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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il me fait plaisir de constater qu'il y a quorum.
Également, est-ce qu'on pourrait connaître les remplacements
à la commission de ce matin? Je remarque la présence du leader
parlementaire qui n'est pas membre de notre commission. Donc, il faudrait le
consentement, sauf erreur, des membres de la commission pour qu'il puisse
siéger au sujet du projet de loi 205. Je rappellerais le mandat de notre
commission qui est de procéder à la consultation et à
l'étude détaillée du projet de loi 205, Loi concernant la
commission scolaire de Outaouais-Hull.
Nous avons également pour un peu plus tard ce matin
l'étude des projets de loi 22 et 23. Est-ce que la secrétaire
pourrait annoncer les remplacements?
La Secrétaire: M. Johnson (Anjou) est remplacé par
M. Rochefort (Gouin) et M. Paré (Shefford) est remplacé par M.
Dufaur (Jonquière).
Projet de loi 205
Le Président (M. Filion): L'ordre du jour, je l'ai dit
tantôt, est mince quant à cette partie-là. Il s'agit du
projet de loi 205. En ce qui concerne la procédure à suivre pour
l'audition des requérants... Oui, M. le ministre de la Justice.
Remarques préliminaires M. Herbert Marx
M. Marx: M. le Président, j'aimerais présenter ce
projet de loi. C'est le projet de loi privé 205, loi concernant certains
lots du cadastre révisé de la cité de Hull (quartier no
4). Ce projet de loi vise à annuler certains vices de titres pouvant
affecter ces lots dont la commission scalaire de Outaouais-Hull est
propriétaire. Ces vices proviennent d'abord du fait que la commission
scolaire ne possède aucun titre enregistré sur ces lots compte
tenu de l'incendie du bureau d'enregistrement de Hull en 1900.
Ces vices peuvent venir de diverses causes, notamment du fait que
certaines transactions ont pu être conclues sur ces lots sans que tous
les consentements ou approbations requis n'aient été
donnés.
M. le Président, j'aimerais demander au parrain de ce projet de
loi, le député de Chapleau, de nous expliquer aussi la raison de
ce projet de loi et, ensuite, demander aux avocats de...
Le Président (M. Filion): C'est cela. Je
m'apprêtais, M. le ministre de la Justice, une fois les remarques
préliminaires de chacun terminées, à inviter les
requérants et intervenants à exprimer leurs points de vue. M. le
député de Chapleau.
M. John J. Kehoe
M. Kehoe: M. le Président, cela me fait un grand plaisir
de parrainer le projet que nous allons étudier ce matin. Le ministre de
la Justice vient de nous expliquer un peu le contenu du projet de loi en
question. Pour mot, c'est un plaisir de souhaiter la bienvenue aux
différents membres du conseil d'administration de la commission scolaire
de Outaouais-Hull et aux autres invités qui sont ici aujourd'hui. Je
sais que le projet de loi que nous avons devant nous ce matin n'est pas
controversé. Il n'y aura pas de fortes contestations, que ce soit par
l'Opposition ou par le parti ministériel. Je demande simplement que nous
écoutions les procureurs qui vont expliquer en détail les
différentes parties de cette loi. Merci.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui désireraient à ce stade-ci faire
certaines remarques préliminaires? À ce moment-ci, j'inviterais
les réquérants et intervenants, d'abord, à se
présenter.
M. Goldbloom (Michael): Je suis Michael Goldbloom. Je suis
accompagné, à ma droite, par Me David Cannon et par la
secrétaire générale de la commission scolaire de
Outaouais-Hull, Mme Louise Massé.
Le Président (M. Filion): Bonjour. Bienvenue à
cette séance de la commission des institutions chargée
d'étudier votre projet de loi, parrainé par le
député de Chapleau, mais vous concernant. Est-ce que, pour
l'information des membres de cette commission, vous pourriez nous faire part de
votre point de vue en ce qui concerne le projet de loi 205?
M. Michael Goldbloom
M. Goldbloom: Certainement, mais, avant de commencer, je voudrais
simplement rassurer tout le monde. Même si vous avez devant vous David
Cannon, qui est président du Voice of English Quebec, et moi-même,
président d'Alliance Québec, il n'y a aucune question
linguistique dans ce projet de loi. La seule question d'affichage, c'est que
nous sommes ici pour afficher notre intérêt pour ce projet de
loi.
Cela étant dit, comme l'indique le préambule du projet de
loi, la compagnie Micot Matrix Inc. a l'intention d'ériger une
bâtisse de plus de 150 000 000 $ dans la région de Hull. Une
construction ultra-moderne qui va comprendre un édifice à
bureaux, un centre d'expositions, un centre éducatif, un musée,
des espaces commerciaux, une tour à appartements et une tour
d'hôtel.
Naturellement, pour un investissement de cet ordre, l'acheteur veut
être certain que le titre qu'il reçoit est un titre clair et,
comme M. le ministre de la Justice l'a indiqué brièvement, dans
la situation qui nous préoccupe aujourd'hui, il y a eu un feu en 1900
qui a détruit le bureau d'enregistrement de Hull et, naturellement, tous
les documents y inclus ont été brûlés.
Comme la commission scolaire de Outaouais-Hull a acquis le terrain avant
cette date, il est impossible d'établir un titre clair pour ce terrain.
Le but de ce projet de toi est de confirmer un titre clair pour la commission
scolaire, ce qui va lui permettre en ce cas de vendre le terrain à Micot
Matrix Inc.
Il y a, en fait, deux éléments du projet de loi: clarifier
le titre en 1900 et aussi corriger quelques erreurs mineures de charges qui
sont enregistrées contre le terrain.
Vous avez devant vous le projet de loi 205, intitulé Loi
concernant la commission scolaire de Outaouais-Hull. Il y a eu, depuis
l'impression de ce projet de loi, des discussions avec les fonctionnaires du
ministère de la Justice et nous avons fait des amendements, pas de fond,
mais plutôt d'approche et de style, dans le texte de loi. Le but
essentiel, c'est que dans le projet initial beaucoup de problèmes de
titres étaient identifiés dans le préambule, mais dans les
dispositions, il y avait une seule clause claire sur la question du titre.
Suivant le conseil du ministère de la Justice, il était
préférable de traiter de certaines de ces questions dans les
dispositions de la loi.
Donc, c'est cela que nous avons fait et c'est cela que vous avez devant
vous. Je pense qu'à ce stade-ci ce serait mieux qu'on réponde aux
questions au lieu de faire l'étude article par article du projet de loi.
On est prêt à répondre à vos questions, s'il y en
a.
Période de questions
M. Marx: M, le Président, je comprends que les avocats
requérants ont discuté de cette question avec les légistes
de mon ministère. J'aimerais savoir s'il y a des opposants à ce
projet de loi ici aujourd'hui. Est-ce que tout le monde s'entend sur le projet
de loi? Il n'y en a pas. D'accord.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
Les opposants
M. Rochefort: Je voudrais compléter la question du
ministre de la Justice. Ce serait intéressant de savoir s'il y a des
opposants dans la salle. Ce serait peut-être intéressant de savoir
aussi si des opposants se sont manifestés soit dans les services de
votre ministère ou dans ceux de l'Assemblée en matière de
législation privée.
Une voix: C'est cela.
M. Rochefort: Est-ce qu'on a la réponse à cette
question?
Le Président (M. Filion): Non. Je pense que la
première partie de la question que je...
M. Rochefort: Tous les délais de publication ont
été respectés? Les procédures...
M. Marx: J'ai voulu rn'assurer qu'on a respecté tous les
délais et que les avis ont été publiés.
Le Président (M. Filion): II y a quand même une
partie de la question du député de Gouin, avec votre permission,
que j'aimerais reprendre. Me Goldbloom, Me Cannon, Mme...
Une voix: Massé.
Le Président (M. Filion): ...Massé, j'ai cru
comprendre que ce projet de loi n'était pas le fruit d'une inspiration
soudaine la semaine dernière; cela fait déjà un certain
temps, possiblement même plusieurs mois, peut-être peut-on
même parler en termes d'années. Également, je crois
comprendre, en ce qui concerne les deux procureurs qui sont ici et
sûrement Mme Massé, qu'il s'agissait d'une matière qui
était, si on veut, sur la table depuis déjà un certain
temps.
Est-ce qu'au cours de l'ensemble des démarches, depuis la
naissance du projet de loi privé ou de l'idée d'un projet de loi
privé, certaines personnes physiques ou morales se sont
manifestées d'une façon ou d'une autre à l'égard du
contenu du projet de lui ou à l'égard de l'un ou l'autre des
deux objectifs du projet de loi, c'est-à-dire la correction des
titres résultant d'un incendie du bureau d'enregistrement vers les
années 1900 et, d'autre part, ce que vous avez appelé la
correction de certains vices mineurs de titres depuis cette année?
M. Goldbloom: En réponse à votre question, on n'a
eu aucune réaction négative envers ce projet de loi. Devant
l'effort pour corriger ce titre, la commission scolaire, incluant le
comité de parents, était favorable au projet de loi et aux
procédures.
Il faut noter, M. le Président, que la commission scolaire, en
fait, détient ces terrains depuis presque 100 ans. Donc, c'est
plutôt une question technique de confirmer en loi ce que tout le monde
reconnaissait, à savoir que la commission scolaire détenait ces
terrains d'une façon très claire.
Le Président (M. Filion): II n'y a pas eu d'opposants. Y
a-t-il eu des intervenants, certaines personnes, certains tiers qui se seraient
manifestés?
M. Marx: Non, M. le Président. Selon les informations que
j'ai, il n'y avait pas d'autres intervenants. Personne ne s'est
manifesté au ministère de la Justice. De toute façon,
quand il y a des gens qui manifestent un intérêt, nous vous
avisons. Dans tous les projets de loi privés...
M. Kehoe: M. le Président, je comprends que depuis un
certain temps, depuis plusieurs mois, même plusieurs années, il y
a eu des négociations entre la compagnie Micot et la commission scolaire
pour la vente du terrain en question. Je comprends aussi que les médias
locaux dans la région de Hull ont fait état de cette affaire
depuis un certain temps aussi.
Est-ce que dans l'ensemble de !a population il n'y a eu aucune
réaction quelconque autre que des propriétaires, des personnes
qui sont directement concernées par la vente, par le bill
lui-même. De la part des médias ou d'autres personnes, de la
population en général, est-ce qu'il y a eu une réaction
quelconque? (10 h 30)
M. Goldbloom: La seule réaction est une réaction
positive de tous les milieux, y compris de la commission scalaire. Le
résultat de cela sera la construction d'une nouvelle école pour
la commission scolaire, aux frais de l'acheteur. Donc, je pense que, dans cette
région, en voyant un projet aussi grand qui va créer plusieurs
centaines d'emplois durant la période de construction et une fois
complété, toutes les réactions ont été
positives. Il n'y a eu aucune réaction négative, aucune question
soulevée sur le projet quant aux titres.
M. Kehoe: Si je comprends bien, si ce projet de loi n'est pas
adopté, le projet ne pourra pas démarrer. L'école en
question ne pourra pas être construite. D'ailleurs, cela arrête
toute l'affaire pour le moment; c'est d'une importance capitale que le projet
de loi soit adopté le plus vite possible.
M. Goldbloom: Vous comprendrez très bien qu'un
prêteur n'est pas intéressé à prêter des
sommes de plusieurs millions de dollars sans être certain que le titre du
vendeur soit clair. Donc, il est essentiel de régler cette question pour
que le projet se poursuive.
Régularité du processus
M. Kehoe: Une dernière question. Y a-t-il une façon
légale de rectifier les titres autre qu'un projet de loi privé
comme celui que nous avons devant nous aujourd'hui?
M. Goldbloom: Quant à la question de rectifier le titre de
1900, il n'y a aucune autre façon de le faire.
Le Président (M. Filion):
M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: J'aurais une courte question, M. le
Président. Dans la présentation du ministre de la Justice ou du
député de Chapleau, on a dit que cette question courait depuis
déjà un bon moment, on a même parlé d'années.
Comment se fait-il qu'on ait mis autant de temps pour arriver avec un projet de
loi privé à l'Assemblée nationale? Est-ce parce que
différentes avenues ont été envisagées et qu'on est
allé au bout de chacune d'elles pour obtenir, chaque fois, des
réponses négatives et que là, tout à coup, on a
décidé d'utiliser une mesure comme celle qui nous réunit
se matin?
M. Kehoe: Je ne peux répondre à cela, mais je suis
sûr que les procureurs sont...
M. Goldbloom: C'est un processus normal dans le
développement d'un projet. On demande une opinion de titre et c'est
à partir de cela que nous avons constaté qu'il y avait ce
problème décrit dans la toi. On a étudié la
question et on a conclu que c'était la seule façon de
procéder.
M. Rochefort: Mais ce constat d'erreurs, d'anomalies et
d'imprécisions dans les titres existe depuis quand? À quelle
époque a-t-il été fait?
M. Goldbloom: M. Bertrand Fortin, de la commission scolaire de
Outaouais-Hull, pourrait répondre plus amplement à votre
question.
Le Président (M. Filion): Certainement. M. Fortin,
voulez-vous vous avancer et vous joindre au groupe à l'avant.
Pour l'enregistrement des débats, pourriez-vous citer votre
nom?
M. Fortin (Bertrand): Bertrand Fortin, commissaire à la
commission scolaire de Outaouais-Hull.
Le Président (M. Filion): C'est bien.
M. Fortin (Bertrand): Si les délais sont devenus un peu
pressants, c'est relié à deux phénomènes: celui
d'une négociation entre la commission scolaire et les promoteurs du
projet Micot, à savoir la construction d'une nouvelle école pour
remplacer celle sur le terrain en question. C'est ce qui a occasionné
les délais. La commission scolaire ne voyait pas d'empressement à
réaliser cette clarification de titres tant et aussi longtemps qu'on
n'avait pas les ententes avec la compagnie.
Or, la compagnie s'est engagée à construire une
école de remplacement. Elle est presque prête à commencer
la construction. C'est pourquoi on arrive à cette
échéance.
M. Kehoe: Est-ce que je puis poser une autre question à ce
sujet? Si je comprends bien, M. Fortin, avant que les négociations
commencent entre Micot et la commission scolaire, vous n'étiez pas au
courant qu'il y avait un problème avec les titres en question?
M. Fortin (Bertrand): Non, puisque cela date d'au-delà de
100 ans et que le problème ne s'est jamais posé.
M. Kehoe: Est-ce juste depuis que les négociations sont
devenues sérieuses et au moment où on était rendu à
l'achat du terrain que vous avez constaté qu'il y avait un défaut
dans les titres?
M. Fortin (Bertrand): Si on peut appeler cela un défaut.
En fait, on ignorait que les titres avaient été détruits
et on ne s'en préoccupait pas tellement à ce moment.
Le Président (M. Filion): J'aurais une question à
poser à Me Goldbloom. Tantôt, vous avez dit qu'une partie du
problème est rattachée aux titres d'avant 1900 et qu'une autre
partie concernait des vices de titres mineurs depuis cette date.
Également, vous avez mentionné que, en ce qui concernait la
partie antérieure à 1900, le projet de loi privé
était la seule façon de corriger adéquatement les vices de
titres. Dois-je comprendre de votre réponse que, en ce qui concernait
les vices de titres subséquents à 1900 - et je crois comprendre
qu'on s'est attaché à deux transactions, l'une en 1931 et l'autre
en 1936, donc en ce qui concernait ces deux titres-là - il y avait
d'autres façons de procéder que vous aviez envisagées?
Une voix: David Cannon.
M. Cannon (David): On pourrait procéder, pour la
régularisation de ces titres, à l'obtention d'un jugement. Le
problème et les obstacles avec une telle procédure, c'est d'abord
la signification aux parties, aux héritiers et retracer les successeurs
en titre des personnes qui pourront être impliquées. À la
face même des actes que nous voyons, il s'agit d'actes qui ont
été erronément, si vous voulez, enregistrés contre
les lots. Mais techniquement parlant, sur la propriété
présentement, si vous regardez à l'index des immeubles, vous
n'avez pas un titre au nom de la commission scolaire. Vous avez certains actes
enregistrés par erreur contre les lots, mais commencer à retracer
ces personnes-là et procéder devant les tribunaux voudrait dire
des délais assez longs et nous parlons d'un projet d'importance avec
lequel il faut procéder avec diligence. C'est justement parce que nous
procédons par projet de loi, de toute façon, pour la
clarification du titre comme tel de la commission scolaire que nous essayons de
régulariser, avec la collaboration du ministère, les quelques
autres vices de titres qu'il y avait dans le même projet de loi au lieu
d'avoir à procéder à l'obtention d'un jugement, ce qui
pourrait nous prendre un an, peut-être, avant de compléter les
procédures et qui pourrait finalement retarder la réalisation du
projet.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: Dans l'article 5, un amendement que je vais
présenter prévoira que les droits réels sur les lots
décrits en annexe sont remplacés par des droits personnels contre
la personne à qui la commission scolaire transférerait la
propriété de ces lots. Donc, s'il y a quelqu'un qui aimerait
intenter une action, il va avoir un droit personnel, c'est-à-dire qu'on
protège les personnes qui ne se sont pas présentées, dans
le cas où il y aurait de ces personnes qui existent. On a pris des
précautions. On va présenter un tel amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Juste pour terminer, Me Cannon,
et pour ma bonne compréhension, est-ce que je dois comprendre, selon
votre réponse, qu'une partie des objets de la présente loi aurait
pu être le sujet de procédures judiciaires qui auraient
réglé les problèmes, pas celui antérieur à
1900 évidemment, mais ceux subséquents à 1900? Cela aurait
réglé une
partie des problèmes, mais aurait signifié en termes de
délai des périodes additionnelles lourdes? C'est cela?
M. Cannon (David): C'est cela.
M. Marx: Sur le plan pratique, M. le Président, je
comprends que la seule façon est de procéder par projet de loi
privé parce que la politique du ministère depuis des
années maintenant est de ne pas être favorable aux projets de loi
privés s'il y a une autre façon d'atteindre le même but.
Mais dans ce cas, après étude, les légistes ont
trouvé que la seule façon pratique serait de procéder par
projet de loi privé.
Le Président (M. Filion): M. le ministre de la Justice,
encore une fois, vous savez, je ne déborde pas d'expérience en
matière de projets de loi privés. C'est le premier de ma vie.
M. Marx: M. le Président, vous faites bien cela.
Le Président (M. Filion): Finalement, ce que vous dites,
c'est qu'il y aurait une autre façon de procéder. Il faudrait
prendre des procédures judiciaires. Cela serait trop long.
Peut-être que d'autres membres de cette commission pourraient
m'éclairer. Est-ce que je dois comprendre que la porte est maintenant
ouverte à un tas de circonstances similaires, analogues à celles
qui nous sont soumises? On pourrait procéder par des procédures
judiciaires. Quand même, je veux comprendre la réponse...
M. Marx: J'aimerais vous interrompre juste une seconde.
M. Rochefort: On pourrait peut-être entendre l'opinion du.
président, M. le ministre.
M. Marx: Non parce que...
M. Rochefort: Vous ne faites pas trop d'anxiété ce
matin?
M. Marx: Parce que, M. le député, il est dit que
c'est impossible de procéder par une action. Pour le vice prévu
à l'article 1, il est nécessaire de procéder par projet de
loi privé. On a donc décidé de tout corriger dans le
même projet de loi, au lieu de corriger un vice par un projet de loi et
de laisser d'autres vices...
Le Président (M. Filion): C'est exactement ce que j'allais
dire, si vous m'aviez laissé terminer. L'opinion qui est émise
autour de la table et de l'autre côté va dans le sens que le vice
au moment de l'incendie du bureau d'enregistrement ne peut être
corrigé que par un projet de loi privé, si je comprends bien,
mais les autres subséquents pourraient l'être par
procédures judiciaires.
M. Marx: Vu qu'on corrige le vice dans l'article, on a
décidé de tout corriger en même temps. Je pense que cela a
du bon sens.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: J'ai de la difficulté à suivre les
raisonnements du ministre de la Justice, d'autant plus que ces raisonnements
proviennent du ministre de la Justice.
Je comprends que l'utilisation de la législation privée
ait pour but de corriger des situations qui ne peuvent être
corrigées autrement.
M. Marx: D'une façon efficace.
M. Rochefort: De façon efficace. Il y a finalement deux
valets à ce projet. Un premier qui vise à corriger une situation
qui ne peut être corrigée autrement de façon efficace.
Deuxièmenent, il y a un autre volet qui pourrait très bien suivre
une procédure régulière, normale, habituelle. Et dans ce
sens, je voudrais bien qu'on me cite des précédents où on
a procédé de la sorte, et que le ministre prenne le temps d'en
discuter avec ses conseillers pour voir dans quelle mesure on n'est pas en
train d'ouvrir une nouvelle façon de procéder plus
expéditive, par le législateur plutôt que par les
tribunaux, pour le deuxième volet.
M. Marx: M. le Président, ce qu'on propose aujourd'hui est
tout à fait normal. Depuis que je suis à l'Assemblée
nationale, on a adopté beaucoup de projets de loi semblables.
Premièrement, si on adopte un projet de loi sans corriger tous les
vices, ce sera demander au requérant de prendre une action plus tard,
c'est-à-dire de procéder de deux façons: d'avoir un projet
de loi pour corriger un vice et de prendre une action pour d'autres, ce qui est
un peu trop demander au requérant.
Deuxièmement, il y a une certaine urgence qui est décrite
bien clairement dans le préambule. Il y a urgence que ce projet de loi
soit adopté aussitôt que possible, qu'on corrige les vices que les
titres soient clairs afin qu'on puisse entreprendre la construction de 100 000
000 $.
De toute façon, tout le monde impliqué est d'accord avec
le projet de loi. Je ne vois pas pourquoi le ministère de la Justice
devrait mettre des obstacles, parce que tout le monde est d'accord. Les
légistes ont étudié ce projet de loi avec les
requérants. Il n'y a pas d'opposants.
M. Rochefort: Ce n'est pas cela, la question, M. le
Président. On s'est tous entendus. Je prends la parole, de bonne foi,
des interveants et du parrain du projet de loi. Il semble bien évident
qu'il n'y a d'opposition d'aucune nature à l'ensemble du projet de loi
tel qu'il a été déposé. La question qui est
soulevée n'est pas celle-là. Si je comprends bien, on va remplir,
en partie, le rôle d'un tribunal ce matin, d'un tribunal qui aurait pu se
pencher sur la question et la régler à partir de
procédures régulières. (10 h 45)
Sur le premier volet, je !e répète, compte tenu qu'il n'y
a pas d'autres moyens efficaces et convenables de régler le
problème, c'est le rôle de l'Assemblée nationale. C'est la
raison pour laquelle existe la procédure de la législation
privée, c'est la raison pour laquelle cette commission-ci se
réunit de façon régulière pour étudier des
projets de loi privés. Mais pas sur te deuxième volet.
Le Président (M. Filion): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: Le ministre de la Justice n'a pas l'intention
d'inventer. Si vous voulez des précédents, il y a une loi
concernant certains terrains à Magog, un projet de loi privé qui
a été adopté en 1977, donc par le gouvernement
précédent. C'était un projet de loi où on a
corrigé certains vices; il aurait été possible d'en
corriger d'autres par une action, mais nous avons incorporé tout dans ie
même projet de loi. Cela a été fait par l'ancien
gouvernement; c'est un précédent pour ce projet de loi. Je pense
que, si c'était bon pour Magog à l'époque, cela devrait
être bon pour la commission scolaire de Outaouais-Hull aujourd'hui.
M. Rochefort: M. le Président, tout simplement une
remarque à la suite de l'intervention du ministre de la Justice. Je
voudrais lui faire remarquer que, pas plus en 1977 la commission de la justice
qui étudiait les projets de loi privés n'était une
commission du gouvernement du Parti québécois que celle
d'aujourd'hui est une commission du gouvernement du Parti libérai. La
commission qui étudie les projets de loi privés est une
commission de l'Assemblée nationale et il n'y a aucune relation directe
avec le gouvernement.
M. Marx: Présumément.
M. Rochefort: Vous venez, vous, à titre de ministre de la
Justice, participer aux travaux. Mais il n'y a pas de solidarité
ministérielle, il n'y aura pas de vote de ligne de parti. Ce sont les
parlementaires qui prennent des décisions ensemble, dans le sens de
l'intérêt commun.
M. Marx: M. le Président, je vais me corriger.
Le Président (M. Filion): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: Je voulais dire qu'en 1977, c'était le ministre
de la Justice du gouvernement précédent qui avait proposé
ce projet de loi privé pour la ville de Magog...
M. Rochefort: II était le parrain?
M. Marx: II était ici pour... Non, mais 1977...
M. Rochefort: Mais il n'était pas parrain du projet de
loi, le ministre de la Justice.
M. Marx: Mais cela veut dire que le ministre de la Justice est
responsable...
M. Rochefort: Pas pour parrainer des projets de loi
privés.
M. Marx: Non M. le Président, je vais vous le dire tout de
suite: Si le ministre de la Justice n'est pas d'accord avec tel projet de loi
privé, c'est rare qu'il sera adopté. D'après mon
expérience, quand le ministre de la Justice n'était pas d'accord
avec tel projet de loi privé, ce n'était jamais adopté. Et
même quand le ministre de la Justice d'autrefois, quand j'étais
dans l'Opposition, n'était pas d'accord avec un projet de loi
privé, souvent, je me fiais à son opinion, étant
donné qu'il a mis plus de temps pour étudier le projet de loi en
question.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gatineau et leader parlementaire.
M. Gratton: M. le Président, merci. Effectivement, je
pense que le député de Gouin a saisi que la partie qui aurait pu
être normalement réglée devant les tribunaux... Je ne me
cache pas d'avoir moi-même, personnellement, insisté auprès
de mon collègue de la Justice et de ceux qui se penchaient sur la
préparation du projet de loi... Mon collègue de Hull, qui,
d'ailleurs, serait normalement ici s'il n'était pas retenu ailleurs ce
matin, pourrait en convenir lui aussi. En fait, c'est l'ensemble des
députés de l'Outaouais qui, une fois mis au courant des
difficultés que posaient la question des titres et les retards indus que
cela pouvait apporter dans la construction de ce projet Micot a cru de son
devoir de faire les démarches qui s'imposaient pour tenter de
régler le plus tôt possible. Il s'agit d'un investissement
extrêmement important non seulement par son ampleur et par les
emplois
qu'il créera, mais également pour les retombées
tant sur le plan scientifique que sur le plan de la recherche, ce qui fait en
sorte que beaucoup de nos voisins non seulement des villes du Québec,
mais d'autres provinces, voudraient bien que des difficultés puissent
empêcher l'implantation du projet à Hull pour possiblement
l'implanter ailleurs.
Alors, c'est dans ce sens-là qu'il nous est apparu souhaitable et
indiqué que nous dérogions à la règle
établie qui veut qu'on ne légifère ici qu'après
avoir exercé tous les recours. Cela nous a semblé justifier la
démarche. Ce n'est pas un précédent, puisque, comme le
disait le ministre de la Justice, cela s'est déjà fait dans
d'autres occasions. D'ailleurs, si je ne m'abuse, cela s'est déjà
fait pour le projet des Tours Notre-Dame, à Hull, où on a
procédé par projet de loi alors qu'on aurait pu possiblement
procéder autrement. Cela résulta dans la construction d'un projet
assez intéressant pour les citoyens de la région de l'Outaouais,
particulièrement pour la ville de Hull. C'est cela qui nous a
amenés à croire qu'on devait profiter du fait que cela prenait un
projet de loi de toute façon, un projet de loi privé, pour
régler toutes les difficultés d'ordre technique ou juridique d'un
seul trait. On souhaiterait que la commission, ce matin, puisse
entériner cette volonté qui est unanime dans la région et
qui, je l'espère, le sera ici également.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: J'aurais une question au ministre de la Justice, M.
le Président. Combien dureraient les délais selon Lui si le
dossier suivait sa procédure normale devant l'appareil judiciaire?
M. Cannon (David): Je pourrais peut-être répondre
à la question.
Le Président (M. Filion): Juste une seconde, M.
Cannon.
M. le ministre de la Justice.
M. Marx: Pour intenter une action? C'est cela, la question?
M. Rochefort: Oui, et pour que cela se rende à terme.
M. Marx: Cela peut prendre - je ne sais pas quels sont les
délais à Hull -quelques années. Il y a des jugements qui
prennent des années. On ne sait jamais. Dans mon comté, j'ai une
contestation où le juge a entendu la cause il y a trois ans, mais il n'a
pas encore rendu jugement. Cela peut arriver.
M. Rochefort: Ce n'est pas un commentaire sur le
déroulement de la justice, M. le ministre?
M. Marx: Pas du tout, M. le député de Gouin, C'est
une constatation.
M. Rochefort: C'est ce que j'avais compris, mais je voulais
être certain pour éviter toute confusion ou interprétation
future de vos propos.
M. Marx: Ce n'est pas moi, cela. Donc, cela peut prendre un an,
deux ans, trois ans, cinq ans. On ne sait jamais. Il y a une certaine
insécurité dans le sens que, si on va devant les tribunaux, on ne
sait jamais combien de temps cela va prendre, pour toutes sortes de raisons
différentes.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre de la Justice, quand je regarde votre
projet d'amendement, à l'article 5 sur les droits réels, j'essaie
de comprendre ce qui a été dit depuis le début à
savoir que oui, c'est une loi privée, mais cela touche aussi des
intérêts publics en partie, puisqu'il y a une commission scolaire
d'impliquée. Vous parlez des droits réels et des droits
personnels. Il me semble qu'on fait une loi pour régulariser les titres.
C'est cela, en fait?
M. Marx: Oui.
M. Dufour: Effectivement. Pour donner un droit de
propriété. Même avec l'assentiment du gouvernement,
même avec toutes ces précautions ou tous ces actes
différents qui ont eu lieu où on ne trouve pas de
propriétaire effectivement, parce qu'il n'y a de contestation nulle
part, vous allez encore plus loin en disant: "Ces droits personnels ont une
valeur égale à celle qu'auront..." D'un côté, on
ratifie ou on éclaircit une situation. Dans un deuxième temps, on
dit: On n'est pas tout à fait sûr encore, il y a peut-être
encore quelque chose qui ne marche pas. Il me semble qu'au point de vue de la
loi on donne un droit ou on ne le donne pas. Si, d'un côté, on
régularise complètement ces titres et que, d'un autre
côté, on dit: II y a peut-être encore des droits personnels,
qu'est-ce qu'on recherche à travers tout cela? Est-ce qu'on va susciter
une recherche? Je connais un cas, entre autres, où quelqu'un se
spécialisait dans la recherche de titres de propriété. Il
est devenu riche à faire cela. Il a fatigué tout le monde.
M. Marx: M. le Président, c'est pour protéger des
personnes inconnues. Si un jour quelqu'un vient dire: Mot, j'ai un droit
réel dans cette propriété mais cela a été
annulé
par un projet de loi, il va garder un droit personnel pour poursuivre
pour dommages-intérêts, le cas échéant, pour
être payé pour son droit réel. C'est une protection qu'on
donne aux personnes qui pourraient faire une telle demande le cas
échéant. Si tout le monde est d'accord avec cela, le
ministère de la Justice est plutôt favorable à
protéger les droits possibles, même s'il n'y a pas eu d'opposants
ou de représentations de la part de ces personnes. Parce que cela
pourrait arriver, on prend cette précaution.
M. Dufour: En supposant que cette vente de
propriété se fasse - et on comprend qu'il s'agit d'un gros
investissement - si on crée ce précédent, puisque,
à mon avis, c'est un précédent, cela pourrait être
des droits moins élevés où il a besoin
d'hypothéquer. Le prêt hypothécaire, quelqu'un va dire: II
a un droit quelque part et vous savez que les financiers sont très... Et
je sais que vous êtes favorable à cela. Je ne suis pas contre. En
principe, on est pour la vertu. On est pour les investissements et pour
l'augmentation de l'économie.
Mais je sais que, s'il y a un droit quel qu'il soit, s'il y a un lien
sur un immeuble par nature, à ce moment, le danger, c'est qu'il y ait
des exigences et qu'on dise: Si vous êtes dans l'inconnu, nous sommes
aussi dans l'inconnu. Le gars qui paie ou le gars qui prête, le gars qui
avance de l'argent à l'individu ou à l'organisme...
M. Marx: M. le Président, l'amendement à l'article
5 qu'on va proposer est une clause standard qu'on retrouve dans tous les
projets de loi privé. Ce n'est pas un droit qui grève la
propriété. Il n'y a pas d'hypothèque. C'est un droit
personnel, et on a toujours fait cela depuis que je suis député,
soit depuis plus de six ans. C'est une clause de style.
C'est peut-être un peu difficile à comprendre à
première vue, parce que le député de Jonquière n'a
peut-être pas vu cela dans d'autres projets de loi. C'est
compréhensible, mais c'est ainsi qu'on a toujours fonctionné. En
tant que ministre, je n'invente rien aujourd'hui. Il y a une tradition qui
existe depuis des années, et les légistes qui sont au
ministère depuis des années ont suivi la même
procédure pour chaque projet de loi privé d'une façon
neutre. On a toujours fonctionné comme cela.
M. Dufour: M. le ministre de la Justice, on parle de lois
privées, mais, lorsque les municipalités viennent ici pour faire
adopter un projet de loi, c'est un projet de loi privé aussi, si je
comprends bien.
M. Marx: Un projet de loi privé, oui. M. Dufour:
Voilà. Je me souviens qu'en 1975 ou au début de 1976, si ma
mémoire est exacte, lorsque j'étais maire, on avait adopté
un projet de loi privé pour légaliser les titres de
propriété sur un chemin public. D'abord, il n'y avait jamais
existé aucune entente. C'était nulle part, c'était perdu,
mais il est certain que quelqu'un a cédé volontairement, mais non
par écrit, des parcelles de terrains à la municipalité.
Dans les faits et avec le temps, la municipalité en est devenue
propriétaire, et il y a eu un changement de vocation. On a
demandé un projet de loi privé pour acquérir ces
titres.
À ce que je sache, cette clause n'était pas incluse dans
ce projet de loi. En fait, qui sera pris par ces droits réels sur les
lots? Est-ce la commission scolaire au moment de la disposition ou est-ce
l'acquéreur qui en devient responsable?
M. Marx: Ce sera Micot Matrix qui sera prise avec cette clause et
Micot Matrix Inc. est tout à fait d'accord qu'on insère cette
clause dans le projet de loi privé.
M. Dufour: Ils sont d'accord, mais ce n'est pas à leur
demande.
M. Marx: Je ne peux pas vous dire si c'est à leur demande.
Si c'est à leur demande, s'ils sont d'accord, cela veut dire qu'ils
n'ont pas d'objection et qu'on s'est entendu sur ce texte. Est-ce que je peux
présenter des amendements? Non?
Le Président (M. Filion): II y a beaucoup d'intervenants
à ce stade-ci. M. le député de Chapleau. (11 heures)
M. Kehoe: Ce sujet est-il clos? M. le Président, le point
que je veux souligner, c'est que le but principal de ce projet de loi
privé est de rectifier les titres, à cause d'un feu. C'est le but
principal. Un des autres éléments du projet de loi vise à
corriger des choses mineures. À l'article 2, on vise à corriger
"l'absence de consentements qui pouvaient être requis en raison du..." Ce
n'est peut-être même pas nécessaire.
Le point où je veux en venir, c'est qu'on est ici ce matin parce
qu'il y a un projet de 100 000 000 $ par la compagnie Micot. Si on ne
procède pas ce matin à l'adoption de cette loi, il y a la
construction d'une école qui est en jeu dans cela. Pour des raisons
mineures... La raison principale de la loi est de corriger des titres. Les
autres affaires, ce sont des éléments tout à fait mineurs
qui pourraient être corrigés peut-être par un jugement
déclaratoire du tribunal, mais qui pourrait prendre plusieurs
années. Je ne vois pas aujourd'hui la raison pour lequelle le
député de Gouin peut se plaindre et dire qu'on devrait
procéder par jugement déclaratoire du tribunal vu qu'il y a des
précédents, pas seulement celui
mentionné déjà par le ministre de la Justice, mais
à plusieurs autres occasions. J'ai déjà
siégé au sujet de projets de loi privés dans lesquels des
situations similaires étaient corrigées. Ce n'est pas un
élément majeur dans le projet de loi. Ce sont des affaires qui
pourront affecter les titres. Je ne vois pas quel précédent, car
cela s'est déjà fait dans le passé. On n'est pas ici ce
matin pour créer un précédent.
C'est important qu'on procède ce matin à l'étude
article par article et on espère toujours, cet après-midi,
procéder à l'adoption de la loi de sorte que le projet pourra
aller de l'avant. Mon collègue de Gatineau a expliqué
l'importance de l'affaire pour la région de Hull. C'est un projet
d'au-delà de 100 000 000 $. Ce n'est pas tous les jours qu'on a un
projet comme cela. Je ne vois pas pourquoi l'Opposition, M. le
député de Gouin, peut soulever une affaire si mineure, si mineure
dans le sens que ce n'est pas la première fois que cela se fait. Ce
n'est pas une question de gouvernement péquiste ou libéral, c'est
une question de bon sens qui exige qu'on procède aujourd'hui à
l'adoption de la loi telle qu'on l'a devant nous.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Hull, je suis disposé à vous donner la parole. Étant
chargé d'appliquer le règlement, cependant, cela me prend le
consentement. Alors, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je veux
premièrement souhaiter la bienvenue au président de Micot, M.
Glen Kealey, ainsi que M. Armand Proulx qui l'accompagne. Je m'excuse de
n'avoir pu être présent avant. J'étais accaparé par
un autre problème assez particulier.
M. Rochefort: ...fonction ministérielle.
M. Rocheleau: Je remercie aussi mon collègue du
comté de Chapleau, M. John Kehoe, qui a bien voulu parrainer ce projet
de loi privé qui est d'une importance capitale pour Hull et l'Outaouais
québécois. On a dit que c'était un projet d'environ 150
000 000 $. Actuellement, et je suis convaincu que mon collègue de
Gatineau l'a mentionné, on aurait pu suivre la marche normale,
c'est-à-dire procéder par les tribunaux, mais je pense qu'on a
déjà fait mention de l'importance de démarrer le plus
rapidement possible. Il faut clarifier les titres, qui remontent dans le temps
à 1900, d'une propriété qui appartient actuellement
à la commission scolaire de Outaouais-Hull, qui tient lieu
d'école, et permettre aussi à la commission scolaire de
procéder le plus rapidement possible à la construction d'un
nouvel édifice devant abriter pour l'automne 1988, je pense, les
élèves qui occupent actuellement l'école
Notre-Dame et qui occuperont temporairement d'autres locaux. Ce n'est
pas dans le but d'accaparer le travail que normalement les tribunaux doivent
faire, mais afin de permettre que ce projet ne soit pas retardé
indûment, d'autant plus que ce projet très important pourrait se
construire ailleurs au Canada. Â cause de la persistance de la compagnie
Micot de vouloir s'installer du côté de l'Outaouais
québécois, à proximité de certains
ministères du gouvernement fédéral, entre autres
Approvisionnements et Services, avec lequel il y a des affinités
très importantes, nous avons demandé de procéder à
la correction de ces titres de propriété, surtout que cela
remonte à 1900, au grand feu de Hull. J'espère que mes
collègues de l'Opposition comprendront que ce n'est pas coutume, mais ce
n'est pas non plus un précédent. Ayant été
moi-même à la barre des témoins en 1974, M. le
Président, alors que j'étais maire de Hull, nous avions
demandé la clarification de certains titres dans le centre-ville de Hull
pour la construction du projet Place du centre. À ce moment-là,
l'Assemblée nationale avait apporté certaines clarifications
à des titres afin de permettre à des entreprises d'aller de
l'avant et surtout aux firmes et aux entreprises prêteuses qui ont besoin
à toutes fins utiles de titres clairs pour des montants aussi
importants, M. le Président j'ose souhaiter que nous pourrons apporter
toute la clarification nécessaire dans le but de permettre aujourd'hui,
si c'est passible, de procéder à toutes les lectures dont nous
avons besoin pour permettre à cette compagnie de compléter dans
les plus brefs délais son financement qui est actuellement en marche et
qui va très bien. Mais aussitôt que le financement va être
complété, sûrement qu'on va devoir mettre toutes les
parcelles de terrain en place et obtenir toute la clarification des titres.
J'espère M. le Président que ces petits éclaircissements
apportent suffisamment de réponses aux questions posées par nos
collègues. S'il y a d'autres questions posées cela me ferait
plaisir d'y répondre.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: À la suite de l'intervention du
député de Hull, j'ai pris conscience du deuxième aspect,
un peu particulier disons donc, de la procédure qui nous réunit
ce matin. Si je comprends bien, on souhaite en plus faire adopter les autres
étapes législatives du projet de loi aujourd'hui même par
consentement?
M, Gratton: Oui, et selon un entente -et là je vous prie
de me croire, je viens d'aller vérifier à nouveau - que nous
avons avec l'Opposition, M. le Président.
M. Rochefort: Oui, nous aussi, M. le Président, on
vérifiera, mais j'aimerais quand même pour le bon
déroulement de la commission... peut-être que quelqu'un soit le
leader, soit le ministre des Services et des Approvisionnements, le parrain du
projet de loi ou le ministre de la Justice, que quelqu'un nous fasse part de la
grande urgence de faire aujourd'hui toutes les lectures du projet de loi qu'il
reste à faire.
M. Gratton: M. le Président, si on me permet. Normalement
ce projet de loi aurait pu être déposé à
l'Assemblée nationale il y a trois ou quatre semaines, et le processus
normal nous aurait amené à ne pas requérir de consentement
unanime pour en arriver à l'adopter avant l'ajournement. Le
député de Hull le disait tantôt, on a parlé du
financement qui est en cours. Inutile de dire et d'ailleurs Me Goldbloom l'a
dit aussi dans sa présentation que cela a quand même un impact
assez important, compte tenu des sommes qui sont impliquées, que le
promoteur - surtout qu'il s'agit de transfert avec la commission scolaire -
puisse parler de titres clairs à ce point de vue. Donc il nous est
apparu utile de régler le tout avant l'ajournement de Pâques, de
façon à épargner quinze jours. H ne s'agit pas d'essayer
de cacher quelque chose à personne. On l'a dit il y a déjà
des mois sinon des années, ce projet - et cela a fait l'objet de
discussions, de reportages dans les médias d'information -les parents
des élèves qui sont impliqués sont au courant de tout
cela. Ce n'est pas une urgence nationale de devoir procéder en
brûlant les étapes aujourd'hui, c'est strictement régional.
C'est strictement qu'on a convenu avec les gens de l'Opposition qu'il
s'agissait d'une démarche qui ne requiérerait pas des efforts
inouïs de la part de quiconque et qui aurait l'heureux effet de faciliter
la tâche aux gens, à la commission scolaire, au promoteur qui a
des engagements à respecter envers la commission scolaire. Ce n'est pas
plus malin que cela.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Beauharnois.
M. Marcil: Depuis le début, chacun a donné son
avis. Je pense que la situation est assez claire. Est-ce qu'on pourrait
permettre au ministre de la Justice...
Le Président (M. Filion): J'ai quelques questions. Je dais
vous l'avouer.
M. Marcil: ...de déposer son amendement et de l'expliquer?
Ensuite, on pourrait peut-être continuer la discussion à partir de
l'amendement comme tel?
Le Président (M. Filion): D'accord. J'ai quelques
questions avant le dépôt des amendements. D'abord, quand il y a eu
l'incendie en 1900 du bureau d'enregistrement, finalement, cela a
affecté l'ensemble des immeubles dans cette région. Est-ce que je
me trompe ou s'il n'y avait pas eu une loi quelconque adoptée par ce
Parlement pour -je ne me souviens pas exactement - corriger l'ensemble des
problèmes soulevés, parce que, enfin, la commission scolaire
n'est pas la seule dans ce cas? Il doit y avoir un paquet de
propriétaires, surtout des propriétaires de corporation publique,
municipalité, commission scolaire, où les transactions sont moins
nombreuses que l'on peut retrouver généralement parmi les
propriétaires privés. Est-ce que quelqu'un autour de notre table
peut...
M. Marx: Je pense qu'il y a une loi qui a été
adoptée par l'Assemblée nationale. Cette loi a permis aux
propriétaires de réenregistrer leurs titres. Ce n'était
pas fait par la commission scolaire. Le vice reste.
Le Président (M. Filion): Est-ce que...
M. Marx: On me dit que c'est une loi pour permettre aux
propriétaires d'enregistrer à nouveau leurs titres. Il y a
apparemment certains propriétaires qui n'ont pas fait cela, dont la
commission scolaire.
Le Président (M. Filion): Qui ne l'ont pas fait, M. le
ministre?
M. Marx: Qui n'ont pas enregistré à houveau leurs
titres.
Le Président (M. Filion): Dans le délai
prescrit.
M. Marx: C'est ça.
Le Président (M. Filion): En deux mats, il doit y
avoir...
M. Marx: Dans le délai prescrit, c'est ça.
Le Président (M. Filion): C'est une loi qui a
été adoptée quand?
M. Marx: C'est une loi qui a été adoptée en
1901.
Le Président (M. Filion): En 1901.
M. Marx: On va expliquer cela dans le préambule et nous
allons proposer cela comme amendement plus tard.
Le Président (M. Filion): Ma deuxième question est
la suivante. J'apprécie beaucoup, non pas la dernière, mais
l'avant-dernière intervention du député de Gatineau qui
nous expose franchement ce qui en est. Tout le
monde est d'accord sur le projet de loi. C'est un projet capital, etc.
Je pense qu'on n'a pas besoin de parcourir longtemps le dossier de Micot pour
comprendre que c'est un projet d'envergure, non seulement pour la région
mais, je pense, pour le Québec tout entier. Le fait que ce projet pourra
voir le jour rapidement au Québec, que ce soit dans l'Outaouais ou
ailleurs, est quand même un actif considérable pour l'ensemble de
la population. Tout le monde est d'accord que c'est un projet colossal. Il y a
beaucoup de sujets qui répondent à ces deux
caractéristiques. Pourtant, il n'y a pas autant de projets de loi
privés.
En ce qui me concerne, j'aimerais que le ministre de la Justice - on a
évoqué un précédent en 1977 - ou le
député de Gatineau, puisse me dire si les commissions de
l'Assemblée nationale deviendront des endroits où seront
sanctionnés des projets de loi privés concernant des
matières d'importance - cela en est une - où tout le monde est
d'accord et où il existe certains problèmes quand il y a des
vices de titres; parce qu'à ce moment, on est peut-être mieux, je
ne le sais pas, de songer à créer une commission permanente des
lois privées et des titres. Je ne sais pas s'il y a un notaire du
côté des intervenants. Dans le domaine des titres, on le sait,
quand on se met à fouiller une chaîne de titres, surtout pour les
gros prêteurs hypothécaires ou financiers, je ne sais pas par
quelle magie, ils nous trouvent toujours quelque chose dans une chaîne de
titres, dès que le montant est important pour travailler amplement les
bureaux d'avocats et les bureaux de notaires, spécialement les plus gros
bureaux qui ont presque développé une spécialité
là-dedans. (11 h 15)
Alors, ma question encore une fois au ministre de la Justice et
possiblement à d'autres intervenants est: Est-ce qu'on n'est pas en
train de s'en aller finalement dans une direction qu'on pourrait regretter
comme Parlement, comme parlementaires, étant donné que les
projets de loi privés constituent évidemment, on n'a pas besoin
de le dire, une dernière instance? C'est un mécanisme à
utiliser dans le cas où on se retrouve dans un véritable
cul-de-sac sur le plan juridique, dans une impasse totale sur le plan
juridique. Or, j'ai cru comprendre du début de notre discussion qu'une
partie du projet de loi, pour le moins, pourrait trouver sa solution autrement
que par l'adoption par l'Assemblée nationale d'un projet de loi
privé.
M. Marx: C'est une question tout à fait normale que vous
posez parce que le ministère pose cette question chaque fois qu'il y a
un projet de loi privé, c'est-à-dire qu'on ne veut pas que cette
commission se transforme en tribunal de droit commun pour corriger ce qu'on
peut corriger par une action devant les tribunaux. On est très conscient
de cela. Le ministère a toute une tradition en ce qui concerne
l'étude de ces projets de loi privés. Souvent, nous refusons de
donner notre accord pour l'adoption de projets de loi privés. Il y a
tout un processus à suivre au ministère et à
l'Assemblée nationale. Ici, comme je l'ai dit plus tôt et comme
cela a été dit par les avocats des requérants, il y a un
vice de titre qu'il faut corriger. Il n'y a pas d'autres façons de
corriger cela. Je pense que c'est dans l'intérêt du Québec
qu'on procède avec ce projet. On fait cela pour cette raison.
C'est-à-dire qu'étant donné toutes les traditions du
ministère de la Justice, tous les précédents et tout cela
- on a déjà fait cela à un certain nombre d'occasions et
on continue de la même façon avec ce projet de loi - il n'y a rien
qui soit extraordinaire dans ce projet de loi. Il y a des
précédents et, pour cette raison, le ministère a
donné son accord pour ce projet de loi. Mais je peux vous assurer, M. le
Président, que cela n'est nas fait à la légère.
Chaque projet de loi est l'objet d'une étude. Cela a toujours
été fait comme cela et il y a des projets de loi qui sont
carrément refusés par le ministère de la Justice.
Effectivement, je pense que même à cette session, nous ne sommes
pas d'accord sur un certain nombre de projets de loi que différentes
personnes aimeraient qu'on adopte. On va les refuser parce qu'il y a d'autres
recours possibles, et ainsi de suite. On procède d'une façon
très diligente. C'est cela.
Le Président (M. Filion): Oui...
M. Marx: Je sais que c'est votre première session à
l'Assemblée nationale et votre premier projet de loi, mais les
députés qui siègent depuis cinq, six, neuf ou vingt ans,
savent qu'on a eu beaucoup de projets de loi semblables et je ne vois pas
pourquoi cela prendrait trois heures à adopter celui-ci ce matin.
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): M. le ministre de ia Justice, je
suis convaincu que vous ne reprochez pas à la commission de faire son
travail.
M. Marx: Non, non. Je ne reproche rien à la commission.
J'ai dit cela juste pour vous assurer que ce n'est pas anormal. En effet, c'est
très normal que le ministère de la Justice soit d'accord avec un
tel projet de loi. C'est tout ce que j'ai voulu dire. Ce n'est pas un reproche
à la commission. La commission est maîtresse de ses travaux. Si la
commission juge que c'est bien, on prend
le temps nécessaire pour adopter un projet de loi et la
commission peut même...
M. Rochefort: M. le Président...
M. Marx: ...rejeter un projet de loi, c'est sûr.
M. Rochefort: Vous me permettrez un commentaire sur
l'intervention du ministre de la Justice. Si le ministre de la Justice a pris
le temps qu'il a pris à préparer le projet de loi et à y
apporter les amendements qu'il va nous déposer en papillons ce matin,
qu'on n'a pas reçus avant le début des travaux, de notre
commission, on prendra au moins le temps que nous jugeons nécessaire
pour étudier le projet de loi. Si le ministre trouve que cela prend trop
de temps, M. le Président, il expliquera aux intervenants pourquoi, lui,
il a mis ce temps à préparer les documents nécessaires et
a retarder les procédures parlementaires. Si vous vous êtes
couché trop tard, c'est votre problème.
Une voix: Non, mais sur cela c'est...
M. Rochefort: Vous ne nous reprocherez quand même pas de
faire notre travail. Dans quatre ans on sera jugés tous les deux sur le
travail qu'on aura fait.
Une voix: C'est déjà commencé.
Le Président (M. Filion): Avec la permission de mes
collègues, sans vraiment aucun esprit de partisanerie, parce qu'on n'est
pas ici à titre de partis politiques, vous admettrez avec moi. On
dépose un projet de loi privé mardi, moi, je l'ai eu mardi, je
l'ai lu, j'ai eu l'occasion d'en discuter avec certaines personnes intervenant
dans ce projet de loi. En même temps, cela a été
déposé mardi à l'Assemblée nationale. Nous sommes
jeudi. Jeudi matin on se présente ici, tous les membres de cette
commission, on reçoit un papillon, pas de deux lignes, on reçoit
un papillon de deux pages et demie qui en somme, finalement, se trouve à
replacer les blocs c'est-è-dire les attendus par rapport aux articles du
projet de loi. Mais quand même...
M. Marx: Ce n'est pas anormal M. le Président, c'est
arrivé souvent dans le passé. Les projets de loi privés,
souvent, ce sont des négociations entre les personnes qui demandent le
projet de loi, des oppposants, le cas échéant - on n'a pas cela
aujourd'hui - et les légistes du ministère, pour s'assurer que
tout soit fait en conformité avec les règles, les coutumes et les
traditions de l'Assemblée nationale. Nos légistes ont
travailllé jusqu'à une heure ce matin sur ces modifications, et,
en passant, j'aimerais les remercier pour avoir travaillé jusqu'à
une heure ce matin pour faire en sorte qu'on puisse procéder à
l'étude de ce projet de loi.
Le Président (M. Filion): Oui, mais...
M. Gratton: M. le Président, je serais tenté de
vous dire que si on ne l'adopte pas bientôt, on risque qu'il y ait
d'autres amendements qui surviennent. Moi, je le fais en boutade.
Le Président (M. Filion): Ma remarque là-dessus, je
sais quand même... Cette Législature a commencé au mois de
décembre, nous-mêmes, nous siégeons depuis trois semaines.
Je pense le projet de loi aurait pu être déposé avant,
à la minisession, il aurait pu être déposé il y a
trois semaines, il aurait pu être déposé la semaine
dernière...
M. Gratton: M. te Président, là je suis
obligé de vous retourner aux discussions qu'il y a eu entre l'Opposition
et le gouvernement. On aurait pu faire état de ces réserves
à ce moment-là. Je pense, M. le député de Taillon,
M. le Président, que vous conviendrez vous-même que si on nous
avait indiqué que cela comportait un vice de forme tellement grave qu'on
ne devait pas saisir la commission du projet de loi, nous aurions
obtempéré aux voeux de l'Opposition ou aux voeux des
députés qui auraient exprimé ce point de vue. Le point de
vue n'a pas été exprimé, c'est ce qui nous amène
à faire les choses ce matin dans des formes qui ne sont absolument pas
inédites, loin de là, et qui, évidemment, nous coincent un
peu dans le temps. Je pense qu'au départ on avait accepté ces
conditions dès mardi, lorsqu'il y a eu entente.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Juste le dernier élément que je veux
avancer, M. le Président, c'est le fait que je pense qu'on est tous
d'accord sur la première partie de la loi, pour que la seule
manière de procéder soit par projet de loi privé.
La deuxième chose, pour rectifier les affaires qui auraient pu
être rectifiées par des procédures judiciaires, je tiens
à souligner que tous ces problèmes sont réglés par
la notion de prescription. Le seul problème qui est vraiment au coeur du
litige, c'est la question du temps que cela prendrait de signifier à des
personnes mentionnées dans les titres depuis 1900, qui sont mortes, qui
sont parties du district, qui sont des héritiers inconnus. C'est un
problème technique de signifier ces papiers à des personnes pour
clarifier les titres, mais, à toutes fins utiles, en vertu de la notion
de prescription, l'affaire est réglée. Mais l'affaire n'est
pas
techniquement réglée parce qu'il faut signifier à
toutes ces personnes inconnues, qui sont inconnues, qui sont très
difficiles à rechercher et à trouver. C'est ça le fond du
problème. Dans l'ensemble de l'affaire, je pense qu'on fait un exercice,
ce matin, quasiment inutilement. Cela ne donne rien. Cela n'avance à
rien. Moi je me dis que l'affaire dans l'ensemble est réglée.
Premièrement, par le fait que la seule manière de rectifier les
titres, c'est un projet de loi privé. Deuxièmement, l'autre
élément, c'est réglé par la notion de prescription.
Excepté qu'on a le problème de rejoindre les personnes
impliquées dans l'affaire, toutes les personnes impliquées dans
les consentements requis, s'il y avait besoin d'une signature ou d'autres
technicités pour corriger les titres.
Si c'était la première fois que cela se produisait, je
verrais bien pourquoi le député de Gouin fait état de
l'affaire. À maintes et maintes reprises dans le passé, c'est la
procédure qui a été suivie. D'un coup sec, ce matin... Je
ne sais pas ce qu'il veut avancer, quel point il veut amener. Je pense que son
point est bien fait. Retarder un projet de loi de cette importance pour des
affaires très techniques, seulement trouver les personnes, les
héritiers à qui signifier des papiers judiciaires pour corriger
les titres, je pense que cela ne nous mène nulle part.
M.Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Mon intention n'était pas d'intervenir mais,
compte tenu des propos du député de Chapleau, je vous ferai
remarquer qu'on n'est pas en train de retarder et de proposer le report de
l'étude du projet de loi. On est en train de l'étudier et on vous
a demandé, entre autres, de nous dire pourquoi il a fallu utiliser cette
procédure et, deuxièmement, pourquoi il y avait urgence pour
procéder aujourd'hui.
M. Kehoe: C'est la manière de procéder.
M. Rochefort: Si vous n'aimez pas cela légiférer,
c'est une autre chose. Il y a d'autres moyens de fonctionner. Quand on
légifère, l'Opposition pose des questions. Vous en savez quelque
chose. On va jouer notre rôle. C'est l'intérêt du public qui
est en jeu. Il faut qu'il soit respecté. Il faut que cela se fasse dans
les formes, selon les procédures.
M. Dufour: Moi je pense...
Le Président (M. Filion): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais peut-être ajouter une remarque.
J'écoute ce que le député de Chapleau dit. Il a dit: C'est
tout réglé. II n'y a pas de problème. C'est prescrit.
M. Kehoe: II y a un problème certain.
M. Dufour: Nonobstant - parce que c'est une clause qu'il faudrait
peut-être employer - les mots, à l'article 5... On dit: Tout d'un
coup ce n'est pas réglél Normalement, le législateur ne
parle pas pour rien dire. J'ai appris cela, je ne suis pas un avocat, mais j'ai
appris cela à plusieurs reprises. Là, il y a l'article 5 qui ne
dit rien. C'est parce que cela a été fait avant. Vous le savez.
Il y a eu un changement de gouvernement le 2 décembre. Il y a des choses
qu'on ne devait pas faire correctement. Vous faites pareil. Vous dites: On ne
crée pas de précédent. On fait la même chose. On ne
veut pas empêcher... Moi ce que je trouve dans le parti au pouvoir, c'est
que chaque fois qu'on pose des questions vous semblez essayer de nous
culpabiliser, dans ce sens que nous autres on ne comprend rien. On est
là pour mettre les bois dans les roues. Vous l'avez fait pendant neuf
ans, ce travail. Vous l'avez fait peut-être avec plus d'ardeur, de hargne
que nous autres.
Donc, ce qu'on essaie de faire, c'est un travail potable, et
arrêtez de finasser. On a entendu tellement de réactions ou
d'affirmations à savoir que c'était fini quelque chose,
c'était fini telle autre affaire. C'est pire que c'était. On ne
sait même pas ce qui nous attend.
C'est sûr qu'on n'arrêtera pas le projet de loi, mon
collègue de Gouin comprend cela. Je pense que l'Opposition est
responsable. Le ministre vient nous dire: Les fonctionnaires travaillent
jusqu'à une heure. On a travaillé jusqu'à 4 heures, nous
autres, parce qu'il y a un ministre qui s'est fourré le nez là
où il n'avait pas affaire. N'oubliez pas cela. On a notre mérite
aussi. Le mérite n'est pas juste pour les fonctionnaires. On travaille
pour le bien commun. J'espère que vous voyez que dans les lois - dans
cela, je n'ai pas de leçon à prendre ni d'un bord ni de l'autre -
on ne travaille pas pour emmerder la population, c'est pour essayer de lui
rendre service. C'est ça le travail d'un député et de
quelqu'un qui travaille pour la population.
M. Kehoe: ...un chèque de 150 000 000 $.
M. Dufour: Bravo.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: Je ne pense pas que le député de
Jonquière a raison dans ses propos.
On n'est pas si méchant que cela. On vous permet de faire votre
travail. Je pense qu'on s'entend, on est tous d'accord pour dire qu'il y a
urgence. Maintenant, il s'agit de vérifier si le projet, de loi
privé est le moyen approprié pour régler le
problème des intervenants. J'aimerais peut-être poser quelques
questions au conseiller juridique du groupe, si vous le permettez, de telle
sorte qu'on sache si, juridiquement, c'est, selon lui, le seul moyen d'arriver
à compléter les démarches entreprises avec le Groupe
Matrix inc. relativement au projet de quelque 100 000 000 $. (11 h 30)
Est-ce que vous pourriez nous résumer, de façon
très rapide, les conclusions auxquelles vous êtes arrivé et
les conclusions au niveau strictement juridique, qui vous ont amené
à conclure que le seul moyen de régler votre problème
était un projet de loi privé?
M. Cannon (David): Nous avons répondu tout à
l'heure qu'effectivement, il y a certains vices de titres dans le projet qui
pourraient théoriquement être corrigés par un jugement
éventuellement rendu. Le problème, c'est que si vous regardez
l'effet d'un jugement comparativement à un projet de loi privé,
dans un projet de 100 000 000 $ ou 150 000 000 $, même si nous parlons
strictement de questions juridiques, il faut quand même regarder les
exigences des parties. Quand nous sommes devant un investissement d'une telle
somme d'argent, un prêteur hypothécaire est plus exigeant que dans
un dossier de 100 000 $.
Même si nous obtenons un jugement dans un an, dans deux ans, il y
a toujours la question de rétractation du jugement, il reste toujours la
question à savoir si effectivement toutes les parties ont
été "signifiées"... En d'autre3 mots, le jugement
n'équivaudra jamais au projet de loi privé. Notre opinion,
à la commission scolaire et à Micot était à savoir
que la meilleure solution et la seule solution absolue, si vous voulez,
était un projet de loi privé, compte tenu des sommes en jeu.
Tout à l'heure, on a demandé si nous créions un
précédent. Je ne vais pas entrer dans ce débat, mais il
faut quand même regarder la nature du dossier. Combien de fois allez-vous
rencontrer un dossier où nous prévoyons un investissement de 100
000 000 $ à 150 000 000 $ et où nous aurons besoin de
créer les droits réels sur une propriété où,
effectivement, il n'y a eu aucune transaction depuis au-delà de cent
ans.
Comment se fait-il qu'à la commission scolaire - vous l'avez
mentionné tout à l'heure - on connaisse un tel problème?
Est-ce que ce sont les conseillers juridiques qui cherchent les bibites? Dans
ce dossier, effectivement, notre commission scolaire occupe ce3 terrains depuis
1900. Quand vous allez au bureau d'enregistrement, vous n'avez aucun document
concernant la commission scolaire. Normalement, dans un dossier normal, vous
verriez quoi? Vous verriez une transaction en 1910 ou une autre en 1920 qui
donnerait une souche au propriétaire actuel. Mais ici, effectivement -
c'est la première fois, en quinze ans de pratique, que je rencontre une
telle situation - vous n'avez aucun titre pour le propriétaire et aucune
transaction pour cette personne depuis 1900.
S'il y avait eu des transactions en 1930 ou en 1920, nous n'aurions pas
les mêmes problèmes de titres parce qu'ils auraient
été corrigés par cette transaction, mais nous n'avons pa3
de transaction. Sur les vices de titres, nous retenons quand même notre
opinion juridique à savoir qu'un jugement n'équivaudra pas
à un projet de loi privé. Il y aura toujours des questions qui
pourront être soulevées et nous ne voulons pas courir ce risque
lors du financement éventuel de cette propriété.
M. Lefebvre: Autrement dit, si vous n'aviez qu'un jugement de la
Cour supérieure, alors que vous recherchez plutôt la protection
absolue du projet de loi privé, si vous n'aviez qu'un jugement de la
Cour supérieure, vous prétendez risquer que ta transaction,
à un moment ou l'autre, ne puisse pas se concrétiser.
M. Cannon (David): Je pense qu'un conseiller juridique agissant
pour un créancier hypothécaire extrêmement prudent, compte
tenu des sommes en jeu, pourra insister pour obtenir un projet de loi
privé et ne pas accepter un jugement, même si nous attendons deux
ans pour l'obtenir.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Une dernière intervention. Je ne voudrais pas
retenir l'argumentation de M. Cannon concernant la globalisation de la somme
d'argent parce que, à ce moment-là, on va légiférer
seulement pour des projets de 100 000 000 $. Je suis prêt à ce
qu'on se réunisse tous les jours et à passer ma vie ici pour des
projets de 100 000 000 $. C'est le "fun". Je pense qu'il n'y a pas que cela. Je
pense qu'on va regarder au point de vue de l'égalité des
citoyens, car les citoyens sont égaux devant la loi. Je veux juste faire
la remarque suivante. J'espère que le ministère de la Justice ne
retiendra pas cet argument pour étudier les prochains projets de loi
privés même si l'Opposition veut être bien
renseignée.
Quant à moi et au nom de l'Opposition,
on serait prêt à procéder à l'étude
article par article.
Étude détaillée
Le Président (M. Filion): J'appellerais le
préambule du projet de loi. M. le ministre de la Justice.
M. Marx: Je m'excuse, M. le Président, mais la coutume
veut qu'on commence par les articles et qu'on termine avec le préambule
et le titre, mais si vous voulez...
Le Président (M. Filion): Oui, d'accord.
M. Marx: Si vous voulez commencer par le préambule, cela
me fera plaisir.
Le Président (M. Filion): M. le ministre de la Justice,
c'est l'ensemble du projet de loi du député de Chapleau. Je
comprends que c'est vous qui déposez les amendements. À ce
moment, je vais plutôt m'en remettre à la procédure que
vous suggérez.
J'appelle l'article 1 du projet de loi.
M. Marx: M. le Président, nous avons un amendement
à déposer. On vous en a déjà donné
copie.
Une voix: Un amendement à cela?
M. Marx: Non, cela, c'est l'amendement. L'amendement, c'est dans
le document que nous avons distribué ce matin. Le document
polycopié.
Le Président (M. Filion): M. le ministre de la Justice,
est-ce que je dois comprendre que les articles 1 à 4 du projet de loi
doivent être remplacés par les articles 1 à 7 de
l'amendement que vous déposez?
M. Marx: Et l'annexe, M. le Président, exactement. Et
l'annexe. Les articles 1 à 4 devraient être remplacés par
les articles 1 à 7 plus l'annexe. C'est exact, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Plus l'annexe.
Les articles 1 à 4 du projet de loi sont donc remplacés
par les articles 1 à 7 de l'amendement.
M. Marx: Plus l'annexe, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Et l'annexe. M Marx:
Oui.
Le Président (M. Filion): J'appelle le préambule du
projet de toi.
M. Marx: Nous avons un amendement pour le préambule aussi,
M. le Président.
C'est dans le même document que nous avons distribué ce
matin. Si les membres de la commission sont d'accord, on peut l'adopter.
Le Président (M. Filion): Le préambule du projet de
loi 205 est donc remplacé par le préambule contenu à
l'amendement déposé par le ministre de la Justice.
Titre modifié
J'appelle maintenant le titre du projet de loi c'est-à-dire Loi
concernant la commission scolaire de Outaouais-Hull. Je dois comprendre qu'il y
a un amendement là aussi?
M. Marx: Oui, à l'article?
Le Président (M. Filion): Au titre.
M. Marx: Au titre, oui, il y a un amendement au titre, M. le
Président. C'est un nouveau titre pour que ce soit plus
précis.
Le Président (M. Filion): Donc, le titre du projet de loi:
Loi concernant la commission scolaire de Outaouais-Hull est remplacé par
le titre contenu à l'amendement déposé par le ministre de
la Justice, étant donné qu'il est court: Loi concernant certains
lots du cadastre révisé de la cité de Hull (quartier no
4).
M. Marx: Oui, c'est cela, M. le Président.
J'aimerais souligner que le numéro du projet de loi n'a pas
changé.
Le Président (M. Filion): Est-ce que le projet de loi 205
tel qu'amendé est adopté?
M. Dufour: Adopté. M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Et l'annexe? L'annexe
était comprise dans les articles, me dit-on.
À ce moment-ci, je suspends donc nos travaux pour quelques
minutes afin de procéder à l'étude détaillée
du projet de loi 22 et, subséquemment, du projet de loi 23.
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Filion): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: J'aimerais remercier les membres de la commission pour
leur collaboration à l'étude en vue de l'adoption de ce projet de
loi. J'aimerais aussi remercier les intervenants d'être venus nous
exposer leur point de vue. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Madame de la commission
scolaire, messieurs de la commission scolaire, messieurs les procureurs et
autres personnes, merci de vous être déplacés et d'avoir
patienté durant l'étude ouverte... Vous voyez, en Cour d'appel,
ils font cela dans leur chambre. Ici, on fait cela au grand jour. Je vous
remercie.
(Suspension de la séance à 11 h 42)
(Reprise à 11 h 52)
Le Président (M. Filion): La commission reprend ses
travaux dans l'accomplissement de son mandat - tout en soulignant que nous
avons quorum - qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 23, Loi sur la délimitation des
circonscriptions électorales.
Est-ce que la secrétaire pourrait annoncer les remplacements.
La Secrétaire: M. Johnson (Anjou) par M. Rochefort
(Gouin). M. Paré (Shefford) par M. Dufour (Jonquière)
Le Président (M. Filion): Membres automatiques. Est-ce
qu'il y a des remarques préliminaires?
Projet de loi 23 Remarques
préliminaires
M. Gratton: Oui, M. le Président. Comme je m'y
étais engagé, au moment de l'étude du principe du projet
de loi 23, à l'Assemblée nationale, j'ai préparé
des amendements pour tenir compte des représentations qui nous avaient
été faites et d'ailleurs de l'entente à laquelle noua
sommes arrivés avec l'Opposition de préciser, dans la loi, des
dates quant a la production du rapport de la Commission de la
représentation électorale. J'ai saisi mon collègue de
Jonquière, tantôt, des amendements, parce que cela nous
amène à devoir faire deux amendements. J'en dépose deux
copies. En guise d'introduction, je pourrais en faire lecture,
II s'agit d'abord de remplacer l'article 1 tel qu'il apparaît au
projet de loi par un autre, qui se lirait comme suit: "Article 1. Les
opérations se rapportant à la délimitation des
circonscriptions électorales prévue par la Loi sur la
représentation électorale (L.R.Q., chapitre R-24.1) sont
suspendues jusqu'au 2 décembre 1986 et le rapport qui, en vertu de
l'article 25, devait être remis au plus tard le 2 décembre 1986,
doit être remis au plus tard le 15 septembre 1987."
Je pense que c'est clair. Plutôt que de dire qu'on suspend
jusqu'à ce que le gouvernement en ordonne autrement, comme
c'était le cas, on précise maintenant que les travaux sont
suspendus jusqu'au 2 décembre 1986 et on précise que le rapport
qui devait normalement être déposé à
l'Assemblée au plus tard le 2 décembre 1986 pourra l'être
jusqu'au 15 septembre 1987.
Un article de concordance ou un amendement de concordance est
apporté en ajoutant à l'article 1, le paragraphe suivant, et je
cite: "Malgré l'article 27 de la Loi sur la délimitation des
circonscriptions électorales, la Commission de la représentation
électorale entend les représentations des députés,
des citoyens et des organismes intéressés dans les sept mois de
la remise du rapport prévu à l'alinéa 1." Ce qui vient
compléter et harmoniser l'ensemble pour respecter les modalités
de la loi actuelle et changer celles qui ont besoin d'être
changées.
M. le Président, je ne sais si c'est suffisamment clair ou s'il y
a des questions?
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Est-ce que les services du ministre ou le directeur
général a produit un nouveau calendrier, pas un calendrier,
l'hypothèse d'échéancier qu'il nous avait remise à
l'occasion de la consultation que nous avions tenue? Est-ce qu'il y aurait
moyen de faire rapidement une mise à jour, compte tenu des
modifications? Par exemple, dans l'hypothèse de
l'échéancier soumis, en septembre 1987 la Commission de la
représentation électorale devait entreprendre ses audiences
publiques. Maintenant, elle déposerait son rapport en septembre
1987.
Deuxièmement, les audiences publiques, selon le deuxième
amendement déposé par le ministre, seraient
réalisées dans les sept mois suivants. J'aimerais connaître
un peu le décalage. Une deuxième question... Je peux
peut-être poser trois ou quatre questions du coup, je pense que cela va
nous permettre de faire le tour.
Si j'ai bien compris l'intervention du Directeur général
des élections, lors de sa présence parmi nous, l'objectif
visé était de nous permettre de tenir le recensement... D'accord,
continuez, j'aime autant...
Une voix: Non, non.
M. Rochefort: Cela va? Bon. Deuxièmement, l'objectif
visé par le Directeur général des élections
était de tenir le rencensement non pas annuel, mais de faire concorder
le rencensement rendu obligatoire par l'entrée en vigueur d'une nouvelle
carte et qui doit être fait dans les six mois avec le rencensement annuel
et de le tenir en septembre 1988.
Je répète mes deux questions. D'une part, compte tenu des
deux propositions d'amendement, pouvez-vous décrire le décalage
de l'échéancier que cela comporte et, deuxièmement,
qu'est-ce que cela implique pour le recensement de 1988?
M. Gratton: Nous allons reprendre les deux questions, mais en
sens inverse. Ce que cela implique pour le recensement de 1988, c'est qu'il n'y
a rien de changé. C'est d'ailleurs le sens des modifications que l'on
apporte. On s'est astreint à devoir entreprendre un recensement en
septembre 1988, tel que la loi le prévoirait chaque année
d'ailleurs en septembre. Donc, dans les deux cas, il n'y a aucun
problème.
Pour ce qui est du changement dans les travaux de la commission, on se
rappellera que l'on parlait de commencer en octobre 1986 - on parlait du
début des travaux de la commission en octobre 1986 et de recherches et
de délibérations en novembre et décembre 1986 - alors que
le tout commencera maintenant "en janvier 1987. Le début des travaux de
la commission se fera en janvier 1987. Ces travaux s'échelonneraient sur
les quatre premiers mois: janvier, février, mars, avril. Travaux et
décisions préliminaires en mai et juin et, décision
finale, si on peut dire, en juillet 1987.
L'impression du rapport préliminaire se ferait en août
1987; le 15 septembre, remise du rapport au président ou au
secrétaire général de l'Assemblée. Le rapport
préliminaire sera rendu public, en vertu des articles 25 et 26. En
octobre 1987, étude du rapport préliminaire par la commission de
l'Assemblée nationale, en vertu des articles 28 et 29 de la loi, et les
avis d'audiences publiques nécessaires, en vertu de l'article 30. En
novembre et décembre 1987, de même qu'en janvier, audiences
publiques. À la fin de janvier, délibérations et
recherches. Finalement on reprend le même calendrier que celui qui avait
été déposé la semaine dernière à
partir de janvier ou février 1988. En d'autres mots, on terminerait les
audiences publiques en janvier 1988 et on recommencerait les
délibérations et recherches pour en arriver aux décisions
finales en février. (12 heures)
M. Rochefort: Est-ce que le président de la commission de
la représentation est à l'aise avec ce calendrier?
M. Gratton: II m'a dit que oui. D'ailleurs, la seule raison pour
laquelle je ne dépose pas le calendrier révisé, c'est que
c'est fait de façon manuscrite. Je pense qu'on pourrait facilement, une
fois qu'il aura été transcrit...
M. Rochefort: C'est ce que j'allais demander au ministre, M. le
Président.
J'aimerais, selon les décisions que la commission prendra dans
les minutes qui viennent que, dans- les prochaines semaines, le directeur
général ou le ministre dépose -non, le président de
la commission de la représentation - rende disponible le calendrier
définitif des travaux qu'il entendra mener selon la nouvelle
législation.
M. Gratton: Ce sera fait, M. le Président.
M. Rochefort: Merci. Deuxièmement, c'est bien en septembre
que le recensement a lieu chaque année? Ou octobre? C'est en octobre.
Bon. Est-ce qu'on change cela dans notre affaire?
M. Gratton: Non.
M. Rochefort: Ah! C'est la période du recensement,
d'accord.
M. Gratton: C'est cela.
M. Rochefort: Mais on s'entend bien pour dire que le recensement
exigé par l'entrée en vigueur d'une nouvelle carte
électorale serait exactement à la même période que
le recensement prévu chaque année?
M. Gratton: Exactement. M. Rochefort: Bon.
M. Gratton: Je m'excuse, j'ai induit la commission en erreur.
M. Rochefort: Non, non.
M. Gratton: On parle de période de recensement.
M. Rochefort: Je comprends.
M. Gratton: J'aurais dû parler de la période de
recensement.
M. Rochefort: C'est cela. D'accord, cela va. Pardon?
M. Dufour: On est souple.
M. Rochefort: Souples et rigoureux, comme toujours!
Une voix: Responsables!
M. Rochefort: D'autre part, lorsqu'on lit l'amendement, on lit:
"Les opérations - je ne sais pas si c'est le premier que je lis; oui,
cela doit être cela - se rapportant à la délimitation des
circonscriptions électorales prévues par la Loi sur la
représentation électorale sont suspendues jusqu'au 2
décembre 1986 et le rapport qui, en vertu de l'article 25, devait
être remis...". Le rapport en vertu de l'article 25 tient compte des
barèmes que fixe la loi à la Commission de la
représentation électorale pour délimiter les
circonscriptions électorales selon la nature des changements qui seront
apportés au cours de l'automne prochain à la loi quant aux
barèmes, quant aux critères, quant aux obligations que la
commission devra respecter pour délimiter de nouvelles circonscriptions
électorales. Lorsque nous nous sommes rencontrés la semaine
dernière en commission parlementaire, je me souviens, sauf erreur -le
directeur général me corrigera si j'ai mal saisi ses propos et
même, je pense, ceux du ministre - qu'on nous avait dit qu'à
partir du document soumis par le directeur général
intitulé Réflexions quant à d'éventuelles
modifications apportées à la Loi sur la représentation
électorale, il était évident que l'hypothèse 4,
elle, impliquait des changements tels qu'un calendrier raccourci comme celui
qui nous est suggéré, selon l'amendement déposé par
le ministre ne pouvait être respecté. Dois-je comprendre que le
ministre écarte carrément, dès aujourd'hui,
l'hypothèse 4 de modifications de la Loi sur la représentation
électorale?
M. Gratton: Dans la mesure où le Directeur
général des élections m'indiquerait qu'effectivement on ne
pourrait procéder à partir de l'hypothèse 4 dans le cadre
qu'on adopte ce matin, évidemment, cela va de soi que je m'engagerais et
je m'engage à ce qu'on...
M. Rochefort: M. le Président, je ne veux pas être
tatillon...
M. Gratton: En fait, la seule distinction que je fais...
M. Rochefort: Je voudrais seulement que le ministre, compte tenu
du fait qu'on va, par la suite, prendre des décisions qui impliquent
tout un réaménagement des calendriers et un
échéancier, et compte tenu des préoccupations de
l'Opposition qu'on a déjà évoquées aux
différentes étapes antérieures de l'étude du projet
de loi, je vaudrais, dans la mesure du possible, que le ministre prenne un
engagement formel là-dessus. Je ne veux pas lui forcer la main plus
qu'il ne faut mais, compte tenu que nous savons tous, à l'heure
où nous nous parlons, que l'application de l'hypothèse 4 rend le
calendrier présenté en commission et encore plus le calendrier
modifié suggéré aujourd'hui découlant de la
proposition d'amendement du ministre, caduc. J'avoue que j'aurais de la
difficulté à adopter un amendement qui amène un
échéancier X, alors qu'une hypothèse de modification
pourrait empêcher l'application de ce calendrier.
Dans la mesure du possible, M. le Président, je ne veux pas aller
trop loin, mais j'aimerais que le ministre prenne un engagement un peu formel
là-dessus.
M. Gratton: M. le Président...
M. Rochefort: Je sais que c'est un peu particulier, mais quand
même...
M. Gratton: ...au moment où on se parle, je n'ai
réellement pas arrêté mon choix sur l'hypothèse
à envisager. J'ai d'ailleurs convenu que ça devrait se faire
en...
M. Rochefort: Concensus.
M. Gratton: ...consultation avec l'Opposition. Donc, loin de moi
l'idée de décider aujourd'hui si je considère ou pas, je
considère tout. Le Directeur général des élections
me réitère ce qu'il nous a dit la semaine dernière
à savoir que, effectivement, si on écourte le calendrier, il ne
faudrait probablement pas penser à l'hypothèse 4. Quoiqu'on
pourrait examiner cela de plus près, mais il faudrait qu'on le fasse
extrêmement rapidement pour se convaincre qu'il y a des
possibilités de ce côté-là.
Je vais vous dire le fond de ma pensée, je n'ai réellement
pas d'intentions cachées. Je voudrais simplement ne pas fermer la porte
complètement, en disant aujourd'hui: II n'est pas question qu'on
envisage l'hypothèse 4. Alors que si le Directeur général
des élections nous confirmait qu'il y a des possibilités d'en
arriver à emprunter à l'hypothèse 4 certaines
modalités, c'est cela que je ne voudrais pas fermer et couler dans le
béton aujourd'hui. Effectivement, je ne vois pas les modifications qu'on
pourra apporter aux barèmes qui président à la refonte de
la carte électorale qui soient tellement fondamentaux qu'on doive
s'inquiéter aujourd'hui, au moment de l'adoption du projet de loi 23,
des conséquences des dispositions du projet de loi.
M. Rochefort: Je comprends très bien la réponse du
ministre, M. le Président. Je vais lui poser ma question autrement. Cela
va peut-être nous permettre d'en arriver à quelque chose d'un peu
plus formel, tout en respectant les réflexions du ministre.
M. le Président, est-ce que Je ministre est prêt à
prendre l'engagement que les propositions d'amendement à la Loi sur la
représentation électorale, qu'il soumettra à
l'Assemblée nationale, nous permettront d'atteindre le calendrier qui
découle de l'application des amendements qu'il nous dépose ce
matin?
M. Gratton: Oui, M. le Président.
M. Rochefort: Deuxièmement, M. le Président, est-ce
que le ministre pourrait, plutôt que de nous déposer ce calendrier
de façon formelle, le déposer à l'Assemblée
nationale une fois qu'il aura été refait?
M. Gratton: M. le Président, le Directeur
général des élections m'indique qu'il n'a pas d'objectipn.
On avait déposé le calendrier la semaine dernière devant
la commission parlementaire. Je ne vois pas très bien pourquoi le
député de Gouin insiste ou semble insister pour que ce soit fait
à la Chambre?
M. Rochefort: C'est parce qu'on n'aura pas d'autre occasion,
à moins que ce ne soit à l'occasion de la troisième
lecture, parce que la commission ne se réunira pas à nouveau, M.
le Président, pour déposer...
M. Gratton: Je le souhaite bien. M. Rochefort: Nous
aussi.
M. Gratton: Oui, je pense qu'on pourrait le déposer sinon
en même temps que le rapport, tout au moins en même temps qu'on
procédera à l'adoption du projet de loi.
M. Rochefort: D'accord. Finalement, M, le Président, si je
comprends bien le ministre, son intention est de procéder au
dépôt de modifications à cette loi à l'automne, et
à partir d'un concensus intervenu entre les partis politiques
représentés à l'Assemblée nationale?
M. Gratton: M. le Président, même si on devait, en
consultation avec l'Opposition, en arriver à une décision au mois
de mai ou au mois de juin, il n'y a même pas de nécessité
qu'on attende pour en informer le Directeur général des
élections, de le saisir d'un projet de loi comme tel. On pourrait lui
indiquer nos intentions immédiatement, ce qui lui permettrait
d'étaler sur une plus longue période de temps les travaux qu'il
prévoit accomplir.
M. Rochefort: D'accord. Va ici un autre volet des
préoccupations que j'avais évoquées, qui étaient
miennes et celles de l'Opposition lors de mon intervention en deuxième
lecture à l'Assemblée nationale. J'aimerais savoir qui va
réfléchir justement aux modifications à apporter à
la loi, compte tenu de l'ensemble des discussions que nous avons eues
jusqu'à maintenant et qui nous ont menés là où nous
en sommes rendus, avec une suspension d'une durée d'un an du processus
de révision de la carte électorale. J'avais dit au ministre, dans
mon intervention, que je souhaitais que, dans la mesure du possible, ce
processus de réflexion soit entrepris, idéalement, dans un lieu
non politique et pas très près de la politique. Par exemple,
j'avais suggéré qu'un mandat soit donné au Directeur
général des élections ou à la Commission de la
représentation électorale, mais je comprends qu'il y aurait
peut-être possibilité qu'à un moment donné des gens
y voient des conflits d'intérêts,
Au minimum, j'avais indiqué au ministre que je souhaiterais,
même si ce n'est pas dans le mandat formel juridique du conseil
consultatif, puisque les deux formations sont représentées au
Conseil consultatif de la loi électorale, qu'on demande au consul
consultatif de réfléchir à ces questions. Cela va dans le
sens de mes préoccupations, je ne m'en suis pas caché, de dire
que depuis que les hommes politiques ne mettent la main à la pâte
dans aucune des étapes de la révision et de la
délimitation des circonscriptions électorales au Québec,
l'ensemble des Québécois et des Québécoises, y
compris les formations politiques et les hommes et les femmes politiques, s'en
portent beaucoup mieux. Je voudrais éviter qu'on remette en cause, un
tant soit peu, ce principe, cet acquis des dernières années qui
est à l'honneur de toutes Ies formations politiques.
M. Gratton: M. le Président, le Directeur
général des élections nous a déjà fourni une
liste de quatre hypothèses qui a été remise aux membres de
la commission la semaine dernière. Il m'indique qu'il a
déjà fait la compilation des statistiques à partir du
recensement de 1985, ce qui peut éclairer énormément celui
qui veut se pencher sur les modifications qu'on devra adopter. M. le Directeur
général des élections m'indique qu'il serait tout à
fait d'accord, si la commission en fait la demande, pour remettre aux deux
formations politiques le résultat des études ou des compilations
qui sont déjà prêtes ou qui le deviendront dans les jours
qui suivent. Ce que je suggérerais, c'est qu'à partir de cela, de
part et d'autre, on entame la réflexion chacun de notre
côté et que je propose, avant qu'on ne se quitte en juin et
possiblement bien avant, une façon de travailler. Je serais tenté
de dire: Faisons-le au sein du comité consultatif, mais comme, pour le
moment, si je ne m'abuse, le comité consultatif n'a pas droit de regard
sur la représentation électorale, il s'agit de voir si ce serait
régulier de procéder ainsi ou dans un autre forum. Si cela
risquait de satisfaire le député de Gouin, pour le moment, de
recevoir du Directeur général des élections - je pense que
ce sera dans les jours qui suivent - les documents qui sont déjà
prêts, nous pourrions amorcer chacun de notre côté la
réflexion et, à notre retour de l'ajournement de Pâques,
regarder ensemble quelles sont les possibilités de confier ce travail
à un comité
conjoint quelconque, que ce soit le comité consultatif qui existe
déjà ou un autre comité qu'on formerait. Cela restera
à déterminer.
M. Rochefort: M. le Président, je veux qu'on se comprenne
bien. Dans la mesure où on souhaite y aller par consensus, il est
évident que ce qui facilite les consensus c'est que la réflexion
se fasse conjointement. Plus le processus se fera de part et d'autre, plus les
consensus seront difficiles parce que plus de compromis seront à faire
puisque les gens en seront arrivés à des conclusions
personnelles, trouveront que leurs conclusions sont les bonnes, sont les
meilleures et voudront les imposer aux autres» C'est normal, c'est
humain. C'est compte tenu de cela que je souhaite que, le plus rapidement
possible, la réflexion sur les amendements à apporter à la
Loi sur la représentation électorale, que nous souhaitons et que
le ministre nous dit souhaiter être adoptés par consensus, que
donc, rapidement, cette réflexion se fasse conjointement pour que,
dès le départ, on y aille dans le même sens avec les
mêmes préoccupations, avec la même façon de
travailler, les mêmes échéanciers de travail. Qu'on en
arrive donc à un consensus en fonction des pratiques et des acquis que
nous avons obtenus et construits ensemble, tes deux formations politiques, en
matière de délimitation des circonscriptions électorales.
C'est ce qui fait que je souhaite l'engagement le plus formel possible de la
part du ministre en ce sens pour éviter qu'on se retrouve avec une
bataille politique à l'automne sur une question qui se porte très
bien depuis qu'il n'y a plus de politique autour de celle-ci. (12 h 15)
M. Gratton: M. le Président, si je n'avais pas l'assurance
qu'on a maintenant du fait que, sur l'essentiel, sur le fait qu'avec 122
députés, il n'est pas question d'augmenter le nombre de
circonscriptions, je serais plutôt porté à avoir des
réserves sur ce que propose le député de Gouin quand il
parle de la nécessité de faire que la réflexion soit
commune. Mais, comme nous partageons l'objectif le plus important selon moi,
à ce moment-là, je suis tout à fait d'accord avec le
député de Gouin pour dire que, effectivement, la réflexion
devrait être conjointe.
Si j'ai bien compris, ce que le Directeur général des
élections va nous faire parvenir séparément, ce sont
simplement les données statistiques qui découlent du dernier
recensement et qui nous permettront, de part et d'autre, de faire un certain
travail de déblayage pour en arriver à comprendre comment la
situation se présente. Je suis prêt à m'engager dès
maintenant à ce que, à notre retour, disons avant la fin du mois
d'avril, à saisir l'Opposition d'une proposition de comité
quelconque ou de processus de réflexion conjointe là-dessus en y
associant, bien entendu, au premier chef, le Directeur général
des élections.
M. Rochefort: D'accord, M. le Président. Un dernier
commentaire. L'offre faite par le ministre de déposer les documents que
te directeur général aura à sa disposition au cours des
prochains jours sur ces questions, on l'accepte et on est heureux de
l'engagement...
M. Gratton: Plutôt que de procéder è un
dépôt, est-ce que le député de Gouin serait d'accord
pour qu'on demande ce matin que la commission demande au Directeur
général des élections de faire parvenir, aux membres de la
commission, les documents en sa possession?
M. Rochefort: Absolument. Bien, peut-être pas aux membres
de la commission mais aux deux formations.
M. Gratton: Aux deux formations politiques. Cela va?
M. Rochefort: Adopté. M. Gratton: D'accord.
M. Rochefort: À tous les membres de la commission? Bon,
d'accord. Mais...
M. Gratton: Il s'agit d'un document d'une quinzaine de pages. Je
ne vois donc pas de problème à ce que...
M. Rochefort: Et, M. le Président, pour conclure sur la
discussion qu'on a depuis quelques minutes le ministre et moi, je veux dire que
je suis très satisfait des engagements et des positions qu'il a
prises.
M. Gratton: Je suis très satisfait de... M.
Rochefort: De ma satisfaction.
M. Gratton: ...du degré de satisfaction du
député de Gouin.
Le Président (M, Filion): Au-delà de...
M. Gratton: Êtes-vous satisfait, vous, M. le
Président?
Le Président (M. Filion): Bien justement. Au-delà
de cette satisfaction mutuelle et un peu dans l'esprit souligné à
la fois par le député de Gouin et par le ministre, curieusement,
on en arrive au point où les matières électorales doivent
être, dans la mesure du possible, "départisanées" ou
dépolitisées. En ce sens, je sais que vous allez
réfléchir, comme vous l'avez
mentionné, sur les processus, et je fais juste soulever la
question, la commission elle-même ici pourrait se réunir en
séance de travail, à l'occasion, au-delà des
séances informelles que les gens pourraient avoir entre eux. Vous le
savez, depuis la réforme parlementaire, la commission peut
étudier les matières qu'elle juge à propos. Je ne sais
pas, je fais juste ajouter à votre réflexion, toujours dans le
souci constant, et je peux vous assurer de mon côté, en tant que
président de cette commission, que c'est le même esprit qui nous
anime, pour faire en sorte, en deux mots, que toutes les matières
électorales soient établies de consensus entre toutes les
formations politiques.
M. Gratton: M. le Président, je n'exclus pas la
possibilité que vous évoquez, que ce soit à la commission
ou à une sous-commission de la commission des institutions qu'on puisse
faire le travail de réflexion dont on parle.
Étude détaillée
Le Président (M. Filion): Les remarques
préliminaires étant terminées, j'appelle donc l'article 1
du projet de loi 23. Je comprends qu'un amendement est
déposé...
M. Gratton: Oui, dont j'ai fait lecture, M. le
Président.
Le Président (M. Fiiion): ...dont le ministre a fait
lecture. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Filion): Est-ce que l'article 1 est
adopté tel qu'amendé?
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Filion): Alors, j'appelle l'article
2.
M, Rochefort: Oui. Juste une question, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Ah! Est-ce qu'il y a un autre
amendement à déposer?
M. Gratton: Non. Il n'y en avait qu'un seul, M. le
Président. En fait, deux, j'en ai fait lecture tantôt et
effectivement ce sont deux papillons mais les deux à l'article 1.
Le Président (M. Filion): Les deux disent la même
chose.
M. Rochefort: Non, non, non.
Le Président (M. Filion): Non?
M. Rochefort: L'un complète l'autre et découle de
l'autre.
Le Président (M. Filion): Ah! D'accord. M. Gratton:
Oui.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 2. Est-ce
qu'il est adopté?
M. Rochefort: Juste un instant. Une question au ministre, M. le
Président. Quand le ministre entend-il procéder aux étapes
subséquentes? Est-ce qu'il y a des ententes, par exemple, avec notre
leader?
M. Gratton: M. le Président, je me pose la question si je
dois me risquer. Si c'était acceptable aux membres de la commission
qu'on procède cet après-midi, je le voudrais volontiers. Je pense
bien qu'au moment où on se parle le Directeur général des
élections, qui est présent, ne se lancera pas dans des travaux de
confection de la nouvelle carte, compte tenu de l'unanimité qui
règne ici. Évidemment, je préférerais qu'on puisse
bâcler la chose cet après-midi. Je pense qu'il y a entente mais je
le dis sous toutes réserves parce que...
M. Rochefort: On vérifiera.
M. Gratton: On vérifiera et on verra. Mais, si le
secrétariat de la commission pouvait faire en sorte que le rapport
puisse être déposé cet après-midi, cela nous serait
fort agréable, indépendamment de ce que l'on décidera de
faire pour en disposer.
M. Rochefort: Article 2, adopté.
Le Président (M. Filion): Tout est prévu à
cet effet, M. le ministre.
M. Gratton: D'accord. Merci, M. le Président.
M. Rochefort: Article 2, adopté.
Le Président (M. Filion): L'article 2 est adopté.
J'appelle le titre du projet de loi, Loi sur la délimitation des
circonscriptions électorales.
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. Est-ce que le
projet de loi est adopté tel qu'amendé?
M. Rochefort: Adopté.
Projet de loi 22
Le Président (M. Filion): Alors,
notre
mandat est maintenant de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 22, Loi sur le recensement de3
électeurs en 1986. Est-ce que des remarques préliminaires seront
faites par les membres?
Remarques préliminaires
M. Gratton: M. le Président, je ne pense pas que je puisse
dire quoi que ce soit qui n'ait pas déjà été dit et
peut-être redit non seulement cette année mais au cours des
années qui ont précédé et où on a
adopté un projet de loi semblable.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je pense qu'en préliminaire, lorsqu'on avait eu
notre commission pour étudier le projet de loi, deux hypothèses
ou deux suggestions avaient été apportées. C'était
plutôt un engagement de la part du ministre. Je ne pense pas qu'on aurait
pu l'inscrire dans la loi comme telle. En tout cas, cela aurait changé
tout l'aspect de la loi telle qu'elle est devant nous.
Par contre, ce qu'on avait dit à ce moment, c'est juste un
rappel, c'était pourquoi on ne profiterait pas du temps qui est devant
nous pour essayer d'informatiser les listes électorales pour le futur?
Deuxième possibilité qu'on avait examinée ou
deuxième piste qu'on avait explorée, pourquoi n'essaierait-on pas
dans un deuxième temps d'uniformiser le cens électoral
jusqu'à un certain point mais avec l'accord des parties qu'on peut
nommer scolaire, municipale et provinciale pour essayer de trouver un consensus
sur le cens électoral et que ces listes servent.
Les raisons qui sont évoquées afin d'uniformiser c'est
qu'on est en 1986. Je crois qu'il y a des moyens techniques qui nous permettent
de corriger les erreurs humaines. Donc, cela nous semble excessivement
important qu'on se penche vraiment là-dessus. Qu'on fasse
référence aux débats lors de l'adoption du principe de la
loi 22. Beaucoup de mes collègues et d'autres ont relaté des
incidents que chacun parmi nous a connus dans la période
électorale, sur des omissions de noms, des transcriptions de noms. C'est
un travail fastidieux qui peut se faire autrement qu'à la main et qui
peut être remplacé avantageusement, à mon sens, par la
mécanique et, en même temps, qui est de nature à donner un
meilleur rendement pour les fins pour lesquelles les recensements sont faits.
C'est dans ce sens-là qu'avaient été nos interventions au
départ et je pense bien que, depuis le dépôt de cette loi,
on est encore sur la même vision des choses.
M. Gratton: Oui, M. le Président, je pense qu'on avait
indiqué au cours du débat à l'Assemblée nationale
sur l'adoption du principe qu'effectivement, il nous semblait que
c'était au comité consultatif que devait revenir de faire
l'étude en question quant à l'informatisation des listes aussi
bien qu'à l'utilisation des listes électorales que les
municipalités et les commissions scolaires pourraient utiliser. Le
comité consultatif a déjà un mandat de se pencher sur
l'uniformisation des listes électorales. Évidemment, il y a une
certaine perturbation avec la période électorale, mais le
Directeur général des élections m'indique que le
comité consultatif a toujours ce même mandat qui n'est pas,
à force de dépenses et d'efforts, d'en arriver avec des
propositions très concrètes, mais tout au moins qui est de faire
la réflexion et de faire des recommandations qui pourraient amener
l'Assemblée nationale à confier un mandat plus précis,
plus élaboré au Directeur général des
élections. Il s'agirait simplement d'ajouter un aspect technique, soit
celui de l'informatisation, qui ne fait pas partie du mandat actuel du
comité. Le Directeur général des élections
m'indique qu'on pourrait suggérer que le comité consultatif fasse
rapport, fasse ses recommandations avant l'ajournement d'été, par
exemple avant la fin de juin. Il m'indique que c'est possible et je serais tout
à fait à l'aise qu'on procède de cette façon.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Si je comprends bien donc, découlant de la
dernière intervention du ministre, il serait d'accord pour que les
représentants de sa formation politique acceptent de revenir sur ce
mandat, de l'élargir à la question d'informatisation et d'aller
dans le sens du calendrier qu'il vient de suggérer.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Je le fais avec la seule
réserve que je devrai consulter possiblement les instances du
gouvernement autres que le ministère ou le Secrétariat à
la réforme électorale. Disons que je ne vois pas de
problème à ce que... En fin de compte, ce qu'on demande, ce n'est
pas de se lancer dans la confection d'une liste informatisée mais dans
une réflexion préliminaire. Je ne vois réellement pas
pourquoi on ne pourrait pas ajouter cela. Sauf avis contraire, tenons pour
acquis que cela, sera fait.
En fait, on me précise du côté du Directeur
général des élections que le mandat que possède
présentement le comité consultatif, c'est de faire une
recommandation quant à ce que pourrait être un mandat
d'étude plus détaillé. Donc, à ce
point de vue, je pense que je n'ai aucune objection ou réserve
à ajouter l'informatisation dans ce mandat,
M. Rochefort: D'accord. Mais vous êtes aussi d'accord pour
que, dans la mesure du possible, cette étude sur la question
d'informatisation soit complétée d'ici l'été pour
qu'on puisse voir les suites à y donner.
M. Gratton: Oui, oui. M. Rochefort: D'accord.
Le Président (M. Filion): Juste une courte question avec
la permission de mes collègues. Le conseil consultatif, eu égard
aux articles 44 et 45, je crois comprendre qu'il existe. Mais étant
donné que la loi stipule une certaine représentation compte tenu
des élus et des non-élus, est-ce que le conseil consultatif
existe au moment où on se parle, légalement?
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Filion): Pour mon information, quels sont
les membres élus du côté de la majorité
ministérielle?
M. Gratton: Le député de Gouin et le
député de Taschereau.
M. Rochefort: Le député de Taschereau et le
député de Jonquière. Je ne suis pas certain que la lettre
soit déjà rendue au Directeur général des
élections.
M. Gratton: Quant au parti ministériel...
M. Rochefort: Le chef de l'Opposition est sur le point
d'écrire au Directeur général des élections pour
lui faire part...
Le Président (M. Filion): Je voulais être au
courant.
M. Gratton: Quant au parti ministériel, c'est le
député de Taschereau.
M. Dufour: Est-ce qu'il est seul ou avec d'autres?
Le Président (M. Filion): Avec M. Allaire.
M. Gratton: II est accompagné de deux autres membres qui
ne sont pas des élus.
Le Président (M. Filion): La loi stipule qu'il doit y
avoir un élu de chaque côté, au moins un élu; il
peut y en avoir davantage.
M. Gratton: C'est cela.
Le Président (M. Filion): D'accord. M. Dufour: Au
minimum.
Le Président (M. Filion): C'est un minimum. Est-ce qu'il y
a d'autres remarques préliminaires?
Une voix: Non.
Étude détaillée
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 1 du projet
de loi 22.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté, J'appelle
l'article 2 du projet de loi.
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. J'appelle
l'article 3 du projet de loi.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 4 du projet
de loi.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Filion): J'appelle le titre du projet de
loi, Loi sur le recensement des électeurs en 1986.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Filion): J'appelle le projet de loi
22.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté.
M. Gratton: M. le Président, merci aux membres de la
commission pour leur collaboration.
Le Président (M. Filion): Les travaux de la commission
sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 32)