(Dix heures une minute)
Le Président (M. Allaire) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission des
finances publiques ouverte. Je demande donc à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre leur sonnerie de leurs appareils électroniques.
Donc, on est ici aujourd'hui pour une interpellation.
Donc, la commission est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de
La Pinière au président du Conseil du trésor sur le sujet suivant : Le
manque de vision du gouvernement caquiste concernant la gestion des données et la promesse
irréaliste d'économies annoncées par le président du Conseil du trésor.
Alors, d'abord, Mme la secrétaire, est-ce qu'il
y a des remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le
Président, il n'y a aucun remplacement.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait, merci. Alors, je vais prendre quelques instants pour vous interpréter
les règles de cette interpellation.
Donc, je vous
informe brièvement du déroulement de l'interpellation. Donc, dans un premier
temps, le député de La Pinière
aura la parole pour un temps de 10 minutes en continu, sans interruption,
ensuite suivra une période de 10 minutes au ministre du Conseil du trésor. Donc, par la suite, des périodes de
cinq minutes seront allouées selon la séquence suivante : d'abord, un député de l'opposition officielle,
ensuite le ministre, puis un député du groupe formant le gouvernement,
et ainsi de suite, là, selon les six blocs
d'intervention... les cinq blocs d'intervention, pardon. 20 minutes avant
la fin de la séance, donc, j'accorderai 10 minutes de conclusion au
ministre et un temps de réplique égal au député de La Pinière.
Donc, compte
tenu qu'on a débuté dans les temps, on n'aura pas besoin de déborder, donc je
n'ai pas besoin de consentement à ce
niveau-là. Je vous suggère fortement, tout au long de cette interpellation,
d'avoir des échanges respectueux de part et d'autre, alors je m'en ferai
le devoir de respecter cette consigne.
Donc, d'entrée de jeu, je pense qu'on peut déjà
commencer. Je cède donc la parole au député de La Pinière. M. le député,
vous avez une période de 10 minutes, la parole est à vous.
Exposé du sujet
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Merci, M. le Président. Je suis un peu surpris de votre suggestion parce que
moi et mes collègues avons toujours
eu des échanges très respectueux. Je vois mal... je ne comprends pas pourquoi
vous avez fait ce commentaire-là, mais ce n'est pas grave, il est de bon
aloi, puis en regardant le sourire de mes collègues, je pense qu'on va s'amuser
ce matin.
Et je tiens à
souligner une chose, M. le Président, c'est assez exceptionnel, je pense que
c'est arrivé une seule fois dans l'histoire parlementaire, selon les
recherches que l'on a faites, j'ai deux ministres devant moi. Et je remercie le
gouvernement d'avoir permis ou demandé à mes
deux collègues d'être ici aujourd'hui, ce qui va nous permettre d'avoir
un échange, je pense, qui va être fructueux.
Parce qu'honnêtement je peux comprendre que mes collègues aient trouvé le
titre de ma demande d'interpellation
peut-être difficile, dur, mais c'est basé sur quelque chose, et l'enjeu qui est
en cause ici est tellement important pour moi, là, que ça va être le
fun. On va échanger, on va débattre, je l'espère, et je souhaite qu'on puisse
être le plus précis possible dans nos commentaires.
M. le
Président, l'objet ici, là, hein, quand j'ai dit «la gestion de données», la
question de la vision, ça vient d'abord et avant tout du fait que, dans le budget, il y avait la phrase
suivante, qui est la seule phrase, il y en a juste une — je comprends aujourd'hui que la
présence de notre ministre délégué va permettre peut-être de répondre à
certaines questions — je la lis, dans le budget, à la page
H.61 : «... le gouvernement adoptera [un] Plan de transformation
numérique gouvernementale. Les organismes publics devront notamment dévoiler
les actions planifiées et les efforts investis en cohérence avec ce plan. Ces orientations seront précisées lors de
l'annonce de la nouvelle stratégie de transformation numérique.» Difficile de voir une vision,
difficile de savoir où est-ce qu'on s'en va, mais je pense que ça traite un
petit peu de l'importance de ce sujet. Alors, l'absence de vision, c'est
parce qu'on ne la voit pas, la vision, et c'est l'essence de l'interpellation
aujourd'hui. Le côté irréaliste des économies, j'y reviendrai plus tard. En
tout cas, j'ai des questions très, très, très précises à ce sujet-là.
Mais,
je vais commencer, M. le Président, par vous raconter une petite histoire qui
est la source de ma démarche. Je
crois, moi, en la démocratie, comme vous tous, hein, on s'entend là-dessus. Je considère que le nerf de la guerre démocratique
est l'information, plus précisément la transparence de l'information. Si tout
un chacun avait accès à l'information d'une
manière facile et précise, on vivrait une expérience démocratique complètement
différente. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Ce n'est pas parce que ce n'est pas possible, c'est
parce que des choix ne sont pas faits. Et il y a une opportunité, dans le temps, de le faire et c'est
maintenant, compte tenu de la situation budgétaire de l'État, parce que
la transparence commande certains
investissements. Et ces investissements-là, aujourd'hui, tel qu'on le voit, ne
semblent pas être au rendez-vous et, s'ils sont au rendez-vous, ils ne
sont certainement pas suffisants.
Alors,
la fameuse petite histoire — et je vais vous raconter quelque chose que
personne ne sait, sauf la seule et unique
personne qui, avec moi, y a participé — c'est la suivante et c'est une histoire tout
à fait gouvernementale qui provient de ma dernière expérience de
ministre dans le plus gros ministère en termes de données. Moi, j'avais, là, à
la Santé, le plus grand volume de données et
la plus grande complexité de données. Bon, je vous rappelle un souvenir, puis
je pense que vous allez vous en
rappeler — d'ailleurs,
le président du Conseil du trésor, récemment, devant moi, a salué le
ministre Coiteux, à l'époque, qui occupait
son poste pour les démarches qu'il avait faites et entreprises au début du
mandat — et
les démarches qui avaient été entreprises,
on s'en rappellera, étaient, entre autres, de dénombrer le nombre d'employés de
l'État.
Alors,
quand mon collègue avait posé cette question-là, je suis retourné dans mon
ministère — suivez-moi
bien — et
j'ai demandé à mon sous-ministre et à toute son équipe... moi, j'avais une
équipe, là, de fonctionnaires impeccables, absolument
impeccables, qui me suivaient, il n'y avait pas de contestation, c'était très
bien — il
paraît que ce n'est pas comme ça,
actuellement — et on
m'a répondu : On n'a pas la donnée. J'ai dit : Pardon? J'ai
dit : Vous n'êtes pas capables de savoir, actuellement, quel est le nombre d'employés dans le réseau de la santé
et des services sociaux? La réponse a été clairement : Non, on
n'est pas capables d'avoir cette donnée-là.
Moi,
je viens du milieu et je suis une personne qui a beaucoup géré, et on ne peut
pas gérer sans données, alors je sais très bien que, dans le réseau, il
y a des organismes, des compagnies qui sont sous-traitées et qui traitent de la
donnée. Alors, écoutez-moi bien, ce que j'ai
fait, personne ne sait ça. Il y a trois compagnies, au Québec, qui font cette
gestion-là de données à la fois
cliniques et financières, il y en a trois. J'en ai appelé une des trois et je
leur ai demandé la chose suivante : Voici l'état de la situation, j'ai cette réponse-là, actuellement, j'ai
dit : Ça ne se peut pas. Et la réponse que j'ai eue de la compagnie en question, c'est : Vous avez
raison, on est capables d'avoir la donnée. Alors là, j'ai dit : O.K.,
parfait, mais j'ai dit : Alors, je veux voir et je veux voir à quel
point vous pouvez avoir la donnée.
Alors,
j'ai organisé une journée, un miniforum — la compagnie, moi, et la personne qui
m'accompagnait — et
je leur ai demandé deux choses : Je
veux avoir devant moi vous, les gestionnaires, et je veux avoir l'architecte
informatique, celui qui a construit la patente, et je veux avoir le «whiz kid»,
alors qui était une «whiz kid» fantastique, à qui j'allais demander... puis je l'avais dit à l'avance :
Je veux être là, puis je veux vous demander des choses en direct, puis vous
allez me répondre en direct, O.K.? Alors, je suis allé à la compagnie en
question, j'ai choisi un hôpital que je connaissais bien — c'était
assez facile, je les connais à peu près tous — et là j'ai commencé : Alors, voici,
est-ce que vous êtes capables de me
sortir, actuellement, pour cette semaine de paie, combien qu'il y a de
personnes qui sont employées? Clic, clic, clic, clavier, pouf! sort la réponse. Là, j'ai été très impressionné parce que
j'ai eu la réponse sur-le-champ. Alors, O.K., on va creuser un petit peu : Est-ce qu'à l'étage
untel, le département de médecine, actuellement, vous êtes capables de me
dire qui est temps plein, qui est
occasionnel, qui est temps supplémentaire? Clic, clic, clic, on a la réponse.
O.K., on va aller ailleurs dans l'hôpital, on va aller aux
approvisionnements : Est-ce que vous êtes capables de me sortir, comme ça,
la situation de l'approvisionnement, ce qui
est «back order», ce qui ne l'est pas, et ainsi de suite? Clic, clic, clic, pas
de problème, on me sort la donnée.
Est-ce que vous pouvez me dire quelle est la liste d'attente dans tel secteur?
Clic, clic, clic, on me sort la
réponse. Écoutez, là, c'est impressionnant. Vous êtes d'accord, et je vous
vois, là, je vous regarde, puis vous la trouvez impressionnante.
• (10 h 10) •
Alors
là, on a parlé d'architecture informatique, pourquoi l'État n'est pas capable
de faire ça? Et la réponse, je l'ai eue,
et vous ne la savez pas, et je vous la dis aujourd'hui. Pourquoi n'avons-nous
pas cette donnée-là, au ministère? Parce que l'État demande au réseau de lui fournir des données agrégées,
agglomérées. Ce faisant, elles ne sont pas analysables dans le détail. C'est comme ça. L'État demande, de façon historique, ça.
Et là, là, je pèse mes mots, là, je ne lance pas le blâme, la pierre à qui que ce soit, à aucun gouvernement. Un jour l'informatique est arrivée et, à la naissance de
l'informatique dans le réseau de la santé ou
ailleurs, il n'y
a pas eu cette attention-là portée à
la nécessité ou encore l'utilité de pouvoir, comme gestionnaire, l'État, d'avoir une donnée
utilisable. La donnée existe, elle est produite sur le terrain d'une façon
granulaire et utilisable, mais elle n'est
pas livrée en haut de la pyramide de la même façon, d'où la difficulté
de l'analyse. Alors, quand on dit ça, bien, automatiquement, bien, on dit : Bien, si on avait, dans
notre démocratie, une plus grande transparence, bien, on aurait ça, on aurait ça, et on ne l'a pas, et
on comprend que le jour où on dit ça, on souhaite automatiquement à ce que la donnée qui est
colligée et générée dans les grands réseaux — tous, pas un seul, mais tous — devrait
être générée et acquise d'une façon uniforme, reproductible et
transférée dans une base de données utilisable pour la même raison. Ce n'est
pas ça qu'on fait.
Alors,
moi, quand je regarde ce qui est déposé, actuellement, je ne la vois
pas, la vision, et je ne vois pas cette vision-là. Et la question que j'aurai à poser à plusieurs
reprises, puis après ça on parlera des coûts, et ainsi de suite : Pensez-vous
aller dans cette direction-là? Et là il y a
des gestes à poser, et ce qui m'inquiète... là, je vais prendre l'exemple
du réseau de la santé, ce que je dis
peut se dupliquer entièrement en Éducation, aux Transports, au Revenu, partout, il n'y a
aucun problème de dupliquer ça, mais,
pour le gestionnaire qui est en haut, là, est-ce qu'aujourd'hui on s'en va dans cette direction-là? Dans le
réseau de la santé, au moment où on se parle, le message qui est envoyé par le
ministère de la Santé, c'est qu'on va peut-être
laisser aller les gens avec leur petit logiciel indépendant et non compatible
avec le voisin. J'y reviendrai plus tard.
Alors
là, là, dans un premier temps, pouvez-vous nous indiquer vraiment où vous vous
en allez? Parce qu'il y a une
opportunité qu'on doit saisir, et cette responsabilité-là, bien, en haut de
cette pyramide de l'information là, c'est le Trésor. Je comprends que le
ministre délégué est un joueur important, je suis content qu'il soit là...
Le Président
(M. Allaire) : Merci, M. le député de La Pinière, pour votre
intervention.
M. Barrette : Alors, allons-y.
Le
Président (M. Allaire) : Alors, merci pour cette déclaration
d'ouverture. Donc, je cède maintenant la parole au président du Conseil
du trésor pour une période de 10 minutes. La parole est à vous.
Réponse du ministre
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, M. le
Président, merci beaucoup. Merci d'être là ce matin. Je voudrais en profiter
pour non seulement remercier le député de Lotbinière pour son...
M.
Caire :
La Pinière.
M. Dubé : ...de La Pinière,
La Pinière, pour son appréciation au sujet. Et je peux lui dire à
l'avance, avec mes collègues qui sont ici,
que nous allons porter beaucoup d'attention aux points qui vont être soulevés
aujourd'hui parce que je pense qu'on peut avoir cette collaboration-là
dans une discussion aussi importante. Je ne peux pas dire qu'on aime beaucoup
la façon dont le titre a été présenté, mais on va passer par-dessus ça.
L'important, c'est le contenu au lieu du contenant.
J'aimerais
revenir peut-être sur quelques événements des dernières semaines. Parce qu'on a
eu la chance d'avoir, il y a quelques
semaines, une autre interpellation de la part du député, mais à ce moment-là
l'interpellation portait beaucoup plus
sur la question de la pertinence des dépenses dans un contexte de surplus
budgétaire. Alors, je vais y revenir plus tard parce que vous avez dit, dans votre introduction, que vous allez revenir
sur la question des dépenses, mais je trouvais ça un petit peu difficile à suivre de dire qu'on n'avait
pas de vision dans la gestion des dépenses, alors qu'il y a quelques
semaines on nous disait qu'on en coupait
trop, et là on se fait questionner sur notre réalisme des dépenses. Alors, je
trouvais ça... J'ai hâte de vous
entendre sur la deuxième partie parce que je peux juste dire que le titre était
peut-être un peu difficile à suivre.
Mais je
dirais seulement que j'apprécie son intérêt. Puis, nous, ça nous donne
l'occasion, ici ce matin, de parler à nos
citoyens qui nous regardent, qui voient, je dirais, la profondeur de l'équipe
qui est en place non seulement au cabinet des deux ministres, mais au Conseil du trésor, puis je pense qu'on peut
profiter de cette période-là du questionnement du député pour ramener
quelques éléments que je trouve très importants par rapport à ces questions-là
qui, maintenant, peut-être, vont être précisées dans les prochaines minutes de
la part du député.
Tout d'abord,
on a mis, nous, beaucoup de temps à définir des principes que nous allions
respecter dans notre gestion du
trésor public, des principes de rigueur, de performance, d'une efficience dans
l'administration publique. Donc, les points que vous avez soulevés tout à l'heure, M. le député, j'y souscris. Et c'est ce qui fait qu'on a
décidé, après avoir établi ces principes-là
dont je parle, d'en arriver avec des chantiers qui étaient, pour nous, excessivement importants. Puis je veux profiter
de cette occasion-là parce que depuis six semaines... il y a beaucoup
de choses qui se sont passées depuis la dernière interpellation, et je veux le rappeler aussi à nos citoyens. Donc, lors
du budget... parce que
l'interpellation était le 15 février, depuis ce temps-là on a déposé un budget, et dans ce budget-là nous
avons indiqué, effectivement, qu'il allait y avoir une meilleure gestion des technologies de
l'information, qui était un des premiers... un des principaux chantiers que je
dirais structurants pour notre ministère. D'abord, premièrement, mon collègue
ici, le député de... le député de...
M.
Caire : La Pinière.
M. Dubé : ...La Pinière, le député de La Pinière nous a
bien dit que la transformation
numérique était excessivement importante
et d'ailleurs, dans un geste que je trouve très fort de la part de notre
gouvernement, a déposé le premier projet de loi sur la transformation du gouvernement dans un premier mandat, ça
a été déposé pas plus tard qu'hier. Et mon même collègue — il
travaille fort ces temps-ci — a déposé, il y a quelques semaines, un autre
projet de loi qui... bien, en fait, a annoncé,
parce qu'il va falloir déposer le projet de loi par la suite, mais a annoncé le
regroupement de nos centres de traitement de l'information. Alors, il faut voir ici, dans ces deux exemples-là
très concrets, que nous avons donné une priorité non seulement à l'informatique, mais à des outils
modernes comme l'infonuagique. Alors donc, je pense qu'il est important
de mentionner que, pour arriver à nos fins, avoir un plan de réduction de
dépenses mais d'efficience de l'État, je le répète, l'informatique est un
élément excessivement important.
Ça va
m'amener à mon deuxième point. Dans le cadre du questionnement sur
l'informatique, nous sommes venus à requestionner aussi le Centre des
services partagés. Et, dans ce cadre-là, nous avons fait aussi une annonce très
claire, dans le cadre du budget, où il y
aurait un nouvel organisme qui serait créé. Et cet organisme-là, qui s'appelle
Infrastructures technologiques Québec,
s'occuperait maintenant, d'une façon beaucoup plus organisée, de la
coordination, le développement, l'exploitation
puis l'optimisation des ressources informatiques. Et cet organisme-là, encore
une fois, sera sous la responsabilité de
mon collègue, et aussi avec la veille technologique dont on parle. Alors, les
éléments dont le député de La Pinière parle, je pense qu'ils sont
vraiment, chez nous, très importants, puis M. Caire pourra en parler plus
tard.
Deuxième initiative... Donc, j'ai parlé du
chantier sur les technologies de l'information avec trois exemples concrets. Sur la question des achats, puis on
pourra y revenir plus tard parce que je pense que vous voulez en parler,
on a voulu aussi maximiser les retombées qui nous viendraient des achats et
d'économies importantes, des acquisitions, qu'on appelle. Alors, encore une fois, on a décidé
d'être très ciblés et d'organiser un nouveau groupe qui va faire les
achats regroupés, je crois, de la bonne
façon de faire. Et nous avons un programme très ambitieux, sur les quatre
prochaines années, qui fait partie de
notre cadre financier pour des économies de près de 600 millions à la
quatrième année, dont 150 millions pour les deux premières années, et nous avons vraiment l'intention de
respecter nos objectifs. Et, sur les questions spécifiques du député, on
pourra y revenir.
• (10 h 20) •
Mais, je vous
dirais, ce n'est pas tout. Je vous ai parlé des technologies de l'information,
je vous ai parlé des achats, mais
j'aimerais revenir sur un de mes sujets fétiches, qui est la gestion efficace
de l'État, j'en parle souvent. Alors, nous allons mettre en place des mesures qui sont très concrètes pour mesurer
cette amélioration-là de l'État et aussi pour pouvoir dire à nos citoyens régulièrement, ce qui ne se
faisait pas avant, comment on avance dans la progression de nos
résultats, et ça, je pense que c'est important. En fait, il faut rendre non
seulement compte à l'interne, de la même façon que le député en parlait tout à l'heure, mais il faut le dire à la population
parce que la population ne sait pas toujours comment on avance dans
notre gestion de l'État, et ça, pour nous, c'est très important. Alors, pour y
arriver, non seulement on va demander des
plans stratégiques plus performants,
plus engageants, mais ils vont devoir être mis en contexte des
changements importants qu'il y a dans le monde que nous vivons.
Je trouve
excessivement déplorable — puis je vais peser mes mots — que
les plans stratégiques, bien souvent, de nos ministères et organismes restaient sur les tablettes. Et on a vu très
souvent que... probablement parce
que nos gens ne se questionnaient pas... puis que ça soit les ministres
ou qui que ce soit, mais les gens qui étaient en position de
décision ne se questionnaient
pas à savoir : Est-ce qu'il y a
des changements qui arrivent dans mon marché? Et, s'il y a des
changements qui arrivent, bien, est-ce que
je dois réagir rapidement à faire certaines actions? Puis je pense au ministère
de l'Éducation, je pense au ministère
de la Justice, où on a vu des choses qui sont arrivées parce qu'on n'avait pas
vu venir le train. Je pense, par
exemple, à la Santé et je pense à plusieurs ministères où, aujourd'hui, on doit
se dire comment on doit revoir ce processus de planification stratégique
là, le mettre à jour et maintenant profiter, au cours des prochaines années,
d'une approche différente, ce qu'on appelle l'imputabilité et la gestion des
résultats.
J'ai même été
excessivement heureux d'apprendre, il y a quelques semaines, lorsqu'on a
commencé à expliquer cette approche-là à nos ministres, que le premier
ministre lui-même allait réviser les plans stratégiques des ministères et organismes. Alors, c'est pour vous dire à quel
point notre gouvernement prend au sérieux ce troisième élément là qui
est d'améliorer la gestion de l'État.
Alors, je
vous dirais que — avant de
conclure — tout ça
n'est pas possible sans la collaboration de l'équipe qu'on a derrière. On a la chance d'avoir une fonction
publique extraordinaire, vous l'avez dit tantôt, M. le député, lorsque
vous donniez votre exemple. On a une
fonction publique qui ne demande qu'à pouvoir bien servir, par contre nous
devons lui donner les outils pour
qu'elle puisse bien travailler. Et ça, avec mon collègue, ça fait partie de
notre plan parce qu'on pense qu'on
peut faire une grosse différence au cours des prochaines années et on va
travailler excessivement fort à pouvoir faire ça.
Alors,
aujourd'hui, encore une fois, j'apprécie le forum qui nous est donné de pouvoir
discuter de ça intelligemment, de
façon raisonnable. Je pense que vous avez très bien commencé, et je l'apprécie,
et je veux donner à nos citoyens un bon deux heures pour vous convaincre
que nous avons un plan, que nous avons une vision et que nous pouvons
travailler ensemble. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Allaire) : Alors, merci au président du Conseil du
trésor. Donc, ça termine ce premier bloc d'échange, de déclarations
d'ouverture.
Juste un petit rappel avant de céder la parole
pour le second bloc d'échange ou la période d'échange qui va commencer, donc
par blocs de cinq minutes : quand vous interpelez un collègue, simplement
y aller par le nom de la circonscription et non par le prénom ou le nom de
famille, s'il vous plaît. Merci.
Argumentation
Alors, je
cède donc la parole au député de La Pinière pour le début de la période
d'échange. Vous avez cinq minutes, la période est à vous.
M. Barrette :
Merci, M. le Président. Un plan stratégique, il en faut un, un plan stratégique
qui applique une vision. La vision,
il faut l'exprimer clairement, et là, avec égards, on ne l'a pas. Mais
admettons, là... puis je vais poser la question, un signe de tête sera
suffisant : Est-ce que ça, là, ça vaut encore quelque chose, chez vous?
Oui? Parfait.
Ici, là, à la
page 21, il y avait l'intention de rapatrier dans l'État 30 % des
effectifs en TI qu'on sous-traite à l'extérieur. Parfait. À la CAQ, on a souvent dit ça, puis c'est correct, ça. Pourquoi
c'est correct? Parce que ce sont les gens qui programment, hein, c'est eux qui écrivent les lignes de code. Et moi,
j'en ai fait, des appels d'offres publics, dans ma vie, en TI, j'en ai fait un puis un autre, et je peux
vous dire, M. le Président, M. le ministre et ceux qui nous écoutent,
toujours, toujours, sans exception, le même
produit fait à l'externe coûte entre 30 % et 100 % plus cher — et plus — toujours, toujours, toujours. Je n'ai jamais vu un produit informatique
demandé qui coûtait moins de 30 %. Donc, l'enjeu, M. le Président,
qui est un enjeu budgétaire en premier, est
celui-là. Je peux comprendre qu'au Trésor ou dans le gouvernement... on peut
le comprendre, mais là c'est ça qui est la
vision, qu'on veuille avoir des lignes avec des montants les plus bas possible.
Et là ce que l'on fait, on fait le
contraire : on achète plus cher pour ne pas quoi? Ne pas avoir à payer des
employés à l'interne, mais au total ça nous coûte plus cher.
Qu'est-ce
qu'on fait lorsqu'on écrit nos lignes de code? On écrit nos lignes de code en
fonction du produit que l'on veut,
lequel s'intègre dans une vision qui,
elle, est globale et dont on contrôle le coût de fonctionnement et de mise à
niveau. C'est ça qu'on
fait. Et pour réussir à faire ça il faut accepter, à un moment donné, de faire un investissement initial, qui est celui d'avoir une vraie équipe de programmeurs sous l'autorité d'une
personne qui a la bonne vision, à laquelle on applique... pour laquelle, pardon, on applique un plan
stratégique. C'est ça que je recherche de la part du gouvernement et c'est ça,
l'opportunité qui est, à mon avis, manquée, décider parce que l'État a la possibilité
de le faire par son volume.
L'État,
dans les faits, est une boîte informatique. C'est ça qu'on est dans la
vraie vie, on est... et non seulement
est une boîte informatique, mais notre
substrat à nous, là, ce ne sont que de banales bases de données. On n'écrit pas
des jeux vidéo, là, ça, c'est
compliqué. On ne fait pas des films de Hollywood, ça, c'est
compliqué en termes de programmation. On gère des bases de données que l'on doit construire pour qu'elles
puissent communiquer entre elles. Je sais que le ministre délégué, c'est un peu ça qu'il y a
dans son projet de loi qu'il a déposé mercredi, je pense. Ça,
c'est correct, puis on en reparlera plus
tard. Mais, à la base, le produit qu'on utilise au quotidien devrait être
programmé par nous et mis à jour par nous, d'où l'utilité d'avoir une
force de programmation équivalente à n'importe quelle PME — peut-être
M plutôt que E — de
programmation. Cette vision-là, je ne la
vois pas, mais elle est source d'économies, elle est garante de l'efficacité et, si nous sommes transparents, elle est un pilier de la
démocratie.
Je me rappelle,
M. le Président, qu'à la dernière interpellation j'avais dit à
mon collègue ministre, président
du Conseil du trésor : Oui, mais sortez-moi la liste de ceux qui
n'auront pas de services, là, l'épisode du 5 décembre dernier, nous allons donner tous les services, et le Trésor
dit : Les nerfs, Lionel, et puis là on va faire ce que l'on peut. Bien,
«ce que l'on peut», ça signifie qu'il y a
une soustraction entre ceux qui devraient recevoir des services, ceux qui en
recevront. Ça, cette soustraction-là
existe, au Québec, dans une base de données. Si elle était
transparente, nous aurions collectivement une discussion différente, qui serait celle de — et on va
se rejoindre là-dessus : il y a ce que l'on peut faire, ce que l'on
souhaiterait faire, ce qu'on ne peut pas
faire, et on discuterait à partir de données transparentes, ce qu'on ne peut
pas faire aujourd'hui.
Alors, je le
répète, là, ça commence par une vision, après ça c'est un produit, et on met un
plan stratégique là-dessus. Aujourd'hui,
est-ce que je peux m'attendre à ce que le ministre délégué, sous l'autorité du
président du Conseil du trésor, va
nous présenter quelque chose qui ressemble à ça ou non, ou est-ce qu'on va
continuer à payer extrêmement cher — puis j'y reviendrai dans mon
prochain bloc — pour
des produits qui ne sont pas si extraordinaires que ça et qu'on aurait pu faire
nous-mêmes?
Le
Président (M. Allaire) :
Alors, merci au député de La Pinière. Donc, je cède maintenant la parole au
ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale. Donc, la parole
est à vous pour cinq minutes.
• (10 h 30) •
M.
Caire : Merci,
M. le Président. Je veux d'entrée de jeu saluer le président du
Conseil du trésor, les gens
qui nous accompagnent du Secrétariat du Conseil du trésor, mon DPI,
Mme Arav, tous les fonctionnaires, mes collègues ministériels, mon chef de cabinet, merci beaucoup, et, le dernier mais
non le moindre, le député de La Pinière, que je remercie non seulement pour l'occasion qu'il nous
donne de discuter, mais qui, par le ton et le fond de son intervention, nous donne vraiment une occasion de discuter de
sujets qui sont névralgiques, et je l'en remercie. Et, de ce pas, je vais
lui dire que mon collègue et moi, on va
s'employer à répondre à toutes ses questions avec autant de précision qu'il
nous est possible de le faire, puisqu'effectivement les sujets qu'il
aborde sont névralgiques.
D'entrée de jeu, le député de La Pinière a
demandé si le pacte pour un gouvernement responsable, que la Coalition avenir Québec avait déposé en cette
Chambre il y a quelques années, était encore d'actualité. Je lui répondrai
qu'il retrouvera dans ce document notre
promesse du regroupement des CTI, annonce que nous avons faite avec le
président du Conseil du trésor le 4 février
dernier, une transformation majeure du CSPQ qui a été annoncée au dernier
budget. Donc, ces deux engagements-là
ont été respectés, et nous allons continuer dans la voie de ce qui a été
élaboré dans ce plan-là, qui est toujours d'actualité, mais qui...
certains éléments auront besoin d'être actualisés, bien évidemment.
Le député de La Pinière a soulevé deux
sujets, puis je ne suis pas sûr que je vais avoir... puis ce n'est pas par mauvaise volonté, mais je ne suis pas sûr que je
vais avoir assez de temps pour répondre à toutes ses questions. Parce qu'il a soulevé, dans son commentaire
d'ouverture, la gestion de la donnée, et je veux lui dire à quel point il a
raison, à quel point il met le doigt sur quelque chose d'absolument
névralgique. La mobilité de la donnée, la gestion de la donnée,
l'interopérabilité de la donnée et la protection de la donnée sont un enjeu
absolument fondamental. Il n'y a aucune transformation numérique possible sans
une refonte de la loi d'accès à l'information.
La mobilité
de la donnée... et, s'il veut, je reviendrai, là, si j'ai le temps, sur la
gestion des ressources, parce qu'on a effectivement
un plan puis je suis d'accord avec lui, là, mais je veux vraiment répondre à
cet enjeu-là de la donnée parce que
c'est la base de tout ce qu'on va pouvoir faire. La mobilité de la donnée,
malheureusement, actuellement, dans le cadre législatif du gouvernement du Québec, elle est inexistante. L'enjeu que
soulève le député de La Pinière est effectivement un enjeu auquel on s'est butés en arrivant, à
savoir que deux entités du gouvernement n'ont pas le droit de s'échanger
des données. Et je vais plus loin que
ça — il a été
ministre de la Santé — deux entités du réseau de la santé ne peuvent, à la base, s'échanger des données, sinon par des
ententes qui deviennent complexes, bureaucratiques, lourdes et qui rendent
inefficaces ces échanges-là ou cette
possibilité d'échanges là. Ça, c'est un enjeu auquel on va s'adresser par une
refonte de la loi de l'accès à
l'information. Et la vision qu'il faut avoir dans cette refonte-là, c'est
d'énoncer un principe qui m'apparaît simple, mais qui est
fondamental : la donnée du citoyen appartient au citoyen. Et là il faut
faire une distinction avec la donnée de
gestion dont le gouvernement a besoin, par exemple, pour ses opérations de
gestion. Et je sais que le député de La Pinière était, à l'époque,
un défenseur du financement à l'activité, et je sais qu'il s'est buté, dans
cette réforme-là, à l'incapacité des entités de son ancien ministère de la
Santé à échanger des données de gestion qui permettaient de procéder à ça.
Donc, cette mobilité-là, elle est fondamentale.
Maintenant, la mobilité de la donnée, c'est une
chose; son interopérabilité... la gestion n'est pas... une même donnée n'est pas conservée sous le même format, de
la même façon, donc il faut rendre ça interopérable. Donc, il faut
s'assurer qu'il y ait
des systèmes non seulement qui communiquent, mais qui parlent le même langage
pour que la donnée donne un résultat intelligible. Et au final ce qu'il
faut aussi, c'est s'assurer qu'on protège la donnée, la donnée du citoyen doit
être protégée.
Donc, oui, on
a déposé hier un projet de loi qui est un premier pas pour permettre au
gouvernement d'avancer dans sa transformation numérique, mais il faut
une refonte de la loi d'accès à l'information, très clairement. Et, quand cette
refonte-là sera réalisée, bien, il faudra
qu'on revoie aussi la façon dont on stocke la donnée pour rendre cette donnée-là
interopérable, intelligible et à portée gouvernementale.
Le
Président (M. Allaire) : Merci, M. le ministre. C'est un respect
parfait du cinq minutes qui vous a été alloué. Donc, je cède maintenant
la parole au député de Beauharnois pour un cinq minutes. La parole est à vous.
M. Reid : Merci,
M. le Président. Bien, donc, on parle de vision, de stratégie gouvernementale,
un débat toujours intéressant. Cher député
de La Pinière, chers collègues, le 4 février dernier, mon collègue le
ministre délégué à la Transformation
numérique gouvernementale, qui est ici présent, annonçait les intentions de
notre gouvernement en termes de
gestion de données. Cette annonce s'inscrivait dans la vision de notre
gouvernement d'assurer une saine gestion des fonds publics et une
optimisation de l'État. Hier, ce même collègue déposait le projet de loi
n° 14, la Loi favorisant la transformation numérique de l'administration
publique. Après seulement six mois au pouvoir, nous avons déjà fait les premiers pas vers la transformation numérique
gouvernementale en faisant des actions concrètes, telles que ce projet
de loi. Il s'agit donc des premiers jalons de la stratégie numérique.
C'est
étonnant de voir qu'aujourd'hui le député de La Pinière prétende que nous
manquons de vision en termes de gestion
de données alors que nous sommes en action à cet égard depuis le tout début de
notre mandat. Je comprends que le député de La Pinière voulait
plutôt dire qu'il n'aime pas notre vision gouvernementale en termes de gestion
de données. Toutefois, c'est tout à fait
inexact de dire que nous manquons de vision à cet égard. C'est totalement le
contraire, on est un gouvernement qui
a une vision claire des projets de société à long terme que nous avons promis
aux Québécois l'automne dernier, pour
lesquels nous avons été élus. La transformation numérique de l'administration publique est
l'un de ces projets que nous avons promis. Nous sommes prêts à prendre
les moyens nécessaires pour atteindre nos objectifs. Si c'est ça manquer de
vision, M. le Président, je me demande bien c'est quoi, avoir de la vision.
La transformation numérique de l'administration
publique est un projet de société que nous aurions dû entamer depuis déjà longtemps. Nous sommes les premiers à prendre les moyens nécessaires
pour y arriver, et il était temps. Nous sommes en 2019, il est temps que
le gouvernement du Québec arrive en 2019 également. Pour ce faire, il fallait
qu'un gouvernement ait le courage de faire le malheureux constat qui
est le suivant : le gouvernement du Québec est mal outillé dans sa gestion et sa protection des données gouvernementales. Nous avons besoin de l'expertise des entreprises
privées pour optimiser les ressources
et s'assurer d'une sécurité accrue. Non seulement nous ferons des
économies, ce qui permettra d'ailleurs de remettre de l'argent dans le
portefeuille des Québécois, mais nous pourrons également élever d'un cran l'assurance que nos données sont sécurisées.
Arrêtons d'avoir peur d'avoir recours aux services des entreprises
privées. Si celles-ci ont une
meilleure expertise que nous, on doit le reconnaître et on doit le mettre à
profit. Mais soyez rassurés, les entreprises qui auront le mandat de stocker les données gouvernementales dans le nuage informatique devront répondre à des normes
très strictes sur le plan de la sécurité.
Je tiens également
à rassurer mes collègues de l'opposition à l'égard de l'utilisation que nous
comptons faire de ces données, car il
est vrai que l'on ne peut minimiser l'importance des données du gouvernement du Québec. C'est pourquoi le projet de loi n° 14 déposé par mon collègue prévoit justement
des dispositions en matière de reddition de comptes à l'égard
de l'utilisation et de la communication des renseignements personnels. Ce projet
de loi prévoit également
de conférer à la Commission d'accès à l'information le pouvoir de donner son avis sur tous les
projets qui nécessitent l'utilisation
et la communication des renseignements personnels. Comme le dirait mon collègue député de
Taillon, ce n'est pas banal, et on le sait. Ces
données renferment ses informations sur notre province, ses ressources
naturelles, ses infrastructures et sa population. Toutefois, soulignons que ces
données ont été collectées par le gouvernement pour servir les intérêts de la
population. Bien exploitées, elles peuvent éclairer et guider les politiques
gouvernementales afin d'assurer le bon développement économique et social du
Québec. C'est ça, la vision que nous avons en termes de gestion des données, M.
le Président, les utiliser pour servir les intérêts de la population, et ce, à
moindre coût.
Dans le budget que nous venons de déposer, nous
reconnaissons l'importance de ces données pour l'avenir du Québec. Comme l'a mentionné le président du
Conseil du trésor, nous avons prévu des dépenses pour établir des
systèmes d'information et de services en
ligne pour les ministères. Nous prévoyons également créer un guichet de
services de données destinées à la recherche scientifique. Je le répète,
M. le Président, si c'est ça manquer de vision, je me demande c'est quoi, avoir
de la vision.
En
définitive, nous sommes totalement conscients que les données informatiques du
Québec représentent une richesse
collective qui nous appartient à tous. Nous savons qu'elles sont cruciales pour
guider les politiques gouvernementales et
faire progresser notre province. Ainsi, nous nous engageons à préserver et à
exploiter ces données au bénéfice de tous les Québécois. Nous n'oserons
jamais prendre des risques indûment, et notre gouvernement dispose d'une vision
claire, louable et responsable. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Merci à vous, député de Beauharnois.
Donc, ça
termine la première série d'intervention, on débute la deuxième. Je cède la
parole au député de La Pinière pour un cinq minutes. La parole est
à vous.
• (10 h 40) •
M. Barrette :
Alors, je vais quand même souligner l'intervention du député de Beauharnois :
pour une fois, l'intervention du député ministériel est sur le sujet, je l'en
félicite.
Maintenant,
je vais aller maintenant sur les économies irréalistes, et je vous donne
mon point de vue. Le ministre délégué à la Transformation numérique, lorsqu'il était à l'opposition, avait défendu bec et ongles l'importance d'avoir
une équipe qui programmait au ministère
et il avait aussi appuyé son raisonnement sur la base des économies qui
venaient avec. Moi, je n'ai jamais
été inconfortable avec ça, au contraire, parce qu'évidemment c'est là que
l'argent est, l'argent est dans la programmation, dans la maintenance,
dans les licences, j'y reviendrai plus tard.
Maintenant,
M. le Président, le ministre
délégué à la Transformation numérique
a souvent dit, même répété, avec beaucoup d'énergie qu'on ne
les payait pas assez, on ne les paie pas assez. C'est vrai, c'est un constat,
la raison fondamentale pour laquelle l'État québécois
n'arrive pas à attirer et garder chez lui les meilleurs talents, c'est parce
qu'on ne les paie pas assez. Ça, c'est un fait. Il y a des secteurs
d'activité où une expertise est nécessaire, il y en a d'autres où ce n'est
pas à ce point-là crucial, mais en informatique, c'est comme ça, bon.
Alors là, on
dit, là, et le député de Beauharnois y a fait référence il y a quelques
instants... la grande annonce qui a été
faite par le président du Conseil du trésor, qui est celle de regrouper les
centres de traitement de l'information, bonne idée, on l'avait prévue nous-mêmes, mais l'économie qui est annoncée ne
peut pas se réaliser pour un certain nombre de raisons, alors les voici. Quand le gouvernement dit, quand le gouvernement
dit «on va sauver de l'argent», oui, c'est correct. Dans tous les cas de figure, on sauve de l'argent
en ayant moins de salles de serveurs et en concentrant les serveurs dans
un entrepôt de données, c'est correct. Ça, cette économie-là, là, elle aurait
été faite par n'importe quel gouvernement.
Un coup qu'on
a dit ça, après, est-ce que l'économie est là? Non, l'économie, elle n'est pas
là pour la simple et bonne raison que ce que nous ne faisons pas
nous-mêmes, parce qu'on parle ici de l'entreprise privée qui serait le
gestionnaire de l'entrepôt en question, bien, le programmeur qu'on ne paie pas
au bon prix chez nous, on le paie à la compagnie
en question qui, elle, le paie à la bonne hauteur, le programmeur, et elle nous
le charge par une «cut», qui est un profit.
On ne peut pas, pour la même ligne de programme écrite par un programmeur,
public versus privé, ne pas payer un profit,
un salaire plus élevé, évidemment, chez le sous-traitant et sa «cut» à lui
parce que son rôle, dans la vie, est d'avoir un profit. Alors, par
définition, on ne peut pas sortir gagnants de ce scénario-là.
Qui plus est,
où est le talent dans ce cas-là? Le talent va être à l'étranger. Un entrepôt de
données, un entrepôt de données,
c'est géré à distance. À distance sont les cerveaux, les programmeurs, les
gestionnaires, et ainsi de suite. Localement, on a les gens qui sont en bas de l'échelle de la compétence
informatique. Je ne dis pas ça méchamment, mais ça revient à avoir un
propriétaire de bloc-appartements qui est en Floride bien confortablement, et
il y a un gardien de sécurité à l'entrepôt à
Montréal. Ça revient à ça, là. On ne le peut pas, là, ça ne se peut pas. Juste
l'entrepôt de données va coûter plus cher que si on le faisait, nous. De
dire qu'on fait une économie ponctuelle, c'est vrai; à long terme, ça coûte
plus cher.
Et, si
l'enjeu est un enjeu de sécurité, ça non plus, ça ne tient pas la route parce
que la partie sécurité, nous avons, au Québec,
amplement l'expertise pour l'assurer, puisqu'on a même des compagnies ici, au
Québec, qui assurent la sécurité informatique
de données de l'armée américaine, ils sont à Montréal, là. Alors, on a
l'expertise, et ça se contracte. Mais le principe d'avoir un entrepôt de données sous l'autorité de gestion
étrangère ou d'une entreprise privée, ça va coûter plus cher.
Je donne un
exemple supplémentaire, parce que c'est ça qui va arriver, le contrat ne sera
jamais écrit d'une telle manière que...
quand on va creuser dans la base de données pour faire des analyses, il y aura
un frais à l'analyse, c'est toujours
comme ça. Quand on ne contrôle pas notre acquisition de données, notre entrepôt
de données et notre analyse de la donnée, ce sont des coûts
additionnels. Alors, ce qui est proposé, actuellement, amène une économie de
volume à l'installation, mais un coût
additionnel à l'utilisation dans le temps. Ça ne fonctionne pas, et ça, c'est
vérifié par l'expérience.
Le Président (M. Allaire) :
Merci au député de La Pinière. Merci également pour le respect du temps
alloué.
Alors, maintenant je cède la parole au ministre.
Donc, je cède la parole au ministre délégué à la Transformation numérique
gouvernementale, cinq minutes. La période est à vous.
M.
Caire :
D'abord, ce sur quoi nous sommes d'accord, l'internalisation de nos compétences
demeurera toujours la solution la
plus économique. Et, sur la question des salaires, je pense que ce n'est pas au
député de La Pinière que je vais expliquer
les complexités que ça peut apporter, mais nous sommes extrêmement conscients
de cet enjeu-là. Maintenant, je pense
aussi que le salaire, c'est un élément, mais ce n'est pas le seul. Il y a aussi
les défis qu'on peut apporter à nos gens, il y a les environnements de travail qu'on va leur procurer et il y a
les possibilités de carrière qu'on va offrir à nos gens.
Et ce que je
voulais dire dans ma précédente intervention, puis j'ai manqué un petit peu de
temps, c'est que nous sommes à
compléter la stratégie numérique. D'ailleurs, j'annonce à la population que
nous sommes en consultations publiques sur cette stratégie-là à partir
du 11 avril. Les gens pourront, par Internet, nous faire savoir leurs
commentaires, leurs propositions, en fait,
nous donner leur opinion de façon assez large sur les propositions que nous
allons... et les questions que nous allons leur poser, et l'objectif est
de déposer cette stratégie-là au mois de mai.
Et le député
de La Pinière va être, je suis convaincu, emballé par le fait que, s'il y
a une chose pour laquelle j'ai une sensibilité particulière à titre
d'ancien consultant moi-même, c'est sur l'importance d'internaliser nos
ressources, nos expertises. Et là-dessus on
travaille sur deux tableaux. Le premier, c'est via l'Académie de
transformations numériques, à qui
nous donnons un double mandat : un premier mandat qui est, évidemment,
d'offrir des formations de sensibilisation sur la transformation numérique à l'ensemble de nos fonctionnaires pour leur
expliquer et qu'ils puissent assimiler ces nouveaux concepts là et les impacts sur leur quotidien,
mais on veut aller plus loin aussi et donc faire une mise à jour majeure
des compétences de nos ressources informationnelles à l'interne. Parce que
cette compétence-là, on veut la développer à l'interne,
parce que ou on acquiert la compétence par de la formation ou on va en
consultation. Le choix que notre gouvernement a fait, c'est de
développer ces compétences-là à l'interne.
Mais
on va un peu plus loin parce que ce n'est pas juste nos ressources
informationnelles pour lesquelles il faut cette mise à jour là et ces formations-là,
c'est aussi pour nos gestionnaires, parce que la transformation numérique, ça nécessite la gestion du changement. La résistance
au changement est probablement un des pires ennemis de la transformation
numérique avec le manque de mobilité de la
donnée. Donc, cette question-là aussi, on veut s'y attaquer avec des
formations pour nos gestionnaires pour faire d'eux les vecteurs, les
architectes de notre transformation numérique parce qu'on a pleinement et totalement confiance en notre
fonction publique. Maintenant, comme le disait le président du Conseil
du trésor, il faut leur donner les outils pour être capables de procéder à ce
chantier-là, et c'est exactement ce qu'on va faire.
Sur les
économies de la consolidation des CTI, j'ai un puissant désaccord avec mon
collègue de La Pinière. Puis je veux
juste lui rappeler pour mémoire qu'effectivement le gouvernement dont il était
membre avait, pendant de très, très, très
nombreuses années, réfléchi à cette question-là, et, quand on est arrivés aux
affaires, les dossiers actualisés qu'on nous avait présentés sur la consolidation des CTI, bien, c'étaient des
économies de 67 millions sur 10 ans. Avec les orientations que notre gouvernement a prises, ces économies-là
sont passées maintenant... et ça, c'est notre machine, là, celle qu'il a
encensée tout à l'heure, qui a fait ces
évaluations-là, ces calculs-là, on est à 181 millions, presque
182 millions d'économies sur la
même période, donc trois fois plus. Pourquoi? Bien, parce qu'on fait jouer la
concurrence. De cette concurrence-là, évidemment,
on sait qu'il y a des prix qui sont, normalement, meilleurs. De cette
concurrence-là émerge aussi la capacité d'être toujours à la fine pointe de la technologie. Et il y a le volume,
il y a le volume. Le gouvernement du Québec, comme d'autres, sont les clients de ces entreprises-là
qui, sur le volume, peuvent faire des prix qui sont exceptionnels. Et il y
a, en plus de ça, le nombre de ressources qu'on est capables de libérer.
Donc là, sur les 120 premiers CTI qu'on
consolide, c'est 80 ressources qu'on est capables de libérer, selon nos estimés — ou plus ou moins 80 ressources, là, on
comprendra qu'il faut se donner une marge de manoeuvre — et qui peuvent être affectés à
d'autres tâches, à d'autres postes qui, actuellement, ne sont pas comblés et
pour lesquels il y a un besoin névralgique. Donc, moi, je pense qu'on est
gagnants sur toute la ligne.
Le
Président (M. Allaire) : Merci, M. le ministre. Alors, pour
terminer la deuxième série d'intervention, je cède la parole au député
ministériel, le député de Saint-Jérôme. La parole est à vous pour cinq minutes.
• (10 h 50) •
M. Chassin : Merci, M. le Président. Alors, salutations au
collègue de La Pinière, et à tous mes collègues du côté ministériel, et à tous ceux qui nous appuient.
Parce que, dans la question de la compétence interne qu'effectivement le
député de La Pinière soulevait, il y a,
dans la Stratégie de transformation numérique, un axe important, un des grands
jalons, qui parle de compétences
internes de culture numérique, où il est question d'avoir, dans le fond, à
l'interne les bons outils, les bonnes
ressources, les bonnes personnes et aussi une certaine culture, hein? On doit
mobiliser les troupes, on doit avoir une certaine vision.
Je voudrais
renchérir un peu sur ce que mon collègue
vient d'expliquer, sur ce qui est notamment du regroupement des CTI. Parce qu'il y a effectivement des transformations technologiques
qui sont importantes, qu'on doit prendre en compte et qui permettent
notamment au gouvernement d'utiliser pleinement l'industrie du stockage de
données à son plein potentiel, une industrie
qui est en croissance, une industrie qui est là pour rester aussi et dont il
faut tirer profit. Il y a du développement
d'applications, dans la technologie d'infonuagique, qui ont démontré un énorme
potentiel de croissance et qu'on peut
mettre à profit. Alors, je suis content de voir que les démarches de
transformation numérique que nous avons amorcées dans les organismes, dans les ministères font en sorte qu'on
n'aura plus besoin de s'inquiéter de la gestion des infrastructures
informatiques.
Alors, il
faut dire que, comme on en a parlé, on libère des ressources, et c'est effectivement
un engagement que le gouvernement avait pris, soit de réduire le nombre
d'employés administratifs tout en conservant un même niveau de services. Alors, on parle là d'économies qui
permettent d'améliorer les services, qui permettent aussi de réduire le coût
de prestation de services. La transformation
numérique des infrastructures vient jouer un rôle pivot dans ces plans qui
sont prévus.
De notre
côté, au gouvernement, on pense qu'il est de notre devoir de centraliser les
infrastructures informatiques au sein
d'organismes compétents. Il faut avoir du courage pour amorcer une telle
démarche, et notre ministre délégué à la Transformation numérique n'en manque pas. La transformation de nos
infrastructures informatiques est nécessaire pour améliorer l'efficacité des services — je le vois sourire, je pense qu'il
approuve — mais non
seulement est nécessaire pour améliorer
l'efficacité des services, elle est aussi nécessaire pour stimuler encore
davantage l'économie du Québec. En effet, de plus en plus d'entreprises sont dépendantes des données publiques
fournies par le gouvernement, et les organismes et ministères doivent
pouvoir compter sur la transformation numérique pour améliorer leur prestation
de services aux entreprises. Les Québécois
sont, avec raison, de plus en plus préoccupés par la question de la sécurité de
l'information. Alors, ça aussi, c'est important, et il y a là un souci,
notamment, d'avoir des compétences internes, mais, comme on le précisait, d'avoir des balises lorsqu'on transige,
par exemple, avec des compagnies privées externes. Et c'est une préoccupation
qui anime notre gouvernement, notamment
parce que les citoyens se rendent bien compte que les services offerts par
leur gouvernement pourraient être modernisés
par des nouvelles infrastructures, en autant qu'on respecte des balises
assurant la sécurité de l'information.
Vous
me permettrez, M. le Président, de faire un petit contraste avec d'autres
cibles qui avaient été fixées par un gouvernement
précédent et qui, malheureusement, n'ont pas toutes été atteintes, et là je
cite ici des extraits de la Stratégie numérique
présentée par le gouvernement précédent, alors je cite, «que 100 % des
citoyens aient accès à des services Internet haut débit» — malheureusement,
on est encore dans ce chantier-là — ou encore «que 90 % de
la mise en oeuvre de l'orientation sur
l'administration publique de la Stratégie numérique [soit réalisée d'ici cinq
ans]» — malheureusement,
ça n'a pas été le cas — et le député de La Pinière va sans
doute apprécier la suivante, qui n'est pas piquée des vers, «que 100 % des citoyens puissent interagir de
façon numérique avec le réseau de la santé et des services sociaux et ses professionnels» d'ici cinq ans. Alors, évidemment, c'étaient
des bons objectifs, des objectifs ambitieux, et, encore là, dans les
façons de faire, il fallait trouver la bonne avenue. Je suis convaincu que le
député de La Pinière avait des bonnes solutions, malheureusement ça n'a
pas été réalisé. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Allaire) : Merci au député de Saint-Jérôme. Donc,
on débute la troisième série d'intervention, et je cède donc la parole
au député de La Pinière pour une période de cinq minutes. La période est à
vous.
M. Barrette :
Je répondrais au député de Saint-Jérôme qu'il est actuellement dans un
gouvernement qui a le pouvoir de mettre en application les lois que j'ai
fait adopter et qui permettent de rendre disponible ce qu'il recherche, mais
qu'il ne le fait pas.
M. le Président, le
27 février dernier, sur la question du coût et des économies, je reviens
là-dessus, le 27 février dernier, on demandait, par l'accès à
l'information, à voir ceci : Étude comparative des coûts concernant le
recours à l'infonuagique privée versus le
développement à l'interne d'un service d'infonuagique. Est-ce qu'il y a
quelqu'un qui va être surpris si je
dis que ceci est la réponse : Le secrétariat du Conseil du trésor détient
des documents concernant votre demande, toutefois on ne peut pas vous
les communiquer? Bien, ça, force est d'admettre que ça soulève un doute, et
c'est normal.
Et
je répète ce que j'ai dit précédemment, j'ai vécu ça, moi, dans mon domaine,
là, il n'y a rien qui est sous-traité qui
coûte moins cher qu'au public. Il n'y a rien. Vous avez une porte de sortie qui
est celle, peut-être, peut-être, et encore, de la sécurité. Et je parle du long terme, là, il ne faut pas mélanger les
choses. Il y a des économies à faire à l'interne lorsqu'on regroupe, on
regroupe, on les fait, mais un coup qu'on a regroupé, si on le fait à l'interne
et qu'on compare la suite... J'ai regroupé à
l'interne et je regarde ce que ça me coûte pour le maintenir. J'ai regroupé à
l'interne, et je le sous-traite, et je
regarde ce que ça me coûte pour le maintenir. Cette phrase-là, là, cet état de
fait là coûte plus cher, au privé, c'est comme ça. Puis je l'ai fait, je
l'ai vécu, là.
Comment
qu'elle marche, l'industrie privée? Ce n'est pas compliqué : Monsieur
madame, je vais vous sous-traiter ça, la maintenance, voici, vous n'êtes
pas capables de payer des gens qui font l'entretien au bon salaire, moi, je les
paie. Puis, comme c'est un contrat que j'ai
avec vous, il faut quand même que je fasse ma «cut», ça vous coûte plus
cher là-dessus. M. le ministre délégué, vous
avez une grosse, grosse banque de données, là vous avez une interrogation, là,
et vous voudriez, là, analyser la
corrélation entre a, b, c, donc vous avez à interroger la base de données,
voici ce que ça va vous coûter. Et là-dessus
les programmeurs qui vont faire la requête, là, d'analyse, il faut que je les
paie, puis je les paie plus cher que
vous, puis il faut que je fasse ma «cut». C'est comme ça. Vous voulez faire une
migration de données d'une affaire à
l'autre? Bien, écoutez, migrer des données, là, ça coûte cher, là. C'est comme
ça. Bien oui, il y a un contrat de base,
c'est sûr, mais le contrat de base, comme toujours, est un contrat de base, et
les contrats de base ne prévoient jamais un certain nombre de choses que nous-mêmes on ne peut pas prévoir. Ce
qui fait que, lorsque l'on a à faire telle ou telle chose, il y a un coût additionnel. Et faire telle
ou telle chose, il y en aura toujours, une telle ou telle chose. Alors, le
choix que le gouvernement fait de ne pas se doter d'une force de technologies
de l'information bien rémunérée à la base et de l'utiliser à bon escient, bien,
ça finit par coûter plus cher. Et je n'ai même pas parlé des licences, et ainsi
de suite.
Je
n'entends pas, actuellement, dans la vision qui m'est présentée, cette
volonté-là de faire en sorte que nous ayons, chez nous, au Québec, une force compétente pour à la fois générer le
produit que tout le monde utilise — le citoyen, le ministère, ses organismes — qu'on puisse le maintenir, le mettre à jour,
le développer. Tout le monde sait, dans ce système-là, dans cet univers-là, que celui qui contrôle et
fait tout ça a des coûts inférieurs, tout le monde qui est le moindrement
informé de cette situation-là. On ne parle
pas de construire des autos puis des avions au ministère, là, dans un
ministère, non, non, on parle ici de
lignes de code. C'est de ça qu'on parle, là. Et ça, ça peut être même
autofinancé parce que les ministères ont des clients. Je peux même juste parler de la santé. On peut autofinancer
une telle force par — et j'y
reviendrai plus tard — des dossiers,
des solutions informatiques qui sont actuellement vendues à des cliniques
médicales, par exemple. On peut être concurrentiels, on peut être
concurrentiels et en tirer un profit, on peut s'autofinancer. C'est ça, la
réalité.
Alors,
je n'entends pas la volonté, dans la transformation numérique, de devenir
nous-mêmes un producteur de solutions informatiques que l'on va
maintenir, nous, et éviter de payer contrats, licences, et ainsi de suite.
Le
Président (M. Allaire) : Merci au député de La Pinière.
Donc, on est toujours dans la troisième série d'intervention. Donc, je
cède la parole au président du Conseil du trésor. La période est à vous pour
cinq minutes.
• (11 heures) •
M. Dubé :
D'accord. Alors, encore une fois, j'apprécie la qualité des discussions puis
des interventions, des points que
vous soulevez, M. le député de La Pinière. J'aimerais faire une
différence, par exemple... On n'est pas toujours obligés d'être d'accord, mais ce n'est pas une question
d'être d'accord ou pas, mais c'est de savoir de quel point on parle. Puis
je ferais une différence, premièrement, sur
la question du stockage versus des opérations. Ça, c'est le premier point.
Parce que, pour ce qui est des
ressources qui se rapportent au stockage, c'est sûr, lorsqu'on parle de transactionnel, lorsqu'on parle de données de base, on parle beaucoup, souvent, puis je veux faire attention aux mots,
mais de commodités, dans le sens que ce n'est pas un bien à valeur
ajoutée très grande lorsqu'on veut stocker nos données, à part le fait de la
sécurité, etc., dont on parle très, très souvent. Mais je voudrais faire
attention, et je vais revenir sur le deuxième point, il ne faut pas mêler
comment on doit traiter toute la notion de stockage versus les opérations.
On a parlé, tout à
l'heure, d'internaliser les ressources. Nous, on croit qu'il y a des ressources
qui doivent être internalisées. Puis on en
manque, de ces ressources-là, parce
qu'en termes d'opération on a besoin d'avoir des gens qui ont des connaissances en architecture, qui connaissent
bien les opérations, qui connaissent les particularités des ministères.
Puis ça, moi, je suis... en tout cas, on
partage avec vous que ces personnes-là, c'est des personnes qui doivent rester
à l'intérieur de l'organisation du gouvernement.
A
contrario, les gens qui s'occupent de stockage, lorsqu'on parle de stockage de
données et de produits plus de commodité,
c'est là qu'on peut avoir des économies d'échelle, et des gestionnaires de
données peuvent être à l'interne, mais l'essentiel
des données et des économies de volume peuvent être réalisées du côté du
stockage. C'est la première précision que je ferais sur votre point.
Puis ça, encore une fois, dans le cas de la Stratégie de transformation
numérique qui sera présentée par mon
collègue, on va le traiter abondamment dans les prochaines semaines parce que
c'est pour ça qu'après avoir pris connaissance de l'état de la situation
dans les six derniers mois cette stratégie-là nous apparaît très claire sur
qu'est-ce qu'il en est au niveau transactionnel versus le stockage.
Le deuxième
point, et là je reviens plus particulièrement sur le stockage, lorsque vous
dites qu'il n'est pas possible d'avoir
des économies parce qu'on sous-traite à l'extérieur, moi, j'aimerais mentionner
plusieurs points là-dessus. Tout d'abord, une des raisons pour laquelle
on peut être un peu frileux de laisser de l'information sur les économies en ce
moment, c'est que vous savez très bien, puis je pense que vous l'avez fait dans
votre ancienne vie, lorsqu'on veut aller en
appel d'offres, il faut se garder un peu de marge de manoeuvre pour être
capable de mettre les fournisseurs à contribution, et c'est évident
qu'on n'ira pas, aujourd'hui, indiquer le genre de prix que l'on serait prêts à
payer.
Et d'ailleurs
je vous ferais remarquer, M. le député — puis votre question est très à propos — c'est pour ça que, dans la nouvelle structure qu'on a annoncée il y a
deux semaines, les achats qui vont être spécialisés maintenant, pour les
achats, vont être séparés des technologies
de l'information, ce qui n'était pas le cas dans le cas du CSPQ, et les achats
TI vont continuer de se faire par des spécialistes d'achats et non par les gens
de TI. Les gens de TI vont nous définir leurs besoins, mais ce sera les gens
d'acquisition du Conseil du trésor qui vont s'en occuper. Alors, ça, pour moi,
la notion d'information sur les coûts en ce
moment, je pense que vous comprenez très bien que nos gens, ici, de Marchés publics
vont faire les bons processus pour s'assurer qu'il y a des appels d'offres qui
nous donnent des coûts.
Et, je dirais, le dernier point, les coûts
totaux... Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Allaire) : 52
secondes. Vous avez le temps.
M. Dubé :
Ah bon, O.K., je pensais que vous me disiez que je devais terminer, parce qu'il
me restait deux éléments. Donc, le coût total, alors il faut...
Une voix : ...
M. Dubé :
Oui, merci. Alors, le coût total est important pour nous parce que non
seulement on regarde le coût de données, mais il faut regarder aussi la
question des gestionnaires.
Dernière
chose sur ce point-là, je pense qu'on dit souvent qu'il ne faut pas avoir peur
d'être un peu audacieux puis d'aller
du côté d'une portion correcte dans le privé, et c'est le genre de relation
qu'on veut avoir avec... On a bien dit qu'il y aurait des fournisseurs québécois dans la gestion de stockage, qui
sont excessivement compétents, qu'on pourrait mettre à contribution dans
les appels d'offres que nous pourrons faire au cours des prochaines semaines,
donc je pense qu'on s'assurera de la
confidentialité, de la sécurité, mais aussi d'une propriété québécoise dans
notre programme. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Allaire) : Merci au président du Conseil du trésor.
En fait, pour le bénéfice de tous, quand je mets mes deux mains comme ça, j'essaie simplement de vous mentionner
qu'il reste à peu près une minute. Je fais ça pour vous aider, en fait.
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Oui, c'est bon. Vous le saurez pour les prochaines fois.
Donc, pour
terminer la troisième série d'intervention, je cède la parole au député
ministériel, le député de Richelieu. La parole est à vous pour cinq
minutes.
M. Émond :
Merci, M. le Président. Je suis heureux, cher collègue député de Maskinongé, de
vous retrouver dans ce siège ce matin, ça vous va bien, et merci de nous
prévenir quant à la signification de votre gestuelle, c'est apprécié.
Alors, je
suis heureux de prendre la parole dans le cadre de cette interpellation du
vendredi. Je salue le président
du Conseil du trésor ainsi que le ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale, deux collègues que j'apprécie particulièrement.
Mes salutations, bien entendu, aux autres collègues, que j'apprécie tout
autant, et aussi, bien oui, au député de La Pinière, qui le sait que je l'apprécie beaucoup. On a la change de... la chance, pardon,
d'échanger en commission parlementaire sur les finances publiques, et je
pense que le député de La Pinière sera content ce matin, parce qu'il a l'habitude de m'entendre, dans nos échanges,
vanter les mérites des gens et des organismes de ma circonscription, il est en train de
découvrir, avec moi, le magnifique comté de Richelieu, mais ce matin je me
propose de rester un peu plus sur le sujet.
Donc, plus sérieusement, M. le Président, je
débuterais mon intervention en disant que la façon dont le gouvernement du Québec recueille, gère et régit les données devait
changer parce qu'à l'heure actuelle la manière dont nous accédons aux données et les partageons, soit avec
d'autres gouvernements ou des tiers lorsque nécessaire, est à revoir. Notre gouvernement a fait ce constat, et c'est notre responsabilité de veiller à ce que nos effectifs dans le domaine des technologies
de l'information disposent des compétences et des outils nécessaires pour
exploiter avec éthique les données que nous stockons et qui sont utilisées pour
faire fonctionner les services destinés au bien commun.
Alors, on doit être plus vigilants, plus que
vigilants dans la gestion des données sensibles et personnelles des Québécois.
Le volume de données produit par le gouvernement
du Québec a une croissance, bien
entendu, exponentielle, puisqu'il interagit de manière dynamique avec les différentes actions
qu'un État doit poser. Nous sommes à un moment de notre histoire, M. le Président, où le gouvernement doit évoluer technologiquement
afin de mieux répondre, notamment, aux
besoins des particuliers. Le gouvernement est de plus en plus transparent dans
son approche technologique en rendant accessibles
les données publiques des différents secteurs d'activité de notre économie par
le biais, entre autres, de portail Données
Québec, une plateforme de partage de données ouvertes rendue possible grâce à
la collaboration entre les plus grandes municipalités et le gouvernement
du Québec.
Donc, afin de
favoriser l'innovation et l'économie, le gouvernement modernisera sa politique
de gestion des données et suivra ainsi les plus hauts standards mondiaux
en matière de transparence lorsque nous entreposons et utilisons les données qui sont de nature confidentielle. Alors,
nous pourrons ainsi offrir de meilleurs services à la population, être
plus efficaces dans la gestion de l'État.
Les mesures de réforme qui seront proposées dans le futur auront un réel
impact. Alors, il s'agit d'une opportunité pour le Québec d'être à
l'avant-garde dans le domaine de la sécurité informatique en se positionnant
comme étant un leader de juridiction régissant la gestion et la mobilité des
données.
Alors que les différents secteurs
gouvernementaux collectent presque toutes les données sur les utilisateurs qui peuvent s'avérer être de nature confidentielle,
ceux-ci ne sont pas systématiquement enclins à faire du développement
visant à partager ces données avec d'autres ministères ou organismes légitimés
d'accéder à celles-ci. Dans son ensemble, le gouvernement
du Québec présentera bientôt sa stratégie en ce sens afin d'arrimer les
différents leviers de l'État, ce qui aura pour effet, M. le Président, d'augmenter grandement notre efficacité
collective. Alors, c'est pourquoi nous faisons actuellement preuve de
beaucoup de vigilance et que nous avons justement assez de vision pour attaquer
la situation de front.
Et je trouve
ça très intéressant, M. le Président, parce qu'on avait une discussion un peu
avant l'intervention de ce matin, et,
vous savez, en tant que législateurs, l'ensemble des députés de l'équipe
ministérielle du gouvernement, on a tous
des expertises qui sont très vastes, différentes mais assez ciblées, alors,
dans mon cas, dans le domaine des affaires et au niveau de la formation professionnelle. Alors, c'est intéressant
de... on agit comme des généralistes, si on veut, mais c'est rassurant. Alors, moi, en tant que Québécois, en
tant que contribuable — et c'est le message que je vais partager avec les gens de ma circonscription — c'est rassurant de voir le ministre délégué
à la Transformation numérique du gouvernement, ainsi que toute son équipe, s'adresser à des problèmes qui sont très
importants et le faire avec beaucoup de rigueur, M. le Président, et je
termine ainsi mon intervention.
Le
Président (M. Allaire) : Merci à vous, le député de Richelieu.
Donc, on débute la quatrième série d'intervention. Je cède la parole au
député de La Pinière. La parole est à vous pour cinq minutes.
• (11 h 10) •
M. Barrette : Très
bien. Merci, M. le Président. Je
vais quitter les centres de traitement de l'information pour
aller là où j'essaie d'aller depuis le début
et pour lequel je n'ai pas de réponse précise, et je m'explique, puis je vais
faire un parallèle. Ce matin, grande
surprise, je ne pouvais pas prévoir ce cadeau-là, il y avait
un article sur l'expérience du président du Conseil du trésor à la Caisse de dépôt quant à
son équipe — il a
sûrement lu l'article, là — alors, où on expliquait qu'avec le même nombre de dossiers analysés on avait quadruplé son équipe. Je
suis sûr qu'il a de très bonnes raisons, j'en suis convaincu, puis je ne cherche pas d'explications
pour ça, ce n'est pas l'objet de l'interpellation. Par contre, je postule
qu'en bon gestionnaire il a trouvé ça utile d'avoir quatre fois plus de monde
pour traiter les dossiers qu'il avait à traiter, qui n'augmentaient pas, qui
étaient stables, bon.
Maintenant,
dans le merveilleux monde des TI, là, dans ce monde-là, je pense que tout le
monde s'accorde sur une chose,
faisons abstraction du stockage, là — puis, même là, ça s'applique — mais pour tous les produits qui sont
utilisés en informatique, en traitement de
la donnée ou en gestion de la donnée, c'est un produit qui est acheté, en
général, qui est maintenu, pas
toujours, qui évolue rarement dans le temps, mais pour lequel on paie des
licences. Les licences, c'est là qu'est la façon de gagner de l'argent pour cette
compagnie-là. On met un produit, on l'achète, puis il ne bouge plus ou
presque, on fait des mises à jour
périodiques mais qui sont mineures, hein, il n'y a pas de transformation du
produit, puis on paie des licences ad vitam aeternam — et je
parle particulièrement des petits produits — c'est de même que ça marche.
Dans nos grands réseaux, là, éducation,
santé, puis je peux aller ailleurs, on peut aller aussi au revenu, ce sont des
produits qui sont simples en termes
informatiques, mais pour lesquels on paie vraiment très cher. À l'acquisition,
je l'ai dit tantôt, c'est toujours plus cher, et à la maintenance, et à
la licence, c'est un fait.
Je fais le
parallèle avec la Caisse de dépôt parce que le président du Conseil du trésor a
constaté qu'il y avait un avantage d'avoir une équipe appropriée, et je
soupçonne qu'il les payait bien. Maintenant, dans le public, pourquoi ce principe-là ne peut pas s'appliquer? Moi, je me
rappelle du ministre délégué à la Transformation numérique d'avoir pris fait et cause pour le logiciel libre, par exemple.
Je ne le sais pas où il se situe de ce côté-là. L'avantage du logiciel
libre, évidemment, c'était le coût de la
licence, en particulier, et le coût de développement. Quand on met ça tout
ensemble, là, c'est clair qu'on a le...
On connaît les problèmes à résoudre, ils sont connus, ils ne sont pas d'une
grande complexité. Peu importe le
réseau, je l'ai dit tout à l'heure, ce sont des interfaces avec des bases de
données en arrière, là, qui sont des bases de données standard. Je n'entends pas ni l'un ni l'autre aller dans le
sens d'avoir une équipe bien payée, donc on recrute les gens, et le désir d'avoir notre force de
développement informatique, et de maintenance, et de mise à niveau. Je
n'entends pas ça. Je n'entends pas un discours de souveraineté informatique.
Pourtant, sur le plan purement affaires, sur le plan budgétaire, sur le plan commercial, il y a un avantage pour le
gouvernement de le faire comme ça. Pourquoi on ne le fait pas?
Tantôt, je donnais
l'exemple de la Santé, je vais le redonner. Nous, là, on a des clients, en
Santé, si on veut, comme gouvernement — je ne suis plus au gouvernement, là, mais
permettez-moi cet amalgame-là — on a une clientèle, là, ce sont les
20 000 médecins, 1 500 pharmaciens, probablement à peu près
2 000 dentistes, et ainsi de suite, là, qui, aujourd'hui, là, paient des licences et des redevances à des fournisseurs
de services qui produisent, qui mettent sur le marché des produits qui ont été écrits informatiquement,
codés dans des sous-sols de professionnels. Ce n'est pas des Ph. D. en programmation qui ont
écrit ces programmes-là, là. J'en connais personnellement, puis je peux vous
nommer la plus grande compagnie,
actuellement, qui a le marché, actuellement, là, ça a été écrit dans un
sous-sol en Visual Basic. Pourquoi on n'a pas ça? Je n'entends pas ça
dans la vision.
Pourtant,
à long terme, pour l'État, c'est un gain, pour le citoyen, c'est un gain, pour
les grands réseaux, c'est un gain et
même pour les partenaires professionnels, c'est un gain. Alors, pourquoi on
n'est pas capables de mettre tous ces éléments-là
dans une vision, en faire un plan stratégique et aller de l'avant? Ça demande
un investissement initial, mais sur une personne de 10... une période,
pardon, de 10, 15, 20 ans et plus, on en sort organisationnellement et
budgétairement gagnants. Je ne l'entends pas. J'aimerais l'entendre.
Le
Président (M. Allaire) :
Merci. Merci au député de La Pinière. Donc, je cède maintenant
la parole au ministre délégué à la Transformation numérique
gouvernementale. La période est à vous pour cinq minutes.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Bien, écoutez, je pense que le député de La Pinière va
être heureux de mon cinq minutes.
D'abord,
il y a beaucoup de choses dans ce que le député a dit.
Effectivement, pour un éditeur de logiciels, il y a deux sources de revenus possibles : la
licence et le support. Souvent, c'est une belle combinaison des deux. Et il va arriver, effectivement, que le gouvernement du Québec... en fait, il est arrivé,
dans le passé et, à mon avis, beaucoup trop souvent, que le gouvernement du Québec s'est attaché les
mains avec des éditeurs de logiciels, et pour les deux raisons que je
viens de mentionner, effectivement, on ne voyait pas vraiment de plus-value
pour le gouvernement.
Maintenant,
un choc que le président du Conseil du trésor et moi, on a eu quand on est
arrivés aux affaires, c'est de voir
le ratio... Parce qu'on a un investissement global en TI qui est de
3,2 milliards, là, 2017‑2018. Le choc qu'on a eu, par contre, c'est de voir le pourcentage de ça qui
était une dépense puis le pourcentage de ça qui était un investissement.
Parce que, dans le fond, ce dont le député
de La Pinière nous parle, c'est de notre capacité d'innover, d'abord de
s'approprier un produit, de
l'internaliser et de le faire évoluer avec nos ressources à l'interne. C'est de
ça dont il est question. Mais ça, ça présuppose
un certain nombre d'ingrédients. Le premier ingrédient, c'est la compétence à
l'interne. Et ça, je lui ai dit et je lui
répète, la vision du gouvernement là-dessus, c'est de permettre à nos
ressources informationnelles, à notre monde à l'interne d'aller se former. Parce que l'expertise, elle s'acquiert
comment? Un, par la formation; deux, par l'expérience. Alors, évidemment, si... Bien, le volet formation, et je
lui dis, là, le volet formation on est en train de l'adresser avec
l'Université Laval, l'Académie de transformations numériques, et l'ENAP pour
d'autres questions, mais, pour nos ressources informationnelles, avec
l'Académie de transformations numériques. L'expérience, ça vient avec
l'apprentissage, les projets. Donc, le défi
que nous avons, et une des raisons pour lesquelles on procède au regroupement
auquel on procède, c'est de permettre
à ces organisations-là, Infrastructures technologiques Québec, de gérer du
volume, donc d'avoir des projets. Il
se souvient, il avait le même langage avec le CHUM, à Montréal, en
disant : Nos spécialistes ont besoin d'avoir du volume, donc il faut regrouper ça puis il faut leur
permettre d'avoir du volume pour maintenir leur expertise. Bien,
Infrastructures technologiques Québec va
amener ce volume-là, va permettre à notre monde à l'interne d'avoir beaucoup de
projets pour développer, maintenir et faire évoluer leur expertise.
Deuxièmement,
il faut diminuer la portion de ce qu'on met en infrastructures... en
technologies de l'information, il faut
diminuer le pourcentage qui va en dépenses. Écoutez, je pense que le chiffre
actuel, là, c'est de l'ordre de 80 % à 85 %, ce qui est énorme, ce qui est énorme. C'est
inimaginable, ça ne se peut pas. Et donc vous voyez que la portion
investissement elle est moindre, ça veut
dire moins de projets d'innovation, moins de projets pour lesquels on est
capables de mettre notre monde à
contribution pour leur permettre de développer cette expertise-là. Donc, la
volonté très ferme de notre gouvernement, c'est de diminuer la portion qui va en dépenses, d'augmenter la portion
qui va en investissement, donc d'augmenter le nombre de projets de
transformation numérique innovants qui va permettre à notre monde à l'interne
de développer ces projets-là, d'acquérir, de maintenir et de faire évoluer
cette expertise-là.
Maintenant,
il y a une autre chose qu'il faut faire aussi, c'est créer des environnements
qui sont favorables à ça. Or, quand
on est arrivés au pouvoir, bien, l'expertise elle était un peu disséminée un
peu partout au sein de l'appareil public. Donc, deux regroupements majeurs auxquels nous procédons,
Infrastructures technologiques Québec, qui va permettre de s'assurer du maintien de l'évolution de l'ensemble
des infrastructures à portée gouvernementale, et administrativement on
est en train de mettre une organisation sur
place qui va s'assurer de la transformation numérique, donc qui va procéder à
la réalisation et l'exécution du plan de
transformation numérique du gouvernement du Québec, mais qui va amener aussi
chaque ministère et organisme à avoir son propre plan de transformation
numérique, pour lesquels nous pourrons faire participer
cette expertise-là et la développer au sein de tous les organismes, du plus
haut jusqu'au niveau le plus proche
du citoyen possible. Donc, avec les investissements, la formation, le volume et
les bonnes organisations du travail, cette expertise-là, on va l'avoir à
l'interne.
• (11 h 20) •
Le
Président (M. Allaire) :
Merci, M. le ministre. D'abord, on termine la quatrième série d'intervention. Je cède la parole au député
de Saint-Jérôme. La parole est à vous pour cinq minutes.
M. Chassin : Merci, M. le Président. Évidemment, le député
de La Pinière posait une
question quant à la vision du gouvernement, qu'il voulait entendre cette vision d'avoir de
l'expertise à l'interne. Là, je ne sais pas si je trouverai quelque
chose à rajouter à la réponse que le ministre délégué à la Transformation
numérique vient d'apporter, qui est très claire, finalement, hein, de pouvoir
avoir davantage d'innovation à l'interne, donc de libérer des ressources pour
pouvoir innover davantage. Il me semble que c'est une belle vision,
prometteuse, dynamique pour la suite des choses, réussir à trouver, finalement,
nos solutions adaptées à nos besoins dans la gestion des affaires gouvernementales
puis pour répondre, évidemment, aux besoins tant des clients à l'interne que
des besoins des citoyens.
Évidemment,
il faut commencer quelque part, là, il y a tout un chemin à parcourir. Je regarde
mes collègues puis je leur fais tout à fait confiance sur les étapes qui suivent. Ceci étant dit, il faut
reconnaître, là, que, déjà au départ, on part d'un état où le réseau informatique gouvernemental, comment dirais-je, manque d'amour, en
quelque sorte, hein? Les services en ligne ne sont pas toujours bien
adaptés aux besoins des citoyens, les dépenses administratives sont encore
élevées. Donc, tout ça, c'est évidemment au
détriment des services qui sont dispensés. Le réseau infonuagique, par exemple,
qui devait permettre le stockage de données
puis aussi de servir de passerelle entre différents organismes, donc, que
l'échange d'informations se produise bien, malheureusement il est rarement
fonctionnel.
Donc, évidemment, le Centre de services partagés
doit évoluer, doit s'adapter à cette réalité-là, doit s'améliorer, puisqu'il n'a pas obtenu des notes à tout casser,
disons ça comme ça, dans le dernier rapport indépendant sur
l'application de sa loi constitutive.
Notamment, on peut y lire que le CSPQ n'a pas démontré sa capacité d'optimiser
ses façons de faire avec des
résultats tangibles et mesurables. Donc, il faut reconnaître ce constat-là et
s'améliorer à partir de là, notamment parce
que sur les secteurs qui ont été vérifiés, alors il y a 12 secteurs qui ont été
vérifiés, il y en a seulement quatre qui ont démontré de l'optimisation dans la prestation de leurs services. Ce
n'est pas tout à fait ça encore. Donc, on peut dire que certains aspects
ont été améliorés, mais les vrais enjeux réels ont besoin de toute notre
attention pour vraiment passer à un autre niveau.
Dans le même
rapport, on peut aussi lire que plusieurs ont confirmé avoir réalisé des
projets d'amélioration, mais aucun
secteur n'avait établi d'objectifs précis. Alors, évidemment, on se retrouve
dans une situation où, au point de départ, il y a des difficultés. On
doit améliorer considérablement ce qu'il est possible de faire, compte tenu des
nouvelles possibilités technologiques.
Alors, j'ai l'impression que ces efforts-là non seulement le député de
La Pinière l'a vu dans la vision qui lui a été partagée dans la
réponse de mon collègue le ministre délégué à la Transformation numérique, mais
évidemment il y a toute une équipe derrière, dans la fonction publique, qui
réfléchit aux meilleures façons de faire et d'améliorer les services et
l'utilisation des technologies.
Évidemment, parfois — et je suis le premier
à le dire, hein, je n'ai pas particulièrement peur des entreprises privées — parfois, il peut être bon de recourir au
privé. Peut-être, là, qu'il faut avoir une certaine vision dynamique
aussi du privé, c'est-à-dire que le profit,
notamment en termes économiques, ce n'est pas une «cut» qu'une entreprise se
prend, c'est que, quand on est efficaces,
quand on est productifs, on réussit à se dégager, effectivement, un profit dans
le privé, mais parce qu'on est plus
efficaces que le concurrent. Donc, évidemment, la pression concurrentielle
permet parfois de se dégager des
profits, mais ce n'est pas toujours le cas. C'est difficile, et c'est ce qui
permet, entre autres, au président du Conseil
du trésor, lorsqu'il fait des appels d'offres, de mettre en concurrence des
entreprises et d'aller chercher le meilleur service qui, parfois, est plus intéressant à aller chercher à l'externe.
Et parfois — et là je
suis tout à fait d'accord avec le député
de La Pinière — c'est
plus intéressant de l'avoir à l'interne, notamment lorsque ce sont des
expertises qu'on peut réutiliser,
dont on a besoin de fois en fois ou
que de l'avoir à l'interne nous apporte des avantages non négligeables, par
exemple, en termes de sécurité des données. Alors, tout ça pour dire
que j'ai l'impression qu'on a non seulement une vision, mais on a les bons outils pour poser un diagnostic
de l'état de situation et on a une équipe formidable pour avancer à partir de cet état de situation. Merci.
Le
Président (M. Allaire) :
Merci au député de Saint-Jérôme. Donc, on débute la cinquième série
d'intervention, et je cède la parole au député de La Pinière. Vous avez
cinq minutes, la période est à vous.
M. Barrette : M. le Président,
je vais faire un commentaire sur l'intervention que vient de faire le député de
Saint-Jérôme, puis je l'adresse, ce commentaire-là, au président du Conseil du trésor. J'ai fait une chose qui ne s'est jamais faite au gouvernement, lorsque j'étais ministre, en
termes de contrats informatiques. Je
vous soumets ceci : Je ne suis pas d'accord avec ce qu'il vient
de dire, mais par contre je suis d'accord avec le fait que l'entreprise privée a une
expertise. Alors, moi, j'ai proposé à
des entreprises et conclu des contrats comme ça, pas beaucoup
parce que je n'ai pas eu le temps, mais un contrat par lequel j'allais en appel d'offres pour un produit qui était édité,
pour employer l'expression, qui est tout à fait correcte, du ministre délégué,
d'un logiciel pour... un appel d'offres, donc il y a la concurrence. Le logiciel est écrit, et,
dans le contrat, il y a
une période de transition qui est le — entre
guillemets — profit
que la compagnie recherche, qui nous amène
à une transition où le gouvernement devient propriétaire et continue à le développer
et le mettre à jour. Ça, là, ça a coûté
pas mal, pas mal moins cher que si on avait fait un appel d'offres pour avoir un produit qu'on aurait utilisé et pas maintenu, mais pour lequel on aurait payé des
licences pendant 25 ans. Alors, il
y a des manières d'utiliser le privé,
mais pour faire en sorte qu'à la fin
c'est un partenaire avec lequel tout
le monde y trouve son compte, pas une
exagération dudit compte, mais qui
donne un produit qui est utile au bout de la ligne. Bon, juste une parenthèse
comme ça, je vous l'indique.
Ceci dit, M. le Président, je n'ai pas entendu,
là, du ministre délégué, dans sa vision, qu'il allait devenir, lui, l'équivalent d'une petite boîte informatique, qu'il allait, lui, éditer des logiciels. Je ne l'ai pas... Peut-être
que c'est ça qu'il veut dire, et
c'est parfait. Non, mais les mots n'ont pas été prononcés comme ça. Mais, si c'est
ça, c'est une bonne idée. C'est une
bonne idée parce qu'essentiellement
c'est ce qu'on voulait faire. Alors, moi, je me souviens, puis il y a des
gens derrière qui le savent, j'avais été le
promoteur de ça, là. Alors, moi, j'avais rencontré, à partir de la Santé, un
certain nombre d'individus pour faire la chose en question. Va-t-elle se
faire? On verra.
Maintenant,
il y a la question aussi... et je n'ai pas entendu... je l'ai entendu un peu,
mais je veux quand même, là, aborder
un élément qui est celui de l'interface usager. Actuellement, je pense que tout
le monde va être d'accord pour dire que nos interfaces avec les usagers, peu importe le ministère, sont
catastrophiques, on va dire ça comme ça. Moi, lorsque je suis arrivé au gouvernement... Oui, oui,
catastrophiques. Quand je suis arrivé au gouvernement et je me suis mis dans la
peau du citoyen pour toutes mes opérations avec le gouvernement, incluant — j'avais
une compagnie, à l'époque, dans ma profession — l'incorporation, Revenu Québec, patati, patata,
l'assurance maladie, même moi, dans mon propre ministère, je cherchais des choses
que je ne pouvais pas trouver, je ne les trouvais pas en passant par le portail
habituel. Moi, je peux vous dire...
je peux vous donner une couple d'exemples, avec Revenu Québec, pour lesquels,
là, il faut appeler pour avoir l'information
parce qu'il est impossible d'avoir cette information-là sur le site Internet,
impossible, l'onglet n'existe pas, il faut que quelqu'un nous le dise.
Alors, ma question
est assez simple, là : Dans la vision de notre ministre, de nos deux
ministres, est-ce qu'il va y avoir une
attention particulière apportée à l'interface à l'usager? Et ce qui m'a
toujours surpris dans le gouvernement, c'est
que vous n'avez jamais des bêtatesteurs. Vous faites... On fait, au
gouvernement, puis je m'inclus là-dedans, là, j'étais là, là... on le met en ligne, puis on reçoit des
commentaires, puis on ajuste. Mais un bêtatesteur, là, c'est quelqu'un, là,
qui est un hypomaniaque, là, puis qui
regarde ça, puis il teste tout parce qu'il aime ça tester, là, et là on trouve
les vraies erreurs. Est-ce
qu'essentiellement, fondamentalement, vous avez ça aussi dans votre
collimateur? Parce que c'est une chose que de faire... Je suis sûr que la réponse va être oui, j'espère, mais il n'en
reste pas moins que... élaborez, là, gênez-vous pas, sur cet aspect-là, parce que l'interface de l'État,
dans tous les secteurs de l'État, avec l'usager, ce n'est pas un succès. J'ai
terminé.
Le
Président (M. Allaire) :
Merci, M. le député de La Pinière. Donc, maintenant, je
cède la parole au président du
Conseil du trésor. La parole est à vous pour un cinq minutes.
• (11 h 30) •
M. Dubé : Je ne peux pas m'empêcher, avant de répondre à ça, d'apprécier la qualité de la discussion
aujourd'hui, M. le député. Vous dire, les
questions que vous posez sont tellement appropriées, des fois je me demande si
vous ne devriez pas vous rapprocher un petit peu, mais, en tout cas...
M.
Caire :
Ça a déjà été fait.
M. Dubé :
Ça a déjà été fait. Alors, je vais essayer de répondre en quelques points.
Premièrement, je vais... peut-être
pas dans l'ordre que vous l'aviez suggéré, mais l'interface usager... Hier,
c'était intéressant parce qu'avec mes différents collègues je regardais... Je pense que quelque chose qui été très bien
fait, qui a été bien commencé par votre gouvernement et par vous spécifiquement, c'est l'application de
Rendez-vous santé, O.K., qui a... puis qui relaie ou qui reprend
beaucoup des points que vous avez développés
tout à l'heure, l'importance de l'avoir à l'interne, puis etc. On peut
peut-être débattre certains éléments
dedans, mais je ne ferai pas ça aujourd'hui, mais je veux focusser sur
l'interface client. J'ai été quand même un peu surpris de me rendre
compte qu'il n'y avait pas d'application mobile pour Rendez-vous santé. Alors
donc, vous avez absolument raison de penser que... Bien, écoutez, moi, ce que
j'ai vu hier, j'essayais de comprendre, je peux aller sur le site Web, je peux aller sur le site Web puis voir mon Rendez-vous
santé, mais je peux vous dire que votre question sur l'interface usager, dans le cas de Rendez-vous
santé, hier, moi, je ne l'ai pas trouvée. Ça fait que je trouvais intéressant
de voir que votre question, aujourd'hui, sur l'interface client est très
intéressante.
Ce
qui m'amène à dire... puis où je souscris à votre propos, puis je veux faire
mon deuxième point... et c'est pour ça
que, dans le plan qui a été déposé, le projet de loi qui a été déposé par mon
collègue, hier, sur la transformation numérique, dans les documents qu'on a présentés dans notre stratégie de
dépenses — vous
savez qu'on en a présenté une quinzaine, de projets parce que vous me connaissez, là, on a un plan d'action très,
très clair — Accès
UniQc est très important. Accès UniQc,
là, le projet Accès UniQc, que vous aviez aussi dans les plans, nous, on y
croit beaucoup parce qu'en fait c'est la façon pour un utilisateur de
rentrer plus facilement au gouvernement et d'avoir un code d'identification qui
lui permet d'aller dans différents endroits. Donc, le point que vous soulevez
où l'interface usager est importante, non seulement on y souscrit, mais on est tout à fait à l'aise avec votre
questionnement, et ça va faire partie des priorités que vous retrouverez
dans le plan de transformation que nous allons développer dans les prochaines
semaines.
Je
voudrais revenir aussi sur une question, quand vous avez parlé de... puis je
pense que je pourrais regarder tout le projet
du DCI versus les entreprises privées qui ont été regardées aussi. Je vous
rappellerais qu'il ne faut pas juste regarder les dollars, mais il faut regarder aussi les fonctionnalités. Puis
souvent, lorsqu'on met la compétition entre le privé et l'interne, il faut être capables de s'assurer que le logiciel
ou l'application qui va être développée va avoir les bonnes
fonctionnalités parce que c'est ça, des
fois, qui... on peut penser qu'on paie moins cher pour un produit, mais, si les
usagers ne veulent pas s'en servir
parce que les fonctionnalités, ce n'est pas là, on n'a rien gagné. Alors, je
fais juste vous faire cette précision-là, mais je suis certain que vous
l'approuvez.
Le
dernier point que j'aimerais mentionner sur la question des dépenses, puis je
prends... encore une fois, vous féliciter pour des choses que vous avez faites, mais qu'on veut pousser plus loin.
Parce que, des fois, quand vous questionnez la validité des dépenses ou des économies qu'on peut faire... Je vous amène
dans notre document que nous, on a dans notre stratégie des dépenses, puis je prenais à titre de comparaison...
lorsque vous avez regroupé les achats en santé, ce que je pense qui a été une excellente initiative, vous
avez passé... vous avez été capable de monter jusqu'à 50 quelque pour
cent des achats regroupés, alors qu'on a des
pourcentages beaucoup plus bas en Éducation et dans les autres grands
ministères. Alors, le regroupement que l'on
propose en ce moment va nous permettre d'aller chercher, comme vous l'avez
fait, des économies très importantes du seul fait du regroupement et
d'aller chercher des experts à l'intérieur de ces acheteurs-là qui vont avoir
les meilleures pratiques.
Alors,
je vous félicite pour le travail qui a été commencé. Ça a été une des sources
d'inspiration pour accentuer le regroupement
qu'on va faire à l'intérieur des prochaines années, là. On a mis un comité de
transition, qui va être annoncé dans
les prochaines semaines à l'intérieur du CTQ pour que, la question des
acquisitions, on puisse en profiter au maximum puis aller chercher des
économies que nous nous sommes engagés à faire. Alors, merci encore pour votre
contribution.
Le
Président (M. Allaire) : Alors, merci au président du Conseil du
trésor. On est rendus à la dernière
intervention avant les conclusions. Donc, je cède la parole au député de Richelieu.
Vous avez cinq minutes, la période est à vous.
M. Émond :
Merci, M. le Président. Je trouve intéressant que le député de La Pinière
a abordé le principe de l'interface, parlé
de l'interface. Moi, c'est quelque
chose qui... pas qui me préoccupe,
mais qui me rejoint parce que, quand on
parle de données, d'accès aux données, les données sont aussi valables ou
importantes que ce que les citoyens peuvent mettre, oui, dans cette interface-là pour se rendre au bout du
processus. Puis je sais que vous êtes sûrement, comme moi, très sensibilisé à la qualité
des interfaces, c'est quelque chose qui est très important. Moi, je pense et
j'espère qu'avec... M. le ministre est assurément au courant, avec son équipe, et qu'il y aura
une volonté à ce niveau-là d'essayer d'amener une certaine forme d'uniformisation dans l'interface à
travers l'ensemble de l'appareil gouvernemental, c'est très important. Moi, à la maison, j'ai une graphiste qui a le
bonheur... avec qui j'ai le bonheur de partager la vie, pardon, et puis c'est
quelque chose qui est très important pour elle. Elle me sensibilise quasi quotidiennement, M. le Président, à l'importance de bien communiquer au niveau graphique.
Alors, je
pense que ça n'a pas toujours été un succès, on va se le dire, au niveau du
matériel informatique et des interfaces informatiques au niveau du gouvernement.
Moi, ça a été un des premiers chocs auxquels mes yeux ont été confrontés à mon
arrivée en place lorsque j'ai dû interagir avec ce type d'interface, alors je
pense que c'est assez pour décourager peut-être
l'utilisateur moyen, le citoyen moyen
qui va avoir à interagir avec ce type d'interface. Je voyais, dans un article du Soleil du 5 avril dernier,
Un gouvernement intelligent?, M. le ministre évoquait «un gouvernement
au bout du pouce», très important.
Alors, pour terminer avec la notion d'interface, moi, j'espère et je souhaite
que notre gouvernement et que les gens du ministère seront très sensibilisés
là-dessus, et ça va me faire plaisir d'apporter ma légère expertise à ce
niveau-là.
Je terminerais mon intervention en parlant
peut-être un peu de sécurité, parce que c'est des choses qu'on entend beaucoup,
les citoyens sont préoccupés. Et, moi, en ce qui me concerne, les explications
du ministre délégué à la Transformation
numérique, en ce qui a trait à la sécurité, sont claires à l'effet que le
gouvernement du Québec est au fait du problème
de sécurité potentiel et qu'une politique québécoise de cybersécurité sera donc
mise en place. Parce qu'à l'heure des
communications numériques je crois que l'ensemble des citoyens sont tous
préoccupés par la sécurité de nos données personnelles et l'utilisation que les grandes entreprises ou le
gouvernement puissent faire de celles-ci. Les citoyens sont attentifs à cette problématique entre autres parce
que plusieurs événements à l'échelle mondiale nous portent à croire que
la sécurité des données n'est peut-être pas aussi assurée que nous pouvions le
penser.
Il y a
plusieurs agences qui se spécialisent dans la gestion des données qui possèdent
des bases de données qui sont d'une
ampleur plus qu'imposante. Alors, ça inclut des données administratives, des
données qui concernent la géolocalisation des lieux et des personnes, des données analysant la population dans
tous les domaines que vous pouvez imaginer, et ça inclut également les données personnelles
destinées à cibler une clientèle dans un dessein de télémarketing et même
dans un contexte électoral parfois. Alors,
ces données sont souvent collectées de manière légale à l'insu des utilisateurs
alors que ceux-ci acceptent pourtant les
termes et conditions des services qu'ils utilisent sur Internet sans jamais
lire vraiment les petits caractères.
Je pense que ça nous est tous arrivé, M. le Président. Alors, quand une
entreprise avec autant de notoriété que Facebook fait l'objet de failles
majeures, il est tout à fait normal d'avoir le réflexe de se questionner à
savoir si les différents gouvernements, à tous les paliers, ont une politique
interne.
Alors, je
saute ainsi à ma conclusion en disant qu'en permettant de lever certaines
barrières, le projet de loi n° 14 vise à
faciliter la mise en place de services numériques plus conviviaux, mieux
adaptés aux besoins des citoyens, rendra possible
le partage d'information entre les ministères et organismes lorsque la
situation le requiert, tout ça pour améliorer la fluidité des services et simplifier l'accès aux solutions numériques
gouvernementales. Alors, ce projet permettra de lever plusieurs barrières afin de rendre possible une
réponse plus conviviale de la part du gouvernement aux besoins des
citoyens.
Alors, je termine
en félicitant le ministre délégué à la Transformation numérique et député de
La Peltrie pour son projet de loi qui fera, à mon avis, une
différence majeure dans la vie des Québécois. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Merci à vous, le député de Richelieu.
• (11 h 40) •
M. Barrette :
M. le Président, s'il y avait consentement, compte tenu du temps qui passe qui,
malheureusement, va m'empêcher d'avoir ma sixième intervention, s'il y avait consentement,
je la ferais, et on prolongerait la séance de cinq minutes.
Le Président (M. Allaire) :
Alors, je vous demande à tous, est-ce qu'il y a consentement pour la demande du
député de La Pinière?
M. Dubé :
Je regarde mon collègue, puis avec le ton qu'on a eu aujourd'hui, je suis
tellement appréciatif de ce qui s'est passé que je vous donnerais le
cinq minutes additionnel.
Le
Président (M. Allaire) : Alors, il y a consentement? Donc, je
cède la parole au député de La Pinière pour votre dernier cinq
minutes d'intervention.
M. Dubé : Je suis prêt à
prendre un beau risque.
M. Barrette :
Ça ne sera pas aujourd'hui que vous allez le regretter, M. le Président.
Non, c'est important pour moi pour quand même s'éveiller collectivement
à une problématique pour laquelle il n'y a pas nécessairement de réponse aujourd'hui parce qu'elle est d'ordre juridique.
Le ministre délégué a déposé un projet de loi que j'avais moi-même
initié lorsque j'étais au ministère, qui est
celui, évidemment, de la circulation des données entre les ministères,
fondamental, et on fait la connexion avec la
recherche, et ainsi de suite, fondamental. Je suis étonné, là... peut-être vous
pourriez l'adresser dans votre allocution de
conclusion, mais là je suis étonné de voir, puis là je le dis à dessein, là, je
suis étonné de voir qu'il semble y
avoir de l'ouverture, à la Commission d'accès à l'information. Ce n'est pas une
ouverture spontanée. Alors, si c'est le cas, très bien, alléluia, là,
parce que ça n'a pas toujours été le cas, et je salue ça, si le projet de loi
est vraiment l'essence de la chose.
Mais ça,
c'est juridique. Mais de l'ordre juridique, c'est le point que je voulais
faire, là, il y a la question... le jour, si ce jour-là arrive, moi, je pense qu'on ne devrait pas le faire comme
ça, mais ça, c'est un débat, là, puis on en a parlé sérieusement et de façon
tout à fait intéressante... le jour où il y aura une centralisation dans un
entrepôt de données, nos centres de traitement de l'information, c'est
correct, mais, si un jour c'est sous-traité à une entreprise qui est étrangère et particulièrement américaine, vous n'êtes pas
sans savoir que la protection de la privauté de la donnée n'est pas
garantie, là, et elle n'est pas garantie
absolument. Et moi, je soulève la chose à votre attention parce que ça va
devenir inévitablement un sujet d'actualité potentiel.
Alors, on
sait que le gouvernement américain, dans certaines circonstances, a le pouvoir
d'avoir accès à des données lorsqu'il y a une question de sécurité
américaine qui implique une entreprise américaine à la base. Moi, je ne lance
pas d'accusations, là, on s'entend, là, je
dis juste que ça, ça ne peut pas ne pas être un élément auquel on va
s'adresser. On ne peut pas faire abstraction de ça.
Alors, la
question de sous-traiter et d'avoir, dans le privé, une donnée, c'est un débat.
J'ai exprimé mon opinion, je ne pense
pas que ce soit économique, là, qu'on fasse des économies à long terme, c'est
correct. À un moment donné, on doit déposer
une analyse claire. Si elle est transparente, tant mieux. Ça, c'est une
opinion. Mais maintenant, sur la question de la sécurité vis-à-vis les pays étrangers, ça, c'est un enjeu qui est
réel. Je n'ai pas eu le temps de l'aborder, on ne pourra pas clore ça aujourd'hui, c'est clair, mais le sujet
doit être sur la table, et il y a un enjeu qui est là, tout simplement. C'est
le point que je voulais faire. Je n'y reviendrai pas dans mon allocution de
clôture, mais je souhaitais à ce que ça soit mis sur la table.
M. Dubé : ...si vous permettez,
M. le député...
Le Président (M. Allaire) :
Oui, allez-y.
M. Dubé : ...ma question est la
suivante. Autant je vous ai donné le temps... mais ce que je voulais m'assurer...
c'est que j'ai un choix, je peux lui
répondre directement, mais je ne voudrais pas commencer la conclusion sans
avoir donné la réponse. Alors, est-ce
que je pourrais peut-être demander à mon collègue de répondre spécifiquement
sur ce point-là pour quelques minutes, et après ça moi, j'irais à la
conclusion?
M. Barrette : Ça tombe bien, je
regarde l'horloge, ça vient de séparer le cinq minutes en deux parties égales.
M. Dubé : Mais comme vous
voulez, mais ce que je veux juste dire, je trouvais que votre question est très
importante. Je pense que M. Caire va...
M. le député va pouvoir répondre, puis moi, je reviendrai sur la
conclusion par la suite. Est-ce que tout le monde est confortable avec
ça?
Le
Président (M. Allaire) : En fait, je trouve l'exercice très
pertinent pour le bénéfice de la commission. Donc, je comprends qu'il y
a un consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Allaire) : Excellent. Donc, je cède la parole au
ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale.
M.
Caire : Bien,
d'abord, oui, effectivement, je veux dire au député de La Pinière, grâce
au travail acharné du secrétaire du Conseil du trésor et de l'équipe,
effectivement, la CAI a donné un avis favorable au projet de loi qu'on a déposé, et je dirais même que la CAI a souligné le
fait qu'il fallait effectivement, dans une perspective de transformation
numérique, revoir la loi d'accès à l'information.
Sur la notion... puis c'est vrai, c'est
fondamental, la notion de la sécurité. D'abord, il y a plusieurs éléments de
réponse qu'il faut fournir à nos concitoyens. Le premier élément, c'est que le gouvernement
du Québec a quand même annoncé qu'il y avait
20 %... ou, en tout cas, il y a
une fenêtre d'opportunité pour 20 % de sa donnée qui sera conservée
en infonuagique privée, donc, pour lequel le
gouvernement du Québec demeure non seulement l'opérateur, mais celui
aussi qui assure le stockage. Ça, c'est le premier élément.
Le deuxième élément, quand on va en infonuagique
publique, il faut comprendre qu'il y a différents joueurs qui vont se
qualifier. D'ailleurs, l'appel de qualification a été lancé récemment pour les
services d'infonuagique, donc il y a
différents joueurs qui vont se qualifier. Dans ces différents joueurs là, des
critères sont, évidemment, mis de l'avant, et ces critères-là devront
être rencontrés, notamment le fait qu'on puisse demander qu'ils soient
titulaires de la norme ISO 27001, qui est
une norme de sécurité au niveau du stockage des données. Et donc on veut
s'assurer quand même, par cette
notion-là, que les fournisseurs de services vont répondre à de très hauts
standards au niveau de la sécurité des données.
Sur
la question des fournisseurs américains ou autres que canadiens, parce que,
bon, je pense qu'il faut élargir le débat,
on est en droit de demander à ce que les niveaux de protection qui sont offerts
par ces fournisseurs de services là soient
équivalents à la protection que notre législation, la loi d'accès à
l'information, nous offre. Dans le cas de l'Union européenne, ça ne pose pas de problème parce que les législations de
l'Union européenne sont même plus sévères que les nôtres. Dans le cas des autres provinces
canadiennes, ça ne pose pas de problème parce qu'elles ont des législations
qui offrent des niveaux de protection équivalents. Et je dois dire, là, pour le
député de La Pinière puis pour les concitoyens qui nous écoutent, que ces
standards-là, ils ont été discutés aussi avec la CAI, à l'époque, entre le CSPQ
et la CAI.
M. Dubé :
Commission d'accès à l'information.
M.
Caire : Commission d'accès à l'information, merci, M. le
président, de préciser ça, effectivement. Donc, dans le cas d'un fournisseur américain, où les
États-Unis, effectivement, n'ont pas de législation équivalente à celle-là, de
façon contractuelle, avec les fournisseurs
américains, on peut aller chercher des niveaux de protection qui vont permettre
de garantir un niveau de sécurité
qui, à mon avis, est extrêmement raisonnable. Puis je répète, là, il y a quand
même un 20 % — en
tout cas, plus ou moins 20 % — de nos données qui vont être
stockées en infonuagique privée. Donc, il faut voir le niveau névralgique de la donnée qu'on envoie dans
l'espace public aussi, là, tu sais, tout n'est pas au même niveau. Et donc,
par entente contractuelle, on peut s'assurer d'avoir un niveau de protection
qui va nous amener à peu près au niveau de la loi de l'accès à l'information.
Et
dernier élément qui est aussi fondamental, on est en droit d'exiger
l'encryption des données et que le possesseur unique de la clé de désencryption soit l'autorité à qui appartient la
donnée. Donc, les ministères et les organismes qui vont signer des ententes contractuelles avec des
fournisseurs d'infonuagique publique devront s'assurer que ces données-là
sont encryptées et qu'ils sont les seuls détenteurs de la clé de désencryption,
ce qui fait en sorte que quelqu'un qui aurait accès à ces données-là, de toute
façon, ne pourrait pas s'en servir.
Conclusions
Le Président
(M. Allaire) : Merci, M. le ministre. Nous sommes rendus à la
conclusion, donc, deux blocs de 10 minutes. On commence par la partie
gouvernementale. Donc, je cède la parole au président du Conseil du trésor.
Donc, la parole est à vous pour 10 minutes.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Très bien, alors, merci beaucoup, M. le Président. Alors, pour terminer, en
conclusion, j'aimerais peut-être souligner tout le travail qui a été
fait, suite à votre demande d'interpellation, par le travail de l'équipe. Vous
l'avez mentionné au début, vous avez été
déjà de ce côté-ci et vous savez comment ces interpellations sont prises au
sérieux par les gens du gouvernement,
par les gens des ministères. Puis je dois vous dire qu'on peut voir ça de façon
négative, mais moi, je vois plutôt le
côté constructif après la discussion qu'on a eue ce matin. Parce que non
seulement, vous le savez, ces gens-là,
ils sont prêts, ils contribuent à rendre notre travail beaucoup plus agréable
et rigoureux, mais je pense que de
les faire travailler en cette période des
crédits, où il y avait peut-être autre chose à faire aujourd'hui et durant le week-end, au moins,
ils apprécient — puis
je vous le dis très sérieusement — la
qualité de la discussion qu'il y
a eu aujourd'hui, et je pense
que ça rend ça plus agréable d'avoir fait le travail qui s'est fait au cours
des derniers jours.
• (11 h 50) •
J'aimerais
en profiter, comme je l'ai dit au début, M. le député de La Pinière, pour peut-être revenir sur...
pour bien expliquer et profiter, nous...
alors donc, je dis que les gens qui sont avec nous au ministère l'apprécient,
mais je pense que je voudrais vous remercier, vous aussi, de nous avoir
donné la chance de parler d'un sujet souvent un peu aride à nos concitoyens. Et je pense que des gens apprécient
aujourd'hui non seulement la qualité de la discussion, mais d'avoir été
capables de parler d'un sujet un peu aride et de leur expliquer c'est quoi,
notre plan.
Alors,
je veux juste peut-être essayer de résumer, c'est toujours un défi lorsqu'il y
a beaucoup de points qui ont été
traités aujourd'hui, de quelques éléments. Premièrement, quand vous
questionniez la vision, je pense que vous le savez, ça fait quand même
six mois qu'on est là, on a posé beaucoup de gestes, mais vous savez, et on l'a
répété, que la vision et le plan détaillé de
la transformation numérique, mon collègue l'a indiqué, va être présenté à la
fin mai. Donc, je comprends vos
questions, mais vos questions vont faire partie aussi de la réflexion. Alors
donc, je peux dire aux concitoyens que vous aurez votre partie dans cette vision-là, qui sera finalisée au cours des
prochaines semaines. Alors, je ferais attention de dire qu'il n'y a pas de vision parce qu'elle peut
peut-être inclure la vôtre, alors, puis j'apprécie que vous ayez posé des
questions aussi pertinentes.
Dans
cette vision-là, on a mis des principes sur la table, puis j'aimerais les
rappeler pour nos citoyens. Premièrement, il y a un enjeu de transparence. Vous l'avez bien dit, il faut que les
données... et je suis d'accord avec vous, parce que je le dis souvent à mes collègues, ça prend des données
pour expliquer les dollars. Et malheureusement, souvent, lorsqu'on fait
des exercices comme les crédits, il y a beaucoup de dollars, mais il n'y a pas
de données qui les expliquent. Et d'où le besoin
d'avoir un principe important, qui est la transparence, parce qu'avec la
transparence vient l'explication qu'on doit donner et de ne pas se
sauver sur la réalité des explications.
Il y a aussi un
principe qui est important pour nous, M. le Président, puis qu'on a soulevé
souvent, c'est la rigueur. Et la rigueur, on l'a vu, je pense que le dernier
gouvernement a été un gouvernement qui a eu une rigueur financière, et là on doit l'avoir, la rigueur, dans les opérations, dans
la gestion pour que nos citoyens ne soient pas privés de services.
Alors, il est important d'avoir comme principe, dans le plan de gestion des
dépenses, l'élément de rigueur.
Je ne m'empêcherai pas de rajouter le troisième
principe, qui est la performance. Parce que, on le dit souvent, on peut avoir
un État plus performant et, pour ça, comme on a discuté, nous allons échanger
avec la fonction publique dans les prochains mois, à
l'intérieur des ministères, des organismes, comment l'État peut être plus
performant et, pour ça, d'être plus transparent avec nos citoyens sur notre
performance.
On a un plan,
je pense, qui est simple. On a dit : On ne peut pas faire 22 choses.
On a mis des actions très concrètes dans
les engagements qu'on a pris envers les citoyens, M. le Président, et j'en
nomme trois. On a dit qu'on allait travailler au niveau des technologies de l'information. Et, encore une fois, moi,
j'ai une confiance inébranlable en mon collègue ici que les différents plans que nous avons annoncés, que
ça soit le regroupement des centres de traitement informatique, que ce
soit le plan de transformation numérique, tous ces plans-là, ils sont clairs.
On a commencé à agir dessus, et ça, je le répète,
c'est seulement après six mois, alors imaginez quand on va commencer à voir le
bénéfice de ces plans-là. Pour moi, c'est très important, donc, un plan
très clair sur les technologies de l'information.
J'ai beaucoup apprécié les questions sur les
achats, ce qui est le deuxième point, parce qu'encore une fois le précédent
gouvernement a démontré qu'il était possible d'avoir des améliorations
importantes lorsqu'il y avait des regroupements
d'achats. On a dit aux gens du CSPQ, lorsqu'on a pris la décision, il y a
quelques semaines, de faire l'annonce de la mission spécialisée entre
les achats et les TI, qu'on voulait bénéficier des regroupements. C'est ça qui
a été fait précédemment, puis je pense qu'il reste encore beaucoup de volume qu'on
peut aller chercher.
Et je ne peux pas m'empêcher de dire que, comme
troisième élément de notre plan, c'est d'aller chercher le «buy-in» de cette fonction publique là. On peut
avoir les plus beaux plans, on peut avoir la meilleure stratégie, mais
l'exécution va se faire avec nos employés.
Nos employés, on le dit souvent, ils veulent collaborer avec nous. Mon collègue
et moi, depuis plusieurs mois, on se promène au Conseil du trésor, on a
des rencontres individuelles avec les gens, ils peuvent en témoigner, on a une approche collaborative, mais
l'énergie qu'on sent des gens avec nous, ils veulent travailler, ils
veulent que ce soit un succès parce qu'en
fait notre succès, c'est le succès du Québec. Et, dans ce sens-là, chaque effort qu'on
va faire pour renvoyer la balle à nos
employés, leur donner des bons outils, comme on a discuté ce matin, l'effet de
levier sur la performance gouvernementale va être extraordinaire.
Moi, je l'ai déjà vécu dans des entreprises qui traitaient bien leurs employés, dans des organisations qui traitaient
bien leurs employés, et je pense qu'on peut faire exactement la même
chose. Je trouve toujours que c'est très
court, quatre ans, il y a déjà six mois de passés, mais je pense qu'au cours
des prochaines années on peut faire une grande différence.
J'aimerais peut-être terminer sur la question,
je dirais, plus technique de ce qui a été discuté aujourd'hui. Puis, encore une fois, ce que vous soulevez concernant,
entre autres, M. le député... de la Commission d'accès à l'information, toute la gestion des données, moi, je pense que...
Puis ce n'est pas moi qui ai dit ça, ce n'est pas moi qui ai écrit ça,
mais les gens disaient que les données
d'aujourd'hui sont le pétrole des années 70. Et, dans ce sens-là, une
organisation comme la nôtre, comme ce
gouvernement, qui a plus de 700 000 employés, qui a plus de 8 millions
d'habitants, qui a des défis en santé puis en éducation, bien, le
contrôle, la gestion de ces données-là, c'est tellement important. Donc, tout
le questionnement que vous nous avez offert
et permis d'expliquer à nos citoyens aujourd'hui, je vais y revenir parce
qu'on a des défis, on a une commission
d'accès à l'information qui a été développée dans les années où il n'y avait
pas toute la question de l'Internet,
il n'y avait pas toute la question de la technologie à laquelle on a accès
aujourd'hui, et je pense que... Puis
je me souviens parce que, lors de mon premier passage en politique, j'avais
travaillé avec, à ce moment-là, le député de Marie-Victorin, à un début de Commission d'accès à l'information,
pour la rajeunir un peu, et malheureusement ça n'a pas été complété.
Alors, aujourd'hui, on a la chance, maintenant, avec la force des données, la
capacité d'aller rendre l'État plus performant avec ça, bien, je pense que la
question de la Commission d'accès à l'information est un élément excessivement
important.
Alors, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on
pourrait continuer encore et je ne doute pas que vous allez peut-être nous inviter encore. Alors, si jamais le
goût vous en prend... Moi, je veux juste peut-être m'excuser auprès de
mes électeurs dans La Prairie qui
devaient me voir ce matin, mais je pense qu'ils ont peut-être vu à la
télévision ce matin la raison pour
laquelle on n'était pas là. Mais je veux vraiment en profiter pour remercier
tous les collègues, tous les gens qui ont
travaillé à préparer ce travail-là et qui pourra servir dans plusieurs autres
discussions que nous aurons. Mais je trouvais très important de saluer avec quelle, je dirais, délicatesse vous avez
fait la présentation et la demande d'information ce matin, et je vous en
remercie. Merci beaucoup.
• (12 heures) •
Le
Président (M. Allaire) : Je remercie le président du Conseil du
trésor pour cette conclusion. Donc, je cède la parole au député de
La Pinière pour sa propre conclusion. Donc, vous avez 10 minutes, la
parole est à vous.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette : Merci,
M. le Président. D'abord, merci à mes
collègues ministres, chacun d'entre vous, pour vos
bons mots, c'est très apprécié. Mais d'entrée de jeu je vais quand même dire
une chose, là, ça fait longtemps que je souhaitais qu'on ait cette interpellation-là
sur ce sujet-là précis, et ce sont les règles parlementaires qui n'ont pas pu permettre que ça arrive avant. Je peux vous dire
que, dans la liste des interpellations que j'ai proposées au bureau de
mon leader, ça fait longtemps qu'elle aurait
dû... lieu, il n'y a pas de lien avec les crédits. Alors, je le dis à votre
équipe, là, ce n'est pas une séance
de torture, mais bien une séance d'échange. Les interpellations, parfois, sont
perçues comme étant inutiles. Je pense
que ce matin ça a été utile pour nous, les parlementaires, et certainement aussi pour ceux qui nous écoutent.
Et, vous
savez, puis je vais insister là-dessus un peu, là, parce
que c'est une réalité, il y a beaucoup
de gens qui disent négativement que la CAQ a des politiques qui sont
dans la continuité du Parti libéral. Je pense que, dans ce dossier-là, c'est une bonne chose. Ce que
j'ai entendu ce matin, à bien des égards, c'est une continuation, presque à
tous les égards, de ce que nous avions
commencé, soit commencé carrément, soit ébauché, dans certains cas, et c'est
correct. Je veux dire, la politique
est ainsi faite qu'on est tous là pour servir le public. Je pense
qu'on a la même finalité et on arrive à un moment donné, qui n'est pas toujours
prévisible... et, si toutes les choses sont dans la continuité l'une de l'autre
ou l'inverse, bien, c'est correct, là. Et ce que je vois, moi, est aujourd'hui certainement
intéressant.
Je le répète,
je renchéris là-dessus, en démocratie, là où les démocraties s'en vont, dans un
univers où l'information est de plus en plus libre, je pense que les démocraties
qui fonctionnent le mieux sont celles où les gens ont accès à l'information. L'accès à l'information,
oui, c'est le pétrole du passé, à mon avis, puis j'y reviendrai tantôt en fin
d'allocution, là, mais c'est quand même le
nerf de cette... pas guerre-là, mais de cet exercice-là. Démocratie sans
information, je pense que ça ne fonctionne pas. Puis on a tous connu le
passé, et je pense qu'aujourd'hui on est rendus là.
Je donnais
quelques exemples dans l'interpellation. Imaginez si, dans les grands réseaux,
de façon mensuelle, les données
factuelles sont rendues publiques. Imaginons ça, là, qu'on n'ait plus besoin
d'aller à l'accès à l'information, et ainsi de suite, moi, je pense que ça change la dynamique. Ça change la
dynamique des États, qui sont obligés, à ce moment-là, de faire des politiques sachant que le monde va
pouvoir se faire une tête eux-mêmes, et je pense que ça permet de faire
de meilleurs choix. Je ne le dis pas de façon politique pour mon parti, je le
dis de façon politique au sens pur du terme, c'est-à-dire
que des représentants qui sont au pouvoir prennent des décisions pour le bien
commun, dans la mesure où la population est informée correctement, ce
qui est parfois difficile pour toutes sortes de raisons, mais je n'embarquerai
pas là-dedans.
Alors, il y a
une nécessité, par contre, pour les gouvernements — et c'est la raison pour laquelle je tenais à
cette interpellation-ci — à un moment donné, pour gérer... Et là vous
avez, M. le président du Conseil du trésor, fait référence à vos trois piliers, dont l'un était la
transparence, vous avez compris que j'étais d'accord avec ça, mais il y en a un
que vous avez nommé puis sur lequel
vous mettez beaucoup d'importance, avec raison, qui est celui de la
performance. Et vous avez été dans
l'entreprise privée, il y a beaucoup de gens dans votre parti qui viennent de
l'entreprise privée, donc vous êtes à même...
vous ne pouvez pas faire autrement qu'être un protagoniste de la saine gestion,
qui, elle, dépend de l'information. Dans
une entreprise dans laquelle vous étiez, probablement qu'il était possible pour
vous de savoir la productivité d'une machine, hein, un plan, une
machine, un secteur, et ainsi de suite, et c'est fondamental. Alors, ces
règles-là ne peuvent pas ne pas s'appliquer à l'État.
L'État, historiquement, ne s'est pas donné les
moyens d'avoir cette information-là de façon immédiate et suffisamment détaillée, et ça, c'est un tort que
moi, j'ai toujours souhaité corriger. J'ai tenté de le faire, avec un certain
succès, dans mon domaine précédent. Je vous
invite d'ailleurs à vous assurer de compléter la transformation numérique qui
avait été faite dans le réseau de la santé
et d'éviter qu'on revienne à la tour de Babel informatique, en termes
d'information. Je vous rappellerai
que j'avais mis en place, moi, un système d'information comptable uniforme dans
tout le réseau qui pouvait être lié à
un système d'information clinique qui était en train d'être déployé, qui, lui
aussi, voulait être uniforme pour faire, justement, le lien entre le dollar et la donnée — dans le cas présent, clinique — pour évaluer la performance de tout
un chacun et la pression du réseau, qui comprend
que le jour où ça, ça ne se fait pas, ils redeviennent confortables derrière,
car invisibles ou tellement filtrés ou dilués, c'est selon, que ça empêche une
certaine gestion précise. Moi, je vous invite à
vous assurer de continuer ça parce que je sais très bien qu'il y a des forces
de résistance qui sont à l'oeuvre, et ça, ça vaut pour tous les réseaux.
Alors, ce que
j'ai entendu aujourd'hui était intéressant. Je n'ai pas eu nécessairement une réponse à toutes mes questions,
j'ai des indications, par contre, qui sont intéressantes. On va suivre avec beaucoup
d'intérêt ce que vous annoncez que vous alliez déposer dans les jours, semaines,
mois qui s'en viennent. Ne me reprochez pas d'avoir dit qu'il n'y avait pas de vision d'exprimée dans les documents officiels, notamment celui
du budget. Bon, je ne pouvais pas citer ceux des crédits parce qu'il n'y
en a pas, mais pour ceux du budget, mettons que c'est un petit peu limité. Là,
l'interpellation d'aujourd'hui a l'intérêt
d'avoir éclairci un certain nombre de choses que j'ai hâte de voir se déployer
avec un peu plus de détails. La
question de l'accès à l'information, je suis content, là, ce matin, je suis
content de ce que j'entends parce que j'ai été le premier, là, à forcer
cette réflexion-là. Disons que vous semblez avoir fait tomber certains
obstacles que je n'avais pas réussi à faire tomber, et c'est très bien ainsi.
Je vais terminer sur deux points. Il y en a un
que j'ai bien abordé, là, qui est celui, évidemment, de la transparence vis-à-vis le grand public. Votre
politique devrait permettre d'établir un certain nombre d'indicateurs dont
les valeurs sont générées automatiquement
sur une base périodique — trimestrielle, mensuelle, semi-annuelle — mais il devrait y avoir des
automatismes. Et ces indicateurs-là existent dans tous les grands réseaux, et
ça, ça veut dire deux choses, ça veut dire
que la donnée doit être colligée automatiquement en termes numériques et doit
être rendue sur un site qui est fonctionnel. Le corollaire de ça,
évidemment, c'est les interfaces. Les interfaces sont épouvantables, ça, on
s'entend là-dessus, on n'a pas besoin d'épiloguer. Si on demandait au grand
public, il dirait encore pire que ce que je dis là.
Maintenant,
il y a un autre élément qui, pour moi, est extrêmement important, puis vous
allez peut-être être surpris de
ça : dans les grands réseaux, dans tous les grands réseaux, mais
particulièrement dans les deux grands réseaux, et plus précisément dans le plus gros des deux grands
réseaux qui est la santé, l'information, la qualité et le détail de
l'information est une ressource de
développement économique, et la plupart des gouvernements ne s'en rendent pas
compte. Au moment où on se parle, le
milieu de la recherche et de l'industrie, dans tous les domaines de la santé,
sont à la recherche de bases de données qui sont les plus détaillées et
extensives possible.
Le Québec...
Moi, c'était ma vision, c'est pour ça que je mettais en place à la fois un
système de collection de données et financières et cliniques pour faire
les deux, mais uniformes dans le réseau parce que c'est un facteur... un levier
de développement économique majeur
aujourd'hui pour ceux qui voient où cette industrie-là s'en va. Nous avons à
offrir ça. Et je vais vous dire une chose, peut-être que vous ne le
savez pas, mais là, si vous ne le saviez pas, vous allez l'entendre aujourd'hui : il n'y a pas de pays au monde
chez lesquels il y a ça. Il n'y en a pas, là. Alors, nous, le Québec, avons
cette possibilité-là. Alors, imaginez, là,
que l'on puisse lier ça à d'autres données. Évidemment, il y a la question de
la confidentialité, la sécurité, mais
ça, ça se gère, mais il y a là une opportunité de levier économique qui est
sous-estimée.
Alors,
je termine là-dessus, je vous invite... puis j'ai hâte d'entendre ce que vous
allez dire, mais on sera là pour critiquer,
parce que c'est normal, mais de façon constructive, mais il y a là des enjeux
qui sont très importants et au potentiel tout aussi important en termes de succès économique du Québec et social,
et tout se met ensemble. Alors, je vous remercie d'être venus avec un
enthousiasme clair, et puis j'espère que, tout le monde, vous avez eu un
certain plaisir, puis, oui, j'ai encore d'autres sujets d'interpellation.
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président (M. Allaire) :
Alors, merci à vous, le député de La Pinière, pour cette conclusion.
Alors, je
vous remercie, tout le monde, et je vous félicite. Je vous félicite parce qu'on
s'est même permis de sortir un peu du
cadre habituel parce qu'entre autres les échanges étaient respectueux, mais je
pense qu'on l'a fait au bénéfice de la
commission, on l'a fait au bénéfice aussi des citoyens qui nous écoutent, donc
je vous en remercie. Et vous aurez aussi contribué à faire, pour moi, une première expérience mémorable comme
président de séance, je vous en remercie énormément.
Alors, merci. Compte tenu de l'heure, je lève la
séance de la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux au lundi 15 avril 2019,
14 heures, où elle entreprendra un autre mandat. Merci. Bonne fin de
semaine à tous.
(Fin de la séance à 12 h 10)