(Neuf heures)
Le Président (M. Bernier) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission des finances publiques
ouverte, et, bien sûr, comme d'habitude, je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de Mercier
au ministre des Finances sur le sujet
suivant : Les mesures à prendre pour corriger les injustices fiscales
subies par les contribuables en raison des privilèges accordés au
1 % des plus fortunés.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Marceau (Rousseau) est remplacé par M. Lebel (Rimouski).
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup. Je vous rappelle que le débat ne peut, à moins
d'un consentement, dépasser
11 heures. Ainsi, comme la séance débute à 11 heures, y a-t-il...
donc, nous n'avons pas à obtenir de consentement pour dépasser, nous
sommes dans les temps requis.
Nous allons
donc débuter l'interpellation avec les déclarations d'ouverture de M. le député de Mercier. Vous avez la parole pour 10 minutes,
M. le député.
Exposé du sujet
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci, M. le Président. Je voudrais remercier d'abord le ministre et son
équipe, en fait, ses collègues de la partie gouvernementale. C'est quand
même un honneur de devoir... en fait, d'être seul pour devoir affronter un très
bon économiste, reconnu par ses pairs. Évidemment, on peut parfois discuter des
orientations, mais, bon, dans la catégorie
des choses économiques, c'est sûr que le ministre actuel des Finances a une
reconnaissance auprès de ses pairs pour sa capacité à analyser, et c'est
sur ça que je compte pour qu'on s'entende, quand même, sur les termes du débat.
Nous interpellons le gouvernement aujourd'hui
parce que nous sommes forcés de reconnaître... Nous, nous l'avons, évidemment, bien
sûr, décrié depuis des années. Une
des raisons fondamentales de l'existence de Québec solidaire, c'est la croissance des inégalités au cours des
30 dernières années, chose que nous étions pas mal seuls à décrier il y a encore quelques années, mais aujourd'hui
je crois qu'il y a un consensus mondial, un consensus généralisé.
À preuve, un bouquin qui a été publié l'année
dernière par un groupe d'économistes européens, piloté par Thomas Piketty, a été salué unanimement, y compris
dans les milieux de droite économique, comme étant une oeuvre fondamentale et incontournable, et qui consiste à
démontrer, en comparant des pays européens, des pays nord-américains, dans le temps, sur plus d'une centaine d'années, à
comparer les revenus, les avoirs, les patrimoines, à comparer les pays...
à voir le cours de leur évolution sur les 100 dernières années.
Et ce qui est
incontestable, et je voudrais commencer par demander au ministre de l'entendre
d'abord là-dessus, ce qui est
incontestable, et ce qu'affirme Piketty — et
Piketty vient, en fait, confirmer une série d'observations au cours des cinq, 10 dernières années — c'est
que les programmes mis en place, les programmes économiques, pilotés par des structures fiscales dans des pays développés, y
compris le Québec, ont entraîné un accroissement des écarts, une
division dans la société, où une
petite minorité excessivement riche
et possédante que symboliquement on décrit comme étant le 1 %...
mais souvent c'est même plus petit que ça, on peut parler de 1/1 000,
dépendamment de quelle portion on veut identifier, mais bon, pour les besoins
de la cause, pour notre compréhension, on parle donc d'une petite minorité
excessivement privilégiée par rapport au reste de la population.
Si on veut
comprendre ce que ça veut dire au Québec, c'est très facile, il s'agit de voir
la statistique fiscale des particuliers.
Les dernières données disponibles, les plus récentes datent pour l'année
fiscale 2011, ça a été paru, je pense, en
2013 ou en 2014. On s'apercevra qu'au Québec 99 % des contribuables, des
4 millions et quelques contribuables qui font une déclaration d'impôt, 99 % d'entre eux gagnent en dessous
de 250 000 $. Et il y a 1 % des gens à plus hauts revenus
parmi lesquels on ne trouve pas la majorité
des députés, parmi lesquels on trouve bien sûr beaucoup de banquiers,
plusieurs... bien sûr beaucoup,
beaucoup de médecins, des avocats, et j'en passe, mais surtout de riches
rentiers qui ont une bonne partie de
leurs revenus qui provient de dividendes, qui provient de gains en capitaux.
Bon, ce 1 % gagne au-dessus de 250 000 $.
Alors, mon
propos, c'est d'essayer... d'avec le ministre, de reconnaître, d'essayer
d'identifier comment, pourquoi et pour
quelles raisons ce 1 % des hauts revenus jouit de tant d'avantages
fiscaux, de tant de rabais d'impôt, de tant de dépenses fiscales de la part de l'État, parce qu'à chaque fois que
l'État décide d'accorder des rabais, d'oublier d'imposer une portion de leurs revenus, je parle par exemple
des gains en dividendes, des gains en capitaux, ça occasionne une dépense fiscale pour l'État.
C'est des revenus dont il se prive et qu'il est obligé de couper ailleurs,
comme on le voit aujourd'hui avec les
compressions budgétaires phénoménales qui affligent le Québec. Qu'on soit
d'accord ou pas, on peut, des deux côtés de la Chambre, reconnaître au moins que ce n'est pas un exercice
agréable que de couper. Et on coupe pourquoi? Parce qu'il y a un manque à gagner, et ce manque à
gagner, quand on regarde, se reflète souvent par des dépenses fiscales que
l'État a consenties, et mon propos
aujourd'hui est de démontrer que ces dépenses fiscales, malheureusement, de
manière disproportionnée, avantagent le 1 % des plus hauts revenus.
Avant d'arriver dans
le détail de tout ça, je voudrais rappeler au ministre que nous avons la
promesse ici, en Chambre, depuis quelques
mois, que nous allons avoir une commission sur la révision de la fiscalité et
sur une approche plus agressive, en
fait essayer de comprendre ensemble à l'Assemblée nationale qu'est-ce qu'on
peut faire dans la lutte à l'évasion fiscale.
Il
y a une autre grosse injustice que je voudrais mentionner ici, et je souhaite
que la partie gouvernementale se prononce,
c'est qu'au cours des cinq dernières années depuis la crise de 2007‑2008,
lorsque moi, je suis rentré à l'Assemblée nationale pour la première fois dans une séance spéciale en janvier
2009... et le premier ministre de l'époque, premier ministre libéral, promettait un changement
d'approche et qui devait consister aussi à s'assurer que l'État fait une lutte
à l'évasion fiscale, moi, j'étais
très heureux. Alors, à ce moment-là, lors du premier budget, la ministre des
Finances de l'époque, votre... enfin,
celle qui vous a précédé, Mme Monique Jérôme-Forget, dans son discours du budget, a parlé de l'évasion fiscale. J'ai été le seul député en Chambre à me lever — je ne sais pas si mon collègue qui préside
la séance se rappellera — à l'applaudir.
Cependant,
j'ai été amèrement déçu, dans les années qui ont suivi, parce que je me suis
aperçu que cette lutte à l'évasion
fiscale s'était plutôt concrétisée par une lutte à ce qu'on appellera la petite
évasion, à la petite semaine, souvent par
des travailleurs et des travailleuses précaires, qui sont au bas de l'échelle
économique et sociale. Je parle des coiffeuses de salon de sous-sol, je parle de chauffeurs de taxi, je parle de
serveurs et de serveuses ou de «busboy» ou de «busgirl» dans les restaurants, je parle de petits
entrepreneurs de province qui, pour arriver à la fin de l'année, sont obligés
de faire certains travaux. Je parle de restaurateurs qui peinent à
survivre dans le marché décroissant actuel.
Et
on s'est aperçu que le gouvernement, en fait, avait déployé toute une série de
mesures pour traquer tous ces contribuables qui faisaient de leur mieux
et parfois qui n'arrivaient pas à faire de leur mieux. On peut le déplorer, on souhaiterait que tout le monde fasse ses rapports
d'impôt, mais, dans une approche prioritaire, j'aurais souhaité, j'aurais
cru que l'approche du gouvernement aurait
été de lancer un vaste chantier pour s'attaquer à l'évasion fiscale massive ou
à l'évitement fiscal. C'est-à-dire
des pratiques d'évitement de payer des impôts qui sont tout à fait légales,
mais que l'État considère comme étant
des mesures agressives qui sont contraires à l'esprit de la loi, pratiquées
notamment par les grandes entreprises d'extraction, que ça soit les
minières, que ça soit les pétrolières, mais également par des banques.
• (9 h 10) •
Et
le ministre des Finances actuel est très bien placé pour savoir que c'est une
ampleur phénoménale décriée par les experts internationaux, par
différents mécanismes sur lesquels on reviendra dans les discussions
subséquentes, notamment le prix de
transfert, qui, dans un document d'analyse du Congrès américain en 2009, a été
démontré comme étant une des mesures les plus dévastatrices employées
par des entreprises, je rappelle, des entreprises minières, des entreprises d'extraction des ressources
naturelles, mais aussi des banques pour déclarer leurs revenus, leurs profits
dans ce qu'on appelle des paradis
fiscaux en toute légalité et en évitant de payer des impôts à des pays comme le
nôtre, au Canada ou au Québec.
Je
conclus pour dire que j'aimerais aussi aborder avec le ministre la nécessité de
considérer le rapport Godbout non pas
sous l'angle uniquement d'une partie de ces propositions, qui est le virage
tarifaire, qui avantage malheureusement les plus hauts revenus au détriment des faibles revenus en augmentant
les tarifs des services publics, il y avait des aspects très positifs au rapport Godbout, je lui rappelle.
Lorsque le rapport Godbout demandait au gouvernement de considérer, de réévaluer le traitement fiscal des gains en capital
et gains en dividende, c'est-à-dire tous les rabais d'impôt qu'on accorde
à des gens qui ont leurs revenus provenant des gains en capitaux...
Je
vous rappelle que les 1 % les plus riches, qui ont en moyenne
500 000 $ et plus de
revenus par année, ont deux tiers de
leurs revenus en provenance des gains en capitaux et des gains en dividende.
Et, en leur accordant un rabais de 50 %
sur ces gains-là, on leur donne un avantage fiscal déséquilibré.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Mercier, de
votre présentation. M. le ministre, la parole est à vous pour
10 minutes.
Réponse du ministre
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : Très bien. Merci, M. le Président. Chers collègues, M. le
député de Mercier, M. le député de Rimouski, chers collègues, M. le Président, alors bonjour, tout le monde. Il me
fait plaisir de pouvoir répondre au député de Mercier et d'échanger avec lui sur un sujet aussi
important... et député de Rimouski, sur un sujet aussi important que la
fiscalité québécoise.
Même
si je ne suis pas d'accord avec plusieurs de vos affirmations, je vais tout de même vous assurer, d'entrée
de jeu, que notre gouvernement est déterminé à faire ce qu'il faut pour rendre
la fiscalité plus compétitive, plus efficace et plus équitable. Je tiens d'ailleurs à souligner que son parti... que votre parti a
été le premier à confirmer son intérêt à tenir,
au Québec, un débat sur l'évolution de la fiscalité
suite au dépôt du rapport Godbout. Donc, ça, c'est bienvenu de votre
part.
J'aimerais
toutefois prendre les prochaines minutes pour apporter
quelques précisions, apporter un éclairage un peu différent, dresser un portrait... ce que je pense
être un peu plus clair de la fiscalité au Québec,
un portrait, sur certains aspects, assez différent de celui brossé par
le député de Mercier.
Tout d'abord,
on ne pourra pas parler, je pense, d'injustice fiscale alors que le Québec
compte l'un des régimes fiscaux les
plus progressifs au Canada. Il
faut rappeler que 37 % des Québécois
les moins fortunés ne paient pas d'impôt sur le revenu. 37 %. De plus, les hauts salariés, bien qu'ils
soient peu nombreux, assument plus du tiers des impôts à payer au Québec. Pour être plus précis, 5,2 % des
contribuables, seulement 5,2 % gagnent 100 000 $ et plus,
mais ils contribuent à la hauteur de
37,5 % aux impôts totaux. Donc, 5 % des contribuables paient
37,5 % des impôts, c'est sept fois plus. Il est donc clair qu'au Québec une grande partie du
fardeau fiscal est assumé par un petit pourcentage des contribuables à haut
revenu.
Il faut
aussi tenir compte du fait que le Québec possède l'un des plus hauts taux d'impôt marginal
applicable aux contribuables à hauts
revenus au Canada, et ça, c'est seulement après le Nouveau-Brunswick, qui
d'ailleurs vient d'augmenter son taux
marginal supérieur à leur dernier budget. Et ce taux marginal plus élevé est
atteint plus rapidement au Québec que
tant au niveau fédéral qu'en Ontario.
Afin d'éviter
de générer des effets négatifs sur l'incitation au travail, l'épargne et
l'investissement, il est primordial de
ne pas dépasser le seuil psychologique de 50 % d'impôt sur le revenu. Nous
devons, au contraire, faire en sorte que notre fiscalité soit plus compétitive et plus attrayante. Il faut donc
faire prudence quand on avance que les plus fortunés jouissent de privilèges injustifiés. Dans les
faits, ces derniers contribuent largement au partage de notre richesse
collective et, par le fait même, au
panier de services dont le Québec s'est doté pour notamment aider les citoyens
moins favorisés.
Dans un autre
registre, j'entends souvent, et on vient de l'entendre, l'argument qu'il
faudrait taxer à plein régime, à
100 %, les gains en capital des contribuables. Je voudrais tout d'abord
défaire ce mythe que les gains ne sont réalisés que par les hauts... les
gains en capital ne sont réalisés que par les hauts salariés, ce n'est pas tout
à fait le cas. En effet, en 2013, 78,6 % des contribuables ayant déclaré
des gains en capital avaient un revenu de 100 000 $ ou moins, et près
de la moitié de ceux qui déclaraient des gains en capital avaient un revenu de
50 000 $ ou moins. Alors donc, ce ne sont pas les super riches
seulement qui déclarent des gains en capital.
Dans ce
contexte, il faut comprendre que l'inclusion partielle des gains en capital
vise à stimuler l'investissement, c'est
pourquoi le taux d'inclusion a été ramené à 50 % en 2000 afin d'appliquer
le même traitement fiscal que le reste du Canada et ainsi demeurer
concurrentiel avec les juridictions voisines.
Par ailleurs, il faut aussi reconnaître que les familles québécoises profitant de
mesures fiscales généreuses... qui leur
permettent de bénéficier d'un revenu disponible très avantageux. En fait, pour
les familles de la classe moyenne, ce revenu est nettement supérieur à
celui des familles des autres provinces canadiennes. À titre d'exemple, le
revenu disponible d'un couple au Québec
ayant deux enfants est supérieur de 10 200 $
par rapport à la moyenne des autres provinces, soit 27 % si le salaire est de 50 000 $; est supérieur de
10 000 $, soit 19... presque 20 % si le salaire est de
75 000 $. Donc, le revenu
net, après impôts et après transferts, au Québec, est nettement supérieur à
celui dans les autres provinces canadiennes.
De manière
générale, le revenu disponible des Québécois a augmenté depuis 2004, et cette
croissance est plus importante pour
les familles à faibles revenus que pour les familles à hauts revenus. Entre 2004
et 2015, un couple avec enfants, ayant des revenus de 250 000 $, a vu
son revenu croître de 2 %, alors qu'un couple avec des revenus de
50 000 $ a vu son
revenu augmenter de 20 %.
Maintenant,
comme vous le savez, le projet de loi n° 28, s'il est adopté, le tarif de
garde subventionné serait modulé en
fonction du revenu net des ménages. Toutefois, nous nous sommes assurés de
protéger pleinement les familles moins favorisées.
Pour un revenu de moins de 50 000 $, le tarif sera toujours de
7,30 $ par jour, donc il n'y aura pas eu d'augmentation. Pour un revenu se situant entre 50 000 $ et
75 000 $, le tarif net sera de 8 $ par jour, et le tarif maximum
sera atteint à un revenu de plus de
150 000 $. Je veux d'ailleurs souligner que, même en considérant la
hausse maximale selon le revenu, le
tarif du Québec demeure le moins élevé, et de loin, au Canada. Une famille
ayant un revenu de 155 000 $ déboursera 430 $ par mois
pour un enfant en garderie, comparativement à 1 000 $ en Ontario en
moyenne.
M. le
Président, j'aimerais peut-être maintenant aborder un sujet que je trouve qui
est très intéressant, et va un peu au
coeur de ce que notre collègue a déclaré au début, et c'est que la mesure la
plus reconnue et utilisée à l'échelle internationale
pour mesurer les inégalités est le fameux coefficient Gini. En se basant sur
cet indicateur, on constate que le
niveau des inégalités, en 2011, est plus faible au Québec qu'en Ontario et au
Canada. Mieux encore, de 1996 à 2011, les
inégalités au Québec ne se sont pas accrues, contrairement à ce qui s'est passé
en Ontario, au Canada, et, bien sûr, particulièrement aux États-Unis. Donc, il
n'y a pas eu de détérioration ou d'augmentation des inégalités au Québec
de 1996 à 2011. Cette situation s'explique
par l'amélioration de l'emploi et par l'effet des politiques gouvernementales
en matière de redistribution des revenus.
Un autre
élément intéressant, c'est que de 1996 à 2011, le revenu disponible des ménages
les moins favorisés au Québec a augmenté plus vite que celui des ménages
les plus riches, ce qui a contribué à diminuer les inégalités. Cette évolution
contraste avec celle observée au Canada, où la tendance est justement
l'inverse.
• (9 h 20) •
Tous ces
chiffres parlent d'eux-mêmes. Le Québec a choisi d'accorder un soutien important
aux familles, et il faut tenir compte
de cette réalité quand on dresse le portrait de notre régime fiscal. Notre
régime fiscal est vraiment assez différent
de ce qu'on voit ailleurs en Amérique du Nord. Ce n'est pas un hasard si le fiscaliste Luc Godbout a conclu dans
une étude que les familles québécoises
jouissent d'une fiscalité plus avantageuse qu'ailleurs au Canada. Il a aussi souligné que notre régime
fiscal est plus progressif, ce qui avantage les contribuables à faibles
revenus.
Alors, quand
le député de Mercier parle d'injustice fiscale, je crois, en tout respect, que
cela ne reflète pas vraiment la
réalité au Québec. C'est une question très importante dans les pays de l'OCDE
en général, mais, si on regarde particulièrement le Québec, je pense que le
portrait, ici, est un peu différent de celui de nos voisins ou de nos
partenaires européens. Notre système
est bien sûr perfectible, mais il contient de nombreuses mesures et de nombreux
outils qui profitent à nos
concitoyens moins favorisés. On ne peut pas prétendre, à la lumière des
éléments présentés ici, que les plus riches jouissent de privilèges
démesurés.
Ce
que nous sommes en train de bâtir au Québec, M. le Président, c'est une société
plus juste et prospère pour tous qui
aura les moyens de ses ambitions, qui pourra répondre aux besoins et aux
attentes de ses citoyens. Nous voulons nous
redonner les moyens de faire les choix qui nous importent et qui correspondent
aux aspirations de tous les Québécois et Québécoises. Merci, M. le Président.
Argumentation
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre, de
votre présentation. Nous allons donc débuter nos échanges, et la parole
est au député de Mercier pour un bloc de cinq minutes.
M. Khadir :
Merci, M. le Président. M. le ministre, je suis d'accord avec vous que le
Québec est encore, en comparaison avec d'autres États nord-américains, une des
sociétés les plus égalitaires. Mais ça, c'est en raison de mesures mises en place sur 30, 40 ans contribuant
à redistribuer la richesse. Mais la tangente observée au Québec est la même que partout en Occident, parce qu'il y a des
politiques qui, peu à peu, depuis 30 ans, ont affaibli cette capacité de
l'État à efficacement réduire les inégalités.
Dans
votre réponse, j'ai senti une défense. Je comprends que le ministre que vous
êtes veuille défendre le bilan d'un
gouvernement libéral qui a été au pouvoir pour le plus clair des 11, 12
dernières années. Mais la réalité est que nous ne voulons pas niveler par le bas ou suivre le même cours de dégradation
des capacités de redistribution de richesse que les autres pays, que les autres juridictions, c'est-à-dire que nous ne
voulons surtout pas que le Québec se laisse niveler par le bas, nous pouvons avoir des attentes
différentes par rapport à nous. Il y a notre
spécificité, il y a notre regard permanent, au Québec, sur ce qui se passe en Europe du Nord, où il y a
des mesures qui font en sorte que ces pays-là non seulement sont parmi les
plus égalitaires au monde, parmi les plus énergiquement en faveur de la défense
de leur environnement, de
leur culture, mais en plus sont performants, entre guillemets, sur le plan
économique. Donc, pourquoi niveler par le bas lorsqu'on peut niveler
vers le haut en prenant exemple sur les pays scandinaves?
Mais
je reviens aux chiffres réels. Peut-être
que là on pourra s'entendre. Vous dites que les gains en dividendes et les gains en capitaux ne profitent pas qu'au
1 % le plus privilégié. Je suis d'accord avec vous. Mais ce que je vous
dis, c'est que... Pourquoi accorder
des privilèges fiscaux à des gens qui n'en ont pas besoin? Et je vais vous dire
pourquoi. Regardez. Et il y a une
inégalité énorme dans le cadeau que l'État fait aux 1 % les plus riches
par rapport aux 99 % des concitoyens
qui ont des revenus différents. La moyenne des gens, du 1 % les plus
élevés, O.K., vous dites qu'il y a un faible
pourcentage qui gagne beaucoup, au-dessus d'un certain montant, mais ils
contribuent beaucoup à l'impôt. Mais ce
n'est que normal, parce qu'ils gagnent énormément d'argent, et, comme ils
gagnent énormément d'argent, beaucoup plus
que n'importe quel autre citoyen, bien, on leur demande de faire leur part.
Alors, la moyenne par personne du 1 % des plus riches, c'est 524 000 $. Seulement un tiers de leurs
revenus, soit environ 192 000 $, provient de revenus d'emploi.
Les deux tiers proviennent, pour ces
gens-là, pour le 1 % le plus riche, de gains en dividendes ou en capital
ou d'autres sources de revenus, d'accord? Comme les loyers, les intérêts
sur les prêts, etc.
Maintenant, quand on
regarde... Je vous invite, j'invite mes collègues à aller aux statistiques
fiscales des particuliers, page 111, la
ligne 13 à 16, d'accord? Si vous allez à la page 111... Est-ce que vous avez ce
document en main? C'est malheureux,
mais vous allez être obligé, à ce moment-là, de vous fier sur moi pour les
chiffres, d'accord? La ligne 13 de la page 111, tableau IV, Statistiques
fiscales des particuliers. Pour ceux qui gagnent 250 000 $ et plus,
il y a 3 milliards de revenus
déclarés en — excusez-moi,
j'essaie de retrouver ma page — dividendes imposables et, à la ligne 16,
1,5 milliard en gains en capital
imposables. Donc, au total, ça fait 5 milliards de dollars. Ça veut dire
qu'il y a 5 milliards qui n'ont pas
été... Donc, sur les 5 milliards qu'ils déclarent et sur lesquels on
prélève des impôts, il y a un autre 5 milliards qu'ils ont comme
revenus sur lequel on ne prélève aucun impôt. Ça, c'est pour le 1 % des
plus privilégiés.
Au taux moyen
d'imposition... Et ça, ça serait intéressant pour les gens de... Ah! il me
reste 47 secondes?
Le Président (M.
Bernier) : ...secondes, M. le député.
M. Khadir :
Il y a 15 % là-dessus qui sont prélevés en impôts, en principe. Donc, ça
veut dire qu'il y a 750 millions de
dollars d'impôts qu'ils auraient à payer sur ce 5 milliards de revenus que
ce 1 % ne paie pas. Comme ils sont 40 000, ça fait tout près de 20 000 $ par personne
de cadeau fiscal que l'État leur accorde. Quand on calcule la même chose pour
le 99 % de la population restante, qui,
elle, a des revenus de 7,7 milliards en gains en capital et en gains en
dividendes, ça leur fait quelques
centaines de dollars à peine. Vous voyez, pour 99 % de la population, on
accorde quelques centaines de dollars de cadeau; pour le 1 % le
plus privilégié, on accorde 20 000 $ par personne.
Le Président (M.
Bernier) : Merci beaucoup.
M. Khadir :
C'est énorme comme déséquilibre, et ils n'en ont pas besoin, le 1 %.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député de Mercier. M. le ministre, pour
un bloc de cinq minutes.
M.
Leitão : Très bien, merci, M. le Président. Juste quelques
commentaires. D'abord, ce que le collègue avait mentionné au début... Donc, je suis content d'apprendre que vous
constatez comme tout le monde qu'au Québec on n'est pas aux États-Unis, on n'est pas dans d'autres
juridictions, et que notre régime fiscal est bien plus progressif qu'ailleurs.
Et donc les inégalités sont de tout un autre
ordre de grandeur qu'ailleurs en Amérique du Nord ou même en Europe. Ça,
c'est de un.
Deuxièmement,
le député de Mercier a mentionné, donc, la tangente où nous nous dirigeons et
le niveler par le bas. Je pense qu'au
contraire nous demeurons à l'avant-scène de ce qui se passe dans le monde en
matière de politiques sociales. Je reviens sur une innovation québécoise
qui n'existe certainement pas ailleurs en Amérique du Nord — et
même, en Europe, je ne suis pas sûr qu'elle
soit si importante que ça — c'est le crédit d'impôt à la solidarité. Ça a été mis en place
en 2006 — pas il y a 30 ans, en 2006, je pense, 2006,
en tout cas, dans les années 2000, au début des années 2000 — par un
gouvernement libéral. Et c'est un programme
dont aujourd'hui bénéficient 2,7 millions de ménages; pratiquement
la moitié des contribuables, des
familles, des ménages québécois reçoivent une contribution du crédit d'impôt à la solidarité, crédit
d'impôt à la solidarité qui est le fruit de plusieurs composantes qui ont été
fusionnées.
D'abord,
aussi une innovation canadienne, québécoise, qui était les crédits pour
compenser l'introduction de la taxe à
la consommation, la TPS, TVQ. Donc, on a introduit au Canada, il y a déjà
quelques années de ça... et ceux d'entre nous qui ont un peu de cheveux blancs peut-être se rappellent des débats
assez houleux qu'on a eus à l'époque de l'introduction de la TPS au niveau fédéral et puis, par la
suite... le Québec étant la première province à aussi aller dans cette
direction-là. Et, pour éviter
certains aspects régressifs, en effet, d'une taxe à la consommation, on a mis
en place un crédit d'impôt qui
protégerait les personnes à plus bas revenus qui devaient faire face à cette taxe
à la consommation. Et donc ça a éliminé tout l'aspect régressif de la
taxe à la consommation.
Et puis donc,
quelques années plus tard, au Québec, nous avons amélioré ce système, incluant
aussi des subventions importantes au
logement, par exemple, ce qui a fait que nous avons aujourd'hui ce système de
crédit d'impôt solidarité qui est
unique en Amérique du Nord, et, je pense, il n'y a pas vraiment d'équivalent
comme tel en Europe, et qui joue un rôle très important dans la réduction, comme j'ai dit au début, des
inégalités économiques et sociales depuis une dizaine d'années. Donc,
depuis une dizaine d'années, au contraire, les inégalités au Québec ont
diminué.
Je comprends
que le député de Mercier a mentionné l'oeuvre de Thomas Piketty. C'est toute
une oeuvre, un livre assez imposant.
Je l'ai lu, c'est intéressant... pas entièrement d'accord avec tout, mais,
enfin, il y a beaucoup de choses très intéressantes. Cependant, je
trouve qu'il y a très peu de... ça ne s'applique pas vraiment chez nous. C'est
surtout américain. Ça décrie surtout la
situation aux États-Unis. Je ne pense pas qu'il y a de très grandes leçons à
tirer pour le Québec de cette oeuvre-là.
Donc, il n'y
a pas de nivellement par le bas avec notre approche pour équilibrer les
budgets, avoir une politique budgétaire beaucoup plus saine. Au
contraire, nous nous donnons les moyens pour pouvoir continuer d'innover dans cette sphère-là. Et c'est d'ailleurs ce que nous
avons fait, même dans ce budget de mars, avec les moyens limités que nous
avons. Il y a une autre innovation que nous
avons introduite et, encore une fois, qui n'existe pas ailleurs en Amérique du
Nord... qu'est le bouclier fiscal. Donc,
nous continuons d'innover, il n'y a pas de nivellement par le bas, et nous
continuons d'avancer dans la réduction des inégalités.
• (9 h 30) •
Le
Président (M. Bernier) : Merci, merci, M. le ministre. Nous
allons maintenant aller du côté ministériel pour ces échanges. M. le
député de Sainte-Rose, la parole est à vous pour un bloc de cinq minutes.
M. Habel : Exactement. Merci, M. le
Président. Permettez-moi de saluer le député de Mercier, le député de Rimouski
et aussi les gens qui nous accompagnent aujourd'hui ainsi que la banquette
ministérielle.
Je pense que
c'est important aussi de faire un lien avec la motion de report à l'équilibre
budgétaire que le parti du député de
Mercier a mis en place il y a quelques mois, qui visait à reporter l'équilibre
budgétaire et à amputer aussi le
Fonds des générations. Je pense que
c'est important de faire ce lien-là parce qu'aujourd'hui on parle
d'injustice. Et le député de Mercier
s'est prononcé ainsi, avec cette motion-là, contre les générations futures, en
favorisant uniquement sa génération,
en voulant reporter l'équilibre budgétaire. Parce que l'équilibre budgétaire,
c'est sincèrement une vision visant à
aller aider les générations futures, et le député de Mercier,
lui, est allé à contresens, c'est mettre de l'argent sur la carte de
crédit des générations futures et aller dans cette direction crée une injustice
intergénérationnelle.
On voit aussi le chef du deuxième groupe
d'opposition qui nous compare souvent aux États et aux provinces environnantes. Eh bien, M. le Président, notre province est un modèle de sociale démocratie, avec, entre autres, la carte d'assurance
maladie, qui nous donne accès à une santé universelle, une éducation primaire
ultra-abordable, et aussi des frais de scolarité postsecondaires très
faibles face aux autres juridictions.
Maintenant,
regardons aussi la fiscalité, juste les chiffres, M. le Président : 37 % des contribuables du Québec paient
0 % d'impôt; 37,5 % des contribuables, quant à eux, paient
21,9 % de l'impôt à payer, et c'est des personnes qui ont un revenu de moins de 50 000 $. À l'opposé, les contribuables
qui sont imposés avec un revenu de 50 000 $ et plus, paient, quant à eux, 78,1 % de l'impôt; et la portion
de revenu de 100 000 $ et plus, qui sont 5,2 % des
contribuables, paient, quant à eux,
37,5 % de l'impôt à payer. Dans le taux marginal combiné, par rapport aux
autres provinces, parce qu'il faut aussi se fier aux autres provinces et territoires, eh bien, le Québec a un
taux marginal fédéral-provincial de 49,97 % sur 25,75 % au
régime du Québec et 24,22 % au régime fédéral.
Si on compare
avec d'autres provinces, M. le Président, l'Alberta est à 39 %,
Terre-Neuve et Labrador est à 42,3 %, la Saskatchewan est à 44 %, le Manitoba est à 46,4 %,
l'Île-du-Prince-Édouard est à 47,37 %, l'Ontario est à 49,53 %
et le Québec, par la suite, est à
49,97 %. Seulement deux autres provinces sont à 50 % ou supérieures à
50 %, qui sont la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick.
Donc, grosso modo, M. le Président, on
a un impôt qui est très progressif au Québec, parce qu'en 2013 le Québec
comptait 6,4 millions de contribuables,
et c'est 360 041 contribuables qui avaient un revenu total de
100 000 $ et plus, ce qui
correspond à 5,6 % des contribuables, et c'est eux qui ont versé
38,7 % des impôts totaux. 180 206 contribuables, quant à
eux, avaient un revenu de 130 000 $ ou plus, et, malgré que ce nombre
représentait 2,8 % de l'ensemble des contribuables, ils ont payé
27,8 % des impôts perçus au Québec, M. le Président.
Et
là, si on va dans le 1 % dont la motion fait mention, 43 779
contribuables québécois, qui représentent 0,7 % de la population, ayant un revenu de
250 000 $ ou plus en 2013,
ils ont contribué à 14,3 % de l'impôt à payer au Québec.
Donc,
je pense, M. le
Président, qu'ils ont quand même
fait leur juste part dans l'ensemble de l'assiette fiscale au Québec. On a un impôt progressif et on a une province
empreinte de social-démocratie au Québec. Je
pense qu'il faut être fier de cette
social-démocratie, mais il faut
réaliser aussi que les gens qui ont payé des impôts au Québec l'ont fait
de façon progressive. Donc, si je vous dis 37 % des contribuables...
Le Président (M.
Bernier) : En terminant, M. le député.
M.
Habel : ...paient 0 % et que 1,7 % ont payé plus de
14,3 % à payer, je pense que tout le monde fait sa juste part.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député. Nous allons
passer maintenant du côté de l'opposition officielle avec M. le député
de Rimouski. La parole est à vous, M. le député.
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Je salue aussi tous les collègues ici,
autour de la table. Franchement, je ne sais pas trop comment je vais prendre ça, comment je vais... Vous savez, moi,
je ne suis pas économiste, je suis député, et ce que... Je n'ai rien
contre les économistes, là, ceci étant dit, sauf que mon expérience va être
plus, ce que je vais vous témoigner, plus du rôle d'un député d'un bureau de
comté qui reçoit des gens qui ont des difficultés, des gens qui connaissent des
situations difficiles.
Et
je vais le faire d'une façon... de bonne foi. Je ne suis pas du genre à dire
qu'il faut... c'est la faute des riches, c'est un débat de générations, vous voulez pénaliser une génération. Je
ne pense pas qu'il faut commencer à se diviser comme ça. Il faut y aller sur l'essentiel, et l'essentiel, pour moi,
c'est de faire en sorte qu'il n'y ait personne au Québec... il n'y ait pas personne de nos concitoyens qui soit
laissé de côté, qu'on ne laisse personne vivre dans la pauvreté, et c'est
ça qui est important pour moi.
L'histoire
du 1 %, je vous invite à... Il y a l'Institut du Nouveau Monde qui a fait
une grande tournée du Québec, qui a
mobilisé beaucoup de personnes, qui fait des recherches et qui arrive à des
résultats qui ressemblent un peu à ce que mon collègue de Mercier vous disait. Dans leur texte, ils se disent :
L'évolution des revenus du 1 % le plus riche et des 99 % restants, c'est révélateur. Ils montrent
qu'entre 1982 et 2011 le revenu après impôt de 1 % des plus riches a crû
de 88 %, alors que celui des 99 % restants a augmenté de
seulement 14 %. Au Québec, la croissance économique des dernières
décennies a surtout profité aux mieux nantis. C'est ce qui arrive... C'est la
conclusion de l'Institut du Nouveau
Monde. Ils continuent leurs recherches,
et je vous invite peut-être à communiquer avec eux. Ils veulent rencontrer des
élus, et je pense ce serait une bonne chose de continuer dans cette
réflexion sur la véritable égalité des chances au Québec.
Au
Québec, depuis 2002, existe une loi, qui avait été adoptée ici à l'unanimité,
une loi visant à lutter contre la pauvreté
et l'exclusion sociale. C'était un grand moment, à mon avis. Les partis ici en
place avaient travaillé pour mettre en
place cette loi-là. Et cette loi-là disait que l'objectif, c'était d'amener
progressivement le Québec, d'ici le 5 mars 2013, aux normes des nations
industrialisées contenant le moins de personnes pauvres selon des méthodes
reconnues pour faire des comparaisons internationales. Aujourd'hui, ce qu'on
peut voir, c'est que, par rapport au reste du Canada, le Québec fait partie d'un premier groupe de huit
provinces où le taux de faibles revenus est similaire. Bref, on ne s'est pas
vraiment démarqués par rapport au Canada. Au
niveau international, le taux de faibles revenus du Québec demeurait, en
2010, significativement inférieur à ceux du
Canada, du sud de l'Europe, du Royaume-Uni, mais il ne se démarque pas de
l'Europe continentale, puis s'avère encore plus élevé que les pays nordiques
puis des Pays-Bas.
• (9 h 40) •
Bref,
est-ce qu'on a réussi, avec cette grande mobilisation, plusieurs plans
d'action, plusieurs mesures, est-ce qu'on a réussi à lutter contre la pauvreté efficacement? Je ne suis pas sûr
qu'on a réussi, puis je pense qu'on devrait revenir puis en discuter. La
pauvreté, là, quand les gens viennent nous voir... C'est qu'on dit que les
besoins de base pour une personne, c'est
1 500 $ par mois, à
peu près. Il y a
des gens qui essaient de vivre avec à
peu près 700 $ par
mois. Comment on peut faire pour les aider? Comment on peut faire pour
rester insensible à ces situations-là? Moi, c'est un peu de ça que je voudrais
parler.
Puis
là, là-dedans, on ne parle pas qu'il y a des gens qui sont à
l'aide social, là. Quand on parle des personnes en situation de
pauvreté, on parle entre autres de plus en plus de gens qui travaillent au
salaire minimum qui ont besoin maintenant des services des banques alimentaires, des gens
qui ont des handicaps... dans une famille qui ont des enfants qui ont
des handicaps et qui doivent réussir à s'en sortir. Et c'est ces gens-là qu'on
voit dans nos bureaux.
Puis
vous êtes tous pareil, là, tout le
monde, on est pareil, là, comme député. Ceux qui font un peu de bureau de comté le savent, on reçoit souvent de ces gens-là
puis on essaie du mieux possible de les aider. Et c'est de ces gens-là que
je voudrais parler, de cas concrets, de personnes qui sont laissées de côté.
Et,
au Québec, si on veut, il y a un modèle d'économie québécoise, puis on a un
projet de société. Puis, moi, si je fais de la politique, c'est pour
ça, c'est pour faire du Québec un pays, c'est sûr, mais c'est aussi pour faire
du Québec un pays qui ne laissera personne de côté, qui va faire en sorte qu'il
n'y a pas personne qui vivra dans la pauvreté, qu'on va, comme État,
être solidaire à ces gens-là. Et c'est de ça que je veux parler le plus
possible puis le plus concrètement.
Et je sais qu'on peut facilement se
perdre dans des chiffres, dans des pourcentages, dans des graphiques, dans
des... mais ça, c'est insensible.
J'aimerais mieux qu'on parle de comment on fait pour aider la personne qui vit
avec seulement 700 $ par mois...
Le Président (M.
Bernier) : En terminant, M. le député.
M.
LeBel : ...quand on sait qu'il a besoin de 1 500 $. Merci.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député de Rimouski. M. le ministre, un
bloc de cinq minutes.
M.
Leitão : Très bien. Merci, M. le Président. Non, j'ai trouvé ça très
bien, votre intervention. J'aimerais aussi vous rappeler, comme à tous ceux qui nous écoutent, bien sûr je suis
économiste, mais je suis surtout et avant tout un député, moi aussi, comme nous tous. Et d'ailleurs je
représente une circonscription qui, contrairement aux préjugés qu'on peut
avoir ou... pas préjugés, aux idées
préconçues qu'on peut avoir : Ah! bof! l'Ouest-de-l'Île de Montréal, c'est
tous des riches, l'antre du 1 %.
Je vous invite à venir faire un petit tour chez nous, à Roxboro, à Pierrefonds
Est, venez faire un petit tour et vous allez vous rendre compte qu'on
est très loin du 1 %.
Nous
avons une problématique très, très particulière d'une grande concentration de
nouveaux arrivants, d'immigrants qui
arrivent, qui s'établissent dans notre secteur et qui souffrent de toute une
série de discriminations. Je pense
que le député de Mercier peut comprendre ça très bien. Ce sont donc des vagues
d'immigration qui, il y a peut-être une
trentaine, quarantaine d'années, s'installaient dans le quartier de Mercier, de
votre circonscription, mais que maintenant, pour toute une série de raisons, dont la hausse des loyers, viennent un
peu plus à l'ouest, où les loyers sont encore très bas. Et c'est difficile pour ces personnes-là de
réintégrer le marché du travail, souvent des personnes très bien qualifiées,
mais qui n'arrivent pas à percer le marché
du travail. Ils viennent nous voir dans nos bureaux de comté, et il y a des cas
très tristes. Et on essaie de faire du mieux
qu'on peut pour aider ces personnes d'un point de vue individuel. Mais vous
avez raison que la meilleure façon de les aider, c'est d'avoir l'accès au
travail, d'avoir un emploi, un emploi le mieux rémunéré possible.
Donc,
moi, le travail que je fais ici,
c'est non seulement pour représenter mes concitoyens et leurs
revendications auprès du gouvernement, mais essayer de créer une économie qui soit plus dynamique, une économie
qui puisse générer des emplois, des emplois de qualité. Ça passe par
l'accès au marché du travail, ça passe par la baisse de barrières, la discrimination. Il y a des questions sociales extrêmement importantes, l'exclusion sociale, des choses très importantes, très... Si on ne s'y attarde pas, à essayer de
régler ça, on aura des problèmes sociaux très importants dans notre société dans les années à venir. Donc, il
faut qu'on travaille tous à améliorer ces conditions-là.
Je
pense, et un grand nombre de mes collègues pensent, que la meilleure façon de
régler ces problèmes-là, bon, c'est :
il faut intervenir, il faut que l'État intervienne pour faire baisser ces
barrières à l'insertion sociale, et il faut avoir une économie dynamique. Et une économie dynamique capable de
créer des emplois demande un régime fiscal qui soit compétitif, demande une ouverture à l'investissement privé — il
faut que l'investissement privé puisse se dérouler et donc des entreprises puissent créer de l'emploi — et demande aussi, et c'est ce que nous
faisons aussi dans notre budget, une ouverture à l'économie sociale.
L'économie
sociale est traditionnellement un moteur important de développement économique
et, encore une fois, dans ma
circonscription, dans Robert-Baldwin, nous avons plusieurs exemples très
concrets d'entreprises d'économie sociale
qui fonctionnent très bien et qui procurent un premier emploi à ces nouveaux
arrivants et qui les aident à percer le
marché du travail. Donc, c'est un travail extrêmement important. Et je
comprends entièrement la nécessité de continuer de supporter ces entreprises-là. Et souvent ça ne demande pas des
subventions mur à mur énormes du gouvernement, ça demande surtout une ouverture d'esprit et de les laisser faire des
choses que souvent, notre bureaucratie très lourde...
Le Président (M.
Bernier) : En terminant, M. le ministre.
M. Leitão :
...les empêche de faire. Donc, libérer la capacité d'action des gens, c'est
déjà très bien.
Le Président (M.
Bernier) : Merci de vos propos. M. le député de Mégantic, la
parole est à vous.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Je vous salue, M. le ministre. M. le député de
Rimouski, M. le député de Mercier, mes collègues de la partie ministérielle,
bonjour à tous. Il me fait plaisir d'être ici ce matin. Et, en début de discussion, je voudrais faire quelques
commentaires sur les propos du député de Mercier, et le rassurer à quelques
égards, et aussi faire quelques commentaires.
En
fait, quand on parle de lutte à l'évasion fiscale, qu'il réclame depuis 2008,
je vais lui dire qu'actuellement il siège
à une commission qui considère ce mandat d'initiative là pour travailler
là-dessus. Donc, on va l'aider à considérer qu'il y a des éléments positifs qui sont en cours et qui vont nous
aider, nous l'espérons, à travailler sur ce grand débat là qui est la
lutte à l'évasion fiscale. Ça, c'est un premier point.
Il
est déçu du fait que les petites évasions... et que l'ensemble des mandats du
gouvernement se sont attaqués aux petites
évasions, comme il l'a mentionné — les coiffeurs, les taxis, les serveurs,
etc. — et que
les autres s'en tirent bien. Je crois
que ce n'est pas exact, et qu'il y a une équité à travers toute la société, et
que, si vous regardez les états financiers du budget 2015‑2016, vous pouvez voir, à travers cet égard-là, les
sommes considérables de perception qui sont faites et qui ont pour objectif l'égalité entre les
différents revenus et d'éviter que des gens qui paient des impôts aient un
voisin qui, pour un revenu
équivalent, n'a pas payé ces impôts. Donc, ça, c'est quelque chose pour moi qui
est très important.
Il
a aussi mentionné le fait qu'il a lu un rapport en 2009 sur les inégalités de
transfert des matières premières, des biens
et marchandises. À cet égard, j'ai eu, dans ma carrière, l'opportunité de
travailler très sérieusement sur ce sujet entre le Canada et les États-Unis, parce que le rapport dont il faisait
référence était beaucoup plus large. Et le gouvernement canadien, québécois et le gouvernement américain
ont, sur une période de plus de 20 ans, établi des règles du jeu qui sont
extrêmement strictes à cet égard,
principalement en regard du transfert des filiales — donc, une entreprise minière qui transférerait des ressources à sa compagnie
mère — et les
prix de transfert sont établis dans des cadres financiers extrêmement rigoureux. Et le député pourra sûrement consulter
ces documents-là, qui existent à Ottawa et qui ont établi des normes
extrêmement strictes, sur lesquelles j'ai été impliqué pendant plus de 20 ans
des deux côtés de la frontière.
Donc, à
cet égard, je dois le rassurer qu'il y a des positions et des structures
légales qui ont réglé ces problématiques-là. Ça ne veut pas dire qu'on les a toutes réglées, parce que... Mais la
grande masse des transferts financiers, qui avaient pour objectif
d'éviter des impôts dans des États x, y ont été établis sur des barèmes
équitables pour tous. Je vous donne un exemple
pointu : le transfert des biens manufacturés au Canada qui vont être
distribués et vendus aux États-Unis ne peut pas être transféré avec moins de 11 % de marge au secteur de vente
de la compagnie mère ou de la filiale à l'extérieur du pays, et la somme
de la marge qui reste doit être au pays producteur.
Je vous donne
un point précis, mais ça vous donne une série de mesures qui font que je pense
que cet élément-là est considéré. Et
je ne crois pas que cet élément-là entre dans le débat d'aujourd'hui, dans le
sens où il favorise les 1 % de la
richesse qui paient peu d'impôts. Parce que, si vous regardez l'ensemble des
actionnaires de ces entreprises-là, ce n'est pas les milliardaires et
les richissimes de ce monde, mais, dans la plupart des cas, une quantité
phénoménale de petits investisseurs, qui, eux, reçoivent des dividendes de
cette envergure.
• (9 h 50) •
Le Président (M. Bernier) :
En terminant.
M. Bolduc :
Donc, je tenais à faire ces précisions-là à ce point-ci pour essayer de
clarifier un peu ces éléments du débat d'aujourd'hui.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député de Mégantic. M. le député de Mercier, la parole est à vous.
M. Khadir : Merci, M. le Président. Je remercie le député de Mégantic,
qui, je pense, est un des uniques députés à l'Assemblée nationale qui connaissent les ravages du problème des prix
de transfert. Je rappelle que, pour le Congrès américain, c'est un des fléaux les plus importants d'évasion fiscale,
c'est une des sources les plus importantes d'évasion fiscale, et 11 %, quand bien même que ce que vous dites s'avère — mais je doute des mesures au Québec, parce
qu'il y a des mesures américaines
plus agressives, mais, au Québec, au Canada, il n'y en a pas beaucoup — quand bien même que ça serait 11 %, 11 % de dizaines et de
dizaines de milliards de dollars d'activité économique, c'est beaucoup d'argent
dont se prive l'État québécois
au moment même où, comme l'a dit le député
de Rimouski tout à l'heure, on laisse des gens de côté, on laisse des gens de côté, et la
pauvreté s'accroît dans notre pays, au Québec.
Dans ces
circonstances-là, en quoi consiste le prix de transfert? Grosso modo, pour ceux
qui nous écoutent, c'est que les compagnies qui extraient des ressources
ici facturent, par leurs filiales à l'étranger, une série d'activités qui consistent, par exemple, dans le
transport, dans la vente, dans les opérations qui doivent entourer de la mine jusqu'à
son exportation.
Et même les
banques : je rappelle à M. le
ministre des Finances, qui connaît très bien
le secteur bancaire, que c'est un véritable fléau. Des documents de
différents gouvernements ont déjà appuyé sur... J'espère qu'il le reconnaît. Le
cofondateur de la CAQ, M. Charles Sirois,
était obligé, devant une assemblée d'actionnaires en 2011, de reconnaître que
350 millions avaient été épargnés... de
profits supplémentaires avaient été faits par sa banque parce qu'ils ont transféré une partie des
activités dans les pays... dans les Caraïbes. Ça, ça veut dire qu'ils ont privé les Canadiens, les
Québécois de 350 millions de dollars d'impôts.
Alors, tout
ce que je dis au gouvernement, c'est qu'il faut s'attaquer à ces fléaux-là de
manière sérieuse, pas toujours balayer
ça du revers de la main. D'accord, ces compagnies qui font des profits, une
partie de leurs dividendes et de leurs gains
en capitaux vont dans la poche des petits contribuables, je suis d'accord avec
vous, mais une partie seulement. Alors, je vous donne les chiffres. Sur les 12,7 milliards de gains en capitaux et
de gains en dividendes qui ont été distribués... En fait, non. Au total, c'est le double, donc 25
milliards. La moitié n'a pas été
imposée. Sur cette moitié qui n'a pas été imposée, quand je calcule l'impôt qui devait être payé par
l'ensemble de la population puis l'impôt qui devait être payé par le 1 % les plus riches — c'est
équivalent — chacun
devait payer à peu près 750 millions de dollars d'impôts, et la moitié d'entre eux... c'est-à-dire, ils n'ont pas payé
d'impôts sur la moitié de ces gains-là. Si vous divisez 750 millions de
dollars par 40 000 puis
750 millions de dollars par les 4 millions d'autres contribuables, les
99 % de Québécois, bien ça fait une différence de 100 fois avantage, c'est-à-dire, le cadeau que l'État fait
aux plus riches est 20 000 $ par année et le cadeau que l'État fait en cette matière à l'ensemble de
la population, c'est 200 $ par année. Ça, c'est un vrai déséquilibre, le
1 % n'en a pas besoin.
Je ne demande pas au ministre des Finances de, demain, enlever l'avantage fiscal, d'enlever
ce crédit d'impôt, ou
appelez-le l'abri fiscal que ça consiste, mais on peut considérer ensemble
d'arrêter de le donner à des contribuables qui n'en ont pas besoin. Je vous rappelle que ceux-là gagnent en moyenne
plus de 500 000 $ par
année, 500 000 $ par année.
Et leur taux d'impôt effectif, réel, ce n'est pas de 25 %, à la fin de la journée, c'est 15 % quand tu considères chaque tranche
puis tous les avantages qu'ils reçoivent. Donc, ils ne paient pas leur juste
part d'impôts.
C'est pour ça que l'État n'a plus les moyens,
puis on a des problèmes dans nos bureaux de comté que mon collègue de Rimouski
a mentionnés. Parce que je ne doute pas de votre bonne volonté de répondre aux
besoins de la population, mais vous nous dites à chaque fois : On n'a
pas les moyens. Mais pourquoi on n'a pas les moyens? Parce qu'au fil des années on a accordé tellement d'avantages à des multinationales
qui permettent d'aller cacher leur argent dans les paradis fiscaux, à des banquiers, à des banques de
le faire puis à des riches contribuables qui n'en ont absolument pas besoin qu'aujourd'hui on n'a plus les moyens. On
s'est privés... Ça nous coûte de l'argent, ce sont des dépenses fiscales,
ce sont des milliards de dollars que l'État
accorde en avantages qui profitent essentiellement aux plus riches. Et je
dis : Ça n'a pas de bon sens que
le 1 % ait 100 fois plus de cadeaux de l'État que le reste de la population.
Ça n'a juste pas de bon sens, ce n'est juste pas équilibré, ils n'en ont
juste pas besoin.
Alors, considérant
ceci, je demande au ministre, si c'est possible...
Le Président (M.
Bernier) : En terminant.
M. Khadir :
...oui — si
c'est possible pour lui de nous dire quel travail il fait actuellement pour
mettre fin à l'évasion fiscale des compagnies minières et des banques?
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député de Mercier. M. le ministre.
M.
Leitão : M. le Président, plusieurs choses. D'abord, nous convenons
tous que l'évasion fiscale, c'est quelque chose d'illégal. Alors, ça, l'évasion fiscale, c'est de ne pas respecter
la loi, c'est de cacher des revenus, ne pas déclarer certains gains, certains revenus. Et donc c'est
une activité qui est illégale. Et nous savons tous que, dans la mesure de ce
que nous pouvons faire au Québec, l'Agence
du revenu est assez... d'ailleurs, on la critique souvent, elle est assez bien
organisée pour mettre fin à ces pratiques et
pour poursuivre les personnes qui font ces choses-là. Des fois, ça peut prendre
un certain temps, mais, croyez-moi, le fisc finira toujours par vous rattraper.
Donc, ça, c'est quelque chose d'illégal.
Et
ça demande aussi, pour que ces activités de lutte à l'évasion fiscale, ce qui
est un crime... ça demande aussi une
meilleure coopération internationale. Le Québec tout seul, bien sûr, ne
pourrait pas régler ce problème-là, mais le Québec, avec le gouvernement fédéral, avec les autres gouvernements des
pays de l'OCDE, peuvent et sont en train de mettre en place des mécanismes qui vont justement adresser ces questions
du prix des transferts, qui sont complexes et qui demandent une meilleure
concertation internationale. On voit déjà qu'en Europe, l'Union européenne, il
y a toute une série de mesures qui
commencent à être mises en place pour éviter... pour éliminer ce qu'on appelle
le BEPS... ce qui me vient,
l'acronyme en anglais, le Base Erosion and Profit Shifting, ce qui est un petit
peu le prix de transfert, et donc ces
mesures commencent à être mises en place, et ça commence à avoir un effet.
Donc, de ce côté-là... Et, au Québec, évidemment,
au fur et à mesure que ces pratiques commencent à être mises en place en Union
européenne, aux États-Unis, bien sûr
que nous aussi, on va faire la même chose. Mais nous tout seuls, on ne peut pas
régler ce problème-là, mais, avec les autres pays de l'OCDE, on va
réussir à le faire. Ça, c'est pour l'évasion fiscale, qui est, donc, un crime,
et qui est maintenant combattue de plus en plus d'une façon toujours déterminée
par les autorités des pays développés.
• (10 heures) •
Mais
revenons à la base. J'aimerais quand même qu'on revienne à la base, ce qui est
le traitement fiscal des gains en capital et les dividendes. Parce que,
là, le député de Mercier parle de cadeaux, de cadeaux que l'État fait au
1 %.
N'oublions
pas... commençons par les dividendes. Les
dividendes sont, donc, des paiements, des revenus qu'une entreprise, après avoir payé l'impôt sur le
revenu... donc, avec ses profits après impôt, l'entreprise distribue une partie
de ces profits-là à ses actionnaires, aux
personnes qui ont investi dans ces entreprises-là. Donc, cet argent a déjà été
taxé. C'est un transfert après impôt.
Alors, ça serait injuste, ça ne serait pas équitable que ces revenus soient
taxés une deuxième fois, une fois
qu'ils sont reçus par les personnes qui... les actionnaires qui ont reçu ces
dividendes. Alors, c'est pour ça que les
gouvernements, ici comme ailleurs en Amérique du Nord, ont mis en place des mécanismes pour essayer de minimiser la
double taxation des dividendes.
Et
d'ailleurs il y en a beaucoup, de Québécois, soit directement, particulièrement des personnes
à la retraite, ou indirectement, à travers des fonds de pension, qui, justement,
cherchent des sources de revenus stables pour pouvoir subvenir à leurs besoins de retraite, et les dividendes, les dividendes
que les grandes sociétés canadiennes paient, qui sont stables, prévisibles et assez importants comme
source de revenus, que ce soient des compagnies de télécommunication, que ce soit, justement, des banques et
d'autres secteurs de l'économie, ces dividendes-là sont extrêmement importants pour le revenu des retraités. Alors, de faire une double
taxation sur les dividendes, à mon avis, ça serait une énorme inéquité dans le
système fiscal. On reviendra au gain en capital.
Le Président (M.
Bernier) : ...M. le ministre. Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Merci, merci beaucoup, M. le Président, M. le
ministre, chers collègues, le député de Mercier et autres collègues ici avec
nous aujourd'hui. Le sujet m'intéresse particulièrement. D'ailleurs, tout
particulièrement parce que non seulement
je suis issu de l'immigration, arrivé très jeune au Québec, mais je viens d'une
famille très modeste, puis je le dis
sincèrement même avec fierté, parce que je pense que le fait d'être ici depuis
un an, à l'Assemblée nationale, représente un peu ce que le Québec, et
notre société, et le filet social offre de mieux au Québec. Mon père a pris sa
retraite il y a six mois, à peu près, à la
fin septembre, puis, depuis qu'on est au Québec, il a eu deux types
d'emploi : il a fait de l'entretien ménager dans des hôpitaux puis il a travaillé dans un entrepôt chez
Brault et Martineau, puis ma mère, qui a seulement une étude primaire, a seulement fait un type de
travail dans sa vie, qui est couturière. Et, jusqu'à aujourd'hui, elle a un
petit commerce rue... en fait, voisin du comté de la circonscription du député
de Mercier.
Mais la
raison pour laquelle je mentionne ça, M. le Président, c'est parce que la base
de la mobilité sociale, c'est l'emploi. La base de la mobilité sociale,
c'est aussi les divers programmes sociaux que le Québec s'est doté à travers les années et qui
permettent non seulement aux nouveaux arrivants, mais à tous les Québécois de
pouvoir se donner des opportunités,
de pouvoir saisir les opportunités qui sont présentées à eux. Effectivement,
l'interpellation de ce matin me touche
particulièrement parce qu'il faut se préoccuper... Je pense que c'est la base
même de notre responsabilité comme élus :
comment continuer à couvrir le plus grand nombre de Québécois, tous les
Québécois, et leur offrir des opportunités pour qu'ils saisissent et se donnent eux-mêmes... atteignent eux-mêmes
les ambitions qu'ils ont pour eux-mêmes à travers les opportunités et
que, comme gouvernement et comme société, nous les soutenons.
Aujourd'hui, je représente le... depuis déjà un
an, le compté, la circonscription Laval-des-Rapides, et c'est une circonscription à laquelle je
m'identifie énormément. Au-delà d'être un Lavalois depuis les sept
dernières années, mais c'est le tissu
social, c'est le profil socioéconomique de la circonscription à laquelle je
m'identifie particulièrement. Vous savez, M. le Président, le revenu
médian des ménages à Laval-des-Rapides est de 48 000 $. 30 % de
la population à Laval-des-Rapides est d'origines diverses, sinon une première
génération d'immigrants. Nous avons également une grande population... une population plus élevée que la moyenne québécoise
de jeunes en bas de 25 ans, dû notamment
au fait que nous avons, sur le territoire
de la circonscription, le collège Montmorency, le seul cégep pour la
région de Laval, puis également
le campus de l'Université de Montréal à Laval, et également d'autres
institutions scolaires d'importance, centres de formation
professionnelle et autres.
Nous avons également
des indices de pauvreté importants dans la circonscription, et même des
personnes qui vivent l'itinérance au
quotidien. Puis la raison pour laquelle je vous mentionne tout cela, M. le Président, c'est parce que notre collègue le ministre
des Finances a fait le dépôt, exactement
il y a trois semaines, de son plus récent budget, puis j'ai décidé volontairement d'analyser et de présenter
ce budget-là en fonction de l'impact que ça représente pour les citoyens
de ma circonscription.
Il y a des mesures très importantes annoncées
dans ce budget-là. Au-delà de l'aspect fiscal qui, des fois, peut dépasser les citoyens... mais c'est au quotidien,
de quelle façon le budget et les mesures à l'intérieur de ce budget-là
peuvent justement accompagner, soutenir mes concitoyens à se donner
les moyens de leurs ambitions et saisir ces opportunités-là également.
Et je vais
vous en faire allusion à quelques mesures. Tout d'abord, le ministre des Finances a annoncé 125 millions au cours des
cinq prochaines années pour favoriser l'adéquation entre... une meilleure
adéquation entre la formation et l'emploi.
Pour la région de Laval, d'ici la fin de l'année, Emploi-Québec
estime qu'il y aura
37 000 emplois qui vont être disponibles. Il faut donc mieux
accompagner nos travailleurs justement pour saisir ces opportunités-là.
Par ailleurs,
le ministre a également annoncé tout près de 23 millions au cours des
trois prochaines années pour accompagner les immigrants à une meilleure
intégration à l'emploi. Et ça, c'est des organismes comme Perspective carrière, qui sont dans ma circonscription, qui
accompagnent un grand nombre, justement, de ces personnes-là dans cette démarche-là. 24 millions destinés à la
Fondation du Dr Julien, pour laquelle j'ai un centre de pédiatrie sociale dans
ma circonscription. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. M. le député de Rimouski, la parole est à vous.
M. LeBel : Oui, M. le Président.
Peut-être, concernant les paradis fiscaux, juste rappeler puis remercier mon collègue de Rousseau, parce que c'est sous
l'initiative du Parti québécois si cette commission... par rapport à une
résolution du Parti québécois si
cette commission est mise en place, une commission d'initiative qui va toucher
l'évasion fiscale. À tous ceux qui
ont collaboré... Le président me fait signe, mais merci à tout le monde d'avoir
collaboré à cette idée, et, je pense, c'est très important.
Je
reviendrais... Je ne veux pas frustrer personne, M. le Président, prenez-le pas
personnel, mais je veux vous dire que
le ministre parlait d'économie sociale tantôt puis il parlait des places en
garderies, les CPE, juste rappeler que ces mesures ont été mises en place dans un moment difficile au Québec où le
gouvernement du Parti québécois avait des décisions difficiles à prendre pour essayer de ramener
l'équilibre budgétaire. Et le premier ministre Bouchard, Lucien Bouchard à l'époque
avait réussi à asseoir tout le monde autour d'une table et à se donner des objectifs,
faire en sorte de resserrer puis de ramener le Québec sur le droit chemin mais, en même temps, de créer de l'économie, en même
temps d'intervenir, et c'est là que le Chantier d'économie sociale a pris son envol, et c'est à partir de là qu'on a aussi mis en place
les centres de la petite enfance. Je
le dis parce que je
pense qu'aujourd'hui on fait face à une idéologie où on touche... c'est l'austérité avant tout. Je pense qu'il y avait
moyen de faire autrement, et, à cette époque-là, le gouvernement du Parti québécois avait réussi
à... On n'a pas tout le temps pris des meilleures décisions, mais, à ce moment-là, de mettre en place le Chantier d'économie sociale, de lancer
ce chantier-là et mettre en place les centres de la petite enfance dans un
contexte difficile, ça a été des bons choix.
Je reviens
sur quelques... un peu sur la loi sur la pauvreté. Dans la loi, on mettait en
place un comité consultatif qui
s'appelle le Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l'exclusion
sociale, qui fait un peu un genre d'observatoire, qui surveille un peu l'évolution... comment va
notre travail pour lutter contre la pauvreté. Récemment, en février, le comité
a déposé un document où il expliquait... il
dit — je vais
vous le lire rapidement : «De plus, le gouvernement aurait davantage
d'intérêt à tirer ses revenus de l'impôt
plutôt que des taxes et des tarifs, notamment afin d'éviter de faire porter un
trop lourd fardeau sur les épaules de personnes et des familles à
faibles revenus et de la classe moyenne, plus durement affectées par les taxes
et la tarification.
«Globalement, le chemin pour combattre la
pauvreté passe par un nivellement des conditions par le haut qui comporte des voies privilégiées : agir sur la
qualité de l'emploi, notamment les salaires [...] et agir sur la protection
sociale par des mesures fiscales
efficaces[...]. Pour la première voie, il faut s'attaquer à la précarité de
l'emploi et faire en sorte que tout individu ait accès au marché du
travail et à un revenu permettant d'échapper à la pauvreté. Dans le cas de la deuxième voie, il s'agit d'abord de mettre en place des
mécanismes complémentaires jusqu'à la sortie complète de la pauvreté.»
• (10 h 10) •
Je pense que
c'est un bon conseil. Puis je ne suis pas certain que le gouvernement ait
écouté le conseil, parce que ce qu'on
fait, ce qu'on voit, là, partout, c'est que les familles les plus pauvres, les
familles qui ont des difficultés, ils sont assommés par l'augmentation des tarifs et des taxes : Hydro... les
coupes dans les commissions scolaires qui se revirent vers la population, c'est... les transports
scolaires, des frais à payer davantage, qui touchent les gens qui sont au
niveau de la pauvreté. Quand on coupe
dans le logement social, quand on coupe dans des groupes communautaires, quand
on coupe dans... puis, par rapport
aux prestataires d'aide sociale, qu'on nous amène des réformes qui frôlent les
préjugés, est-ce qu'on aide les gens à sortir de la pauvreté? Non.
Ce que j'ai l'impression actuellement, là, ce
qu'on est en train de faire, c'est de s'assurer que tous les pauvres soient pauvres égal. C'est un peu ça, le discours
du gouvernement actuellement. On n'essaie pas de sortir les gens de la pauvreté, on dit : Il faut que ça soit
équitable entre ceux qui sont de faibles revenus. Il me semble que ce n'est pas
très encourageant et très ambitieux.
Je rappelle qu'on
veut sortir des gens de la pauvreté, ne pas faire en sorte que tout le monde...
que tous les pauvres soient pauvres
égal. Puis je pense entre autres aux aînés, qui ont de plus en plus de
difficultés dans les résidences pour aînés
puis... des personnes qui ont travaillé toute leur vie et qui, actuellement,
sont confrontées à des situations économiques difficiles. Je ne suis pas certain que les mesures fiscales vont vers
l'équité et vont faire en sorte qu'on va sortir des gens de la pauvreté.
Moi, je pense
qu'on est dus au Québec pour une vraie discussion sur la pauvreté, une vraie
discussion pour faire en sorte qu'il
n'y a personne qui est laissé... qu'on ne laisse personne de côté. La loi — je l'expliquais — elle a 10 ans. Déjà, depuis
2013, on a fait nos 10 ans. La loi prévoyait des cibles sur ces
10 ans là, et... C'est terminé.
Le Président (M. Bernier) :
En terminant.
M. LeBel : Est-ce que le ministre
des Finances serait d'accord de convaincre son gouvernement que tous les
parlementaires puissent se rasseoir ensemble et faire un vrai bilan de cette
loi sur les...
Le Président (M. Bernier) :
Merci, merci, M. le député.
M. LeBel : ...10 dernières
années puis se donner des nouveaux objectifs?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : Merci, M. le
Président. Écoutez, plusieurs choses que le collègue de Rimouski
a mentionnées. Mais je pense que fondamentalement il y a en effet une énorme différence entre les propositions qu'il fait. Et donc je présume que son parti aussi et d'accord avec ça et ce que nous proposons. Et ça
a lieu particulièrement avec le rôle
des impôts et des taxes et tarifs.
Justement,
avec le rapport de la commission Godbout, le constat qui est fait, c'est :
ce qui est le plus dommageable pour
l'économie, ce sont les impôts, particulièrement l'impôt sur le revenu. Et donc
l'objectif d'une éventuelle réforme fiscale serait de baisser l'impôt
sur le revenu, particulièrement des particuliers, pour pouvoir relancer
l'économie... et qu'une baisse d'impôt sur
le revenu, ce n'est pas un cadeau pour les riches, parce que, tel qu'il est
modulé, tel qu'il est proposé par la
commission Godbout — et on
verra bien si c'est dans cette direction qu'on va ou pas — ça va bénéficier surtout les personnes qui gagnent
75 000 $ et moins. Donc, c'est vraiment ciblé vers les familles de la
classe moyenne et à plus bas revenus.
Quand on
parle de poids de la fiscalité, de taxation, souvent, ce sont justement les
personnes à plus bas revenus qui font
face à des taux implicites qui sont beaucoup plus élevés. Alors, c'est de cette
façon-là que nous pensons que nous pouvons
avoir un impact très direct et très efficace sur le revenu disponible des
personnes de la classe moyenne et à plus bas revenus.
Pour ce qui
est de tarifs, taxes à la consommation, etc., encore une fois, nous avons fait
quelques changements déjà, comme la
modulation des tarifs de garde selon le revenu. Et, encore là, pour les
personnes à plus bas revenus, 50 000 $ et moins, il n'y a
absolument aucun changement, ils paient exactement ce qu'ils payaient avant.
Pour les personnes jusqu'à
100 000 $ de revenus,
l'augmentation est très marginale; ce sont justement des personnes à plus
hauts revenus, qui, elles, vont faire face à une augmentation des
tarifs.
Donc, ce
n'est pas la destruction du modèle québécois; au contraire, c'est fait justement
dans la grande tradition du modèle québécois, où on protège les familles
à moyens et bas revenus dans la prestation de services sociaux. Et je trouvais
un peu contradictoire la levée de boucliers de la part de l'opposition
officielle, même du deuxième groupe d'opposition quand on a parlé de moduler les tarifs de garde
selon le revenu, que : Ah! c'était la démolition du modèle québécois,
on va faire payer les pauvres. Il n'y
a pas d'impact sur les personnes à
plus faibles revenus. Ça a été bien pensé, ça a été bien modulé.
Pour ce qui
est d'une éventuelle, bon, hausse de tarifs de... donc de la tarification de certains services et tout ça, taxe à la consommation, etc., comme je vous ai dit depuis le début, nous
avons au Québec le crédit d'impôt solidarité, qui est une énorme avancée, et toutes sortes d'autres changements. Si on le fait
à l'avenir, on va toujours prendre en considération la réalité des personnes à plus bas revenus, et il
y aura toujours des moyens qui vont limiter l'effet de ces hausses de tarifs
et/ou taxes à la
consommation sur le train de vie et sur le revenu disponible des personnes à
plus bas revenus. Et, quand on
regarde, justement, on nous dit souvent de regarder ce qui se passe dans les
sociétés scandinaves, qui sont plus avancées que la nôtre, soi-disant... mais c'est justement ça, le modèle :
les personnes à plus hauts revenus paient des tarifs plus élevés. C'est
ça, le modèle, c'est ça vers quoi on s'en va, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le ministre. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Il y a beaucoup de choses à dire et
peu de temps disponible. Donc, je vais essayer
d'être synthétique. Et, écoutez, je voudrais tout d'abord faire une remarque
ici au député de Mercier au sujet des régimes
fiscaux qui... déjà très progressifs, d'ailleurs... Écoutez, quand on parlait
que 5,6 % des contribuables qui ont un revenu de 100 000 $ paient 38 % de l'impôt, qui nous
donnent un rapport de 7; 180 000 contribuables qui ont un revenu
de plus de 130 000 $ ont un
rapport d'impôt de 10 fois; et 43 000 contribuables, 0,7 %,
qui ont un revenu d'au-dessus de
250 000 $, donc, il y a ici un ratio de 20, donc trois fois plus que
les gens qui gagnent 100 000 $. Donc, quand le député de Mercier nous dit que le 1 % a des
avantages extrêmement marqués, il paie aussi plus d'impôt que les autres. Et
c'est le point que je voulais faire à ce point.
Maintenant,
je voudrais faire quelques commentaires sur les propos du député de Rimouski,
et qui nous a parlé de revenus et de s'asseoir pour discuter des
politiques pour l'aide aux gens. Bien, écoutez, le régime fiscal que le
gouvernement a développé depuis quelques années avantage de façon significative
les familles québécoises.
Un
couple ayant deux enfants avec un revenu de 25 000 $ bénéficie d'un
transfert social de plus de 16 000 $. Je crois qu'ici on parle de
quelque chose de largement significatif. Donc, c'est 60 % de plus que le
revenu disponible qui lui est donné en avantages fiscaux basés sur les
politiques du gouvernement.
De
plus, le revenu disponible des familles de la classe moyenne est nettement
supérieur à celui des familles des autres
provinces canadiennes, O.K.? De 10 000 $ d'avantages, donc,
27,4 %, pour un revenu de 50 000 $; et 9 958 $, soit
près de 20 % pour un revenu de 75 000 $.
Donc,
je crois que ça, c'est quelque chose qu'il faut bien ancrer, c'est une
référence qui est très avantageuse et marquante pour la population du
Québec, qui se situe là pour la grande majorité.
Le
PIB, le PIB réel par habitant... le revenu disponible par habitant au Québec
est toujours moins élevé au Québec qu'en Ontario
ou au Canada, mais, depuis 2007, le Québec a
connu une amélioration importante du niveau de vie de la population
mesuré par le PIB réel par habitant. Ainsi, la dernière récession a été beaucoup
moins forte au Québec. Le PIB du Québec a reculé de 0,6 %,
alors qu'il a chuté de 3,1 % en Ontario et de 2,7 % au Canada. Et
j'ai eu l'occasion de m'exprimer là-dessus
hier, durant l'étude des crédits, ce qui fait qu'on a vraiment
eu un avantage net par le fait qu'on a investi dans nos infrastructures
durant une grande période de récession pour justement faire bénéficier aux Québécois
d'une situation marquante. Donc,
moi, je crois que ça, c'est l'effet d'une politique
bien gérée, bien organisée. Et cette évolution a permis aux Québécois de connaître une
légère baisse de 1,7 % de leur niveau de vie en 2009, alors que celui
du Canada s'est détérioré de moins 3,8 % et de moins 3,9 % en Ontario.
Depuis
2010, le Québec, l'Ontario et le Canada ont amorcé un rattrapage graduel de leurs niveaux
de vie d'avant la récession. Le Québec a
une croissance économique qui permet à sa population de continuer à
progresser, dépassant rapidement celle de 2007. Cette évolution
favorable a connu une interruption en 2013, alors que le PIB réel par habitant
n'a augmenté que de 0,1 % au Québec. C'est à se demander ce qui s'est
passé en 2013...
• (10 h 20) •
Le Président (M.
Bernier) : En terminant, M. le député.
M.
Bolduc : Je vais laisser le
député de Rimouski réfléchir là-dessus. Donc, les politiques
du gouvernement sont très favorables à la croissance des
revenus de nos familles.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député. M. le député de Mercier.
M. Khadir : Merci,
M. le Président, et surtout
d'administrer le temps et de nous rappeler que c'est notre tour, c'est
très utile.
Alors,
le député de Laval-des-Rapides, que j'ai été heureux d'entendre, fils
d'immigrants, comme moi, arrivé ici en bas âge dans une famille modeste, a
affirmé, il a raison, que la mobilité, dans des pays comme le nôtre, est
assurée par l'emploi. Alors, je veux
juste lui rappeler que les pays scandinaves sont justement reconnus pour leur
pratique plein emploi. C'est des pays
qui connaissent très peu, très, très peu de chômage, même comparé à l'Amérique du Nord, même comparé aux États-Unis, où il y a des emplois de faible qualité. Or, ces pays-là
font plus de prélèvements fiscaux que le Québec, font plus de prélèvements fiscaux auprès des
particuliers, font plus de prélèvements fiscaux auprès des entreprises, et
surtout font plus de prélèvements fiscaux justes, équilibrés.
Et là je vois que le ministre
des Finances s'approche justement, dans cet esprit-là, de nos propositions
depuis toujours. Nous, on est aussi pour moins d'impôts, mais
pour moins d'impôts pour ceux qui sont trop lourdement imposés. Vous avez parlé des revenus en bas de
75 000 $, on peut se mettre d'accord. Sauf que, si on accorde des baisses d'impôts
à l'ensemble, y compris les plus riches qui captent beaucoup
de richesses, c'est que, là, l'État se prive de moyens, qui fait en sorte qu'il n'est plus capable d'assurer
son rôle de redistribution de financement des services publics, ce qui fait que vous êtes obligés, pour équilibrer le budget... Avec lequel on est d'accord, d'équilibrer le
budget... mais en se privant toujours des revenus légitimes que l'État
doit aller chercher, bien, on coupe, on coupe, on coupe.
Donc,
c'est au nom de ces immigrants, c'est au nom du travailleur d'entrepôt, du
chauffeur de taxi qui était mon père,
au nom de la vendeuse de commerce de détail, au nom des coiffeuses, au nom des petits entrepreneurs, des
restaurateurs qui peinent à arriver, au nom des travailleurs autonomes,
au nom de la femme chef de famille monoparentale dont les pensions alimentaires sont calculées lorsqu'ils
arrivent à l'aide sociale. Au nom de tous ces gens-là à qui ont dit : Ça
va mal, serrez-vous la ceinture, parce qu'on n'a pas les moyens, que je
dis : Équilibrons les choses.
Donc, je ne
demande pas au ministre des Finances, et je veux lui rappeler pour une
troisième fois, et j'espère que cette
fois-ci sera entendue... Vous ne répéterez pas encore que les gains en
capitaux, puis les gains en dividendes profitent aussi aux retraités. D'accord, donc, gardons-les pour eux. Gardons-les
pour eux, ne touchons même pas... Même, je suis prêt à considérer d'augmenter un peu cette protection. Ce que je vous
demande, c'est que pour le 1 %, 2 %, 3 % des plus riches, qui n'en ont absolument pas besoin, qui
ont déjà énormément de privilèges, qui ont accès à des fiscalistes qui peuvent
leur permettre, en toute légalité, de ne pas
payer une série d'impôts que d'autres paient, et vous savez très bien, vous
êtes banquier, vous connaissez ces mécanismes-là...
Je répète, et
je marque une pause pour dire : Le ministre des Finances a une plus grande
responsabilité que ses prédécesseurs, parce qu'il vient du secteur des
banques. Il sait comment tout ça, ça marche.
Donc, je
l'interpelle, je dis : D'abord, donc, rééquilibrons ça. On n'a pas besoin
de donner ces avantages-là à ce 1 %,
2 % des très privilégiés. Je vous ai montré qu'ils touchent 100 fois plus
de cadeaux, relativement parlant, qu'au 99 %, le 1 %. Juste en gains en capital, puis en gains
en dividendes, ce que ça coûte à l'État, là, c'est un cadeau 100 fois plus
grand au 1 % des plus riches. Ils n'en ont pas besoin, enlevons ça,
redistribuons ça, gardons-les pour les retraités, d'accord?
Ensuite, moi,
ce que je dis : Ce n'est pas de nouvelles lois pour la lutte à l'évasion
fiscale, c'est de le faire de manière énergique.
Il y a des lois, oui, mais, si on se refuse de les appliquer convenablement...
Par exemple, dans les divulgations volontaires, là, du moment que des personnes
fassent des divulgations volontaires pour avoir mis leur argent dans le HSBC,
ils n'ont plus de pénalité. Bien là, ça,
c'est un problème. Pourquoi on n'applique pas les pénalités? On se prive de millions
de dollars de revenus. Le Réseau pour la justice fiscale dit : Il faut
imposer des pénalités. Revenu Québec a un rôle à jouer là-dedans avec Revenu Canada.
Ensuite, ce
que j'aimerais, c'est que nos gouvernements montrent une action énergique... le gouvernement québécois,
même si ce n'est pas de notre juridiction, parce que là l'Ontario
a cette volonté et donc participe à tous les forums, demande à des
entreprises multinationales, comme ArcelorMittal, qui pratique le «transfer
pricing», de dire : Écoutez, si je dois vous construire de nouvelles routes,
je veux voir vos livres. C'est permis, ça. Il y a des communes en Europe qui le font, il y a des départements, des
régions qui, en Europe, disent : On n'a pas la juridiction, mais dans
l'octroi de nos contrats aussi, on
doit donner des avantages aussi, on doit construire des routes, ou une subvention,
on va demander à l'entreprise d'ouvrir ses livres, sans ça, il n'y aura notre
appui. Ça, c'est des genres de mesures que le gouvernement pourrait
faire...
Le Président (M. Bernier) :
En terminant.
M. Khadir : ...pour montrer qu'il mène une lutte efficace à l'évasion fiscale.
C'est tout ce qu'on demande, un peu
plus d'équité. Et plus on en fait, les États, les nations scandinaves montrent...
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le...
M. Khadir : ...ça va mieux
pour l'économie, ça va mieux pour l'emploi.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M.
Leitão : M. le Président, bon, on n'a pas beaucoup de temps et plusieurs choses que je veux dire. Tout d'abord, je veux mentionner...
rappeler au député de Rimouski que le fait que la Commission des finances publiques va regarder la question de
l'évasion fiscale, les paradis fiscaux, c'est en grande partie grâce au travail
du président de la commission, qui a réussi à créer un consensus pour
que ce travail-là se fasse. Donc, il fallait rétablir les faits.
Maintenant,
parlons des questions qui ont été soulevées par le député de Rousseau...
excusez, vous êtes assis à sa place, alors, ça m'a... député de Mercier,
je m'excuse.
Une voix : ...
M. Leitão : Non.
Une voix : ...
M.
Leitão : Donc, la question
de l'efficacité et de l'équité du régime fiscal québécois, d'abord, écoutez,
je pense qu'on peut accuser Revenu Québec de plusieurs choses, mais certainement
pas d'être endormis au gaz. On est aussi déterminés
et aussi actifs, sinon même plus, que nos contreparties fédérales et ailleurs. Revenu Québec joue, comme je vous ai dit,
un rôle d'avant-garde dans la lutte à l'évasion fiscale et surtout la lutte à
l'évitement fiscal ou planification fiscale agressive. Revenu Québec
joue un rôle très important et très actif dans ce domaine-là.
D'ailleurs,
dans le suivi qu'on fait du rapport de la commission Godbout, une de ses
premières recommandations que nous
avons déjà mises en place, c'est de créer une table de travail au ministère des Finances, Revenu
Québec, pour poursuivre le dialogue
avec le gouvernement fédéral et les autres provinces, particulièrement la province de l'Ontario,
où nous avons beaucoup de choses en commun,
ne serait-ce que... et ce n'est pas à négliger, le fait que les deux ministres des
Finances des deux provinces, Ontario,
Québec, s'entendent très bien et se connaissent depuis très longtemps,
alors, ça va certainement faciliter le travail de coordination, de concertation de notre activité
dans la lutte à l'évasion fiscale et aux planifications fiscales
agressives.
Au Québec, nous ne voulons pas non plus... nous avons
aussi un système assez, encore une fois, original, c'est le rôle que l'AMF joue dans l'octroi de contrats
publics. Donc, les entreprises qui veulent, justement, avoir un contrat avec le gouvernement doivent montrer patte
blanche, doivent passer par un examen rigoureux de l'AMF. Donc, oui, ce n'est pas seulement dans les pays scandinaves que
ces choses-là se font, nous aussi, ici, le faisons dans le contexte que
vous connaissez très bien.
Mais je
reviens quand même à ce que je pense être la question fondamentale : la
taxation des gains de capital, la
redistribution de la richesse. Soyons clairs, là : le gain en capital est
taxé au Québec et au Canada. Il y a un taux d'exclusion, donc ce n'est pas taxé à 100 %, mais il est taxé...
donc, il est inclus dans le revenu qui est taxable à 50 %. Donc, quelque changement que ce soit qu'on songe à
faire ou à ne pas faire dans cette façon de taxer les gains en capital,
il faudra absolument que cela se fasse de concert avec ce qui se fait ailleurs
au Canada. Le Québec ne pourrait tout simplement
pas, du jour au lendemain, changer les règles de taxation du gain. Même si on
souhaitait le faire, ça, c'est tout un
autre débat, mais, même si on souhaitait le faire, on ne pourrait pas le faire
si les autres ne le font pas. Pas parce qu'on n'aurait pas la juridiction, oui, mais parce que, d'un point de vue
d'efficacité, d'un point de vue pratique, si on changeait ça ici sans
que cela change ailleurs au Canada, ça, ce serait tirer dans le pied de façon
énorme, on assisterait à des bouleversements énormes dans notre économie.
Mais la
raison fondamentale qu'on a un régime de taxation des gains en capital qui peut
sembler, aux yeux du député de
Mercier, qui peut sembler généreux, c'est pour promouvoir l'investissement. Il
faut que l'investissement... qu'on puisse
être capables de promouvoir l'investissement, parce que, pour distribuer la
richesse ou la redistribuer, il faut d'abord la créer, il faut investir,
il faut...
• (10 h 30) •
Le Président (M. Bernier) :
En terminant, M. le ministre.
M.
Leitão : ...attirer l'investissement, donc il faut investir, favoriser l'investissement pour créer la richesse pour qu'on puisse
la redistribuer.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Effectivement, j'étais très attentif aux propos de notre collègue le
député de Mercier. Lorsqu'il fait allusion aux pays scandinaves, il faut également
faire un constat qu'au Québec, malgré le
fait que nous sommes la seule société francophone en Amérique du Nord, nous sommes
exposés, nous sommes à même situés
géographiquement à l'intérieur d'un continent nord-américain très compétitif. Je veux dire, à moins d'une heure d'auto à partir de Laval, vous vous retrouvez en Ontario. À moins de 1 h 30 min de voiture,
vous vous retrouvez aux États-Unis.
Et la raison pour laquelle je fais cette
allusion-là, M. le Président, c'est que, et M. le ministre vient d'en faire allusion, la responsabilité du gouvernement, c'est
de créer un contexte favorable à l'investissement et à la création d'emplois.
Et la responsabilité du gouvernement, c'est
justement, c'est de ne pas rejeter ou même provoquer des départs de Québécois,
Québécoises qui sont ceux qui, jour après
jour, mettent à contribution leur savoir-faire, mettent à contribution, aux
Québécois, leur ambition et surtout
leur souci de prendre des risques. De prendre des risques pourquoi? Pas
seulement pour se générer plus de
richesse personnelle, mais de générer des opportunités d'emplois, prendre des
risques pour créer des entreprises, justement,
prendre des risques pour augmenter ce taux d'entrepreneuriat qui, au Québec,
nous fait défaut face aux autres provinces du Canada.
La raison
pour laquelle je le mentionne également, M. le Président, c'est parce que, dans
le budget présenté par notre collègue
du ministre des Finances, il y a 12,7 milliards, presque 13 % du
budget, en mesures distinctes, soit fiscales, ou des programmes, ou des mesures directes destinées à soutenir la
création de richesse, à soutenir nos entreprises et à soutenir justement la création d'opportunités. Je
reviens à l'emploi. O.K.? Depuis moins d'un an, ou en fait depuis un an,
37 000 emplois créés, M. le Président.
De plus, nous nous sommes engagés le 18 mars... En fait, c'était notre chef qui
l'a fait, et au nom de notre formation
politique. Le 18 mars 2014, il a pris deux engagements très formels. Un,
c'était le retour à l'équilibre
budgétaire 2015‑2016. M. le ministre des Finances a répondu à cet
engagement-là. L'autre engagement également
important, c'était que, à partir du moment où on retourne à l'équilibre
budgétaire, tout excédent budgétaire, tout
surplus budgétaire subséquent va se répartir de la façon suivante :
50 % en allégement fiscal et du fardeau fiscal pour les Québécois et 50 % destiné à réduire la
dette. Un autre engagement important fait par notre chef et aujourd'hui premier
ministre du Québec, c'était d'atteindre sur
une période de cinq ans 250 000 emplois. Et, chaque jour, nous nous
rapprochons. Malgré ce que les
oppositions et mes collègues des oppositions mentionnent, chaque jour, nous
nous rapprochons de cet objectif-là.
Les autres
points que je mentionnais tantôt, M. le Président, c'est qu'au-delà de l'emploi
il faut également créer et soutenir
un filet social. Pourquoi? Justement pour encourager la mobilité sociale à même
notre société. Et, quand je reviens
aux annonces faites par le ministre des Finances, je reviens aux
24 millions injectés à la Fondation
du Dr Julien. Et je le
mentionnais : Dans ma circonscription,
j'ai un centre de pédiatrie sociale qui vient en aide à un grand nombre de
familles de Laval, mais particulièrement les
familles du secteur dans ma circonscription. Et ce que cette mesure-là est
destinée à effectuer au cours des... d'ici
2020, M. le Président, c'est de soutenir plus de 20 000 enfants, à terme,
avec une injection
de près de 60 millions de dollars d'ici 2020 et d'étendre le réseau à 42
centres de pédiatrie sociale à travers la province du Québec, M. le Président. Ça, c'est des gestes tangibles,
c'est des gestes qui soutiennent, justement, nos familles les plus
démunies afin de, justement, leur permettre de saisir ces opportunités-là et
favoriser la mobilité sociale.
Un
autre geste important annoncé, M. le Président, c'est 27 millions de
dollars injectés pour soutenir les entreprises d'économie sociale. Vous
savez, au Québec, c'est 7 000 entreprises, 150 000 emplois, et, à
terme...
Le Président (M.
Bernier) : En terminant, M. le député.
M.
Polo : ...à terme, ça va générer un plus grand nombre d'emplois et,
justement, plus d'opportunités, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Nous allons donc terminer ces
échanges avec le député de Rimouski, pour un bloc d'environ trois
minutes.
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Bon, la commission sur les évasions
fiscales, c'est qui a été le... Il faut donner à tout le monde leurs affaires. Moi, ce qu'on me dit, c'est que mon
collègue de Rousseau a posé plusieurs questions, a été le promoteur que chacun prenne sa part. On me dit
que le député de Mercier n'était pas à la rencontre, bon. Bref, tout ça,
ce n'est pas trop important. L'important, c'est que la commission existe puis
qu'on se pose les vraies questions.
Moi,
de mon bord, ce que je voudrais, ce que j'aimerais faire, c'est de réussir à
convoquer une commission avec des
parlementaires puis entendre des gens pour faire un vrai bilan de la loi sur la
pauvreté des 10 dernières années, faire un vrai bilan puis poser les vraies questions, notamment sur la
fiscalité et la hausse des tarifs, l'impact que ça a sur les gens,
concrètement, sur les personnes, sur les familles qui vivent des difficultés
dans chacun de nos coins de pays. Et je pense que ce serait important de
le faire. Je vais continuer à faire cette proposition par les méthodes que
j'aurai.
Ce
que je sais et ce que je vois, c'est que le Parti libéral, le gouvernement actuel,
c'est une philosophie d'austérité, d'austérité
qui crée comme une chape de plomb dans toutes nos régions. Chez nous, je le
vois. Puis, quand on a fermé les CLD,
qu'on a décidé de couper dans les CLD, quand on a coupé dans la concertation
régionale, les ententes spécifiques qui
touchaient la culture, les gens démunis, la ruralité... quand on coupe dans les
groupes communautaires, quand on les empêche
d'aider les gens par manque de moyens, quand les gens qui travaillent même dans
les groupes communautaires doivent
vivre la pauvreté, quand on coupe dans les commissions scolaires, qui fait en
sorte que des familles qui ont des enfants
qui ont des difficultés ont moins de services, qu'ils doivent payer des
services autrement... Bien, tout ça, c'est une chape de plomb qui...
c'est l'austérité qui vient toucher des gens, qui met des gens de côté.
Mes
collègues de Québec solidaire, c'est leur slogan : Faisons payer les
riches. Bon, on aura des discussions. Nous, de notre côté, ce qu'on veut, ce qu'on... On est d'accord avec
l'équilibre budgétaire, mais on veut aller vers l'égalité des chances, et c'est vers ça qu'on a toujours
travaillé comme gouvernement, avec des choix difficiles à faire, mais ce qui a
fait en sorte qu'on a pris des choix, comme
mettre en place les centres de la petite enfance, aider des jeunes familles à
avoir un service de garde, permettre à des
femmes de retourner sur le marché du travail, de se sortir de la pauvreté.
Quand on a mis en place le Chantier
de l'économie sociale, c'est la même chose : faire en sorte que des gens
puissent trouver de l'emploi.
Moi,
ce que je vois... Quand on me dit qu'il y a 11 ans de différence d'espérance de
vie entre les quartiers riches de
Montréal puis les quartiers pauvres de Montréal, je ne suis pas capable
d'accepter ça, ça ne me passe pas dans la gorge. 11 ans de différence d'espérance de vie dans des régions pauvres par
rapport... C'est le deux Québec dans un qui nous revient en pleine face. Et ça, par toutes sortes de façons, au-delà de
la partisanerie, il faut se poser des vraies questions. Il faut éviter qu'on
brise le Québec en deux...
• (10 h 40) •
Le Président (M.
Bernier) : En terminant.
M.
LeBel : ...un Québec
des plus pauvres dans un Québec des plus riches. C'est comme ça que je veux
travailler, c'est là-dessus que je veux travailler. Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Rimouski. Donc, nous en sommes maintenant
aux dernières interventions. M. le ministre, vous avez 10 minutes.
Conclusions
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : Très bien, M. le Président. Alors, j'aimerais conclure cette interpellation sur une note plus
optimiste et qui reflète davantage la
réalité observée au Québec. Depuis le début de notre mandat, nous avons
travaillé avec détermination à
redresser les finances publiques et à ramener le Québec sur la voie de la
prospérité. Évidemment, il a fallu prendre des décisions difficiles qui ne font pas toujours
l'unanimité, mais nous avons eu le courage de le faire, et ce, dans l'intérêt de tout le monde, et
particulièrement de nos enfants. Nous allons leur laisser une maison en ordre
afin qu'ils puissent aller au bout de
leurs ambitions sans être pénalisés par des mauvais choix ou des mauvaises
décisions de ceux qui les ont précédés. Nous avons à coeur que la
redistribution de la richesse soit le plus équitable possible et qu'elle
permette de diminuer la pauvreté et d'aider
nos concitoyens moins favorisés. Mais encore faut-il créer cette richesse afin
de pouvoir la partager, et c'est ce
que nous ferons au cours des prochaines années par l'entremise de notre plan
économique. C'est une question d'équilibre et de priorité, M. le
Président.
Comme
vous le savez, dès notre élection, nous avons mandaté un groupe d'experts afin
qu'il examine le système fiscal
actuel et qu'il nous suggère des pistes pour le moderniser et faire en sorte
qu'il réponde mieux au contexte économique et social actuel. Ainsi, la commission
Godbout nous a présenté il y a quelques semaines un rapport étoffé contenant 71 recommandations touchant les particuliers et les entreprises.
Plusieurs de ces recommandations ont trouvé écho dans le plan économique
que j'ai déposé le 26 mars dernier.
Parmi les
mesures les plus significatives, mentionnons premièrement l'abolition graduelle
de la contribution santé à compter du 1er janvier 2017 — et
cette abolition graduelle va bénéficier particulièrement les personnes à plus
bas revenus — l'instauration d'un bouclier fiscal afin de
protéger les travailleurs réalisant un effort additionnel de travail en limitant la perte des prestations fiscales liées à
une augmentation de leurs revenus...
Ça aussi, ça va bénéficier
particulièrement les personnes à plus
bas revenus. Et, troisièmement, la bonification du crédit d'impôt pour les
travailleurs d'expérience.
Vous serez d'accord avec moi, je crois que ces
trois initiatives ne s'adressent pas aux contribuables les plus fortunés, bien au contraire. Elles permettront
d'alléger le fardeau fiscal des Québécoises et des Québécois de 800 millions de dollars
annuellement à compter 2019‑2020.
L'abolition
de la contribution santé serait particulièrement avantageuse pour les ménages à
faibles revenus ou moyens revenus.
Plus de 2 millions, 2 millions de contribuables ayant un revenu net inférieur à
42 200 $ verront cette contribution
totalement éliminée dès janvier 2017. À terme, c'est 1,7 milliard de dollars qui retourneront dans les poches des
4,7 millions de contribuables québécois d'ici l'année fiscale 2019‑2020.
Notre plan
économique confirme également la mise en place d'un bouclier fiscal qui
protégera les travailleurs réalisant un effort additionnel de travail.
Ce dispositif permettra de limiter la perte de prestations fiscales liées à une
augmentation de leurs revenus. L'objectif
est de récompenser les travailleurs et de leur permettre de retirer davantage
de leur travail. Cette mesure fiscale
permettra d'accorder une compensation totale de 52 millions de dollars à près de 400 000 travailleurs.
Tout ça s'ajoute à de nombreux autres gestes posés par le
gouvernement pour aider les citoyens moins fortunés. Je pense notamment
à un nouveau programme d'aide aux aînés pour le paiement de la taxe municipale
annoncé dans notre plan économique. Ce programme permettra d'aider certains
propriétaires pour qui l'accroissement de la valeur foncière de leur résidence entraîne une hausse de taxes municipales plus
importante que l'augmentation de leurs revenus.
Le plan
économique prévoit également des investissements totalisant 284 millions
de dollars pour améliorer les conditions
de logement des plus démunis. Ces investissements permettront la construction
de 1 500 nouveaux logements sociaux dans le cadre du programme
AccèsLogis, mais également l'ajout de 5 800 nouvelles unités dans le
cadre du Programme de supplément au loyer.
Avec ces nouveaux investissements, ce sont 7 300 familles de plus qui
auront accès à un logement abordable,
dont 1 000 familles additionnelles, et ça, dès cette année. Plusieurs
mesures fiscales en particulier bénéficient
aux ménages à faibles revenus, mentionnons notamment la prime au travail, le
soutien aux enfants, le crédit d'impôt pour solidarité et les crédits
d'impôt pour les frais de garde d'enfants.
Je suis particulièrement fier de l'aide que nous
apportons aux familles québécoises par l'entremise de notre politique familiale avant-gardiste et généreuse
qui fait l'envie de bien d'autres juridictions. En 2013, le soutien financier
accordé aux familles du Québec a atteint
12 milliards de dollars, dont 7,8 milliards de dollars provenaient du
gouvernement du Québec. Les
principales mesures sont : le soutien aux enfants, avec
2,1 milliards; le service de garde à contribution réduite,
2,3 milliards de dollars; et le Régime québécois d'assurance parentale,
c'est à peu près 1,4 milliard.
Le Québec est
une société moderne et solidaire, qui a choisi de se donner collectivement un
panier de services destiné à
l'ensemble des citoyens et qui permet d'aider plus particulièrement les moins
favorisés. Nous voulons maintenir ces
services, et c'est pourquoi et nous avons mis les bouchées doubles au cours de
la dernière année afin de redresser les finances publiques et de ramener l'équilibre budgétaire. C'est de cette
façon-là que nous allons garantir la pérennité du système, M. le
Président.
On ne peut
pas donc parler en conclusion d'injustice fiscale, alors que le Québec compte
l'un des régimes fiscaux des plus
progressifs au Canada et qu'une part très importante du fardeau fiscal est
assumée par un petit pourcentage des contribuables à hauts revenus.
Il faut donc
faire de prudence quand on avance que les plus fortunés jouissent de privilèges
injustifiés. Dans les faits, ces
derniers contribuent largement au partage de notre richesse collective et, par
le fait même, au panier de services dont le Québec s'est doté pour
notamment aider les citoyens moins favorisés. Je voudrais rappeler que le
niveau des inégalités en 2011 est plus
faible au Québec qu'en Ontario et au Canada et que, de 1996 à 2011, les
inégalités au Québec ne se sont pas accrues, contrairement aux autres
provinces.
Enfin, je
voudrais rappeler que, de 1996 à 2011, le revenu disponible des ménages les
moins favorisés au Québec a augmenté
plus vite que celui des ménages les plus riches, ce qui a contribué à diminuer
les inégalités. Tous ces chiffres parlent
d'eux-mêmes. Le Québec a choisi d'accorder un soutien important aux familles,
et il faut tenir compte de cette réalité quand on dresse le portrait
global de notre régime fiscal.
Alors que
député de Mercier parle d'injustice fiscale, je crois, encore une fois, avec
tout respect, que cela est loin de
refléter la réalité du Québec. Au point de vue mondial, oui, on a un système
fiscal qui est très inefficace et inégalitaire, mais le Québec, c'est
tout une autre réalité. Notre système est perfectible, comme j'ai dit tantôt,
mais il contient de nombreuses mesures et de
nombreux outils qui profitent à nos citoyens moins favorisés. Il est l'un des
plus progressifs et des plus équitables au Canada, ce qui ne nous
empêche pas de chercher à l'améliorer.
C'est pourquoi nous entreprendrons bientôt une
réflexion collective sur la base des recommandations de la commission Godbout. L'objectif est de revoir
certaines de nos façons de faire en
matière de fiscalité et de les
adapter à l'économie du XXIe siècle. Cette révision de la fiscalité,
qui se fera en concertation avec les principaux acteurs économiques et sociaux, profitera à l'ensemble des contribuables.
Nous voulons que le régime fiscal québécois soit plus compétitif, plus efficace et
plus équitable.
J'invite
d'ailleurs le député
de Mercier à prendre part à ces
chantiers. Comme on le dit souvent, du choc des idées jaillit la lumière. Je veux vous assurer que nous
aborderons cette réflexion dans un esprit d'ouverture et qu'ensemble
nous prendrons le meilleur chemin pour développer notre économie et
faire avancer le Québec.
J'aimerais, en conclusion, M. le Président, remercier la Commission des finances publiques pour le travail qu'elle a fait pour mettre en place cette consultation
sur l'évasion fiscale. Merci, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Donc, la parole est à vous, M. le député de Mercier. Vous avez 10 minutes.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Très bien. Merci, tout
le monde, d'avoir participé à cette
interpellation. Si nous avons choisi d'interpeller le gouvernement sur l'injustice fiscale entre une petite poignée de hauts revenus qui
sont alentour de 40 000 contribuables et les 4 millions d'autres
contribuables, c'est qu'il y a 4 millions de contribuables aujourd'hui qui
sont en train d'écrire leurs rapports
d'impôt, et ils peuvent se demander pourquoi, pourquoi plus de
100 milliards de dollars de
l'argent du Québec... Ça, c'est vraiment le plancher des estimations, hein,
parce qu'il y a différents chiffres. Juste en 2011, 170 milliards de dollars sont sortis du Canada en direction
des paradis fiscaux. Calculez le poids relatif du Québec là-dedans, là, ça fait à peu près
35 milliards de dollars juste du Québec. Ça, c'est au total. L'argent des
multinationales, l'argent des entreprises et des contribuables les plus
fortunés est allé dans les paradis fiscaux.
Alors, les
citoyens qui sont en train de remplir leurs rapports d'impôt se
demandent : Mais pourquoi est-ce que M. et Mme Tout-le-monde doit faire sa juste part — puis la plupart sont très en accord avec
ça — et pourquoi
il y a une petite poignée de gens qui
ont tous les moyens et qui ne paient pas leur juste part d'impôt? Et ce n'est
pas moi qui dis qu'il faut que les
riches fassent leur juste part, c'est un Warren Buffett ou des gens très
fortunés... vous savez, le dirigeant d'une
entreprise californienne, tout récemment, qui a décidé de partager une partie
de ses revenus, tenant compte du fait qu'il
y a des écarts de richesse. Le ministre dit, et ses collègues répètent, puis
ils ont raison : Le Québec est une des sociétés les plus égalitaires en Amérique du Nord. Sauf que
toutes les sociétés en Amérique du Nord, y compris aussi des sociétés européennes, au cours des 30 dernières années,
sont en chute par rapport à leur quête d'égalité, à leur quête démocratique,
parce que c'est un principe démocratique. Les inégalités de revenus
s'accroissent.
Alors, nous
demandons au ministre de rectifier le tir, de participer à l'effort
d'amélioration. Et la beauté de la chose, et ça, personne ne peut le nier... Je regrette que tous ceux qui étaient
là ne le sont plus pour entendre le fait que ce qu'on a démontré dans la
dernière moitié du XXe siècle, lorsque ça s'est effectué, notamment dans les 30
glorieuses, entre 1945 et 1975, c'est que
plus on redistribue, plus on crée de la richesse. Évidemment, ce n'est pas
notre idéal à nous, parce qu'une
société technologiquement... une civilisation technologiquement avancée
reposant sur le savoir, consciente des dégâts
qu'on cause par la croissance infinie de nos activités économiques... On sait qu'on ne peut pas continuer à uniquement penser création de richesse et que la croissance, en elle seule, ne peut
pas être le but d'une civilisation avancée. Mais, pour le moment, malheureusement, notre monde est ainsi
un peu mal fait, où tous les indicateurs et toutes les décisions sont
prises en fonction juste d'une croissance économique, je dirais, bête et
aveugle.
Mais, même
dans cette perspective limitée, dans cette perspective du XXe siècle, donc qui
n'a pas évolué encore, qui n'est pas
à la page du XXIe siècle comme Québec solidaire le désirerait, même dans cette
perspective-là, on crée plus de
richesse quand on distribue la richesse. Donc, la question n'est plus comme on
la posait avec Margaret Thatcher et les
gains de... Ça, c'est vraiment un vieux message, et je regrette que tant de nos
politiciens contemporains sont restés pris
dans cette idéologie qui date de plus de 30 ans, qui dit : Créons d'abord
la richesse, et ensuite on va la redistribuer. On l'a fait depuis 30 ans, et ça ne marche pas. Ce qu'on s'aperçoit,
c'est qu'on crée de plus en plus de richesse, et ça se distribue de moins en
moins. C'est le constat de Piketty, que personne ne remet plus en question.
Alors, j'espère que le ministre,
dorénavant, dans ses interventions, ne reviendra pas sur des vieux a priori qui
datent d'il y a 30, 35 ans, qu'on a testés et qui ne marchent pas.
Juste penser
en fonction de création de richesse, ça fait qu'on crée de moins en moins
d'emplois et on accroît les inégalités.
Quand bien même que le Québec serait parmi les plus égalitaires, on se
détériore avec le temps. Donc, le but de Québec solidaire, c'est d'aider
le ministre et le gouvernement à s'améliorer dorénavant.
Donc,
voilà pourquoi nous proposons deux mesures essentielles :
une lutte efficace à l'évasion fiscale; deuxièmement, une révision de certains privilèges très précis
accordés au 1 % des plus privilégiés, c'est-à-dire le fait qu'on leur
offre le même avantage qu'à ceux qui
en ont besoin, c'est-à-dire le 99 % de la population. On leur offre même
un avantage 100 fois plus grand, parce que,
pour eux, le cadeau fiscal que l'État donne à chaque contribuable qui fait partie du
1 % est 100 fois plus élevé
qu'au reste des contribuables, soit 20 000 $ par année par rapport aux 200 $ par année qu'on donne au reste des gens.
Nous, on
dit : Il faut réviser ça, donc... Nos recommandations, en fait, ne sont pas très révolutionnaires...
suivent les recommandations du
rapport Godbout. Engager des discussions avec les provinces et le gouvernement
fédéral pour réviser l'imposition des
gains en capital. Pas lui mettre fin, les réviser pour voir où est-ce qu'on
coupe et à qui on le coupe. Et nous, on pense qu'on peut facilement le couper
au 1 % des hauts revenus, ceux qui gagnent au-dessus de
250 000 $, et on peut le
préserver pour le reste de la population. Notamment et plus particulièrement,
nous, on tient à ce qu'on maintienne le
traitement particulier concernant le gain en capital obtenu pour les résidences
principales, ceux que beaucoup de familles jouissent pour s'assurer,
justement, des revenus pour leurs retraites.
Mais on pense quand même que, même là, on
pourrait limiter l'exemption à un montant cumulatif à vie de 1 million de dollars au lieu de laisser
ouvert, sans plafond, ce qui profite énormément, justement, à ceux qui
détiennent vraiment beaucoup de richesse, beaucoup de patrimoine et qui
ont des résidences de plusieurs millions de dollars.
Ensuite,
nous pensons, par exemple, qu'on peut remplacer l'exonération cumulative, le
rabais qu'on donne de manière
cumulative en gain en capital actuellement par une contribution plus grande,
additionnelle, au régime enregistré d'épargne-retraite.
Autrement dit, on pense à une série de mesures... Puis ça, ça fait partie des
richesses aussi. Le filet social, le filet de mesures de protection
sociale, notamment les régimes de retraite publics, ça fait partie des
richesses nationales, c'est pour ça que les
pays avancés, scandinaves, s'en tirent si bien économiquement, sont si solides.
C'est pour ça que le Québec,
relativement aux autres provinces canadiennes ou aux États-Unis, s'en est mieux sorti, de la crise, parce qu'on avait un filet de protection sociale, on avait
donc des mesures qui assuraient notre richesse collective même en temps
d'austérité, en temps de crise économique.
Ensuite, nous
pensons qu'il faut vraiment mener une lutte plus sérieuse à l'évasion
fiscale, à l'évitement fiscal et aux planifications fiscales agressives. Le ministre en a parlé, je comprends qu'on va être en commission
prochainement pour en parler. Je
reviens sur le fait que nous avons des mesures actives à prendre parce que
le Canada, malheureusement,
le gouvernement
fédéral est très peu actif, en fait
fait partie du problème, ne participe pas aux forums internationaux qui
militent activement là-dessus.
Nous trouvons assez particulier qu'il
n'y a aucune pénalité qui va être
imposée, aucune poursuite criminelle
ne va être entamée pour les gens qui ont volontairement divulgué leurs avoirs
dans les paradis fiscaux. Nous comprenons très bien qu'on veut favoriser
ça, mais il faut quand même qu'il y ait des conséquences aux gestes
inappropriés, illégaux ou à l'évitement fiscal agressif qui rendent possibles
ces circonstances-là.
Donc, nous proposons, comme le réseau canadien
de justice fiscale, qui élabore ses recommandations sur des études sérieuses qui captent le meilleur de
l'analyse internationale sur le sujet... pense qu'il faut qu'il y ait des
pénalités à des taux variant entre 0 % et 30 % pour ceux qui, pendant des
années, ont caché des millions de dollars. Vous le savez, hein, c'est plusieurs centaines de millions de
dollars par à peu près, là, je ne sais pas, quelques milliers de contribuables
canadiens, dont plusieurs très riches
Québécois qui ont caché leur argent dans les paradis fiscaux; ça a été divulgué
par des rapports d'enquête journalistique récemment.
Ensuite, nous
pensons qu'il faut vraiment revoir... avec le gouvernement, activement
travailler et convaincre le gouvernement
fédéral qu'il faut revoir et supprimer les fiducies de revenus non imposables.
Vraiment, là, c'est un gros coup
fiscal... de dépenses fiscales suivant tous les analystes. Le problème, pour le
Québec, c'est qu'on n'a pas de chiffre. Quand on regarde le tableau en page — où est-ce que je l'ai mis? — A.48 des dépenses fiscales du gouvernement,
on voit que, pour les fiducies
familiales, on n'a pas moyen de savoir combien ça nous coûte. Il y a des
fiducies qui datent parfois de
80 ans, je pense à la fiducie de la famille Bronfman. Combien est-ce que
ça coûte à l'État québécois de laisser autant
d'argent sans les imposer convenablement, au moment où on coupe en région, au
moment où on coupe, vraiment, carrément le pain et le beurre de la table
des citoyens québécois?
Ensuite, il faut
une lutte... Et, si vous nous dites que la lutte à l'évasion fiscale va avoir
des conséquences, etc., et qu'il ne
faut pas... bon, d'accord, mais on peut dire : Les banques, là, on sait
que les banques participent, en tout cas, quelque part. Sans, là, la
collaboration des banques à différentes échelles, ça ne s'effectuerait pas,
l'évasion fiscale. Et, même, il y a des banques qui ont reconnu qu'ils
déplacent — qui
font des prix de transfert en quelque sorte — leurs opérations ailleurs. Alors, soit. Alors, à ce moment-là, pourquoi est-ce
qu'on leur accorde... Ça, c'est le Québec, ça relève du Québec, parce que c'est une taxe sur le
capital, qui existait jusqu'en 2007 puis qu'on a commencé à abolir.
Actuellement, ça coûte aux contribuables québécois près de
1 milliard de dollars. Pourquoi est-ce qu'on continue à leur accorder cet
avantage? Nous pensons qu'il faut rétablir cette taxe sur le capital, et ça ne
dérangerait absolument rien.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, merci...
M. Khadir : Merci beaucoup,
M. le ministre.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Mercier de
votre présentation. Je veux donc remercier tous les parlementaires qui
ont participé à cette interpellation : M. le ministre, M. le député de
Mercier, M. le député de Rimouski, M. le
député de Sainte-Rose, de Mégantic, de Laval-des-Rapides. Merci au personnel du
cabinet, merci aux recherchistes de
chacune des formations politiques qui ont également participé à ce travail,
merci aux gens de l'Assemblée nationale
qui nous accompagnent dans ce travail et merci au secrétaire de la Commission
des finances publiques, qui, ce matin, a participé avec nous. Merci
beaucoup.
Donc, sans
plus tarder, je lève donc la séance, et la commission, ayant accompli son
mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci à vous tous.
(Fin de la séance à 11 heures)