(Onze heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Je constate que nous avons
quorum. Je déclare donc les travaux de la Commission des finances publiques
ouverts.
Ceci étant dit, vous savez que nous sommes
réunis afin de poursuivre les débats sur le discours du budget, conformément à
l'article 275 de nos règlements. Mme la secrétaire, bonjour.
La Secrétaire : Bonjour.
Le Président (M. Simard) : Y
aurait-il des remplacements ce matin?
• (11 h 20) •
La Secrétaire : Non, M. le
Président.
Discussion générale
(suite)
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, au moment de suspendre nos travaux, hier soir, la parole
appartenait au député de Beauharnois, à qui il restait une période de
4 min 30 s. Alors, M. le député, à vous la parole.
M. Reid : Merci
beaucoup, M. le Président. Bien, écoutez, M. le ministre, on va continuer dans
ce qu'on discutait hier au niveau
des transports, pour ce premier bloc, pour terminer ce bloc-là. Au courant de
l'année dernière, le ministre de l'Environnement et de la Lutte aux
changements climatiques a publié, comme vous le savez, le Plan pour une économie
verte. Le plan, lui, va contribuer à l'atteinte de la cible de réduction des gaz
à effet de serre, en lien avec l'objectif que s'est fixé le Québec en 2030,
soit une réduction de 37,5 % par rapport au niveau de 1990, et à atteindre
la carboneutralité d'ici 2050.
Dans le document, on mentionne que le gouvernement
entreprend une action vigoureuse en vue d'électrifier le secteur des transports
collectifs. Il s'engage fermement dans la réalisation de plusieurs projets de
transport structurant impliquant tous les tramways et les trains légers
électriques dans les régions urbaines du Québec. Ailleurs, on explique que l'électricité joue déjà un
rôle majeur dans le transport
collectif de la métropole grâce au
métro. On estime à 2,7 millions de tonnes l'équivalent de CO2
par an, les émissions de gaz à effet de serre, et évitées grâce au métro, en
raison notamment de la réduction du trafic automobile, de l'allègement de la
congestion et de l'incidence de ce moyen de transport sur la densification
urbaine.
Je trouve ça fort intéressant parce que ça fait
suite à un appel de mémoires dans le cadre du chantier sur le financement de la
mobilité, la Politique de mobilité durable — 2030 , que mon collègue
de Pontiac connaît très bien pour y avoir travaillé, qu'on a lancée dans le
cadre d'une réflexion sur le financement des transports au Québec, un beau
travail d'ailleurs.
J'avais entamé une tournée régionale auprès des
acteurs de la mobilité durable et je pense que c'est clair que le transport
collectif urbain, on en parle beaucoup de ce temps-ci, au régional et la
pérennité des infrastructures de transport, c'est essentiel pour les acteurs
que j'ai eu à rencontrer. On l'a vu pendant la pandémie, actuellement avec l'exode
des jeunes vers les régions où il y a Internet, alors le transport régional
devient important.
De plus, on sait que le Québec compte sur une
expertise de renommée internationale, un réseau de fournisseurs dynamiques avec
des installations de pointe à La Pocatière, à Sorel, à
Saint-Bruno-de-Montarville, à La Pocatière. Tout de même, on sait que les
projets de transport en commun lourds de mode électrique, ça coûte des sous,
alors j'aimerais que le ministre des Finances nous explique sa perspective sur
la stratégie d'investissement de notre gouvernement en matière de transport
collectif et, si possible, l'apport des investissements prévus au PQI 2021‑2031
en regard des objectifs du PEV 2030.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Bonjour à
tous. Bonjour. Alors, c'est un plaisir de poursuivre ce débat. Alors, pour ce
qui est des... bien, je vais y aller peut-être un peu plus philosophiquement,
puis ensuite on pourra donner les chiffres exacts, ce qu'il y a dans le PQI.
Je dirais que le transport collectif évidemment
a... et c'est... on pense au transport collectif en termes de réduction de gaz
à effet de serre, et tout le monde a cette vision de l'accès à l'île de
Montréal congestionné 24 heures sur 24, et on se dit : Bon, bien, si
tout le monde... s'il y avait un peu plus d'occupation ou de transport
collectif, mais ça irait mieux alors.
Puis les citoyens veulent prendre le transport
collectif, mais il faut leur donner une qualité de service. Les trajets doivent
être moins longs qu'en voiture et ils doivent être aussi confortables lorsque
les trajets... ce n'est pas tout le monde qui reste à deux stations de métro de
son lieu de travail. Alors, il y a des trajets qui sont longs. Alors, c'est important de comprendre la perspective des citoyens.
Les citoyens sont prêts à renoncer à leur deuxième voiture, leur première
voiture, dans certains cas, leur troisième voiture, dans certains cas en
banlieue.
Pour être député de Groulx, et, parfois, il y a
plus que deux voitures dans l'entrée, là, il faut le dire, là, parce que les
enfants vont à l'éducation supérieure et/ou travaillent, tout simplement,
mais... Donc, la qualité du service, et c'est
là... et il y a la fréquence du service aussi. C'est beau d'avoir accès à un
trajet rapide, mais, si vous avez seulement deux options dans la
journée, c'est moins bon, et là je parle pour les citoyens de Rosemère et
Sainte-Thérèse. Ça fait longtemps qu'on ne demande plus de fréquence dans notre
train qui est en soi extrêmement confortable. Mais, ça prend... il n'y a pas
beaucoup de retour passé les heures standards et puis tout ça.
Alors, je dis ça parce qu'il y a d'autres
bénéfices au transport en commun outre que la réduction de gaz à effet de
serre. Et d'ailleurs, lorsqu'on ordonne l'efficacité... Déjà? O.K.,
excusez-moi.
Le Président (M. Simard) : Oui,
déjà.
M. Girard (Groulx) : Lorsqu'on
ordonne l'efficacité des dollars par coût de mégatonnes de CO2, le
transport en commun ne vient pas en haut, bien que nos émissions de transport, elles,
ont augmenté. Alors, je tiens à dire qu'il y a l'avantage environnemental, mais
il y a d'autres avantages extrêmement importants pour la qualité de vie des
citoyens. C'est pour ça qu'on fait les investissements en transport collectif.
Le Président
(M. Simard) : Mais vous
pourrez éventuellement revenir dans votre prochain bloc si vous le
souhaitez.
M. Girard (Groulx) : Oui, éventuellement.
Désolé.
Le Président (M. Simard) : Je
cède maintenant...
M. Girard (Groulx) : J'étais
parti sur une...
Le Président (M. Simard) :
Pardon? Oui, c'est ça. Alors, je cède maintenant la parole au leader de
l'opposition officielle et député de Pontiac, en espérant que votre fille eut
été heureuse des cadeaux qu'elle a reçus.
M. Fortin :
Je l'espère bien. Je vais savoir ça dans quelques heures, M. le Président. Mais
vous savez à quel point je tiens en haute
estime le ministre des Finances, les ministres des Finances de façon générale,
mais celui-ci bien évidemment. Alors, à tout seigneur, tout honneur, je
le remercie des actions qu'il a posées depuis la dernière fois qu'on s'est
parlé.
Hier, il nous a dit, dans un échange comme
celui-ci : Je n'ai pas besoin, à ce moment-ci, de reporter la date de l'échéance fiscale. Selon nos estimations,
selon nos données, on est en avance au niveau des particuliers par
rapport au nombre de gens qui ont déjà envoyé leur rapport d'impôt.
Aujourd'hui, juste avant la période de
questions, il y a une heure et quelques, le ministre a changé d'idée et
Revenu Québec a accordé une prolongation d'un mois. C'est une excellente
nouvelle. Je suis content qu'il se rallie à nos arguments puis j'aimerais
savoir, qu'est-ce qu'il l'a convaincu exactement dans notre plaidoyer?
M. Girard (Groulx) : Écoutez,
si vous voulez vous donner le crédit, libre à vous, là, puis c'est également un
plaisir de débattre avec vous. Comme j'avais mentionné, on suit en temps réel
la progression des déclarations. Il y a 6,7 millions de contribuables qui
doivent produire une déclaration et, pour fins de statistiques, on se compare,
là on produit les déclarations 2020, on se compare à 2018 parce qu'on
veut... l'an dernier, il y avait eu des retards et, bon, tout le monde comprend
que la production en avril 2020 avait été retardée. Alors, jusqu'à tout
récemment, on était, là, aussi bons, on performait aussi bien qu'en 2018, ce
qui indiquait qu'il n'y avait pas de problème. On actualise ces chiffres-là
constamment, et hier, ma cheffe de cabinet adjointe, qui suit ces... qui est
avec nous aujourd'hui, qui suit ces statistiques avec Revenu Québec, on a
détecté que, pour la tranche de revenu inférieure à 30 000 $, on
avait pris du retard, lorsqu'on comparait une semaine, alors qu'en haut de
30 000 $, toujours en ligne, on a perdu l'avance, par contre, mais
tout, on pourrait dire que tout va bien.
Alors, il y a quand même près de plus de
2 millions de... en fait, est-ce que c'est 2 millions en bas de
30 000? En tout cas, il y a plusieurs millions... quelques millions en bas
de 30 000, puis on a pris 20 % de retard. Alors, 20 % de retard,
ça indique, ça peut être pour les raisons sanitaires, ça peut être parce qu'il
y a engorgement. Mais peu importe la raison, il semble que ça va être difficile
d'arriver à temps le 30 avril, alors c'est ça qui... on est... Revenu Québec,
bien sûr, est là pour agir à titre d'agent, de recueillir des revenus, mais on
est aussi service à la clientèle, et on reconnaît qu'il semble y avoir des
difficultés, ça fait qu'on fait un geste, et je tiens à dire que ça aurait été
nettement plus efficace si le fédéral avait collaboré, puis je termine avec ça,
parce que les citoyens, au niveau fédéral, pour l'instant, doivent toujours
produire leur déclaration pour le 30 avril.
M. Fortin :
Ça, c'était votre ligne à vous jusqu'à hier soir aussi, là, ou jusqu'à ce
matin, là. Donc, je comprends qu'après l'information que vous avez eue, là,
vous ne l'aviez pas quand on a eu la conversation hier.
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Fortin : Donc, suite à notre
conversation, votre cheffe de cabinet adjointe a fait des vérifications, puis
elle vous apporte cette information-là. Je cherche juste à comprendre. Vous ne
l'aviez pas, l'information, hier?
M. Girard
(Groulx) : Non.
M. Fortin :
O.K., parfait.
M. Girard
(Groulx) : Non, non, puis ce n'est pas... puis, bon, il y a une joute
parlementaire ici. Ce n'est pas suite à notre...
M. Fortin :
Non, non, mais vous ne l'aviez pas?
M. Girard
(Groulx) : On suit ça en temps réel, là.
M. Fortin :
Non, c'est correct.
M. Girard
(Groulx) : Parfait.
M. Fortin :
Mais vous n'aviez pas cette information-là.
M. Girard
(Groulx) : Je ne l'avais pas.
M. Fortin :
O.K.
M. Girard
(Groulx) : Si j'avais vu un retard de 20 % hier, j'aurais répondu
différemment à votre question.
• (11 h 30) •
M. Fortin :
Parfait. Alors, là, vous me dites : J'aurais aimé que le fédéral
collabore. Alors, là, de... vous avez eu l'information hier soir, ce matin,
vous avez annoncé votre mesure. Donc, vous êtes allé voir le fédéral et vous
leur avez dit : Embarquez-vous avec nous? Faites-vous la même affaire?
Puis ils vous ont dit non?
M. Girard
(Groulx) : C'est-à-dire qu'on parle avec le fédéral depuis déjà... La
pandémie est présente, là. On parle avec le fédéral depuis plusieurs semaines.
M. Fortin :
O.K. Mais, depuis le moment où vous, vous avez réalisé qu'il y avait nécessité
de changer votre approche, d'offrir une prolongation aux gens, vous n'avez pas
eu de discussion avec le fédéral?
M. Girard
(Groulx) : C'est-à-dire que nous, on avait déjà indiqué au fédéral
que, si les statistiques se détérioraient, on avait l'intention d'aller là,
O.K.? Alors, ces discussions-là ont eu sur la fin de la semaine dernière. Et on
nous a répondu que, pour diverses raisons, qui leur appartiennent, qu'eux, ils
ne feraient pas de modification.
M. Fortin :
O.K. Et vous pensez que ça tient toujours? Vous avez fait un «move» important,
là, quand même, «move» nécessaire. Alors, est-ce que vous pensez que ça ne vaut
pas un autre appel pour essayer de les convaincre un petit peu?
M. Girard
(Groulx) : Certainement, ça nous... Ils vont constater ce qu'on fait.
Puis le 30 avril, ce n'est pas demain. Alors, il n'y a rien qui dit qu'ils
ne modifieront pas leur position. J'imagine qu'eux suivent leurs statistiques aussi, là. Eux, ils ont un échantillon différent,
l'ensemble du Canada, qui en général ne produit qu'un rapport d'impôt,
situation différente du Québec, comme vous savez. Alors, ils ont jusqu'au
30 avril pour modifier leur position.
M. Fortin :
O.K., parfait. Mais vous allez faire pression auprès du gouvernement fédéral
dans les deux prochaines semaines, là?
M. Girard
(Groulx) : Je vais réitérer au gouvernement fédéral, mais ça a déjà
été fait, M. le député.
M. Fortin :
Oui, je comprends, mais la situation change, vous venez de le dire, alors...
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Fortin :
O.K. Très bien. Mais parce que vous savez ce qui va se passer si le fédéral ne
fait pas les modifications. C'est que les gens vont avoir des pénalités quand
même au niveau fédéral.
M. Girard
(Groulx) : Mais ce n'est pas à l'avantage des citoyens, puis on a une
responsabilité de services aux citoyens.
M. Fortin : C'est ça. Alors, je
compte sur vous pour faire les représentations, utiliser les arguments... Vous
pouvez prendre les arguments que j'ai mis de l'avant hier, là, il n'y a aucun
problème, mais on compte sur vous, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Vous pouvez parler au député de Pontiac aussi.
M. Fortin :
Ah! je vais faire ça. Je vais faire ça à la première opportunité.
M. Girard
(Groulx) : Je pense qu'il a besoin de support.
M. Fortin :
Vous l'aviez, vous l'aviez en banque celle-là, hein? Je vais lui donner la fin
de semaine puis après ça... le temps de se remettre de tout ça.
M. Girard
(Groulx) : Vous allez l'encourager à reporter les déclarations de
revenus, d'accord.
M. Fortin :
O.K. Aïe! hier, vous nous avez dit quelque chose. Hier, vous nous avez
dit : Le poste budgétaire qui augmente le plus vite, 5 % par année à
long terme, c'est la Santé. C'est à peu près les mots que vous avez utilisés,
là, je vous vois hocher la tête, donc je n'ai pas déformé vos propos. Page
A.29, M. le ministre, page A.29, 2022‑2023, variation en pourcentage, vous
allez augmenter le budget de la santé de 4 %. Avec le nombre de patients
additionnels qui s'en viennent, avec le vieillissement de la population, avec
les enjeux imprévisibles, même, des prochaines années en matière de santé,
est-ce que vous pensez que c'est suffisant? Vous nous dites vous-même,
là : à 5 %, c'est le minimum qu'on a besoin de mettre à long terme.
Là, vous mettez 4 %. Je vous demande la question : Est-ce que c'est
assez?
M. Girard
(Groulx) : Voici la réponse. C'est que le budget 2021‑2022,
l'année la plus importante, c'est 2021‑2022. On présente un cadre financier
cinq ans. Alors, vous voyez, là, qu'on a une hausse de 5,8 %, puis l'an
dernier, c'était 5,7 %. Et puis à chaque budget, bien, on a des nouvelles
demandes, et le député de Robert-Baldwin est bien conscient, là, que l'ensemble
des ministres, ministères, cabinets, parties prenantes de la société civile ont
des demandes, ce qui fait qu'on doit voir ce 4 % comme la base budgétaire,
ou d'autres pourraient appeler ça les coûts de système. À 4 %, on s'assure
que les coûts de système sont dans le cadre financier, et, s'il y a besoin
d'initiatives supplémentaires en santé au budget 2022‑2023, ce chiffre-là
va augmenter.
M. Fortin : O.K. Si vous avez des
demandes supplémentaires, il va augmenter. Il ne diminuera pas, vous nous
promettez qu'il ne diminuera pas. C'est à peu près ça que j'entends, parce que
vous avez choisi : S'il y a des besoins
supplémentaires, je vais augmenter. Mais, si vous avez une marge de manoeuvre
plus petite, allez-vous réduire?
M. Girard
(Groulx) : Bien, écoutez, j'ai seulement trois budgets d'expérience,
là, puis je vais regarder le député de Robert-Baldwin, mais je ne pense pas
qu'il y ait jamais eu un budget au Québec où le ministre de la Santé arrive
puis il n'a pas de demandes budgétaires, là.
M. Fortin :
Et donc vous n'allez pas le réduire. Mais vous nous dites que ce ne sera pas
moins que 4 %.
M. Girard
(Groulx) : Non, mais je tiens à vous mettre en garde sur les taux de
croissance, je vais vous dire pourquoi...
M. Fortin :
Oui, mais... Oui, mais...
M. Girard
(Groulx) : ...parce qu'avec la pandémie, ça fluctue beaucoup. Mais je
n'ai aucunement l'intention de réduire la Santé, non.
M. Fortin :
O.K., parfait.
M. Girard (Groulx) :
Puis d'ailleurs c'est pour ça qu'il y a 4 % qui est là.
M. Fortin :
Est-ce que 4 %, c'est suffisant, selon vous?
M. Girard
(Groulx) : C'est dans le...
M. Fortin : Est-ce que 4 %, ça vous permet de reconduire les mêmes...
M. Girard
(Groulx) : La base budgétaire, oui.
M. Fortin :
...les mêmes programmes, les mêmes initiatives?
M. Girard
(Groulx) : Oui. Oui. C'est ce qu'on a aussi dans l'étude du Conference
Board, là, que les coûts de système sont à 4 %, mais que les nouveaux
médicaments, les modifications technologiques, le vieillissement de la
population nous amènent plus...
M. Fortin :
À court terme à 4 %. Mais à long terme, vous nous avez dit 5 %, là.
M. Girard
(Groulx) : Non. Ce que je vous dis, c'est... lorsqu'on... Les coûts
de... Les coûts de système sont de l'ordre de 4 %. Lorsqu'on ajoute les
changements... les nouvelles technologies, les nouveaux médicaments, le
vieillissement de la population, on augmente, on peut passer facilement de
4 % à 5 %. C'est pour ça que c'est une bonne hypothèse, de prévoir
une croissance d'au moins 5 % à long terme.
M. Fortin :
O.K. Bien, on va plonger, un petit peu, là, dans le monde de la santé, si vous
le permettez. Le tableau B.15 de la page B.42, Impact financier
des mesures pour améliorer l'accès aux services de première ligne.
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Fortin :
Vous avez mis 526 millions sur cinq ans dans ce tableau-là, dans
cette initiative-là. Donc, pour vous, là, pour améliorer l'accès aux services
des premières lignes, c'est 526 millions sur cinq ans.
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Fortin :
O.K. La... 112 millions, donc à peu près le quart, un petit peu moins que
le quart de ça, là, accélérer le virage numérique en santé et services sociaux.
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Fortin :
Pouvez-vous me dire de quoi il s'agit?
M. Girard
(Groulx) : Là, je vous invite aux crédits. Demandez au ministre
responsable, le ministre délégué Santé et Services sociaux, M. Carmant, de
vous donner son plan de match.
Moi,
c'est... on est tous d'accord que c'est indéniable que le numérique va aider la
productivité dans le réseau de la santé et c'est les sommes qui m'ont
été demandées pour ce faire. Puis là, outre vous lire ce qui est écrit dans le
budget, «le gouvernement prévoit une somme additionnelle de
112 000 dollars afin d'embaucher des ressources additionnelles en
technologies de l'information», outre vous dire que c'est des ressources...
M. Fortin :
Bien, c'est un peu ça, mon enjeu. C'est que c'est 112 millions, c'est le
quart du budget, ou un peu moins, là, que votre gouvernement a identifié pour
améliorer l'accès aux services de première ligne, et c'est uniquement afin
d'embaucher des ressources additionnelles en TI. Donc, le quart du budget total
que vous allez mettre dans les
cinq prochaines années pour améliorer l'accès aux services de première
ligne, c'est des ressources en TI. Vous, vous n'avez pas posé la
question au ministre délégué à la Santé?
M. Girard
(Groulx) : Écoutez, j'ai posé des questions, mon équipe a posé des
questions, le ministère pose de nombreuses questions.
M. Fortin :
Oui, alors j'aimerais avoir les réponses aux questions que vous avez posées.
M. Girard
(Groulx) : Bien, ça va permettre des gains de productivité dans les
systèmes, de l'efficacité. Je veux dire, il n'y a pas personne qui pense qu'il
n'y a pas besoin d'investissement dans le numérique dans le réseau de la santé,
là.
M. Fortin : Je suis d'accord, mais 112,5 millions, c'est le quart de votre
budget, c'est du budget d'amélioration d'accès aux services de première
ligne pour des citoyens. Alors, il me semble que, moi, ça lève un gros drapeau,
là. Le quart de l'investissement de l'accès
aux services en première ligne, en santé, va être fait en ressources,
technologies de l'information. C'est peut-être justifiable mais j'aimerais que
ça soit justifié.
M. Girard
(Groulx) : Bien, je pense que le plus gros chiffre, c'est le
300 millions, M. le député, faciliter l'accès aux services médicaux
en première ligne avec l'accès aux médecins de famille et puis... Donc, je veux
dire, c'est le tiers du 300 millions qui, lui, va faciliter l'accès, ça
fait que là on peut...
M. Fortin : O.K. Puis je n'ai pas de problème,
parlons-en d'abord du 300 millions. 300 millions, c'est faciliter l'accès aux services
médicaux de première ligne. Et là quand je lis les quatre paragraphes, là, qui
sont dédiés à ça dans le budget : «À cette fin, des guichets d'accès de
première ligne seront créés pour les personnes qui sont toujours en attente
d'un médecin de famille.» Mais avez-vous cherché un médecin de famille
dernièrement, M. le ministre? Je ne vous demande pas votre historique médical,
je ne veux pas le savoir, mais si vous ou un proche avez tenté d'avoir un
médecin de famille, vous connaissez le processus un peu, avez-vous passé au
travers?
M. Girard
(Groulx) : Non.
M. Fortin :
O.K. Il y a quelque chose qui s'appelle le Guichet d'accès pour avoir un
médecin de famille, le GAMF, là GAMF, c'est là que les gens vont s'inscrire sur
Internet.
M. Girard (Groulx) : D'accord,
oui.
• (11 h 40) •
M. Fortin :
Alors là, je comprends, des guichets d'accès de première ligne seront créés,
vous allez créer un guichet d'accès pour le Guichet d'accès?
M. Girard (Groulx) : Je pense
qu'ici le texte a déjà été... je pense qu'on a eu des discussions là-dessus, je
ne me souviens pas dans quel contexte. Le texte aurait pu être plus précis, là,
on parle de l'accessibilité aux GMF, là, dans ce paragraphe.
M. Fortin : O.K. Mais qu'est-ce que ça veut dire pour le patient? Que la
personne qui est inscrite, là, qui attend... qu'est-ce que ça veut dire?
M. Girard (Groulx) : Mais là, écoutez,
vous allez devoir poser ces questions-là aux crédits au ministre de la Santé,
là.
M. Fortin :
Vous, vous avez fait un chèque pour 300 millions puis...
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, beaucoup plus 300 millions, là, je vais vous le dire, le chiffre,
là, 10,3 milliards. Alors...
M. Fortin :
Mais là, ici, faciliter l'accès aux services de première ligne, vous m'avez dit
vous-même, c'est 300 millions, vous m'avez dit : Concentrez-vous sur
le 300 millions, au lieu du 112, mais c'est ce que j'essaie de faire, puis
je n'ai pas plus de réponses.
M. Girard (Groulx) : Bien, vous
le dites vous-même que c'est difficile d'avoir accès à un médecin de famille,
alors on met des ressources, c'est toujours la même chose, là.
M. Fortin :
Pour faire quoi?
M. Girard (Groulx) : Il y a
plus de personnels, plus d'argent, des meilleurs outils technologiques, ça va
améliorer l'accès, les gains d'efficacité. Là, si vous voulez savoir qu'est-ce
qu'il y a en arrière de ce 300 millions précisément, bien, je vous
encourage à parler au ministre de la Santé.
M. Fortin :
Mais il va falloir le faire, parce que ce que vous avez mis de l'avant, là,
«des guichets d'accès de première ligne seront créés pour les personnes en
attente d'un médecin de famille», ils n'en veulent pas un, ils en ont déjà un
guichet d'accès, puis «de plus, des ressources additionnelles seront embauchées
pour soutenir les guichets d'accès», en tout
cas, disons que ça nous laisse... on se gratte la tête un peu à essayer de
comprendre cette explication-là. Je passe à autre chose.
M. Girard
(Groulx) : Parfait. J'ai
averti le ministre délégué à la Santé que vous allez revenir sur ce paragraphe.
M. Fortin :
Qu'on va poser plus de questions que vous en avez posées avant d'octroyer le
300 millions, pas de problème. O.K.
M. Girard
(Groulx) : D'accord.
M. Fortin : Page B.37,
Renforcer les soins et les services en hébergement. J'ai vu la ministre
déléguée... ministre déléguée aux Aînés, c'est ça
son titre? Bien, approximativement, là, disons, je ne veux pas l'insulter, là,
mais...
M. Girard (Groulx) : Non, non.
M. Fortin :
...à la télévision, ce matin, en train de parler de ça. Alors là : «Ainsi,
le gouvernement annonce l'ajout de 500 lits et places d'hébergement pour
assurer une offre et une qualité de soins accrue en attendant l'ouverture des
maisons des aînés.» Où est-ce que vous allez les avoir, ces places-là? Ces
500 lits-là, ils existent où?
M. Girard (Groulx) : Ce sont
des places en CHSLD privés et privés conventionnés, là, lorsqu'on achète des
places comme ça.
M. Fortin : Ah! O.K. Donc, vous
allez acheter des places supplémentaires en CHSLD privés.
M. Girard
(Groulx) : Et privés conventionnés. Là, je n'ai pas la... pour
augmenter le nombre de places.
M. Fortin :
Mais est-ce que ça va être uniquement des places en CHSLD conventionnés? Parce
que ce que vous dites, ce que votre gouvernement dit, c'est qu'ils veulent
conventionner des places en CHSLD privés. Je ne peux pas croire qu'on va
acheter des places supplémentaires en CHSLD non conventionnés.
M. Girard (Groulx) : Ce serait
préférable d'acheter des places en CHSLD privés conventionnés.
M. Fortin : O.K. Alors, ça fait
partie de la philosophie gouvernementale d'acheter des places en CHSLD privés
conventionnés.
M. Girard (Groulx) : Bien, on
est d'ailleurs en train de convertir des places non conventionnées en places
conventionnées.
M. Fortin :
Oui, je comprends, mais les CHSLD privés, là, il y a un an, là, votre gouvernement
disait, sur la place publique : On veut nationaliser. Ça, ce n'est plus
sur la table. Je comprends que vous, là, l'achat de places dans les CHSLD
privés, c'est correct. La nationalisation, là, ce n'est plus sur la table.
M. Girard (Groulx) : Moi, je
vous dirais que ce qui est en place, là, présentement, c'est des conversions. C'est
ça qui se passe. Il y a 40... il y a des conversions qui sont en cours. Je
pense que c'est important de dire que, dans le cas des CHSLD privés, puis ça a
été dit à la période de questions, à quelques reprises, chaque cas est
différent, chaque CHSLD. Parce qu'il y a des contrats de service et il y a des
contrats qui viennent à expiration, il y a des contrats qui sont à plus long
terme, puis la pandémie a montré des faiblesses dans les CHSLD publics, privés,
privés conventionnés.
Alors, c'est certain que la conversion de privés
non conventionnés en privés conventionnés, c'est en cours, puis qu'il y a une
réflexion qui est faite sur tout ça.
M. Fortin : O.K. Mais il n'y a
pas une cent dans votre budget pour nationaliser un CHSLD.
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Fortin :
Ça n'a pas été une demande.
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Fortin : O.K. Parfait. C'est
bon, on se comprend. Ça semblait clair l'an passé. On comprend que ce n'est
plus pantoute sur la table. Je pense que c'est tout pour moi, M. le Président.
Alors...
Le Président (M. Simard) : Il
vous resterait à peu près une minute, de toute façon, cher collègue.
M. Fortin :
Ah! il me reste une minute.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Je
n'entends pas, là...
M. Fortin :
Non, mais je veux attendre, j'aime mieux avoir la réponse, parce que, moi, je
l'ai entendue, la réponse puis je veux l'entendre au micro.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Le Président (M. Simard) : Non,
non, non.
M. Fortin :
Bien, absolument.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Le Président (M. Simard) :
Alors...
M. Fortin :
Non, non, mais prenez le temps d'avoir la réponse, il n'y pas de problème, hors
micro s'il faut, là, prenez le temps d'avoir
la réponse, mais j'aimerais l'avoir, la réponse par rapport à l'argent pour
nationaliser les CHSLD.
M. Girard (Groulx) : D'accord,
on vous revient.
M. Fortin :
O.K., parfait.
M. Girard (Groulx) : Continuez.
M. Fortin :
Non, mais au début du prochain bloc, là, gardez le 30 secondes qu'il
reste, M. le Président, puis mettez-le au prochain bloc pour que le ministre
puisse répondre.
Le Président (M. Simard) : On
vous garde ça au congélateur.
M. Fortin :
Tigidou.
Le Président (M. Simard) :
Alors, je cède maintenant la parole au député de Beauharnois, qui dispose de
18 min 50 s, cher collègue.
M. Reid : O.K.,
c'est bon, on va l'utiliser jusqu'au bout. Bien, merci. Bien, en fait, on va
poursuivre, M. le ministre, dans ce qu'on discutait tantôt en lien avec
l'électrification des transports, les investissements, mais avant de compléter
ce qui a été mentionné tout à l'heure, je vais juste vous parler davantage
d'électrification des transports.
Comme on l'a mentionné tantôt, le gouvernement...
bien, l'électrification des transports au coeur du plan de l'environnement afin de remplacer progressivement, comme vous le
savez, les énergies fossiles qui sont actuellement consommées par cette
énergie verte produite chez nous. En conséquence, le Québec, l'objectif, c'est
de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et les investissements dans l'économie d'ici sont stimulés. En tant
qu'adjoint parlementaire du ministre des Transports, je suis particulièrement intéressé par l'électrification des transports,
on en parle abondamment, c'est un beau secteur pour nous. Et d'ailleurs,
dans la foulée de la mise en oeuvre du Plan pour une économie verte 2020‑2030,
le gouvernement du Québec s'est engagé à maintenir, au-delà du 31 décembre
2020, la gratuité des péages des
autoroutes 25 et 30 pour les propriétaires de véhicules électriques
immatriculés au Québec. Ça, c'est quelque chose qui a un impact
direct pour les citoyens du comté de Beauharnois et j'en ai entendu parler, les
citoyens de chez nous étaient très contents. Et ça encourage les autres
citoyens à faire cette transition-là vers une voiture électrique.
Depuis le début du projet pilote, le nombre de
passages de véhicules électriques au péage a doublé. Annuellement, passait de
157 000 à 1,1 million en 2019. Alors, c'est signe que ça fonctionne
et, je présume, ce n'est pas la même
personne qui passe «back and forth» à chaque fois. Donc, il y a... maintenant,
on a 1,1 million de personnes en
2019. Et ça, c'est sûr que, si on avait les chiffres d'aujourd'hui, je suis à
peu près certain que ça a augmenté.
Je parle de ce projet pilote là parce que, tout
le monde le sait, le secteur des transports, c'est le principal secteur
émetteur de gaz à effet de serre, on en parlait tantôt, et un secteur fortement
dépendant des énergies fossiles importées.
On est d'ailleurs chanceux de compter sur la présence d'un joueur québécois
dans le domaine de l'électrification des transports, camions, autobus,
on parle de Lion à Saint-Jérôme, ce qui va permettre, de plus, de récolter un maximum de retombées économiques de cette
électrification-là puis d'avoir... de développer davantage ces nouvelles
façons de faire. Je suis donc curieux de voir ce qui se fait ailleurs au
Québec, et c'est le sens de ma prochaine question.
En prévision de la commission parlementaire,
j'ai constaté qu'il y avait une partie du Plan québécois des infrastructures 2021‑2031
qui traitait spécifiquement de l'électrification des transports. Je
souhaiterais donc que le ministre nous indique les investissements que le
gouvernement a ajoutés au PQI en matière d'infrastructures en électrification des transports. Et, tout à
l'heure, en finale, on était sur la stratégie d'investissement de notre
gouvernement en matière de transport collectif, alors vous pouvez repartir sur
le transport collectif et ensuite terminer sur l'électrification des
transports. Merci.
• (11 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Merci.
Alors, dans le budget, il y a 14 milliards pour... dans le PQI en fait, ce
n'est pas dans le budget, il y a 14 milliards pour le transport collectif.
Mais évidemment à ça s'ajoute les projets d'électrification de transports qui
sont en cours d'étude, notamment celui qui est le plus avancé, en fait, celui
qui est le plus avancé, c'est évidemment le tramway de Québec, mais le REM de
l'Est.
Le REM de l'Est est un projet de 10 milliards
de dollars et je pourrais certainement vous donner les étapes. Et,
présentement, nous sommes dans la réalisation du premier REM, mais il faut être
bien conscients que le premier REM, c'est plusieurs REM, hein, c'est d'abord
traverser le pont Champlain, ensuite, c'est traverser la montagne, aller à
l'aéroport, aller dans l'Ouest-de-l'Île. Et on a annoncé, pas plus tard
qu'hier, le financement pour l'aéroport, financement supplémentaire, et ça, ça
va évidemment permettre de compléter les travaux du premier REM.
Et le premier REM, il faut le dire, nous avons
rencontré des difficultés dans le tunnel, et qui retardent les travaux. Mais je
tiens à le dire, c'est complexe, là, parce qu'on parle souvent du REM 1 ou
du premier REM, mais le premier REM, c'est plusieurs REM, là, c'est traverser
le pont Champlain, traverser la montagne, aller à l'aéroport, aller dans
l'Ouest-de-l'Île. On pourrait, jusqu'à un certain point, dire que c'est quatre
REM.
Et le REM de l'Est aura ses difficultés lui aussi.
Et la structure que nous avons en tête, c'est d'être... d'avoir du
capital-actions dans le REM de l'Est avec la caisse qui serait maître d'oeuvre,
alors une structure financière similaire à celle du premier REM. Évidemment,
les paramètres financiers seront mis à jour en fonction de l'évolution des
marchés financiers et des connaissances associées au développement de tels
projets.
Mais il y a plusieurs avantages dans confier la
réalisation d'un tel projet à la caisse, notamment leur expertise puisqu'ils
sont impliqués dans le premier REM, mais il y a aussi pour le gouvernement
l'avantage que c'est un placement en équité et au lieu d'un financement
traditionnel tel qu'un projet de transport, ce qui fait que lorsqu'on calcule la dette nette du gouvernement du Québec, le
financement d'un tel projet est... On pourrait le qualifier de hors bilan parce
que c'est la caisse qui est le maître d'oeuvre. Et nous, on a une participation
dans le projet. Alors, cette structure financière permet de faire plus de projets
par dollar disponible en infrastructure au Québec. Et c'est pour ça que
lorsqu'on dit qu'il y a 14 milliards pour le transport collectif dans le
PQI, on exclut les projets qui seront sous la responsabilité de la caisse et ce
qui fait que l'enveloppe totale est bien supérieure et que c'est... Tout ça,
c'est au bénéfice des Québécois.
Au niveau de la qualité du service, je tiens à
dire, là, qu'on parle beaucoup de gaz à effet de serre lorsqu'on réfère aux transports collectifs. Le principal
bénéfice, c'est pour la qualité de vie des citoyens qui, au lieu de passer,
par exemple, plus d'une heure par jour dans
leur voiture pour aller travailler, peuvent avoir le bénéfice d'un service de
qualité.
Le Président (M. Simard) :
Merci.
M. Reid : Merci,
M. le ministre. En fait, en lien avec ce que vous venez de mentionner, vous
avez parlé du modèle de financement avec la Caisse de dépôt, est-ce que ce
modèle-là qui a été développé pour le REM, est-ce que c'est un modèle qui peut
contribuer au développement économique du Québec? Est-ce que c'est un modèle
qui pourrait être utilisé ailleurs? Si oui, ce quelle façon?
M. Girard (Groulx) : Bien, dans
les faits, il y a beaucoup de gens qui ont associé ce que la caisse fait à
Montréal à ce qu'ils avaient fait à Vancouver, de l'aéroport au centre-ville,
pour la technologie et le concept financier. Alors, oui, l'expertise de la
caisse est exportable. Et, dans la mesure où ces projets d'infrastructures là
avaient des rendements supérieurs à ce qui est disponible dans d'autres classes
d'actifs, ce serait au bénéfice des déposants de la Caisse de dépôt, et comme
il y a plusieurs millions de déposants, les déposants et les Québécois ce n'est
pas deux ensembles complètement superposés, mais ils ont une intersection
commune très importante. Alors, ce qui est
dans l'intérêt des déposants de la Caisse est dans l'intérêt du Québec. Et oui
cette expertise-là est exportable, mais je ne veux pas... avant
d'exporter l'expertise, c'est pour ça, je ne veux pas sous-estimer les
difficultés auxquelles nous faisons face dans la réalisation de la
phase 1, là. Bientôt on pourra voir les trains circuler sur le pont Champlain
puis ce sera extrêmement positif, mais on a vu que pour l'aéroport et le tunnel
du Mont-Royal, là, c'est... il y a des défis et on va passer à travers ces
défis-là un par un.
M. Reid : Merci
beaucoup. Je vais vous amener sur un sujet qui m'interpelle dans le cadre de la
tournée que j'ai faite l'an dernier, je veux dire la tournée régionale sur le
financement de la mobilité au Québec, c'est dans le cadre de la politique de la
mobilité durable. Puis un des enjeux de cette tournée-là en fait, c'était de
consulter les partenaires des régions. On a fait le tour de l'ensemble des
régions pour discuter de financement, de la mobilité, en fait, du transport. Puis l'enjeu derrière ça
c'était, à long terme, l'impact de l'électrification des transports, et notamment
sur le fonds, le FORT en fait, le Fonds des
réseaux de transport terrestre, qui prend... en fait, il est alimenté par la
taxe sur les carburants, puis si on va dans une échelle de 10, 10 ans,
20 ans, 30 ans, par exemple, ça va avoir un impact sur les revenus de
l'État, sur le budget des transports qui dépend grandement de cette... des
revenus de cette taxe-là. Ce n'est pas juste le Québec qui va avoir cet
enjeu-là, d'autres pays, le Canada va avoir également cet enjeu-là, d'autres
pays aussi. Puis je voulais voir, en fait, la question que l'on posait aux
partenaires, puis... c'était de dire : Bien, comment on peut pérenniser le
financement du transport? Puis c'est tout un défi parce que, bon, il y avait
toutes sortes de réponses à savoir : Bien, oui, on va mettre des péages,
ainsi de suite. Mais ça peut avoir un impact. Moi, c'est plus une question
philosophique : Mais comment, au niveau économique, on peut, à long terme,
être capable de contrebalancer cette... des revenus de la sorte ou le manque à
gagner, d'une certaine façon, là?
M. Girard (Groulx) : Combien de
temps, Mme la... M. le Président?
Le Président (M. Simard) :
Exactement cinq minutes.
M. Girard (Groulx) : Écoutez,
votre question est exceptionnelle. Qu'est-ce qu'on va faire lorsqu'il n'y aura
plus suffisamment de revenus, la taxe sur l'essence, pour continuer à investir
dans les infrastructures tel qu'on le fait présentement via la SOFIL? Et puis,
oui, il y a des revenus associés à la taxe sur l'essence.
Vous savez, les budgets des autres provinces au
Canada, bon, il faut vraiment être un initié pour rester debout pour écouter le discours du budget de la Saskatchewan, là, c'est... mais... non, mais je veux vous le dire, parce
qu'ils m'ont surpris. Puis, des fois, au Québec, on ne le sait même pas
lorsqu'il y a le budget de la Saskatchewan, parce que si vous lisez des
excellents quotidiens québécois, on mentionne peu le budget de la Saskatchewan.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Alors,
eux... oui, pour les transferts en santé, ils lisent... on me dit que notre
fascicule est vraiment un document apprécié dans les autres provinces.
Mais tout ça pour dire que la Saskatchewan... et
puis là je vous mets en garde tout de suite, ce n'est pas ça qu'on va faire,
mais la Saskatchewan a décidé, dans son dernier budget, de taxer les véhicules
électriques parce qu'ils ne contribuent pas aux infrastructures via la taxe sur
l'essence. Alors...
• (12 heures) •
Une voix :
...
M. Girard (Groulx) : C'est
peut-être un discours qui sonne l'équité en Saskatchewan, mais ce n'est
certainement pas l'approche que nous allons prendre. Mais, pour moi, j'étais
vraiment content d'être resté debout pour
lire le budget de la Saskatchewan, et ma collègue Harpauer qui n'a pas la langue
dans sa poche puis qui n'a pas peur de
dire ce qu'elle pense, là, elle m'a surpris. Celle-là, je ne l'avais pas vue
venir, là. Vous savez, des fois, on me demande : Qu'est-ce que vous croyez qu'il y aura dans le
budget fédéral? Mais je n'avais pas pensé qu'il y aurait une taxe sur
les voitures électriques. En général, ce
qu'on observe, c'est des subventions aux voitures électriques, c'est un peu
plus tendance.
Alors, il reste qu'on doit regarder nos citoyens
comme ayant un fardeau fiscal total, et le fardeau fiscal des Québécois est
très élevé. Et donc, s'il y a moins de taxes sur l'essence qui est payée, bien,
il faudra en tenir compte dans l'ensemble du cadre financier à long terme. Et
ça pourrait être vu comme une baisse du fardeau fiscal pour les citoyens, mais
c'est quelque chose qu'on doit gérer. Il y a des... Puis il y a des débats
sur : Est-ce qu'il devrait y avoir une taxe au kilomètre ou une taxe lorsque
vous entrez sur l'île ou dans la CMM? À ce stade-ci, nous ne favorisons aucune
hausse de nouvelle taxe, et surtout pas la taxe suggérée par la Saskatchewan.
M. Reid : ...je
vous remercie de la réponse. Effectivement, on n'a pas de... on ne peut pas
prévoir ce qui va se passer demain matin, surtout avec qu'est-ce qu'on vit,
hein, actuellement, avec la pandémie.
Mais comment... En fin de compte, c'est sûr que
ce n'est pas demain matin... je pense, avec la pandémie, on vient de reporter, malheureusement,
peut-être à plus tard certaines décisions, mais ce sont des... On va devoir se
pencher... on se penche déjà là-dessus, sur des modèles, là, pour être capables
d'à tout le moins conserver certains revenus au niveau de la taxe, en fait, des
revenus pour le gouvernement et pour pérenniser la structure des transports au
Québec. Et, je dois vous le dire, ça n'a pas été évident parce qu'on n'a pas de
réponse encore, mais il y a différents modèles qui existent.
Moi, je voulais... je voulais... Il me reste, quoi,
trois minutes, à peu près? C'est ça?
Le Président (M. Simard) :
3 min 5 s.
M. Reid :
3 min 5 s. En fait, peut-être continuer dans cette veine-là,
mais le... avec l'électrification des transports,
on va pousser davantage sur l'utilisation de la voiture électrique, de tout ce
qui est électrique. Et comment, de votre point de vue, ... là, c'est...
vous voyez l'impact de tout ça sur l'économie à moyen, long terme?
M. Girard
(Groulx) : Bon. Il y a évidemment...
Dans le cas des voitures électriques, ce qui se passe présentement dans le
marché, c'est qu'il n'y a pas suffisamment d'offres, parce qu'il y avait
uniquement le Québec en Amérique du Nord où il y avait de la demande pour les
voitures électriques. Il y avait peu ou pas de demande en Ontario, même chose
aux États-Unis, ce qui fait que l'adoption de la voiture électrique était... le
taux d'adoption de voitures électriques était ralenti par le manque d'offres
des constructeurs. Et le marché québécois, c'est un marché où... une économie ouverte, 8,5 millions
d'habitants, mais ce n'est pas suffisant pour inciter les compagnies à
transformer leur chaîne de production. Or, avec le momentum qu'il y a maintenant
aux États-Unis, c'est évident qu'il y aura plus d'offres de voitures
électriques, et ça, ça va favoriser l'adoption.
Au niveau de comment le Québec peut tirer son
épingle du jeu — là,
j'ai l'impression de décrire une partie de hockey, là — bien,
il y a des... évidemment, on a la matière première et puis, après ça, il y a
des étapes de transformation. Surtout, là, on parle de la batterie. Et ce que
mon collègue Pierre Fitzgibbon essaie de faire... et le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles... alors, pour le ministre de l'Énergie
et des Ressources naturelles, c'est définitivement ce qu'on appelle les
minéraux stratégiques, les mettre en valeur, première étape. Après ça, la
transformation. Puis il y a plusieurs étapes dans la transformation de ces
métaux précieux en batteries. Mon collègue Fitzgibbon
essaie de positionner le Québec pour être dans les étapes subséquentes et donc
bénéficier de ces valeurs premières.
Et il y a de l'argent dans le budget pour ça,
mais je m'en... je pense que, pour avoir la stratégie complète de ce qu'on veut
faire au niveau des batteries au Québec, le ministre de l'Économie serait plus
qualifié que moi pour vous en parler.
Le Président (M. Simard) : Très
bien, merci. Ça vous va, cher collègue?
Alors, je cède maintenant la parole au leader du
troisième groupe d'opposition. Cher collègue, vous disposez de
14 min 55 s.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre
des Finances, si vous me permettez de reprendre un peu la discussion
d'hier, notamment pour les groupes communautaires, je vous ai transmis le
communiqué, je veux juste prendre... lire le titre des groupes communautaires
suite au dépôt du budget : «Un rendez-vous manqué avec le communautaire.
Le Réseau québécois de l'action communautaire autonome est consterné par le
budget du ministre, qui n'accorde qu'un famélique soutien supplémentaire aux
organismes d'action communautaire autonome.» Donc, hier, on avait la
discussion : Est-ce qu'ils sont satisfaits ou pas par rapport aux sommes
qui ont été mises de l'avant? On a le communiqué, ici, qui nous dit
qu'effectivement il en manque pas mal.
Deuxième question que je vous ai posée ou
deuxième intervention qu'on a eue ensemble, je ne sais pas si j'aurai la
réponse aujourd'hui, mais est-ce que vous pouvez me confirmer si le discrétionnaire
des ministres sera doublé cette année?
M. Girard
(Groulx) : Je confirme qu'il ne sera pas doublé. Donc, il sera au
niveau qui précédait la pandémie.
M. Ouellet : Pouvez-vous me
rappeler à quel montant il est?
M. Girard (Groulx) :
300 000 $.
M. Ouellet : Par ministre?
M. Girard (Groulx) :
Effectivement.
M. Ouellet : O.K. On a eu la
discussion, hier, sur des dépenses qui auraient pu être faites. Vous nous avez
fait mention que vous devez faire les arbitrages. Vous devez équilibrer tout
ça. Vous faites des choix. J'aimerais qu'on ait un peu une discussion ensemble,
M. le ministre, si vous me permettez, sur de quelle façon votre budget aurait
pu aller chercher des revenus supplémentaires.
Je vais revenir sur un engagement-phare de votre
formation politique, l'incorporation des médecins. Comment se fait-il que votre
formation politique ne décide pas d'aller de l'avant pour aller chercher... Et
j'ai l'article en question qui date de 2016, là. Les chiffres ont évolué avec
le temps, mais votre formation politique croyait être capable d'aller chercher
l'équivalent de 150 millions par année. Nous, on l'évalue à
92 millions, mais, mettons, on fait un chiffre rond, là, entre 92 et 150,
ça arrive à peu près à 100, 125. Comment se fait-il que vous vous privez de
cette mesure-là, qui pourrait gonfler les revenus du Québec et donc nous
permettre de faire d'autres dépenses dans d'autres missions de l'État?
M. Girard (Groulx) : C'est un
bloc de combien de temps, ça, M. le Président?
Le Président (M. Simard) :
Environ 14 minutes.
M. Girard (Groulx) : O.K. Parce
que je vais juste vous donner une réponse générale, au cas où on se préparait à
faire une liste d'épicerie de hausses de taxe et impôt qui auraient pu être
faites. Puis j'ai remarqué que vous avez refusé mes amendements, que je vous ai
proposés ce matin. J'essayais de travailler en collaboration, puis d'habitude
on y arrive, là ça n'a pas fonctionné. O.K. Alors, au moins, on peut en rire.
Alors, ce qui s'est passé, c'est qu'il y avait
un engagement aussi d'aller rechercher de l'argent chez les médecins
spécialistes, et le travail a été concentré là-dessus. Et là il faudrait que je
vérifie si la fiscalité des individus qui sont incorporés a évolué depuis 2016,
là. J'avoue que, puisque ce n'est pas dans le budget, je ne me suis pas penché
sur cette question dernièrement. Mais on n'a jamais eu l'intention d'augmenter
les impôts et les taxes à ce budget, et c'est la même chose pour le groupe que
vous mentionnez là ou un autre.
M. Ouellet : Si je comprends
bien, jamais vous n'allez mettre fin à l'incorporation des médecins, donc...
M. Girard (Groulx) : Ce n'est
pas ce que j'ai dit. Je vous ai dit que notre engagement était de ne pas
augmenter les impôts et les taxes des Québécois. C'est exactement ce que nous
avons fait.
M. Ouellet : Cette année.
M. Girard (Groulx) :
Exactement.
M. Ouellet : Donc, on pourrait
voir cette possibilité-là dans un autre budget, c'est-à-dire qu'on mettrait fin
à l'incorporation des médecins l'année prochaine?
M. Girard (Groulx) : Bien, ça
n'a pas été étudié dans ce budget-ci. Je n'annonce pas d'étude en ce sens-là.
Si vous permettez, j'aimerais bien qu'on débatte
de ce budget, qu'on l'adopte, qu'on adopte l'omnibus budgétaire qui suivra,
puis ça me fera plaisir de sauter dans le prochain budget après, là. Mais
chaque chose en son temps est un peu thème du budget actuel.
M. Ouellet : Non, mais je sais,
M. le ministre. Mais c'est parce que vous répondez que, «dans notre budget, il
est important pour nous — et
c'est inscrit à l'encre noire — qu'on n'augmentera pas les taxes et les
impôts». Mais votre formation politique a fait aussi des engagements avant ce
budget-ci et d'autres budgets en promettant aux Québécois la fin de
l'incorporation.
Donc,
j'essaie juste de comprendre. À un moment, c'est bon de dire : On va
mettre fin à l'incorporation, puis, à un autre moment, une fois qu'on est au gouvernement, c'est moins bon.
J'essaie juste de permettre aux Québécois de suivre, là.
• (12 h 10) •
M. Girard (Groulx) : Bien, dans
les faits, il y a eu un engagement de récupérer des sommes importantes au
niveau des ententes avec les médecins spécialistes, et c'est là-dessus que les
négociations ont porté. Et puis, vous savez,
lorsque vous attaquez un problème, il y a... qui est la rémunération des
médecins, vous pouvez vous concentrer sur plusieurs petits points. Nous
avons choisi de nous concentrer sur celui qui était le plus important.
M. Ouellet : O.K. Report de
l'abolition de la taxe sur les institutions financières. Donc, dans le budget,
il est inscrit, puis vous me corrigerez, que cette taxe-là devait être abolie
en 2024, et vous avez décidé de ne pas l'abolir et même de moduler certains taux en fonction des différents secteurs. Donc,
vous venez dire que, dans ce budget-là, il y a effectivement une
augmentation des taxes.
M. Girard (Groulx) : En fait,
la taxe sur les institutions financières, c'est un sujet complexe, là. Ça... La
taxe... On parle ici... Les institutions financières paient évidemment de
l'impôt corporatif, et là on parle de la taxe compensatoire sur les
institutions financières, qui est une taxe sur la masse salariale qui avait le
défaut important de pénaliser les institutions financières qui avaient leur
siège social ici parce qu'ils ont plus d'employés.
Alors, il y avait une taxe et il y avait une
surtaxe, O.K.? La surtaxe était prévue pour diminuer à partir de 2022, et la...
Alors, la surtaxe devait diminuer en 2022, et la taxe devait se terminer en
2024, O.K.? Donc, la surtaxe devait se
terminer en 2022, puis la taxe, en 2024. Alors, on a... puisqu'on veut stimuler
la croissance 2021-2022, on a... et qu'on veut aider les entreprises
dans leur prévisibilité, on a laissé la surtaxe expirer pour... C'est ça qui
était prévu, en raison de la prévisibilité, parce que c'est très... c'est dans
le futur proche, mais, à chaque fois qu'on s'approchait des terminaisons de ces
taxes-là, le gouvernement les reconduisait. Alors, on a décidé de dire... Parce
qu'il y avait le mot dans la... écoutez, celle-là, là, elle est bonne, là, «taxe
temporaire», O.K.? Et on avait collectivement permanentisé une taxe
temporaire en ne l'éliminant jamais. Alors, nous, on a décidé de dire :
C'est fini, le temporaire. La taxe va être permanente, bien que la surtaxe,
elle, a effectivement baissé.
M. Ouellet : Le communiqué du
ministère disait que cette décision-là va amener un surplus de
500 millions jusqu'en 2024-2025. Donc, vous êtes d'accord avec moi que le
maintien de cette taxe-là arrive avec de l'argent supplémentaire. Donc,
effectivement, vous avez augmenté les taxes.
M. Girard (Groulx) :
C'est-à-dire qu'on a donné... Bien...
M. Ouellet : Bien...
M. Girard (Groulx) : Oui. Bien,
c'est... Oui, oui.
M. Ouellet : Oui. Bon. Bon.
M. Girard (Groulx) : Le fardeau
fiscal des institutions financières, oui, on a permanentisé ce qui était une
taxe dite temporaire qui allait expirer dans le cadre financier.
M. Ouellet : Donc, on est en
désaccord avec ce que vous venez de me dire tout à l'heure. Le gouvernement du
Québec n'augmentera pas les taxes et les impôts.
M. Girard (Groulx) : Est-ce que
vous me blâmez d'avoir permanentisé la taxe dite temporaire sur les
institutions financières?
M. Ouellet : Non, j'essaie
juste de voir. Dans certains cas, il est... Je fais des propositions, puis vous
me dites : On a promis de ne pas
augmenter les taxes et les impôts, puis, dans certains cas, vous dites :
O.K., dans ce cas-là, on la permanise, et ça donne des gains
supplémentaires. Donc, sans dire que c'est un double discours, c'est un double
standard. Je ne dis pas qu'il ne me satisfait pas, mais je me dis...
M. Girard (Groulx) : Donc, vous
m'appuyez.
M. Ouellet : Bien, même,
pourquoi est-ce qu'on n'est pas allés un peu plus loin? Quand je regarde les
profits de la Banque Nationale, dernier trimestre, 761 millions, la
Laurentienne à 44 millions, la CIBC qui parle de profits à la hausse, et
la Royale aussi, je me dis : On aurait pu en faire un peu plus, aller
chercher de l'argent dans les institutions financières qui font beaucoup de
profits et qui en ont fait beaucoup pendant la crise pandémique. Je pense que
les Québécois et Québécoises auraient accepté, dans la même logique que vous
m'exposez tout à l'heure, de dire : Écoutez, les institutions financières,
on leur demande d'en faire un peu plus. Et pourquoi est-ce qu'ils n'en feraient
pas justement un petit plus? Puis ça... Puis, nous, on l'avait fixé le chiffre
à 6 %. Ça nous aurait permis d'aller
chercher l'équivalent... puis peut-être que mes chiffres seront corroborés par
votre ministère, là, mais j'y vais assez rondement, là,
171 millions cette année, 293 millions les années subséquentes.
Donc, on pourrait aller chercher de l'argent supplémentaire,
et je ne pense pas que les banques vont fermer leurs sièges sociaux, ils vont
quitter le Québec, alors que l'argent dans le système financier existe.
M. Girard (Groulx) : Écoutez,
je suis content qu'on ait ce débat-là. Écoutez, vous avez six grandes banques. On va se concentrer sur les institutions financières de dépôt, là. On ne parlera pas des compagnies
d'assurance, mais tout ce que je vais dire pourrait s'appliquer aux compagnies
d'assurance aussi. Vous avez six grandes banques et une grande coopérative,
donc sept grandes institutions financières au Canada, dont deux sont au Québec.
O.K.? Lorsque vous avez une taxe sur la masse salariale, vous pénalisez les
entreprises qui ont une proportion plus importante de leurs
salariés au Québec, donc vous pénalisez vos deux joueurs les plus importants
dans les sept pour l'économie du Québec.
Parce que c'est la... Desjardins, c'est plus de 40 000 employés;
Banque Nationale, 18 000, 20 000 employés. Ce sont des
entreprises profitables, ce sont des entreprises qui investissent en
technologie. Il y a plein de gens qui travaillent là. Ce sont deux sièges
sociaux dont on est fiers, Desjardins et la Banque Nationale.
Là, on a une décision à prendre. Il y a une
surtaxe qui est prévue expirer très prochainement et il y a une taxe dite
temporaire qui est prévue expirer en 2024. Là, on doit prendre des décisions.
On est devant une situation. Alors, sachant l'importance de la prévisibilité
pour ces institutions financières, j'ai laissé la surtaxe expirer pour que, ce
qui était dans le futur proche, ils en
bénéficient — donc,
ils ont eu la baisse de surtaxe telle qu'elle était prévue, qu'ils
avaient dans leur cadre financier — mais
j'ai — puis
là je ne suis pas convaincue que c'est un mot français, là — permanentisé...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Non?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Non.
Merci.
M. Ouellet : J'ai rendu
permanent, oui.
M. Girard
(Groulx) : Alors... En le disant, j'étais sur la même piste que vous.
Alors, nous avons terminé... nous avons enlevé le statut temporaire à
cette taxe compensatoire. Elle s'appelle exactement, là, taxe compensatoire des
institutions financières. Elle avait le mauvais nom de taxe temporaire
compensatoire sur les institutions financières, elle est maintenant permanente.
Alors, vous, vous dites : Vous auriez pu en
faire plus. On essaie... en même temps qu'on veut être justes puis reconnaître
que la baisse de la surtaxe, c'est une baisse d'impôt pour ces institutions
financières là, bien, on veut être justes avec les Québécois. Et, en la rendant
permanente, toutes les institutions financières, pas seulement Desjardins puis
la Banque Nationale, toutes les institutions financières, vont payer ça au
bénéfice des Québécois. Ça donne 276 millions. Mais c'est un équilibre.
M. Ouellet : Mais vous n'avez
pas eu la réflexion d'augmenter ce taux de taxation là pour permettre des
revenus supplémentaires à l'État. Pour vous, à ce niveau-là, en la rendant
pérenne, cette taxe-là, les niveaux de contribution des institutions
financières sont suffisants?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est parce que, je tiens à vous le dire, c'est une taxe sur la masse salariale
qui pénalise les géants qui ont des sièges sociaux ici. C'est une taxe qui
désavantage Desjardins et la Banque Nationale par rapport à la BanqueTD. Parce
que la Banque TD, elle la paie, la taxe, là, au Québec, la Banque Royale aussi,
mais, toutes proportions gardées, ils ont beaucoup moins d'employés parce que
leurs sièges sociaux ne sont pas ici.
M. Ouellet : Combien de temps,
M. le...
Le Président (M. Simard) :
1 min 7 s.
M. Ouellet :
1 min 7 s. Peut-être en rafale, une dernière intervention, M. le
ministre. Le crédit d'impôt pour soutien à domicile, vous avez pris la décision
de le moduler sur quatre ans. Pourquoi ne pas avoir été tout de suite avec le pourcentage
élevé dès la première année? Pourquoi vous l'avez mis sur quatre ans, le rendre
un peu dégressif — c'est-u
ça, dégressif ou régressif — le
faire augmenter à l'année 1, 2, 3, 4? Pourquoi ne pas y avoir été tout de
suite, alors que les gens auraient eu besoin de ce crédit d'impôt là, notamment
en pandémie et notamment pour rester à la maison pour les soins à domicile
avant de se rendre dans les soins hospitaliers, qui, pour lesquels,
présentement, en temps pandémique, n'est peut-être pas la meilleure place à
être?
M. Girard (Groulx) : O.K. Mais
je comprends, là, que vous endossez complètement la hausse du crédit d'impôt
maintien à domicile. Vous auriez aimé que ce soit plus rapide.
M. Ouellet : C'est en plein ça.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
Alors, d'une part, on avait une problématique extrêmement importante au niveau
des résidences pour aînés et on avait un problème complexe qu'on a voulu... On
a un enjeu avec les assurances, on a un enjeu avec le personnel et on a vraiment
essayé d'avoir une approche...
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) :
...intégrée à l'ensemble du problème des résidences pour aînés.
• (12 h 20) •
Le Président
(M. Simard) : Très bien.
M. Girard (Groulx) : Puis le
choix de moduler ça, ça fait partie de cette réflexion.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Comme votre temps est écoulé, cher collègue, si vous voulez poursuivre
votre réponse, M. le ministre — et je m'excuse de vous avoir interrompu,
mais je dois trouver le temps quelque part — donc, si vous poursuivez, ce
sera à même le temps gouvernemental. C'est ce que je comprends?
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Je peux poursuivre.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Vous pouvez poursuivre votre réponse.
M. Girard (Groulx) : O.K. Là,
on me donne une précision sur le discrétionnaire des ministres, là, on me dit
que ce n'est pas tous les ministres qui ont le même montant. Je vous ai donc
donné le montant qui correspond à moi. Mais ce qui est important, je pense que
l'essence de votre question, c'est : Puisque vous avez doublé le SAB,
avez-vous doublé le discrétionnaire des ministres?, et la réponse, c'est non. O.K.?
Alors, dans l'esprit de la réponse, je pense qu'on s'était compris. Mais est-ce
que le ministre... Je ne donnerai pas de nom. Est-ce qu'il y a un autre ministre
qui a un montant différent du mien? C'est possible.
M. Ouellet : Donc, est-ce que vous voulez continuer de
répondre à ma question sur les... sur votre temps, sur...
M. Girard (Groulx) : Sur le
crédit d'impôt au maintien à domicile?
M. Ouellet : Oui, oui.
M. Girard (Groulx) : Oui, on
peut continuer sur notre temps, d'accord. C'est une question importante. Alors,
je vais vous amener à la section sur les aînés, là, à la page B.17. «La bonification
de l'offre et la qualité des services pour les aînés jouera un rôle important.
Ainsi, le gouvernement veut : intensifier l'offre de services publics en
soutien à domicile», puis ça, ça coûte de l'argent, là, 150 millions par année,
«assurer la pérennité de l'offre de services dans les résidences privées pour
aînés...» On a plus, depuis 2016, on a plus de 400 RPA qui ont fermé au
Québec, et la pandémie a accéléré ça. Il y a des problématiques au niveau de la
main-d'oeuvre, au niveau de l'assurabilité, au niveau des primes d'assurance
et... alors il fallait vraiment intervenir dans ce marché-là. En fait, ce qu'on
entendait, c'est qu'il y avait une crise, il y avait des résidences qui ne
pouvaient pas s'assurer. Lorsque vous ne pouvez pas vous assurer, vous n'êtes
pas conforme, et donc ça accélérait la problématique des fermetures qui existe
depuis 2016. Et finalement «bonifier le crédit d'impôt remboursable; renforcer
les soins en services et hébergement; améliorer la qualité de vie des proches
aidants».
Alors, si on avait fait seulement le crédit
d'impôt au maintien à domicile, on aurait pu le faire d'un coup, mais on avait
d'autres problématiques urgentes à attaquer.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Je cède maintenant la parole au député de Beauharnois. Il vous
reste, M., 17 minutes.
M. Reid :
17 minutes. On va les faire, M. le ministre. Il faut que j'enlève mon
masque. Excusez-moi. On parle beaucoup de... d'ailleurs, c'est un sujet qui
passionne mon collègue de Robert-Baldwin, on parle de dettes, de dette du
Québec et de dette des... Je le vois sourire. Et, à la page I.12 de vos
documents, il est question d'évolution de la dette brute au Québec. Et c'est un
concept qui est vague pour plusieurs citoyens : il y a la dette nette, la
dette brute, ainsi de suite. Est-ce que vous
êtes capable... vous êtes capable, oui, de nous expliquer comment ça
fonctionne, qu'est-ce que... qu'est-ce que
ça signifie, comment le Québec se positionne par rapport à d'autres provinces,
d'autres pays?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Très bien.
Vous référez à la page?
M. Reid : I.12.
M. Girard (Groulx) : I.12.
M. Reid : Oui.
M. Girard (Groulx) : Une
excellente page que nous avons ajoutée cette année. Elle vise à expliquer les déterminants de l'évolution de la dette brute,
et ça, M. le Président, c'est un sujet qui passionne les économistes. Parce que vous avez ce qu'on appelle un stock de dette, et,
pour le Québec, ce stock de dette correspond... Alors, si vous allez à
la page I.5, alors, la dette brute
correspond à 219 milliards de dollars au 31 mars 2021, la dette
nette, 200 milliards de dollars, 199 milliards, et la dette
représentant les déficits cumulés, 119 milliards. Alors, on a donc trois
définitions de dette.
Mais ce qui est important
de comprendre, c'est que, si... Quelle est l'évolution dynamique de la dette?
Alors, ce qu'on mesure, les économistes,
c'est la dette en fonction du PIB. Et la dette passée... et là j'exclus le
déficit courant, mais votre niveau de dette, par exemple, le
200 milliards de dette nette du Québec, va augmenter en fonction du taux
d'intérêt sur la dette, et le taux d'intérêt moyen de la dette du Québec, c'est
3,35 %. Et, puisqu'on regarde la dette par rapport au PIB, bien, la dette,
elle, augmente en fonction du taux d'intérêt nominal, le PIB, lui, augmente en
fonction de la croissance nominale du PIB. Et, si vous prenez un PIB nominal de
1,5 % puis que vous ajoutez 1,75 % d'inflation, bien, vous êtes à
3,25 %. Et donc vous avez... le Québec a une dette stable dans le temps,
puisque le taux d'intérêt moyen sur la dette correspond à peu près à la croissance
du PIB nominal. Alors, il n'y a pas de ce qu'on appelle... de «free lunch».
C'est-à-dire que la croissance de l'économie ne fera pas diminuer le poids de
la dette en fonction du PIB parce que la croissance du PIB nominal est à peu
près le taux moyen de la dette du Québec.
Donc, pour
réussir à réduire le poids de la dette, il faut faire des surplus primaires.
Ça, c'est l'excédent des revenus par rapport aux dépenses, excluant les
taux d'intérêt, parce que, les taux d'intérêt, je les ai mis dans l'évolution
du stock que je compare à l'évolution du PIB nominal. Mais à ce solde primaire,
c'est-à-dire que vos revenus doivent excéder vos dépenses, excluant vos
dépenses d'intérêt, vous devez ajouter vos dépenses d'investissement parce que
les dépenses d'investissement augmentent la dette.
Lorsque le Québec est à l'équilibre, revenus
moins dépenses, la dette augmente parce qu'il y a des dépenses d'investissement. Alors, vous devez donc, pour faire diminuer le poids de la dette,
avoir un solde primaire qui est supérieur à vos dépenses d'investissement.
Et nous, au Québec, on a le Fonds des générations, qui permet... les
contributions au Fonds des générations permettent de diminuer l'impact des investissements,
qui sont, par ailleurs, sur une base annuelle, plus importants que les... plus
importants que la contribution aux Fonds des générations.
Alors, vous avez l'évolution du stock, qui est
fonction des taux d'intérêt nominaux puis de la croissance du PIB nominal, et
ensuite vous avez le solde budgétaire primaire, qui va influencer le déficit
courant et les dépenses d'investissement. Et, si vous réussissez à avoir un
solde primaire qui est supérieur à vos dépenses d'investissement, bien, vous
allez pouvoir faire diminuer le ratio de dette/PIB. Et c'est exactement ce que Québec
veut faire.
Mais ce qu'on voit avec le déficit structurel, parce
que qui dit déficit structurel dit solde primaire moins important parce que, le
solde primaire, on enlève les taux d'intérêt, bien, vous voyez que, si on ne
faisait rien, si on gardait — et ça, c'est à la page I.13, en fait — si on
ne résorbait pas le déficit structurel, eh bien, la dette du Québec serait
stable, mais stable à un niveau élevé.
Et ce niveau élevé est illustré à la
page I.15, où on a une comparaison interprovinciale avant la pandémie, et
qui montre que le Québec était la deuxième province la plus endettée. Mais
depuis, étant donné que le déficit de l'Ontario en 2020‑2021 sera nettement
plus élevé que celui du Québec, nous sommes maintenant en troisième place, ce
qui est... Là, lorsqu'on parle d'endettement, être en troisième place, c'est
mieux qu'être en deuxième place, M. le Président. Alors, c'est une évolution
positive et... Bon. J'espère que j'ai réussi.
La page I.12 peut être un peu aride au
lecteur qui est non initié, mais c'est... elle serait en soi un excellent
devoir pour un étudiant de troisième année de macroéconomie à l'université. Par
exemple, là, expliquez-moi la page I.12, ou, concrètement, qu'est-ce que
ça veut dire pour le Québec, la page I.12? Je vous encourage à lire la
page I.12, M. le Président.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Simard) : Nous
n'y manquerons pas, cher collègue.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Beauharnois, vous avez encore 10 minutes.
M. Reid :
Passionnant! On va continuer dans cette veine-là. Vous avez comparé le Québec, bien
entendu, à d'autres provinces au Canada, mais par rapport à... Vous
dites : C'est mieux être en troisième position qu'en deuxième. Idéalement,
il faudrait peut-être viser peut-être la 10e position, ça serait encore
mieux dans ce cas-là.
Mais, par rapport à d'autres pays, comment on se
situe au Québec au niveau de la dette? On a un comparable interprovincial,
mais, au niveau international, est-ce qu'on se positionne bien? Puis, avec les
outils que vous mettez en place, est-ce qu'on va faire encore mieux?
M. Girard (Groulx) : O.K. C'est
important de dire qu'il n'y a qu'un payeur de taxes avec deux rapports d'impôt
au Québec, là.
Mais nous estimons... en fait, c'est le
Conference Board, que, lorsqu'on somme la dette du fédéral et des provinces et territoires au Canada,
on atteint 95 % — la dette nette, là — on atteint 95 % du PIB suite à la
crise. Je vous dirais qu'historiquement les économistes ont dit qu'un
niveau de 120 % serait inquiétant. Bon, il y a quand même... Dans le
contexte actuel, étant donné la pandémie, il y a une tolérance à ce que les
États aient plus de dettes, mais il ne faut pas faire exprès non plus.
Mais c'est
certain que les provinces étaient déjà endettées. Le Canada avait une position
enviable. Le Canada a pris... a fait
des efforts importants dans la pandémie. Sa dette augmente significativement,
ce qui fait que, collectivement, les contribuables canadiens et les
contribuables québécois, le niveau d'endettement total, provinces et
territoires, est assez élevé. Et c'est pour ça qu'il faut s'en occuper de
manière raisonnable, progressive, et c'est pour ça que nous avons choisi le
rythme de revenir à l'équilibre budgétaire en sept ans, qui va permettre,
lorsque vous regarder la page I.13, plutôt que d'avoir une dette nette
stable par rapport au PIB, de descendre progressivement. Puis cette... Si on réussit à livrer le graphique I.2 de la
page I.13, ce sera excellent. Les finances publiques du Québec seront en
excellente position.
M. Reid :
Merci... J'ai enlevé mon masque. Oui. En lien toujours... avec ça, on parle de
PIB depuis tantôt, mais les prévisions, les prévisions du PIB sur les
prochaines années en lien avec le budget, elles sont... vous avez établi des
prévisions, ça ressemble à quoi? Puis selon... il y a un budget qui s'en vient
au niveau du gouvernement fédéral bientôt, comment tout ça peut jouer un par
rapport à l'autre?
M. Girard (Groulx) : Bon,
alors, nous, lorsqu'on fait des prévisions budgétaires, on inclut seulement ce
qui a été légiféré, approuvé, et donc si le budget fédéral était très
«stimulatif» pour l'économie, ce n'est pas intégré... ce n'est pas intégré dans
notre prévision budgétaire. Alors, nous prévoyons 4,2 % de croissance au
Québec en 2021, et les économistes du secteur privé avaient une prévision
moyenne de 5,1 %. Il est possible qu'eux avaient intégré une partie d'un
stimuli budgétaire fédéral. Nous, on va attendre de voir pour l'intégrer dans
nos prévisions. Mais également, depuis ce temps-là, on a vu que la troisième
vague est plus forte que nous avions prévu, alors il faudra voir, là, avec
l'évolution de la pandémie, le budget fédéral et le dynamisme de l'économie.
M. Reid : D'accord.
Merci. Il reste quoi? Trois minutes, quatre minutes.
Le Président (M. Simard) : Six
minutes, un peu moins, un peu moins.
M. Reid : Six minutes,
parfait, super.
Écoutez, on parle... oui, on est en pleine
pandémie, triste, triste situation, mais on se prépare également pour une
relance économique qui, on l'espère, va être lancée très, très bientôt, et
c'est notre souhait à tous même qu'on puisse passer à d'autres choses que
parler du COVID-19.
En lien avec la relance économique, je pense
qu'il y a des belles choses qui s'en viennent, mais on parle également des zones d'innovation qui ont été...
certaines ont été annoncées, sont en préparation. Comment
entrevoyez-vous, à titre de ministre des
Finances, les projets d'innovation? De manière plus large, comment un support
gouvernemental, un support de notre gouvernement pour ces entreprises-là qui
veulent innover, comment on peut les aider davantage pour exploiter encore plus
les secteurs stratégiques de la nouvelle économie?
M. Girard (Groulx) :
Pouvez-vous me préciser?
M. Reid : Au niveau...
oui, au niveau de la relance économique, on parle notamment des zones
d'innovation que l'on a créées. Comment notre gouvernement peut les aider...
bien, en fait qu'on peut les supporter, les supporter davantage pour qu'on
puisse innover?
M. Girard
(Groulx) : O.K.
M. Reid : Pour assurer
relance même pérenne et très long terme.
M. Girard (Groulx) : Vous
savez, les zones d'innovation, ce qui est facile à faire, c'est de trouver
l'endroit géographique, trouver une institution d'enseignement supérieur qui
s'y intéresse, trouver des MRC qui aimeraient bien en accueillir. L'élément
déclencheur pour une... le... la réalisation d'une zone d'innovation, c'est
l'entreprise privée. C'est l'ingrédient qui fait que le projet va être priorisé
et c'est l'approche que nous prenons, au MEI, actuellement, c'est... là où il y
a un partenaire privé d'identifié, dynamique, qui va faire une différence, il y
aura une zone d'innovation.
M. Reid : Merci
pour moi, M. le Président. Mon collègue va prendre mon temps... merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Je cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin. Vous disposez,
cher M., de 20 min 20 s.
M. Leitão : Très bien. Merci,
M. le Président. Vous me prenez un peu à court, excusez-moi. Je vais
enlever mon masque. J'ai mis une patente ici, en arrière, pour faire moins mal
aux oreilles. Voilà, on a réussi. Alors... ajuster le micro. Merci.
Je veux... j'aimerais continuer un peu dans la
même lignée que le député de Beauharnois, pas pour la dette, même si je trouve
qu'en effet, la page I.12, c'est une très belle avancée. Donc, je pense
que oui, on devrait non seulement avoir ça comme devoir pour les étudiants
d'économie, mais peut-être même à l'Assemblée nationale, les députés... mettre
la lecture obligée pour tous les députés, mais ça, c'est une autre histoire.
Moi, où je voulais continuer avec... là où le
député de Beauharnois avait commencé aujourd'hui, c'est quand on parle de lutte
aux changements climatiques, de gaz à effet de serre, de transport et... parce
qu'en effet, je pense que le... c'est le... après la pandémie, c'est vraiment l'enjeu
de notre temps, l'enjeu de notre génération.
Avant de plonger là-dedans, juste, rapidement,
M. le ministre, avec le collègue de Beauharnois, vous parliez de certains
projets d'infrastructure, le REM, etc. Mais dites-moi, que se passe-t-il avec
la ligne bleue à Montréal? Est-ce qu'elle verra, un jour, le jour ou pas? Ça semble... je sais que
ce n'est pas directement dans le portefeuille Finances, la ligne bleue,
mais d'une certaine façon, oui, parce qu'il faut que l'argent soit provisionné.
M. Girard (Groulx) : Je tiens
à... peut-être, je pourrais... C'est une question très pertinente. Je pourrais
vous dire que les sommes qui ont été... qui étaient provisionnées dans le PQI
pour la ligne bleue sont toujours là. Alors, ça, je pense que c'est facile de
parler, mais ça prend des moyens financiers pour réaliser. Alors, je vous
rassure, le projet de la ligne bleue est toujours au PQI.
Grosso modo, je vous dirais, ce qui se passe,
c'est que les coûts explosent... explosent, c'est peut-être un mot fort, là,
les coûts augmentent de façon importante, ce qui a amené à la nécessité de bien
s'assurer d'où le projet... comment le projet devait se matérialiser. Et
puisque le REM de l'Est aura une antenne vers le nord qui s'en va vers le cégep
Marie-Victorin, là, qui va suivre le long de Lacordaire, c'est pertinent pour
l'est. Alors, il y a la nécessité, dans la planification, d'intégrer cette
nouvelle donnée qu'il y aura une antenne nord dans le REM de l'Est. Alors, je
vous dirais qu'il y a un comité qui se penche, et il faudra attendre les
conclusions du comité.
• (12 h 40) •
M. Leitão : ...m'assurer qu'en effet... que les sommes sont toujours
réservées, que le projet ira de l'avant. Mais c'est un peu préoccupant
de voir le retard, parce que c'est... voilà. Depuis longtemps qu'on parle de la
ligne bleue.
Mais parlons donc d'environnement. Dans ce budget,
on sera d'accord pour dire que, écoutez, il n'y a pas vraiment grand-chose, il
y a... à la section D, à la page D.81, bon, il y a un gros 136 millions
de dollars sur cinq ans, des mesures que... Je ne pense pas que ce soient de
mauvaises mesures, mais disons que ce n'était pas... le thème de ce budget, ce
n'était pas vraiment les changements climatiques.
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est-à-dire
que le budget que vous avez moins apprécié — parce que je présume que vous
appréciez celui-ci — le
précédent, il y avait le Plan pour une économie verte, avec 6,7 milliards
sur cinq ans. Et la pandémie est arrivée, et ce qui fait que le plan de mise en
oeuvre cinq ans de ce plan a été dévoilé beaucoup plus tard dans l'année par le
ministre. Parce qu'originellement il devait être dévoilé tout de suite après le
budget. On est tombé en pandémie. Et à quel moment le ministre de l'Environnement a divulgué le plan de mise en oeuvre?
M. Leitão : Vers la fin de
l'année, rendu en novembre, je pense.
M. Girard (Groulx) : Bon,
disons novembre, pour fins de débat. Alors, on vient de divulguer le plan cinq
ans pour une économie verte, et donc les sommes qui sont dans le budget, ici,
sont beaucoup axées sur la qualité de l'eau puis donner les ressources
supplémentaires au BAPE pour faire son travail. Mais le plan cinq ans de mise
en oeuvre du Plan pour une économie verte, lui, vient d'être divulgué.
M. Leitão : Très bien. Oui, tout
à fait, il y a les 6 virgule quelques milliards de dollars, mais de
ces 6 virgule quelques, 6,7 milliards, je pense, plus un 300 millions
de la mise à jour...
M. Girard (Groulx) : Voilà.
M. Leitão : ...bon, il y a
au-delà de 4 milliards qui proviennent du Fonds vert, donc c'était déjà
réservé, si on peut ainsi dire.
M. Girard (Groulx) : Vous avez
raison, c'est indéniable. Et alors on a ajouté près de 50 % de sommes
supplémentaires en crédits budgétaires.
M. Leitão : Et ces crédits
budgétaires là s'en vont essentiellement au ministère de l'Environnement,
différents programmes.
M. Girard (Groulx) : Bien, ils
s'en vont, ils s'en vont... bien, par exemple, il y en a qui, quand c'est
«tech», là, ça va...
M. Leitão : Oui, au ministère
de l'Énergie et Ressources naturelles.
M. Girard (Groulx) : ...au
MERN, le transport collectif, ça va aux transports. Mais il y en a une grande
partie au ministère de l'Environnement, mais le ministère de l'Environnement
est le quart-arrière, là, les réductions de gaz à effet de serre ne sont pas au
ministère de l'Environnement comme tel.
M. Leitão : O.K. Et c'est là
vraiment où j'aimerais qu'on passe un peu de temps, oui, le temps qu'il nous
reste. Parce que... Et j'aimerais rester sur le «big picture»...
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Leitão : ....pas
nécessairement sur les mesures concrètes, spécifiques, ça, on pourrait rester
toute la journée, mais de façon générale. J'aimerais voir... j'aimerais savoir
quelle est votre opinion, quel est... comment vous voyez cette question-là, parce que je dois vous
dire que dans le budget, à la page D.52, il y a... D.82, excusez-moi, il
y a une petite phrase qui m'a un peu, qui m'a un peu surpris. C'est-à-dire que,
bon, on est tous d'accord : réduction de gaz à effet de serre de
37,5 %, aussi, de façon générale, je pense qu'il y a un vaste consensus
qu'on veut tous atteindre la carboneutralité en 2050, donc, il y a tout ça, et
puis les différentes mesures, etc., mais vous mentionnez dans le budget, dans
l'encadré : Pour une économie verte 2030, vous mentionnez, à peu près
dans le premier tiers de la page, que «Le gouvernement réévaluera chaque année
le plan de mise en oeuvre pour tenir compte notamment de la progression de
l'économie et des disponibilités financières...».
Ça, je trouve
ça un peu troublant, parce que moi, j'aurais fait ça à l'envers, c'est-à-dire
la lutte aux changements climatiques doit être primordiale, et donc
c'est ça, l'objectif, c'est ça où on doit s'en aller. Après ça, oui, on va
trouver les moyens d'y arriver.
Mais ce que
vous semblez dire, dans le budget, c'est que, non, non, écoute, à chaque année,
on va voir combien d'argent on a et
puis, dépendamment de l'argent qu'on a, on mettra en oeuvre certaines
politiques. Moi, je vous suggère que ça devrait être vraiment l'envers,
c'est vraiment... parce qu'atteindre la carboneutralité ou réduire les gaz à
effet de serre de 37,5 % de 1990 ça n'arrivera pas tout seul. On a besoin de
mesures, et pas seulement des mesures, mais on a besoin, à mon avis,
d'un changement de paradigme économique, et c'est sur ça que j'aimerais qu'on
puisse parler un peu, si on a le temps.
Comment vous voyez ça? Comment vous voyez le
rôle que le ministère des Finances pourrait jouer dans ce «rewiring» de notre
économie pour qu'on puisse vraiment arriver là où on veut arriver?
M. Girard (Groulx) : O.K. Bien,
d'abord, je tiens à vous rassurer, là, le tiret de la progression de l'économie
et des disponibilités financières ne vise pas à laisser sous-entendre, là,
qu'on pourrait réduire les sommes parce que
le cadre financier a un déficit structurel, là. Alors, je vous rassure, ce qui
a été prévu dans le cadre financier, ce sera là.
Mais je pense que le point important de ce qui
est dit, c'est qu'un des problèmes que nous avons eus avec le plan 2013‑2020,
et vous n'étiez pas ministre de l'Environnement, je ne vous en tiens pas
rigueur, mais c'est qu'on a donné une cible,
et puis on est arrivés en 2020, puis on n'a pas atteint la cible. Et la...
c'est probablement quelque chose qu'on aurait pu conclure bien avant. Et
donc, lorsqu'on dit qu'on présente un plan cinq ans, alors, le plan 2030, c'est deux plans cinq ans... mais ce qu'on dit,
c'est qu'on n'attendra pas la fin de la période de cinq ans pour
réévaluer la progression. Et donc, à chaque année, il y aura une mise à jour du
premier plan cinq ans. Alors, ça, c'est un... c'est la petite phrase qui est en haut, là : Le gouvernement réévaluera
chaque année le plan de mise en oeuvre pour tenir compte... Ça, c'est
important pour ne pas arriver au bout de cinq, de dire : Hum. On a
complètement manqué notre cible.
L'autre point, c'est dans la mesure où le
gouvernement fédéral accélère sa contribution. Alors, nous, on a dit que ce que
nous allions faire allait donner approximativement 40 % de la cible. Donc,
on est bien conscients que ça va prendre des ressources supplémentaires. Mais,
bonne nouvelle, il est possible qu'une partie de ces ressources supplémentaires
vienne de l'effort du gouvernement fédéral. Alors, ça, c'est positif.
Mais c'est... pour vous donner le «big picture»,
c'est l'expression que vous avez utilisée, c'est indéniable qu'on aura besoin de fonds supplémentaires pour
atteindre la cible de... 100 % de la cible et c'est indéniable qu'il y
aura des choix importants à faire, et c'est pour ça que ça va être important de
réévaluer le plan à chaque année.
M. Leitão : Très bien, mais
l'ampleur de la tâche est telle, pour vraiment «décarboniser» notre économie,
pour vraiment être capable de se passer des hydrocarbures, je pense qu'il n'y a
aucun gouvernement sur la planète qui a les
moyens financiers nécessaires, même si c'est... tout ce qu'on faisait... ça ne
marchera pas. On va avoir besoin, et vous l'avez dit tantôt dans un
autre contexte, donc vous l'avez dit tantôt, qu'il faut se fier beaucoup au
secteur privé. Maintenant, le secteur privé, et moi, j'y crois fermement,
répond aux incitatifs, c'est-à-dire, les gens sont rationnels, les gens vont se
diriger vers une telle technologie, un tel marché parce que les conditions sont
telles qu'on va générer des profits, et c'est là le rôle, à mon avis, de la
politique publique, c'est de rendre ces incitatifs, donc les éléments de
marché, tels que le secteur privé va embarquer.
Ça veut dire beaucoup de choses, et c'est là où
j'aimerais avoir un peu votre avis. Ça veut dire par exemple l'écofiscalité.
Quel est votre avis sur ça?
• (12 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Bien, mon
premier point... Avant de parler de l'écofiscalité, je pense qu'on doit parler
de la bourse du carbone, qui amène les grands émetteurs à réduire leurs
émissions et influence le coût de l'essence via les distributeurs de carburant
qui doivent... qui paient une part importante des contributions à... de la taxe
sur le carbone. Et donc la bourse du carbone, c'est le premier instrument que
nous nous sommes donné. Et l'orientation que j'aimerais vous dire pour la
bourse du carbone... Je pense que la victoire du gouvernement fédéral en Cour suprême
ouvre la porte à ce que d'autres provinces joignent notre bourse du carbone, et
la province qui serait la plus proche, parce qu'ils ont la même bourse
uniquement sur leur marché domestique, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas en relation avec un partenaire externe, c'est la
Nouvelle-Écosse. Alors, ils ont exactement les mêmes protocoles que la
bourse du carbone Québec-Californie, mais seulement pour leur marché intérieur.
Alors, on encourage la Nouvelle-Écosse à joindre.
Et on encourage les provinces qui contestaient la taxe du gouvernement fédéral à joindre la bourse du carbone.
Parce qu'une bourse, pour que ça... puis je
termine là-dessus, pour que l'allocation des ressources soit optimale,
ça prend plus de joueurs dans la bourse. Le
retrait de l'Ontario à la bourse Québec-Californie a fait mal, c'est
indéniable. Et il est peu probable que
l'Ontario renverse sa décision, mais l'Alberta ou la Saskatchewan pourraient
joindre la bourse du carbone. Et les coûts de réduction des gaz à effet
de serre seraient nettement moins dispendieux sur ces territoires.
M. Leitão :
Moi, je pense qu'il y a une bonne opportunité étant donné justement la décision
de la Cour suprême, c'est une bonne
opportunité d'aller chercher d'autres provinces canadiennes et même d'autres
États américains, les convaincre. Et vous avez raison, nous avions
beaucoup travaillé pour convaincre l'Ontario de se joindre, et c'était
malheureux, la décision que le gouvernement actuel a prise. Mais bon, ça, c'est
la vie.
Mais un peu au-delà de ça, je pense que, même
avec la bourse du carbone actuelle, là, le SPEDE, le programme que nous avons
présentement, je pense qu'il faut aller un peu plus loin. Je pense qu'on peut
resserrer un peu la vis, parce que, donc,
les signaux de marchés qui proviennent de ce système, avec le passage du temps,
il me semble que ces signaux-là sont
moins efficaces. Donc, il faut au moins... à mon avis, il faut les bâtir un peu
plus pour justement... pour forcer un peu un changement de comportement
de la part des entreprises privées.
M. Girard
(Groulx) : Il est indéniable que, si on modifie les prix relatifs, on
va influencer les comportements. Ça fonctionne avec l'alcool, la
cigarette, l'essence, les pneus. Alors, il y a beaucoup de commentateurs qui
nous suggèrent diverses taxes pour influencer les prix relatifs, les
comportements. J'ai mentionné qu'on écoutait tous les points de vue, on les
considère.
J'ai
travaillé aussi, dans le cadre des consultations pour la relance, avec
M. Ragan, Chris Ragan de l'Université McGill, qui est un des spécialistes en écofiscalité au Canada.
Conclusion quand même assez surprenante de ses travaux, là, lui, il disait d'abolir les subventions aux voitures électriques. Alors, ce n'est pas
ce qu'on cherchait nécessairement comme
conclusion, mais lorsqu'on donne des contrats de recherche on ne dirige les
conclusions, on les prend pour ce quelles sont, mais on entend ce que
les gens disent. Je pense que dans le contexte d'une pandémie qui a été
difficile pour tout le monde, ce n'est
vraiment pas le temps d'amener des nouvelles taxes, mais j'entends ce discours.
Il y a aussi M. Delorme à
l'Université de Sherbrooke qui est très présent dans ce discours-là, alors je
continue de lire ce qui se dit.
M. Leitão : Et vraiment je vous
invite à continuer et à prendre des positions peut-être un peu plus, je ne
dirais pas plus claires, mais des positions un peu plus osées. Parce que le
risque que je vois, avec le ministère de l'Environnement, avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles, c'est que cet effort-là devienne un peu
trop bureaucratique et qu'on s'aligne sur des programmes spécifiques sans
vraiment réfléchir aux changements profonds qui sont nécessaires, parce que la
«décarbonisation» ne viendra pas toute seule, et il faut... et ça implique nécessairement
un changement de notre... de la façon dont notre économie est arrangée, est
orientée, et, ça, ça se fait si on répond aux incitatifs. Dans cet ordre d'idée
là...
M. Girard (Groulx) : Est-ce que
vous avez des incitatifs à nous suggérer ou?
M. Leitão : On pourra
poursuivre la conversation...
M. Girard (Groulx) : D'accord,
d'accord
M. Leitão : ...mais oui j'en
aurais plusieurs, mais ça viendrait... comme vous l'avez déjà dit, M. le
ministre, chaque chose en son temps. Ça viendra, ça viendra. Mais dans cet
ordre d'idée, j'aimerais aussi parler un peu, parce que c'était quand même quelque chose qui avait marqué un peu l'espace
public, et je pense que c'était une excellente idée d'un ministre précédent, les obligations vertes.
Parce que, blague à part, ça peut vraiment jouer un rôle important, ça
joue déjà un rôle important. Je pense que le
Québec a innové, un peu, dans ce marché-là, mais je pense qu'on peut aller
plus loin. Une des choses qui était discutée... après ça je ne sais pas où la
réflexion s'est poursuivie ou pas, mais c'était d'offrir la possibilité aux
investisseurs québécois, aux particuliers, aux personnes, aux citoyens,
d'acheter des portions d'obligations vertes. Donc, de rendre ça disponible au
marché du détail québécois. Est-ce que cette idée avance ou...
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, on fait nos émissions régulières d'obligations vertes dans le cadre du programme de financement à chaque année, puis les
investisseurs apprécient la prévisibilité qu'on fasse une émission ou
deux par année, etc.
Là où vous avez raison, c'est que notre
programme de financement, avec la pandémie, vient de doubler. Alors, même si on
gardait la même proportion, on pourrait doubler nos émissions...
Le défi avec les obligations vertes, c'est
toujours de trouver les actifs, les projets qui sont dédiés à ces obligations-là.
Il y a... J'ai... Le marché a pris beaucoup de maturité. Je n'ai aucun doute
qu'on fait à peu près 500 millions par année d'obligations vertes puis
qu'on pourrait en émettre 2 milliards. Il faut, par contre, cibler ces...
associer à ces obligations des vrais projets de réduction de gaz à effet de
serre avec un lien direct. Il faut respecter les standards puisqu'on dit aux
investisseurs que selon les obligations vertes, il faut qu'il y ait un effet
réel, et c'est là, le défi. Le défi, ce n'est pas : est-ce qu'on veut en
émettre plus, est-ce qu'on peut en émettre plus? On veut et on peut. Le défi,
c'est les associer à des projets réels.
M. Leitão : Oui, tout à fait.
Et, M. le Président, on peut aller jusqu'à 13 heures, c'est ça?
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait, tout à fait.
M. Leitão : Très bien. Un gros
deux minutes. Ah, mon Dieu! Mais c'est là où, donc, on revient un peu au début
de notre conversation, quand je disais qu'il va falloir qu'on considère des
moyens de... le terme en français, ça ne me vient pas,
mais le «rewiring» de notre économie. Donc, je pense qu'il y a plein de projets
qui pourraient être éligibles à de telles considérations d'obligations vertes,
pas seulement les projets de transport. Il y a bien sûr le tramway de Québec,
les REM 2 et s'il y en a d'autres, etc. Mais même dans les projets
industriels, de reconversion industrielle, on pourrait peut-être trouver un
moyen de... que le financement public... Et votre collègue du ministère de
l'Économie a plein d'idées aussi. Je pense qu'il y aurait façon d'alimenter le
ministère de l'Économie à travers des obligations vertes.
M. Girard (Groulx) : Mais il
faut respecter les standards comptables ESG qui, en soi, est une science qui
évolue. Et les standards actuels sont stricts. Les investisseurs qui achètent
nos obligations vertes s'attendent à ce que le protocole soit respecté.
Le
Président (M. Simard) : Très bien. Merci à vous, M. le ministre.
Merci, cher collègue de Robert-Baldwin.
Sur ce, compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre nos travaux jusqu'à 14 heures. À plus tard.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 14 h 03)
Le Président (M. Simard) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Chers collègues, je constate que nous avons quorum.
Nous pouvons donc reprendre nos travaux. Et nous sommes dans le dernier droit,
cet après-midi, du débat consacré au dernier budget.
Au moment de suspendre nos travaux, notre collègue
de Robert-Baldwin venait de terminer son intervention. Je cède maintenant la
parole au député de Richelieu pour 20 minutes.
M. Émond : Merci beaucoup, M.
le Président. Content d'être à vos côtés aujourd'hui, M. le Président. Ça fait
du bien de vous revoir. Salutations à M. le ministre et aux équipes. M. le
député de La Pinière, salutations.
M. le Président, j'aimerais, si vous le
permettez, débuter, dans mon premier bloc, en parlant un peu de pénurie de main-d'oeuvre, de requalification. Et ce matin... Bien, depuis
le début des travaux, même en mode virtuel, je suis avec beaucoup
d'attention les échanges de votre commission, M. le Président, entre autres la
grande pédagogie concernant la
page I.12 à laquelle on a eu droit, qui était très
intéressante, je dois le dire. Mais tout ça pour dire, M. le Président, que, même en suivant de
façon attentive, j'ai manqué que quelques interventions, hier, de la collègue
de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
qui vous a entretenu, si je ne m'abuse, de formation professionnelle, surtout
de la formation concernant les préposés aux bénéficiaires, les PAB. Et je suis
convaincu, M. le Président, que le ministre ne me tiendra pas rigueur d'en
parler brièvement comme adjoint parlementaire au ministre de l'Éducation pour
le volet formation professionnelle, mais tout ça, je vous rassure tout de suite,
pour vous mener vers un autre point d'échange pour parler d'autres corps de
métier.
Je ne vous
apprends rien, M. le Président, en vous disant que les effets causés par la
pandémie de la COVID-19 sur le marché
du travail sont considérables.
Certains secteurs de l'économie sont confrontés à des besoins de main-d'oeuvre importants, tandis que, d'un
autre côté, il y en a qui se trouvent en situation de surplus de main-d'oeuvre.
Puis il y a un lien important quand même à faire entre le volet services en
soins de santé et pénurie de main-d'oeuvre. Bien, on l'a vu, hein, durant la
première vague, la pandémie de la COVID-19 a touché très durement nos
CHSLD. Le manque de préposés aux bénéficiaires dans les établissements a directement
affecté les soins qu'on était en mesure d'offrir à nos aînés à ce moment-là.
Nos travaux se dictent toujours avec beaucoup de
sympathie, là, à des échanges qui sont dans la bonhomie, M. le Président, donc
je ne vais pas mentionner, à ce moment-ci, que c'est un peu un héritage de
15 années passées, mais quand même vous dire qu'heureusement le gouvernement
a réagi avec une précision chirurgicale. Et il y a une mesure que je salue plus
particulièrement, M. le Président, je parle bien sûr de la mise en place du programme
de la formation accélérée pour faire en sorte de former 10 000 préposés
aux bénéficiaires supplémentaires en CHSLD et les mettre à contribution un peu
partout dans le réseau, un programme développé à peu près en trois semaines.
Puis mon intervention, c'est pour en profiter, M.
le Président, pour souligner
l'incroyable effort des équipes de l'éducation, mais aussi de la santé,
qui ont fait preuve de beaucoup de flexibilité. Comme disait mon père, ils se
sont revirés sur un 10 cents.
La première cohorte nous a permis, dès l'été
dernier, d'arriver avec quelque chose comme 6 400 nouveaux préposés
aux bénéficiaires qui ont ainsi joint le réseau de la santé pour offrir des
services et des soins de manière durable. Il y a
une deuxième cohorte de formation qui a démarré en septembre, pour laquelle il
était possible de s'inscrire jusqu'à la fin mars. Et, en date du
7 avril, M. le Président, c'est près de 1 300 nouveaux préposés
qui avaient déjà terminé leur formation et qui ont rejoint les rangs du réseau.
Donc, à ce jour, si vous me suivez, M. le Président, avec votre calculette, on
est rendus à un peu plus de 8 200 nouveaux préposés aux bénéficiaires
qui offrent des soins aux Québécois et Québécoises. Donc, du nombre de préposés
qui ont terminé, un autre chiffre qui est intéressant, et qui se sont engagés
dans le réseau depuis neuf mois, on souligne un taux de rétention
94,5 %, ce qui est très bien.
Et, M. le Président,
dans le budget 2021-2022, le gouvernement alloue des dizaines de millions
de dollars supplémentaires afin, entre autres, de former et recruter davantage
de main-d'oeuvre pour le réseau de la santé. Puis là je me dirige vers vous, M.
le ministre, parce que j'aimerais vous entendre. Je viens de vous parler... un exemple
en santé, mais je sais
qu'il y a d'autres secteurs qui sont visés de corps de
métier, entre autres les TI, hein, les technologies de
l'information. J'aimerais vous entendre peut-être sur les secteurs qui sont visés
et les montants qui sont alloués. Moi, je me réfère, là, dans nos discussions,
au document de Plan budgétaire. Je suis à la page D.38, entre autres.
Le Président
(M. Simard) : M. le ministre des Finances.
M. Girard
(Groulx) : Merci. Bon après-midi, tout le monde. En termes de
logistique, est-ce que nos collègues de... j'allais dire Baie-Comeau,
mais René-Lévesque et Rosemont participent cet après-midi?
Le Président
(M. Simard) : En fait, leur temps étant révolu.
M. Girard (Groulx) :
Leur temps est révolu?
Le Président
(M. Simard) : Oui. Leur temps est révolu.
M. Girard
(Groulx) : C'est vous qui le dites.
Des voix :
...
Le Président
(M. Simard) : ...
• (14 h 10) •
M. Girard
(Groulx) : Bien, je voulais savoir, parce que je n'ai pas souligné
leur absence, mais je voulais souligner le plaisir que nous avons à débattre
avec eux. Très bien.
La page D.38.
Merci. Alors, c'est certain que ce qu'on vit présentement, M. le député, c'est
particulier, c'est qu'on a... au même moment où on a un nombre de chômeurs
élevé en raison de la pandémie, qu'on a des gens qui sont découragés, qui ont
quitté le marché du travail, on en a pour approximativement 150 000, personnes,
on a une pénurie de main-d'oeuvre dans des secteurs, notamment les technologies
de l'information, les services de garde, les infirmières, les sciences de la
vie en général, la construction, qui fait que la requalification de la
main-d'oeuvre est un sujet extrêmement
d'actualité. Les syndicats en parlent, le patronat en parle, l'opposition en
parle, le gouvernement en parle, mais
ce qui est important, c'est qu'on fait face à la situation. Il faut d'abord
s'occuper des chômeurs cycliques : ceux qui ont perdu leur emploi, hébergement, restauration, information,
culture, services, les gyms, les bars, les restaurants, c'est
principalement là qu'est 100 % de la main-d'oeuvre qui est en chômage et
qui ne l'était pas en février 2020. Et, dans la mise à jour de novembre...
Parce qu'on parle... on fait peut-être parfois l'erreur de regarder les budgets
ou les documents budgétaires en isolation. Il faut bien dire qu'en novembre il
y avait 450 millions dans la mise à jour pour la requalification de la
main-d'oeuvre. Et là on rajoute un 150 millions ici. Et il est même
plausible que le gouvernement fédéral, dans
son budget de lundi, ait de l'argent supplémentaire pour la formation de la
main-d'oeuvre. Alors, tout ça vise à offrir une passerelle pour aider
les gens...
Mais je vous dirais
deux principes. Je veux vous simplifier ça, là, parce que c'est tellement
important, la formation de la main-d'oeuvre et la requalification de la
main-d'oeuvre. Ça, ça sert à quoi, ce 600 millions-là? Ça sert à payer des
places de formation. Alors, par exemple, on va dire un cégep, là :
Pouvez-vous prendre des étudiants en technologie de l'information
supplémentaires? On paie les places, et après, M. le Président, on paie les
étudiants pour s'asseoir dans les places. Ça, c'est important, là. Je ne peux
pas vous simplifier ça plus. Et c'est quoi, le plan de match? C'est d'acheter
des formations et de payer des gens pour les suivre. Et ça, ça permet une
passerelle des secteurs qui ont été plus touchés par la pandémie vers les
secteurs les plus dynamiques de l'économie, plus productifs, et souvent, dans
ces secteurs-là, est associé des revenus plus élevés.
Puis là je vais vous
redonner la parole, je pense qu'on doit garder le temps égal, mais j'aimerais,
dans une question supplémentaire, vous parler de ces jeunes de 15 à 34 ans
qui ne sont ni aux études ni aux emplois, qui, je pense, est un domaine que
vous connaissez.
M. Émond :
Merci beaucoup, M. le ministre. Vous avez raison, c'est important, puis je vais y arriver, là, dans quelques
instants, aux jeunes qui ne sont ni à l'emploi ni en formation. Il y a un
mot-clé que vous dit, M. le ministre, c'est
le mot «passerelle», qui est tellement important, là, parce
qu'il faut comprendre qu'en formation professionnelle, historiquement,
les inscriptions, il y a une corrélation évidente en formation technique avec
le taux de chômage. Quand le taux de chômage est très élevé dans une...
Lorsqu'on est en temps normal, là, lorsque le taux de chômage est très élevé,
les inscriptions en formation technique et professionnelle sont au rendez-vous,
tandis que, quand on est pratiquement en plein-emploi, bien, on peut comprendre
que les inscriptions en formation professionnelle, un secteur que je connais
bien, bien, les inscriptions sont parfois plus difficiles.
M. le ministre, vous
avez parlé du mot «passerelle», puis c'est là qu'il prend toute son importance.
Parce que la pandémie a chamboulé beaucoup
de choses, mais c'est vrai qu'elle a fait en sorte que des gens qui oeuvraient
depuis très longtemps dans un secteur
d'activité clé qui leur était propre, bien, la pandémie a faire en sorte qu'ils
se retrouvaient sans emploi pour
toutes les raisons que l'on peut connaître. Mais il y a des raisons aussi, je
ne veux pas dire philosophiques, mais
très personnelles parfois de remise en question. La pandémie a fait en
sorte qu'on a dû s'isoler avec nous-mêmes et, souhaitons-le, avec nos proches.
Très souvent, ça nous a amenés à réfléchir, à réfléchir sur ce qu'on voulait
pour l'après-pandémie comme société, mais
également comme individu personnel puis comme citoyen qui désire
s'investir dans la société québécoise.
Tantôt, je vous parlais du
programme PAB, préposé aux bénéficiaires, puis on a vu, dans les médias, de
nombreux témoignages de gens qui arrivaient de toutes sortes de métiers, qui se
sont découvert une vocation, là. Moi, j'ai des cas, dans mon comté, dans
Richelieu, très probants là-dessus, puis des gens qui adorent ce qu'ils font
maintenant, qui contribuent, non seulement qui contribuent, mais qui sont en
mesure, maintenant, d'avoir un emploi rémunérateur et stimulant.
Maintenant, j'en arrive à votre point, M. le
ministre. Puis merci de m'amener vers là pour l'intégration professionnelle des
jeunes parce que, quand j'ouvre le budget 2021-2022, là, je suis dans le
coin du chapitre C.3, à la page C.29,
je vois, entre autres, pas moins
d'une dizaine de pages de mesures structurantes pour faciliter
l'information professionnelle et sociale des jeunes, un volet plus qu'essentiel
dans notre lutte à la pénurie de main-d'oeuvre parce que... Puis je lisais un article du Devoir de l'ancien chef du
Parti québécois, M. Lisée, là, du 10 avril dernier, qui
faisait l'éloge de la pénurie de main-d'oeuvre. Sans entrer dans les détails, il
y a quand même des points intéressants qu'il disait. Oui, l'immigration est un
bon moyen de combler la pénurie de main-d'oeuvre, mais par contre la
réinsertion, l'intégration professionnelle des jeunes... puis là je vois un collègue
des banquettes libérales qui est tout surpris que je cite un ancien chef
péquiste, bien oui, là... en fait, je cite plutôt un article du Devoir,
hein, et qui fait en sorte que, oui,
l'insertion professionnelle des jeunes est également
un excellent moyen de combler notre pénurie
de main-d'oeuvre, nos besoins de main-d'oeuvre.
Puis il y a un récent portrait de la
Chaire-réseau de recherche sur la recherche... la jeunesse, pardon, du Québec,
qui indiquait qu'il y avait plus de 200 000 jeunes de 17-34 ans
au Québec qui n'étaient ni en emploi, ni aux études,
ni en formation. 200 000, M. le
Président. Alors, ces
200 000 jeunes sans emploi qui ne sont pas en formation, moi,
je trouve que c'est, d'abord et avant tout, M. le Président, un drame personnel
pour chacun d'entre eux, bien entendu, mais c'est aussi un drame de société, M.
le Président. Il est important qu'on fasse en sorte de tout faire pour leur permettre de raccrocher, de minimalement
obtenir un diplôme qualifiant. Donc, M.
le Président, on pourrait y
voir un problème, on peut également y voir une solution, une opportunité. C'est
un chiffre qui nous incite à travailler encore plus fort pour permettre à ces
jeunes de se réaliser au sein de la société québécoise.
Alors, on trouve donc un investissement, puis je
vais laisser M. le ministre, peut-être, nous en parler davantage, là, mais
au-delà de 90 millions de dollars pour favoriser l'intégration professionnelle,
sociale des jeunes, pour financer, entre autres, des plans d'action jeunesse
pour les accompagner tout au long de leur parcours. Un autre 10 millions pour
ce plan-là. On arrive donc à plus de 100 millions de dollars.
Puis on va également bonifier... puis j'aimerais
vous entendre là-dessus, M. le ministre, parce que c'est un réseau qui me tient
à coeur, on bonifie les fonds qui sont accordés aux carrefours jeunesse-emploi,
des organismes qui sont très bien ancrés dans leur milieu et qui accompagnent
les jeunes dans leurs démarches d'insertion sociale et économique. Ces CJE
fournissent des services notamment via le Fonds de développement du marché du
travail. C'est des milliers de jeunes qui
vont pouvoir en profiter pour s'intégrer au marché de l'emploi en fonction des
besoins qui vont être identifiés.
Je fais un
peu de chauvinisme, M. le Président, en vous parlant du Carrefour jeunesse-emploi Pierre-De Saurel, qui est dirigé de
main de maître par M. Fortin, Mario Fortin, dans mon comté, qui est... qui
vraiment, là... M. Fortin, il représente,
pour moi, la personne dans notre région qui maîtrise le mieux le
principe de l'économie sociale, puisque... non seulement en
dirigeant le carrefour jeunesse-emploi, mais également un autre organisme, le
Recyclo-Centre, un autre projet, l'atelier
qui fait, entre autres, le recyclage des masques de procédure que nous
portons tous au visage aujourd'hui, pas pour les envoyer se faire
incinérer aux États-Unis, M. le Président, mais bien dans un démantèlement
écologique, environnemental, avec des programmes de réinsertion à l'emploi.
Alors, tout ça pour vous dire que ces gens-là
occupent une place importante, prépondérante pour l'insertion sociale et professionnelle
de nos jeunes. Je referme la parenthèse, M. le Président.
Alors, à la lumière de ces détails, je me dirige
vers vous, M. le ministre, parce que j'aimerais vous entendre sur les
réflexions, les demandes qui ont mené à favoriser les outils d'intégration
professionnelle des jeunes, puis aussi ce qui nous amène, comme gouvernement, à
renouveler notre confiance envers le rôle des CJE, des carrefours
jeunesse-emploi, entre autres.
M. Girard (Groulx) : J'ai
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste quatre minutes, cher collègue.
• (14 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Très bien.
Merci. Je vais essayer de quantifier ce dont on parle lorsqu'on parle des 200 000 jeunes ni en emploi, ni aux
études, ni en formation. On estime que, dans les secteurs qui sont en pénurie
de main-d'oeuvre au Québec... on parle de 125 000 postes. Au
même moment où on a 150 000 chômeurs dans l'industrie de la
restauration, services, culture, sports et loisirs, 150 000, 125 000,
on a un phénomène de rareté de main-d'oeuvre.
Et là on a ce que nous qualifions tous de
situation difficile, sous-optimale. On a 200 000 jeunes de 17 à
34 ans — ça,
c'est 11 % des jeunes — qui
ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation. Et là-dedans, en fait, il
y en a 70 000 qui se cherchent un emploi, mais qui sont au chômage. Donc,
c'est potentiellement des jeunes qui travaillaient en hébergement,
restauration, loisirs, culture. Et on arrive à l'autre 130 000, dont
un 10 % avec une incapacité permanente. Alors, on a ce 120 000
personnes, là, qui pourraient être actives sur le marché du travail, qui
correspond, un pour un, avec le 125 000 personnes qu'on a en rareté
de main-d'oeuvre.
Alors, outre l'appariement possible entre ces
deux bassins, mais il y a le drame d'être jeune, d'avoir de 17 à 34 ans et
de ne pas travailler ou étudier, alors qu'on pourrait le faire, s'il y avait...
si la motivation y était. Et c'est là, justement, que l'argent
est disponible pour des projets et pour des organismes spécialisés dans le
développement de l'employabilité pour trouver des nouvelles façons de rejoindre
ces jeunes, parce que ce n'est pas un enjeu politique. Et je suis convaincu que
le gouvernement précédent, et celui qui l'a précédé, et tous les autres
auraient bien aimé amener ces jeunes, les
motiver vers les études ou le marché du travail. Et puis c'est nous, comme
société, qui doit faire ça, et là on donne des ressources au ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, mais le ministère de
l'Éducation, le ministère de l'Enseignement supérieur ont un rôle à jouer
aussi.
Et, pour revenir sur les carrefours
jeunesse-emploi, ce qui est une innovation dans le budget, c'est qu'habituellement ces carrefours-là sont financés
par projets, et là on y va avec un financement additionnel à la mission,
qui était une demande des carrefours
jeunesse-emploi, et ça va donner un coup de main. Alors donc, il y a
51 millions pour les carrefours jeunesse-emploi, 31 millions pour les
jeunes ni en emploi, ni en formation, ni aux études, petite bonification du crédit d'impôt pour les stages en
milieu de travail, et tout ça nous amène à autour de 97 millions qui
visent à faire une différence au niveau de
l'intégration professionnelle des jeunes. Il me reste combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Simard) : Il
vous resterait 20 secondes.
M. Girard (Groulx) :
20 secondes.
Le Président (M. Simard) : Mais
le temps non écoulé peut être réputé comme étant déjà réalisé, avec
consentement de l'opposition.
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, pour 20 secondes, on n'en parlera pas pendant 20 secondes,
mais je vais l'utiliser, le 20 secondes. Merci.
Le Président (M. Simard) : Vous
ne pouvez pas dire que je ne vous offre pas toutes sortes de possibilités.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Alors, c'était un plaisir d'utiliser ces 20 secondes pour répondre à votre
question, M. le député.
Le
Président (M. Simard) :
Bien. Je cède maintenant la parole au député de La Pinière, qui dispose de
19 min 20 s.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, on va aller directement au point. M. le Président, je reviens
un peu sur les sujets qui ont été débattus précédemment, et le ministre ne sera
pas surpris d'apprendre que je l'écoute. Alors, je l'ai entendu dire, à une
question de sa collègue de Charlevoix, qu'il n'avait pas encore modélisé les
impacts de la pandémie à venir. Est-ce qu'il les a maintenant modélisés?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Je ne sais
pas à quelle question vous référez.
M. Barrette : ...prévoir. Je
faisais remarquer au ministre, dans les séances précédentes, à propos du
tableau à la page B.8, là, dont le ministre va se rappeler, qu'il n'y
avait rien de prévu en avant. Le ministre m'a dit : Ça va tout aller dans
le 1,3 milliard de fonds de réserve, et, dans cet échange subséquent là
qu'il a eu avec la députée de Charlevoix, il a fait référence au fait qu'il
n'avait pas modélisé la chose, ce pour quoi ça allait dans le
1,3 milliard. Est-ce que ça se peut qu'il l'ait modélisé depuis ce temps?
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Barrette : Très bien. Je
reviendrai là-dessus, M. le Président.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Barrette : J'ai pris
quelques notes, là. Je reviendrai là-dessus parce que ça amène un paquet de
questions.
Je reviens aussi sur une ou deux questions que
j'ai posées hors d'ondes à M. le sous-ministre parce que ça m'a beaucoup étonné, je vais expliquer pourquoi. Pour ce qui
est des places en... les 500 nouvelles places en hébergement, il
est inscrit, là, j'oublie la page, à ce qu'il y ait... ça coûterait, là, en
coûts de fonctionnement, 334 millions de dollars pour 500 places, ce
qui revient à un budget d'opération de 135 000 $, approximativement,
par place.
Alors là, j'aimerais bien avoir un... savoir si,
au ministère des Finances, on a une compréhension précise de la chose.
Pourquoi? Parce que, moi, quand j'étais ministre, là, le barème était 90. O.K.?
Le barème était 90, la contribution gouvernementale était 90, le reste venait
de la contribution de l'usager, et là je constate que c'est rendu à 135. Est-ce
que, dans l'esprit du ministre, ça va être 135 pour toutes les places
existantes?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Est-ce que
vous consentez à ce que le sous-ministre...
M. Barrette :
Oui, oui, oui.
Le Président (M. Simard) : Il y
a consentement?
M. Girard (Groulx) :
Voulez-vous intervenir là-dessus?
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. le ministre, auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter pour
les fins de nos travaux?
M. Côté (Pierre) : Pierre Côté,
sous-ministre des Finances.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Nous vous écoutons.
M. Côté (Pierre) : C'est depuis
hier...
Le Président (M. Simard) : Et
pourriez-vous d'abord mettre aussi... excusez-moi de vous couper, mettre votre
micro juste devant vous pour qu'on puisse mieux vous entendre? Merci beaucoup.
M. Côté (Pierre) : Oui.
Écoutez, depuis hier, on est allés faire les vérifications, et, dans le tableau
que je cherche, il y a une ligne de 35 millions. En fait, c'est
35 millions par année qui s'ajoutent à 18 millions qui est déjà dans
l'enveloppe et qui donne, à peu près, un coût de 106 par place au lieu de
135.
M. Barrette : ...à ce
moment-là, pourquoi la différence entre les deux réponses?
M. Côté
(Pierre) : Bien, c'est que,
dans le 334, il y a des sommes qui sont pour le... il y avait de
l'harmonisation, il y avait d'autres sommes, mais ce n'est pas le... le 334
n'est pas pour les 500 places comme telles, là, pour le coût unitaire des
places. Dans le coût unitaire des places, j'ai 35 millions par année plus
un 18 millions qui est déjà dans l'enveloppe de base qui... et je reviens
à quelque chose comme 106 000 $ par place.
M. Barrette : O.K. Donc, ça,
c'est le nouveau barème qui est déjà appliqué aux places?
M. Côté (Pierre) : Je crois que
oui.
M. Barrette : O.K. Est-ce qu'il
y a un barème qui a été établi pour les places en maison des aînés?
M. Côté (Pierre) : Ça, je n'ai
pas cette information-là, là.
M. Barrette : Mais... Parce
qu'on s'entend que, par définition, ça va être beaucoup plus. La ministre des
Aînés se vantant — puis
ce n'est pas péjoratif, ce que je dis — qu'il va y avoir plus de
monde, ça va coûter plus cher, et ça, dans le budget, ce n'est pas prévu. Elles
vont exister, ces places-là, et le coût unitaire de place va coûter plus cher.
Et là j'ai raison de dire qu'actuellement, dans le budget, ce n'est pas pris en
considération.
M. Côté (Pierre) : À l'heure où
on se parle, il y a les 2 500 places, là, des...
M. Barrette : Je comprends, mais ce n'est pas budgété. C'est
une remarque. Très bien. Un trou. C'est comme Francis Vailles, ce matin, mais je vais y revenir.
Non, non, mais ce n'est pas une critique, là. C'est... Je fais mon
travail.
L'autre élément, je n'ai vu aucune ligne sur
l'impact que ces mesures-là vont avoir sur les contrats et les conséquences des
contrats avec les places achetées en RIRTF. Pour familiariser le... Pour bien
faire comprendre au ministre la situation, parce que ce n'est pas son domaine,
là, c'est normal, il y a un problème au Québec. Les gens qui ont des RIRTF, des
ressources intermédiaires, des ressources de type familial, où le gouvernement
achète des places ou, même, n'achète pas de place, eux, là, ils ont des chiffres
d'affaires. Les gens sont payés très bas. Et leur problème vient du fait que ça
devient le club-école du réseau public parce que, dès que les gens qui sont...
acquièrent une expérience dans ces milieux-là, ils n'attendent que le moment de
passer au public, parce que ça paie mieux, à un point tel que les gouvernements,
normalement, sont forcés, par les circonstances, à renégocier des contrats. Je
n'ai vu aucune ligne dans le budget qui prévoit ça, et ça va arriver. Alors,
est-ce que j'ai mal lu?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, vous savez, lorsqu'on fait un budget, M. le député, on y va avec les
priorités, et la priorité qui s'est rendue... Évidemment, il y a des priorités
qui sont prises en charge au ministère de la Santé,
mais, dans notre cas, il y avait une problématique extrêmement importante avec
l'assurabilité des résidences pour aînés,
et c'est ça qui est venu au ministère des Finances. Et on a 400 résidences
pour aînés qui ont fermé depuis 2016...
M. Barrette : M. le Président,
on ne parle pas de la même chose. Permettez-moi, M. le ministre, de vous
interrompre parce que, vous savez, je n'ai pas beaucoup de temps.
• (14 h 30) •
M. Girard
(Groulx) : D'accord.
M. Barrette : Puis je sais que
vous aimez donner des réponses précises. Puis je ne vous interromps pas pour
vous indisposer, je veux juste qu'on aille sur le point. RPA, c'est une
affaire. RIRTF, c'est un autre univers. Des résidences intermédiaires, des
résidences de type familial, ce sont des places où les gens sont en perte
d'autonomie. Une RPA, on n'est pas en perte d'autonomie en général.
Ce sont des contrats qui sont négociés avec
l'État. Moi-même, quand j'étais ministre, j'ai eu à renégocier ces contrats-là parce
qu'ils n'étaient pas assez payés. Alors, quand on se retrouve avec le salaire
minimum et le salaire du public, à un moment donné, là, ils n'ont plus de
personnel.
Là, on n'est plus dans le salaire de l'État, là.
Là, c'est majoré, majoré, c'est très bien, là, je n'ai pas de problème avec ça,
je voulais le faire moi-même. Mais là le gap va être encore plus grand. Je
constate que la pression va être très forte.
Et un budget étant fait pour financer ce qui est prévisible, moi, je considère
prévisible qu'il va y avoir un gros problème dans ce secteur-là et qu'il
va falloir renégocier des contrats.
Alors, ma question qui est simple : Je n'en
ai pas vu de ligne à cet effet-là, donc il n'y en a pas, là, de budget prévu
pour ça?
M. Girard (Groulx) : Il n'y a
pas de ligne dans le budget, je réponds à votre question. Mais je tiens à dire
que la raison que j'avais amorcé ma réponse sur les RPA, c'est que la
problématique est similaire au niveau des salaires dans les RPA. Vous avez
raison que la hausse de la rémunération dans le secteur public amène une
pression dans les RI, également dans les RPA. Et il y a des lignes pour les
RPA, il n'y en a pas pour les RIRTF, pour répondre précisément à votre
question.
M. Barrette : Je peux informer
le ministre que ce sont des millions de dollars. Maintenant, les lignes dans
les RPA...
M. Girard (Groulx) : C'est des
millions pour les RPA aussi.
M. Barrette : Oui. Sauf que,
dans les RPA, vous n'avez pas d'adéquation entre le retrait des subventions
pendant la crise et ce qui s'en vient par la suite, il n'y a pas d'adéquation.
Ce qui signifie que, dans les prochaines années, là aussi l'écart entre les RPA
et le public va aller en s'accroissant. Je comprends que c'est progressif, là.
Je comprends que la ligne, là, dans les RPA
du ministre, c'est : On maintient les subventions pour compenser la
COVID, mais c'est dégressif, ça baisse, ça
baisse, ça baisse, et, dépendamment de la grosseur de la RPA, ça finit par
tomber à zéro, mais pas à la même vitesse. C'est exactement ça qui se
passe.
Sauf que ça baisse, ça baisse, ça baisse, écart,
écart, écart, même problème que les RIRTF. Alors, là non plus... Là, il y a une
ligne, mais qui écrit formellement qu'on va avoir un problème. Dans les RIRTF,
il n'y a pas de ligne, puis c'est sûr qu'on va avoir un problème.
M. Girard (Groulx) : Mais il y
a des négos présentement dans le secteur public, O.K.?
M. Barrette : Ça ne fait pas
partie du secteur public, M. le Président.
M. Girard
(Groulx) : Non, mais, lorsque le secteur public sera réglé, puisque
vous dites que la problématique, c'est le différentiel, là, alors on
devra s'y attaquer.
M. Barrette : Oui. Mais le
budget étant, dans sa fonction première, une fonction de prévisibilité, un
terme que, je pense, le ministre aime...
M. Girard (Groulx) : Que nous
aimons.
M. Barrette : Voilà. Alors là,
moi, pour moi, c'est dans la catégorie prévisibilité, là, c'est aveuglant, là.
Ça, c'est sûr que c'est un problème en devenir, et il n'y a pas de ligne. Pour
ce qui est des RPA...
M. Girard (Groulx) : Bien, on
s'en est occupé durant la pandémie, là.
M. Barrette : Oui, mais il n'y en
a pas. Alors, je reviens à mon chic tableau de B.18.
M. Girard (Groulx) : Excellent.
M. Barrette : Et dans B.18,
bien, on n'a pas de modélisation puis on n'a pas de coûts. Alors, c'est ça qui
est l'objet de l'affaire. Alors là, il va y avoir des problèmes en RPA, il va y
avoir des problèmes en RIRTF, ça va coûter plus
cher pour les maisons des aînés, c'est écrit dans le ciel, c'est impossible que
ça soit le contraire. Il n'y a pas de ligne.
À ce moment-là, je vais poser une autre question
dans la catégorie prévisibilité. Il y a deux jours, M. le Président, quand
j'étais ici, dans un environnement plus libéral à cause de sa couleur, c'est
une plaisanterie, c'est le salon rouge, alors c'est une plaisanterie...
M. Girard
(Groulx) : C'est bon, c'est bon, j'aime le salon rouge, du niveau
confortable.
M. Barrette : Alors, quand j'étais là, j'avais posé la question,
j'avais dit la chose suivante : Tout, scientifiquement, indique
qu'il va y avoir une quatrième, puis un cinquième, puis une septième, le virus
va rester.
Alors, je vais poser la question la plus simple
qui soit, hein? La députée de Charlevoix, là, a posé une question au ministre :
Bon, ça coûte combien, M. le ministre? Ça, c'est 400 millions pour les
vaccins. Parfait. En 2022, là, le virus va être encore là, et, si le virus se
comporte normalement comme tous les virus le font, il va y avoir un variant
nouveau, et les compagnies devront arriver avec un nouveau vaccin. On appelle
ça un vaccin divalent. Monovalent, c'est une molécule, divalent, deux, et
multivalent, plusieurs. Ça, c'est...
M. Girard (Groulx) : Nouvelles
variables de vaccins.
M. Barrette : Oui. Alors, qui
va les payer?
M. Girard (Groulx) : Bien,
nous.
M. Barrette : Bon, alors, donc
là, on peut prévoir qu'il va y avoir un autre 400 millions de dollars
de vaccins obligatoires en 2022 parce que sinon on retombe dans le délestage.
M. Girard (Groulx) : Ici, juste
pour préciser, ce n'est pas le coût des vaccins, c'est le coût de la
vaccination.
M. Barrette : Bien, disons que,
quand je dis vaccin, il est implicite que quelqu'un va le vacciner...
M. Girard (Groulx) : Non, non,
non, mais je veux dire... Puisqu'ici c'est la Commission des finances publiques,
c'est le fédéral qui a payé les vaccins.
M. Barrette : Aujourd'hui.
M. Girard (Groulx) : Oui, oui.
M. Barrette : Mais en 2022, là,
il y a fort à...
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est
le coût de la vaccination.
M. Barrette : Ah! O.K., je
comprends, je n'avais pas bien compris. Donc, c'est l'opération de vacciner.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
M. Barrette : Alors, dans la
vision du ministre, en 2022, si le scénario qui semble se mettre en place scientifiquement
se produit, on va payer la vaccination et le vaccin ou juste la vaccination
dans l'esprit du ministre?
M. Girard (Groulx) : Est-ce
qu'on... Écoutez, si on prend cette année, qui est un bon indicateur, le
fédéral nous a accordé 1,1 milliard
supplémentaire pour la vaccination, il paie les vaccins, a annoncé
4 milliards pour lutter au délestage
au Canada, on a 22,6 % de ça, 1 milliard pour aider à la vaccination,
on a 22,6 % de cela, donc 1,1 milliard. Lorsque le projet de
loi sera adopté, ça rentrera dans le cadre financier, et ça, ça va aider pour 2021‑2022.
O.K.?
Là, vous,
évidemment, vous dites : Ça va perdurer. Puis moi, à la page B.14,
j'ai... en fait, pas B.14, mais B.8. Voilà.
J'ai identifié ce qui était récurrent de ce qui ne l'était pas. Et là vous,
vous dites : Il devrait y avoir de la récurrence dans les éléments.
En haut du tableau, vous n'avez pas mis de récurrence. Je résume un peu notre
discussion.
M. Barrette : ...très
précisément ça.
M. Girard (Groulx) : Bon.
Alors, j'apprécie la critique, j'en prends note. Et effectivement ce n'est pas
pour rien que nous disons au gouvernement fédéral : Merci pour les sommes
ponctuelles, il y aura des coûts récurrents associés
à la pandémie, et ce serait important que vous augmentiez votre contribution aux transferts canadiens en santé.
M. Barrette : Et l'usage aurait
été, raisonnablement, d'avoir ça d'écrit dans le budget, mais ça ne l'est pas.
M. Girard (Groulx) : Mais, c'est-à-dire
qu'on... Ce qui est dans le budget, c'est écrit clairement, puis ce qui est
récurrent est identifié, et là vous, vous identifiez de possibles récurrences
dans d'autres postes. Et je prends note de ce que vous dites qu'il y a des
risques au niveau de la récurrence. C'est pour ça qu'on a des provisions, d'ailleurs,
parce qu'on le dit, qu'il y a des risques.
M. Barrette : Oui, mais les
provisions, M. le Président... Je vais faire une espèce... pas une espèce, un
parallèle qui est très raisonnable. Je ne peux pas prévoir qu'il va y avoir une
inondation la semaine prochaine, puis ça sert à ça... pas
la semaine prochaine, mais l'année prochaine. Ça sert à ça, le Fonds de
suppléance, là, la réserve, le 1,3 milliard. Je peux vous garantir qu'il
va y avoir des coûts de pandémie, par exemple. Ça, là, posez la question, là,
vous avez des comités de crise, là, ça fait que faites une crise, M. le
ministre, c'est une plaisanterie là aussi, et évidemment : puis, Horacio,
est-ce qu'il y a des chances que l'année prochaine il y ait des coûts de
pandémie, puis l'année d'après, puis l'année d'après? S'il dit non, je peux le
traiter. Ça ne se peut juste pas. Ça ne se peut pas.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Alors, il y a présentement... Pour ce qui est du
personnel, là, il y a des négociations présentement dans le secteur
public. Ça, c'est... Et il est possible que des coûts associés aux primes ponctuelles
se reflètent dans le résultat de la négociation. Ça, c'est pour le personnel.
M. Barrette : Bon. C'est
correct.
M. Girard (Groulx) : Vous nous
indiquez qu'il manque de l'argent pour de la vaccination en 2022.
M. Barrette : Je vous ai
indiqué trois secteurs, trois secteurs.
M. Girard
(Groulx) : RI, RTF, vaccination.
M. Barrette : RI, RTF, la
décroissance en RPA, les coûts de vaccination. Ça va arriver, il n'y a pas de
ligne là-dessus. Là, le temps passe, M. le Président, il est et 38, et 40, puis
il faut que je me rende... je vais arrêter à 42, 48, vous voyez que je suis
discipliné. Toujours en santé, je vais amener le ministre au PQI. Je ne sais
pas s'il a son cahier de crédits avec lui, là.
M. Girard (Groulx) : J'ai mon
cahier de PQI.
M. Barrette : Oui. Puis c'est
le volume VI. J'invite à juste faire une discussion sur B.18.
M. Girard (Groulx) : Juste...
Excusez-moi, M. le député de La Pinière. J'ai beaucoup de respect pour ce
que vous me dites, là. RI, RTF, RPA. Le troisième, c'était?
M. Barrette : Tout ce qui va
coûter. La pandémie, ces affaires-là, là.
• (14 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Mais les vaccins.
M. Barrette : Oui.
M. Girard (Groulx) : O.K.
M. Barrette : Mais il y a
d'autres choses, mais là je pourrais...
M. Girard (Groulx) : Non, non,
mais vous m'avez...
M. Barrette : Ça consommerait
trop de temps.
M. Girard (Groulx) : Vous m'en
avez nommé trois. Je vais au moins les prendre en note, là.
M. Barrette : O.K. Alors, là,
je vais dans le PQI, M. le Président, parce que c'est important. C'est le PQI
de la Santé. Puis je fais le lien avec tout ce que l'on a dit. D'accord?
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Barrette : Regardez, M. le
Président, là, quand on va à B.18, là, pour le tableau 2.1.1, là, on y
voit bonification du parc, là, on s'entend que ça, là, c'est ce qui est en
réalisation et en planification. Est-ce qu'on s'entend là-dessus pour la
discussion?
M. Girard (Groulx) : B.18,
2.1.1 investissement pour...
M. Barrette : Bonification du
parc, là, c'est des projets qui sont en réalisation et en planification.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Barrette : Bon. Et donc ils
restent à l'étude. O.K.? Ça va?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Barrette :
Alors, j'attire l'attention du ministre, là, sur B.23 parce que B.23, c'est ce
qui est à l'étude, c'est ce qui va arriver un jour ou qui n'arrivera peut-être
jamais. Ça, c'est ce qu'on appelle dans mon jargon à moi les limbes. On le
souhaite, que ça arrive, puis ça ne va pas nécessairement arriver. O.K.? Mais
j'attire l'attention du ministre sur le fait qu'il n'y a aucune maison des
aînés là-dedans. Aucune. Zéro. C'est un fait, là. On n'a pas de... Ça ne
demande pas de commentaire là-dessus.
Maintenant, M. le
Président, j'ai expliqué, là, que sur une période de 40 ans, si on voulait
remplacer toutes les places sur une période de 40 ans, c'est un minimum
1 milliard de dollars par année. Quand on regarde le montant nouveau de
bonification du parc, là, les nouvelles constructions qui sont à 2.1.1, est-ce
que le ministre pense raisonnable, là, que dans les prochaines années on va
augmenter ça de 40 %? Parce que c'est de ça qu'on parle, là. La moyenne de
nouveaux projets, là, c'est quoi, 1,3 milliard, 1,5 milliard? Je
comprends quand il n'y en a pas, moi, là, là, à B.23, là. Je comprends qu'il
n'y en a pas parce qu'il faudrait augmenter le PQI 2021... Puis là c'est
2021‑2031, 2022‑2032, 2023‑2033 pendant 40 ans, là.
Mon point ici, là,
c'est qu'il n'y aura jamais un remplacement en maisons des aînés. Rien que
2.1.1, c'est ça que ça montre. C'est 1 million de dollars la place.
40 milliards pour remplacer le parc un coup qu'on va en avoir fait
2 500. Et là, là, c'est ça qu'on a. Je comprends qu'à B.23... Et B.23, là,
faites le calcul approximatif, là. Demandez aux gens de Santé, là. À B.23, il y
en a pour minimum 4 milliards de dollars d'aujourd'hui. Rien que l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, là, ça va être 2 milliards. Ça fait que, là, moi, je
regarde les deux ensemble, là... C'est de l'algèbre, là, ce n'est pas «rocket
science», là. Ce qui est engagé dans réalisation, planification, et à l'étude,
il n'est pas engagé, il y a juste de l'étude, 75 millions, puis qu'on
regarde 2131, puis qu'on projette ce que seront chacun des PQI subséquents, il
faudrait rajouter dans une des lignes plus de 1 milliard de dollars par
année en dollars constants. Est-ce que le ministre considère raisonnable de
penser que ça va arriver?
M. Girard
(Groulx) : Bon. C'était une longue introduction.
Le Président
(M. Simard) : Il vous reste en théorie 30 secondes, cher
collègue, pour ce bloc, à moins que le député souhaite...
M. Girard
(Groulx) : Pour répondre à ça?
Le Président
(M. Simard) : ...prendre dans son bloc...
M. Barrette :
Bien non! Oui, bien, j'amputerai mon... J'aimerais bien avoir la réponse.
Le Président
(M. Simard) : Très bien, très bien. Allez-y, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Alors, pour ce qui est du PQI, d'abord, je tiens à
dire qu'on l'a déjà augmenté de 35 % depuis notre entrée au pouvoir,
135 milliards, O.K. Mais c'est important de dire que, lorsqu'on augmente
le PQI, il y a... en partant, il faut qu'il
y ait 60 % des sommes qui aillent au maintien d'actifs, là. Ce n'est
pas... Ça fait que, là, on ne parle pas de nouvelles maisons, de
nouveaux... O.K. Alors, le maintien d'actifs, là, c'est la responsabilité
première de tous les gens ici, puis on est d'accord là-dessus, O.K.
M. Barrette :
C'est un argument qui va dans mon sens, M. le ministre, là.
M. Girard
(Groulx) : Mais ce n'est pas important, dans quel sens ça va, c'est
important qu'on soit d'accord que la première priorité, c'est le maintien des
actifs. Je vais m'arrêter ici?
Le Président
(M. Simard) : C'est comme vous le souhaitez. Vous avez carte
blanche, l'accord du député de La Pinière.
M. Girard
(Groulx) : Ah! j'ai carte blanche pour continuer.
M. Barrette :
...c'est votre réponse. Ça ne me dérange pas, c'est une réponse importante pour
moi.
M. Girard (Groulx) : D'accord. Merci. O.K. Ensuite, O.K.,
non seulement les... Les 2 000... Les 3 000 places qui
ont été promises, là, elles sont budgétées, O.K. Ça, c'est là, O.K., vous en
êtes d'accord. Là, vous, vous dites : Oui, mais il y a d'autres places.
Alors, tu sais, c'est
important de... Moi, j'ai voulu ramener ça... Quand vous m'avez parlé de ça, je
suis parti chez nous, j'ai réfléchi, et puis c'est important de rappeler, là,
que 90 % des aînés sont à domicile, 8 % en RPA puis 2 % en CHSLD,
O.K. Alors, on a choisi de bonifier les soins à domicile, tu sais, c'est dans
le budget, dans l'autre budget avant puis dans le budget précédent. Alors...
Puis en plus, c'est... philosophiquement, pour ceux qui sont autonomes, c'est
leur choix premier, le soin à domicile. Alors, le PQI, ce qui a été annoncé,
l'argent est là, il est augmenté à chaque année, on libère les sommes,
l'enveloppe centrale. Oui, il y aura des besoins importants pour les aînés, et
il faudra les rencontrer en augmentant les ressources.
Le Président (M. Simard) : Ça y
est?
M. Barrette :
...je termine sur un commentaire, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie.
M. Barrette : Je vous ai...
J'ai demandé au ministre une chose par laquelle il m'a répondu oui. Est-ce que
dans sa tête on va remplacer toutes les places d'hébergement en maisons des
aînés? Il m'a dit oui. Je vais lui poser une deuxième question. Est-ce que dans
son esprit, d'ici 2031, il va falloir plus de places d'hébergement? Il m'a
répondu oui, et il a raison. Et le maintien à domicile, c'est clair que c'est
oui. Tout ça mis ensemble, ça ne marche pas. Il y a quelque chose là-dedans qui
n'arrivera pas. C'était juste un commentaire, M. le Président, je souhaite
arrêter là et recommencer tantôt.
Le Président (M. Simard) :
Bien. Alors, vous pourrez éventuellement poursuivre tout à l'heure.
M. Girard
(Groulx) : O.K., merci.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va comme ça?
M. Girard (Groulx) : Ça me va
comme ça.
Le
Président (M. Simard) :
Alors, nous laissons la parole au député de Richelieu pour une période de
20 minutes.
M. Émond : Merci beaucoup, M. le
Président. J'ai l'impression que je
m'invite dans une discussion passionnée entre M. le ministre et le
député de La Pinière, qu'ils vont assurément pouvoir reprendre dans
quelques instants.
M. le ministre, j'aimerais vous entretenir maintenant d'entrepreneuriat
et de mesures fiscales pour entreprises, puisque, depuis le début du
mandat, une des grandes priorités du gouvernement demeure l'augmentation du
potentiel économique du Québec. C'est une priorité qui est d'autant plus
importante, M. le Président, dans le contexte économique
actuel et on n'a pas l'intention de renoncer à cet objectif. Et je pense que le
budget 2021‑2022 du ministre des Finances en fait foi.
Il y a plusieurs gestes dans ce budget pour
créer de la richesse et accroître le potentiel économique du Québec. On veut,
bien entendu, rattraper l'écart de richesse qui subsiste avec l'Ontario, on
l'entend souvent, qui permettrait d'avoir,
quoi, 12 milliards de plus dans les coffres de l'État pour financer, entre
autres, les gros portefeuilles comme
sont celui... ceux de la santé, pardon, et de l'éducation. Et pour accroître la
productivité et stimuler l'investissement des entreprises, M. le Président, le gouvernement prévoit, dans le cadre
du budget 2021‑2022, 753 millions de dollars pour encourager
les entreprises à adopter les nouvelles technologies pour accroître leur
productivité.
J'y reviendrai peut-être un petit peu plus tard
en détail, mais sinon, dès maintenant, l'accélération de l'acquisition des
nouvelles technologies par les entreprises en doublant les taux du CIII
jusqu'au 31 décembre 2022, 10 % à 20 % pour les investissements
réalisés dans les communautés métropolitaines de Montréal et de Québec,
20 % à 40 % pour les investissements réalisés dans les territoires
confrontés à une faible vitalité économique, c'est important, et 15 % à 30 % pour les investissements réalisés
dans un autre territoire ou une autre région. Alors, je crois que ce
crédit institué en mars 2020 a fait justement partie des provisions à être
votées dans le p.l. n° 74 concernant les mesures du
budget de l'an dernier bientôt à l'étude, M. le Président.
À la page D.10 du plan budgétaire, on
apprend que les Finances entendent encourager quelque chose comme 10 000 entreprises avec la bonification
temporaire de ce crédit. C'est une dépense, quoi, de 290 millions de
dollars. Je serais heureux d'entendre l'opinion du ministre sur cette
décision qui devrait accroître fortement les investissements en nouvelles
technologies, M. le ministre.
• (14 h 50) •
M. Girard
(Groulx) : O.K. Merci pour la question. Le CIII, là, c'est le nouveau crédit
d'impôt à l'investissement qui été annoncé au budget 2020‑2021. Et
le budget 2020‑2021, pour diverses raisons, son legs n'a pas été associé à
la création du CIII. Alors, on s'est dit, c'est tellement une mesure importante
pour l'économie, comment pourrions-nous en
parler dans le budget 2021‑2022? On a doublé le taux pour une période de
deux ans, M. le Président, ce qui nous permet de réintroduire cette
mesure, de souligner toute son importance. Et d'abord, laissez-moi parler des
trois taux.
Pourquoi
trois taux? Parce qu'il y a souvent une perception que c'est plus difficile de
démarrer des entreprises en région et que Montréal et Québec ont des
avantages notables sur les régions pour attirer des entreprises de la nouvelle
économie et... Ou de toute part on a tendance à associer les régions aux
ressources naturelles, alors qu'il y a plein d'entreprises dynamiques qui
peuvent s'associer en région. Alors, c'est pour ça qu'on a trois taux, là,
10 %, 15 % et 20 %. Alors, 10 % sont Montréal, Québec.
15 % sont les régions. Et 20 % sont les... pour les régions ou les
MRC les plus défavorisées. Et là on essaie de créer un équilibre avec ça.
C'est quoi, le CIII? Bien, lorsqu'on pense
crédit d'impôt à l'investissement, on vise ce qu'on appelle, dans la catégorie
des statistiques économiques, machines et équipements. Alors, machines de
fabrication. Alors, encourage notamment les investissements dans les nouveaux
équipements technologiques et solutions informatiques. Et c'est là que notre
crédit d'impôt à l'investissement est différent de ceux que nous avions dans le
passé, qui avaient expiré, qui ont amené à la réflexion du budget 2020‑2021.
C'est les solutions informatiques, l'acquisition de machines de fabrication à contrôle numérique et de serveurs
stockage des données. Et un point extrêmement important, l'implantation d'un progiciel de gestion intégrée qui constitue une solution
informatique développée sur mesure pour les entreprises.
Donc,
en stimulant l'acquisition d'équipements connectés à des solutions informatiques,
le CIII contribue à accélérer le virage numérique des entreprises québécoises
de tous les secteurs d'activité. Parce qu'historiquement les crédits d'impôt à
l'investissement ont été associés uniquement au secteur manufacturier, et nous
voulions un crédit d'impôt à l'investissement qui était plus large, plus
diversifié et qui encourageait la conversion vers l'acquisition de technologies
pour l'ensemble des industries.
M. Émond :
Merci beaucoup. Merci, M. le ministre. C'était des explications très claires
sur le pourquoi des trois taux, puis ça fait du sens, bien entendu. Moi, député
des régions, là, même si mon comté est en Montérégie, on est à l'extrémité est
et donc hors CMM, c'est de la musique à mes oreilles que la considération géographique
a été prise en considération.
Le gouvernement
entend aussi, si je comprends bien, favoriser l'investissement par la
bonification du congé fiscal pour les grands projets d'investissement en
rendant, entre autres, admissible au congé fiscal tout projet de transformation
numérique jusqu'au 31 décembre 2024, en devançant l'aide aux projets
de modernisation pour la durée du programme, en allongeant la période de
démarrage pour les détenteurs actuels d'un certificat initial.
Ajoutez
à cela aussi qu'il y a une réduction du taux d'imposition des... PME, pardon,
au même niveau que celui de l'Ontario,
on passe de 4 % à 3,2 % du taux d'imposition sur le revenu pour
l'ensemble des PME admissibles. Le taux général
d'imposition, lui, est le plus bas parmi les provinces canadiennes, M. le
Président, si on fait exception de l'Alberta.
Selon la plus récente
enquête sur les dépenses en immobilisation et réparation, là, ce qu'on appelle
le DIR de Statistique Canada, M. le Président, le Québec se situe au premier
rang des provinces canadiennes en matière de... croissance, pardon, des intentions d'investissements non résidentiels en
2021, ce qui est une bonne chose. Et la valeur des investissements non
résidentiels totaux au Québec devrait donc croître de 10,9 % en 2021 comparativement
à 7 % pour le reste du Canada, ce qui est aussi une bonne nouvelle.
Depuis
2018, en plus des mesures annoncées dans ce budget, le gouvernement a annoncé
quelque chose comme 3 milliards
de dollars en mesures fiscales pour les entreprises, entre autres,
l'introduction des mesures d'amortissement accéléré pour le matériel
informatique, là, on en parlait, le matériel de fabrication et de
transformation, l'équipement de production d'énergie propre et la propriété
intellectuelle. L'instauration aussi de la déduction incitative pour la commercialisation des innovations
qui encouragent les entreprises de tous les secteurs de l'économie
à commercialiser au Québec leurs innovations et aussi l'annonce de la
mise en place du crédit d'impôt capital synergie, qui incitera les entreprises
établies à investir dans les jeunes entreprises innovantes et à fort potentiel
de croissance pour favoriser le maillage d'affaires entre elles. Une bonification
des trois crédits d'impôt à la R&D, la recherche et développement, qui favorise la collaboration entre les
acteurs en innovation par le retrait de seuils de dépenses admissibles
et qui simplifie le crédit d'impôt
pour la R&D universitaire et, en terminant, la simplification des démarches administratives. Je pense que c'est très important pour nos PME, entre autres, relativement aux
congés... aux congés fiscaux, pardon, pour les chercheurs et les experts étrangers, pour faciliter le
recrutement par les entreprises des meilleurs talents un peu partout dans le
monde.
Un
petit mot, M. le Président, sur le calcul du taux effectif marginal
d'imposition, le valeureux acronyme, T-E-M-I, le TEMI. C'est une estimation du niveau d'imposition sur les nouveaux investissements des entreprises. Et les économistes qui l'utilisent le font pour faire des comparatifs
sur l'impôt des entreprises de différentes juridictions en calculant les
crédits d'impôt dont elles bénéficient et
autres déductions. On peut ainsi avoir une meilleure idée de la compétitivité
fiscale des entreprises d'ici. Il y a
un graphique, au point D.9, là-dessus, si je ne m'abuse. Et avec les
mesures mises en place depuis
l'automne 2018, le taux effectif marginal d'imposition pour les nouveaux
investissements au Québec s'est établi à
8,8 % en 2020. Et sans ces mesures, le TEMI aurait atteint 11,3 %,
soit 2,5 points de pourcentage de plus. Alors, le support du gouvernement envers les entreprises pour hausser
leur compétitivité depuis notre arrivée au pouvoir est donc
significative.
À cela, on doit bien
évidemment ajouter les mesures de support financier instituées l'an dernier
durant... la première vague de la pandémie, pardon, dans le cadre du PAUPME et
de son soutien en région d'alerte maximale, celui qu'on appelle par l'acronyme
AERAM. Et puis je vous dresse rapidement, M. le Président, un portrait des
chiffres les plus à jour. Alors, selon les informations reçues des MRC et des
villes en date du 7 avril 2021 — je dis des MRC, M. le Président, parce que ce sont elles
qui administrent les deux programmes dont je viens de parler — il y a 12 791 demandes
d'aide financière reçues, dont 6 634 dans le cadre du programme pour le
volet d'alerte, en région, maximale. On parle de 9 808 qui ont été
acceptées, 303 millions de dollars octroyés, dont 179 millions de
dollars dans le cadre de l'AERAM. Et c'est 33 660 $... est le montant
moyen de prêt accordé à chacune des entreprises.
C'est-à-dire, M. le
Président — puis
j'arrive à me tourner très bientôt vers M. le ministre — c'est
le deux tiers des entreprises, qui ont reçu une aide du gouvernement du Québec,
ont moins de 10 employés et moins. Tout ça pour dire que ça démontre l'importance
que ces montants ont pour les PME du Québec, d'autant plus que la moitié sont dans l'industrie de la restauration, des bars
ou de l'hébergement, des secteurs qui ont été... qui sont historiquement
précaires et saisonniers, mais qui ont été beaucoup impactés par la crise que
nous traversons actuellement, M. le Président. Je me permets de les saluer,
tout particulièrement les entreprises que je viens de citer, qui sont dans la
circonscription de Richelieu, qui font preuve de beaucoup de résilience. Et on
a très hâte de pouvoir les encourager d'une façon plus normale à nouveau.
Et là je me tourne
vers vous, M. le ministre. Avec toutes les sommes que nous leur accordons,
parfois, qui sont majorées, même, j'aimerais
vous entendre, à savoir, quelle est la place que prend la stimulation des
investissements des entreprises dans l'élaboration du budget, surtout dans le
contexte de la relance post-COVID?
Le Président
(M. Simard) : M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Combien de temps?
Le
Président (M. Simard) : 6 min 50 s.
M. Girard
(Groulx) : D'accord. C'était quelle page exactement le
2,3 milliards auquel vous faisiez référence?
M. Émond :
Oui, je vous reviens tout de suite, là.
M. Girard
(Groulx) : Parce que je le cherchais pendant que vous parliez puis je
n'arrivais pas à trouver ma page.
M. Émond :
Bien là, je vous ai cité le graphique D.9, mais ça, c'est plus le taux
effectif marginal...
M. Girard
(Groulx) : Non, c'est ça, mais vous avez référé aux 2,3 milliards
de congés fiscaux pour les entreprises, là. C'était quelle page, ça?
M. Émond :
Là, j'ai de la difficulté à me...
M. Girard
(Groulx) : Bien, écoutez, je vais répondre à votre question, puis mon
équipe va le trouver.
M. Émond :
D'accord, merci.
• (15 heures) •
M. Girard
(Groulx) : Bon, je veux expliquer un peu la page D.9, là.
Pourquoi on vise spécifiquement le taux d'imposition effectif sur les nouveaux investissements? Et la raison est
bien simple : c'est que la fiscalité des entreprises au Québec, et malheureusement lorsqu'on somme les
taxes sur la masse salariale telles que le Fonds des services de santé,
et les contributions pour, par exemple, le
Régime québécois d'assurance parentale et l'assurance chômage, etc.,
lorsqu'on compare, là, le Québec et l'Ontario, le Québec est au moins 25 %
plus cher au niveau... les entreprises québécoises sont au moins 25 % plus
taxées que les entreprises ontariennes, et ça, c'est extrêmement important.
Alors, on a donc
besoin, pour permettre à nos entreprises d'être plus compétitives, de les encourager
à investir. Mais, pour ça, il faut qu'on fasse ce que j'appellerais un contrat
social avec les citoyens, puis là je ne rentre pas dans la philosophie de
Rousseau, là, mais c'est que baisser l'impôt des entreprises, ce n'est pas la
politique la plus populaire au niveau des électeurs. Alors, c'est pour ça qu'on
cible spécifiquement les nouveaux investissements avec l'amortissement
accéléré, le crédit d'impôt à l'investissement. Et là je pense qu'on a une
acceptation sociale qu'il est sain de
baisser l'impôt des entreprises lorsque celles-ci effectuent des nouveaux
investissements. Et c'est pour ça que le C3i, l'amortissement accéléré,
la DICI, la déduction incitative pour la commercialisation des innovations, qui
encourage les entreprises à commercialiser
leurs innovations dans les sciences de la vie, technologies de
l'information, c'est pour ça qu'on cible ces
incitatifs-là, parce que, lorsqu'on dit : Si vous faites des nouveaux
investissements, votre impôt des entreprises
sera réduit. Et ça, il y a, jusqu'à un certain point, un consensus dans la
société où l'ensemble des Québécois est d'accord que si les entreprises font des nouveaux investissements, elles
peuvent avoir un taux d'imposition moins élevé sur ces nouveaux investissements que sur l'ensemble de
leur chiffre d'affaires. Alors, ça, c'est ce qu'il y a derrière le TEMI.
Est-ce
qu'on a trouvé où était le 2,3? Non? Moi, je vous dirais qu'il est peut-être à
la... dans le coin de la page E.5. Non?
Une
voix : D.5.
M. Girard
(Groulx) : D.5. O.K. Donc, on l'avait trouvé.
Une
voix : ...
M. Girard
(Groulx) : O.K. Ah! O.K. Parfait. Alors, voilà, le tableau D.2,
là... Non, ça, ce n'est pas les mesures fiscales, M. le sous-ministre. Moi, je
faisais référence aux mesures fiscales. Parfait.
Alors,
je reviens. La principale mesure fiscale qu'on a introduite, ça faisait six
semaines qu'on était au pouvoir, M. le Président, et tout le long... à
partir... la première fois que j'ai rencontré le premier ministre et que nous
avons discuté d'éducation et d'investissements privés, je lui avais parlé de
l'amortissement accéléré. Et ensuite, entre ce moment et notre élection, on
s'est rencontrés peut-être cinq, six fois, et je lui parlais toujours
d'amortissement accéléré, jusqu'à un certain point où son chef de cabinet m'a
dit : Eric, tu es plutôt persistant avec ton amortissement accéléré. Et je
voulais que ce soit dans le cadre financier de notre plateforme budgétaire. Et
là il y a des experts en communication qui m'ont dit : Tu sais, Eric, ton
amortissement accéléré, là, ça ne fera pas soulever les foules durant la
campagne électorale. Et je persistais néanmoins, et ce qui a amené le premier
ministre à me dire : Eric, quand tu seras ministre des Finances, tu feras
l'amortissement accéléré, là, mais arrête de me parler de ça.
Alors,
six semaines au pouvoir, et ça faisait six semaines que je parlais
aux membres de la fonction publique du ministère des Finances, je leur
disais : Ça y est, l'amortissement accéléré, on y va. Et on l'a fait, M.
le Président, dans notre première mise à jour qui était au mois de décembre. Et
je suis sûr que vous vous souvenez de celle-ci en raison de l'amortissement
accéléré et non pas de la taille du drapeau du Québec, là, qui était derrière
le premier ministre lorsqu'il parlait, là. Ça avait soulevé les passions.
Alors, je... et on a finalement trouvé ce
qu'on... Non, ce n'est pas ça, le...
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Je vais le trouver et je le donnerai à un autre moment, là.
On cherche l'endroit où on réfère à l'ensemble des mesures fiscales incitatives
qui ont été données.
Une voix : D.9.
M. Girard (Groulx) : Vous, vous
dites que c'est D.9. Il me reste combien de temps, monsieur...
Le Président (M. Simard) :
...cher collègue.
M. Girard (Groulx) : Combien?
Le Président (M. Simard) :
Une minute.
M. Girard (Groulx) : Une
minute. Alors, j'ai le temps de trouver ma page D.9. Non, je ne pense pas
que c'est ça, mais ce n'est pas grave, je vais y revenir.
Alors, pourquoi c'est si important, l'investissement
privé des entreprises, M. le député? C'est que le Québec a un retard dans l'investissement
privé des entreprises. Et longtemps on a dit : Ah! c'est parce qu'on
compte mal les investissements en technologies de l'information dans les
statistiques du gouvernement canadien. Or, c'est faux. Statistique Canada s'est
ajusté, et les investissements en logiciel, en matériel informatique sont
maintenant comptés. Et, lorsqu'on compte
tout, oui, il y a des investissements privés et importants dans le secteur de
l'énergie dans l'Ouest canadien, mais il reste qu'avec un poids
démographique de 22,6 % de la population canadienne, on est à moins de 15 %
des investissements privés au Canada, et ce n'est pas suffisant, M. le
Président. Et je pourrais m'arrêter ici?
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Parce
qu'en effet le temps est révolu. Je cède maintenant la parole au député de
La Pinière pour une période de 17 minutes.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, je continue là où j'étais. J'espère que le ministre n'est pas
indisposé, mais, vu que la santé, ce n'est
pas loin de la moitié des dépenses de programmes, ça vaut la peine de s'y attarder.
M. Girard (Groulx) : Mais vous
avez de l'expertise en santé, alors profitons-en pour en parler.
M. Barrette : Bon, profitons-en. Écoutez, c'est juste une
anecdote, mais quand même, ça dit beaucoup, ça dit beaucoup. Quand on regarde dans le PQI, là, les
maisons des aînés, dans les agglomérations de plus de
30 000 personnes, l'endroit où il y a la plus petite maison des aînés
est à Montréal, juste de même. C'est quelque chose, hein, la plus petite
maison... le plus petit investissement, là, la plus petite maison des aînés,
dans les agglomérations de plus de 40 000 personnes, c'est Montréal.
96 millions. Quand on va dans d'autres comtés, d'autres allégeances, c'est
200 millions, 220, 230. Juste de même, c'est un commentaire éditorial.
M. Girard (Groulx) : Une
observation statistique.
M. Barrette : Oui, une
observation intéressante.
M. Girard (Groulx) : Vous êtes
à quelle page, là?
M. Barrette : Ah! c'est le PQI,
là, vous pouvez regarder ça, là, à B.21, là, c'est très intéressant.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Parfait. O.K., bien, merci pour l'information.
M. Barrette : Bon. Juste un petit rappel, parce que j'ai vu que
le ministre prenait des notes, vous savez, M. le Président, pour ce qui est des coûts non prévus
dans le budget, là, reliés à la pandémie, là, il va y avoir, évidemment,
la vaccination, éventuellement, les vaccins,
mais il va y avoir aussi les tests rapides, les équipements de protection
individuelle. Et sur ce sujet-là,
est-ce que le ministre peut nous dire... je ne sais pas s'il a ça ou son équipe
aurait ça, j'imagine que la réserve,
la réserve que le gouvernement a toujours eue jusqu'en 2018 a été
renflouée, puis ça a coûté combien, équipement de protection
individuelle.
M. Girard (Groulx) : La réserve
de... présentement...
M. Barrette : En 2018, là,
quand, moi, j'ai quitté, là, la réserve était périmée, il fallait la renflouer.
Elle ne l'a pas été. Et c'est le... c'est La cigale et la fourmi, là, la
pandémie est venue, nous nous sommes trouvés dépourvus. Alors, j'imagine que,
là, la réserve a été renflouée. Et ça a coûté combien? Puis est-ce qu'on va la
maintenir?
M. Girard
(Groulx) : D'accord. Alors, je vous amène à la section équipements,
Disposer du matériel nécessaire pour faire face à la crise. Et je vais essayer
de vous identifier où on parle de la réserve parce que, de mémoire, nous avons
actuellement une réserve de six mois d'équipements.
M. Barrette : Et qui a coûté?
M. Girard (Groulx) : Bien, on
pourrait inférer... puisqu'en équipement une année nous a coûté
2 milliards, on pourrait inférer qu'une demi-année coûte 1 milliard.
M. Barrette : O.K. Très bien.
La réponse me satisfait. Imaginez, M. le Président, si un variant arrive
en 2022 et qu'on rebelote, ça veut dire qu'il va falloir potentiellement l'utiliser
et la reremplir.
M. Girard (Groulx) : Bien sûr.
M. Barrette : Ce qui est, évidemment, une autre ligne sur
laquelle il faudrait peut-être réfléchir dans le budget actuel et les
prochains budgets.
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
que la réserve de six mois... Mais est-ce qu'il y a... est-ce qu'il est
pertinent, d'un point de vue médical, d'avoir une réserve plus longue que six
mois? Est-ce que...
M. Barrette : Non. C'est juste
que s'il y avait rebelote, rappelez-vous ce qui s'est passé, il y a eu ce qui
arrive dans une situation de crise, il y a une consommation de la réserve
immédiate.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Barrette : C'est une consommation. C'est d'ailleurs
le processus biologique des complications thrombotiques
de l'AstraZeneca, c'est une consommation de plaquettes. Là, on a un virus, là,
puis on a une pandémie, et là on consomme la réserve, parce qu'on n'est pas
capables d'en avoir vite, d'où le six mois. Il faut la reremplir après. Coûts
prévisibles, si ça arrive.
M. Girard (Groulx) : Oui. Mais
ma question à moi, là, puisque vous aviez été impliqué dans la conception de
cette réserve : Est-ce qu'il est pertinent d'avoir des réserves au-delà de
six mois de consommation?
M. Barrette : Non.
M. Girard (Groulx) : Merci,
c'est ce que je voulais clarifier.
M. Barrette : C'est non, la
réponse.
M. Girard (Groulx) : Merci.
• (15 h 10) •
M. Barrette : Six mois, c'est
amplement suffisant. O.K. Là, j'ai oublié de poser une question, mais il est parti, je ne sais pas s'il va revenir, le député
de Richelieu. Je vais attendre qu'il revienne. Est-ce que... Il ne va pas revenir?
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Barrette : Ah! c'est
dommage, j'ai fait un oubli. Bien, peut-être que le ministre pourrait, lui,
s'engager à ce que le ministre nous... pas le ministre, mais le
sous-ministre... pas le sous-ministre, mais le...
M. Girard (Groulx) : Le député.
M. Barrette : Le député, il nous a énuméré des données de
l'AERAM en date du 7 avril, il nous a fait une liste, là. On peut le réécouter, là, puis réentendre tout ça,
là. Est-ce qu'on pourrait nous fournir, là, par écrit ce qu'il nous a énuméré?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
vous invite à demander ça au ministre de l'Économie, là, vous allez avoir une
étude de crédits avec lui, là.
M. Barrette : Oui, mais vous
parlez, là.
M. Girard (Groulx) : Mais les
statistiques sont disponibles, là.
M. Barrette : Sont disponibles?
M. Girard (Groulx) : Bien,
elles ne sont pas disponibles, mais elles sont mises à jour continuellement.
M. Barrette :
Bien, elles sont-tu disponibles ou elles ne sont pas disponibles? Lui, il les a
lues, là.
M. Girard
(Groulx) : Oui, il vous a donné les chiffres...
M. Barrette :
Il ne les a pas inventés, là.
M. Girard
(Groulx) : Non. O.K. Vous voulez savoir l'ampleur? Moi, les...
M. Barrette :
Bien là, il y a le document, il nous a lu un document. Est-ce qu'on pourrait
le...
M. Girard
(Groulx) : Ah! il n'avait pas de document, lui.
M. Barrette :
Bien là, il nous a...
M. Girard
(Groulx) : Il se référait à des... qui ont été...
M. Barrette :
Il ne savait pas ça par coeur, là.
M. Girard
(Groulx) : Bien oui, bien oui. On avait 2,5 milliards de
disponibles, puis il y a approximativement 1,6 milliard qui a été
consommé, 10 000 entreprises. Puis là c'est réparti, l'AERAM, le PACTE, le
PAUPME.
M. Barrette :
Bien, tout ce qu'il nous a énuméré, on aimerait avoir la documentation.
M. Girard
(Groulx) : Bien, écoutez, aux crédits, là, posez cette question-là au
ministre de l'Économie, demandez-lui les chiffres, il vous donnera les chiffres
à jour cette journée-là.
M. Barrette :
Très bien. Alors, je continue, M. le Président. Dans l'optique de tout ce
que... Ah oui! Il y a une autre question à laquelle... qui a été posée pendant
que je n'étais pas là, parce que je ne pouvais pas être partout. C'est quoi, la
position finale du ministre, là, actuellement, sur la nationalisation des
CHSLD?
M. Girard
(Groulx) : Oui. Alors, c'est qu'il y a des sommes de prévues dans la
base budgétaire du ministère de la Santé pour des conversions et des
nationalisations. Et chaque cas est différent, là, en vertu des
40 contrats avec les CHSLD privés. Chaque situation est différente. Alors,
il y aura des conversions puis il y aura des nationalisations.
M. Barrette :
Donc, il va y en avoir.
M. Girard
(Groulx) : Il peut y en avoir. Chaque cas est différent.
M. Barrette :
Non, je comprends, mais je veux dire, ce que je comprends de la vision du
ministre, c'est qu'il va y en avoir quelques-unes.
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Barrette :
Puis ça va être basé sur quels paramètres? On va décider de nationaliser un
plutôt que convertir un autre comment?
M. Girard
(Groulx) : Ah! mais ça, c'est une question pour le ministre de la
Santé, là.
M. Barrette :
O.K. Mais il va y en avoir.
M. Girard
(Groulx) : Dans les 40 cas, O.K., chaque cas est différent, il
peut y en avoir. Alors, je pense que si vous avez une question précise sur un
cas, vous la poserez au ministre de la Santé.
M. Barrette :
O.K. Ça marche. À B.39, ça, j'aimerais avoir vraiment, vraiment la vision
précise du ministre là-dessus, là. B.39, il y a quelque chose qui m'a étonné,
95 millions, là, pour des maisons de répit. C'est quoi, le
plan?
Je vais être plus
précis dans ma question parce qu'on fait référence à des maisons Gilles-Carle.
Moi, je peux vous dire qu'à l'époque j'avais regardé ça, et puis une
Maison Gilles-Carle, là, par place, ça coûte 250 000 $ par
année. Ça, ça serait plus cher, ça serait le double de ce qu'on donne à
l'hôpital en courte durée. C'est quoi, le plan, là? Parce que ça, c'est une
autre affaire, là, qui manifestement va être limitée dans le temps compte tenu
du prix.
Alors, moi, ce qui
m'intéresse ici, là, ce 95 millions là, là, d'après vous, là, dans vos
plans, ça se décline en combien de places?
M. Girard
(Groulx) : Je ne crois pas qu'on ait cette information dans le budget.
Est-ce que... Attendez...
M. Barrette : Non, non, il
n'est pas dans le budget, c'est pour ça que je pose la question, là.
M. Girard
(Groulx) : Oui, bien, si l'information n'est pas dans le budget, vous
allez devoir poser votre question à la ministre responsable des Aînés.
M. Barrette :
Oui, mais, je veux dire, M. le ministre, quand vous écrivez un budget avec
votre équipe comme ça, c'est parce que ce n'est pas des chiffres lancés en
l'air, là.
M. Girard
(Groulx) : Bien non, il y a du travail qui est fait en étroite
collaboration...
M. Barrette :
Donc, vous savez essentiellement de quoi il en retourne, d'où ma question.
Normalement, vous avez cette information-là ou votre équipe. Là, je comprends
que vous ne puissiez pas savoir tout par coeur, là, mais normalement vous avez
cette information-là.
M. Girard
(Groulx) : Attendez, je vais aller voir...
M. Barrette :
Sinon, M. le ministre, est-ce que vous vous engagez à nous donner l'information
plus tard? Ce n'est pas grave, je n'ai pas besoin de l'avoir sur-le-champ.
M. Girard (Groulx) :
Mais, écoutez, je m'engage à ce qu'on essaie de vous trouver une réponse
cohérente, je ne voudrais pas qu'on perde de votre temps de qualité sur cet
aspect pour lequel je n'ai pas la réponse dans l'immédiat. Alors, allez-y.
M. Barrette :
Parfait. Mais vous vous engagez à nous donner une réponse, moi, ça me
satisfait.
M. Girard
(Groulx) : D'accord.
M. Barrette :
Alors, M. le Président, je vais dans un domaine connexe, avant de revenir, là,
je fais un pas en avant, un pas en arrière,
peut-être, mais ce n'est pas pour mélanger le ministre, c'est parce qu'il y a un sujet que je ne peux pas... il y a deux sujets à
côté desquels je ne peux pas passer. Alors, je vais y aller sur le TCS, le
transfert en santé. Je pense que personne ne sera surpris si je dis que le ministre
est comme moi, il souhaite un transfert augmenté. Vous avez la réponse déjà?
M. Girard
(Groulx) : Je peux vous la lire. Vous me direz si ça vous satisfait.
M. Barrette :
Oui.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Pour améliorer les conditions de vie des proches
aidants. «Ces sommes s'ajoutent à celles annoncées dans les deux derniers
budgets de 240 millions pour améliorer la qualité de vie, pour un total de
300. Les sommes pour les proches aidants serviront pour les services de répit,
services d'accompagnement et de soutien, formations visant à mieux accompagner
les personnes aidées.»
M. Barrette :
Oui, c'est parce que...
M. Girard
(Groulx) : Oui, alors, vous allez donc devoir parler à la ministre des
Proches aidants pour avoir plus de détails. Moi, je peux simplement vous donner
ces trois éléments-là : services de répit, accompagnement et soutien,
formations visant à mieux accompagner les personnes aidées.
M. Barrette :
O.K. Allons sur le TCS.
M. Girard
(Groulx) : TCS, allons-y.
M. Barrette :
Oui. Alors là, le ministre souhaite qu'on ait des transferts.
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Barrette :
O.K. Et il nous a bien dit, en début d'échange, du moins avec moi... non, avec
tout le monde, que son budget était fait
sans TCS augmenté, O.K.? Alors, est-ce que le fait que le TCS n'augmente pas
est l'explication qui fait en sorte qu'en 2022‑2023, en santé et
services sociaux, c'est juste 4 % d'augmentation?
M. Girard
(Groulx) : Non, il n'y a aucun lien.
M. Barrette :
Il n'y a aucun lien.
M. Girard
(Groulx) : Aucun lien.
M. Barrette : Alors, O.K., on
va prendre le 4 %. Pourquoi juste 4 %?
M. Girard
(Groulx) : C'est la base, c'est la base budgétaire. Alors, lorsqu'on
se réfère... et puis je pense qu'on en parle dans le fascicule, mais, lorsqu'on
se réfère à l'étude du Conference Board sur les coûts de la santé au Canada, on
dit une croissance approximative à long terme, pour les 20 prochaines
années, de 5 %, mais on réfère à 4 % pour la base, et le 1 %
additionnel, c'est la démographie, les nouvelles technologies, les nouveaux
médicaments.
M. Barrette : O.K., c'est 5,5 %, le chiffre qui est
l'objectif. 4 %, c'est juste, 4 %, c'est... on tout juste
reconduit l'année d'avant.
M. Girard (Groulx) : 4 %,
c'est... on pourrait dire ça, que 4 %, c'est la reconduction de
programmes.
M. Barrette : Puis encore. Moi,
je dirais qu'en bas de 4,3 %, 4,5 %, on ne reconduit pas.
M. Girard (Groulx) : Mais le...
M. Barrette : Je veux bien
qu'on... je ne veux pas m'obstiner sur des chiffres, là.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
Obstinons-nous pas sur des chiffres.
M. Barrette :
Mais le chiffre, là, c'est 5,5 %, pour avoir une croissance modeste dans
d'autres secteurs. Est-ce que le ministre peut nous garantir que s'il y
avait quelque montant que ce soit, récurrent ou non, du TCS, ça va aller
complètement en santé?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est sûr. Je vais vous dire pourquoi, O.K., parce que le Québec va assumer ses
responsabilités, que le fédéral nous donne des sommes supplémentaires ou non,
O.K.? Qu'est-ce qui a manqué? Qu'est-ce
qu'on... La crise a montré des vulnérabilités au niveau des infrastructures
dans le réseau de la santé, au niveau du personnel, au niveau de la
rémunération de personnel. Il a manqué de personnel, il a manqué de ressources,
on a des infrastructures vieillissantes.
Alors, le Québec va assumer ses responsabilités, peu importe que le fédéral
contribue plus ou non. Les investissements
nécessaires qui doivent être faits vont être faits. D'ailleurs, c'est pour ça
qu'on a déjà des leçons de la
pandémie, on a déjà des sommes récurrentes, prévention-contrôle des infections,
préposés aux bénéficiaires, rendre permanents les préposés aux
bénéficiaires qui ne l'étaient pas et les fameux dirigeants dans chaque CHSLD.
M. Barrette : Bon. M. le
Président, là, je vais inviter le ministre et tous ses collègues d'arrêter de
délirer sur les dirigeants en CHSLD, là. Il y en avait, c'était un
coordonnateur, c'était un cadre intermédiaire. Tout ce que vous avez fait, c'est que vous avez mis un cadre
supérieur. Ça ne change rien dans la vie du quotidien, là, c'est-à-dire il y avait une personne, il y a encore une personne, c'est son
niveau qui a changé.
M. Girard (Groulx) : Alors,
vous êtes sceptique.
M. Barrette : Bien non, je ne
suis pas sceptique, vous avez changé le titre. Bon, ça fait que c'est un
salaire de plus, là, mais vous n'avez rien fait de plus. Passons au sujet
suivant.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Barrette : Puis ce que le
ministre vient de me répondre, là, ça m'amène à d'autres questions. Le ministre
a dit aussi, à un moment donné, qu'il s'attend à ce qu'il y ait un programme
national de quelque chose, assurance médicaments, ou garderies, ou les deux.
M. Girard (Groulx) : À ce stade-ci...
M. Barrette : Je le sais qu'il
n'y a pas de promesse, mais...
M. Girard (Groulx) : Non, non,
mais à ce stade-ci, c'est fort probable que ce sera garderies.
M. Barrette : Je suis d'accord. Maintenant, qu'est-ce que le
ministre a l'intention de faire avec la compensation qui va
obligatoirement venir avec?
M. Girard (Groulx) : J'ai
l'intention de mettre la compensation pour le programme national des garderies
dans le fonds consolidé, comme tous les transferts fédéraux.
M. Barrette : Pardon? Vous
allez prendre la compensation et la mettre dans le fonds consolidé. Donc, ça
peut aller à une subvention à une compagnie.
M. Girard (Groulx) : Non, mais
écoutez, là, on va...
• (15 h 20) •
M. Barrette :
Non, non, non, la question... la réponse est intéressante, puis la question est
très importante, là.
M. Girard (Groulx) : Oui, mais
les transferts fédéraux vont tous au fonds consolidé, là, je n'ai rien dit de
nouveau. Tantôt, vous m'avez dit : Vous n'avez rien dit de nouveau pour
les... moi, je ne vous ai rien dit de nouveau non plus. Les transferts
fédéraux...
M. Barrette : Ma question, elle
est simple, là.
Le Président (M. Simard) : Un à
la fois, s'il vous plaît.
M. Barrette : C'est vrai, c'est
vrai, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Les
transcripteurs n'y arriveront pas. Alors, pour l'instant, la parole est au
député de La Pinière.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Barrette : S'il y a un
transfert additionnel en santé, récurrent ou non, le ministre va-t-il s'assurer
que cet argent-là va s'ajouter au budget de la Santé et des Services sociaux?
Deuxième
question : S'il y avait un programme, soit l'assurance médicaments, soit
de garderies, un des deux ou les deux, il va y avoir, dans les deux cas,
une compensation. Quelle est l'intention du ministre dans l'utilisation de ces
montants-là? Dans quels secteurs peut-il s'engager aujourd'hui à dire : On
va le mettre là?
M. Girard (Groulx) : Alors, les
champs de compétence provinciaux sont de responsabilité exclusive des
provinces, O.K.? Nous allons faire les investissements qui sont nécessaires en
santé, en éducation, dans les services de garde, peu importent les transferts
fédéraux. Lorsqu'il y a des transferts fédéraux dans des champs de compétence
du Québec, ces transferts sont sans condition et ils vont au fonds consolidé.
Et nous assumons nos responsabilités, nous allons faire les investissements
nécessaires en santé, en éducation, dans les services de garde pour assurer la
qualité des services aux citoyens.
M. Barrette : Il reste combien
de temps, M. le ministre?
Le Président (M. Simard) : Une
minute, cher collègue.
M. Barrette : Une minute. M. le Président, j'ai fait la
démonstration cartésienne, O.K., le ministre nous a parlé d'infrastructures, j'espère
qu'il va se coucher ce soir ou qu'il va, en retournant à Montréal, lire les
pages B.20, 21, 22 et 23, pour montrer à quel point les besoins sont très
grands, puis je vais lui mettre les points sur les i amicalement.
M. Girard (Groulx) : Allez-y.
M. Barrette : B.23, là, c'est
les enjeux les plus criants du Québec en matière d'infrastructures. Ils sont à
l'étude, ils ne seront même pas commencés à être réalisés avant, je dirais,
2028. B.22, là, l'hôpital de Vaudreuil, là, ça
va être beau s'il est construit avant 2031. M. le Président, là, il y a un
déficit d'infrastructures au Québec en quantité, et en capacité, et en
qualité en santé et services sociaux. Je vais faire remarquer au ministre,
là...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Barrette : En conclusion.
M. Girard (Groulx) : Mais je
vais avoir besoin d'une conclusion à la conclusion, là.
Le Président (M. Simard) : Ça
sera dans votre temps à vous sinon.
M. Barrette : À vous. Mais
donc, en conclusion, là, M. le Président, bon, évidemment, je regrette de ne
pas avoir plus de temps, il y a des enjeux qui sont majeurs.
Le
Président (M. Simard) :
Mais il est déjà révolu, et, à partir de maintenant, c'est pris à la
partie ministérielle.
M. Barrette : Permettez-moi une
petite seconde pour féliciter le ministre...
Le Président (M. Simard) : D'accord.
M. Barrette : ...d'avoir pris
notre suggestion pour les crédits au maintien à domicile et de l'avoir mis en
application. C'était une excellente idée.
M. Girard
(Groulx) : Merci!
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci à vous, cher collègue.
M. Girard (Groulx) : Merci pour
le crédit.
Le Président (M. Simard) :
Alors, je cède maintenant la parole au dernier intervenant qui fera...
M. Girard
(Groulx) : Est-ce que
je pourrais utiliser un peu de son temps pour répondre au député de La Pinière?
Le Président (M. Simard) :
Bien, si vous le souhaitez.
Une voix : Allez-y.
M. Girard (Groulx) : Merci. Je
le souhaite.
Le Président (M. Simard) : Ça
va, M. le député de Vanier? Oui? Alors, M. le ministre, mais ça sera toujours
sur votre temps à vous.
M. Girard (Groulx) : C'est
notre temps, M. le Président, on travaille tous ensemble pour comprendre les
finances publiques du Québec.
Le Président (M. Simard) : Je
comprends, mais, moi, je ne peux pas l'inventer, il faut que je le prenne quelque
part. J'ai un ordre de la Chambre, je ne peux pas inventer un temps que je n'ai
pas. Alors, allez-y, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Mais le
député de La Pinière a une expertise en santé, il la partage avec nous,
nous fait part de ses préoccupations, mais
la moindre des choses, ce serait que je réponde, parce que c'est moi qui est
impliqué de près dans les cordons de la bourse. Et un élément de ses
interventions, c'est qu'il n'y a pas suffisamment de fonds dans les infrastructures
pour les investissements extrêmement importants qui sont décrits à la
page B.21, 22, 23. Bon.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Barrette : Ça résume bien ma
pensée.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
Merci. Alors, je tiens à vous dire qu'on a augmenté le Plan québécois
d'infrastructures de 35 % et que la responsabilité première, c'est le
déficit de maintien d'actif. Ça, c'est indéniable, là, tous ceux qui ont
conduit une voiture sur les routes du Québec savent qu'il y a un déficit de
maintien d'actif. Alors, la première responsabilité, déficit de maintien
d'actif. Et vous avez raison qu'il y a des projets extrêmement importants qui
sont à l'étude dans le PQI. Et soyez rassuré qu'on va tout faire pour les
réaliser. Ces projets-là sont... l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, je pense
qu'on a parlé au départ, extrêmement importants, on va s'y attaquer, il y aura de l'argent
supplémentaire qui sera dédié à ça.
Et je dirais, pour l'ensemble des gens qui nous
écoutent, c'est pour ça que c'est important de contrôler notre dette et les finances publiques, M. le Président, parce qu'on a une population qui est vieillissante
et on a des infrastructures qui ont
besoin d'être renforcies. Donc, on va prendre plus de dettes sur notre bilan
pour nos infrastructures, et, pour ça, il faut contrôler notre dette,
parce qu'il y a juste un contribuable, le contribuable québécois. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le ministre. Alors, nous cédons maintenant la parole au député
de Vanier-Les Rivières. C'est la dernière intervention dans le cadre de ce
débat, la dernière mais non la moindre. Cher collègue, nous vous écoutons.
M. Asselin : Merci beaucoup. Je
suis très heureux de pouvoir m'exprimer sur le budget. Merci au ministre.
D'ailleurs, je vous ai écouté depuis le début, puis je salue le ton convivial,
l'atmosphère dégagée qu'il y a eu, vous en êtes en partie responsable, même
s'il y a un petit peu du président là-dedans.
Une voix : ...
M. Asselin :
Bon. On va se parler un peu d'Internet parce que, veux veux pas, c'est un sujet
de prédilection pour moi. Le
gouvernement a annoncé qu'il va investir 826 millions de dollars pour son programme
de connexion haute vitesse dans toute
la province. On parle de 733 millions pour le volet Éclair et
92 millions pour le volet Régions branchées. C'est mon collègue d'Orford, Gilles, qui est au bâton,
puis je peux vous dire qu'à chaque semaine je l'interroge un peu sur comment
ça va, puis je suis content de voir qu'il a
repris, on dirait, un certain souffle par rapport à sa récente nomination. Ça
va bien, ses affaires, là, puis j'ai
l'impression qu'on va y arriver, là, c'est pour de vrai qu'on va brancher tous
les Québécois à Internet.
Alors, avec la pandémie puis le télétravail,
c'est plus urgent que jamais que les foyers soient tous branchés à Internet,
c'est devenu une nécessité. Évidemment, la pandémie nous a mis la réalité
devant la face, là, ce n'est pas évident. À l'avenir, peu
importent les besoins, les gens vont pouvoir trouver un moyen d'obtenir une
connexion haute vitesse, puis c'est une bonne chose. Je peux dire que cette
fois-ci, donc, ça va être la bonne.
Est-ce que vous pouvez peut-être nous expliquer
de quelle manière les sommes imparties sont ventilées? Je sais que vous y avez
fait référence avec le député de Pontiac dans le passé, mais peut-être qu'on
peut prendre deux, trois minutes, là, pour expliquer la ventilation du budget, parce
que ça reste que c'est un élément important, et tout le monde sait que, pour
moi, en tout cas, c'est une question cruciale. Alors, je vous laisse expliquer
la ventilation.
• (15 h 30) •
M. Girard
(Groulx) : Alors, dans le
1,2 milliard, il y a 93 millions qui sera... La contribution du
gouvernement du Québec sera de 826 millions. Il y aura 93 millions
associés au projet Régions branchées, 733 millions à l'approche Éclair phase I. Et, de ce 826 millions,
le gouvernement fédéral s'est engagé à payer 413 millions,
soit 50 % de la
phase I. Et l'argent du gouvernement fédéral n'est pas dans le cadre
financier, il devrait être comptabilisé dans l'année 2021, pour la simple
et bonne raison que le fédéral a confirmé sa participation après que le budget
soit... ait été fermé.
Ensuite, les
sommes additionnelles qui nous amènent au 1 255, c'est donc
1 255 moins 826. Et, étant extrêmement nerveux devant cet
auditoire, je vais prendre ma calculatrice plutôt que d'essayer de faire un
calcul mental et... pour ne pas me tromper,
voilà. Les sommes supplémentaires sont donc budgétées à la deuxième année,
l'année 2021‑2022, et ce sera la phase II du programme Éclair, et
tout ça vise, M. le Président, à brancher, et là je reviens parce que vous
voulez les détails, alors il y a la complétion du fameux Québec branché du
gouvernement précédent, il y a le Québec haut débit, il y a Québec Éclair, et à
ça s'ajoutent les sommes qui étaient prévues par le gouvernement fédéral qui
étaient plus tard dans le cadre financier, et c'est parce que, nous, on a
décidé d'aller plus vite, que le gouvernement fédéral a décidé de modifier sa
stratégie, devancer ses sommes, et lorsque le gouvernement fait un tel geste,
il doit évidemment, par souci d'équité, là, faire pour les
10 provinces et territoires, et là ça les amenait à revoir l'ensemble
du cadre financier pour l'Internet haute
vitesse. Alors, en tout, on vise d'ici 2022 à brancher 250 000 foyers
additionnels.
M. Asselin : Je vais maintenant
faire un parallèle avec du virage numérique panquébécois avec la transition qui
est amorcée en éducation, surtout le secteur primaire et secondaire.
Laissez-moi donc, M. le Président, poser une question, peut-être simple à
répondre pour vous, mais directe : Comment pouvons-nous financer
l'acquisition des TI de concert avec des projets pédagogiques en éducation?
Pourquoi misons-nous sur certains secteurs particuliers en TI? Et quelles
sommes sont prévues dans le budget reliées à ce... cet objet-là?
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce que vous parlez de l'équipement informatique pour le réseau de
l'éducation ou de la pénurie de main-d'oeuvre en technologie de l'information?
M. Asselin : Les deux.
M. Girard (Groulx) : Les deux,
ah, bien, O.K. c'est donc deux questions complètement différentes. Alors,
pour ce qui est de l'acquisition de matériel informatique dans le secteur de
l'éducation, alors, ça, je vais vous trouvez ça, c'est à... pour suivre... pour
le réseau de l'éducation primaire et secondaire, ça, c'est dans quelle
rubrique, chers collègues? Vous cherchez, O.K., d'accord, alors je vais revenir
sur la première partie de votre question qui est, de toute évidence, est une
excellente question puisque ce n'est pas une balle donnée, là, et qu'on part et
puis qu'on vous défile, c'est vraiment une question pertinente où comment, dans
quelle rubrique nous finançons les équipements technologiques additionnels pour
l'enseignement primaire et secondaire, et c'est vraiment, il y en a eu, des
dépenses.
M. Asselin : Je suis un ancien
directeur d'école...
M. Girard (Groulx) : Oui, oui,
bien ça, je...
M. Asselin : Ça fait que c'est
particulier, là, au fait que mon ancien métier m'interroge.
M. Girard (Groulx) : Directeur
d'école un jour, directeur d'école toujours.
M. Asselin : C'est ça.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
O.K.
Pour ce qui est de la pénurie de main-d'oeuvre
en technologies de l'information, bien, c'est certain qu'on a visé le
collégial, le secteur technique, les facultés de sciences, de génie
informatique, informatique. Et en tout, pour la formation reliée aux secteurs
des technologies de l'information, depuis le budget précédant la mise à jour
plus ce budget, on parle de 400 millions sur un horizon de cinq ans qui,
je pense, témoigne la réalisation que, d'une part, c'est extrêmement important
et, d'autre part, il y a une pénurie de main-d'oeuvre dans ce secteur-là. On
produit approximativement 6 500 diplômés par année en technologies de
l'information. Nous pourrions en utiliser près de 10 000. Alors, l'écart
se creuse continuellement.
Et est-ce qu'on a trouvé... 57 millions
pour les classes à l'automne, mais c'était dans la mise à jour, et non dans le
budget. Et plus à la page C.11.
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Le 57 millions?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Ah! O.K.,
O.K. Plus le 10 millions pour suivre le... Oui, ça, en fait, c'est une
autre rubrique, là. O.K.
Alors, c'était... La raison qu'on ne le trouvait
pas, ce qui ne diminue en rien la qualité de votre question, c'est que c'est...
l'argent qui a été associé à ça était dans la mise à jour, 57 millions
pour l'équipement qui vise à faciliter l'enseignement
à distance. Et ça, ça inclut bien sûr les tablettes, mais aussi les caméras
pour permettre aux professeurs de diffuser leurs cours en ligne.
M. Asselin :
...la section C.5 à C.14 du plan budgétaire, toutes les mesures que nous
avons mises en place pour soutenir la
réussite scolaire... Puis vous comprenez, avec ce que je viens de vous dire,
que ça me touche particulièrement. Certains retards sont anticipés dans
le cursus d'apprentissage des élèves en lien avec le confinement puis la fermeture des écoles due à la pandémie. Il est
donc important, plus que jamais, de soutenir les ressources en
éducation, justement pour combler les
retards appréhendés et s'occuper convenablement de ceux qui ont des besoins en
ressources additionnelles pour parfaire leur scolarité. Dans Vanier-Les
Rivières, plusieurs écoles primaires sont vétustes. Une école telle que l'école
Vanier est même classée au Répertoire du patrimoine bâti, puis leur bâtiment
est classé patrimonial.
Avec des nouvelles sommes, certaines écoles vont
pouvoir rénover les locaux pour devenir de véritables milieux de vie. Sur
cinq ans, il y a des nouvelles mesures en éducation qui touchent
574 millions, pour l'année 2021-2022, 205 millions. Mais
j'aimerais parler particulièrement du 95 millions qui est ajouté au
niveau, 2021‑2022, par rapport à certains objets. La valorisation de la profession
d'enseignant, 10 millions, 13 millions pour les classes spéciales, 5 millions avec la réussite
éducative des élèves autochtones puis l'égalité des chances, il y a eu
13,3 millions au niveau de l'accessibilité des services de garde, 45 millions
au niveau des bâtiments sécuritaires, 5,3 millions reliés à la réussite
éducative puis la persévérance scolaire par la recherche et l'intelligence
artificielle. Puis un certain nombre d'autres mesures, le 95 millions a
été ventilé de cette façon-là.
Puis, j'ai aussi observé qu'il y a eu, avec les
mesures COVID, là, une grosse croissance du portefeuille Éducation. En 2021‑2022,
on parle de 4,6 % puis, avant ça, en 2020‑2021, de 9,6 %.
Donc, de quelle manière est-ce qu'on peut
continuer à débloquer les fonds nécessaires pour consolider les apprentissages
compte tenu de ces réalités-là, puis sachant que le secteur engendre
18,3 milliards de dépenses sur les 121 milliards de dépenses du
portefeuille comme tel?
M. Girard
(Groulx) : Bien, ça va me
permettre, pour nos auditeurs et les gens qui sont présents, de
souligner l'impact du changement dans la
norme comptable, dans le traitement des transferts aux municipalités et des universités qui sont des entités autonomes. Parce qu'en
vertu du changement dans la norme comptable on doit beaucoup plus rapidement
passer à la dépense les transferts, et ce qui fait que les taux... lorsque les
infrastructures passent à la dépense en fonction de la réalisation de la
construction plutôt que le financement, comme autrefois, ça va amener beaucoup
plus de fluctuations dans les taux de croissance d'une année à l'autre.
Comprenez-vous? Si, une année, on fait un nouveau... ou les années où on ferait
un nouveau campus d'une université francophone à Montréal, les taux de
croissance de dépenses de l'enseignement supérieur vont augmenter, et, par
définition, les années qui suivraient ces constructions, on va avoir des taux
de croissance, puis là je vais me faire poser des questions : Pourquoi
vous avez seulement 1 % de croissance puis, l'an dernier, vous
aviez huit, puis qu'est-ce que vous faites, le «stop and go» budgétaire?
Il y aura plus de volatilité dans les taux de
croissance des dépenses en raison de cette modification de la norme comptable,
M. le Président, alors, pour nous tous, se préparer à ça. Et on en voit
l'impact avec le taux de croissance, cette année, de 8,7 % en enseignement
supérieur. Oui, il y a des ressources en enseignement supérieur, on adore
l'enseignement supérieur, on y croit, mais il y a aussi, en arrière de ça, des
infrastructures.
Alors, historiquement, l'éducation c'est
15 %, l'enseignement supérieur c'est 8 % du budget du Québec, donc
23 % pour les deux. La santé est 43. Alors, 43, 23, éducation,
enseignement supérieur, troisième poste budgétaire du Québec, M. le
Président : le service de la dette. Et j'ai de la suite dans les idées,
service de la dette, nécessité de contrôler la dette, revenir à l'équilibre
budgétaire pour pouvoir investir, livrer les services en santé, en éducation,
maintenir le fardeau fiscal, faire face à des intempéries, M. le Président,
comme une récession, une autre récession qui viendrait, pas besoin d'une
pandémie pour avoir une récession, équité intergénérationnelle, et puis, si on
parle d'infrastructures, le député de La Pinière parlait de l'importance des
nouvelles constructions, et moi, ce qui me tient éveillé, lui voudrait que je
sois éveillé avec la section B.21, B.23, les nouvelles constructions, moi,
ce qui me tient éveillé, c'est le déficit de maintien d'actif des constructions
existantes, M. le Président.
Alors, lorsqu'on somme ces préoccupations, en
éducation, en enseignement supérieur, en nouvelles infrastructures, en déficit
de maintien d'actifs, c'est important, M. le Président, de revenir à l'équilibre
budgétaire, de contrôler notre dette pour être en position de force pour livrer
les services, pour faire face à la lutte aux changements climatiques et aux
intempéries économiques. Et c'est pour ça qu'on va revenir à l'équilibre.
M. Asselin : Je comprends qu'il
nous reste une minute?
Le Président (M. Simard) :
1 min 20 s.
• (15 h 40) •
M. Asselin :
Peut-être souligner avec bonheur, aujourd'hui même, la députée de Prévost, la ministre des Proches aidants et des Aînés vient d'annoncer
une nouvelle politique d'hébergement et de soins, de services et de services
longue durée. Si on calcule, ce sont 66,8 millions par année pendant cinq
ans qui vont être consacrés. Donc, je trouve ça intéressant de voir qu'à moyen
terme on a prévu renforcer les soins en hébergement puis on est prêts,
espérons-le, pour la suite des choses.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, peut-être le mot de la fin. Il vous reste 30 secondes.
M. Girard (Groulx) : Le mot de
la fin.
Le Président (M. Simard) :
...juste des remarques finales comme telles, mais enfin...
M. Girard (Groulx) : Le mot de
la fin.
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : Non. Mais d'abord,
oui, je vais y aller avec une touche personnelle, là. J'espère que personne ne
m'en voudra. Ma mère aura 80 ans ce week-end.
Le Président (M. Simard) : Wow!
Bravo!
M. Girard (Groulx) : Et elle
nous écoute, elle adore les commissions parlementaires, les débats avec le
député de La Pinière, et elle a une passion pour l'éducation.
Le Président (M. Simard) : Et
elle vient de Québec.
M. Girard (Groulx) : Et elle
est de Québec.
Le Président (M. Simard) : On
la salue.
M. Girard (Groulx) : Alors,
merci, M. le Président. Je dirais : c'est très important d'avoir une
capacité fiscale solide à long terme pour faire face aux enjeux qui se
présentent.
Le
Président (M. Simard) :
Alors, merci à tous. Notre commission a accompli son mandat. Je tiens à
remercier, bien sûr, le ministre, les différents critiques qui se joints à
nous, nos collègues députés. Et donc nous allons ajourner nos travaux, et on se
retrouve ensemble le mardi, le 20 avril. À bientôt.
Et merci à nouveau à notre précieux secrétariat
qui est toujours d'un très grand professionnalisme. Merci encore. Au revoir.
(Fin de la séance à 15 h 43)