Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, March 30, 2023
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Vol. 47 N° 18
Continuation of the debate on the Budget Speech
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. Je constate que nous avons
quorum, et notre commission est en mesure d'entreprendre ses travaux.
Comme vous le savez, nous sommes aujourd'hui
réunis afin de poursuivre le débat sur le discours du budget, conformément à l'article 275
de nos règlements.
Mme la secrétaire, bonjour. Heureux de
vous retrouver, vous nous aviez manqué. Y a-t-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Madame Abou-Khalil, Fabre, est remplacée... Pardon, par Monsieur
Poulin, Beauce-Sud; M. Bélanger, Orford, par madame Bogemans, Iberville;
Monsieur Montigny, rené-Lévesque, par Monsieur Sainte-Croix, Gaspé; et madame
Rizqy, Saint-Laurent, par madame Caron, la Pinière.
Le Président (M. Simard) : Alors,
comme vous le savez, notre débat est d'une durée de 10 h, qui se répartit
grosso modo de la manière suivante : environ 5 h pour le
gouvernement, environ 3 h 40 pour l'opposition officielle et environ
1 h 13 pour le deuxième groupe d'opposition. Et, comme vous le savez,
ce débat est en deux grandes parties. Et nous débutons d'abord, comme le veut
la tradition, par des remarques préliminaires.
Et je cède, sur ce, la parole à M. le
ministre, qui dispose, dans un premier temps, d'un bloc maximum de 20 minutes
pour son intervention.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Alors je vais partir ma minuterie. C'est bon.
Merci, M. le Président. Merci à tous d'être
ici. Je salue les députés de l'opposition, leur équipe, leurs fidèles
collaborateurs. Merci au personnel de la commission des finances publiques, qui
est une excellente commission, il faut bien se le dire. Merci au personnel du
ministère des Finances, qui est ici, mais aussi à tous ceux qui ne sont pas
ici, parce qu'un budget c'est énormément de travail, qu'on pourrait résumer à
trois mois de travail, à sept jours sur sept. Et, dans les trois mois, je n'inclus
pas le plaisir de débattre ici 10 h avec les oppositions, ça, c'est en
extra. C'est un plaisir. Puis ça... c'est mon cinquième budget, et les échanges
ont toujours été respectueux, mais beaucoup plus que respectueux, constructifs,
parce qu'évidemment ce qu'on vise tous, c'est l'intérêt supérieur du Québec.
Alors, je remercie le ministre des Finances, mon cabinet, et, avec moi, bien
sûr, la sous-ministre aux Finances, Julie Gingras, et ma cheffe de cabinet,
Vicky Fortin. Alors, j'y vais.
• (11 h 40) •
C'est certain que c'était notre cinquième
budget. Nous sommes très fiers de celui-ci. Le premier budget d'un deuxième
mandat, c'est extrêmement important, c'est notre feuille de route pour
respecter nos engagements, qui ont... on a eu une campagne électorale avec des
débats, des idées, des échanges, et il y a eu un vote et un résultat. Et, pour
nous, c'est un honneur de s'être fait confier un deuxième mandat. Et, pour ma
part, personnellement, d'être le fiduciaire des finances publiques des
Québécois, c'est vraiment...
M. Girard (Groulx) : ...les
responsabilités que je prends avec beaucoup de sérieux. Alors, j'aimerais
résumer le budget en une phrase, une phrase quand même un peu longue, mais une
phrase qui se retrouve... Et permettez-moi de dire que, le Québec, ce
gouvernement-ci, mais les gouvernements précédents aussi font vraiment un
effort de synthèse pour que nos documents soient clairs et concis. Et la raison
pourquoi je mentionne ça, c'est parce que, lorsque je lisais le budget fédéral mardi
soir, à 10 heures, je cherchais le sommaire exécutif et il n'y en avait
pas. Alors, nous, on en a un. C'est une tradition, puis... et je pense qu'elle
va se poursuivre.
Alors, si vous ouvrez la page A3 du
budget, il y a une phrase, à la section Sommaire, qui dit... qui résume le
budget : "Le gouvernement poursuit les efforts des quatre dernières
années. Le budget 2023 à 2024 priorise l'économie, l'éducation, la santé et
l'environnement tout en maintenant un cadre financier prudent et responsable.
Alors, c'est ça, le budget, M. le Président, c'est-à-dire qu'il y a des
priorités qui ont été établies en campagne électorale : l'économie,
l'éducation, la santé et l'environnement. Mais, bien sûr, il y a des
contraintes, on doit avoir un cadre financier qui est prudent et responsable,
et puis c'est ce qu'on fait, M. le Président.
Quant aux... Lorsqu'on veut, par exemple,
savoir qu'est-ce qu'il y a dans le budget... D'abord, le thème, le thème Un
Québec engagé. Une question légitime : C'est engagé à quoi? Et puis c'est
là que le sommaire exécutif est utile, on se rend à la page A5, et puis on
constate que le gouvernement s'engage à accroître la richesse du Québec pour
12,1 milliards sur cinq ans; à développer le potentiel des jeunes pour
2,3 milliards sur cinq ans; à rendre le réseau de santé plus performant et
plus humain, M. le Président, 5,6 milliards; soutenir les Québécois, ça,
soutenir les Québécois, c'est un peu la rubrique où on aura l'ensemble des
autres ministères, par exemple, Sécurité publique, Justice; et diversifier et
consolider les actions en environnement, 1 milliard. Le tout,
24,5 milliards.
Évidemment, la mesure phare de ce budget,
qui avait été amplement débattue... Puis je rappelle qu'il y avait trois
partis, trois partis sur cinq, qui proposaient un allègement fiscal des
Québécois en campagne électorale, et que ces trois partis-là ont recueilli, là,
je n'ai pas les décimales, là, mais quelque part entre 60 % et 70 %
du vote total, et que nous étions le parti qui proposait la baisse d'impôt,
pour le mandat de quatre ans qui s'amorçait au mois d'octobre, la plus faible.
Nous proposions un abaissement des deux premiers taux d'imposition de 1 %.
L'opposition officielle proposait 1,5 %. Et le parti qui n'est pas
représenté à l'Assemblée nationale mais qui a néanmoins eu, je crois, quelque
chose comme 13 % des voix proposait 2 % plus une augmentation de
l'exemption de base, donc que je pourrais résumer comme quelque chose comme
2,5 %.
Alors, j'en viens à ce que nous
proposions, c'est-à-dire la réduction de un point de pourcentage des deux
premiers paliers d'imposition. Et pourquoi les deux premiers paliers
d'imposition? Bien, ça, M. le Président, la réponse est à la page B-8, où on
indique que, lorsqu'on regarde notre taux d'imposition par rapport à l'Ontario,
contrairement à ce que tout le monde pense, on pense que c'est... que nos taux
marginaux les plus élevés sont beaucoup plus élevés que l'Ontario. Or, ils sont
équivalents. C'est nos seuils qui commencent plus tôt. Et c'est la classe moyenne
ou tous ceux qui gagnent entre 20 000 $ et 90 000 $ qui
paient...
M. Girard (Groulx) : ...36 %
plus d'impôt que les Ontariens. À 70 000 $ de revenus, M. le Président,
vous payez 36 % plus d'impôt qu'en Ontario. Et donc, c'est pour ça qu'on a
choisi... Et, bien sûr, puisqu'on a un régime d'impôt progressif, tout le monde
paie le premier palier, donc, puisqu'il y a 4.6 millions de Québécois qui
paient de l'impôt, 4.6 millions de Québécois bénéficient de la réduction
du premier palier, et un nombre moindre, néanmoins quelques millions de
contribuables, bénéficie de la baisse d'impôt du deuxième palier.
Alors, la première caractéristique, c'est
que cette mesure vise 4,6 millions de contribuables, dont 90 % de
ceux-ci gagnent moins de 100 000 $. Le coût : 1.7 milliard par année.
Pourquoi on fait ça, M. le Président, pour stimuler l'économie. On veut amener
l'économie à un autre niveau, un potentiel économique plus élevé à long terme
et encourager l'offre de travail.
Et je veux être très clair, M. le
Président, cette baisse d'impôt n'aura aucun impact sur les services. Pourquoi?
Parce qu'elle est financée par une croissance plus modérée des versements au
Fonds des générations. Ça veut... c'est-à-dire que la baisse d'impôt est
cohérente avec notre nouvelle cible de dette à 30 % de dette nette en
2037-2038. Et, s'il n'y avait pas eu la réduction du fardeau fiscal, il aurait
été possible d'atteindre cette cible de dette cinq ans plus tôt. C'est donc un
choix entre réduire la dette nette d'approximativement 10 % sur
15 ans au lieu de 10 ans pour financer la baisse d'impôt et
s'assurer, et je le répète, je veux très clair, qu'il n'y a aucun impact sur le
financement des missions de l'État.
Ensuite, ça, c'était la mesure phare,
mais, bien sûr, il y a ce désir d'amener l'économie québécoise à un autre
niveau. Et près de 3 milliards de dollars sont dans le budget pour,
d'une part, encourager la productivité et l'innovation, notamment avec le congé
fiscal pour grands projets d'investissement, les projets de plus de
100 millions de dollars. Et, dans les MRC défavorisées, ça peut aller
jusqu'à 25 % de crédit, de congé fiscal, 25 % de l'investissement.
Puis C'est important d'être précis, là, parce qu'avec les mesures qui sont
véhiculées aux États-Unis, par exemple, ici, au Québec, et ce qu'on a vu aussi
dans le gouvernement fédéral cette semaine, c'est qu'on finance
l'investissement initial, on ne finance pas les dépenses d'opération.
Alors, ça, ça coûte 373 millions sur
cinq ans, M. le Président. Ça va financer approximativement cent projets d'ici
2029, des investissements de 24 milliards de dollars.
• (11 h 50) •
Il y a aussi 100 millions pour la
poursuite des zones d'innovation. Vous le savez, on en a annoncé deux dans le
premier mandat, il y a 217000000 pour le développement régional.
Et, bien sûr, il y a toute la question de
la rareté de main-d'œuvre. Et, la rareté de main-d'œuvre, on s'y attaque avec
510 millions pour l'intégration, la francisation, la régionalisation des
personnes immigrantes et avec des modifications au Régime des rentes du Québec,
c'est-à-dire qu'il sera possible de cesser de cotiser au régime après l'âge de
65 ans et que nous allons protéger la rente de ceux qui travaillent à
temps partiel après 65 ans.
Au niveau de l'éducation, l'Éducation,
c'est extrêmement important, il y a deux point 3 milliards sur cinq ans
que je pourrais résumer ainsi. 1,5 milliard pour l'éducation primaire et
secondaire et 717 millions pour l'enseignement supérieur. Au niveau de
l'éducation primaire et secondaire, on veut bien sûr accroître la motivation,
le plaisir d'apprendre, aider les jeunes à réussir, et il y a donc
789 millions pour la persévérance et la réussite et 200 millions,
notamment, pour la modernisation de la formation professionnelle. Au niveau de
l'enseignement supérieur, on a 3... 717000000. Puis là, c'est... Lorsqu'on
parle d'enseignement supérieur, c'est toujours accès, persévérance,
diplomation. Et là, il y a une mesure de 351 millions pour rendre
permanente la bonification des frais de subsistance dans le calcul des prêts
et...
M. Girard (Groulx) : ...peut-être
qu'on aura l'occasion de discuter. Le programme des prêts et bourses, il y a
certaines complexités, et le budget a essayé d'être le plus transparent
possible sur ce qui est fait.
Au niveau de la santé, c'est
5,6 milliards qui est accordé pour le déploiement du plan qui rend le
système de santé plus performant et plus humain. Là-dessus, il y a
2,2 milliards pour adapter le réseau aux réalités postpandémie. Ça, ça
veut dire prendre les enseignements de la pandémie et les intégrer à la base
budgétaire du gouvernement, c'est-à-dire que les cliniques de vaccination, de
dépistage vont résister pour désengorger le réseau. Et puis, bien sûr, plus
jamais le gouvernement n'entrera dans une pandémie sans des équipements de
protection, des masques, des gants et tous les équipements qui sont
nécessaires. Il y aura donc une réserve, et puis tout ça. Cette réserve-là doit
être gardée, mise à jour, et donc ça devient des coûts récurrents. Il y aura
aussi 710 millions pour améliorer les soins et les services par des
changements structurels. On parle, par exemple, des cliniques d'infirmières
praticiennes spécialisées.
2 milliards pour prendre soin des aînés et
des proches aidants. Les soins à domicile, 1 milliard sur cinq ans. 405
millions pour les résidences pour aînés. On le sait, les résidences... Les
soins à domicile, c'est ce que les gens demandent. On bonifie les heures, on
bonifie le personnel et on va continuer, c'est ce que les citoyens veulent.
Pour les résidences pour aînés, on est face à une industrie qui est en
difficulté et puis on continue à les aider. 565 millions pour les personnes
vulnérables, dont 211 millions sur cinq ans en santé mentale. Je pense
qu'on aura l'occasion d'en rediscuter, c'est un sujet qui est définitivement
d'actualité.
Au niveau du soutien des Québécois,
3,6 milliards. Là, tantôt, j'ai dit que soutenir les Québécois, soutenir
les communautés, c'est le chapitre dans un budget qui regroupe l'ensemble des
autres mesures. Alors, il y a 1 milliard pour le logement avec
5 250 unités, la bonification du crédit d'impôt solidarité logement,
les 2 000 programmes de supplément au loyer. 440 millions pour le
ministère de la Famille pour la conversion de 5 000 places en
garderie. 400 millions pour la relance en transport en commun. 120 millions
pour les Premières Nations et les Inuits au niveau du logement, des services.
220 millions pour la sécurité publique, notamment la lutte à la violence armée.
100 millions pour l'accès à la justice.
Il me reste à peu près cinq minutes, M. le
Président?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Un peu
moins, voilà. Au niveau des actions environnementales, bien, vous le savez, on
a eu la COP15 sur la biodiversité. C'était un honneur pour Montréal, le Québec
d'être impliqué. Alors, il y a le Fonds bleu avec 500 millions, le plan
nature, 443 millions. Je me permets de dire que c'est essentiellement
1 milliard pour la biodiversité. On a aussi annoncé que le prochain plan
de mise en œuvre qui serait bonifié... le 23-28 serait bonifié de
1,4 milliard, une augmentation de 18 %. Ça, évidemment, M. le
Président, c'est pour lutter contre les changements climatiques.
Un mot sur l'économie. C'est indéniable
que la hausse des taux d'intérêt et de l'inflation en 2022 provoque un
ralentissement mondial en 2023. C'est pour ça qu'on prévoit 0,6 % de
croissance et 3,5 % d'inflation, mais on est conscient des risques. On a
un scénario alternatif où il y a un choc de 1,4 % qui nous amènerait à une
récession de 0,8 % en 2023 au Québec. Puis on a un scénario plus positif
où il y aurait forte croissance, c'est-à-dire 2 % de croissance. Bien que
notre scénario est centré, la probabilité du scénario de forte croissance est,
évidemment, on pourrait dire... étant donné l'information qu'on a présentement,
est plus faible que la... que la probabilité du scénario à la baisse.
Dans l'ensemble, 2023 sera une année
difficile, on ne peut pas augmenter les taux d'intérêt de 400 points de
base, 4 %, sans avoir un impact sur les entreprises, les individus, mais
il est important de dire que le Québec a des avantages indéniables : une
économie diversifiée, un taux d'épargne élevé, un faible niveau d'endettement
qu'on mesure par le ratio dette au revenu...
M. Girard (Groulx) : ...le
plein emploi, des finances publiques solides. Et, il faut bien le dire, le
stimuli fiscal qui arrivera au mois de juillet risque d'arriver au cœur du
ralentissement économique qu'on prévoit au deuxième et au troisième trimestres
pour le Québec de 2023.
Alors, dans l'ensemble, on a donc un cadre
financier qui est prudent et responsable avec 6,5 milliards de provisions.
Et, M. le Président, je cherchais les provisions dans le cadre financier du
gouvernement fédéral puis je n'en ai pas vu. Alors, je pense qu'on peut
souligner la transparence du Québec puis le fait qu'on prévoit des provisions
qui excèdent le coût potentiel du scénario alternatif baissier qui est... qui
est démontré dans le budget. Et nos provisions seraient potentiellement, parce
qu'on ne connaît pas l'ampleur d'un ralentissement s'il avait lieu, mais
pourraient probablement combler une part importante de l'effet sur les finances
publiques.
Ce qui est important aussi, pour... pour
revenir à l'équilibre budgétaire en 2027-2028, tel que promis en campagne
électorale, et ce qui sera fait par ce gouvernement, c'est l'appariement du
taux de croissance entre les dépenses. Alors, lorsqu'on regarde le budget,
essentiellement, les revenus vont croître à 3 % et les dépenses à 3 %
sur l'horizon cinq ans. Alors, on a un plan de retour à l'équilibre budgétaire,
4 milliards de déficits après contributions au Fonds des générations,
quatre, deux, trois, un, zéro en 2027-28, et on y arrive.
On a aussi une cible de dette... Il me
reste une minute, M. le Président, c'est ce que vous alliez me dire?
Le Président (M. Simard) : Ah!
non, continuez, cher collègue. Parce qu'en fait il vous reste 50 secondes.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, on a une cible de dette nette à 30 % en 2037-38 qui nous amènerait
à un niveau inférieur au niveau actuel. Bien sûr, c'est dans 15 ans, mais
ça nous amènerait au niveau inférieur à la moyenne actuelle des autres
provinces.
Alors, je le répète, ce budget, si on veut
le résumé, puis je vais relire le même paragraphe parce que c'est bien dit,
c'est bien fait, le gouvernement poursuit les efforts des quatre dernières
années. Le budget 23-24 priorise l'économie, l'éducation, la santé et
l'environnement tout en maintenant un cadre financier prudent et responsable,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Bien,
vous étiez à cinq secondes près, M. le ministre, de votre 20 minutes.
M. Girard (Groulx) : Je les
donne à l'opposition, M. le Président, je les offre.
Le Président (M. Simard) : Merci
pour votre collaboration. Cher collègue de Marguerite-Bourgeoys, la parole vous
appartient.
• (12 heures) •
M. Beauchemin : Merci, merci
beaucoup, M. le Président. J'aimerais mentionner les grandes lignes sur
lesquelles nous allons porter attention durant ce débat. Pour nous, il va être
important de discuter, évidemment, des mesures de baisses d'impôt, des assises
sur lesquelles ce budget a été construit. On va vouloir aussi parler de
l'emploi, la pénurie de main-d'oeuvre, l'impact sur les jeunes que le
détournement d'argent au Fonds des générations va avoir comme conséquence,
l'économie dans son ensemble au Québec, à travers l'Amérique du Nord, le
Canada, évidemment. On vouloir parler du logement. On va voir parler du
transport et de l'environnement. On va vouloir parler de l'éducation, de la
justice, de la santé, des aînés. Puis je pense qu'on est aussi très ouverts
avec le temps à ce que je vous présente comme plan de match, de notre point de
vue à nous, va probablement aussi... On va avoir certains éléments qui vont
vouloir se greffer à ça durant la... durant le débat.
Il est très important... Puis je pense que
le ministre a quand même passé un peu de temps là-dessus dans ses remarques
préliminaires, il est quand même assez important de réaliser que les conditions
économiques, les conditions bancaires actuelles ne sont plus les mêmes qu'il y
a à peine un mois. Et donc on parle de... d'augmentation du taux directeur de
la banque centrale au Canada comme augmentation depuis un petit peu plus d'un
an. Il est évident que les écarts de crédit que les banques vont charger à
l'ensemble de leur clientèle corporative, commerciale ou individuelle...
12 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...Ces
écarts-là vont augmenter.
En général, dans des contractions, dans
des marchés de contraction au niveau du crédit, la contraction moyenne est de
175 «basis point». 175 «basis point», c'est énorme. C'est presque la moitié du
400 points de base que la banque centrale a exercé, toute cote de crédit
confondue. Donc, si on avait une illusion, à savoir est-ce qu'on va avoir un
atterrissement en douceur ou pas, moi, je pense qu'actuellement, là, ce qu'on a
devant nous, c'est probablement l'utilisation d'un parachute. Donc, ça, ça va
être les lunettes que je vais porter pour approfondir plus notre questionnement
tout le long du débat.
Pour nous, ce qui est important, c'est de
s'assurer qu'on fasse une gouvernance durable. Pour nous, ce qui est important,
c'est que les finances de l'État soient soutenables, qu'on fasse tout ça pour s'assurer
que l'ensemble des Québécois aujourd'hui soit considéré dans l'ensemble des
décisions et des missions de l'État. Mais, ça, pour nous, c'est important de le
faire dans un contexte où est-ce qu'on n'hypothéquera jamais l'avenir des
prochaines générations. Donc, vous me voyez venir, M. le Président, je vais
vouloir vraiment passer beaucoup de temps sur l'impact de ce budget sur nos
prochaines générations.
M. le Président, pour nous, l'environnement
est aussi un facteur extrêmement important. On a tous... Je regarde, je regarde
la salle, là, il y a des... une variété d'âges un peu partout, là. Mais, il y a
25, 30 ans, on vivait tous avec une certaine insouciance climatique.
Aujourd'hui, on ne peut pas prendre pour acquis. On a vu des actions qui ont
été faites par des gouvernements qui nous entourent, c'est-à-dire les
Américains, le gouvernement canadien cette semaine, de montants extrêmement significatifs,
qui ont été mis pour accélérer la transition verte. On va vouloir en parler
évidemment dans ce débat.
Donc, pour moi, ça va conclure mes
remarques préliminaires. Nous allons passer plus de temps évidemment dans les
blocs que j'ai énumérés tout à l'heure. Et, avec ça, je retourne la parole.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Alors, nous poursuivons nos remarques préliminaires. Et
je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. À mon tour de remercier les personnes ici présentes et à remercier M.
le ministre. Je sais que nous allons avoir, comme toujours, je pense, du
plaisir, en tout cas je vais parler pour moi, je suis sûr, effectivement, que
je parle pour lui, je le vois hocher de la tête, à échanger sur un certain
nombre de politiques publiques. Ici, on parle évidemment de finances.
Je ne vais pas revenir sur tout ce que j'ai
eu la chance de dire en réaction à ce budget. Je sais que c'est une tradition
que j'ai découverte en tant que député dans cette honorable Chambre du peuple,
de souvent avoir à redire la même chose plusieurs fois, je ne vais pas me
donner à cet exercice. Je vais juste rappeler quelques principes qui sont les
nôtres en tant que députés de Québec solidaire. Je dirais qu'il y en a trois
qui sous-tendent les politiques publiques qu'on met de l'avant.
D'abord, il y a la question de répartition
de richesse, et d'inégalité de classe, qui nous sont très, très chères. Il y a
les questions d'inégalité de genre, de race, d'origine, qui sont aussi très
importantes. Et puis enfin, il y a la lutte à la crise du siècle, qui est la
crise climatique. Et donc c'est au... Devant ces trois principes, ou en tout
cas ces trois grilles de lecture que nous allons utiliser dans nos échanges
avec M. le ministre concernant ce budget fort important. Merci.
Le Président (M. Simard) : Sur
ce, nous allons entreprendre la période des débats. Et, comme le veulent à la
fois notre tradition et nos règlements, je cède d'abord la parole au député de
Maurice-Richard, qui disposera... Ah non! Pardon, ma collègue de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : oui. C'est lui,
le député de Maurice-Richard.
Le Président (M. Simard) : Bien
oui, c'est ça. Non, mais ma collègue de Bourassa-Sauvé, voilà, qui dispose de 14 minutes...
Mme Cadet : ... Merci
beaucoup, M. le Président. Merci, M. le ministre. Merci à tous d'être ici pour
que nous puissions nous adonner à cet exercice extrêmement important sur le
plan démocratique, et que nous espérons faire avec toute la diligence possible.
Donc, mon collègue, député de
Marguerite-Bourgeoys, l'a mentionné, l'un de nos aspects... l'un des aspects
qui nous préoccupent énormément dans le cadre de ce plan budgétaire est toute
la question de la pénurie de main-d'œuvre, des raretés de main-d'œuvre. Je vous
vois hocher la tête, M. le ministre. Donc, je ne vous surprends pas
aujourd'hui, à la suite de notre débat de fin de séance de la semaine dernière,
en commençant d'emblée mon allocution avec la question de la pénurie de
main-d'oeuvre. On l'a répété maintes et maintes fois, on le sait, donc le
Québec vit un vieillissement de la population, on vit un défi démographique
extrêmement important, et, au cours des cinq dernières années, nous n'avons pas
nécessairement eu... de notre côté, au sein de l'opposition officielle, nous
avons été un peu insatisfaits de la réponse gouvernementale à ce sujet.
Dans le budget, vous nous parlez
d'Opération main-d'œuvre. Mais, cette fois-ci, cette année, donc, avec le plan
de 615,2 millions lié à résorber la pénurie de main-d'oeuvre, nous y
voyons des mesures, et je le répète parce que je pense que c'est important, qui
ne sont pas inintéressantes. On a des mesures ici qui sont... qui peuvent être
créatives pour être en mesure d'améliorer l'intégration de différents
travailleurs, pour être en mesure d'avoir une meilleure adéquation, un meilleur
appariement entre les compétences et une meilleure intégration, donc, de
travailleurs qui sont sous-représentés au sein du bassin actuel.
Mais, d'emblée, donc, je commencerais en
vous demandant donc : Pourquoi ce choix? Donc, pourquoi on vient tout
simplement puiser dans le bassin actuel de travailleurs plutôt que de tenter de
l'élargir?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, en fait, ce qu'on a essayé de faire depuis 2018, c'est de stimuler la
participation au marché du travail. Et puis, si vous permettez, je vais aller
dans mes notes qui suivaient la publication des dernières statistiques sur
l'emploi, parce que... Excusez-moi. Je trouve celles-ci, parce qu'elles sont
particulièrement pertinentes, et elles sont à la première page de mon cahier,
comme quoi ça indique leur importance.
• (12 h 10) •
Alors, on a à peu près, au Québec,
7 millions de population de plus de 15 ans, et c'est généralement, en
statistiques, là, la population de travailleurs potentiels, et puis, parmi ces
7 millions de personnes, il y en a à peu près 4,6 millions qui sont
actives, c'est-à-dire qui veulent travailler. Alors, une des choses qu'on a
essayé de faire depuis 2018, c'est d'accroître le pourcentage du
7 millions qui veut travailler. Alors, ça, on appelle ça le taux de
participation ou le pourcentage de population active. Celui-ci était à
64,8 %, donc 4,6 millions sur 7,03 millions, en février 2020,
avant la pandémie, puis là, durant la pandémie, il y a eu plusieurs changements
structurels : télétravail, certaines personnes qui ne voulaient plus participer
au marché du travail pour des raisons de... sanitaires, de santé ou des
modifications dans le marché du travail, et là on a eu toute cette turbulence,
cette grande... cette récession profonde, mais brève qu'on a eue en 2020, le
rebond en 2021. Et là, on a eu les statistiques de février 2023, et nous sommes
revenus à un taux d'activité de 65 %. C'est donc un taux d'activité qui
est plus élevé qu'avant la pandémie.
Alors, ça veut dire qu'on réussit... Puis
ça, c'est malgré le fait, là, que la population a... on a quand même un
processus démographique, au Québec, où la population vieillit assez rapidement,
avec une pointe en 2030. Alors, juste d'avoir gardé le même chiffre, ça aurait
été bon. Avant la pandémie à maintenant, on est plus élevé au niveau du taux
d'activité.
Au niveau du taux d'emploi... Ça, c'est
les gens qui travaillent. Donc, parmi la population active, il y a les gens
en... Il faut que je conclue? Il y a les gens en...
M. Girard (Groulx) : ...emploi,
nous étions à 61,9 et là on est à 62,3. Alors, on a réussi à stimuler la
population active, le taux d'emploi, ce qui fait qu'aujourd'hui on peut dire,
en grande généralisation, que le Québec est au plein emploi. Ça veut dire que
l'ensemble des personnes qui pourraient travailler travaillent, à l'exception
probablement de 75 000 personnes entre 60 et 70 ans, parce qu'on a un taux de
participation au marché du travail supérieur à la moyenne canadienne, toutes
les cohortes d'âges de 15 à 60 ans, mais on est un peu inférieur entre 60 et 69
ans. Il reste à peu près 70 000 travailleurs à aller chercher, là.
Alors, vous avez raison que l'afflux de
nouveaux travailleurs dans le bassin de travailleurs, c'est important. Puis
c'est pour ça qu'on est... on a l'immigration, qui a de nombreux avantages pour
la société québécoise. Mais loin de moi l'idée de résumer l'immigration au
simple fait de stimuler l'offre de travail. Mais un des bénéfices, c'est que ça
amène des travailleurs. Puis l'immigration, généralement, la population est
plus jeune que la population d'accueil. Et puis, oui, il y aura une
consultation sur les seuils d'immigration qui viendra, stratégique.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Chère collègue.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Vous savez, donc, on a des temps de parole limités.
Le Président (M. Simard) : Oui,
alors, comme c'est parfois le cas avec des GPS, il y a un recalcul de votre
temps, bonifié. Vous aurez 18 minutes plutôt que 14, ce qui sera la même chose
pour notre collègue de Maurice-Richard.
Mme Cadet : D'accord. Merci.
Merci beaucoup, M. le Président. Merci... Merci, merci au ministre. L'une de
mes sous-questions... Quand vous avez commencé votre allocution, on parlait,
donc... Je me suis tout de suite questionnée sur le taux d'activité, le taux
d'emploi par tranche d'âge, et vous y avez répondu, donc, en mentionnant le
dernier aspect. Puis je vous... je vous entends. Donc, là, vous parlez, donc,
des... l'un des bienfaits, vous avez raison, et c'est évidement, donc, la
position de tout le monde autour de cette table, que l'immigration, donc, ne
peut se résumer qu'à la capacité d'adéquation avec le marché du travail, mais
c'est l'un des bienfaits de celle-ci, mais on ne voit pas...
Je retourne la question. Ce que j'ai...
J'ai l'impression qu'avec ce que vous nous dites, en fait, c'est qu'il faudrait
qu'on puisse élargir la tarte et accroître le bassin actuel de travailleurs,
mais ce n'est pas... bon, ce qu'on entend de façon générale de la politique
gouvernementale, mais ce n'est pas ce qu'on... exactement ce qu'on voit ici.
Parce que, dans les... bon, dans les mesures, donc, on semble, donc, vouloir,
donc, appuyer, donc, l'intégration socioéconomique, donc des... donc des
personnes... donc des personnes étant sur le territoire, mais également on
semble aussi se... je vais dire, se rabattre, mais mettre l'accent sur les
travailleurs qui sont temporaires.
Parce qu'on entend... on peut lire, donc,
à la page B.66 : «Favoriser l'attraction et la rétention de travailleurs».
Donc, au deuxième point, donc, dans le... Donc, il y a 20,3 millions de
dollars sur cinq ans qui sont alloués pour augmenter le nombre de ressources
destinées à l'analyse des demandes d'immigration temporaire. Et là je me
questionne sur ce choix précis versus une immigration plus permanente. Parce
que, quand on rencontre les différents acteurs sur le milieu, probablement que
vous avez entendu, donc, les mêmes... les mêmes constats, M. le ministre, quant
au... bon, d'une part, du côté des employeurs, les différents coûts... bon, les
délais, ça, vous en parlez, mais la lourdeur qui existe par rapport à
l'immigration temporaire, et bon nombre nous disent : Un processus qui
miserait sur une immigration plus permanente serait plus plus approprié pour
leurs besoins incertains, donc...
Je rencontrais, plutôt cette semaine,
donc, des groupes qui me disait : On est obligés essentiellement d'acheter
un bloc pour pouvoir accueillir des travailleurs temporaires. Le coût moyen
pour les travailleurs temporaires, pour les entrepreneurs, nos PME, est à peu
près de 20 000 $ par travailleur temporaire. Et, du côté des travailleurs
temporaires eux-mêmes, donc, ça crée beaucoup d'incertitude, beaucoup de défis
aussi au niveau de la francisation. Je vois que cette mesure existe dans le
budget, mais, au niveau de l'incitatif pour l'entreprise, pour la PME, de
pouvoir franciser ses nouveaux travailleurs lorsqu'ils sont temporaires, il y a
un incitatif un peu qui décroît à ce moment-là.
Donc, je vous entends, donc, en
disant : O.K., donc...
Mme Cadet : ...vous acquiescez
au fait que c'est important qu'on puisse accroître notre bassin de
travailleurs, sans que ce soit nécessairement chiffré ici, mais j'aimerais,
donc, peut-être vous laisser continuer dans votre réponse un peu plus tôt et
aussi nous répondre quant à la distinction entre les travailleurs...
immigration temporaire versus permanente qui est dans le budget.
M. Girard (Groulx) : C'est
un... c'est un vaste sujet dont je ne suis pas responsable, mais je vais
essayer néanmoins de répondre et de ne pas esquiver la question. J'en profite
pour dire qu'il y aura une consultation bientôt sur les seuils d'immigration
2024-2027 comme il se doit, il y a toujours un plan stratégique trois ans, et
que la ministre responsable de l'Immigration fait... a fait une tournée
régionale, et elle... elle aura l'occasion de divulguer ses orientations, et
peut-être vous ou d'autres de vos collègues participeront aux travaux.
Mais je pense que ce qui est dit dans le
budget, c'est que, si on peut avoir plus... si on peut avoir du succès dans la
francisation et la régionalisation de l'immigration, c'est-à-dire réussir à
amener plus d'immigrants en région, bien, certainement que ce serait possible
d'avoir plus d'immigrants s'il y en a plus qui allaient en région, puisque
présentement l'immigration est concentrée dans la région de Montréal. Quant
à... Alors, c'est pour ça qu'il y a beaucoup d'argent dans la création de
francisation au Québec qui va aider tous les immigrants, dans certains cas, même,
avant qu'ils arrivent ici. La création de Francisation Québec puis
l'intégration, la régionalisation, bien, c'est... Puis ça va même... Mme la
députée, ça va même jusqu'aux demandeurs d'asile, là, qui pourraient être
amenés à Québec dans le cadre d'un projet pilote, là.
Quant à la valeur relative de
l'immigration permanente versus l'immigration temporaire, bien, évidemment,
tous les immigrants ont une grande valeur, puis il y a des débats là-dessus.
Est-ce que... On a approximativement, là, les chiffres fluctuent, mais près de
160 000 immigrants temporaires sur le territoire dont la majorité
sont des étudiants. Est-ce que ceux qui ne sont pas des étudiants pourraient
être convertis en immigrants permanents? Sûrement. Et, oui, c'est des choses
qui doivent être discutées. Puis ce sera discuté dans le cadre des
consultations sur les seuils, et tout cela.
Nous, lorsqu'on a fait les travaux sur le
potentiel économique du Québec, on a fait comme hypothèse que la population du
Québec allait croître approximativement de 0,5 % par année, tandis que
l'Ontario croît approximativement de 1 % par année. Alors, le Canada a une
politique d'immigration plus agressive que le Québec. Vient avec ça des
demandes... des pressions au niveau des écoles, du transport en commun, de
l'habitation d'une tout autre ampleur que ce que nous, on vit, malgré le fait
que ce que nous, on vit est extrêmement important, mais nous, notre 0,5 %,
il était cohérent avec les seuils d'immigration permanente actuels. Alors, dans
la mesure où les seuils qui seront étudiés, si des chiffres plus élevés étaient
considérés, ça pourrait augmenter la croissance de la population, le bassin de
travailleurs, etc.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
M. le ministre. Vous n'êtes pas responsable du dossier, mais vous avez ouvert
la porte, donc je ne pouvais pas m'empêcher de mettre le pied dedans.
M. Girard (Groulx) : Allez-y.
C'est vos questions, allez-y.
• (12 h 20) •
Mme Cadet : Et aussi, au
niveau du chiffre des... des personnes ayant un statut temporaire sur le
territoire, je pense que c'est... c'est près de 300 000, en fait, incluant
les étudiants, là. En incluant les étudiants, ce serait près de...
M. Girard (Groulx) : Moi, je
vois un chiffre beaucoup plus bas que ça, mais il y a beaucoup de débats sur ce
chiffre, puis parce que c'est la somme d'entrées annuelles, là, on parle d'un
stock. Moi, là, le chiffre que j'ai, c'est de l'ordre de 170 000.
Mme Cadet : Avec les
étudiants?
M. Girard (Groulx) : Incluant
les étudiants. Est-ce qu'il y a les demandeurs d'asile là-dedans?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Probablement
pas.
Mme Cadet : O.K. C'était
peut-être ça. Ça, je trouvais que c'était le chiffre total.
M. Girard (Groulx) : Ça fait
que ça, c'est... Il y a probablement un 50 000 de plus au moins, là.
Mme Cadet : Oui,
définitivement...
Mme Cadet : ...je vous entends
sur la régionalisation, puis, évidemment, c'est quelque chose qui faisait
partie aussi de notre plateforme.
Je vais digresser un petit peu avec ce
sujet-là, mais plutôt moi, j'étais à Trois-Rivières cette semaine. Puis, bon,
Trois-Rivières, donc c'est une des raisons... une des régions qui, à une autre
époque, était la capitale canadienne du chômage, et là qui vit le plein emploi,
et qui accueille favorablement, donc, l'idée de pouvoir accueillir de nouveaux
travailleurs, donc notamment via la régionalisation de l'immigration, mais ce
qu'ils nous disent, c'est qu'ils voient une certaine incohérence avec cet
élément-ci dans le budget et le peu d'investissements qui est prévu en matière
de logement. Donc, on nous dit, oui, on veut accueillir des gens, mais on ne
sait pas du tout où les loger.
Donc, je vais laisser mes collègues, un
peu plus tard, dans un autre segment, parler plus profondément des mesures...
des mesures, bon, qui nous apparaissent insuffisantes en matière de logement,
mais j'aimerais ici vous entendre sur la cohérence, en fait, le souci de
cohérence entre l'objectif de régionaliser plus d'immigration mais de... par le
fait même, de ne pas nécessairement investir ce qui conviendrait en matière de
besoins en matière de logement.
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, je conteste votre prémisse qu'on ne fait pas des choses importantes en
logement. On a investi 3 milliards sur quatre ans dans le premier mandat,
1 milliard dans ce budget-ci. Et j'ai vu beaucoup de gens critiquer notre
effort en transport en commun et en logement, mais, quand j'ai ouvert le budget
fédéral mardi, je n'ai rien vu pour ni l'un ni l'autre. Alors, tout est
relatif, M. le Président. 1 milliard de dollars, c'est extrêmement
important.
J'ai eu l'occasion de dire qu'un budget du
gouvernement du Québec, depuis que je suis là, c'est approximativement
15 milliards d'initiatives sur cinq ans. Et, dans notre cas, ici, bien, il
y a près de 6 milliards qui vont à la Santé, puis 3 milliards qui
vont à l'Éducation, alors ça va vite. Et il y a 1 milliard pour les soins
à domicile, il y a 1 milliard pour la productivité des entreprises, il y a
1 milliard pour l'environnement puis 1 milliard pour le logement. Et
donc je pense qu'on répond présent.
Quant à la capacité des régions
d'accueillir des immigrants, là, c'est une question extrêmement importante,
puis c'est pour ça que la ministre fait une tournée des régions pour voir...
Parce que tout le monde dit : Nous aimerions accueillir plus d'immigrants,
sous-entendu plus d'immigrants permanents, puis là c'est une chose le dire,
mais il faut être sûr d'être en mesure de les accueillir, d'où l'importance de
sa tournée.
Le Président (M. Simard) : Madame,
il vous reste environ 20 secondes.
Mme Cadet : 20 secondes
pour poser une question?
M. Girard (Groulx) : 10-10.
Mme Cadet : O.K., pour un
échange. Donc, rapidement au niveau de l'accompagnement en matière de
productivité et de main-d'œuvre, comment est-ce que les besoins ont été
déterminés?
M. Girard (Groulx) : Bien,
ça, on revient au plan main-d'œuvre de 2021. Il y a des aspects de
qualification, requalification pour les travailleurs existants puis il y a des
aspects au niveau du système d'éducation puis d'enseignement supérieur, là.
C'est deux aspects séparés : éducation, requalification.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Je cède maintenant la parole au député de Maskinongé qui lui,
également, dispose de 18 minutes dans le cadre de son intervention.
M. Allaire : Merci, M. le
Président. Salutations, d'abord...
(Interruption)
Le Président (M. Simard) : Voilà.
M. Allaire : Bon, il n'était
pas ouvert, donc ça donne bien. Salutations, chers collègues. Merci, M. le
Président. D'entrée de jeu, vous allez me permettre de féliciter le ministre.
Et puis je ne le fais pas pour... pour être, entre guillemets, téteux, vous
allez comprendre. En fait, imaginez tout le travail que ça représente,
sincèrement, travailler un budget, le travail colossal que ça peut représenter
juste de rencontrer les groupes d'intérêt, de débattre, d'une certaine façon,
entre collègues, collègues ministres qui ont tous et toutes des revendications
à faire pour leurs différents ministères, avec l'ensemble de la députation
aussi qui souhaite voir des programmes bonifiés pour toutes sortes de raisons.
Alors, je trouve que c'est un... c'est un travail ou des fonctions qu'occupe le
ministre qui sont... qui sont très honorables, puis je pense qu'il le prend
très au sérieux.
Puis vous allez me permettre une
parenthèse, M. le ministre. Hier, à la fin du caucus, caucus de la CAQ, on
marchait vers nos appartements respectifs. Puis M. le ministre nous a fait
l'honneur de marcher avec nous parce qu'on reste à peu près dans le même coin.
Et nous, entre collègues, on a décidé qu'on avait besoin d'aller prendre un
petit verre ensemble pour un peu décanter de notre journée. Je pense que c'est
humain puis c'est normal. Et on a invité le ministre à se joindre à nous, puis
le ministre, bien, il a refusé...
M. Allaire : ...puis il a
décidé d'aller à ses appartements. Et là je viens d'apprendre pourquoi.
Imaginez-vous donc que, par sa rigueur, il a décidé que lui, il prenait sa
soirée à lire le budget fédéral. Ça fait que, tu sais, ça démontre quand même,
encore une fois, à quel point il prend ses fonctions au sérieux. Puis je pense
que ça prend ça, honnêtement, pour arriver à un résultat qu'on a aujourd'hui,
un résultat qui est somme toute très bénéfique pour le Québec. Je ferme ma
parenthèse. C'était sympathique. Merci, M. le ministre, pour le moment d'hier.
L'inflation. L'inflation, honnêtement,
vous en avez tous entendu parler pendant la campagne électorale à tous les
jours. Je dirais même que c'est un mot qui peut même nous donner, d'une
certaine façon, le vertige parce qu'on le contrôle mais pas tant que ça au
final. Parce qu'on a beau mettre des mesures en place et... c'est vraiment le
comportement du consommateur qui va faire qu'en bout de ligne on va savoir si
les mesures qu'on a mises en place ont fonctionné.
L'histoire nous démontre que, très
souvent, c'est des grands moments... bien, je dis des grands moments... des moments,
plutôt, perturbateurs... je m'excuse, je reviens un peu sur mes paroles, mais
plus des événements perturbateurs qui ont fait en sorte qu'on a connu des
grandes périodes inflationnistes, entre autres la Première Guerre mondiale. Je
donne cet exemple-là. On peut comprendre pourquoi, mais ça a eu un impact
considérable sur l'inflation de différents pays. Entre autres, la France, à
l'époque, a connu une inflation de 13 %, l'Allemagne, 17 %. C'est
quand même énorme. Vous pouvez imaginer tout ce que ça peut représenter pour
les différents pays mais surtout pour le citoyen qui est impacté.
Dans notre cas à nous, je pense qu'on peut
dire que les trois dernières années est un bel exemple d'un événement
perturbateur qui est venu influencer énormément l'inflation. Je parle ici de la
fameuse pandémie. Je pense que ce n'est pas un secret pour personne. Ça a eu de
l'impact, naturellement, sur la pénurie de main-d'oeuvre. C'est venu accentuer,
en fait, la pénurie de main-d'oeuvre. La hausse des taux d'intérêt, on le voit,
ça nous touche tous, et probablement c'est ce qui nous touche le plus. Vous
pouvez aller voir, là, avec vos téléphones... peut-être pas là, mais vous irez
voir à un autre moment. Mais vous le savez, en fait, parce que, si vous êtes
conscient de vos finances et que vous les gérez bien, vous voyez l'évolution
des taux d'intérêt sur vos propres emprunts soit hypothécaires, vos emprunts
auto ou d'autres prêts personnels. Et, honnêtement, comme ancien banquier, je
vous dirais que je me permettais tout le temps de suggérer à mes clients de
prendre le taux variable. Mais je pense qu'actuellement, considérant la nature
exceptionnelle de l'économie, ce n'est peut-être pas la recommandation que je
ferais ou que j'aurais faite en sachant ce qui était pourrait arriver. Parce
qu'on le sait, l'inflation a quand même un impact énorme, notamment sur les
taux d'intérêt.
• (12 h 30) •
Dans ce contexte-là, c'est sûr que, nous,
c'était dans la philosophie de la CAQ, ça a toujours été dans la philosophie de
la CAQ, c'était de remettre le plus d'argent possible dans le portefeuille des
Québécois. On l'a vu, M. le Président, en début 2018, on avait déjà commencé à
mettre en œuvre nos promesses, entre autres avec la mise en place d'un taux
uniforme de taxation scolaire, qui a fait en sorte que beaucoup de citoyens du
Québec ont eu plus d'argent dans leurs portefeuilles. On a vu aussi qu'on a
plafonné les tarifs de stationnement, ce qui a permis aussi de remettre plus
d'argent dans le portefeuille des Québécois. Mais ça, c'était avant la
pandémie.
Maintenant, après la pandémie ou pendant
la pandémie, parce qu'on a bien vu qu'il y avait un impact considérable, là,
sur le citoyen, avec une inflation qui était déjà à la hausse, bien, c'est sûr
qu'il a... mettre en place d'autres mesures, entre autres une première série de
chèques, qu'on a modulés, d'une certaine façon, en fait, qu'on a mis un
plafond, pour permettre à certains citoyens de bénéficier, là, d'une certaine
somme d'argent. Et je me souviens, à l'époque, le ministre, il revenait tout le
temps avec ça, le fameux panier de consommation, c'était comme sa façon de
mesurer l'inflation.
Puis ça va être ma première question, M.
le ministre, pour vous. Parce que c'est important, je pense, que les gens le
comprennent, parce qu'on a fait quand même aussi une deuxième série de chèques
récemment, qui était une de nos promesses-phares électorales, qui était
comprise dans le bouclier inflationniste. Le fameux panier de consommation, là,
vous, là, de votre perspective, là, vous le calculiez comment?
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci,
M. le Président. Merci pour la question. Et, en fait, je vais me permettre de
centrer la question sur le panier de consommation de biens essentiels. C'est
vraiment ça qui est important...
12 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...lorsqu'on
regarde ce qu'on veut faire comme politiques publiques. Alors, on parle du
logement, de l'alimentation, des vêtements et du transport. Et ce panier de
consommation là, pour un adulte, le panier de consommation moyen, ça tourne
autour de 25 000 $ par année, pour ses besoins essentiels. Et lorsqu'on
regarde les hypothèses économiques, à la page G.30 de la section économique, on
voit que l'inflation, en 2021, en moyenne, a atteint 3,8 %, et qu'en 2022
elle a atteint 6,7 %, et que là, 2023, nous prévoyons 3,5 %, et
3,5 %, c'est la prévision de la Banque du Canada pour l'année. Et,
présentement, le comportement de l'inflation est tel que la cible de
3,5 %, en moyenne, pour l'année, tient. On est... Selon ce qui se passe au
premier trimestre, on est cohérents avec l'atteinte du niveau moyen de
3,5 %.
Ce qui est important de savoir, c'est,
lorsqu'on indexe le régime fiscal, on se base sur la période du 1er octobre
au 30 septembre de l'année précédente. Et donc, lorsqu'on a fixé l'indexation
du régime fiscal de 2022, on s'est arrêtés à la période du 30 septembre 2021,
et ça, ça précédait deux choses extrêmement importantes, l'effet du variant
Omicron en Chine, qui a complètement paralysé les chaînes d'approvisionnement,
et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a perturbé bien des choses, mais,
notamment, le prix de l'énergie et des aliments, puisque la Russie et l'Ukraine
sont des producteurs de denrées alimentaires extrêmement importants dans l'économie
mondiale.
Alors, le régime fiscal de 2022 a été
indexé de 2,6 %. Bien que l'inflation moyenne, pour 2021, était à 3,8 %, c'est
seulement dans le dernier trimestre de 2021 qu'on a commencé à voir la poussée
de l'inflation. Et donc, lorsqu'on dit qu'en 2022 le panier de consommation a
augmenté de 6,7 %, les Québécois avaient un régime fiscal qui était indexé
à 2,6 % pour faire face à cette hausse de 6,7 %, et c'est ça qui a
amené les gestes ponctuels pour compenser sur l'effet de surprise.
Arrive 2023, indexation basée sur l'année
2022, taux moyen d'indexation pour l'année, 6,4 % du régime fiscal 2023.
Or, on attend 3,5 % d'inflation. Donc, le régime fiscal, cette année, va
compenser de plus de 3 % pour la hausse de l'inflation qu'on devrait
absorber, et c'est donc ça qui m'a permis de dire que les gestes temporaires n'étaient
plus nécessaires en 2023, parce que le régime fiscal, les allocations famille,
les crédits d'impôt, par exemple, solidarité, logement, etc., TPS sont indexés
à 6,4 %.
Alors, on a donc une indexation du régime
fiscal qui va compenser près de deux fois la hausse de l'inflation prévue en
2023, et ça nous a permis de se positionner pour faire un geste à plus long
terme, regarder plus loin, avec la baisse d'impôts pour 4,6 millions de
Québécois, pour stimuler le potentiel économique et l'offre de travail à long
terme. Je m'arrête ici, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Cher
collègue de Maskinongé.
M. Allaire : Oui, merci.
Bien, justement, parlons-en, de la baisse d'impôt. On est considéré, le Québec,
comme la province canadienne la plus taxée, puis je pense qu'en Amérique du
Nord aussi parmi les plus taxés, c'est clair, et avec le budget, clairement, on
veut réduire le fardeau fiscal des Québécois. Mais, au final, on peut dire clairement — puis
là j'ai entendu tout l'argumentaire que vous venez de dire — que c'est
le pouvoir d'achat du citoyen québécois qui va être clairement augmenté.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mais si on regarde la page B.7 du budget, où on compare le fardeau fiscal,
alors, le Québec est à...
M. Girard (Groulx) : ...14,7 %.
Ça, c'est le poids de l'impôt sur le revenu des particuliers par rapport au PIB
par province pour le Canada et pour les économies avancées, là, ça, c'est le
graphique. Et puis, à 14,7 %, ça comprend évidemment la composante
fédérale. Et là, avec la baisse d'impôt, on va passer de 14,7 % à
14,3 %. Et puis l'Ontario est à 14,1 %, puis la moyenne canadienne à
12,7 %, puis la moyenne de l'OCDE est à 9,5 %. On a donc encore du
travail à faire, M. le Président, mais tout ça, ça se fait à long terme, dans
le respect des principales missions de l'État. Puis encore une fois, comme je
l'ai dit, là, on priorise santé, éducation, environnement et l'économie.
Mais c'est certain que, lorsque nous
serons revenus à l'équilibre budgétaire en 2027-2028, mais nous pourrons
considérer d'autres réductions du fardeau fiscal, là. On est vraiment dans une
vision à long terme, chaque chose en son temps. Dans le premier mandat, vous
l'avez bien souligné, on a fait des gestes plus ciblés, là, les stationnements
d'hôpitaux, la taxe scolaire, le crédit d'impôt maintien à domicile, crédit
d'impôt pour travailleurs expérimentés. Là, dans le deuxième mandat, on voulait
une réduction généralisée du fardeau fiscal. Et puis, si on revient à
l'équilibre budgétaire plus vite que 2027-2028, on pourra reconsidérer une
réduction du fardeau fiscal. On a indiqué, en campagne électorale, qu'on
voudrait poursuivre la réduction des deux premiers seuils jusqu'à 2,5 %
plutôt que 1 %, mais chaque chose en son temps. Et c'est un équilibre, M.
le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. Allaire : Merci, M. le
ministre. Parlons écart de richesse. On entend souvent notre premier ministre
parler d'écart de richesse avec? L'Ontario. Quand même, je suis surpris,
l'opposition, quand même, j'aurais pensé que, de façon très unanime, aurait
répondu. Parce que souvent, quand que le premier ministre évoque l'écart de
richesse avec l'Ontario et notre volonté de le réduire, on dirait qu'ils sont
tannés d'entendre cet argumentaire-là mais qui est tellement important. C'est
ça qui fait la différence, parce que, si on augmente, naturellement, notre
richesse comme... comme peuple, comme... comme province, c'est sûr que ça nous
permet de se payer davantage de programmes sociaux, qui, naturellement, ont un
impact sur les services à la hausse et sur... sur l'ensemble de la...
productivité, pardon, du Québec.
Ça fait que, M. le ministre, c'est sûr que
ma question est très large, puis je sais qu'on insiste beaucoup là-dessus, mais
ça a un réel impact, puis je pense que les gens, il faut qu'ils le comprennent
bien. Ça fait que j'imagine que vous êtes d'accord avec ça, c'est clair?
• (12 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien, ça, c'est la page G6 du budget, mais effectivement on n'a pas besoin de
consulter la page G6, là, on en parle fréquemment, mais je vais faire un lien
avec la question de la députée... Bourassa-Sauvé, de Bourassa-Sauvé. Lorsqu'on
regarde le tableau de la page G6 puis qu'on fait des projections, des
prévisions pour l'évolution de l'écart de richesse du PIB par habitant,
évidemment, il y a le dénominateur, la croissance de la population. Puis, dans
ces hypothèses-là, c'est 0,5 % de croissance pour le Québec, puis 1 %
pour l'Ontario.
Ça fait que c'est important parce que
80 % de la croissance économique future du Québec devra venir de la
productivité et 20 %, de l'offre de travail. Bon, puis il y a un terme,
là, d'erreur, là, qui englobe toutes sortes de choses comme le climat
d'affaires, puis les investissements publics, puis etc., mais grosso modo
80 % productivité, 20 % travailleurs. La députée de Bourassa-Sauvé
disait : Vous devez augmenter la composante travailleurs parce que nous
sommes au plein emploi. C'est vrai. Puis il y a beaucoup d'efforts qui se fait,
évidemment, sur le 80 %, la productivité. Ça, c'est l'investissement des
entreprises, l'innovation, tout le volet de l'investissement privé mais aussi
de l'investissement public.
Parce que, par exemple, si on prend la
santé, si on inclut le secteur pharmaceutique privé au secteur public de la
santé, la santé au Canada, c'est un secteur économique plus gros que l'énergie.
Et donc ça prend des gains de productivité, oui, dans le privé, ça en prend
dans le public aussi...
M. Girard (Groulx) : ...donc,
d'où l'importance, tout est lié, du plan santé de notre collègue, le ministre
de la Santé, qui on doit... on veut avoir un système de santé plus efficace,
plus performant pour les citoyens. Mais ça va aider aussi, là, si on a un
régime plus performant qui donne les meilleurs services, mais ça va libérer des
capacités ailleurs dans l'économie. Et donc cet écart de richesse là, c'est...
il est aussi loin que nous avons des données statistiques économiques au
Canada, l'écart de richesse entre le Canada et l'Ontario est là. J'ai longtemps
pensé que c'était lié à des événements charnières dans l'histoire du Québec,
par exemple, la construction de la voie maritime du Saint-Laurent, le pacte de
l'automobile, d'autres diraient une certaine élection en 1976, ou des choses
comme ça.
Moi, je tiens à vous dire que, bien que
tout l'accord de libre-échange, bien que toutes ces hypothèses-là sont
plausibles, lorsqu'on regarde les chiffres, aussi longtemps qu'on a des
données, le Québec a un retard sur l'Ontario. Ça a toujours existé. Et donc ce
qu'on essaie de faire, c'est vraiment un changement structurel, un bris dans
l'histoire. Qu'on arrête d'être moins performant et qu'on devienne... le
leader, c'est un mot qui est peut-être surutilisé, mais qu'on devienne
l'exemple au Canada en termes de performance économique.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à mon collègue de Maurice-Richard,
qui dispose de 18 minutes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je vais peut-être commencer par rappeler que ma collègue de Mercier
a déposé, il y a quelques jours, un projet de loi, le projet de loi n° 390, Loi
favorisant la prise en compte de l'égalité des sexes et de la diversité dans
une perspective intersectionnelle dans le processus budgétaire. Et j'ai trouvé
intéressant de revenir d'abord sur ça, et puis, comme j'ai dit en introduction,
une des choses qui sous-tend notre lecture du budget de l'État, c'est la
question d'inégalité que soit de genre, de race ou de classe. Et je
commencerais peut-être par un rappel qui prendra la forme d'une question qui
est...
Donc, nous, on pense que, dans les
politiques publiques, dans les décisions de finances, des lois ou des
politiques publiques peuvent participer à créer ou reproduire des inégalités de
genre, c'est-à-dire qu'il y ait des inégalités de genre dans la société, dans
un point de départ, et les politiques publiques viennent ou les reproduire ou,
carrément, les augmenter. Ça fait que, peut être, ma première question qu'on me
souligne, c'est : Est-ce qu'il pense que cette affirmation est vraie?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est une affirmation générale pleine d'implications. Je tiens à dire... Et je
n'ai pas vu le projet de loi de votre collègue, là, je l'apprends. Je vous
remercie de souligner son dépôt. Je tiens à dire que le gouvernement prend très
au sérieux l'importance d'avoir des politiques inclusives et qui font la
promotion de la diversité. Et oui, les politiques publiques peuvent avoir un
impact différent sur diverses composantes de la société. Puis c'est pour ça...
je pense que c'était au budget 2021, mais vous m'excuserez... Non, rien. Ah! il
n'y a rien comme une sous-ministre à côté de soi pour avoir l'heure juste, au
budget 2021 que nous avons donné dles ressources au Secrétariat à la condition
féminine pour faire des analyses différenciées selon les sexes des politiques
publiques.
Alors, pour vous expliquer comment ça
fonctionne, lorsque, par exemple, une politique publique ou un projet de loi
circule entre les ministères avant d'aller en comité ministériel puis au
Conseil des ministres, mais elle est scrutée, par exemple, sous la loupe de ses
impacts économiques, de ses impacts environnementaux. Et, au niveau du
Secrétariat à la condition féminine, mais il y a des analystes qui regardent
l'impact...
M. Girard (Groulx) : ...au
niveau de l'analyse différenciée selon les sexes, et donc c'est un sujet qu'on
prend au sérieux, et, oui, différentes politiques peuvent avoir des impacts
différents sur les diverses composantes de la société aussi.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Ministre. Donc, effectivement, je veux juste être clair, ce n'est pas juste
différentes composantes de la société, c'est des composantes qui partent
pénalisées dans la société. C'est-à-dire que naître femme au Québec donne des
perspectives qui ne seront pas les mêmes que naître homme, de la même famille,
parce qu'il y a des inégalités de genre, dans notre société, toutes sortes de
biais à travers les plafonds de verre, à travers, même, je ne sais pas, moi,
l'accès à toutes sortes de dépenses qui ne sont pas les mêmes quand on est
femme et homme, et puis de structures sociales. La même chose s'applique aussi
pour les minorités racisées. Donc, ma question pour le ministre est la
même : D'abord, est-ce que, pour M. le ministre, il y a des inégalités de
départ en fonction de la racialité, en fait, du fait d'être racisé ou pas, dans
la société, et, est-ce que, oui ou non, des politiques publiques peuvent créer
ou reproduire des inégalités de race dans notre société?
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, je vous remercie pour la question, et puis je vous rassure, c'est une
question à laquelle je suis sensible. J'en parle fréquemment à la maison,
puisque ma fille étudie, et je la salue, mais ça ne donne probablement parce
que je soupçonne qu'elle n'écoute pas la commission. Je veux la saluer, néanmoins.
Non, non, mais ce n'est pas... mon commentaire n'est pas anodin parce que je
pense que mon père écoute. Mon père est retraité, ma fille est étudiante.
Alors, ma fille étudie en sociologie et «gender studies», alors c'est certain
que ces questions-là sont débattues au souper, même, lors des repas chez nous.
C'est des questions extrêmement importantes. Alors, votre question, c'est
est-ce que tout le monde part égaux dans la société. C'était-u ça, votre
question?
M. Bouazzi : Non.
C'est-à-dire qu'il y a un premier constat qui est qu'il y a des inégalités sur
la base de la racialité, c'est-à-dire, les personnes racisées ont un certain
nombre de pénalités dans la vie de par le fait qu'elles sont racialisées, donc
une personne noire, par exemple, dans la société, est pénalisée à partir du
moment où elle naît, pour toutes sortes de raisons, et qu'il y a des politiques
publiques qui peuvent créer ou produire ou reproduire ces inégalités. Ou
l'inverse. Il y a aussi, évidemment, des politiques publiques, et je suis sûr
qu'il y a des exemples dont vous pouvez parler, qui visent à corriger, donc
lutter contre les inégalités et ne pas les reproduire, au contraire, les
corriger. Donc, ma question est simple, c'est, un, est-ce que vous... est-ce
que vous êtes d'accord avec votre fille? Je ne la connais pas, mais...
M. Girard (Groulx) : Je suis
toujours d'accord avec ma fille, presque.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
reconnaissez, donc, l'existence de ces inégalités de départ et puis le fait que
des politiques publiques peuvent produire ou reproduire des inégalités? Là, je
parle de la question de la race, mais aussi sur la question du genre,
évidemment.
• (12 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Bien, si
votre question c'est est-ce qu'il y a des inégalités? La réponse, c'est oui.
Puis moi, je suis économiste et je n'ai pas étudié ce... je n'ai pas étudié en
sociologie, mais je pense que c'est indéniable qu'il y a des inégalités.
Et puis je vais parler en économiste, il y
a des inégalités économiques, là, tous les enfants n'arrivent pas, par exemple,
en première année au même niveau, ou en maternelle, ou, etc. Alors, oui, il y a
des inégalités.
Est-ce que les politiques publiques
peuvent aider? Puis là vous, vous impliquez que des politiques... ou vous
dites, je ne sais pas si... «vous impliquez» n'est peut-être pas le bon terme,
mais que les politiques peuvent aider à résorber ça et que même certaines
pourraient nuire ou perpétuer ça. C'est ce que vous dites? C'est possible. Il
faudrait qu'on regarde quelle politique publique en particulier puis là on
pourrait débattre sur le bien-fondé de cette politique-là puis ses implications
à ce niveau-là, là. Je sors vraiment de mon domaine d'expertise, et c'est pour
ça qu'on a des ressources au Secrétariat à la condition féminine, pour faire
les analyses sur nos politiques publiques dans cette perspective-là.
M. Bouazzi : En tout respect,
M. le ministre, j'espère qu'il n'y a pas juste sur elles qu'on compte pour
pouvoir faire avancer les inégalités, la lutte aux inégalités de genre, entre
autres. Et étant donné qu'on n'a pas non plus des ressources qui font cette
analyse-là sur les inégalités de race, j'espère aussi que cette sensibilité
d'analyser à quel point est-ce que des politiques publiques peuvent ou pas
produire ou reproduire des inégalités ou, au contraire, les résorber...
M. Bouazzi : ...d'ailleurs,
ayant lu moi-même beaucoup d'économistes, il y a beaucoup d'économistes qui
sont obsédés par ces questions d'inégalités et qui se posent tout le temps la
question : Est-ce que les politiques économiques, dans le cas qui nous
occupe les questions financières, peuvent produire ou reproduire des inégalités
ou, au contraire, les résorber?
Évidemment, je pense que vous en avez un
peu parlé, il y a les questions de classes aussi, évidemment, c'est-à-dire
qu'on peut se retrouver dans une situation où une personne défavorisée dans la
société qui, née de parents défavorisés, a beaucoup plus de chances de finir
dans la même classe sociale, contrairement à un enfant beaucoup plus favorisé
dont les parents font partie des gens les mieux nantis, qui finira probablement
parmi les classes sociales les mieux nanties. Donc, il y a une reproduction, si
on veut, de ces inégalités, et les politiques publiques qu'on met en place, je
l'espère, visent, entre autres choses, à donner une égalité des chances, au
minimum, aux personnes, aux Québécoises et Québécois.
Donc, ma question : Est-ce que...
Quel impact sur les inégalités de genre vous pensez qu'a la baisse d'impôt dont
vous avez parlé en introduction?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, la baisse d'impôt vise à stimuler le potentiel économique et accroître la
participation au marché du travail. Il est bien connu que, lorsque l'économie
est plus forte, ça donne plus d'opportunités de travail et que ça bénéficie
l'ensemble des composantes de la société. Et, en plus, ça donne des meilleurs
moyens au gouvernement pour faire de meilleures politiques fiscales. Alors, la
baisse d'impôt, dans la mesure où elle accomplira son objectif d'accroître le
potentiel économique, sera très bénéfique pour l'ensemble des composantes de la
société québécoise.
M. Bouazzi : Mais, plus
largement, M. le ministre, on parle de 1,7 milliard, 1,8 milliard par an, qui
augmente, d'ailleurs, au fur et à mesure des années. Est-ce que... De cet
argent, est-ce que... Comment vous pensez qu'il sera réparti sur une inégalité
de genre? Est-ce qu'il y a plus d'hommes que de femmes qui vont recevoir une
partie de ce 1,7 milliard de dollars?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, la baisse d'impôt, on est dans le régime fiscal québécois, là. Alors,
pour sa répartition en fonction du revenu... puis je m'excuse, là, je comprends
que ce n'est pas là où vous voulez aller nécessairement, mais, sa répartition
en fonction du revenu, j'ai dit que 90 % des gens qui en bénéficieraient
gagnaient moins de 100 000 $. Et puis on a quand même 2,2 millions de
personnes qui vont bénéficier de la baisse d'impôt qui gagnent moins de
50 000 $. Puis entre 49 000 $ et 99 000 $, c'est
1,8 million. Puis après ça, on a de 98 000 $ à 100 000 $,
on en a 217 000, puis plus de 119 00 $, 290 000 personnes,
que je vais arrondir à 300 000. Alors, la baisse d'impôt, elle vise 4,6
millions de personnes. Ces 4,6 millions de personnes là reflètent la société
québécoise.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Bouazzi : Donc, juste pour
être sûr, vous n'avez pas idée, sur le 4,6 millions, s'il y a plus d'hommes que
de femmes, par exemple?
M. Girard (Groulx) : Non,
mais je peux vous dire que le taux de participation des femmes au Québec est le
plus élevé au Canada, que, lorsque vous participez au marché du travail, la
probabilité que vous payiez de l'impôt sur le revenu est très élevée, en fait,
vous allez en payer si votre revenu est supérieur à l'exemption personnelle de
base de 17 000 $ en 2023, et donc, puisqu'il y a un taux de
participation des femmes au marché du travail qui est élevé, toutes proportions
gardées, une baisse d'impôt au Québec va bénéficier à plus de femmes qu'une
baisse d'impôt dans les autres provinces canadiennes.
M. Bouazzi : En tout respect,
M. le ministre, je pense que ça n'intéresse pas beaucoup les femmes de savoir qu'elles
sont encore plus inégalitaires ailleurs. Restons au Québec. Et la question
c'est : Est-ce qu'on participe ou pas à augmenter ou à diminuer les
inégalités au Québec? Et je vous avouerais que je suis un peu étonné parce que
c'est quand même des données très faciles à avoir étant donné qu'on a et le
sexe et la contribution des contribuables. Ce n'est pas des données compliquées
à colliger. Je peux peut-être participer à aider un peu. Donc, quel est le
pourcentage des Québécoises et des Québécois qui ne profiteront pas du tout de
la baisse d'impôt au Québec?
M. Girard (Groulx) : Répétez-moi
votre question précisément.
M. Bouazzi : Quel
pourcentage... Il y a un pourcentage de Québécoises et de...
M. Bouazzi : ...qui ne paient pas
d'impôt, parce qu'ils sont trop pauvres. Et donc quel est... Quel pourcentage
des Québécoises et des Québécois n'auront rien de cette baisse d'impôt?
M. Girard (Groulx) : Alors
là, si vous permettez, je veux prendre mon téléphone qui va me servir de
calculatrice. Parce qu'on a 6,8 millions d'adultes, et là je vais exclure
les... ceux qui travaillent entre 15 et 18 ans, on va s'en tenir aux
18 ans et plus.
M. Bouazzi : S'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Alors
4,6 divisé par 6,8, ça veut dire qu'il y a 68 % des gens qui ont
bénéficié... 68 % des adultes qui ont bénéficié d'une baisse d'impôt et
32 % n'en ont pas bénéficié.
M. Bouazzi : Et donc, sur le
32 % qui n'en bénéficiera pas, je vous informe que les femmes sont surreprésentées.
Donc, c'est 37 % des femmes. Et, encore une fois, je salue les
recherchistes exceptionnels que j'ai, mais...
M. Girard (Groulx) : Nous les
saluons aussi.
M. Bouazzi : Oui, mais, en
tout respect, ça leur arrive de faire des calculs beaucoup plus compliqués que
de savoir quelle est la représentation des femmes dans un segment quelconque.
Et je pourrais... Il y a une surreprésentation des jeunes aussi. Donc, c'est...
pour les personnes de 16 à 29 ans, c'est 51 % de cette catégorie-là
qui n'aura rien. Il y a une surreprésentation des personnes sans diplôme,
56 % des personnes sans diplôme ne paient pas d'impôt, étant donné qu'ils
sont surreprésentés dans ces populations, souvent parce qu'elles sont vraiment
juste et beaucoup trop pauvres pour pouvoir avoir accès. Il y a aussi...
M. Girard (Groulx) : Il y a
des aînés aussi.
M. Bouazzi : Il y a une...
Exactement. Il y a aussi une surreprésentation d'immigrantes, de personnes
immigrantes et de personnes vivant en région rurale, donc il y en a plus. Donc,
cette baisse d'impôt, au-delà de tous les bienfaits dont vous parlez, étant
donné la configuration des gens dans notre société qui va y avoir droit ou pas,
vient, de facto, augmenter les inégalités ou, en tout cas, s'accommoder des
inégalités qui existent déjà sur la base du genre, sur la base de l'âge, on
pourra décider que c'est normal pour des jeunes de gagner moins d'argent que
les plus... que les moins jeunes, même si la question se pose pourquoi ils
vivraient dans plus de pauvreté, évidemment sur la question rurale aussi, donc
géographique. Et donc de ce que je comprends du ministre, c'est qu'il n'y a pas
eu aucune analyse qui touche à ces questions-là pour se demander quel impact ça
aurait pour ces personnes-là particulièrement. Ou alors il y aurait eu une
analyse et on aurait trouvé que ce n'est pas grave.
M. Girard (Groulx) : En fait,
il faut regarder nos gestes... C'est quand même notre cinquième année au
pouvoir. Il faut regarder l'ensemble de nos gestes. En décembre 2022, nous
avons amené 2 000 $ pour les aînés à faible revenu. Pour avoir
2 000 $, il faut que votre revenu soit inférieur à
24 000 $. Alors, la majorité de ces gens ne paient pas d'impôt. Puis
là, à 44 000 $, vous avez 1 000 $, puis, à
64 000 $, vous avez zéro. Et c'est plus de 1 million d'aînés qui
vont recevoir ce 2 000 $ là. Alors, il ne faut pas regarder les
gestes du gouvernement uniquement en fonction de la baisse d'impôt. Il y a
aussi le régime fiscal qui est indexé à 6,4 %. Il y a le programme de
revenu de base pour les gens sur la solidarité sociale. Alors, je pense qu'au
Québec on a une société qui a à cœur le bien-être de l'ensemble de ses
citoyens, puis on fait des gestes pour les citoyens à faibles revenus aussi.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. En conclusion, cher collègue.
M. Bouazzi : En conclusion,
j'ai eu moi-même la chance d'applaudir les 2 000 $ pour les aînés
parce qu'effectivement ils participent à lutter contre des inégalités. Malheureusement,
je pense que ça doit être une constante de tout le temps se poser la
question : Est-ce qu'on lutte contre les inégalités de classe ou de genre
dans le cas dont j'ai parlé aujourd'hui?
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous tous pour votre précieuse collaboration.
Compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre. N'allez pas trop loin parce qu'on se retrouve ici même à
14 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 02)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. Nous pouvons reprendre nos
travaux. Comme vous le savez, nous sommes dans la poursuite du débat sur le
budget et, à ce stade-ci, la parole appartient à notre collègue d'Iberville,
qui dispose de 18 minutes dans le cadre de son intervention.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup. Bon après-midi, tout le monde. La semaine dernière, j'assistais à la
présentation de mon premier budget en tant que députée élue d'Iberville. Puis
ce que je peux en témoigner, c'est que la demande des citoyens a été entendue.
Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui est à l'écoute. Le présent
budget démontre vraiment qu'on veut réaliser les engagements qu'on a proposés
au cours de la dernière campagne électorale. C'est un budget qui est équilibré
et qui est très prudent. C'est tout à fait, je pense, dans l'optique économique
présente, adapté. Le Québec change. Ça va être notre devoir aussi de s'adapter,
de rester chef de file dans nos domaines. C'est à nous de s'engager.
Puis une de mes priorités, c'est que le
développement économique reste vigoureux en santé, surtout dans les régions.
Puis ce qu'on voit dans ce budget-là, c'est que la réalité de nos régions fait
partie intégrante de notre vision globale. Je constate que les efforts qu'on
déploie pour l'intégration, par exemple, des immigrants à la société
québécoise, surtout sur le marché du travail, est importante et qu'on continue
d'y veiller pour la vitalité économique et la pénurie de main-d'œuvre.
Ma première question, M. le ministre, c'est
que je voulais que vous expliquiez aux gens, qui sont ici puis à la maison, l'ampleur
des mesures du budget pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre, pour que tout
le monde comprenne bien.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup. Alors, comme j'ai eu l'occasion d'en discuter ce matin, pour
amener... augmenter le potentiel économique du Québec, on travaille sur la
composante productivité et la composante travail. Et puis, selon nos estimés,
80 % de la croissance future viendra de la productivité et 20 % de la
composante travail. Néanmoins, bien qu'elle soit, toutes proportions gardées,
quatre fois moins importante, c'est la combinaison des deux qui va amener le
succès. Donc, c'est important d'avoir des politiques qui vont stimuler l'effort
de travail.
Alors, si on va dans le budget à la
section Accroître la richesse du Québec, qu'on se dirige à la section quatre et
cinq, quatre étant, faire face à la pénurie de main-d'oeuvre, et cinq étant,
adapter le régime des rentes aux nouvelles réalités des Québécois, on voit deux
choses. Premièrement, au niveau du ministère de l'Emploi, on a ce qu'on appelle
le COUD, qui est l'alternance études-travail, et on met 100 millions dans ce
programme. Et ça, c'est à la page b.68, où on explique là, qu'est-ce qu'on veut
dire par alternance travail et puis la formation en entreprise. Et ça, c'est un
programme qui est avec la Commission des partenaires du marché du travail, où
les employeurs et les syndicats siègent. M. le Président, vous vous occupez de
baisser le chauffage, vous?
Le Président (M. Simard) : C'est
déjà demandé, c'est déjà demandé.
M. Girard (Groulx) : Parce qu'on
va être bien cuits, là, dans 2 heures et demie...
Le Président (M. Simard) : ...c'est
déjà demandé.
M. Girard (Groulx) : On va
être bien... on va être juste à point. Je continue. Bien, puis peut-être que
c'est moi, mais c'est parfait. Alors, au niveau des régions, là, c'est très
important, c'est... on doit faire un effort pour régionaliser l'immigration. Et
puis évidemment la francisation des immigrants en région, bien, c'est beaucoup
plus facile que dans la région de Montréal, parce que la communauté peut aider
à l'intégration, là. Oui, il y a des centres pour Francisation Québec, mais la
communauté elle-même peut aider à la francisation.
Alors, il y a, dans le budget, si je
résumais, pour la pénurie de main-d'œuvre, 600 millions, dont
100 millions pour les entreprises avec les COUD, le COUD et 500 millions
au niveau de l'intégration, la régionalisation, la francisation de
l'immigration, 200 millions va à la francisation au Québec, 100 millions à
la régionalisation et 150 millions à la reconnaissance des compétences.
Puis là, on pourrait dire : C'est vraiment beaucoup d'argent,
150 millions, reconnaissance des compétences, mais il semble que la
reconnaissance des diplômes et des qualifications, c'est vraiment un problème,
qu'on peut faire mieux et... à ce niveau-là. Et mon collègue Maurice Richard
m'indique que, oui, on peut faire mieux au niveau de la reconnaissance des
qualifications.
Au niveau du Régime des rentes, parce que,
ce matin, on a eu la discussion que, lorsqu'on regarde nos taux de
participation de la main-d'œuvre, on est premier au Canada pour les cohortes de
15 ans à 60 ans. Mais, de 60 à 70 ans, on traîne un peu de
l'arrière par rapport à l'Ontario puis on aurait la possibilité d'aller
chercher 70 000 travailleurs. Alors, on y va avec ce qui a été
discuté en campagne électorale et qui a fait partie de la consultation publique
sur le régime des rentes, c'est-à-dire les cotisations facultatives au Régime
des rentes du Québec, à partir du 1er janvier 2024, pour ceux qui ont déjà
déclenché leur rente, et la protection de la rente après 65 ans pour ceux
qui travaillent à temps partiel.
• (14 h 10) •
Mme Bogemans : Parfait. Merci
beaucoup. C'est des mesures, dont le COUD, qui est super important pour nos
industries agricoles, industrielles, touristiques, même, par exemple, les CPE,
là, qui sont leaders en la matière. C'est certain que l'appui pour la formation
en entreprise, ça va aider aussi grandement toutes les entreprises. Ça va
donner un élan aussi, supplémentaire, je pense, au projet de zone d'innovation
qu'on a entre autres à Saint-Jean-sur-Richelieu, puis nos deux projets
signature qu'on a à Lacolle, dans le comté de la députée juste à côté de moi,
et aussi dans Rouville. C'est des développements qui incitent le milieu des
affaires puis le milieu scientifique à s'arrimer ensemble pour vraiment
faire... de manière évolutive et durable, être capable de positionner nos
régions sur l'échiquier international.
Ça fait que, par rapport à ça, ma question
était que vous prévoyez déployer plusieurs mesures diversifiées, comme un congé
fiscal pour les grands investissements. Les régions représentent une grande
part de notre territoire. Est-ce que vous pouvez dépeindre les mesures
projetées pour stimuler l'activité économique régionale pour leur permettre
vraiment... excusez-moi d'atteindre leur plein essor?
Le Président (M. Simard) : Avant,
j'aimerais informer tout le monde, là, qu'au niveau des transferts fédéraux, au
niveau de la formation de la main-d'oeuvre, on a quand même eu une mauvaise
nouvelle, cette semaine, du gouvernement fédéral, parce qu'il y a des sommes
qui sont transférées annuellement, et nous avions demandé avec insistance, tant
moi que ma collègue de l'Emploi, que ces sommes-là soient reconduites pour
l'ensemble du cadre financier, et, bon, on peut être très positif et dire qu'on
a eu une reconduction pour 2023-2024, mais on n'a eu aucune confirmation pour
les années suivantes. Ça veut dire qu'on va devoir reprendre ce combat-là et
que les transferts fédéraux, au niveau de la main-d'œuvre, c'est important.
Et là votre question était en deux volets,
sur les régions, mais aussi sur le congé fiscal pour grands projets
d'investissement. Je vais commencer avec le congé fiscal, qui est décrit à la
page... à la page, j'y arrive, voilà, à la page B18, B19 et les suivantes.
On y apprend que le congé fiscal qui devait se terminer au 31 décembre...
M. Girard (Groulx) : ...on le
prolonge tout de suite jusqu'en 2029, mais surtout on lui... on le bonifie, on
augmente le nombre de secteurs qui sont disponibles et on ajoute une composante
régionale, c'est-à-dire que le crédit d'impôt à l'investissement, là, c'est les
grands projets, donc plus de 100 millions... mais, par exemple, si votre
investissement est de 100 millions, vous serez éligibles à un
remboursement de 25 %, donc 25 millions, si vous êtes dans une MRC
dévitalisée. Donc, congé fiscal de charge... le FSS, le fonds de services de
santé et l'impôt des entreprises, jusqu'à concurrence de 25 % de votre
investissement. Et, si vous êtes à Montréal et Québec, c'est plutôt 15 %.
Alors, il y a une composante régionale là-dedans et j'en profite pour dire que
le coût estimé de ce congé fiscal est de 373 millions pour cinq ans et
qu'on pense que ça va donner des projets de l'ordre de 24 milliards dans
les 10 prochaines années.
J'arrive au développement régional et ça,
c'est à la page B41. Et, au niveau du développement régional, on a
1,4 milliard qui se compose, tel qu'énuméré au tableau B-17, de
813 millions pour appuyer le secteur bioalimentaire, 217 millions pour le
développement régional, les sommes, là, les FLI, les fonds de... locaux
d'investissement, les fonds pour l'économie sociale, c'est en plus de ce
217 millions, parce que les fonds ne passent pas à la dépense vu que c'est
des investissements. 153 millions pour la mise en valeur de nos attraits
touristiques. Là-dedans, il y a le PADAT et le PARIT. Ce sont des programmes
bien connus du ministère du Tourisme. Il y en a un qui est pour les
infrastructures, d'autres qui est pour les... Le développement de services,
excusez-moi, 128 millions pour le secteur forestier, 108 millions pour
poursuivre l'hyperconnectivité du territoire québécois ou la mettre en place,
et 10 millions pour les minéraux du sous-sol québécois. Ça peut paraître
des sommes minimes, 10 millions, mais évidemment, il y a eu des sommes qui
ont été annoncées avant et c'est la poursuite du plan de match pour les
minéraux critiques et stratégiques.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup. Moi, je voulais maintenant parler un petit peu d'éducation parce que
c'est notre priorité, entre autres, au gouvernement. On est, en fin,
bénéficiaires d'un investissement additionnel pour toutes nos écoles primaires,
secondaires, formation générale pour les adultes, formation professionnelle,
les écoles de ma circonscription comme partout ailleurs, les étudiants, leurs
familles vont être le final récipiendaire de ce projet-là. Le développement est
essentiel pour le futur. Puis je pense qu'on démontre bien son importance en
soutenant la réussite et la persévérance scolaire dans ce budget-ci.
Je ne peux pas passer à côté de ma
première expérience d'accueil de professionnels issus de l'immigration
francophone en soins infirmiers qui viennent faire leur mise à niveau dans les
cégeps, dont, entre autres, au Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, pour
incorporer le milieu du travail, même, durant leurs études, comme préposés aux
bénéficiaires, mais définitivement en tant que membre du personnel infirmier en
2024. Puis c'est un exemple parfait du recrutement international structurant
porteur qu'on veut pour le Québec de demain. C'est plus que
1000 professionnels qui sont présentement en cours d'entrée ou déjà
arrivés pour venir en renfort aux professionnels de la santé. Donc, merci pour
ça.
En parlant de santé, on a tous un besoin
criant, puis je suis fier que le gouvernement ait le courage de prendre les
mesures nécessaires pour rendre notre système de santé plus humain, mais
surtout plus efficace. Je prends la liberté ici de féliciter aussi l'annonce de
la gratuité du vaccin pour le zona. C'était quelque chose en comté qu'on se
faisait demander de manière répétée. Merci. Et c'est entre autres à ça que je
pensais au départ quand je disais qu'on a été... tu sais, les gens sur le
terrain ont été écoutés.
Une de mes priorités, comme élue, c'est
d'augmenter l'offre de services en soins à domicile pour les personnes qui ont
des besoins particuliers ou les aînés pour qu'ils puissent vivre dans la
dignité. On alloue des sommes qui vont aider au déploiement d'une meilleure
offre de services, mais ça va passer par des soins de qualité, péreins, qui
sont accordés même... et qui viennent aussi en support aux personnes proches
aidantes. Les personnes vulnérables ne sont pas oubliées, que ce soit en santé
mentale, en services sociaux, le budget 2023-2024 contribue à la
continuité dans notre mission qui est de renforcer le soutien offert aux
Québécois et Québécoises en matière de santé. Des investissements qui permettent
de bonifier l'appui aux organismes communautaires qui oeuvrent dans ces
domaines. Accroître les services en dépendance, en itinérance et qui doivent
maintenant étendre leurs antennes jusque dans nos petites municipalités, c'est
pris en considération. J'aimerais savoir, M. le ministre, si vous pouvez
m'indiquer concrètement dans le budget, comment vous...
Mme Bogemans : ...vous pouvez
venir soutenir les organismes communautaires qui oeuvrent dans ces secteurs-là.
M. Girard (Groulx) : Très
bonne question qui me... qui me surprend parce que votre introduction ne
m'amenait pas là, mais... mais... mais j'y vais. Alors, on s'en va dans la
section Santé, et puis je vais trouver le graphique qui nous parle des
organismes...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : E-45.
Alors, notre sous-ministre, toujours à son affaire, me dit que c'est bien la
section Santé, mais que ça couvre seulement le PSOC et qu'il faudrait plutôt
parler du PAGAC, du plan d'aide... d'action gouvernemental pour les organismes
communautaires qui lui-même inclut le PSOC qui est pour les organismes
communautaires en santé et services sociaux. Alors, à la page E-45, on
voit que le gouvernement du Québec donne approximativement
2 milliards de dollars par année pour les organismes communautaires,
et que ces sommes ont augmenté de plus de 50 % depuis 2019-2020 parce que
d'abord, les besoins ont augmenté avec la pandémie, puis les organismes
communautaires... puis je l'ai salue, et nous les remercions tous pour leur
contribution parce qu'ils ont rejoint des communautés, des personnes que les
entités publiques elles-mêmes avaient de la difficulté à rejoindre durant la
pandémie. Alors, il faut souligner la contribution des organismes
communautaires, c'est certain. Alors, 2 milliards de dollars, une
hausse de plus de 50 % depuis 2019-2020, et puis, dans le budget, il y en
a pour 443 millions, et puis ça fait essentiellement une hausse de plus de
10 %, là, sur... année sur année.
Mme Bogemans : Merci. C'est
bien apprécié parce que c'est un petit peu dans le même cadre que les
subventions qui ont été octroyées, là, au début du mandat qui, dans mon propre
comté, a amené plus... ou à peu près 50 000 $, là, au centre
d'entraide bénévole pour étendre l'offre de soins à domicile pour les personnes
aînées. Donc, c'est vraiment très apprécié.
Une autre de mes priorités, bien, c'est
les places en garderie. Il faut que le gouvernement... bien, en fait, pas il
faut, il... on s'est engagé à convertir des places de garde non subventionnées
en places subventionnées, puis ça, ça témoigne vraiment de l'équité envers les
familles, puis d'une place accessible pour tous.
Sur le thème de la famille et du milieu de
vie stimulant, je suis heureuse d'apprendre que les projets qui ont été
annoncés en 2019 dans le cadre des... des arénas, par exemple, sportifs, je
pense ici particulièrement à l'aréna de Saint-Césaire, c'est plus de
110 millions qui vont aller pour la finalisation des projets annoncés en
2019. Donc, ça, je trouve que c'est une... c'est une super bonne nouvelle, puis
on va suivre l'attente... des critères d'admission un petit peu plus tard cette
année. Merci beaucoup pour cette...
• (16 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Mais si
vous me permettez de poursuivre mon analyse du budget fédéral parce que vous
savez, le PAFIRS, c'est un programme qui est extrêmement populaire, hein,
contribution fédérale-provinciale et des municipalités pour des projets
d'infrastructures sportives. Le problème, c'est quand le moment où on a choisi
les gagnants, parce que c'est un programme normé où il y a de la demande pour
approximativement cinq fois les sommes disponibles, puis là selon les normes,
des projets ont été priorisés, mais entre le moment où les projets ont été
choisis et aujourd'hui, il y a eu une augmentation des coûts, et là on a
plusieurs projets, en fait, la majorité des projets qui n'arrivent pas à
rentrer dans l'enveloppe qui leur a été octroyée, malgré le mérite de ces
projets-là, parce que je vous le dis, c'est la minorité qui a été choisie, bien
là, la hausse des coûts fait que les projets ne rentrent plus dans les
enveloppes, et là on se tourne vers notre partenaire fédéral, puis on aimerait
bien que les contributions de chacun des partenaires soient bonifiées en
fonction des hausses des coûts, puis on se fait dire, essentiellement :
Arrangez-vous. Alors, j'ai regardé dans le budget fédéral puis je n'ai rien vu
pour le PAFIRS, alors le gouvernement du Québec répond présent et met
110 millions de plus dans les infrastructures pour permettre la
réalisation des projets qui ont été choisis en vertu de critères extrêmement
rigoureux.
Le Président (M. Simard) : Alors,
bien, merci, chère collègue d'Iberville. Je cède maintenant la parole au
porte-parole de l'opposition officielle, le député de Marguerite-Bourgeoys, qui
dispose de 19 minutes.
M. Beauchemin : 19 minutes.
Merci, M. le Président. Merci, M. le ministre. Je veux... premièrement, juste
continuer, faire du pouce un peu sur ce qui a été mentionné un peu plus tôt ce
matin à propos...
M. Beauchemin : ...d'un des
commentaires que vous avez faits, et j'aimerais vraiment avoir plus de
développements là-dessus, parce que ça m'a vraiment pris dans l'oreille. Vous
aviez parlé tout à l'heure, lors de votre allocution, à propos de l'efficacité
des dépenses en santé. Pouvez-vous élaborer un peu, s'il vous plaît, là-dessus?
M. Girard (Groulx) : En fait,
ce que j'ai dit, c'est que le secteur de la santé, au Canada... Vous savez, la
santé, par exemple, là, au gouvernement du Québec, c'est 43 % des dépenses
de portefeuille, et il y a le secteur public, il y a le secteur privé en santé,
les... par exemple, le secteur des médicaments, le secteur pharmaceutique, etc.
Alors, ce que j'ai dit, c'est que la santé au sens large, au Canada, comme
secteur économique, c'est plus important que le secteur énergétique. Donc, si
on veut faire des gains de productivité collectifs, il va falloir en faire dans
le secteur public et dans le secteur privé, d'où la nécessité du plan santé de
mon collègue pour améliorer la performance du réseau au bénéfice des citoyens.
M. Beauchemin : O.K. Et donc,
de quelle avenue... quelle piste de solution d'efficacité, j'imagine - c'est de
ça qu'on parle, là - que vous avez envisagée ou qui est envisagée dans votre
approche?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, si on va au... Là, vous comprendrez que nous avons un porte-parole pour
le plan santé et qui est bien meilleur vulgarisateur que moi, mais je peux
m'essayer. Si on y va au niveau du plan santé qui a été présenté en mars 2022,
on se rappelle qu'il y avait des éléments qui concernent le personnel, les
infrastructures, les données, la technologie, et là il y a une série de
mesures, là, telles que l'inscription aux groupes de médecine familiale - ça,
c'est... on est à plus de 500 000 prises en charge - le guichet d'accès à la
première ligne, pour ceux qui n'ont pas, par exemple, de médecin de famille, ou
qui en ont un, mais qui n'arrivent pas à avoir de services de première ligne,
la formation accélérée du personnel, le dossier santé numérique, les cliniques,
les IPS, les infirmières praticiennes spécialisées, et les... et j'ajouterais à
ça les composantes légales, là, le projet de loi sur les données, le projet de
loi sur les agences, le projet de loi sur Santé Québec. Tous ces éléments-là
visent à rendre le système de santé plus performant.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
est-ce qu'il y a comme une enveloppe budgétaire qui va se dégager de ces
efficacités-là?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Est-ce qu'il y a une enveloppe? Bien, c'est-à-dire qu'on pourrait conclure que,
toutes choses étant égales par ailleurs, le maintien... dans la mesure où le
réseau est plus efficace, le maintien du niveau de service va coûter moins cher
et que, oui, ça peut dégager des ressources pour des innovations, ou des
nouvelles technologies, ou des nouveaux médicaments.
M. Beauchemin : O.K. Puis
est-ce que, ça, ça a été estimé?
M. Girard (Groulx) : Non,
dans le sens qu'on... Lorsqu'on fait des politiques publiques, qu'elles
soient... On n'a pas imputé de gains de productivité dans le réseau dans nos
prévisions de dépenses, non.
M. Beauchemin : O.K. Dans le
budget, vous mentionnez que cette année, c'est 7,7 % d'augmentation dans
Services sociaux, Santé, si j'ai bien vu. L'an prochain, vous parliez de
3,6 %, ce qui inclut aussi les mesures COVID, si j'ai bien compris comment
c'était décrit. Le 3,6 % moins les mesures COVID donne 2,1 %.
J'aimerais juste, si vous aviez deux secondes... me le rerésumer, s'il vous
plaît.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors... Puis merci de soulever cette question. Le ministère des Finances fait
un effort de transparence, et vous aurez remarqué que, plus je fais de budgets,
plus il y a de notes de bas de page. Alors, c'est vraiment un effort de
transparence. À chaque fois qu'il y a un chiffre qui sort de l'ordinaire, je
demande au ministère de mettre une note de bas de page et de l'expliquer. Comme
ça, si vous avez une passion, par exemple, pour les affaires municipales et
l'habitation, bien là, vous avez votre note de bas de page, vous avez vos
explications.
Alors, à la page H.42, Santé et Services
sociaux, variation...
M. Girard (Groulx) : ...en
pourcentage : 2022-2023 sur 2021, 12 %; 2023-2024 sur 2023,
7,7 %; 2024-2025 sur 2023-2024, 3,6 %. Moyenne cumulée... Moyenne
géométrique de ces trois années, 7,7 %. Ça, c'est en excluant les dépenses
COVID non récurrents.
M. Beauchemin : Pour?
Excusez.
M. Girard (Groulx) : Pour
la santé.
M. Beauchemin : Pour
l'année 2023?
M. Girard (Groulx) : Pour
l'année 2022. L'année 2023-2024.
M. Beauchemin : O.K.
M. Girard
(Groulx) :
O.K.?
Mais les... Et les années de 2022... 2021-2022 aussi puisque pour
calculer le taux de croissance 2022-2023, il faut enlever des dépenses
COVID. En fait, le gros des dépenses COVID, vous les avez à la page H-49,
mesures de soutien en 2022-2023 COVID, 4 milliards en santé. O.K.?
Alors, les taux de croissance, 12 %, 7,7 %, 3,6 % seraient si on
a dit on faisait l'hypothèse que les dépenses COVID ne sont pas
extraordinaires, qu'elles sont intrinsèques au réseau, permanente, elles sont
ce qu'elles sont, les taux de croissance seraient de 2,7 %, 1,6 % et
2,1 %. O.K.? Parce qu'on a évidemment, avec la pandémie, augmenté les
dépenses de santé. Puis là, si on a un niveau de dépenses de santé qui est
beaucoup plus élevé, bien, on a moins besoin de croissance.
M. Beauchemin : Donc,
le...
M. Girard (Groulx) : Donc,
bien... Donc, 12 %, 7,7 %, 3,6 % correspond à 2,7 %,
1,6 %, 2,1 % sans... si on met les dépenses COVID dans la base. Puis
ça, c'est essentiellement ce qui est résumé à la note 2 de la
page H-43.
M. Beauchemin : O.K.
Merci pour l'explication. Donc, si je voulais résumer vite, vite, là, c'est les
mesures COVID dans l'année 2024-2025, si elles étaient exclues des
calculs, l'augmentation serait donc de 2.1 %?
M. Girard (Groulx) : Oui,
c'est les dépenses COVID de 2023-2024 qui seraient exclues.
M. Beauchemin : 2023-2024.
Moi, je parlais de 2024-2025 et de 3,6 %.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Et vous parlez du taux de croissance. Ça fait que le taux de croissance, c'est
que le taux de croissance...
M. Beauchemin : C'est par
rapport à...
M. Girard (Groulx) : Au
dénominateur qui est l'annexe...
M. Beauchemin : D'accord.
Exactement. Et donc, si ces mesures-là qui, si j'ai bien compris, vont rester
en partie des masques, etc., etc., une fois qu'elles sont prises en
considération, justement, le dénominateur doit-il encore bouger? Parce qu'à
chaque année on va augmenter les dépenses de COVID?
• (14 h 30) •
M. Girard (Groulx) : O.K.
Là, on est dans une question de divulgation financière. C'est à dire que, dans
le cœur de la pandémie, les années 2020-2021, 2021-2022 et 2022-2023,
c'est la dernière année qu'on a eu ça. O.K.? On a séparé ce qui était des
dépenses temporaires. Par exemple, si on avait un programme pour les salles de
spectacle dans les milieux artistiques puis que cette mesure-là était liée au
fait qu'il y avait des restrictions sanitaires. Alors, cette mesure-là, elle a
été identifiée dans les dépenses COVID. Alors, si vous alliez dans le cadre
financier, vous avez les dépenses, mettons, dans le secteur culture et langue
française. Puis, en bas, vous auriez à la ligne COVID, vous auriez eu les
mesures pour les spectacles dans cette ligne-là.
Alors, 2020-2021, des milliards et des
milliards. 2021-2022, d'autres milliards, 2022-2023, 5 milliards. Puis là,
à partir de 2023-2024, oui, la COVID est toujours présente, mais moins. On est
vaccinés et on a eu la COVID. On ne sépare plus les dépenses COVID ou presque.
On n'en a vraiment presque plus. Il y a un reste un petit peu en santé. Mais
pour 2022-2023, 5 milliards de dépenses COVID en tout, c'est ce qu'on
montre à H-49. Puis 2023-2024, ça va vraiment être petit. Puis là, on revient à
une situation où, bien, les dépenses sont les dépenses puis il n'y a plus de
ligne extraordinaire.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, les 3,6 %, il est net de toute dépense COVID pour 2024-2025.
M. Girard (Groulx) : Oui,
pour 2023-2024.
M. Beauchemin : Pour
2023-2024. D'accord...
14 h 30 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...donc, par
rapport à tout à l'heure au niveau, là, des efficacités de dépenses en santé,
je comprends qu'il y a... c'est un concept théorique, il n'y a pas, en fait, de
calcul qui a été fait, là, il n'y en a pas vraiment, là, qui ont été calculés
pour la fin de l'exercice, pour le questionnement que j'ai fait, là.
M. Girard (Groulx) : Non, on
se garde une certaine humilité. On n'a pas mis de sommes reliées à des gains d'efficience
dans les années futures parce qu'on présente un projet de loi sur Santé Québec.
M. Beauchemin : O.K., d'accord.
Ça va être à suivre, évidemment.
M. Girard (Groulx) : Ça va
être à suivre, puis on se souhaite tous qu'il y ait des gains de productivité
dans le réseau.
M. Beauchemin : Je vous
emmène sur un autre terrain que vous avez abordé ce matin, quand vous parliez
avec ma collègue, la députée de Henri-Bourasse. Donc, on parlait du bassin
potentiel de travailleurs, le taux d'emploi, et vous avez fait référence au
groupe d'âge où est-ce qu'il y a le plus de potentiel, en fait, où est-ce
que... le seul potentiel qui reste, finalement, si j'ai bien compris. Et vous l'avez
chiffré à 70 000 $... Excusez...
M. Girard (Groulx) : 70 000
personnes.
M. Beauchemin : 70 000
personnes. Je... Vous savez c'est quelle page que moi, j'ai préférée dans votre
budget?
M. Girard (Groulx) : Allez-y.
M. Beauchemin : La G7.
M. Girard (Groulx) : La G7!
M. Beauchemin : Oui.
M. Girard (Groulx) : Excellent.
M. Beauchemin : D'accord. J'en
ai mentionné à quelques reprises durant le salon bleu, c'est pour ça que je...
Je m'attendais à une réponse rapide, mais bon. Et donc, quand on regarde...
quand on regarde cette page-là, je me... je me posais la question. Pour,
disons, 2023, quand on regarde le taux d'emploi, bien, premièrement, dans le
bassin de travailleurs potentiels, la croissance du... de celui-ci, vous dit ce
que ça va être 0,3 %. Donc, ça, c'est des nouveaux... ce n'est peut-être
pas le bon terme, pas des nouveaux arrivants mais des gens, maintenant, qui
tombent dans la bracket 15 à 64 ans, c'est bien ça?
M. Girard (Groulx) : Ou qui y
sont déjà mais qui décident de se chercher un emploi.
M. Beauchemin : Ou qui
décident de chercher un emploi. Et, en dessous de ça, on a le taux d'emploi à
1,1 % de... la variation annuelle du taux d'emploi de 1,1 %. Donc, si
je veux analyser le 70 000 que vous mentionnez tantôt, c'est le 70 000
sur le 4,6 millions, si j'ai bien compris le chiffre, de participants dans
le taux d'emploi?
M. Girard (Groulx) : Ce
serait 70 000 travailleurs sur... C'est 70 000 travailleurs
sur le 7,2 millions de Québécois.
M. Beauchemin : O.K. Je vais
faire comme vous...
M. Girard (Groulx) : Qui ont 15...
de 15 à 64 ans. En fait, c'est 15 ans et plus, excusez-moi.
M. Beauchemin : Quinze ans et
plus, O.K.
M. Girard (Groulx) : Puis on
parle de ces 70 000 travailleurs, M. le député, à la page G10.
M. Beauchemin : D'accord, et
donc, quand vous mettez, ici, 1,1 %...
M. Girard (Groulx) : Et 76 000 travailleurs,
pour être précis.
M. Beauchemin : Parfait.
Quand vous mettez 1,1 %, ici, d'augmentation, c'est que vous sous-entendez
donc que ces 76 000 travailleurs vont devenir actifs. Est-ce que c'est
ça que je peux comprendre?
M. Girard (Groulx) : Bien, le
bassin de travailleurs, c'est la ligne Bassin de travailleurs potentiels. Ça, c'est
le taux d'activité. Le taux d'emploi, c'est le nombre de personnes qui
travaillent dans le bassin de travailleurs.
M. Beauchemin : C'est ça.
Donc, lui, il augmente de 1,1 %.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais...
M. Beauchemin : 1,8 %
sur le 4 millions 600...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Oui,
O.K.
M. Beauchemin : Ça fait que
le 1,1 % représente combien d'individus sur les gens qui travaillent déjà?
M. Girard (Groulx) : Bien,
ça, il faut aller... ça correspond à la page G16, là. Et on voit que la
création d'emplois au Québec, puis là on est à la moyenne sur l'année, pour l'année 2023,
ce serait 63 000 emplois en moyenne de plus qu'en 2022.
M. Beauchemin : Ça fait que
juste pour... juste pour que je comprenne, parce que c'est des emplois créés
qui ont été comblés aussi, donc, dans le calcul, et donc il y a 76 000 personnes
potentielles dans le groupe d'âge qu'on discutait tantôt...
M. Girard (Groulx) : Oui, et
très peu de ces 76 000 seront dans les 63 000...
M. Beauchemin : ...O.K. donc
les 63 000 viennent...
M. Girard (Groulx) : Ils vont
venir, par exemple, d'une baisse du taux de chômage. Parce qu'on a quand
même... il reste... au Québec, là, il nous reste à peu près 200 000
travailleurs qui voudraient travailler qui ne travaillent pas.
M. Beauchemin : O.K. L'autre
composante, quand vous parliez de vos facteurs de croissance, là, la contribution
pour le niveau de vie, il y avait évidemment la productivité.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : En fait,
avant d'aller là, je veux juste revenir sur le bassin de travailleurs
potentiels. À partir de 2024, croissance nulle pour les quatre prochaines
années.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, c'est ce qui est écrit là, là, oui.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
ça, ça va sous-entendre peut-être une année 2024 qui peut peut-être être
positive, une année 2025-2026... C'est la moyenne, là.
M. Girard (Groulx) : Bien, ce
qu'il faut conclure, c'est que le bassin, la population active, là, qui est
principalement les15-64 ans, au Québec, il n'y a pas de croissance de la
population de ce bassin-là pour les années 2024 à 2025.
M. Beauchemin : D'accord.
Alors, les gens qui se cherchent des emplois le 200000 que vous mentionniez
tantôt, tranquillement, pas vite, ceux-là vont rentrer sur le marché du
travail, selon l'attractivité de l'emploi, etc., les conditions qui vont leur
permettre de...
M. Girard (Groulx) : Oui.
Puis c'est dynamique, là. Il y a des entrants puis des sortants.
M. Beauchemin : Effectivement.
Effectivement.
M. Girard (Groulx) : Oui. Il
y en a qui perdent leur emploi, il y en a...
M. Beauchemin : Donc, c'est
net, net, net, une augmentation.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Exactement. Puis il faut faire attention aux chiffres d'une seule année parce
que c'est certain que, lorsqu'on passe de 3 % de croissance à 0,6%, bien
là, par construction, c'est la composante productivité qui prend le choc de
décélération de croissance, puis c'est pour ça qu'on monte à un moins 0,9%.
C'est certain que, si la productivité du Québec était à moins 0,9% annuellement
pour les prochaines années, on aurait des sérieux problèmes, mais là c'est par
construction.
M. Beauchemin : Oui, bien, en
fait, c'est... vous m'amenez sur le terrain où est-ce que je voulais aller,
dans le fond, parce que, de 2020 à jusque... on peut... 2027, si on fait la
moyenne pour justement éliminer les chocs, et tout, là, O.K., si on fait la
moyenne sur cet horizon de temps là, la moyenne est de 0,6% d'augmentation de
la productivité.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Et donc, par
rapport aux 10 années précédentes, si je peux dire, là, de 2010 à 2019, que la
moyenne était 0,7%. Donc, il y a une baisse de productivité, là, en moyenne
estimée à partir de 2020 jusqu'à 2027.
M. Girard (Groulx) : Bien là,
il faut faire attention à cause de 2020, là, tu sais.
M. Beauchemin : Oui, 2020, il
y a eu...
M. Girard (Groulx) : Il y a
une contraction de 5%.
M. Beauchemin : Effectivement,
mais qui a réaugmenté en 2021, là.
M. Girard (Groulx) : Si on
voit le gain de productivité de 2010 à 2019, qui était de 0,7% pour accomplir
ce qu'on veut faire, là, faire passer le potentiel économique du Québec de 1,3%
qu'il était sous le gouvernement précédent, 1,5%, où on l'estime maintenant, à
2 %, il va falloir faire beaucoup mieux que 0,7%. D'ailleurs, dans 1,5%,
on est déjà... pour 2024-2027, on est déjà à 1 %. Alors, vous comprenez
que, pour être à 2%, on est probablement autour de 1,5%.
• (14 h 40) •
M. Beauchemin : Ça m'amène
quand même au point que, de façon illustrative, là, ça va être difficile de
voir comment on va être capable, basé sur ces chiffres-là de pouvoir atteindre
votre objectif, là, c'est...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est des objectifs très ambitieux, là, il va falloir faire des gains de
productivité.
Le Président (M. Simard) : Bien,
alors nous poursuivons. La parole appartient maintenant au député de
Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour à tous les collègues, très heureux de vous retrouver
en cet après-midi. M. le ministre, content de vous retrouver également. Je
salue vos équipes qui vous accompagnent, des gens extrêmement professionnels et
qui se dévouent évidemment à construire un budget dans l'intérêt des Québécois
et évidemment dans les souhaits que notre gouvernement dicte.
Il y a beaucoup de choses que j'ai le goût
de discuter avec vous, M. le ministre, mais j'aimerais parler aussi un peu de
philosophie politique, quand même, parce que, lors de la préparation d'un
budget comme celui-là, il y a des choix qui sont importants que l'on doit
faire. Nos collègues en ont parlé tout à l'heure, des baisses d'impôts, c'est
un choix politique, de vouloir redonner de l'argent, évidemment aux contribuables,
de faire en sorte que chacun et chacune puisse décider de qu'est-ce qu'ils font
avec leur argent. Mais, au même moment, on décide comme gouvernement
d'investir...
M. Poulin : ...dans les
missions de l'État, en santé et en éducation. Et je me souviens de campagnes
électorales, entre autres en 2018, où on disait : C'est impossible de
diminuer le fardeau fiscal des contribuables tout en investissant massivement
dans les missions de l'État. Vous vous souvenez de ça? Moi, je me souviens de Québec
solidaire, entre autres, qui nous disait : Oubliez ça, réduire le fardeau
fiscal des gens tout en investissant dans les missions de l'État. Bien, on
arrive à un cinquième budget consécutif et on voit que c'est possible de
pouvoir le faire. Et, en plus, bien, on est allé plus loin de nos engagements
électoraux. Les 500 $ qui ont été remis aux Québécois au cours des
dernières années, c'est majeur. Ce n'était pas dans les plateformes électorales
des formations politiques, mais, évidemment, il arrive une pandémie, arrive,
évidemment, la hausse du coût de la vie que nous avons vécue, qui a fait en
sorte que, comme gouvernement, on a investi des sommes majeures, de façon
importante, pour aider le fardeau fiscal des familles. Au même moment,
évidemment, on arrive avec ce dernier morceau de casse-tête pour les baisses
d'impôt. C'est un choix.
Alors, M. le ministre, je veux vous
entendre sur plusieurs sujets. Un, comment on fait pour s'assurer de diminuer
le fardeau fiscal des familles de façon importante tout en investissant
massivement dans les missions de l'État? Puis j'irais encore plus loin, parce
que je regardais le Programme québécois des infrastructures et on a fait un
choix politique qui est important, de faire passer le PQI, quand même, de 100 milliards
à 150 milliards de dollars. Alors, c'est important. Et au même
moment, quand on investit dans le Programme québécois des infrastructures,
c'est aussi de l'argent qu'on investit directement dans notre économie. Et je
me souviens, même, dans les années 80, 90, même dans les années 70,
il y avait un excellent premier ministre du Québec qui s'appelait Robert
Bourassa, qui investissait massivement dans les infrastructures de l'État lors
de ralentissements économiques, entre autres. Alors, nous, on se trouve dans
une situation où l'économie va bien, mais on investit massivement dans le
Programme québécois des infrastructures, le PQI, et en même temps on investit
aussi dans les missions de l'État, tout en réduisant le fardeau fiscal des
contribuables et des familles. Alors, là-dessus, je veux vous entendre sur cet
exercice-là, qui est un équilibre à avoir, qui n'est pas évident, qui n'est pas
facile de pouvoir réussir à faire les deux.
Ça se crée également, tout ça, et ça
s'articule dans un contexte d'incertitude économique. On a eu des chiffres, je
pense que c'est hier, vous me corrigerez, où on a une démonstration très claire
que l'économie au Québec va bien. Il y a même certains économistes de grandes
institutions financières qui laissent sous-entendre que la récession économique
est derrière nous, ou, du moins, n'est pas prévisible à court ou moyen terme.
Alors, de quelle façon on élabore, aussi, ce budget-là, dans un contexte où on
se dit qu'il pourrait y avoir une récession économique dans les prochains mois?
Alors, tout ça, vous comprenez un peu mes enjeux de philosophie politique de
dire : Jusqu'où on a cet équilibre-là entre réduire le fardeau fiscal des
familles, investir dans le PQI comme on le fait, investir dans les missions de
l'État, tout en ayant un contexte, également, fort important où il y a de
l'incertitude économique?
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien là,
M. le Président, on est vraiment dans... on est presque dans les... je cherche
le terme exact, là, puis je ne veux pas le dire en anglais. C'est quoi, le
terme juste pour «liberal arts»?
M. Poulin : Oui, oui, je
comprends. Je comprends, oui.
M. Girard (Groulx) : Bon, je
vais juste expliquer ce que j'essaie de dire, c'est-à-dire que, ce matin, on a
fait de la sociologie. Cet après-midi, vous voulez m'amener sur la philosophie
et les sciences politiques. Et, bien sûr, je ne fais... je n'ai aucune
expertise dans tous ces importants domaines des sciences sociales, mais je m'y
connais un peu dans la science économique, qui est ma science sociale favorite,
parce qu'elle a une petite composante mathématique, M. le Président, et et
j'aime bien les mathématiques. Alors, mais tout ça c'est important, là, les
questions socioéconomiques qu'on a parlé, l'orientation politique des décisions
économiques, et je vais essayer de résumer ça avec la page I11. Si nos... les
gens qui nous écoutent peuvent ouvrir leur budget, allez à la page I11. Et,
oui, nous avons pris une décision de réduire...
M. Girard (Groulx) : ...le
fardeau fiscal des Québécois, tout en maintenant un financement stable et
prévisible des principales missions de l'État et en réduisant le poids de la
dette. Alors, comment on fait cet équilibre-là? D'abord, avec notre Loi sur la
gestion de la dette et le Fonds des générations qui, par la loi, nous oblige à
réduire le poids de la dette au Québec, parce que nous étions, en 2006, la
province la plus endettée. Depuis, notre situation relative s'est améliorée par
rapport à Terre-Neuve et légèrement par rapport à l'Ontario. On peut dire que
le Québec et l'Ontario ont le même niveau d'endettement. Et là il faut
continuer. On a atteint une des deux cibles qu'on s'était fixées en 2006, vient
la nécessité de fixer de nouvelles cibles.
Et nous pouvions mettre une cible
extrêmement agressive de réduction de dette, parce que les versements au Fonds
des générations étaient prévus augmenter de 2,4 milliards de dollars à...
en fait de 3,8 milliards de dollars à 5 milliards de dollars dans
cinq ans et continuer à augmenter continuellement. C'est-à-dire que le Fonds
des générations, qui avait été créé avec des versements annuels de 600
millions de dollars, on aurait atteint rapidement 6 milliards de versement
par année. Alors, on a dit : On va réduire les versements. On va faire 2,8
milliards de dollars en 2027-2028 et 5 milliards de dollars en
2037-2038. Et bref, lorsqu'on regarde le tableau I.11, on passera de 38 %
de dette nette, par rapport au PIB, à 28 en 10 ans, si on avait... on aurait
descendu le poids de la dette de 10 % par rapport au PIB en 10 ans, s'il
n'y avait pas eu de baisse d'impôt, et nous, on a choisi de le faire en 15 ans
pour permettre la baisse d'impôt.
C'est donc un équilibre entre la réduction
du poids de la dette de 10 % qui se fera sur 15 ans, qui permet de réduire
les impôts, et de donner de l'oxygène aux contribuables québécois de façon
permanente. La baisse d'impôt est permanente et dynamique, c'est-à-dire que, si
vous allez travailler pour les 40 prochaines années, vous avez une baisse
d'impôt pour les 40 prochaines années, et elle est dynamique. C'est-à-dire que
si votre revenu est, par exemple, on va prendre le revenu moyen, mettons que
vous êtes approximativement à 50 000 $... C'est combien le revenu moyen,
Mme la sous-ministre, 48?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Bon.
Alors, j'arrondis à 50, mais le revenu... le salaire moyen annuel 48. Il n'y a
rien qui vous empêche de gagner 60 dans quatre ans. Donc, vous pouvez augmenter
votre niveau de baisse d'impôt par année. Bref, c'est un équilibre. On finance
les missions de l'État adéquatement, ça, c'est non négociable, santé,
éducation, environnement, c'est bien financé. Ensuite, on peut réduire le poids
de la dette, de façon agressive, 10 % sur 10 ans ou 10 % sur 15 ans,
permettre une baisse d'impôt qui donne de l'oxygène à 4,6 millions de
contribuables. Ça, ça va permettre d'aider l'économie et l'offre de travail, ça
va créer, on estime, c'est de l'ordre de grandeur de 15 000 travailleurs.
• (14 h 50) •
M. Poulin : Mais c'est
important ce que vous dites là, parce que Force Jeunesse, entre autres, puis,
peut-être, ça a été élaboré ce matin, excusez-moi, j'étais sur d'autres
travaux, mais a transmis certaines inquiétudes, là, concernant les versements
au Fonds des générations. Mais, dans l'explication que vous venez de nous dire
et que vous venez de nous expliquer, cette croissance économique là, le fait
aussi que les versements auraient été d'un montant assez considérable, il y a
quand même des éléments qui nous font comprendre puis qui nous portent à croire
que la dette continue de diminuer. Les investissements continuent d'être portés
de façon importante avec la présence de cette baisse d'impôt là.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais, d'abord, je tiens à dire qu'on apprécie toutes les parties prenantes qui
s'intéressent aux finances publiques. Et il y a des gens qui ont exprimé des
réserves par rapport à la baisse d'impôt, dont Force Jeunesse que vous
mentionnez. Puis on apprécie le fait qu'ils s'intéressent aux finances
publiques, qu'ils partagent leurs préoccupations. Par contre, je ne suis pas
d'accord avec leur analyse, puis là je comprends que dans le nom du Fonds des
générations, il y a le mot «générations». Mais ce n'est pas parce qu'on réduit
les versements au Fonds des générations qu'on n'est pas préoccupé par...
M. Girard (Groulx) : ...intergénérationnelle,
la réduction du poids de la dette, parce qu'on va continuer à réduire le poids
de la dette. Mais ce qu'on dit, c'est que, pour se donner des moyens à long
terme, réduire le fardeau fiscal, encourager l'offre de travail, c'est au
bénéfice de tous les Québécois, incluant les générations futures, parce que, si
le niveau de l'économie est plus élevé, il y a plus de revenus, il y a plus de
services. Et le Fonds des générations, je vous amène à la page... je vous amène
à la page I.9, bien, sa valeur comptable, au début de l'année 2023-2024, c'est
19 milliards et, en 2027-2028, ce sera 27 milliards. Ça fait que le Fonds des
générations va continuer à croître, faire partie de la stratégie de réduction
de la dette du gouvernement du Québec, et le Fonds des générations est là pour
rester. On a réduit les versements une fois. On l'a proposé en campagne
électorale, on l'a expliqué. Et je soumets que 5 milliards de versements en
2027-2028, c'était beaucoup trop élevé par rapport à ce qui avait été créé en
2006, 600 millions à l'origine.
M. Poulin : Excellent. Il
nous reste combien de temps, monsieur...
Le Président (M. Simard) : Environ
six minutes.
M. Poulin : O.K. Je veux vous
entendre sur les choix d'investissement, quand même, de mettre dans le PQI, le
programme québécois des infrastructures. Quand même, on le fait passer de 100 à
150 milliards sur 10 ans. Je sais que c'est une responsabilité avec le Conseil
du trésor. Tout de même, en santé, en éducation... On a parlé d'infrastructures
sportives il y a quelques minutes à peine. Ce choix-là aussi, parce que ça va
dans notre économie directement, ça fait travailler nos gens dans l'industrie
de la construction, ça a un impact important, mais ce sont aussi des sommes qui
sont sur 10 ans, qui sont dans de l'immobilisation, qui sont dans une part de
rénovation, dans une part de nouvelles constructions.
Alors, parlez-moi peut-être de ce choix-là
d'investir aussi massivement et des effets bénéfiques sur, également, oui, à
moyen terme, l'équilibre budgétaire que nous souhaitons regagner.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, lorsque vous faites des infrastructures, vous faites des
investissements à long terme, nécessairement vous augmentez la dette du
gouvernement du Québec, c'est-à-dire que vous avez un actif, des infrastructures,
mais vous avez un passif, de la dette. Et le Québec a la définition de
l'équilibre budgétaire la plus stricte au Canada. Pourquoi? Parce qu'on dit que
l'équilibre budgétaire, c'est après contribution au Fonds des générations.
Donc, revenus moins dépenses.
Et prenons l'année 2023-2024, là, je
pense, ça va être le meilleur exemple. Je me dirige au cadre financier. En
fait, selon la définition de l'équilibre budgétaire de l'Ontario et du Canada,
le Québec est à l'équilibre budgétaire en 2023-2024, parce qu'on prévoit un
déficit de 4 milliards, mais on va verser 2,6 milliards au Fonds des
générations. C'est-tu 2,6 ou 2,4? 2,4, excusez-moi. Je veux être précis. Puis
on a une provision de 1,5 milliard. Alors, le déficit de 4 milliards, c'est la
provision de 1,5 milliard plus les versements au Fonds des générations. Au sens
de l'Ontario et du Canada, on est à l'équilibre budgétaire en 2023-2024.
Pourquoi on a une définition stricte et
qu'on dit «après contribution au Fonds des générations»? Parce qu'on veut être
en mesure de diminuer le poids de nos dépenses en capital sur la dette. Alors,
on a un PQI extrêmement ambitieux, à 150 milliards de dollars, augmenté de
50 %, mais, avec ce 150 milliards de dollars, viendra, sur 10 ans,
150 milliards de dette.
M. Poulin : Oui. Exact.
M. Girard (Groulx) : O.K.? Et
donc on veut diminuer le poids de ces dépenses en capital avec des
contributions dans le Fonds des générations. Et donc on a une définition de
l'équilibre budgétaire qui est revenus moins dépenses moins dépenses pour
palier aux dépenses en capital, c'est-à-dire contribution au Fonds des
générations. Alors, ça, c'est important parce que le Québec prend la réduction
du poids de sa dette, la solidité de son cadre financier de façon extrêmement sérieuse.
Et plus on le prend de façon sérieuse, plus ça nous permet de faire des
investissements à long terme, comme dans le Plan québécois d'infrastructures.
M. Poulin : Excellent. Merci
pour ces explications-là. Et peut-être en terminant pour ce bloc, l'incertitude
économique. Vous avez vu les chiffres des derniers jours, des institutions
financières également qui sont extrêmement optimistes, effectivement, qui est
relié aussi à la vigueur de l'économie de l'État québécois. Tout de même... Et je
ne veux pas de date, là, sur la récession ou pas, ou la durée, ou à quel moment
ça pourrait...
M. Poulin : ...mais à la
lumière des chiffres que nous avons eus dans les derniers jours, de la
situation économique actuelle, est-ce que vous craignez toujours une récession
économique au Québec?
M. Girard (Groulx) : En fait,
pour être totalement transparent, donner l'heure juste aux Québécois, le
deuxième trimestre et le troisième trimestre de 2023, c'est le cœur du
ralentissement économique que nous connaissons en 2023. Alors, 2022, 2021,
croissance exceptionnelle... en fait, il faut revenir à 2020, chute, plus
grande récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, 2021, rebond synchronisé
de l'économie mondiale, 2022, rebond tellement synchronisé qu'on a de
l'inflation, amorce les hausses de taux, hausses de taux de plus de 4 %.
Là, on a une inflation élevée puis des taux élevés, ça affecte le pouvoir
d'achat. L'économie ralentit et le cœur de ce ralentissement, au Québec, c'est
le deuxième trimestre, c'est le troisième trimestre de 2023. Nous anticipons
0,0 % de croissance. Lorsque vous êtes centrés à 0,0 %, il y a autant
de chances que vous soyez en dessous, négatif, que vous soyez au-dessus. Et
donc ça fait 50 % de chances de probabilité de récession. Puis ces
chiffres-là sont parfaitement cohérents avec la Banque du Canada.
Pour le Canada, ils ajoutent le premier
trimestre, alors que nous, les statistiques de l'emploi puis ce qu'on voit à
date sur le premier trimestre, on pense que le premier trimestre, on va être
corrects, mais pour le Canada, premier trimestre, deuxième trimestre, troisième
trimestre. Total de la croissance, moins 0,4. C'est-à-dire que le niveau de
production à la fin du troisième trimestre du Canada va être 0,4 %
inférieur à celui du 1ᵉʳ janvier.
M. Poulin : Merci beaucoup,
M. le ministre.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député de
Maurice-Richard qui dispose d'environ 18 minutes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. D'abord, très rapidement, les conversations entre députés de la
majorité m'ont inspiré. Là, et je vais parler de moi, j'ai failli vous poser
des questions par rapport à vous, mais je vais parler de moi. Donc, imaginons,
je vais donner des chiffres fictifs, mais qui fonctionnent, que j'ai à peu
près, disons, 300 000 $ de dette sur ma maison, que je dois payer envers
mon créancier, donc envers ma banque et que j'ai 50 000 $ dans mes REER.
D'après vous, monsieur...
M. Girard (Groulx) : ...à
taux variable ou...
M. Bouazzi : Heureusement,
elle est à taux fixe, et j'ai la chance... Non, mais oui, je comprends, mais je
vous avouerais que je sais à quel point est-ce que c'est difficile pour... et
vous le savez autant que moi, pour les citoyennes et les citoyens évidemment,
de dealer avec les taux actuellement qui augmentent, surtout pour ceux qui vont
avoir à les renégocier dans les prochains mois. Mais donc, je vous redonne mon
cas de figure. Si j'ai... je prends des chiffres ronds, ça va être plus simple.
Si j'ai 500 000 $ de dettes et 100 000 $ dans mes REER, imaginons,
quelle est ma dette, d'après vous, M. le ministre, réelle?
M. Girard (Groulx) : Bien, ça
dépend, là, est-ce que vous voulez votre dette brute ou votre dette nette?
M. Bouazzi : Celle que vous
voulez. Est-ce que vous considérez que j'ai 600 000 $ de dettes, par
exemple?
M. Girard (Groulx) : Si vous
avez 100 000 $ d'actifs puis 500 000 $ de dettes?
M. Bouazzi : Exact.
M. Girard (Groulx) : Non, je
ne considère pas que vous avez 600 000 $
de dettes.
• (15 heures) •
M. Bouazzi : Comment est-ce
qu'on explique que, si on a x milliards de dettes de l'État, et qu'en plus on
met de l'argent dans le Fonds des générations, l'argent qu'on met dans le Fonds
des générations est vu comme une dépense et non pas, comme par exemple, les
REER que les gens qui nous écoutent ont comme un actif?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, la valeur du fonds est vue comme un actif, c'est-à-dire qu'elle est
soustraite de la dette... le Fonds des générations est soustrait de la dette
brute, brute pour donner la dette brute.
M. Bouazzi : Et donc, quand
on met de l'argent dans...
M. Girard (Groulx) : C'est
clair? Merci.
M. Bouazzi : Quand on met de
l'argent... Donc, parce que je vous avouerais que c'est un questionnement que
j'ai trouvé assez intéressant, je ne m'étais pas intéressé tant que ça à la
question, et j'ai trouvé quand même spécial que, s'il nous reste de l'argent
qu'on met de côté, c'est vu comme une dépense, ce qui vient assombrir une
situation où on peut très bien être, en fait, dans le vert. Le fait qu'on mette
5 milliards par année dans le Fonds des générations nous enlève
5 milliards de revenus d'après la méthode comptable qu'on a choisie...
15 h (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...mais
si vous permettez, parce que c'est très important, votre point, c'est parce que
lorsqu'on est à l'équilibre budgétaire, revenu moins dépenses, la dette
augmente quand même en raison des dépenses en capital. Alors, c'est pour ça,
avec un PQI de 150 milliards ou 15 milliards par année, on peut être
à l'équilibre budgétaire puis néanmoins avoir un poids de la dette qui
augmente, d'où l'importance du Fonds des générations.
M. Bouazzi : Ça, je comprends
parfaitement. Le questionnement, c'est de tout d'un coup décider qu'on est dans
le rouge sous prétexte qu'on met de l'argent de côté dans le Fonds des
générations. Mais il reste que ce n'était pas ça le fond de la question. Je
voudrais juste continuer un peu rapidement sur où est ce qu'on était tout à l'heure,
donc, et puis peut être faire la démonstration d'un des problèmes face à la
baisse d'impôts. Donc, comme...
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous aimeriez que je vous donne la réponse sur le nombre de femmes qui ont
bénéficié de la baisse d'impôt? Parce qu'on l'a cherché ce midi pour vous.
M. Bouazzi : Avec plaisir?
M. Girard (Groulx) : O.K.,
alors...
M. Bouazzi : En pourcentage.
M. Girard (Groulx) : Alors,
sur 4,6 millions de Québécois, 48 % étaient des femmes, 52 % des
hommes.
M. Bouazzi : Excellent!
M. Girard (Groulx) : Et j'émettrais
un souhait collectif que, si un jour, il y a une nouvelle baisse d'impôt, peut
être qu'on atteindra le 50 %. Mais pour l'instant, 48 %-52 %.
M. Bouazzi : C'est très bien,
M. le ministre. Malheureusement, ça ne suffit pas à régler les questions d'inégalité
parce qu'il y a plus souvent des caissières à 30 000 $ et des P.D.G. À
200 000 $. Et donc, malgré le fait qu'il y a peut-être un peu plus d'hommes
que de femmes, il y en a beaucoup plus... ils sont surreprésentés dans les gens
qui gagnent plus que 100 000 $, les hommes, et les femmes surreprésentées
dans les gens qui gagnent moins que 50 000 $, et, de toute façon,
surreprésentées dans les personnes qui ne payent pas du tout d'impôt parce que
trop pauvres. Et donc ça ne règle pas la question de l'inégalité, mais je suis
heureux que vous ayez commencé à faire une recherche sur la question de genre
et qu'on va pouvoir avancer peut-être dans les prochains budgets. D'autant plus
que cette baisse d'impôt est aussi inégalitaire sur des questions de
générations, parce que les jeunes sont surreprésentés dans les groupes,
évidemment, qui payent peu ou pas d'impôt.
Mais en fait, la situation est pire, M. le
ministre, parce que les impôts, évidemment, sont progressifs au Québec. Et
donc, évidemment, quand on baisse quelque chose de progressif, c'est régressif
et c'est... toute, toute, toute la construction des différentes critiques sont
basées là-dessus. C'est à dire que, quand quelque chose est progressif, si on
le baisse, bien évidemment, les gens qui ont le plus d'argent vont en profiter
beaucoup plus.
J'ai eu la chance de participer à une
autre commission qui est la commission sur la hausse des tarifs d'Hydro-Québec.
Et donc, vous savez probablement comme moi, M. le ministre, qu'en fait
Hydro-Québec se fait un revenu, non pas juste sur les contrats qu'on a à l'international,
etc., mais aussi sur l'électricité qu'on paie, nous, en tant que Québécoises et
Québécois. Et le revenu, et ça, c'est notre thèse, c'est ce qu'on défend, le
revenu et en fait un aspect régressif, c'est-à-dire qu'Hydro-Québec s'est
transformée en taxe régressive étant donné que les personnes les moins nanties
sont celles qui paient le plus leur électricité pour plein de raisons. Parmi
elles, le fait qu'elles vivent dans des maisons mal isolées, qu'elles n'ont pas
assez d'argent pour les isoler. Très souvent, c'est des locataires, mais il y a
aussi beaucoup de propriétaires qui sont donc ce qu'on appelle des passoires
énergétiques. Donc, ça coûte plus cher du kilowattheure, si on veut, en tout
cas, ça coûte le même prix, mais ça coûte plus cher d'énergie pour atteindre
les 20 degrés à la maison en plein hiver. Et le fait qu'on augmente, par
exemple, c'est ce que votre gouvernement a fait, d'à peu près 3 % les
tarifs, fait en sorte qu'on vient ponctionner plus dans la poche des personnes
les moins nanties, si on veut, de par le fait qu'en plus c'est des personnes
qui, quand elles sont pauvres, ne payeraient pas d'impôts du tout. Et, bon an,
mal an, si nos calculs sont justes, l'argent qui s'est transféré au fonds des
générations, qui aurait pu être transféré au fonds des générations... et si on
enlève l'argent des contrats avec l'étranger, là je parle vraiment juste de l'argent
qui vient des citoyennes et citoyens québécois, on parle de plus que 1 milliard
de dollars.
Donc, on se retrouve dans une situation où
on a de l'argent qui est enlevé de manière régressive, c'est-à-dire que les
personnes les moins nanties participent en fait plus parce qu'elles ont besoin
de plus d'électricité pour chauffer leur logement, plutôt que l'envoyer au
Fonds des générations, hop, on le reprend et on le renvoi en baisse d'impôt...
M. Bouazzi : ...qui va
participer à aider plus les personnes les mieux nanties. Ça fait que la somme
de ces deux politiques, celle qu'on a par rapport aux tarifs d'Hydro-Québec et celle
qu'il y a dans votre budget sur les baisses d'impôt vient en fait de faire un
transfert direct, direct, comptable, des poches des moins nantis, parce que
c'est une politique régressive, la politique de tarification d'Hydro-Québec,
vers les poches des mieux nantis, car cette baisse d'impôt est régressive, et à
transférer de l'argent public aux plus riches. Ça fait que c'est sûr que, nous,
la situation comme celle-là, bien, on la trouve vraiment dommage et déplorable,
et elle participe à augmenter les inégalités dans notre société. Est-ce que
vous voulez réagir? Parce que j'ai d'autres questions.
M. Girard (Groulx) : Point
d'interrogation.
M. Bouazzi : Non, mais...
M. Girard (Groulx) : Bien,
parce qu'il n'y a pas vraiment de question, là, c'est plus un éditorial.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
êtes en désaccord avec ce que j'ai dit? Je peux vous poser cette question-là.
M. Girard (Groulx) : Oui, je
suis en désaccord avec plusieurs choses que vous avez dites. Parce qu'il y a
un... Mais c'est agréable d'être en... Si on faisait juste s'entendre, là, je
ne sais pas qu'est-ce qu'on ferait à la Commission des finances publiques, là.
Bon, on ne débattra pas 10 heures pour s'entendre.
Les... Il y a un consensus social au
Québec que l'impôt progressif et que les tarifs sont fixes.
M. Bouazzi : Régressifs.
M. Girard (Groulx) : Non,
c'est-à-dire que les tarifs... tout le monde paie le même tarif. Si vous prenez
le pont de la 25, tout le monde paie le même tarif. Oui, il y a un tarif
mensuel, puis il y a un tarif journalier, puis il y en a peut-être un pour les
camions, mais, indépendamment de votre revenu, c'est le même tarif. Les
services de garde, c'est la même chose. Le gouvernement qui nous a précédés
avait amené des tarifs de garde modulés en fonction du revenu. Ça n'a pas été
apprécié. Si vous voulez proposer que les tarifs d'électricité soient modulés
en fonction du revenu, je vous suggère de proposer ça en campagne électorale.
Je soupçonne que ce ne sera pas très populaire, mais je vous suggère d'être
transparent, de le proposer que vous voulez moduler les tarifs d'électricité en
fonction du revenu.
M. Bouazzi : Il le sait très
bien, ce n'est pas ça qu'on voulait faire, M. le ministre. Nous, ce qu'on
voulait faire, c'est geler les tarifs et puis s'assurer qu'il y ait une
imposition juste. Et ce qui est proposé, je pense que nous l'avons démontré,
est assez injuste.
Mais j'aimerais changer de sujet et puis
aller sur une autre inégalité. Et je vous surprendrai probablement, M. le
ministre, je ne pense pas que ce... au niveau des revenus qu'il a le plus
d'inégalités au Québec. Et je ne suis pas d'ailleurs un fan des augmentations
des impôts sur le revenu. Il y a toutes sortes d'autres injustices au Québec,
il y en a un certain nombre qui touche au milieu corporatif. Évidemment, vous
savez comme moi qu'il y a plein de... en tout cas, j'affirme, je ne sais pas si
vous savez comme moi, mais disons que j'affirme, probablement que vous savez
comme moi, qu'il y a plusieurs compagnies internationales qui se débrouillent
pour payer très peu ou pas d'impôt. Et puis évidemment...
• (15 h 10) •
Mais je voudrais parler de la question du
patrimoine. Et là, j'ai quelques... quelques chiffres que j'ai qui viennent du
directeur parlementaire du budget d'Ottawa qui nous dit que le 0,01 %
le... qui a le plus de patrimoine au Canada, soit le un 10-millième, accumule
654 milliards de dollars. Donc, tout ce qu'on peut acheter, tout ce
qui peut appartenir au Canada, pour le 0,01 %, c'est à peu près
650 milliards de dollars. Et le 40 %, les moins fortunés
accumulant 132 milliards. Si on ramène ça à la taille... disons, si les
citoyens, c'étaient 10 000 personnes au Canada, pour faire simple, il
y en aurait un sur 10 000 qui, à lui tout seul, aurait quatre fois plus
que le 4 000 le moins nanti. Ça fait que ma première question, peut-être,
pour M. le ministre : Quelle est la situation au Québec particulièrement?
M. Girard (Groulx) : Bien là,
je n'ai pas la microstructure du 1 % parce que vous, vous êtes dans le
0,1 % du...
M. Bouazzi : 0,01 %.
M. Girard (Groulx) : Oui,
0,01 % des contribuables, O.K. Je peux vous dire que 1 %... le
1 % des plus hauts revenus au Québec paient... je pense que j'allais dire
14, et ma sous-ministre...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Ah!
j'allais dire 16 %, mais, grâce à ma sous-ministre, je vous infirme que...
je vous affirme que le 1 % des Québécois paient...
M. Girard (Groulx) : ...18 %
des impôts.
M. Bouazzi : Bien, c'est
possible, mais moi je vous parle du patrimoine. Est-ce qu'on a une idée, au
Québec, des inégalités de patrimoine? Je comprends pour le revenu, ça a été mon
introduction, c'est que les plus grosses inégalités sont probablement dans le
patrimoine. La question, c'est : Est-ce qu'on a des chiffres au Québec qui
nous donnent une idée...
M. Girard (Groulx) : Non, je
n'ai pas... On peut certainement aller faire des recherches pour vous au niveau
des banques de données de Statistique Canada, puis on pourra vous amener ça,
peut-être, mardi prochain, si on a le plaisir de se réunir, mais moi, je suis
venu ici, modestement, avec mes statistiques fiscales.
M. Bouazzi : C'est très bon.
Je ne pense pas qu'il y ait de chiffres.
M. Girard (Groulx) : Ce
n'était pas un sujet qui était abordé dans le budget, mais je comprends que
c'est pertinent pour le débat sur le discours du budget.
M. Bouazzi : C'est pertinent,
mais une fois... Donc, si on revient, imaginons que c'est à peu près les mêmes
chiffres. Ce n'est probablement pas très différent. Donc, c'est... si une
personne sur 10 000 a quatre fois plus de patrimoine que les
4 000 personnes qui sont les moins nanties, à partir de quel ratio
vous pensez que ça fait trop? Est-ce qu'il y a un ratio à partir duquel on se
dit : Là, là, le 1/10 000 qui a quatre fois plus que le 40 %, est-ce
que c'est trop, ce n'est pas assez? Est-ce que c'est normal?
M. Girard (Groulx) : Je n'ai
pas étudié cette question. Il faudrait que je m'y penche avec des analyses. Et
là vous dites : C'est trop. Vous faites plusieurs énoncés qualitatifs sur
un sujet important, j'en conviens, qui n'a pas été abordé dans le budget. Puis
là je n'ai pas les éléments pour vous répondre.
M. Bouazzi : Les
12 milliardaires au Québec, les mieux nantis, accumulent à peu près
30 milliards de dollars, à peu près, ensemble.
30 milliards de dollars, ça fait 30 000 fois
1 million, ça fait 300 000 fois 100 000 $.
M. Girard (Groulx) : Vous,
vous dites que les 12 milliards du Québec...
M. Bouazzi : ...accumulent à
peu près... Ce n'est pas mes chiffres, hein, c'est Forbes.
M. Girard (Groulx) : Je ne
savais pas qu'il y avait 12 milliardaires au Québec.
M. Bouazzi : Il y en a
peut-être plus maintenant, mais, en tous cas, il y en avait 12 en 2020.
M. Girard (Groulx) : Ils
possèdent 30 milliards?
M. Bouazzi : 30 milliards.
M. Girard (Groulx) : D'actifs?
M. Bouazzi : De patrimoine.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Continuez.
M. Bouazzi : Donc, ça fait
300 000 fois 100 000 $, c'est-à-dire que, si vous avez à
accumuler l'équivalent de ce que ces 12 personnes ont, il faudrait être
l'homme de Cro-Magnon, mettre 100 000 $ de côté pendant
300 000 ans pour obtenir cette richesse-là. Est-ce qu'il y a une
quantité de richesses où on se dit : C'est peut-être un peu beaucoup?
M. Girard (Groulx) : Bien,
encore une fois, vous me demandez des questions philosophiques que je n'ai pas
étudiées. C'est un budget, ce sont un, c'est un... c'est une comptabilité des
finances publiques québécoises. Moi, je suis le fiduciaire des finances
publiques québécoises. Il y a des politiques économiques pour augmenter la
taille de l'économie, la richesse collective. Vous, vous êtes dans la
distribution de la richesse, et puis c'est un sujet qui n'a pas été traité
explicitement. Alors, je n'ai pas de réponse à votre question.
M. Bouazzi : Je voudrais
juste être sûr. Donc là, on en revient aux statistiques du Canada. Le fait que
le 1/10 000 est 18 000 fois plus qu'une personne du 40 % des
moins nantis, vous n'avez pas un avis, genre, aucun? Ce n'est pas beaucoup?
Moi, je pense que, peut-être pour les gens qui nous écoutent, si une personne
sur 10 000 a 18 000 fois plus que...
M. Girard (Groulx) : Supposons
qu'un des milliardaires que vous semblez vouloir cibler, là, aurait créé de
toutes pièces, de zéro, une nouvelle compagnie qui aurait créé des dizaines et
des dizaines de milliers d'emplois, qui aurait permis de générer des gains dans
les caisses de retraite de centaines de milliers de Québécois et qui aurait
fait bénéficier la... qui aurait payé des impôts pour accumuler cette richesse
en créant cette compagnie, bien, moi je dis bravo. Ça nous prend une autre
compagnie comme ça.
M. Bouazzi : Bien, vous
voyez, c'est une différence fondamentale. Moi aussi, je dis bravo, mais je ne
me limite pas à dire bravo, c'est-à-dire que, si quelqu'un a 1 milliard,
si, demain, il se retrouve avec 999 millions, ça reste beaucoup d'argent,
mais il peut contribuer avec 1 million et il garde 999 millions.
Deuxièmement, une personne...
M. Girard (Groulx) : Mais
cette personne-là paye de l'impôt sur le revenu et...
M. Girard (Groulx) : ...et, à
son décès, il y aura la disposition présumée de ses actifs puis il y aura un
impôt effectif.
M. Bouazzi : Un impôt sur le
capital?
M. Girard (Groulx) : Bien
oui, il y aura... Au décès, il y aura présumée disposition puis il y aura un
impôt.
M. Bouazzi : Là, vous parlez
de l'impôt sur le gain en capital?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Bouazzi : Bien, ce n'est
pas un impôt sur le capital, c'est un impôt qu'il aurait dû payer, s'il avait
payé son gain en capital.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est la fiscalité qu'on a au Canada. Lorsque vous décédez, on présume une
disposition. Puis, oui, c'est l'impôt sur le gain en capital.
M. Bouazzi : Donc, ce n'est
pas un impôt sur l'héritage ni un impôt sur le capital? Juste pour être clairs,
là.
M. Girard (Groulx) : ce n'est
pas un impôt sur l'héritage ni une taxe sur le capital, c'est l'impôt sur le
gain de capital à la disposition de vos actifs.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup. Alors, nous poursuivons nos échanges. Et je cède la
parole, si je ne m'abuse, à la députée de Huntingdon. N'est-ce pas?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : alors,
M. le député de Gaspé, la parole vous appartient. Et peut-être avancer votre
micro, cher collègue. Avancez vers vous le micro, s'il vous plaît. Voilà.
M. Sainte-Croix : C'est bien
à moi, c'est mon tour, de ce que je comprends?
Le Président (M. Simard) : Oui,
tout à fait.
M. Sainte-Croix : Merci, M.
le Président. À mon tour de souligner...
(Interruption) ...Excusez-moi, saluer mes
collègues de la partie gouvernementale. Très heureux d'être avec vous ici
aujourd'hui, nos collègues des oppositions. Je profiterais aussi de l'occasion
pour saluer mon camarade stagiaire, Monsieur Ostiguy, Charles-Étienne, qui a le
privilège d'être ici aujourd'hui et de participer à ces débats drôlement
intéressants pour ce jeune homme, qui, j'en suis certain, sera très utile à la
société québécoise dans les prochaines années.
M. le ministre, j'ai eu le privilège, là,
la semaine passée, d'être en chambre et de vous écouter nous déposer l'exercice
budgétaire 2023-2024 avec un aplomb assez sérieux et une maîtrise des
données, des chiffres, de la philosophie derrière notre action budgétaire et
fiscale. Et je suis très heureux, là, de constater... Parce que j'ai eu la
chance d'aller dans mon comté de façon très courte en fin de semaine dernière,
d'aller constater à quel point ce budget-là répond à des aspirations des gens
des régions, la CAQ étant gouvernement qui correspond aux aspirations des
régions.
En termes de transports, des mesures très
appréciées. Aucun gouvernement... Et je pense que pour le bénéfice des gens à
la maison, aucun...
(Interruption) ...Excusez-moi, aucun
gouvernement n'a autant fait d'efforts dans la question des infrastructures, de
transport et de transbordement en région. Je parle ici dans les dernières
années des dessertes maritimes, je parle des dessertes aéroportuaires, je parle
du réseau routier. Donc, je pense qu'il faut prendre la peine de le souligner,
ce sont des centaines de millions de dollars qui ont été investis dans le
développement d'infrastructures et, ultimement, dans le rayonnement économique
des régions du Québec. Donc, je désire vous remercier de cet effort-là, M. le
ministre, c'est très apprécié chez nous.
• (15 h 20) •
Je pourrais vous parler aussi de tourisme,
bien entendu, développement touristique, composante essentielle au
développement des régions, au rayonnement des régions au Québec. Donc, vous
avez fait état de mesures, PADAT, PARIT. Je pourrais rajouter le soutien à
l'événementiel d'un point de vue international, très important aussi au niveau
du rayonnement au Québec. Je pourrais vous parler du réseau Sépaq, un joueur
majeur au niveau de l'offre touristique en région, un 4.6, si ma mémoire est
bonne, là, 4.6 millions au niveau du récent budget, plus ou autour de
50 millions au niveau du plan québécois d'infrastructures, donc un acteur
de premier plan au niveau du développement régional.
Je pourrais aussi vous parler de l'effort
qu'on fait au niveau des affaires municipales en termes de support aux affaires
municipales en région. Je parle de mutualisation des services, donc des enjeux
importants au niveau des petites communautés que nous sommes, de petites
municipalités que nous sommes. C'est très bien reçu à ce niveau-là.
Je pourrais aussi vous parler, bien
évidemment, de tout l'aspect du développement régional, ce que l'on appelle le
support, hein, aux Québécois et aux Québécoises, la question de l'éligibilité
des territoires moins bien nantis, disons ça comme ça, en difficulté. Donc,
chez nous, c'est quand même des réalités omniprésentes, donc je suis très
heureux de savoir qu'il y aura des mesures spécifiques au niveau des
territoires de nos MRC, là, qui sont moins bien nanties d'un point de vue
fiscal et d'indices économiques. Donc, des éléments, qui, pour le bénéfice des
Québécois...
M. Sainte-Croix : ...les
Québécois sont très importantes dans le récent budget et qui font en sorte que,
d'une part, on a rempli nos promesses au niveau de notre gouvernement. On donne
de l'oxygène à l'ensemble des Québécois et des Québécoises. Et puis, vous
l'avez dit, la mesure phare, et j'en suis, du... de la baisse des impôts et des
mesures fiscales, là, qui accompagnent tout ça. Je pourrais continuer encore,
M. le ministre, pendant plusieurs... minutes, pardon, au niveau des bienfaits
du récent budget.
Ceci dit, j'ai aujourd'hui le privilège,
là, de vous parler de santé, santé pour faire du pouce sur mon collègue de la
Beauce, qui m'a précédé à ce niveau-là. Donc, on comprend que l'aspect santé
est un volet très important de l'exercice budgétaire québécois. On parle de
5,6 milliards de dollars. Vous avez décliné, essentiellement, là,
dans le cadre des mesures lorsqu'elles qui touchent nécessairement et
directement la question de la santé. Vous avez fait aussi le tour de la
question de l'approche communautaire qui accompagne les services de santé. Moi,
ce que j'aimerais savoir, M. le ministre, on a bien compris que le volet santé
qui s'inscrit dans les priorités de notre gouvernement est quand même un budget
important, que consacre l'État, là, de façon annuelle. Et puis, il y a toujours
une croissance à ce niveau-là, au niveau de l'enveloppe. À quoi estimez-vous
les prochaines... d'une part, dans le contexte très précis de 2023-2024, mais aussi
sur une courte durée, là, en termes de croissance au niveau de l'enveloppe? À
combien estimez-vous cette croissance-là pour les années à venir?
M. Girard (Groulx) : Merci.
Et merci d'être là, je sais que le retour à la maison sera plus long pour vous
que pour moi.
M. Sainte-Croix : Oui.
M. Girard (Groulx) : Alors,
je suis content que vous soyez là.
M. Sainte-Croix : Ça me fait
plaisir.
M. Girard (Groulx) : Un jeudi
après-midi, comme ça avec nous, là, c'est... Alors on va aller à la
section H42, des dépenses de portefeuille, c'était une discussion que
j'avais avec le député de Marguerite-Bourgeoys? Député de Marguerite-Bourgeoys.
Des fois, je pense Marquette, mais Marquette, c'est le voisin, voilà. On avait
cette discussion-là. Alors, on voit à la page H42 que les croissances de
dépenses 2022-2023 sur 2021-2022, 12 %, puis là pour cette
année 2023-2024, c'est 7,7 % mais ce 7,7 % là c'est en excluant
ce qui est divulgué à la page H49, le 4 milliards de dollars en santé
et services sociaux qui sont des dépenses COVID en 2022-2023.
Pourquoi on fait ça? Parce que, durant la
COVID, il y avait des dépenses extraordinaires, non récurrentes, à coup de
dizaines de milliards de dollars. Alors, on les excluait pour montrer que, bien
que les niveaux de dépenses, littéralement, étaient... je ne veux pas utiliser
le mot, que je ne veux pas utiliser, donc je ne le dirai pas, mais les niveaux
de dépenses étaient très, très, très élevés, mais on voulait montrer qu'on
gardait le contrôle sur le cadre financier, en montrant les dépenses COVID,
extraordinaires sur une ligne séparée.
Alors, le 7,7 % de croissance, c'est
en excluant les dépenses COVID, on doit augmenter les dépenses de 7,7 %
pour donner l'élan pour permettre au ministre de la Santé de réaliser son plan
santé. On augmente le niveau de dépenses de base. Dans les faits, ce qu'on
prend... des dépenses qu'on avait dites temporaires puis on prend les
enseignements de la pandémie, puis on les inclut dans la base, c'est-à-dire
qu'à l'avenir, on aura toujours des équipements de protection individuelle, on
aura toujours des cliniques de dépistage et vaccination en dehors du réseau.
Ils sont dans le réseau, mais je veux dire en dehors des hôpitaux ou des CLSC,
etc. Et donc on donne des sommes de 5,6 milliards de dollars au
ministre de la Santé pour lancer son plan. Et c'est très important pour le
réseau public de santé que le plan de notre ministre de la Santé fonctionne.
Parce que les citoyens, ça fait longtemps qui attendent pour avoir un service
de santé performant à la hauteur de leurs besoins. Et là, je dirais, moi, que
c'est la... On a au Canada puis au Québec... on attache une grande valeur à
notre système public de santé...
M. Girard (Groulx) : ...il
faut qu'il fonctionne. C'est très important pour la pérennité du système public
de santé que le plan fonctionne. Parce que, si le système public ne fonctionne
pas, bien, les gens vont se détourner de celui-ci. Et là ce n'est pas ça qu'on
veut. On veut un régime public de santé universel. Donc, avec les sommes qui
sont là, on donne les moyens au ministre de la Santé pour réussir son plan.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Le plan
santé, M. le ministre, un élément très structurant du gouvernement de M.
Legault, un élément aussi drôlement important au niveau régional, au sens où,
puis je pense qu'on a fait la démonstration ici aujourd'hui, là, une partie de
la population qui vieillit se trouve en région. C'est un élément
incontournable. C'est une réalité frappante dans certains cas aussi. Puis
peut-être, pour le bénéfice des Québécois et des Québécoises qui nous écoutent,
tu sais, quand on parle d'un investissement majeur en santé, quand on parle
d'efficience, quand on parle d'offrir une offre de services à la hauteur des
besoins qui se présentent... Moi, j'ai mis la main sur quelques données, là,
qui me regardent très précisément au niveau de mon comté, pour vous donner un
peu une idée de l'efficience de nos mesures, de l'efficacité de nos actions.
Je prends l'hôpital de
Sainte-Anne-des-Monts, là, projet qui a, en termes de planification, là, deux
ans. Et puis on parle d'un projet de 13 millions pour réaménagement d'urgence
au niveau de l'hôpital et des soins intensifs. Donc, ça, c'est 13 millions
d'investis dans une communauté pour lesquels il y aura des services d'associés
à cette infrastructure-là qui, disons-le, en a bien besoin.
Hôpital de Gaspé. Hôpital de Gaspé, un
projet débuté depuis 25 ans, M. le ministre, depuis 25 ans, et c'est le
gouvernement de la CAQ qui a fait en sorte de boucler la boucle et d'aller de
l'avant avec ce projet-là, inauguré en 2021, 2021, près de 32 millions au
niveau de l'urgence de Gaspé. Donc, là aussi, un effort monumental, du concret,
du réel dans nos milieux.
Pas plus tard que l'automne dernier, 5,7
millions au niveau d'une unité de courte durée en santé mentale, toujours à
l'hôpital de Gaspé. Donc, là aussi, on parlait de santé mentale tantôt, on
parlait d'un phénomène qui nous préoccupe tous et toutes, qui, malheureusement,
avec les histoires qu'on entend, fait en sorte qu'on doit agir de façon... de
plus en plus de façon efficiente à ce niveau-là.
On parlait de nos aînés aussi tantôt,
hein, au niveau de nos régions particulièrement, et de l'importance, M. le
ministre l'a bien démontré, là, au niveau des aînés. Maison des aînés à
Rivière-au-Renard, donc 48 places, près de 43 millions d'investissement,
livraison prévue pour début d'été.
Donc, des actions concrètes au niveau de
l'infrastructure, au niveau de l'offre de services qui va se greffer à ça, qui
sont directement en lien avec les besoins de nos communautés. Puis je suis très
fier, M. le ministre, moi, de faire partie de cette équipe-là gouvernementale
qui livre ses promesses, qui arrive avec des projets concrets au niveau des
besoins des régions et je tiens à le dire ici aujourd'hui.
Parlant des aînés, donc, priorité, s'il en
est une, pour notre gouvernement, lors de la mise à jour, là, 2022, en décembre
dernier, nous avons bonifié significativement le crédit d'impôt remboursable
pour soutien aux aînés pour qu'il atteigne 2 000 $. On a également
bonifié le crédit maintien à domicile dans le dernier mandat. Pourriez-vous
nous expliquer, M. le ministre, les différentes mesures du budget qui touchent
très précisément nos aînés?
• (15 h 30) •
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
J'ai le même temps qui a été utilisé pour répondre? On garde cet équilibre?
Le Président (M. Simard) : En
fait, vous avez un temps global...
M. Girard (Groulx) : De
combien de minutes?
Le Président (M. Simard) : ...de
18 minutes. Et puis il vous reste à peine cinq minutes, là, dans cet échange.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, avant de parler des aînés, mais tout en parlant des aînés, je voudrais
parler... Comme vous savez, je suis aussi ministre responsable des Québécois
d'expression anglaise et je vous entendais parler de l'hôpital de Gaspé puis de
Sainte-Anne-des-Monts. Et puis, bien sûr, en Gaspésie, on a des communautés
anglophones, n'est-ce pas? Et notre gouvernement s'assure que les services sont
disponibles pour ces communautés-là. Et d'ailleurs, tantôt, vous avez mentionné
qu'en région il y a des populations vieillissantes, et puis évidemment ce
phénomène démographique là, il est présent peu importe la langue officielle
parlée, là. On a aussi des aînés anglophones qui ont besoin d'accès à des
services à Gaspé et Sainte-Anne...
15 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...et
mon... et notre gouvernement, je me permets de dire, s'assure que ces
services-là sont disponibles parce que c'est important, et le premier ministre
l'a dit que les efforts que nous faisons pour le... la promotion de la langue
française, d'aucune façon, vont impacter les services de la communauté
anglophone dans nos hôpitaux et nos... nos... d'aucune façon, vont impacter l'accès
aux services de santé dans la langue anglaise pour nos... notamment, nos
personnes âgées en région.
J'y vais sur ce que l'on fait pour les
aînés qui est dans la section D, qui commence à la section D-15, Prendre
soin des personnes proches aidantes. Plus de 2 milliards de dollars
sur cinq ans, dont 1 milliard va au soutien à domicile, 700 millions
à l'hébergement, dont 400 millions pour les résidences pour aînés. Alors
là, je vais m'étendre un peu plus sur les résidences pour aînés puis les soins
à domicile, mais je tiens à dire aussi qu'il y aura 100 millions pour le
zona et la vaccination, puis 200 millions pour les proches aidants, mais
allons-y avec les soins à domicile, et ça, les soins à domicile, c'est à la
page D-16. Et puis, il y a beaucoup de travail à faire au niveau des soins
à domicile, M. le Président, mais je tiens à dire que depuis 2018-2019, les
budgets ont été bonifiés de près de 6,5 milliards de dollars. Depuis
2018-2019 à... si on prend 2018-2019 à 2027-2028, ça totalisera 6,5 milliards de
dollars. Dans ce budget, il y a 1 milliard de dollars et ça, ça va...
c'est parce que le nombre de personnes qui vont recevoir des soins à domicile
aura augmenté de 15 % entre 2019 et 2028, mais que le nombre d'heures de
soins, lui, aura augmenté de 100 %, c'est-à-dire que les gens qui en
recevaient, ils avaient besoin de plus de services, ce n'est pas parce que vous
étiez... vous receviez des soins à domicile que vous receviez tous les soins
dont vous aviez de besoin. Donc, on augmente le nombre de personnes de
15 %, puis on augmente le nombre d'heures de 100 %, et ça, c'est ce
qu'on fait avec 1 milliard de dollars, mais c'est... il y a eu... il
y a eu d'autres milliards, c'est vraiment... Vous savez, la ministre des Aînés
du précédent gouvernement, elle avait une passion pour les aînés, elle m'a fait
visiter mon premier CHSLD avant mon premier budget, j'ai dit : On met
tellement d'argent pour les aînés, Marguerite — je sais qu'on ne peut
pas nommer les élus par leur nom, mais elle n'est plus élue — fais-moi
visiter un CHSLD. Puis on est allé dans mon comté. Et puis les soins à
domicile, c'était prioritaire avant la pandémie, mais après la pandémie, c'est
vraiment devenu une... d'une importance capitale. Les résidences pour aînés
sont un partenaire du gouvernement dans l'hébergement des aînés au Québec, ils
font face à des difficultés extrêmement importantes, les gicleurs, les
assurances, le personnel et puis les... les services, parce que c'est beau d'avoir
du personnel, mais, en plus, la population est vieillissante, donc ça prend des
soins spécialisés, alors il y a vraiment quatre composantes, là, qui mettent
les résidences pour aînés en difficulté. C'est pour ça qu'on les aide, on a un
programme pour aider à payer les assurances, on a un programme pour aider
les... au niveau des gicleurs, on a un programme pour aider la rénovation des
bâtiments pour qu'ils soient conformes et on a des subventions salariales, M.
le Président, parce que c'est sûr que, le réseau public, on a bonifié les
salaires dans le réseau public, mais ça a amené des difficultés au niveau des
salaires dans les résidences pour aînés.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques? Il vous resterait quelques secondes, cher collègue.
M. Sainte-Croix : La question
de la santé mentale. Donc, phénomène là aussi préoccupant. Dans le récent
budget 2023-2024, que faites-vous exactement pour renforcer le soutien
offert aux Québécois les plus vulnérables, M. le ministre?
Le Président (M. Simard) : Idéalement,
une réponse très synthétique, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Extrêmement
important. On a un ministre qui a l'expertise. Mon rôle, c'est de lui donner
les moyens. Et puis on n'a pas suffisamment de psychologues au Québec, alors on
doit y aller avec une approche pluridisciplinaire.
Le Président (M. Simard) : Merci
pour cette synthèse. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président...
M. Beauchemin : ...retrouve
mes feuilles. J'aimerais vous ramener sur le terrain des prévisions économiques
qui ont été utilisées pour bâtir le budget. Comme vous le savez, le milieu
privé, secteur bancaire avait estimé la croissance économique pour fin 2023
pour le Québec à 0,3 %. Dans votre budget, vous utilisez un chiffre de
0,6 %. La différence entre les deux... Je vous ai entendu en Chambre
mentionner trois éléments qui pouvaient stimuler ou expliquer cette
différence-là, c'est-à-dire la régionalisation de l'immigration, le Régime des
rentes du Québec et la baisse d'impôt. Ça tient, à date, oui?
M. Girard (Groulx) : Si on va
à la page G.29, on voit que la moyenne secteur privé est à 0,3% mais qu'il y
avait quand même, c'était une année particulière, beaucoup de dispersion. On
avait des gens jusqu'à moins 0,5% et d'autres jusqu'à 0,9%. Alors, je dirais
qu'il y a des années, là, où... mettons, une année où on prévoit 1,5 %,
là, tout le monde va être entre 1%, 2% puis 1,8%. Là, on avait moins 0,5%, donc
des gens plutôt pessimistes, puis plus 0,9%, des gens plutôt optimistes, mais,
en moyenne, 0,3%.
M. Beauchemin : Puis pour avoir
un peu discuté de ça avec certains de mes anciens collègues, dont certains que
vous connaissez, d'ailleurs, dans leurs modélisations, il y avait les promesses
électorales de la baisse d'impôt de 1 %, qui donnait, donc, cette moyenne
de 0,3 % pour...
M. Girard (Groulx) : Non.
Eux, normalement, dans leurs modélisations, ne prennent que les politiques
fiscales qui ont été votées. Comme nous, là, lorsqu'on... par exemple, si le
gouvernement fédéral, en campagne électorale, dit : On va mettre 3 milliards
en santé, là, tant que ce n'est pas voté, on ne le met pas dans nos... ni nos
projections financières ni nos projections économiques.
M. Beauchemin : O.K.
M. Girard (Groulx) : Alors,
leur 0,3% n'incluait pas la baisse d'impôt.
M. Beauchemin : O.K. Pour
avoir discuté avec certains, on m'avait laissé comprendre comme quoi qu'ils
trouvaient leur 0,3% optimiste, la tendance était peut-être plus de le réviser
à la baisse. Il y avait d'autres raisons, j'imagine, pour lesquelles ils m'ont
avancé ces commentaires-là, mais une chose qui est sortie aussi des
conversations qu'on a eues avec les gens du patronat puis des gens des PME du
Québec, c'est que l'effet sur le produit intérieur brut du congé de RRQ était
considéré comme minimal au niveau de la croissance économique.
Donc, première question. Dans vos calculs, la
régionalisation de l'immigration compte pour combien de cette variante entre le
0,3% puis le 0,6%?
• (15 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Très
peu. Je dirais que la différence entre le 0,3% puis le 0,6%, c'est
essentiellement la baisse d'impôt.
M. Beauchemin : Essentiellement
la baisse d'impôt. C'est bon. O.K. D'accord. Puis, quand vous mettez toutes les
prédictions sur votre tableau pour en arriver à conclure, quels sont les autres
éléments qui font partie de l'exercice pour en arriver... Est-ce qu'il y a une
influence de ce qui se passe avec la croissance économique des États-Unis, en
Europe, au Canada, etc.?
M. Girard (Groulx) : Oui,
parce que l'économie du Québec est une économie ouverte. 45 % de son
économie est liée au secteur extérieur, et puis donc le secteur extérieur, sa
contribution est incluse. Et, bref, pour faire une prévision de 0,6 %, il
fallait avoir le Canada à 0,8% puis les États-Unis à 0,5%. C'est ce qu'on a
dans le budget. Depuis, la réserve fédérale a publié sa prévision pour l'année
2023, ils sont à 0,4%, 0,5%. On est vraiment, là, direct dessus, c'est très
bon. La prévision économique américaine qu'on a dans le budget est solide. Le
Canada, on est à 0,8%, on est très près de la Banque du Canada...
M. Girard (Groulx) : ...mais
notre prévision a été faite le 2 mars. Depuis le 2 mars, il y a eu les
turbulences au niveau des banques régionales américaines, qui ont amené un
resserrement des conditions de crédit, et on a vu hier que le gouvernement
fédéral... que nous, on mettait 0,8, puis le Canada, eux, ont mis 0,3.
M. Beauchemin : Oui. C'est un
peu... C'est un peu là où est-ce que je voulais arriver, dans le sens que la
ministre, notre collègue à Ottawa, met une croissance économique de 0,3, ce qui
est quand même un bon recul par rapport au 0,8.
M. Girard (Groulx) : Effectivement.
M. Beauchemin : Donc, dans
votre modélisation, bien, moi je... Puis je suis nouveau, là, ça fait que
j'essaie de comprendre un peu, des fois, comment tout fonctionne. Mais disons
que, là-dessus, j'aurais cru qu'il y avait un échange, un dialogue, souvent,
entre les différents paliers de gouvernement pour ce genre de conversation,
pour être plus à jour, là, pour...
M. Girard (Groulx) : Non.
Bien, c'est-à-dire que la référence la plus indépendante, l'autorité en matière
de prévisions économiques au Canada, c'est la Banque du Canada. Notre
prévision, en date du 3 mars, est en ligne avec la Banque du Canada. Depuis le
3 mars, il s'est passé des choses qui ont amené le ministère des Finances à
Ottawa à avoir une prévision plus faible que la Banque du Canada et être à 0,3.
Alors, on pourrait dire, toutes choses étant égales par ailleurs, que les
turbulences du dernier mois dans le secteur financier, qui amènent un
resserrement des conditions de crédit pour toutes les institutions financières,
et donc, ultimement, en Amérique du Nord pour toutes les entreprises puis les
individus, ont retranché 0,5 % à la prévision de croissance pour 2023.
M. Beauchemin : Bien, c'est
un petit peu ce que j'avais dit un petit peu plus tôt aujourd'hui, les
resserrements des conditions de crédit étouffent un peu l'économie. Est-ce que
c'est 100? Est-ce que c'est 75 «basis points» de plus? L'effet synthétique de
ça a été analysé à plusieurs reprises dans le passé, quand il y a eu le
resserrement en 2008, etc., donc...
Mais donc, si je comprends bien, l'assise
de 0,6 pourrait être révisée actuellement, basée sur l'information des... en
fait, depuis mardi soir qu'ils ont confirmé par Ottawa, par la banque centrale,
qui maintenant révise à cause de la crise du resserrement de crédit, que les
marchés financiers révisent actuellement. Donc, quand on regarde toutes ces
variables-là, est-ce donc possible de considérer que 0,6 était peut-être un peu
optimiste par rapport à... Bien, disons, pas optimiste, ce n'est peut-être pas
le bon terme. Ce que je veux dire : Maintenant qu'on sait ce qu'on sait,
est-ce que 0,6 serait le chiffre?
M. Girard (Groulx) : Alors,
le resserrement des conditions de crédit multiplie l'efficacité de la politique
monétaire. Alors, on a eu 4 % de hausse de taux, 4,25 %, mais gardons
ça simple, 4 % de hausse de taux. Là, les institutions financières
protègent leur capital et leurs liquidités parce que trois banques régionales
ont cessé leurs activités, ça crée de l'incertitude. Ça multiplie l'effet de la
politique monétaire, ça ralentit l'économie.
Par contre, soudainement, on anticipe
beaucoup moins de hausses de taux. En fait, on est passé d'anticiper des
hausses de taux supplémentaires à... Essentiellement, on a eu la dernière
hausse de taux de la Banque du Canada en janvier, puis là on pourrait avoir eu
la dernière hausse de taux de la Réserve fédérale, puis, au lieu d'avoir
d'autres hausses de taux dans l'année, on pourrait avoir des baisses. Alors,
oui, le resserrement de crédit multiplie la politique monétaire, mais on aura
peut-être moins de hausses de taux puis plus de resserrements de crédit.
Mais, pour répondre précisément à votre
question, notre prévision de 0,6 a été faite le 2 mars, avant l'incertitude
associée aux banques régionales. Est-ce que... Si cette prévision-là était
faite aujourd'hui, est-ce qu'elle serait de 0,4? C'est possible. On n'a pas...
Je n'ai pas de prévision en date d'aujourd'hui. Mais, effectivement, le dernier
mois n'a pas été un mois positif autant que le... On a... 2023, ce n'est pas
supposé d'être une bonne année pour l'économie mondiale. Mais, au premier
trimestre, ça a été un peu mieux que prévu, le premier trimestre. Mais là...
M. Girard (Groulx) : ...si on
faisait notre prévision aujourd'hui, possiblement que notre 0,6 serait plutôt
0,4.
M. Beauchemin : Donc, si je
comprends, il n'y a pas la même élasticité entre la baisse d'un demi-point par
rapport à ce que la...
M. Girard (Groulx) : Pas
totalement, parce que le secteur...
M. Beauchemin : Parce que
l'économie québécoise est différente.
M. Girard (Groulx) : ...plus
diversifiée. Le secteur bancaire est beaucoup plus important en Ontario. Et il
faut dire que le secteur de l'énergie, là, quand...
M. Beauchemin : Ça fluctue un
peu.
M. Girard (Groulx) : Parce
que ce qui a fait que le Canada a mieux fait que le Québec en 2022, et qu'on
anticipait 0,8 versus 0,6, donc on anticipait qu'en 2023 le Canada allait faire
mieux, c'est le secteur de l'énergie. Et là, quand l'économie ralentit, le
secteur de l'énergie ralentit beaucoup plus vite.
M. Beauchemin : Sur le point
que vous mentionniez tout à l'heure, pour les personnes de marché, les
expectatives d'inflation sont effectivement extrêmement importantes dans la
modélisation pour en arriver à pouvoir mettre sur place des estimés pour les
prochaines années. Mais, pour Monsieur et madame Tout-le-Monde, dans le
quotidien, gérant d'entreprise, la cote de crédit... pas la cote de crédit,
mais le coût de crédit, le coût des fonds a augmenté de 4,25 % simplement
si c'était basé sur un prêt variable. Et là, maintenant, la condition de
resserrement de crédit qui s'ajoute à ça, ça, c'est presque instantané. Donc, dans
le prix d'aujourd'hui d'un emprunt bancaire, d'une corporation x, y, z, il n'y
avait pas les expectatives d'inflation qui étaient tarifées, si on peut dire,
dans le prix que l'emprunt se faisait. Il y avait simplement la base, le taux
directeur du Canada, plus l'écart corporatif. Maintenant que l'écart corporatif
a augmenté, les conditions de crédit étant resserrées, il n'y aura pas ce
bénéfice de baisse d'expectative d'inflation dans le prix au quotidien, là, que
les gérants d'entreprise vont avoir à payer. Je voulais juste amener ça, parce
qu'il y a les marchés puis il y a le quotidien, là.
M. Girard (Groulx) : Mais je
suis d'accord avec vous, sauf que, depuis le dernier mois, les conditions de
crédit se sont resserrées, mais les taux ont baissé de 75 points, là, en
10 ans, là.
M. Beauchemin : Si c'est un
emprunt à taux fixe, effectivement, mais à taux variable, basé sur...
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais le deux ans aussi, là.
M. Beauchemin : Sur un taux
variable trois mois, quand les... quand les banques... quand les corporations
empruntent à taux variable, ce n'est pas sur les deux ans ou les cinq ans,
c'est sur...
M. Girard (Groulx) : Le taux
variable n'a pas baissé encore, mais on prévoyait qu'il allait augmenter plus,
puis il n'augmente pas.
• (15 h 50) •
M. Beauchemin : Mais le taux
variable reste quand même inchangé. Donc, les expectatives d'inflation n'ont
pas fait baisser le taux variable trois mois, il reste le même. Il n'a pas été
influencé par un changement d'expectative d'inflation.
Sur ce, je veux vous amener, donc, sur,
attendez une seconde, le marché.... Attends, je veux juste revenir, donc, pour
qu'on parle de l'effet des baisses d'impôt et l'effet de... juste retrouver ma
feuille, l'effet de... - voyons, elle est où, ma feuille? - l'effet des
chèques qui ont été donnés l'an passé. Donc, il y a eu un 500 $, un
400 $ ou 600 $. On va donner un chiffre moyen, disons
1 000 $ pour faire un chiffre rond.
M. Girard (Groulx) : Je vous
l'accorde.
M. Beauchemin : Par
rapport... par rapport à la baisse d'impôt, qui, elle, va représenter 800
quelques dollars, lorsqu'il y avait eu prévision du taux de croissance pour la
variation de 2022, on parlait de 5,7 %. Là, c'est dans le plan budgétaire,
là, qui avait été déposé, à la page A18 de... l'an dernier donc. Et ce
qu'on voit quand on regarde ce que l'Institut des statistiques du Québec, c'est
ça, l'Institut des statistiques du Québec a démontré, c'est qu'en bout de
piste, incluant donc les chèques qui ont été donnés, la productivité a été
de... excusez, le produit intérieur brut a été de 4,7 %. Donc il y a un
différentiel de 0,2, là, entre ce qui a été annoncé puis ce que la statistique
mentionne. Et donc, dans ça il y a, il y a eu ces 1 000 $-là. Et donc
l'effet anticipé n'a pas résulté dans ce qui était anticipé initialement.
Alors, ma question, c'est de savoir : Étant donné qu'il n'y a pas eu cet
effet-là lors de la distribution des chèques, O.K., au niveau long terme, puis
dans la statistique de l'Institut québécois des...
M. Beauchemin : ...là, le
chèque de décembre est inclus.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Donc, ma
question, c'est : Étant donné que vous pensez et vous avez donc la
modélisation, et j'ai souvent vu ces modèles-là, là, que la baisse d'impôt va
avoir un effet sur la croissance économique de 0,3, est-ce que... Grosso modo,
ça semble être la totalité de l'explication, là, O.K. Est-ce que, donc, vous
avez d'autres, peut-être, craintes par rapport à la réalisation, nonobstant ce
qu'on vient juste de discuter, là, qui était le ralentissement économique qui
fait tout simplement, là, par le resserrement des conditions de crédit? En
d'autres mots, est-ce que votre 0,3 d'augmentation du produit intérieur brut
clairement causé par la baisse d'impôt peut être menacé par quelque chose
d'autre en plus?
M. Girard (Groulx) : Bon,
juste distinguer... une distinction extrêmement importante entre le chèque de
600 $, 400 $ et la baisse d'impôt. Les versements ponctuels sont non
récurrents. Donc, si le versement en 2022 a augmenté la croissance de
0,2 %, O.K., si pas de versement, le PIB, au lieu d'être 2,8, il aurait
été 2,6. On ajoute 0,2 en 2022, mais on soustrait 0,2 en 2023. Parce que ce
revenu-là que vous avez eu en 2022, vous ne l'avez pas en 2023. Et ça, c'est
le... les propriétés d'un versement ponctuel, c'est que vous avez le bénéfice
une fois.
La grande vertu de la baisse d'impôt,
c'est la première fois que j'utilise cet adjectif pour dire que la baisse
d'impôt est vertueuse, c'est qu'elle est permanente. C'est qu'on pousse le
niveau de l'économie de 0,3 mais qu'on reste à ce niveau de 0,3 plus élevé de
façon permanente. Alors, c'est : non seulement 2023 par rapport à 2022 est
0,3 plus haut, mais 2024 est 0,3 plus haut qui aurait été sans versement, 2025,
2026, permanent. Et, en économie, je ne sais pas si, en fiscalité, ils se
préoccupent de ça, mais une baisse d'impôt permanente, c'est extrêmement
efficace par rapport à un geste ponctuel.
Le Président (M. Simard) : Rapidement,
très rapidement.
M. Beauchemin : D'accord. Sur
un horizon très long terme, effectivement, si on répète de façon ponctuelle, on
aurait le même effet. Ce qui n'est pas le cas, on l'a fait juste une fois,
mais, moi, ma question était par rapport à la fenêtre, l'image, le moment
capturé où est-ce qu'il y a eu ces chèques et versus la première année de
baisse impôt, les deux, O.K., sont influencés par à peu près le même nombre de
dollars, 1 000 $, 800 quelques dollars, et donc la variabilité n'a
pas résulté dans un produit intérieur brut est aussi significative qu'attendu.
Est-ce donc une autre menace? C'était ça, ma question.
Le Président (M. Simard) : À
ce stade-ci, collègue, on emprunte sur le prochain bloc. On peut poursuivre,
mais on emprunte à votre collègue sur son prochain temps. On arrête ici? On
arrête. Très bien. Alors, je cède maintenant la parole à la députée d'Huntingdon.
Mme Mallette : Merci
beaucoup, M. le Président. Puis je vous remercie aussi de pouvoir poser des
questions sur un sujet qui me passionne, le budget. Ça peut peut-être être
surprenant. Ayant fait moi-même plusieurs budgets pour mes entreprises, à
l'époque, je sais que c'est un exercice qui est assez fastidieux et rigoureux,
donc je ne peux pas imaginer ce que ça peut être, là, pour une nation tout
entière, là, pour un gouvernement de faire un exercice budgétaire. Et, pour
l'avoir parcouru, peut-être pas lu chacun des mots des différents volumes qu'on
a reçus, je peux vous dire qu'il m'apparaît complet et très prometteur.
Puis moi, je voudrais vous parler
d'environnement. Parce que, bon, quand qu'on a des enfants, moi, j'ai des
jeunes enfants, bien, on se tourne plus souvent vers l'avenir. On commence à
regarder qu'est-ce qu'on peut faire, là, pour s'assurer qu'ils vont avoir un
meilleur avenir ou, du moins, qui va être aussi bon que celui qu'on a eu, un
environnement sain, viable et diversifié. Donc, avant la CAQ, il n'y en avait
pas, de plan pour l'environnement, un vrai plan chiffré, pragmatique, avec des
vrais objectifs. Donc... Puis un plan, bien, un vrai plan, il faut qu'il soit
aussi pérein...
Mme Mallette : ...c'est-à-dire
qu'il faut que les mesures environnementales doivent durer dans le temps, donc
il ne faut pas que ça disparaisse lorsqu'il va y avoir une crise économique ou
une pandémie par exemple. Puis comment qu'on fait ça? Bien, il faut que les
préoccupations en matière d'environnement, bien, elles transcendent dans toutes
les décisions du gouvernement. Donc, que ce soit en matière d'agriculture, que
ce soit en décision d'affaires municipales, de transport, hein, tu sais, quand
on parle d'électrification des transports, transports collectifs, bien, à
quelque part, l'idée en arrière de ça, c'est des préoccupations
environnementales. C'est la même chose, bien, en économie.
Puis à ça, on peut donner... Justement, je
vais faire une petite digression par rapport à ça, parce que, lorsqu'on était
au bleu, bien, j'ai une collègue députée qui a dit : Bien, écoute, ce qui
se passe ailleurs, ce n'est pas important, il faut... il faut vraiment
regarder, là, ce qui se passe chez nous puis qu'est-ce qui compte chez nous au
niveau des économies des GES. Puis moi, ça m'a accroché parce que, un, la ligne
de l'entente avec New York va passer chez nous, puis, je pense, quand on
réussit à faire en sorte de diminuer peut-être les GES chez notre voisin...
puis la pollution, on s'entend que ça ne s'arrête pas à la frontière, hein, ça
s'en vient chez nous, bien, c'est... On va gagner ça pour le monde puis on va
gagner ça pour chez nous aussi. Donc, moi, je trouve que l'entente avec New
York, c'est quelque chose qui est bon pour tout le monde, donc pour nous, même
si le calcul des GES ne va peut-être pas rentrer dans le calcul de celui du
Québec.
Mon comté à moi, bien, il est
majoritairement agricole. Donc, en septembre dernier, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, il a fait une promesse à
Sherrington, dans mon comté, soit 50 millions pour intensifier les
pratiques durables en réponse aux changements climatiques, en continuité avec
le Plan d'agriculture durable. Cela s'additionne aux 85 millions qui
s'investissent dans la mesure de rétribution des pratiques
agroenvironnementales, qui est un des piliers du Plan d'agriculture durable, le
PAP. J'ai vérifié, puis la promesse, bien, elle est dans le budget. Donc, je
vous remercie de tenir les promesses.
Puis, un autre point qui est important
pour nous, bien, c'est l'eau. Parce que, bon, de l'agriculture pas d'eau, c'est
un petit peu difficile. Puis, comme promis à la COP15, on a créé le Fonds bleu,
500 millions selon le budget. Et on confirme aussi la mise en œuvre du Plan
Nature 2030, avec un investissement de 443,4 millions.
Donc, je vais vous poser la question
suivante : Quels sont les objectifs de ce Fonds bleu et du Plan Nature?
• (16 heures) •
M. Girard (Groulx) : Merci.
Excellente question. Et le ministère des Finances fait vraiment un effort de
synthèse. Alors, si je me dirige à la section F et que je vais à la section
Protéger la biodiversité et favoriser l'accès à la nature, c'est ce dont on
parle, c'est ce dont on parlait à la COP15... Alors, il y a tout le volet lutte
aux changements climatiques, ça, ça vient avec le plan de mise en œuvre. Et
puis là ce qu'on a discuté à la COP15, c'est l'importance de protéger 30 %
du territoire puis... En fait, je pense qu'on en parle, des objectifs de la
COP15... j'y arrive. Voilà, F15. Alors, les objectifs de la COP15, vous
permettez que je les énumère? Parce que c'est vraiment...
Mme Mallette : Je pense que
c'est important de l'entendre.
M. Girard (Groulx) : Oui,
c'est ça. Restaurer au moins 30 % des milieux naturels dégradés; protéger
30 % des zones terrestres, des eaux intérieures, des zones côtières;
ramener à près de zéro la perte de zone d'une grande importance en matière de
biodiversité; réduire considérablement le risque d'extinction, les espèces
menacées et vulnérables; diminuer de 50 % les taux d'introduction des
espèces exotiques envahissantes, il y a un lien avec le Fond bleu; réduire au
moins de moitié le risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques
hautement dangereux; gérer de manière durable les territoires où l'on pratique
l'agriculture, l'aquaculture, la pêche et la sylviculture, vous connaissez ça
mieux que moi; accroître la superficie, la qualité et la connectivité des
espaces verts et bleus dans les zones urbaines, ça, c'est... Vous savez, Jérôme
Dupras, qui... bon, qui est connu, là, parce qu'il est musicien dans un groupe
connu, mais qui était un... un scientifique du Québec, lui nous parle toujours
de...
16 h (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...la
connectivité des espaces, que c'est important qu'il y ait des liens, encourager
les entreprises et réduire progressivement leurs impacts négatifs sur la
biodiversité, identifier, d'ici 2025, éliminer ou réformer les incitatifs et
subventions néfastes pour la biodiversité. Ça, c'est des objectifs.
La réponse du gouvernement qui va... on n'a
pas fini de répondre, là, on n'est pas rendu à 30 % d'aires protégées. On
va continuer, mais le Plan Nature et le Fonds bleu... et là, les objectifs du
Plan Nature, c'est favoriser l'accès de la population à la nature, notamment en
créant de nouvelles aires protégées et des aires de conservation en territoire
nordique et en accélérant la procédure de conservation de milieux naturels,
agir contre les menaces qui pèsent sur la biodiversité en mettant en place
notamment des mesures de lutte contre les espèces exotiques envahissantes et
des plans de rétablissement des espèces menacées et vulnérables. Le troisième
point est vraiment important, là, appuyer le leadership autochtone en
conservation de la biodiversité, notamment en soutenant la réalisation de
projets visant la transmission, la collecte ou l'encadrement du partage des
savoirs autochtones par les communautés.
J'arrive à... le Fonds bleu. La création
du Fonds bleu contribuera à l'amélioration de la connaissance des différentes
pressions exercées sur les ressources en eau par les activités humaines et
assurera une gestion durable, équitable et efficace de l'eau en mettant en place
les mesures appropriées pour maintenir et améliorer les réseaux de suivi
hydrométrique et piézométrique. «Piézométrique», M. le Président, excellent mot
au Scrabble, vous allez surprendre vos invités. C'est la distance entre la
nappe phréatique et l'eau au sol. Oui, vous allez surprendre au Scrabble avec
«piézométrique». Améliorer la caractérisation de la composition des rejets
municipaux, bonifier le financement du réseau de surveillance volontaire des
lacs, améliorer les connaissances concernant l'évolution de l'état de la
ressource en eau sur le territoire afin de prévenir les conflits d'usage, voire
les pénuries d'eau.
Vous aurez noté que je n'ai pas parlé d'usines
de traitement d'eau parce qu'on n'est pas dans les infrastructures municipales
ici, on a d'autres programmes pour ça. Et c'est certain que le Fonds bleu, à
500 millions sur cinq ans, ce qui est vraiment très bien, bien, ça ne
comprend pas les besoins en infrastructures, traitement d'eau, etc., qui sont,
eux, en milliards. Et ça, c'est dans d'autres programmes du gouvernement du
Québec.
Mme Mallette : Bien, merci
beaucoup pour la précision. Puis je noterais, bien, en plus du Plan Nature puis
du Fonds bleu, bien, il faut aussi souligner nos efforts dans la lutte contre
les changements climatiques. Donc, on est présentement au premier rang des
provinces et territoires canadiens ayant le plus faible taux d'émissions de gaz
à effet de serre, qu'on va résumer par GES, par habitant. En 2020, nous étions
à 8,6 tonnes de GES par habitant, la moyenne canadienne étant à 17,7 tonnes
de GES par habitant. Là, on parle d'une moyenne, ça, ça veut dire qu'il y en a
qui sont encore plus élevées que ça.
Donc, en novembre 2020, notre gouvernement
a rendu public son Plan pour une économie verte 2030, ce qu'on va appeler
le PEV, ainsi que son plan de mise en œuvre, le PMO. Donc on serait rendu au
PMO 3. Notre objectif 2030 est de 37,5 % par rapport à 1990, de
diminution des GES, et l'atteinte de la carboneutralité en 2050. Le budget de
cette année 2023-2024 annonce 1,4 milliard de plus provenant du
marché du carbone pour un plan de mise en œuvre 2023-2028. Donc, le PMO
disposera d'un budget total de 9 milliards, soit 1,8 milliard par
année en moyenne. J'imagine que je ne vous apprends rien.
Donc, on a augmenté nos investissements en
lutte contre les changements climatiques de 2,3 milliards, soit une hausse
de 35 % depuis 2020. C'est... vraiment, là, je pense qu'on marque le coup
qu'on a une volonté environnementale très forte. Ça, je vous remercie pour mes
enfants. J'en suis très contente. Je vais vous poser la question suivante :
Quels types de mesures pouvons-nous financer via le plan de mise en œuvre, qui
n'est pas encore dévoilé, soit dit en passant?
Le Président (M. Simard) : ...
M. Girard (Groulx) : Voulez-vous
un masque, M. le Président...
Le Président (M. Simard) : ...Ça
va bien pour l'instant.
M. Girard (Groulx) : J'en
traîne avec moi. Voilà.
Alors, le plan de mise en
œuvre 2023-2028 sera divulgué d'ici le mois de juin par le ministre de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques. Il sera doté d'une
enveloppe de 9 milliards de dollars. Et on se rappelle que le
plan 2022-2027 atteignait 50 % de la cible de -37,5 %. Et donc,
ce qu'il faudra surveiller dans le plan 2023-2028, c'est à quelle vitesse
on se rapproche de la cible de 100 %. Parce que le Québec s'est donné une
cible de réduction de gaz à effet de serre de 37,5 %, mais il faut
l'atteindre, cette cible-là, et donc on doit se rapprocher de la cible. Et
donc, 50 % dans le plan 22-27, si on veut être à 100 % en 2030,
il faudrait progresser approximativement de 10 % à chaque plan. Et donc on
compte sur notre ministre de l'Environnement pour utiliser ce 9 milliards de
dollars là et nous rapprocher de la cible.
Quel type de mesures? Bien, il y a...
généralement, c'est divisé en deux groupes, c'est-à-dire la lutte aux
changements climatiques et l'adaptation aux changements climatiques. La lutte
étant un... la proportion la plus importante des sommes.
Et dans de... quel type de mesures? Je
pense qu'on peut regarder le tableau de la page F7 et voir qu'on sépare
les émissions dans les composantes suivantes. Puis on montre que, depuis 1990,
l'industrie et les... On a réussi à faire des gains au niveau des industries et
des bâtiments qui sont extrêmement importants, donc une réduction des émissions
de 29 % à 37 %, et que les autres secteurs sont en baisse de
14 %, mais que le secteur des transports, lui, est en hausse de 16 %.
Et le secteur des transports est le secteur qui émet le plus de GES parmi les
quatre secteurs que j'ai mentionnés. Donc, je compte sur le ministre de
l'Environnement pour avoir des mesures d'électrification des transports, pour
avoir des mesures pour supporter le transport collectif. Et est-ce que j'ai
oublié quelque chose?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Non.
O.K. Il peut y avoir des mesures pour les biocarburants et il y aura,
évidemment, des mesures pour les industries, les bâtiments, et cetera. Mais,
toutes proportions gardées, nous devons faire beaucoup mieux au niveau des
transports.
Mme Mallette : ...étant la
plus grande source de GES. Bien, je vous remercie beaucoup. Est-ce qu'il nous
reste encore du temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Environ
trois minutes.
• (16 h 10) •
Mme Mallette : trois minutes.
Je vais faire vite. Je vais vous tendre la perche très rapidement. J'aimerais
ça que vous nous parliez... On a parlé de l'avenir des enfants, tu sais, très
long terme, mais, là, court terme, pour moi, là, ça s'en vient, évidemment,
pour aussi beaucoup de population québécoise. Les mesures pour la Régie des
rentes du Québec qui ont été mises en place, là, dans le nouveau budget, je
sais que ces nouvelles mesures-là, elles vont avoir un impact, entre autres,
sur... On parlait, bon, de la mise en place d'une protection pour la rente pour
les mêmes personnes qui travaillent à temps partiel puis on parlait aussi de
faire cesser la cotisation au régime pour les personnes âgées de 65 ans.
Donc, je ne sais pas, si vous me parliez des impacts que ça peut avoir, ces
deux mesures-là, qui ont été mises au budget?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors, les impacts économiques, est-ce qu'on les divulgue spécifiquement dans
le budget?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : O.K.
C'est... l'impact que nous estimons à long terme, c'est de l'ordre d'une
dizaine de milliers de travailleurs supplémentaires. Il y a vraiment deux
mesures principales, là. Il y a le fait que, si vous avez déjà réclamé votre
rente et que vous retournez au travail, vous ne serez pas obligé de cotiser.
C'est volontaire, vous pouvez arrêter de cotiser, puis, ça, ça peut valoir
entre 2000 et 4 000 $ brut par personne. C'est vraiment une mesure...
M. Girard (Groulx) : ...liquidités,
ça vous permet de conserver plus des revenus immédiats que vous avez en
travaillant après plus de 65 ans. Puis la protection de la rente, bien, la
rente du Régime des rentes, c'est une moyenne de vos années travaillées, mais,
si vous travaillez à temps partiel, après 65 ans, ça fait descendre votre
moyenne, et donc votre rente. Or, c'est contre-intuitif. On veut que les gens
travaillent puis là, on leur dit : Si vous travaillez, votre rente va
baisser. Donc, on va protéger la moyenne de la rente pour les années
travaillées après 65 ans. C'est-à-dire que, si vous travaillez, par exemple,
deux, trois jours par semaine, on ne laissera pas le fait que vos gains après
65 ans sont inférieurs à ceux lorsque vous aviez 60 ans baisser votre moyenne.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : En
conclusion, M. le Président, oui, il y a des mesures en environnement. Oui, il
y a des mesures pour les travailleurs, et le ministère des Finances fait des
efforts extrêmement importants pour que les documents soient clairs et concis.
Voilà.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée de La Pinière, vous disposez d'environ 18 minutes.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Sur une note légère, je vais vous dire que, si vous ne vous rappelez
pas de... le verbe «voir» à la deuxième personne de l'impératif, «voyez», ça
donne beaucoup de points au Scrabble aussi, vous avez un y et un z.
Alors, je voudrais vous poser des
questions, M. le ministre, dans le domaine de l'habitation, plus
spécifiquement, le programme AccèsLogis. Alors, première des choses, l'année
passée, en février 2022, la ministre de l'Habitation de l'époque disait que le
FHAQ, le programme d'habitations abordable Québec ne remplacerait pas
AccèsLogis. Et puis, un an plus tard, la nouvelle ministre de l'Habitation
annonce la mort du projet AccèsLogis. Alors, j'imagine que c'était déjà dans
les cartons en 2022. Pourquoi ne pas en avoir parlé plus tôt?
M. Girard (Groulx) : Je ne
suis pas tout à fait d'accord avec ce que vous dites, parce que, dans les
faits, dans le budget, là, si on va à la section à la page E.21, puis qu'on
parle depuis 2019, on a mis 1,1 milliard dans AccèsLogis puis là on remet dans
les logements sociaux... Attendez, je vais vous donner le montant. On met, dans
le budget, 192 millions pour accélérer la réalisation de 3 300 logements
AccèsLogis. Puis là on explique qu'il reste 6 600 logements en inventaire
AccèsLogis, dont 3 300 n'ont pas le financement pour se réaliser.
Donc, AccèsLogis va se poursuivre dans les
prochaines années, là, parce que ces 6 600 logements là, là, ça ne se
réalisera pas en un an, là. Comme vous le savez, AccèsLogis, une de ses
faiblesses, c'est la rapidité d'exécution. Et moi, depuis que je suis ministre
des Finances, depuis cinq ans, j'essaie de venir à bout de l'inventaire de
15 000 unités d'AccèsLogis. Il en reste 6 600, dont 3 300 ne
sont pas suffisamment financés. Je mets 200 millions pour les financer. Donc
là, AccèsLogis, là, il n'est pas mort, là. Il y a 6600 logements à livrer
AccèsLogis, puis ça va prendre des années.
Mme Caron : Bien, merci,
parce que c'étaient les questions que j'avais, pour les logements en arrérages,
qu'est-ce qui allait se passer. Est-ce que ceux qui ont déjà des projets comme
en cours, là, en traitement, et tout ça, est-ce que ça va tomber puis ils vont
être dirigés vers un autre programme ou est-ce que, comme vous semblez le dire,
mais peut-être que vous pouvez me le reconfirmer, que, non, ils vont rester
dans le programme AccèsLogis jusqu'à tant que ce soit construit?
M. Girard (Groulx) : Moi, ce
que je vous dis, c'est qu'il y a 6 600 logements en inventaire, dont
3 300 n'ont pas besoin de financement supplémentaire. Donc, tout le monde
est pour qu'ils se réalisent. Leur réalisation n'est pas dépendante du
gouvernement du Québec. Et 3 300 logements qui avaient besoin de
financement supplémentaire, le 200 millions qu'on accorde. Donc, ces 6 600
logements là pourraient prendre, bien qu'on donne le 200 millions dans l'année
fiscale courante... qui s'est terminée le 31 mars... Est-ce qu'on est le 31
mars?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : On est
le 30. Dans l'année courante...
M. Girard (Groulx) : ...alors
ce 6 600 logements là, là, ça va prendre au moins trois ans à se réaliser, là.
Mme Caron : Donc, ça va se
réaliser toujours sous l'égide d'AccèsLogis.
M. Girard (Groulx) : Bien
sûr.
Mme Caron : Les gens ne vont
pas perdre ça.
M. Girard (Groulx) : C'est ma
compréhension, là. Je ne suis pas ministre de l'Habitation, mais c'est ma
compréhension.
Mme Caron : O.K. C'est
votre... Parfait.
M. Girard (Groulx) : J'ai mis
200 millions pour réaliser 3 300 unités AccèsLogis.
Mme Caron : Parfait.
M. Girard (Groulx) : C'est
des logements sociaux.
Mme Caron : O.K. J'aurais
aussi cru que c'étaient des logements sociaux, puis peut-être que vous allez
pouvoir m'expliquer la distinction. L'année passée, dans les questions pour
l'étude des crédits 2021-2022, on avait demandé le nombre de logements sociaux
construits en 2021-2022 et les prévisions pour 2022-2023. Et puis on nous a
répondu que «le programme AccèsLogis Québec ne finance pas la construction de
logements sociaux, mais la construction de logements abordables». Est-ce que
quelqu'un est en mesure de nous clarifier ça?
M. Girard (Groulx) : Ça
m'apparaît incohérent, là, il faudrait que je voie la question, la réponse, le
contexte des échanges, là, entre élus en commission parlementaire, à laquelle
je n'ai pas participé, là. C'est difficile pour moi.
Mme Caron : Non, ce n'est pas
des échanges entre élus, là, c'est l'étude des crédits, les réponses
officielles, là, de... qui... des questions qui sont posées et qui sont
répondues par écrit, là, pour...
M. Girard (Groulx) : Par le
MAMH.
Mme Caron : Oui, c'est ça.
Alors, je ne comprenais pas, je ne comprenais pas...
M. Girard (Groulx) : Alors,
je vous incite à poser... je vous incite à poser cette question à l'étude de
crédits 2022... 2023-2024.
Mme Caron : D'accord,
parfait. Et puis vous avez mentionné qu'AccèsLogis était... allait être
remplacé parce que c'était trop long avant que les immeubles sortent de terre.
Est-ce que vous avez fait une... des... soit une modélisation ou une analyse
comparative avec le nouveau programme que... le PHAQ? Qu'est-ce qui va faire
que ça va être plus rapide ou que ça va améliorer les choses?
• (16 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Là, on
est dans la microstructure du programme de PHAQ. Ce n'est pas mon expertise.
Mais ce que je peux vous dire, c'est que nous voulons tous que les logements
sociaux et abordables se réalisent plus vite. Vous, moi, tout le monde. Alors,
le nouveau programme a été créé dans le but d'avoir moins de contraintes, moins
de... Mais quelles sont les particularités qui font que ça va aller plus vite?
Bien, il y a notamment le fait qu'on utilise des subventions au secteur privé,
là. Il y a... Les organismes sans but lucratif peuvent participer au PHAQ,
mais, le secteur privé, on le subventionne pour créer des logements abordables
et donc on ajoute une partie prenante dans la construction de logements abordables.
Et puis ça, cette partie prenante là peut potentiellement...
Parce que, là, ça fait beaucoup d'unité,
c'est 6 500 unités qu'on a annoncées depuis moins d'un an, là, ça fait qu'elles
ne sont pas construites encore. On vient d'annoncer, par exemple, 3 000 unités
avec les fonds fiscalisés en décembre 2022. Décembre 2022, c'est il y a quatre
mois, ce n'est pas loin. Trois mois. Mais c'était au début décembre... Quatre
mois. Et là notre hypothèse... puis le fonds... Par exemple, si on prend le
Fonds de solidarité de la FTQ, ils sont venus nous voir, ils nous ont
dit : Nous autres, là, les logements sociaux, ça ne va pas assez vite.
Logements abordables, on va vous faire ça vite. Parfait. On a confiance en
vous. Alors, on les a pris comme partenaires. En décembre 2022, on leur a
demandé de créer 1 000 unités de logements abordables, mais là, s'ils le font
en deux ans, ça va être très bien. Donc, on utilise le privé, on utilise les
fonds fiscalisés, on continue d'utiliser les organismes sans but lucratif.
Mme Caron : Donc, autrement
dit, les organismes sans but lucratif, coopératives d'habitation, et tout ça,
vont être en compétition avec le privé pour construire des logements sociaux ou
abordables.
M. Girard (Groulx) : Bien, en
compétition... C'est-à-dire que nous, comme vous, on veut plus de logements,
puis on octroie des unités du nouveau programme à plusieurs parties prenantes.
Les OSBL, les...
M. Girard (Groulx) : ...ça
peut être le privé, ça peut être les fonds fiscalisés. Les fonds fiscalisés,
là, on leur en a donné 3 000. Avant de leur en donner 3 000 autres,
là, je vais vouloir voir des avancements dans les 3 000 qui ont été
octroyés, par exemple.
Mme Caron : Et puis, bien,
c'est ça, il y a déjà... Question sur les privés, tous les partenaires,
finalement, qui vont construire, qui vont se proposer ou qui ont proposé des
projets : Est-ce qu'ils vont avoir tous les mêmes obligations? Puis, une
fois que les logements vont être construits, est-ce qu'ils vont tous avoir les
mêmes obligations de garder ces logements-là abordables?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que le montant de subvention est conditionnel à l'engagement, la
période d'engagement. Si vous vous engagez à garder les logements dans le marché
pour 10 ans, les garder abordables, votre subvention est bien moindre que si
vous vous engagez à les garder pour 20 ans.
Mme Caron : O.K. Donc, il y a
un lien, il y a un lien de cause à effet, je dirais, entre les deux.
M. Girard (Groulx) : Oui, la
subvention est fonction de l'engagement du promoteur.
Mme Caron : Parfait. Et puis
dans le... C'est ça, vous me disiez que le PHAQ veut être plus rapide que
l'AccèsLogis, mais il reste... il y a quand même 1 700 unités du programme
PHAQ qui sont en arrérages déjà. Alors, est-ce que ça va... est-ce que la
rapidité va vraiment être au rendez-vous, vous pensez?
M. Girard (Groulx) : Bien,
lorsqu'on disait que les unités d'AccèsLogis étaient en arrérages, là, c'est
parce que ça faisait longtemps qu'elles étaient octroyées puis qu'elles ne se
réalisaient pas. Là, je ne peux pas dire que les unités du PHAQ sont en
arrérages, parce qu'on vient de les octroyer, là.
Mme Caron : C'est ceux
que vous avez octroyés en décembre, là?
M. Girard (Groulx) : Bien, on
en a octroyés en décembre puis on en a... Le programme a été créé à la mise à
jour de l'automne 2021. Il y en a eu au budget 2022-2023, puis il y en a
eu à la mise à jour 2022, et là il y en a eu 1 500 dans le budget. En
tout, là, ça fait 6 650 unités annoncées depuis la mise à jour 2021-2022.
Alors, on a, potentiellement, 6 650 unités de logements abordables et
6 600 unités AccèsLogis, alors on a près de 13 000 unités de logement
à réaliser, qui sont financées.
Parce que, c'est important... Vous savez,
moi, je suis ouvert à toutes les critiques, je les écoute. Il y en a qui... ce
n'est pas tout le monde qui apprécie ce qu'on fait, puis, moi, les gens...
Souvent, il y a l'information de ceux qui ne nous apprécient pas, elle est même
très valable. Mais quand j'ouvre le journal, puis c'est écrit : Il y a
seulement 1 500 unités dans le budget, ça n'a pas de bon sens, 1 500
unités... Mais le budget, c'est une photo. Si je viens d'annoncer 3 000 unités
en décembre 2022, il y a trois mois, là, ça compte, ça, là. Si vous
écrivez dans le journal : il y a juste 1 500 unités, le gouvernement
fait juste 1 500 unités du PHAQ, je dirais... je sais qu'on ne peut pas
dire que c'est faux, là... je dirais que c'est partiellement vrai, O.K., parce
qu'on vient d'annoncer 3 000 en décembre, là. Décembre 2022, là, ce
n'est pas loin, là.
Ça fait qu'il y a 6 650 unités de
logements abordables qui sont en marche, qui ont été octroyées, puis là il faut
les réaliser puis il faut prouver que ça va aller plus vite qu'AccèsLogis. La
preuve est à faire. On fait confiance au privé, aux organismes sans but
lucratif, aux fonds fiscalisés. AccèsLogis, il reste 6 600 unités en
inventaire, dont 3 300 n'étaient pas suffisamment financées, et le financement
est arrivé.
Mme Caron : Parfait. Puis le
dernier point que je voulais apporter, qui est plus un point qu'une question,
en fait, c'est que, de 2016 à 2018, il y avait le député Norbert Morin qui
avait fait une grande tournée de consultation dans toutes les régions du
Québec, justement, sur l'habitation, avec... et il y avait beaucoup de
recommandations du terrain qui étaient ressorties. Est-ce que vous avez été
inspiré par certaines des recommandations terrain qui sont... qui étaient
sorties de...
Mme Caron : ...ce rapport-là
tout au long de votre premier mandat, ou ça a été mis de côté et on recommence
à neuf?
M. Girard (Groulx) : Il
faudrait demander à l'actuel ministre des Affaires municipales, qui était
ministre des Affaires municipales et de l'Habitation. Est-ce que moi,
personnellement, j'ai été inspiré par cette tournée régionale? Non.
Mme Caron : Parfait.
M. Girard (Groulx) : C'est la
première fois que j'en entends parler.
Mme Caron : O.K.. Merci. Je
vais laisser le...
Le Président (M. Simard) : Oui.
Il vous reste environ deux minutes.
M. Beauchemin : Parfait. Je
vais essayer de la garder concise. Je veux juste revenir sur le point qu'on
mentionnait tantôt, là, à propos du différentiel entre la prévision annoncée
mardi dernier, là, puis le 0,04%, grosso modo, là, que vous mentionniez
maintenant. Dans votre réserve de 1,5 milliard, est-ce que c'est juste de dire
que, si on la prend puis on la divise par le produit intérieur brut pour
l'année 2023, qui est à... un instant, 390 milliards de dollars, donc, que
le 1,5% représente à peu près, quoi, 0,4%?
M. Girard (Groulx) : On a
toutes sortes d'estimés économétriques sur combien une baisse de 1 % du
PIB coûte, là. Là, les 250 économistes du ministère ne m'aimeront pas, là, mais
moi, je vais vous résumer ça, là : 1% égale 1 milliard.
M. Beauchemin : 1% égale 1
milliard.
M. Girard (Groulx) : Oui. Si
le PIB est 1 % plus bas, on va avoir 1 milliard de moins de revenus dans
le solde budgétaire.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
dans la réserve...
M. Girard (Groulx) : On me
dit que j'ai encore ma job.
M. Beauchemin : C'est bon. Je
suis content pour vous. Est-ce que, donc, dans votre réserve de 1,5 milliard,
ça, c'était pour pallier avec une baisse du PIB substantielle de 1,5 % par
rapport à votre 0,6%?
M. Girard (Groulx) : Non. Le
1,5% est basé sur le fait que... si on prend le cadre financier à la page 5,
que les dépenses totales du gouvernement du Québec en 2023-2024 sont de 148
milliards, incluant le service de dette. Alors, ça correspond à 1 % des
dépenses, c'est plus ça qui a inspiré le 1,5% qu'une variation potentielle du
PIB.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
combien, selon vous, serait pris, donc, de la réserve si la nouvelle analyse
qu'on a faite tout à l'heure... que le PIB ne serait pas augmenté?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
dirais que chaque 0,1% coûte à peu près 100 millions par année au cadre
financier.
M. Beauchemin : Donc, on
parlerait de 200 millions.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais là le 0,4%, là, c'est moi qui a fait ça conceptuellement, ici, là, on n'a
pas... depuis qu'on a déposé le budget, on n'a pas refait une prévision
économique à jour. Ça pourrait être 0,3%, là.
M. Beauchemin : Bien, c'est
un peu ça, où est-ce que je...
M. Girard (Groulx) : Alors,
c'est possible que, lorsqu'on regarde le cadre financier, puis là les choses
changent vite, là, tu sais, les fluctuations boursières qu'on a eues vendredi
dernier, bien, c'était vraiment négatif, puis, cette semaine, c'est un peu une
meilleure semaine, bien que, là, je passe beaucoup d'heures avec vous
aujourd'hui puis je n'ai pas vu qu'est-ce qui se passait, aujourd'hui, mais...
Une voix : ...positif.
M. Girard (Groulx) : Dans
l'ensemble, je dirais que 0,1%, ça coûte 100 millions par année.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, sur ce, compte tenu de l'heure, je vous laisse, M. le ministre,
aller regarder l'état des marchés, et nous nous donnons rendez-vous mardi
prochain, 9 h 45. Au plaisir.
(Fin de la séance à 16 h 30)