouveau règlement et de nouvelles normes
d'embauche relativement aux policiers. On ne pouvait tout de même pas
embaucher sans cela. Quant aux critères et au profil des policiers, cela
faisait des années qu'on n'avait pas embauché. Cela n'existait
plus, c'était dans les poubelles. On n'avait pas embauché depuis
des années. Le profil des policiers...
Une voix: On veut protéger les dignataires
internationaux.
M. Latulippe: ...et on veut protéger les dignataires
internationaux.
M. Filion: Comme dit mon collègue, le député
de Shefford, on n'embauchait pas entre 1981 et 1985, M. le Solliciteur
général. Alors, au printemps, vous avez présidé,
dites-vous - en tout cas, vous étiez là au moment de la
réouverture du processus d'embauche. Je voudrais savoir - aujourd'hui
nous sommes au début décembre - combien il y a eu de nouveaux
policiers à la Sûreté du Québec et combien de postes
seront ouverts, toujours dans ce même esprit de la question que j'ai
posée et de la réponse qui m'a été
donnée.
M. Latulippe: Mon collègue ne comprend pas, quand il nous
demande combien ont été embauchés à ce jour.
Rouvrir le processus d'embauche, je le répète, veut dire que l'on
doit faire une série de choses; d'abord, on doit s'équiper pour
faire les entrevues, tout simplement; s'équiper pour traiter
au-delà de 2000 demandes; élaborer le profil et les conditions
d'embauche; modifier, je le répète, le règlement
d'embauche qui était existant sous votre gouvernement, un
règlement discriminatoire, que vous n'aviez même pas... Oui, je
pense que vous l'aviez modifié une fois, si je ne me trompe pas.
C'était pour changer la taille à un peu plus petit. Je pense que
c'est cela, mais je n'en suis pas absolument certain.
Ce règlement, à toutes fins utiles, n'avait aucune raison
d'être: baser sur la taille d'une personne les conditions pour embaucher
un policier, cela n'a pas d'allure. On l'a modifié. Il a fallu le faire.
Il a fallu procéder à des consultations et élaborer les
tests d'aptitudes physiques sur lesquels on se basera dorénavant pour
embaucher un policier. C'est en vigueur. On va procéder en fonction de
ces nouvelles normes d'embauche au cours des mois qui viendront. Le nombre de
policiers dépendra d'un nombre de facteurs.
M. Filion: Environ?
M. Latulippe: Cela dépendra d'un certain nombre de
facteurs, tels, par exemple, le nombre de personnes qui prendront leur retraite
à la Sûreté du Québec au fil des mois qui viendront
et que l'on va remplacer. Comment voulez-vous que je vous dise qui va prendre
sa retraite demain matin?
Au moment où l'on se parle, aujourd'hui, environ 60 postes sont
libres. Dans les mois qui viennent, cela peut varier substantiellement. On
n'est pas devin pour savoir qui va décider de prendre sa retraite et
quand. Mais, comme vous le savez, il y a un vieillissement des effectifs de la
Sûreté du Québec du fait que vous n'avez pas
embauché de policiers depuis 1980.
M. Filion: Je pense qu'on pourrait maintenant dire que des
policiers n'auront pas été embauchés entre 1981 et
1987.
M. Latulippe: Non.
M. Filion: Je vous écoute. Cela fait un an que vous
êtes Solliciteur général et pas un policier n'a
été embauché. On est rendu en décembre 1986.
M. Latulippe: On va certainement pouvoir dire qu'il était
impossible d'embaucher, pas d'embaucher mais d'avoir cette année une
personne, de nouveaux policiers en poste, sans modifier d'abord le
règlement d'embauche, sans préparer tout ce processus d'embauche
auquel la Sûreté du Québec s'est affairée depuis que
nous avons rouvert le processus d'embauche à la Sûreté
du Québec. Nous l'avons fait avec diligence, à la
satisfaction non seulement de l'ensemble des Québécois, mais
aussi à la satisfaction, entre autres, des syndicats, de l'Association
des policiers provinciaux.
M. Filion: Revenons à ma question du départ,
laquelle n'a pas reçu de réponse. Cette question portait sur la
surveillance de la circulation routière. Je voulais savoir de la part du
ministre s'il a des intentions particulières quant aux personnes qui
pourraient être affectées à la surveillance des routes, ou
s'il a l'intention de maintenir le système actuel.
M. Latulippe: J'espère que vous avez lu le document de
consultation concernant la rénovation policière...
M. Filion: Oui.
M. Latulippe: ...cette consultation dans laquelle nous sommes
engagés, et à laquelle nous souhaitons que vous participiez.
Certaines questions de cette consultation concernent la sécurité
routière et la gestion de la sécurité routière. (22
h 15)
J'espère que vous participerez à cette consultation et que
vous nous ferez part de vos points de vue. Mais vous comprendrez que, si l'on
procède à consulter les intervenants, y compris les
députés de l'Opposition, on est tout de même pas pour se
faire une idée à l'avance sur la façon dont nous allons
gérer la sécurité routière. Nous, quand nous
consultons, nous ne consultons pas avec, dans notre poche, des solutions toutes
faites d'avance. Je pense que l'objet de consultation est de vraiment
connaître les points de vue, d'être capable de faire les
distinctions requises et, finalement, de concilier ces points de vue dans le
but de maximiser les modes de gestion qu'on trouvera. C'est avec cette
philosophie que nous sommes engagés dans la consultation
actuellement.
M. Filion: Alors, cela va.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Filion: Je suis en train de parcourir les derniers
alinéas. Les pouvoirs prévus à l'article 9,
étaient-ce des pouvoirs qui étaient exercés auparavant par
le ministre de la Justice?
M. Latulippe: Oui.
M. Filion: Alors, cela va pour l'article 9. Adopté.
Le Président (M, Dauphin): L'article 9 étant
adopté, j'appelle l'article 10. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 10 est adopté.
J'appelle l'article 11
Documents du ministère
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 11 est adopté.
J'appelle l'article 12.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 12 est adopté.
J'appelle l'article 13.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 13 est adopté.
J'appelle l'article 14.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 14 est adopté.
J'appelle l'article 15.
Dispositions diverses et transitoires
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 15 est adopté.
J'appelle l'article 16.
M. Filion: L'article 16, adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 16 est adopté.
J'appelle l'article 17.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 17 est adopté.
J'appelle l'article 18.
M. Filion: II y a le projet de loi 127 qui a été
déposé à l'Assemblée nationale. Les concordances
ont-elles été faites avec l'article 18 de notre projet de
loi?
M. Latulippe: Les concordances vont être faites dans le
projet de loi 127. Il faut que cela se lise de la même façon.
M. Filion: Comme le projet de loi 127 a déjà
été déposé, je suppose qu'elles ont
été faites ou qu'elles seront faites?
M. Latulippe: L'étude article par article aura lieu
demain, semble-t-il.
M. Filion: Je sais qu'il n'en est pas rendu è la
même étape que notre projet de loi, mais, à son
dépôt, est-ce que la concordance a été faite? Non?
Ah! C'est
cela. Vous me dites que non. Dans le moment, non.
M. Latulippe: Elle sera faite.
M. Filion: À ce moment, je vous suggérerais de
faire comme votre collègue, le ministre de la Justice, au lieu de
modifier deux fois la même loi par deux projets de loi différents
qui font le circuit, paralèllement, de faire la coordination
nécessaire pour que le Code de la sécurité
routière, l'article 565, soit modifié par le projet de loi 127,
point.
M. Latulippe: On ne peut pas présumer de l'adoption du
Code de la sécurité routière, M. le député
de Taillon.
M. Filion: Je sais tout cela, mais le ministre de la
Justice...
M. Latulippe: Laissez-moi répondre. On ne peut pas
présumer... Vous dites de ne pas adopter cet article. Est-ce que je
comprends bien que c'est votre...
M. Filion: Non.
M. Latulippe: On ne peut pas présumer de la non-adoption
ou de l'adoption du Code de la sécurité routière. On
propose cet amendement pour faire la concordance requise en rapport avec mes
responsabilités, les responsabilités qui sont données au
ministère, pardon, eu égard au paragraphe 6° de l'article 9
du projet de loi. C'est une concordance. Si le Code de la
sécurité routière est adopté éventuellement,
les concordances se feront dans le Code de la sécurité
routière. S'il n'est pas adopté, les responsabilités et
les concordances auront été faites dans notre propre loi,
M. Filion: C'est justement, M. le Solliciteur
général, le type de législation qu'il faut chercher
à éviter, c'est-à-dire modifier la même loi par deux
projets de loi différents qui sont étudiés à peu
près en même temps. Votre collègue - si vous
m'écoutez - votre collègue, le ministre de la Justice
lui-même, avec lequel j'ai eu l'occasion d'étudier nombre de
projets de loi...
M. Latulippe: Je n'en connais pas, M. le député de
Taillon.
M. Filion: Laissez-moi terminer, M. le Solliciteur
général. Avec votre collègue, le ministre de la Justice,
j'ai eu l'occasion de modifier 113 lois en même temps, dont certaines
lois qui sont toujours en suspens de l'autre côté ou à
l'Assemblée nationale ou qui étaient rendues en commission
parlementaire. On a adopté comme principe - il est président du
Comité de législation, le ministre de la Justice, et il a raison
là-dedans - pour éviter les confusions, les amendements multiples
à une même loi, de faire en sorte qu'il y ait une coordination
autour d'articles de projets de loi différents qui modifient la
même loi et éviter d'en arriver à adopter des lois qui
disent la même chose à peu près en même temps. Alors,
ce que je vous souligne à cet effet... Bien sûr, je connais la
nature de l'amendement qui est apporté à l'article 18. C'est
clair, mais, comme on est en train de refaire au complet, ou à peu
près, le Code de la sécurité routière, il y aurait
lieu de vous coordonner à cet effet afin d'éviter que la personne
qui étudie la loi finale doive référer à deux
projets de loi différents pour connaître le texte final du projet
de loi. C'est simple.
M. Latulippe: Mon collègue, le député de
Taillon, ne comprend pas. L'amendement qu'on apporte aujourd'hui, l'article 18,
est un amendement au code actuel de la sécurité routière.
Le projet de loi 127, il ne s'agit pas là d'amendements au code actuel
de la sécurité routière, il s'agit là d'une
nouvelle loi au complet, d'un nouveau code au complet de sécurité
routière, d'une loi tout à fait nouvelle. Aujourd'hui, au moment
où l'on se parle, on doit vivre avec le code actuel. Il ne s'agit pas
d'un projet de loi, le projet de loi 127, qui apporte des amendements ou
certains amendements à la loi actuelle, il s'agit d'un code nouveau,
d'une loi tout à fait nouvelle. Donc, je pense qu'au moment où
l'on se parle on doit prendre le Code de la sécurité
routière tel qu'il est actuellement et on ne doit pas présumer
qu'un jour il y aura un nouveau code tout à fait complet, neuf, de
sécurité routière.
M. Filion: II ne comprend pas, il ne veut pas comprendre. Il ne
comprend pas. Avez-vous consulté le ministre de la Justice
là-dessus et le ministre des Transports?
M. Latulippe: II ne comprend pas, mon collègue, il ne
comprend pas.
M. Filion: Bon, l'article suivant, M. le Président, c'est
pénible.
M. Latulippe: II devrait le demander au ministre de la
Justice.
M. Filion: L'article suivant, c'est trop pénible. J'invite
mon collègue à discuter avec son collègue.
M. Latulippe: J'invite mon collègue, le
député de Taillon, à parler au ministre de la Justice pour
comprendre ce qu'il fait quand il parle.
M. Filion: L'article suivant.
Le Président (M. Dauphin): L'article 18 est-il
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 19.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 20.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 21.
M. Filion: Quelle est la portée de l'amendement à
l'article 21?
M. Latulippe: Concordance avec le paragraphe 8° de l'article
9 du projet de loi.
M. Filion: L'amendement n'est-il pas mal rédigé
à ce moment-là? Ce que l'on dit c'est qu'il est modifié
par le remplacement, au début, de ce qui suit... Cela veut dire que les
mots "Procureur général" sont contenus dans l'actuel article 15
et on ne les enlève pas. Donc, votre volonté est de faire en
sorte que les deux instances autorisent le commissaire-enquêteur.
M. Latulippe: Est-ce une question? M. Filion: Oui, c'est
une question.
M. Latulippe: Ou si c'est un commentaire.
M. Filion: C'est une question.
M. Latulippe: Vous savez bien lire: "sans une autorisation
conjointe du Solliciteur général".
M. Filion: Pourquoi avoir cette double autorisation?
M. Latulippe: J'imagine que vous le savez. En lisant, cela
apparaît à sa face même, M. le député de
Taillon. C'est évident que le Solliciteur général aura
à l'avenir une juridiction quant à l'application de la Loi
concernant les enquêtes sur les incendies et que le Procureur
général a une juridiction en ce qui concerne la poursuite. Quand
le processus judiciaire est en cause, il faut l'intervention du Procureur
général. Donc, il s'agit là d'une juridiction
conjointe.
M. Filion: Quand vous dites...
M. Latulippe: II faut bien comprendre.
Avez-vous l'article 15?
M. Filion: Oui, oui. Allez-y.
M. Latulippe: Vous l'avez devant vous? Alors, vous vous rendez
compte du pourquoi; c'est évident.
M. Filion: Oui. En ce qui concerne le déclenchement de
l'enquête prévue à l'article 14, de quelle façon
va-t-il se faire? Le dernier alinéa de l'article 14.
M. Latulippe: On va voir. À l'article 14 de la loi
à laquelle vous faites référence, on dit: "II doit
également tenir une enquête chaque fois que le Procureur
général lui en fait la demande." Ce sera dans ce cas-là
éventuellement, à l'article 14: Solliciteur
général.
Je vais l'expliquer. Mon collègue semble avoir de la
difficulté. On va essayer de l'aider un peu: Le
commissaire-enquêteur ne peut...
M. Filion: C'est clair.
M. Latulippe: C'est clair?
M. Filion: Allez-y si vous le voulez.
M. Latulippe: Non, non, si c'est tellement clair pour vous.
M. Filion: C'est clair pour moi. Mais je me demande tout de
même, en ce qui concerne le déclenchement de l'enquête, si
c'est le Solliciteur général qui va la déclencher.
L'article 15, lorsqu'il y a une accusation de portée, fait en sorte que
l'autorisation des deux instances, à savoir le Procureur
général et le Solliciteur général, soit
requise.
M. Latulippe: Après qu'une personne a été
accusée d'un acte criminel relativement à cet incendie ou
à cette explosion.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
Des voix: Adopté. M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 22.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 23.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
J'appelle l'article 24.
M. Filion: Est-ce que l'article 5 de la Loi sur l'exécutif
avait été modifié récemment? Ou si l'article 5, tel
que je l'ai ici, en date du 1er septembre 1985, était le même?
M. Latulippe: On va vérifier.
Le Président (M. Dauphin); Est-ce que vous voulez
suspendre pour deux minutes?
M. Filion: Oui, on peut suspendre le temps de trouver la
réponse.
Le Président (M. Dauphin): C'est suspendu.
(Suspension de la séance è 22 h 32)
(Reprise à 22 h 40)
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
reprend ses travaux. Nous sommes toujours à l'article 24.
M. Filion: Excusez! Vous avez appelé quel article?
Le Président (M. Dauphin): L'article 24. M. Filion:
Oui, d'accord. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 25.
M. Filion: J'aurais un commentaire sur l'article 25. Il s'agit
des plaintes pour les infractions en matière de boissons alcooliques.
Ici, l'autorisation est conjointe: Solliciteur général et
Procureur général. Cela va créer deux instances
différentes. Est-ce que le Solliciteur général est
conscient du fait que les papiers vont devoir se promener entre deux
ministères avant qu'une plainte soit portée?
M. Latulippe: En pratique, M. le député de Taillon,
l'autorisation est générale. Elle peut et elle est en pratique
générale.
M. Filion: Vous dites que l'autorisation est
générale?
M. Latulippe: Regardez l'article 132, paragraphe c. On y lit:
"par tout membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps". Avant,
c'était "le Procureur général autorise
généralement" et, maintenant, ce serait "et le Solliciteur
général autorise". Les mots "généralement" ou
"spécialement" demeurent effectivement dans la loi. Cette autorisation
demeure dans la loi et cela se retrouve dans chacune des sous-sections de
l'article 132.
M. Filion: Quand vous dites "généralement" ou
"spécialement", est-ce que cela veut dire concrètement que les
poursuites vont devoir être autorisées par le Procureur
général et le Solliciteur général?
M. Latulippe: Les poursuites qui seront intentées par un
membre d'un corps de police. Voyez-vous: "Les poursuites intentées sur
instruction du Procureur général d'abord, cela demeure - le sont:
par tout membre d'un corps de police que le Solliciteur général
et le Procureur général autorisent généralement ou
spécialement". C'est l'autorisation qui est donnée à un
membre d'un corps de police, ce n'est pas l'instruction de poursuite.
M. Filion: D'accord. En deux mots, c'est l'autorisation qui est
conjointe, non pas l'autorisation de poursuivre mais l'autorisation à un
membre d'un corps de police.
M. Latulippe: Le pouvoir habilitant un membre d'un corps de
police.
M. Filion: Les poursuites, de toute façon, doivent
être intentées sur instruction du Procureur général.
Est-ce modifié, cela?
M. Latulippe: Non, ce n'est pas modifié.
M. Filion: Le Procureur général se trouve à
intervenir à deux moments: pour autoriser le membre du corps de police
et en plus de cela pour autoriser la plainte comme telle,
M. Latulippe: Oui, cela fait partie du processus judiciaire.
M. Filion: D'accord, adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 26.
M. Filion: L'article 26? Adopté.
Le Président (M, Dauphin): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 27.
M. Filion: Qu'est-ce qui est visé, finalement, dans ce
pouvoir qui va demeurer entre les mains du ministre de la Justice? Qu'est-ce
qui est visé? Quel est l'objet de ce pouvoir qui sera laissé au
ministère de la Justice?
M. Latulippe: On pense qu'effectivement le ministère de la
Justice peut aussi avoir un rôle en matière de prévention
de la criminalité, notamment aussi par son action
auprès des tribunaux.
M. Filion: Avez-vous un exemple?
M. Latulippe: Les procureurs de la couronne, par exemple. En
prenant une poursuite, déjà c'est une manière de
prévenir la criminalité. Deuxièmement, par exemple,
lorsque l'on parle de déjudiciarisation et du rôle que les
procureurs de la couronne pourraient avoir dans la déjudiciarisation...
C'est une façon pour eux de prévenir la criminalité.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 27 est adopté.
J'appelle l'article 28.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 28 est adopté.
J'appelle l'article 29.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 30.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 31.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 32.
M. Filion: Quelle est la portée du premier alinéa
de l'article 32?
M. Latulippe: Les articles 104 et 106 sont des articles qui
prévoient que les enquêtes peuvent être ordonnées
à la demande du Solliciteur général ou du coroner en chef.
À l'article 106, c'est le pouvoir du coroner en chef d'ordonner une
enquête, lorsque - à l'époque, c'était le ministre
de la Justice - le Solliciteur général le demande. L'article que
l'on a devant nous, malgré les articles 104 et 106, c'est pour
prévoir cette autorisation conjointe, de la même façon
qu'on l'a vu tout à l'heure dans l'analyse des articles qui ont
précédé relativement au commissaire aux incendies.
M. Filion: Au deuxième alinéa, cela va. C'est sur
la portée du premier alinéa que je m'interrogeais. Cela va.
Le Président (M. Dauphin): L'article 32 est adopté.
J'appelle l'article 33.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 34.
M. Filion: Dans ce cas-ci, est-ce que c'est encore l'autorisation
pour un membre d'un corps de police?
M. Latulippe: C'est cela. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 34 est adopté.
J'appelle l'article 35.
M. Filion: C'est un amendement... M. Latulippe:
Technique.
M. Filion: ...technique qui n'a rien à voir avec le...
D'accord. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 35 est adopté.
J'appelle l'article 36.
M. Filion: Ce ne sera pas long, l'article s'en vient. Allez-y, si
vous avez des notes.
M. Latulippe: C'est pour la nomination des constables
spéciaux qui, en vertu de la Loi de police, relèvent
dorénavant du Solliciteur général.
M. Filion: Les constables spéciaux des...
M. Latulippe: L'ancien article 136.6 prévoyait que les
nominations des greffiers et des constatées faites par un juge de fa
Cour provinciale sont valables jusqu'à révocation par lui ou par
le ministre de la Justice.
M. Filion: D'accord.
M. Latulippe: On a changé cela pour "le Solliciteur
général".
M. Filion: "Ou le Solliciteur général".
M. Latulippe: Oui, "ou", parce que je n'ai pas juridiction sur
les greffiers.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): L'article 36 est adopté.
J'appelle l'article 37.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M- Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 38.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 38 est adopté.
J'appelle l'article 39.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 40.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 41, tout en vous signalant qu'il y a un amendement de la part du
ministre au paragraphe 11° qui se lit comme suit, sans préjuger de
l'adoption des paragraphes antérieurs: "Au paragraphe 11° de
l'article 41 du projet de loi, ajouter ce qui suit "ainsi que l'article 34 de
cette loi modifié par l'article 33 de la Loi modifiant diverses
dispositions législatives concernant les boissons alcooliques".
M. Latulippe: C'est une modification de concordance avec le
paragraphe 10 de l'article 9 du projet de loi découlant de l'adoption du
projet de loi 96. On l'avait annoncée l'autre jour, lorsqu'on avait
parlé du projet de loi 96.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que
l'article 41 tel qu'amendé est adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 42.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 42 est adopté.
J'appelle l'article 43.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 44.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 45.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 46.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 47.
M. Filion: J'ai une question à ce sujet.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Taillon.
M. Filion: On dit quelque chose entre parenthèses. Est-ce
une parenthèse? Quel est ce deuxième alinéa à
l'article 47?
M. Latulippe: En fait, c'est une question strictement technique
d'imprimerie. Les clauses financières sont toujours mises entre deux
crochets comme cela. Au point de vue légal, c'est seulement pour que les
gens voient qu'à ce sujet on peut aller sur te fonds consolidé.
Cela sert, pour les fins financières du gouvernement, à faire
ressortir les clauses. Mais il n'y a pas d'effet juridique à ces deux
crochets.
M. Filion: D'accord. En ce qui concerne le contenu du
deuxième alinéa, il dit que le budget du ministère du
Solliciteur général, pour la fin de l'année 1986-1987,
c'est-à-dire pour les mois qui resteront à courir - en supposant
qu'il soit adopté au cours de décembre - jusqu'au 1er avril, sera
pris à même le fonds consolidé du revenu pour ce qui n'est
pas transféré du ministère de la Justice. J'ai de la
difficulté à saisir cela.
Le ministère de la Justice a le budget global, donc, en
transférant la portion du budget relative aux opérations du
Solliciteur général au ministère du Solliciteur
général, que vient faire le deuxième alinéa
là-dedans? J'entends par là que c'est la règle
générale qui s'applique. Est-ce bien cela?
M. Latulippe: II n'y a pas de nouvelle vocation aux deux
ministères. Il y a une séparation des vocations. Les
crédits qui sont déjà adoptés pour assurer la
conduite des programmes et qui sont confiés au ministère du
Solliciteur général sont tous transférés. Mais on
peut convenir que la mise sur pied d'un ministère entraînera
certaines dépenses, alors il nous faut présenter au Conseil du
trésor une demande en ce sens et obtenir les budgets requis.
Comme il ne s'agit pas de crédits adoptés, à ce
moment-là il faut qu'ils soient pris sur le fonds consolidé de ta
province. Donc, on doit s'entendre avec le Conseil du trésor sur la
nature et l'ampleur des budgets requis et sur ce que cela coûte.
M. Filion: C'est pour la mise sur pied du ministère comme
tel et non pour son fonctionnement.
M. Latulippe: Oui, car la mise sur pied du ministère
entraînera sûrement quelques dépenses en ce qui concerne le
matériel et le personnel d'encadrement. Il va falloir
nécessairement dédoubler. Avant qu'on ait les budgets de
1987-1988, cette disposition n'est
pas couverte par les crédits, à ce jour.
M. Filion: Est-ce que le ministère du Solliciteur
général sera situé dans la même bâtisse que
celui du ministère de la Justice?
M. Latulippe: Oui.
M. Filion: Grosso modo, juste par curiosité, cela va
regrouper finalement combien de personnes?
M. Latulippe: Notre projection, c'est autour de 8300 personnes,
si on inclut la Sûreté du Québec et des budgets de l'ordre
de 500 000 000 $.
M. Filion: Un montant de 500 000 000 $, ce qui va réduire
d'autant le budget du ministère de la Justice.
M. Latulippe: Voilà.
M. Filion: Ou qui va faire du ministère de la Justice un
employeur beaucoup plus petit que celui du Solliciteur général
maintenant.
M. Latulippe: En termes de personnel et budget, carrément,
le ministère du Solliciteur général est beaucoup plus
gros.
M. Filion: En termes de budget, est-ce qu'il n'est pas de 900 000
000 $, le budget du ministère de la Justice?
M. Latulippe: Les deux mis ensemble? M. Filion: Oui.
M. Latulippe: Cela doit être autour de 800 000 000 $.
M. Filion: 1 000 000 000 $ ou 800 000 000 $.
M. Latulippe: Oui.
M. Filion: De sorte qu'uniquement en termes de budget les
effectifs du ministère du Solliciteur général vont
être plus gros, en tout cas...
M. Latulippe: Les deux gros réseaux, la
Sûreté et les Services correctionnels. La Sûreté,
5300 personnes et les Services correctionnels, 2400 à 2500 personnes,
à peu près.
M. Filion: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 47 est adopté.
J'appelle l'article 48.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 48 est adopté.
Est-ce que les intitulés des sections du projet de loi 138 sont
adoptés?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
M. Filion: Également.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le projet de loi tel
qu'amendé est adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions,
ayant rempli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
Merci beaucoup, tout le monde, de votre collaboration.
(Fin de la séance à 22 h 58)