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(Onze heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions commence ses travaux. Le mandat de la
commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 92, Loi modifiant diverses
dispositions législatives eu égard à la Charte des droits
et libertés de la personne. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a
des modifications aux membres de la commission?
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Aucun remplacement.
M. Filion: M. Paré est membre de la commission, il va
être ici tantôt.
Le Président (M. Desbiens): Oui. M. Filion:
D'accord.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 373.
M. Filion: Avant de passer à l'étude de cet
article, est-ce que mes collègues me permettraient un petit commercial
pour signaler à ceux qui sont membres de la commission que nous avons
une séance de travail à 13 heures qui va durer cinq minutes pour
reporter des engagements financiers et adopter le procès-verbal de notre
dernière réunion? Merci. Vous avez reçu une convocation,
ce matin, pour ceux qui sont passés à leur bureau. Mais, comme je
sais qu'il y en a qui étaient ici très tôt ce matin au
salon rouge, ils n'ont peut-être pas passé à leur
bureau.
Code civil du Bas-Canada (suite)
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 373 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: En ce qui concerne l'article 373, qui est la
troisième phase de la vie, on a vu à l'article 371 les actes de
naissance, où les professions des parents sont dorénavant des
mentions qui ne seront plus nécessaires. On a vu le mariage à
l'article 372 et on est rendu au décès. On fait cela vite, M. le
Président, contrairement à ce que d'aucuns pourraient croire. On
fonctionne rapidement. On est passé du décès à la
mort en passant par le mariage très rapidement.
En ce qui concerne l'article 373, il s'agit de faire disparaître,
comme l'a souligné le ministre, l'occupation du défunt. Cela va
dans le même esprit que ce qui a été dit
précédemment. Mais j'avais fait une nuance, hier, en ce qui
concerne l'identité des personnes. Le ministre m'a répondu et
cela va. Nous sommes prêts à l'adopter.
M, Marx: Aujourd'hui, cela se fait par le numéro
d'assurance sociale.
M. Filion: C'est vrai.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas de
problème quant au dernier domicile?
M. Filion: Est-ce que le président ne croit plus à
la réincarnation?
Le Président (M. Desbiens): Article 373,
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 374.
M. Marx: Cet article modifie l'article 71 du Code civil du
Bas-Canada. La modification proposée supprime l'exigence de la mention
de la qualité ou occupation de défaut dans les jugements
déclaratifs de décès. Même chose.
M. Filion: L'absence, peut-être... M. Marx: Pas
l'absence ici.
M. Filion: Je crois que c'est dans la loi, mais on me parle de
présomption. J'ai l'impression que dans les cas d'absence...
M. Marx: Oui, je comprends. Cela peut être dans
l'absence...
M. Filion: C'est le seul cas où on présume le
décès?
M. Marx: Oui, l'absence ou après une disparition. Cela
peut être un accident sur la
mer, un accident d'avion.
M. Filion: C'est l'absence. Tout cela entre dans le concept de
l'absence, je pense.
M. Marx: Oui. L'absence, c'est l'impossibilité de trouver
le cadavre.
M. Filion: Ah bon, d'accord. Cela va.
Le Président (M. Desbiens): L'article 374 est
adopté. J'appelle l'article 375. À l'article 375, M. le ministre,
vous avez un amendement?
M. Marx: II est retiré.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
retiré?
M. Marx: L'article est retiré.
Le Président (M. Desbiens): L'article est
retiré.
M. Filion: C'est en concordance avec les décisions qui ont
déjà été prises.
M. Marx: C'est parce qu'on a changé cela. L'article...
Le Président (M. Desbiens): L'article 375 est...
M. Marx: ...retiré.
Le Président (M. Desbiens): Je constate que l'amendement
n'est pas présenté et que l'article est retiré.
M. Marx: L'article 376 est aussi retiré. M. Filion:
La même chose.
Le Président (M. Desbiens): L'article 376 est
retiré. L'article 377?
Code civil du Québec
M. Filion: C'est en concordance, en tout cas c'est relatif
à l'article 372 en ce qui concerne la publication des bans. Vous vous
souvenez de cela, M. le Président, la publication des bans?
Le Président (M. Desbiens): D'accord? M. Filion:
Oui.
Le Président (M. Desbiens): L'article 377 est
adopté.
M. Marx: Oui.
Le President (M. Desbiens): J'appelle l'article 378.
Loi sur les pêcheries et l'aquaculture
commerciales et modifiant d'autres
dispositions législatives
M. Marx: Cet article modifie l'article 35 de la Loi sur les
pêcheries et sur l'aquaculture commerciales. Nous avons aussi un
amendement qu'on va distribuer tout de suite. L'article 35 autorise la
perquisition sans mandat dans tout véhicule, embarcation, bateau de
pêche, aéronef ou dans tout lieu autre qu'une maison d'habitation,
dès que l'inspecteur ou l'agent a des motifs raisonnables de croire
qu'il s'y trouve des produits aquatiques obtenus ou détenus
contrairement à cette loi ou un autre bien qui a servi à
commettre une infraction à cette loi. Les modifications proposées
prévoient que, sauf urgence, la perquisition doit être
autorisée par un mandat délivré par un arbitre impartial
suivant les conditions établies par la jurisprudence, soit la
dénonciation sous serment et les motifs raisonnables de croire qu'une
infraction à la loi a été commise et que des
éléments de preuve se trouvent dans le lieu visé. Ainsi,
l'article 35 prévoira la règle générale de la
perquisition avec mandat et l'article 35.1, l'exception de la perquisition sans
mandat dans les cas d'urgence. Les conditions énoncées pour la
perquisition sans mandat sont les mêmes que celles que l'on retrouve dans
l'article 9.1 de la Loi sur les poursuites sommaires proposé par
l'article 247 du présent projet.
Le Président (M. Desbiens): On va d'abord procéder
b l'étude de l'amendement sur... L'amendement à l'article 378 est
le suivant, à l'article 35.1 de la Loi sur les pêcheries et
l'aquaculture commerciales. À l'article 378, insérer, dans la
sixième ligne de l'article 35.1 et après les mots
"d'entraîner", les mots "la disparition,". L'amendement est-il
adopté'*
M. Filion: En ce qui concerne l'amendement, il est
adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Filion: On dit "la disparition" et un peu plus loin "la
perte"...
M. Marx: La destruction.
M. Filion: Oui, la destruction, mais on parle de la perte. La
perte n'inclut pas la disparition, mais... À la sixième ligne de
l'article 35.1, on dit "ou d'entraîner la destruction ou la perte d'un
élément de preuve" et on ajoute par l'amendement
"d'entraîner la disparition, la destruction ou la perte". Est-ce que
c'est la disparition ou la perte, ce n'est pas la même chose, non?
M. Marx: C'est cela. C'est la formulation qu'on a utilisée
dans tous nos projets.
M. Filion: D'accord, pour l'amendement.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. L'article 378 est-il adopté tel qu'amendé? (11 h
30)
M. Filion: II y a la Loi sur le bâtiment qui s'en vient.
Alors, il n'y a pas de problème. On étudie le bâtiment, je
pense, trois articles plus tard. Je pense qu'on peut finir les pêcheries
et l'aquaculture. En ce qui concerne le fond de l'article 378, il s'agit des
modifications que nous avons apportées à l'ensemble des pouvoirs
des inspecteurs et agents concernant les perquisitions.
M. Marx: Continuez le texte.
M. Filion: Je vais seulement le relire. Cela ne sera pas
tellement long. Cela va.
Le Président (M. Desbiens): L'article 378 est
adopté tel qu'amendé. Article 379?
M. Marx: Cet article modifie l'article 47 de la Loi sur les
pêcheries et l'aquaculture commerciales. C'est encore une fois une
question d'inspection.
M. Filion: Pardon?
M. Marx: C'est encore une fois une question d'inspection d'un
tribunal indépendant. L'article 47 autorise un inspecteur ou un agent,
dans certains cas isolés, à mettre en quarantaine, à
traiter ou, avec l'autorisation du ministre, à détruire les
produits d'un établissement piscicole. Aucune restriction ne vient
baliser ce pouvoir.
La modification proposée permet à un inspecteur ou
à un agent de procéder à l'isolement, à la mise en
quarantaine, au traitement ou à la destruction d'un produit si celui-ci
est reconnu malsain ou atteint d'une maladie contagieuse ou parasitaire. Le
recours à un tribunal n'est pas nécessaire dans ce cas pour des
motifs de santé publique. Toutefois, lorsqu'un exploitant ne se conforme
pas aux normes applicables ou n'est pas titulaire d'un permis
conformément à cette loi, l'inspecteur ou l'agent doit d'abord
s'adresser à un juge de paix.
M. Filion: II y a ceci de particulier, M. le ministre, au
début de l'article 47; c'est la manière dont la prescription
d'isolement ou de mise en quarantaine ou de traitement ou de destruction se
fait. Enfin, c'est là où j'ai un peu de difficulté
à saisir la différence entre les deux paragraphes. Dans le
premier paragraphe, cela se fait avec l'autorisation du ministre; dans le
deuxième paragraphe, avec l'autorisation du juge de paix,
c'est-à-dire avec une ordonnance d'un juge de paix. Quelle est la
distinction entre les deux?
M. Marx: C'est parce que, dans le premier paragraphe, ce sont des
produits qui sont malsains ou qui sont atteints d'une maladie contagieuse. II y
a donc une urgence. Dans le deuxième, il n'y a pas d'urgence. C'est le
problème du thon qu'on a eu au Canada. Cela sera réglé par
le deuxième paragraphe et non par le premier, le cas
échéant, au Québec. Donc, le ministre ne sera pas
responsable...
M. Filion: Je ne sais pas, si le thon est malsain, c'est le
premier alinéa de l'article 47 qui va s'appliquer?
M. Marx: C'était s'il n'est pas malsain ou atteint de
maladie contagieuse.
M. Filion: Mais dans l'exemple que vous donnez, si on avait une
situation semblable à celle qui s'est présentée au
fédéral, de thon avarié...
M. Marx: Mais dans le cas du thon, au fédéral,
d'après ce que j'ai lu dans les journaux, il était mangeable. Il
était donc possible d'aller devant un juge. Le thon du Nouveau-Brunswick
était mangeable. Cela n'a pas paru comme cela dans les manchettes des
journaux, mais, dans le dernier paragraphe de l'article, oui. Ai-je raison de
dire cela?
M. Lachapelle (Jacques): On dit qu'il ne respectait pas les
normes canadiennes, mais il était mangeable dans le sens qu'il pouvait
être exporté.
M. Marx: Oui, c'est cela.
M. Lachapelle: II respectait les normes d'autres pays.
M. Marx: C'est cela. Voilà.
M. Filion: Si je comprends bien la nuance qui est apportée
à l'article 47, c'est que d'abord, dans l'article 47 actuel, le ministre
autorise dans tous les cas. Là, on crée une distinction sur la
base suivante: Si le produit est malsain ou en cas de maladie contagieuse ou
parasitaire, à ce moment-là c'est l'autorisation du ministre. Si
les règlements, les activités ou les normes applicables à
l'établissement ne sont pas respectés ou s'il n'a pas son permis,
etc., alors, on demande au juge de paix de rendre une ordonnance parce que ce
n'est pas le produit lui-même qui est affecté, mais plutôt
les conditions d'activité.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: C'est cela, la discrétion dont pourrait jouir
le ministre si on lui donnait les deux pouvoirs serait possiblement un peu trop
large; à ce moment-là, on demande à une autorité
judiciaire d'intervenir...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...pour décider de l'opportunité de la
mise en quarantaine et de l'isolement.
M. Marx: C'est cela. M. Filion: Pardon?
M. Marx: Une personne neutre; il va y avoir une audition. On dit:
"...à ses activités ou aux conditions, restrictions ou
interdictions de son permis...". Peut-être que ce n'est pas une
interdiction de son permis, il va avoir l'occasion de se faire entendre.
M. Farrah: Ce qui arrivait, je pense, c'est que, pour des raisons
mineures, on mettait des produits marins, par exemple, en quarantaine et au
bout d'un certain temps on s'apercevait que le produit marin comme tel
était pour être consommé par la population. Mais la
période de temps qu'il est en quarantaine, il perdait de sa
qualité. Alors, les industriels de la pêche n'acceptaient pas cela
parce que c'était dû au fait qu'il était en quarantaine
qu'il perdait de sa qualité et non pas à cause, par exemple, d'un
manque de permis ou d'une chose comme cela. Le processus faisait qu'il y avait
un délai quand même trop long qui affectait la qualité du
produit. Pour des raisons mineures...
M. Filion: Ou pour des raisons qui ne sont pas reliées
à...
M. Farrah: ...la qualité du produit. M. Filion:
...la qualité du produit. M. Farrah: C'est cela.
M. Filion: Au premier alinéa de l'article 47, on dit:
"...sont malsains ou sont atteints d'une maladie contagieuse ou parasitaire
déterminée par règlement." Il y a donc, dans un
règlement, une liste des maladies qu'on considère comme
contagieuses ou parasitaires.
M. Marx: Bien oui, il y a une réglementation.
M. Filion: On donne le choix, par contre. On dit: "...sont
malsains ou...". Cela veut dire l'un ou l'autre.
M. Marx: C'est cela. D'accord?
M. Filion: Cela va, en ce qui me concerne.
Le Président (M. Desbiens): L'article 379 est
adopté?
M. Filion: Je suis convaincu que le ministère de
l'Agriculture a été consulté là-dessus.
M. Marx: Bien oui. Le ministère de l'Agriculture
était d'accord.
Le Président (M. Desbiens): L'article 379 est-il...
M. Marx: On a consulté tous les ministères.
Le Président (M. Desbiens): ...adopté? Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 380.
Loi sur le crédit aquacole
M. Marx: L'article 380 modifie l'article 36 de la Loi sur le
crédit aquacole. C'est une modification équivalente à
celle de l'article 27 de la Loi sur le crédit agricole et visant
à prévoir que ces inspections aient lieu à des heures
raisonnables sauf exception et que l'inspecteur soit tenu de s'identifier, le
cas échéant.
M. Filion: On parle de l'office. Je suppose qu'il y a un office
du crédit aquacole; c'est cela?
M. Marx: II doit sûrement y en avoir un, oui.
M. Filion: Ou, est-ce que c'est l'Office du crédit
agricole? Je vois le député des Îles-de-la-Madeleine qui me
fait signe que non, qu'il n'y a pas d'office du crédit aquacole, que
c'est l'Office du crédit agricole. C'est cela?
M. Farrah: Au moment où on se parle il n'y a pas d'office
du crédit aquacole.
M. Filion: Cela n'existe pas?
M. Farrah: Non.
M. Filion: C'est administré...
M. Marx: C'est l'Office du crédit agricole qui...
M. Filion: ...administre. M. Marx: ...fait les deux.
M. Filion: Je pense que c'est une loi qui a été
adoptée en 1984 par l'ancien gouvernement. L'ancien gouvernement,
soucieux de la gestion cohérente des fonds publics, avait demandé
probablement à l'Office du crédit agricole d'assurer la gestion
de la Loi sur le crédit aquacole.
M. Marx: C'est cela, oui. Adopté. M. Filion:
Adopté.
Loi sur le bâtiment
Le Président (M. Desbiens): L'article 380 est
adopté. J'appelle l'article 381. M. le ministre a un amendement qui se
lit ainsi: "Remplacer l'article 381 par le suivant: L'article 58 de la Loi sur
le bâtiment (1985, chapitre 34) est modifié par l'addition,
à la fin du paragraphe 8°, des mots "ou elle a été
reconnue coupable ou s'est avouée coupable d'un tel acte criminel et en
a obtenu le pardon".
M. Marx: L'amendement est une modification technique. Peut-on
adopter l'amendement pour les fins de la discussion et parler de l'article?
Le Président (M. Desbiens): L'amendement remplace
l'article...
M. Marx: II modifie l'article. On peut parler de l'amendement,
mais c'est juste un changement technique.
L'article 58 prévoit qu'une licence est délivrée
à une personne physique qui n'a pas été reconnue coupable
ou ne s'est pas avouée coupable, dans les cinq ans
précédant la demande, d'un acte criminel poursuivable par voie de
mise en accusation seulement et qui est relié aux activités que
la personne entend exercer dans l'industrie de la construction. La modification
proposée prévoit que cette condition ne peut constituer un
empêchement lorsque la personne visée a obtenu un pardon. Si elle
a obtenu un pardon... D'accord?
M. Paré: J'ai une autre question sur l'article 381. Cet
article modifie l'article 58 de la Loi sur le bâtiment. On se rappellera
que cette loi avait été adoptée en juin 1985. Cela
concernait le bâtiment. Il y avait eu consultation et, finalement un
consensus presque général sur une réglementation ou une
façon de faire concernant le secteur du bâtiment. La loi n'est
toujours pas en vigueur. On vient modifier un article de la Loi sur le
bâtiment qui a été adoptée en juin 1985, qui semble
faire l'unanimité, et certaines associations, dont la Corporation des
maîtres électriciens, la Corporation des maîtres
mécaniciens en tuyauterie du Québec, demandent qu'elle soit mise
en vigueur. Je ne connais pas les intentions du gouvernement. Je ppnse que la
Loi sur le bâtiment...
M. Marx: Un instant. Je pense que nous avons déjà
adopté un décret pour mettre ces articles en vigueur. II faut que
je vérifie cela. On a mis des articles en vigueur par décret il y
a une semaine ou deux.
M. Paré: ...si effectivement c'est en vigueur.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Je crois bien, M. le ministre, que les articles, comme
le dit mon collègue, ne sont pas en vigueur.
M. Marx: Je vais vérifier. Si je me souviens bien, on a
mis en vigueur un certain nombre d'articles il y a une semaine ou deux.
Peut-être que vous n'avez pas lu la Gazette officielle. On va
vérifier tout de suite. Quelqu'un est déjà allé
vérifier. Peut-on suspendre cet article?
M. Filion: C'est la même chose pour...
M. Paré: C'est la même loi. Les articles 381, 382 et
383 viennent tous les trois modifier les articles 58, 60 et 61 de la Loi sur le
bâtiment. J'aimerais bien savoir si ces articles sont en vigueur. (11 h
45)
M. Marx: D'accord. On va vous le dire dans quelques minutes.
M. Paré: Avant que vous me répondiez sur ces
articles, j'aimerais savoir si votre intention, comme ministre de la Justice et
responsable de la Protection du consommateur, est de mettre aussi en vigueur
les articles 77 à 83 concernant le plan de garantie pour les maisons
neuves et la rénovation.
M. Marx: Ce n'est pas le mandat de cette commission de se pencher
sur ces articles. Mais j'ai dit à quelques reprises que c'était
mon intention. Cela reste encore mon intention.
M. Paré: Je suis content de l'entendre. Je sais que cela
ne porte pas sur ces articles, mais je profite du temps où vous faites
des recherches sur les articles 58, 60 et 61.
M. Marx: D'accord. Oui.
M. Paré: Je suis content de l'entendre. Vous l'avez
déjà spécifié. Est-ce que votre intention est de
les mettre en application très rapidement? Vous vous rappeliez, pour en
avoir discuté avec les gens de l'Office de
ia protection du consommateur de même qu'avec nous aussi, en
commission, lorsqu'on les a entendus, que l'habitation a toujours
été le point de critique le plus impartant des consommateurs.
Cela a été dépassé pour la première fois, en
1985, par les salons de santé, mais c'est quand même le
deuxième point en importance. Cela touche beaucoup de gens.
M. Marx: Oui.
M. Paré: La dernière fois qu'on s'en était
parlé, je pense que c'était à l'étude des
crédits. Vous m'aviez dit, au début du mois de mai, que vous
espériez que ce soit en application probablement au cours de
l'été ou au début de l'automne.
M. Marx: Est-ce que j'ai spécifié
l'année?
M. Paré: Est-ce que vous pouvez me spécifier
l'année au moins, si ce n'est pas le mois?
M. Marx: Non, non. D'accord. Je l'ai déjà dit et je
peux le répéter, en tant que ministre responsable de la
Protection du consommateur, j'avais trois priorités. Il s'agit de
refaire la loi Lacombe sur les dépôts volontaires; cela sera
déposé avant la fin de la session. C'est aussi de déposer
une loi sur les préarrangements funéraires, cela sera aussi
déposé avant la fin de la session. Il faut aussi s'occuper de
cette question des rénovations des maisons et ainsi de suite. Il y a des
questions administratives è régler. Je pense que cela va se faire
dans un proche avenir. Ce sont les trois engagements que j'ai pris en ce qui
concerne la protection du consommateur pour cette année. Espérons
que tout se fera cette année ou au début de 1987. Je travaille
à ces trois dossiers.
M. Paré: Je suis content d'entendre que c'est vers la fin
de cette année ou au début de 1987.
M. Marx: Oui. Je trouve cela assez important, mais il y a des
questions administratives à régler avant qu'on puisse proclamer
ces articles en vigueur.
M. Paré: C'est cela. Connaissant l'importance de ces
problèmes et surtout le fait que la loi est votée et que les gens
du milieu demandent qu'elle soit appliquée, dont l'Office de la
protection du consommateur et que cela ne prend pas une loi, mais juste que le
ministre du Travail, qui est responsable, à la suite des demandes... Ce
que je vous demande, ce n'est pas de les mettre en application, parce que je
pense que c'est le ministre du Travail qui peut finalement les mettre en
application. Mais je vous demande d'insister auprès du ministre du
Travail pour...
M. Marx: Cela dépend des articles. Je pense que ces
articles relèvent du ministre responsable de la Protection du
consommateur. C'est cela. II y a certains articles dans la loi comme telle qui
sont de la responsabilité du ministre du Travail, mais je pense qu'il y
a un certain nombre d'articles, un chapitre, qui relèvent du ministre
responsable de la Protection du consommateur.
M. Paré: Je n'en suis pas certain. Remarquez bien, je sais
que cela sera à votre demande, en tout cas. Mais je pense que la mise en
vigueur de ces articles, étant donné que la Loi sur le
bâtiment relève du ministre du Travail, doit passer par une
autorisation ou une demande officielle du ministre du Travail. En tout cas, que
ce soit une décision de votre part ou une pression de votre part pour
que le ministre du Travail le fasse, s'il en a la responsabilité, la
demande est dans le sens que le gouvernement actuel accepte de le faire
finalement.
M. Marx: D'accord. Ce qui est en vigueur dans cette loi, ce sont
les articles concernant la formation de la commission, les articles sur le
courtage immobilier dans les dispositions transitoires et il y a eu un
décret du 12 novembre 1986 pour mettre en vigueur le reste des articles
sur le courtage immobilier. Les articles dont il est question, 58, 60 et 61, ne
sont pas en vigueur.
M. Paré: Ils ne sont pas en vigueur. M. Marx:
Non.
M. Paré: Je trouve cela un peu embêtant. Je me
rappelle, je n'étais pas assis sur la chaise que vous occupez, mais sur
une autre à côté, lors de la tenue d'autres commissions
parlementaires, vous étiez un des grands opposants à ce qu'une
loi - sans être omnibus - vienne changer des articles d'une loi qui n'est
pas en vigueur. Je me rappelle que vous trouviez qu'on n'avait pas raison de
faire cela. Comment pouvez-vous justifier aujourd'hui que l'on vienne faire des
changements, amender des articles de loi qui ne sont pas en vigueur? Je ne
reprendrai pas les discours que vous teniez, je pense qu'ils étaient
plus longs...
M. Marx: Je peux vous donner une copie de mon document de
l'époque.
M. Paré: ...et très bien étoffés,
mais je ne veux pas vous lancer de fleurs. Est-ce que vous trouvez que l'on a
raison d'amender une loi qui n'est pas en vigueur?
M. Marx: J'ai dit cela, mais il y a une nuance. J'ai dit que ce
qu'il ne faut pas faire, c'est de modifier des lois qui ne sont pas en vigueur,
des lois qu'on est en train d'étudier dans la même session. C'est
déjà arrivé dans l'étude de 92, par exemple, nous
avons proposé des amendements à la Loi sur les terres et
forêts. J'ai retiré ces amendements parce qu'il y a un projet de
loi sur les forêts, donc je ne veux pas modifier une loi qui sera
abrogée dans deux, trois semaines. J'ai toujours dit: II ne faut pas
modifier les lois qui en sont au stade d'être étudiées par
une autre commission. Ici, il s'agit d'articles que l'on va mettre en vigueur.
Si on ne les modifie pas maintenant, il faudra une loi spéciale et ce
sera impossible. On fait un ménage de toutes les lois sur la charte
maintenant...
M. Paré: Si je comprends bien, vous allez au moins en
aviser le ministre du Travail qui semble plus préoccupé
présentement par la loi où l'on reconnaît, non pas l'autre
loi qui est déposée à l'Assemblée nationale... On
ne parle plus tellement de la Loi sur le bâtiment, mais de la Commission
du bâtiment, en espérant que l'une n'empêchera pas l'autre
d'être adoptée ou, en tout cas, ne retardera pas indûment la
mise en vigueur de la Loi sur le bâtiment. Je vous ai dit tantôt
qu'il y a des organismes qui ont hâte que cette loi soit mise en vigueur.
Si on amende cette loi et qu'on ne la met pas en vigueur - en tout cas, pas
tous les articles - je voudrais bien passer le message pour les gens qui y
tiennent, que ce n'est pas juste d'amender une loi qui n'est pas
utilisée, mais d'amender une loi qui va l'être bientôt.
M. Marx: C'est-à-dire les dispositions qui seront
administrées par l'Office de la protection du consommateur.
M. Paré: Y compris... M. Marx: Oui.
M. Paré: Étant donné que l'on discute
d'articles qui ne relèvent pas de l'Office de la protection du
consommateur ou de la partie dont vous êtes le porte-parole, mais de la
Loi sur le bâtiment comme telle, les articles 58, 60 et 61, non pas
rattachés aux articles 77 à 83 dont je parlais tantôt qui
sont particuliers à la protection du consommateur... L'invitation que je
vous ai faite tantôt d'intercéder auprès du ministre du
Travail pour qu'il mette en application les articles 77 à 83 sur les
plans de garantie pour les maisons neuves et la rénovation, je vous
invite à faire la même demande au ministre du Travail, d'insister
pour que les autres articles, 58, 60 et 61 qu'on est en train de modifier, on
ne les modifie pas pour rien, mais qu'effectivement ils soient mis en vigueur.
La Loi sur le bâtiment est une loi importante, qui a fait consensus, qui
pourrait aider à régler un des secteurs importants au
Québec qu'est le bâtiment. Ce sont des milliards investis chaque
année, ce sont des dizaines de milliers d'entreprises en construction et
plus de 100 000 emplois de travailleurs sur les chantiers. Une façon de
le régler, ce n'est pas seulement la commission de la construction, mais
c'est la Loi sur le bâtiment, à mon avis, qui doit être mise
en vigueur. Sur ce que vous apportez comme changements aux articles 381, 382 et
383, je pense que c'est acceptable sur le fond, mais que cela relève
d'articles d'une loi qui n'est pas en vigueur. J'en profite donc pour vous
inviter à faire les pressions pour que cette loi soit mise en
vigueur.
M. Marx: D'accord. Vous voyez que j'ai mis ces articles en
vigueur sur le courtage immobilier. Ce sont des articles qui relèvent de
ma responsabilité. On a déjà fait cela parce que je suis
un ministre responsable de la Loi sur le courtage immobilier. J'ai l'intention
de mettre en vigueur les articles qui concernent l'Office de la protection du
consommateur. Il est bon de me rappeler mes engagements, mais je vous assure
que je ne pense qu'à cela. J'ai les dossiers avec moi à chaque
jour pour ne pas oublier.
M. Paré: Je vais vous rappeler, M. le ministre, que j'ai
bien retenu que, d'ici à la fin de 1986 ou au début de 1987, pour
les articles 77 à 83...
M. Marx: Les articles qui concernent l'Office de la protection du
consommateur. C'est cela?
M. Paré: Oui. Ce qui donne les garanties pour...
M. Marx: C'est l'Office de la protection du consommateur.
M. Paré: Exactement. Vous avez raison.
M. Marx: Je vais essayer de le faire. Il y a quelques questions
administratives à régler et, si on peut les régler, on va
le faire.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement
à l'article 381 est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 381
est adopté tel qu'amendé?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 382,
où il y a également un amendement de la part du ministre. Il
s'agît de remplacer l'article 382 par le suivant: L'article 60 de cette
loi est modifié par l'Insertion, après le paragraphe 6°, du
suivant: "6.1 elle-même ou l'un de ses dirigeants a été
reconnue coupable ou s'est avouée coupable, dans les cinq ans
précédant la demande, d'un acte criminel visé au
paragraphe 6° et en a obtenu le pardon." Est-ce que l'amendement à
l'article 382 est adopté? M. le ministre.
M. Marx: L'amendement est technique. L'article 60 prévoit
qu'une licence est délivrée à une société ou
à une personne morale lorsque "elle-même ou l'un de ses dirigeants
n'a pas été reconnue coupable ou ne s'est pas avouée
coupable, dans les cinq ans précédant la demande, d'un acte
criminel poursuivable par voie de mise en accusation seulement et qui est
relié aux activités que la personne entend exercer dans
l'industrie de la construction", etc. C'est la même chose.
Adopté.
M. Filion: Adopté. M. Paré:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 382 est adopté tel
qu'amendé?
M. Marx: Adopté. M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté tel
qu'amendé. Article 383?
M. Marx: C'est la même chose, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): L'article 383 est
adopté.
M. Paré: II n'y a pas d'amendement à celui-ci, M,
le ministre?
M. Marx: Non, il n'y a pas d'amendement.
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 383 est
adopté. Article 384?
M. Marx: On va suspendre l'article 384.
Le Président (M. Desbiens): L'article 384 est suspendu. On
va revenir aux articles suspendus.
M. Filion: Oui. Étant donné la présence du
député de Shefford, dont la préoccupation pour les
questions de protection du consommateur est bien connue dans cette enceinte de
l'Assemblée nationale et étant donné sa vigilance
constante à l'égard de la protection du consommateur, est-ce que
je pourrais suggérer que nous étudiions, si le ministre est
disposé à accepter, les articles 282 et suivants qui concernent
la Loi sur la protection du consommateur?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Du même souffle, il serait peut-être
intéressant, à ce stade-ci, pour la bonne marche de nos travaux
que nous ayons la liste - j'ai ici une liste qui date du 24 novembre -
complète de tous les articles qui sont suspendus. Je pense qu'il
faudrait ajouter le dernier.
Une voix: Oui, l'article 384.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Taillon, il s'agirait d'ajouter l'article 384, le 46e article suspendu
étant l'article 384. C'est le seul autre qui manque à cette
liste.
M. Filion: On peut peut-être suspendre nos travaux durant
deux minutes, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): La commission suspend ses
travaux pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 12 h 13)
Le Président (M. Desbiens): La commission reprend ses
travaux. M. le député de Taiilon.
M. Filion: M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir le
consentement des membres de la commission afin que le député de
Terrebonne remplace le député d'Anjou, le chef de
l'Opposition?
M. Marx: Avec plaisir.
M, Filion: II est arrivé un peu tard.
Le Président (M. Desbiens): II y a consentement. Le
député de Terrebonne remplace le député d'Anjou. M.
le ministre, on aurait à procéder à l'étude des
articles qui ont été suspendus. M. le député de
Taillon.
Articles en suspens
M. Filion: M. le Président, nous avons
donc terminé le premier examen des dispositions du projet de loi
92 et 46 dispositions, selon nos notes, sont actuellement en suspens. Avec
votre permission, étant donné la présence du
député de Shefford, si vous êtes d'accord - je ne veux pas
nuire au bon déroulement de nos travaux - on pourrait étudier les
dispositions de l'article 38 concernant la Loi sur le courtage immobilier
également les articles 283 et 286 concernant la Loi sur la protection du
consommateur et, si nous en avons le temps ce matin, les articles 310 et 311
concernant la Loi sur le recouvrement de certaines créances. Cela vous
va?
M. Marx: Ah oui, parfait, M. le Président.
M. Filion: D'accord. Il y a certains articles - je pense que je
l'ai souligné a l'occasion - qui ne sont pas suspendus, qui ont
été étudiés, mais sur lesquels, dans certains cas,
il est possible a la fin que j'aie certaines interventions. Il y en a un qu'on
peut peut-être régler immédiatement, par exemple, parce
qu'il me vient à l'esprit, pour ne pas l'oublier, c'est l'article 356.
Est-ce que vous permettriez à l'Opposition d'enregistrer sa division sur
le vote? On va être concordant avec le vote que nous avons pris sur 357
et suivants.
M. Marx: D'accord. M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Article 356. L'Opposition
enregistre sa dissidence.
M. Filion: Sa division. Est-ce que c'est l'article 138 ou quel
article voulez-vous... On a déjà reçu les amendements sur
l'article 138; on peut peut-être le prendre.
Loi sur le courtage immobilier
M. Marx: On remplace tous les paragraphes par la formule
générale qu'on a déjà utilisée dans d'autres
articles. Adopté?
M. Filion: Excellent. Pour la bonne compréhension de nos
travaux, ce que l'Opposition avait soulevé à l'article 138, c'est
que l'énumération des infractions ou actes criminels contenus
à l'article 138 constituait une limite, mais une limite qui était
tellement trouée que cela pouvait, dans certains cas, causer plus de
tort que de bien, ou plus de bien que de tort, selon le point de vue où
l'on se place. À ce moment-ià, je suis heureux de constater que
le ministre a retenu la formulation que je mettais de l'avant, à savoir,
une formulation générale qui permet...
Le Président (M. Desbiens): II serait dans l'ordre, pour
le Journal des débats, de lire l'amendement en question à
l'article 138. L'article 138 est modifié par le suivant: L'article 16 de
la Loi sur le courtage immobilier (L.R.Q., chapitre C-73) est modifié
par le remplacement du paragraphe c par le suivant: "c) a été
déclaré coupable d'un acte criminel ayant un lien avec l'emploi
de courtier, d'agent d'immeuble ou de constructeur, ou." Cet amendement, est-ce
qu'il est adopté? M. le député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, je tiens à
féliciter le ministre de la Justice d'avoir écouté le
député de Taillon et d'avoir apporté cet amendement. C'est
une amélioration sensible à cet article de la loi et je vous en
sais gré, M. le Président. Et je crois, selon le
député de Taillon, que nous sommes prêts à l'adopter
immédiatement.
M. Marx: Je tiendrais à souligner, M. le Président,
que durant tous les travaux de cette commission nous étions toujours
prêts à accepter, à entériner les bonnes suggestions
et cela en était une.
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Je reconnais cette condescendance du ministre envers
l'Opposition...
M. Marx: Non, non, pas du tout. M. Blais: ...de la
Justice.
M. Marx: Ce n'est pas de la condescendance, c'est la
vérité.
M. Blais: Dans votre risorius et votre rictus, je voyais une
sorte de condescendance, très complice d'ailleurs, et je ne vous adresse
pas un reproche. Ce mot "condescendance" peut être très positif
dans certains cas. Cependant, sur l'article 357 où j'ai passé au
moins une heure hier et essayé... Vous dites: Nous avons apporté
des amendements rationnels et raisonnables. Je l'ai pris comme une sorte de
petite poussière dans la roue de la bonne entente, parce que vous dites
que vous n'acceptez que les choses qui sont rationnelles et sensées.
L'amendement que nous avions demandé hier sur l'article 357, M. le
ministre de la Justice, d'après moi, était un respect tellement
primaire des droits de chacun de choisir son lieu de résidence que je le
prends presque comme un petit soufflet. Je sais que ce n'était pas votre
intention de souffleter l'Opposition, ne fusse que par un doigt ou une main
atrophiée, mais je sais que dans les
circonstances je peux le prendre ainsi. De ce fait, M. le ministre de la
Justice, je prends votre remarque, pas avec trop de sensiblerie ni de
sensibilité, mais sachez que je suis épidermique et sensoriel et
le moindre petit mot que vous allez échapper qui pourrait être un
peu pris de façon gauche de notre part, je le reçois avec toute
la largeur d'esprit que mon vocabulaire peut le permettre. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement
à l'article 138 est adopté?
M. Blais: Avec plaisir, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 138 est adopté tel qu'amendé?
Des voix: Adopté.
Loi sur la protection du consommateur
Le Président (M. Desbiens): Adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 283 concernant la Loi sur la protection
du consommateur. Est-ce qu'il y a un amendement à l'article 283? Non.
Est-ce que l'article 283 est adopté? M. le député de
Taillon.
M. Filion: Peut-être que je peux placer les
préoccupations de l'Opposition eu égard à l'article 283
dans leur contexte. L'article 283 du projet de loi modifie l'article 325 de la
Loi sur la protection du consommateur et concerne l'ensemble des permis qui
sont demandés par des requérants - j'en ferai
l'énumération tantôt lorsque j'aurai la loi elle-même
- qui désirent, par exemple, occuper certaines fonctions en vertu
desquelles un permis de l'Office de la protection du consommateur est
nécessaire.
Or, l'article 325 tel que proposé, avec la modification contenue
au projet de loi 92, se lirait comme suit: Le président - de l'office -
peut refuser de délivrer un permis si - il y a quatre conditions,
première condition - le demandeur n'est pas en mesure, en raison de sa
situation financière, d'assumer les obligations qui découlent de
son commerce. Je pense que cela va de soi, il faut qu'il y ait certaines
garanties, dépôts, etc. Deuxièmement - et c'est là
que le bât blesse - si le demandeur ne peut établir sa
capacité à exercer son activité commerciale avec
honnêteté et compétence compte tenu de ses
déclarations à l'occasion de sa demande de permis ou de son
comportement c'est large cela - dans l'exercice d'activités commerciales
antérieures. On reviendra à deuxièmement.
Troisièmement, si le nom ou la raison sociale de la
société ou corporation qui demande le permis est identique
à celui d'une autre société ou corporation qui
détient un permis ou lui ressemble tellement qu'il puisse être
confondu avec cette dernière. Cela va de soi. Il faut au moins une
identité précise et distincte pour chacune des entreprises.
Quatrièmement, si le demandeur ne satisfait pas à une exigence
prescrite par la présente loi ou par règlement.
Pour les fins de notre débat d'aujourd'hui, attachons-nous au
paragraphe 6. Un requérant se présente et dans les cas... Je vais
vous lire la liste des cas où des permis sont requis. C'est l'article
321 de la Loi sur la protection du consommateur qui dit: Sous réserve
des exceptions prévues par règlement, doit être titulaire
d'un permis: le commerçant itinérant - celui qui se
promène - le commerçant qui conclut des contrats de prêts
d'argent régis par la présente loi. Le commerçant qui fait
fonctionner un studio de santé, le commerçant qui conclut un
contrat de garantie supplémentaire relatif à une automobile ou
à une motocyclette adaptée au transport sur les chemins publics,
etc.
Donc, quatre catégories de permis où l'on demanderait au
requérant d'établir -c'est lui qui a le fardeau - sa
capacité à exercer son activité commerciale avec
honnêteté et compétence compte tenu de ses
déclarations à l'occasion de sa demande de permis ou de son
comportement.
Ce que nous avions dit au ministre de la Justice, c'est que ces mots
"honnêteté" et "compétence" et le mot "comportement"
étaient des concepts beaucoup trop larges qui ne permettent pas au
pouvoir discrétionnaire de l'office de s'exercer de façon
conforme aux droits et libertés des individus. C'est trop large.
À ce moment-là, nous avons demandé au ministre de la
Justice d'examiner le paragraphe b de l'article 325 pour circonscrire davantage
le fardeau que l'on fait reposer sur les épaules du
requérant.
Quant à moi, l'honnêteté et la compétence, on
ne peut pas établir qu'on est honnête. Cela ne s'établit
pas. Dans notre droit, par analogie, faire une preuve de bonne
réputation, par exemple, cela existe dans certains cas. Une preuve de
bonne réputation s'établit avec énormément
d'éléments et on fait reposer le fardeau, encore une fois, sur
les épaules du requérant. Il y a des gens qui peuvent vouloir
gagner leur vie en demandant l'un des permis énumérés
à l'article 321 et ces gens-là pourraient se voir refuser la
délivrance du permis simplement parce qu'ils n'ont pas établi la
compétence, eu égard au comportement. C'est trop vague. Cela peut
devenir une barrière importante pour les individus qui veulent gagner
leur vie. Je ne prétends pas que l'Office de la protection du
consommateur ou que les dirigeants de l'office utilisent ce large pouvoir
discrétionnaire pour refuser
effectivement à des requérants de gagner leur vie, mais ce
que je prétends, c'est qu'une fois la loi adoptée elle demeure et
l'office se voit ainsi remettre entre les mains un pouvoir extrêmement
large.
Une deuxième réserve importante, je suis conscient du fait
qu'il faut protéger, bien sûr, les consommateurs dans les studios
de santé ou ceux qui empruntent des sous, ou ceux qui reçoivent
la visite d'un colporteur ou d'un commerçant itinérant à
la maison. C'est évident qu'il faut protéger le consommateur,
mais pas en introduisant des concepts qui permettraient à l'office
d'utiliser unilatéralement un pouvoir fondé sur la loi. Ce ne
serait pas un pouvoir exorbitant de la loi qu'ils exerceraient, c'est nous qui
leur donnerions ce pouvoir. Or, en ce sens-là, je sais que mes
collègues veulent ajouter des choses à cette argumentation, mais
je pense que j'ai bien résumé la problématique de la
discussion que nous avions tenue à l'époque sur cet article.
C'est un peu le portrait... Le ministre à l'époque, pour
être plus complet, nous avait dit: II y a le voile corporatif. Il faut
faire attention à cela, mais il y a d'autres façons de s'en
occuper, II nous avait également dit: Le comportement, si quelqu'un
reçoit des plaintes... Mais, pour moi, c'est insuffisant; ce n'est pas
parce que 50 consommateurs écrivent à l'office pour se plaindre
que nécessairement les plaintes sont bien fondées. Si, par
exemple, l'office reçoit 50 plaintes d'un groupe de citoyens, c'est
suffisant pour faire enquête, mais est-ce suffisant pour refuser de
délivrer un permis? C'est une mauvaise façon de prendre les
choses, parce qu'encore une fois, ici, on s'attaque à quelque chose
d'absolument fondamental et, comme toujours - c'est toujours délicat ces
arbitrages - on a le droit au travail, d'un côté, puis, de l'autre
côté, on a le droit à ce que les consommateurs soient
protégés. Je suis conscient qu'il faut trouver un
équilibre, mais je ne crois pas que l'équilibre soit
respecté dans le libellé de l'article 283, tel que le ministre de
la Justice le propose dans son projet de loi. Il ne nous a pas soumis
d'amendement sur cette question, du moins je ne crois pas que des amendements
circulent et je n'ai pas vu de papillons se promener sur cet article.
Je sais que mes collègues veulent ajouter des choses. Le ministre
de la Justice veut peut-être intervenir maintenant, M. le
Président. (12 h 30)
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Marx: Merci, M. le Président. Nous avons
consulté l'Office de la protection du consommateur à nouveau.
Nous avons également réfléchi à cette question.
L'office a besoin d'une certaine discrétion en ce qui concerne
l'émission des permis. Ce que nous avons fait dans la modification,
c'est d'encadrer davantage cette discrétion.
Par le contrôle de l'émission des permis émis en
vertu de la Loi sur la protection du consommateur dans les domaines du commerce
itinérant, des studios de santé, des garanties prolongées
et des prêteurs d'argent, on vise à assurer la protection
financière des consommateurs et un minimum de probité et de
compétence de la part des commerçants qui les demandent. Le fait
de détenir un permis de l'office permet à un commerçant de
bénéficier d'une image positive auprès des consommateurs
qui sont ainsi plus portés à lui faire confiance. De ce fait, il
importe que l'office soit en mesure de ne pas accorder un permis à un
commerçant qui démontre prima facie n'être pas
honnête ou compétent.
L'expérience a démontré l'utilité de ce
pouvoir et, pour l'illustrer, voici un exemple de son utilisation. Les
représentants d'une entreprise de commerce itinérant se
spécialisant dans la vente de menus articles de porte en porte faisaient
régulièrement de fausses représentations auprès des
consommateurs visités en prétendant faussement être des
ex-détenus et en demandant aux consommateurs de les encourager. Les
attitudes des vendeurs étaient de nature à intimider les
consommateurs qui ne se sentaient pas libres de refuser.
Même si cette disposition n'a été utilisée
que rarement, trois fois depuis 1980, le contrôle et la protection des
consommateurs ne pourraient être assumés avec la même
efficacité si elle ne devait plus exister. Il est important de souligner
que les pouvoirs exercés en vertu de cette disposition sont quasi
judiciaires, c'est-à-dire que la loi prévoit que, avant de
refuser ou d'annuler un permis pour ce motif ou pour tout autre motif, le
président doit tenir une audition et respecter toutes les règles
de la justice naturelle. Il exerce alors des pouvoirs quasi judiciaires. La
décision est, bien sûr, susceptible d'appel en Cour provinciale.
Pour ces raisons, je pense qu'on devrait accepter la modification
proposée. Je souligne que le' pouvoir n'a été
utilisé que trois fois depuis I960, qu'il y a une audition et un droit
d'appel. Donc, dans les faits, cela n'a pas causé beaucoup de
problèmes jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. J'ai
écouté le ministre donner ses explications et sa vision des
choses et le peu de cas qui ont été rapportés. Par contre,
tout en abondant dans le même sens que mon collègue de Taillon,
c'est vrai que, pour la protection du
consommateur, il faut le plus de prérequis possible pour
s'assurer que le consommateur soit protégé.
Par contre, je trouve un peu spécial qu'on ait un tel article,
car, si c'est vrai qu'on doit protéger le consommateur, on doit aussi
permettre aux gens de faire du commerce. On ne retrouve pas, à ma
connaissance, d'autre place où, pour avoir un permis, on doit justifier
son honnêteté, sa compétence et son comportement. Je trouve
cela d'autant plus spécial qu'on le retrouve dans une loi modifiant
diverses dispositions législatives eu égard à la Charte
des droits et libertés de la personne.
M. Marx: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Marx: Ce qu'on fait ici, ce n'est pas d'adopter une
disposition semblable, mais on modifie l'article 325, qui est
déjà assez large et qui donne beaucoup de discrétion; avec
l'amendement proposé, on restreint la discrétion du
président. Le député de Shefford a seulement l'article...
La modification proposée n'est pas le texte actuel de la loi. Avez-vous
le texte actuel?
M. Filion: Oui.
M. Marx: Le texte actuel de la loi, je peux vous le lire: Le
président peut refuser de délivrer un permis si: a) le demandeur
n'est pas en mesure, en raison de sa situation financière, d'assumer les
obligations qui découlent de son commerce; b) le demandeur ne peut
établir, à la satisfaction du président, son
honnêteté et sa compétence. C'est à la satisfaction
du président. Donc, on est en train de restreindre cette
discrétion et de la rendre plus discrétionnaire et moins
arbitraire, si je peux m'exprimer de cette façon.
M. Paré: C'est certainement une amélioration. Je ne
pourrais pas dire le contraire, sauf que cette modification conserve quand
même le fait que le demandeur, lui, doit établir son
honnêteté. Si on a peur qu'il y ait des gestes passés
répréhensibles et si on veut empêcher cela, qu'on le dise
clairement, mais de là à obliger la personne qui fait la demande
d'un permis à établir son honnêteté... Je me demande
si on ne va pas un peu à l'inverse et si on ne pourrait pas profiter
d'une modification à cet article qu'on veut rendre plus restrictif ou
plus clair pour faire cette clarification, justement, mais c'est surtout sur
son comportement.
Quand on regarde dans le dictionnaire, le comportement, cela veut dire:
manière de se comporter. On a chacun ses comporte- ments. S'il est vrai
que le consommateur a droit à une protection, l'individu a aussi droit
à sa façon de vivre et de se comporter. Cela peut arriver que
cela ne plaise pas à certaines gens. D'où le danger que ce soit
utilisé de façon arbitraire. Une façon de juger le
comportement d'un individu peut être arbitraire, parce qu'on a chacun sa
façon de se comporter et on a chacun sa façon de juger de son
comportement et du comportement des autres. Je vais vous dire que le
comportement ne peut être établi par certaines personnes, comme
disait mon collègue tantôt. II peut y avoir des plaintes. S'il y a
des plaintes sur la façon professionnelle d'agir d'un individu, dans son
comportement antérieur, qu'on limite l'obtention de son permis à
cause d'un comportement, d'accord, mais son comportement dans l'exercice de ses
fonctions. Mais le comportement, tel qu'il est spécifié
là, est-ce que ce n'est pas très vague le fait qu'on dise que
là, dans son comportement... Le comportement, cela peut être
seulement une façon de faire, une façon d'agir qui ne plaît
pas. N'ouvre-t-on pas davantage la porte à l'arbitraire? Pour cela, je
dois vous dire qu'il y a une prudence minimale qu'on doit avoir, tout en ayant
dans la tête - et, cela, je le rappelle - qu'on est dans la section de la
Loi sur la protection du consommateur et ce qu'on veut faire, c'est de
protéger au maximum le consommateur; là-dessus, j'en suis. Une
façon de le contrôler, c'est dans l'émission ou la
réponse positive à une demande de permis; cela, je le comprends
aussi. Mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que la personne qui demande est
aussi un citoyen qui a des droits et qu'on doit respecter. L'une des
premières façons de respecter l'individu n'est-elle pas dans son
comportement? Chacun a droit à son comportement là-dessus. Si on
laisse une autre personne juger du comportement d'une façon arbitraire
pour donner ou refuser un permis, je dois vous dire que je trouve que c'est une
ouverture très large à la discrimination et à
l'arbitraire.
M. Marx: À cela, je réponds ce que j'ai
déjà répondu. L'article 325b est en vigueur depuis huit ou
neuf ans maintenant. Comme je l'ai souligné, cela a été
utilisé seulement trois fois. Nous pensons que le paragraphe tel que
rédigé est un peu trop large. Nous avons essayé de
restreindre cette discrétion. Il faut laisser une certaine
discrétion et je ne vois pas... Des personnes qui donnent l'impression
qu'elles sont des ex-détenus, c'est un certain comportement. Il y a
aussi l'appel possible. Je suis ici pour corriger des problèmes. Quand
il y a des problèmes trois fois dans huit ans, il n'y a pas vraiment de
problème.
En théorie, on peut proposer beaucoup de choses et on peut voir
plusieurs
problèmes, j'en conviens. Mais, ici, cela s'est produit seulement
trois fois dans huit ans. II y a une audition, un droit d'appel, etc. La
personne qui n'est pas satisfaite exerce son droit d'appel à la Cour
provinciale. Il est vrai qu'il y a une discrétion. Nous avons
essayé de limiter cette discrétion. Comme vous dites,
peut-être qu'on n'est pas allé assez loin, mais j'ai peur d'aller
trop loin et de rendre ce paragraphe de l'article 325 inutile. J'ai aussi peur
de rendre la protection du consommateur plus difficile.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Le ministre nous dit qu'il y a eu seulement trois cas.
Il aurait pu nous dire qu'il y avait eu seulement un cas. Il aurait pu nous
dire qu'il n'y a pas eu de cas. Mais l'idée, ici, ce n'est pas le
nombre...
M. Marx: Je ne veux pas vous confondre avec les faits, mais ce
sont les faits.
M. Filion: Non, d'accord. Je prends les faits comme vous le
dites. Pour ma part, c'est important, évidemment. S'il y en avait 3000,
on pourrait en parler longtemps. Mais il n'y en a que trois. Cela nous aide
donc à relativiser notre préoccupation en ce qui a trait au
projet de loi. Mais il demeure que pour les trois individus qui sont
concernés cela a voulu dire changer de travail. C'est ce que cela a
voulu dire. Qu'il n'y en ait eu qu'un seul, un père de famille ou peu
importe, qui aurait gagné sa vie de cette façon et qui aurait
été empêché de continuer à travailler, pour
moi, c'est déjà important.
Vous parliez des ex-détenus. Je me suis occupé, d'ailleurs
dans votre coin en plus, dans le milieu anglophone, quand j'étais
avocat, d'un groupe d'ex-détenus anglophones...
M. Marx: Vous reliez les ex-détenus au milieu anglophone.
Ah! Ah!
M. Filion: Je suis préoccupé, en tant que critique
du ministère de la Justice et du Solliciteur général, de
la réhabilitation des ex-détenus. Dans ce sens-là, je
pense que c'est notre milieu à tous les deux. Je voulais dire que
c'était dans le secteur anglophone de Montréal.
Particulièrement, il y en avait un dont je me souviens du nom - je ne le
nommerai pas - mais qui avait mis sur pied une petite entreprise avec des
ex-détenus, particulièrement. C'étaient des gens qui
avaient déjà été condamnés pour des vols
à main armée. Ils avaient réussi à bâtir une
petite "business" en se promenant de porte en porte, comme vendeurs.
C'était une façon de gagner leur vie. Je vais vous parler de leur
comportement à eux. Je connais ces gens-là. C'est un comportement
d'ex-détenus, c'est sûr. Un ex-détenu, c'est un
ex-détenu. C'est un gars qui a fait un an, deux ans, quatre ans de
prison. Mais ce sont des gens qui ont quand même le droit de gagner leur
vie. Ce sont des gens qui n'ont pas de diplôme, qui n'ont pas
d'éducation dans bien des cas, mais il est évident qu'on ne
pouvait pas demander à ces gens-là de se présenter comme
la représentante d'Avon. Ce n'était pas tout à fait le
même style. C'était un peu plus direct, mais c'était fait
légalement. Quant à leur comportement, je suis sûr que
parfois c'était probablement un peu plus carré que les
représentantes des produits de beauté ou de cosmétiques
pour dames ou hommes qui sonnent aux portes. Avon, madame! L'ex-détenu,
dont le nom me revient à l'esprit... (12 h 45)
M. Marx: Vous êtes loin de l'article maintenant...
M. Filion: Laissez-moi terminer. Ce que je veux dire...
M. Marx: Dans l'article, c'est écrit: "ou de son
comportement dans l'exercice d'activités commerciales
antérieures". Ce n'est pas parce qu'il a mâché de la gomme
en se présentant à la porte que c'est un mauvais comportement. Si
son comportement autrefois était frauduleux, on ne va pas lui donner un
autre permis. Le comportement, ce n'est pas juste la façon dont
s'habille le gars, c'est le comportement dans l'exercice d'activités
commerciales antérieures. S'il y a toute une liste de fraudes...
M. Filion: À ce moment, c'est là où vous
faites erreur, justement. C'est que ce que vous visez à empêcher,
vous pouvez l'empêcher autrement. Je vais vous donner comme
exemple...
M. Marx: Donnez-moi les mots. M. Filion: ...l'article
328... M. Marx: Oui.
M. Filion: ...de la Loi sur la protection du consommateur.
Qu'est-ce que dit cet article? On dit: lorsqu'un individu a été
déclaré coupable d'une infraction à une loi ou à un
règlement dont l'office doit surveiller l'application. Si cet individu,
dans les trois cas que vous donniez, a été trouvé coupable
d'une infraction ou si son comportement est contraire à un
règlement de l'office et qu'il a été déclaré
coupable de cela, à ce moment, c'est une bonne raison pour l'office de
refuser d'émettre un permis. Vous m'avez dit que les cas que vous
donniez tantôt, ce sont des cas de fausse représentation.
Les fausses représentations sont interdites en vertu des lois et des
règlements de l'office et en vertu de nos lois.
M. Marx: Supposons que...
M. Filion: On n'a pas besoin de référer à -
laissez-moi terminer, M. le ministre -son honnêteté et sa
compétence. S'il a été trouvé coupable, s'il a eu
un procès dans les formes, s'il a manqué è un
règlement ou à une loi relative à l'office ou aux lois
générales, à ce moment il ne l'aura pas son permis, mais
il aura eu avant, par exemple, un jugement. Il ne s'agira pas juste de juger de
l'honnêteté et de la compétence, comme cela, au
pifomètre. L'office a des règlements, et elle peut en adopter des
règlements à part cela. Je l'ai dit tantôt. Ce n'est pas
pour rien que j'ai lu l'alinéa d de l'article 325. Cela dit: "si le
demandeur ne satisfait pas à une exigence prescrite par la
présente loi ou par règlement". On pourrait ajouter aussi: Le
président - comme c'est dit à l'article 327 - peut refuser de
délivrer un permis à un demandeur qui, au cours des trois
années antérieures à sa demande, a été
déclaré coupable soit d'une infraction à une loi ou
à un règlement de l'office, soit d'un acte criminel. C'est
déjà vu, les cas de fausse représentation, les cas de
fraude.
M. Marx: Supposons qu'il y a cinquante plaintes contre quelqu'un,
il attend son procès et cela va prendre trois ans. Est-ce qu'il faut lui
donner un permis entre-temps?
M. Filion: Je vais vous dire... M. Marx: Oui.
M. Filion: Jusqu'à preuve du contraire, M. le ministre de
la Justice. Vous avez enseigné à l'Université de
Montréal. Une des premières choses qu'on m'a apprise, c'est que
quelqu'un est présumé innocent tant et aussi longtemps qu'il n'a
pas été déclaré coupable.
M. Marx: Parfait! Il est innocent, mais il n'aura pas un permis.
Voilàï
M. Filion: Ah bon! À ce moment, il suffirait qu'il y ait
50 plaintes contre un individu pour qu'il n'ait pas son permis.
M. Marx: On va lui permettre de continuer pour qu'il ait 100
plaintes?
M. Filion: Quelle est la différence entre une plainte et
50 plaintes?
M. Marx: Je comprends...
M. Filion: Quelle est la différence entre une plainte et
50 plaintes, d'après votre raisonnement?
M. Marx: II n'y a aucune différence.
M. Filion: Si quelqu'un a une plainte contre lui...
M. Marx: Cinquante personnes différentes sur 48 rues
différentes, mêmes plaintes: on ne va pas lui donner un
permis.
M. Filion: II y a beaucoup d'autres façons, à ce
moment, si le type, d'abord...
M. Marx: M. le Président, j'aimerais proposer soit qu'on
adopte l'article d'une façon unanime, soit qu'on adopte l'article sur
division ou que je retire la modification.
M. Filion: Je pense que le ministre de la Justice ne m'a pas
laissé terminer mon argumentation.
M. Marx: Non, mais je comprends...
M. Filion: Je suis convaincu que s'il écoutait la fin de
mon argumentation...
M. Marx: C'est très bon et je suis très
sensible...
M. Filion: ...je le convaincrais.
M. Marx: Vous avez une argumentation très bonne. Je ne
conteste pas votre argumentation. Mais de ce côté je fais face
à des réalités, et je vois trois façons de terminer
cette discussion. C'est soit en adoptant la modification de façon
unanime, soit sur division, soit que je retire la modification. Sauf si vous
avez une proposition, des suggestions auxquelles on n'a pas pensé, que
nous n'avons pas.,. Je peux retirer la modification et laisser l'article tel
qu'il avait été adopté il y a huit ans.
M. Filion: Je comprends que vous seriez prêt à
retirer tout l'alinéa b de l'article 325?
M. Marx: De?
M. Filion: L'alinéa b de l'article 325.
M. Marx: Que voulez-vous que je fasse avec cela?
M. Filion: C'est cela que je vous demande. Vous m'avez dit: On
est prêt à retirer.
M, Marx: Soit adopter la modification, soit retirer la
modification.
M. Filion: Je ne parle pas de la
modification, je parle de l'alinéa b.
M. Marx: Non. Parce que cela a été adopté
par le gouvernement précédent. Je pense que c'était
nécessaire à l'époque et que c'est encore
nécessaire.
M. Filion: Ce que je suggère, c'est ceci: Lorsqu'un
réquérant a été trouvé coupable d'une
infraction, comme cela est dit ailleurs dans la Loi sur la protection du
consommateur, en dehors de toutes les autres conditions qui existent ou
même lorsqu'il a été trouvé coupable d'un acte
criminel relié à l'activité... Cela existe
déjà, on a déjà toute cette armature de protection
qui existe, M. le ministre. On a déjà tout cet éventail de
moyens que l'office peut utiliser s'il désire refuser un permis.
Pourquoi ouvrir une porte...
M. Marx: J'ai donné deux exemples.
M. Filion: Les exemples n'étaient pas bons. Vous m'avez
parlé de fausses représentations. Je vous ai dit qu'à ce
moment-là les fausses représentations sont une infraction.
M. Marx: C'était le comportement. S'il y a 50 plaintes
contre un vendeur itinérant ou contre un vendeur qui demande un permis
pour devenir vendeur itinérant, on ne va pas lui donner un permis. Je
pense que cela va de soi. On a 50 plaintes. On ne va pas lui donner un permis.
Peut-être après son procès, s'il est jugé innocent.
On ne va pas lui donner un permis. Ce n'est pas moi qui vais répondre
aux questions du député de Shefford à savoir pourquoi on
lui a accordé un permis.
M. Filion: Avez-vous les règlements adoptés par
l'Office de la protection du consommateur? Il y a dans les règlements
d'application de la loi un tas de formalités et de conditions qui sont
contenues là-dedans et qui peuvent déjà, par le biais de
l'alinéa d de l'article 325, permettre à l'office de faire
enquête. S'il y a des plaintes... Vous me dites 50 mais, s'il y en a
trois, qu'arrive-t-il? À 50, vous m'avez dit: II doit avoir anguille
sous roche. Vous avez probablement raison car 50, c'est beaucoup. Mais, s'il y
en a trois, qu'est-ce qu'on fait? L'office fait enquête. Est-ce que cela
suffirait que trois personnes écrivent à l'office pour que
quelqu'un se voie refuser un permis? Je pense que cela irait trop loin. Je
pense que là-dedans il faut tenter encore une fois... Je sais que ce
n'est pas facile, M. le ministre. Je ne prétends pas que cela est facile
non plus. Comme législateur, notre job n'est pas toujours facile. Dans
ce cas-ci, il s'agit de concilier deux libertés, deux droits
fondamentaux. Il y en a un dont c'est le droit de gagner sa vie et l'autre, le
droit d'être protégé contre les gens qui pourraient venir
tenter de le frauder.
Quand je regarde les règlements sur la protection du
consommateur, il y a un tas de choses là-dedans qui sont
déjà prévues et que l'office pourrait prévoir, mais
dans les cas spécifiques et non pas de façon
générale. Encore une fois, M. le ministre, ce n'est pas un
jugement que je porte de façon générale vis-à-vis
des trois cas que vous avez devant vous. Je sais qu'il faut éviter
d'accorder une discrétion trop grande et je suis convaincu qu'il y
aurait moyen de restreindre ce pouvoir beaucoup trop large.
M. Marx: Est-ce qu'on adopte cet article sur division, M. le
Président?
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 283 est
adopté?
M. Marx: Adopté sur division. Le prochain article, M. le
Président...
M. Filion: La Commission des droits de la personne, M. le
ministre, l'avez-vous consultée là-dessus?
M. Marx: Elle n'a pas émis de commentaire sur cet article.
Vous avez le mémoire de la Commission des droits de la personne.
M. Filion: Je voudrais juste vérifier... Elle vous a
envoyé des documents complémentaires; moi, Je ne les ai pas
reçus les documents additionnels.
M. Marx: Complémentaires.
M. Filion: Elle a envoyé des documents additionnels
à son mémoire du 31 octobre, mais les membres de cette
commission... Je ne sais pas si les autres membres de la commission ont
reçu les commentaires additionnels de la Commission des droits de la
personne; moi, je ne les ai pas reçus.
M. Marx: Elle a envoyé une lettre pour préciser
certaines questions très techniques et corriger certaines erreurs
techniques dans son mémoire. Je vous en ai donné un exemple
l'autre jour.
Je suis très sensible aux arguments des députés de
Taillon et Shefford, mais il y a toute cette question de protéger les
consommateurs. On a trouvé que la discrétion était un peu
trop large. On a essayé de restreindre la discrétion. Je sais que
la discrétion reste et que c'est possible qu'il y ait des abus. C'est
pourquoi on a prévu l'appel.
On me dit que, dans les trois cas, cela a été
refusé après enquête et audition. Seulement deux personnes
ont été refusées
en vertu de ce paragraphe b de l'article 325. Je suis très
conscient de tout ce que les députés ont dit, mais vous m'avez
toujours demandé: Avez-vous consulté l'organisme en question? Je
vous dis: Oui. Je vous dis aussi que l'Office de la protection du consommateur
trouve que c'est un pouvoir nécessaire et même essentiel.
Étant donné cet avis que j'ai reçu de l'office, je trouve
difficile de ne pas faire adopter la modification telle quelle. Peut-être
que l'office a tort dans ce cas; peut-être que les députés
de Taillon et Shefford ont raison, mais je vous le dis en toute
honnêteté: C'est cela la situation. C'est pourquoi, si vous avez
vraiment des objections, on peut retirer la modification, mais elle
protège davantage les personnes qui veulent avoir des permis, mais ce
n'est pas à 110 %, j'en conviens avec vous.
M. Paré: Une remarque là-dessus: C'est sûr
que, sur l'objectif visé, je l'ai dit et je le répète, on
est d'accord sur ta protection du consommateur. Si cela peut aider, tant mieux.
Ma crainte, c'est pour les termes que l'on utilise: établir son
honnêteté, ensuite, on peut refuser en fonction de son
comportement... Vous avez dit: Si les gens ne sont pas satisfaits de ce qui
sera décidé à la suite d'une demande... Je sais
très bien que, si on me refusait un permis et que les termes
utilisés pour le refus étaient que je n'ai pas prouvé mon
honnêteté, non pas qu'on ait prouvé que j'étais
malhonnête, mais que je ne puisse pas prouver mon honnêteté
à la satisfaction de celui qui émet le permis ou que l'on me
dise: C'est à cause de votre comportement passé... Je peux avoir
eu des choses, mais si dans la loi je ne suis pas considéré comme
inapte, ou inhabile, ou illégal, je dois dire... Comme vous l'avez dit
tantôt, il y a toujours moyen d'aller en appel. Ma première
réaction, que ce soit dans le domaine de la protection du consommateur,
dans le domaine de l'habitation, dans n'importe quel secteur, si un refus
était justifié par mon comportement, la première place
où j'irais en appel, ce serait à la Commission des droits de la
personne. Ce serait mon réflexe automatique, parce que ce sont des gens
qui jugeaient de mon comportement pour m'empêcher d'avoir un droit ou un
permis.
Je dois dire que j'aurais le goût d'y aller tout de suite. Vous me
disiez tantôt qu'il y a moyen d'aller en appel. Mon premier
réflexe serait d'aller devant la commission.
M. Marx: Mais ce n'est pas de la discrimination. Pour aller
à la commission, il faut que ce soit de la discrimination en vertu de
l'article 10 de la charte. Est-ce que vous avez une autre formulation? On ne
peut pas changer cela radicalement, mais si vous avez une autre
formulation...
M. Filion: J'ai déjà commencé à
rédiger quelque chose, M. le ministre, qui n'est pas à ma
satisfaction, étant donné, en particulier, les critères
extrêmement sévères qui guident cette commission dans la
réception des amendements. J'y consacrerai tout le temps voulu
pour...
M. Marx: Si le député...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! Il est 13
heures et, à moins d'un consentement, je dois ajourner les travaux de la
commission des institutions sine die.
(Fin de la séance à 13 h 2)