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(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, mesdames
et messieurs! La commission de la fonction publique reprend ses travaux en vue
d'étudier le projet de loi 51, Loi sur la fonction publique, article par
article.
Les membres de la commission sont: M. Assad (Papineau), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), Mme Bacon (Chomedey), M. Doyon (Louis-Hébert), M. Fallu
(Groulx), M. Gravel (Limoilou), Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. LeMay (Gaspé), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Martel (Richelieu), M. Rivest (Jean-Talon),
M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M. Blais
(Terrebonne), M. Caron (Verdun), M. Charbonneau (Verchères), M. Dubois
(Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), M. Hains (Saint-Henri), M. Lachance
(Bellechasse), Mme Lachapelle (Dorion).
Le rapporteur à la commission est M. LeMay (Gaspé).
Nous étions rendus à l'article 9. Oui, Mme la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, je vais solliciter la
sympathie de mes collègues et leur collaboration pour vous apporter un
papillon, à l'article 9, qu'on va vous distribuer sur-le-champ, je
l'espère. C'est une disposition qui existait déjà dans le
code d'éthique, mais qu'on n'avait pas reprise dans la loi et qu'il nous
a semblé nécessaire ou, en tout cas, peut-être bon sur le
plan pédagogique d'inscrire dans la loi, disposition qui prévoit
qu'un fonctionnaire ne peut accorder, solliciter ou accepter en sa
qualité de fonctionnaire une faveur ou un avantage indu pour
lui-même ou pour une autre personne.
Je voudrais prendre la peine de spécifier que cet amendement, qui
me semble nécessaire, n'est peut-être pas parfait.
Là-dessus, mes collègues verront, s'il y a lieu, à
l'accepter tel quel ou à le suspendre pour en rediscuter au cours de la
journée et tenter de l'améliorer.
Je voudrais spécifier que cet amendement ne se veut en aucune
façon une caution ou un accord à la façon dont s'est
déroulé un certain débat qui a eu lieu la semaine
dernière à l'Assemblée nationale quant à certains
cas de favoritisme ou de népotisme que la Commission de la fonction
publique avait pu détecter chez certains fonctionnaires de l'aide
sociale; je dis que ce n'est pas une caution parce que le débat s'est
fait sous une série de procès d'intention et de
culpabilité par association et m'est apparu dommageable pour l'ensemble
des fonctionnaires de l'aide sociale et de la fonction publique.
Par ailleurs, il nous apparaît important qu'une telle disposition,
qui existait déjà dans le code d'éthique, apparaisse dans
la loi, ne serait-ce que pour sa valeur pédagogique, parce que le code
d'éthique, dans de tels cas, permet aussi des sanctions.
M. le Président, avez-vous eu le papillon faisant que l'article 9
serait l'article 9.1 et que l'autre, qui a fait l'objet d'une longue
discussion, serait au deuxième alinéa de l'article 9?
On était en discussion sur l'article 9. Pourrais-je demander tout
de suite à mon collègue de Louis-Hébert et à mon
collègue de Sainte-Marie si la réponse que le président du
syndicat des fonctionnaires leur a apportée quant au deuxième
alinéa de l'article 9 les satisfait?
M. Doyon: En ce qui concerne la réponse qui a
été donnée à une des questions que je posais au
président du syndicat, tout ce que cela a indiqué, c'est que
cette réponse dans la pratique des choses, on vivait avec une situation,
on s'organisait pour s'organiser tout simplement. Sauf que le but de cette
commission, c'est de faire l'étude article par article d'un texte de
loi, donc d'un texte sur lequel on doit se pencher et qu'on doit examiner
à sa propre valeur en fonction des termes qui sont utilisés, et
en ayant bien à l'esprit que c'est un texte de loi et que ce texte de
loi doit être appliqué selon les mots qui sont
utilisés.
Le président du syndicat des fonctionnaires nous a fait valoir
que, dans le code d'éthique, on retrouvait une disposition à
toutes fins utiles équivalente et que, dans les faits, cela fonctionnait
quand même et qu'on n'avait pas de problème pratique avec cela.
Tant mieux! C'est une situation de fait qui montre qu'on peut vivre avec des
textes qui sont imparfaits et qui pourraient causer des problèmes, mais
qui, dans les faits, réussissent à être
interprétés de telle façon que cela ne cause pas
d'embêtement absolument considérable qui empêcherait la
machine de fonctionner. Cependant, je ne ferai pas de nouveau les remarques que
j'ai
faites sur l'article 9 qui se lisait autrement, mais qui revenait au
même. Si on prend le deuxième paragraphe de l'amendement à
l'article 9 qui nous est présenté actuellement, ces remarques
continuent à s'appliquer.
Je continue de prétendre que d'interdire catégoriquement
et sans nuance l'utilisation directe ou indirecte d'un bien de l'État
par un fonctionnaire, bien que le principe me paraisse extrêmement
défendable et que le principe soit accepté par tout le monde,
c'est tellement une question de principe que, normalement, on ne devrait
même pas avoir besoin de le dire. Mais, dans la pratique des choses, si
on interprétait à la lettre ce que le législateur
édicte ici, on serait devant des situations difficiles. J'en ai fait la
démonstration. J'ai indiqué ce qui pouvait se passer quand on
poussait l'application du mot à mot de la lettre de la loi
jusqu'à la limite de ce que cela peut vouloir dire, indiquent que cela
pouvait créer des problèmes.
Mme la ministre ne s'est pas dite convaincue. Elle a dit: II
n'est pas question pour nous de céder sur cette question de principe.
C'est une question de principe. Je ne discute pas là-dessus. Ce me
paraît aller de soi. La préoccupation que j'avais, c'était
une préoccupation de nature pratique et essentiellement juridique, me
disant: Un tribunal peut être saisi d'une affaire où on
prétend qu'on a contrevenu à cet article. Le juge se verra dans
l'obligation de regarder, premièrement, ce que l'article dit, s'il est
clair et s'il a besoin d'une interprétation quelconque. S'il n'a pas
besoin d'une interprétation - et j'ai une certaine expérience en
droit - le juge dira aux avocats: J'ai un article qui s'exprime clairement et
qui est clair, quand on dit: "ne peut, directement ou indirectement", je sais
ce que cela veut dire. Je n'ai pas à me poser de question sur
l'interprétation de cela. Je dois donc en venir à certaines
conclusions. Le juge devra tout simplement demander que la preuve soit
satisfaisante, à savoir qu'il y a eu utilisation d'un bien de
l'État, une fois qu'on aura établi qu'il s'agit d'un bien de
l'État, qu'il n'appartenait pas au fonctionnaire. Une fois qu'il a
été établi qu'un fonctionnaire s'est servi, ne serait-ce,
dans l'exemple que j'ai apporté privément avec un de vos
fonctionnaires, que d'une feuille de papier, une fois que cela est
établi qu'il y a eu utilisation d'un bien qui n'appartenait pas au
fonctionnaire, le juge devra conclure qu'il y a eu infraction à
l'article 9. Je soulevais ces difficultés tout simplement pour
qu'à l'avenir, on ne puisse pas prétendre que les gens qui sont
réunis autour de cette table et, plus précisément,
l'Opposition, n'avaient pas vu le genre de problème que cela pouvait
créer et que nous n'avions pas été vigilants à ce
sujet.
En ce qui concerne les remarques de la ministre sur son refus de voir
qu'on puisse faire un rapprochement quelconque avec le débat qu'il y a
eu à l'Assemblée nationale lors d'une période des
questions la semaine dernière, c'est évident qu'elle
prétend que ce débat a été fait de la mauvaise
façon. Sauf que je lui rappellerai que, quand elle dit que le
débat et les questions qui ont été posées
étaient de nature à jeter du discrédit sur tous les
fonctionnaires, c'est bien le contraire. En situant à l'intérieur
de l'appareil administratif les fonctionnaires qui s'acquittent honorablement
de leurs fonctions pour le bien de toute la société, en
démarquant ces fonctionnaires, qui sont l'immense majorité, des
autres, on rend un service à tout le monde. Il n'est pas normal qu'on
reproche à l'Opposition ou aux députés quels qu'ils soient
que c'est jeter du discrédit sur la fonction publique
québécoise que de soulever des problèmes qui ont
été reconnus par la ministre elle-même dans une lettre
signée de sa main, après avoir, je présume, pris
connaissance des faits. Elle a dit: II y a eu du favoritisme ou du
népotisme teinté de favoritisme.
Si, pour nous, le fait de poser une question à ce sujet, c'est
jeter du discrédit sur l'Assemblée nationale, si c'est cela, la
ministre qui a signé une lettre et qui a reconnu l'existence de ces
faits l'aurait fait bien avant nous. Je ne lui reproche pas d'avoir agi de
cette façon. C'était son devoir d'attirer l'attention du ministre
responsable sur des situations qui se passaient dans un ministère, qui
n'étaient à l'avantage ni de la société ni de tous
les fonctionnaires du Québec qui, heureusement - je suis heureux de
l'affirmer - sont des gens honnêtes, des gens qui ne profitent pas du
système, des gens qui ne font pas de favoritisme, des gens qui ne font
pas de népotisme. Mais quand cela arrive, il est de notre devoir de le
dénoncer.
Que la ministre nous arrive aujourd'hui avec un amendement qui interdit
à un fonctionnaire, soit directement ou indirectement, d'accorder, de
solliciter, d'accepter en sa qualité de fonctionnaire une faveur ou un
avantage indu pour lui-même ou pour une autre personne, on touche
exactement le problème devant lequel la ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu s'est trouvée dépourvue en
disant: II y a eu des irrégularités, il y a eu des choses qui ne
sont pas normales qui se sont passées; malheureusement, on ne peut,
compte tenu des lois qui nous régissent, les qualifier
d'illégales.
L'implication de cela étant que les gestes qui ont
été posés, du favoritisme... On a placé des gens
qui étaient nos parents ou qui étaient les parents de nos
supérieurs immédiats. On les a placés dans des postes au
détriment d'autres personnes. En tout cas, les apparences sont comme
cela. Les
enquêtes ont démontré cela. La majorité des
enquêtes en sont venues à la conclusion qu'il y avait eu abus de
pouvoir, qu'il y avait eu abus de confiance dans ce domaine et que,
malheureusement, ces irrégularités - parce qu'il y en a eu de
nombreuses - dans un ministère qui est sous les feux de la rampe
actuellement, dans les périodes difficiles que nous vivons,
c'est-à-dire le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, où on doit rendre service à des
gens qui sont à la recherche d'un emploi, si on profite de sa situation
de fonctionnaire pour assurer un poste à ceux avec lesquels on a des
liens de parenté ou des liens d'amitié, c'est totalement
inadmissible.
Je suis heureux que la ministre - le gouvernement finalement -
reconnaisse la nécessité d'avoir dans la Loi sur la fonction
publique un article qui va rendre illégaux les actes de la nature de
ceux qui ont été portés à l'attention du public et
à l'attention de la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
C'est ce que je voulais dire sur cet article. J'espère que tous
les mots ont été pesés, qu'ils ont été
analysés, de façon que, si jamais des situations semblables se
reproduisaient, jamais, au grand jamais un ministre ne devrait se contenter de
déplorer une situation, se contenter de dire: Nous allons donner des
directives, nous allons servir des réprimandes, nous allons avertir,
mais nous n'avons pas les outils législatifs nécessaires pour
sévir. J'espère que l'article qui défend d'accorder, de
solliciter ou d'accepter, de la part d'un fonctionnaire, une faveur ou un
avantage pour lui-même ou pour une autre personne, j'espère que
cet article donnera toutes les armes nécessaires aux autorités
gouvernementales pour punir quand c'est nécessaire.
Quand il faut parler de punition, quand il faut parler de sanction, il
ne faut pas avoir peur de le faire. Je suis convaincu que, si ces armes avaient
été entre les mains de la ministre de la Fonction publique ou de
la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, on
ne se serait pas contenté de réprimandes, ni de directives ou
d'avertissements, mais qu'on aurait posé des gestes qui auraient,
auprès de la population, inspiré la confiance qui est
nécessaire envers le gouvernement pour qu'on ne mette jamais en doute le
fait que les fonctionnaires agissent pour le bien de la société
et non pas pour leur avantage personnel.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que mes collègues me
permettraient très rapidement de réagir? Je voudrais d'abord
souligner un point qui me semble important. Je n'ai pas refusé de faire
un rapprochement entre ce qui s'est passé à l'Assemblée
nationale ces dernières semaines et l'article que vous avez devant vous.
J'ai dit que je refusais de cautionner la façon dont le débat
s'est fait, non seulement parce que, par association, on tentait d'impliquer
mon ex-collègue à la Main-d'Oeuvre, mais aussi parce qu'on n'a
pas pris soin de mentionner qu'il s'agissait de faits isolés dans
l'ensemble du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et que, par conséquent, on a
jeté un discrédit sur un ensemble de fonctionnaires qui font leur
travail correctement chaque jour.
Par ailleurs, je répète que cette disposition que vous
avez devant vous existait déjà dans le code d'éthique et
qu'en vertu du code d'étique, il y avait lieu de prévoir des
sanctions. On ne parlera pas plus là-dessus. Je crois que, dans le cas
présent -ma collègue aura l'occasion d'en reparler - il
s'agissait plutôt de manque de preuves définitives
qu'effectivement certains individus avaient fait du népotisme ou du
favoritisme. Je crois qu'elle aura elle-même l'occasion de
spécifier ce qu'elle entend faire dans ce dossier.
Je voudrais quand même ajouter qu'il m'apparaît normal que
l'Opposition, quand elle découvre qu'effectivement il a pu y avoir du
favoritisme ou du népotisme, en fasse mention. Je pense que tout est
dans la façon dont on le fait, dans l'ampleur qu'on donne à la
chose, surtout dans les procès d'intention qu'on jette partout dans le
décor par rapport à un ensemble d'individus, politiciens ou
fonctionnaires qui ne sont pas impliqués. C'est cela que je
déplore dans le débat que nous avons connu pendant plusieurs
semaines.
J'ajoute tout simplement que la disposition que vous avez devant vous
existait déjà dans le code d'éthique. Il m'apparaît
important de la mettre dans la loi pour que chaque fonctionnaire qui aura
l'occasion de lire cette loi, peut-être d'une façon plus facile ou
plus naturelle que le code d'éthique ne se lisait, prenne bien
conscience qu'effectivement il y a une disposition qui prévoit que ce
genre de pratique douteuse est interdit.
Est-ce que je comprends, M. le Président, que, sur l'article 9 en
général, le député de Louis-Hébert est
d'accord?
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, lorsque la ministre a
annoncé ce matin un papillon à l'article 9, j'étais fort
heureux. Cela vous permettra de mesurer ma grande naïveté. J'avais
compris qu'à la suite du débat qu'on avait eu la semaine
dernière, c'était un papillon qui visait à préciser
davantage et à restreindre la portée de l'article 9. Je me suis
rendu compte que finalement le papillon,
c'est beaucoup plus pour le rendre encore plus étanche, plus
rigide qu'il ne l'était. Ceci dit, M. le Président, je vais
rapidement rappeler la discussion qu'on a eue la semaine dernière au
sujet de l'article 9.
Essentiellement, ce qu'on a essayé de faire comprendre, ce qu'on
a essayé de dire dans nos interventions, c'est que cet article nous
semblait trop rigide et impératif et qu'il fallait laisser de la place
à une analyse de ia situation et à des cas particuliers qui
pouvaient varier. Il fallait laisser les gestionnaires juger des choses au
moment où elles se présentaient. On a eu une discussion longue et
ardue. Je voudrais, en début de commission, reconnaître que cela a
été une discussion inutile, non pas parce qu'on n'avait pas
raison, mais parce qu'on n'a pas eu les réponses qu'on aurait dû
avoir. Alors, je vais reconnaître mon erreur. Je vais avouer que, pour
que les travaux de la commission fonctionnent bien, il va falloir que, moi
aussi, je sois aussi prudent que je voudrais que la ministre soit. Et
peut-être qu'on aurait avantage à poser des questions avant de
faire des interventions à l'avenir.
Ceci dit, ayant reconnu mes erreurs, je vais aussi indiquer à la
ministre que, si ce débat a eu lieu, c'est parce qu'on n'a pas eu la
réponse qui se trouvait à l'article 13. Peut-être que, si
la ministre ou ses conseillers nous avaient tout de suite indiqué que
l'article 13 laissait précisément la marge de manoeuvre que
l'Opposition demandait -lorsqu'on dit à l'article 13 que: "Le
fonctionnaire qui contrevient aux normes d'éthique et de discipline est
passible d'une mesure disciplinaire pouvant aller jusqu'au congédiement
selon la nature et la gravité de la faute" - c'est cela la
possibilité d'interprétation et de jugement qui est
laissée non seulement à l'arbitre qui se prononcera
là-dessus - on y reviendra dans un autre article ultérieurement -
mais aussi au gestionnaire qui a à décider s'il y a manquement
à l'éthique ou non. Dans ce sens-là, si on avait eu la
réponse immédiatement, cela aurait peut-être clos le
débat à ce moment-là. Ce qui m'amène à
demander un peu plus d'ouverture peut-être. Moi, je l'interprète
à ma façon, tout ce débat et toute la situation dans
laquelle on s'est placé. Cela veut dire qu'à chaque fois que
l'Opposition apporte un commentaire, il y a peut-être une surassurance du
côté de l'entourage de la ministre. On se dit: Forcément,
notre texte est bon et, forcément, ce que l'Opposition va amener, cela
n'a pas de sens. Et on s'accroche au texte, sans peut-être nous apporter
l'éclairage qui apparaît plus loin.
Peut-être que, de notre côté, il y a eu un
manquement. Mais je pense que, si on veut que les travaux de la commission
progressent, il faudrait peut-être reconnaître qu'on pourrait
s'attacher au contenu de ce qu'on essaie de présenter. Et le contenu de
ce qu'on essayait de présenter l'autre fois, c'était qu'on
demandait une marge de manoeuvre qui apparaît à l'article 13 et
qui nous aurait satisfait à ce moment-là.
Ceci étant dit, M. le Président, je vais me
déclarer favorable maintenant à l'adoption de l'article 9. Je
voudrais en profiter pour suggérer une façon de procéder
qui nous permettait peut-être d'aller plus rapidement. Il y a un certain
nombre d'articles sur lesquels, de toute évidence, des débats
doivent être faits. Il y a d'autres articles sur lesquels la ministre
nous a présenté aujourd'hui un certain nombre d'amendements
qu'elle va proposer. Et il y en a d'autres sur lesquels il y aura des
amendements. Personnellement, en tout cas, j'en ai. J'ai sept ou huit
amendements à apporter au projet de loi. À propos des autres, ce
sont des commentaires et des objections, mais des objections qui ne feront pas
l'objet d'amendements formels.
Cela veut donc dire que je pense qu'on aurait intérêt
à identifier rapidement les articles sur lesquels on est d'accord,
à identifier ceux sur lesquels on veut faire un débat et à
suspendre peut-être ceux qui feront l'objet d'amendements, de sorte qu'on
pourra, après avoir discuté de ceux qui feront l'objet
d'amendements, faire les débats sur ceux qui resteront. Les
débats pourront être accélérés selon
l'accueil que nos amendements auront pu recevoir. Il me semble que cela serait
une façon plus agréable de travailler et peut-être plus
accélérée et plus efficace aussi.
Le Président (M. Paré): Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Moi, je vous avoue... Je vais réagir
immédiatement à la proposition du député de
Sainte-Marie. Je dois vous dire qu'elle m'agrée très
favorablement. Je serais d'accord pour procéder de cette façon
si, bien sûr, mon collègue de l'Opposition est d'accord aussi.
D'autre part, vous me permettrez de reprendre un peu, très
rapidement, quelques commentaires à la suite de son intervention. Je
voudrais mettre le député de Sainte-Marie en garde contre la trop
grande facilité à faire des procès d'intention sur la
réaction ou la non-ouverture d'esprit que mes camarades de travail dans
le dossier ont eue. Nous avons travaillé très sérieusement
à cette loi. Nous avons pesé chaque mot. Bien sûr, nous y
croyons, ce qui explique que, en partie, on cherche à défendre
certains articles de la loi qui nous apparaissent corrects. (12 heures)
Deuxièmement, je dois vous dire que j'ai été...
J'avoue ma naïveté. Moi aussi, je fais amende honorable. Je
comprends que la
loi n'est pas un livre de chevet pour tout le monde, y compris pour moi,
je veux bien l'admettre, sauf que l'article 13 étant situé
très peu loin après l'article 9, j'ai eu le malheur très
naturellement de croire qu'étant rendus à l'article 9, les gens
avaient vu la disposition 13 qui...
M. Bisaillon: Ce qui s'applique à tout le monde et ce qui
s'applique aussi à ceux qui donnent des réponses.
Mme LeBlanc-Bantey: ...qui donnent des réponses?
M. Bisaillon: L'article 13 était aussi proche pour ceux
qui donnent des réponses que pour ceux qui soulèvent des
questions.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est cela que j'allais dire. Je pensais que
vous aviez lu la loi et qu'il était clair que le genre
d'inquiétude que vous aviez... Il me semble même - je relirai les
débats - avoir dit que les sanctions n'étaient pas aussi rigides
et que l'arbitre pouvait juger, selon la gravité des faits, s'il y avait
lieu de pénaliser quelqu'un qui utilise un téléphone par
rapport à quelqu'un qui prend le camion pour aller faire ses courses.
Ceci étant dit, fermons la parenthèse, mais je pensais que le
commentaire était d'aussi bon aloi que celui du député de
Sainte-Marie.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: J'ai simplement une réaction personnelle aux
propos du député de Sainte-Marie. Je n'étais pas au
courant que l'article 13 était là. Sauf qu'en relisant le journal
les Débats, vous vous rendrez compte que la discussion a
été faite au niveau du principe. Il n'a pas été
question de savoir si l'on pouvait adapter la sanction à la
gravité de la faute, ce n'est pas sur cela que la discussion porte, on a
toujours convenu qu'on ne pénaliserait pas, qu'on ne sanctionnerait pas
de la même façon quelqu'un qui utiliserait une feuille de papier
que la personne qui prenait l'avion du gouvernement. Cela n'a jamais
posé de problème dans mon esprit. C'est en ce qui touche les
principes de l'interdiction, c'est-à-dire de la commission d'une
infraction, si minime soit-elle, en utilisant le téléphone pour
des fins personnelles. C'est évident que c'est caricatural ce que je
dis, mais c'est simplement pour faire ressortir la question du principe. C'est
de cette façon que j'avais compris le débat, pour ma part. Le
député de Sainte-Marie a ses réactions propres et je les
lui laisse.
En ce qui concerne la façon de fonctionner dans les travaux de
cette commission, la proposition que fait le député de
Sainte-Marie nous obligerait... Nous aurions peut-être plus de
problèmes. Ce qui, pour lui, doit donner lieu à un débat
de long en large, etc., n'est peut-être pas la même chose et
là nous commencerons les discussions sur quoi? Je suggère que
nous procédions tout simplement plus rapidement là où nous
n'avons pas grand-chose à dire, article par article, et que nous
continuions comme cela. C'est plus facile pour tout le monde pour savoir
où nous en sommes dans les articles. Si nous nous mettons à
appeler à la suite tous les articles qui ne posent pas de
problème ou en posent moins et que, après cela, nous appelons les
articles sur lesquels nous avons des amendements et qu'après cela, nous
appelons les articles, je suggère qu'après l'article 9, ce soit
l'article 10 et qu'après l'article 10, ce soit l'article 11, sauf que
nous limitions les débats sur des points qui nous apparaissent plus
importants.
Dès maintenant, je me dois de proposer à la ministre - on
me trouvera peut-être tannant, mais j'ai des remarques à plusieurs
articles - d'essayer de faire un choix sur les remarques qui sont plus
importantes que d'autres, mais cela me causerait des difficultés. Je
n'ai pas des objections de fond sur tous les articles, les discussions seront
alors rapides et cela sera plutôt de la nature de commentaires, de la
nature d'informations, à savoir pourquoi la ministre n'a pas retenu
telle suggestion faite, en l'occurrence, soit par la CEQ, soit par le syndicat
des fonctionnaires, etc. Cela sera comme cela et la ministre donnera ou ne
donnera pas la réponse, ou elle dira: Nous avons tenu compte de cela,
mais nous en sommes venus à la conclusion que, etc. Et nous passons
à l'article suivant.
M. Bisaillon: M. le Président, nous disons la même
chose. Je me suis peut-être mal exprimé. Je suis d'accord moi
aussi pour que nous procédions article par article. La seule chose est
que je disais qu'à partir du moment où nous identifierons un
article qui peut faire l'objet d'un large débat, nous pourrions faire
comme nous avons fait à l'article 6, le suspendre et, avant de revenir
à ces articles, discuter de ceux sur lesquels nous avons des amendements
à présenter de ce côté. Là, à la
lumière de ce qui ressortira de nos discussions sur les articles
où nous avons des amendements, nous pourrons voir la longueur des
débats qu'il restera à faire.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, je suis complètement d'accord. Cela ne
crée pas de problème. Je me réjouis d'autant plus que nous
ayons suspendu l'adoption de l'article 9, ce qui a permis à la ministre
d'apporter un
amendement fort important et qui règle une partie du
problème. Si nous l'avions adopté, probablement que la ministre
aurait passé à l'article 10.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, non. M. Doyon: II est peut
être utile...
Mme LeBlanc-Bantey: Je suis désolée, je serais
revenue avec l'amendement.
M. Doyon: ...de suspendre les articles de temps à autre.
Vous y seriez revenue.
Mme LeBlanc-Bantey: J'y serais revenue.
M. Doyon: Tant mieux, je vais vous croire sur parole.
Le Président (M. Paré): Donc, si j'ai bien compris,
l'amendement à l'article 9 est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 9 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 10.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas de commentaire. Je pense que
c'est clair en soi.
M. Bisaillon: Adopté quant à moi.
Le Président (M. Paré): L'article 10,
adopté.
M. Doyon: Adopté.
M. Bisaillon: L'article 11?
Mme LeBlanc-Bantey: Le seul commentaire que j'ai à faire
là-dessus, c'est que vous savez qu'on a élargi les droits
politiques pour l'ensemble des fonctionnaires. Auparavant, à partir de
l'émission des brefs, les fonctionnaires ne pouvaient plus participer
aux élections. Il nous est apparu que cela posait un certain nombre de
problèmes; il y a eu beaucoup de revendications dans ce sens-là.
Nous avons donc permis aux fonctionnaires de participer aux
élections.
Par ailleurs, il nous semble que, compte tenu de leur rôle et de
leur statut dans les politiques et la mise en oeuvre qu'ils ont à faire
pour les objectifs de l'État, il était nécessaire de leur
demander de faire preuve d'une certaine réserve. Il faut dire que la
notion de réserve est très courante en jurisprudence,
semble-t-il, notion avec laquelle tout le monde est sensiblement familier et
qui existait déjà dans le code d'éthique.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Alors, la ministre nous dit que la notion de
réserve dans l'expression de ses opinions politiques est une notion bien
définie et bien circonscrite. Vous me permettrez d'avoir certains doutes
là-dessus. C'est sûrement une question d'appréciation,
sûrement une question qui laisse ouverture a beaucoup
d'interprétation. On ne sait pas, dans le moment - la ministre est
très peu loquace là-dessus - la véritable portée de
cet article. Est-ce que, finalement, l'ancienne loi qui interdisait toute
manifestation politique pendant les périodes électorales avait
cette notion ou si c'était simplement le code d'éthique qui avait
cette notion de réserve?
Mme LeBlanc-Bantey: C'était dans le code d'éthique
qu'il y avait certains...
M. Doyon: Quelle était la...
Mme LeBlanc-Bantey: La disposition précise?
M. Doyon: ...disposition du code d'éthique
là-dessus?
Mme LeBlanc-Bantey: On va vous la trouver, M. le
député, cela ne sera pas long.
M. Doyon: Pour continuer là-dessus pendant qu'on me
trouve... Ce que je demande à la ministre, c'est: Est-ce que cette
nécessité qu'on fait aux fonctionnaires de faire preuve de
réserve est nécessaire dans tous les cas? La ministre me
répondra peut-être que la réserve sera plus ou moins
grande, la quantité de réserve, si vous voulez, l'ampleur de la
réserve sera plus ou moins grande selon la visibilité, selon le
contact avec le public, selon le poste occupé. Mais le fait demeure que
les fonctionnaires, au niveau de l'expression de leurs opinions politiques, au
niveau de leur capacité de participer au processus démocratique,
se trouvent des citoyens de deuxième classe, finalement, parce qu'ils
auront toujours cette hypothèque de la réserve dans la
manifestation de leurs opinions politiques.
Je me demande si c'est absolument nécessaire. Dans certains cas,
c'est nécessaire; dans certains cas, c'est essentiel. Et je me demande
si c'est absolument nécessaire de mettre la notion de réserve.
Moi, j'aurais vu, par exemple: Le fonctionnaire doit faire preuve de
réserve dans la manifestation publique de ses opinions politiques quand
son poste l'exige, ou quelque chose comme cela. Mais de le mettre comme cela
"at large", cela me paraît embrasser trop de monde pour rien. Quand le
poste l'exige, quand ses fonctions
l'exigent, quand son travail l'exige, on peut convenir de cela. Mais
qu'on en fasse une obligation à tous les fonctionnaires, alors que les
citoyens ordinaires dans notre société manifestent leurs opinions
politiques librement et sans entrave...
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais d'abord lire la disposition du code
d'éthique: "En tout temps, le membre du personnel de la fonction
publique doit faire preuve de la réserve qu'impose son rang dans la
hiérarchie lors de la manifestation publique d'opinions politiques."
C'est vrai que la notion de réserve dans le code d'éthique
était liée à la hiérarchie. Ce qu'on me dit, c'est
que la notion comme telle, de toute façon, implique, bien sûr, un
jugement en fonction de la situation hiérarchique dans la fonction
publique.
Par ailleurs, il m'apparaissait que c'était trop limitatif. Parce
que cela ne veut pas dire que, parce que quelqu'un n'a pas, par exemple, un
statut de directeur général ou de cadre, parce que la notion
hiérarchique vise surtout les cadres, on puisse, comme employé de
l'État, lui permettre de s'en aller sur une tribune en son nom, comme
fonctionnaire de l'État, et dire n'importe quoi, compte tenu des
informations dont il dispose, etc. Je comprends qu'il y a déjà
une disposition qui prévoit que les gens sont tenus à la
discrétion.
Par ailleurs, je dis que, quand un fonctionnaire participe à une
élection, il y participe comme individu et non comme employé de
l'État. Quand on entend sur de nombreuses tribunes, en campagne
électorale, des gens faire des commentaires ou exprimer des opinions
qu'ils sont libres d'exprimer, on n'entendra pas dire que c'est M. Untel, de
telle compagnie. On va tout simplement entendre M. Untel ou Mme Unetelle. Dans
ce sens-là, quand nos fonctionnaires s'expriment, ils doivent aussi
s'exprimer en leur nom personnel et cela ne doit pas être lié
à leur employeur, si vous voulez.
Il m'apparaissait que la notion de réserve pour l'ensemble des
fonctionnaires pouvait aussi impliquer et implique, bien sûr, une part de
jugement de l'individu. Dans ce sens-là, je trouve que cela va
très bien avec toute l'imputabilité et le sens de la
responsabilisation qu'on veut inscrire dans la loi. L'employé de
l'État qui participe à une élection doit lui-même,
de son propre jugement, décider jusqu'où il peut se permettre
d'aller. Ce qu'on me dit aussi, c'est que c'est une notion qui est
véritablement courante et qui, jusqu'à aujourd'hui, n'a pas
provoqué d'abus sur l'interprétation que la jurisprudence en a
faite.
M. Doyon: Simplement pour continuer là-dessus, et ce ne
sera pas très long, je n'ai pas d'objection de principe à cet
article, mais j'aurais très bien vu qu'on y mette une sourdine, selon le
poste que le fonctionnaire occupe. Je le soumets à la ministre et
j'aimerais que ses fonctionnaires se penchent là-dessus pour voir si on
n'atteindrait pas les mêmes buts d'une meilleure façon en mettant
une sourdine de cette nature.
En ce qui concerne la neutralité politique des fonctionnaires, on
a adopté l'article tantôt et je ne veux pas y revenir. J'imagine
que cette neutralité des fonctionnaires n'est pas et finalement ne doit
pas venir en contradiction avec l'article 11. Il ne faudrait pas qu'on puisse,
par l'article 10, défaire ce que fait l'article 11. Je comprends que
l'article 10 dit que le fonctionnaire doit faire preuve de neutralité
politique dans l'exercice de ses fonctions. C'est bien spécifier que
c'est dans l'exercice de ses fonctions. Il arrive régulièrement,
Mme la ministre est en mesure de l'apprécier tous les jours,
étant bien entourée de fonctionnaires, que très souvent
les fonctionnaires peuvent être des gens qui nous apportent un
éclairage absolument essentiel dans l'appréciation des
conséquences pratiques de l'application quotidienne des lois. Ce serait
dommage si les législateurs, les membres de l'Assemblée
nationale, nous devions, dans tous les cas, être privés de
l'éclairage que peuvent nous apporter les fonctionnaires, en tant que
personnes qui appliquent les lois ou dans la façon dont ils
perçoivent les conséquences des lois, si on risquait de qualifier
de non-neutralité tout ce qui pourrait être apporté soit
aux membres du gouvernement, soit aux membres de l'Opposition comme
éclairage sur l'application de certaines lois.
Prenons simplement un exemple qui me vient à l'idée, la
nouvelle loi sur la faune. Bien sûr, il peut arriver que des membres du
gouvernement, comme des membres de l'Opposition, soient
intéressés à savoir ce qu'en pensent des agents de
conservation de la faune ou d'autres fonctionnaires qui seront impliqués
dans les changements qui sont proposés par la nouvelle loi, et à
connaître leur réaction à ce qui est un document public,
finalement, une loi déposée à l'Assemblée
nationale. Il va sans dire que les fonctionnaires, dans un tel cas, ne seraient
pas autorisés à donner aux députés qui s'informent
là-dessus des renseignements qu'ils détiennent de par les
fonctions qu'ils occupent, mais je ne vois pas, par exemple, que des
fonctionnaires ne puissent pas, au titre, finalement, des experts qu'ils sont,
nous permettre, à nous les députés, de faire mieux notre
travail. Je pense qu'on peut s'entendre là-dessus et dire que la
neutralité politique qui est exigée est une neutralité qui
implique que le fonctionnaire doit s'abstenir de toute partisanerie dans
l'exercice de ses fonctions. Je ne voudrais
pas que cette neutralité qu'on impose aux fonctionnaires soit un
bâillon, une défense de communiquer avec qui que ce soit, soit des
membres de l'Opposition, soit des membres du gouvernement. Autrement, on va se
priver d'un outil de travail essentiel, très utile, qui est la
réaction et la vision qu'ont les exécutants d'un certain projet
de loi. Il nous faut pouvoir en discuter avec des gens qui sont bien au fait.
Dans un cas comme l'exemple que je porte à votre attention, je ne sais
même pas si cela s'est produit, mais je sais que, si j'avais eu à
discuter ou à étudier ce projet de loi, je me serais fait un
devoir d'en parler avec des gens qui pourraient m'expliquer ce que veut dire en
pratique l'application de tel article. Que quelqu'un ait répondu
à l'invitation que j'aurais pu lui faire, je ne voudrais pas que ce soit
perçu comme étant un manque de neutralité de sa part. Ce
sont les remarques que je voulais faire. (12 h 15)
Mme LeBlanc-Bantey: Je dirai simplement que je pense qu'il y a eu
de larges consultations et que cet article doit demeurer dans la loi. À
mon avis, il est sain qu'il y soit.
Le Président (M. Paré): L'article 11 est-il
adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
12?
Mme LeBlanc-Bantey: Cela existait déjà. Il n'y a
aucun changement par rapport à la loi 50. En ce qui concerne les
dirigeants d'organismes, les contrats qui les régissent doivent
préciser ces éléments.
M. Doyon: Dans la loi 50, faisait-on une différence pour
la question d'assister à une réunion politique? Est-ce qu'on
faisait une différence en ce qui concerne la période
électorale et en dehors de la période électorale?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui. La loi 50, à partir de
l'émission des brefs.
M. Doyon: Dans un autre article? Mme LeBlanc-Bantey:
Oui.
M. Doyon: D'accord! Donc, la différence qu'il y avait,
c'est qu'on ne retrouve plus cette question de période électorale
où l'interdiction...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est cela.
M. Doyon: ...d'assister à une réunion politique
était inscrite dans la loi.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est-à-dire qu'il n'y avait pas une
interdiction d'assister, mais, en fait, c'était quand même
très nuancé, parce qu'il n'avait pas le droit de participer aux
élections. Mais cela allait de soi.
Le Président (M. Paré): L'article 12 est-il
adopté?
M. Doyon: Adopté. M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
13?
M. Bisaillon: Je n'ai qu'un bref commentaire pour indiquer que
l'article 13, tel qu'il est là, me satisfait, sauf que j'aurai des
questions au moment où on parlera des recours, parce que rien dans cet
article ne nous indique de quelle façon le recours sera traité.
Alors, c'est plus tard que je reviendrai sur cette question. Pour l'instant,
cela va.
M. Doyon: Simplement au niveau de l'information, quand on dit:
"est passible d'une mesure disciplinaire", les mesures disciplinaires qui
peuvent être considérées dans un cas semblable, cela va de
quoi à quoi? Je vois que cela va jusqu'au congédiement. C'est la
peine capitale. Mais quelle est la gradation des mesures disciplinaires
qui...
Mme LeBlanc-Bantey: Cela peut être une lettre de
réprimande. Cela peut être une suspension d'un jour, de deux ou de
trois jours, un avertissement et un congédiement. Il y a toute une
panoplie de...
M. Doyon: Mais quelle est la mesure disciplinaire la moins grave
qui est concevable et qui se donne dans des cas...
Une voix: Un avertissement.
Mme LeBlanc-Bantey: Une lettre de réprimande...
M. Doyon: Une lettre de réprimande?
Mme LeBlanc-Bantey: ...qui disparaît du dossier
après six mois, à la suite d'entente dans les conventions
collectives, si ma mémoire est bonne. Cela peut être plus long que
six mois, mais, s'il n'y a pas de suite ou de rechute, la lettre
disparaît un jour du dossier pour ne pas pénaliser indûment
la personne qui aura reçu un jour une lettre de réprimande.
M. Doyon: Ce n'est pas la pire peine, évidemment, mais, si
cela demeure un bout
de temps dans un dossier, cela montre qu'une fois qu'on a obtenu
l'accord du juge sur le fait qu'il y a eu un manquement ou une contravention
aux normes d'éthique et de discipline, au moins, pendant un certain
temps, il y aura une lettre au dossier.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui. Il faut dire aussi qu'on n'est
même pas obligé de sanctionner. Si vraiment c'est mineur, il peut
aussi ne pas y avoir de lettre de réprimande.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 13 est
adopté. Article 14?
Probation et permanence
Mme LeBlanc-Bantey: Article 14. Je ne sais pas s'il y a des
questions précises là-dessus.
M. Doyon: Si vous avez des explications à nous donner,
vous êtes la bienvenue.
Mme LeBlanc-Bantey: Avec le projet de loi actuel, auparavant,
avant la dernière convention collective, la permanence
s'acquérait après un an; maintenant, depuis quelques mois, la
permanence s'acquiert après deux ans. Par ailleurs, après un an,
on ne peut plus... Je m'excuse, je pensais que j'étais à
l'article 15.
Le Président (M. Paré): L'article 14.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah bon! Ce qu'on me dit, c'est que
c'était déjà dans la loi 50. Je ne sais pas si M. Sarault
veut définir au bénéfice de tout le monde ce qu'est un
stage probatoire.
M. Sarault (Pierre): Alors, le stage probatoire, c'est la
période pendant laquelle le nouveau fonctionnaire fait ses preuves comme
quoi il a la compétence requise pour occuper l'emploi en question. Vous
verrez plus loin qu'il y a une autre période qui suit ce stage
probatoire et qui constitue une période d'emploi qu'on peut appeler
temporaire jusqu'à l'acquisition de la permanence qui s'acquiert au bout
de deux ans. Il y a une première période où le
fonctionnaire établit sa compétence. Lorsqu'elle est
établie, il y a une autre période d'emploi dite temporaire
où la personne pourrait être mise à pied pour manque de
travail, mais pas pour incompétence.
M. Doyon: Alors, la différence pour le fonctionnaire qui
est encore en période probatoire, c'est qu'il peut être mis
à pied pour n'importe quelle raison...
M. Sarault: C'est cela.
M. Doyon: ...finalement, sans avertissement, tandis que...
M. Sarault: Avec avertissement.
M. Doyon: ...en tout cas, il y a certaines règles à
respecter.
M. Sarault: Oui.
M. Doyon: Tandis que, après six mois, la seule raison pour
laquelle on pourrait le mettre à pied, c'est pour manque de
travail...
M. Sarault: Le stage varie...
M. Doyon: ...ou manquement à la discipline ou des choses
comme cela.
M. Sarault: Le stage est, au minimum, de six mois. En pratique,
dans plusieurs cas, dans la majorité des cas, il est d'un an. Dans le
cas des professionnels, c'est un an. Pour la majorité des fonctionnaires
aussi, c'est un an. Mais, pour les ouvriers, par exemple, c'est six mois. Cela
dépend de la complexité de la tâche.
M. Doyon: Mais, pour prouver sa compétence, est-ce qu'on
donne automatiquement droit au fonctionnaire à ses six mois, ou s'il a
à faire ses preuves pendant six mois? Ou, si on s'aperçoit au
bout de deux mois, qu'il ne faut pas l'affaire, c'est "Bonjour, merci"?
M. Sarault: Exactement.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je pense que la ministre
s'attend aux commentaires que je vais faire. C'est encore une procédure
particulière pour la fonction publique par rapport aux milieux habituels
des relations du travail. Habituellement, dans l'ensemble des conventions
collectives, il y a une période de probation et, à la fin de la
période de probation, il y a une permanence. Et on ne fait pas de
distinction pendant la période de probation sur les motifs qui peuvent
amener un employeur à se départir des services de
l'employé. Cela peut être parce qu'on ne le juge pas
compétent pour exercer la fonction; cela peut être parce qu'il y a
trop d'employés et qu'on décide de procéder à des
mises à pied. Dans le fond, c'est le droit de gérance absolu
pendant la période de la probation. Or, ici, ce à quoi on
assiste, c'est - et probablement parce que la période de permanence a
été allongée - une étape intermédiaire, une
étape intermédiaire qui va
servir uniquement dans le cas de mise à pied, de mise à
pied pour surplus de personnel; c'est cela que je comprends. C'est un
système que je trouve beaucoup trop compliqué et qui vise, encore
une fois, à distinguer les employés du secteur public, dans leur
fonctionnement et dans le genre de relations du travail qu'on a avec eux, des
secteurs réguliers ou habituels. Et je trouve que c'est une
procédure inutile.
L'autre commentaire que je veux faire, c'est quant au deuxième
paragraphe de l'article 14. La commission spéciale a produit un rapport
qui demandait une décentralisation, une diminution des pouvoirs du
Conseil du trésor. Et maintenant, ce à quoi on assiste, c'est
à une augmentation des pouvoirs du Conseil du trésor. C'est
à une augmentation des pouvoirs du Conseil du trésor dans cette
loi-ci et dans d'autres lois aussi. Non seulement on ne s'en va pas vers une
décentralisation, une diminution des pouvoirs du Conseil du
trésor, mais on assiste actuellement, dans les différents projets
de loi qui sont devant l'Assemblée nationale, à une augmentation
du contrôle du Conseil du trésor sur l'ensemble de
l'administration publique. Je comprends qu'à certains moments, il est
essentiel qu'il y ait un organisme qui se prononce pour indiquer de quelle
durée sera le stage probatoire. Je pense, entre autres, au moment des
promotions. Il est évident qu'il y a des catégories de postes, au
moment des promotions, où, même si l'employé est permanent,
est dans la fonction publique, a acquis sa permanence comme employé dans
la fonction publique, s'il postule un poste d'encadrement, on va lui indiquer
à cette fonction une période de probation. Même cette
période de probation qu'on va indiquer, moi, je vous dis tout de suite,
M. le Président, que je suis contre. Je suis contre le fait qu'on donne
une période de probation à une fonction d'encadrement, lorsqu'il
y a eu une promotion. Ce qui est important pour moi, c'est qu'il y ait une
permanence dans la fonction publique, et, une fois qu'on a une permanence dans
la fonction publique, qu'on n'en ait pas trois ou quatre et qu'il ne doive pas
y en avoir d'autres qui s'ajoutent à celle-là. Le fait de placer
une période de probation, par exemple, pour un poste de cadre, dans la
fonction de cadre, cela suppose qu'une fois cette période de probation
passée, cela va prendre quelque chose de dramatique pour qu'il puisse
changer de statut et de fonction.
C'est cela que la notion de stage de probation veut dire. Alors, il me
semble que, lorsqu'on procède au recrutement dans les cadres et qu'on
prend le candidat à l'intérieur des effectifs, la personne qu'on
choisit conserve toujours sa permanence dans la fonction publique. On n'aurait
pas besoin de cette notion de probation. Là, je sais que je ne suis plus
tellement dans le cadre de l'article 14, mais je vous dis cela pour l'ensemble
du fonctionnement de probation pour ne pas y revenir plus tara. Je dis qu'on
n'aurait pas besoin de cette période de probation pour les cadres parce
que, en tout temps, on devrait pouvoir indiquer à un cadre qu'il ne fait
pas l'affaire et qu'on le retourne dans ses fonctions antérieures. La
période de probation, par définition, cela ajoute la notion de
permanence éventuelle et, quand on met cela à une fonction, cela
veut dire aussi la permanence à la fonction.
Alors, pour ce qui est de l'article 14, je ne ferai pas un long
débat, ma position est connue, elle est inscrite dans un rapport. Je
trouve que, si l'on a un régime pour le personnel de soutien, pour les
professionnels et pour les cadres, c'est un régime qui doit être
général et il ne devrait pas souffrir d'exception quant à
la règle générale. À l'article 14, il ne devrait
pas y avoir de classe d'emploi où la probation devrait être
différente, sauf les grandes catégories: personnel de soutien,
professionnels et cadres. Au-delà de cela, je dis qu'on devrait
arrêter là et ne pas se permettre de jouer dans chacune des
classes d'emploi.
Si la ministre - c'est sa loi - veut l'adopter comme cela, l'article 14,
elle votera comme cela, mais ce sera sûrement sur division.
Le Président (M. Paré): Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je voudrais dire au député de
Sainte-Marie qu'il y a quand même, en partant, une grande
différence entre le privé et le public. Dans le privé, si
quelqu'un ne fait pas l'affaire, on le met dehors immédiatement; il n'y
a pas non plus de notion de sécurité d'emploi législative.
C'est vrai que... Oui?
M. Bisaillon: Non, mais, Mme la ministre, je me
référais aux entreprises et aux organisations où il y a
une permanence d'emploi. Je comparais des choses comparables, je parlais...
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord.
M. Bisaillon: ...d'endroits où il y a une permanence
d'emploi.
Mme LeBlanc-Bantey: Quand ils n'ont plus d'emploi, qu'est-ce
qu'ils font?
M. Bisaillon: II y a une notion de mise à pied qui est en
dehors... Elle s'applique dans l'entreprise privée, même pour les
employés permanents.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est cela la différence.
M. Bisaillon: Nous, on a, dans la fonction publique, une notion
de mise en disponibilité, qui est l'équivalent de la notion de
mise à pied dans le secteur privé.
Mme LeBlanc-Bantey: Bien, qui est l'équivalent de la mise
à pied...
M. Bisaillon: Dans les lois antérieures. Je ne...
Mme LeBlanc-Bantey: ...qui est très différente.
M. Bisaillon: ...vous dis pas que cela ne pourrait pas être
modifié. Mais je vous dis que, dans les lois antérieures,
c'était cela l'équivalent.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, mais c'est très différent
d'aujourd'hui, la notion de mise en disponibilité par rapport à
la notion de mise à pied. C'est vrai qu'il y a une étape
intermédiaire, vous l'avez très bien rappelé.
Je vous dirai que cette étape intermédiaire a
été négociée avec les syndicats. Ramenant la
permanence à deux ans, les syndicats nous ont demandé que, tout
au moins, on maintienne la notion de stage probatoire dans l'état dans
lequel elle était, ce qui obligeait le gestionnaire, par exemple, une
fois que l'employé était reconnu comme compétent, que ce
soit six mois de stage probatoire ou un an - ce qui existe dans la plupart des
cas - à ne le congédier que pour manque de travail. Il ne pouvait
plus et il ne peut plus actuellement être congédié
après six mois ou un an sous prétexte d'incompétence ou
pour d'autres prétextes que le gestionnaire pourrait vouloir invoquer.
La seule raison pour laquelle il peut être révoqué
après cette période de stage probatoire est une raison de manque
de travail. Cela a été demandé par les syndicats et on a
souscrit à cette demande parce qu'il nous apparaissait vrai
qu'après six mois, dans certains cas, ou après un an, dans
d'autres cas, le gestionnaire avait dû être en mesure
d'évaluer la compétence de son employé.
Quant à la question du Conseil du trésor, vous nous dites
qu'effectivement, ce sont encore des pouvoirs qui demeurent au Conseil du
trésor et qui auraient peut-être intérêt à
être décentralisés. Cette notion aussi a été
gardée pour sécuriser les syndicats, encore une fois, et
éviter que peut-être des sous-ministres, chacun dans son
ministère, pour certains postes, décident que, dans tel cas, cela
prendrait trois ans de stage probatoire, ce qui serait carrément abusif.
Il nous apparaît qu'il est normal que ces notions, qui sont toujours
très importantes du point de vue syndical, soient claires et, dans ce
sens-là, établies par le Conseil du trésor pour
éviter justement des abus qu'on pourrait peut-être être
tenté de faire en certains endroits.
M. Bisaillon: Je veux juste indiquer à la ministre qu'ici
on parle des classes d'emploi.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas répondu d'ailleurs
à la question des classes d'emploi. Il se pourrait que là ce soit
un peu restrictif.
M. Bisaillon: Est-ce que cela voudrait dire, par exemple,
qu'à l'intérieur de la catégorie des professionnels, le
Conseil du trésor pourrait faire des distinctions selon les
différentes catégories de professionnels? (12 h 30)
Mme LeBlanc-Bantey: II me semble que non. Je vais laisser M.
Sarault vous l'expliquer.
M. Sarault: II pourrait peut-être y en avoir si, à
un moment donné, une fonction de professionnel devenait très
complexe, à un tel point qu'on ne puisse pas évaluer quelqu'un en
dedans, disons, d'un an, sauf qu'il s'avère que toutes les tâches
de professionnels s'évaluent en dedans d'un an. C'est ce qui a
été déterminé jusqu'à maintenant.
Dans le cas des fonctionnaires, il y a une distinction. Il y a le cas
des ouvriers où on a fixé la période à six mois.
Dans le cas des techniciens, cela nécessite un an; c'est le cas de
plusieurs autres. Il peut y avoir ce genre de distinction, mais c'est
fondé, dans le fond, sur la complexité de la tâche.
La référence aux classes d'emploi n'est pas celle à
laquelle vous faisiez allusion tantôt quand vous parliez des cadres.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Bisaillon: Sur division. M. Doyon: Sur division.
Le Président (M. Paré): Adopté sur division.
J'appelle l'article 15.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense qu'on en a parlé quand on a
étudié l'article 14. Je voudrais dire que le deuxième
alinéa - le Conseil du trésor définit le fait d'être
employé dans la fonction publique de façon continue - peut
s'appliquer bien plus à des notions de travail à temps partiel ou
à temps partagé où, au prorata, on donnerait les
mêmes avantages que ceux des employés à temps plein.
M. Doyon: Là-dessus, M. le Président, cela est
vague parce que le Conseil du trésor obtient le pouvoir par le
deuxième paragraphe - parce que la ministre a parlé
de cela en dernier - le Conseil du trésor va faire sa
définition, on ne sait pas et, là encore, on doit déplorer
l'absence d'un représentant du Conseil du trésor pour nous donner
certaines indications sur ce qu'il a l'intention de faire à ce sujet. La
ministre dit qu'il est question... Il y aura le temps partiel, le travail
à temps partagé dont il faudra tenir compte, etc. Il devra y
avoir des normes, des barèmes où on pourra faire des
équivalences.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est une notion - pour rassurer - qui a
été négociée avec les syndicats qui faisaient
allusion, non seulement au temps partiel et au temps partagé, mais aussi
à des occasionnels mis à pied, etc. Le Conseil du trésor
devra faire ce qu'on a fait à la fonction publique: continuer de
négocier ces aspects avec les syndicats concernés.
M. Doyon: Sur le même article, M. le Président, j'aimerais
savoir de la ministre s'il est de l'intention du gouvernement - je ne sais pas
qui va s'occuper de cela, les ministères, j'imagine - d'accorder un
droit de rappel aux employés non permanents qui ont fini leurs stages
probatoires, mais qui, pendant une période de probation,
c'est-à-dire avant d'avoir leur permanence, sont congédiés
pour manque de travail au cas où il y ait un nouveau besoin
d'employés. Est-ce qu'il y a des dispositions, est-ce qu'il y a une
façon, pour ces personnes dont on a reconnu la compétence
puisqu'on les a gardées pendant six mois, on les a gardées
pendant un an et, au bout de 18 mois, on leur dit: On regrette, mais on n'a
plus besoin de vous... On se rend compte que là, il a une espèce
de situation très difficile pour eux. Est-ce que ces gens pourront
espérer avoir un droit de rappel si le travail reprend et qu'on a besoin
de leurs services?
Mme LeBlanc-Bantey: Cette notion vise cela. Il faut dire que le
droit de rappel, les fonctionnaires l'ont déjà. La notion d'un
travail continu vise à permettre cela à l'ensemble des autres
employés.
M. Doyon: Le statut de permanent accordé après deux
ans, c'est dans tous les cas, la loi le dit. Les deux ans comptent à
partir du moment où la personne est entrée pour son premier stage
probatoire.
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement.
M. Doyon: Si elle fait un stage de six mois, ses six mois sont
inclus là-dedans.
Mme LeBlanc-Bantey: Le deuxième alinéa permet au
Conseil du trésor de définir cette notion de continuité
pour qu'elle ne soit pas brisée par une mise à pied temporaire
après la période probatoire et avant la permanence et que la
personne ne soit pas obligée de recommencer son stage de deux ans. Cela
nous donne la flexibilité d'établir des ententes avec les
syndicats et de ne pas se fermer complètement.
M. Bisaillon: Un bref commentaire, M. le Président. C'est
un bel exemple des endroits, d'un moment où on aurait pu, au lieu de
procéder par élaboration de règles ou de normes, laisser
un organisme procéder par définition. Si on avait défini,
dans le préambule du projet de loi ou dans des articles qui
précèdent l'article 1, ce qu'on entendait par façon
continue, comme on le fait dans d'autres lois ou comme on le fait dans des
conventions collectives, on définit les termes, cela aurait pu
être un exemple de définition de termes. Au lieu de définir
le terme dans la loi et de savoir ce dont on parle quand on va rencontrer ces
termes dans la loi, on laisse cela à un organisme qui,
ultérieurement, va le faire. Je veux le souligner, ce n'est pas un
drame, c'est juste que, si l'on veut déréglementer, c'est comme
cela qu'il faudrait procéder, par définition plutôt que par
édiction de règles, de normes ou de directives.
Mme LeBlanc-Bantey: Je dirai simplement que le fait de ne pas le
définir permet aussi de faire évoluer le terme, compte tenu de
certaines négociations qu'il continuera d'y avoir. Lorsqu'on
définit dans la loi, cela est beaucoup plus rigide et, à mon
avis, cela ne veut pas nécessairement dire que cela va dans le sens de
la déréglementation.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Doyon: Adopté. M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. L'article
16.
M. Sarault: L'article 16, c'est le cas auquel le
député de Sainte-Marie a fait référence tout
à l'heure. Le sens du stage probatoire est de permettre à
l'administration de renvoyer - surtout chez les cadres, parce que,
actuellement, c'est seulement à ce groupe que cela s'applique -à
sa classification antérieure quelqu'un qui ne ferait pas l'affaire en
tant que... Le fait que quelqu'un ait réussi son stage probatoire
n'implique pas qu'il ait une permanence formelle. Ce que cela veut dire, c'est
que l'administration ne peut pas impunément renvoyer cette personne
à sa classification antérieure, elle doit le justifier. Cela
constitue une rétrogradation et cela met une
limite à ce geste sans justification que pourrait poser
l'administration.
M. Bisaillon: M. le Président, est-ce que je peux
souligner que, sans stage de probation, les réflexions du sous-ministre
s'appliqueraient? Autrement dit, du seul fait qu'il ait été
retenu après un concours à un poste de cadre, le fait de le
retourner à sa classification antérieure, c'est un
rétrogradation et cela oblige le supérieur à justifier sa
décision, parce que cela donne droit à un recours. Le fait de
mettre un stage probatoire vous oblige dans la loi à prévoir des
articles qui sont prévus d'ailleurs et qui précisent les
modalités selon lesquelles cela va se faire. S'il n'y avait rien de
précisé, sauf un article qui dit qu'un fonctionnaire peut
s'adresser à la Commission de la fonction publique dans un cas de
rétrogradation, vous pourriez le faire en tout temps, mais il y aurait
toujours un recours. Ce n'est pas le fait qu'il y ait un stage probatoire qui
va donner un recours, c'est le fait que la rétrogradation va donner un
recours.
M. Sarault: Mais, pendant le stage probatoire...
M. Bisaillon: Pendant les six mois... M. Sarault: ...il
n'y a pas de recours.
M. Bisaillon: Voilà. On a une procédure de
recrutement qui est très raffinée. On met des concours de
sélection. On prend habituellement, quand on parle de promotion, des
gens qui ont déjà été évalués dans la
fonction publique. On met toutes les précautions de son
côté avant de procéder au choix. Il peut y avoir des
erreurs au moment du choix, mais je dis que l'on peut par la suite
rétrograder à n'importe quel moment, pas seulement durant la
période du stage, sauf que, pendant la période du stage, cela ne
donnera pas de recours et on ne sera pas obligé de se justifier. Je
trouve cela inutile et je trouve que cela développe comme
mentalité le fait qu'une fois que le stage probatoire est fait, c'est
plus dur, donc on laisse aller. Il faut regarder les deux aspects d'une
question. Là, vous en parlez pour obtenir plus de flexibilité
pendant la période du stage probatoire, mais il faut regarder aussi
l'impact que cela a sur les mentalités une fois que le stage probatoire
est fait. Il faut constater que, dans la fonction publique, il y a un bon
nombre de gestionnaires qui se refusent à poser un certain nombre de
gestes parce qu'ils ont l'impression que la loi, les règlements et les
normes leur rendent la chose tellement difficile que ce n'est pas possible.
C'est ce genre de clause qui amène ce développement de
mentalité.
Ceci étant dit, je veux bien, si la ministre tient à un
stage probatoire, le lui accorder, mais je trouve qu'il faudrait analyser les
effets négatifs que cela peut avoir aussi.
Mme LeBlanc-Bantey: Je dirais simplement que le
député de Sainte-Marie parle d'effets négatifs sur la
mentalité, cela n'est pas impossible. Par ailleurs, on peut avoir le
cas; ce qu'on a eu à plusieurs reprises dans la fonction publique, d'un
excellent professionnel qui devient gestionnaire, mais ce n'est pas parce qu'il
a fait un stage probatoire comme professionnel que cela indique qu'il sera
nécessairement un bon gestionnaire. Qu'on prévoie une
période de stage probatoire pour vérifier ses capacités de
gestion et qu'on puisse le rétrograder à l'intérieur d'un
stage probatoire si, effectivement, il se révèle incapable de
gérer tel qu'on l'entend, ce n'est pas mauvais. Dans la balance des
inconvénients, le stage probatoire est, à mon avis, encore
nécessaire.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Toute cette question m'amène à me poser
une question sur la sécurité qu'il y a dans les concours. Si,
finalement, on avait toute la confiance qu'on devrait avoir dans les concours,
on ne se donnerait pas comme cela une deuxième chance de corriger son
tir, de corriger l'erreur qu'on a pu faire dans le concours. On fait passer des
concours, il y a des interviews, il y a toutes sortes de méthodes plus
compliquées les unes que les autres. On en arrive à dire
finalement que telle personne est qualifiée et peut occuper tel poste.
Malgré tout cela, on se dit pendant six mois ou un an qu'on va la
regarder aller et qu'on va voir comment elle gère et comment elle agit
comme gestionnaire. C'est ce que la ministre nous dit. Bonguiennel Le but du
concours, c'était de voir si cet individu était un gestionnaire,
c'était d'évaluer cela. L'idée du concours, ce n'est pas
de lui donner la chance de faire ses preuves, c'est de le qualifier et de
déterminer qu'il est qualifié pour occuper tel poste. C'est cela
toute l'idée d'un concours. Si le concours fait tout simplement ouvrir
la porte et permettre à une personne de s'essayer, on a comme
résultat que, finalement, on passe le concours et les gens se disent: Si
on se trompe, de toute façon, ce n'est pas bien grave, parce qu'on a six
mois ou un an pour le retourner d'où il vient. Cela ne me paraît
pas conforme avec l'idée que je me fais des concours. Quand on fait
passer des concours, on pose des questions, on sonde les coeurs et les reins et
on vérifie tout ce qu'on a à vérifier. Après cela,
la personne qu'on paie, à partir du
moment où elle a réussi le concours et à partir du
moment où on l'assigne à un poste, eh bien, on lui met tout le
fardeau sur les épaules. Cet individu est gestionnaire. Il n'est pas
là pour s'essayer comme gestionnaire. Il est devenu gestionnaire
à partir de ce moment.
S'il ne fait pas l'affaire, évidemment, il y a toute la question
de la rétrogradation. Cela doit se faire selon les règles
à l'évaluation de son poste. Mais il est devenu gestionnaire
pendant un an. Il était gestionnaire dès le début et il
n'était pas là pour tenter de prouver qu'il était un
gestionnaire. Il était un gestionnaire.
Mme LeBlanc-Bantey: Je dirai très rapidement
là-dessus que c'est vrai que cela indique qu'on n'a pas des
procédures de recrutement à ce point étanches qu'on puisse
tout prévoir. Par ailleurs, et c'est normal aussi, on peut avoir
à un concours quelqu'un qui produit une excellente performance, mais il
y a une série de qualités qui sont nécessaires chez un bon
gestionnaire. Je prends, par exemple, la capacité de faire travailler
quelqu'un en équipe, la capacité de s'entendre avec les gens avec
lesquels il travaille, etc., qu'on ne peut pas nécessairement mesurer
dans un concours. Dans ce sens, je crois que ce serait utopique de croire qu'un
concours va être capable de mesurer cela. Peut-être qu'on se
sophistiquera de façon extraordinaire dans les prochaines années,
mais je pense qu'on a une excellente procédure de recrutement dans la
fonction publique et que beaucoup d'expériences ont déjà
été faites pour tenter, encore une fois, d'améliorer la
procédure de recrutement. Je crois qu'où on en est rendu, c'est
impossible de dire qu'on peut tout prévoir à un concours, non
seulement les capacités réelles de la personne, mais aussi sa
façon de gérer, qui est aussi de tenir compte d'un certain nombre
de facteurs humains qu'un concours ne peut nécessairement pas
mesurer.
M. Bisaillon: M. le Président, avant de passer à
l'adoption de l'article 16, j'aurais seulement un petit commentaire à
faire à la ministre. Dans le passé, on a davantage choisi les
gestionnaires en fonction de la spécialité qu'ils avaient
plutôt qu'en fonction de leur capacité de diriger. Il y a des
moyens de vérifier les capacités de quelqu'un pour diriger,
même par le biais d'un concours.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est vrai, mais...
M. Bisaillon: Peut-être que cela se perfectionnera et
qu'à ce moment, vous trouverez inutile le stage probatoire. Mais cela
m'étonnerait, connaissant les habitudes qui s'acquièrent dans la
fonction publique, surtout chez les hauts gestionnaires, que cela soit
enlevé à partir du moment où on sera convaincu que nos
concours mesurent parfaitement les capacités de diriger. Je suis
prêt à passer à l'article 17.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 16 est
adopté. Article 17?
Mesures disciplinaires et administratives
Mme LeBlanc-Bantey: Ce que je peux dire là-dessus, c'est
que c'est ce qu'on retrouve dans la loi 50. Par ailleurs, il est prévu
à l'article 39 qu'un sous-ministre peut déléguer cette
mesure. (12 h 45)
M. Bisaillon: J'espère. Est-ce que je peux poser une
question à votre sous-ministre, Mme la ministre?
Mme LeBlanc-Bantey: Aucune objection.
M. Bisaillon: Est-ce que cela ne va pas, tel que c'est
formulé, à l'encontre de l'imputabilité des
gestionnaires?
M. Sarault: Dans quel sens?
M. Bisaillon: On dit que l'imposition d'une mesure disciplinaire
ou administrative à un fonctionnaire est faite par le sous-ministre ou
le dirigeant d'organisme dont il relève. Bien sûr, tantôt,
on va voir que le sous-ministre pourrait, entre autres choses,
déléguer cela. Mais, formulé comme cela, cela va à
l'encontre de l'imputabilité, parce que cela dit qu'un gestionnaire, le
supérieur immédiat, avant de prendre la décision d'imposer
une mesure disciplinaire ou administrative, va devoir remonter la
filière, parce que c'est le sous-ministre en haut qui va faire cela. Je
veux seulement vous indiquer que ce sont de petites phrases comme cela - je ne
fais pas de débat, parce que je vais l'adopter, l'article 17 - qui,
tranquillement, développent dans la fonction publique, en particulier
chez les cadres intermédiaires, des attitudes où on dit: Nous, on
ne peut rien faire; il faut toujours se référer à
quelqu'un. Alors, si on veut développer l'imputablité, ce sont
des phrases comme cela qu'il va falloir enlever, non seulement de nos habitudes
quotidiennes, mais de nos textes de lois. C'est simplement le commentaire que
je voulais vous faire. Mais vous pouvez répondre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais faire un commentaire.
M. Bisaillon: Vous pouvez répondre.
Mme LeBlanc-Bantey: Avant M. Sarault ou après M. Sarault?
Vous voulez y aller? Allez-y'.
M. Sarault: Le sens de cet article - et vous allez le retrouver
un certain nombre de fois - où c'est le sous-ministre qui est
effectivement nommé, ou le dirigeant d'organisme, cela veut dire que la
responsabilité première est mise sur la tête du
sous-ministre ou du dirigeant d'organisme. Maintenant, il peut
déléguer - et même on favorise cette
délégation un peu plus loin -mais, à ce moment-là,
il doit s'assurer que sa délégation, dans le fond, par un
contrôle a posteriori, est bien exécutée. En lui donnant le
pouvoir directement, on lui demande de surveiller aussi ses fonctionnaires dans
l'application des délégations qu'il leur donnera. Et cela
répond en partie à des craintes et à des réticences
que les syndicats éprouvent devant le fait qu'on délègue
un certain nombre de choses à des gestionnaires de niveau
inférieur. Je pense que le sous-ministre ne doit pas dire: J'ai
délégué cela à un autre et je ne donne pas de suite
à cela du tout. Je lui laisse carte blanche, qu'il marche comme cela; il
est responsable et je n'en ai plus aucune responsabilité. Cela veut dire
que la responsabilité de la délégation lui reste entre les
mains. C'est le sens de cela.
M. Bisaillon: Si la ministre me le permet, je voudrais dire que
je ne suis pas de ceux qui s'opposent habituellement aux désirs des
syndicats. On reconnaîtra au moins cela. Je trouve par ailleurs qu'il ne
faut pas nécessairement embarquer dans toutes les craintes des
syndicats, et il s'agit justement d'une crainte mal fondée, selon moi,
si on veut changer un certain nombre de mentalités et d'habitudes. Je
n'embarque pas du tout dans l'argumentation syndicale, si elle existe. Je
n'embarque pas du tout dans ce genre d'argumentation. Je maintiens que je
comprends fort bien les explications que vous m'avez données. Mais
supposons qu'il y a un contrôle parlementaire de l'imputabilité
à un moment donné, pour faire plaisir à un certain nombre
de personnes qui entourent le ministre, supposons qu'il y ait un jour un
contrôle parlementaire de l'imputabilité et que je me rende compte
qu'un congédiement aurait dû être exercé, qui vais-je
rendre imputable? À qui vais-je pouvoir poser des questions? Est-ce que
ce sera au sous-ministre, s'il a délégué le mandat, ou
à la personne qui a reçu le mandat de la
délégation? Je prétends que, effectivement, on rend le
sous-ministre responsable de cette façon-là; lui, il peut
déléguer, et sa responsabilité, c'est de vérifier
sa délégation. Donc, la personne que je vais devoir questionner
va être automatiquement le sous-ministre et non le gestionnaire
intermédiaire, parce qu'il en est peut-être responsable, mais il
relève, dans sa responsabilité première, du sous-ministre
puisque la loi rend le sous-ministre lui-même responsable.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais répondre à la question
du député de Saint-Marie. Si on devait un jour en arriver
à l'imputabilité -que je souhaite personnellement - devant
l'Assemblée nationale, cela ne veut pas dire que c'est
nécessairement le sous-ministre qui devrait répondre - en tout
cas, de la façon que moi, je vois l'imputabilité devant
l'Assemblée nationale - d'une délégation qu'il aurait
donnée à quelqu'un. La première personne imputable -
même si, dans la structure hiérarchique, cela demeure le
sous-ministre, qui doit vérifier si la responsabilité a
été bien accomplie - demeure la personne qui avait la
délégation. Si jamais il devait y avoir une loi devant
l'Assemblée nationale, il m'apparaîtrait que cela ne serait pas
une véritable loi de l'imputabilité devant l'Assemblée
nationale si les gens qui ont eu des délégations ne devaient pas
eux-mêmes rendre compte de leurs actes. En tout cas, quant à moi,
c'est tout le sens de l'imputabilité.
Pour répondre à votre première
préoccupation, pour ajouter à ce qu'a dit M. Sarault, je dirai
qu'il est tout à fait normal que les premières personnes qu'on
veuille rendre imputables sont les sous-ministres.
M. Bisaillon: Cela ne contredit pas ce que j'ai dit, je suis
d'accord avec vous.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Sur le même article, l'Association des cadres
supérieurs du gouvernement du Québec avait des idées
là-dessus et les a fait connaître lors du mémoire qu'elle a
présenté. L'Association des cadres supérieurs disait: Nous
croyons qu'à l'exception du congédiement, le pouvoir d'imposer
une sanction diciplinaire devrait être accordé au gestionnaire de
qui relève directement le fonctionnaire. Cette orientation serait
conforme au principe de délégation de pouvoir. De plus,
l'imposition d'une sanction disciplinaire fait partie des
responsabilités et des pouvoirs inhérents à la fonction de
gestionnaire. Son argumentation est que, si on confie la gestion d'une
unité quelconque à une personne, il faut aussi lui confier tout
ce qui va avec, c'est-à-dire les sanctions disciplinaires et
administratives.
Les réponses que vous donnez aux questions du
député de Sainte-Marie indiquent que, dans votre idée,
vous voyez cet article sous un angle qui permettrait que cela puisse
fonctionner tout en conservant la responsabilité première aux
sous-ministres ou aux dirigeants d'organismes.
Ce que je voudrais savoir, une question
précise à ce sujet: une fois qu'une mesure disciplinaire a
été décidée, ou une mesure administrative
quelconque, comment la personne qui est touchée en est-elle avertie?
Est-ce que ce sont les méthodes normales d'information verbales ou
nécessairement par écrit?
Mme LeBlanc-Bantey: Par écrit.
M. Doyon: Cela doit se faire par écrit. Quand on parle de
l'imposition d'une mesure administrative, il y a une notion de punition. De
quoi s'agit-il? Des mesures disciplinaires, je sais ce que c'est, par exemple,
une réprimande, un avertissement ou quelque chose comme cela, et qui
peut prendre la forme d'un déplacement de poste ou quelque chose comme
cela. Qu'est-ce que c'est l'imposition d'une mesure administrative?
Mme LeBlanc-Bantey: Très clairement, pour des raisons
d'incompétence: rétrogradation ou même destitution. Les
mesures disciplinaires font véritablement allusion à une faute
commise qui serait due à autre chose que l'incompétence, par
exemple, conduire un camion complètement soûl.
M. Bisaillon: Une rétrogradation, ce n'est pas
disciplinaire?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est une mesure administrative.
M. Doyon: Cela n'a pas l'air.
M. Bisaillon: Le congédiement, est-ce disciplinaire?
Mme LeBlanc-Bantey: Pour les deux cas. Cela peut être ou
disciplinaire ou administratif.
M. Bisaillon: Habituellement, ce qu'on reconnaît, c'est que
le congédiement, c'est la mesure disciplinaire ultime. C'est le pire que
tu peux donner.
M. Sarault: C'est la mesure disciplinaire ou administrative
ultime. Dans le sens que l'approche mesure administrative implique qu'il n'y a
pas de faute volontaire de la part de l'employé. Il est incapable
d'exercer ses fonctions, il est incompétent. Ce n'est pas parce qu'il ne
veut pas, ce n'est pas parce qu'il manifeste de la mauvaise volonté, il
n'est pas capable. C'est dans ce sens qu'on a voulu distinguer l'approche
administrative de l'approche disciplinaire.
La rétrogradation est employée comme mesure
administrative, et on a tenu à ce que cela reste comme tel, parce qu'on
s'est dit que ce n'était pas une façon de sanctionner de la
mauvaise volonté ou un manquement aux normes d'éthique que de
rétrograder quelqu'un. La seule raison pour laquelle quelqu'un devrait
être rétrogradé, c'est parce qu'il n'est pas capable
d'exercer la fonction à laquelle il est classifié.
M. Bisaillon: On n'a pas de définition de ce qu'on entend
par mesure disciplinaire ou administrative.
M. Sarault: La mesure disciplinaire est reliée aux normes
d'éthique et de discipline. Les normes administratives, vous allez voir
cela un peu plus loin.
M. Doyon: Là-dessus, si on se réfère
à l'article 13, on s'aperçoit que - tel que le dit votre
sous-ministre, Mme la ministre -l'article 13 se réfère à
des mesures disciplinaires. On présume, étant donné que
cela est dans la section I, que cela se réfère plus
particulièrement à des manquements aux normes d'éthique et
de discipline.
Donc, les mesures disciplinaires, on sait où les situer. Mais
quand on arrive avec une ou des mesures administratives comme cela, on les
situe plus difficilement.
Mme LeBlanc-Bantey: L'article 18, M. le député.
M. Doyon: Oui, d'accord. Tout ce que l'article 18 dit, c'est: "Un
fonctionnaire incompétent dans l'exercice de ses fonctions ou incapable
de les exercer peut être rétrogradé ou
congédié." Mais...
M. Bisaillon: ...ce serait une mesure administrative, selon ce
que vous nous avez dit, mais congédié, c'est une mesure
disciplinaire.
M. Doyon: Alors, c'est pour cela que je soulève le point.
Si on veut savoir à quoi s'en tenir quand on parle de l'un comme quand
on parle de l'autre, il faut qu'on s'y réfère quelque part
globalement. L'article 13, tel que je vous le démontrais tout à
l'heure, permet de situer globalement ce qui est une mesure disciplinaire, par
l'endroit où se situe l'article, etc. Mais je n'ai pas
d'équivalence pour la mesure administrative. D'après ce que je
peux comprendre des explications de M. Sarault, c'est qu'une mesure peut
être administrative dans certains cas, une mesure peut être
administrative ou disciplinaire selon ce qui cause cette mesure-là,
selon ce qui est à la source de la mesure.
Je me demande si c'est satisfaisant.
Mme LeBlanc-Bantey: On va vérifier vos inquiétudes
parce que, de la façon que vous posez le problème, effectivement
on va vérifier. On pourrait suspendre l'article 18 tout au moins.
Le Président (M. Paré): L'article 17 ou 18?
M. Bisaillon: L'article 17.
Mme LeBlanc-Bantey: L'article 17? Bien non, 17, c'est le principe
de la délégation...
M. Bisaillon: Oui, oui, vous avez raison.
Mme LeBlanc-Bantey: Alors, c'est 18 qu'on suspend.
M. Bisaillon: Vous avez raison.
Le Président (M. Paré): Est-ce que j'en conclus que
17 est adopté?
Une voix: Avec beaucoup de réserve.
Mme LeBlanc-Bantey: On adopte 17 et on suspend 18, M. le
député de Louis-Hébert?
M. Doyon: Attendez un peu. Je suis prêt à adopter
17, dans ce sens que je reconnais qu'il faut des mesures administratives, il
faut qu'on ait autre chose que des mesures disciplinaires. Donc, on a une
nécessité de mesures administratives. Mais ce que je veux avoir
quelque part - si c'est à 18, ce sera à 18, ou ailleurs - c'est
que je veux savoir comment on définit ce que sont des mesures
administratives. Je vous signale que, dans l'équivalent de 18 qu'on
trouve dans les décrets avec lesquels vous devriez être
familière, Mme la ministre, on parle de destitution, de
rétrogradation, de suspension, de révocation. Et on ne parle pas,
à proprement parler, de mesures administratives. Si on veut le faire, il
va falloir encadrer ce qu'est une mesure administrative. C'est trop vague dans
le moment. Une mesure disciplinaire, vous avez pris les précautions
nécessaires, il n'y a pas de problème là. Une mesure
administrative, on ne sait pas trop parce que, tel que vous avez eu l'occasion
de le dire au député de Sainte-Marie, un congédiement, une
rétrogradation peuvent être l'une ou l'autre, la différence
se situant au niveau de ce qui les a causé, dans la raison pour laquelle
cette sanction qui est soit disciplinaire, soit administrative a
été imposée. Alors là, il y a sûrement du
flottement.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, maintenant...
M, Bisaillon: Ce qui est soulevé par le
député de Louis-Hébert, ce n'est pas 18 qui le
réglerait. Je pense qu'on doit adopter les titres aussi. Je veux dire
que c'est par le titre qu'on pourrait, au moment du titre, c'est-à-dire
à l'intérieur de ce chapitre-là, mettre une
définition de ce que l'on entend par mesures... Notre interrogation,
c'est: Est- ce qu'il y a moyen de définir ce qu'on entend par mesure
administrative et de définir ce qu'on entend par mesure disciplinaire?
Je pense que c'est cela; peu importe où cela va se trouver dans le
texte, on n'est pas obligé de suspendre quelque chose. Peu importe
où cela va se trouver dans le texte, on devrait pouvoir revenir sur
cette question-là.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai déjà accepté de
continuer à réfléchir ou de trouver une façon de
clarifier davantage, s'il y a lieu. Mais j'avais demandé tout à
l'heure si 17 était adopté.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Alors, l'article 17 est
adopté.
M. Bisaillon: Avec réserve.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah! Le message est passé aux
sous-ministres. Je suis sûre qu'ils ont entendu.
Le Président (M. Paré): L'article 17 est
adopté. L'article 18 est...
Mme LeBlanc-Bantey: Suspendu.
Le Président (M. Paré): ...en suspens. D'accord, on
serait rendu à l'article 19.
M. Bisaillon: Cela ne nous aidera pas.
M. Doyon: On peut même... Je suis prêt à le
laisser en suspens, simplement pour laisser la porte ouverte à toutes
les possibilités. S'ils veulent le régler à 18, ils le
régleront à 18. Mais si ce n'est pas à 18, ce sera
ailleurs.
M. Bisaillon: Pourquoi on ne suspendrait pas la séance
plutôt?
Le Président (M. Paré): Oui. Donc l'article 18 est
en suspens. On sera rendu à l'article 19. Mais comme il est 13 heures,
les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
M. Doyon: Merci beaucoup.
Mme LeBlanc-Bantey: On a doublé, ce n'est pas si pire.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 15 h 25)
Le Président (M. Paré): La commission parlementaire
de la fonction publique reprend ses travaux toujours pour étudier le
projet de loi 51, Loi sur la fonction publique, article
par article. Lorsque nous avons interrompu les débats à 13
heures pour le dîner, nous venions juste de suspendre l'étude de
l'article 18. Donc, nous sommes rendus à l'article 19.
Mme LeBlanc-Bantey: À l'article 19, M. le
Président, il n'y a pas grand-chose à ajouter si ce n'est que,
contrairement aux permanents, quelqu'un qui n'a pas terminé son stage
probatoire, qui n'est pas déjà fonctionnaire, donc pas permanent
à la fonction publique, peut être congédié, comme
l'article l'indique, sans autre procédure ni formalité que celle
d'un avis.
M. Rivest: II n'y a pas de droit d'appel là-dedans? Le
syndicat des fonctionnaires vous a demandé un droit d'appel ou, enfin,
une mesure quelconque de réévaluation et il n'y a rien. C'est
sans autre formalité?
Mme LeBlanc-Bantey: Pour vous qui n'étiez pas là ce
matin, c'est la personne qui vient d'être engagée.
M. Rivest: Oui, je sais, mais le syndicat a demandé que ce
soit la même chose pour les non-permanents.
Mme LeBlanc-Bantey: Pour le moment, ils n'ont pas les mêmes
droits que les autres permanents et l'article dit bien ce qui existe dans ce
cas-là.
M. Bisaillon: Dans le fond, M. le Président, s'il n'y
avait pas la question de l'avis de 15 jours, l'article serait inutile.
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement.
M. Bisaillon: Ce que l'article prévoit, finalement, c'est
seulement l'avis de 15 jours.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez entièrement raison, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Rivest: Pourquoi 15 jours?
Mme LeBlanc-Bantey: Cela pourrait être 7 jours, cela
pourrait être 15 jours, ce pourrait être 21 jours. Quinze jours
nous semblent un délai raisonnable.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
20?
Mme LeBlanc-Bantey: L'article 20, M. le Président, est une
nouvelle disposition compte tenu qu'un fonctionnaire acquiert dorénavant
le statut de permanent après deux ans de service continu. Par ailleurs,
pendant cette période, il peut être congédié pour
manque de travail et n'a pas de recours possible devant la Commission de la
fonction publique.
M. Bisaillon: Mes commentaires sont déjà faits sur
l'article 20.
Le Président (M. Paré): L'article 20 est-il
adopté?
M. Bisaillon: Adopté sur division.
Le Président (M. Paré): Article 20, adopté
sur division. Article 21?
Mme LeBlanc-Bantey: L'article 21 reprend tout simplement ce qu'il
y avait dans la loi 50 et je pense qu'il s'explique par lui-même.
M. Bisaillon: Un instant; Sous réserve de ce que l'on
décidera pour "mesure disciplinaire", cela va.
Le Président (M. Paré): Alors, l'article 21 est
adopté. Article 22?
M. Tremblay (Camille): Je m'excuse, M. le Président. En
fait, la mesure disciplinaire dans ce cas-là est déjà
prévue à l'article de la loi.
M. Bisaillon: Oui, mais justement parce qu'il commence en disant
"sans préjudice de toute mesure disciplinaire", alors, je dis sous
réserve de la définition que l'on donnera à la "mesure
disciplinaire." Cela va?
M. Tremblay (Camille): D'accord. Le Président (M.
Paré): Article 22?
Mme LeBlanc-Bantey: L'article 22, c'est une inscription dans la
loi qui était déjà prévue au code
d'éthique.
M. Rivest: Qu'est-ce que vous avez dit? Je n'ai pas compris.
Mme LeBlanc-Bantey: À l'article 22, on inscrit dans la loi
une disposition qui était déjà au code d'éthique
où il est prévu qu'on peut relever provisoirement de ses
fonctions quelqu'un qui serait accusé d'une faute quelconque.
M. Rivest: Juste une information additionnelle, Mme la ministre.
Pourriez-vous donner des exemples, un ou deux exemples, de la nature des
exigences que vous entrevoyez prescrire par règlement? "Tout
fonctionnaire peut, conformément aux exigences prescrites par
règlement..." C'est quoi la nature de ces exigences?
M. Tremblay (Camille): On peut toujours ajouter un détail.
C'est déjà prévu dans le règlement sur les normes
d'éthique, qui existe à l'heure actuelle. Toute la
procédure est déjà prévue là-dedans.
M. Rivest: Juste un ou deux exemples pour voir de quelle nature
c'est.
M. Tremblay (Camille): Par coeur, là -cela fait un bout de
temps que j'ai lu cela -on prévoyait qu'il pouvait y avoir un
relevé provisoire sans rémunération ou avec
rémunération. C'est une des possibilités et, d'ailleurs,
si vous regardez les normes qui suivent au niveau du pouvoir
réglementaire, on a prévu la délégation, au niveau
de la législation déléguée, suffisamment large pour
prévoir ce qui arrive dans les cas où il y a relevé
provisoire des fonctions avec ou sans rémunération. C'est un des
cas. (15 h 30)
Mme LeBlanc-Bantey: À cet égard, entre autres, si
ma mémoire est bonne, lors des dernières négociations, on
a accepté avec certains syndicats de continuer la
rémunération lors de relevés provisoires tant que la
personne n'avait pas été condamnée. Cette mesure
s'inscrivait un peu dans la tradition de notre justice: on ne condamne pas
avant d'avoir la preuve que la personne a effectivement été
l'auteur d'actes préjudiciables ou non corrects.
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Article 22, adopté.
Section II, Activités politiques. Article 23?
Activités politiques
M. Bisaillon: À l'article 23, juste une question, M. le
Président. Dans l'avant-projet, le fonctionnement de l'article 23
était rendu possible uniquement pour des élections
fédérales. On a argumenté et des groupes sont aussi venus
plaider devant la ministre la possibilité pour un fonctionnaire de se
présenter et d'intervenir dans la vie publique, peu importe à
quel niveau.
Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité et utilité
d'étendre cela? Pourquoi restreindre cela à une élection
provinciale? Dans les conventions collectives, par exemple, qui existent dans
le secteur parapublic, dans le secteur public ou dans l'entreprise
privée, lorsqu'on met ce genre de clause, on ne restreint pas le genre
d'élection. Si c'est vrai pour une multinationale, cela devrait
être possible pour une entreprise comme le gouvernement.
M. Rivest: Probablement, la demande, que j'endosse, du
député de Sainte-Marie lui a été inspirée
par le député de Lafontaine qui va sans doute faire du
recrutement dans la fonction publique provinciale pour aller porter le message
péquiste sur la scène fédérale.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant au
député de Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, je suis d'accord avec
l'interprétation du député de Jean-Talon. Il y a aussi une
raison pour laquelle on pourrait parfaitement biffer le mot "provinciale" tout
simplement dans l'article. Il y a, de toute évidence, un manque de
personnel qualifié pour se présenter sur la scène
fédérale. Cela pourrait ouvrir des portes, si nos fonctionnaires,
qui, comme on le sait, sont très qualifiés, pouvaient se
présenter. Je pense qu'on a tout avantage à enlever le mot
"provinciale" pour ces motifs.
M. Rivest: Je ne serais pas d'accord avec cela. Le
député, dans son enthousiasme, oublie que, s'il enlevait le mot
"élection", cela pourrait couvrir également une élection
scolaire et une élection municipale. Pas besoin de demander un
congé sans solde ou de faire toute la procédure
nécessaire, je pense, pour une élection municipale ou
scolaire.
M. Bisaillon: M. le Président, je ne voulais pas soulever
de débat, surtout pas le genre de débat que j'entends. Je voulais
juste indiquer que, dans les endroits où on permettait à des
employés de profiter d'un congé sans solde, on le faisait sous le
couvert de, pour utiliser l'expression du député de Gaspé,
la charge publique. Autrement dit, c'est quoi, l'article 23? On reconnaît
au fonctionnaire la possibilité, en dehors de son travail, de vaquer
à des activités politiques. On lui reconnaît le droit
d'exprimer ses opinions en respectant, à l'intérieur de son
travail, la neutralité, mais, à l'extérieur, on lui permet
le travail partisan au plan politique.
Tout ce que l'article 23 dit, c'est que, quand il veut se porter
candidat à une élection, on lui permet un congé sans
solde. Si ce n'est pas nécessaire au moment d'une élection
municipale, il ne le demandera pas. C'est sans solde, c'est à ses frais.
On ne lui fait pas un cadeau d'argent. On lui dit qu'on peut lui permettre
d'aller tenir cette élection. Or, dans tous les endroits où ce
genre de clause existe, on ne spécifie pas que c'est seulement pour un
type d'élection. C'est vrai dans la convention collective, par exemple,
des enseignants, c'est vrai dans le secteur hospitalier et c'est vrai dans
l'entreprise privée. Alors, je fais motion, M. le Président, pour
biffer, après le mot "élection", le mot "provinciale".
Mme LeBlanc-Bantey: Bon, cela pose tout le débat. Est-ce
une motion en bonne et due forme?
Le Président (M. Paré): Vous pouvez intervenir sur
la recevabilité si vous le désirez, Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas d'objection de fond à ce
qu'il y ait une possibilité d'obtenir un congé sans solde pour
une charge publique, que ce soit une élection fédérale,
municipale, scolaire. Par ailleurs, compte tenu du fait qu'il y avait
déjà, dans les conventions collectives, suffisamment de largesse
en ce qui a trait aux charges publiques - c'est vrai que l'élection
fédérale n'est pas encore prévue dans les conventions
collectives parce qu'elle existait déjà dans la loi et je suppose
qu'à ce titre les syndicats n'ont pas senti le besoin de prévoir
des dispositions dans les conventions collectives -et qu'on permet à des
candidats qui veulent assumer des charges publiques d'avoir des congés
sans solde, il ne nous est pas apparu nécessaire de l'inscrire dans la
loi.
Nous l'inscrivons dans la loi en ce qui concerne les fonctionnaires
vis-à-vis de l'État pour lequel ils travaillent qui est
l'État du Québec et, compte tenu de cela, l'État, en tant
qu'employeur, leur donne non seulement le droit à un congé sans
solde mais à un certain nombre de privilèges dont le
privilège de réintégrer leur emploi, etc. On le verra dans
les articles qui suivent et, dans cette perspective, il ne m'apparaissait pas
nécessaire de l'inscrire pour l'ensemble des charges publiques.
Si le député Bisaillon en fait un point majeur, moi, je
suggérerai, à ce moment-ci, de suspendre l'article et de faire,
avec celui-là, ce qu'on a fait avec un certain nombre d'autres, quitte
à y revenir par la suite.
M. Bisaillon: Je veux indiquer à la ministre, M. le
Président, qu'elle mélange deux articles et plus que deux,
même. L'article 23 ne vise qu'à permettre un congé sans
solde. Qu'est-ce qui arrive après que ce congé sans solde est
épuisé? Cela, ce sont les autres articles qui le diront. Il est
fort possible d'envisager - je ne sais pas si la ministre m'écoute, mais
ce serait important qu'elle comprenne mon argumentation d'attribuer des
congés sans solde aux fonctionnaires qui veulent participer à
n'importe quelle des élections. La réintégration, par la
suite, devrait être possible c'est-à-dire après la
période de trente jours qu'on permet pour tout le monde.
Lorsqu'il y a élection, c'est là que commencent les
privilèges dont la ministre parlait et c'est à l'article 24 et
suivants qu'on les voit. Je serais d'accord, à ce moment, qu'on limite
les privilèges uniquement à ceux qui ont été
élus à une élection provinciale. Alors, il faut faire la
distinction entre la possibilité de mener une campagne électorale
par le biais d'un congé sans solde et le lien qu'on continuerait
à maintenir advenant une élection. Autrement dit, pour moi, un
conseiller municipal peut avoir un congé sans solde pour se
présenter à l'élection. S'il est élu, cela ne
l'empêche pas de continuer son travail; c'est au niveau municipal ou
scolaire. S'il est élu au fédéral, il va aller
siéger au fédéral, mais il perdrait, selon moi, à
ce moment, en vertu de l'article 24, les privilèges de
réintégration dans la fonction publique du Québec - il le
saurait à l'avance - tandis que celui qui serait élu à une
élection provinciale continuerait à maintenir ses liens avec la
fonction publique.
Mme LeBlanc-Bantey: Je trouve que vous faites une excellente
distinction quant aux objectifs que vous poursuivez. Cela clarifie. Cela me
rend effectivement beaucoup plus favorable à l'amendement que vous
proposez.
Par ailleurs, est-ce que vous entendez par là qu'il pourrait
s'agir d'une élection -disons à n'importe quel titre - à
un CLSC, à un conseil d'administration d'hôpital, à tout ce
qu'on peut supposer de charges publiques dans l'ensemble du Québec.
M. Bisaillon: On peut utiliser le terme "charges publiques" ou,
si on veut garder le mot "élection", on le garde. Ce que je veux dire,
c'est que, pour l'État, ce n'est pas pénalisant. Si je veux me
présenter dans un CLSC et que je suis fonctionnaire, surtout cadre,
peut-être que je ne me permettrai pas de perdre un mois ou deux de
salaire pour briguer les suffrages au niveau d'un conseil d'administration de
CLSC. Il ne faut quand même pas voir des choses qui ne se produiront pas.
Il s'agit d'ouvrir la possibilité. Si quelqu'un veut prendre soixante
jours pour se faire élire à un CLSC à ses frais, bien, il
les prendra. Je ne vois pas en quoi cela va pénaliser l'État.
On peut toujours se dire, entre nous, que ce n'est pas ce qui va se
produire et qu'il est fort probable que, même pour une élection
scolaire, cela ne se produira pas et que, possiblement, pour une
élection municipale non plus. Autrement dit, on ne dit pas que cela sera
utilisé automatiquement; on dit: II peut, s'il en fait la demande. S'il
se présente à un conseil d'administration d'hôpital pour
représenter les bénéficiaires, avec l'argent qu'il y a
à faire là, probablement qu'il ne perdra pas deux mois de salaire
pour se faire élire.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gaspé.
M. LeMay: Peut-être une précision. Dans les
conventions collectives, quand il s'agit de toute autre charge publique que
celle de député, qui n'est quand même pas quelque chose de
marginal, comme faire partie d'un conseil d'administration d'un CLSC ou d'un
CH, tout ce qu'on prévoit, c'est habituellement trois jours de
congé avec solde soit pour aller à des congrès ou à
des réunions hors région qui nécessitent un
déplacement. Pour ce qui est de la période électorale
à l'intérieur d'un CH, d'un CLSC ou d'un conseil d'administration
quelconque, je pense qu'il n'y a rien de prévu. C'est à la charge
de l'individu. Comme le député de Sainte-Marie le disait, s'il
veut prendre un mois pour faire sa campagne électorale pour se faire
élire à un conseil d'administration d'un centre hospitalier, il
peut le faire, mais cela se voit assez rarement.
M. Bisaillon: On peut le suspendre, à moins que vous
n'acceptiez.
Mme LeBlanc-Bantey: On le suspend pour le moment?
C'est-à-dire que j'aimerais quand même le suspendre. À
priori, je n'ai pas d'objection. Je dois vous souligner, en passant, qu'on va
au-delà de la Loi électorale là-dessus. Je suppose que
cela ne vous fatigue pas.
M. Bisaillon: Vous le savez, Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord. On le suspend et on va voir si
vraiment cela peut poser des difficultés d'ordre juridique que je ne
vois pas tellement.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Jean-Talon.
M. Rivest: II y a une règle d'éthique quant aux
activités politiques en dehors des périodes électorales,
j'entends. Ici, je vois l'article; évidemment, l'article ne s'applique -
et c'est l'objet du projet de loi - qu'à partir du moment où des
décrets ou ce qu'on appelait des brefs d'élection ont
été émis. C'est là que cela commence à
s'appliquer. Vous savez que la pratique des partis politiques est de faire
souvent des assemblées d'investiture ou de choix de candidats avant
même que les décrets d'élection soient émis, que ce
soit une élection partielle ou même une élection
générale.
Est-ce qu'un haut fonctionnaire qui doit, étant donné la
nature de ses responsabilités, adopter une attitude de réserve
pourrait faire acte de candidature à une assemblée d'investiture
d'un parti politique, à une élection provinciale, dans ce
cadre-là, sans demander un congé sans solde, autrement dit sans
se prévaloir de tout ce qu'on prévoit pour le cas où les
brefs d'élection sont émis?
Mme LeBlanc-Bantey: Je dois dire que, dans le cas des hauts
fonctionnaires, on les a exclus de l'application de l'article 23.
M. Rivest: Ou même à un fonctionnaire qui est inclus
dans cet article.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous voulez répéter votre
question? Je m'excuse.
M. Rivest: Qu'arrive-t-il à un fonctionnaire qui pose sa
candidature à une assemblée d'investiture d'un parti politique,
par exemple, dans Marie-Victorin, pour remplacer M. Marois? Les brefs
d'élection ne sont pas émis. Si un parti politique décide
de faire ce qu'on appelle la convention au tout début de janvier, en
supposant que les brefs seront émis en mars ou quelque chose comme cela,
que fait le fonctionnaire en question? Est-ce que c'est contre le code
d'éthique? Est-ce prévu dans la loi? Est-ce mieux pour lui de
prendre, dès ce moment-là, un congé sans solde? Quelle est
la situation juridique là-dessus?
Mme LeBlanc-Bantey: II n'a pas de congé sans solde
obligatoire à partir de ce moment-là. Il est tenu à la
réserve, comme tous les autres.
M. Tremblay: L'article 12 le prévoit.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vous avoue qu'on a longuement
discuté de cela parce qu'on voyait facilement que cela pouvait
occasionner des situations un peu difficiles. Par ailleurs, en pesant les
avantages et les inconvénients, on a mis les dispositions qui sont
actuellement dans la loi.
M. Rivest: Ce qui m'intrigue, excusez, M. le
député, c'est que l'article 12 est quand même restrictif,
parce qu'il ne parle pas d'activités politiques. Cela ne couvre pas mon
cas, dans la mesure où "Rien n'interdit à un fonctionnaire
d'être membre d'un parti politique - et ce droit statutaire doit
s'interpréter tel qu'il est - d'assister à une réunion
politique ou de verser, conformément à la loi, une contribution"
- c'est simplement ces trois cas qui sont prévus à l'article 12
-et de faire acte de candidature, à moins que...
M. Bisaillon: Regardez l'article 11. Vous avez 11 et 12.
M. Rivest: La réserve.
M. Bisaillon: Bon, alors, qu'est-ce que l'article 11
établit? C'est que tout est permis, hors de son travail, qui est
couvert
par l'article 10.
M. Ri vest: D'accord.
M. Bisaillon: À l'article 10, on dit: À
l'intérieur de son travail, neutralité politique. À
l'article 11, tout est permis, avec la restriction de l'obligation de
réserve. L'article 12 dit que cela comprend aussi toutes ces
activités. L'article 23 ne couvre que la période où il
peut obtenir un congé sans solde. Mais, en dehors de son congé
sans solde et même pendant son congé sans solde, l'obligation de
réserve demeure tout le temps.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Paré): Donc, est-ce qu'on s'entend
pour suspendre l'article 23?
M. Rivest: Oui, pour les fins de l'argumentation du
député de Sainte-Marie. (15 h 45)
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 23 est
suspendu. J'appelle donc l'article 24.
Mme LeBlanc-Bantey: Donc, le seul commentaire que j'aurais, M. le
Président, c'est qu'en vertu de la loi 50 le fonctionnaire
désireux de se présenter à une élection devait
démissionner. Dorénavant, compte tenu qu'il est en congé
sans solde, il est requis de prévoir que les dispositions de la loi ne
lui sont pas applicables, à l'exception de l'article 25 qui est le droit
de retour et de l'article 127 qui parle de sanctions pour manoeuvres
frauduleuses, menaces et intimidation.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Chambly.
M. Rivest: Non, cela va pour cela. J'aurai des commentaires sur
25.
M. Tremblay: Contrairement à ce que disait le
député de Sainte-Marie tout à l'heure, je ne suis pas
d'accord pour qu'on n'inclue pas dans cette clause des gens, par exemple, qui
seraient élus maires. À Québec ici, il pourrait arriver
qu'un fonctionnaire soit élu maire de Québec. Il y a lieu,
à mon avis, de prévoir une possibilité pour lui
d'être réintégré dans ses fonctions au moment
où il quittera la politique. On l'a fait un peu avec les membres de
l'Assemblée nationale. Pourquoi un maire serait exclus, un maire
à plein temps? Il n'y en a pas tellement; ce ne seraient pas des
exceptions qui feraient en sorte de débalancer toute la fonction
publique. Le nombre de maires qui sont là n'est pas grand.
La même chose pour un député qui est élu au
fédéral. C'est quoi, la différence fondamentale pour la
fonction publique elle- même, qu'il soit élu au Québec ou
au fédéral? C'est un député quand même.
C'est un privilège qui se donne dans plusieurs entreprises. Par
exemple, prenez Power Corporation, je suis certain que, dans un tel cas, ils
réintégreraient par la suite la personne qui a été
député. Je ne vois pas pourquoi la fonction publique serait bien
différente.
Mme LeBlanc-Bantey: On ne reprendra pas tout le débat de
la fonction publique québécoise, allégeance à
l'État québécois par rapport à l'allégeance
à l'État fédéral indépendamment des options.
Je dis: Comme État, comme employeur, on a des employés à
qui on donne un certain nombre d'obligations clairement inscrites dans la loi
et un certain nombre de privilèges. Compte tenu de la loyauté
qu'on leur demande vis-à-vis de leur État, de leur droit de
réserve, etc, on tente de leur donner le maximum de droits s'ils
devaient se porter candidats vis-à-vis d'un gouvernement qui, bien
sûr, est l'autorité constituée.
Je ne vois pas du tout que le même raisonnement s'applique aux
élections fédérales. Ce que l'on disait tout à
l'heure, c'est que, de toute façon, il est déjà
prévu dans les conventions collectives, et on a pris la peine de le
réviser au moment de la loi, tout un nombre de dispositions qui
permettent à des employés d'obtenir des congés sans solde,
de revenir après leurs congés sans solde - cela va de soi si
c'est un congé sans solde, bien sûr, cela implique qu'il ait un
droit de retour - pour autant, bien sûr, qu'ils s'entendent avec
l'employeur et que celui-ci accepte.
Dans ce sens, si les syndiqués sentent le besoin d'inscrire dans
leur convention collective le même droit vis-à-vis des
élections fédérales qu'ils ont vis-à-vis des autres
charges publiques, ils le feront.
Je veux bien accepter la nuance du député de Sainte-Marie
qui dit: Pourquoi pas leur donner - en tout cas, on devrait regarder cela,
parce qu'on a suspendu l'article - le droit d'obtenir un congé sans
solde? Entre cela et leur dire: Vous avez le droit d'avoir un congé sans
solde et vous avez tous les privilèges qu'on donne aux fonctionnaires de
l'État du Québec en fonction des obligations qu'on leur demande,
je trouve qu'il y a une marge de manoeuvre énorme.
Il suffirait de voir les conventions collectives pour voir à quel
point ce n'est pas facile à cerner et à quel point, de part et
d'autre, on a été assez prudent pour inscrire, à peu
près, trois ou quatre pages de convention collective sur le sujet.
À ce point-là, qu'on en discute au moment des
négociations, cela va de soi, mais je ne voudrais pas qu'on soit
obligés d'inscrire, dans la loi, une dizaine d'articles
supplémentaires pour tenter d'encadrer toute la notion de charges
publiques, quand les conventions collectives le font très bien, sauf,
peut-être, ajouter un droit complémentaire qui serait le droit
à un congé sans solde pour une charge publique. Cela, je veux
bien le regarder.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Chambly.
M. Tremblay: Pour terminer mon intervention, si vous le
permettez. Est-ce que les conventions collectives peuvent aller au-delà
de cette loi? C'est cela, la question qu'on se pose.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est-à-dire que oui. Des conventions
collectives en donnent, bien sûr, bien plus que la loi. C'est normal. Il
y a énormément de choses prévues dans les conventions
collectives. Si vous me demandez si les conventions pourraient aller à
l'encontre de la loi, c'est une autre question. Je vais la laisser à
notre analyste juridique. À mon avis, non.
Les conventions collectives peuvent en donner bien plus. Mais la loi
n'interdit pas de donner des privilèges à des gens qui se
présenteraient dans des charges publiques. Ce n'est pas cela qu'elle
dit. Elle garantit qu'il y en aura pour ceux qui se présenteront pour
l'État du Québec. C'est clair. Mais elle ne dit pas: Donnez-en
pas aux autres. Les conventions collectives pourraient prévoir des
privilèges aussi importants que ceux qu'il y a dans la loi pour ceux qui
se présentent à une élection provinciale.
M. Tremblay: Même si l'on a cet article 24 dans la loi,
cela voudrait dire que la convention collective pourrait prévoir que
quelqu'un qui se présente à la charge de maire pourrait
réintégrer la fonction publique une fois son mandat
terminé.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est déjà le cas. Quand ils
ont un congé sans solde, cela implique, bien sûr, qu'ils
réintègrent la fonction publique automatiquement après le
congé sans solde. Il y a là les nuances: Quand? À quel
statut? Est-ce qu'on a tenté de prévoir aussi, peut-être,
une espèce de reconnaissance d'expérience, par exemple, pour les
cabinets politiques? Non, on pourrait le prévoir. Rien ne l'interdit. La
loi ne l'empêchera pas.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Deux remarques rapides, M. le Président.
D'abord, on réfère souvent aux conventions collectives. Il ne
faudrait pas perdre de vue que la loi s'applique à l'ensemble des
fonctionnaires, y compris à ceux qui ne sont pas couverts par les
conventions collectives. Deuxièmement, je suis fort sympathique à
l'argumentation du député de Chambly, surtout quand on
considère effectivement ce qu'il a soulevé lui-même, que le
nombre que cela peut représenter, en bout de course, n'est pas suffisant
pour "débalancer" la machine. Mais je me rends compte qu'il y a plus de
chances de faire adopter l'article 23 avec mon amendement, si on ne touche pas
à l'article 24.
Je me dis que, comme les associations représentatives et les
conventions collectives peuvent aller au-delà, parce que cela n'irait
pas à l'encontre, ce que l'article 24 dit, c'est: Le fonctionnaire
élu à une élection provinciale cesse d'être couvert
par la loi et, par la suite, va profiter d'un certain nombre de
privilèges. Cela ne se limite pas qu'aux seuls fonctionnaires
élus à une élection provinciale; autrement dit, une
convention pourrait ajouter à cela et en mettre un peu plus,
c'est-à-dire couvrir d'autres types d'élections, comme la Loi sur
la fonction publique peut se permettre d'aller au-delà de ce que la Loi
électorale prévoit.
Mme LeBlanc-Bantey: Je ferais simplement un très court
commentaire. C'est vrai que tout le monde n'est pas syndiqué, mais vous
savez vous-même que l'ensemble des conditions de travail des
syndiqués s'applique au personnel reconnu non syndiqué, sauf
certains aspects, dans le cas de gestionnaires, qui peuvent s'expliquer.
Peut-être même, en plus, dans certains cas, comme le cas du
député de Sainte-Marie, le cas de Sainte-Marie. Ha! Ha! C'est un
cas aussi, le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Vous pouvez continuer. Adopté.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gaspé.
M. LeMay: Je voudrais insister, M. le Président, sur cet
article 24 que je trouve très important, parce que j'ai eu
moi-même à me battre pour obtenir un congé sans solde,
à la suite de mon élection en 1981, pendant un an et demi avant
de l'obtenir de la part de mes patrons. Si le mot fonctionnaire inclut aussi le
parapublic, j'étais fonctionnaire et les décisions qui avaient
été prises alors ne m'accordant pas le congé sans solde
étaient des décisions purement politiques. Si, à ce
moment, cela avait déjà été inscrit dans la loi, il
n'y aurait même pas eu de discussion. Les délégations de
pouvoirs à un directeur général auraient été
automatiques, tandis qu'il a fallu que je me batte, que je consulte des
avocats, que je passe par mon association des principaux du Québec. Il
s'est
quand même écoulé un an et demi avant que je puisse
obtenir un congé sans solde, ce à quoi j'avais droit, selon moi,
et qui était normal, je pense.
M. Rivest: Vous auriez dû m'en parler. J'aurais
réglé votre problème. Je soupçonne les gens qui ne
voulaient pas.
M. Tremblay: Est-ce que vous êtes responsable du patronage,
vous ici, M. le député?
M. Rivest: Non, j'étais distrait tantôt, parce que
j'ai eu le plaisir d'accueillir la nouvelle députée de
Jonquière et je suis convaincu que Mme la ministre va s'associer
à moi pour lui souhaiter la plus cordiale bienvenue à
l'Assemblée nationale.
Mme LeBlanc-Bantey: Dans le temps comme dans le temps.
Le Président (M. Paré): Donc, pour revenir à
nos moutons, en m'excusant de l'expression, est-ce que l'article 24 est
adopté?
M. Bisaillon: Est-ce que j'ai compris qu'il y avait un amendement
proposé par le député de Gaspé? Est-ce que le
député de Gaspé propose d'enlever le mot
"provinciale"?
M. LeMay: Pas à l'article 24.
M. Bisaillon: Non?
M. LeMay: Non, pas à l'article 24.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 24 est
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
25?
Une voix: 25, sur division.
Le Président (M. Paré): Adopté sur
division.
Mme LeBlanc-Bantey: Même si on amende l'article 23, M. le
député?
M. Tremblay: Oui.
M. Rivest: II est très indépendant d'esprit, le
député de Chambly. C'est l'influence de son collègue de
Vachon.
Le Président (M. Paré): Article 25, s'il vous
plaît.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas de reproches à faire aux
gens indépendants d'esprit.
M. Rivest: Sur 25, Mme la ministre et M. le
Président...
Mme LeBlanc-Bantey: Moi, je pourrais peut-être dire tout
d'abord...
M. Rivest: Oui, allez-y.
Mme LeBlanc-Bantey: ...que cet article fait que le fonctionnaire
élu à une élection provinciale n'a plus à remettre
sa démission. Il est donc en congé sans solde, ce qui est une
amélioration par rapport à la loi précédente.
Quelle que soit la durée de son mandat, il peut réintégrer
la fonction publique. Vous avez dû démissionner; alors je
règle votre problème.
M. Rivest: Je ne le sais pas.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que oui, vous avez dû
démissionner. Mais avec la nouvelle loi, il pourra
réintégrer la fonction publique, quelle que soit la durée
de son mandat. Dans votre cas, j'espère que cela ne sera pas trop
long.
M. Bisaillon: C'est transitoire pour le député
de...
M. Rivest: Cela m'étonnerait.
Mme LeBlanc-Bantey: Les sous-ministres adjoints, contrairement
à ce qui était le cas, ne peuvent plus se présenter
à une élection provinciale et rester fonctionnaires. Eux, ils
doivent démissionner. Les dispositions de cet article ne s'appliquent
pas, tel que prévu, à un fonctionnaire qui devient
député à une Législature autre que le
Québec. C'est la cohérence.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a des garanties? Je remarque, à
l'article 26, qu'il s'agit d'un "membre du personnel d'un cabinet de ministre".
Est-ce qu'il y a une garantie quelconque pour un député qui a
été fonctionnaire et qui cesse d'être député
que les bons offices de l'Office des ressources humaines ne
réévalueront pas à la baisse ses aptitudes? Je remarque
que, lorsqu'il s'agit d'un membre du personnel d'un cabinet politique, on doit
tenir compte du classement que ce fonctionnaire avait dans la fonction
publique. Probablement que le personnel politique a vu à se donner
toutes les asssurances, étant donné qu'il n'avait pu obtenir
l'autre assurance. Pourquoi cela ne s'applique-t-il pas aux
députés? Pourquoi n'y a-t-il pas cette petite phrase: Les amis de
l'office devront tenir compte du classement qu'avait ce fonctionnaire - qui
était député dans ce cas - de son expérience
acquise comme député, de sa scolarité? Il y a
même
des députés qui, en cours de mandat, acquièrent de
la scolarité, m'a-t-on dit.
Pourquoi n'ont-ils pas droit à cela, les
députés?
Mme LeBlanc-Bantey: Dans le genre de députés que je
connais, je pourrais difficilement imaginer qu'un député puisse
décrépir et être rétrogradé. Pour moi, cela
allait de soi qu'il ne pouvait être rétrogradé.
M. Rivest: Vous n'avez pas confiance dans le personnel politique,
à ce compte-là? Voulez-vous dire que les chefs de cabinet peuvent
décrépir?
Mme LeBlanc-Bantey: Vous me faites dire des choses que je n'ai
jamais dites. Il faut dire qu'à l'article 24 le député
aussi conserve le classement qu'il avait le jour où il a
été élu député. Donc, c'est clair qu'il ne
peut être rétrogradé.
M. Rivest: Pendant qu'il est député. Aussi
longtemps qu'il est député, il conserve le classement,
très bien, mais cela ne lui donne pas grand-chose. Mais quand il cesse
d'être député?
Mme LeBlanc-Bantey: Ceci dit, je vous avoue qu'on a eu plusieurs
représentations depuis quelques jours de certains députés
péquistes. Et là, on en a une d'un député
libéral qui nous demande de reconnaître, de faire peut-être
la même chose pour les députés que pour les employés
de cabinet. Moi, j'allais vous proposer - encore une fois, dans un esprit
d'ouverture et d'équité pour les députés - de
suspendre cet article et de voir s'il n'y a pas lieu de prévoir la
même disposition pour les députés que celle qui est
prévue pour les membres de cabinet.
Le Président (M. LeMay): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je n'ai pas d'objection à ce qu'on suspende
l'adoption de l'article pour rendre le texte identique. Je voulais seulement
dire que c'est dans l'autre cas, peut-être, que cela n'aurait pas
dû apparaître.
Il est évident que, lorsqu'on parle d'évaluation par
l'office, cela doit être compris comme une évaluation pour voir
si, de l'endroit où il était classifié, on peut
considérer qu'il a eu, à partir des expériences
vécues, une classification nouvelle qui peut lui être
accordée. Et nouvelle veut dire, dans la pratique et dans la coutume,
une amélioration de sa classification. Au fond, ce sont peut-être
les critères qu'on donnait à l'autre endroit qui étaient
superflus. Si vous voulez les laisser à l'autre endroit, je n'ai pas
d'objection à ce que vous les ajoutiez à l'article 25. Mais, moi,
l'article 25, je le trouvais bien tel qu'il était. Bien sûr, si on
fait une évaluation nouvelle, ce n'est pas pour baisser, c'est pour
examiner si l'expérience nouvelle ou acquise appelle une
réévaluation à la hausse. C'est peut-être que, dans
l'autre article, il y a des critères mentionnés qui n'avaient pas
affaire là, eux non plus. Si vous voulez corriger l'article 25 pour le
rendre semblable à l'autre, qu'on en suspende l'étude.
Le Président (M. LeMay): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je ne sais pas si Mme la ministre veut
répondre.
Le Président (M. LeMay): Mme la ministre. (16 heures)
Mme LeBlanc-Bantey: Je me souviens maintenant, avec
l'intervention du député de Sainte-Marie, que c'était
comme cela aussi que nous l'avions vu dans le temps. Par ailleurs, je crois que
les deux articles doivent être regardés l'un en fonction de
l'autre. C'est un peu dans cette perspective que j'ai demandé une
suspension.
M. Bisaillon: Je suis d'accord qu'on suspende, mais pour autant
que la suspension servira à réviser aussi la dernière
partie de l'article 26. Peut-être que la décision pourrait
être de supprimer les critères.
M. Rivest: Le député revient avec une promotion.
Est-ce qu'il y a des concours avec les autres fonctionnaires qui sont en place?
Non? Il passe par-dessus les autres fonctionnaires sans concours?
Mme LeBlanc-Bantey: Même si on lui donne une nouvelle
vérification d'aptitudes, il a priorité, je pense.
Le Président (M. LeMay): À compétence
égale, il a priorité, je pense.
M. Sarault: La vérification des aptitudes peut
entraîner un classement supérieur à celui qu'il avait,
auquel cas, s'il y a un poste disponible, il est placé à un poste
de cette classification. S'il n'y en a pas, il est mis en disponibilité
tel que vous le verrez dans un article subséquent.
M. Rivest: S'il y a un poste disponible, quant aux autres
fonctionnaires qui sont en place et qui ont les aptitudes ou le classement,
etc., est-ce qu'il passe automatiquement, lui, parce qu'il a été
député de préférence aux autres fonctionnaires?
M. Sarault: C'est comme dans la loi actuelle, où il y a
une vérification des
aptitudes; la personne est placée en priorité - c'est
l'approche actuelle - s'il y a un poste ouvert.
M. Rivest: Cela s'applique autant aux députés
qu'aux personnels de cabinet pour l'article suivant.
M. Sarault: Oui. La seule différence qu'il y a dans
l'article 26, c'est qu'il est prévu qu'un membre de cabinet peut de
temps à autre, au moment où il le désire, lorsqu'il est
dans le cabinet, aller chercher un avis de l'office, qui n'est pas utilisable
pour reclassement. C'est simplement un avis pour savoir...
M. Rivest: S'il peut retourner dans...
Mme LeBlanc-Bantey: ...si je retournais dans la fonction
publique, cela aurait de l'allure?
M. Rivest: Vous avez besoin de mettre cela dans la loi?
M. Bisaillon: Le cure-dent.
Mme LeBlanc-Bantey: Actuellement, les membres dans les cabinets
ne peuvent requérir de l'Office des ressources humaines une
déclaration d'aptitudes. Cela a posé un certain nombre de
problèmes.
M. Rivest: Les membres qui étaient fonctionnaires.
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement. C'est toujours dans les cas
des membres fonctionnaires. Cela a posé un certain nombre de
problèmes à des membres de cabinet qui songent à retourner
dans la fonction publique et qui ne savent pas trop quel est leur niveau de
classement ou qui pensent qu'il y aurait lieu d'avoir une
réévaluation de leur niveau de classement.
Dans le cas des députés, on s'est dit que cela pouvait
placer les fonctionnaires dans une situation un peu embarrassante dans la
perspective où un député encore en mandat demande de
réévaluer son classement. C'est pour cela que ce n'est pas
prévu dans le cas des députés.
M. Bisaillon: Je vous indiquerai, Mme la ministre, que le
député de Chambly utilisait une image, tantôt, que je
trouve juste. Dans le cas de la demande d'avis en cours de fonction, c'est
comme planter le cure-dent dans le gâteau pour voir si le gâteau
est à point. C'est une procédure sur laquelle j'ai des
interrogations. Si un fonctionnaire est passé à un cabinet
politique, je trouve que cela est excellent. Quand il prend la décision
de retourner dans la fonction publique, qu'on réévalue son
expérience et qu'on lui accorde une classification différente, je
trouve cela excellent aussi. Mais qu'on lui permette à fréquence
régulière d'aller tâter le terrain pour voir si cela serait
plus intéressant dans la fonction publique, je trouve que cela
amène un mauvais fonctionnement à quelque part. S'il
décide de retourner dans la fonction publique, c'est qu'il envisage un
mode de travail différent et qu'il a pris cette décision. Mais,
s'il reste dans le cabinet juste parce que c'est plus intéressant en
termes de conditions que ce qu'il pourrait aller chercher dans la fonction
publique, je me pose des questions. Autrement dit, qu'on procède
à cette évaluation à partir du moment où le
fonctionnaire a pris la décision de retourner dans la fonction
publique.
Mme LeBlanc-Bantey: On pourra compléter si l'on veut sur
cela. Ma réflexion dans le temps où cet amendement a
été apporté, si ma mémoire est bonne, à la
suite d'assez nombreuses représentations de la part de personnes de
cabinet, était que, si un fonctionnaire pense que, compte tenu de
l'expérience acquise ou de la scolarité acquise en cours
d'activités dans un cabinet, il y a lieu de procéder à une
nouvelle vérification d'aptitudes, cela lui permet de savoir sur quel
type de concours il aurait la compétence pour retourner dans la fonction
publique. Évidemment, cela avait été fait aussi dans la
perspective où les gens n'en abuseraient pas en y allant tous les six
mois...
M. Rivest: Non, non, ils vont y aller en fin de mandat.
Mme LeBlanc-Bantey: ...pour vérifier une nouvelle.
Généralement, ils vont y aller en fin de mandat ou...
M. Rivest: ...en fin de régime, quand la fin du
régime s'annonce. Ce sera une course à l'office pour aller
demander des avis. Cela doit avoir commencé, j'imagine.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez vu tout cela en 1976, vous autres;
c'est pour cela que vous en parlez avec beaucoup d'expérience.
M. Rivest: Non, on n'avait pas tous ces droits.
Mme LeBlanc-Bantey: II n'y avait pas de déclaration
d'aptitudes. Dans cette perspective, cela ne m'apparaissait pas abusif
de...
M. Rivest: II vous reste deux ans, les gars.
Mme LeBlanc-Bantey: ...leur donner cette possibilité.
M. Bisaillon: Je n'ai pas d'objection majeure. Pour moi, la
fonction d'attaché politique, Mme la ministre, je vais vous indiquer
tout de suite que c'est une fonction très importante et essentielle dans
le cadre de l'administration publique et de son organisation. Dans ce sens, je
trouve qu'on a avantage à prendre tous les moyens pour aller chercher
les candidats les plus équipés, les plus compétents, les
meilleurs et encore davantage, s'ils ont une connaissance de l'appareil. Ceux
dont on parle, ce sont des fonctionnaires qui, pendant un certain temps,
acceptent d'aller travailler dans des cabinets politiques. C'est de cela qu'on
parle. Ils ont non seulement tous ces éléments réunis
mais, en plus, ils ont une connaissance de l'appareil.
Qu'on prévoie leur réintégration et, au moment de
leur réintégration, une évaluation de l'expérience
différente qui pourrait leur permettre d'accéder à des
postes nouveaux dans la fonction publique, j'en suis aussi. Ce que je dis,
c'est ceci: Comme, pour moi, la fonction d'attaché politique est
importante, je veux qu'on le laisse jouer dans le meilleur climat possible. Or,
si, à tout bout de champ - corrigeons l'expression à tout bout de
champ - si, de façon régulière, même dans des
délais raisonnables, aux six mois ou aux huit mois, l'attaché
politique va tâter la température du gâteau pour voir s'il
n'y aurait pas quelque chose de plus intéressant dans la fonction
publique par rapport au travail qu'il a accepté de faire, je dis qu'il
travaille dans un climat qui n'est pas favorable et que son travail comme
attaché politique n'est plus suffisamment motivant pour lui pour qu'il
puisse le continuer. À partir de cela, je dis: Limitons les
évaluations au moment où le fonctionnaire qui sert comme
attaché politique décide de retourner dans la fonction
publique.
M. Rivest: Oui, Mme la ministre, je serais d'accord avec cela.
Pourquoi donner ce privilège aux attachés politiques? Ce n'est
pas une grosse affaire, mais pourquoi?
Mme LeBlanc-Bantey: Parce que j'ai vu certains cas
d'attachés politiques qui ne l'auraient pas fait à tout bout de
champ, je crois, mais qui songeaient à retourner dans la fonction
publique et qui voulaient avoir une véritable photo de leur situation.
Si c'était vrai que de tels attachés politiques devaient,
effectivement, tous les six mois, tenter par opportunisme - disons-le comme on
le pense - de vérifier s'ils seraient mieux dans la fonction publique
que dans un cabinet, j'espère que le ministre ou le député
aurait assez de jugement pour réaliser qu'il n'a peut-être pas le
meilleur attaché politique qu'il devrait avoir auprès de lui.
J'ai, moi aussi, beaucoup de respect pour la fonction d'attaché
politique, mais je crois qu'il faut a priori des gens capables d'un engagement
certain qui fait qu'ils ne se préoccupent pas chaque matin du plan de
carrière qu'ils sont en train de galvauder ou de diminuer par rapport
à d'autres. De la même façon qu'on fait confiance à
l'imputabilité des sous-ministres et de tout le monde, je pense que des
ministres et des députés sont assez imputables pour
réaliser s'ils ont un attaché politique qui est là pour
faire le travail qu'on lui demande ou pour faire avancer son cheminement de
carrière. Par ailleurs, dans certains cas où ce serait
nécessaire - ce sont des cas que j'ai vécus, mais je pense qu'il
n'y a carrément pas d'abus - pourquoi ne pas le prévoir?
M. Bisaillon: On pourrait suspendre l'article 26, mais seulement
sur l'élément dont on parlait tantôt, c'est-à-dire
la concordance à faire avec l'article 25 ou pas.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord.
M. Bisaillon: Maintenant, Mme la ministre, est-ce que vous me
permettriez, à ce moment-ci, étant donné qu'on parle des
attachés politiques, de vous demander si vous avez les renseignements
que j'avais requis à la première rencontre de la commission? On
vient de parler d'une catégorie d'attachés politiques, ceux qui
étaient dans la fonction publique et qui ont accepté de
façon temporaire d'occuper une fonction d'attaché politique dans
un cabinet. Y a-t-il d'autres types d'attachés politiques,
c'est-à-dire des attachés politiques de l'extérieur de la
fonction publique qui sont engagés par un ministre? Je vous avais
demandé des renseignements à ce sujet.
Mme LeBlanc-Bantey: Je voudrais d'abord vous rappeler les
questions que vous aviez posées. Vous nous aviez demandé le
nombre d'attachés politiques qu'il y avait en 1975 et en 1976, le nombre
d'attachés politiques qu'il y a actuellement - on s'entend, les
attachés politiques comprenant aussi les employés de soutien - le
nombre d'attachés politiques qui répondaient aux critères
de la commission spéciale, combien d'attachés politiques avaient
été intégrés à la fonction publique en 1975
et 1976, j'imagine, compte tenu du fait que cela a été le dernier
changement de gouvernement depuis cette date, et le nombre d'attachés
politiques qui pourraient être intégrés advenant un
changement de gouvernement, encore une fois. Je vais vous donner les chiffres
que j'ai, bien sûr.
M. Bisaillon: Mme la ministre, pas advenant un changement de
gouvernement; advenant une application de la recommandation de la commission
spéciale.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela ne veut pas dire que, la recommandation
étant acceptée, les attachés politiques seraient tous
intégrés demain matin.
M. Bisaillon: Mais ce serait à la demande de
l'attaché politique.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce serait à la demande de
l'attaché politique. En 1975, les effectifs des cabinets politiques dans
ce qu'on appelle les institutions parlementaires, donc l'Assemblée
nationale en particulier, étaient de 61.
M. Rivest: Combien? Mme LeBlanc-Bantey: 61. M. Rivest:
C'est raisonnable.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est bon. Attendez ce qui s'en vient. C'est
dans les institutions parlementaires.
M. Rivest: Qu'est-ce que vous entendez par cela? Qu'est-ce que
c'est?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est-à-dire que, dans les
institutions parlementaires, de 1975 jusqu'à 1983, ce que je trouve
beaucoup plus raisonnable, c'est 93, parce que l'Assemblée nationale
ayant élargi son champ d'activités, le gouvernement ayant
décidé de reconnaître certains aspects très
importants de toutes les discussions qu'il y a eu autour de l'Assemblée
nationale et de la réforme parlementaire...
M. Rivest: Mme la ministre, est-ce que je peux vous
interrompre?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui.
M. Rivest: Dans votre article, vous touchez les cabinets de
ministres parlant des institutions parlementaires et du personnel politique,
avec la nouvelle proposition qui va être en vigueur vers le 1er janvier,
avec nos enveloppes de député, il va maintenant y avoir du
personnel politique attaché aux députés et vous ne les
couvrez pas. Si un fonctionnaire décide...
Mme LeBlanc-Bantey: Non, non, il m'a demandé
jusqu'à actuellement.
M. Rivest: Continuez avec lui et je reviendrai après.
Mme LeBlanc-Bantey: Quand je parle d'institutions parlementaires,
je parle de l'Assemblée nationale, des bureaux de recherche, etc.
D'accord? Du côté du gouvernement, en 1975, selon nos chiffres, il
y en avait 484 et, actuellement - ce sont les chiffres de 1983 que j'ai, pour
être plus juste - le gouvernement en avait 534.
M. Rivest: Pardon?
Mme LeBlanc-Bantey: 484 versus 534.
M. Rivest: L'inflation, quoi?
Mme LeBlanc-Bantey: Une inflation qui est très modeste,
compte tenu du fait qu'il y a plusieurs nouvelles structures, entre autres, au
Conseil exécutif. Les années de service des effectifs de cabinets
politiques sans statut de la fonction publique, au 31 mars 1983 - bien
sûr, ceux qui n'ont pas le statut de fonctionnaire - il y en avait 30 qui
avaient plus de quatre ans, au 31 mars 1983; entre trois et quatre ans, il y en
a 46 actuellement - vous recommandiez l'intégration après quatre
ans, je crois, n'est-ce pas - de deux à trois ans, il y en avait 97; de
un à deux ans, il y en a 102 et de zéro à un an, il y en a
114. Je vous le souligne pour indiquer que cela implique un taux de roulement
assez phénoménal dans les cabinets.
Parmi les effectifs de 545 identifiés dans les cabinets, en 1975,
qui comptent les institutions parlementaires et le gouvernement, selon ce qu'on
a pu avoir comme renseignement, il y en a 403 qui faisaient partie de la
fonction publique en 1977. Je dois vous dire que nous n'avons aucune
donnée pour 1976. Nous n'avons pas, non plus, les données
spécifiques sur l'intégration dans la fonction publique. Tout ce
que l'on sait, c'est que, dans le temps, l'intégration dans la fonction
publique se faisait après un an. Cela veut dire qu'il a pu y en avoir
beaucoup d'autres qui ont été intégrés entre 1973
et 1976.
M. Rivest: Combien?
Mme LeBlanc-Bantey: Je suppose que c'est le genre de document que
vous avez dû détruire quand vous avez quitté le
cabinet.
M. Bisaillon: Ou entre 1976 et 1978.
Mme LeBlanc-Bantey: Entre 1976 et 1978?
M. Bisaillon: Vous vous référiez à avant
1976. Précisons ou entre 1976 et le moment où la loi 50 a
été adoptée, parce que, là aussi, les règles
étaient d'un an.
Mme LeBlanc-Bantey: Je veux bien admettre que les règles
ont pu jouer dans les deux sens.
M. Bisaillon: J'aimerais qu'on dépolitise cela un peu.
Mme LeBlanc-Bantey: Très bien. M. Rivest: Oui, oui.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est lui qui a commencé à
politiser, incidemment.
M. Bisaillon: Effectivement.
M. Rivest: Seulement une information additionnelle. Combien de
membres de cabinets politiques, parce qu'il y avait la fonction publique en
tant que telle, sont passés comme présidents du conseil
consultatif de ceci et de cela, sous-ministres adjoints? Vous n'avez pas des
chiffres là-dessus?
Mme LeBlanc-Bantey: Je pourrais vous les apporter, mais je suis
convaincue que...
M. Rivest: Parce que l'intégration dans la fonction
publique, remarquez que ce n'est pas propre à votre administration, mais
le drame et la difficulté, c'est que cette intégration se fait
beaucoup plus par le haut que par les mécanismes "normals" de la
fonction publique. (16 h 15)
M. Bisaillon: Normaux.
Mme LeBlanc-Bantey: Si on veut faire une discussion sereine, je
pourrais vous dire qu'on pourrait vous fournir les chiffres. Je ne pense pas
qu'ils sont très généreux. On pourrait aussi les fournir
sous votre régime. Cela joue dans les deux cas.
M. Bisaillon: Dans le fond, ce n'est pas l'endroit pour faire ce
débat. J'ai seulement profité de l'occasion pour demander les
chiffres et faire le débat un peu plus tard, M. le Président.
Est-ce qu'on peut avoir une copie des chiffres que la ministre vient de nous
donner?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui. Je m'excuse. Je pensais que vous en
aviez des copies. C'est disponible à tout le monde.
Le Président (M. LeMay): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Les chiffres que vous avez donnés, les 484 en
1975 et les 534 en 1983, est-ce que cela inclut les attachés politiques
et du côté gouvernemental et du côté de
l'Opposition?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui.
M. Tremblay: Oui. Est-ce que vous les avez
séparés?
M. Rivest: Ce n'est pas une bonne question.
Mme LeBlanc-Bantey: Ils ne sont pas séparés
actuellement, mais on pourrait le faire.
M. Rivest: C'est à peu près 25 contre 350.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, non. Je pense que c'est plus
généreux que cela de votre côté.
Le Président (M. LeMay): Étant donné qu'on
veut dépolitiser, c'est peut-être bon de ne pas les diviser.
M. Tremblay: Non, non. Mais ce serait intéressant de
l'avoir pour voir un peu comment on traite l'Opposition par rapport à la
façon dont on était traités, nous dans l'Opposition.
M. Rivest: Oh, mon Dieu! Vous le demanderez à mon ami,
Louis Bernard.
Une voix: Non, non. J'aimerais avoir les chiffres.
Mme LeBlanc-Bantey: En tout cas, si cela vous intéresse,
on peut tenter de le préciser davantage. Je pense qu'il y a, encore
là, une notion d'équité ou d'inflation qui s'est faite
aussi, si le député veut bien le reconnaître. L'inflation a
joué partout, tant pour les institutions parlementaires que pour
l'Opposition et pour l'Exécutif.
M. Tremblay: Inévitablement, il y avait 110
députés et il y en a 122.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est vrai aussi. Il y a plus de
députés maintenant.
M. Rivest: À quel article était-on au juste?
Le Président (M. LeMay): L'article 27, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: C'est toujours un fonctionnaire.
Mme LeBlanc-Bantey: Je crois que le député de
Sainte-Marie avait demandé la parole.
M. Rivest: Oui. Est-ce que vous avez proposé
l'intégration des non-fonctionnaires?
M. Bisaillon: D'une part, ce que je voulais obtenir,
c'étaient ces documents. Je les ai. Je ne pense pas que c'est à
cet endroit-ci qu'il faut parler de ce problème. Si on me le permet, je
vais d'abord regarder les chiffres et les étudier. En revenant à
20 heures ce soir, je pourrai peut-être indiquer à la ministre
à quel moment j'entends traiter
de cette question. Pour l'instant, je pense qu'on avait aussi - le
député de Jean-Talon le soulignait - un document qu'on avait
reçu de la part du président de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. LeMay): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Pardon?
M. Bisaillon: Je faisais référence à
l'intervention que le député de Jean-Talon avait faite sur un
document qu'on a reçu du président de l'Assemblée
nationale.
M. Rivest: C'est cela. C'est le président de
l'Assemblée nationale - en tout cas, je l'ai reçu; je ne sais pas
s'il a communiqué avec tous les députés - qui a
suggéré, je pense - c'est cela - qu'à l'article 26 on
ajoute: Un fonctionnaire qui est employé comme membre du personnel d'un
cabinet de ministre, et comme membre du personnel d'un député ou
de cabinet d'une personne, etc., étant donné la réforme
qui va entrer en vigueur, l'enveloppe budgétaire dont les
députés vont disposer pour l'ensemble des services. Est-ce que
vous avez reçu copie de cette requête du président de
l'Assemblée nationale?
Mme LeBlanc-Bantey: Nous en avons effectivement reçu
copie. Vous comprendrez que, vu que cela n'est pas arrivé avant que la
loi passe au Conseil des ministres, je suis actuellement en discussion avec
certains collègues. Vu que l'article est suspendu, je pourrais vous
donner réponse, au même moment, sur le sort qu'on entend
réserver à cette demande.
M. Bisaillon: D'accord.
M. Rivest: Cela va. Article 27?
Le Président (M. LeMay): Très bien. Mme la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai là-dessus un seul commentaire.
C'est qu'un fonctionnaire employé dans un cabinet possède un
droit de retour à la fonction publique identique à celui d'un
fonctionnaire élu député.
M. Bisaillon: Quoi?
Mme LeBlanc-Bantey: Bien, un fonctionnaire qui cesse d'être
employé dans un cabinet de ministre a le droit de requérir de
l'office qu'il procède à une nouvelle vérification de ses
aptitudes, etc.
M. Rivest: Ah! oui, oui. Cela va. Article 28?
Mme LeBlanc-Bantey: Article 27. M. Rivest: Article 27.
D'accord.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce qui existait, d'ailleurs, dans la loi
50.
Le Président (M. LeMay): Est-ce que cela va pour l'article
27?
M. Bisaillon: Adopté.
M. Tremblay: D'accord.
Mme LeBlanc-Bantey: Article 28?
M. Bisaillon: Adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: Tel qu'amendé?
M. Tremblay: C'est-à-dire que le président de
l'Assemblée nationale a reçu...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est l'article 26 qu'on va amender, M. le
député.
M. Bisaillon: II est suspendu. C'est l'article 26, mais il y aura
une concordance à faire à l'article 27.
M. Rivest: Vous devriez suspendre l'article 27 aussi.
M. Bisaillon: Non, cela pourrait être une concordance.
Mme LeBlanc-Bantey: Mais non. C'est une concordance.
M. Rivest: Même pas, parce que l'article 27 se
réfère à l'article 26. Alors, le contenu de l'article
26...
Mme LeBlanc-Bantey: Ce qu'il faudrait ajouter aux articles 26 et
27, c'est, après "le cabinet d'un ministre", celui d'un
député. C'est une concordance.
M. Bisaillon: Si on l'adopte à l'article 26,
forcément, on va le mettre à l'article 27.
M. Rivest: II va être à l'article 27. Mme
LeBlanc-Bantey: Oui.
M. Rivest: À l'article 27, à quel classement le
fonctionnaire sera-t-il mis en disponibilité?
Mme LeBlanc-Bantey: Le classement qu'il avait ou, si après
une nouvelle vérification de ses aptitudes, s'il a un classement plus
élevé, il sera mis en disponibilité à ce
classement.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Paré): L'article 27 est
adopté. J'appelle l'article 28.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce sont les mêmes règles. Si on
est dans l'impossibilité de le placer, il va dans la banque de mise en
disponibilité.
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 28 est
adopté. J'appelle l'article 29.
M. Bisaillon: M. le Président, avant de passer à
l'article 29, est-ce que je pourrais demander une suspension de deux ou trois
minutes? Est-ce qu'on serait tous d'accord pour une suspension de deux ou trois
minutes? Ce ne sera pas long, juste le temps d'aller voir Georgette.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est Georgette que vous l'appelez?
Le Président (M. Paré): Les travaux sont suspendus
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 24)
(Reprise de la séance à 16 h 32)
Le Président (M. Paré): La commission reprend ses
travaux. Nous en étions à l'article 29 du projet de loi 51. M. le
député de Sainte-Marie.
Protection
M. Bisaillon: Je disais qu'il y a un papillon.
Le Président (M. Paré): Oui, il y a aussi un
papillon.
Mme LeBlanc-Bantey: À 29, il y a un papillon,
effectivement, qui prévoit de remplacer "faute personnelle" par "faute
lourde". C'est pour donner plus de protection au fonctionnaire parce que la
faute lourde est une notion plus commune en jurisprudence, même si elle
avait été perçue par certains comme étant
dangereuse. J'aimerais que notre avocat vienne nous expliquer aussi la
différence entre le droit français, la "Common Law", et
différentes autres considérations d'ordre juridique, à
moins que vous ne l'adoptiez tout de suite.
M. Bisaillon: Oui, oui.
M. Rivest: J'ai suivi des cours à la faculté de
droit de l'Université de Montréal à ce sujet...
Mme LeBlanc-Bantey: Oui?
M. Rivest: ...et je ne voudrais pas qu'un diplômé de
l'Université Laval vienne me répéter la même
chose!
Mme LeBlanc-Bantey: Alors, est-ce que vous saviez que la faute
lourde, en droit français, est prévue dans le droit
administratif, mais que ce n'est pas la notion qui est prévue dans notre
Code civil, etc?
M. Rivest: Ah oui!
Mme LeBlanc-Bantey: Tout cela? Vous aviez plus d'avance que
moi.
M. Rivest: J'ai eu Pierre Elliott Trudeau comme professeur
à la faculté de droit de Montréal.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela ne devrait pas être un gage de
bonne instruction!
M. Rivest: Non plus que Jacques-Yvan Morin!l
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement est
adopté?
M. Rivest: Adopté.
M. Bisaillon: En comprenant que cela s'arrête là,
c'est faute lourde, point.
Mme LeBlanc-Bantey: Point. M. Bisaillon:
Adopté.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 29 tel
qu'amendé est adopté. Article 30?
Recours
Mme LeBlanc-Bantey: L'article 30? Il me manque un article.
M. Bisaillon: J'ai des questions à poser à
l'article 30, M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: D'abord, mes questions s'adressent à la
ministre. Est-ce que c'est limitatif? On dit: "À moins qu'une convention
collective..." Là, on est au chapitre des recours. Est-ce que je dois
comprendre que tous les recours possibles sont couverts, à l'article 30
et qu'on ne retrouve pas ailleurs des recours possibles?
Mme LeBlanc-Bantey: II y a une seule autre place où il y a
des recours de prévus dans la loi, c'est dans le cas du personnel non
syndiqué pour lequel il peut y avoir
d'autres recours que ceux-là, dans le fond.
M. Bisaillon: Le petit comité qui est prévu un peu
plus loin.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est cela. Exactement comme l'article 10 de
la loi actuelle qui prévoit qu'un comité est
constitué.
M. Bisaillon: Oui, dont on va reparler quand on verra le
rôle de la Commission de la fonction publique. Cela peut donc être
ailleurs.
Quand on dit, à quatrièmement, "d'une mesure
disciplinaire", est-ce qu'on couvre tout le code d'éthique
là-dedans?
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on couvre mesures disciplinaires et
administratives?
M. Sarault: Vous avez spécifiquement
rétrogradation, relevé provisoire et congédiement. Les
trois sont mis là et ce sont les trois mesures administratives qui
peuvent être appliquées à un fonctionnaire.
M. Bisaillon: Est-ce que cela veut dire que, dans une
définition de mesures administratives, on n'aurait que ces trois
éléments?
M. Sarault: Pour lesquels il y aurait un recours, si vous voulez.
Par exemple, une autre mesure administrative évidente, l'affectation
d'un fonctionnaire à un autre poste, n'est pas sujette à
recours.
M. Bisaillon: Une mutation, c'est volontaire?
M. Sarault: C'est volontaire.
M. Bisaillon: Je voudrais voir si on couvre toutes les
possibilités de recours pour les fonctionnaires à cet
article-là. On me dit qu'il y en a ailleurs, mais je voulais
vérifier. De la même façon que pour les mesures
disciplinaires, cela va dépendre de la définition qu'on aura ou
qu'on n'aura pas. Si vous n'apportez pas de définition des mesures
disciplinaires et administratives, peut-être que cela pourrait modifier
l'énumération. Autrement dit, qu'entendez-vous - on revient aux
questions qu'on se posait ce matin - par mesures disciplinaires?
Qu'entendez-vous par mesures administratives? Si on avait les
définitions de ces deux choses, on verrait si tout est compris dans
rétrogradation, congédiement, relevé provisoire de ses
fonctions.
Mme LeBlanc-Bantey: On a suspendu certains articles pour tenter
de vérifier la concordance ou la sûreté de certaines
choses. Par ailleurs, je doute qu'on arrive avec des définitions
strictes d'une mesure administrative ou d'une mesure disciplinaire. Ce sont des
notions sur lesquelles nos syndiqués et nos gestionnaires ont l'habitude
de jongler. On reprend à l'article 30 strictement ce qu'il y avait dans
la loi 50.
M. Bisaillon: Un avis de réprimande est une mesure
disciplinaire. On a donc un recours contre un avis de réprimande.
M. Sarault: II est, d'ailleurs, prévu dans la
réglementation - ce ne sera pas dans la loi - que le gouvernement
définit les mesures disciplinaires. Cela veut dire que, si cela n'a pas
été défini comme mesure disciplinaire cela ne peut pas
être utilisé comme sanction disciplinaire - comme on en parlait
tout à l'heure - à être affecté à un
fonctionnaire pour un manquement au code d'éthique, par exemple.
M. Bisaillon: Mon intervention portera seulement sur le dernier
paragraphe de l'article 30 où on dit: "Le présent article,
à l'exception du paragraphe 1 du premier alinéa, ne s'applique
pas à un fonctionnaire qui est en stage probatoire conformément
à l'article 14." Le stage probatoire prévu à l'article 14,
c'est au moment du recrutement d'un fonctionnaire, c'est le premier stage
probatoire; ce n'est pas le deuxième accordé après
promotion. Ce stage probatoire doit servir à mesurer ou à
évaluer le candidat pour éventuellement lui reconnaître sa
permanence. Quand on la lui refuse, tout ce qu'on lui permet, c'est un recours
sur le classement au moment de son intégration à une classe
d'emploi nouvelle ou modifiée. Si, par exemple, en cours de probation,
il reçoit une réprimande, on n'a donc pas jugé que ce qui
fait l'objet d'une réprimande est suffisant pour mettre fin à son
emploi, ce qu'on aurait pu faire parce qu'il n'y a pas de lien permanent avec
l'employeur. On lui envoie un avis de réprimande; on sait que l'avis de
réprimande peut apparaître au dossier de l'individu et,
éventuellement, au moment où on aura une décision à
prendre pour lui donner ou non sa permanence, cet avis pourrait avoir une
importance. Comment se fait-il qu'on ne lui permette pas, s'il est en
désaccord avec l'objet de l'avis de réprimande, d'adresser un
recours à la commission?
Autrement dit, c'est une mesure qui est susceptible de jouer au moment
où on va porter un jugement sur sa permanence. S'il avait des choses
à dire ou à nier sur cet avis de réprimande, il me semble
qu'il faudrait qu'il ait le droit de se défendre. Je comprends que la
rétrogradation et le congédiement ne s'appliquent pas dans son
cas.
Mme LeBlanc-Bantey: Bonne question, M. le
député.
M. Bisaillon: Alors, il faudrait peut-être couvrir plus que
l'article premier couvrir, par exemple, "mesure disciplinaire".
Mme LeBlanc-Bantey: Si je comprends bien ce que vous dites,
effectivement, il y a quelqu'un qui est en stage probatoire, on lui adresse une
lettre de réprimande; par ailleurs, la lettre de réprimande n'est
pas suffisamment importante pour le congédier.
M. Bisaillon: Forcément, puisqu'on l'aurait fait, on n'a
pas de limites.
M. LeBlanc-Bantey: Donc, il ne faudrait pas qu'il soit
pénalisé au moment de son engagement, s'il devait y avoir lieu de
l'engager sur une base permanente, par une lettre de réprimande qui
figurerait à son dossier et qui pourrait être déterminante,
finalement, dans le cas de l'engagement.
M. Bisaillon: C'est ça. Dans l'obtention de sa permanence
ou, encore, une fois sa permanence obtenue, cela demeure quand même au
dossier et on ne lui donne pas la possibilité de nier ou de se
défendre sur cet avis. Je comprends que, peut-être, cela
n'arrivera pas, mais...
Mme LeBlanc-Bantey: Le plus haut gestionnaire chez nous dit que
cela se conçoit très mal qu'effectivement on puisse écrire
une lettre de réprimande à quelqu'un qui est en stage probatoire
et qu'on n'a pas l'intention de congédier.
M. Bisaillon: Mme la ministre, je vais vous répondre que,
si on nous répond cela, c'est parce qu'on assimile réprimande
à congédiement. Autrement dit, si j'ai quelqu'un en stage
probatoire qui a posé des gestes qui ne démontrent qu'il n'a rien
à voir dans mon organisation, puisqu'il est en probation, j'ai toute la
marge de manoeuvre possible, mon droit de gérance étant entier,
pour le remercier sur-le-champ de ses services.
Si je ne le fais pas, c'est donc que je juge que ce qui a fait l'objet
d'une réprimande n'est pas suffisamment grave en soi pour amener une
mesure de congédiement. Par ailleurs, ce que je vous dis, c'est que cela
ne prouve pas non plus, parce que je l'ai fait, que l'objet de la
réprimande et les faits allégués sont exacts.
Or, cet avis ou son contenu peut servir au moment où on portera
un jugement sur l'obtention de la permanence, deux, trois ou quatre mois plus
tard. Comment se fait-il que l'on ne permette pas à un individu de se
défendre sur quelque chose qui pourrait jouer contre lui au moment de
l'obtention de sa permanence?
Mme LeBlanc-Bantey: La difficulté que nous avons, c'est
que, dès le moment où l'on commence à donner certains
recours à des gens qui sont en stage probatoire - vous, vous demandez de
donner le recours sur une lettre de réprimande, par exemple, et si on
écoutait un certain syndicat là-dessus, il y a peut-être
des points sur lesquels il serait plus important de le donner - où est
la limite? Où on commence? Où on finit? Vous nous demandez
d'enlever la lettre de réprimande du dossier au moment où la
personne devient permanente. Ce serait peut-être plus acceptable, moins
délicat à première vue.
M. Bisaillon: Mais moi, c'est seulement parce que vous en
reconnaissez, des possibilités de recours. Vous reconnaissez ce qui est
prévu au premier article, à l'élément premier. Vous
lui reconnaissez la possibilité d'avoir un recours sur le classement au
moment de son intégration à une classe d'emploi.
M. Sarault: Cela s'applique dans des cas vraiment
spéciaux. C'est que, pendant la période de probation, il y a eu
une révision de la classification. Lorsque cette personne a
été engagée, on lui a donné un classement en
fonction de l'analyse du jury et de l'évaluation. Arrive une
révision de classification qui, par malheur, se trouve pendant sa
période de probation. Elle pourrait être intégrée de
façon très négative tout simplement parce qu'elle est en
période de probation. Cela n'a rien à voir avec sa
compétence, ce jugement vis-à-vis de la personne, etc. On a
décidé de donner un recours là-dessus.
Sur les autres éléments, j'ai de la misère à
concevoir qu'on donne un recours sur la plus petite mesure disciplinaire et
qu'on envisage de ne pas en donner sur une plus grosse.
M. Bisaillon: Je soulignais simplement qu'un certain nombre de
mesures disciplinaires qui n'ont pas été jugées
suffisantes pour se départir des services, alors qu'on avait toute la
marge de manoeuvre pour le faire, ne devraient pas jouer contre l'individu dans
l'obtention de sa permanence ou après l'obtention de sa permanence.
Autrement dit, cet avis va rester à son dossier. Or, on lui aura
déjà, entre-temps, accordé la permanence. (16 h 45)
Mme LeBlanc-Bantey: Je comprends la question du
député de Sainte-Marie. C'est une bonne question. Je dis que, si
l'on devait prévoir des recours, il ne faudrait pas seulement les
prévoir sur un cas comme celui-là, mais sur d'autres cas.
D'autant plus que je me dis qu'un gestionnaire qui a quelqu'un en
probation, qui lui donne une lettre de réprimande et qui, malgré
tout, l'engage, cela indique qu'il a, au départ, une assez grande
générosité, qu'il a pardonné, qu'il a
considéré que depuis sa réprimande, finalement, le gars
avait eu le temps de se racheter, que cela ne valait pas la peine, tout bien
pesé, de lui occasionner une perte d'emploi. Il me semble que, si l'on
voulait encadrer tous les cas d'injustice ou hypothétiques possibles, on
n'en finirait plus.
M. Bisaillon: On pourrait peut-être prévoir un ajout
à un article qu'on a déjà adopté - votre personnel
pourrait peut-être penser à cela, entre-temps, ce qui ne nous
empêcherait pas d'adopter l'article 30 -disant que toute mesure
disciplinaire apparaissant au dossier d'un fonctionnaire disparaît au
moment de l'obtention de sa permanence.
Mme LeBIanc-Bantey: Je ne pense pas que ce serait très
bon, non plus.
M. Bisaillon: Je vais vous expliquer pourquoi. Je suis un
permanent et j'ai un avis de réprimande. Je ne suis pas d'accord avec le
contenu de l'avis de réprimande. J'ai un recours. Je puis aller faire
juger cela par la commission et la commission peut vous dire, comme
gestionnaire: Cet employé a raison. Cela n'apparaîtra pas dans mon
dossier. Si je suis en probation et que je reçois un avis de
réprimande, je n'ai pas un mot à dire, même si je ne suis
pas d'accord et que les faits allégués sont faux. Au moment
où je vais obtenir ma permanence, c'est donc, comme vous l'avez
indiqué, qu'on a jugé que cela n'était pas suffisamment
important pour m'empêcher d'obtenir ma permanence, mais cela va quand
même demeurer dans mon dossier et je n'aurai pas eu le droit de dire:
Vous aviez tort de me faire cette réprimande.
C'est tout cela que je veux dire. Peut-être qu'aux mesures
disciplinaires et administratives, on pourrait inclure une petite note pour
dire: Au moment de l'obtention de la permanence, les avis disciplinaires
apparaissant au dossier sont détruits.
Mme LeBIanc-Bantey: Je trouve qu'encore une fois c'est
très généreux de la part du député de
Sainte-Marie. J'aimerais être aussi généreuse.
M. Bisaillon: C'est toujours la même chose. Chaque fois que
vous vous sentez coincée un peu, vous me parlez toujours de ma grande
générosité. Je vous indique - je vous prends
peut-être par surprise - qu'il y a comme un trou.
Mme LeBIanc-Bantey: Je trouve que c'est beaucoup moins grave pour
quelqu'un qui est en probation et qui a une lettre de réprimande dans
son dossier une fois qu'il a obtenu sa permanence que pour quelqu'un qui est en
probation et qui se voit congédier.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on peut revenir aux objets de la loi?
Mme LeBIanc-Bantey: D'accord.
M. Bisaillon: Tous les fonctionnaires doivent être
traités avec équité.
Mme LeBIanc-Bantey: Mais si vous m'aviez écoutée
terminer mon raisonnement, vous auriez vu que c'était bien beau de
vouloir protéger la personne qui a une lettre de réprimande dans
son dossier, mais je me dis, à ce compte-là, que ce serait
beaucoup plus important de prévoir un recours pour la personne qui,
elle, se voit congédier en stage probatoire, parce qu'elle n'a aucun
recours.
Finalement, dans l'équilibre qu'on recherche entre les droits par
rapport aux uns, il faut quand même se dire qu'il y a l'équilibre
par rapport aux autres. Pour un certain nombre de raisons, il est prévu
que des gens peuvent être en stage probatoire et que l'administration
peut les congédier pour manque de travail, etc., sans qu'ils aient de
recours.
Une fois ouvert le dossier des recours pour quelqu'un en stage
probatoire, je m'excuse, mais je pense sincèrement que la
réprimande est moins importante qu'autre chose. C'est dans ce
sens-là que je dis que votre idée est généreuse.
J'aimerais être aussi généreuse, mais, comme ministre de la
Fonction publique, il me semble que j'ai un équilibre à
rechercher entre les uns et les autres. La demande d'amendement que vous faites
n'est pas aussi mineure que vous le suggérez.
M. Tremblay: M. le Président. J'essaie de regarder cela
dans la réalité. Un fonctionnaire en période de probation
qui a une lettre de réprimande et qui, sur le tas, s'en va contester
cela, je trouve qu'il se met dans une terrible position de
vulnérabilité -je pense qu'il n'y aurait personne qui profiterait
de cela - étant donné qu'il n'a pas sa permanence.
M. Rivest: Raison de plus pour le protéger.
M. Tremblay: Oui, mais je ne pense pas que...
M. Rivest: Non, on ne reprendra pas le débat.
M. Tremblay: ...cette procédure-là le
protège. Au contraire, elle empire sa position. S'il y avait une
manière de le protéger, ce serait autrement.
M. Bisaillon: Parce qu'on fait l'analyse que le gestionnaire se
retournerait contre lui.
M. Tremblay: En tout cas, c'est une hypothèse qui est
pensable.
M. Rivest: Vous êtes en train de donner raison au
député de Sainte-Marie.
Une voix: Voilà!
Mme LeBlanc-Bantey: II faut quand même rappeler au
député de Sainte-Marie qu'à un moment donné -
honnêtement, mon impression, c'est qu'à la suite des
dernières négociations dans certains cas, c'est six mois, c'est
peut-être plus - la lettre de réprimande disparaît quand
même assez rapidement du dossier.
M. Rivest: Au rythme où les documents gouvernementaux
disparaissent.
Mme LeBlanc-Bantey: II faudrait quand même dire, à
cet article, qu'on a répondu à certaines demandes et qu'on a
ramené à trente jours les délais pour les appels.
M. Bisaillon: C'est très généreux.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 30 est
adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): J'appelle l'article 31.
M. Rivest: Une question. Un fonctionnaire, par exemple, va devant
la commission. La décision est annulée. Admettons qu'il y ait eu
abus notoire de la part du gestionnaire. J'imagine que, d'après
l'article tel que rédigé, tout ce que la commission peut faire,
c'est annuler, modifier, etc. Les recours civils en dommages et
intérêts pour abus de pouvoir, etc. restent? Oui? Ce serait aller
trop loin de demander à la commission non seulement d'annuler la
décision, mais de fournir une compensation quelconque, monétaire
ou autre, au fonctionnaire qui aurait été ainsi
lésé?
Mme LeBlanc-Bantey: En matière disciplinaire, il est
prévu qu'elle peut quand même y substituer une décision, si
vous lisez bien l'article, "qui lui paraît juste et raisonnable".
M. Rivest: Y compris des dommages et intérêts?
Mme LeBlanc-Bantey: À ma connaissance, non.
M. Rivest: Pourquoi pas?
Mme LeBlanc-Bantey: Ils peuvent s'adresser à d'autres
tribunaux que la Commission de la fonction publique.
M. Bisaillon: Cela me paraît juste et raisonnable.
M. Rivest: Est-ce que, effectivement, le recours au droit civil
demeure?
Mme LeBlanc-Bantey: Nous avons le président de la
Commission de la fonction publique. À mon avis, oui, mais quelqu'un
pourrait me le confirmer?
M. Lefebvre (Gaston): Les recours de droit commun demeurent.
M. Rivest: D'accord, merci.
Le Président (M. Paré) M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: L'article 31, M. le Président c'est selon
moi un article qui peut faire l'objet d'un débat, qui peut être
assez long. Je ne sais pas si la ministre voudrait qu'on le suspende et qu'on y
revienne plus tard ou si elle préfère qu'on le fasse maintenant.
C'est toute la question du pouvoir de la Commission de la fonction publique
lorsqu'elle se prononce sur des cas qui sont devant elle. Est-ce qu'on
restreint son pouvoir ou si on la fait vraiment agir comme un tribunal qui
décide des objets qui lui sont présentés?
Dans une première partie de l'article, on dit: "La Commission de
la fonction publique peut maintenir ou annuler une décision
portée en appel en vertu de l'article 30." Elle ne peut que maintenir ou
annuler. Alors, en vertu de l'article 30, il y a un congédiement. Le
choix vis-à-vis d'un congédiement, en fonction de cette
première partie, est seulement de dire: Je maintiens le
congédiement ou j'annule le congédiement. Elle ne peut pas dire:
En fonction de la preuve qui m'a été présentée, il
y a eu effectivement une faute, mais cette faute-là n'est pas, à
mes yeux, suffisante pour justifier un congédiement, donc, je le
remplace. Est-ce que cela est possible?
Mme LeBlanc-Bantey: Pour mesure disciplinaire, oui.
M. Bisaillon: C'est parce que, tantôt, à l'article
30, vous m'avez parlé du congédiement comme étant une
mesure administrative.
Mme LeBlanc-Bantey: Dans les deux cas. C'est clair: la commission
peut, pour une mesure disciplinaire, réparer les torts et "y substituer
une décision qui lui paraîtrait juste et raisonnable", mais, pour
une mesure administrative, non.
M. Bisaillon: Cela nous a été donné comme
exemple ce matin et on l'a répété encore cet
après-midi: le congédiement peut, à la fois, dans certains
cas, être une mesure disciplinaire - on nous l'a défini comme cela
- puis, dans d'autres cas, être une mesure administrative. On nous l'a
aussi défini comme cela. Qui va décider si le congédiement
- le monsieur et la madame sont dehors - est une mesure administrative, auquel
cas on peut atténuer la peine, ou si c'est une mesure disciplinaire,
auquel cas on ne peut pas?
M. Sarault: Toute mesure, quelle soit administrative ou
disciplinaire, est motivée lorsqu'elle est signifiée à un
employé. C'est parce que vous avez manqué au code
d'éthique ou parce que vous êtes incapable d'exercer vos
fonctions, par exemple, pour prendre des éléments reliés
à la loi. Si c'est dû au fait que vous n'avez pas respecté
le code d'éthique, cela devient une mesure disciplinaire. Si c'est
dû au fait que vous êtes incapable d'exercer vos fonctions, c'est
clairement une mesure administrative. Enfin, c'est par les motifs du
congédiement que vous établissez si c'est une mesure
administrative ou non.
Maintenant, il est évident que cela pourrait être, par
exemple, un congédiement pour mesure disciplinaire caché sous
forme de mesure administrative. Mais il y a toujours une preuve à faire,
sur l'un et sur l'autre.
M. Bisaillon: Dans le cas, par exemple, où la personne est
congédiée parce qu'elle est jugée incapable d'exercer les
fonctions qu'elle occupe, ce serait prévu comme étant une mesure
administrative. Étant donné que c'est une mesure administrative,
la commission ne pourrait qu'annuler ou maintenir la décision, donc, se
prononcer sur la compétence de la personne à exercer ses
fonctions. Elle ne pourrait pas dire: Compte tenu de l'expérience de
cette personne-là, compte tenu des autres emplois qu'elle a
occupés dans la fonction publique, dans les circonstances, on aurait pu,
admettons, la rétrograder et lui faire occuper des fonctions moins
importantes qu'elle serait, selon notre jugement, capable d'occuper. Là,
elle ne serait pas capable de faire cela parce qu'elle aurait juste à
dire: Je maintiens ou j'annule le congédiement administratif.
M. Sarault: Non. C'est comme la loi actuelle. Il faut que ce soit
bien clair; en tout cas, il n'y a pas de changement là-dessus.
M. Bisaillon: Oui, mais on la révise, là.
Mme LeBlanc-Bantey: On connaissait l'argument d'avance.
M. Bisaillon: C'est parce que si, chaque fois, on me dit que
c'est comme la loi actuelle...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est parce qu'on ne voulait pas
insécuriser trop de monde!
M. Bisaillon: ...on pourrait aussi bien s'en aller chez nous et
prendre l'ancienne loi.
M. Sarault: Je suis d'accord avec vous.
Mme LeBlanc-Bantey: On voulait laisser quelques dispositions.
M. Sarault: C'était juste pour préciser ce
point-là. Le sens de cela, c'est que, si la commission pouvait, dans le
fond, dire: Cette personne-là, au lieu d'être incapable d'exercer
sa fonction de technicien, devrait plutôt être un agent de bureau,
par exemple, elle serait capable d'exercer la fonction d'agent de bureau,
à ce moment-là, cela vient à décider pour la
gérance ce que cette personne-là devrait faire. Peut-être
qu'on n'a pas de poste d'agent de bureau dans la fonction publique disponible
pour cette personne-là. La réaction de la commission, à
mon avis, si elle s'aperçoit que la personne est capable d'exercer une
autre fonction que celle qu'elle a actuellement et qu'elle pense qu'elle
pourrait être utilisée dans la fonction publique, ce serait de
refuser. Elle peut annuler une décision.
M. Bisaillon: Non. Si elle procédait de même, vous
seriez obligé de maintenir l'employé dans ses fonctions.
M. Sarault: Ou penser à une rétrogradation à
un autre niveau, puis revenir avec une autre mesure administrative.
M. Bisaillon: Mais moi, je maintiens que le gestionnaire pourrait
avoir raison en se prononçant sur l'incompétence ou
l'incapacité à exercer la fonction occupée. Il peut avoir
raison. Et il a pu, parce qu'il avait raison, prendre la mesure ultime
plutôt que de penser à la rétrogradation. La commission, en
examinant le dossier, pourrait fort bien conclure qu'une rétrogradation,
dans les circonstances, compte tenu du dossier de l'individu en question,
aurait été mieux, ce que vous ne lui laissez pas la
possibilité de faire. Comprenez-vous ce que je veux dire? C'est qu'elle
ne pourra pas annuler la
décision parce qu'il va falloir qu'elle se prononce sur la
preuve. La preuve, cela va être sur l'objet qui a justifié la
décision. C'est-à-dire que, si vous avez dit que c'était
parce qu'elle était incapable de, il va falloir qu'elle porte le
jugement là-dessus. Or, vous pouvez avoir raison là-dessus. Elle
peut être incapable de. Et la commission n'aura pas d'autre
possibilité, sauf, peut-être, de vous faire une recommandation.
Mais si elle n'annule pas la décision, la personne n'est plus à
l'emploi. Alors, cela devient du recrutement.
Bon, l'autre élément, Mme la ministre, qui
n'apparaît pas nécessairement là et dont il faudrait
parler, c'est toute la notion de réparation des torts ou encore - on va
y revenir plus loin, il y a un autre article où on pourra y revenir -
toute la question des personnes qui ont créé des situations. (17
heures)
Par exemple, la commission entend un appel sur un concours de
recrutement ou de promotion. Elle se rend compte qu'un gestionnaire a mal
procédé au moment du concours de recrutement ou de promotion, a
faussé les règles du jeu. Elle peut juste reconnaître qu'il
a faussé les règles du jeu, elle ne peut rien faire de plus que
cela. Elle ne peut pas condamner la personne responsable d'avoir faussé
les règles du jeu et elle ne peut pas réparer les torts, sauf
faire reprendre le concours.
Il y a toute la notion de ce qu'on entend par le rôle d'un
tribunal que je voudrais qu'on discute. Je sais que cela peut être long
et que c'est en concordance avec d'autres articles. Je ne sais pas comment vous
préférez procéder. Je suis prêt à faire cela
tout de suite.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est-à-dire que ce serait bon que
nous écoutions ce que vous avez à dire là-dessus. Si on
devait suspendre l'article, cela nous permettrait de faire notre
réflexion en fonction de la préoccupation que vous avez et d'y
répondre, s'il y a lieu.
M. Bisaillon: Ce qu'on pourrait faire, c'est suspendre l'article
31 et le relier aux autres articles qui concernent les moments où la
Commission de la fonction publique a à se prononcer; on pourra les
relier tous ensemble.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord.
Le Président (M. Paré): On s'entend pour suspendre
l'étude de l'article 31. Article 32.
M. Doyon: On peut écouter Mme la ministre
là-dessus.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est la même chose, c'est le droit de
recours lors d'un concours de promotion et d'un examen de changement de grade.
Il n'y a pas de changement par rapport à ce qu'il y avait.
M. Doyon: Est-ce que le syndicat des fonctionnaires et la
commission spéciale avaient fait une recommandation? J'ai une note ici:
la recommandation 76 - je ne l'ai pas sous les yeux. Est-ce qu'on ne pourrait
pas concevoir qu'il y a un droit d'appel à l'occasion des concours de
recrutement, si l'on estime que la procédure utilisée lors d'un
concours a été entachée d'une irrégularité
ou d'une illégalité?
Mme LeBlanc-Bantey: On a effectivement regardé cela. Il y
a déjà un recours par le biais du Protecteur du citoyen. Il y a
eu, d'ailleurs, un certain nombre de recours à l'ombudsman.
M. Rivest: Mais ce n'est pas un recours de même nature que
celui évoqué par le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Pas du tout. Mais est-ce que vous considérez que
c'est suffisant pour rétablir le tort qui est causé en cas
d'illégalité?
Mme LeBlanc-Bantey: Généralement, on avait fait, si
ma mémoire est bonne, une analyse très serrée, justement
au moment de la discussion sur la préparation des projets de loi, des
jugements de l'ombudsman et de la volonté et de la réalisation
des réparations, compte tenu des jugements. Dans une très
très grande proportion - je ne me souviens plus du pourcentage, mais
c'était assez élevé...
M. Rivest: Oui, mais, Mme la ministre, c'est que le Protecteur du
citoyen avait, dans la plupart de ces cas, offert au ministère de la
Fonction publique...
Une voix: Hum!
M. Rivest: ...mais il faut que vous pensiez qu'il va avoir
affaire au Conseil du trésor...
M. Doyon: Ce n'est plus la même paire de manches.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, non, vous avez tort. Il avait affaire
à un ensemble de ministères qui sont tous, finalement,
jusqu'à un certain point, responsables d'une partie de la gestion et ce
sont les ministères eux-mêmes qui avaient réagi aux
recommandations du Protecteur du citoyen d'une façon favorable.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Sur l'article 32...
Mme LeBlanc-Bantey: Je comprends que c'est l'habitude de diviser
pour régner, mais...
M. Rivest: On a de la misère à régner.
M. Doyon: On n'a pas de misère à diviser, par
exemple.
Le Président (M. Paré): S'il vous plaît, s'il
vous plaît, un à la fois! M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Sur l'article 32, ça me va. Je trouve que la
formulation est correcte. J'indique cependant qu'il n'y a rien de prévu,
là encore, sur les possibilités. On indique juste à
l'article 32 qu'il y a un appel possible. On n'indique pas de quelle
façon la commission se prononce sur cet appel. Quelle est sa latitude,
quel est son pouvoir lorsqu'elle se prononce sur l'appel? On indique juste
l'endroit à l'article 32.
Je suis prêt à accepter l'article 32 comme cela, pour
autant qu'on relie cela plus tard à ce que la commission peut faire.
Quelle sorte de jugement porte-t-elle? Fait-elle seulement annuler le concours?
Demande-t-elle qu'il soit recommencé? Identifie-t-elle les torts? On
pourrait voir cela plus tard. Pour ce qui est de...
Mme LeBlanc-Bantey: En général, elle annule le
concours. À l'occasion, elle peut s'entendre pour réparer les
torts, mais il y a eu beaucoup de cas où les concours ont
été annulés. Ce qui pose un certain nombre de
problèmes, il faut l'admettre aussi, pour des ministères qui ont
besoin quand même de quelqu'un à un concours, ce qui peut laisser
supposer un temps très long avant que le poste ne soit comblé.
Toujours dans la perspective du service au citoyen, il y a des choses aussi
à ajuster dans ce sens-là.
M. Bisaillon: La commission spéciale avait fait des
recommandations là-dessus. La commission spéciale avait
recommandé que, contrairement à ce qui se passe actuellement,
lorsqu'un poste était occupé au moment des concours de promotion,
le poste de la personne qui était nommée, même quand il y
avait un appel, elle l'occupait, c'est son poste à elle qui
n'était pas remplacé - de sorte que, si finalement la commission
se prononçait et qu'elle disait que le concours était
entaché d'irrégularités, la personne revenait à son
poste.
Je veux savoir - je vais adopter l'article 32 tel quel tout de suite -
à quel moment on voit comment la Commission de la fonction publique peut
disposer de ces appels.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous le verrez au moment de la discussion sur
la commission, si vous le voulez bien.
M. Bisaillon: À cet endroit-là? Vous êtes
sûre de cela?
Mme LeBlanc-Bantey: 33. Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): Un instant. Donc, 32 est
adopté.
M. Rivest: 33, M. le Président, est adopté à
moins que mon collègue...
Le Président (M. Paré): L'article 32 est
adopté. J'appelle 33. Est-ce que l'on s'entend là-dessus?
M. Doyon: On appelle 33, on est...
M. Bisaillon: Je n'ai pas eu ma réponse. J'ai
demandé à quel endroit, à partir de 32, on va savoir
comment la commission se prononce sur ce genre d'appels.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, j'ai dit qu'on
pourrait en discuter au moment de la discussion sur l'ensemble de la
commission.
M. Bisaillon: Sur la commission, ça va.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 32 est
adopté. J'appelle l'article 33.
M. Doyon: Est-ce un article qui est nouveau ou avait-on un
équivalent?
Mme LeBlanc-Bantey: II est nouveau parce que certains groupes
l'ont demandé.
M. Doyon: Est-ce que tout simplement la commission rejette
l'appel pour cause de frivolité ou de mauvaise foi sans élaborer
davantage ou si on ne devrait pas faire une obligation de motivation de la
décision selon laquelle on conçoit qu'il y a des demandes
frivoles? La Commission de la fonction publique rejette-t-elle un appel en
disant "c'est frivole"?
Mme LeBlanc-Bantey: On pourrait l'envisager.
M. Rivest: Au moins qu'on avise le requérant...
M. Doyon: Et qu'on dise sur quoi on
base la décision à savoir que c'est frivole. Il faut quand
même que les gens sachent pourquoi on rejette la possibilité pour
eux de se faire entendre.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela me semblait aller de soi mais on peut
spécifier.
M. Doyon: Alors, vous feriez quelque chose dans ce sens.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'on s'entend
pour suspendre l'article 33?
M. Bisaillon: On suspend.
Le Président (M. Paré): L'article 33 est suspendu.
J'appelle l'article 34.
M. Bisaillon: Avant de le suspendre, M. le Président,
parce que même si on apporte cette correction, moi, l'article 33 ne me
satisfait pas sous cette forme, je pourrais peut-être simplement
l'exprimer, ce qui sera déjà fait.
La notion de frivolité ou de mauvaise foi a été
mise de l'avant par la commission spéciale mais pour les cas d'appels du
public, des citoyens en regard de concours de recrutement. Autrement dit, la
commission spéciale disait: Pour l'instant, les recours en appel devant
la commission au moment de recrutement et de promotion s'appliquent aux
fonctionnaires, à ceux qui sont déjà en place.
Nous, à la commission spéciale, on recommandait aussi que
l'ensemble des citoyens, ceux qui postulent pour la première fois un
poste de la fonction publique et qui pensent que le concours a
été entaché d'irrégularités puissent avoir
un droit d'appel. Mais, comme on ne voulait pas qu'il y ait une multiplication
d'appels au niveau de la commission, c'est-à-dire pour les citoyens qui
auraient pu avoir un droit d'appel, on disait: La commission pourra, à
sa face même, repousser le droit d'appel sans même avoir
procédé à l'audition, juger, à sa face même,
du droit d'appel. Mais c'était pour les citoyens.
Alors, vous avez pris cette portion de la recommandation de la
commission qui s'appliquait aux citoyens, vous avez dit: Cela n'a pas de bon
sens que les citoyens aient un droit d'appel, et vous avez collé la
notion de jugement prima facie à l'ensemble des fonctionnaires qui
avaient déjà le droit d'appel partout.
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne vois pas pourquoi ce qui aurait
été bon pour les citoyens ne le serait pas pour les
employés de l'État.
M. Bisaillon: Mettons-le, dans ce cas, pour les citoyens si c'est
bon.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous dites que ça allait pour les
citoyens et que ça ne va plus pour les employés. Alors, je me
dis: Si la recommandation était bonne compte tenu de la longueur des
procédures, des coûts, etc., cela peut expliquer qu'on ait dit que
c'était une bonne suggestion en ce qui concerne les employés de
l'État également.
M. Bisaillon: Les employés de l'État ont
déjà, dans la loi actuelle, le droit d'appel sans restrictions.
Quand ils font un appel, la Commission de la fonction publique les entend. Une
fois qu'elle les a entendus, elle dispose. C'est comme cela que ça
fonctionne depuis la Loi sur la fonction publique.
Là, on veut limiter le droit ou la possibilité d'appeler
au fonctionnaire en utilisant le mécanisme qu'on avait pris pour ne pas
vous énerver en demandant que les droits d'appel soient ouverts à
l'ensemble des citoyens. Je veux bien que vous jouiez avec le rapport de la
commission, mais je ne veux pas que vous vous cachiez derrière ce
rapport-là pour dire...
Mme LeBlanc-Bantey: On ne joue pas, on prend les bonnes
suggestions.
M. Bisaillon: ...c'est votre recommandation.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que cela voulait dire, M. le
député, que si on ne retenait pas une suggestion
intégralement, qu'on n'avait pas le droit d'en retenir une partie?
M. Bisaillon: Non, mais cela n'a pas de sens. Est-ce qu'on peut
vous dire que cela n'a pas de sens de réduire.
Une voix: Vous avez mal lu.
M. Bisaillon: Indiquez-nous au moins que dans cet
article-là vous réduisez des droits qui sont déjà
dans la loi actuelle de la fonction publique, vous les enlevez aux
fonctionnaires.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est-à-dire, oui on réduit,
c'est vrai...
M. Bisaillon: Bien oui.
Mme LeBlanc-Bantey: ...je l'admets. Vous avez été
le premier à nous dire que ce n'est pas parce que c'était dans la
loi 50 qu'il n'y avait pas lieu de réviser de temps à autre.
C'est vrai qu'on réduit les droits mais il faut quand même voir
les mots tels qu'ils sont quand les demandes sont frivoles ou faites de
mauvaise foi.
Et pour répondre à la question...
M. Bisaillon: Qui décide?
Mme LeBlanc-Bantey: C'était la raison pour laquelle
j'avais accepté de suspendre l'article. C'est qu'à l'article 121,
vous voyez que la décision, en tout temps, doit être rendue par
écrit et doit être motivée.
Une voix: C'est cela.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord? Alors, c'était la question
que vous aviez tout à l'heure. Donc, si on maintenait l'article, ce ne
serait pas nécessaire de suspendre.
M. Bisaillon: En tout cas, c'est votre loi, vous la prendrez
comme vous la faites. Je vous dis seulement une chose, c'est que votre article
121, c'est bien joli, c'est bien gentil, c'est très
généreux, mais cela ne nous indique pas que c'est frivole ou fait
de mauvaise foi. Cela va indiquer les raisons qui motivent la commission. Cela
ne veut pas dire qu'elle a raison de dire que c'est frivole ou fait de mauvaise
foi.
M. Rivest: La commission peut se contenter de dire: Nous devons
refuser votre demande parce qu'elle était frivole, point à la
ligne.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, la commission doit motiver ses
décisions. Et connaissant...
M. Rivest: Votre requête est rejetée pour le motif
de frivolité. C'est cela.
Mme LeBlanc-Bantey: Connaissant le sérieux de la
commission et ayant eu l'occasion de lire de très longues requêtes
de la commission...
M. Bisaillon: Mettez-le dans la loi.
Mme LeBlanc-Bantey: ...je doute qu'elle se contenterait d'une
phrase aussi lapidaire et je pense qu'elle prendrait la peine de motiver
précisément pourquoi la demande est frivole.
M. Doyon: Est-ce qu'on pourrait indiquer aussi, Mme la ministre,
que la décision est par écrit, motivée et publique.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est déjà...
M. Doyon: Parce que je ne voudrais pas que la Commission de la
fonction publique prenne l'habitude... parce que c'est important, on est au
niveau pratiquement de la justice ici et je pense qu'il est de l'essence de la
justice qu'elle soit publique. Je pense qu'il serait...
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que ce serait bon pour le plaignant
qu'elle soit publique?
M. Doyon: Si la commission est prête à
déclarer une demande frivole et de dire pourquoi elle est frivole ou
pourquoi elle est de mauvaise foi, elle doit le dire publiquement.
Mme LeBlanc-Bantey: Bien moi je demande si ce serait bon que le
plaignant, qui a fait une demande - qui est très bien motivée
comme étant une demande frivole ou de mauvaise foi - je me demande
sincèrement si c'est bon et, à mon avis, ce n'est pas bon que ce
même plaignant voit sa demande rendue publique avec tous les motifs de la
commission disant qu'elle était frivole ou de mauvaise foi.
M. Bisaillon: Comment cela se passe...
Mme LeBlanc-Bantey: Connaissant ce que...
M. Bisaillon: ...actuellement ailleurs? Regardons les autres
tribunaux administratifs et regardons les tribunaux d'arbitrage, regardons dans
les cours de justice actuellement. Toutes les sentences arbitrales des secteurs
public et parapublic sont publiées.
M. Doyon: Bien oui, dans des rapports.
M. Bisaillon: Toutes les sentences arbitrales sont
publiées. Quand tu as des recours en Cour supérieure ou en Cour
provinciale, c'est public aussi. Il n'y a rien de caché. Alors la
personne qui fait une plainte à la commission, elle sait que cela va
être public.
M. Doyon: C'est cela. M. Bisaillon: Elle le sait.
M. Doyon: Elle se comporte en conséquence.
M. Bisaillon: Alors si elle ne veut pas se faire traiter de
frivole, elle n'en fait pas.
Mme LeBlanc-Bantey: Alors si vous voulez, on verra cela à
l'article 121.
M. Doyon: Mais est-ce que la ministre dit qu'elle est prête
à envisager...
Mme LeBlanc-Bantey: Non. M. Doyon: ...la
possibilité?
Mme LeBlanc-Bantey: La ministre admet qu'elle est prête
à réfléchir sur l'article 121.
M. Doyon: Ah bon, cela me rassure parce qu'elle semblait assez
catégorique il y
a deux minutes. Alors, déjà on a fait...
Mme LeBlanc-Bantey: Bien le député de Sainte-Marie
a éclairé ma lanterne quant aux décisions des autres
tribunaux auxquelles je n'avais pas songé.
M. Doyon: Comme parfois...
M. Rivest: Vous n'y avez pas pensél
M. Doyon: ...vous pouvez vous prononcer...
Mme LeBlanc-Bantey: Ne fréquentant pas assidûment
les cours du palais de justice, non.
M. Rivest: Très bien.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 33 est
suspendu. L'article 34?
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce qu'il ne peut pas être
adopté maintenant?
M. Rivest: II faudrait que vous complétiez selon les
formes usuelles dans d'autres lois.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est à l'article 121.
M. Rivest: C'est très facile à retrouver. On peut
le suspendre et vous ajouterez cela.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article...
M. Rivest: II y a des modèles très faciles à
retrouver.
Le Président (M. Paré): Article 34.
M. Doyon: La ministre n'a pas l'air trop sûre, de toute
façon. (17 h 15)
Mme LeBlanc-Bantey: Bien, je ne suis pas sûre de vous
donner raison, non, mais j'accepte d'y réfléchir.
M. Doyon: C'est déjà un début. Une fois
n'est pas coutume.
Le Président (M. Paré): Article 34. Est-ce que
l'article 34 est adopté?
M. Tremblay: Une fois de plus que le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: L'autre qui ne sait pas quoi dire.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 34 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Gestion des ressources humaines
Le Président (M. Paré): Adopté. Donc, on
passe au chapitre III: Gestion des ressources humaines, section II,
responsabilités des ministères et organismes. Article 35.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, je n'ai aucun
commentaire. Cela me semble clair.
M. Bisaillon: Ils ne prennent pas de chance. Sous la direction du
ministre "dont" il relève. J'espère que c'est sous la direction
du ministre dont il relève et que ce n'est pas sous la direction d'un
autre ministre. Adopté.
M. Rivest: Ils sont tellement mêlés au Conseil des
ministres, cela leur serait peut-être utile.
Mme LeBlanc-Bantey: Disons que c'était la formule
usuelle.
M. Doyon: Je comprends que c'est la formule usuelle, mais on est
en train de penser à changer le système justement où
l'usuel n'est plus satisfaisant.
Mme LeBlanc-Bantey: Bien, quand même...
M. Doyon: Un instant, Mme la ministre, vous permettez que je
continue. Parfois, vous allez trop vite, vous en avez fait la preuve plus
tôt.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous devriez être aussi humble à
votre égard, par exemple.
M. Doyon: Étant donné qu'on est en train de changer
le système et qu'on parle d'imputabilité, la ministre nous dit
que c'est la formule usuelle. Est-ce que le libellé, la façon
dont est rédigé cet article, ne laisse pas entendre que,
finalement, le sous-chef est responsable devant le ministre étant
donné qu'on dit: Sous la direction du ministre dont il relève, le
sous-ministre, etc. Cela implique-t-il que le sous-ministre, son lien
d'autorité ou son lien de dépendance, est directement... Cela
exclurait toute autre possibilité que le système
d'imputabilité puisse être appliqué. Le rapport Bisaillon
-puisqu'il faut l'appeler par son nom - le rapport de la commission
spéciale de l'Assemblée nationale sur la fonction publique,
recommandait que le sous-chef soit imputable devant l'Assemblée
nationale. Cela se retrouve dans le rapport.
Je pense qu'il y aurait peut-être avantage, même si l'on
nous apporte comme
argument que c'est là un article usuel qu'on devrait
peut-être indiquer, d'une façon ou d'une autre, qu'il y ait une
notion d'imputabilité nouvelle qu'on introduise dans la loi et qui ne se
retrouve nulle part, malheureusement.
Mme LeBlanc-Bantey: II m'apparaît tout à fait normal
que le sous-ministre...
M. Doyon: Je n'ai pas dit que cela n'était pas normal.
Mme LeBlanc-Bantey: ...travaille sous la direction du ministre
dont il relève, mais je ne crois pas qu'un article comme celui-là
empêcherait, éventuellement, une loi sur l'imputabilité, en
empêchant un ministre de venir témoigner à
l'Assemblée nationale.
M. Doyon: Selon le vieux principe qui veut qu'on ne puisse servir
deux maîtres à la fois, si l'on indique que le ministre est...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est un excellent principe.
M. Doyon: ...le patron... Excellent principe.
M. Rivest: Vous venez de dire qu'il faut se dégager des
anciens concepts. Alors, votre vieux principe...
M. Doyon: Oui, mais quand ils sont utiles, on les ressort.
Le Président (M. Paré): Donc, est-ce que l'article
35 est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. L'article
36?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 36 est
adopté. Article 37, adopté?
M. Doyon: À l'article 37, une question se pose. On fait
ici état que les sous-ministres et les dirigeants d'organismes
gèrent les ressources humaines dans le cadre des politiques
générales du gouvernement en matière de ressources
humaines. Je demanderais à la ministre de saisir l'occasion, à
cette commission parlementaire, de nous indiquer quelles sont ces politiques
générales, de nous donner une idée du genre de politiques
générales que sont celles du gouvernement.
M. Rivest: Nommez-en une.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que vous avez une excellente
idée de la voie vers laquelle le gouvernement veut s'orienter en
matière de gestion des ressources humaines; c'est toute la voie de la
responsabilisation de l'imputabilité administrative et ainsi de
suite.
M. Doyon: Vous n'êtes pas très prolixe.
Mme LeBlanc-Bantey: II me semble que cela fait deux mois qu'on en
parle, M. le député de Louis-Hébert. On en a abondamment
parlé.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, on est ici pour
étudier la loi...
M. Doyon: C'est ce qu'on fait.
M. Tremblay: ...article par article et non les politiques du
gouvernement. Il y a d'autres occasions, sinon on ne passera pas à
travers la loi si on commence à s'éparpiller.
M. Doyon: Un instant, M. le Président! M. Rivest:
Soyez patient.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 37 est
adopté?
M. Doyon: Un instant, M. le Président: Sur la remarque du
député de Chambly...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Nous sommes en train d'étudier la loi article
par article. D'ailleurs, j'ai cité les mots mêmes et, si le
député de Chambly savait lire, il s'apercevrait que j'ai repris
exactement les mots mêmes de l'article 37 de la loi. Je ne peux
pas...
M. Tremblay: C'était la partie cohérente de votre
discours.
M. Doyon: ...être plus à l'intérieur du sujet
et pertinent que de demander à la ministre, qui nous demande d'adopter
un article de loi disant que les sous-ministres et les dirigeants d'organismes
gèrent les ressources humaines dans le cadre des politiques
générales du gouvernement, quelle est la signification
véritable de cet article et quelles sont les politiques
générales du gouvernement. Je repose ma question parce que je
suis drôlement resté sur ma faim avec la réponse que j'ai
obtenue.
M. Rivest: Une précision, ce sont d'ailleurs les
politiques générales du gouvernement en matière de
ressources
humaines.
M. Doyon: Des ressources humaines!
Mme LeBlanc-Bantey: La réponse est "nomenclaturée."
La première partie de la question du député de
Louis-Hébert se retrouve dans la deuxième partie de l'article qui
dit que la gestion comprend, notamment, la planification, l'organisation, la
direction, le développement et l'évaluation des ressources
humaines.
La deuxième réponse...
M. Rivest: Pouvez-vous déposer devant la commission votre
politique de planification, votre politique en matière de ressources
humaines? Déposez-nous un document, quelle est votre planification,
quelle est votre organisation, quel est votre développement, votre
politique...
Mme LeBlanc-Bantey: Notre politique générale en
matière de gestion des ressources humaines. J'aurais aimé que
vous vous en rendiez compte, le projet de loi vous l'avez devant vous.
M. Rivest: Je pense que le point que le député de
Louis-Hébert veut faire, ce sont des belles formules qu'on met dans un
texte de loi qui, finalement, ne veulent pas dire grand-chose quand il n'y a
pas de contenu derrière...
M. Doyon: C'est ce que je voulais faire ressortir et c'est
suffisamment ressorti pour qu'on se rende compte que rien ne pourrait appuyer
ce texte de loi. On nous parle de politiques générales du
gouvernement en matière de gestion des ressources humaines et on n'en a
pas. Je le déplore.
M. Tremblay: L'article 37, M. le Président, est
adopté.
M. Rivest: On ne peut pas adopter les politiques
générales, il n'y en a pas.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 37 est
adopté?
M. Doyon: Adopté.
M. Rivest: Sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 37 est
adopté sur division. J'appelle l'article 38.
Mme LeBlanc-Bantey: Vraiment, cela n'est pas sérieux.
M. Bisaillon: L'article 38, adopté quant à moi, je
veux juste indiquer qu'il y a une petite partie que je trouve insultante:
"...dans la mesure qu'ils jugent la plus appropriée". Qu'est-ce que cela
vient faire là-dedans? C'est bien sûr qu'un sous-ministre ou un
dirigeant d'organisme va exercer ses responsabilités et cela va toujours
être "dans la mesure qu'ils jugent la plus appropriée". Vous avez
déjà vu un sous-ministre décider dans la mesure qui n'est
pas la plus appropriée? On n'est pas obligé de dire cela dans un
texte de loi, quand même! C'est insultant pour le monde qui gère.
Je suis surpris de voir que le sous-ministre accepte cela aussi facilement, de
voir ce texte dans la loi. Je proposerai de biffer cela et le texte va rester
le même, mais enlevez "dans la mesure qu'il juge la plus
appropriée". Ce sont des figures de style qui n'ont pas d'affaire
là.
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne sais pas ce que mon sous-ministre en
pense. Je vais lui demander avant de commenter.
M. Rivest: II nous a demandé... Cela n'ajoute rien.
M. Bisaillon: On biffe et on adopte.
Mme LeBlanc-Bantey: On biffe et on adopte.
M. Doyon: Avant d'adopter, c'est un commentaire que je veux
faire. Un article comme celui-là n'oblige pas les gestionnaires à
procéder à la délégation, cela est certain et ce
serait incompatible avec leurs responsabilités, leur responsabilisation.
Ce qui manque, dans cet article et partout dans la loi, c'est qu'on ne
prévoit ni mesures incitatives, ni mécanismes incitatifs qui
favoriseraient réellement cette délégation. Il n'y a rien
dans la loi à cet effet. On se contente d'avoir un article
général qui dit que les sous-ministres devraient favoriser -on
dit même d'une façon appropriée - la
délégation. On ne mentionne pas de façon précise et
concrète des éléments incitatifs qui feraient qu'on
pourrait avoir la preuve que cette délégation va
réellement se produire. On se contente d'un principe
général.
M. Bisaillon: Cela n'apparaissait dans l'échéancier
d'implantation d'imputabilité qui devait être déposé
à l'Assemblée nationale?
M. Doyon: II est passé vite sur mon bureau.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement, de
rayer "dans la mesure qu'ils jugent la plus appropriée" est
adopté?
M. Rivest: Adopté. M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 38, tel qu'amendé est
adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 39 est
adopté?
M. Doyon: Les mêmes commentaires que j'ai faits sur
l'article 38 s'appliquent là aussi.
Le Président (M. Paré): L'article 39 est-il
adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Je voudrais juste rappeler, rapidement, au
député de Louis-Hébert, qu'on a dit, à plusieurs
reprises, que l'objectif de la loi vise, en premier, à rendre les
sous-ministres imputables. Je ne pense pas qu'ils aient besoin d'incitation, de
bon-bons ou n'importe quoi pour faire leur job.
M. Rivest: Ce n'est pas cela!
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 39 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Dotation Recrutement et promotion
Le Président (M. Paré): Adopté. On passe
à la section II. Dotation. 1.-Recrutement et promotion. Article 40.
Une voix: Adopté.
M. Doyon: Je signale ici, que le rapport de la commission
spéciale contenait des recommandations précises à 84 et 85
qui indiquaient qu'une séquence de mécanismes de dotation soit
inscrite dans la loi qu'on ne retrouve pas. Mon collègue de Sainte-Marie
pourrait le dire.
Mme LeBlanc-Bantey: Le voilà rendu plus catholique que
l'autre.
M. Doyon: Non. Je signale qu'on ne retrouve pas cela. On ne peut
pas laisser passer cet article sans le signaler. Je ne retrouve pas non plus la
recommandation à l'article 85 qui prévoyait que les étapes
obligatoires pour la dotation soient les suivantes, c'est-à-dire
l'affectation, le recours aux listes des personnels mis en
disponibilité, la mutation, la promotion et le recrutement. On n'a pas
prévu ce mécanisme. J'aimerais, si possible, que la ministre nous
indique pourquoi elle ne l'a pas fait. Je signale en passant que le Syndicat
des fonctionnaires provinciaux s'oppose à la promotion sans
concours.
Les articles 40 et 99 vont à l'encontre de sa demande. J'aimerais
que la ministre puisse nous démontrer d'une façon convaincante
l'étanchéité de la loi face au favoritisme et aux
inquiétudes qui ont été exprimées par le Syndicat
des fonctionnaires provinciaux du Québec dans le mémoire qu'il a
présenté devant cette commission.
Mme LeBlanc-Bantey: Quant à la première question,
toute la séquence de dotation, je pense que le président de la
commission spéciale a cheminé, là-dessus; j'ai cru
comprendre cela l'autre jour. Pour nous, cela faisait partie d'une suite
logique à tout le mécanisme d'imputabilité qu'on tentait
d'inscrire dans la loi, sans être obligé d'y prévoir chaque
séquence spécifiquement pour dire aux gestionnaires ce qu'ils
devaient faire. De plus, quant à la réévaluation des
postes à la hausse, il nous est apparu qu'en obligeant l'office à
déterminer par règlement les normes de ces
réévaluations à la hausse et à prévoir une
déclaration d'aptitude par l'office et non par le gestionnaire, on
faisait en sorte effectivement que les gestionnaires ne se servent pas de cet
article abusivement.
M. Doyon: En ce qui concerne les inquiétudes du Syndicat
des fonctionnaires provinciaux concernant les articles 40 et 99, qui sont
contraires à la demande faite par le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux, la ministre pourrait-elle nous rassurer concernant
l'étanchéité de la promotion sans concours qui est
perçue par les fonctionnaires provinciaux comme pouvant donner ouverture
au favoritisme?
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai déjà dit à
plusieurs reprises que la loi 50, aussi rigide qu'elle était, n'a pas
empêché certaines personnes de la contourner. Cet article
répond à certaines pratiques qui s'étaient
développées en fonction de la loi 50. Nous
préférons faire les choses ouvertement et, par ailleurs, les
encadrer. Je pense que cet article, finalement, est peut-être plus
prudent que ce qui existait dans la loi 50 parce qu'il est effectivement
prévu qu'il pourrait y avoir des postes réévalués
à la hausse, mais sur règlement de l'office et avec
déclaration d'aptitude de l'office.
Je pense que dans ce sens les inquiétudes du Syndicat des
fonctionnaires provinciaux ne sont pas justifiées, ou si elles sont
justifiées, ce n'est pas en ayant un article plus rigide qu'on pourra
les empêcher. Adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 40 est
adopté. Article 41?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 41 est
adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: À l'article 41, je crois qu'il y a un
papillon.
Le Président (M. Paré): L'article 41 est
modifié de la façon suivante: "1° par l'addition, à la
fin de la deuxième ligne du deuxième alinéa, après
le mot "d'emplois", des mots "ou aux grades"; 2° par le remplacement du
troisième alinéa par le suivant: "En outre, les conditions
d'admission à un concours, notamment celles concernant les conditions
minimales d'admission aux classes d'emploi ou aux grades, peuvent comporter des
exigences additionnelles qui tiennent compte de la nature et des
particularités de l'emploi ou des emplois faisant l'objet du
concours."
Mme LeBlanc-Bantey: Le mot "grades" vient en conformité
avec les conventions collectives. On avait d'ailleurs dû amender la loi
50, à la suite d'une négociation précédente, pour
répondre aux ententes entre le syndicat et le gouvernement
là-dessus. Le mot "additionnelles" vient tout simplement
préciser, parce que tel était l'intention de l'article.
Le Président (M. Paré): L'amendement à
l'article 41 est-il adopté?
M. Bisaillon: Seulement un instant, M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'ai ma réponse quant à
l'élément "grade". Pourquoi l'obligation d'ajouter "notamment
celles concernant les conditions minimales d'admission aux classes...? Quelle
est l'obligation d'ajouter cela? Dans le 2 , on remplace le troisième
alinéa en disant: "En outre, les conditions d'admission à un
concours" et on ajoute "notamment celles concernant les conditions minimales
d'admission aux classes d'emploi ou aux grades". Quel est l'objectif d'ajouter
celles-là en particulier, parce que lorsqu'on dit "notamment", on veut
indiquer que celles-là aussi sont comprises. Ne sont-elles pas comprises
dans le reste? (17 h 30)
Mme LeBlanc-Bantey: C'est parce qu'on avait dit plus haut, sur
les conditions d'admission au deuxième alinéa de l'article 41, on
disait: "Celles-ci doivent être conformes aux règlements ainsi
qu'aux conditions minimales d'admission (...). Pour être sûr, dans
le fond, que le "en outre" permettait d'avoir des conditions additionnelles aux
conditions minimales d'admission, on l'a répété. C'est
pour plus de sûreté si vous voulez.
M. Bisaillon: Trop fort ne casse pas, quoi.
Mme LeBlanc-Bantey: Bien, je ne sais pas.
M. Rivest: Cela va. Dans l'avant-projet de loi 40, on donnait
cette responsabilité, sauf erreur, au sous-ministre et, à la
suite des représentations pour des raisons, je pense, reliées au
favoritisme, etc, on a décidé de le passer à l'Office des
ressources humaines. C'est bien joli, sauf que, en vertu de l'article 100 de
votre projet de loi 51, l'office peut le repasser au sous-ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: L'avantage, c'est que si les sous-ministres
font mal leur travail ou le font d'une façon irrégulière
compte tenu des objectifs poursuivis, l'office peut reprendre ses
délégations n'importe quand. Elle en demeure l'ultime
responsable. Autrement...
M. Rivest: Je comprends, mais, dans votre projet de loi 40, vous
l'aviez de toute manière donné au niveau des sous-ministres.
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement.
M. Rivest: Et là, vous le transposez au niveau de
l'office, puis vous donnez à l'office la possibilité de le
redéléguer. Ne trouvez-vous pas que...
Mme LeBlanc-Bantey: Disons que c'est la théorie de
la...
M. Rivest: La raison du changement est-elle liée à
la préoccupation des syndicats qui avaient peur qu'il y ait du
favorisisme?
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement... M. Rivest: Puis
là, votre... Mme LeBlanc-Bantey: Non... M. Rivest:
Non.
Mme LeBlanc-Bantey: ...je trouve que c'est très
cohérent. C'est un peu la théorie de la ceinture et des
bretelles, pour reprendre une expression favorite d'un de mes collègues.
Par ailleurs, c'est très cohérent dans la perspective où,
effectivement, si l'office s'en sent, lui, ultimement responsable, il va voir
à ce que les choses se fassent selon un certain nombre de normes qu'il
contrôlera. S'il devait s'avérer qu'il y a un ministère
fautif sur 26, qu'il reprenne la délégation dans ce
ministère.
L'office a déjà d'ailleurs une assez longue
expérience de délégation dans certains ministères
de recrutement, etc., et il a dû, dans certains cas, après
vérification, aviser les ministères qu'ils ne faisaient pas
nécessairement les choses le plus correctement possible.
M. Rivest: Dans la pratique de l'office...
M. Bisaillon: ...Assemblée nationale... M. Rivest:
...Oui.
M. Bisaillon: Sauf que l'office, à ce moment,
dépendait de l'Assemblée nationale. Là, l'office va
dépendre du gouvernement.
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement. Par ailleurs, je ne crois pas
qu'en termes de recrutement et de promotion, l'office, même
dépendant du gouvernement, ait intérêt à ne pas
continuer les bonnes habitudes qu'il a acquises au cours des années
où il dépendait de l'Assemblée nationale.
M. Bisaillon: C'est généreux.
Mme LeBlanc-Bantey: Et la commission sera toujours là pour
enquêter sur l'observance de la loi, non seulement dans les
ministères, mais par rapport à l'office.
M. Rivest: En ce qui concerne l'établissement des
conditions d'admission, dans la pratique de l'office, est-ce qu'il y a une...
J'imagine qu'une consultation est faite avec les sous-ministres. Ce n'est pas
nécessaire d'en faire une... J'imagine que l'office va quand même
consulter les sous-ministres dans l'établissement des conditions
d'admission.
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement. Généralement,
l'office, sur un certain nombre de postes, pour tenter de comprendre l'exigence
même des ministères en vertu d'un recrutement...
M. Rivest: Oui. Mais est-ce qu'en vertu de la rédaction de
l'article 41, étant donné qu'il les établit, j'imagine
qu'il a le droit... Le fait que ce n'est pas mentionné, il peut
consulter les sous-ministres. Parce qu'on dit que c'est lui qui les
établit.
Mme LeBlanc-Bantey: II peut consulter les sous-ministres.
M. Rivest: Est-ce qu'il le fait en pratique?
Mme LeBlanc-Bantey: Cela m'apparaî-trait normal qu'il le
fasse.
M. Rivest: Cela serait normal qu'il le fasse?
Mme LeBlanc-Bantey: À mon avis, oui. Sauf qu'il a aussi le
devoir de dire au sous-ministre: Telle et telle condition d'admission que vous
proposez, à notre avis, cela n'est pas nécessaire, compte tenu du
genre de personne que vous cherchez pour combler votre poste et cela restreint
trop les conditions d'admission.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement
à l'article 41 est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. L'article
41, tel qu'amendé est-il adopté? Adopté. Article 42?
Une voix: Article 42?
Le Président (M. Paré): Oui, article 42.
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 42 adopté.
Article 43?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 43 adopté.
Article 44?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 44 adopté.
Article 45?
M. Bisaillon: À l'article, j'ai seulement une question.
Qu'arrive-t-il avec...? Est-ce qu'on est sûr dans la formulation du texte
tel qu'il est là que les personnes dont les caractéristiques sont
supérieures aux conditions d'admissibilité vont être
retenues. Autrement, l'article 45 donne à l'office lapossibilité de réduire le nombre de candidats, c'est la
réduction du nombre de candidats. Il n'y a rien qui nous garantit - cela
a déjà été un problème dans le passé
- que les personnes, par exemple, qui ont une scolarité de beaucoup
supérieure aux exigences minimales ne seront pas les premières
exclues.
Mme LeBlanc-Bantey: On répond à cela en disant dans
l'article que les normes ne peuvent avoir pour effet de modifier les conditions
d'admission au concours. Cela ne peut pas être un critère. Par
ailleurs, l'office devra - et cela à la suite des consultations faites -
publiquement indiquer le moyen qu'il entend utiliser pour réduire le
nombre de candidatures.
M. Bisaillon: Je comprends cela; ce sera su. Il pourrait
notamment dire que toutes les personnes dont la scolarité
dépassera trop les normes de scolarité... On a eu des
problèmes dans le passé où, par exemple, pour des concours
d'auxiliaire de bureau, il y avait des bacheliers et des licenciés qui
se présentaient et, à certains moments, on n'avait pas retenu ces
candidatures. Je me demandais si cela était couvert.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce n'est pas couvert explicitement, et cela
m'apparaîtrait un peu farfelu que l'office agisse de cette
façon.
M. Bisaillon: Donc, on comprend que les conditions
supérieures ne sont pas un motif d'exclusion.
Mme LeBlanc-Bantey: On dit que l'office doit admettre les
personnes qui ont soumis leur candidature et qui remplissent les conditions
d'admission. Remplir les conditions d'admission doit impliquer qu'on peut avoir
de meilleures conditions que les conditions d'admission minimales.
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 45, adopté.
Article 46?
M. Bisaillon: Adopté. Le Président (M.
Paré): Article... M. Rivest: Un instant, à l'article
46. Mme LeBlanc-Bantey: II n'y a rien là.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Jean-Talon. Est-ce que l'article 46 est adopté?
M. Rivest: Pour ce qui est de l'expérience, est-ce qu'il
est tenu compte également - je pense qu'on en avait parlé devant
la commission - des expériences non rémunérées?
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement. C'est une préoccupation
qui m'est encore très chère...
M. Rivest: Comme ministre à la Condition féminine,
je trouve...
Mme LeBlanc-Bantey: ...comme ministre de la Fonction publique
aussi et qui me l'est d'autant plus comme ministre à la Condition
féminine. Par ailleurs, je crois que l'article, tel que libellé,
n'exclut pas cela. J'espère que, très rapidement, nous
accentuerons la réflexion qu'il y a eu à cet égard, non
seulement en termes de recrutement mais aussi en termes d'évaluation
pour le retour aux études, que l'on accentuera la recherche sur notre
façon d'évaluer l'expérience bénévole ou
autre, ce qu'on appelle la reconnaissance des acquis.
M. Bisaillon: II ne faut qu'une directive ou une politique.
M. Rivest: Vous n'en êtes qu'au niveau de la
réflexion; il n'y a rien au ministère. Avez-vous des choses, des
études, ou si ce n'en est qu'à la phase de la réflexion?
Il n'y a pas de commande donnée à des gens pour se pencher sur ce
problème?
Mme LeBlanc-Bantey: On a concrétisé mes attentes et
on évalue les expériences non rémunérées et
les offres de service de l'Office de recrutement l'indiquent. J'imagine que
vous comme moi ne fouillons pas dans le journal à toutes les fins de
semaine pour vérifier de quelle façon se font les offres de
service de l'Office de recrutement mais on a fait un bout de chemin
là-dessus. Je ne dis pas que c'est parfait...
M. Rivest: Pouvez-vous nous donner un exemple?
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce qu'on pourrait demander au
président de l'office, qui est ici, en termes d'imputabilité
toujours, de venir vous donner un exemple?
M. Bélanger (Claude): Une personne qui se
présenterait à un concours d'agent de recherche et aurait
travaillé comme bénévole à l'association des
consommateurs pour faire de la recherche, ce serait comptabilisé comme
étant des années d'expérience.
M. Rivest: Déjà, en pratique, c'est fait.
M. Bélanger: Les offres de service ont un espace pour
expliquer les expériences de travail non rémunérées
et elles sont considérées par le jury au même titre que des
expériences rémunérées.
Mme LeBlanc-Bantey: Je voudrais en profiter pour féliciter
le président de l'office. Je me souviens d'en avoir discuté
à plusieurs reprises, mais il n'avait pas eu l'occasion de m'annoncer la
bonne nouvelle.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 46 est
adopté.
M. Rivest: Une chance qu'il vous l'a annoncée aujourd'hui,
car il n'y aura plus de ministère de la Fonction publique. D'accord.
Le Président (M. Paré): L'article 46 est
adopté. J'appelle l'article 47.
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 47 est
adopté. J'appelle l'article 48.
M. Rivest: Adopté.
M. Bisaillon: C'est le tour de clef.
M. Rivest: La clé du regroupement par niveau ne se
retrouve pas dans la loi évidemment. Dans la loi, cela aurait
été impossible d'évoquer cela, d'en indiquer, au moins,
à titre d'illustration, certains...
Mme LeBlanc-Bantey: Nous en avons déjà une assez
longue expérience, compte tenu que le rangement par niveau existe
déjà pour tenter de rétablir une certaine
équité entre les groupes traditionnellement
discriminés.
De la façon dont on procède actuellement, c'est que sur un
total de points, par exemple de 300 points, il y a eu évaluation
très serrée de l'office à l'effet que, à
l'intérieur de barèmes de 20 points, les gens étaient
vraiment à compétence égale.
Donc, si un candidat, par exemple, avait 260 points et l'autre 241, les
gens seraient rangés dans un niveau.
Il se pourrait que dans le niveau il y ait seulement une personne, ou
deux ou trois, selon la compétence des candidats. Les gestionnaires
doivent obligatoirement choisir dans le premier niveau avant d'aller à
d'autres niveaux.
M. Rivest: D'accord.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez, à l'article 101.5: c'est
par règlement que les normes sont déterminées.
M. Rivest: Cela, je l'ai vu.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous l'avez vu déjà. C'est
correct.
Le Président (M. Paré): L'article 48 est
adopté. J'appelle l'article 49.
Nomination et classement
M. Bisaillon: Les articles 49 et 50, M. le Président, on
va les adopter. Mais je vais répéter rapidement ce que j'ai
déjà dit: je trouve cela lourd, paperassier et inutile.
Alors, les articles 49 et 50, quant à moi, sont
adoptés.
Le Président (M. Paré): L'article 49 est
adopté.
M. Rivest: L'article 49, oui, cela va.
Le Président (M. Paré): L'article 50 est-il
adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 50 est
adopté. J'appelle l'article 51.
M. Rivest: Adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai un amendement.
Le Président (M. Paré): II y a une
modification.
Mme LeBlanc-Bantey: II y a un nouveau papillon que vous n'avez
pas encore et je suis convaincue que vous allez être d'accord avec
moi.
Le Président (M. Paré): L'article 51 est
modifié par l'addition, après le deuxième alinéa de
l'alinéa suivant: "lorsque le niveau dans lequel se retrouve la personne
qui est nommée suite à un concours comprend un candidat
visé par l'application d'un programme d'accès à
l'égalité et que celui-ci n'est pas choisi, le sous-ministre ou
le dirigeant d'organisme doit transmettre au Conseil du trésor les
raisons pour lesquelles il n'a pas choisi celui-ci".
Mme LeBlanc-Bantey: C'est un ajout qui ne fait que reprendre la
procédure qui existe actuellement.
Dans les cas où dans le niveau il y a des personnes visées
par l'accès à l'égalité et qu'un sous-ministre ou
un gestionnaire ou un supérieur déciderait de ne pas prendre la
personne, il doit le justifier. Compte tenu qu'il n'y a pas d'obligation
stricte à prendre une personne visée par les clientèles
d'accès à l'égalité, il nous apparaissait que
c'était une mesure d'imputabilité. Il se pourrait aussi qu'un
gestionnaire dise: écoutez, moi, il y a une femme, par exemple, dans mon
niveau mais j'ai déjà 50% de femmes dans mon service; donc, mon
équilibre est atteint et je n'en ai pas besoin. Au contraire,
l'équilibre voudrait peut-être que je prenne un gars et c'est pour
cette raison - surtout chez des clientèles de soutien; cela ne se voit
pas chez les cadres et les professionnels qu'on n'avait pas voulu en faire une
obligation stricte. Mais on voulait, en même temps, que les gens dussent
se justifier s'ils ne prenaient pas les personnes, pour éviter de les
voir sombrer dans l'autre excès.
Le Président (M. Paré): L'amendement est-il
adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 51 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 52. M.
Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 52 est
modifié également. L'article 52 est modifié de la
façon suivante: premièrement, par le remplacement à la fin
de la troisième ligne du mot "aux" par le mot "au"; deuxièmement,
par la suppression de la dernière phrase et par l'addition d'un
deuxième alinéa qui se lit comme suit: "Lors de
l'intégration d'un fonctionnaire à une classe d'emploi nouvelle
ou modifiée, le sous-ministre ou le dirigeant de l'organisme lui
attribue un classement conformément aux conditions et modalités
fixées par le Conseil du trésor en vertu de l'article 76." (17 h
45)
Une voix: Pas encore le conseil;
Mme LeBlanc-Bantey: C'est compliqué, hein?
M. Bisaillon: J'ai vérifié et c'est
superfétatoire.
Mme LeBlanc-Bantey: De façon générale, c'est
le règlement sur le classement qui agit pour déterminer le
classement des gens sauf que, lors de l'intégration, il y a toujours une
entente spécifique faite avec le syndicat pour l'intégration et
qui n'est pas nécessairement celle prévue au règlement.
C'est pour cela qu'on le relie au Conseil du trésor qui fera les
ententes avec les syndicats à partir de maintenant.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix: Adopté.
Administrateurs d'État
Le Président (M. Paré): L'article 52 tel
qu'amendé est adopté. On passe maintenant à la section
III, Administrateurs d'État.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que je vais vraiment faire jouer
l'imputabilité.
Le Président (M. Paré): Article 53. Mme
LeBlanc-Bantey: Adopté?
M. Bisaillon: II en manque. Par rapport à l'avant-projet,
il en manque.
Mme LeBlanc-Bantey: II en manque, oui?
M. Bisaillon: Je vais adopter l'article 53, M. le
Président. Je veux cependant indiquer que c'est en désespoir de
cause parce que la commission spéciale dans ses recommandations avait
pris une autre orientation que je continue à croire valable. J'aurais
souhaité qu'on agrandisse les possibilités de
développement de carrière et qu'on laisse les postes de
sous-ministres adjoints faire l'objet de concours, pas qu'on laisse mais qu'on
innove - ce sont présentement des postes discrétionnaires -qu'on
fasse en sorte que les postes de sous-ministres adjoint soient des postes
ouverts à des concours de promotion.
Par ailleurs, j'aurai l'occasion de revenir sur la notion contractuelle
qu'on va retrouver ailleurs. Je me demande d'ailleurs pourquoi. C'est avec
déception que je vais adopter l'article 53.
Le Président (M. Paré): L'article 53 est
adopté.
M. Bisaillon: Adopté.
M. Rivest: Je ne pense pas qu'il y ait un autre article qui parle
de l'éthique.
Mme LeBlanc-Bantey: Des sous-ministres.
M. Rivest: Oui, des administrateurs d'État.
Mme LeBlanc-Bantey: Non; par ailleurs, rien n'empêche le
gouvernement - et c'est dans cette perspective qu'il y a un article qui
prévoit que le gouvernement peut, par règlement,
déterminer de nouvelles normes d'éthique - d'établir un
code d'éthique pour les administrateurs d'État. C'est une
réflexion qui a commencé à se faire ici et qui se
continue.
M. Bisaillon: Ils sont fonctionnaires.
Mme LeBlanc-Bantey: Pardon?
M. Bisaillon: Ils sont fonctionnaires.
Mme LeBlanc-Bantey: Ils sont soumis, bien sûr, aux normes
d'éthique qu'il y a là mais...
M. Rivest: Au sens de la loi, c'est la même chose?
Mme LeBlanc-Bantey: Ils sont soumis aux mêmes normes
d'éthique et deviennent fonctionnaires. S'il y a lieu d'en ajouter de
nouvelles, le gouvernement peut le faire par règlement.
M. Bisaillon: Ce n'est pas encore décidé mais, pour
l'instant, ils ont au moins les mêmes règles d'éthique que
les autres.
Mme LeBlanc-Bantey: II n'y a aucun
doute.
Le Président (M. Paré): Article 54? M.
Bisaillon: Cela va.
Le Président (M. Paré): Article 54,
adopté?
M. Rivest: Attendez une minute. Vous vous rappelez qu'on avait
parlé de concours à la commission.
Mme LeBlanc-Bantey: Le député de Sainte-Marie nous
l'a rappelé il y a deux minutes et demie.
M. Rivest: Tu l'as dit? Je n'avais pas écouté.
Qu'est-ce que vous lui avez répondu?
M. Bisaillon: ...
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai fait aucun commentaire.
M. Rivest: Cela veut dire quoi? Est-ce que cela veut dire que
vous acquiescez?
Mme LeBlanc-Bantey: Cela veut dire que mon projet de loi prouve
que je n'étais pas d'accord avec le député de Sainte-Marie
et les membres de la commission.
M. Bisaillon: Et le député de Jean-Talon.
Mme LeBlanc-Bantey: Et le député de Jean-Talon.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 54 est
adopté?
M. Rivest: II y a l'association des cadres, aussi, qui voulait
que ces gens-là soient exclus. En avez-vous également
parlé pendant ma minute d'inattention? Non?
Mme LeBlanc-Bantey: Non, mais j'ai tenu compte de tout cela
lorsque j'ai pris la décision.
M. Rivest: Louis Bernard va continuer dans le ménage.
Le Président (M. Paré): L'article 54 est
adopté. Adopté. Article 55?
M. Rivest: Pas de commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Paré): L'article 55 est
adopté. Article 56?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article...
M. Bisaillon: Un instant. C'est correct. Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
57?
M. Bisaillon: Un instant. Est-ce qu'il serait possible de traiter
des articles 57, 58, 59, 60, 61 dans un bloc pour avoir des précisions
sur leur portée? Après cela, on pourrait aller plus rapidement.
À l'article 57, on dit: "Le gouvernement peut, sur la recommandation du
premier ministre, attribuer un classement dans un autre corps d'emploi à
un administrateur d'État." Alors, je comprends par corps d'emploi que ce
serait, à toutes fins utiles, une rétrogradation. C'est cela
qu'on veut dire, sans dire rétrogradation? Pourquoi ce langage aussi
superbe lorsqu'il s'agit d'administrateurs d'État? C'est une
rétrogradation. Si c'est! vrai pour les autres...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est parce qu'il n'y a pas d'appel dans le
cas des...
M. Bisaillon: Bien, s'il est nommé directeur d'un office,
il est quand même administrateur d'État.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est parce qu'il n'y a pas d'appel ou de
recours tel que prévu pour les autres fonctionnaires dans le cas de
rétrogradation.
M. Rivest: C'est gênant, étant donné que
celui qui l'a nommé, c'est un grand monsieur de l'administration
publique...
M. Bisaillon: Je ne vois pas de grosse bataille là-dessus,
mais je veux juste vous souligner...
M. Rivest: ...il n'est pas pour le rétrograder.
M. Bisaillon: ...que ce mot semble abject lorsqu'il s'agit d'un
administrateur d'État...
M. Rivest: ...est puissant...
M. Bisaillon: ...et qu'on l'emploie allègrement dans le
cas des autres.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vous répète que
l'administrateur d'État n'a pas de droit de recours, ce qui
m'apparaît très important, contrairement à tous nos autres
employés.
M. Bisaillon: Donc, ne cachons rien, à plus forte raison.
En tout cas, peut-être que cela peut couvrir...
Mme LeBlanc-Bantey: Et selon ce que mon administrateur
d'État me dit...
M. Bisaillon: Je voudrais souligner en passant que, quant
à moi, une rétrogradation, ce n'est pas toujours négatif.
Il y a des rétrogradations qui sont positives et qui visent à
reprendre, dans un autre milieu, une carrière différente. Ce
n'est pas nécessairement perçu comme une punition; cela ne le
devrait pas, en tout cas. C'est peut-être perçu de même,
mais cela ne devrait pas nécessairement l'être. En tout cas, je
veux juste souligner cela. Les articles 58 et 59, cela va.
M. Tremblay: ...juste une question.
Le Président (M. Paré): Pardon, M. le
député de Chambly?
M. Tremblay: Est-ce que ce serait considéré comme
une rétrogradation que de nommer un administrateur d'État
président, par exemple, du conseil d'administration
d'Hydro-Québec?
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne le crois pas.
M. Bisaillon: Ce n'est pas un corps d'emploi de la fonction
publique.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais demander à...
M. Tremblay: Parce que l'article dit: dans un autre corps
d'emploi...
M. Bisaillon: De la fonction publique. On est dans la Loi sur la
fonction publique. Hydro-Québec, ce n'est pas la Loi sur la fonction
publique. Alors, quand on parle d'un corps d'emploi dans la fonction publique,
en haut des administrateurs d'État, il y a juste les ministres. Donc, si
on leur donne un autre corps d'emploi, cela va être forcément
à la baisse; à la baisse, cela s'appelle la
rétrogradation.
M. Rivest: Mais il ne faut pas le dire parce que c'est du monde
important.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est parce que rétrogradation
implique recours et qu'il n'y a pas de recours pour les administrateurs
d'État.
M. Bisaillon: Bien, pas nécessairement. Mesures
disciplinaires: Est-ce qu'il va y avoir, dans le cas des administrateurs
d'État, un recours?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui.
M. Bisaillon: Bon, où est-ce que cela va être
écrit?
Mme LeBlanc-Bantey: Si c'est un fonctionnaire, de par l'article
30, un fonctionnaire a droit à un recours sur les mesures
disciplinaires.
M. Bisaillon: Donc, c'est la même chose que les autres?
Une voix: Oui.
M. Bisaillon: Alors, sur la rétrogradation, il y avait un
recours pour les autres? On a appelé cela rétrogradation.
Mme LeBlanc-Bantey: Si cela avait été
identifié comme rétrogradation, il était clair que
l'administrateur d'État avait un recours. En le formulant comme cela, il
n'a pas de recours. C'est le sens de cela, dans le fond. Ce ne sont pas des
fioritures de langage.
M. Bisaillon: Pourquoi ne dit-on pas tout simplement: Dans le cas
d'une rétrogradation, l'administrateur d'État n'a pas de
recours?
Mme LeBlanc-Bantey: Ah! cela pourrait être mis comme
cela.
M. Bisaillon: Parce que, moi, je peux prétendre que
là il s'agit vraiment... Même si c'est formulé autrement,
quand bien même je dis... Supposons que cela est un pot d'eau. Quand bien
même je vous dirais que c'est le récipient qui contient... Cela va
être quand même un pot d'eau. Je parle de cela. Alors, tout
simplement ce qu'il faut dire, c'est que, dans le cas de la
rétrogradation, un administrateur d'État n'a pas de recours, si
c'est cela qu'on veut dire, si c'est cela l'objectif poursuivi.
Mme LeBlanc-Bantey: L'approche actuelle, c'est que, si le
gouvernement nomme de façon discrétionnaire quelqu'un
administrateur d'État, il est normal qu'il puisse de façon aussi
discrétionnaire le renommer à un autre classement.
M. Bisaillon: Oui, on est parfaitement d'accord. Qu'on se
comprenne bien, je ne suis pas en désaccord. La seule chose que je vous
dis, c'est que vous ne le dites pas, vous ne dites pas ce que vous voulez dire.
Vous n'appelez pas les choses par leur nom. Or, vous me dites que vous l'avez
formulé de cette façon-là pour ne pas permettre de
recours. Si on avait utilisé rétrogradation, l'administrateur
d'État étant un fonctionnaire, il aurait eu droit à un
recours. Alors, si votre objectif, c'est de ne pas permettre de recours
à l'administrateur d'État au moment de la rétrogradation,
bien, disons-le comme cela.
Ma dernière question porterait sur l'article 61. Je voudrais
avoir la portée... On dit: "Dans la mesure où elles sont
conciliables avec le présent chapitre..." Je voudrais me faire
expliquer pourquoi on a mis cela, pourquoi on a mis: "Dans la mesure où
elles sont conciliables avec le présent chapitre..."
Deuxièmement, on dit: Les dispositions des autres chapitres s'appliquent
aux administrateurs, sauf les articles 14 à 20. Je veux que vous
m'expliquiez la portée de cela. Moi, j'en conclus qu'ils n'ont pas la
permanence.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez tort.
M. Bisaillon: Alors, vous allez m'expliquer cela. C'est ma
question.
Mme LeBlanc-Bantey: En fait, la permanence serait acquise
à l'entrée d'un administrateur d'État sur la base de
l'article 60 qui, lui, explique que cela prend une cause juste et suffisante,
au fond, pour congédier un administrateur d'État, et il a un
recours sur son congédiement dans l'article 30. C'est par
inférence.
M. Bisaillon: Répétez-moi la dernière
partie.
Mme LeBlanc-Bantey: Le gouvernement peut congédier, pour
une cause juste et suffisante, et il y a un recours à l'article 30
contre ce congédiement.
M. Bisaillon: Oui, cela va.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est dans le sens que, à partir de
cela, il acquiert la permanence dès qu'il entre en fonction.
M. Bisaillon: Alors, pourquoi enlève-ton les articles 14
à 20?
Mme LeBlanc-Bantey: L'article 14 est celui qui parle d'un stage
probatoire et il n'y a pas de stage probatoire prévu pour un
administrateur d'État.
M. Bisaillon: J'ai une autre question. Un fonctionnaire qui a
été recruté, qui a subi un concours et qui est
accepté, fait son stage probatoire de six mois; il devient permanent
temporaire jusqu'à ce qu'il ait complété deux ans; il
complète les deux ans et, au bout de cinq ans, on le congédie
pour une cause juste et suffisante. Ce fonctionnaire aura droit à un
recours en vertu de l'article 30, n'est-ce pas? Le fonctionnaire va
être...
Mme LeBlanc-Bantey: Le fonctionnaire ne peut plus être
congédié pour une cause juste et suffisante. Il peut être
congédié simplement pour incompétence, incapacité
professionnelle ou mesures disciplinaires.
M. Bisaillon: C'est cela qu'on appelle des causes justes et
suffisantes. Cela en est. Alors, c'est la même chose. Pourquoi n'y a-t-il
pas de stage probatoire?
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement, la question se pose et je vais
y répondre très ouvertement.
Il faut quand même admettre que les sous-ministres n'ont pas
certains recours auxquels ont droit tous les fonctionnaires. On va prendre
entre autres la rétrogradation, que vous avez mentionnée.
La décision a été prise par le gouvernement
à la suite de la réflexion suivante: Compte tenu de la situation
névralgique dans laquelle sont toujours les sous-ministres, qui sont les
administrateurs d'État les plus imbriqués ou les plus à
cheval entre l'administratif et la politique, et compte tenu d'une
réaction tout à fait traditionnelle au Québec -
j'espère qu'elle changera, je pense qu'elle est en train de changer
parce qu'on développe présentement un corps d'administrateurs
d'État de plus en plus dépolitisés, ce qui fait qu'un
gouvernement maintenant peut très bien travailler avec des
administrateurs d'État qui ont été sous l'administration
précédente, sans, a priori, penser qu'ils sont tous
nécessairement vendus à l'option adverse...
M. Bisaillon: C'était vrai avant 1976 aussi.
Mme LeBlanc-Bantey: C'était vrai avant 1976 aussi. Non, je
dis qu'on est en train, je ne fais pas de lien et je pense qu'avant 1976 il y a
eu effectivement des administrateurs d'État qui étaient reconnus
d'allégeance péquiste, qui ont travaillé sous
l'administration libérale et qui ont sans doute fait un excellent
travail. De la même façon qu'il y en a sous notre administration
qui vivent les mêmes circonstances...
Une voix: Nommez-les! (18 heures)
Mme LeBlanc-Bantey: On en a eu un qui a même poussé
l'audace jusqu'à se présenter aux dernières
élections.
Une voix: Qui?
Mme LeBlanc-Bantey: Cela ne veut pas dire que, jusque là,
il n'a pas fait un bon travail. Je ne suis pas en mesure de l'évaluer.
C'était une disposition qui voulait éviter qu'en cas de
changement de gouvernement, des administrateurs d'État soient
complètement ostracisés et soient automatiquement foutus à
la porte, quand ils étaient entrés peut-être après
avoir abandonné travail très rémunérateur ailleurs.
Ils avaient quand même pris une décision en fonction d'une
certaine permanence, pas comme administrateurs d'État, mais dans la
fonction publique, ce qui est un des éléments importants
pour aller recruter des administrateurs d'État. C'est vrai que les
administrateurs d'État sont généralement mieux
payés que l'ensemble des employés.
Par ailleurs, par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le
privé, ou même au gouvernement fédéral, on a une
certaine difficulté de recrutement au niveau du gouvernement du
Québec concernant les administrateurs d'État, parce que les
conditions de salaire sont beaucoup moins avantageuses en comparaison avec plus
du secteur privé et au gouvernement canadien pour les niveaux
comparables de travail.
Or, cette mesure est peut-être prévue comme une mesure de
sécurité, pour éviter que, si un gouvernement avait besoin
d'administrateurs d'État, disons à un an ou à un an et
demi d'une échéance électorale, l'administrateur
d'État puisse accepter le poste sans penser qu'il risque d'être
automatiquement foutu à la porte quand une nouvelle administration
viendrait, parce qu'elle pourrait le taxer d'être venu aider une
administration qui n'avait pas la même allégeance politique.
Je pense que, encore là, c'est une prudence qui se reflète
dans d'autres articles de la loi, par rapport à d'autres
catégories d'employés.
Le Président (M. Paré): Est-ce que cela
répond à vos questions, M. le député de
Sainte-Marie?
M. Bisaillon: Pas tout à fait, M. le Président. On
pourra revenir sur le sujet au retour. Je voudrais indiquer qu'à
l'article 57, s'il y avait possibilité avant qu'on ne revienne, de
rédiger un article qui dise vraiment ce dont on parle, tout en indiquant
ce qu'on veut faire, c'est-à-dire empêcher les recours aux
administrateurs d'État dans ces circonstances-là, cela me
satisferait.
Les articles 58, 59 et 60 me conviennent. On reparlera de l'article 61
lorsqu'on reviendra.
Le Président (M. Paré): Donc, on reprendra à
l'article 57. Comme il est maintenant passé 18 heures, les travaux sont
suspendus jusqu'à 20 heures.
(Fin de la séance à 18 h 2)