Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Wednesday, November 27, 2024
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Vol. 47 N° 61
Clause-by-clause consideration of Bill 75, an Act to give effect to fiscal measures announced in the Budget Speech delivered on 12 March 2024 and to certain other measures
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Simard) : ...très
chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. Je constate que nous avons
quorum, notre commission peut donc entreprendre ses travaux.
Comme vous le savez, nous sommes réunis
aujourd'hui afin d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 75,
Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur
le budget du 12 mars 2024 et à certaines autres mesures.
M. le secrétaire, bonjour. Y a-t-il des
remplacements aujourd'hui?
Le Secrétaire : Aucun
remplacement, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, comme le veut la tradition, nous allons débuter avec nos remarques
préliminaires. Et, d'entrée de jeu, je cède la parole à... au ministre des Finances,
qui dispose de 20 minutes pour ce faire.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, bonjour, M. le Président, et j'aimerais remercier la collaboration de...
de tous les partis d'opposition, qui nous permettent d'entamer rapidement l'étude
du projet de loi n° 75, puisque ce qui était prévu, c'était de poursuivre
le projet de loi n° 80. Alors, merci pour toute la flexibilité que vous
témoignez.
Aujourd'hui, nous allons discuter de
plusieurs mesures fiscales qui étaient dans le budget 2024-2025, et, pour une
fois, je vais faire de la publicité d'un document qui accompagne toujours le
budget, et qui est rarement lu. Ce sont les renseignements additionnels, et ce
qu'on va couvrir aujourd'hui est beaucoup dans les pages A-17, mesures
relatives aux entreprises fiscales... alors, de la page A-17 à la page A-37.
Alors, pour les amateurs de finances publiques et de fiscalité, c'est bon de
savoir ça, parce que, quand même, les renseignements additionnels, là, ce n'est
pas le document pour lequel les... les foules courent la Journée du livre
québécois, là, O.K., puis là on sait qu'il y a plusieurs salons du livre de ces
temps-ci là. Les... les renseignements additionnels du budget sont disponibles
gratuitement, M. le Président. Mais j'y vais avec mon discours, c'est déjà trop
long comme introduction.
M. le Président, je soumets à la
Commission des finances publiques, pour l'étude détaillée, le projet de loi n° 75,
intitulé Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du
discours sur le budget du 12 mars 2024 et à certaines autres mesures.
J'aimerais présenter aux membres de la
commission les personnes qui m'accompagnent. Me Isabelle Blanchet, directrice
principale de la rédaction des lois chez Revenu Québec, n'est-ce pas? Oui? O.K.
Me Amélie Chaput, directrice de la rédaction des lois, secteur fiscal. Bonjour.
Me Marie-Hélène Poulin, légiste. Bonjour. Me Mireille Bouchard, légiste.
Bonjour. Me Samuel Charest, légiste. Bonjour. Me...
11 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...François
Lagacé, légiste, bonjour, et Me Paul Morin, légiste aussi. Bonjour, M. Morin.
Alors, tous ces experts-là seront disponibles, M. le Président, pour s'assurer
qu'on comprenne tous bien ce sur quoi on discute et auront l'occasion de voter,
je l'espère, aujourd'hui.
• (11 h 30) •
Le projet de loi no 75, dont nous
allons faire l'étude, a été présenté le 7 novembre 2024 et a fait l'objet
de l'adoption du principe le 19 novembre 2024. Alors, on voit que le
rédacteur du discours a un faible pour la chronologie des événements, M. le
Président. Ce projet... Ce projet de loi contient 223 articles. Il modifie
10 lois, dont la Loi sur les impôts, la Loi sur la taxe de vente du Québec
ainsi qu'un règlement. Les légistes de Revenu Québec ont préparé deux documents
afin de faciliter l'étude du projet de loi. Il s'agit de la liste des sujets et
du recueil des notes techniques détaillées et, moi, j'ajoute les renseignements
du budget. La liste des sujets et des documents avec lequel nous vous proposons
l'étude du projet de loi, ce document décrit les principaux sujets contenus
dans le projet de loi. Chacun est en résumé accompagné d'une liste des
dispositions législatives qu'il édicte, remplace ou modifie.
Le deuxième document, soit le recueil des
notes techniques détaillées, comprend l'ensemble des dispositions du projet de
loi no 75, accompagné des notes explicatives et des références aux
autorités. Celui-ci est préparé en support à l'analyse du projet de loi. Enfin,
M. le Président, par souci d'efficacité et compte tenu de la façon habituelle d'étudier
un projet de loi de nature fiscale, je propose aux membres de cette commission
de procéder à l'étude du projet de loi no 75 par sujet, M. le Président,
plutôt que par appel de chacun de ses articles. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le ministre. Et nous prenons bonne note de votre proposition. Je
cède maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à tous d'être présents ici aujourd'hui pour
pouvoir répondre à nos questions. On va en avoir, des questions. On reste en
fait très précis sur la forme et le contenu de nos questions parce que
plusieurs de ces mesures-là ont des effets de ralentissement en termes de
stimuli économiques dans un environnement où, là, on n'est évidemment pas à l'abri,
et on ne l'a pas été, évidemment, durant la dernière année, de ralentissements
économiques. Plusieurs de ces mesures-là engagent des coûts additionnels puis
certaines de ces mesures-là font générer des économies au gouvernement. Donc,
on veut comprendre l'ensemble de ces détails.
Puis je pense que c'est important. C'est
important pour tous les gens qui nous écoutent de comprendre les implications
au niveau fiscal des mesures prises par le gouvernement. Ça nous aide
évidemment à la gestion, là, des finances publiques. Comprendre aussi certains
de ces mécanismes-là peut aussi mettre un peu de lumière, évidemment, dans l'explication
puis la compréhension des citoyens qui nous écoutent.
Donc, c'est avec cette perspective-là que
nous allons élaborer nos questions. Et je fais juste regarder mes notes, M. le
Président, je vais en avoir quelques-unes. Donc, bien heureux d'avoir ces
équipes avec nous. Et puis on a hâte de commencer. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Y aurait-il d'autres membres de la commission qui
souhaitent intervenir à ce stade-ci? Sans quoi nous allons procéder à l'étape
des motions préliminaires. Quelqu'un souhaite-t-il déposer une motion
préliminaire? Alors, nous allons poursuivre. Nous en sommes rendus à l'étude
détaillée. Et comme nous le proposait le ministre, j'aurai donc besoin du
consentement des membres de la commission, nous pourrions procéder selon le
plan de travail qui vous a été remis en début de séance. Et donc j'aurais
besoin de votre consentement pour que nous pussions fonctionner selon cette
feuille de bingo et que nous puissions également, avec votre consentement,
voter en bloc chacun des sujets à l'étude. Il y a consentement. Très bien.
Alors, nous... nous allons procéder, M. le ministre. Nous allons tout de suite
entamer l'étude du sujet 1 concernant les articles 162 à 169.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Et donc j'y vais. Peut-être un point supplémentaire, là. Évidemment, en nature
fiscale, les mesures sont déjà en vigueur lors de l'annonce et c'est par la
suite qu'on adopte les lois. Mais c'est différent d'un omnibus budgétaire, là.
Il faut que tout soit...
M. Girard (Groulx) : ...conscient
que nous sommes dans un omnibus fiscal où les mesures qui sont annoncées par
bulletin deviennent effectives au moment de l'annonce, puis je pense que c'est
un point de distinction important avec ce qu'on a fait hier.
Alors j'y vais. Crédit d'impôt relatif à
l'investissement et à l'innovation, premier sujet. Le crédit d'impôt relatif à
l'investissement et à l'innovation est accordé à une société qui acquiert,
après le 10 mars 2020 et avant le 1ᵉʳ janvier 2025, du matériel de fabrication
de transformation du matériel informatique ou certains progiciels de gestion.
Il est calculé sur les frais engagés pour l'acquisition de tels biens. Ces
frais ne peuvent toutefois excéder un plafond cumulatif de
100 millions de dollars, calculé pour une période de cinq ans.
Initialement, le taux de crédit d'impôt,
lorsque nous l'avons créé en mars 2020, était de 10 %, 15 % ou
20 % selon que le bien a été acquis pour être utilisé principalement dans
un territoire à haute vitalité économique, à vitalité économique intermédiaire
ou à faible vitalité économique. Ces taux sont passés à 20 %, 30 % et
40 % à l'égard des frais d'acquisition engagés après le 25 mars 2021
et devaient revenir à leur valeur initiale à compter du 1ᵉʳ janvier 2024.
Le crédit d'impôt auquel a droit une
société pour une année d'imposition est remboursable en tout ou partie si son
actif et son revenu brut sont inférieurs à 100 millions de dollars.
Modifications proposées : Il est
proposé de prolonger ce crédit d'impôt pour une période de cinq ans, de sorte
qu'il puisse être accordé à l'égard d'un bien acquis avant le 1ᵉʳ janvier
2030. Il est également proposé qu'à l'égard des frais engagés à compter du 1ᵉʳ janvier
2024, le taux de ce crédit d'impôt passe à 15 %, 20 % ou 25 % selon
l'indice de vitalité économique du territoire dans lequel le bien est utilisé.
Enfin, il est proposé de rendre ce crédit
d'impôt entièrement remboursable pour toutes les sociétés et de faire en sorte
que la période pour laquelle le plafond cumulatif de 100 millions de
dollars est calculé passe de cinq à quatre ans.
Et j'aurais quelques détails additionnels
que je vais aller donner. Est-ce que vous permettez que je donne des
informations supplémentaires?
Le Président (M. Simard) : Absolument,
vous avez tout le temps nécessaire, tout le temps nécessaire.
M. Girard (Groulx) : Les
territoires à faible vitalité économique correspondant à l'agglomération de La
Tuque, la ville de Shawinigan et aux municipalités régionales du comté d'Antoine-Lebel,
d'Argenteuil, d'Avignon, de Bonaventure, de Charlevoix-Est, de la Côte-Nord, de
la Gaspésie, la Matanie, Matapédia, La Mitis, Vallée-de-la-Gatineau,
Maria-Chapdelaine, Maskinongé, Matawinie, Mékinac, de Papineau, de Pontiac, de
Témiscamingue, Témiscouata, des Appalaches, des Etchemins, des sources du
Domaine-du-Roi, du golfe du Saint-Laurent et du Rocher-Percé. Alors, ça, c'est
ceux qui ont le gros taux. Les territoires à haute vitalité économique sont
ceux de la Communauté métropolitaine de Montréal et de Québec. Alors, grandes
villes, petit taux, MRC défavorisées, gros taux. Tous les autres, taux moyen.
Ensuite, on dit que le crédit d'impôt tel
que modifié soutiendra environ 10 000 entreprises dans la réalisation
d'un investissement innovant et le coût, l'impact financier de cela, M. le
Président, c'était donné dans le budget 2024-2025, puis je sais que mon
collègue a dit que certains des sujets que nous allions étudier aujourd'hui
amenaient des revenus au gouvernement, et c'est vrai, ou, en fait, c'est moins
de dépenses, là, parce qu'on réduit des crédits d'impôt. Mais celui-ci,
l'impact de cette mesure, la prolongation et la bonification du taux, puisque
le taux devait diminuer, le coût est de 1,3 milliard sur cinq ans. Et ça
commence doucement, M. le Président, en 2024-2025, 37 millions, mais ça
touche rapidement 440 millions en 2026-2027, et 590 millions en
2027-2028...
M. Girard (Groulx) : Alors,
c'est... Dernier point, on avait beaucoup de crédits d'impôt à
l'investissement. On a décidé qu'en bas de 100 millions, crédit d'impôt...
100 millions d'investissements, crédit d'impôt à l'investissement; en haut
de 100 millions, congé fiscal pour grands projets d'investissement. Alors,
c'est comme si on a simplifié la structure de nos crédits d'impôt : un
crédit d'impôt à l'investissement, un congé fiscal pour grands projets
d'investissement. Voilà. Je m'arrête ici, M. le...
• (11 h 40) •
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le ministre. Alors, je cède la parole au porte-parole de
l'opposition officielle.
M. Beauchemin : Bien, merci
beaucoup, M. le Président. Merci, M. le ministre, pour votre explication.
C'est quoi, le processus que vous avez eu
pour en arriver à élaborer la nouvelle plateforme de taux de 15, 20, 25, quand
initialement, là, quand ça a été mis en place, c'était 10, 15, 20? Pourquoi,
quand on est passé de... des taux de COVID, si on peut dire, 20, 30, 40,
pourquoi êtes-vous retourné à 15, 20, 25, versus à retourner à ce que c'était
initialement?
M. Girard (Groulx) : En fait,
alors, on avait bonifié les taux pour... D'abord, créé en 2020, ensuite on
bonifie les taux pour... Lorsqu'on l'a créé, en 2020, le budget a été réalisé
pré... la déclaration de l'urgence sanitaire par l'Organisation mondiale de la
santé, donc on avait des taux. Après, postpandémie, on bonifie les taux et puis
là il y a expiration. Donc, on retournerait aux petits taux, et même on
perdrait le congé. Mais on a décidé d'avoir les mêmes taux que pour le congé
fiscal de grands projets d'investissement. Alors, on a la même structure de
taux.
Cette nouvelle structure de taux, là, puis
là je ne veux pas me tromper, la nouvelle structure de taux, c'est 15, 20, 25,
mais c'est la même que pour le congé fiscal grands projets d'investissement.
Alors, on a le même concept où... toujours plus facile de faire des
investissements, Montréal, région de la Capitale-Nationale, petit taux; un
biais bonification de taux pour les régions et bonification extra pour les MRC
défavorisées.
M. Beauchemin : Mais, juste
pour que je comprenne, donc, c'est parce que, donc, dans les grands projets
d'investissement, c'était déjà 15, 20, 25? C'est ça?
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais il est... C'est comme si... Celui-ci a été modifié... La modification au
congé fiscal du grand projet d'investissement a été faite, je crois, au budget
2023-2024. Alors, on a harmonisé nos structures de taux et nos indices de
vitalité MRC. Cohérence.
M. Beauchemin : O.K. En le
rendant donc remboursable, l'effet qu'on diminue... crédit d'impôt, là, selon
vous, ça va compenser financièrement le net dans les poches du monde, là,
entièrement, à peu près, selon vous, ou... par rapport à ce que c'était avant?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est sûr qu'un crédit d'impôt remboursable, c'est plus simple que non
remboursable. Pour bénéficier d'un crédit d'impôt non remboursable, il faut
payer de l'impôt. Alors, on a... j'ai dans mes notes, là, que sur les
10 000 entreprises qui vont en bénéficier, il y en a 1 000 qui
ne l'auraient... qui n'en auraient pas... il y en a 1 000 des 10 000
qui bénéficient de cette conversion de non remboursable à pleinement
remboursable.
M. Beauchemin : D'accord.
Puis l'effet... je n'ai pas le bon terme, per capita, si on peut dire, est
relativement neutre à cause de, justement, l'effet remboursable, ou... Là, on
en a 1 000 de plus qui en profitent.
M. Girard (Groulx) : Si... On
peut le dire, que ça fait plus d'investissements, c'est plus généreux. On en
aurait 9 000 au lieu de 10 000.
M. Beauchemin : Et puis quand
vous parliez tantôt de 1,3 milliard...
M. Girard (Groulx) : Ça,
c'est le coût de la dépense fiscale, et non les investissements générés.
M. Beauchemin : C'est ça, sur
cinq ans. Ça fait que le 1,3 milliard sur cinq ans va stimuler donc...
Est-ce qu'on a estimé, grosso modo, combien de projets...
M. Girard (Groulx) : Oui. Là,
il faudrait aller dans les textes du budget, Mais c'est sûr que, si on prend un
taux moyen puis on prend un coût de 1,5 milliard de coûts, alors, si je
divise 1 par 0,15 sur mon téléphone, 1 divisé par 0,15... Excusez-moi.
Le Président (M. Simard) : On
le fait en même temps que vous, M. le ministre. Premier qui le trouve!
M. Girard (Groulx) : Ça donne
quelque chose comme 6,7 milliards d'investissements générés sur la période
cinq ans. Alors...
M. Girard (Groulx) : ...le...
le multiplicateur économique de ça, bien, c'est toujours une question...
combien de ces investissements là se seraient faits sans crédits d'impôt.
Mais... mais l'impact marginal de plus de 6 milliards d'investissements,
c'est extrêmement positif.
M. Beauchemin : Puis est-ce
qu'on a «benché» ça... ou comparé — excusez — ça à ce qui
se passe, par exemple, en Ontario? Est-ce qu'il y a un programme équivalent en
Ontario?
M. Girard (Groulx) : ...mais
nos mesures fiscales sont... sont toujours faites avec un... un souci de nos...
Bon, alors, on ne pourra pas m'accuser de ne pas être un ministre conservateur.
On me dit que c'est 13 milliards d'investissements qui vont être générés
pour les cinq prochaines années. J'étais à 50 % de l'estimé. Merci.
M. Beauchemin : Mais
j'aimerais comprendre... Parce que je... je comprenais la logique du ministre, là,
de prendre 1 divisé par 0,15.
M. Girard (Groulx) : ...0,15,
mais ça veut dire qu'il y a...
M. Beauchemin : Ça fait que
là, on ferait 1 divisé par, peut-être, le taux plus petit. Ça fait que
pourquoi...
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais ça veut dire aussi qu'il y a probablement des investissements plus grands
que toute... que 100 % de la portion de l'investissement n'est pas
nécessairement éligible, ou il y a des investissements au-delà de
100 millions de dollars, puis là ce qui est au-delà de
100 millions n'est pas éligible. Mais l'estimé, c'est qu'on... il y
aura... la prolongation va donner 13 milliards d'investissements dans les
cinq prochaines années.
M. Beauchemin : ...qu'on a
une idée, quand on... Parce que, c'est vrai, là, la façon de comparer, c'est...
Si on n'avait pas ce programme-là, combien d'investissements aurions-nous eus?
Est-ce qu'on est capables de mesurer le delta entre les deux, là?
M. Girard (Groulx) : C'est...
c'est difficile...
M. Beauchemin : C'est
positif, c'est certain.
M. Girard (Groulx) : ...mais
on regarde la... la compétitivité de nos mesures. C'est certain que... Vous
savez, au Québec, on a des impôts corporatifs qui sont élevés. Lorsqu'on somme
impôt des corporations puis taxes sur les masses salariales, indéniablement, la
structure du fardeau fiscal des entreprises québécoises est élevée. Ce qu'on
essaie de faire — puis là, je vais appeler ça le contrat social, M.
le Président — c'est que nous essayons de réduire le taux marginal
sur les nouveaux investissements. Alors, on essaie d'encourager les entreprises
à investir. Les nouveaux investissements bénéficient d'un taux de taxation
beaucoup plus compétitif que... que le taux corporatif global ou sur les
revenus des opérations déjà en place. Alors, c'est un choix qu'on fait.
Et, oui, on compare le taux effectif
marginal sur les nouveaux investissements avec les... les entités régionales
qui nous entourent puis la concurrence, et, en général, le Québec est très
compétitif sur le taux... le TEMI, le taux effectif marginal d'imposition sur
les nouveaux investissements. On est très compétitifs, mais notre structure
d'imposition corporative, elle, est élevée.
M. Beauchemin : Moi, je suis
un investisseur étranger, j'arrive, je regarde pour peut-être faire un
investissement au Québec, je suis attiré par cet aspect-là de ce nouvel
investissement là.
M. Girard (Groulx) : ...c'est
très attrayant.
M. Beauchemin : Exact, être
attiré par ça. Puis, de façon comparable, par rapport à l'Ontario, je ne peux
pas avoir... Vous n'avez peut-être pas la réponse, là, mais l'idée, c'est
d'obtenir... Comme, le calcul, on est 3 %, 4 %, 10 % plus
compétitifs, fiscalement, pour les nouveaux investissements. Ça, c'est une chose.
Mais, à long terme, on va rentrer la taxe salariale, évidemment, là, on va
rentrer tous ces éléments-là dans la... la valeur actualisée de
l'investissement avant de prendre la décision, c'est sûr et certain. Ça fait
que... est-ce qu'au net ça se trouve à être pour les nouveaux investissements?
Pas ceux qui sont déjà en place, pas déjà pour les... les acteurs économiques
québécois qui... qui ronronnent, si on peut dire, déjà, en ce moment, O.K. Mais
pour les nouveaux investissements, est-ce qu'eux, en faisant l'ensemble du
calcul en valeur actualisée, en dollars d'aujourd'hui... est-ce qu'on a fait
une modélisation pour voir s'ils vont être indifférents à long terme, de le
faire au Québec ou à... par rapport à l'Ontario, par exemple?
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais il y a... il y a la chaire en fiscalité qui fait des travaux comme ça, qui
compare les taux effectifs marginaux d'imposition, et, effectivement, le Québec
est très compétitif. Alors, ici, pour les entreprises québécoises, on les
incite à investir dans des projets tels que le matériel informatique,
progiciels de gestion puis matériel de transformation. Alors, tout ce qui est
robotisation...
M. Girard (Groulx) : ...informatisation,
je ne sais pas si c'est un mot, transformation informatique. On... Les
entreprises existantes, on les encourage à investir. Puis, si on parle
d'entreprises étrangères qui viendraient par exemple pour un seul projet puis
qui regardent... mettons, une compagnie américaine qui regarde, qui veut
bénéficier des matériaux critiques et stratégiques du Canada, puis là, il
regarde Ontario, Canada, là, généralement, ces grands projets-là, c'est le
congé fiscal pour grands projets d'investissement. Parce que là, on parle de
nouveaux projets à haute teneur de capital intensif, ça va excéder
100 millions, congé fiscal pour grands projets d'investissement.
• (11 h 50) •
M. Beauchemin : O.K. Donc, ce
que... Cette mesure-là n'aura pas une si grande influence sur les plus petits
projets venant de l'extérieur qui veulent s'installer au Québec... ou elle en a
une, mais c'est moins... Je comprends ce que vous dites, là, les plus gros
projets, c'est sûr et certain, c'est un autre programme. Ça, je le vois,
mais...
M. Girard (Groulx) : Cette
mesure-là vise beaucoup la transformation, l'évolution des entreprises
existantes, plus que la création d'entreprises ou de nouveaux projets.
M. Beauchemin : On parle
entre nous, là, puis c'est... c'est vraiment juste parce qu'on a cette
opportunité-là. Ça n'aurait pas été beaucoup plus simple de juste revisiter
l'ensemble puis simplifier le tout pour faire en sorte qu'il n'y ait pas besoin
d'avoir une brique épaisse de modulations de projets de loi pour en arriver à
finalement essayer de produire quelque chose qui, au final, serait aussi
compétitif, peut-être un peu plus, sans avoir à payer plus à gauche, payer
moins à droite? Le net des deux finalement fait en sorte que c'est compétitif.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mais ce n'est pas exactement les mêmes biens. Le congé fiscal de grands projets
d'investissement, on parle de dépenses en capital, on parle de créer une mine,
une usine de transformation, de faire une aluminerie, congé fiscal pour grands
projets d'investissement, O.K. C'est des... C'est des projets intensifs en
capital. Ici, on est plus dans ce qu'on appelle les intangibles, O.K.., comme
la transformation de la productivité d'une entreprise en adoptant de nouveaux
logiciels de production. On est beaucoup plus dans les investissements
intangibles. Tandis que le congé fiscal de grands projets d'investissement, on
est dans ce que traditionnellement on appellerait, là, des dépenses en capital,
le «building and material.» C'est... Dans la catégorie Investissement de
Statistique Canada, là, tu as matériel et immobilisations. Si je sursimplifie,
le congé fiscal pour grands projets vise immobilisations, et ici, on vise
propriété intellectuelle intangible matérielle.
M. Beauchemin : Bien,
j'apprécie beaucoup, M. le ministre. Parce que je comprends... je comprends ce
que vous dites, puis je le vois, je fais juste, peut-être... je rêve,
peut-être, du jour où est-ce que toute la fiscalité québécoise serait beaucoup
plus simplifiée pour l'ensemble de nos entreprises, peu importe le département
dans lequel elles voudraient jouer, là. Puis c'est... c'est, un petit peu,
l'objectif de ma question. Parce qu'en bout de piste, quand on parle d'un
projet de propriété intellectuelle en deçà de 100 millions de dollars
ou l'ouverture d'une grande mine dans le Nord québécois, c'est deux types de
projets différents. Je le comprends. C'est juste que, bon, on a un ensemble de
règles pour les plus petites, puis ça, c'est correct, où, finalement, la masse
salariale va être plus dispendieuse. Au net, là, pas juste pour le projet de
créer une nouvelle façon de faire ou un nouveau produit, là, c'est vraiment une
addition de produits de propriété intellectuelle. Ça, je le vois. C'est juste
que je me dis : Il n'y a pas place ici justement à, peut-être, simplifier
le tout pour que ce soit plus transparent?
M. Girard (Groulx) : Bien, on
a... on a simplifié parce qu'on n'en a plus que deux, O.K. Déjà, là, le fait
qu'en bas de 100 millions, CIII, en bas... en haut de 100 millions,
congé fiscal, c'est déjà une simplification de la fiscalité québécoise. Alors,
est-ce qu'un jour un autre gouvernement, un autre ministre va fusionner ces
deux crédits d'impôt là? Puis, à ce moment-là, il faudrait avoir les mêmes
caractéristiques, remboursable, non remboursable. Puis on sait que, dans le
congé fiscal, on a une notion, là, de remboursement, justement, de taxe sur la
masse... Ce n'est pas... Ce n'est pas la même structure. Le... Je ne
surprendrai personne...
M. Girard (Groulx) : ...mais
le congé fiscal pour grands projets, il a la notion de congé fiscal,
c'est-à-dire qu'il présume que tu paies... que tu paierais de l'impôt, tu
paierais de la taxe sur la masse salariale et, grâce à ce congé-là, on réduit.
M. Beauchemin : Je comprends,
en fait, c'est ça, c'est...
M. Girard (Groulx) : En fait,
le gros... Les grands projets, il faut que tu paies de l'impôt.
M. Beauchemin : Je comprends.
Le questionnement que j'avais, c'est d'intégrer, par exemple, le taux
d'imposition corporatif, d'intégrer la taxe sur la masse salariale avec ces...
M. Girard (Groulx) : En toute
humilité, on n'est pas rendu là.
M. Beauchemin : C'est un
projet mastodonte qui devrait être considéré. Voilà. Ça répond à mes questions,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : D'autres
interventions sur ces articles? Sans quoi nous allons procéder à la mise aux
voix. Est-ce que les articles 162 à 169 sont adoptés?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : M.
le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre : ...
Le Président (M. Simard) : Par
appel nominal.Alors, M. le secrétaire, veuillez procéder, je vous prie.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire
: M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire
: M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Pour
Le Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire
: M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Contre.
Le Secrétaire
: M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire
: M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Conséquemment, les articles 162 à 169 sont adoptés et nous passons au sujet
numéro 2, l'article 95. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Sujet 2, M. le Président, Abolition de la déduction additionnelle pour
amortissement de 30 %.
«Un contribuable peut bénéficier d'une
déduction additionnelle pour amortissement à l'égard de l'acquisition, après le
3 décembre 2018, de matériel de fabrication ou de transformation, de matériel
électronique universel, de traitement de l'information, de matériel de
production d'énergie propre ou d'une propriété intellectuelle relative à une
innovation ou une invention.»
«Cette déduction additionnelle correspond
à 30 % du montant déduit par le contribuable à titre d'amortissement de
base à l'égard du bien pour l'année d'imposition précédente. Il est proposé
d'abolir la déduction additionnelle de 30 % à l'égard des biens acquis
après le 31 décembre 2023. L'abolition de la déduction additionnelle pour
amortissement de 30 % représente une réduction des dépenses fiscales de
287 millions de dollars sur cinq ans.»
Et ça, évidemment, ça s'est fait en
coordination avec l'abolition de l'amortissement accéléré fédéral. Est-ce que
vous pourriez donner cette précision?
O.K. En raison des modifications apportées
au crédit d'impôt relatif et à l'innovation dans le cadre du présent bulletin
qui cible essentiellement les mêmes types d'investissement que la déduction
additionnelle pour amortissement de 30 %, cette déduction additionnelle
sera abolie.
Alors, on vise les mêmes biens, M. le Président,
que dans le premier point. Dans le premier point, j'avais souligné qu'il y
avait un coût de 1,3 milliard sur cinq ans. Et ici on visait les mêmes biens et
la valeur était de 287 millions sur cinq années. Ça fait qu'on vise les mêmes
biens.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Y aurait-il des commentaires, cher collègue de Marguerite-Bourgeoys?
M. Beauchemin : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, peut-être juste pour comme simplifier ça,
encore une fois, avec l'optique des gens qui nous écoutent, là, on se trouve
donc, somme toute, à ralentir l'amortissement un peu. Je peux le résumer comme
ça.
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
que ça, c'est un amortissement bonifié. Alors, si l'amortissement... C'est un
amortissement modifié, ça, c'était pour les deux premières années, hein,
30 % a été réparti sur les deux premières années.
M. Beauchemin : Exact.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Oui,
précisez, excusez, un ou l'autre.
Le Président (M. Simard) : Alors,
y aurait-il consentement afin qu'un intervenant puisse intervenir? M., pour les
fins de nos travaux et des personnes qui nous écoutent, pourriez-vous d'abord
vous présenter, s'il vous plaît?
• (12 heures) •
M. Lagacé (François) : François
Lagacé de Revenu Québec. C'est une bonification qu'on donnait pour
l'acquisition de biens après le 3 décembre 2018. Finalement, ces biens-là
vont...
12 h (version non révisée)
M. Lagacé (François) : ...continuer
à pouvoir être amortis dans la mesure... c'est des biens qui sont acquis avant
la date de... qui est en question, là, continuent d'être amortis pour leur
durée résiduelle, de sorte que c'est de l'amortissement bonifié pour toute la
période pour ces biens-là. Mais, à partir de la date qui est... Un bien acquis
après le 31 décembre 2023 ne donne pas droit à cette bonification-là, tout
simplement.
M. Girard (Groulx) : Mais il
y a... les dépenses ont des règles d'amortissement harmonisées fédéral et
Québec, et là, nous, en 2018, on avait introduit une bonification d'amortissement
qui n'était pas disponible au fédéral et là on l'abolit pour simplifier le
régime fiscal en bonifiant et prolongeant le crédit d'impôt investissement.
M. Beauchemin : O.K. Je
comprends, je comprends que ça se trouve à être, mais, je me dis, du point de
vue du propriétaire d'entreprise, en enlevant ça, on se trouve à allonger... tu
sais, mathématiquement, en termes d'analyse de cash-flow, là, on se trouve à
allonger la période d'amortissement un peu.
M. Girard (Groulx) : On se
trouve à débonifier la...
M. Beauchemin : Débonifier.
M. Girard (Groulx) : ...qui n'est
pas un mot, là...
M. Beauchemin : Je comprends
ce que vous voulez dire.
M. Girard (Groulx) : ...à
éliminer la clause Québec d'accélération supplémentaire de 30 %.
M. Beauchemin : Puis, quand
on l'avait mise en place, cette clause-là, est-ce qu'on avait remarqué une
augmentation de l'investissement d'entreprises?
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
qu'il faut se rappeler qu'en 2018 il y avait un président américain qui était
extrêmement agressif sur le taux d'imposition des corporations. La réponse du
Canada, à cette époque, j'étais en discussion avec le ministre Morneau, c'était...
j'allais presque faire de l'humour, je ne sais pas si on peut faire de l'humour
avec la fiscalité, là, mais c'était l'époque où le Parti libéral du Canada se
souciait d'accroître les investissements.
M. Beauchemin : C'est drôle.
M. Girard (Groulx) : C'est de
l'humour, c'est de l'humour.
M. Beauchemin : C'est drôle.
M. Girard (Groulx) : C'est de
l'humour de banquier, M. le Président. Alors, M. Morneau voulait bonifier, et
le ministre des Finances du Québec voulait accélérer la dépréciation des biens
en capital pour favoriser l'amortissement. Alors, c'était comme une version
canadienne en réponse à la baisse du taux d'imposition des corporations aux
États-Unis. La réponse canadienne était d'accélérer l'amortissement des biens
en capital, et le Québec y allait d'une bonification supplémentaire. C'était...
C'était ce qu'on utilisait comme véhicule à cette époque. Aujourd'hui, on
choisit de se concentrer sur nos deux crédits d'impôt, et, en même temps, ça
simplifie la structure fiscale.
M. Beauchemin : Je comprends,
mais est-ce que ça a eu des conséquences positives pour l'investissement d'entreprises?
M. Girard (Groulx) : La réponse,
c'est oui, mais il faut toujours faire attention. Est-ce qu'on a eu plus d'investissements...
On... Le Québec a quand même connu une bonne période d'investissement depuis
2018, puis on le voit dans le PIB par habitant, mais il y a eu des gestes au
niveau du capital humain, il y a eu des gestes au niveau d'Investissement
Québec, il y a eu des gestes au niveau... Il faut faire attention à dire :
Tous les investissements qui ont eu lieu sont directement liés à ces mesures
fiscales. Il y a tout un contexte. Par exemple, si la croissance mondiale l'an
prochain était de 4 % au lieu de 3 %, bien, les investissements risquent d'augmenter
indépendamment de nos mesures fiscales. C'est là que, je veux dire, il faut...
il faut se garder une certaine réserve sur les relations de cause à effet.
Mais, en général, les investissements privés, les investissements des
entreprises ont somme toute bien performés au Québec en comparaison au reste du
Canada, à l'Ontario. Puis là, encore là, il faut être conscient que, lorsqu'on
se compare au Canada, on... il y a une grosse part des investissements privés
qui sont des investissements privés dans le secteur de l'énergie, pas du tout
la même structure économique qu'au Québec. Mais, somme toute, les
investissements privés au Québec, on fait bien depuis 2018. De là à prétendre
que c'est directement relié à un crédit d'impôt spécifique, ce serait pousser
fort sur la cause à effet...
M. Beauchemin : ...mais, quand
vous parliez de... peut-être 283 millions, 297 millions d'économie, là, que ça
se trouve à être, d'enlever ça...
M. Girard (Groulx) : Oui,
parce qu'on élimine une bonification.
M. Beauchemin : C'est ça.
Exact. Comment qu'on... Comment qu'on mesure alors le succès passé? Si on n'est
pas capable de le quantifier en termes de : il y a eu plus
d'investissements ou pas, il y a eu plus de retombées économiques ou pas,
comment vous le quantifiez, le succès?
M. Girard (Groulx) : Bien, le
passé, c'est assez facile, là, parce que, là, on a des données réelles.
M. Beauchemin : Mais là on
ferait... on ferait de l'association à : ces investissements sont venus
là, mais là...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire qu'on connaît notre facture fiscale, on connaît le montant
d'investissements, mais on ne sait pas si ces investissements auraient eu lieu
sans ces crédits d'impôt.
M. Beauchemin : C'est ça. Ça
fait que comment qu'on le mesure, le succès? La pertinence du programme,
comment qu'on aurait pu la mesurer, alors?
M. Girard (Groulx) : Bon.
Alors, on regarde vers l'avant. On a des prévisions d'investissements, puis là
on a des modèles, puis on dit : Si on bonifie tel crédit d'impôt, dans nos
modèles, on voit une augmentation d'investissements, puis là on divulgue le résultat
de nos simulations dans le cadre du processus budgétaire. Mais, après ça, le
temps passe, puis là ce n'est plus des prévisions, c'est des investissements
réalisés avec des vraies déclarations fiscales d'entreprises.
M. Beauchemin : O.K. Puis là,
à partir de ce moment-là, vous le voyez donc en absolu réel si ça a été
bénéfique ou pas.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mais, par exemple, je vais prendre un exemple, mettons que je fais une mesure
fantastique. Les...
M. Beauchemin : Ça vous
arrive.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Les investissements ne montent pas. Mettons que les investissements ne montent
pas dans le secteur de l'aluminium puis, nous, on avait mis un congé fiscal
pour grands projets d'investissement pour l'aluminium. Là, est-ce que c'est
parce notre congé fiscal n'est pas bon? Bien non. Peut-être qu'il s'est passé
autre chose dans le secteur de l'aluminium.
Ça fait que c'est... Il faut... Les causes
à effets ex ante, c'est-à-dire en prévision, c'est des modèles, puis la
fiscalité, les revenus et les entrées de fonds, bien, ça, c'est... on regarde
après. Ça fait que c'est... L'évaluation des mesures fiscales se fait après,
avec la réalisation d'événements qui n'étaient pas connus avant. Puis après, il
se passe beaucoup de choses, comme... on pourrait dire...
Je vais vous donner un exemple. Là... puis
ça va être un exemple très contemporain, menace de tarifs américains, toutes
choses étant égales par ailleurs, négatif, réduction des investissements, mais,
si, en même temps, baisse de taux d'intérêt, baisse d'inflation, baisse de TPS,
augmentation de la croissance mondiale, bien, c'est possible qu'au net les
investissements augmentent quand même, même si mon modèle dit : tarifs,
mauvais. Mais là, la réalisation, là, il se passe beaucoup d'affaires.
M. Beauchemin : C'est sûr, ce
n'est pas pris en silo, les décisions, là.
M. Girard (Groulx) : Tu sais,
par exemple, si... Mettons qu'il y a un tarif de x % puis que le prix de
l'énergie baisse de y, ça se peut que l'effet y domine l'effet x.
M. Beauchemin : Je comprends,
mais c'est justement dans ce contexte-là, quand on met des mesures comme
celles-ci en place... initialement, là, je ne parle pas de l'abolition...
M. Girard (Groulx) : Mais là
on essaie d'isoler les effets, là, on essaie vraiment de faire delta
investissement sur delta dépense fiscale, O.K.? Puis là on essaie de
dire : Puisque je vais faire ces dépenses fiscales dans les cinq
prochaines années, on pense que ça va créer tant d'investissement. Mais il faut
vraiment distinguer ce qui est du domaine de la prévision de ce qui est
l'observation de données passées.
M. Beauchemin : Mais vous
mettez quand même, dans le modèle à saucisses, un estimé de combien, une
résultante, là, estimée.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Est-ce que
c'est que causé par cette déduction initiale ou pas, il reste à vérifier, il y
a d'autres variables qui rentrent en ligne de compte, c'est ce que vous venez
d'expliquer. Il n'y a pas d'enjeu. Ça fait que...
M. Girard (Groulx) : Mais
le... la déduction fiscale vise à réduire le... si c'est une... un
assouplissement, vise à stimuler les investissements, on réduit le taux
effectif marginal des impositions, puis là, par exemple, ici, la déduction
additionnelle, on sait que le net du sujet un et deux, c'est...
M. Girard (Groulx) : ...donc,
au net, bonifier les investissements. Mais, deux, l'abolition de la déduction
additionnelle, en soi, c'est un resserrement. Donc, au net, si rien ne bouge,
moins d'investissement.
• (12 h 10) •
M. Beauchemin : Je comprends.
Ma question, c'est plus : Quand ça, ça a été mis en place initialement,
c'est une conversation qu'on a, là, c'est juste pour comprendre...
M. Girard (Groulx) : 2018.
M. Beauchemin : ...la
quantification de projets additionnels face à Trump un, qui avait baissé les
taux d'imposition aux États-Unis, le ministre des Finances canadien, vous, vous
vous étiez mis ensemble : Voici ce qu'on pense qui serait une bonne
solution. Comment en arrivez-vous, à ce moment-là, dire : Ça va générer
tant de milliards de dollars d'investissements?
M. Girard (Groulx) : Oui. Là,
il faudrait aller voir le budget 2019-2020, les simulations reliées à
l'amortissement accéléré puis la bonification du Québec de 30 %.
M. Beauchemin : Pas juste
pour mesurer le succès de la chose, savoir.
M. Girard (Groulx) : Non.
Mais c'est certain... oui, puis là, là, c'est vraiment un bon exemple, là, peu
importe ce qu'on a écrit dans le budget 2019-2020, il y a eu une pandémie
en 2020. Ça fait que l'amortissement accéléré avait beau être bonifié, ça n'a
pas investi fort en 2021. Ça fait que là, ça, c'est un cas intéressant. Mais,
l'autre chose, je suis content qu'on ait cette discussion-là, mais je vous jure
que l'amortissement, puis l'amortissement bonifié, puis l'amortissement
accéléré des dépenses en capital, c'est un sujet très spécialisé, mais tout ça
vise à accélérer la prise des dépenses en capital contre des revenus qui font
diminuer le revenu imposable. Plus on accélère l'amortissement, plus le revenu
imposable est diminué, moins il y a d'impôt.
M. Beauchemin : Je comprends.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques sur l'article 95? Sans quoi nous allons procéder à la mise aux
voix. Cet article est-il adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le secrétaire, veuillez procéder, je vous prie.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire : M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Pour.
Le Secrétaire : M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire : Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire : M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire : M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Cet article est donc adopté. Nous poursuivons par l'étude du sujet trois
concernant les articles 128, 158, 159 et 186. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mais permettez-moi une introduction, parce que là on rentre dans le sujet des
crédits d'impôt qui ont été créés il y a plus de 30 ans au Québec, à une
époque où le taux de chômage était près de 10 %. Et, à cette époque, on a
essayé de créer des industries presque de rien, à coup de subventions. Et puis
là, 30 ans plus tard, l'économie du Québec a bien changé. D'abord, le
Québec en général et Montréal en particulier a connu un essor fulgurant en
informatique, technologies de l'information, notamment, associé à la grande
qualité des universités que nous avons au Québec. Et, d'autre part, le Québec
d'aujourd'hui est une économie beaucoup plus diversifiée, résiliente, solide
qu'il y a 30 ans. Et notre gouvernement, bien humblement, fait l'hypothèse
que, si le contexte change, on a le devoir de revoir nos mesures fiscales pour
voir si elles sont toujours adaptées. Et je pense que c'est ce que les
Québécois veulent. Et nous avons 277 mesures fiscales au Québec qui
coûtent 49 milliards par année. Là, j'exclus les mesures de base comme le
REET puis la déduction personnelle de base. On aurait pu dire 312 mesures,
70 milliards, j'exclus... on ne resserrera pas les REER, qui, de toute
façon, est une mesure fédérale, puis on n'éliminera pas les exemptions
personnelles de base, alors j'exclus ce qui doit être exclu d'emblée, je vous
parle de 277 mesures, 49 milliards par année. Je pense que les
Québécois veulent qu'on fasse cet examen puis qu'on regarde l'évolution de nos
mesures fiscales.
Alors, j'y vais avec la première, crédit
d'impôt pour le développement des affaires électroniques. Les crédits...
M. Girard (Groulx) : ...d'impôt
remboursable et non remboursable pour le développement des affaires
électroniques, accorde une aide fiscale à une société qui exerce des activités
liées aux affaires électroniques, notamment dans les domaines de la conception
de systèmes informatiques et de l'édition de logiciels.
De façon sommaire, ces crédits d'impôt
sont calculés sur les salaires engagés à l'égard des employés de la société qui
exercent de telles activités. Toutefois, le salaire d'un employé, qui est pris
en considération dans le calcul de ces crédits d'impôt, ne peut excéder un
montant de 83 000 $, calculé sur une base annuelle. Le taux du crédit
d'impôt est de 24 %, et celui du crédit d'impôt non remboursable est de
6 %. C'est important, ça, monsieur, cette distinction-là, parce
qu'évidemment le 6 %, pour l'obtenir, vous devez payer de l'impôt. Or,
toutes les entreprises ne paient pas d'impôt. Beaucoup en paient.
Modifications proposées. Il est proposé de
modifier les modalités de ces crédits d'impôt afin de retirer le plafond
salarial de 83 000 $ et de le remplacer par un seuil d'exclusion
correspondant au montant personnel de base, lequel s'élève à 18 056 $
pour 2024. Ainsi, seule la partie du salaire qu'un... d'un employé qui excède
ce seuil est admissible à ces crédits d'impôt, parce qu'il ne se paie pas
d'impôt sur le revenu jusqu'à 18 000 $.
Il est également proposé de modifier les
taux de ces crédits d'impôt afin de réduire d'un point de pourcentage par année
celui du crédit d'impôt remboursable et d'augmenter corrélativement celui du
crédit d'impôt non remboursable. À terme, en 2028, les taux de ces crédits
d'impôt atteindront respectivement 20 % et 10 %.
L'impact financier de cela. M. le
Président. Et c'est... Là, je vais y aller en terme général, M. le Président.
Ces crédits d'impôt là sont extrêmement dispendieux pour les contribuables
québécois. C'est-à-dire qu'il... il y a beaucoup de sociétés avec un grand
nombre d'employés qui bénéficient de ces crédits d'impôt. Alors, ces crédits
d'impôt là... le crédit d'impôt affaires électroniques, il existe toujours.
Doucement, on passe de 24 %, 6 %, remboursable-non remboursable, à 20 %,
10 %. Alors ce qu'on dit, c'est que, pour bénéficier du 30 %, vous
allez au moins devoir payer l'équivalent d'impôt... vous allez... pour
bénéficier du 30 %, vous allez devoir payer de l'impôt, O.K., parce que le
20 %, lui, vous n'avez pas besoin de payer d'impôt, il est remboursable.
Deuxième chose. Sur un salaire, il y a une
exemption personnelle de base. Vous recevez votre salaire, votre premier, pour
2024, 18 056 $, c'est non imposable. Alors, nous, on... on a décidé
de ne pas subventionner la portion du salaire qui est non imposable,
puisqu'elle est déjà non imposable. Ça fait qu'on arrête ça. Et on veut créer
des emplois à haute valeur ajoutée. Idéalement, on aime avoir les dirigeants,
les leaders, les innovateurs. Or, ces gens-là ont des salaires plus élevés.
Donc, on enlève le plafond pour favoriser les gros salaires, puis on réduit
le... on ne donne plus la subvention sur le premier 18 000 $.
Alors, tout ça vise à réduire la dépense
du crédit d'impôt affaires électroniques, qui est extrêmement importante pour
le fisc québécois. C'est une réduction de l'ordre... Alors, pour l'ensemble des
crédits d'impôt que nous allons discuter, c'est une réduction entre 25 %
et 30 %, à l'année 2028-2029, parce que là, vous avez vu, là, que
l'évolution du remboursable est évolutive, là, c'est 1 % par année.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
• (12 h 20) •
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc...
M. Beauchemin : ...peut-être
pour la... les gens qui nous écoutent, encore une fois, à la maison, là, pour
pouvoir avoir un exemple, prenons un exemple d'un salarié de
300 000 $ par exemple, avant et maintenant.
M. Girard (Groulx) : Avant...
M. Beauchemin : Il n'aurait
pas pu en profiter.
M. Girard (Groulx) : ...83 000
était.... Là, il faut que ce salarié, là, il soit dans les activités... parce
que là on parle du crédit d'impôt d'affaires électroniques, là, on est dans ce
qu'on appelle, en mauvais français, du B2B, là, des relations d'affaires
entreprises, entreprise à entreprise, O.K.? C'est important, là, parce que le
crédit d'impôt d'affaires électroniques vise des relations d'affaires
entreprises, donc des services informatiques dans le domaine de la conception
de systèmes informatiques et l'édition de logiciels. On ne parle pas ici de
maintenance, parce qu'on veut créer de la valeur ajoutée...
M. Beauchemin : Ça fait que
c'est CGI, genre.
M. Girard (Groulx) : CGI...
Généralement, en fiscalité, je ne mentionne jamais les noms des gens qui sont
impliqués, jamais. Mais c'est certain que la compagnie que vous nommez est
définitivement impliquée dans la conception de systèmes informatiques et
l'édition de logiciels, O.K.? Alors, je reviens à votre question, cette personne-là,
qui gagnait 300 000 $ et qui exerçait dans une compagnie qui fait du
B2B, qui faisait des activités éligibles, l'entièreté des premiers
83 000 $ recevait un crédit d'impôt remboursable de... bien,
l'entreprise, de 24 %, et non remboursable de 6 %. Donc, total,
30 % du 83 000 $ était subventionné si la compagnie était
capable d'aller chercher le 6 %.
M. Beauchemin : En ayant payé
des impôts?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Après, le premier 18 000 $ du 83 000 $, plus de
subventions.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Ah!
bien, merci. Et le 281 429 $ qui excède le 18 000 $... Bien
là, vous avez le montant, là, vous avez changé d'année, là. Nous on parle de
18 000 $, zéro, cinq, six. Mais essentiellement, le premier
18 000 $, non, le 282 000 $ qui suit, 20-10. Mais
évidemment, c'est une minorité de salariés, là, qui gagnent
300 000 $. Mais ce qu'on aime, nous, c'est que sous un employé, par
exemple, qui gagne 300 000 $, bien, souvent il y a plusieurs
employés. Souvent on va chercher le leader de la conception puis... Puis
tantôt, on va parler du crédit d'impôt de jeux vidéo, bien, c'est certain que
le concepteur du jeu est très important par rapport à celui qui va faire les
effets d'animation par exemple ou la couleur.
M. Beauchemin : O.K. Mais
donc, avant, il y avait un plafond à 83 000 $. Là, il n'y en a plus,
de plafond?
M. Girard (Groulx) : Plus de
plafond. Donc assouplissement.
M. Beauchemin : O.K. Dans
l'exemple que je mentionne, quand on arrive à 300 000 $, par exemple,
O.K...
M. Girard (Groulx) : Ça coûte
plus cher.
M. Beauchemin : Ça coûte plus
cher?
M. Girard (Groulx) : S'il
paie de l'impôt.
M. Beauchemin : S'il paie de
l'impôt?
M. Girard (Groulx) : Mais la
majorité des salariés éligibles à ce crédit d'impôt là ne gagnent pas
300 000 $.
M. Beauchemin : C'est quoi la
moyenne?
M. Girard (Groulx) : La
moyenne, salaire moyen en 2020, 84 000 $.
M. Beauchemin : O.K. Mais il
y a eu l'inflation des salaires depuis, là, je veux dire...
M. Girard (Groulx) : Oui,
oui, oui, bien sûr, bien sûr.
M. Beauchemin : Mais on parle
de peut-être...
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est inférieur à 100 000 $, là, définitivement.
M. Beauchemin : Encore
aujourd'hui?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien... Oui.
M. Beauchemin : Donc, vous,
vous estimez que là, en y allant de 24-6 à 20-30, en enlevant le
18 000 $ de base pour la nouvelle réalité, on va avoir donc gagné?
M. Girard (Groulx) : On a des
économies associées au 18 000 $, on a des économies associées au
6 % remboursable qui passe à 10 % remboursable.
M. Beauchemin : À 10 %.
Oui.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
parce que toutes les compagnies...
M. Beauchemin : Bien, ce
n'est pas des économies, c'est une génération de plus de revenus. Oui? Non?
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
qu'il y a... il y a des entreprises... Par exemple, une entreprise qui ne paie
pas d'impôt n'a pas accès au 10 %...
M. Girard (Groulx) : ...non
remboursable, O.K..
M. Beauchemin : Exact.
M. Girard (Groulx) : Alors,
moi, je dis : économies pour l'État, O.K.
M. Beauchemin : Je comprends.
M. Girard (Groulx) : Alors,
on... une compagnie qui ne paie pas d'impôt avait accès à 24 % de crédits
d'impôt. Maintenant, ce sera 20 %, mais le 30 % est toujours
disponible si vous payez de l'impôt.
M. Beauchemin : O.K. Puis au
net?
M. Girard (Groulx) : Il y a
des économies pour refléter le fait que ce crédit d'impôt là a été créé à une
autre époque.
M. Beauchemin : D'accord.
Puis ça, c'est le chiffre qu'on n'était pas capables de quantifier?
M. Girard (Groulx) : Bien,
j'aime mieux... c'est-à-dire qu'on... ce n'est pas qu'on n'est pas capables de
le quantifier. C'est que ces chiffres-là n'ont pas été divulgués, alors je ne
veux pas révéler d'information qui n'est pas publique. Mais on a toujours donné
l'ordre de grandeur que, lorsqu'on parlait de crédit d'impôt affaires
électroniques, multimédia, production cinématographique c'est les trois crédits
d'impôt qui ont été créés il y a longtemps, à une autre époque, qu'on réduit.
L'ordre de grandeur, c'est 30 %. Il faut savoir aussi qu'il y a eu une
commission sur la fiscalité en 2015, lors du précédent gouvernement libéral, et
que ces crédits d'impôt là avaient été identifiés comme sous-optimaux ou
sous-performants, en termes de contribution économique, par dollar fiscal
dépensé.
M. Beauchemin : Quand vous
mentionnez, M. le ministre... quand vous parlez que c'est de 30 %, je
m'excuse, je ne comprends pas...
M. Girard (Groulx) : 30 %
de la dépense fiscale qui est réduite. Alors, si je regarde...
M. Beauchemin : Bien, la
dépense fiscale totale du gouvernement?
M. Girard (Groulx) : Oui. Si
je regarde... Non, non, la dépense fiscale reliée à ces trois crédits d'impôt.
M. Beauchemin : D'accord. Ça
fait...
M. Girard (Groulx) : Alors,
supposons qu'en 2029-2030 ces crédits d'impôt devaient me coûter... Alors, je
vais reprendre un exemple. Supposons qu'ils devaient coûter... Quel... comment
vais-je quantifier mon exemple? Supposons qu'ils devaient coûter
600 millions en 2029-2030, bien là ça va coûter 70 % de
600 millions, ordre de grandeur. On réduit la dépense fiscale pour
refléter l'évolution du marché de l'emploi au Québec. Puis on s'entend aussi
que les... les activités de relations informatiques entre entreprises, il y a
30 ans, c'était énorme. Aujourd'hui, tout le monde fait ça.
M. Beauchemin : Énorme dans
quel sens?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'était avant-gardiste de vouloir avoir une industrie, au Québec, qui se
spécialiserait, dans les relations entre affaires, sur la conception de
systèmes informatiques et l'édition de logiciels. Le... ces activités là, il y
a 30 ans, c'était un peu l'intelligence artificielle d'aujourd'hui.
M. Beauchemin : Donc, vous
avez une idée de combien ça représente. Quand vous avez présenté, tout
récemment, les... votre mise à jour économique la semaine dernière, ça ne
faisait pas partie de ce chiffre-là.
M. Girard (Groulx) : ...ça,
c'est... c'était au budget 2024-2025.
M. Beauchemin : Exact.
M. Girard (Groulx) : Au
budget 2024-2025, nous avons resserré le crédit d'impôt offert
électronique, le crédit d'impôt pour titre multimédia, le crédit d'impôt de
production cinématographique. On a bonifié le crédit d'impôt pour production
cinématographique québécoise. On a bonifié le crédit d'impôt relatif à
l'investissement et à l'innovation.
M. Beauchemin : ...puis après
ça je comprends.
M. Girard (Groulx) : Non,
non, c'est bon, c'est bon...
M. Beauchemin : Je vais
réessayer d'une autre façon. On n'est pas capable de quantifier les faits, à
part de dire : C'est 30 % en termes de dollars absolus au niveau des
recettes au gouvernement. Vous le savez, le chiffre, mais vous ne pouvez pas le
dire, c'est ça?
• (12 h 30) •
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que je ne veux pas donner des chiffres trop précis parce que,
particulièrement ce crédit d'impôt là, il y a une entreprise qui domine cette
industrie, qui est une entreprise bien connue, puis je pense qu'on n'a pas
besoin de donner plus d'informations que ça sur la situation fiscale de cette
entreprise. Mais je tiens à dire que ce crédit d'impôt là a été créé à une
autre époque et qu'il est notre devoir à tous de revoir ces mesures-là 30 ans
plus tard. Ce que mon prédécesseur avait...
12 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...de
faire en 2015. En 2015, on a essayé de le faire, on a été obligé de reculer. C'était
un autre contexte. Là, je l'ai fait au budget 2024-2025. On va adopter ça
aujourd'hui, je le souhaite, puis on... C'est ça, on avance. Et je suis
convaincu que mon prédécesseur serait content de savoir qu'on met en place une
des recommandations de 2015 que lui n'a pas pu mettre en place.
M. Beauchemin : Je vous
entends, je comprends. Je n'étais pas dans le détail de ça, 2015, mais j'ai été
mis aux faits et gestes du dossier, donc, j'apprécie. Si on parle de l'année
2024-2025, l'année où est-ce que, finalement, dans la mise à jour de la semaine
dernière, on passe de 8,5 à 9,2 milliards de déficit, c'est ça?
M. Girard (Groulx) : Le
déficit n'a pas bougé.
M. Beauchemin : De 2024-2025?
M. Girard (Groulx) : 2024-2025,
inchangé, 11 milliards après Fonds de génération, 8,8, avant.
M. Beauchemin : ...je me
mélange, là, c'est...
M. Girard (Groulx) : 2025-2026,
monte, 2028-2029, descend.
M. Beauchemin : O.K. C'est l'année
fiscale 2025-2026 qui augmente de 700 millions.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : O.K. Il y a
trop de chiffres.
Le Président (M. Simard) : Bien.
D'autres remarques à cet effet? Sans quoi nous allons procéder à la mise aux
voix du sujet 3. Conséquemment, les articles 128, 158, 159 et 186 sont-ils
adoptés?
Une voix : Par appel nominal.
Le Président (M. Simard) : Par
appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire
: M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire
: M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Pour.
Le Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire
: M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Contre.
Le Secrétaire
: M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire
: M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Ces articles sont conséquemment adoptés. Nous poursuivons par l'étude du sujet
numéro 4, concernant les articles 105, 127, 144 à 146, 149, 154 à 157, 181,
184, 185 et 188 à 193...
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : ...et
193. Voilà. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui. M.
le Président, le titre du quatrième sujet, c'est : «Crédit d'impôt pour
titres multimédias». Et, pour les gens qui nous écoutent, on parle du crédit d'impôt
pour l'industrie des jeux vidéo, le nom le plus commun. Le crédit d'impôt ne s'appelle
pas «Crédit d'impôt, jeux vidéo», il s'appelle «Crédit d'impôt pour titres
multimédias».
Contexte. Une société qui y est admissible
peut bénéficier du crédit d'impôt remboursable pour les titres multimédias,
volet général, ou du crédit d'impôt remboursable pour les sociétés spécialisées
dans la production de titres multimédias, dont le taux varie de 26,25 % à
37,5 % selon le type de titres multimédias produits. Ces crédits d'impôt
sont déterminés à l'égard d'une dépense de main-d'oeuvre. Généralement, le
salaire d'un employé qui est pris en compte dans le calcul d'une telle dépense
est plafonné à 100 000 annuellement.
Modification proposée. Il est proposé d'instaurer,
parallèlement à chaque crédit d'impôt remboursable, un crédit d'impôt non
remboursable dont le taux initial sera de 2,5 % en 2025. Le taux
augmentera, par la suite, de 2,5 %, le pourcentage par année, pour
atteindre 10 % en 2028. Les taux des crédits d'impôt remboursables seront
réduits de façon correspondante. Vous aurez compris qu'on amène un 10 % de
non remboursable, M. le Président. De plus, il est proposé de retirer le
plafond salarial de 100 000 $ et de le remplacer par un seuil d'exclusion.
Celui-ci fait en sorte que le salaire d'un employé qui est pris en compte dans
le calcul d'une dépense de main-d'œuvre soit réduit de son montant personnel de
base, lequel correspond à 18 056 $ pour 2024.
Alors, ici, M. le Président, d'abord, vous
constatez qu'on n'avait pas le même plafond. On avait un crédit d'impôt à
100 000 $, puis on en avait un autre à 83 000 $. Or, bien que ce soit
des activités différentes...
M. Girard (Groulx) : ...on
parle certainement, dans plusieurs cas, d'employés ayant la même formation
académique. Il y a donc une compétition dans le secteur des TI puis ses
employés. Alors, la première chose, c'est qu'on veut égaliser les seuils, donc
exclusion jusqu'à 18 000, toute la portion qui est non imposable du
salaire, plus de subvention. Ensuite, on veut favoriser les emplois à valeur
ajoutée, donc on élimine le plafond. Dans ce cas-ci, le plafond était à
100 000 $, c'était un désavantage pour le crédit d'impôt...
électronique parce que son plafond était plus bas. Élimination des plafonds. Et
ce crédit d'impôt là était entièrement remboursable. Et là, il va avoir un
10 % non remboursable. Lorsque vous vous assurez que votre jeu est
disponible en français, par contre, vous pouvez aller jusqu'à 37,5 % de
crédits d'impôt contre 30 au CDAE. Si on avait baissé de 37,5 % à
30 %, nous aurions eu des économies supplémentaires.
Je reviens sur ce qui s'est passé il y a
30 ans. Il y a 30 ans, le ministre des Finances et de l'Économie de
l'époque, Bernard Landry, des taux de chômage de 10 %, a voulu créer une
industrie du jeu vidéo du Québec. Les grandes compagnies internationales sont
venues ici, Ubisoft, Electronic Arts. Mais à la base, on voulait aussi créer
des entreprises québécoises de grande taille. 30 ans plus tard. D'abord,
le marché du travail a complètement évolué, puisqu'autrefois, 10 % de taux
de chômage, aujourd'hui, à peu près cinq. Moins de nécessité de subventionner
des emplois privés dans des entreprises privées. Ensuite, il y a une expertise
qui s'est créée. Donc, il y a une valeur ajoutée. Finalement, on veut favoriser
les emplois à valeur ajoutée par rapport à l'impartition. Par exemple, on ne
voudrait pas... on veut moins d'emplois qui sont liés à la sous-traitance de
jeux de grandes compagnies ou c'est de la sous-traitance par des petites
compagnies.
Et on doit constater aussi... Parce que
tantôt vous avez beaucoup parlé de l'efficacité de ces mesures. Alors, on mesure
ça comment, l'efficacité? Bien, la dépense fiscale sur les impôts perçus, la
dépense fiscale sur l'activité économique, la dépense fiscale sur les activités
sociales. Est-ce qu'on a créé beaucoup de grandes entreprises de jeux vidéo
québécoises 30 ans plus tard? Réponse : Non. On en a créé, mais on
n'en a pas créé beaucoup, O.K., puis là, je m'arrête là, puis je ne veux pas
nommer d'entreprises, puis on en a créé, mais certainement on n'en a pas créé
autant que la vision d'il y a 30 ans où on aurait sept, huit grandes
entreprises québécoises qui domineraient l'industrie du jeu vidéo mondiale. On
a des entreprises étrangères de grande taille qui sont ici, qui sont implantées
ici, qui font bien ici, qui sont bienvenues ici. On a des entreprises québécoises
majoritairement de petite taille, certaines de moyenne taille. On en a une de
grande taille. Je m'arrête là.
Le Président (M. Simard) : Cher
collègue.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Que
me vaut ce sourire?
M. Beauchemin : J'attendais
que vous...
M. Girard (Groulx) : Et
j'aurais pu vous parler de la commission de 2015 qui recommandait une réduction
de façon importante de ce crédit d'impôt. Je pense même qu'on a essayé de le
réduire et qu'on a reculé.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Donc, merci, M. le ministre. On économise combien?
M. Girard (Groulx) : Je
reste, au niveau des trois crédits d'impôt, avec mon estimé de 30 % de la
dépense totale.
M. Beauchemin : Spécifiquement,
c'est... vous n'êtes pas capable de nous le dire?
M. Girard (Groulx) : Pardon?
M. Beauchemin : Spécifiquement
pour cette mesure-là.
M. Girard (Groulx) : C'est le
même ordre de grandeur, là, et chaque pourcentage, pour les trois crédits
d'impôt, effets spéciaux, jeux vidéo, affaires électroniques, réduction moyenne
de 30 % de la dépense fiscale à l'an 5.
M. Beauchemin : Par rapport à
ce que la mesure fiscale se trouve à représenter, on va être capable d'en
arriver, là, à un chiffre. Est-ce qu'on a été capable d'aussi voir... parce que
je crois comprendre qu'effectivement, dans d'autres juridictions voisines à la
nôtre, comme l'Ontario par exemple, il y avait des mesures similaires...
M. Beauchemin : ...approximativement?
• (12 h 40) •
M. Girard (Groulx) : On reste
compétitif avec l'Ontario et la Colombie-Britannique. Est-ce que, suite aux
modifications, on a le crédit d'impôt le meilleur au monde? Non. Est-ce qu'on
veut avoir le crédit... le meilleur crédit au monde? Réponse : Non, parce
que, notamment, la commission a montré que le rendement fiscal de ce crédit
d'impôt puis le rendement économique étaient moindres que ce que l'on croyait
lorsqu'ils ont été créés il y a 30 ans.
M. Beauchemin : Mais par
après...
M. Girard (Groulx) : Alors,
le Québec ne désire pas être le champion au monde des crédits d'impôt de jeux
vidéo. Mais, oui, nous sommes compétitifs avec l'Ontario, la
Colombie-Britannique, certainement.
M. Beauchemin : Cette
industrie par rapport à celle de l'Ontario, est-ce que vous êtes capables de
nous faire une dévalorisation relative, je veux dire, de la grosseur de
l'Ontario par rapport au Québec, par rapport à la Colombie-Britannique?
M. Girard (Groulx) : Je
croirais que c'est plus gros au Québec. Mais là est-ce que c'est plus gros en
absolu ou en proportion de l'économie? Je vais chercher l'information
supplémentaire là-dessus. On va essayer de trouver il y a combien d'emplois
dans cette industrie au Québec, puis en Ontario, puis en Colombie-Britannique.
M. Beauchemin : Est-ce que
l'industrie, pour vous... je comprends l'aspect fiscal au niveau du crédit
d'impôt, est-ce que, pour...
M. Girard (Groulx) : ...
M. Beauchemin : D'accord.
Est-ce que, pour vous, l'industrie, elle est importante au Québec?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Puis... Donc,
par rapport à d'autres industries, ce crédit d'impôt là, maintenant, réduit
dans la sphère de tout ce qui est fait en termes de crédits pour le
gouvernement. Est-ce que c'est aussi juste que d'autres industries?
M. Girard (Groulx) : Mais là
vous voulez parler de philosophie fiscale?
M. Beauchemin : Non, je parle
de comparaison par rapport à d'autres industries qu'il y a des crédits d'impôt,
là.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
vous dirais qu'en général des entreprises privées avec des emplois privés,
lorsqu'on est au plein emploi et que tout le monde s'arrache des diplômés en
informatique, la pertinence de subventionner des emplois dans une industrie
particulière est moindre.
M. Beauchemin : Puis, en
Ontario, est-ce qu'ils font la même chose?
M. Girard (Groulx) : Réduire
les crédits impôts?
M. Beauchemin : Hum-hum.
M. Girard (Groulx) : Tout le
monde regarde ce que tout le monde fait. Je ne peux pas présumer de leurs
réflexions.
M. Beauchemin : Quand vous
dites qu'on était maintenant comparables, c'est qu'on était plus avantageux
avant, c'est ça?
M. Girard (Groulx) : Oui. Ça,
c'est dans le budget. On demeure comparable avec une expertise, mais on ne veut
plus... Je veux dire, si le seul critère pourquoi on aurait un emploi dans
cette industrie, c'est parce qu'on a un crédit d'impôt, il y a un problème. On
veut qu'on reconnaisse l'expertise des entreprises québécoises dans cette...
30 ans plus tard, il s'est créé une expertise, puis l'expertise, elle est
au niveau des PME... des entreprises moyennes, les grandes entreprises, puis on
sait qu'il y a des entreprises internationales qui arrivent, qui sont
profitables, qui ont... puis il y a des gens qui travaillent, par exemple, dans
des grandes entreprises internationales qui après partent leur entreprise, etc.
Mais il faut... si... puis on... Si on prend un diplômé en informatique
aujourd'hui, là, à l'Université Laval, tu sors, demain matin, là, trois, quatre
ans en informatique, là, est-ce que le gouvernement doit subventionner une
entreprise privée pour lui trouver un emploi dans le contexte du marché de
l'emploi actuel aujourd'hui? Non. En fait, le gouvernement aimerait bien
l'embaucher pour informatiser la santé, ou le Centre d'acquisitions
gouvernementales, ou... Les diplômés en informatique sont extrêmement
recherchés. Le contexte a vraiment changé.
M. Beauchemin : Je comprends.
Puis je me pose la question : Maintenant qu'on était pied d'égalité avec
la Colombie-Britannique, l'Ontario, pour les joueurs qui sont majoritairement
basés à Los Angeles...
M. Girard (Groulx) : Bien,
dans le coin ici, Ubisoft...
M. Girard (Groulx) : ...c'est
un gros joueur.
M. Beauchemin : Français.
M. Girard (Groulx) : Compagnie
française. J'hésite toujours à nommer des compagnies, M. le Président, j'aime
bien préserver l'anonymat des compagnies.
M. Beauchemin : J'allais dire
l'Europe, là.
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est bien connu qu'Ubisoft est une grande compagnie de jeux vidéo mondiale
basée à Paris, dont la plateforme nord-américaine est centrée au Québec.
M. Beauchemin : Est-ce que du
point de vue d'Ubisoft y a-t-il encore un avantage quelconque à part...
M. Girard (Groulx) : Oui.
Toute l'expertise qu'elle a développée depuis, je ne sais pas depuis combien
d'années qu'ils sont au Québec, là, mais supposons qu'ils sont au Québec depuis
25 ans, mais ils ont créé ici...
M. Beauchemin : J'assume
aussi que, quand vous faites des mesures comme ça, quand vous les modifiez,
vous avez des conversations avec les joueurs de l'industrie. Ça peut arriver
ou...
M. Girard (Groulx) : En
fiscalité, on ne consulte pas toujours, je vais vous expliquer pourquoi, O.K.,
parce qu'en fiscalité la confidentialité est extrêmement importante, O.K.?
Alors, il y a eu de nombreuses études et... Moi, je suis arrivé en 2018, il y
avait déjà plusieurs études sur mon bureau qui disaient que le crédit d'impôt
affaires électroniques, multimédias et effets spéciaux, effets visuels était
trop généreux. C'était déjà bien documenté, O.K.? Depuis 2018, j'ai eu des
discussions, des relations. Le ministère des Finances fait ses propres
analyses. On a fait une consultation des principales firmes comptables à
l'été 2021. On a fait des consultations sur le potentiel économique du
Québec en 2023. On a annoncé l'examen des dépenses fiscales puis on a demandé
d'actualiser les études. On a de nombreuses documentations. Mais est-ce
qu'avant le budget 2024-2025, j'ai annoncé, dans le cadre des
consultations prébudgétaires, une révision de ces crédits d'impôt invitant les
compagnies à venir me dire ce qu'elles en pensaient? Non. En fiscalité, on fait
rarement ça. Et là je vais révéler un secret des consultations
prébudgétaires : 99,9 % des consultations, on me demande d'augmenter
les crédits d'impôt, d'augmenter la dépense fiscale et d'augmenter la dépense
budgétaire. Or, ici, une de nos orientations était de réduire.
M. Beauchemin : Je comprends.
Donc, est-ce qu'on... de quantifier les effets sur l'industrie, à savoir sa
présence au Québec, sa présence relative par rapport à l'Ontario, par rapport à
la France, par rapport à la Californie? La mesure que vous avez prise, quelles
vont être les conséquences pour l'industrie au Québec?
M. Girard (Groulx) : Ça va
prendre plusieurs années pour mesurer l'impact, parce que d'abord les crédits
d'impôt sont évolutifs sur cinq ans, cinq ans. Il y a d'autres choses qui se
passent dans l'industrie. L'industrie du jeu vidéo est en pleine
transformation. On est passé du monde de la console où tu achetais ton jeu,
puis tu avais ton jeu, puis là tu l'aimais, puis l'année d'après tu allais
acheter la nouvelle version. Puis là, maintenant, tout est Web, O.K., c'est des
abonnements, tu ne renouvelles pas tout, pas... Ligue nationale de
hockey 2024, là, ça reste un jeu traditionnel, mais il y a beaucoup des...
L'industrie est en transformation. C'est un phénomène mondial. L'intelligence
artificielle à travers ça. On sait qu'il y a beaucoup de joueurs de jeux vidéo
en Asie. Il y a des transformations. Bref, on ne bouge jamais en autarcie. Il y
a des changements dans l'industrie mondiale du jeu vidéo qui se passent au même
moment où nous, on fait des gestes au niveau des crédits d'impôt. Alors, il est
possible que, dans cinq ans, il y ait plus de gens qui travaillent dans cette
industrie-là. Il est possible qu'il y en ait moins, mais à la marge, si on
resserre un crédit d'impôt et qu'on a bien fait nos resserrements, la...
M. Girard (Groulx) : ...dépense
fiscale va être moindre.
• (12 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Beauchemin : Ma
question...
Le Président (M. Simard) : Peut-être...
Cher collègue, sans trop... Sans trop vouloir vous offenser, nous allons
d'abord céder la parole au député d'Arthabaska, qui levait sa main depuis quand
même un bon bout de temps. Cher collègue.
M. Lefebvre : Merci
beaucoup. Juste pour résumer, dans le fond, on dit que c'est une industrie qui
est importante au Québec, qu'on a une expertise au Québec, mais qu'avec cette
mesure-là, on reste quand même compétitif. C'est ce que je comprends.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais bien qu'elle soit importante au Québec, on a aussi des études économiques
qui démontrent que les retombées fiscales et les retombées économiques, en
proportion de la dépense fiscale, est sous-optimale.
M. Lefebvre : Parfait.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci,
M. le Président. Donc, je voulais juste avoir une idée. Je comprends au niveau
de la recette fiscale...
M. Girard (Groulx) : ...ça?
Une voix : Oui, mais
j'attends la confirmation du nombre exact, là...
M. Girard (Groulx) : O.K.
Il y a plus d'employés au Québec qu'en Ontario et en Colombie-Britannique. On
va essayer d'avoir des chiffres pour cet après-midi.
M. Beauchemin : Bien, en
fait, c'est 13 000 employés au Québec, 7 300 en
Colombie-Britannique et 5 000 en Ontario.
M. Girard (Groulx) : Donc,
vous m'avez posé une question pour laquelle vous aviez une réponse.
M. Beauchemin : Bien, je
voulais voir si vous aviez l'information.
M. Girard (Groulx) : Vous
êtes rusé.
M. Beauchemin : Mais ce
que je sais cependant, c'est qu'au Québec, on a des 22 grands studios, ce
qu'on n'a pas nulle part dans le reste du Canada. Donc, ma question était par
rapport à, justement, les effets pour les grands studios, pour tous en fait,
là. O.K. Il y a des petits microstudios.
M. Girard (Groulx) : Mais
en général les grands ont moins de problèmes avec les changements que les
petits.
M. Beauchemin : C'est
ça.
M. Girard (Groulx) : Pourquoi?
Parce que le... En raison du seuil. Parce qu'on élimine la subvention sur les
premiers 18 000 $.
M. Beauchemin : Exact.
M. Girard (Groulx) : Alors,
supposons que vous partez une entreprise demain, et que vous avez quatre
employés, et que les gens gagnent, je ne sais pas, mettons que les quatre
employés, ils gagnent 75 000 $. Mais là le 18 000 $, en
proportion du 75 000 $, il est important, là. O.K. Donc, ça ne
favorise pas les petits. Mais toutes les études qu'on fait, M. le député, nous
indiquent qu'au Québec, on a trop de petites entreprises et pas suffisamment de
grandes entreprises qui dominent leur secteur. Alors, une, lorsqu'on fait des
consultations économiques, fiscales, comptables, lorsqu'on consulte les
experts, le tissu industriel du Québec est composé d'une proportion de petites
entreprises supérieure à celle, par exemple, de l'Ontario. Et toutes choses
étant égales par ailleurs, la science dit que les grandes entreprises font plus
d'innovation, d'investissement, d'exportation.
M. Beauchemin : Mais
petit deviendrait grand un jour. C'est un peu le concept, là.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mais si le secret, c'était d'avoir beaucoup de petits, bien, on ne serait pas
en train d'essayer de rattraper l'Ontario. On dominerait.
M. Beauchemin : Bien là,
en tout cas, dans ce domaine-là, on est déjà supérieur à l'Ontario si on fait
juste considérer nombre de grands studios qu'on a. Donc... Mais donc, au niveau
de l'industrie, vous, si je peux conclure sur comment vous vous exprimez,
là-dessus, là, vous ne voyez donc pas d'effet négatif, spécifiquement à cette
mesure, là, O.K. sur l'industrie au Québec.
M. Girard (Groulx) : Nous
resserrons la dépense fiscale. Est-ce que c'est positif pour l'industrie? Non.
Est-ce qu'on améliore le crédit d'impôt en favorisant les emplois à haute
valeur ajoutée versus les emplois à bas salaires? Oui. On améliore le crédit
d'impôt pour favoriser l'innovation. O.K. Maintenant, les études qu'on a, les
études que le gouvernement précédent avait en 2015 montrent que les retombées
fiscales sont inférieures à la dépense fiscale pour ce crédit d'impôt.
M. Beauchemin : Donc,
vous avez conclu en disant que, pour l'industrie, est-ce que c'est bon? Non...
M. Girard (Groulx) : ...bien...
M. Beauchemin : Les
conséquences. Est-ce qu'on a une idée, grosso modo quelles...
M. Girard (Groulx) : Bien,
encore une fois, je veux qu'on soit bien conscient de l'évolution de la
situation d'un diplômé avec des talents en 2024. Tout le monde s'arrache les
talents en intelligence artificielle, en informatique, en création, en innovation.
Il y a 30 ans, peut-être que ce diplômé-là aurait pris son «packsac», puis
serait parti travailler à Boston, à Los Angeles, à Vancouver. Aujourd'hui,
cette personne-là peut toujours quitter pour San Francisco, mais il y a des
emplois à Montréal, au Québec pour ces gens-là.
Donc, est-ce que le gouvernement doit
subventionner des emplois privés dans le secteur privé à hauteur de 37,5 %
remboursable? On suggère que de réduire est la bonne chose à faire.
M. Beauchemin : Je n'ai pas
d'enjeu avec le concept. J'avais juste une question, à savoir les ramifications
pour l'industrie.
M. Girard (Groulx) : L'industrie
est en grande évolution.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, ça ne va pas aider, cependant. Ça fait que juste le delta de ne pas aider
est de combien? C'était ça, la question.
M. Girard (Groulx) : On n'a
pas cet estimé-là. Puis si on crée des... au net, des emplois à valeur
ajoutée... Alors, si vous prenez par exemple, les... prenons un chiffre, là,
alors les emplois à 300 000 $ qui, maintenant, au Québec, vont être
éligibles. Bien, si on en a plus, ça veut dire qu'on va avoir plus de
concepteurs de jeux et donc de créateurs... Toutes choses étant égales par
ailleurs, on pourrait avoir plus d'innovation puis peut-être moins d'emplois.
Il va falloir voir.
Il se passe beaucoup de choses dans cette
industrie-là. Il se passe beaucoup de choses dans le monde, il se passe
beaucoup de choses dans cette industrie-là, il se passe beaucoup de choses en
technologie, mais nous constatons l'évolution du secteur de l'emploi au Québec
et avons des estimés des retombées fiscales et des coûts de ces mesures et des
estimés des retombées économiques et des coûts de ces mesures. Et comme en
2015, comme mon prédécesseur, nous croyons que c'est une bonne idée de réduire
cette dépense fiscale.
Le Président (M. Simard) : D'autres
commentaires? Sans quoi nous allons procéder au vote concernant le sujet 5...
pardon, le sujet quatre, et je vais bien reprendre nos articles pour être
certain que nous sommes conformes. Donc, les articles : 105, 127, 144 à
146, 149, 154 à 157, 181, 184, 185, 188 et 193... sont-ils adoptés?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
M. Beauchemin : ...
Le Président (M. Simard) : Alors,
vote par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Thouin (Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire
: Mme
Abou-Khaili (Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Contre.
Le Secrétaire
: M.
Lefebvre (Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire
: M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) :
Abstention. Ces articles sont donc adoptés.
Et compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre nos travaux et nous nous retrouvons plus tard, à 15 heures. Au
revoir.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, nous sommes en ondes. Bon retour! Je constate que nous avons quorum
et nous sommes en mesure de poursuivre nos travaux. Comme vous le savez, nous
sommes réunis afin de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 75.
Au moment de suspendre nos travaux, cet
avant-midi, nous en étions rendus à l'étude du sujet cinq, dans lequel il y
aura exceptionnellement deux sous-volets, donc peut-être deux logiques d'explication.
Donc, M.... Et nous voterons bien sûr le tout en un seul bloc. Alors, M. le
ministre.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Crédit d'impôt... Ça y est, on tourne, les caméras, oui?
Le Président (M. Simard) : Ah!
elles font plus que tourner, je pense qu'elles courent.
M. Girard (Groulx) :
D'accord. Merci. Alors, bon
après-midi, chers collègues. Merci à ceux qui nous écoutent. Et je vous
rappelle que les cotes d'écoute de la Commission des finances publiques sont
très hautes et que notre auditeur le plus fidèle est mon père. Voilà. C'est
quand même une bonne journée pour écouter une commission parlementaire.
Crédit d'impôt du domaine culturel. Crédit
d'impôt pour les productions cinématographiques québécoises.
Contexte : Un crédit d'impôt remboursable
peut être accordé à l'égard d'un film qui satisfait à des critères de contenu
québécois. Ce crédit d'impôt se calcule à partir de la dépense de main-d'oeuvre
engagée à l'égard du film, mais celle-ci ne peut excéder 50 % des frais de
production engagés pour le film. Ce plafond de 50 % s'applique également
au calcul de la bonification déterminée selon l'aide financière publique, de la
bonification pour les productions régionales et de la bonification pour les
effets spéciaux et d'animation informatique. Il est proposé de faire passer de
50 % à 65 % le plafond de la dépense de main-d'oeuvre basée sur les
frais de production. D'accord?
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Girard (Groulx) : Crédit d'impôt
pour les services de production cinématographique. Ce crédit d'impôt
remboursable, qui vise les productions cinématographiques étrangères réalisées
au Québec, est composé d'un crédit d'impôt de base égal à 20 % des frais
de production et d'une bonification correspondant à 16 % du coût de la
main-d'œuvre attribuable aux effets spéciaux et à l'animation informatique.
Modifications proposées : Il est
proposé de faire passer de 20 % à 25 % le taux du crédit d'impôt de
base. Il est également proposé que seuls 65 % du coût d'un contrat de sous-traitance
pour les activités liées à des effets spéciaux et à de l'animation informatique
soient considérés dans le calcul du crédit d'impôt de base de la bonification
pour effets spéciaux.
Alors, j'ajouterais que la bonification du
taux de 20 % à 25 % est grandement appréciée, reconnue par l'industrie
positive, que le... que seuls 65 % du contrat de sous-traitance pour les
activités liées aux effets spéciaux... Alors là, on additionne le 25 %
plus le 16 %, qui devient 41 %, mais seuls 65 %...
M. Girard (Groulx) : ...du 41
du contrat de sous-traitance sera admissible et, en toute franchise, moins bien
reçu puisque d'un côté bonification, donc plus de tournages, 20 à 25, que ce
soit... Puis il y avait l'autre modification pour les productions cinématographiques
québécoises qui faisait passer de 50 à 65 %. Donc, production
cinématographique québécoise, très bien reçu, bonification, 50 % à
65 %, bonification pour les tournages de films de 20 à 25, très bien reçu,
moins bien reçu... et c'est... Il faut savoir qu'au niveau de la production
cinématographique de films étrangers presque la totalité des coûts du crédit
d'impôt étaient reliés à des effets d'animation et... effets spéciaux et
d'animation. Donc, peu de tournages étrangers, beaucoup d'effets spéciaux,
vraiment, en grande partie. Mais là c'est certain que le fait que seul
65 % du coût d'un contrat de sous-traitance sera éligible au crédit
d'impôt, ça, c'est moins bien reçu. Et c'est de là que proviennent les
économies. J'ajoute que, lorsque la commission Godbout s'est penchée sur
l'ensemble de nos crédits d'impôt, ce crédit d'impôt n'a pas bien performé d'un
point de vue de comparaison au niveau de l'efficacité, des retombées fiscales
et des retombées économiques. Et j'ajoute aussi que la question de reconnaître
seul 65 % du coût d'un contrat de sous-traitance vise à éviter certaines
situations sous optimales où l'intention du crédit d'impôt était de
subventionner des salaires, mais, dans sa structure actuelle, il était
difficile de distinguer entre les salaires et les coûts totaux du contrat, d'où
la nécessité de contenir la dépense totale du contrat à 65 %.
J'ajouterais, donc, que, pour les effets... Donc, l'ensemble de ces
modifications qui concerne les tournages, bien reçu. Effets visuels, effets
spéciaux, autrefois, ça pouvait aller jusqu'à 36 %, donc un 20 plus un 16
sur 100 % du contrat, et que, maintenant, 25 plus 16, 41 % mais sur
seulement 65. Donc, si je sursimplifie, avant 36 % de subvention,
maintenant 27, 27, je fais... encore là, j'essaie de simplifier, là, mais
j'arrive à 27 en faisant 41 fois 0,65. Donc, on passe de 36 à 27, donc
c'est comme si on avait baissé le crédit d'impôt de 10 %, de neuf ou du
tiers.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, en bout de piste, ça représente combien en
dollar, grosso modo, en termes d'économie?
M. Girard (Groulx) : Encore
une fois, ces chiffres-là ne sont pas divulgués. Il y a beaucoup de choses qui
bougent dans cette industrie. C'est une industrie qui a connu un ralentissement
suite à la grève des tournages... la grève d'Hollywood, excusez-moi, et c'est
un crédit d'impôt qui est en très, très forte progression, c'est-à-dire que, si
on... avant la grève, son coût augmentait continuellement. Parce que nous
avions le meilleur crédit d'impôt au monde, avec Londres. Et, lorsqu'on regarde
les retombées en fonction du coût, qu'elles soient économiques ou fiscales, je
soumets humblement, et les enjeux que j'ai mentionnés quant à la difficulté de
la traçabilité, du respect de l'esprit du contrat, c'est-à-dire de
subventionner seulement les salaires, je soumets humblement que nous ne voulons
pas avoir le crédit d'impôt le plus...
M. Girard (Groulx) : ...le
plus généreux. Alors, après ces modifications, nous demeurons compétitifs avec
l'Ontario et la Colombie-Britannique.
• (15 h 20) •
M. Beauchemin : Et
maintenant, M. le ministre, que vous êtes confiant au niveau de la traçabilité
justement, au niveau de l'emploi, que ça va être effectivement ça qu'on va
obtenir maintenant?
M. Girard (Groulx) : Très
confiant.
M. Beauchemin : O.K. Des
mesures additionnelles spécifiques pour entourer tout ça?
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est-à-dire qu'on va limiter la dépense des contrats pour la proportion
reconnue historiquement comme une proportion de main-d'oeuvre dans un contrat.
Alors, on a fait des... nos devoirs avec Revenu Canada, Revenu Québec, puis on
a vérifié, puis on pense qu'à 65 % on arrive au bon endroit.
M. Beauchemin : Donc, au
niveau de la main-d'oeuvre en tant que telle, les gestes posés sont... sont
aussi spécifiques dans le sens que ça aide au niveau de la main-d'oeuvre autant
que ça pouvait aider avant, moins le 10 %, grosso modo le 9 %.
M. Girard (Groulx) : Bien là,
faire attention les pour cent, dans le sens que si je passe de 36 % à
27 %, c'est une diminution plus de 33 %. En fait, c'est neuf
trente-sixièmes.
M. Beauchemin : Oui, oui, je
comprends.
M. Girard (Groulx) : Mais en
absolu, c'est 9 % de moins.
M. Beauchemin : D'accord.
M. Girard (Groulx) : Mais de
dire qu'on le baisse juste de 9 %...
M. Beauchemin : Mais non,
c'était relatif, là. On parlait d'absolu effectivement.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
M. Beauchemin : Donc, O.K.
Mais au niveau donc des emplois, là, de l'aide aux emplois spécifiques en tant
que telle versus ce que vous disiez tout à l'heure...
M. Girard (Groulx) : 36 %
à 27 %.
M. Beauchemin : 36 % à
27 %.
M. Girard (Groulx) : Dans les
effets spéciaux, parce que pour les tournages, on bonifie le crédit d'impôt, on
bonifie le crédit d'impôt aux tournages québécois et on bonifie l'aide aux
tournages étrangers au Québec. Mais...
M. Beauchemin : Puis on... Le
focus que sur la main-d'œuvre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mais ce qu'on observe... ce qu'on observait dans les dernières années, c'est
que presque l'entièreté du crédit d'impôt allait aux effets spéciaux, effets
visuels, et donc qu'on n'avait pas suffisamment de tournages.
Le Président (M. Simard) : M.
le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre : Merci, M. le
Président. M. le ministre, on passe de 50 % à 65 %, là, au niveau du
crédit d'impôt, au niveau de la production québécoise. L'objectif, c'est
d'augmenter la production. Est-ce qu'on a des idées d'augmentations possibles
prévues avec l'augmentation du crédit d'impôt de 15 %?
M. Girard (Groulx) : Non.
Mais je peux vous dire que ça a été très bien reçu, puis c'était une demande de
l'industrie.
M. Lefebvre : Oui, c'est ça.
M. Girard (Groulx) : Puis on
vient aux 65 %, c'est-à-dire, on revient à l'esprit que dans une
production, généralement, il y a 65 % de main-d'œuvre.
M. Lefebvre : Mais on croit
que ça peut stimuler la production.
M. Girard (Groulx) : Oui,
c'est-à-dire que, lorsqu'on a fait nos hypothèses, il y avait des coûts
associés à ces bonifications-là, puis la réduction des effets visuels amène des
économies.
M. Lefebvre : Merci.
Le Président (M. Simard) : D'autres
questions sur les articles contenus à l'intérieur du sujet 5? Sans quoi
nous allons procéder à la mise aux voix des articles suivants. Est-ce que les
articles 150, 151, 183 et 198, ainsi que les articles 152, 153 et
199, sont adoptés? M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention, M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire : M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire : Mme
Abou-Kkhalil (Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire : M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Abstention.
Le Secrétaire : M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire : M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Ces articles sont donc adoptés. Nous passons maintenant à l'étude du sujet
numéro 6 qui concerne l'article 160. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci,
M. le Président. Ici, j'aimerais préciser qu'on parle des entreprises. C'est
important parce qu'il y a le crédit d'impôt pour travailleurs d'expérience qui
concerne les individus. Mais le sixième sujet concerne l'abolition du crédit
d'impôt favorisant le maintien en emploi des travailleurs d'expérience. C'est
un crédit d'impôt que nous avions créé en 2019, une société... pour les
entreprises. Une société dont la masse salariale est inférieure à
7,5 millions de dollars peut bénéficier d'un crédit d'impôt
remboursable pouvant atteindre 75 % des montants payés à titre de cotisation
d'employeur à l'égard d'un employé âgé de 65 ans ou plus, et 50 % des
montants payés à ce titre à l'égard d'un employé âgé de 60 à 64 ans. Ce
crédit d'impôt ne peut...
M. Girard (Groulx) : ...d'impôt
ne peut excéder 1 875 $ à l'égard d'un employé 65 ans ou plus et 1250 à
l'égard d'un employé 60 à 64 ans. Il est proposé d'abolir ce crédit d'impôt à
l'égard des cotisations d'employeur payées relativement à une rémunération
attribuable à une date postérieure au 12 mars 2024. Les impacts financiers, ça,
je crois que c'était public dans le budget. C'est une économie de l'ordre de 80
millions de dollars par année.
Le Président (M. Simard) : Des
commentaires?
M. Beauchemin : Donc,
pourquoi avoir mis ça en place initialement?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, lorsqu'on est arrivé au pouvoir en octobre 2018, nous
avions... l'âge moyen de la retraite au Québec était à 62 ans. Et il faut
revenir - je vais essayer de faire un ordre chronologique - la création du
crédit d'impôt pour travailleurs d'expérience pour les salariés, pour les
personnes, ça, ça remonte à 2012, gouvernement de...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) :
...c'était M. Charest. Merci. Bon, O.K. Et, à ce moment-là, l'âge de la
retraite des Québécois, c'était 61 ans. Quand je dis l'âge de retraite, là,
c'est l'âge auquel... le moment où les gens enclenchent leur RRQ, c'est-à-dire
qu'en principe ils arrêtent de travailler, ça fait qu'ils déclenchent leur RRQ.
C'est une moyenne, 61 ans, et le taux de participation des 60-64 ans était de
10 points inférieurs à l'Ontario, c'est-à-dire que l'Ontario était à 55, nous
étions à 45, taux de participation... 2019, c'était 62, l'âge de retraite,
l'Ontario, 65; 2024, Québec, 64,7, c'est-à-dire qu'on a finalement rattrapé
l'Ontario; et le taux de participation des 60-64 ans, on a rattrapé l'Ontario,
10 points, taux de participation à 58 %. Donc, tant l'âge de la retraite
et le taux de participation indiquent qu'on n'a plus besoin de mesures
d'incitation au travail chez les 60-64 ans.
Et une autre chose que nous avons comme
information, c'est que les études économiques sur ce crédit d'impôt sont très
mitigées dans le sens qu'elles indiquent que le principal facteur de décision,
pour poursuivre le travail, à 61 ans, etc., c'est la scolarisation, dans le
sens que c'est beaucoup plus facile pour un comptable ou un fiscaliste de
travailler après 60 ans que, par exemple, quelqu'un qui aurait travaillé chez
Rio Tinto toute sa vie, ou sur un chantier de construction. Donc, à mesure que
le temps passe, que les cohortes de retraités québécois sont plus scolarisées,
l'âge de la retraite va continuer à monter, parce que... parce que c'est comme
ça, c'est ce que ça montre.
L'autre chose, c'est que le crédit d'impôt
était accordé à un grand nombre de personnes et influençait très peu de
personnes. Donc, ça fait une mesure dispendieuse, puisque ça coûte cher de
donner un crédit d'impôt à tous les travailleurs, entre 60 et 64 ans, dans une
cohorte de revenus, alors que, marginalement, mettons qu'il y a 400 000
personnes qui bénéficiaient du crédit d'impôt, s'il y en a vraiment juste
10 000 qui ont été influencées par le crédit d'impôt, mais ça coûte cher de
faire une mesure pour 400 000 personnes où seulement 10 personnes ont pris ce
crédit d'impôt en considération dans leur décision.
• (15 h 30) •
Alors, pourquoi créer celui-ci 2019 et
bonifier celui qui avait été créé en 2012? Parce qu'à ce moment-là l'âge de la
retraite était inférieur, parce qu'on était en rareté de main-d'oeuvre
prépandémique, là, la situation a évolué, puis là on sait qu'aujourd'hui on a
un marché de l'emploi qui est cycliquement plus faible et qu'aussi on a eu une
forte augmentation de la population en 2023...
15 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...de
2024. Donc, la nécessité de ces mesures d'incitation au travail n'est plus là.
M. Beauchemin : L'éducation
postsecondaire, là, qui semble être un des éléments que vous mentionniez tout à
l'heure, selon vous, avec la vague d'immigration qui a eu lieu dans les deux
dernières années, ça va-tu être influencé à long terme, ou...
M. Girard (Groulx) : Je
croirais que non. C'est vraiment une évolution de la société, là, dans le sens
que l'accès... Je pense qu'autrefois il y avait plus de travaux qui impliquent
une implication physique extrêmement importante en proportion de l'économie qu'aujourd'hui.
Il y a la scolarisation. Il y a aussi la structure industrielle, là, une
évolution où il y a plus d'emplois dans les services, assurances, finances et
peut-être moins en agriculture, puis etc. L'évolution de la société.
M. Beauchemin : Ça fait que
vous dites, là, c'est un crédit d'impôt qui était comme un peu inefficace.
M. Girard (Groulx) : Celui
aux entreprises était particulièrement inefficace. Celui... Guillaume, c'est
dommage que tu n'aies pas le droit de parole, tu avais quelque chose à dire.
Celui aux entreprises était particulièrement inefficace. En fait, il était très
peu réclamé et avait très peu d'impact sur l'embauche. Et les entreprises
avaient tellement besoin de travailleurs qu'il n'y avait pas besoin d'un crédit
d'impôt pour être encouragées à embaucher des travailleurs.
M. Beauchemin : C'est un peu
comme ça, mais comme... quand vous dites : C'était... Il y avait peu d'entreprises
qui l'utilisaient, c'est ça? Qui... c'était injustifiable pour eux autres de...
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est-à-dire
que, culturellement, au Québec, les entreprises sont... n'étaient pas nécessairement
généralement portées vers les travailleurs d'expérience. C'est comme si la
demande était concentrée sur les 25-54 ans. Mais à mesure que le marché de
l'emploi s'est resserré, bien là, la demande a augmenté pour que les gens qui
quittaient à la retraite restent en emploi, puis...
M. Beauchemin : Puis, tout à
l'heure, vous l'avez dit, là, que ça... ça a généré combien pour le
gouvernement?
M. Girard (Groulx) : 80 millions
de coûts.
M. Beauchemin : 80. Puis ce
que vous avez annoncé dans votre mise à jour de la semaine dernière, je sais
que ce n'est pas le même sujet, là, mais...
M. Girard (Groulx) : C'est
200 000 personnes à en moyenne 1 000 $, donc 200 millions.
M. Beauchemin : 200 millions.
O.K. D'accord. Ça, c'est au niveau de l'individu.
M. Girard (Groulx) : Pour les
individus.
Le Président (M. Simard) : M.
le député d'Arthabaska? D'autres commentaires? Sans quoi, nous allons procéder
à la mise aux voix de l'article 160. Cet article est-il adopté? Par appel
nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire : M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire : Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire : M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire : M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Cet article est donc adopté. Nous poursuivons par l'étude du sujet numéro sept.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Déductions
incitatives pour la commercialisation des innovations au Québec, communément
appelée la DICI. M. le Président, je vois que ça vous stimule.
Le Président (M. Simard) : Absolument...
M. Girard (Groulx) : La
déduction incitative pour la commercialisation des innovations au Québec permet
à une société qui commercialise un actif de propriété intellectuelle développé
au Québec de bénéficier d'un taux d'imposition effectif de 2 % sur la
partie de son revenu imposable qui est attribuable à cet actif, point. Dans la
détermination du montant de cette déduction, il est tenu compte du ratio établi
pour l'année d'imposition en cours et les six années d'imposition précédentes
entre les activités de recherche et de développement effectuées par la société
au Québec et celles qu'elle a effectuées au Québec et ailleurs. À titre d'exemple,
une intervention protégée par un brevet et un logiciel...
M. Girard (Groulx) : ...un
logiciel protégé par un droit d'auteur sont des actifs de propriété
intellectuelle qui peuvent être admissibles à cette déduction.
Modifications proposées. Il est proposé,
d'une part, que le ratio dont il est tenu compte dans le calcul de cette
déduction soit seulement déterminé en fonction des activités de recherche et de
développement ayant contribué directement à la création, au développement ou à
l'amélioration de l'actif de propriété intellectuelle et que ce ratio soit
calculé sur une base historique plutôt que sur une période de sept ans. D'autre
part, il est proposé d'exclure certains types de revenus, dont le revenu
d'intérêts et de dividendes, du calcul de cette déduction.
Peut-être qu'on pourrait demander à nos
juristes d'expliquer, parce que c'est quand même technique, ces modifications.
Le Président (M. Simard) : Alors,
il y aurait consentement pour ce faire? Ceci étant dit, madame ou monsieur, je
ne sais pas qui aura préséance. Pourriez-vous d'abord vous présenter, pour les
fins de nos travaux?
Mme Blanchet (Isabelle) : Je
vais... Je vais le... Oui. Isabelle Blanchet, Revenu Québec. Alors, la
déduction incitative pour la commercialisation des innovations au Québec, c'est
une déduction dans le calcul du revenu imposable. Donc, on n'est pas en crédit
d'impôt, c'est vraiment une déduction. Le but de la déduction, c'est de...
Lorsqu'un actif de propriété intellectuelle admissible - on parle ici d'un
brevet, une invention protégée par brevet ou d'un logiciel protégé par droit d'auteur
- qui a été développé au Québec par la société et qui est commercialisé, on
veut permettre à la société d'obtenir ultimement un taux d'impôt effectif
d'environ 2 % sur les revenus tirés de la commercialisation de l'actif.
Pour ce faire, il y a un calcul dans la
loi qui est assez technique, une formule avec plusieurs éléments. Alors, les
interventions qu'on fait ici. Le premier élément de la facture... de la
facture... de la formule, c'est le revenu de la société. Alors, ici, on vient
exclure certains types de revenus qui sont moins associés à la... du revenu
plus passif, là, comme des dividendes ou de l'intérêt. Ensuite, pour
circonscrire, là, la partie du revenu qui est attribuable à l'actif de
propriété admissible, toujours en lien avec de la recherche et développement
faits au Québec, il y a une fraction, un ratio. Le numérateur, ce sont les
activités de recherche et développement faites au Québec par la société, puis
le dénominateur, c'est ses activités de recherche et développement globales, peu
importe l'endroit.
Donc, le projet de loi vient préciser que
dans le numérateur, non seulement il faut que ce soit fait au Québec, mais il
faut que ce soit en lien avec l'actif de propriété pour lequel on demande la
déduction, c'est-à-dire, comme je... le logiciel ou l'invention protégée par
brevet, et puis c'est... le ratio était basé sur un historique de sept ans que
ça pouvait être moins, là, quand la... dans le cas d'un jeune actif de
propriété intellectuelle. Là, on va suivre une base historique. Donc, ça va
toujours être une moyenne de la R&D faite au Québec en lien avec l'actif
sur la R&D globale. Donc, on ne veut pas donner le... de la R&D qui est
faite par une société hors du Québec, on veut s'assurer que la... s'assure que
la formule s'assure qu'on ne donne pas, là, le bénéfice d'un taux d'imposition
réduit sur de la R&D faite hors du Québec.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M., souhaitez-vous compléter ou ajouter quoi que ce soit?
M. Charest (Samuel) : Non, ça
va.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va. D'autres questions?
M. Beauchemin : Je vais en
avoir quelques-unes pour mieux comprendre. Donc là, on veut juste s'assurer que
la recherche et développement qui a été faite, elle a bel et bien été faite au
Québec?
Mme Blanchet (Isabelle) : Oui,
mais c'était déjà prévu dans la loi. Là, on rajoute qu'il faut que ce soit
vraiment en lien avec l'actif de propriété intellectuelle.
M. Beauchemin : Sur lequel...
Mme Blanchet (Isabelle) : ...qu'on
appelle «admissible», là...
M. Beauchemin : Sur lequel...
Mme Blanchet (Isabelle) : Oui.
M. Beauchemin : Oui,
d'accord. O.K., je comprends. Puis là, vous parlez d'enlever la déduction de
revenu d'intérêts. J'essaie juste de comprendre, parce que... propriété
intellectuelle qui aurait un revenu d'intérêts...
Mme Blanchet (Isabelle) : Non,
c'est que le... l'élément... Là, je vais... Je regarde mon collègue, parce que
je ne veux pas vous induire en erreur, mais je pense que c'est tout le revenu.
Le premier élément parle du revenu de l'entreprise, là, sans... sans qu'il soit
nécessairement en lien avec l'actif. C'est le reste de la formule qui permet de
circonscrire la partie du revenu qui est en lien avec l'actif.
Mais je vais... Si la commission le
permet, peut-être que mon collègue pourrait compléter pour la première partie
de la formule.
Le Président (M. Simard) : Alors,
y a-t-il consentement? Il y a consentement. M., pourriez-vous vous présenter,
s'il vous plaît? Vous l'avez très bien fait hier, mais néanmoins il faut le
refaire aujourd'hui.
M. Charest (Samuel) : Hier,
moi? Non, je n'étais pas ici hier.
Le Président (M. Simard) : Non,
vous n'étiez pas là, vous?
M. Charest (Samuel) : Non.
Le Président (M. Simard) : Bien
oui, vous étiez derrière, là-bas, là.
• (15 h 40) •
M. Charest (Samuel) : Non.
Peut-être quelqu'un qui me ressemblait. Mais...
Le Président (M. Simard) : Ce
n'était pas vous? Ah! il y avait quelqu'un qui vous ressemblait.
M. Charest (Samuel) : Comme
ma directrice l'a expliqué...
Le Président (M. Simard) : Oui.
Pourriez-vous vous présenter, s'il vous plaît?
M. Charest (Samuel) : Ah!
pardon. Samuel Charest, légiste à Revenu Québec.
Le Président (M. Simard) : Soyez
le bienvenu.
M. Charest (Samuel) : Merci.
Le premier élément de la formule, c'est pour...
M. Charest (Samuel) : ...déterminer
le bénéfice admissible à la déduction de la société. Puis il y a quatre
éléments dans cette partie de la formule. Il y a le revenu net de la société,
mais il y a aussi son revenu brut, puis on vient prendre... on vient prendre la
proportion entre son revenu brut qui provient de l'actif de propriété
intellectuelle admissible sur l'ensemble de son revenu brut...
Des voix : ...
M. Charest (Samuel) : Puis,
dans le calcul de... du revenu brut et du revenu net également, on va exclure
les revenus d'intérêts, le revenu de dividendes, le revenu de gains en capital
et de participation dans une société de personnes. Donc, ça va... c'est ça, ça
vient isoler le revenu qui était seulement le revenu d'entreprise qui provient
de la vente des biens, qui incorpore l'actif de propriété intellectuelle
admissible.
M. Beauchemin : ...la
question parce que je sais que, tu sais, dans une entreprise, il est possible
d'avoir des revenus d'intérêts, de placements, d'encours, cash en banque, etc.
Il est possible aussi d'avoir des investissements ou des succursales qui paient
un dividende. Ça, je le comprends. Dans un élément spécifique... Parce que là
on arrive pour essayer de calculer finalement quel est le revenu spécifique à
la propriété intellectuelle sur laquelle elle est admissible à ce taux
effectif, là, de 2 %. J'ai beaucoup de misère à comprendre comment qu'on
en arrive à dire : Bon, bien, O.K., cette propriété intellectuelle que là
maintenant on veut commercialiser, cette entité-là reçoit des intérêts et des
dividendes, cette sous-section-là de l'entreprise reçoit des intérêts et des
dividendes. C'est vraiment à l'extérieur. C'est comme dans d'autres
départements de l'entreprise. Ça fait que j'essaie juste de comprendre comment
on en arrive à dire qu'il y a de l'intérêt et des dividendes dans de la
propriété... dans la commercialisation de la propriété intellectuelle.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, monsieur ou madame, je ne sais trop.
Une voix : ...
Mme Blanchet (Isabelle) : O.K.
Oui. Isabelle Blanchet, Revenu Québec. C'est que la première... le premier
élément de la formule part du revenu de la société. Donc, c'est le revenu total
au sens où... comme pour les impôts, donc la société peut avoir... peut avoir
une filiale, peut avoir des placements dans d'autres... peut détenir des
actions dans d'autres sociétés. Donc, oui, elle peut avoir du dividende, oui,
elle peut avoir du revenu passif.
M. Beauchemin : Je comprends,
mais ce que vous me dites, c'est que c'est... pour... on essaie d'identifier le
revenu associé à la propriété intellectuelle puis là on fait une formule pour
en arriver à le trouver. Ça, je le comprends. On n'est pas capable de juste
identifier le revenu directement qui est associé à la propriété intellectuelle
de la part de l'entreprise?
Mme Blanchet (Isabelle) : C'est
parce que... parce que ce n'est pas tout le revenu de la propriété
intellectuelle qui est attribuable nécessairement aussi à de la R et D faite au
Québec. Donc, c'est... il faut circonscrire encore davantage. C'est le revenu
tiré de la propriété intellectuelle, mais attribuable à de la RD faite au Québec.
Peut-être qu'il y a une partie de l'actif de propriété intellectuelle qui
est... qui a été... a été développée en dehors du Québec. Alors, c'est pour ça
qu'il faut avoir vraiment un ratio pour circonscrire.
M. Beauchemin : O.K. Ça fait
que, donc, ce que vous êtes en train de faire, c'est que vous êtes en train de
faire une formule qui va forcer les entreprises à passer au travers cette
formule-là pour vous donner le chiffre que vous cherchez à avoir, à savoir
combien a été généré par de la recherche et développement qui a créé de la
propriété intellectuelle au Québec, auquel on veut appliquer un taux effectif
d'imposition de 2 %.
Mme Blanchet (Isabelle) : Oui,
mais chacun des éléments de la formule est très, très expliqué, là, en détail.
Dans le formulaire, on voit, là, le détail pour arriver au calcul, là, de la
déduction.
M. Beauchemin : Bien,
j'assume que vous avez raison puis j'assume que c'est la façon de faire puis
qu'en bout de piste on obtient ce qu'on a de besoin. Il n'y a pas eu de... Il
n'y a pas eu...
M. Girard (Groulx) : ...
M. Beauchemin : Hein?
M. Girard (Groulx) : ...c'est
un nouveau crédit d'impôt qu'on a créé en... nouvelle déduction, ce n'est pas
un crédit d'impôt, une nouvelle... qui a été créée en 2021. Et puis là, à
l'usage, on améliore la mesure.
M. Beauchemin : O.K., mais
ça, justement, il n'y a pas eu de... il n'y a pas eu de test du client par la
suite, si je peux utiliser le terme, là, d'aller voir les entreprises puis dire :
Finalement, notre formule, ça représente-tu vraiment ce que tu as fait, là, tu
sais, en termes de revenus sur de la propriété intellectuelle qui a été faite
au Québec, qui a généré de la propriété intellectuelle, qui a fait en sorte que
ça a généré des revenus sur lesquels on veut t'imposer 2 %? Il y a-tu ce
test-là qui a été fait pour dire : Finalement, notre formule représente la
réalité? Parce que, là, je le comprends, là, qu'on l'améliore, c'est ça,
mais...
M. Girard (Groulx) : Mais il
faut dire, là, que cette nouvelle mesure...
M. Girard (Groulx) : ...créée
en 2021 coûte très peu d'argent. C'est-à-dire qu'elle n'a pas, certainement
pas, encore stimulé la demande pour cette déduction. Alors, c'est un bon moment
pour l'améliorer.
M. Beauchemin : C'est un bon
moment pour la poser, la question, justement, aux payeurs de taxes, à
l'entreprise : Est-ce que c'est représentatif de la réalité? C'est ça, ma
question. Est-ce qu'on l'a testé?
M. Girard (Groulx) : Bien,
j'émettrais l'hypothèse qu'ils vont toujours répondre que c'est représentatif
de la réalité par rapport à ce qu'ils ont déclaré. On a très peu de retours et
déclarations de non-représentatif de la réalité.
M. Beauchemin : Je comprends.
O.K., c'est beau.
Le Président (M. Simard) : D'autres
interventions sur le bloc 7? Sans quoi nous allons procéder à la mise aux voix
des articles qui suivent. Est-ce que les articles 123, 124, 191 et 192 sont
adoptés?
Une voix : Appel nominal.
Le Président (M. Simard) : Appel
nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Thouin (Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Certainement que
je suis pour. Puis je pense qu'une collègue s'installe aussi.
Le Secrétaire : Mme
Abou-Khalil (Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire : M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Abstention.
Le Secrétaire
: M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire : M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) :
Abstention. Ces articles sont donc adoptés. Nous poursuivons. Nous en sommes...
M. Girard (Groulx) : ...suspendre
10 secondes...
Le Président (M. Simard) : Nous
allons suspendre, M. le ministre, tout à fait, quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
(Reprise à 15 h 48)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Chers amis, nous sommes de retour. Alors, M. le ministre, au moment de
suspendre, nous en étions rendus à l'étude du sujet numéro huit.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Merci, M. le Président. Modifications aux lois constitutives des fonds
fiscalisés. Contexte : Le Fonds de solidarité des travailleurs et des
travailleuses du Québec, Fonds d'action et Capital régional et coopératif
Desjardins peuvent lever des capitaux au moyen de l'émission d'actions qui
donne droit à un crédit d'impôt sous réserve d'une limite annuelle d'émission
dans le cas de Capital régional coopératif Desjardins. En retour, ces fonds
doivent respecter une norme d'investissement afin que les capitaux recueillis
contribuent à l'essor d'entités québécoises.
Pour l'application de cette norme, les
investissements réalisés dans le secteur immobilier sont plafonnés à 10 %
de leurs actifs.
Modifications proposées : Il est
proposé d'exclure du plafond de 10 % les investissements en logements
réalisés dans le cadre d'une entente avec le gouvernement. Il est également
proposé de fixer à 125 millions de dollars la limite d'émission de Capital
régional et coopératif Desjardins pour sa période de capitalisation se
terminant le 28 février 2025.
De plus, il est proposé de permettre le
réaménagement du conseil d'administration de Fondaction pour que davantage de
membres soient élus par les actionnaires. Il est aussi proposé de revoir
l'encadrement administratif et opérationnel de Fondaction et du Fonds de
solidarité des travailleurs et des travailleuses du Québec, afin notamment que
leurs conseils d'administration puissent déléguer davantage de pouvoirs, que le
processus d'achat de gré à gré de leurs actions soit allégé, que le transfert
d'actions d'un compte à un autre soit facilité et qu'il soit possible, dans
certains cas, de fermer des comptes ayant un solde de 1 500 $ ou moins...
M. Girard (Groulx) : ...et
générant des frais administratifs importants.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Alors,
y a-t-il des questions sur ce bloc d'articles? Sans quoi nous allons procéder à
la mise aux voix. Est-ce que les articles 12 à 66 et l'article 187
qui sont adoptés? M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire : M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire : Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire :M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Abstention.
Le Secrétaire : M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire :M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Ces articles sont donc adoptés. Nous poursuivons. Nous en sommes à l'étude du
sujet numéro neuf concernant les articles 67 et 68. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui. Le
sujet neuf concerne une mesure de santé publique, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : «Taxe
spécifique sur les produits du tabac. La Loi concernant l'impôt sur le tabac
établit les taux de la taxe spécifique applicable lors de la vente au détail
des différents produits de tabac.»
Modifications proposées. Il est proposé de
hausser les taux de la taxe spécifique sur les produits de tabac. Ainsi, le
taux applicable par cigarette et par gramme de tabac en vrac ou de tabac en
feuilles ainsi que le taux minimal applicable par bâtonnet de tabac passe de
0,189 $ à 0,199 $ à compter du 13 mars 2024 et de 0,199 $ à
0,209 $ à compter du 6 janvier 2025 de sorte que le taux applicable
par cartouche de 200 cigarettes augmente de 2 $ à chacune de ces
hausses. Le taux applicable par gramme de tout tabac autre que des cigarettes
de tabac en vrac, du tabac en feuilles et des cigares passe de 0,2907 $ à
0,3061 $ à compter du 13 mars 2024 et de 0,3061 $ à
0,3215 $ à compter du 6 janvier 2025.
Alors, essentiellement, M. le Président,
on a augmenté le taux de taxe... je veux juste trouver le bon terme, là, ça,
c'est la taxe... Est-ce qu'on appelle ça la taxe spécifique?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Oui.
Voilà... La taxe... Merci. Je voulais avoir le mot juste. Alors, on augmente le
taux de taxe spécifique sur les produits de tabac de 2 $ par cartouche de
200 cigarettes, deux fois, donc un total de 4 $. On pourrait poser la
question pourquoi pas plus, puisque la cigarette est nocive, c'est toujours en
fonction de ne pas favoriser la contrebande. Alors, nous sommes confiants qu'à
4 $ on ne favorise pas la contrebande. Et nos taux de taxe demeurent...
nos taux de taxe spécifique demeurent bas par rapport à l'Ontario. Ça veut dire
que toutes choses étant égales par ailleurs, s'il y avait un contrebandier, il
préférerait écouler ses cigarettes en Ontario. C'est pour ça qu'on se limite à
un niveau de taxe spécifique inférieur à ce qui se passe en Ontario. Et on
travaille, bien sûr, avec les services de police et l'ensemble des... Revenu
Québec, etc., pour toujours s'assurer de contrer la contrebande et qu'une
hausse de taxe spécifique résulte en une hausse de revenus pour le
gouvernement. Dans ce cas-ci, les deux taxes, l'augmentation de 4 $,
rapportent 65 millions par année au gouvernement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Des échanges à ce sujet? Conséquemment, les articles 67 et 68 sont-ils
adoptés? M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire : M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire : Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire : M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Pour.
Le Secrétaire : M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire : M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Ces articles sont donc adoptés. Nous poursuivons par l'étude du bloc 10
concernant les véhicules routiers au Québec. L'article 202. M. le
ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui. M.
le Président, l'article 202 est le dixième sujet, concerne l'apport d'un
véhicule routier au Québec. La Loi sur la taxe de vente du Québec prévoit une
règle anti-évitement relative aux transactions portant sur les véhicules
routiers usagés afin...
M. Girard (Groulx) : ...afin
que la TVQ s'applique sur le plus élevé du prix payé pour le transfert d'un tel
véhicule et de sa valeur estimative. Cette valeur correspond généralement au
prix indiqué dans un volume de référence, diminué de 500 $. Cette règle ne
s'applique pas lors du transfert d'un véhicule routier usagé entre particuliers
liés, mais demeure applicable lors de l'apport au Québec d'un tel véhicule qui
résulte d'un transfert survenu hors du Québec entre particuliers liés.
Modifications proposées : Il est
proposé que la règle de la valeur estimative ne s'applique pas lors de l'apport
au Québec d'un véhicule routier usagé résultant d'un transfert survenu hors du
Québec entre particuliers liés. Ainsi, dans de telles circonstances, la TVQ
s'appliquerait sur le prix payé pour ce transfert.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Des remarques sur l'article 202? Conséquemment, l'article 202
est-il adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Appel
nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire : M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire : Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire : M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Abstention.
Le Secrétaire : M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire : M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Cet article est donc adopté.
Et nous en sommes maintenant au bloc
numéro 11 qui, lui-même, contient quatre sous-items. M. le ministre, à
vous la parole.
M. Girard (Groulx) : Oui, je
vais lire les quatre items et on pourra avoir la discussion ensuite
allégrement, M. le Président, puisque déjà, on sent que la température a baissé
ici, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : D'accord.
Oui, de beaucoup.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
Évitement de dettes fiscales.
Le Président (M. Simard) : Excusez-moi.
Grâce à l'intervention très efficace de notre secrétaire, vous aurez remarqué.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Moi, je pensais que c'était simplement parce qu'on avait ouvert la porte.
Le Président (M. Simard) : Ah!
c'est... mais grâce à notre secrétaire.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Dans tous les cas, merci à tous ceux qui ont été impliqués dans cette délicate
opération. Évitement de dettes fiscales.
Contexte : La loi sur l'administration
fiscale prévoit une règle qui s'applique lorsqu'une personne cède à une autre
personne avec laquelle elle a un lien de dépendance un bien pour une
contrepartie inférieure à sa juste valeur marchande. Dans ces circonstances, le
cessionnaire devient solidairement responsable avec le cédant des dettes
fiscales de celui au moment de la cession.
Modifications proposées : Il est
proposé d'introduire une nouvelle règle anti-évitement pour contrer les
planifications qui cherchent à éviter cette responsabilité solidaire par la
cession d'un bien avant la naissance d'une dette fiscale anticipée. Une
nouvelle pénalité s'applique à une personne qui participe à une telle
planification.
Deuxième sujet, M. le Président, ou
deuxième... voilà, deuxième sujet. Obligation de production d'une déclaration
fiscale pour certaines fiducies.
Contexte : Généralement, les fiducies
qui n'ont pas d'impôt à payer pour une année d'imposition ne sont pas tenues de
produire une déclaration fiscale pour l'année. Il existe certaines exceptions à
cette règle. Par exemple, une fiducie qui réside au Québec ou y exploite une
entreprise et qui est propriétaire de biens dont le coût est supérieur à
250 000 $ est tenu de produire une telle déclaration.
Modifications proposées : Il est
proposé d'étendre l'obligation de produire une déclaration à un plus grand
nombre de fiducies. Ainsi, les fiducies qui résident au Québec ou y exploitent
une entreprise auront cette obligation, sauf si elles sont des fiducies
spécifiquement exclues, comme le sont certaines successions, les fiducies
existant depuis moins de trois mois, les fiducies qui détiennent des biens
d'une valeur n'excédant pas 50 000 $ et les fiducies régies par un CELI ou
un REER. Une pénalité est introduite pour sanctionner certains défauts de
production.
Paiement et transmission de documents par
un moyen technologique.
Plusieurs règles régissent les modalités
relatives au paiement de montants dus en vertu d'une loi fiscale ou à la
transmission de documents exigés en vertu d'une telle loi. Les lois fiscales
prévoient déjà que certains paiements et certaines transmissions de documents
doivent être faits par un moyen technologique.
• (16 heures) •
Modifications proposées : Il est
proposé d'élargir les cas pour lesquels un paiement ou une transmission de
documents doit se faire par un moyen technologique. Ainsi, à titre d'exemple,
un montant de plus de 10 000 $ dû par un contribuable en vertu de la Loi
sur les impôts doit dorénavant être payé par un tel moyen. De même, il est proposé
de faire passer de 50 à 5 le nombre maximal de déclarations fiscales qu'un
préparateur de déclarations peut produire pour le compte de...
16 h (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...société
ou une personne physique autrement que par un moyen technologique. Les
conditions d'application de pénalités sont prévues pour sanctionner le
non-respect de ces nouvelles obligations. De plus, lorsqu'un particulier a
transmis sa déclaration par un moyen technologique et qu'il a autorisé Revenu
Québec à communiquer avec lui par ce moyen, il est dorénavant prévu qu'un avis
de cotisation relatif à cette déclaration soit réputé envoyé aux particuliers
et reçu par lui le jour où il est mis à sa disposition. Par ce moyen
technologique, le particulier peut à tout moment révoquer cette autorisation
selon les modalités que détermine le ministre.
Activité de minage de cryptoactif. La
plupart des réseaux de cryptoactifs utilisent les services de personnes pour
valider les opérations dans une chaîne de blocs et ajouter ces opérations à un
registre distribué public. Ces personnes exécutent une activité de minage et
peuvent être rémunérées pour cette activité, habituellement sous la forme de
cryptoactifs. De manière générale, les réseaux de cryptoactifs n'ont pas de
propriétaire ni de personne responsable de leur exploitation. Modification
proposée : Il est proposé d'introduire de nouvelles règles dans la loi sur
la taxe de vente du Québec afin qu'une personne qui exécute des activités de
ménage... de minage... des activités de minage soit réputée ne pas effectuer
une fourniture. De plus, il est proposé que les biens ou les services
consommés, utilisés ou fournis dans le cadre d'une telle activité soient réputés
l'être hors du cadre des activités commerciales de la personne. Ces nouvelles
règles font en sorte que la TVQ ne s'applique pas à une activité de ménage...
de minage - décidément - et que la personne qui exécute une telle activité ne
peut demander un remboursement de la taxe sur les intrants. Modifications
diverses : Plusieurs modifications à caractère technique, terminologique
ou grammatical sont apportées à la Loi sur... la loi de l'impôt sur le revenu
et la Loi sur la taxe d'accise, principalement par des projets de loi fédéraux
sanctionnés en 2022 et en 2023. Modification proposée : La législation
québécoise fait l'objet de modifications semblables à celles qui ont été
apportées à la Loi de l'impôt sur le revenu et à la Loi sur la taxe d'accise
par ses projets de loi fédéraux, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, y aurait-il des commentaires sur l'un ou l'autre des articles de
ces quatre sous-sections? M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Oui. Donc,
pour l'évitement des dettes fiscales, comment on va évaluer l'intention, là, de
planifier?
Mme Blanchet (Isabelle) : Isabelle
Blanchet, Revenu Québec. C'est sûr que c'est une question de fait. Mais ici, on
parle de gens qui ont... sachant, souvent suite à une vérification, qu'une
cotisation à la hausse va être émise, se départissent de leurs biens en faveur
de gens de leur famille, souvent sans contrepartie ou à un coût inférieur à la
valeur marchande, alors c'est vraiment une question factuelle, mais ce sont des
dossiers quand même qui sont assez aisés, à Revenu Québec, là, d'identifier,
parce que c'est des... souvent, c'est des contextes, là, de... qui font suite à
des vérifications. C'est une question de... c'est une question de fait, mais ce
n'est pas... c'est quand même assez aisé pour nous, là, de mettre ça en... C'est
factuel, mais ce n'est pas... ce n'est pas un fardeau insurmontable, là.
M. Beauchemin : O.K. Combien
de temps d'anticipation d'une dette fiscale on va prévoir...
Mme Blanchet (Isabelle) : C'est
difficile pour moi de vous donner un moment précis, mais c'est sûr que nous, on
a un critère d'intention, c'est en vue d'éviter une dette fiscale, ça fait que
c'est sûr que plus le délai est long, plus ça devient difficile pour nous de
prétendre que c'est dans le but d'éviter, là, d'avoir à payer, là, de se
départir de ses biens pour ne pas avoir d'actifs à saisir, là. Ça fait que c'est
vraiment... Je ne peux pas vous donner un indice de temps précis, mais
généralement la personne sait que la cotisation s'en vient, alors il y a eu
probablement des interactions ou une vérification, là, qui a eu lieu dans le
dossier du contribuable.
M. Beauchemin : O.K. Sur les
déclarations fiscales pour les fiducies, est-ce que la taille réelle de l'évitement
est importante?
Mme Blanchet (Isabelle) : Isabelle
Blanchet. Je ne pourrais pas vous dire un chiffre précis. On est en
harmonisation avec la législation fédérale, ça fait que je n'ai pas de... Je ne
suis pas en mesure de vous donner une réponse, là.
M. Beauchemin : Puis c'est
quoi, selon vous, d'abord, l'objectif ultime de cette mesure-là?
Mme Blanchet (Isabelle) : Mais
c'est dans le but d'avoir...
Mme Blanchet (Isabelle) : ...en
ayant des déclarations des fiducies et son numéro d'identification, de faire un
suivi. Il y a certaines fiducies aussi qui peuvent être utilisées pour faire
des planifications fiscales. Alors, c'est vraiment, je ne dirais pas jusqu'à
détection, mais au moins d'être connu du fisc et puis d'être capable de faire
un suivi. Parce que quand une fiducie ne produit pas une année, bien, tu sais,
ça soulève des questions. Alors, à moins que la fiducie ait cessé d'exister, ça
donne quand même un suivi parce que c'est... Dans les planifications fiscales,
là, l'usage d'une fiducie n'est pas... Ce n'est pas quelque chose de très rare,
là.
M. Beauchemin : Non, je
comprends, mais dans le contexte où est-ce que, par exemple, il n'y avait peu
ou pas d'action dans la fiducie, là, on nomme... Elle a quand même été
enregistrée jadis. Elle a quand même donc fait un rapport, peut-être,
historiquement. Peut être, là, les années qui arrivent, c'est des années où
est-ce qu'ils n'ont pas besoin de... Bien, ils n'avaient pas besoin de le faire
jadis parce qu'il n'y avait pas d'action. Là, maintenant, on nous demande de le
faire. Je ne comprends pas l'argumentaire de dire c'est juste pour être sûr
qu'ils sont encore présents, ou détectibles. C'est ça le terme utilisé, là? Je
ne suis pas sûr de comprendre l'argumentaire, parce qu'ils le sont. Ils
devraient l'être, en tout cas, vous avez toutes les données pour pouvoir...
Mme Blanchet (Isabelle) : Oui,
mais il y a certaines fiducies qui ne produisaient... Peut-être qu'ils
n'avaient pas d'impôt à payer ou dont les actifs étaient... comme on avait
un...
M. Beauchemin : En bas
de 50 000 $.
Mme Blanchet (Isabelle) : Attends
un petit peu. Non. Avant, c'était...
Une voix : ...250 000 $.
Mme Blanchet (Isabelle) : C'était
250 000 $. Donc, il y a certaines fiducies qu'ils n'ont jamais
produit. Alors, avec l'élargissement de l'obligation de produire, ces
fiducies-là vont justement être... Au niveau systémique, on va être capables de
savoir s'ils ne produisent plus une année parce qu'à... à 250 000 $,
quand même, c'est 250 000 $ de biens, c'est possible qu'il y ait du
revenu dans la fiducie, là, même si la fiducie dit qu'elle n'a pas d'impôt à
payer. Alors, en produisant une déclaration de revenus, nous, on est capables
de s'assurer qu'effectivement elle n'avait pas d'impôt à payer. Parce que plus
une fiducie a des biens d'une certaine valeur, plus c'est probable qu'elle ait
aussi... que les biens génèrent des... du revenu aussi, là.
M. Beauchemin : Oui.
Mais comme n'importe quel genre de placement, qu'on ait un placement qui nous
génère de l'intérêt, un placement bancaire, par exemple, la banque va émettre
quand même un... quelque chose comme... qui va être, donc, copie envoyée au
gouvernement du Québec, au ministère du Revenu. Donc, le ministère du Revenu va
le voir. Ça, ça devrait sonner l'alarme que la fiducie n'a pas rempli son
rapport d'impôt. Il y a enjeu, hein? Peu importe le montant, hein?
Le Président (M. Simard) : Oui.
Alors, j'aurais consentement...
M. Beauchemin : Consentement.
Le Président (M. Simard) : ...pour
que notre invité puisse s'adresser à nous... Assurez-vous... Oui.
M. Lagacé (François) : François
Lagacé, Revenu Québec. Une des raisons de forcer les fiducies à produire, c'est
que ça nous donne aussi de l'information sur les fiduciaires, sur les
bénéficiaires, sur les auteurs de la fiducie, des informations qui ne seraient
pas disponibles par ailleurs. Par ailleurs, au niveau des revenus, ça peut être
des revenus qui viennent de l'extérieur du Canada, qui ne sont pas
nécessairement... pour lesquels il n'y a pas de production de documents par des
autorités fiscales québécoises... canadiennes, pardon.
M. Beauchemin : Donc,
quelqu'un mettrait en place une fiducie moindre que 250 000 $ pour
avoir du revenu venant de d'autres entités «off-shore». Il faudrait en avoir
plusieurs fiducies, là, pour que ça en vaille la peine.
M. Lagacé (François) : C'est
peut-être une possibilité d'un revenu, effectivement.
M. Beauchemin : O.K. O.K.
Bien, écoutez, je... De combien de fiducies qu'on parle. Grosso modo est-ce que
vous avez un nombre de fiducies que vous pensez peut-être qu'on va être
capables d'encercler comme ça, là?
M. Lagacé (François) : Compte
tenu du fait que c'est de l'harmonisation avec...
M. Girard (Groulx) : C'est
de l'harmonisation avec le fédéral.
M. Beauchemin : Oui,
c'est eux qui auraient ce chiffre. D'accord. Paiement de transmission de
documents par moyens technologiques. C'est quoi l'objectif?
M. Girard (Groulx) : Mme Blanchet.
Mme Blanchet (Isabelle) : Isabelle
Blanchet, Revenu Québec. Bien, comme vous le savez, on encourage beaucoup les
contribuables à produire leur déclaration par voie numérique. Alors, c'est un
souci d'efficacité, de... Aussi, à notre époque, alors, c'est vraiment dans un
souci d'efficacité, là. On encourage beaucoup le virage numérique pour les
particuliers et entreprises, pour les paiements électroniques, puis ça
s'inscrit dans les bonnes pratiques des autres autorités fiscales. Ce n'est
pas... Ce n'est pas unique à Revenu Canada puis à Revenu Québec, là.
• (16 h 10) •
M. Beauchemin : Je
comprends. Il y a un certain...
M. Beauchemin : ...s'est
installé, dans la société, qu'au niveau des impôts c'est très efficace, très
rapide, on peut l'avoir, mais, pour d'autres trucs, ça peut prendre des mois.
Il y a cette perception-là, évidemment, comme quoi...
M. Girard (Groulx) : C'est un
compliment pour Revenu Québec...
M. Beauchemin : Effectivement,
c'est un compliment pour Revenu Québec, ils font leur job, c'est clair. Mais il
y avait mention qu'un avis de cotisation va être considéré reçu par l'individu
lorsque Revenu Québec va avoir envoyé le document par Internet. Donc, ça, c'est
comme considéré reçu, comme à l'époque, c'est par la poste. Une fois qu'il est
envoyé par la poste, il y avait une date d'émission sur le reçu. On parle de
cette date-là ici, c'est ça?
Mme Blanchet (Isabelle) : Isabelle
Blanchet, Revenu Québec. Oui, mais le contribuable doit consentir à la
communication électronique. Ça demeure dans Mon dossier qui est sur le site
sécurisé de Revenu Québec. Il reçoit une notification électronique comme quoi
la cotisation a été déposée dans Mon dossier. Alors, il doit accéder à notre
système sécurisé avec son mot de passe pour avoir accès à son dossier fiscal
sur le réseau sécurisé. L'avis de cotisation ne s'en va pas sur Internet à une
adresse...
M. Beauchemin : Non, non. Je
comprends, je comprends ce que vous dites, c'était clair dans ma tête, là, mais
c'est plus pour... Bien, justement, le moment où il va être logé dans Mon
dossier, c'est à partir de ce moment-là que la date court...
Mme Blanchet (Isabelle) : Oui,
oui, parce que...
M. Beauchemin : ...et non
l'accès à Mon dossier par le particulier, le jour où est-ce que... Tu sais, je
ne sais pas moi, si tout le monde vérifie Mon dossier tous les jours,
peut-être, peut-être pas. Mais ça se peut peut-être que quelqu'un n'a comme pas
le réflexe de regarder ça régulièrement puis passer un mois avant de revérifier
Mon dossier. Puis là il revérifie Mon dossier, puis, woup, ça fait déjà trois
semaines qu'il m'a envoyé ça. Mais là, vous, ça commence à compter il y a trois
semaines et non à partir du moment où est-ce qu'il a pris connaissance.
Mme Blanchet (Isabelle) : Oui,
effectivement, vous avez raison, mais il y a une notification par courriel qui
est envoyée comme quoi il y a un document déposé dans son dossier. Le
contribuable, en tout temps, peut retirer... Quelqu'un... Certaines personnes
utilisent très peu Internet ou très peu les communications électroniques, le
contribuable peut, en tout temps, retirer son autorisation de communiquer avec
lui par voie électronique. À ce moment-là, on va prendre la voie traditionnelle
qui... Postes Canada, par la poste régulière, là.
M. Beauchemin : Puis je n'ai
pas d'enjeu, je pense que je comprends, je comprends l'idée, puis on va être
efficace, puis ça c'est correct. Il n'y a pas de différence entre ça puis envoyer
par la poste quelque chose qui peut dormir pendant trois semaines dans la boîte
à malle, si la personne n'a pas été faire un tour, parce que ce n'est pas un
régulier de le faire. Mais, dans ces enjeux-là, dans ce contexte-là, étant
donné, souvent, que la période... mais la date d'émission de l'avis puis la
date d'action requise est souvent à l'intérieur de comme un mois, souvent,
c'est le cas.
Mme Blanchet (Isabelle) : Pour
s'opposer, si vous êtes en désaccord avec l'avis de cotisation qui vous a été
délivré, c'est 90 jours, habituellement, le délai...
M. Beauchemin : ...c'est 90
jours.
Mme Blanchet (Isabelle) : ...90
jours, oui, le délai pour faire opposition.
M. Beauchemin : Ah! O.K. Je
pense qu'au moins une fois tous les trois mois, il faut aller vérifier ses
courriels. D'accord. Et puis cryptoactif, c'est-tu un problème qui est
important, ça, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : Me
Blanchet.
Mme Blanchet (Isabelle) : Isabelle
Blanchet, Revenu Québec. Les cryptoactifs, c'est une réalité importante. Avec
elle, nous, comme d'autres autorités fiscales à travers le monde, devons
composer. L'ampleur des activités de minage, je ne suis pas en mesure de vous
indiquer l'ampleur, mais les cryptoactifs, c'est sûr qu'elle suscite un grand
intérêt auprès des autorités fiscales.
M. Beauchemin : Ça représente
quoi, pour nous, quantité, dollars, évitements fiscaux? On a-tu une idée,
grosso modo, ce que ça peut représenter? On court après quoi, grosso modo?
M. Girard (Groulx) : On n'a
pas... Ce n'était pas une information publique.
M. Beauchemin : Est-ce qu'un
des objectifs, c'est de réduire aussi des manipulations qui sont inutiles?
C'est-tu ça, l'objectif?
Mme Blanchet (Isabelle) : Pour
la mesure, ici, dont on parle, c'est la mesure qui précise que ce n'est pas une
fourniture taxable en TVQ, parce qu'elle ne l'est pas en TPS puis qu'il n'y a
pas de remboursement de taxe sur les intrants. Et parce que, comme disait M. le
ministre, les réseaux d'exploitation de cryptoactifs, c'est, il n'y a pas de
propriétaire en tant que tel, c'est toute une chaîne, une chaîne de blocs.
Alors, ce serait très difficile...
Mme Blanchet (Isabelle) : ...au
niveau des déclarations de taxes qui... on le fait dans la chaîne, alors c'est
au niveau... c'est un petit peu assimilable... On n'a pas de TVQ, TPS sur les
services financiers, ça fait qu'il y a peut-être une analogie à faire aussi
avec les services financiers, là. C'est difficile à... Au niveau opérationnel aussi,
là, toutes les activités de minage, ce n'est peut-être pas... en tout cas, je
ne voudrais pas trop m'avancer parce que, comme je vous dis, c'est une mesure
en harmonisation avec le fédéral, mais il y a une contrepartie à ça, c'est
qu'il n'y a pas de remboursement de taxe sur les intrants. Ça fait que la
personne qui fait des activités de minage ne pourrait pas dire : Je vais
demander le remboursement de TVQ sur mon ordinateur puis l'électricité payée
pour faire fonctionner mon ordinateur.
M. Beauchemin : Mais est-ce
qu'on a un objectif de, justement, réduire les manipulations?
Mme Blanchet (Isabelle) : Quand
vous dites les manipulations, vous voulez dire les activités de minage?
M. Beauchemin : Bien non, les
manipulations des échanges, justement, de cryptomonnaie, que ça soit de par le
minage vers le premier acheteur, disons, puis par la suite toutes les
transactions qui peuvent se... Parce que l'objectif, c'est-tu de contrer ça ou
de...
Mme Blanchet (Isabelle) : C'est
sûr que, si chaque activité de minage demandait une déclaration de taxe, c'est
des chaînes de blocs, ça fait qu'il peut y avoir des milliers de transactions,
là, dans un court laps de temps. Je ne sais pas si mon collègue aurait une
réponse plus...
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : ...de
réponse ou pas?
M. Beauchemin : Bien,
j'aimerais ça juste avoir un ordre de grandeur, là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Donc, je comprends qu'il y a consentement pour ce faire. Et je ne sais
pas si la caméra est en mesure de pouvoir capter notre intervenante.
M. Beauchemin : Mais moi, je
ne la vois même pas.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va?
M. Beauchemin : Ah! bonjour.
Le Président (M. Simard) : Madame,
auriez-vous l'amabilité d'approcher votre micro et de vous présenter, s'il vous
plaît?
Mme Bouchard (Mireille) : Bonjour.
Mireille Bouchard, légiste à Revenu Québec. Excusez-moi, pouvez-vous répéter
votre question?
M. Beauchemin : La question
était de savoir : Est-ce que l'objectif, ici, c'est de réduire les
manipulations pour le minage, pour toutes les transactions qui peuvent avoir
lieu une fois le minage fait? Est-ce que c'est limiter les transactions ou
essayer de pouvoir... Quel est l'objectif, en fait, de ça?
Mme Bouchard (Mireille) : En
fait, c'est parce qu'étant donné qu'il n'y a pas de responsable dans un... par
exemple, dans une chaîne de blocs, il n'y a pas de propriétaire, c'est vraiment
difficile d'attribuer une fourniture à quelqu'un. Les personnes ne connaissent
pas à qui ils effectuent des fournitures, donc c'est impossible pour les
personnes qui effectuent des activités de minage de pouvoir facturer la TPS...
la TVQ, excusez-moi. Donc, ce n'est pas nécessairement pour réduire les
transactions ou les activités comme telles.
M. Beauchemin : O.K. C'est
beau.
Le Président (M. Simard) : D'autres
questions sur les mesures contenues dans le sujet 11? Sans quoi nous
allons procéder au vote pour les articles suivants. Alors, M. le secrétaire,
j'en appelle à votre vigilance, il y en aura quelques-uns. Conséquemment,
est-ce que les articles 1, 2 et 9, 118, 141 et 171, les articles 3 à
8, 80 à 82 et 142, l'article 207, ainsi que les articles 10, 69, 71 à
79, 83, 85 à 90, 92 à 94, 96, 97, 100 à 102, 104, 107 à 117, 119, 125, 130, 132
à 138, 140, 203 à 206, 208 à 214, 217 à 219, ainsi que l'article 221 sont
adoptés?
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Vote
par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Girard (Groulx)?
M. Girard (Groulx) : Pour.
Le Secrétaire
: M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Pour.
Le Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire
: M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Contre.
Le Secrétaire
: M. Lefebvre
(Arthabaska)?
M. Lefebvre : Abstention.
Le Secrétaire
: M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Ces articles sont donc adoptés. Nous en sommes maintenant au sujet 12,
concernant un certain nombre d'éléments de terminologie et de concordance. M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Modifications
techniques, terminologiques et de concordance. Modifications proposées :
Plusieurs dispositions de la loi doivent être corrigées pour assurer la
cohérence de celle-ci. Diverses modifications à caractère technique,
terminologique ou grammatical sont aussi apportées à la loi afin d'en préciser
certains aspects, M. le Président.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Simard) : Alors,
y aurait-il des questions sur l'un ou l'autre de ces articles? Conséquemment...
Le Président (M. Simard) : ...ceux-ci
sont-ils adoptés? Adopté. Très bien. Nous avons donc terminé la fin de ce
projet de loi. Nous en sommes rendus à la fin de l'étude détaillée. Il me faut
donc vous poser nos traditionnelles questions de fin de séance. Le titre du
projet de loi est-il adopté?
M. Girard (Groulx) : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Je propose que notre commission adopte une motion d'ajustement des références.
Cette motion est-elle adoptée? Adopté. Ah oui? Alors, nous allons suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 16 h 22)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, par souci d'efficience, et pour que tout cela soit bien clair,
nous avions adopté… effectivement adopté le sujet numéro 12 sans nommer
tous les articles qu'il contient, ils sont assez nombreux. Je pensais pouvoir
m'en soustraire, mais ça a l'air que non. Alors, nous allons... nous allons les
appeler. Alors, les articles 11, 70, 84, 91, 98, 99, 103, 106, 120 à 122, 126,
129, 131, 139, 143, 147, 148, 161, 170, 172 à 180, 182, 189, 190, 194 à 197,
200, 201, 215, 216, 220, 222, et 223. Sont-ils adoptés?
M. Girard (Groulx) : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Bien. Alors, je vous avais déjà posé quelques questions concernant la fin de
l'étude détaillée. J'avais bien compris que la motion afin d'adopter
l'ajustement des références était adoptée. Et nous en sommes maintenant rendus
aux remarques finales. Et, sans plus tarder, à moins que d'autres collègues ne
souhaitent intervenir, je cède la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. On a eu quand même des bonnes questions. Je pense
qu'il y a eu certains enjeux, là, qu'on a été capables de mieux cerner,
certains autres qu'on n'a pas été capable d'avoir de précision, pour les
raisons qui ont été expliquées, puis ce n'est pas la... ce n'est pas la faute
des gens ici présents. Je pense qu'on avait comme une approche de concordance
avec... harmonisation, plutôt, avec Ottawa. Donc, les réponses étaient
peut-être un peu moins bien ciblées, mais somme toute, j'apprécie l'exercice
qui a été fait. On va évidemment suivre notre tradition, donc c'est tout, je
vous remercie.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Je veux
remercier tout le monde, les députés du gouvernement, les députés des
oppositions, députés indépendants. Merci. Merci aux membres de la commission,
merci au personnel du ministère des Finances, à mon cabinet, merci à tous les
légistes, l'équipe de Revenu Québec et légistes et autres professions. Je pense
qu'on a très bien travaillé. Et le projet de loi n° 75 était un projet de
loi important, puisque c'était quand même les... au budget 2024-2025 que
les premières mesures de l'examen des dépenses fiscales avaient lieu, et donc
il y avait des discussions importantes à avoir, puis on les a eues
professionnellement ici, puis c'est un plaisir de travailler avec vous, M. le
Président. Merci à tout le monde.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous tous. Comme notre commission a accompli son mandat, j'ajourne nos travaux
sine die. Au plaisir!
(Fin de la séance à 16 h 25)