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(Quinze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je vais rappeler le mandat de la commission: procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 12, Loi sur les
règlements. J'appelle l'article 14.
Publication des projets de règlement
(suite)
M. Filion: M. le Président, on avait la dernière
fois, ouvert avec le ministre sur la question des exceptions et, à ce
stade-ci, j'aimerais déposer un projet d'amendement pour que - je vous
en fais lecture - la Loi sur les règlements soit modifiée par
l'insertion, après l'article 13, du suivant: 13.1: Au plus tard le 21
décembre de chaque année, le ministre de la Justice dépose
devant l'Assemblée nationale un rapport faisant état de toutes
les exceptions aux règles de publication et d'entrée en vigueur
des règlements prévues aux articles 12 et 18, ainsi que des
motifs particuliers qui les ont justifiées. Comme le prévoit
notre règlement, il me fait plaisir de vous en livrer une copie
écrite.
On se souviendra que la dernière fois le ministre de la Justice
nous avait dit qu'il s'engageait, de bonne foi, sur le plan administratif,
à faire en sorte qu'un rapport annuel soit remis è cette
commission, rapport contenant toutes les exceptions au délai de
publication et d'entrée en vigueur. On se rappellera que nous avions
pris acte de cet engagement du ministre, mais qu'en même temps, le
ministre ne nous a pas convaincus, ne nous a vraiment pas satisfaits, compte
tenu de l'importance que le maximum de diffusion possible soit assuré
aux exceptions concernant les publications et l'entrée en vigueur des
projets de règlement. Je soumets donc cet amendement par écrit.
Je ne sais pas si le ministre a pu réfléchir ou discuter
avec...
M. Marx: J'ai réfléchi, M. le Président.
J'ai dit l'autre jour à la commission que je serais prêt à
rendre publique à la commission, à la fin de l'année, une
compilation de tous les règlements qui auront été
adoptés avec une exception à la loi, mais je peux vous dire que
l'Opposition, par exemple, a un service de recherche et que tout gros bureau
d'avocats a un service de recherche. Tout le monde peut prendre acte de toutes
les exceptions parce que ce sera publié dans la Gazette officielle. Si
je décidais d'accéder à la demande du député
de Taillon, je le ferais pour les membres de cette commission, le cas
échéant. Mais tout le monde peut prendre connaissance de tout ce
qui est publié dans la Gazette officielle. C'est la raison pour laquelle
elle est publiée. Ce n'est pas au ministère de la Justice
à faire des compilations pour l'Opposition ou pour toute autre personne.
Tout est dans la Gazette officielle. Tout le monde peut prendre connaissance de
tout ce qu'il y a dans la Gazette officielle du Québec. C'est pourquoi
on la publie. Il n'y a pas de raison qui puisse me convaincre de modifier la
loi pour donner une obligation légale au ministère de publier une
compilation. Le député peut me demander toutes sortes de
compilations. Il peut me dire que je dois compiler à chaque année
toutes les lois qui contiennent nonobstant la charte québécoise,
toutes les lois qui contiennent nonobstant la loi à la charte
canadienne, toutes les lois qui donnent des pouvoirs réglementaires au
ministre, toutes ces lois-ci et toutes ces lois-là. On n'est pas ici
pour faire cela, M. le Président.
Je vois que le député de Taillon parle à la
secrétaire de la commission. Pour conclure, nous ne sommes pas
prêts à accepter un tel amendement.
M. Filion: M. le Président, je pense que l'on sait fort
bien que tout le monde peut lire la Gazette officielle du Québec. Mais,
dans le projet de loi qui est devant nous, l'on confère au ministre de
la Justice une responsabilité sur l'ensemble de la
réglementation. C'est lui qui devient la "boite à malle", si on
veut me passer l'expression, entre guillemets, de l'ensemble des
règlements qui doivent être adoptés par le gouvernement ou
ses organismes. Ces règlements doivent passer par le ministre de la
Justice.
Deuxièmement, c'est le ministre de la Justice, on le sait, qui a
l'autorité sur les officiers qui étudieront les projets de
règlement. Troisièmement, le projet de loi fixe des règles
qui, dans bien des cas, étaient suivies avant, en ce qui concerne la
publication et l'entrée en vigueur.
Or, ces règles contiennent des exceptions. On l'a vu à la
dernière séance. Ma demande était simple. Il ne s'agit
pas
pour vous, M. le ministre, comme vous en avez fait allusion
tantôt, de faire une compilation. Je ne vous demanderai pas des
compilations de tout. Vous n'en finirez plus.
M. Marx: On ne le sait pas.
M. Filion: Cela vous prendrait les ordinateurs qui existent dans
les bureaux d'enregistrement que vous êtes en train de fermer.
M, Marx: Est-ce que le député est contre la
fermeture des bureaux d'enregistrement qui ne sont pas rentables? C'est
cela?
M. Filion: On change de sujet. C'est moi qui pose les
questions.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît, si vous
voulez revenir au sujet: le projet de loi 12.
M. Filion: J'en ai des bonnes quand on arrivera à cela.
Cela me fera plaisir de discuter avec le ministre de la Justice
là-dessus.
M. Marx: Vos erreurs du passé.
M. Filion: Je ne lui demande pas de se transformer en ordinateur,
malgré l'équipement additionnel dont il pourrait hériter
à la suite des décisions qu'il prend ailleurs et que je ne
nommerai pas plus amplement. Je lui demande tout simplement de tenir compte,
dans le sens de tenir des comptes des exceptions pouvant être contenues
à son projet de règlement. Je ferai remarquer au ministre qu'il
s'agit d'une recommandation de son collègue qui était
député de Westmount, M. French, è l'occasion du rapport
Vaugeois-French.
Une voix: II l'est toujours.
M. Filion: C'est cela. Mais en plus de ses fonctions de
député, il est aujourd'hui ministre des Communications. Cette
recommandation, cette suggestion contenue au rapport Vaugeois-French avait sa
source dans une logique qui est très simple à comprendre. Si nous
voulons contrôler la réglementation contrôlons aussi ses
exceptions. Lorsqu'un projet de règlement entrera en vigueur le jour de
sa publication, sans prépublication, cela affectera une partie de la
population de nos comtés et ces gens n'auront pas été
prévenus, et nous non plus, à part cela, nous n'aurons pas
été prévenus. L'Assemblée nationale n'aura pas de
contrôle sur ces règlements. Encore une fois, c'est la
démocratie qui va payer pour ça. Si on veut contrôler la
réglementation, contrôlons ses principales ramifications.
Contrôlons ses exceptions. C'est le sens de mon amendement, M. le
ministre, et je suis d'autant plus surpris que vous le rejetiez du revers de la
main que d'autre part vous nous dites, de bonne foi, on va le remettre à
la commission des institutions. Je voudrais tout simplement que l'on confirme
légalement cette obligation. Pour vos successeurs aussi. Vu que c'est la
première loi qu'on adopte une loi sur les règlements, pourquoi ne
pas la bien faire en partant, pour ne pas être obligés dans un an
de revenir ici et de modifier encore une autre fois ce règlement? C'est
le sens de ma demande, M. le Président.
M. Marx: M. le Président, le député de
Taillon a mal interprété le rapport Vaugeois-French en ce qui
concerne la publication de ces exceptions. À la page 120 du rapport, on
lit et je cite: "La loi devrait en outre prévoir que le ministre de la
Justice, à titre de jurisconsulte du gouvernement, sera chargé
d'autoriser l'utilisation de ces exceptions et que, le cas
échéant, l'autorité réglementaire serait tenue de
donner avis de cette autorisation à la Gazette officielle et d'en
fournir les motifs. Enfin, la commission d'étude souhaite que le
ministre dépose annuellement un rapport faisant état des
exceptions qu'il a ainsi autorisées."
Mais comme je n'autoriserai rien, cela change toute la situation
concernant ce rapport parce que, dans le projet de loi tel que proposé,
que nous avons devant nous, le projet de loi 12, ce n'est pas nécessaire
que je donne l'autorisation pour une exception. Donc, je ne vois pas pourquoi
on m'imposerait la publication de ces listes d'exceptions. Donc, je
répète: Le député de Taillon a mal
interprété et mal cité le rapport Vaugeois-French. Je
viens de citer à la page 120 ce que les deux auteurs ont vraiment voulu
dire.
M. Filion: Le rapport Vaugeois-French qui dit essentiellement...
Ici, il donne... Page 120...
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: Je pense que c'est vous qui l'interprétez mal.
La loi, selon ce que le rapport Vaugeois-French recommandait, prévoyait
que ce soit le ministre de la Justice qui soit chargé d'autoriser
l'utilisation des exceptions.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Dans le projet de loi qui nous est soumis, ce n'est
pas le ministre de la Justice, c'est l'autorité qui l'approuve ou
l'édicté.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Or, en réalité, le but de la
recommandation du rapport Vaugeois-French n'était pas pour dire: Parce
que c'est le ministre de la Justice qui l'autorise, on va avoir une publication
parce que dans certains cas, cela va être le ministre de la Justice qui
va l'approuver ou l'édicter, dans d'autres cas, cela va être le
Conseil des ministres, dans d'autres cas, cela va être l'organisme
gouvernemental. Je pense que l'objectif, le sens, l'esprit de la recommandation
de Vaugeois-French était de faire en sorte qu'il puisse y avoir un
dépôt annuel...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...d'un rapport. Si le ministre de la Justice ne veut
pas le déposer lui-même, qu'il demande au Conseil des ministres de
le déposer.
M. Marx: À la page 120 du rapport Vaugeois-French, premier
paragraphe, dernière ligne et je cite: "Enfin, la commission
d'étude souhaite que le ministre - c'est le ministre de la Justice -
dépose annuellement un rapport faisant état des exceptions qu'il
a ainsi autorisées." Mais, M. le Président, le
député ne veut pas comprendre que, dans le projet de loi 12, je
ne donne pas d'autorisation. Comment puis-je, en vertu du projet de loi 12,
déposer des rapports des exceptions si je n'ai pas la permission de
donner des exceptions?
M. Filion: Tous les projets de règlement passent par le
ministre de la Justice.
M. Marx: Ha!Ha! Ha!
M. Filion: Or, vous êtes titulaire du ministère de
la Justice. C'est facile de dresser une liste...
M. Marx: M. le Président, est-ce que j'ai raison ou non?
C'est clair, noir sur blanc, ici. Le député veut s'obstiner,
même quand il sait qu'il n'a pas raison. Mais, je ne peux pas croire
qu'il est tellement obstiné dans ses opinions quand c'est noir sur blanc
qu'il a tort. Je ne blâme pas le député car c'est
peut-être son service de recherche qui n'est pas rodé encore dans
l'Opposition, mais ce n'est pas ma faute.
M. Filion: M. le Président, puisque le ministre de la
Justice s'en prend à des considérations...
M. Marx: Est-ce que ce sont d'anciens attachés du
gouvernement qui ont fait cette recherche?
M. Filion: Je défie n'importe quel esprit de lire les
pages 118, 119 et 120 du rapport Vaugeois-French et de me dire que l'esprit de
la recommandation était de faire en sorte qu'il y ait une publication
annuelle qui soit faite des exceptions à une future loi sur les
règlements. Mais, enfin... (15 h 45)
M. Marx: C'est exactement cela, M. le Président. Parce
qu'à l'article 14 nous ne sommes pas à l'esprit, nous sommes
à la lettre. Pour donner suite à l'esprit, le cas
échéant, j'ai dit et j'ai pris l'engagement de déposer
devant cette commission un bilan de toutes les exceptions. Je pense que cela
répond à l'esprit. Maintenant, nous en sommes à la lettre.
Je pense qu'il y a une différence entre la lettre et l'esprit. Pour
l'esprit, je suis d'accord. Je vais déposer un rapport une fois par
année devant la commission, si c'est nécessaire et s'il y a des
exceptions. Il est fort possible qu'il n'y ait pas d'exception et il ne sera
donc pas nécessaire de déposer un rapport. Est-ce que le
député veut, s'il n'y a pas d'exception, que je dépose un
rapport en mettant un gros zéro? Oui?
M. Filion: Bien oui.
M. Marx: Un rapport, même s'il n'y a pas d'exception?
M. Filion: Vous le déposez à l'Assemblée
nationale, devant l'ensemble des élus...
M. Marx: Devant la commission...
M. Filion: ...du peuple et de la société
québécoise.
M. Marx: Mais, vous savez, M. le Président...
M. Filion: Cela ne coûte pas cher. Ce n'est pas fatigant et
vous allez le faire de toute façon. Au lieu de le déposer devant
la commission, vous le déposez devant l'Assemblée nationale, si
on veut que les élus jouent un rôle et si on veut qu'il y ait des
choses qui changent au Québec.
M. Marx: Oui mais, M. le Président, chaque fois que le
député ou d'autres personnes reçoivent la Gazette
officielle, ce sera clairement indiqué. Le député pourra
faire la compilation lui-même ou demander au service de recherche de
l'Opposition de la faire. Je ne vois pas de problème. Il y a toutes
sortes d'exceptions dans toutes sortes de lois. Le ministère de la
Justice n'est pas un service de compilation. Mais, dans ce cas, je suis
prêt à demander au ministère de faire la compilation. On va
le déposer devant la commission des institutions et ce sera au
député de Taillon, s'il est encore ici, de faire ce qu'il veut
avec ces compilations, de les envoyer à la tribune de la presse et
ainsi
de suite.
M. Filion: Je n'ai pas compris le début de votre
phrase.
M. Marx: Le début de la phrase, c'est que je vais remettre
une copie du rapport au président qui vous en enverra une copie et vous
pourrez la déposer à la tribune de la presse, si vous le jugez
important.
M. Filion: M. le Président, j'ai quand même
déposé ma motion d'amendement.
M. Marx: Ce n'est pas acceptable.
M. Filion: Je prends note de l'avis du ministre, mais, en
même temps, je pose la question à mes collègues
députés. Je pense qu'ils ont entendu. II y a des parlementaires
d'expérience, je pense entre autres au député de
Marquette, au député de Frontenac...
M. Marx: ...n'est pas ici.
M. Filion: Pardon?
Une voix: De Marguerite-Bourgeoys.
M. Filion: ...au député de Marguerite-Bourgeoys.
Ils ont entendu à se faire casser les oreilles leur collègue
maintenant ministre de la Justice et d'autres, leur souligner l'importance pour
le Parlement de contrôler la réglementation. Je leur pose la
question: Est-ce qu'un amendement du style de celui que je suggère et
qui ne crée aucune obligation pour le ministre... Il va le faire de
toute façon. Mais au lieu de le déposer en commission, il va le
déposer à l'Assemblée nationale, devant les responsables.
Je pose la question - et quant à moi, je suis prêt à voter:
Est-ce qu'un amendement semblable n'est pas de nature à bonifier le
projet de loi qui est devant nous?
M. Marx: Si le député insiste pour qu'un tel
rapport soit prévu dans la loi, on peut prendre toute autre loi et
demander toutes sortes de compilations et de rapports. On peut demander des
rapports en ce qui concerne l'utilisation des clauses "nonobstant". Ici au
moins, ce sera publié. C'est clair: c'est disponible pour tout le
monde.
Je ne vois pas pourquoi le député insiste pour qu'on
prenne une obligation dans la loi pour préparer un tel rapport. Il y a
toutes sortes de façons de faire les choses au gouvernement. Il y a des
obligations administratives, il y a des obligations légales. J'ai pris
l'engagement, au plan administratif, de déposer un tel rapport. Je ne
vois pas de problème.
Si le député trouve que ce n'est pas suffisant, quand son
parti sera au pouvoir, peut-être dans douze ans, ii amendera le projet de
loi pour prévoir un tel rapport.
M. Filion: M. le Président, dans le fond, le gouvernement,
pour agir, fait trois choses: premièrement, il dépose les projets
de loi à l'Assemblée nationale; deuxièmement, il adopte
des règlements et troisièmement, il prend des décisions
administratives, grosso modo.
On connaît la force et l'étendue du pouvoir
réglementaire gouvernemental. Ce n'est pas nous qui avons
déposé un projet de loi qui s'appelle: Lois sur les
règlements. Cela vient du gouvernement actuel. C'est la première
fois qu'on étudie ensemble une possible loi visant à
contrôler les règlements. On s'est aperçu que cela ne
contrôle pas grand-chose. On consacre, légalement parlant, dans
une loi ce qui se fait déjà administrativement parlant. Quant au
reste, on avance à peine, autant en ce qui concerne la publication des
projets de règlement, l'entrée en vigueur, etc. On n'est pas en
train de parler de bricoles, on n'est pas en train de parler de la Loi sur les
mesureurs de bois. On est en train de parler sur les règlements. C'est
important, la Loi sur les mesureurs de bois, j'en suis, mais quand même,
il faut se rendre compte du contenu des exceptions. Le premier paragraphe,
à l'article 12, c'est: lorsque "l'urgence de la situation l'impose".
Est-ce assez vaste? D'autant plus que c'est l'autorité qui
l'édicté ou l'approuve. Juste écrire cela et c'est fini.
Je me dis qu'il serait important, si on veut donner à l'Assemblée
nationale quelque pouvoir que ce soit, qu'on commence par l'informer
adéquatement de ce qui se passe. J'aurais aimé que l'ensemble des
projets de règlement, peut-être pas tous les détails, mais
qu'au moins le titre des projets de règlement soit déposé
à l'Assemblée nationale avant leur adoption. Je pense que cela
serait une saine mesure d'aviser les parlementaires de ce qui peut être
approuvé en termes de réglementation dans les semaines qui
viennent. Ce n'est pas cela que je demande, je demande tout simplement que les
exceptions aux principes généraux s'appliquent. Il faut
comprendre les exceptions, elles sont graves dans certains cas parce qu'elles
peuvent empêcher les intéressés d'intervenir. Je prends mon
projet de règlement, je l'adopte, je le publie, c'est "foul ball", sans
prépublication, sans délai d'entrée en vigueur. Pousser
à l'extrême le régime d'exceptions de l'article 12, c'est
ce que cela veut dire.
M. Lefebvre: Cela va être comme aujourd'hui.
M. Filion: Non, aujourd'hui... Dans la plupart des cas, il y a
prépublication, on l'a
vu à la dernière séance... M. Marx: Non.
M. Filion: Surtout que l'entrée en vigueur est
généralement de trente jours.
M. Marx: Ce n'est pas vrai ce qu'il dit.
M. Filion: L'entrée en vigueur est
généralement de trente jours.
M. Marx: Ce n'est pas vrai, M. le Président, ce qu'il dit.
Le député de Taillon se trompe, ce n'est pas dans la plupart des
lois.
M. Filion: Peu importe. Voulez-vous juste me laisser terminer?
Admettons qu'on veuille améliorer la situation actuelle. Dans le fond,
la réglementation - je l'ai dit tantôt - qui parmi vous ne s'est
pas fait casser les oreilles par la puissance, les tentacules du régime
réglementaire qui existe au Québec? On cherche à bonifier
les choses et on légifère pour la première fois.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président... Si vous me permettez, M.
le ministre. Est-ce que je pourrais savoir du député de Taillon
si sa suggestion d'amendement, d'ajouter 13.1, l'amènera à
vouloir amender également l'article 25 pour donner à l'article
13.1...
M. Filion: Bien, 13.1...
M. Lefebvre: Est-ce que vous entendez faire de votre amendement
un acte de pure administration ou si vous voulez que le manquement l'article
13.1 soit sanctionné par l'article 25?
M. Filion: Non, il n'est pas nécessaire que l'article 13.1
soit sanctionné par 25. En deux mots, cela n'invalidera pas le
règlement en raison du fait qu'une erreur quelconque aurait pu faire que
cela ne fasse pas partie de la liste déposée.
M. Lefebvre: Vous n'allez pas jusque-là.
M. Filion: Pas du tout. Uniquement et encore une fois, M. le
député de Frontenac, on a écouté le ministre de la
Justice à la dernière séance ...
M. Marx: J'ai peut-être un compromis pour faire plaisir au
député de Taillon puisqu'il insiste tellement pour lire cela.
Peut-être pourrait-on prévoir - je pourrais prendre cet engagement
- de mettre le nombre de règlements comportant une clause d'exception
dans le rapport annuel du ministère. L'information sera disponible pour
tout le monde, ce sera dans le rapport annuel. Je vais demander aux
fonctionnaires qui s'occupent du rapport annuel de faire cette compilation. Je
prends cet engagement. C'est le rapport qui est diffusé à travers
le monde...
M. Filion: Mon but, c'est...
M. Lefebvre: Votre rapport annuel est déposé
à l'Assemblée nationale.
M. Marx: C'est déposé à l'Assemblée
nationale, diffusé, disponible dans toutes les délégations
du Québec à l'étranger. Peut-être que le
député aimerait voir cela lors de ses vacances à Paris ou
à Londres. Ce sera disponible.
M. Filion: C'est parce qu'encore une fois...
M. Marx: S'il n'est pas à l'Assemblée nationale
quand le rapport sera déposé, il va le trouver à
l'étranger.
M. Filion: Je suis satisfait que vous ne cachiez pas cela, j'en
suis tout à fait satisfait. Mais quand on parle - et on va
étudier le pouvoir de désaveu un peu plus tard aujourd'hui - du
rôle de l'Assemblée nationale, je pense que vous m'avez compris.
C'est là-dessus que j'en suis. Ce n'est pas uniquement que cela soit
caché. Comme vous l'avez dit, c'est évident qu'on peut demander
à des gens de faire des recherches exhaustives pour retrouver cela. Je
suis satisfait que cela ne soit pas pour des raisons de cachette. C'est pour
donner aux députés des outils pour exercer leur rôle
adéquatement. Il y a des règlements, dois-je le
répéter, qui font quinze fois plus mal qu'une loi. Il y a des
règlements qui contiennent des griffes qui sont vingt fois plus fortes
que celles de n'importe quelle législation. Dans beaucoup de secteurs
d'activité, on l'a vu dans la récente vague de législation
qui a été déposée le 15 mai par le gouvernement, il
y a au moins quatre lois qui contiennent des trains réglementaires
importants accrochés à une locomotive législative, si on
peut employer cette comparaison boiteuse.
M. Marx: Je pose cette question au député de
Taillon: Est-ce que cela sera suffisant pour lui si, dans le rapport annuel du
ministère, quand on parle des activités des bureaux, des
règlements ou des activités dans cette direction au
ministère, on donne le nombre d'exceptions en vertu de la loi 12 le cas
échéant, et s'il n'y en a pas eu on dit zéro`? Je pense
qu'on ne peut pas demander plus que cela. Il veut avoir l'information? J'ai
pris l'engagement de rendre cette
information publique dans le rapport annuel du ministère. S'il
veut avoir l'information, je pense que c'est une façon de l'avoir. S'il
continue d'insister, c'est parce que ce n'est pas seulement l'information qu'il
veut. Il veut autre chose, mais je vois mal quoi.
M. Filion: Je pense que vous avez compris ce que j'ai dit depuis
le début de mon argumentation là-dessus. C'est l'Assemblée
nationale qui a un rôle à jouer, ce n'est pas mai comme
député de Taillon, ce n'est pas le député de
Marquette comme député de Marquette. C'est l'Assemblée
nationale.
M. Marx: Un rapport annuel est déposé à
l'Assemblée nationale. Le rapport annuel est déposé
là.
M. Filion: II est déposé un an plus tard ou
à peu près.
M. Marx: C'est déposé aussitôt que possible.
L'ancien gouvernement a déposé cela un an plus tard. Le
présent gouvernement ne déposera pas ses rapports un an plus
tard.
M. Filion: Vous ne bougerez pas plus vite que l'imprimerie.
M. Marx: On est plus vite que l'ancien gouvernement.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon.
M. Filion: M. le Président, je prends note de l'engagement
de déposer à la commission des institutions un rapport annuel, je
prends note également de sa volonté - je ne sais pas si elle va
se concrétiser - d'inclure dans le rapport annuel du ministère de
la Justice les informations concernant les exceptions. Mais, je dois vous dire
que ce n'est pas là l'esprit de l'amendement que j'ai
déposé. En ce sens, j'apprécie les efforts du ministre
pour me comprendre, mais c'est vraiment une préoccupation
institutionnelle que je véhicule ici aujourd'hui. Je me dis qu'il faut
commencer quelque part et le meilleur endroit pour commencer c'est bel et bien
quand on dépose une première loi sur les règlements. On
n'est pas en train de travailler sur de la vieille viande battue 26 fois par 26
législatures. On est en train de créer des
précédents législatifs.
M. Marx: M. le Président.
M. Filion: Le ministre n'était pas obligé de
déposer cette loi.
M. Marx: Si ces choses sont si importantes, pourquoi l'ancien
gouvernement n'a-t-il jamais insisté pour que, lorsqu'on utilise la
clause "nonobstant" dans la charte québécoise, le gouvernement
fasse rapport à l'Assemblée nationale. On ne trouve nulle part
combien de fois cet ancien gouvernement a utilisé la clause nonobstant
dans la charte québécoise. Quelqu'un qui veut savoir fait la
compilation. On ne trouve nulle part dans les lois du Québec l'exigence
d'une telle compilation. Même aujourd'hui, dans les rapports annuels du
gouvernement, on ne fait pas état du nombre d'utilisations de la clause
nonobstant dans la charte québécoise. Mais ici, à cause
des soucis du député de Taillon, nous avons pris cet engagement
de déposer un rapport à la commission des institutions et de
mettre cette information dans le rapport annuel. Je me suis assuré, il y
a une minute ou deux, que les fonctionnaires du ministère ont pris note
de cet engagement et vont y donner suite sur le plan administratif à cet
engagement. (16 heures)
M. Filion: Je n'ai pas à répondre à la
question du ministre de la Justice sur ce que je ne devrais pas faire. Je ne
suis pas là pour répondre aux questions. Je suis là pour
en poser. L'ancien gouvernement n'avait pas déposé de loi sur les
règlements. C'est là la différence. Quand on fait quelque
chose, on le fait bien, puis on le fait le mieux possible du premier coup.
L'ancien gouvernement n'a jamais déposé une loi sur les
règlements. Peut-être qu'il n'avait pas raison de le faire, il ne
l'a pas fait, mais quant à déposer quelque chose, allons dans le
bon sens. Enfin, je ne veux pas éterniser le débat sur
l'amendement que je propose. Simplement, j'attire l'attention des membres de la
commission sur l'importance - à mon sens, en tout cas - sur le plan des
institutions, parce qu'on travaille au coeur des institutions, c'est cela que
l'on fait... Quand on parle de pouvoir réglementaire, on ne travaille
pas sur des bricoles, on travaille au coeur même et dans les organes les
plus importants du gouvernement. Alors, moi, je demande que cela soit mis aux
voix.
Le Président (M. Marcil): D'accord. Juste avant de
procéder au vote, M. le député de Frontenac.
M. Dauphin: Je pense, M. le député de Taillon, que
vous devriez être satisfait d'avoir obtenu l'engagement du ministre, un
engagement ferme, de poser un geste administratif qui, à toutes fins
utiles, va à peu près combler le voeu que vous avez émis
en début d'étude de l'article 13. C'est d'autant plus vrai que
vous m'avez mentionné tout à l'heure ne pas vouloir attacher de
sanctions telles que celles que l'on retrouve à l'article 25, s'il y
avait manquement à votre amendement suggéré, 13.1.
À toutes
fins utiles, on se rejoint, ou presque. L'engagement du ministre de
publier dans son rapport annuel les exceptions, c'est exactement ce que vous
demandez dans l'article 13, sauf que votre article 13.1 vous permettrait de
prendre connaissance des exceptions plus rapidement. C'est la seule
distinction.
M. Filion: M. le ministre, c'est bien beau, les engagements, mais
même si c'est écrit et que cela va dans le Journal des
débats, je vous dis que, des fois, on n'en entend plus parler beaucoup.
Le ministre de la Justice s'est engagé, durant l'étude des
crédits, à me faire parvenir certains documents que je n'ai
toujours pas reçus.
M. Marx: Même si c'est inscrit...
M. Filion: Et qui étaient à côté de
lui.
M. Marx: ...ils ne sont pas prêts. Même si
c'était inscrit dans une loi, Je député sait-il que, il y
a deux ou trois ans, quand j'étais dans l'Opposition, j'ai
demandé que certains rapports qui sont exigés par la loi soient
déposés, je l'ai demandé au président...
M. Lefebvre: Et vous attendez encore!
M. Marx: C'est cela, j'attends encore. Mais maintenant, je peux
les avoir...
M. Lefebvre: Fouillez dans vos tiroirs.
M. Marx: C'est cela. Parce que l'obligation est dans la loi, cela
ne veut pas dire que ce sera...
M. Filion: Oui, mais en tant que ministre de la Justice,
j'espère que...
M. Marx: Le gouvernement...
M. Filion: J'espère pour vous, M. le ministre de la
Justice, que, quand une obligation est dans la loi, vous allez la
respecter.
M. Marx: J'ai juré pour ce gouvernement, pas pour tout
gouvernement.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, M. le
député de Taillon, si vous le permettez, on va appeler le vote
sur l'amendement.
M. Marx: Mais c'est rejeté sur division, M. le
Président. Je ne vois pas...
Le Président (M. Marcil): Voulez-vous avoir l'appel
nominal?
M. Marx: C'est rejeté sur division.
M. Filion: C'est vous qui votez pour tout le monde?
M. Marx: On vote contre, et j'imagine que vous votez pour.
Le Président (M. Marcil): Alors, quels sont ceux qui sont
pour?
M. Filion: Non, cela va, M. le Président. Je vais accepter
le score que vient de casser le ministre de la Justice.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 14.
M. Filion: II semble que ce soit lui qui tienne le tableau
indicateur, M. le Président; alors, moi, je...
Le Président (M. Marcil): J'ai appelé l'article
14.
M. Filion: Quand c'est écrit 3-2 sur l'écran, je
respecte cela, M. le Président. Je ne vais pas plus loin.
En ce qui concerne l'article 14, je pense que cela vaut la peine de...
Peut-être que le ministre voudrait fournir des explications
préalables?
M. Marx: L'article 14 prévoit qu'un projet de
règlement peut être modifié après sa publication
sans qu'il ne soit nécessaire de le publier de nouveau. Cet article vise
à soustraire de l'obligation de publier les modifications
apportées au projet de règlement pour faire suite, notamment, aux
commentaires formulés par les citoyens.
M. Filion: Ma question au ministre de la Justice est simple, eu
égard à l'article 14. Qu'est-ce que cela donne de faire toute
cette procédure de contrôle prévue à l'article 5,
qu'est-ce que donne l'article 7 si on a un article 14 qui dit: De toute
façon, après sa publication, un projet de règlement peut
être modifié de n'importe quelle façon sans que ce soit
nécessaire de le publier de nouveau? Lisons... Si vous permettez, je
vais...
M. Marx: Un projet de règlement... M. Filion: Oui,
oui.
M. Marx: Oui, mais c'est exactement... Regardez la Charte des
droits et libertés de la personne, c'est exactement cela qui est
là en ce qui concerne les projets de règlement sur les programmes
d'accès à l'égalité, parce que...
M. Filion: Oui, oui.
M. Marx: Bien, oui, oui. C'est cela, oui,
oui, On a fait la même chose...
M. Filion: Oui, mais il y a une différence...
M. Marx: Non, ce que je veux vous dire...
M. Filion: IIy a une grande différence. M. le
ministre, on va se comprendre. Il y a une grande différence.
M. Marx: Oui?
M. Filion: Si, dans un texte de loi, on dit qu'un projet de
règlement peut être modifié après sa publication
sans qu'il soit nécessaire de le publier de nouveau, c'est parfait. On
le retrouve à bien des endroits. Sauf que là, dans la Loi sur les
règlements, on vient, aux articles 4 à 7, de mettre sur pied une
procédure, on vient, en plus de cela, de prévoir une série
d'exceptions et à l'article 14, on dit que le projet de règlement
peut être modifié, après sa publication, de n'importe
quelle façon.
M. Marx: Mais, Monsieur...
M. Filion: C'est évident que cela existe
déjà dans la charte.
M. Marx: M. le Président, c'est le projet de'
règlement qu'on n'est pas tenu de publier à nouveau. Mais il faut
que le règlement soit publié. C'est le projet qu'on n'est pas
tenu de publier. Mais le règlement doit être publié.
M. Filion: Cela, c'est clair. Mais les articles 4 à 7 de
votre projet de loi concernent, justement, la procédure à suivre
dans les cas de projet de règlement.
M, Marx: D'accord.
M. Filion: Une procédure assez stricte...
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Et quand on regarde l'article 7 qui dit que si le
projet de règlement est modifié autrement que pour faire suite
à l'avis de l'autorité, un nouvel avis doit être transmis
au ministre de la Justice là, on arrive à l'article 14 qui dit
qu'une fois qu'il aura été publié, il peut être
modifié sans que ce soit nécessaire de le republier, elle donne
quoi, la procédure des articles 4 à 7, puisque vous avez
l'article 14? À moins qu'il y ait quelque chose qui m'échappe, M.
le ministre. Je ne sais pas si vous saisissez. Supposons un cas concret. Il y
aun projet de règlement du ministère des Transports. Il
est envoyé au ministre de la Justice. Il est étudié par
des légistes. Il y a un avis qui est donné pour vérifier
si les points mentionnés à l'article 5 sont respectés: la
cohérence, la qualité, l'harmonisation, la
légalité. Si les légistes donnent un avis comme quoi il y
a un, deux ou trois points qui sont vraiment déficients dans le projet
de règlement, on le retourne. Si l'autorité qui veut en faire un
règlement décide de le modifier autrement que pour donner suite
à l'avis, elle est obligée de donner un nouvel avis et de
redéclencher la procédure prévue aux articles 4 à
7. Mais à l'article 14, une fois que le projet de loi aura
été publié, on dit qu'on peut le modifier de n'importe
quelle façon.
M. Marx: Oui, mais, M. le Président, il y a une
distinction quand même entre les articles 4 à 7 du projet de loi
et l'article 14. Je peux donner des explications additionnelles au
député. Premièrement, la règle prévue
à cet article résulte de l'obligation pour l'administration de
tenir compte des commentaires formulés. L'établissement de
règles contraires minimiserait l'effet de la publication puisqu'une
telle règle ne serait pas de nature à favoriser la modification
de projet pour donner suite aux commentaires et ce en raison des nouveaux
délais que comporterait une nouvelle publication. Deuxièmement,
même sans nouvelle publication, le projet modifié sera soumis
à l'examen du ministère de la Justice, en vertu de l'article 7.
Troisièmement, la règle permet toutefois à
l'autorité réglementaire de publier le projet modifié si
elle juge approprié de procéder ainsi et, finalement, par
analogie, un projet de loi, après avoir été amendé
lors de son étude article par article n'est généralement
pas republié avant sa sanction.
S'il était nécessaire de publier chaque projet de
règlement après chaque modification, cela pourrait
éterniser, c'est-à-dire...
M. Filion: D'accord, mais si...
M. Marx: ...que cela pourrait aller jusqu'à un an...
M. Filion: Mais si...
M. Marx: ...avant qu'on ait la possibilité de publier le
règlement. Je souligne une autre fois qu'en vertu de la Charte des
droits et libertés de la personne, on a prévu la même
procédure et c'est l'ancien gouvernement qui a apporté ces
modifications à la charte québécoise. Si c'était
bon en 1982, cela devrait être bon aujourd'hui.
M. Filion: Mais je ne sais pas si le ministre est conscient que
l'article 14 vient affaiblir - comme je l'ai dit - toute la procédure
des articles 4 à 7. Cela vient
affaiblir l'article 8 lui-même qui dit que le projet de
règlement doit être publié dans la Gazette officielle,
qu'est-ce que cela donne de le publier s'il peut être modifié
substantiellement plus tard? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu - je pose la
question au ministre - de faire en sorte que, s'il y a des modifications
substantielles au projet de règlement, il y ait une nouvelle publication
dans la Gazette officielle?
M. Marx: Substantielles? Qu'est-ce que c'est "substantiel"?
M. Filion: Importantes, substantielles...
M. Marx: Mais comment faut-il définir cela dans la loi, le
cas échéant? II ne faut pas oublier que l'article 25...
M. Dauphin: Si cela change complètement la nature, M. le
ministre, évidemment, là, je présume que ce n'est pas la
même chose.
M. Marx: Si cela change complètement la nature, les
tribunaux vont exiger, le cas échéant, un nouvelle
publication.
M. Filion: Écoutez...
M. Marx: On ne peut pas définir...
M. Filion: M. le ministre, c'est s'avancer sur une pente
savonneuse, dangereuse, que de prédire que les tribunaux pourront
intervenir, alors qu'il y a un article qui dit précisément: "Un
projet de règlement peut être modifié après sa
publication sans qu'il ne soit nécessaire de le publier de nouveau." Il
n'y a pas un tribunal... En tout cas, je peux difficilement entrevoir qu'un
tribunal dise que, s'il s'agit d'une modification substantielle, ce n'est pas
correct. Cela peut...
M. Marx: On me dit qu'il y a déjà de la
jurisprudence qui a statué que, si un règlement est
substantiellement modifié, s'il y a des modifications importantes, cela
pourra être jugé invalide et qu'il faut recommencer le processus
de modification,
M. Filion: C'était avant l'article 14, cette
jurisprudence. L'article 14 n'existait pas. L'article 14 vient
précisément, de façon explicite, permettre une
modification au règlement après sa publication. Alors...
M. Marx: Si c'est modifié d'une façon importante,
ce n'est pas le même projet de règlement. On veut avoir une bonne
loi, mais il ne faut pas exagérer. Il y a des limites à ce qui
est raisonnable aussi. Le projet de loi...
M. Lefebvre: On est bon, mais on n'est pas parfait.
M. Marx: C'est ça. Non, mais, parce que le gouvernement
précédent n'a rien fait dans ce domaine, maintenant, il nous
arrive dans l'Opposition avec toutes sortes de propositions qui sont un peu
exagérées. Je suis prêt a donner cette jurisprudence au
député de Taillon, le cas échéant, c'est
l'arrêt de la Cour supérieure de Montréal Abdallah contre
le bureau de l'Ordre des ingénieurs du Québec. C'est un
arrêt de 1983.
M. Filion: Encore une fois, l'article 14 n'existait pas à
ce moment-là. C'est évident, il n'y avait pas de loi sur les
règlements. Les tribunaux étaient peut-être bien
placés pour donner cette interprétation-là, c'est
leur...
M. Marx: Je peux lire un extrait de ce jugement au
député de Taillon. Peut-être que cela va le convaincre.
C'est Mme la juge Alice Desjardins.
M. Filion: Votre ancienne collègue?
M. Marx: Mon ancienne collègue et ancienne professeure.
Vous aussi?
M. Filion: Elle m'a enseigné, mais cela me surprend
qu'elle vous ait enseigné. Je croyais plutôt que...
M. Marx: J'ai le même âge que le député
de Taillon.
M. Filion: Quel âge a-t-il?
M. Marx: Elle a écrit, à la page 61 du jugement,
tel que polycopié, et je cite: "Mais si la modification adoptée
est telle qu'elle diffère substantiellement de la proposition originale
au point qu'on puisse conclure que jamais le gouvernement n'a juridiquement
porté l'enjeu des débats à l'attention des groupes
à consulter, le nouveau règlement ne saurait valoir, car il va
à l'encontre de la procédure prescrite par le
législateur." Je pense que c'est bien clair. Si une autorité
réglementaire va déborder les cadres de la loi ou de ses
pouvoirs, les tribunaux sont là pour contrôler les
activités et les règlements de l'autorité administrative.
Adopté M. le Président?
M. Filion: Passez-moi donc le texte pour que je le relise
tranquillement.
M. Marx: Suspendu, pour que le député...
M. Filion: Ce n'est pas long. Je vais prendre 20 secondes pour
lire cela.
M. Marx: Peut-on suspendre pour trois minutes.
M. Filion: Oui, si vous voulez. (Suspension de la séance
à 16 h 16)
(Reprise à 16 h 21)
M. Filion: Quant à l'arrêt rendu par l'honorable
juge Desjardins dans un projet de règlement concernant le Code des
professions où il y avait consultation obligatoire d'un groupe,
après cette consultation obligatoire le gouvernement avait
décidé d'adopter un projet de règlement qui était
nettement, de façon importante et substantielle, différent du
projet de règlement initial qui avait été soumis à
la consultation et dans ce cas, le juge Desjardins, je ne sais pas si c'est en
ratio decidendi ou en obiter dictum, comme on dit à l'Université
de Montréal, avait tranché en disant que, lorsque c'est tout
à fait un nouveau règlement, il doit repasser à travers la
procédure prescrite par le législateur. Mais, dans ce cas-ci, ce
qu'il y a de nettement différent, c'est l'article 14 qui n'existait
sûrement pas à ce moment-là et l'article 14, lui...
M. Lefebvre: ...par mon collègue de Mille-Îles;
est-ce que le juge Desjardins a annulé le règlement? Quelle est
sa décision?
M. Filion: Oui, peut-être pas juste là-dessus, mais
il a annulé.
M. Lefebvre: Parce que, substantiellement, le règlement
avait été modifié.
M. Filion: C'est cela. Ce qu'il y a de différent dans ce
cas c'est que, à cette époque, dans la cause qui a
été citée, il n'existait pas de texte législatif
permettant de façon explicite un amendement au projet de
règlement après la publication. Or, une fois qu'on aura
adopté cette loi, j'ai bien peur que non seulement l'arrêt
cité ne nous aide pas mais, au contraire, j'ai peur qu'on empêche
justement les tribunaux d'exercer leur rôle. Peut-être qu'on
pourrait imaginer ou une procédure similaire et non pas semblable
à celle de l'article 7, ou carrément on pourrait enlever cet
article 14. Si le ministre de la Justice n'a pas l'intention d'aller plus loin
que la situation actuelle, à quoi sert l'article 14? J'ai peur que,
justement, ce que disait Mme le juge Desjardins qui est fondé sur le bon
sens... Si on fait un projet de règlement en matière de
transport, portant sur un poids, qu'on publie ça et qu'ensuite on
revient avec un projet de règlement qu'on publie et qui porte non plus
sur les poids mais sur les distances, c'est un tout nouveau projet de
règlement. J'attire l'attention des membres de la commission
là-dessus. Je pense que l'effet de l'article 14 peut être encore
plus néfaste que ce que j'avais préalablement compris.
Comprenez-vous?
M. Marx: Oui, c'est quoi la question, à la fin M. le
Président?
M. Filion: C'est que l'article 14 va possiblement plus loin qu'on
l'imagine. Pourquoi l'article 14? Pourquoi ne pas l'enlever? À quoi
sert-il, quel est son objectif pour vous?
M. Marx: S'il y a une modification substantielle, il serait
possible pour un tribunal d'appliquer le jugement tel que...
M. Filion: C'est le contraire, M. le ministre de la Justice: Si
vous faites disparaître l'article 14 du projet de loi, on va retomber
à la situation actuelle qui dit que, si c'est une modification
importante et substantielle, les tribunaux pourront considérer que c'est
un nouveau projet de règlement.
M. Marx: Ici, on parle de projet de règlement, dans la
décision c'était la publication d'un règlement, ce
n'était pas un projet. Il y a une différence entre un projet de
règlement et un règlement.
M. Filion: Oui, mais dans la décision, il s'agissait aussi
d'un projet de règlement. On ne fait pas la consultation après le
règlement. On fait la consultation...
M. Marx: Un projet de règlement est un projet. Un
règlement est adopté par l'autorité qui a le pouvoir de
l'édicter.
M. Filion: Oui, mais dans ce cas-ci, il y a eu publication d'un
projet de règlement et consultation et publication d'un
règlement. C'est la même chose que dans notre cas.
M. Marx: Dans le cas que nous avons cité, dans
l'arrêt Abdallah, c'était un règlement qui était
modifié. On n'a pas fait la consultation nécessaire.
C'était un règlement et non un projet de règlement.
M. Filion: Mais l'article 14 n'a aucune utilité dans cet
esprit, M. le ministre de la Justice.
M. Marx: S'il n'est d'aucune utilité, qu'on vote pour, M.
le Président, parce que cela ne nuira pas.
M. Filion: Non, au contraire; il n'a aucune utilité et il
vient servir des fins adverses à celles que vous recherchez.
M. Marx: Comment cela?
M. Filion: Je viens de vous l'expliquer. Cela empêcherait
d'écarter un projet de règlement qui a déjà
été publié pour les fins qui modifient de façon
importante et substantielle le projet de règlement initial.
M. Marx: Mais, M. le Président, l'article 14 a pour but
d'éviter que, s'il y a une modification mineure, telle une correction
dans la version anglaise ou une modification d'un article quant à une
virgule mal placée et ainsi de suite, les tribunaux décident que
le règlement ou le projet de règlement est invalide. C'est pour
empêcher les tribunaux d'intervenir lorsqu'il s'agit de modifications
mineures ou qui ne sont pas substantielles, si vous voulez.
M. Filion: On a de la difficulté à se comprendre.
Écoutez, déjà ils n'interviennent pas quand c'est une
modification mineure. Les tribunaux n'interviennent pas dans ce cas, on vient
de le voir. Ce qui nous était soumis est à peu près
l'état général du gros bon sens et de la jurisprudence.
C'est une modification mineure et je suis convaincu qu'un tribunal ne
considérera pas que c'est un nouveau règlement parce qu'on a
modifié 32 par 36 dans une mesure quelconque du Code de l'habitation ou
je ne sais trop.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Frontenac, vous vouliez intervenir?
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Lorsqu'on se
réfère à la décision Desjardins du 17 juin 1983, ce
n'est quand même pas de la vieille jurisprudence. À la page 63 de
cette décision, on retrouve peut-être le principe auquel on fait
référence à l'occasion de l'article 14, à savoir
que s'il y a une modification substantielle et que, en vertu de l'article 14,
on n'a pas publié à nouveau, le tribunal devant qui le
problème sera soumis pourra casser le règlement.
C'est un peu ce qu'on retrouve à l'article 63 lorsqu'on dit que
l'intimé soutient que, bien que les tribunaux aient affirmé
à plusieurs reprises qu'ils - en parlant toujours des tribunaux - ne
sauraient substituer leur jugement à celui d'un agent, d'un organisme
administratif ou d'une autorité publique dans l'exercice d'un pouvoir
discrétionnaire, ils n'ont pas hésité à intervenir
dans les cas où la discrétion était exercée d'une
façon arbitraire, injuste, discriminatoire ou déraisonnable.
Autrement dit, si, de façon substantielle, on modifie le
règlement et qu'on fait défaut de publier à nouveau...
L'article 14 prévoit qu'il n'y a pas d'obligation de publier à
nouveau, mais cela ne veut pas dire que, dans certains cas, on ne publiera pas
à nouveau. Si, par hasard, on ne publie pas à nouveau, à
la suite d'une modification substantielle, on s'expose à ce que les
tribunaux cassent ce règlement. En d'autres mots, laissons travailler
les juges. C'est ce que Desjardins dit.
M. Filion: Mais, M. le député de Frontenac,
l'article 14 va faire précisément le contraire de ce que vous
dites. Dans la décision Desjardins, l'article 14 n'existait pas. Il
n'existait pas dans le Code des professions. Là, on le dit: "Un projet
de règlement peut être modifié après sa publication
sans qu'il ne soit nécessaire de le publier de nouveau." Cela ne
crée pas de distinction. Cela va plutôt constituer une porte
d'entrée pour modifier les règlements. Les juges qui se
retrouveront avec l'article 14 ne pourront peut-être pas rendre le type
de décision qu'a rendue le juge Desjardins. (16 h 30)
M. Lefebvre: Pourquoi pas? Si, après une première
publication, on modifie le règlement de façon mineure, les
tribunaux, par hypothèse, si le cas leur est soumis, n'interviendront
pas en disant: Le public n'a été trompé en aucune
façon. Par contre, si on modifie de façon substantielle, de
façon arbitraire, injuste, discriminatoire ou déraisonnable, si
on a fait défaut de publier de nouveau, on risque de voir ce
règlement casser.
M. Filion: C'est le contraire, il n'existait pas l'article
14.
M. Lefebvre: Cela ne change rien, M. le député.
M. Filion: Cela ne change rien? Est-ce que vous venez de me dire
que l'article 14 ne changeait rien?
M. Lefebvre: C'est-à-dire que...
M. Filion: Si l'article 14 ne change rien, pourquoi
l'adopter?
M. Lefebvre: C'est que de façon... Autrement dit, on
sanctionne par une loi ce qui, de façon générale...
À partir du moment où le projet de loi 12 sera adopté, il
y aura obligation de soumettre l'évaluation des règlements, ce
qui n'existait pas avant, sauf de façon isolée où il y
avait consultation obligatoire, comme dans le cas étudié par la
juge Desjardins. Cette consultation obligatoire a été
jusqu'à un certain point... La consultation obligatoire n'a pas
été faite comme elle aurait dû l'être sur un point
essentiel. C'est pour cela que la juge Desjardins a dit: Ce règlement,
je l'annule. Le principe reste le même avec l'adoption de l'article 14 et
du projet de loi 12. Le principe consacré par la juge Desjardins va
rester le même.
M. Filion: C'est ce que l'on va faire.
Comme les tribunaux le disent souvent: Si le législateur veut
quelque chose, il n'a qu'à l'exprimer. Alors, cela voudrait dire qu'un
projet de règlement pourrait être modifié de façon
non substantielle après sa publication sans qu'il ne soit
nécessaire de le publier de nouveau.
M. Lefebvre: Cela va de soi.
M. Filion: Cela ne va pas de soi, mais pas du tout.
M. Lefebvre: Bien oui, cela va de soi.
M. Marx: Le député de Taillon semble être
d'accord qu'il faut avoir un tel article 14. Est-ce cela? Il veut changer les
mots?
M. Filion: M. le ministre de la Justice, je suis ici pour
collaborer à votre projet de loi. Je suis en train d'étudier
l'article 14 et je me pose certaines questions qui me semblent découler
d'une lecture saine de votre projet de loi, et je me dis que l'article 14, pour
moi, a peut-être un objectif contraire à celui qui est
visé.
M. Lefebvre: À moins qu'il ne soit nécessaire.
Une voix: Le plus étonnant, c'est...
M. Filion: Je suis plutôt d'accord avec ce qui existe
actuellement comme tendance. Si un projet de règlement est
modifié de façon substantielle, il devrait être
republié.
M. Marx: C'est cela.
M. Filïon: Cela me paraît être le gros bon sens,
mais ce n'est pas ce que cela dit.
M. Marx: Mais c'est cela, M. le Président. Le
député semble être d'accord avec l'article, mais pas avec
le libellé de l'article. Si on écrit les mots "substantiellement
modifié" dans l'article, qui va décider? Est-ce que ce seront les
fonctionnaires qui vont décider si c'est substantiel?
M. Filion: Ce sera la même chose que ce qui existe
maintenant, ce seront les tribunaux dans le cas où il y a litige.
M. Marx: C'est cela, mais on veut que ce soient les tribunaux qui
décident. Donc, on n'a pas mis le mot "substantiel". Ce n'est pas aux
fonctionnaires de décider si la modification est substantielle, le cas
échéant. Donc, ce serait aux tribunaux de décider si cela
a été substantiellement modifié ou non. Ici, on dit: Si
c'est substantiellement modifié, ce sera nécessaire de republier
le projet de règlement.
M. Filion: Vous vous posez toutes ces questions sur les
fonctionnaires. Ce qu'ils vont faire, les fonctionnaires, si on dit, par
exemple, qu'un projet de règlement peut être modifié
autrement que substantiellement après sa publication sans qu'il ne soit
nécessaire de le publier de nouveau, si on dit cela, les fonctionnaires
vont se poser la question: Est-ce substantiel ou pas? En cas de doute, ils vont
suggérer une republication.
M. Lefebvre: Ils vont publier. M. Marx:
...substantiel.
M. Lefebvre: L'article dit: "...sans qu'il ne soit
nécessaire de le publier de nouveau." Si le fonctionnaire est prudent,
il va suggérer au ministre de publier de nouveau.
M. Filion: La base... On a de la difficulté à se
comprendre cet après-midi. Pourtant, c'est le début de la
semaine. L'article 14, tel que rédigé, ne fait pas de distinction
entre ce qui est substantiel et ce qui ne l'est pas. À mon avis, M. le
ministre de la Justice, sans être un expert et un professeur de droit,
tel que rédigé actuellement, l'article 14 est plutôt une
embûche -je devrais plutôt m'exprimer positivement -est
plutôt une voie de facilité pour modifier des règlements de
façon substantielle sans qu'il y ait une nouvelle publication. Il faut
prendre les mots pour ce qu'ils sont: "Un projet de règlement peut
être modifié..." Si on le laisse comme cela, cela ne crée
pas de distinction.
M. Marx: Mais si on enlève l'article 14...
M. Filion: Le juge qui va devoir interpréter l'article 14
va nous dire: Si le législateur avait voulu créer une distinction
entre une modification mineure et une modification majeure, il l'aurait
écrit. Le législateur n'écrit rien donc cela implique ce
que les mots veulent dire c'est-à-dire qu'on peut modifier des projets
de règlement point. Sans qu'il n'y ait de nouvelles publications point.
Le reste de l'interprétation pour moi est carrément...
M. Marx: Supposons qu'on enlève l'article 14.
M. Filion: On retourne à la situation actuelle.
M. Marx: C'est-à-dire qu'il pourrait arriver que les
tribunaux exigent la publication d'un projet de règlement.
M. Filion: Si on enlève l'article 14, M. le ministre de la
Justice, on va retourner à la situation qui existe actuellement.
M. Lefebvre: Vous ne pouvez pas, M. le député de
Taillon, enlever l'article 14, M. le ministre.
M. Filion: Juste pour répondre. Pardon.
M. Lefebvre: Vous ne pouvez pas enlever l'article 14. Vous pouvez
donner tout un autre sens à l'article 14 et dire qu'une modification
obligera une deuxième publication, c'est l'un ou l'autre.
M. Filion: II me pose une question, je réponds. Je mets de
l'avant, je propose plutôt qu'on amende l'article 14 pour créer
une distinction entre ce qui est substantiel et ce qui ne l'est pas.
M, Lefebvre: Quel est votre texte, M. le
député?
M. Filion: Un projet de règlement peut être
modifié autrement que substantiellement après sa publication sans
qu'il soit nécessaire de le publier de nouveau.
M. Marx: Ce serait aux fonctionnaires de décider ce qui
est substantiel. Dans ce sens, on laisse cela aux tribunaux.
M. Filion: Je ne comprends pas ce que vous dites. Les
fonctionnaires vont exercer un jugement d'opportunité. Ils vont dire:
Est-ce substantiel ou pas? Si oui nous suggérerons ceci.
M. Marx: Peut-être pourrait-on suspendre l'article 14 et y
revenir par la suite.
M. Filion: On se comprend quand même sur le fond de
l'argumentation.
M. Marx: Oui. Le député veut qu'on mette le mot...
Ne peut pas modifier après...
M. Filion: Au pire, comme position...
M. Marx: Quels sont les mots que le député a
suggéré d'insérer?
M. Filion: Un projet de règlement peut être
modifié. Je dis cela vite, ne bougez pas, il y a peut-être une
façon de rendre cela en meilleur français.
M. Lefebvre: La fin de votre texte, M. le député.
De le publier de nouveau, sauf s'il y a modifications substantielles...
M. Filion: Probablement; ce serait préférable. Sauf
s'il s'agit de modifications substantielles ou d'une modification
substantielle.
M. Marx: M. le Président, peut-on suspendre l'article 14,
cela va nous donner la possibilité...
Le Président (M. Marcil): De le travailler davantage.
M. Marx: ...d'élucider cette question.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que cela va?
Êtes-vous d'accord, M. le député de Taillon?
M. Filion: Je suis d'accord pour suspendre. On se comprend sur
l'idée. Il s'agit juste de...
M. Marx: On comprend l'idée.
M. Filion: L'article 14 est suspendu. Pour faire le point, quel
autre article est suspendu également?
Le Président (M. Marcil): IIn'y en a pas
d'autre.
M. Filion: IIy en avait un autre. Non. On l'avait
réglé la dernière fois.
Le Président (M. Marcil): N'était-ce pas le
numéro 5?
Une voix: C'était l'article 3, paragraphe 5 et cela a
été réglé.
M. Marx: J'imagine que le député est d'accord avec
l'article 15 qui prévoit la publication de tout règlement.
Le Président (M. Marcil): Un instant, s'il vous
plaît, M. le ministre. L'autre article, M. le député de
Taillon, c'est l'article 3, paragraphe 5 qui avait été...
M. Filion: Qui a été réglé.
Le Président (M. Marcil): C'est cela! J'appelle l'article
15.
Publication et entrée en vigueur des
règlements
M. Marx: L'article 15 prévoit que tout règlement
est publié à la Gazette officielle du Québec. Il faut
laisser "à la Gazette officielle du Québec" et pas "dans". Il
faut, M. le Président, revenir sur les amendements que nous avons faits
aux articles 8, 9, 10 et 11 et changer les mots "dans la Gazette" pour
"à la Gazette" parce que, depuis quelques années, c'est "à
la Gazette". En France c'est "au Journal". Si c'est bon pour la France, ce
devrait être bon pour cette commission.
Une voix: On va faire travailler.
Une voix: M. Boulerice un peu.
M. Marx: Nous avons un expert ici du ministère de la
Justice sur cette question de terminologie. Je pense que ce serait mauvais de
changer la terminologie qui est consacrée dans nos lois et dans nos
règlements.
Une voix: Vous déposez des amendements?
M. Marx: Oui monsieur. On va faire à la fin les
amendements aux articles 8, 9, 10 et 11.
Le Président (M. Marcil): Oui. On peut les faire tout de
suite, M. le ministre.
M. Marx: Je préférerais les faire tout de suite
pour ne pas les oublier.
Le Président (M. Marcil): Êtes-vous d'accord, M. le
député de Taillon?
M. Marx: Ce sont des modifications mineures.
M. Filion: Je suis d'accord pour qu'on les dépose
maintenant.
M. Marx: M. le Président, je propose qu'aux articles 8, 9,
10 et 11, onchange...
Le Président (M. Marcil): "Dans la Gazette officielle" par
"a la Gazette officielle".
M. Marx: "À" la Gazette officielle. Partout dans la loi ce
sera "à la Gazette officielle". C'est une modification mineure et non
substantielle.
Le Président (M. Marcil): Êtes-vous d'accord, M. le
député de Taîllon?
M. Filion: Je m'abstiens. Le député de
Saint-Jacques avait amené un point de vue. Sur division.
M. Marx: Adopté. J'aimerais souligner qu'on m'a dit que le
député de Saint-Jacques en ce qui concerne l'étude
d'autres projets de loi a fait des corrections importantes dans la
terminologie, mais ici on me dit que ce serait difficile d'accepter une telle
modification étant donné que dans toutes nos lois c'est
écrit "à la Gazette".
M. Filion: Le député de Saint-Jacques est retenu
justement à la commission générale sur le statut
économique de l'artiste et du créateur. Il n'est pas là.
Malheureusement, je n'ai pas l'expertise pour...
M. Marx: D'accord, adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. M. Filion:
Sur division.
Le Président (M. Marcil): Adopté sur division.
M. Filion: Avec abstention plutôt. Le Président
(M. Marcil): Abstention. M. Filion: S'il vous plaît!
Le Président (M. Marcil): Ça va.
Adopté. L'article 15 est-il adopté? "Tout règlement
est publié à la Gazette officielle du Québec".
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): C'est implicite.
Adopté.
Article 16? M. le ministre.
M. Marx: L'article 16 prévoit que: "L'article 15 n'a pas
pour effet d'obliger la publication à la Gazette officielle du
Québec d'un texte auquel renvoie un règlement. "Toutefois, une
personne ne peut être condamnée pour une infraction commise
à l'encontre d'un texte non publié à la Gazette officielle
du Québec et auquel renvoie un règlement, à moins qu'il ne
soit prouvé que ce texte a été autrement publié et
que les personnes susceptibles d'être visées par celui-ci
pouvaient en prendre connaissance lors de la commission de l'infraction."
Le premier alinéa de l'article 16, c'est la pratique actuelle et
le deuxième alinéa, c'est pour s'assurer que personne n'est
condamné pour une infraction s'il n'est pas au courant.
Est-ce que le député est d'accord avec l'article 16?
M. Filion: En ce qui concerne...
M. Marx: Le premier alinéa est de concordance avec
l'article 9.
M. Filion: C'est ça, j'étais justement en train de
revoir cela. C'est un petit peu la même remarque que j'avais faite
à l'occasion de l'adoption de l'article 9, M. le ministre.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Vous vous souvenez, on incorpore des textes.
M. Marx: C'est la situation actuelle. C'est impossible de changer
cela.
M. Filion: Vous avez vérifié.
M. Marx: J'ai vérifié car cela m'a
beaucoup tracassé, si vous voulez préoccupé, pour
ne pas dire tracassé - parce que vous savez qu'on peut par
législation se référer à n'importe quoi. Cela fait
partie de notre droit. (16 h 45)
On m'a expliqué que les renvois, c'est toujours connu par les
personnes affectées. On peut se référer au Code du
bâtiment du Québec, par exemple, mais ce n'est pas
nécessaire de répéter tout le Code du bâtiment du
Québec. Ce sera peut-être nécessaire de se
référer à une loi fédérale. Donc, ce ne sera
pas nécessaire de répéter la loi fédérale ou
le Code du bâtiment fédéral, le cas échéant
ou le Code du logement fédéral, etc. On a pris la
précaution de mettre le deuxième alinéa afin de
protéger le citoyen qui n'aurait pu prendre connaissance d'une norme
inscrite dans le texte auquel renvoie le règlement. Normalement, tous
ces textes sont disponibles.
M. Filion: C'est parce que je partage...
M. Marx: Je peux vous donner un exemple, j'ai demandé
quelques exemples. Il y a le règlement sur la qualité du milieu
de travail, chapitre S-2.l, règlement 15.
M. Filion: Cela a été adopté en vertu de
quelle loi?
M. Marx: C'est adopté en vertu de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail, (Lois du Québec,
1979). On voit à l'article 1, dans les définitions d B a, "Valeur
de niveau de bruit global sur réseau pondéré établi
selon les normes et les méthodes prévues dans la publication no
179 (Deuxième édition 1973) du Bureau central de la commission
électrotechnique internationale". Donc, on donne la
référence exacte, mais on ne reproduit pas tout le texte. Je vois
que dans les règlements qu'on adopte au Québec, on donne ces
références. Une personne ne peut pas être condamnée
si elle ne peut pas prendre connaissance de ces textes. J'ai
étudié cette question à maintes reprises avant que je sois
d'accord pour qu'on garde l'article 16 tel quel. C'est la pratique actuelle,
sauf que dans la pratique actuelle, il n'y a pas le deuxième
alinéa de l'article 16.
M. Filion: Le deuxième alinéa est venu de la
jurisprudence, sauf erreur.
M. Marx: On s'est inspiré plutôt de la loi
fédérale.
M. Filion: De la loi fédérale. Mais la
jurisprudence avait déjà reconnu que...
M. Marx: Oui. Mais dans la loi, c'est plus fort que cela,
dans...
M. Filion: Je suis d'accord, mais on cherchait l'inspiration
de...
M. Marx: L'inspiration peut-être que c'est la
jurisprudence, mais on n'a pas l'arrêt ici.
M. Filion: Ce n'est pas grave. M. Marx: On peut
vérifier.
M. Filion: Ma question là-dessus, c'est seulement un
détail. Évidemment, on cherche à protéger le
citoyen qui ne peut pas prendre connaissance de la nature et du contenu de ces
obligations. Mais on dit: "à moins - et là on tombe dans
l'exception à la protection - qu'il ne soit prouvé que ce texte a
été autrement publié et que les personnes susceptibles
d'être visées", etc. C'est très large, cela: "à
moins qu'il ne soit prouvé que ce texte a été autrement
publié". Ça ne dit pas où et ça ne dit pas sur quel
territoire. S'il a été publié, je ne sais pas, aux
États-Unis ou n'importe où... N'y aurait-il pas lieu, je pose la
question - et vous l'avez étudiée peut-être plus que moi,
M. le ministre, - de dire: à moins qu'il ne soit prouvé que ce
texte a été autrement publié au Québec ou...
M. Marx: C'est écrit: "et que les personnes susceptibles
d'être visées par celui-ci pouvaient en prendre connaissance lors
de la commission de l'infraction." Si c'est une loi de l'État de la
Louisiane et que c'est impossible d'en prendre connaissance au Québec,
bien, c'est impossible. M. le Président, on me dit, qu'en pratique,
l'autorité qui édicté un règlement renvoyant
à des normes s'assure que les intéressés sont en mesure
d'en prendre connaissance. En d'autres mots, on peut toujours
téléphoner à l'autorité en question et demander une
copie, sinon ce serait impossible de respecter le règlement. C'est dans
l'intérêt de l'autorité qui édicté un tel
règlement d'avoir une copie de ces textes, donc, en fait, un renvoi
disponible.
M. Filion: D'accord. Écoutez, il me semble qu'il aurait
été préférable de faire en sorte qu'un avis soit
donné à l'intérieur de la publication. Est-ce que vous
m'écoutez?
M. Marx: Pardon?
M. Filion: Est-ce que vous m'écoutez?
M. Marx: Oui.
M. Filion: II me semble toujours qu'il aurait été
préférable qu'un avis soit donné en même temps que
la publication indiquant
carrément l'endroit où ce document peut être
consulté.
M. Marx: Oui, mais j'ai pris l'engagement, concernant
l'étude de l'article 9, d'envoyer un avis à toutes les
autorités réglementaires pour qu'elles précisent où
se trouve le document et que cela soit disponible.
M. Filion: Sans que ce soit une obligation?
M. Marx: Ce sera une obligation...
M. Filion: Administrative, comme on dit.
M. Marx: Administrative, oui.
Le Président (M. Marcil): L'article 16 est-il
adopté?
M. Marx: Mais, M. le Président, juste pour clore sur cette
question, j'ai demandé qu'on fasse enquête pour savoir si une
telle pratique a déjà posé des problèmes et on m'a
dit que non.
M. Filion: Bon.
M. Marx: C'est cela aussi. Il ne faut pas légiférer
sur des choses qui n'arriveront pas.
M. Filion: On pourrait peut-être aborder un autre volet de
l'article 16. On connaît l'article 133 de la constitution canadienne.
M. Marx: Oui.
M. Filion: On connaît l'interprétation qu'en ont
faite les tribunaux. Je pose la question suivante au ministre... Je vais
attendre qu'il m'écoute, M. le Président.
M. Marx: Oui, mais, M. le Président, il y a des
problèmes et j'ai posé cette question lors de l'étude de
ce projet de loi.
M. Filion: Est-ce que vous voulez me laisser finir ma
question?
M. Marx: Oui.
M. Filion: On connaît la portée de l'article 133,
tel qu'interprété par la jurisprudence. Ici, on ouvre une porte
en ce sens que le règlement peut se référer à un
texte qui peut être unilingue, peu importe. À ce moment, ce que je
soumets au ministre, c'est qu'on risque de se retrouver devant des dispositions
qui soient carrément illégales. Quel est, justement,
l'état de la réflexion du ministre à ce sujet?
M. Marx: J'ai posé cette question. Je pense qu'il y a la
législation par référence, des renvois dans les lois du
Québec à toutes sortes de lois qui ne sont peut-être pas
disponibles dans la langue officielle. Cela veut dire qu'il peut y avoir un
problème de publication de ces textes, parce qu'il peut y avoir des
droits d'auteur sur certains textes. Cela pourrait arriver qu'on se
réfère à un texte sur lequel quelqu'un a des droits
d'auteur. Donc, on ne peut pas reproduire de tels textes. Mais on me dit - je
pense que je dois prendre cette assurance de mes fonctionnaires au
ministère qui ont toute cette expérience et qui ont
vérifié avec tous les autres ministères au gouvernement -
que cela ne pose pas de problème. Supposons qu'on se
réfère à un document rédigé en espagnol, au
Mexique. Vous comprenez qu'on va avoir des problèmes. Donc, on ne le
fait pas.
M. Filion: Ce serait, par ailleurs, contraire au deuxième
alinéa de l'article 16.
M. Marx: Quelqu'un qui est unilingue français, qui ne peut
pas prendre connaissance d'un règlement parce qu'il est
rédigé en espagnol, n'est pas tenu de le respecter. Cela revient
à ça.
M. Filion: Le cas que je vous soumets, M. le ministre, ce n'est
pas tellement l'espagnol, parce que je sais que cela...
M. Marx: Non, c'est l'anglais. M. Filion: D'abord.
M. Marx: Pour l'anglais, ce serait la même chose,
j'imagine.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'on peut
considérer que l'article 16 est adopté''
M. Filion: M. le Président, j'attends la réponse du
ministre sur l'article 133.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Marx: Oui, adopté.
M. Filion: Non, mais sur l'article 133?
M. Marx: Sur l'article 133, je ne pense que cela pose des
problèmes ici. Parce qu'on a des lois.
M. Filion: Oui, on a seulement à regarder le jugement qui
a été rendu dans les secteurs public et parapublic.
M. Marx: Ce n'est pas la même chose.
M. Filion: Je ne veux pas m'aventurer parce que je ne l'ai pas lu
en détail, mais il me semble bien que la cour a décidé
d'annuler. Elle a considéré la loi comme étant
illégale étant donné que les décrets étaient
unilingues et donc contraires à l'article 133.
M. Marx: Le renvoi à un texte n'est pas
nécessairement égal au texte d'un règlement.
M. Filion: Oui, mais le jugement des tribunaux - eu égard
aux conventions collectives - était dans la mesure où un
règlement fait référence à un texte qui contient
des normes qui doivent être appliquées. Je pense bien que le texte
auquel on se réfère participe à la même nature que
le règlement lui-même. Donc, il pourrait être assujetti aux
dispositions de l'article 133.
M. Marx: Mais dans les lois du Québec, on renvoie - cela
arrive - aux lois étrangères qui ne sont pas
nécessairement disponibles en français. Je ne connais pas de
jurisprudence qui ait rendu une telle disposition invalide. On va laisser cela
ainsi, M. le Président. Cela a toujours été ainsi et on ne
peut pas modifier cette situation en fonction de ce que les tribunaux
pourraient décider un jour. Mais jusqu'à maintenant, cela a
toujours été fait comme cela. Il n'y a pas de jurisprudence pour
dire que c'est invalide.
M. Filion: Oui, mais la grande différence, M. le ministre,
c'est que maintenant - encore une fois, je me répète mais je
pense qu'il est important d'être bien compris - on
légifère. Avant cela c'était une pratique administrative;
maintenant on fait une loi. Cela fait deux ou trois fois que vous me
répondez: Écoutez, on verra. Cela se faisait comme ça dans
le passé. On va vivre avec cela.
M. Marx: Mais la seule différence ici, c'est
l'alinéa 2.
M. Filion: Si vous me laissiez terminer, M. le ministre. Cela ne
sera pas long.
M. Marx: C'est l'alinéa 2.
M. Filion: Non, mais quand même, c'est important. On
légifère et il y a des zones grises importantes dans ce projet de
loi. Avant cela, on pouvait toujours dire: Cela se passe sur le plan
administratif. Mais là, on en fait une loi. Ce sont les
inconvénients de faire une loi. Il faut en être conscient.
M. Marx: Si le député veut l'opinion du
gouvernement, l'article 16 est constitutionnel.
M. Filion: Je n'en doute pas.
M. Marx: Voilà.
M. Filion: Je ne doute pas que l'article 16 soit constitutionnel.
Mon problème, ce sont les règlements qui peuvent être
adoptés et qui contiennent des textes auxquels on se
réfère.
M. Marx: L'opinion du gouvernement, c'est qu'un tel
règlement sera valide sur le plan constitutionnel.
M. Filion: Même s'il n'est pas conforme à l'article
133?
M. Marx: À notre avis, c'est conforme à l'article
133.
Le Président (M. Marcil): II y avait d'abord une question
d'éclaircissement adressée au ministre. À l'article 9, il
y avait un amendement pour remplacer "d'obliger la publication" par "rendre
obligatoire la publication dans la Gazette". Est-ce qu'à l'article 16,
on procède au même amendement également? (17 heures)
M. Marx: Si on veut, oui, M. le Président.
C'est-à-dire qu'on a changé les mots et...
Le Président (M. Marcil): On remplace "pour effet
d'obliger la publication à la Gazette" par "rendre obligatoire la
publication dans la Gazette."
M. Marx: Oui. C'est une correction du député de
Saint-Jacques que nous avons acceptée.
M. Filion: Je pense que l'amendement tel que vous l'avez lu, ce
n'est pas le bon. On est mieux de lire de façon précise quels
mots vous enlevez et quels mots vous remplacez.
Le Président (M. Marcil): On remplacerait exactement comme
on l'a fait dans l'article 9 où on avait remplacé à la
première ligne les mots "d'obliger la publication à la" par "de
rendre obligatoire la publication dans la". Mais là, on va
remplacer...
M. Filion: Ce n'est pas "dans la".
Le Président (M. Marcil): ..."dans la" par "à
la".
M. Filion: On est dans un sous-amendement; ensuite, dans
l'amendement.
Le Président (M. Marcil: C'est cela. Nous avons
déjà procédé aux corrections aux articles 8, 9, 10
et 11. C'est déjà fait. On a changé "dans la" par
"à la" Gazette. Ici,
l'amendement serait: "L'article 15 n'a pas pour effet de rendre
obligatoire la publication à la Gazette officielle du Québec d'un
texte auquel renvoie un règlement." Cela va pour l'amendement?
Une voix: Oui.
M. Marx: Cela va pour l'article, M. le Président?
M. Filion: Un dernier mot sur l'article.
M. Marx: Oui, oui.
M. Filion: Peut-être qu'en relisant...
Le Président (M. Marcil): Excusez, M. le
député de Taillon, est-ce que cela va pour l'amendement?
M. Filion: Pour l'amendement, oui. Le Président (M.
Marcil): Oui, cela va.
M. Filion: "...pouvaient en prendre connaissance - les derniers
mots de l'article 16 - ...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...lors de la commission...11 Pourrait-on
dire - je ne sais pas, je pose seulement une question aux légistes -
"lors ou avant la commission de l'infraction"? J'appelle mon droit
criminel.
M. Marx: Oui, on dit "lors" dans les... M. Filion:
Remarquez...
M. Marx: C'est cela, dans la loi fédérale, on dit:
"À la date de la violation". Cela va, on change "lors" pour "avant", tel
que proposé par le député de Taillon.
M. Filion: C'est mon vieil esprit de criminaliste, M. le
ministre.
M. Marx: D'accord. "Avant la commission de l'infraction..."
Le Président (M. Marcil): On change le mot...
M. Marx: Les mots "lors de" pour "avant".
Le Président (M. Marcil): Les mots "lors de" sont
remplacés par "avant la commission de l'infraction". Cela va?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcil): L'article 16
est-adopté?
M. Marx: Oui.
Une voix: Tel qu'amendé.
M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Marcil): Sur division, tel
qu'amendé.
M. Marx: J'aimerais donner une mise en garde au
député de Taillon.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 17.
M. Filion: Vous l'avez fait la dernière fois, M. le
ministre de la Justice.
M. Marx: Si chaque article est adopté sur division, ce
sera difficile pour l'Opposition de voter pour le projet de loi en
troisième lecture.
M. Filion: J'ai dit la dernière fois, M. le
Président, au ministre de la Justice qu'il semble vouloir prendre un
plaisir malin à faire en sorte que nous votions contre le projet de loi
lors de son adoption. Je puis dire au ministre de la Justice qu'on peut garder
la surprise pour la fin, mais qu'il ne risque pas d'être
déçu. On verra.
M. Marx: D'accord. M. Filion: On verra.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 17.
M. Marx: L'article 17 prévoit qu'un règlement entre
en vigueur le quinzième jour qui suit la date de sa publication à
la Gazette officielle du Québec ou à une date ultérieure
qu'indique le règlement ou la loi en vertu de laquelle le
règlement est édicté ou approuvé. Cet article
établit seulement le moment auquel un règlement entre en
vigueur.
Le Président (M. Marcil): Adopté?
M. Filion: Vous avez réfléchi à quinze
ou...?
M. Marx: C'est un délai minimum. Cela peut être plus
long, mais c'est un délai minimum. Il ne faut pas oublier qu'il y a
déjà eu une prépublication et ainsi de suite.
M. Filion: C'est cela, oui.
M. Marx: II ne faut pas...
Le Président (M. Marcil): Adopté?
Une voix: Adopté.
M. Filion: Ma question: Je sais que c'est un délai
minimum, mais avez-vous réfléchi au chiffre quinze?
M. Marx: On aréfléchi aux chiffres 15, 30,
45, 60, 80...
M. Filion: Avez-vous réfléchi à moins que
cela?
M. Marx: Non, parce que...
M. Filion: Vu que la procédure...
M. Marx: ...si ce n'est pas urgent, cela prend quinze jours
après sa publication, ce n'est pas...
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Marcil): Cela va, adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 18. Y a-t-il
un amendement à l'article 18?
M. Marx: Oui, un amendement qui est souhaité, je suis
sûr, par le député de Taillon.
M. Filion: Vous allez amender le deuxième
alinéa.
M. Marx: C'est cela, c'est afin d'amender le deuxième
alinéa pour qu'il se lise comme suit: "2. le règlement
établit, modifie ou abroge des normes de nature fiscale." C'est un
article de concordance. Il n'y a rien... Est-ce adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Évidemment, sans que ce soit nécessaire
de recommencer le débat que j'avais fait à l'article 12, je
réitère quand même mes remarques pour les besoins du
Journal des débats.
M. Marx: Adopté sur division. M. Filion: Donc, sur
division.
Le Président (M. Marcil): L'amendement est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
M. Filion: L'amendement est adopté... Le
Président (M. Marcil): D'accord. M. Filion: ...point.
Le Président (M. Marcil): L'article 18 est adopté
sur division.
M. Filion: L'article est adopté sur division.
Le Président (M. Marcil): Tel qu'amendé sur
division. Cela va?
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 19.
M. Marx: L'article 19 est de concordance avec l'article 16. On
peut proposer la même modification, c'est-à-dire changer les mots
"lors de" pour "avant la". C'est à l'avant-dernière ligne.
C'était déjà proposé pour l'article 16 par le
député de Taillon. Donc, il n'y aura pas de problème pour
accepter cette modification. M. le Président, est-ce que cet amendement
est adopté d'une façon unanime?
Le Président (M. Marcil): On remplacerait les mots "lors
de" par "avant la". Est-ce que l'amendement est adopté? M. le
député de Taillon? M. le député de
Mille-Îles?
M. Bélisle: M. le ministre, en termes de preuve, qui a le
fardeau de la preuve et comment prouve-t-on?
M. Marx: J'imagine que la preuve, c'est toujours facile ou
difficile à faire.
M. Bélisle: C'est surtout toujours difficile à
faire.
M. Marx: J'imagine que si la personne a demandé à
l'autorité qui a dicté le règlement une copie du document,
qu'elle a écrit des lettres et qu'elle a téléphoné
et qu'elle n'a jamais reçu le document, qu'il n'est pas disponible au
Québec, je pense que ce serait possible de faire une certaine
preuve.
M. Bélisle: Est-ce que je dois comprendre, M. le ministre,
d'après votre réponse, que le fardeau de la preuve est bien
entendu à la partie gouvernementale, c'est-à-dire au procureur de
la couronne ou...
Une voix: Au poursuivant.
M. Bélisle: ...au poursuivant, à celui qui...
M. Marx: La personne doit se défendre parce qu'on va la
poursuivre pour lui dire qu'elle n'a pas respecté le
règlement.
M. Bélisle: Je veux être bien
spécifique, M. le ministre. Je suis sûr que vous avez eu
des expériences devant les tribunaux et la question du fardeau de la
preuve est quelque chose d'assez exigeant en matière de documents
gouvernementaux. Je me pose la question...
M. Marx: C'est comme la situation actuelle. Dans la situation
actuelle, rien n'est prévu, c'est-à-dire tout le monde est tenu
de respecter un règlement et des textes auxquels on fait
référence. Ici, on dit que la personne qui ne respecte pas un tel
règlement peut plaider que c'est impossible pour elle d'en avoir pris
connaissance donc, elle ne sera pas condamnée.
M. Bélisle: Donc, c'est au justiciable à invoquer
et à avoir le fardeau de la preuve sur ses épaules. C'est au
justiciable de prouver, devant une cour de justice, qu'il n'a pas eu l'occasion
d'avoir connaissance d'un règlement.
M. Marx: Mais aujourd'hui, M. le Président... Pardon?
M. Filion: Je répondais au député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je m'excuse, M. le député de
Taillon, laissez-moi poser mes questions. Je comprends très bien ce que
le texte veut dire, mais je veux être bien sûr parce que, M. le
ministre, j'ai eu à plusieurs reprises des problèmes de preuve
dans cette perspective devant les tribunaux avec des documents qui
étaient certifiés par des administrateurs gouvernementaux sur
l'existence ou la non-existence de telle situation, de telle autre situation,
ce qui m'amènerait à une sous-question.
M. Marx: Je dirais que cela semble être à
l'administration de prouver...
M. Bélisle: Donc, exactement comme cela existe en vertu de
la Loi sur les poursuites sommaires présentement. S'il y a une
autorisation qui est exigée en vertu d'une loi, présentement, il
y a une autorisation de déposée dans le dossier pour instituer
une poursuite en vertu de telle ou telle loi. Il y aurait un document
d'émis par le département concerné, une sorte de
certificat indiquant que tel document ou tel texte aurait été
publié et que, normalement, la personne aurait pu en avoir
connaissance.
M. Marx: Oui.
M. Bélisle: C'est ça? C'est comme cela que cela
devrait fonctionner?
M. Marx: J'imagine que ce serait, comme le député
l'a dit, en vertu de la Loi sur les poursuites sommaires. Donc, cela serait la
même procédure.
M. Bélisle: Maintenant, la personne qui va signer ce
document, ce certificat, qui est l'équivalent d'une autorisation de
poursuite en vertu de la loi présentement... Vous savez qu'il y a eu
d'énormes problèmes avec les autorisations de poursuites qui font
très souvent défaut dans les dossiers du ministère de la
Justice devant les tribunaux. Plusieurs bons plaideurs utilisent toujours cette
petite filière-là. Est-ce que vous avez l'intention, pour
éviter qu'on n'utilise la même faille par rapport à ce
certificat qui sera décerné, mettons, par un directeur de service
chez vous, dans votre ministère...
M. Marx: M. le Président, le député
soulève un problème qu'on pourrait peut-être régler
dans le cadre de la réforme de la Loi sur les poursuites sommaires,
parce que nous avons l'intention de déposer un projet de loi sur un code
de procédure pénale. Ce sera intéressant de prendre note
de cette observation du député pour qu'on puisse faire la
réforme qui s'impose dans un code de procédure pénale.
M. Bélisle: Vous comprenez mon intervention, M. le
ministre. C'est fait pour que ceux qui nous représentent dans les cours
de justice, c'est-à-dire le gouvernement, ne soient pas face à
quelque chose d'extrêmement difficile en matière de preuve. La
preuve, c'est la chose la plus difficile qu'il y a à faire dans une cour
de justice d'un côté ou de l'autre.
Je ne voudrais pas que ce soit le justiciable qui ait à le
prouver parce que cela serait impensable que le justiciable le prouve. Selon
moi, à la lecture de l'article, c'est le gouvernement, le poursuivant,
le procureur de la couronne qui devrait normalement avoir le fardeau de la
preuve et, exiger un fardeau de la preuve qui ne correspond pas... Je vois tout
de suite l'analogie que certains plaideurs pourraient faire avec les
autorisations de poursuites en vertu de la Loi sur les poursuites sommaires
présentement. Je vous dis qu'il y a un beau trou là. Je l'ai
utilisé à quelques reprises.
M. Marx: Je suis d'accord avec le député, c'est
difficile pour les citoyens de prouver un négatif. C'est ça.
M. Bélisle: D'accord.
M. Marx: On en prend note.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que l'article 19 est
adopté tel qu'amendé?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon?
M. Marx: IIest d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, on va laisser le
député de Taillon répondre.
M. Filion: Exprimer son accord ou son désaccord
lui-même. Je pense qu'il y aune erreur à l'article 19.
M. Marx: Une erreur?
M. Filion: À moins que je me trompe: "...une personne ne
peut être condamnée pour une infraction commise (...) à
moins qu'il ne soit prouvé que les personnes susceptibles d'être
visées par le règlement pouvaient en prendre connaissance lors de
la commission de l'infraction."
Est-ce que cela ne devrait pas être: "à moins qu'il soit
prouvé"? Peut-être que c'est moi qui le lis mal.
M. Marx: "...qu'il ne soit prouvé..."
M. Laporte: IIen a pris connaissance même si cela
n'a pas été publié; s'il avait pu en prendre connaissance.
C'est l'interprétation que j'en fais.
M. Marx: On a déjà adopté l'article 16. (17
h 15)
M. Filion: J'avais eu la même question à l'article
16, mais, comme cela relevait de la langue française... C'est correct,
cela.
M. Marx: Nous regrettons l'absence du député de
Saint-Jacques aujourd'hui. On m'assure que c'est correct. Nous avons des
fonctionnaires ici aujourd'hui qui sont des experts.
M. Filion: C'est pour cela que je pose la question. Juste un
commentaire sur les remarques du député de Mille-Îles. Pour
moi il est clair que le fardeau de la preuve demeure sur les épaules du
poursuivant. Il faut le lire avec l'article 20 aussi: "Toute personne est tenue
de prendre connaissance des règlements publiés à la
Gazette officielle du Québec et il n'est pas nécessaire de les
plaider spécialement." Donc, cela exclut une bonne partie des
règlements. Mais il reste toute l'autre partie des règlements
où il y a des textes qui ne sont pas contenus dans les
règlements. Nous nous trouvons là dans une situation
problématique. J'ai hâte de voir ce que cela va donner devant les
tribunaux. Encore une fois, je me demande si cette loi ne crée pas plus
de problèmes qu'elle n'en règle. Devant les tribunaux, lorsque le
règlement va référer à un texte, à un autre
texte - on parlait même d'une loi étrangère dans certains
cas, mais laissons faire les lois étrangères et parlons
plutôt de ce qui existe aux États-Unis ou ce qui existe à
Toronto ou ailleurs et auquel on réfère - il me semble voir le
poursuivant faire la preuve que les personnes qu'il a poursuivies pouvaient
prendre connaissance de la référence contenue dans un
règlement. Je trouve qu'on est en train d'ouvrir une espèce de
zone grise, un trou noir, un "twilight zone" -appelions cela comme on veut -
sur le plan juridique- II me semble voir à la Cour municipale de Laval
le poursuivant qui va être pris pour essayer de faire cette preuve
à la satisfaction du tribunal.
M. Marx: M. le Président, on va demander au
député de Taillon de défendre cette personne devant la
Cour municipale de Laval.
M. Filion: Écoutez, soyons sérieux, M. le ministre
de la Justice.
M. Marx: Vous serez l'expert.
M. Filion: On a intérêt à ce que nos lois
soient claires et on a intérêt à ce que nos
règlements soient clairs parce qu'il y a des
pénalités.
M. Marx: C'est bien clair, c'est plus clair que...
M. Filion: Dans certains cas, cela peut signifier des cessations
d'activités commerciales, industrielles et vitales pour les personnes
qui sont impliquées.
M. Marx: C'est cela. Mais tout ce qu'on fait ici...
M. Filion: Je vous dis que ce n'est pas clair tout cela.
M. Marx: ...c'est qu'on donne des droits aux citoyens qu'ils
n'ont pas aujourd'hui.
M. Filion: La jurisprudence, M. le ministre de la Justice avait
déjà...
M. Marx: Je pense que c'est bon de donner des...
M. Filion: ...dans le passé établi que, lorsqu'une
personne ne pouvait pas prendre connaissance du contenu des obligations, les
cours de justice avaient appliqué le bon sens et avaient
libéré et acquitté les personnes qui étaient
défendeurs dans des causes semblables. Mais là le problème
- je le redis une autre fois - c'est qu'en légiférant,
c'est-à-dire qu'en prenant une pratique administrative et en en faisant
un texte de loi on va aller bouleverser l'équilibre
jurisprudentiel qu'ont donné les tribunaux. C'est ce qui arrive
avec des projets de loi où on prend des pratiques administratives et
qu'on veut en faire de belles lois. Voulez-vous me laisser terminer, M. le
ministre. On en fait une belle loi mais qui va créer plus de
problèmes. Le juge qui va être saisi du problème qu'on
soulève ici maintenant va être obligé de tenir compte de la
législation adoptée à l'Assemblée nationale. Il ne
pourra pas se référer aux principes qui existaient à
l'époque où il n'y avait pas de législation sur la
réglementation. On va créer un nouvel état de choses dont
on ne sait pas trop. Le ministre de la Justice nous dit: On verra quelle
direction cela va prendre. Il ne savait pas trop qui avait le fardeau de la
preuve.
M. Marx: C'est l'ancien gouvernement.
M. Filion: Je sais qui a le fardeau de la preuve, c'est le
poursuivant.
M, Marx: Pour rassurer le député de Taillon, je lui
dis que l'assurance vient de la loi fédérale qui a une telle
disposition. Cela n'a pas soulevé de problème. On a
vérifié la jurisprudence et cela n'a pas soulevé de
problème en ce qui concerne le fédéral. Cela donne plus de
droits aux citoyens.
M. Filion: Cela ne donne pas plus de droits aux citoyens, vous ne
viendrez pas me dire cela.
M. Marx: Bien oui. Cela n'enlève pas, cela clarifie.
M. Filion: Ce sont des droits qui existaient déjà
dans la jurisprudence. On ne peut pas condamner quelqu'un s'il ne sait pas du
tout à quoi s'en tenir.
M. Marx: Mais cela porte à la connaissance du citoyen
qu'on a une telle disposition.
M. Filion: Ce n'est pas du droit criminel, ce n'est pas du droit
civil. On est dans la réglementation.
M. Marx: Pénal.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Mille-Îles.
M. Filion: Si c'était du droit criminel alors tout le
monde sait qu'on n'a pas le droit de poser des gestes criminels et on est
sensé connaître le Code civil. Mais, ici nous avons
énormément de matières extrêmement
spécifiques d'activités humaines de toutes sortes. Je le
mentionnais la dernière fois avant que le député de
Bélisle... de Mille-Îles arrive.
M. Bélisle: C'est un autre comté qui va être
créé bientôt. Cela s'en vient.
M. Filion: À l'Assemblée nationale, on vient de
déposer quatre lois qui vont amener, elles aussi, leur train de
réglementations. Ce gouvernement qui voulait apparemment
déréglementer - j'ai hâte de voir; il n'y a rien comme
déréglementation, surtout pas dans cette loi qui va venir
compliquer les choses dans ces aspects-là - vient encore une fois de
déposer à l'Assemblée nationale quatre lois avec des
pouvoirs réglementaires énormes.
Non seulement on ne déréglemente pas, mais on vient
compliquer la réglementation avec un projet de loi qui, dans plusieurs
de ses articles, n'a même pas d'affaire là. On vient bouleverser
la situation existante en plus de cela.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je ne fais pas partie de l'Opposition, M. le
ministre. J'aime autant vous le dire tout de suite. J'ai vécu tellement
d'expériences face à la Loi sur les poursuites sommaires, aux
règlements et à la réglementation, que je dois vous avouer
que quand on envisage cela sous les yeux d'un praticien, de quelqu'un qui a
à défendre un client, on prend toutes les portes qui nous sont
ouvertes ou qu'on peut utiliser, parce que c'est notre devoir de le faire,
comme procureur, comme avocat.
On n'a pas le choix d'agir autrement. Moi, maintenant, heureusement, je
regarde de l'autre côté de la barrière, faisant partie du
gouvernement. Je regarde le certificat qui serait à être
donné, la preuve, l'exigence de preuve. Je lis bien le paragraphe:
"...à moins qu'il ne soit prouvé que les personnes susceptibles
d'être visées par le règlement pouvaient en prendre
connaissance..."
Qui, à part Dieu, peut donner un certificat qui, à tout
coup, ne sera pas contesté par un procureur de la défense? Il n'y
a pas une cour de justice, M. le ministre, au Québec, pas un juge de la
Cour supérieure du Québec - pas la Cour supérieure,
mettons la Cour des sessions de la paix - qui va pouvoir reconnaître la
validité d'un tel certificat.
Il n'y a personne qui donne à un sous-ministre ou à un
directeur de service le droit de dire: II pouvait en prendre connaissance.
C'est une question de fait.
M. Marx: Supposons que l'autorité a écrit une
lettre à la personne en lui disant: Vous pouvez vous procurer une copie
de ce texte...
M. Bélisle: M. le ministre, sérieusement, vous
allez contraindre la machine de
l'État...
M. Marx: On ne pourrait pas le faire, parce que...
M. Bélisle: Parce que cela n'a pas de...
M. Marx: ...aujourd'hui, cela ne cause pas vraiment de
problème.
M. Bélisle: J'essaie de...
M. Marx: Est-ce que vous avez beaucoup de causes? Est-ce qu'il y
a une jurisprudence où cette question est soulevée?
M. Bélisle: Non, mais je suppose, M. le ministre -
peut-être que l'avenir vous donnera raison ou peut-être que
l'avenir me donnera raison - qu'il va y en avoir une d'établie
rapidement comme jurisprudence.
M. Marx: Si l'avenir nous donne tort, à vous ou à
moi, on va modifier la loi, le cas échéant.
M. Bélisle: Je le suppose, mais est-ce que vous me
permettriez une suggestion?
M. Marx: Oui.
M. Bélisle: Bêtement, en l'air comme cela, qu'est-ce
que l'article 19 vient ajouter à l'ensemble du projet de loi? Si on
n'avait pas l'article 19, on éviterait le certificat. Concernant
l'énoncé biblique par un fonctionnaire, un directeur de service -
je n'ai rien contre les fonctionnaires, je les adore - un sous-ministre, qui
dit que la personne ne pouvait pas en prendre connaissance, ce qui est
impossible physiquement parlant - la cour ne peut pas sanctionner une
impossibilité physique j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Marx: Supposons, M. le Président -je vous donne un
exemple qu'on m'a donné -qu'il y a dix entrepreneurs qui sont
appelés à respecter un règlement. Supposons qu'il y en a
neuf qui ont respecté le règlement, est-ce que le dixième
peut dire: Je ne veux pas respecter le règlement parce que le texte est
introuvable?
M. Bélisle: Oui. M. Marx: Oui? M.
Bélisle: Oui.
M. Marx: Qu'est-ce que les juges vont dire?
M. Bélisle: Le juge dirait effectivement que c'est
à vous de faire la preuve que lui en a eu connaissance.
M. Marx: La preuve serait que le texte est disponible...
M. Bélisle: ...lui a été transmis.
M, Marx: ...que c'est disponible, que les neuf autres ont
téléphoné pour en avoir une copie. On a envoyé des
copies à tout le monde.
M. Bélisle: M. le ministre, malheureusement, je ne vous
suis pas là-dessus.
M. Marx: Bien, quelle est la preuve?
M. Filion: Bien voyons donc! Je n'ai jamais vu cela dans les
cours de justice, pendant les quelques années où j'ai
pratiqué mon métier, qu'on fasse...
M. Bélisle: Ce n'est pas une question, comme le disait le
député de Taillon...
M. Filion: Non, mais laissez-moi finir mon intervention, M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Ne vous fâchez pas, M. le
député de Taillon.
M. Filion: C'est parce que, tantôt, je vous ai
laissé...
M. Bélisle: On est non partisan et on essaie de faire un
travail correct.
M. Filion: D'accord.
M. Bélisle: Baissez le ton et on va se parler
correctement.
M. Filion: Je n'ai pas monté le ton du tout.
M. Bélisle: Bon, c'est cela.
M. Filion: Je vous ai demandé de me laisser terminer ma
phrase.
M. Bélisle: M. le Président, j'ai demandé la
parole.
M. Filion: Je pense que je l'avais avant, la parole.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous terminé, M. le
député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Bien, je... M. Filion: Allez-y.
Le Président (M. Kehoe): Finissez votre intervention.
M. Bélisle: M. le ministre, le but, c'est de s'assurer
qu'on ne soit pas face a une
situation qui va être invoquée par plusieurs justiciables.
C'est le but de l'article 19. Si je vous fais ta comparaison avec les
autorisations de poursuite, c'est quelque chose qui est invoqué
constamment à la cour par quelqu'un qui se sent pris, face à un
règlement, qui ne veut pas plaider coupable, mais qui utilise cette
porte de sortie qui est là. Je vous dis que dans peut-être 10 %
des cas, cela passe, parce qu'il y a des trous là-dessus.
Là, je vois un certificat émis par quelqu'un où, en
matière de preuve, je vous suggérerais de demander à votre
contentieux de vérifier auprès des plaideurs du ministère,
ceux qui ont affaire devant les tribunaux, s'il n'y a pas là un
problème de preuve. C'est un problème pour la machine en
général, pour tous les règlements du gouvernement du
Québec.
M. Marx: Je ne comprends pas pourquoi l'on parle toujours d'un
certificat. Est-ce qu'il faut que ce soit un certificat?
M. Bélisle: Ce serait quoi, alors? M. Marx: Bien,
cela pourrait être...
M. Bélisle: Faire témoigner les neuf entrepreneurs
qui ont connaissance...
M. Marx: Cela peut être le témoin...
M. Bélisle: Pour une amende de 100 $, effectivement, ce ne
serait pas justifié de faire témoigner neuf entrepreneurs.
M. Marx: Cela veut dire que, jusqu'à maintenant, cela n'a
pas soulevé de problèmes.
M. Bélisle: Parce que cela n'existait pas.
M. Marx: Donc, quand le problème sera soulevé, on
fera témoigner les neuf entrepreneurs, le cas échéant. Je
ne le sais pas. Si on pose des questions théoriques, il faut donner des
réponses théoriques, parce qu'on n'est pas devant un cas concret.
On ne nous a pas fourni la jurisprudence pour nous dire que ce que l'on fait
est invalide. On a voulu porter à l'attention de la population, d'une
façon claire et nette, que quelqu'un ne sera pas condamné pour
une infraction si la personne en question ne peut pas prendre connaissance d'un
texte auquel on fait référence dans un règlement. Cela me
semble logique, quoique l'on puisse imaginer des problèmes avec toutes
les dispositions de presque toutes les lois.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon.
M. Filion: M. le Président, depuis le début, mon
argumentation auprès du ministre de la Justice est la suivante. Il
existe déjà des pratiques devant les tribunaux en ce qui concerne
les règlements. Là où c'est différent, vous allez
demander à l'Assemblée nationale - en déposant le projet
de loi, vous le demandez à l'Assemblée nationale d'adopter des
règles législatives qui vont devenir - en fait, le mot le dit -
des lois. Ces lois deviennent des contraintes et devront être
interprétées par les tribunaux. Lorsqu'un juge se penchera, pour
n'importe quel règlement, sur l'article 19 ou sur...
M. Marx: Est-ce que c'est dans la loi?
M. Filion: ...l'article 16 qui a la même teneur, selon
qu'il s'agit d'un projet de règlement ou d'un règlement... Je
vais attendre qu'il m'écoute. (17 h 30)
M. Marx: M. le Président, juste pour clore ce
débat, avec toute la déférence que j'ai pour tous les
juristes autour de la table, c'est dans la loi fédérale et cela
n'a pas causé de problème. Je pense que cela ne devra pas causer
de problème dans la loi du Québec. On s'est inspiré de la
loi fédérale, je pense que c'est dans le rapport Vaugeois-French
et ainsi de suite. On peut imaginer des problèmes, autour de cette
table, à 17 h 30 un mardi après-midi, mais il faut qu'on me donne
des choses plus concrètes. Il faut qu'on me démontre qu'il y a la
jurisprudence, qu'il y ades expériences vécues qui feront
en sorte que cela nous causera des problèmes. Tout de même, je ne
dirai pas que chaque légiste qui a un mot à dire dans la
rédaction de ce projet de loi a plaidé devant toutes les cours du
Québec. Je dirais qu'on a fait toute la recherche, dans toute la
jurisprudence, dans toutes les lois pour trouver des formules qui vont
protéger les citoyens le mieux possible, et ainsi de suite. Dans la loi
fédérale, il y a une disposition semblable. Cela n'a pas
soulevé de problème. C'est quoi le problème maintenant?
Dans la loi des autres juridictions aussi.
M. Filion: Je vais essayer de suivre le ministre de la Justice
dans son cheminement intellectuel. Je pose une question très simple: Le
procureur de la couronne, demain matin, à Laval, à
Montréal ou à la Cour des sessions, n'importe où au
Québec, dans mon comté à Longueuil...
M. Marx: L'an prochain, avec le nouveau palais...
M. Filion: ...qui est aux prises avec l'article 19 et qui doit
prouver que les personnes susceptibles d'être visées par le
règlement pouvaient en prendre connaissance
avant la commission de l'infraction, comment - ce n'est pas un
problème théorique, c'est très concret, parce que la loi,
quand elle sera adoptée, elle sera en vigueur, et des poursuites, en
vertu des règlements, il y en a partout - alors, comment les substituts
du Procureur général ou les procureurs des municipalités,
parce qu'il ne s'agit pas uniquement des règlements du gouvernement, ce
sont tous les règlements qui peuvent être soumis - cela exclut, je
m'excuse, les procureurs des municipalités - comment le procureur de la
couronne va-t-il prouver la dernière partie de la phrase de l'article
192 C'est une question simple et on va commencer par celle-là. Comment,
pratiquement, va-t-il faire la preuve devant le juge?
M. Marx: Quel est le problème? Quel est le
règlement? Quel est le texte? Quel est le problème?
M. Filion: Peu importe. Je prends un règlement dans le
domaine de la construction.
M. Marx: Disons que l'autorité...
M. Filion: D'accord. Je vais vous soumettre un cas qui est
difficile au départ, comme les examens du barreau ne donnent pas les cas
faciles, un règlement qui se réfère à une
réglementation américaine en termes de bâtiment.
M. Marx: On ne fait pas ça, mais on peut prendre
ça... Oui?
M. Filion: IIexiste le cas que je vous donne.
M. Marx: Oui? Dans quel règlement?
M. Filion: Spécialement dans le bâtiment, on se
réfère beaucoup à des normes américaines.
M. Marx: Supposons que l'autorité réglementaire
prouve que le fonctionnaire X est allé voir l'entrepreneur avec le
document, le lui a donné et, par la suite, le fonctionnaire va
témoigner devant les tribunaux. Je pense que ce serait une bonne preuve.
Ou l'entrepreneur s'est présenté à l'autorité
réglementaire et il a signé un reçu disant qu'il a
reçu une copie du règlement en question. Je pense que ce serait
une preuve suffisante. Vous ne croyez pas que ce serait suffisant?
M. Filion: C'est-à-dire que oui, ce sera suffisant.
M. Marx: Bon, c'est ça, ma réponse. Les
réponses sont aussi farfelues que les questions.
M. Filion: Mais les cas que vous donnez, M. le ministre de la
Justice, sont des cas... Généralement, un règlement... Les
entrepreneurs ne vont pas signer d'accusé de réception quand ce
sont des copies de règlement. Ils en reçoivent tellement qu'ils
ne signent sûrement pas d'accusé de réception
là-dessus.
M. Marx: Le député m'a posé une question,
j'ai répondu.
M. Filion: Les fonctionnaires ne se promènent pas d'un
entrepreneur à l'autre pour leur donner des projets de
règlement.
M. Marx: Ce ne sont pas des projets de règlement.
M. Filion: Des textes de règlement. Je dois vous dire que
ça n'existe pas, à ma connaissance.
M. Marx: À ma connaissance, ce que le député
soulève n'est pas un problème.
M. Filion: ...faire un problème, c'est...
M. Marx: II imagine des problèmes. On peut tout imaginer
et, quand on dort, on imagine davantage, mais qu'est-ce que vous voulez que je
donne comme réponse aux questions hypothétiques.
M. Filion: Ce n'est pas une question hypothétique.
M. Marx: Mais où est le problème?Avez-vous le cas d'une personne qui a eu un problème? La loi
fédérale existe déjà depuis 15 ans, cela existe
dans toutes les juridictions au Canada à peu près semblables.
Avez-vous des cas de jurisprudence où la question a été
soulevée ou a causé des difficultés? Vous ne m'avez pas
cité une seule cause.
M. Filion: II y en a sûrement, cela ne fait aucun doute. Si
c'est ça qui est le texte de la loi fédérale, il n'y a
aucun doute dans mon esprit que...
M. Marx: Onn'a pas...
M. Filion: On sait que les règlements
fédéraux ne s'appliquent pas de la même façon que
les règlements provinciaux.
M. Marx: On n'a pas de cause. On peut imaginer des
problèmes, c'est tout.
Le Président (M. Marii):
L'article 19 est
adopté tel qu'amendé?
M. Filion: En ce qui me concerne, M. le Président, la
réponse du ministre est nettement insuffisante et prouve, encore une
fois, que le projet de loi crée plus de problèmes qu'il n'en
règle. Sur division.
Le Président (M. Marcil): Sur division. J'appelle
l'article 20.
M. Marx: On a mis "avant" pour "lors de", d'accord. Oui, on a
modifié ça. Concernant l'article 20, j'espère que le
député de Taillon est d'accord.
Le Président (M. Marcil): Oui, l'amendement est
adopté.
M. Marx: Je pense que ce n'est pas trop dangereux: "Toute
personne est' tenue de prendre connaissance des règlements
publiés à la Gazette officielle du Québec et il n'est pas
nécessaire de les plaider spécialement". Voilà, il ne sera
pas nécessaire de plaider cette prise de connaissance. Le
député est-il d'accord?
Le Président (M. Marcil): Adopté? M. Filion:
Adopté.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 21.
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, s'il vous
plaît! J'appelle l'article 21.
Désaveu des règlements
M. Marx: L'article 21 prévoit le désaveu des
règlements par l'Assemblée nationale. Je suis sûr que le
député de Taillon sera encore d'accord avec cet article.
M. Filion: M. le Président, on aborde la partie, quant
à nous, substantielle du projet de loi 12. Le pouvoir de désaveu
nous semblait et nous semble encore, malgré les dires du
député de Notre-Dame-de-Grâce, représenter l'aspect
le plus important du projet de loi 12, puisque, quant au reste, il n'est que la
consécration législative de ce qui se faisait
déjà.
M. Marx: Est-ce que le député est en
désaccord avec tous les articles précédents. Est-ce que le
député veut nous dire qu'il n'est pas nécessaire d'adopter
un tel projet de loi?
M. Filion: L'intervention du député de
Notre-Dame-de-Grâce... M. le Président, je continue mon
intervention.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Je m'aperçois que le ministre de la Justice a
pris des plis dans l'Opposition, il me pose beaucoup de questions.
M. Marx: Je veux stimuler le député de Taillon,
c'est tout.
M. Filion: Je n'ai pas besoin de ça. Concernant
l'intervention du député de Notre-Dame-de-Grâce qui nous
disait que les articles 4 à 7 du projet de loi étaient le coeur
du projet de loi, nous y avons réfléchi et nous avons reçu
le projet de loi. Évidemment, nous sommes en désaccord avec lui.
Cependant, nous sommes tout de même surpris de constater que seuls quatre
maigres articles concernent lepouvoir de désaveu des
règlements que l'on désire accorder à l'Assemblée
nationale. Même s'il semble juste de ne pas prévoir une
procédure stricte, en raison de la souveraineté parlementaire au
sujet de laquelle nous allons revenir, certains mécanismes auraient pu
être examinés afin que le projet de loi ne demeure pas lettre
morte. Quelles sont les règles de procédure dont parle l'article
21 du projet de loi? Une procédure n'aurait-elle pas dû être
discutée avec la présidence de l'Assemblée nationale,
avant même que ne soit présenté ce projet de loi. À
ce stade-ci, M. le Président, il me fait plaisir, avec votre permission,
de déposer une copie de la lettre que le président de
l'Assemblée nationale faisait parvenir le 20 mars dernier au ministre de
la Justice, concernant particulièrement le point des règles de
procédure qui sont prévues à l'article 21 du projet de loi
du ministre de la Justice. J'en ai préparé des copies, M. le
Président, pour...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon, vous permettez qu'on dépose ce document.
M. Filion: C'est pour les parlementaires d'abord, Monsieur. Avec
votre permission d'ailleurs, M. le Président, lisons ensemble la lettre
du président de l'Assemblée nationale adressée au ministre
de la Justice, en date du 20 mars. "L'Assemblée nationale adoptait
unanimement le 19 mars dernier le principe du projet de loi 12, Loi sur les
règlements. À la même séance, ce projet de loi
était renvoyé à la commission des institutions pour
étude détaillée. Je soumets à votre attention que
la section V de ce projet de loi, comme le précise l'article 21, doit
être appliquée conformément aux règles de
procédure de l'Assemblée. Or, - c'est ce qui est important - mis
à part l'article 120 du règlement de l'Assemblée
nationale, aucune autre disposition ne vient préciser les
modalités de cette étude, non plus que la façon de
désavouer un règlement. Sous la précédente
Législature, la
sous-commission de l'Assemblée nationale sur la réforme
parlementaire avait commencé à étudier cette question et
divers projets de règles de fonctionnement avaient été
soumis aux membres de la sous-commission. "La sous-commission de la
réforme parlementaire devrait incessamment reprendre l'étude de
cette question et proposer pour adoption par l'Assemblée des
règles pouvant rendre effective la section V du projet de loi dès
sa mise en vigueur. Sur ce point, j'attire votre attention sur l'article 33 de
ce projet de loi qui précise que cette loi entrera en vigueur le 1er
septembre 198é. Cet article adopté tel quel implique que
l'Assemblée ait approuvé à cette date les règles
suggérées par sa sous-commission sur cette question. Je ne peux
prendre d'engagement à cet égard au nom de l'Assemblée,
bien sûr, c'est pourquoi je vous invite à discuter de cette
question avec les leaders parlementaires. À la suite de ces discussions
et compte tenu des travaux de la sous-commission, je vous soumets qu'il
pourrait être envisagé de modifier l'article 33 de façon
à permettre la mise en vigueur de !a section V du projet de lot 12 sur
proclamation..."
Évidemment, et le ministre de la Justice l'aura deviné, ma
demande va beaucoup plus loin que celle du président de
l'Assemblée nationale. Il faut bien être conscient autour de cette
table que, lorsque le projet de loi 12 a été soumis à
l'Assemblée nationale puis déféré à cette
commission-ci, toute cette procédure a été
enclenchée sans que l'Assemblée nationale ne se soit
penchée elle-même sur les règles de procédure
qu'elle voudrait se donner et sans que l'Assemblée nationale
elle-même ne se soit penchée sur la nature, les modalités,
les tenants, les aboutissants du pouvoir de désaveu. Mais le ministre de
la Justice est allé plus vite que l'Assemblée nationale, sans la
consulter, bien sûr, et sans égard pour la souveraineté de
l'Assemblée nationale, en déposant le projet de loi 12 et les
articles 21 à 24.
M. le Président, le président de l'Assemblée
nationale, comme on vient de le voir, souligne que, outre l'article 120 du
règlement de l'Assemblée nationale, aucune autre disposition ne
vient préciser les modalités de l'étude, non plus que la
façon de désavouer un règlement. Avec votre permission, je
pourrais consulter l'article 120 que j'ai laissé à mon
bureau.
M. Marx: Quelle est la question?
M. Filion: Alors, l'article... Je n'ai pas terminé, M. le
Président.
M. Marx: Oui, d'accord.
M. Filion: À l'article 120. De leur propre initiative, les
commissions étudient - on parle du pouvoir des commissions, et non pas
du pouvoir de l'Assemblée nationale - les projets de règlement et
les règlements. C'est tout ce qu'il y a dans notre règlement qui
concerne les règlements et les projets de règlement. Mais le
projet de loi 12, outre tout cela, vient par les articles 21 à 24 fixer
une procédure que l'Assemblée nationale elle-même n'a
jamais étudiée. Et ce, encore une fois, contrairement aux
principes de la souveraineté parlementaire. On voudrait par un projet de
loi déposé par le ministre de la Justice imposer une
procédure qui n'est pas celle que se donne l'Assemblée
nationale.
M. le Président, je vais continuer. Je vais vous laisser une
chance de répondre, M. le ministre de la Justice, si vous voulez me
laisser terminer.
Quel sera le forum du contrôle parlementaire? C'est cela la
question. On parle de désaveu par l'Assemblée nationale des
règlements, mais encore doit-il y exister un forum. Quel est le forum du
contrôle parlementaire? Le désaveu sera-t-il recommandé par
une commission parlementaire qui fera rapport à l'Assemblée
nationale, comme le laisse entendre le président dans sa lettre en
faisant allusion à la sous-commission sur la réforme
parlementaire? Est-ce que les règlements seront déposés
à l'Assemblée nationale afin de permettre aux
députés de les consulter? Un pouvoir de désaveu c'est une
chose, mais encore faut-il pouvoir l'exercer. Quels seront les
règlements qui seront soumis à ce contrôle? Quel sera le
contrôle effectif que l'on exercera? Si le contrôle porte sur
l'opportunité du règlement, quels seront les critères qui
l'encadreront? L'on sait maintenant que les avis préalablement
émis par le bureau des règlements ne seront pas disponibles. (17
h 45)
Le ministre de la Justice nous l'a dit plus tôt. En infirmant une
décision du bureau des règlements, il y aurait sans doute un
paradoxe puisque l'Assemblée nationale reprendrait le pouvoir de
législation qu'elle a délégué à
l'administration. S'il s'agit d'un contrôle de la légalité
par rappport au contrôle de l'opportunité, comment, éviter
de reprendre le travail effectué par le bureau des règlements? Le
contrôle ne sera-t-il exercé qu'a posteriori, c'est-à-dire
après l'adoption du règlement? N'est-ce pas là s'arroger
un pouvoir qui appartient aux tribunaux? Le ministre semblait leur accorder une
discrétion à toute épreuve, la semaine dernière.
Nous croyons que de simples ajustements aux règlements de
l'Assemblée nationale et qu'un mandat clair donné à une
commission permettraient de simplifier les nombreux problèmes que
crée le projet de loi et qui n'existaient pas avant.
Nous proposons donc au ministre de la Justice de retirer la section V du
projet de
loi 12 et de ne pas consacrer le pouvoir de désaveu dans une loi,
en attendant que l'Assemblée nationale elle-même se donne ce
qu'elle désire se donner. En deux mots, le ministre de la Justice ne
doit pas chercher à devancer l'Assemblée nationale. Il doit
attendre que l'Assemblée nationale continue ses travaux, au lieu de
chercher à créer un pouvoir de désaveu sans règle
de procédure, au lieu de chercher à peut-être s'arroger le
crédit d'avoir accordé un désaveu qui, encore une fois,
existe déjà, mais par une loi. J'avoue que la procédure -
on se comprend, on s'est compris la dernière fois - le pouvoir de
désaveu existe déjà pour l'Assemblée nationale,
mais, ici, l'Assemblée nationale est obligée de voter une
loi.
M. Marx: L'Assemblée nationale ne peut pas voter une loi.
C'est là le problème que le député de Taillon ne
comprend pas.
M. Filion: L'Assemblée nationale peut voter n'importe
quelle loi, M. le ministre de la Justice.
M. Marx: Une loi est adoptée par la Chambre et le
lieutenant-gouverneur en conseil. Ce n'est pas seulement la Chambre, ce sont
les deux.
M. Filion: Non, on se comprend là, écoutez...
M. Marx: On ne se comprend pas... M. Filion: On se
comprend.
M. Marx: ...parce qu'il y a un problème. Vous avez
parlé de la souveraineté de l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale n'est pas souveraine. L'Assemblée nationale
est souveraine en ce qui concerne sa procédure, mais l'Assemblée
nationale n'est pas le Parlement du Québec.
M. Filion: Non. M. le ministre de la Justice...
M. Marx: II y a des distinctions importantes.
M. Filion: Je vous ai dit que j'avais déjà
assisté aux cours d'Alice Desjardins il y a déjà quelque
quinze ans. Je sais que le lieutenant-gouverneur fait partie de nos
institutions...
M. Marx: ...au Québec.
M. Filion: Je pense qu'on se comprend facilement. Chaque fois
qu'on s'exprime ici et qu'on parle de l'autorité législative, on
parle du Parlement; on y comprend, bien sûr, les reliquats de notre
régime antérieur que je ne qualifierai pas; je pense que ce n'est
pas le but de notre discussion d'aujourd'hui.
En ce sens-là, M. le Président, ma suggestion au ministre
de la Justice est la suivante. D'ailleurs cela ne peut pas être dit plus
clairement que ne l'a dit le président de l'Assemblée nationale
lui-même. Compte tenu du fait que l'Assemblée nationale ne s'est
pas donnée de règles de procédure et n'a pas encore
déterminé la nature des tenants et aboutissants du pouvoir de
désaveu qu'elle voudra bien se donner, sans que ce ne soit le ministre
de la Justice qui le donne, à ce moment-là, je suggère que
pour le moins les articles 22 à 24 soient retirés du projet de
loi. Quant à l'article 21, j'aimerais entendre le ministre pour savoir
s'il n'y aurait pas lieu de le retirer. Parce qu'encore une fois pourquoi se
placer devant l'Assemblée nationale, pourquoi ne pas laisser
l'Assemblée nationale faire ce qu'elle aà faire
elle-même?
M. Marx: M. le Président, l'article 21 donne le pouvoir
à l'Assemblée nationale de désavouer un règlement
et les articles 22, 23 et 24 sont des effets, on y prévoit des effets.
À l'article 21...
M. Filion: Des procédures.
M. Marx: Ce ne sont pas des procédures. On commence avec
l'article 21. On doit commencer avec l'article 21 et les discuter un à
la fois, si le député insiste.
M. Filion: Les articles 21 à 24, pour moi, c'est un
ensemble, M. le ministre de la Justice. Je ne peux pas séparer l'article
21 du reste. On parle de la section V, "Désaveu des
règlements."
M. Marx: L'article 21 prévoit que l'Assemblée
nationale peut, conformément à ses règles de
procédure, désavouer un règlement qui a été
adopté l'an dernier, en 1960, en 1950 et ainsi de suite; tout
règlement, conformément aux règles de l'Assemblée
nationale. Je ne vois aucun problème avec cela. L'Assemblée
nationale va désavouer des règlements le cas
échéant, quand l'Assemblée nationale se donne des
règles de procédure. Tout ce que l'on fait ici, on donne le cadre
d'un tel désaveu. C'est à l'Assemblée nationale de prendre
ses responsabilités, le cas échéant.
M. Filion: Mais ce n'est pas vous, M. le ministre de la Justice,
qui confiez des responsabilités à l'Assemblée
nationale.
M. Marx: La loi, mais pas moi.
M. Filion: Oui, mais ce sont les lois que l'Assemblée
nationale adapte et décide d'adopter.
M. Marx: Non, ce ne sont pas les lois de l'Assemblée
nationale...
M. Filion: Oui, on se comprend.
M. Marx: ...ce sont des lois du Parlement du Québec. Une
loi du Parlement du Québec peut donner des pouvoirs à
l'Assemblée nationale. La Loi sur la Législature donne des
pouvoirs à l'Assemblée nationale. Si le député
comprend, il ne faut pas qu'il me pose des questions comme il le fait depuis
quelques minutes. Ce que la loi prévoit ici, ce sont certains pouvoirs
que l'on donne à l'Assemblée nationale. C'est très simple.
M. le Président. Cela se fait ailleurs. Je ne vois pas pourquoi le
député est tellement surpris. Quelle est cette intervention de
fond que le député fait? Quel est le problème? Ici, dans
une loi, on donne un pouvoir à l'Assemblée nationale, ce que
cette dernière n'aurait pas sans cet article 21.
M. Filion: M. le Président, je suis surpris de voir que le
ministre de la Justice n'a rien compris de ce que je dis. Je pourrais dire que
c'est sa partisanerie qui lui bouche les oreilles...
M. Marx: Ce n'est pas une question partisane.
M. Filion: Mais le président de l'Assemblée
nationale l'exprime clairement dans la lettre dont je viens de vous envoyer
copie...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...et que vous avez sûrement reçue. Il y
a une sous-commission de la réforme parlementaire de l'Assemblée
nationale qui se penche sur ce problème. Vous voudriez, par le projet de
loi 12, arriver par la bande et dire quoi faire à l'Assemblée
nationale, alors qu'on a déjà une sous-commission qui se penche
là-dessus, qui étudie cela. Pourquoi? Vous mettez
carrément la charrue devant les boeufs, encore une fois,
là-dedans, peut-être pour être pressé de retirer le
crédit d'un pouvoir de désaveu qui, encore une fois, existe
déjà. Je pense que c'est clair. Si le ministre ne comprend pas,
je peux lui relire la lettre du président de l'Assemblée
nationale.
M. Marx: Je vais lire l'un des paragraphes de cette lettre du
président, et je cite: "La sous-commission de la réforme
parlementaire devra incessamment reprendre l'étude de cette question et
proposer pour adoption par l'Assemblée des règles pouvant rendre
effective la section V d'un projet de loi dès sa mise en vigueur." Donc,
il faut avoir une section V pour que la sous-commission puisse faire son
travail.
M. Filion: Je pense que le président de l'Assemblée
nationale est gentil...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...quand il vous écrit cette lettre. En
réalité, ce que cette lettre veut dire, ce n'est pas
compliqué, c'est le bon sens qui nous le dit: Laissons
l'Assemblée nationale faire ses travaux.
M. Marx: Bien, l'Assemblée nationale...
M. Filion: Laissons la réflexion se poursuivre sur le
pouvoir de désaveu.
M. Marx: II n'y aurait pas....
M. Filion: À ce moment-là, on adoptera une loi
lorsque l'ensemble des parlementaires, se penchant spécifiquement sur
cette question, aura établi une procédure.
M. Marx: On adopte...
M. Filion: Ne demandons pas à la commission des
institutions, par le biais d'un projet de loi sur les règlements,
d'aller devancer les travaux qui sont faits par une sous-commission.
M. Marx: M. le Président... M. Filion: La preuve de
cela...
M. Marx: ...le député mêle toutes sortes de
choses.
M. Filion: Laissez-moi terminer, laissez-moi terminer, M. le
ministre de la Justicel
M. Marx: II commence à être confus dans sa
pensée.
M. Filion: Laissez-moi terminer, M. le ministre de la Justicel
Vous dites, à l'article 21: "L'Assemblée nationale peut,
conformément à ses règles de procédure..." Elle
n'en a pas de règles de procédure.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Bon! Quand l'Assemblée nationale
décidera de se donner des règles de procédure, elle
décidera de se donner les pouvoirs inhérents à exercer les
privilèges ou les modalités d'action qu'elle jugera bon.
L'article 22, en plus de cela, définit les obligations du
Secrétaire général et l'article 23 dit quand le
désaveu prend effet. Ce sont là des matières qui doivent
être prises en considération, non pas par cette commission, mais
par la sous-commission habilitée à se pencher sur ces
problèmes en vertu des mandats reçus par l'Assemblée
nationale et non pas en vertu d'un projet de loi déposé
par le ministre de la Justice.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon, à titre de clarification, à l'article 120, on dit ceci:
"De leur propre initiative, les commissions étudient: "1° les
projets de règlement et les règlements; "2° les
orientations..." Sauf que la commission, par la suite, dépose un rapport
à l'Assemblée nationale. Donc, c'est l'Assemblée nationale
qui adopte ou rejette le rapport comme tel.
M. Filion: Oui, mais on n'en est pas là-dessus.
Le Président (M. Marcil): Non, non, c'était
seulement à...
M. Filion: Cela, c'est sur un mandat...
Le Président (M. Marcil): ...titre de clarification.
M. Filion: ...d'initiative.
Le Président (M. Marcil): Oui, oui, mais j'essayais de
comprendre le but de votre intervention qui fait que l'Assemblée
nationale, d'une part, adopte le principe du projet de loi 12, le renvoie
à une commission pour étude, la commission doit déposer un
rapport à l'Assemblée nationale, le rapport de l'étude
détaillée du projet de loi 12, dans lequel on a une section V qui
parle de désaveu, mais c'est l'Assemblée nationale qui va
accepter ou refuser ou amender le projet.
M. Filion: Oui, mais toute la question du contrôle
réglementaire, cela existait déjà, bien avant notre
arrivée, à vous et à moi, en ce Parlement. Il existe une
sous-commission qui étudie spécifiquement la question de la
réforme parlementaire et la question du contrôle
réglementaire. En ce sens-là, ce que je dis, c'est bien sûr
qu'ici, à cette commission, on peut se pencher sur un pouvoir de
désaveu de l'Assemblée nationale, mais c'est déjà
une matière qui fait l'objet d'une étude, à la suite d'un
mandat confié par l'Assemblée nationale à une
sous-commission. Nous, nous avons le mandat d'étudier uniquement dans le
cadre du projet de loi, ici, la Loi sur les règlements. Comprenez-vous
ce que je veux dire? En deux mots, on vient, en quelque sorte, bousiller le
travail qui doit être fait par l'Assemblée nationale. Je comprends
que nous sommes des créatures de l'Assemblée nationale, mais le
but de notre réunion, c'est d'étudier le projet de loi 12, ce
n'est pas d'étudier toute la question du pouvoir de désaveu. Ce
n'est surtout pas de suggérer des règles de procédure
à l'Assemblée nationale; on n'a pas le mandat de le faire,
d'ailleurs. Comme commission, on n'a pas le mandat de suggérer des
règles de procédure à l'Assemblée nationale.
M. Marx: M. le Président, tout ce qu'on fait ici, c'est de
donner un pouvoir à l'Assemblée nationale. Comment
l'Assemblée nationale peut-elle adopter des règles en fonction
d'un pouvoir qu'elle n'a pas?
M. Filion: On va plus loin que cela. Les articles 22 à
24...
M. Marx: Non. On discute l'article 21. En fait-on un à la
fois ou en fait-on quatre à la fois?
M. Filion: Cela va ensemble...
M. Marx: Est-ce que vous acceptez l'article 21?
M. Filion: Je vous ai dit que tout cela allait ensemble.
M. Marx: Est-ce que vous êtes prêt à accepter
l'article 21, si cela va ensemble?
M. Filion: Je serais prêt à accepter l'article 21,
si vous retiriez les articles 22 à 24.
M. Marx: Donc, l'article 21 est-il accepté?
Adopté?
M. Filion: Non, pas du tout. Je veux continuer...
M. Marx: II faut en adopter un à la fois. M. le
Président, on ne peut pas préjuger de ce qu'on va faire lors de
l'appel des articles 22, 23 et 24.
M. Filion: Si vous voulez retirer 22, 23 et 24, vous me le dites
maintenant. On ne discutera pas longtemps...
M. Marx: Au moment opportun... M. Filion: Pas du tout. Pas
du tout.
Le Président (M. Marcil): On peut suspendre l'étude
de l'article 21 et discuter le sort des articles 22, 23 et 24.
M. Filion: On peut suspendre l'article 21.
M. Marx: Ou on peut adopter l'article 21 sur division.
M. Filion: Non, on va suspendre l'article 21 parce que je n'ai
pas terminé.
M. Marx: Bon, l'article 22. Pour l'article 21, je tiens pour
acquis que le
député sera d'accord.
M. Filion: Ne tenez rien pour acquis, M. le ministre de la
Justice. On vient de s'entendre pour suspendre l'étude de l'article
21.
Le Président (M. Marcil): D'accord? M. Filion: On
la suspend.
M. Marx: Oui, mais je tiens pour acquis que...
Le Président (M. Marcil): L'article 22. Excusez, il y
avait le député de Sainte-Marie, au départ.
M. Laporte: C'était juste à titre de clarification
personnelle au sujet de la discussion sur l'article 21. Je me pose une question
sur l'adoption des lois. Est-ce qu'on peut faire une réglementation si
on n'a pas une loi? Dans un sens logique, est-ce qu'on peut mettre de l'essence
dans un réservoir d'auto si on n'a pas d'auto? Dans ma
compréhension de l'article 21, je ne comprends pas qu'une
réglementation puisse porter sur le désaveu si, effectivement, le
pouvoir de désaveu n'est pas inscrit dans la loi ou si le mandat n'est
pas donné à l'Assemblée nationale.
M. Filion: Je répondrai ceci...
M. Laporte: Dans le sens où on en arrive au cadre
traditionnel où on est habitué à voir, à
regarder...
M. Filion: Vous confondez, M. le député de
Sainte-Marie, les règles de procédure de l'Assemblée
nationale qui est souveraine avec des règlements adoptés en vertu
d'une loi. Quand on dit ici: L'Assemblée nationale peut,
conformément à ses règles de procédure, nous
n'avons aucun pouvoir là-dessus. Les règles de procédure,
c'est l'Assemblée nationale qui se les donne. On n'est pas ici pour
modifier le règlement de l'Assemblée nationale. Comprenez-vous la
distinction qu'il faut faire? Il est évident qu'il faut adopter une loi
avant d'adopter des règlements mais, là, il ne s'agit pas d'un
règlement qui découle d'une loi, il s'agit des propres
règles de l'Assemblée nationale, les règles de
fonctionnement de l'Assemblée nationale et on n'a pas besoin de loi pour
ça. Ce sont des règles de fonctionnement que les parlementaires
se donnent entre eux.
Le Président (M. Marcil): J'aimerais vous signifier qu'il
est présentement 18 heures. Si vous voulez continuer, cela prendrait le
consentement unanime.
M. Marx: On va revenir à 20 heures, tel que prévu
à l'ordre du jour de la Chambre.
Le Président (M. Marcil): Je suspends jusqu'à 20
heures. N'oubliez pas d'être présents.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Marcil): M. Johnson serait
remplacé par M. Rochefort; est-ce que cela prend un consentement? Et M.
Godin par M. Gendron.
M. Marx: Cela nous fera plaisir.
Le Président (M. Marcil): Êtes-vous d'accord? II y a
consentement?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Marcil): Donc, nous étions rendus
à l'article 22.
M. Filion: On a suspendu l'article 21. Le Président (M.
Marcil): Oui. Une voix: Adopté.
M. Marx: M. le Président, je reviens à la lettre du
président de l'Assemblée nationale, j'aimerais attirer votre
attention sur sa lettre du 20 mars qui a été
déposée par le député de Taillon. Le
président ne nous demande pas de retirer ces articles.
M. Filion: Répétez donc cela, M. le ministre.
M. Marx: M. le Président, je répète.
Le Président (M. Marcil): Dans la lettre du
président de l'Assemblée nationale, M. Pierre Lorrain, il n'est
aucunement question d'une demande de retirer la section V.
M. Filion: Alors, M. le Président, à la
lumière de la réponse du ministre de la Justice, je pense qu'il y
a certains points qu'il n'a peut-être pas tout à fait bien compris
dans mon exposé.
M. Marx: Je crois que c'était incompréhensible.
M. Filion: C'était très compréhensible.
M. Marx: Pas pour moi.
M. Filion: D'ailleurs, vous auriez dû
réfléchir là-dessus avant de déposer le projet de
loi. L'Assemblée nationale, lorsqu'elle se
réunit, peut se fixer les règles de procédure
qu'elle juge à propos. Les parlementaires eux-mêmes, quand ils se
réunissent, peuvent fixer les règles de procédure qu'ils
jugent à propos. D'accord?
M. Marx: Oui.
M, Filion: Écoutez-moi de a à z.
M. Marx: Oui, même de a à zz.
M. Filion: Si les parlementaires décident d'exercer un
pouvoir de désaveu, sous forme de motion, peu importe sous quelle forme,
c'est leur privilège.
M. Marx: Ils ne peuvent pas le faire. M. Filion: Non.
M. Dauphin: Actuellement, ils ne peuvent pas le faire.
M. Marx: Ils ne peuvent pas le faire sans l'article 21.
M. Filion: M. le ministre. M. Marx: Oui. M. Filion:
D'accord? M. Marx: Oui.
M. Filion: Ils peuvent fixer eux-mêmes les règles de
procédure qu'ils désirent. On s'entend là-dessus?
M. Marx: Non. M. Filion: Ah bon.
M. Marx: Comment l'Assemblée nationale peut-elle
désavouer un règlement sans être habilitée par une
loi pour le faire?
M. Filion: C'est pour cela que je vous dis de retirer les
articles 22 à 24.
M. Marx: M. le Président.
M. Filion: Qu'à la rigueur l'article 21...
M. Marx: M. le Président, le député de
Taillon est manifestement dans l'erreur, parce qu'il est d'accord avec
l'article 21, il vient de le dire. Vous êtes d'accord avec l'article 21
si on enlève les autres.
M. Filion: Oui, mais... On va recommencer, laissez-moi aller
jusqu'à la fin, parce que vous m'interrompez toujours et, à ce
moment-là, vous avez de la difficulté à comprendre.
D'abord, les règles de procédure actuellement n'existent pas. On
s'entend là- dessus, il n'y a aucune règle de procédure
qui concerne le désaveu des règlements à
l'Assemblée nationale.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Deuxièmement, il y a une sous-commission de
l'Assemblée nationale sur la réforme parlementaire qui
étudie précisément la façon dont l'Assemblée
nationale exercera le pouvoir de désaveu et tout le reste du
contrôle réglementaire.
M. Marx: C'est exact.
M. Filion: Et ces règles de procédure n'existent
pas ce matin. En ce sens-là, l'article 21, à la rigueur, je vous
l'ai dit plus tôt; on pourrait convenir de l'adopter, mais, quant au
reste, les articles 22, 23 et 24, si l'Assemblée nationale en
décide autrement quant aux articles 22, 23 et 24, on va être
obligé d'amender le projet de loi déposé par
l'exécutif pour le rendre conforme à la volonté des
parlementaires.
Vous dites à l'article 22: Le Secrétaire
général de l'Assemblée nationale va faire ceci.
Peut-être les parlementaires vont-ils convenir que le Secrétaire
général va faire plus ou moins que ce qui est là,
peut-être vont-ils convenir également que cela devrait être
le secrétaire du conseil exécutif et, là, on aura
possiblement un problème. Mais laissez-moi terminer: En deux mots, en
fixant des règles qui peuvent ne pas être comprises dans les
règles de procédure que les parlementaires vont se donner, vous
mettez la charrue devant les boeufs et, bien plus que cela, vous heurtez de
front la souveraineté parlementaire.
M. Marx: Quelles régies? Je ne comprends pas de quelles
règles vous parlez.
M. Filion: Je vais vous donner un exemple. Supposons que les
parlementaires entre eux décident d'exercer un contrôle a priori
sur les règlements; non pas a posteriori, a priori.
M. Marx: Ils ne peuvent pas faire cela.
M. Filion: C'est vous qui le dites. Les parlementaires, quand ils
se réunissent entre eux peuvent...
M. Marx: Non, dans 80...
M. Filion: ...se donner comme règle de procédure
qu'ils vont exercer un contrôle a priori; ils peuvent bien demander que
les avis qui sont prévus par la loi leur soient envoyés. En
somme, ne présumez pas de la volonté des parlementaires de
l'Assemblée nationale. C'est simple!
M. Marx: Les articles 22, 23 et 24 ne font pas partie de la
procédure parlementaire. Les articles 22, 23 et 24 touchent les
conséquences d'un règlement désavoué. C'est cela,
les articles 22, 23 et 24...
M. Filion: Mais les parlementaires...
M. Marx: Cela n'a rien à voir avec la procédure de
désaveu. C'est comme la Loi d'interprétation. Le Parlement du
Québec est souverain même s'il y a une Loi d'interprétation
qui dit à tout le monde comment interpréter une loi. Les articles
22, 23 et 24 touchent les conséquences. Cela n'a rien à voir avec
le pouvoir de désavouer ou ne pas désavouer. Cela n'a rien
à voir avec les règles de procédure. Une fois que le
député de Taillon se sera mis cela dans la tête, on va
adopter ces articles très vite. Même s'il s'obstine à me
dire que l'article 22 touche les règles de procédure de
l'Assemblée nationale qui n'est pas souveraine - je lui ai
expliqué cela il y a deux heures, avant l'ajournement - l'article 22
n'est pas une règle de procédure, c'est ce qui arrive
après qu'un règlement a été désavoué.
C'est clairement dit dans l'article. C'est écrit: "Le Secrétaire
général de l'Assemblée nationale fait publier sans
délai à la Gazette officielle du Québec un avis
annonçant qu'un règlement ou, le cas échéant, l'une
de ses dispositions a été désavoué". Tout ce qu'il
fait, en tant que fonctionnaire de l'État, c'est de publier un avis
après que le règlement a été
désavoué. Donc, cela n'a rien à voir avec les
règles de procédure de l'Assemblée nationale. Ce sont les
conséquences; c'est après. Le député n'est-il pas
d'accord avec cela? (20 h 15)
Une voix: C'est clair.
M. Filion: Non. M. le ministre de la Justice, je voudrais...
M. Marx: Cela est très clair.
M. Filion: Alors, écoutez-moi maintenant.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Je vous ai écouté sans vous interrompre.
Lorsque les parlementaires se pencheront, à la sous-commission ou
autrement, lorsque les parlementaires décideront unanimement, par
exemple, d'exercer un contrôle a priori sur les règlements, votre
projet de loi sera complètement dans les patates à ce sujet. Si
les parlementaires décident, par exemple, d'exiger les avis de
l'autorité déléguée par le ministre de la Justice,
de contraindre une autre personne que le Secrétaire
général de l'Assemblée nationale à faire n'importe
quoi, dans le délai qu'ils jugeront à propos, votre projet de loi
vient restreindre, de façon importante, l'exercice de la liberté
des parlementaires qui vont se réunir là-dessus. Est-ce que vous
me saisissez? II est bien clair que les articles 22, 23 et 24 ne fixent pas les
règles de procédure de l'Assemblée nationale. Par contre,
votre projet de loi, à l'article 22, va quand même assez loin,
parce qu'il demande au Secrétaire général de
l'Assemblée nationale de poser des gestes. Là-dessus, je me pose
des questions, mais c'est juste une parenthèse.
M. Marx: Pourquoi? Pourquoi est-ce que vous vous posez...
M. Filion: Je me pose des questions là-dessus.
M. Marx: Posez toutes vos questions, je vais y
répondre.
M. Filion: Je pense qu'avant de demander au Secrétaire
général de l'Assemblée nationale de poser quelque geste
que ce soit, par déférence, il faudrait attendre l'opinion des
parlementaires qui étudient, en sous-commission de l'Assemblée
nationale, la réforme parlementaire et le contrôle
réglementaire. Cela m'apparaîtrait la plus simple
déférence de ne pas demander au Secrétaire
général de l'Assemblée nationale de faire des choses par
le biais d'un projet de loi déposé par le ministre de la
Justice.
M. Marx: M. le Président, il y a plusieurs lois; par
exemple, il y a des lois qui exigent que le Parlement ou qu'un ministre fasse
telle et telle chose. L'Assemblée nationale, la Chambre n'est pas
souveraine. C'est le Parlement qui est souverain. Le Parlement, qui est
souverain, pourrait adopter le projet de loi 12, les articles 22, 23 et 24.
Cela touche les effets d'un règlement désavoué par
l'Assemblée nationale. L'article 21 donne la possibilité, c'est
le Parlement qui délègue ce pouvoir à l'Assemblée
nationale, à savoir de désavouer un règlement. En ce qui
concerne l'étude a priori d'un règlement, l'Assemblée
nationale peut toujours étudier un projet de règlement a priori
lors des délais de prépublication d'un règlement. Si
l'Assemblée nationale veut étudier un règlement avant
qu'il ne soit adopté, elle a le pouvoir de le faire et on ne touche pas
à ce pouvoir.
M. Filion: Voyons donc, M. le ministre de la Justice! Les
articles 21 à 24...
M. Marx: Montrez-moi...
M, Filion: D'abord, on ne parle pas d'un projet de
règlement à l'article 21; deuxième-
ment...
M. Marx: Oui, mais comment...
M. Filion: ...l'article 22 ne peut pas s'appliquer à un
projet de règlement, parce qu'on dit uniquement "...l'une de ses
dispositions a été désavoué..." on parle d'un
contrôle aposteriori. Â l'article 23...
M. Marx: Alors, comment peut-on désavouer un
règlement qui n'est pas encore adopté? Expliquez-moi cela.
M. Filion: On ne peut pas le désavouer.
M. Marx: C'est cela, c'est pourquoi on parle des
règlements adoptés et non des projets de règlement.
M. Filion: Bon! Alors...
M. Marx: Tout le monde peut étudier un projet de
règlement. Ce que le député me dit n'a aucun sens, M. le
Président. Peut-être faudrait-il prendre quelques minutes afin que
l'on puisse parler en dehors de cette commission et expliquer au
député de Taillon quel est...
M. Filion: Est-ce qu'on s'entend, M. le ministre de la Justice,
que l'Assemblée nationale pourrait choisir d'étudier un projet de
règlement?
M. Marx: Oui.
M. Filion: D'accord. À ce moment-là, quelle
procédure le ministre de la Justice avance-t-il pour permettre à
l'Assemblée nationale d'exercer ce genre de contrôle?
M. Marx: Je n'avance pas de procédure.
M. Filion: Mais votre projet de loi avance une
procédure.
M. Marx: Non, il n'y a pas de procédure.
M. Filion: Bien...
M. Marx: L'article 21 prévoit que ce sera fait tel que
prévu par les règles de l'Assemblée nationale. Je pense
que c'est tellement clair, M. le Président, que je commence à me
poser des questions sur les questions que le député pose.
Le Président (M. Marcil): Je n'ai pas une formation
d'avocat et, pourtant...
M. Marx: Dans les règlements de l'Assemblée
nationale, l'Assemblée peut se saisir pour étudier de tout. Donc,
a priori, cela veut dire tout règlement. Je peux vous dire, M. le
Président, si le député de Taillon... M. le
député de Taillon, nous avons déjà eu un
avant-projet de loi où nous avons prévu la procédure qu'il
sera nécessaire de suivre à l'Assemblée nationale pour
désavouer un règlement. Nous avons déjà
rédigé un avant-projet de loi décrivant toute ta
procédure. D'accord? En étudiant cet avant-projet de loi, nous
avons trouvé que ce serait mauvais de prévoir la procédure
que l'Assemblée nationale devra suivre pour désavouer un
règlement. Donc, nous avons retranché ces articles et nous avons
laissé l'article 21, qui prévoit que le désaveu sera fait
suivant les règles de procédure de l'Assemblée nationale,
et 22, 23 et 24, qui sont les effets résultant d'un règlement
déjà désavoué. J'insiste sur ce point.
Une voix: Les conséquences.
M. Filion: Vous ne pouvez pas dire que...
M. Marx: L'article 120 du règlement actuel prévoit:
"De leur propre initiative, les commissions étudient: 1° les projets
de règlement et les règlements; 2 les orientations, les
activités et la gestion des organismes publics, etc." Voilà!
M. Filion: Maintenant, juste avant de céder la parole
à mon collègue, si je comprends bien ce que vous me dites,
l'Assemblée nationale pourrait désavouer un projet de
règlement, si elle se donne les règles de procédure pour
le faire.
M. Marx: Non, on ne peut pas désavouer un projet de
règlement qui n'a pas...
M. Filion: Vous employez les termes: "ou empêcher
l'adoption d'un projet".
M. Marx: Non, elle ne le peut pas. Elle ne le peut pas parce que
le pouvoir d'adopter un règlement vient d'une loi. Le Parlement du
Québec, c'est l'Assemblée nationale, plus le
lieutenant-gouverneur. C'est ça, le Parlement du Québec en
droit.
M. Filion: Oui?
M. Marx: En droit, je parle de droit.
M. Filion: Le lieutenant-gouverneur?
M. Marx: En droit, le Parlement du Québec, c'est
l'Assemblée nationale et le lieutenant-gouverneur. Avant que le projet
de loi ne soit signé par le lieutenant-gouverneur, cela n'est pas une
loi, c'est un projet de loi.
M. Filion: Hum!
M. Marx: Pardon?
M. Filîon: Non, c'est correct.
M. Marx: Le gouvernement a une autorité habilitée
qui lui permet d'adopter un règlement en vertu des pouvoirs
donnés dans une loi. C'est le Parlement du Québec qui a
donné à cette autorité ce pouvoir. Cela peut être
enlevé ou modifié seulement par une autre loi adoptée par
le Parlement du Québec.
M. Rochefort: Que vous n'avez pas intégré à
votre projet de loi.
M. Marx: Pardon?
M. Rochefort: Que vous n'avez pas intégré à
votre projet de loi.
M. Marx: Dans notre projet de loi, nous avons
intégré la possibilité pour l'Assemblée nationale -
pas le Parlement - de désavouer un règlement. Oui, on a
intégré cela.
M. Rochefort: Un règlement, mais pas un règlement
qui est en...
M. Marx: On ne peut pas désavouer un règlement qui
n'est pas adopté.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, dans un premier temps, sur
la dernière intervention du ministre, je lui dirai que, si le ministre
de la Justice peut étudier un projet de règlement, faire des
recommandations au Conseil des ministres et suivre toute la procédure
contenue au projet de loi, aux articles 4 et suivants, j'imagine que
l'Assemblée nationale pourrait faire au moins la même chose. Il y
a là un choix délibéré de la part du ministre de la
Justice, donc, de la part de l'exécutif, de ne pas systématiser
l'étude par le législatif de l'ensemble des projets de
réglementation qui, faut-il le rappeler, sont de la législation
déléguée. On aurait très bien pu prévoir au
projet de loi que tous les projets de règlement qui découlent des
lois adoptées par l'Assemblée nationale du Québec seront,
avant leur adoption finale par le Conseil exécutif, soumis
systématiquement à une commission parlementaire, par exemple,
pour avoir l'opinion, l'orientation...
M. Marx: Ce que le député dit est faux. J'ai lu
l'article 120 du règlement et c'est clair: "De leur propre initiative,
les commissions étudient les projets de règlement..." Si cette
commission veut étudier un projet de règlement, il n'y a rien
pour empêcher cette commission d'étudier un projet de
règlement. C'est dit ici: règles de procédure et autres
dispositions pertinentes de l'Assemblée nationale. Je ne peux pas
être plus clair que cela.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'espère que le
Procureur général du Québec est capable de plus de nuances
et de subtilité que ce qu'il en démontre actuellement. Oui,
l'article 120 dit qu'une commission peut le faire de sa propre initiative, mais
cela pourrait très bien être conforme à l'article 120 que
le gouvernement suggère à l'Assemblée nationale dans un
projet de loi, qui pourrait être celui-ci ou un autre, de dire qu'on va
aller au-delà de cela et que systématiquement l'exécutif
va demander l'opinion du législatif sur l'ensemble de ses projets de
règlement.
M. Marx: La réponse...
M. Rochefort: Reconnaissez-vous cela? Est-ce que ce serait
possible?
M. Marx: Non, non, non. M. Rochefort: Bon!
M. Marx: Ce n'est pas l'objet du projet de loi qui est devant
nous.
M. Rochefort: Non.
M. Marx: On n'est pas prêt à faire cette
modification, le cas échéant. Est-ce clair, cela?
M. Rochefort: Donc, vous reconnaissez qu'une modification aurait
été possible. C'est parce qu'il y a eu un choix
délibéré de votre part de ne pas intégrer...
M. Marx: C'est sûr. M. Rochefort: Bon!
M. Marx: On laisse l'initiative aux commissions parlementaires.
On ne leur donne pas l'obligation de le faire.
M. Rochefort: Je suis heureux de voir que...
M. Marx: C'est très clair, cela, M. le
Président.
M. Rochefort: M. le Président, deuxièmement, aux
articles 21 à 24, particulièrement 22 à 24, pourquoi les
articles 22, 23 et 24...
M. Marx: Est-ce que l'article 21 est
adopté, M. le Président? M. Rochefort: Non.
M. Marx: Est-ce que vous êtes d'accord avec l'article 21,
M. le député?
M. Rochefort: M. le Président, quand le ministre voudra
poser des questions, il s'agira de venir s'asseoir de ce côté
pendant au moins quatre ans et je serai heureux de répondre à
toutes ses questions.
M. Marx: J'ai été làsix ans.
M. Rochefort: Je serai heureux de répondre à toutes
ses questions, il ne m'a jamais posé de questions lorsque...
M. Marx: J'ai répondu à toutes les questions que
les ministres m'ont posées et j'ai fait améliorer plusieurs lois
pendant six ans.
M. Rochefort: II ne m'a jamais posé de questions lorsque
j'occupais son fauteuil, j'aurais été heureux de répondre
à ses questions.
M. Marx: Donc, l'article 21 n'est pas adopté?
M. Rochefort: M. le Président, le ministre est
fébrile.
M. Marx: J'écoute. (20 h 30)
M. Rochefort: Pourquoi les articles 22, 23 et 24, au-delà
de la réponse que vous fournissiez à mon collègue de
Taillon tantôt... Il a dit: C'est une procédure qui est
nécessaire. Une fois que l'Assemblée aura décidé
comment elle peut désavouer un règlement, il faudra bien que
l'expression de son désaveu se formule et se concrétise d'une
façon ou d'une autre. Mais, au-detà de cela, pourquoi
préjuger de cette façon de procéder? Pourquoi, par
exemple, à l'article 23, préjuger, dans le pouvoir de
désaveu de l'Assemblée nationale, qu'il pourrait y avoir le choix
entre un désaveu qui entre en vigueur le jour de l'adoption de la motion
de désaveu et un désaveu qui entre en vigueur à une date
ultérieure fixée dans la motion, à partir de l'adoption de
la motion de désaveu par l'Assemblée? Pourquoi prévoir
cela, sinon en l'appuyant sur le pifomètre, les intuitions, les
impressions, comment cela pourrait se passer dans une société
civilisée au sens que le ministre voudrait lui donner? Pourquoi
prévoir le contenu de l'article 24 qui dit: "Le désaveu d'un
règlement ou de l'une de ses dispositions a les mêmes effets que
ceux de l'abrogation d'un règlement"?
Pourquoi ne pas simplement affirmer, dans la mesure où le
ministre souhaite que ce soit ainsi, le principe général de
l'article 21 et ne pas laisser totalement l'Assemblée nationale
décider comment se fera l'exercice de son pouvoir d'étude et, le
cas échéant, de désaveu d'un règlement, de quelle
façon elle décidera d'informer la population pour donner effet
à un possible désaveu et si elle choisira que tout désaveu
entre en vigueur uniquement le jour de l'adoption de la motion ou si elle se
gardera le pouvoir de faire entrer cela en vigueur à une date
ultérieure? Si à la suite de consultations, cette date
ultérieure ne devrait pas être balisée dans le temps?
J'imagine que l'Assemblée nationale pourrait difficilement
décider de désavouer un règlement et d'inscrire une date
de prise d'effet d'un désaveu très loin dans le temps. Cela
nécessitera donc sûrement une balise.
Je ne comprends pas l'idée de commencer à élaborer
un morceau de ce qui sera sûrement une partie intégrante de cette
procédure de désaveu des projets de loi.
M. Marx: Est-ce que le député veut que je
réponde? Oui. Je peux vous dire que j'espère que le
député a déjà saisi cette différence entre
le Parlement du Québec et l'Assemblée nationale. Est-ce que le
député a saisi cette différence? Oui. C'est-à-dire
que l'Assemblée nationale a moins de pouvoirs que le Parlement du
Québec. C'est seulement le Parlement qui est souverain dans sa
sphère de compétence.
Mais la Loi d'interprétation du Québec prévoit,
à l'article 5: "Une loi entre en vigueur le trentième jour qui
suit celui de sa sanction, à moins que la loi n'y pourvoie autrement".
Il y a même une loi pour dire au Parlement du Québec le jour
où une loi va entrer en vigueur. Pourquoi alors ne pas fixer pour
l'Assemblée nationale l'entrée en vigueur d'un désaveu, si
l'Assemblée nationale a moins de pouvoirs que le Parlement du
Québec? Je ne trouve donc rien d'anormal là-dedans. Je trouve que
c'est très normal.
Si le député veut penser à cela pendant quelques
minutes. On pourrait même prendre quelques minutes de repos et il va voir
que nous avons raison. C'est tellement simple comme concept.
M. Rochefort: Pour que le ministre me convainque de la justesse
de ses décisions, cela prend plus que quelques minutes de repos. Cela
prend au moins du contenu dans le plaidoyer. À moins que le ministre,
lui, ne veuille se reposer quelques minutes pour trouver du contenu à
son plaidoyer. Mais, personnellement, j'ai besoin de plus que du repos pour
comprendre.
M. Marx: Si le député ne peut pas comprendre, qu'il
vote contre. C'est tout. Finalement, c'est cela. Cela fait maintenant
cinq fois que j'explique au député ce que sont ces
articles 21, 22, 23 et 24. Ce sont des articles de nature très
technique. Ce ne sont pas des articles d'un contenu politique ou partisan. Ce
sont des articles techniques que l'on trouve dans nos lois. On a mis ces
articles dans cette loi-ci.
M. Rochefort: Le ministre nous dit que ce ne sont pas des
articles à contenu politique ou partisan. Je lui dirai que la
réforme parlementaire a réussi à voir le jour, pour la
partie qui a vu le jour, parce qu'à un moment donné on a sorti
cela de l'exécutif et on l'a confié simplement et de façon
exclusive au législatif. Le geste qu'il nous demande de poser va dans le
sens inverse de la procédure qui a eu raison des lenteurs, de la
paralysie totale dans laquelle se trouvait la réforme parlementaire il y
a quelques années; des années au cours desquelles le
député, aujourd'hui ministre, était membre de cette
Assemblée nationale. Il devrait avoir un peu plus de mémoire et
se souvenir que la réforme parlementaire est sortie de sa paralysie le
jour où l'exécutif s'en est totalement retiré. Ce qu'il
nous demande de faire aujourd'hui, c'est de dire: Oui, mais laissez donc
l'exécutif avoir un pied dans la porte pour vous dire quand même
comment cela devrait se passer.
Si vous, ministre de la Justice, à partir de la Loi
d'interprétation, vous avez cru bon de présenter les articles 22,
23 et 24 dans le sens et dans la forme que vous l'avez fait, j'imagine qu'il
doit au moins y avoir 121 autres députés qui pourront le faire le
jour où ils le souhaiteront et le jour où ils souhaiteront
l'intégrer à leur procédure de désaveu d'une
réglementation.
M. Marx: Oui, M. le Président, on a décidé
de procéder de cette façon. Je pense que c'est la façon
normale, c'est la façon dont on a procédé dans d'autres
juridictions. Cela n'enlève aucun pouvoir à l'Assemblée
nationale de désavouer des règlements. Dans ce projet de loi, en
vertu de cette loi, on donnerait le pouvoir à l'Assemblée
nationale de désavouer des règlements adoptés par le
gouvernement ou une autre autorité. Ce sont des articles non pas de
procédure, je dirais que ce sont des articles qui expliquent les effets
de désavouer un règlement, quelles en sont les
conséquences. Une fois le règlement désavoué, on
explique quels en sont les effets. À l'article 22, il faut qu'un avis
soit publié pour annoncer le désaveu. Je pense que c'est un bon
article parce que, quand même, il faut en prendre connaisssance.
M. Rochefort: C'est une confiance absolue à l'endroit du
législateur, c'est évident.
M. Marx: À l'article 23: "Le désaveu d'un
règlement ou de l'une de ses dispositions prend effet le jour de
l'adoption de la motion de désaveu ou à une date
ultérieure qu'indique la motion." Le député ne
m'écoute pas, il est en consultation.
M. Rochefort: M. le Président. M. Marx: L'article
23...
M. Rochefort: 5i le ministre souhaite qu'à chaque fois
qu'il consulte l'un de ses collaborateurs pendant que nous lui adressons une
question nous le rappelions à l'ordre, nous pouvons le faire nous
aussi.
M. Marx: Non, mais...
M. Rochefort: Depuis 8 h 10, vous l'avez fait au moins quatre
fois pendant que mon collègue de Taiilon vous posait des questions. Sauf
erreur, personne n'a soulevé la chose.
M. Marx: Avez-vous entendu ce que j'ai dit sur l'article 23?
M. Rochefort: Oui.
M. Marx: Oui, bon. Je vais répéter l'article
23...
M. Rochefort: On n'est pas en classe ici;
M. Marx: ...au cas où votre collègue aurait
manqué un bout.
M. Filion: Non, j'ai compris, M. le ministre.
M. Marx: Non, il a compris aussi. M. Filion: Oui, oui.
M. Marx: À l'article 24: "Le désaveu d'un
règlement ou de l'une de ses dispositions a les mêmes effets que
ceux de l'abrogation d'un règlement." Je ne vois rien là, M. le
Président. Ce sont des articles d'interprétation. C'est dans la
Loi d'interprétation des lois et on met cela dans la loi 12 sur les
règlements. Il n'y a rien là qui affecte le pouvoir de
l'Assemblée nationale, et ainsi de suite. C'est tout à fait
normal. Je n'ai rien d'autre à ajouter à ce débat, M. le
Président.
M. Filion: M. le Président, pour faire le point sur la
question du pouvoir de désaveu des règlements, il n'existe d'une
part aucun outil pour l'Assemblée nationale, pour lui permettre
d'exercer un pouvoir théorique qu'on lui confierait. Plus tôt en
commission parlementaire, j'ai demandé au ministre de la Justice:
Pourquoi ne pas transmettre les avis
du bureau de la législation ou de l'autorité qui
relève du ministère de la Justice à l'Assemblée
nationale? Le ministre m'a dit: Non, je suis le jurisconsulte du gouvernement.
Point. Il n'y a donc aucun outil pour permettre à l'Assemblée
nationale d'exercer un pouvoir qu'on voudrait lui confier.
Deuxièmement, à l'article 21, on fait appel à des
règles de procédure qui n'existent pas. Je comprends depuis le
départ l'argumentation du ministre à savoir que, pour lui, les
articles 22, 23 et 24 sont des effets. Mais ce sont plus que des effets. Lisez
comme il faut les articles 22 et 23: ce sont plus que des effets. Cela touche
aussi à des contenus que voudraient ou pourraient se donner les
parlementaires. On dit à l'article 22 - je le répète pour
le ministre - "Le Secrétaire général de l'Assemblée
nationale fait publier sans délai à la Gazette officielle un avis
annonçant qu'un règlement..." Les parlementaires...
M. Marx: Après que le règlement aura
été désavoué.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: Ceci est déjà désavoué.
M. Filion: On a déjà fait le point. Pour vous,
soumettre les projets de règlement au contrôle de
l'Assemblée nationale, il n'en est pas question. Vous êtes le
pouvoir exécutif, on en prend bonne note.
M. Marx: Je n'ai pas dit cela, M. le Président. J'ai dit
que l'Assemblée nationale, en vertu de l'article 120 de son
règlement, pourrait étudier n'importe quel projet de
règlement. C'est ce que j'ai dit. Il n'est pas de question de modifier
ou de changer quoi que ce soit en ce qui concerne ce pouvoir. Tout le monde
peut étudier un projet de règlement, on a prévu cela dans
le règlement à l'usage des commissions de l'Assemblée
nationale.
En ce qui concerne l'article 21, on donne un nouveau pouvoir à
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire que le Parlement du
Québec donnerait un nouveau pouvoir à l'Assemblée
nationale et tout le monde devrait applaudir l'octroi de ce pouvoir.
M. Filion: Juste pour fermer la parenthèse, voici ce que
le ministre ne semble pas saisir: Détenir un pouvoir, c'est une chose,
avoir les moyens de l'exercer, cela en est une autre.
M. Marx: Quels sont les moyens?
M. Filion: Dans ce cas-ci, avoir les moyens d'exercer un pouvoir,
même sur les projets de règlement, si on parle du pouvoir
d'initiative des commissions selon l'article 120 de notre règlement
auquel vous faites allusion depuis tantôt, c'est un mandat d'initiative
des commissions. Une commission comme telle ne reçoit pas un projet de
règlement, M. le ministre. Soyons un peu pratique. D'ailleurs, dans le
cadre...
M. Marx: ...pas cette question.
M. Filion: Laissez-moi terminer. Dans le cadre de la
réforme parlementaire, si vous regardez comme il le faut ce qui a
sous-tendu l'adoption de l'article 120, je suis convaincu que vous allez
retrouver des références à la nécessité
d'informer adéquatement les commissions ou les parlementaires pour leur
permettre de faire leur travail. Je ferme là la parenthèse. Le
ministre y reviendra, s'il le veut.
M. Marx: Je vais répondre à cette question.
M. Filion: Si je fais le point, premièrement, on l'a vu,
donc il n'a pas d'outil. Je laisse faire le pouvoir qui est contenu à
l'article 120, je parle uniquement du désaveu des règlements, il
n'y a aucun outil qui existe. Deuxièmement, il n'y a aucune règle
de procédure qui existe actuellement. La commission de
l'Assemblée nationale, encore une fois, ne s'étant pas
fixé de règles de procédure, il y a du contenu à
l'article 22. Est-ce que le ministre admet qu'il y a plus que des effets aux
articles 22, 23 et 24? Est-ce que le ministre admet qu'il y a du contenu quand
on demande au Secrétaire général de publier, quand
l'article 23 parle de la mise en effet de l'adoption de la motion de
désaveu, à savoir immédiatement ou à une date
ultérieure? Est-ce que le ministre admet qu'il s'agit là de
contenu et non pas d'effet?
M. Marx: Premièrement, M. le Président, en ce qui
concerne les projets de règlement, le député de Taillon,
comme tout autre député à l'Assemblée nationale,
reçoit la Gazette officielle du Québec sans frais. Chaque
député est libre de consulter la Gazette officielle pour voir
quels projets de règlement sont publiés. Il peut soulever la
question de mandat d'initiative pour étudier un projet de
règlement devant la commission dont il est membre.
Je n'ai pas compris la question du député. Est-ce qu'il
veut que le ministère de la Justice envoie des projets de
règlement tel qu'imprimés à la Gazette officielle à
chaque membre de cette commission ou est-ce suffisant que ce soit
déjà dans la Gazette officielle dont chaque député
reçoit une copie? Je pense que cela va de soi, en toute logique, c'est
suffisant que chaque député reçoive la Gazette officielle,
il la consulte et il peut prendre note d'un projet de règle-
ment. Avec ce projet de loi, ce sera encore mieux parce qu'il sera
nécessaire de publier chaque projet de règlement - ce qui est une
nouveauté au Canada. II n'y a pas d'autre juridiction au Canada
où l'on prévoit une telle règle. Je pense que le
député doit se réjouir de cet article qui prévoit
cette publication. (20 h 45)
En ce qui concerne les autres articles 22, 23, 24, pour l'article 22,
c'est une question de publication. On délègue au
Secrétaire général de l'Assemblée nationale le
pouvoir de faire quelque chose. On peut déléguer quelqu'un
d'autre; si le député le veut, on peut mandater le
président d'une commission, mais, lui, a autre chose à faire et,
de temps à autre, il n'est pas à l'Assemblée nationale. On
peut déléguer toute autre personne pour faire cela. On a
décidé de déléguer le Secrétaire
général de l'Assemblée nationale en tant que fonctionnaire
responsable pour publier un avis à la Gazette officielle du
Québec.
Quant à l'article 23, tout ce qu'il prévoit; c'est le jour
où prend effet le désaveu d'un règlement. C'est soit
à l'adoption de la motion soit à une date ultérieure
qu'indique la motion. Donc, l'Assemblée nationale pourrait
décider que cela entre en vigueur dix jours plus tard, quinze, vingt,
cinquante, soixante jours, et ainsi de suite. Et l'article 24 est simplement un
article d'interprétation comme on en trouve ailleurs dans la Loi
d'interprétation et ainsi de suite. Donc, il n'y a a rien ici qui touche
le contenu, sauf l'article 21 qui donne un pouvoir à l'Assemblée
nationale, un nouveau pouvoir que l'Assemblée nationale n'a pas
aujourd'hui. Ce ne sera pas l'exécutif qui donnera ce pouvoir par
l'article 21 à l'Assemblée nationale, ce sera le Parlement du
Québec qui donnera ce pouvoir à l'Assemblée nationale. Il
appartient à l'Assemblée nationale de décider de
l'utiliser ou non. On ne peut pas faire cela comme Parlement du
Québec.
M. Rochefort: Elle devrait pouvoir l'utiliser comme bon lui
semblera.
M. Marx: C'est cela, c'est ce qu'on dit.
M. Rochefort: On n'aura pas besoin alors des articles 22, 23,
24.
M. Marx: Les articles 22, 23, 24 sont des effets, des
règles d'interprétation assimilables à d'autres
règles d'interprétation.
Une voix: C'est cela.
M. Filion: Si les parlementaires veulent "saisir" autrement,
comme vous avez "saisi" l'Assemblée nationale pour votre projet de loi
sur les saisies abusives...
M. Marx: Je veux que le député soit au courant que
le ministre de la Justice est "insaisissable"; cela, c'est prévu par le
Code de procédure civile.
M. Filion: Je laisse cela aux juges, M. le ministre de la
Justice; moi, je ne vous poursuis pas. Si les parlementaires décident de
se donner des règles de procédure et des pouvoirs qui leur
conviennent, si cela a de fortes chances de modifier ce qui est contenu aux
articles 22, 23 et 24, vous ne trouvez pas que, dans ce sens, ces articles du
projet de loi sont prématurés et que, pour le moins, il y aurait
lieu d'attendre la décision qui sera prise par l'Assemblée
nationale, par les membres de l'Assemblée. Lorsque cette décision
sera prise, vous pourrez y donner suite et, à ce moment-là, un
projet de loi pourra être déposé en vue d'être
adopté par le Parlement pour donner suite à la volonté des
députés. Il me semble que c'est simple. Plutôt que de
mettre ses bas après avoir mis ses souliers, moi, je dis: Mettons nos
bas d'abord, nos souliers après.
M. Marx: Oui, mais concernant l'article 22, M. le
Président, qui prévoit que le secrétaire
général devra publier un avis annonçant le désaveu
d'un règlement, la Loi sur l'Assemblée nationale prévoit,
- écoutez-moi bien, M. le Président - qu'après la sanction
d'une loi le secrétaire général en transmet avec diligence
une copie certifiée conforme à l'Éditeur officiel du
Québec pour impression. Si le secrétaire général
doit faire en sorte que les lois soient publiées, pourquoi le
député s'oppose-t-il quand on demande au secrétaire
général de prévoir que les avis de désaveu soient
publiés? Le discours du député...
M. Filion: Ce n'est pas ici qu'on doit décider de
cela.
M. Marx: Êtes-vous d'accord avec l'article 22?
M. Filion: On vous a dit depuis tantôt que ce n'est pas ici
qu'on doit décider, la teneur de la décision appartiendra aux
parlementaires. Ce n'est pas à nous, à la commission des
institutions réunie pour l'étude détaillée du
projet de loi 12, de décider de ces choses.
M. Marx: L'Assemblée nationale va décider en votant
oui ou non.
M. Filion: Ces choses doivent être... Oui, mais c'est faire
justement fi du conseil que vous donnait le député de Gouin
tantôt et qui est important. La réforme parlementaire a
commencé à fonctionner le jour où, justement, on a
changé d'attitude et fait en sorte que la réforme -
laissez-moi
terminer - soit entreprise et menée à bien par les
parlementaires eux-mêmes et non pas par les représentants du
pouvoir exécutif.
M. Marx: Non mais, M. le Président, j'ai dit que ce projet
de loi ne sera pas adopté par l'exécutif. Il sera adopté
par l'Assemblée nationale...
M. Filion: Et après par le Parlement. Ne l'oubliez
pas!
M. Marx: ...puis sanctionné par le lieutenant-gouverneur
du Québec. J'invite maintenant le député à assister
à la sanction de ce projet de loi lorsqu'il sera adopté et
sanctionné - comme je l'ai dit et comme je viens de l'expliquer au
député, avant que ce ne soit signé par le
lieutenant-gouverneur du Québec, c'est encore juste un projet de loi. On
va voir à ce que ce soit bien signé par le lieutenant-gouverneur
du Québec pour qu'on soit sûr que cela devienne une loi.
M. Filion: Je me demande si le lieutenant gouverneur va
sanctionner la compétence du ministre de la Justice, quand il va
sanctionner cette loi.
M. Marx: Les gens de mon comté...
M. Filion: Non, l'ensemble de la population.
M. Marx: ...jusqu'à présent ont...
M. Filion: L'ensemble de la population.
M. Rochefort: À moins que vous ne soyez devenu
député dans les secondes qui viennent de se dérouler.
M. Marx: Cela commence avec mon comté. Le gouvernement, la
majorité est sanctionnée par toute la population.
M. Rochefort: Le Québec, c'est son comté.
M. Filion: M. le ministre de la Justice, avez-vous discuté
du contenu des articles 21 à 24 avec le leader parlementaire?
M. Marx: J'ai...
M. Filion: Notamment, pour vous faciliter la réponse, avec
le leader parlementaire du gouvernement et avec celui de l'Opposition.
M. Marx: Personnellement, je n'ai pas discuté de ce projet
de loi avec le leader de l'Opposition.
M. Rochefort: Avec celui du gouvernement?
M. Marx: J'ai discuté cela, oui, et on a - je veux
être exact - discuté le projet de loi avec son cabinet. Vous savez
que le leader... Avec lui, parce qu'il ne faut pas oublier que le leader du
gouvernement est aussi membre du Conseil exécutif et membre du
comité pour la législation. Je pense qu'il était
présent à l'étude de ce projet de loi à
l'étape du comité pour la législation, si ma
mémoire est fidèle, et aussi au Conseil des ministres. Donc, il
est tout à fait au courant de ce projet de loi.
M. Filion: Je dois conclure que vous n'avez pas consulté
le leader parlementaire de l'Opposition sur ce projet de loi.
M. Marx: On ne...
M. Filion: Je parle du leader parlementaire.
M. Marx: Le leader parlementaire de...? M. Filion: De
l'Opposition.
M. Marx: On le consulte quand le projet de loi est
déposé. Il fait partie de l'Opposition. Il fait partie d'un
caucus. Il peut venir ici et discuter le projet de loi. On n'a pas l'habitude
de discuter des projets de loi avec l'Opposition, comme les gens de
l'Opposition, quand ils étaient au pouvoir, n'ont pas discuté
leurs projets de loi avec l'Opposition de l'époque.
M. Rochefort: Le ministre manque de déférence
à l'endroit du président de l'Assemblée nationale. Il n'a
pas dit de simplement déposer le projet de loi à
l'Assemblée nationale et de donner la chance à tous les
députés de le lire. Le président de l'Assemblée
nationale prend sur lui d'écrire de sa propre initiative au ministre de
îa Justice: M. le ministre, je vous demande d'en discuter avec le leader
parlementaire du gouvernement et le leader parlementaire de l'Opposition. Je ne
vous demande pas d'inscrire votre projet de loi, pour reprendre un des exemples
de tantôt, à la Gazette officielle et de vous assurer qu'ils la
reçoivent, qu'ils soient sur la liste des abonnés de la Gazette
officielle. Il dit: Je vous demande d'en discuter. C'est pourquoi je vous
invite à discuter de cette question avec les leaders parlementaires -
page 2, deuxième paragraphe, deuxième et troisième lignes.
C'est signé Pierre Lorrain, président de l'Assemblée
nationale du Québec.
Que faites-vous de cette recommandation du président de
l'Assemblée nationale du Québec? Cela ne vaut-il rien à
vos yeux? Quelle est la valeur de cette lettre? Quelle est la valeur des
recommandations, des mises en garde que vous fait le président de
l'Assemblée
nationale, le gardien des droits, privilèges et
prérogatives du législatif? Quelle valeur tout cela a-t-il
à vos yeux, vu la réponse que vous nous faites quand on vous
demande si vous avez suivi sa recommandation de consulter le leader
parlementaire de l'Opposition? Vous dites: Oui, it fut un jour où j'ai
déposé un projet de loi à l'Assemblée nationale. On
m'informe que les projets de loi déposés à
l'Assemblée nationale sont imprimés en au moins 122 copies qui
sont acheminées à chacun des membres de l'Assemblée
nationale. Normalement, ceux-ci devraient prendre le temps de les lire et,
s'ils les ont lus, ils pourraient peut-être me dire ce qu'ils en
pensent.
Au-delà de cela, que faites-vous de la lettre du
président? Ou bien la réponse que vous lui ferez, c'est la
réponse que vous nous donnez ce soir: Que le président ne se
mêle pas de cela, tous les députés devraient lire mes
projets de loi; donc, vous n'avez pas raison de m'écrire pour me dire de
consulter les leaders. Est-ce cela que vous faites? C'est rare que vous
attendez pour répondre; d'habitude vous nous interrompez en cours de
route. Qu'est-ce qui se passe?
M. Marx: Est-ce que c'est à moi de répondre, M. le
Président?
M. Rochefort: Les questions vous étaient
adressées.
M. Marx: À la page 2, paragraphe 2, la lettre du
président se lit comme suit et je cite: "Je ne peux prendre d'engagement
à cet égard au nom de l'Assemblée; c'est pourquoi je vous
invite à discuter de cette question avec les leaders parlementaires.
Suite à ces discussions et compte tenu des travaux de la
sous-commission, je vous soumets qu'il pourrait être envisagé de
modifier l'article 33 de façon à permettre la mise en vigueur de
la section V du projet de loi 12 sur proclamation." Tout ce que cela touche, M.
le Président, c'est la mise en vigueur de l'article 33.
Maintenant, je suis prêt à lire ma réponse au
président de l'Assemblée nationale datée du 16 avril 1986:
"M. le Président, j'accuse réception de votre lettre du 20 mars
dernier concernant le projet de loi 12, Loi sur les règlements. Je vous
prie de croire que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt les
commentaires que vous formulez concernant l'entrée en vigueur de ce
projet de loi et je vous remercie très vivement de l'envoi de ce
document. "Je tiens à vous dire cependant que la date d'entrée en
vigueur de la loi, soit le 1er septembre 1986, telle que stipulée
à l'article 33 du projet de loi, m'apparaît la plus
réaliste et la plus fondée pour assurer à la Loi sur les
règlements toute la publicité et les effets nécessaires
relativement à la publication et à l'adoption des
règlements. "Quant à l'exercice du pouvoir par l'Assemblée
nationale de désavouer un règlement, il ne m'apparaît pas
qu'il soit affecté par la date d'entrée en vigueur de la loi. En
effet, comme le projet de loi n'impose pas de délai pour exercer le
désaveu d'un règlement, il serait toujours loisible, quelle que
soit la date d'adoption des règles de procédure de
l'Assemblée nationale, de désavouer un règlement par la
suite. "Espérant le tout à votre satisfaction et demeurant
à votre disposition pour de plus amples informations, je vous prie
d'agréer, M. le Président, l'expression de mes sentiments
distingués."
À cette lettre, j'ai eu une réponse du président
datée du 2 mai où le président m'a écrit: "J'ai
bien reçu votre lettre du 16 avril dernier relativement au projet de loi
12, Loi sur les règlements. J'ai pris bonne note de vos commentaires en
ce qui a trait audit projet de loi et je vous remercie de les avoir
portés à mon attention. Veuillez agréer, M. le ministre,
l'expression de mes sentiments les meilleurs".
Donc, il n'y apas de problème, M. le
Président...
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au ministre de la Justice de déposer les documents auxquels il
a fait référence, in extenso; le tout en vertu de nos
règlements?
Le Président (M. Marcil): Est-ce que vous consentez, M. le
ministre, à déposer vos documents?
M. Filion: II n'a pas le choix, à moins que cela ne soit
contraire à l'intérêt public.
Le Président (M, Marcil): Cela prend son consentement.
Merci, on va vous faire des photocopies.
M. Marx: Voici la lettre que le président m'a
envoyée. (21 heures)
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je prends bonne note,
à moins que je n'aie mal entendu, que tout ce que le président a
fait, c'est accuser réception de la lettre du ministre et lui dire qu'il
était heureux qu'il ait porté à sa connaissance l'ensemble
de ses réflexions. Le président n'a pas dit qu'il remettait en
question le contenu de sa lettre du 20 mars. Le président n'a pas dit
que, maintenant, il était satisfait de la réponse du ministre. Le
président n'a pas dit qu'il
considère que la réponse du ministre fait en sorte qu'il
n'a pas a consulter les leaders.
Ce contre quoi - non pas nous - le président de
l'Assemblée nationale dans sa lettre du 20 mars dernier met en garde le
ministre, c'est d'aller se promener à partir des prochaines semaines ou
des prochains jours, en disant: Voici, l'Assemblée nationale a
adopté un projet de loi - une loi puisqu'elle aura été
sanctionnée - qui entrera en vigueur le 1er septembre 1986 et qui fait
en sorte que les règlements vont se faire plus rigoureusement, d'une
façon plus structurée que ce n'était le cas
auparavant.
Au fond, il mettait en garde le ministre contre l'affirmation suivante:
À partir de maintenant, l'Assemblée nationale aura un pouvoir de
désaveu des règlements. Voilà des nouveaux pouvoirs
accordés aux membres de l'Assemblée nationale. Le
législatif se voit conférer de nouvelles responsabilités,
plus de pouvoirs sur l'exécutif. C'est heureux que nous l'ayons fait et
c'est grâce à nous si cela a été fait, alors qu'il
n'y a rien rien rien rien pour appuyer de telles dispositions
législatives.
Non seulement il n'y a rien pour appuyer ces dispositions
législatives mais le président dit: Cela ne sera pas possible.
Cet article adopté tel quel implique que l'Assemblée ait
approuvé à cette date les règles. Je ne peux prendre
d'engagement à cet égard au nom de l'Assemblée. Le
président doit savoir de quoi il parle.
Donc, on va se retrouver... Je vais vous laisser écouter le
député de Viau.
M. Marx: J'ai deux oreilles, M. le Président. Je peux
écouter le député et écouter mon whip.
M. Rochefort: À voir ce que le ministre fait de ses deux
oreilles, on aime autant qu'il les consacre au député de
Viau.
M. Cusano: Je peux lui écrire une note M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Ah oui, je suis heureux qu'il consacre ses deux
oreilles au député de Viau.
M. Marx: Cela va.
M. Rochefort; M. le Président, le président
n'écrit pas pour rien. Il dit: Je ne peux pas prendre d'engagement.
Donc, au fond, il le met en garde contre une tentative de laisser croire
à la population du Québec, même de laisser croire aux
parlementaires, de laisser croire à tout le monde, à l'appareil
réglementaire...
M. Marx: Savez-vous la différence entre le
député de Gouin et le président de l'Assemblée
nationale? Le président de l'Assemblée nationale a compris et le
député de Gouin n'a pas compris ma lettre.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que ce sera une
charade?
Le Président (M. Marcil): Pardon?
M. Rochefort: Est-ce que ce sera une charade ou quoi?
M. Marx: Non, c'est parce que le député de Gouin
m'a invité à l'interrompre il y a quelques minutes.
M. Rochefort: Non, je ne vous y ai pas invité. J'ai dit
que j'étais surpris de voir que, cette fois, vous ne m'aviez pas
interrompu. Je ne vous ai pas invité à m'interrompre.
M. Marx: Je m'excuse, M. le député.
M. Rochefort: Non, j'ai constaté que, pour une fois, vous
ne nous aviez pas interrompus contrairement à vos habitudes. Si je
comprends bien, le président écrit au ministre. Le ministre lui
répond. Le président dit: Écoutez, je prends bonne note de
votre argumentation. Pour le ministre cela règle l'affaire. On jette la
lettre du président pardessus bord et on continue comme s'il n'avait
jamais écrit.
C'est cela? Je vois que le ministre hoche la tête
positivement.
M. Marx: Non, M. le Président, je m'excuse.
M. Rochefort: Alors, je prends bonne note du respect. Non c'est
mal vu.
M. Marx: Ce que je dis au député de Gouin, c'est
que le président de l'Assemblée nationale a compris ma lettre. Le
député de Gouin ne l'a pas comprise. Je ne peux pas être
blâmé pour cela. Si le député de Gouin a du temps,
je suis prêt à l'inviter à un lunch où je lui
expliquerai ma lettre et toute la problématique de ce projet de loi.
Mais je trouve que cela devient impossible de le faire ce soir J'ai
essayé le plus possible. J'invite les membres de cette commission
à voter et à voter comme ils aimeraient le faire.
Une voix: Oui, vous êtes bien pressé. M.
Rochefort: Vous êtes pressé?
M. Marx: Juste une mise en garde au député de
Gouin, M. le Président. On est en train d'adopter presque tout ce projet
de loi sur division. Je me demande comment le député de Gouin va
voter pour le projet de loi en troisième lecture, s'il est tout à
fait
contre chaque article, ou presque. Une voix: Cela
l'inquiète, cela.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'aimerais que le ministre
ait la même préoccupation et le même souci de
cohérence à l'endroit des actions de son ministère et de
son responsable qu'à l'endroit de l'Opposition. Quant à notre
cohérence, je lui dirai que nous pourrons l'assumer sans aucun
problème de conscience. Le ministre, lui, a peut-être des
problèmes quant à la façon dont il assume la
cohérence de ses gestes, de ses propos et de ses actions.
M. Filion: Dans le même sens, M. le Président, j'ai
demandé au ministre de la Justice tout à l'heure s'il avait
consulté les leaders parlementaires. Il nous a dit qu'en ce qui
concernait le leader de l'Opposition, non, ce n'était pas
nécessaire, que le projet de loi avait été
déposé. Je vais lui poser la question suivante: Est-ce que le
ministre de la Justice s'est enquis du déroulement des travaux de la
sous-commission de l'Assemblée nationale...
M. Marx: Si je me suis quoi?
M. Filion: ...sur cette matière. Si vous vous êtes
enquis?
M. Marx: La sous-commission va faire son travail.
M. Rochefort: Vous ne vous êtes pas intéressé
à cela? Vous n'avez pas essayé de savoir où on
était rendu?
M. Marx: Je ne siège pas à la sous-commission mais
tout ce qu'on fait à l'Assemblée nationale
m'intéresse.
M. Rochefort: Selon vous, où en sont rendus les travaux de
la sous-commission sur cette question? Quelles sont les assurances que vous
avez reçues pour vous permettre de maintenir votre date du 1er septembre
1986, contrairement aux avis que vous a donnés le président?
M. Marx: Parce que cela ne sera pas préjudiciable à
l'adoption des règles par l'Assemblée nationale. Donc, si...
C'est cela. C'est très clair.
M. Rochefort: C'est tout?
M. Marx: C'est tout. M. le Président, peut-on appeler les
articles? Non?
M. Filion: J'attends les photocopies de la documentation. Cela ne
devrait pas être long.
M. Marx: Pardon? M. le Président, les
députés de l'Opposition sont en train de me convaincre qu'on a un
excellent projet de loi. Â force de me frotter è leurs arguments,
je trouve que le projet de loi est meilleur que je ne l'avais cru avant qu'on
commence cet exercice en commission parlementaire.
M. Rochefort: D'ailleurs, la lettre du 20 mars 1986 du
président confirme la justesse de vos sentiments, il n'en fait pas de
doute.
M. Marx: C'est exact.
M. Filion: S'il y a quelqu'un à qui on ne peut pas
reprocher des motifs de partisanerie, c'est bien le président de
l'Assemblée nationale.
M. Marx: C'est sûr.
M. Filion: On va attendre la correspondance mais, s'il y a
quelqu'un dont on peut prendre note de la facilité avec laquelle il a
repoussé du revers de la main...
M. Rochefort: Cavalièrement.
M. Filion: ...les suggestions du président de
l'Assemblée nationale, c'est bien le ministre de la Justice.
M. Marx: M. le Président, quiconque lira les débats
de cette commission va vite comprendre que ce que le député a dit
n'est pas tout à fait exact. Je n'ai rien rejeté du revers de la
main.
M. Filion: Vous avez sûrement rejeté du revers de la
main les deux suggestions préalables que vous faisait le
président de l'Assemblée nationale. La première, faire des
consultations. Mais cela, on te sait, ce gouvernement, sa marque de commerce,
c'est bel et bien l'absence de consultation. On aura d'ailleurs l'occasion
d'étudier d'autres projets de loi du ministre de la Justice où,
probablement, on retrouvera encore une fois...
M. Rochefort: Le rouleau compresseur.
M. Filion: ...le rouleau compresseur et la marque de commerce qui
est: Nous, on décide; le monde, qu'il aille se faire voir, on a raison.
Peu impartent les fusions d'organismes, les fermetures de bureaux
d'enregistrement et même...
M. Marx: M. le Président.
M. Filion: Laissez-moi terminer.
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...et même les pouvoirs de l'Assemblée
nationale. Cela, ce n'est pas important. La raison existe, elle est
probablement quelque part entre le "bunker" et les comités des sages
bénévoles décideurs, plus ou moins
rémunérés - cela, on l'a appris à l'étude
des crédits, 200 000 $ pour un comité de bénévoles,
c'est quand même pas pire...
M. Rochefort: C'est le ministre de la Justice...
M. Filion: Le ministre de la Justice avait dit: C'est pour payer
les crayons et les papiers. Belle papeterie, ça, les demandes de CT au
Conseil du trésor.
M. Rochefort: C'est le ministre de la Justice qui signe les
CT.
M. Filion: M. le Président, je pense qu'on n'a pas de
leçon à recevoir, là-dessus, du ministre de la
Justice.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît, M. le
député de Taillon, voulez-vous revenir à la pertinence du
débat?
M. Filion: J'attends toujours les photocopies, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): On n'est pas pour attendre les
photocopies jusqu'à 22 heures. Il faudrait...
M. Filion: Les photocopies... À moins d'en avoir une copie
pour nous.
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais adresser une
question au ministre.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Je répète que je considère
qu'il retourne de façon cavalière le président de
l'Assemblée. Combien de fois, selon lui, dans l'histoire du
parlementarisme québécois, le président de
l'Assemblée nationale a-t-il pris sur lui-même, de sa propre
initiative, d'écrire à un ministre pour lui dire: Vous avez
déposé un projet de loi qui touche les pouvoirs de
l'Assemblée nationale et je vous indique que, quant à moi, il
n'est pas réalisable dans les formes qu'il avait lors de son
dépôt. Je vous suggère précisément de faire
la consultation. Le ministre de la Justice dit: J'ai répondu, c'est
réglé.
Combien de fois, d'après lui, cela est-il arrivé dans
l'histoire du parlementarisme qu'un président de l'Assemblée
nationale, non pas à une réponse d'un ministre, non pas en
réponse à une commission qui s'exprimait par la voix de son
président, mais de lui-même, écrive à un ministre
pour dire: Vous avez déposé un projet de loi et cela pose des
problèmes? On veut attirer votre attention sur les problèmes
posés par le projet de loi déposé et on vous recommande de
faire telle et telle chose pour éviter des problèmes à
l'Assemblée nationale du Québec et aux Québécois en
général.
Il me semble que le geste posé par le président est
probablement un des rares gestes qui aient été posés par
un président dans le cadre d'un projet de loi en cours d'étude.
Il me semble que cela aurait impliqué de la part du ministre un peu plus
de sérieux, un peu plus de recherche de solutions satisfaisantes, un peu
plus de reconnaissance de la valeur de la démarche et de la valeur des
arguments avancés par le président de l'Assemblée
nationale du Québec.
M. Marx: Ma réponse est...
M. Rochefort: Avez-vous fait faire un relevé à vos
services pour savoir combien de fois le président de l'Assemblée
nationale, dans l'histoire du parlementarisme québécois, avait
posé un geste comme celui-là?
M. Marx: Non, M. le Président.
M. Rochefort: Cela ne vous dît rien. Une fois, tous les
jours, jamais ou exceptionnellement, vous traitez cela de la même
façon.
M. Marx: Je ne sais pas, M. le Président. Je n'ai pas
demandé de relevé.
M. Rochefort: Cela paraît. Une voix: Question?
M. Rochefort: Non, je veux voir le texte.
M. Filion: En attendant...
M. Rochefort: Vous êtes impatient?
M. Marx: Pas du tout, M. le Président, nous sommes
à la disposition des membres de cette commission tous les jours et
même durant la nuit, en juin, quand il sera nécessaire de
siéger 23 heures par jour, nous serons à la disposition de cette
commission...
M. Rochefort: Vous allez tenter de faire adopter le projet de loi
en troisième lecture pendant la nuit ou au grand jour?
M. Marx: J'ai déjà siégé toute la
nuit, quand j'étais dans l'Opposition, pour aider le ministre à
adopter des projets de loi pour en
faire bénéficier les Québécois. Je suis
sûr que les députés qui se trouvent maintenant dans
l'Opposition feront exactement la même chose.
M. Rochefort: On va souhaiter discuter au grand jour.
M. Marx: Par amour de leur travail.
M. Rochefort: Pas par amour du projet de loi.
M. Marx: Vous allez voter... M. Rochefort: Comme on
voudra. M. Filion: Selon notre conscience. M. Dauphin: C'est
votre prérogative.
M. Filion: J'espère que le ministre de la Justice ne
cherchera pas à influencer mon vote. J'ai lu...
M. Marx: Non, mais j'espère que vous voterez comme votre
chef.
M. Filion: On n'a aucun problème de ce
côté-là.
M. le Président, je m'interroge sur les objectifs...
M. Marx: Quand il se lève, il ne faut pas essayer de se
lever aussi.
M. Filion: ...du ministre de la Justice, eu égard à
cette partie-là du projet de loi et, finalement, à
l'écouter parler aujourd'hui, quant à l'ensemble du projet de loi
devant nous. On sait que le Parti libéral s'est "tiré le beigne"
- ce n'est pas trop fort - sur la déréglementation et sur le
contrôle de la réglementation. Tout ce qu'on voit aujourd'hui,
c'est plutôt, premièrement, une tentative de centralisation,
deuxièmement, une consécration légale de ce qui se faisait
déjà sur le plan administratif et, troisièmement, de
revendiquer peut-être une paternité quelconque sur le
désaveu des règlements alors que c'est nettement un pouvoir de
l'Assemblée nationale. Je m'interroge, finalement - on est à la
veille de l'étude détaillée du projet de loi - maintenant
sur les objectifs du ministre de la Justice vis-à-vis de ce projet de
loi. (21 h 15)
M. Marx: Les objectifs, M. le Président...
M. Filion: Je dois dire qu'au départ j'avais cru qu'il y
avait l'amorce de quelque chose, mais, après l'étude soigneuse
qu'on a menée en commission, il n'y a pas grand-chose dans ce projet de
loi. Est-ce qu'il n'aurait pas été mieux d'attendre un peu,
d'attendre que l'Assemblée nationale, d'abord, se donne elle-même
les règles qu'elle veut bien se donner? Est-ce qu'il n'y aurait pas eu
lieu de refaire ses devoirs sur bien des sections du projet de loi pour revenir
peut-être un peu plus tard, mais de façon un peu plus
cohérente et complète, dans le cadre aussi d'un objectif de
déréglementation qu'on ne retrouve pas du tout là-dedans,
dans le cadre d'un objectif de contrôle réglementaire, mais qu'on
ne retrouve pas du tout dans ce projet de loi? Je m'interroge sur les objectifs
du ministre.
M. Marx: M. le Président, j'ai bien expliqué mes
objectifs lors de l'étude en deuxième lecture de ce projet de
loi. Je ne pense pas que le député veuille que je
répète tout ce que j'ai dit en deuxième lecture parce
qu'il a trouvé cela long. J'ai parlé pendant une heure. Si
l'Opposition n'a pas d'autres interventions, je demande le vote, M. le
Président.
M. Rochefort: M. le Président, je m'aperçois que le
ministre de la Justice serait heureux d'inclure - peut-être qu'il tentera
de le faire d'autorité aussi - une disposition de la même nature
que la disposition de la question préalable qu'on retrouve au code Morin
dans nos règles de procédure.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 21?
M. Rochefort: On a changé de président. Oui, M. le
Président.
M. le Président, on a bien fait d'attendre les copies de lettres.
Quand on lit attentivement le contenu de la lettre du ministre au
président et la réponse du ministre, le ministre nous dit au
troisième paragraphe: "Je tiens à vous dire - au président
- cependant que la date d'entrée en vigueur de la loi, soit le 1er
septembre 1986, telle que stipulée à l'article 33 du projet de
loi m'apparaît la plus réaliste et la plus fondée pour
assurer à la Loi sur les règlements toute la publicité et
les effets nécessaires relativement à la publication et à
l'adoption des règlements." Le ministre ne nous dit pas qu'il a besoin
du 1er septembre 1986 eu égard au contenu de la section V. D'ailleurs,
il continue: "Quant à l'exercice du pouvoir par l'Assemblée
nationale de désavouer un règlement, il ne m'apparaît pas
qu'il soit affecté par la date d'entrée en vigueur de la loi..."
alors que le président lui avait dit qu'il croyait qu'il pouvait en
être affecté.
M. le Président, quand on a un peu d'expérience dans la
forme de la correspondance entre des gens qui sont députés,
ministres, président de l'Assemblée nationale, les uns avec les
autres, et qu'on
regarde simplement la forme de la réponse du président a
la lettre du ministre où on dit: M. le ministre, j'ai reçu votre
lettre, j'en ai pris bonne note et je vous remercie de m'avoir fait parvenir
votre lettre, merci beaucoup, bonjour, ce n'est pas exactement le contenu d'une
lettre de quelqu'un qui a été convaincu par les arguments du
signataire de la lettre qui a nécessité cet accusé de
réception, qui a justifié cet accusé de réception.
Je répète, M. le Président, que, dans sa lettre au
président, le ministre de la Justice ne justifie d'aucune façon
pourquoi il faut que le 1er septembre 1986 soit la date d'entrée en
vigueur aussi de la section V. Il n'y a absolument rien qui justifie cela,
alors qu'au troisième paragraphe il justifie la date du 1er septembre
1986 en fonction d'un certain nombre de considérations qu'il
développe, qu'il présente. Il n'y arien à faire
avec cela, mais je garde au moins ces trois lettres, M. le Président,
pour ma collection personnelle.
M. Marx: M. le Président, si le député veut
d'autres lettres pour sa collection, j'ai des caisses pleines de lettres.
M. Rochefort: Oui. D'ailleurs, je suis à la veille de lui
en demander quelques-unes, M. le Président, mais très
précises.
M. Filion: Nous serions prêts à voter en bloc, les
articles 21 à 24.
Le Président (M. Marcil): Pour les articles 21 à
24, vous êtes prêts à voter?
M. Filion: C'est-à-dire les articles 22, 23, 24.
Le Président (M. Marcil): Les articles 22, 23, 24.
M. Filion: Oui. En bloc.
M. Marx: On n'a pas voté sur l'article 21 encore.
M. Rochefort: Cela va dépendre du vote aux articles 22, 23
et 24.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: II est suspendu. Alors, les articles 22, 23, 24.
Le Président (M. Marcil): J'appelle le vote pour les
articles 22, 23, 24.
Une voix: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Vote nominal. Cela va. Quels
sont ceux qui sont pour? J'appelle les noms. Cela va. Le député
de
Mille-Îles, M. Bélisle. M. Bélisle: Pour.
Le Président (M. Marcil): Le député de
Marquette, M. Dauphin,
M. Dauphin: Pour.
Le Président (M. Mardi): Le député de
Taillon, M. Filion.
M. Filion: Contre,
Le Président (M. Marcil): Le député de
Gouin, M. Rochefort.
M. Rochefort: Contre.
Le Président (M. Marcil): Le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Pour.
Le Président (M. Marcil): Le député de
Sainte-Marie.
M. Laporte: Pour.
Le Président (M. Marcil): Le député de
Beauharnois. Pour.
M. Marx, M. le ministre, député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Pour.
Le Président (M. Marcil): Six pour, deux contre.
Adopté.
M. Filion: Article 21, maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 21.
L'Assemblée nationale,.. Vote nominal?
Une voix: Sur division. M. Filion: Ahl L'article 21? Le
Président (M. Marcil): Oui. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 25.
Dispositions finales
M. Marx: L'article 25 identifie les manquements à la loi
qui pourront entraîner l'invalidité d'un règlement.
Le Président (M. Marcil): Le député de
Taillon.
M. Filion: Vous avez appelé l'article 25, M. le
Président?
Le Président (M, Marcil): Oui. Une voix: D'accord.
Adopté. M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 26.
M. Filion: Adopté, M. le Président. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 27.
M. Filion: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 28.
M. Filion: Quelles sont les conséquences de l'article 28,
M. le ministre?
M. Marx: Cet article est de concordance avec l'article 15. Vu la
primauté de la loi sur l'accès, une modification expresse de
cette loi est nécessaire pour y rendre applicable le délai de
quinze jours entre la publication et l'entrée en vigueur d'un
règlement.
L'article 131 de la loi sur l'accès se lit comme suit: "La
commission peut, par règlement, édicter des règles de
preuve et de procédure et pourvoir à sa régie interne. La
commission publie à la Gazette officielle du Québec le texte d'un
projet de règlement sur la procédure et la preuve, avec avis
qu'à l'expiration d'au moins 45 jours suivant la publication, il sera
soumis à l'approbation du gouvernement. Ces règlements entrent en
vigueur à la date de leur publication à la Gazette officielle du
Québec ou à toute date ultérieure qui est fixée."
La commission d'accès a donné son accord à la modification
proposée à l'article 28 de ce projet de loi.
M. Filion: Concrètement.
M. Marx: L'article 131 de la loi sur l'accès
prévoit l'entrée en vigueur, dès sa publication. On
modifie l'article 131 pour prévoir quinze jours après, pour que
ce soit en conformité. La commission était d'accord.
M. Filion: Pour donner suite finalement aux articles qu'on a
adoptés tantôt?
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: D'accord. Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Adopté. M. Marx:
L'article 29?
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 29.
M. Filion: C'est la même chose. M. Marx: C'est la
même chose, oui. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle
l'article 30.
M. Marx: M. le Président, l'article 30 est une
règle d'interprétation sur l'effet de remplacement d'une loi
à l'égard des règlements déjà
édictés. J'ai insisté pour cette modification, parce qu'il
y a deux jurisprudences, si je peux m'exprimer de cette façon. On a
voulu clarifier cette question.
M. Filion: Allez-y donc.
M. Marx: L'article 30 prévoit qu'on ajoute à la Loi
d'interprétation que, et je cite: "Les règlements ou autres
textes édictés en application de la disposition remplacée
ou refondue demeurent en vigueur dans la mesure où ils sont compatibles
avec les dispositions nouvelles; les textes ainsi maintenus en vigueur sont
réputés avoir été édictés en vertu de
ces dernières." C'est-à-dire que, lorsqu'on change la loi, les
règlements restent en vigueur.
Ce n'est pas clair dans la jurisprudence et je peux renvoyer le
député - quel est le livre de M. P.-A. Côté? -
à L'interprétation des lois du professeur P.-A.
Côté, à la Faculté de droit de l'Université
de Montréal. Tout entre dedans.
M. Filion: Ce ne sera pas nécessaire. Si M. le ministre me
disait... Au deuxième alinéa; lorsqu'on ajoute, quand on dit "en
application de la disposition remplacée ou refondue", on parle d'une
disposition législative? C'est cela, n'est-ce pas?
M. Marx: On va vous donner... Un instant, M. le Président,
je vais lire l'article 13 de la Loi d'interprétation, lequel se lit
comme suit: "Quand une disposition législative est remplacée ou
refondue, les titulaires d'office continuent d'agir comme s'ils avaient
été nommés sous les dispositions nouvelles; les
corporations formées conservent leur existence et sont régies par
les dispositions nouvelles; les procédures intentées sont
continuées, les infractions commises sont poursuivies et les
prescriptions
commencées sont achevées sous ces mêmes dispositions
en tant qu'elles sont applicables." Tout ce que l'on dit c'est que les
règlements ou autres textes édictés en application de la
disposition restent en vigueur.
C'est juste pour tracer une ligne claire entre deux jurisprudences. On
veut que ce soit clair à l'avenir et qu'il n'y ait pas de...
M. Filion: M. le Président, dans le projet de loi on
ajoute, au deuxième alinéa de l'article 13, à la
deuxième ligne, "...édictés en application de la
disposition remplacée ou refondue". Dans ce cas-ci, je dois comprendre
que c'est "disposition législative"; on parle d'une loi, n'est-ce pas?
C'est une loi, n'est-ce pas?
M. Marx: C'est cela. Qui.
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Marcil): D'accord?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'article 30 est-il
adopté? M. le député de Taillon?
M. Filion: Oui, oui.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Adopté.
J'appelle l'article 31.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. L'article 32?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adapté. L'article 33?
M. Filion: Quant à l'article 32, c'est pas mal difficile
de faire autrement, avec le pouvoir qui est maintenant centralisé.
M. Marx: Le député aimerait-il qu'un autre ministre
soit responsable de l'application de la présente loi?
M. Filion: Avec la loi que vous avez adoptée, ce serait
pas mal difficile. Il faut être cohérent.
M. Marx: Adopté.
M. Filion: À l'article 33, je vais avoir un
amendement.
Le Président (M. Marcil): Avant d'amender l'article 33,
nous allons revenir à l'article 14 qui était en suspens...
Articles en suspens
M. Marx: M. le Président, pour commencer j'aimerais
proposer un amendement à l'article 14.
Le Président (M. Marcil): Vous l'avez, M. le ministre?
M. Marx: C'est très mineur. À la deuxième
ligne, je propose qu'on enlève le mot "ne" pour que la deuxième
ligne se lise: ..."sans qu'il soit nécessaire de le publier de
nouveau."
Le Président (M. Marcil): L'amendement est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. L'article 14
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Filion: Vous avez réfléchi, M. le ministre?
M. Marx: Oui, réfléchi, discuté avec les
légistes.
M. Filion: Et vous maintenez votre position.
M. Marx: Après discussion avec les légistes du
ministère il faut que cela reste tel quel.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Marcil): L'article 14, adopté tel
qu'amendé?
M. Marx: Nous avons un amendement. M. Filion: Sur
division, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Adopté, tel
qu'amendé, sur division? J'appelle l'article...
M. Marx: Un instant, M. le Président. Le
Président (M. Marcil): Oui.
M. Marx: On a deux petites modifications à proposer.
À l'article 12 supprimer à l'avant-dernière ligne au
premier alinéa le mot "que". "Le projet peut être
édicté ou approuvé ou que", enlever le "que". D'accord?
Adopté?
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Je n'avais aucune oreille à ce qui s'est dit,
je m'en excuse.
Le Président (M. Marcil): À l'article 12,
M. le député de Taillon.
M. Filion: L'article 12?
Le Président (M. Marcil): Oui, il y aurait un mot à
enlever. Au premier paragraphe dernière ligne, le "approuvé ou
que l'un des motifs suivants"; enlever le mot "que".
M. Filion: À la première ligne?
Le Président (M. Marcil): L'avant-dernière ligne du
premier paragraphe.
M. Filion: L'avant-dernière ligne. Pourriez-vous
répéter l'amendement, la phrase.
Le Président (M. Marcil): "...le projet peut être
édicté ou approuvé ou l'un des motifs suivants le
justifie", enlevez le mot "que".
M. Filion: Je ne comprends pas le sens de l'amendement parce que
si l'on dit: "ou l'un des motifs suivants le justifie", l'article "le"
désigne quoi dans cette phrase? Ou "lorsque".
Le Président (M. Marcil): "ou lorsqu'un des motifs
suivants".
M. Filion: Parce que si le "le", M. le ministre...
M. Marx: M. le Président, peut-on suspendre pour une
minute, je vais consulter les légistes du ministère.
Le Président (M. Marcil): Vous avez une suspension pour
une minute.
(Suspension de la séance à 21 h 34)
(Reprise à 21 h 38)
Le Président (M. Marcil): Donc, on ne change rien à
12. On revient à l'article 33.
M. Marx: D'accord. L'article 33. M. Filion: M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Vous avez un amendement?
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M. Marcil): L'article 33 de la Loi sur les
règlements est modifié par l'addition, après le chiffre
1986, des mots "sauf les articles 21 à 24 qui entreront en vigueur aux
dates ultérieures fixées par la proclamation du
gouvernement."
M. Filion: On n'a pas besoin d'argumenter là-dessus. Je
demande un vote nominal sur l'amendement.
M. Marx: M. le Président, le vote...
Le Président (M. Marcil): Oui. Mme la secrétaire,
pouvez-vous appeler le vote nominal sur l'amendement?
La Secrétaire: M. le député de
Mille-îles, pour ou contre?
M. Bélisle: Pour. On est contre? Contre.
M. Filion: Je suis frappé par votre autonomie de
décision.
M. Bélisle: Vous devez comprendre, M. le
député de Taillon, que vous êtes tellement savant que l'on
vous écoute et que l'on vous laisse faire. Vous allez très
bien.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît'
M. Filion: Vous auriez intérêt à aller
jusqu'au bout à ce moment-là.
La Secrétaire: M. le député de Taillon.
M. Filion: Pour.
La Secrétaire: M. le député de Chapleau.
M. Kehoe: Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Laporte: Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Beauharnois.
M. Marcil: Contre.
La Secrétaire: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Contre.
Le Président (M. Marcil): Donc, l'amendement est
rejeté.
M. Marx: Inversez te vote pour l'article, M. le Président.
Cela veut dire...
La Secrétaire: Six contre un.
Le Président (M. Marcil): Six contre un, c'est
rejeté. L'article 33?
M. Filion: Adopté sur division. M. Marx: Sur
division.
Le Président (M. Marcil): Adapté. Maintenant, les
titres des sections du projet de loi sont-ils adoptés?
M. Marx: Adopté, M. le Président,
Le Président (M. Marcil): Le titre du projet de loi est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Marcil): L'ensemble du projet de loi, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Avec les réserves que l'on a faites
tantôt.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais remercier les
députés des deux côtés de la table pour leur
collaboration dans l'étude de ce projet de loi; surtout le
député de Taillon qui a vraiment travaillé le projet de
loi et a fait des suggestions utiles, particulièrement en
deuxième lecture. Comme vous le savez, M. le Président, nous
avons tenu compte de ses suggestions et nous avons fait un certain nombre de
modifications.
M. Filion: M. le Président, je remercie le ministre de la
Justice. Dans certains cas nous avons obtenu des éclaircissements
importants, effectivement. En faible partie, mais quand même en partie,
certaines des observations que nous avons fait valoir lors du discours de
deuxième lecture ont été retenues.
M. le ministre a entendu tantôt mes préoccupations. Alors,
j'y réfléchirai, et je sais que le ministre est très
désireux de savoir quelle position prendra l'Opposition sur son projet
de loi. Il pourra en tenir compte.
M. Marx: ...va avoir là.
M. Filion: II pourra écouter. Je vais le faire patienter
jusqu'au bout.
M. Marx: Je veux être présent pour le vote, M. le
Président.
M. Filion: Je l'espère.
Le Président (M. Marcil): Alors, j'ajourne les travaux de
la commission sine die, en spécifiant que la commission a accompli son
mandat. Merci.
(Fin de la séance à 21 h 42)