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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des institutions se réunit afin
d'étudier l'article 6. Je vais déclarer cette commission ouverte
et je vais m'enquérir des remplacements.
La Secrétaire: M. Vallières (Richmond) est
remplacé par M. Forget (Prévost).
Le Président (M. Marcil): Je rappelle le mandat de la
commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 12, Loi sur les règlements.
Nous étions en train de discuter l'article 6.
Application de la loi (suite)
M. Filion: Deux points étaient en suspens, M. le
Président. Le ministre les avait retenus pour réflexion
ultérieure. L'un portait sur les règles de pratique des tribunaux
judiciaires et l'autre portait, si ma mémoire est exacte, sur la
possibilité que l'avis de l'autorité
déléguée par le ministre soit envoyé au Conseil des
ministres.
M. Marx: En ce qui concerne l'alinéa 5 de l'article 3, M.
le Président...
Le Président (M. Marcil): ...que nous avions laissé
en suspens. Oui.
M. Marx: Je suis d'avis qu'il faut laisser l'alinéa 5 tel
quel. Cela veut dire que les règles de pratique des tribunaux
judiciaires ne sont pas soumises à cette loi.
M. Filion: Ma réflexion ultérieure aussi m'a
conduit un peu aux mêmes conclusions, bien que mon collègue de
Saint-Jacques avait raison, vérification faite, au
fédéral, la Cour fédérale a ses règles de
pratique.
M. Marx: Au fédéral, c'est soumis au Conseil
privé, ce n'est pas exactement le Conseil des ministres.
Le Président (M. Marcil): Ça va être plaisant
de travailler ce matin.
M. Filion: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Je parlais du bruit.
M. Filion: Pourriez-vous mettre de l'ordre là-dessus quand
même, qu'on puisse se comprendre? Fermez les portes.
Le Président (M. Marcil): Nous concluons que
l'alinéa 5 de l'article 3 est adopté?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Ça va.
M. Filion: Donc, on revient au niveau de...
Le Président (M. Marcil): Je voudrais reprendre: L'article
3 tel qu'amendé? Adapté.
M. Marx: IIn'avait pas été
amendé.
Le Président (M. Marcil): Oui, il y a eu un amendement au
troisième alinéa et au premier également.
M. Marx: D'accord. Il y avait un papillon.
Le Président (M. Marcil): Ça va, adopté?
M. Filion: Sur division, M. le Président. Le
Président (M. Marcil): Sur division.
M. Filion: C'était sur l'article 6. À quel article
est-on rendu, M. le...
Le Président (M. Marcil): L'article 6.
Examen des projets de règlement (suite)
M. Filion: À l'article 6, il y avait un point que M. le
ministre avait gardé en suspens. C'était la question de la
possibilité que l'avis soit envoyé au Conseil des ministres.
Vous vous souvenez que vous aviez rejeté ma suggestion que l'avis
soit transmis au secrétaire de l'Assemblée nationale.
M. Marx: L'avis est envoyé à l'autorité qui
a transmis le projet. Si c'est un projet de gouvernement, cela va de soi que
c'est au gouvernement ou au Conseil . des ministres
d'adopter le règlement et le ministre de la Justice est là
pour répondre aux questions, le cas échéant. Le ministre
de la Justice préside aussi le comité de législation. Il
est là aussi pour donner des avis, le cas échéant.
M. Filion: Mais mon point sur cet aspect de l'article 6
était que... Finalement on le sait, il y a énormément de
règlements. Il y en a plusieurs qui sont ultra vires, malheureusement.
Je sais que cela va être corrigé. Mais apparemment, cela dure
depuis 25 ans.
Une voix: Avec le nouveau gouvernement.
M. Filion: Avec le nouveau gouvernement, malgré qu'il y en
a quelques-uns déjà sur lesquels on a attiré mon
attention.
L'idée, c'est de permettre une diffusion aussi large que possible
de l'avis.
M. Marx: Je ne suis pas le jurisconsulte de toute la population.
Je suis le jurisconsulte du gouvernement et j'émets une opinion pour une
autorité donnée. J'envoie une copie de cette opinion à
cette autorité. Ce ne sont pas des opinions que l'on envoie à
tout le monde. Je suis au Conseil des ministres pour répondre aux
questions qui pourraient être soulevées. Je pense que cela a
toujours été ainsi et je ne vois pas ce que cela va donner si
j'envoie des opinions au Conseil des ministres.
M. Filion: C'est précisément à partir de cet
argument-là, M. le ministre... Lorsque j'avais suggéré un
amendement pour permettre que l'avis soit envoyé au secrétaire de
l'Assemblée nationale pour permettre aux parlementaires d'exercer un
contrôle réel sur la réglementation et non pas un
contrôle fictif ou sans outil, vous m'avez dit: Écoutez, je suis
le jurisconsulte du gouvernement. Bien, à partir de ce moment-là,
pourquoi ne pas envoyer au gouvernement...
M. Marx: Parce que...
M. Filion: ...l'avis que, dans le fond, vous émettez, pour
permettre à l'ensemble des décideurs de prendre connaissance du
contenu de l'avis.
M. Marx: Parce que, dans ces cas-ci, l'avis en tant que
jurisconsulte, ce n'est pas seulement le jurisconsulte du gouvernement, c'est
aussi celui de chacun des ministères. Je donne un avis ou une opinion
juridique à un ministère. À l'avenir, quand on va examiner
les règlements du point de vue de leur impact économique et
social, peut-être serait-il plus intéressant de donner ces avis
à tous les députés ou à la commission qui va
étudier le règlement en question et ainsi de suite. Mais c'est
autre chose. Ici, on parle des opinions juridiques qui, normalement et
toujours, n'étaient pas diffusées à tout le monde. Vous
comprenez que le procureur général a un rôle défini
dans la Loi sur le ministère de la Justice et défini dans les
traditions et les coutumes. C'était toujours fait comme cela. Je vous ai
dit, l'autre jour, que l'article 31 de la loi sur l'accès à
l'information prévoit que - et je cite: "Un organisme public peut
refuser de communiquer une opinion juridique portant sur l'application du droit
à un cas particulier ou sur la constitutionnalité ou la
validité d'un texte législatif ou réglementaire, d'une
version préliminaire ou d'un projet de texte législatif ou
réglementaire." De plus, j'ajouterais que je peux donner une opinion
juridique quelques mois plus tard. Ce sera peut-être nécessaire
que le Procureur général défende la validité d'un
règlement devant les tribunaux. C'est une autre raison pour ne pas
rendre ces avis publics.
M. Filion: II y a deux choses dans ce que vous dites. D'abord, ma
suggestion actuelle n'est pas de les rendre publics. On a voté
là-dessus, sauf erreur, la dernière fois. Je ne veux pas revenir
sur ce qui a déjà été décidé en
commission, même si nous étions minoritaires à ce
moment-là. Il ne s'agit pas de le rendre public, il s'agit uniquement de
permettre la transmission de l'avis au Conseil des ministres.
M. Marx: M. le Président, celui qui donne le mandat va
avoir l'avis. Si c'est un autre ministère, c'est le ministère qui
va avoir l'avis. Si c'est un organisme, c'est l'organisme qui va avoir l'avis.
Si le député tient beaucoup à avoir ces avis, qu'il
demande à ces organismes ou à ces ministères le cas
échéant.
M. Filion: Je ne parle pas du député, je parle des
ministres ou de l'autorité qui va approuver les règlements.
M. Marx: Vous allez demander à ces ministres d'avoir une
copie de l'avis que je vais leur envoyer.
M. Filion: Je comprends ce que vous me dites, M. le ministre.
Mais, vous ne me donnez aucune raison qui irait à l'encontre d'une
pratique qui, à mon sens, serait souhaitable. On a intérêt
à assurer une meilleure diffusion des avis. Vous me dites que vous ne
voulez pas que la diffusion soit publique, mais je vous dis: pourquoi ne pas la
transmettre à l'autorité qui approuve les règlements en
dernier ressort afin, dans certains cas, d'allumer un signal d'alarme sur un
projet de règlement qui touche un organisme et non pas un
ministère? Je crois
- vous le savez, je pense que vous l'avez dit vous-même - qu'il y
a des règlements qui sont encore plus importants que, des lois. Ces
règlements, dans le fond, ne passent que par le Conseil des ministres.
Pourquoi ne pas faire en sorte que le Conseil des ministres qui est
l'autorité, encore une fois, habilitée à approuver les
règlements soit adéquatement et convenablement informé de
tous les aspects juridiques entourant l'approbation ou non d'un
règlement? II me semble que cela ne serait pas la fin du monde. Je ne
comprends pas. Il n'y a pas de raisonl
M. Marx: C'est parce qu'on ne diffuse pas les opinions juridiques
du ministère de la Justice. C'est très simple. On n'a jamais fait
cela. On n'a pas l'intention de le faire aujourd'hui et on n'a pas l'intention
de le faire demain. On ne fait pas cela pour les projets de loi. Le
ministère donne beaucoup d'avis aux ministères, aux organismes,
au gouvernement et ainsi de suite. Ce n'est pas dans la tradition et dans la
coutume du ministère et du gouvernement de diffuser ses opinions
juridiques. Je ne suis pas prêt à changer cette règle
aujourd'hui. Je peux y penser pour l'avenir, dans le cadre d'un autre projet de
loi ou dans le cadre d'une autre politique mais, à ce moment-ci, je ne
peux pas changer des traditions de quelques siècles sur le coup. Ce
n'est pas nouveau. Cela date du début du XIXe siècle. Il n'y a
pas un Procureur général qui ait fait cela au Québec
depuis 1820 ou 1830 - je ne le sais pas - et je ne suis pas pour changer cela
en 1986, dans le cadre d'un projet de loi qui touche les règlements.
M. Filion: Je ne suis pas d'accord avec le ministre. On adopte
une loi sur les règlements. Elle n'a pas été
adoptée en 1888, cette loi; elle est devant nous. Et vous avez, à
plusieurs reprises, M. le ministre, dans le public, induit la clientèle
à croire que, par ce projet de loi, les règlements seraient mieux
contrôlés, autant au niveau de leur quantité que de leur
qualité. Là, on arrive aujourd'hui et on nous dit qu'on est dans
le corps du projet de loi; le député de Notre-Dame-de-Grâce
nous a dit cela la dernière fois au sujet des articles 4 à 7.
On sait que ces articles ne contiennent aucune sanction, en plus de
cela. Pour l'inobservation des articles, il n'y a aucune sanction. Si
l'autorité ne se conforme pas à l'avis, il n'y a aucune sanction,
à cause de l'article 25 du projet de loi qu'on a devant nous: "Le
défaut de respecter une obligation prévue par la présente
loi n'invalide un règlement que s'il s'agit d'une obligation
visée soit à l'un ou l'autre des articles 8, 10, 13 ou 15, soit
au deuxième alinéa de l'article 18."
Donc, les articles 4 à 7 ne contiennent aucune sanction. Un
défaut d'observation de ces articles n'a aucune conséquence
pratique. On adopte une loi où on édicté des obligations,
mais sans sanction. C'est comme dire aux gens: Vous ne pouvez pas passer au feu
rouge, mais tous ceux qui le font, ce n'est pas grave.
Ce n'est pas moi qui adopte la loi, c'est le ministre qui l'adopte,
d'une part. Â ce moment-là, au moins - cela a déjà
été soulevé la dernière fois et je ne veux pas
recommencer le débat de notre dernière séance - faisons en
sorte que l'information de base circule le plus possible. À ce moment,
j'ai demandé au ministre la dernière fois: Envoyez-le au
secrétaire de l'Assemblée nationale pour permettre aux
députés d'exercer un contrôle sur les règlements par
le biais de l'avis. Il m'a répondu: Écoutez, je suis
jurisconsulte du gouvernement; je ne suis pas jurisconsulte de
l'Assemblée nationale.
Encore une fois, on a eu un débat. On a même eu un vote et
on a perdu là-dessus. Je demande bien simplement que l'avis soit
transmis, non pas à des tiers, à des journalistes, ni à
des clientèles. Je demande que ce soit transmis à ses
collègues...
M. Marx: ...
M. Filion: ...du Conseil des ministres -si vous me permettez de
terminer, M. le ministre - pour que l'ensemble du Conseil des ministres, quand
vient le temps d'approuver un règlement, soit convenablement
informé, non seulement le ministre qui a la tutelle de l'organisme parce
qu'il y a des règlements qui viennent d'organismes qui ne sont pas
à l'intérieur du gouvernement comme tel, mais pour que les
ministres... Et cela peut être un ministre d'un autre secteur, cela peut
être vous, comme ministre de la Protection du consommateur;
évidemment, vous êtes aussi ministre de la Justice, mais cela
pourrait être le ministre de l'Industrie et du Commerce, par exemple, qui
soit mis sur un pied d'alerte à cause d'un projet de règlement
qui touche à un autre de ses collègues. Le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
pourrait être affecté par un règlement d'un ministre
sectoriel à cause, peut-être, de la portée
extraterritoriale d'un projet de règlement.
Tous ces éléments constituent de l'information.
L'information, pour terminer, étant donné qu'on n'a ici, dans les
articles 4 à 7, aucune sanction, a intérêt à
circuler à l'intérieur du gouvernement. Je ne demande pas de
m'envoyer une copie de l'avis à moi; j'aimerais cela, mais, bon...
Alors, il semble que vous ayez décidé que, non, les
députés n'en auraient pas, mais, au moins, envoyez-en à
vos collègues. (10 h 30)
M. Marx: Oui, mais, M. le Président, je pense que l'avis -
maintenant, on parle de
l'avis tel que prévu à l'article 6 - est donné au
gouvernement qui doit approuver le règlement en vertu de l'article 4,
l'avis, parce que l'article 4 prévoit que "Tout projet de
règlement doit être transmis, pour examen, au ministre de la
Justice ou à une personne qu'il désigne par l'autorité qui
veut l'édicter ou, dans le cas d'un texte qui doit être soumis
pour approbation, par celle qui doit l'approuver." Donc, on va envoyer l'avis
au Conseil des ministres qui doit approuver le règlement.
Maintenant que je vois que tout le monde est satisfait, M. le
Président, on peut procéder à l'adoption de cet
article.
M. Filion: Le projet contenu dans l'article 4, c'est le projet de
règlement.
M. Marx: ...le gouvernement qui a transmis le projet, parce que
le gouvernement doit l'approuver.
M. Filion: Oui, mais pas l'avis. Dans le cas où le projet
de règlement vient d'un organisme?
M. Marx: Oui, mais c'est écrit dans l'article 4: "Dans le
cas d'un texte qui doit être soumis pour approbation par celle qui doit
l'approuver." Le Conseil des ministres doit approuver le projet de
règlement. Donc, on va envoyer l'avis au gouvernement. Il va y avoir un
mémoire au Conseil des ministres. On va mettre l'avis dans le
mémoire pour expliquer la raison pour laquelle on l'approuve ou on ne
l'approuve pas.
M. Filion: On va se comprendre, là. L'autorité qui
va transmettre le projet au ministre de la Justice ou à
l'autorité que vous allez nommer, dans le cas d'un organisme, ce sera
l'organisme.
M. Marx: Oui, sauf qu'il faut que ce soit approuvé par le
gouvernement. Un organisme peut nous transmettre un projet de règlement,
mais, s'il faut que le règlement soit approuvé par le
gouvernement, on va envoyer l'avis tel que libellé dans l'article 6.
M. Filion: Oui, mais cela exclut tous les cas de
règlements qui sont adoptés par les règlements et qui ne
passent pas par le Conseil des ministres.
M. Marx: C'est prévu comme cela dans la loi. Si vous
n'êtes pas d'accord avec les lois qui donnent cette autorité de
réglementer, vous devez parler...
M. Filion: Non, ce n'est pas ce que je dis, M. le ministre. Je
dis que dans le cas de ces projets de règlement-là...
M. Marx: On n'a aucun contrôle sur un règlement qui
est adopté par un organisme qui a le pouvoir d'adopter des
règlements. Si c'est un organisme quelconque qui a le pouvoir d'adopter
des règlements en vertu de la loi, l'organisme adopte le
règlement sans passer par le gouvernement. Le gouvernement ne peut pas
empêcher un organisme qui a le pouvoir d'adopter un règlement de
le faire.
M. Filion: Non, mais, écoutez, en même temps, on
crée un mécanisme pour leur permettre de se référer
à une autorité pour vérifier les éléments
contenus à l'article 5.
M. Marx: C'est ça. On va leur donner l'avis, mais le
gouvernement ne peut empêcher cet organisme d'adopter le règlement
en question. Ce sont vos collègues, quand ils étaient au pouvoir,
qui ont donné ces pouvoirs réglementaires à beaucoup
d'organismes, c'est ça. Jusqu'au moment où vous aurez
compris...
M. Filion: Cet argument-là, M. le ministre,
j'espère que vous ne me le servirez pas durant quatre ans. Vous adoptez
une loi. Ce n'est pas moi qui l'adopte, ce n'est pas l'ancien gouvernement non
plus, c'est vous.
M. Marx: Vous me demandez des choses, je vous...
M. Filion: J'espère que vous ne me servirez pas pendant
quatre ans cet argument: Écoutez, cela se faisait comme ça
avant.
M. Marx: Je vais arrêter après trois ans. C'est un
compromis. Bon, c'est la dernière fois, M. le Président...
M. Filion: À ce moment-là... Vous avez retenu mon
point dans le sens que vous l'avez compris. Je ne vous demande pas de le
retenir, je vous demande de le comprendre. Vous adoptez un projet de loi sur
les règlements et, à mon sens, vous auriez intérêt
à assurer une meilleure diffusion de l'information. J'ai compris votre
réponse. Vous ne le voulez pas parce que vous dites que cela ne se
faisait pas comme cela dans le passé. Je ne suis pas d'accord avec votre
argument, mais je pense qu'on peut passer à un autre article, M. le
Président.
M. Marx: M. le Président, je voudrais assurer le
député que je ne vais pas soulever cette question de l'ancien
gouvernement dont il ne faisait pas partie.
M. Filion: Non, de temps en temps, c'est d'accord, mais pas tout
le temps. Une fois par semaine.
Le Président (M. Marcil): Faut-il en conclure que
l'article 6 est adopté?
M. Filion: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): J'appelle l'article 7.
Une voix: Adopté.
M. Filion: En ce qui concerne...
M. Marx: M. le Président, cet article propose qu'un projet
de règlement subisse un nouvel examen du ministère de la Justice
s'il est subséquemment modifié de façon que le nouveau
texte diffère de celui que le ministère a examiné.
C'est-à-dire que s'il y a une modification importante, il faut que cela
soit réexaminé. Si c'est pour mettre une virgule ou pour changer
un mot, si ce sont des modifications techniques, cela ne sera pas
nécessaire de passer une autre fois au ministère.
M. Filion: II y a trois volets à cet article. La question,
pour le premier, serait: Qui contrôle le déclenchement des
procédures de réexamen? Qui déclenche la procédure
de réexamen?
M. Marx: Cela veut dire que c'est une obligation imposée
à l'autorité qui veut adopter un règlement. C'est
écrit dans l'article.
M. Filion: Donc - c'est ce que je comprends également -
c'est l'autorité qui veut voir adopter son règlement. Ce n'est
pas le Conseil des ministres. Prenons l'exemple de l'organisme...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Restons toujours dans l'organisme gouvernemental.
C'est l'organisme gouvernemental qui décide de faire réexaminer
son projet de règlement. Or, M. le ministre, encore une fois, il n'y a
aucune sanction à cet article. Qu'est-ce qui arrive à
l'autorité qui reçoit l'avis et qui décide que, dans le
fond, c'est technique et que l'autorité, le bureau des
règlements, n'a pas raison dans ses avis et décide de passer
outre à l'avis? C'est le même organisme qui se retrouve juge et
partie et qui décide ce qu'il veut parce qu'il n'y a aucune sanction
à cet article.
M. Marx: Qu'est-ce que vous voulez comme sanction?
M. Filion: C'est vous qui...
M. Marx: Est-ce que vous proposez des sanctions? Moi, je ne vois
pas de sanctions.
M. Filion: Je propose que les articles 4 à 7 dont le
député de Notre-Dame-de-Grâce nous a donné le
coeur... Moi, je dis que le coeur, il lui manque des artères.
M. Marx: Je dirais que pour l'article 7, on impose une obligation
aux ministères et aux organismes et la sanction est, bien sûr, la
sanction administrative et politique, le cas échéant. Si
quelqu'un essaie de faire une modification de fond sans passer une autre fois
par le ministère de la Justice, on va le voir parce que ce sera
publié et la sanction sera administrative, le cas échéant,
ou politique.
En général, M. le Président, je ne vois aucune
raison pour laquelle les organismes et les ministères ne respecteraient
pas la loi. Ce que j'ai toujours trouvé, c'est que les ministères
et les organismes respectent la loi intégralement et quand on impose une
obligation aux ministères et aux organismes, ils respectent la loi et
ils donnent suite aux dispositions prévues dans la loi. Il y a beaucoup
de dispositions comme celles-ci dans beaucoup d'autres lois. Il n'y a pas de
sanction d'emprisonnement si le président d'un organisme ne respecte pas
la loi. Peut-être qu'il arrive de temps à autre que quelqu'un
fasse une erreur et que la loi ne soit pas respectée, mais il y a des
contrôles; il y a le contrôle administratif, le contrôle
politique et ainsi de suite.
Je pense que cela n'a jamais été un problème et je
ne vois pas pourquoi ce serait un problème en vertu de l'article 7.
M. Filion: M. le ministre, le problème se situe par
rapport à l'objectif global. On parle de déréglementation.
Vous en avez parlé en campagne électorale et dans le programme.
Vous voyez, je cite votre programme. On en a parlé comme cela ne se peut
pas. Quand vous avez déposé ce projet de loi - il n'y a plus de
date là-dessus, malheureusement il n'y a plus de date - il y a un mois
environ, vous avez reçu les mémoires des organismes vous aussi;
j'en ai reçu. Les organismes, la clientèle dit: on contrôle
la réglementation. Mais là on ne contrôle pas du tout la
réglementation. Tout ce qu'on fait, nous dit le ministre, si les
articles 4 à 7 ne sont pas observés, il y aura une sanction
politique ou administrative. Il n'y aura pas de sanction sur un défaut
de conformité de règlement par rapport à l'avis qui a
été émis par l'ancien bureau des règlements qui
sera maintenant une autorité sous le ministre. L'article 7, dans le
fond, c'est un voeu pieux, tout simplement.
M. Lefebvre: M. le Président, est-ce que je pourrais
entendre le député de Taillon sur la suggestion qu'il fait. Je
comprends que
vous faites une remarque. M. Filion: Oui.
M. Lefebvre: J'aimerais vous entendre sur le correctif que vous
aimeriez voir inclure dans la loi. Est-ce que vous souhaiteriez que !a
même sanction qu'on trouve à l'article 25 vaille pour les articles
auxquels vous faites référence, 4, 5, 6 et 7? J'aimerais vous
entendre là-dessus.
M. Filion: Écoutez, tout dépend de la
volonté politique qu'il y a derrière un projet de loi, M. le
député de Frontenac. Si on veut vraiment contrôler la
réglementation dans ce gouvernement et au Parlement un petit peu...
parce qu'il y a le pouvoir de désaveu un peu plus loin. C'est bien beau,
le pouvoir de désaveu mais comment l'exercer ce pouvoir de
désaveu? On y reviendra plus tard. Je pense qu'effectivement il faut
donner des dents à n'importe quelle loi si on veut qu'elle soit
observée. Sinon. On a dit la dernière fois qu'il y avait deux
cents ou trois cents autorités qui sont habilitées à
soumettre des projets de règlement?
M. Lefebvre: À réglementer. M. Filion: Ou
à réglementer?
Une voix: Au sens de la loi, cela serait une centaine.
M. Filion: Une centaine d'autorités. Cela vient de
partout. Quand les règlements rentrent, si on veut contrôler le
flot des règlements, on ne peut pas juste émettre des voeux
pieux, il faut se donner des mécanismes pour les contrôler.
À ce moment-là on pourrait songer à modifier l'article 25.
De façon générale - on nous a dit la dernière fois,
je ne sais pas si vous étiez là, M. le député de
Frontenac, que 4 à 7 c'est le coeur du projet de loi. C'est un coeur qui
n'est pas contrôlé, il manque des artères - je me dis, on
pourrait songer à modifier l'article 25. On pourrait songer
également à autre chose, si on veut vraiment contrôler le
flot de règlements. On pourrait songer à donner à
l'Assemblée nationale un pouvoir réel sur les règlements,
faire comme cela existe ailleurs, faire un comité des règlements,
un comité parlementaire des règlements qui examinerait ces
règlements qui, dans le fond, dans certains cas ont beaucoup plus
d'influence que les lois. C'est cela que je dis tout simplement, M. le
député de Frontenac. C'est que l'objectif est très
louable, mais les moyens qu'on se donne dans ce projet de loi sont
carrément insuffisants. C'est cela que je dis. C'était le sens de
mon discours de deuxième lecture. C'était le sens - vous
n'étiez peut-être pas là - de mon intervention. En
voilà un autre exemple de ce que j'appellerais le déclenchement
de la procédure de réexamen. L'autorité va recevoir un
avis mais elle fera ce qu'elle veut de l'avis, parce que si elle le modifie
autrement pour faire suite à cet avis ou si elle ne le modifie pas du
tout pour rendre son projet de règlement conforme à l'avis, il
n'y a aucune sanction.
M. Marx: Quelle sanction, est-ce que vous...
M. Filion: On vient d'en suggérer une. Avez-vous
songé à inclure les articles 4 à 7 dans l'article 25 pour
en faire une obligation, qui pourrait invalider le règlement? Tout est
là. On nous présente un projet de loi, on nous dit on commence la
déréglementation. On ne commence rien avec cela. (10 h 45)
M. Marx: Oui. On a pensé à cela, sauf qu'on ne peut
pas... Un instant, je vais juste reprendre l'article 25 pour être
sûr, M. le Président, la sanction d'invalidité ne
s'applique pas aux articles 3, 4, 5, 6 et 7, parce que c'est le processus
administratif. On ne peut pas - et ça ne se fait pas ailleurs -
permettre aux tribunaux de décider si le processus administratif est
valide ou non. On ne peut pas demander aux tribunaux de statuer sur la
validité d'un règlement, à savoir si on a envoyé
l'avis ou non. Est-ce que le député vise, par exemple, que les
tribunaux puissent rendre une décision sur les procédures
prévues à l'article 5, c'est-à-dire, est-ce que les
tribunaux vont dire que le règlement est invalide parce que !e
ministère a examiné le règlement seulement en vertu des
alinéas 1, 2, 4 et 5, et pas en vertu de l'alinéa 3? Cela ne se
fait jamais et je pense que le député nous demande de faire des
choses exorbitantes.
M. Filion: À ce moment-là - j'attends pour avoir
l'attention du député de Frontenac qui s'intéresse
à cette question comme moi -ma réponse est simple et je pense que
la solution est simple: pourquoi en faire un projet de loi? Pourquoi inclure
les articles 4 à 7 dans un projet de loi? Puisque c'est une
procédure administrative qui ne recevra qu'une sanction administrative,
pourquoi en faire un projet de loi? Pourquoi inclure les articles 4 à 7
dans le projet de loi? Je crois que, pour être logique et cohérent
avec ce que le ministre vient de dire, on devrait tout simplement l'enlever du
projet de loi puisque nous sommes en train d'étudier uniquement une
question administrative. Le ministre pourrait en faire une directive
administrative qui va recevoir la sanction administrative et la sanction
politique dont il parlait tantôt. Mais, à partir du moment
où on légifère, où on fait une loi, il faut quand
même être conséquent avec soi-même et faire en sorte
qu'il y ait une conséquence légale à une loi.
Comme le ministre l'avoue, il l'avoue par maîeutique, il avoue
que, finalement, c'est une sanction administrative et politique seulement et
qu'il ne veut pas en faire une obligation parce qu'il ne veut pas demander aux
tribunaux de sanctionner un défaut administratif, à ce
moment-là, pourquoi en faire une loi? C'est un exemple parfait, il me
semble, d'article de loi qui pourrait être soustrait du projet de loi.
Réglez la question de la publication, la question de l'entrée en
vigueur des règlements et c'est tout. On ne vote pas une loi si on veut
faire une directive administrative.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président. Évidemment, il y a,
dans ce projet de loi, une partie qui traite de questions administratives. II y
a surtout le pouvoir que veut se donner le gouvernement de contrôler les
règlements adoptés par un autre pouvoir que lui-même, le
gouvernement, et également, surtout, l'Assemblée nationale se
donne le pouvoir de désavouer ces règlements. On en discutera en
temps et lieu.
M. Filion: On discutera en temps et lieu de cela.
M. Lefebvre: Le projet de loi 12, c'est un mécanisme de
contrôle que le gouvernement veut se donner et également il veut
donner le pouvoir à l'Assemblée nationale de désavouer des
règlements. C'est cela, le projet de loi 12.
M. Filion: Je ne veux pas entrer tout de suite dans le projet de
désaveu parce que j'ai peur que le député de Frontenac
soit très déçu quand on arrivera à ces
articles-là.
M. Lefebvre: J'ai hâte de vous entendre
là-dessus.
M. Filion: Vous m'entendrez là-dessus et, d'ailleurs, je
me ferai entendre avec grand plaisir.
M. Lefebvre: Oui, je suis toujours prêt à changer
d'idée lorsqu'on me convainc que j'ai tort.
M. Filion: II n'y a rien de plus facile que de créer un
pouvoir quand on ne donne pas d'outils et quand on ne permet en aucune
façon qu'il soit exercé, comme c'est le cas
présentement.
M. Lefebvre: Non, ça, c'est un autre...
M. Filion: Mais, revenons à ce que vous dites.
M. Lefebvre: Écoutez, M. le député...
M. Filion: Vous dites: On veut contrôler la
réglementation. Mais, de quelle façon? Dans les articles 4
à 7, il n'y a pas de sanctions. Dites-moi comment on va contrôler
la réglementation avec ça.
M. Lefebvre: Non. Je vous ai posé la question suivante
tantôt. Vous soulevez le fait que les articles 4, 5 et 6... en deux mots,
que le défaut de l'observance de l'article 4 ne comporte pas de
sanction. C'est ce que vous dites.
M. Filion: Les articles 4 à 7.
M. Lefebvre: Oui, mais c'est surtout l'article 4: "Tout projet de
règlement doit être transmis..."
M. Filion: Oui, mais l'article 7 aussi, c'est important.
M. Lefebvre: ...et l'article 7 également, vous avez
raison. J'ai voulu vous entendre sur la suggestion que vous faites à
partir du moment où on déciderait que vous avez raison sur le
fond. Alors, vous suggérez que l'article 25 soit modifié de telle
sorte qu'on inclue les articles 4 à 7...
M. Filion: Ou que vous...
M. Lefebvre: C'est ce que vous suggérez, c'est
là-dessus que je voulais vous entendre.
M. Filion: Non, mais ma suggestion est la suivante: ou qu'on
enlève les articles 4 à 7 du projet de loi. C'est ma
suggestion.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, est-ce
que...
M. Marx: Oui, M. le Président. Le député a
demandé pourquoi l'article 7 ne prévoyait pas de sanction tel que
prévu à l'article 25. Premièrement, l'article 7 a force de
loi. Deuxièmement, il y a la transparence. Troisièmement, il y a
l'information à la population. Quatrièmement - très
important - on ne peut pas donner un avis, ministériel ou
gouvernemental, on ne peut adopter un décret pour forcer un organisme
à faire quelque chose qui n'est pas prévu dans la loi.
Ce sont des organismes autonomes qui ont un pouvoir qui vient de la loi.
On ne peut pas modifier leur pouvoir sans adopter une autre loi. Donc, pour les
organismes, l'article 7 a force de loi et, si l'article 7 n'est pas
respecté, on prendra les mesures administratives ou quelqu'un prendra
des mesures politiques pour qu'il soit respecté. Mais il n'y a aucun
problème avec cela,
parce que les organismes respectent la loi intégralement. Il n'y
a pas d'organismes qui ne respecteront pas l'article 7. II n'y a pas de
problème. Je pense que c'est un faux problème. Je suis prêt
à discuter des vrais problèmes ou des faux problèmes, le
cas échéant.
M. Filion: Écoutez, on ne s'étendra pas...
M. Marx: Ce sont les sanctions...
M. Filion: Maintenant, deuxième volet, avant de terminer
ce chapitre des articles 4 à 7, je suis un peu préoccupé,
non pas inquiet, mais préoccupé par la question des ressources
humaines qui seront chargées d'étudier ces projets de
règlement. On crée de nouvelles obligations. Les avis prennent
énormément d'importance. On en fait, comme vous le dites, force
de loi. D'un autre côté, lors de l'examen des crédits, on a
appris qu'aucune ressource additionnelle n'était affectée
à l'ancien bureau des règlements.
M. Marx: ...
M. Filion: À ce moment-là, on se rend compte de
l'importance qu'aura l'opinion de ces juristes, de ces autorités, et je
suis préoccupé parce que, sauf erreur - c'est ma première
question au ministre - est-ce qu'il y a des ressources additionnelles?
M. Marx: IIy a deux choses, M. le Président.
Premièrement, le bureau des règlements, c'est-à-dire le
ministère, examine maintenant presque tous les règlements.
Deuxièmement, étant donné que le gouvernement actuel a
l'intention de moins réglementer, cela prendra peut-être moins de
personnel pour vérifier tous ces règlements. Voilà votre
réponse.
M. Filion: Écoutez, on a vu qu'il devait y avoir une
charge additionnelle d'environ 20 % à25 %.
M. Marx: Pourquoi?
M. Filion: À cause des projets de règlement qui,
avant cela, n'étaient pas soumis. On a vu cela la dernière fois,
M. le ministre.
M. Marx: Oui, mais on va régler...
M. Filion: On a vu que c'était une charge. Ce sont des
règlements qui n'étaient pas étudiés avant cela et
qui vont l'être maintenant, de 20 % à 25 % plus de
règlements.
M. Marx: Oui, mais c'est environ 10 %.
De toute façon, on va réglementer moins; cela va donc
nécessiter moins de personnel pour étudier ces projets de
règlement et je sais qu'au ministère on a suffisamment de
personnel pour faire le travail d'une façon adéquate. Si on
manque de personnel, on va muter des gens d'une direction à une autre
pour s'assurer qu'on a assez de personnel pour faire le travail. Mais cela n'a
jamais posé de problème et je ne vois pas pourquoi cela en
poserait.
M. Filion: D'une part, pour mettre vraiment mon argument en bloc,
pour l'ensemble...
M. Marx: II n'y a pas de problème de ressources, M. le
Président. On peut me poser des questions avec des "si" sur les
ressources, à la fin de la journée...
M. Filion: Non, non, je ne veux pas...
M. Marx: Je vous ai dit que je donne l'assurance qu'on va
toujours avoir assez de monde pour faire ce travail. Maintenant, on peut me
poser des questions à savoir si cela prendra trois, quatre ou une
demi-douzaine de personnes. Mais je peux vous dire que le ministère va
toujours avoir assez de ressources pour remplir ses obligations en vertu des
lois.
M. Filion: Je veux sensibiliser le ministre à ceci. On
adopte une loi sur les règlements. Comme il le dit lui-même, entre
autres, l'article 5 devient non pas une directive, il n'est pas contenu dans un
décret, mais il a force de loi. On dît que l'examen porte sur la
légalité du projet de loi transmis, l'harmonisation du projet
avec les lois et règlements en vigueur, la conformité sur
l'aspect juridique avec le but recherché, la cohérence des
dispositions du projet et la qualité de rédaction du projet. Je
dis au ministre que le légiste qui est devant un projet de
règlement d'un avocat, ou tout au moins d'un licencié en droit,
il a une responsabilité que lui confie la loi. Ce n'est pas uniquement
une directive administrative, ni un décret, il a une
responsabilité qui lui vient de la loi: celle d'examiner chacun de ces
aspects. Deuxièmement, il y a aussi un nombre de règlements
supplémentaires qu'on a évalués à 20 % la
dernière fois - vous me dites 10 % - et qui vont être soumis
à ces légistes dont la signature va être au bas de l'avis.
Troisièmement, le bureau des règlements, par l'ensemble de cette
législation, prend une importance considérable et les avis vont
être d'autant plus considérés. Face à cela, je
sensibilise tout simplement le ministre au fait qu'il nous apparaît que
le travail du légiste qui va se pencher sur un projet de
règlement va prendre une importance accrue.
Son travail devra, qu'on le veuille ou non, prendre plus de temps. Il y
aura plus de règlements. Il m'est apparu qu'avec les ressources humaines
qu'on possède maintenant, cela pourrait être insuffisant. Je
prends l'assurance du ministre. Je veux juste le sensibiliser à cela,
c'est tout.
M. Marx: J'en prends note.
M. Filion: Le troisième volet que je veux aborder concerne
la loi sur l'accès à l'information.
M. Marx: Est-ce que l'article 7 est adopté?
M. Filion: Non. Mon troisième volet porte toujours sur les
articles 4 à 7 et concerne la loi sur l'accès à
l'information, M. le ministre. J'attends une copie de la loi. Peut-être
qu'on peut suspendre et revenir.
M. Marx: Qu'est-ce que cela a à voir avec la loi sur
l'accès à l'information?
M. Filion: Je vais vous l'expliquer. La question de base est la
suivante. Est-ce que les avis pourront être transmis aux tiers? Vous avez
lu l'article 31 et moi je veux vous lire tantôt l'article 36.
M. Marx: M. le Président, je ne suis pas ici pour
interpréter la loi sur l'accès à l'information. Si
quelqu'un fait une demande d'un document, en vertu de cette loi, la demande est
traitée par le ministère. Si le ministère refuse d'envoyer
une copie des documents demandés, la personne qui a fait la demande a
toujours le droit de demander une révision par la commission. Il y a des
décisions de cette commission qui ont forcé le ministère
à rendre certains documents publics que le ministère avait
refusé de rendre publics quand cela avait été
demandé. C'est une autre question. Je ne suis pas responsable de cette
loi et je respecte la loi.
M. Filion: M. le Président... (11 heures)
Le Président (M. Marcil): Un instant, s'il vous
plaît! Je dois quitter et je vais me faire remplacer par M. le
député de Chapleau qui est le président de séance.
Je vais probablement revenir à la session de cet après-midi, si
on doit poursuivre. Ça va?
Une voix: Pas d'objection.
M. Filion: M. le Président, je n'accepte pas la
réponse du ministre. Il me dit: J'adopte une loi sur les
règlements. Je lui demande: Est-ce que les avis pourraient en vertu de
la loi de l'accès à l'information être requis, transmis
à des tiers qui en font la demande? Il dit: Écoutez, la
commission décidera, on va laisser les gens décider. Je n'accepte
pas cette réponse. On passe une loi, et ma question est précise.
En tant que jurisconsulte du gouvernement d'ailleurs, il devrait être en
mesure de m'éclairer plus que cela. Est-ce que l'avis, oui ou non,
prévu dans les articles 4 à 7, contenant l'examen du projet de
règlement est transmis à des tiers? Â ce sujet je connais
l'article 31. On peut le lire ensemble rapidement: "Un organisme public peut
refuser de communiquer une opinion juridique portant sur l'application du droit
à un cas particulier ou sur la constitutionnalité ou la
validité d'un texte législatif ou réglementaire, d'une
version préliminaire ou d'un projet de texte législatif ou
réglementaire." Sur la base de l'article 31, je pense il n'y aurait pas
de problème. L'article 31 me semble clair. Les opinions juridiques ne
pourraient pas être transmises à des tiers. Mais quand on lit
l'article 36, et peut-être que le ministre me corrigera...
M. Marx: À mon avis, monsieur...
M. Filion: ...mais je veux le finir quand même. "Un
organisme publie peut refuser de communiquer toute version préliminaire
ou tout projet de texte législatif ou réglementaire
jusqu'à l'expiration de dix ans de sa date." Deuxième paragraphe:
"Sous réserve du programme 5° du premier alinéa de l'article
33, il en est de même des analyses s'y rapportant directement." Je pense
que l'avis est une analyse du projet de règlement, "à moins que
le projet de texte législatif ait été déposé
devant l'Assemblée nationale ou que le projet de texte
réglementaire ait été rendu public conformément
à la loi." Dans ce cas-ci - sauf erreur le projet de règlement
dans plusieurs cas n'est pas prépublié - s'il s'agit d'une
analyse conformément au deuxième paragraphe de l'article 36,
est-ce que je dois comprendre que n'importe quel avocat désirant
obtenir... d'ailleurs c'est une opinion juridique à peu de frais, c'est
intéressant quand vient le temps de contester la
constitutionnalité d'un règlement. On sait qu'une bonne partie
des activités judiciaires porte là-dessus. Les avocats dans
certains secteurs spécialisés ont intérêt à
faire tomber des règlements et si le ministre adopte une loi sur les
règlements, j'espère qu'il veut que ceux-ci soutiennent ou
supportent l'examen des tribunaux. Ma question donc, eu égard au
deuxième alinéa de l'article 36: est-ce que le ministre est
satisfait que l'avis du bureau de règlements ne soit pas
divulgué?
M. Marx: À mon avis, M. le Président, ce n'est
nécessaire de divulguer un tel avis, même en vertu de la loi sur
l'accès à l'information. Je trouve que c'est un peu en dehors de
ce projet de loi, parce que dans
tous les projets de loi qu'on va déposer et faire adopter, il y
aura toujours une question: est-ce qu'on peut demander telle et telle chose en
vertu de la loi sur l'accès à l'information? Je ne sais pas si je
serai capable de répondre à chaque fois, mais cette fois-ci,
à mon avis, - ce n'est pas mon avis qui fait foi dans ce cas, c'est
l'avis de la Commission d'accès à l'information, c'est l'opinion
qui fait foi - je vous donne mon avis, je pense que non. Si quelqu'un veut
avoir un avis...
M. Filion: Vous ne jugez pas à propos d'amender la loi sur
l'accès a l'information.
M. Marx: Je ne peux pas être juge et partie dans ce cas.
Est-ce que le député veut que je soit juge et partie dans ce cas.
Parce que comme ministre, je suis responsable de transmettre cette information,
cet avis le cas échéant si c'est demandé. Si je refuse,
à mon avis, ce sera un refus qui est prévu par la loi. Mais je ne
suis pas te juge dans ces cas. Le juge dans ces cas c'est le tribunal qui a
été établi en vertu de la loi sur l'accès à
l'information.
M. Filion: Sur la question de juge et partie, je ne
m'inquiète pas, vous l'êtes souvent, de toute façon. Il ne
faut pas se conter de peurs.
M. Marx: Oui, mais, M. le Président...
M. Filion: Quand, dans le projet de loi, on fait en sorte que les
projets de règlement du ministère de la Justice soient
étudiés par le ministère de la Justice, vous êtes
juge et partie; alors, je vis avec cela dans certaines circonstances, que vous
soyez juge et partie.
M. Marx: Non, mais...
M. Filion: Que voulez-vous, cela arrive de temps en temps dans
notre société...
M. Lefebvre: Cela ne peut pas être autrement.
M. Filion: Cela ne peut pas être autrement des fois.
M. Marx: M. le Président, le ministère a
déjà refusé de rendre publics certains documents et la
commission d'appel qui...
M. Filion: La commission d'accès. M. Marx:
Pardon?
M. Filion: C'est la commission d'accès, non la commission
d'appel.
M. Marx: La commission d'accès, si vous voulez, a
déjà statué que le ministère devra rendre publics
certains documents et nous avons suivi et respecté la décision de
la commission d'accès. Il n'y a pas de problème là.
M. Filion: À ce moment-là, je suis obligé de
dire au ministre que, s'il garde cette attitude, il est possible, ce n'est pas
exclu en tout cas, les avocats seront là pour faire la preuve... Si tous
les avis du Bureau des règlements peuvent être transmis à
n'importe quelle personne, je vous le dis, on se prépare de maudits
beaux litiges judiciaires et le Procureur général sera en cour
assez souvent - pas lui-même, j'entends. On se prépare de maudits
beaux litiges judiciaires, dis-je, entre le gouvernement et toutes les
clientèles qui sont intéressées à contester
à peu près n'importe quel projet de règlement que le
gouvernement édicté.
On le sait, quand le gouvernement édicté un
règlement, à ce moment-là, il tranche. S'il décide
de réglementer n'importe quel secteur d'activité - on parlait de
l'horticulture tantôt - à ce moment il y aura des gens
insatisfaits et il y aura des gens qui auront intérêt à
invalider nos règlements, les règlements du gouvernement
plutôt, pas les nôtres, malheureusement. Ce ne sont pas les
règlements de la Chambre, ce sont les règlements du
gouvernement.
À ce moment-là, le Procureur général se
prépare un beau feu d'artifice, un beau festival de feux
d'artifice...
M. Marx: On fera cela le 24.
M. Filion: ...et, M. le Président, ma suggestion au
ministre, car il semble complètement insensible à mon
argumentation, serait peut-être qu'il amende son projet de loi pour
clarifier la loi sur l'accès à l'information.
M. Marx: Je ne peux pas modifier la loi sur l'accès
à l'information. Que le député s'adresse au ministre des
Communications...
M. Filion: Que le ministre puisse faire ce travail à
l'intérieur du gouvernement. Que le ministre consulte son
collègue. Est-ce qu'il a consulté son collègue à ce
sujet?
M. Marx: Tous les collègues ont été
consultés sur ce projet de loi.
M. Filion: Mais, de façon spécifique sur l'aspect
public ou non, est-ce que le ministre des Communications a été
consulté?
M. Marx: Le ministre des Communications est un expert dans ce
domaine, car il était le coprésident, avec le
député Vaugeois - c'est M. French qui était le
coprésident avec le député Vaugeois - sur un rapport que
l'Assemblée nationale a préparé concernant
les règlements. Donc, c'est un expert.
Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire sur l'article 7, M.
le Président. Je pense qu'on a bien vidé la question que le
député a soulevée. J'invite le député
à demander des avis, le cas échéant, une fois que la loi
aura été adoptée et on procédera tel que
prévu dans la loi.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'article7?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Sur division, évidemment. Nous sommes
insatisfaits de la réponse et de l'attitude du ministre vis-à-vis
de ce volet.
M. Marx: J'aimerais donner une mise en garde au
député de Vachon. Je m'excuse, de Taillon.
M. Filion: On aimerait qu'il soit assis de ce
côté-ci.
M. Marx: Non, non, j'ai une mise en garde, c'est-à-dire
que si le député veut faire en sorte que tous les articles soient
adoptés sur division, ce sera bien difficile pour son parti de voter
pour la loi en troisième lecture.
M. Filion: On va aller au pouvoir de désaveu, M. le
ministre.
M. Marx: En troisième lecture, ce sera bien... Il a
voté pour le projet de loi... Ils étaient d'accord en
deuxième lecture. Si chaque article est adopté sur division, ce
sera difficile de voter pour le projet de loi en troisième lecture. Je
ne veux pas que le député se contredise lui-même.
M. Filion: Je voudrais d'abord rassurer le ministre. Ce ne sera
pas du tout difficile pour l'Opposition, si elle le juge à propos, de
voter contre son projet de loi.
M. Marx: Ah! D'accord, d'accordl
M. Filion: Je voudrais juste le rassurer là-dessus. Cela
ne nous empêchera pas de dormir si nous en venons à cette
conclusion et on arrivera un petit peu plus tard au pouvoir de
désaveu.
M. Marx: J'aimerais bien voir l'Opposition voter contre ce projet
de loi.
M. Filion: Ah! alors, il y a de bonnes chances; on le verra
tantôt, M. le Président. J'aurai l'occasion de satisfaire le
ministre plus souvent qu'il me satisfait ce matin.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Ce sera pour plus tard. On va
procéder à l'étude de l'article 8. M. le ministre.
Publication des projets de règlement
M. Marx: L'article 8, M. le Président, je vais le lire:
"Tout projet de règlement est publié à la Gazette
officielle du Québec."
Cet article tombe dans la section III qui propose les règles
devant régir la publication des projets de règlements. L'article
8 établit l'obligation de publier tout projet de règlement
à la Gazette officielle du Québec. Je crois que cela devrait
être adopté tout de suite.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, j'espère que M. le
ministre va réfréner l'agacement qu'il a de voir un non-avocat
intervenir dans sa commission.
M. Marx: C'est essentiel parce que le député de
Saint-Jacques a fait d'excellentes recommandations que nous avons
déjà acceptées.
M. Boulerice: Je vais reprendre. M. le ministre, et,
néanmoins, cher ami. Cela commence bien. J'aimerais, à l'article
8, vous faire une remarque. Vous me connaissez, et c'est un sentiment que je
partage avec votre collègue, Mme la vice-première ministre, sur
la qualité de la langue. L'article 8 devrait se lire: "Tout projet de
règlement est publié "dans" la Gazette officielle du
Québec." Je ne pense pas que l'on publie "à" la Gazette
officielle du Québec. Cette gazette-là est une appellation pour
nous. Cela équivaudrait à dire: Je publie "à le Devoir".
On publie aux Éditions de l'homme, on publie dans le Devoir, on publie
"dans" la Gazette officielle du Québec. Pardon?
M. Marx: Étant donné mon expertise de la langue
française, je devrai accepter cette suggestion, mais j'aimerais juste
souligner que, dans toutes les lois du Québec, c'est "à" la
Gazette officielle du Québec. J'ai souvent fait face à de tels
problèmes. J'ai déjà traduit toute la jurisprudence du
comité judiciaire du Conseil privé, de la Cour suprême du
Canada, de l'anglais au français pour publication, pour que ce soit
disponible pour les étudiants de langue française, et j'avais un
gros problème. Quand on parle d'une loi, en anglais, "the Municipal
Act", est-ce qu'on doit dire "le Municipal Act" ou "la Municipal Act"? J'ai
passé plusieurs heures sur ce problème. Je pensais que ce devait
être "la Municipal Act" parce que "Act" est traduit par "loi" en
français. Â la
fin, j'ai décidé de mettre "le Municipal Act" parce que
c'était "le" dans toute la jurisprudence de la Cour suprême du
Canada et je me suis dit qu'il valait mieux être moins exact et qu'il y
ait une certaine standardisation dans l'usage du français. Si le
député insiste, je pense que cela ne rendra pas...
M. Boulerice: Cela va rendre service.
M. Marx: Oui. mais peut-être faudrait-il déposer un
projet de loi à l'avenir pour changer tous les "à" pour "dans",
dans tous les projets de loi du Québec.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, dois-je
comprendre que vous proposez un amendement à l'article 8?
M. Marx: Oui. Tout projet de règlement est publié
"dans" la Gazette officielle du Québec. Je pense que le
député a raison.
Le Président (M. Kehoe): Je vais lire l'article 8, tel
qu'amendé: "Tout projet de règlement est publié "dans" la
Gazette officielle du Québec."
Est-ce que l'article 8, tel qu'amendé, est adopté?
M. Marx: Oui.
Une voix: Sur division.
M. Filion: Le député de?
Une voix: Adopté. (11 h 15)
Le Président (M. Kehoe): Adopté. Est-ce qu'on peut
procéder à l'étude de l'article 9?
M. Boulerice: Elle qui était enseignante de
français en plus, cette chère Marguerite Bourgeoys, M. le
député, vraimentî
M. Marx: L'article 9, M. le Président, propose une
exception à l'article 8 en ce qui concerne les textes auxquels renvoie
un projet de règlement et j'aimerais proposer tout de suite qu'à
la première ligne ce soit "dans" la Gazette officielle et non "à"
la Gazette officielle. J'espère que le député va me dire
que, cette fois-ci, il faut que ce soit "à".
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Saint-Jacques, sans doute avec les mêmes arguments.
M. Boulerice: M. le Président, je suis heureux de faire
école auprès du ministre de la Justice. Pour moi, c'est une
grande consolation d'atteindre ce statut si rapidement dans une commission avec
un collègue aussi chevronné. Mais pour un non-avocat, encore une
fois, l'article 8 devrait plutôt se lire, M, le Président!
L'article 8 n'a pas pour effet de rendre obligatoire la publication dans la
Gazette officielle. On n'oblige pas une chose, on oblige de faire une chose.
Alors cela devrait être: ...a pour effet de rendre obligatoire la
publication dans la Gazette officielle du Québec.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Marx: L'article n'a pas pour effet de...
M. Filion: De rendre obligatoire la publication dans la Gazette
officielle.
M. Marx: Obligatoire, bon. On accepte cette modification, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 9, tel
qu'amendé...
M. Filion: Je remercie M. le député de
Saint-Jacques.
M. Marx: Je pense que c'est très important de parler une
langue correctement. Je pense qu'on a beaucoup amélioré la langue
juridique dans nos lois. S'il y a encore des améliorations, on est
prêt à "perfecter" la langue dans les lois, c'est très
important.
M. Boulerice: Perfectionner, M. le ministre.
M. Lefebvre: On s'est inspiré des lois adoptées de
1976 à 1985, alors vous excuserez, M. le député de
Saint-Jacques, les fautes de français qu'on peut à l'occasion
répéter dans nos propres textes.
M. Boulerice: Je vous répète encore une fois, comme
je l'ai fait la dernière fois, qu'on m'a amené en 1985 justement
dans ce but-là.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article...
M. Filion: M. le Président, finalement, l'article, si je
le comprends bien, fait état de la publication d'un règlement qui
contiendrait une référence à un autre texte.
M. Marx: Par exemple, cela peut être que, dans un
règlement, on fait référence au Code du bâtiment du
Québec.
M. Filion: Cela arrive souvent, je pense, dans le secteur du
bâtiment. Dans certains cas que j'ai déjà vus, on fait
même référence à certaines réglementations
américaines.
M. Marx: C'est passible.
M. Filion: Le ministre en a peut-être vus beaucoup plus que
moi. Comme tout ce qui concerne la publication des règlements et des
projets de règlement vise à mieux informer l'ensemble des
intervenants dans un secteur, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu - je pose la
question bien simplement - de faire en sorte qu'un moyen de
référence soit donné à la clientèle
visée? Par l'exemple, l'endroit où peut être
consulté le texte auquel on réfère pourrait être
mentionné à l'intérieur du projet de règlement. Je
ne sais pas si vous saisissez.
M. Marx: Oui.
M. Filion: En deux mots, on a un projet de règlement qui
réfère à un texte et le texte, dans certains cas - de
toute façon, il n'est pas dans le projet de règlement - il faut
le trouver quelque part. Dans certains cas, cela réfère à
des textes qui sont simples, comme le Code du bâtiment. Mais dans
d'autres cas, on a des réglementations qui peuvent provenir, bien
souvent, des Etats-Unis. Si on veut vraiment informer adéquatement la
clientèle tout en évitant de reproduire dans le projet de
règlement l'ensemble du texte auquel on réfère, est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu de préciser l'endroit où peut
être consulté le texte auquel on réfère?
M. Marx: C'est-à-dire que, normalement, quand on se
réfère à un tel texte, ce sont des textes qui sont
très bien connus par les personnes qui sont affectées par le
règlement. Cela, c'est juste en général.
Deuxièmement, ces textes sont disponibles auprès de l'organisme
qui veut adopter le règlement en question. Dans les règlements,
on décrit déjà le texte auquel on fait
référence. Cela veut dire que si c'est un autre règlement,
on va préciser la citation pour que cela soit possible de la trouver
assez rapidement.
M. Filion: Dès le début de mon intervention,
c'était parce que c'est votre devoir, c'est notre devoir aussi au
Parlement, mais c'est votre devoir comme "régie-menteur", comme "grand
réglementeur" - si vous me passez le titre entre guillemets - de faire
en sorte qu'il y ait un accès facile à l'information. Alors pour
les citoyens qui sont concernés par un projet de règlement, le
but de ma suggestion serait de faire en sorte que cet accès à
l'information chez les citoyens corporatifs ou physiques puisse être
quelque chose de concret et non pas uniquement quelque chose de fictif, que ce
soit quelque chose de concret.
M. Marx: Je ne peux pas mettre cela dans l'article 9, comme on ne
peut pas mettre cela dans la loi, mais je suis prêt à demander au
bureau des règlements de demander à ceux qui nous envoient des
projets de règlement que ces précisions soient données
dans le règlement. Je pense que c'est utile de l'avoir et où ce
ne sera pas inclus dans le projet de règlement, on va demander aux
organismes de préciser. Je pense que...
M. Filion: Sans en faire une obligation uniquement,
carrément.
M. Marx: ...l'on ne peut pas faire une obligation à
l'article 9, parce que si la citation n'est pas exacte, le règlement
serait invalide. Parce que la sanction ici, c'est l'invalidité. Mais je
prends note de cela. Je pense que c'est un bon point et je prends note de cela
et je vais demander aux fonctionnaires au bureau des règlements de
vérifier si cette information est donnée dans le
règlement. Je pense que c'est important.
M. Filion: Je suis satisfait de la réponse du ministre
mais je voudrais juste lui faire remarquer qu'un défaut d'observance
à l'article 9 n'invalide pas le règlement.
M. Marx: Bien oui! M. Filion: Mais non.
M. Marx: Non? L'article 9 exclu, oui, d'accord.
M. Filion: Je pense que l'on partage les mêmes soucis.
M. Marx: D'accord, je vais le faire. On prend note.
Le Président (M. Kehoe): Je vais procéder à
la lecture de l'article 9 avant son adoption.
M. Filion: Son adoption.
Le Président (M. Kehoe): Oui. L'article 8 n'a pas pour
effet d'obliger la publication dans...
M. Marx: Non, non. Il y a un amendement. "L'article 8 n'a pas
pour effet de rendre obligatoire la publication dans la Gazette officielle du
Québec d'un texte auquel renvoie un projet de règlement."
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Marx: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Kehoe): Tel qu'amendé?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 10.
M. Marx: M. le Président, l'article 10 obligera de publier
en même temps que le projet de règlement les informations qui
permettront à tout intéressé de faire parvenir ses
commentaires avant que le projet soit définitivement adopté.
M. Boulerice: Avec l'amendement habituel.
M. Marx: Avec l'amendement habituel. À la première
ligne, "un projet de règlement publié", au lieu d'inscrire les
mots "à la Gazette officielle du Québec", inscrire les mots "dans
la Gazette officielle du Québec".
Le Président (M. Kehoe): Y a-t-il des discussions sur
l'article 10?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Alors, mes commentaires, M. le Président, vont
porter sur les articles 10 à 14 en général. Mais quand
même, je n'ai pas objection à ce qu'on adopte l'article 10
immédiatement.
M. Marx: D'accord, adopté.
M. Filion: Mais je voudrais juste aviser que je vais pouvoir y
revenir.
M. Marx: Pas de problème, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Si je comprends bien, l'article
10 est adopté tel qu'amendé?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 11.
M. Marx: L'article 11, M. le Président, propose que le
délai de prépublication soit d'un minimum de 45 jours. Ce
délai sera plus long si la loi habilitante le prévoit ainsi ou si
l'autorité réglementaire juge approprié de procéder
ainsi. À la ligne 3, on va changer les mots "à" pour "dans";
"dans la Gazette officielle" au lieu de "à la Gazette officielle".
Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: La modification là-dedans, forcément,
est dans la même logique que tantôt. Comme vous l'avez
déjà indiqué, vous avez déjà
précisé le délai qui est de 45 jours, il serait encore
là de meilleur français, M. le ministre, de parler d'un
délai supérieur et non pas plus long.
M. Lefebvre: Un délai supérieur, je ne suis pas
d'accord.
M. Boulerice: Le français a des subtilités et des
nuances.
M. Lefebvre: Un délai ne peut pas être
supérieur. Un délai peut être plus long ou plus court, mais
sûrement pas supérieur ou inférieur. Là, M. le
député de Saint-Jacques, s'il vous plaît!
M. Marx: On parle de la supériorité d'un
délai ou de la longueur d'un délai.
M. Boulerice: C'est dans les textes. Vous me pardonnerez. Dans
les textes fédéraux, on parle de délai supérieur au
de délai inférieur. Un texte français des textes
fédéraux.
M. Marx: Quelle est l'expression en anglais? Qu'est-ce qu'on a
mis en anglais dans notre projet de loi?
Une voix: "The longest day." Une voix: "For a longer
period."
M. Marx: C'est mal traduit dans les lois
fédérales.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'article 11?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 11 est
adopté tel qu'amendé?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: M. le Président, 45 jours, on sait que,
finalement, la prépublication des projets de règlement
était déjà imposée dans la plupart...
M. Marx: Pas la plupart. 80 lois prévoient la
prépublication.
M. Filion: Ce sont des lois qui contiennent un pouvoir
réglementaire.
M. Marx: 80 lois. Il y a 440 lois dans les statuts refondus du
Québec.
M. Filion: Qui contiennent un pouvoir réglementaire?
M. Marx: Non. Je ne sais pas combien contiennent un pouvoir
réglementaire.
M. Filion: C'est de cela qu'on parle. Cela ne donne rien de
parler...
M. Marx: Les 80 lois sont de nouvelles lois. Ce ne sont pas des
lois...
M. Filion: C'est quoi le pourcentage de lois actuelles qui
prévoient la prépublication d'un règlement? J'ai toujours
eu l'impression que c'était la plupart...
M. Marx: On n'a pas ces statistiques. M. Filion: Mais
à peu près?
M. Marx: D'accord. Quelle est la question? On va
vérifier.
M. Filion: C'est important de...
M. Marx: Est-ce que vous voulez proposer que ce soit moins de 45
jours?
M. Filion: Non, je veux poser des questions, M. le ministre. Vous
voulez aller vite. On a un travail à faire.
M. Marx: M. le Président, j'ai fait une erreur quand j'ai
dit 80 lois. Ce n'est pas 80 lois. C'est 80 dispositions dans des lois. Parce
que dans certaines lois il y a des dispositions qui donnent un pouvoir
réglementaire et on prévoit la prépublication et, dans
d'autres dispositions, dans la même loi, on donne un pouvoir
réglementaire et il n'y a pas de prépublication. Donc, ici, on va
avoir la prépublication partout.
M. Filion: Ma question était la suivante: Dans les lois
actuelles, combien de pouvoirs réglementaires, à peu près,
en pourcentage, contiennent des obligations de prépublication?
M. Marx: II y a 80 dispositions dans les lois actuelles qui
donnent un pouvoir réglementaire où on prévoit la
prépublication. Mais, dans certaines lois, il y a des dispositions qui
donnent un pouvoir réglementaire, mais on ne prévoit pas la
prépublication.
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: Si on prend la Loi sur le transport par taxi, par
exemple, c'est une loi de 25 pages, avec huit pages de pouvoirs
réglementaires. Dans certaines dispositions, je pense que la
prépublication est prévue, dans d'autres, ce n'est pas
prévu. Ici, ce sera prévu.
M. Filion: Je sais cela. Mais, ce que je veux savoir...
M. Marx: On n'a pas ces statistiques.
M. Filion: Non, ce ne sont pas des statistiques, c'est une
approximation. (11 h 30)
M. Marx: On vous a dit dans 80 dispositions.
M. Filion: Sur combien? Combien y a-t-il de dispositions en tout,
à peu près?
M. Marx: II y a une quarantaine de lois où il y a des
dispositions qui prévoient la prépublication. D'accord?
M. Filion: Je veux connaître la situation actuelle. J'ai
toujours eu l'impression que la plupart des pouvoirs réglementaires
contenaient des obligations de prépublication. Est-ce vrai ou faux?
Est-ce que j'étais...
M. Marx: Ce n'est pas vrai.
M. Filion: La plupart des pouvoirs réglementaires ne
prévoient pas de prépublication?
M. Marx: Non, on peut adopter un règlement durant la nuit
et c'est en vigueur le lendemain, c'est tout. Ce n'est même pas
nécessaire de les publier.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: II y a des règlements comme cela. D'accord?
M. Filion: Ma deuxième question! Dans les obligations de
prépublication existantes, quel est le délai en
général?
M. Marx: En général, c'est 30 jours. M. Filion:
En général, c'est 30 jours.
M. Marx: Mais il y a toujours cette question: Est-ce qu'on
prévoit, à l'article 11, 30, 45, 60, 90 jours?
M. Filion: Parce que, quand même, il faut être
conscient que la plupart des projets de règlement, qu'ils soient soumis
ou non à une obligation de prépublication, font l'objet de
consultation avec les intervenants, avec la clientèle. Dans ce cas-ci,
je prends quand même note qu'on généralise l'obligation de
prépublication des règlements, d'une part, et,
deuxièmement, qu'on allonge le délai.
M. Marx: M. le Président, il y a certaines personnes qui
sont consultées, mais d'autres ne le sont pas.
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: Ici, ce serait possible, par exemple, pour les ACEF,
pour les associations de consommateurs...
M. Filion: Je ne suis pas contre, je voudrais seulement
connaître la situation actuelle, prendre note du fait qu'on allonge le
délai et qu'on crée une prépublication obligatoire. C'est
cela?
M. Marx: Ce sera unique au Canada. Cela n'existe pas ailleurs. Je
pense que c'est une innovation importante. D'accord, M. le
Président?
M. Filion: Je ne suis pas sûr que ce soit un avantage. Cela
a l'air bon, mais je ne suis pas sûr, finalement, que ce soit un avantage
pour la démocratie. Il y a des voeux pieux là-dedans. Ce qui est
important, ce n'est pas juste de créer un mécanisme, c'est la
façon dont il fonctionne.
Une voix: Évidemment, je suis d'accord.
M. Lefebvre: Cela a l'air bon, mais ce n'est pas sûr. Prima
facie, c'est bon.
M. Filion: Ce sont toujours les attitudes qui déterminent
tout.
M. Marx: On va faire en sorte...
M. Filion: Dans ce cas-ci, ce qui est important au-delà de
tout, c'est de consulter les intervenants. Cela se faisait avant.
M. Marx: Cela va de soi qu'on consulte. Le ministère de la
Justice consulte aussi, comme par exemple, le Conseil de la magistrature, pour
voir si... consulte l'Opposition, le cas échéant.
M. Filion: Cela n'arrive pas assez souvent.
M. Marx: Parce qu'il ne faut pas oublier, M. le
Président...
M. Filion: J'espère que cela va être...
M. Marx: ...que ce n'est pas le ministre, le gouvernement qui
légifère, c'est l'Assemblée nationale, et le
député de Taillon fait partie de cette Assemblée. C'est
pourquoi on est prêt à le consulter, le cas
échéant.
M. Filion: Pas seulement le député de Taillon, le
député de D'Arcy McGee aussi.
M. Marx: Aussi. Tous les députés.
M. Filion: II ne faut pas l'oublier. Vos collègues, des
fois, l'oublient trop facilement.
M. Marx: Nous sommes tous députés avant
d'être ministres.
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: On ne peut pas être ministre sans être
député dans notre système. Cela arrive de temps en temps.
C'est arrivé il y a quelques mois, mais c'était pour une courte
durée.
M. Filion: C'est arrivé de temps en temps. C'était
pour une bonne cause.
Le Président (M. Kehoe): Cela dit, est-ce que l'article
11, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): On procède à
l'étude de l'article 12.
M. Marx: L'article 12, M. le Président, propose des
exceptions à la règle de publication obligatoire des projets. Il
s'agit des cas où l'urgence fait en sorte qu'il faut adopter un tel
règlement vite. Je dépose un amendement afin de remplacer le
sous-paragraphe 2 de l'article 12 par le suivant: "2° le projet vise
à établir, modifier ou abroger des normes de nature fiscale." Je
pense que le député de Taillon sera tout à fait d'accord
avec cet amendement parce qu'il précise davantage l'alinéa 2 de
cet article.
M. Filion: Je suis très heureux que le ministre ait retenu
ce qui faisait partie de mon discours de deuxième lecture sauf
erreur.
M. Marx: Oui, voilà. Nous vous avons écouté.
Nous avons même fait plus que cela, on a noté ce que vous avez
dit, on a lu les débats, on a relevé des points et on a
examiné chacun d'eux. Je pense que c'est un des points que vous avez
soulevés. Cela mérite vraiment d'être modifié. On a
travaillé dans ce sens.
M. Filion: C'est bien. Je suis content que le rôle
constructif de l'Opposition soit bien connu et reconnu. Maintenant, il reste le
sous-paragraphe 1: Lorsque l'urgence de la situation l'impose. Il faut d'abord
noter ceci. Lorsqu'il y a des exceptions - on me corrigera si je fais erreur -
à l'obligation qui existe dans certains pouvoirs réglementaires
actuels de prépublication, ces exceptions ne contiennent pas
d'exceptions. Je ne parle pas du sous-paragraphe 2, qui est très
sensé, je parle du sous-paragraphe 1. Là, on crée un
régime d'exceptions. Pourquoi? Si, finalement, rien ne vient baliser
l'appréciation de l'urgence de la situation? Encore une fois, si on lit
bien l'article, c'est: "lorsque l'autorité qui l'édicté ou
l'approuve..." - donc l'un ou l'autre; cela peut être l'organisme ou le
gouvernement - "...est d'avis qu'un motif prévu par la loi en vertu de
laquelle le
projet peut être édicté ou approuvé ou que
l'un des motifs suivants le justifient". Et là: "l'urgence de la
situation l'impose".
M. Marx: Voulez-vous des exemples d'urgence?
M. Filion: Allez-y!
M. Marx: J'ai quelques exemples. Le cas d'un dégel
hâtif obligent, à décréter rapidement la
période de dégel en vertu du Code de la sécurité
routière. Le cas d'un sinistre entraînant à
décréter l'état d'urgence en vertu de la loi sur la
protection en cas de sinistre. J'aimerais souligner qu'on a
étudié cet article. Je me suis posé beaucoup de questions
au sujet des urgences. II ne faut pas oublier qu'il serait nécessaire
pour le ministre d'expliquer pourquoi il le fait d'une façon urgente. Si
ce n'était pas justifié, il serait sûrement critiqué
sur le plan politique, le cas échéant. Mais il faut que le
ministre s'explique, c'est très important. Il faut qu'il donne des
motifs pour justifier qu'il n'y ait pas de prépublication.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: S'il faut, M. le Président, faire la
dictée encore, à l'article 12: "...lorsque l'autorité qui
l'édicté ou l'approuve est d'avis qu'un motif prévu par la
loi en vertu de laquelle le projet peut être édicté ou
approuvé..." Ne serait-il pas plus simple d'écrire: prévu
par la loi d'habilitation.
M. Lefebvre: Prévu par la loi de... Une voix: La
loi habilitante.
M. Boulerice: D'habilitation. Il y a acquiescement de la part de
votre collègue... Ce serait plus...
M. Marx: Oui, moi aussi, sauf que j'aimerais vérifier. On
me dit qu'on avait des problèmes avec les mots "loi habilitante". Il
faut vérifier ce point.
M. Boulerice: Mais habilitante, qui rend habile à. Il y a
une rupture de style évidente en français, quand on entend
cela.
M. Marx: M. le Président, le problème ici, c'est
qu'à changer des mots, on risque d'avoir des interprétations
imprévisibles ou imprévues. On est habitué à
utiliser certaines expressions qui se retrouvent dans toutes nos lois et
changer une phrase ou un mot, ici et là, peut donner ouverture à
l'interprétation...
M. Boulerice: Mais "habilitation" aura, effectivement, le sens
qu'on lui a toujours donné.
M. Marx: Oui, mais il n'y a pas...
M. Boulerice: Sauf qu'on aura l'avantage d'avoir...
M. Marx: ...de loi ou on a mis le mot "habilitation". Il n'y a
pas de loi.
M. Boulerice: On emploie toujours cette rupture-là pour
l'écriture de toutes les lois.
M. Marx: C'est cela. Exactement. Je vais demander au
ministère qu'il envoie au député nos cahiers sur...
M. Boulerice: Les cahiers de rédaction juridique?
M. Marx: Oui. On a des cahiers avec...
M. Boulerice: Je sais, mais je conteste la qualité de la
langue de ces cahiers...
M. Marx: Oui, d'accord, mais j'envoie ces cahiers au
député pour qu'il puisse y corriger les erreurs. Cela facilitera
notre travail. Une fois qu'il aura corrigé les cahiers, on corrigera
notre rédaction des lois. Mais, sur ces points...
M. Boulerice: Je ne me presserai pas. Tout d'un coup, on me
réserve la Justice, cela me ferait un beau... Ah! Ah! Ah!
M. Marx: On tiendra compte de cette suggestion et on verra ce
qu'on peut faire dans les prochains...
M. Lefebvre: C'est aussi précieux pour nous que cela peut
l'être pour vous.
M. Boulerice: Vous êtes sérieux quand vous dites
cela des fois?
M. Marx: Ahl oui, je suis très sérieux. M.
Boulerice: C'est pour cela que...
M. Marx: Oui, très sérieux, j'ai demandé au
légiste de vous envoyer ces cahiers.
M. Lefebvre: ...depuis des millénaires... M. Marx:
Je m'excuse.
M. Lefebvre: Excusez-moi, M. le ministre. Une remarque vient du
député de Taillon que le français est important pour les
députés de l'Opposition. Je tiens à souligner qu'il l'est
tout autant pour les ministériels et nous sommes à discuter de
corrections à apporter aux textes relativement à des expressions
utilisées depuis des années. Que je sache, ce n'est pas nous qui
avons commencé à utiliser ces mauvaises
expressions. Nous sommes absolument d'accord - c'est ce que le ministre
est en train de vous dire - pour vérifier s'il n'y a pas lieu de
l'améliorer.
M. Filion: Mais, M. le Président, dans son
énoncé, le député de...
M. Lefebvre: Le français, M. le député de
Taillon, est aussi important...
M. Filion: ...Frontenac nous donne les éléments
suivants. Il dit, premièrement, il y a peut-être de mauvaises
expressions dans la loi; deuxièmement, même s'il y a de mauvaises
expressions, nous ne les corrigerons pas...
M. Lefebvre: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Filion: ...parce que ce sont des expressions qui
étaient utilisées avant.
M. Lefebvre: M. le Président, ce n'est pas du tout...
M. Filion: Franchement, heureusement que la langue
française n'est pas défendue par le député de
Frontenac, M. le Président, je serais inquiet.
M. Lefebvre: M. le Président, je pense qu'il y a, du
côté du député de Taillon, soit de la mauvaise foi
soit une compréhension douteuse. Ce que j'ai dit, c'est que le
français est aussi important pour nous qu'il peut l'être pour vous
de l'Opposition, sauf que je tiens à vous le souligner. On est à
discuter d'expressions contenues à l'article 12 qui, selon le ministre
et sauf erreur, mais cela doit être vrai, ont été
utilisées au cours des sept ou huit dernières années de
façon très fréquente, régulière dans les
textes de loi adoptés par le parti que vous représentez.
Ce que je vous dis, c'est ceci: les suggestions du député
de Saint-Jacques - et c'est ce que le ministre est en train de vous dire - on
va les évaluer et les vérifier. Si, par hasard, les suggestions
étaient bonnes, on les utilisera. On modifiera. Mais le français,
qu'on établisse cela une fois pour toutes, est aussi important pour
nous, qu'il peut l'être pour vous. Bien parler le français et bien
l'écrire, c'est important pour tous les Québécois.
Le Président (M. Kehoe): Un instant, le
député de Saint-Jacques a indiqué son intention...
Oui?
M. Lefebvre: Je pense qu'on n'a pas de leçon à
prendre de l'Opposition à ce chapitre.
Le Président (M. Kehoe): Merci.
(11 h 45)
M. Boulerice: Je ne crois pas qu'on vous serve de leçon.
D'ailleurs, on remarque l'attitude extrêmement collaboratrice de M. le
ministre de la Justice à qui je rends un hommage particulier, puisque je
sais pertinemment que le français n'est pas sa langue maternelle, mais
il nous donne l'exemple d'un souci...
M. Marx: C'est ma langue de travail.
M. Boulerice: C'est sa langue de travail. Il nous donne l'exemple
d'un souci exemplaire de la qualité de la langue. J'ai l'impression que
mon collègue, le député de Frontenac, si, d'une part, il
nous accuse d'avoir des prétentions...
M. Lefebvre: Vous l'avez mal parlée dans le
passé.
M. Boulerice: Vous allez à un procès d'intention.
Deuxièmement, vous faites référence à des lois
votées. Que je sache, l'histoire du Québec n'a pas
commencé en 1976, une de ses belles parties, soit! mais on
légifère dans ce pays depuis au moins 1840, puisqu'il y a eu
notre première assemblée constituante. Donc, on n'a jamais dit
que les mauvaises écritures au point de vue législatif
étaient faites par un gouvernement représenté par votre
parti, comme on ne se refuse pas à reconnaître qu'il y a des
expressions indésirables qui ont été glissées
à l'époque où nous faisions la législation. L'on
veut tout simplement, dans un esprit de redressement, s'intéresser
à la qualité de la langue, ce à quoi M. le ministre
consent. Encore une fois, je lui rends hommage, mais je pense que vos paroles
ont débordé le contexte dans lequel elles devaient être
situées, M. le député de Frontenac.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon.
M. Filion: M. le Président, le député de
Saint-Jacques, je partage exactement son appréciation, d'une part, de
l'obligation qu'on a de tenter de perfectionner la langue que nous utilisons
et, là-dessus, le critère de dire que c'est utilisé comme
ça depuis des années, franchement, encore une fois... De plus, M.
le député de Frontenac nous donne la paternité de
l'ensemble des lois. Je lui ferai remarquer que la Loi sur les
règlements est une loi nouvelle. Mais de l'ensemble des expressions
utilisées dans ce Parlement... Comme le dit le député de
Saint-Jacques, c'est vrai qu'on a la paternité d'un grand bloc de
l'histoire du Québec. Et, d'ailleurs, on voudrait bien avoir la
paternité, aussi, d'une partie de l'avenir, mais franchement, à
ce niveau-là, le livre de l'histoire le contredit, nous ne sommes pas
le
père de tout ce qui a été fait dans ce Parlement.
Cela a été fait par des gens comme vous et moi qui ont
été élus, mais depuis déjà plus de
cent-trente ans. Dans ce sens-là, de mon côté
également, je félicite le ministre de la Justice pour son
ouverture d'esprit et je souhaite qu'elle suinte de tous les
côtés, à sa droite et à sa gauche, à sa
droite en particulier pour rejoindre le député de Frontenac,
parce que je sais que les fonctionnaires qui sont assis à sa gauche et
M. le Président...
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Frontenac.
M. Filion: Notre séance est très sensible à
cet aspect, à cette préoccupation du ministre de la Justice qui
est une préoccupation véritable de l'Opposition.
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Frontenac a demandé la parole.
M. Lefebvre: M. le Président, c'est du verbiage inutile:
finalement, on s'entend. Ce que je dis, c'est que l'Opposition n'a pas le
monopole du bon parler français, ni non plus de la bonne écriture
française. On a l'occasion, à l'intérieur de cette
commission, de corriger des entorses à la langue française qui
ont peut-être été commencées avant 1976 mais
perpétuées de 1976 à 1985 et les suggestions du
député de Saint-Jacques, si elles sont bonnes, se retrouveront
dans un texte corrigé. C'est ce qu'on dit finalement.
M. Marx: Juste pour appuyer ce que le député a dit,
ce sont les mêmes légistes d'un gouvernement à l'autre.
M. Boulerice: Si je comprends bien, les gouvernants changent, les
légistes demeurent; je vais m'orienter...
M. Marx: Les bons demeurent et les bons sont ici aujourd'hui.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le ministre, j'aimerais vous poser une question:
Est-ce que vous pouvez m'indiquer si oui ou non votre bureau, et quand
j'entends votre bureau je parle de votre cabinet et de vos sous-ministres, a
reçu de la part d'avocats et de juristes des remarques écrites ou
verbales quant à la rédaction de cette loi?
M. Marx: Non. Rarement. Sur la rédaction, cela veut dire
sur le langage?
M. Boulerice: Sur le langage.
M. Marx: Sur la forme c'est rare qu'on reçoive des
commentaires, c'est très rare, je n'ai jamais vu de commentaires; mais
pour l'information du député je vais lui envoyer l'introduction
que j'ai faite dans le livre "Les grands...
M. Boulerice: Les grands esprits.
M. Marx: ...arrêts de la jurisprudence constitutionnelle au
Canada" et où il va voir tous les problèmes que j'ai eus avec les
traductions, les mots et les problèmes en matière de droit
constitutionnel. Je vais lui envoyer un autre texte que je pense avoir d'un
grand auteur français sur la rédaction juridique. C'est un sujet
très intéressant. J'ai passé des nuits à traduire
un mot ou deux pour avoir la portée exacte d'un mot. Voilà!
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'on peut procéder
à l'adoption du sous-paragraphe 2° de l'article 12?
Adopté?
Une voix: Oui.
M. Filion: Avant de passer à l'adoption de l'article 12,
qui doit se lire avec 13...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. Filion: Non. Je pense que vous avez inscrit certaines balises
à l'article 12 par le biais de l'article 13, à savoir que le
motif justifiant l'absence de publication ou un délai plus court de
publication doit être prépublié avec le projet de
règlement...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...c'est le contenu de l'article 13. Maintenant, quand
on parle de motifs, on ne parle évidemment pas du contenu du motif, mais
uniquement de l'énoncé du motif. À ce moment-là,
par exemple, si le sous-paragraphe 1 de l'article 12 s'applique, est-ce que je
dois comprendre que le projet de règlement qui sera
prépublié... C'est-à-dire qu'il ne sera pas
prépublié, c'est là qu'est le problème. Supposons
qu'il y a absence de publication, comment peut-on dire que le motif justifiant
son absence de publication doit être publié avec le
règlement? Ah! avec le règlement. D'accord, je comprends.
À ce moment-là, ce qui sera avec le règlement, sera
uniquement: II n'y a pas eu de prépublication du présent
règlement étant donné que... Bon. Qu'est-ce qui sera
écrit? Ce sera uniquement étant donné que la situation
était urgente?
M. Marx: C'est cela. J'ai déjà eu des discussions
avec certaines personnes qui n'étaient pas tout à fait d'accord
avec la prépublication. Il y a des gens qui n'étaient
pas d'accord avec la prépublication à qui j'ai dit qu'il y
avait toujours possibilité de ne pas prépublier si c'est un cas
d'urgence. Il s'agit juste de dire pourquoi c'est urgent. Ils ont trouvé
que c'était une obligation assez lourde. Le ministre qui ferait cela
deux ou trois fois serait critiqué sévèrement. Je pense
que la sanction ici est vraiment la sanction politique. C'est la critique. Il
faut faire cela quand c'est urgent. Si on fait cela quand ce n'est pas urgent,
il va y avoir des problèmes. Il ne faut pas exagérer. La
prépublication est la règle et il y a des exceptions qu'on ne
peut pas prévoir, même à ce moment-ci. Comprenez que cela
change toute la façon d'adopter des règlements au niveau
gouvernemental et il y a des gens qui y voient certaines difficultés
parce qu'ils sont habitués qu'un règlement soit adopté,
qu'il entre en vigueur deux jours plus tard et c'est fini. Maintenant, il va y
avoir pré-publication; après cela, publication, et ainsi de
suite.
M. Filion: Oui. Est-ce que le ministre a songé à
faire en sorte que la mention permettant la "dérogation" - entre
guillemets - contienne non pas l'énoncé du motif, mais le contenu
du motif? Comme vous l'avez dit tantôt en nous donnant des exemples, dans
un cas de sinistre ou un cas de transport, en deux mots, que le
règlement qui n'aurait pas été publié contienne la
mention non pas uniquement de l'énoncé du motif, qui est celui
prévu par les deux sous-paragraphes de l'article 12, mais le contenu
proprement dit du motif? Est-ce que le ministre croit que ce serait trop lourd?
Est-ce que cela ne rejoindrait pas un peu plus sa préoccupation?
M. Marx: Oui. Il me semble que, normalement, le ministre qui ne
voudrait pas prépublier un règlement, le cas
échéant, dirait: Pour tel et tel motif, parce qu'il faut que cela
entre en vigueur dans dix jours, parce que si cela n'entre pas en vigueur dans
dix jours, un certain nombre de personnes seront lésées. Cela
peut arriver qu'on veuille donner une augmentation de prestations à un
certain groupe de personnes; mais s'il y a la prépublication et ainsi de
suite, si cela ne va pas rétroagir, il peut y avoir des problèmes
semblables. Je vois qu'on pourrait faire cela pour favoriser probablement un
certain nombre de personnes, et non pour leur nuire.
M. Filion: Par contre, l'article 13, tel que
rédigé, ne veut pas dire cela, je pense. L'article 13, tel que
rédigé, veut uniquement dire que, pour se soustraire à
l'obligation de publication, on pourrait strictement dire: La situation
était urgente point.
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: Mais ce que le ministre nous dit va un peu plus loin.
Il dit: À ce moment-là, le règlement contiendrait la
mention: La situation était urgente parce que, ou... Mais le motif
lui-même, je ne suis pas sûr que...
M. Marx: Non, parce que dans... M. Filion: ...tel que
rédigé...
M. Marx: ...la loi, on donne le minimum. C'est une exigence
minimale. Mais il ne faut pas oublier que dans un règlement, il y a des
considérants. On nous explique pourquoi on adopte le règlement en
question, en vertu de quelles lois et ainsi de suite. Ici, il y a un minimum.
Vous comprendrez que le ministre qui ne donnerait pas des explications serait
critiqué, le cas échéant. Chacun est responsable des
règlements qu'il veut faire adopter.
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: Si je comprends les remarques du
député de Taillon, il est d'accord, évidemment, avec le
principe. M. le député, êtes-vous d'accord"?
Le Président (M. Kehoe): J'apprends qu'il y a vote
à la Chambre à 12 h 15.
M. Lefebvre: M. le Président, je voudrais savoir si,
finalement, le député de Taillon est d'accord avec le principe
énoncé à l'article 13, à savoir que le motif
justifiant le délai de publication plus court ou justifiant l'absence
pure et simple d'une telle publication doit apparaître dans le
règlement. Êtes-vous d'accord avec le principe? La discussion que
vous soulevez porte sur la forme, le contenu ou la teneur du texte relativement
au motif...
M. Filion: C'est en plein cela.
M. Lefebvre: Vous parlez de l'énoncé ou vous
parlez...
M. Filion: Oui, c'est cela.
M. Lefebvre: ...du contenu? Quelle distinction faites-vous entre
l'énoncé et le contenu?
M. Filion: IIy en a une grosse. Ce qui m'inquiète,
c'est qu'avec "l'urgence", on crée un régime d'exception.
M. Lefebvre: C'est cela.
M. Filion: ...important...
M- Lefebvre: Oui.
M. Filion: ...qui n'existait pas avant.
C'était le début de mon intervention. Dans les
dispositions où il y a prépublication actuellement, il n'y a pas
de régime d'exception dans, probablement, la totalité des cas.
Là, on crée un régime d'exception par cette loi, par
l'article 12. Ne parlons pas du sous-paragraphe 2 qui a reçu - je dois
le souligner au ministre - un amendement qui est tout à fait conforme
à ce que je pensais. Mais, quant au sous-paragraphe 1 qui dit: Lorsque
l'urgence de la situation l'impose, on peut raccourcir le délai ou on
peut carrément se soustraire à l'obligation, on ouvre une porte.
Ce que j'aimerais, ce qu'on aimerait de ce côté-ci, c'est que
cette porte soit un peu balisée. Le ministre nous apporte une bonne
réponse, je dois le dire: c'est qu'il y a un poids politique qui sera
rattaché au fait de se servir du régime d'exception.
Malgré cela, je suggère que ce soit, non pas uniquement
l'énoncé du motif, à savoir, le présent
règlement n'a pas été soumis à la
prépublication d'un projet de règlement, évidemment, parce
que la situation était urgente, mais j'aimerais qu'on dise pourquoi. (12
heures)
M. Marx: Est-ce que vous voulez que la responsabilité soit
administrative ou politique parce qu'ici, il y a une responsabilité
administrative qui est minimale, si vous voulez, mais il y a aussi une
responsabilité politique qui est lourde? Quand vous avez dit qu'il faut
vraiment que ce soit l'exception et non pas la règle, tout ministre,
avant d'y recourir, doit se poser la question à savoir si cela sera
adopté au Conseil des ministres. Ce n'est pas sûr que le Conseil
des ministres serait d'accord chaque fois qu'on invoquera une urgence. Le
Conseil des ministres va sûrement demander que le ministre fournisse des
explications et que ces explications se retrouvent dans l'annexe au
règlement. La responsabilité première, je suis d'accord,
est politique. Vous comprendrez que les exigences politiques sont souvent plus
importantes que les exigences administratives.
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Frontenac.
M, Lefebvre: M. le Président, je pense qu'on doit ramener
l'article 13 aux considérations suivantes. II s'agira, à chaque
occasion, d'un cas d'espèce. M. le député de Taillon, s'il
vous plaît!
M. Filion: Ce ne sera pas long.
M. Lefebvre: D'accord.
M. Marx: L'article 13 est-il adopté"?
Le Président (M. Kehoe): L'intervention du
député de Frontenac n'est pas finie.
M. Lefebvre: J'aimerais terminer, M. le ministre. Il s'agira d'un
cas d'espèce pour chaque exception et non seulement, selon l'article 13,
une observance ou un motif insuffisamment expliqué lors de la
publication sera soumis à la sanction politique et administrative, mais
il y aura également une sanction judiciaire. L'article 25 prévoit
que le défaut de respecter l'article 13 rend invalide le
règlement. Si les tribunaux, par hypothèse, concluaient que le
motif n'est pas explicité ou est mal explicité ou insuffisamment
explicité, on pourrait invalider le règlement. C'est un cas
d'espèce. Les tribunaux pourront sanctionner dans un cas semblable.
M. Filion: Je ne pense pas que les légistes partagent
votre avis, M. le député de Frontenac. Quand l'article 13
emploie: le motif justifiant doit être publié, on ne dit pas la
nature du motif. Par ailleurs, à l'article 12, on emploie l'expression
"que l'un des motifs suivants le justifient". On considère donc que les
simples mots: "l'urgence de la situation l'impose", c'est un motif. Encore une
fois, vous voulez laisser aux tribunaux l'interprétation de la
portée ou de l'extension de l'obligation qu'on a à l'article 13.
Je ne pense pas que cela revienne aux tribunaux.
M. Lefebvre: C'est d'autant plus vrai qu'on est, comme vous
l'avez soulevé tout à l'heure, et vous avez raison, en
matière d'exception. Les tribunaux sont encore et d'autant plus
sévères, qu'on est en matière d'exception. Si le tribunal
de juridiction pénale, par hypothèse, avait à
évaluer le motif apparaissant dans le règlement, il
déciderait s'il y a d'abord eu respect du paragraphe 13 de la loi, s'il
y a eu un motif justifiant un délai plus court ou l'absence d'une telle
publication. L'évaluation du motif: c'est l'absence totale du motif qui
n'apparaît pas dans le règlement ou un motif qui n'est pas
suffisamment explicité.
M. Filion: Dans l'esprit du député de Frontenac, la
publication prévue à l'article 13 doit contenir un motif
suffisamment explicite!
M. Marx: Oui.
M. Filion: II doit aller au-delà de: "l'urgence de la
situation l'impose".
M. Marx: Non. Ce que je vous dis, M. le député de
Taillon, c'est qu'on parle de cas d'espèce. Par hypothèse, il
pourrait appartenir aux tribunaux d'évaluer si l'article 13 a
été respecté dans son esprit et dans sa lettre.
M. Filion: Je ne pense pas que cela
soit une bonne chose de laisser à l'interprétation
judiciaire la portée du régime d'exceptions...
M. Lefebvre: Les tribunaux sont là pour cela.
M. Filion: ...sous-entendu aux articles 12 et 15. Non, les
tribunaux ne sont pas là pour cela. Les tribunaux sont là pour
trancher dans les cas où il y a besoin de trancher. Il y a suffisamment
de travail dans les tribunaux - on se le fait d'ailleurs rappeler de toutes
sortes de façons - sans créer d'autres problèmes. Si nous
sommes capables de faire des lois claires, je pense bien que le ministre de la
Justice va être d'accord, faisons des lois claires.
M. Marx: Une fois qu'on les a adoptées, c'est les
tribunaux qui les interprètent.
M. Filion: Oui. Une fois qu'elles sont adoptées, c'est aux
tribunaux de trancher. Mais on ne les a pas encore adoptées. Je ne vois
pas pourquoi on laisserait aux tribunaux, le soin d'éclaircir. D'abord,
est-ce que je peux obtenir du ministre de la Justice une réponse claire
quant à savoir si le député de Frontenac a raison ou si
c'est plutôt mon opinion qui prévaut dans son esprit, en ce sens
que, tels que rédigés, les articles 12 et 13 feraient en sorte
que la simple mention que l'urgence de la situation l'imposant il n'y a pas eu
de prépublication, c'est suffisant?
M. Marx: Votre opinion n'est pas sûre à 100 %. Je ne
veux pas donner des interprétations d'un projet de loi avant qu'il soit
adopté. Vous comprenez.
M. Filion: On est en train de...
M. Marx: Quelqu'un va plaider une cause devant les tribunaux et
il va dire: Le ministre de la Justice a dit telle et telle chose; donc, vous
devez décider. L'intention du législateur, ce n'est pas seulement
le ministre de la Justice, mais c'est surtout le ministre de la Justice.
M. Filion: Oui, mais quelle est l'intention du ministre?
M. Marx: Cela veut dire...
M. Filion: Est-ce que son intention...
M. Marx: ...qu'on donne...
M. Filion: ...c'est uniquement l'énoncé du motif ou
si c'est le contenu?
M. Marx: ...une discrétion. Il faut que la
discrétion soit exercée de façon raisonnable. Il y a un
contrôle judiciaire à l'article 25. On va laisser les tribunaux
exercer leur pouvoir.
M. Filion: Ma question, c'est: Quelle est l'intention du
ministre?
M- Marx: L'intention du ministre est exprimée dans...
L'intention du ministre, du gouvernement, dirais-je, est toujours
exprimée dans les articles.
M. Filion: Laissez-moi finir ma question. Je pense que c'est
important.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Quelle est l'intention du ministre? Est-ce que
l'intention du ministre est de faire en sorte que le simple
énoncé de la mention, au sous-paragraphe 1 de l'article 12, soit
conforme à l'article 13 ou si c'est le contenu du motif qui est conforme
à l'article 13?
M. Marx: Je pense que ce serait souhaitable, au lieu de dire que
c'est un cas d'urgence, qu'on dise que c'est un cas d'urgence parce que...
M. Filion: Ce à quoi je vous réponds, M. le
ministre, si c'est cela que vous souhaitez, qu'il me semble que, tel que
rédigé, ce n'est pas ce que cela dit.
M. Marx: Pardon?
M. Filion: 5i c'est votre intention, il faudrait que ce soit
explicite. À ce moment-là, il m'apparaît qu'à
l'article 13... Je ne sais pas si vos légistes sont de mon avis, mais la
loi, telle que rédigée, ne correspond pas à votre
intention.
M. Marx: Le 13, c'est le minimum. Si un ministre veut donner plus
d'explications, s'il veut attacher un avis de cinq pages à son
règlement, cela va.
Le Président (M. Kehoe): Avant de suspendre la
séance de la commission, est-ce qu'on peut procéder à
l'adoption de l'article 12, tel qu'amendé? On ne l'a pas adapté
encore.
M. Filion: Je veux avoir un dernier...
Le Président (M. Kehoe): II faut suspendre pour aller
voter à l'Assemblée nationale.
M. Filion: Alors, suspendons.
Le Président (M. Kehoe): La séance est
suspendue.
(Suspension de la séance à 12 h 8)
(Reprise à 12 h 32)
Le Président (M. Kehoe): Nous allons continuer
l'étude article par article du projet de loi 12, Loi sur les
règlements. On était rendu à l'article 12. Y a-t-il
d'autres interventions avant l'adoption de l'article 12 tel
qu'amendé?
M. le député de Taillon.
M. Filion: D'abord, avant de l'oublier, je voudrais
reconnaître au ministre le bien-fondé de son amendement. Je pense
que je l'ai fait tantôt. Vraiment, le projet de loi original
soulevait...
M. Boulerice: ...évitait une faute en plus.
M. Filion: Ah bon, il évitait une faute en plus, mais,
au-delà des questions de forme soulevées au niveau du fond, M. le
ministre, et d'un tas de problèmes, c'en était un peu laid, je
suis heureux que cela vous ait frappé lors de mon discours de
deuxième lecture.
Maintenant, en ce qui concerne le régime d'exception... L'autre
chose, en ce qui concerne le motif, juste pour terminer là-dessus, aux
articles 12 et 13, le motif, encore une fois, je trouve insatisfaisante la
réponse du ministre. Je pense qu'on va laisser une interprétation
judiciaire venir prendre le dessus sur l'intention du législateur, non
pas que ce ne soit pas correct, mais on a une chance de le clarifier, la loi
n'est pas encore adoptée. À mon sens, on devrait clarifier le
motif. Quelle est la nature du motif qui doit être publié avec le
règlement, soit pour en raccourcir la prépublication dans le cas
du projet de règlement, soit pour faire disparaître la
prépublication dans le cas d'un règlement? Or, c'est une
espèce d'attitude, à mon sens, M. le ministre, de laxisme ou de
laisser-faire que l'on retrouve aussi sur des choses aussi importantes que la
loi 101 que, cela dit très modestement, mais toujours amicalement, je
trouve inacceptable de la part du ministre. On a une chance, on est en train
d'adopter le projet de loi. Alors, pourquoi ne pas clarifier les choses,
pourquoi ne pas adopter des attitudes claires, pourquoi ne pas faire le point,
énoncer clairement ce que l'on veut dire et ce que l'on veut faire?
Encore une fois, comme la loi 101, et je pense que le ministre de la Justice,
jurisconsulte du gouvernement, a l'obligation de mettre les points sur les "i".
Dans ce cas-ci, on n'en a pas de points sur les "i", comme dans le cas, je l'ai
dit, d'autres lois également; mais ce n'est qu'un commentaire.
Maintenant, j'attire l'attention du ministre sur le régime
d'exception. Je rappellerai au ministre que la commission -je vais attendre
qu'il m'écoute, par exemple...
M. Marx: M. le Président, étant donné que
c'est moi qui serai responsable de l'administration de cette loi, qui vais...
Est-ce que ce sera le ministre de la Justice qui décidera si le motif
qu'on donne est assez... Qui vérifiera tout cela?
M. Filion: On a juste à l'écrire. Si vous voulez
que ce soit uniquement l'énoncé du motif, vous n'avez qu'à
amender l'article 13. Au lieu que cela se lise: "le motif", cela se lirait:
"l'énoncé du motif". Ma suggestion serait plutôt d'amender
l'article 13 pour dire: le contenu du motif justifiant un délai de
publication plus court doit être publié.
M. Marx: Un motif doit avoir un contenu.
M. Filion: Oui, mais vous employez le mot "motif" pour
désigner deux sortes de motifs, soit l'urgence de la situation, soit,
avec l'amendement, lorsqu'il s'agit de normes de nature fiscale. Comme le mot
est employé dans l'article 12 et explicité dans l'article 12 sous
les deux formes dont je veux parler, à ce moment-là,
l'interprétation de l'article 13, à mon sens, ne peut aller que
dans le sens de l'article 12 et un simple énoncé suffirait. Or,
si on veut...
M. Marx: Un motif...
M. Filion: Comme le député de Frontenac le disait,
si on veut aller plus loin, à ce moment-là, il faudrait dire: Le
contenu du motif. Peut-être que le mot n'est pas tout à fait bien
choisi. Je suis sûr que le député de Saint-Jacques peut
venir à notre rescousse. À ce moment-là, ce serait le
contenu du motif... Pas la raison du motif, mais... Comment?
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Frontenac a indiqué son intention de faire une intervention.
M. Lefebvre: M. le Président, je pense que les remarques
du député de Taillon, finalement, n'ajoutent rien au
débat. L'article 13, comme on l'a mentionné tout à
l'heure, est une exception au principe relativement à la publication du
règlement ou, à tout le moins, quant au délai de
publication. Ce que l'article dit, c'est que, dans certaines circonstances, on
pourra soit publier dans un délai plus court ou ne pas publier du tout,
circonstances qui devront être mentionnées dans le
règlement. Qu'on parle de contenu ou qu'on parle - je ne sais pas quelle
autre expression vous avez utilisée, M. le député de
Taillon - d'énoncé ou de contenu, il s'agit de mentionner le
motif pour lequel on fait une exception au principe. On ne peut demander plus
au législateur. Comme je l'ai également
mentionné tout à l'heure, l'article 25 prévoit une
sanction à un manquement à l'article 13, et le manquement
à l'article 13 peut être l'absence de motif, c'est-à-dire
l'absence de mention d'un motif, pour qu'il y ait exception au principe, ou
encore un motif qui ne serait pas suffisamment explicité ou
énoncé. Ce sont les tribunaux qui décideront. On ne peut
pas aller plus loin que de dire: On va donner un motif à l'exception. On
s'engage a le faire en vertu de l'article 13.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre...
M. Marx: Je pense que...
Le Président (M. Kehoe): ...avez-vous d'autres
interventions?
M. Marx: Je suis d'accord avec ce que le député de
Frontenac a conclu. Je pense que nous sommes prêts à adopter le
texte tel quel parce qu'on n'a pas l'intention de modifier l'article 13
à ce moment-ci. Je comprends ce que le député de Taillon
demande, mais je pense que, lorsqu'on parle de motif, c'est assez. On ne peut
pas préciser davantage dans une loi parce que cela pourrait...
Une voix: Pas préciser...
M. Lefebvre: Ce sont des cas d'espèce.
M. Marx: On ne peut pas demander combien de paragraphes, combien
de lignes. Il y a sanction politique, le cas échéant. Il y a une
sanction judiciaire, le cas échéant, et aussi des sanctions
politiques. Un ministre, un organisme qui exagère va payer le prix.
M. Filion: Oui, mais c'est...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 12 tel
qu'amendé est adopté?
M. Filion: Non, je pense que cela serait simple...
M. Marx: Sur division?
M. Filion: Non. Je pense que ce serait simple, M. le ministre, si
on disait "la nature". "Le contenu", ce n'est pas correct. Ce serait: La nature
du motif justifiant un délai de publication plus court doit être
publiée avec le projet de règlement et celle justifiant l'absence
d'une telle publication doit être publiée avec le
règlement. C'est ce que je veux dire, en tout cas.
Je veux bien que vous soyez d'accord ou non, mais disons, pour rendre ma
pensée précise, que ce serait "la nature" du...
M. Marx: Si on laisse cela tel quel, "le motif" rend votre
pensée encore plus précise, car cela peut être la nature,
le contenu ou autre chose.
M. Filion: Non, c'est ce qui est le problème. C'est
à cause de...
M. Marx: Le motif comprend la nature, le contenu, le cas
échéant...
M. Lefebvre: C'est le plus qui contient le moins.
M. Marx: C'est cela. Mais, on ne peut pas...
M. Filion: Pas àcause de l'article 12 et de sa
rédaction, M. le ministre. On emploie le mot "motif". Regardez, on dit
à la fin de l'article 12: "ou l'un des motifs suivants le justifie".
Donc, pour le législateur, chacun des sous-paragraphes 1 et 2 constitue
en soi un motif, sans qu'il soit nécessaire d'aller plus loin. Donc, si
on veut rendre la pensée exacte du député de Frontenac et
la mienne, on devrait dire: la nature du motif justifiant un délai de
publication.
M. Marx: M. le Président, je souhaite conserver l'article
13 tel quel: "Le motif..." Si on met "la nature du motif", il sera alors
nécessaire d'expliciter la nature de l'urgence de la situation et ainsi
de suite. Nous sommes plutôt en faveur de la rédaction telle
qu'elle est prévue à l'article 13. Je sais que c'est un minimum,
d'accord, mais la sanction politique est très importante et il ne faut
pas oublier qu'il y a également l'article 25.
Je pense qu'on innove beaucoup dans ce projet de loi, mais on aimerait
innover de façon responsable et ne pas faire des modifications dont on
n'est ni sûr ni certain des effets.
Le Président (M. Kehoe): Donc, la position du ministre est
très claire. Est-ce qu'on peut procéder à l'adoption de
l'article 12 tel qu'amendé?
M. Filion: M. le Président, une dernière fois, on
ne s'étendra pas là-dessus, mais je pense qu'on est en train
d'adopter une loi qui va devenir problématique.
M. Marx: On vous a donné raison sur...
M. Filion: Si le ministre nous dit: Non, ce n'est pas
problématique. D'accord, mais, encore une fois, ouvrir la porte à
des contestations judiciaires, je ne pense pas que ce soit... On doit veiller,
au contraire, à ce que nos lois soient le plus claires possible. En tout
cas, c'est comme cela que je vois mon rôle, pour que les gens
puissent
comprendre et pour que ceux qui sont obligés de s'y conformer
sachent à quoi ils sont obligés de se conformer.
Dans ce cas-ci, je vois déjà un organisme, lorsqu'il lira
cela, qui dira que c'est le motif, le contenu du motif ou uniquement
l'énoncé du motif, peu importe. Mais, encore une fois, je ne veux
pas en faire un plat. Alors, adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Si je comprends bien, l'article
12 tel qu'amendé est adopté.
M. Filion: Adopté sur division.
Le Président (M. Kehoe): Sur division?
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M. Kehoe):Et l'article 13?
M, Filion: En ce qui concerne l'article 13, juste une remarque
à l'endroit du ministre. Donc, il y aura un régime d'exceptions
qui aura cours. Il y aura des exceptions au cours de l'année. Est-ce que
le ministre...
M. Marx: Peut-être.
M. Filion: Non, mais peut-être.
M. Marx: On ne le souhaite pas.
M. Filion: D'accord. Il va y en avoir par la force des choses, je
le pense bien» avec le paquet de règlements qu'on a.
M. Marx: II va y en avoir moins.
M. Filion: Est-ce que le ministre a été mis au
courant du rapport Vaugeois-French?
M. Marx: Oui. M. Filion: Sur...
M. Marx: Oui, oui, sur la réglementation...
M. Filion: ...le régime d'exceptions?
M. Marx: Oui, on a suivi le rapport dans plusieurs dispositions
du projet de loi, mais pas dans toutes les dispositions. C'était, quand
même, un rapport... (12 h 45)
M. Filion: Est-ce que le ministre avait été mis au
courant du rapport Vaugeois-French en ce qui concerne la publication des
exceptions?
M. Marx: Oui, je suis au courant.
M. Filion: Mais êtes-vous d'accord?
M. Marx: Non, je suis au courant de ce qu'on a proposé
dans le rapport Vaugeois-French. Ensuite, qu'est-ce que voulez que je dise?
M. Filion: Ce que vous venez de dire, je veux savoir si vous
êtes d'accord.
M. Marx: Je ne suis pas d'accord, je suis au courant. J'ai pris
mes responsabilités et je propose l'article 13.
M. Filion: Pourquoi n'êtes-vous pas d'accord?
M. Marx: IIy a beaucoup de rapports sur beaucoup de
questions et, à un moment donné, il faut que je décide ce
qu'on va mettre dans le projet de loi. Or, j'ai décidé de mettre
l'article 13 tel quel. Cela a été approuvé par le Conseil
des ministres.
M. Filion: Pourquoi ne pas permettre, pour toutes les raisons qui
sont mentionnées au rapport Vaugeois-French - je ne sais pas si vous
voulez que je passe à travers toutes les raisons - une publication du
rapport contenant les exceptions au régime que vous faites. Encore une
fois, c'est vous qui passez la loi, ces règlements, c'est vous qui
codifiez des pratiques administratives. Alors tant qu'à le faire,
faisons-le comme il faut.
M. Marx: Oui, parce qu'on a décidé de
procéder de cette façon. Le député ne m'a pas
donné de raison. Qu'est-ce que le député propose?
M. Filion: Qu'un rapport faisant état des exceptions soit
publié. On ne vous demande pas de publier.
M. Boulerice: Une fois l'année.
M. Filion: On vous demande de déposer.
M. Lefebvre: Annuellement.
M. Filion: À chaque année. Faire une espèce
de rapport des exceptions, parce que nous ne les voyons pas toutes, nous autres
d'ailleurs comme parlementaires. On ne les verra pas toutes. Alors, de publier
une fois l'an; tout simplement, faire état des exceptions qui ont eu
cours durant l'année.
M. Marx: Je peux demander aux fonctionnaires de mon
ministère de faire une polycopie, a la fin de chaque année, avec
toutes les exceptions. Je ne pense pas qu'il sera difficile de le faire.
M. Lefebvre: Vous allez être obligé d'engager du
personnel.
M. Marx: Quelqu'un va le faire le samedi pour le
député de Taillon.
M. Lefebvre: C'est votre objectif de réduire le
chômage.
M. Marx: On va faire cela. Je n'ai pas d'objection parce que je
pense que cela serait utile pour tout le monde d'avoir une liste des
exceptions. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Filion: Non.
M. Marx: Je ne vais pas mettre une telle obligation dans la loi,
je vous dis que je vais le faire.
M. Lefebvre: Mais, vous dites que vous voulez le faire.
M. Marx: C'est de la pure administration.
M. Filion: Tout votre projet de loi, c'est de l'administration
que vous légalisez.
M. Marx: Non, parce qu'on donne un contrôle judiciaire.
M. Filion: Une bonne partie du projet de loi.
M. Marx: Non, il n'est pas question de mettre cela dans le projet
de loi. Je m'engage à préparer un tel rapport et si ce n'est pas
préparé, le président de cette commission nous demandera
une copie de ce rapport. Il n'y a aucun problème. Cela va prendre quinze
minutes à une secrétaire pour préparer cela à la
fin de l'année.
M. Boulerice: Cela prend cinq secondes pour l'inclure dans la
loi.
M. Marx: Non, on ne va pas mettre cela. Je m'excuse, dans la loi,
on ne peut pas mettre une telle obligation administrative.
M. Filion: Oui, on peut le faire; on le fait souvent, M. le
ministre.
M. Marx: M. le Président, il ne faut pas parler juste pour
parler. Effectivement, dans chaque règlement où on utilise la
clause d'exception cela sera précisé. Les députés
ont des secrétaires aussi. Ils peuvent vérifier combien de fois
on a utilisé cela. On ne va pas se lier dans la loi à produire un
rapport d'une page pour dire: dans tel et tel règlement...
M. Boulerice: Mon collègue avait quand même fait une
recommandation intéressante.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Oui, M. le député
de Taillon.
M. Filion: Toute la partie du rapport Vaugeois-French qui
traitait de la question de la réglementation, comme d'ailleurs toute la
partie du discours que véhiculait le ministre de la Justice avant qu'il
ne soit ministre de la Justice, pendant la campagne électorale et
pendant qu'il était critique de l'Opposition, tout le discours du
ministre, depuis qu'il a déposé le projet de loi et autour de ce
projet de loi, vise justement à faire croire aux gens qu'on cherche
à mieux contrôler notre réglementation. Mais, au contraire,
M. le Président, on se rend compte aujourd'hui que le ministre de la
Justice qui refuse d'inclure, dans son projet de loi, une simple disposition
permettant la publication des exceptions au régime normal, ne veut pas
aller au bout de sa pensée.
M. Marx: Ce sera publié.
M. Filion: Le ministre ne donne même pas...
M. Marx: Non!
M. Filion: Voulez-vous me laisser terminer? Ne donne même
pas au pouvoir auquel il veut le donner, c'est-à-dire au pouvoir
législatif, un certain contrôle sur les règlements. Bien au
contraire, M. le Président. On le voit encore une fois. On adopte une
loi qui prend un régime administratif, qui le codifie et en fait une
loi, mais en réalité on n'avance pas du tout en ce qui concerne
un meilleur contrôle de l'activité réglementaire ici. On en
a encore une fois la meilleure preuve.
Qu'est-ce que pourrait amener la publication? Qu'est-ce que cela
coûte au ministre, puisqu'il est prêt à faire la
publication? Cela va permettre une meilleure diffusion de l'information; comme
son collègue l'actuel ministre des Communications, M. French, le disait
d'ailleurs, comme le disait le rapport qui porte son nom et le nom de
l'ex-député de Trois-Rivières.
Même si on dépose à l'Assemblée nationale un
projet de loi sur les règlements, on s'attendrait qu'il y ait un peu de
viande autour de cet objectif fondamental qu'a maintes fois défendu le
ministre de la Justice. Je le sais. Je l'ai lu dans les journaux. J'ai lu son
rapport, en plus de cela, sur Justice an 2000. Je lui ai dit, la
dernière fois, que je ne citerais pas son rapport, parce que je ne
finirais plus de le citer. Mais d'un autre côté, il faudrait
quand
même qu'on se donne un peu les moyens d'une politique et, dans ce
cas-ci, on passe complètement à côté. Même
là, on refuse les plus simples éléments de moyens d'action
d'une politique. Je pense que non seulement on avance en ce qui concerne les
règlements, mais refuser un simple amendement comme cela
m'apparaît vraiment vouloir aller à l'encontre des discours du
ministre.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Marx: M. le Président, "le motif tel que prévu
à l'article 12 et tel que répété à l'article
13 sera publié avec le règlement, point. J'ai pris l'engagement
de rassembler tous les motifs de tous les règlements à la fin de
l'année, et s'il y a lieu je vais en envoyer une copie à cette
commission. Je vais faire la liste à la fin de l'année. Tout le
monde peut faire la liste. Tout ce que le député me demande,
c'est de faire la liste.
Une voix: C'est un geste administratif.
M. Marx: C'est un geste administratif. Je vais faire la liste,
s'il insiste et je vais envoyer la liste au président de cette
commission.
Le Président (M. Kehoe): Le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: Si on écoutait le député de
Taillon et si on incluait dans l'article 13 l'obligation de publier, cela
voudrait dire que l'article 25 viendrait sanctionner un geste de pure
administration. Si on voulait être conséquents à partir de
ce moment-là, il faudrait amender l'article 25 pour dire qu'il ne
sanctionne que la première partie de l'article 13.
M. Filion: M. le Président...
M. Lefebvre: C'est de l'administration pure et M. le ministre
s'engage à le faire, à poser un geste administratif. Il me
semble, M. le député de Taillon, que vous devriez être
satisfait de cet engagement du ministre. D'autant plus que nul n'est
censé ignorer la loi, encore moins les exceptions au principe. On
s'engage à publier le motif en vertu de l'article 13. La publication de
la série des exceptions devient de l'administration pure et M. le
ministre s'engage à le faire. Il me semble que vous devriez être
satisfait de cela.
M. Filion: M. le Président, on n'a pas encore
étudié l'article 25. C'est bien facile d'ajouter...
M. Lefebvre: C'est la sanction.
M. Filion: Oui, ce serait bien facile. Si c'est cela, M. le
député de Frontenac, qui vous empêche d'adhérer
à notre point de vue, au point de vue de l'Opposition, ce serait
très simple de faire en sorte que cette obligation de publier ne soit
pas une matière qui invalide un règlement. Ce serait d'ailleurs
à peu près inconcevable. Mais, quand même, ce serait
très facile de modifier l'article 25 et d'exclure cet amendement qu'on
pourrait apporter à l'article 13 ou dont on pourrait faire un article
13.2°, je ne sais pas trop. Ce n'est pas une affaire compliquée.
J'en suis au fond, finalement, de ces articles, j'en suis à ce qu'on
veut faire et où on s'en va. On nous demande d'étudier un projet
de loi. On connaît les intentions du ministre. Malheureusement, on ne les
retrouve pas. Certaines sont partagées et, entre autres, nous partageons
cet objectif de faire en sorte que notre réglementation soit mieux
connue, mieux diffusée, mieux contrôlée tant pour la
quantité que pour la qualité. C'est important pour notre
société. Cela n'a plus d'allure pour certains secteurs
d'activité, notamment dans la construction. Mais il y a bien d'autres
activités professionnelles où, en plus des lois, il y a tout un
paquet de règlements qu'ils ne connaissent pas.
Dans ce cas-ci, cela deviendrait quoi? C'est un régime
d'exceptions en plus de cela, donc qu'on doit chercher à restreindre le
plus possible. Or, pourquoi ne pas prendre ce régime d'exceptions et le
rendre public? J'ai pris note de l'engagement du ministre de le faire
administrativement parlant, mais s'il ne le fait pas et si d'ici deux, trois ou
cinq ans, il l'oublie... Nous, nous disparaîtrons avec le temps et lui
aussi va disparaître avec le temps comme ministre de la Justice, c'est
normal.
M. Marx: Bon, alors...
M. Filion: Là, nous pourrions, comme législateurs,
faire notre travail et faire en sorte que si, un jour, un ministre ou un
gouvernement avait l'intention de s'y soustraire, il faudrait qu'il vienne
amender cette loi qui... C'est la première loi. On n'est pas en train de
modifier 26 fois la même loi. C'est la première fois qu'on
légifère sur les règlements de cette
façon-là.
M. Lefebvre: II y a une question de principe dans tout ce
débat. Personnellement, faire de l'administration à
l'intérieur d'un texte de loi, cela m'agace. Le législateur n'est
pas là pour administrer. Il y a des fonctionnaires qui sont là
pour administrer. D'inclure des dispositions d'ordre purement administratif
dans un texte de loi qui vise à aérer un peu notre
législation québécoise, je trouve que c'est contradictoire
et paradoxal.
M. Filion: Je comprends le député. Cela fait
longtemps que je suis d'accord avec lui. Ce qui est administratif devrait le
rester.
M. Lefebvre: C'est cela.
M. Filion: On a assez de matières législatives.
M. Lefebvre: C'est cela.
M. Filion: Mais le problème, M. le député de
Frontenac, c'est que par ce projet de loi, on vient légiférer
précisément sur ce qui se passait déjà sur le plan
administratif. Quand on arrive à l'article 5 et qu'on détermine
les matières d'examen de l'actuel bureau des règlements,
qu'est-ce qu'on vient faire? Pourquoi l'article 5? Pourquoi l'article 4?
Pourquoi l'article 6? Pourquoi l'article 7?
M. Lefebvre: IIfaut être concordant.
M. Filion: Pour l'article 8, qui concerne la publication, cela se
faisait déjà dans certaines mesures. Mais là, on rend
cette publication obligatoire. II faut bien...
M. Lefebvre: M. le Président...
M. Filion: Les articles 4 à 7, ce sont des matières
qui sont carrément et purement administratives.
M. Lefebvre: Oui, mais il faut...
M. Filion: On n'aurait pas eu besoin de déposer un projet
de loi à l'Assemblée nationale. Il n'y a pas grand-chose de
modifié. Publication obligatoire, d'accord. Je ne suis pas sûr que
la publication obligatoire rejoint l'objectif. J'ai dit tantôt... Le
désaveu des règlements, on en reparlera. J'ai rarement vu...
M. Lefebvre: C'est cela. C'est là que sont...
M- Filion: ...une...
M. Lefebvre: ...les vrais débats.
M. Filion: ...coquille aussi vide que la section V...
M. Lefebvre: Attendez, on en reparlera.
M. Filion: ...du projet de loi 12. Franchement, c'est rare qu'on
va ouvrir un oeuf et qu'on va frapper le vide absolu comme dans les
dispositions 21 à 24, concernant le pouvoir de désaveu. Alors, je
prends note de l'engagement du ministre, mais nous déplorons qu'il ne
soit pas prêt à traduire cette préoccupation qu'il a
partagée pendant longtemps. Peut-être que le ministre de la
Justice va me forcer à sortir ce qu'il a écrit...
M. Marx: Ce serait bon.
M. Filion: Oui, mais on n'en finira plus.
M. Marx: Le député apprendrait beaucoup de
choses.
M. Filion: Oui, mais faites attention, M. le ministre. Je l'ai
lu. Je vous ai dit la dernière fois: Ce n'est pas mon intention de
passer quatre ans à vous rappeler ce que vous avez écrit avant,
mais si vous me forcez à le faire, je vous avertis, les commissions vont
être plus longues.
M. Lefebvre: Cela va raccourcir le débat.
M. Filion: Vous allez devoir...
M. Marx: Est-ce qu'il est possible d'avoir des commissions plus
longues?
M. Filion: C'est possible, mais le ministre va peut-être
trouver le temps plus long aussi parce qu'il...
M. Marx: Ah non! Le ministre est...
M. Filion: ...va être obligé d'expliquer les
contradictions entre ce qu'il a déjà écrit et ce qu'il
fait.
M. Marx: Le ministre est à la disposition de la commission
jour et nuit, sept jours par semaine.
M. Filion: Cela ne lui fait rien de se faire mettre en
contradiction avec tout ce qu'il a dit.
M. Marx: Je ne pense pas que vous allez trouver quelque part que
j'ai proposé qu'une liste des motifs soit publiée.
M. Filion: Non, mais je peux vous lire ce que vous avez
écrit sur l'ensemble de cela...
M. Marx: Oui, mais je pense que c'est...
M. Filion: ...et ça ne correspond pas du tout.
M. Marx: ...en conformité.
M. Filion: Le projet de loi ne correspond pas du tout à ce
que vous avez écrit.
M. Marx: Oui, mais il va y avoir d'autres projets de loi.
M- Filion: Oui, mais c'est le premier qu'on fait sur les
règlements.
M. Marx: On commence, un à la fois.
M. Filion: Êtes-vous en train de nous annoncer que vous
allez modifier ce projet de loi?
M. Marx: Je veux juste insister pour la dernière fois: les
motifs seront publiés avec le règlement dans la Gazette
officielle et ce sera à tout le monde d'en prendre note. Pour le
député de Taillon, le ministère de la Justice va
préparer une fois par année une liste...
M. Filion: Pas pour le député de Taillon, M. le
ministre de la Justice.
M. Marx: ...pour tout le monde...
M. Filion: Pas pour le député de Taillon.
M. Marx: ...qui, comme le député de Taillon,
aimerait avoir une telle liste.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, juste une
seconde, s'il vous plaît.
M. Filion: Pour tous les groupes aussi qui nous écrivent,
qui vous ont écrit, qui m'ont écrit et qui nous ont fait part de
leurs préoccupations en ce qui concerne le pouvoir
réglementaire.
M. Marx: Pas de problème.
M. Filion: Et ils sont nombreux.
M. Marx: Pas de problème, on va le faire.
Le Président (M. Kehoe): Sur ce, je note qu'il est
déjà 13 heures. À moins d'avoir un consentement unanime,
nous ajournerons.
M. Filion: On peut peut-être adopter...
M. Lefebvre: Est-ce qu'on peut proposer l'adoption de l'article
13, M, le Président?
Le Président (M. Kehoe): Avant d'ajourner, est-ce qu'on
peut proposer l'adoption de l'article 13?
M. Filion: Oui, en ce qui concerne l'article 13...
M. Marx: Avec les explications et des engagements...
M. Filion: Malheureusement, des engagements qui ne sont pas
traduits...
Une voix: Cela fera partie à nouveau...
Le Président (M. Kehoe): On ne recommencera pas le
débat, est-ce que...
M. Filion: Sur division, M. le Président. Et cela va nous
permettre de commencer notre prochaine séance avec l'article 14.
M. Marx: Peut-on adopter l'article 14 tout de suite?
M. Filion: L'article 14? Non, c'est trop long.
M. Marx: IIserait alors possible de commencer à la
section IV.
M. Filion: C'est trop long. Je vais vous poser une question et
vous allez pouvoir y réfléchir d'ailleurs.
M. Marx: Oui, posez-la.
Le Président (M. Kehoe): Sur cela, il est passé 13
heures. Il faudrait le consentement des deux côtés pour
poursuivre.
M. Marx: Peut-on permettre au député de poser sa
question?
Le Président (M. Kehoe): Posez votre question.
M. Filion: Comme il y en a plusieurs, M. le Président, on
va les réserver pour la prochaine séance de la commission.
Le Président (M. Kehoe): Je déclare la commission
ajournée sine die.
(Fin de la séance à 13 h 1)