(Onze heures vingt-neuf minutes)
Le Président (M. Bernier) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des finances publiques ouverte et je
demande, bien sûr, aux personnes présentes d'éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre le
débat sur le discours du budget, conformément à l'article 275 du règlement.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le
Président, aucun remplacement.
Discussion générale
(suite)
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup, madame. Avant de poursuivre les échanges, je vous indique qu'il
reste 8 h 25 min sur les 10
heures prévues pour ce mandat. La répartition du temps restant est la
suivante : gouvernement, environ
3 h 57 min; l'opposition, 2 h 22 min; deuxième groupe d'opposition, 1 h 35 min; députés indépendants,
30 minutes.
Je cède donc la parole au groupe parlementaire
formant le gouvernement pour un bloc de 20 minutes, et en souhaitant la bienvenue à tous les parlementaires qui vont participer à nos travaux, ainsi qu'aux recherchistes et aux
gens et personnel du ministère des Finances qui nous accompagnent, ainsi que
nos gens de l'Assemblée nationale qui vont nous aider dans la réalisation de
nos travaux. Merci beaucoup.
Alors, du
côté du gouvernement, vous avez un bloc de 20 minutes. Qui prend... M. le député de Trois-Rivières? Ah!
bien, M. le député de Trois-Rivières, j'en fais le choix. Allez-y.
• (11 h 30) •
M.
Girard : Le choix est facile
à faire. Merci, M. le Président. Donc, je veux saluer, premièrement, M. le ministre, saluer l'ensemble des collègues qui sont ici présents, saluer les gens aussi, également,
du ministère des Finances qui nous accompagnent aujourd'hui dans cet
exercice vraiment important que l'on a de 10 heures de débat sur le
budget, un quatrième budget de suite équilibré au Québec, qui est du jamais-vu.
Je vais juste
vous lire, M. le Président... je vais me permettre de lire un article
du Journal de Québec qui a paru le 28 mars dernier, donc il
y a quelques semaines, à la suite
du dépôt du budget de mon collègue le ministre
des Finances, et je vais vous citer
certains passages de l'article, parce
que... bon, c'est certain qu'on a des
débats, on n'a pas nécessairement la
même vision au niveau du budget, on
n'a pas la même vision de ce qui est bon pour le Québec, des deux côtés de
cette commission. Mais, quand on regarde ce
qui est écrit, quand on regarde les commentaires de certains journalistes, de
certains spécialistes, je pense que c'est
une belle façon pour les gens qui nous écoutent de pouvoir se faire une bonne
idée avec des personnes qui sont
neutres pour vraiment réaliser ce que nous apporte ce budget. Donc, on
mentionne, dans cet article — et je
cite : «Il faudrait vraiment être sincèrement de mauvaise foi pour ne pas
reconnaître que les libéraux ont fort bien géré les finances publiques
au cours des 4 dernières années.
«Mine de
rien, c'est un quatrième budget équilibré de suite qui nous est offert. Si les
péquistes de Mme Marois étaient encore au pouvoir, l'encrier rouge
serait fort probablement vide à force de cumuler les déficits. Après tout, le
gouvernement Couillard a mis fin, en 2015‑2016, à 6 années consécutives de
déficit. Cela est digne de mention...» Journal de Québec, le
28 mars 2018.
Le Président (M. Bernier) :
...
M. Girard : Je cite l'article, M. le
Président.
Le
Président (M. Bernier) : ...normalement, on ne doit pas
utiliser le nom du député, donc... Mais ce n'est pas grave, écoutez. Moi, je vous écoute attentivement
et, quand on a une interpellation entre les personnes, là, à ce
moment-là, j'interviens, mais, sur ces sujets-là, je suis un peu plus ouvert.
Allez-y.
M. Girard : Merci, M. le Président.
On mentionne également qu'on s'est fait chanter, pendant des années, le mirage d'une fausse austérité par les oppositions
et certains groupes syndicaux. Ce budget qui est présenté est un budget pour les familles, davantage de temps, meilleure
qualité de vie, et on mentionne — et je cite exactement ce qui est
écrit dans le texte : «Les bottines suivent les babines...»
Donc, M. le
Président, on l'a dit à plusieurs reprises, nous faisons ce que nous avons dit
que nous ferions, donc on réalise ce
qu'on avait mentionné. Il y a une confiance retrouvée dans l'économie au niveau
du Québec, nos entreprises réinvestissent,
je le vois, principalement à Trois-Rivières, on a fait plusieurs annonces dans
ma région, des entreprises qui réinvestissent,
une création d'emplois très importante. Le taux de chômage, à Trois-Rivières,
n'a jamais été aussi bas. Au 31 décembre
dernier, nous avons descendu sous les 5 % de taux de chômage, alors que ma
région, la ville de Trois-Rivières, a déjà avoisiné les 15 % de taux de chômage.
Certaines personnes me disent : Oui, mais les gens ont tout simplement
cessé de chercher de l'emploi, se retrouvent au niveau de l'aide sociale. Bien,
les statistiques nous confirment qu'il y a eu également
une baisse importante du nombre de personnes au niveau de l'assistance sociale.
Donc, les emplois se créent, le Québec va mieux, et la croissance
économique que l'on vit nous permet de bâtir un Québec fort sur des bases qui
sont solides.
La dernière
année, l'année 2017, a été l'année où le Québec a connu la meilleure
croissance depuis les 20 dernières années, M. le Président, donc ce n'est pas rien. Et, bien sûr, la bonne
gestion des finances publiques n'est pas étrangère à cette bonne performance. Il faut remonter jusqu'en
2000 pour constater une activité économique qui ressemble à celle que
l'on a connue.
Qui bénéficie
de cette belle tenue de l'économie? Qui bénéficie des quatre derniers budgets
équilibrés? Qui qui bénéficie de ce
budget-ci? Bien sûr, ce sont les familles, ce sont les gens que l'on représente
ici, à l'Assemblée nationale, ce sont
des familles de Trois-Rivières, des familles de la Mauricie, des familles de
partout, au Québec, ces familles-là qui bénéficient, entre autres, de la croissance des salaires qu'on a vue. Le
Québec, et les statistiques nous le démontrent, le Québec a connu une
des meilleures croissances au niveau des salaires par rapport au reste du
Canada.
On peut
parler également des exportations, des exportations qui augmentent. Nous avons
un organisme, dans la région de la
Mauricie, à Trois-Rivières et au Centre-du-Québec et toute la Mauricie, qui
s'appelle le MMCQ, c'est les Manufacturiers, Mauricie—Centre-du-Québec.
Je rencontre souvent cette association de manufacturiers, et ils me mentionnent que, oui, il y a une croissance
importante des exportations. Et tout ce qui est fabriqué en Mauricie—Centre-du-Québec
par nos manufacturiers est exporté à tout près de 90 %, est exporté dans
le reste du Canada, aux États-Unis, en Europe, un peu partout à travers
le monde.
Ça me permet
d'aborder également, pour ce qui est de ma région et de l'ensemble du Québec
aussi, la stratégie maritime qui a
été mise en place par notre gouvernement, qui nous permet de pouvoir, pour
Trois-Rivières encore, investir des
millions de dollars au niveau du port de Trois-Rivières, qui nous a permis de
mettre à niveau le quai n° 10, le quai n° 13, de mettre en place la zone IP, la zone
industrialo-portuaire pour nous permettre d'accueillir des entreprises
d'ailleurs, des entreprises
étrangères qui ont besoin de produits qui sont importés, ou qui ont besoin
d'exporter des produits par le port de Trois-Rivières
et qui vont s'installer dans notre zone industrialo-portuaire. Création
d'entreprises, on attire des entreprises étrangères, on crée des
emplois, des emplois manufacturiers bien rémunérés, au bénéfice des gens.
M. le
Président, à 4,5 % de taux de chômage à Trois-Rivières, notre défi
maintenant, et on l'a vu au niveau du salon
de l'emploi dernièrement, on avait un salon de l'emploi à Trois-Rivières,
certains pensent que c'est une mauvaise nouvelle, moi, je trouve que c'est une bonne nouvelle. On regarde, dans
les dernières années, l'achalandage n'a pas cessé de diminuer au salon de l'emploi. La bonne nouvelle,
c'est qu'il y a moins de monde qui cherche un emploi. Le défi que l'on a
à relever, c'est que ce ne sont plus des gens qui cherchent des emplois, ce
sont des entreprises qui cherchent des travailleurs. Donc, c'est un défi
d'employabilité que l'on doit relever pour les prochaines années.
Je pense à
des investissements majeurs qui ont été faits, entre autres, dans ma région,
avec l'entreprise Kruger. Sans les
investissements du gouvernement du Québec, en collaboration avec les gens de
Kruger, cette entreprise serait probablement
fermée avec les droits qui ont été imposés par les États-Unis sur le papier
journal récemment. Les investissements
que l'on a faits, dans les dernières années, grâce à notre gouvernement, grâce
aux marges de manoeuvre qui ont été
dégagées, nous ont permis de faire une modification importante de la machine à
papier n° 10 à Trois-Rivières, qui
est maintenant une machine qui produit du carton, du carton gaufré, du carton
qui est léger, très résistant. Et on le sait, avec l'achat en ligne,
avec de plus en plus de gens qui achètent des choses un peu partout à travers
le monde, tous ces achats-là sont livrés
dans des boîtes de carton. La croissance du marché du carton est constante
depuis plusieurs années et va continuer à accroître alors que la demande
du papier journal est en forte baisse, et on voit une imposition de taxes supplémentaires par nos voisins américains sur le
papier journal. Donc, ne pas avoir fait cette transformation-là pour une
usine... comme chez nous, c'est 300
travailleurs, 300 emplois de très bonne qualité qui auraient probablement été
perdus.
Donc, avoir
un bon budget, dégager des marges de manoeuvre, avoir un budget équilibré nous
permet de faire ce genre de travail
dans chacune des régions du Québec et particulièrement dans la région que
j'habite, dans la région de Trois-Rivières.
Je vous parlais de l'assistance sociale tantôt, on doit mentionner qu'en 2017
c'est 12 188 personnes de moins qui
ont recours à l'assistance sociale. Donc, les gens travaillent, les gens ont
des revenus. Le salaire moyen, au Québec, enregistre la croissance la plus importante au Canada, plus qu'en
Ontario depuis les deux dernières années. L'accélération des salaires combinée à une faible progression des
prix à la consommation fait en sorte que le salaire réel, ce qui reste
dans les poches des Québécois, est en
croissance depuis quelques années. À ça s'ajoutent, bien sûr, des baisses
d'impôt qui ont été annoncées, que ce soit au niveau de la taxe santé,
que ce soient les montants qui ont été accordés au niveau de l'éducation pour permettre aux gens de pouvoir
acheter les livres, etc. Les gens en ont plus dans leurs poches, et c'est
de cette façon que l'on travaille, M. le Président, avec ce budget.
• (11 h 40) •
Bien sûr,
l'argent qui est dégagé, les surplus
qui sont dégagés nous permettent de faire deux choses et deux objectifs que l'on a : un, réduction des impôts au Québec,
et, deuxièmement, investissement dans les services. Grâce à la bonne
gestion de mon collègue ministre des Finances, nous n'avons même pas à choisir
entre ces deux volets, c'est-à-dire réduction d'impôts et augmentation des
services, nous sommes en mesure de faire les deux, de réduire les impôts des
contribuables et d'augmenter les montants au niveau des services.
Entre
autres, on pense à l'éducation : 500 millions, 2018‑2019, qui ont été annoncés pour accompagner les
élèves, les étudiants tout au long de leur
parcours; 2 600 personnes
additionnelles en services directs aux élèves qui vont être faits en 2018, à partir de septembre 2018; 500
professionnels de plus au primaire, orthophonistes, orthopédagogues, qui
vont venir aider nos élèves. Parce qu'on le
sait notre éducation, c'est notre avenir pour le Québec. Et je parlais, tantôt,
de défis de
main-d'oeuvre : c'est doublement important de bien former nos jeunes dans
des secteurs qui sont en demande au
niveau de nos entreprises
pour que ces jeunes-là soient en
mesure d'occuper les emplois qui sont
disponibles à l'heure actuelle.
Les collèges et les universités
ont réembauché 1 000 personnes
additionnelles à compter de septembre 2018 pour assurer la formation et le soutien aux étudiants. D'ici
quatre ans, c'est 2 500 personnes de plus qui ont été embauchées au
niveau des cégeps et des universités dans
des formations techniques, des formations professionnelles qui sont fortement
en demande par nos entreprises chez nous, à Trois-Rivières, chez nous, en
Mauricie, mais également partout, à travers le Québec.
Donc, la bonne gestion des finances publiques, la croissance de l'économie nous permettent de réaliser des investissements très intéressants au niveau de l'éducation.
Bien sûr,
la santé. On le sait, nous avons un défi au niveau du système de santé. Mon collègue le ministre de
la Santé a fait des changements importants. Près de 1,1 million de personnes de plus ont maintenant accès à un médecin de famille, M. le
Président; 1 300 infirmières et préposés aux bénéficiaires ont été
embauchés dans des centres d'hébergement de soins de longue durée; 31 supercliniques ont été ouvertes. Et, aujourd'hui, ce qui est intéressant pour moi, c'est que
je peux vous confirmer... parce qu'on a procédé à l'ouverture lundi dernier, donc il y a
quatre jours, nous avons procédé à l'ouverture officielle de la superclinique à Trois-Rivières, la superclinique qui va nous permettre de traiter entre 20 000
et 30 000 patients par année, entre 20 000 et 30 000 personnes
qui se retrouvaient à l'urgence de l'hôpital régional de Trois-Rivières pour ce qu'on appelle des cas P4 et
P5, qui étaient moins urgents, et des gens qui étaient pris pour
attendre des 10, 12, 15 heures à l'urgence
vont pouvoir avoir un rendez-vous rapidement à la superclinique, souvent le
jour même ou le lendemain matin, pour
pouvoir avoir soit une prescription, renouveler des médicaments ou pouvoir
régler un problème de santé qui est mineur.
Vous
savez, les familles du Québec sont occupées. Souvent, les deux conjoints
travaillent, les enfants sont à l'école ou à la garderie. On quitte le travail en fin de journée, 5 heures,
5 h 30, les congestions, on
doit retourner à la maison. On arrive
à la garderie, la personne en service de garde nous mentionne : Votre
petit gars ou votre petite fille, aujourd'hui, ne filait pas bien, pleurait, se tenait les oreilles,
probablement une otite. Donc, on retourne à la maison.
6 heures, 6 h 30, il faut
aller souper. L'enfant a une otite. On sait que... C'est probablement encore comme ça aujourd'hui, mais, quand j'avais des enfants plus jeunes, c'était le fameux petit
sirop aux bananes qu'ils nous prescrivaient, et quelques jours de sirop
aux bananes et l'otite était disparue. Mais
on doit consulter, on doit rencontrer un médecin, on doit avoir la
prescription. Bien là, on va appeler
à la superclinique, on va avoir une heure de rendez-vous qui va être cédulée,
les gens vont être à la maison avec
leur enfant au lieu d'attendre sur une petite chaise à l'urgence pendant des
heures et des heures au lieu de passer la nuit debout et ils vont avoir une heure précise pour rencontrer le médecin,
avoir rapidement la prescription et pouvoir rapidement
traiter nos gens.
Donc,
M. le Président, une bonne gestion des finances publiques, c'est le genre de choses que ça nous permet de faire, d'aider nos familles, d'aider nos gens au
niveau du terrain. Donc, je voulais vraiment faire un peu le tour, et là on aura le temps de parler de beaucoup
d'autres sujets et programmes, mais je voulais quand même mettre au clair qu'on
a plusieurs organismes, plusieurs
journalistes qui ont été très, très positifs face à ce quatrième budget équilibré de
notre gouvernement.
Bien sûr,
la progression du produit intérieur
brut qui s'est accélérée, 2016, 2017,
nous a permis de pouvoir bien performer.
Il faut remonter jusqu'en 2000, comme j'ai dit tout à l'heure, pour connaître une croissance
économique aussi grande, et nos
ménages, nos gens ont plus d'argent dans leurs poches, ce qui leur permet d'avoir
plus de facilité à acquérir certains
produits, une augmentation des salaires des travailleurs, une augmentation des investissements des entreprises. La FCEI le mentionne, la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante : nos entreprises
réinvestissent, nos entreprises ont
confiance en l'économie, ont confiance au gouvernement et réinvestissent
dans leur développement, réinvestissent pour améliorer la productivité, réinvestissent pour
créer les emplois, réinvestissent pour améliorer les exportations, donc,
ce qui est drôlement intéressant pour l'ensemble du Québec.
M. le Président, avec tous ces records et tout ce qu'on fait au niveau de baisse du taux de chômage, etc., il faut également bien gérer nos finances pour faire face au futur.
Donc, l'économie du Québec fonctionne à plein régime à l'heure actuelle, et le ministère
des Finances a fait des prévisions économiques
sur un horizon de cinq ans, donc qu'est-ce
qui nous attend pour les prochaines années.
Il y a certains risques, certains risques qui peuvent influencer les prévisions
du ministère des Finances. Il y a certaines choses qui peuvent se
passer.
On
a vu, entre autres, au niveau de nos voisins américains, qu'on impose certaines
taxes sur certains produits, renégociation
de l'ALENA. Il y a des facteurs politiques, il y a des facteurs économiques. On
a vu les marchés boursiers, qui ont
connu des fluctuations importantes. On voit une certaine hausse des taux
d'intérêt à l'heure actuelle au Canada.
Parlant
de taux d'intérêt, bien, je m'en voudrais de ne pas mentionner qu'en diminuant
la dette du Québec, en prenant nos
surplus et en diminuant cette dette, on va permettre aux Québécois de sauver
annuellement un peu plus de 1 milliard
seulement en paiement d'intérêts sur la dette. Donc, c'est important de baisser
cette dette, parce qu'éventuellement les
taux d'intérêt vont être appelés à augmenter. Plus notre dette va être basse,
moins nous allons avoir à faire face à des augmentations importantes de
nos frais d'intérêt dans le futur, advenant une hausse des taux d'intérêt.
Va-t-il
y avoir un ralentissement au niveau mondial? Qu'est-ce qu'il va se passer avec
l'économie? Comment nos exportations
vont se passer? Le prix du pétrole? L'économie qui se transforme vers... au
niveau de... vers de l'énergie durable,
on travaille beaucoup avec l'électricité ici. Partout, à travers le monde, on a
le souci de réduire les gaz à effet de serre,
ce qui va faire des transformations importantes. La santé économique et
financière du Québec se doit, pour faire face à ce qui s'en vient,
d'être solide pour ne pas laisser les problématiques aux générations qui nous
suivent.
On a parlé beaucoup
du Fonds des générations...
Le Président (M.
Bernier) : Le temps s'écoule.
M. Girard : Combien de temps il nous
reste?
Le Président (M.
Bernier) : Vous avez malheureusement terminé.
M. Girard : Terminé? Ah!
Le Président (M. Bernier) : Le temps
s'écoule. Merci, M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard : Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Nous allons donc retourner du côté des
oppositions, avec M. le député de Mercier, pour un bloc de 30 minutes.
M. Khadir : Merci, M. le Président. Je vais
m'adresser au ministre, bien sûr. Évidemment, je pourrais partir...
parce que je veux parler de la taxe compensatoire sur les institutions
financières.
Une voix : ...
• (11 h 50) •
M. Khadir : Je sais. Je veux juste dire au
ministre que je pourrais me lancer dans une diatribe sur la situation
des banques et des institutions financières,
qui font des profits insultants, indécents, sur le dos des consommateurs,
auxquels on charge des frais. D'ailleurs, il
y avait un reportage hier encore là-dessus dans la télé, je ne m'en rappelle
plus, dans lequel des canaux. Mais je ne ferai pas ça.
Et j'aimerais
que le ministre ne le prenne surtout pas personnel. Moi-même je suis médecin
spécialiste, et il sait à quel point
je critique ma propre profession pour les problèmes systémiques qu'il y a
lorsque ma fédération demande des avantages
ou obtient des avantages honteux ou exagérés. D'accord? De la même manière que...
bon. Alors, il comprendra que la critique des institutions financières
ne s'adresse pas au banquier qu'il était, mais à une vision du système.
Alors, la
taxe compensatoire sur des institutions financières, en principe, devait
permettre à l'État de demander aux
banques de se comporter en citoyens responsables et de faire leur part. Et il
n'échappe à personne... je pense, personne de sérieux ici, à l'Assemblée, ou dans le public, ne peut dire que les
banques sont en situation financière difficile, qu'ils ont de la misère à arriver à la fin du mois.
D'accord? S'il y a quelque chose, année après année, de manière constante au cours des
20 dernières années, on annonce des profits qui brisent les records
précédents.
Dans son budget, le ministre confirme un cadeau à ces
banques. Le cadeau, c'est la diminution de ces taxes et même son abolition en 2023. L'an passé, nous apprenions
que ces taxes allaient être prolongées, mais, malheureusement, ce qu'on
se rend compte, c'est que l'intention, c'est d'abolir ces taxes. Qui va en
profiter? Pourquoi?
Je veux juste
donner un exemple, parce qu'il faut le faire, les profits, juste de la Banque
Laurentienne, qui est la plus
raisonnable, elle est la plus petite de ces banques-là, ont bondi de 219 %
au quatrième trimestre, qui s'est terminé le 31 octobre dernier, par rapport à la même période en 2016. Le
résultat net s'établit à 58 millions, juste pour ce trimestre, par
opposition à 18 millions pour celui de l'an dernier. Vous voyez un peu le
genre? Pour l'exercice 2017, la Banque Laurentienne
a haussé de 36 % ses profits dans l'ensemble, qui sont passés de
152 millions à 206 millions cette année. Alors, maintenant, est-ce normal de priver le
trésor public de plus de 350 millions de dollars en cinq ans? Suivant les
calculs de son propre ministère, c'est
350 millions en cinq ans dont on va se priver. Est-ce que les banques ont
une quelconque difficulté, vont faire banqueroute si on maintient la
taxe?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais, en commençant, aussi
souligner que, ce matin, ici, à côté de moi, il y a M. Marc Sirois,
le sous-ministre adjoint, en remplacement de M. Monty, qui reviendra cet
après-midi. Il y a aussi, bien sûr, tous les autres collègues du ministère des
Finances.
Le
Président (M. Bernier) : S'il y a des questions, à ce moment-là,
et des réponses à donner, ils ont simplement à autoriser M. Sirois
à prendre la parole.
M. Leitão : C'est ça.
Le Président (M. Bernier) :
C'est bien.
M. Leitão : Donc, revenons donc
à la question du collègue. Il y a plusieurs, plusieurs choses que... Et vous
m'interromprez, M. le Président, si vous pensez que je divague, mais j'ai
beaucoup de choses à dire sur...
Le Président (M. Bernier) :
...simplement sur le temps utilisé, pour balancer le temps.
M. Leitão :
C'est ça, parce que j'ai beaucoup de choses à dire là-dessus. D'abord, et je ne
le prends pas personnel, à tel point
que, pour moi et pour beaucoup de Québécois, l'industrie des services financiers
est une industrie très importante dans
l'économie québécoise, et nous continuons de soutenir cette industrie-là,
surtout d'un point de vue de la technologie. Nous avons quand même des mesures intéressantes en ce qui concerne la
création d'un pôle en technologie financière. Et, d'ailleurs, il y a un groupe qui s'appelle Finance Montréal, qui,
justement, fait la promotion de l'industrie financière. Il y a quand même quelques
dizaines de milliers de Québécois qui travaillent dans cette industrie-là, au
Québec. Le système bancaire canadien,
et donc québécois, est un système bancaire qui est parmi les meilleurs au
monde. Et on n'a pas besoin de
reculer beaucoup dans le temps pour voir quel est le rôle qu'un système
bancaire en santé peut jouer dans une économie. Quand on a vu ce qui s'est passé dans beaucoup de nos autres pays
connus, que ce soit en Europe ou même aux États-Unis, quand le système bancaire est en difficulté, l'effet
macroéconomique de cela peut être dévastateur. Donc, oui, je suis très, très, très fier d'avoir une industrie
financière qui est non seulement rentable, parce qu'il faut qu'elle soit
rentable, mais qui joue un rôle très important dans l'économie du Québec et du
Canada.
Maintenant,
revenons à la question, donc le soi-disant cadeau que nous avons fait. Écoutez,
nous avions annoncé... En 2014, je
pense, ou 2015, on avait annoncé une taxe temporaire sur les institutions
financières, la taxe compensatoire, parce
que c'était le... bon, la contribution. Il y avait plusieurs secteurs de la
société qui, à notre avis, devraient contribuer au redressement des finances publiques. On avait aussi annoncé, à ce
moment-là, d'importants ajustements, réductions dans les crédits d'impôt aux entreprises, et la taxe compensatoire aux
institutions financières faisait partie de ces mesures-là. Et on avait dit depuis le début que ça allait être
temporaire. Dans le budget subséquent, on l'avait prolongé d'une autre
année, mais c'était toujours temporaire, donc ça allait finir un jour. On n'a
jamais prétendu que cela serait une taxe permanente. Cela, justement...
M. Khadir :
...une parenthèse.
Le Président
(M. Bernier) : Oui, allez-y, M. le député.
M. Khadir :
Auparavant, en 2009, vous aviez
commencé, et ça s'est terminé en 2012, graduellement, vous avez aboli une autre taxe qui était permanente, la taxe
sur le capital des entreprises, dont l'abolition aux trois quarts a permis... aux trois
quarts, c'est-à-dire, l'économie faite aux trois quarts sur les 1,2 milliard
en 2012 que ça représentait, donc 800 millions
allaient dans la poche des banques et des institutions financières. Il y a déjà
un cadeau de 800 millions qui leur
avait été accordé. Ça, c'est en 2012. M. le ministre, ce n'est pas raisonnable.
Votre collègue vient de parler des finances publiques, du coût de la dette. Pourquoi donner cet argent-là à des
institutions financières qui n'en ont pas besoin? Si, aux États-Unis, ça a mal été et ils ont été en danger,
c'est parce qu'ils ont voulu faire des profits inconsidérés et démentiels.
Ce n'est pas parce que... et, en fait, si,
au Canada, ça va mieux, c'est parce qu'il y a des règlements justement parce
qu'on ne les laisse pas faire n'importe quoi. On les protège contre eux-mêmes.
M.
le ministre, votre réponse est insatisfaisante. On a déjà fait un cadeau, on a
déjà aboli une taxe qui, aujourd'hui... je ne sais pas, aujourd'hui, combien ça coûte, mais, en 2012, c'était
800 millions, cette année-là, de cadeaux. Ça ne suffit pas?
Le Président
(M. Bernier) : Ça va? Alors, M. le ministre.
M. Leitão :
Bon, taxe sur le capital, c'est un nouveau sujet, on y reviendra. Je vais
terminer ce qu'on avait commencé, donc, le
soi-disant cadeau qu'on fait aux institutions financières. L'ajustement que
nous faisons dans le budget de
mars 2017, c'est un ajustement qui est relativement mineur et qui vient
faire deux choses, qui vient, en partie, compenser les changements qui vont avoir lieu, par exemple,
avec l'augmentation des contributions au régime de retraite du Québec, mais qui vient aussi corriger une certaine iniquité
qu'il y avait parce que la taxe compensatoire telle qu'elle était, comme
on l'avait faite au départ, cette taxe-là
pénalisait les institutions financières québécoises, surtout les banques et
Desjardins qui ont un siège social au
Québec, parce que dans leur nombre d'employés au Québec étant beaucoup plus
élevé que le nombre d'employés des
autres institutions financières qui n'ont pas de siège social au Québec. Donc,
c'était une façon. Elles se sentaient
pénalisées pour justement maintenir une présence très, très importante et très
dynamique au Québec, que ce soit ici,
à Lévis, avec Desjardins, ou que ce soit à Montréal avec la Banque Nationale et
la Banque Laurentienne. Donc, c'était important d'apporter un certain
correctif à cette mesure-là.
Mais,
d'une façon globale, la taxe compensatoire, M. le député, elle nous rapporte
encore 347 millions de dollars. Donc,
l'ajustement qu'on fait, il est relativement mineur, on est aux alentours de 4,
7, 8, 8, 9 millions. C'est incroyable! Non, excusez-moi, c'est 15,5 millions, les modifications, mais, en
comparaison, c'est 347 millions qu'on ramasse encore de cette
industrie-là. Donc, c'est...
Le Président
(M. Bernier) : M. le député.
• (12 heures) •
M. Khadir :
Bon. Je n'irai pas plus loin, mais on aura compris... Et c'est son choix. Je ne
dis pas que le gouvernement, dans
lequel il y a des gens quand même proches du milieu des affaires, et son
ministre des Finances qui vient des banques, soit aux besoins des banques.
Ça, je le reconnais. Je comprends.
Mais
là il faut que la population comprenne que, par exemple, ce même ministre, M.
le Président, je l'ai rencontré à au
moins trois reprises au cours des quatre dernières années pour plaider, et mes
collègues aussi, qu'on mette fin au calcul des... là, j'ai un blanc de mémoire... du calcul des pensions
alimentaires pour les familles. Donc, je le lui ai plaidé à plusieurs reprises, et lui pensait que... bon. Et là on nous
parle du fait que les banques ont des besoins, puis il faut être attentif
à leurs besoins. Je comprends, donc, qu'il y
a des choix. Donc, il y a des choix. Ce n'est pas qu'on n'a pas les moyens,
on a le choix d'utiliser ces moyens de
l'État pour répondre aux besoins des femmes qui reçoivent des pensions
alimentaires pour leurs enfants dans
le calcul de leurs revenus pour les taxer ensuite ou d'accorder 300, 400,
800 millions. En fait, en 2012, c'est vraiment 800 millions.
Mais bon.
J'ai une autre question. Je m'excuse,
M. le Président. Comme je sais que M. le ministre va insister pour ne
pas répondre sur le fond, c'est-à-dire ses
choix, comment il refuse aux femmes cette demande-là, et il donne aux
banques, et, comme je sais qu'il va...
Bon,
alors, je vais poser une autre question. Commerce électronique. Les
fournisseurs sans présence physique Québec
auront l'obligation de s'inscrire à Revenu Québec selon un nouveau système
d'inscription désigné. Cette obligation va s'adresser aux fournisseurs
de biens incorporels ou services qui n'ont pas de présence physique au Québec
et aux fournisseurs de biens incorporels
taxables qui sont situés ailleurs, au Canada. D'accord? Le gouvernement considère que la simplicité de l'inscription est un élément incitatif. Il attend donc
à ce que les fournisseurs se conforment à leur obligation de s'inscrire.
Ceci
dit, mis à part de s'en remettre à la bonne volonté des géants du Web — hein,
on sait ce que la bonne volonté des
géants du Web peut représenter, on a vu la comparution de Mark Zuckerberg
devant le Congrès américain et la manière dont il insulte notre intelligence en faisant semblant qu'il est surpris
après que... depuis des années, on le met en garde. O.K.? C'est ça, leur
responsabilité, à ces géants du Web. Il n'est nulle part question, dans ce que
propose le ministre, d'assises légales, de
règles claires, là, contraignantes, obligeant réellement une inscription au
nouveau système. Alors, il n'est pas précisé vraiment comment Revenu
Québec va procéder à la réclamation
des pénalités et des taxes non versées. Comment est-ce que le ministre
entend faire appliquer cette mesure concrètement?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien.
Mais j'aimerais juste revenir sur deux choses, parce que c'est important, M. le Président. Et je vais répondre à la question
très directe et très directement aussi. D'abord, dire que nous sommes un gouvernement qui
est proche du milieu des affaires, écoutez, je pense que nous sommes un gouvernement
qui est rassembleur, nous sommes un gouvernement qui écoute les points de vue
de tous les segments de la société. Bien sûr, nous parlons aux organismes et aux organisations patronales, nous
parlons aussi aux organisations du monde syndical. Dans nos consultations prébudgétaires, nous parlons
à tout le monde et nous mettons en place les mesures que nous
jugeons être les plus efficaces pour le développement économique du Québec.
Donc,
nous faisons des choix, oui. Ce sont des choix qu'on fait. On doit faire des
choix quand on prépare un budget. Évidemment, les besoins sont généralement illimités et, à un moment donné, il faut trancher, il faut choisir. Et les
choix que nous faisons, comme vous avez dit très clairement, la population
jugera au moment opportun.
Maintenant,
à la question, ce qu'on fait, ce qu'on annonce dans le budget,
c'est de rendre obligatoire la
perception de la TVQ. On ne parle pas ici de question
d'impôt sur le revenu, ça, c'est une autre chose, on pourra en discuter,
de cela aussi. Mais ce qu'on vient
faire dans le budget, c'est de rendre obligatoire la perception de la TVQ pour
les, comme vous avez dit, géants du
Web, c'est-à-dire les fournisseurs de services numériques. Netflix,
pour utiliser juste un raccourci, parce que ce n'est pas seulement
cette entreprise-là, il
y en a plusieurs autres, mais c'est
de cela qu'on parle, nous avons jugé qu'en mettant en place un régime
simplifié d'inscription à la TVQ cela va avoir l'effet souhaité : l'entreprise
va s'enregistrer, et donc elle va percevoir
la TVQ, et nous l'envoyer, parce
qu'il faut aussi qu'elle nous envoie le montant.
Est-ce
qu'on se remet exclusivement à la bonne volonté de l'entreprise? Écoutez, on
va... d'ailleurs, on l'indique dans
le budget, on va déposer, bientôt, des changements législatifs qui vont donc
obliger ces entreprises-là à s'inscrire au régime de TVQ. Donc, elles devront le faire pour se conformer à la
législation québécoise. Est-ce qu'elles peuvent choisir de ne pas se conformer à la loi? Écoutez, on ne
vit pas dans un État totalitaire. Si quelqu'un choisit de ne pas suivre
la loi, il y aura des conséquences.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Mercier.
M. Khadir :
Je comprends, il y a des gens qui ont le droit d'être naïfs, mais pas le
ministre des Finances du Québec, d'accord? François Cardinal, aujourd'hui même,
hein — je
pense, c'est aujourd'hui ou hier — écrivait sur justement Facebook, d'accord, puis il décrivait la culture de ces
entreprises, de ces géants du Web. C'est du capitalisme sauvage sauce XXIe siècle, d'accord? C'est des
libertariens qui font tout ce qu'ils peuvent, en autant qu'il y ait une
porte pour dire que ce n'est pas illégal.
Comment
est-ce qu'on peut, après avoir connu les pratiques d'Uber, Facebook, Amazon,
Google étalées sur la place publique,
comment est-ce qu'on peut, aujourd'hui, s'en remettre à leur bonne volonté?
Voyons! On n'a pas le droit. Vous avez des responsabilités. Vous ne
pouvez pas vous en laver les mains puis vous en remettre à eux.
Je
vais vous donner un exemple. C'est
même plus compliqué que ça parce que, dans votre loi, la perception de la TVQ va s'appliquer aux plateformes numériques en
autant que ces plateformes contrôlent les éléments transactionnels,
l'échange d'argent, et tout ça, comme la facturation, les modalités, les...
bon. Airbnb, qui est un géant avec toutes les conséquences négatives dont votre
propre ministre se plaint, la ministre du Tourisme, bien, Airbnb ne fait pas de
transaction, d'accord? C'est juste une
plateforme de mise en contact. Alors, vous allez faire comment pour... Parce
que Airbnb s'est engagée à payer la taxe
d'hébergement, mais pas la TVQ. Alors, comment vous allez faire pour
appliquer votre loi et percevoir la TVQ pour Airbnb? Ça, c'est des dizaines et
des dizaines de millions de dollars de transactions financières actuellement.
Alors, est-ce que cette naïveté est feinte? Elle est réelle? Ça relève de
l'incompétence du ministère — je ne crois pas, parce que vous êtes plein
de gens compétents qui comprennent ces choses-là — ou est-ce que c'est le lobby des
géants? Il n'y a pas 10 000 explications. Soit la naïveté, l'incompétence
je ne l'achète pas, soit le lobby. C'est quoi?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão :
C'est surtout l'incompréhension de la part du collègue de la façon dont le système
fonctionne. Je ne sais plus à quelle question
répondre maintenant parce
qu'il y en a eu plusieurs. Mais parlons donc de Airbnb, c'était la
dernière mention que vous aviez faite.
Encore une
fois, eh bien, les personnes ou les organismes qui doivent percevoir la TVQ, la
taxe de vente, ce sont les personnes
qui louent leur appartement, ou leur chalet, ou quoi que ce soit. Ce n'est
pas... Airbnb n'a pas l'obligation de... et ne peut pas percevoir la taxe de vente. C'est le Québécois qui loue sa
maison, son appartement, c'est lui qui doit le faire et c'est lui qui,
dépendamment de... Et là aussi il y a des seuils, il faut faire ça pour plus de
30 000 $ par année, etc.
Donc, ce
qu'on a obtenu, par contre, ce qu'on a obtenu... Parce qu'on en a discuté avec
Airbnb, on a négocié avec eux. Ce qu'on a obtenu de la part d'Airbnb,
par exemple, c'est deux choses, d'abord, qu'Airbnb va percevoir la taxe spécifique sur l'hébergement. Donc, ça, Airbnb va
le faire et elle va aussi transmettre à Revenu Québec, on va avoir accès
à sa base de données, donc savoir qui loue
quoi. Alors, ceux qui nous écoutent et qui pensent qu'ils peuvent continuer
de ne pas percevoir les taxes quand ils
louent leur chalet ou leur maison, je leur dis : Faites attention parce
que Revenu Québec, maintenant, a
accès à beaucoup plus d'information et l'agence peut procéder à des
vérifications qui vont peut-être s'avérer un peu salées pour ceux qui ne
déclarent pas, maintenant, ces revenus.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
le député de Mercier.
M. Khadir : J'ai combien de
minutes, M. le Président?
Le Président (M. Bernier) : Il vous
reste 10 minutes, M. le député.
M. Khadir : Oui? Ah! quand même, parfait.
J'aimerais savoir, parce que le ministre me dit que, par exemple, pour Airbnb, il va y avoir donc... le ministère du
Revenu va voir accès... je veux vraiment l'entendre précisément nous promettre ça, parce que ce que j'ai compris, c'est
que le ministère du Revenu va avoir accès à la base de données de
Airbnb, ce qui est nouveau pour moi, et que, donc, est-ce que le ministère du
Revenu, est-ce qu'il peut nous dire combien de personnel sont engagés ou sont prévus être engagés, mettons, cette année
pour regarder cette base de données et de sévir et de demander à ce que la TVQ soit payée? Ça, c'est ma première
question. Et, deuxièmement, parce que c'est un peu complémentaire, quel personnel ensuite il a prévu
d'engager pour s'assurer d'appliquer des pénalités aux géants du Web qui ne se seront pas, sur leur propre base,
inscrits, hein? Vous leur donnez le choix de s'inscrire, sur une base
volontaire, qu'ils doivent faire. Mais, une
fois qu'ils l'ont... Mettons, s'ils ne le font pas, ces géants du Web, ne
s'inscrivent pas au registre pour payer leur TVQ, on fait quoi, là?
Qu'est-ce qui est prévu dans la loi? Comment on doit réagir?
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
le ministre.
• (12 h 10) •
M.
Leitão : O.K.
Encore une fois, plusieurs choses, on va essayer d'aller plus ou moins rapidement. D'abord, je vous informe, mais vous savez mieux que moi, que
la période des crédits s'en vient et donc, Revenu Québec sera ici, je ne
sais pas quel jour, mais elle va être ici la
semaine prochaine. Vous aurez l'occasion, à ce moment-là, de leur poser
ces questions spécifiques en ce qui concerne Airbnb et les autres questions.
Pour ce qui
est de l'inscription à la TVQ pour les fournisseurs de services numériques,
elle n'est pas volontaire, elle est
obligatoire. Ils doivent le faire. Ils doivent le faire et, comme j'ai dit
tantôt, s'ils ne le font pas, il y a des pénalités qui sont prévues. Comme j'avais essayé de commencer à
expliquer, si une entreprise, publique en plus, donc cotée en bourse,
choisit, décide de ne pas se conformer à la législation dans une juridiction
comme le Québec, qui est quand même respectée,
membre de l'OCDE, etc., s'ils choisissent de ne pas se conformer à la loi, il y
aura des pénalités qui leur seront envoyées, et ils devront répondre
d'abord à leurs propres actionnaires, parce qu'ils devront inscrire, dans leurs
états financiers, qu'il y a
une poursuite de la part d'une autorité fiscale, et ce n'est pas toujours
agréable de faire ça, et donc ils doivent
se conformer à ces obligations. Et d'ailleurs les indications que nous avons de
ces entreprises-là, de ces fournisseurs de services numériques, c'est que, si on change la
loi, et on a l'intention de le faire, ils vont se conformer à la loi. Ils
se conforment à la législation déjà, dans d'autres juridictions, donc je n'ai
aucune raison de croire, a priori, qu'ils ne se conformeront pas. Mais, si jamais ils ne se conformaient pas, il y a
des dispositions pour imposer des pénalités, et Revenu Québec, l'État du Québec, ce n'est quand même
pas... c'est un État avec une bonne réputation, membre des pays de l'OCDE,
et ce ne serait pas dans leur intérêt, ce ne serait pas facile d'ignorer de
telles demandes de la part de Revenu Québec.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Mercier.
M. Khadir : Bien, je vais
nommer une série de grandes plateformes géantes du Web et je voudrais savoir lesquelles... le ministre peut me confirmer qu'il
a des indications qu'ils vont s'inscrire ou qu'ils sont déjà inscrits,
qu'ils paient des taxes, c'est-à-dire la
TVQ, d'accord? Amazon,
Google, Uber, Facebook, Netflix, Airbnb, Apple. Pour le moment, je m'en tiens
à ces sept-là. Lesquels d'entre eux sont déjà inscrits ou vous avez des
indications qui font que, dans trois mois, je peux venir dire : M. le ministre, vous m'aviez promis qu'eux
autres, là... vous avez indiqué qu'ils allaient s'inscrire?
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
O.K. Là, encore une fois, je pense que vous faites un amalgame qui peut rendre
les choses confuses. Parce que, comme
j'ai dit depuis le début et comme nous avons inscrit dans le budget très
clairement, en ce qui concerne la perception de la TVQ et de la rendre
obligatoire, on parle des fournisseurs de services numériques, donc on parle
de Netflix et les autres entreprises qui
font... on ne parle pas d'Amazon, je ne parle pas d'Amazon, je ne parle pas de
Facebook, je ne parle pas de ces entreprises-là, je parle des fournisseurs de
services numériques : Netflix, Spotify, etc.
M. Khadir : Ces entreprises ont actuellement
plein de programmes en développement — là, je ne pourrais pas vous les
nommer, chacun — pour
produire des services numériques. Et je trouve que c'est assez court et
limitatif, délibérément peut-être, ou pas,
je ne le sais pas, de ne pas considérer que l'application qu'offre Uber à ses
chauffeurs n'est pas un service numérique.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Parlons d'Uber. Justement, Uber se conforme, perçoit la taxe,
la TVQ. Dans les conditions qu'on avait
imposées pour le projet pilote d'Uber, c'était un des éléments qu'on avait
insisté... donc, oui, depuis le début du projet pilote, Uber se conforme à la perception de la TVQ. Pour ce qui est des
autres, Amazon, Facebook, bien, écoutez, ça, c'est... s'ils vendent des
services numériques, ils devront s'inscrire.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Mercier.
M. Khadir : Facebook fait de
la publicité, d'accord? Offre un... O.K.?
M. Leitão : ...tout un autre champ
d'activité.
M. Khadir : C'est un service.
M. Leitão : C'est toute une autre
chose.
M. Khadir : Regardez, c'est marqué ici :
«...fournisseur de biens incorporels ou services sans présence physique
au Québec.» Facebook, avec son service... c'est un service, ça, offrir une
plateforme dans laquelle on peut faire de la publicité. Donc, Facebook tombe dans
cette catégorie. Est-ce que Facebook vous a indiqué qu'ils allaient s'inscrire?
M. Leitão : Facebook ne vend pas un
service aux consommateurs québécois.
M. Khadir : Bien, comment ça?
M. Leitão : La publicité que
Facebook...
M. Khadir : Attendez. Alors, c'est cette notion que nous devons avoir de «service»?
Bien, M. le Président, on a un
grave problème. Si on considère que Facebook... Moi, là, si je veux, je peux, aujourd'hui, comme consommateur, si j'ai
un produit à vendre, contacter Facebook et placer une annonce, qui est dirigée
vers les consommateurs, que je désire qu'ils reçoivent ça.
Le Président (M. Bernier) :
Monsieur...
M. Khadir : Bien sûr,
n'importe quelle compagnie, n'importe quelle entreprise...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, en effet, M. le ministre, je confirme.
M. Khadir : Bien sûr, c'est
comme ça que Facebook tire ses revenus.
M. Leitão : Oui, de...
M. Khadir : Si on n'a pas
cette compréhension commune, comment le ministre veut attaquer ce problème?
M. Leitão : Des revenus de...
Le
Président (M. Bernier) : M. le député de Mercier, on va permettre au ministre
de répondre, après ça, on revient. Effectivement, Facebook, vous pouvez
acheter de la publicité.
M.
Leitão : De la publicité, c'est ça, mais pas de... Mais, écoutez, vous
faites un parallèle entre Facebook et, par exemple, Netflix ou Amazon.
Ce n'est pas du tout la même chose, là. En termes fiscaux, ce n'est pas la même
chose.
M. Khadir : ...de
fournisseurs de services sans présence physique au Québec. Et, si les gens qui
entourent le ministre des Finances ne sont
pas informés que Facebook offre des services aux consommateurs québécois qui
sont taxables sur la TVQ, on a un
grave problème, M. le Président. Là, je vous... Peut-être, on peut interrompre
pour que le ministre...
Le Président (M.
Bernier) : Non.
M. Khadir : ...interroge
adéquatement ses conseillers, parce que là on a un problème.
Le Président (M. Bernier) :
Disons, discuter à l'extérieur de ce sujet.
M. Khadir : Bon. Alors, je répète. Amazon,
Google de la même manière. Amazon, Google, Airbnb, Apple, tout ça, vont avoir tout ce que la loi aujourd'hui
définit comme biens incorporels ou services, lesquels se sont inscrits ou
lesquels vous ont indiqué qu'ils allaient
vous inscrire, parce que vous les rencontrez. Vous avez dit, vous avez
rencontré Netflix, vous avez... non,
je m'excuse, Airbnb, vous... Donc, vous les avez rencontrés, les autres. Je
sais qu'ils ont des lobbyistes ici
qui ont des mandats de vous rencontrer. Donc, vous les avez rencontrés.
Lesquels vous ont promis qu'ils allaient s'inscrire?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Pour ce qui est... de façon générale, toute entreprise,
incluant Facebook, toute entreprise qui fournit un service numérique directement aux consommateurs québécois devra
s'inscrire au régime simplifié de TVQ, toutes les entreprises, incluant celles qu'on connaît et
celles qu'on ne connaît pas, toutes les entreprises qui vendent
directement à un consommateur québécois.
Parce que c'est... On parle de la taxe à la consommation, la TVQ, c'est une
taxe à la consommation.
Le
Président (M. Bernier) : Monsieur... Il reste 45 secondes,
M. le député de Mercier, si vous voulez conclure.
M. Khadir : Sur Amazon, ou c'était un autre
truc similaire, je peux me tromper du site, un autre fournisseur de services, j'ai acheté un chandail de — comment il s'appelle — Kharlamov, je l'ai montré l'année passée,
hein, quand on a fait le débat, O.K.? Puis c'est moi qui ai rempli le
formulaire pour payer la taxe...
Une voix : Je vous remercie.
M. Khadir : Je vous en prie.
Mais ce que je veux dire, autrement dit, tous ceux-là, là, c'est la même chose.
M. Leitão : Non, ce n'est pas la
même chose. Là, on parle des biens, on parle... les chandails, les chaussures,
les chemises.
M. Khadir : Non, mais c'est
un service...
Le
Président (M. Bernier) : Je veux simplement vous mentionner que
votre temps est maintenant écoulé, M. le député de Mercier. Je vais passer du côté gouvernemental, mais je vous
permets de répondre, sur le temps du gouvernement, aux questions du
député de Mercier.
M.
Leitão : Ce n'est pas nécessaire, M. le Président, mais je veux juste
mentionner que la question, qui est soulevée maintenant par le député de
Mercier, en ce qui concerne le chandail qu'il a acheté, là, on parle d'un bien,
d'un bien physique, d'un bien corporel. Ça,
c'est tout une autre approche, que nous, on a indiqué dans le budget aussi,
que, pour adresser cette question-là,
nous, on va passer par un contrôle beaucoup plus efficace des frontières. C'est
là que ça va se faire. Mais ce n'est pas la même chose que les services
de Netflix, ou Spotify, ou autres.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Mégantic.
• (12 h 20) •
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Je voudrais, tout d'abord, vous
saluer, saluer le ministre, l'équipe ministérielle, les collègues du
gouvernement et des oppositions. Nous sommes ici rassemblés pour discuter du budget
des finances 2018‑2019, qui, pour moi, est un excellent budget, et qui est le
cinquième budget du gouvernement consécutif et le quatrième budget équilibré.
Il est très
important de réaliser que, dans la situation où nous sommes maintenant, il y a
beaucoup de gens qui croient que
c'est le fruit du hasard ou le fruit, je ne sais pas, moi, d'une loterie
quelconque... Je crois qu'il est très important de faire un petit retour en arrière. Quand nous sommes arrivés au pouvoir en 2014, beaucoup
de gens se rappellent très bien que nous étions dans une situation
que l'on pourrait qualifier de périlleuse, avec un déficit chronique très
large, même inconnu, avec un budget sans crédit. Et du dire même des ministres
des Finances d'alors, on n'avait pas été très bons.
Donc, il faut
se rappeler que la base de départ, c'était ça, et que nous avons rapidement
réalisé qu'il y avait un déficit très, très
élevé, et que nous avions un virage à faire assez drastique, ce que nous avons
fait sans réduire la croissance des dépenses.
Nous avons définitivement restreint la croissance des dépenses pour remettre de
l'ordre dans les finances publiques pour en arriver, dès la deuxième
année, à un équilibre budgétaire que nous avons maintenu depuis.
Je pense que
ça, en soi, représente déjà un défi
très large qu'il faut bien noter parce que, grâce à notre ministre des Finances, qui a su bien dégager l'ensemble des
vecteurs nécessaires pour y arriver et maintenir finalement ces dispositions-là
qui vont maintenant nous permettre d'avoir une bien meilleure qualité de
services pour la population du Québec...
Je voudrais
aussi vous illustrer quelques autres variables, parce que, ça, c'est le point
de départ. Et nous avons assisté hier
à une espèce d'itération mathématique, bon, je dirais arithmétique, du député
qui représente la CAQ, le député de Granby, qui nous a illustré, au moyen d'une
arithmétique assez simple, la croissance des dépenses par période quinquennale durant les trois sections des années.
Et, pour moi, ça, ça représente une arithmétique simple, là, parce
qu'elle oublie de mentionner l'évolution des
services à la population qui ont été reçus. Et, si la population du Québec a
réélu le gouvernement libéral
successivement, c'est parce que la population du Québec voulait avoir une
qualité de service accrue, ce que le gouvernement a répondu.
J'ai été très impressionné par cette
arithmétique-là hier, mais j'ai été aussi impressionné la semaine dernière lorsque le député de Granby nous a dit que, dans
sa propre région, au niveau de la santé, que le taux d'absentéisme du CIUSSS de l'Estrie était passé de 26 % à
41 %. J'ai trouvé ça impressionnant, quand moi-même j'avais vérifié avec
la direction du CIUSSS CHU de l'Estrie, et
le taux était sous la barre des 10 %. Donc, il y a une espèce de
compréhension, ici, là, qui est assez
aléatoire. Et je regardais les calculs de croissance qu'il nous donnait hier,
sans la portion équivalente des
services qui se sont améliorés pour la population du Québec, les
investissements massifs qui sont faits actuellement dans les infrastructures pour les écoles, les
hôpitaux, les services routiers, etc., et on est passé d'un déficit de
plusieurs milliards à un surplus de plusieurs milliards tout en renflouant la
caisse bancaire et les fonds de stabilisation.
Donc, quand
vous regardez les... On parle d'une quinzaine de milliards, juste dans cette
petite étendue de service là. Et ça,
ça semble très banal pour l'ensemble des oppositions, mais ça relève d'une
compétence et d'une performance admirables.
Parce que, si vous considérez que ce 15 milliards là qui a été ramassé
représente tout près de 20 % d'un budget annuel des revenus
autonomes, on ne peut pas parler d'une petite réussite, on parle d'une victoire
majeure et très symbolique de la capacité de gestion de notre gouvernement.
Donc, ça,
c'est un peu l'entrée de jeu dans laquelle, aujourd'hui, on se situe. Et, de
plus, comme mon collègue de Trois-Rivières
l'a mentionné précédemment, le remboursement de la dette de
10 milliards... qui n'est pas basée sur une arithmétique simple, on travaille avec les moyens qu'on a, je comprends
ça, là, mais qui relève finalement d'une notion de risque et de
l'évolution des marchés.
Et, M. le Président, je voudrais vous illustrer
quelques paramètres que mon collègue de ministre des Finances connaît bien, mais qui ne sont pas toujours bien
connus de la population. C'est que,
dans les notions de marché, nous avons assisté, dans les dernières
années, à un changement des paradigmes financiers.
Puis je vous
donne un exemple pratique et rapide : c'est qu'actuellement les
transactions financières automatisées, donc
celles qui sont gérées par ordinateur, ont été chercher, dans le marché
financier traditionnel, une partie des revenus, qui fait que la gestion boursière des comportements
qu'on avait précédemment ne sont plus applicables. Et, naturellement,
nous assistons à toutes sortes de comportements et à toutes sortes d'outils
financiers qui sont toujours à qualité variable, dépendant des objectifs
auxquels ils ont été formés et avec lesquels, parfois, on fait un peu de fausse
représentation.
Donc, cette
complexité-là, cette notion de risque avec laquelle le ministre des Finances
doit composer, et dans un contexte global de notre société qui est en
évolution constante... a décidé, pour des raisons fonctionnelles, de prendre 10 milliards du Fonds des générations pour en
réduire la dette, pour minimiser le risque auquel s'expose le
gouvernement. Quant à moi, c'est une
question avec laquelle j'avais soulevé le point directement et que le ministre
m'a clarifiée d'une façon très, très
simple. La notion de risque et l'évolution du marché du capital, comme tout le
monde le comprend très bien, vit des
cycles qui sont très normaux, et, pour éviter l'exposition des économies des
Québécois, le ministre a décidé de
faire un partage de ce risque-là entre la réduction de la dette et le maintien
du capital dans le Fonds des générations, qui va maintenir, si l'on
veut, une sécurité, tout en permettant de minimiser le risque auquel on
pourrait s'exposer.
Je comprends
que ce n'est pas du calcul arithmétique, là, de consulter tout ça, mais je
pense qu'il y a là une notion pour
les Québécois de réassurance, parce qu'il y a des gens qui veillent à leur
sécurité financière et à leurs objectifs à long terme. Donc, ce n'est pas de l'improvisation, ce n'est pas une
planification au quotidien ou basée sur les nouvelles de ce matin dans
le journal, c'est basé sur une maturité et une compétence bien définies, bien
démontrées. Ce n'est pas une coïncidence qu'il ait été, d'ailleurs, considéré
comme le deuxième meilleur économiste au monde.
Donc, il faut
se rappeler qu'il y a une différence entre ça et de l'arithmétique. Pour moi,
ça repose sur le fondamental de notre capacité de gestion, et le
gouvernement libéral a montré le potentiel qu'il avait pour satisfaire et
donner à la population le meilleur service possible.
Donc, il est
important de rappeler que, depuis 2014, plusieurs mesures ont été mises en
place, donc, d'alléger le fardeau
fiscal de tous les contribuables, de favoriser l'incitation au travail, de
soutenir les familles et les aînés, d'améliorer le régime de soutien du revenu à l'égard des plus démunis. Donc, toutes
ces choses-là sont des éléments très fondamentaux qui ont pour objectif
d'améliorer la qualité de vie des Québécois à tous les jours.
Donc,
l'argent que les Québécois nous ont confié est directement bien défini où il va
aller, ici. Et il faut se rappeler que
les changements que nous avons aussi commencés, en santé et en éducation, ne sont
pas une mince affaire quand on considère
qu'un ministère comme la Santé comprend plus de 150 000 employés. Il faut
bien y réfléchir avant d'entreprendre des travaux de cette ampleur.
• (12 h 30) •
Donc, notre gouvernement avait pris l'engagement
de réduire le fardeau fiscal des Québécois une fois que l'équilibre serait atteint, ce que nous avons fait et ce que nous avons
livré à la population du Québec avec des allégements fiscaux qui sont maintenant excédentaires de
3 milliards par année. Donc, quand on fait un calcul, une extrapolation,
c'est relativement facile, mais, quand on
considère l'ensemble du débat, je
pense que la gestion de la machine gouvernementale n'est pas une mince
affaire, M. le Président. Je pense qu'il faut bien le comprendre et je pense
que certains de ces éléments-là illustrent, finalement, comment on agit à
l'égard des services qui sont donnés à la population.
Donc, on a beaucoup
de chemin qui a été parcouru. Le gouvernement a remis la maison en ordre, et la contribution
santé a été complètement abolie, comme on
avait dit qu'on le ferait. Le ministre a tenu parole et a livré, à l'avance de
son échéancier, les promesses qui avaient été faites.
Le
gouvernement a aussi voulu partager les fruits de la
croissance économique en baissant les
impôts de tous les Québécois.
Une autre
variable qui était très importante, et je dois dire qu'il y a, ici, un élément
très important, c'est que la confiance
que le marché du travail et de l'entrepreneuriat et de l'industrie ont été
rassurés. Et, en étant rassurés, ils ont décidé d'investir, et le Québec, tout d'un coup, s'est retrouvé avec une
croissance économique accélérée, avec une demande intérieure en forte
croissance, à un point tel qu'aujourd'hui on est à court de main-d'oeuvre.
Donc, M. le
Président, nous avions des prévisions raisonnables dans un contexte historique
du Québec et nous nous sommes
retrouvés avec des croissances économiques très largement supérieures à ce que
l'on s'attendait, ce qui nous a permis
de dégager des manoeuvres et un degré de liberté supplémentaires, et, encore
là, je dois le dire, c'est grâce à notre ministre des Finances, qui a su bien doser les changements, les
modifications et la modernisation de l'État, auxquelles nous avons,
aujourd'hui, un avantage très net.
Donc, je peux
comprendre la deuxième opposition d'aspirer à cette espèce d'état de situation
qui peut lui paraître très simple,
mais qui relève d'un facteur très simple, on appelle ça la compétence. Et ne
sous-estimez pas la valeur de ce simple
paramètre là, qui est, en fait, l'élément le plus critique dans l'élaboration
d'un système ou d'une structure aussi complexe que la gestion financière
du gouvernement du Québec, M. le Président. Donc, les taux d'imposition se sont
vus réduits. Les exemptions de base sur
l'évaluation foncière ont été réduites. Le régime du soutien de revenu offert
par le gouvernement a réuni des conditions propices pour accéder au marché du
travail avec des mesures qui récompensent davantage
l'effort du travail. Et nous n'avons pas terminé, M. le Président, nous sommes
dans l'élaboration d'une série de corrections qui vont permettre à la
société de s'améliorer.
Et, pour vous
donner des mesures simples dans ça, je vous donne l'exemple de la qualité de
vie de nos familles, de la
possibilité, pour nos travailleurs expérimentés, d'avoir des crédits d'impôt
qui leur permettront d'avoir un travail à temps partiel. Et, vous savez, quand vous regardez l'équilibre famille-travail
et les travailleurs expérimentés, on a une espèce d'élément complémentaire qui peut nous permettre
à, un, de profiter d'un peu plus de temps pour leurs enfants, leur
famille, leur conjoint, conjointe, et, de
l'autre côté, des travailleurs expérimentés qui peuvent encore participer, si
on veut, à notre société
d'aujourd'hui, tout en contribuant des décennies de travail professionnel à qui
nos jeunes peuvent vraiment tirer des bénéfices d'apprentissage très
importants. Encore là, M. le ministre, merci.
Donc, de
soutenir les familles, les aînés, d'améliorer le régime de soutien du revenu à
l'égard des plus démunis, c'est
encore des mesures dans lesquelles nous sommes en train d'évoluer. Et, avec
notre Plan d'action gouvernemental
pour l'inclusion économique et la participation sociale, qui est en
exécution actuellement, le gouvernement sortira plus de 100 000 personnes de la pauvreté d'ici
2023. La hausse du salaire minimum et la conjoncture économique
permettront à un autre 162 000 personnes de moins de vivre sous le
seuil de la pauvreté.
Donc, M. le
Président, quand on parle d'un budget économique comme celui du gouvernement
actuellement, c'est bien beau de
parler des sous, de parler de l'arithmétique, mais il y a quand même une
incidence fondamentale sur la qualité des
services et le déploiement de ce capital, O.K., qui... non seulement on a mis
100 milliards dans le PQI, on a adressé une série de vecteurs, dont je vais expliquer seulement quelques-uns,
pas l'ensemble, là, parce qu'on n'aura pas le temps de le faire aujourd'hui. Mais il est très important
de réaliser que c'est fondamental d'être responsable non seulement pour
la collecte de l'argent, mais de définir les crédits avec une grande précision
et d'élaborer des plans pour que l'ensemble de la société profite de cet argent
qui est reçu par le gouvernement.
Et, avant de
poser ma question au ministre, je voudrais aussi terminer en disant que
l'élaboration... parce qu'hier on a
critiqué un peu le fait que, dans le futur, la croissance des dépenses va se
réduire. Il faut bien être réalistes, et je crois que le ministre a été prudent dans sa croissance
économique, parce que, vous le savez, si on fait face à une récession et
qu'on s'engage avec une croissance
économique de 2,5 % ou 3 % et qu'il y a un ralentissement, il y a une
pénalité financière très réaliste... L'inverse de planifier un peu plus
de façon conservatrice et d'avoir des meilleurs résultats a pour effet d'encaisser, de permettre de réduire encore plus
la taxation et de réduire notre dette. Donc, je crois que la prudence
est de rigueur et que cet exercice-là est très bien fait.
Donc, M. le
Président, j'aimerais que le ministre des Finances nous explique comment ces
mesures augmenteront le revenu disponible des Québécois.
Le Président (M. Bernier) :
Il vous reste trois minutes.
M.
Leitão : Fameux, M. le Président, très bien. Écoutez, ces mesures vont
augmenter le revenu disponible des Québécois
de plusieurs façons, principalement en contribuant à un bon fonctionnement du
marché du travail, donc les personnes
vont être au travail, les salaires sont à la hausse. Donc, le revenu brut
augmente, croît. Et, en même temps, nous avons diminué le fardeau fiscal, nous avons diminué les impôts. C'est
clair que ce sont seulement les personnes qui paient des impôts qui peuvent bénéficier d'une réduction
d'impôt, c'est clair, mais c'est important qu'elles puissent le faire.
Et, à cet égard-là, permettez-moi aussi de
mentionner... c'est parce que ça illustre très bien notre approche,
c'est-à-dire, nous faisons ces
choses-là, nous réduisons le fardeau fiscal, nous améliorons, donc, le revenu
disponible des Québécois avec les moyens que nous avons, pas avec des
moyens imaginés.
Et l'exemple
que vous avez mentionné, celui de l'abolition de la taxe santé, est un exemple
parfait. Pourquoi? Parce que, dès
notre arrivée, dans le budget, je pense, de mars 2015, on avait déjà
commencé à envoyer le signal, on s'était déjà engagés à commencer à réduire la taxe santé, mais on le faisait, à
ce moment-là, à la mesure... à l'intérieur de notre capacité de le faire. Ça allait prendre plusieurs
années, parce que c'était, donc, la chose responsable et prudente à
faire, parce qu'on ne voulait pas non plus
alimenter de faux espoirs, on ne voulait pas surtout réduire les revenus de
l'État et nous remettre à nouveau en
déficit, ce n'était pas ça qu'on voulait faire. Donc, on l'a annoncé, mais
étalé sur un certain nombre d'années. Dans des budgets subséquents, on a toujours retranché
une année, donc l'élimination de la taxe santé arrivait une année plus tôt, arrivait une année plus tôt, de telle façon
que, dans le dernier budget, maintenant, elle est abolie, même rétroactivement. Donc, on l'a abolie
complètement. Alors, c'est ça, notre approche responsable en finances publiques.
Oui, c'est
important de réduire le fardeau fiscal des Québécois pour améliorer le revenu
disponible et aussi parce que nous
avons... et c'est tout à fait vrai, nous avons toujours un fardeau fiscal
élevé. Mais pourquoi nous avons un fardeau fiscal élevé? En grande partie parce que nous avons... deux choses
aussi. Nous avons une dette qui est encore très élevée, donc une partie importante des revenus de l'État,
presque 10 milliards de dollars, s'en vont au service de la dette, alors
ça limite ce qu'on peut faire. Et aussi nous
avons un panier de services publics qui est pas mal plus généreux et plus
fourni que, par exemple, nos voisins en
Alberta, alors on doit avoir les revenus nécessaires pour financer ces
paniers de services publics. Et troisièmement...
• (12 h 40) •
Le
Président (M. Bernier) : ...vous aurez l'occasion de revenir avec votre troisièmement un petit peu plus tard. Nous allons passer du côté de
l'opposition officielle, alors, M. le député de Rousseau, la parole est à vous.
M.
Marceau : Oui. Merci, M. le Président. Alors, bonjour, tout le
monde. Je voudrais parler de commerce
électronique et peut-être demander, pour commencer, au ministre de
prendre la page B.17 des renseignements supplémentaires.
M. Leitão : P.17?
M.
Marceau : B. B, comme dans
Bécancour. Alors, dans le tableau B.5, il y a la perception de la TVQ
par les entreprises numériques hors Québec à compter du 1er
janvier 2019. Je voudrais savoir quelle part, enfin, quels sont les montants qui sont associés aux biens tangibles,
aux biens corporels dans ce tableau-là? Il y a une ligne qui parle de
films, musique et magazines, et une autre ligne qui parle de autres, mais je
n'étais pas au clair sur ce qui était quoi dans ce tableau-là.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : Ceci, ce sont juste
les services, on ne prend pas en considération une plus grande récupération de
la part des biens physiques, là, le chandail de notre collègue.
M. Marceau : Il y a zéro tangible
là-dedans.
M. Leitão : Pardon?
M. Marceau : Il n'y a rien pour
les...
M. Leitão : Non, pour les biens
tangibles, non.
M. Marceau : Est-ce que vous avez un
tableau équivalent pour les biens tangibles?
M.
Leitão : Non, on n'a pas de
tableau équivalent pour les biens tangibles, parce que c'est... nous avons...
dans notre rapport qu'on avait fait, on
avait calculé les pertes fiscales totales pour le commerce électronique,
incluant les biens tangibles. On
avait évalué ces pertes fiscales totales à la hauteur, je pense, de 270 millions de dollars. Ça, ça inclut tous les... oui, c'est ça, 270 millions. Ce qu'on a indiqué ici, comme un
estimé d'une récupération fiscale possible et, à notre avis,
conservatrice, c'est ce qu'on va aller récupérer du côté des services
numériques, parce qu'on va procéder avec les changements législatifs qui vont
obliger les entreprises qui fournissent ces services à s'inscrire.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M.
Marceau : C'est les biens tangibles qui m'intéressent, là. Pour les
biens tangibles, c'est 200, hein, en passant, biens corporels hors
Canada, 158, et, ailleurs au Canada, 42. Ce n'est pas 170, c'est 200, le
chiffre.
M. Leitão : Le total, c'est 266.
Parce que vous avez les biens corporels...
M. Marceau : Non, non, je vous parle
des biens tangibles, je vous parle des biens tangibles
M. Leitão : Pardon?
M. Marceau : Je vous parle des biens
tangibles, des biens corporels. C'est 200, n'est-ce pas?
M. Leitão : C'est ça, incluant ce
qui est hors Canada et ce qui est au Canada, oui.
M.
Marceau : Alors, deux choses : présentement, vous avez, au moment
de la Commission des finances publiques, déposé un tableau, votre sous-ministre et puis M. Ducharme ont déposé
des tableaux. Il y en a un qui s'appelle — je vous le
montre ici — Perception
des taxes exigibles sur les transactions électroniques. On avait le détail, là,
d'un test, qui avait été réalisé par Revenu
Québec puis qui disait que 13,3 % des taxes hors Canada étaient récoltées.
Moi, j'aimerais savoir :
Qu'est-ce que ça représente, la récolte des taxes sur les biens tangibles,
présentement, au Québec, qui sont vendus par des entreprises hors
Canada?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Bon, peut-être je...
pour répondre à cette...
M. Marceau : Je vais vous donner
deux questions, deux questions... comme ça, on va aller plus vite, là. Premièrement, présentement, il y en a, de toute évidence, il y en a,
puisque, dans les tests qui ont été effectués par Revenu Québec,
on dit que 13,3 % des biens corporels vendus par des entreprises
hors Canada par transactions électroniques... dans 13,3 % des cas, on récolte. Alors, j'ai deux questions
très simples. La première, c'est : Combien ça rapporte aujourd'hui?
Et surtout : Combien ça va rapporter dans le temps? Comment ça va évoluer
dans le temps?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Comment ça va évoluer dans le temps, ça va dépendre de
l'efficacité de... pour les biens corporels en général, ça va dépendre du résultat, de l'efficacité du projet pilote
qu'on met en place présentement avec Postes Canada, parce que nous sommes d'avis, et c'est d'ailleurs
l'avenue suggérée par l'OCDE, que ce contrôle-là, cette récupération-là
doit se faire à la frontière.
Donc, on n'a
pas inscrit de montant dans le budget, parce qu'on ne veut pas non plus
inscrire des montants pour lesquels
on n'a pas une forte conviction qu'on peut aller chercher. Dépendamment des
résultats du projet pilote dans un budget
subséquent, là, on pourra avoir des... beaucoup plus précises. Mais le
contrôle, à notre avis, doit se faire à la frontière.
Pour ce qui
est des biens, donc, d'autres entreprises... d'autres fournisseurs qui n'ont
pas une présence physique au Québec mais qui sont canadiens... au
Canada, là aussi, on a annoncé des... Présentement, on récupère 81 % et on
va adopter... on va proposer des mesures législatives qui vont forcer ces
entreprises-là aussi à s'inscrire, et donc on va augmenter ce pourcentage-là.
Le Président (M. Bernier) : M. le
député.
M. Marceau :
Vous savez que, bon, la première des choses, évidemment, c'est que je trouve
qu'on devrait, au moins, avoir le
chiffre sur le montant présentement récolté. Avec les 13,3 % de cas où on
récolte, cette information-là est disponible. Je ne comprends pas très
bien...
M.
Leitão : Oui. Excusez-moi, je ne vous ai pas mentionné. Oui, oui,
c'est 24 millions de dollars... 13,3 % des biens corporels
hors Canada, c'est 24.
M.
Marceau : Et donc, quand vous dites... Puis on constate, dans le
tableau de la page B.13, là, ou le tableau B.3, puis, en fait, c'est un tableau qui avait déjà été
déposé, qu'il y a 158 millions qui échappent au gouvernement
présentement. Si je comprends bien, ça
représente... enfin, de toute façon, c'est 58,6 % des pertes présentement.
Et puis, pour ces 58 % des pertes, là, quasiment 60 %,
essentiellement, on maintient le statu quo. On a un projet pilote dont on n'a
aucune idée de ce qu'il va rapporter.
M.
Leitão : On a un projet pilote, et les projets pilotes servent à
déterminer qu'est-ce qu'on va récupérer. Je pense que ça aurait été présomptueux de notre part de
vous dire : On va aller récupérer x millions de dollars grâce à ce
projet pilote. On va le faire, le projet
pilote, et, une fois qu'on aura les résultats, à ce moment-là, oui, on pourra
avoir une réponse beaucoup plus précise. Mais, aujourd'hui, on ne
pourrait pas le faire.
M. Marceau : ...seconde sur votre
projet pilote, là. Mais savez-vous qu'au Japon les entreprises qui vendent des biens tangibles sont inscrites en taxes, de la
même manière que vous voulez le faire pour les biens incorporels, entre
autres eBay, Amazon, sont inscrits en taxes là-bas. Pourquoi est-ce que ce qui
est bon pour le Japon, qui est membre de l'OCDE, ce n'est pas bon pour le
Québec?
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le ministre.
M. Leitão : Bon, l'OCDE nous
suggère, nous, c'est-à-dire à tout le monde, que la façon la plus efficace de
percevoir une taxe de vente — parce qu'on parle ici d'une taxe de vente...
une taxe, ça va la rajouter — c'est un bon et un meilleur contrôle à la frontière. Bon. D'autres pays... Le Japon a
probablement choisi un autre chemin, tant mieux pour eux. On verra bien quel va être le succès de cette
approche-là. D'ailleurs, nous l'avions aussi très bien indiqué dans nos documents, qu'on fait ce projet pilote. Nous
sommes confiants que ça va donner des résultats. Mais c'est pour ça que
c'est un projet pilote. Après ça, on verra. S'il y a d'autres façons, s'il y a
d'autres moyens de le faire, on évaluera.
M.
Marceau : Pourquoi? Je m'excuse de vous interrompre, mais... parce que
j'essaie d'aller rapidement, là, de...
Le Président (M.
Bernier) : Oui, oui. Je vous laisse aller tant que ça va bien.
M. Marceau : Oui, oui. M. le
ministre, vous ne dites pas pourquoi ce qui est bon pour le Japon n'est pas bon
pour le Québec.
Puis je
reviens à l'approche que vous utilisez. Présentement, le contrôle des
frontières permet de récolter 13 %. Le projet pilote, il a besoin d'être vigoureux, hein, très, très
vigoureux, très, très efficace pour qu'on passe de 13 % à quelque
chose qui est raisonnable. L'approche actuelle, de toute évidence, elle ne
fonctionne pas. 13 %, là, c'est que... quand qu'il y a 86,7 % de ce
qui passe à la frontière échappe au gouvernement. Le Japon, qui est quand même
une société développée, dans lequel le
commerce électronique est très avancé, eux autres, ils ont choisi ça. Puis d'autres
pays, hein? Il n'y a pas seulement le Japon, je vous ai donné l'exemple
du Japon, parce que la source, c'est de l'Institut du Québec. Allez-y si vous
avez une...
• (12 h 50) •
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Oui, parce que
j'ai une précision qui me semble qui était très appropriée à cet exemple-là. Ce
que le Japon fait, en fin de compte, c'est
de faire ce que vous avez dit pour les biens qui sont d'une valeur inférieure à
115 $, l'équivalent de 115 $. Pourquoi? Parce que le 115 $ ou
l'équivalent de 115 $, c'est le montant, au Japon, de produits «duty free», le minimum. Au Canada, ce montant-là,
c'est 20 $. Donc, c'est très bas. Donc, c'est pour ça que, pour
nous, c'est le contrôle à la frontière. Au
Japon, pour les biens qui ont une valeur d'au-delà de 115 $, la perception
de la taxe se fait à la frontière.
Le Président (M. Bernier) : M. le
député.
M. Marceau : Je vous entends très
bien, mais l'idée d'un seuil, moi aussi, ça m'apparaît quelque chose de raisonnable. Si vous aviez convenu qu'on met un
seuil, puis qu'en bas de ce seuil-là on passe par les frontières, puis
qu'au-delà de ce seuil-là on demande aux
entreprises de s'enregistrer en taxes, je ne serais pas en train de vous
interroger, là. Je vous interroge parce que,
de toute évidence, quand on perd 86 % des recettes, il y a quelque chose qui ne marche pas, puis de
vouloir poursuivre avec une approche qui ne marche pas... même en l'améliorant,
là, écoutez, mettons que doublez l'efficacité de l'approche actuelle,
là, ce qui serait vraiment quelque chose de très, très, très grande
amélioration de la performance des douanes
canadiennes, là, doublez, mettons, bien là, on serait encore toujours
juste à 26,6 %, les trois quarts ou à peu près de ce qui passe à la
frontière va nous échapper. Ça, c'est si vous doublez l'efficacité des douanes canadiennes. Permettez-moi d'en douter. Ça fait que je vous réitère : Pourquoi est-ce que... Parce que,
si vous voulez aller avec un seuil, moi, je n'aurai pas de problème, on
discutera du seuil. Mais l'approche que vous avez choisie, ça ne fonctionne
pas, là.
M. Leitão : Mais l'approche qu'on a
choisie...
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : Merci. L'approche qu'on
a choisie, c'est l'approche qui est recommandée par l'OCDE, c'est l'approche que tous les grands pays suivent. Pour
ce qui est des seuils, le seuil de l'exemption pour l'importation de
biens «duty free», sans payer de droits de
douane, c'est un accord international que le Canada a signé. Nous ne
pouvons pas, nous, unilatéralement,
changer ces seuils-là. Ce n'est pas le Québec qui peut faire ça. D'ailleurs, et ça a toutes
sortes d'autres possibles
conséquences si on commence à changer avec les seuils. Vous savez très bien
que, dans le cas de la négociation de
l'Accord de libre-échange avec les États-Unis, la partie américaine, eux, ils veulent justement
mettre un seuil beaucoup plus élevé et qui n'est pas tout à fait dans
l'intérêt national.
M. Marceau : Je vais vous
arrêter.
7289 M. Marceau : Je vais vous arrêter.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
le député.
M.
Marceau : Je vous arrête tout de suite parce que le seuil que vous auriez pu utiliser, qui aurait
été différent du ministre, c'est celui des ventes d'une entreprise, tout
simplement. C'est de dire... parce
que je comprends qu'il y a beaucoup, beaucoup de vendeurs dans les
biens tangibles, puis certains y sont très nombreux, sont répartis, certains
n'ont pas des gros volumes d'affaires
avec les Québécois... vous auriez pu aller, de la même façon que vous
le faites pour les biens intangibles et
incorporels, vous auriez pu établir un seuil de vente pour les entreprises qui
vendent, au Québec, des biens tangibles. Et, plutôt que de vous... pour une raison qui
m'échappe, là, je continue de le dire, là, vous auriez pu mettre un seuil,
comme vous le faites pour les biens
intangibles en volumes de vente et aller vers une approche d'obligation
d'inscription en taxes pour assurer une certaine équité pour les
entreprises québécoises.
Présentement,
vous savez très bien que les commerces québécois, dans les centres d'achats, sur les rues
principales sont en train de mourir en grand
nombre. Il y en a 2 000 qui ont fermé l'année dernière, de se
rabattre sur une approche inefficace
comme celle des frontières, là, moi, ça m'échappe complètement. Je comprends,
là, cette idée que les très, très petits
vendeurs qui vendent des biens qui sont de faible valeur, c'est compliqué
d'aller les chercher, je comprends ça, il n'y a personne qui n'est fou
nulle part, là, tout le monde comprend ça autour de la table, je suis certain.
Une voix :
Amazon.
M.
Marceau : Mais pour des...
pour Amazon, mettons, hein, mon collègue me dit Amazon, qu'est-ce qui
nous empêche d'obliger d'inscrire dans la loi que les vendeurs étrangers pour
les grands volumes sont obligés de s'inscrire en taxes? Qu'est-ce qui nous
empêche de faire ça? Je ne le comprends pas.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M.
Leitão : C'est une question qui a été amplement analysée, discutée
dans notre rapport sur le Plan d'action pour assurer l'équité fiscale. Nous avons examiné — nous, c'est-à-dire le ministère des Finances
et Revenu Québec — nous avons examiné ce
qui se fait ailleurs. Ce qui nous est proposé par des agences comme l'OCDE, et
le moyen le plus efficace et le plus
utile pour s'assurer qu'il y ait une perception de la taxe de vente, c'est le
contrôle à la frontière. C'est ça qui donne le plus de résultats.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Marceau :
Parlons de votre projet pilote maintenant si vous voulez bien, là. C'est quoi,
l'objectif du projet pilote? Qu'est-ce
qui serait... quelle augmentation du 13,3 % actuel, là... à partir de
combien allez-vous trouver que le projet pilote a fonctionné? Qu'est-ce
que ça vous prend, là, de 13.3 % à combien, pour que vous disiez, là :
Ça, c'est l'approche qu'il nous faut? Parce
que... O.K., ou je vais le redire autrement. Le 13.3 %, je ne peux pas
croire que vous trouvez ça efficace.
Hein, vous ne trouvez pas ça efficace puisque vous mettez en place un projet
pilote pour améliorer le chiffre. Ça fait qu'à partir de quel chiffre
est-ce que vous allez être heureux, satisfait et considérer que vous prenez la
bonne direction?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
Écoutez, on pourrait mentionner plusieurs, plusieurs chiffres, plusieurs, plusieurs
objectifs, cibles, mais, clairement,
si on est capable de s'approcher des cibles et du résultat que nous avons
maintenant pour ce qui concerne les fournisseurs de produits canadiens
mais ailleurs qu'au Québec, donc les fameux 83 % ou 81 %, si on s'approche
des 81 %, là, nous jugeons que ça porte fruit.
M. Marceau :
Bien, regardez... O.K. je vais être d'accord avec vous si on serait à
81 %, moi aussi, O.K.? Mais je pense
que, là, vous êtes dans un monde imaginaire, M. le ministre. Puis je ne le dis
pas méchamment. Mais, regardez, les douanes
canadiennes... même le syndicat, je pense, des douaniers est sorti pour dire
que c'était une véritable passoire, que tout passait tout droit, les volumes sont gigantesques. Puis, regardez,
je ne sais pas combien vous avez prévu d'acheter de machines à
Douanes Canada, là, mais ça va en prendre beaucoup, là, des machines, là.
Je ne sais pas... Vous pouvez peut-être nous donner des détails, parce que,
moi, j'ai de la... C'est quoi, votre projet pilote exactement, là?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : Écoutez, ce que j'aimerais aussi mentionner... On
va y arriver. Mais ce que j'aimerais aussi mentionner, c'est que c'est, cette question de projet
pilote... on ne va pas non plus baisser les bras. C'est-à-dire, il faut qu'on
comprenne aussi que, le contrôle à la
frontière, c'est de juridiction fédérale. Donc, on ne veut pas non plus que le
gouvernement fédéral ne joue pas son
rôle. C'est le gouvernement fédéral qui doit jouer son rôle de mieux contrôler
et de s'assurer que cela est fait.
Nous, ce que nous... donc, ça, c'est la première chose, d'abord, qu'il fasse
ça, qu'il prenne la responsabilité et qu'il s'assure que le travail est
fait convenablement.
Maintenant,
comment ce travail serait fait convenablement? Un des moyens, c'est ce projet
pilote maintenant avec Postes Canada pour améliorer la perception
de la taxe. Donc, l'examen, l'examination des colis qui passent. Là, les paramètres ou les critères sont en train d'être...
pas les critères, mais les paramètres du projet sont en train d'être
discutés, négociés entre Revenu Québec
et Postes Canada pour précisément nous dire combien de personnes, combien
de machines, combien tout ça va se
faire. Le travail se fait maintenant entre Revenu Québec et
Postes Canada. Je n'ai pas de réponse directe parce que la
discussion se fait maintenant.
M. Marceau :
O.K. Mais juste pour qu'on sache un peu, là, vous prévoyez possiblement fournir
des montants d'argent pour payer des machines supplémentaires ou bien
payer des montants supplémentaires pour qu'on puisse embaucher plus de gens? Mais enfin j'imagine que c'est une combinaison
des deux, en fait, là. Je ne peux pas voir... hein, c'est hautement intensif... mais enfin je pense
qu'il y a beaucoup de capital là-dedans à mettre, là, mais il y a
certainement aussi une part de
main-d'oeuvre. Est-ce que vous pouvez juste nous donner des détails là-dessus?
Sans me dire les chiffres, là, mais me dire les principes, là.
M. Leitão : Non, non, non, et
je comprends et vraiment je ne peux pas vous donner ces détails-là parce que je ne les ai pas. C'est en train de... et
Revenu Québec est présentement en train d'en discuter, et les pourparlers
sont assez avancés, d'en discuter
avec Postes Canada pour voir exactement combien de personnes, combien de
machines, où on va les mettre, qui va faire quoi.
Le Président
(M. Bernier) : Merci.
M. Marceau :
Puis combien de temps vous donnez-vous... pas pour mettre en place le projet
pilote... mais combien de temps ou
combien de centaines ou de milliers d'entreprises vont devoir fermer avant
qu'on se rende compte que le projet pilote a été fructueux ou pas?
Le
Président (M. Bernier) : Mais on va avoir l'occasion d'y revenir,
M. le député de Rousseau, puisque, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
Le Président (M. Bernier) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous allons reprendre nos travaux. Je veux simplement
vous rappeler que...
Des voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Je
veux simplement...
Des voix : ...
Le
Président (M. Bernier) :
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission est réunie afin de poursuivre le débat sur
le discours du budget, conformément à l'article 275 du règlement.
Et la parole est à la partie ministérielle.
Donc, M. le député de Trois-Rivières. Oui, allez-y.
M. Girard : Merci,
M. le Président. Donc, ce matin,
j'avais débuté une intervention. Malheureusement, j'ai manqué de temps. Le temps passe très,
très vite. Donc, je...
Une voix : ...
M. Girard : On a un autre 20 minutes supplémentaire.
Donc, je mettais en perspective le budget, comment ce budget équilibré nous
permettait de prendre les bonnes décisions et de réinvestir dans les services, également
de réduire la dette, de réduire les
impôts des contribuables. Mais j'avais terminé mon intervention sur les marchés
financiers et sur les impacts des
marchés financiers pour les prochaines années, et comment il est important pour
un gouvernement de bien gérer les finances publiques pour
faire face à ce que le marché financier peut nous réserver comme surprises pour
le futur.
Je mentionnais ce matin, et c'est ce qu'on
risque de voir dans les prochaines années, une augmentation potentielle du taux d'intérêt qui va faire en sorte que le coût sur les emprunts risque d'augmenter. D'où l'importance
de réduire la dette du Québec, pour ne pas être pris avec une augmentation de
nos coûts d'emprunt. Également, j'avais mentionné
que, depuis les dernières années... 2017, entre autres, a été une année
où le PIB a été extrêmement
intéressant pour le Québec.
La croissance économique est très bonne. Les exportations sont en hausse.
Bref, ça va très,
très bien au niveau économique. Donc, ce sont des bonnes années. C'est
le temps durant ces années de prendre des décisions d'investissement au niveau de nos services, de prendre des décisions de
réduction d'impôt. Mais il faut également prévoir que nous n'aurons pas
toujours des aussi bonnes années au niveau économique.
Le marché
fait en sorte qu'il y a des hauts et des bas. Des crises économiques peuvent survenir.
Il peut y avoir, comme a connu dans
les années précédentes, des crises qui vont venir rendre la gestion de l'État
plus ardue, où on aura à faire face à
des défis potentiels au niveau de la gestion des finances publiques en fonction
de la teneur des crises, en fonction de
l'ampleur de ces crises-là que l'on pourrait connaître dans le futur, d'où
l'importance, lorsque nous avons des bonnes années, de faire les bons
choix, de vraiment prendre des choix qui vont nous permettre de bien se
positionner.
Je regardais, ce matin, entre autres, les
différents commentaires des firmes de notation de crédit. Je prends l'exemple de Moody's, entre autres, et de DBRS,
dont j'ai les deux rapports, ici, entre les mains. Ce sont deux firmes
de cotation de crédit bien en vue, qui vont
coter autant des entreprises privées, que des gouvernements, que des
administrations publiques. Et les
commentaires sont très élogieux par rapport à l'administration des finances
publiques du Québec, par rapport à
l'administration de mon collègue ministre des Finances. Et notre façon de
gérer, je suis convaincu, nous permet de se prémunir et de se mettre à
l'abri d'un marché financier qui pourrait, dans les prochaines années, être
plus difficile.
Les jeunes, les générations qui vont nous suivre
n'ont pas à payer pour des décisions d'aujourd'hui. Le défi intergénérationnel, pour moi, est très important,
c'est-à-dire que nous ne devons pas laisser des dettes,
prendre des décisions qui vont faire en sorte que les générations futures auront à payer pour les décisions d'aujourd'hui, d'où l'importance de
gérer de façon rigoureuse.
Donc,
j'aurais une question pour le ministre, on va le faire parler un petit peu. M.
le ministre, la bonne gestion des quatre
dernières années nous a permis de générer des surplus, d'avoir de l'argent
disponible, mais comment, M. le ministre, on se prépare, à l'heure actuelle, pour les années à venir, à faire face
à ce que le marché peut nous réserver? Quelles sont nos prévisions pour
les trois, quatre, cinq prochaines années au niveau économique, au niveau de
croissance du PIB, au niveau
de croissance économique, au niveau de nos exportations, hausse potentielle du
taux d'intérêt, etc.? Comment ces variables
économiques là peuvent avoir un impact sur la gestion du budget du gouvernement
du Québec, par ricochet un impact sur
nos citoyens au Québec, qui paient les impôts, qui ont des prestations de
services ? Donc, comment on voit les prochaines
années et comment on se prépare à faire face aux prochaines années au niveau du
gouvernement du Québec?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup. Alors, écoutez, c'est une très
bonne question. Ça me permet d'adresser quelques enjeux que je trouve
qu'ils sont importants, qu'on doit tenir en considération.
Tout d'abord,
quand on, donc, fait face, par définition, on fait face à l'avenir, donc face à
l'inconnu, on doit être prudents, on
doit adopter des perspectives ou des hypothèses de croissance économique qui
soient prudentes et réalistes. Alors,
quand, dans notre cadre financier, dans nos documents budgétaires, nous
avons... Soit dit en passant, nous avons une perspective sur cinq ans, et ce n'est pas du tout un enjeu politique, on
ne fait pas ça pour réduire quelque marge de manoeuvre que ce soit de quelque gouvernement futur que ce soit. Ce sont
les bonnes pratiques, la bonne pratique d'avoir une planification financière à moyen terme, c'est ce que les grandes
agences internationales nous suggèrent de faire, et donc c'est ce que
nous faisons de façon déjà systématique au Québec depuis un certain nombre
d'années.
Alors, quand,
dans notre cadre financier, nous avons des hypothèses de croissance économique qui
sont réalistes et conservatrices,
cela est nécessaire d'un point de vue prudentiel, pour nous assurer que nos
perspectives de croissance des revenus
soient réalistes, elles aussi. Et ça m'a un peu préoccupé quand j'ai entendu
nos collègues de la deuxième opposition, surtout, dire que, voilà, dans notre budget, c'est la preuve qu'on
manque d'ambition, parce que nous avons un taux de croissance du PIB à, je ne sais pas moi,
1,5 % en 2020. Mais c'est la chose à faire, c'est la chose prudentielle à
faire. Bien sûr qu'on souhaite avoir un taux de croissance bien plus
élevé que ça, mais on ne peut pas bâtir un cadre financier basé sur les
hypothèses qui sont trop agressives, parce que l'avenir est extrêmement
incertain ces jours-ci.
Et pourquoi
il est incertain ces jours-ci? Pour plusieurs raisons. Il y a des raisons
surtout externes, mais il y a aussi un
très grand facteur interne, domestique, qui est important. Pour ce qui est des
facteurs externes, sur lesquels on n'a pas de contrôle, mais que nous devons composer avec cette incertitude-là, c'est
surtout, d'abord, la réalisation que nous nous trouvons maintenant à un point, dans le cycle économique mondial, qui est
pas mal proche du sommet du cycle. L'économie
est cyclique, ces choses-là arrivent. Donc, c'est fort probable que, dans les
années qui vont suivre, relativement à
court terme, les deux, trois prochaines années, on assiste à ne serait-ce qu'à
un ralentissement. Ça pourrait même être plus qu'un ralentissement, mais disons un ralentissement de l'économie. Parce
que penser qu'on peut maintenir un taux de croissance du PIB à 3 % par année chaque année pour une longue
période, ça ne marche pas. Donc, on est au sommet ou proche du sommet du
cycle économique, donc il faut être prudent quand on regarde l'avenir.
• (15 h 10) •
Ça veut dire aussi qu'étant proche du sommet
partout dans les pays de l'OCDE, ça veut dire aussi que c'est fort probable, c'est même très probable que, dans
les années à venir et déjà à partir de cette année, on commence à faire
face à une période où les taux d'intérêt vont être plus élevés. Puisqu'on est
au sommet du cycle, puisqu'on a des... Donc, l'utilisation
de la capacité est pas mal au maximum aussi, donc les pressions inflationnistes
vont commencer à se manifester un peu ici et là, donc ça veut dire que
les taux d'intérêt vont commencer à augmenter.
Alors, encore
une fois, on sait très bien, quand les taux d'intérêt augmentent, si
l'augmentation se fait de manière modeste
ou graduelle, on peut très bien gérer ça, mais, si ça va un peu plus vite que
ça, ça pourrait avoir des effets négatifs surtout sur la demande intérieure, surtout sur la consommation des
ménages. Et donc ça nous donnerait une croissance économique, en 2019, 2020, 2021, qui pourrait être
un peu plus faible et aussi des paiements du service de la dette, des paiements d'intérêt qui seraient aussi plus élevés
puisque les taux augmenteraient. Et ça, il y a une forte probabilité
que, dans les années à venir, les taux augmentent.
D'ailleurs, dans nos documents budgétaires, nous
avons déjà incorporé une hausse de taux d'intérêt. À la page E.47 de nos documents, on voit très bien que nous pensons déjà que,
cette année, le taux directeur de la Banque du Canada finira l'année à 1,75 %, qu'en 2019 on passera à
2,25 %, et qu'en 2020 on passera à 2,75 %. Donc, on a déjà
bâti dans nos... et ça, c'est le taux
directeur de la banque centrale... donc, on a déjà bâti, dans nos perspectives,
des hausses de taux d'intérêt, ce qui
va contribuer à ralentir un peu l'économie et, en même temps, faire augmenter
les versements qu'on fait sur la
dette. Ça, on a déjà pris ça en considération dans notre cadre budgétaire. Et
c'est pour ça aussi qu'on voit que le taux de croissance du PIB
québécois va ralentir dans les années à venir.
Il y a aussi toutes sortes d'enjeux,
d'incertitudes sur le commerce extérieur, la renégociation de l'ALENA, et tout ça, donc il y a plusieurs sources
d'incertitude externes. Mais il y a aussi un grand facteur interne propre au
Québec qui fait en sorte aussi qu'il faut
qu'on soit prudents dans nos prévisions de croissance économique, et ce
facteur-là, c'est la démographie.
Nous avons une démographie qui est très particulière et nous savons déjà... et
la démographie, ce n'est pas très difficile
à prévoir, on n'a qu'à regarder le nombre de personnes dans certains groupes
d'âge, et donc on peut déjà anticiper que
la population active, donc le nombre de personnes en âge de travailler, 15-64
étant ce groupe d'âge là qui constitue la population active, on peut d'ores et déjà anticiper que ce groupe-là va
diminuer, ce n'est pas une croissance plus lente, va diminuer dans les années à venir. Et sachant que
la croissance économique est très simplement le produit du capital et de
la main-d'oeuvre, bon, si la main-d'oeuvre
diminue — ce qui
va être le cas dans les prochaines années — si la main-d'oeuvre diminue, il
faudrait qu'on trouve des moyens de compenser cela avec des politiques
proactives pour augmenter la participation au marché du travail et pour
augmenter la productivité.
Donc, oui, on
a mis en place toute une série de mesures qui vont dans cette direction-là, et
nous jugeons que cela aura un effet
bénéfique sur la croissance économique. Mais, encore une fois, quand on bâtit
un cadre financier à moyen terme, on ne peut pas,
aujourd'hui, incorporer, dans un cadre financier, une forte poussée des revenus
basés sur des hypothèses de croissance qui
pourraient s'avérer ou pas. Donc, c'est pour ça qu'il faut être prudent et
c'est pour ça que nous avons ces prévisions de croissance économique qui
sont plus modestes dans les années à venir.
Mais, avec
les mesures qu'on met en place du marché du travail, d'augmenter le taux de
participation, de favoriser l'investissement
des entreprises pour augmenter la productivité, pour favoriser
l'innovation, oui, ce serait probablement... on pense que la croissance économique sera plus forte que ça, mais on ne
peut pas bâtir un cadre financier basé sur ces hypothèses-là, sinon ce
ne serait pas responsable.
Un autre
facteur qui va contribuer à améliorer, donc, la main-d'oeuvre, un terme absolu,
dans notre économie, ce qui est essentiel à la croissance, c'est, bien
sûr, l'immigration. L'immigration joue un rôle très important dans notre économie, et nous avons, dans le budget,
d'ailleurs, une petite section sur l'impact de l'immigration sur l'économie
du Québec. Et on démontre d'ailleurs très
clairement qu'il y a un impact positif sur le PIB du Québec. C'est important
de mentionner cela, M. le Président, parce
que, des fois, on entend des choses, ici et là, que les immigrants, surtout de
nos jours, sont plutôt un poids à l'économie
et ne contribuent pas à la croissance. Or, ce n'est pas du tout, ce n'est pas
du tout le cas. D'ailleurs, dans les calculs que nous avons faits au
ministère des Finances, on indique très bien que, pour un groupe d'immigrants,
disons un nombre de 50 000 immigrants, la contribution de ce nombre-là au
PIB du Québec est de l'ordre de
2,2 milliards de dollars, donc on est à peu près à 0,6 % du PIB.
Donc, 50 000 immigrants, c'est 0,6 % du PIB.
Et ce qu'on
dit qui est encore plus intéressant dans les documents qu'on a dans le budget,
c'est que, si... Et ça, c'est en
partant du principe que le taux de participation au marché du travail de ce
groupe de 50 000 immigrants est celui qu'on constate au cours des
10 dernières années, pour ceux qui sont ici depuis 10 ans, au moins.
Si on met en
place des politiques plus actives de participation au marché du travail, des
programmes plus performants en termes
de francisation et d'autres mesures de gestion de la main-d'oeuvre, gestion des
ressources humaines plus active, et
si on réussit à faire passer le taux de participation au marché du travail des
immigrants qui sont au Québec depuis
moins de 10 ans, si on réussit à augmenter ces taux de participation à ceux qui
sont ici depuis plus que 10 ans, parce qu'il
y a une différence dans le taux de participation, on constaterait une
amélioration significative de sa contribution au PIB québécois, et plus encore si on trouvait un moyen, avec nos mesures
actives de gestion des ressources humaines, gestion de la population
active, à ce que la population immigrante ait un taux de participation
équivalent, égal à celui de la population
née au Canada. Alors là, ce serait de l'ordre de 2,6 %... 2,6 milliards,
donc... de part de contribution au PIB du Québec.
Donc, tout ça
pour dire, M. le Président, que l'immigration, les politiques actives
d'immigration jouent un rôle très important
dans une contribution importante au PIB québécois, et c'est à cet égard-là que
je trouve que les propositions qui nous
ont été faites récemment par nos collègues de la deuxième opposition n'ont
vraiment aucun sens économiquement, parce que, si on décide, comme
semble être le cas, de baisser le nombre d'immigrants choisis par le Québec,
donc d'immigrants économiques, de diminuer à
peu près 50 000 par année, de les ramener à peu près à 40 000 par
année, bon, l'effet de cela sur
l'économie serait un effet néfaste, un effet négatif. On va ralentir davantage
la croissance économique, donc ça n'a aucun sens, ce genre de politique
là.
Alors, il y a des risques auxquels nous faisons
face, des risques qui nous viennent de l'extérieur, des risques financiers, des risques d'incertitude en ce qui
concerne le commerce extérieur. Il y a aussi des risques purement
intérieurs, domestiques, qui nous proviennent essentiellement de notre réalité
démographique et donc qui suggèrent qu'on doive adopter des politiques de main-d'oeuvre beaucoup plus actives que ce que
nous avons eu jusqu'à maintenant, pour qu'on puisse compenser ces effets
négatifs et donc maintenir la croissance économique dans les années à venir à
un rythme plus élevé, mais ça serait
imprudent de bâtir un cadre financier automatiquement en partant du principe qu'on va avoir une
croissance économique du PIB de 2,5 % par année pour les cinq prochaines
années, quand on a de grands doutes que cela puisse être le cas sans mettre en
place ce type de politique que nous avons annoncée dans le budget ici. Voilà.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Bernier) : 50
secondes.
M. Girard : Combien de temps?
Le Président (M. Bernier) : 50
secondes.
M.
Girard : Bon. 50 secondes. Bien, on va pouvoir continuer par la suite,
mais... peut-être lors du prochain bloc. Mais je voulais quand même
apporter certains commentaires par rapport aux firmes Moody's, DBRS, les
institutions financières, que ce soit
Desjardins, la BMO, la CIBC, Scotia,
Valeurs mobilières Banque Laurentienne, le Conference Board, bref, beaucoup de commentaires extrêmement positifs par rapport au budget, oui, mais par rapport à la gestion des quatre
dernières années et par rapport à l'avenir du Québec, comment on se
positionne pour faire face aux défis qui vont... auxquels on va avoir à faire face comme province, comme juridiction dans
les prochaines années. Et, oui, on le mentionne, mais je pense que ça va être important — j'y reviendrai au prochain bloc — de
dire comment des institutions indépendantes, des institutions
financières ont la même opinion que nous par rapport à ce budget-là.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député. Nous allons passer maintenant du côté de M. le député de Granby.
La parole est à vous.
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. Je voulais commencer
immédiatement sur le Fonds des générations, mais je ne
peux pas m'empêcher d'embarquer sur le dossier de l'immigration.
On
va en parler de façon sérieuse — j'ai
la chance d'être devant le ministre — oui,
parce qu'on se fait accuser, depuis des mois, sinon des années, même je vous
dirais même depuis une dizaine d'années... parce que les formations politiques que j'ai représentées depuis une
dizaine d'années se sont toujours questionnées sur la capacité d'intégration, la capacité de réussite, l'intégration de nos immigrants. On a vu, bon an
mal an, dans les dernières années, une moyenne, entre 45 000 et
50 000 personnes qui sont venues au Québec, qu'on a choisies à hauteur d'à
peu près 60 %. On va les appeler des
immigrants qui ont des C.V. importants, qui contribuent à l'essor économique du
Québec. Ce que le ministre ne semble pas dire aux gens qui nous
écoutent, c'est que, sur les 50 000 qu'on aurait reçus l'année passée, il
y aurait 50 000 réussites, donc avec un A, une intégration complète,
parfaite, intégration où ces immigrants parlent français, ils sont sur le marché
du travail, fondent une famille, et
tout ça. C'est ce qu'on souhaite. Ce qu'il ne dit pas, ce qu'il ne vous
dit pas, c'est que sur ces 50 000, année après année, quand on parle
d'émigration, M. le Président, il y a une statistique qui n'est pas rose, qui n'est pas le fun, mais qui dit que 26 % de ces immigrants, au bout de cinq ans,
ont quitté le Québec. Ça, ça veut dire
qu'année après année... les chiffres, c'est entre... on va dire entre 5 000
et 8 000 qui quittent année après année. Alors, qu'on ne me dise pas ici que, quand on en accepte
50 000, que c'est 50 000 réussites. Malheureusement, ce n'est pas
vrai, ce n'est pas vrai.
Donc, se
questionner dans un débat sain, là, à l'Assemblée nationale sans qu'on se fasse
accuser de tous les noms... Bien, M.
le Président, je le mets au défi de sortir les chiffres du ministère de
l'Immigration, je le mets au défi. Moi, je l'ai fait; moi, je l'ai fait,
puis je l'ai mentionné maintes et maintes fois au salon bleu. Donc, se
questionner, là, comme parlementaires, comme
partis politiques pour s'assurer que chaque personne qui vient au Québec...
Puis je le sais, le ministre des
Finances en est un plus bel exemple de réussite, puis c'est ce qu'on souhaite. Mais en quoi, en quoi il est malsain, à l'Assemblée nationale, de soulever ce mot et de dire : Mon Dieu! Est-ce qu'on peut en parler et se dire : 50 000, est-ce trop, pas
assez? Puis est-ce que cette réussite, elle est complète, intégrée, parfaite?
C'est faux de dire ça, c'est faux de dire ça. Alors...
Le Président (M. Bernier) : Bien, il
faut faire attention.
M.
Bonnardel : Oui.
Non, bien...
Le Président (M. Bernier) : Il ne
faut pas prêter d'intentions du côté ministériel sur...
M.
Bonnardel : Je ne
prête pas d'intentions, je fais juste vous dire, M. le Président, que de la
façon que le gouvernement explique ça à la population, il faut dire les
choses comme elles sont. C'est tout, c'est tout, c'est tout. Alors, je
pourrais en parler pendant une demi-heure.
Une voix : ...
M.
Bonnardel : Oui, je
le sais, je le sais.
Le Président (M. Bernier) : J'en
suis persuadé, mais...
M.
Bonnardel : Alors,
j'ai pris quelques minutes...
Le Président (M. Bernier) : ...on
parle du budget.
M.
Bonnardel : Oui.
J'ai pris quelques minutes...
Le
Président (M. Bernier) : Et
je comprends que ça a suscité certains débats, sauf que je vous invite à
revenir sur le budget.
M.
Bonnardel : Bien, écoutez, c'est un... ça fait partie du
budget, hein? Sur la croissance du PIB, le ministre l'a mentionné lui-même... Donc, vous comprendrez que,
pour moi...
Le
Président (M. Bernier) :
Oui, mais je comprends que ça devient un sujet délicat dans les pourparlers
actuels.
M.
Bonnardel : Ah oui! Bien, vous en êtes le plus bel exemple,
là. Si vous mentionnez ce cas, M. le
Président, vous comprendrez qu'on
sous-entend, hein, quand on mentionne ça, que c'est, encore une fois, notre formation politique
qui questionne, qui questionne, qui
questionne et qui se fait accuser de tous les maux, et ça, il n'y a
personne qui peut dire le contraire.
Alors, je vous dis bien respectueusement, je le fais comme parlementaire qui est à l'Assemblée nationale depuis 10 ans et qui
vit ça, à chaque fois, à chaque fois qu'on parle de ça, à chaque fois. Alors,
je vous le dis : Allez voir les statistiques, allez voir le solde, et
dites-nous que c'est parfait partout; c'est faux.
Alors,
première question, on revient sur le Fonds des générations, sur le questionnement
que j'ai eu hier avec le ministre.
J'ai posé la question, à savoir sur quel scénario il s'était basé pour décider,
pour décider de prendre 2 milliards par année dans le Fonds des
générations et de le mettre directement sur la dette. Il m'a dit : On
prévoit que, bon, les taux d'intérêt
pourraient baisser dans les prochaines années. Il pourrait peut-être
même y avoir récession, il y aura augmentation du taux directeur, donc
qui pourrait amener un coût d'emprunt plus élevé.
J'imagine,
puis ma première question est fort simple : Est-ce qu'il y a
des gens, au ministère des Finances, qui ont travaillé
sur différents scénarios pour que le ministre
des Finances prenne cette décision de
mettre 10 milliards sur une période de cinq ans, directement
sur la dette, au lieu de faire fructifier le Fonds des générations? Voilà.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : Comme on avait commencé
à dire hier, nous, dès la création du Fonds des générations, le gouvernement avait toujours le loisir, la possibilité de réduire la
dette directement. Ça a toujours été prévu que ça pourrait être fait comme ça. Le Fonds des générations est
dédié entièrement et seulement exclusivement à la réduction de la dette.
Ça peut se faire soit par un mécanisme de
levier, donc en déposant à la Caisse
de dépôt et en laissant le fonds
grandir, comme ça peut se faire aussi avec un paiement direct sur la
dette. C'était prévu, depuis le début, que ça allait être le cas.
Bon. Maintenant,
avant de continuer avec ça, je vais quand
même revenir sur l'immigration, parce que ce que nous disons,
ce que je dis, ce que notre gouvernement dit, c'est qu'une politique de réduction du
nombre actuel d'immigrants serait contre-productive en termes de
croissance économique, parce que la seule façon de mettre en pratique une telle
politique, ce serait de diminuer le nombre d'immigrants que le Québec
choisit. Donc, le Québec a une politique
active de sélection d'immigrants, immigrants
économiques, et, si on veut le diminuer, ce serait ce groupe-là qu'on devrait
diminuer, les personnes qui sont les plus
aptes à intégrer le marché du travail. Donc, d'une façon purement économique, on ne
discute pas d'autre chose, mais d'une façon
purement économique, de vouloir diminuer le nombre d'immigrants
sélectionnés par le Québec aurait un effet négatif sur la croissance du PIB
du Québec, sur le marché
du travail au Québec,
où il y a d'énormes pénuries de main-d'oeuvre.
Maintenant,
revenons au Fonds des générations. Alors, on a la possibilité, donc, de faire un paiement à n'importe quel moment et n'importe quel montant. Ça a toujours
été prévu comme ça dans notre loi et donc ça peut se faire. Nous avons décidé, choisi, dans le budget — enfin,
on avait même annoncé ça quelques semaines avant — de faire ce paiement-là, 2 milliards par année. Donc, sur cinq ans, ça veut dire 10 milliards. Pourquoi on fait ça? On fait ça, comme je l'ai dit plusieurs
fois, d'un point de vue purement de gestion du risque. Jusqu'à aujourd'hui, c'est vrai, et nous avons des tableaux dans les documents budgétaires à toutes les années qui indiquent le taux d'intérêt que nous payons sur notre dette et le taux d'intérêt que nous obtenons, le rendement que nous obtenons du
rendement du Fonds de générations. Et cet écart-là est positif et même très positif, et c'est ça
qui nous a permis, au fil des ans, avoir des rendements d'investissement qui sont intéressants et qui
se situent maintenant... on est rendu maintenant, je pense,
à quelque chose comme 700 millions
de dollars en termes de rendements du Fonds des générations. Mais ça,
c'était le passé...
Le
Président (M. Bernier) : ...étant donné que je dois balancer le temps, le député a une question additionnelle.
• (15 h 30) •
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. M. le ministre, vous m'avez expliqué ça hier, je
comprends tout ça, la seule question
que je vous pose, c'est : Sur quel scénario vous vous êtes basé? J'imagine
que le ministère des Finances, avec toutes les personnes qui y
travaillent, vous ont mis des scénarios sur la table.
Pourquoi je
dis ça? La chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques, Luc Godbout,
que vous connaissez, a fait ce
travail. Huit scénarios, dont un, le scénario 6, qui est un versement à la
dette en 2017‑2018 et en 2025‑2026, il dit ceci :
«La valeur comptable du fonds sera de 13 [millions] — 13 milliards, pardon — au 31 mars 2018. Il y a lieu de se
demander s'il ne serait pas préférable d'encaisser le fonds et de repartir
l'accumulation par la suite. Ce raisonnement s'appuie sur certains principes de
base en finance qui montrent que, lorsque vous avez réalisé de bons profits
avec un investissement, ce qui est le cas,
il est peut-être temps d'encaisser et de sécuriser le rendement. À la base,
l'argent public n'est pas destiné à
être investi dans des placements risqués pour profiter d'un effet de levier.»
Un scénario x, numéro 6.
Je veux juste savoir, ça ne se peut pas, là, qu'il n'y
ait personne, au ministère des
Finances, qui ne vous ont pas
mis, sur la table, différents... ou est-ce que
ce sont eux qui ont fait le travail pour les finances, puis vous vous êtes
dit : On regarde les différents
scénarios. Il y en a huit. Est-ce que vous avez fait... Moi, je veux juste savoir,
avez-vous des documents? Sur quelles
bases vous vous êtes dit : Le meilleur scénario, pour nous, c'est de
prendre 2 milliards par année,
10 au bout de cinq ans, au lieu de
prendre, peut-être, le fonds au complet, de repartir comme eux disent ici...
puis là, je pourrais vous lire tous les scénarios, je ne veux pas le
faire, là, mais...
M. Leitão : ...oui, tout à fait.
M.
Bonnardel : Mais
donc, avez-vous eu ça devant... moi, je veux juste... Je ne veux pas faire une
demande d'accès, là. Ça ne se peut pas,
selon moi, là, que vous n'ayez pas eu, au ministère des Finances, les
différents scénarios. Ce n'est pas
vrai que votre sous-ministre ne vous a pas dit : Voici, M. le ministre, ce
à quoi on pourrait travailler. Si vous me dites qu'il n'y a rien, bien,
O.K.
M. Leitão : ...il n'y a rien...
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão :
Il y a plein de scénarios, il y a plein d'études faites par la chaire de
fiscalité, faites par d'autres organismes, continuellement, de façon continue.
Nous, au ministère des Finances, dans tous les budgets, vous allez remarquer
qu'on avait toujours fait des projections sur le Fonds des générations à
l'avenir. Ultimement, ultimement, c'est une décision que j'ai prise. C'est moi qui ai fait l'arbitrage.
C'est le gouvernement. On a pris la décision que c'était maintenant le
moment de mettre en place un tel programme de remboursement de la dette, parce
qu'on jugeait que 2 milliards, c'est le
montant approprié, parce qu'on veut maintenir le Fonds des générations, on veut
s'assurer que le fonds continue de croître. Parce que 2 milliards
qu'on retire, on ajoute quand même plus que ça à chaque année. On ajoute 2,4, 2,7, 2,9. Donc, on continue toujours
d'ajouter un montant, donc, honnête. Le fonds va continuer de croître, mais
c'était utile d'annoncer ce que nous allons
faire parce que, sur cinq ans, ça va nous permettre d'économiser
1 milliard de dollars en paiement
d'intérêts de la dette. Et, dans un environnement où il y a une grande
incertitude sur l'avenir des taux d'intérêt, encore une fois, c'est
prudent d'agir de cette façon-là.
M.
Bonnardel : C'est votre expérience, c'est vous-même qui avez
décidé que 2 milliards, ça allait être ce montant, fois 5 ans.
C'est vous-même qui avez décidé.
M. Leitão :
Oui. C'est le gouvernement qui a fait ça.
M.
Bonnardel :
O.K., O.K.
M.
Leitão : Et d'ailleurs, ce qui est tout à fait à l'intérieur de la
législation. Je peux vous dire, par exemple, je peux vous lire que «la loi prévoit également que le ministre des
Finances peut prendre toute somme du Fonds des générations pour
rembourser la dette». Ça a été prévu depuis la création du fonds.
M.
Bonnardel :
O.K. Je voulais juste m'assurer...
M. Leitão :
C'est la page D.12 des renseignements additionnels.
M.
Bonnardel :
Parfait. Vous répondez à ma question. Je veux vous questionner sur quelque
chose qui m'a inquiété : les organismes
autres que budgétaires, à la page A.25, dans la ligne Organismes autres que
budgétaires et fonds spéciaux, page
A.25. Si on recule au budget de 2017, et, après ça, à la mise à jour
économique... On va partir de la mise à jour économique à ce budget. Quand on regarde les chiffres, à la mise à
jour, on prévoyait un déficit de toutes ces années, de
1,1 milliard. Six mois plus tard ou à peu près, j'ai fait l'addition de
tous ces soldes négatifs, on est à 2,9 milliards.
Qu'est-ce
qui explique une augmentation de 1,1 milliard entre la mise à jour et, six
mois plus tard, dans le budget, que
les organismes autres que budgétaires, le solde soit aussi important ou ait
augmenté, donc, de 1,1 milliard entre la mise à jour et aujourd'hui? Est-ce que vous me suivez? Donc, j'ai pris la mise à jour, j'ai regardé les
chiffres, j'ai, par la suite, regardé six mois plus tard, donc votre budget, il y aurait une augmentation de 1,1 milliard
de déficit pour ces organismes autres que budgétaires.
M.
Leitão : Oui. Écoutez, ça... Bon, la ligne qui est indiquée ici, c'est
un... bon, c'est le résultat d'une consolidation de toute une série de
fonds. Moi, je n'ai pas ici où on peut trouver le détail de...
Une voix :
...
M.
Leitão : Pardon? F.12. Le détail de ce... Parce qu'il y faut y aller
fonds par fonds. Je n'ai pas cette information sur le bout de mes
doigts, mais attendez un peu.
M.
Bonnardel : Je veux juste... Ces organismes autres que
budgétaires — on parle
de la RIO, on parle... tout ce qui n'est
pas des missions de l'État, là, organismes autres que budgétaires, il y en a
des dizaines et des dizaines — ce ne sont pas les sociétés d'État, ça. Alors, comment on a pu,
en six mois, avoir un déficit qui a augmenté, puis même, je vous dirais,
qui a explosé entre le budget à la page A.15, 2017, versus aujourd'hui? Le
déficit est encore plus important.
Le Président (M.
Bernier) : O.K. On va avoir l'occasion d'y revenir. Il ne semble pas
que la réponse est là immédiatement. Donc,
le temps est déjà écoulé. Donc, nous allons revenir du côté ministériel avec M.
le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Oui. Merci, M. le Président. Je m'excuse. J'étais en train de regarder d'autres
chiffres.
Le Président (M.
Bernier) : Je vous vois avec votre livre, là. Voulez-vous donner une
réponse au député de Granby? C'est ce que vous vouliez faire? Non, allez-y, M.
le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Oui. Donc, je voudrais, M. le Président, faire un petit tour
sur le dossier de la santé. C'est un sujet qui est très préoccupant pour la population, dans le sens large, parce que,
finalement, tout le monde est affecté directement par l'effet de la
santé, des services qui sont attendus.
Il
y a quand même des choses très, très intéressantes qui sont en train de se
passer, mais je voudrais aussi illustrer des points qui sont beaucoup moins connus et qui vont nous permettre
finalement, après, de faire un petit résumé d'où on en est aujourd'hui. Mais il y a des phénomènes où,
actuellement, dans la réforme de la santé, la population a beaucoup de difficultés à comprendre le sens global de
l'objectif final. Et, dans la santé, finalement, comme le ministre l'a
souvent mentionné, la plupart des structures opérationnelles du ministère de la
Santé étaient en silo, où ils opéraient de façon individuelle quant à leur
gestion de personnel et leur gestion informatique.
Donc, ce qui s'est passé,
c'est qu'avec les projets de loi n° 10, n° 20 et n° 130, on a
permis de restructurer les programmes du
ministère de la Santé et de les coordonner dans un système plus centralisé, qui
va permettre au ministère de la Santé
d'utiliser des solutions uniformes et transparentes dans l'ensemble des
institutions et établissements du ministère de la Santé, ce qui, éventuellement, va se traduire directement par une
capacité des citoyens d'avoir leur dossier électronique disponible avec
leur carte d'assurance maladie.
Donc,
l'ensemble de ce qui s'est passé à ce jour peut nous paraître chaotique, le
changement dans le personnel d'administration,
la restructuration des médecins, des infirmières, puis il y a un paquet de
changements. Puis j'arriverai à certaines variables pourquoi ça, ça
arrive, mais le fait fondamental est que l'objectif du ministère de la Santé,
dans ce domaine-là, spécifiquement, est d'en
arriver à une solution uniforme applicable à tous les citoyens du Québec, et
que le service soit obtenu à
Gatineau, à Sherbrooke ou à Rimouski, que tout le monde ait, via leur carte
d'assurance maladie, une solution, un accès à leur dossier de façon
uniforme.
C'est un changement radical dans le domaine global de la gestion de la santé, mais ça, c'est quelque
chose qui était dans un état de
situation avec des escalades de prix, qui étaient — comment je dirais? — les plus significatifs, finalement, dans le domaine budgétaire. Donc, il est normal
que le gouvernement s'attaque au poste budgétaire le plus important, ça
crée certains dérangements.
Mais il y a
quand même d'autres variables à l'intérieur de ça qui sont très importants,
puis permettez-moi, M. le Président, de vous en citer quelques-uns.
Une d'entre elles, qui est une coïncidence entre
le renouvellement, si on veut, de la structure du système de santé, c'est la retraite des médecins baby-boomers. On a
quasiment tous le même âge, hein, puis on se retrouve, dans cette décennie...
• (15 h 40) •
Une voix : Parlez pour vous.
M. Bolduc : Bon, disons que le
député de Trois-Rivières, il traîne un peu la patte, là, mais ça va.
Mais, fondamentalement, l'ensemble des médecins
qu'on retrouvait dans les municipalités rurales du Québec arrivent à l'âge de la retraite dans la période où
nous sommes en train de reconstruire le système de la santé, et la prise
de retraite de ces médecins de région là a
créé, définitivement, un dérèglement significatif dans le service à la
population, principalement en région, parce
que chaque village avait pratiquement chacun leur médecin, et tous ces
médecins-là sont presque maintenant
partis à la retraite. Donc, on se retrouve avec un déficit et un changement de
modèle, qui n'a pas été généré,
finalement, par le changement opérationnel qui est en train de se faire via le
ministère et la nouvelle structure, c'est un changement parallèle qui se produit en même temps et qui crée une
espèce de vacuum, qui est un élément additionnel à l'ajustement. Donc, le gouvernement s'est engagé à
faire des changements et, en même temps, bien, on a eu des conséquences
imprévues qui nous occasionnent des ajustements supplémentaires.
Donc, il faut
bien comprendre qu'un effet négatif doit être compensé. Et, en plus, on a eu à
moderniser et à changer la structure
du système. Donc, il faut comprendre, M. le Président, que ce type de
changement représente vraiment des éléments
majeurs dans la modification du plan de travail et, malgré tout ça, on a réussi
à avoir un accès à des médecins à plus de 1 million de citoyens.
Donc, sur le
plan de la santé, la gestion budgétaire du gouvernement du Québec a vraiment
rempli les éléments de base qui ont permis à quand même... malgré une
situation non planifiée, de progresser par en avant. Et, à ma grande satisfaction, le plan économique du Québec
prévoit, entre autres, 372 millions en santé et services sociaux afin
d'améliorer l'accès aux services dans toutes
les régions et de rehausser les services auprès des clientèles vulnérables.
Puis, ça, je pense que c'est très
facile à identifier, parce que, dans chacune de nos régions ou dans nos
municipalités, on se retrouve avec des
populations de plus en plus âgées avec des capacités de déplacement de plus en
plus réduites, donc des ajustements qui sont quand même significatifs.
Il y a aussi
un 322 millions qui sert à bonifier le financement en éducation et en
enseignement supérieur, et ça, dans
le but d'accroître la réussite éducative — donc, ça aussi, c'est un élément qui a une
valeur très significative — et 368 millions afin, notamment, de stimuler le
développement économique des régions du Québec et réduire la pauvreté.
Donc, les
services sociaux, la santé, l'éducation, c'étaient nos priorités, basées sur
une croissance économique et un rendement
financier qui étaient respectables, qui ont été dépassés et nous a permis de
réaliser, encore là, des ajustements et la capacité du gouvernement à
donner des services à nos citoyens, et c'est des services additionnels qui vont
porter la croissance des dépenses de programme
à 5,2 % en 2018‑2019. Je le répète, parce que ça, M. le Président, c'est un élément extrêmement important : au bénéfice des citoyens, les investissements additionnels porteront la croissance des dépenses de programmes
à 5,2 % en 2018‑2019. Donc, la confiance des employeurs, la confiance
en économie, les investissements et du gouvernement et de l'industrie nous ont permis de faire quelque chose qu'il y a deux ans on n'aurait pas cru possible.
Donc, encore
là, quand on parle d'immigration, comme le ministre en a parlé
précédemment, là où, chez nous, on se
retrouve dans des déficits d'employés partout... et nous avons dû, presque en
panique, créer des nouveaux programmes, demander de l'aide du ministère
de l'Immigration. Les employeurs se sont impliqués et ont investi pour aider
ces programmes-là à s'accélérer, afin de pouvoir obtenir de plus en plus de travailleurs, parce qu'ils sont capables de produire et de vendre des productions qui, sans cette main-d'oeuvre supplémentaire là, ne seraient pas possibles. Donc, je pense que
c'est très important.
Et
il ne faut pas oublier, et nous l'avons dit, et je le répète : La santé
est au coeur des priorités du gouvernement. Donc, on en a fait une priorité, et l'amélioration de la situation
financière du Québec, et l'accélération de cette croissance économique, comme je viens de le mentionner, ont
permis d'annoncer des nouvelles initiatives et d'améliorer les services
d'accès à la santé, notamment pour les personnes vulnérables. Donc, M. le
Président, il est très important de bien comprendre
qu'on est dans une pointe pour essayer d'élargir et de compenser, comme j'ai
mentionné tout à l'heure, un changement générationnel qui s'est produit. Mais,
une fois qu'on va avoir absorbé ce changement générationnel là, les
besoins de croissance ou d'augmentation des services vont pouvoir se rajuster à
un niveau que je qualifierais de plus raisonnable.
Donc, il est normal que, dans le temps... On peut nous reprocher ça, mais est-ce
qu'on doit dépenser des sous qu'on
n'a pas besoin de dépenser? Il y a un rationnel et une logique à l'intérieur de
ça qui, selon moi, est très importante.
Donc,
je suis content de constater que, spécifiquement dans le programme de santé et
services sociaux, les dépenses sont
fixées à 4,6 % et que les dépenses, ces dépenses-là, assurent
principalement le financement des établissements de santé. Et il faut
dire qu'à l'intérieur de ça les dépenses des établissements progressent de
5,3 %. Et j'ai appris que cette bonification
importante des services de santé est notamment rendue possible grâce à l'espace
budgétaire dégagé à la suite des
ententes conclues avec les fédérations médicales. Vous vous rappelez, pour ceux
qui nous écoutaient durant les périodes d'Assemblée nationale, on a dit que le coût du service des médecins
n'excéderait pas 20 %. Donc, ici, on voit, encore là, le bénéfice de ces discussions et de ces
négociations-là qui nous apportent encore une autre forme de champ de
manoeuvre pour nous permettre d'évoluer.
• (15 h 50) •
Donc,
M. le Président, notre gouvernement est soucieux de l'accès à des services de
qualité, et j'ai pu constater, en feuilletant mes documents sur le
budget 2018, que nous investissons des sommes additionnelles en santé, qui nous
permettent, entre autres, d'améliorer
l'accès aux soins de santé, par exemple, en réduisant les délais d'attente pour
les chirurgies en services diagnostic et les
urgences. Je vous donne l'exemple, M. le Président, où l'hôpital de Mégantic,
qui avait deux blocs opératoires, qui
étaient partiellement utilisés et à partir desquels on a fait des changements
structurels et permis, avec les chirurgiens,
de donner le service à des régions, comme la ville de Sherbrooke, où il y
a des listes d'attente beaucoup
plus longues et d'offrir à la population de se déplacer pour des chirurgies en
raccourcissant les délais de plusieurs mois à quelques semaines.
Donc,
ça, c'est un exemple d'amélioration d'accès aux soins de santé qui est juste
une logique dans la gestion et l'utilisation du capital investi en
optimisant, pour les gens qui veulent le faire, un déplacement à courte
distance pour permettre d'accéder à un
service de santé qui améliore la qualité
de vie des gens. Donc, de bonifier le
soin aux aînés à domicile et en établissement... J'ai une mère qui a 90 ans et qui est en réduction d'autonomie.
Donc, ce type de service là, elle en
bénéficie aujourd'hui et apprécie énormément cette capacité
d'avoir une infirmière régulièrement, cette capacité d'avoir deux repas amenés chez elle à chaque jour, et qui lui permet de
rester chez elle et de profiter d'une qualité
de vie qui est de beaucoup
supérieure à ce qui serait dans une résidence du gouvernement. Et le gouvernement, en contrepartie, en profite par
une économie qui peut être dédiée à des services encore
meilleurs pour les autres personnes de la population qui en ont
grandement besoin.
Donc,
on bonifie les actions pour la prévention en santé principalement... et d'assurer à la population de chaque région un niveau d'accès comparable aux services de première ligne et
spécialisés. On pourrait aussi constater que les changements de structure qu'on va faire où les budgets
vont être alloués aux services rendus vont aussi aider à identifier les paramètres de variabilité entre les régions,
entre les secteurs d'utilisation, etc. Et ça, ça va aider tout le monde à y trouver leur compte en s'assurant que le service est donné à
l'endroit où la population en a besoin.
Donc,
ces investissements qui ont été mis en place nous permettent d'avoir
des gains significatifs dont, entre
autres, 325 groupes de médecine de famille qui ont été mis sur
pied, 1 300 infirmières préposées aux bénéficiaires qui ont
été embauchées, 31 supercliniques
ouvertes sept jours sur sept et 12 heures par jour. Donc, M. le Président,
des dépenses de programme pour la
santé et services sociaux qui ont été relevés de 5,9 milliards pour
atteindre 38,5 milliards en 2018‑2019, il s'agit d'une hausse
importante.
Donc, des
investissements continus pour la qualité et l'efficience des soins... Donc, M.
le Président, au fil des dernières années,
notre gouvernement s'est engagé, avec courage, à améliorer la qualité et
l'efficacité du service de santé. Et ça,
ce n'est pas toujours facile dans le contexte de l'ensemble des structures qui
étaient en place. Et notre gouvernement a aussi mis en place une réforme importante dans le réseau de la santé et
des services sociaux. Donc, dans le cadre des plans économiques du
Québec de mars 2016 à mars 2018, le financement de la santé a été majoré au
plus de 1,6 milliard pour l'année 2018‑2019.
Donc,
avant de terminer, M. le Président, je voudrais savoir du ministre, est-ce que
vous avez respecté toutes vos promesses en santé?
Le Président
(M. Bernier) : Bien, vous avez 30 secondes.
M. Leitão :
30 secondes? Bon, alors, la réponse, très rapidement, c'est oui, bien sûr.
Et surtout...
Le Président
(M. Bernier) : Ça simplifie votre réponse, hein? Vous êtes
chanceux.
M. Leitão :
Et ça, c'est rapide. C'est rapide. Mais surtout je pense que ce que le collègue
avait mentionné, et c'est important
de le souligner, c'est que, et, dans le budget, on l'établit très clairement,
c'est que les dépenses en santé et services sociaux, la croissance des dépenses en santé et services sociaux, pour
les années à venir, va se situer à 4 % par année. Et c'était ça,
notre engagement électoral. C'est qu'on s'engageait à ce que la croissance
était de 4 %.
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. le ministre.
M. Leitão : Et elle le sera
pour les années à venir.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau, la parole est à vous.
M. Marceau :
Oui. O.K. Merci, M. le Président. Je n'avais pas eu le temps, tout à l'heure,
de terminer complètement mon petit bloc sur
le commerce électronique. J'ai une dernière question pour vous sur l'approche
que vous avez retenue pour les biens
tangibles, cette idée de renforcer la frontière. Est-ce que vous pouvez me
citer un autre pays, n'importe où,
mais sur la planète Terre, autant que possible, qui a des taux de récolte de
l'ordre de 80 % pour les taxes avec une approche à la frontière? Est-ce que ça existe sur cette planète,
alors que nous, on a des taux, là, qui sont de l'ordre de 13 %? Alors, peut-être que nous, on fait
quelque chose de fondamentalement très, très mauvais au Canada, là. Peut-être
qu'il y a quelque chose qui ne marche pas au Canada, qui marche ailleurs, qui
fait en sorte qu'eux autres, là, ils sont à 80 %, alors que nous, on est à
13 %.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : Bon, écoutez, encore une
fois, je n'ai pas ça ici, mais, peut-être, je pourrais demander à M. Marc Grandisson, qui a regardé ça souvent, cet
enjeu-là, pour ce que les autres pays font. Mais ce que nous avons constaté,
c'est qu'en effet c'est une problématique
qui est importante, et je ne pense pas qu'on puisse trouver, ailleurs, un
exemple d'une telle réussite de 80 %.
Je ne sais pas, M. Grandisson, si vous avez une formation
un petit peu plus...
Le
Président (M. Bernier) : Avez-vous des choses à... Consentement pour
que M. Grandisson nous... prenne la parole?
M. Marceau : Oui, bien sûr.
Le Président (M. Bernier) : Allez-y,
on vous écoute, M. Grandisson. Simplement vous identifier, avec...
M. Grandisson (Marc) : Marc
Grandisson, sous-ministre adjoint au ministère des Finances.
Non, c'est
une problématique mondiale, et, finalement, ce que les... dans l'ensemble du
monde, ce qu'on dit, c'est... Présentement, à cause de la multiplication
de ces entités-là, c'est difficile de les obliger à percevoir parce qu'ils sont
difficiles à identifier. Et donc, dans ce
contexte-là, la douane reste la meilleure chance que les pays ont de capturer
ça.
Ce que les
pays font maintenant, ils essaient... il y a des plans pour, comme on disait ce
matin... pour ce qui est en dessous d'un certain seuil, ce qui est le
seuil, d'habitude, qui est pour les... en franchises et douanes, de commencer à
vouloir... ceux qui sont... ceux où... les
pays, présentement, n'essaient même pas de percevoir à la douane,
finalement, de voir... de créer une obligation de perception. Mais c'est encore
à ses débuts, là.
M. Marceau :
Mais je vais profiter de votre présence, M. Grandisson, pour vous
demander : Qu'est-ce qui nous empêcherait, nous, de s'entendre avec
Amazon ou avec eBay?
M.
Grandisson (Marc) : C'est
qu'aux douanes... Oui. Si je peux, c'est... Aux douanes, présentement, on a
des règles harmonisées avec le fédéral, et
il n'y a pas... Pour les biens qui rentrent pour les consommateurs, donc... Aux
douanes, il y a un «stream» pour le
commercial, où les gens... un importateur commercial qui a des places
d'affaires au Canada, qui va revendre
au Canada, lui, a sa propre ligne pour entrer, avec des entrepôts qui ont une
caution, et tout ça, et qui sont des...
pour s'occuper des douanes. Les consommateurs, ça entre par une autre entrée.
Et il n'y a pas un pays au monde, justement,
qui est capable de distinguer entre les colis des consommateurs, où la taxe a
été chargée, puis ceux que la taxe n'a pas été chargée. Donc, si on
essaie de charger la taxe présentement sur des... il y aurait la double
imposition.
C'est pour ça
que, dans les autres pays, ce qu'on voit, c'est... ils essaient de faire
charger la taxe à l'étranger ou de faire
percevoir la taxe à l'étranger juste en dessous de la valeur qui est prévue
pour le paiement de la taxe aux frontières. Donc, il y a des pays comme l'Australie, par exemple, où c'était... en
bas de 1 000 $, ils n'essayaient même pas de percevoir la taxe aux douanes, parce que c'est difficile.
Donc, eux, ce qu'ils planifient, à partir de 2018, c'est : en bas de
2 000 $, où est-ce qu'ils n'essaient même pas présentement, ils vont
demander aux entreprises de percevoir.
M. Marceau :
Mais vous ne pensez pas... Je vous entends, là, puis merci pour vos réponses.
Vous ne pensez pas qu'Amazon serait
très heureux de mettre un collant, pour un colis à destination du Québec, qui
dirait que les taxes ont été payées?
Je veux dire, c'est quoi, l'empêchement? J'ai beau imaginer... Pour Amazon, ce
serait très simple, là. Donc, ils percevraient
la taxe eux-mêmes. Ils enverraient un beau chèque au gouvernement du Québec.
Puis, en contrepartie, on les autoriserait
à mettre un collant : Les taxes du Québec ont été acquittées. Ce serait
écrit sur le colis, puis ça passerait à la douane sans problème. Je veux
dire, qu'est-ce qu'il y a de complexe dans ça?
Le Président (M. Bernier) : M.
Grandisson.
• (16 heures) •
M.
Grandisson (Marc) : Merci.
Clairement, présentement, ce que l'OCDE dit... la meilleure solution
qu'elle a trouvée jusqu'à présent, c'est la
douane, pour les biens. Mais, justement, pour les biens de plus faible valeur,
il y a des travaux qui se font, et
peut-être que, dans quelques années... Mais ça, il faudrait vraiment agir de
manière coordonnée avec le
gouvernement fédéral, par exemple. Parce qu'on peut agir seuls pour les
services et les intangibles, parce que, justement, ils n'ont pas de douane, et, bon, on fait notre
loi. Mais, comme les opérations douanières, on est avec le fédéral, il va
falloir faire ça de manière coordonnée avec
le fédéral, on ne peut pas le faire seul. On ne pourrait pas changer, par
exemple, le 20 $
parce que, le 20 $, c'est une règle... Donc, tout ça doit... au niveau des
biens corporels, on n'aura pas le choix d'avoir une approche coordonnée avec le gouvernement fédéral. Ça ne veut pas
dire que... puis, comme l'Europe entend faire un mécanisme de guichet unique où les entreprises qui vont vendre des biens
en bas de 250 $, je pense... vont devoir s'inscrire et percevoir la
taxe, et, avec un guichet unique, percevoir la taxe, et, ensuite, ça va aller
dans le pays de l'Union européenne. Mais là
ils ont ce plan-là pour 2021. Donc, on pourra avoir des discussions dans les
prochaines années avec le gouvernement fédéral pour voir... Faisons le
projet pilote, on continue les discussions, on va voir qu'est-ce qui va se
développer, là.
M. Marceau :
Écoutez, on en reparlera. Moi, je suis obligé de passer à un autre sujet, là,
mais j'ai encore des... enfin. Moi,
l'idée qu'il faille se coordonner avec le fédéral, puis passer par la douane...
Enfin, je comprends les contraintes que
vous exprimez, mais, en tout cas, il y a peut-être un autre chemin. Écoutez, on
en reparlera. Je vais passer à un autre sujet. Merci pour vos réponses,
M. Grandisson.
Oui, O.K. J'ai une question assez pointue, en
fait, pour le ministre. C'est sur la question de la productivité. À la page E.26, il y a les prévisions de croissance
économique pour quelques années, là, PIB réel, et c'est décomposé par facteurs de croissance. J'imagine que vous voyez
ça. Et là je regardais la ligne productivité puis, écoutez, j'étais tout
réjoui, là, je me disais : Coudon, ça
va bien, la productivité, ça va se mettre à croître de façon beaucoup plus
importante dans les prochaines
années. Et je regarde la ligne productivité, historiquement, 1982 à 2010, on a
eu 0,8 % de croissance du PIB qui
était dû à la productivité, 0,6 % pour 2011-2016, on convient que ce
n'était pas les meilleures années, 0,8 % en 2017, là, ça rebaisse en 2018 et là on prévoit, tadadam!
1 % en 2019, 0,9 % en 2020, 0,8 % en 2021‑2022. J'aimerais juste
qu'on me dise les raisons pour lesquelles on
s'attend à ce que la productivité augmente plus rapidement soudainement que ça
a été sur une base historique, en tout cas, jusqu'à 2016, là. C'est
quoi, le phénomène qui est à l'oeuvre?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Plusieurs choses.
Tout d'abord, je vous dirais que, mais bon, ce n'est pas sorcier, bien sûr,
l'augmentation de la productivité va
dépendre en grande partie de l'accélération de l'investissement, investissement
productif. Alors, c'est ce que nous
constatons, qu'en 2018 on voit déjà une accélération de l'investissement en
machinerie et équipement et donc ça
devrait se poursuivre... On avait commencé déjà en 2017; 2018, ça se poursuit.
Et donc ça va commencer à payer des dividendes, si vous voulez, dans les
années subséquentes. C'est pour ça qu'on a cette croissance de la productivité qui est plus forte dans les années à venir que
dans les années passées. Le 0,6 % de 2018, il faut aussi le relativiser
parce que, vous savez, en 2018, on a eu une
forte augmentation de l'emploi. Donc, on a beaucoup plus de personnes sur le
marché du travail. Alors donc, quand on fait... la productivité étant le PIB
par emploi, bon, c'est pour ça que, 2018, il y a un ralentissement, mais ça va
se réactiver dans les années subséquentes en grande partie grâce à
l'investissement qui, finalement, commence à se matérialiser.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le député.
M. Marceau :
Bon. Bien, écoutez, évidemment, j'aimerais bien que ça soit ce qui va se
produire, c'est mon souhait le plus
cher, là. J'espère que ça va aller comme ça. Mais vous n'êtes pas sans savoir
qu'en 2018, là, le niveau d'investissement prévu est encore inférieur à celui qu'il y avait cours en 2013. Si vous
prenez des bulletins de l'Institut de la statistique du Québec,
pour 2018, on voit que l'investissement privé qui est prévu s'élève à
18 806 000 000 $. Et, en 2013, il faut prendre le bulletin de l'an
dernier, là, c'était 20 527 000 000 $, en 2013. Là, on est
à 18 806 000 000 $. Alors, bien sûr, il peut y avoir récemment une petite... bien, pas une
petite, là, mais une bonne augmentation, si on veut, qui pourrait contribuer à faire croître la productivité. Bon. Ce n'est pas
le niveau qui compte, c'est le niveau de croissance. Ça, je comprends ça. Mais il n'en demeure pas moins que je regarde les niveaux de croissance de la
productivité en 2013, puis, en fait, sur la période historique de 2011‑2016,
où on était à 0,6 %, je me dis que c'est dur de croire que ça va augmenter
de façon aussi spectaculaire... mais enfin,
spectaculaire, on s'entend, on n'est pas dans le monde du spectaculaire, mais,
en tout cas, de façon plus importante
en 2019‑2020. Ça fait que je voulais juste vous dire ça, là :
L'investissement, même s'il a augmenté...
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Marceau :
...il n'est quand même pas revenu au niveau de 2013. Et il en demeure
clairement aussi, à l'époque, que la productivité n'augmentait pas tant
que ça.
M. Leitão : Peut-être juste...
M. Marceau : Je ne sais pas si
c'est... je me pose des questions sur le réalisme, c'est...
M. Leitão :
Écoutez, encore une fois, c'est donc... comme vous avez d'ailleurs mentionné,
ce qui est important... bon, le
niveau d'investissement, c'est une chose, mais c'est la tendance, donc c'est
l'accélération. Et cette accélération, surtout
machines et équipements, machines et matériel, on voit que, 2015, c'était déjà
revenu en territoire positif. Et puis, 2016, surtout, un fort rebond,
2017, 2018, etc. Donc, c'est la tendance qui est importante.
Un autre
facteur qui pourrait peut-être aussi contribuer à cette explication, c'est,
comme vous voyez à la page E.26, vous
constatez aussi que, donc, le taux d'emploi ou... pardon, le bassin de
travailleurs potentiels, donc la main-d'oeuvre est
en diminution, donc par définition même, sûrement, le PIB par employé va être
plus rapide parce qu'il y a moins d'employés.
M. Marceau : O.K. Je voulais
juste le souligner. Je vais changer de sujet. Combien de temps me reste-t-il,
M. le Président, pour ce bloc?
Le Président (M. Bernier) :
Neuf minutes.
M. Marceau :
O.K. J'ai le temps de faire un bout. Je vais vous parler de dépenses
d'éducation. Parce que notre collègue
parlait de santé tout à l'heure, ce qui est dommage, ça aurait été mieux qu'il
parle d'éducation, on aurait été mieux synchronisés. Mais on s'arrangera
mieux pour le prochain coup, là, je vais lui parler.
Le Président (M. Bernier) :
Vous avez juste à vous parler.
M. Marceau :
C'est ça. Je prends votre fascicule éducation puis votre fascicule à la
page 3. Bon, tout d'abord, juste
pour confirmer, parce que j'essaie évidemment d'être le plus clair possible là,
le bâton 2018-2019 qui est à 18,9, ça, comprend ou ça ne comprend
pas le 500 millions qui est versé pour les taxes scolaires?
M. Leitão : 2018-2019, ça...
M. Marceau : Le bâton.
M. Leitão :
...exclut, excluant l'impact de la réforme du régime de taxe scolaire. Mais
c'était indiqué à la petite note en bas.
M. Marceau :
Donc, cela veut dire... C'est parce que je veux juste qu'on s'entende sur ce
que ça veut dire, ces mots-là, là.
C'est plus là que je veux aller. Donc, si on incluait les montants de la
réforme de la taxe scolaire, ça
serait 19,4. C'est bien ça?
M. Leitão : C'est ça.
M. Marceau : Parfait. O.K. Bon. Deuxièmement, si vous vous rendez compte qu'entre 2013‑2014
et 2018‑2019 le montant duquel ont augmenté les dépenses de l'éducation,
c'est 2,4. C'est ce que dit votre graphique en tout cas.
M. Leitão : Oui, 2,4 milliards,
oui.
M. Marceau : C'est
ça. Et c'est sur cinq ans, ce qui
fait une hausse de 14,5 %, puis, en d'autres mots, 2,9 % par
année en moyenne.
M. Leitão : C'est ça.
M. Marceau : Vous êtes d'accord
avec ça?
M. Leitão : ...
M. Marceau : O.K. Puis votre premier
ministre, il avait dit combien, lui? Votre premier ministre, il avait dit
combien en campagne électorale?
M. Leitão : En campagne
électorale, on parlait de... je pense
qu'on parlait de 3 % ou 3,5 %. Mais il fallait d'abord équilibrer le budget. Donc, une fois le budget
équilibré, une fois le budget équilibré, une fois qu'on a réussi à faire
ça, là, on est... et donc, quand on fait une
moyenne de 2016‑2017 à 2020‑2021, on
est à 3,5 % d'augmentation, en moyenne, par année.
• (16 h 10) •
M. Marceau :
Bien, regardez, juste pour qu'on s'entende aussi, bon, premièrement, ça n'a pas augmenté de 3,5 %, là, ça a augmenté de moins que 3 % sur cinq ans. Deuxièmement, M. le premier ministre a dit qu'il avait livré la promesse qu'il avait faite en campagne électorale pas plus tard que la semaine dernière ou il y a deux semaines, il a dit
ça. Moi, je constate qu'il a dit ça alors que les chiffres de votre
propre budget ne disent pas ça. Les chiffres de votre propre... il n'y a jamais... il n'y avait pas de petit astérisque qui
disait : Après avoir équilibré le budget. Puis je veux juste... de toute façon, on s'entend, là, on
s'entend qu'on ne s'entendra pas là-dessus, si vous voulez bien.
M.
Leitão : Non, c'est qu'en
arrivant il y avait un trou qu'il fallait... Il fallait régler le
trou d'abord. Une fois qu'on a réglé le trou, alors là, oui, en moyenne,
c'est 3,5 % par année, de 2016‑2017 à...
M.
Marceau : Puis juste aussi
s'entendre, vous savez, vous avez... le premier ministre nous a dit,
puis peut-être vous aussi,
vous avez dit ça, qu'il n'y avait pas eu de coupure, il n'y avait pas eu de
coupure.
M.
Leitão : Les dépenses totales... les dépenses de missions du gouvernement.
M.
Marceau : Juste qu'on
s'entende : entre 2014‑2015 et 2015‑2016, est-ce qu'il y a eu... donc, des années
pour lesquelles vous étiez au gouvernement, là, est-ce que les salaires des enseignants, au Québec,
ont augmenté? Est-ce que les montants
que vous avez eu à payer en rémunération aux professeurs du Québec ont augmenté ou est-ce
qu'on était à 0 % à ce moment-là?
M.
Leitão : Je n'ai pas ces
chiffres avec moi, mais probablement qu'ils ont augmenté, oui. Mais, à ce moment-là, il y a eu aussi une grève, donc peut-être
que la masse salariale n'aurait pas bougé. On pourra trouver ces chiffres-là,
mais, une fois qu'on prend en considération l'effet de la grève, c'est
probable, oui.
Une voix :
...
M. Leitão :
Les paramètres augmentent, bien sûr, mais la masse salariale totale...
Une voix :
...
M. Marceau :
...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Non, non, ce que... C'était quoi, la question, déjà? C'était que les...
M. Marceau :
Si la masse salariale a augmenté, si les salaires ont augmenté.
Le Président (M.
Bernier) : Si les salaires des enseignants ont augmenté,
globalement.
M. Marceau :
Pendant cette année-là.
M. Leitão :
Les salaires augmentent toujours, les salaires...
M.
Marceau : O.K.
Bon, je vais vous le poser autrement : Est-ce que vous savez si le nombre
d'élèves a augmenté?
M. Leitão :
C'est fort probable que oui. Encore une fois, je n'ai pas ces chiffres avec
moi.
M. Marceau :
Ah! bien, moi, je les ai, ça vient du ministère de l'Éducation. Le nombre
d'élèves est passé de... attendez, je l'ai
ici, excusez-moi, il est sur mon iPad. Le nombre d'élèves est passé... en 2014‑2015,
il s'élevait, au total, au Québec, à 1 003 322 élèves et, en 2015‑2016,
il était rendu à 1 014 168. Donc, il a augmenté, là, de...
Une voix :
...
M. Marceau :
Pardon?
Une voix :
...
M.
Marceau : C'est ça, il avait
augmenté. Et, en conséquence, le montant par jeune a baissé. Parce que, tu
sais, c'est facile de dire : Les
dépenses n'ont pas baissé, là. Mais, par élève, là, si vous prenez le montant
de 16,7 milliards que vous avez dans votre bâton de 2014‑2015,
ou 16,7 milliards que vous prenez pour votre bâton en 2015‑2016,
puis vous divisez par le nombre
d'élèves, bien, la dépense, par élève, baisse de 177 $. Ça, c'est la
réalité de 2014‑2015, 2015‑2016. Et là je ne tiens pas compte du fait qu'il y a eu une inflation dans
les salaires, là. Ça fait que, de prétendre qu'il n'y a pas eu de
baisse, ça ne tient pas la route.
M.
Leitão : Non, d'ailleurs,
c'est très clairement indiqué ici : en 2014‑2015,
c'était 16,7 milliards, en 2015‑2016, c'était 16,7 milliards, donc il n'y a pas eu... nous, ce qu'on dit,
c'est qu'il n'y a pas eu de baisse dans des grandes missions de l'État, en termes absolus. Mais il fallait,
oui, il fallait remettre la maison en ordre, il fallait remplir le trou qu'on
avait découvert. Et, une fois cela fait, l'augmentation des budgets pour l'éducation et l'enseignement supérieur, en moyenne, est à 3,5 %
par année, exactement comme ce qu'on s'était engagés à faire.
M.
Marceau : Je vais juste vous
lire un paragraphe. Le premier ministre... ça, ça vient de... c'est
dans La Presse, là, publiée
à l'époque... Le premier... enfin, on le nomme par son nom, «croit
irréaliste — irréaliste — de
limiter les dépenses en santé et en
éducation à 3 %, comme veut le
faire le Parti québécois. Il s'engage à maintenir une croissance
annuelle de 4 % et 3,5 %
respectivement, mais les budgets de tous les autres ministères seraient gelés.»
Écoutez, moi, ce n'est pas ça que j'ai
observé, en tout cas, je ne sais pas vous, mais ce n'est pas ça. Puis les
chiffres, vos chiffres ne montrent pas du tout ça. En fait, comme je
viens de le dire, par élève, le montant en éducation, non seulement il n'a pas
augmenté de 3,5 %, à certains moments,
il a baissé. Et quand on regarde, sur l'ensemble de votre mandat, le 3,5 %
n'a pas été, non plus, respecté.
Puis d'ailleurs, en passant, j'ai fait
aussi l'exercice avec les dépenses d'admissions, parce que, je me suis dit,
peut-être qu'il voulait dire les dépenses
d'admissions plutôt que les dépenses de programmes en éducation puis en
enseignement supérieur. Je l'ai fait aussi
avec les dépenses d'admissions, puis je n'arrive, là aussi, pas à 3,5 %.
Ça fait que, quelle que soit manière
dont je regarde le problème, vous n'y êtes pas parvenus, malheureusement.
Malheureusement pour les élèves, là, ce n'est pas...
M.
Leitão : Mais, comme je dis et comme je répète, en arrivant, il y
avait un trou de 7 milliards dans les finances publiques, il
fallait d'abord régler ça. Une fois qu'on a réglé ça, après ça, oui, de 2016‑2017
à 2020‑2021, c'est à 3,5 % par année.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Nous allons passer du côté du gouvernement
avec M. le député de Trois-Rivières.
M.
Girard : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, je veux revenir un
petit peu sur ce que je mentionnais tout à l'heure. On parle du budget, mais je ne sais pas si mes collègues, de
l'autre côté, ont vraiment pris connaissance du rapport de DBRS et des rapports de la firme Moody's, qui
sont des firmes de cotation de crédit qui sont reconnues mondialement,
qui sont des experts en analyse. Ce sont des firmes indépendantes qui analysent
les budgets, qui analysent des états financiers d'un peu partout à travers le
monde et qui ont, bien sûr, analysé le budget du gouvernement du Québec, le budget 2017‑2018, et qui ont eu des
commentaires extrêmement positifs. Je vais me permettre d'en citer quelques-uns.
L'agence
Moody's, qui voit d'un très bon oeil les surplus prévus jusqu'en 2022-2023, qui
incluent, bien sûr, les revenus
dédiés au Fonds des générations, ainsi que l'utilisation du Fonds des
générations pour le remboursement de la dette, qui permettra d'alléger le service de la dette dans un contexte
où les taux d'intérêt devraient augmenter, c'est vu d'un oeil très positif par Moody's. Et l'agence
mentionne également que la situation budgétaire du Québec se compare très
avantageusement à celle des autres provinces du Canada.
On
a DBRS qui mentionne que le budget 2018‑2019 démontre à quel point le
Québec bénéficie des efforts des dernières
années. Également, DBRS nous mentionne que la poursuite de la stratégie de réduction
de la dette pourrait avoir des implications extrêmement positives sur la
cote de crédit du Québec, donc notre taux d'emprunt international qui va continuer à baisser. Le seul point négatif pour
DBRS, qui le mentionne dans le rapport, ce sont les élections à venir. Parce qu'il y a une stabilité au niveau du Québec
à l'heure actuelle, les entreprises sont extrêmement positives face à
l'avenir, les entreprises investissent, mais
on mentionne que l'incertitude qui est créée face aux prochaines élections fait
en sorte qu'on pourrait avoir
certaines fluctuations au niveau de l'économie. Donc, M. le Président, on
entend être encore là, et je veux rassurer
les entreprises qu'on va continuer à très, très bien gérer le Québec pour les
quatre prochaines années et qu'ils peuvent continuer à avoir confiance
en ce que l'on fait.
M. le Président, on
s'est fait dire, souvent, de l'autre côté de la Chambre, qu'on manquait
d'ambition pour le Québec, on parle souvent de prévisions économiques, de
comment on voit le Québec. Je veux juste rappeler que la croissance économique du Québec des deux dernières
années a été une des meilleures au Canada : le revenu moyen des Québécois est celui qui a augmenté le plus par
rapport aux autres provinces, dans les dernières années, on est
l'endroit où il s'est créé le plus d'emplois
au Canada, des emplois dans le secteur privé, des emplois à temps plein, et on
est également l'endroit où on a eu
une diminution également des gens qui doivent bénéficier de l'aide sociale, de
l'aide de dernier recours. Donc, le Québec va bien.
Mais,
quand on regarde pour le futur, on nous dit qu'on manque d'ambition, et on
s'est fait reprocher un petit peu que
nos prévisions économiques étaient peut-être... on manquait d'ambition, dans
nos prévisions économiques, au niveau de la croissance du PIB. Vous savez, M. le Président, la croissance du PIB,
beaucoup de facteurs l'influencent, ce ne sont pas seulement que des
facteurs politiques, mais des facteurs économiques internationaux.
Je vais juste vous
rappeler que Desjardins mentionne que leurs prévisions de hausse du PIB du
Québec est de 2,2 % en 2018 et
1,9 % en 2019, par rapport à 3,1 % cette année. La Banque Nationale
prévoit 2,1 % d'augmentation en 2018, 1,7 % en 2019 et
1,5 % en 2020. Ça, ce sont les prévisions de la Banque Nationale.
Également, le Conference Board du Canada prévoit que la croissance économique
s'établira à 2,1 % cette année et 1,7 % l'an prochain.
M.
le Président, les prévisions de notre gouvernement, les prévisions de notre
ministre des Finances, les prévisions économiques
que l'on a mises en place sont directement en lien avec les prévisions
économiques des grandes institutions financières,
et c'est pour cette raison que l'on gère de la façon que l'on gère à l'heure
actuelle, pour s'assurer de faire face à cette croissance qui risque de
diminuer un peu.
On
a parlé hier également... le député de Granby a amené certains commentaires sur
la réserve de stabilisation. On a
mentionné que, bon, le budget des prochaines années ne serait pas équilibré, il
serait peut-être déficitaire parce qu'on va piger dans la réserve de stabilisation, etc. On a également le Fonds des
générations qui va nous permettre de rembourser la dette. Donc, je vais avoir une question pour le
ministre. C'est de répondre rapidement,
parce que j'ai d'autres questions par la suite.
Donc, je vous laisse un petit deux minutes, M. le ministre.
• (16 h 20) •
Le Président
(M. Bernier) : ...est-ce que je chronomètre le temps?
M. Leitão :
C'est risqué. C'est risqué.
Le Président (M. Bernier) : Je
peux chronométrer le temps. Mais il n'y a pas de problème.
M. Girard : O.K. Deux, trois minutes. J'aimerais, M. le ministre, qu'on prenne deux, trois minutes pour expliquer aux gens, tenter d'expliquer de la façon la plus
simple possible, parce que ce n'est pas évident, d'expliquer comment
une bonne gestion de notre réserve de stabilisation est importante pour
l'avenir du Québec et comment cette réserve de stabilisation là nous sert lorsque
l'économie va moins bien, et comment on peut mettre de l'argent, si on veut,
entre guillemets, de côté lorsque l'économie va mieux. Et, également, on avait
un Moody's qui nous mentionnait que notre gestion
du Fonds de générations était vraiment efficace et que c'était une bonne chose de
prendre de l'argent, réduire la dette,
mais de continuer à alimenter notre Fonds
des générations. Donc, rapidement,
comment cette fameuse réserve de stabilisation
et ce Fonds des générations sont importants dans notre gestion de nos
finances et vont nous permettre d'avoir des budgets équilibrés pour les
prochaines années?
M. Leitão : Très bien.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre...
M. Leitão : Rapidement, c'est
un défi.
Le
Président (M. Bernier) :
Une bonne question, mais rapidement... Rapidement, je n'y crois pas, là. Mais allez-y.
M. Leitão : Mais je vais essayer. Bon. Les deux enjeux sont
différents. On va commencer par la réserve. Et puis, si on a le temps,
on ira au Fonds des générations. Mais vous avez raison que les deux...
Le Président (M. Bernier) : Il
vous reste 11 min 30 s. Ça fait que...
M. Leitão : Mais il a d'autres questions
aussi. Alors, les deux sont importants. Et c'est utile de regarder les deux ensemble. Mais commençons par la réserve.
C'est quoi, la réserve? En fin de
compte, la réserve, on en a
discuté hier, la réserve, c'est tout simplement, ce sont tout simplement les
surplus accumulés, donc les surplus qu'on a dégagés en 2015‑2016, 2016‑2017,
2017‑2018, ces trois années-là de surplus, où, donc, après
versement au Fonds des
générations, on avait encore en surplus. Les
trois années ensemble, c'est 5,4 milliards
de dollars de surplus accumulé. Nous,
on avait dit, encore une fois, en campagne
électorale, que, si on dégageait des
surplus, on utiliserait la moitié de ces surplus-là pour réduire le fardeau
fiscal des Québécois.
C'est essentiellement ce que nous avons fait. Dans le budget de...
on avait commencé à la mise à jour de novembre. Et puis, dans le budget
de mars, nous avons mis en oeuvre une baisse du fardeau fiscal des Québécois de l'ordre de, bon, bien, à
peu près 2,5 milliards, 3 milliards. Donc, c'est ce à quoi on s'était
engagé. C'est ce qu'on avait fait en utilisant une partie de ces surplus
accumulés là.
Mais il reste
toujours... Au bout de l'exercice, il va rester, toujours, à peu près,
2,4 milliards de dollars dans la réserve.
Donc, quand on va arriver à 2020-2021, il va avoir encore 2,4 milliards de
dollars dans cette réserve-là, ce que nous jugeons être un coussin utile
et important pour faire face à des éventualités économiques et financières qui
pourraient nous frapper. Pourquoi
2,4 milliards? Ce n'est pas un chiffre qui est entièrement arbitraire,
mais c'est que, comme vous savez très
bien, pour chaque point de pourcentage de croissance du PIB nominal, différence
de croissance du PIB nominal, c'est à
peu près 600 ou 650 millions de dollars d'impact sur les revenus de l'État.
Donc, 2,4 milliards de dollars de réserve de stabilisation nous permet de faire face à un choc de quatre points de
pourcentage — j'arrondis un peu, mais c'est un peu ça — de quatre points de pourcentage d'impact
économique en termes de croissance du PIB moins élevé que notre prévision. Le quatre points, donc, c'est... donc,
nous jugeons que c'est un coussin suffisant, prudent. Et d'ailleurs,
encore une fois, les agences de notation,
comme vous avez mentionné, le confirment, que c'est là une façon prudente de
gérer les finances publiques du Québec. Si on continue ou... avec le fonds ou...
M. Girard : Je vais y aller.
M. Leitão : Alors, allez-y.
M. Girard : Merci beaucoup, M.
le ministre.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de Trois-Rivières.
M. Girard : Donc, pour le
bénéfice de mon collègue, tout à l'heure, qui a parlé d'éducation et qu'on
n'avait peut-être pas la bonne
synchronisation, je vais maintenant parler de culture. Donc, pour la prochaine
question, s'il désire parler de culture... Il a parlé d'éducation tout à
l'heure.
Vous savez,
M. le Président, la culture, c'est important pour notre gouvernement, c'est
important pour le Québec. Notre
gouvernement est celui qui a investi le plus au fil des années en culture au
Québec. Je sais que certaines formations politiques, à ma connaissance, n'ont pas beaucoup de choses dans leurs
plans au niveau de la culture. Ça ne semble pas être un domaine qui intéresse toutes les formations politiques. De notre
côté, la culture, c'est un outil de développement économique, c'est un
outil de promotion, de promotion de notre nation, de promotion de notre langue,
de promotion de nos artistes.
Étant député
de Trois-Rivières, la devise de Trois-Rivières, c'est : Ville
d'histoire et de culture. On sait que la ville de Trois-Rivières est
la deuxième plus vieille ville en Amérique du Nord après la ville de Québec.
Nous avons beaucoup
d'activités culturelles à Trois-Rivières. La culture est vraiment importante chez
nous. La culture, pour moi et pour
notre gouvernement, c'est relié de très, très près également avec le tourisme,
ce qui amène beaucoup de tourisme qui est relié à la culture.
Je prends, par exemple, le spectacle du Cirque
du Soleil que nous allons avoir tout l'été à Trois-Rivières. D'ailleurs, j'invite la population du Québec à
venir voir l'hommage aux Colocs, à l'Amphithéâtre Cogeco, durant tout
l'été. Donc, on a des spectacles hommages
avec le Cirque du Soleil à chaque année et, cette année, on rend hommage aux
Colocs, qui est un groupe bien de chez nous.
On a Le FestiVoix de Trois-Rivières, qui met en valeur plusieurs artistes du
Québec, qui dure une dizaine de jours à
Trois-Rivières, qui est un festival incroyable qui attire beaucoup de tourisme
chez nous.
Je pense également à plusieurs musées, le Musée
des Ursulines, à Trois-Rivières, les Ursulines qui ont été les acteurs des premières écoles, qui ont été les
acteurs des premiers hôpitaux qu'on a eus au Québec. C'est eux qui ont...
qui se sont occupé de l'éducation et de la
santé lors de la colonisation au Québec. Donc, on leur doit beaucoup, aux
Ursulines. Les Ursulines sont très présentes
dans la région de Trois-Rivières, et on a un magnifique musée sur la rue des
Ursulines, qui est le Musée des Ursulines, que l'on soutient à chaque
année, avec lequel on travaille de façon régulière.
On a le musée
des cultures populaires à Trois-Rivières également. Justement, je vais être là
demain après-midi pour faire une
annonce, une nouvelle exposition qui va débuter prochainement. Je ne veux pas
vendre le punch, ça va être annoncé demain. On a également un très beau
musée à Trois-Rivières, qui est le musée Boréalis.
Une voix : Boréalis?
Une voix : Oui!
M. Girard :
J'invite les gens à venir voir le musée Boréalis, qui est un musée qui parle de
l'histoire des pâtes et papiers. Trois-Rivières a été associée pendant
des années aux pâtes et papiers. On a été une ville mono-industrielle qui ne
faisait...
Une voix : ...visité ce
musée.
M. Girard :
Pardon? Tu l'as visité. Oui. Oui, même que tu étais venu, oui, je me souviens,
on avait fait une activité ensemble au musée Boréalis — et
qui met l'emphase sur l'histoire de Trois-Rivières, sur l'histoire...
Le Président (M. Bernier) :
Vous n'avez pas l'intention d'y retourner cet après-midi, hein? On continue
ici.
M. Girard : Oui, oui.
Le Président (M. Bernier) :
O.K.
M. Girard : Non, ça va être
demain. Je retourne ce soir, mais...
Le Président (M. Bernier) : Je
m'informe.
• (16 h 30) •
M. Girard :
Mais tout ça pour dire, M. le Président, que c'est notre histoire, c'est notre
culture. Ces musées-là font partie
des outils qui vont nous permettre de perpétuer cette histoire, ce qui a
marqué, en ce qui nous concerne, nous, entre autres, l'histoire de
Trois-Rivières, la drave sur la rivière Saint-Maurice, comment s'est développé
le secteur de Trois-Rivières, etc., et l'ensemble du Québec également.
Et, dans
toutes les régions du Québec, nous avons des musées, nous avons des festivals,
nous avons plein d'activités qui mettent en valeur la culture. Et notre
culture va plus loin que les frontières du Québec. Cette culture-là nous permet également d'attirer beaucoup de visiteurs
étrangers, des gens qui vont venir nous visiter, qui vont venir faire du
tourisme ici et qui vont nous permettre d'avoir des retombées économiques
drôlement intéressantes.
Donc, c'est
important de continuer à travailler avec le domaine culturel, de rendre cette
culture le plus accessible possible,
que ce soit pour les familles, pour les jeunes également, rendre la culture près des jeunes, rapprocher les
jeunes de notre culture, qu'ils puissent
s'émerveiller à ce monde de possibilités qui s'offrent à eux. On a beaucoup,
dans nos écoles, du sport-études. Il y en a qui vont faire des arts, il
y en a qui font de la musique. La culture, le théâtre, l'écriture, etc., est
important. J'étais, entre autres, au Salon du livre de Trois-Rivières il y a
quelques semaines, et il y a un événement à chaque année qui permet aux gens de
faire de l'écriture, d'écrire des lettres, d'écrire des pièces, et le prix
Thérèse-Denoncourt... Thérèse Denoncourt qui
est une personne influente au niveau de l'écriture dans la région... et ce
prix-là est remis à des gens qui sont
amateurs et qui vont écrire des lettres, des poèmes, etc. Et ça amène nos gens
à s'intéresser à l'écriture, à la lecture. Et ça forme nos jeunes
également, c'est important pour la formation de nos jeunes.
Donc, que ce
soient nos musées, que ce soient nos activités culturelles, que ça soit dans
nos écoles, de s'assurer que nos gens
sont près de la culture, que notre culture demeure dynamique, que notre culture
soit actuelle également... On est à l'ère
du numérique, on est à l'ère... je parlais de notre musée à Trois-Rivières,
notre musée travaille de plus en plus avec des outils numériques, avec des présentations vidéo, etc., et travailler
avec les outils d'aujourd'hui. Donc, c'est important d'être à jour
également dans notre culture.
Donc, notre
gouvernement, par le dernier budget, va être présent au niveau de la culture.
On parle, dans le plan économique,
d'un investissement de 509 millions dans les prochaines années pour
continuer à développer notre culture. Également, bien, la nouvelle politique culturelle
qui va être déposée prochainement par la ministre de la Culture et des Communications... Rapprocher la culture des jeunes
et des collectivités, appuyer la culture et le patrimoine dans toutes
les régions du Québec, déployer la culture
québécoise dans l'espace numérique et également faire connaître notre
culture à l'extérieur de nos frontières pour attirer les gens... J'étais
d'ailleurs, la semaine dernière, en mission parlementaire en Louisiane. La Louisiane, et La Nouvelle-Orléans
entre autres, a été fondée par un Québécois à l'époque, et La Nouvelle-Orléans fête ses 300 ans cette année. Et j'étais
présent pour les 300 ans, et on a une culture francophone importante.
Ces gens-là sont près du Québec par cette fameuse culture, reliée au fait
français.
Donc, notre culture dépasse les frontières.
Notre culture est tellement importante.
Donc, il ne
doit plus nous rester beaucoup de temps, mais j'aimerais, M. le ministre, que
vous puissiez prendre quelques
minutes et nous mentionner comment, dans le dernier budget, et comment, au
niveau du ministère des Finances, comment,
au niveau de gouvernement, c'est important de soutenir la culture, de continuer
à travailler au niveau culturel et d'investir pour le futur au niveau de
notre culture.
Le Président (M. Bernier) : Vous
n'avez rien qu'une minute, monsieur...
M.
Leitão : Rien qu'une minute, O.K., M. le Président. On va être
succinct, parce qu'en effet, comme le collègue de Trois-Rivières a mentionné, dans notre budget du 27 mars dernier,
nous avons, en fin de compte, annoncé la plus forte hausse du budget du
ministère de la Culture depuis très longtemps... depuis tous les temps, cette
hausse-là.
Et ce qui est aussi particulièrement
intéressant, c'est qu'au-delà de cela nous avons aussi amélioré le champ
d'action, enfin, on a donné plus de moyens à la SODEC, par exemple, pour
qu'elle puisse financer davantage de productions
en lui augmentant sa capacité d'emprunt, donc, sa capacité de financer des
projets, des films et autre chose. Ce
qu'ils ont fait très bien jusqu'à maintenant, et donc, cela aussi... et ça, ce
n'est pas comptabilisé ici parce que c'est le fonds de la SODEC qui...
Donc, ça s'ajoute à ça.
Mais j'aimerais revenir aussi sur le...
Le Président (M. Bernier) : Bien, on
va avoir l'occasion d'y revenir, mais pas présentement.
M. Leitão : Ah! très bien.
Le Président (M. Bernier) : Parce
que, là, nous allons passer du côté du député de Granby.
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. J'ai terminé tantôt en parlant au ministre des organismes
autres que budgétaires et fonds spéciaux.
M. Leitão : J'ai des nouvelles pour
vous.
M.
Bonnardel :
Oui, c'est ça, je veux l'écouter. Mon raisonnement, et mon questionnement, est
fort simple : je suis parti du
budget de l'année passée, 2017‑2018; je suis allé voir, par la suite, la mise à
jour économique et le budget de cette année.
Et, juste entre la mise à jour et le budget de cette année, on a une explosion
de la dette combinée, si je peux l'appeler ainsi, sur la période de cinq
ans, là, même six ans, 2017‑2018 jusqu'à 2022‑2023. On a 1,1 milliard de
plus de déficit combiné entre les chiffres de voilà six mois et ceux du budget.
Juste pour la
petite histoire, M. le Président, vous êtes ici depuis un petit bout de
temps... puis ça, c'était quand même
quelque chose que j'ai suivi pas mal en 2008‑2009, parce que, les organismes
autres que budgétaires, il n'y a pas grand
monde qui surveillait ça. Puis, pour le commun des mortels, ceux qui nous
écoutent, là, bien, on parle de tous ceux qui sont sortis du périmètre comptable. On a qu'à parler de la Régie du
bâtiment, la Société d'habitation, La Financière agricole, le Conseil de gestion du Fonds vert, Musée de la
civilisation, musée d'art contemporain, conseil des arts, bibliothèque nationale, et j'en passe, là, il y en a des
dizaines et des dizaines, là, Héma-Québec, École nationale de police, Régie
des installations olympiques. Donc, ces
organismes ont fait un «pot» commun, si je peux l'appeler ainsi, excusez-moi
l'anglicisme, là, mais... Et le Vérificateur
général, à l'époque, Renaud Lachance, en 2010, avait dit aux
parlementaires : Mettez-vous le nez un petit peu plus dans ces entités,
parce qu'on ne les surveille pas trop.
Première
question assez simple, je veux juste comprendre comment on explique cette
augmentation du déficit combiné, je
vais le dire ainsi, là, de toutes ces entités sur les six derniers mois, entre
les chiffres qu'on avait de la mise à jour versus ceux d'aujourd'hui.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le ministre.
M. Leitão : O.K., très bien, merci.
Plusieurs choses. D'abord, ces organismes-là — et c'est important de le souligner — ces organismes-là, ces fonds et organismes
ne sont pas à l'extérieur du périmètre comptable. C'est pour ça d'ailleurs qu'ils sont ici, indiqués ici, ils sont
à l'intérieur de notre périmètre comptable, et c'est pour ça que nous
devons les suivre. Et nous les suivons.
Nous, c'est-à-dire le ministère des Finances, on les suit de très près, en
donnant beaucoup d'information et en les suivant.
On parle
essentiellement de... Ces fonds-là, pour la plupart, ce sont des surplus
accumulés qu'ils ont. Donc, ce qui baisse,
ce sont leurs surplus qui baissent. Pour expliquer, donc, le milliard auquel
vous faites allusion — et, oui, tout à fait,
c'est correct, entre novembre 2017 et mars 2018, la différence qu'il y a, sur
les six ans, c'est d'à peu près 1 milliard de dollars — la plus grosse partie de... Et ça, c'est
bon, ça, c'est toutes les... c'est juste le total. Il y a beaucoup de...
plusieurs fonds qui changent et qui ont
changé. Mais on peut résumer cela essentiellement au FARR, donc au fonds des...
pour les routes et pour le transport,
la mobilité durable. Et, juste ça, juste ce fonds-là explique à peu près
700 millions. Du milliard que
vous avez identifié, à peu près 700 millions, 694 vient de la
mobilité durable, vient du FARR. Et c'est essentiellement des
devancements de dépenses qui allaient se faire dans tous les cas, mais qui...
on les fait un peu plus rapides.
Il y a une
autre somme, on a 95 millions, c'est pour les véhicules électriques,
35 millions, c'est la construction. On a devancé la construction de
deux entrepôts dans le Nunavik.
Mais, donc, 700 millions, c'est le FARR, et
presque 100 millions, ce sont les véhicules électriques.
Le Président (M. Bernier) : M. le
député de Granby.
M.
Bonnardel :
J'ai deux questions. Ce 700 millions dans le FARR, est-ce que... j'imagine
que c'est une période de cinq ans. Est-ce que vous pouvez me le ventiler
spécifiquement? Et...
M. Leitão : Oui... Oui?
M.
Bonnardel : Bien
oui, allez-y, si...
M. Leitão : De 2018, donc 2018‑2019,
c'est 53 millions; 2019‑2020, 92; 2020‑2021, 126; 2021‑2022, 185; et 2022‑2023,
238, ce qui donne 694.
• (16 h 40) •
M.
Bonnardel : O.K.
Quand vous dites, vous suivez ça de près... Suite aux interventions du VG à
l'époque, en 2010 — puis
j'ai posé beaucoup de questions aussi — je sais que, dans le rapport
mensuel, depuis ce temps, vous indiquez une
page où vous combinez, encore une fois, là... Mais j'ai une question un peu
plus précise. Vous dites : O.K., sur
ce milliard, il y en a 700 directement au FARR. Mais, de ces organismes
que je vous ai nommés, là, combien — vous dites suivre ça de près, là — combien de ces organismes sont déficitaires
ou seront déficitaires cette année? Est-ce que vous êtes capable de me
dire ça, parce que je sais qu'il y en a plusieurs, là, mais, au-delà de ça, il
y a quand même une différence énorme, là,
entre l'année passée dans le budget versus cette année. Bon, ce milliard, oui,
là, mais êtes-vous capable de me
donner le portrait de ces organismes? Parce que
vous, vous êtes les seuls, j'imagine, à recevoir, sinon le Trésor, le portrait des revenus-dépenses, la
ventilation. Nous n'avons pas cette ventilation dans les documents — outre des dépenses globales, les revenus globaux, là,
ça, c'est dans le document. Mais j'aimerais ça, s'il y en a
qui ont travaillé ça ou qui ont
regardé, d'être capable d'avoir la ventilation de ces organismes qui sont
déficitaires pour l'année en cours, là.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Bon, il me semble
que ces fonds-là ne... Et c'était d'ailleurs ça, la nature même de ces
fonds-là, c'est qu'ils ne peuvent pas être déficitaires.
M.
Bonnardel : Je parle des organismes autres que budgétaires, là. Donc, eux reçoivent des revenus,
ils ont des dépenses. Corrigez-moi, là, mais, si... Je ne parle pas des
fonds spéciaux, là. Les organismes autres que budgétaires, M. le Président, nous en avons pas mal, je les
répète, là, que ce soit culture, communications, le Centre de la
francophonie, l'Autorité des marchés
publics, Centre des services partagés, la SQI, La Financière agricole, la Régie
du bâtiment, il y en a, la Commission de la capitale nationale, l'École
nationale de police, l'École nationale des pompiers, la Régie des installations olympiques, je l'ai mentionnée, le
Centre des congrès de Québec, Palais des congrès de Montréal, la Société
des traversiers, il y en a quelques dizaines, sinon près, peut-être, de 100,
excluant les fonds spéciaux.
Donc,
j'aimerais ça, être capable de mesurer puis de voir, dans ces organismes, qui
sera en déficit cette année ou non.
Parce que, dans le budget, c'est sûr que vous n'avez pas ça, cette ventilation,
mais, comme parlementaires, je pense que tout le monde y trouverait son compte, à être capable de... Je pourrai y
aller une par une, là, mais je ne sais pas si vous allez être capable
d'avoir ces informations pour tous ces organismes qui sont dans un des
documents du budget de dépenses 2018‑2019.
Parce que ce n'est quand même pas banal, là. Je
comprends que vous dites que ces fonds, c'est le FARR qui contribue à ce déficit important, mais il reste
quand même 400 autres millions. Vous dites qu'il y avait un autre
fonds, là, mais, outre ça, il y a des centaines
de millions en jeu pour ces organismes autres que budgétaires, qui ne sont pas
dans les... je vais le dire, tantôt, je ne
me suis pas... mal exprimé... qui ne sont pas dans les missions de l'État, donc
dans les dépenses de programme, qui sont sortis...
M. Leitão : Cette information-là se
trouve dans les documents des dépenses, donc le document du Trésor. L'information est toute là. Je ne l'ai pas en
tête, mais cette information est... On peut vous la fournir, là, on peut
vous...
M.
Bonnardel :
Je sais que la liste est pas mal toute là, je voulais juste savoir si vous
aviez la liste de ceux qui étaient déficitaires.
M. Leitão : C'est là, dans le budget
de dépenses, à la page 15. Dans la revue, on a les dépenses, donc je veux
juste faire le...
M.
Bonnardel : Je pensais que vous aviez la liste plus précise.
Moi, je l'ai vu, moi aussi, dans le document qui est là.
M.
Leitão : O.K., le total... À la page F.42 du document budgétaire,
le total n'est pas un déficit, le total est un surplus. Les déficits
proviennent des fonds, donc les... quelques fonds... Mais les organismes, eux,
ils sont...
M.
Bonnardel :
...
M. Leitão :
F.42, oui. Organismes autres que budgétaires. Et puis, bon, la liste de tous
ces organismes-là est, comme je vous ai dit,
dans le cahier des dépenses... budget des dépenses du Trésor. Et ici, à la...
F.42, on vous donne le portrait
global, et le portrait global, c'est qu'en 2017‑2018 il y avait un surplus de
463; 2018‑2019, un surplus de 107; et, en 2019‑2020, un surplus de 77.
M.
Bonnardel : Dernière question, facile. Sur ce
1,1 milliard que vous corroborez, pouvez-vous me donner la
ventilation de ces fonds qui, vous dites, le FARR a...
M. Leitão :
Comme je vous ai dit, le FARR, c'est le principal.
M.
Bonnardel :
C'est simple. Non, mais, vous pouvez être capable de me donner une liste d'ici
demain? Juste pour comprendre que le 1,1 milliard est attaché à ces
différents fonds, avec ses augmentations sur cinq ans.
M. Leitão :
La page 15 du...
Une voix :
...
M. Leitão :
Pour les fonds spéciaux.
Une voix :
...
M. Leitão :
Donc, on peut y aller. L'information est ici, elle est... Écoutez, elle est
dans les documents budgétaires de...
M.
Bonnardel :
Donc, si je me fie, entre la page 15 versus celui de l'année passée, vous
me dites qu'il y a 1 milliard quelques...
Une voix :
...
M.
Bonnardel :
Oui, c'est pour ça que...
M. Leitão :
C'est ça. Ça, c'est pour l'année 2018‑2019.
M.
Bonnardel :
On va essayer de faire le travail puis essayer de trouver ça.
Comment
le ministre explique, M. le Président, les revenus provenant des entreprises du
gouvernement? Il y a une bonne
différence de 500 millions entre ce qui était prévu à la mise à jour
versus cette année, près de 500 millions de moins de prévu. On sait bien qu'Hydro-Québec stagne, dans une certaine
mesure, pour ce qui est de ses revenus. Oui, à l'exportation, on essaie d'aller en chercher un peu plus, mais, pour ce
qui est de la vente au résidentiel, tarif L et autres, c'est assez stable. Sinon, quand on regarde les
revenus globaux, c'est assez... ça stagne depuis les dernières années.
Alors, comment on explique ce 500 millions de moins tout d'un coup entre
la mise à jour et le budget?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Bon, essentiellement, c'est Hydro-Québec. Des sociétés d'État, c'est
Hydro-Québec où il y a l'ajustement. Cet
ajustement provient essentiellement du, bon... il a fait moins froid, donc les
revenus de la société d'État ont été
moins élevés. Et aussi les augmentations tarifaires ont été... Ce qui a été
accordé est plus faible, donc c'est ce qui existe... bien, c'est ce qui
explique en grande partie cette différence-là.
Il
y a aussi, vous remarquerez aussi que Loto-Québec, il y a aussi des révisions.
Et, dans le cas de loto, comme vous savez,
d'ailleurs, un des enjeux, c'est le retrait des machines de loterie vidéo. Et
donc ça affecte les revenus. Mais ça, c'est quelque chose qu'on
s'attendait à ça.
Mais,
dans le cas d'Hydro-Québec, c'est essentiellement l'impact des températures
froides de décembre, c'est ça qui explique, en grande partie, le
changement chez Hydro-Québec.
M.
Bonnardel :
J'ai une question au ministre sur la croissance des dépenses. Je lui montrais
un tableau hier, la croissance des dépenses
qui a été de 1,4 % à 1,1 % dans
les deux premières années et qui, par la suite, a explosé à
4,7 %...
M. Leitão : ...
M.
Bonnardel :
Oui, à 4,7 %, 6,5 %. Quand on parle d'accélération, c'en est toute
une. Je l'ai mentionné tantôt, c'est
difficile, pour les ministères comme ceux de la Santé et de l'Éducation,
d'avoir une planification régulière ou stable à long terme quand — on va le dire — on saigne, dans une certaine mesure, ces
grands pans de... ces grandes missions de l'État. Pourquoi avoir utilisé cette stratégie d'avoir réduit puis
compressé énormément, énormément ces deux missions importantes, puis soudainement en arriver à leur
donner une croissance? Parce que vous l'avez déjà dit, puis je vous ai
déjà posé la question, M. le ministre. Vous
ne m'avez pas répondu, mais on l'avait quand même... je vous l'avais quand
même mentionné quelques fois par la suite
face à face. Les coûts de système en bas de 3 %, corrigez-moi si je me
trompe, là, mais, avec une croissance
des dépenses globales, donc, comme vous l'avez fait à 1,4 %, 1,1 %,
vous savez très, très bien que vous avez
fait extrêmement mal. Puis, quand j'entendais votre collègue tantôt vous
dire : Avez-vous réussi tous vos engagements en santé? Je ne peux
pas m'empêcher de rigoler comme mon collègue de Rousseau quand on regarde le
portrait des 15 dernières années, les façons de faire pour ce qui est de la
fameuse...
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député. Nous allons
retourner du côté ministériel avec M. le député de Mégantic.
• (16 h 50) •
M.
Bolduc : Merci beaucoup, M. le Président. Comme mon collègue de
Rousseau, tout à l'heure, semblait avoir un intérêt vers l'éducation, on
va s'élancer dans un autre sujet.
En
fait, c'est un sujet qui m'est — comment
je dirais, ça, donc? — très
sensible, parce que... je vais vous expliquer qu'est-ce que ça
veut dire dans mon cas personnel et dans le cas de certains enjeux dans mon
comté, pour en arriver finalement vers le financement et vers où on s'en va avec ça. Et le ministre
nous clarifiera vraiment les points supplémentaires plus loin.
Mais je dois dire
que, de prime abord, le système d'éducation du Québec est un système qui est très,
très bien regardé dans les autres sociétés. Et je vais vous donner deux exemples
de ça. J'ai rencontré, lors d'une mission, un professeur
de... si je me rappelle bien, il venait de Princeton, au New Jersey. Il s'en
allait en Espagne, faire une présentation sur des bons systèmes
scolaires dans le monde, dont celui de Taïwan et celui du Québec. J'ai
demandé : Oui, c'est intéressant, ça, mais j'ai dit : Pourquoi? Donc,
il m'a dit, il dit : Parce que vous avez des bonnes couches de niveaux d'éducation,
par exemple, les cours de métiers, les cours professionnels, vous avez les
cours techniques, les cours universitaires
et les cours supérieurs, qui permettent d'avoir des niveaux très bien
structurés, très bien organisés, et de bien préparer l'ensemble des populations
pour les environnements de travail dans lesquels ils vont oeuvrer dans le
futur. C'est quand même intéressant d'entendre ça de quelqu'un qui n'avait aucun intérêt
à me donner ce genre d'information là. On était
dans un aéroport et on s'est rencontrés comme ça, par hasard. La même chose
m'est arrivée, quelques mois plus tard, avec un professeur de l'Université de Californie, qui, lui aussi, se déplaçait pour
une discussion puis des projets de recherche en éducation, puis il m'a mentionné à peu près
les mêmes informations. Donc, je me suis dit : Il doit y avoir quelque chose de significatif à l'intérieur de ça, parce que deux professeurs de deux universités
de chaque côté du continent qui me donnent sensiblement les mêmes informations sur le système d'éducation du Québec... J'ai dit : Il faut réfléchir un petit peu à ça.
Et
j'ai dit : Bon, mon Dieu! Qu'est-ce que j'en sais? Bon, la première chose
que j'en sais, c'est que j'en suis un, de ceux qui ont passé à travers ce système d'éducation là, M.
le Président. Je me suis ramassé avec
une bonne formation, qui m'a permis
ensuite de faire une maîtrise mais qui m'a permis aussi d'avoir une carrière
dans l'industrie privée, à laquelle j'ai contribué, mais dont j'ai surtout bénéficié, qui m'a permis de
prendre une retraite de carrière à 50 ans. Si je m'étais mêlé de mes affaires, je serais encore retraité, mais, malheureusement je ne m'en suis pas tenu à ma retraite. Mais le point, dans tout
ça, c'est que le système
d'éducation du Québec m'a donné une très bonne formation, qui m'a
permis d'avoir une très belle carrière internationale, de faire le tour
du monde beaucoup de fois, de vivre dans d'autres pays, d'avoir des brevets d'invention, d'avoir acquéri toutes sortes de
compétences et — comment
je dirais, donc? — de
rencontres de structures de systèmes
d'apprentissage de cultures internationales, etc., tout ça, grâce à un système
d'éducation très économique.
On
est parmi les systèmes d'éducation qui nous coûtent les moins chers. C'est
entendu qu'il y a certains pays, comme
l'Allemagne ou la Suède, qui ont des systèmes à coût zéro, mais la différence,
c'est qu'ils sont contingentés à un point
tel que très peu de gens y ont accès. Donc, le système d'éducation, au Québec,
offre aux jeunes qui veulent bien le faire des opportunités dans tous
les axes. Que ce soient les métiers professionnels, des cours techniques, des
cours universitaires, premier, deuxième,
troisième cycle, la formation est de qualité, elle est reconnue dans le monde
entier et elle permet à beaucoup d'autres jeunes qui, comme moi, il y a
plus de 40 ans, en ont bénéficié...
Et
je me suis dit : C'est peut-être, pour moi, une bonne façon de participer
aujourd'hui à la gestion publique pour retourner, en fait, aux citoyens,
qui m'ont permis d'accéder à cette éducation-là, de les remercier.
Donc, c'est quelque
chose que je considère très important en termes de valeurs. Et sont rares les
sociétés qui permettent à leurs jeunes d'avoir des accès de ce niveau-là. Et je
le dis d'une façon très, très ouverte : La société québécoise a souvent tendance à sous-estimer la valeur des choses dont
elle dispose, et notre système d'éducation est une de ces richesses, O.K., qui permet à nos jeunesses de
compétitionner dans le monde entier avec une éducation de qualité et
qui... de mieux en mieux adaptée aux besoins de notre société d'aujourd'hui.
Donc, c'est mon premier point.
Mon deuxième point,
c'est que... je regarde dans le comté de Mégantic, où nous avons une structure
un peu particulière parce qu'avec nous et le
comté de Côte-du-Sud nous sommes les deux derniers comtés qui ont encore
des maisons familiales rurales
opérationnelles. Les maisons familiales rurales sont des écoles alternatives
avec des programmes spéciaux qui fonctionnent avec des stages.
Donc,
les jeunes décrocheurs de secondaire II, secondaire III qui ont de la
difficulté à fonctionner dans le système conventionnel se retrouvent chez eux, et les MFR permettent de les
ramener à l'école dans une méthode d'enseignement différente où les
jeunes... non pas qu'ils travaillent six heures d'enseignement par jour, ils en
font 10 heures par jour. Mais, à toutes les deux semaines, ils vont faire deux
semaines de stage dans différents métiers.
Dans
le cas de la MFR de mon comté, qui est à Saint-Romain, il y a de la foresterie,
de l'agriculture, de la production laitière,
de l'acériculture et du tourisme, et ces jeunes-là font l'alternative entre le
travail et l'éducation et ils obtiennent des DEP et des DES, et qui leur
permet d'avoir une carrière productive.
Et non seulement ça,
en se rappelant que c'est des jeunes décrocheurs, 30 % de ces jeunes-là
vont poursuivre leurs études supérieures et aller au cégep et certains même à
l'université.
Donc,
la démonstration d'une flexibilité à l'intérieur de notre système d'éducation
est un élément extrêmement fascinant. Puis je vous démontre ici mon cas,
mais aussi celui du cas de la MFR, où on a su adapter d'un modèle d'éducation qui correspond à une adaptation qui
répond à un besoin de l'industrie, mais aussi aux besoins spécifiques
des étudiants.
Entre
autres, on discutait dernièrement, lors de la visite du ministre de
l'Éducation, justement à cette école-là, que les jeunes n'apprennent pas seulement que le métier d'acériculteur, ou
de producteur forestier, ou de producteur laitier, mais ils demeurent chez les gens. Et ce que j'avais noté
qui était fascinant, c'est que c'est une... pas seulement
l'apprentissage du travail, mais le
savoir-être. Donc, le comportement, l'attitude dans le milieu du travail, en
famille chez les gens avec qui ils travaillaient tous les jours, ils
apprenaient aussi un autre système de valeurs.
Donc,
pour moi, ce type de modèle là est autre exemple d'apprentissage qui est très
intéressant et qui correspond spécifiquement
à ce besoin-là. Donc, notre système d'éducation a des particularités, mais une
reconnaissance internationale et une
flexibilité, une adaptabilité qui est quand même très intéressante. Donc, c'est
très intéressant de constater que le gouvernement
a fait de l'éducation et de la santé une priorité et c'est une initiative dont
le Québec devrait être très fier.
Donc,
c'est dans ce contexte-là que le gouvernement s'est engagé à ce que la
croissance des dépenses d'éducation atteigne
3,5 % par année et, comme j'ai mentionné précédemment, celles de la santé,
qui dépassent 4 %. En 2018‑2019, la croissance des dépenses en éducation est fixée à 5 % et celle des
dépenses en santé, comme je l'ai mentionné, excède le 4 %.
• (17 heures) •
Alors
que les dépenses des missions se sont accrues de 3 % en moyenne, entre
2014‑2015 et 2017‑2018, la cible de croissance
de ces dépenses est établie à 4,7 % en 2018‑2019 dans le plan économique.
À ma plus grande satisfaction, le plan économique
du Québec prévoit, en fait, 372 millions en santé et services sociaux afin
d'améliorer l'accès aux services et rehausser
les services vulnérables; 322 millions en éducation et en enseignement
supérieur dans le but d'accroître la réussite éducative; et 368 millions, comme j'ai déjà mentionné, pour la
réduction de la pauvreté. Donc, au bénéfice de ces citoyens, la
croissance des dépenses atteindra 5,2 % en 2018‑2019.
L'amélioration de la
situation financière du Québec, encore une fois, O.K., nous a permis de
partager les fruits de la croissance et
d'annoncer des nouvelles initiatives pour favoriser l'accompagnement des élèves
et des étudiants. Ainsi, le gouvernement s'est engagé à ce que la
croissance des dépenses en éducation atteigne 3,5 %.
On
a entendu, M. le Président, aussi, des critiques négatives qui nous disaient
que le passif actuariel dans les écoles, les hôpitaux, etc., s'accroissait. Je crois qu'il faudrait préciser un
petit peu, au bénéfice de la population : c'est que le passif actuariel s'accroît, pas parce que les écoles
vieillissent plus vite qu'elles vieillissaient, c'est principalement parce que
nous avons une meilleure image, un meilleur état de la situation. En faisant de
plus en plus d'études de prévention, de prédiction
du cycle de vie de nos bâtiments, nous avons une image de plus en plus claire
de l'état de la situation, ce qui nous
permet de faire des planifications d'investissement beaucoup plus précises.
Donc, quand on regarde le passif puis qu'on dit : Ah bien! Il a
monté de plusieurs milliards, donc c'est la preuve qu'il y a une mauvaise
gestion, le point est exactement le
contraire. À la fin de la journée, quand on va avoir une image avec une
précision de 100 %, on va pouvoir faire
une planification et une exécution du plan d'investissement qui sera, elle
aussi, de 100 %... et d'assurer de maintenir la qualité de l'investissement, qui va arriver au bon
moment pour faire le bon investissement, avec une précision très élevée.
Donc, le processus d'évolution, il est actuellement en évolution.
Et, M. le Président, la raison pour laquelle je
vous souligne ça, c'est qu'une compétence de gestion gouvernementale, ce n'est pas quelque chose qui s'acquiert dans
quelques mois ou dans quelques semaines, et il y a des gens qui
prétendent que, dans un cycle très court, on
peut régler tout ça. Mais on peut le constater ici, directement, que
l'apprentissage de la compétence de
la gestion, non seulement de l'opération, des plans de programmes, mais aussi
de la gestion des infrastructures, de
la gestion du capital et de la planification de ces dépenses-là, dans un
contexte de cycle de vie qui, parfois, dépasse 50 ans, parfois va jusqu'à même 100 ans... On peut parler des barrages
hydroélectriques, on peut parler des infrastructures, les ponts. En fait, dans ma municipalité, où je
demeure, on va construire, en 2018‑2019, un nouveau pont. Le pont aurait
eu 100 ans en 2020, O.K.? Puis j'en connais
d'autres, dans ma région voisine, qui ont le même style de ponts qui ont
à peu près le même âge. Donc, encore là, la
prédiction du cycle de vie nous permet d'arriver au bon moment, avec le
bon investissement. Et, en éducation, ce
phénomène-là est en amélioration continuelle. Donc, en éducation, des
investissements additionnels pour la réussite éducative. M. le Président, les
dépenses continuent de s'accroître et ont été relevées de 2,4 milliards pour atteindre
18,9 milliards en 2018‑2019. Notre gouvernement a démontré clairement un
intérêt envers le système d'éducation du Québec.
Notre gouvernement a
aussi visé l'ensemble des besoins en éducation, et, dans le but d'offrir des
services d'éducation et d'enseignement
supérieur modernes, efficaces et de qualité — et
je vous ai démontré mon propre... l'effet de ça pour moi, dans mon cas — le Plan québécois des infrastructures 2018-2028 prévoit des investissements de 16,2 milliards, donc près de 9,5 milliards à
l'éducation préscolaire et à l'enseignement primaire et secondaire et, M.
le Président, 6,7 milliards de dollars à l'enseignement supérieur.
Je
suis donc persuadé que ces investissements permettront d'accueillir les
nouveaux élèves, les étudiants, ainsi que de leur permettre de
poursuivre les efforts entrepris pour rénover et améliorer nos établissements
d'enseignement au Québec, et surtout de
donner à notre jeunesse les niveaux d'éducation et de compétitivité qu'ils
auront besoin pour faire face au
milieu de l'industrie mondiale, et surtout de s'adapter et d'adapter notre
industrie, nos emplois et notre milieu économique à faire face aux défis
du futur.
Donc, M. le Président, je
voudrais demander à M. le ministre : Est-ce que nous avons respecté nos
promesses en éducation?
Le Président (M. Bernier) : Il vous
reste 1 min 30 s. Vous avez toujours peu de temps.
M.
Leitão : Un peu plus qu'avant. Oui, je vous dirais que oui, M. le
Président. Mais, encore une fois, comme c'était le cas lors de la discussion précédente, cela a été fait une fois, une
fois qu'on a, donc, comblé le trou qu'il y avait à notre arrivée.
N'oublions pas, n'oublions pas que la situation en 2014 était bien différente
de celle à laquelle nous faisons face
aujourd'hui. La grande différence, c'est que, nous, aujourd'hui, nous pouvons,
oui, en effet, accélérer le rythme de croissance
des dépenses, toujours en demeurant à l'équilibre budgétaire, chose qu'en 2013‑2014
on ne faisait pas. On était en déficit et on avait une croissance des
dépenses qui était projetée être très forte. Donc, on a dû contraindre cela.
Une fois
qu'on a repris le contrôle des finances publiques, alors là, à partir de 2016‑2017,
on a commencé à accélérer
l'investissement dans la santé comme dans l'éducation. Et on a pu faire ça
parce que nos revenus aussi étaient en croissance
plus forte. Et nos revenus étaient en croissance plus forte parce que
l'économie allait bien. Ce n'est pas, comme ça a été mentionné hier...
ce n'est pas qu'on a haussé, augmenté, alourdi le fardeau fiscal des Québécois,
c'est, au contraire, parce qu'il y a plus de
Québécois qui travaillent, plus de Québécois qui reçoivent un salaire, et donc
qui paient de l'impôt, et qui paient de la taxe de vente. Les revenus de
l'État sont à la hausse. Cela nous...
Le Président (M. Bernier) : On va avoir
l'occasion d'y revenir.
M. Leitão : Cela nous permet de
dépenser plus.
Le Président (M. Bernier) : Nous
allons passer du côté de l'opposition officielle. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Les gens pourraient retenir la conversation qu'on a eue sur l'éducation, le
ministre et moi, à la place.
Juste finir sur la question de votre plan, là,
pour l'évasion fiscale, puis, après ça, je reviendrai à la santé, à la demande,
là, de nos collègues, qui aimeraient qu'on parle de santé aussi.
Dans votre
plan, à la page... Attendez, où j'ai mis ça? Ici. À la page B.23, voilà. Alors,
vous parlez du programme de divulgation volontaire et...
M. Leitão : D?
M. Marceau : B.23, dans les
Renseignements supplémentaires. B.23. Puis vous dites que le...
M. Leitão : Excusez-moi, mais D.23,
il n'existe pas.
M. Marceau : J'ai dit «B»,
comme dans...
M. Leitão : Ah! «B» comme...
M. Marceau : ...dans
«Bécancour», ou encore... ou «bastonnade».
M. Leitão : ...comme «Bécancour»,
oui, oui. O.K. Oui, je le vois, je le vois.
M. Marceau : O.K. Dans cette
page-là, essentiellement, vous dites que le programme de... En fait, juste pour
revenir un peu en arrière, dans votre plan
d'action sur les paradis fiscaux, puis tout ça, vous avez dit que vous
vouliez maintenir le programme de
divulgation volontaire. Et, en fait, au moins, vous êtes cohérent là-dessus. Et
à la page B.23, vous dites que le
programme de divulgation volontaire est un outil très efficace. Ça, c'est dans
le deuxième paragraphe, en haut,
là : «Le programme de divulgation volontaire est un outil très efficace.»
J'aimerais bien savoir sur la base de quels critères vous le trouvez
efficace.
• (17 h 10) •
M.
Leitão : Parce que, si on continue à faire la lecture... parce que,
depuis 2009‑2010, ça a permis au Québec de récupérer 720 millions de dollars, lesquels auraient autrement,
probablement, échappé aux autorités fiscales. Donc, c'est essentiellement... Le niveau de récupération
attribuable au programme est intéressant. 720 millions, c'est quand
même...
M. Marceau :
Vous n'avez pas l'alternative. L'alternative, ce serait un monde dans lequel il
n'y a pas de programme très efficace,
des sanctions très fortes sur les gens qui tentent de faire de l'évasion
fiscale, et tout l'effet dissuasif qui
en découle. Parce que, moi, ce que je vous soumettrais, puis c'était la pensée
qui nous habitait à la Commission des finances publiques, c'est qu'un
programme, même... ce n'est pas parce que le programme récolte de l'argent
qu'il est efficace. La difficulté qu'il y a
avec ce programme-là, c'est que ça donne l'impression, avec raison dans
certains cas, que des bandits parviennent à ne jamais payer de sanctions,
alors qu'ils ont fait de l'évasion fiscale, et ça... Bien, écoutez, on s'entend, le programme de divulgation volontaire,
c'est : Vous avez été un bandit, vous avez fait de l'évasion fiscale,
avant qu'on vous attrape, vous vous présentez au fisc, vous révélez le fait que
vous avez fraudé, et là, en échange de cette divulgation volontaire, vous
n'aurez pas de sanction.
Moi,
je vous soumets qu'on ne peut pas dire que c'est efficace parce qu'on récolte
bien de l'argent de même. Ce qui
serait efficace, ce serait que l'évasion fiscale ait diminué, que les gens...
puis je vous soumets que, si les sanctions étaient plus fortes plutôt que nulles, il se peut que ça soit bien plus
efficace, puis qu'on a bien plus de récolte d'impôt. Enfin, je ne le sais pas. Si vous êtes capable de me
dire : Avec des sanctions plus fortes, ça aurait été autrement, je vais
peut-être être convaincu. Mais allez-y.
M. Leitão : Non, je ne pense
pas que... je ne pense pas... mais, justement, à notre avis, c'est la
divulgation volontaire qui est plus efficace qu'un régime de sanctions plus
fortes. Avec un régime de divulgation volontaire, cela donne un incitatif
important à ce que les personnes le déclarent volontairement. Sinon, c'est des
montants qu'on ne récupérerait pas.
M. Marceau :
L'incitatif important que ça donne aussi, le premier, c'est pour les gens
honnêtes qui paient leurs impôts, ça
leur donne un message que la justice n'est pas égale pour tous, qu'il y a des
gens qui peuvent se permettre de frauder, de faire de l'évasion fiscale,
et puis qui s'en tirent avec aucune sanction. Ça, c'est une première chose.
Deuxièmement,
pour celui qui a les moyens de faire de l'évasion fiscale puis d'utiliser des
procédés complexes, ça lui lance
aussi le message que, bien, coudon, tu fais qu'est-ce qui te tente pendant
quelques années, puis, à un moment donné, avant que les mailles du filet
tombent sur toi, bien, tu t'en vas voir Revenu Québec puis tu dis : J'ai
le goût de divulguer. Évidemment, il faut
que tu le fasses avant que les mailles du filet arrivent, là. Mais il n'en
demeure pas moins que ça peut inciter des gens à poser des gestes
illégaux que de savoir que, le moment venu, ils pourront s'inscrire dans un
programme de divulgation volontaire.
Puis je vous soumets que la confiance du public,
l'adhésion des gens à notre démocratie, puis à notre système d'imposition, puis à la cotisation volontaire,
tout ça, ça repose sur la confiance, puis la confiance, elle est ébranlée...
Moi, je vous parlerais... vous parlerez aux
gens autour de vous, là, sur qu'est-ce qu'ils pensent du fait que des gens
qui ont fait de l'évasion fiscale à coups de millions de dollars s'en
tirent avec aucune sanction parce qu'ils se sont inscrits dans un programme du gouvernement. Je vous invite à
mesurer ça de manière anecdotique autour de vous puis par des sondages
si ça vous tente. Vous verrez que je ne suis pas sûr que les gens sont très,
très ravis d'apprendre ça.
M. Leitão : Mais c'est que... si je
peux me permettre, M. le Président, ce qu'il y a, c'est que le système de divulgation volontaire que nous avons au Québec
est quand même assez différent de ce qui se fait ou de ce qui se faisait
du côté de l'Agence du revenu du Canada.
Ici, elle est très encadrée. Elle doit être spontanée. Elle doit être complète.
Et elle doit être vérifiable. Donc,
ça nous permet, entre autres choses, d'apprendre des choses qui vont donc
améliorer le niveau de «compliance»
avec le régime fiscal. Donc, c'est pour ça que c'est utile. Mais c'est surtout
le fait qu'elle est vraiment bien encadrée, et qu'elle doit être
vérifiable, et que la dette fiscale qu'on finit par trouver doit être payée.
Donc, c'est bien différent d'un régime qui, du moins, existait de façon
différente ailleurs.
M. Marceau : ...d'accord, parce que...
Le Président (M. Bernier) : M. le
député.
M.
Marceau : Oui. Moi, je ne remets pas en cause que le programme tel
qu'il est constitué est bien construit, là. Je ne suis pas en train de dire que ce n'est pas des véritables
divulgations. Je ne suis pas en train de dire que vous ne faites pas de bons efforts pour que ce soit bien fait. Je
vous dis simplement que le fait qu'il existe un programme par lequel une
personne qui a posé des gestes illégaux
puisse s'en tirer sans aucune sanction, c'est quelque chose qui a deux
conséquences. La première, c'est que, pour
les gens qui, eux, font attention, qui sont honnêtes puis qui n'ont jamais
posé de gestes illégaux, qui ont payé
leurs impôts à chaque année, c'est quelque
chose qui vient décrédibiliser puis
qui vient réduire l'adhésion que les
gens ont aux bonnes conventions normales, qui consistent à payer leurs impôts.
C'est la première des choses. Cette impression désagréable, là, elle
existe dans le public présentement avec ce genre de programmes là, même s'ils
sont bien conçus.
Par ailleurs,
pour une personne qui a plein de fric, puis qui cherche à éviter de l'impôt,
c'est aussi une invitation à utiliser
des procédés comme ceux-là, sachant
que, bon, on peut faire ça quelques années puis, après ça, rentrer dans
le programme. Enfin.
Je pense que
nous sommes en désaccord. Alors, je n'ai pas grand-chose à faire de plus
là-dessus. Vous pouvez peut-être faire un dernier commentaire, puis on
passera à un autre sujet.
M.
Leitão : Ce qu'il y a aussi, c'est... que je dirais aussi, c'est deux
choses. D'abord, s'il y a de l'intérêt qui est dû, les personnes doivent payer quand même les
intérêts. Mais, surtout, la divulgation volontaire, ce n'est pas un
automatisme. Revenu Québec n'est pas forcé
d'accepter toutes les divulgations volontaires. Il va y avoir une analyse du
dossier. Ça se peut très bien que
Revenu Québec décide que, dans le cas très spécifique, la divulgation
volontaire n'est pas pertinente, et donc, là, il n'y a pas de... Ça ne
s'applique pas et donc...
Tout ça pour
dire que c'est un système qui nous permet d'apprendre des choses, qui nous
permet d'augmenter le niveau de
conformité avec le régime fiscal et qui est très bien encadré par Revenu
Québec. Donc, c'est pour ça que je dis que
c'est un outil qui est intéressant, qui est utile, qui est efficace et qu'on
continue de le faire. D'ailleurs, ce qu'on a aussi annoncé dans le
budget du 27 mars dernier, c'est que... ce n'est pas tout à fait la même chose,
mais nous avons aussi maintenant mis en place un programme de récompenses pour
les dénonciateurs. Donc, si quelqu'un est au courant de...
Le Président
(M. Bernier) : Ce qu'on appelle les lanceurs d'alerte.
M. Leitão : ...lanceurs
d'alerte et qui seraient récompensés
si leur dénonciation à l'autorité fiscale se traduit par une récupération fiscale, des choses qui existent ailleurs
et qui ont donné certains résultats. Donc, je pense que ça devient un
complément à ces mesures de divulgation anonyme, mais aussi... dénonciation
anonyme, pardon, et de divulgation volontaire, ça améliore la conformité avec
le régime fiscal.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Marceau : Bien, écoutez, je pense que de mettre un à côté de l'autre les
deux programmes, c'est deux choses bien distinctes. Les sonneurs d'alerte, bien
clairement, ça peut augmenter la conformité sans donner l'impression au
grand public qu'il y a un régime spécial
pour les gens très riches qui sont capables d'embaucher les meilleurs avocats
puis, après ça, de participer à des programmes
de divulgation volontaire. Moi, je vous soumets, là, que l'iniquité, le
sentiment d'iniquité qui est créé par
un programme comme le programme de divulgation volontaire, ça crée des problèmes
de conformité, puis je suis pas mal convaincu, plus importants que ceux
que... En tout cas, je pense que vous les sous-estimez de façon importante.
Mais...
M. Leitão : ...une personne qui a fait une divulgation
volontaire, on ne donne pas un passe-droit. Si, suite à une divulgation
volontaire, il y a une dette, la dette doit être payée.
M. Marceau : Non, mais il
n'y a pas de sanction.
M. Leitão : Ce qui a été évité,
ce qui a été caché...
M. Marceau : Bien oui,
mais il n'y a pas de sanction.
M. Leitão : ...doit être payé.
Et, s'il y a des intérêts qui sont dus, les intérêts doivent être payés aussi.
M. Marceau : Mais il
n'y a pas de sanction et la personne
a posé un geste illégal. La personne a posé un geste illégal et elle n'a pas de sanction. Elle a le
même traitement, le même traitement, identique, là, à celui d'un
contribuable honnête, hein, de la même
manière, un contribuable honnête qui ne paie pas ses impôts puis, enfin, qui
n'est pas capable, il est serré cette année-là, il est obligé d'attendre
six mois avant de payer ses impôts, il va payer ses intérêts. Puis, s'il a accumulé une dette, il va la rembourser. Le
contribuable dont vous me parlez qui, lui, a posé des gestes illégaux, lui,
il a le même traitement qu'un contribuable honnête. Exactement. Il a zéro
sanction pour le malhonnête. Ça, là, c'est ce qui contribue à un sentiment d'injustice puis à un sentiment d'iniquité. Et
je vous soumets qu'on ne peut pas déclarer que ce programme-là
est efficace sans être capable de mesurer à quel point ça écoeure le monde
normal, honnête, qui paient leurs impôts, que de savoir qu'il y en a
d'autres qui passent à côté puis qui ne paient pas.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
• (17 h 20) •
M. Leitão : Les jugements de... Mais là on est au coeur de la
question. Le résultat de la divulgation volontaire, c'est que la
dette fiscale est payée. On ne pardonne pas quoi que ce soit. Et, dans un cas
de fraude, si vous voulez pousser l'exemple
plus loin, il faut aller en cour, il faut la prouver, et,
souvent, dans des cas complexes, ça peut prendre beaucoup de temps et ça peut être extrêmement difficile à prouver. Avec une divulgation volontaire, on évite ces
choses-là et on apprend des
mécanismes, et, avec cette information-là, d'autres «schemes» semblables vont être
déjoués par le fisc. Donc, c'est pour ça que c'est utile de continuer
avec ça.
Le Président (M. Bernier) : M. le
député.
M. Marceau : Oui. Regardez, je pense que
c'est un dialogue de sourds, on n'est pas d'accord. Moi, je vous...
Je vais changer de sujet puis pas parce que je suis convaincu.
Je vais parler de santé. Combien il me reste de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Bernier) : Huit
minutes.
M. Marceau : Parfait. Alors, maintenant,
je voulais faire le même exercice avec le ministre que celui qu'on a fait tout
à l'heure en éducation avec le
fascicule Santé. Et là encore c'est vraiment plaisant, on a le
tableau des dépenses telles que... les
dépenses en santé, à la page 3. Et, bon, je vais vous rappeler simplement que
le premier ministre avait parlé de 4 % dans le petit
énoncé que j'ai dit tout à l'heure. Et là, si vous prenez simplement les
chiffres qui sont là, on passe de 32,6 à 38,5 entre 2013‑2014 et 2018‑2019,
ce qui fait une hausse de 3,6 % par année. Là, vous le calculerez, je suis
certain que vous êtes capable de faire ça, ça fait 3,6 %.
Mais
là, regardez, on s'est dit — et je pense qu'il n'y a personne ici qui va
être en désaccord avec moi — que, là-dedans, il y a beaucoup d'argent qui est allé
pour les médecins, médecins pour lesquels j'ai le plus grand respect.
Moi, je viens d'une famille de médecins, en
passant, ça fait que ce n'est pas une question de manque de respect envers les
médecins. Mais, pour
les médecins, la rémunération en 2013‑2014,
elle s'élevait à 6 226 000 000 $.
Puis, cette année — j'ai
pris ça dans votre document ici — c'est
7 655 000 000 $. Oui. À la page 28 de votre même fascicule,
là, vous avez, pour les médecins, en vertu des ententes,
7 655 000 000 $.
Ça fait que je
recommence : en 2013‑2014, là, vous ne l'avez pas nulle part dans votre
fascicule, là, mais, en 2013‑2014, c'était 6 226 000 000 $,
puis, en 2018‑2019, ça va être 7 655 000 000 $. Et là,
comme vous êtes bien entouré de gens
qui sont munis des meilleures calculatrices, vous êtes capable de voir que la
rémunération du reste du réseau est passée de 26 374 000 000 $ à
30 845 000 000 $. J'ai juste fait la soustraction du
montant total moins les médecins, hein, donc j'ai pris le 32,6 moins le
6,2 pour les médecins en 2013‑2014 puis j'ai pris le 38,5 moins le
7 655 000 000 $ en 2018‑2019.
Je sais que ça fait beaucoup de chiffres, là, mais en gros, ce n'est pas
compliqué, j'ai pris les totaux et j'ai soustrait de ça les montants
pour les médecins, puis ça donne 26 374 000 000 $ en 2013‑2014
puis 30 845 000 000 $ en 2018‑2019.
Et
là ça, M. le Président, ça veut dire que, pour toutes les autres dépenses en
santé, sauf les médecins, ça a augmenté de 3,4 % par année. Donc là, on est loin du 4 %, là. Mais,
pour les médecins, ça a passé, donc, vous le savez, de 6,2 à 7,6. Eux, ça a augmenté de 4,6 %. Ça fait
qu'effectivement vous avez livré la marchandise, mais juste pour les médecins,
pas pour les patients. Pour les médecins, ça
a augmenté de 23 % en cinq ans, pour les patients, ça a augmenté de
16,9 % en cinq ans, donc 4,6 % pour les médecins, 3,4 %
pour les patients. Au total...
M.
Leitão : ...de l'évolution de pratique, donc les médecins voient plus de
personnes aussi. Ce n'est pas seulement une augmentation du salaire des
médecins, c'est qu'ils travaillent plus aussi, ils voient plus de patients. Un
million de Québécois ont maintenant accès à
un médecin de famille, chose qu'ils n'avaient pas... un million de plus, chose
qu'ils n'avaient pas en 2013‑2014.
M.
Marceau : Ah! il y a plus de Québécois, vous dites, entre
les deux moments? On pourra le faire par habitant si vous voulez, en
plus de ça, ou aussi on pourrait tenir compte de la population, là.
Une voix :
...
M. Marceau :
Il y a plus d'axes, il y a plus de Québécois, ça, je suis d'accord, là. Puis il
y a, évidemment, l'inflation, il y a beaucoup
de facteurs qui entrent en ligne de compte, je n'ai pas de... Je ne mets pas ça
en compte. Tout ce que je dis, c'est
que le budget des hôpitaux, c'est un peu la même affaire aussi, là, la population
augmente. Puis, bon, vous savez très bien
même qu'il est question d'avoir un financement par activité, financement des établissements qui dépendent, en particulier, de la quantité d'activités dans l'établissement. Je pense
que c'est une direction, plutôt que de financer sur une base historique. Mais, cela étant, pour les établissements, en tout cas, qui sont inclus dans le chiffre, là, duquel
on soustrait la rémunération des médecins,
ça a été 3,4 %. Et, pour les
médecins, ça a été 23 % ou 4,6 %. En tout cas, tout ça pour
dire qu'on peut... Mais, au total, quoi qu'il en soit, on est encore en dessous
du 4 %.
M.
Leitão : C'est clair que la rémunération des médecins, c'est un sujet
important, on en a beaucoup discuté. Les médecins sont un élément important, essentiel dans notre système de
santé. Et ce que nous avons réussi à faire avec l'entente qu'on a finalement réussi à négocier et à établir
avec les médecins spécialistes surtout, c'est que, maintenant, donc, à
partir de 2016‑2017, maintenant, on a plafonné la croissance des dépenses de
rémunération de médecins dans l'enveloppe totale
de dépenses de santé. Donc, on a atteint un sommet de 21,2 % en 2016‑2017.
Et, depuis, maintenant, ça va diminuer, on va passer à 19 %, on va passer, donc, de 19,9 % à
19,5 %. Donc, on a ramené sous la barre avec les nouvelles ententes
avec les médecins, surtout les spécialistes,
on a repris contrôle de la rémunération des médecins. C'est un enjeu qui
vient de loin, comme vous le savez très
bien, il fallait négocier des ententes avec les médecins spécialistes et les
omnipraticiens. Ça n'a pas été simple, c'est
un long et ardu processus, mais nous avons finalement réussi à accomplir ces
négociations-là, ce qui nous donne maintenant un résultat qui est très
avantageux pour toute la population.
M.
Marceau : ...M. le Président, au moment de la campagne
électorale, le premier ministre était l'ancien ministre de la Santé, qui avait signé l'entente, et puis
son ministre... son candidat, qui est devenu, à l'époque, le ministre de la
Santé était sa contrepartie. Alors, il
savait qu'est-ce qu'il faisait quand il disait qu'il promettait du 4 % aux
Québécois. Il n'a pas livré le
4 % en question et, pire que ça, en fait, il l'a simplement livré pour les
médecins. Alors, il savait ce qu'il faisait. Là, ce qu'il va arriver
dorénavant, là, moi, je fais le bilan de votre action, là, j'ai les chiffres de
votre année... de vos cinq ans... quatre ans et demi.
M. Leitão :
Le 4 % n'était pas possible en 2014‑2015, 2015‑2016, parce qu'on faisait
face à un trou de 7 milliards. Il fallait d'abord régler ça. Si on n'avait
pas réglé ça, on ne...
M. Marceau :
...les médecins. Il n'était pas possible pour les patients du Québec?
M. Leitão :
Si on n'avait pas réglé le trou, on n'aurait pas pu faire ce que nous faisons
maintenant.
M.
Marceau : Mais qu'est-ce qui fait que... Vous avez promis à la
population 4 %, vous ne l'avez pas livré pour la population, mais vous l'avez livré aux médecins.
Qu'est-ce qui fait que le trou, là, il vous empêche de livrer la
marchandise à la population du Québec, mais ça ne vous empêche pas de livrer la
marchandise aux médecins? Qu'est-ce qui fait... C'est quoi? Pourquoi le
traitement différencié?
M. Leitão : Écoutez, je
trouve ça un peu particulier de vouloir mettre en opposition les médecins et le
reste de toute la population du Québec. Les médecins, quand même, font
un travail raisonnable et remarquable, et leur structure de rémunération est très complexe. Ça vient de très
loin, ce problème-là, ça a demandé des négociations très, très ardues
avec les fédérations, chose que nous avons finalement réussi à faire cette
année.
Le Président (M.
Bernier) : ...M. le ministre. Nous allons passer du côté
ministériel avec M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard :
Merci beaucoup, M. le Président. Je dispose de combien de temps?
Le Président (M.
Bernier) : 16 minutes.
• (17 h 30) •
M.
Girard : 16 minutes, merci beaucoup. Donc, M. le Président, en
début de mandat, j'ai eu le bonheur de pouvoir occuper le poste de ministre délégué aux Petites et Moyennes
Entreprises, à l'Allégement réglementaire et au Développement économique régional. J'ai aussi évolué, pendant
25 ans, dans le secteur financier dans la région de Trois-Rivières et
j'ai été très impliqué auprès des chambres
de commerce et auprès du développement économique. Et ce qui va m'amener à
parler, pour le prochain bloc, des PME.
On
le sait, l'économie du Québec se
transforme dans les régions principalement. J'en ai parlé plus tôt et, à
Trois-Rivières, on a eu une économie qui était reliée principalement à quelques
grandes entreprises dans le passé qui ont malheureusement fermé au fil des temps. L'économie s'est
diversifiée, de mono-industrielle, on est passé à plusieurs types d'activité, on a développé des entreprises de
technologie dans différents secteurs, donc la diversification s'est faite
par les PME, ce sont des petites et moyennes
entreprises qui nous permettent de diversifier notre économie et c'est un peu
comme ça partout à travers le Québec, je pense
à Trois-Rivières, je pense à Drummondville, je pense
à Shawinigan, entre autres.
Donc,
les PME sont au coeur de notre économie, les PME sont les créatrices d'emplois
d'aujourd'hui, les PME sont
les entreprises qui nous permettent de se développer dans les grands centres
mais aussi beaucoup dans les
régions du Québec.
Parmi
les entreprises en activité au Québec, 99 % de nos entreprises qui sont
répertoriées sont des PME, des petites et
moyennes entreprises. Les deux tiers des emplois au Québec sont attribuables à
nos PME dans les régions du Québec. Les
PME sont donc vraiment au coeur du développement, et ce, partout à la grandeur
du Québec. Ces PME là vont devoir, dans le futur, continuer à être
compétitives, à être performantes. Nos PME vont devoir investir, vont devoir se
moderniser, moderniser leurs installations, vont devoir également travailler à
l'embauche de nouveaux travailleurs, formation des travailleurs. Donc, pour être compétitives, bien, nos PME, autant
manufacturières, nos PME de tous les secteurs vont devoir se repenser.
L'exportation est également
importante pour nos PME. Je le disais tout à l'heure : Nos PME
manufacturières exportent beaucoup à
l'extérieur du Québec. C'est ce qui nous crée de la richesse. Il est donc
essentiel pour le Québec de maintenir
un climat de confiance, un climat de confiance qui va être propice à
l'investissement et à la croissance pour toutes nos PME. Et il faut
réunir des conditions gagnantes pour que nos PME puissent continuer à
prospérer, que nos PME puissent continuer à créer de la richesse dans toutes
les régions du Québec.
Bien sûr, de nombreux
gestes ont été posés par notre gouvernement au fil des quatre derniers budgets
depuis juin 2014. Et on continue à aider nos
PME, mais nos PME font face à des défis importants, le contexte mondial,
entre autres. On a vu récemment, que ce soit
au niveau des droits compensatoires qui sont demandés aux États-Unis, que
ce soit la négociation de l'ALENA, on se
doit d'être compétitifs de façon internationale et on se doit de continuer à
aider nos PME.
Pour
ce faire, le dernier budget est extrêmement intéressant pour nos PME.
D'ailleurs, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la Fédération des chambres de commerce ont
été très positives par rapport au dernier budget de notre gouvernement : entre autres, une initiative
qui va permettre une réduction supplémentaire du fardeau fiscal de nos PME de près de 2,2 milliards sur cinq ans, ce
n'est pas rien, M. le Président; une diminution du Fonds de services de
santé, le fameux FSS, qu'on appelle, qui est une charge pour nos PME, on parle
d'une diminution pour les cinq prochaines années
de 1,2 milliard; réduction graduelle du taux d'imposition pour nos PME du
secteur des services et de la construction de 8 % à 4 %, une autre baisse de 1 milliard pour nos
PME. Cet argent-là que nos PME vont sauver, c'est de l'argent qui va
pouvoir être réinvesti dans la modernisation, dans la création d'emplois, dans
le développement de nos entreprises partout au Québec.
Au
niveau de la réduction du FSS, on parle de 1,25 % pour le secteur primaire
manufacturier, donc une réduction de près de 55 % de leur taux de
cotisation — donc,
à chaque année, les entreprises doivent cotiser — 55 % de moins depuis juin 2014. Pour les entreprises du secteur
de la construction et du secteur des services, c'est 40 % de moins,
leur cotisation à partir de l'an prochain
par rapport à ce qu'elles cotisaient en 2014. Donc, c'est une réduction
importante des coûts fixes d'une entreprise reliés au FSS.
Également,
M. le Président, le FSS, au niveau du taux de cotisation, bon, j'ai mentionné
les montants, ça va toucher 17 000 PME dont la masse salariale est
supérieure à 1 million et inférieure à 5 millions. Parce que, ce
qu'il arrive, c'est que cette cotisation-là
est basée selon la masse salariale de nos PME. Il y a un taux de cotisation en
fonction de cette masse salariale et
on a une diminution, on a un taux qui est moindre pour les entreprises qui ont
une masse salariale de moins de
5 millions, donc qui touche 17 000 PME. Dans le nouveau budget, on
fait passer ce taux-là de 5 millions, ce taux de masse salariale de
5 millions à 7 millions. Donc, on rajoute tout près de 6 000 PME
qui ont une masse salariale entre 5 et 7 millions, qui vont
bénéficier du nouveau taux de FSS, donc qui vont avoir une économie substantielle.
L'ensemble
des 245 000 PME du Québec vont pouvoir bénéficier également d'un
allègement fiscal qui représente le
1,2 milliard sur les cinq prochaines années. Que ce soient les PME
manufacturières, dans le secteur des services, de la construction, toutes les PME vont voir, dans leurs
poches, des liquidités supplémentaires, des liquidités supplémentaires qui vont servir à pouvoir prendre de l'expansion,
à faire de nouveaux investissements, à travailler de l'exportation, développer
des nouveaux marchés, développer des
nouveaux produits. Donc, cette réduction du taux d'impôt va vraiment être
très intéressante pour nos PME de partout à travers le Québec, M. le Président.
Bien sûr, beaucoup d'autres initiatives sont
mises en place, entre autres, stimuler la croissance de nos PME. Nos PME disposent de ressources limitées au niveau
financier. Ce n'est pas toujours facile, quand on est une PME, de gérer
la croissance. Souvent, j'ai vu des PME qui ont des croissances très rapides,
et ça prend des fonds, ça prend de l'argent.
Et, à ce moment-là, il faut soutenir nos entreprises. Souvent, le manque de
financement est un frein à des projets d'investissement.
Deux défis que nos PME ont à relever : bien sûr, l'embauche. J'ai vu des
PME qui m'ont dit, sur le terrain, qu'ils
doivent refuser des contrats à l'international par manque de main-d'oeuvre,
d'autres qui doivent refuser certains contrats
à l'international parce qu'ils n'ont pas les reins assez solides au niveau
financier pour être capables de faire face à la croissance des prochaines années. Donc, il faut soutenir nos PME, il
faut travailler à créer de l'aide, du soutien. La création, entre autres, du Réseau 200, qui va réunir des
entrepreneurs, des gens du monde des affaires, pour travailler avec nos
PME.
L'appui aux
accélérateurs, aux incubateurs d'entreprises au Québec : on a de plus en
plus de start-up au Québec, des
entreprises en démarrage. Il faut les appuyer, il faut leur trouver des
endroits avec du soutien, avec de l'aide pour qu'ils puissent se créer, et s'accélérer, et pouvoir
avoir une croissance. Les cinq premières années sont critiques au niveau
des entreprises qui démarrent. Donc, les
accélérateurs, les incubateurs d'entreprises au Québec sont d'une grande
importance.
Bonification
de l'appui à la création des centres d'excellence dans les secteurs des
technologies, ce qu'on appelle les
TIC, technologies de l'information et communications. On est à l'ère du
numérique; nos entreprises doivent s'informatiser, doivent travailler de plus en plus avec le
numérique, doivent travailler avec les nouvelles technologies. On se doit de
les accompagner. Donc, on va offrir de
l'appui. On bonifie l'appui pour ces entreprises-là. Donc, on doit vraiment
accompagner nos PME dans la transformation de l'économie et faire face au
virage numérique.
Également, un
programme qui est mis en place, c'est l'appui au virage numérique de
l'industrie touristique. Je parle encore
pour ma région, au niveau de Trois-Rivières, on a de plus en plus de tourisme à
Trois-Rivières. Je parlais, tout à l'heure,
de la culture, des festivals, etc., qui est relié au tourisme, que ce soit
l'Amphithéâtre Cogeco avec le Cirque du Soleil, que ce soit le FestiVoix, nous avons le Grand Prix de
Trois-Rivières, beaucoup d'événements, ce qui attire du tourisme. Mais, maintenant, les touristes travaillent avec
les nouvelles technologies. On réserve en ligne, on fait toute notre préparation avec les services Internet. On va
également aller voir les commentaires de d'autres voyageurs, voir où ils
sont allés, est-ce qu'ils ont aimé, est-ce
qu'ils n'ont pas aimé, et tout. Donc, on se doit d'être prêts à faire face à
cette nouvelle technologie et on veut
aider notre secteur touristique à être en mesure de pouvoir faire face à ce qui
s'en vient dans les années à venir.
On parle 15 millions pour favoriser l'adoption, l'intégration,
l'appropriation des technologies numériques pour les entreprises
touristiques québécoises, particulièrement les PME.
Donc,
l'information numérique permet de partager ses expériences, de connaître le
point de vue des autres touristes, de
s'informer, de comparer, d'effectuer des réservations, de préparer nos voyages.
Donc, la concurrence est augmentée, mais il faut être capable de faire
face à cette concurrence, et c'est une chose que l'on met en place.
Bien sûr, le financement, pour les PME, est
drôlement important. Au niveau financement, on n'a qu'à penser à 61,5 millions pour Teralys Capital, qui va
lui permettre de mettre en place un fonds de fonds qu'on appelle, donc
avoir de l'argent pour financer le capital
de risque de 400 millions de dollars. Je pense au fonds fiscalisé, le
crédit d'impôt pour les achats
d'actions ou de fonds d'actions, également les paramètres qui ont été améliorés
pour Capital régional et coopératif Desjardins.
Donc, les gens qui investissent ont un crédit d'impôt drôlement intéressant,
mais cet argent-là va permettre d'investir
dans des entreprises, des coopératives, en démarrage, en développement, qui
créent de l'emploi au Québec, et ça permet à nos PME d'aller chercher
des sources de financement supplémentaires.
• (17 h 40) •
Donc, la
croissance de nos PME est drôlement importante. Dans notre plan, il faut
continuer à travailler avec nos PME.
Depuis 2014, on a mis beaucoup de choses en place, beaucoup de soutien au
niveau des PME. De 2014 jusqu'à 2022-2023,
on évalue le soutien financier aux PME à 7,3 milliards de ce qui va avoir
été mis en place, autant en réduction du fardeau fiscal des PME,
cotisation au Fonds des services de santé, que ce soit l'amélioration du régime
fiscal des PME, que ce soient les mesures
d'aide budgétaire, l'aide à l'entrepreneuriat, programmes d'appui à la reprise
collective d'entreprises, donc des
programmes qui vont permettre un meilleur transfert des entreprises, soit
transfert intergénérationnel, ou le
rachat, exemple, par un groupe d'employés. Souvent, on voit des entrepreneurs
québécois qui veulent quitter, n'ont pas nécessairement de relève, n'ont pas d'enfant pour reprendre l'entreprise
familiale, et on voit, de plus en plus, des groupes de travailleurs qui
vont se mettre en coopérative pour racheter la PME, garder nos entreprises ici,
au Québec, garder la profitabilité de nos
entreprises ici, au Québec, garder les emplois également ici, dans chacune des
régions du Québec. Donc, c'est important d'avoir des programmes d'appui
à la reprise collective d'entreprises, ce que l'on a fait avec 1 milliard
de dollars, bien sûr, tout ce qui est initiative, favoriser l'accès au capital
d'investissement pour nos PME.
Donc, le
dernier budget a été salué par tous les organismes qui travaillent de près ou
de loin avec les PME, comme la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la Fédération des chambres
de commerce. Depuis 2014, nous avons travaillé
vraiment de très près avec les PME. L'objectif est vraiment de leur donner de
l'oxygène, de pouvoir leur permettre de
bien se développer, de pouvoir leur permettre d'avoir les outils pour être
compétitifs à l'international, et nous allons continuer à faire ce
travail.
Et j'aimerais
que le ministre, pour les, environ, trois minutes et quelques qu'il nous
reste... M. le ministre, pouvez-vous
nous dire, à votre avis, comment les PME sont vraiment le moteur économique du
Québec, et quelle est l'importance des
PME au niveau des budgets du gouvernement du Québec, au niveau de
l'administration du Québec, et comment on voit les PME pour les années à
venir?
Le Président (M.
Bernier) : Puis là vous avez beaucoup de temps, vous avez trois
minutes, là.
M. Leitão : En trois minutes, ça,
c'est...
Le Président (M. Bernier) : Il vient
de doubler le temps.
M. Leitão : Je ne sais pas vraiment
comment prendre ça maintenant. Mais, écoutez, c'est important. Juste en
commençant... nous venons d'ailleurs de compiler maintenant ces chiffres. Pour
cette année, l'année 2018, en ce qui concerne
la croissance économique au Québec et au Canada, donc, le grand consensus des
prévisionnistes du secteur privé, enfin de ceux qui font des prévisions,
ont révisé à la baisse, à la baisse, la croissance économique pour le Canada.
Au Canada, maintenant, pour cette année, ce sera 2 %. La croissance
économique au Québec, elle, demeure... n'a pas été révisée, elle demeure à 2,2 %. Donc, ça veut dire que l'économie du
Québec est solide. L'économie du Québec continue de fonctionner très bien, et une grande partie de la
recette, une grande partie de l'explication, c'est justement le
dynamisme de nos PME, le fait que nos PME
sont très ouvertes au commerce international, que nos PME commencent... comme on
avait discuté dans un bloc précédent, ont
commencé à remarquer une bonne accélération de l'investissement. Donc, les
pénuries de main-d'oeuvre, entre autres
choses, ont comme effet d'accélérer le processus d'investissement pour
compenser, ne serait-ce qu'en partie,
cette pénurie-là. Donc, l'automatisation de nos PME, surtout dans le secteur
manufacturier, cette automatisation est de plus en plus évidente.
Et là il y a
tout un nouveau secteur qui est en train de... une nouvelle effervescence qui
est en train de se créer, surtout à
Montréal, mais pas exclusivement à Montréal, c'est tout ce qui tourne autour
d'intelligence artificielle, donc les révolutions
qu'on voit dans les chaînes d'approvisionnement. Et Montréal et donc par
extension le Québec sont en train de devenir
un des grands centres d'excellence au niveau mondial dans l'application de
l'intelligence artificielle. D'ailleurs, je ne pense pas que ce soit même le terme le plus approprié, on commence
maintenant à constater que certains chercheurs, certains commentateurs
parlent plutôt d'intelligence augmentée que d'intelligence artificielle. Des
fois, l'intelligence artificielle peut faire
un peu peur. On va avoir des robots qui vont nous contrôler. Alors,
intelligence augmentée. Mais on parle de la même chose.
Le Président (M. Bernier) :
Mais là ce n'est pas un robot, c'est le président qui va vous contrôler...
M. Leitão : Très bien.
Le
Président (M. Bernier) :
...en vous disant que, bien, c'est maintenant terminé. Donc, M. le député de Granby.
M. Bonnardel : Merci,
M. le Président. Je voulais aller sur
la fiscalité numérique, mais je vais attendre quelques minutes, parce
que vous m'amenez... Vous m'ouvrez une porte, M. le ministre, là. Vous parlez
des entreprises, des investissements. Mon collègue de Rousseau vous a parlé de productivité avec un taux de
pourcentage que vous avez vu... que
vous avez prévu augmenter dans les prochaines années, mais... Et vous avez dit,
tantôt... Bien, c'est un peu en lien avec l'investissement privé non
résidentiel. J'ai deux statistiques, moi, qui me disent que, quand on regarde ce que
vous avez mis dans le budget, investissement privé non résidentiel pour 2018, on prévoyait 5,1 %. L'an prochain, il y a une baisse
de deux points à 3,1 %.
L'investissement
résidentiel, on était à 3,7 % cette année. On est négatif l'an prochain à
moins 2,2 % en 2019. Je veux
bien croire, quand j'écoute vos collègues, là, nous dire que les PME vont
mieux, vont bien. Pénurie de main-d'oeuvre, c'est un contexte occidental
ou même canadien, encore plus peut-être québécois parce que le vieillissement
de la population est plus prononcé chez
nous. Mais comment vous expliquez ces deux points de pourcentage de moins
pour les investissements privés non
résidentiels et presque cinq points de moins pour ce qui est des
investissements résidentiels privés entre 2018 et 2019?
Donc, je
répète, là. Non résidentiel, on passe de 5,1 % à 3,1 %. Et,
résidentiel, on passe de 3,7 % à moins 2,2 %.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
O.K. Donc, deux enjeux. Parlons d'abord du non résidentiel. Donc, là, ça, c'est
essentiellement la construction
d'usines et autres installations de ce genre-là. Il n'y a pas de diminution. Il
y a une croissance qui est un peu moins
vigoureuse. N'oublions pas que c'était 5 % en 2017, c'était 5,1 % en
2018 et puis 3,1 % en 2019. Tout ça s'additionne, là. Il n'y a pas de baisse. Donc, vous êtes à 100 %.
L'année suivante, vous êtes à 105 %. Par la suite, vous êtes à 110 %. Donc, ça continue d'augmenter,
là. C'est une croissance qui s'enracine davantage. Donc, c'est... Non,
non. Moi, je trouve que la tendance de
l'investissement non résidentiel est vraiment très, très bonne. Et je n'ai pas
de problème avec ça.
Pour le
résidentiel, là, on est... Nous anticipons, oui, pour 2019, je pense, c'est ça,
2019, un recul. Parce que, là, il faut
être... Encore une fois, c'est une question de prudence et de réalisme dans nos
prévisions économiques. Résidentiel, c'est
essentiellement les mises en chantier. Écoutez, je ne pense pas qu'on puisse
faire des projections de mise en chantier pour le Québec de 45 000, 48 000, 52 000, parce que notre
croissance démographique ne justifie pas de telles hausses de construction résidentielle. Donc, on a eu une
période très rapide de construction résidentielle en 2016, 2017, un peu
en 2018. Mais, à un moment donné, on va
commencer à manquer de monde pour mettre dans les maisons, là. Et donc c'est
pour ça qu'on doit avoir des prévisions de
croissance des mises en chantier qui soient réalistes et qui soient en ligne
avec les besoins démographiques.
On ne peut pas... Ça serait impensable d'avoir des niveaux de mises en chantier
de 55 000 au Québec. Ça ne peut
pas arriver, là. On va manquer de... Ça serait une augmentation spéculative. Et
ça, ce n'est pas bon à long terme non plus.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Bonnardel :
Donc, vous prévoyez qu'avec le vieillissement de la population il est possible
qu'on soit dans un solde négatif, un
pourcentage négatif dans les prochaines années, dû aux baby-boomers, je peux le
dire ainsi, ou des gens qui vont
peut-être aller en résidence, en condo, si je peux le dire ainsi, ou qui vont
laisser leur maison. Et il y aura donc... Pour vous, vous dites :
Dans les prochaines années, on risque de voir...
M. Leitão : Ce n'est pas une
question de...
M. Bonnardel : ...de
la mise en chantier, le nombre de mises en chantier qui va être à la baisse.
• (17 h 50) •
M. Leitão :
Ce n'est pas une question de vieillissement de la population autant qu'une
approche plus logique avec la formation des ménages. Parce qu'on sait
très bien que les nouvelles mises en chantier doivent aller de pair avec la formation
des ménages. Et ça, c'est un enjeu essentiellement démographique. Alors, si on assiste à un
ralentissement de la formation des ménages parce qu'il y a moins de
personnes... donc, si la construction résidentielle ne s'adapte pas à ce
ralentissement de la demande démographique,
ça veut dire qu'on est en train de construire beaucoup d'unités qui
vont demeurer vides. Ça veut dire qu'on
commence à planter les semences d'une éventuelle bulle, chose qu'on veut
certainement éviter. Alors, nous, ce qu'on
fait dans nos documents budgétaires, c'est comment on fait les prévisions pour la
construction résidentielle, ce ne sont que
des prévisions. On prévoit que, à terme, donc dans les années futures, la
construction soit en ligne avec les
besoins démographiques, et ça veut dire une diminution, légère diminution
des niveaux extrêmement élevés
qu'on a constatés en 2017.
Le Président (M. Bernier) : M. le
député.
M.
Bonnardel : Je veux vous parler de taxation, et de revenu disponible,
et de taux d'endettement. Le portrait par habitant au Québec, je vous
l'ai montré maintes et maintes fois, le revenu disponible par habitant entre 2003
et 2016, bien, le Québec, nous sommes passés de septième au Canada à 13e. On
reste, pour ce qui est de notre taux d'imposition,
les troisièmes plus imposés au monde en termes de pourcentage du PIB. On reste
les plus taxés en Amérique du Nord, au Canada, certainement.
Je veux vous
poser une question précise. Vous avez été dans le monde financier. Le taux
d'endettement, le taux d'endettement
au Canada, même au Québec, a énormément augmenté dans les dernières années. On
est à 170 %, ou à peu près.
Est-ce que ça vous inquiète? Est-ce que ça vous inquiète de voir que les
Québécois, tout comme les Canadiens, ont un taux d'endettement aussi élevé présentement? Vous le savez aussi, le
taux directeur, la Banque du Canada a augmenté de quelques dixièmes de point. Il ne s'est rien passé
depuis six mois, si je ne me trompe. Vous le savez bien, s'il y avait
encore un autre quart de point, un
demi-point dans la prochaine année, ce qui pourrait arriver... Est-ce que vous
ne croyez pas qu'avec ce taux
d'endettement il y a énormément de danger pour les familles québécoises qui ont
un revenu disponible à la traîne,
comparativement aux autres provinces et là, bien, nécessairement un taux
d'imposition élevé, taux de taxation, et tout ça? Alors, je veux vous
entendre là-dessus.
M.
Leitão : Oui. Oui, bien, bien sûr. Écoutez, pour ce qui est du taux
d'endettement, écoutez, c'est préoccupant, bien sûr. Et, comme vous avez mentionné, on voit que la Banque du Canada
et d'autres institutions mentionnent que cela constitue un risque
important pour l'économie canadienne, donc, par extension, pour l'économie
québécoise.
Maintenant,
le taux d'endettement au Québec évolue quand même d'une façon un peu moins
préoccupante, moins rapide que chez
nos voisins, surtout l'Ontario et la Colombie-Britannique. Vous savez très bien
qu'une bonne partie de l'explication
de l'endettement rapide des ménages canadiens, incluant les Québécois, c'est la
dette hypothécaire. Ça coûte de plus
en plus cher de s'acheter une maison. Et donc on a vu que la dette hypothécaire
augmente très rapidement, et c'est cela qui donne lieu à ce taux
d'endettement de 170 % et... Bon.
Donc, c'est
préoccupant, oui, mais, en même temps, il faut toujours relativiser cela, parce
qu'il y a quand même un actif. Donc,
les ménages qui s'endettent pour acheter une maison, donc ils ont une
hypothèque, ils ont aussi un actif. Donc, quand on regarde l'endettement net, le net des actifs, là, on a un
portrait qui est pas mal différent de celui... et je ne vais pas minimiser l'ampleur des 170 %, mais,
quand on regarde l'endettement net, net des actifs, le portrait est pas mal
plus stable. Il est élevé aussi, oui, mais
on ne constate pas une accélération si marquée que ça de l'endettement net.
Donc, il faut toujours continuer de
regarder ça de façon très attentive, mais je ne pense pas que cela constitue un
risque qui n'est pas gérable.
Bien sûr, comme vous l'avez mentionné, la
problématique vient surtout du fait que nous sommes maintenant entrés dans une période où les taux d'intérêt vont
augmenter. Nous avons passé par une très longue période, presque
10 ans, de taux d'intérêt à la baisse, anormalement
bas, extrêmement bas, et ça, maintenant, c'est derrière nous. Je pense que
les taux vont augmenter, on l'espère, de
façon normale, modérée, et donc il n'y aura pas de forte hausse. Mais c'est un
risque énorme, surtout un risque énorme
parce qu'il y a beaucoup de ménages québécois, canadiens qui n'ont pas vécu de
hausse de taux. Ça fait 10 ans que les
taux baissent. Donc, quand les taux vont commencer à augmenter, ça risque de
provoquer des
changements de comportement qui peuvent être un peu imprévisibles. Donc, c'est
une situation, oui, qui est un peu préoccupante.
Quand on
regarde l'endettement net, ce n'est pas la fin du monde, mais, étant donné
cette hausse de taux d'intérêt qui
s'en vient, le manque d'expérience, si je peux ainsi dire, de beaucoup de
ménages dans une situation de taux d'intérêt plus élevés, il va falloir
qu'on soit très attentifs à cette période, donc, où l'endettement, oui...
En même temps, en même temps, on voit, dans les
comptes nationaux du Québec, contrairement aux autres provinces canadiennes, aux grandes provinces... je ne parle pas des
petites, mais des grandes provinces canadiennes, on voit aussi que le
taux d'épargne, au Québec, est plus élevé qu'en Ontario ou qu'en
Colombie-Britannique. Donc, les Québécois
ont quand même un coussin qui est un peu meilleur que celui de nos voisins, et
donc, dans cette période de hausse de taux d'intérêt, je pense qu'on est
en meilleure posture que nos voisins.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel :
Oui. Je sortais, l'année passée, une statistique malheureuse qui disait que le
Canada avait... pas le Canada, mais
le Québec avait le taux de faillites à peu près le plus élevé au Canada, taux
d'endettement qui continue de monter. Bon, je comprends que vous êtes
inquiet, mais ça m'amène à une question, puis je sais qu'on termine dans deux minutes, là, mais sur l'évolution du poids
des impôts sur le revenu des particuliers, qui est plus importante au
Québec, à 13,4 %, que dans la moyenne des pays de l'OCDE, à 8,4 %. On
reste les plus taxés.
Une question fort simple à deux minutes de la
fin : Vous ne considérez pas... Je sais que l'objectif d'avoir de meilleurs salaires, vous le souhaitez tout comme
nous, je l'espère, en tout cas, quand 75 % des contribuables
québécois ont déclaré un revenu de moins
50 000 $. Bien, pour vous, comme gouvernement, l'objectif de baisser
ce poids des impôts et des taxes sur
le revenu des Québécois, pourquoi ne pas avoir agi plus rapidement? Parce que,
quand on regarde le portrait des
15 dernières années, bien, je vous le mentionnais tantôt, juste pour ce
qui est du revenu disponible par habitant versus ce poids des impôts et
des taxes sur les particuliers, les Québécois comme tels, bien, on reste,
encore une fois... puis, malheureusement,
vous avez ce bilan, que vous ne pourrez défendre, on reste les plus taxés puis
les plus imposés ou presque au monde.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
• (18 heures) •
M.
Leitão : O.K. Plusieurs choses... Très bonne question, et c'est un
sujet très important. Il y aurait plusieurs choses à dire à cet égard-là, mais je commencerai en
disant que nous, au Québec, nous nous sommes dotés d'un régime fiscal...
oui, le fardeau est élevé, mais nous avons
aussi un système assez généreux de transferts sociofiscaux envers ceux d'entre
nous qui ont des revenus de travail moins
élevés. Alors, quand on regarde l'évolution du revenu disponible, donc après
taxes et impôts et aussi après transferts,
là on voit que... et nous avons d'ailleurs un très bon fascicule sur le revenu
disponible, dans notre série de fascicules,
et là on voit que le revenu disponible bonifié par l'aide gouvernementale, qui
est aussi dispensée par le
gouvernement, que cette hausse est quand même intéressante et que les familles
québécoises qui ont des revenus de travail de l'ordre de
50 000 $, même 90 000 $ si c'est un couple, ont un revenu
disponible qui est...
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre...
M. Leitão : ...supérieur.
Le Président (M. Bernier) : ...on
va avoir l'occasion d'en reparler.
Je remercie aux parlementaires qui ont participé
à nos travaux aujourd'hui.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux à demain, 13 avril, à
9 heures. Donc, je le répète : à demain, 13 avril, à 9 heures.
(Fin de la séance à 18 h 1)