Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, February 9, 2023
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Vol. 47 N° 7
Special consultations and public hearings on Québec Pension Plan public hearings consultation document on a plan adapted to 21st century challenges entitled “Un régime adapté aux défis du 21e siècle
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, je constate que nous avons quorum. Nous pouvons entreprendre nos
travaux...
Le Président (M. Simard) : ...comme
vous le savez, le drapeau national du Québec est en berne aujourd'hui sur le
Parlement, en solidarité, bien sûr avec les parents, les employés, de ces
personnes qui vivent un terrible deuil aujourd'hui, un terrible drame à Laval.
Alors, nous sommes de tout cœur avec elles et avec eux.
Comme vous le savez, la commission est
réunie afin de poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le document de consultation sur la Régie des rentes du Québec
intitulé Un régime adapté aux défis du XXIᵉ siècle.
M. le secrétaire, bonjour, soyez le
bienvenu parmi nous. Ça faisait longtemps qu'on ne vous avait pas accueilli. Y
a-t-il des remplacements ce matin?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Madame Rizqy (Saint-Laurent) est remplacée par madame Caron (La
Pinière) et Monsieur Bouazzi (Maurice-Richard) est remplacé par madame Ghazal
(Mercier).
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, étant donné que nous commençons légèrement en retard, compte tenu
des travaux que nous avions au Salon bleu, le gouvernement disposera dans les
échanges de six minutes, l'opposition officielle de quatre minutes 30 et la
deuxième proposition d'une minute 30. Ça va comme ça?
Chers collègues, nous avons l'honneur de
recevoir aujourd'hui des représentantes du Conseil du statut de la femme, dont
sa présidente, Louise Cordeau. Madame, soyez la bienvenue.
Mme Cordeau
(Louise) :Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Auriez-vous
l'amabilité de présenter la personne qui vous accompagne?
Mme Cordeau
(Louise) :Avec plaisir. Je suis
accompagné de madame Mélanie Julien qui est la directrice de la recherche et de
l'analyse au Conseil du statut de la femme.
Le Président (M. Simard) : Soyez
la bienvenue, madame Julien. Vous êtes des habituées, et vous savez que vous
disposez de dix minutes pour faire votre présentation.
Mme Cordeau
(Louise) :Alors, merci, merci. Bonjour à
toutes et à tous. Merci de nous permettre de contribuer à cette réflexion
essentielle pour notre société. D'entrée de jeu, le conseil reconnaît la
pertinence d'adapter les modalités du Régime de rentes à l'évolution de la société
québécoise afin d'accroître la sécurité financière des personnes à la retraite
et de celles des générations futures. Il lui apparaît tout aussi fondamental
que cette adaptation tienne compte des réalités des femmes, et ce, dans une
perspective d'égalité entre les sexes. À cet égard, vous me permettrez
d'énoncer quelques faits. Les soins accordés aux enfants et aux membres de
l'entourage incombent encore aujourd'hui davantage aux femmes, ce qui génère
évidemment des bénéfices pour toute la société, mais aussi des conséquences sur
la situation financière de ces femmes. Il est impératif de considérer les
particularités du parcours des femmes sur le marché du travail et dont la
progression professionnelle est souvent teintée ou même limitée par les responsabilités
familiales. Nous savons aussi que les femmes sont surreprésentées dans les
emplois à bas salaires et à temps partiel. De plus, nous constatons que les
écarts de revenus entre les femmes et les hommes sont particulièrement marqués
dans le groupe des 45 à 64 ans et des 65 ans et plus. Enfin, près de
20 % des femmes âgées de 65 ans et plus ont un faible revenu.
C'est donc en cohérence avec sa mission
que le conseil a analysé les pistes de réflexion proposées dans le document de
consultation. Bien que le conseil soit en faveur de plusieurs propositions, il
s'inquiète des conséquences néfastes de certaines d'entre elles sur les
personnes les plus vulnérables de notre société, en particulier des femmes.
Permettez-moi d'attirer votre attention sur certaines d'entre elles.
• (11 h 40) •
D'abord, l'âge de la retraite.
Actuellement, la rente de retraite du Régime des rentes du Québec peut être
demandée entre 60 et 70 ans. Dans le contexte de l'allongement de
l'espérance de vie et de la pénurie de main-d'œuvre, il est notamment proposé
dans le document de consultation d'élever l'âge d'admissibilité à la rente de
retraite. Le Conseil craint que ce rehaussement de l'âge minimal pénalise
indument les femmes qui souhaitent recevoir leur rente de retraite entre 60 et
65 ans. Il rappelle qu'un tel choix, s'il en est un, peut par exemple être
celui... je vais vous proposer trois cas, trois réalité, celui de femmes en
situation de pauvreté pour qui le montant de la rente de retraite représente un
revenu immédiat et dont elles ne peuvent se priver, celui de femmes qui sont
contraintes de se retirer partiellement ou complètement du marché du travail en
raison de la pénibilité de leur emploi et celui de femmes qui agissent comme
proches aidantes auprès d'un parent vieillissant ou de celles qui gardent leurs
petits-enfants. Reconnaissons que ce sont des activités dont la valeur sociale
et économique est indéniable.
De telles réalités font en sorte que
certaines femmes rencontrent des situations financières qui justifient qu'elle
ait la latitude de demander leur rente de retraite dès l'âge de 60 ans.
C'est pourquoi le Conseil recommande de ne pas reporter à 62 ou 65 ans
l'âge minimal d'admissibilité à la rente de retraite. C'est d'ailleurs pour ces
mêmes raisons que le Conseil n'est pas favorable à une hausse des facteurs
d'ajustement pour une rente de retraite demandée avant...
Mme Cordeau
(Louise) :...65 ans comme il est proposé
dans le document de consultation. Le conseil est convaincu qu'il est possible
d'encourager le maintien en emploi des travailleuses et des travailleurs
d'expérience grâce à des mesures qui n'ont pas pour effet de pénaliser les
personnes les plus vulnérables. C'est dans cette perspective que nous nous
montrons favorables à trois mesures proposées dans le document de consultation,
soit le report de l'âge maximal d'admissibilité à la rente de retraite,
l'introduction du caractère facultatif de la cotisation au RRQ à partir de 65
ans, dans la mesure où l'information est transmise sur les avantages et les
inconvénients de cette option, et finalement l'assurance que les gains de
travail d'une personne qui demande sa retraite après 65 ans ne puissent pas
réduire la moyenne des gains utilisés pour le calcul de sa rente.
Une autre proposition contenue dans le
document de consultation préoccupe particulièrement le conseil. Il s'agit de la
manière de reconnaître des périodes de prise en charge d'un enfant de moins de
sept ans. Actuellement, la période pendant laquelle la travailleuse ou le
travailleur reçoit des prestations familiales pour un enfant de moins de sept
ans peut être exclue du calcul du montant du régime de base du Régime de rentes
du Québec. Le document de consultation propose d'introduire dans le régime
supplémentaire une mesure visant à reconnaître la prise en charge d'un enfant.
Le conseil est bien sûr en accord avec cette idée, qui vise à prendre en compte
les effets de la maternité sur le revenu des femmes, particulièrement dans les
premières années de vie de leurs enfants. Cette reconnaissance de la période de
prise en charge d'un enfant serait faite non plus en la retranchant du calcul
du montant de la rente, mais en ajoutant des crédits de gain, et ce, selon des
paramètres qui ne sont pas précisés dans le document de consultation. Nous ne
connaissons pas la mécanique ni l'impact des divers scénarios qui pourraient
être utilisés. Le conseil craint que soit retenu le mécanisme qui prévaut dans
le régime supplémentaire du Régime de pensions du Canada et donc que la perte
salariale causée par la prise en charge d'un enfant soit estimée sur la base du
revenu gagné avant la naissance de l'enfant. Or, cette manière d'estimer la
perte salariale pourrait s'avérer désavantageuse pour les femmes,
particulièrement pour celles qui ont un enfant avant d'établir leur carrière.
Le conseil recommande donc de soumettre à la réflexion différents scénarios
pour mieux reconnaître dans les deux régimes les périodes de prise en charge
d'un enfant, et ce, tant pour les mères que pour les pères concernés.
De façon plus large, le conseil tient à
souligner l'importance de réaliser de plus amples analyses en vue d'adapter le
Régime des rentes du Québec, comme on le souhaite, aux défis du XXIe siècle, et
ce, en tenant compte des réalités des femmes. Ces analyses doivent d'abord
porter sur la manière de soutenir les personnes proches aidantes qui doivent
diminuer de façon importante le temps alloué à leur emploi rémunéré. Certes, le
conseil salue cette proposition soumise dans le document de consultation,
proposition qui rejoint ses propres recommandations vu l'engagement plus
soutenu des femmes dans l'approche aidance. Mais comment cette mesure
sera-t-elle conçue? Quels critères permettront d'établir qui pourra en
bénéficier? Ces questions commandent la mise en place d'un chantier auquel le
conseil pourrait contribuer sur la base de ses travaux récents.
Par ailleurs, d'autres volets du Régime de
rentes du Québec que ceux abordés dans le document de consultation méritent
attention. Le mémoire du conseil en cible deux : la rente de conjoint
survivant et la prestation de décès.
Pour ce qui est de la rente de conjoint
survivant, rappelons qu'elle a été conçue pour compenser le travail non
rémunéré effectué au sein de la sphère familiale et qu'elle bénéficie à des
femmes dans 80 % des cas. Or, cette rente permet de moins en moins
d'atteindre son objectif, vu la multiplication des ruptures dans les couples et
la formation de nouvelles unions. Concrètement, la conjointe bénéficiaire de la
rente de conjoint survivant n'est pas forcément la mère des enfants du défunt
ni celle avec qui l'union a été la plus longue. Il apparaît incontournable aux
yeux du conseil de revoir les paramètres de la rente de conjoint survivant pour
qu'ils soient en phase avec les nouvelles réalités en matière de conjugalité et
de situations familiales.
Quant à la prestation de décès, elle prend
actuellement la forme d'un montant maximal de 2 500 $. En plus d'être
imposable, ce montant n'a jamais été indexé depuis 1998, ce qui fragilise la
situation financière de plusieurs personnes endeuillées, dont bon nombre de
femmes. Il importe donc, selon le conseil, de réviser les paramètres relatifs à
la prestation de...
Mme Cordeau
(Louise) :...enfin, l'actuelle
consultation publique fait ressortir l'importance de s'assurer que les
citoyennes et les citoyens sont adéquatement informés au moment de faire des
choix qui ont une incidence sur leur retraite. Cette information est d'autant
plus cruciale pour les femmes du fait qu'elles sont plus nombreuses à être en
situation de précarité financière et à n'avoir que peu ou pas d'épargne. Je
vous remercie.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, Mme la présidente, et je cède la parole à M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup, M. le Président, et permettez-moi également d'offrir mes sympathies
et mes pensées à toutes les personnes impliquées ou concernées par les
événements tragiques d'hier.
Merci pour votre présentation très
appréciée et disons qu'hier... Les consultations sont très intéressantes. Je
pense qu'on doit reconnaître que l'exercice qu'on fait aux six ans est très
utile. Et hier, on a eu des bonnes discussions et on s'est entendus sur
plusieurs points. Je constate que l'argument contre le report de l'âge de
62 ans qui revient continuellement est celui qui concerne la pénibilité
des emplois, et c'est un élément qui a été mentionné aujourd'hui, notamment
pour certaines femmes qui travaillent dans des milieux avec des statuts plus
précaires. J'enregistre toutes ces remarques et je les apprécie. Et c'est
certain qu'on va les analyser, mais je tiens à souligner que l'aspect de la
pénibilité des emplois dans la structure des régimes de retraite au Canada
n'est pas la responsabilité du RRQ, mais bien du troisième palier de revenu à
la retraite. Alors, on a la pension de sécurité de vieillesse, Supplément de
revenu garanti, qui le premier palier, le RRQ, qui le deuxième pilier, et le
troisième palier, qui est les régimes complémentaires de retraite ou l'épargne
privée. Et, dans la structure qu'on s'est donnée au Canada, le Régime de
pensions du Canada, le Régime des rentes, la pension de sécurité de vieillesse,
cette responsabilité n'incombe pas au RRQ. Ça n'empêche pas que c'est un
élément extrêmement important puis qu'on doit en discuter. Mais je voulais
faire cette précision.
On a un actuaire avec nous de Retraite
Québec, monsieur Therrien, j'aimerais que vous clarifiiez, parce que le point
qui a été amené sur la situation des femmes qui ont des pertes de revenus
associées, le fait d'avoir des enfants, l'impact dans leur carrière et
l'intervention du Conseil du statut de la femme, j'aimerais que vous clarifiiez
la situation actuelle. Ce qu'on regarde pour faire. Et peut-être même
voudriez-vous commenter sur ce qui a été dit. Alors, avec consentement, M. le
Président, je donnerais la parole à Retraite Québec.
Le Président (M. Simard) : Oui.
Y aurait-il consentement? Alors, monsieur, auriez-vous d'abord l'amabilité de
vous présenter, s'il vous plaît.
• (11 h 50) •
M. Therrien (Jean-François) : Jean-François
Therrien, actuaire en chef du RRQ. Oui. Donc, pour ce qui est des périodes de
reconnaissance, là, par exemple pour un enfant de 0 à 7 ans pour s'occuper
d'un enfant de zéro à sept ans, lorsqu'on reçoit l'allocation famille.
Présentement, au niveau du régime de base, ce qui se produit, c'est qu'on
retire, on retranche ces années-là, donc pour ne pas venir baisser la moyenne
de carrière. Au régime supplémentaire, pour le moment, il n'y a aucune mesure
de prévue et donc ce qui est proposé dans le document de consultation, c'est de
reconnaître des gains au cours de cette période-là de 0 à 7 ans, pour ne
pas faire baisser la moyenne lors de la retraite. Donc, cette façon-là de
procéder, c'est une bonification au niveau du régime supplémentaire pour ces
situations-là. Puis la même chose va s'appliquer aussi, s'appliquerait pour
l'invalidité. Et étant donné que c'est une méthode... ça devient un peu
complexe, là, pour le citoyen de suivre deux méthodologies différentes. On
propose aussi d'avoir cette méthode-là de crédit de gain au niveau du régime de
base, mais à coût nul. Donc, il n'y a pas de... Ce n'est pas une mesure où il y
aurait des retranchements ou des bonifications. Donc, ce serait à coût nul.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
j'aimerais avoir l'avis...
M. Girard (Groulx) : ...du
Conseil du statut de la femme ou que vous précisiez ce que vous aimeriez
bonifier ou n'appréciez pas de ce qui est proposé.
Mme Julien (Mélanie) : En
fait, si je peux me permettre, on est tout à fait favorables au fait que la
reconnaissance de la prise en charge d'un enfant de moins de sept ans qui est
actuellement en vigueur pour le régime de base, qu'elle soit étendue au régime
supplémentaire, cela va de soi. C'est dans la mécanique.
Ce qu'on comprend, c'est qu'actuellement
la période au cours de laquelle la personne est en charge d'un enfant de moins
de sept ans est retranchée du calcul de la moyenne des gains. Et là ce qu'on
comprend, c'est que, plutôt que de retrancher cette période-là, on veut avoir
un ajout de crédits de gain. Mais la mécanique, de quelle façon cet ajout-là va
être calculé et reconnu, on n'en connaît pas les paramètres. Alors, c'est pour
ça qu'on peut difficilement se prononcer.
Et ce qu'on envisage comme possibilité,
c'est que ça puisse être désavantageux pour certaines femmes, tout
particulièrement pour celles qui ont leur enfant tôt avant d'entrer dans la
carrière si on s'appuie sur la méthode de calcul qui prévaut dans le Régime de
pensions du Canada, qui constitue à estimer la perte de revenus sur la base du revenu
gagné avant la naissance de l'enfant.
M. Therrien (Jean-François) : Excellent
point.
M. Girard (Groulx) : Donc?
M. Therrien (Jean-François) : Donc,
on note ce commentaire-là. Parce que les... Il n'y a pas de paramètres, là, de
définis.
Mme Julien (Mélanie) : Exact.
M. Therrien (Jean-François) : Donc,
on note ce commentaire.
Mme Julien (Mélanie) : Bien,
merci. Et c'est pour ça qu'on... Ce qu'on met au jeu, c'est de peut-être
regarder différents paramètres possibles et de voir c'est quoi, l'impact que ça
peut créer sur la situation des femmes qui sont concernées, et des pères aussi
dans certains cas.
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est moi qui conclus?
Le Président (M. Simard) : Oui,
s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pense qu'on est en processus d'amélioration continue parce que cet échange va
nous aider à bonifier peut-être nos propositions. Je vous remercie énormément
pour votre intervention.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous disposez de 4 min 30.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Mes sympathies aussi pour l'ensemble des familles touchées par le
drame, là, qu'on a tous vécu hier, malheureusement, puis les gens pour qui ça
rappelle des mauvais souvenirs.
Donc, je vous ai entendues à propos de
l'âge d'admissibilité et je vous ai aussi entendues à propos de l'âge limite à
75 ans. On a aussi entendu monsieur Godbout, hier, dire qu'il n'y avait aucune
raison, dans le fond, pour retarder l'application de cette mesure-là. Donc,
moi, je pense que ce serait quelque chose qui devrait être considéré.
Et j'ai une question pour vous en ce qui a
trait justement à la pénalité de 37 %, potentiellement, là, si on allait
maintenant avec les nouvelles mesures... si on remonte l'âge à 62 ans pour
l'admissibilité minimum. Donc, est-ce que je pourrais vous entendre là-dessus
au niveau de qu'est-ce que vous considérez comme ce qui pourrait être, selon
vous, une avenue, un chiffre, un pourcentage de pénalité qui serait
satisfaisant pour le statut de la femme?
Mme Cordeau
(Louise) :Malheureusement, on n'a pas
l'expertise au niveau actuariel ou économique. Ma formation est en droit, donc
je dois faire confiance à des personnes qui sont spécialisées dans d'autres
domaines.
Mais ce que je voudrais rappeler, c'est
qu'au-delà de la pénalité, au-delà du pourcentage, c'est ça pourquoi on dit
qu'il faut laisser la flexibilité de prendre... de permettre de demander la
rente de retraite à 60 ans. M. le ministre vient de parler de la pénibilité des
emplois, mais j'aimerais ça vous rappeler que c'est un des facteurs. La
précarité financière... Par exemple, le choix d'être proche aidant. Et on est
dans une société vieillissante, une société où on souhaite que les personnes
demeurent à domicile. Mais, pour que les personnes vieillissantes demeurent à
domicile, elles doivent avoir le soutien de proches, qui sont majoritairement
des femmes. Et, lorsque les femmes font le choix de diminuer, par exemple,
leurs heures de travail ou de quitter leur emploi pour être proche aidante,
parfois elles le font sans avoir aucun choix et parfois elles le font peut-être
en réfléchissant au coût-bénéfice d'accompagner une personne vieillissante,
d'être avec un parent proche. Ça peut être un choix de vie aussi. Et, au-delà
des statistiques, au-delà des pourcentages, et je sais que le Régime des rentes
doit considérer ces contraintes et ces réalités financières, mais au-delà de
ça, le 60 ans n'est pas que sur la pénibilité, le 60 ans est sur, on le sait,
la précarité financière, la pénibilité, le fait de devoir être...
Mme Cordeau
(Louise) :...proche aidant, le fait de
devoir choisir, le fait de pouvoir choisir d'être avec des petits enfants. Et
au fond de tout ça, je pense que ce qu'il faut retenir, c'est la flexibilité,
mais l'information. Et je pense que ça a été évoqué hier en commission
parlementaire, l'importance d'informer, Puis on le dit dans notre mémoire,
particulièrement les femmes, sur l'impact de leur choix de demander leur rente
de retraite à 60 ans. Et, moi, je pense que de plus en plus les femmes sont
informées. Si l'ensemble de la population est informé, ces personnes-là
pourront prendre, si elles ont le choix, des décisions éclairées. Et je ne peux
pas vous répondre sur un %age, considérant que, nous, ce qu'on prétend et ce
qu'on soutient, c'est la capacité de permettre à toutes les personnes de
pouvoir choisir de prendre leur retraite à 60 ans.
Le Président (M. Simard) : Vous
pouvez poursuivre. Oui, Mme la députée de La Pinière, la parole vous
appartient.
Mme Caron : Merci. Alors, vous
avez très bien fait ressortir dans votre mémoire que finalement les femmes
peuvent payer trois fois au cours de leur vie, c'est-à-dire qu'elles payent
quand elles prennent soin de leur enfant, elles paient si elles ont à être
proches aidantes puis elles peuvent payer aussi au moment de... si leur
conjoint décède avant. Et puis vous avez fait aussi.... En fait la question que
j'allais vous poser, vous l'avez fait ressortir sur la communication. Il en a
été question hier, est-ce qu'il y a une communication spécifique que vous voyez
pour les femmes, pour tenir compte de ces éléments-là pour que, justement,
leurs décisions soient plus éclairées?
Mme Cordeau
(Louise) :C'est difficile de répondre, de
dire une communication spécifique. On sait que Retraite Québec quand même,
développe des outils, mais c'est aussi à travers la communication, je dirais,
de connaissances financières que doit... qu'on doit développer auprès des
jeunes. Parce que ce n'est pas nécessairement à 58 ou à 59 ans qu'on doit être
outillé pour prendre une décision. Je pense qu'il faut que cette éducation-là,
cette éducation-là financière soit aussi considérée comme très importante dans
notre société pour arriver à prendre des choix éclairés et non pas attendre 58
ans, là, d'être devant des faits, là, qu'on ne peut plus transformer.
Mme Caron : Merci. Est ce
qu'il reste encore quelques secondes?
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste une minute, chère collègue. Puis je sais que nos collègues de...
Mme Caron : Une minute? Ah!
c'est parfait. J'en profiterais peut-être pour vous demander, pour ce qui est
des proches aidants, est-ce que vous aviez... Parce que les critères, la
mécanique n'est pas déterminée dans le document de la RRQ, puis les
consultations servent à ça, je pense. Alors, est-ce que vous aviez des choses
que vous vouliez mettre de l'avant plus précisément pour tenir compte de
l'approche aidance?
Mme Julien (Mélanie) : En
fait, ce qui nous préoccupe beaucoup, c'est la manière dont vont être reconnues
les personnes qui vont être soutenues à travers le Régime de rentes du Québec.
On comprend qu'il y a une volonté de soutenir les personnes qui doivent
diminuer de façon importante leur temps de travail, mais il y a différents cas
de figure qui sont possibles. On peut penser à une personne qui doit
complètement se retirer pour une certaine période de temps, peut-être courte,
mais dans d'autres cas de figure, ça va être plutôt de diminuer son nombre
d'heures par semaine sur une plus longue période. Alors, il y a différents
scénarios comme ceux-là qu'il faut pouvoir considérer.
Mme Caron : D'accord.
Mme Cordeau
(Louise) :M. le Président, est-ce que je
peux rajouter...
Le Président (M. Simard) : S'il
vous plaît, en conclusion. Ce sera le mot de la conclusion.
Mme Cordeau
(Louise) :Oui. Simplement pour offrir
toutes nos condoléances et notre soutien à toutes les personnes qui ont été
touchées par le drame d'hier au nom du Conseil du statut de la femme.
Le Président (M. Simard) : C'est
un message qui est fort apprécié. Sur ce, mesdames, merci beaucoup d'être venu
parmi nous. Vos propos ont été très instructifs. Compte tenu de l'heure, nous
allons suspendre momentanément afin de faire place à nos prochains invités qui
seront, cette fois-ci, en visioconférence.
(Suspension de la séance à 12 h 00)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 05)
Le Président (M. Simard) : Nous
avions annoncé un remplacement qui se n'est pas manifesté. Donc, conséquemment,
j'aurais besoin à nouveau d'un consentement afin que notre collègue de
Maurice-Richard puisse participer à nos travaux. Il y a consentement. Je vous
remercie.
Alors, nous avons l'honneur de recevoir
des représentants de la Centrale des syndicats du Québec. Messieurs, bonjour.
Auriez-vous d'abord l'amabilité, s'il vous plaît, de vous présenter?
M. Beauregard (Luc) : Oui, je
me présente, je suis Luc Beauregard. Je suis le secrétaire-trésorier de la
Centrale des syndicats du Québec. Et là, juste pour vous dire, vu qu'on est
dans la même salle, je vais fermer mon micro, pour qu'il ait le temps d'ouvrir
son micro puis se présenter.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Lavergne (Sébastien) : Oui.
Sébastien Lavergne, aussi à la CSQ, donc conseiller sur le dossier retraite et
aussi...
M. Lavergne (Sébastien) : ...de
formation.
Le Président (M. Simard) : Bon,
messieurs, nous vous écoutons.
M. Beauregard (Luc) :
Bien,
bonjour, hein, merci de nous accueillir à la consultation sur le Régime des
rentes du Québec. D'entrée de jeu, je vous indique qu'on aurait apprécié être
avec vous à l'Assemblée, mais une instance de la CSQ nous en empêche. Comme les
questions de la retraite sont très importantes pour la CSQ, nous préférons
quand même prendre la parole de cette façon-là, qui n'est pas optimale, mais
c'est un bien quand même comparativement à ce qu'on pouvait vivre avant, hein?
On s'est présenté, donc je me représente,
je suis Luc Beauregard. Secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du
Québec, je suis accompagné par Sébastien Lavergne, actuaire de formation et
conseiller pour la retraite à la CSQ. Nous vous parlons de Laval, et on veut
prendre un petit temps avant de commencer sur le dossier pour exprimer, au nom
de la CSQ, notre soutien à toutes les personnes touchées de près ou de loin par
le terrible drame qui s'est passé hier, là. On voulait souligner. Pour nous,
c'est important, une situation qui n'est pas facile et on a notre soutien est
pour tout le monde touché.
La CSQ est composée à plus de 75 % par
des femmes et représente plus de 215 000 membres dans plusieurs secteurs.
En éducation, petite enfance jusqu'à l'université, en passant par la santé et
le communautaire. On défend aussi les retraités de l'éducation et des autres
services publics du Québec, qui sont représentés par une association, qui est
la REQ. Donc, au Québec, on a un bon système de retraite, mais il y a quand
même des failles, principalement au niveau de la couverture des régimes privés,
ce qu'on appelle des régimes complémentaires. Une grande portion de la
population, ils n'en ont tout simplement pas, hein, ou plusieurs, c'est des
régimes d'accumulation pour lesquels le risque financier, bien, il repose sur
les individus eux-mêmes. Or, j'espère que vous serez d'accord avec moi, on doit
viser la sécurité financière pour tous à la retraite.
L'un des principaux objectifs des régimes
publics est ainsi de réduire les inégalités sociales. Ce qui est clair pour
nous, c'est que le RRQ, c'est la base, c'est le pilier du système public qui doit
assurer une rente garantie et indexée pour tous, mais particulièrement pour les
plus vulnérables de la société. La situation financière du régime est très
bonne, ce qui est une excellente nouvelle pour tout le monde, hein? Nous
soulignons aussi le fait que le gouvernement en profite, de cette situation
pour proposer des améliorations au régime, ce que nous voyons d'un bon oeil.
Par contre, la CSQ est extrêmement
préoccupée par certaines avenues envisagées par le gouvernement qui ne vont pas
du tout dans le sens d'une amélioration. J'en pointe deux : la hausse de
l'âge minimum pour recevoir la rente de retraite, pour nous, ce n'est pas une
amélioration, et la possibilité d'introduire un mécanisme qui va prévoir
d'avance qu'on va réduire les rentes ou l'indexation des personnes retraitées.
Avec ce que je viens dire, vous comprendrez que la CSQ, bien, s'oppose à ces
propositions. Je vais laisser Sébastien poursuivre sur les explications un peu
plus techniques sur les deux points, et je reviendrai par la suite pour
finaliser les propos.
• (12 h 10) •
M. Lavergne (Sébastien) : La
hausse de l'âge minimum pour recevoir la rente, ça impliquerait une plus grande
précarité financière pour les plus vulnérables de la société. On priverait donc
ces personnes de revenus. Donc, dans les âges, 60, 64 ans qui pour, donc,
une tranche d'âge... pour laquelle la population le taux de pauvreté est très
élevé, plus élevé. Alors, on parle de personnes qui n'ont pas encore droit, tu
sais, à la possibilité d'avoir la pension de sécurité de vieillesse, payable
seulement à 65 ans. Alors, RRQ, le Régime de rentes du Québec représente
une part importante des revenus pour ces personnes-là dans ces âges-là. Une
santé plus précaire pour certains, la pénibilité de l'emploi pour d'autres, des
situations d'âgisme au travail, toutes des réalités... qui fait en sorte que
les gens, donc, demandent... devraient demander leur rente à 60 ans. Ils
n'ont pas le choix, à ce moment-là. Donc, on ne peut pas tomber... laisser
tomber ces gens-là. On peut penser par exemple à une caissière qui, après plus
de 40 ans de service, qui a travaillé durement, donc, et puis qui...
debout, etc...
M. Lavergne (Sébastien) : ...Qui
a... qui devrait pouvoir prendre sa rente à 60 ans ou réduire son temps de
travail tout en bénéficiant de sa rente, donc qu'il y a des gens qui n'ont pas
des économies pour pouvoir reporter la demande de la rente au-delà de
60 ans.
D'autres considérations fiscales et de
programmes sociaux qu'on ne peut pas mettre de côté, il faut en tenir compte,
notamment le supplément de revenu garanti. Alors, le fait de reporter la rente
après 60 ans augmente notre rente du RRQ, le report augmente la rente du
RRQ, mais cette augmentation-là viendra réduire le supplément de revenu garanti
à 65 ans pour ces gens-là, on parle de 50 sous dans chaque dollar, donc,
de façon très importante, leur supplément de revenu garanti à 65 ans va en
être réduit. Alors, ça devient pas mal moins intéressant pour ces personnes de
reporter l'âge après 65... après 60 ans, c'est-à-dire. Alors, il faut
tenir compte aussi d'une espérance de vie réduite pour ce groupe-là de
personnes qui ont des revenus moindres. Et puis on parle d'à peu près 40 %
de la population qui bénéficie du supplément de revenu garanti à 65 ans, donc
c'est quand même important.
Donc, enfin, sans obligation, il y a un
changement de comportement dans la population. Les gens demandent la rente RRQ
plus tard. Et puis les prévisions même de Retraite Québec sont de l'ordre
que... bientôt, ce sera de l'ordre de 25 % seulement des gens qui... à
60 ans d'âge. Alors, ça se fait naturellement pour les gens qui peuvent se
le permettre, si on veut, de demander leur rente après 60 ans.
Quant au mécanisme qui pourrait prévoir
d'avance de couper les rentes ou l'indexation des personnes retraitées lorsque
le régime est en déséquilibre financier, pour la CSQ, c'est inacceptable pour
le régime public. Donc, cela comporte comme conséquence d'un transfert de
risques financiers assumés actuellement par les cotisants et les employeurs
vers les personnes retraitées qui sont, on peut bien se le dire, des personnes
plus en situation de vulnérabilité. Alors, ces personnes-là, retraitées,
subissent de plein fouet l'effet de la perte de pouvoir d'achat due à
l'inflation. Avec leur épargne personnelle, les régimes publics, donc imaginez,
si on doit... On devait suspendre en plus l'indexation de leur rente pendant un
certain temps pour le régime public, pour nous, ce n'est pas envisageable.
Donc, on ne doit pas mettre sur le même pied d'égalité une hausse de la
cotisation automatique et une révision de la rente garantie.
Ainsi, pour la CSQ, un mécanisme
automatique pour le régime supplémentaire devrait viser uniquement une hausse
de cotisation, comme c'est le cas pour le régime de base. Le régime public doit
demeurer un régime à prestations déterminées avec indexation garantie pour
tous.
M. Beauregard (Luc) : Donc,
malgré les deux objections majeures, là, qu'on vient de vous formuler, il y a
quand même une mesure-phare que nous saluons très certainement, puis c'est
celle de la reconnaissance des périodes où il est nécessaire de s'occuper d'un
enfant à charge ou celle d'invalidité, qui était jusque-là inexistante au
régime supplémentaire. Cette reconnaissance viendrait réparer une injustice que
nous avons déplorée lors de la dernière consultation. Vous comprendrez qu'elle
vise davantage les personnes en situation de vulnérabilité ainsi que les femmes
qui, encore à ce jour, s'absentent plus souvent pour des raisons familiales. Comme
le niveau de revenu des régimes privés sont souvent fonction des heures
travaillées et du niveau de salaire, et que les femmes travaillent encore en
général moins d'heures par semaine et s'absentent plus souvent pour des raisons
familiales que les hommes, et ce, c'est sans compter les inégalités salariales
qui persistent, vous comprenez, elles reçoivent donc moins de revenus des
régimes privés que les hommes. Cette iniquité se doit d'être contrebalancée en
partie, je précise, en partie par les régimes publics.
De plus, on est d'avis qu'il sera
important de trouver rapidement des moyens de reconnaître la période d'aide
offerte par des personnes proches aidantes. Nous saluons le fait qu'il y ait
une réflexion sur le sujet.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, M. Beauregard.
M. Beauregard (Luc) : oui,
je vous... je conclus ça. Cette situation va engendrer des réductions rapides.
Je vous réitère que la sécurité financière à la retraite pour les Québécoises
et les Québécois, c'est une priorité...
M. Beauregard (Luc) : est
déterminé à continuer de travailler avec les divers intervenants, et il faut
assurément s'assurer que ce ne soit pas au détriment des personnes les plus
démunies de la société. On vous rappelle...
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous.
M. Beauregard (Luc) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Je
cède maintenant la parole au ministre des Finances qui dispose de
16 minutes dans le cadre de son échange.
M. Girard (Groulx) : Merci,
M. le Président. Merci à nos invités. Et vous savez, avec l'élection, M. le
Président, on a changé plusieurs députés, mais je constate une stabilité au
niveau des conseillers de l'opposition, alors je les salue puisqu'ils sont de
retour. M. Boivin, je parle de vous, là. Je salue la stabilité des
conseillers, M. White qui m'a amené cette réflexion. Alors, on a des
nouveaux députés, mais les équipes de recherche sont là, et soyez assurés de la
collaboration de Retraite Québec pour tout ce que vous avez besoin au niveau de
la réflexion que cette importante consultation engendre.
Je veux dire, d'entrée de jeu, que vous
avez raison de dire que la sécurité financière pour tous, c'est notre objectif
et que le RRQ est notre pilier du Québec puisque la pension de sécurité de
vieillesse est évidemment un régime fédéral. Nous avons effectivement une rente
viagère et indexée, et viagère voulant dire qu'elle est versée tout au long de
la vie, donc c'est une rente dont la durée correspond à l'espérance de vie et
donc c'est un... le RRQ, c'est vraiment le pilier, ce n'est pas juste le dire,
c'est un fait, et là-dessus, on s'entend.
Deux remarques quant au supplément de
revenu garanti, mais je dois dire que je suis en désaccord avec ce qui a été
dit parce qu'au net, les gens sont gagnants, puis c'est certain qu'ils ne sont
pas aussi gagnants s'ils ont le supplément de revenu garanti, mais on ne peut
pas dire que d'augmenter son régime des rentes lorsqu'on a du supplément de
revenu garanti, ce n'est pas une bonne affaire, je pense que de nombreux
actuaires seraient derrière moi pour cette affirmation. Ensuite, il y a été
beaucoup dit, depuis deux jours, que ce n'était pas favorable pour les gens de
prendre le régime des rentes à 62 ans plutôt que 60 ans, selon
certaines considérations, je veux juste, encore une fois, clarifier que cette
proposition coûte au régime, ce qui est discuté ici aurait un impact sur le
62 ans de 12 points de base, c'est donc dire que le régime,
présentement, bénéficie du fait que des gens prennent leur retraite à
60 ans, tout simplement parce que ce n'est pas optimal pour eux
financièrement. Si ce n'est pas optimal pour les bénéficiaires, c'est le régime
qui en bénéficie. Donc, la proposition qu'on fait vise précisément un objectif
sur lequel on s'entend, qui est la sécurité financière des Québécois. Ensuite,
il est possible que, malgré qu'on s'entende sur l'objectif, le moyen n'est pas
optimal pour tous, on doit regarder dans l'ensemble et on est ouvert à d'autres
moyens qui seront proposés, mais l'objectif demeure, c'est augmenter la
sécurité financière des Québécois.
• (12 h 20) •
On a parlé du mécanisme de régime
supplémentaire, le mécanisme d'ajustement, je veux demander, prendre une
minute, encore une fois, pour faire intervenir le Retraite Québec pour bien
clarifier qu'est-ce qui arrive, dans le régime de base, lorsque le régime est
en déficit, qu'est-ce qui est proposé dans le document de consultation, et, une
fois que vous aurez expliqué la situation actuelle, ce qui est proposé, on
pourra permettre à nos intervenants peut-être de commenter et de préciser ce
qu'ils n'apprécient pas dans ce qui est proposé.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous avions déjà eu consentement pour ce faire, préalablement.
M. Therrien.
M. Therrien (Jean-François) : Oui.
Bonjour. Donc, le mécanisme d'ajustement automatique au niveau du régime de
base, c'est que lorsqu'il y a déséquilibre financier, il est prévu
qu'automatiquement, le taux de cotisation est augmenté de 0,1 lorsque le
déséquilibre est...
M. Therrien (Jean-François) : ...et
de 0,1 ou plus.
M. Girard (Groulx) : 0,1
étant?
M. Therrien (Jean-François) : 10
points de base.
M. Girard (Groulx) : 10
points de base.
M. Therrien (Jean-François) : 10
points de base. Donc, ce que ça fait comme résultat, ce que ça l'a comme
conséquence, c'est que c'est les cotisants qui vont contribuer lors d'un
déséquilibre financier éventuel. Ici, on ne parle pas... il n'y a pas de... La
situation financière est bonne, ce n'est pas pour tout de suite, là, c'est si
ça arrive dans 15 ans, dans 20 ans, dans 25 ans.
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est important, parce qu'on dit : Ça n'arrivera parce qu'on a
26 points de base de marge de manœuvre, le régime est en santé. Mais, si
on prend des décisions ici puis qu'on consomme le 26 points de base, on
augmente la probabilité que ces mécanismes-là entrent en jeu.
M. Therrien (Jean-François) : Oui,
oui, tout à fait.
M. Girard (Groulx) : Continuez.
M. Therrien (Jean-François) : Et,
au niveau du régime supplémentaire, il n'y a pas de paramètres de définis. Et
ce que le document de consultation vient faire, c'est d'expliquer qu'est-ce qui
se passe dans le reste du Canada dans ces situations-là? Et ce qui se passe
dans le reste du Canada, c'est que c'est l'ensemble des parties prenantes, les
trois principales parties prenantes, c'est-à-dire les cotisants, donc
travailleurs et employeurs, et aussi les retraités qui contribuent... chacun au
niveau de sa contribution possible, donc qui contribuent au rééquilibre
financier du régime.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
donnerais la parole, pour... parce que... Maintenant qu'on a expliqué ce qui
est proposé, peut-être que nos intervenants peuvent bien préciser qu'est-ce
qu'ils n'aiment pas dans ce qui est étudié pour le mécanisme d'ajustement pour
le régime supplémentaire.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Monsieur Lavergne ou monsieur Beauregard.
M. Lavergne (Sébastien) : Sur
le mécanisme, là, en premier?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Lavergne (Sébastien) : Oui.
O.K. Bien, c'est ça. Autrement dit, nous, tu sais, on va s'opposer fermement,
là, tu sais, ça, on va être clairs, là, pour que, dans le régime
supplémentaire, il y ait un mécanisme qui touche à la fois des hausses de
cotisations et qui touche la rente du retraité. Ça, on veut être clairs
là-dessus, là. Donc, dans le régime de base, c'était bien expliqué, tu sais,
c'est-à-dire que c'est seulement des hausses de cotisations qui sont prévues,
et c'est ce que on privilégie pour le régime supplémentaire, que ce soit
seulement des hausses de cotisations. À supposer qu'on arriverait à un seuil
tel que la hausse des cotisations ne suffirait pas, on s'assoira puis on verra
qu'est-ce qu'il faut faire à ce moment-là, mais on ne veut pas le prévoir dans
un mécanisme automatique puis on ne veut pas mettre sur le même pied d'égalité
des hausses de cotisations et la révision de la rente de façon automatique. Pour
nous, c'est des hausses de cotisations et, en ce sens-là, pour nous, c'est là
où est l'équité pour tous, c'est-à-dire que tout le monde contribue et que ça
peut faire en sorte que certains contribuent plus que d'autres à certaines
époques, mais tout le monde à la rente garantie avec indexation à la retraite.
C'est ça, pour nous, l'équité pour tous. Et, compte tenu que c'est la base,
encore une fois, le pilier, c'est important de maintenir cet aspect-là pour le
régime... du Régime de rentes du Québec, à la fois pour le régime de base et le
régime supplémentaire.
M. Girard
(Groulx) :
O.K..
Merci beaucoup pour ces précisions. Puis, Monsieur Terrier, juste pour
revenir, vous avez bien dit que ce que nous proposons, c'est une harmonisation
avec le Régime de pensions du Canada.
M. Therrien (Jean-François) : Bien,
il n'y a pas de proposition dans le document de consultation publique. C'est
une discussion au niveau du régime supplémentaire, qui n'a pas de paramètres
pour l'instant. Donc, s'il y arrivait un déséquilibre financier, bien, il n'y a
aucune action prévue.
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce qu'il y a des paramètres dans le Régime de pensions du Canada?
M. Therrien (Jean-François) : Oui,
les paramètres étant qu'il y a une hausse du taux de cotisation et il y a aussi
une indexation. On ne touche pas aux rentes des retraités, là, la rente, elle
reste, c'est l'indexation qui est partielle pendant une durée, par exemple, de
trois ans. Et il y a une nouvelle évaluation qui détermine : si le régime
est revenu en équilibre financier, bien là, on reprend la pleine indexation.
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce que vous pouvez nous donner la raison historique? Puisque le régime
supplémentaire est relativement récent. Pour quelles raisons le Québec a choisi
de ne pas s'harmoniser avec le régime supplémentaire du Canada?
0jft La loi a été adoptée, là, en 2017,
2018 pour le régime supplémentaire, et la loi prévoit qu'un mécanisme
automatique devra être défini, et les paramètres, par contre, ne sont pas
définis dans la loi...
M. Therrien (Jean-François) : ...mais
il prévoit que les cotisations et les prestations, donc les rentes des
retraités, peuvent être touchées lors d'un déséquilibre financier.
M. Girard (Groulx) : Donc, ça
a été prévu, mais ça n'a pas été dit?
M. Therrien (Jean-François) : Ça
a été prévu, mais là les paramètres n'ont pas été définis.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mais en quoi le Régime de pensions du Canada... À quel moment le Régime de pensions
du Canada a défini ses paramètres?
M. Therrien (Jean-François) : Au
tout début, à l'entrée en vigueur du régime.
M. Girard (Groulx) : Donc,
nous, on a amené un régime supplémentaire sans prévoir les paramètres?
M. Therrien (Jean-François) : Exact.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Donc, il va falloir réfléchir à ça. Bien, c'est très intéressant cette
discussion, M. le Président. J'en apprends beaucoup. Puis je n'étais pas là en
2007. Peut-être que Monsieur White puis Monsieur Boivin y étaient, là, je ne le
sais pas.
Le Président (M. Simard) : Voulez-vous
poursuivre, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : Non, je
vais passer la parole à mon collègue.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup. Alors, je cède la parole au député d'Orford.
M. Bélanger : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour la présentation. Moi, j'avais deux questions. La
première question, c'est : Vous parlez de l'importance à 60 ans selon le
type d'emploi. Est-ce que vous voyez une corrélation entre justement pénurie de
main-d'oeuvre et ceux qui veulent prendre leur retraite à 60 ans? Est-ce qu'il
y a une corrélation ou une plus grande proportion de manque de cette
main-d'œuvre-là? Puis deuxième question, c'est : Au niveau de la pénurie
de main-d'oeuvre, quelles seraient vos stratégies ou vos suggestions pour être
capable de contribuer ou en tout cas pallier au manque de main-d'oeuvre?
Le Président (M. Simard) : Alors,
monsieur Lavergne, on ne vous entend pas. À moins que ce soit volontaire.
M. Girard (Groulx) : Je pense
qu'il négocie le droit de parole.
Le Président (M. Simard) : Ah
oui!
M. Beauregard (Luc) : Ça va
être Monsieur Beauregard qui va y aller puis Monsieur Lavergne complétera au
besoin, là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Beauregard (Luc) : Pour ce
qui est de la pénurie de main-d'oeuvre, bien, je dirais, en partant, il y a des
conditions de travail qui sont importantes, quand on parle de retraite progressive,
et cetera, qui pourraient être des conditions qui pourraient améliorer en
partie le fait que les gens pourraient prolonger le travail.
Ceci étant dit, je reviens un petit peu
sur ce qui a été dit pour le 60 et 62. Je ne pense pas que ça va corriger la
pénurie de main-d'oeuvre. Moi, je pense que quelqu'un qui a... Je vais parler
pour les services de garde ou les surveillants dans les écoles. Quelqu'un qui
a... ça fait 40 ans qu'il travaille, qui fait ça à des petits salaires et qui
est rendu, je vais le dire, là... une expression québécoise, au bout du
rouleau, peut-être qu'il est dû pour prendre sa... il veut prendre sa retraite,
il se sent dû à prendre sa retraite. Ça fait que ça, ça peut... Et nonobstant
que ça soit à 60, 62 ans, on en voit quitter plutôt puis se pénaliser pour ça.
M. Bélanger : Au risque
d'avoir un revenu inférieur.
• (12 h 30) •
M. Beauregard (Luc) : Au
risque d'avoir un revenu inférieur. Et c'est là le danger. Et c'est pour ça
que, quand on parlait de 60 à 62 ans, j'étais heureux d'entendre le ministre
dire qu'on avait des convergences, un petit peu moins quand il a dit qu'on
avait quelques divergences, mais ça, ce n'est pas grave. Parce que le 60 à 62
ans, pour moi, je suis... Il y a un bout où je suis d'accord avec lui, ce n'est
pas optimal de la prendre à 60 ans. Mais il y a parfois des gens, comme vous
venez de le dire, au risque d'être pénalisés, ils ont besoin de prendre leur
retraite, ils sont rendus à prendre leur retraite parce qu'ils ne sont plus
capables de travailler ou ils peuvent travailler à temps partiel et le 60 à 62
ans pourrait leur permettre de travailler à temps partiel et d'avoir le RRQ.
Moi, je pense qu'il y a une notion qui est
hyperimportante là-dedans et ça pourrait peut-être aider pour la pénurie, c'est
la littératie pour la retraite. Tout ce qui est l'éducation retraite au Québec,
on n'est pas... je pense qu'on n'est pas optimal. On a tendance à faire une
éducation près de 60 ans. Et je pense qu'il y aurait une éducation à faire sur
le principe de dire : Bien, c'est quoi, les conséquences de la prendre à
60 ans? C'est quoi, les conséquences monétaires? C'est quoi, les
conséquences... Et tout ça pourrait être fait. Je pense que ça pourrait aider à
améliorer la situation.
Et de base, ce qu'on s'aperçoit, vous
l'avez vu, on l'a déposé dans notre mémoire, c'est que naturellement les gens
qui prennent leur retraite à 60 ans a diminué, le nombre de personnes prenant
leur retraite à 60 ans a naturellement diminué depuis plusieurs années. Donc...
M. Bélanger : Donc, mieux
informés, la tendance serait que la retraite serait repoussée?
M. Beauregard (Luc) : Mieux
informés, on pense qu'il pourrait y avoir une tendance à repousser, mais sans
l'obliger à 62, la date...
12 h 30 (version non révisée)
M. Beauregard (Luc) : ...la
laisser en 60. Les gens sont assez intelligents lorsqu'ils sont informés, sont
assez intelligents pour prendre des décisions, pour avancer leurs choses. Donc,
c'est des gens qui ont travaillé toute leur vie et qui connaissent plus leurs
dossiers que nous le connaissons. Ils seraient plus aptes à prendre des
décisions là-dessus.
Pour ce qui est du mécanisme, je veux
juste faire un petit bout. Je sais que ce n'est pas vous qui avez posé la
question, mais je vais juste, si vous me permettez, sur le mécanisme qui est...
où on dit qu'on en aurait peut être besoin pour compenser si le régime devenait
un peu plus déficitaire, etc., et on le ministre qui nous di : Bien, si on
passe à 62 ans, on paie. Bien, je... une petite boutade, je dirais :
Bien, en restant à 60 ans, on a moins de chances d'avoir besoin d'un
mécanisme pour ajuster le régime dans le coût. Donc, ça fait partie de ça.
Donc, voilà.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Alors, il reste 20 secondes à la partie gouvernementale.
Une voix : S'il reste 20 secondes,
donc on va passer la parole...
M. Girard (Groulx) : Mais je
vais juste conclure.
Le Président (M. Simard) : Oui,
rapidement, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Mais c'est
vraiment intéressant ce débat parce que cette réflexion là, on la fait pour les
Québécois, là, puis on réfère souvent aux gens à faible revenu. Mais justement,
ces gens là, à faible revenu, n'ont pas les moyens de prendre une rente qui est
amputée de 36 % pour l'entièreté de leur vie. Merci, M. le Président, et
merci à nos invités.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de La Pinière. Vous disposez de 12 minutes.
Mme Caron : Merci beaucoup.
Alors, merci pour votre mémoire et présentation ce matin.
Je pense qu'il y a un consensus qui se
fait : ce n'est pas une bonne idée pour personne de prendre sa retraite à
60 ans si on regarde les chiffres. Ça, je pense qu'on en est tous
conscients. Là où le bât blesse, c'est pour les personnes qui n'ont pas le
choix, dont c'est le seul revenu auquel ils ont accès, là. Quand on entend le
CSF, tantôt, il nous le disait : Si une femme est obligée d'arrêter de
travailler parce qu'elle doit prendre soin de son conjoint ou d'un parent
proche aidant. Si le seul revenu qu'elle a, c'est la rente du RRQ à 60 ans,
bien, elle va la prendre parce qu'après ça elle ne pourra... puis elle le sait
peut-être qu'après elle va gagner moins, mais je pense que c'est... En tout
cas, corrigez-moi si j'ai tort, mais je pense que, là où le bât blesse, c'est
justement pour un petit groupe peut-être de Québécois qui prennent leur
retraite à 60 ans parce qu'ils n'ont pas le choix ou parce qu'ils font le
choix d'aider un proche pour... qui en a vraiment besoin et qu'ils sont les
seuls à le faire.
Alors, si j'ai bien compris, c'est aussi
ce que c'est aussi ce que vous pensez à la CSQ. Mais une question dans ce
sens-là : Est-ce que... Si ça passe de passer de 60 à 62 ans, est-ce
que vous craignez que ça ouvre une brèche et que d'autres régimes publics et
privés se mettent à restreindre les moments où les gens peuvent prendre leur
retraite aussi ou, tu sais, du côté pénalité, ce serait plus, plus grand ou
tout ça? Est-ce que c'est une crainte pour vous?
M. Beauregard (Luc) : Donc,
je comprends que je peux y aller, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait, M. Beauregard.
M. Beauregard (Luc) : Donc,
il y a toujours une possibilité, il y a toujours une possibilité que des
groupes décident de jouer avec l'âge de retraite si jamais le gouvernement du
Québec, qui est en exemple, hein, le gouvernement du Québec, qui est en
exemple, augmentait ça à 62 ans. Pour nous, c'est sûr qu'il y a de quoi.
On ne peut pas garantir que ça arriverait, mais il y a une possibilité.
L'autre partie où vous parlez, où on en
est en commun accord là-dessus, c'est vraiment... c'est vrai que ce n'est pas
la majorité des gens qui en auront besoin. Mais quand on voit que, dans les
deux premiers... dans les 40 % des plus démunis au Québec, ça représente
plus de 20 % de leur revenu à la retraite, c'est important.
L'autre chose, tantôt, je parlais d'éducation.
On a eu des annonces à la télévision sur Liberté 55, il y en a plein que
ce n'est pas atteignable. Et là, il y a un rêve aussi, peut-être, des fois, de
dire retraite à 60 ans. Mais nous, ce qu'on vous dit, c'est peut être que
de faire de l'information, de l'éducation tôt dans la carrière des gens
amènerait les gens à prendre conscience de ce qu'il y a à faire, et c'est quoi
les conséquences de l'apprendre à 60 ans, et ça deviendrait une décision
réfléchie par la personne et non une impulsion...
M. Beauregard (Luc) : ...ou,
non, une... je suis à bout puis je quitte. Donc... parce qu'il y a des gens que
c'est : je suis à bout, je quitte, je ne suis plus capable, physiquement
ou mentalement. Il y a des gens, vous l'avez dit, ça peut être proche aidant,
etc. Mais il y a des gens, c'est, depuis qu'ils ont 20 ans, leur target,
excusez l'expression, c'est 60 ans, mais ce n'est peut-être pas bon, puis
peut-être qu'ils n'en auraient pas besoin, mais ils ne le savent pas
nécessairement. Et c'est là l'éducation, c'est là qu'on...
Mme Caron : Merci. Vous avez
aussi indiqué dans votre mémoire qu'il y a... le nombre de personnes qui
prennent leur retraite à 60 ans baisse, et vous vous attendez à ce que ça
continue de baisser. Est ce qu'on a... Est ce que vous avez... Dans vos
analyses, vos études, est-ce que vous avez les raisons qui ont motivé cette
baisse, c'est-à-dire qu'il y a de moins en moins de gens qui prennent leur
retraite à 60 ans, pour savoir, dans la discussion, dans la réflexion,
s'il y a des chances que ça continue, naturellement, de baisser?
M. Lavergne (Sébastien) : En
fait... excusez-moi, je peux vous référer aussi à une étude de l'Institut de la
recherche en politiques publiques... excusez-moi, j'ai de la misère à...
...donc, qui était hausser l'âge d'admissibilité aux prestations du Régime de
rentes du Québec, point d'interrogation, qui se penchait spécifiquement sur
cette question-là. Parce qu'autrement dit c'est l'ICA qui avait amené à
l'époque, là, la réflexion qui voulait amener... de reporter à 62 ans.
Alors, l'étude apporte différentes
possibilités, là, pourquoi les gens, par exemple au Québec, la demandaient plus
tôt. Puis, à ma souvenance, à ma lecture, il n'y avait pas une réponse claire,
là, pourquoi. Mais, une chose est certaine, c'est que la tendance se renverse,
et puis on arrive vers un même taux de demandes de la rente RRQ à 60 ans
que les autres provinces.
Alors, tu sais, on est partis à des taux,
là, très, très élevés, là, à peu près... autour de 60 %, là. Et puis là on
va arriver, là, très rapidement à des taux en bas de 30 %, là, de l'ordre
de peut-être 27 % pour les femmes, 25 % pour les hommes. Ça fait que
ça, c'est les projections de Retraite Québec qui sont dans leur... dans
l'évaluation actuarielle du régime. Ça, vous l'avez, là, dans cette
évaluation-là.
Mme Caron : Merci.
M. Lavergne (Sébastien) : Alors,
tu sais, peut-être je peux compléter, si vous permettez ou...
Mme Caron : ...
M. Lavergne (Sébastien) : Tu
sais, par exemple Retraite Québec avait comme pratique, là, d'envoyer un formulaire
juste un peu avant les 60 ans d'âge pour les personnes, les avisant qu'ils
ont droit à la rente du Régime de rentes du Québec. Alors, on peut penser que
ça influence les gens de dire : Bien, je vais demander ma rente. On
m'avise que j'y ai droit. Tu sais, alors, nous, ce qu'on suggère, c'est de,
oui, peut-être continuer à l'envoyer ce formulaire-là, mais de mettre des
informations dans le formulaire qui vont dire : Bien, peut-être que...
oui, vous êtes éligible, mais peut être que ce n'est pas à votre avantage.
Voici pourquoi. Donc, de donner d'informations supplémentaires.
• (12 h 40) •
Mme Caron : Merci. Est-ce que
je comprends dans votre... À propos du mécanisme d'ajustement automatique,
est-ce que je comprends que c'est que vous voyez que les prestations ne
seraient plus nécessairement garanties et que... alors que c'est un... on a...
le RRQ est un régime à prestations déterminées, et que ce ne serait plus le cas
s'il y avait un mécanisme d'ajustement automatique, qui toucherait non seulement
les cotisations, mais aussi les prestations ou la hausse des... l'indexation
des prestations?
M. Lavergne (Sébastien) : Bien,
oui. Tout à fait. Puis c'est pour nous un dangereux précédent. Alors, oui,
effectivement, à partir du moment où on dit dans la loi que, pour le régime
supplémentaire, tu sais, qu'il y a une possibilité que, si le régime est en
moins bonne situation financière qu'on vient par exemple suspendre
l'indexation, bien, cette indexation-là, elle n'est plus garantie.
Donc, c'est un peu jouer à la roulette
russe. Autrement dit, là, si on est dans une mauvaise cohorte, on est à la
retraite pendant que ça se passe, et puis que, donc, là, on peut se voir, tu
sais, suspendre son indexation. Puis, comme on le dit, bien, les personnes retraitées,
ce n'est pas les personnes avisées, là, c'est les personnes qui sont en
situation plus précaire financièrement. Ils ont... ils le subissent déjà la
perte de pouvoir d'achat avec leurs épargnes personnelles, les épargnes
privées, donc on pense que c'est vraiment, là, très important de maintenir...
M. Lavergne (Sébastien) : ...cette
garantie-là pour le régime public.
Mme Caron : Merci. Et puis
mon autre question serait à propos du Supplément de revenu garanti, dont vous
avez fait une étude, des calculs. Et je pense qu'il y avait une divergence
d'opinions, disons, sur ce point-là. Est-ce que vous pouvez nous expliquer
comment vous voyez le supplément de revenu garanti, l'impact du Supplément de
revenu garanti et le fait de modifier, par exemple, l'âge de la retraite de 60
à 62 ans?
M. Lavergne (Sébastien) : Mais
oui, parce que, tu sais, autrement dit pour quelqu'un... tu sais, pour plein de
gens, ils n'ont pas accès au supplément de revenu garanti. Tant mieux parce
qu'autrement dit c'est vraiment pour les très bas revenus, tu sais, à partir de
65 ans. Alors, autrement dit, on reporte l'âge de paiement et puis ça
bonifie sa rente, puis ça finit là, c'est avantageux pour nous. Mais pour ceux
qui ont des plus bas revenus, il y a une composante additionnelle qui, on
pense, on n'a pas le choix d'en tenir compte. C'est-à-dire que, comme tout le
monde, on reporte l'âge, notre rente est bonifiée, mais ça a un impact après
sur le Supplément de revenu garanti, qui vient diminuer le supplément de revenu
garanti auquel on a droit. Et puis, le taux de récupération est très élevé pour
ce programme social là. Là, on parle, tu sais, de 50 sous pour chaque
dollar qu'on obtient de plus. Alors, c'est là qu'on vient… tu sais, c'est une
composante pour laquelle on pense qu'on n'a pas le choix d'en tenir compte.
D'ailleurs, l'étude à laquelle je référais tout à l'heure, tu sais, conclut
que, justement, tu sais, pour ces personnes-là, les plus bas salariés, bien, au
final, l'âge, si on veut, optimal, ce serait 60 ans, au final, pour ces
personnes-là. Alors, ils ont aussi une espérance de vie, ça a déjà été dit, là,
qui est quand même... c'est documenté, les gens qui ont des revenus moindres
ont une espérance de vie, ce qui peut être quand même non négligeable, là, moins
élevée. Ça fait que ça entre aussi en compte parce qu'évidemment quand on
reporte le paiement de sa rente, c'est qu'on pense récupérer l'argent plus tard
en vivant plus longtemps, mais, si ce n'est pas le cas, tu sais, à ce moment-là
ça devient moins avantageux pour ces personnes-là de reporter, là.
Mme Caron : Merci. Et puis,
ma dernière question, à propos de la hausse de l'âge maximal d'admissibilité à
la rente de retraite, 72 ans ou 75 ans, alors vous disiez que vous
étiez d'accord avec l'augmentation de l'âge maximal à 72 ans. Est-ce que
pour vous c'est préférable d'étaler une telle mesure dans le temps ou c'est
quelque chose qui pourrait être fait immédiatement?
M. Beauregard (Luc) : ...
Le Président (M. Simard) : Monsieur
Beauregard... On ne vous entend pas.
M. Lavergne (Sébastien) : Bien,
tu sais, ça, là-dessus, je pense qu'on... tu sais, ça pourrait être fait
relativement rapidement, tu sais, on était effectivement en accord avec la
possibilité de le prendre, tu sais, jusqu'à 72 ans. On trouvait que
75 ans, c'était trop. Parce qu'aussi il faut penser qu'il y a des gens qui
n'atteindront même pas 75 ans. Tu sais qu'ils n'ont rien retiré, là, du
Régime de rentes du Québec. Là, c'est quand même une probabilité non
négligeable, là. Alors, ça nous paraît trop lointain si on veut l'âge optimal
de quand demander sa rente, là, RRQ. Tu sais, 72 ans, ça nous apparaît...
C'est une option intéressante, notamment possiblement pour les personnes qui
ont immigré au Québec. Alors, c'est quand même complexe, là, la situation des
personnes qui ont immigré, mais ça pourrait être avantageux pour certains
groupes, là.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Je cède la parole au député de Maurice-Richard qui dispose de quatre
minutes.
M. Bouazzi : Excellent, merci
beaucoup. Merci beaucoup pour cet exposé. Je veux peut-être d'abord revenir,
alors j'ai quatre minutes, on va essayer d'aller vite. Je vais peut-être
d'abord revenir sur ce dont parlait le ministre tout à l'heure, donc la manière,
les mécanismes qui permettent de remplir la caisse, si je peux m'exprimer comme
ça, en fonction de comment on en arrive à avoir l'équilibre ou pas dans... Et
donc il y a deux mécanismes, essentiellement, il y en a un qui est d'avoir plus
de contributions et l'autre qui est d'avoir moins de contributions. Donc, je
vous poserai des questions en fait rapides parce que je pense qu'on connaît
tous la réponse. La première, c'est : Est-ce que, quand on contribue, et
l'employeur et l'employé contribuent à la caisse en question? Si vous pouviez
garder votre micro ouvert, oui.
M. Lavergne (Sébastien) : Oui,
alors oui, effectivement, c'est un régime, qui est... financement partagé, tu
sais, entre l'employeur et l'employé mis à part les...
M. Lavergne (Sébastien) : ...travailleur
autonome, évidemment, oui.
M. Bouazzi : Oui, évidemment.
Donc, la réponse, c'est oui. Donc, la deuxième partie, c'est que, si on diminue
les prestations, est-ce qu'en fin de compte ce n'est que le travailleur qui va
participer dans ce mécanisme-là, cette partie-là du mécanisme à renflouer ou,
en tout cas, s'assurer qu'il y a un équilibre dans cette équation?
M. Lavergne (Sébastien) : Alors,
oui, c'est-à-dire que, tu sais... Évidemment...
M. Bouazzi : Je vais le
prendre... Oui, je m'excuse, parce que j'ai une autre question importante.
M. Lavergne (Sébastien) : Oui,
allez-y. Excusez-moi.
M. Bouazzi : L'idée, c'est
dire qu'il y a un mécanisme qui pénalise les travailleurs et donc qui est un
cadeau aux employeurs ou au capital, à la fructification du capital et, de
l'autre côté, un mécanisme où les deux participent évidemment à remplir la
caisse. Donc, c'est un choix qui n'est pas...
M. Lavergne (Sébastien) : ...
M. Bouazzi : ...seulement pour
les Québécoises et les Québécois, mais aussi pour les conséquences de qu'est-ce
qu'on fait payer au capital et aux employeurs, et je pense que c'est important
de se rappeler ce choix-là. Et, nous, évidemment, c'est pour les Québécoises et
les Québécois qu'on pense que ce choix-là devrait être fait, s'il y en a un à
privilégier.
Ma deuxième question est... pour faire
très vite. Vous avez parlé des questions d'inégalité de genre rapidement, sur
les questions des femmes qui cotisent moins, qui gagnent moins, etc. Vous avez
aussi parlé un peu des inégalités de classe sur l'espérance de vie, mais
j'étais curieux de savoir, sur les questions des personnes qui ont eu un
accident de travail et puis qui ont des lésions, et donc qui ont été sur la
CNESST une partie de leur carrière, est-ce que vous avez des idées par rapport
à ça? Est-ce qu'il y a des choses que vous voudriez corriger ou...
M. Lavergne (Sébastien) : C'est
un aspect qu'on n'a peut-être pas suffisamment regardé parce que ça ne couvre
pas tout, là, loin de là. Donc, ce serait un aspect, je pense, qu'il faudrait
regarder les situations d'invalidité. Est-ce que la situation actuelle couvre
bien? Je pense qu'on l'a déploré un peu, là, les consultations se font
rapidement. On est avisé à la dernière minute, tu sais. Il a été question
aussi, là, dans, je dirais, un conseil des partenaires pour pouvoir en discuter
en amont. Donc, tu sais, ce serait... ce serait intéressant aussi, oui.
M. Bouazzi : Il n'y a pas de
problème. Est-ce qu'il me reste quelques secondes?
Le Président (M. Simard) : ...cher
collègue, 40 secondes...
M. Bouazzi : Ah! 40 secondes.
Alors, à ce moment-là, j'irai sur la question des immigrants, parce que c'est
un sujet dont pratiquement personne ne parle, et qui, pour beaucoup d'entre
eux, commencent à cotiser très tard ici, au Québec. Est-ce que vous avez un
avis sur la situation qui les touche?
M. Lavergne (Sébastien) : Mais,
autrement dit, c'en est un autre, je pense, angle mort qu'il faudrait regarder
davantage. Tu sais, il y a des ententes avec des pays pour... que le RRQ fait,
mais est-ce que ça couvre bien? Est-ce que ça sert bien les immigrants? Est-ce
que c'est équitable? Je pense qu'il y a une réflexion à y avoir, qui n'a
peut-être pas été assez... tu sais, dans les dernières consultations.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Lavergne (Sébastien) : Je
pense qu'on est rendus là, effectivement.
Le Président (M. Simard) : Alors,
messieurs, merci beaucoup pour votre précieuse collaboration à notre commission
cet avant-midi.
Compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre nos travaux et on est de retour en après-midi, en fait, presque dans
une heure. N'allez pas trop loin, on vous attend à l'heure. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 07)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, je constate que nous avons quorum, conséquemment, nous pouvons
reprendre nos travaux. Mais, avant d'aller plus loin, j'aurais besoin de votre
consentement afin que nous puissions terminer nos travaux au-delà de l'heure
prévue. Y aurait-il consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Ça
veut dire, on a combien de minutes, de retour?
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : À
environ 16 h 32, me glisse à l'oreille notre secrétaire de commission.
M. Girard (Groulx) : Au
lieu de 16 h 30?
Le Président (M. Simard) : au
lieu de 16 h 25.
M. Girard (Groulx) : On
ne peut pas aménager ça à travers les temps de question?
Le Président (M. Simard) : Tout
est possible, tout est possible. Mais il faudrait réduire le temps de chacun au
prorata.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bon. Moi, 32, ça me convient. Est-ce que ça vous convient?
Le Président (M. Simard) : Consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, nous poursuivons notre mandat de consultations particulières et d'auditions
publiques sur le document de consultation sur le Régime de rentes du Québec
intitulé Un régime adapté aux défis du XXIᵉ siècle. Et, pour reprendre nos
travaux, nous recevons aujourd'hui un groupe d'actuaires émérites. Messieurs, bienvenue
parmi nous.
M. Ménard (Jean-Claude) : Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Auriez-vous
d'abord, s'il vous plaît, l'amabilité de vous présenter?
M. Ménard (Jean-Claude) : Oui,
bien sûr. Alors, je suis Jean-Claude Ménard. J'ai été l'actuaire en chef du RRQ
de 1995 à 1999. Je suis accompagné de deux anciens actuaires en chef du régime,
tout comme moi, soit M. Denis Latulippe, qui l'a été de 1999 à 2005, et
Monsieur Pierre Plamondon, qui l'a été de 2005 à 2011. C'est d'abord à ce titre
que nous comparaissons aujourd'hui devant vous, nos propos n'engagent donc
aucunement l'Institut canadien des actuaires ni nos employeurs actuels. Alors,
chers Membres de la Commission, il nous fait plaisir de participer à ces
consultations particulières qui portent sur des pistes de solutions pour
améliorer le Régime de rentes du Québec. Nous vous remercions sincèrement de l'invitation
qui nous a été faite de vous adresser la parole aujourd'hui. Nous nous sentons
privilégiés d'être avec vous cet après-midi.
• (14 h 10) •
Je désire d'abord souligner que nous
supportons entièrement les objectifs visés par les propositions du document de
consultation, soit d'encourager le maintien en emploi des personnes de 60 ans
et plus, d'envoyer un message clair à l'effet qu'il est avantageux de reporter
le moment du début de sa rente de retraite du RRQ, et, trois, d'éliminer certains
irritants pour ceux qui décident de travailler au-delà de 65 ans.
Avant d'aborder les propositions soumises,
nous voulons mentionner qu'il faut être prudents dans l'utilisation de la
notion de marge de manœuvre utilisée dans le document de consultation pour
qualifier la différence entre le taux de cotisation d'équilibre du RRQ de base,
c'est-à-dire 10,54 %, et le taux de cotisation payé par les travailleurs
et les employeurs, de 10.8 %. Donc, il y a un écart de 26 points de
base. L'estimation du taux d'équilibre du RRQ est basée sur un ensemble d'hypothèses
démographiques et économiques, alors des différences entre ces hypothèses et la
réalité vont nécessairement survenir dans le futur et faire en sorte que le
taux d'équilibre va varier au fil du temps. Le rapport actuariel présente une
analyse détaillée des risques futurs liés au financement du régime.
En ce qui concerne les pistes de solution
avancées, nous considérons prioritaire, premièrement, de repousser l'âge
minimal d'admissibilité à la rente de retraite à 62 ans, deuxièmement, de
rendre facultative la cotisation au RRQ après 65 ans...
M. Ménard (Jean-Claude) : ...et
troisièmement, d'éviter que les gains de travail après 65 ans aient
l'effet indésirable de réduire le montant de la rente d'une personne qui la
demande après cet âge.
Sur la question plus spécifique du report
à 62 ans de l'admissibilité de la rente de retraite, nous croyons que cela
s'inscrit dans la logique évolutive du RRQ. En effet, l'âge unique de retraite,
qui avait été fixé à 65 ans en 1966, a été rendu flexible de 60 à
70 ans en 1984. J'étais d'ailleurs un employé de la Régie des rentes,
maintenant Retraite Québec à ce moment-là. Puis des mesures de retraite
progressive et la cessation de l'obligation de cesser de travailler pour
recevoir sa rente de retraite ont été introduites au tournant des
années 2000. Il est donc naturel d'adapter les conditions de retraite du
RRQ en fonction de l'évolution de la société québécoise.
Le report à 62 ans représenterait un
avantage financier pour plus de 90 % des personnes visées. L'espérance de
vie ne cesse de progresser au Québec, de sorte que nous passons une période de
plus en plus longue à la retraite. Une rente plus élevée, payable à vie et
pleinement indexée vaut donc son pesant d'or. De plus, en 2030 ou 2035, la
précarité sera d'abord et avant tout le fait d'un niveau de revenu inadéquat
pour une période aussi longue. Cela rend souhaitable un report à 62 ans de
l'âge minimal et une plus grande flexibilité dans la transition du travail à la
retraite pour permettre à tous les Québécois et toutes les Québécoises une
transition à la retraite réussie. La décision doit être prise maintenant pour
être effective en 2030 et implantée dans un contexte favorable de rareté de
main-d'œuvre.
Nous considérons par ailleurs qu'il serait
prématuré de hausser l'âge minimal à 65 ans, comme proposé dans le
document de consultation. Nous suggérons plutôt de pousser plus loin la
réflexion d'ici 2030 sur la pertinence de hausser l'âge d'admissibilité à la
rente de retraite au-delà de 62 ans. Il est important d'en évaluer les
tenants et aboutissants et de conserver une certaine flexibilité quant à l'âge
de retraite du RRQ et, évidemment, de bâtir un consensus autour de cette
question.
Concernant les pistes de réflexion portant
sur la reconnaissance des situations particulières, nous croyons opportun de
considérer l'octroi de crédits de gain pour reconnaître des périodes de
diminution de revenus lorsqu'une personne doit s'occuper d'un enfant à charge
ou en cas d'invalidité. De même, des mesures visant à reconnaître au sein du
RRQ des périodes durant lesquelles une personne a agi à titre de proches
aidants seraient souhaitables. Toutefois, nous nous interrogeons sur la
capacité d'administrer efficacement et équitablement une telle mesure. Cela
existe ailleurs dans le monde, comme en Allemagne, par exemple, mais il
apparaît que cela amène des défis administratifs.
Bien que les impacts économiques de
maintenir plus longtemps en emploi les travailleurs âgés dépassent très
largement les coûts pour le RRQ, nous considérons souhaitable de ne pas hausser
les coûts du régime de base au-delà du taux de cotisation actuel de
10,8 %. Il existe déjà un écart avec le Régime de pensions du Canada qui
ne doit pas être accentué. À plusieurs endroits de notre mémoire, nous
indiquons que toute mesure permettant d'harmoniser le RRQ et le RPC, le Régime
de pensions du Canada, est souhaitable. Évidemment, une mesure simple serait
d'annoncer une réduction du taux de cotisation du RRQ plutôt que d'envisager
des mesures qui augmentent le coût du régime, ce qui rapprocherait le coût du
RRQ de celui du RPC, dont le taux de cotisation est de 9,9 %.
Certains pourraient avancer que cela
améliorerait la compétitivité des entreprises québécoises. Pourtant, nous ne
sommes pas en faveur d'une telle réduction du taux de cotisation. D'abord, la
démographie du Québec est moins favorable que celle du reste du Canada. On ne
peut donc pas espérer que le taux de cotisation du RRQ redescende au niveau du
RPC dans un avenir prévisible.
Deuxièmement, la marge de manœuvre
financière du régime, dont nous avons déjà parlé, n'est que théorique. Il faut
donc être prudent avant d'envisager une baisse du taux de cotisation.
Finalement, nous considérons qu'il est
préférable d'instaurer des mesures peu coûteuses pouvant être absorbées par la
marge de manœuvre actuelle et avoir un impact positif, et je le répète, un
impact positif sur la sécurité financière à la retraite des Québécois et
Québécoises, et deux, et un impact positif sur la participation au marché du
travail des personnes de 60 ans et plus...
M. Ménard (Jean-Claude) : ...ce
deuxième élément peut notamment contribuer à améliorer les conditions
économiques du Québec et, par conséquent, la situation financière du RRQ.
Le document de consultation décrit les
mécanismes existants au RRQ et au RPC pour ajuster les paramètres des régimes
en cas de déséquilibre financier. Toutefois, il ne suggère pas de pistes de
réflexion sur cet enjeu.
Les consultations publiques, conçues comme
celles d'aujourd'hui, constituent une voie privilégiée pour ajuster le RRQ en
cas de déséquilibre financier, ou encore pour l'adapter à de nouvelles
réalités. La question demeure à savoir s'il faut simplement ajuster les taux de
cotisation en cas de déséquilibre financier ou s'il faut également considérer
des ajustements aux prestations. Nous pourrons en discuter plus longuement avec
vous durant la période de questions.
Alors. Merci beaucoup de votre attention.
Mes collègues et moi sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, Monsieur Ménard. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, merci pour la présentation et merci pour vos années de service public,
là. Je pense que le poste actuaire en chef, c'est un poste important. Alors,
merci puis merci de partager avec nous vos réflexions. Rien de ce que vous avez
dit n'est controversé, à part peut-être l'opportunité de baisser les
cotisations, mais vous avez dit que c'était... si on les baissait, ça serait
motivé par le différentiel avec le RPC, mais vous ne le favorisez pas. Donc, j'aimerais
revenir au 62 ans, et j'ai bien entendu que vous ne favorisiez pas le
65 ans. On parle d'un avantage financier pour 90 % des cas. C'est
excellent. C'est ce qu'on dit depuis le début, la raison qu'on étudie ça, c'est
pour améliorer la sécurité financière des Québécois. Est-ce qu'il serait
possible de connaître d'avance qui est le 10 % et est-ce que des
aménagements pourraient être faits pour s'assurer que ce 10 %, à tout le
moins statistiquement, ne soit pas pénalisé par l'imposition d'une mesure qui,
dans l'ensemble, va favoriser 90 %?
• (14 h 20) •
M. Ménard (Jean-Claude) : Alors,
je vais débuter sur l'angle de la longévité. Si vous êtes dans une salle et
qu'il y a 100 personnes de 60 ans, dans deux ans, lorsqu'elles auront
toutes 62 ans, combien seront encore vivantes? 99. Donc, vous voyez que le
taux de mortalité est très faible à ces âges. Vous prenez les mêmes groupes de
personnes de 60 ans, vous les amenez à 70 ans : il en reste 93.
Stéphanie Grammond a parlé de... Alors, je vais revenir au 90 % des
personnes visées. C'est combien de monde? Les personnes visées, c'est ceux qui
demandent à 60 et 61 ans. Donc, si on y va simplement en disant il y a à
peu près 100 000 Québécois et Québécoises qui demandent leur rente par année,
il y en a donc un 67 % qui n'est pas affecté du tout parce qu'il la
demande après 62 ans. Dans le 33 % qui reste, nous, on pense qu'il y
en a facilement... donc, 33 %, c'est 33 000, il y en a 90 %, juste
par le principe de la longévité, qui sont avantagés et de beaucoup avantagés
d'attendre à 62 ans. Dans les 3 000 perdants, et, je dirais, perdants
théoriques, on a un certain nombre qu'on est pas capable d'identifier, mais on
a un certain nombre qui a déjà la rente d'invalidité. Alors... Et, dans le
fond, ceux qui seraient le plus désavantagés par cette proposition, c'est ceux
qui meurent tôt. Il n'y en a pas beaucoup. Il y en a très peu, mais il y en a.
Est-ce qu'on peut faire quelque chose pour eux? Peut-être.
M. Latulippe (Denis) : Juste
peut-être pour compléter, un autre débat que vous avez eu, c'est la question de
la prestation de décès. On ne vous recommande pas ça, là, mais, si vous vouliez
vraiment être aussi étanche que possible par rapport à d'éventuels perdants,
comme Jean-Claude l'a mentionné, les plus grands perdants, c'est ceux qui vont
décéder tôt après 62 ans puis qui vont avoir été privés de deux ans de
retraite entre 60 et 62. À la limite, puis je mets à la limite, vous pourriez
bonifier la prestation de décès pour ces gens-là, pour faire en sorte qu'ils ont
une prestation de décès plus élevée qui compense le fait qu'ils ont eu leurs
prestations de retraite moins...
M. Latulippe (Denis) : ...longtemps,
parce qu'ils ont dû attendre à 62 ans. Mais est-ce que c'est souhaitable? On
vous laisse en débattre, là. Mais le principal facteur qui fait des perdants,
c'est la mortalité précoce après la retraite.
M. Girard (Groulx) : ...on
est... ces 3 000 là, là.... là, je vais parler comme un économiste, là,
mais c'est ex ante, là, ce n'est pas ex post, là. C'est-à-dire, on ne peut pas
les identifier ex ante, là. C'est juste ex post qu'on dit : Ces 3 000
là, ils n'auraient pas dû prendre leur... ils auraient dû prendre leur rente à
60 ou 61 ans.
M. Ménard (Jean-Claude) : Vous
avez tout à fait raison, M. le ministre, et je suis le premier à dire que
j'aimerais bien savoir... bien, peut-être pas savoir quand est-ce que je vais
mourir. Alors là, je pourrais peut-être prendre une décision plus éclairée.
Donc, on ne sait pas à quel moment, sauf...
M. Girard (Groulx) : On ne
sait pas c'est qui, ces 3 000 là qui seraient désavantagés à pousser à 62
ans.
M. Ménard (Jean-Claude) : Pas
précisément, non.
M. Girard (Groulx) : Puis là
on parle exclusivement financièrement.
M. Ménard (Jean-Claude) : Tout
à fait.
M. Girard (Groulx) : Parce
qu'on a eu des arguments, au niveau de ceux qui ont... par exemple, qui sont
proches aidants et puis qui, finalement... Qu'est-ce que vous répondez à ça?
Bon, là, on a 33 000 Québécois qui la prennent à 60, 61 ans. Là, nous, on
dit, c'est, maximum, 3 000 perdants. Mais dans ces 33 000 là, on
s'est fait servir l'argument qu'il y en a qui n'avaient pas le choix d'être des
perdants. Est-ce que vous êtes d'accord avec ces facteurs qualitatifs là ou
vous dites : Si vous êtes perdant qualitativement, bien, vous êtes gagnant
financièrement, vous devriez quand même rester dans le camp des 90 % qui
sont gagnants?
M. Plamondon (Pierre) : En
fait, oui, il y a certaines personnes qui... Si on prend... Par exemple, vous
évoquiez les proches aidants. Oui, effectivement, il y a des personnes qui
peuvent vouloir le demander très tôt. Par contre, il faut penser qu'il y a des
clientèles... On pense aux clientèles de l'aide sociale. On a parlé des
clientèles de la rente d'invalidité. Dans certains cas, ce n'est pas
nécessairement que ces personnes-là sont perdantes, tu sais, parce que ça peut
avoir un effet neutre pour ces personnes-là, le fait de retarder à 62 ans. Par
exemple, la personne qui est à l'aide sociale, on l'exige qu'elle demande sa
rente RRQ dès 60 ans, et sa prestation d'aide sociale va être ajustée en
conséquence. Donc, on ne peut pas dire que cette personne-là est une personne
perdante.
De même, la personne qui n'est plus en
mesure d'occuper son dernier emploi et qui répond à la définition d'invalidité
du Régime de rentes du Québec, cette personne-là va avoir une rente
d'invalidité jusqu'à l'âge de 65 ans et ne doit pas être considérée non plus
comme une personne perdante. Donc, on a, à l'intérieur de ça, une clientèle
qui, même si, à prime abord, pourrait être vue dans le camp des perdants, en
fait, ça va être assez neutre pour eux, ce changement-là.
M. Girard (Groulx) : Ces
personnes-là qu'on ne doit pas voir comme des perdants, dans vos 3 000,
est-ce qu'on les met dans les perdants?
M. Ménard (Jean-Claude) : Actuellement,
oui, parce que, sur le principe de la longévité, oui, on les met dans les
perdants.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors là...
M. Ménard (Jean-Claude) : Alors,
c'est pour ça que c'est des perdants théoriques.
M. Girard (Groulx) : Théoriques.
M. Ménard (Jean-Claude) : Théoriques.
Les autres, c'est des gagnants certains.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
oui, financièrement.
M. Ménard (Jean-Claude) : Financièrement.
M. Girard (Groulx) : Parce
qu'il peut y avoir des situations qualitatives où, même si on est gagnant
financièrement, on veut, néanmoins, exercer son droit de prendre la rente. On
va être dans des petits pourcentages, mais ça existe.
M. Latulippe (Denis) : Oui,
bien, je pense que ce serait intéressant, si on veut pousser plus loin la
réflexion, venir, avec des cas concrets, là. En général, de reporter la rente à
62 ans, là, ça favorise les gens, puis ça défavorise le régime. Si on allait de
l'avant, puis des gens voulaient quitter avant 62 ans... tu sais, il y en a qui
vont continuer de quitter à 60, comme il y en a qui quittent à 55, 57, 58... de
plus en plus, il est reconnu que les gens doivent d'abord utiliser des épargnes
ou une partie des épargnes privées qu'ils ont constituées, puis retarder la
demande de la rente. Donc, si une personne, par exemple, fait le choix d'être
proche aidante, bien, nécessairement qu'elle est perdante, en termes de
revenus, si elle quitte un emploi pour s'occuper d'une personne proche, mais si
on vient lui créditer des gains au niveau du régime de rentes, elle n'est pas
nécessairement perdante au niveau du régime de rentes.
Puis ça, ça soulève aussi — puis
on pourra y venir plus tard — toute la question des gens qui ont des
emplois pénibles, qui ont des santés précaires, etc....
M. Latulippe (Denis) : ...pense
que, pour ces gens-là, de reporter à 62 ans, ce n'est pas un... là, ce n'est
pas un désavantage.
M. Girard (Groulx) : Bien là,
attendez, là, parce que... Là, pour l'aide sociale, ce n'est pas avantageux si
vous êtes à l'aide sociale. Ce n'est pas avantageux si vous êtes bénéficiaire
de la rente d'invalidité. Puis là vous venez de me dire que si vous occuper un
emploi pénible, puis on s'est fait donner des exemples, là, par nos... les gens
qui sont venus nous visiter, on a parlé de la caissière qui a travaillé debout
pendant 40 ans, tout ça... Allez-y donc sur la pénibilité.
M. Latulippe (Denis) : Écoutez,
une personne arrive, là, une personne à gagné... a été au salaire minimum, n'a
pas été en mesure d'accumuler un patrimoine en vue de la retraite, elle a un
emploi pénible, elle est rendue à 60 ans, nous, on pense qu'il y a deux
options qui sont à considérer. La première, ce qui serait favorable, dans bon
nombre de cas pour les personnes qui ont des emplois pénibles, c'est une
réduction du temps de travail. Tu sais, avoir un emploi pénible, quand on le
fait cinq jours par semaine, c'est déjà moins pire si on le fait trois jours.
Au-delà de ça, prenez une personne qui n'a pas de patrimoine retraite, si elle
prend sa retraite à 60 ans, du fait de son emploi pénible, elle va avoir
400 $ par mois. 400 $, là, c'est la rente moyenne qui a été mise en
paiement à 60 ans en 2022. Si on pense à des gens qui sont au salaire
minimum, vraisemblablement qu'ils ont des rentes encore plus faibles que ça.
Dans le fond, elle ne prendra pas... bien, pour elle, ça ne sera pas important
la rente à 400 $ ou à 350 $, elle est mieux d'être sur l'aide sociale,
elle va avoir 800 $ par mois. Tout ce que ça va changer, du point de vue
du régime de rentes, c'est que l'agent de l'aide sociale va appeler la
personne, puis en disant : Fais ta demande au RRQ de sorte que ta
prestation d'aide sociale va être payée à moitié par le fonds du régime de
rentes plutôt que d'être payée en totalité par le fonds consolidé. Ce que je
veux dire, c'est que rendu là, c'est plus payant d'être sur l'aide sociale que
de demander sa rente à 60, mais, au-delà de ça, ce qui nous apparaît, le principal
défi par rapport à ces employés-là, c'est la flexibilité dans l'organisation du
travail, on pense que le contexte de la rareté de main-d'oeuvre est propice à
ça pour faire en sorte que des gens qui ont travaillé dur toute leur vie, qui
sont fatigués de travailler, une solution à envisager, qui peut-être ne sera
pas la solution pour tout le monde, mais qui, on pense, est une solution à
envisager, c'est de permettre une flexibilité dans l'organisation du travail
puis les horaires de travail.
M. Girard (Groulx) : Et
avez-vous dit que l'aide sociale est automatique, là, j'ai mélangé, j'ai...
M. Latulippe (Denis) : En
fait, si on prend les normes de l'aide sociale, là, le revenu minimum qu'on
garanti à une personne entre 60 et 64 ans, au Québec, c'est
1 200 $ par mois, je fais des chiffres ronds, là, O.K., c'est
1 200 $ par mois, mais, ça, c'est payable à une personne qui est
incapable de travailler pour des raisons de santé.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Latulippe (Denis) : Puis
la prestation que vous touchez, au titre de la rente d'invalidité du régime de
rentes, est sensiblement du même montant. Par contre, si vous avez entre 60 et
64 ans, mais vous êtes, du moins en théorie, capable de travailler, l'aide
sociale ne vous donnera pas 1 200 $, elle va vous donner 800 $
parce qu'on veut maintenir un incitatif au retour sur le marché du travail.
Donc, mais... si vous dites : Moi, là, je suis fatigué, je suis plus
capable de travailler, mon employeur me demande de travailler cinq jours, je ne
suis plus capable. Vous allez toucher 800 $, O.K. À côté de ça, ce dont on
discute, puis ce que les gens ont fait valoir hier, c'est de demander leur
rente de retraite à 60 ans dans le Régime de rentes du Québec. Comme je
l'ai mentionné, la rente moyenne qui est payée à 60 ans dans le Régime de
rentes du Québec, c'est 400 $. Pour les travailleurs à faible revenu,
c'est possiblement moins. Donc, vous avez 350 $ qui vient du régime de
rentes, vous avez 800 $, qui provient de l'aide sociale, qu'est -ce que
vous feriez? Vous allez recourir à l'aide sociale, puis l'aide sociale va vous
demander de demander votre rente du régime de rentes, simplement pour financer
la prestation. C'est un peu ça la situation, du moins, c'est de la façon dont
on la voit, là, puis, dans ce sens-là, il ne faut pas penser que la rente de
retraite à 60 du régime de rentes, c'est la panacée pour des gens qui ont un
emploi pénible.
• (14 h 30) •
M. Girard (Groulx) : O.K.,
mais c'est très important, là, ce que vous dites là parce que c'est l'argument
qu'on s'est fait servir depuis le début, là.
M. Latulippe (Denis) : Puis,
tu sais, les emplois pénibles, les santés précaires, là... tu sais, il ne faut
pas que vous pensiez qu'on est des, je dirais, des «nerds» insensibles puis sans
lunettes, là, on a passé une partie ou la totalité de notre carrière dans le
service public, on croit dans des régimes publics forts, on croit dans un
régime de rentes fort, mais on vient vous dire que, contrairement à ce qu'on
pourrait penser intuitivement, là, de laisser la rente à 60, ce n'est pas
nécessairement la panacée, en particulier pour des gens qui ont des emplois
pénibles ou qui ont une santé précaire.
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi, je suis un économiste, je regarde ça autrement, si ça coûte 13 points
de base au régime pour faire ça, là, c'est parce que ceux qui font ça, ce n'est
pas bon pour eux.
M. Latulippe (Denis) : Ceux
qui prenne leur rente à 60, à moins de décéder prématurément...
M. Girard (Groulx) : À moins
d'être dans le 10 %...
14 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...qui ne
le sait pas d'avance qu'il est dans le 10 %. C'est juste que tu perds à la
loterie, hein, entre 60 et 62 ans. Dans certains cas, peut-être qu'ils le
savent.
M. Ménard (Jean-Claude) : Et
pourquoi c'est si coûteux au régime?
Une voix : ...
M. Ménard (Jean-Claude) : Pardon.
Et pourquoi c'est si coûteux pour le régime? Si vous prenez la rente à 60 ans
versus la rente à 62 ans, c'est une augmentation de 23 % payable à vie. Et
j'aurais pu citer d'autres données sur la longévité. Il y a beaucoup de gens
qui vont se rendre entre 85 et 90 ans. Alors, ça fait pendant une trentaine d'années
à recevoir un montant, à 62, de 23 % plus élevé que s'il l'avait demandée
à 60 ans. À 60 ans, c'est un mauvais choix de demander sa rente à cet âge-là.
M. Girard (Groulx) : Je pense
que mon collègue d'Orford aimerait intervenir.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Cher collègue, il vous reste une minute 30.
M. Bélanger : Merci, M. le
Président. Donc, en conclusion, c'est une problématique pédagogique. C'est une
problématique de... C'est comme celui qui gagne à la loterie qui préfère avoir
la plus grosse somme versus des sommes à chaque mois, même si la banque
pourrait lui passer à un taux vraiment avantageux, puis finalement il aurait
plus de capital, là. C'est un principe comptable, c'est un principe...
M. Latulippe (Denis) : Tu
sais, il est un fait puis il est souhaitable que, quand on parle de priver des
gens d'un droit, ça suscite des réactions négatives ou d'opposition, puis c'est
d'autant plus vrai que... si ça touche des gens qui ont des emplois pénibles ou
une santé précaire. Mais nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut aller au-delà de
ce principe-là.
On est tous d'accord qu'on ne veut pas
faire cette réforme-là sur le dos des travailleurs à faibles revenus puis des
gens qui ont une santé précaire, O.K.? Puis, d'abord, il y a un autre élément
qu'il ne faut pas perdre de vue, on ne l'a pas abordé là, c'est qu'on la fait
pour la prochaine génération. Ce n'est pas applicable demain matin. On parle de
2035. Donc, on pourrait même se parler de Liberté 55 si vous voulez, là. Donc,
c'est pour la prochaine génération qu'on fait ça.
Donc, sur le principe, on se dit :
Wow! Il ne faut pas faire ça, là, on prive des gens qui sont dans une situation
pénible, puis c'est eux autres qui vont être les perdants. On s'est dit :
Les grands perdants, c'est une question de mortalité parce que c'est un régime
collectif, pas un régime d'accumulation de capital où tu mets tes cotisations
dans ton pot à toi. C'est un régime collectif où tu mets les cotisations dans
un pot collectif, puis celui qui vit à 90 ans, il en a plus que celui qui
décède à 65 ans.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Latulippe (Denis) : Mais
ce qui est visé, c'est la sécurité financière des gens.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. Latulippe.
M. Latulippe (Denis) : Puis,
quand tu vis plus longtemps, tu en as besoin plus longtemps, puis c'est l'injustice
biologique qui est derrière ça.
Le Président (M. Simard) : Merci,
monsieur Latulippe. Nous poursuivons. Et je cède maintenant la parole au député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Bien, beaucoup de matière intéressante. Je pense, j'aimerais juste
peut-être qu'on change le terme de loterie parce que les... là, de dix pour un,
là, c'est... en tout cas, la 6/49, ce n'est pas ça, là. C'est vraiment,
vraiment, vraiment minoritaire. Donc, c'est beaucoup plus élevé que gagner à la
loterie quand c'est un sur 100, là, c'est vraiment beaucoup de citoyens.
Ça fait que vous avez parlé de santé
précaire, de métiers pénibles. Ce n'est pas un problème parce qu'il y a l'aide
sociale en arrière si on décale l'âge d'admissibilité au RRQ à 62 ans. Tu sais,
du point de vue de l'État, en grande partie, là, ce n'est pas des vases
communicants, un peu, tout ça?
M. Latulippe (Denis) : Oui,
ce sont des vases communicants, là, mais votre collègue qui est ministre des
Finances va sûrement être sensible à ça. Évidemment qu'il y a le fonds
consolidé d'un côté puis il y a le fonds du Régime de rentes de l'autre côté,
O.K., dans la mesure... À une époque où la question des déficits budgétaires
puis des dépenses gouvernementales consolidées, là, était un enjeu, peut-être
que c'était intéressant d'avoir une partie du chèque qui provenait du fonds du
Régime de rentes. Mais ceci étant, c'est le même montant qui est payé puis c'est
les mêmes personnes qui paient. Qu'on le paie à travers notre cotisation au RRQ
ou à travers nos taxes et impôts, là, on s'entend pour dire que c'est le même
argent qui circule, là.
M. Beauchemin : Oui, je
comprends. Je comprends de cette façon-là, mais, tu sais, si, par défaut, on
envoie tout le monde sur... bien, ceux qui ne peuvent pas, qui ont un métier
pénible, là, O.K., sur l'aide sociale pendant deux ans, ça, ça coûte donc, si
je comprends bien ce que vous me dites, plus cher à l'État «over all»?
M. Latulippe (Denis) : Bien,
en fait, moi, ce que je voulais faire valoir, là, ce n'est pas de savoir si c'est
l'État qui paie ou si c'est le gouvernement qui paie. Ce que je voulais faire
valoir, c'est que penser que...
M. Latulippe (Denis) : ...le
régime de rente avec une rente à 60 ans couvre les besoins des gens à
faible revenu qui ont des emplois pénibles, c'est un mirage. C'est un mirage
parce que la prestation que cette personne-là peut en toucher est nettement
inférieure à ce qu'elle aurait sur l'aide sociale. Ceci étant dit, je ne souhaite
pas que le nombre de personnes sur l'aide sociale augmente au Québec, là, ce
n'est pas ce que je dis, mais je dis simplement qu'il n'est pas une bonne
affaire à 60 ans pour quelqu'un qui a un emploi pénible. Je ne sais pas
si...
M. Beauchemin : Oui,
j'ai entendu. Puisqu'on parle d'invalidité, les gens qui ne sont pas invalides,
mais qui n'ont plus de genou, vraiment, pour faire le métier qu'ils faisaient
avant sans avoir à toucher la prime d'invalidité, ceux-là, dans vos calculs,
vous les placez où exactement s'ils ont, par exemple, 60 ans?
M. Latulippe (Denis) : Bien,
en fait, il y a une chose qu'il faut noter, c'est que la définition
d'invalidité est beaucoup plus englobante, beaucoup plus large, plus généreuse
d'une certaine façon, à compter de 60 ans. Ça fait que, dans les faits,
puis Jean-François pourrait fournir plus de détails, même en termes de nombre
de personnes, là, il y a beaucoup de gens qui ont 55, 56, 57, 58 ans, puis
qui ne sont pas reconnus invalides par le régime de rentes, puis qui se
disent : Merde! ils ne me reconnaissent pas invalide, mais je ne suis pas
capable d'aller travailler. Puis ces gens-là, il y en a une partie, non la
totalité, mais il y en a une partie qui, rendus à 60 ans, vont se faire
reconnaître invalide par le régime de rentes parce que, sans être trop
légaliste, avant 60 ans, la définition qui est applicable pour toucher une
rente d'un régime de rentes, c'est d'être incapable d'occuper tout emploi.
O.K.? Alors qu'à compter de 60, c'est d'être incapable d'occuper son emploi.
Donc, si je dis : Moi, je ne suis plus capable de faire mon emploi, là, on
va te reconnaître l'invalidité. Ceci étant, il y a des situations tristes, puis
on ne veut pas passer pour des technocrates, là, qui sont insensibles à ça. Il
y a des situations tristes, mais ce qu'on vous dit, c'est que la rente de
retraite du régime à 60 ans n'est pas l'outil à privilégier pour ces
situations-là.
M. Beauchemin : D'accord.
Puis, tout à l'heure, quand vous parliez, là, vous avez mentionné mécanismes
automatiques, cotisations, prestations. Est-ce que vous pourriez juste me
réexpliquer un peu votre approche là-dessus?
Des voix : ...
M. Ménard (Jean-Claude) : Alors,
dans le document de consultation, on présente les mécanismes d'ajustement. Et
je profite de votre question pour dire que le Régime de pensions du Canada,
c'est un régime à prestations cibles depuis 1999, bientôt 25 ans, et il
s'en porte très bien. Et quand je dis que c'est un régime à prestations cibles,
c'est qu'il y a un mécanisme qui prévoit dans le régime de base que, si le taux
de cotisation ou le taux d'équilibre est supérieur à 9,9 %, la moitié du,
mettons que ce serait 10,1 %, la moitié va tout de suite dans une
augmentation du taux de cotisation à 10 %, et l'autre moitié par des
ajustements aux prestations. Je dis ajustement, mais en fait, si les provinces
ne s'entendent pas, c'est une indexation partielle au régime. On n'a jamais eu
à l'appliquer.
• (14 h 40) •
Maintenant, je reviens pour le RRQ. Dans
le RRQ, il y a des mécanismes semblables pour le régime supplémentaire. C'est
pas mal plus, je dirais, problématique pour le régime de base. Et si on allait
dans ce sens-là, et un élément quand on regarde comment ajuster les
prestations, on devrait éviter que, s'il y a des mesures qui sont nécessaires,
que les droits acquis ne soient pas affectés. Alors, il y a des mesures
d'ajustement de prestations qui ne toucheront pas les retraités en paiement.
Alors, ce qu'on dit, c'est que, si on veut rapprocher le Régime de rentes du Québec
du Régime de pensions du Canada sur des mécanismes d'ajustement, en passant,
qui ont été appliqués, là, au RPC, n'ont jamais été appliqués. Alors, ce n'est
pas... Ça ne veut pas dire automatiquement qu'il y aura des ajustements aux
prestations. Sauf qu'ici il faut se poser la question, est-ce qu'actuellement,
le mécanisme, il manque d'argent? On augmente le taux de cotisation.
Dans un régime de retraite, en fait, il y
a trois parties. Il y a les employeurs, il y a les travailleurs et les
retraités. Et le...
M. Ménard (Jean-Claude) : ...le
partage de risque se fait différemment au Régime de pensions du Canada qu'au
Régime de rentes du Québec pour le régime de base. Est-ce que... Votre
question, c'est : Est-ce qu'on est ouverts à un ajustement des prestations?
Oui.
M. Beauchemin : O.K. Donc, ma
question, c'est : Pourquoi? Est-ce que c'est parce qu'on veut plus
ressembler à ce qu'Ottawa donne ou...
M. Ménard (Jean-Claude) : Non.
Non, c'est une question de partage de risque. Il y a... À un moment donné, il y
a une limite à la capacité de payer des travailleurs. Et, s'il y a des...
surtout s'il y a des soubresauts sur les marchés financiers, nous, on pense que
c'est plus juste de partager le risque entre les cotisants et les
bénéficiaires.
M. Beauchemin : Mais tantôt
vous parliez de mécanisme d'ajustement des prestations sans modifier les
prestations. Vous avez dit ça il y a, comme, une minute à peu près, là. Est-ce
que j'ai mal compris? C'est ça, vous vouliez dire ou...
M. Plamondon (Pierre) : Oui.
Ce que ça signifiait, en fait, c'est que... une façon d'ajuster le côté
prestation, là, en cas de déséquilibre, c'est de cesser, par exemple
l'indexation des pensions en paiements. Et nous, on pense que la population des
pensionnés ou des retraités est plus vulnérable que d'autres groupes.
Donc, ce qu'il faudrait envisager... Si on
décide de modifier le côté prestations, il faudrait peut-être envisager
davantage les prestations futures. Comment changer les droits peut-être à
l'avenir? On peut penser... pas nécessairement à la rente de retraite, ça peut
être une révision des rentes de conjoint survivant. On sait que les rentes de
conjoint survivant sont versées à vie à un conjoint qui n'était pas celui,
nécessairement, qui a passé la plus grande partie de sa vie avec la personne
qui est décédée. Donc, il y a un document de consultation antérieur qui
regardait cette option-là, de revoir les rentes de conjoint survivant.
Donc, il y a une panoplie d'aménagements
possibles qui peuvent être faits aux prestations, sans nécessairement limiter
l'indexation des rentes des retraités. Au Régime de pensions du Canada, ils ont
cette mesure-là de limiter possiblement l'indexation aux retraités. Mais, comme
l'a dit Jean-Claude, ça ne s'est pas encore appliqué. Et, avant que ça
s'applique, il faudrait que tous les... qu'il y ait eu non-entente, en fait,
entre les premiers ministres des provinces pour que la mesure s'applique. Donc,
c'est pour ça qu'en pratique il n'y a jamais eu de modification à cet égard-là.
M. Beauchemin : Oui, ce qui
ne serait peut-être pas tout à fait notre situation à nous autres, parce qu'au
Québec, on avait juste à s'entendre entre nous là-dessus, là. Ça évite une
conversation de sourds, j'imagine.
M. Plamondon (Pierre) : C'est-à-dire
que la loi mentionne que le gouvernement par décret peut bloquer tout mécanisme
automatique. Donc, c'est le mécanisme qui a été choisi ici, là, parce que
l'environnement est différent, effectivement.
M. Beauchemin : O.K..
Intéressant. Mais, tu sais, ceci étant dit, je pense que, vous l'aviez
mentionné, il n'a pas eu à être utilisé au fédéral tant que ça, parce qu'ils ne
se sont... mais, je veux dire, en termes de conséquences, en termes de points
de base, si on peut dire, d'une certaine façon. Ça ne semblait pas être si
significatif de par le passé quand la situation s'est présentée. Est-ce que je
me trompe quand je dis ça?
M. Plamondon (Pierre) : En
fait, au Régime de pensions du Canada, la situation ne s'est pas présentée en
pratique.
M. Beauchemin : En pratique.
M. Plamondon (Pierre) : Donc,
ils ont été capables de maintenir le taux de cotisation de 9,9 % sans
jamais avoir à toucher les prestations, parce que la situation financière est
saine, là.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, dans un contexte où est-ce que... Il me reste une minute, là. C'est ça?
Dans un contexte où est-ce que les balbutiements du marché sont similaires pour
le portefeuille canadien que pour le portefeuille de la RRQ, on peut s'attendre
à ce que... les probabilités de ce même scénario pourraient être similaires,
donc.
M. Plamondon (Pierre) : Oui,
c'est-à-dire que, s'il y a, effectivement, volatilité des marchés financiers,
les deux régimes vont être affectés de la même façon. Il reste à voir quelle
est la marge de manœuvre de chacun des régimes au fil du temps et de quelle
façon... Est-ce que ce soubresaut va être suffisant pour déclencher le
mécanisme? La réalité peut être différente dans les deux régimes, là.
M. Beauchemin : C'est parce
que vous avez mentionné un point tantôt, puis ça me touche un peu parce que les
personnes qui sont les plus vulnérables dans toute l'équation des trois amigos,
des trois partenaires, O.K., c'est les retraités, qui, eux, sont avec des
revenus qu'ils ne peuvent plus modifier. Ils peuvent avoir une indexation,
mais, je veux dire, ils ne peuvent plus modifié en tant que tel. Tandis qu'un
employé, c'est plus difficile, bien, l'employeur aussi, c'est plus difficile,
mais pas autant que ce l'est pour le retraité d'ajuster, par exemple, sa
cotisation, au fond. Ça fait que... Est-ce qu'il y a une pondération de
facteurs de risque, si on peut dire, dans votre équation pour les trois
partenaires?
Le Président (M. Simard) : ...s'il
vous plaît.
M. Beauchemin : Désolé.
M. Plamondon (Pierre) : En
fait, on ne l'a pas...
M. Plamondon (Pierre) : ...pondéré
ou on ne l'a pas évalué.
M. Latulippe (Denis) : Mais,
tu sais, ce qu'on... Moi, j'aurais le goût de vous dire... On s'entend tous, je
pense, pour dire que les retraités qui touchent des prestations actuellement,
comme vous le dites, c'est une catégorie plus vulnérable, d'une part, mais,
d'autre part, le régime de base est la base de leur sécurité financière. Donc,
il faut être extrêmement prudent, puis on pense que limiter...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Latulippe (Denis) : ...à
l'indexation de ces prestations-là, ce n'est pas souhaitable. Ceci étant...
Le Président (M. Simard) : Très
rapidement, s'il vous plaît, on a dépassé le temps.
M. Latulippe (Denis) : ...tous
les changements qu'on considère ne doivent pas se traduire uniquement par des
hausses de cotisations. C'est la quatrième consultation. Moi, j'ai piloté...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. On poursuivra plus tard, monsieur...
M. Latulippe (Denis) : ...la
première avec Claude Béchard à l'époque, puis, en tout cas...
Le Président (M. Simard) : M.
Latulippe, on poursuivra...
M. Latulippe (Denis) : ...moi,
ce que je me disais, c'est qu'il faut être capable, là, des fois, de réduire
des prestations, ce n'est pas des prestations...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Je m'excuse de vous interrompre, mais j'ai un temps à gérer. Alors, vous
pourrez poursuivre, je vous sais assez habile pour ça, là. Je cède la parole au
député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup, chers messieurs. Peut-être une question de
clarification. Vous avez parlé des questions d'aide sociale de manière assez,
je dirais, presque automatique. Mais, si on prend l'équation de...
effectivement, une caissière qui a quand même peut-être acheté une maison il y
a un certain temps, du temps que c'était encore possible, il y a 35 ans, et qui
maintenant se retrouve avec une maison qui a pris beaucoup de valeur ou qui
même a accumulé un petit peu d'argent, on se retrouve dans une situation où, en
fin de compte, elle n'y a pas droit, là. Ça fait qu'on fait comment dans ces
cas-là? On lui demande de dilapider le peu qu'elle a?
M. Latulippe (Denis) : Bien...
comme je le mentionnais, on ne souhaite pas que les gens, là, se ramassent sur
l'aide sociale. Dans le cas, là, que vous soulevez, si elle a accumulé des
avoirs liquides, en tout cas, en général, les gens recommandent, les
conseillers financiers, et de plus en plus, c'est d'abord utiliser une partie
de cet avoir-là pour se procurer un revenu dans les premières années de
retraite puis par la suite demander sa rente.
Le cas extrême.... C'est sûr que, si la personne
a une résidence, puis on lui souhaite, là, si... il n'y a rien de déplacé dans
ça, elle a une résidence qui a pris une certaine valeur, mais qui n'apporte
aucun revenu courant, puis elle n'a pas d'autre actif, bien là, si elle prend
sa retraite, elle va avoir sa résidence puis elle va avoir 350 $ par mois
du Régime de rentes. Là, il y a un problème, hein, il y a un problème, parce
que le seul actif qu'elle a, c'est sa résidence, qui ne lui procure pas un
revenu courant. Ça fait que... Tu sais, on est dans l'hypothétique, là, mais il
est fort possible qu'elle mettrait sa résidence en vente pour se loger
ailleurs. Ce n'est pas du tout une situation envisageable, là... qui n'est pas
une situation souhaitable.
M. Bouazzi : Surtout étant
donné les loyers actuellement. Je vais vous emmener ailleurs, peut-être. Vous
avez parlé du nombre d'hypothèses qui entourent justement la santé financière,
etc. J'aurais une double question, et je sais que je n'ai pas beaucoup de
temps. La première, c'est : Qu'est-ce qui est arrivé, donc, dans le cas de
la crise financière de 2008? Et, comme on parle d'investissements sur le temps
long, en fait, à quel point est-ce que, de votre connaissance, l'aspect de la
crise climatique et les hypothèses qui entourent la crise climatique, sur le
fond lui-même, ont été pris en compte?
M. Plamondon (Pierre) : Bien,
en fait, on sait que la crise financière de 2008-2009 a affecté le rendement de
la Caisse de dépôt à cette époque. Ce qu'on sait, c'est que par la suite les
rendements de la Caisse de dépôt ont été intéressants, ce qui fait qu'il y a un
rattrapage important, sinon complet, qui s'est fait de ces pertes. Donc, au
niveau du Régime de rentes du Québec, on peut dire qu'on est comme retombés sur
nos pattes, suite à ça.
M. Bouazzi : Donc, il n'y a
pas eu d'ajustement nécessaire à l'époque?
M. Plamondon (Pierre) : Pardon?
M. Bouazzi : Donc, il n'y a
pas eu d'ajustement nécessaire à l'époque?
• (14 h 50) •
M. Plamondon (Pierre) : Non,
à cause du rebond, oui, effectivement, des rendements. Sur la situation des
rendements à plus long terme, bien, effectivement, il y a beaucoup
d'incertitudes liées aux changements climatiques. On peut s'attendre peut-être
à davantage de volatilité au cours des prochaines années et décennies.
L'avantage du Régime de rentes du Québec,
c'est que c'est un régime qui a un horizon de long terme. Donc, il peut
accepter une certaine volatilité des rendements au fil du temps, et ça
n'affecte pas les droits et les prestations que les personnes vont recevoir, et
on l'a vu justement dans le cadre de la crise financière de 2008-2009. Malgré
ce soubresaut important, on voit que tout a continué à être versé aux
prestataires et que la situation du régime est enviable aujourd'hui.
M. Bouazzi : Excellent. Et
vous avez parlé des questions des proches aidants, vous avez aussi parlé des
personnes qui ont des... un certain nombre de handicaps ou... Si vous avez à
classer les trois, peut-être, injustices ou...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Bouazzi : ...ou
corrections, un top trois...
M. Bouazzi : ...de choses que
vous pensez qu'on devrait adresser dans la justice qui existe.
Le Président (M. Simard) : Succinctement,
s'il vous plaît, collègue.
M. Plamondon (Pierre) : En
fait, la première, on l'a indiqué, c'est l'augmentation de 60 à 62 ans de l'âge
d'admissibilité à la rente de retraite, et aussi enlever deux irritants, en
fait, sur les personnes qui sont au-delà de 65 ans, et qu'on veut garder sur le
marché du travail.
M. Bouazzi : Je parlais plus
d'injustice de genre ou par rapport aux personnes qui ont un handicap, etc. je
comprends que là, on met tout le monde ensemble.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, messieurs Ménard, Latulippe... Monsieur Latulippe, souhaitiez-vous
dire un petit dernier mot? Comme on dit, pas de regrets. Vous êtes sûr?
M. Latulippe (Denis) : Non,
ça va, ça va.
Le Président (M. Simard) : La
porte était ouverte.
M. Latulippe (Denis) : On va
respecter l'horaire.
Le Président (M. Simard) : À
charge de revanche. Alors, messieurs Ménard, Latulippe, et Plamondon, on avait
le sentiment, du moins, je parle, pour ma part, d'avoir trois géants de l'État
québécois devant nous. Alors, merci beaucoup pour votre contribution à nos
travaux et au plaisir de vous recevoir.
(Suspension de la séance à 14 h 52)
(Reprise à 14 h 58)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes de retour. Merci pour votre habituelle
ponctualité. Nous avons l'honneur de recevoir des représentants du Conseil du
patronat du Québec, qui sont des habitués à cette commission. Nous vous
souhaitons la bienvenue. Alors, auriez-vous néanmoins, pour les bénéfices de
nos travaux, l'amabilité d'abord de vous représenter?
M. Blackburn (Karl) : Karl
Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.
Le Président (M. Simard) : Soyez
le bienvenu.
Mme Kozhaya
(Norma) :Norma Kozhaya, vice-présidente à
la recherche et économiste en chef au CPQ.
Le Président (M. Simard) : Heureux
de vous recevoir. Et, comme vous le savez, vous disposez de dix minutes pour
faire votre présentation.
M. Blackburn (Karl) : Tout
d'abord, bien, merci beaucoup. Et j'aimerais profiter de l'occasion, au nom du
Conseil du patronat du Québec, de remercier la Commission des finances
publiques pour cette invitation à partager nos commentaires sur la consultation
du Régime des rentes du Québec... De la Régie des rentes du Québec. Sachez par
contre que notre position que nous allons vous présenter aujourd'hui, elle est
aussi similaire à certaines propositions qui vous ont été faites par des
experts hier. Et elle est empreinte, bien évidemment, de l'analyse de la
situation et des perspectives et des données que nous avons.
En guise de rappel, le Conseil du patronat
du Québec représente les intérêts de plus de 70 000 employeurs de
toutes tailles et de toutes les régions du Québec, même de la Capitale-Nationale,
issus du secteur privé ou parapublic, directement ou par l'intermédiaire des
associations sectorielles que nous représentons. Au CPQ, on s'intéresse depuis
longtemps à toutes les questions qui touchent aux enjeux de retraite. Nous
avons maintes fois participé à différentes instances en lien avec cet important
enjeu.
La consultation menée par la RRQ
aujourd'hui est importante parce que le contexte économique et démographique a
beaucoup évolué, notamment avec la prolongation de l'espérance de vie et de la
pénurie de main-d'oeuvre. Vous le savez déjà, le Québec vit une importante
transformation démographique liée aux populations ou à la population
vieillissante. À titre d'exemple, en 2011, environ une personne sur six était
âgée de 65 ans et plus, alors que ce groupe d'âge représente une personne
sur cinq aujourd'hui et qu'il atteindra une personne sur quatre en 2031. Cette
proportion, elle n'était que de 6 % ou l'équivalent d'une personne sur 17
à l'instauration du régime en 1966. Cela pose de nombreux défis et crée
diverses pressions économiques et sociales, notamment au taux de croissance
économique plus faible, des besoins en santé et des services de soins de longue
durée et aussi un risque d'insuffisance de l'épargne-retraite.
• (15 heures) •
De toute évidence, les questions posées
par la RRQ, duquel le financement dépend des employeurs et des employés à parts
égales, méritent une réflexion de société. À notre avis, il revient au citoyen
de trancher sur le moment qui lui convient pour toucher sa rente. Il faut que
la RRQ demeure flexible car la situation de chacun est différente. C'est
pourquoi le Conseil du patronat du Québec privilégie de façon générale les
mesures incitatives plutôt qu'un report de l'âge d'admissibilité pour toucher des
prestations.
Toute modification doit bien sûr respecter
la santé financière du régime et l'équité intergénérationnelle. Nous croyons
que le meilleur levier est de proposer des incitatifs financiers et fiscaux. Il
faut favoriser un environnement et des conditions où il est toujours payant et
intéressant de rester ou retourner sur le marché du travail. Nous encourageons
les gouvernements, autant fédéral que provincial, à emprunter cette voie qui
pourrait, en plus, pallier en partie à la pénurie de main-d'oeuvre.
Le conseil...
15 h (version non révisée)
M. Blackburn (Karl) : ...du
patronat du Québec appuie trois propositions parmi celles qui sont présentées
dans le document de consultation. J'y reviendrai.
Pour ce qui est de la première
proposition, soit celle de reporter progressivement l'âge minimal d'admissibilité
à la rente de retraite du régime de 60 à 62 ans ou à 65, le CPQ est
partagé. C'est qu'il y a plusieurs arguments en faveur de cette suggestion.
Nous comprenons que l'objectif principal est d'améliorer les prestations de
retraite et donc d'améliorer la sécurité financière des retraités. Retarder la
prise de sa rente du régime est en effet généralement payant pour les individus
parce qu'on est mieux préparé à différents risques, comme la longévité. Une
personne admissible à la rente de retraite maximale toucherait 2 166 $
de plus en reportant de 60 à 62 ans la prise de sa rente, soit 22 %
de plus. Rappelons que l'âge minimal d'admissibilité à la rente de retraite du
régime a été fixé de 65 jusqu'au milieu des années 80. Cet âge a été
réduit de 65 à 66... à 60 ans, pardon, car on souhaitait aider les jeunes
à accéder au marché du travail à l'époque. À ce moment, l'espérance de vie
était de seulement 76 ans, comparativement à 83 aujourd'hui.
Malgré les avantages que je viens de vous
mentionner, le CPQ a quand même certains bémols et est sensible à certaines
réalités en lien avec cette proposition. Certaines personnes peuvent avoir
besoin de prendre leur retraite à 60 ans, probablement des travailleurs ou
des travailleuses qui ont commencé à cotiser tôt et/ou qui occupent des emplois
pénibles physiquement. Certaines personnes peuvent aussi avoir des préférences
fortes... fort différentes ou d'autres raisons qui font qu'elles prennent leurs
rentes dès 60 ans. Le report de l'âge minimum de 60 à 62 peut ainsi les
pénaliser. Il peut aussi être avantageux financièrement pour certaines
personnes, surtout des personnes seules ou ayant de faibles gains en carrière,
de commencer la rente à 60 ans. C'est pourquoi nous sommes réticents sur l'âge,
sur le report de l'âge minimal d'admissibilité à la rente, à la rente de la
retraite.
Il est à noter par ailleurs que le
pourcentage de personnes qui prennent leur rente à 60 ans a diminué. Cette
tendance naturelle à la baisse risque de se poursuivre avec l'amélioration d'une
part du niveau d'éducation et à la participation plus active des travailleurs
expérimentés sur le marché du travail. De ce fait, nous pensons qu'au lieu d'adopter
des mesures d'interdiction, il y aurait d'autres façons de décourager la prise
de la rente à 60 ans et d'encourager son report. On pense notamment à l'information,
la communication et la sensibilisation sur lesquelles il est possible de miser
davantage. On peut penser aussi à des mesures de flexibilité pour une
utilisation de l'épargne privée ou d'autres sources de revenus plutôt qu'à la
rente du régime et des mesures de flexibilité et d'incitatifs pour le
prolongement de la vie active. La situation pourrait être réévaluée bien
évidemment lors du prochain réexamen du régime.
Pour ce qui est de la proposition de
reporter progressivement la limite actuelle pour commencer à recevoir sa rente
de retraite du régime de 70 à 72 ou même à 75 ans, le CPQ l'appuie. Une
telle modification pourrait apporter plus d'incitatifs pour prolonger sa vie
active et permettrait de mieux planifier et bonifier sa retraite. Le CPQ estime
par ailleurs que ce changement peut être fait indépendamment de la proposition
de report de l'âge minimal d'admissibilité et qu'il pourrait être fait
relativement rapidement.
Quant à la proposition de rendre
facultative la cotisation du régime des bénéficiaires de la rente de retraite à
compter du 31 décembre de l'année de leur 65e anniversaire, le
CPQ l'appuie aussi. C'est d'ailleurs une proposition qu'il a déjà faite par le
passé. Par ailleurs, offrir cette option également à toutes les personnes qui
continuent de travailler au-delà de 65 ans, et non uniquement aux
bénéficiaires d'une rente, devrait être évaluée et peut être mise de l'avant
selon les coûts potentiels. Par exemple, pour le CPQ, il faudrait continuer de
travailler en parallèle sur les mesures de flexibilité et les incitatifs
fiscaux pour rendre le prolongement de la vie active toujours plus payant et
intéressant pour les travailleurs.
Pour ce qui est de la proposition de
modifier les règles de calcul de la rente afin d'éviter que les gains de
travail d'une personne qui demande sa rente après 65 ans réduisent la
moyenne de gains utilisés pour le calcul de sa rente, le CPQ est également en
faveur. Une telle proposition, entre autres, permet une harmonisation, entre
autres, avec le Régime de pensions du Canada et ne pénalise pas...
M. Blackburn (Karl) : ...la
poursuite de la vie active qui peut se faire à un rythme moins soutenu. On sait
qu'une charge de travail plus faible fait partie des facteurs qui rendent la
poursuite de la vie active plus attrayante. Par ailleurs, il serait intéressant
d'évaluer la faisabilité et l'impact potentiel d'étendre cette modification aux
personnes de 60 ans et plus. Une telle modification pourrait représenter
un incitatif majeur pour la poursuite du travail, notamment à temps partiel
pendant un certain nombre d'années avant la retraite.
Pour résumer, le Conseil du patronat du
Québec juge que le Régime des rentes du Québec se pose les bonnes questions
avec une situation démographique qui change le visage du Québec. En revanche,
dans l'état actuel des choses, il propose d'adopter une approche souple avec
des leviers incitatifs plutôt que coercitifs. Misons sur l'information, la
sensibilisation et la communication. Alors, merci de nous avoir permis de se
joindre à vous cet après-midi et ça va nous faire un grand plaisir de répondre
à vos questions.
Le Président (M. Simard) : Le
plaisir est pour nous, monsieur Blackburn. Je cède la parole au ministre des
Finances.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, là, je suis un peu surpris parce que, si j'ai bien compris, vous êtes
pour et contre la proposition. Et là nous, on n'a pas ce choix-là, là. Nous,
c'est l'intérêt supérieur du Québec, on maximise contrainte et incertitude,
puis là on doit prendre des décisions dans l'intérêt du Québec. Ça fait que,
là, il y a une proposition sur la table, il y a des arguments pour, il y a des
arguments contre... sont valides de tous les côtés. Puis, dans certains cas, il
y a de l'interprétation puis il y a des nuances, hein, ce n'est pas blanc, ce
n'est pas noir, là, puis on a le droit de changer d'avis. Mais là je ne
comprends pas : vous supportez, mais vous êtes contre. Ça fait que je suis
surpris.
Ça fait qu'à la proposition... parce que,
là, quand vous dites : Nous, on aime les incitatifs fiscaux, vous les
aimez parce que ce n'est pas vous qui les payez. Parce que ces incitatifs
fiscaux là, là, ils vont venir du fonds consolidé, là. Ça fait qu'encore là ce
n'est pas dans l'intérêt supérieur du Québec de dépenser des centaines et des
centaines, des centaines de millions pour inciter les gens à travailler...
mettons qu'on parle de 10 000 personnes. Ce n'est pas optimal fiscalement de
dépenser des centaines et des centaines de millions, pour inciter 5
000 personnes à travailler, de plus.
Donc, ma question c'est : Sur le 60 à
62 ans, là, est-ce que vous ne voulez pas vous prononcer parce qu'il y a
des membres qui sont pour puis il y a des membres qui sont contre, il n'y a pas
de consensus, vous avez besoin de plus d'information? Parce que moi, ça ne me
dérange pas que vous soyez contre. Il y a des gens qui sont venus hier, ils
nous ont expliqué : On est contre, ils ont expliqué leurs arguments, je
les ai entendus, je les prends en considération. Mais là, pour et contre, là,
vous me surprenez.
M. Blackburn (Karl) : Si vous
me permettez, M. le ministre, d'abord, je pensais que notre position était
claire, mais je vais la clarifier davantage, parce que force est d'admettre
qu'elle n'est pas si claire que ça.
D'abord, sur l'ensemble des propositions
que vous faites, il y en a plusieurs sur lesquelles nous sommes d'accord, mais,
celle de reporter de 60 à 62 ans la possibilité de prendre sa rente, nous
préférons garder la possibilité à 60 ans. C'est un choix individuel basé
sur les données auxquelles nous avons eu accès, surtout dans un contexte où les
gens de Retraite Québec sont venus nous faire les perspectives pour les
50 prochaines années en nous démontrant que la santé financière du régime,
elle, était solide. Alors, financièrement, il n'y a pas de raison de vouloir
reporter l'âge de 60 à 62 ans parce que la santé du régime, elle est
bonne, elle est solide. Alors, nous, ce qu'on se dit, c'est que c'est un choix
individuel qui peut varier en fonction de la réalité des individus. Une
personne pourrait décider de prendre sa retraite parce qu'elle le souhaite,
parce qu'elle sa santé est plus fragile, parce que le travail, pour elle, était
plus difficile dans les années de sa contribution au régime, comme une personne
pourrait décider de la retarder.
• (15 h 10) •
Alors, ce qu'on essaie de proposer, dans
notre position, c'est : ça devrait être un choix personnel. Ça devrait
être un choix individuel en fonction des paramètres financiers auxquels nous
avons accès, de reporter ou non l'âge de la rente. Ça, c'est un fait et c'est
la position que nous défendons. Encore une fois, ultimement, c'est le
gouvernement qui prend la décision. Ultimement, vous allez devoir prendre une
décision qui va aller dans un sens ou dans un autre. Nous, la position qu'on
est venu vous présenter, bien humblement, c'est celle où...
M. Blackburn (Karl) : ...on
pense que ça devrait être laissé à un choix individuel. Vous avez parlé
d'avantages fiscaux, vous avez parlé d'un nombre plus ou moins important de
travailleurs potentiellement intéressés à rester sur le marché du travail, les
données que nous avons, de notre côté, font à l'effet... parce qu'on aime
souvent se comparer à l'Ontario, si nous avions le même taux d'activité des
travailleurs de 60 à 69 ans que celui de l'Ontario, bien, c'est
probablement plus de quelques milliers de travailleurs, on parle de 75 000
à 90 000 travailleurs qui pourraient, demain matin, bien évidemment,
si l'organisation du travail le permet, si la cédule du travail le permet, mais
si le panier fiscal permettant à ce groupe de travailleurs de rester ou de
revenir sur le marché du travail le permettait, bien, ça m'apparaît être un
nombre important, surtout dans le contexte de la pénurie de main-d'oeuvre dans
lequel on se retrouve où il y a encore environ près de 250 000 postes
qui sont disponibles. Alors, vous avez raison, tout n'est pas blanc, tout n'est
pas noir, mais il y a des éléments qui ont mené notre réflexion basée sur les
données auxquelles nous avons eu accès, et, à la fin de l'exercice, bien, selon
ces données, on considère que le choix personnel de l'individu devrait être
priorisé au lieu d'y aller d'une façon coercitive concernant ce choix.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
mais, d'abord, je voulais clarifier quelque chose, vous dites : Puisque le
régime est en bonne santé, on n'a pas besoin de faire ça. Mais c'est le
contraire, parce que c'est à l'avantage des retraités de ne pas prendre sa
rente à 60 ans, c'est le contraire, c'est puisque le régime est en santé
que nous avons les moyens de faire ça et qu'on se pose la question parce que,
si on n'avait pas les moyens, on laisserait ça à 60 ans. Ceux qui prennent
le régime des rentes à 60 ans, c'est mauvais pour eux, donc bon pour le
régime.
M. Blackburn (Karl) : Vous
avez raison de le dire, M. le ministre, puis je vais laisser la parole à ma
collègue Norma, mais, entre vous et moi, qui est le mieux placé pour déterminer
si c'est bon pour lui ou non? Alors, si le régime en santé financière est bon,
pourquoi l'État déciderait quel devrait être le régime financier des citoyens?
Pourquoi l'État déciderait à la place du citoyen ce qui est bon pour lui, alors
que la situation peut tellement être variée d'un citoyen à un autre par rapport
à une situation qui est différente d'un à l'autre? Ce qu'on pense, c'est que le
choix devrait revenir au citoyen en fonction de sa réalité à lui Et Norma, je
vais te laisser la parole, parce qu'il y a certainement d'autres données que tu
peux apporter pour renforcer le positionnement qu'on présente.
Le Président (M. Simard) : Mme Kozhaya?
Mme Kozhaya
(Norma) :Merci, M. le Président. Si je
peux rajouter, effectivement, on a regardé la question sous deux angles, d'un
côté, effectivement, dans la majorité des cas, c'est dans l'intérêt des
participants de retarder la prise de la rente, et on l'a reconnu d'ailleurs
dans notre mémoire, toutefois, il peut y avoir des considérations. Un, il y a
des cas, c'est peut-être un très petit pourcentage où ça peut être intéressant
de prendre à 60 ans, il y a un rapport de la chaire... de l'institut sur
la retraite de HEC, donc, ce n'est pas tout le monde, hein, peut-être que c'est
90 % qui ont intérêt à reporter, mais il y a quand même un pourcentage qui
peut être c'est dans son intérêt de prendre tout de suite. Et on s'est dit
pourquoi ne pas y aller davantage par l'information et la communication, puis
on a vu que ça donnait des résultats.
L'autre angle qu'on l'a regardé,
effectivement, en ce moment, la principale, la préoccupation du milieu des
affaires, comme vous le savez très bien, c'est la pénurie de main-d'oeuvre, on
s'est dit : Est-ce que ce changement-là va aider à la pénurie de
main-d'oeuvre? Et puis notre constat, c'est que probablement pas beaucoup, un
peu, mais c'est relativement marginal. Donc, étant donné les bémols qu'on
voyait, la réticence, effectivement, de certains de nos membres, il y en a qui
disent : Oui, bon, allons-y. D'autres : Est-ce qu'on a vraiment
besoin de ça tout de suite dans le contexte actuel, ou peut-être on donne
davantage la chance à ce que ce mouvement naturel vers une prise de rente qui
est plus tardive continue quitte à aller évaluer? On n'est pas fermé à double
tour de réévaluer la question, mais on se dit, en ce moment, ça va... la
tendance va dans la bonne direction et peut-être qu'il faut penser à des
mesures spécifiques pour un certain groupe de travailleurs pour lesquels on n'a
pas de proposition. C'est pour cela qu'on s'est dit, en ce moment, c'est
peut-être on n'est pas mûr pour ça. Informons davantage les gens, faisons le
débat, c'est sain, c'est souhaitable, mais peut-être qu'on n'est pas mieux pour
faire ce changement en ce moment.
M. Girard (Groulx) : O.K. Alors,
on s'entend sur certains points, c'est certain que l'information... on a une
responsabilité de mieux informer, de vulgariser, puis je pense que c'est un
objectif que Retraite Québec a toujours en tête, mais, soyons honnêtes, on peut
faire mieux, notamment, on a...
M. Girard (Groulx) : ...on a
eu des critiques sur la lettre qui a été envoyée à l'âge de 60 ans, qui semble
avoir des effets néfastes. On aurait aussi probablement besoin de sondage sur
ceux qui l'ont pris à 60 ans. Si on les sondait à 70 ans, combien de ceux qui
l'ont pris à 60 ans sont satisfaits de l'avoir pris? Puisqu'il est indéniable
que, d'un point de vue financier, ce n'est pas une bonne décision. Il peut y
avoir des raisons qualitatives où vous, par choix, vous voulez le faire. Mais
d'un point de vue financier, d'avoir 23 ou 22, vous avez dit 22, les actuaires
ont dit 23, 22, 23% moins de rentes, c'est difficile de se convaincre que, d'un
point de vue financier, ça va être avantageux.
Donc, si je résume, vous êtes d'accord
avec la plupart des propositions, mais sur la principale vous êtes contre,
parce que vous croyez au droit de pouvoir prendre une mauvaise décision
financière.
M. Blackburn (Karl) : On
croit au droit des individus de prendre des décisions qui leur sont propres à
eux. Et vous avez raison, parce que je pense que l'élément que vous faites est
extrêmement important, et c'est d'ailleurs ce qu'on mentionne. Vous avez raison
de dire que les gens sont pénalisés en prenant leur rang plus tôt, puis c'est
mathématique. On dit souvent que les chiffres sont têtus, c'est vrai, mais,
dans un contexte tout à fait particulier, la décision leur revient. S'ils ont
les bonnes informations, s'ils connaissent exactement la situation dans laquelle
ils s'embarquent en fonction de leurs rentes, mais ça sera leur propre
décision.
Et, à 70 ans, si on faisait un sondage,
probablement qu'une partie importante de ceux-ci diraient : J'aurais dû
attendre. Mais qui de mieux placés qu'eux-mêmes pour prendre cette décision,
mais avec l'ensemble des éléments d'information? Mais vous avez tout à fait
raison, ce n'est pas blanc, ce n'est pas noir, mais ultimement c'est aux
citoyens de prendre cette décision qui leur appartient.
M. Girard (Groulx) : Je vous
remercie beaucoup et j'apprécie énormément votre présentation. Je pense que le
collègue d'Orford va intervenir.
Le Président (M. Simard) : De
René-Lévesque.
M. Girard (Groulx) : René-Lévesque.
Le Président (M. Simard) : Oui.
Merci.
M. Montigny : Bonjour.
Heureux de vous reparler à nouveau dans un nouveau contexte. Merci. Simplement
pour revenir sur ce que M. le ministre amenait, moi aussi ça me titille, cet
élément-là, de laisser le choix. Je vous explique. Alors, on est ici pour
penser collectivement, pour le Québec, collectivement, pour l'ensemble des
citoyens québécois, ce qui est le mieux dans la réflexion qu'on fait pour les
générations à venir. Dans ce contexte de réflexion collectif, est-ce que, si
vous reconnaissez qu'il y a un avantage sérieux, vous avez dit 22 %, à
retarder à 62, pourquoi, de façon collective, avec un regard collectif, vous
êtes d'accord, mais quand vous dites un à la fois, là, si on les additionne, un
plus un, plus un, plus un, ça fait quand même une collectivité? Vous dites
pareil : Mais laissons les uns faire comme ils veulent, même si vous dites
dans votre exposé, dans votre mémoire que ce n'est pas un bon choix.
Alors là, j'ai besoin que vous me disiez
autre chose, à moins qu'on communique mal, nous autres, peut-être que, je ne
sais pas, peut-être qu'on ne leur enseigne pas assez bien, puis qu'ils ont
besoin d'être mieux renseignés sur le fait que ce n'est pas un bon choix de
prendre sa rente à 60. En tout cas, je vous donne une piste pour vous sortir de
là, mais je vous écoute.
• (15 h 20) •
M. Blackburn (Karl) : Alors,
M. le député, c'est un plaisir, d'abord, de vous revoir, hein? Ça a été, pour
moi, des bons moments de vous rencontrer à Baie-Comeau lorsque vous étiez maire
de Baie-Comeau. On a fait une campagne ensemble, alors rappelez-vous. Alors je
suis extrêmement content d'avoir l'occasion de vous revoir à l'Assemblée
nationale. Je savais que vous feriez un excellent député. Et rappelez-vous les
entrepreneurs et les entreprises qu'on a rencontrés, plusieurs souffraient de
la pénurie de main-d'oeuvre. Et on a apporté, puis on a discuté ensemble sur
plusieurs solutions à mettre de l'avant, dont une contribution importante des
employeurs, des syndicats pour rendre l'environnement de travail un peu plus
intéressant. Mais il y avait également plusieurs incitatifs fiscaux qui
pouvaient permettre de régler la situation, et je vous inviterais à profiter de
l'occasion que vous avez d'être proche du ministre des Finances, de le sensibiliser
à ces incitatifs fiscaux qui peuvent faire la différence en bout de piste.
Mais à la question que vous posez, M. le
député, elle est extrêmement importante, parce que vous avez raison, la mise en
contexte que vous avez faite, elle est excellente. Oui, fiscalement, une
personne qui prend sa rente plus tôt, ce n'est pas bon pour elle fiscalement,
parce qu'elle va avoir moins d'argent que si elle attendait, mais...
M. Blackburn (Karl) : ...je
peux bien additionner l'ensemble de ces raisons, mais, ultimement, c'est un
choix personnel. Lorsque, par exemple, on a décidé collectivement de dire que
la cigarette, ce n'était pas bon, on a mis des taxes, on a mis un paquet
d'éléments en place, on a fait des campagnes publicitaires importantes, et, à
un moment donné, les gens ont fait des choix qui étaient très, très, très
guidés, mais ils ont fait des choix en fonction de leur réalité à eux.
Alors, dans le contexte de la rente,
sincèrement, je me vois mal... me placer... Surtout dans le contexte de la
situation du régime, quand vous me dites que, collectivement, on a intérêt à le
faire, bien, collectivement avec les données qui nous ont été présentées, la
santé du régime n'est pas en question, donc ça revient à un choix individuel.
Donc, si ce choix est individuel en fonction de la réalité de l'individu, bien,
je pense qu'il faut respecter ce choix-là.
Mme Kozhaya
(Norma) :Je peux me permettre de
rajouter, M. le Président...
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie, madame.
Mme Kozhaya
(Norma) :Si je peux me permettre de
rajouter, je préciserai deux éléments. Le premier, c'est peut-être que le
10 %, que ce n'est pas vraiment financièrement intéressant pour eux, selon
encore une fois l'étude de l'Institut sur la retraite. Ça, c'est un élément.
L'autre élément, le report suppose
qu'entre 60 et 62 ans les gens, soit ont accumulé de l'épargne, soit ils
peuvent travailler pour survivre pendant ces deux ans-là. Je sais que mon
discours va rejoindre le discours des syndicats, mais c'est ça pareil. Et puis...
nos membres, il y en a qui me disent que ce n'est pas vrai que moi, mes
employés peuvent encore travailler dans certains cas. C'est... Évidemment,
c'est des cas très précis, ce n'est pas généralisé, au contraire. Il y en a qui
disent : Moi, ce n'est pas une question pour moi. De toute façon, les gens
ne partent pas... pensent même pas avant 65 ans. Mais c'est cette
catégorie-là... et c'est pour ça que je dis peut-être que, si on peut arriver à
trouver des mesures pour ces clientèles-là, on vous appuierait à 100 %.
Le Président (M. Simard) : Collègue,
il vous reste 40 secondes.
M. Montigny : Merci beaucoup.
C'est assez pour dire ça, parce que... En réalité, j'avais d'autres questions,
mais ce n'est pas grave, en 40 secondes... Bien, peut-être... je pourrais
peut-être juste dire...
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Montigny : Je suis un peu
surpris parce que je vous voyais dire, tout à l'heure, qu'il y avait des
personnes, tu sais, qui avaient des emplois, là, que c'était difficile pour eux
autres physiquement, tout ça, mais j'aurais aimé ça vous entendre là-dessus.
Bien, il est peut-être un peu trop tard, des fois que vous puissiez continuer,
parce que c'est surprenant que vous ayez la même vision que les syndicats.
C'est correct, là. C'est parfait, mais c'est quand même surprenant.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
la vision...
Le Président (M. Simard) : Oui,
rapidement, s'il vous plaît.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
la vision qu'on partage, c'est celle de plusieurs experts qui sont venus vous
présenter fiscalement des données factuelles avec des données financières et
statistiques et économiques.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Blackburn (Karl) : Alors,
la priorité des employeurs actuellement...
Le Président (M. Simard) : Malheureusement,
Monsieur Blackburn, je dois vous arrêter là-dessus. C'est très impoli. Je m'en
excuse. C'est pour céder la parole à mon collègue le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Blackburn (Karl) : Il n'y
a pas de souci.
M. Beauchemin : Bonjour.
M. Blackburn (Karl) : Bonjour.
M. Beauchemin : Écoutez, je
vous entends, flexibilité, le choix individuel pour que les gens puissent
prendre les prestations quand ça leur apparaît le plus optimal pour chacun. Le
fonds, vous dites, est en bonne santé. C'est sûr que, bon, il y a tous ces
éléments-là. Mais vous, vous aviez aussi considéré, puis, en fait, c'est une
des choses que je voulais avoir comme conversations plus spécifiques avec vous,
l'influence que ça pourrait avoir sur le bassin de main-d'oeuvre de passer de
60 à 62 ans l'admissibilité, là, au RRQ. Avec vos lentilles à vous, là,
qui représentez des gens qui mettent du monde au travail, là, d'une certaine
façon, là, qu'est-ce que... comment vous le percevez, ça, parce que j'ai,
comme, lu votre document, ça semble sous-entendre que c'est marginal? Mais
j'aimerais ça que vous me l'expliquiez, parce que je crois que le but ultime du
gouvernement, c'est de justement retarder... voyons, qu'il y ait plus de gens
qui puissent travailler sur le marché du travail, retarder la sortie du marché
du travail, etc. Donc, ça semble être contradictoire, un peu, là, selon ce que
j'ai lu de votre mémoire.
Mme Kozhaya
(Norma) :Notre position rejoint celle du
gouvernement à retarder la sortie du marché du travail et prolonger la vie
active le plus longtemps possible. Il y a différents éléments. Pourquoi on
pense que l'impact d'un tel changement sera marginal? Il y aura un impact
positif, fort probablement, mais ce n'est pas ça la solution.
Tout d'abord, depuis 2014, les gens
peuvent travailler et toucher leur rente, donc ce n'est pas comme un ou
l'autre, et c'est ce qu'on voit de plus en plus. On voit que le nombre de
personnes qui en même temps travaillent et touchent une rente...
Mme Kozhaya
(Norma) :...en l'augmentant. Je n'ai pas
le chiffre exact, mais ça a dû au moins doubler depuis que c'est permis, et
donc pour ça... Et aussi, l'autre élément, c'est qu'on voit que le taux d'activité
et le taux d'emploi des personnes de 55 ans et plus ou de 60 ans et
plus ont augmenté de façon importante au cours des dernières années. Parce que
justement, d'un côté, c'est peut-être le niveau d'éducation et la participation
des femmes qui avaient commencé un peu plus tard que les hommes au Québec, qui
est maintenant à des niveaux records. Donc, ces cohortes-là qui arrivent à
l'âge de 55 et de 60, on voit qu'elles continuent de travailler.
Troisième élément. Si ce report, tel que
proposé, est mis de l'avant, c'est prévu que ça arrive pleinement en 2030. Et
c'est correct, on ne remet pas en question parce que c'est normal que ça arrive
de façon graduelle. On ne peut pas changer les règles du jeu du jour au
lendemain. Les besoins de la main-d'oeuvre sont tout de suite et ça va rester
pour quelques années. Mais ce n'est pas en 2030 non plus, les besoins. Donc,
tous ces éléments-là, ensemble, nous poussent à dire que oui et disent y avoir
un effet positif, et on ne le nie pas, mais c'est somme toute relativement
marginal pour toutes les raisons que je viens de présenter.
M. Blackburn (Karl) : Et
si je peux me permettre...
Mme Kozhaya
(Norma) :Et il y a d'autres éléments,
oui.
M. Blackburn (Karl) : Et
si je peux me permettre d'ajouter un complément à l'explication de Norma, quand
tantôt je mentionnais que lorsqu'on se compare, par exemple, au taux d'activité
de l'Ontario qui est autour de 42 %, alors que, nous, il est autour de
36 %, j'évite les virgules, là, les décimales, bien, c'est entre
75 000 et 90 000 travailleurs que ça pourrait affecter. Ça, ça
serait vraiment un impact significatif pour les besoins du marché du travail.
Et systématiquement, et je serais surpris d'entendre le contraire, là, mais
systématiquement les gens, ce qu'ils nous mentionnent, tant du côté des
employeurs que du côté des travailleurs, c'est que, financièrement, ils sont en
quelque sorte soit pénalisés de rester ou de revenir sur le marché du travail
par rapport à leur régime de retraite. Et les entreprises, en fonction de la
réalité du marché du travail, n'ont pas nécessairement les éléments financiers
entre les mains pour être capables de façonner le marché de leur environnement
de travail à la réalité d'accueillir davantage de travailleurs expérimentés.
D'où l'importance, nous croyons, que les incitatifs fiscaux ont davantage de
potentiel d'impacts positifs que des moyens coercitifs, surtout que dans le
contexte, par exemple, de l'évaluation et des perspectives du régime, bien, ça
devient... ça devient à revenir à des décisions individuelles.
Alors, ces éléments-là mis ensemble, bien,
nous forcent à penser que, oui, l'objectif du gouvernement de renforcer la
sécurité financière des retraités ou des gens qui prennent leur régime des
rentes, il a raison de le mentionner de cette façon-là, mais ça devrait revenir
aux individus de prendre cette décision.
19 307
M. Beauchemin :
Merci. À la page 6 de votre mémoire, vous dites au début de la
page : «Il peut aussi être avantageux financièrement pour certaines
personnes, surtout des personnes seules ou ayant de faibles gains en carrière,
de commencer la rente à 60 ans. Ceci est d'autant plus vrai que lorsqu'on
tient compte de l'interaction avec la fiscalité avec d'autres prestations comme
le Supplément de revenu garanti notamment». Pouvez-vous expliquer plus en
détail ce que vous dites exactement quand vous dites cette phrase-là?
• (15 h 30) •
Mme Kozhaya
(Norma) :Au fait, cette phrase, ce n'est
pas moi qui a fait les calculs. Encore une fois, c'est l'Institut sur la
retraite, qui est aux HEC, le Pr Michaud, Pierre-Carl Michaud et puis ses
collègues, qui ont fait le calcul et qui arrivent à la conclusion que, dans
certains cas, parce qu'il y a des éléments de fiscalité et d'allocation de
crédits d'impôt qui peuvent toucher les individus, qui sont, des fois, plus
généreux pour les familles que pour les personnes seules étant donné leur...
Donc, la personne, effectivement, en retardant sa retraite, en supposant
qu'elle puisse le faire, va accumuler une rente qui est plus importante. Elle
va en contrepartie perdre en termes de supplément de revenu garanti. Et donc,
tout compte fait, ce n'est pas nécessairement plus payant pour certaines
catégories, c'est peut-être un petit pourcentage, ce n'est vraiment pas la
majorité, mais il y a des cas où c'est ça qui... que lorsqu'on tient compte de
toutes ces... de tous ces facteurs, c'est le calcul auquel le rapport... le
résultat auquel le rapport...
19 307
M. Beauchemin :
Donc, ces personnes-là, il y a un impact marginal sur le bassin de travailleurs.
Donc, c'est deux de vos raisons principales, j'imagine, là, qui soutiennent
votre position, que ça ne devrait pas être obligatoirement à 62 ans d'âge
pour avoir les bénéfices du RRQ. J'aimerais vous amener...
15 h 30 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...sur le
terrain des mécanismes automatiques, je n'ai pas vu vraiment dans votre
document une opinion émise là-dessus. Juste curieux, prestations cibles ou pas,
mécanisme, etc., êtes-vous au courant de ce sujet-là? Quelle est votre opinion
là-dessus?
Mme Kozhaya (Norma) :On n'a pas dit... on ne s'est pas adressé, effectivement, à
cette question-là. Tout d'abord, hier, on a entendu un peu la... Je crois que
qualifier le régime de prestations cibles parce que, mettons, le Régime de
pensions du Canada réduit l'indexation pendant trois ans, ce n'est pas encore
arrivé. Il faudrait qu'on regarde davantage, c'est quoi, les implications. Il y
a des principes. Effectivement, quand on parle d'équité intergénérationnelle,
ça implique parfois que tout le monde doit faire sa part, incluant peut-être, à
la limite, des fois, des personnes retraitées, de façon vraiment très limitée
et très temporaire. Mais on n'a pas pris position sur cette question-là. On
constate, pour le Régime de pensions du Canada, ça fonctionne différemment et
qu'en ce moment... et que, comme vous avez dit également, c'est que ce n'est
pas un mécanisme qui a été utilisé. C'est sûr qu'il y a, en général, certains
avantages à avoir des mécanismes qui sont déjà planifiés. Ça enlève de l'incertitude
et puis ça facilite la prise de décision en cas de crise majeure, en cas de
déficit majeur. On n'est pas à l'abri, on se rappelle qu'il y a quelques années
on a dû augmenter les taux de cotisation pour renflouer... je veux dire, pour
rééquilibrer le régime. Aujourd'hui, on a une marge de manœuvre. On ne sait pas
dans 10 ans, ça va être quoi, la situation. Donc, on n'a pas de position
ferme mais on est ouvert à ce genre de discussion là.
M. Beauchemin : Bien, je vais
vous poser une question. D'abord, est-ce que vous êtes d'accord avec la
perspective qu'il y ait les trois composantes du régime, c'est-à-dire l'employé,
l'employeur et les retraités, là, qui reçoivent les prestations? Les gens les
plus vulnérables, là-dedans, d'une certaine façon, sont ceux qui reçoivent les
prestations.
Mme Kozhaya (Norma) :Tout le monde qui reçoit la prestation n'est pas égal du
tout. Il y a beaucoup de gens d'ailleurs parmi... Dans les choses que j'ai
constaté en faisant la recherche pour le mémoire, il y a des gens qui reçoivent
à 60 ans, qui ont... Une des raisons, c'est qu'ils ont d'autres sources de
revenus de régimes complémentaires de retraite. Donc, tout le monde qui reçoit
des prestations, il y en a sûrement, un bon pourcentage, on peut dire qu'il est
vulnérable, mais ce n'est pas tout le monde qui reçoit les prestations qui est
vulnérable.
M. Beauchemin : D'accord.
Vous parliez, tout à l'heure, de l'âge maximum, passer de 70 à 75. Je suis d'accord
avec vous. J'ai de la misère à saisir pourquoi il faudrait attendre puis
pourquoi qu'on ne le fait pas tout simplement immédiatement. Mais j'aimerais
vous entendre là-dessus, comme, pourquoi vous voyez ça ainsi, vous, de votre
côté.
Mme Kozhaya (Norma) :Ainsi étant... Bien, tout d'abord, comme M. Blackburn l'a
mentionné, tout ce qui ajoute à la flexibilité dans la prise de rentes et de
retraite, c'est des éléments qu'on appuie. Et, en ce moment, on sait que les
personnes doivent comme arrêter quasiment à 70 ans. Ce n'est pas un choix
de continuer, alors qu'on voit de plus en plus, avec le vieillissement, avec le
prolongement de l'espérance de vie, qu'il y a des gens qui seraient intéressés
à demeurer actifs plus longtemps et à retarder, donc à lisser davantage aussi,
peut-être utiliser encore davantage leur épargne privée avant et puis retirer
leur rente plus tard. Donc, ce sont des raisons pour, peut-être, continuer
aussi à travailler plus longtemps, accumuler une rente plus longtemps. Je crois
que... Donc, c'est positif pour l'économie en général et pour ces individus-là
également, en particulier. Donc, c'est pour ça qu'on pense que c'est une bonne
idée et qu'effectivement on n'a pas statué sur le degré, mais on pensait que ça
pouvait se faire plus rapidement comme c'est des éléments de flexibilité et d'incitation
et non pas des éléments d'interdiction.
M. Beauchemin : Bien, parce
qu'effectivement... Je pense que, du point de vue du gouvernement, ce n'est pas
un négatif, du point de vue du régime, ce n'est pas un négatif non plus. Ça
fait que je vous entends là-dessus. M. le Président, est-ce qu'il me reste...
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait, cher collègue, une minute.
M. Beauchemin : Une minute, d'accord.
Donc, on a parlé brièvement sur les mécanismes de prestations cibles tout à l'heure,
et puis vous avez donné votre opinion là-dessus. Dans un contexte où... Par
exemple, on a vu que, pour le régime canadien, ça a été même pas... bien, ce n'est
pas considéré dans le sens que...
M. Beauchemin : ...c'est
présenté, mais ça n'a pas été quelque chose de considéré de par le mécanisme,
d'avoir l'entente entre les douze, les autres provinces, en fait, là, plusieurs
personnes, les parties prenantes. En ce qui nous concerne cependant, on serait
seuls à prendre cette décision-là, «seuls» étant évidemment à l'intérieur de la
province du Québec, là. De votre point de vue à vous, est-ce que vous ne croyez
pas plutôt que, de jouer avec les contributions, autant de l'employé et de
l'employeur, serait un phénomène plus rapide?
Le Président (M. Simard) : ...en
conclusion...
M. Beauchemin : En
conclusion. Est-ce que ne vous trouveriez pas que ça serait une façon plus
équitable d'agir ainsi?
Mme Kozhaya
(Norma) :Je ne peux pas me prononcer
parce qu'on n'a pas regardé la question comme il faut à 100 %.
M. Beauchemin : O.K.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup.
Je dois dire que j'ai beaucoup apprécié l'échange avec le ministre, enfin, que
vous avez eu avec le ministre. C'est toujours intéressant de voir, quand il y a
des concepts qui s'entrechoquent entre les libertés individuelles, voir des
visions libertariennes, voir même le ministre, qui n'est pas... qui souligne,
effectivement, que les crédits, les incitatifs fiscaux sont spécialement
agréables, étant donné, pour vous, étant donné que ce n'est pas vous qui les
payez.
Ça fait que, ma question, en fait, irait
dans le sens de M. le ministre. En fait, je vais faire une complémentaire et
peut-être qu'on va trouver quelque chose d'intéressant. À partir... La question
qui s'est posée dans les différents mémoires, c'est : à partir de
65 ans, est-ce que les contributions deviennent, restent, enfin,
deviennent facultatives? Et, ça, est-ce que vous avez un avis là-dessus?
M. Blackburn (Karl) : Tout à
fait. Vas-y, Norma.
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui, tout à fait, oui, tout à
fait. Un, on appuie tout à fait la proposition qui est dans le document de
consultation. Et on pense qu'on pourrait même élargir à toutes les personnes de
65 ans et plus qui continuent de travailler, donc qu'elles aient l'option
de ne plus cotiser au régime.
M. Bouazzi : Donc, moi, j'ai
une proposition qui va pouvoir alléger justement le coût que ça coûterait à la
société d'avoir des incitatifs fiscaux. Serait que non seulement effectivement
l'employé ne cotise plus, donc, techniquement, ça fait plus d'argent dans sa
poche, s'il garde le même salaire, mais qu'en plus l'employeur continue tout
simplement à cotiser la même quantité qui irait aussi dans la poche de
l'employé plutôt que dans le gros panier du RRQ. Ça permettrait d'avoir un
incitatif qui ne coûte rien à l'État et qui, pour vous, serait une continuité
dans ce que vous payez jusqu'à maintenant. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Blackburn (Karl) : Alors,
probablement que ma réponse ne vous surprendra pas. Mais on fait des
recommandations pour que l'employeur et l'employé, à partir d'un certain
niveau, n'aient plus à cotiser, parce que, fiscalement, ça a été démontré que,
malheureusement, ça prenait un certain temps à pouvoir rentabiliser ou à
rentrer dans son argent en quelque sorte...
M. Bouazzi : De qui, l'argent
de qui?
M. Blackburn (Karl) : Et du
travailleur et de l'employeur. Et ne perdons pas de vue, parce que c'est
intéressant, la façon dont vous amenez : fiscalement, le budget, ça ne va
part pas de vos poches, et cetera, mais l'argent...
M. Bouazzi : Ce n'est pas
moi, c'est le ministre.
M. Blackburn (Karl) : Oui, je
comprends, mais vous le reprenez à votre sens.
M. Bouazzi : Oui, on est
d'accord.
M. Blackburn (Karl) : Mais
l'argent ne pousse pas dans les arbres. L'argent, en grande partie, est
engendré par les employeurs, par les travailleurs, par les taxes, par les
impôts que les gens contribuent de façon, en fonction de la réalité et de leur
capacité. Je pense que, ça, il ne faut pas le perdre de vue.
Et finalement, peut-être pour répondre à
un élément, on sait qu'au Québec, malheureusement, fiscalement, les entreprises
québécoises, par rapport à plusieurs autres États de l'OCDE, entre autres, on
est pénalisés fiscalement, donc on est moins compétitifs.
• (15 h 40) •
M. Bouazzi : Je constate que,
vous, personnellement, vous êtes encore là avec vos membres, ça fait qu'on va
parler à ceux qui restent ici. Je pense qu'il en reste beaucoup. Et ils
profitent effectivement de travailleurs, parce qu'une société sans travailleurs
ne produit absolument rien, en bonne santé, parce qu'il y a un service de
santé, et cetera. Vous connaissez tous les arguments qui font que les services
que l'État offre facilitent aussi la vie des... que ce soit par rapport à
l'éducation aussi. Mais donc, si je reviens, vous, vous voulez qu'on incite les
gens de plus de 65 ans à participer et à continuer à travailler, entre
autres pour régler une partie du manque de travailleurs sur le marché de
l'emploi, mais que, par ailleurs, en plus, pour vous, faire travailler
quelqu'un de 65 ans, ça vous coûterait en fin de compte moins cher à vous
aussi à ce moment-là, c'est bien ça?
M. Blackburn (Karl) : Là, je
ne veux pas mal interpréter les propos que vous tentez de nous mettre dans la
bouche.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Blackburn (Karl) : Mais ce
qu'on vous dit, c'est que la position qu'on... ce qu'on a mis en proposition,
c'est un choix individuel pour prendre sa rente.
M. Bouazzi : Ça, on est
d'accord.
M. Blackburn (Karl) : donc,
s'il y avait des avantages financiers ou fiscaux...
M. Blackburn (Karl) : ...autant
pour les travailleurs que pour les employeurs, ça reviendrait à eux de prendre
la décision et de continuer de travailler au-delà de 65 ans, et ce n'est
pas tout à fait la même façon dont vous le présentez. Donc, laissons le choix
avec les outils qu'on peut mettre à la disposition des travailleurs et des
employeurs, laissons-leur le choix de prendre les décisions qui sont bonnes
pour ces personnes en fonction de leur réalité économique et de la réalité
individuelle de chacun d'eux.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. Blackburn. Merci beaucoup pour votre précieuse contribution à nos
travaux. Mme Kozhaya, nous vous saluons également. Sur ce, nous allons
suspendre nos travaux quelques instants, le temps de faire place à nos
prochains invités. À nouveau, merci à vous deux.
(Suspension de la séance à 15 h 42)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, nous sommes de retour. Et à nouveau merci pour votre ponctualité.
Nous avons la chance de terminer cette journée en recevant deux professeures
d'université, l'une basée à Halifax, l'autre basée à Vancouver. Pour des fins
de communication, nous serons en traduction simultanée. Donc, j'invite mes
collègues à pouvoir prendre au besoin leur micro. Alors, mesdames, soyez les
bienvenues. Vous disposez d'une période de dix minutes pour faire votre
présentation. Nous vous écoutons.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : Thank you very much, Mr.
President, for this opportunity...
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
...opportunity to participate in the consultations on the Québec
pension plans. It's really an honour and it's a privilege to be sharing some of
the research and findings that have been studied for the past number of years,
among… policy makers and experts, and I really do look forward to help you in
anyway that I can.
By way of background, I
am an actuary and academic, I am the director of Financial Security Research at
the National Institute on Ageing at Toronto Metropolitan University, in
Toronto. And I am here with my colleague Barbara Sanders, who's also an
actuary. She's an associate professor of actuarial science at Simon Fraser
University as well as an associate fellow at the National Institute on Ageing.
So, the National
Institute on Ageing, we are a nonpartisan think tank…
Le Président (M.
Simard) :
Bienvenue
à vous deux.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
Merci beaucoup. So, we are a nonpartisan think tank with the unique
mandate to address the challenges and opportunities presented by our ageing
population. We do this from a holistic perspective, we bring together the
wealth and the health sides of ageing from also… looking also at social
environment. So, what we're trying to do is we combine what we learned from the
academic research worlds with insights from government and industry locally and around the world and we put it together to
really come up with better solutions that will effectively help our ageing
population. So, I'll begin today by laying out the broader context, retirement,
financial security within which the current proposals in questions are being
considered.
So, to begin, retiring
workers today are, unfortunately and unknowingly, facing a perfect storm when
it comes to long-term financial security in retirement, and that is because
the… from workplace pension plans and poor economic environment will result and
reduce retirement income for many. Now, wealth, income in retirement is
actually going down. The retirement costs are actually going up, and that's
because, along with being the largest generation in history and having the
longest life expectancy, baby boomers are also the first generation to have
relatively few children.
An adult children have
traditionally been and continue to be the backbone of long-term care. So, it's
really necessary to appreciate that it's adult children, and not pensions, or
retirement savings, or governments, who have traditionally, really taking care of the elderly. And, in
fact, research by the NIA… there we found that 75 % of all care hours is
actually being done informally by close family members.
So, you can imagine that
without that support, which is currently being given for free by adult
children, retiring workers, today, basically, are going to have to finance a
longer retirement time… with less money but higher expenses. Now, added to this
is that we have severely underfunded public home care and long-term care
support programs. And also, as we all know, our ageing population is going to
squeeze the public purse even further, and these programs are even going to be
under more distress. So, if we put this all together, we are facing a perfect
storm over the next three decades as the growing proportion of our population
becomes increasingly frail and vulnerable.
So, what I believe, today,
retirees really do need most of all is more affordable life-time pension
income. Otherwise, there is widespread concerns that there will be increasingly
financial insecure elderly population in the future. Fortunately, good
solutions do exist. In the course of my research of the last number of years, I
have found that delaying QPP is a severely misunderstood and underused
decumulation solution, yet, there really is no better way currently to get
financial security. Quebeckers
do not have to take their QPP right away, as you all know, they can wait to age
70. And by doing that, what they are effectively doing is more than doubling
their lifetime worry-free pension. Yet, 95 % of all retirees are taking
their benefits by the age of 65, and, in fact, fewer than 1 % of retirees
are actually waiting to age 70.
And, in fact, over the
past decade, as already it's been discussed, Quebeckers have actually most often… out of all the ages, they're taking as
soon as they are eligible, at age 60, and often times without really
considering the far-reaching financial effects of this decision. In doing so,
they are unknowingly giving up substantial… life-time income, they are giving
up protection against financial market risks, the possibility of high
inflation, living longer than anticipated and the anxiety of potentially
running out of money in retirement.
So, to give an idea of
what that means, the average retiree is losing approximately $100 000 in
life-time income by taking benefits at the age 60 instead of age 70. So, this
type of money could really make a substantial difference for someone in their
80s or 90s, who do not have children to care for them. And they need that help…
Mme
MacDonald (Bonnie-Jeanne) : ...related cost. So, in
my research, I found that most retirees in reasonable health who can afford to
the further QPP benefits should do so. The financial advantages are material.
And for that reason, I do command Québec for tackling this solution clearly and
effectively, and recognize the substantial value that it holds for improving
the retirement financial security.
So, as for the specific
proposals, in the interest of the time, we will comment predominantly on the
most controversial points, and that's the mandated change in the age of the...
the mandating of a change of the minimum age.
Before I do that, I will
touch on two points quickly. For the third reviewed question, which is making
contributions to QPP optional for retirement pension beneficiaries. I would
also add that policy makers may consider going beyond this and make
contributions optional, not just for those people who continue to work, but
those... sorry, not just for those people who have begun receiving the
benefits, but also for those people who are deciding to lay in pensions. This
actually has come up a number of times on the CPP side. And that's because
what's happening is people, they decide to take their benefits early because
they're continuing to work. They've already hit the maximum. So, they're
basically contributing to a pension that's actually not changing at all. So, it
doesn't make a lot of sense in their mind to be paying into it if the benefits
don't actually increase. And this becomes quite punitive for people who are
self-employed, which we see more and more seniors becoming, because, in that
way, they're actually paying both the employer and the employee side of the
contributions.
Also, I'll note that, for
the seventh review question, which is the support care givers who have
significantly reduced their work time, I will note that senior care givers is
an area that I have substantial background and expertise, and this is something
I hold... we both, actually,
wholeheartedly support and we could talk more about that during the Q&A.
Returning to the proposal
to mandate a change the minimum age. So, mandating a change in the minimum age,
so although it has international precedents and it would be absolutely
effective in moving the population away from a largely harmful age 60 claiming behavior, on the other hand,
a mandating change could be perceived as defaulting on the social contract on
QPP between the QPP and the public. And this could possibly lead to population resistance and it could
exasperate the already existing potential mistrust against the QPP program. And
I would add that this mistrust, what I found in my research, is likely already
fueling. Some of the observed irrational early claiming behavior, basically
people don't trust the programs, and therefore they think they want to kind of
grab the money sooner than later.
Moreover, I'll also add
that such a policy manager could promote kind of a stampede of early QPP
claiming once it is known that it will take effect. Thereby, it could actually reverse some of the positive trans
away from that age 60 claiming that we have fortunately and successfully
achieved in recent years.
Now, last but most
important, I believe that a mandate at minimum age change will not actually solve the problem of encouraging
later claiming ages, especially 66, 67, 68, 69 and 70, which is ideal for many
in Québec and would make a
substantial improvement to their long-term retirement financial security.
• (16 heures) •
So, what I found in my
current research, which has been a multi-years study and will be publish this
year, is that there is actually
many ways to shift this paradigm away from early claiming behavior. The reality
is that the when and the why people are claiming QPP is largely being driven by
psychological and social biases, particularly how the information is framed by
those advising them. I have found that there are a lot of conflicts of
interests that are exploiting these psychological biases, and there's a lot of
forces that are not working in the financial self-interest of the retirees
themselves.
So, in this upcoming
publication, I have outlined the challenges that are obstructing in form QPP
claiming decisions. I have proposed a wide range of evidence based and
pragmatic adjustments to the current policies and practices as stakeholders
like yourselves as well as human resource leaders and the financial service
industry could really realistically adopt that would support retirees to make
more informed QPP claiming decisions with the goal to protect their financial selves
interest today as well as their more vulnerable selves in the future.
So, for these reasons, I
do strongly urge QPP policy makers to look beyond the legislative approach and
really appreciate the powerful role that...
16 h (version non révisée)
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
...improvements to policy and practices can have in improving
claiming decisions. By doing to, you will achieve a much stronger, positive and
long-lasting impact on claiming behaviour... by really better help Quebecois to
make the most out of the QPP so that they have a steady income at later ages
when they need it the most.
So, to close, I think
everyone here recognizes that time is ticking. Baby boomers are retiring now,
and with each coming year, large numbers of people in Québec are reaching that
critical age of eligibility of age 60 and therefore more and more are going to
be struggling with this critically important financial decision that really
will affect them for the rest of their lives. Thank you very much.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère professeure. Et je cède maintenant la parole au ministre des
Finances.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous pouvez préciser? C'est sans équivoque, vous êtes contre le report à 62 ans?
Est-ce que c'est unanime? Ou il y a des pros, il y a des raisons pour puis il y
a des raisons contre, et, en raison de biais, je ne sais pas si vous les avez
appelés des biais cognitifs ou des biais de... Vous avez parlé de «stampede of
early retirement». Est-ce que c'est sans équivoque, vous ne supportez pas le
report à l'âge de 62 ans?
Le Président (M. Simard) : Madame,
à vous la parole.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
I can begin. So, yes, I wouldn't say that I am totally against it,
but I also believe that there is a lot of other measures that could be taken
that would be effective, and they just will not create the potential mistrust
and resistance by the public. I think other speakers have pointed to the fact
that people retire for a variety of reasons, they retire because they don't
have a job, they retire because they're caring for a loved one, and so long as
there are programs in place to catch those vulnerable individuals, no matter
what age they are, then there could be an argument made to move the age away as
retirement pension. However I would say before those types of... measures are
taken, especially because I do believe it could create a lot of public
resistance, if we look at the reaction of other countries, it would make more
sense to begin with the lower-hanging fruit, which is changing the way the
information is being framed, not just by policy-makers but also the way it's
being done within the retail financial service industry community.
M. Girard (Groulx) : Mais c'est
certain que le gouvernement, Retraite Québec, l'Industrie financière doivent
faire mieux au niveau de l'information. Ça, c'est, je dirais, unanime. Mais,
une fois qu'on va avoir fait ça, est-ce que, finalement, est-ce que ce ne
serait pas mieux de faire les deux, de fournir une bonne information et de
rendre l'âge minimum à 62 ans? Parce que c'est... «It's a
given we need to inform better», et «We will do that». Est-ce qu'étant
donné qu'on va faire cette information puis qu'on prend la critique qu'on doit
mieux informer, est-ce qu'en plus de mieux informer, on ne devrait pas pousser
l'âge de la retraite à 62 ans?
Mme Sanders
(Barbara) :
I
think the difference, if you will allow me to comment, is the difference
between the sledge... you know, using a sledgehammer and using strategically
placed carrots, right? And a sledgehammer is going to the destroy other things
as well, right? So, it's going to help you solve a problem, but it's going to
also cause other things that are unpleasant and not great. So, to avoid those,
it's better to start with not using that hammer right away.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous suggérez de ne pas le faire tout de suite, mais de le faire plus tard?
Parce que vous dites : «not right away». Quand?
Mme Sanders
(Barbara) :
So,
it's only in the recent past that the entire idea of delaying social security
claiming has been part of the education of certified financial planners. This
has not...
Mme Sanders (Barbara) :
...been part of the syllabus of the
training of financial planners at all, in the past, and it's only in the last
year that this has been added. So, the gains that we've had in changing
claiming behavior haven't even... You know, there's going to be a bigger impact
in the coming years, so, I think it would be better to see what the impact of
that is going to be, how that shifts the entire claiming behavior, and then,
if there is still a need, then it could be considered. But we're both expecting
a change, a significant change coming from the advice side.
M. Girard (Groulx) : Alors,
présentement, c'est 33 % des gens qui prennent leur rente à 60 ans.
Alors, il est possible que la tendance se poursuive et que, dans six ans, on
est à 25 %. Mais pour ces 25 % là, c'est toujours une mauvaise
décision financière, alors... Et il reste que... Est-ce que vous... Dans le
fond, votre argument, c'est que ce serait bon de le faire, mais, comme il va y
avoir de la résistance sociale, il ne faudrait pas le faire? La
traduction...
Mme Sanders
(Barbara) :
That
is not the only reason. I mean, there is a... there are people for whom it is
the right decision.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous pouvez répéter?
Mme Sanders
(Barbara) :
There
are people, there are people for whom it is the right decision to take it
early, for a variety of reasons.
M. Girard
(Groulx) : Mais pas financière. It is the right
decision, but not for... it could be the right decision, but not for financial
reasons.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
So, I mean, the challenge here is that people don't actually know
whether it's the right decision until they die, in terms of... the risk... So,
it's too late by then. So, when people are, you know, moving into retirement, basically,
they need to balance their short-term finances with their long-term finances.
My greatest concern is that people pay much more attention to their short-term
finances, because, psychologically, the human brain is just not equipped to
think of that long-term financial self. We actually know now, from the
research, people look at that future person as someone different, they don't
think ahead. So, I do emphasize quite a bit about thinking of that future
financial person.
• (16 h 10) •
And in terms of the value
of delaying your QPP, it's a very good financial investment when you compare it
to say, going to buy… in the retail market, you actually get twice the amount
of pension income from the QPP than were you to take that same money and went
to buy… So, it's a great… there's a lot of reward there for the level of risk.
However, still, people have individual circumstances and everybody, you know, needs to bounce their own risks
and rewards. So, as an academic, I can give the pros and cons of different
solutions, but to say with absolute certainty, I mean, that's why I'm not the
decision maker, to say : Yes, this is the right way to go because there is
just a lot more to consider, especially when it's such a large political
decision that people have been making their retirement plans based on the
expectation that they could take their QPP at age 60, so making those changes,
is that, you know, hurting that
trust with the public. And also considering the people who are more financially
vulnerable, and they do need that money sooner than later, and how to take care
of those folks is also a question that would have to be examined, either, you know, in a separate analysis or as part
of this.
M. Girard
(Groulx) : Mais la proposition, c'est de faire le changement en 2030.
Est-ce que vous seriez plus favorables à la position, par exemple, si on
faisait le changement en 2035, si on donnait plus de temps pour... si on
implantait le changement de 60 à 62, mais qu'on donnait plus de temps pour la
transition?
Mme MacDonald (Bonnie-Jeanne) : Right.
So, by 2035, the baby boomers have already made this
transition, so I think the solution to helping to make the baby boomers more
retirement… financially resilient should be done sooner. And this is why I
believe a more powerful effect of a long-lasting effect will be to focus more
on this kind of nudges and the way this is being framed within the financial
service community as well as by policy makers…
M. Girard (Groulx) : O.K.
Donc, il faut mieux informer dès maintenant et... Parce que les gens ont de la
difficulté à mesurer leur sécurité financière à long terme, ils vont résister
au changement, et donc ce serait mieux de ne pas faire le changement. C'est mon
résumé.
Le Président (M. Simard) : Alors,
mon collègue le député d'Orford souhaite poser une question.
M. Bélanger : I'm following
with what the Minister is saying. Really, it's a sequence of action, and the
buffer that we have, the years that we have before we apply that is not long
enough, because... question of awareness and information. But, having six years
to do it, you believe that it's not enough time?
Le Président (M. Simard) : Madame.
M. Bélanger : It's probably
translating in French, no?
Mme MacDonald (Bonnie-Jeanne) : I'm
translating in my brain.
Again, my fear is that having a mandated
approach, that there will be people who fall through the cracks, and it's hard
to anticipate the ramifications on people who are more vulnerable, although,
you know, for the people who would benefit from delaying CPP, and they're not
doing so because there are bad practices that are encouraging short-term
financial thinking, then, for those people, yes, it would be better for them to
have that higher income. However, I do believe we are going to get there,
people are going to delay beyond 62, 63, 64 through other measures, and then,
by doing it that way, you do not require this mandated approach.
Le Président (M. Simard) : M.
le député d'Orford.
M. Bélanger : How much time
do we have left?
Le Président (M. Simard) : En
fait, presque quatre minutes.
M. Bélanger : I'm O.K. No
more questions.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui. Je
reviens à nos propositions. Ma question va être pour l'actuaire en chef de
Retraite Québec : La possibilité de mettre les cotisations facultatives à
65 ans, même pour ceux qui n'ont pas déclenché leur Régime des rentes, ça va
coûter combien?
Le Président (M. Simard) : M.
Therrien.
M. Therrien (Jean-François) : On
évalue le coût maximal, là, au maximum, à huit points de base de plus que le 11
points de base qui est dans le document de consultation.
M. Girard (Groulx) : Alors,
c'est un point extrêmement important pour tous, c'est que 11 plus 18, 19/26 de
la marge de manœuvre, on ferait pratiquement juste ça, et donc il faut être
conscient que c'est potentiellement intéressant, mais c'est... il y a un coût à
ça. Alors, le... Peut-être, vous pouvez traduire pour... Je ne sais pas si
cette partie-là a été traduite. Oui? Bon, parfait. Je m'arrête ici.
Et j'ai une question supplémentaire pour
nos invitées qui concernerait... Les facteurs d'ajustement du Canada Pension
Plan. Entre 60 et 65 ans, les pénalités pour ceux qui prennent leurs rentes
avant 65 ans sont plus élevées dans le Régime de pensions du Canada que dans le
Régime des rentes du Québec. Est-ce que c'est une bonne chose? Est-ce qu'on
devrait augmenter nos pénalités? Est-ce qu'on devrait laisser le droit de
prendre sa retraite à 60 ans et augmenter les pénalités entre 60 et 65 ans?
Mme MacDonald (Bonnie-Jeanne) : So,
the way that those adjustments are created, supposedly, they're... and neutral.
So, I think that would be really at the discretion of the Chief Actuary. I
actually wouldn't know. Would that be fair? Because the idea there is what is
after all neutral if there is a difference between... There is a difference
between CPP and QPP. Of course, to reconcile why those differences exist would
make sense to me in terms...
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : ...you know, creating kind
of more financial… to take it early. Definitely, when you carry out the math,
you see it is very advantageous. As Jean-Claude Ménard mentioned, you're going
to raise your benefits already by 23% by moving from 60 to 62. So, the
adjustments are already quite substantial, but to make them more align with the
CPP, that would be really a question of actuarial prevalence.
M.
Girard (Groulx) : Alors, je vais demander à l'actuaire en chef si nos
ajustements sont neutres...
Le Président (M. Simard) : Peut-être
en conclusion.
M. Girard (Groulx) : ...d'un
point de vue actuariel.
Le Président (M. Simard) : Succintement,
s'il vous plaît.
M. Therrien (Jean-François) : Étant
donné qu'on augmente le coût du régime de douze points de base de 60 à 62... en
passant notre rente de retraite de 60 à 62, c'est évident que les facteurs ne
sont pas neutres actuariellement.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Bonjour, mesdames. Vous aviez mentionné en début de votre temps de
parole «retirement costs» augmenteraient dans l'ensemble de l'approche qui est
suggérée. Est-ce que vous pourriez plus élaborer? Selon vous, quels sont
l'ensemble des «retirement costs» que vous considérez dans ce que vous dites?
Mme
MacDonald (Bonnie-Jeanne) : Right. So, what I was
really stressing was that, as people… Traditionally, financial planners and
actually people who have designed pension plans, they believe that your
expenses in retirement go down over time, because people become more frail,
they don't spend as much money.
However, the point that I
have been emphasising is that what's actually happened in reality is : as
people get older and more frail, their families would step in and take care of
them free of cost. Most of the time, that work was done by adult females,
currently, though, majority of women are in the workforce. And also, baby
boomers, again, were the first generation to have relatively few children. So,
they will no longer receive free care as they have in the past. And this is why
retirees are facing a very different future than what has been traditionally
viewed as what people need in retirement.
So, as they get older and
they become in their eighties and their nineties, what we're going to begin
seen is a much harder dependence on paid care, and who's going to pay for that
is the real question. Currently, between OAS, GIS and the QPP, people would get
about $20,000 in pension income, and that's not nearly sufficient when you
actually have to pay for home care. Home care supports are very, very limited.
Usually, we see this… in
the news, we saw it… during the pandemic, people end up going to the hospitals
to get transfer… There's tens of thousands of people on long-term care waiting
list. There's hundreds of thousands of people who are needing care at home. And
this is already. And the oldest baby boomer is actually only aged 76. So, we
can… Most people in their seventies are usually healthy.
So, as the baby boomers
get older in ages and they do not have adult children to care for them, we're
going to witness a lot of people who just would not have the money to pay for
the care that they need, because their family will simply not be available to
provide that care. And I do not know how that's going to…
• (16 h 20) •
M.
Beauchemin : C'est intéressant. Je voulais juste contrebalancer ça en
question, en fait, parce que j'étais tellement d'accord avec vous
qu'effectivement c'est une réalité, là, qui s'en vient. Cependant, est-ce qu'il
y a donc des dépenses? Est-ce qu'il y a des... «before retirement costs» qui vont,
eux, donc disparaître, est-ce qu'il y a une légère compensation, selon vous,
qui peut être effectuée grâce à ça?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
So, there's retirement costs that would disappear. So, voluntary
costs may disappear, such as travel, but I think most people have anecdotal
evidence of really the time and the money involved when an elderly family
member needs care. It takes a lot of money and time, and I think those costs
would really overshadow any cost that may potentially disappear as people get
older.
M.
Beauchemin : D'accord. Merci. Vous parliez tout à l'heure de contrat
social...
M. Beauchemin : ...je pense
que vous avez aussi utilisé le terme «reputational risk», si j'ai bien compris,
à propos, là, de la réputation du Régime des rentes du Québec, et ce, dans un
contexte où est-ce qu'on forcerait l'âge pour commencer à retirer sur les
régimes des rentes à 62 ans. Est-ce que vous avez des, nonobstant ce qui
se passe potentiellement, ici, au Québec, comme expériences passées, est-ce que
vous avez des exemples de ce qui s'est passé ailleurs, par exemple, comme en
France, on en voit récemment, là, mais est-ce que vous avez d'autres exemples
que vous pourriez nous mentionner?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
So, I believe there is, even in Russia, there was protest in the
streets, things like that, this is what I… I have not studied this well,
however I do understand than in other countries there was quite a bit of
resistance. I think, actually, a good example would have been the resistance to
the change in the old age security age, from 65 to 67 which was a major
political factor certainly… again, this is not… politics is not my expertise,
but it did play quite a bit into the politics. So, yes, there is quite a bit of
resistance. What I can speak more confidently too is when I… I've been reading
a lot about people commenting on why they're not delaying their benefits, and
it's quite surprizing that a lot of people simply do not trust these programs,
they see them as another government program that can be changed on a whim. And,
what I've been doing in using my time and my expertise is to really push back
on that, saying: No, these programs are prefunded, they're very safe, they're
probably one of the safest programs in the country when it comes to retirement
financial security. So, again, you know, making changes to the rules just may
undermine that a little bit.
M. Beauchemin : Merci,
j'apprécie. Je fais le suivi sur la conclusion que le ministre a mentionnée tout
à l'heure, on semble être un peu tous d'accord que... même M. Godbout,
hier, en parlait, le besoin d'avoir une meilleure information. Vous parliez de
la réputation, vous parliez de, justement, le fait qu'il y a peut-être une
mauvaise information ou une mauvaise perception des potentiels futurs
prestataires du fonds par rapport à la RRQ, est-ce que vous avez des exemples
de campagnes de sensibilisation, si je peux utiliser le terme, qui ont été
faites, là, par d'autres entités qui pourraient peut-être nous être utiles à
mieux comprendre?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
Yes, I did see down… Actually, I can give you one example of lack of
awareness, I do know that Service Canada with the CPP did a survey that showed
that the majority of people who had taken their CPP didn't even know they had
the option to delay their benefits. So, there's a real lack, just a basic
education, and beyond that there is, you know, the fears around «the Government is taking my money», «take your
money now before the Government
takes it back», there's this types of ideas out there, and to counteract that I
did see in the US, the social security, they did do quite a bit of campaigns,
you know, videos and things like that just to really help inform the public.
And the irony there, of course, is that social security in the US is not nearly
as safe as the Québec pension plans, so I think the Québec
pension plan would have a lot more to say on its security and its… than the
social security would.
M. Beauchemin : Intéressant.
Combien de temps qu'il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 4 min 30 s,
cher collègue.
M. Beauchemin : Merci. Vous
aviez donc parlé, là, potentiellement qu'il y avait d'autres mesures, vous en
avez mentionné quelques-unes, dont histoire de faire en sorte que l'âge puisse
être naturellement retardé au lieu d'être forcé de façon coercitive, vous en
avez mentionné quelques-unes, je sentais, de par la façon que vous vous
exprimer, qu'il y en avait peut-être d'autres que vous auriez aimé mentionner,
est-ce que je me suis trompé dans ma perception de votre air d'aller au moment
de l'explication?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
There's a lot of ways to address this, I think one of the previous
experts mentioned just the communications. One, the information is given to
people, for example, if…
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
…people get information about their QPP say a number of years
before. They attempt to make better decisions because they will threat their
future self better than they sometimes will when they're in the moment of
receiving that information. So, there is kind of a number of things that could
be done that really have quite a bit of evidence in terms of helping to improve
decision making and help people not to fall prey to their own kind of
short-term myopic thinking, especially when it comes to finances. It's really
just the version of the marshmallow test: have a marshmallow now or two later.
And there's been a lot of good research on ways to medicate this and just help
people to really consider their full financial future, and not just over the
next five years.
M. Beauchemin : Je n'ai
jamais fait le test du marshmallow, mais ça peut être plus un s'mores pour moi.
J'aimerais ça vous entendre sur un sujet qui a été un petit peu touché, là, par
plusieurs intervenants à date. À propos, là, du mécanisme automatique, votre
vision, peut-être, à l'extérieur du Québec pourrait peut-être nous éclairer,
nonobstant ce qui se passe juste, là, à Ottawa. Qu'est-ce que vous considérez
comme des... Pour les mécanismes automatiques de prestations cibles, donc votre
opinion là-dessus, si c'était possible de l'avoir.
Mme
MacDonald (Bonnie-Jeanne) : So, I don't understand the question.
M. Beauchemin : Bon. Les
mécanismes de prestations cibles, au Québec, bien, pas au Québec, mais... le
gouvernement met en place un mécanisme qui pourrait modifier les prestations.
Est-ce qu'on peut appeler ça... Est-ce qu'on pourrait considérer, donc, qu'au
lieu d'avoir des prestations garanties et indexées, on pourrait les avoir de
façon ciblée, est-ce que ça... dans un «range», avec dans un objectif que ce
soit dans un cadre d'une certaine façon? Est-ce que vous avez une opinion sur
les régimes à prestations variables, disons? Non.
Mme Sanders (Barbara) :
Sorry. Are we talking about Social Security? Yes? Automatic
adjustments mechanism for social security?
M. Beauchemin : Du régime
supplémentaire.
I can ask the question in
English. Target benefits in English. I believe that's the terminology.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : Barbara is an expert on
target benefits.
Mme Sanders
(Barbara) : But I'm still trying to… I'm
sorry, something is getting lost in translation here. Are you asking in
relation to these QPP changes, how it relates to that?
M. Beauchemin : Well, if your perception of what some of the modifications that are
being proposed… Are you perceiving them to be as such? Are you perceiving them
to be potentially as target… C'est quoi, le terme
exactement?
Mme Sanders
(Barbara) : Target benefits?
M. Beauchemin : Target benefits, yes.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : So, I think what you're
saying… So, I think the QPP, it seems more as define benefit pension than as a
target benefit plan. Even tough there are adjustments in place, the adjustments
seem to make sense to me, the way that they've been setup. And I think even a
DB plan will still have some adjustments… there in case of lack of fundings.
So, I don't think it looks… I would not classify it as a target benefit plan as
much as DB plan, which is what people understand to be.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Simard) :
Merci. Merci beaucoup. Nous poursuivons. Et je cède la parole au député de Maurice-Richard. J'y vais lentement pour la traduction.
M. Bouazzi : Merci beaucoup, M.
le Président.
I don't have a lot of
time, so I'm going to go in English. I'll do my best for the technical terms,
and we'll actually save the translation time. So, you actually said that… I
understand that, basically, because of the perception, et cetera, you don't
think it's a good idea to go to 62 years. But you said at some point various
things that could be fixed so that it could be OK, right? Can you list the
things, the top things that you think there is some kind of injustice,
inequality or even just problems related to the fact that it would be OK to
push it to 62?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : Right. No, I think what we
said was… the things that should be fixed it's not to then lead to that change
of 60 to…
16 h 30 (version non révisée)
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
...it's just what can actually be changed to achieve the same
results, or close to the same results, but again, my focus is not just to move
it to 62, but to get people to start getting advantage of the later delay ages
as well, because age 60 to 62 it's arguably… although, you know, it's disproportionally
high for those ages. So, not all those people are necessarily financially
vulnerable, and the fact that we know that people are still working, there are
probably many people there…
M. Bouazzi :
So… Sorry, I'm going to cut you,
because I don't have a lot of time. But what are the other means, actually,
that you would, actually, put in place?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
So, the other means, Barbara mentioned this already, is that… to
help to change the way the financial planning community has been operating. So,
the last research I've done has now been added to their syllabus, so now
financial planners are actually being told the value of delaying the Québec pension
plan over other options like buying… annuity. So, you know, better educate the
financial planners, better educate the… financial service industry, change the
way the information is being framed and just keep the policies in practice and
also just change the way that it's being communicated by QPP.
M. Bouazzi :
So, when you say change… So, I hear
you, obviously, communication and to work on literacy about financial, etc., is
important, but are you saying that we should actually make it mandatory, so… to
the financial advisors, so that it's actually illegal to not explain all these
things, like we actually have for other risk-taking things for our investments,
or retiring investments, or things like that?
Mme MacDonald (Bonnie-Jeanne) :
I would not know how much regulations
should be done by financial planners, I know it's been a very hot topic because
there is a major conflict of interests in the way they provide advice,
especially when it's… they're receiving trailer fees from the products that
they're selling. However, that would be not something I could speak to with
complete clarity, what I do know is that the way that… it's beyond financial literacy
when it comes to when people take their QPP. Financial literacy, it's the…
basically, what I've seen in… it's that the advice been given to people, it's
not that they don't understand, they're being actually… the language, the
framing of the information is actually powerfully influencing early take-up behaviour,
and this is actually what was carried out by a very study in the US, they did
the same thing except for social security, they compare 10 ways to explain
early take-up, and they found that the way that was being done in the US, and
also was being done across the Nation here, is that by explaining it this
particular way everybody is going to take the benefits early. This particular
way that's being done in the country, it still predominates. So, my goal as a researcher
is really to change some of the practices just so that people can make more
informed decisions.
M. Bouazzi :
Thank you very much.
Le Président (M. Simard) : Alors,
Mesdames, voilà qui termine notre échange. Merci beaucoup pour votre présence,
l'une à Halifax, l'autre à Vancouver. Ce fut fort agréable que de vous
recevoir. Au plaisir de vous revoir. Ce sur, chers amis, nous terminons notre
journée, mais nous n'avons pas fini notre mandat, n'oubliez pas qu'on se
retrouve mardi prochain. Je vous souhaite un bon week-end. J'ajourne donc nos
travaux. À bientôt.
(Fin de la séance à 16 h 35)