Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, March 26, 2024
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Vol. 47 N° 35
Continuation of the debate on the Budget Speech
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Simard) : Toutes
et à tous, très heureux de vous retrouver en ce mardi matin.
Comme vous le savez, la commission est
réunie afin de poursuivre le débat sur le discours du budget, conformément à l'article 275
de nos règlements.
Mme la secrétaire, bonjour. Y a-t-il des
remplacements ce matin?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Abou-Khalil, Fabre, est remplacée par M. Lemieux, Saint-Jean; Mme
Mallette, Huntingdon, par M. Chassin, Saint-Jérôme; Mme Cadet, Bourassa-Sauvé,
par Mme Maccarone, Westmount-St-Louis; et Mme Rizqy, Saint-Laurent, par Mme
Dufour, Mille-Îles.
Le Président (M. Simard) : Alors,
bienvenue aux nouveaux collègues qui se joignent à nous. Sur ce, nous allons
poursuivre nos blocs d'échange et nous en étions rendus au bloc de la partie
gouvernementale, qui dispose de 21 minutes. M. le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci beaucoup,
M. le Président. Salutations aux collègues. Content de me joindre à vous ce
matin.
Je ne vous dirais pas que j'ai insisté
pour venir ici, mais j'étais très content que ça tombe comme ça, dans les
travaux parlementaires. Parce que, pas plus tard que la semaine dernière, j'ai
participé au débat sur le budget, et j'étais très content de le faire, et, en
préparant mon intervention pour le débat sur le budget, il m'est venu plusieurs
idées, mais plusieurs questions aussi. Mais on va commencer par... ce n'est pas
une remarque. Dans le fond, je voudrais entendre la genèse de la décision du
ministre, dans son budget, qui était, ma foi, pour moi, une des plus belles
surprises, je parle des invalides. Parce que c'était dans la conclusion du
discours du budget et ça faisait... ça faisait suite à une grosse année, on
pourrait dire deux. Parce que, si je me souviens bien, il y a déjà deux ans que
le ministre avait, dans son budget, incorporé des mesures pour essayer de
réduire l'espèce de trou qui s'était créé, avec le temps, pour les invalides
lorsqu'ils atteignaient l'âge de 65 ans.
Et moi, pour un, mais je sais que c'est
vrai pour plusieurs députés, on avait à nos bureaux de comté plusieurs appels
sur le sujet. Les invalides se sont organisés, sont devenus les Invalides au
front, et ça a créé une certaine... ce n'est pas une controverse, mais une
certaine conscience, prise de conscience, par le grand public, de ce que le
gouvernement savait déjà. Et finalement, le ministre a accepté, dans son
budget, d'aller... de...
M. Lemieux : ...d'aller
jusqu'au bout de ce qu'on pouvait espérer, ce qui non seulement m'a réjoui,
mais m'a indiqué qu'on était capables, comme disait un ancien maire de
Montréal, marcher puis mâcher de la gomme en même temps, parce qu'à quelque
part, même si ce n'était pas un budget facile à préparer, il y avait quand même
des choses fondamentales, pour ne pas dire philosophiques, à mon sens, en tout
cas, qui s'imposaient.
J'aimerais juste connaître, vu du siège du
ministre des Finances, l'état de la situation, parce qu'on dit que ça remonte à
20 quelques années, on dit qu'on a essayé de combler une partie du problème.
Mais c'est un énorme morceau qui m'a fait tellement plaisir. J'ai terminé mon
allocution au discours du budget, au débat sur le discours du budget, comme ça,
en disant que j'en étais particulièrement fier. Alors, merci, M. le ministre,
mais j'aimerais maintenant qu'on puisse comprendre d'où on partait, où on est
rendus et ce que ça a fait comme différence.
M. Girard (Groulx) : Oui,
alors merci beaucoup pour la question. Puis j'en profite pour saluer tout le
monde qui est avec nous aujourd'hui, et les... Le débat que nous avons, il est
important. C'est un sujet qui a été réalisé dans des conditions difficiles et
l'économie du Québec tourne au ralenti sous le poids des hausses de taux des
banques centrales qui affectent tout le secteur sensible aux taux d'intérêt. Et
puis, c'est certain que, nous, s'est ajouté à ça l'impact des feux de forêt et
les négociations dans le secteur public qui amène une situation budgétaire
difficile. Néanmoins, nous avons des responsabilités extrêmement importantes et
la question des aînés en situation d'invalidité, c'est une question qui remonte
à 1996.
• (9 h 50) •
Et à cette époque, le gouvernement en
place faisait face à un régime des rentes qui était sous-capitalisé. Et je
rappelle que le régime des rentes est capitalisé par les travailleurs et les
employeurs. Et face à un régime qui était sous-capitalisé, c'est-à-dire que la
valeur présente de ses passifs excédait la valeur présente des actifs. Et le
gouvernement a pris des décisions que je qualifierais de courageuses et
extrêmement difficiles, c'est-à-dire qu'ils ont coupé les prestations, ils ont
augmenté les cotisations, certainement pas des gestes populaires, et réduit la
rente pour les aînés en situation d'invalidité. C'est-à-dire qu'à l'expiration
de leur rente d'invalidité à l'âge de 65 ans, ils étaient pénalisés
d'approximativement 36 %, comme s'ils avaient pris leur retraite anticipée
à 60 ans. Or, de 60 à 65 ans, ils reçoivent une rente invalidité,
puis là la rente invalidité se termine. Puis à 65 ans, c'est le régime des
rentes qui embarque. Puis, évidemment, notre régime des rentes, plus tu prends
ta retraite tard, plus tes... ta pension est élevée et plus tu la prends tôt,
plus elle est réduite. D'où tous les incitatifs qu'on essaie de, tant par la
littéracie financière que d'autres gestes, d'inciter les gens à retarder leur
prise de retraite. Néanmoins, pour les personnes en situation d'invalidité, ce
choix-là est souvent impossible.
Alors, cette situation-là a perduré de
1996 à... à 2021, et c'est important de le dire, là, je... Les gouvernements
qui nous ont précédés ont fait des choix au niveau du régime des rentes. Puis,
à chaque année, le régime des rentes, on a... À chaque six ans, on a une
consultation publique, puis on doit prendre des gestes... On doit prendre des
décisions pour les six prochaines années, mais aussi pour la pérennité. Puis il
y a eu notamment eu la... Dans les dernières années, il y a eu la création du
régime supplémentaire des rentes avec des cotisations supplémentaires, puis
nous, on a aussi eu une consultation publique où on a beaucoup discuté des
incitatifs au travail, peu de la rente invalidité, mais il y a néanmoins eu des
mémoires qui concernaient la rente invalidité, mais...
M. Girard (Groulx) : ...les
partis d'opposition n'ont pas demandé une bonification de la rente invalidité
dans le cadre des consultations publiques du régime des rentes. Et nous, en
2021, on avait fait le tiers du chemin. Alors, la pénalité... Puis là je
généralise parce que c'est certain que lorsqu'on parle des invalides, chaque
cas est particulier et la situation de chacun mérite d'être connue, mais en
gros, nous avions réduit une pénalité de 36 % à 24 %. D'où mon
affirmation que nous avions fait le tiers du chemin.
Le régime, lorsqu'on a fait la
consultation publique, bien, on a fait des choix au niveau de permettre de ne
plus cotiser au régime des rentes lorsque vous travaillez, et que vous avez
déjà encaissé votre régime des rentes, et que vous revenez au travail, par
exemple. Bon. Puis il y a eu d'autres bonifications mineures, la permission de
retarder jusqu'à 72 ans, mais aussi une qui est importante, la protection
de la rente. C'est-à-dire que lorsque vous... Puisque votre rente est fonction
de vos revenus moyens durant votre carrière, bien, si vous travaillez moins à
la fin de votre carrière, par exemple deux jours semaines, vous vous trouvez à
baisser votre revenu moyen et donc à affecter votre rente. Or, beaucoup de gens
veulent continuer à travailler à l'aube, ou au début de leur retraite, ou
lorsqu'ils sont plus âgés, mais ils ne veulent pas nécessairement travailler au
même rythme qu'ils ont travaillé toute leur vie. Alors on a protégé la rente à
65 ans.
Tout ça pour dire qu'on s'est laissé un
peu de marge de manœuvre dans le régime, mais pas suffisamment pour corriger la
rente invalidité. Et puis d'ailleurs ça n'a pas été discuté spécifiquement
durant la consultation publique. Mais vous avez raison de souligner que pour
les 77 000 personnes qui sont dans cette situation et les 23 000
qui sont entre 60 et 64 ans et qui le deviendront à 65 ans, bien,
cette réduction-là de rente dans un contexte de hausse du coût de la vie, elle
faisait particulièrement mal. Alors, moi, je surveillais cette situation, j'ai
rencontré les différents groupes et je souligne que deux partis d'opposition
avaient amené des projets de loi visant à éliminer cette pénalité. Néanmoins,
le régime ne nous appartient pas. Il appartient aux travailleurs et aux
employeurs. Puis il fallait être certain d'avoir la marge de manœuvre pour
faire ça. Puis ça, c'est... Puis ça peut paraître bancal de ramener ça une
question financière, mais c'est un régime qui est autofinancé. Et s'il souffre
de sous-financement, bien, les travailleurs puis les employeurs vont cotiser.
Alors, à la page C-9, on indique que
le taux de cotisation en vigueur... Et en fait, ce que je veux vous dire, c'est
que j'attendais l'évaluation actuarielle au 31 décembre 2023. Et les
actuaires de Retraite Québec, puis ça, c'est le passif, puis les gestionnaires
de la Caisse de dépôt, ça, c'est l'actif, bien, ils ne sont pas habitués à mettre
le régime des rentes, le deux... Ils ne sont pas habitués que le ministre
appelle le 2 janvier pour savoir la valeur marchande du régime des rentes.
2 janvier, 7 heures : Bonjour. Pourquoi vous êtes en congé? Ça
me prend la valeur présente du passif, la valeur présente de l'actif. Puis moi,
je veux savoir combien j'ai de marge de manœuvre dans mon régime des rentes. Et
puis je me suis offert pour faire les calculs aussi sur mon enquête personnelle
puis... Et là j'ai su que le taux de cotisation était de 10,80, puis que le
taux d'équilibre en 2031... décembre 2021. Mais comprenez bien, moi que je
cherche le 31 décembre 2023, était de 10,54, qu'on avait annoncé des
bonifications de sept points de base dans le cas de... J'ai mangé sept points
de base de la marge de manœuvre dans le cadre des consultations publiques. Mais
là, ça me prenait une mise à jour de l'année 2022 puis 2023. Et il est
apparu que j'avais approximativement... Parce qu'on est dans des hypothèses
actuarielles, hein? Puis si vous changez les hypothèses, vous... c'est certain
que vous allez changer les résultats. Et...
M. Girard (Groulx) : ...et
donc tous ces calculs-là doivent être faits de façon indépendante. Il est
apparu que j'avais 10 points de base de marge de manœuvre et que de faire
le reste du chemin en coûterait huit. Ça nous laisse donc une infime marge de
manœuvre de deux points de base, puisque nous avons décidé au budget
d'annoncer... Puis je vais le lire, là, parce que c'est... C'est vraiment un
moment important pour le Québec. Je pense que tous les partis de l'Assemblée
nationale... Vous savez, un budget, ce n'est pas toujours... Ça ne fait pas
toujours l'unanimité, pas plus celui-ci que d'autres. Mais cette mesure-là,
elle a été extrêmement bien reçue. Alors, dans le cadre du présent budget, le
Gouvernement annonce l'élimination de la réduction de la rente de retraite pour
les aînés de 65 ans ou plus en situation d'invalidité dès janvier 2025.
Donc, ce qui était approximativement une pénalité de 24 % n'est plus. La
marge de manœuvre de deux points de base, c'est infime par rapport aux
fluctuations du marché, hypothèses de longévité, hypothèses sur qui va cotiser,
etc. Et donc je dois affirmer qu'il n'y aura aucun autre changement au régime
des rentes d'ici la prochaine consultation publique. Et, oui, on a un petit
coussin supplémentaire parce qu'on peut dépasser le taux de cotisation sans
enclencher des cotisations supplémentaires, mais on ne veut pas se rendre là.
Mais le deux, d'un point de vue purement mathématique, peut être vu comme 12.
Mais quand vous dépassez le deux, vous êtes vraiment dans le négatif, et ce
n'est pas une bonne pratique. Mais ce que je veux vous dire, là, c'est le deux
points de base n'enclenchera pas des changements dans les taux de cotisation,
là, si le S&P perd 8 % la semaine prochaine, là. Mais donc on fait ce
geste-là. On est fiers de le faire. C'est un geste qu'on fait. Vous savez, le
service public, on est au service des citoyens. Puis dans ce cas-là, les
77 000 citoyens concernés, c'était extrêmement important pour eux. Et
donc c'était important pour nous.
M. Lemieux : Merci
beaucoup. M. le Président, j'ai oublié de vous demander... Au début, j'ai
oublié de partir mon chronomètre. Combien de temps il me reste?
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 6 min 44 s.
• (10 heures) •
M. Lemieux : C'est très
bien. Pour vous remercier, je vais vous faire une confidence, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Pas
trop quand même.
M. Lemieux : Depuis six
ans...
Une voix : ...
M. Lemieux : Non, pas...
Depuis six ans, ce qui m'impressionne le plus de notre ministre des Finances,
je ne sais pas s'il a déjà été professeur, donc, je ne sais pas s'il est
pédagogue, mais comme député, moi, je le trouve particulièrement efficace avec
nous comme vulgarisateur. Je vais donc lui demander un effort parce que j'ai
besoin qu'il m'explique, comme j'essaie de l'expliquer aux citoyens qui
m'appellent depuis que la SAAQ a modifié ses façons de calculer les rentes
après 65 ans pour les... à partir de 61, je pense, oui, en tout cas au
moment de la retraite, pour les invalides, parce que, moi, j'explique à mes
citoyens, vous savez, la SAAQ, la CNESST, la RRQ, c'est trois programmes
différents, mais prenons CNESST et SAAQ en particulier. Les gens disent :
Oui, oui, mais c'est le gouvernement. Je dis : Oui, mais ça ne procède pas
de la même façon, ce n'est pas le même régime, et ils ne sont pas des vases
communicants, et ils ne sont pas ajustés. C'est dans l'actualité ce matin. Là,
je vous parle des retraités invalides de la CNESST. Et on a dans les journaux,
en tout cas à Radio-Canada, je m'excuse, mais j'ai la forte... la forte
propension à regarder Radio-Canada, on nous raconte que ce qu'on a annoncé pour
les invalides au fond ne se réalise pas pour la CNE... pour les invalides de la
CNESST de la même façon que ça ne se calcule pas de la même façon, non plus que
ça ne se calcule pas de la même façon pour la SAAQ parce que c'était des
surplus que la SAAQ avait décidé d'attribuer à cette mesure-là en particulier
pour venir en aide aux invalides des accidents... par cause d'accident, devenus
aînés.
Là où je veux en venir, c'est que je sais
très bien que la ministre de l'Emploi nous a dit depuis deux jours, dans ses
réactions sur ce sujet-là, que c'est le ministre du Travail qui est en train de
regarder comment ça se passe avec la CNESST pour ces gens-là. Ce que je vous
demande, M. le ministre, à travers vous, M. le Président, c'est de nous
vulgariser pourquoi ce sont des régimes différents et comment ça procède au
final. Parce que c'est comme s'ils étaient...
10 h (version non révisée)
M. Lemieux : ...tomber du
mauvais côté. Pour reprendre un exemple qui m'a fait... qui m'a crevé le cœur,
j'ai un citoyen qui me disait : Vous savez, moi, si j'étais... si j'avais
perdu ma jambe dans un accident d'auto plutôt que dans un accident de travail,
j'aurais aujourd'hui un revenu parce qu'il n'est pas réduit autant que ce que
la CNESST réduit ma pension, devenu aîné, à cause d'un accident de travail.
Donc, ce que j'aimerais, c'est de comprendre mieux et davantage pour être
capable à mon tour d'expliquer à mes citoyens qui m'interpellent ce que sont
que ces régimes différents et comment ils procèdent. Et que, dans le fond, c'est
du côté du travail qu'il va falloir que la CNESST s'ajuste, éventuellement,
dans la même mesure, j'imagine. Mais on a réformé la CNESST il y a déjà trois
ans, mais je ne pense pas qu'on retourne dans ce film-là au cours des prochains
mois. Alors, c'est pour ça que j'aimerais comprendre davantage, grâce à vous, M.
le ministre, en remerciant le président.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui,
merci. Bien, d'abord, il faut... il faut être bien conscient, c'est trois
régimes différents. Vous l'avez dit, et, si on essaie de tout faire, bien là,
on ne fait rien. Alors, moi, je suis responsable de Retraite Québec, du régime
des rentes, un régime qui est... un régime qui est basé sur les cotisations des
employeurs et des travailleurs. Et la situation des invalides était une
situation qui remontait à 1996. Et puis elle doit être traitée à l'intérieur du
régime des rentes. La société d'assurance automobile du Québec, c'est un régime
d'assurance et ce n'est pas un régime de rente associé... ce n'est pas un
régime de retraite. Ça ne fait pas partie des piliers du régime de retraite au
Canada, là, où on a la pension de sécurité de vieillesse du fédéral, le régime
des rentes, lorsque vous avez travaillé au Québec, puis le régime de pension du
Canada, lorsque vous avez travaillé au fédéral, puis le troisième pilier étant
l'épargne privée, les REER, vos régimes de retraite d'employeur, puis le
quatrième pilier, celui que j'ai inventé, qui est de poursuivre le travail à la
retraite pour complémenter vos revenus.
Alors, ces régimes-là sont différents,
même chose pour la CNESST. Et c'est certain que, lorsqu'on fait une
bonification dans un régime, bien, ça amène d'autres régimes à se poser des
questions puis à regarder. Et on... nous, au niveau du régime des rentes, on n'a
pas l'objectif d'avoir une harmonisation complète avec la SAAQ ou la CNESST. Ce
sont des régimes qui sont différents. Évidemment, la CNESST est reliée aussi au
travail, d'où le lien avec le régime des rentes. Et bref, le... ce sont des
régimes distincts, financés de façon distincte et ce n'est pas une décision du fonds
consolidé, là, ce n'est pas... ce n'est pas en tant que ministre des Finances,
responsable du fonds consolidé, qui dit : Je vais allouer tant au régime
des rentes, tant à la SAAQ, tant à la CNESST. Non, ce sont des régimes
autofinancés qui font l'équilibre entre les bénéfices, les cotisations, les
prestations, les hypothèses actuarielles. Dans le cas du régime des rentes,
nous avions la marge de manœuvre pour agir et nous avons agi. Je ne peux me
prononcer sur toute question sur les régimes dont je ne suis pas responsable.
M. Lemieux : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. Merci, M. le député de Saint-Jean. Pendant que j'ai la parole,
je vous demanderais, s'il vous plaît, d'être vigilant par rapport à vos
sonneries. J'en entends quelques-unes, de sonneries, de...
(Interruption)
Le Président (M. Simard) : Ah!
vous voyez. Ce serait le temps qu'on arrête ça, s'il vous plaît. La parole
appartient au député de Saint-Maurice, qui dispose de 21 minutes...
Maurice-Richard, pardon, on était dans l'île Maurice, quand même.
M. Bouazzi : Justement, ça
tombe bien... ça tombe bien, M. le Président, je vais parler de paradis
fiscaux. J'ai...
M. Bouazzi : ...on a... on a,
la dernière fois, vous et moi, M. le ministre, échangé concernant les
milliardaires du Québec. Nous, on pense qu'il y a... il y a des... de l'argent
au Québec et puis il y a une injustice fiscale. Donc, comment est-ce que les...
la richesse commune, si on veut, est constituée à travers notre système fiscal?
J'ai insisté sur le fait qu'à votre arrivée au pouvoir il y avait
11 milliardaires au Québec et maintenant il y en a 17, qu'ils accumulent,
ces 17 personnes, une richesse de 50 milliards de dollars. Je
rappelle... À chaque fois que je le dis, je vous avoue que ça me choque
moi-même, là. Je n'arrive pas à m'habituer au fait que pour accumuler l'argent
de ces 17 personnes, il faut mettre 100 000 $ de côté tous les
ans pendant 500 000 ans, que ces 17 personnes ont des propriétés,
des avoirs qui équivalent aux 40 % de moins nantis. Donc, ils ont autant
de choses, 17 personnes, que le 3,5 millions de Québécois en bas de
l'échelle.
Et il s'avère que ces personnes ont aussi
fait leur richesse parce qu'ils sont actionnaires, évidemment, principaux
actionnaires souvent, de grandes compagnies qui sont devenues des
multinationales, dont le siège social est à Québec. Ça fait qu'au-delà de
l'expansion de la richesse de ces personnes-là, il y a eu un rapport de l'IRIS
qui expliquait qu'entre 2011 et 2021 ils ont analysé donc les états financiers
de 59 entreprises, dont 33 ont leur siège social au Québec, et que les
transferts vers le Luxembourg ont accumulé 119 milliards de dollars,
119 milliards de dollars, et qu'il y a une augmentation, depuis 2011
à 2021, de 20 % tous les ans, hein? Vous et moi, je suis sûr, avons une
bonne idée de ce que c'est qu'une équation exponentielle. Et 20 % tous les
ans, pendant 10 ans, c'est-à-dire que la 10ᵉ année, c'est 100 % de
plus que la première. On a fait des propositions pour aller chercher une partie
de cet argent-là, M. le ministre. Est-ce que vous seriez ouvert à ce que les
aides gouvernementales, les subventions soient conditionnelles au fait qu'il
n'y ait pas ces transferts vers des paradis fiscaux?
• (10 h 10) •
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
ne comprends pas le début de votre question puis la fin de votre question. Vous
me parlez de milliardaires au Québec, donc leurs avoirs sont au Québec. Et vous
soulignez à juste titre que la plupart de ces gens-là ont créé des
multinationales présentes partout dans le monde et ont choisi de garder leur
siège social au Québec, une décision en soi que nous saluons. Et vous soulignez
le fait qu'à notre arrivée au pouvoir, ils étaient neuf, puis là ils sont 17,
puis moi, je pensais que nous tous, on aimerait qu'à la fin de ce mandat, il y
en ait 25, puis à la fin du prochain mandat, il y en ait 30, puis que, peu
importe qui gouverne en 2032, bien, qu'il y en ait 36, comme ça, parce qu'on
veut créer de la richesse, puis des grandes entreprises, puis des
multinationales, puis que le siège social soit ici. Et qui dit grande
entreprise multinationale, dit activités dans plusieurs pays, et moi, je salue
le choix que ces entreprises-là choisissent de rester au Québec.
Alors, pour ce qui est de localisations de
grandes entreprises, bien, on est en Amérique du Nord et puis on a aussi... ces
entreprises-là ont des activités en Europe. Alors, on est dans un monde compétitif,
et puis, si, par exemple, on faisait des politiques publiques comme l'IRIS le
suggère ou vous, bien, on risque simplement de pousser la localisation de ces
sièges sociaux là dans d'autres juridictions, et on ne sera pas plus avancés.
Alors, ce qui est important, c'est que ces
entreprises-là, les employés paient des salaires, les... de l'impôt sur le
revenu, les dirigeants, que l'entreprise paie des taxes...
M. Girard (Groulx) : ...la
masse salariale, il y a l'impôt corporatif, et que lorsqu'il y a des gains de
capitaux qui sont impliqués pour les actionnaires... puis les actionnaires,
c'est ceux qui ont créé ces entreprises-là, mais c'est aussi votre fonds de
pension, le mien, le sien, le nôtre, puis c'est... Lorsqu'il y a des gains de
capitaux qui sont imposables, qu'ils soient imposés. C'est le régime qu'on
s'est donné au Canada.
M. Bouazzi : Donc, juste pour
être sûr, je comprends que, sur ce qui reste ici, ils paient des impôts. Sur
les transferts vers le Luxembourg, je vous ai dit qu'il y a eu en 10 ans plus
de 100 milliards de dollars qui ont été... qui sont passés dans les
compagnies. On parle des compagnies canadiennes, dont une bonne partie sont au
Québec, et vous, vous dites... Parce que vous savez comme moi, M. le ministre,
quand même, que, tout ça, c'est des stratagèmes pour gonfler des gains à
l'extérieur, là où on paie moins d'impôts et avoir le minimum de gains ici, au
Québec, pour payer le minimum d'impôts. Vous, vous dites : S'ils paient
sur le minimum d'impôt, on est à l'aise, on en fait assez. C'est quand même des
quantités d'argent énormes, et les conséquences de ça, c'est que l'extrême
majorité de ce qui doit être payé, et vous le savez aussi bien que moi, est
payé par la classe moyenne. La question, ce n'est pas est-ce que c'est juste?
Et vous, vous dites : C'est correct, je préférerais même avoir, plutôt que
17 milliardaires, 25 milliardaires, et puis tout va bien, là.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Merci pour la gestion de mon micro. Là, je comprends que je ne dois pas y
toucher, hein?
Le Président (M. Simard) : Idéalement,
non.
M. Girard
(Groulx) :
D'accord,
merci. Parce qu'on est dans une nouvelle salle, là, puis on va régler ça
pour les six prochaines heures : ne pesez pas sur votre bouton, on
s'occupe de vous.
Le Président (M. Simard) : ...de
très bons techniciens.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
Mais, je veux dire, on n'est pas naïfs non plus, là. On bloque les contrats
publics aux entreprises qui ont été trouvées coupables d'évasion fiscale, là,
on n'est pas... On a une équipe, chez Revenu Québec, qui s'occupe des
planifications fiscales agressives des individus puis on travaille avec le
gouvernement canadien pour la collaboration. Puis c'est certain qu'il faut que
tout le monde paie sa juste part, mais là où je suis fondamentalement en
désaccord avec vous et l'IRIS, c'est que, moi, j'en veux plus, de compagnies
comme ça au Québec. Et vous, dès qu'une compagnie a du succès vous faites
l'hypothèse qu'ils font de l'évitement fiscal, de l'évasion fiscale, puis que
ce n'est pas des bons citoyens.
M. Bouazzi : Non. M. le
ministre, c'est dans leurs états financiers que... ces transferts-là. Ce n'est
pas une enquête extraordinaire, là, c'est des états financiers où des
transferts vers le Luxembourg ne font qu'augmenter. Il y a d'autres compagnies,
dans la filière batterie, dans... le siège social, il n'est pas ici, il est au
Luxembourg, carrément, et ils ont reçu de l'argent de la part de votre gouvernement.
La question c'est : Est-ce que c'est correct que ces personnes-là fassent
des stratagèmes, qui sont publics, là, dont l'objectif est de payer le minimum
d'impôt, évidemment? Mais c'est parce qu'on les laisse faire, et la question,
c'est : Est-ce qu'on prend action pour faire en sorte qu'ils peuvent bien
continuer à faire ce qu'ils font, mais pas avec des subventions de l'État? Et
vous, vous dites : Moi, j'en veux encore plus et puis je n'ai pas de
problème avec les subventions que je donne à ces compagnies-là.
Et l'autre solution, c'est de dire :
Bien, on va être inventif sur la manière avec laquelle on évalue les revenus,
et puis il y a une évaluation qui dépend aussi de la fiscalité, qui est payée
dans les paradis fiscaux. Il faudrait prendre action, et j'ai l'impression que
c'est juste normal pour vous qu'il y ait autant de milliards qui échappent aux
impôts. Parce que, comme un ancien premier ministre, je pense, avait dit :
Les gens qui paient de l'impôt, c'est ceux qui n'ont pas un bon comptable. Ici,
évidemment, on est devant des armadas de comptables qui savent utiliser les
lois, et les lois leur permettent de faire ça. Quand est-ce qu'on prend action
contre les paradis fiscaux?
M. Girard (Groulx) : Bien, on
prend action de façon multilatérale, avec l'OCDE, et le sujet que vous que vous
référez implicitement, qui est l'utilisation des prix de transfert pour
transférer des profits dans des juridictions à taux d'imposition réduit, bien,
c'est un sujet qui est extrêmement important, qui est traité par l'OCDE, qu'on
appelle le BEPS, là, le... l'acronyme français, c'est... de toute façon, c'est
l'érosion... l'érosion de la base fiscale par l'évitement...
M. Girard (Groulx) : ...je
cherche le terme français, là, mais c'est le par le... Bon, l'érosion de la
base d'imposition par le transfert de bénéfices, là, «base erosion pricing
system». Alors, c'est pour ça qu'on amène un impôt minimum de 15 % qui
fait que, par exemple, une juridiction comme le Luxembourg ne pourra plus
charger un impôt corporatif inférieur à 15 %.
M. Bouazzi : Je
comprends. Évidemment, il y a toutes sortes d'exceptions, malheureusement, qui
sont en train de rentrer sur cette juridiction-là et que, de toute façon, le
Québec ne fait pas tant partie des conversations. Mais la question, c'est
est-ce qu'on continue à subventionner des compagnies qui envoient des milliards
dans... au Luxembourg, par exemple, ou carrément dans le siège social et au
Luxembourg? La réponse, c'est oui. La règle du jeu, elle est comme ça.
M. Girard (Groulx) : Non.
Je pense... Ce que vous faites, c'est pratiquement insultant. C'est comme si
vous faisiez l'hypothèse que nos professionnels au gouvernement du Québec
étaient des amateurs naïfs, là. On ne fait pas une subvention au ministère de
l'Économie ou chez Investissement Québec sans regarder avec qui on transige et
quelles sont les retombées. Par exemple, si vous... Par exemple, si on parle
d'une entreprise européenne, ou australienne, ou américaine, là, généralement,
ces entreprises-là, elles vont créer une filiale canadienne qui, elle, est
imposable ici. Et puis là on n'est pas des amateurs, là, où on fait une
subvention, puis l'argent est siphonné au Luxembourg puis après ça on ne revoit
plus jamais une cent de retombée, là. Il y a... On fait des calculs sur les
revenus de... de taxe de vente, d'impôt des corporations, de taxe sur la masse
salariale, d'impôt des salariés. Et puis c'est certain qu'on regarde les
entités légales avec qui on fait affaire, là. Parce que si...
M. Bouazzi : ...mais la
question, c'est au-delà... C'est légal, là. Est-ce que vous avez fait des
calculs, si tous ces milliards-là ne partaient pas au Luxembourg, combien on a
de manque à gagner dans les impôts?
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que, moi, j'ai fait des calculs?
M. Bouazzi : Bien, vous
me dites qu'on n'est pas naïfs. En tout respect, M. le ministre, on n'est pas
naïfs. C'est public, ils transfèrent des milliards au Luxembourg. On s'entend
que ce n'est pas pour faire des «chips» ou des avions, c'est pour payer moins
d'avions... moins d'impôts. Personne n'est naïf ici. La question ici, c'est que
c'est légal. Et par ailleurs, le gouvernement prend la décision que ces
compagnies-là qui font des choses légales, qui donc paient moins d'impôt que
s'ils avaient gardé l'argent qu'ils font ici, ici, de recevoir des subventions,
des prêts à taux préférentiels, des prêts... des prêts ou toutes sortes de
mécanismes de financement. Donc, la question, c'est est-ce que vous avez
calculé c'est quoi le manque à gagner de tout l'argent qui s'en va au
Luxembourg? Encore une fois, c'est des données publiques qui sont dans des
états financiers.
• (10 h 20) •
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Mais
quand vous dites, c'est des données publiques, il faut faire très attention,
là, parce que la situation fiscale des entreprises, elle n'est pas publique.
O.K.? Et moi, je ne commenterai pas sur la situation d'une entreprise, pas plus
que je commenterai sur la mienne, celle de ma sous-ministre, la vôtre. Ce n'est
pas... Ça, c'est du domaine privé. O.K.? Ce que je vous dis, c'est qu'on n'est
pas des amateurs. Il y a l'OCDE qui se penche sur cette question. Puis il y
a... il y a... Évidemment, vous, vous dites le Luxembourg, mais vous auriez pu
dire le Delaware. Hein, pas besoin d'aller... Pas besoin de traverser
l'Atlantique pour trouver une juridiction à taux d'imposition plus faible, là.
Et alors, nous, lorsqu'on fait affaire avec des entreprises, bien, on fait des
simulations, des calculs, puis on regarde quelle est l'entité légale avec qui
on fait affaire. Par exemple, dans ce budget, on a toutes sortes de... Puis
j'apprécie que vous faites la distinction entre légal puis illégal... illégal
parce que c'est la différence entre évasion puis évitement fiscal. Mais par
exemple, dans le dernier budget, on a converti des crédits d'impôt
remboursables, on en a converti une portion en non remboursable. Et donc, pour
profiter pleinement du crédit d'impôt, vous devrez avoir une base d'impôt des
corporations à payer pour aller chercher le crédit d'impôt. Alors ça, c'est un
exemple de mécanisme que nous utilisons pour s'assurer...
M. Girard (Groulx) : ...que
les retombées sont ici.
M. Bouazzi : M. le ministre,
quand vous dites que ces informations-là ne sont pas publiques, est-ce que...
est-ce que ça veut dire que les... Je veux dire, quand elles sont cotées en
bourse, les informations pour vous ne sont pas publiques? Comment... Comment...
comment est-ce qu'un centre de recherche d'une quinzaine de personnes est
capable de feuilleter ces données-là et de sortir des données très, très
précises, de l'argent qui va à un seul de tous les... de tous les paradis
fiscaux possibles? Je ne comprends pas en quoi est-ce que pour celles-là, au
minimum, les informations ne sont pas publiques? Évidemment qu'elles sont
publiques. Et puis il y a eu plus de 100 milliards de dollars de
transférer en 10 ans, 100 milliards de dollars, une augmentation
de 20 % tous les ans. C'est une pratique, c'est des gens qui... une
pratique, évidemment, qui est de l'évitement fiscal, dont l'objectif est de
payer moins d'impôts. Et je pense, honnêtement, qu'on peut évidemment
s'attaquer à ça plutôt que se réjouir qu'il y a effectivement des gens qui ont
fait des milliards et des milliards basés, entre autres, sur le fait qu'ils
sont habiles à éviter de payer leur juste part, quand ici, tous ceux qui sont
des salaires... évidemment, paient leur juste part, et puis souvent beaucoup.
Peut-être, il...
M. Girard (Groulx) : ...
M. Bouazzi : Il me reste
juste quelques minutes.
M. Girard (Groulx) : Allez-y,
allez-y.
M. Bouazzi : Oui, on a
compris notre divergence. Sur la question de la dette, quel pourcentage de la
dette actuelle du Québec est détenu par... par du local, en fait?
M. Girard (Groulx) : C'est...
on n'a pas... on n'a pas les chiffres sur les détenteurs ultimes, on a les
chiffres sur la devise dans laquelle les émissions sont faites. Et, dans notre
cas, 77 % de nos émissions sont en dollars canadiens. Maintenant, une
banque centrale... une banque centrale de Chine, par exemple, pourrait avoir un
portefeuille en dollars canadiens et acheter des obligations du Québec en
dollars canadiens. Puis là, à ce moment-là, bien, évidemment, ce n'est pas un
local. Mais bref, on ne donne pas de statistique sur les détenteurs ultimes,
mais bien sur la devise dans laquelle elles sont émises, et la réponse, c'est
77 % local.
M. Bouazzi : Et donc à
ce stade, on ne sait pas. Par exemple, pour reprendre l'exemple que vous avez
pris, c'est quel pourcentage de notre dette est détenu par des intérêts
chinois, ou européens, ou russes, ou américains?
M. Girard (Groulx) : Bien,
on... On sait que 23 % de nos émissions sont en devises étrangères puisque
ces émissions sont majoritairement détenues par des étrangers. Encore une fois,
la Caisse de dépôt, ils ont un portefeuille de dollars U.S. Puis ils pourraient
acheter des obligations du gouvernement du Québec en dollars U.S., mais je
présume qu'ils le font majoritairement dollars canadiens, bien que je n'aie
pas... D'aucune façon je ne connais l'inventaire de détention. Mais nous, on
veut une base d'investisseurs la plus diversifiée possible, là, tant
géographiquement que par type d'investisseur. Et, bien, on a des banques
centrales, on a des caisses de retraite, on a des gestionnaires de
portefeuilles étrangers et domestiques.
M. Bouazzi : Donc, pour
vous, avoir le maximum de détenteurs de cette dette-là qui soit locale au
Québec n'est pas du tout un objectif. Quand vous dites de diversifier le
maximum possible...
M. Girard (Groulx) : Bien,
attendez, là. Nous, on convertit toute notre dette étrangère en dollars
canadiens. O.K.? Mais le Canada, c'est... c'est 2 % de l'économie
mondiale. Alors, ce serait mal avisé de se restreindre à 2 % de l'économie
mondiale pour financer le Québec.
M. Bouazzi : Je vous
avouerais que je suis un peu étonné par la teneur de vos propos. Quand on sait
qu'au Japon on est à plus de 200 % du PIB de la dette parce qu'entre
autres ils sont forts, parce que la dette appartient principalement aux
Japonais et que de l'autre côté, en Argentine, ils ont 250 % d'inflation
parce que, quand ça tourne mal, toute la dette qui était détenue par les gens à
l'étranger, bien, les gens retirent leurs billes. C'est un gage de stabilité de
s'assurer que le plus gros pourcentage de notre dette est détenu localement. Je
suis un peu étonné que ça ne soit pas un objectif.
M. Girard (Groulx) : Mais
non, ce n'est pas un objectif. Puis ce n'est pas possible. Le Japon, c'est
la... Ça a longtemps été la deuxième économie mondiale, la troisième. Et puis
c'est une économie immense. Puis le Canada, c'est une goutte d'eau dans l'océan
de l'économie mondiale. Puis le Québec, c'est 20 % de la goutte d'eau.
M. Bouazzi : En tout, en
tout respect...
M. Girard (Groulx) : 22 %.
M. Bouazzi : En tout
respect...
M. Girard (Groulx) : 20 %.
M. Bouazzi : M. le
ministre, aujourd'hui, plus de 70 % de notre dette appartient à des
intérêts locaux. Et donc c'est bien sûr possible, même si c'est juste 2 %.
M. Girard (Groulx) : C'est
possible, mais ce n'est pas souhaitable parce que ce ne serait pas optimal
d'émettre seulement au Canada et de se priver, par exemple...
M. Girard (Groulx) : ...si
la Réserve fédérale américaine pense que c'est une bonne idée de détenir des
titres, ou BlackRock, le plus grand fonds privé au monde de gestion de
portefeuille, si ces gens-là pensent que c'est une bonne idée de détenir des
titres du Québec, ce serait mal avisé de leur dire : Non merci, nous, on
veut juste émettre au Québec.
M. Bouazzi : Je suis...
honnêtement, là, pour une fois, là, je vais être vraiment inquiet par rapport
aux risques associés à toute la dette qu'on va avoir parce que penser aussi
simplement que le fait que, tout d'un coup, on se retrouve, par exemple, avec
10, 15, 20 % de notre dette seulement... et puis avec tout ce
qu'Hydro-Québec va émettre comme dette, en plus...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Bouazzi : ...que ça
n'ouvre pas à des risques par rapport à nos stabilités économiques est, pour
moi, très inquiétant.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. Merci pour ces échanges. Nous poursuivons. Je cède maintenant la
parole au député de René-Lévesque, qui dispose d'environ 21 minutes.
M. Montigny : Bonjour,
M. le Président. Merci beaucoup. Ça me fait plaisir d'intervenir sur le budget
une fois de plus, mais je voudrais aller sur la section... en fait, la section
B, dans le budget, la partie sur l'éducation. Vous savez, moi, j'ai enseigné
pendant 11 ans au secondaire, j'ai été aussi 12 ans comme conseiller
pédagogique, particulièrement en intervention auprès des groupes plus
difficiles, les élèves avec des difficultés d'apprentissage, difficultés de
comportement. Mais je constatais, évidemment, dans le budget, à la partie deux,
là, de la section B, le titre est quand même très évocateur, M. le Président :
Favoriser la réussite éducative des jeunes. Puis je regardais les montants, les
différents montants, là, qui sont dans le budget, puis je regardais aussi ce
qu'on avait mis en place depuis 2018.
C'est quand même assez important, là, ce
qu'on a fait au niveau... comme efforts pour réussir au niveau éducatif, mais
je vous amène aussi dans le titre du budget : Priorité santé, éducation.
Alors, pour quelqu'un qui a fait presque 20... 20 quelques années de sa
carrière en éducation, ça m'interpellait, ça fait que j'avais envie de prendre
le temps d'interpeller le ministre là-dessus.
Évidemment, on a mis plusieurs sommes
importantes, dans les années passées, hein, ça totalise près de
11,4 milliards de dollars, qui ont été mises en place par le gouvernement pour
accroître la réussite scolaire. On le voit, là, des sommes d'environ
2,3 milliards ont été investies pour soutenir les élèves en situation de
vulnérabilité, spécifiquement les élèves vulnérables. Alors, ce n'est pas rien,
puis on les voit, les impacts que ça peut avoir dans le réseau scolaire,
concrètement.
• (10 h 30) •
Puis là j'ai envie d'amener le ministre
sur comment on se compare, depuis 2018, comme gouvernement, à ce qui était fait
avant. Je ne sais pas, je vais aller dans les souvenirs du ministre pour voir
comment, depuis qu'on a priorisé l'éducation, notre premier ministre le répète
souvent, que la priorité, c'est la santé, l'éducation... puis comment on peut
se comparer, nécessairement, avec la période d'avant, qui n'était pas facile.
Moi, je l'ai connue, dans le milieu de l'éducation, cette période-là où on
voyait... on avait... on anticipait l'annonce du budget puis on voyait les
ministres de l'Éducation, à cette époque-là, vivre avec des coupures, des
contraintes. Ce n'était pas le contexte d'investissement dans le domaine
éducatif qu'on a aujourd'hui. Alors, c'est une bonne nouvelle pour le budget
actuel, mais c'étaient aussi des bonnes nouvelles depuis l'arrivée de la CAQ,
clairement, M. le Président, au gouvernement, en priorisant l'éducation, puis
j'avais bien envie de ramener M. le ministre des Finances dans cette période
moins avantageuse pour l'éducation, qui était avant l'arrivée, en 2018, du
présent gouvernement.
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi, je ne peux pas m'empêcher de vous répondre par une question qui intéresse
tous nos auditeurs, les députés de l'opposition et le personnel du ministère
des Finances. C'est : Quelle est la matière que vous enseignez?
M. Montigny : J'ai
enseigné plusieurs matières, mais j'ai été responsable aussi de l'implantation
de tout ce qui était renouveau pédagogique. Puis j'ai travaillé avec les
groupes difficiles, j'ai enseigné l'histoire, j'ai enseigné aussi des cours qui
n'existent plus, l'économie familiale. J'ai enseigné l'enseignement moral, mais
visiblement, ma matière de base, c'est maintenant l'éthique et culture
religieuse. J'ai retourné là. Et c'est une matière aussi que notre gouvernement
va remplacer. Alors je me retrouverais dans un nouveau cours si jamais je
retournais dans les écoles.
M. Girard (Groulx) : Bien,
merci pour cette information. Et je comprends, M. le Président, que ce n'est
pas particulièrement relié à la question, mais puisqu'on passe plusieurs heures
ensemble, je suis convaincu que le député de l'opposition ne m'en voudra pas de
demander cette précision. Et je reviens à la question. Alors...
10 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...c'est
certain que les taux de croissance de dépenses, il faut regarder ça sur des
longues périodes, parce que nous, il est arrivé un événement qui s'appelle la
pandémie qui a propulsé la croissance des dépenses en 2021 et qui a amené le
niveau des dépenses de façon très élevée, puis ça s'est poursuivi, là, parce
que le cœur de la pandémie dans 2021. Mais, évidemment, tout le monde se
souvient qu'il y avait encore... le virus était toujours présent 2021 et 2022,
puis, jusqu'à un certain point, le virus était toujours présent en janvier 2024
dans le réseau hospitalier.
Alors, le gouvernement qui nous a précédés
a eu un taux de croissance de dépenses moyenne de l'ordre de 3 %. Mais
évidemment, ce 3 %-là, il est inégal, là, c'est-à-dire qu'il y a eu ce qu'on
appelle, dans un mauvais français, du «stop and go» budgétaire, c'est-à-dire
que, les deux premières années, c'était de l'ordre de 1 %, puis les deux
dernières années, c'était de l'ordre de 5 %, puis, en moyenne, ça fait 3 %.
O.K.? Puis ce qui a fait mal au réseau, c'est évidemment les deux premières
années de 1 %. Alors, c'est ça qui est le... le... le... Et dans notre
cas, en moyenne depuis cinq ans, puis cette information-là est au début de la
section B, on y apprend que'au niveau du portefeuille Éducation, les dépenses
ont crû de 14,9 milliards de dollars à 20,5 milliards de
dollars et que ça représente 37,4 % d'augmentation pour la période de cinq
ans puis que c'est une croissance moyenne de 6,6 %. Mais le 6,6 % n'est
évidemment pas directement comparable au 3 % pour la simple et bonne
raison qu'il y a eu une pandémie.
Mais l'Éducation, c'est notre priorité
dans ce budget-ci. Encore une fois, je veux faire des mises en garde sur les
taux de croissance. On voit un taux de croissance de 9 % en éducation puis
cette année, puis c'est... c'est priorité santé, éducation. On veut avoir un
taux de croissance élevé en éducation cette année. On veut donner un coup de
barre avec du personnel, la... des... des réformes au niveau de la gouvernance,
au niveau des infrastructures. Mais il reste que je fais une légère mise en
garde par rapport aux taux de croissance, c'est-à-dire que, comme il y a eu des
grèves, puis les grèves, c'est très important, là. On voit que les grèves, par
exemple, ont affecté le PIB du quatrième trimestre au Québec de façon
importante, et donc on baisse le niveau de dépenses au... en 2023 parce qu'il y
a des grèves, puis là on met des plans de rattrapage en 2024 parce qu'il y a eu
des grèves. Alors, vous baissez 2023 puis vous augmentez 2024, ça gonfle le
taux de croissance à 9 %. Et là, dans le budget, on dit humblement que, l'éducation,
c'est la première responsabilité du gouvernement du Québec puis c'est une
priorité, mais qu'il serait plus juste de parler d'un taux de croissance de l'ordre
de 7 % une fois... un petit peu moins, là, mais je fais des chiffres
ronds, une fois qu'on a juste pour l'effet des grèves et des plans de
rattrapage.
M. Montigny : Merci beaucoup.
J'aurais une deuxième question, toujours en lien avec l'éducation. Vous savez,
j'ai envie de vous entendre sur les diverses mesures qui sont destinées à la
partie réussite éducative des élèves puis je voyais, dans le budget, là, qu'on
a bien ciblé aussi l'apprentissage du français, parce que, quand j'étais dans
le réseau, là, les... une douzaine d'années, je travaillais avec des élèves en
difficultés de comportement, difficultés d'apprentissage, puis les données de
recherche, les données probantes nous donnaient vraiment des éléments spécifiques
sur la réussite du français, la capacité à s'exprimer, la compétence
particulièrement sur l'expression orale, la capacité à communiquer et l'aspect
comportement des jeunes. Donc, je sais que je m'en vas un peu en profondeur
dans ça, mais je veux vous amener quelque chose à titre d'exemple...
M. Montigny : ...puis vous
pourrez me donner des réponses sur d'autres types d'interventions qui sont
faites pour améliorer la réussite des jeunes, mais on le voyait très bien, sur
la qualité du français, que, quand on intervient sur l'écriture, sur la
communication, la capacité de s'exprimer, on voit directement une augmentation
au niveau des comportements des élèves. Puis, quand on voit une augmentation
des comportements des élèves dans des classes, dans des groupes puis quand on
voit une diminution d'élèves en difficulté de comportement, on voit une
amélioration de la qualité globale de la classe, du travail de l'enseignant, de
la qualité de l'enseignement, et clairement on voit aussi une augmentation des
taux de réussite. Donc, quand on intervient sur le français, sur la langue, sur
la capacité de s'exprimer, sur la capacité de l'élève à lire davantage puis à
être plus, je dirais, efficace dans sa lecture puis quand on enseigne de façon
explicite la lecture, bien, on s'aperçoit que ça augmente, par effet domino, la
réussite éducative des jeunes.
Alors, je le voyais, dans le budget, qu'on
avait mis vraiment cette partie-là de l'apprentissage du français. Il faut
continuer la lecture. Il faut continuer très jeune l'apprentissage de la
littératie, très jeune, dès le début de la formation. Alors, est-ce qu'il y a
des mesures, M. le ministre, à titre d'exemples, des éléments additionnels, que
vous pourriez nous expliquer, qui favorisent la réussite éducative des jeunes,
que vous avez pris soin d'appuyer dans le budget pour que notre ministre de
l'Éducation puisse continuer son beau travail?
M. Girard (Groulx) : Bien, la
réponse, c'est oui, puis je pourrais vous amener à la page B.30, où il y a la
question spécifique des élèves en difficulté affectés par la situation que nous
avons connue au mois de novembre, au mois de décembre. Alors, il y a du
tutorat, de l'aide spécialisée pour les élèves avec des besoins particuliers,
les cours d'été qui seront gratuits pour les élèves de quatrième, cinquième
secondaire, soutien aux organismes et aux partenaires qui travaillent en
éducation, des offres de rattrapage pendant la semaine de relâche. Puis on me
dit que ça s'est bien passé, là, il y a eu de la demande durant la semaine de
relâche.
• (10 h 40) •
Mais vous avez raison que les compétences
de base, savoir lire, écrire, compter, sont essentielles, et la langue
française est complexe, et ça nécessite des efforts, de l'aide, et c'est un
travail qui est continu, puis on ne peut pas faire ce travail sans avoir le
personnel. À la base de la réussite de nos élèves, il y a le dévouement de tout
le personnel scolaire, enseignant, mais aussi les spécialistes, les directions,
les aides, et, disons, ça prend... pour la réussite scolaire, ça prend un
engagement de tous les partenaires, puis c'est pour ça que nous avons, de bonne
foi, bonifié les conditions de travail des employés du secteur public, pour
avoir des conditions de travail qui favorisent non seulement la rétention, mais
l'attraction du personnel. Et puis ça, ça va permettre de se doter de
flexibilité au niveau de la gestion.
Puis, si vous allez à la page B.5...
évidemment, nous ne sommes pas des experts de la gestion des écoles, au
ministère des Finances, mais on montre le genre d'avancées qui ont été...
qu'on... dont nous nous sommes dotés dans le cadre des négociations, puis là on
voit, par exemple, qu'il va y avoir des mesures pour favoriser la prestation de
travail à temps complet, révision des statuts du personnel de soutien pour
créer davantage de stabilité dans les équipes d'école. Alors, le personnel de
soutien, souvent, avait seulement du temps partiel. On va les... Puisqu'ils
sont dans nos écoles, on va bonifier leurs horaires. Et il y a la fameuse
mesure, là, sur... Ah! celle-là, je pense qu'elle a fait beaucoup de bruit lors
de la rentrée scolaire de l'automne 2023. Et puis une façon dont nous pourrions
juger du succès des efforts que nous faisons en éducation, c'est s'il n'y avait
pas de...
M. Girard (Groulx) : ...lors
de la rentrée scolaire de 2024. Alors, on parle ici, là, de fermeture du
processus d'affectation des classes au plus tard le 8 août, ce qui permettra
une meilleure planification scolaire et une stabilité dans l'organisation des
classes, là, c'est... C'est élémentaire, mais en même temps c'est fondamental,
là. Et ça, si on commence sa cinquième année, puis on arrive à l'école, puis
notre professeur est là, puis... Bien, ça facilite l'apprentissage. Et puis on
a une classe avec des hauts degrés de difficultés ou de toutes sortes de défis,
puis encore là je suis loin de mon champ d'expertise, mais il y aura des aides
à la classe, un deuxième adulte pour permettre de favoriser l'apprentissage
et... Et je pense qu'il faut voir les efforts qu'on fait en éducation comme
multidimensionnels. Personnel, ressources humaines, il y a... II n'y a pas de
succès en éducation sans l'engagement du personnel dans un nombre suffisant.
Infrastructures, gouvernance, soutien à la réussite... Puis il y a toute la
question de la motivation, de l'autonomie, les programmes particuliers, l'heure
supplémentaire au secondaire. Le transport scolaire fait partie de la réussite
scolaire, là. Ça... Ça prend... Il faut que l'autobus passe le matin et il faut
que la... Il faut qu'elle passe à chaque matin pour... Puis tout... Bref, la
réussite scolaire, c'est la somme de nombreux efforts. Mais s'il y a un élément
qui est clé, pas de personnel, pas de succès.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Nous pouvons poursuivre. Il reste 4 min 40 s, cher collègue.
M. Montigny : Parfait.
Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais revenir sur un élément qui est
important. On parle par exemple du personnel professionnel. Alors, dans l'année
qu'on vient d'avoir la partie négociation, toutes les discussions qu'on a eues,
on a bien vu, là, la volonté du gouvernement de soutenir différents...
différents types de personnels scolaires. Oui, les enseignants qui sont, je
dirais, directement en service à l'élève, mais il y a des services
professionnels aussi, qui le sont, en service direct à l'élève, je pense,
notamment, les psychologues. Alors, intervention importante qui a été faite par
notre gouvernement pour soutenir le travail des personnes qui donnent des
services directs aux élèves, notamment, ceux qui sont psychologues scolaires.
On le voit très bien dans nos écoles, les psychologues scolaires,
particulièrement en région, doivent se... circuler d'une école à l'autre avec
des territoires, des fois, qu'il y a plusieurs centaines de kilomètres. Alors,
ça demande à ce personnel-là d'avoir cette capacité de se déplacer sur le
territoire pour être capable d'intervenir auprès de clientèles très différentes
d'un milieu à l'autre. Parce qu'il y a plusieurs communautés qui sont
desservies par un centre de services scolaire.
Maintenant, il y a toute la partie aussi, je
dirais, de l'aide à l'enseignant parce que l'enseignant dans sa classe, il a,
oui, l'enseignement à faire. Il y a des notions essentielles, des savoirs
essentiels qui sont évidemment enseignés aux élèves, M. le Président, mais il y
a aussi toute la partie gestion de la classe, des groupes plus difficiles, la
gestion des comportements. Et là, un élément extrêmement important qu'on a vu,
c'est l'addition d'une personne avec des compétences particulières qu'on
appelle les techniciens, techniciennes en éducation spécialisée qui ont de la
formation spécifique pour ces élèves-là qui ont des difficultés, des fois des
difficultés d'apprentissage, qui peuvent se transformer aussi en difficultés de
comportement, ou, évidemment, on le voit, M. le Président, quand un élève a des
difficultés de comportement ou d'attention, évidemment ça peut lui amener à
avoir des difficultés au niveau de ses apprentissages.
Alors, clairement, l'intention de notre
gouvernement a été très, très claire, le premier ministre était très clair
là-dessus, soutenir... En éducation, c'est soutenir les élèves pour améliorer
la réussite, soutenir les élèves en difficulté. Puis là-dessus je voudrais
simplement dire... Peut-être, M. le ministre, conclure sur comment vous voyez que
les changements qu'on a faits, entre autres sur la gouvernance, peuvent avoir
un impact sur la réussite des jeunes, entre autres en lien, je vous donne juste
une piste, en lien avec cet institut...
M. Montigny : ...qu'on a...
qu'on met en place sur... qui va regarder toutes les données probantes pour
s'assurer qu'on applique, dans les écoles, des choses qui reflètent des données
probantes pour assurer des meilleurs résultats. Je vous donne juste cette
piste-là, M. le ministre.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le ministre, tout ça en 1 min 30 s.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Bien, je pense que, l'Institut national d'excellence en éducation, ça servira à
la... à la diffusion des meilleures pratiques pédagogiques, puis ça l'a
évidemment d'autres objectifs, mais les données probantes vont permettre des
analyses sur quelles politiques publiques fonctionnent et lesquelles ne
fonctionnent pas, et la diffusion de celles qui fonctionnent va améliorer les
conditions pédagogiques... pas les conditions, mais les méthodes pédagogiques
dans nos... dans notre école publique. Et bref, c'est vraiment la diffusion des
meilleures pratiques qui va nous aider à accomplir ce qu'on veut accomplir. Ça,
c'est au niveau des données probantes. Mais c'est certain qu'encore une fois ça
prend du personnel. Et par exemple, au secondaire, bien, le fait que les
techniciens en éducation spécialisée vont pouvoir agir comme aide à la classe,
bien, c'est certain que ces techniciens-là sont particulièrement aptes à aider
les élèves en difficulté, là, puis ils connaissent les élèves aussi, là. Donc,
je pense que tout ça : diffusion les meilleures pratiques, personnel en
place pour...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Voilà.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous allons poursuivre avec notre collègue de Westmount—Saint-Louis. Mais
avant, je vous avise qu'après ce bloc, nous allons faire une courte pause à
même le temps gouvernemental. Chère collègue, à vous la parole. Vous disposez
de 21 minutes.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bonjour.
• (10 h 50) •
Mme Maccarone : C'est un
plaisir d'échanger aujourd'hui.
J'ai écouté les remarques de mon collègue,
que j'ai trouvées intéressantes, parce qu'il a dit que c'était un titre très
intéressant, quand on parle de l'éducation. Alors, je vous amène à la page C.20
pour parler des titres. Quand on parle, en matière de famille, Appuyer les
jeunes et les familles, c'est un titre intéressant, étant donné qu'on parle
uniquement de convertir 1 000 places en service de garde. Alors, ce n'est pas
appuyer toutes les familles et tous les jeunes, c'est une infime minorité de la
population qui va bénéficier, de cette mesure.
Puis, juste pour faire un peu la mise en
scène, pour les gens qui suivent un peu nos travaux, pour comprendre d'où
est-ce qu'on est venu, l'ancien ministre de la Famille, dans la dernière
législature, puis votre gouvernement avait quand même fait une promesse,
c'était lui ainsi que la vice-première ministre, que nous allons convertir 56
500 places pendant la campagne électorale, puis ça, c'est il y a moins de deux
ans. L'an dernier, votre gouvernement avait fait la promesse de convertir 5
000, puis là, maintenant, on est rendus à 1 000. Si on continue à cet élan, ça
va prendre 50 ans pour convertir le réseau. Alors, je veux juste comprendre
comment ça marche puis c'est quoi, les demandes budgétaires de la ministre de
la Famille quand elle est allée vous voir pour parler de ses besoins pour la
conversion du réseau.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui,
merci. Bien, c'est certain que la ministre de la Famille aurait aimé qu'on
accélère le rythme des conversions. Il y a eu, au budget 2020-2021, 3 500
conversions, au budget 2023-2024, 5 000, puis là, au budget 2024-2025, 1 000.
Alors, tout ça, ça fait 9 500, puis, si vous permettez, je vais arrondir puis
dire 10 000, mais c'est 9 500 depuis qu'on a parlé de conversion. Et puis c'est
certain que l'ordre de grandeur de ce qu'on a à faire, c'est plus de l'ordre de
50 000, et c'est ce que la ministre de la Famille aimerait, c'est ce qu'elle
demande. Elle est dévouée... Parce qu'il y a deux volets, là. Il y a le fameux
6 milliards qu'on est allé chercher, sans condition, du fédéral, qui, lui, vise
le développement de 37 000 places subventionnées. Puis là on voit que 37 000,
c'était l'estimé de ce qu'on avait besoin à ce moment-là. Depuis, on une croissance
de population qui est plus rapide, probablement que le 37 000 va...
M. Girard (Groulx) : ...ne
sera pas suffisant, il faudra plus de place encore que 37 000. Mais là, puisque
votre question porte sur les conversions et le rôle de la ministre de la
Famille, c'est certain qu'elle en demandait plus que 1 000. Mais, face à un
déficit de 11 milliards de dollars, après contribution au Fonds de génération,
au 8,8 milliards, 1,5 % du PIB avant, bien, on devait faire des choix. Puis,
comme le budget s'est passé dans le cadre des négociations dans le secteur
public, le choix que nous avons fait, c'est santé et éducation.
Mme Maccarone : Ça veut dire
que les familles, d'abord, du Québec font... c'est eux qui sont responsables du
déficit, c'est eux qui font les frais du déficit, parce que ce que je
comprends, c'est que c'est les familles qui sont pénalisées. Le coût de la vie
est très, très, très élevé, puis, si on a fait le choix de convertir uniquement
1 000 places, bien, on se comprend, la conversion, ce n'est pas la
construction, ce n'est pas la création de places, alors les frais sont... ce
n'est pas du tout les mêmes frais qui sont associés. Je comprends mal pourquoi
le choix a été fait.
Ça fait que, moi, ma question, c'est : La ministre,
elle avait demandé de faire la conversion de combien de places?
M. Girard (Groulx) : Bien,
l'engagement électoral...
Mme Maccarone : L'engagement
électoral, c'était 56 500.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, écoutez, d'abord, il faut se rappeler d'où on part, là. On a le meilleur
régime de service de garde au Canada, là, qui est la... le modèle pour ce que
le gouvernement fédéral souhaite déployer dans les autres provinces, et je
pense qu'il ne faut pas diminuer ce qu'on a et ce qu'on va faire avec les 37
000 places qui vont être créées. Puis je rappelle, là, qu'il y a un crédit
d'impôt...
Mme Maccarone : Je ne parle
pas de 37 000 places, par contre. Je suis désolée de vous interrompre. C'est
parce que je ne parle pas de 37 000 places...
M. Girard (Groulx) : Non,
non, mais...
Mme Maccarone : ...je parle
de la conversion.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
bien, je vais vous parler...
Le Président (M. Simard) : ...interventions,
chers collègues.
Mme Maccarone : Je suis
désolée, M. le Président. Allez-y, M. le ministre.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
rappelle qu'il y a un crédit d'impôt, là. On ne peut pas comparer le taux brut
dans le privé au taux subventionné, il faut convertir avec le crédit d'impôt.
Puis, pour répondre précisément à votre
question, bien, la ministre de la Famille aurait souhaité 10 000 conversions.
Mme Maccarone : Elle aurait
souhaité 10 000 puis elle a eu seulement 1 000.
M. Girard (Groulx) : Oui,
parce que nous avons un déficit de 11 milliards de dollars et puis qu'il
fallait faire des choix, là. Puis vous-même, en Chambre, vous le dites, là, le
11 milliards, il est important, et puis il faut prendre des décisions. Et, dans
notre cas, la décision, c'est d'améliorer les services en santé et en éducation
immédiatement, et puis ça nécessite des sommes importantes, et puis c'est le
choix qu'on a fait.
Mme Maccarone : C'est quand
même un... Si vous permettez, je suis désolée, mais c'est quand même un échec,
parce qu'une promesse de 56 500, c'était un engagement. Ça fait que vous êtes
d'accord que c'est une promesse que vous avez rompue. On ne parle pas de...
M. Girard (Groulx) : Non.
Non, je ne suis pas d'accord.
Mme Maccarone : Mais on ne
parle pas de la conversion, là, on parle de... Comme j'ai dit, on avait
commencé avec une promesse de 56 500. Là, c'est baissé à 5 000. Là, on est
rendu à 1 000. Puis juste si je fais référence à les priorités, quand on
regarde le budget, aussi, le 3,9 millions de dollars qui sont attribués pour
faire cette conversion, ça, c'est même pour 2024-2025. Avec ce montant, on
comprend que ce ne serait pas avant l'année prochaine. Ça fait qu'on va avoir
encore une attente. Ça fait que ce n'est pas pour 2024, ça, ça va se réaliser
en 2025, parce que ça prend un minimum de 15 millions pour faire la conversion
de 1 000 places. Alors, c'est clair, ce n'est même pas pour maintenant. Ça fait
qu'on a des familles qui vont attendre. Puis, juste pour faire la mise en
scène, pour faire le portrait, quand on parle de 3,9 millions, c'est quand même
deux fois moins d'argent qui a été attribué pour les L.A. Kings à venir pour
faire deux matchs hors saison.
Alors, si je parle au nom des familles qui
sont en attente, c'est quand même un portrait... dévastatrice. Eux, ils se
sentent vraiment abandonnés. Pour eux, c'est des promesses qui sont rompues, en
ce qui concerne la conversion. C'est quand même très difficile pour les
familles qui sont toujours en attente.
Alors, j'essaie de comprendre pourquoi ces
choix ont été faits. Je ne nie pas qu'on a des besoins en éducation puis qu'on
a des besoins en santé, mais ça reste que c'est les familles québécoises,
surtout les femmes, qui sont en attente, qui ne peuvent pas retourner sur le
marché du travail, qui doivent subir beaucoup de frais très élevés de coût de
la vie. Comment ça se fait qu'eux, ils n'ont pas fait partie des choix
gouvernementaux...
Mme Maccarone : ...comme
priorité?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
vous remercie pour votre question. Et d'abord je tiens à dire que la promesse
n'est pas rompue, on parle quand même de 9 500 conversions en cours, et que,
bien sûr, on aimerait qu'il y en ait plus, et puis c'est simplement que le
rythme de déploiement de la promesse va être plus lent. Alors, si, au prochain
budget, on a les marges de manœuvre puis que les progrès qu'on souhaite dans le
réseau de la santé et de l'éducation sont en marche, bien, on pourra accélérer
le rythme des conversions. Mais là on fait un choix qui... Vous savez, vous
nous reprochez d'avoir un déficit élevé, vous nous dites qu'on ne fait pas
assez de conversions, mais je vous dirais que ces deux énoncés-là sont contradictoires,
et qu'une des raisons que le déficit est élevé, c'est qu'on fait un
investissement important dans le personnel, et que, pour livrer des services en
santé puis en éducation, ça prend du personnel, et qu'on fait d'autres
investissements en infrastructures, au niveau de la gouvernance.
Bref, on a le... il faut faire attention
aux messages qu'on envoie à la population. On a les meilleurs services de garde
au Canada. On a le programme de création de places le plus ambitieux au Canada.
Est-ce que la promesse de conversion est
brisée? Non. Son déploiement est ralenti en raison des conditions budgétaires.
Mme Maccarone : Pour ne pas
rompre la promesse, M. le ministre, ça veut dire qu'il faut que vous
convertissiez 25 000 l'année prochaine puis 25 000 l'année d'après, pour
réaliser la promesse, juste pour faire la mise en scène, là, ça fait que...
parce qu'il reste quand même 55 000 places à convertir...
M. Girard (Groulx) : Vous
avez raison. Il reste deux budgets.
Mme Maccarone : ...puis la
promesse, c'était quand même... c'est ça que la CAQ avait fait comme promesse.
Mais là, vraiment au compte-goutte, la façon que nous sommes en train de
convertir le réseau, ça va prendre 50 ans.
Ça fait que je comprends le ralentissement
que vous êtes en train de partager, mais c'est une promesse brisée, parce que
c'est quand même 56 000 qui était promis. Pour réaliser, ça va être 25 000
l'année prochaine puis un autre 25 000 l'année d'après.
Le ministre dit que, tu sais, on ne peut
pas dire que le déficit est très élevé, puis évidemment on est inquiets de ça,
puis aussi de demander des investissements en matière de famille pour la
conversion, mais le ministre lui-même, aujourd'hui, ainsi que la semaine
passée, en période de questions, il a répondu qu'on a eu quand même 6 milliards
du gouvernement fédéral. Qu'est-ce qui est arrivé avec cet argent-là? Combien
de cet argent a été utilisé pour la conversion?
• (11 heures) •
M. Girard (Groulx) : Zéro. Ce
6 milliards-là va à la création de places. Le 6 milliards est pour la création
de 37 000 places. Les conversions nécessitent des sommes additionnelles.
Mme Maccarone : Combien de
cet argent été utilisé pour la création de places?
M. Girard (Groulx) : Le 6
milliards est budgété depuis le budget 2021-2022 ou... l'automne, c'est la mise
à jour... 2021 ou 2022? Je vais vous le trouver. Mais l'argent est dans le
cadre financier, est prévu pour le déploiement de 37 000 places, nouvelles
places de service de garde subventionné. Aucune de ces sommes n'est prévue pour
les conversions.
Mme Maccarone : C'est
intéressant, parce que, quand on a eu des échanges avec la ministre de la
Famille, juste l'année passée, elle a dit qu'aucun de cet argent n'était alloué
pour la création de places, puis, dans le fond...
M. Girard (Groulx) : Non,
elle n'a pas dit ça, j'en suis convaincu. Je la connais, je travaille avec
elle, là. C'est certain qu'elle n'a pas dit que le 6 milliards n'était pas pour
la création, là. C'est ça l'entente avec le gouvernement fédéral.
Mme Maccarone : La réponse
qu'elle a dite, c'est...
M. Girard (Groulx) : Je pense
que vous interprétez mal sa réponse.
Mme Maccarone : C'est ça
qu'ils nous ont dit en crédits l'année passée. Puis, quand j'avais le dossier
de la famille, dans la dernière législature, que nous avons... quand l'argent a
été octroyé, en 2019, par le gouvernement fédéral...
M. Girard (Groulx) : Non, ce
n'est pas en 2019.
Le Président (M. Simard) : ...un
à la suite de l'autre, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : C'est à
l'automne 2021.
Le Président (M. Simard) : Bon,
M. le ministre, on va laisser notre collègue de Westmount poursuivre son
intervention, après quoi vous pourrez intervenir, cher collègue.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mme Maccarone : Merci. Merci
pour la correction, pour la date. Ça reste que l'ancien ministre de la Famille
n'était pas capable de répondre combien de cet argent là était utilisé pour la
création de places. Puis ce qu'on a compris, c'est que l'argent était envoyé au
fonds consolidé. Alors, j'essaie de comprendre. Maintenant, on va passer aux
crédits prochainement, fin avril. Ça, ça veut dire...
11 h (version non révisée)
Mme Maccarone : ...quand
je vais poser des questions en ce qui concerne la création de places, la
ministre de la Famille, elle va répondre que cet argent a été quand même,
maintenant, utilisé, le montant qui était attribué, parce qu'on a quand même un
montant attribué annuellement, là, qui était envoyé... Mais j'ai même la
réponse, sa réponse l'année passée, elle a dit : «Il n'est donc pas
possible de distinguer l'utilisation des sommes reçues du gouvernement fédéral
par rapport aux sommes prises à même le fonds consolidé.» Ça fait que vous,
vous dites une précision. Ça fait que je ne comprends pas.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bon.
Alors, nous sommes dans un champ de juridiction du Québec, O.K., et nous avons
signé avec le gouvernement fédéral... Puis là je peux vous donner la genèse de
ça, mais je ne le ferai pas, parce que c'est moi qui ai négocié directement
avec la ministre Freeland cette entente. Elle est sans condition. Et donc le 6
milliards, il va... C'est 6 milliards sur cinq ans, là, ce n'est pas 6
milliards l'an 1, là. En fait, 6 milliards sur six ans, je pens. Il va au fonds
consolidé. Et nous, on s'est engagés, à l'automne 2021, à déployer ces 6
milliards pour créer 37 000 places. Puis, dans l'entente avec le fédéral, on
parlait, je pense, de plus de 25 000 places ou quelque chose comme ça. Alors,
le déploiement se fait, puis les sommes sont réservées, elles ne sont pas
détournées ou... Les sommes sont obtenues du fédéral, elles vont au fonds
consolidé. Le déploiement des places se fait, puis elles sont financées, puis
l'argent sort. Puis tout ça, c'est fait en toute transparence.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée
Mme Maccarone : Merci
pour la réponse. Ça reste que c'est très compliqué de décortiquer, parce qu'on
sait toujours combien de places ont été créées sur la base de l'argent que nous
avons reçu. Mais je vais attendre les crédits pour poser des questions à votre
collègue, parce que je souhaite poursuivre dans le dossier de la Sûreté du
Québec.
Bien, d'emblée, je veux mentionner que ce
sera le premier anniversaire, là, du décès de la sergente Breau, cette semaine.
Alors, je souhaite nous rappeler que le travail, risqué, est essentiel, des
policiers. Alors, je suis de tout cœur avec eux, je comprends que c'est un
anniversaire vraiment crève-cœur, puis je leur offre mon soutien. Puis juste,
ça fait deux semaines, votre gouvernement a quand même voté contre un mandat
d'initiative pour étudier la croissance des violences, l'état mental perturbé,
donc ce que Maureen Breau a vécu, une mort, un décès violent face à quelqu'un
qui souffre de problèmes de santé mentale.
Je parle régulièrement avec les policiers
sous le couvert de l'anonymat. Je les rencontre, je prends des cafés avec eux.
La Sûreté du Québec, c'est quand même 5 700 membres, puis ils attendent
toujours de résilier une entente de principe. Puis je sais qu'habituellement ce
n'est pas vous qui gère ces négociations, mais cette fois-ci c'est vous qui
travaillez là-dessus. Alors, encore une fois, pour la mise en scène, ils ont
confirmé, ils ont... ils ont rejeté la première entente de principe, le 15
septembre. Puis là ils ont confirmé, le 6 décembre, qu'il n'y avait plus
d'argent dans l'enveloppe, ça fait qu'ils attendent toujours une réponse. Le 31
mars, ça va faire deux ans depuis qu'eux, ils n'ont toujours pas d'entente. Ça
fait que je voulais savoir on est rendus où en ce qui concerne les
négociations?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est une question pour le syndicat, parce que nous, on avait une entente
avec... de principe avec le syndicat. Puis je tiens à rappeler, là, que c'est
un régime de négociation qui est complètement distinct des négociations dans le
secteur public, parce qu'en vertu de ce régime de négociation, là, il faut...
il y a un ensemble de comparables, là, qui inclut la GRC, la police provinciale
de l'Ontario, la ville de Montréal, puis, dans le fond, on commence la
négociation avec un ensemble de comparables. Et nous avons, sur la base de
cette entente... de ces comparables, nous en sommes venus à une entente avec le
syndicat, une entente de principe ou préliminaire, puis je ne suis pas...
peut-être je n'utilise pas les termes justes, mais eux sont allés devant leurs
membres, et leurs membres n'étaient pas satisfaits de l'entente et ils ont
rejetée, qui est leur droit démocratique. Mais nous, à la lumière...
M. Girard (Groulx) : ...de
l'ensemble des comparables, notre offre était juste, en fonction des
comparables, de la capacité de payer les Québécois, de ce qui a été observé au
niveau de l'inflation, tout ça. Alors, nous étions de bonne foi. La preuve,
c'est que nous avions une entente.
Mme Maccarone : Ça fait que
le budget prévoit des dispositions pour le financement des négociations des
contrats avec la police même à la suite des négociations qui ont été conclues
ou ils sont prêts à conclure avec les autres services publics.
M. Girard (Groulx) : Peut-être
que vous pourriez préciser votre question, parce que je ne suis pas sûr...
C'est quoi, votre question?
Mme Maccarone : Je veux juste
m'assurer que, dans le budget qui a été déposé dernièrement... qu'il y a
toujours des dispositions financières pour s'assurer que, quand vous allez
continuer les négociations avec les policiers, que, dans le fond, en termes...
juste plat de même, qu'il reste de l'argent pour eux.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, ce qui est dans le cadre financier pour les négos, là, évidemment, pour
des raisons de pouvoir de négociation, on ne dit pas exactement combien il y a
pour chaque groupe chaque année, dans le cadre de la négociation, parce
qu'évidemment ce ne serait pas particulièrement habile, mais on donne quand
même de l'information extrêmement importante à la page G.10, où on dit que
l'impact des négociations qui sont en cours, celles qui sont conclues et celles
qui sont toujours en cours — donc, dans le cas de la Sûreté du Québec, ils sont
dans le deuxième groupe — bien, le cadre financier intègre plus de 3 milliards
par année. Puis ça, c'est la page G.10. Puis, si vous allez à la page G.19,
bien, vous voyez qu'en 2024-2025 les dépenses de portefeuille ont augmenté de
3,2 milliards, puis en 2025-2026 c'est 3,260. Alors, là-dedans, il y a
l'ensemble des groupes qui sont concernés par les négociations.
Mme Maccarone : ...les
répartiteurs d'urgence, parce qu'eux sont toujours en attente d'avoir la
conclusion de leurs négociations aussi, puis ça, ça tombe sur la Surêté Québec.
Il y a une pénurie de personnel. Ils font quand même un travail qui est très
difficile. Il y a un roulement. Le processus de reclassification, ce n'est
toujours pas terminé.
M. Girard (Groulx) : Bien,
vous avez raison de souligner que ces gens-là sont extrêmement importants, mais
moi, je dois... j'ai un devoir, là, de divulguer la même chose à tout le monde.
Et, malgré la précision de votre question, je vais être obligé de vous référer
à la page G.10 et à son complémentaire, la page G.19.
• (11 h 10) •
Mme Maccarone : C'est la
reclassification, c'est ça qu'ils cherchent. Ce n'est pas les négos, c'est la
reclassification.
M. Girard (Groulx) : Je suis
incapable de répondre à cette question, à savoir si la reclassification est
dans le 3,2 milliards de ce groupe particulier là. Je vous suggère de parler à
la négociatrice...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : ...à la
présidente du Conseil du trésor.
Le Président (M. Simard) : Voilà.
Donc, merci à tous pour ce bloc d'échange.
Et, comme convenu, avec consentement, nous
allons procéder à une courte pause.
(Suspension de la séance à 11 h 11)
(Reprise à 11 h 17)
Le Président (M. Simard) : Bien,
chers collègues, merci à nouveau pour votre précieuse collaboration. Nous
sommes en mesure de reprendre nos travaux. Et je cède la parole au député de
Maskinongé, qui dispose d'environ 13 minutes.
M. Allaire : Merci, M.
le Président. Bon matin, chers collègues. M. le ministre, on a plusieurs points
en commun. Vous aimez le hockey. J'aime le hockey. On a d'ailleurs eu
l'occasion de taquiner le palet ensemble à quelques reprises dans les années
passées, moins cette année, pour cette classique hivernale qui était...
M. Allaire : ...une priorité
qu'on se donnait à chaque année, mais les changements climatiques obligent,
cette année, on n'a pas été capables de le faire, ou je pense que vous êtes
allés cette année, mais moi, j'étais en commission, donc je ne pouvais pas
aller me joindre à vous. Mais c'est un des points qu'on a en commun. Le tennis,
c'est un autre point en commun que vous avez, mais on n'a pas eu l'occasion de
jouer ensemble. J'aimerais ça dire qu'on a aussi un autre point commun qui est
le pickleball, parce que j'ai fait la transition du tennis au pickleball, mais
ce n'est pas le cas, malheureusement. Je pense que je n'ai pas réussi à vous
convaincre encore. Je pourrais vous lancer un défi, par contre, moi, j'ai été
contaminé par mon collègue de Richelieu qui joue allégrement au pickleball, et
honnêtement, j'ai pris la piqûre.
Un autre point qu'on a en commun, M. le
ministre, et vous êtes un ancien banquier, je suis... je suis aussi un ancien
banquier. Vous étiez chez... à la Banque Nationale, j'étais chez Desjardins. Et
je n'ai pas la prétention que j'étais à votre niveau, là, je pense que vous
avez beaucoup, beaucoup plus d'expérience que moi. Mais, quand même, ce que je
veux amener, c'est le fait qu'à notre niveau, mettons, comme gestionnaires,
notre portefeuille est diversifié. Dans le cas de... dans mon cas à moi, quand
j'étais chez Desjardins, j'avais un demi-milliard d'actifs sous gestion, et
pratiquement le deux tiers de mon portefeuille sous gestion était lié au
secteur agricole. Et, dans Maskinongé, parce que, naturellement, j'étais chez
Desjardins dans Maskinongé, le secteur agricole prend toute son importance.
Puis ça se traduisait aussi via le travail que j'avais naturellement chez
Desjardins, mais c'était comme ça pour Desjardins, mais l'ensemble des
institutions financières, naturellement, là, il n'y a pas que Desjardins.
Mais ça démontre quand même à quel point,
dans Maskinongé, c'est... c'est plus qu'important, c'est plus qu'une priorité.
Je ne peux qu'être très, très sensible à ce que nos agriculteurs vivent
actuellement. Dans Maskinongé, c'est 450 fermes. Et, chaque fois qu'il y a
des turbulences dans le milieu agricole, c'est sûr que ça se reflète sur mon
quotidien, parce que je suis très proche du milieu agricole. Je les connais
tous ou presque. Je suis tout allé visiter à cause de mon passé, soit en
développement économique ou en financement d'entreprise chez Desjardins, puis
encore plus maintenant comme élu. Je pense qu'à chaque fois qu'ils... qu'ils
vivent des situations particulières, ils prennent le temps de venir me voir au
bureau pour me parler de leurs différents enjeux, de ce qu'ils vivent
actuellement.
Puis c'est sûr que l'impact des taux
d'intérêt actuellement a de l'impact sur... sur leurs coûts qu'ils ont à
assumer au cours de l'année. Ça fait en sorte que, veux veux pas, la marge de
profit s'est atténuée avec le temps. Ça fait qu'ils doivent revoir les choses
autrement. Ils doivent être créatifs. Puis c'est correct, ça, ça fait partie
aussi... C'est des entrepreneurs, ça fait partie de leur quotidien de trouver
des nouvelles façons, là, de bonifier leurs revenus.
• (11 h 20) •
Puis ce que j'aime, c'est qu'on n'est pas
restés les bras croisés, M. le ministre, avec le ministre de l'Agriculture, on
a mis en place différentes mesures quand même pour soutenir le milieu, entre
autres le Fonds d'urgence. Initialement, on était à 10 millions, on l'a
bonifié à 25. On a modulé certains paramètres pour être capable de s'ajuster.
Et je pense que c'est important de le dire, là, ça caractérise aussi, je pense,
qui on est comme gouvernement, entre autres par rapport au secteur agricole,
c'est... on reste à l'écoute. Les gens qui sont venus me voir, on a fait des
interventions, on a parlé au ministre, qui était déjà, naturellement, très au
fait de la situation, mais ça l'a sensibilisé encore plus. Il était très, très,
très disponible pour nous rencontrer, mais il l'a fait aussi naturellement avec
l'UPA nationale, entre autres avec Martin Caron, que je salue d'ailleurs, Martin
Caron qui est le président de l'UPA National, mais qui est un producteur de
Maskinongé. Donc, j'ai la chance d'avoir... d'avoir Martin sur mon territoire,
donc ça favorise aussi les échanges que je peux avoir avec lui pour encore
mieux comprendre ce que peut vivre l'ensemble du secteur agricole.
Alors, je salue... je salue le travail
qu'on a fait au fil des derniers mois pour s'ajuster à la... à
l'année 2023, qui a été très difficile pour eux. Ça fait que je parle du
fonds d'urgence, mais je parle aussi de l'annonce qu'on a faite pour réviser
toute l'assurance récolte qui est sous gestion de la... de la La Financière.
Puis je pense que c'est un élément qui va être... qui va être... qui va être à
suivre, à suivre de proche, parce que ça, je l'ai beaucoup, beaucoup entendu,
lorsque j'ai rencontré les agriculteurs, soit dans les dernières semaines aux
différentes A.G.A. auxquelles j'ai participé, autant pour la relève agricole,
pour l'UPA de Maskinongé, c'est un élément qui revient beaucoup, ça va être notre
capacité à s'adapter, là, vraiment, à ce que les agriculteurs peuvent vivre
actuellement avec les changements climatiques. Mais mon point, M. le ministre,
ça va être davantage...
M. Allaire : ...davantage
pour la relève, la relève agricole qui ont besoin d'aide pour faire
l'acquisition de l'entreprise familiale notamment ou pour prendre de
l'expansion éventuellement. Et je sais qu'on est au rendez-vous quand même et
on est très, très à l'écoute. J'ai participé au Congrès de la relève agricole
qui était dans... qui était en Mauricie, qui n'était pas à Maskinongé, là, qui
était dans la région de Shawinigan. Bien, l'ensemble de la relève du Québec
était... était réuni à Shawinigan la semaine dernière, et c'est un élément qui
est ressorti, de quelle façon que nous, comme gouvernement, on peut les aider
davantage à ce niveau-là. Et ça m'amène au dernier budget, M. le ministre,
c'est quand même 50 millions qu'on a annoncés dans le dernier budget pour
favoriser la relève agricole, ce n'est pas rien. C'est un pas important qui a
été salué d'ailleurs par les gens qui étaient présents au Congrès de la relève
agricole, qui a été salué aussi par l'UPA à différents niveaux, là, je vais
dire, localement, régionalement, mais au niveau national. Et j'aimerais en
savoir un peu plus, M. le ministre, sur ce fonds-là, qui sera mis en place. Et
puis qu'est-ce qui vous a peut-être motivé, justement, à l'inclure, là, dans
le... dans le dernier budget.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
vous remercie pour votre introduction, puis je pense que nous reconnaissons
tous que l'année 2023 a été extrêmement difficile dans le milieu agricole.
Les taux d'intérêt élevés, c'est très difficile pour tout le monde, mais
notamment dans le secteur agricole. L'inflation, c'est difficile pour tout le
monde, mais notamment dans le secteur agricole. Et l'impact des changements
climatiques amène une volatilité qui a été particulièrement défavorable au
milieu agricole. Alors, on a eu de la sécheresse et on a aussi eu, à d'autres
endroits, lorsqu'il y a eu de la pluie, de fortes pluies, bref, on a eu des
saisons hors normes. Et lorsqu'on ajoute des conditions climatiques hors normes
à des conditions économiques très difficiles, bien, ça crée une situation qui
est extrêmement difficile. Et c'est pour ça que la Financière agricole du
Québec a dû essentiellement passer d'un volume d'interventions, en moyenne,
dans les 10 dernières années, qui était de l'ordre de 400 millions,
puis là, en 2003, ça va atteindre près d'un milliard. Alors... puis là on... le
ministre de l'Agriculture travaille avec le fédéral pour... conjointement parce
qu'il y a un fonds qui permet la relance post-difficultés climatiques qui, lui,
est financé 60 % fédéral, et on travaille avec eux pour en venir à une
entente et c'est... bon. Puis on appelle ça le programme Agri-relance, c'est
ce que je cherchais, bon.
Et pour ce qui est du pickleball, je vais
rester en dehors de ce champ d'activités. Puis, si je me permettais une pointe,
M. le député : Je me sens encore jeune, là, alors je ne sens pas le besoin
de...
M. Allaire : De jouer au
pickleball.
M. Girard (Groulx) : ...de
faire du shuffleboard ou du pickleball.
Le Président (M. Simard) : ...à
nos...
M. Girard (Groulx) : À nos
moutons.
Le Président (M. Simard) : ...à
notre sport favori...
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Le Président (M. Simard) : ...qui
est celui des finances publiques.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Maskinongé.
M. Girard (Groulx) : Alors, je
vous amène à la page D.31, M. le Président... Puis je m'en excuse.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Girard (Groulx) : Je m'en
excuse. ...puis c'est là que je vais répondre sincèrement que nous avons créé
un fonds d'investissement pour l'acquisition de terres pour la relève agricole.
Et depuis 2011, là, il y avait peut-être 43 millions qui avaient été
investis dans 140 projets, puis ce fonds-là, là, le Fonds d'investissement
pour la relève agricole, alors 2011 à janvier 2025, c'était 43 millions.
Puis là nous, au budget, on a décidé de le bonifier de 50 millions. Puis
ce nouveau fonds là, puisque l'ancien se termine le 31 janvier 2025, bien,
ça va permettre de faire des interventions, notamment faciliter l'accès...
M. Girard (Groulx) : ...les
jeunes entrepreneurs la propriété des terres en offrant des solutions adaptées
aux défis rencontrés lors du démarrage ou du repreneuriat d'une entreprise
agricole. Et puis, évidemment, c'est... ce n'est pas tout ce qu'on fait pour le
secteur agricole, mais spécifiquement, là, pour faire face à l'enjeu de
l'acquisition des terres puis l'augmentation de la valeur des terres, c'est ce
fonds-là qui est créé dans le budget 2024-2025. Alors, c'est décrit à la
page D.31 du budget.
M. Allaire : Merci, M. le
ministre. Puis on aurait pu élaborer aussi sur les mesures fiscales. Lorsque...
lorsque j'étais justement à l'assemblée générale annuelle, la Relève agricole,
ils ont salué les mesures fiscales, là, du Québec, là, par rapport à la façon
que ça intervient dans leurs dossiers. Puis je pense qu'ils saluaient vraiment
nos interventions à ce niveau-là par rapport au gouvernement fédéral. Donc, on
avait une nette... un net avantage, là, qui était... qui était salué par les
gens qui étaient présents.
Je tiens aussi à souligner que, puis c'est
de le dire, là, les gens qui travaillent à La Financière sont là pour
accompagner les agriculteurs. Puis vous l'avez dit un peu, là, juste par la
hauteur de l'aide qui a été apportée, qui est... qui est, de façon évidente,
beaucoup plus significative, là, par rapport aux années passées. Mais le... les
interventions, le terrain, là, les gens qui se déplacent pour aller un peu
constater ce qui... ce qui se passe puis qui se traduit sur les fermes, je
pense, ça se traduit aussi par davantage de ressources qui ont été embauchées
au sein de La Financière. Et ça a de l'impact aussi. Parce que je pense que ça
faisait partie... Je me souviens, quand j'ai été... quand j'ai été élu en 2018,
là, des quelques critiques, là, que... qu'on recevait par rapport à
l'efficacité de La Financière. Mais ça, je pense qu'on a vraiment remédié à
cette situation-là. Puis il y a davantage de soutien terrain qui permet de bien
accompagner les agriculteurs.
Et je vais terminer en disant que c'est un
peu ce que le ministre a mentionné haut et fort. C'est-à-dire que, dans le
contexte actuel, où c'est très, très difficile pour les agriculteurs, bien, il
s'est permis de mentionner que les agriculteurs qui lèveraient la main, qui ont
la difficulté, vont être appelés un par un pour être capable de leur offrir ce
soutien-là, de La Financière. Et, combiné à l'aide financière de l'institution
financière, bien, on va arriver à passer à travers cette crise-là. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste à peu près 10 secondes, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
remercie le député d'amener cette importante question. Le secteur agricole vit
des défis extrêmement importants. Puis on est là pour les aider.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de Mille-Îles, qui
dispose d'environ 21 minutes.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Je vais juste démarrer. Voilà. Je vais enlever mon téléphone. Merci,
M. le Président. Alors, vous comprendrez qu'avec la situation qu'on vit sur
la... avec la crise du logement au Québec, bien, je suis ici pour en parler,
évidemment. Et je vais noter d'ailleurs qu'en fait, la crise du logement, c'est
ce qui n'était pas dans le budget. C'est ce qu'on n'a pas adressé dans le
budget. Celui-ci... Puis d'ailleurs, c'est ce que titrait La Presse, là, la
crise du logement aux abonnés absents. C'est aussi ce que plusieurs groupes,
hein... Puis le... puis ce budget a fait l'unanimité entre les groupes de
protection des locataires puis les groupes qui représentent les propriétaires
et les constructeurs, qui nous ont rappelé que de ne rien faire maintenant,
bien, c'était accentuer la crise de l'habitation. Alors, j'aimerais entendre
davantage le ministre sur, dans le fond, la raison. Je comprends qu'il a fait
des choix, mais le logement fait partie des besoins essentiels d'une
population. Alors, j'aimerais comprendre pourquoi il a fait le choix de ne
pas... de ne pas sous stimuler la construction résidentielle avec le budget
qu'il a présenté.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est... Merci pour la question. Et c'est certain qu'un budget, c'est une photo
qui ne représente pas l'ensemble des efforts qu'on fait au niveau du logement.
Alors, puisqu'à la mise à jour, il y avait 1.8 milliard pour le logement,
dont la moitié financée par le gouvernement fédéral, eh bien, il faut que ces
sommes-là soient déployées, tout comme... En fait, depuis 2018, on a mis
6.3 milliards. Puis ce qu'on voit à la page C.13 du budget, c'est que
dans ce budget-ci, il y avait 500 millions, ça, c'est la page C.12,
puis que, dans ce... dans ce budget-ci, on est allés avec la rénovation des
HLM, encore une fois en collaboration avec le fédéral...
11 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...il y
aura 300 millions pour la rénovation de HLM. Puis ça, c'était une chose qui est
demandée par les parties prenantes de la société, qu'on rénove les HLM. Je
pense que vous êtes d'accord avec cette... l'importance de cette activité.
Alors, il y a plus de 300 millions pour la rénovation de HLM, en collaboration
avec le fédéral. Pour ce qui est de développer des logements, bien, il y avait
le 1,8 milliard à la mise à jour, 4 milliards depuis qu'on est là, puis ce qu'on
voit, c'est qu'il y a 23000 unités qui doivent être livrées puis qui sont
financées. Alors, c'est un continuum.
Mme Dufour : Merci. Je
comprends, là, vous me parlez surtout des investissements en logements sociaux,
et le 1,8 milliard que vous parlez, là, c'est, si je ne me trompe, 8000 unités,
qui vont sortir dans les cinq prochaines années, au cours des cinq prochaines
années, donc pas 8000 par année. Mais le problème, c'est qu'on a un déficit de
logements de tout acabit et on devrait construire, selon la Société canadienne
d'hypothèque et de logement, 150 000 logements, alors qu'on n'en a construit
que 38 000 l'an dernier. Et, malheureusement, on pensait qu'il y avait
peut-être une amélioration en janvier, mais les chiffres qui sont sortis la
semaine dernière... le recul de février des mises en chantier annuelles annule
la hausse de janvier. Alors, on continue à s'en aller en décroissance pour la
construction résidentielle. Alors, ce n'est pas des logements sociaux que je
veux parler, c'est des logements tout court. Comment on va, à travers ce
budget-là, stimuler la construction résidentielle de tous logements? Comment on
va atteindre cet objectif-là qu'on devrait viser de construire 150 000
logements par année?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : D'abord,
je pense que le chiffre de 150 000... puis il y a un autre chiffre qui circule,
là, 900 000, ces chiffres-là doivent être expliqués par la SCHL, là, parce qu'on
est 9 millions d'habitants. Quand j'entends la SCHL dire qu'il manque près de 1
million de logements, intuitivement, je ne comprends pas leur chiffre. Alors,
ça, la SCHL fera ses explications, mais nous, au Québec, on crée, en moyenne,
là... avant la pandémie, il se créait en moyenne 44 000 unités de logement par
année. Et, durant la pandémie, il y a eu une explosion de création de logements
parce que, notamment, les taux d'intérêt étaient comprimés, là, on est allé à
54 000 unités, en 2020, 68 000, en 2021, puis 57 000 en 2022. C'est pour ça qu'il
faut faire attention au taux de croissance puis, etc., là. Parce qu'effectivement
en 2023, on a l'air d'avoir une chute plus importante que dans le reste du
Canada, mais c'est surtout parce que, 2022, on avait une explosion plus forte
que dans le reste du Canada. Bref, on attend approximativement la moyenne des 10
dernières années en 2024, 45 000... 43 000 unités, et je n'ai aucune raison de
croire, là, après deux mois, que ce n'est pas ça qui va se réaliser.
Mme Dufour : Donc, la SCHL,
vous ne comprenez pas d'où viennent ses chiffres. On a évidemment une
croissance de la population, on a des taux d'inoccupation qui sont presque à
zéro dans plusieurs villes du Québec, en bas de 1 dans la très grande majorité
des villes du Québec. Ça, ça veut dire qu'il n'y en a plus, de logements, M. le
ministre. Alors, moi, j'aimerais savoir c'est quoi, les besoins, selon vous? Si
le chiffre de la SCHL ne fait pas de sens, quel est votre chiffre, sur quoi
vous vous basez, c'est quoi, vos objectifs?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, on se base sur les analyses du ministère des Finances du Québec. On fait
des estimations de l'offre et de la demande, un peu comme vous faites
référence, puis taux de vacance et, etc., et on obtient des chiffres qui sont
importants mais qui ne sont pas de l'ordre de ceux de la SCHL. C'est pour ça
que je suggère que la SCHL explique leurs chiffres.
Et ce qui est important, c'est qu'on mette
les conditions en place pour construire des logements. Puis je pense que vous
avez participé à la commission parlementaire sur l'omnibus municipal et l'omnibus
en habitation, puis que, là-dedans, il y a des mesures pour faciliter la
construction au niveau des municipalités, puis c'était une demande du fédéral,
d'ailleurs, pour signer l'entente, et puis qu'ensuite on...
M. Girard (Groulx) : ...on a
besoin de taux d'intérêt normalisés, parce que, présentement, ce qu'on voit,
c'est que le principal facteur qui restreint les mises en chantier, c'est la
difficulté de se financer. Et ça, c'est causé par la politique monétaire qui
vise à restreindre les secteurs qui sont sensibles aux taux d'intérêt, dont le
plus sensible de tous, c'est la construction résidentielle.
Mme Dufour : Merci, M. le
ministre, mais vous ne m'avez pas dit le chiffre. C'est quoi, le chiffre des
besoins qui ont été estimés par le ministère?
M. Girard (Groulx) : Je
pourrais vous revenir avec ça. Je n'ai pas... ce n'est pas... on n'a pas...
donné cette information dans le budget, là, il va falloir que je fasse des
recherches, mais on a une projection effectivement sur 10 ans, là, qui... qui
fait une hypothèse sur la construction, qui viendra du privé, la demande, puis
ce qui doit être fait. Là... puis il faut comprendre, là où le gouvernement
doit intervenir, on a logements sociaux, logements abordables, logements
privés, et le champ d'intervention du gouvernement, c'est les logements sociaux
et abordables, là, on n'est pas dans la construction de logements privés.
Mme Dufour : Et la crise
affecte tout le monde. Et... et on l'a vu partout, à travers le Canada,
d'autres provinces ont agi différemment. Ils ont aussi investi en logements
sociaux, mais ils ont fait le choix d'aussi investir pour réduire les coûts de
la construction résidentielle, pour stimuler la construction de logements
locatifs. Vous avez fait le choix de ne pas aller là. J'aimerais vous entendre
sur... sur pourquoi vous n'avez pas retiré la taxe de vente du Québec, à
l'instar des autres provinces canadiennes et du fédéral.
M. Girard (Groulx) : Bien,
dans certains cas, ils n'ont pas fait le choix, là, parce qu'ils n'administrent
pas leur taxe de vente. C'est le fédéral qui administre la taxe de vente. Puis,
dans les faits, le fédéral a choisi pour eux. Dans notre cas, comme vous le
savez, on a... nous administrons la taxe de vente fédérale pour le gouvernement
fédéral, et notre taxe de vente, en raison de choix qui ont été faits, je
pense, par le gouvernement de Jean Charest, qui a augmenté la TVQ à 10 %,
bien, la TVQ est grosso modo deux fois la TPS, et donc en termes de
collaboration fédérale-provinciale, que le fédéral pose un geste sans nous
consulter, dont les implications sont deux fois plus importantes pour nous,
c'est particulièrement malhabile de la part du fédéral.
• (11 h 40) •
Mme Dufour : Je m'excuse,
mais je ne parle pas du gouvernement fédéral. Je veux savoir pourquoi vous avez
fait le choix de ne pas retirer la taxe de vente du Québec.
M. Girard (Groulx) : Parce
que c'est dispendieux et que l'effet est indirect. Alors, pour ce qui est de
l'estimation, j'ai eu l'occasion de le dire à quelques reprises en Chambre,
lors de vos questions ou de celles de vos collègues, c'était de l'ordre de 1,5
milliard sur cinq ans. Puis, comme vous le savez, nous avons une situation
budgétaire qui est difficile. On a décidé de mettre près de 1 milliard de
dollars à la mise à jour, puis c'est certain qu'on aurait pu ne pas le mettre,
puis baisser la TVQ. On aurait pu faire ça. On a fait un choix. Et c'est un...
ça a... une intervention qui est plus directe, c'est-à-dire que chaque dollar
qui est mis va aller en construction de logements, tandis que, si on baisse la
TVQ, bien, c'est... l'intervention est plus diffuse entre le constructeur, le
contracteur puis le locataire.
Mme Dufour : Mais quelle...
L'analyse financière, d'impact financière que vous avez faite à ce moment-là,
quel scénario vous avez pris pour faire ça? Je suis curieuse de savoir si vous
avez regardé, par exemple, un retrait temporaire, le temps que les taux
baissent, puisque vous avez dit à maintes reprises que c'était... que les taux
allaient rebaisser, tout allait repartir, mais, actuellement, il y a... ça ne
se construit pas, actuellement. Donc, les logements qui ne se construisent pas,
il n'y a pas... tu sais, on ne sauve pas de TVQ, là, là-dessus, là, on n'en
gagne pas non plus, ils n'existent pas, ils ne se construisent pas. Alors, je
serais curieuse de vous entendre sur votre analyse d'impact financière.
M. Girard (Groulx) : Bien, ce
qu'il faut regarder, c'est que c'est certain que le but d'une mesure comme ça,
c'est de générer de la construction supplémentaire. Le désavantage d'une mesure
comme ça, c'est...
M. Girard (Groulx) : ...que
vous devez payer pour les constructions qui se seraient faites de toute façon.
Alors, par exemple, si vous anticipez, je vais dire 30 000 unités d'édifices à
logements, puis que, là, vous baissez la TVQ, puis mettons que ça monterait de
10 %, que ce serait 33 000, bien, vous devez payer sur les 33 000, bien
que votre effet est sur 3000, O.K.? Ça fait donc une mesure qui est très
dispendieuse. Et, quant à la période qu'on a regardée, bien, puisqu'il s'agit
d'une harmonisation avec le fédéral, c'était pour la construction entre le 14
septembre 2023 et le 31 décembre...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : O.K.. La
construction doit débuter entre le 14 septembre 2023 et le 31 décembre 2030 et
elle... débuter, puis se terminer avant le 31 décembre 2035. Merci, Mme la
sous-ministre. Ça, c'est l'annonce du fédéral, donc, sept ans, à peu près,
qu'ils ont annoncé.
Mme Dufour : Mais on aurait
pu faire un choix différent, de ne pas faire la même annonce que le fédéral.
Est-ce que vous avez regardé l'option de la retirer uniquement pour les projets
de logements sociaux et abordables, par exemple?
M. Girard (Groulx) : Non.
Non, je n'ai pas regardé ça. Bien, regardé ça, c'est-à-dire qu'on a commencé
par regarder combien ça coûte, s'harmoniser avec l'annonce du fédéral, ce qui
est essentiellement ce que les autres provinces ont fait. Et, encore une fois,
je tiens à dire que, si le fédéral nous avait consultés, bien, on leur aurait
sûrement suggéré de faire ça pour la période où les taux d'intérêt sont trop
élevés. Parce que, là, on s'attend... Dans le fond, cette baisse de TVQ là, là,
elle, elle correspond à peu près à 35 points de base de taux d'intérêt sur le
financement d'un projet, puis là on anticipe des baisses de taux, cette année,
de l'ordre de 75 à 100 points de base. Puis les logements sociaux et
abordables, on les subventionne déjà, directement, contrairement aux projets
privés. Mais bref, c'est... quand vous dites : Est-ce qu'on aurait pu le
faire pour une période plus courte? Oui, mais ce que le fédéral a décidé, c'est
ce qu'ils ont annoncé. Nous, on doit prendre la décision si on s'harmonise ou
non. À la mise à jour, on a répondu au fédéral : Non, nous, on préfère
signer une entente où vous participez conjointement, parce que le 1,8 milliard,
c'est 900-9000, et là on a accéléré les négociations pour en venir à une
entente et avoir un effet direct, nous, de 900 millions... En fait, ce que je
veux dire, c'est que l'intervention qu'on fait est beaucoup plus efficace parce
qu'avec 900 millions on fait 1,8 milliard de différence, tandis qu'avec 1,5
milliard de différence, je fais probablement moins que 300 millions d'impact
marginal.
Mme Dufour : Bien, j'ai de la
misère à voir elle est où, l'efficacité, là. On parle de 8000 unités sur cinq
ans, avec ce 1,8 milliard là. Moi, je vous parle de dizaines de milliers
d'unités, là, on ne parle pas des mêmes eaux, là. Et, si c'est si inefficace,
comme mesure, comment ça se fait qu'en Ontario c'est... il y a un boom, ça a
augmenté? Qu'est-ce qui explique notre si... en fait, on est les pires au
Canada, en termes de mises en chantier, actuellement. Qu'est-ce qui explique
une si piètre performance au... du Québec?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, je suis en complet désaccord avec votre affirmation. Si vous regardez les
données depuis le début de l'année, pour les deux premiers mois, on fait mieux
que l'Ontario.
Mme Dufour : O.K. Ce n'est
pas les chiffres que j'ai vus, là, mais, écoutez, on va continuer à parler. On
peut-tu parler juste de 2023? Québec a tiré le Canada vers le bas. Qu'est-ce
qui explique cette piètre performance du Québec?
M. Girard (Groulx) : Oui, on
peut parler de 2023, mais je vous confirme que, pour les deux premiers mois de
2024, toutes proportions gardées, on fait mieux que l'Ontario.
Mme Dufour : O.K.
M. Girard (Groulx) : O.K.?
Mme Dufour : On va revenir...
Moi, je ne suis pas tout à fait d'accord, là, on le voit, le recul de
février... annule la hausse de janvier. Ça, c'est ce qui a sorti, le dernier
bulletin de l'APCHQ.
Moi, je veux vous amener sur autre chose,
M. le ministre. J'aimerais vous entendre sur la prétention que vous faites
concernant les taux d'intérêt qui serait... la baisse des taux, que ce serait
encore plus bénéfique que de retirer la taxe de vente du Québec. J'aimerais
vous entendre là-dessus.
M. Girard (Groulx) : Bien, on
estime que la mesure du fédéral correspond, sur le coût de financement d'un
projet, à approximativement 35 points de base de financement...
M. Girard (Groulx) : ...Et
donc, après deux baisses de taux, on aura un effet du même ordre de grandeur.
Mme Dufour : O.K. Merci.
Écoutez, moi, je vais vous lire le gouverneur du Canada, Tiff Macklem, ce qu'il
a dit. Il a dit : «Une baisse rapide des taux d'intérêt pourrait pour le
moment avoir un effet néfaste sur la demande de logements. Le problème est
vraiment du côté de l'offre. Il faut mettre de l'emphase sur des politiques qui
vont augmenter l'offre.» Pour lui, la baisse des taux d'intérêt, ce ne serait
pas une bonne nouvelle puisque ça augmenterait la demande, mais pas
nécessairement l'offre. Alors, est-ce que M. Macklem a une si mauvaise
compréhension économique du marché, puisque vous semblez avoir une position
complètement contraire de lui?
M. Girard (Groulx) : Non. En
fait, on dit exactement la même chose. Lui, il dit... Lorsqu'il mentionne
qu'une baisse des taux d'intérêt va stimuler la demande, il a raison, ça va
stimuler une baisse des taux d'intérêt hypothécaires, va augmenter le volume de
transactions, par exemple, sur le... les maisons. Mais, pour ce qui est de la
construction résidentielle, là, de l'offre, une baisse de taux d'intérêt, c'est
positif. Et puis, si vous regardez les mises en chantier... Attendez un
instant. Je cherche. Si on regarde l'investissement résidentiel en pourcentage,
en 2023, là, on a eu une baisse de 18 %, là. Ça, là, c'est directement
relié à la hausse des taux d'intérêt, là. Le secteur des mises en chantier,
c'est le secteur qui est le plus sensible aux taux d'intérêt. En fait, lorsque
la Banque du Canada augmente les taux d'intérêt, ils veulent restreindre la
demande de... ou la... ils veulent restreindre la croissance des secteurs qui
sont sensibles aux taux d'intérêt, puis ça, c'est la consommation
discrétionnaire, puis la construction résidentielle, puis les investissements
des entreprises. Ce sont les secteurs qui ralentissent. Alors, il se passe
exactement ce qu'ils voulaient, mais ils ralentissent l'offre de logements,
alors qu'on manque de logements.
Mme Dufour : Bien, écoutez,
moi, je vais... je vais vous lire une autre portion de ce qu'il a dit :
«Les changements du taux directeur ont un effet rapide sur la demande de
logements, mais les effets de la politique monétaire sur l'offre sont beaucoup
plus limités.» Donc, ça, c'est ce qu'il a affirmé. Alors, moi, ce qui
m'inquiète, c'est que, oui, les taux d'intérêt vont baisser, mais l'offre, ça
va prendre un certain temps avant de suivre. Et là, dès que les taux d'intérêt
vont baisser, c'est la demande qui va... qui va augmenter en flèche. Alors,
comme on n'est pas encore en train de stimuler l'offre, bien, quand la demande
va augmenter, on n'en aura pas, d'offre. Est-ce que vous pensez différemment
que le gouverneur de la Banque du Canada?
• (11 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Non, je
ne pense pas différemment que le gouverneur de la Banque du Canada. Le
gouverneur de la Banque du Canada veut restreindre la demande au Canada pour
tempérer l'inflation. Puis il a beaucoup de succès, les mises en chantier sont
en baisse de 17 % en 2023 parce qu'il a augmenté les taux d'intérêt
jusqu'à... jusqu'à 5 %. Malheureusement, ça fonctionne. Et là, lorsqu'il
va commencer l'assouplissement monétaire, bien, les mises en chantier vont
recommencer.
Mme Dufour : ...va s'écouler
un an et demi avant qu'il y ait des logements disponibles, puis l'offre... la
demande, elle, va... va s'augmenter.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
Mme Dufour : Bref, moi, ce
que je conclus, c'est que vous ne pensez pas comme le gouverneur de la Banque
du Canada, parce que lui, il jugeait que c'était une bonne mesure.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, chère collègue de Mille-Îles. Et je cède maintenant la parole au
député d'Orford, qui dispose de 19 minutes. Cher collègue.
M. Bélanger : Merci, M. le
Président. C'est certain que j'aurais tendance à vouloir parler de
connectivité, mais j'ai déjà abordé ce sujet-là, sauf que je vais quand même en
parler un peu au niveau de son impact sur la productivité. Parce que je pense
qu'au Québec, on n'a pas de leçons à donner en termes de productivité sur
d'autres, les autres provinces ou des... ou des États ou des pays à travers le
monde. Et puis, quand on parle de connectivité, bien, on parle de... d'outils
qui permettent justement de... d'améliorer la performance et la rentabilité des
entreprises, que ce soit en utilisant la technologie 5G ou une meilleure
connectivité en région pour les PME. Puis je n'entrerai pas dans les détails,
parce que... Bon. Augmentation de productivité, ça a un impact sur les
ressources humaines, ça a un impact sur la rentabilité des entreprises. Mais
j'aimerais ça savoir du ministre pourquoi c'est si important. On en parle
toujours, d'améliorer la productivité. Pourquoi c'est... c'est si important au
niveau de l'économie...
M. Bélanger : ...du Québec.
M. Girard (Groulx) : Bien,
merci pour la question. Alors, dans la représentation formelle de l'économie,
pour augmenter la production, ça prend des travailleurs, de la productivité.
Alors, ça prend des travailleurs, du capital et une partie inexpliquée, qui
sont les conditions de travail, tu sais, les conditions, le climat d'affaires,
je vais appeler ça comme ça, là, la variable inexpliquée, c'est le climat
d'affaires, la confiance puis des intangibles comme ça. Alors, au Québec...
Toutes choses étant égales, par ailleurs, votre croissance, elle vient de la
croissance du nombre d'heures travaillées et de la productivité des heures
travaillées. Alors, au Québec, on a une croissance de population moins rapide
que nos partenaires commerciaux. La croissance de la population du Québec est
inférieure à celle de l'Ontario ou des États-Unis, et donc, pour avoir un
niveau de production du même ordre de grandeur, on doit être plus productifs,
puisque la composante travail, dans une société vieillissante, est moins... la
contribution est moins importante, donc on est condamné à être productif pour
être performant.
M. Bélanger : Donc, ça a un
impact sur la main-d'oeuvre. Mais est-ce qu'à ce moment-là l'immigration vient
bien aider au niveau de cet impact-là sur la main-d'oeuvre? Si on a... Et puis
en quoi la formation... parce que, si on parle d'immigration, est-ce que ces
futurs citoyens là ont la formation adéquate pour, justement, arriver dans des
tâches où il y aurait eu une augmentation de productivité, en utilisant que ce
soit la robotique ou l'automatisation? C'est quoi, l'impact? Parce que ça va
représenter quand même des sommes importantes à investir au niveau de la
formation si on modifie les méthodes de travail en rendant l'environnement de
travail plus productif.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais, M. le Président, il y a comme deux volets dans ce que le député d'Orford
nous parle, il y a la contribution de l'immigration puis la... et les aspects
de formation et de qualification. Alors, c'est certain que, pour une offre de
travail donnée, là, si on prend les citoyens existants sur le territoire du
Québec, c'est certain que la formation et la requalification des travailleurs
existants, c'est extrêmement important. Et c'est pour ça, d'ailleurs, là, on
constate qu'on manque de travailleurs dans l'industrie de la construction, d'où
les formations rapides en construction. Puis d'autant plus que le secteur de la
construction, c'est un secteur qui est majoritairement masculin, puis on
aimerait qu'il y ait plus de femmes, mais il est majoritairement masculin, et
puis qu'on a un nombre de jeunes qui ne sont ni aux études, ni en emploi, ni en
formation. Alors, en faisant des formations courtes payées, on attire vers le
marché du travail des jeunes qui ne sont pas dans celui-ci, on leur donne des
diplômes et on les paie, puis, après ça, ils contribuent à la société via
l'industrie de la construction, qui en a bien besoin, O.K.? Et tous les
investissements qu'on doit faire en infrastructures, privées, publiques, en ont
besoin. Donc, ça, c'est le volet formation, qualification.
L'immigration permet d'augmenter l'offre
de travail totale, qui, je mentionnais, au Québec, a une très faible
croissance, et donc l'immigration, au sens économique, elle a une contribution
marginale positive, mais ça, c'est dans la mesure où on respecte la capacité
d'intégration de la société, c'est-à-dire que... si on est capable de
fournir... d'une part, de les loger, de donner accès aux écoles, que les soins
de santé... Bref, d'un point de vue économique, la contribution de
l'immigration à la société québécoise et... puis j'ai dit «économique», mais je
m'excuse, j'aurais dû dire économique et sociale, la contribution de
l'immigration est indéniablement positive, mais il faut respecter la capacité
d'absorption du Québec. Puis ce n'est pas parce que la contribution marginale
est positive que la capacité d'absorption est illimitée. Alors, il faut trouver
le bon équilibre.
Alors, les immigrants, en général, sont
plus jeunes que la population...
M. Girard (Groulx) : ...domestique.
Et donc ils se trouvent à, par leur arrivée, à rajeunir la pyramide
démographique du Québec et à contribuer à l'offre de travail. Et puis, en
général, ce qu'on voyait, c'est qu'au Québec on avait une croissance d'à peu
près 0,5 % par année de population incluant naissances, décès, migration
interprovinciale, immigration et que, l'Ontario, c'était 1 %. Alors,
1 % en Ontario, 0,5 % au Québec. Donc, pour avoir le même niveau de
production, ça prenait 0,5 % de productivité de plus au Québec qu'en
Ontario. O.K.? Là où il y a eu un déséquilibre, c'est avec l'immigration
temporaire et les demandeurs d'asile. Ce qu'on a vu, c'est une croissance de
population de l'ordre de plus de 2 % au Québec, puis de plus de 3 %
au Canada. Et là c'est... c'est trop d'une bonne chose, et au-delà de la
capacité d'absorption. Puis là ça crée de la pression, par exemple, dans les
écoles, les services de garde, etc., le logement principalement. Puis là on
voit que le gouvernement fédéral procède à des ajustements parce que la
population du Canada ne peut pas croître de 3 % par année de façon
soutenable, pas plus que la population du Québec peut croître de 2 % par
année.
M. Bélanger : Donc là,
je vais utiliser deux... deux termes, là, je ne veux pas confondre, là, mais
les cols blancs et les cols bleus. Et puis lorsqu'on qu'on augmente la
productivité, souvent il y a un impact au niveau, il y a une baisse au niveau
des besoins de cols bleus, il y a une augmentation au niveau des cols blancs,
les cols blancs étant, ce n'est pas péjoratif ce que je vais dire, bien souvent
plus éduqués, et ça représente un salaire moyen, salaire moyen plus élevé. Puis
c'est souvent le bénéfice de... d'augmenter la productivité, on a moins besoin,
on a moins besoin d'heures par unité de... par unité de production. Ça fait que
c'est pour ça que la productivité augmente et la rentabilité, la rentabilité
augmente. Mais est-ce qu'à ce moment-là l'impact au niveau de l'immigration
d'avoir... Si on visait plus de cols blancs, il y aurait peut-être un impact de
réduction de besoins de formation. Ça, c'est un commentaire, puis je ne cherche
pas une réponse à ce niveau-là.
• (12 heures) •
Je veux revenir aussi au budget. Et le
budget, je pense, c'est des investissements de 8,8 milliards, puis il y en
a beaucoup en santé, il y en a beaucoup en éducation. Si je me rappelle de ce
8,8 milliards, là, il y a à peu près 1,9 milliard en économie. Moi,
je trouve ça peu, mais je comprends quand même que c'est... il y a des
impératifs au niveau éducation puis au niveau santé, mais est-ce que ça serait
possible de détailler un peu plus, justement, au niveau de ce 1,9 milliard
là, et puis lesquelles auront peut-être des impacts plus significatifs, là, au
niveau de l'économie? Mais surtout, c'est quoi le détail du 1,9 milliard
dans, justement, dans le budget?
Le Président (M. Simard) : ...M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Alors,
merci beaucoup pour la question. Puis peut-être sur le premier point de votre
intervention, bien, on a besoin de beaucoup de travailleurs dans la filière
batterie. Puis ça, c'est notamment des techniciens, là, qui... En fait, on a
besoin d'une main-d'oeuvre qualifiée. Et la main-d'oeuvre qualifiée, il ne faut
pas confondre avec diplôme universitaire parce que, par exemple, on voit, là,
pour la deuxième cohorte de formation construction, on regarde pour menuisiers,
charpentiers, monteurs de ligne, là. Vous comprendrez que monteur de ligne, là,
c'est un... c'est un métier qui est extrêmement spécialisé. Qu'est-ce qu'il y a
pour l'économie dans le budget? Bien, il y a 1,9 milliard, que vous avez
souligné, puis c'est à la page D-4, le tableau D-1. Bien là, il y a
443 millions pour les secteurs stratégiques. Les secteurs stratégiques au
Québec, on les... on en nomme cinq, aluminium, sciences de la vie,
aérospatiale, intelligence artificielle et le secteur batterie. Puis il y a de
l'argent pour les zones d'innovation, puis les labs industriels. Les labs
industriels, ce sont des...
12 h (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...sont
des infrastructures de recherche et d'innovation partagées.
Ensuite, il y a ce qu'on a discuté
ensemble 126 millions pour l'industrie de la construction. Et il y a 889 millions
pour la prospérité des régions, mais ça, c'est... là-dessus, il y a
plusieurs... c'est notamment le secteur de la forêt ou le secteur agricole. Il
y a... il y a plusieurs choses qui... qui s'appliquent à l'économie des
régions, mais notamment forêt, agriculture, puis je pourrais vous lister les
autres éléments. J'y arrive. Il y a aussi, bien oui, le secteur touristique,
puis il y a Accès Entreprise Québec, là, qui est... qui est le... ce qu'on
appelait autrefois les CLD, là, qui sont des ressources dans les MRC pour
assister le développement d'entreprises. Bon. Et puis finalement, il y a...
comme quoi vous avez beaucoup de cohérence dans... dans vos propos, puis on
brode autour d'un thème il y a 400 millions pour l'intégration des
immigrants puisqu'on a parlé intégration et formation, puis il y a la
francisation des personnes immigrantes. Mais ça, on a besoin de main-d'œuvre au
Québec, puis la contribution de l'immigration est positive, mais pour que leur
contribution soit encore plus positive, il faut les aider dans leur effort d'intégration
et de francisation, puis il y a 400 millions pour ça, notamment des sommes
en région.
M. Bélanger : Parlant
justement de régions, puis on va parler de changements climatiques, là. On a vu
les... les feux... les feux de forêt, puis ça a quand même un impact au niveau
de... au niveau de l'économie de plusieurs régions. J'allais dire : Mais
pourquoi ces forêts brûlent? Pourquoi on met de l'argent autant dans la forêt?
C'est quoi... c'est quoi l'impact? C'est quoi l'impact économique justement des
forêts, là, dans ce budget-là? Est-ce que c'est uniquement régional parce qu'on
veut préserver des emplois dans... dans... dans certaines régions? Je ne veux
pas dévier sur le caribou puis tout ça, mais c'est... il me semble que c'est un
dossier qui est assez... qui est assez complexe, les forêts. Puis comment mais
justement on peut planifier un budget puis comment on peut planifier des
résultats sur une industrie qui semble si complexe et si malmenée avec avec
différents vecteurs, là, récemment?
M. Girard (Groulx) : M. le
Président, vous n'aimez pas quand je badine, là, mais je crois comprendre par
le sens de la question de mon collègue qu'il a préféré le génie civil au génie
forestier lors... lors de faire son choix de carrière. Êtes-vous ingénieur
civil, monsieur?
M. Bélanger : Industriel.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
Bon. Alors, ce n'est pas... je sais que vous ne voulez pas que je parle de
pickleball, alors je m'arrête ici dans les préférences individuelles. Le
secteur... le secteur forestier, bon, bien, la situation est extrêmement
difficile dans le secteur forestier parce qu'on a eu des feux de forêt, et puis
le bois qui brûle, mais il doit être ramassé plus rapidement parce que, sinon,
il devient contaminé puis impropre à la consommation, bien que la science ait
évolué puis qu'on peut certainement les récolter plus tard aujourd'hui qu'il y
a 10 ans. Mais ensuite, bien, c'est certain que ce qui brûle, bien au-delà
de ce que les modèles du Forestier en chef avaient prévu, bien là, ça veut dire
que la capacité... si on brûle plus que ce qui était prévu, comme ça a été le
cas l'été dernier, mais là, la capacité forestière à long terme du Québec est
réduite, et donc on doit accélérer la... les plantaisons... la plantation, et c'est
pour ça que, dans le budget, bien, essentiellement, il y a 320 millions
pour les travaux sylvicoles sur les terres publiques et privées, puis ça, c'est
pour rattraper de la capacité forestière qui est perdue, puis maintenir un
écosystème qui est bénéfique pour les populations, pour l'industrie, mais
également pour les changements climatiques puisque la capacité d'absorption du CO2
par la forêt est importante, et donc ce qui a brûlé n'absorbe plus et en fait
même dégage du gaz carbonique, et donc on doit accélérer. Et bref...
M. Girard (Groulx) : ...et,
bref, à la mise à jour, il y a eu de l'urgence récolte de bois puis mesures
d'urgence pour les municipalités puis les entreprises, puis aide d'urgence,
prêt d'urgence. Puis là, dans le budget, bien là, on y va à long terme avec les
travaux sylvicoles.
M. Bélanger : Je vais revenir
peut-être un peu en arrière dans le temps. Non, je ne joue pas au pickleball,
même si j'ai 66 ans, mais dans les années 90, je me passionnais pour
les tableaux de bord. Et puis je travaillais au niveau de la gestion des
opérations de l'entreprise puis je me rappelle d'un cas en particulier qui
s'appelait Nortel. Nortel, qui, à ce moment-là, la valorisation de cette
entreprise-là était proche de 100 $ l'action. Et puis j'avais développé un
tableau de bord avec, justement, des banquiers, puis des économistes, et des
fiscalistes qui utilisaient différents indicateurs de performance, comme les
retours sur les actifs, le remboursement de la dette, différents ratios qui
peuvent être utilisés, mais des comparatifs aussi avec d'autres entreprises du
secteur public qui avaient des valorisations différentes par rapport à certains
ratios. Puis je me... je vais toujours me rappeler de la rencontre. Je ne
nommerai pas qui était le CEO qui était là, là, je vais faire attention, mais
je me rappelle avoir présenté ce tableau de bord là pour les exécutifs, parce
qu'il y avait différents niveaux, tableaux de bord pour exécutifs, tableaux de
bord pour ceux qui étaient dans les différents centres de traitement, centres
de production. Et puis j'étais arrivé avec une prévision qui donnait le niveau
du stock à 9 $. Évidemment, je me suis fait revirer en disant : Bien
non, mais c'est impossible, etc. Mais la tendance, la prévision que je voyais
avec les indicateurs financiers, les indicateurs économiques, et des
comparables, je me disais : Cette entreprise-là, elle est surévaluée, puis
on sait qu'avec... on sait avec l'historique qu'est-ce qui s'est passé.
Bon, évidemment, je n'avais pas de ces
stocks là, comme... j'ai fait le même coup avec Amazon, que je pensais que le
stock ne monterait jamais parce que je n'étais pas d'accord avec son modèle
d'affaires, et je n'en avais pas achetés. Mais ma question est : Les
indicateurs, pour avoir une une prévision sur justement ce qui peut arriver,
moi j'aurais voulu savoir du ministre c'est lesquels en termes de... au niveau
des finances. Quels sont ses indicateurs préférés? A-t-il une préférence pour
certains indicateurs ?
• (12 h 10) •
Le Président (M. Simard) : 10 secondes,
cher collègue, malheureusement. 10 secondes, M. le ministre.
M. Bélanger : Malheureusement,
il ne pourra pas répondre, ou en 10 secondes?
Le Président (M. Simard) : Non,
le temps est déjà révolu. La question reste en suspend.
Nous allons conclure ce bloc d'échange cet
avant-midi par l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys, qui dispose de
19 min 30 s.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. L'Institut du Québec est sorti ce matin, M. le
ministre, avec un rapport un petit peu inquiétant. Le dernier trimestre de
l'année 2023 est sorti négatif, 0,2 %. Donc, c'est le troisième
trimestre consécutif de baisse de notre produit intérieur brut. Je veux juste
rappeler, là, pour l'auditoire, qu'on avait initialement estimé au budget de
mars 2023, que la croissance de l'année qui se termine le 31 mars allait
être... de l'année 2023 allait être de 0,6 %. La résultante nette de
l'ajout du dernier trimestre de 2024 au trimestre négatif, le troisième, au
trimestre négatif, le deuxième et au premier trimestre positif de l'année
donne... de l'année 2023, flat. Trois trimestres consécutifs qui sont
négatifs.
Les mentions dans le rapport de l'Institut
de statistique du Québec, là, c'est une baisse des dépenses d'investissement
qui est notable, 0,9 %, conséquence des taux d'intérêt. On en a discuté
tantôt, ça fait partie, là, des effets secondaires de la politique de la Banque
centrale du Canada d'avoir une baisse dans les investissements,
malheureusement. Ce que ça ne dit pas, c'est évidemment l'indice de confiance.
Ce que ça ne dit pas, c'est quelles vont être les investissements pour le
futur, etc. Mais d'autres questionnements viennent en tête quand on regarde les
résultats qui sont sortis ce matin de la part de Statistique Québec...
M. Beauchemin : ...ça a une
influence sur ce qui rentre dans les coffres de l'État. Et donc est-ce que vous
pourriez, j'assume que les calculs n'ont peut-être pas été faits, mais vous
êtes capables de donner un ordre de grandeur. En quoi est-ce que ça va pouvoir
être ressenti dans le déficit que vous avez proposé aux Québécois il y a deux
semaines?
M. Girard (Groulx) : Ça
n'aura pas d'impact, parce qu'au niveau des rentrées fiscales, là, on avait
déjà les données du troisième trimestre financier, c'est-à-dire puisqu'on est
sur une année financière, au 31 mars, on avait déjà les données financières
jusqu'au 31 décembre. Alors, la révision de la croissance de 0,2 à 0,0, c'est
une révision de la croissance économique, puis on pourra discuter qu'est-ce qui
explique ça. Puis c'est principalement un impact plus prononcé des grèves sur
le mois de décembre que nous avions estimé puis qu'on avait... on a sous-estimé
l'impact. Mais, pour répondre précisément à votre question, d'un point de vue
financier, que l'année 2023 soit révisée de 0,2 à 0,0, ça n'a pas d'impact.
M. Beauchemin : Mais pourquoi
donc, si vous aviez, comme vous venez de le confirmer, l'information, pour ce
qui est du dernier trimestre de 2023, le Q4, vous les aviez, pourquoi ça n'a
pas été reflété dans le tableau du budget?
M. Girard (Groulx) : Parce
que le budget, on a l'information jusqu'au... Ça, c'est écrit à la page A6, que
ce document repose sur les données budgétaires disponibles au 23 février 2024.
Et donc, au 23 février 2024, on avait des données financières jusqu'au 31
décembre, mais nous n'avions pas les données économiques jusqu'au 31 décembre
puisqu'on les a obtenues ce matin.
M. Beauchemin : Donc, il n'y
a aucune conséquence avec ce qui est sorti ce matin, là, sur... Il n'y aurait
donc aucune conséquence avec ce qui est sorti ce matin, sur votre prévision, à
savoir, aucune influence, dernier trimestre 2023, ne pourrait avoir sur le e
premier trimestre 2024 et donc l'année qui s'en vient...
M. Girard (Groulx) : Non,
parce que...
M. Beauchemin : ...il n'y a
aucun ajustement qui va se faire en fonction de ça.
M. Girard (Groulx) : Non,
parce qu'on est... on est dans la situation que nous avions décrite,
c'est-à-dire une période de stagnation en 2023 et stagnation à 0,0 % pour
l'année ou 0,2 %, puis le PIB nominal, c'est 37,39. On est vraiment dans
le même ordre de grandeur. On est vraiment dans la même situation, c'est-à-dire
que la faiblesse de l'économie, elle n'est pas généralisée, la consommation
demeure positive, mais l'investissement non. Et il y a des éléments, le 0,0 où
là il y a des éléments temporaires associés à ça, notamment les feux de forêt
pour l'été dernier, puis là, pour le quatrième trimestre, clairement, je pense
que, pour décembre, bien, les services d'éducation sont en baisse de 20 %.
Là, c'est les grèves qui amènent la faiblesse. Alors, le fait qu'il y ait eu
des grèves dans le secteur de l'enseignement, il y a un peu, quand même, d'un
ordre de grandeur moins important dans le secteur du réseau de la santé, parce
que la santé, c'est un service essentiel, puis l'éducation, non. Mais, bref, dans
la mesure où il n'y a plus de grève, bien, la situation se normalise puis, au
premier trimestre, on n'a pas cet effet-là.
Alors, je vous dirais que j'aurais
souhaité que le quatrième trimestre soit positif, mais ce n'est pas comme si
j'anticipais un quatrième trimestre fort, là. Je savais qu'il y avait eu des
grèves, puis j'avais mon mois d'octobre qui était fort, puis là j'avais
novembre qui était faible. Puis là la question, c'était où allait sortir
décembre, puis là, décembre, j'avais des...
M. Girard (Groulx) : ...grèves,
ça fait qu'avec des grèves, c'est difficile à estimer. Puis les méthodes
statistiques, puis qu'est-ce qui est le prix, puis qu'est-ce... Il faut... il
faut bien savoir que ce chiffre-là, il va être révisé à chaque trimestre. Mais
on est dans la situation qu'on parlait, c'est-à-dire stagnation de l'économie
du Québec en 2023, avec des éléments temporaires qui nous font dire que pour
nous, ce n'est pas une récession, c'est une période de stagnation.
M. Beauchemin : Je vous
entends là-dessus. Le Canada a eu une croissance de 1,1 % pour l'année au
grand complet. Dernier trimestre du Canada, 0,2 %. Trois trimestres
consécutifs, vous dites stagnation. D'autres parlent de récession. Vous mettez
beaucoup de poids sur la négociation avec le secteur public comme conséquence
du ralentissement économique spécifique au Québec.
M. Girard (Groulx) : Bien, en
décembre.
M. Beauchemin : En décembre.
Est-ce que vous en voyez d'autres pour expliquer l'ensemble du trimestre? Parce
que, les feux de forêt, c'étaient avant.
M. Girard (Groulx) : Feux de
forêt, c'est principalement le deuxième puis le troisième. Bien, pour le
Canada, puisque vous le mentionnez, je pense que la production automobile est
en hausse de 35 % au Canada en 2023 et c'est tout simplement parce qu'il y
avait un ralentissement dans la production automobile en 2021 et 2022 parce
qu'il n'y avait pas de microprocesseurs. Là, ils les ont eus en 2023, puis là,
il y a eu vraiment une excellente performance du secteur automobile, qui est
présent en Ontario puis qui n'est pas présent au Québec. Puis essentiellement,
ça, c'est la différence Québec-Canada 2023.
M. Beauchemin : Pour le
dernier trimestre de 2023?
M. Girard (Groulx) : Pour la
différence entre le Canada et le Québec au dernier trimestre?
M. Beauchemin : Oui.
M. Girard (Groulx) : Bien,
principalement...
M. Beauchemin : La grève?
M. Girard (Groulx) : Les
grèves, effectivement. Si on retire ces éléments-là, bien, le -0.2 %, il
serait de l'ordre de +0.2 %, là. Mais je veux être clair avec les gens qui
nous écoutent,-0.2 % puis +0.2 %, c'est une économie qui n'est pas en
croissance. Ça veut dire qu'il y a des secteurs qui sont en croissance puis il
y en a d'autres qui ne sont pas en croissance. Ce n'est pas ça, une récession.
La faiblesse n'est pas généralisée. Mais je ne veux pas prétendre non plus que
l'économie est forte parce que ce n'est pas le cas. Les taux d'intérêt visent à
ralentir l'économie et, malheureusement, ça fonctionne.
• (12 h 20) •
M. Beauchemin : C'est quand
même trois trimestres consécutifs du recul du produit intérieur brut, là. Il y
a plusieurs économistes qui vont donner une opinion autre, là, à la définition
de ce que c'est, la...
M. Girard (Groulx) : Je n'ai
pas... je n'ai pas entendu d'économistes dire qu'on était en récession.
M. Beauchemin : Au Québec,
rendu au troisième trimestre, il y en a qui vont dire... Parce que c'est quand
même passé le terme deux trimestres.
M. Girard (Groulx) : Non. Les
économistes savent que cette définition-là, c'est une généralisation. Il est
possible que... qu'une firme veule affirmer que le Québec est en récession.
Mais moi, je n'ai pas entendu personne spécifiquement se prononcer, dire que le
Québec était en récession en 2023. J'ai... Au début 2023, il y en a qui
ont prédit des récessions.
M. Beauchemin : On va
différer là-dessus, là. Ça a été quand même dans plusieurs journaux,
plusieurs...
M. Girard (Groulx) : Qui?
M. Beauchemin : Dans des
écrits, dans... dans... que ce soit dans la radio, que ce soit à la télévision,
que ce soit... des gens en ont parlé, la définition universitaire de
«récession», «deux trimestres», et tout. Donc, on peut... on peut différencer
là-dessus, je comprends. Mais le point, c'était plus de faire en sorte que,
bon, il y a quand même eu un dernier trimestre où l'estimé que vous n'aviez
encore pas été... La réalité qui s'est présentée aux Québécois, ça fait trois
trimestres consécutifs que c'est le cas. Donc, on a une eu année 2023, avec
votre prévision de 0,6 %, qui ne s'est pas réalisée. C'est juste... force
est de constater que ça n'a pas été une année facile, autant pour l'économie du
Québec que pour vous, au niveau de votre modélisation.
Je veux vous amener sur un autre terrain,
la dette nette par rapport au PIB.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Comment
expliquer la hausse significative du ratio de 5 % en seulement quelques
mois par rapport à l'horizon de 2029? 5 %, là, c'est quand même non
négligeable. Puis pour vous aider peut-être à le voir plus net, là, O.K., c'est
à la page... excusez-moi, là, c'est dans le... dans...
M. Beauchemin : ...dans ce
livre, votre page qui parle du ratio de la dette nette PIB, la ligne qui était
plus comme gris pâle, 40,4 % en 2029, par rapport à la ligne de la vue
d'ensemble du... budget qui a été déposé en... l'année précédente, à
35,9 %, la page H.8 pour cette année.
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien, il y a une hausse... ce vous dites qu'il y a une hausse de... en 2029, de
la prévision de la dette nette de l'ordre de 4 %.
M. Beauchemin : Bien, ça
ressemble plus à 5 %, là...
M. Girard (Groulx) : Combien?
M. Beauchemin : 4,5 %,
en fait, là.
M. Girard (Groulx) : Bon,
parfait, 4 à 5 %, entre le budget il y a un an puis le budget aujourd'hui.
O.K. alors... mais ce qui se passe, c'est que les déficits seront plus
importants, O.K.? Et un des éléments, c'est le niveau des dépenses qui est
relevé par les négociations dans le secteur public. Alors, l'investissement
dans nos ressources humaines amène à un niveau de dépenses plus élevé, puis
ça... ça a des impacts sur les soldes budgétaires. Ensuite, il y a les aspects
des revenus. Mais, comme vous l'avez dit, l'économie est plus faible que prévu.
Puis ensuite, il y a la question de l'élément des conditions climatiques de
l'été dernier, avec un impact de l'ordre de 3 milliards sur les revenus
des entreprises d'État, Hydro-Québec, notamment. L'augmentation du PQI, de 150
à 153 milliards. Ça fait que 3 milliards de PQI, 3 milliards de
revenus autonomes, des dépenses supplémentaires au niveau des conditions de
travail, des revenus autonomes qui sont plus faibles. Tout ça fait qu'on doit
réviser la trajectoire.
Et puis deux choses à dire là-dessus. Il y
a le budget de l'Ontario. Alors, nous sommes au 31 mars 2024, là, qui
est... c'est-tu cette semaine, le 31 mars ou la semaine... En tout cas,
c'est imminent, là, on vise... on dit... on prévoit 39 % de dette nette
par rapport au PIB. L'Ontario va sortir après-midi, puis on... ils avaient
prévu 38 %. On verra où ils sortent. Eux, ils doivent faire les
ajustements, mais essentiellement, on va être au même niveau que l'Ontario,
selon moi, bon, on verra, là, parce qu'eux ont des ajustements rétrospectifs
sur le salaire de leurs employés, puis la façon qu'ils traitent ça, puis
combien il y avait en provision, puis etc. Mais on devrait être au même niveau
que l'Ontario. Et là, à partir d'ici, c'est : Qu'est-ce qu'on fait avec
ça, cette situation difficile? Puisqu'on a un objectif de 30 % en
2037-2038, et puis c'est là qu'on a tout ce qui est dans le budget, qui
explique les moyens qu'on va prendre pour repartir sur une pente descendante.
M. Beauchemin : L'objectif de
33 % pour 2032-33, là, comment l'atteindre? Là, on a vraiment dévié
solide, là, par rapport à l'objectif initial, là. Comment qu'on va l'atteindre?
M. Girard (Groulx) : Bien, la
façon qu'on a structuré les cibles, la cible et la cible intermédiaire, parce
qu'on a mis un intervalle de confiance, de plus ou moins 2 et demi, et donc la
borne supérieure de 33, c'est 35 et demi. Et nous, ce qu'on veut faire, c'est,
en 2033, définitivement être à l'intérieur de 35 et demi pour respecter la loi
et accélérer après ça pour atteindre le 30 %.
M. Beauchemin : Donc, c'est
plus deux ans et demi à chacune des échéances finalement.
M. Girard (Groulx) : Plus ou
moins 2 et demi, mais oui.
M. Beauchemin : Donc, dans ce
cas-ci, pour ce qui est de 2037-2038, l'objectif, c'est 32,5 au moins.
M. Girard (Groulx) : C'est
30... c'est entre 27 et demi, et 32 et demi, centré à 30, 32 et demi amenant le
respect de la loi.
M. Beauchemin : C'est quand
même... si vous respectez la loi à 32 et demi, c'est quand même une déviation
par rapport à ce que la loi avant était, c'est-à-dire trois... 30 %, là.
M. Girard (Groulx) : Non,
parce que la loi, avant, c'était 43 % dette brute...
M. Girard (Groulx) : ...puis
le différentiel entre le net puis le brut, c'est à peu près 4 %, ça fait
que 32,5 serait comme 36 de dette brute.
M. Beauchemin : En 2037-2038.
M. Girard (Groulx) : Oui,
parce qu'il n'y avait pas... Dans l'ancienne loi, il n'y avait pas d'objectif à
long terme, là. Nous, c'est ça qu'on a ajouté, mais on serait inférieurs... En
fait, aujourd'hui à 39, ça nous fait à peu près 43 ou 44 de dette brute. Ça,
c'est à la page...
M. Beauchemin : Bien, de
votre point de vue à vous...
M. Girard (Groulx) : 41,5; la
cible, c'était 45.
M. Beauchemin : Bien, de
votre point de vue, à vous, M. le ministre, là, si en 2037-2038, on est à 32,5,
votre objectif est atteint?
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
qu'on a respecté la loi, alors oui, mais il va y avoir des fluctuations, là,
d'ici 2037, là. Il y a des moments où l'économie va être plus forte puis il y a
des moments où l'économie va être plus faible. Puis nous, ce qu'on avait fait
en disant : 30, plus ou moins 2,5, c'est de se donner une marge de
manœuvre. Là, clairement, la période de la nouvelle loi, puisqu'elle vient d'être
adoptée, là, on a adopté ça ensemble au mois de janvier, bien, elle commence
par une période faible économiquement. Alors là, tout de suite, on voit la
justesse d'avoir mis une borne supérieure, puis, si on avait commencé avec une
période de forte croissance, bien, on aurait vu qu'on se serait approché de la
borne inférieure.
M. Beauchemin : Ça revient
essentiellement à ce que je disais dans ma première question : C'est sûr
et certain donc que, même si vous trouvez ça minime, ça va quand même avoir une
conséquence sur le cadre, l'ensemble du cadre, parce que ça retarde l'atteinte
potentielle, ça a un risque de faire augmenter... Mais étant donné que vous
mettez cette... ce... ces paramètres de 2,5 % d'augmentation du ratio, ça
vous permet de respecter la loi. Mais c'est... L'objectif était initialement de
30 %, bien, était de 30 %. En faisant ça, c'est sûr et certain que ça
a une conséquence négative....
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Beauchemin : ...le
ralentissement économique qu'on a, ça va endetter plus longtemps.
Le Président (M. Simard) : Très
rapide.
M. Girard (Groulx) : Dans la
mesure où la différence entre le 0,2, qui était prévu, puis le 0,0, c'est un
élément temporaire des grèves dans le secteur public.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : On va
rattraper cette croissance-là dans le temps.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, chers collègues, merci à nouveau pour la qualité de ces échanges. Compte
tenu de l'heure, nous allons suspendre nos travaux. On se retrouve après les
affaires courantes. Et j'en profite pour saluer les gens, dans l'audience, du
grand public, qui nous accompagnent. C'est toujours extraordinaire de vous
savoir parmi nous. Au revoir.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, chers collègues, merci pour votre habituelle ponctualité. La
Commission des finances publiques poursuit ses travaux concernant le débat sur
le discours du budget, et j'ai cru comprendre qu'il y a consentement afin que
le député de Jacques-Cartier remplace la députée de Bourassa-Sauvé? Ai-je bien
compris? J'ai bien compris. Et, bien sûr, avant de donner la parole au député
de Maskinongé, si je ne m'abuse... non, ce sera au député de Saint-Jean, alors
je rappelle au député de Saint-Jean toute l'importance, bien sûr, de fermer sa
sonnerie avant son intervention. Ce n'était pas vous?
M. Lemieux : ...M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Ce
n'était pas vous? Ah! désolé, c'est drôle, hein, je...
M. Lemieux : Non, non, non,
ce n'était pas moi. J'en ai profité pour vérifier, pour m'assurer que ce n'était
pas moi. Je vous promets que ce n'était pas moi.
Le Président (M. Simard) : Alors,
vous disposez de 19 minutes, cher collègue.
M. Lemieux : 19 minutes.
Merci, M. le Président. Rebonjour, tout le monde. Évidemment, ces moments
privilégiés, en tout cas pour moi, me permettent de mieux comprendre, de mieux
saisir ce qu'on entend à la volée dans les nouvelles, dans un extrait d'une
émission d'actualité ou même en réponse en Chambre, parfois.
Et, M. le ministre, si vous voulez bien me
suivre, on va parler de la baisse d'impôt, qui est maintenue dans votre budget,
et aussi de problèmes complexes qui nécessitent, parce qu'ils sont généralement
transversaux, qui nécessitent plusieurs points d'attaque, comme vous me l'avez
appris il y a déjà de cela plusieurs années. Mais, avant ça, je veux parler de
quelque chose qui me tient à cœur, parce qu'à chaque fois qu'on l'entend, ce n'est
pas populaire de le dire, parce que ce n'est pas nécessairement populaire de l'entendre,
mais le fait est qu'on peut faire dire à peu près n'importe quoi aux
statistiques, mais reste que le dicton le dit : Les chiffres sont têtus.
Donc, je voudrais que vous m'expliquiez, avec le moins de chiffres possible...
Vous savez que j'ai réussi à faire mon discours sur le débat du budget sans
citer aucun chiffre. Pendant toutes mes 18 ou 20 minutes, j'ai réussi à faire
un débat sans chiffre sur le budget. Vous pouvez vous servir de chiffres, mais
je voudrais comprendre, bon, on a dit...
15 h 30 (version non révisée)
M. Lemieux : ...que les
salaires avaient augmenté, que l'écart de richesse s'était réduit au cours des
dernières années avec nos voisins, mais on dit aussi que le pouvoir d'achat du
Québécois moyen... il est là, le problème de la statistique, là, on est presque
9 millions, on divise par neuf, puis on finit par trouver un Québécois
moyen. On sait très bien qu'il n'existe pas, c'est pour... c'est pour ça qu'on
l'appelle lambda, là, mais, au final, on dit que le pouvoir d'achat du
Québécois moyen est resté au-dessus de l'inflation depuis quatre ans. Et moi, j'ai
beau en parler avec mes amis, j'ai beau répondre ça à l'occasion dans une
conversation où on m'interpelle, ça ne convainc pas personne. Alors là, je
voudrais que vous m'aidiez à les convaincre la prochaine fois que je leur en
parle.
Je suppose et je soupçonne que c'est parce
qu'on entend tellement parler de l'inflation qu'on imagine que nous en sommes
tous victimes. Et je suis le premier à concéder que tout le monde n'est pas
dans la moyenne, et il y en a sûrement qui l'ont eu très difficile et très dur
pendant la pandémie. Ce n'est pas pour rien que le gouvernement a fait ce qu'il
a fait en allant au-devant des coûts et en envoyant les chèques et après la
baisse d'impôt. Mais je voudrais que vous me l'expliquiez, celle-là, le pouvoir
d'achat du Québécois moyen est resté au-dessus de l'inflation depuis quatre
ans.
Le Président (M. Simard) : M.
le Ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
tout de suite, cher collègue, je vais devoir apporter une précision, parce que
la langue française est précise, et ce n'est pas le pouvoir d'achat du
Québécois moyen, c'est le pouvoir d'achat en moyenne, de tous les Québécois, O.K.?
Et la moyenne de tous les Québécois, il y a une distribution, là, c'est-à-dire
qu'on prend les 9 millions de Québécois, on prend leur pouvoir d'achat, on fait
de moyenne, et, en moyenne, il s'est amélioré de 16,8 %. C'est le revenu
réel disponible, c'est la progression entre 2018 et 2023. Ça veut dire que le
revenu disponible réel, ça veut dire... réel, c'est le terme qu'on utilise en
économie pour «ajusté» pour l'inflation. Les économistes diraient qu'on l'a
dégonflé avec l'indice des prix à la consommation ou le déflateur de la
consommation, ou, dans ce cas-ci, ça peut être simplement l'inflation. Mais c'est
pour dire que le revenu disponible nominal, une fois qu'il est ajusté pour l'inflation,
il devient donc le revenu disponible réel, en moyenne, a augmenté de
16,8 %, et qu'au Canada c'est 13,1 %.
Et pourquoi? Bien, il y aurait deux
facteurs. Il y aurait les hausses de salaire qui pourraient être plus élevées
que dans le reste du Canada et plus élevées que l'inflation, puis à ça s'ajoutent
les mesures du gouvernement qui étaient plus généreuses qu'ailleurs au Canada.
Puis là je regarde l'heure, parce qu'à 4 h, il y a le budget de l'Ontario,
là, parce que ça pourrait affecter la moyenne, mais, puisqu'on fait du
2018-2023, ça ne l'affectera pas. Mais les mesures du gouvernement, telles que
la baisse d'impôt ou le 2 000 $ pour les aînés... mais font qu'en moyenne
au Québec, le revenu réel ajusté pour l'inflation, depuis 2018, a progressé de
16,8 %. On compare ça au Canada, 13,1 %. Puis il y a une composante
salaire, puis il y a une composante de soutien fiscal à cela.
Maintenant, puis c'est là que je vais
parler de chiffres sans utiliser de chiffres, je vais parler de statistiques.
Alors, une moyenne, c'est une distribution avec une moyenne, un écart type, un
billet et une kurtose. Alors, la distribution moyenne... mais il y en a que c'est
plus que 16,8 % puis il y en a que c'est moins, puis il y en a qui ont
tiré leur épingle du jeu plus facilement dans cette période d'inflation,
notamment ceux qui ont un pouvoir d'augmenter leur salaire. Parce qu'une des
raisons qu'on a données le 2 000 $ aux aînés de plus de 70 ans, c'est
que nous jugions qu'ils n'avaient pas la capacité d'augmenter leur effort de
travail et de faire face à l'inflation en allant chercher des hausses de
salaire, puisque, pour la plupart, ils ne travaillent pas, d'où la nécessité de
cette excellente mesure progressiste parce qu'elle aide les gens de plus de 70 ans
à faible revenu en amenant une mesure qui était à 400 $, l'amène à
200 $ et... Mais il y a tout ça derrière ces gains-là...
M. Girard (Groulx) : ...Alors,
je m'arrêterais ici puis je pense que vous avez d'autres sous-questions.
M. Lemieux : ...j'en ai
plusieurs.
M. Girard
(Groulx) :
O.K.
M. Lemieux : C'est un peu nos
crédits à nous en ce moment, ce qu'on va faire dans trois semaines. Vous ouvrez
la porte à une sous-question qui s'impose. En tout cas, nous, on l'a tout le
temps. Vous l'avez peut-être dans votre bureau de comté de Groulx aussi.
70 ans et plus, faible revenu avec une partie décroissante de ce crédit
d'impôt remboursable, ça, ça a été applaudi. Vous imaginez bien... en tout cas,
moi, dans mon cas, c'est ce qui m'arrive, les 66, 67, 68, 69 ans, eux sont
un peu moins contents. Et je viens de comprendre, en vous écoutant, que la
logique du gouvernement derrière ça, c'est-à-dire : Bien, c'est parce que
vous avez encore la possibilité d'améliorer votre sort économique en allant
chercher un petit peu de revenu, en travaillant un petit peu, ce qui est à peu
près... pas impossible, mais qui est beaucoup plus difficile pour 70 ans
et plus, surtout à faible revenu. Je me trompe ou c'est pas mal...
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Lemieux : Non?
M. Girard (Groulx) : Vous
avez tout compris.
M. Lemieux : Merci.
M. Girard (Groulx) : Et à ça
s'ajoute le fait que c'est une mesure qui est extrêmement généreuse, et donc
elle coûte près de 1,8 milliard de dollars par année. Et puis c'est
certain que, si on... on assouplit les critères d'éligibilité, bien, le coût va
augmenter. Et là une mesure fiscale d'une telle ampleur, bien, à un moment
donné, il faut tirer la ligne. Alors, est-ce qu'on aurait pu... Par exemple, un
des choix de politique publique qu'on s'est posé, c'est : Est-ce qu'on
aurait pu, par exemple, donner 1 000 $ au lieu de 2 000 $ puis
commencer à 66, ou quelque chose comme ça. Alors, on a des professionnels au
gouvernement et puis on fait beaucoup d'efforts pour maintenir les gens au...
sur le marché du travail. Puis là, si on arrive, puis on leur donne de l'argent
sans qu'ils travaillent, bien, on fait un effort qui est contre-productif au
niveau... Il est productif, les gens seraient contents de le recevoir. Il est
utile, mais il n'est pas productif. Et là on a décidé qu'après 70 ans,
face à la hausse du coût de la vie, c'est beaucoup plus difficile d'accroître
ton effort de travail pour compenser pour la hausse du coût de la vie, d'où la
ligne que nous avons tirée.
• (15 h 40) •
M. Lemieux : Encore une fois,
vous évoquez, sans le dire dans ce cas-ci, c'est sous-entendu, mais tout à
l'heure, vous avez... le signe la tête quand j'en ai parlé. Vous êtes...
Généralement vous expliquez plusieurs décisions que vous prenez en
disant : Bien, c'est un problème complexe. C'est multifactoriel. C'est
transversal. On va l'attaquer de plusieurs positions, parce que si on prend
juste un angle d'attaque puis que ce n'est pas le bon puis qu'il ne fonctionne
pas, bien, on se retrouve le bec à l'eau. Moi, je trouve ça... C'est une leçon
de vie pour moi à quelque part, mais c'est dans votre leçon économique, quand
vous avez expliqué certaines attitudes. Bon, évidemment, ça veut dire qu'on
avoue aussi un peu, qu'on n'est pas certain de ce qui va fonctionner. Mais je
pense que l'économiste ou, en tout cas, l'homme de finances que vous êtes
comprend qu'il y a des choses qu'on ne contrôle pas. Est-ce qu'en ce moment, on
est là-dedans? Grosso modo, là, donnez-moi un exemple de ce que c'est que
d'utiliser plusieurs mesures puis de reculer ou de...
M. Girard (Groulx) : ...le logement,
O.K., on veut... on sait très bien qu'il manque de logements, donc il faut en
construire plus. Mais en attendant, parce que la construction de logements, ce
n'est pas instantané, bien, on se dit : Bien, on peut aussi aider les gens
qui ont déjà un loyer, qui ont des difficultés à le payer parce que le... un
des effets de la baisse du taux de vacance, c'est l'augmentation du coût du
logement. Alors, on a le programme de supplément au loyer, ça, ça subventionne
les propriétaires, c'est-à-dire que ça diminue le coût des loyers, et on a le
programme d'allocation logement administré par Revenu Québec, qui, en fonction
du revenu, vient aider les gens à payer leur loyer. Alors, on attaque le même
problème par subvention au loyer puis... Ensuite, il y a la question, par
exemple, des changements réglementaires dans les municipalités. Alors, vous
savez, il y a des quartiers où c'est interdit d'avoir autre chose que des
maisons unifamiliales. Et, à partir du moment où on amène des changements
réglementaires comme de dire...
M. Girard (Groulx) : ...dans
ces quartiers-là, ce sera possible de, maintenant, sur un lot, d'avoir un
duplex ou un triplex, d'augmenter la densité, finalement. Alors, on vient, par
exemple, dans l'omnibus habitation, faire des changements ou inciter les
municipalités à faire des changements au niveau du zonage pour stimuler l'offre
de logement. Ça, c'est un autre outil qu'on utilise. Ça fait que les problèmes
complexes ont rarement des solutions simples, bien que, si on regarde les
médias sociaux et certaines parties prenantes qui véhiculent des solutions
simples à des problèmes complexes, ça arrive exceptionnellement qu'il y a des
solutions simples à des problèmes complexes. Mais, en général, les problèmes
complexes nécessitent qu'on les attaque de plusieurs angles, et j'utilise le
terme «vecteur», qu'on utilise plusieurs vecteurs, voyez ça comme des flèches
qu'on lance vers la cible et, idéalement, on mesurerait l'efficacité de nos
angles d'attaque et on ferait moins de ce qui ne fonctionne pas et beaucoup
plus de ce qui fonctionne si on gérait optimalement ce qu'on a de la difficulté
à faire. Parce qu'il y a beaucoup d'inertie au gouvernement, c'est très
difficile d'éliminer un programme,et tout le monde veut créer un nouveau programme.
Donc, je vous dirais qu'il y a un désir de
faire ce que j'appellerais des annonces. Il y a un surplus de plaisir à
annoncer des nouveaux programmes avec un drapeau du Québec, un drapeau du
Canada. Puis là on fait venir les journalistes puis on fait une nouvelle
annonce dans un champ avec des grands drapeaux. Puis, des fois, après, il ne se
passe strictement rien, mais l'annonce a généré beaucoup de plaisir. Mais, si
vous annulez un programme, par exemple, moi, alors je suis le méchant qui a mis
fin au programme de RénoVert en 2019... 2018. On m'en parle encore, M. le
député, on me dit encore : Vous, vous êtes l'éliminateur en chef de
RénoVert. Or, s'il y a une chose que la construction résidentielle n'a pas
besoin, c'est d'être subventionné pour être stimulé parce qu'elle est stimulée.
M. Lemieux : J'espère que ça
vous fait autant de bien de le dire que ça nous fait de bien l'entendre.
M. Girard (Groulx) : Mais
éliminer des programmes, c'est difficile, d'où la nécessité d'un examen des
dépenses fiscales et budgétaires.
M. Lemieux : Là, je veux
parler, parce que je l'ai annoncé, alors je vais, au moins, livrer ce bout-là.
La baisse d'impôt, j'étais de ceux qui étaient très contents qu'on passe à
l'acte et qu'on réduise les impôts. J'ai apprécié la façon dont vous l'avez
fait, les deux premiers paliers, 1 % pour les 4,7 millions de Québécois,
comme vous le répétez à chaque fois. Mais, en général, il y a un discours qui
n'est pas prévalant, mais il y a un discours qui persiste que je n'aime pas,
qui dit : Oui, mais c'est pour les riches, e n'est pas pour tout le monde.
Y a-tu quelque chose que je n'ai pas compris où le 1 %, il s'applique à
tout le monde? Et puis, quand on fait des calculs de ce que ça donne aux plus
riches, je veux bien, c'est le cas à peu près à chaque fois, dans à peu près
n'importe quelle posture économique où il y en a des mieux et des moins bien
nantis.
Mais moi, j'avais aussi compris, puis vous
me direz si je me trompe, mais c'est mon collègue de Saint-Jérôme qui m'avait
appris ça dans une conversation économique il y a quelques années, que la
baisse d'impôt, c'était aussi structurant pour l'économie, que ça permettait à
ceux qui ont des opportunités de travailler plus et donc d'avoir une meilleure
productivité, ce dont on a grandement besoin, vous en avez parlé encore à la
période des questions, je pense, la productivité, c'est la clé, puis la
productivité peut être de trouver une meilleure... augmenter, finalement, si on
baisse les impôts. Et là, bien, je me cherche un petit peu dans... pourquoi les
gens sont déçus ou pourquoi les gens qui nous critiquent sont déçus qu'on ait
diminué les impôts, il peut juste en sortir du bien, en tout cas, de mon point
de vue. J'ai hâte d'entendre le vôtre.
M. Girard (Groulx) : Bon,
d'abord, il faut bien dire qu'au Québec la baisse d'impôt, c'est un sujet qui
divise, qui est polarisant, de dire que les gens aiment bien se mettre d'un
côté de la clôture...
M. Girard (Groulx) : ...tu
es-tu dans l'équipe pro-baisse d'impôt, tu es-tu contre les baisses d'impôt. Je
veux dire, si j'avais annoncé une baisse d'impôt en Saskatchewan, là, je serais
un héros, là. En Ontario, je serais porté, là, sur les épaules des députés, là.
Mais, au Québec, on a une vision différente, puis c'est correct. Puis c'est
important qu'on ait des débats de société. Puis les opinions sont diverses.
Puis, en fin de semaine, il y avait un
article dans un journal sur la baisse d'impôt. Bien, l'article,
personnellement, je le trouvais... je trouvais que les arguments étaient
faibles. C'était un article contre la baisse d'impôt. Puis je lisais l'article
puis j'étais... je n'étais pas impressionné par le développement de
l'argumentaire. Je vais dire ça comme ça, en tout respect. Et heureusement,
moi, je ne suis évidemment pas la bonne personne pour répondre à cet article
dans ce journal, bien, heureusement, il y a un prof d'université, le lendemain
ou le surlendemain, qui a déconstruit l'argumentaire d'une façon assez
éloquente.
Mais ce n'était pas ça, votre question.
Votre question, c'est : est-ce que c'est structurant? Et moi,
«structurant», c'est un terme que j'essaie de ne pas utiliser parce que je
considère que ça ne veut pas dire grand-chose. Parce qu'au... en politique,
tout est structurant, le transport est structurant, le... l'environnement est
structurant, une subvention structurante, des voies réservées structurantes. On
se... on se structure. Tout est structurant, en politique.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Alors,
moi, je vous dirais que la baisse d'impôt, elle était structurelle.
C'est-à-dire qu'elle amenait le Québec à un autre niveau en poussant le PIB
potentiel de l'économie. Et elle a aussi un effet sur l'offre de travail, parce
que lorsque vous augmentez le revenu disponible réel de l'effort de travail...
Le Président (M. Simard) : ...
M. Girard (Groulx) : ...ça
encourage les gens à travailler, M. le Président. Et plus vous baissez les
impôts, plus les gens récoltent le fruit de leur travail.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Merci pour ce bloc d'échange. Nous poursuivons avec le député de
Maurice-Richard, qui dispose de 20 minutes.
• (15 h 50) •
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Honnêtement, je n'avais pas prévu de reprendre sur les baisses
d'impôt, mais le député de Saint-Jean me lance des perches peut-être.
Tu sais, on a... on a déjà parlé,
évidemment, en long, en large, du fait qu'effectivement, ne serait-ce que pour
les gens qui gagnent plus de 100 000 $, c'est 600 millions de
pertes pour les revenus de l'État, annuels, récurrents. Et, dans le budget, à
la page 35, ces baisses d'impôt totalisent 11.1 milliards de
dollars d'ici 2028-2029, alors que la bonification des crédits d'impôt pour
solidarité va représenter seulement 359 millions de dollars. Sachant
que la baisse d'impôt exclut de facto le 30 % de Québécois le plus pauvre
qui ne paient... pas assez riches pour pouvoir payer des impôts et donc avoir
le moindre retour, est-ce que vous trouvez que c'est une approche équilibrée
par rapport aux personnes qui ont le plus besoin de résister face à la... à la
vie chère et qui ont accès au crédit d'impôt pour solidarité?
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, je tiens à préciser que ce n'est pas l'entièreté du crédit d'impôt qui
a été...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Non.
C'est vraiment la composante logement, là, c'est face à la crise du logement.
Puis vous... vous êtes membre d'une formation qui... qui... qui nous rappelle
souvent l'importance de ce problème. Alors, lorsque nous avons décidé de
bonifier la composante logement, je pense que c'est un geste qui était
apprécié.
Pour les gens à faibles revenus, bien, je
reviens aux aînés qui n'ont pas la capacité d'offrir une offre de travail
supplémentaire. Puis ça, c'est évidemment la première ligne, là, le montant
pour soutien des aînés. Puis il y a eu aussi l'augmentation du programme de
revenu de base, qui n'est pas une mesure de notre gouvernement, dans le sens,
oui, c'est un programme qui a été annoncé, mais ce n'est pas une mesure depuis
l'automne 2022. Alors, en toute transparence, on ne met que ce qui est là
depuis le deuxième mandat. Mais, dans le premier mandat, il y a eu la...
M. Girard (Groulx) : ...bonification
du programme de revenu de base, il y a eu aussi la bonification du crédit de
maintien à domicile, le crédit pour proches aidants, les stationnements
d'hôpitaux, les allocations famille. Alors, c'est un ensemble de gestes qu'on
pose. La baisse d'impôt était... puis là je vais... je veux vous épargner votre
temps, là, je vais conclure, la baisse d'impôt était proposée par trois partis,
lors de la campagne électorale, qui ont totalisé près de 70 % des votes,
et nous étions le parti des trois partis qui proposait une baisse d'impôt...
qui avait la baisse d'impôt la plus modérée.
M. Bouazzi : Est-ce qu'il va
y avoir d'autres baisses d'impôt d'ici la fin de votre mandat en 2026?
M. Girard (Groulx) : C'est
peu probable, parce qu'avec un déficit de 11 milliards... et on veut une
amélioration rapide, puis on fait un examen, mais, en toute franchise, on... Le
plus tôt qu'on va revoir l'équilibre budgétaire au sens des comptes publics,
revenus moins dépenses, ce serait 2026-2027, et le plus tôt qu'on pourrait voir
le... l'équilibre au sens après contribution au Fonds des générations serait
2028-2029. Donc, il n'y aura pas d'autre baisse d'impôt dans ce mandat-ci, non.
M. Bouazzi : O.K.
M. Girard (Groulx) : Il y a
un travail à faire au niveau des finances publiques d'abord.
M. Bouazzi : Vous avez à
plusieurs reprises expliqué que les impôts au Québec étaient dans le plafond,
et je vous cite... non, je cite le premier ministre, et que ça nuit à
l'économie. La France, la Norvège, la Suède, l'Allemagne ont une fiscalité plus
importante que le Québec. Est-ce que vous considérez que c'est des économies
faibles à cause de cette... à cause de l'imposition?
M. Girard (Groulx) : Bien,
loin de moi de prétendre être un expert de l'économie française, ou allemande,
puis encore moins de la Norvège, ils ont des difficultés associées notamment à
leur dépendance au gaz naturel russe, pour l'Allemagne, et... Bien là, en fait,
ils ne dépendent plus du gaz naturel russe, mais je pense que vous comprenez ce
que je voulais dire, transition énergétique... Mais nous, on est... on est...
on est une société nord-américaine, là, on est une province du Canada et puis
on fait face... notre compétition, c'est l'Ontario, l'État de New York, le
Massachusetts, puis on a une fiscalité, dans le contexte de l'Amérique du Nord,
qui est non compétitive.
M. Bouazzi : Croyez-le ou
non, M. le ministre, il y a quelque chose que je partage fortement avec le
premier ministre du Québec, c'est le fait qu'on pense tous les deux que le
Québec est une entité unique en Amérique du Nord et qu'ayant fait tout ce qu'on
a fait avec Hydro-Québec, avec les CPE, avec les assurances, avec la SAQ, avec
la Caisse de dépôt, avec toutes sortes... sans compter tous les filets sociaux,
la loi qu'on s'est dotée pour lutter contre la pauvreté, il y a toutes sortes
de mécanismes qui sont propres à nous et dont on... dont on est bien fiers...
et que d'autres soient moins bons ne nous intéresse pas tant que ça, car c'est
vrai que nous avons vraiment notre empreinte économique... la place des
coopératives. Bref, j'espère qu'on ne va pas se transformer en un autre État
nord-américain.
Peut-être... Parce que toute cette
conversation, là, qu'on a eue, que ce soit ce matin sur les paradis fiscaux ou
sur les baisses d'impôt, vient évidemment d'un constat qui est... et là je vais
citer M. Luc Godbout, que vous citez souvent, qui parlait à son tour de Luc
Langevin, le magicien, si on voulait... et il parlait de votre gouvernement, si
on voulait, d'un côté, garder les baisses d'impôt et, de l'autre côté, ne pas
faire d'austérité, il a dit qu'il faudrait faire appel à Luc Langevin pour
régler cette quadrature du cercle, et donc la... toute l'idée serait
d'augmenter un peu les revenus pour éviter une austérité qui s'en vient.
Dans... Est-ce que je vais trouver mes
notes? Oui. Dans le cadre... Dans le cadre financier... Le cadre financier
prévoit que les dépenses du portefeuille auraient une croissance de 3,2 %
par an et de moins 3 % pour les autres années du cadre financier... donc
pour l'an 1, pardon, et de moins 3 % pour les autres années. Or, ce niveau
de...
M. Bouazzi : ...a priori ne
permet pas de couvrir les coûts du système. Comment est-ce que vous allez...
Est-ce que... est-ce que c'est une annonce d'une austérité à venir?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
C'est une question chargée d'émotion, M. le Président. Je vous réfère à la page
A-23 du budget, c'est peut-être la page la plus importante avec la
page G-7, qui montre le niveau de dépense dans l'économie qui était de
24,3 % en 2018-2019, qui a atteint 30 %, mais en fait plutôt 29 %
durant la pandémie et qui, là, est à 26,7 %, tandis que les revenus,
c'était 26,1 % puis c'est 25,5 % aujourd'hui. Donc, le poids des
revenus est stable à légèrement plus bas. Puis comme on part d'une situation où
on a une fiscalité élevée, bien, on a bien géré l'aspect des revenus. Mais ce
qu'on voit, c'est qu'on a un niveau de dépense élevé à la sortie de la
pandémie. Et pourquoi? Parce que plusieurs des mesures que nous avons
identifiées comme étant temporaires durant la pandémie sont permanentes, comme
les cliniques de dépistage. Prenez les subventions aux salaires dans les
résidences privées pour aînés. Nous n'avions pas prévu qu'il faudrait continuer
à subventionner les salaires dans le secteur privé après la pandémie. Alors, on
a plus... on a un niveau de dépenses à la sortie de la pandémie qui est
beaucoup plus élevé que prévu. Et donc nous aurons un taux de croissance à
l'avenir, un taux de croissance plus modéré, c'est-à-dire... Ce qui est
derrière nous, c'est 6 % à 7 % de croissance incluant le... la forte
croissance de 2021, là. Si on regarde les cinq premières années de notre
gouvernement, taux de croissance de 6 % à 7 % des dépenses. Puis ce
qui est devant nous, c'est un taux de croissance des dépenses de 3 %.
Quant à la référence à la fameuse
austérité, bien là, on parle des deux premières années du gouvernement qui nous
a précédé. Puis c'était un taux de croissance de 1 %. Et eux, ils ont fait
1 %, 1 %, 5 %, 5 %. En moyenne 3 %. Alors, personne ne
se plaint du 5 %, 5 %. Puis c'est la fameuse période d'austérité,
c'est les deux premières années, à grosso modo 1 % de croissance. Donc,
3 % de croissance, ce n'est pas l'abondance, mais ce n'est pas
l'austérité.
• (16 heures) •
M. Bouazzi : Juste pour être
sûr parce que c'était une longue... une longue réponse. La question... Je
comprends qu'il y a des... il y a des programmes qui sont devenus permanents,
mais ils sont devenus permanents. O.K., ils sont là maintenant. La question,
c'est de dire : Bien, vous avez un déficit de 4 milliards ou, disons,
2, suivant comment on décide de compter, qu'il va falloir le résorber, que vous
ne revenez pas sur les baisses d'impôts, qu'il n'y a pas spécialement d'effort
pour aller augmenter les recettes de l'État, que ce soit par rapport à l'argent
qui se retrouve dans des paradis fiscaux, etc. Et de l'autre côté, vous
dites : On va le résorber sans... Et puis je pense qu'avec le
vieillissement de la population, vous êtes d'accord, vous et moi, que... Ah!
peut-être pas d'ailleurs, en tout cas, que les dépenses de santé sont appelées
à augmenter malheureusement dans les prochaines années. Et malgré tout ça, vous
dites : L'année prochaine, moi je vais diminuer tranquillement mon déficit
sans jamais... sans jamais couper dans les services rendus aux citoyens.
M. Girard (Groulx) : ...ce
que la page A.23 montre, c'est qu'on n'a pas un enjeu de revenus, on a un
enjeu de dépenses. Au sortir de la pandémie, notre niveau de dépenses est
élevé. Alors, c'est sûr qu'on pourrait augmenter les revenus pour maintenir un
niveau de dépenses, mais ce ne serait pas une saine gestion puisque, lorsqu'on
regarde le niveau de dépenses en proportion de l'économie, c'est clair que le
niveau de dépenses est trop élevé. Donc, on va faire ça de manière graduelle,
progressive. C'est gérable, et, encore une fois, 3 % de croissance de
dépenses, c'est raisonnable. Et puis vous avez raison d'associer à ça
probablement 4 % de croissance de dépenses en santé, 3 % de dépenses
en éducation et 2 % de dépenses pour les autres ministères. Et puis à ça
s'ajoutent les revendications au niveau...
16 h (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...des
transferts fédéraux, puisque, si vous allez à la page G7, vous voyez qu'il
n'y a aucune croissance des transferts fédéraux pour les cinq prochaines
années, 0.5 %, et la possibilité de pousser l'activité économique, qui sont
les deux autres facteurs. Mais on a un enjeu de dépenses, on n'a pas un enjeu
de revenus.
M. Bouazzi : Bon,
évidemment, il y a deux colonnes dans le budget, là, mais imagine... les...
les... Donc, vous avez parlé de tous les efforts que nous allons faire ou que
vous allez faire pour optimiser, donc, le mot... le mot... un des... un des
nombreux adjectifs qui peut être utilisé. Et donc, on vous a entendu parler des
277 mesures totalisant 9 milliards de dépenses fiscales pour les
entreprises, 40 milliards pour les particuliers. Certaines de ces mesures
sont favorables aux personnes à faible revenu, d'autres aux personnes qui ont
des revenus plus élevés. Est-ce que vous pouvez vous engager à faire des
analyses sur ces coûts pour que les personnes à faible revenu ne soient pas
pénalisées à travers les différents programmes que vous allez optimiser?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est certainement une considération qui est importante. Je... je sursimplifie
des fois le problème en disant que les... Par exemple, moi, je suis responsable
de l'examen des dépenses fiscales, là, puis c'est ma collègue au Trésor qui va
être responsable de l'examen des dépenses budgétaires. Mais il y a 277 mesures
pour un total de 50 milliards, 40 au niveau des particuliers, 10 au niveau
des entreprises. Puis ce que je suggère, c'est qu'elles soient ordonnées en
fonction de l'impact fiscal et quelle est la dépense en fonction des revenus
fiscaux, l'impact économique, la dépense en fonction des retombées économiques,
puis, au niveau social, la dépense en fonction des bénéfices sociaux. Alors, la
réponse générale, c'est oui. Si vous avez... si vous faites une référence à une
méthode spécifique, là, comme une analyse différenciée selon les revenus ou des
choses comme ça, je ne m'engagerais pas à dire que je vais utiliser cette
méthode, mais certainement, au niveau de l'esprit, de tenir compte pour qui ces
mesures-là ont été créées, puis quel est leur objectif, c'est sûr qu'on va
faire ça, là, c'est...
M. Bouazzi : Ça fait qu'on
s'attend, disons, quelle que soit la méthode que vous utilisez, M. le ministre,
à une analyse sur les questions de classes sociales qui est faite pour les
programmes qui vont être coupés?
M. Girard (Groulx) : Je
ne dirais pas : Classes sociales. Je dirais des retombées sociales des
mesures. Ces mesures-là, ils ont des objectifs, là. Si vous prenez l'allocation
famille, son objectif, c'est d'aider les parents à faire face aux coûts d'élever
une famille. Alors, c'est... on ne peut pas juger de l'allocation famille comme
on juge d'un crédit d'impôt pour... pour... pour l'achat d'une voiture
électrique, là, c'est deux choses complètement différentes.
M. Bouazzi : C'est un
bon exemple, par exemple parce que le crédit famille permet justement d'aider
les personnes qui sont plus dans le besoin que les crédits pour l'achat de
voitures électriques. C'est une des raisons pour quoi nous serons beaucoup plus
vocaux sur le premier que sur le deuxième. Et puis j'espère que... Ce n'est pas
compliqué de faire des analyses. Je suis sûr que dans votre ministère il y a
des gens qui sont capables d'avoir un paragraphe qui explique quel impact ça a
et sur qui. Malheureusement, je vous avouerai que, depuis que je suis élu, à
plusieurs reprises, j'ai posé des questions aux différents ministres sur est-ce
que ça impacte plus les personnes les plus pauvres ou les plus riches? Et la
réponse souvent ça a été : Bien, on ne le sait pas.
M. Girard (Groulx) : L'allocation
aux familles, elle est modulée en fonction du revenu, là, mais elle a été
bonifiée par notre gouvernement. Puis je peux certainement m'engager. Je n'ai
pas l'intention de renverser les mesures que j'ai moi-même introduites, à moins
qu'il soit prouvé qu'elles soient inefficaces. Et certainement celles que j'ai
introduites en 2018, 2019, 2020, bien, on commence à avoir suffisamment de
données pour juger de l'efficacité de celles-ci.
M. Bouazzi : Sur... Vous
avez parlé des voitures électriques, un des enjeux, évidemment, que ma formation
politique a mis de l'avant, c'était le peu ou, en fait, l'absence d'initiatives
de nouveaux projets de transports en commun de votre gouvernement. Est-ce qu'on
peut s'attendre à ce qu'il y ait au moins un projet qui est soit...
M. Bouazzi : ...initié par la
CAQ avant la fin du gouvernement, avant la fin de 2026, là?
M. Girard (Groulx) : Bien, à
chaque fois que... Bon. Je comprends que vous n'accepterez pas ma réponse, là,
si je fais mention de mon comté puis je parle des voies réservées sur la 15
vers le nord, je comprends que c'est une réponse qui ne vous satisfait pas, je
vous...
M. Bouazzi : Effectivement.
M. Girard (Groulx) : Elle
satisfait les citoyens de mon comté. Mais il fallait que je le dise. Puis la
ligne bleue, bien, lorsqu'on est arrivés, elle n'allait nulle part, là, c'est
un projet qui était à... essentiellement à l'étude, mais qui n'avançait pas,
là, puis là on l'a débloqué, puis on s'est assuré que la fameuse dernière
station allait... par sa situation, allait permettre l'accès à l'est de
l'autoroute 25, là, parce que c'est l'autoroute 25 qui enclave l'est de
Montréal dans la partie nord, et là, la ligne bleue en... dans les plans
originaux, elle maintenait cette enclave en étant uniquement à l'ouest de
l'autoroute 25. Or, il y a un paquet de monde qui reste à l'est. Alors, la
ligne bleue, ça ne vous satisfait pas non plus. Alors là, on...
M. Bouazzi : En fait, c'est
bien de l'avoir continuée, effectivement, et puis d'avoir démarré ce projet-là,
qui avait démarré avant vous et puis probablement plusieurs gouvernements avant
vous, là, parce que, moi, ça fait un quart de siècle que je suis au Québec, et
puis j'en entendais parler...
M. Girard (Groulx) : Il a été
annoncé quelques fois.
M. Bouazzi : Oui, exact.
Donc, je comprends que cette année on ne démarre pas le tramway à Québec.
Est-ce qu'on... Oui.
M. Girard (Groulx) : Bien là,
on va attendre les résultats de... Moi, je suis très content qu'il y ait une
évaluation indépendante. C'est un débat où il y avait eu beaucoup de passion,
puis là on avait un projet de tramway à Québec, puis il n'y avait pas de
soumissionnaires. Et donc là, la caisse reprend ça, va donner une évaluation
indépendante. Puis non seulement il n'y avait pas de soumissionnaires, mais il
n'y avait pas d'appui dans la population. Alors là, la caisse va nous donner
une évaluation indépendante en juin, puis à partir de là on pourra avancer.
M. Bouazzi : Merci, M. le
ministre.
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie. Je cède maintenant la parole au député de René-Lévesque, qui
dispose de 19 minutes.
• (16 h 10) •
M. Montigny : Merci, M. le
Président. D'abord, à titre de député de René-Lévesque, je vais commencer mon
intervention à propos des grandes centrales hydroélectriques d'Hydro-Québec.
Bien, évidemment, ma circonscription se nomme René-Lévesque parce que les
grandes rivières, Manicouagan, Outardes, Bersimis, en fait, qui est dans la
communauté de Pessamit, on l'appelle comme ça maintenant, bien, ces grandes
rivières-là ont donné naissance à des grandes centrales hydroélectriques
majeures qui sont d'ailleurs en train de s'optimiser au moment où on se parle,
parce qu'on a des grands besoins au niveau énergétique, particulièrement en
énergies renouvelables, puis c'est le fun, parce que ces grandes centrales-là,
qui sont dans ma circonscription, ont des grands réservoirs hydroélectriques.
On accumule de l'eau derrière ces grands barrages. C'est un peu comme une
grande batterie dans laquelle on conserve de l'énergie. On ne le turbine pas
pour l'instant, mais on sait qu'on pourra le turbiner davantage dans l'avenir.
Ça nous permet d'avoir des réserves puis de savoir que, quand on a des pointes
importantes au niveau des besoins en énergie, en puissance, bien, on est
capable de turbiner davantage.
Mais il est arrivé une époque, puis je
m'en souviens très, très bien, à ce moment-là je venais d'être élu dans une
autre fonction, en 2017 où on a dû ouvrir les évacuateurs de crues, notamment à
la centrale Manic-2, pour évacuer de l'eau à l'arrière des barrages, parce
qu'on n'avait pas la capacité... on pouvait turbiner davantage, mais on n'avait
pas de preneur à ce moment-là pour l'énergie qu'on turbinerait. Je veux vous
citer, M. le Président, un article qui date de 2017 où on a vraiment une
personne conseillère en relation avec le milieu chez Hydro-Québec que je
connais bien, là, avec qui je travaille beaucoup dans ma circonscription. Elle
dit : «Étant donné la situation actuelle, on est à l'automne, il fait
froid, mais on n'a pas assez froid pour chauffer beaucoup ni assez chaud pour
climatiser, on est donc dans un creux de charge, et la demande n'est pas au
rendez-vous.» Donc, on avait besoin à ce moment-là d'ouvrir les évacuateurs de crues.
Elle dit aussi : Ce qu'il faut savoir, c'est qu'on a une cote maximum
d'exploitation...
M. Montigny : ...d'exploitation
donc dans le courant, et on a aussi une cote maximale critique. Ces deux
choses-là, elles sont importantes pour eux dans la hauteur du niveau d'eau dans
les barrages. Évidemment, pour préserver les infrastructures de barrages, on a
eu besoin d'évacuer.
Un peu plus loin dans l'article, elle
explique qu'on a deux façons de remédier aux surplus d'eau ou à la baisse d'eau
dans les barrages, dans les réservoirs de ces barrages, bien, soit qu'on
turbine plus, qu'on turbine moins, tout dépendant si on a plus d'eau, on
turbine plus, mais il faut, pour turbiner, avoir des preneurs pour l'énergie.
Alors, si on est dans une période où on chauffe moins, si on est dans une
période où on n'exporte pas l'énergie puis si on est dans une période où on
climatise moins ou on n'avait pas de preneurs dans des dossiers économiques
majeurs, bien, on se retrouvait dans l'obligation, M. le Président, pour
diminuer les niveaux d'eau dans les barrages, d'ouvrir les évacuateurs de crue,
puis de laisser aller dans l'eau salée de la Côte-Nord de cette partie du
fleuve qui est rendue de l'eau salée, bien, cette belle eau douce des rivières
Manicouagan, Outardes et Bersimis sans les turbiner, donc sans nécessairement
de produire de l'hydroélectricité, de l'énergie verte.
Dans le contexte d'aujourd'hui, on en a
grand besoin, mais la situation est différente, et j'aimerais aborder ça avec
M. le ministre comme première question. Il y a un impact clairement sur le fait
que les... les réservoirs hydroélectriques notamment dans ma circonscription,
Manic, Outardes, Bersimis, a moins... moins grande capacité. En fait, il y a
moins d'eau dans les réservoirs, donc moins grande capacité de turbiner, moins
grande capacité d'exportation. Alors, ça l'a nécessairement un impact sur le
gouvernement du Québec, parce qu'on le sait qu'Hydro-Québec, quand il fait des
profits, bien, il est capable de nous en... d'en transférer davantage, M. le
ministre. Alors, j'aimerais vous entendre sur ce lien important qu'on a entre
Hydro-Québec, l'eau dans les barrages et les revenus de l'État.
M. Girard (Groulx) : Alors,
merci pour votre question et toute l'introduction, et ça, c'est à la
page G12, si vous voulez vous comparer à ce qui est anticipé au budget,
ou G19, si vous voulez vous comparer à ce qui était anticipé à la mise à
jour. Et il faut savoir que bien que nous étions conscients à la mise à jour
qu'il y avait eu de la séchereche... sécheresse et moins d'eau dans les
réservoirs l'été dernier, mais ce n'était pas à nous de dire quel était
l'impact sur les finances publiques parce qu'il y a tout un processus. Il faut
que les prévisions de revenus et dépenses soient préparées par Hydro-Québec,
vérifiées par leur... leurs auditeurs externes, et puis ensuite approuvées par
leur conseil d'administration, puis nous, on intègre ça.
Alors, si je me concentre sur la
page G12 puis je fais simplement comparer à ce qu'on anticipait au dernier
budget, à la ligne revenus provenant des entreprises du gouvernement, vous
voyez que pour 2023‑2024, c'est 1,6 milliard de moins, pour 2024‑2025,
c'est 1,3 milliard de moins, pour 2025‑2026, c'est 400 millions.
Alors, en gros, j'émettrais l'hypothèse et je ferais... non, je ferais
l'approximation que la faible hydraulicité associée à la sécheresse, c'est les
feux de forêt. La situation difficile que nous avons connue au niveau des
changements climatiques à l'été 2023, nous coûte 3 milliards de revenus
parce qu'il y a moins d'exportations, puis c'est... puis c'est principalement
dans les années 2023‑2024 et 2024‑2025, mais il y a un effet résiduel en 2025‑2026.
M. Montigny : Donc, si je
vous suis bien, en fait, c'est aussi pour ça que c'est important d'avoir cette
capacité d'avoir des clients au moment où on vivrait une situation inverse, au
moment où on se retrouverait dans une situation où on aurait plus d'eau pour
être capable de turbiner aussi, puis d'être capable de trouver des clients à la
fois sur le territoire du Québec, mais à la fois à l'extérieur aussi, notamment
des clients dans notre voisin du Sud, pour être capable d'exporter notre
électricité, pour être capable d'aller chercher des revenus pour l'État qui
nous...
M. Montigny : ...qui nous
sert aussi à payer, à défrayer toutes sortes de frais, entre autres, ce que...
toutes les opérations de l'État, puis on le voit bien dans nos priorités en
éducation, en santé. Mais si on réussit davantage à... à avoir des conditions gagnantes
qui nous permettent d'exporter et/ou de vendre l'énergie à des clients au
Québec ou à l'extérieur, bien, ça l'a un impact sur le budget. Est-ce que
j'extrapole bien ou j'extrapole trop? Je vous dirais, pour que ça soit bien
clair pour vous, si on est capable de turbiner davantage, est-ce que ça nous
aide dans les finances de l'État.
M. Girard (Groulx) : Bien
sûr. C'est il faut faire des investissements, puis c'est certain que les
mégawatts qu'on cherche au Québec les moins chers, c'est ceux que nous... ceux
que nous avons déjà qu'on économiserait. Ça, c'est les mégawatts les moins
chers. Ensuite, on peut faire des investissements dans les infrastructures
existantes pour en améliorer la performance comme... pour utiliser votre terme,
là... optimiser l'efficacité des turbines actuelles. Et puis on peut faire de
nouveaux investissements, et puis, là, il y a des coûts marginaux différents,
dépendamment de la source : solaire, vent, projet hydroélectrique, etc.
Mais une des raisons qu'Hydro-Québec a un important plan d'investissement en
infrastructures pour les prochaines années, c'est notamment pour améliorer la
performance de ses centrales existantes. En termes de PQI québécois, on dirait
que c'est du maintien d'actif.
M. Montigny : Si on va un
petit peu plus loin puis qu'on est capable de produire davantage, d'augmenter
notre capacité de production à cause d'optimisation de nouveaux projets
éoliens, solaires ou dans d'autres domaines, ça nous permet aussi d'avoir de
l'hydroélectricité ou de l'énergie verte, disons ça comme... disons le comme
ça, pour des projets économiques sur le territoire du Québec. Donc quel est
l'impact? Parce qu'on le voit bien, là, qu'on est un gouvernement qui veut des
projets économiques. Il y a plein de demandes en mégawatts sur le territoire du
Québec, notamment dans ma région, puis on aimerait avoir plus d'énergie pour
être capable de créer de la richesse parce qu'il y a des entreprises qui
s'installent, parce qu'il y a des entreprises qui ont de la croissance, qui
consomment plus d'énergie, mais qui rapportent plus aussi au niveau du reste
des finances du Québec, notamment parce qu'il y a des employés qui gagnent des
bons salaires puis qui paient des impôts. Et j'aimerais vous entendre sur ce
lien-là de prioriser le développement économique, notamment par des projets
industriels, pour permettre au Québec d'avoir un avenir plus prospère au niveau
économique.
• (16 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Bien
d'abord, les... les... les grands projets sont importants parce qu'ils ont un
impact marginal plus important sur l'économie, puis c'est certain que si un
grand projet est dans une région à l'extérieur de Québec puis de Montréal,
c'est d'autant plus important pour la région, là. Mais, les... associées aux grands
projets, souvent il y a des interventions de l'État au niveau des dépenses en
capital. Alors, un... un projet standard, là, de... par exemple la construction
d'une aluminerie ou de... une... une... scierie ou une usine de batteries, ou
une mine de lithium, mais généralement, les dépenses en capital,
l'investissement associé au projet, pour 1 milliard de dépenses en
capital, le gouvernement fédéral va prendre 25 %, le gouvernement du
Québec, 25 %, et l'entreprise privée 50 %. C'est le genre de
structure qu'on a, et avec ces paramètres-là, on a des retombées économiques
qui excèdent le coût de la subvention pour la dépense en capital.
M. Montigny : Donc, si je
comprends bien, dans cette logique-là d'augmenter notre capacité de fournir en
énergie, d'optimiser nos centrales, de développer l'énergie... l'énergie verte
renouvelable, en plus d'inciter des entreprises à s'installer sur le territoire
du Québec, même s'il y a de l'aide gouvernementale, on est très gagnants comme
citoyens au Québec dans cette logique-là parce qu'on a des revenus supérieurs,
même s'il y a de l'aide gouvernementale pour aider ces entreprises-là à
s'installer, et parce qu'on est dans un contexte de concurrence mondiale pour
attirer les grands joueurs, notamment dans les domaines d'avenir comme le
stockage d'énergie, là...
M. Girard (Groulx) : ...oui,
mais chaque projet est distinct, là, il faut... il ne faut pas... Puis... puis
vous avez amené une composante supplémentaire des... des externalités
environnementales. Alors, c'est certain que pour un rendement donné, tous les
projets ne sont pas égaux, là. Et un projet qui est, par exemple, très
polluant, mais ça n'a pas la même valeur qu'un projet qui vise à produire des
énergies renouvelables. Et par contre un projet qui est polluant mais qui est
beaucoup moins polluant que les anciennes générations de projets dans des
secteurs qui sont essentiels, parce qu'on s'entend, par exemple, que la
production d'acier, la science n'est pas au niveau où on arrive à produire de
l'acier sans aucune émission, et certainement pas le ciment non plus, là, et
donc un nouveau projet moins polluant peut se comparer avantageusement, malgré
le fait qu'il est, toutes choses étant égales par ailleurs, polluant.
Alors, chaque projet est différent, puis
je pense qu'il faut éviter de... de... d'appliquer des solutions générales à
des cas particuliers, et c'est pour ça qu'on a besoin de professionnels au
niveau d'Investissement Québec, du ministère de l'Économie. Puis souvent,
lorsqu'on... on... on embarque dans un projet, mais il y a des... il y a des
promoteurs privés, puis il y a le gouvernement fédéral, puis c'est très sain de
voir qu'il y a d'autres partenaires dans une transaction. Le premier feu jaune
dans un investissement privé, c'est lorsque vous êtes le seul à le financer,
là. Si... La seule façon qu'un projet privé peut se réaliser, c'est si le
gouvernement prend par exemple 50 % du projet, puis que, là, on téléphone
au Fonds de solidarité, à la Banque de développement du Canada, à la Banque
Nationale, à Desjardins, à la Banque Royale, puis tout le monde dit non merci,
puis vous, vous devez prendre 50 % du projet, bien, ça doit allumer un
certain feu jaune, là. La coparticipation a une valeur, là.
M. Montigny : J'ai une
dernière question qui est tout en lien avec le début de mon intervention puis
de votre réponse, c'est le lien avec les Premières Nations, les partenariats
avec les Premières Nations. Hein, vous savez maintenant l'importance, et puis
notre gouvernement le dit souvent, puis notre ministre aussi, responsable des
Premières Nations... au Secrétariat... aux Premières Nations et aux Inuits le
dit souvent : On travaille de nation à nation, puis on travaille ensemble
pour développer différents projets.
Alors, il y a une partie importante, puis
elle est dans le territoire de ma circonscription de René-Lévesque, renforcer
les partenariats avec les Premières Nations, notamment avec l'entente-cadre
qu'on a ratifiée il n'y a pas tellement longtemps avec les Innus de Pessamit. Alors,
il y a tous ces enjeux de niveau d'eau des barrages qui est important pour les
Innus du territoire, ces enjeux aussi de développement de l'économie, de
l'énergie renouvelable, de projets éoliens, de tout ce qu'on fait maintenant en
partenariat avec les Premières Nations, de nation à nation, pour être capable
de développer ensemble des projets, notamment dans l'énergie renouvelable.
Alors, j'aimerais vous entendre, M. le ministre, sur cet élément-là qui est au
budget, qui est de l'importance de travailler et de soutenir les partenariats
avec les Premières Nations.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais ça, on a pris la peine de le mentionner dans la section D34 :
Renforcer les partenariats avec les Premières Nations, qui concernent
particulièrement le partenariat dans lequel vous avez été impliqué, là, dans
votre région, et ça, bien, c'est extrêmement important. Et puis c'est certain
que ce qu'on voit, c'est une maturité dans la relation avec les Premières
Nations, c'est-à-dire qu'Hydro-Québec et les Premières Nations... puis là, il
faudrait que j'utilise les termes justes, alors je vais aller à la
page D34 et je vais vous dire comment la façon que nous l'avons écrit,
parce que les termes sont chargés parfois, étant donné l'histoire. Alors, on y
dit que «la mise en valeur du territoire et des ressources qui s'y trouvent,
notamment en ce qui a trait au développement énergétique, et ce avec la
participation des communautés autochtones en concertation avec celles-ci».
O.K.? Puis l'histoire peut être chargée avec les Premières Nations, alors c'est
dans... c'est important, cette entente-cadre avec les... la nation innue de...
M. Girard (Groulx) : ...de
Betsiamites. Vous étiez là, je n'y étais pas, mais nous en bénéficierons tous.
C'est très important.
Le Président (M. Simard) : Une
minute 15.
M. Montigny : Pafait. Ça va
me permettre de faire... d'aller un petit peu plus loin sur l'importance de
travailler des projets ensemble. On le voyait encore dans l'actualité récente
sur le territoire de la Côte-Nord, cet enjeu important de se préparer à des
grands projets, notamment des projets éoliens. Alors, j'ai envie de vous lancer
la question, M. le ministre, peut-être, quelques secondes pour répondre, parce
qu'il ne nous reste plus beaucoup de temps. Mais, en même temps, quelle est
l'importance, vous voyez, d'additionner des grands projets éoliens sur
l'ensemble du territoire du Québec, en partenariat avec les communautés qui y
vivent, qui habitent le territoire, pour être capables de propulser notre
économie un peu plus loin?
M. Girard (Groulx) : Pouvez-vous
me préciser cette question-là?
M. Montigny : Bien oui, tout
à fait. En fait, comment on peut bonifier l'économie du Québec en développant
des projets éoliens en partenariat avec les communautés qui habitent les
différentes régions du Québec?
Le Président (M. Simard) : En
10 secondes, cher collègue.
M. Girard (Groulx) : Je
dirais qu'il n'y a pas de recette générale.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : Chaque
partenariat, puisqu'on a diverses nations et des territoires isolés...
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. On poursuivra, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Le Président (M. Simard) : Désolé
de vous couper. Je cède la parole à notre collègue de Marguerite-Bourgeoys,
porte-parole de l'opposition officielle. Cher collègue, vous disposez de 18
minutes 30.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. M. le ministre, est-ce que, pour vous, un déficit de 4,2 milliards,
c'est laisser de l'ordre dans la maison?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que nous, on s'engage à le résorber. Alors, si c'est laisser de
l'ordre dans la maison, c'est-à-dire que là on a une projection d'un déficit
structurel de 4 milliards et on s'en occupe. Il y a des gestes immédiats, il y
aura un examen. Il y a toute la question de la croissance économique, la
question des transferts fédéraux, puis l'idée, c'est de le résorber.
• (16 h 30) •
M. Beauchemin : Mais la
maison va-t-elle être en ordre en 2026-2027, avec un déficit de 4,2 milliards?
M. Girard (Groulx) : Bien, ce
n'est pas mon intention que l'exercice d'examen des dépenses fiscales commence
dès maintenant. Il y avait le budget, il y avait des gestes immédiats. L'examen
commence dès maintenant. On pourra expliquer à la mise à jour les processus
qu'on utilise. Et puis il y aura un plan de retour à l'équilibre budgétaire,
d'autres gestes au budget 2025-2026. Et donc, lorsqu'on va arriver au budget
2026-2027, idéalement, le budget 2026-2027, on verrait l'équilibre au sens
comptable, puisque là on voit à peu près moins 300 millions. Bon, il y a un
écart à résorber, provision. Essentiellement, on est à moins 300 millions au
sens comptable en 2026-2027. Alors, la première chose qui serait... Qui
montrerait une progression positive, c'est l'équilibre budgétaire au sens
comptable en 2026-2027, et que le déficit structurel, après contribution au
Fonds de génération, lui, bien, on soit en voie de le résorber, donc qu'il soit
plus petit.
M. Beauchemin : ...de
l'Ontario qui est sorti, eux ont des prévisions économiques pour 2024-2025, qui
est de 0,6 %, un déficit de 9,8 milliards, un endettement... en fait, un
retour à l'équilibre budgétaire, eux, dans deux ans.
M. Girard (Groulx) : En
2026-2027, c'est en même temps que nous, là. Avec la même définition, c'est la
même année.
M. Beauchemin : Et, selon ce
que je comprends en regardant les chiffres, jamais, ils ne vont être au-dessus
de 39,5 au niveau du ratio dette nette PIB. Donc, cette année, c'est 39,2
qu'ils estiment qui vont avoir... l'an prochain, excusez, 39,5, puis 39,1 en
2027, 2026... 2026-2027, pardon. Donc... Et nous, bien, vous le savez, on est
dans les 40, précisément, dans les mêmes périodes, si on...
16 h 30 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...donc,
40.3, 41, 40.6 et 40. Donc, comme vous... comme vous le savez, comme vous avez
vu et perçu, ce que les marchés ont... comment ils ont réagi suivant notre
annonce la semaine dernière, bien, l'annonce que vous avez faite plus tôt, les
marchés ont ajusté le tir au niveau du prix relatif qu'on paie par rapport à l'Ontario.
Bien là, c'est qu'on vient d'en... voir se solidifier un peu la perspective du
marché, à savoir la raison pour laquelle l'endettement au Québec va donc être
supérieur par rapport au PIB... l'Ontario. Donc, c'est juste pour mettre...
mettre ça, là, en considération.
Je veux revenir sur le sujet, là, donc de
cette dette nette-PIB, qu'on a discuté tout à l'heure, que je comprenais qu'initialement
en 2023, puis ça, c'est un... ce n'est pas un exercice d'ophtalmologie, là,
je... La partie grise, ici, je vais la lire pour vous parce que c'est... ce n'est
pas un test, là, pour savoir la qualité de lunettes et non-lunettes que vous
avez, mais la dette... Le gouvernement annonce qu'il réduira le poids de la
dette nette qui, donc l'an passé, s'établira à 37,4 % du PIB au 31 mars
2023, à 30 % du PIB d'ici 2037-2038. Tantôt, avant le lunch, court lunch,
en passant, 25 minutes, là, c'était serré, monter en haut et redescendre,
là, nettoyer la vaisselle. Il y a... Il y a quand même eu un commentaire de la
part du ministre au sujet comme coup de palet vraiment...
M. Girard (Groulx) : ...parce
qu'on a un lave-vaisselle.
M. Beauchemin : À l'opposition,
on lave à la main.
M. Girard (Groulx) :
O.K. D'accord. Je fais des
blagues. Et j'adore...
M. Beauchemin : Peut-être qu'un
jour je vais le voir.
M. Girard (Groulx) : Non,
non, mais j'adore laver la vaisselle, ça me permet d'écouter une période de
hockey à chaque soir. Continuez.
M. Beauchemin : Mais vous
aviez acquiescé sur le fait que, bon, l'objectif était de respecter la loi. Et
la loi, maintenant, elle est définie comme étant donc là à 32,5 %. Donc,
il y a M. Godbout qui a émis un commentaire là-dessus, puis il trouvait ça
assez clair, selon lui, quand il a vu la fourchette, là, qui a été installée,
qu'arriver donc à 32.5 %, là, en 2037-2038, ça serait donc l'objectif
atteint. Plus rien d'autre à faire, finalement, à partir de ce point-là, selon
la façon que la loi est écrite. Est-ce que c'est la bonne compréhension de la
chose, si on arrive à 32,4 %, par exemple?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, ce n'est pas différent de l'ancienne loi qui avait un objectif de
45 % de dette brute, là. Elle avait une date... Normalement, lorsqu'on met
une cible, on met une date, puis, lorsque la cible est atteinte, bien là, on se
pose des questions.
M. Beauchemin : D'accord.
M. Girard (Groulx) : Alors, l'ancienne
loi disait qu'il fallait avoir moins de 45 % de dette brute, puis il y
avait un autre critère, là, somme des déficits cumulés, qu'on n'a jamais
atteint, en passant. Et là nous, on met... Ce qu'on dit, c'est que ça prend des
cibles à long terme. Lorsqu'on a passé la loi avec vous, bien, on a mis une
cible 15 ans plus tard, qui nous amenait à la moyenne de la dette... de l'endettement
des provinces canadiennes. Et évidemment c'est la moyenne existante, puis cette
moyenne-là va évoluer dans le temps. On voit, là, présentement que, par exemple
la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique, leur dette augmente beaucoup
plus rapidement peut-être qu'on avait prévu. Alors, si on regarde ces deux
provinces-là, on pourrait penser que la moyenne va augmenter. Mais on a pris
une cible, 30 % de dette nette, qui était la moyenne au moment où on se
parle, au 31 mars 2023.
M. Beauchemin : Bien, l'objectif,
c'est donc d'arriver dans la fourchette...
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : ...puis la
fourchette, elle commence à 32,5 jusqu'à 27,5.
M. Girard (Groulx) : Exact.
M. Beauchemin : Et donc,
arrivé à 32,4 par exemple, objectif atteint, à ce moment-là, ce que vous me
dites finalement, c'est qu'il y aura une conversation à savoir...
M. Girard (Groulx) : Bien,
elle aura probablement lieu avant. Puis probablement que, lorsqu'on va être,
par exemple à 35, là, bien, il y aura des questions qui vont se poser. C'est
toujours sain qu'il y ait un débat de société...
M. Girard (Groulx) : ...iI y
a un objectif intérimaire. L'atteinte de l'objectif intérimaire peut susciter
un débat, mais je pense que le débat, il est en temps continu. Là, ce qu'on a
vu... Moi, ce que j'ai vu dans la société québécoise, c'est que le déficit de
11 milliards, ou 8,8, au sens de l'Ontario, là, si on... si on se met sur
une base comparable, bien, il amène une discussion, dans la société, où les
gens disent : Nous, on ne veut pas ça, un déficit de 11 milliards,
là. Puis nous non plus d'ailleurs. Et donc c'est sain, ces discussions-là.
Alors, je pense que la cible de 30 %, plus ou moins 2,5 %, elle est
ambitieuse, puis, à mesure qu'on va se rapprocher de l'échéance, puis si on
l'atteint, ça va amener des questionnements, c'est sûr. Est-ce qu'une fois à 30,
on veut aller à 25? Ou, une fois à 30, par exemple, où on va être d'un point de
vue des changements climatiques en 2037-2038? Peut-être qu'une fois à 30, on
pourrait dire que le Fonds des générations ne devrait plus nécessairement
réduire le poids de la dette. Peut-être qu'il pourrait avoir une autre
utilisation. Bien, pour faire ça, là, il faudrait changer la loi puis avoir
tout un débat. Pour l'instant, le seul objectif du Fonds des générations, c'est
la réduction du poids de la dette.
M. Beauchemin : Puis, juste
pour que ce soit clair pour tout le monde, je sais que vous, vous parlez de
solde budgétaire au sens de la Loi sur l'équilibre budgétaire, qui est un...
qui n'est pas un comparable avec l'Ontario, mais quand on parle de dette nette
par rapport au PIB, on parle exactement de la même chose que...
M. Girard (Groulx) : La même
base comparative. Je suis d'accord.
• (16 h 40) •
M. Beauchemin : C'est la même
base. Donc, là-dessus, l'Ontario va être sous l'endettement... sous le ratio de
40 %, pendant que nous, on va être au-dessus de 40 %.
M. Girard (Groulx) : Au
31 mars 2024...
M. Beauchemin : Bien, avec
les chiffres qui sont sortis tout à l'heure, là.
M. Girard (Groulx) : Oui.
L'Ontario serait à 38 %, puis on serait à 39 %.
M. Beauchemin : Donc, on
regarde, évidemment, tu sais, de façon relative, la diversification de leur
économie versus la nôtre, mais le premier ministre a quand même été... comment
pourrais-je dire, donc... a voulu utiliser la relativité pour justifier comme
quoi que, bon, le déficit, ce n'était pas si grave, c'était acceptable, c'était
gérable, c'était juste 1,5 %, finalement, là, de notre produit intérieur
brut. Bien, sur un petit bout de papier, là, on le voit, là, que l'Ontario,
eux, même s'ils sont passés d'une correction, en absolu, presque similaire à ce
qu'on a vécu au Québec... mais, en relatif, ils sont à 1,1 % du PIB. C'est
quand même un déficit beaucoup moins important que le déficit du Québec.
M. Girard (Groulx) : Bien, si
on prend, là, le déficit... bien, en tout cas, je vais prendre votre chiffre,
là... si le déficit est de 1,1 % du PIB, nous, on était à 1,5 %, sur
une base comparable, puis la Colombie-Britannique, à 1,9 %. Évidemment, la
Colombie-Britannique, c'est une province très riche, et ils ont une capacité
fiscale qui est bien différente du Québec. Mais il reste que les trois grandes
provinces, là, qui sont les principaux émetteurs sur le marché obligataire,
1,1 %, 1,5 %, 1,9 %. Puis je ne sais pas qu'est-ce que la
ministre des Finances de la Colombie-Britannique dit sur son déficit à
1,9 %, mais moi, je vous confirme que, sur notre déficit à 1,5 %, ce
qu'on dit, c'est qu'il doit être géré et réduit rapidement.
M. Beauchemin : Bien, en
comparaison, parce que ça semble être le benchmark, qu'on utilise tout le
temps, de se comparer, donc, à l'Ontario...
M. Girard (Groulx) : L'Ontario
fait mieux en 2024-2025, et c'est normal, parce que nous, il y a deux éléments
qu'eux n'ont pas, c'est-à-dire la faible hydraulicité, et nous, on a un impact,
sur nos revenus, de près de 1,5 milliard... en fait, c'est...
M. Girard (Groulx) : ...1,3,
en 2024-2025, associé à Hydro-Québec. Et nous, on a une entente pour les cinq
prochaines années avec nos employés qu'eux n'ont pas...
M. Beauchemin : Leur échéance
pour leurs conventions...
M. Girard (Groulx) : C'est
nébuleux, je dois vous dire, parce qu'il y a une partie qui se passe devant les
tribunaux, où ils avaient une loi, et ils ont perdu, puis là ils ont des
ajustements rétroactifs. Et puis là, pour le futur, bien là, ils doivent tenir
compte du jugement, puis j'imagine qu'il y aura des négociations. Je ne suis
vraiment pas qualifié pour commenter sur les relations de travail dans le
secteur public en Ontario, mais une chose est sûre, nous, on fait un
investissement important dans nos employés, puis notre cadre financier reflète
ça. Le fait qu'on a un contrat de cinq ans, puis que cette... Dans le fond,
50 % de nos dépenses, c'est des salaires, hein? Et là on n'aura pas de
volatilité sur cette variable-là parce qu'on a... les paramètres sont fixés
pour les cinq prochaines années. Ça, c'est bon.
M. Beauchemin : Tantôt, vous
avez parlé des revenus. Vous parliez comme quoi que les revenus n'allaient pas
augmenter. Quand vous aviez parlé tantôt... Les revenus tantôt, quand vous
répondiez...
M. Girard (Groulx) : ...
M. Beauchemin : C'étais-tu
les transferts fédéraux? Je pense qu'on parlait plus des revenus autonomes.
M. Girard (Groulx) : Moi, je
n'ai pas parlé des revenus autonomes. Je parlais des transferts fédéraux, mais
on peut parler des revenus autonomes, si vous voulez.
M. Beauchemin : Quand vous
parliez... Vous n'aviez pas un enjeu de revenus, que c'était un enjeu de
dépenses.
M. Girard (Groulx) : Ah oui!
Oui. Ça, c'était à la page A.23. O.K. Bien, c'est parce qu'il y a des gens
qui disent : Le déficit, c'est un désappariement entre les revenus puis
les dépenses. Ce n'est pas faux. Ce n'est pas faux comme affirmation, mais à
partir de ce point-là, vous pouvez augmenter les revenus en disant : Il y
a un désappariement entre les revenus puis les dépenses. On pourrait augmenter
les revenus puis dire : On n'a plus de désappariement entre les revenus et
les dépenses, on est à l'équilibre, par exemple, O.K.? Et moi, ce que je vous
dis, c'est que quand je regarde le poids des revenus dans l'économie, ce qu'on
voit, c'est qu'on n'a pas un enjeu. On a un désappariement entre les revenus et
les dépenses, mais on n'a pas un enjeu de revenus. On a un enjeu de poids de
dépenses dans l'économie qui est trop élevé au sortir de la pandémie.
M. Beauchemin : ...des
revenus par rapport au PIB...
M. Girard (Groulx) : ...PIB
est beaucoup plus élevé qu'en 2018-2019.
M. Beauchemin : Et ça,
c'était à la page A...
M. Girard (Groulx) : A.23.
M. Beauchemin : Et à la page
à 23, un instant, je vais juste y avoir accès dans deux secondes, c'est là que
vous parliez du 25,5.
M. Girard (Groulx) : 25,5,
ça, c'est le poids des revenus, O.K.? Puis les dépenses qui étaient à 24,3, qui
ont touché 28 durant la pandémie, sont à 26,7. Idéalement, les dépenses
convergeraient vers les revenus, donc 25. Il faut passer de 26,7 à quelque chose
comme 25, 3. Mais faisons des chiffres ronds, là. On était à 24, on est allé
jusqu'à 28; on est à 27, il faut s'en aller à 25.
M. Beauchemin : Au niveau des
dépenses. Puis au niveau des revenus, bien là, je vois qu'il y a une certaine
augmentation, mais qui redescend par la suite jusqu'à... jusqu'à l'année
électorale, finalement, là. Ça s'explique comment, selon vous, le sommet
atteint en année électorale?
M. Girard (Groulx) : Le
sommet atteint... L'inflation. L'inflation a poussé... Le 2022, c'est le...
M. Beauchemin : Non, je parle
pour l'année électorale de 2026-2027. Il y a un léger sommet, là. Ce n'est
pas... ce n'est pas le mont Everest, là. C'est plutôt le mont Royal, là.
M. Girard (Groulx) : Ah,
O.K., O.K. Si vous aviez grandi à Québec, vous diriez : C'est le mont
Myrand, là.
M. Beauchemin : D'accord.
M. Girard (Groulx) : C'est
ça... Il faut avoir probablement plus de 50 ans pour être ému par cette
déclaration, là. Je pense qu'aujourd'hui... Je ne sais pas ce qu'ils font
là-dedans.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Oui,
vous comprenez la joke du mont Myrand. La comprenez-vous, vous...
Le Président (M. Simard) : Moi,
j'ai 50 ans... je ne la comprends pas.
M. Girard (Groulx) : Alors...
Le Président (M. Simard) : Je
suis un peu lent, hein, que voulez-vous.
M. Girard (Groulx) : Quelque
part, là, pas loin du Cégep Garneau, il y a une pente abrupte, puis ça a déjà
été un... une pente de ski, le mont Myrand.
Le Président (M. Simard) : Ah
oui, oui, oui.
M. Girard (Groulx) : Oui. Ça
vous dit quelque chose? Bien, c'est... bon. Je vais revenir avant que vous me
le dites, M. le Président...
Le Président (M. Simard) : ...cher
collègue, malheureusement, parce que c'est sur ce rappel historique du mont
Myrand, je dois vous demander d'interrompre, notre temps et est terminé pour ce
bloc d'échange.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, vous cherchez à comprendre...
Le Président (M. Simard) : Mais
votre bloc d'échange est terminé, cher collègue. Donc, je cède maintenant la
parole au député de Saint-Jérôme, qui pourra, éventuellement, relancer la balle
au ministre à cet effet. Vous disposez de 19 minutes, cher ami.
M. Chassin :19 minutes. Alors, si vous voulez, M. le ministre, terminez
sur le mont Myrand pour le collègue qui cherchait à comprendre. Sentez-vous
bien à l'aise...
M. Girard (Groulx) : De...
M. Chassin :...si vous voulez terminer la réponse.
M. Girard (Groulx) : Non, on
va chercher la réponse, parce que là j'avoue que cette petite hausse, je ne
pourrais pas dire, là, ça semble passer de 25,5 à quelque chose comme 25,8. Il
faudrait... On va faire des recherches puis, dans un prochain bloc, on vous donne
la réponse.
M. Chassin :On va vous donner le temps de chercher. Écoutez, moi, je,
je disais à mes voisins ici qui savaient vers quelle question j'allais me
diriger... vers quelle section, surtout, j'allais me diriger, l'excellente
section E que j'avais... En fait, cette qualité d'être prévisible, parce qu'on
sait où je loge, évidemment, on comprend tous qu'on se donne une charge, là,
sur nos épaules. On sait... Puis évidemment les oppositions le disent : On
veut voir le plan de retour à l'équilibre. C'est très bien, en fait, parce
qu'on voit que c'est devenu important pour toutes les formations politiques de
revenir à l'équilibre budgétaire, puis surtout le comment, dans le fond, qui
est questionné. Puis ça m'apparaît intéressant que, comme prémisse de base, on
considère déjà d'avoir un peu un consensus assez large, en fait, qu'on ne peut
pas vivre au-dessus de nos moyens durablement.
Donc, essentiellement, on veut revenir à
l'équilibre budgétaire, on veut savoir comment. Puis, pour le déterminer, on
s'engage, et c'est exactement le moyen qu'on se donne dans le budget, on
s'engage dans ce qu'on appelle une optimisation, mais, dans le fond, dans cette
espèce de révision des dépenses, parce que... Puis je trouve que c'est
absolument fascinant à réaliser, il y a même... Conceptuellement, dans cette
fameuse section E, on parle donc d'une révision, un examen des dépenses puis,
dans les dépenses qui sont associées au régime fiscal, donc environ 70
milliards, que les dépenses de programmes d'un peu plus de 130 milliards. Donc,
évidemment, entre les 136 milliards de dépenses de programmes, le 74 milliards
de dépenses fiscales, on se retrouve à peu près à 200 milliards à gérer plus
efficacement, donc, soit évidemment pour faire certaines économies, soit pour
réussir avec ce qu'on a comme ressources à faire mieux.
• (16 h 50) •
Puis là, évidemment, à partir de ces
données-là, pourquoi je suis prévisible? Je pense, parce qu'il y a une certaine
philosophie, tu sais, qui me porte dans mes convictions. Puis ma filleule a,
dans ses prénoms, Margaret, parce que sa mère et moi vouons une admiration à
Margaret Thatcher. Je préfère Margaret Thatcher, j'adore Margaret Thatcher,
mais, de temps en temps, ça m'arrive de citer quand même Ronald Reagan qui
était, à ce moment-là, président des États-Unis, au moment où la Iron Lady
était première ministre de Grande-Bretagne puis qu'il avait... lui-même une
vision assez particulière, tant de l'économie que du rôle du gouvernement, puis
e pense que c'était une caricature. Et, en même temps, parfois, c'est juste,
malheureusement, de certaines personnes au gouvernement par rapport à ce qu'est
ce que représente l'économie. Puis, quand on étudie en économie, évidemment, on
est souvent confronté à l'espèce de réflexe qu'on a, puis je je l'entends
parfois dans certains échanges, notamment au salon bleu, de dire : Mais là
on constate telle chose, il faut prendre une mesure, il faut absolument faire
quelque chose, parce que ce n'est pas juste, ce n'est pas intéressant, ce n'est
ce n'est pas ce qu'on voudrait, mais on ne pense pas à l'effet que cette
mesure-là aura dans le futur.
Donc, on est tout le temps confronté en
économie à l'effet dynamique des mesures plutôt que simplement à l'état
statique des choses, comme c'était un portrait immuable qui, de temps en temps,
on voit ces effets-là s'accumuler, puis on ne les remet pas en question. Et
c'est là où je cite un peu cette espèce de vision caricaturale de Ronald Reagan
qui, malheureusement, est trop souvent juste...
M. Chassin :...en quelque sorte, et je suis sûr, M. le Président, que
ça va vous réjouir comme citation, puis là permettez que je la fasse en
anglais, je ferai une traduction libre en français après, mais «Government
views of the economy could be summed up in a few short phrases. If itmoves in a few short phrases. If it moves, tax it. If it keeps
moving, regulate it. And if it... if it stops moving, pardon, subsidize it». Puis
on parlait tout à l'heure, par exemple, de la mesure des primes salariales pour
les résidences pour aînés. Bien, on est là un peu, tu sais, on est rendus à...
en fait à subventionner des salaires de professionnels alors qu'on est au plein
emploi pour éviter qu'elle ferme et qu'elle ferme sous-emploi de régulation. On
comprend pourquoi, dans le fond, la réglementation a été mise en place. C'est
toujours plein de bonnes intentions, mais à un moment donné, tout ça
s'accumule. Et c'est là que la révision, je pense, des dépenses est
particulièrement importante parce qu'effectivement, si on ne le fait pas
régulièrement, à un moment donné, on perd de vue l'espèce de montagne qui se
construit sur les épaules d'entrepreneurs qui sont peut-être bien vaillants,
mais il y a vaillance et vaillance puis, à un moment donné, on finit par ne
plus y voir l'intérêt.
Je ne sais pas comment montrer que... à
quel point c'est important cette... cette révision-là. Je pense qu'on a comme
un contexte quand même qui nous montre qu'on doit avoir.... Puis vous l'avez
dit avec les oppositions, mais, M. le ministre, on doit avoir cette... cette
préoccupation parce que ce n'est pas qu'un problème... En fait, ce n'est pas un
problème de revenus, c'est vraiment un problème de dépenses. Puis là, dans une
perspective de revenir à l'équilibre budgétaire, il y a des facteurs qui s'en
viennent, dont, on... Par exemple, on a la croissance des dépenses, la
croissance des revenus, mais on veut aussi, ne serait-ce que par souci
d'efficacité, de gestion des finances publiques puis des deniers publics, avoir
cette espèce de réflexion sur le contrôle et la révision de... de l'efficacité,
puis de l'efficience, puis même de la pertinence de certaines dépenses.
Puis là j'ai une question peut-être un
peu... un peu théorique, là, peut-être, mais... mais qui me semble quand même
importante. Est-ce que c'est nécessairement pour réduire des dépenses puis de
retourner au fond des... consolidé qu'on procède selon vous à cet examen des
dépenses? Parce que, par exemple, pour les subventions Roulez vert, vous
mentionnez qu'on annonce dans le fond, là, que, comme c'était prévu, ça va
éventuellement disparaître. Mais les sommes qui sont employées à ça peuvent
être utilisées de manière plus efficace à réduire les GES. Donc, ce n'est pas
nécessairement pour réduire toujours le déficit, mais pour avoir une mesure
d'efficacité en quelque sorte que... que vous faites ce changement-là, si je ne
m'abuse.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, il faut dire que Roulez vert a une particularité, c'est-à-dire que
c'est une mesure qui est financée dans le cadre du plan pour une économie verte
et financée par les revenus de la bourse du carbone, là. Et en vertu de la Loi
sur le fonds d'électrification et changements climatiques, bien, tous les
revenus de la bourse du carbone doivent servir à la lutte aux changements
climatiques, l'adaptation aux changements climatiques, la biodiversité, mais
ils doivent avoir une vocation environnementale. Donc, on ne pourrait pas
prendre les revenus associés à la bourse du carbone qui étaient dédiés à Roulez
vert et, par exemple, les envoyer pour payer des garderies ou des dépenses en
éducation, là. On ne pourrait pas faire ça? C'est contraire à la loi du fonds
d'électrification et des changements climatiques.
Alors, ça, c'est une nuance importante.
Néanmoins, on se doit d'optimiser, et par de dollar dépensé, les tonnes de CO2
économisées par les subventions aux véhicules électriques. C'était connu que ce
n'était pas optimal...
M. Girard (Groulx) : ...mais
c'était néanmoins un programme qui était populaire. Alors là, il faut balancer
le... l'efficacité économique et puis se rappeler aussi qu'on est élu par des
gens, et puis si le programme, il est populaire, il faut trouver le bon
équilibre. Je dirais qu'on a trouvé le bon équilibre parce que, lorsque le
programme va être éliminé en 2027, mais ça fera 15 ans qu'il est en place.
Alors, on a quand même donné une période de transition, là, pour favoriser
l'adoption du véhicule électrique, là, 15 ans, de convergence des prix, mais
je veux...
Alors, d'un point de vue général, oui,
l'exercice, l'examen des dépenses fiscales et budgétaires pourrait amener de
simples modifications, par exemple, à un crédit d'impôt, une mesure fiscale qui
n'amènerait pas d'économies. On pourrait simplement faire une modification pour
le rendre plus performant, sans nécessairement avoir un gain au fonds
consolidé. Mais vous comprenez qu'il faudra trouver une autre mesure qui, elle,
donnera un gain au fond consolidé, puisque c'est ça qu'on cherche. Mais oui,
l'examen peut servir à ça.
Mais, si vous permettez, je veux...
veux... parce que vous aimez la pensée économique, je veux vous amener sur les
travaux d'un important économiste qui a étudié la résorption des déficits
budgétaires, et ce n'est pas par hasard, M. le Président, que c'est un Italien
parce qu'eux, ils ont beaucoup d'expérience dans les déficits budgétaires.
Alors, c'est le... et puis il n'a pas gagné le prix Nobel, mais certains
pensent qu'il aurait dû. Alors, c'est Alberto Francesco Alisina, spécialiste
de... professeur de l'université Harvard italien, décédé malheureusement en
2020. Lui, ce qu'il a démontré par ses travaux, c'est que d'une situation
déficitaire, si vous cherchez un équilibre, la réduction des dépenses est
nettement supérieure à l'augmentation des revenus comme stratégie, parce que la
réduction des dépenses va laisser de l'espace au secteur privé pour prendre de
l'expansion, tandis que l'expansion des revenus va comprimer les... va couper
l'oxygène au secteur privé. Donc, d'une situation déficitaire vers une
situation d'équilibre, les travaux de ce grand chercheur indiquent que la
diminution des dépenses est la voie à suivre. Et de toute façon, dans notre
cas, comme je l'ai mentionné à la page A23, on a un niveau de dépenses qui
est trop élevé au sortir de la pandémie, on n'a pas un problème de revenus.
Une voix : Alors...
M. Girard (Groulx) : Et la
réponse à votre question, j'en profite sur le temps...
Une voix : Oui, allez-y.
• (17 heures) •
M. Girard (Groulx) : C'est...
il y a comme un saut dans les transferts fédéraux cette année-là qui en moyenne
ne croissent pas, mais les transferts fédéraux ne sont pas linéaires parce
qu'il y a des il y a des projets d'infrastructures là-dedans, alors les subventions
viennent avec les déboursés, et c'est les fluctuations des transferts fédéraux
qui font cette faible pente.
M. Chassin :Voilà.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :On a trouvé les... les variations des transferts fédéraux
l'expliquaient, mais je trouve ça fascinant parce que, les travaux d'Alesina,
c'est aussi que, dans le fond, qui a montré, dans le concret avec, dans le
fond, des... une étude économétrique, l'effet...
M. Girard (Groulx) : C'est
l'histoire...
M. Chassin :C'est ça exactement.
M. Girard (Groulx) : ...de
l'économie analysée de façon empiriquement.
M. Chassin :
Exactement. Donc, c'est vraiment dans le laboratoire économique qu'est le monde
et les pays, bien, on a vu... puis effectivement, je pense qu'Alesina aurait
probablement pu se mériter cette distinction ultime.
Ceci étant dit, ça revient un peu, puis là
j'ai presque envie de faire ce lien-là, là, mais à ce que je disais au départ,
c'est qu'on comprend la logique. Puis évidemment, tout à l'heure, le
porte-parole de la deuxième opposition officielle disait : Bien, dans le
fond, il y a deux colonnes, hein? Les revenus, les dépenses. C'est comme si on
pouvait bouger ces curseurs-là sans avoir de conséquences. Mais non, justement,
ce n'est pas statique, ça a des effets, puis c'est pour ça, dans le fond, que
la logique d'Alesina, c'est qu'il y a un effet à la réduction des dépenses,
mais il y a un effet encore plus grand à l'augmentation des revenus sur
l'économie. Ça fait qu'autrement dit, dans une perspective dynamique, moi, je
cherche, hein, tu sais, je regarde toutes sortes de choses, là, puis là on
voit, dans le budget, cette espèce de volonté de dire : On... on veut s'y
attaquer, on a.
17 h (version non révisée)
M. Chassin :...puis là je réalise, là, c'est peut-être plus pour votre
collègue du Trésor, mais on a quand même une loi... Puis là je vais vous citer
exactement son titre, la Loi sur la gestion et le contrôle des effectifs des
ministères. Mais la partie... Donc, le gouvernement tient une partie de
données, puis c'est tant mieux, mais généralement les données sont relativement
vieilles, là, permettez que j'utilise le terme générique, mais elles ne sont
pas très à jour. Pourtant, la loi est toujours là. Ça fait qu'évidemment en
termes de dénombrement, parce que la section de la loi portant sur le
dénombrement, de ce que je comprends, elle devrait être respectée. Après ça, il
y a une autre partie de planification, là, qui n'a pas... qui n'a pas été mise
en vigueur, si je ne m'abuse, là, qui avait été adoptée sous le précédent
gouvernement libéral en 2014. Mais à tout le moins, pour le dénombrement, il y
a certaines obligations au Conseil du trésor pour essayer de bien comprendre,
de bien saisir ces... disons, les variations de l'effectif non seulement de la
fonction publique, mais même du secteur public. Puis là, dans le fond, il y a
des éléments là-dedans qui me paraissent importants peut-être à savoir... ce n'est
peut-être pas tant une question qu'un commentaire, là, que je voudrais passer à
votre collègue, plus qu'à vous, mais je pense qu'il faut... il faut y voir.
Puis là j'ai... j'ai bien noté votre
fameuse page. Permettez que je vous pose une question, là, très pointue, là,
mais j'ai bien noté votre fameuse page A.26.
M. Girard (Groulx) : A.23.
M. Chassin :A.23, c'est ça, absolument. Et donc évidemment, dans le
tableau qui y est présenté... Ça, c'est G... en fait, c'est G.12. C'est bien
ça? Donc, ça, c'est les variations qui sont constatées, là, les révisions du
cadre financier par rapport à la mise à jour budgétaire. Puis je vous pose une
question, parce que je voulais juste être certain de ma lecture de la variation
des versements des revenus consacrés au Fonds des générations. Parce qu'il y a
pour, en fait, 2023-2024, donc l'année financière qui se termine, une variation
quand même de 300 millions, puis je me suis dit que ça devait être... Vu
que c'est essentiellement les redevances hydrauliques, ça devrait être
probablement une variation des... bien, en fait, des revenus des redevances
hydrauliques, puisque ce sont vraiment des revenus dont on cherche à se priver,
hein, donc on... on essaie de l'exclure le plus possible du cadre financier du
gouvernement pour consacrer ces fonds-là aux générations suivantes. Et c'est
une mesure que j'aime beaucoup, et je n'ai pas peur de rendre hommage à ceux
qui, quelque... quelque temps avant nous, y ont pensé, n'est-ce pas, mais c'est
d'avoir quand même des revenus dédiés aux générations suivantes. Puis comme la
variation est quand même de 300 millions, là, quasiment, de 292 millions,
je me suis dit : Ça doit être cette hydraulicité qui a été très utilisée
ou peu, là. Mais si jamais vous avez votre... votre équipe, là, qui a un savoir
détaillé, puis qu'ils trouvent la réponse, ça serait...
M. Girard (Groulx) : La
réponse est à la page G.14. Alors, il y en a une partie... C'est le
dernier paragraphe, là où on explique le 292 millions puis le 165 millions.
Et puis on comprend qu'il y a une partie qui est... qui est liée à de plus
faibles rendements du Fonds des générations et une autre partie qui est liée à
la faible hydraulicité.
M. Chassin :D'accord. Donc, c'est la combinaison des deux. Bien, oui.
Vous avez répondu à ma question, et j'en... je vous en suis gré puisque je n'ai
pas lu tous les paragraphes encore de cet excellent...
M. Girard (Groulx) : Malheureusement,
moi je les ai tous lus...
M. Chassin :Ah! j'imagine.
M. Girard (Groulx) : ...à peu
près huit fois.
M. Chassin :Puis, en fait... C'est ça, vous savez même les versions
antérieures, là.
M. Girard (Groulx) : ...
M. Chassin :Je suis sûr que ça a été fascinant comme exercice.
M. Girard (Groulx) : En
bonus, je peux... je les ai lus en anglais aussi.
M. Chassin :Ah oui!
M. Girard (Groulx) : Ah oui!
Ça, c'est le dernier week-end, là. O.K. Parce que je voyais mon... ma
contrepartie ontarienne en fin de semaine, puis il avait l'air relax, puis là j'ai
dit à mon épouse : Bien, lui, il fait juste un budget, là. Moi, j'en fais
un en français puis un en anglais. Mais non, c'est des blagues.
M. Chassin :Mais ça a été envoyé à l'imprimerie, là, en fait, en fin de
semaine...
M. Girard (Groulx) : Bien,
on...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous cédons maintenant la parole au député de Jacques-Cartier, qui dispose de
18 minutes.
M. Girard (Groulx) : Et on le
salue. Bonjour, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Bonjour, M. le
ministre. Content de vous voir ici. J'ai vu le ministre la journée... bien, c'était
la semaine avant que le budget a été déposé. Mais je pense que... il vient de
terminer la lecture de la version française puis en anglais, puis il était
hyper content avec l'équipe que...
M. Kelley : ...le travail a
été fait et je sais que c'est un exercice énorme, tout le processus budgétaire,
puis l'équipe du cabinet du ministre travaille très fort, mais également tous
les fonctionnaires du ministère des Finances travaillent toute l'année longue,
je comprends bien, sur le budget. Alors, après une pause, ils vont recommencer,
recommencer à préparer le budget pour l'année prochaine.
M. Girard (Groulx) : ...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Kelley : Et, M. le
ministre, comme vous savez très, très bien, je suis le porte-parole dans le
dossier de l'énergie, puis les questions, les questions autour d'Hydro-Québeci
sont hyperimportantes et un élément très clé dans le budget. On a vu puis
entendu vous-même... puis, quand même, le premier ministre a répété qu'une
partie de déficit, c'est expliqué par la situation de manque d'eau dans nos
réservoirs qui est une réalité qu'on a constatée.
Mais je veux juste prendre le temps,
peut-être, M. le ministre, de vous entendre sur la page, et je veux vous
assurer, ce n'est pas juste le page de... le PDF... Mais oui, c'est ça, j'ai 42
où on parle d'Hydro-Québec puis on a le tableau devant nous sur le changement
des revenus, puis on a les prévisions, qu'est-ce qu'on arrivait en 2023-2024.
Puis on a une prévision, pour 2024-2025, où on voit une modeste augmentation
dans le revenu. Puis, après ça, il me semble qu'il y a une... en 2025 et 2026,
on attend pour une augmentation pas mal impressionnante des revenus
d'Hydro-Québec. Il y a une petite partie qui explique tout ça, mais je veux
juste vous entendre pour la société en général, on parle souvent : Bien,
on manque d'eau dans les réservoirs, mais, quand même, vous avez des
prédictions que ça va améliorer.
Alors, peut-être juste expliquer un petit
peu pourquoi il y a comme, l'année prochaine, aucune prévision que ça va
augmenter vraiment puis, après ça, on a des attentes pas mal élevées pour
Hydro-Québec.
• (17 h 10) •
M. Girard (Groulx) : Alors,
si... puisque vous avez le PDF devant vous, je vous amènerais à la page G.12
qui donne les révisions par rapport au budget 2023-2024 et, à la ligne
entreprises... revenus provenant des entreprises du gouvernement, vous voyez...
D'abord, il faut savoir que l'année 2022-2023, pour Hydro-Québec, était une
année exceptionnelle. O.K. Et 2023, la faible hydraulicité, là, on parle de
l'été 2023, mais ça a des répercussions sur deux années, parce que le fait
qu'on ait moins d'eau dans les réservoirs, même si on avait une situation
normale, une saison, des pluies normales ou neige ou fonte normale dans nos
réservoirs, on n'aurait pas ramené les niveaux des réservoirs. Donc, on estime
que l'effet de la faible hydraulicité, à l'été 2023, se répercute sur deux ans,
d'où la ligne moins 1,6 milliard en 2023-2024, moins 1,3 milliard en 2024-2025,
et là on oit qu'en 2025-2026 la révision est seulement de 382.
Alors, ce n'est pas tellement qu'en
2025-2026 il y a un bond de production ou de... c'est simplement qu'on revient
à une situation plus normale au niveau des exportations d'électricité. Et puis
c'est ça, ce qui crée la différence, entre 2025-2026 et 2024-2025, c'est plutôt
qu'on a tiré 2024-2025 vers le bas et non qu'on a poussé 2025-2026 vers le
haut.
M. Kelley : Et, pour votre
équipe, est-ce que vous... un petit peu les niveaux des réservoirs? C'est quoi,
la communication entre vous autres puis Hydro-Québec? Parce que je sais qu'on a
des prévisions, que ça va retourner à la normale. Et si le retour à l'équilibre
budgétaire est un petit peu... qu'on espère, puis on souhaite le retour à un
niveau des réservoirs plus stable puis normal, j'imagine, c'est important, pour
vous autres, d'être au courant de la situation quand vous êtes en train de
préparer les mises à jour et, quand même, le budget.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais il faut bien savoir que ce n'est pas basé sur des impressions, là,
c'est... Hydro-Québec, la direction fait ses prévisions d'états financiers...
M. Girard (Groulx) : ...par
des firmes comptables, des vérificateurs externes, c'est approuvé par le
conseil d'administration. Puis en plus, eux sont en «U.S.» GAAP, c'est-à-dire
qu'ils utilisent les normes comptables américaines, puis là, nous, on convertit
ça en normes comptables canadiennes, et puis IFRS. Et puis là, dans le fond, ce
que j'essaie de vous dire, c'est qu'on n'a pas de marge de manœuvre sur... on
ne peut pas dire : Bien là, Hydro-Québec, ils sont trop conservateurs, on
va tout augmenter ça de 10 % ou Hydro-Québec, voyons, ça fait trois jours
qu'il pleut chez nous, bien, il va y avoir des revenus, voyons. Tout ça, ça
doit être des états financiers vérifiés et approuvés par le conseil
d'administration. Et c'est ça que nous, on met. Alors, le ministère des
Finances pose des questions, veut comprendre, préfère les hausses de revenus
aux baisses de revenus, mais on est dépendant de l'intrant qui provient
d'Hydro-Québec. Puis c'est pour ça qu'on dit que c'est une société, avec sa
direction, son conseil d'administration, qui est indépendante de sa
gouvernance.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. On sait que les prochaines couples des années sont hyperimportantes
pour Hydro-Québec, qui sont en train de lancer un Hydro 2.0, environ, il y a
plein des projets qu'il faut lancer pour la production énergétique. Mais je
sais que vous avez demandé à toutes les sociétés d'État d'optimiser leurs
dépenses, et vous avez des prédictions de... ou des prévisions, excusez-moi, de
combien d'argent peut-être on peut sauver. Mais est-ce que c'est vraiment le
bon moment de demander à Hydro-Québec de faire des optimisations dans nos
opérations quand on va besoin de toutes, toutes les ressources nécessaires pour
répondre à les défis de la transition énergétique et pour s'assurer qu'on
demeure un leader dans l'Amérique du Nord? Et je veux juste penser un petit peu
à, c'est sûr, la fonction publique... les gens qui travaillent, puis
Hydro-Québec, qui ont les expertises, il faut s'assurer qu'on maintient cette
expertise. Alors, est-ce que c'est vraiment le bon timing de faire ça avec
Hydro-Québec, selon vous?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est une très bonne question. Il faut savoir que ce... cette efficience des
sociétés d'État, c'est quelque chose qu'on avait mis de l'avant en 2018 et puis
qui, évidemment, n'a pas été exécuté suite à la pandémie, là. Parce que, si on
prend par exemple la SAQ, bien, garder les succursales ouvertes durant la
pandémie, c'était un exploit, alors on n'allait pas leur demander
100 millions d'efficience. Puis Loto-Québec était fermée, alors on ne
pouvait pas demander à Loto-Québec d'améliorer leur efficience. Alors,
lorsqu'on demande des efforts aux sociétés d'État, elles sont autonomes, elles
ont leur direction, leur conseil d'administration, puis c'est eux qui vont
décider quelle proportion de l'effort vient des revenus et des dépenses. Et il
peut y avoir, par exemple, au niveau... Si on prend le cas de Loto-Québec, là,
qui est directement sous moi, parce qu'évidemment Hydro-Québec est sous le
ministre de l'Économie et de l'Énergie, si on prend le cas de Loto-Québec,
bien, idéalement, on irait chercher ces hausses de revenus par des gains de
parts de marché face aux opérateurs illégaux, là. Et parce que les opérateurs
illégaux dans les jeux de hasard n'ont pas la même responsabilité sociale que
Loto-Québec. Alors, si Loto-Québec va se chercher des parts de marché, bien, en
plus, on améliore la responsabilité sociale en général puis on a des revenus.
Alors, Hydro-Québec, c'est une grande...
quand... lorsqu'Hydro-Québec fait 2.5, 3 milliards de profit net, là, il y
a... il faudrait que je voie la composante Revenus et dépenses d'Hydro-Québec.
Si on pouvait me donner l'ordre de grandeur, lorsqu'on dit qu'on fait
3 milliards de dividendes nets, c'est quelle proportion de revenus et de
dépenses. Mais...
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : Le
2.6 milliards de profits d'Hydro-Québec, ça correspond à combien de
revenus et de dépenses chez Hydro-Québec?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Par
exemple, si c'était une combinaison... Ce que... ce que je veux dire, c'est que
si le 2,6 milliards, c'est le résultat de 8 milliards de revenus et
5,4 milliards de dépenses, bien, par exemple, trouver 100 millions,
dans cinq ans, sur 5,4 milliards de dépenses, là, c'est faisable, là...
M. Girard (Groulx) : ...c'est
raisonnable, c'est une saine gestion. Puis c'est toujours...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Combien?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : 14 milliards
de revenus. Alors, on voit, là, qu'il y a une marge pour... d'efficience. Puis
vous avez mentionné la particularité qu'on fait des investissements, c'est
vrai. Puis on a aussi des contrats d'exportation, là, qui viennent en vigueur,
hein? Ça, c'est une autre variable, là. Puis on a le contrat de Churchill qui
expire en 41. Il y a tout... Il y a beaucoup de variables autour d'Hydro-Québec
et donc ils sont capables de nous générer de l'efficience au même titre que la
SAQ, Loto-Québec, la SQDC et Investissement Québec.
M. Kelley : Merci. Et quand
même, sur cette question, il y a beaucoup des facteurs de variables, une, c'est
sûr, c'est... bien, les ristournes, c'est tellement important pour l'État, pour
payer pour nos services sociaux, et etc. Mais présentement on a une situation
avec les tarifs puis les investissements qu'Hydro-Québec est en train de faire.
On sait, Hydro a dit que, chaque fois qu'on ajoute à notre parc existant, ça va
avoir un impact sur les coûts puis le prix. Alors, on sait, présentement on a
un tarif résidentiel qui capte à 3 %, on a le tarif L pour les grosses
industrielles puis on a les tarifs qui ont augmenté de 11,6 % pour les
PME. Tout ça pour dire, M. le ministre, il y a de plus en plus de pression
peut-être aussi sur les ristournes. Est-ce que ça, ça vous inquiète aussi? Les
réalités, on doit payer plus pour l'énergie qu'on va produire, mais on veut
s'assurer qu'il y ait toujours une bonne... bonne ristourne pour l'État. Alors,
je veux savoir vos idées. Je sais qu'il y a le projet de loi que votre collègue
travaille là-dessus, mais j'imagine que vous autres sont... avec certaines
préoccupations avec la suite des choses concernant les tarifs.
M. Girard (Groulx) : Bon.
Alors, c'est... en 2023, là, c'est 16 milliards de revenus pour un
bénéfice net de 3,3 milliards qui donne un dividende de
2,5 milliards, O.K.? Mais... Puis c'est certain que, lorsqu'on dit
optimiser l'efficience de l'État, bien, l'idée, ce n'est pas d'arriver puis
d'augmenter les taxes à la SAQ, les tarifs d'Hydro-Québec puis, je ne sais pas,
moi, le gramme de cannabis, là, si c'est ça, ce n'est pas de l'efficience, là,
ça, c'est des hausses de prix. Alors, ce n'est pas... La raison qu'on veut
travailler avec les sociétés d'État, c'est qu'on veut... on leur donne des
objectifs puis on respecte leur gouvernance, puis eux vont nous dire où ils
peuvent faire ces efforts.
• (17 h 20) •
M. Kelley : Merci beaucoup.
Je sais qu'il y a aussi un tableau... excusez-moi, j'ai perdu la page, mais on
parle de la dette d'Hydro-Québec...
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Kelley : Puis on voit
l'augmentation. Est-ce que... Juste expliquer c'est quoi, l'impact? On sait
qu'Hydro-Québec va prêter beaucoup d'argent dans les prochaines années, ils
vont lever des fonds, etc.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Kelley : Mais c'est quoi,
l'impact sur notre dette, en général, comme une province?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, ça, c'est là où on est au niveau de la dette des entités publiques.
Alors, ça, c'est le tableau...
M. Kelley : C'est...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : H-16.
Merci.
M. Kelley : Oui, H-16, H-16.
M. Girard (Groulx) : Alors,
ce qu'on voit, c'est qu'Hydro-Québec, en 2023, a 50 milliards de dette et
que, puisqu'ils vont faire d'importants investissements en infrastructures puis
qu'ils veulent avoir plus d'actifs, ils vont avoir plus de dettes. Alors, Hydro-Québec,
c'est un émetteur distinct, mais avec une garantie explicite du gouvernement du
Québec. Donc, il y a une capacité de financement pour la somme d'Hydro-Québec
et du gouvernement du Québec. Et donc on doit prendre ça en considération dans
nos programmes de financement, qu'eux vont devoir... puisqu'ils vont faire des
investissements plus importants, ils vont y mettre plus de dettes. Et on tient
compte de ce facteur dans nos... dans nos programmes de financement.
M. Kelley : Parfait. C'est...
M. Girard (Groulx) : À court
terme, il y a... il y a très peu d'augmentation parce qu'annoncer des
investissements majeurs et faire des investissements majeurs, c'est deux
choses.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Et juste parce qu'on a parlé un petit peu de Loto-Québec, je sais, ce n'est pas
mon dossier, mais juste... La compétition contre des produits puis des
applications qui sont illégaux présentement, qu'est-ce qui se passe? Et aussi,
c'est quoi...
M. Kelley : ...de
Loto-Québec c'est compétitionner aussi parce que j'ai des amis qui aiment faire
des paris, puis c'est quelque chose que, moi, je trouvais malheureux, on n'est
pas capable d'écouter le match de hockey sans avoir de la publicité pour...
M. Girard (Groulx) : Oui,
c'est malheureux.
M. Kelley : ...tu sais,
tous les Fan Duel et tout ça, honnêtement, mais c'est une réalité qu'on vit.
Puis on préfère que tous les gens vont faire un pari, c'est avec Loto-Québec et
pas ailleurs. Mais peut-être vous avez déjà discuté ça, mais c'est juste une
question là-dessus parce que je vois ça trop, les pubs de... Et je ne dis pas
de... mais en général, vous savez, présentement c'est quelque chose, là.
C'est... On va voir des enjeux de... comme une société un jour.
M. Girard (Groulx) : Je
connais quelqu'un qui a le même agacement que vous, qui m'en parle souvent,
c'est le premier ministre du Québec, parce qu'on dirait que... C'est vrai que
la publicité des paris sportifs a augmenté. En fait, c'est rendu intégré à la
prestation de services, là. C'est qu'avant, on avait Don Cherry, puis Ron
McClain. Maintenant, on a Ron McClain, puis après on a le gars qui te propose
les paris sportifs entre les périodes, là. Puis même chose à TVA Sports, puis
RDS. C'est un peu agaçant. Et tous ces opérateurs-là ne sont pas des opérateurs
légaux. Et vous remarquerez sur les chaînes francophones, c'est Loto-Québec qui
prend sa place parce qu'on a fait des ententes d'exclusivité, parce que notre
responsabilité sociale est supérieure. Tandis que sur le réseau anglophone, on
n'a pas ces ententes d'exclusivité, puis le modèle en Ontario est différent.
Alors là, on est bombardé d'opérateurs illégaux pour des paris sportifs.
M. Kelley : Non, c'est
sûr. C'est un enjeu. Comme je dis, ce n'est pas mon dossier, puis...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est notre dossier à tous.
M. Kelley : À tous. Non,
exactement, et je pense que beaucoup de gens quand le gouvernement fédéral a
changé leur loi, ils ont pensé que tout était devenu légal partout au Canada.
Je pense que c'est juste une perception que des gens l'ont. Mais c'est sûr que
c'est... C'est une préoccupation. Et je sais qu'en même temps le gouvernement
prend des actions pour aviser la population des risques avec... quand même de faire
des paris sur les... les sports, etc. Mais c'est sûr qu'avec nos jeunes, on va
voir des conséquences dans les années qui s'en viennent parce que c'est partout
avec les sports, c'est incroyable.
M. Girard (Groulx) : C'est
un...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : Il
nous reste un peu de temps.
Le Président (M. Simard) : 15 secondes.
M. Girard (Groulx) : Alors,
c'est un problème auquel on va devoir s'attaquer ensemble. Et les législateurs de
tous les partis vont devoir contribuer parce que la législation des paris
sportifs, c'est un enjeu complexe.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, sur ce, nous allons, avec votre consentement, prendre une légère
pause sur le temps de la partie gouvernementale. Y a-t-il consentement?
Consentement. Alors, on se retrouve sous peu, dans quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 26)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 37)
Le Président (M. Simard) : Donc,
chers collègues, nous avons quorum. Nous reprenons nos travaux, et la parole
appartient au député de Maskinongé qui dispose d'environ 12 minutes.
M. Allaire : Merci, M. le
Président. Tantôt, j'ai bien compris, M. le ministre, que vous aviez peur de
vous faire pointer du doigt, puis vous faire traiter de destructeur de projet,
entre autres avec le projet... le programme RénoVert, là, que vous avez... vous
avez cité, si ma mémoire est bonne, et...
M. Allaire : ...je vous
rassure, je sais que ça ne sera pas le cas dans le cas de... de... tantôt, j'ai
dit : Rénovert, mais dans le cas de Roulez vert, pardon, j'ai mélangé les
deux. En fait, dans le cas de Roulez vert, je pense qu'on y va, si je peux me
permettre, correctement, dans le sens... c'est une saine mesure, à mon avis,
d'y aller de façon dégressive, et j'ai moi-même un véhicule électrique et... et
pour constater l'effet sur l'entourage, de voir aussi le marché évoluer, de toute
évidence, les gens vont engranger le changement de façon naturelle, davantage
de véhicules de disponibles, les gens qui vont avoir à modifier leur véhicule,
à changer de véhicule vont opter pour un véhicule électrique, et qui aussi
pourrait être une option envisageable au niveau du véhicule électrique
d'occasion. Parce qu'il y a aussi des rabais à ce niveau-là, même si c'est un
véhicule d'occasion. Mais je pense que d'y aller de façon dégressive, là, c'est
une bonne idée. Parce que le marché, de façon naturelle, là, va se mettre en
place. Et on le voit, pour utiliser le réseau de bornes partout au Québec. Puis
moi, je le vis, encore une fois, mais... puis je ne veux pas trop me donner en
exemple, mais ça se dit, ça se discute beaucoup. Il y a encore beaucoup à faire
pour développer le réseau de bornes, pour que ça soit plus fluide, plus
accessible, que ça soit simple de se déplacer partout au Québec. Des fois,
honnêtement, c'est un peu un cassage de tête, bien... bien honnêtement. Oui?
M. Girard (Groulx) : ...dire
paniquant, là, quand vous êtes une personne seule la nuit, là, puis que, par
exemple, vous voulez faire Québec-Montréal, là, puis votre charge, tu sais...
qui veut arrêter à Drummondville pour se charger dans un stationnement à
2 h du matin, là, c'est...
M. Allaire : M. le ministre,
je suis assez d'accord avec vous, là, pour de vrai, ça génère un petit stress
qui est fatigant chaque fois.
M. Girard (Groulx) : Une
anxiété de performance.
• (17 h 40) •
M. Allaire : Une anxiété,
oui, c'est bien dit. Oui, quand on fait nos caucus qui sont très loin, des fois
au Saguenay, ça génère un petit stress encore plus élevé. Arrêter à L'Étape, on
en a-tu assez pour se rendre? Puis là, il faut se rendre après ça à Chicoutimi,
par exemple. Mais bref, tout ça pour dire que ça se fait, mais ce n'est pas
idéal. Ça peut être plus optimal, ça, c'est sûr et certain. On s'entend tous
là-dessus. Mais alors ça, ça a été un élément qui est annoncé dans le dernier
budget. Donc, une façon, de façon dégressive, le programme va disparaître. Mais
on a dit de façon très claire qu'on va investir davantage dans le réseau.
C'était ma prémisse, mais pour dire qu'il
y a plusieurs éléments qu'on a annoncés sur... sur l'aspect environnemental.
Dans Maskinongé, ça me permet de parler un peu de Maskinongé, avec les
changements climatiques, on y a quand même goûté dans les dernières années. Je
pense, en 2017, avant que je sois élu, à l'époque, c'était le Parti libéral qui
était au pouvoir, mais il y a quand même eu beaucoup d'inondations, entre
autres dans Maskinongé avec le lac Saint-Pierre qui a débordé. Mais c'est
revenu en 2019 de façon quand même significative. Alors, moi, je l'ai vécu
comme élu en 2019. Mes bottes d'eau, aller aider les citoyens. Puis, au-delà de
l'aide, de l'aide physique, ce qu'ils souhaitaient, c'est une intervention très
soutenue de notre gouvernement, une intervention financière. On a été au
rendez-vous à l'époque. On a annoncé plusieurs mesures pour aider aux
sinistrés. On a aussi annoncé un programme plus... plus flexible, plus rapide
pour donner un coup de main.
Là, je vois dans le budget, M. le
ministre, on annonce 127,5 millions de dollars sur cinq ans pour
aider aux changements climatiques. Je vous amène à la page C-65 de votre
budget, mais je pense que je n'ai pas besoin de vous le dire, vous le
connaissez par cœur. Dans cette mesure-là, on voit un 101.9 millions pour...
pour assurer, pardon, la sécurité dans le contexte des changements climatiques.
Je sais que ce montant-là se décline, là, de plusieurs façons. Peut-être, je
peux vous laisser le décliner puis expliquer un peu les différentes mesures,
là.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors, puisque vous m'avez pointé la page C-65, à la page C-66, on
décline le montant. Alors, il y a... ce 102 millions là est composé de
61 millions pour agir face à la hausse des sinistres majeurs,
29 millions pour la SOPFEU, 7,7 millions pour assurer la fonctionnalité
des barrages publics et 3,9 millions pour la mise aux normes des barrages
municipaux. Donc, si on y va avec la mesure principale qui est le...
M. Girard (Groulx) : ...31 millions
pour faire face aux sinistres majeurs. Alors, ça, c'est des crédits qui sont
versés au ministère de la Sécurité publique. Et ce qu'on y voit ici, dans le
fond, c'est que la hausse de la fréquence des sinistres, ça, c'est à la
page C-167, peuvent engendrer des conséquences graves. Une planification
efficace... une capacité opérationnelle sont nécessaires. Ainsi, le
gouvernement accompagnera les municipalités pour la mise à niveau des pratiques
en gestion des risques. Et, puis c'est là que notre collègue le ministre de la
Sécurité publique, c'est son projet, c'est la mise sur pied d'une nouvelle
équipe consacrée au soutien et à la coordination, équipe d'intervention
constituée d'une réserve opérationnelle, là, c'est comme la garde nationale
pour les feux de forêt puis les inondations, là, une équipe opérationnelle
d'intervenants formés et disponibles rapidement en tout temps. Appuyer l'École
nationale des pompiers parce que ça prend des formations spécialisées. On ne
combat pas des inondations comme on combat des feux et on ne combat pas des
feux de forêt comme des feux urbains. Renforcer les effectifs, équipements
plongeurs, la Sûreté du Québec. Alors, tout ça, on voit que c'est nos... nos
équipes de sécurité publique qui obtiennent des ressources, se forment pour
faire face à l'adaptation aux changements climatiques. Quant à la SOPFEU, bien,
c'est simplement accroître notre capacité d'intervention pour combattre les
feux de forêt exceptionnels. On a des nouveaux équipements, des effectifs
additionnels, puis formation des effectifs.
M. Allaire : Je vais me
permettre de saluer la mesure parce que je l'ai... je l'ai vécue à l'automne
dernier, plus il y a eu peut-être un trois ou quatre jours de pluies assez
intenses un peu partout au Québec, mais particulièrement dans mon coin, au nord
de ma circonscription, à Saint Mathieu du Parc, où c'est des rues entières qui
ont été... qui ont été emportées par certaines rivières qui ont débordé. Là, je
comprends qu'avec cette mesure-là, M. le ministre, c'est de l'aide qui va venir
aider un peu les municipalités à mieux gérer cette situation-là, notamment en
situation d'urgence. Aussi, les pompiers vont être plus en mesure d'intervenir
puis de donner un soutien adéquat dans le contexte. Est-ce qu'il y a aussi une
partie, puis là, je ne le vois pas, là, mais pour aider, par exemple, les
différents propriétaires, si... advenant que ce serait des chemins privés, qui
seraient capables de recevoir une aide financière pour refaire ces routes-là où
c'est dans une autre mesure?
M. Girard (Groulx) : Ce
n'est pas dans ces mesures-là, définitivement pas. Mais, par exemple, c'est
certain que toutes les municipalités ne peuvent pas avoir les équipes
spécialisées pour combattre les feux de forêt puis les inondations, puis les
plongeurs, puis, etc. Et donc, d'où la nécessité d'avoir des équipes
d'intervention, cette réserve opérationnelle qui va se déplacer sur le
territoire du Québec pour faire face à ces situations-là, là. Par exemple, dans
ma région à moi, c'est la ville de... c'est les pompiers de Boisbriand qui
évoluent sur la rivière des Mille-Îles, là. Et si... si c'était au niveau de
Rosemère, bien, c'est les pompiers de Boisbriand qui interviennent. C'est eux
qui ont l'expertise, là. Et donc on parle de... d'équipes hautement
spécialisées, et chaque municipalité région ne peut pas avoir ça. Donc, on doit
avoir des unités opérationnelles sur l'ensemble du territoire.
M. Allaire : Il y a un
montant aussi qui de 25,6 millions pour la mise en valeur de richesses
environnementales. Celui-là, est-ce qu'on le voit... on le décline aussi d'une
certaine façon? Là, je ne le vois pas.
M. Girard (Groulx) : Ça,
c'est... Quelle page êtes-vous?
M. Allaire : Toujours...
M. Girard (Groulx) : C-70.
M. Allaire : C-70.
M. Girard (Groulx) : Alors,
pour l'optimisation du processus d'autorisation environnementale, ça, c'est
sept points... Attendez un instant, là. Vous, vous parlez de quels
25 millions? Page C-70. O.K. L'heure avance, M. le Président, parce
que je disais c'est sur C-70, mais j'avais ouvert C-72.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, d'où mon incrédulité devant...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Excès
de stimuli, là, il y avait... Il y avait...
M. Girard (Groulx) : ...monsieur
me parlait de C70, moi je regardais C72, puis ma sous-ministre essayait de me
dire que je n'étais pas à la bonne page.
Le Président (M. Simard) : C'est
ce qu'il arrive lorsqu'on mange trop de barres tendres durant la pause.
M. Girard (Groulx) : Voilà!
Excès de stimuli, il ne faudrait pas... il ne faudrait pas de... il ne faudrait
plus de barres tendres, M. le Président.
Alors, ce 25,6 millions vise à mettre
en valeur les richesses environnementales, puis là, on voit que le site
patrimonial mondial d'Anticosti, 14 millions, le parc national de
Nibiischii, 1,4 million. Pour les gens qui nous écoutent, quiz : Où
est le parc national de Nibiischii? Il y a 8,5 millions pour poursuivre
les processus d'accélérer le processus d'autorisation environnementale sans
faire de concession sur l'évaluation environnementale et finalement soutenir
les communautés autochtones dans leur gestion et la mise en valeur de la faune,
1,5 million.
M. Allaire : La mesure pour
suivre l'optimisation du processus d'autorisation, vous... vous l'avez élaborée
un petit peu, mais quand même j'aimerais ça vous entendre un peu plus, parce
que ça pique quand même ma curiosité. Ça pourrait être dans le fond plus
efficace puis, d'une certaine façon, plus... vraiment plus rapide, là, dans
les... dans les décisions qu'on peut rendre à ce niveau-là. Est-ce que c'est un
peu ça?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Allaire : O.K.
M. Girard (Groulx) : Ce qu'on
dit, c'est qu'il y avait déjà eu des sommes qui avaient été mises en... en
2018, puis là on reconduit cette initiative, puis que, là, on prévoit un
montant de 8,5 millions sur cinq ans.
M. Allaire : C'est bon, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Merci,
cher collègue.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Je
cède maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys qui dispose de
17 min 30 s.
M. Beauchemin : O.K. Donc, je
fais mes deux blocs de façon pas conséquente, un bloc, après ça, on alterne,
après ça...
Le Président (M. Simard) : Exactement.
Tout à fait.
M. Beauchemin : Parfait.
M. Girard (Groulx) : Donc, il
aurait deux blocs.
Le Président (M. Simard) : Oui.
En théorie, oui.
M. Girard (Groulx) : O.K. Et
est-ce qu'il reste un bloc à la deuxième opposition?
Le Président (M. Simard) : Non,
pas pour... non.
M. Girard (Groulx) : Non.
O.K. Et pour mon information, est-ce que la troisième opposition avait un bloc,
et ils ne l'utilisent pas où ils n'avaient pas de bloc?
Le Président (M. Simard) : Non,
ils n'en avaient pas.
M. Girard (Groulx) : Voilà!
Me voilà informé, M. le Président.
• (17 h 50) •
M. Beauchemin : Donc, il
reste juste moi.
M. Girard (Groulx) : Allons-y.
Des voix : Ha, ha, ha!...
M. Girard (Groulx) : Et nos
collègues du gouvernement.
M. Beauchemin : D'accord,
mais en termes d'opposition. Donc, je voulais juste revenir un peu sur ce sur
quoi on avait la dernière conversation avec mon collègue de... de
Jacques-Cartier. On parlait des sociétés d'État. L'objectif qui a été mentionné
lors de la présentation du budget, 1 milliard.
M. Girard (Groulx) : Sur
cinq ans.
M. Beauchemin : Sur cinq ans,
puis j'assume que vous avez des conversations, donc avec Loto-Québec, avec la
SQDC, avec la Société des alcools, avec en fait tous les partenaires,
Hydro-Québec et tout, là, pour en arriver à donner votre... votre estimé de
1 milliard. Est-ce que c'est des conversations qui ont eu lieu ou?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, par courtoisie, on a appelé les dirigeants et les présidents
de... les présidents ou les présidentes des CA, et on leur a dit qu'il y aurait
cette annonce, puis ça, ça s'est fait... Là. Le budget, c'était mardi, ça s'est
fait soit le vendredi ou le lundi qui précédaient le budget. On leur a dit
qu'il y aurait cette mesure-là dans le budget pour pas qu'ils soient surpris.
Et on leur a dit que suivrait à ça... Après le budget, il y aurait des
communications écrites pour annoncer formellement, informer le conseil
d'administration puis la direction qu'on cherche des efficiences qui totalisent
400 millions en 2028‑2029, total, 1 milliard sur cinq ans, et on va
travailler avec eux pour déterminer la... ce qui est réaliste pour chacune des
sociétés d'État, et eux vont identifier si l'effort va se faire plutôt au
niveau des revenus, des dépenses, etc. Ça fait que le... il y a eu des appels
de courtoisie.
M. Beauchemin : Mais je... je
n'ai pas fait ce... ce genre d'appel là pour demander ce genre de... de
rationalisation qu'on peut dire, mais... mais j'assume quand même que vous avez
regardé le PNL, vous avez regardé le... l'ensemble des dépenses de chacune des
sociétés, total complet. Je n'ai même pas le chiffre, mais on parle de pas loin
d'une... de 25, 30 milliards de dollars dans ces alentours-là
approximativement.
M. Girard (Groulx) : On parle
d'à peu près 5 %. Peut-être me rappeler la métrique exacte, là. C'est...
Une voix : 5,8 %
M. Girard (Groulx) : ...5,8 %
en... en... le montant, en 2028‑2029, c'est 5,8 % du bénéfice qui est
anticipé...
M. Beauchemin : ...d'accord.
M. Girard (Groulx) : ...de la
somme des bénéfices.
M. Beauchemin : Puis
j'imagine que, pour guider chacun des présidents, présidentes de C.A. à
réfléchir à son intervalle...
M. Girard (Groulx) : Sa
quote-part.
M. Beauchemin : ...à sa
quote-part, vous vous êtes basé donc sur l'ensemble, c'est ça : Bon, voici
ce que je m'attends pour... approximativement, mais on se reparle plus tard,
pour voir le plan de match, si c'est réaliste, etc., parce qu'il y a un
processus, j'imagine, à l'intérieur de chacune des sociétés d'État.
M. Girard (Groulx) : Il y
aura un processus où on va définitivement... Nous, on a identifié un objectif
de 5,8 % des bénéfices qui correspond à 400 millions en 2028-2029.
Maintenant, ce ne sera pas paramétrique, là. Par exemple, si on prend la
Société des alcools, il n'y a pas de croissance de la demande, là. La
consommation d'alcool n'est pas en hausse au Québec, tu sais, on a très peu de
progression, on pourrait même dire, là, que c'est stable. Donc, clairement,
eux, ça va devenir... de voir venir des coûts. Et puis c'est une situation...
Si je compare deux sociétés d'État qui sont sous moi, là, Loto-Québec a la
possibilité d'aller chercher des parts de marché. Même chose pour la SQDC,
parce qu'on a à peu près 56 % du marché noir. Il y a donc possibilité d'augmenter
à 60, 65, même chose, Loto-Québec. Pour la SAQ, il n'y a pas de croissance de
la demande, il n'y a pas de part de marché à aller chercher. Donc, ce n'est pas
la même opportunité chez Loto-Québec ou la SQDC que chez la SQ.
M. Beauchemin : Donc, par
rapport à ce qu'on disait tout à l'heure, quand on parlait de la bonne gestion,
donc, au niveau des dépenses en tant que telles, l'approche, par exemple,
utilisée avec les sociétés d'État, c'est : Trouvez-nous un moyen d'en
arriver à ce genre de pourcentage, ce genre de... bien, pas d'économie, mais
de...
M. Girard (Groulx) : Prenez
votre plan stratégique tel qu'il est aujourd'hui. Mettons, société X, prenez
votre plan stratégique tel qu'il est aujourd'hui et, à l'an 5, ajoutez 78
millions.
M. Beauchemin : Ça fait que
ça peut venir autant des revenus...
M. Girard (Groulx) : Des
dépenses.
M. Beauchemin : ...que des
dépenses.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Puis c'est vraiment eux qui connaissent leurs sociétés d'État.
M. Beauchemin : Oui. Puis
pour... Bien, en fait, de par les expériences passées, on cite souvent la
résistance au changement, quand on arrive, justement, à faire de la
rationalisation, des fois, c'est plus difficile, etc. Mais ça m'amène à la question
suivante, c'est que comment allez-vous définir le succès de cette optimisation
dans le sens que... Est-ce que 1 milliard, c'est le bon chiffre? Est-ce que la
difficulté pour se rendre à 1 milliard, sur une échelle de 10, c'est neuf ou
est-ce que c'est un ou... Comment peut-on mesurer donc la résistance, là, à ce
changement-là? Puis est-ce que ça, ça n'a pas... ça pourrait potentiellement
être, pour vous, si, par exemple, la réponse, c'est 2,7 sur 10, peut-être une
source d'inspiration?
M. Girard (Groulx) : C'est
certain que, si elles peuvent contribuer encore plus, ça veut dire qu'il y aura
moins à faire au niveau de l'examen ou... Les revenus des sociétés d'État, ça
paie des écoles puis des hôpitaux, là, ça va dans le fond consolidé puis... sauf
pour le cannabis qui va au Fonds de prévention de lutte au cannabis, mais...
fonds de lutte aux dépendances, excusez-moi. Je pense que chaque société
d'État, c'est différent. Par exemple, si on prend un Investissement Québec,
c'est clair qu'eux, ils ont eu une croissance de leurs effectifs, O.K., ils ont
une croissance de leurs interventions, ils ont eu une croissance de leurs
effectifs.
Si on prend la SAQ, pas de croissance de
revenus. Il y a eu croissance de revenus, mais au rythme de l'inflation, c'est
comme consommation constante, 2 % d'inflation. Donc, ça devient... ça
devra venir de la gestion des dépenses. Loto-Québec, clairement, il y a une
opportunité. SQDC, il y a une opportunité de capturer des parts de marché...
M. Girard (Groulx) : ...Hydro-Québec
Business qui doit faire des investissements majeurs. Puis généralement
lorsqu'on fait des investissements, c'est pour aller chercher des dividendes.
Et donc eux aussi... Hydro-Québec, c'est... La contribution d'Hydro-Québec est
deux fois plus élevée, par exemple, que la SAQ ou Loto-Québec. C'est notre plus
grosse société d'État, donc un montant équivalent en proportion est plus
faible. Mais c'est une business réglementée, les tarifs, ça passe par la régie.
Ça ne serait certainement pas un succès de l'exercice si à la fin on arrivait,
puis c'était une hausse de tarifs, là, ça ne tient pas debout, là. Il faut
trouver de l'efficience dans Hydro-Québec.
M. Beauchemin : ...à ce que
je disais. Dans ma question, c'était ça. C'est dans le sens que, bon, cet
exercice-là pour... pour utiliser une expression de golf. On peut «sandbagger»
nos chiffres, O.K., puis ils vont être vraiment trop faciles à gérer. Dans la
question que je pose finalement : Est-ce qu'il va y avoir une façon de mesurer
le niveau d'exercice, peut-on dire, pour se rendre à livrer le milliard
additionnel pour chacune...
M. Girard (Groulx) : Il va y
avoir un exercice formel avec un suivi, lettre... Là, il y a eu un appel de
courtoisie. Après ça, il y aura une lettre formelle, P.D.G., président de C.A.
Là, eux informent leurs équipes. Là, travaillent avec les professionnels du
ministère des Finances, leurs équipes, pour identifier comment on peut bonifier
les prévisions de revenus qui sont dans le cadre financier, comme on avait par
société d'État, on avait des prévisions. Puis là ces prévisions-là de revenus
doivent être augmentées de 300 millions en 2027-2028 puis 400 millions en
2028-2029, et donc ça va nécessiter des gestes réels.
• (18 heures) •
M. Beauchemin : Mais quand
on... quand on regarde la page G.42, là, la fameuse page G.42, pour
ce qui est de Loto-Québec, là, spécifiquement, il y a... il n'y a pas
d'augmentation dans le tableau qui est présenté là.
M. Girard (Groulx) : Exact.
M. Beauchemin : Donc là vous,
vous leur avez dit : Bien moi, je ne veux pas voir ces chiffres-là pour
2025-2026 puis...
M. Girard (Groulx) : Bien,
mettons qu'on rajouterait deux années, là, puis que la cinquième année, ce
serait encore 1,5 milliard, là, bien, si on... si après discussion avec
eux, on arrivait qu'à dire : Bien, 1,6, c'est possible. Bien là, on vient
de trouver 100 du 400 qu'on cherche.
M. Beauchemin : Mais il y
a... Donc, dans ces chiffres-là, il n'y avait aucunement... Parce que dans la
première année, il y a quand même un exercice qui est fait, right?
M. Girard (Groulx) : L'effort
demandé, là... Il y a une ligne... C'est-à-dire qu'on ne leur demande rien la
première année.
M. Beauchemin : L'effort demandé
est de 100 millions, c'est ça?
M. Girard (Groulx) : En
2025-2026.
M. Beauchemin : Oui. Ça,
c'est l'effort demandé, là, pour arriver au milliard.
M. Girard (Groulx) : Au
milliard, c'est ça. 100, 200, 300, 400.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
majoritairement Hydro-Québec.
M. Girard (Groulx) : Pas
nécessairement. L'effort demandé ici n'est pas réparti dans les cinq sociétés,
là. Il est possible qu'en 2025-2026 le 100 millions vienne complètement de
Loto-Québec.
M. Beauchemin : O.K. Ça fait
qu'en comprenant mieux le tableau... Ce que je comprends, c'est que le total,
c'est 6 milliards 157. On demande un100 millions additionnel pour un total
final de 6 millions, 257.
M. Girard (Groulx) : Correct.
M. Beauchemin : O.K.
D'accord. O.K. Bon, bien, écoutez, ça, ça m'amène... Il nous reste combien de
temps? O.K. Ça m'amène à... à essayer de comprendre les revenus autonomes.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : On était...
M. Girard (Groulx) : On avait
un peu commencé avec ça, les 10 heures, ça fait qu'on va finir avec ça.
Allons-y.
M. Beauchemin : Alors, ça,
c'est... la page que j'ai devant moi, là, A.20 du budget déposé au mois de mars
2023.
M. Girard (Groulx) : O.K.
M. Beauchemin : Et quand on
regarde la variation des revenus autonomes, la variation, pour 2024-2025,
2025-2026 et 2026-2027, elle était de 3,4, 3,3 et 3,8 %, O.K.?...
18 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...donc
ça, c'est l'image basée sur le budget de l'an passé. Quand on regarde le budget
que vous avez déposé, mardi, il y a deux semaines demain, pour la même période,
les chiffres sont 4,7, 4,3 et 4,6.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Donc...
M. Girard (Groulx) : Exact.
M. Beauchemin : ...plus
élevés.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Prévisions
économiques.
M. Girard (Groulx) : Mais
la base est plus basse, là. Parce que les revenus autonomes sont plus bas en
2023-2024, là.
M. Beauchemin : Ça a-tu
vraiment un effet? La deuxième dérivée de ça, c'est vraiment fort de même?
M. Girard (Groulx) : Bien,
ici, on voit 2023-2024, revenus autonomes, 115, quatre, huit, six. Puis on
était à 117, neuf, huit, neuf. C'est-tu ça?
M. Beauchemin : Bien,
oui. Mais un pourcentage par rapport à l'année qui était précédente... Ceci
étant dit, je veux dire, on a les mêmes... Je parle de... Au niveau de la
première dérivée, donc, de la variation, là, O.K.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : 4,7,
4,3, 4,6.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Ça inclut
la base de référence. Donc, c'est pour ça que je me dis, quand je regarde ces
chiffres-là, dans le contexte économique qu'on a eu, qui était en 2003,
finalement, une prévision initiale de 0,6 % du produit intérieur brut.
Quand on regarde la page du... du dépôt de mardi, il y a deux semaines...
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : ...la
même expectative au niveau de la croissance économique. Qu'est-ce qui peut
justifier cette différence significative? Ce n'est pas... Je comprends les...
Je vois que les chiffres sont plus élevés, on le voit tous, là, mais j'essaie
de comprendre le fondamental en arrière de... Pourquoi?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors là, il faut aller à la section sur les revenus dans le budget qui est la
page G-39. O.K. Évolution des revenus autonomes. Puis là on a le fameux 4,7
et le 3... Je vais vous laisser vous rendre, là, à G-39, revenus autonomes, 4,7
et 3,8. O.K.? Et puis là on veut comprendre pourquoi il y a 4,7 et 3,8. Et puis
là, les explications associées à ça... Vous... Ah! Vous, vous êtes à la page...
Une voix : ...2023-2024.
M. Girard (Groulx) : G-20.
Non, mais ce n'est pas ça, là. Je veux les taux de croissance qui expliquent le
4,7 puis le 3,8.
M. Beauchemin : ...pourquoi
le 3,8 n'est pas le même que le 4,6?
M. Girard (Groulx) : Ici,
on est avant entreprises du gouvernement. On est au... excluant ceux des
entreprises du gouvernement.
M. Beauchemin : Donc, on
ne fait pas référence à la même ligne qui est à la page G-7?
M. Girard (Groulx) : Effectivement.
Bien, c'est-à-dire que...
M. Beauchemin : O.K.
M. Girard (Groulx) : On
y va en détail, là. Après ça, on arrive aux transferts fédéraux puis on a les
variations.
M. Beauchemin : O.K. Je
vais vous suivre, là.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Parfait. Mais si... La question, par exemple, là, si on veut savoir pourquoi l'impôt
des particuliers augmente de 6 %. O.K.? Bien là, il faut aller voir la
note 2 et la note 3. Pourquoi l'impôt des sociétés fait 6,3? Puis là,
notamment pour les revenus des entreprises du gouvernement, bien là, on voit,
ça, c'est la page G-42, là, que 2023-2024, on a eu une baisse des revenus
de 21 %, puis là on a une hausse de 4,3 % en 2024-2025 sur 2023-2024.
Mais ce n'est pas vraiment... Ce n'est pas le 4,3 % qui est frappant, c'est
le moins 21 %. Bref, il faut regarder la variation de la base, l'année 2023-2024,
qui est plus basse que prévu. Alors ça, si vous baissez la base pour un niveau
de revenu constant, ça augmente les taux de croissance.
M. Beauchemin : On va
revenir.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Le Président (M. Simard) : On
va conclure cet échange. Et je cède la parole au député d'Orford qui dispose de
16 minutes.
M. Bélanger : Bon,
parfait. Merci, M. le Président. M. le Président, je vais... je voudrais
revenir sur...
M. Bélanger : ...le déficit,
puis peut-être faire certaines analogies puis faire peut-être aussi un peu une
séance de remue-méninges, mais constructive. Je vais revenir encore à mon âge,
hein, j'ai passé une bonne partie de ma vie comme entrepreneur, mais aussi
comme conseiller, puis je me rappelle des années 90, où j'avais autant des
clients du domaine du privé, mais que j'avais du domaine du public j'avais
Ottawa, qui était le gouvernement fédéral, et puis trois mandats, un avec
Travaux publics Canada, l'autre, Approvisionnement et Service Canada, puis,
l'autre, la Défense nationale. Et puis, au début des années 90, ça n'allait
vraiment pas bien, le déficit était énorme. Puis les gouvernements, habituellement,
lorsque les déficits sont significatifs, on parle de rationalisation. Puis il y
a deux façons de faire, lorsqu'on parle de rationalisation, il y a l'ordre,
c'est-à-dire que le ministre ou le premier ministre dit : Vous me coupez
tant de pour cent dans chacun des ministères, dans chacune des sociétés, et,
souvent, cette façon-là de faire génère un peu d'austérité et une coupure au
niveau des services... Mais je voudrais revenir au privé, au privé, parce que
j'ai été aussi dans le privé, et puis, lorsque tu as un déficit, dans le privé,
tu vas voir ton banquier, puis M. le ministre a été banquier... Et puis
qu'est-ce que le banquier fait? Est-ce que tu lui dis : Je vais éliminer
mon déficit par une augmentation de mes revenus? Regarde mon plan d'affaires,
ça va bien aller, ou... Moi, la réponse est : il va te dire de réduire ton
déficit en diminuant tes dépenses. Ça fait qu'au niveau du privé, la priorité,
la plupart du temps, quand tu as un déficit, c'est de revenir à un... qui est
plus raisonnable, là, bénéfice avant impôts, amortissement, etc., et puis... ou
un ratio de ta couverture de dette qui est acceptable et... ou bien... ou bien
tu demandes à l'actionnaire d'injecter du capital. Qu'est-ce qui pourrait
s'apparenter à injecter du capital en tant qu'actionnaire d'une société privée,
si on essaie de comparer ça avec une société qui est publique, bien, c'est
peut-être d'augmenter des taxes ou des impôts. Ça fait qu'on n'est pas... on
n'est pas là, M. le Président, ou d'une vente d'actifs. Tu peux décider aussi,
en tant que société privée, de vendre des actifs qui vont venir combler,
combler ta dette ou faire un remboursement de dette.
• (18 h 10) •
Pour une société qui est publique ou un
gouvernement, bien, une vente d'actifs pourrait, dans certains cas, aider,
aider à diminuer, à diminuer le déficit, mais je veux revenir à la différence
entre un mandat au niveau public et un mandat au niveau privé. Et j'avais un
peu une frustration, lorsque je faisais ces fameux mandats là. C'est pour ça qu'à
peu près 90 % des mandats étaient beaucoup avec le privé, parce qu'on
réussissait à accomplir les objectifs. Parce que, lorsqu'il y avait un
engagement au niveau des réductions des dépenses, la probabilité de le réaliser
était beaucoup plus élevée. Puis, lorsqu'on fait un mandat de réduction des
dépenses au niveau... au niveau de sociétés publiques ou au niveau d'un
gouvernement, au niveau de divers ministères, il y a des phénomènes qui sont...
qui font que la possibilité de réaliser, justement, cette réduction-là de
dépenses, elle est plus faible. Puis je donnerais l'exemple de... Je me
rappelle d'un terme qui... ça va me rester longtemps, c'était au niveau du
fédéral, c'était un terme, on disait... PY, «person years». «Person years»,
c'est un élément important parce que «person years», c'est le nombre de
personnes-années qu'on a dans un département ou dans un ministère. Et, souvent,
les... au niveau hiérarchique, au niveau budgétaire, il y avait... dans ce
temps-là, je ne dis pas aujourd'hui, dans ce temps-là, il y avait des liens
entre la taille d'un ministère, la taille de son budget et le nombre de
ressources. Donc, on était porté à chercher uniquement des réductions des
dépenses par attrition, c'est-à-dire on attend qu'il y en a... qu'il y en a
certains qui se rendent à la retraite, et le poste de travail est coupé.
Aujourd'hui, avec la transformation
transformation numérique, on a une nouvelle possibilité, c'est-à-dire, si on
prend l'intelligence artificielle, si on prend la numérisation des formulaires,
on peut arriver avec une approche...
M. Bélanger : ...de réduction
en changeant les descriptions de tâches. Mais là, il y a quand même les
syndicats, il y a des enjeux, il y a des négociations, ce n'est pas si
complexe. Moi, je voudrais avoir l'opinion du ministre sur... Au niveau de la
réduction de la dette, sans chiffres précis ou sans pourcentages, mais quels
sont les leviers entre... ou quelle est la balance entre l'augmentation des
revenus puis la réduction des dépenses, sachant que - je vais revenir à
l'historique - typiquement, si on réussissait à atteindre 3 % de réduction
des dépenses dans le secteur public, c'était une victoire, tandis que dans le
secteur privé, on pouvait chercher jusqu'à 10 % de réduction des dépenses?
Pourquoi? Bien, les éléments que je vous explique... tantôt, qui est... Bon, il
peut y avoir l'élément de négociation avec le syndicat, mais il y a aussi un
élément de culture, il y a un élément de culture. Je me rappelle très bien
aussi, dans ce temps-là... Ça a pu changer, puis ce n'est pas Québec, peut-être
Ottawa, je veux dire. Mais je me rappelle que c'était comme impossible de
réduire un budget, c'est-à-dire que le budget que tu devais avoir au mois
d'avril, le 1er avril était soit le budget de l'année précédente, ou mieux.
Donc, quand tu arrives dans une optique de réduction des dépenses, on
s'entend-tu qu'il y a un bon défi?
Ça fait que c'est un peu là ma première
question. Ma première question, c'est : Entre réduction des dépenses et
augmentation des revenus, quelle est la proportion? C'est-tu 50-50? Bon. Sur
1 milliard, on va-tu aller chercher 5 milliards de réductions de
dépenses? Je sais qu'on avait déjà... il y avait une annonce de
5 000 ressources. Ça, c'est un élément. Est-ce qu'on envisage des
ventes d'actifs? Je ne pense pas, hein, tu sais, on n'est pas dans le privé.
Mais des ventes d'actifs? Et puis l'augmentation des revenus, bien,
l'augmentation des revenus, c'est certain que, si les salaires augmentent, ça
donne... ça fait une augmentation de revenus, parce qu'on a plus de retours
d'impôt, on ne prévoit pas augmenter les taxes, mais, s'il y a une croissance
économique, ça représente une croissance des revenus pour l'État. Donc, je
voulais peut-être... Ça, c'était ma première question, j'ai plusieurs autres
questions. Mais, si le ministre pouvait me donner un peu ses... des indications
sur... entre la réduction des dépenses et l'augmentation des revenus, et puis
dans quels secteurs... C'est-tu au niveau... via la filière énergie électrique?
Est-ce que c'est un des vecteurs de croissance de l'économie qui est majeur? Je
le crois, mais peut-être qu'il y en a d'autres.
M. Girard (Groulx) : Mais
vous, vous parlez spécifiquement pour les sociétés d'État, là?
M. Bélanger : Ah! bien non,
je parle... sociétés d'État et les différents ministères aussi.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
O.K. Bon. Alors, pour...
M. Bélanger : Mais pas vente
d'actifs dans des ministères, pour autant.
M. Girard (Groulx) : ... pour
les ministères, on parle de dépenses...
M. Bélanger : Oui, oui.
M. Girard (Groulx) : ...on
parle de réduire les dépenses. O.K.?
M. Bélanger : Tout à fait.
M. Girard (Groulx) : Alors,
c'est un exercice de révision des dépenses budgétaires qui totalisent
136 milliards. Et puis, s'il s'avérait qu'on coupait... par exemple qu'on
éliminait 1 % des dépenses, bien, ça donne 1,3 milliard.
M. Bélanger : Donc, le
3 %, ce n'est pas mal, ça serait bien.
M. Girard (Groulx) : 3 %,
bien, ce serait 5 milliards, O.K... non, 4. J'ai définitivement trop de
stimulis, M. le Président.
Les sociétés d'État, ce n'est pas pareil.
On ne permettra pas à la SAQ de dire : Bien là, je vais augmenter le prix
des bouteilles. Non. Ça, ce n'est pas de l'efficience, ça, c'est une hausse de
prix. Alors, nous, ce qu'on cherche, c'est de l'efficience. Par contre, la
SQDC, la Loto-Québec, il y a des parts de marché à capturer dans le respect de
la loi, puis la Constitution, puis la responsabilité sociale. Alors, il y a des
opportunités.
Mais on cherche à réduire la dépense
fiscale et la dépense budgétaire, donc la majorité de l'effort va se faire au
niveau des dépenses. Et, si le crédit d'impôt... si on éliminait un crédit
d'impôt qui est non remboursable, par exemple, bien là, ça, ça a un effet sur
les revenus, là. Mais là, on est dans des technicalités qui, je soupçonne,
n'intéressent pas particulièrement notre auditoire, mais il y a une distinction
entre les...
M. Girard (Groulx) : ...remboursables
et non remboursables. Alors, moi, je vous dis les grands principes, on a un
problème de niveau de dépenses, on n'a pas un problème de revenus. La science
économique dit qu'entre augmenter les revenus puis réduire les dépenses,
lorsque vous êtes dans une situation déficitaire, il est nettement optimal de
réduire ses dépenses versus augmenter ses revenus et donc tout pointe vers une
réduction des dépenses plutôt qu'un effort aux revenus.
M. Bélanger : Sans réduire
les services, puis c'est un peu le défi. Moi, je reviens encore...
M. Girard (Groulx) : Bien
sûr.
M. Bélanger : ...ans en
arrière.
M. Girard (Groulx) : Ça, ce
n'est pas de l'efficience, là, des coupures de services, ce n'est pas de
l'efficience.
M. Bélanger : Effectivement.
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues...
M. Bélanger : Le temps est
écoulé?
Le Président (M. Simard) : Il
achève. Vous auriez... Rapidement, une intervention?
M. Girard (Groulx) : Allez-y.
M. Bélanger : Non, non, non.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, sur ce... ce bloc d'échange est terminé, et je cède la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys pour sa dernière intervention.
M. Beauchemin : Juste pour
mettre dans le contexte, tout à l'heure, M. le ministre, vous parliez qe, tu
sais, on ne demande pas justement aux sociétés d'État de faire des hausses de
prix. Comment il s'appelle, le CEO de... M. Farcy, Jacques Farcy, au mois de
février, est sorti en disant que la SAQ va augmenter ses marges.
M. Girard (Groulx) : ...là,
écoutez, à chaque... deux fois par année, la SAQ ajuste ses prix. O.K. Et le
geste qui a été posé par la SAQ, l'ajustement des marges, puis ça, ça précède
le budget, moi, je vous donne l'orientation général, qu'on constate qu'il n'y a
pas de hausse de la demande d'alcool au Québec, et donc on n'a pas l'intention
de pousser des hausses de prix pour augmenter les revenus de la SAQ. Ça fait
que le cas de la SAQ, il n'y a pas de hausse de la demande.
• (18 h 20) •
M. Beauchemin : Je comprends,
dans le contexte cependant, où est-ce qu'on ne parle pas d'augmenter,
peut-être, le volume d'affaires, je ne sais pas si ça se faisait de cette
façon-là, mais la demande en tant que telle.
M. Girard (Groulx) : ...les
volumes de ventes.
M. Beauchemin : Les volumes
de ventes. C'est quand même 1,7 % d'augmentation qui a été, par M. Farcy,
annoncé.
M. Girard (Groulx) : Oui, ça,
c'est sa gestion de ses objectifs budgétaires 2023-2024.
M. Beauchemin : Donc, ce que
vous me dites, c'est que, dans la perspective d'aller chercher un effort
supplémentaire, dans les colonnes de prévisions déjà actuelles, la Société des
alcools, dans votre document, sont 1,7, peu importe ce qu'il estime aura à
être... était déjà inclus dans ses revenus.
M. Girard (Groulx) : Oui...
M. Beauchemin : D'accord.
M. Girard (Groulx) : ...oui,
ça précédait le budget.
M. Beauchemin : Donc, il ne
pourra pas aller au-dessus de ça.
M. Girard (Groulx) : Il ne
pourra pas faire ça à tous les six mois, non, pas avec moi dans cette
chaise-ci.
M. Beauchemin : Bon. Alors,
revenons à ce qu'on essayait d'expliquer tout à l'heure, juste pour remettre le
contexte un petit peu, M. le ministre. Lors du dépôt du budget en mars 2023, la
prévision économique de croissance du Québec, pour l'année 2024 et 2025, était
de 1,4 %.
M. Girard (Groulx) : Exact.
M. Beauchemin : Avec ça, il y
avait des augmentations des revenus autonomes, en pourcentage, pour l'année
2024-2025, 2025-2026,2026-2027, de, dans le même ordre, 3,4 %, 3,3 %
et 3,8 %. La réalité d'aujourd'hui est différente. Mardi, il y a deux
semaines déjà, vous déposez un budget avec une croissance... une prévision de
la croissance économique de 0,6 %...
M. Girard (Groulx) : Exact.
M. Beauchemin : ...donc à peu
près... un peu moins que la moitié.
M. Girard (Groulx) : Et
révision à la baisse...
M. Beauchemin : D'accord. Et,
dans ce cas-ci, les revenus autonomes, la variation, elle est majorée à la
hausse à 4,7, 4,3, 4,6. Et, tout à l'heure, vous étiez en train de m'expliquer
pourquoi que vous étiez arrivé à ça.
M. Girard (Groulx) : Bien, il
faut juste faire attention au fait que la...
M. Girard (Groulx) : ...l'année
2023-2024, elle aussi est révisée à la baisse, et que, toutes choses étant
égales, par ailleurs, si vous baissez la base 2023-2024 puis que vous maintenez
au même niveau 2024-2025, bien, le taux de croissance va augmenter. Ça, c'est
un effet de base, O.K., on met ça de côté, mais c'est important parce qu'il y a
eu aussi une révision en 2023-2024 puis il y a aussi eu la faible hydraulicité
en 2023-2024, qui plombe les résultats d'Hydro-Québec, puis ça, ça a donné un
gros... c'est 1,5 milliard, donc c'est... juste ça, c'est 1 % de revenus
de moins.
Maintenant, si on prend chaque élément,
là, chaque élément se retrouve à la page...
M. Beauchemin : Mais, juste
avant de plonger dedans, on s'entend que les deux éléments que vous venez juste
de mentionner, c'est des effets qui vont s'opposer.
M. Girard (Groulx) : Non,
c'est...
M. Beauchemin : La base va
plus bas, donc le pour entage va être normalement plus haut si on garde le même
objectif.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Mais les
revenus du Québec sont moindres.
M. Girard (Groulx) : À
2023-2024. Ça fait partie de la base, c'est le même effet.
M. Beauchemin : Ah! O.K.,
d'accord, en 2023...
M. Girard (Groulx) : J'ai dit
un peu deux fois la même chose. Il y a moins de revenus en raison de l'économie
puis il y a moins de revenus en raison de la faible hydraulicité.
M. Beauchemin : D'accord.
O.K., c'est beau.
M. Girard (Groulx) : O.K.?
Et, après ça, à la page G.39, là, derrière le 4,7 et le... En fait, vous,
vous... Si on construit, là, ce qui vous... «agace», ce n'est peut-être pas le
bon terme, là, mais le 4,7 de croissance des revenus autonomes, c'est un peu ça
qui... Vous, vous dites : 4,7 de croissance de revenus autonomes, c'est
beaucoup trop pour un PIB nominal qui est anticipé, parce que c'est le PIB
nominal, ce n'est pas le PIB réel qui fait l'impact de revenus, si on voit le
PIB nominal 2024 qui est attendu... à 4 %, O.K., alors il est composé de
0,6 réel puis d'approximativement 3,4 % de dégonfleur de PIB, pour donner
4 %. Alors, en partant, si, vous et moi, on avait... on était sur une île
déserte puis on avait juste deux chiffres, là, on aurait le PIB nominal... puis
on avait un quiz, puis on disait : Quelle sera la croissance des revenus
autonomes en 2024-2025, on dirait 4%, parce que c'est à peu près la croissance
du PIB nominal.
Maintenant, ce n'est pas 4 %, c'est
4,7. Puis ça, ça se décompose en 4,7 de revenus autonomes. Et les transferts
fédéraux, eux, en 2024-2025, ils font moins 6 %. C'est-tu ça? Ah bien,
oui, c'est ça, exact. O.K., alors, si on est à G-7, on a les revenus autonomes,
4,7, les transferts fédéraux, moins 6, bon. Puis le 4,7, bien, c'est, 6 %,
l'impôt des particuliers, 4,5, les fonds de santé, 6,3, l'impôt des sociétés,
15 %, l'impôt foncier scolaire, 3,2, taxes consommation, 1,9, droits et
permis, 2,8, revenus divers. Chacun de ces chiffres-là a une explication, en
soi, qui est les notes de bas de page de la page G.39 ou les explications qui
suivent. Mais 4,7, ce n'est pas complètement champ gauche. Tantôt, vous avez
fait une analogie de golf, là, mois, je vous réponds avec une analogie de
base-ball, ce n'est pas complètement champ gauche par rapport à 4 % de PIB
nominal.
M. Beauchemin : Puis, quand
vous parlez du «deflater», du dégonfleur, là...
M. Girard (Groulx) : C'est la
page A.27, je pense, là.
M. Beauchemin : C'est ça,
donc, A.27, on parle... attendez une seconde. Oui. Exact. Donc, quand on
regarde cette page-là par rapport à la page équivalente de l'année
précédente...
M. Girard (Groulx) : Oui. La
composante réelle est plus basse puis la composante prix est plus élevée...
M. Beauchemin : ...Oui, le
nominal est effectivement, en fait, plus élevé dans la version de cette année.
M. Girard (Groulx) : Bien, le
nominal de l'an dernier... Là, il faut, j'aille voir... il était à trois-huit.
Là, il est à quatre, mais on a moins de réel, ça veut dire qu'on a plus
d'inflation. Ça veut dire que l'inflation est plus persistante que nous avions
prévu il y a un an, ça fait du sens.
M. Beauchemin : Bien, écoutez
c'est... Je le comprends. Je trouve quand même qu'en bout de piste, il y a...
il y a quand même beaucoup de questionnements. Je vais passer plus de temps à
l'approfondir, mais j'ai beaucoup de questionnements encore, parce qu'à sa
face, comme ça, c'est quelque chose qui m'apparaît un peu plus optimiste, même
si je comprends la mathématique vous avez discuté, là, à la page G.39. Je
passerai plus de temps, là, à mieux le comprendre dans le contexte où est-ce
qu'on sait que la Banque du Canada, qui parle d'énormes problèmes de productivité.
Et donc les conséquences de ça, c'est qu'il n'y aura peut-être pas autant de
baisse de taux d'intérêt qu'on pourrait le souhaiter. Tout ça, ça s'attache
éventuellement à quelque part puis ça fait en sorte que les revenus ne seront
peut-être pas au rendez-vous de la même façon qu'on le pense, là, mais... On ne
se le souhaite pas, c'est sûr et certain.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire qu'on risque d'avoir une année... Le début de l'année 2024 va
être définitivement plus faible que le deuxième semestre de 2024. Puis on peut
avoir des baisses de taux à partir d'avril, ça pourrait être juin. On pourrait
avoir des baisses de taux en avril, mais en avoir moins en tout. Mais une chose
où on n'a pas d'incertitude, c'est certain que les hausses de salaire que nous
avons consenties à nos employés, ça, ça augmente les revenus, ça augmente les
rentrées fiscales.
M. Beauchemin : De ce point
de vue là, oui, effectivement, oui.
M. Girard (Groulx) : De ce
point de vue là.
M. Beauchemin : Oui, oui,
effectivement. O.K.. Bien, écoutez, moi je peux... juste revenir à l'effort des
sociétés d'État, là, qu'on a mentionné tout à l'heure. Dans un contexte où
est-ce qu'on va vraiment plus leur demander, là, d'être rationnels dans leurs
dépenses, là, dans leur... dans cet aspect-là, est-ce que la réalisation de
l'objectif, selon vous, pourrait être par attrition? Est-ce que c'est plus
l'objectif qui va être visé d'essayer d'optimiser le nombre d'employés?
• (18 h 30) •
M. Girard (Groulx) : Bien,
j'imagine que ces sociétés d'État là, un peu comme le gouvernement, ils ont
beaucoup de départs à la retraite, ce qui, en soi, est toujours une opportunité
d'efficience, c'est-à-dire qu'un départ à la retraite peut être remplacé par un
nouvel employé ou peut mener à l'élimination d'un poste, là. Mais je pense que
l'élimination d'un poste... On n'a certainement pas l'intention d'éliminer des
postes dans le réseau de la santé puis de l'éducation puisque présentement on
court à créer des postes, là, ça fait qu'il faut être... ça prend une cohérence
intertemporelle, là. On n'a pas assez d'enseignants. Bien, dans deux ans, on ne
coupera pas des enseignants, là. Ça fait que ça, il faut être clair là-dessus,
là. Dans la livraison de services en santé puis en éducation, on n'a pas assez
de personnel, bien que la croissance totale des effectifs du gouvernement du
Québec ait augmenté.
M. Beauchemin : Comment
pensez-vous aller chercher de l'efficience d'abord dans ce contexte-là, au
niveau, par exemple, de la santé ou... puis au niveau de l'éducation. Y va-tu
en avoir pareil?
M. Girard (Groulx) : Bien, la
santé, là, le... une autre analogie de baseball, le «home run», bien, c'est le
numérique, là. On sait tous que notre réseau de la santé n'a pas adopté
complètement la numérisation des procédures. Et par exemple le dossier santé
numérique, on va d'abord répandre son utilisation aux professionnels de la
santé, puis...
18 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...dans
une seconde étape, j'imagine que les... Les patients auront leur propre dossier
de santé numérique eux aussi, et pourront y retirer de l'information puis
peut-être même de la prévention. Bref, dans le réseau de la santé, il y a des
gains de productivité qui peuvent être faits par la numérisation des
procédures, numérisation des dossiers santé, et d'ailleurs il y a des sommes
pour ça, dans le budget, là, le dossier de santé numérique. Eh bien, j'hésite
même à vous le dire, là, la fameuse analogique du fax, là.
M. Beauchemin : Oui, c'est
sûr.
M. Girard (Groulx) : Si ça
peut rassurer le réseau de la santé, il reste un fax ou deux à la Banque Nationale
aussi, là.
M. Beauchemin : Il y en a
effectivement à toutes les banques encore.
M. Girard (Groulx) : Mais si
ça peut...
M. Beauchemin : Il y en a à
toutes les banques encore.
M. Girard (Groulx) : Mais O.K.
Il y a eu... Vous me confirmez qu'il y a un fax ou deux à la Scotia aussi.
M. Beauchemin : Il y en a
encore à la Scotia.
M. Girard (Groulx) : O.K.
M. Beauchemin : Il y a encore
des «wire».
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors donc...
M. Beauchemin : Question plus
peut-être philosophique, mais en fait c'est parce que, bon, on a quand même
eu...
M. Girard (Groulx) : Les
économistes dans la salle, ils sont dubitatifs, là, ils ont... ils semblent
sceptiques dubitatifs, là...
M. Beauchemin : À propos du
fait qu'il y ait des fax encore?
M. Girard (Groulx) : ...de la
présence des fax dans les institutions financières.
M. Beauchemin : C'est normal
malheureusement, ça va changer, j'en suis certain, un jour.
Question peut-être... Une dernière question
peut-être un peu plus philosophique, mais l'exercice que vous voulez faire
maintenant, qui est nouveau pour votre gouvernement depuis que vous êtes au
pouvoir depuis 2018, qui est une première, là O.K. ça ne devrait pas être un
exercice qui devrait être fait dans le continu, peu importe, tout le temps, de
s'assurer de la validité de chacun des programmes, une reddition de comptes.
M. Girard (Groulx) : Oui. En
fait, ce n'est pas complètement nouveau O.K.? Parce qu'en 2018 il y avait la
promesse d'une efficience de 1 % des dépenses. Ça a été accompli entre
2018 et 2022. À l'élection de 2022, il y avait la promesse d'un autre 1 %
sur quatre ans, et il n'est pas accompli après deux ans. O.K.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, cher collègue.
M. Girard (Groulx) : En
conclusion, oui, les experts nous disent que, par exemple, une mesure fiscale
devrait toujours avoir une date d'expiration qui force un examen avant de la
reconduire.
Le Président (M. Simard) : Merci,
cher collègue. Et je cède maintenant la parole, pour une période d'environ 10 minutes,
au collègue de René-Lévesque.
M. Montigny : Merci beaucoup,
M. le Président. M. le ministre, et je vous amène, pour conclure ces échanges
fort intéressants, dans deux sections du budget. D'abord, on va aller se
promener un peu dans la section F pour être capable, après revenir à la section
D pour l'enjeu d'accroître la main-d'œuvre disponible et la productivité dans l'industrie
de la construction, parce que c'est vraiment un élément important, notamment
pour ma région, mais pour tout le Québec, d'être capable d'avoir de la main-d'œuvre
qualifiée capable d'opérer rapidement et travailler rapidement dans le domaine
de la construction. Je regardais les bassins de main-d'oeuvre, notamment sur le
territoire de la Côte-Nord, puis des bassins de main-d'œuvre à moins de
10 %, là, il y a... il y a vraiment beaucoup de secteurs où on a besoin de
main-d'œuvre. Je vous donne juste quelques exemples, M. le Président, il y a
des briqueteurs, des carreleurs, des charpentiers-menuisiers, des couvreurs,
des ferblantiers, des plâtriers, des frigoristes, et on... on est en bas de
10 % dans le bassin de main-d'œuvre Côte-Nord notamment, là-dedans. J'en
ai donné juste quelques exemples. J'aurais pu aller beaucoup plus loin. Puis,
comme gouvernement, on...
M. Girard (Groulx) : Qu'est-ce
que vous voulez dire que vous êtes en bas de 10 %? Expliquez-nous ça.
M. Montigny : C'est-à-dire,
en fait, tout simplement de dire que, dans les bassins de main-d'œuvre, sur le
territoire de la Côte-Nord, on n'a vraiment pas beaucoup de... de main-d'oeuvre
dans ces domaines. Il faut souvent faire appel à des gens qui viennent d'ailleurs.
Alors, on a vraiment...
M. Girard (Groulx) : Ah! vous
voulez dire que la main-d'œuvre locale...
M. Montigny : Oui, locale.
M. Girard (Groulx) : ...corresponds
à 10 %....
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, je pense à Mme Sarah que j'ai croisée ce midi à la cafétéria
et qui travaille à la retranscription de nos travaux...
M. Montigny : Oui.
Le Président (M. Simard) : ...avec
toute sa valeureuse équipe, continuons de penser à elles et à eux...
M. Montigny : Merci. Vous
avez raison.
Le Président (M. Simard) : ...ne
parlons pas l'un par-dessus l'autre.
M. Montigny : Vous avez tout
à fait raison.
Le Président (M. Simard) : Alors,
cher collègue de René-Lévesque.
M. Montigny : Ça fait que
tout simplement pour dire qu'il y a des grands besoins, M. le Président, dans
le domaine de la construction, puis, comme gouvernement, on s'est lancé dans
une belle...
M. Montigny : ...offensive de
formation dans le domaine de la construction. Quand je regarde la section F, on
voit clairement qu'il y a des grands besoins, on le dit d'ailleurs à la page
F-31 : «L'assouplissement de la politique monétaire et la nécessité
d'accroître le parc de logements favoriseront la reprise de l'activité dans le
secteur résidentiel.» Il y a des grands besoins, on le voit dans l'avenir. On
voit aussi, à la page F-35, clairement, qu'on va avoir des besoins... bien, si
je vais, plutôt, à la F-34, les investissements non résidentiels progresseront.
Dans le budget, M. le ministre a pris... bien détaillé cette croissance-là
qu'on prévoit dans certains secteurs, qui ne sont pas aussi dans le
résidentiel, mais, clairement, dans des domaines d'avenir, hein, on le voit,
des investissements dans la transition énergétique, dans l'économie, qui feront
progresser en hausse des investissements non résidentiels, mais aussi dans la
filière batterie puis dans le secteur minier, qui a aussi des secteurs de la
Côte-Nord.
Alors, M. le ministre, en regardant tout
ça dans la section F, en regardant tout ça dans la section D, dans les annonces
qu'on maintient sur le secteur de la construction, dans les besoins de
croissance dans le secteur de la construction, en sachant qu'actuellement c'est
plus difficile, parce que les taux d'intérêt sont plus élevés, puis en
regardant l'avenir, puis en se disant : Peut-être que les taux d'intérêt
vont descendre un peu, bien, il me semble qu'on fait bien d'avoir une offensive
importante, puis de maintenir le cap dans l'offensive, dans la formation
professionnelle dans le secteur de la construction puis de la formation
accélérée. Ça fait que j'aimerais ça vous entendre là-dessus, M. le ministre,
parce que, clairement, moi, je voyais une vision très cohérente dans ce
sens-là.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, il vous reste environ 5 min 30 s.
M. Girard (Groulx) : Mais ce
que j'essayais de dire, M. le député de René-Lévesque, avant que le président
me coupe la parole... Quand vous dites 10 %, là, pour les frigoristes,
vous voulez dire... juste pour que je comprenne bien, là, parce que je ne suis
pas un expert... vous voulez dire que, par exemple, si vous aviez besoin de 100
frigoristes sur un chantier, vous en avez seulement 10 dans la région et vous
allez devoir en importer 90?
M. Montigny : J'adore votre
façon de le... je dirais, de le rendre concret. C'est une belle façon de rendre
cette situation concrète.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Parce que vous...
• (18 h 40) •
M. Montigny : On a des
besoins de main-d'œuvre importants, on a besoin de former de la main-d'œuvre,
puis on a des besoins en région, puis on n'a pas la main-d'œuvre locale. Ça
fait qu'on peut passer par la formation. C'est préférable, aussi, que de
travailler en «fly-in/fly-out». Mais dans certains cas, on n'a pas le choix, M.
le Président, de travailler, clairement, pour faire des projets de
construction, en amenant de la main-d'œuvre de façon sporadique.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Puis c'est aussi parce que vous avez des grands projets, dont l'ampleur vise à
bénéficier l'ensemble du Québec, et donc ils vont... ils nécessitent une
main-d'œuvre, là, qui va au-delà des capacités de la région. O.K. Et les...
D'où l'importance des efforts du collègue ministre du Travail pour accroître la
flexibilité pour la mobilité interrégionale dans la construction.
M. Montigny : Oui. Je vous ai
donné d'ailleurs certains domaines dans lesquels c'était criant. Puis vous avez
raison.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, il y a les aspects réglementaires, sur lesquels travaille le ministre
Boulet, et puis il y a les aspects de la formation, sur lesquels travaille
notre collègue la ministre Champagne Jourdain, avec le plan de formation
construction, qui se décline notamment dans le secteur de la formation professionnelle,
qui est la responsabilité du ministère de l'Éducation. Et il faut souligner la
contribution du ministère de l'Éducation, parce qu'eux ils manquent de profs,
et là on leur donne des nouvelles responsabilités en formation professionnelle,
et donc ils doivent créer... ils doivent trouver des enseignants dans un
contexte de pénurie de main-d'œuvre en enseignement, d'où la nécessité de
bonifier les conditions de travail dans le secteur de l'enseignement, pour
attirer plus de monde. Mais, avant d'attirer du monde, d'abord, garder ceux
qu'on a déjà, et peut-être même attirer ceux qui sont à la retraite, et
revenir.
Alors, oui, formation en construction,
extrêmement important, oui...
M. Girard (Groulx) : ...le
projet de loi sur la modernisation de l'industrie de la construction du
ministre Boulet extrêmement important. Et est-ce que vous avez une autre
question, M. le député?
M. Montigny : Bien, je
pourrais simplement conclure en disant que c'est extrêmement important, cette
offensive en construction, là, parce que, dans le contexte actuel, puis vous
savez, c'est une vieille maxime, hein, quand la construction va, tout va, dans
des régions ressources comme la mienne, si on n'est pas capable d'avoir des
personnes qualifiées rapidement, bien, on risque de freiner cette croissance
économique qui est naturelle dans les grandes régions du Québec où il y a des
grands chantiers. Alors, on ne voudrait pas se retrouver dans un contexte où la
formation ne suit pas le contexte économique. Vous savez, on le voit, là,
peut-être qu'avec une baisse de taux d'intérêt, il y aura une augmentation des
investissements, entre autres dans le résidentiel. Mais clairement, il y a des
grands chantiers aussi dans d'autres domaines, dans différentes régions du
Québec, dans des régions ressources. Puis il faut s'assurer qu'on soit capable
de former notre monde en construction pour être capable d'avoir de la
main-d'oeuvre disponible pour répondre aux grands besoins.
M. Girard (Groulx) : Et
vous, on aimerait bien que vous ayez plusieurs grands chantiers, notamment
hydroélectriques. Puis c'est M. Sabia, là, qui dit : Le plus grand
obstacle à la réalisation de son plan d'investissement, c'est les besoins de
main-d'oeuvre. Alors, c'est un défi collectif, M. le Président. Et sur ce, je
mettrais un point à ma réponse. Point. Fin de ma réponse.
M. Montigny : Et ça
complète.
Le Président (M. Simard) : Alors,
essentiellement, ça complétait le temps dévolu à ce dernier bloc d'échange. Je
voulais vous remercier de part et d'autre de cette salle pour votre précieuse
collaboration tout le long de ce débat sur le discours sur le budget. Avant de
clore, je vous informe que le temps non utilisé par le groupe parlementaire
formant le gouvernement est donc réputé être écoulé. Sur ce, nous ajournons nos
travaux. Et au plaisir de vous retrouver très prochainement.
(Fin de la séance à 18 h 45)