(Neuf heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, bonjour à tous en ce beau mardi matin, beau mardi de
printemps. Je constate que nous avons quorum, nous pouvons donc entreprendre et
poursuivre nos travaux.
Comme vous le savez, la commission est
aujourd'hui réunie afin de poursuivre le débat sur le discours du budget,
conformément à l'article 275 de nos règlements.
Mme la secrétaire, bonjour.
La Secrétaire : Bonjour.
Le Président (M. Simard) : Heureux
de vous retrouver. Y a-t-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Alors, M. Asselin (Vanier-Les Rivières) est remplacé par Mme IsaBelle (Huntingdon); M. Émond
(Richelieu) est remplacé par M. Lemieux (Saint-Jean); et M. Ouellet
(René-Lévesque) est remplacé par M. Gaudreault (Jonquière).
Discussion générale
(suite)
Le Président (M. Simard) : Merci.
Bienvenue à ces collègues. Et, sans plus tarder, je cède la parole au député de
Saint-Jérôme, pour une intervention d'environ 15 minutes, dont dispose son
groupe parlementaire.
M. Chassin : 15 minutes? Merci, M. le Président. Bonjour, bon matin
à tous et à toutes. La semaine dernière, on a parlé d'inflation et de ce que ça
pouvait comporter, on a parlé de plusieurs autres sujets avec les oppositions
aussi. Je trouve qu'il y a un objectif qui est bien établi dans le plan
budgétaire puis qui mérite mention, et c'est l'objectif du rattrapage avec
l'Ontario. Ce sont, dans le fond, là, des objectifs qui sont chiffrés, n'est-ce
pas, puisqu'on parle d'atteindre pour 2026 un écart, encore réduit, donc il a
déjà été réduit, un écart encore réduit, de seulement 10 %, puis
d'atteindre la parité en 2036. C'est tout un chantier. Alors, évidemment, on
voit qu'on va déjà dans la bonne direction, c'est très louable. On sait aussi à
quel point, pour notre premier ministre, c'est un objectif important, je pense
que ça mérite d'être souligné. Mais évidemment les... l'enjeu de... ce
rattrapage-là ne se fera pas nécessairement avec une démographie croissante à
tout crin, ce n'est plus nécessairement le cas.
• (9 h 50) •
Donc, ce qu'on voit dans le plan budgétaire,
c'est que votre plan, comme ministre des Finances... c'est que ce rattrapage-là
passe à 80 % par une augmentation de la productivité, seulement à
20 % par une croissance du bassin de main-d'oeuvre. Et la productivité,
produire davantage de valeur, notamment, là, par heures travaillées, la
productivité du travail, ça demande plusieurs éléments. C'est, on va se le dire
entre nous, économistes, multifactoriel. Ça prend des investissements. Ça prend
davantage d'exportations, pour aller chercher la pleine valeur de notre
production. Les secteurs industriels aussi, hein, qui sont présents au Québec,
qui a un mixte industriel particulier. La formation, évidemment, je pense que
ça fait partie, pour les ressources humaines, d'une composante importante de
l'augmentation de la productivité. L'entrepreneuriat, avec des nouvelles idées,
des nouveaux... des nouveaux produits, des nouveaux services. Donc, l'objectif,
il est louable.
Je trouve que c'est important de mentionner que,
quand on... si on l'atteignait demain matin, d'un coup de baguette magique, là,
la parité et le rattrapage avec l'Ontario, ça signifierait, en moyenne,
14 000 $ de plus pour le salaire
annuel moyen au Québec et, fait à noter — c'est
intéressant pour le ministre des Finances — 40 milliards de dollars en
recettes, au gouvernement, supplémentaires. Alors, évidemment, les bénéfices
d'une société plus prospère, c'est tangible pour les familles, c'est tangible
aussi pour les... l'aspect contribuable des citoyens, pour les entreprises,
puis, pour le gouvernement, ça donne plus de moyens. Qu'est-ce que ça peut
signifier... puis c'est peut-être ma première question,
un peu générale, à 10 000 pieds d'altitude, là, mais quels seraient
les effets bénéfiques, du côté du gouvernement, sur le plan économique,
social, environnemental, d'avoir ce rattrapage complété avec l'Ontario?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Merci pour la question, puis bonjour à tous. C'est
un plaisir de se retrouver à la Commission des finances publiques sur un sujet
aussi important que les finances publiques, puis je rappelle à tous que nous
sommes le fiduciaire des finances publiques, puisqu'évidemment les
finances publiques appartiennent aux Québécois.
Moi, je... Vous savez, on parle beaucoup de
chiffres et de... on utilise des décimales puis on quantifie, mais, moi, il y a
deux chiffres que j'aime bien pour résumer le retard du Québec par rapport à la
moyenne canadienne ou à l'Ontario, puis je tiens à dire que la moyenne
canadienne et l'Ontario, c'est souvent, approximativement, le même chiffre,
parce que l'Ontario est tellement imposante que la moyenne converge vers la
province la plus populeuse. Et on a longtemps dit aussi
que l'écart de richesse, bien, ce n'était pas juste parce que l'Alberta puis la
Saskatchewan avaient du pétrole, puis nous, on n'en avait pas, ça fait qu'eux
ont les investissements. Mais, d'abord, on ne peut plus dire qu'il y a
énormément d'investissements dans le secteur de l'énergie au Canada. C'est
faux. Et, ensuite, puisque l'énergie fossile est... son avenir est plus
derrière nous que devant nous, en fait, ça devrait être une opportunité, pour
nous, d'augmenter nos investissements.
Alors, deux chiffres. Le Québec, 23 % de la
population canadienne... puis là j'arrondis, c'est 22,6 %, mais si j'étais... bon, 23 %, seulement 20 %
l'économie canadienne, et ça, ce différentiel de 3 % là représente un
écart historique qui a toujours été là. Ça représente la
sous-performance du Québec par rapport au Canada depuis qu'on a des
statistiques économiques. J'ai longtemps pensé qu'il y avait des événements
charnières, comme la voie maritime du Saint-Laurent. Puis là je ne fais pas de
politique, d'autres ont dit : la force du mouvement souverainiste.
D'autres ont dit : le déménagement de
la Banque Royale, le siège social. Parce qu'on sait que la Banque Royale... la
rue Saint-Jacques représentait le coeur de la finance au Canada, et
puis, en 1962, la Banque Royale a déménagé son siège social à Montréal, à la
Place Ville-Marie. Mais, dans les années qui ont suivi, le secteur bancaire
s'est déplacé vers Toronto. Alors, j'ai
cherché dans les données, et puis on est tout dans une période qui tourne
autour des années 60, la... il y a eu le Pacte de l'automobile, qui
a favorisé l'Ontario, la voie maritime du Saint-Laurent, la... Et
malheureusement mon hypothèse n'était pas bonne. L'écart historique de richesse
a toujours été là, aussi longtemps qu'on a des données. On ne peut pas
dire : Ah! c'est le Pacte de l'automobile, l'Ontario a gagné la loterie du
Pacte de l'automobile. Ce n'est pas ça.
Alors, moi, mon... Le plus grand bénéfice, M. le
député, ce serait que, si nous avions un poids économique plus grand que notre
poids démographique... Présentement, on a 23 % de la population, 20 %
de l'économie. Si on avait 23 % de la population... puis on sait que,
comme nos taux de croissance d'immigration sont inférieurs aux taux de croissance de l'immigration, en moyenne, au
Canada, mais que le 23 %... le 22,6 % s'en va vers 22 %... et,
le jour où on sera à 22 %, si on pouvait avoir 25 % de
l'économie canadienne, donc une influence économique plus grande que notre
poids démographique, et plus grande qu'on n'a jamais eue, parce qu'on n'a
jamais été 25 % de l'économie canadienne,
bien, c'est-à-dire qu'on aurait une influence sur... au niveau économique et au
niveau politique, qui serait multipliée. Et évidemment, avec plus de
richesse viennent plus de moyens pour les principales missions de l'État, santé, éducation, mais aussi enseignement
supérieur, mais aussi la lutte aux changements climatiques, et ces bénéfices-là
sont extrêmement importants. Donc, ce n'est pas la richesse pour la
richesse, mais la richesse pour l'enrichissement collectif, au sens large, que
ça peut nous donner.
M.
Chassin : Et évidemment...
et je vous pose la question à des fins de, comment dire... pédagogiques,
j'imagine que ça signifie aussi plus de péréquation pour le Québec?
M. Girard
(Groulx) : Bon, ça, c'est
intéressant aussi, parce qu'évidemment, puisqu'on est moins performants
économiquement, on a une capacité fiscale moins élevée, et nous sommes
bénéficiaires de la péréquation. La situation du Québec s'améliore au
niveau de la péréquation. C'est-à-dire que, présentement, il y a cinq provinces
qui reçoivent de la péréquation, l'ensemble des Provinces maritimes, plus le
Manitoba et le Québec. En fait, il y a une province qui n'en reçoit pas, là,
Terre-Neuve. Étonnamment, Terre-Neuve ne reçoit pas de péréquation. Mais le
Québec est, évidemment, la plus populeuse de ces provinces-là, alors nous
sommes la province qui reçoit le plus de péréquation en dollars absolus, mais
le moins en dollars per capita, et notre part de l'enveloppe, qui était,
autrefois, de plus de 66 %, décline
doucement vers un niveau inférieur, de 55 %, dans le cadre financier ici.
Mais, éventuellement, c'est certain qu'il
faudra aller en bas de 50 %, et, quand... lorsqu'on atteindra 50 %,
bien, il faudra viser 40 %, 30 %, 20 %, 10 %, 0 %,
et puis tout ça va prendre du temps.
Mais l'objectif de fermer l'écart de richesse
avec l'Ontario en 15 ans, là, c'est extrêmement ambitieux, parce que c'est comme si on voulait rattraper
150 ans en 15 ans, et... C'est un objectif extrêmement ambitieux,
mais, si nous réussissions, il n'y aura plus de péréquation dans
15 ans.
• (10 heures) •
M.
Chassin : Et c'est
remarquable, je trouve, de la part d'un ministre des Finances, de vouloir se
passer de ces revenus. Mais, effectivement, je pense que c'est un objet, même,
plus important, là, que seulement des revenus, c'est une question de
fierté aussi. Je voudrais donc... Puis, M. le Président, combien de temps me
reste-t-il?
Le Président (M. Simard) : Environ
quatre minutes, cher collègue.
M. Chassin :
Quatre minutes? Je voudrais rapidement voir un peu, donc, les moyens qui sont
mis en place pour augmenter la productivité, notamment les investissements,
c'est... ça occupe une place dans le budget... les principaux moyens, là,
brièvement, que le budget déploie pour augmenter la productivité de l'économie
québécoise.
M. Girard (Groulx) : Bon, d'abord,
il n'y a pas eu juste le budget, là, il y a eu quatre budgets de notre gouvernement,
quatre mises à jour et un portrait. Pour ceux que ça intéresse, pour la petite
histoire, le portrait, c'est en plein coeur de la pandémie. On est sortis dans
la tempête pour dire combien allait coûter la pandémie et combien l'économie
allait baisser. Puis je le dis parce que... C'est important de le dire, que le
ministère des Finances du Québec n'a rien à envier, en termes de
professionnels, au ministère des Finances à Ottawa ou aux économistes de la Banque du Canada ou de Statistique Canada, puisque le gouvernement du Canada a refusé, systématiquement, de dire
combien allait coûter la pandémie puis de
combien l'économie allait diminuer. Alors, nous, on est allés au front, avec une certaine marge de
manoeuvre, on a dit : Moins 6,5 % de PIB, 15 milliards de
déficit. Moins 5,5 %, le résultat final, et 10 milliards de
déficit. Donc, on... je félicite tous les... le personnel du ministère des
Finances.
Comment on va y arriver? Bien, d'abord, le
Québec a un déficit d'investissement des entreprises, a un déficit
d'entreprises, a un déficit de grandes entreprises. Tout ça, c'est lié, là. Il
n'y a pas assez d'entreprises, donc il n'y a pas assez de grandes entreprises,
donc on n'a pas assez d'entreprises qui exportent, donc on n'a pas assez
d'investissements des entreprises. Tout ça, c'est lié. Mais les données sont
sans équivoque. Qui investit le plus et qui est
le plus... Quelles sont les entreprises qui investissent le plus et quelles
sont les entreprises qui sont les plus productives? Les données sont
sans équivoque, M. le Président, ce sont les grandes entreprises qui font face
à la concurrence internationale. Parce que, lorsque vous exportez et que vous
avez fait face à la compétition, vous êtes incités à être performants et donc à
investir. Et, bref, on a besoin de plus d'entreprises qui grandissent,
investissent, exportent et sont ouvertes à la compétition internationale.
Alors, on a beaucoup de mesures au niveau de
l'amortissement accéléré, crédit d'impôt à l'investissement, aussi la DICI, la déduction incitative pour la
commercialisation des innovations. S'ajoutent à ça les gestes d'Investissement Québec, comme les prêts, les
investissements en équité et tout le service-conseil qui est fourni par le MEI
et Investissement Québec.
Alors, c'est les trois volets.
M. Chassin : Très brièvement, en terminant, M. le ministre des Finances,
est-ce que vous pensez que c'est réaliste de compléter ce rattrapage de
l'Ontario, si on maintient un fardeau fiscal plus lourd au Québec, d'ici
15 ans?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pense que tout ça, c'est lié, là, la péréquation, la baisse du poids de la
dette, la baisse du fardeau fiscal, l'enrichissement collectif. C'est important
d'avoir une perspective. Là, on s'est donné une perspective de 15 ans pour
fermer l'écart de richesse. Donc, on a la même perspective pour rattraper
l'écart de richesse avec l'Ontario. On pourrait avoir la même perspective pour
réduire le fardeau de la dette. On pourrait avoir la même perspective pour
réduire le fardeau fiscal. C'est important d'être cohérent à long terme. C'est
important d'avoir des objectifs à long terme et que nos actions à court terme
soient cohérentes avec nos objectifs à long terme.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue de Saint-Jérôme. Je cède maintenant la parole au député
de Robert-Baldwin. Vous disposez d'environ 20 minutes.
M. Leitão : Merci beaucoup, M.
le Président. Vous êtes généreux ce matin.
Le Président (M. Simard) : Vous
avez même un peu plus que 20 minutes. Tiens! Allons-y.
M. Leitão : On
continue donc. Alors, bonjour. Bonjour, chers collègues. Bonjour, tout le
monde. Donc, voilà, on poursuit la discussion qu'on avait commencée jeudi.
C'est ça, on avait commencé jeudi. On avait commencé il y a longtemps,
mais ça se continue. Je vais continuer un peu dans la même direction que le...
du collègue de Jonquière. On va parler un petit peu d'économie.
M. Chassin :
Saint-Jérôme.
M. Leitão : Oui, Jonquière est là-bas.
Excusez-moi, là.
Des voix : ...
M. Leitão : La banlieue de
Jonquière, en effet. Ça commence bien, M. le Président. Vous voyez, c'est votre
présence qui nous fait... Et je vous amène... on a parlé de Saint-Jérôme
et Jonquière, moi, je vous amène à Sherbrooke, tiens, à l'Université de
Sherbrooke, la chaire en fiscalité et finances publiques, que, je suis certain,
vous connaissez très bien. Ils ont publié un document, après le budget, plein
de statistiques intéressantes. Il y en a... Il y a un graphique qu'ils ont fait,
je ne me rappelle pas l'avoir vu dans les documents du budget ou pas, mais à la
page 8 de leur publication, c'est un graphique où on démontre la
croissance du PIB, du PIB réel tel que prévu dans le budget de 2022, et comparé
à ce qu'aurait dû être le cas, le fameux budget, le fameux budget dont nous
avons... nous avons beaucoup discuté...
M. Girard (Groulx) : ...vous
avez déclaré que les prévisions étaient très utiles.
M. Leitão : Très, très utiles.
Une grande valeur pédagogique et, oui, très utiles parce que, là, on avait,
disons, un portrait de l'économie dans un monde qui nous semble très éloigné
maintenant, un monde prépandémique. Et donc on avait une projection à long
terme du PIB. Maintenant, budget 2022, on a la même projection à long
terme et on voit qu'il y a un écart. On voit qu'il y a un écart. Il y a même un
écart, un petit écart aussi en ce qui concerne la prévision de mars 2022 et la
prévision du ministère des Finances de novembre 2021.
Je ne questionne pas ces prévisions-là. Comme
vous avez dit tantôt, M. le ministre, je pense que le ministère des
Finances a un personnel, des experts, des professionnels qui sont très
compétents. Je ne questionne pas ça, mais ma question, c'est : O.K.,
qu'est-ce qu'on fait maintenant? Parce qu'il y a un écart. Donc, moi, je pense
qu'en effet ce que ce graphique-là démontre, c'est que le monde a changé avec
la pandémie et avec la guerre, maintenant, en Europe. Et
donc la croissance du PIB va être un peu plus... un peu plus faible. Il y a à
peu près un point de pourcentage d'écart entre ce qu'on prévoit maintenant et
ce qu'on prévoyait avant. Donc, ça, c'est quand même un montant important.
Alors, ma question est très simple :
Comment est-ce qu'on va faire pour pouvoir atteindre l'objectif que le député de Saint-Jérôme a mentionné, qui est tout à
fait louable, de vouloir fermer l'écart et même dépasser nos voisins?
Mais comment on va faire s'il semblerait que notre capacité de... notre
potentiel économique est légèrement inférieur maintenant à ce qu'il était il y
a à peine deux ans à cause de tout ce qui s'est passé?
M. Girard (Groulx) : L'écart de
1 %, c'est l'effet cumulé en quelle année, ça?
M. Leitão : En 2025.
M. Girard (Groulx) : O.K. Bon,
je dirais que nos hypothèses de croissance dans le budget sont plutôt
conservatrices. Notre 2,7 % se compare, pour 2022, se compare à 3,1 %
pour le secteur privé. Le 2 % de 2023 se compare à 2,5 % du secteur
privé. Et le 1,5 % pour 2024, 2025, 2026, c'est un objectif qu'on veut
certainement dépasser. On veut atteindre un PIB potentiel de 2 %, mais,
lorsqu'on fait des prévisions économiques, ce n'est pas ce qu'on souhaite faire
que nous inscrivons dans les documents budgétaires mais ce qui est la prévision
centrale ou le meilleur estimé que nous avons. Mais il reste qu'on veut mieux
faire. Donc, c'est vraiment des hypothèses de croissance qui sont
conservatrices, et on devra surperformer pour fermer cet écart autour de 2025.
Et je
rappelle qu'initialement on parlait de le fermer en 2027. Alors, si on réussit
à le fermer en 2025... Puis on sait qu'au niveau de l'emploi, M. le député, on
l'a fermé à la fin 2021, alors qu'on visait de le fermer à la
fin 2022. Alors, on a gagné un
an sur deux dans l'emploi. Il est possible qu'on gagne deux ans sur sept dans
le niveau de PIB total.
• (10 h 10) •
M. Leitão :
O.K. Merci. Mais ce que...
Enfin, moi, je tire une conclusion légèrement différente de la vôtre, de cette
analyse-là. Écoutez, on est un peu loin, mais je veux peut-être mettre le graphique
ici. Est-ce que vous arrivez à voir? On est très loin. Mais mon point, c'est
que les lignes sont parallèles. Donc, la ligne de budget de 2022 et la ligne du
budget de 2020, l'évolution du PIB, elles sont parallèles. Donc, il n'y a pas
vraiment de fermeture de l'écart, du moins jusqu'en 2025.
Mais tout ça
pour dire que, et puis je comprends très bien les raisons, on souhaite, on
souhaite tous, bien sûr, que la croissance économique en 2024‑2025
soit plus forte que 1,5 %. La seule chose que je dis, c'est qu'avec deux
facteurs que je trouve importants, un sur lequel nous n'avons aucune ou très
peu d'influence, c'est les facteurs externes, et puis les facteurs
internes... Les facteurs externes, bon, les guerres, tout ça, le commerce
international, on doit s'adapter, mais ce n'est pas de notre ressort.
Maintenant, pour les facteurs internes, là, je pense qu'il y a un problème. Il
y a un problème dans le sens où un des grands freins à la croissance, donc un
facteur qui nous empêche de vraiment accélérer et de fermer cet écart
convenablement, c'est le manque de main-d'oeuvre, pénurie, rareté, on utilisera
le terme qu'on voudra, qui, à la base, est un phénomène démographique. Et, bon,
pour compenser pleinement et même dépasser, là, cette très lente progression de
la main-d'oeuvre, ou voire même un déclin en termes absolus, bien, il faudrait
investir beaucoup. Il faudrait que la productivité soit très, très, très forte.
Alors moi, je... Traditionnellement, au Québec, on a connu des périodes de
forte accélération de la productivité, mais ça n'a pas duré longtemps. Et on a
souvent... on s'est souvent fiés... Enfin, on a beaucoup insisté sur des
politiques pour ramener des gens sur le marché du travail et donc augmenter la main-d'oeuvre. C'était ça qui nous avait
donné des périodes de croissance économique rapide.
Alors, ma question pour vous, c'est :
Comment on va faire ça à moyen terme, moyen et long terme? Pour la question de
l'investissement, on y arrivera, mais, pour la question de la main-d'oeuvre, le
nombre de travailleurs, comment est-ce qu'on va faire, si on veut vraiment
fermer l'écart avec l'Ontario, comment est-ce qu'on va faire pour augmenter le
nombre de bras? On en a besoin. On a besoin de bras. On a besoin de personnes.
Les robots, c'est très bien, là, mais les robots ne peuvent pas tout faire.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, lorsqu'on a travaillé pour modéliser, là, la fermeture de l'écart de
richesse, on devait évidemment faire des hypothèses sur la croissance de la
population en Ontario et au Québec. Et on a souvent l'image de l'Ontario avec
des flux migratoires extrêmement importants dans la région de Toronto. C'est vrai, mais il y a aussi un vieillissement de la
population qui a lieu au Canada. Et ils sont en... Jusqu'à un certain point,
ils vivent le même cycle mais à un point
différent dans le cycle. Mais, les hypothèses qu'on a faites, nous avons
supposé que l'Ontario allait croître, allait avoir une population
annuelle de 1 % par année. Et le Québec, on a pris 0,5 %. Et, si on
prend le niveau d'immigration, parce qu'il y a... Après, on va parler de ce qui
doit être fait avec les gens qui sont ici, mais, au niveau de l'immigration,
bien, si on prend un chiffre de 50 000,
pour faire un chiffre rond qui est... En fait, on est beaucoup plus haut que ça
cette année parce qu'on rattrape ce qui a été perdu dans la pandémie, mais, si
on prenait le chiffre de 50 000
comme la base, une augmentation de 1 000 personnes
par année, ça donnerait 2 % de
croissance au niveau de l'immigration. Et je suis convaincu que le Québec est
capable d'intégrer 1 000 immigrants
de plus en améliorant ses capacités d'intégration à chaque année. Alors
déjà, il y a une composante immigration. Mais je suis conscient que votre
question n'est pas sur la composante immigration.
Alors, on
parle de la population active, accroître la population active et accroître le
taux d'emploi de la population active.
Pour ce qui est de la population active, bien, c'est toute la question. Et
puis, des fois, je trouve que les économistes sont peut-être un peu trop intenses dans notre séparation entre la
croissance de la population puis la population active, parce que les mesures visent les deux, c'est-à-dire,
lorsqu'on vise l'accès, la diplomation, la persévérance scolaire, bien, on vise
une augmentation de la population active, mais aussi on vise une augmentation
du taux d'emploi. Lorsqu'on vise nos 200 000 jeunes
de moins de 30 ans, beaucoup de garçons ne sont ni en emploi, ni en
formation, ni aux études, mais on vise une
augmentation de la population active et du taux d'emploi. Et les volets de
requalification de main-d'oeuvre, bien là, ça, ça permet... formation et
requalification de main-d'oeuvre, puis il y avait 2,9 milliards pour ça.
Dans l'Opération main-d'oeuvre, dans la mise à jour, bien, on vise de pousser
les taux d'emploi. Et je pense qu'au-delà des fluctuations économiques on va
voir un taux de chômage, au Québec, qui va continuer à baisser doucement et qui
pourrait atteindre les niveaux de ce qu'on observe aux États-Unis, c'est-à-dire
des taux de chômage inférieurs à 4 %. Alors, tout ce qu'on fait vise à
pousser la population active, pousser le taux d'emploi.
Et la contribution à la fermeture de l'écart de
richesse qui vient de l'emploi est seulement de 20 %. Alors, nos
hypothèses sont réalistes, bien qu'on est dans un contexte qui est difficile
parce que, oui, on a de la rareté de main-d'oeuvre,
et, oui, le ratio nombre de chômeurs-postes vacants est très faible. Ça, on le
dit en toute franchise dans les documents budgétaires.
M. Leitão : Bien sûr, mais une
des clés de... même si, bon, je ne pense pas que l'objectif ici soit de parler
d'immigration. Et le seuil est de combien, 50 000? Non, 60 000?
Non, 30 000? Ce n'est pas ça, là. Cependant, une des clés de l'avenir, puisque l'économie du Québec se transforme, on est
déjà une économie de... pas mal une économie de services, et, dans cette économie du XXIe siècle, le talent est
extrêmement, extrêmement important, donc notre capacité, au Québec,
d'attirer des talents d'ailleurs au Canada, d'Amérique du Nord, d'un peu
partout, cette capacité d'attirer des
talents chez nous, à mon avis, va être primordiale dans notre approche pour
développer pleinement notre économie.
Et, dans cette équation-là, d'attirer des
talents, d'où qu'ils viennent, je pense que, là, on a... on doit se poser des questions. On doit se poser des questions
parce que, bien sûr, il y a eu des événements qui sont... qu'on ne contrôle
pas, comme la pandémie, et tout ça, les tensions internationales, tout ça, mais
on dirait... ça, c'est la sensation que j'ai en parlant
avec des personnes que je connais, probablement des personnes que vous
connaissez aussi, des personnes du même milieu, on dirait que, depuis deux ans,
toute une série de facteurs, la perception du Québec, surtout la perception de
Montréal comme endroit où ce serait bien de s'installer et d'avoir une bonne
vie, cette perception-là est devenue moins intéressante qu'il y a trois ans et
qu'il y a cinq ans. C'est difficile de quantifier, c'est difficile de mettre le
doigt exactement sur pourquoi c'est le cas, mais ça semble être le cas.
• (10 h 20) •
Et ce qu'on
voit aussi, ce que je remarque aussi, encore une fois parmi les personnes que
je côtoie, des personnes que je... à qui je parle, surtout dans la région
de Montréal, on commence à revoir aussi un peu la conversation... enfin, des
choses comme quoi, bon, peut-être qu'on va quitter, peut-être qu'on va s'en
aller, on va aller ailleurs parce qu'on n'est plus tellement les bienvenus au
Québec, surtout à Montréal.
Donc, dans ce contexte-là, bien, il me semble
que c'est absolument essentiel de redoubler d'efforts pour continuer d'attirer
les talents chez nous et de garder les talents que nous avons ici, les garder
chez nous. Ça ne relève pas du ministère des Finances, bien sûr, mais je pense
que le ministère, le ministre des Finances a quand même une certaine influence
au Conseil des ministres. Et donc ma question, M. le ministre, c'est :
Comment vous voyez ça? Est-ce que vous percevez ça de la même façon? Est-ce que
vous percevez que ça devient un peu plus difficile de recruter de l'expertise
de l'extérieur? Comment est-ce que vous voyez ça, avec vos collègues des autres
ministères, pour retenir les talents qui sont ici, les retenir ici pour qu'ils
ne quittent pas?
Le Président (M. Simard) : Oui,
merci. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bon. Moi,
disons que je résumerais votre intervention avec l'expression «le climat
d'affaires». D'autres pourraient utiliser d'autres termes, mais je vais utiliser
cette expression. Je pense que le climat d'affaires à Montréal est excellent.
On vient de connaître une année exceptionnelle de croissance en 2021. Le
gouvernement s'est engagé à long terme à réduire le fardeau fiscal des
individus, des entreprises, et on a posé des gestes importants. Montréal
demeure... Et puis d'ailleurs, plus tard, on aura des questions, peut-être en
Chambre ou ici, sur l'accès à la propriété.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Non, mais
c'est... Montréal est extrêmement attirant parce que Montréal, c'est une des
dernières grandes villes en Amérique du Nord où, si vous avez une entreprise,
vos employés peuvent acquérir une propriété. Ce n'est pas le cas à New York, à
Boston, à Toronto ou à Vancouver. Et à Montréal, l'accès... les prix ont monté,
c'est indéniable, mais l'accès à la propriété, toutes proportions gardées,
demeure faisable, ce qui n'est pas le cas nécessairement dans les grandes
villes qui se comparent à Montréal.
Alors, le fardeau fiscal, la performance économique
du Québec est exceptionnelle. Notre gouvernement veut évidemment éliminer les
entraves aux affaires telles que... je dirais, au-delà d'une déréglementation
philosophique à la Margaret Thatcher, là, il y a des nuances où on veut
simplifier l'administration et les processus d'affaires. Et puis, soit dit en
passant, Retraite Québec, qui relève du ministre des Finances, veut évidemment
améliorer ses relations avec les entreprises, simplifier les processus. Et le
fait qu'on a deux rapports d'impôt lorsqu'une entreprise est au Québec, à la
base, est une complexité. Alors, il y a toute une responsabilité pour Revenu
Québec de s'assurer de simplifier ses processus avec les entreprises, puis
c'est ce qu'on fait.
Ensuite, il y a d'autres
éléments reliés au climat d'affaires à Montréal puis à Québec. Bon. Puis
certains... Il y a des débats de société, comme sur la laïcité, qui... Je crois
qu'indépendamment du côté où on se situe dans ce débat, le fait que le débat
ait lieu, c'est extrêmement sain et démocratique. Et puis après il y a notre
responsabilité à tous de s'assurer que l'État qui est francophone en Amérique
du Nord, bien, fasse la promotion du français et, en même temps, intègre les
visiteurs.
Alors, moi, je vais citer un membre influent de
la communauté des affaires à Montréal...
Le Président (M. Simard) :
...du bloc.
M. Girard (Groulx) : ...Paul
Desmarais junior, junior, c'est-à-dire «the third» comme lui le dit en
français, Paul «the third», il dit qu'il n'y a pas de meilleure place pour
faire des affaires au Canada qu'à Montréal.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Leitão : Bien,
je... C'était dans un élan d'optimisme peut-être débordant. Cela a été... Cela
a été dit. Mais...
Le
Président (M. Simard) : En théorie, le bloc est déjà écoulé. Vous pouvez
un peu poursuivre, mais ça impacte la prochaine intervention.
M. Leitão : Quelques
minutes, mais juste pour... Merci, M. le Président. Écoutez, on va reprendre
ces enjeux, ces discussions-là dans le deuxième bloc, où on va passer à
l'impact de tout ça sur le cadre financier, sur la fameuse section A du budget.
On va y aller après. Mais juste pour dire que, oui, en effet, vous avez mis...
Vous avez mentionné ce qui, à notre avis,
sont deux grands facteurs qui contribuent à ce que ce climat d'affaires ne soit
peut-être pas aussi positif que ce que vous décrivez, donc les questions
de nature, je dirais, identitaire, représentées par la loi n° 21 et les
législations linguistiques, la loi... le projet de loi n° 96. Sur le
terrain, ces deux enjeux-là sont très importants. Je vous invite à peut-être
faire un peu plus attention à ça. On continuera après. Merci.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la
parole au député de Saint-Jérôme, qui dispose à son tour d'environ
19 minutes.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : 19 min 15 s,
oui.
M. Chassin : Oui. Merci, M. le Président. Donc, encore moi. Évidemment,
le ministre des Finances me connaît bien, M.
le Président. Il se doute du dernier bloc que je vais aborder, parce que je
pense que, depuis quatre ans, on n'a pas manqué d'aborder ensemble le
thème de la dette et de l'équilibre budgétaire, qui m'apparaît important, qui
donne aussi une perspective de long terme. Donc, on a parlé, avec le rattrapage
avec l'Ontario, d'objectifs de long terme en matière de dette et d'équilibre
budgétaire. Il y a cette réflexion à plus long terme aussi sur l'état global des finances publiques et de la réflexion sur,
même, l'équité intergénérationnelle. Donc, on parle de plusieurs générations,
et c'est intéressant de noter qu'on a, dans la loi, inscrit des cibles en
matière d'endettement, des cibles de dette brute et de déficit cumulé, des
cibles qu'on maintient à l'heure actuelle, en fait, je dirais, des cibles pour
la dette brute... qui est déjà atteinte. Donc, la cible est pour 2025‑2026,
mais la dette brute devant représenter moins de 45 % du PIB. Or, si je ne
me trompe, le budget indique qu'au 31 mars 2022, donc il y a quelques
jours, la dette brute représentait 43,1 % du PIB, ce qui est donc sous la
cible. La cible est donc atteinte. En fait, elle était atteinte même en début
de mandat. Alors, on peut vous en féliciter, mais, malgré le choc qu'on a connu
avec le recul du PIB et la pandémie, on revient cette année à l'atteinte de la
cible en matière de dette brute et on continue à diminuer, là, selon la section
J du budget.
Maintenant, pour la cible en matière de déficit
cumulé, là, c'est un petit peu plus difficile de voir l'atteinte de cette
cible-là, qui est donc d'avoir des déficits cumulés représentant moins de
17 % de l'économie, du PIB. Dans ce cas-ci,
on parle qu'on devrait se rendre à 19,2 % d'ici 2025‑2026.
Est-ce qu'il y a une perspective, là, que le ministère des Finances et
vous, comme ministre, pouvez nous donner, sur la perspective, par exemple,
d'effort supplémentaire ou d'amélioration espérée pour que la cible soit
atteinte?
• (10 h 30) •
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors, si on va à la section J du budget et qu'on se dirige vers la section
Dette représentant les déficits cumulés, on montre qu'au 31 mars 2026 on
sera à 19,2 % du PIB puis qu'on visait 17 %. Puis un jour, M. le
Président, il faudrait inviter l'ancien ministre Audet puis qu'il nous explique
comment ils en sont arrivés à avoir deux cibles, parce que je pense que c'est
lui qui est l'auteur de ce choix, là, parce qu'évidemment cibler deux cibles, c'est plus dur que cibler une
cible. Or, nous avions trois définitions, et il a choisi les deux extrêmes
des trois. Et là on va manquer l'extrémité de droite, mais peut-être que, dans
un monde futur, nous n'aurions qu'une cible, la dette nette, qui n'a pas
d'objectif en vertu de la loi sur la gestion de la dette et le Fonds des
générations actuellement au Québec.
Alors,
l'ordre de grandeur de notre... L'écart avec la cible sera de l'ordre de
15 milliards de dollars, et une grande partie de cela correspond
aux gestes que nous avons décidé de... En fait, excusez-moi, c'est 13 milliards
de dollars. Ça correspond — c'est une chance, là,
ou c'est un hasard — ça
correspond à peu près à l'augmentation de la dette qui est résultante d'avoir
accepté la recommandation de la Vérificatrice générale que nos transferts aux
municipalités étaient mal comptabilisés, rendaient notre niveau de dette non
comparable avec les autres provinces. Et donc on a pris une décision courageuse
puis on a ajouté 13 milliards de dette. Et là, par le fruit du hasard, il
va nous manquer 13 milliards de dette pour atteindre notre cible au
31 mars 2026. Mais c'est important de dire que le vrai chiffre, c'est
qu'il va nous manquer 13 milliards, parce que, maintenant, nous avons
accepté la recommandation de la Vérificatrice générale, et la Vérificatrice
générale, dans ce débat, avait raison, puis c'est pour ça qu'on l'a acceptée.
Bon,
13 milliards, vous savez, on pourrait avoir, d'ici au 31 mars 2026,
des améliorations au cadre financier, mais c'est peu probable qu'on ait des
améliorations de l'ordre de 13 milliards au niveau du solde cumulé. Alors,
on va manquer la cible, ce qui fait qu'on a une obligation de se donner des
nouvelles cibles. Et puis le gouvernement a dit qu'il voudrait avoir une
nouvelle cible à long terme et que ce serait la responsabilité du futur gouvernement,
ceux qui seront élus en vertu de la prochaine élection, de donner ces nouvelles
cibles au budget 2023-2024.
M. Chassin : Et je vais certainement vouloir y revenir, à ces nouvelles
cibles. En même temps... Puis là permettez-moi,
là, juste de... Je ne veux pas vous faire dire, M. le ministre, ce que vous ne
voulez pas dire. Par contre, d'accepter la recommandation de la
Vérificatrice générale, évidemment ça crée un peu un bris, là, de comparaison
avec les années passées. Si on revenait à l'ancien ministre des Finances,
M. Audet, si lui avait pris en compte ce changement comptable, peut-être
que la cible n'aurait pas été de 17 % à ce moment-là. Je ne veux pas vous
faire dire ce que vous ne dites pas, là, mais est-ce que... C'est ce qu'on peut
comprendre.
M. Girard
(Groulx) : Là, je pense que, si nous invitions M. Audet, il nous
expliquerait que le non-respect de la norme comptable date des années 2010
et 2011, et je ne crois pas que c'est lui qui était en poste.
M. Chassin : Donc, c'est postérieur. D'accord. Donc, revenons... Pour le
futur, revenons à cet objectif de réduction de la dette qui pourrait être
appelé à changer. Et là je dirais, M. le ministre : Toutes choses étant
égales par ailleurs, vous êtes en poste, comme ministre des Finances, à
l'automne prochain, vous avez déjà cette responsabilité. Est-ce que ça signifie
des consultations, de fixer des objectifs de réduction de la dette? Est-ce que
c'est... Autrement dit, est-ce que c'est
seulement le gouvernement ou le ministère des Finances qui établit des
objectifs ou est ce qu'il y a une perspective, là, de la part, par
exemple, de la société civile, de se préparer à ce débat?
M. Girard
(Groulx) : La consultation est déjà commencée, parce qu'on a posé des
questions dans le cadre des consultations budgétaires, des préconsultations...
des préconsultations ou les consultations?
Une voix :
...
M. Girard
(Groulx) : Les consultations. O.K. Les préconsultations, c'est celles
que je fais dans le temps des fêtes, O.K., puis les consultations commencent en
janvier. O.K. Et donc... C'est de l'humour, M. le Président, il n'y a pas de
consultation ni de préconsultation dans le temps des fêtes.
Mais ce que je veux
dire, c'est que tous les documents publics qui sont versés en vertu de ces
consultations sont sur le site Web du ministère. Et déjà l'Association des
économistes québécois, la chaire en fiscalité et finances publiques, on a des
économistes de l'Université de Montréal, de l'UQAM, se sont déjà prononcés sur
ce sujet, ont fait des suggestions. Certains veulent amender la Loi sur
l'équilibre budgétaire. D'autres veulent amender la loi sur la gestion de la
dette et le Fonds des générations. Ça fait que c'est déjà commencé.
Et d'ailleurs nous
avons déjà donné certaines orientations. Nous avons dit que c'est important de
continuer à réduire la dette, que c'est
important d'avoir un objectif à long terme. C'est à la page J.21. Alors,
long terme, si on prend l'horizon du PQI, c'est 10 ans. Si on prend
l'horizon de l'écart de richesse, c'est 15 ans. Si on prend l'horizon de
la dette du gouvernement du Québec, on a une
maturité moyenne de 11 ans. Alors, c'est quelque part entre 10 et
15 ans.
Et puis il y a trois
définitions de dette : dette brute, dette nette, dette représentant les
déficits cumulés. Et nous notons, en tout respect, parce qu'on va avoir ce
débat-là, on va en parler, que les autres provinces, le FMI et l'OCDE utilisent
la dette nette. Alors, la dette nette, avec une cible à long terme, serait un
bon candidat, mais on va en discuter, on va continuer d'avoir ces
discussions-là.
M.
Chassin : D'ailleurs, si vous me
permettez, parce que c'est intéressant quand on adopte une perspective de long terme, on a, à la page J.22, les
bénéfices de réduction de la dette. Ils ont contribué à l'équité
intergénérationnelle, mais aussi, par exemple, de faire face aux coûts
associés au vieillissement de la population. Et, quand on adopte une
perspective de long terme, comme 10 à 15 ans, les coûts du vieillissement
vont effectivement augmenter dans les prochaines années. Est-ce qu'il y a, dans
votre esprit, un moment où la marge de manoeuvre dégagée par la réduction de la
dette, jusqu'à ce point dans le temps, va nous être, dans le fond, accessible
pour s'en servir pour faire face aux coûts et donc réaugmenter l'endettement?
Est-ce que ça fait partie des perspectives de 10 à 15 ans, ou est-ce qu'il
est trop tôt pour le dire?
M. Girard
(Groulx) : Vous me demandez s'il y a une perspective d'augmenter
l'endettement à long terme.
M. Chassin : Si les coûts du vieillissement, dans les 10 à
15 prochaines années, deviennent très importants, un des bénéfices de la
réduction de la dette, c'était de se donner une marge de manoeuvre. Est-ce
qu'on pense utiliser cette marge de manoeuvre pour faire
face à une augmentation des coûts, ce qui voudrait dire une réaugmentation,
finalement, de l'endettement puis des taux d'endettement?
M. Girard (Groulx) : Bon, moi, je
pense que la liste qui est là est assez exhaustive : l'équité intergénérationnelle, le financement des missions
de l'État, le vieillissement de la population, la lutte aux changements
climatiques, les investissements en infrastructures, la réduction du fardeau
fiscal, l'autonomie financière dans la fédération, ça, vous savez, on n'a pas
juste des capacités computationnelles au ministère des Finances, on a aussi
d'excellentes capacités de rédaction. Ça, ça veut dire réduire la dépendance à
la péréquation, contrer un prochain ralentissement possible de l'économie, mais
ça, c'est certain, là. L'idée, c'est d'être en position de force pour assumer nos responsabilités. Ensuite, la priorité
que les gens voudront donner... c'est certain que, s'il y a un ralentissement
de l'économie, bien, la priorité, c'est d'aider les gens, les entreprises.
• (10 h 40) •
On a eu, hier, un rapport du GIEC, c'est certain
qu'on a des efforts supplémentaires à faire pour lutter contre les changements
climatiques. Alors, l'idée, c'est d'être en position de force, M. le député,
c'est d'être en position de force pour faire face à l'incertitude, aux
intempéries, puis, en même temps, donner une prévisibilité, comme de dire aux gens : Aussi longtemps que je serai en
poste, que notre gouvernement est là, on a l'intention de réduire le fardeau
fiscal, ça permet aux entreprises puis aux citoyens de savoir que leur fardeau
fiscal va diminuer, puis ça aide à l'investissement, puis ça aide à
prendre des décisions. Puis le vieillissement de la population, c'est réel, ça
a des implications au niveau des infrastructures, au niveau de l'offre de
travail, au niveau des coûts de la santé, et il n'y a pas de meilleure façon
que d'affronter ça, que d'avoir des finances publiques solides.
M. Chassin : Et, à la limite, j'ajouterais peut-être qu'avec un plan,
par rapport au réseau de la santé, pour le rendre plus performant, peut-être
qu'on réussira finalement à être aussi davantage capable de faire face à des
augmentations de besoins, des augmentations de services sans nécessairement
qu'il y ait explosion des coûts, à tout le moins, c'est à souhaiter. Il y a,
dans...
M. Girard (Groulx) : Ce sera le cas,
en passant, là, parce qu'il n'y a pas... le Québec n'a pas la marge de
manoeuvre pour une explosion des coûts en santé, là.
M. Chassin : Absolument.
M. Girard (Groulx) : Alors, on a
prévu un financement adéquat de 6,3 % cette année, en augmentation,
4,5 % les années suivantes, et je pense que le ministre de Santé a été
bien clair que beaucoup des solutions sont connues
et font partie de l'organisation du travail et non d'une augmentation des
dollars investis en santé, mais il y en aura, c'est le plus gros poste
budgétaire du gouvernement du Québec.
M. Chassin : Et là on a parlé beaucoup, comment dire, des risques ou des
incertitudes à plus long terme. Vous avez, dans votre discours sur le budget,
aussi insisté sur les différents risques à plus court terme, qu'on parle d'inflation,
qu'on parle des conflits comme la guerre en Ukraine, la pandémie qui n'est
toujours pas terminée. Il y a aussi un... En fait,
on sent le travail, là, dans le budget, entre le désir de donner une
perspective à plus long terme, justement, puis différentes incertitudes qui
doivent être évidemment prises en compte.
Là, permettez-moi... Vous ne faites pas trop de
politique, M. le ministre, permettez-moi d'en faire un peu. C'est un budget un
peu particulier, dans le sens où c'est le dernier budget avant le fameux cadre
financier vérifié qui sera donné aux partis
politiques pour une campagne électorale. D'avoir une marge de manoeuvre, une
réduction de la dette, à la limite, un retour aussi à l'équilibre
budgétaire, là, bien prévu, hein, bien, bien documenté, est-ce qu'il y a un risque, selon vous, que cette perspective assez
positive qu'on voit dans le plan budgétaire donne cette tentation aux
partis politiques de faire des promesses très coûteuses aux prochaines
élections, ou est-ce que les partis politiques devraient davantage prendre en
compte, justement, les différentes incertitudes qui demeurent présentes?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre
M. Girard (Groulx) : Bien, vous
m'amenez sur un terrain que je ne connais pas, la politique. Mais alors je vous amène à la page A.29, qui parle du rapport
préélectoral, un document qu'on s'est donné collectivement et qui sera publié le 15 août 2022 par le ministère des
Finances avec le sceau de la Vérificatrice générale, qui permettra à l'ensemble
des partis politiques de baser leur cadre
financier de la prochaine élection, ou des 15 prochaines années, s'ils le
veulent. Et ça, c'est un rapport qui
est indépendant, puis là-dedans, il y aura des hypothèses. Bien, je ne peux pas
présumer de ce que la vérificatrice va écrire, puisqu'elle est
indépendante, mais sachez que c'est certainement notre intention que les
prévisions soient raisonnables, que le cadre financier soit solide puis que les
dépenses qui sont prévues soient divulguées et bien encadrées. Bon. Il faut...
Par contre, le 15 août 2022, là, ça paraît
proche, mais c'est loin, c'est loin parce qu'on a une guerre en Europe
présentement, et c'est loin parce qu'on est dans une sixième vague. Et donc,
malgré le fait que c'est proche, le 15 août 2022, il y a quand même
énormément d'incertitudes, entre ici et le 15 août 2022, qui vont
influencer significativement le cadre
financier, qui fait que le cadre financier du 15 août 2022 aura été ajusté
en toute connaissance de cause. Alors, si la situation a été mieux que
prévu, bien, le cadre financier sera plus... pas plus généreux, mais plus favorable. Et, si la... Parce que, là, vous savez, on a un
enjeu d'inflation, de hausse du coût de la vie, puis là les banques centrales
agissent, et là on révise les anticipations de hausse de taux, les banques
centrales. La semaine prochaine, on a une réunion de la Banque du Canada, puis
il y a plusieurs participants du marché qui anticipent une hausse de
50 points de base. Et il y a plusieurs participants de marché qui pensent
qu'aux États-Unis puis au Canada les taux
d'intérêt vont finir l'année à 2,5 %. Mais 2,5 %, c'est très loin du
0 % où nous étions lorsque l'année a commencé, puis ça, ça va avoir
un impact.
Alors, avant de qualifier le rapport
préélectoral, je vais avoir besoin d'observer ce qui se passe avec ces grands
facteurs là, c'est-à-dire la guerre en Europe, l'épidémie et le resserrement
monétaire des banques centrales.
Le
Président (M. Simard) : Merci, cher collègue. Notre bloc est clos, et je
cède la parole au député de Jonquière, qui dispose de 16 min 35 s.
M. Gaudreault : Oui,
merci. Merci, M. le Président. Ça me fait plaisir d'être à l'étude des crédits
des Finances. Je pense, c'est une première pour moi en 15 ans,
alors il y a toujours une première en tout temps. Alors, c'est...
M. Girard (Groulx) : Je pense
qu'on n'est pas à l'étude des crédits, M. le député.
M. Gaudreault : Des crédits
provisoires, c'est ça?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Veuillez
poursuivre, cher collègue.
M. Girard (Groulx) : C'est le
débat du budget.
M. Gaudreault : Bien, le débat
du budget, oui, c'est ça, mais vous voyez comment...
Le Président (M. Simard) : Veuillez
poursuivre, cher collègue.
M. Girard (Groulx) : C'est
parce qu'on veut que vous reveniez.
M. Gaudreault : Vous voyez
comment c'est une première pour moi.
M. Girard (Groulx) : On veut que
vous reveniez à l'étude de crédits.
Le Président (M. Simard) : Veuillez
poursuivre, cher collègue.
M. Gaudreault : Alors, c'est une
première pour moi en commission sur le débat du budget, c'est pour ça. Je
voulais... Bien, en fait, c'est parce que je viens remplacer mon collègue de
René-Lévesque, qui doit rester chez lui pour quelques jours. Mais le ministre,
tout à l'heure, a fait mention du rapport du GIEC, hier, qui est le troisième
depuis quelques mois. Et, le ministre, aussi je l'écoutais échanger avec le
député de Saint-Jérôme puis avec le député de Robert-Baldwin, et il y avait des
échanges très intéressants sur les enjeux de fiscalité. Donc, moi, je voudrais
faire un lien entre les deux, en parlant de mesures en matière d'écofiscalité.
Et, s'il y a un dossier qui concerne le ministre des Finances, c'est bien celui
de l'écofiscalité.
Moi, je suis d'avis que l'enjeu climatique doit
sortir de l'Environnement, dans le sens suivant, c'est que c'est tellement un
enjeu gros, tellement un enjeu transversal qui doit concerner, oui, le
ministère de l'Environnement, mais il doit
concerner également le Conseil du trésor, le ministère du Développement
économique, le ministère des Transports, l'Aménagement du territoire, et
évidemment le ministère des Finances, et évidemment le premier ministre. Donc,
en ce qui concerne le ministère des Finances, bien là, on est directement sur
les mesures d'écofiscalité. Et, en juin 2020, donc, le ministre était déjà à
ses fonctions à ce moment-là, on a eu un rapport du Commissaire au
développement durable assez cinglant, assez sévère, sur l'écofiscalité.
Quatre constats que je vous résume : «Le
Comité interministériel du développement durable n'a pas orienté les ministères
et organismes vers l'atteinte d'un objectif commun en matière d'écofiscalité et
d'écoconditionnalité et d'écoresponsabilité.»
Deuxième constat : «Le recours aux mesures écofiscales reste limité, et
leur efficacité est rarement évaluée.» Troisième constat : «Des ministères
et organismes octroient annuellement des sommes importantes par l'entremise de programmes d'aide financière, mais
il n'y a pas beaucoup de programmes qui sont assortis de conditions environnementales ou de critères
d'écoresponsabilité.» Et quatrième constat du Commissaire au développement
durable : «Les comités
interministériels ne sont pas en mesure d'évaluer si l'utilisation faite de
l'écofiscalité, de l'écoconditionnalité, de l'écoresponsabilité par les
ministères et organismes répond à l'objectif gouvernemental pour appuyer la
transition vers une économie verte et responsable.»
Alors, c'est quatre constats sévères du
Commissaire au développement durable, puis on n'a pas beaucoup... bien, je pense même qu'on n'a pas entendu le
ministre des Finances là-dessus. Alors, j'aimerais savoir ce qu'il en pense
et est-ce qu'il va intervenir à cet égard.
• (10 h 50) •
M. Girard
(Groulx) : Bon, je vais vous donner la bonne nouvelle dans ce que vous
avez dit, c'est qu'au niveau des comités interministériels l'environnement est
présent, est pris en considération dans nos décisions, et puis toutes nos
décisions du gouvernement. Mais, puisqu'il y avait une remarque sur les comités
interministériels dans votre... Je tiens à vous rassurer que l'importance de
l'environnement dans nos décisions est prise en compte.
Au niveau de l'écofiscalité, le Québec a
évidemment été un leader au niveau de la bourse du carbone et on est donc les
premiers, au Canada, qui ont amené une tarification du carbone. Et, dans un
monde idéal, puisqu'une bourse, ça repose sur l'optimisation des ressources,
bien, il y aurait plus de participants à la bourse que le Québec et la
Californie, mais il y aurait d'autres provinces qui se joindraient à la bourse,
puis on aurait une bourse encore plus efficace. Qu'est ce que ça fait,
l'écofiscalité? Là, je veux aller directement à votre question : Ça
modifie les prix relatifs. Lorsqu'on parle d'écofiscalité, ce qu'on veut dire,
c'est qu'on utiliserait la fiscalité pour modifier les comportements et ainsi
avoir des comportements qui nous rapprocheraient de nos cibles de réduction de
gaz à effet de serre à long terme.
Alors, l'enjeu au Québec, de départ, c'est qu'on
a une fiscalité qui est extrêmement punitive. Le poids de la fiscalité au
Québec est trop élevé, est beaucoup plus élevé, on est autour de 39 % du
PIB par rapport à une moyenne canadienne de 33 %. Donc, lorsqu'on regarde
le citoyen québécois, il est trop taxé. Alors, lorsque des mesures d'écofiscalité
seront amenées, si elles le sont, il faudrait qu'il y ait avec ça des mesures
de réduction du fardeau fiscal. Parce qu'on ne peut pas augmenter la fiscalité
totale des Québécois, ils sont déjà désavantagés. Mais, oui, l'écofiscalité,
lorsqu'elle modifie les prix relatifs, a le pouvoir d'influencer les
comportements et pourrait aider à atteindre nos cibles de réduction de gaz à
effet de serre.
M. Gaudreault : Bien, le
ministre n'a pas répondu sur ce qu'il entend faire du rapport du Commissaire au
développement durable, qui est quand même une antenne VG, premièrement.
Deuxièmement, bon, le ministre nous dit deux
choses, il nous dit que le Québec est un leader, ça pourrait se discuter. Je
suis d'accord que, sur la bourse du carbone, on a été un leader, mais on
pourrait voir le détail, parce qu'il y a des fuites de capitaux importants,
puis on y reviendra. Mais il nous a fait également des comparaisons.
Puis, tout à l'heure, le député de Robert-Baldwin faisait référence à la chaire
de l'Université de Sherbrooke en matière fiscale, et ils ont déposé un rapport,
l'année passée, qui nous dit que, puis je
cite le rapport de la chaire, «prises dans leur ensemble, les recettes tirées
des mesures écofiscales, en proportion du PIB au Québec, se situent sous
la moyenne de l'OCDE, donc à 2,1 %». Et là le ministre aime bien nous dire
qu'on est des leaders, mais ce que nous dit cette étude de l'Université de
Sherbrooke, de la chaire, c'est que le Québec se classerait au quatrième rang
des pays utilisant le plus faiblement l'écofiscalité parmi les pays de l'OCDE.
Alors, pour moi, ce n'est pas ça, la définition de leader, là.
Et ce qu'on constate également... Puis, encore
une fois, là, j'apprécie beaucoup les interventions du ministre, parce que moi
qui n'est pas un féru en économie, j'en apprends beaucoup en l'écoutant. Mais
là on est là pour parler des mesures politiques, ce que je constate... et pas
rien que moi, la chaire de l'Université de Sherbrooke nous dit que, «sur les prélèvements écofiscaux actuels, il n'y a
pas d'indexation». Deux exemples, la contribution des automobilistes au
transport en commun, qui n'a pas bougé depuis 1992, à 30 $ et la redevance
sur l'eau, qui est inchangée, imaginez, M. le Président, depuis 2010,
qui est 0,0025 $ par mètre cube d'eau. Pour certaines utilisations
industrielles, en est à 0,07 $ du mètre cube d'eau, par exemple pour l'eau
embouteillée ou la fabrication des pesticides.
Alors, est-ce
que, minimalement, le ministre peut nous dire... bien, enfin, répondre sur le
suivi qu'il va faire au Commissaire au développement durable? Et, deux,
est-ce qu'il va minimalement envisager l'indexation des mesures écofiscales
existantes?
M. Girard
(Groulx) : Mais, d'abord, le député de Jonquière, qui est un
parlementaire aguerri et expérimenté, sait très bien que je n'annoncerai
pas de mesure fiscale en commission parlementaire, lors du discours... lors du
débat sur le discours du budget. Alors, je
me garde... Si je suis vague parfois, c'est dans le tout respect du secret
budgétaire. Mais ce que la chaire en fiscalité dit... Parce que, là,
c'est comme si vous nous aviez lu une section du rapport de la chaire en
fiscalité qui dit qu'on n'utilise pas assez l'écofiscalité, mais la chaire dit
aussi que le fardeau fiscal des Québécois est numéro un en Amérique du Nord,
numéro un au Canada et est trop élevé. Et donc, toutes choses étant égales par ailleurs, la chaire en fiscalité nous
dit : Utilisez plus l'écofiscalité, utilisez plus les taxes sur la
consommation, puis il y a un ensemble commun, il y aurait la
consommation de produits polluants, ce serait de l'écofiscalité, et réduisez le
fardeau fiscal des particuliers parce qu'il est trop élevé dans son ensemble.
Alors, ce qu'on nous donne, c'est un menu de
recommandations. Et puis je connais les chercheurs derrière cette
recommandation, je les respecte, je suis d'accord avec eux que modifier les
prix relatifs pour modifier des comportements, ça fonctionne puis ça pourrait
nous rapprocher de nos cibles, mais je vais rester en terme général, parce que
là... Et je ne peux pas commenter sur ce qui pourrait venir dans d'autres
budgets, puis, en plus, il y a une élection d'ici là. Mais nous, on s'était
engagés à réduire le fardeau fiscal, on l'a fait. Et puis j'entends, que ce
soit le Commissaire au développement durable ou la chaire en fiscalité, que
l'écofiscalité pourrait être plus utilisée au Québec, j'entends ça.
M.
Gaudreault : Bien, moi, j'aimerais que le ministre l'entende et qu'il
fasse un pas de plus vers l'action, parce que ce que les rapports successifs du
GIEC nous disent... notamment, le deuxième, qui a été publié à la fin février,
portait sur les impacts et sur l'adaptation aux changements climatiques, nous
dit clairement que l'inaction des gouvernements coûte plus cher que de passer à
l'action, à différents égards, en termes de réduction de gaz à effet de serre,
d'investissement dans le transport collectif. L'inaction, socialement, coûte
plus cher en matière de santé, reconstruction
d'infrastructures. Je n'expliquerai pas tout ça au ministre, il le sait. Mais
là, moi, ce que j'entends quand il nous dit : J'entends les spécialistes
de la chaire en fiscalité de l'Université de Sherbrooke, j'entends ça,
j'entends ça, c'est que c'est de l'inaction, alors que et le Commissaire au
développement durable, qui est crédible, et la chaire en écofiscalité... en
fiscalité, pardon sur son rapport en écofiscalité, nous disent : Bien, le
Québec est un cancre en matière d'écofiscalité.
Moi, je ne demande
pas au ministre aujourd'hui de nous annoncer une nouvelle mesure. Je nous
demande... je lui demande de nous dire c'est quoi, son plan pour répondre au
Commissaire au développement durable et c'est quoi, son plan par rapport à des
mesures d'écofiscalité. J'en nomme deux, là, la contribution des automobilistes
au transport en commun puis la redevance sur l'eau, qui sont stagnantes — pas
l'eau qui est stagnante, mais les mesures qui sont stagnantes — depuis...
dans le cas de la redevance sur l'eau, depuis 2010. Puis, dans le cas du
transport en commun, imaginez, j'avais 22 ans, ça fait longtemps,
depuis 1992. Est-ce qu'on peut avoir un début d'ombre d'ambition en matière
d'écofiscalité de la part de ce ministre?
• (11 heures) •
M. Girard
(Groulx) : Très bien, merci. D'abord, on travaille déjà avec le
Commissaire au développement durable. Ensuite, quand vous dites : On n'a
pas de plan, bien, je vous ai dit que le point le plus important lorsqu'on
regarde l'ensemble de la fiscalité au Québec, c'est que le fardeau fiscal des
Québécois est trop élevé. Alors, nous avons été élus avec le désir de réduire
le fardeau fiscal. C'est commencé. On a posé des gestes. Et, dans un menu de
fiscalité totale, je reconnais que l'écofiscalité est sous-utilisée au Québec et
donc pourrait être plus utilisée, mais avant il faudrait réduire l'ensemble du
fardeau fiscal. Il faudrait... on a commencé, on a d'autres gestes à poser.
Et puis les éléments
que vous mentionnez, la contribution des automobilistes au transport en commun,
les redevances sur l'eau, je pourrais vous en nommer d'autres, ce sont tous des
points pertinents, mais je pense qu'il faut faire les choses dans le bon ordre.
Mais, effectivement, l'écofiscalité a un rôle à jouer dans l'atteinte de nos
cibles.
M.
Gaudreault : Parce que c'est le dernier budget de ce ministre avant
l'élection. Ce gouvernement a été élu en octobre 2018. Là, il nous dit :
Il faut faire les choses dans l'ordre, on a été élus dans l'objectif de réduire
le fardeau fiscal. Il est rendu au quatrième budget, M. le Président, au
quatrième budget qu'il dépose. Mais il faudrait refaire l'histoire des
ministres des Finances au Québec, puis là je regarde le député de
Robert-Baldwin, il n'y a pas tant de ministres des Finances qui ont quatre ans,
là, de file. Donc, je reconnais ça, qu'il y a une vision à la fois de ce qu'il
a fait et de là où il veut aller. Il a cette chance d'avoir été longtemps sur
le siège de ministre des Finances, le ministre actuel.
Alors, je trouve que,
rendu au quatrième budget de ce même ministre, de se faire dire : Bien, on
va regarder ce qu'on a à faire, puis il faut d'abord respecter notre engagement
de réduire le fardeau fiscal... je veux dire, la crise climatique, là, et les
rapports du GIEC, ça ne date pas de ce mois-ci, là, c'est dans l'actualité puis
c'est une réalité depuis longtemps. Comment ça se fait qu'on... Puis le rapport
du Commissaire au développement durable, c'est juin 2020. Comment ça se
fait qu'on n'est pas plus avancés que ça? Est-ce que le ministre peut au moins
nous dire ce qu'il va entamer comme mesures, comme démarches pour aller plus
vite en matière d'écofiscalité?
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est-à-dire que la réflexion sur la composition de
notre assiette fiscale, elle se fait en temps continu, là. Il n'y a pas une
journée qu'on ne pense pas à ça si on est ministre des Finances, puis il n'y a
pas une journée que le ministère des Finances ne se pose pas des questions,
puis il n'y a pas une journée qu'on ne reçoit pas un rapport qui nous indique
qu'on devrait modifier notre «tax mix». Et il faut regarder ce qu'on fait de
bien. On est les premiers, au Canada, à avoir introduit la taxation du carbone.
On aimerait avoir d'autres partenaires. Les
mesures d'écofiscalité vont aider dans l'avenir. Mais, à la base, avant toute
chose, le fardeau fiscal des Québécois était
trop élevé, puis c'était ça, la priorité. C'est ce qu'on avait annoncé il y a
quatre ans, puis c'est ce qu'on fait depuis qu'on est au pouvoir. On a
fait des mesures, mais...
Le Président (M. Simard) : ...
merci beaucoup à vous deux. Je cède maintenant la parole à la députée de
Huntingdon, qui dispose de 19 minutes bien comptées.
Mme IsaBelle :
Merci, merci beaucoup. Je suis contente d'assister à cette commission, si
on peut appeler ça comme ça, avec le ministre. Je veux d'abord vous parler...
Puis je suis contente parce que j'ai le sujet de... tout ce qui touche l'agriculture. Alors, je connais peu de
personnes, ici, qui sont venues dans ma circonscription, alors que... Il y a
peut-être le député de Robert-Baldwin qui est déjà venu, n'est-ce pas?
Peut-être le député à côté de chez nous, là, hein, de
Beauharnois-Salaberry. Ah, et on a aussi le député... le président. Mais tout
ça pour vous dire... Parce que ma circonscription, elle comprend la MRC
Jardins-de-Napierville. Et vous ne le savez peut-être pas, là, mais c'est
50 % des légumes du Québec qui sont
produits chez nous. Alors, vous devinez que je vais donc vous parler de
l'alimentation ou de l'agroalimentaire.
Je vais vous donner
des statistiques, parce que c'est très important. Puis je veux préciser aussi,
là, que la MRC Jardins-de-Napierville comprend aussi une municipalité qui est
dans la circonscription de Sanguinet, donc de la députée de Sanguinet et ministre
des études supérieures. Alors, je le répète, 50 % des légumes sont
produits... du Québec sont produits chez nous, dans la MRC
Jardins-de-Napierville, et c'est 80 % de la production québécoise de la
laitue, ou des laitues, parce qu'il y a différents types de laitues, et des
oignons qui sont produits chez nous. Vous comprendrez donc tout l'engouement
que j'ai pour... lorsqu'on demande du financement pour La Mouche Rose. Je pense
que vous savez maintenant ce que c'est, La Mouche Rose. Alors, écoutez, c'est le
un tiers des superficies de la production québécoise de légumes de champs qui
est chez nous.
Une première question, M.
le ministre... Parce qu'on parle beaucoup de production, on va y aller avec
l'autonomie alimentaire. La COVID nous a fait vivre, effectivement,
l'importance de l'autonomie alimentaire chez nous.
J'ai une première petite question avant de vous poser les autres. La
première : Est-ce que je me trompe, mais il me semble qu'on a déjà
beaucoup attribué, dans vos budgets antérieurs, pour de la production de... de
l'alimentation, là, si vous voulez, en serre? Ça a déjà été fait dans les
autres...
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais je m'en voudrais de ne pas souligner
qu'hier à Boisbriand, dans la circonscription du député de Groulx,
j'étais à une annonce d'investissement d'une entreprise qui est fantastique,
qui s'appelle Loop Mission, qui est vraiment un précurseur de l'économie
circulaire. Alors, ils prennent les fruits qui n'ont plus l'aspect visuel
suffisamment attrayant pour être vendus comme tels et ils les transforment en
jus extrêmement populaires, les jus Loop. Et c'est donc un succès d'économie
circulaire, d'utilisation de nos surplus alimentaires, qui sont un enjeu de
société extrêmement important. Puis je pense que, probablement, le GIEC en
parlait. Je pense qu'on mentionnait que les Canadiens avaient des rejets
alimentaires qui étaient... qui excédaient les pertes alimentaires des
Américains, ce qui, donc, indiquait, là, qu'on pouvait faire mieux. Alors, bon,
c'était l'annonce pour Loop Mission, mais c'est tellement une belle compagnie.
Puis, vous savez, les... la lutte aux
changements climatiques, c'est une opportunité, parce que le Québec n'a pas
suffisamment d'investissements des entreprises, et il y aura des efforts à
faire, au niveau des investissements, extrêmement importants, à faire au niveau
de la lutte aux changements climatiques. C'est donc une opportunité fantastique
pour nous.
Votre question sur le bioalimentaire puis qu'est-ce
qu'on fait depuis que nous sommes élus, bien, on a fait beaucoup. On a un
ministre qui a été très présent et qui a une volonté de développement de
l'industrie. Puis on a travaillé beaucoup
l'agroalimentaire, hein, le... pas juste la production, mais tout le secteur de
la transformation, il y a des efforts importants qui ont été faits avec
le ministre de l'Agriculture. Puis je dirais que... ce qu'on a fait, on a
continué de faire ce qu'on faisait bien, mais on a voulu augmenter l'autonomie
et la transformation au Québec, puis c'est des... c'est des gestes importants.
Mme IsaBelle : Effectivement,
je pense qu'on a attribué beaucoup pour l'augmentation de la production en
serre, ce qui était important... Est-ce que vous demandez une pause, quoi?
Le
Président (M. Simard) : Oui, effectivement, chère collègue. Je m'excuse de
vous interrompre à ce stade-ci, mais il y a une demande afin de
suspendre momentanément nos travaux. Mais, pour ce faire, de un, j'ai besoin de
votre consentement à tous et, de deux, j'aurais besoin également de votre
consentement afin que le temps pris pour la suspension soit pris à même le
temps dévolu à la partie gouvernementale. Il y aurait consentement pour les
deux?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) :
Consentement.
Alors, nous suspendons momentanément.
(Suspension de la séance à 11 h 09)
(Reprise à 11 h 13)
Le Président (M. Simard) :
...Huntingdon, à vous la parole. Il vous reste environ 12 minutes.
Mme IsaBelle : Alors, effectivement,
vous avez soulevé un bon point, M. le ministre, récupérer. Il y a de plus en
plus, aussi, de ces petites... ou de petits organismes communautaires, chez
nous aussi, qui font beaucoup de récupération de légumes laissés dans les
champs, entre autres. Mais nonobstant ça, je voulais soulever le point
qu'effectivement plusieurs millions ont été accordés, là, dans vos budgets
antérieurs, pour la production en serre, pour favoriser une autonomie
alimentaire, aussi, réduction du taux du coût d'électricité. Mais avec la
pandémie, on se rend compte comment c'est important, hein? On a déjà une
politique alimentaire au Québec. La pandémie nous a demandé d'en avoir une
autre encore plus robuste, hein, pour favoriser l'achat chez nous, favoriser
également l'achat non pas seulement chez nous, mais proche de chez nous.
Puis peut-être que j'ai oublié de vous donner
des statistiques, là. Malheureusement, c'est des statistiques avant, là...
avant 2020. Alors, L'Union des producteurs agricoles disait, entre autres, que
l'industrie agroalimentaire génère des retombées économiques significatives
pour le Québec, hein? On a souvent tendance à un peu ignorer ce secteur-là ou à
le considérer de moindre importance, mais pourtant il ne faut quand même pas
l'oublier, puisqu'il représente près de 5 % du PIB québécois. Je ne m'y
connais pas tellement, ce que ça veut dire, mais je pense que c'est important.
C'est tout près de 22,9 milliards de dollars, alors des retombées
économiques de plusieurs milliards de dollars aux gouvernements du Québec et du
fédéral. Alors, il ne faudrait pas... pour le gouvernement fédéral... il ne
faudrait pas, quand même, négliger ce secteur-là. Puis je vous en parle
beaucoup parce que, je vous l'ai mentionné tantôt, chez nous, hein, le
triangle... tout le monde se rappelle du Triangle d'Or du Québec, là, mais
c'est vraiment chez nous, les belles terres noires du Québec.
Alors,
je reviens, M. le ministre... On parle bien de la production, puis, tantôt...
mais on a aussi l'approvisionnement, puis là j'ai beaucoup de... beaucoup de
citoyens ou beaucoup d'agriculteurs qui me posent la question : Quelles
sont toutes les mesures financières qui vont... ou qui ont été prévues au
budget pour améliorer notre autonomie alimentaire du Québec? On peut parler de
la production, qui est très importante, mais aussi on doit parler de
l'approvisionnement, parce que les gens ont été inquiets, puis on peut
peut-être aussi constater, là, qu'on... qu'il y a de moins en moins, parfois,
de produits dans les supermarchés, et autres. Mais quelles sont toutes les
mesures... ou quelles sont vos mesures financières que vous avez proposées dans
le budget pour rassurer d'abord la population, mais aussi rassurer mes
maraîchers, ou ma filière maraîchère de chez nous?
M. Girard
(Groulx) : Merci. Je vais prendre votre question au sens large puis
revenir un peu sur votre précédente question, qu'est-ce que notre gouvernement
a accompli au niveau du secteur bioalimentaire au Québec, et puis, ensuite, on pourra parler, évidemment, des
approvisionnements. Mais je pense que c'est important de se rappeler
qu'en 2019 on a créé un fonds d'investissement agricole, doté de
250 millions, pour augmenter la productivité et la compétitivité des
entreprises agricoles. Ça, c'était vraiment une mesure... là, je n'utiliserai
pas le mot «structurante» parce que je
n'aime pas ce mot, mais une mesure importante, qui fait une différence pour nos
entreprises. Ensuite, il y a eu, au
mois d'octobre 2020, le plan d'agriculture durable, puis ça, il y a un lien
avec ce qu'on discutait avec notre collègue de Jonquière, le rapport du GIEC, 125 millions pour accélérer
l'adoption de pratiques agroenvironnementales performantes.
Et
là je me dirige vers votre question. La stratégie nationale d'achat
d'alimentation québécois, afin de favoriser l'achat d'aliments produits ou transformés au Québec par les
institutions publiques, 22 millions, pour donner l'exemplarité de
l'État. Stratégie de croissance pour les serres au Québec, vous en avez parlé,
91 millions pour doubler le volume de
la culture des fruits et légumes en serre. Puis il y a... évidemment, il y
avait l'extension du réseau triphasé, là, qui est important pour les
agriculteurs. Mais, au niveau de l'autonomie alimentaire aussi, diverses
mesures, totalisant 157 millions, visant à favoriser l'achat local,
accroître la productivité et compétitivité des entreprises bioalimentaires. Le Défi 12 $, substituer 12 $ de produits québécois dans
votre consommation, qui pourrait se traduire par plus de 1 milliard
d'achats locaux.
Bref,
on a un gouvernement, puis probablement grâce à vous, qui se soucie de
l'agriculture au Québec, du secteur bioalimentaire, de la transformation
alimentaire, puis on a fait des investissements importants, puis on va
continuer.
Mme IsaBelle :
...merci. Je suis contente que vous me parliez aussi du Défi 12 $, parce
qu'effectivement plusieurs maraîchers de chez nous m'en ont parlé, et ils me le
demandaient, si on allait le répéter cet été, parce que vous savez que les semences vont commencer très bientôt. Alors, certains
ont déjà commencé, là, mais c'est exceptionnel, ceux qui ont commencé...
Je parle dans les champs, là, et non pas dans les serres. Les serres, c'est à
l'année. Alors, ils me l'ont déjà demandé,
si on allait refaire une belle campagne Défi 12 $, et est-ce que ça allait
rester 12 $, mais, ça, c'est à préciser avec le temps.
• (11 h 20) •
Écoutez, je m'en
voudrais de ne pas vous parler d'une autre filière, que je connais peut-être un
peu moins, je dois l'admettre, c'est toute la filière forestière. Il y a
beaucoup, hein, qui a été fait, ces dernières années, concernant le travail réglementaire autour de cette filière.
On sait que les revenus du Québec ou du gouvernement du Québec engendrés
par le secteur forestier est estimé, en 2021, à près de 560 millions,
alors... dont 377 millions uniquement en effets directs. Je vous parle de ça parce qu'on sait aussi que le prix du bois
d'oeuvre au pays a connu, hein, des sommets, au début de l'été 2021, assez... qui a chuté, hein, dramatiquement en
juillet et fin de la saison estivale, mais ça a augmenté avec le temps.
Alors, je vais vous
poser une question bien directe, parce que ce n'est pas vraiment mon domaine,
mais ça me fait plaisir quand même, là, d'aborder ce sujet-là : Dans le
contexte actuel, une nouvelle hausse des prix du bois d'oeuvre, et face à la
récurrence des conflits commerciaux dans ce secteur, quelles sont les actions
prises par notre gouvernement ou par... oui, notre gouvernement pour soutenir
cette industrie et soutenir, par le même fait, un peu tous les Québécois et Québécoises, là, qui veulent construire, ou les
entreprises qui veulent, effectivement, agrandir, etc.? Alors, quelles
sont vos actions que vous allez prendre pour nous aider?
M. Girard (Groulx) :
Bon, alors, dans le budget 2022-2023, qui est le sujet de cette
commission, 163 millions de dollars sur cinq ans, et, si je pouvais
résumer ça en une phrase — parce
que j'aime ça faire la synthèse de ce qu'on
fait — c'est
favoriser l'innovation et la modernisation de l'industrie forestière. Alors, il
y a des mesures pour l'innovation, notamment le programme Innovation
Bois. Il y a des mesures pour moderniser les opérations forestières, poursuivre le développement des chemins multiressources,
soutenir la récolte de bois des forêts publiques affectées par la
tordeuse des bourgeons de l'épinette — ça, c'est extrêmement
important — assurer
la conservation et la protection du capital faunique, soutenir la candidature
de l'île d'Anticosti au patrimoine mondial de l'UNESCO. Et, bon, les deux
derniers points sont, évidemment, plus dans la mission... peut-être moins dans
la mission forêt, là.
Mais, je dirais, pour
ce qui est de la forêt, c'est vraiment l'innovation de l'industrie puis la
modernisation des opérations, là, c'est là que les montants importants sont. Et
c'est notre collègue le ministre des Forêts, Faune et Parcs qui avait identifié ces priorités-là, et, tant le
ministre de l'Économie que le ministre des Finances, eh bien, c'est ça qu'on
veut, là, on veut une industrie qui est en
transition, en modernisation. Et, heureusement, la hausse du prix des matières
premières permet à cette industrie de se
moderniser dans un contexte un peu plus favorable, parce que les dernières
années n'ont pas été faciles pour cette industrie.
Mme
IsaBelle : ...vous le mentionnez bien. Est-ce que... On met beaucoup
d'actions, effectivement, pour cette
entreprise-là ou, enfin, cette filière-là, qu'on pourrait dire, est-ce qu'on
pourrait penser qu'éventuellement il y aura aussi d'autres actions qui
seront entreprises? Est-ce que c'est déjà prévu ou... Parce qu'on sait très
bien, là, qu'on a beaucoup... hein, on a beaucoup de gens de... qu'ils soient
dans un commerce ou qu'ils soient... des commerçants, c'est-à-dire, ou qu'ils
soient des entrepreneurs, mais on a aussi beaucoup... Moi-même,
personnellement, j'ai attendu avant d'agrandir ma maison, là, ma petite maison.
Alors, on a fait déjà
beaucoup, c'est excellent. Est-ce qu'on peut prévoir qu'il y aura d'autres petites
actions ou on a vraiment... on a d'autres... Tu sais, est-ce qu'on peut prévoir
qu'il y aurait d'autres... effectivement, d'autres activités ou d'autres
actions menées autour de cette...
M. Girard (Groulx) : Bien, je pense que le
premier ministre et le ministre de l'Économie ont dit, dans le passé, qu'on devait moderniser nos usines de pâtes et
papiers, c'était bien connu, d'autant plus que la demande s'est vraiment
modifiée hein, la demande de papier n'est plus la même, et donc l'industrie
doit s'adapter. Et tant le ministre de l'Économie que le premier ministre ont
dit que c'était extrêmement important.
Le Président (M.
Simard) : Il vous reste 30 secondes, chère collègue.
Mme IsaBelle :
Bien, écoutez, moi, je suis bien contente.
Je vais revenir sur mon secteur que je connais plus, là, tout ce qui touche l'agroalimentaire. Moi, je
tiens vraiment à féliciter, là, toutes les mesures qui ont été apportées pour
ce domaine-là. Je trouve que c'est très important pour nous, tant pour notre
filière maraîchère, mais également pour tous les Québécois et
Québécoises, là, pour notre autonomie alimentaire.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Je cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin, qui dispose
de 20 minutes.
M. Leitão : Merci,
M. le Président. Je constate qu'il n'y a pas d'inflation de temps de mon côté,
mais il y a eu de l'inflation de... Bon,
avant de continuer sur là où on était, on parlait en termes d'économie, M. le
ministre, j'aimerais juste comprendre un peu quelle est votre position
sur le fardeau fiscal. Je pense que vous avez dit deux fois, en réponse au
collègue de Saint-Jérôme et au collègue de Jonquière — cette
fois-ci, je ne les mélange pas, non, c'est bien
ça — que
l'objectif... enfin, c'est ce que j'ai compris, donc c'est pour ça que j'ai
besoin de votre aide, c'est pour me dire
si j'ai bien compris ou pas, que l'objectif, ultimement, du gouvernement serait
de réduire le fardeau fiscal. Est-ce bien ça?
M. Girard
(Groulx) : Bien, ce que j'ai dit, c'est qu'en 2018, lors de
l'élection, on s'était engagés... on avait deux grandes promesses, je pense que
c'est ça, le bon terme, il y avait la bonification des allocations famille puis
la réduction de la taxe scolaire, pour avoir un taux unique et pour avoir
l'équité entre les régions. Et puis d'autres gestes se sont ajoutés, tels que
le crédit d'impôt au maintien à domicile, l'élimination de la tarification des
services de garde subventionnés en fonction
du revenu, et après ça il y a eu la bonification du crédit d'impôt pour frais
de garde. Bref, tous ces gestes, lorsqu'ils sont additionnés, totalisent
une réduction du fardeau fiscal de... légèrement inférieure à 3 milliards par année. Et, malgré tout
cela, bien que le revenu disponible s'est accru dans les quatre dernières
années, bien, le fardeau fiscal du Québec demeure de l'ordre... puis là,
quand je dis «fardeau fiscal», je somme le fédéral, les municipalités, le
Québec, avoisine 38 %, puis... en fait, c'est 39 %, puis on compare à 33 %
pour la moyenne canadienne. Alors, c'est
certain que, sur un... lorsqu'on regarde le futur, il faudra continuer de
réduire ce fardeau fiscal.
M. Leitão : Donc,
j'avais bien compris, c'est-à-dire qu'arrivé, je ne sais pas moi, en 2025-2026,
une fois que le budget serait pratiquement équilibré, donc, à ce moment-là, la
prochaine étape... c'était un peu ce que le député de Jonquière voulait dire,
donc, la prochaine étape serait de réduire le fardeau fiscal, si on peut le...
si on a la...
M. Girard
(Groulx) : Je ne veux pas me prononcer dans le temps, le moment. Mais
ce que je veux dire, c'est que, malgré les
efforts qu'on a faits, malgré l'augmentation du revenu disponible, je constate
que le fardeau fiscal des Québécois est toujours élevé et puis que, dans
la mesure où nous aurons les marges de manoeuvre, parce que ça va être
important, là, l'évolution de l'économie entre ici puis l'élection, bien, il y
a certainement un désir de notre gouvernement de continuer à réduire le fardeau
fiscal.
M. Leitão : O.K.
Donc, il y a un désir de continuer à réduire le fardeau fiscal s'il y a la
marge de manoeuvre. Bon. La raison pour
laquelle je soulève cette question, c'est que... Là, on revient là où on était,
là, on parlait d'économie. Pourquoi c'est important? Bon, parce que
l'économie va générer les revenus suffisants pour qu'on puisse faire face à nos obligations, donc les revenus de l'État pour
qu'on puisse payer les services publics, que les services publics soient
financés adéquatement.
Et c'est un peu de ça
que j'aimerais parler maintenant, donc du financement des services publics à
long terme, surtout dans le contexte démographique où nous nous trouvons
présentement, un contexte démographique qui va avoir un double effet sur les
services publics. D'un côté, moi, je maintiens que ça va constituer un frein à
la croissance, le fait qu'en termes absolus
là, notre population active n'augmente pas, elle va même légèrement diminuer.
Mais aussi, de l'autre
côté, le vieillissement de la population va amener à une plus forte utilisation
des services publics, surtout les services de santé. Et c'était un peu
de ça que j'aimerais qu'on parle un peu.
• (11 h 30) •
Jeudi dernier, il y avait eu une discussion
intéressante entre le député de La Pinière et le ministre en termes de santé.
Moi, je veux rester beaucoup plus «high level», donc beaucoup plus général que
ça. Mais je trouve que c'est très important, ce que je vais dire, sinon je ne
le dirais pas, bien sûr. Et la première question est : Selon vous, selon
le ministère des Finances, où est-ce que se situent présentement les fameux
coûts de maintien de services en santé? Il y
a eu toutes sortes... Je pose la question parce que, dans les dernières années,
évidemment, avec la pandémie, il y a eu toutes sortes d'événements
extraordinaires. Mais donc, à moyen terme, comment est-ce que vous voyez
l'évolution du coût du maintien de services en santé?
M. Girard (Groulx) : Bon, ça dépend
de la définition que vous utilisez. Parce qu'on a le rapport du Conference
Board du Canada qui estime la croissance des coûts de santé, au Canada, de
l'ordre de 5 % par année, mais ça,
c'est une définition qui est plus large que ce qu'on appelait le maintien des
coûts de services parce que, dans ce 5 %, il y a les nouvelles
technologies, les nouveaux médicaments, l'expansion du panier de services.
Alors, je dirais que c'est une définition large du... des... Ce n'est pas le
coût de reconduction de programmes, là, c'est l'évolution, à long terme, de la tendance des coûts de santé. L'ordre
de grandeur de la reconduction des services existants, ça reste le même
ordre de grandeur que lorsque vous étiez là, c'est-à-dire que c'était dans
l'ordre de grandeur de 3,5 % à 4 %.
M.
Leitão : Oui, en effet, on parlait beaucoup de 4 %.
Maintenant, l'enjeu que... ce qui me préoccupe maintenant, c'est justement le
vieillissement de la population. Et donc je pose la question : Est-ce que
4 %, c'est vraiment... Est-ce que c'est
suffisant? Et là je vous ramène, je nous ramène, nous tous, puisque beaucoup
d'effort a été fait, là, pour préparer ce budget... et puis il y a plusieurs graphiques, plusieurs tableaux qui
sont extrêmement intéressants, notamment à la page C.34. Alors, à
la page C.34 — je
vais la trouver ici, C.33, C.34 — c'est du Conference Board, justement, un
graphique du Conference Board où on voit l'évolution à très long terme des
soldes budgétaires du gouvernement fédéral et des provinces canadiennes. Et le principal moteur de l'évolution de ces
soldes budgétaires pour les provinces canadiennes, c'est surtout,
évidemment, les coûts de santé.
Alors, on voit ici, dans les projections à long
terme, que, bon, les soldes budgétaires des provinces, collectivement, se
détérioreraient de façon majeure si rien n'est fait, bien sûr. Et, bon, on n'a
même pas besoin de regarder 2039‑2040, ça fait trop peur, ces chiffres-là,
mais, disons, restons... restons quand même dans le futur proche, là, qui se
trouve quand même 2017‑2018. Donc, on voit que, les provinces canadiennes,
d'une façon générale, leurs finances
publiques se détériorent. Alors, dans cette évolution des soldes budgétaires,
où est-ce que vous voyez... où est-ce que vous mettriez le Québec? Parce
qu'ici on a les provinces toutes ensemble. Le Québec suivrait la même tendance?
On serait mieux que les autres ou pires?
M. Girard (Groulx) : Oui. Je
pense que le... D'abord, c'est important, puis tantôt vous me parliez des coûts
de reconduction de programme puis des
hypothèses du CBOC, là, une des raisons qui nous amènent de 3,5 % vers
5 %, c'est le vieillissement de la population. Alors, c'est un
facteur qui vient... Cette reconduction de programme là sur une année, ce n'est pas un facteur, mais,
lorsqu'on projette à long terme, le vieillissement de la population vient
augmenter les taux de croissance.
Le
graphique C.4 auquel vous référez, il y a une autre version qui est
intéressante au niveau de la dette nette, là. Évidemment, la dette nette du fédéral est plus élevée que la moyenne des
provinces maintenant en raison des importants déficits qui ont été faits
durant la pandémie. Mais ce qu'on voit, c'est que la dette nette du
gouvernement fédéral diminue dans le temps, alors que la dette nette des
provinces augmente.
Il y a une autre étude, pas celle du Conference
Board, mais du directeur parlementaire du budget fédéral, qui mentionne que le
Québec est une des deux provinces, ou je pense qu'il y en avait peut-être
trois, qui est la mieux positionnée à long
terme. Donc, si on regarde le graphique C.4, puis qu'on voit que la
situation des provinces se détériore, bien, le Québec serait une des provinces
où la situation se détériorerait le moins, toutes choses étant égales par
ailleurs.
M. Leitão : C'est ça. Et ce qui
n'est peut-être pas tout à fait égal par ailleurs, c'est qu'ici aussi, au
Québec, nous avons d'énormes... ailleurs
aussi, mais nous avons d'énormes besoins d'investir en infrastructures de
transport, santé, éducation, etc. D'ailleurs, on a vu aussi... Dans le
budget, il y a aussi des graphiques intéressants sur le maintien d'actif. Et donc on voit qu'on a donc besoin
d'investir de façon importante en infrastructures. Donc, ça aussi, ça mettra
une pression à la hausse sur la dette, sur la dette nette.
Mais la raison pour laquelle je pose ces
questions, et je reviens à l'économie, c'est que, bon, quel que soit le... moi, je penche plutôt du côté de 5 % pour
l'augmentation à long terme de reconduction de programmes en santé, puis
c'est peut-être 4,5 %, c'est peut être
5 %, mais, que ce soit à 4,5 % ou 5 %, c'est
plus rapide, c'est plus fort que l'augmentation des revenus, puisque les
revenus, eux, augmentent, quoi, à 3 % par année, 3,5 % avec un peu de
chance, là, et il ne faudrait pas avoir des récessions. Donc, il y a comme un
déséquilibre structurel. Ce qui va arriver, ce
qui risque d'arriver, et c'est là où je pense qu'il y aurait un problème, c'est
qu'évidemment on va prioriser la santé. Donc, la santé va accaparer toutes les ressources financières et puis,
pour le reste, bien, c'était comme si le gouvernement, l'État du Québec
deviendrait une espèce... un gros hôpital, et pas grand-chose d'autre. Donc, comment est-ce qu'on va faire pour pouvoir
financer adéquatement nos services de santé à long terme sans diminuer la
capacité de l'État de remplir ses autres missions aussi?
M. Girard
(Groulx) : Mais là où je suis d'accord avec vous, c'est que, si on
prend l'hypothèse que les coûts de la santé vont augmenter de 5 % par
année, et puis qu'on a une croissance des revenus de 3,5 %, puis que la
santé, c'est 43 % de nos coûts, bien, dans la mesure où on veut avoir
3,5 % en moyenne de croissance de dépenses, bien, les autres postes
budgétaires n'auront pas une croissance de 5 %, là. Mais on peut imaginer
facilement une situation où la santé, c'est
5 %, et l'éducation, l'enseignement supérieur, c'est 3,5 %, puis les
autres postes budgétaires, c'est 3 %. Mais la clé, dans la
discussion que nous avons, c'est la contribution du fédéral en santé. C'est-à-dire
que le fédéral contribuait autrefois 46 % des coûts de la santé au Canada,
et aujourd'hui c'est 22 %. Et la part, ce 22 %, lorsqu'on fait des projections, puisque le transfert
canadien en santé va croître au niveau du PIB nominal, qui est lié à la
croissance des revenus, qui est
inférieure à 5 %, bien, le 22 % va continuer de décliner dans le
temps puis va... s'en va extrêmement rapidement
à moins de 20 %. Alors... d'où la demande, réitérée à plusieurs reprises,
du Conseil de la fédération de l'ensemble
des provinces et territoires pour un accroissement du financement fédéral en
santé. Et là ça permettrait d'assurer un financement de la santé qui
répond aux besoins.
• (11 h 40) •
Maintenant, la santé, c'est une responsabilité
du gouvernement du Québec, et le gouvernement du Québec assume ses responsabilités. Alors, dans le cadre financier, aucune
projection d'augmentation des transferts, bien qu'on réitère l'importance de
cette demande. Et j'ai donné... Notre gouvernement a donné des moyens au ministre
Dubé pour mettre son plan en action,
indépendamment de ce que le fédéral fera. Mais, sans révéler la teneur de mes
conversations avec la vice-première
ministre du Canada, je peux vous dire qu'à chaque fois que je lui parle je lui
parle d'augmenter le transfert canadien en santé, sans condition.
M. Leitão : Et ça, bien sûr, écoutez, nous sommes entièrement
d'accord sur la nécessité que ces transferts-là augmentent, mais, comme on dit
en bon québécois, M. le Président, «been there, done that». Et disons que la
réception est toujours très bonne. Oui, oui, bien sûr, tout le monde
comprend la nécessité. Après ça, c'est comment est-ce qu'on concrétise ça. Et donc ça, c'est un travail qui n'a pas de fin. Il
va falloir, à chaque année, toujours... Et il faut le faire, il faut le
faire, et c'est clair qu'on a besoin d'augmenter la contribution fédérale.
Cependant, je pense qu'il faut aussi... Et c'est
là où je reviens au début de nos conversations, quand on parlait de fardeau
fiscal, mais je pense que nous devons aussi faire tout ce qu'on peut, bien sûr,
pour financer adéquatement nos services
publics. Et, si c'est 5 % que ça prend, c'est 5 % que ça prend en
santé, ou même 4,5 %, c'est ça que ça prend. Alors, il va falloir
que l'État québécois puisse avoir les revenus suffisants pour faire ça.
Évidemment, on aimerait bien qu'une bonne partie
de ça vienne des transferts fédéraux, mais, si ça n'arrive pas, ou si ça prend beaucoup de temps, ou si ce
n'est pas à la hauteur de ce qu'on souhaite, bien, il faut qu'on soit capables
de continuer. Et donc, à ce moment-là, moi, je pense que ça devient
particulièrement risqué de penser à des façons de faire baisser, de réduire le fardeau fiscal. On pourrait peut-être... et
ça, je pense, ça serait très utile, de repenser la fiscalité, de
restructurer la fiscalité. Il y a plein de rapports qui sortent au ministère,
certains plus intéressants que d'autres, mais
il y a plein, plein d'études qui ont été faites, de changer le «tax mix». Ça,
c'est... Ça serait très intéressant de revenir là-dessus. Mais, d'une
façon globale, je trouve que ça serait peut-être un peu hasardeux de... même si
les Québécois sont parmi les contribuables
les plus taxés au Canada, bien, si on veut maintenir nos services publics
financés adéquatement, je pense qu'il faut s'assurer qu'on a les revenus
nécessaires pour le faire.
M. Girard (Groulx) : Et, étant donné
l'importance de bien financer nos services, les réductions du fardeau fiscal devront être bien ciblées. Et c'est certain
que, si on a un phénomène de rareté de main-d'oeuvre, si les réductions du
fardeau fiscal, par exemple, augmentaient l'offre de travail, ce serait
extrêmement judicieux comme politique.
M.
Leitão : En effet, tout à fait, bien ciblé, entièrement
d'accord avec ça. Là, on revient un peu au «tax mix» et on revient aussi à nos
conversations de début du budget. M. le Président, il ne me reste pas
longtemps, mais, en tout cas...
Le Président (M. Simard) : Deux
minutes.
M. Leitão : ...on va prendre le temps
qu'il faut, parce qu'on revient à ce qu'on parlait depuis le tout début,
c'est-à-dire le 500 $ à tout le monde, aux 6 millions de Québécois.
Est-ce que c'était vraiment bien ciblé de le faire de cette façon-là, ou de prendre peut-être un peu moins que
3,2 milliards, mais le cibler vraiment aux personnes qui en avaient
le plus besoin pour compenser la hausse de l'inflation?
M. Girard (Groulx) : Bien, d'abord,
je pense que c'est deux sujets distincts, parce que, lorsqu'on parle de réduction du fardeau fiscal, on parle de mesures
permanentes, et là vous, vous référez au montant ponctuel qui se combinait
à la prestation exceptionnelle et qui... lorsque ces deux mesures étaient
ciblées, effectivement, elles accordaient plus à ceux qui ont un revenu plus
faible, 3,3 millions de Québécois et moins. Mais on a jugé qu'entre le 3,3
et le 6,4 millions de Québécois, ces
gens-là font face à la hausse du coût des aliments, et du transport, et de
l'énergie, et du logement. Et on a
pris la décision de les aider, mais c'est un montant qui est ponctuel. Alors,
ce n'est pas une réduction du fardeau fiscal, c'est une aide ponctuelle
pour faire face à la hausse du coût de la vie.
M. Leitão : Je comprends. Je
comprends, mais, juste en terminant, pour ce bloc-ci, ce qui est implicite dans
le budget à moyen terme, c'est une augmentation des dépenses en santé de
4,2 % par année, une fois qu'on exclut les éléments extraordinaires et
3 % en éducation. Moi, je vous dis seulement deux choses : Je ne
trouve pas que ce soit nécessairement suffisant en santé,
d'abord, et, deuxièmement, ça va mettre énormément de pression, énormément de pression sur les autres missions de l'État, parce
qu'il n'y aura pas grand-chose qui reste pour famille, justice, transport,
tout le reste, toutes les autres missions de l'État, il n'y en a pas beaucoup.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît, on a débordé le bloc.
M. Girard
(Groulx) : Mais ça me convient, on peut le prendre sur le
temps du gouvernement pour... La particularité de notre gouvernement, c'est
qu'on veut s'assurer que l'ensemble des missions de l'État soit bien financé
à long terme, d'être en position de force pour faire face aux intempéries.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, M. le ministre. Je cède la parole au
député de Beauharnois, qui dispose de 19 minutes.
M. Reid : Merci, M. le Président.
Salutations à mes collègues, à la collègue de l'opposition, à tout le monde qui
est présent ici en très, très, très grand nombre. C'est toujours intéressant
d'entendre le ministre des Finances nous parler de finances publiques, on voit
qu'il en est passionné. Et je suis très, très heureux donc d'être ici
aujourd'hui. On va parler, M. le ministre, d'environnement, on en a parlé
tantôt avec le collègue de Jonquière, et c'est un sujet qui fait la une des médias assez régulièrement, d'autant
plus que le GIEC a déposé son rapport hier, donc avec des constats qui
sont relativement intéressants.
Notre ministre
de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques a rendu
public, en décembre dernier, l'inventaire québécois des émissions de gaz
à effet de serre en 2019 et leur évolution depuis 1990. Et c'est à ce niveau-là que c'est intéressant, parce qu'on voit qu'il y
a une évolution qui n'est peut-être pas tout à fait en fonction des
cibles qui ont été fixées. Mais, ceci dit, quand on regarde l'inventaire, on
constate une augmentation de près de
1,3 million de tonnes de CO2 des émissions qui proviennent des GES, par
rapport à 2018. Cette augmentation, c'est
une augmentation d'à peu près 1,5 %. Les émissions de GES au Québec
s'élèvent ainsi à 84,3 millions de tonnes de CO2, ce qui
représente une diminution de 2,7 % par rapport à leur niveau de 1990.
Pendant cette période, le PIB du Québec, lui, a connu une croissance de
2,7 % en termes réels, ce qui veut dire qu'il est possible de faire
coïncider croissance économique et lutte aux changements climatiques. C'est une
bonne chose. À ce titre, le Québec se situait au premier rang pour le plus
faible taux d'émission de GES par habitant des provinces et territoires au
Canada, soit 9,9 tonnes de CO2 par habitant. Les émissions du
Québec représentaient 11,5 % des émissions canadiennes en 2019, alors que sa population représente un peu moins du
quart de la population au Canada. Donc, l'écart entre la proportion de notre population dans la fédération canadienne
et notre bilan carbone est considérable. On peut en être très fiers, puis
il faut continuer à améliorer notre bilan, sans aucun doute.
Depuis 1990, la baisse de 2,7 % est
principalement attribuable à la diminution des émissions des secteurs
industriels, du chauffage résidentiel, commercial et institutionnel, de même
que du secteur des déchets. Toutefois, les transports,
quant à eux, ont généré près de 44 % des émissions de GES au Québec en 2019.
De 1990 à 2019, ces émissions issues
des transports ont augmenté de près de 35 %. Le secteur des transports, et
on en parle régulièrement, est désormais un des plus grands émetteurs de GES sur notre territoire. Bien entendu,
on met des choses en place, mais, ceci dit, considérant qu'une des
principales sources d'émissions de GES du Québec est le secteur des transports,
est-ce que de nouvelles mesures,
subventions, des incitatifs fiscaux, des programmes de financement, ou autres,
ont été mises en place dans le récent budget, tout ça pour accélérer
cette transition écologique de nos transports?
• (11 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Merci pour la
question. Alors...
M. Reid : C'est une longue question.
M. Girard (Groulx) : La façon que le
cadre budgétaire fonctionne, c'est que le ministre des Finances donne les
moyens aux ministres pour rencontrer leurs missions ou nous amener à des
niveaux d'ambition supérieurs. Mais, si on prend l'exemple de la santé, le
ministre des Finances donne 8,9 milliards au ministre de la Santé. Le
ministre de la Santé doit... dévoile son plan et décline l'utilisation de ces
sommes pour accomplir les objectifs qu'on se donne.
Au niveau des changements climatiques, ce n'est
rien de moins que... On a un plan de lutte aux changements climatiques. On a
des cibles d'ici à 2030, qui est une réduction de 37,5 % par rapport à
1990, en 2030. Et on a un plan d'électrification et de lutte aux changements
climatiques pour atteindre ces cibles. Et ensuite je décline jusqu'au plan de
mise en oeuvre qui est révélé et qui est mis à jour, la particularité, c'est
extrêmement important, qui est mis à jour à chaque année par le ministre de
l'Environnement.
Alors, ce qu'on a annoncé dans le budget, c'est
qu'il y aurait 1 milliard de plus dans le plan de mise en oeuvre 2022‑2027,
par rapport au plan de mise en oeuvre 2021‑2026, et que donc il serait
doté de 7,6 milliards, qui est 1 milliard de plus que
6,6 milliards. Et là-dessus, on explique la déclinaison, il y aura 5,8 milliards
pour lutter contre les changements climatiques, 1,4 milliard pour
l'adaptation aux changements climatiques. Il y avait approximativement
200 millions pour la ville de Montréal et la ville de Québec, nos
partenaires dans la lutte aux changements climatiques, et puis ensuite il y a
d'autres éléments au niveau de la gouvernance et de l'expertise.
Mais, alors, je reviens, puisque votre question
est sur le 5,8 milliards qui concerne la lutte aux changements
climatiques, il y a 760 millions qui iront pour les bâtiments,
1,3 milliard qui ira pour le secteur résidentiel et 3,5 milliards pour l'électrification des
transports. Et donc ce sont des sommes... 3,5 en fonction du 5,8 de lutte
aux GES et du
7,6 du plan de mise en oeuvre, ce sont des sommes extrêmement importantes, qui
reflètent quoi? Bien, qui reflètent le fait que nos émissions entre 1990
et 2019 ont augmenté de 35 % dans le secteur des transports. Puis ça,
c'est le transport résidentiel et le transport lourd. Donc, le fait qu'on
accorde 3,5 milliards sur 5,8 milliards reflète le fait que le secteur des transports est le secteur où on a
le plus d'effort à faire pour atteindre nos cibles de lutte aux changements
climatiques.
M. Reid :
Merci, M. le ministre. Toujours dans la même direction, vous avez parlé
d'électrification des transports. Je pense qu'on a quand même... On a des
belles avancées, du côté du Québec, de ce côté-là. Qu'on pense à l'entreprise
Lion qui est basée dans le comté de mon collègue ici, à ma gauche. En lien avec
ça, la dépense, on parle du coût de
l'essence, bien entendu, qui a connu une augmentation assez importante au cours
des derniers mois, là, bien entendu
en lien avec ce qui se passe en Ukraine, malheureusement, est-ce que...
Pensez-vous, là, que ces récentes augmentations du coût de l'énergie vont avoir
un effet d'accélérer ou de ralentir, en fait, le choix de passer vers un
véhicule électrique? Est-ce que... Comment un Québécois peut dire : O.K.
Moi, je vais garder ma voiture à essence plutôt que d'y aller vers une voiture
électrique?
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est certain que, toutes choses étant égales par
ailleurs, la hausse du prix des énergies fossiles va favoriser les ventes de
voitures électriques. Maintenant, les ventes de voitures électriques sont aussi
fonction de l'offre de voitures électriques. Et la production de voitures
électriques est insuffisante en Amérique du
Nord pour la simple et bonne raison qu'il y avait seulement le Québec qui avait
des politiques incitatives d'achats de véhicules
électriques, et donc ce n'était pas particulièrement intéressant pour les
constructeurs de modifier l'ensemble de
leur chaîne de production pour un petit marché de 8,6 millions
d'habitants. Mais, à partir du moment que le reste du Canada et que les
États-Unis s'intéressent aux véhicules électriques, on va voir une
transformation des producteurs de voitures qui va nous amener beaucoup plus de
voitures électriques. Et donc qui dit plus d'offres dit baisse du prix,
accessibilité. Et donc c'est important ce que le Québec fait au niveau de la
lutte aux changements climatiques, mais le Québec, ce n'est pas une île, on a
besoin de l'aide de l'Ontario, du gouvernement canadien et des États-Unis pour
augmenter l'offre.
Ensuite, je ne peux
pas m'empêcher de vous dire qu'au-delà du coût de la voiture électrique il y a
le... — je
cherche le terme juste — il
y a la facilité d'utilisation du véhicule électrique. C'est-à-dire que nous, on
a une responsabilité, puis Hydro-Québec a une responsabilité, c'est qu'il y ait
des bornes. L'utilisation de la voiture électrique sera multipliée beaucoup
plus par la facilité et la rapidité à recharger les voitures que simplement le
prix des voitures électriques. C'est
extrêmement important qu'il y ait des bornes à haute puissance pour pouvoir
charger ces véhicules. Et c'est souhaitable que tout le monde, par exemple,
fasse la distance Québec-Montréal en voiture électrique. Mais ce sera
d'autant plus facile de convaincre le monde le jour où ça prendra exactement le
même temps et que tout le monde aura une
voiture qui est chargée à plein et il n'aura pas besoin d'arrêter... Puis là je
ne ferai pas de publicité pour le
Madrid, mais c'est un des endroits où ça charge de façon importante. Mais je
pense qu'on sous-estime l'importance de l'accès aux bornes, M. le
député, et de la capacité de recharge, la rapidité de recharge. Et donc on a un
travail à faire pas seulement sur l'offre de voitures électriques, mais aussi
l'accessibilité aux bornes de chargement.
Le Président
(M. Simard) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Reid :
...l'offre de bornes, c'est... Effectivement, c'est une réflexion que moi-même, j'ai faite. J'ai 315 kilomètres
à faire, puis mon but, c'est d'arriver ici dans un état correct.
Le Président (M. Simard) :
Mais vous, vous ne passez pas par le Madrid, là.
M. Reid :
Je passe par le Madrid.
Le Président (M.
Simard) : Ah bon!
M. Reid :
C'est ça, mais malheureusement avec une voiture à combustion, et c'est ça,
mais je vais le faire en 3 h 15 min, dans la mesure du possible.
Bien
entendu, vous avez parlé d'offre, puis je vais vous amener sur le programme
Roulez vert. Là, il y a un problème d'offre. Bien entendu, faut-il produire ces
voitures-là. On a parlé des bornes, mais en quoi les nouveaux rabais, là,
du programme Roulez vert vont avoir un impact sur la transition vers
l'électrification des transports au Québec?
M. Girard (Groulx) : Bien, d'abord, il y avait
une excellente nouvelle dans le budget, c'est que le programme a été
reconduit. Parce que ce programme-là n'était pas financé au-delà du
31 mars 2022. Alors, le gouvernement a pris une décision de reconduire le
programme. Et nos subventions, qui existaient bien avant que le gouvernement
fédéral s'intéresse à ce sujet, alors bien avant que le fédéral ait une
subvention de 5 000 $, ont toujours été fonction de l'écart de prix
entre la voiture électrique et la voiture à essence. Et, à mesure que cet écart
s'amenuise, nous pourrons réduire l'écart...
nous pourrons réduire la subvention. Et c'est ce qu'on a fait, on a posé un
premier geste au budget. Mais, encore
une fois, je le répète, pour avoir plus de voitures électriques, ça va prendre
plus d'offres des constructeurs et plus de bornes de recharge.
M. Reid :
C'est un beau défi que l'on a comme société. Toujours dans l'environnement,
le Québec se distingue par son implication dans la lutte environnementale,
hein, on le sait tous. Le 25 septembre 2019, il y avait plus de marcheurs
à Montréal que dans l'ensemble du Canada réuni. Cette mobilisation était
présente dans toutes les régions du Québec
en nombre très impressionnant. Je les ai vu passer à Montréal, puis c'était
très, très impressionnant de voir ces jeunes-là. Puis ce n'est pas
étonnant, depuis la Révolution tranquille, le Québec a fait ses propres choix
en matière de politique énergétique mais aussi en environnement, par exemple,
le développement d'Hydro-Québec, notamment.
C'est une grande richesse. On s'en sert beaucoup actuellement, ce qui nous
permet de créer une richesse pour l'ensemble
des Québécois puis de fournir en même temps une énergie qui est propre et qui
est abordable aux Québécois.
• (12 heures) •
Avec l'adoption de la
Loi sur la qualité de l'environnement, le Québec s'est positionné en leader
bien avant les prises de conscience
collective par rapport aux changements climatiques. On a bâti un cadre
législatif et institutionnel impressionnant dont la finalité est de
garantir aux Québécoises et aux Québécois un environnement sain. Pensons au
BAPE, à la loi sur la protection des milieux humides et hydriques et, plus
récemment, au projet de loi, présentement à l'étude, visant à interdire
l'exploration et la production d'hydrocarbures en sol québécois. Dans le
discours des médias actuels, on a tendance à réduire la lutte environnementale
à la lutte aux gaz à effet de serre et aux changements climatiques. Pourtant,
ce n'est là qu'un élément parmi d'autres, tels que la protection de la
biodiversité, la qualité de l'eau, la
décontamination des sols, la gestion des matières résiduelles. Est-ce que vous
pouvez nous faire un survol rapide du financement de ces différentes
mesures environnementales?
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais sous certaines réserves, parce que je ne voudrais
pas voler la nouvelle du ministre de l'Environnement, qui va nous dévoiler son
plan de mise en oeuvre 2022‑2027. Alors, je vais me limiter à ce qui a été divulgué dans le budget. Et ce qu'on
divulgue, c'est que le 7,6 milliards du plan de mise en oeuvre comprendra
5,8 milliards de lutte aux gaz à effet
de serre, 1,4 milliard pour l'adaptation aux changements climatiques, puis
je pense que c'est ce à quoi vous référez, M. le député. Mais je ne
divulguerai pas aujourd'hui la teneur de ce 1,4 milliard puisque le
ministre de l'Environnement ne me le pardonnerait pas. Et on fait les choses
dans le bon ordre.
Mais je peux vous
dire que, bonne nouvelle, au niveau du près de 200 millions, en fait c'est
157 millions, je crois, qui a été remis à la ville de Québec et la ville
de Montréal, il y avait notamment des bornes de recharge, ce qui nous ramène à notre discussion précédente, mais il
y avait aussi toute la question des îlots de chaleur. Et c'est à quelle
page, Mme la cheffe de cabinet adjointe, qu'on parle de ce que la ville de
Montréal et la ville de Québec vont faire?
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : F.9! Mais, mon Dieu! est-ce que c'est l'opposition qui me
donne mes pages? Non. Merci. Je fais de l'humour. Je fais de l'humour. Alors,
on parle de favoriser la carboneutralité du parc immobilier municipal. Bon, ça,
ce n'est pas compliqué, là, c'est remplacer les énergies fossiles par des
énergies renouvelables, déployer
800 bornes, ça, c'est pour la ville de Montréal, 95 pour la ville de
Québec, réaliser des projets d'infrastructure visant à contrer les problèmes d'îlots de chaleur et les gestions de
pluies abondantes. Alors, dans l'adaptation, évidemment, il y a la lutte
au... la lutte... l'adaptation. Vous savez qu'on a connu des inondations
importantes au Québec. Et, pour la ville de Québec, bien, vous voyez, c'est — ils
sont cohérents, ce sont les mêmes objectifs, là : décarbonisation des immeubles, déploiement du réseau de bornes, îlots
de chaleur, verdissement d'espaces et préparation à la gestion des pluies
abondantes et la fonte de la neige.
Le Président
(M. Simard) : M. le député de Beauharnois, il vous reste environ
1 min 30 s.
M. Reid :
1 min 30 s. Bien, écoutez, on va aller rapidement. Ma
collègue a parlé tantôt, là, de l'agriculture. Avec la pandémie, il y a eu un retour, en fait, vers l'achat local, ce
qui est... ce qui est une bonne chose. Mais, rapidement, est-ce que vous pouvez nous parler des mesures
financières, là, qui ont été mises en place afin d'accélérer le développement
économique, surtout pour favoriser l'achat local au Québec?
M. Girard (Groulx) : Alors, ça, c'est dans la
section E, Stimuler la croissance économique, et nous sommes dans
la section Appuyer le développement économique des régions. Et l'achat local,
c'est à quel...
Une voix : E.43.
M. Girard
(Groulx) : E.43. Alors, je vous dirige à la page E.43 — et je
remercie mon équipe qui est présente ici aujourd'hui — et on
y lit que le gouvernement poursuit ses efforts pour favoriser l'achat local,
prévoit 20 millions de dollars sur trois ans pour favoriser le
repérage, la promotion et l'achat en ligne et de proximité de produits et services québécois, faciliter
l'intégration des meilleures pratiques d'affaires en logistique, renforcer les
chaînes d'approvisionnement du Québec.
M. Reid :
Merci beaucoup.
M. Girard
(Groulx) : Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, M. le ministre, pour cette
synthèse. Et je cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin, qui
dispose de 19 min 40 s.
M. Leitão :
40, pas 41. 40 secondes.
Le Président
(M. Simard) : Si vous insistez, on peut aller à 41.
M. Leitão :
Bon. 43? Non. Alors, on parlait tantôt sur les... des coûts de système,
notamment en santé. Moi, je maintiens qu'on
s'en va vers 5 % d'augmentation à long terme, 5 % par année, surtout
quand on considère ce qui a été fait dans les deux dernières années en
termes de... je ne dis pas, ça, que ce n'était pas nécessaire, c'était
nécessaire, d'augmentation
d'effectifs, d'augmentation de salaire. Donc, je pense qu'on s'en va dans cette
direction. Il vous faudra juste s'assurer qu'on a les revenus
nécessaires pour faire face à tout ça.
Maintenant, là où je
voulais aller maintenant, M. le ministre, et là je pense, M. le Président, que,
si on avait encore une cote d'écoute... je pense que, là, tout le monde, maintenant,
va prendre l'occasion pour aller manger et puis... parce que j'aimerais vous
parler de service de la dette. Ça, c'est juste une petite question parce que ça
m'a un peu... ça a piqué ma curiosité. Parce que, dans le fameux... la
section A, où tout se trouve, et c'est vrai que tout se trouve là, on voit
que les services... le service de la dette, quand on regarde l'évolution, donc
au tableau A.11, à la page A.22, on voit que le service de la dette
demeure relativement stable. Ça ne change pas beaucoup, là, on a 8... 8,7,
8,8 milliards. On reste dans ces zones-là. O.K. À première vue, ça semble
un peu contradictoire, mais comment se fait-il... Parce que, si la dette
augmente, les taux d'intérêt augmentent. Quand on va un peu plus loin, un peu
plus loin dans le document du budget, à la
page I.53, tableau I.24, on voit qu'un des facteurs derrière ça, et
c'est une bonne nouvelle, je pense, c'est le fait que les intérêts sur
le passif au titre des régimes de retraite et d'autres avantages sociaux
futurs, donc, ça baisse, hein, ça devient même négatif, c'est-à-dire...
négatif, c'est-à-dire positif — là, on va perdre le reste des personnes
qui... Donc, les régimes de retraite qui étaient déficitaires, là, maintenant,
à partir de, je pense, 2026, en fin de compte, on a des actifs, des actifs
nets, donc ça contribue à faire baisser le paiement de... C'est très bien, je
pense, c'est une bonne nouvelle. Ça aurait pu être même mieux publicisé, là,
parce que, pendant longtemps, cette affaire-là était une espèce de boulet,
était un... ça consommait beaucoup de ressources financières du budget
d'opération.
Mais ma question,
parce que dans tout ça, il y a quand même une question, à la page I.53, on
revient là, donc où vous indiquez très clairement les intérêts sur la dette
directe, et puis il y a le reste dont on vient de parler, O.K., mais les
intérêts sur la dette directe, ils augmentent quand même... Mais ma
question : Est-ce qu'ils augmentent assez, là? Est-ce que vous êtes assez
conservateur à cet égard-là? Parce que la dette brute, elle... ou le... donc la
dette directe, elle augmente, elle augmente rapidement. D'ailleurs, je pense
que c'est quelque chose comme... j'avais fait des calculs rapides, mais il y a
quelque chose comme 35, 36 milliards de dollars d'augmentation de la dette
directe, une grande partie à cause de nos investissements en infrastructures.
Les taux d'intérêt aussi vont augmenter dans les années à venir. Est-ce que
c'est assez conservateur de maintenir cela seulement, entre guillemets, pour la
dette directe, 8,8 milliards en 2023-2024? Écoutez, ce n'est pas un
élément majeur du budget, là, mais c'est...
• (12 h 10) •
M. Girard
(Groulx) : Mais il y a eu... D'abord, je pense qu'il faut parler un
peu du 16 %, là, qui, en soi, est une croissance extrêmement élevée, entre
2021-2022 et 2020-2021. Ça, c'est parce qu'en 2021 il y a quand même eu
beaucoup de gains de placements. Vous savez, dans la gestion de la dette, on
garde d'importantes réserves de liquidités, et, comme les taux d'intérêt ont
baissé de façon extrêmement significative durant la pandémie, bien, il y a eu des gains de capitaux lors de la vente d'actifs
liquides et qui ont... et ce qui fait que, comme on n'a pas ces gains-là
en 2021-2022, bien, la croissance du service de la dette 2021-2022 sur
2020-2021 est influencée par ça.
Maintenant, ce
n'était pas votre question, mais je pense qu'on ne peut pas avoir un taux de
croissance de 16 % sans l'expliquer.
Ensuite, oui... Mais le poids de la dette a recommencé à diminuer, hein? On a
eu le choc, puis ça, on le voit si on
prend... si on prend, par exemple, la dette nette, qui est ma mesure favorite,
si on regarde J, la dette nette, l'évolution de la dette nette,
tableau... graphique J.2 à la page J.12, on voit que la pandémie a
augmenté la dette mais que le poids de la
dette a recommencé à diminuer, donc bonne nouvelle pour le Québec, en dépit de
l'augmentation des infrastructures,
tout simplement parce que le dénominateur, lui, étant donné la performance
exceptionnelle du Québec en 2021, a rebondi.
Alors,
nous avons anticipé des hausses de taux avec un niveau de dette qui diminue
doucement dans le temps. Ces hausses
de taux là sont fonction de la structure à terme de taux d'intérêt au moment où
le budget a été fait, c'est-à-dire au 4 mars 2022. Depuis, les
augmentations de hausses de taux ont augmenté légèrement. On est rendu quand
même avec une anticipation de terminaison
autour de 2,5 % aux États-Unis puis au Canada cette année. Alors, c'est
plus élevé que ce que nous avons intégré. Et une hausse de 1 % sur
une dette nette de 200 milliards, à terme, ça a un impact de
2 milliards par année. Alors, si les hausses de taux, qui sont imbriquées
dans la structure, à terme, actuelle, qui... sont supérieures à celles que nous
avons dans nos hypothèses budgétaires en vertu du 4 mars, le service de la
dette sera plus élevé.
M. Leitão : Ah! Et je pense que ça va être un peu ça. Donc, un
autre petit élément qui fait en sorte qu'à moyen terme on va être un peu... disons, on va être prudents. Et le... Donc,
le service public, pour qu'il soit adéquatement financé, il faut
s'assurer que la santé ne consomme pas toutes les ressources financières.
M. Girard (Groulx) : C'est le
troisième... du Québec, hein, le service de la dette, pardon.
M.
Leitão : Oui. Bien, oui, en effet. O.K. Là, on va parler de notre
sujet favori, M. le ministre, l'habitation.
M. Girard
(Groulx) : ...
M. Leitão : Ça,
c'était... c'est ça. C'est ça, c'est juste une petite chose que j'avais en
tête, mais là le troisième bloc que j'avais, c'était sur l'habitation. Et,
quand je parle d'habitation, je veux qu'on soit clair, et je pense que vous
l'avez deviné certainement, je parle d'accès à la propriété. Je ne parle pas de
l'habitation de façon plus générale, qui comprend le logement social, qui
comprend le logement abordable, tout ça, mais je parle vraiment de l'accès à la
propriété. Et pourquoi ça me préoccupe tellement? Ce n'est pas seulement à
cause de mes enfants, là, je ne veux pas que
ce soit juste une question personnelle, mais c'est parce que
c'est toute une génération qui a de plus en plus de difficulté à pouvoir
trouver une propriété.
Et là la question,
parce qu'on... ça se discute beaucoup, mais c'est quoi, ça? Mais est-ce que
c'est vraiment nécessaire que tout le monde
soit propriétaire de sa propre maison? Est-ce qu'on ne devrait pas faire comme,
par exemple, en Allemagne? Écoutez, les Allemands ne sont pas tellement moins
heureux que nous, et pourtant le taux de propriété en Allemagne est pas mal
plus bas qu'en Amérique du Nord. Mais, justement, nous sommes en Amérique
du Nord, et, en Amérique du Nord, le rêve
est toujours celui d'être propriétaire de sa propre demeure. Les prix ont
beaucoup augmenté depuis
deux ans surtout, mais la tendance était déjà là avant, et la question se
pose. Je vais commencer avec ça : Est-ce que le gouvernement a un rôle à jouer? Est-ce que le gouvernement doit
faire quelque chose pour remédier à cette situation ou c'est le marché
qui va s'autoréglementer? Et puis voilà.
M. Girard (Groulx) : Bien, je pense que, dans
le grand débat, qui est important, hein, parce que vous le dites :
L'accès à la propriété, c'est important, ce qu'on constate, c'est que la
demande est forte. Alors, le gouvernement a un rôle au niveau de l'offre et le gouvernement a un rôle au niveau de la
microstructure des marchés. Il faut s'assurer que, notamment, les
intermédiaires tels que les courtiers aient l'intérêt des acheteurs à coeur et
travaillent dans l'intérêt des acheteurs et pas seulement dans l'intérêt
de la multiplication des transactions dans un laps de temps, qui amène un
volume de commissions plus élevé.
Alors, il y a des
éléments de microstructure, il y a des éléments macroéconomiques. Le
gouvernement surveille la situation de près. J'ai lu avec attention le rapport
qui a été remis au gouvernement de l'Ontario, et ce qui est intéressant, c'est que la recommandation principale, la plus importante,
ne sera pas mise en application. Et elle n'est pas celle dont tout le
monde parle. La recommandation n° 1, c'est de
permettre la construction de multilogements, de duplex, de triplex, de
quadruplex dans les zones résidentielles où il y a seulement de l'unifamiliale.
Et donc on parle d'augmenter l'offre. Excellente recommandation, mais elle ne
sera pas mise en application. Alors, c'est bien de dire : On veut
augmenter l'offre, mais, après ça, il faut le faire, et c'est là que le
gouvernement a un rôle.
M. Leitão : Très
bien. Vous êtes arrivé là où je voulais aller beaucoup plus vite que ce que je
pensais, mais tant mieux. Parce que moi,
j'allais vous parler de ce qui a été fait en Nouvelle-Zélande, qui est un
peu la même chose, où, pour les grandes
villes en Nouvelle-Zélande, Auckland et Wellington, le gouvernement central a
justement bougé dans cette direction-là, de favoriser une plus grande
densification. Vous avez dit qu'en Ontario cette recommandation était excellente. Est-ce que vous pensez qu'au Québec on
est arrivé là? Est-ce qu'on devrait avoir une telle recommandation, une
telle politique de cette nature pour augmenter l'offre?
M. Girard
(Groulx) : Bien, je pense que c'est important. Les marchés de
Vancouver et de Toronto sont en avance sur Montréal, O.K? Puis ça ne veut pas
dire que Montréal s'en va directement là où est Toronto, où est Vancouver, mais
on a certainement des apprentissages importants à observer. Et donc il y a eu
un rapport en Ontario. On a eu, nous aussi,
une consultation sur les pratiques des courtiers hypothécaires, puis c'était
important de réfléchir, de poser les bons gestes.
Et là il y a un
nouveau facteur, qui est extrêmement important, là. C'est que, là, à partir
d'ici, il va y avoir des hausses de taux d'intérêt. Et on a déjà dans... pour
tempérer le marché, on a déjà resserré les règles d'octroi hypothécaire, c'est-à-dire qu'on a limité
l'endettement qui était possible pour les hypothèques assurées et non assurées,
tant au niveau du Bureau du Surintendant des institutions financières et de l'Autorité
des marchés financiers. Et là on va avoir
des hausses de taux d'intérêt, et là le marché va... risque de réagir à ça, et
là il faut observer ce qui va se passer, parce que ce n'est pas... Si on
anticipait... On vient d'avoir une hausse de taux. Il ne s'est probablement
rien passé, mais là on anticipe quand même un cumul de hausses de taux
qui est supérieur à ce à quoi nous sommes habitués, alors ça va influencer le
marché.
Puis l'autre chose,
c'est la pandémie. C'est que, la pandémie, les gens ne pouvaient pas voyager
puis qu'ils travaillaient à la maison, alors il y a vraiment eu une demande
d'espaces supplémentaires. Et là on a tous espoir qu'il y a plus de la pandémie qui est derrière nous que devant nous, et donc
ce facteur de demandes de choix, de préférences des consommateurs va
diminuer. Ça fait que, là, on a deux vents contraires importants qui s'en
viennent dans le marché immobilier, alors on
va avoir besoin de prendre acte de l'effet de ces deux événements-là,
deux... ce n'est pas des événements, mais c'est deux facteurs.
• (12 h 20) •
M. Leitão : Très
bien. O.K. Je pense qu'on est d'accord pour dire que, fondamentalement, ce qui
se passe présentement dans le marché immobilier québécois, mais canadien, c'est
fondamentalement une question d'offre. Depuis
des années, ici comme ailleurs au Canada, même à Toronto et à Vancouver, on n'a
pas construit assez, étant donné le taux de croissance de la population.
Donc, on connaît... on est à un déficit de construction.
Ces
choses-là se régleront. Ça prendra du temps, bien sûr, ça prendra des mesures
aussi. Je ne pense pas que ça se règle comme ça, sans intervention
gouvernementale. Ça prendra des mesures, et des mesures... pour utiliser le
terme que vous n'aimez pas beaucoup, des mesures structurantes, pour que l'on
puisse avancer dans cette direction. Et, celle qui a été suggérée en Ontario,
par exemple, vous avez dit que c'était une excellente recommandation. Moi, je
pense que c'est aussi une très bonne recommandation. Je pense qu'on doit
commencer à regarder, de ce côté-là, qu'est-ce qui pourrait se faire,
évidemment toujours en consultation avec nos amis des municipalités. On ne va
pas leur imposer des choses qu'ils... mais, en discutant avec eux, on pourrait
regarder de ce côté-là. Mais ça prendra du temps, bien sûr, avant de voir
véritablement une augmentation de l'offre suffisante pour faire baisser la
pression sur les prix. Entre-temps... Donc, il faut faire ça, mais ça prendra
du temps.
Mais, entre-temps, je
pense qu'il y a d'autres choses qu'on peut faire. Vous avez mentionné la
microstructure des marchés. Oui, les mesures en ce qui concerne les courtiers,
bien sûr. On en avait discuté, de ça, d'ailleurs, dans le cadre d'un autre
projet de loi. Mais je pense qu'il y a aussi... il faudrait aussi considérer
des mesures pour limiter ou pour réduire l'impact de la spéculation, des
mesures qu'on a dites antiflips ou des mesures qui limitent la... peut-être
même regarder, là, l'exemption de gain en capital sur la vente de la résidence
principale. Si cette résidence principale se vend à chaque six mois, bon,
il y a là peut-être quelque chose qu'il faudrait aussi... il faudrait aussi
considérer.
Mais, dans cette
microstructure des marchés, il y a un enjeu aussi, et là je vous amène à un
autre excellent encadré qui se trouve dans
le budget, à la page H.23. La page H.23, il faut que je la trouve
moi-même, qui est après 22, bien sûr. Voilà. À la page H.23, les
acheteurs étrangers. Donc, nous avons ici une bonne explication. Bien sûr, pour
le marché québécois en général, le taux de la présence d'acheteurs étrangers
est marginal, là, je ne pense pas que ça se... 1 %, ce n'est pas ça qui va
causer un grand bouleversement dans le marché. Par contre, dans le marché de
Montréal, moi, je trouve que, quand on dit qu'en janvier 2022, là, on est
à quoi, à 5 % — je
pense que c'était ça, le chiffre que j'avais vu — ça commence à avoir un
effet, et le risque ici que je vois, et c'est ça que j'aimerais voir un peu
qu'est-ce que vous pensez, c'est que, présentement en Ontario, une des choses
qu'ils ont faites... Est-ce que c'est la mesure principale? Je ne sais pas.
Mais une des choses que le gouvernement de l'Ontario a décrétées, c'est que la taxe sur les acheteurs étrangers passe à 20 %
à partir de maintenant, je pense. Bon. Bien là, maintenant, il y a 20 % en
Ontario et puis il y a 0 % au Québec.
Vous ne pensez pas qu'il y aurait un risque que de voir des acheteurs
étrangers... non résidents, plutôt,
je préfère ce terme-là, des non-résidents dire : Bon, O.K., ça coûte trop
cher à Toronto, on achète un appartement à Montréal, par exemple?
Le Président (M.
Simard) : Très succinctement, parce que le temps du bloc est révolu.
M. Leitão :
On continuera après.
M. Girard
(Groulx) : Bien, succinctement, la page H.23 mentionne la
proportion des acheteurs étrangers à Montréal : 2,8 % actuellement.
Il n'y a pas eu d'augmentation de ce chiffre depuis longtemps.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Merci.
M. Leitão :
O.K. Là, en tout cas, moi, je...
M. Girard
(Groulx) : C'est 2,8 %.
M. Leitão :
Mais, en janvier, on parle de 4 %. Bon.
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
M. Leitão :
On continuera là-dessus.
M. Girard
(Groulx) : On continuera.
Le Président (M.
Simard) : Bien, chers collègues, merci à vous tous.
Compte tenu de
l'heure, nous allons suspendre nos travaux, et on se retrouve tout de suite
après les affaires courantes. À plus tard.
(Suspension de la séance à
12 h 25)
(Reprise à 15 h 28)
Le Président
(M. Simard) : Je constate que nous avons quorum. Nous pouvons
reprendre nos travaux.
Je
vous rappelle que nous sommes réunis afin de poursuivre le débat sur le
discours du budget, conformément à l'article 275 de nos règlements. C'est
l'article préféré du député de La Pinière. N'est-ce pas, cher collègue?
Alors, je cède immédiatement la parole au député de Sainte-Rose, qui dispose
d'environ 17 minutes.
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. Salutations à mes collègues de l'opposition, une
banquette pleine, content de vous retrouver. J'ai hâte de vous entendre à
questionner notre magnifique ministre des Finances.
Une voix : ...
M. Skeete : Non, mais, écoute,
il faut dire les vraies affaires. Mais ceci aussi, salutations à mes collègues
de la banquette ministérielle et aussi aux gens qui accompagnent le ministre.
On le sait, que vous travaillez très, très, très fort pour nous apporter des
chiffres le plus près de la réalité possible. Je vais vous parler à mon tour
d'un enjeu qui me tient particulièrement à coeur. Je vais commencer par vous
conter un petit peu l'histoire des Skeete au Québec, parce que ça va m'amener
à... c'est un long détour, là, mais j'arrive avec un point, je vous le promets.
Bien, mes tantes ont choisi de déménager aux
États-Unis, dans un coin de Washington, Maryland, et j'ai passé beaucoup d'étés
de ma jeunesse dans ce coin-là. Et mon père, pour une raison que j'ignore
encore, venant des Caraïbes, qui s'est installé au Québec, il m'avait raconté
plus tard, après mon élection, qu'il avait choisi le Québec puis il ne savait pas que ça parlait français ici.
Alors, il débarque de l'avion puis il est surpris, il est surpris d'apprendre
qu'on parle français au Québec. Et, en dedans de six mois, bien, il a rencontré
ma mère, puis, nécessairement, j'ose croire
qu'il a compris assez de français pour en parler, pour qu'elle puisse être
convaincue de sortir avec. Et, quelques années plus tard, me voilà.
• (15 h 30) •
Mais, si je conte cette histoire-là, c'est parce
que, quand je regarde mes cousins ou je regarde ma patrie, qui se trouve dans le coin des États-Unis, des fois je
me demande... parce qu'en grandissant on n'avait pas beaucoup de sous,
ma mère, elle a travaillé très fort pour aller finir son secondaire à l'âge de
30 ans, et pas beaucoup d'argent dans ma famille,
mais toujours assez pour arriver de justesse, mais il y avait des journées où
est-ce que l'Hydro se faisait couper puis
il y avait des journées où est-ce qu'on se chauffait avec le four qu'on ouvrait
parce que le chauffage ne suffisait pas. Et je me dis : Que c'est qui serait arrivé si mon père avait choisi
de déménager à Washington, tu sais, dans cette pauvreté-là?
Et c'est un peu la raison pourquoi je suis
devenu politicien, pourquoi que j'adore la politique québécoise, parce que
c'est un peu ce modèle québécois là. Je pense... je suis convaincu, parce que
je me remémore jeune Christopher Skeete dans Chomedey, à Laval, là, avec tous
les mauvais coups que je pouvais faire, s'il y avait eu plus... parce qu'il y
en avait, de mauvaises influences, mais, s'il y avait eu plus de mauvaises
influences, avec un accès à des armes, avec un accès à des drogues, qu'est-ce
qui serait arrivé, tu sais? Et c'est le modèle québécois qui m'a sauvé. C'est le modèle québécois qui, après le
décès de ma mère, m'a donné un chèque parce que j'étais orphelin. Puis, à l'âge de 16 ans, je me disais :
Qu'est-ce que c'est, ça, un chèque du gouvernement du Québec parce que je suis
orphelin? Pourquoi que le gouvernement se
soucie de moi? Et c'est un peu ce modèle québécois là que je veux discuter
avec vous, M. le ministre.
Parce qu'on l'a vue récemment dans ma ville et
aussi dans des quartiers de Montréal, une flambée de la violence. Mon collègue
le député de Vimont s'est fait accoster à cinq minutes de chez nous par des
jeunes, je crois, ou du moins des jeunes associés à l'école secondaire où ma
fille allait l'année passée. Donc, dans mon quartier, un député élu, connu de
sa communauté, se fait accoster. Et je regarde aussi du côté du collègue de
Viau, où est-ce que ça brasse
particulièrement, puis je regarde dans le centre-ville, où est-ce que ça
brasse, puis je regarde dans Chomedey, où est-ce que j'ai passé ma
jeunesse, où est-ce qu'on voit une flambée un peu associée à la pandémie, hein,
les gens, les jeunes surtout, là, qui
cherchent à sortir et à s'exprimer, puis peut-être un manque de socialisation
qui vient les rattraper, ou des mauvaises influences, avec des accès,
aussi, aux armes, que moi, je n'avais pas. Je n'avais pas accès à ces armes-là,
donc je n'ai pas pu faire des stupidités. Ça m'amène à ma question, M. le ministre.
Dans votre budget, vous avez mis des sommes pour tout ce qui est la violence,
là, autour de la métropole. J'aimerais vous entendre sur c'est quoi exactement
qui a motivé ces investissements-là, c'est quoi, votre objectif dans ces
investissements-là et... Bien, pourquoi... vous comprenez que, pour moi, c'est
important, là, mais pourquoi c'est important pour vous?
M. Girard (Groulx) : Bien, merci, M.
le député. Et bonjour à tous. Je sais qu'on ne peut pas souligner ceux qui ne
sont pas là, mais on peut certainement souligner ceux qui sont là. Alors,
bonjour. C'est un plaisir de vous voir.
Alors, c'est certain que la situation est
préoccupante. Et puis vous avez parlé de votre propre expérience, mais moi,
j'ai une expérience différente, mais j'ai eu l'occasion de vivre à Toronto et
je dirais qu'au niveau de la violence armée Toronto est probablement
10 ans en avant de Montréal. Je ne sais pas si c'est cinq ans ou
10 ans, une chose est sûre, des fusillades, puis de la violence armée,
puis de la violence verbale, puis des situations difficiles, à Toronto, ça fait
un bout de temps qu'il y en a. Et donc, puisqu'on est tous très fiers que
Montréal soit une ville sécuritaire puis que, normalement, on puisse sortir
d'un métro à Montréal, à n'importe quelle station, n'importe quelle heure du
jour ou de la nuit, en toute sécurité... Mais là la dernière année est
inquiétante, on a eu vraiment plus de situations de violences liées aux armes à
feu et donc on travaille sur deux volets : la répression puis la prévention.
Alors, la répression, c'est toute la
coordination des autorités policières, et puis on a appelé ça l'opération CENTAURE, mais c'est... Bon. Alors, c'est
perturber l'approvisionnement illégal d'armes à feu, soutenir l'intervention,
renforcer les corps de police puis la
collaboration, parce que, les armes à feu, bien, il y en a qui viennent des
États-Unis, certainement, et... Bon. Puis il y a la force de police de
la ville de Montréal, il y a la Sûreté du Québec. Il y a de la violence
ailleurs, donc les policiers autochtones sont concernés. Bref, il y a un volet
répression qui... qu'on connaît, je dirais, c'est plus de présence policière,
meilleure coordination des différents organismes policiers puis de l'argent.
Et après ça
il y a toute la question des escouades mixtes puis du travail qui a été fait à
Longueuil puis à Laval, d'avoir des policiers qui sont près de la
communauté puis d'avoir des... là, je vais dire des travailleurs sociaux, mais ça peut être d'autres
corps professionnels ou d'autres personnes avec d'autres compétences, mais d'un
accompagnement des policiers dans certaines situations et au niveau
social. Alors, il y a tout un travail qui se fait là.
Et puis, après
ça, il y a la prévention. Bon. Puis la prévention, ça passe beaucoup par les
organismes communautaires, parce
qu'eux faisaient de la prévention avant que nous, on parle de prévention. Ils
étaient au courant des enjeux. Puis il y a évidemment toute la question
de garder les enfants dans le milieu scolaire, puis il y a les sports, les
sports civils, les sports scolaires, il y a les arts, il y a toute la question
de la musique qui prend beaucoup de place, peut-être une place... tous les
arts, mais notamment la musique, et... Bref, il y a un volet, ça fait que je
dirais qu'il y a approximativement
100 millions qui a été mis en ce que moi, j'appelle répression. Je ne sais
pas si c'est le bon terme, mais... puis 50 millions en prévention.
Et c'est certain que le travail qui est fait en
prévention est extrêmement important, mais il faut travailler avec les gens du
milieu parce que c'est... quand même qu'on arriverait là avec des bonnes
intentions puis de l'argent, je pense que les communautés sont là, elles
connaissent les problématiques, elles connaissent les jeunes. C'est souvent des jeunes qu'on connaît depuis les milieux
scolaires. Alors, on collabore avec les milieux communautaires, et puis la
ville de Montréal est là, le gouvernement du
Québec, les forces policières, les organismes communautaires, les familles,
les communautés. Puis ce ne sera pas facile. C'est un enjeu de société et...
Mais on a quelque chose, à Montréal, qui est
exceptionnel, c'est-à-dire qu'on a une grande ville avec le niveau de sécurité
d'une ville moyenne, tranquille, puis c'est sûr qu'on veut garder ça.
M. Skeete : Mais
vous avez dit deux choses qui m'interpellent particulièrement. Vous avez parlé
de l'importance du sport, puis ça, quand je pense, encore une fois, à
mon histoire à moi, mais je regarde mes amis qui étaient dans ma classe qui aujourd'hui
sont soit décédés, ou soit en prison, ou soit qu'ils ne se sont pas encore fait
pogner, et je me dis: Moi, la différence, c'est que je faisais du football puis
j'ai pu me distraire et faire autre chose. Alors, l'accès au sport est très
important.
Puis je vois les résultats de ces efforts-là
dans ma communauté. Dans Sainte-Rose, on a les Loups qui font des miracles.
C'est une école publique qui compétitionne avec des écoles privées. Puis, tu
sais, en bon québécois, ils torchent les écoles privées, puis c'est bien le fun
de voir ça. Parce que moi, j'étais des Chomedey Blues, puis c'était l'équipe
pauvre, puis on gagnait tout le temps contre les équipes riches, puis c'est
bien le fun de même. Et ça montre que non
seulement on peut motiver les jeunes... parce que, dans ces cohortes-là, de
plusieurs années, des Loups, il y a eu des jeunes qui se sont rendus
jusqu'à la ligue nationale ou qui sont allés dans la CFL. Alors, c'est des
belles réussites avec une école qui fait tout pour ces jeunes-là. Alors, moi,
ça m'interpelle beaucoup et...
Mais, l'autre côté, vous avez dit «le
financement communautaire». Je me souviens, lorsque votre collègue...
• (15 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Je pense
qu'on peut faire une publicité pour l'école. C'est quoi, le nom de l'école?
M. Skeete : Maisles
Loups, Curé-Antoine-Labelle.
M. Girard
(Groulx) :
O.K.,
merci.
M. Skeete : Oui.Excuse-moi,
je suis tellement habitué que j'ai juste dit les Loups, parce que, chez nous,
on dit les Loups, puis tout le monde sait
qu'est-ce qu'on veut dire. Mais en fait je parle du groupe communautaire et les...
qui sont présents. Quand votre collègue la ministre de la Sécurité publique s'est déplacée à Laval pour faire un constat
des lieux, on a rejoint plein de groupes communautaires qui étaient assis à la
table, et ils nous ont dit un peu ce que vous avez dit, c'est que, les jeunes
qui vont passer à ce niveau-là, on les connaît, et la prévention, elle se joue
là. Et, encore une fois, dans votre budget,
vous avez augmenté les sous pour les groupes communautaires. Je tenais à vous
le dire parce que c'est important pour moi, un gros merci, un gros
merci, en tant que Lavallois, d'avoir cru bon d'écouter la ministre de la
Sécurité publique pour ces investissements-là. Je peux vous le dire, que la
région métropolitaine de Montréal en a de
besoin et que ça va être très utile, et on va s'en servir. D'ailleurs, le chef
de police de Laval, qu'on a aussi récemment rencontré, nous fait état,
là, du bon que les groupes d'intervention mixte, et tout ça, le financement qui
est mis en oeuvre, fait pour la communauté. Alors, merci pour cette sagesse.
J'avais une
autre question pour vous, pas reliée avec les enjeux de sécurité publique, mais
plus avec les sociétés de transport. Vous savez, à Laval, on a une
société de transport qui est très innovante, qui fait des miracles, hein, puis c'est vraiment le fun de les voir aller parce
qu'ils gagnent toujours tous les prix d'innovation. S'il y a quelque chose, là,
à patenter dans le transport en commun, bien, eux autres, ils sont
toujours prêts à le faire, que ce soient des lumières intelligentes qui vont
détecter un autobus à l'intersection et le laisser passer avant tous les autres
ou que ce soient les premières cartes de crédit acceptées pour voyager. Puis là
je lance un message à toutes les sociétés de transport : Moi, je n'ai
jamais de change. Si vous voulez que je prenne l'autobus, il faut que ce soit
facile. J'aimerais ça vous entendre par rapport à la pandémie. On le sait, hein,
beaucoup de ces autobus-là, dans les transports en commun, ils ont roulé vide,
il y a un sous-financement, parce qu'ils n'ont pas reçu les sous attachés avec
la pandémie, là, les gens circulaient moins, et donc ils ont reçu moins de
recettes du public... des gens étaient absents. Nous, on a été là avec le
financement, mais vous avez récemment aussi rehaussé les montants. Est-ce que
vous pouvez me donner un peu comment vous voyez la suite et pourquoi les avoir
encouragés ainsi?
M. Girard (Groulx) :
Merci. Disons que je dirais que le transport collectif, c'est peut-être le
secteur, outre la santé, qui a reçu le plus de ressources durant la pandémie,
parce qu'on voulait vraiment maintenir l'offre de service qui
avait pris des années à cumuler, et, en même temps, ils ont eu une chute
drastique de l'achalandage. Alors, il y a eu...
et en collaboration avec le gouvernement fédéral, il faut bien le dire, parce
que le gouvernement fédéral a financé la moitié de ce qu'on a fait, il y a eu 1,4 milliard durant la
pandémie, et on ajoute 393 millions supplémentaires, donc pour un total de 1,8 milliard, 1,4 en plein coeur
de la pandémie, puis maintenant, avec le budget, un
autre 393 millions, qui vient compenser les pertes des
sociétés de transport en commun, puis c'est beaucoup Montréal, Laval,
Longueuil, Québec, c'est les grandes villes. Et l'idée, c'est de maintenir le
service pour que, lorsque l'achalandage revienne, bien, la... On sait que c'est facile de dire aux gens : Prenez le
transport collectif, c'est bon pour l'environnement, mais après ça il
faut qu'il y ait du service. Et c'est... l'accès, la qualité du service...
Idéalement, prendre le transport en commun,
ça devrait être agréable et plus rapide que prendre sa voiture. Et, si on passe
beaucoup de temps à l'arrêt d'autobus à
attendre des lignes où il y a moins de fréquences, bien, on perd cet
avantage-là, et c'est... ça va nuire à l'achalandage. Alors...
M. Skeete : Donc — on va
manquer de temps — donc,
vos investissements font en sorte que, si une ligne, elle opérait x nombres de
fois dans une journée, elle va continuer. Justement, comme ça, après la
pandémie, quand que l'achalandage va
revenir, bien, au moins, on peut continuer où est-ce qu'on était. Ça nous
permet de garder l'attractivité du transport en commun.
Le Président (M.
Simard) : Succinctement.
M. Girard
(Groulx) : Mais... puis je pense qu'on doit dire qu'on a maintenu en
circulation beaucoup d'autobus qui n'étaient pas occupés à pleine capacité
durant la pandémie. Et ça, il y a des frais associés à ça. Mais là, en sortant
de la pandémie, avec toute l'importance de ce qu'on sait au niveau des
changements climatiques...
Le Président (M.
Simard) : Merci.
M. Girard
(Groulx) : ...mais, au minimum, on doit partir avec ce qu'on avait
déjà, et on aura à en faire plus.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Alors, avant de céder la parole à notre collègue d'Outremont—Mont-Royal, ou plutôt de Mont-Royal—Outremont, j'aimerais souligner la présence du maire de
Baie-Saint-Paul, M. Michaël Pilote, qui nous
fait l'honneur de sa présence. Baie-Saint-Paul qui est situé dans le comté de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, dont la collègue
est ici présente. M. le député, à vous la parole pour une période de
21 minutes.
M. Arcand : Merci
infiniment, M. le Président. Je salue bien sûr le ministre et je vais essayer
d'être le plus gentil possible avec lui, parce que je ne désespère pas, un jour,
qu'il vote pour moi, puisqu'il habite dans mon comté. Alors, on...
Une voix :
...
M.
Arcand : Alors, écoutez, moi, c'est... Quand je pense
que... D'abord, le député de Robert-Baldwin a parlé abondamment des
détails du budget. Mais, moi, ce qui me préoccupe, M. le Président, c'est
évidemment l'avenir, parce que, dans mon esprit et dans l'esprit de plusieurs,
on termine une situation économique qui, de façon générale, a été très positive
et on... le ministre le sait, il a hérité également d'un budget qui a été fait
par le... préparé par l'ancien ministre des Finances, dans lequel il y avait de
larges surplus, et ça nous a permis de passer la période problématique de 2020
à 2022, au coeur de la COVID, sans de grands drames. Par contre, je dirais que
ce qui se produit pour l'avenir me semble un peu inquiétant et j'aimerais quand
même avoir l'opinion du ministre à cet effet. Parce que, quand je regarde les
dépenses, en particulier de 2023-2024, 2024-2025, je vois que le ministre a mis
de l'argent en santé et services sociaux. Il y a eu une discussion avec le
député de Robert-Baldwin si ça couvrait les frais...
les coûts du système. Même chose en matière d'éducation. Mais, une fois qu'on a
parlé de ça, on parle d'autres portefeuilles,
et là on s'aperçoit que les augmentations en 2023-2024, c'est 1 %, et
2024-2025, c'est en baisse de 0,2 %. Or, dans ces autres portefeuilles là, il y a quand même des sommes qui
doivent être investies, que ce soit pour l'accès à la justice, le premier... Le projet de loi
n° 102 vient de... va être adopté par le ministère de l'Environnement,
dans lequel on demande d'avoir, évidemment, plus de pouvoirs et plus de budget,
on veut augmenter les amendes, on veut avoir plus d'inspecteurs, et
ainsi de suite. La présidente du Conseil du trésor veut donner des pouvoirs
supplémentaires à l'Autorité des marchés publics. Le ministère du Tourisme
annonce qu'ils vont, pour les prochaines années, avoir beaucoup plus de budget. Il y a la lutte sempiternelle sur la question
qu'il faut trouver du personnel, les pénuries en matière d'emploi. La
cybersécurité. Toutes des dépenses qui ne sont pas nécessairement toujours
directement reliées à la santé et services sociaux.
Alors, ma question,
c'est que ne trouvez-vous pas que, quand on regarde les autres
portefeuilles... je comprends que vous voulez mettre l'essentiel de l'argent en
santé et en éducation, mais vous ne pensez pas que les autres portefeuilles
vont sûrement en souffrir?
Le Président
(M. Simard) : M. le ministre.
• (15 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Mais c'est
une excellente question. Puis je pense que c'est important de prendre un pas de
recul et de revenir sur le changement dans la norme comptable. Parce que les
exigences de la Vérificatrice générale, qui mettait une
note aux états financiers depuis plusieurs années, étaient que notre traitement
des transferts aux municipalités, sociétés de transport en commun et les
universités en dehors du périmètre comptable, c'est-à-dire toutes celles qui ne
sont pas dans la structure de l'Université du Québec, devait être passé à la
dépense en fonction de la réalisation des projets d'infrastructure plutôt
qu'amorti en fonction de la dette du gouvernement du Québec. Et ce qui fait
qu'en acceptant sa réserve sur les états financiers on a pris non seulement
13 milliards de dette nette sur bilan du gouvernement, mais on a
introduit, dans les états financiers, une volatilité associée à la réalisation
des projets d'infrastructure en dehors du périmètre comptable.
Et c'est pour ça
qu'on a... à la page I.50 et I.51, là, dans la section qu'on appelle La
situation financière du Québec, on montre les autres dépenses, autres
portefeuilles. Là, je suis à la page I.50, puis on monte une croissance de
15,8 %, moins 0,6 %, moins 0,2 %, et on explique l'effet des
facteurs exceptionnels, c'est-à-dire la variation dans les dépenses
d'infrastructures et, évidemment, l'effet des montants ponctuels, là, parce
que, dans les autres dépenses, il y a le 500 $ qui crée une croissance
très élevée en 2021-2022 et donc, puisque la base de 2021-2022 est élevée,
mais, en proportion, les dépenses de 2022-2023 paraissent faibles, mais, si on
enlevait le montant ponctuel, elles seraient... Bref, au tableau I.51, on
fait une correction qui montre que les autres dépenses seraient en hausse de
6,3 % et 2,7 % si on n'avait pas ces deux facteurs-là, des
infrastructures puis le montant exceptionnel.
Alors, les chiffres
sont ce qu'ils sont. C'est vrai qu'à première vue les autres portefeuilles ont
l'air d'avoir des croissances faibles, mais il faut corriger pour les
variations dans les infrastructures.
M. Arcand :
Donc, ce que vous me dites, c'est que, dans les faits, ces ministères-là ne
seront pas pénalisés outre mesure, c'est vraiment une écriture comptable.
M. Girard
(Groulx) : Bien, ils sont adéquatement financés. Je ne vous cache pas,
on en a parlé avec le député de
Robert-Baldwin, j'aurais pu en parler avec le député de La Pinière, j'aurais le
même discours, puisqu'on prévoit que les dépenses à long terme vont
croître d'approximativement 3,5 % et puis qu'on a un poste qui représente
43 % de nos dépenses, la santé, qui va
croître, disons, de 5 %, alors, par construction, si on a 5 % en
santé, 3,5 % en moyenne, puis qu'on disait qu'on avait 3,5 %
en enseignement supérieur et en éducation, bien, on aura moins pour les autres
portefeuilles. Alors, je vous donne l'heure juste, là, c'est mathématique,
là : 43 % à 5 %, 23 % à 3,5 %, moyenne de 3,5 % sur 100 %, alors ça va... les
autres portefeuilles vont avoir une croissance de dépenses qui est inférieure à
éducation, enseignement supérieur et santé à long terme, ils vont
néanmoins avoir un financement adéquat.
M. Arcand : Moi,
la question qui me préoccupe beaucoup, parce que j'ai vu au cours de la fin de
semaine... il y a comme un regroupement, entre autres, des centrales
syndicales, il y a un regroupement qui semble...
M. Girard
(Groulx) : ...
M.
Arcand :
...ils sont venus visiter dans votre comté, alors...
M. Girard
(Groulx) : Beau petit camion sympathique.
M. Arcand : ...ça
me rappelle des souvenirs, je ne sais pas pourquoi, mais ça me rappelle des
souvenirs.
M. Girard
(Groulx) : Je ne sais pas pourquoi ils me cherchaient.
M.
Arcand :
Ceci étant dit, vous comprenez que, partout, on dit : L'ère du 2 %
est probablement plus derrière nous. On sait très bien que les centrales
syndicales ne vont pas... vont certainement voguer plutôt dans le 5 %,
6 % et 7 % de demandes, en tout cas, à tout le moins. Compte tenu du
fait que vous savez cela, est-ce que, pour l'avenir,
vous avez des marges de manoeuvre et de quelle façon vous... sans me dire,
évidemment, quelle sera l'offre du gouvernement, mais j'aimerais quand
même qu'on ait une idée un peu des marges de manoeuvre que vous avez dans ce
domaine-là.
M. Girard
(Groulx) : Je dirais que le budget est prudent et responsable. On ne
nage pas dans l'allégresse, là, il n'y a pas des milliards et des milliards de
marge de manoeuvre, là, mais il est prudent et responsable dans le sens qu'on a
une prévision de 2,7 % de croissance, le secteur privé est à 3,1 %.
Pour l'année prochaine, on est à 2 %, le secteur privé est à 2,5 %.
On a les provisions pour éventualités, 2,5 milliards cette année puis 1,5
milliard les années suivantes, qui est à peu près, 1,5 milliard, 1 % des
dépenses, on est autour de 138 milliards de dépenses, donc
1,5 milliard. Et il y a toujours le fait que nous avons une définition de
l'équilibre budgétaire qui est plus prudente que les autres juridictions au
Canada, c'est-à-dire que nous, on vise l'équilibre budgétaire après
contribution au Fonds des générations puis que les contributions au Fonds des
générations continuent de croître dans le temps. Cette année, c'est à
3,2 milliards, mais ça atteindra 4 milliards sur l'horizon du cadre
financier.
Alors, lorsqu'on
prend la prévision économique, les provisions, les contributions au Fonds des
générations, le fait qu'on a bien financé
les principales missions de l'État à long terme, parce que ça, c'est un truc
que je vois dans d'autres provinces, il y a des ministres des Finances
qui... les croissances en santé puis en éducation à l'an 2, 3, 4, là, ce
n'est pas élevé, là, c'est comme si on dit : On va y aller une année à la
fois. Nous, on fait un effort d'avoir un financement
adéquat à long terme. Donc, on a des marges, mais il y a de l'incertitude
devant nous, là, il y a une guerre en Europe, l'inflation est élevée, et on est
toujours en pandémie. Alors, il y a quand même un haut degré d'incertitude.
M.
Arcand :
Mais, quand même, quand on regarde quand même l'analyse future des dépenses, on
s'aperçoit que vous en mettez quand même en santé, on peut discuter du
pourcentage, mais, en tout cas, il y a quand même des montants qui sont là en
santé, il y en a en éducation. C'est juste que, compte tenu de ce qui se passe,
ce qu'on voit, il n'y a pas une inquiétude de votre part, de ce côté-là, de
voir que les demandes qui seront faites, à ce moment-là, par les syndicats
seront quand même, probablement, assez importantes? Et, même si vous me dites
avoir la marge de manoeuvre, il n'y a pas une inquiétude de votre côté?
M. Girard
(Groulx) : Bien, mais je vais vous révéler un secret, de
nature, je suis une personne assez anxieuse et je suis plein d'inquiétudes,
mais c'est mon métier de gérer les risques, de prévoir. Et on se prépare. Il
n'y a rien comme être préparé pour
faire face à des situations difficiles. Alors, on contrôle ce qu'on contrôle,
on a des provisions, on a des contributions au Fonds des générations, on
a des hypothèses conservatrices, on finance les principales missions de l'État,
et après ça il y a l'inflation.
Vous en... je pense que... Dans le fond, ce que
vous dites, c'est : Lorsque vous allez être en négociation avec les
employés de l'État, éventuellement, si l'inflation est plus élevée, vous allez
avoir des augmentations salariales plus hautes, puis, en plus, on a une rareté
de main-d'oeuvre au Québec, puis on a besoin d'embaucher du monde. Ça, on ne
contrôle pas ça, c'est la responsabilité des banques centrales. Il y aura une
hausse de taux importante, il y a les possibilités qu'on ait une hausse de taux
de 50 points, la semaine prochaine, de la Banque du Canada. On verra,
c'est leur décision. Mais normalement la
banque centrale doit ramener l'inflation à la cible de 2 % sur un horizon
de 18 à 24 mois. Ça, c'est leur responsabilité. Réserve fédérale
américaine, même chose. Et ce qu'on voit, c'est des hausses de taux qui
sont imbriquées dans les marchés, qui vont ralentir l'inflation et ralentir
l'économie.
M. Arcand : Mais vous comprenez
quand même qu'il y a eu des bonnes augmentations, entre autres, dans le secteur de la santé, que ce soit pour les infirmières,
les employés du secteur de la santé. Le fait que les syndicats s'unissent,
c'est clair qu'ils vont demander du
rattrapage, qu'ils vont demander beaucoup de choses. Est-ce que vous avez eu
des rencontres jusqu'ici, préalables? Est-ce que vous avez une idée
de...
• (16 heures) •
M. Girard (Groulx) : Outre celle que
je n'avais pas sollicitée hier, non.
M.
Arcand : D'accord, mais disons que vous avez l'intention de
mettre ça à l'intérieur de certaines des réserves que vous avez ici, c'est
ça?
M. Girard (Groulx) : Bien, on a
signé avec 95 % des employés du secteur public la convention actuelle, là,
et je dirais que la prochaine négociation
qui va arriver... en fait, qui va arriver rapidement puis qui va être un défi
pour qui sera élu, le prochain
gouvernement... Je vous dirais que, présentement, mes inquiétudes sont plus
autour de la situation en Europe, de l'inflation qui est élevée puis le
resserrement monétaire qu'on va vivre, qui va nécessairement vouloir
diminuer l'inflation mais qui, pour ce faire, va ralentir la demande. Cet
atterrissage en douceur vers la cible de
2 % d'inflation, c'est plus ça qui, dans l'immédiat, là... Je dirais,
c'est... Pourquoi on a une provision en 2022-2023? La pandémie puis les
risques économiques associés à la guerre en Europe, dont notamment l'inflation,
la hausse du prix de l'énergie, etc.
M. Arcand : J'aimerais vous parler
de la COVID, parce que, dans les mesures de soutien et de relance, on s'aperçoit que, rendu en... on part de 9 milliards
en 2021-2022 et on tombe à 18 millions en 2024-2025. Alors, je comprends
que la COVID a probablement... on
espère que c'est plus derrière nous, mais c'est une baisse considérable. J'ai
ça à A.23, là, Mesures de soutien et de relance COVID. C'est juste que
la baisse, elle est pas mal considérable quand on passe de 9 milliards à
18 millions.
M. Girard (Groulx) : Oui, mais en
fait on fournit...
M. Arcand : J'espère que vous avez
des réserves là aussi, si jamais il y avait quelque chose qui se produit.
M. Girard
(Groulx) : ...on fournit, à la page C.37, un estimé de
ce qu'a coûté la pandémie jusqu'en 2024-2025 et on... En santé
seulement, on estime que la pandémie nous aura coûté 18 milliards de
dollars, alors... Bon. Puis ça, c'est en santé seulement. Et ici, je vous
dirais, lorsqu'on voit ces chiffres-là, on ne peut pas s'empêcher de conclure, de dire que le coeur de la pandémie, c'était
2020-2021 et 2021-2022, et que 2022-2023, c'est-à-dire l'année qui concerne
ce budget, il y a encore des efforts qui
sont nécessaires. Mais, lorsqu'on voit 462 millions en 2023-2024 et
18 millions en 2024-2025, bien, si la pandémie est toujours avec
nous, il va falloir, dans les prochains budgets, rehausser ces montants-là.
M. Arcand : Vous
êtes conscient que c'est quand même faible, rendu à cette période-là, compte
tenu de ce qu'on... C'est qu'on ne
sait pas véritablement ce qui va se passer. Est-ce qu'il y aura une septième,
huitième, neuvième vague? Ce n'est pas très clair de ce côté-là.
M. Girard (Groulx) : Bien, à ce
moment-là, c'est les provisions qui vont servir. Je dirais que... Et ce que je
constate, à mon quatrième budget, c'est que chaque budget amène son lot de
demandes et de nouvelles priorités. Alors là, en 2022-2023, on a une réserve
importante, puis on est dans la sixième vague, puis on a des besoins. S'il y a
besoin de rehaussement de l'enveloppe budgétaire pour la pandémie en 2023-2024,
2024-2025, ce sera fait.
En fait, il faut se le dire, là, collectivement,
puis je pense que... je vais présumer que vous auriez fait la même chose, même le député de Rober-Baldwin me le
suggérait, on a donné, d'un point de vue financier, ressources illimitées
à la Santé, durant la pandémie. Alors, si on
était toujours en pandémie en 2024-2025, on aura des ressources... on va avoir
besoin de ressources financières supplémentaires.
M. Arcand : Dans les critiques,
M. le Président, qui ont été faites sur le budget, évidemment vous avez eu
certains manufacturiers, exportateurs qui disaient qu'il n'y en avait pas
assez, etc. Mais il y a un groupe qui m'a fait un peu sourire, puis j'aimerais
avoir votre commentaire là-dessus, parce que, d'abord, il vous traite de
conservateur. Je ne sais pas si vous prenez ça comme une insulte ou si vous
prenez ça comme étant une louange quelconque, mais je vais vous lire ce qu'ils
disent et j'aimerais quand même avoir votre commentaire par rapport à ça. Et
ils disent essentiellement la chose suivante : «Le seul développement qui
peut répondre, à terme, aux aspirations de la collectivité,
c'est d'intervenir massivement pour répondre à la crise climatique, aux
injustices sociales et à la démocratisation de l'économie. Bien au
contraire, le gouvernement consacre une maigre page à tenter de nous convaincre
que c'est en réduisant le poids de la dette
que l'on contribue à l'équité intergénérationnelle, que l'on assure un
financement stable à l'éducation et à
la santé. Et, en somme, le gouvernement de la CAQ prend le problème à l'envers,
depuis son élection : plutôt que de prendre les moyens de régler les
problèmes du Québec, il s'entête à respecter un rigorisme comptable qui
n'intéresse plus personne, au péril de l'avenir de la société.» Est-ce que ce
sont des gens qui sont trop à gauche? C'est l'IRIS qui dit ça.
M. Girard (Groulx) : Ah!
l'IRIS.
M. Arcand : Ah oui! Ah oui!
M. Girard (Groulx) : Mes amis de
l'IRIS.
M.
Arcand : La lumière... Alors, est-ce que c'est un... pour
vous, c'est un gouvernement qui est... c'est une opinion qui est
irréaliste?
M. Girard (Groulx) : Bien, moi,
j'essaie de ne pas prendre personnellement les critiques. J'essaie de les
écouter, de les lire et puis de voir qu'est-ce qui est vrai là-dedans. Quand...
par exemple, lorsqu'après le budget il y a un
groupe du patronat, mais pas le Conseil du patronat, mais un groupe qui
dit : Vous ne faites rien pour la main-d'oeuvre, bien... alors qu'on vient
de mettre 3,9 milliards, à la mise à jour, pour la rareté de
main-d'oeuvre, je trouve ça injuste. Et là l'IRIS, ils ont dit beaucoup
de choses, alors je vais analyser ça élément par élément.
Le Président (M. Simard) : Alors,
sur ce, puisque le temps de notre... de ce dernier bloc est révolu, j'aurais besoin de votre consentement pour deux
choses : d'abord, prendre une courte pause et que cette courte pause soit
prise sur le temps dévolu à la partie ministérielle. Y aurait-il
consentement?Consentement.
Alors, nous allons suspendre momentanément.
Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 08)
(Reprise à 16 h 17)
Le
Président (M. Simard) : Alors, merci beaucoup. Nous sommes de retour, et
je cède la parole à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, île d'Orléans.
Mme Foster : Île d'Orléans, M.
le Président, c'est important, même si ça ne fait pas partie du nom officiel du
comté. Merci beaucoup, M. le Président. Je désire saluer les députés présents
ici, que ce soit dans l'opposition, sur la banquette ministérielle, le
ministre, bien sûr. Salutations toutes spéciales au maire de Baie-Saint-Paul,
qui est de ma circonscription, avec Annie Simard, également résidente de chez
nous, très, très, très engagée. Alors, salutations à vous deux. Ça fait très
plaisir de vous voir ici.
M. le
ministre, j'irai sur deux sujets : premièrement, l'enseignement supérieur
et la recherche; deuxièmement, en espérant qu'il reste un peu de temps,
sur la culture également.
Enseignement supérieur et recherche, je voudrais
vous interroger, parce que, dans les pages du budget, j'ai vu passer deux stratégies. Vous savez, il y a des
stratégies gouvernementales qui s'effectuent chez nous. Les stratégies gouvernementales, souvent on entend un peu moins
parler de ça. Pourtant, il y a beaucoup de gens qui travaillent là-dessus, il
y a des milliers d'heures mises par les fonctionnaires sur ces stratégies là,
par les politiciens également, pour s'assurer de donner les grandes
orientations dans certains domaines précis. Là, j'en ai vu passer deux dans le
budget, deux qui me semblent très, très,
très intéressantes. J'aimerais que vous puissiez me parler de la Stratégie
québécoise de recherche et d'innovation, qui est extrêmement importante
pour notre gouvernement, et celle des sciences de la vie également. Dans le
fond, qu'est-ce que ces stratégies-là vont faire pour l'économie du Québec?
Le Président (M.
Simard) : M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci. Et
d'entrée de jeu je dois vous avouer que je cherchais la stratégie dans la
section Enseignement supérieur, mais elle est dans la section Économie.
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Voilà. Alors, la Stratégie québécoise de recherche
et de l'innovation est à la page E.11. Et il faut dire que la Stratégie
québécoise de recherche et de l'innovation 2022‑2027 suit la Stratégie
québécoise de recherche et innovation 2017‑2022 qui avait été initiée
par le précédent gouvernement. Et la nouvelle mouture est le fruit d'un
processus de consultation en trois étapes. Il y a eu un appel de mémoires, on a
reçu 233 mémoires, et plus de 1 500 recommandations ont été analysées.
Et puis vous savez que maintenant on a un innovateur en chef. On a toujours eu
un scientifique en chef, on a un innovateur en chef, M. Luc Sirois. On a
eu une tournée régionale, par l'entremise de rencontres virtuelles, avec des
groupes de l'ensemble des régions du Québec et on a eu le Grand Rendez-vous de
l'innovation québécoise, pour s'assurer l'adhésion de l'écosystème de la
recherche, de l'innovation aux grandes orientations en la matière.
Alors, bref, c'est notre Stratégie québécoise de
recherche et d'innovation, «notre» au sens de... c'est le fruit d'une grande
consultation. Il y a 1,3 milliard sur cinq ans, auxquels s'ajoute la
possibilité de mettre 500 millions de capital. Et on parle, là, c'est
quoi, cette stratégie.
• (16 h 20) •
Alors, je vais me permettre de lire, parce que
je pense que c'est vraiment une de nos stratégies les plus importantes, au
ministère de l'Économie : «La SQRI 2022-2027 est la fondation du
chantier Innovation, l'un des cinq grands chantiers prioritaires en matière
d'économie dévoilés par le premier ministre à l'automne 2021.
«Cette
stratégie permettra notamment : de consolider l'excellence du Québec en
recherche et en sciences — parce
que là-dedans il y a les fonds pour les
Fonds de recherche du Québec; d'accroître la recherche collaborative et l'accès
à des infrastructures de calibre
mondial; de faciliter l'accès des entreprises à l'expertise, à l'accompagnement
et au financement offerts par les acteurs clés de la recherche et
de l'innovation; de valoriser les résultats de la recherche et d'en
accroître les retombées; de soutenir l'entrepreneuriat technologique innovant;
de stimuler l'investissement, la commercialisation des innovations et le
déploiement de nouvelles zones d'innovation.»
Bon, alors, l'innovation, c'est quoi? Alors,
c'est le lien entre... D'une part, l'innovation, c'est mieux faire des processus que nous avons déjà. On n'est pas dans
la recherche fondamentale. Le volet recherche est dans la nouveauté,
puis l'innovation est dans l'amélioration des processus. Et évidemment il y a
tout le volet collaboration avec la recherche scientifique, et donc le lien
avec l'enseignement supérieur, qui vous est si cher, et le Scientifique en
chef.
Alors, cette stratégie est extrêmement
importante. Elle est le fruit de consultations, donc je dirais qu'il y a une adhésion importante à la stratégie. C'est une
stratégie qui était très attendue, et je pense que le financement qui lui
est accordé témoigne de l'importance qu'on
accorde à cette stratégie. Et c'est là qu'il y aura redéploiement, dévoilement,
déclinaison de la stratégie elle-même, avec le ministre l'Économie, dans les
prochains mois ou peut-être même semaines.
Je ne suis pas au courant de l'horaire exact, mais certainement qu'une
stratégie aussi importante pour le Québec va être dévoilée rapidement.
Mme Foster : Un grand merci au
ministre. J'ajoute : vous savez, j'ai piloté le grand chantier de
l'université québécoise du futur. D'ailleurs, nous avons eu l'occasion, dans
les travaux, de discuter à plusieurs reprises avec l'innovateur en chef, Luc
Sirois. On savait qu'il y avait la stratégie sur la recherche et l'innovation
qui était parallèle, parce que, naturellement, le chantier de l'université du
futur touchait à différents aspects, dont la recherche. Bon, la recherche est sous le couvert de l'économie, mais,
ça va de soi, qui dit enseignement supérieur dit recherche, parce que ce
sont... la recherche se fait dans nos maisons d'enseignement supérieur.
D'ailleurs, parlant de l'importance des études
supérieures au Québec, la pandémie a été très difficile pour l'ensemble de la
société, mais, pour les étudiants, ça a été un défi de taille. Ça a été pas
toujours facile, des problèmes de santé
mentale, entre autres. Je cite une étude réalisée par les cégeps qui disait
qu'il y avait un pourcentage effarant,
là, d'étudiants, entre autres, qui étaient en détresse psychologique pendant la
pandémie. Même chose dans les universités,
les chiffres sont effarants. Cette importance des études supérieures, au
Québec, elle n'est pas à démontrer, et
je pense qu'on a toujours eu une très grande fierté par rapport à notre système
d'enseignement supérieur. Et l'accessibilité à ces études supérieures,
c'est absolument capital et primordial.
Ça m'amène à vous questionner sur le régime de
prêts et bourses. Bon, on sait que, dans le calcul pour l'admissibilité des régimes de prêts et bourses, ça prend en compte des
facteurs extrinsèques comme, bon, la situation propre de l'étudiant, mais
également des revenus du conjoint ou des parents. Il y a, comme on le sait, une
très grande augmentation du coût de la vie cette année. La pandémie n'a
pas été facile non plus et ne lui est pas étrangère. Est-ce que le budget
prévoit des mesures pour adapter le calcul de l'aide financière à la réalité
actuelle du portefeuille des Québécoises et des Québécois?
M. Girard (Groulx) : La réponse est
oui. Et certainement la pandémie a été difficile pour l'ensemble de la société,
mais on peut certainement dire que la pandémie a été difficile pour nos
étudiants. Et l'aide financière aux études a été bonifiée à plusieurs reprises
durant la pandémie. Et là, au budget, on ajoute 342 millions et on parle
de diminution de la contribution des parents
ou du conjoint, bonification de l'exemption de revenu de pension alimentaire
pour enfants, réduction de la dette des étudiants ayant
un enfant, et ce, à compter de 2023-2024. Et puis on reconduit l'élimination
des intérêts sur les prêts étudiants pour une année supplémentaire, soit
2022-2023.
Et, bref, ces gestes-là sont posés en
consultation. Les étudiants parlent... ont un dialogue constant avec le
ministère de l'Enseignement supérieur. Et évidemment il y a eu toute la
question des frais de scolarité. Et, bref, on pose
des gestes, puis les descriptions totales de chaque élément, là, sont
détaillées à la page D.17 et suivantes, mais ça revient à ce que je
disais, c'est-à-dire la diminution de la contribution des parents dans le
calcul de l'octroi des prêts et bourses,
bonification de l'exemption, réduction des dettes, et l'ensemble du régime est
bonifié. Et il faut le mentionner, le régime de prêts et bourses est
l'entière responsabilité du gouvernement du Québec, mais le gouvernement
fédéral y contribue via des transferts.
Mme Foster : Merci. Si
l'accessibilité aux études supérieures, elle est si importante et prioritaire
pour le gouvernement et pour le Québec
également, c'est pour accroître le nombre de diplômés aux études supérieures,
augmenter, donc, également, par le fait même, le bassin de main-d'oeuvre
compétente, qualifiée, au Québec. Or, plusieurs de ces besoins en main-d'oeuvre se retrouvent dans les régions. Ce n'est pas...
je pense que c'est connu. Dans ma circonscription, je peux vous dire
qu'il y a des besoins criants à cet effet. Paradoxalement, il y a plusieurs
régions qui font face à une diminution importante
de leurs effectifs étudiants. Donc, je voudrais savoir ce que le budget entend
faire pour attirer des étudiants en région.
M. Girard
(Groulx) : Bon, en région, on a des universités, mais on a
aussi des cégeps, et les cégeps sont extrêmement importants pour la vitalité
des régions, notamment parce qu'elle permet... Parce que, là, vous, vous parlez
d'attirer les jeunes, mais elle permet aussi
de conserver... d'inciter les jeunes à étudier dans leurs régions. Et ça, ça
passe par les cégeps. Et donc tous
les efforts qu'on fait au niveau du financement de l'enseignement collégial est
extrêmement important.
Pour ce qui est de favoriser la mobilité
régionale des étudiants, ça, c'est à la page D.23, et il y a
239 millions qui sont associés à
ça : «La mesure vise particulièrement à inciter les étudiants à vivre une
expérience pédagogique propice à la
réussite en dehors des grands centres, tout en diversifiant leur parcours
scolaire. Cette initiative favorisera l'attraction et la rétention des
étudiants dans les cégeps situés principalement en région, dont certains sont
confrontés à une baisse importante de leurs
effectifs étudiants. Elle vise également à assurer une vitalité et la viabilité
financière des programmes d'études menant à un diplôme d'études
collégiales.» C'est-à-dire que, dans certains cas, si le programme était, par exemple, à Montréal ou à Québec, il ne serait pas
maintenu avec le nombre d'étudiants qu'il y a là, et là on va continuer
à l'offrir, et c'est extrêmement important.
Et puis il y a aussi des initiatives pour
attirer des étudiants étrangers. Ça, c'est... Pardon?
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : À la
page E.34. Alors, vous lisez dans mes pensées, j'allais vous demander
quelle page. J'apprends les notes de bas de page par coeur mais pas les
numéros de page. Alors, E.34, on parle de favoriser l'interaction de personnes
immigrantes en région et on explique : «Dans cette optique, le
gouvernement prévoit 80 millions de dollars sur quatre ans, dans le cadre
du budget 2022-2023, pour réduire les frais de scolarité exigés aux
étudiants étrangers.» Et, encore une fois, la déclinaison de cette mesure sera
divulguée par la ministre de l'Enseignement supérieur.
• (16 h 30) •
Mme Foster : Merci. Combien de
temps me reste-t-il, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : ...chère
collègue.
Mme Foster : Pardon?
Le Président (M. Simard) :
1 min 30 s.
Mme Foster : Oh! O.K. Bien,
donc, ce sera très bref, sur la culture. Ce n'est pas un secret, la pandémie a
impacté également grandement le monde de la culture. Donc, je voulais savoir
quelles mesures est-ce que le budget contient pour venir en aide à nos
institutions culturelles. Là, je pense, entre autres, dans ma conception, là,
le Musée d'art contemporain de Baie-Saint-Paul, Le Domaine Forget, là, il y en
a plein qui me viennent en tête, que je pourrais vous nommer, mais ces
acteurs-là ont été très impactés. Donc, voilà.
M. Girard (Groulx) : Alors, je
me dirige dans notre section économique, à la page E.61, que mon
sous-ministre semble... je vous dirais, semble avoir appris les numéros de page
par coeur — on
fait une bonne équipe, merci — et on voit qu'il y a 258 millions
pour soutenir la relance et valoriser la culture québécoise. Et, bon, alors, il
y a un volet que je qualifierais d'aide pandémique, puisque le secteur culturel
et le secteur de l'hébergement et de la restauration
sont des secteurs qui sont toujours... qui n'ont pas retrouvé leurs niveaux
d'avant la pandémie. Alors, il y a un volet
soutien, maintien des programmes d'aide et il y a tout un volet qui est associé
à ce qu'on appelle le rayonnement du secteur culturel. Puis là on est
dans le développement de nos organismes et entreprises culturelles, puis
beaucoup de ce qui est fait passe par la SODEC et le CALQ.
Le
Président (M. Simard) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant
la parole à la députée de Mercier, qui dispose de 15 min 45 s.
Mme Ghazal :
Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, tout le monde. J'ai
beaucoup aimé ce que le ministre a dit tout
à l'heure. Il a une bonne attitude, il ne prend pas les critiques personnelles,
donc je vais en profiter. Je ne risque pas de le blesser.
Écoutez, je me rends
compte, les dernières fois, que je gère mal le temps, donc je vais, comme,
essayer d'être efficace dans mes questions
puis je compte sur le ministre, qui est d'habitude bon, pour être court aussi
dans ses réponses.
Dans
l'article de Mylène Moisan du Soleil du 31 mars dernier, ce qu'elle
dit : «43 812 personnes à l'aide sociale doivent de
l'argent à l'impôt.» Est-ce que le ministre est d'accord avec ce chiffre?
M. Girard
(Groulx) : Oui.
Mme Ghazal :
Oui, parfait, très bien. Maintenant...
M. Girard
(Groulx) : Ce n'est pas... Il y a la solidarité sociale là-dedans, là,
aussi.
Mme Ghazal :
Bien là, maintenant, ça, c'est les personnes qui sont sur le bien-être
social, donc logiquement elles reçoivent du CIS.
M. Girard (Groulx) : Oui, mais c'est l'aide
sociale et la solidarité sociale, là, ce qu'on appelle l'aide financière
de dernier recours, parce qu'on fait une distinction.
Mme Ghazal :
O.K. Mon autre question, un autre chiffre que j'essaie d'obtenir, qui
inclurait probablement les 43 812, c'est combien de personnes, parmi les
3,3 millions de personnes qui reçoivent du crédit d'impôt pour solidarité,
doivent de l'argent à l'impôt? Est-ce que le ministre, ou Revenu Québec, ou
quelqu'un a ce chiffre?
M. Girard
(Groulx) : On n'a pas ce chiffre-là en fonction du crédit d'impôt
solidarité. Mais ce que je peux vous dire, c'est que le crédit d'impôt
solidarité, il y a une provision particulière à ce crédit d'impôt, c'est que,
lorsqu'il y a des versements du crédit d'impôt solidarité à des gens qui nous
doivent de l'argent, il y a seulement 50 % de la compensation qui se fait
et non 100 %.
Mme Ghazal :
Tout à fait, mais on ne sait pas c'est quoi, ce chiffre-là. Forcément, il
est beaucoup... il est plus nombreux,
beaucoup plus que les 43 812 personnes. Est-ce qu'il y a un moyen de
l'obtenir, de savoir combien de personnes, parmi les 3,3 millions, doivent
de l'argent à cause d'une dette passée ou parce qu'à la fin de l'année, quand
on vient faire les comptes, on se rend compte qu'ils doivent de l'argent?
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est-à-dire qu'avec la déclaration de revenus de
2021, qui est ce dont on parle en 2022, il y
a des millions de personnes qui vont devoir de l'argent au gouvernement, là, en
vertu de leur déclaration de revenus 2021, et puis ça peut être en
vertu de l'année courante ou de soldes passés.
Mme Ghazal :
...de l'impôt. En fait, moi, ce que je veux retrouver, c'est l'équivalent
du 43 812 pour les 3,3 millions de personnes qui reçoivent le crédit
d'impôt pour solidarité.
M. Girard (Groulx) : Vous voulez savoir
combien de personnes qui reçoivent... On n'a pas cette information-là.
Mme Ghazal : Mais est-ce que c'est de
l'information qui peut être trouvée? Est-ce que c'est de l'information
que je peux obtenir quelque part? Parce qu'en fait j'ai décidé de faire un
calcul personnel...
M. Girard
(Groulx) : Allez-y.
Mme Ghazal : ...je ne sais pas si c'est bon, un estimé. On a
vu que, bon an, mal an, il y a le tiers des personnes qui, à la fin d'une année, doivent de l'argent à
l'impôt, que ce soit parce que... quand on fait les comptes à la fin de l'année,
quand on fait le rapport d'impôt, ou d'une dette antérieure. Donc là, je me
dis : O.K., bien, le tiers pour l'ensemble de tout le monde qui fait ses
impôts, là, tous les adultes, est-ce que je peux appliquer le tiers pour les
3,3 millions de personnes puis dire : Donc, c'est peut-être
1,1 million de personnes au crédit d'impôt pour solidarité... qui
reçoivent le crédit d'impôt pour solidarité qui vont devoir de l'argent ou
peut-être que les gens en bas de l'échelle doivent plus d'argent qu'en haut de
l'échelle? J'essaie d'obtenir ce chiffre-là. Donc, est-ce que cet estimé-là
serait bon?
M. Girard
(Groulx) : Bien, je vous dirais : Quand vous parlez de 33 %
des gens qui produisent une déclaration de revenus qui vont avoir un solde à
payer, il y a une majorité de ces gens-là, c'est des gens qui vont avoir un
impôt à payer, donc on peut présumer, puis je pense que vous l'avez inféré un
peu, là, que c'est modulé, certainement, pour l'année courante, c'est modulé en
fonction du revenu, qu'il y a plus de personnes à hauts revenus, de travailleurs autonomes qui ont des dettes en
vertu de l'année courante. Alors, je dirais que c'est probablement moins
que 33 %, mais je n'ai pas le chiffre.
Mme Ghazal : Est-ce
que c'est possible de l'avoir, le vrai chiffre? Ce n'est pas obligé de l'avoir
maintenant, mais plus tard. Est-ce que c'est quelque chose que toute
l'équipe...
M. Girard (Groulx) : Bien, si
on l'a, on va le trouver.
Mme Ghazal : Très
bien, parfait, ça fait que je pourrais revenir. On va avoir d'autres heures de
plaisir ensemble.
M. Girard (Groulx) : Bien sûr.
Mme Ghazal : Écoutez, j'aimerais
savoir pourquoi est-ce que, le ministre, vous n'avez pas procédé de la même façon qu'avec la prestation d'urgence en
novembre, le fameux 200 $ pour une personne seule et 400 $. Pourquoi
vous n'avez pas fait ça pour ces gens-là, pour que, quand vous prononcez la
phrase : Les 500 $, c'est pour aider les gens à payer leur épicerie, leur essence, leur loyer, etc., alors que
tout le monde... soit vrai même pour les gens au bas de l'échelle qui ont des dettes envers l'impôt, qui
doivent les payer, mais peut-être que... cette année, est-ce qu'on peut les
aider à s'en sortir et leur donner ce 500 $? Pourquoi vous n'avez pas
procédé de la même façon?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, parce qu'il y a... on est autour... Le budget a été déposé le 22 ou
le...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Le
25 mars. Je n'étais plus sûr.
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Le 22? Merci.
25 novembre, la mise à jour, 22 mars... Parce que,
comme on est proche de la déclaration de revenus 2021 qui est due,
là, il y a 6,8 millions d'adultes qui doivent déposer une déclaration de
revenus d'ici au 30 avril, alors le... toute la machine de Revenu Québec
est axée sur la déclaration de revenus 2021 présentement, là, c'est la saison de l'impôt des particuliers. Et, comme
il y a une élection, si on savait que le 500 $ pourrait être perçu
par certains comme une mesure à saveur électorale, alors on voulait être...
Mme Ghazal : ...la raison pour
laquelle vous avez privé des gens...
M. Girard
(Groulx) : Non, mais laissez-moi répondre, là, on a droit à
un temps égal, là. Alors, comme on voulait être le plus loin possible de
l'élection, il fallait passer par le traitement de la déclaration de revenus,
donc crédit d'impôt remboursable lié à la déclaration de
revenus 2021.
Mme
Ghazal : Donc, vous empêchez, par exemple, les
43 812 personnes que chaque sou compte, pour ces personnes-là, de recevoir entièrement ou en partie
le 500 $ pour ne pas que ça ait l'air électoraliste. C'est ça, la raison?
M. Girard
(Groulx) : Non. Je verse l'argent le plus rapidement
possible. Et, pour le verser le plus rapidement possible, je passe par
la déclaration de revenus 2021.
Mme
Ghazal : Et ça aurait été combien de temps de plus pour ces
personnes-là pour avoir 100 % de leur 500 $?
M. Girard (Groulx) : Bien, on aurait
été au courant...
Mme Ghazal : Quelques semaines.
M. Girard
(Groulx) : Non, non... Non, le traitement des déclarations de
revenus de 6,8 millions de Québécois, ça ne prend pas quelques semaines, on se serait ramassé au mois de juillet,
août. Or, l'inflation, c'est maintenant, là. L'invasion de l'Ukraine, c'était... c'est février. La hausse
de l'inflation, c'est... les mois, là, c'est février, mars, avril, c'est
maintenant.
Mme
Ghazal : Puis est-ce que les gens qui pouvaient avoir
200 $ ou 400 $... avec la mise à jour économique, est-ce
qu'ils l'ont reçu?
M. Girard (Groulx) : En janvier, le
22 janvier.
Mme
Ghazal : Donc, pourquoi on n'a pas procédé de la même
façon? Parce que là vous vous êtes fié sur une ancienne déclaration.
M. Girard (Groulx) : Bien, parce
qu'on n'était pas dans la saison de l'impôt.
Mme Ghazal : O.K. Mais ils
l'auraient eu au mois d'août au complet si vous aviez procédé par chèque.
Écoutez...
M.
Girard (Groulx) : Si on avait procédé... mais par... juste être clair,
là, il n'y a pas de chèque en... Oui, il y a des chèques, là, mais c'est
majoritairement des transferts électroniques.
Mme Ghazal : Un
dépôt direct.
M. Girard
(Groulx) : Oui. O.K. Mais non, parce qu'il y a beaucoup de personnes
qui utilisent l'expression «chèque, chèque, chèque», là.
Mme Ghazal : Dépôt
direct.
M. Girard
(Groulx) : Voilà. Merci.
Le Président (M.
Simard) : Mme la députée.
Mme Ghazal : Mais soyons sur le contenu. Donc, ces gens-là, on
les prive d'un certain montant d'argent. Pour nous, on peut dire :
C'est une dette. Écoutez, je vais vous dire une... juste lire un courriel que
j'ai reçu.
Le Président (M.
Simard) : Allez-y, Mme la députée.
• (16 h 40) •
Mme Ghazal : Oui.
Il y a des gens... j'ai parlé... là, je n'ai pas le chiffre pour ceux qui ont
le CIS, on va me l'obtenir, mais, par exemple, les personnes sur l'aide
sociale, 43 812 personnes ont une dette envers l'impôt et là, en ce moment, n'auront pas, en tout ou en partie, le
500 $. Si on avait décidé de procéder par chèque ou par dépôt direct,
ils l'auraient eu probablement au mois d'août, ces personnes-là, entièrement,
leur 500 $.
J'ai reçu un
courriel, puis je veux le lire : «Suite à un accident de travail suivi
d'une maladie, fibromyalgie, je suis mise sur l'aide sociale en
février 2021. Incapable de travailler depuis juin 2020, je suis
extrêmement en colère contre le gouvernement. M. le ministre des Finances ne
vit pas dans la réalité. Je suis à bout. Je fais affaire avec des banques alimentaires pour me nourrir. Oubliez les
petits plaisirs de la vie. Maintenant, j'ai entente avec le gouvernement
pour payer ma dette à raison de 25 $ par mois. Ce matin, j'ai appelé au
gouvernement, et l'agent m'a dit que je n'aurais pas le droit à ce 500 $
parce que j'ai une dette envers eux. Ils vont se payer avec. La question
est : Comment je vais faire pour me
payer des pneus d'été, m'acheter de la nourriture en surplus, m'acheter des
vêtements essentiels? Quand mes comptes sont tous payés, il me reste
110 $ par mois pour vivre, sans compter l'essence. Merci de parler en
notre nom au salon bleu parce que j'avoue que je suis en colère, découragée.
Quand je travaillais 40 heures par semaine, j'étais une bonne employée.
Maintenant, avec la façon que je suis traitée, je suis une nuisance dans notre
société. La BS.»
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Est-ce qu'il y avait une question?
Mme Ghazal : Donc,
moi, ce que je comprends, c'est que cette personne-là...
M. Girard
(Groulx) : Parce que là vous me lisez une lettre de quelqu'un qui
n'est pas satisfait.
Mme Ghazal : Cette
personne-là aurait pu avoir... cette personne-là est parmi les
43 812 personnes sur le bien-être social qui n'auront pas entièrement
le 500 $, et le ministre nous dit que «je ne voulais pas le donner parce
que je ne voulais pas que ça soit proche»...
M. Girard
(Groulx) : Est-ce que vous êtes contre...
Le Président (M. Simard) :
...c'est important de ne pas parler un par-dessus l'autre, sans quoi les
personnes qui retranscrivent nos travaux n'y arriveront pas. Alors...
Mme Ghazal : Il
me reste combien de temps? Parce que j'ai une autre question à...
Le Président (M.
Simard) : Alors, vous avez un petit bonus, chère collègue. Puisque
notre collègue du Parti québécois ne sera pas là, nous sommes en train de
calculer le temps qui vous sera imparti dans votre présente intervention. Il
vous reste donc exactement 5 min 15 s.
M. Girard
(Groulx) : Mais elle aura une autre intervention aujourd'hui, là.
Mme Ghazal :
Non, c'est la dernière.
Le Président (M. Simard) : Alors, trois minutes de plus que les
5 min 15 s qu'il vous reste, ça fait 8 min 15 s.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Excusez. Désolé.
Continuez.
Le Président (M.
Simard) : Ce sera la même chose pour nos collègues, également, du
Parti libéral.
Mme Ghazal : O.K. Donc, pour le
500 $, je vais attendre l'information par rapport à combien de personnes
qui reçoivent le crédit d'impôt pour solidarité, qu'ils ont une dette envers
l'impôt, qui fait qu'ils n'auront pas 500 $. Ça, c'est la première chose.
M. Girard (Groulx) : Je ne vous
garantis pas qu'on l'a, là.
Mme Ghazal : Mais il va y avoir un
effort qui va être fait pour que je puisse... qu'on puisse l'avoir.
M. Girard (Groulx) : Toujours.
Mme Ghazal : Très bien, je fais
confiance au ministre.
M. Girard (Groulx) : Revenu Québec,
là.
Mme Ghazal : Je fais confiance au boss de Revenu Québec.
L'autre chose, je comprends que, si le gouvernement avait décidé de
donner de l'argent de la même façon, de procéder comme pour le 200 $ ou le
400 $, ça aurait été au mois d'août que
ces personnes-là auraient eu l'argent, mais au moins elles auraient eu tout
l'argent, tout le 500 $ entièrement.
M. Girard (Groulx) : Bon. Alors,
effectivement, la mesure de l'automne et la mesure du budget, ce n'est pas la
même mesure. Il y en a une que c'est une prestation exceptionnelle, puis
l'autre, c'est un montant ponctuel. Et le montant ponctuel, c'est un crédit
d'impôt remboursable associé à la déclaration de revenus 2021.
La compensation des dettes fiscales, je
comprends que ce n'est pas un sujet dont on veut parler à tous les jours, mais
c'est une partie intégrale de notre régime fiscal, là, c'est-à-dire qu'il y a
des gens au Québec, il y en a peut-être ici, dans la salle, il y a des
situations particulières, il y a des situations qui s'expliquent, mais il y a
plein de contribuables qui ont des dettes envers l'État. Et la compensation qui
se fait lorsqu'on fait des versements, ça fait partie de notre régime fiscal.
Ce n'est pas un sujet dont on parle à tous les jours, mais ça existe. Et donc
quelqu'un qui aura un solde à payer en vertu de sa déclaration de
revenus 2021, bien, s'il doit 700 $ avant le 500 $, bien, il va devoir 200 $. Quelqu'un qui a une dette
envers l'État, bien, on va diminuer sa dette, là. Ce n'est pas qu'il ne l'a pas
eu, c'est qu'il l'a eu en réduction de son passif.
Le Président (M. Simard) : Madame.
Mme Ghazal : Je ne suis pas en train
de remettre en question le fait que les gens paient leur dû jusqu'à la dernière
cent, mais je parle de l'exemple, par exemple, de cette dame-là qui m'écrit.
Ça, c'est un exemple, parmi des dizaines de milliers d'autres, de gens pour qui
chaque dollar compte. Et, le gouvernement, c'était : 500 $, ça va
vous aider à payer votre loyer, à payer vos dettes... pas vos dettes, à payer
votre essence, à payer votre consommation, parce que tout le monde, ils n'ont
pas à payer votre dette, n'importe quelle dette, que ce soit pour le
gouvernement ou votre carte de crédit, etc.,
c'est vraiment parce que les prix montent, donc on va vous aider à le
compenser. Et ce n'est pas ça qui se passe. C'est un peu de la fausse
représentation. J'ai une autre... par rapport au 500 $.
Un autre sujet...
M. Girard (Groulx) : Bien, je ne
suis pas d'accord du tout avec votre interprétation, mais continuez.
Mme Ghazal : Bien, non, on n'est pas
obligés d'être d'accord. J'ai une autre question, c'est par rapport à la
rémunération à la Caisse de dépôt et placement du Québec.
M. Girard (Groulx) : Oui, allez-y.
Mme Ghazal : Est-ce que le ministre
trouve que c'est normal, alors qu'il y a des gens qui ont de la difficulté à se
payer... pas des petits plaisirs, mais leurs biens essentiels, qu'en 2021 la
rémunération à la Caisse de dépôt et placement du Québec, moyenne, ait augmenté
de 25 %?
M. Girard
(Groulx) : Bien, je pense
que c'est deux sujets complètement indépendants, O.K.? D'abord, il y avait une
mesure, dans le budget, de 500 $, pour lutter à la hausse du coût de la
vie. Puis on peut discuter des mérites, puis de la forme, puis est-ce
qu'elle aurait dû être modulée comme ça, puis, à partir du deuxième seuil,
est-ce qu'elle aurait dû diminuer, je suis ouvert à en discuter.
La rémunération de la caisse, c'est fonction des
politiques de rémunération de la caisse, qui sont approuvées par le conseil d'administration. Puis je rappelle
que la caisse gère 400 milliards d'actif pour les Québécois. Les régimes...
L'argent qui est géré à la caisse, c'est l'argent de régimes de retraite des
Québécois. La caisse a eu une année d'excellente performance l'an dernier,
c'est-à-dire qu'elle a battu ses indices de référence, qu'elle a battu ses
pairs. Donc, c'est comme ça, là, il y a la
performance absolue qui est bonne, mais la performance absolue est bonne pour
tout le monde, puisque c'était une
bonne année de rendement financier l'an dernier, mais la performance relative
de la caisse par rapport à ses pairs et ses indices de
référence est de grande qualité. Et puis là ils ont des politiques de
rémunération visant à avoir un niveau de talent important pour gérer 400 milliards
d'actif et générer des rendements. Et puis là, après ça, c'est... mon rôle, moi, c'est de m'assurer que la politique de
rémunération est établie selon les règles, les meilleures pratiques.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée, il vous reste 3 min 30 s.
Mme Ghazal : Oui,
mais j'imagine que le ministre a lu l'article de Michel Girard dans Le Journal de Montréal. Et ce
qu'il disait, c'est que, si on compare la performance de la caisse, c'était
sous la médiane des gestionnaires de fonds diversifiés, c'est-à-dire que ce n'était pas si extraordinaire que ça si
on le compare à d'autres, par rapport aux résultats, c'est un petit peu
plus bas. Et, oui, cette année, ça a été... ils ont eu des performances un peu
plus élevées que leur indice de référence. L'année d'avant, c'était beaucoup
moins élevé, c'était en bas de son indice de référence, alors que la bourse, et
tout ça, il y a eu une grande augmentation.
Donc, moi, je comprends que le ministre dit que
c'est tout à fait normal qu'il y ait une augmentation de la rémunération
moyenne de tous les employés de la caisse, de notre bas de laine, en pandémie,
de 25 %. Et donc est-ce que... est-ce que... À quoi il s'attend, par
exemple, par rapport à la rémunération des hauts dirigeants?
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le ministre.
Mme
Ghazal : Est-ce qu'il est
d'accord avec la proposition de Québec solidaire qu'il y ait un salaire
maximum, pas plus de 30 fois le salaire le plus bas... du plus bas
employé à la Caisse de dépôt et placement du Québec?
M. Girard
(Groulx) : Bien, d'abord, je n'ai pas eu le privilège
d'étudier votre proposition. Alors, je ne la jugerai pas, j'en prendrai
connaissance.
Là où... Je tiens à dire... Là, je cherchais mes
chiffres, parce que je ne pensais pas qu'on allait parler de la rémunération de la caisse aujourd'hui, mais,
puisqu'on en parle, parlons-en. La performance... J'ai effectivement lu le
journaliste ce matin. Soit dit en passant,
c'est un journaliste que je ne lisais pas dans mon ancienne vie, mais
maintenant je le lis.
Une voix : ...
Mme Ghazal : ...l'important,
ce n'est pas ce que lui dit, c'est qu'il résume ce qui est écrit dans le
rapport annuel.
M. Girard (Groulx) : Non, non,
mais c'était de l'humour, c'était de l'humour. J'ai vu son commentaire. Et la
performance de la caisse l'an dernier, par rapport à ses pairs, par rapport à
ses indices de référence, est très bonne. Et là vous me dites qu'il compare à
des fonds, là, il faudrait que j'analyse la composition de sa base de
comparaison. Mais moi, je vous dis qu'un gestionnaire de portefeuille, on en a
10 au Canada, des gestionnaires comme ça, de cette taille-là, là, et puis la
caisse, c'est une grosse caisse de... un gros gestionnaire de fonds. Sa
performance par rapport à ses pairs et ses indices de référence est
exceptionnelle. Sa performance de l'année d'avant n'était pas exceptionnelle,
d'où l'accroissement en pourcentage de la rémunération.
• (16 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Madame.
Mme Ghazal : Donc, tout à fait normal
que les gens qui gèrent notre bas de laine, qui, oui, ont beaucoup de talent, puis ils doivent le faire de façon
rigoureuse, judicieuse, etc., ils aient une augmentation de 25 % et que
c'est tout à fait justifié pour le ministre. On apprenait aussi récemment...
On n'arrête pas de dire qu'on est les plus taxés au Québec. Est-ce que le ministre est conscient que la contribution du
fameux 1 % au Québec, sa contribution au total de l'impôt payé par
les particuliers du Québec a diminué, entre 2015 et 2020, de 18,4 % à
17,3 %? Est-ce qu'il trouve qu'il faudrait que ça diminue au travers des
années et jusqu'à quand?
Le Président (M. Simard) : Il
reste quelques secondes.
M. Girard (Groulx) : Succinctement.
Je n'ai pas les mêmes chiffres que la députée.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : La
contribution du 1 % avoisine plus de 18 % maintenant.
Le
Président (M. Simard) : Merci, M. le ministre. Le temps est révolu. Je
cède maintenant la parole au député de Sainte-Rose, qui dispose de
16 minutes.
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. Très intéressant, l'échange qu'on vient juste
d'avoir, parce qu'on comprend la grande différence dans les visions des
différents partis. Pour moi, un 500 $ de moins à payer, bien, c'est
un revenu. Mais je peux comprendre l'argument de la collègue, mais, en tout
cas, c'est toujours fascinant, dans notre Parlement, de voir les différentes voix qui
s'étalent. N'oublions pas, on a plusieurs partis à notre Assemblée nationale.
Donc, ça m'épate toujours quand on est confrontés à des différences de points
de vue.
Je voulais vous amener, M. le ministre, à parler
de votre stratégie macroéconomique. Et je ne veux pas trop m'aventurer, là,
dans la théorie, mais, quand on constate les grands enjeux macroéconomiques qui
nous confrontent, on parle ici du conflit en
Ukraine, on parle ici de l'inflation, on parle ici de... le choc de... voyons,
j'ai le mot anglais, là, mais c'est «supply shock», en tout cas.
Une voix : Goulot d'étranglement.
M. Skeete : Merci. Donc, les
chocs économiques qu'on peut subir tant sur la demande que sur l'offre. Donc,
je me demande, vous, quand vous faites vos calculs, que vous vous préparez à
écrire votre budget et vous regardez ces menaces-là, on en avait parlé un peu
la semaine passée avec vos fameuses courbes... vos fameuses courbes, là, mais je serais curieux de vous entendre sur
comment vous gérez ces situations exceptionnelles et comment vous gérez
le risque associé à ces choses qui sont inquantifiables. Parce qu'il faut le
dire, là, sur les quatre budgets, parce que l'opposition nous rappelle que vous
êtes à votre quatrième budget, puis c'est... ça fait quatre, alors on vous
connaît. Mais, en fait, dans ces quatre-là, il y en avait un, je me souviens,
juste avant la pandémie, on était dans le salon rouge et on célébrait votre
deuxième budget, et, à ce moment-là, le lendemain, bien là, on mettait le
Québec sur pause. Deux budgets plus tard de situations exceptionnelles, je me dis :
En fait, on a vu votre doigté dans les budgets, mais on n'a pas vu vraiment un
mandat régulier. Alors, comment vous gérez ça, ces situations exceptionnelles
là? Comment vous voyez la tendance macroéconomique? Et qu'est-ce que vous avez
mis dans votre budget pour vous aider à le confronter... à l'affronter, plutôt?
M. Girard
(Groulx) : Bien, l'incertitude, ça fait partie... Là où on
parle d'économie, on parle d'incertitude. Et je dirais que la période actuelle est particulièrement incertaine parce
que les banques centrales amorcent un resserrement monétaire qui vise à ralentir l'économie et faire
diminuer l'inflation, mais il est possible qu'on fasse diminuer l'inflation
et qu'on ralentisse trop l'économie. Alors, il y a vraiment un degré de resserrement
monétaire qui devra être fait judicieusement, et puis ça, ça amène beaucoup
d'incertitude. Et évidemment la guerre en Europe amène son lot d'incertitudes, puis la pandémie amène son lot
d'incertitudes. Alors, lorsqu'on somme toutes ces incertitudes, on est dans
une période particulièrement incertaine.
M. Skeete : Ça fait que, vous,
ce qui vous garde debout le soir, là, ce qui vous inquiète, c'est : Là,
j'ai de l'inflation, puis en même temps l'économie du Québec va bien, donc
c'est une bonne nouvelle. Alors, comment on fait pour freiner l'inflation en
même temps... Bien là, je sais que c'est la banque centrale qui fait ça et pas
vous, là, vous devez composer avec ça. Mais vous, vous dites : Là, il y a
de l'inflation, ça vient gruger la capacité d'achat des Québécois. En même
temps, l'économie, c'est bon parce qu'on est en mesure de rattraper notre
retard avec l'Ontario. Alors, vous, vous dites, là, l'art de ce que vous
faites, c'est de rester entre trop freiner l'inflation et geler l'économie, en fait. Vous, vous êtes dans ces... vous vivez
dans ces entredeux-là, puis votre crainte, elle réside entre ces deux
affaires-là.
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, je vous rassure, là, je dors très bien, mais je ne dors pas longtemps,
alors... Ce n'est pas pertinent, mais je ne veux pas qu'on laisse l'impression,
là, que je suis debout toute la nuit à m'inquiéter de l'inflation, là. C'est la
responsabilité de la banque centrale de resserrer les taux d'intérêt. La
Réserve fédérale américaine, la Banque du Canada ont fait une première hausse
de taux. Mais là, dès la semaine prochaine, la Banque du Canada... il y a une réunion à toutes les six semaines, et on peut
dire que les banques centrales nord-américaines sont un peu en retard sur le cycle inflationniste et donc vont devoir
accélérer les hausses de taux pour tempérer l'inflation.
Alors, ça, ça fait partie du métier. Mais,
lorsqu'on fait un resserrement monétaire, puis il y aura les hausses de taux...
puis en plus il y a toute la question du bilan de la banque centrale, parce que
la Banque du Canada, notamment, a acheté essentiellement tout l'encours des
obligations du gouvernement canadien qui a été émis durant la pandémie, et là
ils ont arrêté ces achats-là et pourraient arrêter les investissements, parce
que, lorsqu'il y a des paiements d'intérêt, bien, ils font des investissements,
et là on va avoir ce qu'on appelle un resserrement quantitatif, c'est-à-dire
qu'ils vont diminuer la taille de leur bilan au même moment qu'ils resserrent
les taux d'intérêt, puis ça, ça va ralentir l'économie.
Et on ne contrôle pas tout au niveau de
l'inflation, là, parce que, oui, le resserrement monétaire va tempérer la
demande ici, mais une partie importante de l'inflation n'est pas liée à ce qui
se passe ici, est liée à la pandémie, vous en parliez, les goulots
d'étranglement, est liée au fait que la consommation s'est concentrée sur les
biens plutôt que les services, parce que les services n'accordaient pas le
fameux deux mètres pour prévenir la pandémie. Alors, c'est comme si 100 %
de la demande s'est concentrée sur 60 % de l'offre, c'est-à-dire les
biens, et que le 40 % de services n'était pas favorisé ou il n'était pas
possible d'avoir la sécurité sanitaire complète dans le 40 % de services,
bien que ça n'a pas l'air de déranger, de ce que je vois dans certains stades
aux États-Unis, mais, grosso modo, si je généralise, là, 100 % de la
demande s'est concentrée sur 60 % des produits et services, c'est-à-dire
les biens.
Et il y a tout le volet du secteur de l'énergie
qui nous avait donné des signes encourageants, c'est-à-dire qu'on avoisinait
65 $ au mois de novembre 2021, qui était plus bas d'un bon 20 %
de la moyenne de l'année 2021, c'est-à-dire qu'on avait espoir que la
composante énergie allait diminuer l'inflation en 2022. Or, l'invasion de
l'Ukraine par la Russie a propulsé le prix du pétrole, notamment, au-delà de
100 $, a renversé cette contribution négative
qu'on anticipait pour plutôt transformer une baisse anticipée de la composante
énergie par une augmentation extrêmement
significative. Et finalement, si vous prenez un prix de 100 $ par rapport
à 65 $, bien, c'est une hausse de 50 % dans le prix du pétrole entre
novembre et l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
• (17 heures) •
M. Skeete : Puis
je ne vous ai pas entendu parler... parce que, là, on est dans les risques
macroéconomiques, je ne vous ai pas entendu parler... Ça fait que, là, juste
pour faire le sommaire, là, on parle d'une invasion en Europe, ça, personne ne
s'attendait à ça, on parle ici d'une pandémie historique, on n'a jamais prévu
ça. Là, on a les goulots d'étranglement qu'on doit gérer, que ce n'est pas
facile. En même temps, vous me dites qu'il y a la hausse du prix de l'énergie
qui nous a surpris un petit peu.
Mais
il y a d'autres facteurs macroéconomiques aussi qui pèsent aussi sur
l'économie. Je pense ici, justement, à la... On parle beaucoup du
«reshoring», là, les entreprises québécoises, canadiennes commencent à...
américaines aussi, commencent à se dire : Oui, mais attends une seconde,
là, si ça coûte 25 000 $ le conteneur au lieu de 4 000 $,
comme ça coûtait avant, peut-être, ça vaut plus la peine de revenir produire
ici. Ça, ça fait des opportunités pour l'économie du Québec. En même temps, ça
pose des défis sur la main-d'oeuvre. Alors, comment vous conjuguez tout ça?
Parce qu'il faut se le dire, là, ça arrive tout en même temps.
M. Girard
(Groulx) : Bon, j'ai peut-être oublié de parler d'Omicron, qui avait
la particularité d'être plus contagieux et qui a retiré beaucoup de
travailleurs. Et on voit que certains pays asiatiques, notamment la Chine qui
avait des techniques pour contenir la propagation de l'épidémie qui étaient
extrêmement efficaces avec les variants précédents, qui est moins efficace avec
Omicron, ce qui fait qu'alors qu'au mois d'avril 2022 on avait bon espoir
que les goulots d'étranglement se seraient desserrés, le fait qu'on a perdu
beaucoup de travailleurs en Chine, dans des ports comme Shanghai... je n'ai pas
les statistiques, mais je présume que c'est un des ports les plus importants
dans le commerce mondial et... puis c'est le cas à Hong Kong aussi, mais là on
a un paquet de travailleurs qui manquent, et
donc... alors que... je vous dirais qu'au niveau des goulots d'étranglement, en
avril 2022, on n'est pas du tout où on espérait être il y a six mois. La situation ne s'est pas améliorée.
Bon, puis là... Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Simard) : Il reste au bloc 5 min 25 s.
M. Girard (Groulx) :
O.K. Bien, vous allez me permettre d'expliquer l'inflation en vous disant
que c'est, à la base, ce qu'on observe... au-delà d'Omicron, de l'invasion de
l'Ukraine par la Russie, de tout ce qu'on a parlé, ce qui s'est passé, c'est
qu'en 2020 il y a eu une interruption de l'économie, une chute de l'économie
mondiale, la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, et qu'en 2021
on a eu un rebond synchronisé de l'économie mondiale. Ça, ça veut dire que tout
le monde a rebondi en même temps et donc que la demande était extrêmement forte
au même moment où l'offre était contrainte en raison des goulots
d'étranglement. Alors, la demande était extrêmement
forte, l'offre était contrainte, inflation. Ça, c'est avant Omicron et avant
l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Alors, avant d'avoir
des craintes, que tout le monde parle d'inflation en février, mars 2022,
janvier 2022, on avait déjà des problèmes
d'inflation au mois de novembre. On avait déjà... Ce n'est pas pour rien que,
le 25 novembre, on a versé une prestation exceptionnelle, c'est
parce qu'il y avait déjà de l'inflation. À ce moment-là, on anticipait un retour pour la fin 2022. Et là, en raison
d'Omicron puis de l'invasion de l'Ukraine, on parle maintenant de
fin 2023. Alors, on a non seulement augmenté nos prévisions
d'inflation pour 2022, mais on a prolongé la durée de la période où l'inflation
va excéder ce à quoi nous sommes habitués.
M. Skeete : Donc,
c'est un moment dans l'histoire où est-ce qu'on subit une particulièrement
grande pression inflationniste qui, vous, selon vos projections, va... devrait
être réglée, et la prestation de 500 $, la prestation exceptionnelle qu'on avait faite avant, tout ça
vient aider les Québécois à passer au travers de ce moment inédit, en fait.
M. Girard
(Groulx) : Bon, le député de Robert-Baldwin pourrait vous dire que les
séries chronologiques de l'inflation, ce n'est pas les séries les plus
volatiles. C'est-à-dire qu'on a avoisiné 2 % depuis 1990 avec une borne
inférieure de 1 % puis une borne supérieure de 3 %, là, mais vraiment
pas beaucoup de volatilité au-delà de 1,5 %, 2,5 %, pas beaucoup
d'observation. Et là c'est nouveau, là. C'est à la fin 2021 qu'on a
franchi 4 % puis qu'on a eu un premier
chiffre de 5 %. Puis là on a eu des de 6 %, puis, aux États-Unis...
parce qu'on a une statistique à tous les mois, mais c'est une inflation de 12 mois, donc on compare le niveau des
prix en janvier 2022 au niveau des prix en janvier 2021, aux États-Unis,
on a vu 7 % d'inflation. Et là c'est au niveau de probabilisme, là, ces
réalisations d'inflation là, on est au-delà de trois écarts types. On n'a pas
vu ça depuis 1990. Et donc revenir à 2 %, ça ne sera pas facile. Et ce qui
va arriver, c'est qu'il va y avoir un resserrement monétaire, on va tempérer la
demande, au même moment, on se le souhaite, que l'offre va se décongestionner,
je pense... je ne suis pas sûr que c'est le bon terme, mais que les goulots
d'étranglement vont se desserrer, donc l'offre va augmenter, la demande va
baisser et, normalement, l'inflation va revenir à 2 %.
M. Skeete : Puis ça, c'est le scénario le plus probable, selon
ce que vous êtes capable de voir dans votre boule...
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est-à-dire que, par définition, en vertu de leur
charte, de leur mandat, la banque centrale
du Canada et la Réserve fédérale américaine ciblent une inflation qui avoisine
2 %. Donc, s'ils réalisent leur
mandat, on va y arriver. Mais, pour y arriver, il faut agir avec doigté et
ralentir l'économie suffisamment pour faire baisser l'inflation, mais pas trop pour provoquer une récession. Puis
ça, ce degré de resserrement de l'accommodement monétaire, c'est un
travail difficile.
M. Skeete : Combien
de temps qu'il me reste, monsieur...
Le Président (M. Simard) : 30 secondes.
M. Skeete : Ça fait que vous dormez
bien, tout va bien à ce niveau-là?
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : C'est certain
que le gouverneur de la Banque du Canada, lorsqu'il regarde l'inflation au
Canada, lui, il a une grosse responsabilité.
Le
Président (M. Simard) : Très bien. Je cède maintenant la parole... Merci à
vous, cher collègue de Sainte-Rose. Je cède maintenant la parole au
député de La Pinière. Cher collègue, vous disposez de 18 minutes.
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Je vais faire... Parce
que, là, on arrive à la fin de ces échanges-là, ça fait que je vais
faire un petit peu de philosophie. Oui, je le sais, que le ministre va aimer
ça. Ça va être de la philosophie économique. Bien, peut-être pas la
philosophie, mais au moins un petit peu d'histoire. J'écoutais... Parce que, ce
matin, j'avais autre chose, M. le Président, c'est la raison pour laquelle je
n'étais pas là, mais ça ne m'a pas empêché, pendant
ces autres choses là, d'écouter d'une oreille, pas du tout distraite, les
échanges avec mon collègue de Robert-Baldwin, et le ministre disait ce
matin...
Le Président (M. Simard) : Cher
collègue, pourriez-vous juste remettre votre micro juste devant vous.
M. Barrette : Ah! celui-ci?
Le Président (M. Simard) : Non,
l'autre.
M. Barrette : L'autre? Ah! excusez,
pardon. Vous faites bien...
Le Président
(M. Simard) : Oui. Excusez de vous avoir interrompu, c'était la
technique qui me faisait signe.
M. Barrette : C'est une stratégie,
hein, pour conserver du temps?
Le Président (M. Simard) : Parfait.
Oui, formidable.
M. Barrette : Alors, le ministre, il disait, ce matin, qu'il
avait regardé ça dans l'histoire pour regarder s'il y avait eu un événement qui expliquait l'écart de richesse
entre l'Ontario et le Québec, puis il disait qu'il était à reculer assez
loin, puis il n'avait pas vu d'événement.
M. Girard (Groulx) : Aussi loin
qu'on a des données, il y a toujours eu un écart important.
M. Barrette : Ça dépend de la...
Non, ça a l'air que non. Parce que peut-être qu'on n'est pas allés l'un et
l'autre aussi loin, mais j'ai déjà lu une thèse, un document d'un économiste
qui était remonté jusqu'à la fin du XIXe siècle. Bon, c'est sûr que les
données ne sont pas de même qualité qu'aujourd'hui, mais apparemment,
économiquement, il fut un temps où on était aussi riche que l'Ontario. Et on
aurait creusé un écart entre le Québec... avec l'Ontario au début du
XXe siècle, quand, au XXIe siècle, au Québec, on a connu un...
évidemment, un certain départ vers les États-Unis, ça, c'est une chose, mais
ça, c'est des proportions, ce n'est pas ça qui fait l'écart entre la richesse, mais surtout qu'on a eu un retour à la
terre assez fortement encouragé par l'Église. Alors, quand tous les Québécois
qui étaient en affaires sont partis explorer
le Nord, on n'a pas, nous, fait le même développement industriel que l'Ontario.
Et, quand on regarde aujourd'hui, aujourd'hui,
depuis ce temps-là, on a un écart industriel important avec l'Ontario, particulièrement dans la grande
industrie qui, elle, génère de l'économie, là. Je prends une seule image, qui
est de ma ville natale, vous fermez l'usine de papier, là, qui a changé de nom
au moins trois fois depuis que je suis né, la ville ferme, là. Mais
l'importance de dire qu'une grosse industrie va amener un effet d'entraînement
économique... Alors, ça a existé. Je voulais juste dire ça. Et le...
M. Girard
(Groulx) : ...
M. Barrette : Hein?
• (17 h 10) •
M. Girard (Groulx) : ...c'est un
point intéressant. Moi, évidemment, je me suis arrêté là où les comptes économiques
commencent. Et là vous, vous...
M.
Barrette : C'est ça. Et l'économiste qui a fait l'analyse,
bon, a quand même admis, avec raison, qu'il y avait une imprécision, là, mais les données comparatives
du moment de cette période-là, elles étaient comparables avec l'Ontario.
M. Girard
(Groulx) : Alors, lui, il blâmait l'Église catholique?
M.
Barrette : Non, ce n'est pas ça du tout. Lui, il a dit qu'on
a eu un petit problème historique qui était qu'on avait... on était
moins... on faisait moins de développement des affaires, on va dire ça en
termes d'aujourd'hui.
M. Girard (Groulx) : O.K., on était
plus...
M. Barrette : C'est pour ça que je
voulais faire cette précision-là, parce que, quand on regarde... Là, après ça, il n'y a peut-être pas d'événement, mais, à
partir du moment où on crée ça, la politique maintient l'écart entre les deux.
Puis là je vais donner deux exemples. L'acier, là, qui vient d'en haut, là, qui
vient de la fosse du Labrador, soit à Terre-Neuve
ou soit au Québec, il s'en va à Hamilton, là, en majorité, il ne s'en va pas à
Sorel. Et c'est tellement... Puis, en passant, ce n'est pas un hasard que les
Tiger-Cats puis les Steelers sont en noir et jaune, là, les deux se sont salis
du même minerai. Ça serait des Steelers, eux autres aussi, là, s'ils étaient
dans la NFL.
Alors, mon
point, ici, là, c'est que la politique a aidé à créer un écart. Et là je vais donner
un exemple plus récent qui va intéresser le ministre, en termes
économiques, parce que lui, il est en faveur de ça.
M. Girard (Groulx) : Allez-y.
M. Barrette : Moi, dans mon dernier
mandat, là, j'ai eu à faire face à un gouvernement fédéral dans lequel il y avait... en face duquel il y avait des ministres
de la Santé qui étaient un médecin en Ontario, un médecin à Québec. Ce n'est
pas ça, le point. Le point, c'est que le médecin en Ontario, là, qui est,
aujourd'hui, à la tête de la commission spéciale pour faire l'assurance
médicaments, c'était le ministre de la Santé de l'Ontario. Et, quand j'étais
ministre et qu'on rencontrait un ministre fédéral... que je ne qualifierai pas,
le ministre Morneau, ni l'autre, la ministre Philpott, je vais être poli, eux autres, là, je peux vous dire une affaire, M. le
ministre, et ce n'est pas une critique, eux autres le voulaient, le
programme d'assurance médicaments national, et ils le voulaient et ils se
battaient déjà pour qu'il soit basé à
Toronto, pour que l'industrie pharmaceutique du générique, notamment, soit à
Toronto, ce qui est en ligne directe avec... évidemment, avec le
commentaire de quiconque vient d'Ontario, selon lequel «Ontario is Canada», là.
Vous avez dû l'entendre sûrement dans le monde bancaire. Il a dû l'entendre,
mon collègue.
Alors, mon
point, là, c'est qu'il y a eu un moment, dans l'histoire, où on était équivalent,
selon les paramètres de l'époque, et,
après ça, il y a la politique. Nous, là, quand on regarde ce qui se passe
actuellement, là, on va peut-être, peut-être avoir des batteries, mais
on n'aura pas l'usine d'assemblage, là. On ne les aura pas, là.
M. Girard (Groulx) : Vous avez
raison. Continuez.
M.
Barrette : Mon point ici, là, c'est qu'il y en a eu, des
événements qui ont fait un écart, l'écart a été maintenu puis il se
maintient encore. Alors, nous, notre enjeu, là... il y a un enjeu qui est celui
de ce que je qualifierais de la grande
entreprise. C'est un problème. Je n'ai pas de solution. Mais la grande
entreprise, elle commence par être petite puis elle grossit. Moi, un des
moments les plus socialement économiquement décevants que j'ai vécu, c'est
quand GM est parti. Bon, c'est sûr qu'on a
compensé techniquement par l'aéronautique, mais il y a plus de monde qui achète
des autos que des avions. Question... ce
n'est pas une question, là, c'est un commentaire, j'ai dit que je faisais un
peu de philosophie, mais je voulais juste dire ça. Bon.
M. Girard
(Groulx) : Mais dans mon commentaire, il y avait la prémisse
que moi, erronément, je croyais que cet écart de richesse là était... sa
création était centrée autour de l'année 1960.
M. Barrette : Non, c'est avant.
M. Girard (Groulx) : Un peu avant et
peu après.
M. Barrette : Non, c'est avant.
M. Girard (Groulx) : Et c'est avant.
M. Barrette : C'est avant.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
M. Barrette : C'est pour ça que je
posais la question : Jusqu'où vous êtes retourné? C'est avant, et ça...
M. Girard (Groulx) : Puis on a des
données économiques jusqu'à quand, M. le sous-ministre?
M. Barrette : Bien, les données...
c'est parce que, là, on qualifie les données. Ce n'est pas les mêmes...
M. Girard (Groulx) : Mais je pense
qu'on a des données jusqu'en 1928.
M. Barrette : En
tout cas, je voulais juste faire ce point-là, qui a peu d'intérêt, mais qui a
l'intérêt de ça.
M. Girard
(Groulx) :
O.K.,
d'accord.
M. Barrette : Là, je veux aussi...
dans le même ordre d'idées, là, M. le ministre, je pense que vous vous trompez, je vous le dis avec le plus grand des
respects, quand vous dites... Quand mon collègue... parce que je vous ai écouté
ce matin, là, quand mon collègue parlait des coûts de système, il a posé la
question, vous avez répondu avec beaucoup d'affirmation que c'est toujours les
mêmes. Non, ce n'est pas toujours les mêmes, pour une raison simple, très
simple, la raison : 80 % du système de santé, c'est du salaire. C'est
80 %.
M. Girard (Groulx) : 80 %,
c'est?
M. Barrette : Du salaire.
M. Girard (Groulx) : Du salaire,
O.K., oui, oui, oui.
M.
Barrette : Et puis 20 %, bon, bien, c'est des
fournitures, des ci, des ça. Et, quand vous dites que le Conference
Board», comme vous avez dit ce matin, évalue les coûts de système aux alentours
de 5 point quelque pour cent...
M. Girard (Groulx) : Pas les coûts
de système...
M. Barrette : Non, la croissance des
coûts.
M. Girard (Groulx) : ...les coûts du
système.
M. Barrette : Bien, moi, là, quand
j'étais là, là, on l'avait évalué, là, puis les coûts du système, là, c'est
assez difficile d'aller en bas de 4 %, très difficile, et encore plus
difficile quand on est dans une période inflationniste en salaire, dans laquelle on vit actuellement. Alors, c'est vrai que le
5 point quelque pour cent du Conference Board, ça inclut un certain niveau de développement causé
par le vieillissement et la technologie. Moi, je vous soumets simplement,
là, que ces facteurs-là vont aller en
s'amplifiant. Et je vous dirais, là, que ça va être de plus en plus difficile
de reconduire l'année d'avant en bas de 5 %, puis c'est ça que je
vous dis, à cause de ce que l'on fait actuellement. Les conventions collectives qui ont été signées, là, sont
généreuses. Je ne veux pas faire des débats sur les conventions collectives. Je
veux simplement dire, là, que le coût de système, là, il ne sera pas à
4 %, là. Puis le développement, lui, va être inévitable, il est inévitable,
et là vous n'aurez pas les moyens.
Mon collègue de Mont-Royal—Outremont, tantôt, vous posait la question : Oui, mais là,
s'il y a une sixième vague, et ainsi de
suite. Là, je ne veux pas répéter la question pour avoir une réponse élaborée,
j'ai compris la réponse, là, mais là
on va avoir un problème, parce que des sixièmes vagues, là, il va y en avoir.
Il va y avoir des sixièmes vagues de
maladie, des vagues de développement technologique, du vieillissement, et ainsi
de suite. Moi, je vous invite à regarder vos crédits, là, puis regarder ce qui reste au net en développement. Il
reste à peu près 1,8 %, ce n'est pas beaucoup. Le reste, c'est en
salaire ou en immobilisations.
M. Girard (Groulx) : 60 % des
coûts, c'est les salaires.
M. Barrette : C'est
plus que ça, selon les chiffres que nous autres, on avait. Mais je ne veux pas
faire de débat là-dessus. Je ne veux pas faire un débat là-dessus, M. le
Président.
M. Girard (Groulx) : Non. 60 %.
Mais on ne fait pas de débat là-dessus.
M. Barrette : Je ne veux pas faire
de débat là-dessus. Le point... Moi, en tout cas, moi, là, à mon époque, là, les chiffres qui étaient évalués par le ministère,
c'était 80 %. Maintenant, peut-être que, dans la catégorie salaire, il y a
des affaires que...
M. Girard (Groulx) : Peut-être, ce
n'était pas le même dénominateur...
M. Barrette : Exactement. Bon, c'est
ça.
M. Girard (Groulx) : ...qu'il n'y
avait pas Services sociaux, etc.
M. Barrette : Mais c'est énorme, le
salaire.
M. Girard (Groulx) : 60 %.
M. Barrette : C'est énorme, hein?
Puis là, quand on met les immobilisations par-dessus ça, au moment où on va
avoir de plus en plus besoin d'immobilisations, attelez-vous, là. Ça fait que,
quand j'entendais la réponse qui a été faite à mon collègue et que, M. le ministre,
vous répondiez avec confiance — puis
je ne critique pas la confiance — qu'on
va avoir des marges, vous allez peut-être avoir des marges pour le statu quo,
pas sûr que vous allez avoir la capacité d'avoir le développement.
M. Girard
(Groulx) : Mais un des éléments de ma réponse à votre collègue, c'est
qu'on ne fait pas le budget 2024-2025 au budget 2022-2023.
M. Barrette :
Bien non, je le sais bien.
M. Girard
(Groulx) : Alors, avec chaque budget viennent de nouvelles demandes,
des ajustements.
M. Barrette :
Je sais.
M. Girard
(Groulx) : Voilà.
M. Barrette :
J'en ai souri d'ailleurs tantôt quand vous avez dit ça. C'est sûr que
chaque budget a sa nouvelle demande, sa surprise et est toujours en retard sur
la réalité. C'est comme les lois, ça. Les lois sont toujours en retard sur
l'évolution de la société. Les budgets sont toujours en retard sur la réalité.
Ce n'est pas une critique, c'est un fait de la vie, alors... Mais moi, je suis
là pour faire de la prévention, je suis dans l'opposition, qui rime avec
prévention.
M. Girard
(Groulx) : Mais je vous écoute. On fait...
M. Barrette :
Alors, je vous dis que vous êtes potentiellement en péril. Si l'objectif
est d'avoir le système de santé que les Québécois souhaitent, ils vont avoir
bien de la misère.
M. Girard
(Groulx) : Mais on a la variable des transferts en santé. Vous avez
parlé de vos rencontres agréables avec Mme Philpott et M. Morneau...
M. Barrette :
Et particulièrement celles avec M. Morneau.
M. Girard (Groulx) :
M. Morneau. Alors, on a...
M. Barrette :
Un homme très sympathique quand vient le temps de parler d'argent.
M. Girard
(Groulx) : Et donc c'est certain qu'une augmentation de la
contribution du fédéral aiderait, là.
M. Barrette :
La question... C'est clair. C'est tout à fait clair. Mais je peux vous dire
une chose, par exemple, watchez-vous, parce que, compte tenu de l'historique du
fédéral, n'importe quel programme qu'il va mettre en place, il va se faire
pelleter ultimement dans la cour de la province. Le programme de médicaments
que le fédéral veut faire, là, ils ne font même pas une bonne règle de trois,
là. 19 milliards, c'est loin de ce qu'il faut.
M. Girard
(Groulx) : Vous avez raison.
M. Barrette :
C'est très loin. Je veux dire,
nous, notre programme public est 4 milliards, puis c'est les deux tiers.
Là, on est dans la très complexe règle de trois, là, hein, deux tiers, trois
tiers, 23 % le Canada. Allo! Ça fait que là, là, c'est écrit dans
le ciel que ça, vous, là, ça va se pelleter dans la cour des provinces.
M. Girard
(Groulx) : Je suis d'accord avec vous.
M. Barrette :
Mais au moins vous allez avoir probablement une compensation, parce qu'on
en a un. Théoriquement, vous avez une compensation, je ne peux pas croire, là.
• (17 h 20) •
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais ces négociations-là ne sont pas commencées.
M. Barrette :
Je sais.
M. Girard (Groulx) : On souhaite que le
programme ne soit pas dans le budget qui va être divulgué jeudi, là. On
souhaite qu'ils réfléchissent longtemps à cette entente...
M. Barrette :
Oui, moi, je vous le souhaite aussi.
M. Girard
(Groulx) : ...à cette entente bipartite.
M. Barrette : Oui,
c'est ça. Parce que, tu sais, imaginez s'ils font le dentaire en plus de ça,
comme un autre voudrait dans l'alliance divine d'Ottawa.
M. Girard
(Groulx) : C'est inquiétant. On va...
M. Barrette :
Je vous le dis, c'est inquiétant. Ça fait que...
M. Girard
(Groulx) : On va rester debout.
M. Barrette :
Voilà. Vous faites bien. Là, je vais faire l'avocat du diable. Et ne pensez
pas que j'ai une affiliation, quelle qu'elle
soit, avec ma collègue de Mercier. Ne pensez pas ça, là, mais, juste par
curiosité, là, pourquoi vous n'avez pas construit votre affaire... Les
gens qui sont... Les gens qui n'ont pas de rapport d'impôt, là, qui...
effectivement, peut-être qu'ils en ont de besoin, là, mais ça aurait été
bénéfique quand même pour eux autres de construire
un modèle qui fait à la fois la vitesse, par le rapport d'impôt, et la lenteur
pour l'autre. Pourquoi vous n'avez pas fait ça?
M. Girard
(Groulx) : Bien, parce qu'on est rendus à 97 % des gens...
95 %? Ma statistique, là... 97 %...
M. Barrette :
Bien, il y a le 1 % de ceux qui n'en ont pas besoin, les méchants, là,
comme moi.
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : De gens qui remplissent leurs déclarations de revenus? Je
pense que c'est 97 %, là.
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : On est rendus à 97 % de conformité dans la déclaration
d'impôt. Puis, bien sûr, on a 500 organismes
communautaires qui aident 165 000 personnes. Le 3 % qu'on ne
rejoint pas, là... on n'arrivera jamais à 100 %, mais on le vise,
on travaille pour ça.
M. Barrette :
Mais pourquoi... Juste ma question, là, vous ne me répondez pas, là, M. le
ministre. D'habitude, vous me répondez pas
mal directement. Pourquoi vous n'avez pas fait une affaire, un popsicle à deux
couleurs, même pas trois, le rapide avec le rapport d'impôt puis une
autre couleur pour ceux qui sont les plus mal amanchés financièrement?
M. Girard (Groulx) : Mais ces gens-là... Parce
qu'on fait des efforts, à Revenu Québec, pour les rejoindre, pour le
crédit d'impôt solidarité... Ces gens-là, on fait des efforts constamment pour
les rejoindre.
M. Barrette :
Je sais.
M. Girard
(Groulx) : Il n'est pas dit... Il faudrait que je vérifie mon...
M. Barrette :
Elle est difficile à répondre,
cette question-là, parce que ma collègue l'a mal posée, sa question. Il
fallait la poser comme je viens de faire.
M. Girard
(Groulx) : Je dirais que ce n'est pas parce qu'on ne veut pas les
rejoindre qu'on n'arrive pas à les rejoindre.
M. Barrette :
Ah, ah, ah! Ils ont des chèques du gouvernement d'une autre
voie, vous pourriez les rejoindre, ce n'est pas vrai, là. Ils n'ont pas de
rapport d'impôt, là, mais on ne parle pas des itinérants, là. On parle de gens,
là, qui... Vous savez de qui on parle.
M. Girard (Groulx) :
Qui ne font pas de rapport d'impôt puis qui reçoivent des chèques. Voilà.
M. Barrette :
Ils étaient rejoignables. Vous les avez... Mais vous auriez pu faire un
popsicle à deux couleurs. Il aurait été aussi bon pour l'un ou l'autre, là.
M. Girard
(Groulx) : Oui, puis ça aurait été... le repas aurait été servi au
mois d'août.
M. Barrette :
Oui, mais il serait servi pareil. Je veux dire, sur le plan du principe,
parce que je sais que le ministre a quand même certains principes, je vous
invite à réfléchir à ça.
M. Girard
(Groulx) : D'accord.
M. Barrette : Et je vous promets de
ne pas transférer ma question à ma collègue.
M.
Girard (Groulx) : Ah! ce n'est pas grave. Pas de problème.
M. Barrette :
Ce qui m'amène...
M. Girard
(Groulx) : Vous n'êtes pas contre la compensation fiscale...
M. Barrette :
Non.
M. Girard
(Groulx) : O.K.
M. Barrette :
Je n'en bénéficierai pas, mais je suis en faveur. Mais, ceci était dit, je
veux juste faire un petit commentaire, M. le Président. Le ministre a fait un
commentaire, tantôt, qui m'a étonné. Les impôts du 1 % n'ont pas baissé?
M. Girard
(Groulx) : Pas à ce que je sache.
M. Barrette :
Ça m'étonne puis je vais vous dire pourquoi.
M. Girard
(Groulx) : Mais les statistiques fiscales, là, ça va jusqu'à 2019.
M. Barrette :
Ah! O.K. Parce que ça ne se peut pas. Parce que le 1 %, c'est
64 000... 65 000 personnes, essentiellement.
M. Girard
(Groulx) : Oui, continuez.
M. Barrette :
Oui, alors... Oui, c'est 65 000 personnes, grosso modo.
M. Girard
(Groulx) : Oui, oui. Non, non, ça va.
M. Barrette :
C'est 65 000 personnes.
Or, le seuil que j'ai appris, parce que, là, il y a un nouveau seuil pour...
M. Girard (Groulx) : 18,7 %. Alors, elle,
elle parlait de 19 % qui était passé à 16 %. Son chiffre n'était
pas...
M. Barrette :
Non, c'est parce que vous avez
affirmé qu'il n'y avait pas eu de baisse d'impôt, ça m'a étonné. Ce
n'est pas une critique, là, je veux juste éclaircir ce point-là.
M. Girard
(Groulx) : Allez-y.
M. Barrette :
Ça m'étonne parce que, le 1 %, les 65 000 personnes, là, qui
entrent dans le saint des saints à 233 000 $... c'est ça que vous
avez dit hier... pas hier, la semaine dernière.
M. Girard
(Groulx) : 238 000 $.
M. Barrette :
238 000 $. Excusez-moi.
Il y a des petits bouts du huit qui sont devenus des trois, mais ça, ce n'est
pas grave.
M. Girard
(Groulx) : Les revenus moyens de 500 000 $.
M. Barrette :
Oui, je sais, j'ai retenu ça. Ça
m'a beaucoup étonné. Mais ce qui m'étonne moins... Ce qui m'étonne le
plus, c'est que, là, vous avez dit ça, mais vous savez que, dans le
65 000, là...
Le Président (M.
Simard) : En conclusion.
M. Barrette :
C'est-tu vrai?
Le Président (M.
Simard) : Ah oui! il vous reste cinq secondes.
M. Girard
(Groulx) : Laissez-le finir.
M. Barrette :
Alors, je vais laisser ça... il demande de me laisser finir.
Le Président (M.
Simard) : Bien, vous pouvez déborder, mais c'est votre collègue qui
sera, comment dire, impacté par...
M. Girard (Groulx) : Oui, on
prend...
M.
Barrette : Non, parce que j'allais continuer à l'autre de toute façon.
Le Président (M.
Simard) : Ah! c'est vous qui reprenez.
M. Barrette :
Oui.
Le Président (M.
Simard) : Alors, vous partagez votre temps comme vous le voulez.
M. Barrette :
Est-ce que, Mme la secrétaire, je ruine votre vie administrative?
Le Président (M.
Simard) : Ah! non, non, non. Mais, écoutez, notre secrétaire me donne
sa bénédiction.
M. Barrette :
Puis c'est la meilleure, en plus.
Le Président (M.
Simard) : Bien, oui, tout à fait. C'est la... On a cette chance-là.
Donc, veuillez poursuivre.
M. Barrette :
C'est parce que, dans... Merci,
M. le Président. Vous allez voir, c'est intéressant. C'est parce que, le
1 %, le 65 000, là, ils sont composés, compte tenu du seuil d'entrée
là-dedans, essentiellement des 20 000 médecins, au moins la moitié des 20 000 avocats, la
quasi-totalité des dentistes, et ainsi de suite. C'est parce que ces
professionnels-là ont tous ralenti à cause de la pandémie. Moi, je peux
vous dire de... par expérience, que c'est parce que le rapport d'impôt... ils
ont payé moins d'impôts dans les deux dernières années, là, à cause de la
pandémie. Je vous dis ça juste de même.
M. Girard (Groulx) : Oui. Mais, moi, ce que je
vous donne, c'est la statistique de 2019. Ces statistiques-là sont...
M. Barrette :
À mettre à jour.
M. Girard
(Groulx) : Effectivement. Et le 1 % paie 18,7 % des impôts.
M. Barrette :
Ah! mais ça, je le savais, ça. Ça, je n'ai jamais contesté ça, là.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Oui, mais il y avait eu une affirmation qu'on était
passé de 19 % à 16 %.
M. Barrette :
On n'est pas là-dedans, nous autres, là.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Parfait.
M. Barrette :
Nous autres, c'est rouge, la couleur de notre parti, ce n'est pas orange.
M. Girard
(Groulx) : D'accord.
M. Barrette :
Alors, M. le Président... Parce que, là, je voulais aborder un autre sujet.
Je vais laisser...
M. Girard
(Groulx) : Après nous avoir expliqué les Tiger-Cats...
M. Barrette :
Hein? Mais c'est vrai. Puis savez-vous pourquoi les Lakers s'appellent les
Lakers?
M. Girard
(Groulx) : Non.
M. Barrette :
Parce que les Lakers, c'étaient les bateaux qui ont été construits juste de
la largeur qu'il faut pour passer dans la voie maritime, pour amener du métal à
Pittsburgh, puis à Cleveland, puis à Hamilton. Ces bateaux-là, là, qui passent dans la voie maritime, là, ça s'appelle un
«laker», puis les Lakers, avant, ils étaient à New York.
M. Girard
(Groulx) : Ça, c'est sur le temps de monsieur...
Le Président (M.
Simard) : Oui, tout à fait.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Continuez.
M. Barrette :
Je le savais.
Le Président (M.
Simard) : Alors, nous allons arrêter ici, avec votre assentiment,
chers collègues. Et, sans plus attendre, je cède la parole au député de
Beauharnois, qui va disposer, en Lakers ou pas, de 15 min 40 s.
M. Reid : O.K.,
donc on va continuer sur les «lakers», c'est bien ça? Effectivement, j'en vois
passer dans mon coin, dans Beauharnois, qui empruntent la voie maritime.
M. Girard
(Groulx) : Excusez-moi, M. le député. Je veux juste
dire : On a des... les séries chronologiques des comptes publics,
ça va jusqu'à 1926.
M. Barrette : ...
Le
Président (M. Simard) : Très bien. Je vous rappelle à l'ordre, chers
collègues. On pourra reprendre. Alors, cher collègue de Beauharnois, je
vous en prie.
M.
Reid : Il peut
continuer sur mon temps.
M. Girard (Groulx) : C'est à vous
que je disais ça. Excusez-moi.
M. Reid : Non, mais il peut
continuer sur mon temps, il n'y a pas de problème.
M. Girard (Groulx) : Non, non,
allez-y.
M. Reid : Oui? O.K., d'accord, j'y
vais. Bien, on va parler de santé, M. le ministre, c'est la page... là, je ne
l'ai pas avec moi. Oui, c'est un volet important du budget, vous l'avez
mentionné, avec l'éducation. Puis, au cours des 24 derniers mois, disons
que ça a été relativement difficile dans le système de la santé en raison de la
pandémie, comme on le sait tous. Le système, bien entendu, a été mis à rude
épreuve. Ça nous a aussi ouvert les yeux sur ce qui se passait à l'interne. Les
travailleurs de la santé et des services sociaux ont été sollicités plus que
jamais. Ils ont tenu le fort pendant 24 mois, puis ils tiennent encore le
fort, puis là-dessus, bien, je tiens à les remercier, les féliciter, les saluer
pour le travail qu'ils font au quotidien pour soigner nos citoyens.
• (17 h 30) •
Par contre, à partir d'aujourd'hui, en fait, on
n'est pas certain, il y a un genre de sixième vague qui se pointe à l'horizon,
qui est là. Bon, c'est un genre de retour à la normale. Puis il faut penser au
Québec de demain, avec la société qu'on souhaite léguer aux générations
futures, que ce soit en matière de valeurs sociétales ou en matière
d'infrastructures publiques. En tant que décideur public, M. le ministre, on a
une responsabilité, vous le savez, de veiller
à ce que les organisations gouvernementales répondent aux attentes des
Québécois, autant au niveau des écoles, des parcs, des musées, des
hôpitaux, des routes aussi. En ce qui a trait au dernier point mentionné, le
ministre de la Santé a présenté un grand chantier qu'il souhaite mettre en
place très rapidement, en fait, sur lequel on va travailler, sur les fondations
du système de santé, en fait les quatre fondations que sont le personnel,
l'accès aux données, les infrastructures, les équipements, la technologie de
l'information. C'est un chantier qui est extrêmement important et ambitieux.
Puis moi, je suis confiant qu'on va le réaliser.
Lors de votre discours au salon bleu — ça,
c'était le 22 mars, c'est bien ça? — vous avez mentionné que les deux grands objectifs en matière de santé sont les
suivants, très grands objectifs : rétablir le réseau de la santé et
rehausser les soins à la population.
Selon votre estimation, croyez-vous que le ministre de la Santé, actuellement,
a les moyens pour arriver à effectuer
des changements réels dans le réseau de la santé québécois? C'est une grande
question philosophique.
M. Girard (Groulx) : Oui, mais on a
abordé cette question avec le député de La Pinière pas plus tard que jeudi dernier, jeudi dernier. Et c'est certain que
le plan, là, il n'est pas, comment je pourrais dire donc... il n'est pas... le
plan pour rétablir le système de santé, il n'est pas à côté du système
de santé, il est partie intégrante du système de santé actuel, c'est-à-dire qu'on parle... Le système de santé est trop
important pour faire une réforme à côté. Il n'est pas... le mot que je
cherchais, c'est «désincarné». C'est une partie intégrante du... Une partie
importante des solutions va provenir du système actuel. Et, dans le fond, il y
a beaucoup des... que ce soient les quatre fondations, les huit priorités, les 50 actions, qui sont des meilleures
pratiques, des améliorations qui sont, d'une part, connues ou qu'on fait déjà,
mais pas dans l'ensemble du réseau. Tu sais, c'est comme si on prend...
Le réseau est grand et géographiquement étendu, et puis il est... la prestation
de services est volumineuse, et il y a des endroits où je suis convaincu qu'on
fait mieux en radiologie puis en chirurgie que dans d'autres régions, etc.
Donc, les...
Ce n'est pas... L'argent, c'est important, et ce n'est pas l'argent qui va
modifier le système de santé. Il y aura l'argent. Il y aura les meilleures
pratiques. Il y aura les changements de culture organisationnelle. Et les
solutions qui vont être appliquées par mon collègue sont des solutions qui
émanent des nombreuses études qui ont eu lieu sur... Lorsque j'étais étudiant,
je travaillais à l'Institut de la statistique du Québec, et, un été, on m'a
fait lire le rapport Rochon — pour
faire un petit chapitre dans le Québec économique sur le rapport Rochon. Il
était volumineux, ce rapport Rochon. Et, bref... Mais je dis ça parce
que, depuis, il y a eu d'autres rapports et, avant le rapport Rochon, il y a eu
d'autres rapports. Et donc, les meilleures pratiques, les améliorations, les
quatre fondations, les huit priorités, les 50 actions, l'argent
va faire partie de la solution, mais ce ne sera pas suffisant. Il y a tout
l'aspect de la culture, de l'organisation du travail, de la décentralisation.
Et, oui, on fournit un financement qui est
adéquat à long terme au secteur de la santé. Puis là on a eu des discussions. Est-ce que c'est suffisant? Est-ce
qu'il faudra en remettre? Est-ce que le fédéral va augmenter sa contribution?
Et on le souhaite, mais c'est certain que... Lorsqu'on regarde le budget de la
santé, par exemple, en 2024-2025 ou en 2025-2026, celui
qui sera ministre des Finances en 2024-2025 ou en 2025-2026, le chiffre à la
rubrique Santé, il va être plus élevé que ce
qu'il y a là, parce qu'il va y avoir eu un budget 2023-2024 puis
2024-2025, et puis il va y avoir des rehaussements, et donc d'où
l'importance d'avoir un financement adéquat du gouvernement fédéral.
Le Président
(M. Simard) : Cher collègue.
M. Reid :
Bien, en fait, vous avez parlé de chiffres, effectivement ce n'est pas
juste une question de... il y a une culture à changer. Mais j'aimerais vous
entendre sur le financement du plan qui a été prévu pour ça. Puis, quand on
prend le plan, en fait... Puis il y a une statistique, moi, que je trouve
intéressante, c'est les dépenses publiques en santé par habitant des provinces
et territoires canadiens. Bien, le Québec a... est à peu près dans la moyenne,
là, à près de 5 000 $ par année,
moyenne pondérée des provinces et territoires canadiens. Donc, en termes de...
Le plan qui est ici, comment il va être financé? Vous avez sûrement
prévu des montants d'argent au budget à cet égard.
M. Girard
(Groulx) : Bien, en fait, toutes les sommes qui sont dans le budget
sont une partie intégrante du plan. Parce
que, dans la portion... dans le plan, il y a les soins... Bien que nous, on ait
séparé, dans le budget, la section Rétablir le système de santé et
qu'ensuite il y a la question de la prestation de services, bien, c'est certain
que les soins à domicile que nous avons mis
dans la prestation de services fait partie du plan. Et même chose pour tout ce
qui est la question qui faisait... qui générait un certain scepticisme de mon
collègue lorsqu'on en parlait. Là, je suis... Attendez. Là, je suis dans la section des services. Tout ce
qui parlait de l'accès à la première ligne, l'accès aux services médicaux de
première ligne, ça fait partie du plan. Même chose pour la fluidité des
urgences, ça fait partie du plan. Alors, je dirais que l'ensemble des
efforts qu'on fait en santé est pertinent au plan, et les soins à domicile...
est évidemment une composante importante de ça.
M. Reid : Merci. Tout à l'heure, vous avez abordé, en fait,
la sixième vague, le prolongement des primes annoncé cette semaine... Ça
va? Oui, c'est correct? O.K. Le...
M. Girard
(Groulx) : Il reste combien de temps à ce bloc?
Le Président (M.
Simard) : Six minutes.
M. Girard (Groulx) :
Six minutes.
Le Président (M.
Simard) : L'autre temps, c'était pour le député de La Pinière.
M. Reid : Oui.
En fait, vous avez... le prolongement des primes qui ont été annoncées cette
semaine, là, qui... les provisions en lien
avec... les provisions pour la gestion de la pandémie, on en a parlé tantôt, et
effectivement qu'il y a une sixième vague, puis il va y avoir une
septième vague, combien... il y a un chiffre qui a été mentionné. Combien on a prévu pour les risques liés à la gestion de
la pandémie actuellement puis dans un futur proche? Je sais qu'il y a toujours
un risque de s'aventurer...
M. Girard (Groulx) : Alors, il y a
1,7 milliard qui est prévu dans la provision, et le prolongement des
primes qui a été annoncé cette semaine va être puisé dans ce
1,7 milliard.
M. Reid : Il y a une des fondations, aussi, importante, qui
s'appelle les technologies de l'information et l'accès aux données. Vous êtes
économiste, vous travaillez avec des données et avec des chiffres, avec des
prévisions. Le budget qui a été
présenté prévoit des sommes importantes pour l'accès aux données en santé. De
par votre expérience — vous utilisez des chiffres — comment,
en quoi, là, ces investissements vont aider le plan de santé qui a été
élaboré par votre collègue, notre collègue le ministre de la Santé? C'est
une notion quand même importante pour la suite du plan.
M. Girard
(Groulx) : Alors, on a également eu une discussion avec le député de
La Pinière là-dessus.
M. Reid : Ah!
bien, je suis désolé.
• (17 h 40) •
M. Girard
(Groulx) : Alors, je reviens dans la section Moderniser le système de
santé. On a parlé de l'accélération du
virage vers l'infonuagique, modernisation des processus cliniques et
administratifs pour automatiser les
opérations administratives et cliniques, manuelles et récurrentes,
développement de nouvelles applications pertinentes pour les
établissements de santé, telles qu'un système de gestion centralisé des
arrivées, des départs et des transferts, de même qu'un système permettant
d'optimiser la gestion des lits. Et puis on a eu toute une discussion sur le
Dossier patient, les investissements en capitaux nécessaires, la maintenance de
ces systèmes-là, et des sommes importantes qui
devront être fournies pour ça. Puis ça, c'est dans la portion PQI du secteur de
la santé qui concerne la technologie de l'information, O.K., alors l'achat des
systèmes, les investissements au Dossier patient sont dans la section
informatique du PQI de la santé.
M. Reid : On
va aller dans les soins à domicile, là. J'ai ma mère qui a 86 ans et demi,
j'ai un oncle qui a 90 ans puis un oncle qui a 91 ans et trois
quarts. Les trois habitent dans leurs résidences. Puis, bien entendu, il a été
question des soins à domicile tout récemment, puis j'ai un de mes oncles qui
est très, très politisé puis qui nous suit attentivement à la télévision. Et donc,
bien entendu, c'est la suite des choses, on souhaite que nos aînés restent à la
maison le plus longtemps possible, qu'on puisse en prendre soin de cette
façon-là pour dégager les urgences.
Dans le contexte de vieillissement de la
population, en fait, qui devient... en fait, au niveau démographique, qui
devient extrêmement important, là, pour le futur, on va devoir quand même, à
long terme, modifier ça. Est-ce que... Vous êtes en mesure de nous dire,
sûrement, combien d'argent on a mis depuis 2018 dans les soins à domicile.
Parce qu'on fait des choses. On a fait des choses, on en a annoncé, mais je
pense que le message ne se rend pas tout le temps. Est-ce que vous êtes en
mesure de faire un petit résumé?
M. Girard (Groulx) : Bien, je pense
que le message se rend, mais la demande est tellement importante qu'on n'a pas
comblé cette demande. Alors, si je cherche ma section sur le soutien à
domicile, qui est à la page C.16, présentement
on a près de 400 000 usagers et 24 000 heures de services
et de soutien à domicile... 24 millions d'heures, excusez-moi, ce
sont des millions d'heures. En tout, là, en 2020-2021... je cherchais
le... attendez. O.K., nous, on a fait une augmentation de l'offre de soins à
domicile. En termes d'heures, là, c'est presque 50 % d'heures. Mais la
demande, elle augmente, là. Ce n'est pas... La demande n'est pas statique, là.
Et, en tout, ce qu'on a ajouté sur cinq ans, c'est près de
3 milliards de dollars. Et ça, c'est le cumul cinq ans. Et puis je
vous dirais qu'à chaque budget on a augmenté
les sommes pour le soutien à domicile, et puis il va falloir continuer de le
faire, c'est indéniable. On n'est
pas... On fait plusieurs gestes, la bonification du crédit d'impôt maintien à
domicile, l'augmentation des services de soutien à domicile, mais on n'a pas
fini, là.
M. Reid : Ça va être un enjeu.
C'est un enjeu à... Ça va être un enjeu important...
M. Girard (Groulx) : Bien, moi,
je pense que la demande va continuer à augmenter. Et la pandémie n'a pas
diminué le désir, en fait l'a accentué... aux gens, de rester le plus longtemps
possible dans leur logement.
M. Reid : ...avec le plan,
aussi, qui a été déposé par le ministre de la Santé.
M. Girard (Groulx) : Exactement.
M. Reid : ...tout le travail
qui est fait. Merci beaucoup. Merci, M. le ministre.
Le
Président (M. Simard) : Alors, merci à vous, cher collègue. Je cède
maintenant la parole au député de La Pinière, qui dispose de
16 min 35 s.
M. Girard (Groulx) : Est-ce que
c'est notre dernier cinq minutes?
Le Président (M. Simard) :
Techniquement, oui. Non?
M. Barrette : Bien non.
Le
Président (M. Simard) : Non? Ah! bien, moi, j'aurais bien voulu, mais les
gens insistent pour poursuivre.
M. Barrette : Bien, «les gens»,
après moi, il vous en reste deux, il nous en reste un.
Le Président (M. Simard) : Je
vous taquine. C'est ça, on va terminer à 48, hein, 18 h 48, oui. À
18 h 48.
M. Barrette : Oui, c'est tout
correct.
M. Girard (Groulx) : ...une
heure.
M. Barrette : Vous consommez
mon temps, là.
Le Président (M. Simard) : Ah!
non, s'il vous plaît, M. le ministre, là, on... pour l'instant... On réglera...
je vous l'écrirai, on va régler le problème
d'intendance plus tard. La parole appartient maintenant au député de La
Pinière.
M. Barrette : M. le ministre,
moi, j'ai fait une petite colonne ici, là, puis on est en plein dedans. Il
reste moi, le gouvernement, nous, gouvernement.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Allons-y dans l'honneur et l'enthousiasme.
M. Barrette : Bon, là, alors,
comme vous savez, M. le ministre, que j'aime regarder les pages, alors là je
vais vous amener à la section du français, là, qui... là, c'est assez
particulier, là, de G.50 à G.53, trois petites pages, qui
est... que j'ai de la misère à comprendre. Puis je veux vous amener tout de
suite à G.52, parce que, quand on regarde, là... quand on regarde les tableaux
que vous proposez, c'est pas mal toujours les mêmes tableaux qui sont répétés d'une page à l'autre, et il y a une phrase
qui est assez difficile à comprendre... pas une phrase, mais un tableau
qui est difficile à comprendre, qui est l'encadré de G.52, vous parlez
d'investissements additionnels de 170 millions en trois ans pour
renforcer le statut du français. D'habitude, dans un budget, les années
annoncées, c'est par en avant.
M. Girard (Groulx) : Pas les
encadrés. Les encadrés, c'est des retours vers l'arrière.
M. Barrette : Toujours?
M. Girard (Groulx) : Tu sais,
c'est un peu la technique qui est utilisée, là, par exemple, si on...
M. Barrette : Vous êtes en
train de me dire que vous m'avez confondu?
M. Girard (Groulx) : Non, mais,
par exemple, si on avait une section sur les logements sociaux, on pourrait
avoir un encadré qui rappelle tout ce qui a été fait dans les logements sociaux
depuis que nous sommes arrivés au pouvoir, par exemple.
M. Barrette : O.K. Ça ne change
rien à mon argumentaire.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Barrette : Ça répond à une
question, mais ça ne change rien à mon argumentaire. Alors, allons à l'encadré
rétrospectif qui est G.52. Là, vous arrivez à 198,3 millions comment?
J'aimerais ça comprendre ça, là.
M. Girard (Groulx) : 170,5...
M. Barrette : Plus?
M. Girard (Groulx) : Bien, il
n'y a pas de plus, là, on dit...
M. Barrette : Bien, 198, là,
170,5... Parce que vous avez une phrase, là : «À ces sommes s'ajoutent
celles pour encourager les personnes immigrantes à perfectionner leur maîtrise
du français, dont 198,9 millions de dollars additionnels qui sont prévus
dans le cadre du budget 2022-2023.» Là, vous annoncez
qu'en 2022-2023, dans...
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est
la section D, sur l'immigration.
M. Barrette : Je
m'en vais juste finir ma phrase, là. Et c'est parce que ce sont des... C'est
pour le français, là. Il y a 198 millions qui ne sont pas dans la
section Français?
M. Girard (Groulx) : Il est dans
la section Francisation des immigrants.
M. Barrette : Allons-y donc.
M. Girard (Groulx) : Allons-y
donc, section D.
M. Barrette : Mais je veux...
donnez-moi la page, là.
M. Girard (Groulx) : Section
E...
M. Barrette : Bien là, c'était
D. Là, c'est rendu E?
M. Girard (Groulx) : Attendez...
mais j'avais...
M. Barrette : ...
M. Girard (Groulx) : C'est E,
E.34. Accroître l'appui offert pour l'apprentissage du français, E.34.
M. Barrette : O.K. Ah, O.K.
Bien là, il est sur une période de cinq ans, là.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Barrette : Et
à la page G.52... C'est parce qu'à la page E.34 ils sont sur
cinq ans, mais, dans le G.52, c'est cette année, là. Je dois faire
une mauvaise lecture. Quand c'est écrit «190,3 [...] dans le cadre du
budget 2022‑2023», ça ne veut pas dire cette année.
J'ai de la misère à suivre puisque l'encadré est supposé être pour le passé.
E.34, c'est le même montant, mais c'est pour le futur, puis, dans le G.52,
c'est cette année.
M. Girard (Groulx) : Mais le
170 est décomposé assez explicitement.
M. Barrette : Oui.
M. Girard (Groulx) : 16,9 en 2022‑2023.
M. Barrette : Ça va.
M. Girard (Groulx) : 103,6 en 2021‑2022,
50 en 2020‑2021. Total : 170,5.
M. Barrette : Bien,
ça, je suis d'accord. C'est juste que la phrase, elle dit bien : «Dans le
budget 2022‑2023». Vous me référez à E.34, qui dit bien «sur
cinq ans», à partir de maintenant. Ça m'étonne.
M. Girard (Groulx) : Le
budget 2022‑2023.
M. Barrette : Bien, je le sais
bien, là, mais c'est parce que le lecteur, là, le pauvre lecteur, là, qui
regarde ça, il ne peut pas faire autrement, comme moi, de dire : Bien,
c'est cette année, là. Puis, E.34, c'est les cinq prochaines années, puis le
170, c'est le passé.
M. Girard (Groulx) : Exact.
M. Barrette : Il y a une
certaine obscurité, mais, O.K., c'est éclairci.
M. Girard
(Groulx) : Non, non, mais le 170... attendez, là, le 170, là,
il y a des sommes qui sont sur cinq ans aussi. C'est... On vous
donne juste les dates où elles ont été annoncées.
M. Barrette : Oui, oui, je
comprends, je comprends.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
M. Barrette : C'est des dates
d'annonce, là. Mais un lecteur pourrait être surpris de la lecture.
M. Girard (Groulx) : Bien, avis
aux lecteurs, les sommes, souvent, concernent le cadre financier qui est sur
cinq ans.
M. Barrette : Très bien. Alors
là, on va revenir aux pages G.50, G.51, G.52, G.53.
M. Girard (Groulx) : Oui.
• (17 h 50) •
M. Barrette : Alors là, ce qui
me fatigue là-dedans, là, ce qui m'interpelle, ce sont les montants sur les années et leur destination. Là, là, j'aimerais
bien ça avoir des explications. Parce que, dans un... dans une salle adjointe
à la nôtre, voisine de la nôtre, on traite actuellement du projet loi
n° 96, qui est un énorme projet de loi qui va amener beaucoup de dépenses
par les choses qui sont créées. Et là peut-être que je n'ai pas bien compris,
mais, quand je regarde là... Et là on va aller au tableau qui est à G.52, en
haut, là, il n'est pas numéroté... Oui, G.27, il est numéroté, excusez-moi.
M. Girard (Groulx) : G.27.
M. Barrette : Oui. Alors, à
G.27, là, on prévoit que, pour faire 96, on va donner, cette année,
600 000 $, et 1,2 million par la suite, à l'OQLF pour faire 96,
qui, dans les faits, là, quand on... Je suis dessus, 96, je devrais être à côté, moi, là, là. Et puis, ce n'est pas
compliqué, à chaque article, on leur dit : Bien, coudon, ça va vous
prendre une armée pour faire ça, là. Et là je vois qu'il y a une
certaine maigreur aux sommes allouées pour la mission dévolue à l'OQLF prévue à 96. Alors là, je récapitule. Vous m'avez
expliqué très bien, je vous en remercie, la francisation des immigrants.
Parfait, on ne parle plus de ça, plus besoin. Mais là on parle spécifiquement
de lignes qui découlent de l'application de
96, et là je regarde que l'OQLF, là, qui va devoir en faire pas mal plus, là...
il va falloir qu'elle fasse de l'accompagnement, puis de l'inspection.
Écoutez, M. le ministre, là, j'ai posé la
question suivante : Est-ce que, dans 96, ça veut dire que toutes les
plaintes, barre oblique, constats de dérogation vont être traités par l'OQLF?
La réponse a été oui. Et là j'ai continué puis j'ai dit : Ça, ça veut
dire, là, que, mettons qu'on a un groupe de pression très porté sur la langue
française qui décide de quadriller Montréal
et dire : Cette pancarte-là n'est pas bonne, il va le dire à l'OQLF, il va
dire : Dérogation à telle adresse, l'OQLF va devoir... l'obligation
d'aller constater et poser des gestes? La réponse a été oui. Alors là, si on se met à quadriller le Québec, le 600 000 $,
là, de l'OQLF, pas sûr que... Rien que ça, ça va
être assez difficile d'accompagner toutes les petites entreprises. Puis je ne
suis... Pas que je suis contre, là, le projet de loi n° 96, je dis ça...
je me dis juste que je regarde ça et... Écoutez, là, on a l'impression, là,
d'être dans un film, là, où les hordes qui viennent des cimetières viennent
attaquer le mauvais méchant roi, là. C'est quasiment Sauron et sa bande dans Le
Seigneur des anneaux, hein, l'OQLF, là. Mais là c'est 600 000 $.
Ça fait que je suis étonné. Est-ce que vous pouvez m'éclairer sur la chose?
M. Girard
(Groulx) : Bien, tout d'abord, il y a l'importance des montants qui
ont été octroyés avant, tel qu'énoncé dans
l'encadré, c'est-à-dire le 103,6 dans le budget 2021-2022 puis
50 millions en 2020-2021. Donc, on est donc dans le 153,6 de 170,5. Alors, c'est un effort marginal de 16,9. Et
puis le projet de loi n'est pas adopté. Viendront avec l'adoption des
engagements supplémentaires futurs dans les budgets futurs.
M. Barrette :
Moi, je suis juste étonné, M. le Président, parce que, quand je regarde ça, là,
c'est le futur par rapport à l'encadré qui est le passé, puis le passé, il...
je ne le sentais pas comme ça, on va dire, hein? C'est la même chose, le
ministère de la Langue française, ce n'est pas... ça va être un petit
ministère, hein, 1 million par année.
M. Girard
(Groulx) : Vous voulez commenter? Est-ce qu'il y a consentement pour
que l'on...
M. Barrette :
Ah! moi, je consens toujours à la participation collective, là.
Le Président (M. Simard) : Consentement. Cher monsieur, d'abord, pour les
fins de nos travaux, auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
M. Côté
(Pierre) : Oui. Pierre Côté, sous-ministre des Finances.
C'est juste que les
crédits pour cette année ont été alloués au ministère de la Justice. Pour la
prochaine année, on va les allouer au bon ministère.
M. Barrette :
Ils sont combien, à ce moment-là, à la Justice?
M. Côté
(Pierre) : On vous reviendra avec le chiffre.
M. Barrette :
Bien, s'il vous plaît. J'aimerais bien ça savoir ça parce que moi, je suis un
petit peu...
M. Girard
(Groulx) : Mais il y a 103 millions au budget 2021-2022, là.
M. Barrette : Oui, mais c'est parce que c'est plus. Moi, je pense que ça, ça va se
vivre plus dans la francisation, parce que la francisation, ça va coûter
cher. Vous savez, au projet de loi n° 96, on garantit l'accès à des cours
de francisation, mais on ne garantit pas l'intervalle, on ne dit pas :
Vous allez l'avoir en dedans de deux ans, ce que j'ai essayé de faire
passer, mais le ministre, dans sa grande sagesse, a dû se dire : Je suis
mieux de ne pas m'engager, je n'aurai peut-être pas les moyens. Alors... Mais
ça va coûter cher, ça, la francisation, qu'on appuie, n'est-ce pas?
M. Girard
(Groulx) : ...on l'appuie.
M. Barrette : N'est-ce pas? Bon. Le temps passe, M. le Président, parce qu'il me
reste à peu près cinq minutes.
Le Président (M.
Simard) : ...en effet.
M. Barrette :
Là, là, M. le Président, là, je veux vraiment qu'on m'explique ça, parce que
c'est un grand mystère pour moi. Là, vous allez m'expliquer, là, c'est quoi
exactement que vous allez faire avec quelques millions par année pour accroître le rayonnement du français. Parce que, vous
savez, M. le ministre, «rayonner», là, par définition, c'est un terme qui
implique qu'on fait la promotion à l'extérieur de son soi. Alors là, j'aimerais
bien ça savoir ce que vous allez faire pour faire rayonner le français.
C'est joli, par exemple, dans un budget.
M. Girard (Groulx) : Bien oui, puisqu'on parle du Plan d'action gouvernemental en
francophonie canadienne, qui a été divulgué par ma collègue la ministre
responsable... la ministre responsable du Conseil du trésor et de la
Francophonie canadienne, et cette politique... Je vous le lis textuellement à
la page G.53 : «Cette politique s'articule autour de cinq grandes orientations : favoriser une meilleure
connaissance mutuelle et une plus grande ouverture réciproque des
communautés francophones et du Québec; préserver la vitalité des communautés
francophones et acadiennes; valoriser le français et les cultures francophones;
mettre en valeur la contribution des francophones à la société et à l'économie canadienne; accentuer le leadership du
gouvernement du Québec en matière de francophonie canadienne.» Voilà les
grands principes.
M. Barrette :
Les principes. Ça va être quelles actions? Avez-vous un exemple?
M. Girard
(Groulx) : Bien, non, parce que je ne suis pas responsable de cette
politique, mais certainement que, si la
ministre était avec nous et si vous aviez l'occasion de lui poser des questions
aux crédits, elle pourra vous parler des actions, et on peut... on va
vous trouver les... Ça vient d'être dévoilé, ça, la... suivant le budget, là,
le...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) :
Le 20 mars. Ça a même été dévoilé avant le budget.
M.
Barrette : Mais je vais vous
rassurer, M. le ministre, parce que ces termes-là existent dans la loi
n° 96, puis j'ai posé la même question, puis je n'ai pas eu plus de
réponses précises, factuelles.
M. Girard (Groulx) : Donc, vous
soulignez la cohérence de nos principes.
M. Barrette : Oui, l'obscurité étant
toujours sombre, dans toutes circonstances.
M. Girard (Groulx) : Mais nous, on
est cohérents, là. Ce qu'on fait...
M. Barrette : De ce côté-là, oui, il
n'y a pas de problème.
M. Girard (Groulx) : Ce qu'on fait
au Québec puis en francophonie canadienne, c'est les mêmes principes.
M.
Barrette : Oui. Bien, regardez, c'est bien correct de même. M.
le Président, là, il me reste juste deux minutes, je vais quand
même...
Le Président (M. Simard) : ...
M. Barrette : Trois?
Le Président (M. Simard) : Trois,
oui.
M. Barrette : Je vais faire une
affaire qu'on ne fait pas souvent en politique, là, je vais souligner les
efforts qui ont été faits dans deux secteurs, celui de maintien à
domicile... c'est des efforts que j'ai notés. Il faut le dire, là, je l'ai dit dans le micro, ce qui va faire en sorte
que je vais me faire écoeurer au salon bleu parce que vous allez dire que j'ai
dit ça. Non, pas vous, M. le ministre, parce que vous ne faites pas ce genre
d'affaires là, mais certainement vos collègues vont faire ça. Et, dans
l'action communautaire, vous avez fait beaucoup.
Mais là je vais vous poser une question bien
simple, vraiment simple : Quand vous regardez vos tableaux, là, puis là je fais référence particulièrement au
tableau G... pas G, mais l'encadré, pardon, à la page G.6, puis je
pourrais faire la même affaire pour
le maintien à domicile, vous y avez fait référence tantôt, là... Quand vous
mettez ces tableaux-là, c'est le réalisé ou c'est le projeté?
M. Girard (Groulx) : Quels tableaux?
M. Barrette : Bien, prenons
l'exemple de G.6. Ça, c'est un encadré, ce n'est pas un tableau. La
page G.6.
M. Girard (Groulx) : G.6. Oui.
M. Barrette : Ça, c'est des efforts
significatifs, mais c'est réalisé, ça, ou c'est projeté?
M. Girard (Groulx) : Bien, pour
2021-2022, c'est une prévision, là. Ça fait que les...
M. Barrette : Oui, ça, c'est écrit.
C'est clair. Mais les autres?
M. Girard (Groulx) : Les autres,
c'est du réalisé, là.
M.
Barrette : Vous êtes sûr? C'est comme les heures de soins à
domicile auxquelles vous avez fait référence tantôt, là, est-ce que
c'est projeté, ça, ou c'est réalisé?
M. Girard (Groulx) : C'est réel.
M. Barrette : Parce que, pour faire
du soin à domicile, il faut avoir du personnel. Et je n'ai pas d'indication à l'effet que vous avez augmenté tant que ça le
personnel dans ce secteur-là. Mais peut-être que mes informations sont
imparfaites.
M. Girard (Groulx) : O.K., bon...
M.
Barrette : Ça, normalement, vous devriez avoir ça dans vos données,
là.
M. Girard
(Groulx) : Non, mais là qu'est-ce que vous cherchez exactement?
M. Barrette :
Simplement, il y a deux secteurs où vous avez fait des efforts
significatifs, là, au-dessus...
M. Girard
(Groulx) : Oui, soutien à domicile puis action communautaire.
M. Barrette :
Oui. L'action communautaire, là, compte tenu de ce qu'eux autres
réclamaient dans le temps que j'étais là,
là, vous avez fait quelque chose de notable. Même chose pour les soins à
domicile. Mais le communautaire, c'est plus facile, c'est des
subventions, puis, des fois, les subventions qu'on annonce, ça n'arrive pas
toujours sur le terrain, moins en communautaire qu'en maintien à domicile.
En soins à domicile,
en SAD, il faut des bras, et, aux dernières nouvelles, là, il n'y avait pas...
parce que, quand vous nous dites que vous avez augmenté de 50 % les
heures, là, bien, ça, si c'est des prévisions budgétaires qui ne se réalisent
pas, ce n'est pas la même affaire. Et ça ne serait pas un reproche, je veux
juste savoir quel est l'état des choses, parce que je n'ai pas entendu dire,
moi, qu'on avait tant embauché que ça. Mais c'est possible, là, remarquez, là.
M. Girard
(Groulx) : Pour l'année courante, c'est une prévision.
Le Président (M.
Simard) : En conclusion pour ce présent bloc, s'il vous plaît.
M. Girard
(Groulx) : Pour les années passées, c'est du réalisé.
M. Barrette :
Vous êtes sûr?
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Barrette :
Vous avez eu une petite hésitation.
• (18 heures) •
M. Girard
(Groulx) : Non, mais parce que... Non, non, mais il y a une hésitation
parce qu'effectivement... non, non, mais parce qu'il y a un écart à chaque
année entre ce qu'on prévoit de dépenses puis ce qu'on réalise, puis ça, ça
remonte à...
M. Barrette :
Le réel et le budgété à...
M. Girard
(Groulx) : Le réel puis le budgété, là, ce qu'on appelle gentiment les
dépenses qui ne sortent pas, on a un écart important depuis 2014. À chaque
année, bon, en moyenne, là, ça frise le 2,5 milliards de dépenses qui ne
sortent pas, et donc...
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
M. Girard
(Groulx) : Mais, une fois que les comptes publics sont fermés, là,
c'est le réalisé.
Le Président (M.
Simard) : Il va vous rester un bloc à la fin. Alors, ce temps-là vous
appartient.
M. Barrette :
...si l'équipe, là, pouvait me le dire, j'aimerais bien ça, si vous avez la
donnée, d'ici la fin de notre séance...
M. Girard
(Groulx) : Le nombre de personnels impliqués dans le soin à domicile?
M. Barrette :
Bien, c'est-à-dire si c'est vraiment réalisé, là, particulièrement en soins
à domicile. Je vous dirais... Ça ne se peut pas, que vous n'ayez pas cette
donnée-là, là. Quand vous dites qu'il y a 50 % plus, là, aïe, c'est
quelque chose, ça, là.
Des voix :
...
M. Girard (Groulx) : O.K. On me dit que le
chiffre, à C.16, est du réalisé. Mais on va faire les recherches pour...
M. Barrette :
...
Le Président (M.
Simard) : Merveilleux. Donc, nous poursuivons avec la partie
gouvernementale. Il y aura une dernière intervention de l'opposition officielle
et par la suite il y aura une intervention finale de la partie gouvernementale. Puis on a toujours le cap de
18 h 48 pour finaliser nos travaux. Alors, Mme la députée de
Huntington, vous disposez de 15 min 35 s.
Mme IsaBelle : Parfait.
Bien, d'abord, moi, je veux féliciter le ministre, hein, qui répond à toutes
nos questions depuis ce matin, toujours
aussi... avec du verbe et avec patience aussi, hein? Je vous félicite, M. le
ministre. C'est la première fois que
j'ai l'occasion de travailler avec vous. Alors, je suis vraiment surprise, là,
de votre potentiel. Sur une longue durée comme ça, là, je vous dis
bravo, sincèrement, je vous dis bravo.
Écoutez, moi, je vais vous parler des mesures
pour les familles. J'aurai trois thèmes, les CPE, les garderies, on aura aussi
les logements, je vais vous parler des logements qui sont difficiles à accéder
en ce moment, et, si nous avons le temps, je vais revenir sur le 500 $,
mais pas sur les questions qui ont déjà été posées, puisqu'elles ont été
répondues. Alors, moi, j'irai sur une autre tendance.
D'abord, je veux revenir, hein, sur l'essence
même de la Coalition avenir Québec. Dès 2018, là, on avait dit que, nous, notre objectif, c'était de comprendre
les besoins de la classe moyenne puis d'aider aussi la classe moyenne,
et je pense qu'on s'en va... Depuis le début, c'est ce qu'on a fait, hein? On
ne s'est pas écartés de notre ADN, qu'on pourrait dire, hein? On est allés avec
le taux de taxe unique, le taux de taxe scolaire unique. On a baissé également
le tarif ou, enfin, presque éliminé le tarif
des stationnements dans les hôpitaux, ce qui a été très apprécié, pour chez
nous, en tout cas, et, je pense, à la grandeur du Québec. On a bonifié
les allocations familiales. Alors, je pense que c'est vraiment un gros plus.
Sauf que, bon, depuis mars 2020, ce qu'on a
vécu, c'est venu exacerber, si vous voulez, là, la difficulté de plusieurs familles, particulièrement les familles
ou, du moins, les personnes à faibles revenus, alors... et c'est pourquoi,
là, je vais vous aborder... je vais aborder avec vous, entre autres, là, les
réalisations qui ont été faites ou qui pourront être faites avec de nouveaux budgets pour aider les familles et je vais
commencer par les CPE. Ce qu'on constate, c'est que, depuis que nous sommes là, le ministre de la Famille a ajouté
9 000... plus de 9 000 ou, si vous voulez, de façon plus
précise, 9 014 nouvelles places en CPE et en garderie subventionnée.
On a converti 3 500 places non subventionnées en places
subventionnées et on a maintenu le cap du 8,50 $, et ce qui est vraiment
très appréciable.
Et je vais tout de suite, d'emblée, parler de ma
circonscription parce que, pour chez nous, c'est un gros, gros plus, ce qui a
été fait au niveau du CPE, puis je remercie, là, d'emblée, le ministre de la
Famille. Écoutez, deux CPE ont pu être
ouverts dès 2019, alors qu'ils étaient dans ce que j'appellerais le tunnel
administratif, où la demande était faite depuis 2013. J'avais énormément de plaintes, là, M. le ministre, non pas
seulement des parents, mais des grands-parents qui étaient obligés de
garder les enfants, et qui étaient maintenant rendus en première année,
deuxième année, mais qui appréhendaient la venue de nouveaux jeunes, là, dans...
chez eux, à être gardés.
Alors, ce que je veux apporter avec ça... Et
puis je tiens à mentionner aussi qu'on aura deux nouveaux CPE d'ici la fin de l'année. On a plus de
500 places, chez nous, qui ont été accordées, là, depuis 2018, et je tiens
donc vraiment à féliciter le ministre de la Famille. Mais pourquoi je
vous parle de ça, c'est qu'on sait que le ministre travaille beaucoup. On sait que notre modèle de CPE fait
l'envie de plusieurs parents à l'extérieur du Québec. D'ailleurs, le fédéral
s'en inspire pour financer un programme similaire dans les autres provinces et
pour nous aider financièrement aussi.
Mais ce que je voudrais aussi apporter par
rapport aux CPE, c'est tout ce qui a été fait autour. Vous avez accordé des
allègements ou, en fait, le ministre a accordé des allègements administratifs
majeurs pour accélérer la construction.
Encore une fois, merci. Il a aussi relancé tout ce qui est le service de garde
en milieu familial. Il a augmenté des soutiens à des organismes communautaires
en famille, les haltes-garderies. Mais ce qui est le plus important aussi,
c'est qu'il a aussi lancé une campagne d'envergure pour valoriser la profession
des éducatrices, éducateurs, parce que c'est
bien beau d'ouvrir des CPE, c'est bien beau d'ouvrir des nouvelles garderies
subventionnées, mais ça nous prend aussi
des éducatrices, éducateurs. Et je pense que vous êtes allé vers ça aussi, de
lancer une grosse campagne nationale.
Là, et ma question s'en vient, M. le ministre,
c'est qu'effectivement, à l'automne 2021, notre ministre de la Famille a
lancé le Grand chantier pour les familles, le plan d'action pour compléter le
réseau des services de garde éducatifs à l'enfance. Ma question est :
Finalement, est-ce que l'investissement ou est-ce que le budget qui a été accordé va suivre ou va répondre à ce grand
chantier là? Est-ce qu'on va y arriver, à atteindre ce grand chantier tel que
proposé par notre ministre de la Famille?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Merci. Bon, les investissements dans les services
de garde subventionnés sont extrêmement importants. On a un réseau de
services de garde qui fait l'envie du Canada, puis c'est important de le dire,
parce que, des fois, lorsqu'on fait
simplement regarder ce qui se passe chez nous, bien, on a l'impression que
notre réseau n'est pas adéquat. Il peut... Il y a des critiques. Il peut
certainement être amélioré. Puis ce n'est certainement pas souhaitable que les
gens soient sur les listes d'attente puis que ça nuise à leur retour au
travail, mais, dans l'ensemble, notre réseau de services de garde fait l'envie
du reste du Canada, est d'ailleurs l'inspiration du transfert en services de
garde qui a été institué par le gouvernement fédéral. Alors, nous, on avait déjà
prévu de compléter le réseau avant que le
gouvernement fédéral annonce ces sommes, et les investissements vont totaliser
près de 6 milliards sur cinq ans, et ça, ça... Est-ce que ça, ça
exclut ou ça inclut la composante main-d'oeuvre?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Ça inclut
la composante main-d'oeuvre? Oui, bien, c'est écrit, d'assurer la présence
d'une main-d'oeuvre qualifiée. Alors, je m'autocorrige. C'est 6 milliards
sur cinq ans. Et, effectivement, par la suite, il y a eu l'annonce du gouvernement fédéral, la négociation d'un
transfert sans condition, qui reconnaît que le Québec a déjà développé
son réseau, et c'est ce qu'on appelle une entente asymétrique, parce que le
Québec est la seule province qui a eu la reconnaissance
de sa compétence puis qui a eu un transfert sans condition. C'est-à-dire que,
bien qu'il était entendu que, dans une annexe à l'entente, on ait toujours des
efforts à faire pour compléter notre réseau de services de garde, le Québec a
le plein usage des sommes du fédéral pour ses priorités. Et donc c'est ce qu'on
appelle une entente asymétrique, puis c'est important.
• (18 h 10) •
Et la
ministre Freeland reconnaissait qu'on est l'inspiration de leur programme et
qu'on a déjà posé des gestes. Mais effectivement c'est près de 6 milliards
sur cinq ans qui seront investis pour augmenter le réseau de
37 000 places subventionnées. Et puis, oui, il y a des mesures
pour accélérer le développement des places. Il y a aussi beaucoup de mesures
pour la garde en milieu familial, qui était un milieu qui était en érosion, et
la pandémie n'a pas aidé.
Et là on a réussi à arrêter de perdre des
places, ce qui est une première dans le... Ça faisait plusieurs années qu'on perdait des places en milieu familial. Et,
effectivement, les aménagements, mais aussi des meilleures conditions pour celles qui ont des garderies en milieu
familial, la main-d'oeuvre qualifiée... Le secteur des éducatrices en services
de garde, c'est un secteur qui a été
priorisé. On sait qu'on avait six secteurs priorisés : santé, éducation,
services de garde, génie, TI,
construction. Et, bon, ça fait que ça, c'est l'ensemble des investissements,
mais là, évidemment, il y a les annonces et, après ça, il faut livrer, parce que les sommes sont là, l'annonce
est là, la volonté de tous, et d'où l'importance du projet de loi qui doit être adopté pour accélérer la
livraison des places et faire ce qu'on veut tous faire, c'est-à-dire compléter
le réseau.
Mme IsaBelle : Merci pour votre
réponse. Je vais continuer, maintenant, le deuxième volet, la question du
logement. Bon, là, il y a une hausse du coût de la vie, il y a un faible taux
d'inoccupation des logements locatifs actuellement, ce qui rend difficile
d'avoir un logement abordable pour plusieurs familles. Le gouvernement s'est
engagé à livrer près de 3 500 unités de logement par le biais du
programme AccèsLogis et réaliser 1 000 unités au programme
d'habitation abordable au Québec. Pourquoi vous avez choisi ou vous avez fait
ce choix de stratégie du financement du logement social?
M. Girard (Groulx) : Je vais
tout de suite expliquer une particularité, qui n'est pas une critique, qui est
une observation, que, dans les logements sociaux, il y a beaucoup de parties
prenantes impliquées : le fédéral, Québec, les municipalités, les organismes sans but lucratif, les offices
municipaux d'habitation. Lorsque, dans un dossier... Ça, c'est une observation que je fais après quatre ans
au gouvernement, lorsque, dans un dossier, il y a beaucoup de parties prenantes, les dossiers avancent lentement parce
qu'il faut... il y a de la consultation, il y a de la concertation, il y a de
la réflexion, il y a de la rétroaction, il y a de la... Il y a quoi?
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Bon, alors, AccèsLogis, c'est un bon programme,
c'est notre programme qu'on a pour créer des logements sociaux, mais les
places... les logements ne sont pas créés assez rapidement. Et, lorsqu'on est
arrivés au pouvoir, les coûts de construction avaient augmenté, les coûts des
terrains avaient augmenté, les logements étaient annoncés, mais il n'y avait
pas suffisamment de financement en raison de l'évolution des coûts. Alors,
c'est plus de 900 millions de dollars qui ont été mis. Ça vise à compléter
les 15 000 unités qui étaient déjà annoncées. Là, je dirais qu'avec ce quatrième budget on a suffisamment de
financement pour compléter tout ce qui avait été annoncé avant notre arrivée au pouvoir. Ça, c'est la conjoncture, là,
c'est la hausse des coûts, c'est l'évolution du marché, c'est le fait de ce
que je vous ai parlé, des multiples parties prenantes.
Alors, nous, là, c'est bien, là,
900 millions puis 15 000 places, mais ce n'est pas suffisant.
Alors là, on veut aller plus vite. On a créé un programme de logement abordable
qui est des subventions aux constructeurs privés pour construire des logements
abordables. C'est-à-dire que le constructeur doit s'engager à offrir, pour une
période donnée, des logements abordables qui vont être construits plus
rapidement parce qu'il y a moins de parties prenantes, notamment. Et là on y va pour à peu près 3 000 unités,
puisqu'il y avait 200 millions à la mise à jour et 100 millions ici.
Et là c'est un nouveau programme. C'est-à-dire que, si ce programme se révélait
comme extrêmement performant puis qu'il
livrait beaucoup de logements en peu de temps, bien là, il faudrait accélérer,
puis mettre d'autres sommes, puis livrer les logements abordables. Mais
il est nouveau de la mise à jour, alors on doit évaluer ce programme avant de
le quadrupler ou de le quintupler. C'est certain que plus le programme va
performer, plus il y aura de sommes.
Mme IsaBelle : ...que
l'évaluation se fait, quoi, aux deux ans, aux trois ans?
M. Girard
(Groulx) : L'évaluation du programme, c'est la responsabilité
du Conseil du trésor, mais certainement que le ministère de
l'Habitation, qui est responsable du programme, va le faire, là.
Mme IsaBelle : Intéressant.
Écoutez, c'est très intéressant, ce que vous venez d'expliquer. Je pense que,
maintenant, on peut dire qu'on comprend mieux, là, ce pour quoi vous avez axé
sur cette stratégie-là. Là, on parle de construction de nouveaux
logements, ce qui est toujours très intéressant, mais il ne faut pas oublier
non plus tout ce qui touche l'entretien d'un
parc immobilier, puis ça, moi, j'ai beaucoup, beaucoup de commentaires, dans ma
circonscription, de gens qui disent : Bon, vous avez beaucoup d'argent
pour la construction mais très peu pour l'entretien, la rénovation, et
tout. Et je constate que, dans le présent budget, vous avez des fonds qui sont
prévus justement pour la rénovation des habitations à prix modique, ou loyer
modique que je devrais dire, mais aussi des sommes qui sont réservées pour la rénovation de logements appartenant à des particuliers ou
des intérêts privés. Est-ce que ces sommes... Quelles sont ces sommes, dans le fond? Et puis pourquoi vous
considérez nécessaire de soutenir ces Québécois-là ou... les Québécois dans la rénovation domiciliaire? Bien que... je
vous le dis, moi, j'ai eu des demandes, alors je présume que vous aussi, vous
en avez eues, mais quelle est la somme qui est réservée pour répondre aux
citoyens et en quoi vous voyez que c'était si nécessaire à cette
étape-ci de soutenir cette demande-là?
M. Girard (Groulx) : Bien, en fait, on a une
entente Canada-Québec sur le logement, et là il faut entretenir ce qu'on
a... notre programme d'habitation à loyer modique, qu'on a appelé les HLM...
Terminé?
Mme
IsaBelle : Déjà?
Le Président (M.
Simard) : Oui, chers collègues.
M. Girard (Groulx) : Ah oui? Et là je n'ai pas
eu le temps de vous parler de RénoRégion et Rénovation Québec, qui sont
deux programmes extrêmement populaires dans les municipalités du Québec.
Le Président (M.
Simard) : Il vous reste un dernier bloc, hein? Donc, vous pouvez
poursuivre un peu, mais ça sera pris sur le dernier bloc qui vous reste.
M. Girard
(Groulx) : On va terminer ici.
Mme
IsaBelle : Merci pour vos bonnes réponses.
M. Girard
(Groulx) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Bien
oui, merci à vous, chers collègues. Donc, on est dans dernier sprint de ce
débat sur le discours sur le budget, et la parole appartient maintenant
au député, mais...
M. Leitão : Merci,
M. le Président, mais je vais laisser mon collègue de La Pinière...
Le Président (M.
Simard) : C'est ça, notre collègue de La Pinière souhaitait dire
quelque chose.
M. Leitão : C'est
risqué, mais prendre une...
M. Barrette :
Ça va dépendre du ministre.
Le Président (M.
Simard) : Bon, allez, il y a consentement. On vous le permet.
• (18 h 20) •
M. Barrette :
Question théorique, puis
peut-être que la réponse est simple : Selon vos prévisions, combien de
temps on peut tolérer des taux d'intérêt élevés avant d'avoir un impact négatif
sur le budget du gouvernement? Parce que
vous dites tout le temps : Il faut revenir vite, dans tant de temps, à
2 %. Alors, combien de temps on peut les tolérer sans impact?
Le Président (M.
Simard) : Bien, le taux neutre, l'estimé du taux neutre en Amérique du
Nord, c'est 2,5 %. On va être là à la fin de l'année, cette année, selon
le consensus, là. Alors, normalement, on est corrects pour 2022. On va avoir une croissance. Ça va se tempérer. Les
taux vont augmenter. La question, c'est qu'est-ce qui va se passer en 2023, c'est-à-dire que, si l'inflation ne baisse
pas puis qu'on doit augmenter beaucoup en haut de 2,5 %, là, ça va faire
plus mal.
M. Barrette :
On peut toffer ça combien de temps?
M. Girard
(Groulx) : Pardon?
M. Barrette :
On peut toffer ça combien de temps?
Le Président (M.
Simard) : Bien, c'est-à-dire qu'on réévalue la situation à mesure
qu'on avance, mais ce que je vous dis, c'est
que, pour 2022, on est corrects. Dépendamment de l'évolution de l'inflation en
2022, on va savoir combien d'autres hausses de taux on devra avoir en
2023. Je n'ai pas... mais j'ai la réponse à sa question précédente, en partie,
c'est-à-dire qu'on n'a pas le nombre d'employés, mais on a le nombre d'heures
que ça vous...
M. Barrette :
Oui, oui, ça revient au même.
M. Girard
(Groulx) : Bon, alors, M. Côté, voulez-vous intervenir?
M. Barrette : L'enjeu, c'est juste
le réalisé...
M. Girard
(Groulx) : Il faut le tempérer? O.K. Alors, O.K., au niveau du réel,
en 2018‑2019, on avait 19,5 millions d'heures, et, en 2021, qui est du
réel parce qu'on continue d'augmenter ces chiffres-là, mais 2021‑2022 est
toujours du préliminaire, c'est passé de 19,5 à 24,4, O.K., en millions
d'heures.
M. Barrette : O.K., merci.
Le Président (M. Simard) : M. le
député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien, merci. Donc,
en fin de compte, on continue dans le même ordre d'idées, même si on ne s'était pas consultés avant, mais c'est là où
je voulais aller aussi. On a parlé tantôt, M. le ministre... ce matin,
d'ailleurs, on a parlé sur, donc, l'importance de la croissance
économique. Ce n'est pas une fin en soi, mais c'est de là qu'ils viennent, les
revenus de l'État pour pouvoir payer nos dettes et couvrir nos services
publics. Les finances publiques du Québec
sont en bon état cette année ou l'année prochaine. Même si on a encore un
déficit structurel qui est relativement modeste, il est toujours là,
mais c'est gérable.
Cependant, à plus moyen, long terme, ça commence
à être un peu plus risqué. Dans le cadre financier du budget, les prévisions à moyen terme sont de l'ordre de 1,5 % pour
la croissance du PIB réel, et vous comptez toujours, le gouvernement compte
toujours, ce qui n'est pas anormal, sur une espèce de «soft landing», une
espèce d'atterrissage en douceur pour ce qui est de l'inflation, pour ce qui
est des problèmes structurels auxquels on fait face maintenant. Le gouvernement souhaite toujours que cette croissance de
1,5 %, à moyen, long terme, en réalité, soit plus forte que ça,
donc qu'on s'en aille plutôt vers les 2 %, mais vous ne comptez pas sur ça
pour bâtir le cadre financier, et c'est très correct.
Moi, par contre, je fais partie de ceux qui
pensent que même 1,5 %, c'est risqué, c'est un peu élevé dans le contexte
actuel. Qu'est-ce que je veux dire par le contexte actuel, c'est que nous avons
un choc démographique important. Nous avons aussi une crise climatique qui est
majeure et puis nous faisons face maintenant à cette poussée de l'inflation qui est arrivée un peu comme ça. Il
y a tout un débat aux États-Unis, présentement, entre les économistes un peu plus, disons, «mainstream», traditionnels,
et puis un économiste qui est très traditionnel aussi, très «mainstream»,
mais qui a une opinion maintenant un peu différente, et c'est Larry Summers.
Alors, la chose qu'on dit, c'est que «I keep hoping Larry Summers is wrong».
M. Girard (Groulx) : ...en fin
de semaine, là, c'est bon.
M. Leitão :
Oui, oui. «We keep hoping he's wrong,
but what if he's not wrong?» Et, en fin de compte, ce que
M. Summers mentionne, et, je pense, c'est là, le dilemme auquel nous
faisons tous face, du moins en Amérique du Nord, c'est que l'inflation semble
beaucoup plus incrustée que ce qu'on aurait souhaité, et donc, en fin de
compte, il y a juste... il y a deux alternatives, soit qu'il va falloir mettre
en place des restrictions économiques par la banque centrale, donc fortes
hausses de taux, comme mon collègue mentionnait tantôt, qui vont inévitablement
ralentir la croissance économique, donc, moins que 1,5 %, ou alors, si ce
n'est pas ça qui se passe, il va falloir vivre avec... on vit avec le virus,
mais vivre avec le virus de l'inflation, vivre avec une inflation plus élevée
que ce qu'on pense, et ça aussi, ce n'est pas agréable. Ce n'est pas agréable
pour les individus, pour les entreprises et, ultimement, pour l'État parce que
ça demanderait d'autres mesures additionnelles de soutien, d'aide, et qui
risquent de déséquilibrer les comptes publics, le cadre financier du
gouvernement.
Donc, je comprends comment votre cadre financier
a été établi à moyen terme, mais qu'est-ce que vous dites, donc, de ces risques, donc, qu'on doit faire face
soit à une économie beaucoup plus lente parce que les banques centrales
réagissent de façon beaucoup plus forte que ce qu'on pensait il y a à peine
quelques mois ou, alors, que les banques centrales décident d'accommoder cette
inflation et donc qu'on fasse face à une inflation de 5 %, 6 %
pendant encore plus longtemps, donc? Et on a combien de temps, M. le Président,
je pense, pas beaucoup?
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 8 min 30 s, cher collègue.
M. Leitão : Donc, on peut avoir
une bonne conversation, mais, quand même, le temps est limité.
M. Girard (Groulx) : Alors,
M. Larry Summers, c'est un économiste émérite. Alors, essentiellement, il nous prédit une récession. Et on a aussi un
autre ancien économiste de Goldman Sachs, Bill Dudley, qui nous prédit une
récession. Alors, ce sont des économistes chevronnés, mais je pourrais vous
trouver d'autres économistes chevronnés qui prédisent autre chose.
Alors, on a une distribution de prévisions
d'économistes chevronnés, mais ce qui est important de la thèse de M. Summers, c'est que, la réaction des
gouvernements à la pandémie, la politique fiscale a été disproportionnée au
choc, et qu'il y a... la réaction...
la dépense fiscale a été trop élevée, puis que c'est en raison de ça qu'on a de
l'inflation. Et là on aurait tendance à dire : Bien, pas de
problème, puisque ce stimuli est derrière nous, il y a moins de stimuli
maintenant, donc on est corrects. Mais là c'est là où il faut l'écouter, le
podcast, parce que c'est là qu'il faut... c'est qu'on pourrait dire : Bien, la dépense fiscale a été élevée, là
elle est moins élevée, ça fait qu'on est corrects. En fait, lui, ce
qu'il dit, c'est que les taux d'épargne sont tellement élevés, parce qu'il y a
eu trop de support gouvernemental, selon
lui, que ces taux d'épargne là élevés, c'est de la demande future de
consommation, et donc, alors que les banques centrales vont vouloir
réduire la demande, il y a tout ce bassin de demandes en épargne accumulée,
parce que le stimulus
était trop élevé, qui va déferler sur nous, et donc ça va être très dur de
ralentir l'économie, et, si c'est très dur, l'effort pour ralentir va être important, et donc la seule façon que
lui, il voit le ralentissement, c'est avec une récession. Bon.
Puis l'autre point
qui est intéressant dans sa présentation, c'est qu'on ne devrait pas trop
compter sur l'offre, que les histoires...
que les goulots d'étranglement vont se desserrer puis que l'offre va augmenter.
Lui, il ne compte pas là-dessus, il dit : L'offre, c'est l'offre,
c'est la demande qui est trop forte.
Alors,
M. Summers, un économiste émérite, il s'est déjà trompé, il s'est déjà mis
les pieds dans les plats sur plusieurs
sujets, notamment, et il y a... Je vous dirais, moi, le risque, ce n'est pas
pour 2022, parce que, là, on part de zéro, on s'en va à 2,5 %, l'épargne
est là, la demande est forte. C'est le point de départ à la fin 2022 qui
va être extrêmement important. Alors, c'est important que les goulots
d'étranglement se desserrent. C'est important que la situation en Europe soit
résolue positivement. Et, comme économiste, j'ai appris que les prévisions
au-delà de six mois, des économistes, ça ne vaut pas cher.
M. Leitão :
C'est un travail qui doit être fait en continu. On doit continuellement...
M. Girard
(Groulx) : La qualité des prévisions diminue avec l'horizon de
prévision.
M. Leitão :
Et on doit donc continuellement... les mises à jour, oui.
M. Girard
(Groulx) : Il faut rouler ces prévisions à tous les six mois.
• (18 h 30) •
M. Leitão :
À tous les mois, il faut revoir parce qu'il y a toujours de la nouvelle
information qui nous arrive. Mais la raison
pour laquelle c'est important, à notre avis, c'est que le Québec a bien fait.
Nous avons passé à travers la pandémie
parce que, justement, les coffres étaient pleins, et tout ça. Beaucoup d'argent
est rentré dans les coffres de l'État, et beaucoup d'argent est sorti
aussi, et, aussi rapidement qu'il est entré, il est sorti.
Et donc, à notre
avis, à mon avis, ça nous laisse dans une situation qui est relativement
vulnérable. Si les choses ne se passent pas
comme comme le «mainstream» le souhaite, comme la vaste majorité du secteur
privé anticipe, là, on risque de revenir avec des problèmes structurels
importants parce que notre dette est toujours élevée, même si ce n'est plus ce que c'était en 2012‑2013,
mais, quand même, on a quand même dans les 40 % de... 43 % de dette
PIB. Alors, si, en plus, cette dette va augmenter, et elle va augmenter parce
que nous avons beaucoup d'infrastructures devant nous, et si le
dénominateur, le PIB, commence à être beaucoup plus lent que ce qu'on prévoit,
bon, ce ratio peut se désancrer. Et vous
savez aussi très bien que, pour une société ou un individu, une entreprise qui
est endettée, relativement endettée, une situation d'inflation ou
d'instabilité financière, c'est extrêmement dangereux, parce que ça peut se
déséquilibrer assez rapidement.
Donc,
tout ça pour dire quoi? Tout ça pour dire qu'il faut être très prudent en ce
qui concerne les perspectives de
moyen terme, et donc des nouvelles initiatives qu'on prend, c'est surtout ça.
On va prendre des nouvelles initiatives. Il faut qu'on fasse bien
attention à ces nouvelles initiatives là, tout ça dans le contexte où on a
aussi, je vais finir avec ça... on a aussi
une crise climatique devant nous. Ce n'est pas d'aujourd'hui, cette crise
climatique, mais aujourd'hui... hier, on a encore reçu un autre message
très clair du GIEC et du secrétaire général des Nations unies, et ça ne pourrait être plus clair que ça, que le temps
d'agir, c'est maintenant. C'est maintenant qu'il faut agir. C'est maintenant
qu'il faut mettre en oeuvre des mesures pour qu'on puisse atteindre nos cibles
et même peut-être aller au-delà de nos cibles,
mais, en tout cas, qu'on soit capables d'atteindre nos cibles. On n'a pas
beaucoup de temps. On a encore du temps, mais on n'a pas beaucoup de
temps. Et, entre-temps, nous avons besoin de politiques publiques importantes.
Ce n'est pas
nécessairement l'État qui doit investir tout seul dans ça. Évidemment, il n'y a
aucun État, sur la planète, qui aurait les
ressources financières pour faire tout ça tout seul. Mais l'État doit mettre en
place les... envoyer les signaux nécessaires pour que le secteur privé
puisse prendre les bonnes décisions. Et ces signaux que l'État doit envoyer
concernent, bien sûr, les prix, le prix du carbone. On a parlé de ça, je pense,
ce matin ou jeudi, je ne me rappelle plus,
l'écofiscalité. Vous avez répondu au collègue de Jonquière que l'écofiscalité,
ce n'était pas nécessairement... puisque
les Québécois sont déjà assez... que le fardeau fiscal est déjà assez élevé, ce
n'était pas quelque chose que vous, nécessairement,
considérez maintenant. Mais ma question est : Si on n'est pas capables
d'envoyer le signal de prix adéquat, comment est-ce qu'on va faire?
Le Président (M.
Simard) : Succinctement.
M. Girard
(Groulx) : J'ai combien de temps?
Le Président (M.
Simard) : Il reste 20 secondes.
M. Girard
(Groulx) : Mais je peux prendre du temps sur le temps du gouvernement?
Le Président (M.
Simard) : Bien, avec consentement, dans le temps du gouvernement. Très
bien.
M. Girard (Groulx) : D'accord. Alors, d'abord,
je vais revenir un peu sur les changements climatiques, mais je veux
vous amener à la page A.22, A.22.
M. Leitão : La fameuse.
M. Girard
(Groulx) : La fameuse page A.22, tout se passe là. C'est-à-dire
que le cadre financier montre que les revenus autonomes vont croître de
3,4 % sur l'horizon cinq ans.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : C'est le
tableau A.11 à la page A.22. Tout se passe là. Ça, c'est l'ensemble
du cadre financier du gouvernement en une page. Si vous aviez une page, si vous
vouliez partir avec une seule page du budget chez
vous, ce serait celle-ci. Puis ça montre que les revenus autonomes sont prévus,
pour la période 2022‑2023 à 2026‑2027,
de croître de 3,4 %, puis les dépenses
de portefeuille, de 3,4 %. On a un certain équilibre. Bon, après ça, il y
a les transferts fédéraux puis il y a la gestion de la dette qui fait
qu'on a 2,9 % versus 3,2 %. Mais c'est fort peu probable que le 3,4 % ou le 3,2 % soit inférieur à
3,4 % ou 3,2 %. En fait, il risque d'être plus élevé. C'est donc au
niveau des revenus qu'on devra aller
chercher un 0,5 % de croissance. Ce 0,5 % de croissance, c'est la
différence entre 3,4 % et 3,9 %, qui va nous ramener à
l'équilibre budgétaire. Alors, ça... Et évidemment la façon la plus facile
d'aller chercher ce 0,5 %, c'est avec la croissance économique.
Quant aux changements climatiques, et je finis
là-dessus, M. le Président, c'est certain que les efforts vont être
considérables. Mais, s'il y a une bonne nouvelle pour le Québec, c'est qu'on a
un déficit d'investissement privé et que la transition climatique ou
énergétique va nécessiter des investissements extrêmement importants. C'est
donc une opportunité pour nous parce que nous, on a besoin de faire plus
d'investissements, et ça va prendre beaucoup plus d'investissements pour la
transition énergétique, écologique. Et donc on a une opportunité devant nous,
et c'est à nous de la saisir, puis ce serait au bénéfice de toutes les
générations.
M. Leitão : Et, pour ça, il faut
envoyer les bons signaux de prix. Voilà.
M. Girard (Groulx) : On pourra s'en
reparler, effectivement.
M. Leitão : Merci.
Le Président (M. Simard) : M. le
député de Sainte-Rose, à vous la parole. Et il vous reste
11 min 10 s.
M. Skeete : Merci beaucoup. Bien, on
arrive à la fin. M. le ministre fait preuve de persévérance.
Une voix : ...une bonne journée.
M. Skeete : Oui, oui, mais des
belles discussions. Puis ce qui ressort pour moi, c'est un peu ce que vous répondez aux collègues de l'opposition durant la
période des questions, je ne dirais pas ad nauseam mais assez souvent :
Le Québec va bien. Le Québec va bien. Il y a des défis, à l'horizon, qui sont
au-delà de notre contrôle. On fait notre possible
pour les mitiger. On met en place un cadre financier d'État qui est prudent,
mais ambitieux dans ses investissements sociétaux, qui met des sous dans
la poche des contribuables, oui, mais aussi pour nourrir une société... pas la
société, c'est le mauvais mot, mais pour
nourrir des gens qui, pendant longtemps, avaient faim. Je pense ici aux
investissements massifs dans le PAGAC, qui, il faut se le dire, étaient
surprenants, historiques et, je dirais, ambitieux en soi.
Puis, surtout, je me permets de le dire parce
que j'ai fait campagne en 2018 puis je me faisais dire, justement, par beaucoup
de ces directeurs et directrices, souvent des directrices générales des groupes
communautaires : Oui, la CAQ, tu sais, vous n'êtes pas bons pour le
communautaire. Puis, oups! l'histoire nous dira qu'on a été parmi les ceux qui ont le mieux financé ces secteurs-là. Alors,
c'est ironique un peu. Et là on est dans une phase de réinvestissement,
hein, avec le PQI qui gonfle, avec des projets d'infrastructure massifs pour
combler les déficits qu'il y avait aussi.
Alors, vous avez dit beaucoup, mais j'aimerais
ça vous entendre en vos mots, là : Quand vous dites que le Québec va bien,
qu'est-ce qui vous rend le plus optimiste à terme sur l'économie du Québec? On
a parlé un peu de la transition énergétique,
mais qu'est-ce qui... Quand vous regardez, là, les 10 prochaines années,
c'est quoi, les... Le Québec est positionné comment pour affronter
l'avenir quand vous dites que ça va bien?
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M. Girard (Groulx) : Bon, on est...
C'est un peu... La question que vous posez, c'est un peu : Quels sont les
avantages comparatifs du Québec qui vont nous permettre de se démarquer? Puis,
bien sûr, il y a toujours le passif avec
l'actif, quelles sont les vulnérabilités du Québec? Alors, on sait qu'on a des
infrastructures vieillissantes. Donc, on fait des investissements
importants en infrastructures publiques. On a un vieillissement de la
population. Donc, on fait des investissements importants en soins à domicile.
Mais c'est quoi, les avantages du Québec?
• (18 h 40) •
Bien,
d'abord, il y a la géographie, hein, on une position géographique incroyable.
On est dans la voie maritime du Saint-Laurent. On a accès au nord-est des
États-Unis. On est collé sur l'Ontario. On est dans un pays qui est stable
économiquement, politiquement, démocratiquement. Alors, notre situation
géographique est enviable.
Ensuite, bien sûr, il y a l'hydroélectricité qui
est un avantage comparatif extrêmement important. Et une partie de cet avantage
est liée à Terre-Neuve, hein, avec l'entente de Churchill Falls, qui n'est
pas... qui devra être renouvelée. Mais c'est certain que l'hydroélectricité,
lorsqu'on parle de transition énergétique, c'est un avantage.
Ensuite,
il y a la main-d'oeuvre. Parce que, bien qu'on parle souvent des ratés de notre
système d'éducation puis qu'on devrait faire mieux au niveau de l'accès, la
persévérance, la diplomation, il reste qu'on a un système d'éducation de qualité, il reste qu'on a
d'excellentes universités au Québec. Il y a eu des sous-investissements, et il
y a un réinvestissement qui est amorcé, mais la qualité de la
main-d'oeuvre est reconnue. L'enjeu, c'est la quantité de main-d'oeuvre. La qualité de la main-d'oeuvre
n'est pas remise en question. En fait, la qualité de nos diplômés en sciences,
en informatique est appréciée et reconnue.
Alors, géographie,
hydroélectricité, système d'éducation, ça, ça fait partie de nos avantages.
Puis je pense qu'on va avoir l'occasion de
s'en parler... puis je note que le député de Robert-Baldwin ne m'en a pas parlé
aujourd'hui, mais je pense que je ne
perds rien pour attendre, ça sera peut-être le sujet de demain, mais
l'accessibilité au logement, quand je disais, tout à l'heure, que
Montréal est une des seules grandes villes nord-américaines où, une entreprise
qui fait des embauches, ses employés peuvent
accéder à la propriété, là. Montréal demeure... Le prix d'une maison à Montréal
demeure inférieur à 50 % du prix d'une
maison à Toronto ou Vancouver. Puis ça, c'est un avantage. C'est un avantage
qu'on doit évidemment... qu'on veut préserver, et c'est important.
Alors, il y a...
Ensuite, bien, quelle est la contribution des finances publiques, mais des
finances publiques saines? Le fait qu'on a un plan de retour à l'équilibre
budgétaire, un plan pour réduire la dette, qu'on a des finances publiques solides, bien ça, ça inspire la
confiance. Puis la confiance, c'est un intangible qui est extrêmement
important, dont on sous-estime constamment l'importance jusqu'au jour où on
perd la confiance, O.K.? Alors, il y a un haut degré de confiance que notre
économie est solide, que nos finances publiques sont solides. Et puis les gens
savent, lorsqu'ils viennent ici, que
la taxe de vente n'augmentera pas la semaine prochaine, que la fiscalité va,
dans le temps, diminuer, qu'on a des programmes pour stimuler la
croissance économique. Et puis on a... Une des qualités du Québec, c'est l'agilité, parce qu'on est quand même petits à
8,5 millions, 8,6 millions de personnes, et on a une bonne cohésion
sociale, puis on est capables de
faire des choses avec une certaine agilité. Bon, il y en a qui disent qu'on
n'est pas si agiles que ça. Moi, je vous dirais qu'on ne s'en tire pas
si mal, là.
Et puis... Alors,
le... Qu'est-ce que nous, on veut faire comme gouvernement, c'est pousser le
potentiel économique du Québec, qui était
estimé à 1,3 % lorsqu'on est arrivés au pouvoir. On pense qu'il est
maintenant à 1,5 %. Ça va être très difficile de l'amener à 2 %, mais
c'est ça qu'on vise. Et puis 80 % de l'effort sera sur la technologie
et 20 % sur la main-d'oeuvre. Et puis là on a toute une panoplie de
mesures en main-d'oeuvre, et en productivité, et en investissement des
entreprises.
Et puis il y a...
Pour ce qui est de la productivité, c'est fiscalité... En fait, l'impôt des
corporations au Québec est extrêmement élevé lorsqu'on somme l'impôt des
corporations puis les taxes sur les masses salariales, mais le secret du
Québec, c'est que le taux effectif d'imposition sur les nouveaux
investissements, lui, est extrêmement compétitif. Tu sais, c'est comme si on a
réduit la fiscalité des corporations, mais seulement pour les nouveaux investissements. On est extrêmement généreux pour
les nouveaux investissements, notamment parce qu'on n'a pas assez
d'investissements. Ça, c'est un de nos
avantages, la fiscalité sur les nouveaux investissements, l'amortissement accéléré
et bonifié, le crédit d'impôt à l'investissement, Investissement Québec, etc.
Bon.
Alors, tout ça, ces avantages comparatifs ou compétitifs là, c'est précieux.
Là, il faut... Notre hydroélectricité, il faut la gérer avec soin, les grandes
décisions vont venir, stratégiques, sur, peut-être, de nouveaux ouvrages
hydroélectriques puis des efforts à faire au niveau de l'économie d'énergie
puis des énergies alternatives. Mais, bref, le Québec va bien, puis on
va tout faire pour que ça continue.
M. Skeete :
Bien, il me reste une minute et demie, puis je trouve qu'on a fait le tour,
mais je voulais vous laisser l'opportunité,
peut-être, M. le ministre, dans la minute qui nous reste, peut-être d'évoquer
des choses dont, vous pensez, on n'a pas assez parlé dans votre budget.
Je suis certain qu'il y a des choses que vous avez dit : Maudit, j'ai
passé du temps là-dessus, puis personne ne m'en parle. J'aimerais ça vous
entendre.
Des voix : ...
M. Skeete :
Oui, bien, il faut que ça soit le seul, là, tu sais. Je suis sûr qu'il y en
a plein, mais il faut que ce soit le seul.
M. Girard
(Groulx) : Ah! ma directrice de cabinet adjointe me souligne que
les... On a augmenté le montant des pensions alimentaires, qui pourront...
Pourquoi vous ne prenez pas la parole puis vous ne le dites pas? Vous avez
tellement travaillé sur cette mesure.
Des voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Non, vous ne voulez pas parler? Bien, c'est-à-dire que, lorsque
la... On ne réduisait pas les transferts sociofiscaux jusqu'à 300 $ par
mois, de pension alimentaire, puis on a augmenté ça à 500 $. Donc, ça,
c'est une mesure qui est très progressiste. Mais, moi, la mesure...
Le Président
(M. Simard) : En conclusion, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais c'est important.
Le Président (M. Simard) : Mais
rapidement, s'il vous plaît.
M. Girard
(Groulx) : Parce que c'est une petite mesure qui me fait extrêmement
plaisir, 12 millions sur cinq ans pour accélérer le traitement des
dossiers en immigration.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est
une mesure dont l'importance...
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Merci beaucoup. Alors, chers collègues, encore une
fois merci pour votre précieuse collaboration. Ceci met fin au débat sur le
discours du budget.
Conséquemment, comme notre commission a accompli
son mandat, j'ajourne nos travaux sine die. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 18 h 49)