Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, May 2, 2023
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Vol. 47 N° 22
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances - Institut de la statistique
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances - Revenu Québec
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances - Caisse de dépôt et placement du Québec
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances - Loto-Québec
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-sept minutes)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. Je constate que nous avons
quorum. Conséquemment, la Commission des finances publiques étant à même de
pouvoir entreprendre ses travaux.
Et, comme vous le savez, nous sommes ce
matin réunis afin de procéder à l'étude du volet Finances des crédits
budgétaires du portefeuille des Finances pour l'exercice 2023-2024. Une
enveloppe de 1 h 45 min a été allouée pour l'étude de ces
crédits.
Mme la secrétaire, bonjour. Y a-t-il des
remplacements ce matin?
La Secrétaire : Non, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Puisque nous avons légèrement commencé en retard sur l'heure prévue, y
aurait-il consentement afin que nous puissions dépasser sur le temps prévu? Il
y a consentement. Très bien. Vous connaissez, vous êtes des habitués, vous
connaissez la manière de procéder. Nous allons donc aller par bloc d'échange d'environ
15 à 20 minutes...
Le Président (M. Simard) : ...selon
le moment où nous en serons rendus dans le courant de cette... de ce bloc. Et
nous commençons par le porte-parole de l'opposition officielle, le député de
Marguerite-Bourgeoys. Vous disposez de 21 minutes.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour à tous. Bonjour, M. le ministre. Bien, sans
surprise, M. le ministre, vous allez comprendre que je veux tout de suite
plonger dans mon sujet favori : le Fonds des générations. On a eu le débat
sur le budget, puis vous aviez mentionné qu'il ne fallait pas dépasser un
certain ratio du Fonds de générations par rapport à la dette puis que,
notamment, fructifier le Fonds des générations jusqu'à 100 milliards
serait une grave erreur. Est-ce que vous pourriez nous expliquer, M. le ministre,
quel est le montant maximal que vous, vous voyez pour le Fonds des générations?
Le Président (M. Simard) : Alors,
je vous remercie. Toujours en s'adressant à la présidence. M. le ministre.
• (9 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Oui.
Merci, M. le Président. Merci pour la question. En fait, moi, je parle en
dernier. Il y a 250 professionnels au ministère des Finances qui nous
conseillent, et puis on fait beaucoup de consultations publiques. Au cours des
cinq dernières années, on a... plusieurs fois, on a fait appel aux principaux
économistes de nos facultés d'économie au Québec mais aussi des universités
ontariennes et du secteur privé. Et nous, on n'a pas jugé nécessaire de
divulguer un montant maximal, mais les conseils que nous recevons en général
indiquent qu'une taille entre 10 % et 20 % de la dette nette serait
optimale. J'ai... On n'a pas endossé, là, les chercheurs ont droit à leur
opinion, et puis on accueille les suggestions avec ouverture.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Donc, je comprends que c'est un consensus de 250 personnes
approximativement, entités, groupes.
M. Girard (Groulx) : Non, ça,
c'est le nombre de professionnels qui me conseillent lorsqu'on doit prendre des
décisions au ministère des Finances, mais on a... dans ce cas-ci, on n'a pas
pris de décision.
M. Beauchemin : Donc, vous
n'avez pas pris de décision basée sur des opinions de certains nombres de
groupes, de personnes qui vous ont fait des suggestions. Combien de ces
groupes-là on peut parler ici, M. le Président?
M. Girard (Groulx) : Écoutez,
de mémoire, là, parce qu'il y a eu plusieurs consultations sur les cibles de
dette, le Fonds des générations, mais je dirais l'Association des économistes
québécois, la Chaire en fiscalité, la Chaire de macroéconomie de l'UQAM, le...
l'IDQ, peut-être, a parlé de cela. Et, au niveau du ministère des Finances, bien,
on a toute une équipe, là, en gestion de dette et prévisions, trajectoires,
relations avec les agences. On a... on a travaillé très fort pour avoir un
crédit AA, alors l'opinion des agences de notation est importante aussi.
M. Beauchemin : C'est drôle
que vous arrivez justement sur les agences de crédit parce que, dans le fond,
je pense qu'il y a une proportion de la valeur du Fonds des générations par
rapport à la dette nette qui doit être observée si on veut garder notre cote de
crédit avec les agences de crédit. Ça, ça prend, cependant, l'hypothèse
suivante, c'est que l'endettement du Québec continue sa trajectoire vers une
diminution de PIB-dette nette, évidemment. Donc, mais dans un contexte où
est-ce que, pour une raison quelconque, l'endettement du Québec, comme avec une
pandémie, se mettrait à réaugmenter, j'imagine que toutes ces analyses-là sont
à recommencer parce qu'évidemment on n'est pas exactement avec le même genre de
scénarios de baisse du ratio dette nette-PIB.
Mais je vous entends, M. le ministre, puis
je veux juste essayer de clarifier. Des grandes institutions, la Chaire de
fiscalité, IDQ, etc., vous ont donné leurs opinions, mais sur quels éléments
ils se sont basés pour en arriver à leurs conclusions? Ils vous ont donné des chiffres.
Ce que vous me rapportez aujourd'hui, c'est les chiffres, les proportions, le
10 % à 20 %, mais sur quels éléments se sont-ils basés pour en
arriver à ça?
M. Girard (Groulx) : Bien,
l'objectif du Fonds des générations est unique, hein, réduire...
M. Girard (Groulx) : ...le
poids de la dette au Québec, et donc... Puis c'est intéressant, ce matin, je
lisais un article dans le Financial Times qui disait que les citoyens
n'arrivent pas à faire la différence entre million, milliard et trillion. Et il
disait : Pour aider les citoyens... c'est un article académique, dans le
Financial Times, hein, parce que je vois des gens qui sourient, il disait que
c'est important, lorsqu'on donne un chiffre, de le comparer à un autre chiffre
pour aider tout le monde à comprendre de quoi on parle.
Alors, le Fonds des générations, puisque
son objectif, c'est de réduire la dette, la métrique pour comparer sa taille,
c'est la taille de la dette. Puis là nous, on se donne des objectifs à long
terme en fonction de la dette nette. Donc, poids du Fonds des générations en
proportion de la dette nette, c'est la métrique. Après ça, est-ce que ce
poids-là, optimal, c'est 10, 20, 30, 40, 50, 75, etc., bon, ça, il y a de
l'arbitraire là-dedans. Sur quelle base eux ont recommandé une grandeur, un
ordre de grandeur entre 15% et 20 %, bien, je ne pense pas que cet
aspect-là de justification ait été divulgué, mais, certainement, on peut penser
que c'est relié au fait qu'on se trouve à mettre le gouvernement du Québec à levier,
puisque, pour investir dans le Fonds des générations, on doit emprunter de
l'argent et donc on a plus de dettes que si on n'avait pas d'investissement
dans le Fonds des générations.
Et le levier, c'est excellent quand ça
fonctionne et c'est évidemment moins bon quand ça ne fonctionne pas. Et là,
avec la hausse de taux d'intérêt puis la performance négative des marchés,
bien, le levier, on voit que ça cause énormément de problèmes présentement, par
exemple, au niveau des banques régionales américaines.
M. Beauchemin : Est-ce que je
peux donc conclure qu'une des prémisses de base de vous recommander 15% à
20 % vient...
M. Girard (Groulx) : Moi, je
ne recommande rien.
M. Beauchemin : Non, O.K.,
d'accord, mais ceux qui vous ont recommandé 15% à 20 %, donc, leur
prémisse de base serait donc ce que vous me dites, c'est-à-dire : le
levier est un élément...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est que vous empruntez de l'argent sans risque pour l'investir dans des
actifs risqués, dans l'espoir d'obtenir un rendement qu'on appelle une prime de
risque, et la prime de risque, c'est du domaine de l'incertain, alors, à long
terme, vous avez une prime de risque positive. Dans notre cas, ça tourne autour
de 2 %, le rendement espéré, la prime de risque, 2 %. Ça, c'est le
centre de la distribution, la valeur espérée, mais vous avez des chiffres
négatifs autour de ça, vous pouvez avoir une année à plus 5%, plus 6%, vous
pouvez avoir une année à moins 6%, moins 8%.
M. Beauchemin : Mais vous ne
répondez pas à ma question. Est-ce que cet élément-là était un élément décisif
dans leur recommandation? Parce qu'on peut parler évidemment de l'argent qui
peut être investi dans les bons du Trésor au «risk free rate» puis on peut
parler des investissements en haut de la courbe de placement qui sont plus à
risque, O.K.? Ça, on peut avoir une autre discussion, et on l'aura, mais, en ce
qui a trait à l'élément de risque que vous mentionnez, du 15% à 20 %, est-ce
que c'est donc ça qui était l'élément principal? Est-ce que je peux conclure
que c'est ça qui est élément principal de l'ensemble des intervenants qui vous
ont fait cette recommandation-là?
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, là, moi, je ne suis pas autorisé à parler au nom de la chaîne en
fiscalité et finances publiques. Je ne suis pas non plus, certainement pas,
autorisé à parler au nom de l'Association des économistes québécois, puis
surtout quand c'est des associations comme ça, d'avoir une position commune,
là, en arrière, il y a toute une panoplie de divergences d'opinions, là. Ce
n'est pas parce que l'Association des économistes québécois dit ça que tous les
économistes québécois en arrière sont d'accord avec la position de l'Association
des économistes québécois. Mais ça tourne autour du levier, du fait qu'on prend
du risque et que lorsqu'on prend du risque il y a des bonnes années puis il y
en a des moins bonnes.
M. Beauchemin : O.K., mais
juste pour qu'on soit clair sur une affaire, O.K., les gens vous ont fait des
recommandations, et vous, vous ne faites pas de recommandation, vous ne faites
que redistribuer cette information-là, comme cible pour le gouvernement, en
termes de gestion du Fonds des générations, 15 % à 20%, parce que vous
vous l'êtes fait dire. C'est ça...
M. Girard (Groulx) : ...nous,
on garde une flexibilité sur... On n'a pas donné de cible sur la taille du
Fonds des générations, on a donné une cible sur la taille de la dette dans 15
ans, avec une cible intérimaire dans 10 ans, parce que c'est... Le Fonds des
générations, c'est un outil secondaire visant à réduire le poids de la dette.
Donc, on donne des cibles sur la réduction du poids de la dette. Le Fonds des
générations est un des outils qu'on utilise pour réduire le poids de la dette.
M. Beauchemin : O.K., donc
c'est deux conversations distinctes.
M. Girard (Groulx) : Bien,
on... Par exemple, cette année, on a pris de l'argent du Fonds des générations,
on le verse sur la dette, O.K., c'est l'essence même du Fonds des générations,
2,5 milliards. Pourquoi on fait ça? Pour réduire notre programme de
financement, cette année, qui était élevée. Alors, on fait un versement, on
réduit. 2,5 milliards.
M. Beauchemin : Tout à l'heure,
vous parliez de risque. L'argent, on l'emprunte dans le marché obligataire à
court terme, marché monétaire, marché bancaire, puis là, après ça, on la place
dans des actifs plus à risque. En finance, de base, O.K., quand, par exemple,
des déposants donnent de l'argent à un gestionnaire, ils ont le choix entre
donner de l'argent à un gestionnaire ou acheter des obligations du Trésor, des
"T-bills", qui coûtent... qui donnent un faible rendement, le
rendement... "risk-free rates". Et donc ça, c'est toujours
l'alternative qui est devant des déposants. La Caisse de dépôt, par exemple,
eux, reçoivent de leurs 27 déposants... puis je m'ai peut-être trompé, là, sur
le nombre de déposants, là, ça a peut-être augmenté, là, mais ils ont les
déposants qui ont le choix de placer 100 % de leur argent dans du... ou
des obligations du Trésor à trois mois à un taux x, là, O.K., ou investir ça
dans la politique de placement de la Caisse de dépôt. Ils prennent ce
risque-là.
• (10 heures) •
M. Girard (Groulx) : Mais c'est
le déposant qui choisit sa politique de placement, là, ce n'est pas la Caisse
de dépôt.
M. Beauchemin : Oui, je sais,
mais ils ont le choix entre tout mettre dans le 100 % marché obligataire,
trois mois, par exemple, s'ils voulaient, marché monétaire, trois mois, ou
suivre les recommandations, politiques de placement de l'équipe de la Caisse de
dépôt puis avoir des rendements qui sont différents, O.K.? Donc, on parle de
quasiment 400 milliards de dollars, qui est l'ensemble des gestionnaires qui,
année après année, vont donc avoir ces mandats-là par l'ensemble des déposants,
des mandats qui sont variables un par rapport à l'autre, vous allez voir, c'est
une autre question, un autre préambule pour en arriver à la question, là, mais
c'est certain que, si nous tous ici, dans la salle, demain matin, on était
capables de dire : L'année prochaine, ça ne va pas être une bonne année,
là, on devrait être tous dans les "T-bills" pour le reste de la
saison, là, on serait extrêmement riches, tout le monde, O.K.?
Donc, l'idée de faire en sorte qu'une
année peut être la raison pour laquelle il y a du risque dans le Fonds des
générations... Une année pour laquelle on peut décider de ne plus suivre la
politique de placement recommandée par l'équipe au complet de la Caisse de
dépôt fait en sorte qu'on se dit : bon, bien, O.K., ça veut donc dire que
c'est fini, on ne sera plus jamais capable de refaire cet argent-là. Quand on
regarde la performance de la Caisse de dépôt depuis 2007-2008, depuis notre
crise canadienne et la crise du «subprime» aux États-Unis, oui, il y a eu
énormément d'argent, en pourcentage, beaucoup plus, qui a été fait que ce qui a
été perdu.
Donc, je comprends ce que vous me dites
quand vous dites : Bien, on ne peut pas prendre de l'argent à levier, mais
prendre l'argent à levier, là, c'est exactement la même décision :
emprunter le coût d'opportunité de l'argent à court terme, trois mois, versus
de l'argent qu'on dépose, la même analyse financière, le «opportunity risk», le
risque d'opportunité est le même, de l'argent qui aurait pu être dans des «T-bills»
trois mois où l'argent que j'ai investi dans des actifs plus haut dans la
courbe de risque.
Donc, pour en arriver à la question :
Vous, là, si vous aviez regardé, donc, la performance de la Caisse de dépôt,
qui a perdu, l'année passée, pour des raisons de mauvais rendement, là, est-ce
qu'il faudrait comme arrêter, donc, de faire une gestion active à la Caisse de
dépôt puis juste mettre de l'argent les «T-bills», selon vous, basé sur votre
analyse du Fonds des générations?
M. Girard (Groulx) : Là, vous
mélangez deux concepts, vous mélangez la gestion active de la Caisse de dépôt
et le Fonds des générations. Alors, si vous voulez, votre question, c'est...
Pour le Fonds des générations, O.K....
10 h (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...on
emprunte de l'argent au taux du gouvernement du Québec, on a une durée... La
durée, c'est l'échéance moyenne de la dette, pour ceux qui nous écoutent à la
télévision. On a une échéance moyenne de la dette de 11 ans. Donc, si je
simplifie, à chaque année, on roule 10 % de notre dette. Notre taux
marginal d'emprunt en 2022 : 3,5 %, O.K. Le rendement du Fonds des
générations en 2022 : moins 8 %. Ça fait que le coût d'opportunité en
2022 du Fonds des générations : 11,5 %, parce qu'on a emprunté à 3,5 %
pour investir, mais on a fait moins 8 %. Ça fait que notre coût d'opportunité,
c'est 11,4 % - là, je vais y aller à la décimale près, à la page I-10 -
11,4 % sur la taille du fonds, qui était de 19 milliards. Alors, si
on avait eu 100 milliards, bien, notre coût d'opportunité aurait été sur
100 milliards. Là, notre coût d'opportunité, il a été sur 19 milliards.
Alors, vous comprenez qu'à négatif, moins 11,5 %, on était bien contents
de ne pas avoir 100 milliards dans le Fonds des générations.
M. Beauchemin : Je comprends
ça, M. le ministre, mais c'est comme... Les déposants auraient pu, eux autres
aussi, choisir s'ils avaient voulu - parce qu'ils ont le choix, c'est eux
autres qui décident de la politique de placement - mettre tous les actifs qu'ils
ont à gérer par la Caisse de dépôt dans de la dette 11 ans, durée moyenne
du gouvernement de Québec, à 3,5 % aussi, et ils ne l'ont pas fait. C'est
exactement la même logique. Je ne mélange pas...
M. Girard (Groulx) : Il y a
une différence majeure.
M. Beauchemin : Je ne mélange
pas deux concepts. Bien, je ne mélange pas...
M. Girard (Groulx) : Il y a
une différence majeure...
M. Beauchemin : Bien, il y a
un...
M. Girard (Groulx) : ...c'est
que, nous, on emprunte l'argent pour le mettre dans le Fonds des générations.
M. Beauchemin : Oui, mais, M.
le ministre...
Le Président (M. Simard) : S'il
vous plaît, un à...
M. Beauchemin : Mais vous
comprenez...
Le Président (M. Simard) : ...ça
va très bien, on va y aller un à la fois.
M. Beauchemin : Vous
comprenez aussi bien que moi, O.K., que l'argent qui.... On a une pile d'argent
ici, là, O.K. Si elle n'est pas placée, elle perd son coût d'opportunité. Le
coût d'opportunité de l'argent, c'est le rendement trois mois ou l'argent de 10 ans
du gouvernement du Québec. Ça, c'est comme la finance 101. Donc, on peut
prendre...
M. Girard (Groulx) : Bien,
finance 101, M. le député, on n'a pas de pile d'argent, on emprunte...
M. Beauchemin : Je comprends.
Là, moi, je vous parle...
M. Girard (Groulx) : ...200 milliards
d'argent à chaque année. Il n'y a pas de pile.
M. Beauchemin : Moi, je vous
parle de la Caisse de dépôt, les déposants, O.K. La même logique se... On peut
prendre l'argent, O.K., emprunter de l'argent ou avoir de l'argent...
M. Girard (Groulx) : Oui, à
3,5 %.
M. Beauchemin : ...c'est le
même rendement, O.K., c'est exactement le même rendement. Donc, moi, je ne
comprends pas la vision que vous avez qu'une année négative dans les marchés
est la raison principale pour laquelle on ne devrait jamais faire ça. Si c'était
le cas, bien, on ne devrait juste plus jamais investir dans les marchés, point.
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Beauchemin : Bien...
Donc...
M. Girard (Groulx) : Pas du
tout. Je vous dis qu'on doit pondérer la taille du Fonds des générations en
fonction de notre appétit pour le risque. Si notre appétit... Sachant qu'en
2008 on a perdu 22 %, sachant qu'en 2022 on a perdu 8 %, alors,
est-ce que, moi, j'ai envie d'avoir un Fonds des générations de 100 milliards de
dollars qui perd 22 % dans une des 12 prochaines années? Non, c'est
trop gros en proportion d'une dette de 200 milliards. C'est une question d'appétit
pour le risque. Oui, emprunter de l'argent au taux des obligations du
gouvernement du Québec et l'investir dans des actifs risqués, à long terme, ça
donne un rendement additionnel, qu'on appelle la prime de rendement pour le
risque, de 2,2 %.
Alors, le Fonds des générations existe
depuis 15 ans. En moyenne, on a battu le rendement des obligations du
gouvernement du Québec de 2,2 %. Très bon. Mais ça doit être pondéré en
fonction qu'on sache que le 2,2 %, c'est une moyenne, qu'il y aura des
années négatives et que les années négatives, bien, plus le fonds est gros,
plus elles vont faire mal.
M. Beauchemin : En
pourcentage, ça va être la même douleur que depuis l'installation du fonds. Je veux
dire, c'est juste une question de voir que, de façon historique, ce genre de
comportements de deux classes d'actifs totalement différentes va tout le temps
avoir ce différentiel-là. Donc, si on n'est pas capable de vivre avec la
volatilité... C'est votre position. Si on est capable d'avoir un horizon plus
long terme, on le voit quand même, qu'il va y avoir une surperformance par
rapport au coût d'emprunt.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mais, là où il ne faut pas faire... Parce que, par exemple, là, si j'écoutais
RDI Économie, là, il y aurait un Fonds des générations à 400 milliards de
dollars, parce qu'eux, ils disent : Bien, voyons! Le rendement, c'est
positif...
M. Girard (Groulx) : ...2.2 %
à long terme. Oui, mais ce n'est pas de même, ça marche. 2.2 %, c'est
l'espérance de la distribution, le centre, la moyenne, O.K.? À droite, c'est
3 %, 4 %, 5 %. Mais, à gauche, là, c'est 1 %, 0 %,
-1 %, -2 %, -8 % l'an dernier, -22 % en 2008. Bien, moi,
là, quand je gère la dette du gouvernement du Québec, il faut que je tienne
compte de l'ensemble de la distribution. Il ne faut pas juste que je parte avec
mon baluchon puis je dise : bien, l'espérance est positive, 2.2 %,
«Let's go», on va mettre 100 milliards dans le fonds les générations.
M. Beauchemin : ...court
terme de ce que les profils de risque des marchés peuvent représenter. Si, un
jour...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est quoi, la meilleure mesure de risque, M. le député?
M. Beauchemin : S'il y avait,
un jour, M. le ministre, un...
M. Girard (Groulx) : C'est
quoi la meilleure mesure de risque quand on gère de l'argent?
M. Beauchemin : La meilleure
mesure de risque, M. le ministre, ça serait de considérer que des classes
d'actifs qui sont différentes vont avoir des comportements différents sur un
horizon long terme. Si, pour une raison que je ne peux pas m'expliquer, ça
arriverait un jour où est-ce que les actifs dans lesquels le Fonds des
générations performerait de façon négative, et, ce, continuel, par rapport aux
coûts d'emprunt, au coût d'opportunité de l'argent qui entre dans le Fonds des
générations...
• (10 h 10) •
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Beauchemin : ...On va être
dans une situation encore beaucoup plus pire que... C'est juste ces deux
courbes d'actifs là qui ne sont pas dans le même... en surperformance.
Le Président (M. Simard) : alors,
en conclusion. Souhaitez-vous emprunter sur votre prochain bloc, cher collègue?
M. Beauchemin : Ça va aller,
on...
Le Président (M. Simard) : Ça
va aller. Très bien. Alors, sur ce, nous allons poursuivre nos échanges, et je
cède la parole à notre collègue de Maurice-Richard, qui disposera de
10 minutes 34 secondes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. M. le ministre, chers collègues, je suis toujours très heureux de
participer à cet exercice démocratique. Et je vois le sourire de M. le
ministre, je pense qu'on apprécie tous les deux cet exercice.
Si je peux me permettre juste une réaction
sur la conversation qui vient d'avoir lieu. Je la trouve délicieuse, si je peux
me permettre ce genre d'adjectif, étant donné que, quand même, on est dans une
situation où on a une première opposition qui veut absolument qu'un État
utilise un effet de levier pour investir en bourse. Et, nous, on fait partie
des gens qui ne pensent pas que c'est le rôle de l'État, c'est le rôle de
certains «edge funds» et d'autres compagnies qui aiment investir en bourse.
Ceci étant dit, on pense que le rôle de
l'état, c'est de taxer ces compagnies-là, qui vont ramasser de l'argent en
bourse, peut-être un peu plus que ce qui est fait actuellement. Et c'est peut-être
là plutôt le désaccord qu'on pourrait avoir.
D'abord, le premier échange viserait un
certain nombre de clarifications qu'on aurait sur le budget. Dans le budget, on
parle de la question de la dette nette et de la dette brute. Est-ce que vous
pourriez nous expliquer, M. le ministre, c'est quoi, la différence?
M. Girard (Groulx) : Oui.
La... pour arriver à... On prend la dette brute, on soustrait les valeurs
mobilières ou les placements pour obtenir la dette nette. Alors, si on va à la
page I-12, bien, on peut voir qu'au 31 mars 2023 il y avait
222,6 milliards de dette brute, et que les actifs financiers totalisaient
15.8 milliards, donc la dette nette était de 206,8. Alors, ce sont des
placements, valeurs mobilières. Par définition, on parle d'actifs plus liquides
et non d'immobilisation.
M. Bouazzi : O.K. Donc, si je
comprends bien, ça contient, par exemple le Fonds des générations?
M. Girard (Groulx) : Le Fonds
des générations. Et, lorsqu'on rapporte la dette brute, le Fonds des
générations est soustrait. Ça, c'est entendu avec les agences. Alors, si on
voulait la dette brute plus le Fonds des générations, il faudrait simplement
ajouter la valeur comptable à la dette brute.
M. Bouazzi : Je n'y tiens
pas. C'était vraiment juste pour comprendre ce qu'il y a dedans, ce qu'il n'y a
pas.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, le 222 devient approximativement 240.
M. Bouazzi : Et est-ce qu'il
y a, par exemple, la valeur d'Hydro-Québec? Donc, de ce que je comprends, c'est
non?
M. Girard (Groulx) : Non,
non.
M. Bouazzi : O.K. Excellent.
M. Girard (Groulx) : Et
Hydro-Québec a son propre programme de financement et ses actifs, son propre
programme de financement, sa capitalisation. Bien sûr, on est actionnaires à
100 %.
M. Bouazzi : Merci, M. le
ministre, pour ces clarifications. Deuxième question aussi de clarification. On
a, donc, à la page neuf du volume un, on parle de la cible pluriannuelle des
dépenses, et il y a un écart à résorber...
M. Bouazzi : ...dans ce...
Dans la présentation des deux valeurs, donc des coûts de reconduction des
programmes et puis l'objectif des dépenses de programmes.
M. Girard (Groulx) : Tu sais,
pouvez-vous donner la page exacte? Parce que, là, vous êtes dans les documents
du Trésor. On va les chercher pendant que vous posez votre question.
M. Bouazzi : C'est le volume
I, page 9.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
M. Bouazzi : Et donc ma
question est probablement simple, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Bouazzi : Je serais
curieux de vous entendre. Donc, on parle de la cible pluriannuelle. Donc, ma
première question c'est : Comment elle est fixée? Et puis la... la... la
deuxième : C'est pourquoi est ce qu'elle est en dessous du coût de
reconduction?
M. Girard (Groulx) : La cible
pluriannuelle est en dessous du coût de reconduction.
Une voix : Merci.
M. Girard (Groulx) : Je
cherche le volume I, mais je vais y aller en général. Nous nous sommes engagés
à aller chercher 1 % d'efficience des dépenses sur quatre ans. C'était un
engagement électoral à divulguer explicitement, très clairement, et il était
d'autant plus crédible qu'on avait fait la même chose dans les quatre premières
années du mandat. Alors, on a approximativement 150 milliards de dépenses
allant l'année 4, et donc 1 %, ça veut dire qu'on cherche
1,4 milliard d'efficience à l'an 4, et ça, le Trésor travaille avec
les ministères pour diminuer la base budgétaire de 1,25 % par année, ça
cumule jusqu'à 1 %. Et cet exercice-là est fait dans le cadre d'une saine
gestion des finances publiques. D'abord, tous les programmes ne doivent pas
être totalement reconduits, à 99 %, oui. Mais c'est normal de se poser des
questions. Puis est-ce que ce qu'on fait fonctionne puis est-ce que, avant
d'ajouter des nouveaux programmes, on pourrait, par exemple en éliminer?
Ça, c'est d'une part, et d'autre part, on
a toute la question qui a été divulguée plusieurs fois dans les documents
budgétaires des dépenses réalisées qui sont inférieures aux dépenses budgétées,
c'est-à-dire qu'on n'arrive pas... si on prévoit, par exemple,
135 milliards de dépenses cette année, je pense que c'est 138 le chiffre
exact, mais il est possible que les dépenses réalisées soient de l'ordre de
135, 136. Et donc toute cette question de dépenses réalisées, dépenses
budgétées, coûts de reconduction des programmes, efficience, tout ça est pris
en compte par ma collègue dans la prévision de la base budgétaire des
ministères et programmes.
M. Bouazzi : Donc, est-ce que
je comprends que le... la différence entre le coût de reconduction des
programmes et l'objectif des dépenses du programme est due à... de ce que vous
avez décrit à deux axes, un, c'est les objectifs d'efficience que vous avez et
qui enlèveraient 1,25 annuellement...
M. Girard (Groulx) : Point
25 pas...
M. Bouazzi : Oui, un...
M. Girard (Groulx) : Un zéro
virgule... On s'est compris.
M. Bouazzi : On s'entend, un
point vingt... un zéro virgule point... ah, zut, ça ne marche pas.
M. Girard (Groulx) : 0,25 par
année pour un total de 1 % après quatre ans.
M. Bouazzi : Exact. Et... et
de l'autre côté, l'argent qu'on n'est pas capable de dépenser tout simplement
pour toutes sortes de raisons, qu'on n'ait pas réussi à embaucher du monde, ou
toutes sortes...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que l'argent qu'on n'est pas capable de dépenser, ça, c'est... il
n'y a pas de projection là-dessus, là. On projette...
M. Bouazzi : Ça fait que ce
serait juste le point zéro 25... le zéro... le 0,25? Bref, ce n'est pas grave,
vous pouvez peut-être nous revenir, c'était vraiment par...
M. Girard (Groulx) : Oui,
non, non, mais je vais... on va trouver le... Bon, on l'a trouvé, l'écart à
résorber. Bon. Alors, en 2024-2025, coûts de reconduction des programmes,
118,3, et objectifs de dépenses, 117,7. C'est donc dire que le... la base
budgétaire est inférieure au coût de reconduction des programmes de
540 millions, ça, c'est pour l'ensemble du gouvernement. Et donc en
pourcentage, ce serait un 24e. O.K., un 24e, ça doit tourner autour de
0,2 %. Et donc oui, il y a une part efficience, mais à chaque année... en
fait, moi, j'ai cinq ans d'expérience, il est normal d'avoir des écarts à
résorber dans le processus budgétaire, c'est... ça fait partie de la saine
gestion des finances publiques parce que si on projette des dépenses plus élevées
que les coûts de reconduction, c'est sûr que cet argent-là va être dépensé,
et... et on incite à avoir une base budgétaire trop élevée qui va amener plus
de dépenses non...
M. Girard (Groulx) : ...réalisé.
M. Bouazzi : Merci, M. le
ministre. Maintenant, sur un autre sujet, mais ça touche quand même évidemment
le même... le même sujet. Il y a une récente analyse de l'IRIS qui titrait
les... et ça ne donne pas une vraie idée de la situation. Donc, les prévisions
des ministres des Finances, Yves Séguin, le meilleur. Éric Girard, le pire.
M. Girard (Groulx) : Oui,
j'ai vu ça. J'ai une relation spéciale avec l'IRIS... une relation spéciale.
M. Bouazzi : C'est bon. Nous,
on a une très bonne relation avec l'IRIS.
M. Girard (Groulx) : C'est
parfait. Je pense même qu'il y a un de vos candidats qui travaille là, avec qui
j'ai eu l'occasion de débattre à quelques reprises.
M. Bouazzi : Il ne travaille
plus là depuis très longtemps.
M. Girard (Groulx) : Ah non?
Très sympathique, on n'est pas de la même école économique, mais très
sympathique.
• (10 h 20) •
M. Bouazzi : Donc... et
effectivement, ça... évidemment, vous avez opéré dans des moments très
fluctuants et assez imprévisibles d'un point de vue budget.
M. Girard (Groulx) : Même
l'IRIS reconnaît ça.
M. Bouazzi : Absolument,
absolument. D'ailleurs, l'IRIS est très honnête dans ses analyses. Mais même...
ça n'empêche que la question qui se pose, c'est : Est-ce qu'on ne devrait
pas avoir un deuxième oeil indépendant via une institution comme le directeur
parlementaire du budget, qui est une institution qui existe évidemment, comme
vous le savez, depuis plusieurs années à Ottawa? Est-ce que vous seriez
ouverts, M. le ministre, à explorer la possibilité d'avoir, donc, ce deuxième
œil indépendant qui nous donnerait des chiffres qui possiblement... ne seraient
meilleurs, mais seraient indépendants.
Le Président (M. Simard) : ...environ
20 secondes.
M. Girard (Groulx) : Bien,
20 secondes. Oui, il ne faudrait pas qu'il y ait de dédoublement avec le
travail que la vérificatrice générale fait. Alors il faudrait que, par exemple,
le rapport préélectoral migre de la vérificatrice générale vers le directeur
parlementaire du budget. Et oui, on est ouverts à ça. Ça fait partie des
discussions en cours ou pas sur la réforme parlementaire.
M. Bouazzi : ...M. le
ministre.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci. Nous poursuivons nos échanges, qui vont très bien, du reste. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous disposez à nouveau de 21 minutes.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Je vais me passer pas de commentaire sur l'introduction de mon
collègue de QS.
Juste sur le dernier paragraphe d'une
étude qui a été faite par, justement, Monsieur Saint-Maurice, Godbout et
St-Cerny, Madame St-Cerny : «Une chose est claire, plusieurs études
montrent que le Québec a d'importants défis à relever face à une population
vieillissante. La croissance potentielle de l'économie serait ralentie par la
faible augmentation du bassin de main-d'œuvre disponible, nuisant ainsi à la
création de richesse. En même temps, le gouvernement devra affronter une hausse
soutenue des dépenses en santé, conséquence d'une population âgée de plus en
plus nombreuse. Les futurs contribuables, donc les prochaines générations, devront
probablement supporter une charge fiscale plus importante pour conserver le
même niveau de service. Un problème d'équité intergénérationnelle se pointe
donc à l'horizon, et c'est dans ce contexte et cet environnement que les
options sur l'avenir du Fonds des générations devront être analysées.»
Toute la conversation que j'ai eue avec
vous tout à l'heure, M. le ministre, puis toute la conversation que je
maintiens depuis à peu près six mois dans l'espace public à propos du Fonds des
générations, c'est cet angle-là. Je ne fais pas que regarder le Fonds des
générations de façon juste ponctuelle par rapport à un outil de levier qui nous
aide à abaisser la dette du Québec. C'est effectivement la prémisse qui a été
mise de base par monsieur Audet et le gouvernement libéral de l'époque de
mettre en place le Fonds des générations pour répondre aux inquiétudes du monde
des affaires, pour répondre aux inquiétudes des agences de crédit, pour
installer une certaine discipline quelconque dans la gestion des dépenses dans
les... des Finances publiques.
Mais maintenant, on est rendus
20 ans, presque, plus tard puis on est dans un environnement de croissance
démographique totalement différent. Les prochaines générations vont être de...
vont être moins nombreuses. Ils vont être de moins nombreux à avoir à prendre soin
de plus en plus de monde. Juste simplement se payer les services publics que
nous, aujourd'hui, on prend pour acquis, ça, ça va devenir extrêmement
difficile et tout un défi pour eux de le maintenir.
Dans ce contexte-là, une... un
repositionnement du concept même du Fonds des générations... Je ne parle pas de
faire comme ce que le collègue de QS suggère, c'est-à-dire de tout simplement
dilapider le Fonds des générations, là, moi, je parle de prendre le Fonds des
générations puis l'amener à un autre niveau pour permettre justement que pour
les prochaines générations, on puisse leur donner...
M. Beauchemin : ...les moyens
de leurs ambitions pour qu'ils puissent avoir les moyens d'avoir les mêmes
services que nous, aujourd'hui, on prend pour acquis. Est-ce que vous, M. le
ministre, vous êtes ouvert à l'idée de regarder un Fonds des générations,
peut-être un fonds santé, un fonds environnement basé sur le même concept du
Fonds des générations? Peut-être c'est le Fonds des générations qu'on fait juste
un petit peu modifier la mission pour faire en sorte que, oui, on continue à
avoir un ratio dette nette-PIB intéressant pour les agences de crédit, mais, en
même temps, on positionne les générations futures vers un avenir qui leur soit
plus prospère. Est-ce que vous êtes d'accord pour ça?
M. Girard (Groulx) : Bien là,
vous me dites : Puisque vous êtes contre un fonds des générations de
taille plus importante, seriez-vous pour qu'on garde la taille du Fonds des
générations puis qu'on fasse d'autres fonds à côté? Ma réponse, c'est non.
M. Beauchemin : L'idée de
positionner les générations futures vers un avenir où est-ce qu'ils pourraient
aider... s'aider eux-mêmes à avoir des revenus venant d'un fonds quelconque
pour leur permettre d'avoir sous contrôle les dépenses de santé, éducation,
enseignement supérieur, vous êtes contre l'idée?
M. Girard (Groulx) : Bien là,
vous mélangez deux choses. Vous m'avez demandé si j'étais pour créer des
nouveaux fonds. Je vous ai dit non. Puis là vous faites un jugement qualitatif
sur ce que ça implique, ma réponse. Alors, les bénéfices de réduire le poids de
la dette, ce que nous faisons avec une cible à long terme, on va réduire le
poids de la dette de 10 % sur 15 ans, c'est très bon, les bénéfices
de ça, c'est... sont énumérés à la page I-7, ça va contribuer à l'équité
intergénérationnelle, ça va permettre un financement stable des principales
missions de l'État, ça va permettre de faire face au coût du vieillissement de
la population, mettre en place des mesures pour lutter contre les changements
climatiques, financer des investissements dans les infrastructures, réduire le
fardeau fiscal des Québécois, contrer de nouvelles récessions, augmenter
l'autonomie financière du Québec dans la fédération, parce qu'on reçoit
toujours de la péréquation.
M. Beauchemin : Je peux
prendre l'exemple du transport en commun. Je comprends exactement ce que vous
dites. Donc, ce que vous faites, c'est : en réduisant le ratio dette
nette-PIB, vous augmentez la capacité d'emprunt future, au besoin s'il y a, de
faire des ajustements pour les prochaines générations quand ça sera à leur tour
d'être en charge, là, du gouvernement. Mais l'exemple du transport en commun
est superintéressant. Dans votre budget, cette année, vous mettez
400 millions de dollars de mesures pour aider l'ensemble des sociétés
de transport, je pense que la demande était de 800 millions, aucune aide
planifiée pour les années à venir. Donc, on peut se poser la question :
Comment vont-elles être capables, eux autres, s'il n'y a pas cette
planification-là dans votre plan à vous?
M. Girard (Groulx) : Alors,
il y avait...
M. Beauchemin : Transport en
commun.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais il y avait toute une introduction à votre question. Puis je voulais
souligner au président que c'était la première fois depuis le début des
crédits, aujourd'hui, que j'étais totalement d'accord avec le député de
l'opposition. Parce que, oui, réduire le poids de la dette nous donne plus de
moyens à long terme, et ceux qui auront le privilège d'être les fiduciaires des
finances publiques dans l'avenir pourront choisir dans les différentes
responsabilités, la lutte aux changements climatiques, les principales missions
d'État. Réduire le poids de la dette donne plus de moyens à long terme, puis
c'est ça qu'on veut, O.K. Puis il y a une liste importante de responsabilités,
et les gouvernements futurs pourront choisir où mettre les priorités.
Financement du transport en commun. C'est
le transport en commun... Puis vous savez, moi, je suis ouvert aux critiques.
Les gens ont droit à leur opinion puis ils peuvent dire : Le gouvernement
aurait dû faire plus de ci puis ça. Le transport en commun, le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec ont donné 2,2 milliards de
dollars aux sociétés de transport en commun pour les aider à faire face à la
pandémie. Le dernier versement était de 400 millions. Et, oui, c'est de
l'aide d'urgence parce que le volume de clientèle n'est pas revenu au niveau
d'avant la pandémie.
Maintenant, on doit faire une réflexion
sur le long terme. Et un des éléments de cette réflexion-là, c'est :
Est-ce que les usagers vont revenir? Est-ce qu'on va revenir à 100 %,
105 %, 110 % d'usagers? Parce que, si on doit fonctionner avec
80 % d'usagers, bien là, il faut réfléchir à ça. Alors, il y a toute la
question...
M. Girard (Groulx) : ...la
demande. Et puis là, il y a une réflexion qui est en cours, qui est dirigée par
ma collègue, la vice-première ministre, et évidemment, les sociétés de
transport en commun, les municipalités sont consultées. Il y a une réflexion à
long terme sur le financement. Mais quant aux 2.2 milliards que nous avons
donnés avec le gouvernement fédéral, j'en suis extrêmement fier. Je me suis
battu pour bonifier la contribution du gouvernement fédéral. Notre dernier
400 millions n'a pas été apparié. Le gouvernement fédéral a choisi de ne
rien mettre dans son budget. Alors, le 400 aurait pu être 800. Ça aurait pris
400 du gouvernement fédéral.
M. Beauchemin : Oui, je
comprends. Ça, c'est... C'est malheureux qu'Ottawa n'a pas voulu aider,
évidemment, là-dessus, mais c'est pour ça que je me dis, en guise de conclusion
sur l'ensemble du Fonds des générations, d'avoir la capacité de donner aux
prochaines générations cette capacité future d'emprunt, au besoin, s'il y a, de
pouvoir emprunter pour faire quoi que ce soit, santé, services sociaux, etc.,
puis ça, c'est en supposant que les marchés sont disponibles, en supposant que
tu l'auras, mais un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, la raison pour
laquelle je considère l'amélioration du fonds des générations en ayant des
lancées plus ouvertes que simplement la réduction de la dette leur permettant de
justement les équiper pour pouvoir avoir ce véhicule les aidant à ce moment-là
et ils auront le contrôle, ils le tiendront dans leurs mains, c'est sûr que
c'est plus sécuritaire. Quand on parlait de risque tantôt, ça, c'en est un. Je
veux maintenant passer au... Un des sujets qu'on a discuté brièvement tantôt en
étude de... avec votre collègue au ministère du Revenu... le président du
Trésor, excusez.
• (10 h 30) •
M. Girard (Groulx) : Oui.
Je pensais que je venais de perdre ma job.
M. Beauchemin : Excusez.
M. Girard (Groulx) : Je
suis officiellement le ministre du Revenu.
M. Beauchemin : D'accord.
Avec votre collègue au Trésor, on a discuté effectivement, là, du coût de
reconduction des programmes puis des objectifs de dépenses et... Et donc je
veux juste voir avec vous. On regarde ça, ces chiffres-là puis on dit :
Bon, O.K. Ça, c'est basé sur... Là, je suis à la page du budget de... de votre
budget. Je m'excuse, je n'ai pas de numéro de page. Page 9, oui, gestion des
dépenses.
M. Girard (Groulx) : Le
cadre financier, c'est la page H-5.
M. Beauchemin : Oui, moi
j'ai une autre page. Je ne me souviens plus exactement c'est laquelle. Donc,
j'ai... C'est peut-être un résumé de votre page.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Allez-y.
M. Beauchemin : C'est la
stratégie budgétaire, effectivement. Donc, on s'entend que quand on fait face à
une crise d'inflation, donc l'inflation arrive en premier. Par la suite, va
suivre une augmentation, comme vous l'avez vécue, on l'a... on l'a tous vécue,
des revenus de l'État. Et puis, par la suite, bien, il y a les dépenses de
l'État aussi qui vont avoir augmenté. Il y a un effet de retard, un «lag
effect», d'une certaine façon, en ce qui a trait à la capacité de l'État de
pouvoir gérer par la suite, là, ses dépenses. Parce que, quand l'inflation va
ralentir, l'augmentation des revenus aussi va ralentir. Cette courbe-là va
suivre l'autre. Cependant, les dépenses, elles, vont continuer à augmenter. Et
donc la question que j'avais quand je parlais avec votre collègue au Trésor.
Quelles sont les hypothèses d'inflation qui ont été mises dans le modèle, ici,
pour en arriver à ces chiffres-là?
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. le Président, si vous vous permettez de souligner, on a une bande de jeunes
auditeurs, là, qui nous surveillent en haut, et je les salue. Ils sont
passionnés par la Commission des finances publiques. Alors, il y a de futurs
fiduciaires des finances publiques. Peut-être que je leur recommanderai
d'autres lectures que l'IRIS, là, ou... C'est des blagues, c'est des blagues.
Il faut... Il faut lire tout une... Il faut lire avec diversité d'opinions. Les
hypothèses d'inflation, je... Indice des prix à la consommation, page A-31
du budget : 2023, 3,5 %; 2024, 2,2 %; 2025, 2026, 2027,
2 %. Alors, essentiellement, c'est la trajectoire de la Banque du Canada.
On commence l'année 2023 autour de 5 %. On finit en bas de 3 %,
en moyenne 3,5 % en 2023. À la fin 2024, on est revenu à l'inflation
tendancielle de 2 %. C'est ça, les hypothèses.
M. Beauchemin : O.K.
Donc, ça... Puis pour ce qui est des...
10 h 30 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...revenus
associés, donc à votre budget. C'est la même hypothèse de base au niveau des
revenus?
M. Girard (Groulx) : Bien,
les revenus, le lien est avec le PIB nominal. Le PIB nominal du Québec, c'est
1,5 % de croissance à long terme tendanciel, plus 2 % d'inflation,
3,5% de PIB nominal d'espérance à long terme. On vise à amener ça à 4 %
avec des réformes structurelles. On continue à travailler là-dessus, mais un
3,5% de croissance, l'hypothèse du PIB nominal.
M. Beauchemin : ...santé et
services sociaux, vous avez mis, puis, malheureusement, la page, je l'avais
ici, je suis désolé, je ne l'ai pas devant moi, là, il y avait une hypothèse au
niveau de 2024 à 2027, en termes de... excusez, non, il y avait une hypothèse d'augmentation
de 7,6 % ou 5,7 %.
M. Girard (Groulx) : Je peux
vous donner la page. Alors, c'est dans la section I... excusez, H, H.29.
M. Beauchemin : C'est ça. Je
viens de le retrouver, merci.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
Oui.
M. Beauchemin : Alors, quand
on regarde les dépenses de portefeuille, pour 2022-2023, c'est une augmentation
de 7,9 %.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Puis, pour ce
qui est de l'année 2023-2024, c'est 1,2 %.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : O.K., donc ce
chiffre-là, il est net de l'inflation?
M. Girard (Groulx) : Non, c'est
les dépenses nominales.
M. Beauchemin : Nominales,
oui.
M. Girard (Groulx) : Et puis
là vous devez lire la note 2, qui explique pourquoi on passe de 7,4% à 1,2%. Et
là je félicite les professionnels du ministère des Finances qui, à chaque fois
qu'on a un chiffre qui dévie de 2% à 4 %, là, on met une note de bas de
page puis on l'explique. Quelle transparence! S'il y a quelqu'un du
gouvernement fédéral qui nous écoute, il pourrait faire pareil dans nos
budgets.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, quand on regarde ça, pour revenir à l'image que j'essaie de me faire de l'idée,
là, c'est que quand on a des dépenses qui ont augmenté, évidemment, en partie
grâce... en partie à cause de l'inflation dans les dernières années, et que l'inflation
s'estompe, la croissance que vous reflétez, là, dans votre... dans la page
H.29, reflète donc cette baisse-là d'inflation.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais il faut être bien conscient que, dans les dépenses, il y a...
M. Beauchemin : Il y a d'autres
facteurs.
M. Girard (Groulx) : Non, il
y a une partie importante qui est les salaires et qu'il y a une négociation
dans le secteur public alors nos croissances de dépenses reflètent les offres
qui ont été déposées. Mais essentiellement le profil d'inflation que je vous ai
donné, là, 3,5% et 2 %, c'est que 2023 est la seule année où l'inflation
est supérieure à la tendance d'inflation de long terme. Après ça, on revient à
des conditions normales.
M. Beauchemin : Puis, si on
était capable de sortir Santé et Services sociaux, Éducation et Enseignement
supérieur de l'ensemble des dépenses de portefeuille, est-ce que vous êtes en
mesure de nous dire exactement ce que ça représenterait, disons, en moyenne à
partir de l'année prochaine, et ce, pour les quatre, cinq prochaines années?
M. Girard (Groulx) : Bien là,
on est à la page H.42 et on y va par dépenses de portefeuille. Et puis là les
portefeuilles... il y a une distinction entre les portefeuilles et les
ministères, là, par exemple, Affaires municipales et Habitation, c'est un
portefeuille, mais c'est deux ministères. Alors, vous avez, pour 2023-2024,
Santé et Éducation, 7,7 %, Éducation, 6%, Enseignement supérieur, 5%,
Famille, 5,8%, Transports, moins 1,3%, Emploi, moins 42% parce qu'il y a la fin
du versement ponctuel... bien, pas la fin, mais il y a eu des versements
ponctuels, Affaires municipales, moins 2,9%, Économie, plus 12,3%,
Environnement, 14%, autres portefeuilles, 13%.
En fait, la pandémie, là, a amené beaucoup
de volatilité dans les pourcentages parce qu'on a ajouté des dépenses
extraordinaires, non récurrentes. Alors, on a eu une hausse des dépenses très
importante en 2021-2022, puis là on a eu des revenus supplémentaires en
2022-2023, et puis là, à partir de 2023-2024, on doit prendre la décision :
est-ce que nos dépenses temporaires reliées...
M. Girard (Groulx) : ...à la
pandémie vont devenir permanentes ou vont se terminer. Et puis ça, il y a
une... il y a un jugement là-dedans, mais, à partir de 2023-2024, on ne met
plus de dépenses extraordinaires reliées à la pandémie.
M. Beauchemin : Une question
spécifique, justement, par rapport à la page que vous mentionnez. Économie,
innovation et énergie, 24 à 25, une baisse de 10 %, 10,6 %. Est-ce
que vous pourriez nous l'expliquer un peu, qu'est-ce que ça veut dire?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors, il faut aller à la note 9, qui est a la page H-43? Je vais
lire sans mes lunettes : «En 2023-2024, la croissance s'explique notamment
par l'augmentation du coût du crédit d'impôt et par l'accroissement ponctuel
des dépenses relatives aux interventions financières. En 2024-2025, la
diminution s'explique notamment par l'effet des dépenses non récurrentes en
2023-2024, dont celles pour le développement de la filière batteries.» C'est
donc qu'on prévoit, en 2023-2024, des interventions importantes au niveau du
Fonds de développement économique pour soutenir le développement de la filière
batterie. On a vu que c'est maintenant que les multinationales du secteur de
l'automobile prennent leurs décisions où elles vont implanter leurs usines en
Amérique du Nord. Alors, on prévoit avoir... devoir faire des interventions en
2023-2024. Et le fait que ces interventions-là sont non récurrentes, ça amène
la chute en 2024-2025.
• (10 h 40) •
M. Beauchemin : Est-ce que
vous pouvez me faire le même exercice, si c'était possible aussi, pour ce qui
est d'emploi et solidarité sociale. Parce que, pour l'année 2023-2024,
c'est une grosse baisse, mais ça continue à baisser en 2024-2025.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors là, c'est la note 7. J'adore les notes de bas de page.
«En 2023-2024, la diminution est de moins
5,2 % si on exclut les montants ponctuels pour le coût de la vie. Cette
variation s'explique par la diminution du nombre de ménages bénéficiant de l'aide
financière de dernier recours qui devrait être moindre en 2023-2024 à la suite
de la forte hausse en 2022-2023 provenant des demandeurs d'asile. En 2024-2025,
la variation des dépenses s'explique principalement par la révision de la
planification des dépenses du Fonds de développement du marché du travail.»
Ça veut dire que les ententes qui
financent le Fonds de développement du marché du travail viennent à échéance et
qu'il faudra les renouveler. Et il y a une part de ces fonds-là qui vient du
gouvernement fédéral, et il faudra donc négocier avec le gouvernement fédéral
et rebonifier les enveloppes de ce fonds de développement des partenaires du
marché du travail. Mais, lorsque les fonds expirent, bien, il y a une chute
dans le financement.
Le Président (M. Simard) : ...à
peine 30 secondes.
M. Beauchemin : Quand on
regarde encore la même page, M. le ministre, si ce n'était pas de l'année de la
pandémie, là, c'est 1,2... quand on regarde le bas, la variation, 1,2, 2,2,
est-ce que vous êtes capable... mais là, malheureusement, on n'a pas les autres
années. Est-ce que vous êtes capable de nous donner un estimé de ce que les
autres années vont ressembler?
Le Président (M. Simard) : Alors,
en empruntant sur le prochain bloc.
M. Girard (Groulx) : Juste
rapidement vous dire que, si on exclut l'effet des dépenses COVID en 2022-2023,
le 1,2 aurait été 5,1 %.
Le Président (M. Simard) : Ça
va pour ce bloc-ci, cher collègue? M. le député de Maurice-Richard, vous
disposez de 10 minutes 32 secondes.
M. Bouazzi : Excusez-moi, M.
le Président, est-ce que j'ai deux blocs en tout ou il y a un troisième bloc?
Le Président (M. Simard) : Non,
c'est votre dernier.
M. Bouazzi : Dernier. Bon.
Bien, écoutez, on va essayer d'aller vite, M. le ministre, étant donné...
M. Girard (Groulx) : Combien
de temps?
M. Bouazzi : Dix minutes.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
M. Bouazzi : Dix minutes. Ça
fait que j'ai un certain nombre de questions. J'en ai beaucoup,
malheureusement, ça fait que je vais devoir filtrer, mais malgré ça, il va
falloir quand même aller vite. Bien, ma première concerne les banques
alimentaires. Donc, je vous lis le titre d'un communiqué des Banques
alimentaires du Québec en réaction au budget : Le budget du
Québec 2023-2024 aide alimentaire : un soutien considérable pour
améliorer les infrastructures des banques alimentaires du Québec mais une aide
nettement insuffisante pour nourrir ceux qui en ont besoin aujourd'hui. Et un
peu plus loin dans le communiqué : «Alors que la demande d'aide alimentaire
atteint des sommets, les 2 millions prévus au budget sont largement
insuffisants pour remplir les ventres vides. Dans le contexte actuel, en 2023
seulement, 24 millions de dollars sont nécessaires pour acheter les
denrées pour nourrir ceux qui en ont besoin. Sans cela, les files d'attente
vont s'allonger devant les banques alimentaires, elles ne pourront... et les
banques alimentaires ne pourront répondre adéquatement à la demande.»
On s'entend, M. le ministre, que
l'extrême, extrême, extrême majorité des...
M. Bouazzi : ...Personnes qui
font la file devant les banques alimentaires n'auront droit à aucune baisse
d'impôt étant donné qu'ils font déjà partie des populations et probablement du
30 % de Québécoises et de Québécois qui n'auront pas le droit à ces
baisses d'impôt car pas assez nantis. 24 millions, M. le ministre, ce
n'est pas beaucoup, là. Je veux dire, comment peut-on expliquer une baisse
d'impôt qui va coûter 1.7 milliard de dollars à l'État annuellement
et ne pas trouver les 24 millions dont ont besoin les banques
alimentaires?
M. Girard (Groulx) : Bien, là
où vous et moi...
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : Là où,
vous et moi, on s'entend, et je pense que tous les membres de l'Assemblée
nationale, c'est sur l'importance des banques alimentaires, indéniable. Et il y
a... La situation, avec la hausse du coût de la vie, est telle qu'il y a eu une
augmentation de la demande. Et il est même possible qu'il y ait des gens, qui
aient eu des baisses d'impôt, qui ont... qui utilisent des banques
alimentaires. Il y a toutes sortes de raisons pourquoi des gens doivent
utiliser les banques alimentaires, et elles jouent un rôle extrêmement
important.
Alors, ça prend des infrastructures.
L'aide alimentaire change, la collaboration avec les chaînes d'alimentation, le
désir de réduire les pertes, je pense qu'on en a déjà parlé, de ce sujet-là,
bref, les infrastructures, c'est extrêmement important. Puis c'est pour ça
qu'on a bonifié de 20 millions. Puis, ça, je pense que c'est ce qui a été
souligné. Il y a eu 10 millions qui a été émis pour les denrées comme
telles. Et c'est ce qu'on a jugé qui était nécessaire au budget. Et puis il y
avait déjà d'autres gestes qui avaient été annoncés avant.
Et puis, c'est certain, M. le député, que,
si, en cours d'année, on doit mettre des sommes supplémentaires, on va le
faire, c'est... Je partage avec vous l'importance de ces organismes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
ministre. Ça serait vraiment très apprécié. J'ai moi-même rencontré,
évidemment, celles de ma circonscription. Pour vous donner une idée, M. le
ministre, il y a cinq ans, il y avait à peu près 900 foyers qui faisaient
appel à une des banques alimentaires de notre quartier. L'extrême majorité des
personnes étaient prestataires des aides sociales. Quatre ans plus tard, on
parle de plus que 2 000 personnes, donc une augmentation de
100 %. Les prestataires d'aide sociale représentent 65 % de ce
2 000 personnes. Donc, en chiffre brut, ils ont augmenté, mais en
pourcentage, ils ont beaucoup diminué, parce qu'on voit maintenant des
personnes aînées, des familles, des étudiants. Et vous savez à quel point
est-ce que c'est difficile aussi pour des questions de dignité, là, de se
retrouver là, je pense que le minimum serait qu'ils arrivent à trouver le
réconfort dont ils ont besoin.
Donc, j'apprécie beaucoup que vous êtes
ouvert à augmenter cet argent-là. Les associations sont claires sur leurs
demandes. On ne demande pas grand-chose, là, on parle d'une vingtaine de
millions de plus annuellement. Vous avez raison que beaucoup de nos concitoyens
ne font pas la différence entre 1 million, 1 100 000 000. Mais on est
d'accord, vous et moi, je suis sûr que 22 millions annuellement, ce n'est
pas grand-chose devant le budget de l'État.
M. Girard (Groulx) : Juste
pour préciser, eux demandent que le financement soit augmenté à
22 millions, total?
M. Bouazzi : De plus. 24 millions
en tout. Oui.
M. Girard (Groulx) : O.K.
24...
M. Bouazzi : Par rapport aux
2 millions qu'eux ils ont vus dans le budget. Là j'ai lu leur communiqué
de presse, là.
M. Girard (Groulx) : O.K. On
va vérifier tous ces chiffres-là, parce que je pense que c'est plutôt le
niveau... Il faut... Parce que le 2 millions, c'est le 2 millions
supplémentaires qu'on met, ce n'est pas la somme totale qu'on donne. C'est
juste les nouveaux crédits budgétaires.
M. Bouazzi : Exact.
M. Girard (Groulx) : alors,
je pense qu'on doit plutôt comparer le total qu'ils ont au total qu'ils
voudraient pour arriver au différentiel. On va tout valider ça.
M. Bouazzi : On peut faire
toutes sortes d'exercices financiers, au bout du compte, ça reste qu'eux ils
parlent de 22 millions de plus, ce n'est pas grand-chose, M. le ministre.
Je suis sûr que...
M. Girard (Groulx) : Probablement
sur cinq ans, si je vérifie l'ordre de grandeur, parce on les a aidés en cours
d'année. Mais, vous et moi, nous sommes d'accord qu'ils font un travail
exceptionnel et que c'est très important.
M. Bouazzi : Excellent.
Est-ce que vous seriez ouvert à rencontrer leurs représentants dans les
prochains... dans les prochaines semaines?
M. Girard (Groulx) : Bien,
on... c'est... nous avons une...
M. Girard (Groulx) : ...ministre
responsable de la Solidarité sociale, qui fait un excellent travail et qui est
en contact avec eux.
M. Bouazzi : O.K. Très bien.
C'est très bien, ce n'était pas... il n'y a pas de problème, vous avez raison,
effectivement.
M. Girard (Groulx) : Merci.
M. Bouazzi : C'est juste, je
n'ai vraiment pas beaucoup de temps, malheureusement.
Dans... vous avez annoncé, dans les
questions de budget, les questions qui touchent à la loi budgétaire. On parle
notamment des nouvelles cibles de rapport dette-PIB qui iraient vers le
30 %, on parle aussi de tout ce qui touche au Fonds des générations, etc.
Ça fait que comment entendez-vous procéder pour déterminer tous les aspects
justement de cette loi budgétaire? Et puis, est-ce que vous vous engageriez à
faire une vaste consultation pour que ça se fasse... justement, pour que nos
concitoyens et concitoyennes comprennent de quoi on parle et puis pour entendre
certains de nos spécialistes sur le sujet?
M. Girard (Groulx) : Bien, il
y a déjà eu plusieurs consultations des spécialistes, parce qu'on avait posé
des questions spécifiquement par rapport à ça dans le cadre des consultations
budgétaires. Et c'est dans l'omnibus budgétaire de ce budget, pas celui que
nous allons étudier d'ici la fin de la session, ça, c'est celui du budget
2022-2023. Dans l'omnibus budgétaire du budget 2023-2024, qui serait déposé,
par exemple, à l'automne, il y aura des modifications à la Loi sur l'équilibre
budgétaire et à la Loi sur la gestion de la dette et le Fonds des générations,
et on pourra en discuter à la Commission des finances publiques, mais il y a
déjà eu beaucoup de débats sur ces questions.
• (10 h 50) •
M. Bouazzi : Bien, il n'y a
pas de consultations associées aux lois omnibus dont vous parlez.
M. Girard (Groulx) : Normalement,
il n'y a pas de consultations particulières dans un omnibus budgétaire.
M. Bouazzi : C'est exact.
M. Girard (Groulx) : Ce
serait une innovation...
M. Bouazzi : Non, je vous
propose de faire...
M. Girard (Groulx) : ...avec
laquelle je suis plus ou moins favorable, mais vous pouvez toujours la
proposer.
M. Bouazzi : Parce qu'on
s'entend que le 30 %... Je veux dire, l'extrême majorité des économistes,
et pas seulement ceux de l'IRIS, M. le ministre, sont d'accord pour dire que la
dette, actuellement, est quand même sous contrôle, et puis l'idée de viser le
30 % est une... a des fortes conséquences sur les finances publiques,
incluant les finances de nos services publics.
Et donc je pense que ça serait vraiment
bienvenu d'avoir une consultation sur la question, une consultation publique
sur la question de la dette et du Fonds des générations, pour être... pour
comprendre quelles sont les raisons qui font qu'on prenne une décision ou une
autre.
Je vois qu'il me reste 1 min 30 s, ça fait
que je vais aller vite au tableau. Alors là, il va falloir ouvrir le tableau
A.6, à la page, A.14. On voit qu'il n'y a aucun impact financier à l'item
Bonifier le plan pour une économie verte 2030. Pourquoi? Comment vous expliquez
qu'il n'y a pas d'impact financier?
M. Girard (Groulx) : Ah!
O.K., c'est parce qu'en vertu de la loi l'augmentation des revenus du Plan pour
une économie verte sont 100 % dédiés à la lutte et à l'adaptation aux
changements climatiques. Alors, avec la hausse de revenus vient une hausse de
dépenses, d'où les tirets pour signifier un effet nul. Plus de revenus, plus de
dépenses, automatiquement. C'est un fonds dédié.
M. Bouazzi : Exact. Et donc
ce n'est pas... c'est de l'argent qui a toujours été prévu. On comprend que
c'est une évolution, d'ailleurs, d'un fonds qui existait avant votre arrivée.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire, oui, effectivement. Bien, on l'a modifié, là, il y avait des
enjeux de gouvernance.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : Mais il
y a une hausse de 1,4 milliard au financement du plan de main-d'oeuvre pour les
années 2023...
Le Président (M. Simard) : M.
le député, quelques secondes.
M. Bouazzi : Bien, c'est une
hausse qui n'a pas d'impact sur l'argent neuf, en tant que tel, à part l'argent
qui était prévu dans le fonds. On le retrouve à 122 millions plus tard.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. On doit arrêter là, malheureusement, M. le ministre, parce que le bloc
d'échange est terminé.
M. Girard (Groulx) : Non,
mais la...
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le ministre, à l'ordre, s'il vous plaît! Très bien. Je vous remercie
beaucoup, mais on a un échéancier à respecter.
Alors, on a la chance d'avoir le député de
Camille-Laurin, qui, de ces temps-ci, court de salle en salle, alors c'est bon
pour l'exercice.
M. St-Pierre Plamondon : C'est
en effet le cas.
Le Président (M. Simard) : M.
le député, à vous la parole, vous disposez de 6 min 50 s.
M. St-Pierre Plamondon : 6
min 50 s. Donc, je fais du jogging parlementaire dans le cadre des crédits, on
peut dire ça. On a seulement 6 min 50 s. C'est le temps dont je dispose au nom
du Parti québécois, donc je vais me contenter de deux questions très pointues.
La première, sur les intérêts sur les
prêts et bourses...
M. St-Pierre Plamondon : ...donc,
comme vous le savez, on avait un gel sur les intérêts et, tout d'un coup, ça a
bondi d'un seul coup à 7,2 %. C'est un enjeu pour un groupe de notre
société dont la capacité à générer des revenus est limitée. C'est également une
génération qui aura probablement peu ou pas accès à la propriété en raison de
la hausse fulgurante du prix de l'immobilier. Et je pense que c'est déductible
d'impôt. Mais la réalité, c'est que la plupart n'ont pas de revenu sur lequel
rabattre cette déduction. Au total, ce sont 380 000 Québécois et
Québécoises qui ont présentement une dette à rembourser auprès de l'aide
financière aux études. Dans le contexte d'une inflation qui, à l'épicerie, fait
mal, je vous ai parlé du logement, je vous ai parlé de d'autres réalités.
Ma question est simple. Est-ce que vous
êtes prêt à reconsidérer la décision de mettre fin au gel ou à tout le moins
d'explorer des choses qui n'ont pas été envisagées? Comme nous, on avait déposé
un projet de loi pour que l'État, en plus d'être régulateur de ce genre de prêt
là, soit le créancier et donc qu'il y ait un meilleur contrôle sur le taux
d'intérêt que de passer par les banques qui, évidemment, vont chercher leur
part de profits, là. Ils sont à 7,2 %, mais le taux directeur est à
2,7 %. Donc, est-ce que l'État est prêt à considérer des solutions pour
tenter de donner une chance à une génération puis un groupe qui est vulnérable?
M. Girard (Groulx) : Merci
pour la question. Alors, comme vous le savez, l'éducation est une
responsabilité du gouvernement du Québec. Le gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec, durant la pandémie, avaient annoncé un gel sur les taux
d'intérêt et les remboursements de capital sur les prêts étudiants. Là, à
partir de 2023-2024, le gouvernement fédéral annonce la poursuite du gel. Il y
a un transfert de fonds qui va au gouvernement du Québec. Et comme c'est une
responsabilité du gouvernement du Québec, le Québec assume sa responsabilité et
choisit sa préférence au niveau de la bonification du programme de prêts et
bourses.
Alors, la ministre de l'Enseignement
supérieur est en consultation avec les leaders étudiants, les représentants.
Puis vous, les gens auxquels vous référez, il y en a plusieurs qui sont... ne
sont plus étudiants, évidemment. Et on a décidé plutôt de bonifier les frais de
subsistance. C'est la décision que la ministre de l'Enseignement supérieur a
divulguée. C'était dans le budget. Alors, il y a des dépenses importantes
associées à la bonification des frais de subsistance. Et donc ce serait une
bonification qui vise principalement les étudiants existants. Et votre
suggestion amènerait un transfert vers l'endettement des anciens étudiants.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : Il
y a une décision prise par la ministre de l'Enseignement supérieur.
Le Président (M. Simard) : ...
M. St-Pierre Plamondon : Je
veux vous parler également d'endettement du fédéral.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. St-Pierre Plamondon : Je
veux revenir sur ce sujet-là. J'ai essayé d'avoir des réponses en Chambre. Je
sais que vous allez être sensible parce que je vous attribue la notion de la
qualité d'être prudent et responsable, là. Votre dernier budget, là, n'est pas
irresponsable d'aucune manière, à mon avis, sur le plan de l'équilibre entre la
dette, puis nos choix, puis les priorités. Par contre, ce qu'on voit au fédéral
est fascinant, là. Donc, je réitère les observations.
Et c'est dans le contexte où le premier
ministre du Québec, François Legault, nous réitère souvent qu'on reste dans le
Canada parce que c'est payant, le Canada. Mais lorsqu'on regarde les chiffres,
une grosse partie de ça vient de l'endettement du fédéral, qui est complètement
hors de contrôle. Je vous donne quelques chiffres, là. Donc, pour l'avenir, on
va passer de 105 milliards à 174 milliards pour les six prochaines
années. Ça, c'est ce qu'il y a à venir. Donc, ça n'a rien à voir avec la
pandémie. Puis pour la partie pandémie, là, on est parti d'en 2015, on était à
634 milliards d'endettement et on va finir dans cinq ans à
1 312 milliards d'endettement.
Donc, on comprend ici que ce qui est
présenté comme un avantage pour le Québec d'être dans le Canada découle de la
capacité d'endettement du fédéral, que nous avons nous-mêmes, que vous pourriez
choisir d'exercer si c'est votre souhait. Donc... Et ça dans le contexte où le
fédéral offre peu ou pas de services à la population.
Donc ma question est assez simple. Est-ce
que vous pouvez reconnaître qu'une grande partie de l'argent dépensé via ce
qu'on obtient du fédéral découle de la dette fédérale? Puis vous, est-ce que
vous êtes d'accord avec le rythme avec lequel le fédéral nous a endettés pour
le passé, mais également pour les cinq ou six prochaines années?
M. Girard (Groulx) : J'ai
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 1 min 42 s
M. Girard (Groulx) : Ah!
Bien là...
Le Président (M. Simard) : Et
je vous surveille, là.
M. Girard (Groulx) : Il
va falloir que je fasse preuve de synthèse...
M. Girard (Groulx) : ...merci
beaucoup, mais c'est important de regarder l'endettement en fonction du PIB,
hein, c'est... c'est... c'est la... la référence. Puis le PIB nominal du
Québec, c'est 590 milliards, alors le... le... celui du fédéral, c'est
cinq fois ça parce qu'on est 20 % de l'économie. Et donc lorsqu'on regarde
de façon générale l'endettement du gouvernement fédéral par rapport à la taille
de l'économie canadienne, c'est stable à long terme, c'est viable. Puis ça,
moi, je peux dire ça, mais ce n'est pas particulièrement important parce que ce
n'est pas ma responsabilité, mais les agences de notation accordent au Canada
la cote de crédit AAA et donc confirment la viabilité du plan financier du
gouvernement fédéral. Dans le dernier budget, moi, ce qui est plus... où je
mettrais un bémol, c'est que le cadre financier repose sur des économies de
dépenses qui ne sont pas identifiées. Et ça, au gouvernement, c'est déjà
difficile de réduire les dépenses, de réduire des dépenses non identifiées,
c'est encore plus difficile.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, il nous reste 20 secondes.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je vous remercie pour votre réponse et je vous souhaite un bel après-midi.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup. On reçoit toujours 13 milliards de... 14 milliards de
péréquation.
M. St-Pierre Plamondon : Oh,
bien là, attention... Wo!
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste cinq secondes, il vous reste cinq secondes.
• (11 heures) •
M. St-Pierre Plamondon : On
en reparle.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Avec plaisir.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci. Nous poursuivons nos échanges et je cède la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys qui dispose de 21 minutes... enfin, 20 min
45 s. Pardon.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Je veux diriger la conversation vers les centres d'appels 911. Actuellement,
la Sûreté du Québec, il y a des répartiteurs... répartiteurs d'urgence dans
11 centres de gestion des appels pour le Québec, ils ont un taux de
roulement de 25 %. Donc, année après année, là, le quart de la
main-d'oeuvre est à reconstruire année après année, c'est difficile de les
attirer, c'est difficile de les retenir. Le salaire qui semble être proposé,
là, à la Sûreté du Québec, c'est entre 35 000 $ à 46 000 $.
Puis pour le même travail... Puis juste peut-être pour clarifier, là, le... le concept
du 911 pour monsieur, madame Tout-le-Monde, il y a un... il y a le... la SQ qui
reçoit l'appel en premier, par la suite, c'est dispatché aux municipalités,
dépendamment de la localisation des individus et... et de la problématique.
Pour le même travail dans la municipalité, les salaires, écoutez, sont,
semble-t-il, en moyenne quasiment 30 %, 25 à 30 % plus élevés. Donc,
le problème que donc la SQ semble avoir, c'est, un, ils entraînent les gens,
les gens sont des répartiteurs sur le programme de la SQ, mais ils se rendent
compte rapidement qu'ils peuvent déménager leur... leur emploi s'ils le veulent
dans des municipalités et faire 25 % de plus de salaire. Donc, année après
année, ce problème-là semble revenir tout le temps, tout le temps, tout le temps.
Ma question pour vous, M. le... le ministre, c'est... C'est... c'est un simple
problème de classification, en fait, je pense, au... au... au Québec pour le...
pour la SQ parce que l'on considère que c'est des employés de personnel de
bureau, tandis que le... la... la terminologie qu'on devrait faire pour pouvoir
augmenter leur salaire, ça serait de les appeler des... des... des préposés aux
télécommunications au Conseil du trésor. C'est... c'est juste cette
définition-là qui permettrait donc d'éliminer le problème de... de... de perte
d'employés année après année, de façon récurrente. Est-ce que c'est quelque
chose que vous êtes ouvert à l'idée de juste faire faire cette différence de
terminologie là au niveau de l'emploi?
M. Girard (Groulx) : Bien. Je
vous remercie de souligner l'importance du réseau 911. Je pense que
l'importance de ce réseau est multipliée par ce qu'on a vu dans les récents
jours, là, puis les... Ce réseau-là, c'est extrêmement important. Et dans le
budget, il y avait 45 millions pour moderniser les centres d'urgence,
l'adapter au texto et à l'évolution des communications. Là, vous, vous parlez
des salaires.
11 h (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...d'un
groupe d'employés à la SQ. Nous sommes en négociation avec les employés du
secteur public. Je remercie tous les employés du secteur public pour leur
contribution, leur travail exceptionnel qu'ils ont fait dans la pandémie, et je
ne commenterai pas les négociations, pour aucune classe d'employés.
M. Beauchemin : Selon ma
compréhension, lorsque j'ai discuté avec la présidente du Conseil du trésor, c'est
qu'elle était en conflit, que ce dossier-là était à vous spécifiquement.
M. Girard (Groulx) : Il est à
moi, mais je ne le commenterai pas publiquement. Effectivement, c'est moi qui
est responsable des négociations avec la SQ, les négociations du secteur
public.
M. Beauchemin : Donc, dans...
M. Girard (Groulx) : Par
respect pour les gens impliqués à la table des négociations, je ne ferai pas de
déclaration associée à ça, outre les remercier pour leur contribution
exceptionnelle à la société québécoise.
M. Beauchemin : Mais le problème,
il est récurrent, c'est un peu le problème, lors des crédits provisoires.
M. Girard (Groulx) : Un des
problèmes récurrents que vous mentionnez, c'est que les employés des secteurs
municipaux ont des salaires plus élevés que les employés du gouvernement du
Québec. C'est bien documenté.
M. Beauchemin : Effectivement.
Il va y avoir des crédits provisoires, le 22 mars dernier, là, vous vous êtes
engagé à nous revenir avec ce sujet-là. On n'a pas vraiment eu de sortie de
votre part, à part, là, que, là, maintenant, vous ne voulez pas en parler parce
que vous êtes en négociation, c'est ça?
M. Girard (Groulx) : Bien,
vous avez une question spécifique?
M. Beauchemin : Pour résorber
le problème de définition d'emploi, parce que c'était vraiment juste une
définition d'emploi.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, écoutez, il y a la classification des emplois à la Sûreté du Québec, là,
il y a deux niveaux d'emploi, principalement, il y a les enquêteurs puis il y a
les policiers sur le terrain. Puis là vous, vous amenez une précision
spécifique au 9-1-1 et vous soulignez que ces employés-là gagnent moins que des
employés qui font un travail équivalent dans le secteur municipal.
Bien, je vous remercie pour cette information-là,
mais je ne commenterai pas. Je laisse aux négociateurs à la table des
négociations, qui font un excellent travail eux aussi, continuer leur bon
travail.
M. Beauchemin : ...juste
pour, peut-être pas répondre à la question au niveau de qu'est-ce que vous
allez faire pour les salaires ou la définition de titre en tant que tel. Est-ce
que pour vous, là, un taux de roulement de 25 %, c'est viable dans une
organisation?
M. Girard (Groulx) : Bien, ça
m'apparaît élevé par rapport aux normes de ce qu'on observe dans l'ensemble de
l'industrie, là, effectivement.
M. Beauchemin : C'est
problématique?
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que c'est problématique, un taux de 25 %? Toutes choses étant égales, par
ailleurs, oui.
M. Beauchemin : Je veux vous
amener sur un autre sujet, les congés d'impôts, là, pour les grands projets.
Est-ce que vous pourriez nous donner les grandes lignes de qu'est-ce qui...
nonobstant le 100 millions, là, qui semble être le «benchmark», là, mais est-ce
qu'il y a des investissements qui sont plus souhaités que d'autres dans cette
catégorie-là du congé d'impôt?
M. Girard (Groulx) : Les
secteurs... alors, grands secteurs d'activité ciblés, page B.20, tableau B.11,
grands secteurs d'activités ciblés pour le nouveau congé fiscal pour grands
projets d'investissement, agriculture et foresterie, extraction de minéraux
critiques et stratégiques, fabrication... fabrication, ça, c'est le terme de la
qualification de Statistique Canada pour dire secteur manufacturier, commerce
de gros et détail, transport et entreposage, industrie de l'information et
industrie culturelle, services professionnels, scientifiques et techniques,
arts, spectacles et loisirs.
M. Beauchemin : Quand vous
avez pris cette décision-là d'y aller de l'avant, il y avait, j'imagine, des
estimés qui avaient été mis en place pour dire : Si on fait ce genre de
congés là, bien, il va y avoir un coût associé à ça, mais il va y avoir aussi
une augmentation du produit intérieur brut et/ou un nombre d'emplois créés
et/ou des bénéfices quelconques pour l'État québécois. Est-ce que vous pourriez
nous donner une idée, grosso modo, de ce que vous, vous aviez anticipé en
faisant ce congé-là?
M. Girard (Groulx) : Alors,
le coût est estimé...
M. Girard (Groulx) : ...373
millions de dollars sur cinq ans, on pourrait dire en moyenne
100 millions par année de congé fiscal. Les bénéfices, on dit que...
Attendez, là. Là, je suis à la page B-23, pour les bénéfices, on parle
de... qu'il va y avoir des investissements qui vont totaliser plus de
24 milliards de dollars qui vont bénéficier du congé. Là, je veux
être précis avec les gens qui nous écoutent, ça ne veut pas dire que, si le
congé n'est pas là, le 24 milliards n'aurait pas été fait, là, ça veut dire
qu'il y aura 24 milliards de dollars d'investissements qui vont être
faits, parce que ça stimule les investissements.
Et le bénéfice au niveau de l'économie en
termes de points de PIB, ça, je vais devoir vous venir. On ne l'a pas calculé,
on va le trouver, je vous le donne dans une réponse subséquente. Ça devrait
être de l'ordre... 24 milliards, mettons que c'est sur 10 ans, alors
je dirais 2,5 milliards par année. On a une économie de 500 milliards
de PIB nominal. Ça devrait être autour de... 2,5 sur 500... Ça pourrait-tu être
0,4 % de PIB?
M. Beauchemin : Bien, je suis
vos mathématiques, là, puis ça pourrait se tenir, mais...
M. Girard (Groulx) : Bien, il
y a une chance sur deux qu'on ne confirme pas mon calcul, là, qui était
vraiment...
M. Beauchemin : ...grandeur
devrait être...
• (11 h 10) •
M. Girard (Groulx) : On va...
on va vous trouver le vrai chiffre.
M. Beauchemin : L'ordre de
grandeur semble, tu sais, de même probablement être très voisin. Mais vous avez
tout de même dit que le 24 milliards, ce que vous prenez pour faire ce
calcul-là, là, O.K., n'était pas automatiquement non investi s'il n'y avait pas
de congé d'impôt, c'est ça?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que... Ce serait malhonnête de dire que, s'il n'y avait pas de
congé fiscal, il n'y aurait aucun investissement, O.K., mais on est en
compétition avec l'Ontario, les États-Unis, il y a des aides fiscales partout.
Alors, nous, au Québec, on a le crédit d'impôt investissement, qui vise les
investissements de moins de 100 millions de dollars, puis on a le
congé fiscal pour grands projets d'investissement, qui va au-delà de
100 millions de dollars.
Mais, lorsqu'on encourage une entreprise à
venir ici, là, on a l'aide fiscale puis on a l'aide directe, les portions
d'équité puis de prêts, les prêts à taux avantageux, l'aide directe. L'aide
fiscale, l'aide directe, l'aide conseil, c'est ces trois niveaux d'aide là qui
vont encourager une entreprise à investir ici avec la qualité de la
main-d'oeuvre, la disponibilité des matières premières, l'accès au marché. Il y
a vraiment plusieurs facteurs qui amènent une entreprise à prendre des
décisions d'investissement. Mais pas de congé fiscal face à ce qui est offert
dans d'autres juridictions, c'est sûr qu'on serait en difficulté.
M. Beauchemin : Est-ce que...
Le 24 milliards que vous mentionniez tantôt serait-il à risque si les
trois paliers d'aide que vous mentionniez n'étaient pas présents? Serait-il
entièrement à risque, partiellement à risque?
M. Girard (Groulx) : Bien, ça
dépend. Par exemple, si 373 millions d'aide fiscale étaient convertis en
aide directe, pas nécessairement, mais il y aurait quand même un coût de
373 millions. Alors, on tourne en rond. L'avantage du fiscal sur l'aide
directe, c'est qu'elle est disponible à tous, il n'y a pas de jugement
discrétionnaire. D'autres diraient : L'avantage de l'aide direct, c'est qu'il
y ait une intervention humaine qui décide qui va recevoir l'aide, qui ne la
recevra pas. Et donc on peut optimiser les projets. En général, lorsqu'on donne
de l'aide directe, on tient compte de l'aide fiscale pour s'assurer que la
somme d'aide est, toute proportion gardée, raisonnable par rapport à la taille
des investissements et des bénéfices.
M. Beauchemin : Mais l'aide
qu'on parle ici, là, pour les grands projets de 100 millions et plus, vous
avez sélectionné des secteurs pour qu'ils puissent y avoir accès.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Je me
trompe-tu? O.K.
M. Girard (Groulx) : Mais,
par exemple, si une entreprise d'un de ces secteurs disait...
M. Beauchemin : À l'intérieur
des secteurs choisis.
M. Girard (Groulx) : Oui. Si
une entreprise d'un secteur qui est éligible au congé fiscal disait...
M. Girard (Groulx) : ...Moi,
je manque de financement, le congé fiscal réparti dans le temps, ça ne fait pas
mon affaire, j'ai besoin d'une injection de liquidités immédiate, à l'amorce du
projet, en... Une participation en équité, par exemple, s'il disait : le
gouvernement, vous devez prendre 25 % du projet en équité, bien, là, on
va... On pourrait faire cette intervention-là. Et, bien sûr, on va mettre dans
les clauses du contrat, là, de la lettre d'entente détaillée, que cette
entreprise-là ne pourra pas avoir aussi accès au congé fiscal.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
vous allez me revenir pour clarifier, là, en termes d'aide?
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : J'ai à
peu près 28 économistes, là, qui chauffent.
M. Beauchemin : Je ne veux je
pas mettre de...
M. Girard (Groulx) : Ils
essaient fort de ne pas tomber trop loin du 0.4 du ministre pour ne pas le
faire mal paraître, là, alors c'est peut-être pour ça que ça prend du temps.
M. Beauchemin : Je ne veux
pas faire surchauffer la machine. Mais, juste pour qu'on soit clairs, donc,
c'était : quel est le... la valeur ajoutée en termes de produit
intérieur... En pourcentage de produit intérieur brut...
M. Girard (Groulx) : C'est ce
qu'on cherche.
M. Beauchemin : ...Que ce
programme-là, spécifique, ferait par rapport, disons, aux 24 milliards? En
d'autres mots, quelle partie de ces 24 milliards là serait à risque de ne
pas venir, si jamais il y a ça? Et donc, par le fait même, on va être capables
de pouvoir calculer la valeur ajoutée.
M. Girard (Groulx) : Bien là,
je vais vous donner l'effet du 24 milliards. Et, s'il n'y avait aucune
aide directe, aucune aide fiscale, on fait l'hypothèse qu'il n'y aurait pas le
24 milliards, O.K.?
M. Beauchemin : D'accord.
Bien, ceci, ça m'amène à vous parler plus spécifiquement de l'industrie de
l'aluminium, qui n'a pas pu bénéficier du congé d'impôt, là, pour les grands
projets. Ça semble avoir été une question entre deux ministères importants ici,
pour votre gouvernement, entre vous et le ministre de l'Économie. Est-ce que
vous pourriez nous expliquer un petit peu quelles étaient les divergences de
vues, là, que... ou la raison pour laquelle vous avez tranché comme vous avez
tranché?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, moi et mon collègue le ministre de l'Économie et de l'énergie, on a plein
de discussions sur plein de sujets qui sont toujours dynamiques. Et vraiment,
c'est un plaisir de travailler avec lui. Et, nous, pour estimer les coûts
fiscaux d'investissement, on a besoin d'une certitude dans les méthodes de
calcul.
Et là, le problème dans le secteur de
l'aluminium, c'est qu'eux, ils ont des contrats d'électricité qui sont
fonction... Notamment, le coût de l'électricité, certains contrats, là, parce
qu'il y a plusieurs contrats dans le secteur de l'aluminium, là, chaque contrat
est différent, mais il y a plusieurs contrats qui sont fonction du prix de
l'aluminium sur les marchés mondiaux, ce qui amène une volatilité dans le coût
de l'électricité, ce qui amènerait une volatilité dans le coût du congé fiscal,
ce qui nous amenait à énormément de difficulté à estimer le coût d'inclure
l'industrie de l'aluminium.
Alors, la position qu'on a prise, c'est
que, puisque nous ne pouvions pas le calculer avec précision, nous avons
préféré l'exclure, mettre une note de bas de page, dire que les travaux se
poursuivent.
Et c'est certain que le ministère des
Finances et le ministère de l'Économie veulent le développement de l'industrie
de l'aluminium au Québec, puisque c'est un de nos cinq secteurs stratégiques
qu'on appuie.
Alors, je dirais que les travaux se
poursuivent. Chaque cas... Chaque aluminerie est un cas spécifique. Et on va
continuer de collaborer pour s'assurer que ces alumineries-là non seulement
restent au Québec, mais se développent, et se décarbonent, qui est une variable
supplémentaire maintenant, puisque ces industries sont émettrices de gaz à
effet de serre.
M. Beauchemin : Donc,
rapidement, si c'était possible. Vous avez parlé que l'industrie de l'aluminium
fait partie des cinq secteurs stratégiques. Est-ce que vous pourriez me nommer
les quatre autres?
M. Girard (Groulx) : Oui :
sciences de la vie, intelligence artificielle et informatique, intelligence
artificielle, TI, mais donc, sciences de la vie, aluminium, aéronautique,
intelligence artificielle. Et là, il m'en manque un, ça s'en vient...
M. Girard (Groulx) : ...je
m'excuse d'avance : sciences de la vie, aluminium, intelligence
artificielle, aéronautique. Donc, TI et intelligence artificielle, c'est le
même, il en manque un.
Ah! Merci. Vous voyez, j'ai 250 professionnels,
mais c'est ma directrice des communications qui l'a : c'est la filière
batterie.
M. Beauchemin : Juste revenir
un peu sur...
M. Girard (Groulx) : Elle
connaît son budget.
M. Beauchemin : Juste revenir
un peu sur l'aluminium, qui est une commodité à travers le monde. C'est une
commodité qui est produite aussi évidemment à travers le monde, et des
technologies comme... qu'on est en train de vouloir stimuler...
M. Girard
(Groulx) :
Elysis.
• (11 h 20) •
M. Beauchemin : Elysis, là,
qu'on essaie de pouvoir stimuler ici, là, au Québec, ça va devenir évidemment
un élément qui va distinguer l'aluminium québécois, mais il faudrait qu'Elysis
puisse opérer. Donc, dans ce contexte-là, il n'y avait pas moyen d'associer
l'aide aux projets de 100 millions de dollars et plus pour ce projet-là de
façon indépendante, juste s'assurer que l'investissement puisse lui-même aller
de l'avant et donc être aidé par le gouvernement?
M. Girard (Groulx) : Les
négociations reliées à ce projet-là relèvent du ministre de l'Économie. Si on a
besoin d'aide fiscale pour que ces projets-là se réalisent, bien, on va
s'ajuster. C'est pour ça qu'on a reconnu dans le budget que ce n'est pas parce
que nous étions incapables d'estimer les coûts reliés au secteur de l'aluminium
que ce serait toujours le cas.
Alors, la situation du secteur de
l'aluminium, on veut... Le ministère de l'Économie et le ministère des
Finances, on veut une industrie de l'aluminium prospère qui se décarbone, au
Québec, et, si l'aide fiscale est nécessaire à cela, elle sera au rendez-vous.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Il reste environ 20 secondes, cher collègue.
M. Beauchemin : Dans le
contexte de l'avenir de cette industrie-là, spécifiquement en termes de faire
de l'aluminium vert, évidemment, c'est une voie d'avenir qui peut être aidée,
que ce soit fiscalement ou autre, là, c'est sûr et certain. Je voyais juste
l'opportunité de le faire à travers cette mesure-là qui aurait pu être
simplifiée.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. Alors, c'était ici notre dernier bloc d'échange. Je cède
maintenant la parole au député d'Orford, qui dispose de 11 min 11 s. Ça porte
chance.
M. Bélanger : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui, je voudrais profiter de la présence de l'Autorité des
marchés financiers. Il y a quelqu'un, je pense, qui, d'ici quelques mois, va
quitter, puis c'est tout un bagage, c'est tout un bagage d'expérience, ça fait
que peut-être que le ministre va permettre à M. Morisset de répondre aux
questions, ou ce sera à la discrétion du ministre, pour le bénéfice de ceux qui
sont autour de la table et de ceux qui nous écoutent.
Je suis l'adjoint parlementaire du
ministre, mais je suis responsable de tout ce qui est connectivité et
infrastructure de connectivité, puis il y a un type d'actif qui m'intrigue
beaucoup, c'est un actif qui représente une très grande consommation d'énergie.
On parlait des filières, utilisation de l'énergie, c'est la cryptomonnaie, tout
ce qui est relié, minage du bitcoin, puis tout ça. Moi, ça me préoccupe au
niveau des infrastructures. On peut prendre, par exemple, il y a quelques
jours, là, un centre de données à Paris qui a brûlé, puis ça a fait que Google
a été en panne partout en Europe à cause de cette situation-là.
Mais je veux en venir au niveau de marchés
financiers, parce que c'est quand même très attractif, on entend toujours le
voisin qui a fait fortune puis que... tu ne connais jamais ses mauvais coups,
mais tu connais juste ses bons coups. Au niveau de ce type de transaction là et
de ce type d'actifs, j'aimerais ça savoir quel type d'encadrement, avec toutes
les années d'expérience que vous avez... mais quel type d'encadrement que
l'Autorité des marchés financiers assure pour... au bénéfice, là, justement de
ceux qui veulent investir, mais aussi toutes les différentes plateformes que ça
représente.
M. Girard (Groulx) : Alors,
je vais prendre les 30 premières secondes et ensuite je vais passer...
M. Girard (Groulx) : ...la parole
au P.D.G. de l'Autorité des marchés financiers, monsieur Louis Morisset. Et
j'en profite pour le remercier pour ses 10 ans à la tête de l'Autorité des
marchés financiers, 10 ans qui n'ont pas été un long fleuve tranquille.
Alors, merci énormément pour votre contribution. Moi, je vais laisser la parole
à notre P.D.G., mais je tiens à dire, pour tous les gens qui nous écoutent, que
les cryptomonnaies ne sont pas un outil d'épargne et ne sont pas un outil
d'échange. Et en aucun cas le gouvernement du Québec n'encourage l'utilisation
de la cryptomonnaie. Et ceux qui le font doivent le faire avec prudence et une
saine gestion des risques. Et c'est à ce moment-ci, s'il y a un consentement,
que je passe la parole au P.D.G. de l'Autorité des marchés financiers.
Une voix : J'apprécie votre
réponse.
Le Président (M. Simard) : Alors,
y aurait-il consentement? Consentement. Monsieur Morisset, à vous la parole.
Mais, pour les fins de nos travaux, bien que vous soyez un habitué, auriez-vous
l'amabilité de vous représenter pour une dernière fois?
M. Morisset (Louis) : Bien
sûr. Alors, Louis Morisset, président-directeur général de l'Autorité des
marchés financiers.
Alors, bien, évidemment, nous aussi, on a
des préoccupations à l'égard des cryptoactifs, la préoccupation qu'a évoquée M.
le ministre. Donc, c'est une activité qui nous accapare beaucoup, à l'autorité,
sous différents... sous différents fronts. D'abord, on travaille à encadrer les
plateformes d'échange de ces cryptoactifs. Il y a... il y a 10 plateformes
qui sont encadrées adéquatement au Canada en ce moment, donc des plateformes
qui sont inscrites comme courtiers. Puis il y a d'autres plateformes qui ne sont
pas encore officiellement encadrées mais qui ont accepté de s'assujettir
d'elles-mêmes à certains types, là, d'encadrement volontaire.
Mais, si j'avais un conseil à donner
aujourd'hui aux gens qui nous écoutent, c'est de transiger avec une plateforme inscrite
et de s'assurer de l'inscription de ces plateformes-là. On a sur notre site
internet notamment le nom des plateformes en question.
C'est un marché qui est très volatil. En
2022, je veux dire, l'ensemble des cours, si on veut, des cryptoactifs s'est
effondré. En 2023, ça semble reprendre, donc on sent un engouement encore dans
la population. Donc, on fait beaucoup de travaux de sensibilisation. Donc,
c'est un actif volatil, c'est un actif qui est souvent utilisé à des fins
frauduleuses. D'ailleurs, ce matin, dans le Globe and Mail, on parlait encore,
là, d'une plateforme qui est poursuivie par nos collègues en
Colombie-Britannique parce qu'ils ont... ils orchestraient une vaste fraude
avec ces... avec leur plateforme.
Donc, on fait beaucoup de sensibilisation.
On est en campagne. En fait, on était en campagne, même encore tout récemment,
dans les médias, dans la presse, notamment, avec une campagne choc, un peu, là,
sur Voyez-vous, le risque, puis on essayait de sensibiliser la population,
justement, aux risques de ces actifs-là.
On prend aussi plusieurs actions en termes
de poursuites. On a lancé tout récemment, il y a à peu près deux semaines, une
poursuite à l'égard d'une plateforme étrangère qui opère ici illégalement.
Donc, on est très actifs sur différents fronts. On veut aussi s'assurer que, si
nos institutions financières au Québec s'intéressent aux cryptoactifs, bien,
qu'elles le fassent avec prudence ou encore, si elles le font, ultimement,
qu'elles auront un coût important à payer en termes de capital.
Donc, on est vraiment, je dirais,
multifacettes dans notre encadrement. Mais, peut-être, mon message principal
aujourd'hui, c'est qu'on veille au grain, mais il faut que la population veille
elle-même au grain. C'est un actif, encore une fois, hautement, hautement
volatil et souvent, malheureusement, frauduleux.
M. Bélanger : Mais
l'empreinte environnementale est quand même significative, l'énergie qui est
requise, et on confond souvent ce type d'infrastructure de centres de données
avec d'autres centres de données traditionnels qui peuvent être... Qui peuvent
favoriser un peu l'intelligence artificielle ou les véhicules autonomes. En
termes d'empreinte environnementale, est-ce que c'est un secteur où vous avez
une certaine connaissance, où vous sensibilisez les consommateurs ou les
utilisateurs de cryptomonnaies ou ceux qui veulent investir à l'impact
environnemental d'une telle transaction?
M. Morisset (Louis) : Non, ça
ne fait pas partie de notre... disons, de nos responsabilités. Nous, on
s'intéresse évidemment davantage, là, à l'impact financier que ces actifs-là...
ou la détention de ces actifs-là peuvent avoir sur les consommateurs. Mais je
partage entièrement votre perspective que c'est excessivement énergivore puis
que, dans le monde dans lequel on évolue aujourd'hui, il faudra sérieusement se
poser la question, si c'est de l'énergie bien investie. Mais, encore une fois,
c'est hors mandat de l'Autorité, là, de questionner l'impact environnemental de
cette activité-là...
M. Morisset (Louis) : ...quoique
ça m'amène à faire un saut sur l'intérêt que nous avons aujourd'hui et depuis
quelques années maintenant sur la finance durable et les divulgations qu'on va
exiger au cours des prochaines années des entreprises publiques québécoises et
canadiennes sur, ultimement, l'impact des changements climatiques sur leurs
activités, l'impact de leurs propres émissions en gaz à effet de serre, et
ainsi de suite. Donc, ça va faire partie éventuellement des exigences que nous
aurons à l'égard des entreprises publiques. Mais, pour répondre spécifiquement
à votre question aujourd'hui, ce n'est donc pas un aspect, là, sur lequel on
s'attarde en ce moment.
M. Bélanger : Parfait. Puis,
avec l'expérience que vous avez... Là, je vais trahir un peu mon âge, mais je
me rappelle du temps des REA, qui permettaient un peu un esprit
d'entrepreneurship, puis quand même une disponibilité de fonds, puis un peu
l'engouement de passer publiques pour des petites entreprises, puis il y a
quand même eu un certain succès. Je voudrais avoir votre avis sur quels sont
les leviers au niveau de la croissance du PIB, puis la croissance du PIB
nominal au Québec, mais aussi - puis je vois une différence, là, je ne vois pas
nécessairement une corrélation linéaire - le PIB par habitant. Et c'est quoi...
quels sont les moyens qui pourraient venir favoriser, justement, cette
croissance-là du PIB? Ce n'est pas une question-piège, mais c'est une question.
• (11 h 30) •
M. Morisset (Louis) : Non,
puis ce n'est pas... Ce n'est peut-être pas une question pour un avocat,
peut-être plus pour un économiste, mais j'aurai... Je ne sais pas si, M. le
ministre, vous voulez répondre d'abord, puis je vais ajouter par la suite.
M. Girard (Groulx) : Je pense
que, puisque l'angle de sa question est relié aux REA, qui étaient une
importante composante de l'épargne québécoise, je vous laisse répondre, vous
avez 10 ans d'expérience. Allez-y!
M. Morisset (Louis) : J'étais
moins actif que vous l'étiez peut-être à l'époque des REA. Mais, quoi qu'il en
soit, le monde a bien changé depuis cette époque-là, on peut dire la belle
époque, hein, puis on voit combien de fleurons québécois sont nés à l'époque
des REA. Mais, quand je dis que le monde a bien changé, c'est que le capital aujourd'hui
est disponible beaucoup plus facilement qu'il ne l'était à l'époque autrement
par des acteurs, là, des... je dirais privés, les... Par exemple, les fonds
fiscalisés au Québec, le Fondaction, le Fonds de solidarité et autres, c'est...
sont des acteurs actifs qui investissent souvent à des moments, tu sais, de
naissance de ces entreprises-là ou un peu plus tard dans leur développement,
puis ce n'est pas des acteurs qui cherchent nécessairement, comme on le voit
d'autres acteurs, là, du marché «venture», de sortir très rapidement. Donc,
tout ça pour dire que les marchés financiers demeurent une voie, évidemment, à
privilégier pour certaines entreprises, mais ce n'est plus une obligation, une
quasi, tu sais, obligation qu'on vivait à l'époque, malheureusement.
M. Girard (Groulx) : Oui. Je
vais juste utiliser une portion de ce bloc pour répondre au député de
Marguerite-Bourgeoys. Alors, 0,25 % du PIB serait l'effet sur 10 ans,
et c'est que le 2,4 milliards d'investissement moyen par année doit être
réduit du volume d'importation, là, parce que tout ce qui va être investi n'est
pas produit ici au Québec, et donc l'ordre marginal de l'effet est plus de
l'ordre de 1,5 milliard...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : ...par
année, ce qui amène à 0,25 % plutôt que 0,4 %, que j'ai dangereusement affirmé
tantôt.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Très bien. Alors, merci beaucoup, M. le ministre.
Sur ce, nous avons terminé l'étude des
crédits pour le présent volet. Avant de quitter, toutefois, je tenais, au nom
de la Commission des finances publiques, à saluer M. Morissette et le remercier
pour l'essor qu'il a donné à l'institution qu'il a si bien dirigée depuis 2013.
Alors, au plaisir de vous retrouver dans de nouvelles fonctions.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux
quelques minutes, 15 minutes à peine, hein, alors n'allez pas trop loin.
(Suspension de la séance à 11 h 32)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 46)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Je constate
que nous avons quorum. Nous avons légèrement commencé en retard. Y aurait-il
consentement pour poursuivre au-delà de l'heure prévue?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Consentement.
Je vous remercie.
Alors, la commission est réunie afin de
procéder à l'étude du volet Revenu Québec des crédits budgétaires du
portefeuille Finances pour l'exercice financier 2023-2024. Et une
enveloppe de 45 minutes a été attribuée à nos échanges.
Alors, Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, nous poursuivons selon ce que nous avons entrepris depuis
maintenant plusieurs heures. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous
disposez de 13 minutes 39 secondes.
M. Beauchemin : Puis, juste
pour une précision, on parle Revenu Québec spécifiquement?
Le Président (M. Simard) : Revenu
Québec, quoique notre tradition entend que nous soyons très larges dans l'approche
de la chose.
M. Beauchemin : D'accord.
Bien, merci beaucoup, M. le Président.
Le 20 mars dernier, vous avez été
cité dans un article de La Presse, M. le ministre, à propos de ce qui devrait
être fait pour la chasse, si on peut dire, aux Airbnb illégaux. Vous avez
mentionné que vous n'étiez pas contre une hausse du nombre d'inspecteurs. Ça, c'est
évidemment suite à l'incident, là, mortel, là, qu'on a tous été affectés en
regardant ce qui s'est passé, les images dans le Vieux-Montréal, le nombre de
personnes qui sont mortes dans ce Airbnb-là, qui était clairement mal géré.
Vous en êtes où dans votre processus de vouloir améliorer Airbnb?
M. Girard (Groulx) : Bien,
la...
M. Beauchemin : Ou le concept
de l'industrie...
M. Girard (Groulx) : ...la
réglementation qui entoure Airbnb. Bien, c'est la ministre du Tourisme qui
pilote le dossier, puisqu'il y avait eu des modifications législatives dans le
précédent mandat, et qu'on a, bien sûr, observé qu'il y avait un nombre
extrêmement important d'offres de logements qui n'avaient pas le numéro
d'enregistrement. Donc, la proportion de gens qui suivaient les règles, par
rapport au nombre d'annonces, n'était pas suffisante, et la ministre a annoncé
qu'il y aurait un resserrement et, notamment, une responsabilité de la
plateforme Airbnb et des autres plateformes du genre, qui, eux, devront
maintenant, suite aux modifications législatives, là, s'assurer que les numéros
d'enregistrement sont visibles, et qu'il n'est pas possible de s'afficher sur
ces sites-là sans respecter la réglementation québécoise.
Et quant à ce qui est fait au niveau des
vérifications actuelles, si vous voulez poursuivre sur cette question là, bien,
on pourra passer la parole à notre P.D.G. de Revenu Québec, qui est avec nous
aujourd'hui.
M. Beauchemin : On a été tous
heureux d'apprendre, là, que les numéros d'identification, là, pour que la
procédure de location court terme, Airbnb ou équivalent, là... que le numéro
d'identifiant soit obligatoire, là. Clairement, c'était la première étape à
faire. Mais c'est quoi, le rôle... peut-être, on peut passer la parole à Revenu
Québec, mais quel est le rôle, selon vous, de Revenu Québec dans ce dossier-là
spécifiquement?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est un rôle d'inspection. Il faut savoir... Est-ce qu'on est rendus à 11 000
employés ou...
Une voix : À Revenu Québec?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Une voix : On est même près
du 12 000...
M. Girard (Groulx) : 12 000
employés. Alors, il faut savoir que... Excusez-moi, M. le Président, là. O.K.,
près de 12 000 employés. Il faut savoir que la fonction principale de Revenu
Québec, c'est la conformité fiscale, là. Les inspections de la conformité, par
exemple, dans le secteur de la restauration, du taxi, du Airbnb, de
l'hébergement touristique, c'est une fonction importante, mais secondaire, puis
on ne peut pas avoir 5 000 inspecteurs sur 12 000 employés. Ce n'est
pas la bonne proportion. Donc, le rôle, c'est un rôle d'inspection, mais il y a
plusieurs choses qu'on inspecte, pas seulement les plateformes d'hébergement.
M. Beauchemin : L'information
que vous donnez est bonne. Effectivement, 5 000 sur 12 000, ce serait
beaucoup trop d'inspecteurs. Je pense que ce serait peut-être un rendement
marginal extrêmement décroissant, là, rendus là, probablement. Mais vous avez
quand même répondu positivement à l'idée que ça en prendrait plus lorsque vous
avez été questionné, là, le 20 mars. Est-ce que vous avez...
• (11 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, d'abord, je tiens à dire que ce qui s'est passé à Montréal, évidemment,
c'est une situation qui est tragique et qu'il y a une enquête du coroner et
qu'il y aura certainement des responsabilités qui seront identifiées dans ce
dossier-là.
Et ce qu'on... ce que cet incident-là a
amené, c'est la constatation qu'il y avait énormément d'offres d'hébergement
touristique qui ne respectaient pas la législation québécoise sur... en toute
connaissance de cause sur ces plateformes-là. Et donc, les opérateurs de ces
plateformes-là, ils ont une responsabilité. C'est-à-dire que nous, on a beau
rajouter des inspecteurs, si les plateformes n'assument pas leurs
responsabilités, on ne s'en va pas dans la bonne direction. Alors, pour un
nombre d'inspecteurs donné, les plateformes ont un rôle extrêmement important à
jouer.
M. Beauchemin : Je comprends.
Donc, mais juste pour comme clarifier peut-être pour les gens qui nous
écoutent, le rôle de Revenu Québec, dans son mandat, en ce qui a trait à ces
hébergements touristiques là, en est un de s'assurer que les taxes sont payées,
les impôts sont payés. Il n'y a pas aucune... Au niveau de la réglementation
municipale, c'est vraiment au niveau des enjeux propres à Revenu Québec. Puis
peut-être que c'est madame qui peut répondre.
M. Girard (Groulx) : Est-Ce
qu'il y aurait consentement pour que notre P.D.G. prenne la parole?
Le Président (M. Simard) : Y
a-t-il consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) : Madame,
pour les fins de nos travaux, auriez-vous l'amabilité de vous présenter?
Mme Tremblay
(Christyne) : Certainement. Merci, M. le Président...
Mme Tremblay (Christyne) :...M. le Président. Je suis Christyne Tremblay et je suis
la P.D.G. de Revenu Québec.
Des voix : ...
M. Beauchemin : C'est beau.
On vous entend bien.
Mme Tremblay (Christyne) :Parfait. Alors, bien, merci beaucoup de poser la question
parce que Revenu Québec a quand même différents rôles dans le secteur de
l'hébergement touristique. On est un partenaire, comme M. le ministre l'a
mentionné, du ministère du Tourisme, on travaille en étroite collaboration avec
eux, mais aussi avec les municipalités, qui sont un partenaire de premier plan.
On a un rôle de faire s'assurer de la conformité des obligations.
Donc, on a des gens sur le terrain, des
inspecteurs qui vont s'assurer que les plateformes, aussi les propriétaires,
qui vont louer à... pour courte durée, remplissent leurs obligations, donc,
jusqu'à maintenant, est-ce qu'ils avaient bien leurs numéros de certification,
par exemple. Donc, on a une équipe de 80 inspecteurs, tous secteurs
confondus, qui sont sur le terrain, qui sont visibles et qui assurent cette
fonction-là.
Après eux, quand on voit qu'il y a de la
non-conformité, on va travailler avec nos enquêteurs pour s'assurer à ce
moment-là qu'on est capables d'imposer des pénalités, des amendes. Et on va
aller jusqu'à travailler au niveau des poursuites pénales. Cette... On a
2,9 millions de dollars d'amendes qui ont été imposées.
Il y a également le côté fiscal... Ah!
Le Président (M. Simard) : Très
bien. C'est beau.
Mme Tremblay (Christyne) :Bien, le côté fiscal est aussi important...
Le Président (M. Simard) : Non.
C'est beau, madame. Alors, M. le député, veuillez poursuivre.
M. Beauchemin : Oui. Donc,
dans un contexte, justement, où est-ce que la conformité, mais la conformité
dans l'ensemble, autant des règlements municipaux, donc les inspecteurs ont à
observer si l'ensemble de... des variables municipales sont aussi respectées?
Est-ce que j'ai bien compris ça ou...
Mme Tremblay (Christyne) :Non, pas du tout. Les municipalités sont responsables de
faire respecter leurs propres règlements et lois. Nous, de notre côté, c'est en
matière d'hébergement touristique. On s'assure du respect de la Loi sur
l'hébergement touristique et la Loi sur l'administration fiscale.
J'avais amorcé une réponse en vous disant
qu'on fait aussi des activités de vérification et de contrôle fiscal. On a fait
ça auprès de 1 916 entreprises, puis c'est 6,3 millions qui a
été récolté de cette... de ce... cette façon-là.
M. Beauchemin : sur ça, en
fait, les inspecteurs de Revenu Québec, il y a un an, en juillet 2022, il y
avait des articles, là, dans Le Soleil qui avaient été mentionnés comme quoi
qu'il n'y avait pas vraiment de critères pour mettre les amendes en
application. En d'autres mots, ça pouvait être entre 0 à 3 700 $
d'amende par faute commise, mais il n'y avait pas de barèmes à partir desquels
les critères pouvaient... Je peux faire référence à l'article, si vous voulez.
C'est paru par Marc Allard, le 6 juillet 2022, où est-ce qu'une amende
entre 3 700 $ ou un simple avis de... un simple avertissement, pardon,
peut être, en fait, émis, là, par Revenu Québec. Il n'y avait pas de critères à
savoir les échelles avant d'en arriver à mettre, là, l'amende à 3 700.
Est-ce que vous pourriez peut-être nous éclairer un peu pour savoir qu'est-ce
qui s'est passé dans la dernière année pour mettre un peu de structure là-dedans?
Mme Tremblay (Christyne) :Je vais être capable de vous répondre. En fait, les
amendes, en principe, elles sont déterminées dans la loi, elles ne sont pas
discrétionnaires. Mais, comme un peu les policiers sur la route, il y a un
travail de sensibilisation. Et, lorsqu'il constate qu'il peut y avoir un
manquement, notre inspecteur a quand même le pouvoir discrétionnaire de décider
si on impose l'amende ou si, dans un certain cas, on donne un avertissement.
M. Girard (Groulx) : ...
Le Président (M. Simard) : Pardon,
M. le ministre, vous souhaitiez ajouter?
M. Girard (Groulx) : J'allais
dire que, lorsqu'il y a une nouvelle législation, avant de distribuer des
amendes à tout le monde, bien, on encourage la conformité. Il faut que la loi
soit comprise. L'hébergement existait avant la nouvelle loi.
Le Président (M. Simard) : Merci
pour cette précision. M. le député.
M. Beauchemin : ...sur,
justement, les... après l'avertissement, là, les critères qui acheminent à tel
montant d'amende pour tel genre de critique, etc. Il y a-tu comme un tableau de
disponible ou...
M. Girard (Groulx) : Une
Liste des sanctions?
Mme Tremblay (Christyne) :Bien, une liste des sanctions, ça existe, qu'on pourrait
vous fournir sans problème. Mais il n'y a pas de critères. Il y a l'amende,
elle vaut tant, s'il y a une infraction, c'est le prix à payer. Puis il n'y a
pas non plus de droit à un avertissement. Si un policier vous arrête pour excès
de vitesse...
Mme Tremblay (Christyne) :
...en principe, il va vous émettre un... c'est une infraction. Dans
certaines circonstances, il peut utiliser son pouvoir, son discernement pour
vous donner un avertissement, mais ce n'est pas un droit.
M. Beauchemin : O.K., mais
donc, nonobstant les avertissements, est-ce que toutes les amendes sont à
3 700 $? Est-ce qu'il y a comme une échelle d'amendes de disponible pour
qu'on puisse se faire une tête, à savoir la façon que c'est géré?
Mme Tremblay (Christyne) :
Bien, M. le ministre l'a mentionné, on pourrait vous fournir la
liste avec la... le tarif pour chaque amende et lié à chaque infraction, c'est
différent pour chaque secteur. Là, on parle de l'hébergement touristique, mais
on aurait aussi des inspecteurs qui vont donner des amendes dans le secteur des
restos, des bars, qui vont le faire dans le secteur du tabac. Donc, pour chacun
de ces secteurs-là, on va avoir une grille qui va être différente.
M. Beauchemin : Moi, je
fais...
Le Président (M. Simard) : ...dans
la suite des choses, est-ce que le ministre s'engage à distribuer cette
information à la Commission?
M. Girard (Groulx) : ...l'information
qui est publique sera déposée à la commission. Oui.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le député, veuillez poursuivre.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, si on peut revenir un petit peu sur... peut-être, c'est peut-être
dévoiler quelque chose qui devrait être rendu public éventuellement, mais
depuis, donc, la triste tragédie du mois de mars passé, à part identifier,
avoir le numéro identifiant des promoteurs, si on peut dire, des gens qui
utilisent la plateforme Airbnb, et autres. Est-ce qu'il y a eu d'autres
avancées qui ont été faites par le ministère pour clarifier un peu la procédure
puis aider à ce que cette industrie-là soit plus encadrée?
M. Girard (Groulx) : Bien là,
je ne veux pas me décharger de ma responsabilité de répondre à la question.
Mais c'est vraiment une question pour la ministre du Tourisme. Il y a... je
reviens à la responsabilité des plateformes. O.K., parce que, oui, on va exiger
que le numéro d'enregistrement soit sur la plateforme. Puis il faut que le
numéro soit valide. Ce n'est pas tout... On ne s'invente pas un numéro puis on
va dans une case, puis où c'est marqué : mettez votre numéro, vous mettez
n'importe quoi. Les plateformes ont une responsabilité de s'assurer que ce qui
est sur leur site est légal.
Le Président (M. Simard) : Alors,
en conclusion.
• (12 heures) •
M. Girard (Groulx) : On est
dans une société où chacun doit assumer ses responsabilités.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Puis, si
ces plateformes-là veulent continuer à opérer, bien, elles doivent être des
citoyens corporatifs nobles.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. M. le député. Et, en fait… ou est-ce que vous empruntez sur le
prochain bloc?
M. Beauchemin : Un petit
30 secondes, strictement pour dire au niveau, je parle ministère du
Revenu, en tant que tel, là, c'est vraiment dans cet enjeu-là que je parle,
donc l'imposition d'avoir l'identifiant public. Et est-ce qu'il y a eu d'autres
mesures qui ont été prises par rapport à votre ministère à vous?
M. Girard (Groulx) : Le
ministère du Revenu va s'ajuster à la législation qui sera adoptée par les élus
à l'initiative de la ministre du Tourisme.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup.
M. Girard (Groulx) : Alors,
il n'y a pas...
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. Je cède la parole au député de Maurice-Richard qui dispose de
neuf minutes six secondes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. J'adorerais parler de Airbnb. Malheureusement, je n'aurai pas le
temps, mais je dirai quand même une phrase, c'est que le fait que ces
compagnies là opèrent de manière... à la limite de la légalité ou souvent dans
des vides juridiques, le fait qu'en plus elles ne payent pas d'impôts ici ou
d'ailleurs elles ne payent d'impôts nulle part, pour beaucoup d'entre elles, le
fait qu'elles s'accaparent les données qui font qu'il y a une coupure entre les
clients et les services que les Québécoises et Québécois offrent à travers ces
plateformes, le fait que ça demande une complexité fiscale, faire en sorte
qu'il y a un transfert de coûts qui arrive à vos ministères pour faire
appliquer la loi, et je pense qu'une des choses sur lesquelles on doit
réfléchir, c'est comment s'assurer que ça ne coûte pas une fortune à l'État de
réussir à faire appliquer la loi et qu'on transfère une partie de ce coût-là
assez à ces compagnies.
Moi, je voudrais aller au niveau du
relevé 31. On sait qu'une une des mesures sociales les plus importantes au
Québec, c'est le crédit d'impôt pour solidarité et qui comporte… Ça... Qui
touche bon an mal an 3 millions de ménages à peu près, et...
12 h (version non révisée)
M. Bouazzi : ...afin d'obtenir
la composante logement, les bénéficiaires doivent produire le relevé 31
qui est émis par le locataire, puis pour toutes sortes de raisons, que ce soit
par négligence ou carrément pour embêter les locataires, il arrive que les
propriétaires ne ne donnent pas ce relevé-là à leurs locataires, ce qui a
toutes sortes de conséquences très, très pénibles pour les locataires qui
auraient le droit à l'aide en question. Et un des problèmes, c'est les... en
fait, les pénalités qui y sont associées, on pense au fait de ne pas donner le
relevé 31, qui sont actuellement de 100 $. Ça fait que peut-être...
mais j'aurais plusieurs questions, mais parmi elles, ça serait : Combien
est-ce qu'il y a de propriétaires — est-ce qu'on a le chiffre — qui
disent combien de propriétaires ont payé cette pénalité-là? Parce qu'il faut s'en
occuper, et c'est probablement fastidieux. Et puis, évidemment, il faut que les
gens portent plainte. Combien est-ce qu'il y en a qui n'ont jamais porté plainte?
Combien, et puis surtout est-ce qu'on est prêt à avoir des mécanismes pour
pouvoir avoir quelque chose de plus dissuasif que ça pour obliger les
propriétaires à livrer le fameux relevé 31 à leurs locataires?
M. Girard (Groulx) : Alors, simplement
pour dire que par rapport à votre premier point, la responsabilité fiscale de
ces plateformes, je rappelle que Revenu Québec et le gouvernement du Québec est
la première administration au Canada qui a obligé ces plateformes à percevoir
la taxe sur l'hébergement. Alors, on est proactifs. Mais évidemment, la
responsabilité fiscale, ça va au-delà de la taxe sur l'hébergement. Là-dessus,
on est d'accord.
Pour ce qui est du relevé 31 est-ce
que notre P.D.G. de Revenu Québec aurait des informations là-dessus?
Mme Tremblay
(Christyne) :Bien, merci beaucoup pour la
question. Vous avez raison que c'est un enjeu parfois d'obtenir le relevé 31.
D'ailleurs, on a fait beaucoup de travail cette année avec les organismes
bénévoles qui aident les personnes vulnérables, les citoyens à remplir leur
déclaration de revenu. Puis dans... On est allé sur le terrain, et c'est un
enjeu qui a été soulevé et pour lequel on va regarder s'il y a lieu de
travailler plus fort. Mais règle générale quand même, une bonne majorité de
propriétaires se conforment. Mais, si on veut parler de logement, je voulais peut-être
aussi mentionner qu'il y a tout un programme d'allocation logement qui permet
aux personnes qui sont à faible revenu d'accéder à une allocation pour
subventionner leur logement., et on a vraiment fait beaucoup de travail cette
année à ce niveau-là.
Le Président (M. Simard) : ...Maurice-Richard.
M. Bouazzi : ...pas vraiment
le sujet que je touchais. L'idée, c'est de se dire ou que vous comprenez que si
un propriétaire ne donne pas ce relevé-là à une personne qui aurait le droit
aux crédits d'impôt pour solidarité dans la portion logement, ça a des
conséquences dramatiques étant donné souvent vraiment le peu de revenus que ces
personnes-là ont. Et actuellement, la pénalité est de 100 $ pour le
propriétaire. Mais je comprends qu'on travaille avec la personne qui souffre
des conséquences de tout ça. Mais... mais probablement qu'il faudrait, je
pense, évaluer d'autres mécanismes qui obligeraient les propriétaires de
délivrer ces... ces relevés.
Rapidement, il y a donc un... actuellement
dans le... dans les prévisions des dépenses en informatique, pour le ministère,
il y a pratiquement 1 milliard — de mémoire, j'y vais — 1 milliard
sur les 10 prochaines années. J'étais curieux... Oui? J'étais curieux,
bien, peut-être 900 millions, là. C'était en tout cas le deuxième plus
haut après les questions de santé. Est-ce que c'est... C'est quel projet
exactement? Est-ce que c'est là la question de préremplir les différentes
déclarations d'impôts? Est-ce que... C'est quel projet exactement qui coûterait
aussi cher?
Mme Tremblay
(Christyne) :Merci beaucoup pour la
question. En fait, ce qu'on veut vraiment à Rrevenu Québec, de concert avec M.
le ministre, c'est rendre la fiscalité plus simple, plus conviviale, la rendre
plus facile pour les citoyens, citoyennes, puis ça, ça passe notamment par des
services en ligne qui sont plus faciles d'utilisation, fiables et sécuritaires.
On veut faire la même chose pour les entreprises pour qu'elles passent moins de
temps à remplir leurs obligations fiscales.
Le Président (M. Simard) : ...poursuivre,
allez-y, je vous prie.
Mme Tremblay
(Christyne) :Alors, dans les projets qui
sont mentionnés, on veut simplifier la plus possible toutes les obligations
liées, par exemple au crédit de maintien à domicile. Alors ça, c'est un projet
qui est dans notre plan...
Le Président (M. Simard) : ...poursuivre,
s'il vous plaît, la parole est au député. Monsieur...
Le Président (M. Simard) : ...M.
le député.
M. Bouazzi : Je n'ai vraiment
pas beaucoup de temps, ça fait que, malheureusement, vous ne pouvez pas me
donner une réponse de cinq minutes quand j'ai cinq minutes en tout. Juste pour
comprendre, donc, est-ce que ce milliard-là ou ce 900 millions comporte
l'objectif qui ressort d'un certain nombre de communications que vous avez eues
au ministère de pouvoir préremplir... Oui. Est-ce que, dans ces... dans ce...
je sais qu'il y a 25, je pense qu'il y a un projet pilote pour 25 000 cas cette
année, si je ne me trompe pas, peut-être l'année prochaine. Est-ce que, dans ce
genre d'approche, ça ne serait pas seulement tout préremplir, mais il y aurait
aussi une interaction facilitée avec les citoyens pour pouvoir répondre à deux,
trois, quatre questions pour pouvoir faire ce genre de choses ou c'est
vraiment... l'idée, c'est vraiment d'envoyer une déclaration d'impôt préremplie
pour que la personne la valide et puis la signe? Ou c'est trop tôt pour le
dire?
Mme Tremblay
(Christyne) :Donc, vous avez raison, il
va y avoir un projet pilote. Ce sera au printemps prochain pour la déclaration
de revenus 2023. Ça va concerner environ 100 000 citoyens, citoyennes à la
situation fiscale simple des personnes vulnérables. On va les prendre en
accompagnement du début à la fin, on va les inviter, et ça va... On va leur
offrir une préremplie, ça va être une déclaration, comme vous l'avez mentionné,
où les informations que l'on possède vont être présentées aux contribuables. S'il
n'y a pas de changement, ça va... on va...
• (12 h 10) •
M. Bouazzi : Donc, il y a une
interaction avec eux, ce n'est pas juste qu'ils vont...
Mme Tremblay
(Christyne) :Oui, il va y en avoir une.
M. Bouazzi : O.K. Rapidement.
J'aimerais aller sur le... il me reste une minute, sur le RRQ pour les
personnes handicapées. Actuellement, une personne handicapée qui prend son RRQ
à 65 ans est pénalisée entre 18 et 24 % étant donné qu'elle ne
travaillait pas à l'âge de 60 ans. Ma question c'est : Qu'est-ce que
ça coûterait au RRQ... à l'époque, c'était 36, il y a eu un geste du
gouvernement à 24. Qu'est-ce que ça coûterait au... au RRQ, pardon, de
passer... d'éliminer cette pénalité? Surtout étant donné que l'espérance de vie
de ces personnes-là est évidemment moindre que le reste de la population et
qu'on s'entend qu'une personne tétraplégique n'a pas décidé à 60 ans
d'arrêter de travailler, elle n'est juste pas capable.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, en 20 secondes seulement.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais c'est une question extrêmement pointue que Retraite Québec aurait pu nous
aider à répondre, mais Retraite Québec était disponible dans le précédent bloc.
Simplement pour dire qu'au niveau de la rente invalidité...
Le Président (M. Simard) : Très
rapidement.
M. Girard (Groulx) : ...il y
a eu des modifications législatives pour la bonifier dans le précédent mandat
et qu'il y a aussi un recours judiciaire...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : ...qui
limite notre capacité à faire des commentaires ici...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Malheureusement, nous devons arrêter ici notre bloc d'échange. Je cède la
parole au député de Marguerite-Bourgeoys qui dispose de 12 min 50 s.
M. Beauchemin : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Je veux vous amener sur un autre sujet. Est-ce qu'on
pourrait avoir une définition un peu du nombre de temps qu'un employé qui était
un ancien employé de Revenu Québec doit être isolé, si on peut dire, d'une
certaine façon, d'aller travailler, là, pour une industrie dans laquelle
l'ex-employé avait déjà peut-être eu des recherches.... Puis je y aller plus
spécifique, quand il y a, comme par exemple, des resserrements au niveau de
l'éthique, un employé qui travaille pour Revenu Québec, qui par la suite part
de Revenu Québec pour aller finalement travailler chez le client de Revenu
Québec qui était sous enquête. Est-ce qu'on peut avoir un peu
d'éclaircissements sur les resserrements que vous avez l'intention de faire ou
l'éthique qui a été mise en place, les politiques de période de «non-compete»,
qu'on appelle en anglais, là?
Le Président (M. Simard) : Oui,
je vais passer la parole à notre P.D.G., mais simplement pour dire qu'il y a
dans... Lorsque ce sujet-là est sorti dans l'actualité, là, il y avait une
prémisse que ce que le fédéral faisait, c'était bon, puis ce qu'on faisait
n'était pas bon. Je tiens à corriger cette mauvaise perception. Et je permets à
notre P.D.G. de nous expliquer exactement ce que nous faisons.
Mme Tremblay
(Christyne) :Merci beaucoup pour cette
question. C'est très important, la perception puis s'assurer que nos gens sont
intègres. Donc, comme M. le ministre l'a mentionné, on a des règles qui sont
parfois supérieures à la fonction publique ou au fédéral. En fait, nos
employés, il n'y a pas de période limitée, ils sont... qui suit la cessation de
l'emploi. Ça s'applique donc...
Mme Tremblay
(Christyne) :...limite de temps,
contrairement aux règles du fédéral. Donc c'est interdit à toute personne en
tout temps qui a cessé d'exercer ses fonctions à Revenu Québec, de tirer
avantage indu des fonctions qu'ils ont assumées chez nous ou encore des
informations auxquelles ils auraient pu avoir droit ou encore donner des
conseils qui seraient fondés sur de l'information qui n'est pas disponible au
public et à laquelle ils auraient eu accès. Donc, on a vraiment un set de
bonnes pratiques en place qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas aller vers une
certaine amélioration, ce qu'on est en train d'examiner.
M. Beauchemin : Et
concrètement, là, expliquez-moi ça, là, comme si j'étais un citoyen ordinaire
du Québec, là, qui essaie de comprendre. Parce que le message est un peu
complexe, là. Vous me dites que finalement, un employé ou un ex-employé de
Revenu Québec ne peut pas aller travailler finalement dans le privé, dans
l'industrie ou dans la compagnie dans laquelle il enquêtait, c'est ça?
Mme Tremblay (Christyne) :On ne peut pas dire qu'ils ne peuvent pas aller travailler
dans l'industrie ou l'entreprise auxquelles ils travaillaient, mais ils ne
pourraient pas travailler sur le même dossier.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
dans un contexte...
Mme Tremblay
(Christyne) :...un dossier sur lequel il
aurait travaillé à Revenu Québec.
M. Beauchemin : Oui, puis la
différence avec ce que vous proposez et ce qui est à Ottawa, la différence,
c'est qu'à Ottawa... puis peut-être voulez-vous me l'expliquer, ce qui se passe
à Ottawa pour être clair, ou je peux le dire, si vous voulez.
M. Girard (Groulx) : À
Ottawa, l'obligation est limitée à un an. Alors...
M. Beauchemin : L'obligation
est limitée à un an, mais dans l'ensemble de l'industrie, c'est ça? Donc, pour
vous, ce que vous dites, c'est que c'est éternel cette limite-là?
Mme Tremblay
(Christyne) :Oui, c'est effectivement.
C'était illimité dans le temps.
M. Beauchemin : Mais vraiment
pointu? Donc, par exemple, un employé de Revenu Québec qui avait le dossier de
la compagnie XYZ puis quitte Revenu Québec, il ne peut pas travailler pour la
compagnie XYZ pour poursuivre le gouvernement?
M. Girard (Groulx) : Non seulement
la compagnie, mais une firme de comptables ou d'avocats qui représente cette
compagnie-là.
M. Beauchemin : O.K.
D'accord.
M. Girard (Groulx) : Parce
que, là, on parle souvent de fiscalité, de fiscalistes.
M. Beauchemin : Ça fait que,
là, puis je veux juste... On se parle entre nous, là, O.K., et tout le monde,
la traditionnelle pause café le matin à 10 h 30 où est-ce que les employés
vont se prendre un petit café puis ils se parlent entre eux autres des
dossiers, puis tout ça, il y a de l'information quand même qui se partage
souvent. Tu travailles sur quel dossier, toi, cette semaine? Ah! Je travaille
sur celui-là. Ah! Oui, c'est quoi, l'enjeu? Puis il y a ce genre d'information
là qui s'échange entre employés, souvent pour trouver les meilleures façons,
trouver les meilleurs remèdes, trouver les meilleures manières d'avancer chacun
pour son dossier. Quelqu'un d'expérience peut suggérer d'arrêter de considérer
telle ou telle façon de procéder dans tel dossier. Mais cette personne-là qui
donne le conseil n'est pas dans ce dossier là spécifique. Cette personne-là
quitte Revenu Québec. Elle a été exposée à l'information. Elle peut donc, elle,
aller... un bureau de comptables, un bureau d'avocats ou même travailler
spécifiquement pour la compagnie XYZ, en sachant des choses. Est-ce que je me
trompe quand je dis ça?
Mme Tremblay
(Christyne) :Bien. Je dirais que
l'information à Revenu Québec est de l'information hautement confidentielle.
Donc, les gens sont régis par des règles éthiques très sévères. La machine à
café, comme vous venez de le présenter, ça ne pourrait pas fonctionner.
D'abord, il y a des règles qui gèrent la gestion des dossiers. Il y a des murs
de Chine, parfois, qui sont imposés pour que certaines personnes n'accèdent pas
à de l'information. S'ils avaient déjà, par exemple, travaillé sur un dossier.
Ils sont régis aussi par leur propre code de déontologie. Donc ces gens-là,
souvent, que ce soient des avocats fiscalistes, sont aussi régis par les règles
du barreau. La même chose si c'est un comptable. Donc, ils sont régis par
plusieurs codes très rigoureux qui font que ce genre d'information là ne
s'échange pas à la machine à café. Et en plus, on peut suivre à l'intérieur de
nos systèmes qui sont journalisés l'accès aux données.
M. Beauchemin : Ça fait que
vous avez, à la direction dans laquelle j'allais... Donc, ce n'est pas
simplement un individu, ça pourrait être comme un groupe d'individus qui
pourrait donc être plus restreint par la suite après avoir quitté Revenu
Québec, en d'autres mots.
Mme Tremblay
(Christyne) :Oui, effectivement, ça
pourrait.
M. Beauchemin : O.K. Donc, ce
n'est pas juste un individu spécifique, ça peut être l'équipe au grand complet,
là, qui pourrait être... La raison pour laquelle je vous parle de ça, c'est
que... Vous l'avez tous vu, là, on parle de la porte tournante pour un
ex-avocat de Revenu Québec, monsieur Mathieu Gendron, qui est l'avocat qui a
été embauché, là, par la famille qui possède... Expliquez-moi d'abord ce
dossier-là. J'essaie de comprendre parce que ce que vous me dites, ça ne semble
pas vraiment avoir été spécifiquement fait dans ce dossier...
Mme Tremblay
(Christyne) :...je ne pourrais pas
commenter vraiment le code d'un employé spécifique, mais je peux vous dire que
tout ce que je vous ai mentionné a été appliqué dans ce dossier.
M. Beauchemin : Donc, ce
Mathieu Gagnon n'avait aucune information spécifique par rapport à la famille
Shamandy.
M. Girard (Groulx) : Bien,
les dossiers fiscaux des entreprises, des individus, c'est confidentiel, et on
ne discutera pas de ce cas-là ici. Les règles d'éthique s'appliquent à tous les
employés, les anciens employés, et les règles ont été suivies dans ce
dossier-là. Mais je pense qu'il n'est pas approprié de discuter de la situation
fiscale d'une entreprise particulière à la Commission des finances publiques.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. Beauchemin : Mathieu
Gagnon était en terrain connu dans les comptes des Shamandy car ce fiscaliste
en est à son deuxième aller-retour entre la pratique privée et Revenu Québec.
Et selon ses déclarations en cour, il a travaillé pour lui dans les cabinets où
il est passé. Je comprends ce que vous me dites, là, M. le ministre, mais y
a-tu un forum qui pourrait être plus propice où est-ce qu'on pourrait discuter
des procédures d'éthique qui semblent clairement ici avoir permis à ce
M. Gendron de pouvoir sortir... En tout cas, ça donne l'impression, O.K.,
que ça n'a pas été suivi au niveau des... de la restriction.
• (12 h 20) •
M. Girard (Groulx) : On
peut discuter des normes d'éthique en vigueur chez Revenu Québec sans discuter
du dossier fiscal d'une entreprise ou du dossier particulier d'un ancien
employé.
M. Beauchemin : Je vais
poser une question d'abord. Est-ce que quelqu'un qui travaille sur un dossier -
la même question que j'ai posée tantôt - qui travaille sur un dossier
spécifique par rapport à un individu et/ou la ou les sociétés auxquelles cet
individu-là est associé, ne peut donc pas aller travailler par la suite dans un
bureau pour tout le temps, là, si j'ai bien compris? Ce n'est pas juste une
question d'un an comme à Ottawa. Donc...
M. Girard (Groulx) : Si vous
avez travaillé chez Revenu Québec sur le dossier d'une entreprise, vous ne
pouvez pas aller dans le secteur privé et rendre... représenter cette
entreprise contre Revenu Québec dans une... dans un dossier d'interprétation
fiscale.
M. Beauchemin : Comptable
légal?
M. Girard (Groulx) : Comptable,
avocat, fiscaliste.
M. Beauchemin : Comment
qu'on peut expliquer la situation de M. Gendron?
Mme Tremblay
(Christyne) :Lorsque les gens
reviennent... Viennent à Revenu Québec, puis c'est quelque chose qui arrive,
là, que les gens viennent du secteur privé, puis on accueille cette expertise
puisqu'ils ont vu, l'autre côté, les stratagèmes, donc ils viennent nous aider,
on a un dévoilement des conflits d'intérêts. Puis, ça, ça ne se fait pas juste
à Revenu Québec, ça se fait dans les grandes entreprises. Et là, la personne
doit dévoiler pour qui elle a travaillé dans le passé dès le début de leur
embauche. Et, à ce moment-là, toutes les mesures que je vous ai parlé, les
pare-feux, les... La segmentation des dossiers, on va s'assurer qu'un dossier
sur lequel quelqu'un a déjà travaillé ne lui est pas attribué et qu'il n'est
pas non plus mis au courant d'informations.
Et il y a aussi... c'est une infraction
fiscale, hein, au niveau de dévoiler le secret fiscal, et on... il y a des
poursuites qui peuvent être entreprises.
M. Beauchemin : Là, vous
donnez l'exemple de quelqu'un qui part du privé et qui arrive chez Revenu Québec.
Mais quelqu'un qui part de Revenu Québec pour retourner au privé, ce qui semble
être la situation de M. Gendron, là, à ce moment-là?
Mme Tremblay
(Christyne) :Il y a des infractions, si
vous dévoilez un secret fiscal. Tous nos employés sont soumis à ça.
M. Beauchemin : Vous
parliez tout à l'heure d'améliorations qui pourraient être mises en place, là,
pour améliorer le code d'éthique dans son ensemble, là, pour Revenu Québec.
Est-ce que vous pourriez nous en présenter ou discuter de quelques-unes?
Mme Tremblay
(Christyne) :Par exemple, on pourrait
avoir des règles plus contraignantes pour les emplois stratégiques. On parle,
par exemple, nos gens qui travaillent dans les planifications fiscales
agressives. On pourrait avoir pour eux peut-être des déclarations qui seraient
plus étoffées. On pourrait avoir un processus aussi qui permettrait l'envoi
d'une lettre de rappel sur les obligations professionnelles à tout le monde.
Déclaration d'intérêts, je l'ai mentionné, en entrée en fonction, mais,
vraiment, avec un suivi qui pourrait être plus élaboré. Il y a différentes
mesures qu'on pourrait mettre en place pour ajouter un peu de robustesse,
surtout dans ces emplois stratégiques où on voit un peu plus de mobilité entre
l'agence et le secteur privé.
M. Beauchemin : Ça fait
que je vous ai entendu parler, là, au... On pourrait. Pourquoi qu'on...
M. Beauchemin : ...
Mme Tremblay
(Christyne) :Bien, en fait, on va le
faire, on va le soumettre à nos administrateurs au prochain conseil
d'administration, qui va avoir lieu en juin. Et puis, suite à leur approbation,
on va pouvoir aller de l'avant.
M. Beauchemin : O.K.
Le Président (M. Simard) : Alors,
en conclusion, avec 30 secondes, M. le député.
M. Beauchemin : Est-ce que
c'est donc l'ensemble des mesures pour améliorer l'éthique à Revenu Québec que
vous m'avez mentionnées ou il y en a d'autres?
Mme Tremblay
(Christyne) :Bien, on a fait différentes
options qu'on va présenter à nos administrateurs, mais, celles que je vous ai
parlé, elles y figurent toutes.
M. Beauchemin : O.K.
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 10 secondes, en conclusion.
M. Beauchemin : Bien,
écoutez, Non. Merci pour vos réponses. On va prendre ça.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, je cède maintenant la parole au député d'Orford qui dispose de
sept minutes.
M. Bélanger : Merci. Merci,
M. le Président. Hier, il y avait une annonce, une annonce qui a été faite par
la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés. Puis C'est une annonce quand même
assez intéressante parce que c'est un montant substantiel pour venir en aide
aux aînés. Puis Là, on parle d'éventuellement, avec la transformation
numérique, on parle de télémédecine, et tout ça, puis ça va favoriser le
maintien à domicile, ce qui est une bonne chose. Je pense qu'il y a beaucoup
d'aînés qui recherchent à passer plus de temps à domicile versus les hôpitaux.
Puis, moi, je voudrais savoir, Revenu
Québec, on a entendu parler de crédit d'impôt pour maintien à domicile, on a
entendu parler aussi de crédit d'impôt pour les proches aidants. Je ne sais pas
si c'est la même chose ou si c'est complémentaire, mais comment cette
initiative-là, de crédits d'impôt, vient bonifier puis vient en aide justement
aux aînés, à leurs familles? En plus de l'annonce d'hier, comment Revenu Québec
vient supporter, là, cette bonne nouvelle là, de pouvoir passer plus de temps,
lorsqu'on est aînés, à domicile?
M. Girard (Groulx) : J'ai
combien de temps, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste cinq minutes 37 secondes.
M. Girard (Groulx) : Alors,
je vais peut-être répondre à quelques questions du député Maurice-Richard dans
mon bloc de réponse.
Alors, si votre propriétaire ne vous donne
pas le relevé 31, Revenu Québec vous permet de fournir une copie de votre
bail. Alors, Ça, ça permet de pallier à... Au fait que votre propriétaire ne
vous a pas remis le relevé 31.
Et l'autre question était : qu'est-ce
qui est fait avec les sommes importantes qui sont investies en technologie dans
le projet Vision? Bien, on pourrait dire qu'en général on vise à simplifier le
régime fiscal. Et il y a un important volet qui est la fiscalité des
entreprises, la compétitivité des entreprises, c'est donc les aider à remplir
leurs obligations fiscales de façon numérique et plus agile.
Et je reviens à la question du député
d'Orford... Parce que c'est important, M. le Président, on me pose des
questions, je me dois d'y répondre, c'est... Et puis, la... En plus, la
question du relevé 31, je pense que c'est extrêmement important parce que
ça permet l'éligibilité au Crédit d'impôt solidarité, composante logement que
nous avons bonifiée dans le budget pour aider les gens qui font face à ces
hausses de loyer importantes. Puis on sait que le marché est serré puis c'était
une excellente mesure dont on n'a pas assez parlé, M. le Président.
M. le député d'Orford, le crédit d'impôt
maintien à domicile a été bonifié de 35 % à 40 % sur un horizon de
cinq ans au budget du 2019-2020, je crois. 2020-2021?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : 2020-2021.
Le budget 2019-2020, c'est le budget de la pandémie... O.K.
Le Président (M. Simard) : ...désolé,
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : 2020-2021.
Le Président (M. Simard) : Ce
n'est pas vous que je regardais.
M. Girard (Groulx) : Et le
crédit d'impôt pour proches aidants a été simplifié et bonifié. Et tout ça,
c'est parce qu'effectivement les gens veulent vivre plus longtemps à domicile
et d'où les importantes enveloppes pour les soins à domicile, qui est un
élément différent de ce qui a été annoncé hier. Hier, c'était précisément les
hospitalisations à domicile.
M. Bélanger : M. le
Président, je voudrais savoir, il nous reste combien de temps. Considérant
qu'il n'y a plus de présence des, donc...
Le Président (M. Simard) : Alors,
s'il vous plaît, cher collègue. Alors...
M. Bélanger : Parfait.
J'allais suggérer qu'on puisse partir un petit peu plus tôt. Mais j'ai quand
même une question...
Le Président (M. Simard) : Bien,
en fait, le temps qui n'est pas utilisé...
Le Président (M. Simard) : ...considéré
comme écoulé. Alors, ça vous appartient.
M. Bélanger : O.K. Bon, bien,
moi, je considère... comme il est écoulé, écoulé, à moins que le ministre soit
prêt à prendre une autre question qui est reliée au système de paie...
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi, je...
M. Bélanger : ...système de
paie électronique, mais ce n'est peut-être pas un sujet qui est pertinent à ce
stade-ci.
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi, je serais prêt à faire la promotion de l'excellente cafétéria de
l'Assemblée nationale et de...
M. Bélanger : C'est ce que...
C'était ma proposition.
M. Girard (Groulx) : ...l'encourager
à ce qu'on s'y retrouve dans quelques minutes.
M. Bélanger : C'est adopté.
Le Président (M. Simard) : Alors,
en terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition. Ceci met donc un terme à nos échanges pour le présent bloc
concernant le Revenu.
Et on se retrouve un peu plus tard, après
les affaires courantes, autour de 15 h 15. À nouveau, merci pour votre
précieuse collaboration.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 32)
Le Président (M. Simard) : ...avons
quorum. Merci pour votre habituelle ponctualité.
Alors, comme vous le savez, notre
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet Caisse de dépôt et
placement du Québec des crédits budgétaires du portefeuille Finances pour
l'exercice financier 2023-2024. Une enveloppe de 2 heures a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
Le Président (M. Simard) : Mme
la secrétaire, bonjour. Y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, nous avons commencé à temps, pas besoin de consentement pour aller
au-delà de l'heure prévue. Nous fonctionnons comme à notre habitude, par bloc
d'échange d'environ 18 minutes, et nous cédons la parole au porte-parole
de l'opposition officielle et député de Marguerite-Bourgeoys qui dispose, donc,
de 18 minutes.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous tous. Merci aux gestionnaires et
administrateurs de la Caisse de dépôt d'être avec nous aujourd'hui. Je vais
tout de suite plonger dans le vif du sujet qui a retenu, évidemment,
l'attention des médias dans les derniers jours, dans les dernières semaines.
Je vais lire un article... une partie de
l'article de Michel Girard du Journal de Montréal en ce qui a trait aux
composantes de la rémunération variable : «...le calcul de ladite
«rémunération variable», c'est-à-dire des bonis, il y a trois composantes :
le rendement global sur cinq ans; le rendement par secteur sur cinq ans; et la
contribution individuelle.»
Comprenez-moi, là, d'enjeu je ne suis
absolument pas contre la motivation qui vient avec, évidemment, la rémunération
variable, les bonus comme on appelle souvent, et donc, pour moi, c'est normal
qu'il y ait ce genre de structure de compensation dans une institution comme la
Caisse de dépôt, comme des institutions qui doivent compétitionner de façon
mondiale pour obtenir les meilleurs rendements possible pour l'ensemble des
Québécois. C'est normal que ce soit comme ça.
Mais, dans l'article de M. Girard, ça a
bel et bien été exposé qu'il y a une composante importante... en fait, deux
éléments imposants de... la composition de la rémunération variable vient de la
performance de la Caisse de dépôt dans les années antérieures. Donc, je
m'imaginais l'exemple de quelqu'un qui joint l'institution, la Caisse de dépôt,
après deux mois. Il travaille fort, c'est le temps du bonus, il va avoir plus
de quatre ans de la compensation qui va être basée sur ce que la performance...
les anciens ont été capables de générer.
Et donc, à partir de ce moment-là, il y a
donc une question qui m'est venue à l'esprit, puis je me suis demandé cette
question-là. Tout à fait honnêtement, j'ai dit : Est-ce que c'est normal
que la compensation des administrateurs, compensation des gestionnaires de la
Caisse de dépôt, des hauts gestionnaires de...
15 h 30 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...de dépôt
soit basé sur les performances qui n'étaient pas les leurs, parce qu'elles ont
été sous la gouverne de l'ancienne administration. Je trouve ça un petit peu
spécial, puis moi, je me posais la question... J'ai une question, en fait, qui
s'adresse peut-être à M. Emond : Est-ce que vous trouvez ça normal que la
compensation ait une composante qui n'est pas du tout reliée aux actions de
votre présence au sein de la Caisse de dépôt?
Le Président (M. Simard) : Alors,
y aurait-il consentement afin que M. Emond puisse nous répondre?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) : Il
y a consentement. Alors, M. Emond, d'abord, soyez le bienvenu. Vous êtes bien
connu du grand public, mais quand même, auriez-vous d'abord l'amabilité de vous
présenter, s'il vous plaît?
M. Emond (Charles) : Oui,
Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et
placement du Québec. Merci, M. le Président. Bien, pour répondre à la question,
vous faites référence à un article, là, précisément. L'hypothèse de base est
que ça va avantager les employés en toutes circonstances. Il faut comprendre
que, premièrement, il est préférable que, dans l'ensemble de l'organisation, on
soit tous sur un même alignement puis un score semblable, sinon on aurait 1500 personnes
avec des données différentes en fonction de quand elles arrivent donc qu'on
rame tous dans la même direction.
Mais je donne des exemples, peut-être,
dans mon cas, pour faire spécifique, si on regarde aujourd'hui la valeur
ajoutée par rapport à nos indices cinq ans, au 31 décembre 2022, ça a été
18 milliards qui a été créé, donc la performance depuis les cinq dernières
années. Et la valeur ajoutée qu'on a, dans les trois dernières années,
95 % de cette valeur ajoutée là, cinq ans, a été faite dans les trois
dernières années. Donc, est-ce que ça m'avantage que ma rémunération contienne
les performances de 2018-2019, avant que j'arrive comme P.D.G.? La réponse, c'est
non. Ça me désavantage.
Si on regarde, par exemple, je sais qu'il
avait fait référence à d'autres membres de notre comité de direction, dans l'article,
je pense à M. Vincent Delisle, qui est chef des marchés liquides, M. Delisle
est arrivé dans le courant de 2020 avec une performance où le marché boursier,
le portefeuille marché boursier était 80 points de base sous son indice,
quelque chose qui le pénalise immédiatement et pendant cinq ans à chaque année,
à moins qu'il corrige la situation, ce qu'il est en train de faire.
Donc, c'est vrai que, dans certains cas,
il peut y avoir des personnes que ça les avantage peut-être un peu au début, il
y en a que ça les désavantage énormément. En moyenne, tout ça, quand on regarde
notre système de rémunération est basé sur les meilleurs standards de l'industrie,
puis il est préférable d'avoir, en fin de compte, comme alignement
organisationnel... Les gens rentrent en toute connaissance de cause, voici quel
est le score, et puis tu vas suivre le reste de l'organisation comme ça. Comme
quand tu rentres dans une entreprise puis tu arrives où tu arrives à ce
moment-là dans l'évolution de la société.
Ça fait que, de ce point de vue là, pour
nous, on considère que le système accomplit ce qu'il doit accomplir, puis les
gens, c'est quelque chose qu'ils acceptent. Et puis, des fois, ça peut venir
avec quelque chose qui peut sembler avantageux, dans d'autres cas, c'est
extrêmement désavantageux, mais les gens se joignent à l'organisation, peu
importe.
M. Beauchemin : ...toute
connaissance de cause, que ce soit pour vous, ou M. Delisle, ou les autres.
M. Emond (Charles) : Tout le
monde.
M. Beauchemin : Tout le monde
est au courant de la performance passée qui va avoir une influence, des
conséquences, donc, sur les rémunérations à avoir les années suivantes.
M. Emond (Charles) : Oui.
Exactement. Mais ce que ça fait, au moins, c'est que les gens peuvent bâtir
leur propre historique sur leur performance individuelle. La performance de
leur équipe est déjà fixée puis la performance globale est là. Donc, il y a une
partie qu'ils peuvent quand même tout de suite bâtir, immédiatement, mais, dans
d'autres cas, pour ce qui est du score global, la caisse n'a qu'une seule
performance, puis on veut que les gens rament tous dans la même direction.
M. Beauchemin : Les trois
composantes, est-ce qu'elles sont pondérées égales?
M. Emond (Charles) : Si on
est un employé plus bas niveau, plus d'emphase sur ta performance individuelle
et d'équipe, plus tu montes, jusqu'au comité de direction, c'est une plus forte
majorité sur le score caisse global. Donc c'est en fonction... Comme on va dans
plusieurs organisations, on s'attend à ce que le comité de direction, les
membres, les vice-présidents exécutifs, premier vice-président aient un
alignement sur les objectifs d'ensemble de l'organisation. Donc, les trois
composantes sont toujours présentes, mais elle varie selon le niveau
hiérarchique.
M. Beauchemin : Puis, dans le
cas de la strate qui vous représente et le conseil et les hauts gradés, est-ce
qu'il y a une pondération plus... Vraiment beaucoup plus importante pour la
performance Caisse de dépôt? Est-ce que vous êtes capables de nous mentionner
qu'est-ce que c'est, la pondération?
M. Emond (Charles) : Je
dirais que pour les premiers vice-présidents, on parle à peu près un 60 %,
plus ou moins 5 %, là...
M. Emond (Charles) : ...je
vous demanderais de me laisser une petite marge de manœuvre, mais peu près
60 % de la rémunération variable qui est sur le «global cash». Il faut
toujours comprendre que, dans chaque année qu'on nous paie... dans chaque année
qu'on nous paie, il y a le rendement absolu qu'on vient qu'on génère dans un
contexte de marché précis, la valeur ajoutée par rapport à nos indices, des
éléments de notre stratégie d'ensemble, climatique, notre mandat au Québec qui
fait partie de notre charte. Et à chaque année, c'est une performance, un score
sur cinq ans qui est... qui est suivi, ce qui permet un alignement avec les
objectifs de nos clients puis une emphase sur les rendements à long terme.
M. Girard (Groulx) : Est ce
qu'il y a moyen....
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : J'aimerais
avoir une précision de procédure, M. le Président, parce qu'idéalement, les
questions de rémunération seraient répondues par le président du conseil parce
qu'évidemment un employé n'est pas responsable de sa rémunération. Mais là, le
député a posé sa question au président, puis il répond. Alors, je veux juste
être clair, la procédure, est-ce que c'est nous qui choisit qui répond à la
question ou la question doit être répondue par celui à qui elle a été posée?
Le Président (M. Simard) : Alors,
en théorie, comme ministre, vous disposez de la réponse.
M. Girard (Groulx) : Alors,
les réponses sur la rémunération seront répondues par le président du conseil
d'administration.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, nous allons poursuivre, chers collègues. Souhaitez-vous revenir ou
vous attendez la réponse?
M. Beauchemin : Je dis :
J'assume que ça va être les mêmes réponses.
M. Girard (Groulx) : Évidemment.
M. Beauchemin : ...je
présume....
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Beauchemin : ...que M.
Emond nous a dit est en concordance avec ce que le...
Le Président (M. Simard) : C'est
très bien ainsi. Donc, M. St-Gelais, vous également, vous êtes très bien connu
du grand public, mais pour les fins de nos travaux, auriez-vous l'amabilité,
s'il vous plaît, de vous présenter.
M. St-Gelais (Jean) : Oui, M.
le Président, Jean St-Gelais, président du conseil d'administration de la
Caisse de dépôt et de placement du Québec.
Alors, écoutez, comme il a été mentionné
par le ministre et, je pense, par M. le député aussi, le président-directeur
général, M. Emond a très bien répondu sur les grandes lignes de la rémunération
qui fonctionnent de la même manière pour toutes les équipes, là, selon les
échelles, un petit peu comme M. Emond l'a mentionné, avec un poids plus grand
pour la performance individuelle quand on est plus bas dans l'échelon, puis à
mesure qu'on monte, on veut que les dirigeants soient vraiment imputables dans
la performance globale de la caisse.
Mais, sans répéter tout ce que M. Emond a
dit, je peux vous dire qu'il y a un processus strict au conseil
d'administration, avec le comité de ressources humaines qui fait rapport au
conseil d'administration dans son ensemble sur les objectifs qui sont donnés au
président et chef de la direction, de même qu'à son équipe. Donc, il a les
éléments que vous avez mentionnés, M. le député : rendement absolu,
rendement relatif, les objectifs sur le développement économique du Québec. On
sait que la caisse, c'est un des seuls organismes, avec ces deux mandats-là qui
sont inscrits dans la loi. Et de même que tout ce qu'on exige de la caisse qui
est un organisme géré dont la crédibilité, à travers le monde n'est pas à
refaire. Elle est faite et elle a été établie depuis les années 60. Donc,
on leur demande ESG, tout ce qui n'est pas environnement, social, gouvernance,
l'éthique d'être vraiment au-dessus de la mêlée. Ce qui fait que le conseil
prend tous ces éléments-là en considération. Il y a la formule qui est calculée
pour le rendement, etc. Mais pour les éléments qui sont plus qualitatifs, on
regarde est-ce que... jusqu'à quel point, par exemple, le projet du REM va
bien, avance, puis tous ces éléments-là sont en considération. La performance
du président lui-même, individuelle, est aussi prise en considération avec tous
les enjeux qu'il a à gérer dans une...
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. Beauchemin : Merci. Merci,
M. le Président. Donc, juste simplement donc revenir alors sur la composante
individuelle de la composante groupe de l'équipe, la composante la caisse dans
son ensemble, la composante ESG, la composante... les deux, trois autres, là,
que vous avez mentionnées, est-ce qu'il y a une pondération?
M. St-Gelais (Jean) : Oui, il
y a une pondération pour chacune. Je vous dirais que la plus grande
pondération, par exemple pour M. Emond, c'est sur les résultats globaux de ce
qu'on appelle le tableau de bord de la caisse, donc sur les rendements en
absolu et les rendements en relatif des différents portefeuilles :
portefeuille de revenu fixe, les actions, les... et également avec les
placements privés, etc. Ça, c'est un bloc important. Par la suite, on a
également le volet Québec sur comment l'équipe, par exemple, qui est dirigée
ici par Mme Thomassin, livre la marchandise sur les...
M. St-Gelais (Jean) : ...les
objectifs qui sont donnés pour le Québec, et là on établit différents critères
pour voir le total des investissements au Québec, le maillage d'entreprises au
Québec.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le député.
M. Beauchemin : Merci. Vous
mentionniez tantôt comme quoi que c'est des pratiques, des «best practices» de
l'industrie. D'accord. Est-ce qu'il y a eu des rapports de ressources humaines
venant de consultants externes pour confirmer ces histoires... ce que vous
mentionnez?
M. St-Gelais (Jean) : Oui.
Premièrement, les équipes, à l'interne, de la caisse ont besoin... l'équipe RH,
là, fait affaire... Puis c'est... je pense que ça, c'est dans les réponses qui
ont été confiées aux membres de la commission, sur les différents contrats qui
ont été donnés... aux Ressources humaines, que les gens de la caisse ne se privent
pas pour faire affaire à l'externe lorsqu'ils en ont besoin. Et le conseil
d'administration a mandaté une firme, qui l'accompagne, qui vient valider les
rapports et les recommandations qui sont données au comité de ressources
humaines, pour nous dire : Oui, ça se compare à ce qui se fait chez les
fonds de pension canadiens, mais dans l'industrie en général, également.
M. Beauchemin : Bien,
justement, c'est le sujet où est-ce que je m'en vais, là. Je pense qu'en
langage parlementaire c'est une passe sur la palette, là. Mais est-ce qu'il y a
eu d'autres comparatifs canadiens que vous pouvez nous illustrer pour expliquer
la différence?
M. St-Gelais (Jean) : On
prend, par exemple, pour les équipes de la caisse, un échantillon d'entreprise.
Il y a les fonds de pension, mais aussi les entreprises du secteur financier.
Mais pour le président et chef de la direction, on se restreint à un
échantillon des pairs au Canada, donc les Maple inc., là, les huit, ou, des
fois, le nombre varie, qui font un travail similaire, mais pas tout à fait
pareil. Les mandats ne sont pas tous les mêmes, ils n'ont pas tous 48 déposants
comme la caisse puis un mandat double. Mais juste, par exemple, le président de
Teachers, sa rémunération, c'était 6,35 millions pour l'année. CPP, M.
Graham, 5,35 millions. PSP, 4,95 millions. Et M. Émond, comme on l'a
indiqué, 4,2 millions.
Donc, avec plus d'actifs à gérer que les
pairs, avec des comparables validés par des firmes, dont... je ne peux pas
mentionner de noms de firmes, là, spécialisées en cette matière-là. On a quand
même un P.D.G. qui est rémunéré moins que ses vis-à-vis ou ses pairs, ses
collègues.
M. Beauchemin : Je vous
entends, je vous comprends puis je... des valeurs relatives, c'est quelque
chose dans lequel je suis familier. La performance de Teachers, 4 %,
4,2 % ou 4 %, Caisse de dépôt dans le négatif, donc. Cette
composante-là, donc, elle commence à affecter les niveaux de rémunération
variable à partir de vice-président, plus que... par rapport à ce qu'on disait
tantôt, la composante étant plus importante pour l'ensemble de la performance
de la caisse ou de M. Emond.
M. St-Gelais (Jean) : Moi, je
dirais que ce qu'on établit avec les comparables, avec les autres
organisations, puis ce que les firmes nous recommandent, c'est un modèle qui
s'applique à la caisse. On dit : Le modèle que la caisse a retenu, oui, il
tient la route, quand on compare avec ce qui se fait ailleurs. Maintenant,
année après année, la caisse, on la mesure par rapport à ce qui est dans ses
indices, par exemple. Alors, on l'a dit depuis quelques années.
10 milliards de valeur ajoutée cette année, si la caisse n'avait fait que
comme les indices qui lui sont donnés... vous savez comment ça fonctionne avec
la performance relative... juste aller à ces indices, elle aurait eu
10 milliards de moins de valeur ajoutée que ce qu'elle a fait comme
rendement.
Donc, la performance de M. Emond, de
vice-président, cette année, c'est comparé au modèle qu'on a établi après
l'avoir validé avec d'autres, mais on ne se compare pas, année après année,
avec chacun, puis dire : Bien, cette année, Teachers a fait mieux, son
président gagne plus. L'année prochaine, Teachers va peut-être faire moins
bien, mais son président va continuer à gagner plus quand même.
M. Beauchemin : ...Homers,
4,2 %, merci. Est-ce que vous avez une idée, par exemple, du modèle de
compensation chez Teachers, pour la haute direction? Est-ce que c'est similaire
à ce que vous avez à la Caisse de dépôt?
M. St-Gelais (Jean) : Bien,
écoutez, je ne le connais pas par cœur. C'est similaire dans ses grandes
lignes, mais ce n'est pas... ce ne sont pas, toutes et tous, comparables avec
la caisse parfaitement.
M. Beauchemin : ...Québec,
là...
M. St-Gelais (Jean) : ...de
Québec, des fois aussi, les indices ne sont pas les mêmes nécessairement. Ils
n'ont pas à s'ajuster sur 48 déposants comme nous. Puis ils choisissent des
pratiques, il y en a... je ne me souviens plus lesquelles, là, beaucoup plus
simples. Comme on dit, il y a un indice simple, juste par rapport à ça que se
compare toute l'organisation. Mais, quand on repart avec les huit puis qu'on
regarde les pratiques qu'a retenues la caisse, bien, c'est parmi les
meilleures. C'est ce que nos consultants nous disent, nous confirment. Puis on
vise, à chaque année, avec les gens des ressources humaines, à améliorer. Vous
avez parlé de la question du cinq ans tout à l'heure, monsieur Émond y a
répondu. Bien, c'est des questions qu'on discute. Il y a des avantages et des
inconvénients à cette formule-là. Si on faisait juste une année, ça ferait
beaucoup de variations.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le ministre souhaite intervenir.
M. Girard (Groulx) : J'ai
combien de temps?
Le Président (M. Simard) : 30
secondes à peine.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Mais simplement sur l'essentiel de l'argument de monsieur Girard, parce que, je
pense, il y avait plusieurs choses dans son article. Mais essentiellement, ce
qu'il dit, c'est qu'on n'aurait pas dû donner de rémunération variable parce
que le rendement était négatif. Or, le rendement était négatif, mais l'indice
de référence était à moins 8,4 %...
• (15 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : ...on a
donc battu l'indice de 260 points de base. Le portefeuille 60-40, lui, aurait
été à moins 11...
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Et je
finis, M. le Président...
Le Président (M. Simard) : On
poursuivra au prochain bloc.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
Le Président (M. Simard) : J'ai
signe qu'on ne veut pas amputer sur le prochain budget. Alors, M. le député de
Maurice-Richard, à vous la parole.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Quel plaisir, encore une fois, d'être dans cette commission. Merci
beaucoup pour tout ce que vous faites pour nos retraites, c'est vraiment
important. Et puis on voit aussi l'importance de décisions politiques qui ont
été prises il y a plusieurs décennies maintenant et quel impact elles peuvent
avoir sur les prochaines décennies. Et même vos investissements sont sur le
temps très long, étant donné qu'on parle souvent de nos retraites, et donc
merci beaucoup.
Moi, je voudrais parler des objectifs de
diminution de gaz à effet de serre que vous avez, et j'en profite pour avoir,
dans une autre vie, eu à réfléchir sur la manière de quantifier les émissions
de gaz à effet de serre d'investissements, que c'est un exercice qui n'est pas
simple et qui manque d'ailleurs, parfois, de régulation pour pouvoir obliger un
peu tout le monde à faire la job et pas juste les institutions financières, à
la fin, parce que c'est compliqué.
J'irai, d'abord, dans votre rapport
d'investissement durable, il y a un graphique, le graphique 14, qui est
l'empreinte absolue du portefeuille en mégatonne de CO2, à l'intérieur du
périmètre de calcul en gigadollar. Et donc il y a les deux courbes. Il y a une
courbe qui est le pourcentage de diminution de GES en fonction des quantités de
milliards que vous gérez. Et, de l'autre côté, il y a les diminutions brutes,
si on veut, de GES. Je commencerai par une question toute simple... ou un
constat que j'aimerais partager avec vous si, demain, les 400 milliards à peu
près que vous gérez deviennent 800 milliards, parce que c'est une année
exceptionnelle et qu'on a 100 % d'augmentation, on va se retrouver à
baisser de facto la quantité de GES par milliard investi de 50 %.
Et donc ma question suivante, c'est :
Quelle valeur ça a, par rapport à la valeur brute qui, d'après nous, est la
valeur la plus importante à monitorer, à suivre, d'avoir, en fait, la
diminution de GES par milliard investi, plutôt que, tout simplement, la la
diminution de GES, tout court?
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : On va
passer la parole à notre P.D.G.
Le Président (M. Simard) : M.
Emond.
M. Emond (Charles) : Merci.
Écoutez, M. le Président, c'est une excellente question, parce qu'en fait ce
qu'on parle ici, c'est, est-ce c'est mieux d'avoir des cibles en absolu de
réduction de gaz à effet de serre, ou en relatif, qu'il y ait un pourcentage de
millions investis? Vous avez tout à fait raison. En fait, collectivement, tout
le monde, on vise net zéro, disons, 2050, ou si c'est 2040, et donc c'est une
cible absolue, il faut baisser. Ce qui est une entreprise, c'est assez simple.
Donc, on a une entreprise, elle a une usine, un exemple simple, elle doit
réduire ses émissions de gaz à effet de serre en absolu. Ce qui est différent
avec un investisseur comme nous, c'est qu'on est un intermédiaire auprès de
plusieurs entités. Donc, nous, on n'est pas une entreprise, on est investi dans
5000 entreprises. Alors, ce qui arriverait, si on calculait pour un
investisseur...
M. Emond (Charles) : ...en
absolu, c'est que nous, dans un secteur, on va financer l'entreprise A,
l'entreprise B, l'entreprise C, et ainsi de suite. On va multiplier, disons,
par 10 si on est investi dans les 10 entreprises du secteur. Alors, c'est
clair qu'en absolu on monterait par le simple fait de faire ce qu'on doit
faire, c'est-à-dire financer les entreprises. Ce qui est important, alors,
comme investisseur, c'est de s'assurer qu'on finance des entreprises par
millions de dollars qu'on investit, mais qui, de plus en plus, à chaque année,
réduisent leurs gaz à effet de serre. Et donc c'est ce qui fait que c'est là la
métrique que l'on utilise.
Le Président (M. Simard) : Bien.Très
bien. M. le député.
M. Bouazzi : Donc, est-ce
qu'on est... Je comprends ce que vous dites, mais juste... parce que c'est
quand même important, je pense, et vous avez les deux chiffres. Ça fait que ça
tombe bien, là, mais...
M. Emond (Charles) : En fait,
les deux baissent, oui.
M. Bouazzi : Les deux
baissent, effectivement, d'ailleurs de manière impressionnante. Je vous
remercie beaucoup, hein, d'être en avance sur pas mal d'institutions
financières dans les objectifs de baisse de gaz à effet de serre. Ceci étant
dit, encore une fois, les baisses relatives sont à prendre avec un grain de sel
par rapport aux baisses absolues qui sont à nos yeux de loin les plus
importantes.
Je vous... J'irais ensuite au graphique
quatre qui montre en fait... donc, ce qui s'appelle une minorité d'investissements
génère la majorité des empreintes de carbone du portefeuille. Et puis on voit,
en gros, quel pourcentage de quels investissements créent quelle proportion de
tonnes de CO2. Et puis ce qu'on voit, c'est par exemple que l'électricité non renouvelable,
qui représente, si je ne me trompe pas, dans la lecture de votre graphique,
3 % à peu près des actifs, se retrouve à produire 42 % des gaz à
effet de serre. On fait quoi avec ça?
Le Président (M. Simard) : M.
Emond.
M. Emond (Charles) : ...la
règle du 80/20, vous avez bien raison, si on prend l'ensemble du 400 milliards
de la caisse, 85 % à peu près, c'est des actifs à zéro ou faible émission.
Évidemment, on a encore des actifs qui sont parfois avec une plus forte teneur
en gaz à effet de serre. Mais on les accompagne, ces entreprises-là, pour
essayer de changer, avec nos investissements... souvent les convertir dans leur
mixte, si vous me permettez l'expression, qu'est-ce qui est en énergie fossile
versus énergie plus sobre en carbone? On fait ça avec des entreprises aux
États-Unis, des entreprises en Inde.
Donc, le but, comme on dit tout le temps,
c'est qu'on essaie aussi de financer tous les secteurs, parce qu'on va avoir
besoin de certains secteurs qui sont pollueurs aujourd'hui. Mais l'ambition,
c'est de les faire baisser. C'est pour ça d'ailleurs qu'on a lancé une
enveloppe de transition de 10 milliards, entre autres, mais qu'en même
temps, aussi, on a sorti de la production pétrolière.
M. Bouazzi : Je m'excuse, je
n'ai vraiment pas beaucoup de temps, ça fait que je vais essayer de poser des
questions courtes, et puis si vous pouvez m'aider avec des réponses courtes.
M. Emond (Charles) : Il n'y a
pas de problème. Pas de problème.
M. Bouazzi : Dans les
émissions de GES, il y a la question de niveau de scope qu'on appelle scope 1,
scope 2, scope 3. Donc, scope 1, c'est les émissions directes liées aux
opérations courantes et aux bâtiments. Scope 2, c'est les émissions
indirectes liées à l'approvisionnement en énergie. Et le scope 3, c'est les
émissions indirectes liées, par exemple, aux chaînes d'approvisionnement et
surtout aux émissions financées par les portefeuilles d'actifs. Dans un cas, si
on veut, par exemple, le transport de gaz naturel, est-ce que vous comptez
l'utilisation du gaz à la fin dans vos émissions de gaz à effet de serre?
M. Emond (Charles) : Dans
l'industrie, actuellement, le scope 3 est très, très, très difficile à
quantifier. Je vous dirais qu'à ce stade-là il y a des travaux qui sont en
cours dans l'industrie, mais on n'est pas encore à l'étape de quantifier le
scope 3. D'ailleurs, tous les grands joueurs dans le monde se concentrent sur
le scope 1, scope 2. Parce que la précision de ces informations-là serait
extrêmement difficile à quantifier aujourd'hui.
M. Bouazzi : Donc, plus
précisément, le transport de gaz naturel, juste le fait d'être propriétaire du
tuyau, on ne compte pas le scope 3, et donc le tuyau en lui-même n'est pas
émetteur de gaz à effet de serre.
M. Emond (Charles) : Mais
c'est quand même des actifs avec plus forte teneur de gaz à effet de serre. On
ne se rend pas jusqu'à l'utilisateur final. Comme par exemple, comme, si on
détient Alimentation Couche-Tard, on ne va pas quantifier comment que les gens
émettent avec l'usage de leurs véhicules.
M. Bouazzi : Mais prenons un
cas au hasard, prenons Énergir. Par exemple, ici, est-ce qu'on tient compte ou
pas de l'utilisateur final? Je veux dire, aujourd'hui, le gaz naturel dans nos
bâtiments, c'est 7 % des gaz à effet de serre au complet du Québec. Est-ce
que ce 7 % là apparaît dans les chiffres que vous avez ou pas?
M. Emond (Charles) : On se
concentre sur le scope 1, scope 2. Mais, comme je vous dis, aussi, dans
Énergir, ce qu'on considère, c'est tout le plan décarbonation qu'ils ont, le
gaz naturel renouvelable, efficacité énergétique...
M. Bouazzi : Est-ce que le
7 % dont je parle, qui est le 7 % des émissions de gaz à effet de
serre dans les...
M. Bouazzi : ...au gaz
naturel est pris en compte, oui ou non?
M. Emond (Charles) : Bien, il
va être pris en compte dans nos édifices, nos actifs immobiliers, mais pas dans
tous les...
M. Bouazzi : Pas dans
l'énergie.
M. Emond (Charles) : Non, pas
dans... Non.
M. Bouazzi : Donc, Énergir
retomberait... le fait d'être propriétaire d'un distributeur de gaz naturel ne
tomberait pas dans les fortes émissions de gaz à effet de serre.
M. Emond (Charles) : Vous
allez devoir me répéter cette question-là, je ne suis pas certain d'avoir
saisi.
M. Bouazzi : Donc, le fait
d'être propriétaire d'énergie... étant donné que la... les émissions de gaz à
effet de serre dues aux consommateurs d'énergie, de gaz naturel ne comptent pas
dans les émissions de gaz à effet de serre, Énergir, qui est juste un
transporteur, qui n'est pas ni un producteur ni un consommateur à la fin, ne
tombent pas dans les compagnies que vous considérez comme émettrices de gaz à
effet de serre.
M. Emond (Charles) : Comme...
bien, il n'y a pas de catégorie n'émet pas ou émet des gaz à effet de serre,
elles ont une intensité carbone chacune d'elle, puis on l'intègre à ce
moment-là...
M. Bouazzi : Mais donc...
faible intensité carbone.
M. Emond (Charles) : Bien, ce
ne serait pas une faible intensité carbone. Parce que c'est quand même une...
par rapport à l'ensemble, si vous prenez l'entreprise de services, ça émet
beaucoup plus.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
considérez le gaz fossile comme une énergie de transition?
• (16 heures) •
M. Emond (Charles) : Juste le
gaz naturel, parce que les sources d'énergies fossiles sont 80 % des
sources d'énergie dans le monde. On est sorti du pétrole, on est sorti du
charbon. Le renouvelable est seulement 10 %. Alors, on considère que le
gaz naturel est la dernière énergie fossile importante qui est nécessaire dans
la transition parce que c'est un élément très important. Sinon il ne restera
plus rien pour faire fonctionner l'économie. Donc on est un très grand
investisseur dans le renouvelable. Il faut garder un peu du côté du gaz renouvelable...
du gaz naturel, pardon.
M. Bouazzi : Je...
M. Emond (Charles) : ...un
investissement comme source de transition.
Le Président (M. Simard) : M.
le député.
M. Bouazzi : Je comprends. Je
rappelle encore une fois que c'est quand même 7 % des émissions de gaz à
effet de serre du... tout le Québec sont dues au chauffage au gaz dans nos
édifices, où l'énergie utilisée, il n'y a pas juste le chauffage. Et je ne
parle pas spécialement de l'utilisation industrielle. Peut-être ma question
pour M. le ministre, c'est : Actuellement, la Caisse de dépôt fait du très
bon travail sur les deux piliers dont elle est responsable, donc créer de la
richesse à partir de ses investissements et faire avancer l'économie du Québec.
Est-ce que l'idée d'y incorporer une troisième... un troisième pilier qui est
considéré à enchâsser, si on veut... dont la mission les objectifs de baisse à
gaz à effet de serre mondial, parce que c'est des investissements mondiaux,
incluant aussi les implications sociales, serait quelque chose que vous seriez
ouvert? Vous savez évidemment que nous avons déposé un projet de loi dans ce
sens la semaine dernière. Est-ce que...
Le Président (M. Simard) : En
quelque 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Mais je
pense qu'on n'a pas besoin d'un projet de loi, la caisse est déjà en mouvement.
Vous l'avez souligné vous-même. Et puis ensuite, il faut se rappeler que la
Caisse, c'est un fiduciaire, c'est-à-dire qu'elle place de l'argent qui ne lui
appartient pas. C'est des... il y a des politiques de placement en arrière de
ça... de l'argent qui lui est confié. Et ces politiques de placement visent
à...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : ...maximise
un rendement versus un passif et donc une gestion d'appariement des caisses de
retraite.
Le Président (M. Simard) : Nous
poursuivrons au prochain bloc, M. le ministre. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous disposez de 18 minutes.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Azur, je veux discuter un petit peu avec vous de ça.
Je veux en fait confirmer une chose. Plus de 50... en fait, selon un article
que j'ai vu, 53,4 % de l'actionnariat d'Azur est détenu par la Caisse de
dépôt. Est-ce que c'est... Est-ce que c'est fréquent? Je pose la question au
ministre pour qu'il la dispatche, là. Est-ce que c'est fréquent d'avoir
au-dessus de 30 % dans un capital-actions d'une compagnie?
Le Président (M. Simard) : Monsieur
Émond...
M. Emond (Charles) : ...entreprises.
On peut parler peut-être d'une... 35 positions dans tout l'ensemble du
portefeuille. Donc, c'est un tout petit pourcentage et la loi le permet déjà
dans certaines circonstances. Souvent, c'est quand il y a un fondateur qu'on
doit remplacer, qui avait une position majoritaire, si c'est avant le premier
appel public à l'épargne ou si la société des fois a enjeux de liquidité et
qu'on doit faire une injection. Et ça le permettait dans... surprenant dans les
entreprises gazières et pétrolières à l'époque, avec la nouvelle stratégie axée
sur le renouvelable...
16 h (version non révisée)
M. Emond (Charles) : ...il y a
eu un amendement sur la loi pour pouvoir nous aider à nous distinguer davantage
encore sur les marchés, capter des transactions et aller en ligne avec notre
stratégie climatique.
Le Président (M. Simard) : Cher
collègue.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Est-ce que vous pouvez nous expliquer le processus de décision d'investissement
qui a été mis en place, je pense, en 2016 pour faire cet investissement-là?
M. Emond (Charles) : Bien,
Azur, c'est une entreprise, comme vous dites, qu'on détient à 53 %. À l'époque,
ça n'a pas été 53 %, on a monté au fil des années. Il y a aussi le
fonds... régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario, OMERS, qui
est avec nous à hauteur de 22 %. Et c'est une entreprise dans le
renouvelable, c'est un des plus grands producteurs d'électricité dans le
renouvelable en Inde, forte croissance, qui fait également toujours des profits
aujourd'hui, et donc ça s'est inscrit dans cette expansion-là, dans un marché
où est-ce qu'il y avait des bons actifs, une société profitable avec des actifs
réels dans un marché en émergence.
M. Beauchemin : O.K. Donc, ça
avait été évalué de cette façon-là, ça cochait les cases d'investissement?
M. Emond (Charles) : Oui.
M. Beauchemin : Parfait. Le
suivi a été fait comment? Comme l'ensemble des placements. Mais, disons,
spécifiquement à Azur, le suivi, là, le monitoring de l'investissement, ça se
faisait comment?
M. Emond (Charles) : Bien, il
y a un conseil d'administration, il y a une équipe d'investissement. C'est sous
la responsabilité du chef des infrastructures, Emmanuel Jaclot, qui est un
portefeuille en forte croissance qui représente aujourd'hui peut-être 55 milliards
sur le 400, et il y a des équipes en Inde, sur place, on a une présence
importante là-bas, on a des équipes membres de conseil d'administration, et le
suivi se faisait sur une base, là, régulière sur un actif qui, je dirais, était
peut-être dans les quatre, cinq plus importants en Inde.
M. Beauchemin : Donc, c'était
régulier, trimestriel?
M. Emond (Charles) : Oui.
Bien, même, les équipes... Sur des investissements comme ça, il y a des équipes
qui vont avoir quatre, cinq dossiers, donc elles sont, sur une base continue,
là, au quotidien, à la semaine, très impliquées dans ces dossiers-là. Des
dossiers d'actifs privés, c'est avec des équipes sur place sur le terrain.
M. Beauchemin : O.K. Le
premier signe qui est apparu comme quoi qu'il y avait potentiellement, là, du
sable dans l'engrenage, c'est arrivé quand?
M. Emond (Charles) : Bien, je
dirais que ce qui est arrivé... Vous faites référence, là, aux nouvelles qu'il
y a eu. Puis je dois être prudent, je vais juste le dire d'avance, sur Azur,
qui est une société publique. Il y a juste un petit pourcentage de la compagnie
qui demeure public, mais elle est soumise aux mêmes obligations.
Ce qu'on a eu, c'est des enjeux de
contrôle interne sur un contrat spécifiquement, et donc l'entreprise... Dès qu'on
a su ça, nous, comme actionnaire principal, on a pris toutes les mesures
immédiatement pour faire une analyse de tous les contrats en cours.
Actuellement, au moment où on se parle, même si ça impliquait, ça, d'avoir créé
un comité indépendant du conseil d'administration d'Azur pour faire toute une
analyse puis une enquête indépendante. Il y a aussi trois grands cabinets
comptables qui sont actuellement en place pour mettre en... une recommandation
sur tous les contrôles internes. Alors, pour nous, même si ça impliquait un
délai dans le dépôt des états financiers, on voulait faire tout ce qu'on avait
à faire. Il y a eu des changements au niveau de la direction suite à ça, parce
qu'il y a des personnes qui avaient agi, de notre point de vue, pas de la bonne
façon d'un point de vue éthique, des nouveaux membres du conseil d'administration
également qui ont été puis qui sont en voie d'être nommés.
Actuellement, le dépôt des états
financiers, on y travaille avec ces cabinets-là, ça devrait se faire dans les
semaines à venir. On est en discussion avec les banques pour obtenir tout ce qu'on
a besoin. On va avoir une conclusion de l'enquête indépendante...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Emond (Charles) : ...sous
peu. Puis la compagnie fait toujours des profits. Donc, il faut faire
attention... entre le prix de l'action qu'on voit, alors qu'il reste seulement
4 %, 5 % coté en bourse, et les mesures qui sont mises en place. C'est une
société encore en santé financière, de ce point de vue là.
M. Beauchemin : Justement,
vous parliez de membres sur le conseil du C.A., vous en avez deux actuellement.
C'est bien ça?
M. Emond (Charles) : Oui.
M. Beauchemin : Est-ce que l'intention,
c'est d'en avoir plus?
M. Emond (Charles) : C'est
toujours lié un peu aussi au pourcentage d'actions qu'on a. Initialement, on en
avait quatre. Donc, c'est-à-dire, des fois, il y a des gens... Disons qu'on a
un nombre de postes du conseil d'administration qui nous revient par la
gouvernance, de par l'investissement qu'on a. Il y en avait quatre, incluant le
président du conseil. On avait deux de nos employés qui y siégeaient également
et deux qu'on nommait les «administrateurs désignés par la caisse»...
M. Emond (Charles) : ...Mais
ne travaillant pas à la caisse.
M. Beauchemin : D'accord.
La... puis, là, vous m'excuserez, je crois qu'on parle ici de dollars
canadiens, initialement, donc, l'investissement était valorisé à
630 millions de dollars canadiens?
M. Emond (Charles) : À peu
près 600 millions, oui.
M. Beauchemin : 600 millions,
O.K. Puis aujourd'hui, la valeur au... votre... de votre Position, ça vaut
convient maintenant?
M. Emond (Charles) : Bien, on
est dans un... On est dans une fourchette, là, comme on peut voir dans les
états financiers. Pour nous, c'est un investissement qui n'est pas
nécessairement parfaitement représenté, là, par le cours de Bourse, donc on a
une valeur au livre qui est inférieure au coût original de 600 millions,
je vous dirais, aux environs peut-être de quelque chose qui est un peu plus
comme dans le coin d'un 400 millions.
M. Beauchemin : 400?
M. Emond (Charles) : 400 millions.
M. Beauchemin : D'accord.
Maintenant que l'histoire évolue, il y a eu des développements, et tout, les
grandes leçons qu'on pourrait, disons, prendre de ça pour améliorer la
politique d'investissement à l'avenir, ce serait quoi?
• (16 h 10) •
M. Emond (Charles) : Bien,
c'est une bonne question, parce qu'on tire toujours des leçons, là, quand...
Puis ce n'est pas un investissement encore... Que, je veux dire, qu'il va y
avoir une perte nécessairement, là. L'histoire est loin d'être terminée. Puis
C'est une entreprise qui fait des profits. Mais premièrement, on met une
nouvelle politique en place pour toutes encadrer nos sociétés opérantes.
«Sociétés opérantes», j'entends par là qu'on détient plus de 50 %. Il n'y
en a pas beaucoup, mais on en met une. Il va y avoir, entre autres avec les
dirigeants de ces entreprises-là, celles qui sont basées en Inde, on va
demander des attestations annuelles du président et de son comité de direction
pour attester, pour qu'ils répondent à nos exigences en matière de contrôle
interne, d'éthique, tout ça. Il y a une formation obligatoire également qu'on
met, là, pour tous les membres du conseil d'administration sur ce qui sont...
au niveau de nos attentes en termes d'éthique puis de conformité.
Et puis donc, c'est tout un travail d'encadrement
et de gestion de nos filiales comme ça qui est en place, et tout ce que ça
implique au niveau RH, fiscalité et comptabilité. Donc, de ce point de vue là,
je dirais, c'est ce qui résume les principales mesures.
M. Beauchemin : ...Donc, mis
en place suivant le... la radiation?
M. Emond (Charles) : Je
dirais qu'on a des politiques. Bien, premièrement, il n'y a pas de radiation
encore, je tiens à le dire, mais une baisse de valeur, mais pas de radiation.
Ces politiques-là étaient en place, mais, comme dans n'importe quelle autre
politique de conformité à la caisse, ou d'éthique, ou de... On vise toujours à
continuer à s'améliorer au fur et à mesure qu'on fait d'autres types
d'investissement. Donc, on est venus bonifier, je dirais, des pratiques
existantes davantage, surtout pour des entreprises où est-ce qu'on se retrouve
dans des marchés émergents, tout ça, donc des attestations, tout ça, de la part
de la direction. On trouvait que c'étaient des choses qui viennent encore plus
entériner ce qu'on a besoin.
M. Beauchemin : Vous avez
mentionné tantôt qu'Azur, qui est dans le solaire, fait partie de votre
portefeuille d'Infra?
M. Emond (Charles) : Infrastructures.
M. Beauchemin : O.K. Ça
représente combien, le portefeuille d'infrastructure en pourcentage de la
Caisse de dépôt?
M. Emond (Charles) : 15 %,
grosso modo, oui, Plus ou moins 1 %, là.
M. Beauchemin : La
répartition géographique en infrastructures, est-ce que vous auriez cette
information?
M. Emond (Charles) : 70 %...
Je vais y aller un peu de mémoire, donc permettez-moi au besoin de préciser. Je
dirais 65 %, 70 %, Amérique du Nord, 15 %, 20 %, Europe...
65 %, Amérique du Nord, je dirais un 15 %, 20 %, Europe, un
15 %, reste du monde, à peu près.
M. Beauchemin : O.K. Je vais
vous la poser directement, là, la place du Canada, quand on parle d'Amérique du
Nord, c'est combien, dans le 65 %, là?
M. Emond (Charles) : Je
n'aurais pas l'information. Je vais me risquer à 20 % à peu près. Ce
serait majoritairement aux États-Unis.
M. Beauchemin : Donc,
20 % de 65 % ou...
M. Emond (Charles) : 20 %.
M. Beauchemin : Ou le Tiers
de 65 %?
M. Emond (Charles) : Le tiers
du 65 %, oui.
M. Beauchemin : D'accord.
Est-ce que, là-dedans, je vais y aller encore plus spécifique... Combien
là-dedans présenteraient des projets d'infrastructure au Québec?
M. Emond (Charles) : Projets
d'infrastructures au Québec, bien, il y en a un très beau qui s'appelle le REM,
qui est un projet important. On a, au niveau d'Energir, il y a des sociétés
également qui sont dans l'infrastructure renouvelable, on parle des sociétés
comme Boralex, on parle de sociétés comme Innergex...
M. Emond (Charles) : ...il y a
eu une transaction récemment au niveau de l'autoroute 25 qui a été
annoncée, dont on en a parlé. Donc, il y a quelques milliards au Québec, là...
dans les 80 milliards au Québec, il y a quelques milliards facilement en
infrastructures, oui, puis beaucoup de potentiel, je dirais, également.
Probablement le portefeuille avec le plus de potentiel pour le Québec dans les
investissements à venir.
M. Beauchemin : Au Québec, en
tant que tel.
M. Emond (Charles) : Oui.
M. Beauchemin : Je vous amène
sur ce terrain-là parce qu'il y a clairement une prime géopolitique, là,
d'investir dans d'autres juridictions, comme, par exemple, en Inde. Est-ce que
le... Dans le modèle que vous utilisez à la caisse pour pouvoir prendre cette
décision-là, de savoir où elle est placée, votre argent en infrastructures, est
ce que la prime de risque associée à un pays est évidemment calculée,
j'imagine?
M. Emond (Charles) : Oui,
évidemment, si on fait un projet d'infrastructure aux États-Unis versus en
Inde, ou dans un marché émergeant, ou en Indonésie, ou, peu importe, évidemment
il y a une prime de risque additionnelle qu'on demande, qu'on exige dans notre
rendement pour... toutes choses étant égales par ailleurs, oui.
M. Beauchemin : Puis
actuellement, quand vous regardez les conditions de marchés mondiaux dans le
secteur infrastructures, est-ce qu'il y a un équilibre rendement risque qui
semble se démontrer ou il y a encore des opportunités plus intéressantes dans
certaines juridictions?
M. Emond (Charles) : C'est un
secteur qu'il faut être prudent parce que c'est le secteur qui est le plus
actif de toutes les classes d'actifs dans le monde. Il y a comme des centaines
de milliards de nouveaux fonds qui sont très déployés, donc il peut y avoir une
surenchère. L'avantage qu'on a, il est de deux aspects. Un, notre taille nous
permet d'aller... pour des transactions qui fait qu'il y a peu de compétition.
La deuxième des choses, c'est parfois... c'est de le jouer intelligemment, dans
un autre volet, plus en amont, disons, avec parfois des plateformes, des
développeurs. Donc, au lieu d'acheter du renouvelable qui coûte très cher, qui
est déjà mature, on aide à le construire puis à le vendre par la suite à d'autres
qui veulent payer cette prime-là. Donc, on achète la prime de profits, le...
M. Beauchemin : D'accord.
Selon vous, il y aurait-u une place plus importante... Indirectement, là, vous
avez répondu à ma question, mais plus précisément, si on avait à dire :
Les tops trois géographies pour le monde de l'infrastructure, selon vous, ça
représente lesquels?
M. Emond (Charles) : Ça
dépend du type d'infrastructure. Il y a beaucoup de choses en infrastructures.
Il y a des...
M. Beauchemin : Bien, disons,
dans le solaire.
M. Emond (Charles) : Ça
dépend, mais, je veux dire... On a fait récemment une... Je vais... de façon
intéressante. On a ouvert récemment une première transaction dans le
renouvelable au Japon, qui avait des attributs intéressants. Les États-Unis,
évidemment, avec le IRA, il y a beaucoup de vélocité dans ce marché-là
actuellement. On a fait beaucoup de solaire également en Espagne, dans les
dernières années, en Europe. Ceci dit, on n'a pas de quotas de dire : Ça
prend tant dans tel pays. On essaie de comprendre la dynamique réglementaire,
le potentiel de chaque marché, mais on y va aussi d'une façon opportuniste avec
les transactions qu'on voit qui nous sont apportées.
M. Beauchemin : Est-ce que...
Je vais vous poser la question différemment. Est-ce que le Canada représente un
endroit, que ce soit dans l'énergie et infrastructure, que ce soit le solaire
ou le «wind», est-ce que, selon vous... ou autre, là, est-ce que le Canada
représente un bon potentiel de futurs investissements en infrastructures?
M. Emond (Charles) : Oui.
S'il y a un TGF ou un TGV, ça fait un gros projet d'infrastructure, et
évidemment des entreprises ici qui ont développé l'éolien. Je pense qu'au
niveau infrastructure, il y a beaucoup au niveau du transport et puis du
renouvelable qui est possible au Canada puis évidemment au Québec, tout
particulièrement, là. Alors, oui, c'est quelque chose qu'on surveille très
attentivement. Quand je faisais mention que l'infrastructure est probablement
la classe d'actifs qu'on voie le plus fort potentiel tout à l'heure, bien, ça
s'inscrit un peu là-dedans.
M. Beauchemin : Justement par
rapport à ce commentaire-là, c'est infrastructures dans le sens large...
M. Emond (Charles) : Sens
large.
M. Beauchemin : ...et non
spécifique à, disons, le transport.
0cemo Oui, sens large, mais la mobilité
durable et... un qui est particulièrement intéressant qu'on voie. Mais c'est
quand même la classe d'actifs dans son ensemble...
M. Emond (Charles) : ...malgré
tout.
M. Beauchemin : Au niveau de la
course à la décarbonation, au niveau des sources d'énergie, selon vous,
lesquelles représentent le plus de potentiel à l'échelle mondiale, disons, en
termes... pour un investisseur comme vous?
M. Emond (Charles) : Ah!
bien, comme je disais tout à l'heure, le... Évidemment, on ne pense pas que
c'est dans l'énergie fossile parce qu'on en sort, alors il y a une courbe de
baisse de demande. Le renouvelable, je l'ai dit tout à l'heure, il y a
seulement 10 % de toutes les sources énergétiques dans le monde, donc il y
a énormément à faire de ce côté-là. Donc, pour nous, on considère que, comme
classe d'actifs, tout ce qui est dans le renouvelable et... va continuer à
avoir un vent de dos important de par la force des choses. Évidemment, il va
falloir être prudent dans les valeurs, combien qu'on paie pour ça, mais il y a
une façon de le faire intelligemment. D'ailleurs, la preuve, si on regarde dans
les cinq dernières années, si on n'avait pas sorti de la production pétrolière
mais qu'on avait gardé, à notre portefeuille, la même pondération...
Le Président (M. Simard) : Quelques
30 secondes, s'il vous plaît.
M. Emond (Charles) : ...que
dans l'indice, on aurait fait 200 millions de profits sur cinq ans avec
l'énergie production pétrolière. On a fait 6,4 milliards de profits sur
cinq ans avec le renouvelable.
Le Président (M. Simard) : ...s'il
vous plaît.
M. Beauchemin : ...je vais
probablement continuer sur ce sujet dans mon prochain bloc.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Il vous restait cinq secondes qui vous seront ajoutées.
M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Ma... ma première question, en fait, il y a... il y a à peu
près un an, suite à un rapport de la vérificatrice générale du Québec, Le
Devoir titrait : La vérificatrice générale écorche les pratiques de la
Caisse de dépôt. Elle déplorait, et je cite, qu'«il n'y a pas de politique
relativement au blanchiment d'argent ou certaines politiques directives ne sont
pas appliquées telles qu'elles sont décrites». Ça fait que ma première
question, c'est : Est-ce que vous avez mis, à la suite du rapport de la
vérificateur général... Est-ce que vous avez développé un plan d'action?
M. Emond (Charles) : Oui. Il
faut comprendre que c'était un audit de conformité. Donc, si, à un seul moment,
on le fait à 99 % du temps mais qu'il y a à un moment donné que ce n'est
pas fait exactement comme ça devrait être fait, donc, ça rentre comme non
conforme. Ceci dit, pour vous rassurer, parce que c'est très important, on a
raffiné encore plus nos politiques, et 90 % de toutes les recommandations
de la VGQ seront implantées d'ici la fin de l'année. Donc, essentiellement,
tout le plan, là, va être... va être fait d'ici quelques mois.
M. Bouazzi : Et j'imagine que
vous pouvez... les mesures sont ou publiques ou vous pouvez nous les
communiquer, les mesures que vous avez mises en place?
M. Emond (Charles) : Bien, en
tout cas, on a... La VGQ assiste à tous nos comités de vérification, et puis
ils surveillent avec nous, on doit faire un rapport sur l'implantation des
mesures, des recommandations qu'ils nous ont faites. Puis on les applique de
façon très diligente.
M. Bouazzi : Vous avez dit,
ces dernières années, que la Caisse ne vise pas, par ses placements, dans les
entreprises ayant recours aux paradis fiscaux ou... la question de payer un
minimum de 15 % d'impôt était importante pour vous, et qu'il avait un
certain nombre de compagnies que vous aviez sur une liste de surveillance
pour... si on dérogeait à ce 15 %. Combien il y a d'entreprises sur cette
liste de surveillance?
M. Emond (Charles) : Donc,
sur une analyse de plus de 1 800 dossiers, il y a 11 dossiers,
donc c'est 0,05 % en nombre de dossiers en dollars. Ces 11 dossiers
là totalisent 1 milliard de dollars. Ça ne veut pas dire qu'on pense
qu'elles font de l'abus fiscal, il peut y avoir des raisons comme : une
année, ils ne font pas d'argent, donc ils ne payeraient pas d'impôt, mais
néanmoins, à la lumière de l'analyse du dossier qu'on a, on juge qu'il est
nécessaire d'avoir une discussion plus en profondeur avec la société et sa
direction.
M. Bouazzi : Et donc est-ce
qu'il y a des entreprises où vous êtes désengagés sur cette base-là ou...
M. Emond (Charles) : Bien, en
fait, quand on a émis cette nouvelle politique là en place, en fin 2020 début
2021, si on considère, après analyse, que la société ne paie pas un minimum de
15 % d'impôt, soit qu'on refuse le dossier d'investir, si on n'est pas
déjà investi mais qu'on pensait investir, ou soit qu'on demande de changer leur
structure fiscale, ou, si on détient déjà la société, on peut être amené...
puis qu'il n'y a pas d'ouverture, on peut être amené à la vendre comme on l'a
déjà fait. Ces trois catégories-là, là, qu'est-ce que la politique... est-ce
qu'elle a eu des dents, je vous dirais...
M. Emond (Charles) : ...permis
de soit vendre, refuser ou changer la structure fiscale pour à peu près une
dizaine de milliards en investissements dans les deux, trois dernières années.
Et puis je dirais qu'on est les seuls dans le monde, on a gagné un prix à cet
effet-là, on est le seul investisseur institutionnel dans le monde qui a une
telle politique.
M. Bouazzi : Et vous en avez
vendu combien, l'ordre de grandeur sur ces bases-là?
M. Emond (Charles) : Honnêtement,
jusqu'à présent, on a juste, à mon souvenir, eu besoin... C'est parce des fois
on vient changer la structure fiscale, vendre en tant que tel, il y a juste un
cas que je me souviens dans les deux dernières années, parce qu'on a senti
qu'après discussion avec la société, il n'y avait pas d'ouverture, et puis on a
vendu notre position. Ceci dit, on vend la position de façon responsable, ça
veut dire une fois qu'on décide qu'il n'y a plus rien de ce côté-là, bien, ça
ne veut pas dire qu'on vend demain matin, on peut vendre un mois après, deux
mois après pour le faire de façon responsable d'un point de vue fiduciaire,
mais la décision de se départir à ce moment-là est prise.
M. Bouazzi : L'ordre de
grandeur, c'est un, ça peut-être deux peut-être...
M. Emond (Charles) : Dossiers,
oui, mais on parlait de plusieurs centaines de millions, là.
M. Bouazzi : O.K. L'an passé,
la caisse a investi 2,5 milliards de dollars dans la zone franche de
Jebel Ali aux Émirats arabes unis. Sur son site Web, on s'y vante d'un taux d'imposition
de 0 % sur les sociétés et de 0 % sur les revenus personnels. Et
questionné par le Journal de Quebecor, vous avez déclaré : «Une zone
franche, ce n'est pas la même chose qu'un paradis fiscal.» On peut, excusez-moi
l'expression, faire des acrobaties linguistiques sur qu'est-ce qu'un paradis
fiscal ou qu'est-ce que du dumping fiscal, mais probablement que malgré nos
désaccords nombreux entre moi et M. le ministre, on peut se mettre d'accord que
l'existence de ces paradis fiscaux sous toutes sortes de noms est une attaque à
la capacité de tous les États du monde, en fait, pas juste le nôtre à
recueillir les recettes fiscales dont elles ont besoin pour fournir tous les...
les services qu'elles ont à donner aux citoyens, comment justifier une telle initiative?
M. Emond (Charles) : Oui, on
l'a étudié en profondeur. Premièrement, pour nous, il faut regarder toujours
d'un point de vue des critères du BEPS qui est le Base Erosion Profit Sharing.
Dans le cadre d'une zone franche comme ça, qui est une décision gouvernementale
simplement dans un port, ce n'est pas comme une société qui essaie de faire
accroire que ses activités sont en substance dans une juridiction où est-ce
qu'on paye moins d'impôts, il n'y a pas un transfert de profits vers un pays à
fiscalité réduite, le port opère toutes ses activités dans la zone franche qui
est une décision gouvernementale comme il y a plein d'autres programmes
ailleurs dans le monde. Ceci étant dit, ceci étant dit, les Émirats arabes unis
sont signataires du traité de l'OCDE et des 130 pays qu'ils composent, qui
est appuyé par le G20, et donc s'engagent à payer le 15 % d'impôt dans ce
traité-là. Et vers cette migration-là, ce qu'on va voir également, c'est que
les entreprises qui vont avoir plus de 750 millions de profit... de... de
revenus, même dans la zone franche, sont appelées normalement à faire partie de
ce... ce... ce... cet échantillon d'entreprises là qui va être sujet à un impôt
minimum de 15 %. Donc, notre point de vue, c'est pour ça qu'une zone franche,
un, était différente d'un paradis fiscal et, deux, on voit aussi le pays et la
zone franche migrer à terme parce que l'on considère qu'il est à... il y a un
point de vue acceptable au niveau fiscal.
M. Bouazzi : Je vais aller
sur un tout autre sujet, on a beaucoup parlé de la question climatique qui est
importante, la question sociale aussi puis la manière de le calculer, mais il y
a des cas qui sont très, très, très concrets et la Caisse, via sa participation
dans Allied Universal et G4S, est également liée à la compagnie israélienne
Policy Ltd qui est l'architecte et l'administrateur de l'Académie nationale de
police d'Israël. Tous les policiers israéliens y sont formés, y compris des
unités militarisées qui reçoivent un entraînement aux pratiques répressives que
l'on connaît, ainsi que les agents du milieu carcéral où des cas de torture, de
traitements dégradants de prisonniers politiques palestiniens, y compris sur
des enfants, sont largement documentés par des organisations de défense des
droits de la... de la personne. Rappelons que les rapports dont on parle sont
les rapports qui... qui parlent du système d'apartheid qui se passe en... en
Palestine, Israël, c'est des rapports d'Amnesty International, de Human Rights
Watch, de B'Tselem, une organisation de droits de la personne israélienne et
puis évidemment de rapporteurs aussi des... de l'ONU. Comment la Caisse de
dépôt...
M. Bouazzi : ...justifie-t-elle
d'être encore liée financièrement à cette compagnie?
M. Emond (Charles) : Bien, je
suis... on est entièrement d'accord avec vous, là, ce n'est pas le genre
d'activités auquel on souscrit du tout. Ceci dit, voyons comment tout ça est
arrivé puis voyons ce qu'on essaie de faire pour répondre à la question que
vous me posez. Premièrement, quand on a été investi, nous, c'est dans la
société... alors par la suite, après notre investissement, quelques années plus
tard... a acheté la société G4S. Et donc il faut comprendre que maintenant
ce n'était pas dans la thèse de l'investissement initial. Les activités dont
vous faites référence, je suis entièrement d'accord avec vous, là, de ce
côté-là, juste pour les mettre en contexte... Puis il n'y a pas de seuil de la
matérialité de notre côté. Dès qu'il y a des activités comme ça, même dans un
seul cas, on met ça à l'agenda et on met de la pression sur la compagnie. On a
deux administrateurs sur 11 au conseil. Des fois, c'est dans la difficulté de
ces activités-là. Premièrement, c'est un placement privé, donc on ne pourrait
pas vendre immédiatement, comme en Bourse, ce n'est pas une société cotée. On a
28 %, donc on est minoritaires. Ceci dit, on a plusieurs appels avec la
société sur le sujet en question dont vous me faites mention. Il faut
comprendre que c'est une entreprise, ça... qui est comme... qui est à zéro dans
les livres de... parce que c'est tout petit, c'est vraiment tout petit. Je
pense qu'on parle de quatre, 5 millions de revenus. Et... n'a non
seulement que 25 %. Donc, il y a un autre partenaire. Donc, je ne peux pas
trop révéler, sauf que vous dire que c'est comme G4S et... s'étaient engagés
lors de la transaction, où... a acheté G4S, il y avait des activités qu'on
s'engageait à vendre. Ce qui est difficile parfois, c'est qu'il y a des
contrats gouvernementaux là-dedans. Le renouvellement ou l'expiration, tout ça
est un peu plus complexe. Il faut que tu te trouves un acheteur, dans ce
cas-ci, un partenaire local. Je ne peux pas en dire plus, mais je peux vous
dire que c'est exactement dans le sens de ce que vous faites. On pousse la compagnie
à faire ce qu'elle a dit qu'elle ferait. Puis on n'a pas d'inquiétude qu'à
terme, c'est ce qui va arriver.
• (16 h 30) •
M. Bouazzi : Donc, je
comprends que vous faites des efforts pour vous départir tout à fait
d'investissement...
M. Emond (Charles) : Tout à
fait.
M. Bouazzi : Il me reste
combien de temps?
Le Président (M. Simard) : 1
min 13 s.
M. Bouazzi : Une minute 13.
Alors, allons dans un sujet qui n'a rien à voir. Mais parlons des conversions
résidentielles des tours à bureaux, qui est un gros sujet actuellement.
Évidemment, Ivanhoé Cambridge, qui est votre bras immobilier, a plusieurs tours
de bureaux au centre-ville, entre autres. Mais il y en a ailleurs. Est-ce
que... où en êtes-vous sur ce dossier? Est-ce que ça avance l'idée de... Quel
pourcentage? Quel objectif, quelle vision vous avez pour toutes ces tours à
bureaux par rapport à la transformation d'une partie en résidentiel pour les
prochaines années?
M. Emond (Charles) : C'est du
cas par cas. Les bureaux, contrairement aux centres commerciaux, ça dépend
beaucoup de ce qui se passe selon la Ville, selon... Donc, ce qui se passe à
San Francisco puis à New York, Chicago est très différent de dans des villes
secondaires comme, disons, Atlanta ou Nashville. Deuxième chose, la qualité de
l'édifice, au risque de dire l'évidence, importe énormément. Il y a encore une
demande pour du triple a, très bonne qualité. On le voit ici à Montréal. Nos
édifices comme Édifice Jacques Parizeau, PVM, son taux d'occupation est de plus
de 90 %, même 100 %. On a à peu près, je dirais, huit, neuf bureaux
dans tout notre portefeuille à travers le monde...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Emond (Charles) : ...qui
nécessitent d'avoir un redressement puis c'est du cas par cas pour une
conversion.
Le Président (M. Simard) : Merci,
Monsieur Emond. Et nous poursuivons, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Je reviens à
l'infrastructure. Vous parliez tantôt que vous vouliez aller plus loin en
infrastructures. Juste peut-être nous clarifier. Il y a-tu une préférence entre
la mobilité ou le développement en énergie, développement énergétique?
M. Emond (Charles) : Non,
c'est deux thèmes, je dirais, prioritaires, mais pas une préférence.
M. Beauchemin : O.K. Puis
quand vous regardez un actif qui a déjà été, donc, construit, qui produit de
l'énergie sans dégager évidemment de GES, ça, c'est une chose... Mais tantôt on
parlait de Greenfield pour aller vers du... éventuellement, Brownsville
éventuellement. Est-ce que dans ce contexte là, la composante GES aussi fait
partie du processus décisionnel?
M. Emond (Charles) : Toujours.
D'ailleurs, l'infrastructure va probablement être la classe d'actifs dans
l'enveloppe de transition de 10 milliards qu'on a annoncée, qui va être la
plus active. C'est-à-dire on va souvent prendre des entreprises, comme je
disais plus tôt, qui ont un bon pourcentage en énergies fossiles pour les
amener à avoir un renouvellement complet vers du renouvelable sur quatre, cinq
ans avec nos investissements. Donc, ce n'est pas juste d'acheter du vert, mais
d'améliorer en fait des secteurs qui...
16 h 30 (version non révisée)
M. Emond (Charles) : ...ils
ont un point de départ plus exigeant pour, en bout de ligne, se retrouver au
net avec moins de gaz à effet de serre pour la planète.
M. Beauchemin : Donc, on peut
comprendre qu'il y a quand même encore un appétit de développement mais il y a
aussi un appétit si jamais des opportunités étant secondaires avaient lieu.
M. Emond (Charles) : Tout à
fait.
M. Beauchemin : O.K. Je veux
vous amener sur un autre investissement, c'est celui de Celsius. Est-ce que
vous pouvez nous expliquer le processus de décision d'investissement, d'aller
de l'avant dans Celsius jadis?
M. Emond (Charles) : Oui.
Donc, Celsius, c'est une... ce qu'on appelle le capital de risque. Il y en a
peut-être pour 1 milliard et demi, deux milliards à la Caisse. C'est un
portefeuille qui a rapporté pas loin de 20 % par année. En général, on
fait la série C. Sans être trop technique, ça veut dire... je sais que vous
connaissez le terme, mais plus mature comme entreprise, bien que ça reste des
entreprises immatures par rapport à des entreprises établies.
Dans ce cas-ci, il faut comprendre que,
comme tout projet d'entreprise de capital de risque, il y avait un plan de
transformation important de notre part puis un désir aussi... parce qu'on
voyait que c'était un secteur où il y avait énormément de volume de
transactions, beaucoup d'investisseurs qui s'impliquaient, on voulait mettre un
montant pour se familiariser avec la... je le dis toujours mal en français,
la... le bloc de «chain», «blockchain», on va dire, si vous me permettez l'expression,
qui est une technologie qui a des applications dans bien des secteurs.
On avait avec nous le numéro deux... le
CFO de la Banque Royale, qu'on avait engagé pour mettre en place tout un plan.
Malheureusement, il faut comprendre que le marché a commencé à avoir des
difficultés pas longtemps après. On avait investi de façon prudente, en dette,
en deux montants, pour voir comment toutes les choses allaient aller. Ceci dit,
la société s'est retrouvée avec les marchés dans une crise de liquidité et le
résultat a été celui qu'on connaît.
Mais, en termes de processus d'investissement,
pour répondre à la question, ça a suivi les processus d'investissement pour une
entreprise de cette envergure-là. On avait des spécialistes de la crypto, aux
États-Unis, dans des firmes établies comme chez Deloitte et ailleurs. Il n'y a
pas eu... Il n'y a pas de processus qui sont court-circuités ou raccourcis pour
faire un investissement comme ça. Et on voit qu'il y a eu des... on a... Par la
suite, il y a eu des représentations que l'on considère qui ont été fausses et
trompeuses. Comme investisseur, on a déposé certains recours. On voit que le
juge nous a donné raison dans les premières instances. C'est une première étape
vers quelque chose un peu plus loin, on verra. Et, dans le fond, le processus
est inscrit de cette façon-là.
Moi, ce que je dirais, comme j'ai déjà
mentionné, les leçons apprises dans tout ça seraient... Il y avait un désir pour
nous de réglementer le secteur. Probablement que, tant que ce n'est pas
réglementé par les autorités, même si on discutait avec elles, on resterait à l'écart
de ça. Tout nouveau secteur dans lequel on veut investir, on va rehausser les
niveaux d'approbation. L'autre élément aussi que je dirais, c'est revenir à la
recette qui a été gagnante. On ne fait que de la série C. C'était de la série
B. On est peut-être rentrés un an ou deux trop tôt dans la société. Un bon
plan, mais trop de choses, mauvais contexte, donc pas une bonne transaction.
Mais ça explique un peu comment ça a été fait.
M. Beauchemin : Puis,
évidemment, dans la crise de liquidité, là, qui est arrivée avec Celsius, ça s'est
fait relativement rapidement à cause de la baisse de toutes les cryptos à peu
près en même temps. La fréquence de vérification, est-ce qu'elle était
trimestrielle avant que...
M. Emond (Charles) : Ah! c'est
un dossier qui a... qui apparaît... Bien, pardon, aviez-vous terminé votre
question?
M. Beauchemin : Bien oui, c'est
ça en fait.
M. Emond (Charles) : Oui. C'est
un dossier qui accaparait une équipe multidisciplinaire au jour, sur une base
quotidienne, parce qu'on avait un plan de transformation, puis du capital de
risque, c'est toujours le cas. Ce que je dirais également qu'on apprend
là-dedans, c'est que, quand il y a eu une... vous savez, on appelle un «run on
the bank», l'avantage du «blockchain», bien, c'est que c'est transparent. Des
avantages du «blockchain», c'est que c'est transparent. Ça fait que, quand les
gens commencent à retirer leurs fonds... le font encore plus rapidement que
dans une banque régulière, parce que c'est de façon extrêmement transparente,
on le voit, ce qui a fait que ça s'est déroulé extrêmement vite tout ça. Donc,
je dirais, c'est un autre élément qui était particulier.
Ceci dit, on a quand même fait notre
transaction d'une façon prudente dans une entité. Et c'est ce que je reviens,
que le juge nous a donné raison, où est-ce qu'en bout de ligne on était protégés,
où est-ce qu'il n'y a pas de passif des déposants lié à leurs dépôts. Donc, on
verra ce que ça donne sur la finalité de l'investissement.
M. Beauchemin : Mais, somme
toute, l'investissement, il était quand même classifié à risque... à moyen...
M. Emond (Charles) : Capital
de risque...
M. Emond (Charles) : ...c'est
ce qu'on fait de plus risqué dans la caisse, c'est seulement 1,5 milliard,
2 milliards. Je dirais, par exemple, qu'on fait, si vous me permettez
l'expression, du capital de risque prudent, un peu pépère, c'est-à-dire
investisseur de capital de risque typique vu qu'on est un fonds de pension, on
est dans la partie plus prudente. On est allés peut-être un petit peu plus loin
parce qu'on se disait qu'on allait la transformer à terme. Et il faut
comprendre, c'est une société qui a amassé plus d'actifs que la Banque
Laurentienne en trois ans. Elle était sur une forte croissance, mais ça n'a pas
donné le résultat escompté. Ceci dit, malgré cette perte-là, c'est un
portefeuille qui a rapporté 20 % aux Québécois par année depuis cinq ans.
M. Beauchemin : Mais,
justement, la décision, parce qu'il y avait une transformation à envisager, et
tout ça, est-ce que ça, ça sortait un peu à l'extérieur des paramètres
habituels de décision dans une série B pour la Caisse de dépôt?
M. Emond (Charles) : Non, même
en série C, il y a toujours une transformation importante, vous savez, dans ces
entreprises-là. Elles sont peu matures, elles ont une forte croissance mais
n'ont pas de système encore aussi établi que des grandes entreprises, là,
cotées en bourse. Donc, c'est toujours la même dynamique, il y a une stratégie
de transformation de multivolets qui est toujours impliquée. Celle-là peut être
un petit peu plus importante dans le sens qu'il y avait une transformation à
faire, mais c'est une variation sur le même thème, là, par rapport à ce qu'on
fait toujours en capital de risque. C'est la même recette.
M. Beauchemin : O.K. Dans le
cas présent, je veux, la géographie, il n'y a pas vraiment de... il n'y a pas
de... la juridiction en tant que telle, ce n'est pas un élément qui aurait...
la décision a eu, comme... Ça n'a pas influencé la décision d'investissement ou
ça a influencé la décision de l'investissement?
M. Emond (Charles) : Dans
Celsius?
M. Beauchemin : Oui.
M. Emond (Charles) : Non.
M. Beauchemin : Aucunement?
M. Emond (Charles) : Non.
• (16 h 40) •
M. Beauchemin : Quand on...
quand on regarde, maintenant, le domaine, «overall», du «blockchain» en tant
que tel, pour vous, ça va donc prendre une réglementation au niveau des banques
centrales sur cette industrie-là en général pour faire une prochaine nouvelle
étape ou une prochaine étape?
M. Emond (Charles) : Bien,
c'est dur à dire, mais, vous savez, la crypto en général, ce n'était pas une
thèse sur la crypto, mais c'était sur la «blockchain», mais peu importe. Puis,
si on regarde les... je pense qu'il va avoir... il est... Il n'en demeure pas
moins qu'il y en a beaucoup qui circulent encore, puis une réglementation va
être nécessaire sous une forme ou sous une autre. Moi, ce que je pense de ce
que... Les cryptos, c'est une chose, ça, on verra. Puis probablement que ça, ce
n'est pas quelque chose qui est pour nous. Pour ce qui est du «blockchain»,
bien, c'est une application qui peut avoir des applications extraordinaires
soit pour les transferts lors de ventes hypothécaires, ça amène une
transparence, de l'unicité, une visibilité. Ça, je pense, c'est une technologie
qui, des fois, peut commencer d'une façon, des fois, chaotique mais qui, à
terme, trouve les endroits où est-ce que ça va être utile. Pour ce qui est de
la réglementation, je vais laisser aux autorités, ça, la charge de s'occuper de
ça.
M. Beauchemin : Actuellement,
donc, la Caisse de dépôt n'a pas d'investissement dans du «blockchain», que ce
soit privé ou public?
M. Emond (Charles) : Non.
M. Beauchemin : Aucun?
M. Emond (Charles) : Non. On
pourrait peut-être avoir une petite position infime, indirectement, via des
fonds qui auraient un petit investissement, parce que je ne veux pas vous faire
croire qu'on aurait... mais ce serait une minuscule, là.
M. Girard (Groulx) : Il n'y a
pas de thèse d'investissement.
M. Emond (Charles) : Non,
non, il n'y a pas de thèse d'investissement.
M. Beauchemin : Ce n'est pas
une thèse d'investissement. O.K. Parfait.
M. Emond (Charles) : Non,
non, non.
M. Beauchemin : Je veux... je
veux toucher un petit peu la question de la filière de Ivanhoé Cambridge, qu'on
a discuté brièvement, tantôt, avec mon collègue de Québec solidaire. La Caisse
possède quand même plusieurs actifs immobiliers à travers le Québec. On a vu ce
qui s'est passé, là, récemment avec la propriété de Laurier tout juste ici, à
côté. Pour la Caisse, le centre-ville de Montréal, comment vous faites pour
vous assurer que ça va aider au développement économique de Montréal, votre
approche globale par rapport au développement d'Ivanhoé Cambridge dans la
région de Montréal mais aussi ici, à Québec?
M. Emond (Charles) : Oui.
Bien, en fait, toute la stratégie Québec, j'en ai fait l'affaire de tous,
c'est-à-dire que, même au sein d'Ivanhoé Cambridge, il y a une personne dédiée
avec son équipe que sur le Québec, qu'elle soit concentrée sur ses efforts là.
D'ailleurs, on est impliqués dans la relance du centre-ville, là je parle de
Montréal, c'est Ivanhoé Cambridge, Élise Proulx, qui préside la relance... le
comité de relance de la CCMM, la Chambre de commerce de Montréal métropolitain.
Évidemment, quand on pense... je pourrais nommer plusieurs initiatives, mais,
quand on regarde, il y a l'anneau à l'esplanade de Place Ville-Marie, toute
l'activation qu'on va faire, l'Estival de l'esplanade avec C2 Montréal, Les
trois géants, le Festival de Montréal. Et également je le mentionne parce que
l'infrastructure puis l'immobilier...
M. Emond (Charles) : ...ça va
un peu de pair en termes d'impacts structurants sur un centre-ville. Je me
permets de leur dire que l'ouverture du REM ce printemps, à l'antenne rive sud,
va également aider à la relance du centre-ville, et amener plus de gens au
centre-ville.
M. Beauchemin : Donc, c'est
confirmé, c'est au printemps.
M. Emond (Charles) : C'est la
meilleure date qu'on a jusqu'à présent. C'est qu'on réitère notre engagement
pour le printemps.
Donc, un, une emphase au niveau des
équipes avec des équipes dédiées au Québec. Deux, il y a un comité transversal
de toutes les classes d'actifs pour avoir une action structurante que Kim
Thomassin préside. Et on a des initiatives sur le terrain, tant par Ivanhoé que
le groupe d'infrastructures pour aider à la relance du centre-ville. Puis il y
a d'autres projets qui sont actuellement en cours, là, avec... en discussion
avec le gouvernement par ces deux groupes-là, ça fait que c'est pour ça que je
reviens avec l'infrastructure, l'immobilier ont beaucoup de potentiel très,
très, très dynamique et structurant pour le centre-ville de Montréal. Donc, il
y a ça à Montréal, puis ici également, à Québec, il y a plusieurs projets qu'on
regarde qui vont nous permettre d'aider à la relance de centres-villes un peu
partout bien ici, mais également ailleurs.
M. Beauchemin : Quand vous
parlez de relance de centres-villes, que ce soit Québec ou Montréal, ou
ailleurs, vous sembliez faire une distinction, tout à l'heure, à propos des
actifs d'Ivanhoé Cambridge qui sont dans les centres commerciaux versus
peut-être, quoi, les tours à bureaux. C'est ça?
M. Emond (Charles) : Oui. Au
Québec, il y a beaucoup de choses, là, avec Ivanhoé Cambridge. On a des tours à
bureaux, on a des centres commerciaux, on a du résidentiel puis on a des
entrepôts, de la logistique, et tout chacun de ces actifs-là peut avoir un
volet structurant, et Ivanhoé Cambridge est en discussion sur tous ces
aspects-là soit avec la ville, soit avec le gouvernement, soit avec des
propriétaires ou des partenaires.
Il y a aussi toute la densification aussi
autour du REM qui vient s'inscrire. Quand je parle d'une convergence entre
l'immobilier puis l'infrastructure, c'est qu'on voit tout ce qui s'est
construit sur la Rive-Sud. Je ne suis pas au centre-ville, mais c'est quand
même la création d'un pôle important sur la Rive-Sud. Il s'est bâti pour
4,5 milliards en trois ans autour du REM. Donc, le REM va agir comme une
colonne vertébrale. Au fur et à mesure qu'il va s'étendre, on va voir un peu la
même chose qui va se créer. On est en discussion avec plusieurs promoteurs pour
des pôles, je dirais, multirésidentiel, commercial, de bureaux, qui va faire en
sorte qu'on va avoir un centre-ville ou une île de Montréal qui va être
habitée, densifiée, avec des services qui vont redéfinir non seulement comment
qu'on se déplace dans la ville, mais le rapport à la ville. Ça fait que c'était
un peu comme ça que le projet va venir un peu stimuler tant au niveau
immobilier que le déplacement des usagers.
M. Beauchemin : En ce qui a
trait au centre-ville, disons, prenez l'exemple de Montréal en tant que tel,
les centres commerciaux et le résidentiel alentour du REM, bien, c'est déjà
comme pas mal développé, ça, en tant que tel. Y a-tu une densification
additionnelle qui est possible avec les actifs d'Ivanhoé Cambridge à
l'intérieur
M. Emond (Charles) : Mais
c'est ça qui s'est fait. Là, je reviens à Québec, Laurier, c'est un peu ça,
c'est de redéfinir le concept. Dans certains cas, ils sont déjà bâtis. Dans
certains cas, on peut en rajouter. Ça dépend. Là, je ne peux pas donner
d'exemple, mais à chaque fois, ce qu'on vise à voir, c'est que le REM, c'est un
TOD, un «transit-oriented development», je m'excuse pour l'anglais. Alors, ce
qui permet avec le REM, c'est de pouvoir créer un pôle d'attraction, une
densification, puis je dirais une mixité de l'immobilier plutôt qu'elle soit en
vase clos ce qui fait en sorte que les gens, au niveau du bureau, leurs
résidences, les services, le commercial, on met les gens plus en proximité dans
des quartiers, trouvent tout ce qu'ils ont besoin, moins de déplacements, c'est
plus durable. Tout ça s'inscrit dans une façon qui est logique.
M. Beauchemin : Ça, oui, je
comprends. Je comprends l'argumentaire. Je n'ai aucun problème avec
l'argumentaire en tant que tel. Mais quelqu'un me faisait penser à ça l'autre
jour que, dans le fond, c'est une façon beaucoup plus mastodonte, si je peux
utiliser l'expression, les TOD, que, par exemple, les voitures, parce que des
voitures, c'est des gens, ils se déplacent, ils font le trafic sur le pont,
finalement ils vont s'installer dans les banlieues comme comme on voit à
Brossard, là, tout ce qui s'est construit alentour de l'extension, là, du REM.
Donc, c'est le même phénomène, en fait, mais de façon beaucoup plus gigantesque
tout alentour. Donc, pour ce qui est de la densification de Montréal en tant
que telle, ça ne la met pas un peu... pas à risque, mais, disons, ça... c'est
comme un vase communicant, l'eau va couler un petit peu plus vers Brossard, si
on peut dire, d'une certaine façon?
M. Emond (Charles) : Bien,
non, parce que, là, on parle juste de la première antenne. Mais là, on arrive à
Montréal, mais on va se déplacer vers l'ouest, vers l'est, vers le nord-ouest,
tout ça va s'inscrire. La même discussion, on l'a un peu partout. Puis, à
Montréal, il y a beaucoup d'intérêt de propriétaires fonciers. Vous savez, les
lots sont plus attrayants si vous avez un REM qui passe à côté. Puis on est
capable de venir redévelopper des choses comme le Centre Eaton ou d'autres
projets, l'édifice...
M. Emond (Charles) : ...Montréal
Trust qu'on détient. Donc, il y a quand même une revalorisation même du
mobilier existant quand on arrive avec un projet comme ça parce que ça ouvre
une toute nouvelle... C'est regardé sous une nouvelle lentille par les
employeurs, ça amène de l'achalandage, ça amène du trafic. Et dans ce sens-là,
bien, c'est avantageux.
M. Beauchemin : Si on
regardait... Si je me mettais dans vos souvenirs puis je reçois le pipeline de
deals potentiels qui pourraient se faire alentour, à savoir est-ce qu'on va
développer plus dans le coin de Kirkland, dans le West Island, est-ce qu'on va
développer, peut-être avec le REM de l'Est éventuel, mais ça, ça sera un autre
dossier, pas le vôtre. Est-ce que je me trompe à dire qu'en ce qui a trait au
développement du centre-ville de Montréal, ça ne va pas un petit peu comme
rendre, disons, secondaire, parce que c'est plus dispendieux, reconstruire,
retransformer, etc., au centre-ville? Ça coûte moins cher sur du «green field»,
si je peux dire ça comme ça dans l'ouest de la ville. Je me trompe-tu en disant
ça, ou...
M. Emond (Charles) : Je
ne vois... Je ne ferais pas le lien aussi directement, là, je dirais. Vous
savez, tous les projets de... Tous les projets de développement, en fait, sont
faits en accord puis en lien avec les plans de développement des municipalités.
Donc, ce n'est pas non plus Ivanhoé qui va le faire, mais c'est en lien avec ce
que les villes recherchent comme densité puis services qu'ils veulent offrir à
la population. Nous, on s'inscrit là-dedans avec les promoteurs.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci. Je cède maintenant la parole au député de Camille-Laurin, à qui je dois
dire qu'on a collé une petite puce sur vous ce matin, puis on peut suivre vos
déplacements dans le Parlement toute la journée en direct.
M. St-Pierre Plamondon : Oui.
Je suis la Myriam Bédard des crédits...
Le Président (M. Simard) : Vous
disposez d'environ huit minutes, cher collègue.
• (16 h 50) •
M. St-Pierre Plamondon : ...je
skie puis ensuite je viens faire mon... Bonjour à vous tous. Huit minutes,
c'est ça?
Le Président (M. Simard) : Un
peu moins. Oui.
M. St-Pierre Plamondon :
Bon, c'est ça. Donc, ce n'est pas beaucoup de temps. C'est le sujet des paradis
fiscaux qui m'intéresse le plus. Je veux vous parler de ce sujet-là parce que,
bon, c'est une question de finances publiques. C'est également une question de
démocratie. C'est-à-dire que notre démocratie est fondée sur le fait que tout
le monde paie des impôts. Et lorsque certains s'y dérobent, bien, ça crée un
sentiment d'injustice qui est tout à fait compréhensible.
Le Parti québécois a fait plusieurs
propositions sur ce sujet-là, notamment de rendre toute subvention ou aide
étatique conditionnelle à ne pas être dans les paradis fiscaux. Et là, j'ai
inclus zones franches, paradis fiscaux. C'est-à-dire qu'aussitôt que le taux
d'imposition d'un endroit ne correspond pas à l'imposition qui aurait été normalement
prélevée, il y a là un mécanisme d'évitement. Puis on peut utiliser une série
de vocabulaires, là, mais pour les fins de l'exercice de huit minutes, «paradis
fiscaux» inclut tous les endroits où l'imposition est anormalement basse. Et ça
permet donc à soit des véhicules ou des compagnies d'éviter de payer ces
impôts-là.
Michel Girard, dans le Journal de
Montréal, nous apprenait que la caisse est toujours très friande des paradis
fiscaux et des autres endroits avantageux sur le plan fiscal. Elle continue d'y
détenir des placements pour une vingtaine de milliards de dollars dans plus de
150 sociétés et fonds enregistrés dans des pays à fiscalité légère. C'est
du moins ce qu'il a réussi à comptabiliser parce qu'il rapporte également un
enjeu de transparence sur pour... à quel endroit et quels placements, là, se
retrouvent dans ces paradis fiscaux. Et ce qu'on comprend, c'est que la CDPQ a
décidé de ne plus publier la liste de ses investissements dans des paradis
fiscaux, ce qui, à nouveau, soulève des enjeux de démocratie, et de
transparence, et donc de confiance.
Ma première question. Pouvez-vous vous
engager à déposer de manière transparente et complète toutes les informations
relatives aux investissements de la caisse dans les paradis fiscaux, comme
c'était le cas avant, avec les montants ventilés et toute l'information pour
que ce soit clair?
M. Emond (Charles) : Bien,
en fait, notre information est plus précise qu'avant. Je suis content que vous
me posiez la question parce que... Revenons sur les faits qui étaient absents
dans l'article en question. Notre politique est unique dans le monde parmi les
investisseurs institutionnels. Elle est super simple, elle est concrète puis
facile à comprendre pour la population. Puis quand on l'a établie, cet
élément-là était important. Notre politique est que la société dans laquelle on
est investi paie un minimum de 15 % d'impôt, tel que conforme à l'accord
mené par l'OCDE puis plus de 130 pays, je parle de G20, point final. Il
n'y a pas d'autres critères.
Elle ne paie pas ça? On ne reste pas ou on
demande une modification de leur structure fiscale. Et si celle de paie, c'est
correct. Si la société... Et on a regardé plus de 1 800 dossiers dans
notre portefeuille, tous les dossiers, en fait, qui étaient en placement privé,
là, et en infrastructure, et en immobilier, tout ça. Et on a 11 dossiers sur
plus de 5 000 qui, peut-être, pour 1 milliard de dollars, pas
20 milliards, 1 milliard de dollars...
M. Emond (Charles) : ...Vont
nécessiter une revue plus en profondeur qu'on veut voir, si elles ont un
mécanisme quelconque qui fait en sorte qu'elles ne voudraient pas payer plus de
15 %.
Donc, ce qu'on a fourni dans notre rapport
annuel, par rapport à avant, c'est quelles sont les entreprises qui ne paient
pas d'impôt. Ce qu'on avait avant, puis, Monsieur Girard, vous faites référence
à Monsieur Girard, dans son article, voulait, c'est une liste de pays. Mais, un
pays n'est pas une fin en soi, ce qui est important, c'est que la société paie
des impôts. Point final. Sinon, ça veut dire qu'une entreprise au Canada qui
paie 2 % d'impôt, c'est correct, mais l'entreprise qui serait dans un
paradis fiscal, pour d'autres raisons, ça, ça ne serait pas correct.
Donc, pour nous, quand on dit qu'on est
friands de ça, vous savez, on est le seul investisseur institutionnel au monde
qui a cette politique-là. On a gagné un prix, on a impressionné les juges
là-dessus, le IJGlobal ESG Award, quelque chose qu'aucun autre investisseur,
selon les juges, n'accorde. Et je comprends que ça ne fait peut-être pas
l'affaire, cette liste-là, mais elle est plus précise qu'auparavant. On fournit
une liste d'entreprises qu'on considère pour être fautives.
Le Président (M. Simard) : M.
le député.
M. St-Pierre Plamondon : Vu
que j'ai 8 minutes, je vais vous relancer sur autre chose. J'irai chercher
cette information-là. Vous me l'apprenez. On fera la vérification, on pourra
faire un suivi, ultérieurement.
Dans la mesure où il reste, supposons,
1 milliard, peu importe qu'est-ce qui reste en paradis fiscaux, il faut
comprendre aussi que le grand public, lui, suit ça à partir de l'époque où les
paradis fiscaux et la Caisse, c'était un sujet qui revenait quand même souvent
dans les médias, à savoir qu'on réclamait de la Caisse qu'elle se retire
complètement. Dans la mesure qu'il reste 1 milliard ou 2 milliards ou
500 millions dans des endroits où est-ce que le taux d'imposition n'existe
pas ou peu, est-ce que la Caisse a un plan pour se retirer complètement de ce
qu'on appelle des zones franches ou des paradis fiscaux, et, si oui, pour
quelle année ce sera fait?
M. Emond (Charles) : Bien, il
faut voir. Premièrement, on n'en veut pas, c'est la politique. Donc, dans les
11 dossiers qui sont en cours, on va aller parler aux équipes de
direction, aux présidents de ces sociétés-là, puis on va aller vraiment dans
une analyse en profondeur pour juger. Premièrement, une entreprise, il est
possible qu'elle ne paie pas d'impôt pendant une année, peut-être qu'elle perd
de l'argent, ils ont peut-être droit à des crédits d'impôt ou... je ne le sais
pas, ou quoi que ce soit. Il faut voir aussi s'il y a un esprit derrière une
intention ou c'est simplement qu'ils ont un peu moins de 15 % pour une
année précise, mais après ça, ça remonte à 25 %. Il faut regarder ça dans
le temps.
Ce que je peux vous dire, c'est que, dans
les deux, trois dernières années, depuis que cette politique-là a été mise en
place, avec la nouvelle politique de l'OCDE, soit qu'on a refusé de faire
l'investissement quand on s'est rendu compte d'une telle structure, soit qu'on
a vendu, soit qu'on a changé la stature fiscale... La structure fiscale, pardon,
pour des dizaines de... pour à peu près une dizaine de milliards de dollars.
M. St-Pierre Plamondon : ...de
la réponse que la situation s'est améliorée. Ma question, par contre, est
légèrement différente, M. le Président. C'est : Est-ce que vous vous
engagez à un retrait complet, donc à une politique de résultat et non pas
d'intention, une politique de résultat, Tolérance zéro pour les zones franches
et les paradis fiscaux dans vos investissements à la caisse? C'est ça, ma
question.
M. Emond (Charles) : Bien, on
ne veut pas être dans les paradis fiscaux, c'est ce que la nouvelle politique
dit.
M. St-Pierre Plamondon : Ça,
c'est votre intention.
M. Emond (Charles) : Non,
non.
M. St-Pierre Plamondon : Moi,
je vous dis : Est-ce que vous prenez un engagement ferme à y arriver, et,
si oui, pour quelle année?
M. Emond (Charles) : Ce n'est
pas une intention. La politique, ça veut dire qu'on se régit de cette façon-là,
à ne pas investir...
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
on ne devrait pas en retrouver, si la politique a déjà... Est... a déjà
confirmé le refus complet des paradis fiscaux et des zones franches?
M. Emond (Charles) : Nous, si
une société ne paie pas, non, on ne va pas rester dedans, on ne va pas investir
dedans.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
votre engagement à avoir zéro... Votre engagement tolérance zéro envers les
paradis fiscaux et les zones franches, il est effectif en date d'aujourd'hui?
M. Emond (Charles) : Bien, écoutez,
là, ce que je vous dis c'est que peut-être que vais en... j'en ai une dans le
1 milliard qui reste. Je ne peux pas vous dire, mais on va le réviser
puis, s'il y avait quelque chose, on va prendre les mesures qui s'imposent.
Mais c'est une revue exhaustive qui s'est faite.
Et, pour la zone franche, j'ai mentionné
tantôt une réponse tout à l'heure. Il faut comprendre qu'une zone franche, pour
nous, ce n'est pas un cas d'abus de transfert de profit vers une juridiction
qui est... Disons, une entreprise veut faire accroire qu'elle a des
activités...
Le Président (M. Simard) : En
30 Secondes.
M. Emond (Charles) : ...Dans
un pays à fiscalité réduite, et sont signataires, de... Le pays en question, du
traité de l'OCDE. Et on croit qu'à terme ils vont avoir, dans la structure
qu'on est, pour une entreprise d'une telle taille, un pourcentage minimum
d'impôt de 15 % qui va être payé.
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
À vous, M. le député de Camille-Laurin. Puis on vous enlèvera votre puce, là.
Alors, je cède maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. de... Président. J'aimerais ça aller sur le terrain de... des
indices de référence, le benchmarking de Global, la façon que c'est présenté,
en fait, là, dans le rapport, peut-être mettre le contexte, là, pour que tous
soient à peu près sur le même pied d'égalité, là.
L'indice de référence qui est utilisé à la
Caisse de dépôt, ça a été...
M. Beauchemin : ...monter
comment puis quelle sorte de groupes d'intervention à l'interne et à l'externe
ont pu participer, là, pour la construction, là, de l'indice de référence?
M. Emond (Charles) : Oui.
C'est important. Il y a une gouvernance très solide qui est faite autour des
indices, plusieurs étapes, avec plusieurs firmes externes auditées, vérifiées
jusqu'au conseil d'administration, notifiant aux clients de tout changement. Et
qui eux-mêmes, nos clients, les déposants demandent des avis à leurs
consultants externes. Donc, je sais que des gens pensent que je m'amuse à
inventer des indices dans mon bureau. Mais la réalité, c'est que ce sont des
indices qui existent, mais qui sont validés en termes de leur représentativité,
leur simplicité, leur mesurabilité. Et cet élément-là aussi est un des éléments
où est-ce qu'on va avoir les firmes externes, des firmes de consultants qui
comparent avec ce qui se passe dans l'industrie et viennent valider l'exactitude.
Alors, c'est vraiment, tant au départ, il y a un comité à la caisse,
indépendant des équipes d'investissement qui établit qu'est-ce que ça devrait
être. Donc, les gens qui auraient un intérêt à vouloir un indice plus qu'un
autre sont exclus constamment de ça. Et ça monte à un sous-comité du conseil
d'administration, qui est le... le comité investissement gestion, risques, sur
lequel siège notre président, mais d'autres personnes du conseil. C'est validé
par le C.A., c'est audité chaque année. Nos clients sont avisés des
changements, demandent des avis à leurs consultants externes. Donc c'est
quelque chose sur lequel on est très, très, très surveillés et vérifiés, parce
qu'en réalité, ce que les déposants veulent de nous, c'est qu'on leur fournisse
une valeur ajoutée de 80 points de base sur cinq ans. C'est notre
bulletin. Alors, cet élément-là est très important.
Est-ce qu'il peut varier d'un joueur ou un
fonds de pension à l'autre? Bien, la réponse est oui. Évidemment, elles n'ont
pas toutes le même mandat, puis elles n'ont pas toutes la même répartition
d'actifs. Il faut que tu aies quand même des indices qui soient représentatifs
de ce que tu fais. Mais je peux dire qu'on a des indices qui sont exigeants
puis à la hauteur de ce que nous avons comme stratégie. Puis il faut comprendre
qu'à la Caisse, contrairement à d'autres fonds de pension, nos déposants
décident ultimement de la répartition d'actifs et donc cet élément-là entre en
ligne de compte également.
• (17 heures) •
M. Beauchemin : ...où est-ce
que je voulais en arriver. 48 déposants?
M. Emond (Charles) : Oui.
M. Beauchemin : 48 mandats
différents?
M. Emond (Charles) : Oui.
M. Beauchemin : 48 indices de
référence différents?
M. Emond (Charles) : Non. Il
faut comprendre que ce qui distingue les 48 déposants, ils ont le droit à,
disons, cinq portefeuilles, cinq, six portefeuilles qui sont les mêmes,
portefeuille revenu fixe, portefeuille d'actions publiques, portefeuille
placements privés, infrastructures, immobiliers. Mais ils ont tous le même
produit avec les mêmes indices. C'est dans la pondération, il y en a qui vont
prendre très peu de risques. Il y en a qui vont prendre beaucoup plus de
risques, donc ils ont le même, je dirais... toujours le même petit cube de
Jello pour chacun, mais ils ne mettent pas la même... la même proportion de
tout ça. Mais ce sont les mêmes indices en immobilier pour les
48 déposants. Et peut-être qu'il y a un déposant qui a 5 %
d'immobilier, peut-être que l'autre en a 14 %.
M. Beauchemin : Est-ce qui...
Lorsque c'est... l'annonce des résultats de la Caisse, qu'est-ce qui détermine
donc ce genre d'indice de référence, là, qui... la pondération semble être...
est-ce que ça, c'est la moyenne des déposants, finalement, qu'on voit?
M. Emond (Charles) : Bien, en
fait, c'est une bonne question. Quand on dit : La Caisse génère 9 %
de rendement, je ne veux jamais faire peur à personne, là, quand je dis ça,
mais ça n'existe pas, c'est une vue de l'esprit, c'est la moyenne pondérée des
rendements tous différents des 48 déposants. Ceci étant dit, on a quand
même huit déposants qui représentent près de 90 %, si ce n'est pas plus,
de tous nos actifs. La RRQ, juste celui-là, 100 milliards, le plus gros,
puis il y en a des tout-petits, donc évidemment c'est une... c'est un total
agrégé de l'ensemble. Et puis c'est ce qui fait que le rendement de la caisse,
c'est une moyenne, mais la preuve, je ne parle jamais du rendement global de la
caisse à un des nos clients. Ça ne l'intéresse pas.
M. Beauchemin : ...veut
savoir son rendement...
M. Emond (Charles) : Exactement.
M. Beauchemin : O.K., donc
dans le contexte, où est-ce qu'on comprend donc que chaque classe d'actifs a
été pondérée, chaque sous-classe d'actifs a été mesurée, et la construction de
l'indice qui a été faite, etc... il y a eu des consultants...
17 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...des gens à
l'interne, à la caisse, qui ont pu avoir peut-être un petit peu leur grain de
sel là-dessus. Est-ce que vous êtes capable de nous expliquer la différence
entre ce qui se passe à la Caisse de dépôt, par exemple, puis à une autre
caisse de retraite, comme par exemple Omers...
M. Emond (Charles) : Teachers.
M. Beauchemin : ...Teachers
ou...
M. Emond (Charles) : Bien, si
on prend, par exemple... Bien, premièrement les fonds de pension, dans le... il
y en a qui vont vouloir établir un indice basé plus sur le niveau de risque qu'ils
prennent dans l'ensemble. Il y en a qui ne se cassent pas la tête. Si on prend
le régime de pension du Canada et on prend un indice, 85-15, 85 % actions,
15% obligations. C'est tout. Nous, ce serait un 60-40. Ce n'est pas dans nos
indices, on regarde tout le temps. Il y en a d'autres que c'est plus un
appariement de passif, où est-ce qu'à ce moment-là, la valeur absolue, c'est
moins un élément. Teachers, Omers sont comme ça, nous, la caisse ne gère pas l'aspect
passif de ses clients. Puis, dans d'autres cas, ça peut être autre chose.
Si on prend, par exemple, Teachers, ce qui
peut être trompeur, si je regarde sur cinq ans, nos indices ont été plus
exigeants que pratiquement toutes les classes d'actifs que Teachers... plus
exigeants, depuis cinq ans, en infrastructures que Teachers, plus exigeants que
ceux de Teachers en immobilier.
M. Beauchemin : Plus
exigeants, dans quel sens?
M. Emond (Charles) : Plus
élevés, ils ont fait une performance plus élevée, donc la barre était plus
haute. Ceci dit, tu peux quand même arriver au global, puis même si on est plus
exigeant dans chaque catégorie d'actif avec notre indice, Teachers a un indice
global qui va être plus élevé que nous, mais pourquoi? Bien, ils ont peut-être
beaucoup plus d'actions, puis on a beaucoup plus de revenus fixes. Ça fait que,
même si notre indice de revenu fixe est plus exigeant que le leur, puis notre
indice d'action est plus exigeant que le leur, bien, il n'en demeure pas moins
que les actions, ça fait plus de rendements que les obligations. S'ils ont
beaucoup plus d'actions que nous, puis nous, on en a plus de revenus fixes,
même si chaque indice est plus exigeant, ça va être plus bas, au global. C'est
ce qui peut mélanger, des fois, certains chroniqueurs.
M. Beauchemin : Finalement,
on avait une conversation, M. le ministre et moi ce matin, entre les classes d'actifs,
les obligations en moins... les actions... J'expliquais la différence entre la
performance du Fonds des générations et le coût d'emprunt du Québec.
M. Girard (Groulx) : Mais
juste une précision, M. le Président. On surveille évidemment, puisque moi, je
suis aussi déposant, on surveille évidemment la performance par rapport aux...
Il y a huit caisses de retraite majeures au Canada. Il y a un enjeu de
comparabilité où les périodes de mesure de rendement ne sont pas les mêmes. Et,
comme on est dans une période de volatilité de marché, de comparer des
rendements qui ne sont pas pour la même période, c'est difficile. C'est pour ça
qu'on va aller... on va regarder le cinq ans, le 10 ans, et la performance de
la caisse est bonne par rapport à son indice cinq ans et 10 ans, et c'est signe
d'une saine gestion.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Donc, juste
revenir. Donc, Il y a 90 %, donc, de la gestion de la caisse, ça, c'est
les huit plus gros déposants qui... ça. Quand vous regardez ça, puis vous
comparez, disons, si c'est possible de se comparer... Il y a quand même
plusieurs parties qui tirent la couverte de leur bord, si on peut dire, d'une
certaine façon. Quand vous comparez, par exemple, à Omers... les retraités, là,
tu sais, c'est comme...
M. Emond (Charles) : Oui. La
façon de le faire à ce moment-là... parce que je viens d'un milieu que vous
êtes familier, je me mesure tout le temps par rapport aux autres, avec mes
équipes également. Sauf qu'on ne peut pas prendre le global caisse, parce que
la caisse a un niveau de risque... qui est essentiellement le plus bas ou l'avant-dernier,
beaucoup plus bas. Ce qu'on peut faire, par exemple, puis que je montre à mes
clients qui veulent savoir, comme clients : Qu'est-ce que tu peux me
donner comme meilleure mesure... Mais notre plus gros déposant, la RRQ, lui, je
peux le comparer, parce qu'il y a un niveau de risque qui s'apparente plus à
mes autres... mes autres, pardon, on ne peut pas dire compétiteur, les autres
fonds de pension parce qu'ils en ont juste un déposant. Donc là, je prends le
plus... ça adonne que c'est le plus gros en plus, tant mieux.
Si on regarde pour 2022, donner une idée,
parce que ça, je le montre à chacun de nos clients, la RRQ a un rendement de
-3,9 cette année, et elle était septième, ça la plaçait septième dans le monde,
sur les 40 plus grands fonds de pension dans le monde. La moyenne de ces 40
plus grands fonds de pension dans le monde était d'à peu près moins...
M. Emond (Charles) : ...j'y
vais de mémoire. Le CPP, qui est le fonds de pension du Canada, lui, émet à
tous les trimestres, donc on peut le calculer pour le 31 décembre. Comme
lui est moins 5, alors que la RRQ, moins 3,9... est à moins 8,6, on était...
bon. À ce moment-là, aussi, ce qu'on peut regarder, en 2021, la RRQ a fini
premier parmi le «Maple Eight». Cette année, vous faites référence à deux noms,
OMERS puis Teachers, qui ont fait à peu près 4 % chacun. Ce sont les seuls
qui ont eu... Teachers a... Ce sont les seuls qui ont eu un rendement positif
dans le monde parmi ces 40 là, les seuls.
Donc, ce n'est pas la caisse, je dirais,
qui est comme une exception, c'est plus ces deux-là. Il y a une couple de
raisons à ça. Dans le cadre de Teachers, ils ont un mandat très particulier, il
y a 20 % de leur portefeuille qui est pour «hedger» à l'inflation, parce
qu'ils s'occupent du passif puis ils doivent fournir des prestations de
retraite nettes de l'inflation. Ils n'ont pratiquement pas de marché boursier,
ils sont en bas de 9 %. La caisse va avoir 25, 27 %. Et donc ça,
c'est un des éléments qui rentrent en ligne de compte.
Un des éléments aussi, c'est que Teachers
avait une durée dans son portefeuille de revenu fixe d'un an. Nous, nos clients
préfèrent une durée plus longue, on a 10 ans. Dans une hausse de taux,
quelqu'un comme vous sait qu'est-ce que ça a fait, ça a fait une plus grande
volatilité. Mais, de ce côté-là, ce que ça fait, c'est que, si on regarde sur
un an, cinq ans, 10 ans, la RRQ se place toujours à peu près numéro deux
ou numéro parmi le «Maple Eight».
M. Beauchemin : Si on
compare, justement, le portefeuille de Teachers... excusez, des obligations
rendement réel, et puis aussi du marché monétaire, ou un an obligataire...
M. Emond (Charles) : Oui, qui
est plus de moins liquides.
• (17 h 10) •
M. Beauchemin : Plus de moins
liquides, effectivement. Quand on regarde ça puis on regarde, donc, le profil
de déposants de Teachers en tant que tel, est-ce qu'ils sont rendus, donc, plus
matures comme... non pas comme gestionnaire, mais comme gestionnaire en fait
de... Est-ce que leurs clients, hein, des déposants, sont plus matures, disons,
dans le processus du cycle? En d'autres mots, à chaque année, maintenant,
Teachers est plus orienté vers redistribuer de l'argent versus recevoir des
nouvelles contributions.
M. Emond (Charles) : Oui, du
«Maple Eight», c'est le plus avancé. En fait, il y a 6, 7 % de sortie de
fonds par année pour, vraiment, une base démographique, les enseignants, qui
est plus âgée. Puis il faut comprendre, donc, que c'est une... Ils ont une
politique de placement un petit peu... très différente des autres 40
grands fonds de pension que je vous ai mentionné. La preuve, c'est, quand on
prend le Teachers versus la RRQ, on a dépassé Teachers comme rendement dans les
quatre des cinq dernières années et on les a dépassés sept fois dans les
10 dernières années. C'est une stratégie très particulière que de payer
dans une hausse d'inflation record qui a eue, comme, pour la première fois en
40 ans, qui a fait que Teachers a ressorti du lot des 39 autres.
Mais, sur le long terme, c'est quelque chose qui nous a plus... bien qu'il
n'est pas le même mandat pour nous, puis que... de toute façon, sur le long terme,
a été bénéfique aux déposants de la Caisse.
M. Beauchemin : Le
gestionnaire le moins preneur de risque, on peut dire, d'une certaine...
M. Emond (Charles) : Oui.
Bien, pas juste ça, mais qu'ils ont un mandat net de l'inflation qui fait
qu'ils s'occupent également du passif, pas comme nous. Donc, ils peuvent aller
mettre la répartition d'actifs où est-ce qu'ils veulent, ils ont un seul
client. Il y a de l'appariement qui est important. Il y a un «hedge» à
l'inflation pour 20 %. Vous savez, ce 20 % de ton portefeuille qui
est lié à ça, cette année, c'est quelque chose qui a fait du 20 %, il n'y
a personne dans le monde qui avait le même mandat que ça. Ça a donné 4 %
pour Teachers. Ça adonne que c'est un de nos voisins. On est contents pour eux.
Mais en réalité, sur le long terme, ce n'est pas une stratégie qui s'est avérée
constamment payante. Mais ce n'est pas ça qu'ils visent non plus, là, Teachers
a eu d'excellentes performances pareil dans le passé.
M. Beauchemin : ...simplement
s'assurer d'avoir l'argent annuellement pour distribuer à leurs pensionnaires.
M. Emond (Charles) : Oui,
exact.
M. Beauchemin : Dans le cas
de la Caisse de dépôt, avec les 48 déposants, est-ce le profil, avec la
démographie qu'on connaît, est-ce que le profil est en train de changer aussi?
M. Emond (Charles) : Oui, il
est en train de changer. Ça fait depuis 1965 qu'en fait il y a des rentrées de
fonds à la caisse. À partir de 2024-2025, on va atteindre un point de bascule.
C'est très petit encore. Je ne voudrais pas inquiéter les gens d'aucune façon.
Je l'ai déjà mentionné publiquement. Ça veut dire qu'il va commencer à avoir
0,25 % ou 0,5 % de sortie de fonds de nos actifs. Ce que ça veut
simplement dire, c'est qu'il va y avoir un tout petit pourcentage des
rendements, maintenant, annuellement, qui vont devoir financer les pensions,
alors qu'avant on pouvait prendre tous nos rendements, les mettre de côté. La
croissance de la Caisse s'est surtout faite par les rendements, à 95 %.
Mais oui, il y a un petit point de bascule, ce qui fait que, moins de Teachers,
mais plus que CPP, qui lui a des rentrées de fonds pour encore 50 ans. La
caisse se retrouve dans le milieu, où est-ce que je dirais, ça fait en sorte
que ça change, ça module un peu vers une prise de risque un peu moins. Je vous
dirais que notre... Si le client de CPP a 30 ans...
M. Emond (Charles) : ...client
Teachers a 70, nous, il approche le tournant de la cinquantaine, puis il
commence à prendre moins de risques.
M. Beauchemin : C'est un
petit peu... En fait, on arrive vers la conclusion, c'est un petit peu vers là
où est-ce que je voulais en arriver, dans le sens que ça, ça va vraiment être
l'élément qui va faire en sorte que la gestion, à l'avenir, de la Caisse de
dépôt va être de moins en moins risquée, si on peut dire, d'une certaine façon.
Tranquillement pas vite, le profil de risque devrait... à ce que la... au
profil, finalement, des déposants.
M. Emond (Charles) : ...oui
et non. En fait, il y a une prise de risque intelligente. Il est possible de
maintenir leur rendement, mais ce qu'on essaie de faire, c'est toujours de
moduler la construction de portefeuille pour leur faire prendre du risque
additionnel mais qui est marginal puis qui rapporte plus. Donc, est-ce que, par
exemple, il est bon de passer des obligations à un petit peu plus de crédits
privés ou d'infrastructure pour simplement arriver ce qu'on appelle un... je ne
veux pas tomber dans la technicalité, mais un «sharp ratio», le ratio qui fait
en sorte qu'on réussit à maintenir des rendements d'une façon qui est prudente
pour eux et qui continue à répondre à leurs besoins, là, le fameux 6 %
annuel au global?
M. Beauchemin : Effectivement.
Puis, justement, une des... Je ne me souviens plus, je pense que c'est à la
page 61, là, du rapport de la Caisse de dépôt où on le voit, puis je
reviens encore sur le point, là, de l'infrastructure, qui semble être quand
même la piste d'avenue, on semble être... s'orienter vers cette décision-là. La
proportion des investissements... en placement, excusez, de la Caisse de dépôt
au Canada, c'est 30 %. En infra, on parle de 15,7 % canadien. Puis,
hors Canada, c'est 70 % du portefeuille de la Caisse, toutes classes d'actifs
confondues, là. Les infrastructures représentent 85 %. Donc, évidemment,
si je peux en arriver à une conclusion, puis il me reste peut-être
30 secondes, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Ah!
un peu plus, 50.
M. Beauchemin : Merci.
On en... Généreux. On en arrive, donc, à peut-être se dire que la piste de
solution, c'est d'avoir le plus possible d'infrastructures canadiennes,
finalement, en bout de piste, qui serait l'objectif le plus ultime.
M. Emond (Charles) : C'est
pour ça que, dans mes commentaires, j'avais dit qu'avant d'aller faire des
projets d'infrastructures ailleurs, à l'autre bout du monde, ce qu'on va
continuer à la faire, mais un véhicule comme CDPQ Infra peut amener beaucoup de
projets structurants pour le Québec. Et, en ce sens-là, je pense que ça
s'inscrit dans vos propos.
M. Beauchemin : Toutes
catégories d'infrastructures confondues, ça peut...
M. Emond (Charles) : Oui,
oui, oui.
M. Beauchemin : ...que
du Greenfield?
M. Emond (Charles) : Oui.
M. Beauchemin : D'accord.
Bien, écoutez, c'est terminé? Oui. Merci beaucoup.
M. Emond (Charles) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous. Je cède maintenant la parole, pour un dernier bloc d'échanges, au
député d'Orford.
M. Bélanger : Merci, M.
le Président. Je comprends qu'on n'est pas obligé d'utiliser tout le bloc.
Donc, moi, je me suis gardé deux questions parce que deux questions pour des
secteurs où je suis extrêmement passionné. Puis ça m'intéresse beaucoup,
l'expertise de la caisse parce que je réalise qu'au fur et à mesure des
investissements, vous avez développé une expertise vraiment intéressante,
surtout pour analyser les dossiers. Donc, j'ai une question qui est dans le
secteur du numérique puis j'en ai un autre qui est dans le secteur de
l'énergétique.
Je vais commencer par énergétique. Puis
c'est peut-être une question vraiment pointue, là, mais c'est quelque chose qui
me passionne. C'est au niveau de l'hydrogène, puis de l'hydrogène vert. Puis je
me posais la question comment vous voyez le potentiel pour ce marché-là,
hydrogène vert? Puis là je mettrais la particularité parce qu'au Québec c'est
un peu sensible, là, mais «off grid», O.K. qui pourrait être, exemple, produit
à partir de l'éolien, et le potentiel au niveau de l'utilisation subséquente du
traitement par l'électrolyse, là, de l'énergie et de l'engrais au niveau
mondial. Je pense que c'est quelque chose qui a été regardé depuis quelques
années, mais à cause des tarifs, tout ça, c'était moins intéressant. Mais là je
comprends que les tarifs, peut-être, commencent à descendre. Ça fait que
comment la caisse, au niveau mondial, là, mais pour cette filière-là en
particulier?
M. Emond (Charles) : Bien,
c'est une bonne question. Puis souvent il arrive des nouvelles, on va dire,
nouvelles thématiques comme ça, puis on commence à s'y intéresser d'avance.
Évidemment, des fois, il y a des choses qui paraissent intéressantes avant que
ça devienne investissable à l'intérieur de nos paramètres de risques. Ça, c'est
une deuxième chose. Néanmoins, la façon de faire habituellement qu'on aime,
c'est approcher plusieurs industriels, des joueurs majeurs dans le monde, dans
l'hydrogène, pour apprendre d'eux, pour voir le trafic, qu'est-ce qui se passe,
qu'est-ce qui se développe, les nouvelles connaissances, les projets, qu'est-ce
qui se fait ailleurs dans le monde. Une des choses qu'on a faites en ce
sens-là, c'est un début, je crois que c'est cette année, on a investi...
M. Emond (Charles) : ...investi
dans un des plus gros fonds d'hydrogène au monde, mais il n'est pas gros, il
était seulement 1 milliard et quelques de dollars avec tous les gros
joueurs, les gros dans le monde, les Air Liquide, on a mis une centaine de
millions pour commencer à faire des transactions dans le secteur, se
familiariser, avoir une intelligence de marché. Puis, si on veut faire un peu
plus, avoir des partenaires, des joueurs stratégiques qui oeuvrent dans cette
industrie-là, puis éventuellement aussi importer après ça, cette
connaissance-là, puis en... en leur mettant le Québec sur leur radar. Donc,
c'est un peu ce qu'on a fait jusqu'à présent.
M. Bélanger : C'est
intéressant. Je vais arriver avec ma deuxième question, c'est au niveau du
numérique, mais ça, c'est un secteur qui me passionne beaucoup, puis je ne veux
pas parler du Québec, je veux parler à l'échelle mondiale. Évidemment, il y a
la transformation numérique de l'économie au niveau mondial, la venue du 5G,
l'Internet des objets, son impact au niveau de l'agriculture, puis tout ce
domaine-là, puis tout ça transite par une toile, par le Web, et puis, bon,
c'est une toile qui est... c'est... c'est majeur, et ça utilise beaucoup
d'énergie, d'énergie qui origine au niveau du charbon, de l'énergie non
renouvelable. Donc, on se retrouve avec des... des gros joueurs, mais je
dirais... je vais mettre ça plus simple, les GAFAM, les GAFAM ont un souci de
se décarboner et dans... ce souci-là fait qu'ils regardent au niveau
d'investissement qui leur permettraient justement de... de se décarboner à ce
niveau-là, ça fait que quel potentiel au niveau mondial vous voyez suite à
la... à ce qui est en cours, là, transformation numérique de l'économie, est-ce
qu'il y a un potentiel à aller chercher à ce niveau-là?
• (17 h 20) •
M. Emond (Charles) : Vous
voulez dire au niveau des investissements qui permettent aux GAFAM de se
décarboner? Dans le fond, du offset ou des choses comme ça?
M. Bélanger : Oui. Les
investissements que les GAFAM pourraient peut-être faire, par exemple, je peux
mettre ça simple, un centre de données en Scandinavie parce que, bon, il
utilise de l'énergie... un vieux barrage, etc. Mais est-ce qu'il y a un
potentiel? Est-ce que la Caisse voit un potentiel à ce niveau-là dans cette...
Parce que c'est quand même le Web, je simplifie, là, mais c'est quand même un
des plus...
M. Emond (Charles) : Oui,
c'est un gros consommateur.
M. Bélanger : Si c'était un
pays, là... C'est un gros consommateur d'énergie.
M. Emond (Charles) : Oui.
C'est un pays, oui.
M. Bélanger : Oui.
Je dois admettre qu'on n'a pas eu de discussion
avec des GAFAM, particulièrement sur ça. Je sais qu'ils ont quand même beaucoup
d'intérêt pour le Québec, les centres de données, les... et... et d'autres
éléments, mais on n'a pas vraiment exploré, je pourrais vous dire, cet
aspect-là avec eux spécifiquement actuellement, peut-être dans le futur, là, on
serait ouvert à le considérer certainement, mais j'ai... je ne peux pas vous
faire une référence, là, un projet, une discussion particulière avec eux à ce
stade-ci.
M. Bélanger : Parfait.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Bélanger : Moi... moi, je
n'avais pas d'autres questions.
Le Président (M. Simard) : Ça
va? Alors, merci à vous, cher collègue d'Orford. Donc, M. Emond,
M. St-Gelais, merci beaucoup pour votre présence parmi nous aujourd'hui.
Ce fut fort apprécié.
En terminant, je dépose les réponses
formulées par le gouvernement aux questions adressées par l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure qui avance,
nous allons suspendre momentanément nos travaux afin de faire place à nos
prochains invités. Et on se retrouve à 17 h 40. Au revoir.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 39)
Le Président (M. Simard) : Très
bien, merci. Chers collègues, nous reprenons nos travaux. Nous avons quorum.
Nous sommes en mesure de poursuivre nos échanges.
Et notre commission est maintenant réunie
afin de poursuivre et l'étude du volet Loto-Québec des crédits budgétaires du
portefeuille Finances pour l'exercice financier 2023‑2024. Alors, une
enveloppe budgétaire, cette fois-ci, a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, comme d'habitude, nous fonctionnons par blocs d'échange, et je
laisse le soin au député de Marguerite-Bourgeoys de casser la glace.
• (17 h 40) •
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à tout le monde qui sont ici aujourd'hui. On a
un dossier intéressant. On veut comprendre les motivations et on veut comprend
la progression de la société Loto-Québec pour l'avenir.
Donc, le modèle d'affaires de Loto-Québec,
évidemment le jeu sous plusieurs formes, évidemment. Propriétaire de casinos,
il y a des des endroits, à travers le Québec au grand complet, où des machines
à sous sont accessibles pour plusieurs Québécois et Québécoises d'aller s'entretenir
avec ces machines-là. Le gouvernement... bien, en fait Loto-Québec semble
vouloir y aller de l'avant avec aussi des concepts de salon de jeux. On a
entendu, dans le passé, là, ce qui s'est passé avec le salon de jeux dans la
grande région de Québec. Puis là, maintenant, on entend parler, là, du salon de
jeux qui est envisagé au centre-ville de Montréal. Je voulais avoir votre
opinion, je...
(Consultation)
M. Beauchemin : Je voulais
avoir votre opinion sur — c'est pour le ministre, qui peut peut-être
répondre ou passer le microphone — à savoir, l'initiative de faire le
salon de jeux au Centre Bell, est-ce que la thèse d'investissement, si on peut
dire, tient la route, selon vous?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est
un projet de Loto-Québec, alors on a son P.D.G. qui est ici, on va lui passer
la parole. Et nous, on a une occasion souvent de se parler. Si vous voulez
avoir mon opinion spécifique, ça me fera plaisir de répondre. Mais là, on a
juste une heure avec l'équipe de Loto-Québec. On va passer la parole à notre P.D.G.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. Bergeron, vous êtes bien connu du grand public, mais néanmoins, aurez vous d'abord
l'amabilité de vous présenter?
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien sûr. Mon nom est
Jean-François Bergeron. Je suis le P.D.G. de Loto-Québec. Bonsoir à tous!
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous vous écoutons, monsieur.
M. Bergeron
(Jean-François) :Oui, bien, en fait, le
projet du salon de jeux de Loto-Québec, ce n'est pas un projet nouveau, en
fait. D'abord, j'aimerais dire que Loto-Québec aura le mandat de gérer l'offre
de jeux de hasard et d'argent au Québec depuis 50 ans, et la mission de
Loto-Québec, c'est de le faire avec un équilibre entre une commercialisation et
une offre responsable. Et chemin faisant, au travers ça, on a eu aussi le
mandat, voilà 30 ans, de sortir les vidéopokers des bars, hein, il y avait
40 000 appareils, et de réduire le nombre, de mettre une offre
alternative, et ça fait 30 ans. Et Loto-Québec a fait un bon job au
travers ça, mais ça fait 30 ans. Aujourd'hui, on se rend compte que les
vidéopokers, en fait, c'est des ALV maintenant, dans les bars.
M. Girard (Groulx) : Oui,
juste... les acronymes pour les gens qui nous suivent, qui écoutent, ALV,
appareil de loterie vidéo.
M. Bergeron
(Jean-François) :Merci. Et donc
M. Girard (Groulx) : Allez-y.
M. Bergeron
(Jean-François) : Et donc aujourd'hui...
M. Bergeron (Jean-François) :...qu'on souhaite faire, c'est de revoir un peu le modèle
de l'offre et de la demande encore plus sécuritaire. Il y a une adéquation
entre l'offre, quand elle est offerte d'un point de vue isolé, et c'est un
gradateur. Et, plus ce qui est offert d'une forme isolée, où le joueur s'isole,
plus que les risques liés au jeu sont élevés, plus qu'à l'opposé du spectre,
plus ce qui est offert dans un environnement où il y a de la socialisation, où
il y a du divertissement, les risques sont moins grands. Mais il y a toujours
un risque.
Donc, le projet maintenant du salon de jeu
s'inspire du succès des deux autres salons de jeu qu'on a déjà, celui de
Trois-Rivières et celui de Québec. Et on le voit encore plus dans une offre de
divertissement où l'offre alimentaire s'amalgame au divertissement et aux jeux
de hasard et d'argent. Donc, on a eu une opportunité de considérer un tel salon
à côté du Centre Bell, donc c'est vraiment dans un esprit d'amalgamer le
divertissement qu'on le retrouve au Centre Bell avec l'offre de Loto-Québec. Et
évidemment, il y a d'autres étapes, là.
M. Beauchemin : De par le
passé, il y a eu un salon de jeu ici, à Québec, qui a été finalement déménagé.
Est-ce que vous pourriez nous ramener un petit peu dans l'histoire, pourquoi,
finalement, ça avait été déménagé?
M. Bergeron
(Jean-François) :Le Salon du jeu a été
relocalisé, en fait, ça fait un an et demi, à peu près, là, novembre, pas
passé, mais l'autre d'avant, a été fait à partir... Parce que l'opération était
dans le secteur de Vanier. Et il avait certaines opinions, à savoir que ce
secteur-là était plus dans un secteur considéré vulnérable et il était
préférable de le relocaliser, ce qui a été fait à Beauport.
J'aimerais souligner cependant que ce
déménagement-là s'est bien fait. En fait, les seules critiques qu'on a eues,
c'est de partir de Vanier. Quand on a démarré le Salon de jeu à Québec, à
Beauport, ça s'est très bien fait. Ça s'est fait en collaboration avec la
communauté autour de Beauport, ça s'est fait avec le milieu d'affaires de
Beauport, alors on n'a eu aucun... aucune mauvaise presse avec ce salon de jeu
là.
D'ailleurs, on découvre que les salons de
jeu signés Loto-Québec offrent une offre beaucoup plus sécuritaire que des
appareils à loterie vidéo dans les bars.
M. Beauchemin : est-ce que,
vous, M. le ministre, vous étiez d'accord avec cette décision-là, de faire ce
déménagement-là?
M. Girard (Groulx) : Bien
sûr, c'est moi qui l'a autorisé.
M. Beauchemin : D'accord.
M. Girard (Groulx) : Puis il
y avait... Il y a eu toute une étude en arrière de ça, un procès. Ça a été fait
de façon très professionnelle. Et c'est positif d'un point de vue monétaire,
d'un point de vue social. Bref, ça a été bien planifié, c'est un succès.
M. Beauchemin : La raison
pour... La CAQ voulait donc le déménager, c'était la même raison que vous avez
mentionnée, là?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
ne sais pas pourquoi vous dites la «CAQ», là.
M. Beauchemin : Bien, le
gouvernement. Excusez.
M. Girard (Groulx) : C'est
parce que c'était connu que le... c'est le Gouvernement, là. C'est connu que le
salon de jeu était dans un secteur défavorisé, et, en vertu des critères de la
Santé publique, il n'était pas optimal d'être dans ce secteur.
Et une décision a été prise de regarder
les alternatives. Lorsque les... dans les alternatives qui ont été analysées,
il y avait la possibilité de faire un casino à Québec. Il y avait même des gens
qui idéalisaient une situation, là, où on faisait un casino au Château
Frontenac, et tous les croisiéristes venaient dépenser leur argent étranger
dans un casino à Québec.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Girard (Groulx) : Et puis,
on s'est rendu compte que, premièrement, les bateaux de croisière n'aimaient
pas ça.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : Parce
qu'ils avaient des casinos sur leurs propres bateaux...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : Et que,
deuxièmement, la majorité des joueurs étaient des joueurs locaux et non des
touristes.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre.
M. Beauchemin : Parfait.
Donc, quand on regarde l'Institut national de santé publique du Québec, ils ont
un Géoportail de santé publique du Québec et ils font une cartographie de la
région, là, de Montréal pour démontrer le même indice, là, de vulnérabilité aux
jeux et hasard et d'argent. Et il y a une gradation, évidemment, de couleurs.
Je vais vous la montrer, la carte, là, pâle, beige, blanc, c'est très faible,
et puis vert forêt, c'est un risque très élevé...
M. Beauchemin : ...au jeu,
pour la population qui est vulnérable.
Sur cette carte-ci, on voit... Je ne sais
pas si tout le monde peut bien la voir, mais sur cette carte-ci, on voit, donc,
les zones vert forêt, vert foncé. C'est les zones qui sont à risque un peu
partout, là, mais, spécifiquement, ici, on parle du centre-ville de Montréal,
puis c'est juste ici. Et puis ça, c'est une zone qui est aussi à risque que ce
que ça a été pour le salon de jeux, là, de Québec. Et puis la décision a été
quand même d'aller de l'avant avec... 1909, avenue du Canadien, là, pour que
l'adresse soit précise, là, c'est le point, là, ici, qui est là-dessus, puis
c'est le Centre Bell.
Donc, cette décision-là d'aller de l'avant
avec ce projet-là de salon de jeux à Montréal, en considération de
l'information qui vient de l'Institut national de santé publique du Québec,
semble être exactement la même information qui a été à la base de la décision
pour bouger le casino, qui était... il a bougé, là, donc, il y a un an et demi.
Ça fait que la raison pour laquelle je pose la question, c'est que ça semble
être les mêmes variables qui justifiaient le déménagement à Beauport, pour
celui de Québec, mais pour Montréal, on n'a pas réagi de la même... la même
décision n'a pas été prise. Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi?
• (17 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, vous utilisez la langue française et précise, vous utilisez le terme
«décision» pour un projet. Alors, il n'y a pas de décision. Ensuite, j'ai
demandé un avis à la Santé publique. Je n'ai pas reçu de réponse à cet avis-là.
Mais c'est certain que ce qui est intéressant... puis là je vais passer la
parole à M. Bergeron... toujours M. Bergeron, oui, vous n'avez pas changé de
nom depuis... excusez-moi, ça peut être long, les crédits... c'est notre
P.D.G.... c'est qu'on retirerait des appareils de loterie vidéo dans la région.
Au net, il y aurait moins d'appareils de... Le projet, tel qu'il est conçu, au
net, il y a moins d'appareils de loterie vidéo dans le secteur. Alors, j'ai
demandé un avis à la Santé publique.
M. Bergeron
(Jean-François) :Si je peux me permettre,
les critères dont vous parlez, on n'utilise pas tout à fait les mêmes, mais ils
viennent de la Santé publique aussi, là. Donc, la cartographie, elle fonctionne
par région, par arrondissement. Et, si on prend un rayon de 2,3 kilomètres,
c'est ce qu'on utilise, ça touche quatre secteurs, en fait, et trois de ces
secteurs, sur les quatre, on est sous le seuil de nombre de machines et de
nombre de portes. Donc, on pourrait, aujourd'hui, avec les mêmes critères,
ajouter de l'offre et on serait toujours sous les critères sur lesquels
gouvernent les décisions de Loto-Québec, qui ont été établis avec Santé
publique.
Ceci dit, si on se limitait à ce qu'on
propose, on pourrait le voir comme vous le voyez, mais le projet est beaucoup
plus complet. C'est-à-dire que non seulement on retire... en fait, on n'ajoute
aucune machine, on n'ajoute aucun appareil, on transfère certains appareils du
Casino de Montréal... on transférerait certains appareils du Casino de Montréal
au nouveau Salon de jeux, donc on n'ajoute pas une offre. On réduit de 250
appareils autour du Salon de jeux puis on en retire un autre 350 sur l'île de
Montréal, et, de ce fait, on réduit 20 % l'offre qui est offerte sur l'île
de Montréal. Et, pour nous, d'un point de vue de santé publique, bien, la
finalité est qu'il y a moins d'accessibilité.
Puis il faut comprendre qu'on met beaucoup
d'emphase, au Québec, sur le nombre d'appareils, alors que nous, on considère
que c'est le nombre de portes, le nombre de lieux où il s'offre du jeu de
hasard qu'on devrait repositionner. Et c'est au Québec qu'on a le plus de
portes en arrière desquelles on offre du jeu de hasard. Et le nombre de
machines, ce n'est pas tellement un enjeu, en ce qui nous concerne. Donc, avec
la proposition que l'on a actuellement, qui permet à Santé publique...
Le Président (M. Simard) : M.
le député.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Donc, l'île Notre-Dame, sur cette carte, ici, c'est, disons, une...
pâle, O.K. Donc, le Casino de Montréal est...
Le Président (M. Simard) : ...parce
qu'on ne la voit pas à l'écran. Parfait.
M. Beauchemin : Donc, la
petite zone pâle qui est ici, ça, c'est l'île Notre-Dame, dont l'indice de
vulnérabilité aux jeux de hasard est inexistant, grosso modo, si on peut dire.
Et là donc...
M. Beauchemin : ...transférer
d'une zone où est-ce que c'est à bas risque à une zone où est-ce que c'est à
haut risque, c'est-à-dire dans le secteur du Centre Bell. Quand vous parliez
tantôt qu'il y a une réduction sur le Grand Montréal au grand complet,
j'imagine que... est-ce que cette carte-là vous est familière? Parce qu'il y a
quand même beaucoup d'espaces pâles sur cette carte-là, donc à bas risque.
Est-ce que l'étude a été faite à savoir si on prenait de ces bas risques... ces
territoires à bas risques sur l'île de Montréal pour condenser dans un secteur
qui est encore à haut risque, celui à l'entour du Centre Bell?
Donc, moi, c'est pour ça que je pose la
question, c'est qu'en regardant cette statistique, qui vient de l'Institut
national de santé publique, je me pose la question... Je veux dire, la
décision, clairement, n'est pas de vouloir, justement, considérer la
vulnérabilité des citoyens dans le secteur du Centre Bell, mais c'est plus une
question d'optimisation de la machine de Loto-Québec? Est-ce qu'il y a... Parce
que, si c'était sur la vulnérabilité des citoyens, bien, en tout cas, de toute
évidence, la décision serait de ne pas aller là.
M. Girard (Groulx) : Non.
Parce que je vous ai dit qu'au net, il y a moins d'appareils. Vous, vous
semblez dire qu'on prend les appareils de Loto-Québec, du casino puis qu'on le
met là. Mais ça, c'est étape un. Ensuite, on réduit les appareils dans des
endroits où on ne devrait pas être, c'est-à-dire des sous-sols noirs de bar de
moins... de moins grande qualité. Je vais m'arrêter là sur le descriptif. On
retire les appareils de là, c'est donc un mouvement en deux étapes. Mais c'est
certain que, si vous regardez seulement la première étape du Casino au Centre
Bell, qui sont deux lieux de divertissement connus, bien, c'est certain que
marginalement, vous pouvez faire l'affirmation que vous dites là, mais il y a
deux étapes.
M. Beauchemin : Est-ce que
vous êtes...
M. Girard (Groulx) : Peut-être
vous voulez donner les chiffres exacts de votre projet.
M. Bergeron
(Jean-François) :...juste autour du
Centre Bell, dans le... dans un rayon de 2,3 kilomètres, il y a 25
établissements, actuellement, qui offrent du jeu de hasard qu'on fermerait.
Donc, d'un point de vue vulnérabilité, on réduit le risque. Et, en concentrant
l'offre dans un salon de jeu, à côté du Centre Bell, signé Loto-Québec avec les
paramètres de sécurité, avec toutes les mesures de jeux responsables qui sont
offerts à Loto-Québec, l'offre est nettement plus responsable. Et, bien,
deuxièmement, la clientèle visée n'est pas les citoyens autour. La clientèle
visée, c'est celle qui visite le Centre Bell. Et donc l'offre et la qualité de
l'offre, ça va être une offre haut de gamme, au tarif haut de gamme. Ça ne
s'adresse pas à une population vulnérable, ça s'adresse à une clientèle, celle
qui consomme les produits du Centre Bell. Et, au total, on parle à peu près de
mettre 200 appareils au salon de jeux et on en réduirait tout près de 600
dans les secteurs que vous pointez les... les plus verts.
Alors, au final, il y a une diminution du
risque et une diminution de l'exposition. On parle de réduire de 20 % sur
le territoire de Montréal. Et. Au final, l'île de Montréal est mieux servie
d'un point de vue jeux de hasard et d'argent. Et je le répète, plus que l'offre
est offerte dans un milieu où on se divertit, où il y a de la socialisation,
bien, moins qu'il y a de risque à l'égard du... alors que des cinq, six
machines dans des bars un peu... un peu sombres, il y a un risque plus grand.
Le Président (M. Simard) : ...député.
M. Beauchemin : ...que c'est
de zone vert foncé à vert foncé que le transfert se fait grosso modo. Et, en
même temps, il y a une réduction. Donc, il n'y aura pas de transfert de zone
pâle vers des zones foncées selon votre plan de match, là, si je comprends
bien. C'est ça.
M. Bergeron
(Jean-François) :Non, c'est ça. On va
prendre les appareils là où les critères de vulnérabilité sont les plus élevés
et...
M. Beauchemin : ...au Centre
Bell.
M. Bergeron
(Jean-François) :On les concentre au
Centre Bell. Bien, on ne les concentre pas, dans le sens...
M. Beauchemin : Ce qui
m'amène à poser la question...
Le Président (M. Simard) : En
10 secondes, s'il vous plaît.
M. Beauchemin : Oui. Ce qui
m'amène à poser la question... Puis peut-être qu'on pourra déborder dans mon
temps pour la prochaine. Ce qui m'amène à poser la question : Le modèle
d'affaires du Centre Bell, c'est ouvert lorsque les gens vont voir un match de
hockey ou un concert, est-ce que le salon va être ouvert pendant les mêmes
heures?
M. Bergeron
(Jean-François) :Le salon va être ouvert
pas sur les heures des casinos, hein, qui sont possiblement... qu'on peut
opérer 24 heures sur 24. Le salon de jeux va opérer sous... à l'intérieur
des horaires des bars...
M. Bergeron
(Jean-François) :...aujourd'hui, il peut
ouvrir à 8 h et fermer à 3 h. Nous, on a l'intention d'ouvrir vers
11 h et de fermer à 3 h. Donc, c'est l'horaire qu'on prévoit
actuellement.
M. Beauchemin : Donc...
rester similaire aux endroits... là, que M. le ministre décrivait tantôt, dans
le sens qu'eux autres aussi c'est des heures de bar.
M. Bergeron
(Jean-François) :C'est des heures de bar,
mais il y a beaucoup plus de portes et ce ne sont pas des lieux signés
Loto-Québec avec la sécurité, là, mais ça a une différence importante si vous
considérez l'offre actuellement offerte dans les bars où souvent les machines
se retrouvent au fond du bar... ils ne sont pas tous comme ça. Il y en a des
très, très bons tenanciers de bars, mais ceux qu'on cible, c'est sûr qu'on
considère moins lumineux. Et, oui, de ce point de vue là, il y a définitivement
moins de risques.
M. Beauchemin : Dernière
question : Ça n'aurait pas été plus approprié de... la question, de
présenter un projet où la zone... dans le vert foncé?
M. Bergeron
(Jean-François) :Les zones où... sont
vert pâle parce qu'il n'y a pas de bar dans ces secteurs-là. Alors là, ça prend
un permis. Et la raison pourquoi le parc Jean-Drapeau est vert pâle, c'est
parce qu'il y a eu une adresse civique et c'est le Casino de Montréal. Alors,
c'est sûr qu'il est vert pâle.
M. Girard (Groulx) : Alors,
juste, M. le Président, je pense, je vais donner une précision importante. J'ai
demandé un avis à la Santé publique.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, collègue, auriez-vous l'amabilité de déposer votre carte à la
commission? Très bien, en la transmettant au secrétariat. On poursuit avec le
député de Maurice-Richard qui dispose de 12 min 11 s.
• (18 heures) •
M. Bouazzi : Donc, j'ai un
seul 12 minutes en tout? Je pensais que c'était deux fois six. O.K. Super.
Merci beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup d'être là, chers représentants
de Loto-Québec. Toujours un plaisir de participer à ces études de crédits.
Donc, je voudrais revenir, justement, sur le déménagement du Salon de jeux de
Québec de Vanier à Beauport, en novembre 2021. Est-ce que... Donc, l'idée,
c'était qu'il y avait une raison de santé publique, évidemment associée à ce
déménagement. D'abord, par curiosité, ce déménagement a coûté combien?
M. Bergeron
(Jean-François) :11 millions... 11,9
millions, 12 millions.
M. Bouazzi : Est-ce que...
D'ailleurs, j'en profite pour saluer mes collègues du gouvernement parce que
c'était une promesse de la CAQ qui a été accomplie, entre autres sous la
gouvernance... Une fois n'est pas coutume, M. le ministre. Je pense que c'était
une très, très bonne idée de déménager effectivement ce centre de jeux.
Actuellement, ce que nous dit l'Institut national de santé publique, c'est que
pendant la pandémie, on a eu en fait une augmentation de la participation aux
jeux vidéo. On parle de 20 % des Québécoises et des Québécois qui se sont
laissé tenter par le jeu en ligne, entre autres. L'IRIS nous dit qu'il y a
quatre des cinq... 4 $ sur 5 $ dépensés en jeu préviennent...
proviennent de jeu compulsif. La loterie vidéo légalisée a entraîné le suicide
d'au moins 401 personnes entre 2016 et 2019, sans compter évidemment les
drames humains, les divorces, les questions de banqueroute ou... Donc, la... ma
question, c'est combien est-ce que Loto-Québec a-t-elle investi en prévention
l'année dernière, par exemple dans ce qui touche au jeu vidéo ou enfin au jeu
tout court?
M. Bergeron
(Jean-François) :Oui, bien il y a
plusieurs actions qui ont été prises, là, j'aimerais quand même ramener en
contexte qu'il y a eu effectivement une augmentation significative du jeu en
ligne dans les deux dernières années, plus particulièrement ceux de la
pandémie. Mais en contrepartie il faut contextualiser, parce qu'il n'y avait
pas d'offre terrestre et, au total, il s'est joué moins de jeu au Québec. En
fait, 1,9 milliard de dollars de moins qui s'est joué pour la même
période. Alors, le transfert qu'on note au niveau du jeu en ligne, on l'a vu
dans le commerce de détail, on a vu dans la restauration ou dans la livraison.
On a vu dans plusieurs autres secteurs, pour compenser les lacunes d'offre qui
n'étaient pas présentes. Donc, au total, je vous dirais qu'il s'est joué moins
au Québec. L'étude...
18 h (version non révisée)
M. Bergeron
(Jean-François) :...ne fait pas toutes
ces adéquations-là que vous venez de faire à propos des suicides puis à
propos... En termes d'investissement, maintenant, bien, il y a déjà 25 millions
ou 23 millions qui sont investis annuellement dans... dans la prévention
et dans la recherche. Loto-Québec a lancé des offensives d'information dans...
dans... dans la dernière année. Il y a beaucoup de mesures de jeu responsable
qui sont prises. Donc, il y a beaucoup d'investissements. Le chiffré pour le
jeu en ligne, je n'ai pas cette information-là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. On a peu de temps. Allez-y, cher collègue.
M. Bouazzi : Parlons du jeu
en général, c'es quel pourcentage du revenu, excusez-moi, le 21 millions dont
vous parliez? Vous avez dit 21 millions, c'est ça?
M. Bergeron
(Jean-François) :Oui, bien, c'est... c'est
dans... c'est dans... c'est dans la loi, c'est dans la... Le 21 millions,
c'est dans?
Une voix : ...
M. Bouazzi : Mais c'est... En
tout respect, quel pourcentage est revenu, je peux vous le dire si vous me
dites combien c'est vos revenus. C'est facile.
M. Bergeron
(Jean-François) :
Bien, les revenus
de jeux en ligne, c'est 400 millions.
M. Bouazzi : Non, mais
parlons des jeux en général, excusez-moi, j'ai... j'ai... je me suis mal
exprimé.
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien, il faut penser...
il faut voir que la prévention se fait de plusieurs façons, elle se décline de
plusieurs façons, il n'y a pas nécessairement des investissements en recherche,
mais je vous dirais que l'ensemble de nos employés travaillent pour offrir un
environnement de jeu responsable. Donc, l'investissement est large, là, ce n'est
pas juste des investissements en fonds de recherche, là.
M. Girard (Groulx) : Mais
pour répondre à votre question, là, bénéfice net, 1,6 milliard.
M. Bouazzi : Et... et donc...
et... et... Mais du coup, c'est la première, en fait, question que je ne suis
pas sûr d'avoir... une réponse, est-ce qu'on est capable de dire quel montant
Loto-Québec investi en prévention par année dans ce qui touche aux jeux tout
court?
M. Bergeron
(Jean-François) :Je n'ai pas cette
information-là parce qu'on ne décline pas nécessairement, l'effort est multiple
à l'égard du jeu responsable et à l'égard de la prévention. Elle se décline de
toutes sortes de façons, là.
M. Girard (Groulx) : Le 21 millions
auquel vous faites référence, c'est le montant qui est transféré au fonds de
prévoyance du ministère de la Santé et des Services sociaux. Est-ce que la
ministre des Finances voudrait confirmer?
Une voix : Bien, pas ministre
des Finances, là, mais...
M. Girard (Groulx) : Sous...
sous... peut-être... à venir, sous-ministre. 22 millions. Voilà.
Une voix : Au Fonds de lutte
contre les dépendances.
M. Girard (Groulx) : Au Fonds
de lutte contre les dépendances qui est donné au ministre responsable des
Services sociaux.
M. Bouazzi : Je vous... je
vous avouerais que je ne m'attendais pas à... à ne pas avoir un chiffre sur
combien est-ce que le... mais... mais ça doit être sur combien Loto-Québec met
en prévention, tout simplement. Le... Actuellement, c'est Loto-Québec qui, à
elle seule, en fait, décide le contrôle du... qui a le contrôle du nombre et du
lieu des appareils de loterie vidéo, les fameux AVL. Et ma question est
peut-être plus pour M. le ministre, il y a la... il y a la question des... de
gouvernance ou des segregation of duty, comme on dit, la ségrégation de... de
tâches, est-ce qu'il ne serait pas mieux, ou est-ce que vous seriez ouvert à
transférer le... le... le contrôle des appareils ou leur placement à un autre
organisme, l'un ou l'autre, là, comme par exemple la Régie des alcools et des
jeux plutôt que laisser les deux, et l'opération et le placement, à la... à
Loto-Québec?
M. Girard (Groulx) : Bien,
disons que ça précède mon arrivée au gouvernement, mais mon parti politique a toujours
été contre la prolifération des appareils de loterie vidéo et c'est... il y a
un long historique, mais là on a atteint un objectif que nous nous étions
collectivement donnés, et... et je fais référence au... au député de La Peltrie
et le député de Granby qui avaient ce sujet à coeur, et on avait décidé de
ramener le nombre d'appareils de loterie vidéo d'inférieur à 10 000 au
Québec. Alors, c'était dans l'opposition, puis il y avait le... le gouvernement
précédent qui a été poussé par les oppositions, on a réduit, le gouvernement
précédent, nous, ça s'est poursuivi, on a maintenant moins de 10 000 appareils
vidéo. On part, il y a une trentaine d'années, de probablement plus... As-tu
dit 40 000?
M. Bergeron
(Jean-François) :30 ans, 40 000.
M. Girard (Groulx) : Puis
moi, j'avais une référence plus récente peut-être à 24 000 appareils.
Là, on a atteint un... l'objectif qu'on s'était donné, moins de 10 000.
Loto-Québec... ce qui est proposé, là, avec le... le salon de jeux au Centre
Bell, c'est un redéploiement de cette offre-là pour minimiser...
M. Girard (Groulx) : ...et
les effets néfastes. Et c'est certain qu'il faut trouver le bon équilibre parce
que, si on les éliminait complètement, ils réapparaîtraient sous une forme
illégale.
M. Bouazzi : Je vous
entends. La question, c'était plus est-ce qu'on est capable d'avoir un
équilibre sur la gouvernance entre et partager une partie des responsabilités
d'où les placer et...
M. Girard (Groulx) : Juste
pour préciser, la RACJ intervient dans cette décision-là, mais peut-être, si
c'est vraiment le sujet qui vous intéresse, on peut passer la parole au P.D.G.
pour clarifier le rôle de la RAVJ dans la localisation de ses appareils. Mais
comme vous n'avez pas beaucoup de temps.
M. Bouazzi : Exact. Je
suis curieux de savoir combien il me reste, en fait.
Le Président (M. Simard) : 3 min 6 s
M. Girard (Groulx) : Donc,
allez-y en 30 secondes sur ce point.
M. Bergeron
(Jean-François) :Oui. Bien, tu sais, si ça
se fait de concert avec la RACJ qui a accordé et le permis d'alcool et le
permis d'opérer en précisant le nombre de machines. Donc, ça, il y a déjà un
contrôle qui est fait. Ensuite, c'est Loto-Québec qui gère l'inventaire. Donc,
on a... On a franchi la barre des 10 000, donc, on est sous les
10 000, et c'est Loto-Québec, en fonction de ce que la RACJ accorde, c'est
Loto-Québec qui gère cet inventaire-là. Donc, il y a une demande plus grande et
il y a des... Il y a des permis plus grands que l'offre que Loto-Québec...
Le Président (M. Simard) : Merci.
Cher collègue.
• (18 h 10) •
M. Bouazzi : Merci, M.
le Président. Je ne peux pas me retenir de dire que je suis content que le
député de La Peltrie ait tenu cette promesse-là. On espère qu'il y en aura
d'autres dans le numérique. Ça nous aiderait dans ce qui relève de lui. J'avais
préparé plus ou moins une carte similaire.
M. Girard (Groulx) : Chacun
a sa carte.
M. Bouazzi : La mienne a
plus de rouge, évidemment, parce que c'est les couleurs qu'on a trouvées. Je
suis curieux de voir d'où vient le vert, mais, évidemment, on a une certaine
inquiétude de voir que le nouveau casino dont on parle tombe pile-poil en plein
milieu d'une zone quand même qui... qui est enrobée de rouge. Donc, de ce que
je comprends de ce que vous avez dit, et puis je ne vais pas vous faire répéter
tous les arguments que vous avez faits, c'est que la Direction de la santé
publique a été consultée pour ce projet?
M. Girard (Groulx) : J'ai
écrit à la Direction de la santé publique pour avoir un avis sur le projet.
M. Bouazzi : Et donc on
n'a pas encore l'avis à ce jour.
M. Girard (Groulx) : On
n'a pas la réponse, non.
M. Bouazzi : O.K. Donc,
ma question suivante, c'est si vous vous engagez, M. le ministre, ou est-ce que
le ministre s'engage à respecter les recommandations de la Santé publique en ce
qui concerne le mini casino au Centre Bell?
M. Girard (Groulx) : Bien,
ce n'est pas un mini casino, là, c'est un...
M. Bouazzi : C'est un
casino tout court.
M. Girard (Groulx) : La
réponse... La... Ce n'est pas important, là, mais la réponse, c'est oui.
M. Bouazzi : O.K.
M. Girard (Groulx) : C'est
pour ça... Si... Puisque je leur ai... Ma démarche est sincère puisque j'ai
demandé leur avis, je considère que....
M. Bouazzi : Bien, on
peut...
M. Girard (Groulx) : ...c'est
important de l'avoir.
M. Bouazzi : C'est très
bon. Je suis très... très heureux d'entendre ça et malheureusement, et là je
parlerai de... Je ne parlerai pas de d'autres de vos collègues, mais on peut
faire appel à toutes sortes de rapports qu'on ne suit pas. Je suis content que,
celui-là, vous vous engagiez à le suivre. Peut-être...
Le Président (M. Simard) : 30 secondes.
M. Bouazzi : En
30 secondes, peut-être la dernière question, c'est pour M. Bergeron.
On a rencontré un certain nombre d'intervenants dans le quartier,
d'associations qui sont vraiment inquiètes face à ce... à ce mini casino, là.
Je n'ai pas d'autre mot, mais n'importe quel mot vaut...
Une voix : Salon de jeu.
M. Bouazzi : Salon de
jeu. Est-ce que vous seriez ouvert à les... à les rencontrer et puis à écouter
leurs... leurs inquiétudes?
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien sûr.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Bergeron
(Jean-François) :Nous sommes toujours en
démarche, en fait...
Le Président (M. Simard) : Très
bien, cher collègue.
M. Bergeron
(Jean-François) :...dans ce sens. Donc, oui,
on va le faire.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Alors je cède... Désolé de vous interrompre comme ça, mais il faut poursuivre.
Je cède la parole au député de Marguerite-Bourgeoys. Mais avant, cher collègue
de Maurice-Richard, auriez-vous l'amabilité de vous... de nous transmettre,
vous aussi, votre carte? Merci. Collègue, à vous la parole.
M. Beauchemin : Merci,
M. le Président. Donc, dans la chronologie des événements alentour du
déménagement, là, du salon de jeu qui était dans le secteur Vanier, à Beauport,
est-ce qu'un avis à la Santé publique avait été aussi demandé pour voir s'il
approuvait le déménagement ou s'il recommandait le déménagement?
M. Girard (Groulx) : De
mémoire, non. Mais, en fait, moi, je n'en avais pas demandé, là. Je... Ça avait
plutôt... Ça a été fait dans un contexte différent, où il y avait eu étude...
possibilité de créer un casino à Québec...
M. Girard (Groulx) : ...et ça
avait été étudié beaucoup d'une façon commerciale, et on a finalement pris la
décision de ne pas créer de casino parce que, notamment, un casino à Québec
aurait eu un effet dévastateur sur le Casino de Charlevoix.
M. Beauchemin : Donc, dans le
contexte de Montréal, le salon de jeu au Centre Bell versus le casino de l'Île
Notre-Dame, c'est un peu le même raisonnement, finalement?
M. Girard (Groulx) : Non, pas
du tout le même raisonnement. Le raisonnement, ici, c'est d'offrir... puis je
vais vous laisser défendre votre projet après, mais d'offrir une offre de jeux
plus moderne et de réduire les appareils de loterie vidéo dans des endroits où
ils ne devraient pas être. Moderniser l'offre de jeux, c'est Loto-Québec qui
prend sa place. Et puis il y a toute la notion qui n'a pas été abordée, mais du
pari sportif, parce que, depuis qu'on a le pari sur simple événement sportif,
qui a été légalisé par le gouvernement fédéral, le pari sportif prend beaucoup
de place, à tout le moins visuellement, et il y a beaucoup d'entreprises
étrangères qui opèrent illégalement et qui ont même fait des partenariats avec
des équipes sportives québécoises. Et là, contre-offensive de Loto-Québec, qui
prend sa place, et, évidemment, s'associer avec un partenaire prestigieux comme
les Canadiens de Montréal serait, au niveau du pari sportif, dans toute la
légalité et la responsabilité qu'amène Loto-Québec par rapport aux opérateurs
étrangers, ce serait un gain.
M. Beauchemin : Vous m'amenez
sur... Justement, c'est... deuxième volet de questions que j'avais pour vous,
la publicité des jeux en ligne. Combien que la société d'État dépense-t-elle en
publicité, là, pour le jeu en ligne?
M. Bergeron
(Jean-François) :En fait, je vous dirais
qu'il y a eu très peu d'investissements de faits sur le jeu en ligne. En fait,
Loto-Québec, je vous dirais, dans les dernières années, a été plutôt sobre,
parce que les opérateurs illégaux s'affichaient déjà énormément, et pendant la
COVID Loto-Québec a tout simplement fait le choix de se retirer, et les
publicités que l'on fait sont plutôt informatives à l'égard du jeu responsable.
Donc, en termes de jeux en ligne, on a fait des campagnes dans la dernière
année pour informer qu'est-ce qui est légal, qu'est-ce qui n'est pas légal. Je
vous dirais que ce n'est pas la plus grande portion de nos budgets en
publicité. Donc, on n'a pas fait aucune publicité à l'égard du jeu en ligne
proprement dit. Donc...
M. Beauchemin : Est-ce que,
dans votre budget de publicité, il y a de la publicité pour aller visiter un
casino, Montréal ou aller visiter un casino, Charlevoix, par exemple?
M. Bergeron
(Jean-François) :Oui. Alors, il y a de la
publicité qui s'est faite au niveau des casinos. Encore là, on fait la
promotion du divertissement dans nos publicités beaucoup plus que le jeu de
hasard. Donc, évidemment, on fait la promotion, entre autres à Charlevoix, de
notre hôtel, du golf, des autres... d'autres offres de divertissement qui
complètent le jeu de hasard. On essaie vraiment d'être responsables et de ne
pas mettre le jeu en premier plan. Donc, c'est vraiment... ça se fait dans un
esprit de jeu responsable.
M. Beauchemin : Donc, votre
demande pour du temps d'antenne en publicité, que ce soit radio, que ce soit
journaux, que ce soit à la télévision, tous genres de publicité confondus, le
budget est de combien?
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien, c'est autour de...
Je peux vous trouver ça facilement, là, si vous me donnez quelques instants.
Publicité... 25 millions.
M. Girard (Groulx) : Par
année.
M. Bergeron
(Jean-François) :Par année.
M. Beauchemin : Puis ça,
c'est une augmentation par rapport à l'année dernière, l'année précédente,
l'année avant?
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien, ça varie. Je vous
dirais que nos bonnes années pré-COVID, on était dans ces mêmes eaux-là, là.
Donc, on est pas mal stables là-dedans, là.
M. Beauchemin : Et durant le
COVID, il y a eu une baisse?
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien, durant le COVID,
il y a eu une baisse, bien sûr, il y a... on a été fermés 50 % du temps.
Donc, évidemment, il y a eu une baisse proportionnelle à tout ça, là, bien sûr.
M. Beauchemin : Il y en a
pour... pas faire la promotion d'aller visiter un casino qui est fermé, mais au
niveau des... J'imagine qu'au niveau, quand même, des enjeux de société
associés justement aux jeux du hasard... La publicité a-t-elle continué?
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien, on a eu...
Effectivement, il y a eu une campagne sur se fixer des limites de temps et
des...
M. Bergeron
(Jean-François) :...de budget pendant la
COVID, plutôt que d'offrir un jeu de hasard. C'était une publicité qui
s'appelait Poséidon, où on faisait référence à des paramètres de temps. C'en
est un, exemple, ça où plutôt que d'afficher de la promotion de jeux, on
affiche des mesures de jeu responsable.
M. Beauchemin : Ça fait votre
message publicitaire est différent des sites de jeux illégaux. Puis là je veux
la simplifier, mais les sites de jeux qui sont... dot c a, puis que,
finalement, vous invite à aller sur un dot com ou un dot uk, ou un dot je ne
sais pas trop quoi que, là, c'est illégal... mais votre enveloppe budgétaire
que là vous... 25 millions, elle se compare comment, selon les
conversations que vous avez avec les agences de publicité, à travers
lesquelles, j'imagine, vous passez pour pouvoir faire votre placement
médiatique, là? Ça se compare à quoi par rapport à l'ensemble des sites
illégaux ou semi-illégaux...
M. Bergeron
(Jean-François) :On n'a pas cette
information-là, parce que dans la publicité, il y a le coût de production il y
a le coût d'antenne, là, donc il y a ces paramètres-là. Ce que je peux vous
dire, c'est que pendant les deux dernières années de la COVID, il y a eu une
surexposition des opérateurs illégaux, tant en publicité qu'en partenariat,
hein? Il n'y a pas beaucoup d'équipes sportives qui n'a pas le logo d'un de ces
opérateurs-là. En passant, ce qui n'est pas le cas du groupe CH, hein, ils se
sont retenus. Et c'est de là aussi l'intérêt de Loto-Québec d'avoir un
partenariat avec eux pour s'assurer de cristalliser cette exclusivité-là qu'on
pourrait avoir avec eux et, par ricochet, bien, empêcher l'opérateur illégal,
là. Mais ceci dit, on n'est pas dans les mêmes eaux, mais dans la dernière
année, en fait, c'est assez récent, on a signé des exclusivités pour les
retirer des... de... les chaînes francophones. Alors, si vous remarquez, depuis
trois ou quatre mois à la télévision, dans les chaînes francophones, on ne les
voit plus maintenant, ce qui est une excellente nouvelle pour nous.
• (18 h 20) •
M. Girard (Groulx) : C'est
une stratégie offensive de signer les ententes d'exclusivité avec les
diffuseurs.
M. Beauchemin : Donc, on voit
ça. Donc, quand on quand ça, vous avez dit : Vous n'êtes pas dans les
mêmes eaux, là, que l'ensemble des joueurs illégaux, là, si on peut les
catégoriser comme ça. Est-ce qu'il y a des conversations que vous avez avec les
joueurs illégaux pour voir s'il n'y a peut-être pas une piste de solution à ce
qu'ils, par exemple, pourraient donc prendre des licences émises par le
gouvernement pour pouvoir en arriver à devenir légaux?
Une voix : Non.
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
que c'est un modèle que l'Ontario a choisi, que nous ne favorisons pas.
Loto-Québec est le seul opérateur légal au Québec.
M. Beauchemin : Donc, c'est une
guerre à finir, grosso modo, entre l'argent de publicité que vous mettez, qui
n'est pas dans les mêmes eaux finalement. Mais la bataille, elle va se gagner
comment? Parce que dans le fond, ils vont continuer à vouloir être associés à
des équipes de sport ou...
M. Girard (Groulx) : Bien, il
y a des mesures défensives puis il y a des mesures offensives. Offensives,
c'est Loto-Québec qui prend sa place et qui fait la promotion du jeu
responsable. Je pense qu'on utilise le vocable 100 % légal. Et il y a des
mesures défensives qui pourraient nous permettre de réaffirmer que c'est... le
jeu est une juridiction que seul le... En vertu de la législation québécoise,
seule Loto-Québec a le droit d'opérer des jeux de hasard au Québec. Le
gouvernement précédent avait utilisé des moyens législatifs. Au niveau des
diffuseurs, on n'a pas eu de succès avec cette approche. Elle était néanmoins
légitime. Elle visait à affirmer la souveraineté territoriale de Loto-Québec
sur le territoire du Québec ou l'interdiction de ces opérateurs étrangers là.
On a perdu en cour, on est allés en appel. Le dossier est clos. On regarde...
puisqu'on a perdu on regarde les options législatives différentes avec les
enseignements du premier effort. Et ça, ce serait une stratégie que je
qualifierais de plus défensive. On se compare aussi à l'Ontario puisque l'Ontario
a signé des ententes avec ces joueurs-là, puis on le sait par exemple... ce
soir, bon peut-être que pas tous les fans des Canadiens, mais peut-être que
certains regarderont...
M. Girard (Groulx) : ...Maple
Leafs, si vous le regardez en français, bien, les ententes qui ont été faites
vous permettront de ne pas été inondés de publicités d'opérateurs illégaux.
Mais, si vous êtes, par exemple, à CBC et vous écoutez les Maple Leafs à
Sportsnet, vous êtes littéralement inondés d'opérateurs, que, nous, on qualifie
d'illégaux, avec qui l'Ontario a fait des ententes. Et il y a même des joueurs,
des supervedettes de la ligne nationale, il y en a eu une à Edmonton et il y en
a... Une supervedette, et une supervedette à Toronto, qui sont associées à ces
compagnies-là. Et je crois comprendre que le gouvernement de l'Ontario va
réévaluer tout ça et se pose des questions aussi sur est-ce que c'est vraiment
le rôle d'une mégastar de hockey de faire la promotion du jeu illégal, qui est
légal en Ontario.
M. Beauchemin : Oui. Bien,
c'est intéressant que vous nous amenez là. Parce que, si on recule au
Moyen-Âge, là, quand on parle, disons, du tabagisme, il a fallu qu'il y ait,
justement, cette coordination entre les gouvernements de chacune des provinces
et le fédéral pour, justement, bannir les publicités radio et télé et journaux
sur l'usage du tabac. Les seuls trucs publicitaires qui étaient... C'étaient au
niveau des effets santé nocifs, donc ce que les gouvernements voulaient faire
pour ça.
Donc, ce que je suis en train de vous
illustrer, c'est une piste de solution pour en arriver à la même solution,
c'est-à-dire d'empêcher que Loto-Québec ait à dépenser 25 millions de
dollars par année pour avoir à faire de la publicité en ligne ou en publicité à
la télé ou à la radio. Parce que, dans le fond, si on a banni les publicités
pour le tabac, parce que c'était nocif, il y avait des effets remarqués,
documentés, nocifs pour la santé, pour la santé des Québécois, des Canadiens en
général, la même chose est remarquée pour ce qui est des effets nocifs du jeu
en ligne. Et donc, c'est un enjeu de société, il y a moyen d'en arriver à la
même solution. C'est une question de coordination.
Ma question, en fait, c'est : il y
a-tu moyen de faire avec le jeu en ligne la même chose qui a été faite avec le
tabac? Il y a-tu la volonté de la part du gouvernement de voir, aller de
l'avant avec une coordination nationale pour bannir toute forme de publicité,
de jeu, à la télévision, à la radio, dans les journaux?
M. Girard (Groulx) : bien là,
on est dans le secteur des télécommunications, qui est de juridiction fédérale.
Je n'ai pas entendu cette intention du gouvernement fédéral. Je prends note de
votre suggestion. On étudie nos pouvoirs législatifs et la façon d'évacuer ces
joueurs illégaux là du territoire québécois. Je prends note de votre
suggestion, là, qui serait de bannir totalement la publicité de jeux de hasard,
par exemple. Et je crois comprendre, dans votre suggestion, que cette... ce
Bannissement s'étendrait à Loto-Québec.
M. Beauchemin : Bien,
pourrait exclure toute forme de jeu, là.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
Alors, j'en... Je prends acte de votre suggestion. Je vous remercie.
M. Beauchemin : L'autre
approche a été de légaliser, en échange de quoi, bien, il y avait... Légaliser
l'ensemble des sites illégaux en échange de quoi ils pourraient avoir...
M. Girard (Groulx) : C'est
l'approche de l'Ontario.
M. Beauchemin : Exact.
M. Girard (Groulx) : C'est
une nouvelle approche. On va les regarder aller.
Nous, ce n'est pas ce qu'on favorise.
Tantôt, on a parlé du dividende de Loto-Québec, qui était de 1,6 milliard
l'an dernier, ça paie des hôpitaux, des écoles. On verra ce que... comment ça
se passe en Ontario. Ce n'est pas un modèle qu'on favorise et... Bien, le... Si
on regarde ce qui s'est passé avec le cannabis, notre... le Modèle que nous
avons choisi au Québec, pour l'instant, semble supérieur à ce que l'Ontario a
fait, c'est-à-dire de laisser l'entreprise privée ouvrir des dispensaires de
cannabis partout.
M. Beauchemin : Oui, je
comprends. Mais...
M. Girard (Groulx) : Le
nombre de... on aura... on pourrait en discuter demain avec la SQDC, mais...
M. Girard (Groulx) : ...le
nombre de succursales pour...
M. Beauchemin : De façon
philosophique...
Le Président (M. Simard) : ...
M. Girard (Groulx) : Excusez-moi.
M. Beauchemin : Je comprends
que, de façon philosophique, là, bon, c'est important pour le gouvernement de
faire le 1,5, 1,6 milliard de dividendes, mais les enjeux de société qui
sont associés avec la problématique du jeu en ligne illégal ou légal, les
conséquences pour l'humain sont quand même très significatives, tout comme le
tabagisme. Donc, on a pris cette décision-là de régler ou essayer de régler...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Beauchemin : ...pour
essayer de régler le problème au niveau du tabagisme. J'assume qu'on va essayer
de faire tout ce qu'on peut pour...
M. Girard (Groulx) : Mais, en
fait, il ne se fait pas tant d'argent que ça dans le jeu en ligne.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : C'est
qu'il y a vraiment une surexposition médiatique du jeu en ligne.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci beaucoup. Nous poursuivons avec l'intervention de la députée de
Huntingdon.
Mme Mallette : Merci, M. le
Président. Bonsoir, Monsieur Bergeron, M. le ministre. J'ai une question assez
simple. La pandémie a durement touché Loto-Québec dans les deux derniers
exercices, puis je pense que ça se comprend, parce qu'on a dû fermer les
établissements, ça l'a affecté les opérations, on a cessé certaines activités
aussi. Donc... Cependant, à la lecture du budget 2023-2024, on constate
que la situation, elle semble s'être améliorée étant donné que le dividende du
gouvernement, puis je pense qu'on l'a dit à plusieurs reprises, est d'environ,
là, 1,6, moi, j'avais 1,523 milliard, par rapport au montant de
1,3 milliard qui était prévu au rapport préélectoral d'août 2022. Est-ce
que vous pourriez vous expliquer les facteurs du montant de 1,3 milliard
qui étaient... des facteurs, en fait, qui ont mené au résultat 2022-2023?
Donc, comment ça qu'on a amélioré ce qu'on avait prévu en août 2022?
• (18 h 30) •
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien, comme vous l'avez
dit, effectivement, Loto-Québec a été la société d'État le plus durement touché
dans les dernières années, et on a profité de ce moment-là pour revoir certains
modèles d'affaires, plus particulièrement dans le secteur des salons de jeux et
des casinos. On a revu notre offre, on a revu nos heures d'opération, ce qui a
fait qu'on est sortis de la pandémie beaucoup plus, beaucoup plus efficients
qu'on était avant la pandémie. Il y a aussi... Il faut comprendre que, les
dernières années, il y a eu tellement une sous-offre que je vous dirais qu'on a
connu un début d'année peut-être gonflé un peu par l'excitation du fait
qu'on... réouvert, qu'on réouvrait. Mais je vous dirais que le plus gros du surplus
qu'on a généré cette année provient vraiment d'une opération qui est beaucoup
plus efficace maintenant qu'elle était dans le passé.
Mme Mallette : Merci
beaucoup. On a parlé à plusieurs reprises, justement, avec les oppositions...
Vous avez, dans le fond, deux mandats, soit de gérer l'offre de jeux de hasard
et d'argent, mais de le faire de façon responsable. Comment faites-vous, là,
puis vraiment de manière plus globale, de concilier les deux, de répondre à ces
deux missions là?
M. Bergeron (Jean-François) :Oui. Bien, c'est sûr que la vocation double, elle est
importante chez nous. On a des gens qui sont chevronnés, qui font de l'offre de
jeux de hasard leur métier, et ils le font de façon vraiment superbonne, et, en
contrepartie, on a d'autres ressources, d'autres équipes qui travaillent et se
concentrent de le faire de façon responsable. Et cet équilibre-là, elle est
importante et elle se décline de plusieurs façons.
Donc, on a plusieurs mécanismes, plusieurs
mesures de sécurité dans nos aires de jeux que l'on ne retrouve pas,
évidemment, chez les opérateurs illégaux. Et donc c'est l'amalgame des deux. Il
faut vraiment toujours trouver cet équilibre-là. Donc, il faut prendre notre
place, bien sûr, mais il faut le faire d'une façon responsable. Puis
Loto-Québec, tu sais, ce n'est pas un enjeu en soi, c'est une solution. Il faut
se rappeler, la mission de Loto-Québec, c'était de migrer l'offre de jeux qui
s'offrait d'une façon illégale de l'offrir de façon responsable. Donc, c'est
cet équilibre-là que Loto-Québec doit toujours garder à l'esprit.
Mme Mallette : Bien, je vous
remercie beaucoup. Je vous laisserais le mot de la fin pour conclure avec ce
bloc. Loto-Québec, merci beaucoup.
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi, je veux simplement remercier les employés, la direction de Loto-Québec, le
conseil d'administration. On a eu une période difficile avec la pandémie...
18 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...et
là, le jeu de hasard au Québec, il n'y a pas eu de modernisation dans l'offre
de jeux depuis l'ouverture du Casino au Mont-Tremblant. Alors, je pense qu'on
est mûrs pour une saine évolution de l'offre, toujours dans le respect de nos
responsabilités sociales.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, ceci met fin à nos échanges.
En terminant, je dépose les réponses du
gouvernement aux questions de l'opposition et, et, et également les deux cartes
qui nous ont été présentées dans le cadre de nos échanges. M. Bergeron,
merci pour votre présence parmi nous. Merci à travers vous aux membres de votre
équipe qui vous accompagnent.
Compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre momentanément afin de faire place à nos prochains invités. À plus
tard.
(Suspension de la séance à 18 h 35)
(Reprise à 18 h 39)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Je constate que nous avons à
nouveau quorum. Nous sommes en mesure de poursuivre nos travaux.
Comme vous le savez, à ce stade-ci, la
commission réunie afin de procéder à l'étude du volet Institut de la statistique
des crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice
financier 2023-2024. Une enveloppe de 30 minutes a été allouée pour
nos échanges. Et, afin de commencer nos débats, je cède la parole au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous tous d'être ici. Merci, statisticien en
chef, d'être présent parmi nous. Je veux vous amener dans la question en ce qui
a trait des bassins des travailleurs potentiels. On l'a vu, là, dans le budget
présenté par le ministre des Finances, que le bassin des travailleurs
potentiels du Québec va stagner au cours des prochaines années. Et ce qu'on
remarque quand on regarde ma page favorite du budget, là, la page G-7, c'est
qu'effectivement le bassin de travailleurs potentiels du Québec, de 2024, là, à
2027, ça va être stagnant, il n'y aura pas d'augmentation nette durant ces
années-là. Donc, ma question par rapport à vous, est-ce que vous, vous
partagez, donc, ces projections?
M. Girard (Groulx) : Vous
voulez une question pour le statisticien en chef?
M. Beauchemin : Désolé. Oui,
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Le Président (M. Simard) : Alors,
il y a consentement? Il y a consentement. Alors, Monsieur, pour les fins de nos
travaux, auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
• (18 h 40) •
M. Bergeron (Simon) : Oui.
Mon nom est Simon Bergeron. Je suis statisticien en chef de l'Institut de la
statistique du Québec. Ça fait plaisir d'être avec vous.
Donc, je comprends que l'objet de la
question, c'est de... Quel genre de projection, là, au niveau de la
main-d'oeuvre, que l'ISQ peut faire? Et comment on peut contribuer peut-être
plus généralement aussi aux fins de la connaissance et de l'élaboration de la
connaissance autour de cette question-là? Je vous dirais c'est sûr qu'à
l'Institut de la statistique on... c'est notre mission, puis on fait beaucoup,
déjà, d'enquêtes, là, qui... qui nous aident de façon générale et qui vont aider
nos ministères partenaires à développer les connaissances sur toute cette
question-là.
Par exemple, on a deux enquêtes en cours,
présentement, pour le compte du ministère de l'Emploi et Solidarité qui visent
à mieux comprendre les besoins de formation des... des entreprises et aussi,
dans le contexte des gens qui ont... des entreprises qui ont des chômeurs de
longue durée, mieux comprendre un peu quels sont les... les enjeux, les
problématiques que ces entreprises-là... auxquelles elles font face, et pour,
justement, être en mesure, après ça, de mieux identifier le type de service qui
pourra être servi. C'est le genre de... de contribution que l'ISQ peut faire au
débat pour aider à bien apprécier quelles sont les difficultés vécues
actuellement par... par les entreprises sur cette question-là. Par exemple,
l'enquête sur la... justement, sur la question de la formation puis les besoins
de formation et surtout les difficultés liées au recrutement, on parle de près
de... c'est une quarantaine de 1 000, de mémoire, de répondants qui...
30 000, en fait, répondants qui vont nous permettre, là, de mieux
apprécier dans quelle mesure, justement, on peut identifier les enjeux, les
problématiques auxquelles les entreprises font face.
C'est sûr que, par ailleurs, où on peut...
où on contribue déjà, l'ISQ, de façon importante à ces questions-là, c'est en
matière de projections démographiques. C'est un des... Dans le fond, dans la
loi de l'Institut de la statistique du Québec, il y a un certain nombre de
productions statistiques ou de produits qu'on doit nommément faire en vertu de
la loi. Il y a, un, de... un, de tenir un bilan démographique qui inclut... par
lequel on fait des projections démographiques. On a aussi des enquêtes en lien
avec la rémunération et, maintenant, avec le suivi de la langue française.
Mais en matière, donc, de démographie,
c'est clair que, pour ça, l'Institut de la statistique, on est beaucoup outillé
avec l'équipe de démographes pour faire des projections sur cette question-là.
Puis je pense que nos projections sont beaucoup utilisées dans l'espace public
pour comprendre l'évolution par tranches d'âge des gens au Québec, selon les
différentes... les différents groupes d'âge. D'ailleurs, on a le bilan
démographique qui est une publication phare de l'ISQ sur cette question-là, qui
nous permet vraiment, là, de faire les projections par tranche d'âge...
M. Bergeron (Simon) : ...Parmi
les travaux, peut-être vraiment encore en lien avec ça, avec votre question sur
lesquels on planche présentement puis que, bon, on espère être bons pour livrer
peut-être, là, dans la prochaine année, on voudrait essayer d'aller un peu plus
loin, au-delà des projections démographiques, pour essayer d'allez dans les
projections au niveau, là, des éléments qui caractérisent la population active,
par exemple les taux d'activité puis ces questions-là, essayer de raffiner un
peu l'analyse au niveau démographique pour être en mesure peut-être justement
de voir dans les tendances de long terme comment les enjeux liés au
vieillissement vont impacter clairement l'évolution du bassin de main-d'œuvre.
Donc, vraiment, je vous dirais, c'est
peut-être, là, en quelques minutes... c'est les éléments sur lesquels on
travaille puis qui pourraient assurément éclairer, là, les débats sur cette
question-là puis fournir des données intéressantes.
M. Beauchemin : Donc, à la
page G7 du budget... Je ne sais pas si, vous, vous l'avez devant vous.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais le statisticien ne fait pas le budget, là.
M. Beauchemin : Non, mais
juste pour...
M. Girard (Groulx) : Je vais
prendre la question sur le budget.
M. Beauchemin : Est-ce que...
Si vous avez la même statistique, vous voyez donc zéro croissance du bassin de
la population, vous aussi?
M. Girard (Groulx) : Je vais
vous répondre. La croissance du bassin de travailleurs potentiels pour la
période 2024-2027, ça, c'est les travailleurs âgés entre 15 et
64 ans, on dit qu'il n'y aura pas de croissance, et c'est cohérent avec
les prévisions démographiques de l'Institut de la statistique du Québec.
M. Beauchemin : O.K. Merci.
Donc, M. le...
M. Girard (Groulx) : Juste
vous rappeler que la tradition parlementaire, votre réponse doit être de la
même longueur que la question.
M. Beauchemin : Ce n'est pas
obligatoire parce que c'est quand même un sujet qui a de besoin de plus
d'explications. Ça fait qu'allez-y, là... Si jamais je veux couper, j'ai moyen
de couper, mais j'aimerais vous écouter. Donc, c'est ça qui est important, je
pense, que vous puissiez vous exprimer pour éclairer les Québécois.
La courbe démographique, donc le livre que
vous publiez... La courbe démographique québécoise, elle se compare comment par
rapport aux neuf autres provinces canadiennes?
M. Bergeron (Simon) : Bon, je
vous dirais... C'est sûr que de façon générale le vieillissement est un peu
plus prononcé au Québec, c'est souvent ce qu'on dit, que dans le reste du
Canada, surtout lorsqu'on se compare avec les provinces de l'Ontario puis les
provinces de l'Ouest. C'est des éléments... Là, c'est sûr que... il faudrait
que je fouille peut-être un peu plus davantage, là, pour trouver vraiment les
bonnes références, mais c'est des éléments qu'on présente, là, dans les documents,
là. On fait des comparaisons... on fait certaines comparaisons par rapport à
ça. Et aussi lorsque Statistique Canada sort ses publications, elles font des
projections démographiques selon les différentes provinces. Ça fait que c'est
des... c'est vraiment des projections qui sont... qu'on peut regarder, qu'on
peut comparer, qu'on pourrait toujours vous ressortir. Mais je vous dirais de
façon générale le Québec... dans ce sens-là, le vieillissement est peut-être un
peu plus prononcé que dans le reste du Canada.
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi... juste une précision. Est-ce qu'on a vraiment un vieillissement plus
avancé que les provinces maritimes?
M. Bergeron (Simon) : C'est
ça. Je pense c'est... Dans la moyenne canadienne, c'est les provinces
maritimes... C'est vraiment ce que j'ai retenu, c'est que les provinces
maritimes, effectivement, son vieillissement se fait peut-être... est peut-être
plus important que le Québec. Mais, quand on prend dans la moyenne canadienne
puis on regarde le reste du Canada, l'Ontario et l'Alberta,
Colombie-Britannique, particulièrement, ça fait en sorte que peut-être par
rapport à la moyenne, le Québec est peut-être un peu...
M. Beauchemin : ...relativement
similaire, mais vu d'une autre façon, là. Est-ce que le Québec a la proportion
la plus avancée de retraités par rapport à l'ensemble de sa population, en
pourcentage, là... pas en absolu, mais en pourcentage.
M. Bergeron (Simon) : Je ne
serais pas capable de vous répondre, là, sur le champ, comme ça, M. le
Président. Il faudrait, je... il faudrait, je fouille pour aller rechercher
l'information, là.
M. Beauchemin : Bien, c'est
correct. On pourrait avoir la réponse plus tard. Ça aurait été intéressant
parce que c'est vraiment une statistique que je cherche à obtenir.
Il y a donc le fait que, bon, on a la
courbe démographique la plus vieillissante, ça veut dire... Selon vous, ça se
traduit-u dans une façon de dire que, bien, les plus jeunes vont être de moins
en moins nombreux par rapport à ceux qui sont plus âgés? C'est ça que ça veut
dire?
M. Bergeron (Simon) : Bien,
souvent, ce qu'on... Une façon de l'illustrer, c'est qu'on regarde les
arrivants sur le marché du travail, dans l'âge de travailler, par rapport à
ceux qui sont plus... qui vont faire le passage à la retraite. Puis c'est sûr
que, ce qui caractérise...
M. Bergeron
(Jean-François) :...et le vieillissement
démographique. C'est qu'on est rendus dans une période où les nouveaux
arrivants sur le marché du travail peinent à suffire ou à compenser pour ceux
qui partent à la retraite, qui est une situation qui va quand même aussi
perdurer dans le temps, là.
M. Beauchemin : Est-ce qu'on
est distincts, au Québec, là-dessus, par rapport au reste du Canada?
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien, c'est sûr qu'il y
a des phénomènes qui sont similaires dans le reste du Canada, mais là j'aurais
de la difficulté, là, à vous donner, là, des... avec des données bien précises
par rapport à ça aujourd'hui, là. Je suis peut-être moins familier avec tout le
détail, surtout, des comparaisons pour le faire, mais on pourrait... je
pourrais toujours vérifier, là, qu'est-ce qu'on a, pour pouvoir vous revenir
par rapport à ça.
M. Beauchemin : ...M. le
Président, j'aimerais ça avoir cette information-là.
Le Président (M. Simard) : ...il
s'agit de transmettre ces informations, monsieur, au secrétariat de la
commission, qui va les repartager à ses membres.
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est une simple comparaison interprovinciale des cohortes d'âges, et
Statistique Canada fait ça. C'est du domaine public. On va vous trouver ça.
Le Président (M. Simard) : ...alors,
poursuivons.
M. Beauchemin : Mais... il le
fait aussi, n'est-ce pas? Donc, j'imagine que vos banques de données pourraient
donner la même résultante, là, que Statistique Canada.
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien, c'est sûr qu'on a
les données pour le Québec. Ce qu'il va falloir faire, c'est d'aller voir, là,
avec les... dans les projections de Statistique Canada pour le Canada, puis,
oui, on pourrait... c'est le genre de chose qu'on pourra regarder.
M. Beauchemin : D'accord.
M. Girard (Groulx) : Il y a
toute une section de comparaisons interprovinciales sur le site de l'ISQ.
• (18 h 50) •
M. Beauchemin : Le.... Vos
prévisions sur la... si je peux dire, la forme de la courbe démographique
actuelle au Québec, quand vous disiez tantôt qu'on a la courbe la plus âgée, si
j'ai bien compris, c'est ça, le terme que vous avez utilisé, là, c'est...
c'était bien...
M. Bergeron
(Jean-François) :Ce n'était peut-être pas
la plus âgée, là, si vous permettez, mais plus âgée que la moyenne canadienne,
mais pas la plus âgée, si j'ai... peut-être, question d'être précis.
M. Beauchemin : D'accord. Et
donc, quand vous regardez l'ensemble des ingrédients qui fait en sorte que,
bon, on a une population en croissance ou peu ou peu importe, là, il y a...
Évidemment, bien, la capacité d'avoir des enfants qui naissent, de
l'immigration qui rentre, etc., qu'est-ce qui nous distingue au Québec par
rapport aux autres provinces, selon vous, pour refléter le fait que notre
courbe démographique, donc, est la... celle qui vieillit le plus rapidement,
comme vous disiez? Quelle est la composante qui fait que le résultat donne ça?
M. Bergeron
(Jean-François) :En fait, encore là,
c'est... On est quand même assez pointus, je vous dirais, là, dans la question,
dans l'analyse des données, ça fait que je veux quand même rester prudent, là,
dans ma compréhension. Parce que c'est certain qu'on produit beaucoup de documentation,
comme vous pouvez comprendre, là, à l'Institut, dans une année. Puis, moi, je
les... même si je les vois toutes passer, je ne suis pas le spécialiste, là,
de... évidemment, là, de chacune de ces questions-là.
Mais c'est certain que lorsqu'on regarde
les données sur... Par exemple, sur le marché du travail, on voit que le taux
de participation des... Puis, ça, c'est des participations des femmes au
Québec, a vraiment beaucoup rattrapé le... les Retards, entre guillemets, qu'on
avait par rapport au reste du Canada. Puis, ça, ça... C'est beaucoup... c'est
des phénomènes qui se sont beaucoup accentués, là, dans les années 2000,
donc une... L'accélération, là, le rattrapage par les différents groupes d'âge.
Puis, ça, c'est une façon intéressante de voir justement comment... puis
comment les différentes politiques ou services qui sont accessibles aujourd'hui
au Québec contribuent réellement à faire une différence sur le marché du
travail pour la participation des femmes.
D'ailleurs, Pierre Fortin, dans ses
interventions, lui, c'est quelque chose qu'il se plaît beaucoup à rappeler,
puis, en comparant le... ces éléments-là. Ça fait que, ça, c'est sûr que
c'est... Ça... je vous dirais, c'est certainement un trait de... qui
caractérise, là, la situation au niveau de la participation en tout cas, à tout
le moins, au marché du travail, là, des femmes.
M. Beauchemin : Il y a-tu
d'autres éléments, selon vous, qui sont contributeurs à différencier la courbe
démographique québécoise par rapport aux autres provinces? On parle des femmes,
oui, est-ce qu'il y a d'autres éléments?
M. Bergeron
(Jean-François) :Bien, en fait, c'est sûr
que ça a... ça a... En tout cas, c'est toujours difficile de faire des analyses
pour déterminer exactement dans quelle mesure, mais ça a sûrement aidé à faire
hausser le taux, là, de fécondité aussi des femmes dans les années 2000 et
puis de faciliter...
M. Bergeron (Simon) : ...qu'on
appelle l'indice de fécondité au... du Québec, de faire... de contribuer tous
ces services-là, non seulement ça leur a permis d'accroître la natalité, mais
aussi de permettre une participation accrue au marché du travail.
M. Beauchemin : Il y a juste
un article, là, qui m'est venu, c'est celui de... du Quotidien, qui parle que
le Québec a vu naître seulement 80 700 enfants en 2022. C'est un
creux en près de deux décennies. C'est une diminution marquée de
4 200 naissances par rapport à l'année précédente, où 84 900 petits
Québécois ont vu le jour. Donc, ça, c'est quand même une statistique
intéressante.
M. Bergeron (Simon) : Intressante,
oui.
M. Beauchemin : Qu'est-ce que
vous en pensez? Si on regarde les autres éléments qui peuvent contribuer à
l'augmentation ou à la stabilisation du... de la population, est-ce qu'on peut parler
aussi de l'immigration? Est-ce que l'immigration au Québec joue ce rôle-là, un
peu, de... comment pourrais-je dire, d'être tampon, d'une certaine façon? Par
rapport à ce que... Les autres provinces semblent avoir une croissance, ce que,
nous, on n'a pas. Là, je ne parle pas des provinces de l'est, je parle des
autres.
M. Bergeron (Simon) : Bien,
je vous dirais, c'est peut-être difficile pour moi d'identifier, là, les
mesures. C'est le... notre rôle, nous, c'est vraiment de faire... de produire
ces données-là comme... Qui... Puis de les rendre disponibles via notre... Ce
qu'on appelle notre registre des événements démographiques, qui permet de bien
tenir compte de toutes les... bon, les... autant les naissances évidemment que
les décès, les mariages et les divorces, par exemple. C'est des éléments qui
arrivent dans le courant d'une vie des gens.
Nous, dans le fond, notre rôle, c'est
vraiment de rendre ces données-là disponibles, dont les données les plus
récentes dont vous venez de mentionner, puis de laisser un peu... Laisser
l'espace aux spécialistes, aux autres spécialistes pour essayer d'identifier
vraiment quelles mesures ont pu permettre, là, ou d'influer ou d'influencer sur
ces résultats-là. C'est...
M. Beauchemin : est-que vous
avez des statistiques au niveau de l'immigration que vous pouvez partager?
M. Bergeron (Simon) : Assurément.
Dans notre bilan démographique, puis, qui, d'ailleurs, pour lequel l'édition...
De... La prochaine édition va sortir au... ce Printemps. C'est certain qu'on
traite de façon importante, là, de la question de l'immigration. On a mis une
emphase un peu particulière, même dans le dernier... la dernière édition sur
tout ce qui concerne aussi la question, par exemple, des résidents non
permanents. Ça fait que c'est des choses que, oui, on traite, qu'on va
continuer à traiter.
Ce qui est intéressant aussi de
mentionner, c'est qu'avec l'accès que l'ISQ a à certaines données
administratives, on est même aussi capables de regarder la migration à
l'intérieur du Québec entre les régions, aussi des déplacements des gens entre
les régions. Ce sont d'autres données en lien avec toute l'évolution de la
situation démographique qu'on suit de façon très attentive, qui est vraiment
une mission de... en fait, une... parmi les services de base, là, ou
essentiels, là, de l'ISQ. Ça fait que, donc on a beaucoup de données sur la
démographie.
M. Beauchemin : Merci. Je
pense qu'au niveau de l'immigration permanente, on entend les chiffres, on en a
discuté au Salon bleu à plusieurs reprises, c'est les positions du
gouvernement, 50 000 ou 62 000... etc., donc ces chiffres-là sont
connus. L'immigration temporaire, est-ce que vous êtes capable de nous chiffrer
ce que l'immigration temporaire représente pour le Québec en 2022, le chiffre?
M. Bergeron (Simon) : Bien,
c'est certain qu'on... encore là, comme je disais, M. le Président, là-dedans,
dans le chapitre, dans notre chapitre sur l'immigration de notre dernier
document, par exemple, c'est clair qu'on a les données sur les...
L'immigration, qui... la composition, là, de la... de l'immigration au Québec,
là, en fonction... Puis, ça, je fais référence vraiment au bilan démographique
du Québec, qu'on publie, là, à chaque année sur notre site Internet. Ça fait
que c'est clair que dans ce document-là...
Le Président (M. Simard) : D'accord.
M. Bergeron (Simon) : ...On
prend le temps de bien distinguer les... c'est des immigrations qui sont des
immigrations régulières...
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Bergeron (Simon) : ...et
des non... résidents non permanents et...
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup, cher ami.
M. Bergeron (Simon) : ...
aussi, pour terminer.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous poursuivons. Vous souhaitiez avoir un chiffre, vous, cher collègue?
M. Beauchemin : ...
Le Président (M. Simard) : Dans
une générosité extrême, je vous accorde ce temps-là. En avez-vous un? Quand
vous l'aurez, vous nous le direz. M. le député de Maurice-Richard.
M. Beauchemin : Merci.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup d'être présente et présents à cette commission,
encore une fois, un exercice démocratique important auquel je... j'ai l'honneur
de participer.
Depuis longtemps, plusieurs analystes
soulignent l'importance de mesurer le bien-être d'une société selon d'autres considérations
que le PIB. Certaines initiatives très intéressantes se sont manifestées ces
dernières années en matière de données d'indicateurs permettant d'aller...
M. Bouazzi : ...en ce
sens, l'Institut de la statistique lui-même a publié des indicateurs de progrès
du Québec pour la mesure du bien-être et de la richesse nationale. Est-ce
que... Cette initiative suivait celle du regroupement du G15 Plus de la société
civile, qui avait également publié ses indicateurs du bien-être au Québec. Malgré
le caractère fort intéressant de tout ça, ce genre d'exercice trouve ses
limites en raison de l'indisponibilité de différentes données qui seraient
pourtant utiles, et je cite ici le G15+. Donc, le G15+ est bien obligé
d'admettre que, malgré ses efforts, il n'a pas trouvé d'indicateurs fiables et
fréquents pour presque une vingtaine de facteurs qu'il faudrait pourtant, selon
lui, pouvoir suivre, comme le poids de l'économie sociale, la qualité des
services de garde à l'enfance, la viabilité des langues autochtones ou la
capacité de séquestration de carbone. Je ne vous cacherai pas que moi-même,
quand je cherche à creuser de manière plus fine un certain nombre de dossiers,
comme la question des patrimoines avec laquelle j'ai eu la chance d'échanger
avec M. le ministre Girard, je me bute à un manque de données souvent. Donc,
peut-être ma première question pour vous, c'est qu'elle est... Quels seraient
vos besoins pour pallier à ce manque de données?
M. Girard (Groulx) : Un
instant.
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : Alors,
on a collaboré avec le G15+. On a essayé de les aider à rendre leurs indices
plus représentatifs. M. Bergeron va donner les détails. Le ministère des
Finances et l'Institut de statistique du Québec ont été invités.
M. Bergeron (Simon) : Oui.
D'ailleurs, c'est ça, effectivement, on les a rencontrés, déjà deux fois, puis
on a... on va continuer à travailler avec eux pour justement voir dans quelle
mesure les indicateurs qu'ils ont identifiés, c'est des... lesquels parmi ceux
qu'ils ont identifiés, qui... qu'on pourrait continuer à travailler en
collaboration aussi avec les gens du ministère de l'Environnement. Parce que ce
qui est important aussi de... quand même de... aussi, je pense, de rappeler de
contextualiser là-dedans....
M. Bouazzi : Je veux
juste être sûr de préciser ma question. Je vous donne un exemple du patrimoine.
Il est important. Les économistes s'accordent pour dire que les plus grosses
inégalités, en fait, ne sont pas des inégalités de revenus, mais des inégalités
d'accumulation de patrimoine. On parle d'un rapport d'un pour 18 000 si on
compare le un pour le 10 000 mieux nantis et une personne qui appartient
aux 40 % le moins nanti.
Ceci étant dit, c'est des chiffres très
compliqués à obtenir actuellement. Donc, est-ce que, par exemple, sur la
question du patrimoine qui est une question importante à nos yeux pour pouvoir,
entre autres, calculer un degré d'inégalité dans notre société et donc aussi un
degré du bonheur parce que les deux sont liés, qu'est ce qu'il vous faudrait?
M. Bergeron (Simon) : Bien,
c'est sûr que ça, faudrait prendre le temps pour bien définir qu'est-ce qu'on
veut... qu'est-ce qu'on veut identifier parce qu'on a... Évidemment, on
pourrait avoir des données. Il y a déjà le patrimoine immobilier qui est
disponible. Dans le cadre du budget, ce qui est quand même intéressant, c'est
qu'il y a eu l'annonce comme de quoi, maintenant, l'Institut de la Statistique
du Québec va pouvoir avoir accès aux données de Retraite Québec pour le rendre
accessible pour les fins de la recherche. Sûrement, ça va être une autre façon
pour aller regarder puis mieux... mieux évaluer et essayer d'identifier les
patrimoines qui sont liés au régime de retraite, là, des gens.
Puis je vous dirais, il faudrait que...
dans ce genre de démarche là, de la manière dont on va procéder, c'est
justement, là, ce qu'on discute, là, par exemple, avec des partenaires comme le
G15+ ou avec des partenaires comme le ministère de l'Environnement, pour lequel
eux aussi ont des idées pour définir quelles peuvent être des indicateurs de
développement durable. Souvent, on va essayer d'identifier comme il faut,
essayer de cerner le plus possible ces indicateurs-là, regarder les sources de
données qui existent. Probablement il faudrait aller avoir avec, dans ces
cas-là, est-ce que Statistique Canada a certaines choses qu'il peut combler ou
qu'il peut participer, en partie répondre.
Puis avant... advenant le cas qu'il y a...
il y a... on s'entend sur une... sur un, sur un indicateur à construire pour
lequel on n'a pas tout, puis qu'on a besoin, par exemple, de compléter par une
enquête, bien là, on peut... C'est là qu'on peut utiliser toute la puissance,
entre guillemets, de l'institut puis bâtir une enquête qui va nous permettre d'y
arriver.
M. Bouazzi : Donc, pour
vous dire, Statistique Canada donne les informations par quintile, ce qui est
très, très loin de pouvoir donner une idée des inégalités de patrimoine, étant
donné que la courbe est plutôt exponentielle dans les... dans les pourcentages.
Le 1 % et même le 0,001 %, de la même manière, le...
19 h (version non révisée)
M. Bouazzi : ...qui est la
maison... n'est en rien représentative de ces inégalités, étant donné qu'elle
se retrouve principalement dans des options et des actions en Bourse plutôt que
dans la maison, qui est le principal patrimoine de la classe moyenne en
général. Donc, ça serait quelque chose à pousser.
Le Président (M. Simard) : En
10 secondes...
M. Girard (Groulx) : ...votre
motivation est différente du G15+, parce que le G15+...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : ...puis
vous, vous voulez taxer le patrimoine. Ce n'est pas la même chose, là.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le ministre, sur ce, malheureusement, le temps dévolu à ce bloc d'échange
est terminé. Et le temps global lui-même étant réputé être écoulé, je dépose
bien entendu les réponses du gouvernement aux questions de l'opposition. Et je
vous remercie pour votre présence parmi nous. Je salue, bien sûr, nos
collègues, M. le représentant de l'Institut de la statistique et toute son
équipe.
Nous nous retrouvons demain autour de 11 heures.
À bientôt. Merci pour votre collaboration.
(Fin de la séance à 19 h 05)