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(Quinze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je constate qu'il y a maintenant quorum. Je déclare la
séance ouverte. Je rappelle aux membres que nous étudions
aujourd'hui le projet de loi 92, Loi modifiant diverses dispositives
législatives eu égard à la Charte des droits et
libertés de la personne.
Je demande à la secrétaire d'annoncer les
remplacements,
La Secrétaire: M. Marcil (Beauharnois) est remplacé
par M. Brouillette (Champlain).
Le Président (M. Kehoe): Nous discutions de l'article 246.
Mais, si je comprends bien, il est suspendu. M. le ministre.
M. Marx: L'article 246. On va voir cela.
M. Filion: Pour vous rafraîchir la mémoire, M. le
ministre, il s'agissait du problème soulevé eu égard
à l'article 246 qui modifie l'article 54 de la Loi de police concernant
le pouvoir d'enquête du directeur général sur les membres
de la sûreté.
M. Marx: D'accord, oui.
M. Filion: À ce moment, j'avais soulevé le
problème que l'article était rédigé d'une
façon telle qui laissait croire que les enquêtes étaient
limitées aux conflits d'intérêts.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Suspendu?
M. Marx: Suspendu, oui.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 247.
Loi sur les poursuites sommaires
M. Marx: L'article 247 modifie l'article 247 de la Loi sur les
poursuites sommaires. La modification proposée introduit dans la Loi sur
les poursuites sommaires une disposition reconnaissant aux personnes
chargées de veiller à l'application de la loi un pouvoir de
perquisition et de saisies sans mandat judiciaire qui ne pourra toutefois
être exercé qu'à titre exceptionnel, c'est-à-dire
lorsque l'urgence de la situation rendra impraticable l'obtenfon d'un mandat
d'un juge de paix.
L'octroi de ce pouvoir ne fait pas office de droit nouveau, puisqu'il
est déjà reconnu par la jurisprudence. La reconnaissance
législative de ce pouvoir vise toutefois à encadrer son exercice.
Ainsi, il ne pourra être exercé que si l'agent de la paix ou une
autre personne charqée de veiller à l'application de lois a un
motif raisonnable de croire qu'une infraction a été commise ou
est sur le point de l'être, qu'une chose susceptible de fournir la preuve
de cette infraction se trouve à l'endroit de la perquisition et que le
délai requis pour obtenir un mandat de perquisition risque, compte tenu
de l'urgence de la situation, de mettre en danger la santé des personnes
ou la sécurité des personnes ou des biens ou d'entraîner la
disparition, la destruction ou la perte d'un élément de preuve de
l'infraction.
M. Filion: II s'agit, en quelque sorte, du pouvoir
d'exécuter sans mandat, lorsque l'urgence de la situation l'impose,
comme on l'a vu également dans d'autres lois. Est-ce que vous me
permettez une question, M. le ministre?
M. Marx: Oui, bien sûr.
M. Filion: On sait que le Code de procédure pénale
commence à faire parler de lui.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Comme les enfants qu'on attend, on en parle avant
qu'ils viennent au monde. Alors, est-ce que je dois comprendre que toutes les
matières contenues dans la Loi sur les poursuites sommaires seront
réétudiées?
M. Marx: Oui, sûrement, parce qu'on va déposer un
avant-projet de loi et qu'il va y avoir une commission parlementaire où
on va réétudier toute cette question. Il y aura une consultation
publique, etc.
M. Filion: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Article 248?
M. le ministre.
M. Marx: L'article 248 modifie l'article 10 de la Loi sur les
poursuites sommaires. La modification proposée est de concordance avec
l'article 247. Elle prévoit que le saisissant a la garde de la chose
qu'il saisit lors d'une perquisition sans mandat.
M. Filion: D'accord. Mais est-ce que je peux attirer votre
attention, M. le ministre, sur le deuxième alinéa du texte actuel
de la Loi sur les poursuites sommaires? II se lit comme suit: "Le juge de paix
peut, aux conditions qu'il fixe, permettre à tout
intéressé d'examiner la chose saisie." Je remarque, dans la
modification proposée dans le projet de loi à l'étude, que
cette permission d'examiner la chose saisie qui serait détenue par le
saisissant n'existe plus. Est-ce que je dois comprendre qu'un autre article
règle cette question ou bien si...
M. Marx: La modification va entre le premier et le
troisième alinéa. Le troisième alinéa n'est pas
biffé.
M. Filion: Ah! Je m'excuse. J'étais hors du sujet. Je
m'excuse. J'ai mal lu la modification. Adopté.
M. Marx: Le critique de l'Opposition n'est jamais hors du
sujet.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 249.
M. Marx: L'article 249 modifie l'article 11 de la Loi sur les
poursuites sommaires. C'est de concordance avec l'article 247.
Le Président (M. Kehoe): Étant donné que
c'est de concordance, est-ce que l'article 249 est adopté"?
M. Filion: Cela ne sera pas long, M. le Président.
Très bien!
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 250.
M. Marx: L'article 250 modifie l'article 12 de la Loi sur les
poursuites sommaires. La modification proposée prévoit que,
lorsqu'une personne est accusée d'une infraction pour laquelle des
peines distinctes sont prévue selon qu'il s'agit d'une première
contravention ou d'une récidive, la plainte ne doit contenir aucune
mention indiquant pour quelle contravention on poursuit."
La modification proposée, au contraire de la disposition actuelle
qui exige une telle mention, éviterait donc au juge de se placer dans
une situation où il pourrait paraître être
préjugé.
M. Filion: L'article est rédigé d'une façon
un peu bizarre. Je comprends très bien le sens, on le connaît. Il
est dit: "Lorsqu'un défendeur est passible de peines distinctes suivant
qu'il s'agisse d'une première contravention ou d'une contravention
subséquente, la plainte ne doit contenir aucune mention indiquant pour
quelle contravention on poursuit."
Une plainte doit toujours indiquer l'infraction pour laquelle on
poursuit. De la façon dont c'est rédigé, je me demande si
c'est satisfaisant aux yeux des juristes. Pour laquelle des deux Je comprends,
mais de la façon dont c'est rédigé... Mais si c'est
satisfaisant comme rédaction à vos yeux, cela va me convenir.
M. Marx: II faut lire l'article suivant aussi.
Le Président (M. Kehoe): II y a l'article 250.1. Il y a un
amendement, si je ne me trompe pas, M. le ministre.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 250 est
adopté?
M. Filion: Peut-être que je vais pouvoir voir l'article
250.1.
M. Marx: Avez-vous l'article 250.l?
M. Filion: Je l'attends. Ce ne sera pas long. Merci.
Alors, en ce qui concerne l'article 250, la rédaction est
étanche?
M. Marx: À l'article 251, je pense qu'on clarifie ou on
complète.
M. Filion: Ah oui! D'accord. Au deuxième alinéa en
particulier, vous ave? raison. Alors, cela va. Vous avez raison. C'est
l'article 251 qui apporte un peu l'éclairage. D'accord,
adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 250 est adopté.
L'article 250.1 est adopté?
M. Filion: À l'article 250.1, je m'excuse. Vu que je
n'avais pas prévu cet amendement, je n'ai pas avec moi l'article 29 de
la Loi sur les poursuites sommaires. Est-ce que quelqu'un serait assez aimable
pour...
M. Marx: Peut-on suspendre pour deux minutes pour que le
député puisse le lire?
Le Président (M. Kehoe): La séance est suspendue
pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 48)
(Reprise à 15 h 49)
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 250.1. Est-il
adopté?
M. Marx: L'article 250 est adopté. Le Président
(M. Kehoe): Oui. M. Marx: L'article 250.1...
Le Président (M. Kehoe): L'article 250.1 est-il
adopté?
M. Marx: ...modifie l'article 29 de la loi par le remplacement au
deuxième alinéa de ce qui suit: "s'il le croit opportun" par
"dans l'intérêt de la morale ou de l'ordre public". Je peux le
lire. Est-ce nécessaire, vu que le député a l'article?
M. Filion: C'est toujours intéressant.
M. Marx: "La salle ou le local où siège..."
M. Filion: L'article, je le connais, cela va.
M. Marx: D'accord. L'amendement proposé ajuste la
terminologie de l'article 29 de la Loi sur les poursuites sommaires sur celle
de l'article 23 de la Charte des droits et libertés de la personne.
Suivant l'amendement proposé, le juge ne pourra ordonner le huis clos
que "dans l'intérêt de la morale ou de l'ordre public" et non plus
"s'il le croit opportun".
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. L'article 251?
M. Marx: L'article 251 modifie l'article 46 de la Loi sur les
poursuites sommaires. L'article 46.1 proposé est de concordance avec
l'article 250 du projet de loi et prévoit que le plaignant doit faire
parvenir à l'accusé, avant l'enregistrement du plaidoyer de ce
dernier, un avis l'informant qu'une plainte plus forte sera
réclamée en raison du fait que l'infraction reprochée
constitue une récidive. L'accusé pourra alors faire valoir les
moyens de défense appropriés.
Par ailleurs, la preuve d'une condamnation antérieure ne devra
être apportée qu'après que l'accusé se sera
avoué ou aura été reconnu coupable. Le juge ne sera donc
informé de la récidive que lors du prononcé de la
sentence. D'accord? Cela va?
M. Filion: Alors, comme on l'a vu tantôt, il s'agit
finalement de protéger des individus qui, dans le passé, auraient
pu avoir été trouvés coupables ou s'être
avoués coupables d'une infraction contre une espèce de
préjugé possible ou potentiel de la part du juge ou de
l'autorité qui doit entendre la cause. En ce sens-là, je dois
féliciter le juriste d'avoir trouvé cette particularité
que j'ai vécue en pratique privée quand je représentais
des individus et dont certains avaient été trouvés
coupables. On voyait en bas de la sommation qu'il s'agissait d'une
deuxième infraction. Évidemment, le juge avait la même
sommation que moi et il voyait, lui aussi, que c'était une
deuxième infraction.
On a beau dire que les juges doivent être impartiaux - et ils le
sont - je crois que c'est une bonne chose de chercher à favoriser le
fait que l'information qui leur est transmise est limitée aux faits dont
ils ont besoin pour juger de la culpabilité ou non d'un individu. Or,
ici l'article prévoit...
M. Marx: C'est au niveau de la peine.
M. Filion: C'est cela. Et, une fois que la condamnation est
survenue, on doit prévoir un mécanisme qui est le même
qu'avant, à savoir une signification de...
M. Marx: C'est déjà dans le Code criminel.
M. Filion: C'est déjà dans le Code criminel, sauf
que là c'est à une autre étape. En ce sens-là, moi
aussi, je suis peut-être avare de félicitations, mais je ne
voudrais pas que vous croyiez que c'est le cas ici parce que je
considère que le travail qui a été fait par les juristes
est remarquable. Encore une fois, voilà une disposition qui ne saute pas
aux yeux.
M. Marx: Les félicitations seront partagées entre
les légistes et le ministre.
Le Président (M. Kehoe): Félicitations.
M. Filion: Le ministre ne veut pas attendre que je lui adresse
directement mes félicitations?
M. Marx: Cela ne va pas venir! Donc...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 251 est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 252.
M. Marx: L'article 252 modifie l'article 63.8 de la Loi sur les
poursuites sommaires. Selon la modification proposée, lorsqu'une
personne n'a pas acquitté l'amende à laquelle elle était
condamnée et que cette personne a
refusé ou négligé d'accomplir des travaux
compensatoires ou que ces travaux n'ont pu lui être offerts, le
percepteur ne pourra plus présenter une demande ex parte,
c'est-à-dire en l'absence du défendeur, à un juge de paix
pour obtenir l'emprisonnement de cette personne. Le défendeur devra donc
avoir l'occasion d'être entendu par le juge de paix et de faire valoir
des moyens de défense. À cet effet, la modification
proposée prévoit que le percepteur devra donc donner au
défendeur un avis l'informant de la date et du lieu de l'audition. Le
juge pourra toutefois procéder en l'absence du défendeur si le
percepteur démontre au juge que le défendeur est introuvable ou
se soustrait à la justice.
M. Filion: L'exception que vous créez va assez loin avec
le "Toutefois, le juge de paix peut procéder à l'audition de
cette demande contre le défendeur..."; il peut donc procéder en
son absence.
M. Marx: S'il n'a pas...
M. Filion: Oui, mais, je dois vous dire à ce sujet que le
percepteur va peut-être finir par le trouver pour le mettre en prison.
Alors, s'il réussit à le trouver pour le mettre en prison,
pourquoi ne pas le trouver pour l'amener devant le juge? Parce que la demande
est pour substituer une peine d'emprisonnement aux travaux compensatoires qui
n'ont pu être offerts ou qui n'ont pas été
exécutés par l'accusé. Alors, pourquoi prévoir une
procédure d'exception avec le "toutefois" puisque, de toute façon
- si vous me laissez terminer - il va falloir le trouver, cet
individu-là, si on veut le mettre en prison? Au lieu de le trouver pour
le mettre en prison, pourquoi ne pas le trouver pour l'amener devant le juge
pour qu'il soit présent? Peut-être même qu'à ce
moment-là il pourrait avoir changé d'idée et il pourrait
vouloir exécuter ces travaux compensatoires, peut-être même
qu'à ce moment-là les travaux compensatoires vont pouvoir lui
être offerts.
Encore une fois, juste pour l'intelligence de nos débats, je
voudrais rappeler le premier alinéa de l'article 63.8 qui dit: "Lorsque
des travaux compensatoires n'ont pu être offerts ou que le
défendeur refuse ou néglige de faire de tels travaux, le
percepteur, si l'amende n'a pas été acquittée, peut
présenter une demande verbale et ex parte - mais "ex parte", on
l'enlève - à un juge de paix pour que soit alors prononcée
une peine d'emprisonnement". En deux mots, vous avez un billet qui n'a pas
été payé et il y avait une alternative de travaux
compensatoires. Vous ne voulez pas effectuer vos travaux compensatoires; le
percepteur se présente et demande qu'une peine de prison soit
substituée aux travaux compensatoires.
M. Marx: Non, ce n'est pas cela. Supposons que vous avez une
infraction, une contravention de 100 $ à payer. Supposons que vous
n'allez pas à la cour. Peut-être que vous serez condamné
à payer une amende de 100 $ ou à passer trente jours en prison.
Vous avez l'option de payer 100 $ ou de faire trente jours en prison, dans
beaucoup de lois. D'accord? Ici, si vous n'avez pas d'argent, au lieu d'aller
en prison, vous avez l'option de faire des travaux compensatoires. Si le gars
ne veut pas faire les travaux compensatoires, il va en prison.
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: Avec les modifications qu'on prévoit dans le Code
de procédure pénale, on va rendre cela... Mais ici c'est la
même chose au moment où on se parle: le percepteur pourra
exécuter sur les biens de la personne. Aller en prison, ce sera, comment
dirais-je, vraiment au bout de la ligne, s'il n'y a rien à faire avec
cette personne qui a refusé de payer l'amende, qui a refusé de
faire des travaux compensatoires, qui est introuvable ou qui s'est soustraite
à la justice. Elle va faire son temps au lieu de faire ses travaux
compensatoires. Quoique dans le Code de procédure pénale on va
voir tout cela.
M. Filion: Non, je pense que l'effet de la modification que vous
proposez est le suivant. Premièrement, lorsque le type, l'accusé,
celui qui a été trouvé coupable, est trouvable et qu'il ne
veut pas exécuter des travaux compensatoires ou que des travaux
compensatoires ne peuvent lui être offerts, à ce moment, cela
permet au percepteur de s'adresser par défaut, sauf erreur...
C'est-à-dire, lorsqu'il est trouvable, on doit aller le chercher et
l'amener devant le juge pour qu'il puisse entendre l'audition de la demande de
substitution de sentence.
Deuxièmement - et c'est sur cela que je tique un peu - on dit:
"Toutefois, le juqe de paix peut procéder à l'audition de cette
demande contre le défendeur - donc, cela sous-entend par défaut,
quoi - dans le cas où cet avis n'a pu être transmis à ce
dernier en dépit des efforts raisonnables faits pour l'en aviser, si le
percepteur démontre que le défendeur est introuvable ou se
soustrait à la justice." Cela est l'exception au principe
général que vous créez qui est que l'individu doit
être présent, c'est la règle convenue à la Charte
canadienne des droits et libertés, audi alteram partem, etc.
Or, moi, où j'en suis, c'est sur l'exception que vous
créez au principe général. Qu'est-ce que cela donne de
prononcer une peine d'emprisonnement contre quelqu'un si, de toute
façon, on ne le trouve
pas? Est-ce que cela ne serait pas mieux de permettre qu'un mandat soit
émis pour rechercher cet individu? Lorsqu'on l'aura trouvé, on
l'amènera devant le juge et, à ce moment, le juge décidera
s'il va substituer à la sentence de travaux compensatoires une sentence
d'emprisonnement. En deux mots, pourquoi condamner des individus à
l'emprisonnement alors qu'ils ne sont pas là? (16 heures)
M. Marx: Le truc, c'est que l'idée qui sous-tend toute
notre politique, c'est de ne pas emprisonner les gens. Quand il n'y a pas
vraiment d'alternative, on va emprisonner les gens, mais notre intention, c'est
de ne pas emprisonner - de vider nos prisons - des gens qui ont commis des
infractions mineures.
Mais, supposons que vous avez commis une infraction, vous avez une
contravention et, à l'heure actuelle, vous avez une sommation de venir
tel et tel jour. Si vous n'êtes pas là, vous êtes
comdamné ex parte à 10 $ ou à trente jours de prison.
D'accord? Bon, cela est éliminé avec ce qu'on propose. Comment
arrêterons-nous quelqu'un si on biffe la deuxième phrase de la
modification? Nous allons l'arrêter en vertu de quel article, de quelle
disposition?
M. Filion: Bon, écoutez, à l'article 63.8, nous
sommes toujours dans l'hypothèse où, premièrement, la
personne n'a pas payé son amende; deuxièmement, la saisie n'a pas
permis ou ne permettrait pas d'exécuter le jugement pour obtenir le
montant qui est dû. Donc, nous sommes dans l'hypothèse uniquement
où une ordonnance ou une sentence de travaux compensatoires a
été rendue. L'article 63.8 actuel dit que la demande peut
être présentée par défaut ou ex parte devant le juge
de substituer à des travaux compensatoires inexistants ou non
acceptés par la personne trouvée coupable... À ce
moment-là, donc, on peut procéder, comme je te disais,
unilatéralement et par défaut. Là, ce qu'on vient changer,
c'est qu'il y a une audition qui doit se faire en présence de la
personne impliquée, ce qui est très bien et qui est conforme
à la charte. Là où je m'interroge, c'est pourquoi
créer cette exception et dire: "Si le percepteur démontre que le
défendeur est introuvable ou se soustrait à la justice? À
ce moment-là, on va prononcer une peine d'emprisonnement in
absentia.
M. Marx: Dans le cas actuel, supposons que le percepteur fait une
demande au juge et que la personne ne vienne pas devant le tribunal,
voulez-vous que l'on rédige un article pour prévoir qu'on peut
l'arrêter?
M. Filion: Absolument, puisque de toute façon on va
l'arrêter, mais pour l'amener en prison. On serait bien mieux de
l'arrêter comme procédure de défaut au mandat et l'amener
devant le juge pour qu'il puisse entendre la demande d'audition contre lui.
S'il n'y a toujours rien à faire, à ce moment-là il ira en
prison. Mais pourquoi le condamner à la prison in absentia puisque, de
toute façon, on sera obligé d'aller le chercher? Cette
fois-là, on va aller le chercher directement chez lui et on va l'amener
à Bordeaux. Je dis: Au lieu d'aller le chercher et de l'amener à
Bordeaux, amenons-le devant le juge. Peut-être trouvera-t-il les travaux
compensatoires plus intéressants, alors que, s'il est rendu à
Bordeaux il sera trop tard. Il va faire ses quinze jours ou ses trente jours;
dans certains cas, c'est assez énorme, parce qu'il y en a qui accumulent
cela.
M. Marx: On peut voir cela d'une autre façon aussi. En
vertu de l'article actuel, il peut être condamné in absentia.
D'accord?
M. Filion: C'est vrai.
M. Marx: Avec la modification, il faut que le percepteur ait fait
des efforts raisonnables pour l'aviser et le percepteur devra démontrer
que le défendeur est introuvable ou s'est soustrait à la justice.
Cela n'est pas la même chose.
M. Filion: Mais si c'est vrai qu'il s'est soustrait à la
justice, pourquoi prononcer une peine d'emprisonnement? On revient au
même. Il va falloir le trouver, ce type-là. Ou on l'amène
en prison ou on l'amène devant le juge. Alors, pourquoi ne pas l'amener
devant le juge? Pourquoi pas un mandat d'amener?
M. Marx: Oui. Peut-être.
M. Filion: Et je veux ouvrir une parenthèse, M. le
ministre.
M. Marx: On peut faire cela.
M. Filion: On parle beaucoup qu'il faut sortir de prison ceux qui
ne payent pas leurs amendes, mais vous savez que, dans le dernier rapport
Landreville, les dernières statistiques démontrent qu'il y a eu
énormément de progrès faits et que la proportion de la
population carcérale détenue dans les centres de détention
pour n'avoir pas payé d'amende est rendue à 11 % ou 13 %
seulement.
M. Marx: C'est peut-être à cause de l'opposition
à l'ancien gouvernement à l'époque.
M. Filion: Peu importe la cause, mais il faudrait arrêter
de dire que les prisons sont remplies de gens qui n'ont pas payé leurs
amendes.
M. Marx: II y en a encore beaucoup.
M. Filion: C'était peut-être vrai il y a cinq ou six
ans, mais ce n'est plus vrai maintenant.
M. Marx: Oui.
M. Filion: II y en a pas mal moins, 11 %. On sait que c'est une
mesure de dernier recours. Une autre chose que je voudrais ajouter
là-dessus c'est que les travaux compensatoires, vous le savez,
malheureusement ne peuvent malheureusement être offerts par plusieurs
cours municipales. Aux dernières nouvelles, il y en avait six ou sept
seulement qui offraient un programme de travaux compensatoires
administré par le percepteur et tout* En ce sens-là, il faudrait
carrément que le gouvernement élargisse et étende la
nécessité d'un percepteur et de travaux compensatoires à
l'ensemble des cours municipales, si on veut vraiment être efficace sur
ce point.
M. Marx: Avec le nouveau Code de procédure pénale,
on envisage d'étendre ce régime à d'autres cours
municipales, à d'autres régions. On ne veut pas que quelqu'un
soit condamné pour une amende de 5 $ et passe trois jours en prison,
comme c'est déjà arrivé.
M. Filion: Pour revenir à nos moutons, moi, je
suggère un mandat d'amener.
M. Marx: D'accord, on peut modifier cela.
M. Filion: Peut-être que les gens aux cours municipales
vont dire: Oui, mais vous ramenez encore l'individu devant le juge. Mais je
pense que cela en vaut la peine. Si vous êtes de mon avis - vous allez
étudier cela - je pense que cela vaut la peine de le ramener devant un
juge.
M. Marx: Si c'est trois jours en prison et qu'il n'est pas
condamné, on va l'amener, mais si on l'amène il ne faut pas le
lâcher parce qu'il sera introuvable une autre fois.
M. Filion: II faudrait, évidemment, attacher les fils sur
le plan juridique, parce qu'il ne s'agit pas d'échapper nos moineaux,
non plus.
M. Marx: Mais je pense que tel que rédigé cela veut
dire que la personne a toutes ses chances. Il ne faut pas exagérer, non
plus.
M. Filion: En tout cas, vous avez saisi mon point de vue. De
toute façon, il faut le trouver. Alors, pourquoi ne pas l'amener devant
le juge?
Le Président (M. Kehoe): Si je comprends bien, l'article
252 est suspendu. On va appeler l'article 253 concernant les maladies de la
pomme de terre.
Loi sur la prévention des maladies de la pomme
de terre
M. Marx: L'article 253 modifie l'article 22 de la Loi sur la
prévention des maladies de la pomme de terre.
M. Filion: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 254.
M. Marx: Cet article modifie l'article 30 de la même
loi.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M, Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 255.
M. Marx: L'article 255 modifie l'article 38 de la même
loi.
M. Filion: Ici, on substitue une présomption au
renversement du fardeau de la preuve. Adopté.
M. Marx: Renversement du fardeau de la preuve.
Le Président (M, Kehoe): J'appelle l'article 256.
Loi sur les producteurs agricoles
M. Marx: Cet article modifie l'article 41 de la Loi sur les
producteurs agricoles.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 257.
M. Marx: Cet article modifie l'article 43 de la Loi sur les
producteurs agricoles. Les articles 43 à 45 se retrouvent à
l'intérieur d'une section intitulée "Inspection". Or, dans ces
trois articles, il est question d'inspections et d'enquêtes, ce qui
apparaît peu compatible avec le but de la section. La modification
proposée à l'article 41 a pour but d'accentuer le
caractère objectif de l'inspection en prévoyant que celle-ci doit
avoir lieu à des heures raisonnables et en supprimant le terme
"enquêteurs".
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté.
J'appelle l'article 258.
M. Marx: Cet article abroge l'article 44 de la Loi sur les
producteurs agricoles. L'article 44 accorde aux enquêteurs et aux
inspecteurs les pouvoirs d'un commissaire-enquêteur pour les fins de
leurs enquêtes ou de leurs inspections. La modification proposée
abroge cet article. Les pouvoirs accordés ne sont pas requis dans le
cadre d'une inspection objective.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Article 259?
M. Marx: Cet article modifie l'article 45.
Le Président (M. Kehoe): II y a un amendement aussi.
M. Marx: Oui, il y a un amendement. Est-ce que les
députés ont reçu l'amendement?
L'article 45 est modifié et il y a un amendement qui se lit comme
suit: À l'article 259, insérer, après le paragraphe
2°, le suivant: "3° par l'insertion, dans la première ligne du
deuxième alinéa après le mot "requis", des mots
"s'identifier et". L'article 45 a pour objet d'interdire certaines manoeuvres
lors d'une enquête ou d'une inspection et d'obliger tout enquêteur
ou tout inspecteur à exhiber sur demande un certificat attestant sa
qualité. La modification proposée vise à supprimer toute
référence à une enquête ou à un
enquêteur. L'amendement que nous avons distribué précise
que dans des articles semblables du projet de loi 92 qui traitent de
l'inspection, on vise à prévoir l'obligation pour l'inspecteur de
s'identifier. C'est une précision qui se trouve dans d'autres articles.
Il doit s'identifier, il doit montrer sa "badge".
M. Filion: En ce qui concerne l'amendement, c'est adopté.
En ce qui concerne l'article 259 lui-même, j'attire votre attention, M.
le ministre, sur l'article 222 du projet de loi 92 que nous avons
déjà étudié. Pour la bonne compréhension de
nos travaux, je vais lire l'actuel article 45 qui n'est pas modifié par
le projet de loi 92. Il est écrit: "II est interdit d'entraver, de
quelque façon que ce soit, un inspecteur ou un enquêteur de la
régie dans l'exercice de ses fonctions, de le tromper ou de tenter de le
tromper par des réticences ou par des déclarations fausses ou
mensongères, de refuser de lui déclarer ses nom, prénoms
et adresse ou de négliger d'obéir à tout ordre qu'il peut
donner en vertu de la loi, des règlements ou ordonnances de la
régie." Évidemment le mot "enquêteur" est supprimé
dans ce texte à cause de la modification apportée par le projet
de loi 92. Mais cela ne change pas l'essentiel de l'article. Je remarque que,
uniquement dans le cas des fermiers, des agriculteurs, il y a deux lois qui les
concernent, soit ta Loi sur la mise en marché des produits agricoles et
la Loi sur les producteurs agricoles. Par les articles 222 et 259 du projet de
loi, on conserve dans ces deux lois un dispositif archispécial visant
à demander aux fermiers de ne pas tenter de tromper par des
réticences. L'inspecteur ou l'enquêteur.
M. Marx: M. le Président... (16 h 15)
M. Filion: Je termine, M. le ministre. Or, y ayant
réfléchi un peu, j'ai l'impression que tous ces articles
découlent d'une époque un peu révolue où l'on
considérait que les fermiers faisaient partie d'une catégorie
différente de citoyens, ou qu'ils étaient peut-être
têtus ou entêtés; ils ne voulaient pas collaborer plus que
d'autres catégories de citoyens aux enquêtes faites par
différents secteurs du pouvoir exécutif. On leur demande
beaucoup.
Dans la Loi sur la mise en marché des produits agricoles et dans
la Loi sur les producteurs aqricoles, on interdit de tenter de tromper par des
réticences. La première définition qu'on donne de
réticence - je pense que c'est le Petit Robert qu'on a consulté -
c'est le comportement et l'attitude. Imaginez vouloir obliger le fermier, par
son comportement et par son attitude, à ne pas tenter de tromper un
inspecteur, alors qu'on ne demande pas cela aux citoyens quand ils
reçoivent la visite d'un inspecteur de l'impôt ou à toutes
les autres catégories de citoyens visés par les 113 lois ou par
une infinité de lois qu'on a étudiées depuis le
début de nos travaux en commission parlementaire.
Je trouve un peu rétrograde de conserver ces dispositions dans la
loi actuelle. Je sais que vous m'avez dit la dernière fois: Je vais
consulter le ministre de l'Agriculture. Je suis convaincu que ce ministre, qui
est d'ailleurs avocat, va entendre raison et qu'il consentirait a
éliminer ces distinctions, peut-être pas discriminatoires, mais
superflues, inutiles et spécifiques aux agriculteurs, dans deux lois
dont il a la responsabilité.
Je le relis encore une fois, M. le ministre. Cela me frappe autant
aujourd'hui que cela me frappait la semaine dernière. Tenter de tromper
quelqu'un par des réticences, ce ne doit pas être drôle pour
une personne d'essayer de se défendre là-dessus.
M. Marx: Nous avons déjà fait ce débat, M.
le Président. Je suis prêt à répéter le
même débat, c'est facile.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que cela fera avancer les
travaux?
M. Marx: On ne sait jamais.
M. Filion: Le député de Mille-Îles vient
participer à nos travaux. Nos travaux avanceront...
M. Bélisle: Je suis toujours là, M. le
député de Taillon.
M. Filion: ...aussi par la qualité du travail que nous
ferons et pas seulement par la quantité des articles de loi que nous
étudierons. Quant à moi, j'aime mieux étudier 100 articles
de projet de loi qui se tiendront debout plutôt que d'en faire 400
à un rythme que certaines personnes aimeraient peut-être
avoir.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon, le ministre a déclaré que le débat a
déjà été fait sur ce principe. Est-ce qu'on reprend
le débat? Voilà la question à poser.
M. Filion: Je vais lui poser une question. Est-ce que le ministre
de la Justice a consulté le ministre de l'Agriculture depuis une
semaine?
M. Marx: J'ai fait plus que cela. Le Président (M.
Kehoe): Bon.
M. Marx: J'ai fait des choses. On a fait une étude et on
retrouve une disposition semblable dans beaucoup d'autres lois, dans une
quarantaine d'autres lois, même dans certaines lois adoptées par
le précédent gouvernement. La dernière loi sur les
coroners, comment l'ai-je laissée adopter quand j'étais dans
l'Opposition? Ai-je voté pour cet article quand j'étais dans
l'Opposition?
Le Président (M, Kehoe): Vous n'étiez pas
là, c'est certain.
M. Marx: De toute façon, la question qu'il faut se poser
à cette commission, c'est: Est-ce que l'article ou la disposition en
question va à l'encontre de la charte québécoise? Il faut
se poser la question à savoir si cela va à l'encontre de la
charte québécoise.
M. Filion: Mon point n'est pas de créer une infraction, M.
le ministre, d'entraver ou de tenter d'entraver le cours des enquêtes et
des inspections. Encore une fois, vous me citez è tort. Le projet 36,
Loi sur la recherche des causes et des circonstances des décès, a
été adopté alors que vous siégiez dans
l'Opposition. Je comprends pourquoi il a été adopté; je
trouve qu'il a beaucoup d'allure.
M. Marx: Oui, d'accord.
M. Filion: Dans ce cas-ci, on dit: d'entraver ou de tenter
d'entraver. Encore une fois, l'entrave et ta tentative d'entrave, cela existe.
Mais, ce qui n'existe pas, c'est de "tenter de tromper par des
réticences". Cela va beaucoup plus loin et ce n'est pas la même
chose pour moi.
M. Marx: Est-ce que cela va directement à l'encontre de la
charte? On n'est pas ici pour faire des modifications qui s'imposent ou qui
pourraient s'imposer dans toutes les lois du Québec, parce qu'on va
siéger des mois et des mois, si ce n'est des années et des
années. De toute façon, toutes les lois ne relèvent pas du
ministère de la Justice. On a essayé de mettre ces lois en
conformité avec la charte; on ne peut pas nous demander de faire plus.
C'est cela, notre mandat. En remplissant ce mandat, on peut trouver que
d'autres modifications pourraient s'imposer dans certaines lois; je veux bien
le faire, mais ce n'est pas notre mandat.
M. Filion: Une des premières choses que l'on m'a apprises
en droit criminel, à l'Université de Montréal, M. le
ministre de la Justice - je pense que vous avez enseigné à la
Faculté de droit de l'Université de Montréal un peu plus
tard - c'est qu'une personne a le droit de savoir de quoi elle est
accusée. Un acte d'accusation qui se lirait ainsi: "Jos Bleau, fermier
quelque part à Saint-Constant, a entravé une enquête en
tentant de tromper par des réticences", je me demande si... Je sais que
la charte des droits, je l'avais vérifié la dernière
fois...
M. Marx: Le juge va rejeter la plainte.
M. Filion: ...dit: "Toute personne a le droit en pleine
égalité à une audition publique et impartiale de sa
cause." Il faut au moins que cette personne sache quelle est sa cause.
M. Marx: Le juge va rejeter la plainte, tant mieux.
M. Filion: Est-ce que je pourrais en déduire
qu'aujourd'hui vous êtes réticent à ce que l'on discute de
cela? Non. Je ne pourrais sûrement pas dire cela. Alors, les
réticences...
M. Marx: Ce ne sont pas des réticences pour tromper, mais
ce sont des réticences parce que nous avons déjà fait ce
débat. Je comprends ce que le député souligne. Je ne
dirais pas qu'il a tort. Je pense que le
député a soulevé un point intéressant.
M. Filion: Vous disiez tantôt que vous avez fait deux
choses. Quelle est la deuxième?
M. Marx: Les deux choses. On a vérifié dans les
lois et on a trouvé d'autres exemples. On a vérifié si
cela va à l'encontre de la charte elle-même.
M. Filion: Écoutez, la dernière fois, on l'avait
adopté, cet article 222...
M. Marx: Sur division.
M. Filion: ...sur division. Et vous m'aviez dit: Je vais
écrire au ministre. Ce n'est pas nécessaire de le faire
aujourd'hui, mais demain ou après-demain, ce serait ban.
En deux mots, je suis convaincu que le ministre de l'Agriculture, qui
est avocat lui-même et qui a pratiqué le droit, serait sensible
à cet argument. D'autant plus encore une fois que, contrairement au bout
de recherche que j'ai vu, il ne me semble pas que cela existe dans d'autres
lois. Ce qui existe dans d'autres lois, c'est l'entrave. C'est clair,
l'entrave, c'est une infraction et cela existe partout.
M. Marx: Le député devrait comprendre que, si l'on
fait une modification dans une loi, si mineure qu'elle soit, il faut
vérifier dans toutes les lois et dans la loi que l'on modifie, qui peut
comporter environ cent articles. C'est un travail de quelques heures ou de
quelques jours. Je ne m'oppose pas à demander que ce soit fait, mais on
s'embarque dans une autre affaire. Or moi, j'ai le mandat de mettre cette loi
en conformité avec la charte. On a consulté tous les
ministères, comme je vous l'ai déjà expliqué, et je
ne peux pas aller plus loin que cela. Si on commence à tripoter les lois
en faisant des petites corrections ou modifications ici et là sans avoir
vu au complet toutes les lois et même la loi que l'on est en train de
modifier, on va se retrouver avec beaucoup d'erreurs plus tard. Comme cela, il
y a cohérence, même si la cohérence crée certains
problèmes dans certaines dispositions ici et là, c'est
inévitable. Le travail que le député me demande de faire,
c'est de vérifier s'il y a des mots ici et là qu'il faut changer
dans toutes les lois; c'est un travail énorme, cela. Il y a presque 500
lois publiques. On fait des erreurs quand on travaille comme cela.
M. Filion: Mais, écoutez, c'est ce qu'on est en train de
faire. Ce qu'on fait, c'est l'article 52 de la charte qui nous le demande- Les
articles 1 à 38 sont prépondérants; alors, on doit voir
à la prépondérance de ces articles.
M. Marx: C'est ce qu'on fait. M. Filion: Voici ma
question...
M. Marx: Cela ne va pas carrément à l'encontre de
la charte.
M. Filion: ...si vous voulez y répondre.
M. Marx: Oui.
M. Filion: L'ensemble des lois du Québec est
sûrement sur informatique? Donc, on peut rapidement, avec l'aide de ces
petites machines merveilleuses, faire sortir toutes les dispositions
pénales qu'on retrouve dans toutes les lois et faire ressortir de ces
dispositions pénales tous les endroits où pourraient se trouver
des dispositions semblables à celles que je soumets à votre
attention. En deux mots, avec l'informatique, ce n'est pas un travail bien
compliqué, maintenant, sur le plan législatif.
M. Marx: Ce n'est pas compliqué, mais je pense que j'ai
déjà expliqué ce point. On est dans ce projet de loi et on
ne peut pas commencer à refaire le travail chaque fois qu'on trouve une
disposition quelque part qui soulève un point intéressant. Donc,
adapté sur division, M. le Président.
M. Filion: Vous n'êtes pas d'accord?
M. Marx: Je ne peux pas faire encore de travail sur cela.
M. Filion: C'est parce que c'est vous qui dites sur division.
M. Marx: Je dis sur division parce que je sais que le
député est toujours cohérent avec lui-même.
M. Filion: Vous partagez mon paint de vue?
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que c'est adopté
tel qu'amendé?
M. Marx: À l'unanimité cette fois? Sur
division.
M. Filion: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 260.
M. Marx: L'article 260 modifie l'article 48 de la loi sur les
producteurs agricoles. Le paragraphe a de l'article 48 traite du pouvoir de
révision de la régie. Ce paragraphe reprend essentiellement le
contenu de l'article 89 de la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles, lequel a été modifié par l'article 216 du
projet de loi
92. La modification proposée a pour but de supprimer cet
alinéa puisque le pouvoir qui y est prévu est exercé par
la régie en vertu de la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles. Adopté, M. le Président'
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 260 est
adopté?
M. Filion: Je m'excuse, M. le Président, j'étais
tout oreilles à mon leader parlementaire adjoint. Or, le pouvoir de
révision, M. le ministre, est ailleurs dans la loi.
M. Marx: C'est cela. M. Filion: Parfait.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement 260.1.
M. Marx: Est-ce que le député a une copie de cet
amendement? Peut-être peut-on suspendre pour deux minutes pour donner
l'occasion au député de prendre connaissance de cet
amendement.
Le Président (M. Kehoe): Les travaux sont suspendus pour
deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 29)
(Reprise à 16 h 33)
Loi sur les produits agricoles, les produits marins et
les aliments
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre! J'appelle
l'article 260.1, tel qu'amendé. C'est un ajout.
Une voix: Non, ce n'est pas...
Le Président (M. Kehoe): Enfin, c'est un nouvel
article.
M. Marx: Le projet de loi est modifié par l'insertion,
avant l'article 261, du suivant: 260.1. L'article 5 de la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments est remplacé par le
suivant: "5. L'exploitant d'un abattoir ou d'une conserverie, le fabricant, le
préparateur, le conditionneur, le vendeur ou l'entreposeur d'aliments
doit éliminer sur-le-champ tout produit impropre à la
consommation humaine ou qui est altéré de manière à
le rendre impropre à la consommation humaine. Ces personnes doivent, de
la même façon, éliminer tout matériel malpropre ou
insalubre."
L'article 261 est modifié par le remplacement, dans les
première et deuxième lignes de la phrase introductive, des mots
et chiffres "la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments" par les mots "cette loi".
M. le Président, mes commentaires sont les suivants: L'article 5
se lit actuellement comme suit:...
M. Filion: II y a un projet de loi que je dois débattre
pour cinq minutes en Chambre.
M. Marx: Laissez-moi juste terminer. M. Fïlion:
D'accord.
M. Marx: L'article 5 se lit actuellement comme suit:
"L'exploitant d'un abattoir ou d'une conserverie, le fabricant, le
préparateur, le conditionneur, le vendeur ou l'entreposeur d'aliments
doit éliminer sur-le-champ tout produit altéré, impropre
à la consommation, ou autrement non conforme à la présente
loi ou aux règlements. Ces personnes doivent, de la même
façon, éliminer tout matériel défectueux, malpropre
ou insalubre, ou dont les règlements peuvent prohiber
l'utilisation."
L'amendement proposé apporte des ajustements à
l'obligation d'éliminer sur-le-champ tout produit altéré
ou autrement non conforme à la présente loi ou aux
règlements et à celle d'éliminer de la même
façon tout matériel défectueux dont les règlements
peuvent prohiber l'utilisation. L'amendement proposé vise à
limiter l'obligation de détruire un produit uniquement au cas où
celui-ci est impropre à la consommation humaine ou a été
altéré de manière à le rendre impropre à la
consommation humaine. De même, le matériel ne sera détruit
sur-le-champ que s'i! est malpropre ou insalubre.
Cette approche est semblable à celle qui a été
suivie dans l'article 33.8 de la Loi sur les produits aqricoles, les produits
marins et les aliments. L'amendement à l'article 261 est de nature
technique, compte tenu de l'insertion d'un nouvel article 260.1.
Le Président (M. Kehoe): Adopté? M. Filion:
Adopté. M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté tel
qu'amendé.
Une voix: Le nouvel article!
M. Marx: C'est très saqe de la part du
député de Taillon.
Le Président (M. Kehoe): La séance est suspendue
pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 42)
Le Président (M. Kehoe): II y a un amendement.
M. Marx: Il y a un amendement.
Le Président (M. Kehoe): II y a un amendement. Voulez-vous
le lire, M. le ministre?
M. Marx: L'article 261 modifie les articles 33 et 33.1 à
33.9 de la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments.
Ce sont des questions d'inspection, de saisie et de confiscation.
M. Filion: Pour se comprendre, M. le Président, combien y
a-t-il d'amendements à l'article 261 du projet de loi?
M. Marx: II y a un amendement en deux papillons.
M. Filion: J'ai seulement un papillon.
M. Marx: L'autre papillon va voler chez vous. Il est en train de
voler.
Le Président (M. Kehoe): II s'en vient.
M. Filion: Les amendements, c'est bien. Je vais regarder
l'article.
M. Marx: C'est technique.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que les amendements
à l'article 261 sont adoptés?
M. Filion: M. le Président, l'amendement a deux pages et
demie. Ce ne sera pas tellement long, j'achève.
Le Président (M. Kehoe): Les amendements sont-ils
adoptés?
M. Filion: Les amendements sont adoptés. J'ai dit d'accord
à cela tantôt. J'en suis à l'article 261. Ce ne sera pas
tellement long.
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Filion: J'aurais une remarque et une question.
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Filion: D'abord, j'attire votre attention sur l'article 33.3.
Vous vous souvenez du débat qu'on a eu. Lorsque la chose est saisie, et
le premier alinéa de l'article 33.3 est bien rédigé dans
ce cas-ci, on fixe un délai de 90 jours durant lequel une poursuite est
intentée. Donc, si on veut, on ferme le délai dans le temps
durant lequel une chose saisie peut être retenue par le saisissant.
J'attire votre attention là-dessus, encore une fois, uniquement pour
noter le cas que nous avons étudié la semaine dernière
où il n'y avait strictement aucun délai. Je crois bien d'ailleurs
que cet article est demeuré en suspens. C'est ma remarque.
Ma question vous paraîtra peut-être insignifiante, mais,
quand on parle de tribunal et de juge dans cette loi, est-ce qu'on parle
toujours d'un juge de la Cour des sessions de la paix ou d'un juge de la Cour
provinciale?
M. Marx: On parle de tout juge compétent.
M. Filion: Oui, mais qui est-il?
M. Marx: Cela dépend.
M. Filion: Quelle est l'instance?
M. Marx: Normalement, c'est un juge de la Cour des sessions de la
paix, mais ce pourrait être un juge de la Cour provinciale qui
siège comme juge à la Cour des sessions de la paix.
M. Filion: Dans ce cas-ci, je voudrais savoir s'il existe un
tribunal pour disposer de ces cas particuliers.
M. Marx: Non.
M. Filion: À ma connaissance, il n'y en a pas.
M. Marx: Non, il n'y a pas de tribunal exprès.
M. Filion: Donc, ce sont les tribunaux ordinaires qui disposent
de ces demandes.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Les modifications que vous proposez, M. le ministre,
vont beaucoup plus loin dans ce cas-ci que la charte des droits ne l'exige. Je
crois comprendre que c'est probablement à la suite d'une consultation
que vous avez menée avec le ministère concerné. Ils vous
ont demandé de modifier les pouvoirs des enquêteurs ou des
inspecteurs. C'est cela?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Je crois que tout cela s'explique parce qu'il s'agit
de la nourriture qu'on consomme tous les jours. Il faut être un peu plus
prudent. Alors, article 261, adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 261.1. C'est un nouvel
article.
M. Marx: L'article 261.1 eat modifié par l'insertion, dans
la première ligne du deuxième alinéa et après le
mot "demande", des mots "s'identifier et". L'article 36 prévoit
l'obligation pour l'inspecteur d'exhiber son certificat attestant sa
qualité. L'amendement proposé a pour but d'ajouter l'obligation
de s'identifier, comme cela a été fait dans plusieurs articles
traitant des pouvoirs d'inspection. C'est un nouvel article. D'accord?
M. Filion: Vous parlez de quel article, M. le ministre?
Le Président (M. Kehoe): Article 261.1.
M. Marx: Article 261.1.
M. Filion: C'est un amendement.
M. Marx: L'obligation de s'identifier. C'est un papillon.
M. Filion: Pardon?
Le Président (M. Kehoe): C'est un amendement.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 262.
M. Marx: L'article 262 modifie l'article 53 de la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments. L'article 53
prévoit que la preuve d'une infraction à la loi qui a
été commise par une personne à l'emploi d'un exploitant
constitue une preuve concluante que l'infraction a eu lieu avec l'autorisation
et sous la direction de celui-ci. La modification proposée a pour objet
de rétablir un fardeau de preuve plus acceptable qui permettra à
un exploitant de présenter une preuve contraire et de soulever un doute
raisonnable. La dernière fois que j'ai vu les mots "preuve concluante"
c'était dans la loi sur les mesures de guerre...
Le Président (M. Kehoe): Provocatif.
M. Marx: ...dans un état d'urgence, ce sont les mots.
M. Filion: II y a eu effectivement une loi sur les mesures de
guerre. Le problème, c'est de savoir s'il existait une situation
d'urgence. Je pense que l'histoire est en train de démontrer...
M. Marx: Prochaine séance ou séance
subséquente.
M. Filion: Je suis en train de relever, M. le Président,
les propos de...
M. Marx: J'ai pris les mots.
M. Filion: Je pense qu'il a raison de soulever que la loi sur les
mesures de guerre comportait...
Le Président (M. Kehoe): Nous sommes à l'article
262.
M. Filion: Existe-t-elle encore cette loi, non?
Le Président (M. Kehoe): 262, oui.
M. Marx: ...l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Kehoe): Oui. Est-ce que l'article...
M. Filion: Est-ce que vous avez fait pression auprès de
votre collègue pour faire disparaître cette loi du
répertoire législatif canadien?
M. Marx: Je vais envoyer une boîte avec tous mes
écrits sur ce sujet au député de Taillon.
Le Président (M. Kehoe): La pertinence, M. le ministre!
L'article 262, M. le député de Taillon.
M. Filion: ...ministre de la Justice fédéral, c'est
surtout lui qui a cette responsabilité.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Marx: Je vais envoyer toutes mes coupures de presse et tous
mes écrits sur ce sujet au député de Taillon.
Le Président (M. Kehoe): Dans deux camions.
M. Marx: Un petit camion, ce sera assez.
M. Filion: Je vais vous envoyer une copie des plaidoiries que je
faisais devant les juges qui avaient à appliquer cette loi et ce
n'était pas du joli.
Le Président (M. Kehoe): La pertinence! Article 262.
M. Filion: On est pertinents, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Je ne vois pas cela
jusqu'à maintenant.
M. Filion: Comme le disait le ministre de la Justice, les mots
que vous retrouvez à l'article 53, deuxième alinéa, c'est
"preuve concluante". Ce genre de preuve concluante n'existait pas ailleurs,
dans le droit, à notre connaissance, que dans la loi sur les mesures de
guerre, comme l'a souligné le ministre. Ceci dit, nous sommes d'accord
avec l'adoption de cet article.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 263.
M. Marx: Cet article modifie l'article 54 de la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments. L'article 54
prévoit que la preuve qu'un produit n'est pas destiné à la
vente ou que la fourniture de services relatifs à un produit n'est pas
exécutée moyennant rémunération incombe à la
personne qui en a la détention. La modification proposée vise
à alléger le fardeau de la preuve imposé au citoyen et
à préciser le contexte de la détention du produit.
M. Filion: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article...
M. Filion: Avant que vous n'appeliez l'autre article - je pense
que cela va bien pour ces articles - il y a juste un point d'interrogation,
dans mon esprit, sur l'article 261 qui avait deux pages et demie. Je ne veux
pas retarder inutilement la commission. Est-ce que le ministre me permettrait
de revenir sur cet article le cas échéant, lorsque j'aurai fait
une vérification?
M. Marx: On peut faire cela n'importe quand, M. le
Président. Cela nous fera beaucoup de plaisir d'entendre le
député sur ces articles à un autre moment.
Le Président (M. Kehoe): C'est une ouverture d'esprit
extraordinaire.
M. Filion: Non pas qu'il soit uniquement suspendu, mais que
l'Opposition pourra revenir sur cet article peut-être plus tard.
M. Marx: Vous pourrez toujours y revenir avant que l'on termine
l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 264.
M. Marx: Cet article modifie l'article 55 de la même loi.
L'article 55 crée une présomption irréfragable et par le
fait même empêche toute défense ou excuse. La modification
proposée vise à permettre une preuve contraire et respecte le
droit de toute personne à une défense pleine et
entière.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon, est-ce que l'article 264 est adopté?
M. Filion: Finalement, au point de vue pratique et concret,
devant un tribunal, quelle est la différence entre l'article 55 actuel
et l'article 55 proposé, pour ce qui est de la terminologie?
M. Marx: C'est dans les mots "en l'absence de toute preuve
contraire".
M. Filion: D'accord, parfait. Adopté.
Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 265. Il y a
un amendement.
M. Filion: Encore!
Le Président (M. Kehoe): L'article 265 de ce projet de loi
est retiré. Cet article...
M. Filion: Comment? Je m'excuse. (17 heures)
M. Marx: L'article 265 du projet de loi est retiré vu la
présomption, au cours de cette même session parlementaire, d'un
projet... Je recommence, M. le Président: Vu la présentation, au
cours de cette même session parlementaire, d'un projet de loi modifiant
la Loi sur les produits laitiers et leurs succédanés. Puisque ce
projet de loi apporte des modifications à l'article 48 modifié
par l'article 265 du projet de loi 92, il a été jugé
préférable sur le plan législatif de retirer l'article 265
du projet de loi 92, afin qu'il soit introduit dans le projet de loi
présenté par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
M. Filion: Ce projet de loi a-t-il été
déposé en Chambre?
M. Marx: Oui.
M. Filion: II porte quel numéro? II a été
déposé par le ministre de l'Agriculture?
M. Marx: Oui.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 266.
Loi sur la propriété des
bicyclettes
M. Marx: Cet article modifie l'article 4
de la Loi sur la propriété des bicyclettes. La
modification proposée prévoit que l'inspection dans les
établissements où se fait le commerce des bicyclettes
usagées devra se faire à une heure raisonnable.
Le Président (M. Kehoe): L'article 266 est adopté.
J'appelle l'article 267.
Loi sur la protection de la jeunesse
M. Marx: Cet article modifie l'article 25 de la Loi sur la
protection de la jeunesse. La modification proposée énonce les
conditions auxquelles les membres et les employés du Comité de la
protection de la jeunesse devront se conformer pour pénétrer aux
fins d'une enquête dans un lieu où se trouve un enfant dont la
sécurité et le développement sont compromis. Sauf en cas
d'urgence, ils devront être autorisés par un juge de paix qui
pourra fixer les conditions dans son autorisation.
M. Filion: Le ministre connaît l'intérêt que
je porte au Comité de la protection de la jeunesse. C'est avec beaucoup
de bonheur que j'ai retrouvé dans le projet de loi 92 les articles
ajustant les pouvoirs d'enquête des membres du Comité de la
protection de la jeunesse à l'ensemble de la Charte des droits et
libertés de la personne. Alors, nous sommes d'accord pour adopter cet
article.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 268.
M. Marx: Cet article modifie l'article 26 de la Loi sur la
protection de la jeunesse. La modification proposée a pour objet
d'indiquer qu'un membre ou un employé du Comité de la protection
de la jeunesse qui désire pénétrer dans un
établissement pour consulter le dossier d'un enfant devra le faire
à une heure raisonnable.
Le Président (M. Kehoe): Adopté? M. Filion:
Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 269.
M. Marx: Cet article modifie l'article 26 de la Loi sur la
protection de la jeunesse.
M. Filion: Adopté.
M. Marx: Cela modifie...
Le Président (M. Kehoe): L'article 269 est-il
adopté?
M. Marx: Oui, cela ajoute un article, l'article 26.1.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 270, où il y a un amendement.
M. Marx: L'amendement proposé a pour objet d'introduire
une distinction entre le pouvoir de rechercher et d'amener devant le directeur
de la protection de la jeunesse un enfant qui a fait l'objet d'un signalement
ou dont on a un motif de croire que la sécurité et le
développement sont compromis et, deuxièmement, pouvoir de
pénétrer dans un lieu afin de rechercher et d'amener un tel
enfant devant le directeur de la protection de la jeunesse. L'exercice de l'un
et de l'autre de ces pouvoirs sera soumis à l'attention...
M. Filion: Pardon, je n'ai pas compris la fin.
M. Marx: L'exercice de l'un et l'autre de ces pouvoirs sera
soumis à l'autorisation d'un juge de paix d'amener l'enfant soît
devant le directeur de la protection de la jeunesse soit... C'est cela, dans
les deux cas.
M. Filion: Ma première question. Quelle est la
différence entre le papillon que vous déposez cet
après-midi et la modification proposée dans le projet de loi 92?
Quelle est la différence entre le papillon que vous nous remettez
maintenant et qui remplace tout l'article 270 du projet de loi et l'article 270
tel qu'il était originalement exposé ou décrit dans le
projet de loi 92?
M. Marx: C'est une question de rédaction. L'article 35.2
est nouveau. Le pouvoir de pénétrer est plus loin dans
l'amendement.
M. Filion: Est-ce que le pouvoir de pénétrer
lui-même va plus loin que dans l'amendement?
M. Marx: C'est cela. Même contenu.
M. Filion: Uniquement sur le plan rédactionnel. L'article
35.2, pour plus de clarté, va distinguer...
M. Marx: II est plus clair.
M. Filion: Est-ce que le Comité de la protection de la
jeunesse a été consulté à ce sujet?
M. Marx: Oui, M. le Président. Ils sont d'accord.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): L'article 270 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 271...
M. Marx: ...
Le Président (M. Kehoe): Nous sommes obligés de
suspendre !a séance... Pour cinq minutes? Combien de temps allez-vous
prendre, sérieusement?
M. Filion: De cinq à dix minutes. M. Marx: II n'y a
pas de problème.
Le Président (M. Kehoe): I have heard that before.
(Suspension de la séance à 17 h 10)
(Reprise à 17 h 30)
Le Président (M. Kehoe): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Êtes-vous prêts?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Kehoe): Je déclare la
séance ouverte. J'appelle 271.
Une voix: Oui, merci.
Le Président (M. Kehoe): II n'y a pas d'amendement.
M. Marx: L'article 271 modifie l'article 36 de la Loi sur la
protection de la jeunesse. La modification proposée a pour objet
d'indiquer que le directeur de la protection de la jeunesse ou une personne
à son emploi qui désire pénétrer dans un
établissement afin de consulter le dossier d'un enfant devra le faire
à une heure raisonnable.
Adopté, M. le Président?
M. Filion: II y aurait une question cependant, M. le ministre. Je
comprends qu'il faut toujours entrer dans les heures raisonnables et tout cela,
mais là on parle, à mon sens... Vous savez ce que je pense de la
Loi sur la protection de la jeunesse et de l'importance du rôle des
membres du Comité de la protection de la jeunesse. Dans certains cas, il
peut y avoir des situations d'extrême urgence où il est
nécessaire, par exemple, de retracer le dossier d'un enfant, soit le
dossier psychiatrique d'un enfant, soit le dossier concernant ses
antécédents médicaux ou, encore une fois, psychiatriques
ou ses antécédents familiaux, etc.
Je me demande ici si on n'est pas confronté... Je comprends qu'il
faut toujours pénétrer à une heure raisonnable, mais
étant donné qu'il peut y avoir des situations d'extrême
urgence, dans ces cas-là, en ce qui concerne la protection de la
population la plus démunie qui soit au Québec,
c'est-à-dire les enfants qui sont victimes d'abus ou qui sont soumis
à de mauvais traitements physiques, je me demande si ici c'est vraiment
nécessaire d'introduire cette notion d'heure raisonnable. Supposons que
les membres du Comité de la protection de la jeunesse sont en train de
faire enquête sur un enfant, qu'ils ont besoin d'information et il est 21
heures le soir et on dit: On va attendre au lendemain matin pour
connaître les antécédents de l'enfant. Je suis un peu
partagé, je dois le dire honnêtement, dans ce cas-ci, entre les
implications de la charte et, d'un autre côté, notre devoir de
faire le maximum pour protéger ce qui est la clientèle la plus
démunie, carrément.
Au même titre, on parlait la semaine dernière des malades
et des souffrants, etc. Pour moi, un enfant qui est victime d'abus physiques ou
sexuels est à peu près dans la même situation. La
société se doit de réagir promptement et rapidement. Je me
demande, dans ce cas-ci, si cette notion d'heure raisonnable n'est vraiment pas
déplacée. J'aurais peur un peu. Cela empêche, dans certains
cas, des agents de la paix, des membres du Comité de la protection de la
jeunesse, des travailleurs sociaux ou toute autre personne autorisée en
vertu des articles 32 et 33 de la Loi sur la protection de la jeunesse... Cela
ne limiterait pas quand on connaît l'importance, dans certains cas, des
heures... Pensons seulement, par exemple, à ce qu'on voit de temps en
temps dans les journaux, des parents déprimés. Un père ou
une mère déprimé qui décide de passer à la
décision ultime de mettre fin à ses jours et qui décide de
mettre fin aux jours de ses enfants, de son épouse ou de son
époux, le cas échéant, en même temps. Ces
choses-là se passent rapidement. Si un travailleur social est sur une
piste ou un enquêteur du Comité de la protection de la jeunesse ou
un agent de la paix, peu importe, est-ce qu'il n'y a pas là une
matière à exception?
M. Marx: M. le Président, je pense que le
député a mal compris l'article, parce qu'à l'article 36 on
dit: Pénétrer à toute heure raisonnable dans un
établissement, afin de consulter sur place le dossier. Mais, pour sortir
l'enfant d'une situation impossible, c'est l'article 35.2 que nous
utilisons.
M. Filion: Oui, je le sais.
M. Marx: C'est seulement pour obtenir le dossier.
M. Filion: Je le sais, mais pourquoi limiter l'accès au
dossier, dans ces cas-là, aux heures raisonnables? C'était le
sens... Je sais qu'il y a une différence. Je ne parle pas du membre du
Comité de la protection de la jeunesse qui irait sortir l'enfant - il
peut aller le sortir n'importe quand - mais supposons qu'il est en train de
faire une
enquête et qu'il a besoin de consulter un dossier...
M. Marx: À trois heures du matin.
M. Filion: ...à trois heures du matin, cela peut arriver.
Si cela peut sauver des...
M. Marx: II faut que les personnes qui gèrent les
dossiers... Avec le consentement, il peut le faire. Il peut le faire à 2
h 30 du matin avec le consentement des personnes dans l'établissement.
Ce n'est pas défendu. Nous avons consulté le ministère de
la Santé et des Services sociaux et il n'y a pas de problème.
M. Filion: Je me demande si on n'est pas en train, en deux mots,
de tenter de fonctionnariser ce qui ne devrait pas l'être, à
savoir la protection de la jeunesse. Toute cette notion d'heure raisonnable
pour aller chercher un dossier...
M. Marx: Non, non. C'est pour pénétrer et
inspecter...
M. Filion: À toute heure raisonnable, pour un
fonctionnaire, dans bien des cas, cela veut dire entre 9 heures et 17
heures.
M. Marx: Non, cela veut dire que...
M. Filion: Dans bien des cas; je ne veux pas dire dans tous les
cas. Mais, dans bien des cas, cela veut dire entre 9 heures et 17 heures. Dans
ce cas-ci, est-ce que la limite n'est pas un peu inutile, sachant de toute
façon que c'est uniquement dans les cas d'urgence que cela peut se
présenter? Est-ce nécessaire, dans ce cas-ci, d'introduire cette
notion d'heure raisonnable?
M. Marx: II s'agit de pénétrer à toute heure
raisonnable et de consulter sur place. Il ne s'agit pas de savoir s'il veut le
faire, ce n'est pas cela la question. Il peut avoir le consentement et la
personne va lui ouvrir la porte, elle le recevra et ainsi de suite. Il n'y a
pas de problème.
Ce n'est pas comme si les établissements travaillaient à
l'encontre du directeur de la protection de la jeunesse.
M. Filion: Ce n'est pas ce que je dis. Je ne prétends pas
cela non plus.
M. Marx: Tout le monde nous a dit qu'il n'y a pas de
problème avec cet article. Les légistes du gouvernement ont
consulté tout le monde.
M. Filion: Si on relit l'article 36 tel que vous le
proposez...
M. Marx: "Malgré l'article 7 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, lorsque le directeur retient le
signalement de la situation d'un enfant victime d'abus sexuels ou soumis
è des mauvais traitements physiques ou dont la santé physique est
menacée par l'absence de soins appropriés, il peut, de même
que toute personne qui agit en vertu des articles 32 ou 33,
pénétrer à toute heure raisonnable dans un
établissement afin de consulter sur place le dossier constitué
sur cet enfant et tirer des copies de ce dossier. Sur demande,
l'établissement doit transmettre au directeur une copie de ce
dossier".
M. Filion: La partie importante de cet article, c'est "lorsque le
directeur retient le signalement de la situation d'un enfant victime d'abus
sexuels ou soumis à des mauvais traitements physiques ou dont la
santé physique est menacée par l'absence de soins
appropriés".
On n'est pas seulement devant des cas hypothétiques. On est dans
des cas où le directeur a retenu le signalement de la situation d'un
enfant victime d'abus sexuels ou soumis à des mauvais traitements
physiques ou dont la santé physique est menacée par l'absence de
soins appropriés. Ce n'est pas seulement un cas hypothétique, ce
sont des situations qui sont bien définies,
M. Marx: Oui, mais l'enfant est déjà pris en
charge.
M. Filion: Pas toujours. M. Marx: Rien oui!
M. Filion: Pas toujours, M. le ministre. Lorsqu'il retient...
M. Marx: II peut sortir l'enfant. Il ne s'agit pas de ne pas
sortir l'enfant ici, il s'agit de voir le dossier. Ce n'est pas l'enfant qui
est en cause, c'est le dossier.
M. Filion: Je suis d'accord. Mais l'enfant n'est-il pas toujours
pris en charge au stade de l'article 36, sauf erreur?
M. Marx: Ici, il n'est pas question de prendre l'enfant en
charqe, c'est de consulter le dossier.
M. Filion: Je suis d'accord, mais je me demande pourquoi.
M. Marx: Pour un hôpital qui est ouvert 24 heures sur 24,
j'imagine que n'importe quelle heure peut être une heure raisonnable. Si
les dossiers sont dans le coffre...
M. Filion: Oui, mais, si c'est pour enrichir la connaissance des
enquêteurs chargés de protéger la jeunesse, "heure
raisonnable" n'a pas beaucoup de signification pour moi.
M. Marx: Pour consultation...
M. Filion: Si les membres du comité ont jugé bon de
faire cette démarche à 18 h 30 plutôt qu'à 16 h
58...
M. Marx: Si le préposé aux dossiers n'est pas
là.
M. Filion: On se débrouille. C'est cela justement, M. le
ministre de la Justice...
M. Marx: Se débrouiller pour faire quoi?
M. Filion: ...essayer de "défonctionnariser", essayer
d'humaniser un petit peu l'administration de l'État. Je comprends, on
est là et qu'est-ce qui arrive si le préposé au dossier
n'est pas là?
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: On parle d'un enfant dont...
M. Marx: ... Tous les gens qui consultent ces dossiers nous
disent, les juristes au ministère qui ont été
consultés nous disent que cela ne pose aucun problème. Pour le
député de Taillon, cela pose un gros problème. Je vais
écouter qui? Le député de Taillon ou qui?
M. Filion: C'est vous qui êtes responsable de la Loi sur la
protection de la jeunesse, ce n'est pas la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Marx: Non.
M. Filion: C'est vous qui êtes responsable du Comité
de la protection de la jeunesse.
M. Marx: C'est cela, voilà, pas de la loi.
M. Filion: Comme je le disais tantôt -non pas de la loi du
Comité de la protection de la jeunesse. Mais, en tant que jurisconsulte
du gouvernement, vous êtes responsable de bien des lois, dont
celle-là aussi. Quand on parle du Comité de la protection de la
jeunesse, on ne parle pas de votre collègue, on parle de vous. Vous
savez l'importance qu'il faut apporter à ces questions. Bien
au-delà de l'impression de brochures pour informer les gens du
rôle du Comité de la protection de la jeunesse, je pense qu'il est
plus important d'être cohérent dans nos lois et d'essayer de temps
en temps de tenir compte des situations telles que vécues sur le
terrain.
M. Marx: Je pense que ce sont des pouvoirs d'inspection. On a mis
cela dans toutes les lois. Le député était d'accord...
M. Filion: Je sais qu'on l'a mis dans toutes les lois.
M. Marx: ...avec toutes les lois. M. Filion: Je le sais.
Oui.
M. Marx: J'aimerais qu'il reste cohérent avec
lui-même.
M. Filion: Je suis très cohérent, mais je pense
qu'ici on est dans une situation où il y a peut-être deux droits
qui s'affrontent.
M. Marx: Quels droits?
M. Filion: Le droit de notre jeunesse la plus fragile à
être protégée rapidement et adéquatement et en
dehors des heures d'ouverture et le droit aux heures raisonnables pour les
préposés. Encore là, il ne s'agit pas de saisies et de
perquisitions. Et c'est dans des établissements. Cela n'a rien à
voir avec le processus judiciaire, entre vous et moi. Cela n'a rien à
voir avec le processus judicaire que de pénétrer à
l'hôpital du Sacré-Coeur pour avoir le dossier du père ou
de la mère ou de la famille de l'enfant qui est en pleine crise
aiguë de névrose à un tel autre hôpital. Il faut
sortir un peu des sentiers battus. Pour moi, c'est notre responsabilité.
Les gens nous ont élus pour s'occuper d'eux. Quant aux heures
d'ouverture des établissements et au préposé aux dossiers
de l'hôpital du Sacré-Coeur, la personne qui sera là ira
aux dossiers, elle prendra la clef, elle ouvrira la porte; il fera sa
photocopie et il s'en ira chez lui.
M. Marx: Un grief serait déposé par le
syndicat.
M. Filion: II n'y aura pas de grief de déposé. Les
gens le savent dans ce milieu.
M. Marx: II y a la confidentialité des dossiers. Ce n'est
pas tout le monde qui peut aller fouiller dans les dossiers.
M. Filion: Oui mais cela est déjà
réglé. On dit: "Malgré l'article 7 de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux... L'article 7 de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux, c'est
précisément l'article qui concerne la confidentialité
des...
M. Marx: N'importe qui n'a pas accès aux dossiers.
M. Filion: Non, c'est d'accord. Je ne veux pas changer cela non
plus.
M. Marx: Mais vous avez dit: Quiconque est là va prendre
les clefs et va chercher le dossier.
M. Filion: Non, vous vous trompez. Vous parlez du
préposé aux dossiers. Il n'est pas à l'article 7. Est-ce
qu'on a l'article 7?
M. Marx: II faut qu'il y ait dans un établissement
quelqu'un qui gère les dossiers.
M. Filion: Non, mais cela n'a rien à voir avec l'article
7.
M. Marx: On ne peut pas dire au portier: Le préposé
n'est pas ici, venez avec moi, j'ai retrouvé la plainte.
M. Filion: II y a toujours une autorité dans n'importe
quel hôpital, 24 heures par jour.
M. Marx: Oui, mais cela ne cause de problème à
personne sauf au député de Taillon.
M. Filion: M. !e ministre, c'est notre responsabilité de
penser à la population directement, de temps en temps. Les gens, cela me
concerne et cela m'importe. Parfois, il se peut que toutes les personnes
concernées, dans tous les ministères, soient d'accord avec une
chose, mais c'est justement notre rôle, de temps en temps, de regarder
cela pour voir les conséquences concrètes sur les gens. (17 h
45)
L'article 7 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux dit ceci... C'est la confidentialité, cela n'a rien à
voir avec notre débat. C'est toute la question de la
confidentialité des dossiers médicaux des
bénéficiaires dans un établissement. C'est pour cela que
l'on dit: Malgré l'article 7. Car on parle de protection de la jeunesse.
Donc, quand c'est un cas de protection de la jeunesse, à ce
moment-là, on passe outre à la confidentialité des
dossiers, pour protéger nos jeunes, et c'est normal.
J'ai juste un dernier argument, si vous voulez m'écouter, M. le
ministre. C'est vrai qu'on l'a introduit souvent "pénétration
à toute heure raisonnable", mais dans des procédures qui se
révélaient généralement contentieuses, en ce sens
que ce sont des pouvoirs d'inspection ou d'enquête chez
différentes catégories de citoyens. Ici, on parle d'un
établissement qui fait partie du réseau des affaires sociales. Le
pouvoir, aux articles 32 et 33, est confié aux membres du Comité
de protection de la jeunesse et aux enquêteurs. Il n'y a pas de litige
là-dedans. Il n'y a pas d'affrontement. Il n'y a pas d'opinion
contraire. C'est simplement une procédure tout à fait
bureaucratique, allais-je dire.
M. Marx: C'est cela, oui.
M. Filion: À l'article 33 dont je parlais, c'est le
directeur de la protection de la jeunesse et les membres du personnel du
DPJ.
Le Président (M. Dauphin): Avez-vous terminé, M. le
député de Taillon? Est-ce que l'article 271 est
adopté?
M. Marx: Oui, sur division. De toute façon...
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
M. Filion: M. le Président, M. le ministre est en train
de...
M. Marx: Oui, quelqu'un m'a suggéré la situation
d'un établissement privé. Supposons que c'est durant la nuit...
Je veux défendre l'enfance au même degré que le
député de Taillon.
M. Filion: ...
M. Marx: On peut peut-être demander au député
de Taillon de faire ses propres vérifications. Il va voir que cela ne
pose pas de problème à qui que ce soit. Je pense qu'on ne peut
pas présumer que les personnes que nous avons consultées dans le
réseau ne veulent pas protéger les enfants. Ce serait aberrant de
penser cela. Cela ne cause pas de problème à qui que ce soit.
Tout le monde est d'accord et...
M. Filion: M. le ministre, est-ce que cela cause des
problèmes dans la formulation?
M. Marx: Si on enlève la formulation, il va...
M. Filion: Si on enlève les mots "à toute heure
raisonnable", cela causerait des problèmes?
M. Marx: C'est un pouvoir d'inspection; ce n'est pas un pouvoir
de saisir. Quand c'est un pouvoir de saisir, c'est différent, on ne met
pas "à toute heure raisonnable".
M. Filion: C'est un pouvoir d'inspection. M. Marx: C'est
cela.
M. Filion: Mais d'inspection d'un dossier. Ce n'est pas un
pouvoir d'inspection chez un individu ou dans une maison. C'est un pouvoir
d'inspection dans un établissement gouvernemental. Ce n'est pas d'aller
visiter le fermier ou...
M. Marx: Ce n'est pas gouvernemental,
cela peut être un établissement privé.
M. Filion: Oui, mais cela fait partie du réseau. Il me
semble que le gros bon sens, dans le fond, ce que la population veut, c'est que
cela bouge un peu quand c'est nécessaire. Alors, pourquoi faire des
limites? Avant d'être ministre, on est député.
M. Marx: On ajoute: sauf en cas d'urgence.
M. Filion: Parfait.
M. Marx: J'espère que vous allez bien dormir
après.
M. Filion: Cela ne m'aurait pas empêché de dormir de
toute façon, M. le ministre, maïs cela va.
M. Marx: On va écrire: Pénétrer à
toute heure raisonnable dans un établissement afin de consulter sur
place les dossiers... À la fin on ajoutes sauf en cas d'urgence.
À pénétrer à toute heure raisonnable, sauf en cas
d'urgence. D'accord?
M. Filion: Parfait.
M. Marx: On va donner un papillon à Mme la
secrétaire. Adopté tel que modifié? On donne un papillon
à Mme...
M. Filion: Adopté. M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté, tel
qu'amendé. J'appelle maintenant l'article...
M. Marx: Qu'est-ce que je ne ferais pas pour le
député de Taillon!
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
L'article 272, tout en vous signalant qu'il y a un amendement. L'avez-vous
tous?
M. Marx: J'aimerais signaler au député de Taillon
que je n'étais pas convaincu. Comme cela ne changerait vraiment rien, on
fait cela.
M. Filion: Mais les lois que l'on adopte, M. le ministre... Je ne
suis pas d'accord avec, je vous l'ai déjà dit...
M. Marx: Mais le député de Taillon connaît
bien le réseau...
M. Filion: C'est une attitude un peu désinvolte, cela ne
changera rien... Il suffirait d'un cas pour moi, c'est assez.
M. Marx: Pour moi aussi.
M. Filion: Pas besoin d'en avoir 25 par jour.
M. Marx: Le député...
M. Filion: Un cas dans un mandat pour moi c'est assez.
M. Marx: Pour moi aussi.
M. Filion: Si jamais il y a un membre du Comité de la
protection de la jeunesse qui pourrait agir et intervenir un peu plus
rapidement dans un cas à cause de la modification que vous avez
apportée, je serai satisfait.
M. Marx: Ce n'est pas le Comité de la protection de la
jeunesse.
M. Filion: Oui, oui. Le département de la protection de la
jeunesse, pardon.
M. Marx: Lorsque le directeur...
M. Filion: Le directeur ou le personnel.
M. Marx: C'est le DPJ, ce n'est pas le comité.
Voilà.
M. Filion: Adopté.
M. Marx: L'article 272.
Le Président (M. Dauphin): On procède sur
l'amendement en premier, M. le ministre?
M. Marx: Oui, oui, adopté.
M. Filion: Adopté. L'article, tel que modifié, est
adopté.
M. Marx: Adopté. Parfait.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 273.
Loi sur la protection de la santé
publique
M. Marx: Cet article modifie l'article 12 de la Loi sur la
protection de la santé publique. En vertu de l'article 15 de la Loi sur
la protection de la santé publique, un juge peut décréter
que la personne qui souffre vraisemblablement d'une maladie visée par
les articles 8 ou 10 de cette loi soit transportée dans un
établissement pour y être immunisée.
La modification proposée à l'article 12 de cette loi vise
à restreindre ou à encadrer l'intervention subjective du juge en
imposant l'existence d'un motif raisonnable de croire que la personne
concernée ne respecterait pas l'ordonnance judiciaire et en situant
cette intervention dans un contexte où la séquence des
événements apparaît plus logique.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M, Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 274.
M. Marx: L'article 274 modifie l'article 15 de la Loi sur la
protection de la santé publique. La suppression de cet article est
rendue nécessaire par la modification apportée à l'article
12. On abroge donc cet article.
M. Filion: C'est de concordance.
Le Président (M. Dauphin): L'article 274 est
adopté. J'appelle l'article 275.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce qu'on
poursuit avec l'article 277?
M. Filion: Est-ce que vous appelez l'article 276?
Le Président (M. Dauphin): L'article 276 est
adopté.
M. Marx: L'article 275 est adopté. L'article 276 est-il
adopté lui aussi?
Le Président (M. Dauphin): L'article 276 était
déjà adopté, M. le ministre.
M. Marx: D'accord. Ensuite?
Le Président (M. Dauphin): L'article 277, si on suit la
chronologie.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): ...le député de
Jonquière.
M. Filion: On avait adopté l'article 276 presque par
erreur.
M. Marx: C'est le député de Jonquière qui
était venu.
M. Filion: Je m'en souviens. C'était presque par
erreur.
M. Marx: Le conseil régional. D'accord? L'article 277.
Le Président (M. Dauphin): L'article 277?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
J'appelle l'article 278. M. Marx: Adopté.
M. Filion: Je vérifie mes notes, M. le Président.
Ce ne sera pas long.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. Marx:
D'accord.
Le Président (M. Dauphin): L'article 278 est
adopté. J'appelle l'article 279.
M. Filion: Voilà un autre exemple. Une voix: J'ai
des réticences.
M. Filîon: Et celui-ci est un bon exemple. Tantôt, ce
n'était pas bon mais maintenant vous avez un bon exemple.
Le Président (M. Dauphin): Y a-t-il des commentaires sur
l'article 279?
M. Filion: On ne recommencera pas le débat, je vais vous
dire que je ne suis pas plus d'accord dans ce cas-ci que dans l'autre cas;
alors, sur division.
M. Marx: Non, ce serait la troisième fois. Sur division,
merci.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
L'article 280?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 281.
Loi sur la protection des plantes
M. Marx: II modifie l'article 4 de la Loi sur la protection des
plantes.
Le Président (M. Dauphin): À l'article 281, je vous
signale qu'il y a un amendement.
M. Marx: Oui. L'amendement à l'article 281, c'est de
remplacer, dans la deuxième ligne du premier alinéa de l'article
4, les mots "ou pépinière" par les mots "pépinière
ou dans l'établissement d'un titulaire de permis délivré
en vertu de l'article 18".
M. Filion: Cela relève du ministère de
l'Agriculture, cette loi-là?
M. Marx: Oui. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est adopté.
L'article 281 tel qu'amendé
est-il adopté?
M. Marx: Oui. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 282.
Loi sur la protection du consommateur
M. Marx: Cet article modifie les articles 306 et 306.1 de la Loi
sur la protection du consommateur. Les modifications proposées par
l'article 2B2 visent à distinguer le contexte de l'inspection de celui
de l'enquête tout en réunissant dans le cadre du nouvel article
306.1 les pouvoirs qui sont exercés tant dans l'un que dans l'autre
contexte.
M. Filion: Ce que j'avais soulevé lors de mon discours de
deuxième lecture, je pense, c'est dans ce cas-ci les mots... On donne le
pouvoir de faire des enquêtes seulement au président de l'Office
de la protection du consommateur. Il va être occupé!
M. Marx: Le président peut déléguer à
l'article 319, parce qu'on a un nouvel article 319.
M. Filion: Mais d'habitude on dit: Le président ou la
personne qu'il a déléguée. Là il y a un article, je
suppose. C'est ça qui est fait autrement.
M. Marx: C'est cela. L'article 319. M. Filion: D'accord.
M. Marx: Adopté? M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 282 est
adopté.
M. Marx: Nous avons un amendement... M. Filion: ...un
amendement.
M. Marx: ...après l'article 282 de cette loi, l'article
282.1. L'article 309 de cette loi est modifié par l'insertion, dans la
troisième ligne et après le chiffre "306", du chiffre "306.1".
L'article 319 de la Loi sur la protection du consommateur se lit comme suit: Le
président peut autoriser généralement ou
spécialement une personne à exercer les pouvoirs qui lui sont
conférés par les articles 306, 314 et 315. La modification
proposée est de concordance. Compte tenu de la proposition visant
à faire édicter un nouvel article 306.1, il serait opportun que
le président puisse également déléguer les pouvoirs
que comporte cet article.
Le Président (M. Dauphin): II nous reste 30 secondes.
M. Filion: M. le Président, étant donné
qu'il est 18 heures, on va adopter l'amendement, qui est plein de bon sens, et
je vais réserver mes commentaires pour notre prochaine séance qui
aura lieu ce soir.
M. Marx: Je ne veux pas que...
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement est
adopté.
M. Filion: Cela prendrait plus de 30 secondes.
Le Président (M, Dauphin): Nous suspendons nos travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
La séance est ouverte. Je rappelle le mandat de la commission:
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 92, Loi modifiant diverses dispositions législatives eu égard
à la Charte des droits et libertés de la personne. J'appelle
l'article 283.
Loi sur la protection de la jeunesse (suite)
M. Marx: M. le Président, j'ai juste une question à
poser au député de Taillon. Il a laissé passer l'article
268 sans nous demander de faire des modifications et cela m'a tellement
surpris.
M. Filion: Attendez, on va le regarder. On va regarder l'article
268.
M. Marx: ...de la Loi sur la protection sur la jeunesse et...
M. Filion: Vous avez raison. Je viens de consulter toute mon
équipe, M. le ministre, et je dois vous dire que, malheureusement, cela
a échappé à mon équipe, mais je m'aperçois
que la vôtre...
M. Marx: Je ne blâme jamais mon équipe pour mes
erreurs.
M. Filion: Moi non plus.
M. Marx: Je les assume moi-même.
M. Filion: Effectivement, je dois vous
avouer qu'une distraction... Mais vous l'avez relevée.
Excellent.
M. Marx: Ce n'est pas moi qui l'ai relevée, c'est mon
équipe mais peut-on rouvrir l'article 268, M. le Président, pour
ajouter un amendement?
Le Président (M. Richard): Sûrement, M. le
député de Taillon est d'accord? II n'y a aucune objection?
M. Filion: D'accord.
M. Marx: À l'article 268 du projet de loi, insérer,
dans la troisième ligne du premier alinéa de l'article 26
proposé, après le mot "raisonnable" les mots "ou en tout temps
dans les cas d'urgence".
Le Président (M. Richard): L'amendement est-il
adopté?
M. Marx: La même chose pour l'article 271...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, si vous le
permettez, M. le ministre, est-ce que l'article 268, avec l'amendement, est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais aussi demander de
rouvrir l'article 271 pour faire un amendement dans les mêmes mots pour
qu'il n'y ait pas...
M. Filion: D'accord. Pourriez-vous le lire juste pour voir la
forme?
M. Marx: Oui. Dans l'article 271 du projet de loi, remplacer,
dans les sixième et septième lignes du premier alinéa de
l'article 36 proposé, les mots "à toute heure raisonnable" par ce
qui suit: "à toute heure raisonnable ou en tout temps dans les cas
d'urgence."
M. Filion: Excellent.
Le Président (M. Richard): Donc, l'amendement est
accepté?
Une voix: Oui.
M. Marx: ...l'amendement précédent pour...
Le Président (M. Richard): L'amendement étant
accepté, est-ce que l'article modifié et amendé est
accepté?
M. Filion: Oui, adopté.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté, avec
amendement.
M. Filion: II faut être vite sur nos patins. C'est pour
cela aussi qu'il faut prendre le temps de voir une fois qu'on l'aura
adopté.
Loi sur la protection du consommateur (suite)
Le Président (M. Richard): Alors, si vous me le permettez,
nous rappelons l'article 283. M. le ministre.
M. Marx: L'article 283, je vous remercie, M. le Président.
Je pense que c'était déjà discuté. Non? Est-ce que
l'article 282 a été adopté?
M. Filion:On ne l'avait pas adopté, mais on l'adopte
là.
M. Marx: On l'adopte. D'accord. L'article 282, adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 282? Je m'excuse,
l'article 282 était déjà adopté.
Une voix: L'article 282.1 aussi.
Le Président (M. Richard): L'article 282.1.
M. Marx: L'article 282.1. D'accord.
Le Président (M. Richard): Lui aussi, il a
été adopté.
M. Filion:Vraiment? Adopté.
Le Président (M. Richard): Alors, vous n'avez pas
d'objection à ce que cela demeure adopté? Si je comprends bien,
on revient à l'article 283. M. le ministre.
M. Marx: Oui. Cet article modifie l'article 325 de la Loi sur la
protection du consommateur. En vertu du paragraphe b de l'article 325, le
président peut refuser de délivrer un permis si le demandeur ne
peut établir à la satisfaction du président son
honnêteté et sa compétence. La décision de
délivrer ou non le permis est laissée à l'arbitraire du
président. La modification propose d'encadrer ce pouvoir en
énonçant les motifs sur lesquels le président peut se
fonder pour refuser un permis.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: M. le ministre, l'article 325 du texte actuel
dît que le président peut refuser de délivrer un permis.
Alors, on est
toujours dans les cas où le président de l'Office de la
protection du consommateur peut refuser des permis. Le paragraphe b disait que
c'est lorsque "le demandeur ne peut établir à la satisfaction du
président, son honnêteté et sa compétence".
Dans la modification proposée par le projet de loi, le nouveau
texte se lit comme suit: "le demandeur ne peut établir sa
capacité à exercer son activité commerciale avec
honnêteté et compétence - et là cela continue -
compte tenu de ses déclarations à l'occasion de sa demande de
permis ou de son comportement dans l'exercice d'activités commerciales
antérieures."
D'abord, je dois vous dire que l'amendement suggéré par
l'article 263 vient probablement d'un souci de circonscrire le concept
d'honnêteté et de compétence de la façon la plus
précise possible pour éviter de laisser place à
l'arbitraire. Je crois comprendre que c'était le but de
l'amendement.
Dans un premier temps, j'aimerais connaître le but de
l'amendement.
M. Marx: Le but de l'amendement est, comme vous l'avez bien dit,
d'encadrer l'arbitraire, que ce ne soit pas arbitraire; que ce soit
discrétionnaire mais qu'on limite la discrétion. C'est de limiter
davantage la discrétion. Il n'y a pas d'arbitraire, mais il y a toujours
discrétion.
M. Filion: L'intention est fort louable, je n'en doute pas et je
partage les objectifs de l'amendement, mais je suis forcé de
reconnaître que la phraséologie employée dans l'article 283
ne rejoint peut-être pas l'objectif visé. Je vais expliquer
pourquoi.
M. Marx: Avez-vous un amendement à proposer ou des
modifications à apporter? On est prêts à les
étudier.
M. Filion: C'est ce que je suis en train de regarder avec vous.
J'attends. Ce ne sera pas tellement long, je voudrais avoir la Loi sur la
protection du consommateur.
En premier lieu, je remarque l'emploi du mot "commerciale": "le
demandeur ne peut établir sa capacité à exercer son
activité commerciale"... C'est déjà un effort qui a
été fait et qui est méritoire. Donc, ce que le
requérant, devant l'Office de la protection du consommateur, pourrait
avoir à se reprocher mais qui n'est pas commercial, on le met de
côté. Je pense que c'est très correct. On se limite
à ce qui est commercial. Mais là où le bât blesse
c'est quand on dit, un peu plus loin dans l'article, et je le relis en entier:
"le demandeur ne peut établir sa capacité à exercer son
activité commerciale avec honnêteté et compétence
compte tenu de ses déclarations à l'occasion de sa demande de
permis ou de son comportement dans l'exercice d'activités commerciales
antérieures". Le "comportement dans l'exercice d'activités
commerciales antérieures", cela m'inquiète. C'est rare qu'on voit
le comportement comme critère. Ici, juste pour placer l'article 325 dans
son contexte, d'une façon générale, il s'agit de
l'ensemble des personnes qui désirent un permis de commerçant
itinérant. Je pense que cela s'applique aux commerçants
itinérants, aux commerçants qui concluent des contrats de
prêt d'argent régis par la présente loi, aux
commerçants qui exploitant un studio de santé, aux
commerçants qui offrent ou concluent un contrat de garantie
supplémentaire relatif à une automobile ou à une
motocyclette. C'est donc tout un paquet de gens qui doivent s'adresser à
la régie. Est-ce qu'on va se mettre à examiner les comportements
dans l'exercice d'activités commerciales antérieures? Qu'est-ce
que cela veut dire pour vous, le comportement?
M. Marx: On a essayé de circonscrire la discrétion
du président.
M. Filion: Qu'est-ce qu'on vise finalement?
M. Marx: On vise à limiter la discrétion du
président.
M. Filion: Je n'ai pas de solution, M. le ministre, mais...
M. Marx: On peut laisser l'article tel quel, c'est tout. Je
pensais que ce serait mieux comme cela.
M. Filion: Ma question va plus loin que cela finalement. Tout le
paragraphe b - je n'ai pas la solution immédiatement - je me demande
à quoi il rime. Même si on tente de le circonscrire,
l'honnêteté et la compétence...
M. Marx: Si l'individu a agi de façon frauduleuse...
M. Filion: À ce moment-là, inscrivons-le dans la
loi. Peut-être a-t-il été trouvé coupable de...
M. Marx: C'est l'article suivant.
M. Filion: Oui, alors que veut-on dire, à ce
moment-là, qui ne soit pas compris dans l'article suivant?
M. Marx: Supposons qu'on ait des centaines de plaintes sur lui,
cela arrive qu'il y ait des vendeurs dont le comportement soit beaucoup moins
qu'honnête sur lesquels on reçoit des plaintes de la part de
personnes.
M. Filion: M. le ministre, s'il faut que
l'office ait reçu une centaine de plaintes pour qu'un
commerçant ne puisse recevoir son permis...
M. Marx: ...ne peut pas être comme ce l'est maintenant. On
dit: "le demandeur ne peut établir sa capacité à exercer
son activité commerciale... compte tenu de ses déclarations". Il
faut qu'il y ait plus que ses déclarations. Je dirai toujours que...
M. Filion: II faut qu'il y ait quoi en plus des
déclarations? Que suggérez-vous? (20 h 30)
M. Marx: On nous a dit, M. le Président, qu'on veut savoir
qui est la personne qui fait la déclaration et si ce n'est pas un
"front", comme on dit, pour un réseau de voleurs, des gens qui volent et
qui proposent que d'autres aillent chercher un permis afin de pouvoir vendre
ces choses. Deuxièmement, on veut savoir quels étaient ses
comportements quand il a exercé cette activité commerciale.
Cela veut dire que le président ou son représentant ne va
pas faire une enquête sur chaque personne mais il y a des personnes
-j'imagine - louches sur qui il faut faire enquête.
M. Filion: La première chose qui me frappe c'est: "compte
tenu de ses déclarations à l'occasion de sa demande de permis".
Cette demande de permis, il faut qu'elle soit remplie d'une façon
conforme. C'est conforme ou cela ne l'est pas, je ne peux pas voir en quoi une
déclaration peut dénoter une honnêteté ou une
malhonnêteté soupçonnée.
M. Marx: Peut-être serait-il mieux de laisser le paragraphe
tel quel et laisser les juges interpréter cela. Peut-être vont-ils
trouver une meilleure...
M. Filion: Le problème, c'est que ce ne sont pas les juges
qui l'interprètent, c'est le président de l'Office de la
protection du consommateur qui peut, d'une façon arbitraire... Je ne dis
pas qu'il le fait, loin de là.
M. Marx: Cette loi, ce n'est pas nous qui l'avons adoptée.
Vous et moi, nous n'étions pas ici lorsque cela a été
adopté. On a essayé de limiter cela. On a essayé de
trouver la meilleure façon possible, compte tenu de nos discussions avec
l'office et de l'avis du vrai monde sur ce qui arrive vraiment à
l'office et non pas sur ce qui arrive en théorie.
M. Filion: Si on prend comme exemple - je vous donne un exemple,
il y en a probablement d'autres - l'article 41 de...
M. Marx: Je vous suggère de regarder le projet de loi 66
adopté en juin 1986, en ce qui concerne le sport.
M. Filion: La Régie de la sécurité dans les
sports, ne prenez pas cela comme exemple, M. le ministre.
M. Marx: Mais est-ce que vous avez...
M. Filion: D'ailleurs, je pense que vous êtes venu faire un
tour en commission parlementaire. Je ne sais pas si c'est vous, mais en tout
cas... Ne prenez pas cette loi comme exemple.
M. Marx: Ce n'était pas mon projet de loi.
M. Filion:: Non, c'était le projet de loi de votre
collègue, M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
J'étais là au moment de l'étude du projet de loi et c'est
un très mauvais exemple.
M. Marx: Un très mauvais exemple...
M. Filion: Cela répond peut-être à une
situation bien particulière mais, lors de la commission qui a
étudié ce projet de loi article par article, j'ai
mentionné tout ce que cela soulevait comme interrogations
sérieuses.
M. Marx: Si, pour avoir un permis... M. Filion:
Sérieuses!
M. Marx: La régie peut, après enquête,
refuser de délivrer un permis - c'est l'article 42.2 - lorsque le
requérant est incapable d'établir sa capacité d'exercer
avec compétence et intégrité l'activité pour
laquelle il sollicite ce permis, compte tenu de son comportement
antérieur dans l'exercice de l'activité visée à
l'article 41.
M. Filion: S'il vous plaît, ne prenez pas cette loi comme
exemple.
M. Marx: Si vous pensez que l'article, le paragraphe ou
l'alinéa b donne tellement de problèmes, je suis prêt
à retirer cet article 283 et passer à l'autre.
M. Filion: Le problème, dans le fond, c'est que... Ce
n'est pas tout à fait cela le problème. Je pense que vous le
savez - votre sourire en témoigne - c'est...
M. Marx: Cela veut dire que je ne veux pas passer ma vie sur un
article si...
M. Fïlion: M. le ministre, encore une fois, on a un travail
à faire. Que voulez-vous'? Ce n'est pas plus drôle pour vous
que
pour moi...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...mais c'est votre projet de loi, il est
piloté par le ministre de la Justice et, une fois que la loi va
être adoptée, les gens vont devoir vivre avec cela. On ne peut
pas, encore une fois, faire preuve de négligence dans le travail qu'on a
commencé et je pense qu'on ne peut pas faire preuve de laxisme non plus.
Le problème, c'est qu'on a un président de l'Office de la
protection du consommateur qui, au moment où on se parle, peut refuser
un permis dès que le demandeur n'établit pas, à sa
satisfaction, son honnêteté et sa compétence.
M. Marx: C'est depuis des années comme cela.
M. Filion: Non, je le sais; mais dans la Charte des droits et
libertés de la personne, il faut rendre opérants les articles 52
et 1 à 38.
M. Marx: Mais il y a l'article 9.1 pour dire que si on peut
justifier et tout cela...
M. Filion: Oui, mais il y a la Charte des droits et
libertés de la personne; je vais vous lire un article qui est
concerné.
M. Marx: Lisez l'article 9.1 dans la Charte des droits et
libertés de la personne.
M. Filion: Pardon?
M. Marx: L'article 9.1.
M. Filion: J'étais en train de regarder l'article 23 et
vous attirez mon attention sur l'article 9.1.
M, Marx: Si ce n'est pas dans votre charte, c'est parce
que...
M. Filion: Bon, j'ai peut-être quelque chose à vous
suggérer.
M. Marx: Vous avez une ancienne charte. M. le Président,
le député de Taillon n'a pas une charte à jour, et c'est
pourquoi...
M. Filion: Oui, oui, j'ai la charte. M. Marx: C'est
pourquoi il...
M. Filion: Non, non, il n'y a pas de problème. Dans
l'article 9.1, cela va.
M. Marx: Mais c'est quoi l'article 9.1? Non, vous n'avez pas cela
devant vous.
M. Filion: Mais j'ai peut-être quelque chose à vous
sugqérer. Vous me demandez qu'elle est ma suqqestion? J'ai
peut-être une suggestion è vous faire.
M. Marx: Je ne veux pas dire que le député ment,
parce qu'il ne faut pas dire cela à l'Assemblée nationale. Je ne
vais pas le dire.
M. Filion: J'ai peut-être une suggestion à vous
faire.
M. Marx: Mais, l'article 9.1, je vais le lire.
M. Filion: Non, mais je viens de le lire, l'article 9.1, M. le
ministre, cela va.
M. Marx: Cela veut dire quoi?
M. Filion: Bien, c'est important, M, le ministre.
M. Marx: L'article 9.1. Vous n'avez pas 9.1 dans cela, je connais
ies éditions.
M. Filion: Oui, oui. "Les libertés et droits fondamentaux
s'exercent dans le respect des valeurs démocratiques", etc.
M- Marx: Ah boni
M. Filion: M. le ministre! On a une très bonne
équipe. Une petite équipe, mais d'abeilles, d'abeilles!
M. Marx: Votre loi est à jour.
M. Filion: Une petite équipe d'abeilles qui oeuvrent.
M. Marx: Bientôt, je vais commencer à pleurer.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le ministre,
est-ce que votre suggestion d'enlever l'article 283 tient toujours?
M. Marx: Si le député est d'accord.
Le Président (M. Richard): Est-ce que monsieur...
M. Filion: J'ai peut-être une suggestion à vous
faire.
M. Marx: On va écouter cela.
M. Filion: Vous ne pourrez pas dire que mes interventions ne sont
pas constructives. Cela me vient un peu à la fois de l'article 9.1 de la
Charte des droits et libertés de la personne. Je prends comme exemple -
mais je suis sûr que les légistes qui vous entourent pourraient
aller en chercher dans d'autres lois qu'on a étudiées - l'article
41
sur les permis d'alcool. Dans le fond, une personne qui demande un
permis d'alcool, pour moi, se retrouve plus ou moins dans la même
situation qu'une personne qui demande un permis à l'Office de la
protection du consommateur. Toute comparaison est boiteuse, celle que je donne
ce soir l'est également, mais enfin. Pour les fins de ma
démonstration, l'article 9.1 dit: "Les libertés et droits
fondamentaux s'exercent dans le respect des valeurs démocratiques, de
l'ordre public - voilà une notion intéressante qu'on a reprise
assez souvent dans le projet de loi 92 - et du bien-être
général des citoyens du Québec." Mais regardez ce qu'on a
fait à l'article 41.1 et je ne pense pas qu'on l'ait amendé non
plus. Étant donné qu'on a déjà l'article 326 qui va
couvrir le cas où il y a une infraction, moi, je serais porté,
peut-être, je ne le sais pas, à vous suggérer une
formulation semblable à celle de l'article 41.1 de la Loi sur les permis
d'alcool, à savoir lorsque "la délivrance du permis est contraire
à l'intérêt public" et on pourrait enlever "ou nuit
à la tranquilité publique".
M. Marx: Non, parce que cela touche les débits
d'alcool.
M. Filion: Non, je sais, mais...
M. Marx: Ce n'est pas la même chose, les débits
d'alcool et le vendeur itinérant.
M. Filion: Mais enlevons "la tranquilité publique",
gardons simplement "l'intérêt public".
M. Marx: Cela vient d'une autre histoire. La loi sur l'alcool a
une autre histoire législative. On ne veut pas s'inspirer du XIXe
siècle, on essaie de s'inspirer de la troisième...
M. Filion: "L'intérêt public", c'est une notion
intéressante, qu'on retrouve souvent.
M. Marx: Oui, mais c'est plus large, "l'intérêt
public".
M. Filion: Je suis d'accord que c'est plus large.
M, Marx: Bien, qu'on laisse l'article tel quel.
M. Filion: On regardera. En ce qui concerne
l'honnêteté et la compétence, Mon Dieuï c'est votre
premier ministre qui disait qu'on ne peut pas légiférer sur
l'honnêteté.
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire pour nous.
M. Filion: Je ne sais pas à quelle occasion il a dit cela.
Il a dit en parlant de déclaration d'intérêt des ministres:
On ne peut pas réglementer l'honnêteté. Il disait cela en
Chambre au début du mandat du gouvernement.
M. Marx: D'accord, d'accord.
M. Filion: II a rarement raison, mais cette fois-là il
avait un petit peu raison. C'est difficile de définir
l'honnêteté, la compétence et la bonne foi.
M. Marx: Vous devriez l'écouter davantage.
M. Filion: J'aime mieux parler d'une notion
d'intérêt public. Je ne parle pas de la tranquillité
publique, mais de l'honnêteté et de la compétence. On a
beaucoup de lois où on demande des permis. Qu'est-ce qui existe dans les
autres lois? Je ne sache pas qu'on réfère à ces
critères d'honnêteté et de compétence.
Vous comprenez ce que je veux dire, M. le ministre.
M. Marx: Oui, je pense que l'amendement proposé encadre
davantage la discrétion: pas à 110 %, mais à 90,9 %. C'est
comme Ivory Snow, vous savez, le savon: c'est 99,9 %; 100 % c'est difficile
d'atteindre cela.
Non, mais moi, M. le Président, j'aimerais proposer au
député de Taillon, si on n'adopte pas cela, qu'on retire
l'amendement et qu'on laisse l'article tel quel. C'est l'ancien gouvernement
qui l'a adopté, je ne l'ai jamais contesté.
M. Filion: Encore une fois, M. le ministre, à ce
moment-là on n'avait pas cette obligation de faire en sorte que la
charte reçoive pleine application.
M. Marx: On peut se poser la question suivante: Est-ce que
l'article tel quel, dans la loi, va carrément à l'encontre de la
charte?
M. Filion: Bien oui, c'est arbitraire.
M. Marx: Seulement dans son application. Sur le plan abstrait, si
quelqu'un prend une action déclaratoire, est-ce que le juge va dire que
l'article 325, paragraphe b, est invalide? Je ne pense pas. Peut-être le
juge va dire que l'article est invalide si, dans les faits, le président
abuse de son pouvoir. Mais je pense que le président actuel n'abuse pas
de son pouvoir.
Je pense que ce qu'on propose c'est la meilleure formulation que nous
avons trouvée. Je pense qu'on apporte une amélioration à
l'alinéa b qui existe; je ne pense pas qu'il faut essayer...
M. Filion: Le citoyen qui veut gagner sa vie comme
commerçant itinérant, qui s'adresse à l'Office de la
protection du consommateur, on lui donne le fardeau de la preuve, d'abord:
à la satisfaction du président, il doit établir son
honnêteté et sa compétence. Alors que - votre équipe
pourra, de concert avec mon équipe, fouiller cela, mais on a
regardé la Loi sur le courtage immobilier - si on veut être
courtier d'immeubles, on n'a pas besoin de démontrer, à la
satisfaction d'un homme, l'honnêteté et la compétence.
M. Marx: Cela c'est différent, c'est très
précis, il faut suivre un cours et ainsi de suite. On ne peut pas juste
aller demander un permis. Parce qu'il faut retourner au mandat que le
ministère ou le ministre a reçu de la charte: c'est de mettre ces
lois en conformité avec la charte.
M. Filion: Si je veux m'ouvrir un magasin sur la rue
Sainte-Catherine, je vais aller voir la ville de Montréal et je n'aurai
sûrement pas besoin de prouver mon honnêteté et ma
compétence.
M. Marx: Non, mais vous n'avez pas...
M. Filion: Si je veux être un commerçant
itinérant - j'avoue qu'à ce moment-là on rentre chez les
gens - à ce moment-là, on a besoin de prouver notre
honnêteté et notre compétence.
M. Marx: Mais c'est dans la loi actuelle, c'était toujours
là.
M. Filion: Non, cela je le sais; mais, à ce
moment-là, la charte n'existait pas, encore une fois. Il me semble que
la discrétion accordée au président est énorme.
M. Marx: Faites une conférence de presse sur cette
question, en janvier là. Il va y avoir très peu de nouvelles,
peut-être que cela va bien passer.
Je pense que, dans les faits, on n'a pas fait mal aux personnes.
Avez-vous beaucoup d'exemples de gens qui se sont plaints? Est-ce qu'il y a
beaucoup de causes, est-ce qu'il y a beaucoup de problèmes? Dans les
faits, il n'y a pas de problème. (20 h 45)
M, Filion: Ce n'est pas nécessairement sans
problème; il s'agit d'un individu, d'un homme ou d'une femme qui se
présenterait à l'office, qui voudrait gagner sa vie avec un des
permis que j'ai énumérés tantôt. Ce ne sont pas
toujours des commerçants itinérants. Enfin, il y a le contrat de
prêt d'argent. Ceux qui veulent faire des contrats de prêts
d'argent sont tenus de prouver leur honnêteté et leur
compétence.
M. Marx: Personne ne m'a téléphoné pour se
plaindre.
M. Filion: Si j'ai bien des milliards et que je fais un bon lobby
au gouvernement fédéral, il va m'ouvrir une banque.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Je n'aurai pas de problème et on ne me
demandera pas de prouver mon honnêteté et ma
compétence.
M. Marx: Je vous suggère d'être banquier et non
vendeur itinérant, c'est tout.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le ministre et
M. le député de Taillon, je voudrais justement dans cet article
ne pas utiliser mon pouvoir de président. Il y a une suggestion de
faite, à savoir si on garde l'article tel quel ou si on l'enlève
complètement.
M. Filion: Je comprends la suggestion du ministre de la Justice;
entre les deux, je préférerais garder l'amendement, même
s'il est insuffisant. Ou on trouve une autre formulation carrément
à b, ou on garde celle proposée dans le projet de loi 97; mais,
en deux mots, ce que je veux dire, c'est que c'est évident que le texte
proposé, même s'il est boiteux, constitue une certaine
amélioration par rapport au texte actuel, à cause de
l'introduction du concept de l'activité commerciale et non pas de
l'activité personnelle, etc.
Les déclarations, je ne les comprends pas trop, mais en tout
cas.
M. Marx: Les déclarations, c'est que la personne qui vient
doit dire vraiment qui elle est. Ce n'est pas parce qu'elle veut venir chercher
un permis pour permettre à quelqu'un d'autre de vendre.
M. Filion: II y a le paragraphe d aussi, M. le ministre, à
l'article 325. Le demandeur doit satisfaire aux exigences prescrites par
règlement. L'office en a des règlements en vertu de l'article 325
concernant possiblement des dépôts de garantie ou une forme de
cautionnement, etc.
Il y a peut-être autre chose dans l'article 325, d'autres formes
de règlements aussi qui prescrivent des cadres pour le requérant
d'un permis. On ne peut pas tout savoir par coeur ce soir...
M. Marx: Donc, on adopte?
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'on est d'accord,
M. le député de Taillon?
M. Marx: C'est notre meilleur effort. On a consulté
l'Office de la protection du
consommateur. Je suis le ministre responsable.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'on
considère que l'article 283 est adopté, tel que libellé,
ou si on l'enlève complètement, si j'ai bien saisi la
suggestion?
M. Marx: Le député de Taillon opte plutôt
pour l'amendement.
M. Filion: J'ai en main, simplement pour l'information de tous
les membres de la commission, les formulaires N22, N23, N24, qui concernent
précisément la demande de permis de commerçant
itinérant, la demande de permis de prêteur d'argent et la demande
de permis pour les studios de santé. Ce sont les trois
catégories, sauf erreur, qui sont visées dans l'article
précédent, l'article 324. Ces formulaires sont extrêmement
précis. On pose un paquet de questions et on demande des documents. Vous
avez donné deux exemples concrets tantôt: le voile corporatif,
c'est-à-dire une personne qui utilise un prête-nom, ou le voile
corporatif...
M. Marx: J'ai dit quelqu'un qui était un prête-nom,
d'accord.
M. Filion: Oui, mais c'est déjà prévu dans
le formulaire prescrit dans l'article 325d. Le deuxième exemple que vous
m'avez donné, vous m'avez parlé de comportement. J'ai
l'impression qu'on pourrait resserrer cela davantage.
M. Marx: Si le député a une meilleure...
M. Filion: On pourrait resserrer cela davantage.
M. Marx: Si le député a des suggestions pour
resserrer cela, on est ouverts aux suggestions.
M. Filion: J'aurais peut-être une suggestion à
faire. Je ne le sais pas, je...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: ...lance cela comme cela. Peut-être que cela
pourrait se formuler comme suit: le demandeur ne peut établir sa
capacité à exercer son activité commerciale compte tenu de
ses déclarations à l'occasion de sa demande de permis et de
l'exercice au cours d'activités commerciales antérieures. En deux
mots, enlever la notion...
M. Marx: L'exercice, c'est son comportement. Il y a des gens qui
ne disent pas toute la vérité et qui... C'est parce qu'on a, on
avait et j'imagine qu'on en a toujours des problèmes avec des vendeurs
itinérants. C'est parce que cette loi a des dents pour mordre qu'on
trouve que...
M. Filion: Si on enlevait la notion d'honnêteté et
de compétence pour garder uniquement la capacité à exercer
l'activité commerciale? Cela se lirait: "le vendeur ne peut
établir sa capacité à exercer son activité
commerciale". Là, on pourrait ou non ajouter "compte tenu de ses
déclarations et de ses activités commerciales
antérieures". En deux mots, faire sauter la notion
d'honnêteté et de compétence et se limiter à la
capacité. Et, évidemment, capacité sous-entend
capacité légale.
M. Marx: Je comprends ce que le député veut dire.
Le député parle toujours du petit gars qui veut être
vendeur et qui est bloqué par le président. Je pense que le
problème n'est pas là. Le problème est plutôt le
petit gars qui est volé par un vendeur itinérant qui est costaud
et qui a un permis et ainsi de suite. Nous avons discuté de cet
alinéa avec l'Office de la protection du consommateur, avec les juristes
de l'office, qui étaient d'accord et tout le monde était d'accord
pour qu'on limite la discrétion à l'alinéa b. Mais je ne
veux pas la limiter jusqu'au point qu'on va avoir des vendeurs qui vont voler
le public au lieu de vendre au public. Si vous le voulez, on peut vous dire
demain - on peut vérifier avec l'office - combien de permis sont
refusés par année, par exemple. Il n'y en a peut-être que
deux ou trois. Ce n'est pas comme si tout le monde était refusé.
Le fait d'avoir cela dans la loi peut avoir un effet dissuasif aussi sur les
gens parce que les gens savent que l'office fait une enquête
sérieuse avant d'octroyer des permis et ainsi de suite.
M. Filion: Je ne doute pas de la bonne foi des gens qui dirigent
l'Office de la protection du consommateur, d'aucune façon. Simplement,
cette loi ne nous appartiendra plus une fois qu'on l'aura adoptée.
M. Marx: Je vous avais...
M. Filion: Par contre, on a démontré pendant 282
articles - on est rendu au 283e - une préoccupation particulière
autour de la table pour éliminer, dans la mesure où faire se
peut, toute notion abusive de discrétion. Pourquoi? C'est bien simple.
La discrétion absolue peut mener à la discrimination. De
là, l'effort intellectuel qu'on a entrepris, M. le Président,
depuis une douzaine de séances et ce n'est pas toujours facile non
plus.
Je pense qu'on a carrément devant nous un exemple de cette
discrétion qui est un peu trop grande.
M. Marx: J'ai déjà dit, M. le Président,
que c'est notre meilleur effort pour encadrer cette discrétion.
Peut-être n'est-ce pas à 110 %. Je comprends. Si le
député a une suggestion pour encadrer davantage la
discrétion, d'accord mais qu'on ne fasse pas en sorte que l'office ne
puisse vraiment remplir son mandat... Si cela fait tellement mal au
député, on va en suspendre l'adoption et on consultera l'Office
de la protection du consommateur demain pour voir combien de permis ont
été refusés.
Le Président (M. Richard): Est-ce que je retiens, M. le
ministre, que vous recommandez, un peu à la demande du
député de Taillon, que l'article 283 soit suspendu?
M. Marx: C'est cela, qu'il soit suspendu. On va expliquer au
député...
M. Filion: En leur expliquant un peu quel est le cadre de notre
préoccupation. Il y en a des permis qui sont refusés, j'en suis
convaincu.
M. Marx: Oui, oui. À la limite...
M. Filion: Je suis convaincu aussi que cela fait un peu l'affaire
de l'office, l'honnêteté de la compétence. Bon. On peut
bien dire: Tu n'es pas compétent et tu n'es pas honnête. Tu n'es
surtout pas compétent, alors on ne te donne pas de permis.
M. Marx: À la limite, on va demander aux gens...
M. Filion: Comme vous le dites, le petit gars s'en va chez lui,
mais il aimerait peut-être commencer un métier comme cela. En ce
sens, je voudrais surtout, non pas tellement connaître le nom, mais
seulement que vous transmettiez ma préoccupation aux gens de l'office
qui, je le sais, sont conscients aussi de l'importance de protéger les
droits des individus dans notre société.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 283 est
considéré comme reporté?
M. Filion: Suspendu.
M. Marx: Oui, suspendu. J'aimerais dire au député
que je tiens beaucoup à ne pas rendre cette discrétion
inutile.
M. Filion: Non, je ne le voudrais pas non plus.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: J'attire votre attention, en terminant, sur les
formulaires. Vous allez voir; ils posent 92 000 questions là-dedans, ils
demandent des documents, des cautionne- ments. Est-ce qu'il y a eu des
faillites, oui ou non? C'est une question intéressante. On peut garder
les contenus des déclarations.
M. Marx: Bon.
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez, j'appelle
l'article 284.
M. Marx: Oui. Un instant, M. le Président. Est-ce qu'on a
un amendement pour cet article?
Nous avons un amendement à l'article 284 qui modifie l'article
327 de la Loi sur la protection du consommateur. C'est un amendement que nous
avons déjà fait dans d'autres articles.
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: À l'article 284, remplacer le paragraphe b par le
suivant: "b) soit d'un acte criminel punissable par voie de mise en accusation
seulement et ayant un lien avec l'emploi de commerçant".
Le Président (M. Richard): Êtes-vous d'accord avec
cet amendement, M. le député de Taillon?
M. Filion: Oui, j'ai une question. On écarte les
procédures sommaires et on retient la voie de mise en accusation. Est-ce
qu'il y a une raison?
M. Marx: C'était déjà là. Si vous
voulez les ajouter, on va les ajouter.
M. Filion: J'aimerais plutôt que cela soit comme on l'a
fait dans les autres cas.
M. Marx: Non, c'était déjà là et on
ne veut pas... "Punissable par voie de mise en accusation." (21 heures)
M. Filion: Mise en accusation, c'est la deuxième
façon, la plus sérieuse.
M. Marx: C'est cela, des infractions plus sérieuses.
M. Filion: D'accord. M. Marx: D'accord? M. Filion:
D'accord.
Le Président (M. Richard): L'amendement est donc
adopté?
M. Filion: L'amendement, cela va.
Le Président (M. Richard): L'article 284 tel
qu'amendé est-il adapté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Richard): L'article 284 est donc
adopté. On passe à l'article 285.
M. Marx: À l'article...
M. Filion: On n'a pas oublié le pardon, j'espère,
à l'article 284?
M. Marx: C'est encore plus large. M. Filion: C'est cela,
très bien.
M. Marx: C'est encore plus large, parce que ce sont les trois
dernières années. C'est encore plus généreux.
M. Filion: D'accord, oui. Au cours des trois années
antérieures.
M. Marx: Oui, mais ce n'est pas dans l'article tel
qu'adopté?
M. Filion: Je parle pour le deuxième alinéa de
l'article 284. Le pardon, c'est deux ans ou cinq ans?
M. Marx: Je pense que c'est cinq ans.
M. Filion: Je ne sais pas pourquoi on le met à
l'alinéa a, par exemple.
Une voix: C'est une infraction. M. Filion: C'est une
infraction? Une voix: Cela, c'était au provincial.
M. Filion: Y a-t-il un pardon pour une infraction au
provincial?
Une voix: Loi sur l'exécutif, article 2.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: Oui, bien...
M. Filion: Au bout de cinq ans aussi?
Une voix: N'importe quand.
M. Filion: Alors qu'au fédéral, c'est cinq ans?
M. Marx: Non, c'est le pardon dans la loi. Le gouverneur
général ou le lieutenant-gouverneur peut toujours pardonner
à quelqu'un à cause de sa prérogative, mais on n'a pas
à légiférer en vertu de la prérogative.
M. Filion: Cela va.
M. Marx: Cela veut dire que c'est plus généreux que
ce que vous êtes en train de demander.
M. Filion: Oui, parce qu'il a trois ans...
M. Marx: Mais si vous voulez être plus dur, plus
rigoureux...
M. Filion: Non.
M. Marx: ...plus "tough", on va vous écouter.
Le Président CM. Richard): Je rappelle l'article 285.
M. Filion: Je pense, M. le ministre, en général,
que les qens qui ont payé leur dette vis-à-vis de la
société, ils l'ont payée...
M. Marx: Oui, mais supposons que...
M. Filion: ...et que l'époque où il fallait
traîner ses casiers judiciaires à n'en plus finir au point que
cela empêchait le monde de sortir, est un peu révolue d'autant
plus qu'il y a tellement d'infractions aujourd'hui.
M. Marx: Supposons qu'il avait été condamné
relativement à la fraude...
M. Filion: II ne faut pas oublier que, dans le fond, on se casse
la tête un peu, M. le ministre, parce que si on regarde l'article
326...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...qui est en suspens, si on reqarde l'article b, le
président, au lieu de se casser la tête sur autre chose, il n'a
qu'à s'en remettre à l'honnêteté et à la
compétence que vous voulez conserver et dire: Cela finit là.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M, Richard): L'article 285, en rappel.
M. Marx: C'est adopté.
M. Filion: L'article 285 en rappel?
Le Président (M. Richard): Oui. Non, l'article 285 en
appel. L'article 285, s'il vous plaît?
M. Filion: L'article 285.
M. Marx: Il modifie l'article 328 de la loi. Adopté?
M. Filion: Cela est le refus de délivrer, cela est la
suspension...
M. Marx: D'accord?
M. Filion: Est-ce que cela va pour l'article 328? II n'y a pas de
concordance nécessaire là?
M. Marx: Non, il n'y a pas de concordance, parce qu'on l'a
modifié: "soit d'une infraction visée dans le paragraphe b de
l'article 327."
Le Président (M. Richard): On est d'accord? Alors,
l'article 285 est donc adopté?
M. Marx: Un instant, il faut retirer cet article, parce qu'on
répète les mêmes mots.
M. le Président, on va remplacer l'article 328b par le suivant:
soit d'un acte criminel punissable par voie de mise en accusation seulement,
ayant un lien avec l'emploi de commerçant." D'accord?
M. Filion: Au lieu d'employer le mot "infraction", on emploiera
les mots "acte criminel", c'est cela?
M. Marx: Non, parce que, dans la modification proposée, on
avait la liste des infractions. On a enlevé la liste.
M. Filion: C'est cela. M. Marx: D'accord? M. Filion:
D'accord.
Le Président (M. Richard): Donc, c'est un amendement?
M. Marx: Oui, on va le donner tout de suite à Mme la
secrétaire.
Le Président (M. Richard): L'amendement est-il
adopté tel que présenté par M. le ministre? Est-ce que
l'article 285, comportant l'amendement, est aussi adopté?
M, Filion: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 286.
M. Filion: Je suggère qu'on le suspende à cause du
paragraphe c, M. le Président. Cela va faire partie de la même
réflexion.
Le Président (M. Richard): Cela va? Donc, l'article 286
est suspendu.
M. Filion: À l'article 283 il y avait cependant un
papillon, mais c'était le même. C'était pour reprendre les
termes de l'article 283, je suppose. C'est cela, n'est-ce pas?
M. Marx: Ce sont des techniques, mais on va reprendre tout cela.
C'était pour faire la concordance, mais on va en discuter quand on
reviendra à cet article.
M. Filion: Parfait, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Alors, j'appelle donc l'article
292.
Loi sur la qualité de l'environnement
M. Marx: Cet article modifie l'article 25 de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Le libellé de l'article 25 laisse
entendre que l'ordonnance du ministre de l'Environnement de cesser ou de
limiter le rejet de contaminants est déjà prise au moment
où est expédié au contrevenant un avis l'invitant à
faire ses représentations. La modification proposée au paragraphe
1 a pour objet d'énoncer clairement que la transmission de l'avis
d'audition est antérieure à l'ordonnance.
En outre, selon la modification proposée au paragraphe 2,
l'ordonnance devrait contenir un énoncé des motifs de la
décision.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Les termes "faire ses représentations"
équivalent dans votre esprit aux termes que l'on utilisait dans les
autres lois où on disait "se faire entendre".
M. Marx: C'est cela, c'est le droit d'audition.
M. Filion: C'est cela. Les mots "paraissent justifier" c'est un
détail, mais je pense que c'est plutôt "qui justifient".
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Marx: L'ordonnance n'est pas encore rendue. L'avis d'audition
est antérieur à l'ordonnance. D'accord?
Le Président (M. Richard): L'article 292 est-il
adopté tel que libellé?
M. Filion: Ça va.
M. Marx: II faut que cela soit clair qu'il y avait un avis
d'audition avant de rendre une ordonnance.
M. Filion: Un avis d'audition avant de rendre une ordonnance.
M. Marx: Oui. Je pense que c'est juste pour clarifier.
M. Filion: Oui, je sais que c'est le but de l'article. C'est la
mécanique que je...
M. Marx: Je pense qu'il faut même
interpréter l'alinéa dans ce sens.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on considère
l'article comme adopté?
M. Marx: Oui.
M. Filion: J'accroche toujours sur "paraissent
justifier1', mais en tout cas! Si vous me dites que c'est
correct!
Le Président (M. Richard): L'article 292...
M. Marx: Comment? Quels mots?
M. Filion: L'ordonnance n'est pas encore rendue.
M. Marx: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Richard): L'article 292 est donc
adopté?
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 293.
M. Filion: Si je comprends bien la mécanique, supposons
que le sous-ministre du ministère de l'Environnement découvre une
source grave de contamination et décide d'agir. Disons qu'il utilise
d'abord le pouvoir que lui confère l'article 26, cela veut dire qu'il
peut, par défaut - si on peut employer cette expression - rendre une
ordonnance qui dure au plus 50 jours.
M. Marx: C'est cela. Sans préavis ni audition. C'est une
urgence.
M. Filion: Mais s'il voulait aller au-delà d'une
période d'au plus 30 jours, il faudrait qu'à l'intérieur
d'une période de 15 jours, par exemple le quinzième jour avant
l'expiration des 30 jours, il donne son avis pour être sûr que son
audition se tienne...
M. Marx: C'était déjà dans la loi. (21 h
15)
M. Filion: Je le sais, mais j'essaie de comprendre cette
mécanique-là, M. le ministre. Pour être sûr que se
tienne l'audition où on rendrait une ordonnance qui, elle, serait de
nature permanente. I! faudrait en quelque sorte qu'il donne son avis à
l'intérieur du délai de 30 jours. Alors, il va falloir qu'il soit
vite sur ses patins. C'est très bien. Je pense que cela va.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Richard): Je rappelle l'article 293.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 292 est
adopté. J'appelle l'article 293.
M. Marx: II a été adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 293 est
déjà adopté?
M. Marx: Oui. Il vient d'être adopté.
Le Président (M, Richard): Ah! Il n'était pas
signé ici. C'est adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Richard): Je vous félicite.
J'appelle l'article 294.
M. Marx: Et l'article 295. Les deux sont ensemble. Les articles
294 et 295 modifient les articles 76 et 76.1. L'article 76 autorise les
municipalités à faire des enquêtes pour rechercher les
causes de nuisance ou d'insalubrité. Les officiers municipaux sont alors
autorisés à pénétrer dans tout immeuble.
Les modifications proposées ont pour objet de scinder les
pouvoirs d'enquête et les pouvoirs d'entrée en restreignant ces
derniers aux cas où il s'agit d'une inspection. Les officiers municipaux
devront, s'ils perquisitionnent, se prévaloir de la Loi sur les
poursuites sommaires et être munis d'un mandat sauf urgence. D'accord? On
a fait cela au moins 50 fois dans ce projet de loi.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on considère
que l'article 294 est adopté?
M. Filion: Oui.
M. Marx: Et l'article 295.
Le Président (M. Richard): L'article 795 est-il aussi
adopté? M. le député de Taillon.
M. Filion: Je ne sais pas comment il se fait que les deux
articles sont en même temps. C'est d'accord.
Le Président (M. Richard): Pardon?
M. Filion: Je les avais lus en même temps.
Le Président (M. Richard): Les articles 294 et 295 sont
donc adoptés. J'appelle l'article 296.
M. Marx: Cet article modifie l'article 78 de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Voici la modification proposée.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 297 avant
que vous ne changiez d'idée.
M. Marx: Cet article modifie l'article 84 de la loi. C'est une
modification de concordance avec la scission de l'article 76. Il y a un article
76.1 dont il faut tenir compte. D'accord?
M. Filion: Ce ne sera pas long. Je veux seulement vérifier
une chose.
M. Marx: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Richard): L'article 297 est-il
adopté?
M. Marx: Unanimement.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 298.
M. Filion: Adopté!
Le Préaident (M. Richard): L'article 298 est
adopté.
M. Filion: Pour qu'il ne le dise pas avant moi.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 299.
M. Marx: On abroge...
M. Filion: On abroge la récidive?
M. Marx: C'est cela. On abroge cet article 110.2 pour les raisons
suivantes: dès qu'une récidive est constatée, l'article
110.2 oblige le juge à amender la plainte pénale, ouvrant ainsi
la possibilité d'une condamnation à une peine plus forte. Cette
disposition n'accorde pas à l'accusé la protection requise qui
est celle prévue à l'article 46.1 de la Loi sur les poursuites
sommaires, tel que proposé par l'article 251 du présent projet de
loi.
La modification proposée supprime cette disposition de la Loi sur
la qualité de l'environnement rendant ainsi applicable le régime
général prévu à la Loi sur les poursuites sommaires
telle que modifiée pour la rendre conforme à la charte. Nous
avons discuté de cet article aujourd'hui.
M. Filion: Excellent.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté.
J'appelle l'article 300.
M. Filion: Puisqu'on est rendu à un chiffre rond, est-ce
qu'on peut suspendre pour deux minutes, M. le Président, pour
fêter cela?
M. Marx: Peut-on adopter l'article 300? On suspendra après
qu'on l'aura adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 300 fait
l'unanimité pour une suspension de deux minutes?
M. Filion: Est-ce qu'on n'a pas déjà
étudié cet article? Il me semblait qu'on l'avait
déjà étudié. On peut suspendre pour deux minutes,
pour aller dans te petit coin.
M. Marx: D'accord.
Le Président CM. Richard): Suspension de deux minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 20)
(Reprise à 21 h 25)
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 300.
M. le ministre.
Loi sur la recherche des causes et des circonstances
des décès
M. Marx: L'article 300 modifie la Loi sur la recherche des causes
et des circonstances des décès. La modification proposée
est de concordance avec l'article 308 du projet de loi. Le pouvoir
accordé par l'article 49.1 proposé pourra être
exercé sous réserve de l'article 72 proposé par l'article
308 du projet de loi.
Le Président (M. Richard): À la suite de la
précision sur l'article, êtes-vous d'accord avec son adoption?
M. Filion: Est-ce qu'ils sont en vigueur, M. le ministre, tous
les articles de la Loi sur les coroners?
M. Marx: Je pense que oui. M. Filion: Ils sont en vigueur?
M. Marx: Je pense que oui. Oui.
M. Filion: Tous les articles le sont maintenant.
M. Marx: On peut passer à l'article 308 et revenir
à cela, si vous voulez.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, vous
suggérez de suspendre l'article 300 et d'appeler l'article 308?
M. Marx: Oui, oui, ce serait mieux.
Le Président (M. Richard): Êtes-vous d'accord, M. le
député de Taillon?
M. Filion:: Oui.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 308 et
l'on suspend l'article 300 pour l'instant,
M. Marx: M. le Président, cet article modifie l'article 72
de la Loi sur la recherche des causes et des circonstances des
décès communément appelée Loi sur les coroners.
La modification proposée prévoit que le coroner et les
personnes qu'il désigne devront obtenir l'autorisation d'un juge de paix
pour pénétrer dans un lieu afin de prendre possession d'un
cadavre ou d'inspecter ce lieu, examiner ou saisir un objet qui s'y retrouve et
qui peut être utile à l'exercice des fonctions de coroner.
Toutefois, l'autorisation d'un juge ne sera pas requise pour
pénétrer dans un lieu dans les 24 heures de la réception
d'un avis donné conformément au chapitre II afin de prendre
possession d'un cadavre. À cette occasion, le coroner ou la personne
qu'il désigne pourra également examiner les lieux et saisir un
objet. Une autorisation judiciaire ne sera pas, non plus, requise dans les cas
d'urgence,
M. Filion: Oui. Autrement dit, pour aller chercher un cadavre ou
si c'est urgent, pas besoin d'obtenir une autorisation écrite d'un juge
de paix.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Dans les autres cas, cela prend un mandat ou, en tout
cas, une autorisation d'un juge de paix, c'est cela?
M. Marx: C'est cela. Les cadavres, dans les 24 heures.
M. Filion: C'est cela que je ne saisis pas: les cadavres dans les
24 heures, je ne saisis pas les 24 heures.
M. Marx: On peut aller chercher un cadavre dans les 24 heures
sans avoir un mandat, mais si cela fait 25 heures...
M. Filion: Mais 24 heures de quoi? M. Marx: De l'avis.
C'est écrit.
M. Filion: C'est cela que je ne comprends pas.
M. Marx: On va vous lire cela.
M. Filion: Écoutez, on parle "d'un avis donné
conformément au chapitre II pour les fins visées à
l'article 49.1."
M. Marx: Toutefois, l'autorisation n'est pas requise pour
pénétrer dans un lieu dans les 24 heures de la réception
d'un avis donné conformément...
M. Filion: ...au chapitre II. M. Marx: L'article 49,1.
M. Filion: C'est dans les 24 heures de la réception de
l'avis du médecin au coroner ou de la personne.
M. Marx: Ou de la personne.
M. Filion: Pourquoi tout cela. Y a-t-il une raison?
M. Marx: C'est dans la loi; l'article 49.1 existe.
M. Filion: On réinstaure le mandat pour dépasser
les 24 heures, et pour les objets.
M. Marx: C'est cela.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on considère
que l'article 308 est adopté?
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Richard): L'article 308 est
adopté. On revient à l'article 300. J'appelle à nouveau
l'article 300.
M. Filion: Je pensais que les 24 heures, c'était pour
être sûr que le cadavre soit frigorifie comme il faut. Quand il ne
bouqe plus, c'est parfait.
Le Président (M. Richard): J'appelle à nouveau
l'article 300. M. le ministre.
M. Marx: L'article 300 est adopté. Merci.
M. Filion: Alors, il doit y avoir une raison pour que tous ces
articles... L'article 300b redit à peu près la même chose.
Si je comprends bien, l'article 308 sera pour les mandats et le reste des
articles, c'est le pouvoir en général. C'est cela, n'est-ce pas?
De l'article 300 à l'article 307, ce seront les pouvoirs en
général et l'article 308, ce sera les mandats. Est-ce cela?
Le Président (M. Richard): Est-ce que je comprends, M. le
député de Taillon, que l'on pourrait adopter les articles 300
à 307 dans un bloc?
M. Filion: Non, on va les examiner un à un.
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 300 est-il
adopté?
M. Filion: Oui, adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 300 est
adopté. J'appelle donc l'article 301.
M. Marx: L'article 301, c'est la modification de l'article 50 de
la loi. Concordance avec l'article 300.
M. Filion: Si je comprends bien, le cadavre, on s'en est
occupé dans l'article précédent. Là, on parle des
autres objets.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'on
considère que l'article 301 est adopté?
M. Filion: Oui. M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. L'article 302,
M. le ministre.
M. Marx: A l'article 302, la modification proposée est de
concordance avec l'article 308 du projet de loi.
M. Filion: Oui.
M. Marx: D'accord?
Le Président (M. Richard): L'article 302 est
adopté. J'appelle l'article 303.
M. Marx: La modification proposée est de concordance avec
l'article 308 du projet de loi.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Richard): L'article 303 est
adopté. J'appelle l'article 304.
M. Marx: Cet article est de concordance aussi avec l'article
49.1.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Richard): Adopté. L'article 305
est donc appelé.
M. Marx: La modification proposée vise à faire en
sorte que la personne qui exerce les pouvoirs prévus à l'article
66 ait personnellement des motifs raisonnables de croire à la
présence d'un cadavre dans le lieu où elle
pénètre.
M. Filion: Vous avez bien raison.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon, adopté"? Article 306?
M. Filion: C'est bon. M. Marx: Concordance.
Le Président (M. Richard): L'article 306 est
adopté. J'appelle l'article 307.
M. Marx: Concordance.
Le Président (M. Richard): Êtes-vous d'accord, M. le
député de Taillon?
M. Filion: C'est bon pour l'article 308.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle
l'article 309.
M. Marx: L'article 309 ajoute l'article 162.1 à la loi que
j'appelle la Loi sur les coroners. Selon la Loi sur la recherche des causes et
des circonstances des décès, les documents annexés au
rapport d'enquête du coroner ne sont pas accessibles au public,
notamment, les ordonnances portant sur l'assignation et la comparution des
témoins, celles portant sur la détention des témoins, les
notes sténographiques et les ordonnances de non-publication. Une fois
terminée l'enquête du coroner, il est souhaitable de permettre
l'accessibilité du public à ces documents.
La modification proposée énonce donc que ces documents
précédemment mentionnés sont publics et peuvent être
consultés par toute personne après que le coroner a transmis son
rapport d'enquête. Toutefois, afin de protéger la
réputation des personnes impliquées dans une enquête ou
leur droit à un procès équitable, le coroner pourra
interdire la publication ou la diffusion de ces documents.
Quant aux autres documents annexés, tels les rapports d'autopsie
ou les photographies du cadavre, rien ne justifie qu'ils soient rendus
publics.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: À l'article 161, il y a quatre séries de
documents: d'abord, le mandat d'arrestation, la décision rendue en vertu
de l'article 119 qui est la décision sur la mise en liberté, les
notes sténographiques, les enregistrements de l'enquête et,
à l'article 146, l'ordonnance d'interdiction. II n'y a rien
là-dedans qui touche les photographies sauf, évidemment,
l'article 145 comme tel. La question que vous soulevez est intéressante.
Quand on voit les photographies de cadavres dans les premières pages de
certains journaux... Vous pourriez peut-être relire ce que vous m'avez lu
tantôt. Vous parliez de
cela, mais je ne vois pas du tout la relation avec les photographies.
Vous pourriez peut-être me relire le dernier paragraphe de ce que vous
avez lu tantôt,
M. Marx: C'était que les photographies sont
annexées au rapport et on les exclut. C'est l'article 93. Les
photographies sont confidentielles, selon l'article 96. Ce n'était
peut-être pas nécessaire d'expliquer cela, mais ce n'est pas
inclus a l'article 162.1.
M. Filion: Parfait. J'ai retracé tout le cheminement de
cela. On permet la diffusion de ce qu'il y a de 1 à 3, mais comme...
M. Marx: On ne parle pas des photographies.
M. Filion: Mais comme on ne parle pas des documents prévus
à l'article 93, à ce moment-là, cela protège les
photographies.
M. Marx: Dans l'explication de l'article, j'ai mentionné
cela, je m'excuse si je vous ai induit en erreur.
M. Filion: Non, vous ne m'avez pas induit en erreur. C'est moi
qui n'avais pas saisi.
M. Marx: C'est parce que j'ai fait référence aux
articles.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous êtes
d'accord avec l'adoption de l'article, M. le député de
Taillon?
M. Filion: Oui. Maintenant, M. le ministre, la Loi sur les
coroners - on va l'appeler comme cela - est-ce qu'elle va faire l'objet, dans
le Code de procédure pénale, de dispositions ou d'une section
particulière ou si, pour vous, c'est une histoire terminée?
M. Marx: Cela reste la Loi sur les coroners. L'ancien
gouvernement a pris neuf ans pour adopter cette loi. Cela m'a donné
l'opportunité de critiquer souvent le gouvernement. Malheureusement,
cela a été adopté. Maintenant, la possibilité pour
moi de critiquer le gouvernement sur cette question est terminée.
M. Filion: La Loi sur les coroners participe à un
drôle de système juridique, finalement. On ne sait pas trop...
M. Marx: Oui, mais c'est changé maintenant avec la
nouvelle loi.
M. Filion: Oui, c'est cela.
M. Marx: Parce qu'on ne détermine pas la
responsabilité criminelle.
M. Filion: II n'y a pas de témoin important ou de
responsabilité criminelle, je suis d'accord, mais, quand même,
cela participe à un drôle de concept sur le plan juridique. C'est
à cheval entre...
M. Marx: J'avoue que, quand j'ai fait l'étude de cette
question, il y a quelques années, je me suis posé la question:
Est-ce qu'on a besoin encore d'une loi sur les coroners? J'ai vu ailleurs que
c'est une ancienne institution que les Anglais ont importée de la
Normandie.
M. Filion: Ah bien, tiens! Cela voyage dans les deux sens de la
Manche.
M. Marx: Je pense qu'on a besoin d'une telle institution. C'est
difficile de ne pas l'avoir. Cela existe partout en Amérique du Nord,
même s'ils portent le nom de "medical examiner".
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'on
considère que l'article 309 est adopté, messieurs?
M. Filion: Oui. M. Marx: Oui.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle
l'article 310.
M. Filion: On change de secteur.
M. Marx: L'article 110 modifie l'article 11 de la Loi sur le
recouvrement de certaines créances. Est-ce que, oui ou non, un permis
est laissé à l'arbitraire du président? La modification
propose d'encadrer ce pouvoir en énonçant les motifs sur lesquels
le président peut se fonder pour refuser un permis.
M. Filion: II faudrait suspendre cet article comme tantôt,
M. le ministre.
M. Marx: Pourquoi?
M. Filion: Pour les mêmes raisons que tantôt,
c'est-à-dire l'honnêteté et la compétence. Notre
honnêteté et notre compétence nous obligent à le
suspendre, si on veut être...
M. Marx: D'accord. M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Richard): Les deux parties sont d'accord
pour reporter l'article 310. J'appelle donc l'article 311.
M. Marx: On va suspendre l'article 311 également.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Richard): Vous êtes d'accord pour
qu'on suspende l'article 311?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Richard): On suspend aussi le papillon
qui avait été présenté. J'appelle donc...
M. Filion: Un papillon n'a pas été
présenté, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse.
M. Filion: II y a tellement de papillons qui ont voyagé
ici. Ceux qui sont en cage, Iaissez-les-y doncl
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
312.
Loi sur la Régie de l'électricité
et du gaz
M. Marx: On tombe dans une loi très intéressante
qui...
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Marx: ...me fait penser à de grands projets. L'article
312 modifie l'article 40 de la Loi sur la Régie de
l'électricité et du gaz. La modification proposée par le
paragraphe 1 de l'article 312 vise à assurer que le processus
d'inspection soit le plus objectif possible. La modification que comporte le
paragraphe d de cet article propose que cette inspection sera effectuée
après que l'enquêteur se sera identifié, s'il en est
requis.
M. Filion: À l'article 312, cela va pour ce qu'il
contient. Mais au niveau de ce qu'il ne contient pas, je remarque que vous
n'avez pas inclus nos "heures raisonnables" et que vous avez laissé de 8
heures à 18 heures.
M. Marx: Oui, nous avons déjà fait ce débat,
M. le Président.
M. Filion: Non, c'est la première fois qu'on... Vous avez
toujours...
M. Marx: Cela veut dire que, dans d'autres lois, c'était
de 8 heures à 18 heures ou de 7 heures à 17 heures. On n'a rien
changé.
M. Filion: Oui. Bon, dans ce cas-ci, d'accord.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Richard): L'article 312 est donc
considéré comme adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Richard): J'appelle immédiatement
l'article 313.
Loi sur la Régie du logement
M. Marx: L'article 313 modifie l'article 30.1 de la Loi sur la
Régie du logement. La modification proposée a pour objet de
garantir l'inamovibilité des greffiers spéciaux ou de tout membre
du personnel de la Régie du logement en exigeant la fixation de la
durée de leur mandat à ce titre.
M. Filion: C'est quoi des greffiers spéciaux?
M. Marx: Le greffier spécial exerce les fonctions de
régisseur en ce qui a trait notamment au recouvrement de loyers ou
à la résiliation d'un bail pour retard de plus de trois semaines
et à la modification de la durée ou d'une condition du bail en
vertu de l'article 1658.6 du Code civil.
M. Filion: Êtes-vous en train de me dire que les
régisseurs de la Régie du logement, en réalité,
sont des greffiers spéciaux?
M. Marx: Non.
M. Filion: Non? Sont-ils des régisseurs
spéciaux?
M. Marx: On peut dire cela, si vous voulez.
M. Filion: J'essaie juste de comprendre.
M. Marx: C'est l'article 30.1 qui prévoit cela. "Un membre
du personnel de la régie peut être nommé greffier
spécial par le ministre désigné avec l'assentiment du
président de la régie". Au lieu de dire que sa nomination peut
être révoquée en tout temps, on prévoit un mandat
précisé à l'acte de nomination pour lui donner plus
d'indépendance. (21 h 45)
M. Filion: Si je comprends bien, il exerce des fonctions un peu
plus...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...judiciaires.
M. Marx: II est protonotaire.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Richard): L'article 313 est donc
adopté.
M. Marx: II est protonotaire de la régie.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 314.
Loi sur le Régime de rentes du
Québec
M. Marx: L'article 314 modifie l'article 208 de la Loi sur le
Régime de rentes du Québec. En vertu de l'article 208, la
régie peut obtenir tout renseignement, chaque fois que la chose est
nécessaire. La modification proposée vise à prévoir
que le lien de la nécessité concerne la communication de
renseignements et non sa cueillette, en conformité avec les termes
utilisés par la loi sur l'accès à l'information.
M. Filion: On a des choses en suspens, je pense. Il nous en reste
encore une. Non?
M. Marx: Voulez-vous appeler un article?
M. Filion: Est-ce qu'on l'avait réglé la chose en
suspens?
M. Marx: Oui.
M. Filion: II y en avait une antérieurement, la semaine
dernière.
M. Marx: C'était la chose saisie.
M. Filion: Oui, en matière de perquisition. Je ne sais pas
ce qui est arrivé, mais je pense que c'était en suspens. Est-ce
que c'est réglé?
Une voix: Cela va revenir. M. Marx: D'accord,
adopté? M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Richard): Je considère qu'il est
adopté. J'appelle l'article 315.
Loi sur le régime des eaux
M. Marx: L'article 315 modifie l'article 84 de la Loi sur le
régime des eaux. La modification proposée vise à assurer
l'objectivité et le caractère normal de l'exercice du pouvoir
d'inspection en précisant notamment que l'entrée doit être
effectuée à des heures raisonnables et que la personne
autorisée doit s'identifier si elle en est requise.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 316.
Loi sur les relations du travail dans l'industrie de
la construction
M. Marx: L'article 316 modifie l'article 57 de la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction. L'article 57
prévoit qu'en cas de grève illégale la preuve incombe au
prévenu qu'il ne l'a pas ordonnée, encouragée ou n'y a pas
participé, Il s'agit là des actes constitutifs de l'infraction.
La modification proposée supprime un tel renversement du fardeau de la
preuve qui, d'ailleurs, n'a pas son équivalent dans le Code du
travail.
M. Filion: Excellent!
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté.
M. Filion: D'ailleurs, pour la petite histoire, cette disposition
avait été introduite, j'en suis passablement convaincu,
après les événements que l'on avait connus à la
Baie James et la commission Cliche, etc. Elle faisait en sorte que le fardeau
de la preuve incombait au prévenu, à l'accusé. Je suis
heureux de voir que l'on abolit ces relents de persécution dans le
secteur de la construction.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 317.
M. Marx: Cet article modifie l'article 58 de la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction. Cet article
prévoit, dans le cas de lock-out illégal, le même
renversement du fardeau de la preuve que celui prévu à Particle
précédent. Pour les mêmes raisons, sa suppression est
proposée.
Le Président (M. Richard): II est donc adopté.
J'appelle l'article 318.
M. Marx: Cet article modifie l'article 81 de la loi. Les
paragraphes e et f autorisent l'Office de la construction à
procéder à certains examens ou vérifications auprès
de l'employeur ou sur les lieux de travail pour vérifier l'application
de la loi ou du décret. Les modifications proposées
prévoient que ceux-ci doivent s'effectuer à des heures
raisonnables et après identification, si demande en est faite.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: On amende souvent la même loi. Votre
collègue, te ministre du Travail, dépose une loi qui modifiera
toute cette loi, notamment cet article. Sauf erreur, il fera disparaître
l'office. Est-ce que je me trompe? En tout cas, il change le nom de
l'office.
M. Marx: II change de nom.
M. Filion: Donc, cet article aura besoin d'être
probablement... En deux mots, il ne restera pas en vigueur bien longtemps.
M. Marx: II restera en vigueur, mais...
M. Filion: Parce que si on adopte cette loi en même temps
que la loi de votre collègue, le ministre du Travail, on va se trouver
à faire un travail inutile, en supposant que sa loi soit adoptée
avant l'ajournement des fêtes.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on considère
adopté cet article?
M. Filion: On en discute.
M. Marx: Je vois la difficulté. Le député de
Taillon a raison de dire que le même article sera modifié par deux
lois, parce que, là où se trouve le mot "office", on va changer
cela par "commission", c'est vrai. La raison pour cela est bien simple: quand
nous avons déposé le projet de loi 92, nous n'étions pas
au courant qu'un autre projet de loi serait déposé concernant
l'Office de la construction. De toute façon, M. le Président, je
pense que, pour les fins du projet de loi 92, on ne peut tenir pour acquis que
l'autre projet de loi sera adopté. Il faut présumer que l'autre
loi reste un projet jusqu'à ce qu'elle soit adoptée. Je comprends
le problème. On ne peut pas changer maintenant "l'office" par "la
commission", parce que l'autre loi pourrait ne pas être adoptée.
Mais je pense que ce sera adopté d'une façon unanime; on va
voir.
M. Filion: Parlez-vous de votre loi ou de la loi de votre
collègue?
Une voix: Les deux.
M. Filion: II n'y a pas beaucoup de ministres qui sont en train
de faire adopter des lois à l'unanimité, M. le ministre.
M. Marx: Je sais, je comprends.
M. Fiiion: Vous devriez essayer de donner vos tuyaux à vos
collègues. Le ministre du Travail et la ministre responsable de la loi
101 auraient intérêt à apprendre votre façon de
travailler dans certains cas.
M. Marx: Toutes les lois déposées par le ministre
de la Justice depuis de nombreuses années ont été
adaptées d'une façon unanime. Je n'en connais pas une où
il y a eu division.
M. Filion: C'est probablement vrai.
M. Marx: C'est è cause des légistes au
ministère.
M. Filion: Est-ce que c'est vrai ce que vous dites, M. le
ministre?
M. Marx: Oui, oui.
M. Filion: J'ai l'impression que la plupart des lois sont
adoptées à l'unanimité.
M, Marx: Oui, je ne connais pas une loi qui...
M. Filion: Cela doit être pour ne pas rompre la tradition
que vous avez décidé de retirer - j'oublie déjà le
numéro - la loi 110 où il y avait la fusion du Comité de
la protection de la jeunesse et de la Commission des droits de la personne.
M. Marx: C'est encore au feuilleton.
Le Président (M. Richard): Est-ce que je comprends que
vous êtes d'accord tous les deux sur l'article 318? M. le
député de Taillon.
M. Filion: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): L'article 318 est donc
adopté. J'appelle l'article 319.
Loi sur les réserves écologiques
M. Marx: Cet article modifie l'article 13 de la Loi sur les
réserves écologiques. L'article 13 fixe à 48 heures le
délai de comparution devant un juqe de paix d'une personne
arrêtée. La modification proposée remplace ce délai
par le mot "promptement". Cela dépend où il est. S'il est dans la
forêt, cela peut prendre... Le mot "promptement" vient de l'article 30 de
la charte.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: J'ai pratiqué le droit criminel, M. le ministre
de la Justice, et je vous avoue que les "promptement", ils ont l'air bien beaux
quand on les adopte dans des lois, mais quand ils sont vécus par des
agents de la paix qui ont la charge du détenu, des fois...
M. Marx: On peut mettre "très promptement", si vous
voulez.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Filion: Dans ce cas-ci, c'est vraiment particulier...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...parce qu'on parle de ta Loi sur les réserves
écologiques et on ne trouve pas vraiment cela au coin de Saint-Denis et
de Sainte-Catherine. Mais, je dois vous dire que, lorsque va venir le temps du
Code de procédure pénale, cela va être une matière
importante. Dans le Code criminel, sauf erreur, les 48 heures sont encore
là comme délai permis aux agents de la paix pour amener les
détenus devant un juge de paix. C'est écrit en plus de cela dans
le Code criminel, si ma mémoire est bonne, "aussitôt que faire se
peut" ou quelque chose comme cela. Mais la notion d'heure est importante. Dans
bien des cas, les gens sont arrêtés le jeudi et on dit au
policier: Écoutez, il ne pourra pas comparaître avant lundi
matin.
M. Marx: C'est censé être 48 heures.
M. Filion: Mais la période de 48 heures finit le samedi.
Alors là, pour une banalité, les gens peuvent se retrouver en
prison pendant trois jours. Il y a d'autres cas encore pires que je vais vous
souligner quand on va étudier le Code de procédure pénale.
C'est dans le cas où il y a un mandat d'émis à Sherbrooke
pour un type qu'on arrête à Chicoutimi. Attention, pour partir de
Chicoutimi et se rendre à Sherbrooke, cela a pris dix jours sur son
mandat parce qu'à Chicoutimi, on l'a gardé deux ou trois jours
avant de trouver un policier qui s'en allait à Québec. Rendu
à Québec, il a passé deux jours à Orsainville en
attendant de trouver un policier qui s'en allait à
Montréal...
M. Marx: C'est la faute du fédéral. C'est Via
Rail.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Filion: ...et là, rendu à Montréal, il
fallait attendre. Et le type, tout cela pour une accusation de recel de
télévision, avait passé rien de moins que dix jours pour
faire le trajet de Chicoutimi à Sherbrooke. C'était un recel de
télévision qui remontait à une époque où il
était étudiant, six ans avant et tout le kit. Alors, le
"promptement"... À moins qu'on ne veuille mettre un gros P, une lettre
majuscule.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Marx: Je pense que si quelqu'un plaide "promptement" et que ce
ne l'est pas, il peut invoquer l'histoire législative de ce changement,
parce qu'on a mis "promptement" pour que cela ne soit pas plus, mais moins que
48 heures. On pense que cela pourrait être moins.
M. Filion: À ce moment-là, vous auriez pu employer
la terminologie du Code criminel.
M. Marx: On peut dire "dans les 48 heures" ou "promptement".
M. Filion: Oui. Écoutez, je n'en fais pas de cas parce que
je suis convaincu qu'en vertu de cette loi...
M. Marx: Non, non. "Promptement", cela vient de notre charte.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous adoptez
promptement l'article 319?
M. Filion: Ha! Ha! Ha!
M. Marx: On l'adopte promptement.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon et M. le ministre.
M. Filion: Adopté.
Le Président CM. Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 320.
Loi sur les salaires d'officiers de justice
M. Filion: Si les détenus sont conduits aussi promptement
devant le juge de paix que nous avons adopté l'article, je ne suis pas
inquiet.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 320.
M, Marx: L'article 320 modifie l'article 8 de la Loi sur les
salaires d'officiers de justice. Selon la Loi sur les salaires d'officiers de
justice, un tel officier qui se rend coupable d'extorsion de fonds peut, s'il
ne rend pas les sommes extorquées, se voir condamner par un juge
à la détention jusqu'à parfait paiement, quelle que soit
la somme d'argent extorquée. Une telle peine d'emprisonnement à
durée indéfinie apparaît nettement excessive. Les
modifications proposées suppriment donc cette sanction
disproportionnée. En pareil cas, les recours civils de droit commun et
les dispositions du Code criminel sont amplement suffisants. C'est pour
protéger les officiers de justice de mon ministère, le cas
échéant.
M. Filion: Cela n'a pas d'allure. M. Marx: Cela n'a pas
d'allure, non. Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Filion: Cela n'a pas d'allure. J'avoue que cela m'avait
échappé lors de l'étude du projet de loi, mais même
avec l'amendement,
cela n'a pas une maudite allure de détenir quelqu'un
jusqu'à parfait paiement!
M. Marx: C'est l'emprisonnement pour dette.
M. Filion: Cela n'existe plus, cela. Je ne vois pas pourquoi les
officiers de justice seraient plus...
M. Marx: On l'enlève.
M. Filion: Excusez. Vous l'enlevez?
M. Marx: On enlève les quatre dernières lignes de
l'article.
M. Filion: D'accord. Excusez. Vous enlevez "jusqu'à
parfait paiement". C'est une suppression. Il va rester quoi? A-t-on besoin de
cet article? II y a déjà le Code criminel qui parle du
défaut de rendre compte. C'est une infraction, le défaut de
rendre compte. A-t-on besoin encore de cet article qui crée une
espèce de procédure qui...
M. Marx: C'est nécessaire.
M. Filion: ...est sans précédent? On peut faire une
enquête d'une manière sommaire. Il y a aussi l'article de la
charte...
M. Marx: Oui, parce que c'est une loi d'ordre pénal,
civil, et non pas d'ordre criminel.
M. Filion: C'est une loi d'ordre?
M. Marx: Civil ou pénal et non pas d'ordre criminel.
M. Filion: II y a déjà une infraction au Code
criminel qui s'appelle le défaut de rendre compte.
M. Marx: Oui, mais au lieu de poursuivre en vertu du Code
criminel, on peut invoquer cet article. De toute façon, cela ne peut pas
nuire.
M. Filion: Non, mais écoutez... En fait, il est
passé l'heure...
M. Marx: Oui, d'accord.
M. Filion: Regardez, à la cinquième ligne.
M. Marx: Oui.
M. Filion: "La Cour supérieure, ou tout juge tenant la
Cour provinciale - tenant la Cour provinciale, il est fort - peut faire une
enquête d'une manière sommaire, si la partie lésée
juge à propos de porter plainte devant lui; le juqe peut, à cet
effet, assigner toutes les parties nécessaires et les obliger à
comparaître et donner tel ordre pour le remboursement à la partie
lésée de toute somme extorquée ou pour le paiement des
deniers ainsi prélevés ou reçus, avec les frais que le
tribunal ou le juge croit à propos d'accorder;".
M. Marx: Oui, mais ce sont les officiers à la cour, au
palais de justice.
M. Filion: Bon, d'accord. Cela, c'est uniquement au civil.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Bon. Si c'est au civil, pourquoi n'emploie-t-on pas la
procédure ordinaire, c'est-à-dire qu'on aille devant la Cour
provinciale ou la Cour supérieure?
M. Marx: Parce que, depuis des temps immémoriaux, cela a
été une procédure spéciale.
M. Filion: Je pense, entre autres, au huissier. Ce n'est pas
utilisé, cet article. Les gens s'en remettent au droit
général et je ne verrais pas pourquoi, M. le ministre de la
Justice, on créerait une procédure spéciale.
M. Marx: Parce que c'était dans un temps où ils
n'étaient pas à salaire. Ils étaient payés à
la commission, à la pièce. On laisse cet article ou on
l'enlève.
M. Filion: II faudrait enlever cet article,
M. Marx: On va voir cela quand on va revoir la Loi sur les
salaires d'officiers de justice qui sera présentée -
espérons-le -dans un de mes mandats à venir.
Le Président (M. Richard): Êtes-vous d'accord, M. le
député de Taillon?
M. Filion: On va ajourner.
Le Président (M. Richard): C'est donc...
M. Filion: On l'adopte?
Le Président (M. Richard): Vous adoptez l'article?
M. Filion: On ne l'adopte pas.
M. Marx: Non. Le député veut penser à
cela.
Le Président (M. Richard): Alors, c'est suspendu. Je tiens
à vous mentionner qu'il est maintenant 10 heures. C'est donc
l'ajournement. Je vous remercie de votre
participation. C'est un ajournement sine die.
M. Filion: Vous nous remerciez de notre participation. Est-ce
qu'on gagne des prix?
Le Président (M. Richard): Merci de votre
collégialité. Demain matin, il n'y a pas de séance comme
il en avait été question. Les travaux sont donc
ajournés.
(Fin de la séance à 22 h A)