(Onze
heures trente-trois minutes)
Le
Président (M. Simard) :
Bonjour, chers collègues. À l'ordre, s'il
vous plaît! Je constate que nous
avons quorum. Je déclare donc cette séance de travail ouverte.
Comme vous le savez, notre commission est réunie
afin de poursuivre le débat sur les crédits supplémentaires n° 1 pour l'exercice financier se terminant le 31 mars 2020
adoptés le 17 mars 2020.
Mme la secrétaire,
bonjour. Y aurait-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire :
Oui. Alors, M. Asselin (Vanier-Les Rivières) est remplacé par Mme Picard
(Soulanges); M. Barrette (La Pinière) est remplacé par... non, excusez-moi, M. Fortin (Pontiac) est remplacé par Mme Rizqy (Saint-Laurent),
pardon; M. Marissal est remplacé par Mme Labrie (Sherbrooke); et
M. Ouellet (René-Lévesque) est remplacé par Mme Hivon (Joliette).
Le
Président (M. Simard) : Très bien. Alors, comme le veut la tradition,
nos débats se dérouleront pendant environ 1 h 30 min. Nous accueillons ce matin le ministre de
l'Éducation et l'équipe, bien sûr, qui l'accompagne, que je salue également. Plus tard, nous aurons la visite du
ministre de la Santé. Et je cède immédiatement, donc, la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle, la députée de Saint-Laurent.
Madame.
Discussion générale
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour. De retour avec le
ministre de l'Éducation. M. le ministre, vous avez reçu ce matin, à 8 heures, un courriel de l'organisation
des participations des parents de l'école Ludger-Duvernay qui désire vous faire part de ses profondes
inquiétudes, et je cite, « concernant la mesurealimentaire à 1 $ des repas
du midi, une suppression qui touche
33 % de l'école Ludger-Duvernay. Malgré votre promesse effectuée sur les
ondes le 25 août dernier, au
98,5 FM, et relayée par les journaux imprimés, force est de constater que
la mesure ne sera pas déployée dans les
écoles de Ludger-Duvernay, mais aussi dans Saint-Zotique et Charles-Le Moyne,
des écoles pourtant au coeur de milieux défavorisés. Les raisons ne sont
pas connues, mais les faits sont là, des enfants sont sur la touche.
«Nous
vous remercions en avance de palier cette situation plus que préoccupante. Et,
dans l'attente, nous vous prions, M. le ministre, d'agréer l'expression
de nos salutations distinguées.
«Mathieu Gillet,
parent et porte-parole de l'OPP Ludger-Duvernay.»
M. le ministre, je me
suis levée en Chambre sur la question de l'aide alimentaire. Au mois d'août,
j'ai contacté — d'ailleurs je la salue — votre cheffe de cabinet. Et immédiatement
vous, vous m'avez rassurée que vous prenez la situation immédiatement au sérieux. Aujourd'hui, on est le
16 septembre. On parle d'enfants vulnérables. Ma cheffe, la porte-parole de l'opposition officielle, c'est
dans son comté, elle a aussi communiqué avec votre bureau. Alors, pour nous,
aujourd'hui, c'est plusieurs écoles qui ont
besoin d'avoir l'heure juste. Et comment se fait-il qu'entre le mois d'août
puis aujourd'hui il n'y ait pas eu un suivi pour s'assurer que ce que
vous, vous avez promis soit réellement en application sur le terrain?
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Juste avant de poursuivre, je m'excuse, c'est une
petite question d'intendance. Comme on a
commencé trois minutes en retard, y aurait-il consentement pour qu'on poursuive
trois minutes plus tard? Tout le monde aura son temps. Consentement.
Très bien. M. le ministre.
M. Roberge : Bonjour, M. le Président. Chers collègues, je
suis content qu'on parle de l'aide alimentaire parce que c'est quelque chose qui nous préoccupe énormément,
de maintenir et d'augmenter l'aide alimentaire. Ça fait deux budgets du
nouveau gouvernement, puis, à chaque fois, on a augmenté de manière
substantielle les fonds pour aider les jeunes qui ont besoin de soutien alimentaire. Donc, l'an
passé, il y a eu une hausse, cette année on arrive avec une
hausse et une façon nouvelle et améliorée de redistribuer l'argent.
Autrefois, pendant les précédents gouvernements et pendant des années, on ne pouvait... je caricature, c'est comme
si on pouvait aider des écoles défavorisées mais pas seulement des élèves.
C'est parce qu'on y allait seulement selon les
indices de milieu socioéconomique ou les indices de seuil de faibles revenus. Mais,
si on avait le malheur d'être un enfant qui est dans un quartier de classe moyenne ou même un quartier aisé puis
qu'on est dans un HLM ou un loyer modique, qu'on a des problèmes, ou, même si nos parents avaient une grande
aisance financière et que survient un coup dur comme la pandémie, perte d'emploi, bien, d'emblée, ce
n'était pas possible d'avoir de l'aide alimentaire. Ça, c'était l'ancienne
façon de faire.
À partir de cette année, bien sûr,
on va en donner davantage dans des milieux
défavorisés. On a mis une mesure
spécifique pour protéger contre toute possibilité de coupure, de quelque façon que ce soit, les écoles qui sont cotées 8,
9 et 10, donc
le 30 % des écoles en milieu
défavorisé. Ça, c'est certain, mais
on a bonifié d'à peu près 60 % les fonds dédiés à l'aide
alimentaire dans une seule année. Il
faut le faire. Qui dit mieux? Personne ne va lever la main, ça ne s'est jamais
fait. Et on s'est assurés de redistribuer l'argent dans toutes les
écoles quand les élèves en ont besoin.
Et
je termine avec quelque chose sur lequel on n'a pas une prise directement. C'est qu'à Montréal ils se sont dotés d'un autre outil, à
l'extérieur du périmètre du gouvernement, qui s'appelle le comité de gestion de
la taxe de l'île de Montréal, qui n'a pas subi de coupure. Parce que, quand on a
diminué... J'essaie de raccourcir, M.
le Président. Quand on a baissé la taxe scolaire, on s'est
assurés de faire des subventions d'équilibre pour qu'il
n'y ait aucune commission scolaire, aucun centre de
services qui ait moins d'argent pour ça. Mais, malgré tout, on a entendu cette
inquiétude-là formulée par ma collègue. On a parlé hier au D.G. du centre de
services puis on va trouver des solutions.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Madame... chère collègue.
Mme
Rizqy : M. le Président, je n'ai pas entendu la réponse à ma question. C'est qui qui s'est
occupé du suivi? Ça prend une
personne, à un moment donné, qui est imputable. Alors, c'est qui, chez vous,
là, qui a fait le suivi? Parce que, là,
aujourd'hui, on a un parent qui revient à la charge, parce
qu'il y a quand
même, là... Rappelons-nous, là, je
vous ai parlé au mois d'août, juste pour l'école Ludger-Duvernay, qui
est dans Saint-Henri, c'est 109 élèves qui sont visés par cette mesure alimentaire. Et aujourd'hui on nous
dit qu'à ce jour l'aide n'est pas arrivée, et la situation a empiré, et il y a d'autres
écoles. Alors, c'est qui, au mois d'août, que vous, M. le ministre, vous avez
dit : Non seulement... J'ai entendu, moi, ce que vous dites, on a
mis de l'argent, c'est correct, mais ça ne s'est pas rendu aux élèves.
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. le ministre.
• (11 h 40) •
M.
Roberge : M. le Président, nos règles budgétaires sont très claires
sur la manière de redistribuer l'argent dans les centres de services. La balise est très, très claire que d'aucune
façon, même en réaffectant notre argent autrement, une école qui est cotée 8, 9 ou 10 pourrait subir la moindre
coupure. D'accord? C'est très, très clair, c'est limpide dans les règles
budgétaires et c'est ce qui dicte la
répartition des ressources dans le réseau scolaire, les règles budgétaires. Le
budget, c'est une chose, mais les règles budgétaires, c'est ce qui est
lu avec attention.
Je
reviens sur le fait qu'à Montréal il y a quelque chose de particulier, qu'en
plus ils se sont donné quelque chose à
côté, le comité de gestion de la taxe de l'île de Montréal. Je précise encore
une fois que le fait qu'on ait baissé les taxes scolaires au bénéfice des contribuables n'amène d'aucune manière une
baisse de revenus pour les écoles montréalaises ou les centres de
services à la grandeur du Québec, francophones, anglophones.
S'il y a un enjeu, s'il y a une incompréhension...
parce qu'il ne devrait vraiment pas y en avoir, là, moi, je trouve ça inexcusable s'il y en a, mais, s'il y en a, on va
le régler. Et hier un sous-ministre adjoint a communiqué avec la direction
générale du centre de services concerné pour
s'assurer de répondre aux questions, de dire que jamais on ne va couper de
l'aide alimentaire à des jeunes.
Le Président (M.
Simard) : Merci. Mme la députée.
Mme Rizqy : Je vais relire, là, juste pour le ministre. Le 21 août, c'est
lorsqu'on s'est parlé avec votre cabinet, moi-même. Puis je vous connais, M. le ministre, je sais que ça, c'est
quelque chose que vous, vous n'avez pas toléré. Alors, quand vous nous dites : Marwah, on s'en
occupe, moi, je m'attends à ce que ce soit pour de vrai fait. Aujourd'hui, ce
matin, ce n'est pas le cas. Le
courriel était assez clair, du parent, il dit : « Les raisons ne sont pas
connues, mais les faits sont là : les enfants sont sur la touche.»
Donc,
je comprends que vous n'avez mandaté personne pour faire le suivi. Alors,
aujourd'hui, 16 septembre, si vous n'êtes pas capable de me dire qui vous avez mandaté pour faire le suivi,
dites-moi : Voici notre plan de match aujourd'hui, 16 septembre, pour faire le suivi, pour
s'assurer que tous les enfants de Ludger-Duvernay qui doivent avoir l'aide
alimentaire l'auront, ainsi que les
enfants de l'école Saint-Zotique, Charles-Le Moyne, et je me permets d'ajouter
Hochelaga-Maisonneuve. Je le connais
bien, ce comté-là, je suis née puis j'ai grandi là. Donc, M. le ministre, à
partir de maintenant, qui va s'assurer du suivi?
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. le ministre.
M.
Roberge : M. le Président, je le répète, que les sommes bonifiées...
Je ne veux pas dire que les sommes de l'an passé sont encore là cette année, on serait en dessous de la vérité. La
vérité, c'est qu'il y a plus de sommes cette année que les années passées, et la manière de les
distribuer est plus adéquate, et il y a une protection contre toute coupure
pour les écoles qui sont cotées 8, 9 et 10.
L'information est là, l'argent est là. Il semble y avoir eu, là, en tout cas, un problème d'interprétation,
peut-être. On va le valider, là.
Avant de prendre ce que ma collègue dit, là, comme étant un fait, on va le
vérifier. Peut-être qu'au centre de
services de Montréal, il y a eu mauvaise interprétation, mais on va valider les
choses. Hier, il y a eu une conversation. On va faire tous les suivis
nécessaires pour que les élèves ne paient pas le prix.
Le Président (M.
Simard) : Merci. Mme la députée.
Mme
Rizqy : Vous avez juste à prendre connaissance à vos courriels, là.
Vous êtes visés par un courriel, je suis en copie conforme, le député d'Hochelaga-Maisonneuve est en copie
conforme, ma collègue de Sherbrooke est en copie conforme. À un moment donné, là, il faut faire le
suivi, parce qu'on est rendus le 16 septembre, puis, chaque jour qui
passe, c'est des enfants qui, eux,
là, n'ont pas reçu l'aide alimentaire. Et on n'apprend pas au Québec lorsque
notre ventre est vide, ça, je peux vous le garantir.
Là,
maintenant, mon temps est assez court. Je sais que vous avez répété ad nauseam que
vous avez mis de l'argent supplémentaire,
je n'en doute pas, que vous avez mis de l'argent supplémentaire. Moi, ce que je
vous dis, il n'y a pas eu de suivi sur le terrain pour que l'argent se
rende aux bons endroits.
Maintenant,
hier, là, je vous ai parlé du code de couleurs. M. le Président, je vais être
très claire : ceci, ce que je vais vous présenter, n'est pas le code de couleurs du gouvernement, c'est une
adaptation de l'opposition officielle école par école. Étant donné qu'on n'a pas eu de plan B ou plan C
pour la gestion de la pandémie, j'ai proposé, jeudi dernier, suite au tableau
de Christian Dubé... Donc, je le répète,
ceci n'est pas le tableau du gouvernement mais vraiment d'une opposition
officielle. J'ai repris le code de
couleurs. Moi, je vous le dis, j'ai salué le code de couleurs, je trouve que
c'est bon d'avoir des codes de
couleurs, j'apprécie le contenant. Maintenant, j'aimerais qu'on travaille sur
le contenu, école par école, parce que je ne crois pas au mur-à-mur et je crois que c'est très important que les
parents, les enseignants ainsi que les enfants sachent un peu à quoi
s'attendre.
Alors,
j'aimerais qu'on regarde ensemble, M. le ministre... Parce que, là,
aujourd'hui, au Québec, on ne sait pas qu'est-ce que ça veut dire être dans
une école orange, c'est quoi, les conséquences. Moi, je me suis permis
d'ajouter un palier, l'ultime, bourgogne, un rouge plus foncé. Le
bourgogne, là, disons, là, que... Regardez, je ne suis pas... je suis hyperflexible, là, vous pouvez changer les couleurs
puis vous pouvez même diminuer les alertes, si vous voulez, mais disons
que le bourgogne, c'est le scénario qu'on ne
veut pas revivre, c'est-à-dire la fermeture des écoles, telle qu'on l'a vécue
au mois de mars.
Comment qu'on
le remplit, ce tableau? Là, je vous fais des suggestions. Vous, là, c'est
quoi, votre plan de match, disons qu'il y a
une école qui est rendue orange? Qu'est-ce
qu'on fait pour s'assurer qu'on ne se
rend pas au dernier palier, c'est-à-dire la fermeture de cette école et
de devoir dire aux enfants de retourner à la maison?
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le ministre.
M.
Roberge : Je vais parler du
code de couleurs très cher à ma collègue, mais il faut quand même que je
revienne sur le début de sa
déclaration. Ce n'est pas nécessaire
que la collègue nous dise de faire nos suivis, nos suivis sont
faits. Les communications sont très claires de ma part, de la part du sous-ministre et de son équipe de sous-ministres adjoints. On communique régulièrement avec tous les gens dans le réseau, et les suivis
sont faits. Je peux garantir, là, que les suivis sont faits et rigoureusement
faits, avec des appels après pour être sûr que c'est bien compris.
Maintenant, je suis content que ma collègue
fasse référence au système d'alertes régionales, d'intervention graduelle qui a été déposé
par mon collègue le ministre
de la Santé. Je pense
que ça a été salué par tout le monde. C'est un système qui est clair, qui est pertinent et qui nous aide à avoir
des mesures graduelles dans la santé.
Dans le réseau scolaire, on s'est basés sur ce système-là
pour faire une gradation aussi et y aller de manière régionale, je pense, c'est
ça qui est raisonnable. On ne veut
pas du mur-à-mur, on ne veut pas relâcher des directives à la grandeur du Québec, parce que
ça va bien dans une région et mal dans l'autre, puis on ne veut pas non plus
serrer la vis dans une région, alors que la région d'à côté aurait peu
de cas ou même aucun cas.
Ce qui se passe dans...
(Interruption)
M.
Roberge : Ça fait un
bruit... Pour ceux qui sont à la maison, peut-être que vous entendez
une espèce de vibration, là, il y a des travaux à l'extérieur.
Bon. Ce qui
se passe au palier orange dans la version gouvernementale, puis il faut
faire attention, ma collègue, là, de
ne pas susciter la confusion, au palier orange, on revient à ce qu'on avait
depuis le début de l'ouverture jusqu'au
13 septembre, c'est-à-dire qu'on ne peut pas avoir davantage de
groupes que le groupe-classe. On ne peut pas faire du parascolaire, du sport-études à l'extérieur de son groupe-classe. Ce
qu'elle propose, de son côté, c'est de fermer la moitié des classes puis
d'avoir des toutes petites classes à partir du palier orange. Je pense que
c'est une très mauvaise idée.
Le Président (M. Simard) :
...Mme la députée. Je vous en prie, allez-y.
Mme Rizqy :
Non, M. le Président, c'est des suggestions. Et je le dis et je le répète, que
je préfère avoir des classes réduites
d'un enseignement maximum 15 élèves, comme qu'on a fait au mois de mai et
que ça a été un franc succès. On n'a plus eu un paquet d'éclosions au
Québec. Et ça a été même apprécié par les élèves et les enseignants.
Le
Président (M. Simard) : Merci, chère collègue. Je cède maintenant
la parole au député de Richelieu comme représentant de la partie
gouvernementale. M. le député.
M. Émond : Merci beaucoup, M. le Président. Content de vous
retrouver, M. le Président. Content de retrouver également l'ensemble des collègues et les équipes qui les accompagnent
pour cette rentrée parlementaire toute particulière, on va se le dire.
Heureux de
m'entretenir, bien entendu, avec M. le ministre de l'Éducation pour échanger
sur un sujet, M. le Président, qui me tient à coeur, vous le savez, la
formation professionnelle, et plus particulièrement la formation accélérée pour
préposés aux
bénéficiaires en CHSLD, dûment nommé Soutien aux soins d'assistance en
établissement de santé. C'est une
formation, M. le Président, qui s'est
déroulée tout l'été, elle se termine officiellement ces jours-ci. D'ailleurs,
le cabinet de la Santé et des
Services sociaux a émis, si je ne m'abuse, hier, un communiqué à ce sujet pour
officialiser l'intégration des nouveaux préposés dans le réseau de la
santé.
Et, M. le Président, je vais commencer, si vous
me le permettez, en résumant un peu les grandes lignes de cette formation pour
bien rappeler à tout le monde de quoi il s'agit. On parle donc d'une formation
de 375 heures, une attestation d'études
professionnelles qui consiste en 120 heures d'enseignement théorique et de
255 heures en formule études-travail
en CHSLD. Les étudiants et les étudiantes ont reçu une bourse qui leur a permis
d'étudier à temps plein pendant les
trois mois de la formation et pour la partie études-travail aussi. M. le
Président, grâce à cette initiative, ce sont, au total, 7 148 nouveaux
préposés qui viennent aujourd'hui grossir les rangs de ces travailleurs
essentiels qui oeuvrent en CHSLD.
Et, si vous
me le permettez, M. le Président, je sais que vous ne m'en tiendrez pas
rigueur, vous savez combien j'aime
parler de ma magnifique circonscription, je vais ouvrir une petite parenthèse
locale afin de saluer et de féliciter les
nouveaux diplômés de ma région, les diplômés du centre de formation
professionnelle Bernard-Gariépy, qui, hier, ont reçu leurs diplômes. Ils sont plus de 50, M. le Président. Je devais
être avec eux pour souligner ce moment, et, bien entendu, le travail me
retenait ici, à Québec, mais je tenais à les remercier au nom de tous les
Québécois, les féliciter pour leur persévérance
et leur souhaiter bonne chance et beaucoup de bonheur dans la pratique de leur
nouveau métier. Marie-Claude, Roxanne, Sébastien, Johanne, Jérôme et
tous les autres, vos collègues, bravo et merci!
• (11 h 50) •
C'est un nouveau métier, M. le Président, qui a
séduit beaucoup de personnes, et j'ai retenu deux extraits de témoignages récents dans les médias, si vous me
permettez. Je débute avec M. Roy qui affirme aimer son nouveau métier,
surtout parce qu'il peut apporter une aide concrète aux résidents — et là
j'ouvre les guillemets : « C'est vraiment desrencontres et les liens qu'on
peut créer avec eux qui m'ont séduit.» M. Buri, également, dans un article
du journal Le Nouvelliste, qui
disait — j'ouvre
les guillemets, M. le Président : «...je fais ça parce que j'ai envie de
faire ma part. Ce que je souhaite
faire et que je trouve le plus gratifiant, c'est de pouvoir amener à ces
gens-là du soleil dans leur journée.» Un métier complètement humain, M.
le Président.
Qu'on se le dise, c'est incroyable ce qu'a
réussi à faire, du côté du ministère de l'Éducation, de toute l'équipe du cabinet et également, bien sûr, les équipes
qui, localement, les membres de la direction, les enseignantes, les enseignants...
C'est un véritable tour de force d'avoir mis
sur pied, M. le Président, cette formation si rapidement, coordonné les
inscriptions, après avoir reçu, je le
rappelle, au-delà de 80 000 candidatures,
parfois aménagé des locaux, planification des horaires des enseignants, les horaires de stage en CHSLD,
un travail colossal accompli en un temps record, M. le Président, tout ça
dans le contexte actuel que l'on connaît tous.
Alors,
évidemment, vous me direz que ce n'est pas suffisant. C'est vrai, on avait
parlé d'ajouter 10 000 nouveaux
préposés, on en est à un peu plus de 7 000. C'est donc pourquoi une deuxième cohorte se
met en branle pour cette formation accélérée, donc, de futurs préposés,
qui vont entamer leur apprentissage le 28 septembre, soit dans quelques
jours, M. le Président.
Je me dirige
vers M. le ministre. Donc, derrière ce succès se cache beaucoup de
travail, vous vous en doutez, et j'aimerais
entendre M. le ministre sur le détail de la procédure qui a mené à la
réalisation de cette formation accélérée. Parce que, M. le
Président, dans une autre vie, alors
que j'oeuvrais en formation professionnelle dans les années 90, j'ai
participé à la refonte d'un cours en
formation professionnelle dans le domaine de l'imprimerie, là, mon champ de
compétence, et j'ai peine à imaginer
le travail qui a été accompli. Parce
que ce n'est pas une mince tâche, là,
de mettre sur pied une formation en formation professionnelle.
Alors,
j'aimerais que le ministre, peut-être, nous parle de la procédure, du travail qui a été
accompli puis comment cette formation
va pouvoir améliorer le sort de nos aînés en CHSLD. Et, pourquoi pas, parce qu'on peut toujours s'améliorer,
est-ce qu'il y a des choses que nous avons apprises qui va nous permettre de
s'améliorer pour la deuxième version de la formation ou la deuxième cohorte qui
va débuter fin septembre?
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M.
Roberge : Merci, M. le
Président. Merci, cher collègue. Vous savez, j'ai écrit deux romans
jeunesse puis un essai politique dans
les dernières années, mais, si j'avais un peu de temps, il faudrait que
j'écrive un livre, Derrière les portes closes quand on a créé le programme de préposé aux bénéficiaires en
CHSLD. Juste pour ça, là,
peut-être, même, ce serait en trois volumes. Ça a été quelque chose de
très, très particulier.
D'abord, il y
a eu un constat, là, qu'on avait une grave pénurie de personnel en CHSLD. On
faisait déjà ce constat-là avant que
la pandémie nous frappe puis on avait eu des discussions au cabinet avec
l'équipe pour dire : Comment on
va faire pour en former davantage?,
pour se rendre compte qu'on n'avait pas une capacité de formation
suffisamment grande, mais aussi qu'on manquait de candidats, les gens étaient peu intéressés à exercer ce travail-là qui est si
important, difficile mais gratifiant pour ceux qui trouvent leur voie
là-dedans.
Et là la
pandémie est arrivée, puis là cette pénurie de travailleurs là est devenue
carrément dramatique, là. Il y a des
gens qui en ont grandement souffert, là, de cette pénurie de travailleurs. On a
vu à quel point ils étaient importants pour les aînés puis pour les institutions. Et là, comme gouvernement, on
s'est dit : Bien là, c'est le temps de changer notre façon de faire, notre façon de penser cette
formation-là, notre façon de recruter les candidats puis notre façon de payer
ces gens-là.
Donc, ça, ça
s'appelle revoir le système au complet, là. Tu recrutes différemment, tu formes
plus rapidement puis tu paies
différemment, tout ça s'est fait à la fois. Donc, à peu près la moitié du
Conseil des ministres était touchée, d'une façon ou d'une autre, dans son ministère, puis, en
réalité, c'est tout le gouvernement. Puis, même, on a inclus beaucoup, beaucoup
de députés, qui ont collaboré en soumettant
des idées, en participant aux tempêtes d'idées sur comment on allait arriver à
faire ça. Et on était vraiment au carrefour
du ministère de l'Éducation, et de la Santé, et même, je vous dirais, des
réseaux des ministères de l'Éducation
et de la Santé. Parce que ce n'est pas le ministère lui-même qui forme les
gens, on est en cocréation sur le programme, mais après ça ce n'est pas
le ministère qui est l'employeur des formateurs, ce n'est pas le ministère qui s'occupe des loyers, ce n'est pas
le ministère qui donne les cours directement, ce sont les centres de services.
Puis, dans les centres de services, il y a
les centres de formation professionnelle qui sont presque des entités propres,
qui vivent dans un cadre bien
différent, là, que nos écoles préscolaires et primaires. Donc, il a fallu
mobiliser tout ce monde-là et les
amener à bâtir très, très rapidement puis à offrir très rapidement une
formation qui allait répondre aux besoins dans le réseau de la santé.
Vous savez,
des fois, on parle de l'importance que la formation professionnelle travaille à
soutenir l'économie, dans le fond, ce
qu'on veut, c'est que la formation professionnelle soit vraiment liée au marché
du travail. Que ce soit dans la
fonction publique ou que ce soit dans l'entreprise privée, ce n'est pas ça,
l'essentiel. L'essentiel, c'est que les jeunes font des parcours qui les mènent à décrocher un emploi, un emploi qui va
les amener à se réaliser puis à être bien payés.
Puis
d'ailleurs j'ai lu, dans les derniers jours, là, que les gens n'allaient pas
recevoir le salaire promis, là. On va se le dire, là, c'est des faussetés, là, le gouvernement n'a qu'une parole,
puis on a dit qu'ils allaient être payés au coût de 26 $ de l'heure puis qu'ils allaient gagner 49 000 $ par année en travaillant à temps plein. Ça va arriver, c'est
simple comme ça.
Bon, ensuite,
on a réussi à rassembler très large, à mener une campagne de recrutement
formidable, mais après ça à avoir un
goulot d'étranglement très serré, parce
que ce n'est pas tout le monde, là, qui a les qualités, les aptitudes, les habiletés pour être en relation d'aide avec des aînés, être
tout près d'eux physiquement, les regarder, les comprendre, les aimer. C'est un travail qui peut ressembler au travail,
des fois, des enseignants. Je ne dis pas ça pour infantiliser les aînés, je
parle tout simplement d'une relation d'aide personne
à personne. Et il
y a des gens qui, peut-être,
ont levé la main au départ, puis ils
se sont rendu compte que ce n'était pas pour eux. Mais, quand même,
on arrive avec un succès formidable. Quelques mois à peine à avoir songé
à créer un programme, on s'apprête à diplômer plus de 7 000 personnes qui... S'ils vont jusqu'aux diplômes, ça veut dire qu'ils ont trouvé
leur voie, parce que ce n'était pas juste des cours théoriques, là, il y avait
des cours pratiques, donc ils savent ce qui les attend.
Donc, c'est
sans doute l'objet d'une grande fierté pour le réseau de l'éducation, puis je
suis très reconnaissant envers le
sous-ministre et les sous-ministres adjoints. Je
pourrais faire le tour, là, et les nommer personnellement, mais ils ont
travaillé extrêmement fort, autant en éducation qu'en santé, pour arriver à quelque
chose d'innovant comme ça.
Le Président (M. Simard) : Oui, M.
le député de Richelieu. Il vous reste environ 3 min 30 s, cher
collègue.
• (12 heures) •
M.
Émond : Parfait. Merci, M. le Président. J'aime beaucoup entendre le ministre parler, un plaidoyer
envers la formation professionnelle,
vous savez combien ça me réjouit quand on le fait. Parce que,
vous avez complètement raison, c'est
un tour de force, là. Puis la formation professionnelle se doit d'être arrimée
avec le marché du travail, puis là c'était un besoin sociétal pressant pour aller donner un coup de main dans les
CHSLD, avec nos personnes aînées. Et moi, je souhaite que ce succès-là fasse en sorte que nos jeunes et les moins
jeunes, parce que ce sont souvent des adultes qui se
dirigent vers la formation professionnelle, vont maintenant envisager plus que
jamais, pourquoi pas, ce parcours-là.
J'ouvre une
autre petite parenthèse, et je m'en excuse, M. le Président. J'étais
l'autre jour chez mon garagiste pour un
problème de voiture, que je ne vais pas citer ce matin, mais toujours
est-il que, dans la salle d'attente, j'avais un jeune garçon auprès de
moi, puis, en jasant un peu avec lui, je me mets à parler de son parcours, puis
le jeune, un peu... pratiquement gêné de me
dire qu'il étudiait pour être plombier en formation professionnelle. Puis moi,
bien, écoute, je le félicite, je dis : Écoute, bravo,
premièrement, pour deux choses. Un, tu ne manqueras jamais d'ouvrage, puis, deux, tu vas très bien
gagner ta vie. Je ne sais pas si vous avez essayé d'appeler un plombier
récemment pour des travaux à la maison, là, mais c'est assez difficile d'en recruter, d'en trouver un, parce qu'ils ont plein d'ouvrage. Puis ils sont très bien rémunérés.
Donc, la formation professionnelle permet à plusieurs personnes l'éducation
supérieure, bien entendu, un parcours intéressant, mais il ne faut pas oublier
la formation technique. Donc, moi, je me réjouis d'en parler ce matin.
Je sais qu'il
nous reste très peu de temps, M. le
Président, je vais donc, peut-être,
juste en conclusion, me tourner vers le ministre. Et je peux juste être en accord avec lui en
saluant le travail de toutes les personnes qui ont pu amener cette formation si rapidement, pour répondre à un
besoin pressant, je le rappelle, et également les gens sur le terrain. Moi, je pense à mes anciens et anciennes collègues
enseignants et enseignantes, que j'ai très hâte de retrouver lorsque
je vais être en circonscription pour les féliciter personnellement.
Et on sait que ce sont des gens de
coeur, hein, M. le Président, ce sont des
gens... qui pratiquent ce métier-là. Les enseignants et enseignantes en formation professionnelle, ce sont, pour la plupart, des gens qui connaissent le métier, qui vont pour
enseigner leur passion, et puis on les forme en pédagogie, parallèlement, souvent durant leur parcours
d'enseignants. Alors, ils ont tout mon respect, et je les remercie pour ça.
C'est là-dessus que se terminera mon intervention. Merci,
M. le Président.
Le Président
(M. Simard) : M. le ministre, auriez-vous des commentaires à formuler? Vous avez 30 secondes.
M.
Roberge : 30 secondes.
Juste saluer le travail, parce que je parlais, là, de l'équipe des fonctionnaires,
dans les deux ministères,
qui ont travaillé très fort, mais ça s'est passé l'été, ça s'est passé sur le
terrain, dans les centres de formation,
il y a des gens qui ont renoncé à leurs vacances d'été pour former la main-d'oeuvre, pour qu'on ne vive pas une
deuxième vague qui soit dramatique pour les aînés. Donc, un sincère merci à nos
enseignants en FP qui ont contribué à ce beau succès.
Le
Président (M. Simard) : Très bien.
Merci à vous, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Sherbrooke. Chère collègue, vous disposez de
4 min 30 s.
Mme
Labrie : Merci. Le ministre
avait promis, dans les derniers mois, la transparence. Et la transparence,
c'est important, pas juste par rapport au nombre de cas ou d'éclosions, mais pour l'ensemble de la gestion du
réseau, je suis certaine qu'il va être d'accord avec moi là-dessus.
Ce matin, il
s'est passé quelque chose de très grave au salon bleu. Le gouvernement a refusé de s'engager à ce que les
ressources spécialisées dans nos écoles se dédient exclusivement à ce pour quoi
elles ont pourtant été engagées. C'est un
signal d'alarme très, très inquiétant que le gouvernement a envoyé en
refusant de respecter ça et ça donne une idée de l'état des lieux de la pénurie de main-d'oeuvre en éducation.
Donc, j'aimerais ça que le ministre fasse preuve de transparence puis nous
dise combien de groupes ont été confiés à des personnes qui n'ont pas de brevet
d'enseignement cette année puis à combien
de professionnels ou de personnels de soutien on a retiré leurs tâches
habituelles pour leur confier un groupe.
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M.
Roberge : M. le Président,
je suis content d'avoir la question sur la pénurie de personnel et aussi ce qui
se passe avec les spécialistes. Hier,
je l'avais dit, lors de la période de questions, on était à 134 postes
d'enseignant à temps plein qui
étaient vacants encore. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas personne devant les
classes, mais ce sont des suppléants qui
étaient là. Voyez-vous, aujourd'hui, on est à 119, donc 15 de moins qu'hier,
donc définitivement qu'on progresse à chaque jour.
Donc, on aurait voulu que ça soit, bien sûr, avant
que les élèves entrent en classe, on s'entend, là, c'est sûr, mais il faut aussi voir ça sur une plus grande période.
L'an passé, la pénurie d'enseignants à temps plein nous frappait plus durement
que cette année. Alors, il faut faire
attention, parce que, des fois, quand on lit ce que disent certains syndicats
en période de négociation ou ce que
disent des collègues, on a l'impression que c'est de pire en pire, en pire. Or,
les chiffres nous montrent que la situation s'améliore. Ce n'est pas
réglé, mais ça s'améliore.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. Mme la députée.
Mme
Labrie : Je vais le répéter,
parce que je pensais que ma question était claire, mais ça me fait plaisir de
la répéter, ce que j'ai demandé, ce
n'est pas combien de postes sont non comblés, j'ai demandé à combien de
personnes qui n'ont pas un brevet d'enseignement on a confié des groupes
et à combien de personnes qui sont des personnels de soutien ou des ressources
professionnelles on a confié des groupes. C'est ça que j'ai demandé.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le ministre.
M.
Roberge : Oui. Pour ce qui
est de savoir combien de personnes qui ont un brevet temporaire ou une
tolérance d'engagement, probablement qu'on peut obtenir ces chiffres-là.
Je ne l'ai pas devant moi tout de suite, mais on peut probablement obtenir ces
chiffres-là.
Une autre
question que ma collègue a posée, c'est de savoir combien de membres du
personnel professionnel qui sont des
gens qui aident normalement des jeunes vulnérables se sont fait confier la
tâche d'être titulaires d'une classe. Puis on a vu dernièrement, là, qu'au centre de services scolaire de Montréal ça
avait fait les manchettes, il y avait des orthopédagogues qui se faisaient confier une classe d'enseignement
plutôt que de faire du dénombrement flottant. Ce n'est pas une bonne solution, et, quand c'est une solution, il faut
qu'elle soit temporaire. Mais mettons les choses en perspective, il y a environ
300 orthopédagogues, au centre de
services scolaire de Montréal, il y en a 11 à qui on a confié une tâche
d'enseignant titulaire. Et, sur ces
11 là, il y en a 10 qui ont une classe d'adaptation, un groupe spécialisé,
c'est-à-dire qui, dans le fond, font ce qu'ils font très, très bien, là, ils
enseignent spécifiquement à un groupe de taille réduite, à des élèves qui sont
vulnérables.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Roberge : Donc, il faut mettre
les choses en perspective.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée.
Mme
Labrie : Merci. On a l'embryon d'un début de réponse. Moi, ce qui
m'inquiète, ce n'est pas que cette personne-là ne soit pas compétente dans une classe, là, tant mieux s'ils sont dans
un groupe d'adaptation scolaire, c'est qu'on enlève des services à ceux qui avaient avant des services
d'un orthopédagogue puis qui n'en ont plus. Donc là, moi, ce que je constate, c'est que le personnel des
équipes-écoles est déjà épuisé. Ce
qu'ils nous disent, c'est qu'ils se sentent comme ils se sentent à Noël, d'habitude. On est au
milieu du mois de septembre, donc c'est très inquiétant. Il y en a
qui pensent à démissionner, à tomber
en congé de maladie. Donc, moi, ce que je veux savoir, c'est qu'est-ce que le ministre va faire pour qu'on ne se retrouve pas, dans nos écoles, là, à vivre ce qu'on a vécu
dans nos CHSLD le printemps dernier. Je
pense que personne ne veut vivre ça, mais moi, je vois que
c'est ça qui se dessine en ce moment. Puis, quand je le vois, qu'il est un peu
dans le déni puis dans la minimisation de cette pénurie-là, ça m'inquiète
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Roberge : M.
le Président, je refuse cette affirmation. Je ne minimise absolument pas ni la
pénurie ni la pandémie. On met
énormément d'énergie à lutter contre les deux, et particulièrement la pénurie
d'enseignants. On travaille très fort pour ça. Je ne minimise pas,
simplement je donne les vrais chiffres, parce que, des fois, on lit, dans les
médias, «tous les orthopédagogues sont en classes régulières». C'est faux.
Le
Président (M. Simard) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Joliette pour une période de quatre
minutes.
Mme Hivon :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'entendais le ministre parler du
programme pour les préposés aux
bénéficiaires et je dois dire que je me demande où sont ces mesures-chocs là
dans le milieu de l'éducation. La
pénurie, elle est énorme. Les besoins, ils sont beaucoup plus grands. J'entends
le ministre, oui, minimiser ce qui se passe
cette année en disant : Ce n'est pas pire que l'année passée, mais c'est
beaucoup plus grave, les impacts, parce que les enfants ont des besoins beaucoup plus importants, et, en plus, il y
a des enseignants qui vont tomber malades, parce qu'on le voit déjà, il
y en a des dizaines qui ont la COVID.
Donc, le plan de match doit être là puis le plan
de match, il doit partir de la base. Comment ça se fait? Ils sont où,
les budgets? C'est quoi, le budget qui est accordé pour des mesures
supplémentaires de ménage, de désinfection, de surveillance, pour pouvoir engager des gens qui vont faire la
circulation dans l'école, la désinfection, qui vont accueillir les
enfants, qui vont rappeler les consignes, qui vont faire la surveillance?
Parce
que la réalité, en ce moment, c'est qu'alors qu'on a une pénurie monstre il y a
encore une enseignante qui m'a écrit
ce matin pour dire : Je n'ai plus de temps pour faire de la récupération,
alors que je devrais en faire deux puis trois fois plus. On n'est pas capables de mettre en place des horaires
de récupération parce que, le midi, vu les horaires décalés, je fais moi-même de la surveillance des
élèves. Alors, vu qu'on ne peut pas avoir tous les enfants dans la cour de récréation ensemble, bien, je dois, moi, faire
la surveillance plutôt qu'être en train de faire du rattrapage avec les élèves.
C'est la même chose pour les orthopédagogues, on vous a donné des exemples
hier.
Moi, je veux
savoir : Comment se fait-il qu'il n'y en a pas un, plan de match pour ces
éléments-là, très clairs, très spécifiques?
Le Président (M.
Simard) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président, ma collègue peut ne pas aimer le
plan de match, mais elle ne peut pas dire qu'il n'y a pas de plan de match quand, à trois reprises dans
le dernier mois, on s'est présentés de manière transparente devant tous les Québécois, appuyés par les partenaires du
réseau après les avoir consultés, pour déposer, à la mi-juin, un plan de
rentrée scolaire, début août, un plan
avec des mesures sanitaires très importantes, mi-août, un plan pédagogique qui
ramenait... en expliquant bien qu'il
y avait pour 100 millions de dollars d'argent neuf. Ce n'est pas rien, M.
le Président, 100 millions de dollars d'argent neuf en
septembre 2020, par rapport à septembre 2019.
Puis ma collègue se
demande où est l'argent spécifiquement COVID. Le mot d'ordre qu'on a depuis le
début aux centres de services scolaires,
c'est : Vous avez besoin d'acheter des masques, vous avez besoin d'acheter
des mesures... de payer pour des mesures sanitaires supplémentaires
rapide, allez-y, on va vous rembourser. On a remboursé pour 66 millions de
dollars pour les coûts du printemps.
Le Président (M.
Simard) : Merci, M. le ministre.
Mme
Hivon : ...du personnel. C'est beau dire : On a des
budgets. C'est de dire c'est quoi, les appels d'urgence qu'on fait, c'est quoi, les incitatifs financiers
qu'on fait, qu'on met de l'avant, ce n'est pas... Il y en a, des gens qui
peuvent venir prêter main-forte pour
faire de la surveillance, ça ne prend pas un doctorat pour faire de
l'entretien, pour soutenir les concierges, qui sont essentiels, en ce
moment. Comment ça se fait que ce n'est pas ça qui se fait?
Donc,
je veux comprendre pourquoi ces mesures-là, ces moyens-là... L'argent, c'est
une chose, mais, de toute évidence,
ce n'est pas en train de régler le problème. Et, quand il a annoncé son
20 millions, on a dit : C'est bien, mais c'est quoi, les moyens concrets pour aller
chercher ce monde-là? C'est quoi, les moyens concrets pour attirer des
enseignants à la retraite? C'est quoi, les moyens concrets pour aller
chercher les étudiants qui sont à leur troisième...
• (12 h 10) •
Le Président (M.
Simard) : En conclusion.
Mme
Hivon :
...quatrième année d'études?
Le Président (M.
Simard) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Ma collègue nous dit : Parlez-nous pas d'argent,
parlez-nous de ressources, mais il faut les payer, les ressources, M. le
Président. Si on disait qu'on veut
embaucher des gens mais qu'on ne mettait pas les budgets, sans doute nous dirait-elle que ça n'a pas de bon sens, c'est
parce que les gens ne viendront pas faire du bénévolat. Alors, on a mis
les ressources disponibles pour être capables d'embaucher les gens.
Le Président (M.
Simard) : Merci, M. le ministre.
M. Roberge :
Et, oui, il y a plus de ressources qu'il y en avait avant.
Le
Président (M. Simard) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à
la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré—Île
d'Orléans.
Mme
Foster : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Salutations. Très heureuse d'être ici aujourd'hui pour discuter éducation. Salutations au ministre, à toute son équipe,
également aux collègues de la partie gouvernementale et aux collègues
de l'opposition, également.
En mars dernier, la pandémie COVID-19 a forcé le gouvernement à faire des choix assez déchirants. Celui de fermer nos écoles, ça a été une décision difficile. Il
fallait le faire, à l'époque, pour assurer la protection de la santé et de la
sécurité des élèves. Il y a
des moyens qui ont été mis en place pour que ça ne constitue pas un arrêt total
du système d'éducation, bien
sûr. Il y a du matériel didactique
qui a été rendu disponible en ligne. Les heures d'ouverture du service Allô prof
ont été élargies. Bref, il y a une série de mesures qui ont été mises en
place pour éviter que ce soit une fermeture totale de notre système
d'éducation, parce qu'il fallait absolument que les élèves continuent
d'apprendre.
L'objectif
de notre gouvernement, c'était clair, il fallait vraiment qu'on puisse aider
nos élèves à passer à travers tout ça. Il y a des défis qui demeurent, bien
sûr.
Tout le monde, dans le réseau de l'éducation, a été extrêmement présent, a été extrêmement diligent, parce que ces
changements-là arrivaient vite et évoluaient au fil des situations,
au fil de l'évolution de la situation avec la COVID. Je salue, d'ailleurs, les gens de ma circonscription, les gens qui
oeuvrent dans le domaine de l'éducation dans ma circonscription, qui
ont été... avec qui j'ai été en contact régulièrement, dans Charlevoix, sur la Côte-de-Beaupré, à l'île
d'Orléans, qui ont fait un travail vraiment exceptionnel. Je les salue,
là. Je prends quelques secondes pour les saluer ce matin.
Je
crois qu'on peut tous s'entendre sur une chose, c'est souhaitable que les
élèves soient le plus possible en classe plutôt qu'à la maison, parce que, pour leur développement, en
particulier au primaire, au secondaire, le contact avec les autres, le contact également avec... le contact
direct avec le corps professoral, c'est important pour leur développement. Et
c'est aussi à
l'école que se fait le mieux, du moins, la prestation des services éducatifs
spécialisés, qui sont importants plus que jamais pour nos élèves vulnérables. Les élèves vulnérables, qui étaient
déjà vulnérables avant la pandémie, bien, on peut s'imaginer qu'une situation qui était hors de
notre contrôle comme celle-là peut les avoir fragilisés. Et, bien sûr, il faut
à tout prix éviter que ces élèves-là perdent leur motivation. Il faut
minimiser au maximum les effets sur ces élèves-là.
On
veut éviter, bien sûr, qu'il y ait du décrochage, bien sûr, qui pourrait
guetter davantage, on pourrait le penser, ces élèves en difficulté. Une des solutions à cet enjeu, c'est
l'embauche de personnel spécialisé, la mise en place de classes
spécialisées dans lesquelles les élèves peuvent apprendre davantage, de façon
adaptée à leur rythme.
Moi,
je demanderais au ministre qu'il nous explique les investissements que notre
gouvernement a réalisés en la matière
et les objectifs qui sont poursuivis et qu'on souhaite atteindre, là, avec les
élèves en difficulté, parce que c'est hyperimportant,
pour moi, cette question-là. Je pense que la COVID a apporté des conséquences
et j'aimerais que le ministre nous expose, nous explique les moyens qui
ont été mis en place.
Le Président
(M. Simard) : M. le ministre.
M. Roberge :
M. le Président, je remercie ma collègue de faire un retour pertinent sur ce
qui s'est passé au printemps : effectivement,
Télé-Québec, avec La dictée complètement Dingue!, qui était très amusante,
d'ailleurs, j'en ai fait quelques-unes;
l'émission Les suppléants; l'émission L'école à la maison; le
site ecoleouverte.ca; près d'à peu près 50 000 outils, donc ordinateurs et tablettes, aux familles. Et je
pense que ma collègue fait un bilan intéressant, mais surtout elle regarde
en avant, elle dit : Bon, très bien, il se passe quoi cet automne, il se
passe quoi en 2021?
Bien,
cette année, on ajoute dans notre sac à dos, là, d'outils, outre ce que je
viens de nommer, un partenariat avec Savoir
Média. Il y aura, dans les prochaines semaines, très bientôt, toute une programmation avec des capsules sur des savoirs essentiels, donc vraiment des notions ciblées
comme étant essentielles, importantes, des savoirs de base dans chacune des matières, de la première année du primaire
jusqu'en secondaire V. Ce sont des cours qui sont donnés directement par
de véritables enseignants, qui vont être à
la télé, puisque ce n'est pas tout le monde qui a accès à Internet au Québec,
et aussi sur le Web, en rattrapage.
Donc, des outils pour les familles à la maison pour faire de la consolidation
d'apprentissages ou si,
malheureusement, la classe est fermée de manière temporaire. Ça peut aussi être
utilisé par les enseignants eux-mêmes, même
quand la classe est ouverte, pour dire : Bien, vous savez, on a vu cette
notion-là, je vous invite, mes élèves, avant de refaire tels devoirs, de faire tels travaux, d'aller visionner cette capsule
de 20, 25 minutes pour avoir, tiens, un enseignement différent, d'un autre prof, qui a cette vision-là.
Moi, je pense que c'est quelque chose de très, très innovant. On est très
contents d'avoir ça avec nous.
Il
y a aussi, outre ça, qui s'applique dès cette année, un investissement pour
embaucher 350 professionnels de plus, qui vont être là à temps plein, qui vont obtenir leur permanence, qui
vont être là l'an prochain, et l'année d'après, et l'année d'après. En deux ans, c'est plus de
1 000 professionnels de plus dans le réseau. Ma collègue, là, de
Joliette, se demandait : Ils
sont où, les professionnels, elle est où, l'aide pour les enfants vulnérables?
Elle est là, des professionnels qui rendent des services très appréciés
par les jeunes.
Le Président (M.
Simard) : Mme la députée.
Mme Foster : Très heureuse d'entendre le ministre parler de
l'ajout de professionnels, parce que c'est quelque chose, dans les quatre années avant notre arrivée
au pouvoir, qui avait un petit peu manqué. Il y avait même eu des coupures
de plus de 200, si ma mémoire était bonne,
parce qu'à l'époque j'étais conseillère politique et je travaillais avec le
ministre. Parce que, oui, c'est
important, nos professionnels, surtout pour les clientèles en difficulté. C'est
la clé. C'est la clé, c'est vraiment important.
D'ailleurs, il y a un
chiffre étonnant qui avait refait surface lors de l'annonce des mesures du
ministère de l'Éducation, c'était celui d'un
allègement de la bureaucratie de 560 000 heures débloquées en
services professionnels. Donc, dans
le fond, j'aimerais ça que vous m'expliquiez davantage, en pourcentage, comment
ça représente, tu sais, au niveau de l'augmentation pour les élèves, là.
M.
Roberge : Oui. Bien, M. le
Président, je suis content de revenir là-dessus, parce que c'est une petite
révolution, là. Quand on en parle aux
acteurs directement, du terrain, là, les orthophonistes, les orthopédagogues,
les psychologues, les psychoéducateurs, les conseillers et conseillères
d'orientation...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M.
Roberge : En conclusion?
Bien, voyons donc! C'est quelque chose qui va venir vraiment améliorer le suivi
qui est fait auprès des élèves les
plus vulnérables du Québec. Chaque professionnel va consacrer moins d'heures à
la paperasse, plus d'heures en services directs aux élèves.
Le Président (M. Simard) : Merci, M.
le ministre. Alors, ceci met fin à notre premier bloc d'échange.
Nous allons
momentanément suspendre nos travaux afin de nous donner le temps d'accueillir
la nouvelle équipe qui se joint à nous. À plus tard.
(Fin de la séance à 12 h 18)