(Quinze heures cinq minutes)
Le
Président (M. Bernier) : Alors, bon après-midi à tous. Bienvenue à la Commission des finances publiques. Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des finances publiques
ouverte. Je demande bien sûr
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs téléphones cellulaires.
La
commission est réunie afin de procéder à des consultations particulières et des auditions publiques sur le projet de
loi n° 15, Loi sur la gestion et le contrôle des effectifs des ministères,
des organismes et des réseaux du secteur public ainsi que des sociétés
d'État.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, M. le Président. Mme Samson (Iberville) est remplacée par M. Surprenant (Groulx).
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup. Donc, voici l'ordre du jour pour cet après-midi.
Nous allons débuter par les remarques
préliminaires. Par la suite, nous entendrons — et je leur souhaite la bienvenue — la
Confédération des syndicats nationaux, la Fédération autonome de
l'enseignement et le Conseil du patronat.
Remarques préliminaires
M. le ministre, sans plus tarder, comme nous avons un temps très, très
précieux, je vous cède la parole pour une période de six minutes pour
vos remarques préliminaires. Alors, bienvenue, M. le ministre. La parole est à
vous.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Merci beaucoup, M. le Président. Mme de Sève, M. Forget, Mme Chantal, chers
collègues, bonjour. Écoutez, je suis très heureux d'être ici parmi vous cet
après-midi alors que débutent les consultations pour le projet de loi n° 15 qui concerne la gestion et le contrôle des
effectifs des ministères, des organismes
et des réseaux du secteur public ainsi que des sociétés d'État.
Il
s'agit de ma première expérience de consultations particulières à titre de
ministre, et je suis heureux que cela ait
lieu pour un projet de loi aussi important pour le Québec. En effet, ce projet
de loi est crucial afin de mieux outiller le gouvernement dans la mise en oeuvre du mandat qui lui a été confié
suite aux dernières élections. Je souhaite, dans le cadre de ces consultations particulières, que
l'opposition et l'ensemble des partis puissent échanger en toute franchise à
propos de ce projet de loi. Je me montrerai
à l'écoute des différents intervenants et je suis ouvert aux suggestions et aux
préoccupations qui seront soulevées lors des
travaux de consultation. Je suis persuadé que celle-ci se déroulera dans un
esprit de collaboration.
Comme vous le savez,
nous mettons actuellement en oeuvre un ambitieux exercice de modernisation et
de repositionnement de l'État. Celui-ci ne
peut être réalisé que si l'État justement possède tous les outils appropriés
pour remplir adéquatement sa mission.
Pour ce faire, le gouvernement doit être en mesure de bien connaître
l'affectation des effectifs afin de pouvoir les déployer là où se
trouvent les véritables besoins. Que l'État ne puisse savoir combien de personnes travaillent dans l'ensemble de
l'appareil gouvernemental est un non-sens qui ne peut plus durer. C'est
pourquoi le projet de loi n° 15,
s'il est adopté, permettra de corriger cette situation embarrassante. Ce projet
de loi est donc un outil de lucidité.
L'atteinte
de l'équilibre budgétaire pour 2015‑2016 et son maintien par la suite guident
l'action de notre gouvernement. Nous
avons pris cet engagement auprès de la population, qui est très consciente des
défis auxquels nous faisons face.
Nous allons le faire, mais nous devons pouvoir planifier les services rendus
directement à la population, et ce, à l'intérieur
des moyens financiers réels qui sont les nôtres. Les dépenses de rémunération
représentent une dépense majeure de
l'État. Par exemple, uniquement pour la fonction publique et les réseaux de la
santé et de l'éducation, il s'agit de 59 % des dépenses de
programmes, un montant de 38,8 milliards de dollars.
Pour
mettre en contexte l'appréciation générale de l'augmentation annuelle des
effectifs, je tiens à vous rappeler que
celle-ci se chiffre à une augmentation moyenne de 6 250 équivalents temps
complet à chaque année. Cette augmentation est surtout attribuable aux réseaux de la santé et des services sociaux
et de l'éducation sur lesquels peu de contrôle est exercé. Cette croissance des effectifs vient
grandement compliquer l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Dans un esprit de
modernisation, il importe que l'État puisse
agir efficacement sur le niveau de ses effectifs en temps réel afin d'assurer
une meilleure gestion, une gestion plus efficace des dépenses publiques.
Ce projet de
loi contribuera à offrir aux Québécois un État plus moderne et plus performant.
Ainsi, le projet de loi se divise en
trois principaux volets : le dénombrement, le contrôle des effectifs, le
balisement des contrats de services pour qu'il ne soit pas possible de
contourner les effets de la loi.
Ce projet de loi permettrait au gouvernement d'assurer un
dénombrement rapide des effectifs dans la fonction publique, dans le réseau
de la santé et des services sociaux,
dans les commissions scolaires, dans les collèges, dans l'Université du Québec et ses constituantes, dans les organismes autres
que budgétaires et dans les sociétés d'État, et ce, par grandes catégories d'emploi. Il apparaît normal, en 2014 et pour l'avenir, que
les Québécois sachent en temps quasi réel à combien de personnes leur
gouvernement envoie des chèques de paie.
Ce
projet de loi donnera dorénavant au gouvernement les outils pour appliquer un
contrôle global des effectifs des
secteurs public, parapublic, péripublic et dans les sociétés d'État lorsqu'il
le jugera nécessaire et essentiel. D'autre part, la volonté d'appliquer un gel des effectifs jusqu'à la fin de
l'exercice financier 2015‑2016 a déjà été annoncée lors du budget présenté par mon collègue le ministre des
Finances en juin dernier, et ce projet de loi permettra de mettre en oeuvre
cette volonté.
Alors
que nous appliquerons un gel des effectifs au secteur public, nous souhaitons
éviter qu'une voie de contournement
ne se crée dans l'application de celui-ci et que conséquemment le nombre de
contrats de services augmente. Il
s'agit là de l'une de mes préoccupations, et nous proposons donc des mesures
concrètes en ce sens. En effet, le projet de loi établira qu'un organisme public ne puisse conclure un contrat de
services si celui-ci a pour effet d'éluder les mesures de contrôle
relatives aux effectifs.
• (15 h 10) •
Le Président (M.
Bernier) : En terminant, M. le ministre.
M.
Coiteux : Ainsi, la conclusion de tout contrat de services par un
organisme public durant les périodes soumises à des mesures de contrôle
devra généralement être autorisée par son dirigeant.
Mesdames
et messieurs, ce projet de loi est un outil clé pour l'avenir de l'État. Je
serai heureux d'entendre tous les commentaires liés à son amélioration.
Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre, de votre
présentation. J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle et député de Sanguinet à faire ses remarques préliminaires pour une
période de 3 min 30 s.
M. Alain Therrien
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord vous
saluer, saluer votre équipe, saluer le président du Conseil du trésor avec son équipe aussi, saluer les députés de
Laval-des-Rapides, de Bourassa-Sauvé, de Portneuf, de Mégantic et de Sainte-Rose, qui font partie de
l'aile gouvernementale, et saluer mon collègue de Rousseau, mon collègue
de Beauce-Nord, mon collègue de Groulx et ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Donc, bienvenue à tous.
Je
suis très heureux de travailler aujourd'hui avec vous et de commencer les
consultations particulières du projet de
loi n° 15. Je dois, au départ, assurer le président du Conseil du trésor
de notre esprit de collaboration. On entame cette commission parlementaire avec vraiment l'idée
d'être constructifs dans nos propos et d'arriver à faire en sorte que le projet
de loi soit bonifié, s'il a à être bonifié,
évidemment. Donc, vous allez avoir notre collaboration, M. le président du
Conseil du trésor — et
je devrais vous appeler ministre, ça serait plus court, hein?
Et
donc on vient écouter ici les gens afin d'être mieux informés et afin aussi
d'évaluer pour être mieux en mesure de
faire en sorte de proposer des changements, si changements il y a, et faire en
sorte que le projet de loi corresponde aux volontés de la plus grande
majorité des individus.
Le
projet de loi qu'on va étudier aujourd'hui vise d'abord le dénombrement des
effectifs. Évidemment, c'est très vertueux,
et on est tous pour la vertu, on est d'accord avec ce principe-là. C'est un
outil d'information qui peut être très intéressant.
Évidemment, il faut que ce soit fait — et on va être dans cet esprit-là — de façon optimale, de façon à ce que les ressources qui seront utilisées pour arriver à
ce dénombrement-là le plus exact possible... soit fait le plus efficacement
possible, vous en convenez et on en convient tous ensemble.
Alors,
évidemment, on va se poser la question : Quoi faire avec cet outil-là?
Alors, dans son projet de loi, on peut considérer
qu'il va utiliser cette information pour faire un contrôle des effectifs, pour
suivre et encadrer son évolution à travers
évidemment l'importance du président du Conseil du trésor, qui va attribuer des
effectifs aux ministres responsables,
et ces ministres responsables auront un rôle prépondérant dans cette analyse et
dans cette évolution de ce que vous voulez faire en termes de contrôle des
effectifs. Évidemment, le président du Conseil du trésor se réserve un
pouvoir de surveillance aussi au niveau des contrats de services, vous l'avez
bien mentionné tantôt.
Et
finalement, nous, là où on aurait des réserves, puis, encore là, on ne peut
même pas parler de réserves parce
qu'on est à l'époque de la discussion, mais de dire qu'on espère cependant
qu'on ne vivra pas une centralisation des
pouvoirs et faire en sorte que les besoins de notre communauté ne soient pas
laissés pour compte par un phénomène de centralisation, où les décisions
seront prises malheureusement très, très loin de ce qui se passe dans la
réalité. Et, évidemment, on ne peut passer sous silence l'idée que le
fait qu'on centralise d'une certaine façon le processus de décision, si c'est fait de cette façon-là, bien, que ça
fasse en sorte que les régions se trouvent avec des pouvoirs décisionnels qui
soient amoindris. Évidemment, on peut
considérer que le Québec, le Québec, c'est ses régions, c'est ses centres, mais il faut gérer les ressources que nous possédons
dans le but de faire en sorte d'optimiser l'efficacité en termes de comblement des services que l'on peut offrir à la population.
Le Président (M.
Bernier) : En terminant, M. le député.
M.
Therrien : Alors, tout
simplement pour dire que je suis très
heureux d'être avec vous et je salue le ministre, et on espère
qu'on aura beaucoup de plaisir à travailler ensemble.
Le Président (M.
Bernier) : Merci de votre présentation, M. le député de Sanguinet.
J'invite maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition et député de Groulx à
faire ses remarques préliminaires pour une période maximale de
2 min 30 s.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Très bien.
Alors, mes salutations à tous mes collègues des deux côtés de
la table. Alors, nous sommes très
satisfaits qu'enfin le gouvernement prenne des mesures afin d'effectuer le
dénombrement de ses effectifs. Ce projet de loi va aussi permettre d'atteindre le véritable objectif
qui est l'imposition, en fait, du gel, essentiellement,
des effectifs. Alors, c'est quelque chose qu'on avait, nous, à l'ordre du jour dans notre plateforme, et on est
bien contents qu'enfin le président du Conseil du trésor adhère à cette
volonté-là donc de prendre les mesures nécessaires.
Alors donc,
nous saluons sa volonté de mettre en lumière et de contrôler la sous-traitance également
au sein des organismes publics en
établissant des règles quant à l'usage des contrats de services; on pourra en
parler ultérieurement. Alors, tout
ça, finalement, on est conscients que vous avez des défis importants.
Il est question tout le
temps de réduction un peu pour nous de la taille de l'État. On
voudrait qu'il y ait plus d'argent au service des citoyens,
donc en première ligne, et, pour ça,
bien, il faut peut-être libérer de l'espace ailleurs. Alors donc, on est favorables
à la réduction donc de la taille de l'État ou au maintien... ou la
cessation à tout événement de la croissance des effectifs de l'État pour le moment.
Alors donc,
on est conscients qu'au Québec on a un revenu moyen qui est plus faible
qu'ailleurs au Canada et donc
que ça affecte évidemment les recettes gouvernementales. On a un
modèle, au Québec, qui est différent d'ailleurs au Canada.
On supporte un peu plus les entreprises de la communauté, donc on a un gap, en
bon français. Il y a un déficit entre les deux. Alors, il faut effectivement donc s'adresser au problème, donc trouver des
solutions pour pouvoir maintenir le
plus possible les services que l'on offre à nos concitoyens. Donc, on salue
finalement le projet de loi
n° 15, qui va assurer une gestion et un contrôle plus serrés des
effectifs.
Auditions
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député de Groulx. Merci à tous les gens qui ont fait ces remarques
préliminaires. Nous allons donc souhaiter la bienvenue à nos invités. Merci
d'être présents cet après-midi.
Bien sûr,
comme je vous ai dit tout à l'heure, pour les fins d'enregistrement, je vous
demande de bien vouloir vous présenter.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la
suite, nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Donc, j'imagine que c'est Mme de Sève qui
débute. Donc, la parole est à vous, Mme de Sève.
Confédération des
syndicats nationaux (CSN)
Mme de Sève (Véronique) : Alors,
merci. Bonjour, effectivement. Véronique de Sève, vice-présidente à la Confédération des syndicats nationaux. Juste vous dire que, M. Coiteux, vous n'êtes pas
seul à votre première; je suis à ma
première commission parlementaire, étant élue à la vice-présidence de la CSN au
printemps, alors une petite nervosité.
Le Président (M. Bernier) : ...
• (15 h 20) •
Mme de
Sève (Véronique) : Oui, oui,
oui. Je suis accompagnée aujourd'hui par France Chantal, conseillère au service
des relations de travail à la CSN, et M. Michel Forget, adjoint à l'exécutif
aussi de la CSN.
Comme vous le
savez, la Confédération des syndicats
nationaux est une organisation syndicale composée de près de 2 000 syndicats. Nous regroupons plus de
325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou
professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale
dans 13 conseils centraux principalement sur le territoire du Québec. Nous sommes présents dans toutes les
catégories d'emploi et dans l'ensemble du secteur public, que ce soit dans
la santé et les services sociaux, dans
l'éducation, dans les organismes publics et les sociétés d'État. Nous sommes
donc grandement concernés par le projet de loi à l'étude.
Nous tenons à
vous remercier pour cette opportunité qui nous est offerte de nous faire
entendre et espérons être entendus,
écoutés et compris. Toutefois, nous considérons que nous sommes bien loin du
dialogue social préconisé par le premier ministre du Québec au lendemain
de ses élections.
Pour la CSN, le projet de loi à l'étude nous
amène au coeur de l'opération de réingénierie qu'entreprend actuellement l'État. Or, selon nous, il s'agit
d'une action précipitée visant l'atteinte de l'équilibre budgétaire, en 2015‑2016,
notamment par un contrôle des dépenses du gouvernement. L'objectif de
l'équilibre budgétaire, omniprésent dans les orientations
économiques et budgétaires déposées en juin dernier, se décline sur une mise à
contribution importante de l'ensemble
des entités gouvernementales, notamment par un contrôle de leurs dépenses et un
gel global de l'enveloppe d'effectifs. Le projet de loi définirait donc
certains moyens et conférerait au gouvernement de nouveaux pouvoirs lui permettant de concrétiser ses orientations
budgétaires et de conforter sa vision tronquée de l'État. En fait, il placerait
tout l'appareil gouvernemental sous l'autorité du Conseil du trésor.
Ainsi, le président du Conseil du trésor se
verrait confier les pouvoirs d'établir le niveau des effectifs mis à la
disposition de chaque ministre. Dorénavant, chacun d'eux serait soumis à cette
centralisation. Ils auraient pour seule responsabilité
celle de répartir les effectifs entre les organismes sous leur gouverne. Cette
centralisation aurait pour résultat que
tous les organismes, quels que soient leurs secteurs d'activité, se verraient
alloués un niveau d'effectifs non pas en fonction des services qu'ils doivent offrir à la
population, mais en fonction d'impératifs budgétaires décrétés aux plus hauts niveaux, et ce, malgré l'obligation de gérer
leurs effectifs de façon à maintenir les services offerts à la population.
Autant leur demander de résoudre la quadrature du cercle.
Une
telle centralisation au coeur même du projet constitue, quant à nous, un
mauvais choix. En effet, plusieurs études portant sur la gouvernance ou
encore sur la gestion et l'organisation de milieux complexes en arrivent à la conclusion que la meilleure façon d'offrir des
services adaptés aux besoins de la population est la décentralisation. D'autres
indiquent que la centralisation ou la
recentralisation de la gouvernance est généralement associée à une
bureaucratisation accrue. Vous
l'aurez compris, la CSN prend résolument parti en faveur d'une décentralisation
permettant aux acteurs de proximité
de bénéficier de la flexibilité et de la marge de manoeuvre nécessaires pour
offrir les services pertinents à la population
et pour innover. Or, le projet de loi à l'étude fait exactement le contraire;
il mène tout droit à une démotivation des
gestionnaires, des travailleuses et des travailleurs du secteur public et place
la gestion publique en situation d'échec.
Si
le dénombrement des effectifs dans les organismes publics peut être un objectif
louable, nous croyons qu'il en est
tout autrement du contrôle recherché par le Conseil du trésor. Ainsi, le projet
de loi lui permettrait d'imposer au ministre
la production de rapports décrivant l'évolution des effectifs des organismes
publics sous leur responsabilité et même
d'exiger un suivi particulier des effectifs d'un organisme par le ministre
responsable. Ces mesures ne visent qu'à permettre la réalisation des orientations économiques et budgétaires du
gouvernement et ainsi assurer un ralentissement de la croissance de la
rémunération, notamment par un gel global de l'enveloppe d'effectif.
Le
ministre devrait répartir les effectifs dans les 10 jours suivant l'entrée en
vigueur de la loi. Une telle précipitation
marque bien la volonté du gouvernement d'imposer ses vues, sans égard à la
situation prévalant sur le terrain. Ce
qui est certain, c'est qu'un ajout de ressources dans un secteur ne pourrait
être effectué que par la suppression d'effectif dans un autre. Ce principe de vases communicants s'inscrit totalement
dans la volonté gouvernementale de ne développer de nouveaux services ou programmes que s'ils peuvent être financés par
la disparition de ceux déjà existants, et ce, sans analyse des besoins de la population ou de la
façon dont le travail est organisé. La ligne directrice du gouvernement est
claire : «Money talks». Aussi, si le
niveau d'effectifs n'est pas respecté, des sanctions peuvent prendre la forme
de mesures rectificatives jusqu'à la tutelle ou le non-octroi d'une
subvention. Voilà de quoi faire obéir les plus récalcitrants. Ici,
centralisation et sanction feront l'affaire; l'approche collaborative est
écartée au bénéfice de la coercition.
La CSN est dubitative
quant aux dispositions du projet de loi entourant les mesures relatives aux
contrats de services, et ce, bien que le recours à ceux-ci soit prohibé,
lorsqu'il a pour effet d'éluder les mesures de contrôle des effectifs. Nous pouvons voir le verre à moitié
plein ou à moitié vide. Il est à moitié plein si cela signifie qu'un organisme
ne peut procéder à des coupes d'effectifs
pour les remplacer directement ou indirectement par des contrats, notamment
les agences de placement. Il est à moitié
vide ou en totalité vide si l'organisme, en raison du niveau d'effectif qui lui
est consenti dans le secteur d'activité, se voit contraint de
l'abandonner au secteur privé.
De plus, les modalités prévues au projet de loi ne disposent aucunement des volontés de privatisation que pourrait
avoir le gouvernement. Or, nous le
savons, la privatisation est un cul-de-sac : elle entraîne des pertes
d'expertise, et la dépendance au
secteur privé, et génère une croissance exponentielle des coûts. L'exemple du ministère des Transports ou celui des centres hospitaliers universitaires
en PPP sont éloquents à cet égard. La définition du rôle de l'État n'est pas
qu'une considération budgétaire; elle appelle à un débat public ou au dialogue
social.
Avec
le projet de loi, les renseignements seront vérifiés, surveillés
et contrôlés par le ministre ou une personne qu'il désigne. Autant dire que le ministère exercerait des fonctions de
microgestion, qu'il n'est plus responsable de gouverner, mais plutôt de gérer quasi à la petite semaine les impératifs
budgétaires du gouvernement. Autant de temps passé à élaborer les mécanismes de reddition de comptes et à fournir des
réponses aux demandes de renseignement ne contribuera certainement pas à
libérer du temps pour élaborer une vision innovante des services à rendre à la
population ni à développer une organisation du travail participative et
démocratique.
En
conclusion, la CSN considère que ce projet de loi ne peut être adopté sous sa
forme actuelle, car il s'inscrit dans
une logique qui met en péril la pérennité des services publics dont le Québec
s'est doté au fil des ans pour assurer son développement. S'inscrire
dans une approche d'austérité et de contrôle des dépenses dans un contexte où
la croissance économique n'est pas au
rendez-vous, ce n'est certainement pas assurer l'avenir des générations
futures, c'est l'hypothéquer.
Appliquer des mesures de contrôle et une reddition de comptes bureaucratique,
c'est confiner les ressources des
diverses composantes du gouvernement à un rôle mineur, c'est saper leur force
vive. Nier la créativité et l'engagement des personnes qui dispensent les services à la population, c'est se
priver d'une possibilité de les redéfinir de manière à ce qu'ils répondent aux besoins de ceux qui en
bénéficient. Enfin, privatiser ou définir les services publics sans tenir
compte des besoins et des choix d'une population, c'est s'appauvrir
collectivement.
Le
budget, les projets de loi n° 10 et n° 15 ainsi que tous les ballons
et annonces qui défilent dans les médias nous obligent à constater que le modèle québécois est remis en cause. Nous le
déplorons. Ce modèle, qui nous distingue comme société, mériterait
certainement d'être mieux défendu par le gouvernement du Québec. Je vous
remercie.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, Mme de Sève. Nous allons donc débuter nos
échanges avec la partie ministérielle. M. le ministre, vous avez un bloc
d'environ 16 minutes.
M.
Coiteux : Oui. Merci, M. le Président. Alors, merci beaucoup, Mme de
Sève, pour votre présentation. J'aurai peut-être
quelques questions tout à l'heure, mais je voudrais commencer, peut-être, par
le contexte général, puisque la toile de fond générale de votre
présentation tient au fait suivant : que vous posez des questions quant à
la nécessité de ramener l'équilibre
budgétaire. Vous mettez en relation le projet de loi, évidemment, avec les
objectifs du gouvernement, effectivement, qui sont de cesser d'endetter
davantage en dépensant plus que nos moyens, mais vous n'êtes pas prêts à
envisager qu'on retourne à l'équilibre budgétaire rapidement.
Alors,
simplement, je voudrais dire la chose suivante, parce que c'est important de se
rappeler de ces choses-là : En
2013‑2014, on aurait dû être à l'équilibre budgétaire. Donc, toute cette
question qui est soulevée de façon sous-jacente, là, à votre mémoire aujourd'hui, qui serait de retarder davantage, bien,
je rappellerai qu'on est déjà en situation de retard par rapport à nos
objectifs. On aurait dû, normalement, atteindre l'équilibre budgétaire en 2013‑2014,
et ça a déjà été repoussé de deux ans, puisqu'on n'y est pas en 2014‑2015, on
n'y est pas en 2015‑2016.
Et donc,
quand j'écoute la présentation, j'entends cette demande de repousser ça encore
davantage, mais là on arrive à sept
ans, là, en 2015‑2016, et non pas à cinq ans. Est-ce qu'il faut aller à huit
ans? Est-ce qu'il faut aller à neuf ans? Est-ce qu'il faut aller à 10
ans de retard? C'est que, chaque fois qu'on fait ça, bien, il y a un petit peu
plus de dettes, n'est-ce pas, et puis la
part des intérêts dans les dépenses publiques augmente davantage. Ce n'est pas
juste les dépenses en santé et en
éducation qui augmentent, c'est les dépenses d'intérêt aussi, et, ultimement,
ça prend la place des programmes de
l'État. Alors, j'ai toujours dit, et je le répète aujourd'hui : Le pire
ennemi des programmes qui nous sont chers, c'est de laisser
l'endettement croître pour payer les dépenses d'épicerie.
• (15 h 30) •
Alors, vous
avez raison que ce projet de loi comme d'autres initiatives du gouvernement ont
entre autres pour objectif de nous
aider à retourner à l'équilibre budgétaire, et nous, on est absolument
convaincus qu'on fait ça justement pour défendre les programmes qui sont
chers aux Québécois. Parce que, si on parle du modèle, bon, le modèle que le Québec a
choisi comme société, c'est foncièrement un modèle social-démocrate
qu'on retrouve d'ailleurs ailleurs au Canada. Savez-vous, ce n'est
pas le désert social dans les autres provinces, loin de là. C'est un modèle
aussi qui existe dans à peu près
tous les pays occidentaux. Alors, notre modèle à nous, il a ses particularités. Ses particularités
doivent nécessairement continuer
parce que c'est conforme à des choix qu'on fait, mais ultimement il faut qu'on
soit capables de le payer, il faut qu'on soit capables de se le payer.
Et force est de constater qu'à l'heure actuelle, bien, on ne paie pas
l'ensemble des dépenses de programmes avec nos recettes budgétaires puisqu'on a
un déficit.
Alors, vous
avez raison, l'un des buts du projet de loi, c'est de nous aider effectivement
à retourner à l'équilibre budgétaire,
mais ce n'est pas le seul, ce n'est pas le seul. Et je suis heureux au moins
que vous soyez d'accord sur un point, que
le dénombrement des effectifs, c'est une chose qui est positive, hein? C'est
une information dont on a besoin, ce n'est pas normal que nous n'ayons pas
cette information. Et donc au moins cet aspect-là du projet de loi, je retiens
que vous êtes fondamentalement d'accord avec le fait que le gouvernement
doit avoir la connaissance nécessaire.
Maintenant,
ce n'est pas seulement la question de l'équilibre budgétaire, c'est sûr qu'il
faut atteindre l'équilibre budgétaire,
certainement, mais, en même temps, puisqu'on est dans un exercice de révision
des programmes où on revoit, on retourne
les pierres les unes après les autres, il y a des efforts importants qui sont
demandés à l'ensemble des Québécois ultimement, qui vont voir un certain
nombre de changements dans les programmes existants, on ne se le cachera pas. Il y a des programmes qui vont être modifiés. Et
donc tous les Québécois sont appelés à faire des efforts. Alors, dans ce
contexte-là, ça va aider beaucoup pas
seulement le gouvernement, mais ça va aider les Québécois dans leur ensemble de
mieux contrôler aussi l'évolution des dépenses de rémunération dans le temps,
parce que, si on n'est pas capable de contrôler
l'évolution des dépenses de rémunération dans le temps, c'est très clair que,
pour atteindre l'équilibre budgétaire, il va falloir faire des choix encore plus difficiles du point de vue des
programmes qui vont être remis en question. Ce sont donc des exercices
qui sont complémentaires et qui vont aider tout le monde.
Et en même temps, puis je le dis puisque vous
avez fait allusion au dialogue social, j'ai eu l'occasion de rencontrer — d'ailleurs, je pense, M. Forget, on
s'est rencontrés lors d'une de ces rencontres — toutes les parties prenantes à la négociation qui va s'amorcer, et on a discuté
de ce contexte budgétaire difficile, puis on a été assez francs sur la réalité
des choses. Mais, en même temps, on s'est
rencontrés aussi pour la révision des programmes, et on a toujours dit :
Bien, plus on va travailler ensemble
pour trouver des solutions en révision des programmes, plus on va être capables
de faire des gestes de ce côté-là,
bien, plus il va nous rester de l'espace pour faire d'autre chose aussi au
gouvernement. Alors, je pense que
c'est dans l'intérêt de tout le monde, on s'est rencontrés, il y a eu un
certain nombre d'échanges, et, à travers tout ça, je pense qu'on peut
trouver des solutions qui sont constructives.
Maintenant,
dans l'état actuel des choses, et vous avez fait allusion à des ballons
d'essai, des annonces dans les médias,
des rumeurs, etc., bon, écoutez, le gouvernement va prendre des décisions en
révision des programmes bientôt, les
décisions ne sont pas prises, et, puisqu'elles ne sont pas prises, bien, ce
qu'on lit dans les journaux ne sont pas des décisions. Ce sont des hypothèses, ce sont toutes sortes de choses qui
circulent, et, très honnêtement, souvent, ce ne sont même pas toujours les hypothèses du gouvernement.
Alors, prenons les choses à la légère, là. Effectivement, on est dans un
exercice de révision des programmes puis on est dans un exercice de retour à
l'équilibre budgétaire.
Alors, dans
ce contexte-là, le projet de loi n° 15 vise à faire quoi essentiellement?
Et j'essaierai de vous rassurer là-dessus.
D'abord, la partie sur laquelle on est d'accord, c'est d'avoir la connaissance
nécessaire, hein? On doit avoir la connaissance
sur les effectifs du gouvernement. On doit avoir cette connaissance nécessaire
non pas deux ans après les faits,
mais après un court laps de temps, un laps de temps qui nous permettrait de
pouvoir éventuellement poser des gestes si c'est nécessaire. Alors, c'est la première raison. On veut que ces
données-là soient sur une base comparable, on veut connaître les effectifs mesurés de façon
comparable dans l'ensemble du réseau public. Alors, là, là-dessus, on est
d'accord.
La partie, maintenant, du contrôle des effectifs,
c'est une disposition de la loi qu'on mettra en oeuvre si c'est nécessaire. Ça ne veut pas dire qu'on est en train
de décider pour l'éternité que les gestionnaires ne pourront pas, dans certains cas, sur le plan local, engager des gens.
Ils vont d'ailleurs pouvoir continuer d'engager des gens dans le cadre de
la présente loi puisqu'on ne parle pas de
gel de l'embauche dans les réseaux,
on parle d'un contrôle des effectifs. Mais, pour une période déterminée, lorsque c'est nécessaire,
et la période actuelle est une période qui justifie, compte tenu de
l'urgence budgétaire, qu'on mette en oeuvre cette disposition de la loi si elle
est adoptée, bien, effectivement, on va mettre
en oeuvre un gel des effectifs. Ça ne veut pas dire qu'on va faire de la microgestion.
Les gestionnaires locaux vont décider qui ils
engagent en fonction de quel besoin, de manière à maintenir les services à la
population. C'est une disposition qui est
clairement inscrite dans la loi. Alors, il y a une période de contrôle qui n'est
pas inscrite dans l'éternité. Elle
est inscrite dans des moments ponctuels, des moments qui sont nécessaires. Et
ce moment nécessaire va être absolument nécessaire au cours de la
prochaine année et demie, là, qui va commencer à partir du mois de janvier.
Alors, dans
ce contexte-là, je... On a parlé de verre à moitié plein ou de verre à moitié
vide. Je pense que le verre va être
d'autant plus plein qu'on aura atteint des objectifs qui sont partagés par la
vaste majorité des Québécois, qui sont de
rétablir l'équilibre des finances publiques, d'assurer la pérennité de nos
services publics en procédant à une révision des programmes stratégique,
basée sur les besoins, basée sur les meilleures manières de faire, basée sur
les moyens financiers réels et aussi appuyée
sur le fait que, si on laissait les effectifs croître comme ils ont cru au
cours des dernières années, au même
rythme qu'au cours des dernières années, bien, on compromettrait l'atteinte de
cet objectif. Et ça ne serait dans l'intérêt de personne, ça ne serait
même pas dans l'intérêt des gens que vous représentez, puisque les marges de
manoeuvre de l'État en seraient encore plus réduites au cours des prochaines
années.
Le
Président (M. Bernier) : Est-ce que vous avez des questions à
nos invités, M. le ministre, ou des précisions que vous voulez obtenir?
M.
Coiteux : Qu'est-ce qui vous inquiète le plus dans l'idée qu'il puisse
y avoir, pour des périodes ponctuelles, un contrôle des effectifs?
Le Président (M. Bernier) :
Mme de Sève.
Mme de
Sève (Véronique) : Oui. Bien, en fait, vous parlez de moments
ponctuels. Nous, ce qu'on lit dans le projet de loi actuellement, on ne le voit pas dans la ponctualité. Alors, je
pense que, déjà là, on a un problème de compréhension. Et on lit aussi un contrôle accru des effectifs et
de tout ce qui est la centralisation des pouvoirs des effectifs qu'on voit là,
et on pense que ce n'est pas la voie à
avoir. Le Québec, on l'a construit depuis de nombreuses années et,
actuellement, on est très inquiets de
la démolition qu'il est en train d'avoir avec les différents projets de loi.
Vous parlez des annonces, que c'est
des hypothèses souvent qui ne seront peut-être pas mises au jeu, mais ça reste
que ça met quand même une pression sur
les gens, parce qu'ils sont inquiets. Et ça, je pense qu'il faut aussi prendre
acte de ce qu'on dit, qu'on... Ça fait partie aussi du jeu. Il faut faire attention. Alors, moi, je pense que, dans
l'inquiétude, là, il y a de ces endroits-là. Et, évidemment, le projet de loi n° 15, comment qu'on le
voit, c'est aussi les moyens que vous vous donnez, des différents projets que
vous êtes en train de... Il y a des
commissions parlementaires, et on pense que c'est aussi prématuré, tout ça.
Alors, évidemment, nous, on l'a dit
dans la présentation, le projet actuel, il n'est pas... Il ne doit pas être
fait de cette façon-là. Il y a probablement d'autres solutions. Il y a des solutions qu'on a amenées dans les
différentes commissions. Vous parlez de la révision des programmes. Cette semaine, il y avait aussi des
présentations par rapport à la commission de la fiscalité. On vous a donné
certaines pistes de solution qui, à notre
sens, sont beaucoup plus intéressantes et porteurs pour l'avenir que ce que
vous êtes en train de mettre au jeu. Je ne sais pas si, Michel, tu veux
ajouter quelque chose.
Le Président (M. Bernier) :
M. Forget, vous avez des choses à ajouter?
M. Forget
(Michel) : Bien, écoutez, on
a eu la chance, comme le disait M. le ministre, d'échanger déjà dans le cadre de la commission sur la révision des
programmes. On ne partage pas nécessairement la vision catastrophique du
gouvernement en ce qui concerne les finances publiques. On n'a pas la même
perception. D'ailleurs, comme le disait Véronique,
on a eu la chance hier de s'exprimer là-dessus. Ceci étant dit, notre crainte,
c'est de faire de sorte que... Et, en fonction
du budget, des différents projets de loi qui sont mis sur la table, il y a des
annonces. Même si elles ne sont pas réalisées,
il y a certaines annonces que le gouvernement même a dit que, oui, il
travaillait là-dessus, que ça soit sur le régime parental, que ça soit sur les garderies, que ça soit sur les commissions
scolaires, c'est qu'on soit en train de ratatiner l'appareil de l'État
et faire de sorte que les services, hein, il s'en donne le moins possible.
Si la volonté, c'est de faire de sorte de
ratatiner l'État et de nous ramener... Parce que toutes les bases de comparaison que vous nous dites aujourd'hui, ce
sont des modèles de comparaison avec l'Ontario ou d'autres provinces canadiennes, puis, dans certains cas, la base de
comparaison, c'est ce qui se fait aux États-Unis. Ça nous inquiète énormément.
Le modèle
québécois a été basé sur un modèle de solidarité, où le partage des richesses,
ça s'est fait à différents programmes,
qui a fait de sorte qu'entre autres, en 2008, on traverse mieux la crise que
n'importe où ailleurs. On n'a pas envie
de perdre ça. Et ce que vous nous proposez à l'heure actuelle, c'est justement
ça. Ça, là-dessus, on a beaucoup de réticences, on n'embarque pas
là-dedans.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M.
Coiteux : Il y a une chose qui devrait vous réjouir dans cette loi-là,
puisque vous avez souvent mentionné, par
le passé, vos inquiétudes à l'égard des contrats de services qui remplaçaient
les contrats de travail en bonne et due forme, et je mets ça en relation avec cette idée que vous êtes contre
les sanctions en cas de non-respect de la loi ou du moins vous étiez plus ou moins réfractaires à ça.
Il y a quand même, dans cette loi-là, un geste qui est quand même assez
important, qui est de dire : Dans cette période de contrôle des effectifs,
il ne sera pas possible, sans qu'il y ait des conséquences,
d'éluder le contrôle des effectifs par le recours à des contrats de services.
Alors ça, c'est une chose qui, il me semble, devrait vous sourire.
Maintenant, je reviens à
mes remarques de tout à l'heure. Écoutez, il y a une différence entre s'assurer
qu'on soit capables de financer les programmes qui nous distinguent, hein, par
ailleurs, je l'ai bien dit, les programmes qui
nous distinguent, de s'arranger pour
être capables de les financer, sans endetter davantage les Québécois, sans en
pelleter dans la cour de nos enfants et utiliser des termes comme vous avez
utilisés, «ratatinement de l'État», ou «démolition
du modèle social», ou... Au contraire, je pense très sincèrement que la
véritable solidarité, bien, on va l'exercer
dans la mesure où est capables de payer nos factures. Et c'est dans cet
esprit-là... Alors, il ne s'agit pas, là, de démolir les programmes, il s'agit d'en assurer la pérennité en les
mettant sur une base de financement qui est solide. On fait cet exercice-là et, pour faire cet
exercice-là de s'assurer qu'il n'y ait pas une croissance des effectifs dans le
secteur public qui compromette
l'atteinte des cibles budgétaires, ça va nous aider justement à préserver
davantage les services auxquels tiennent les Québécois.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres membres, du côté ministériel? Il reste environ
une minute. Est-ce que vous avez une
question? Est-ce que vous avez des points? Non? Ça va? Bon, nous allons donc
passer du côté de la deuxième opposition. M. le député de Sanguinet...
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) :
La première opposition, excusez-moi... de l'opposition officielle, l'opposition
officielle. M. le député de Sanguinet, la parole est à vous. Vous avez un bloc
d'environ 10 minutes.
M.
Therrien : Merci,
M. le Président. Écoutez, dans son autre vie, le président du Conseil du trésor
était un enseignant et vous enseigne bien,
là, son projet de loi. Mais moi, je vais vous poser des questions. Vous êtes
ici, puis on va vous écouter. Je vais
vous poser des questions, puis à ce moment-là je vais avoir une meilleure idée
de ce que vous pensez du projet de
loi, et non pas que vous n'avez pas bien expliqué, au contraire, mais je vais
vous donner l'occasion, dans vos mots, là, d'insister sur certains points.
À
l'introduction, là, vous dites à la fin du premier paragraphe :
«D'ailleurs, nous réclamons depuis longtemps un débat sur les moyens de financer adéquatement les services publics de
même qu'un dialogue social mettant à contribution toutes les composantes
de la société dans le cadre d'une démarche transparente.»
Donc, à
quelque part, vous êtes intéressés par amener une amélioration de
l'optimisation des services, ce que je peux
comprendre. Donc, vous voyez que l'atteinte du déficit zéro, ce n'est pas nécessairement
quelque chose de néfaste. Je ne veux pas vous mettre des mots dans la
bouche, mais... Est-ce que c'est comme ça que vous exprimez ça?
Le Président (M. Bernier) :
M. Forget.
M. Forget (Michel) : Oui. Bien, on
n'est pas contre qu'il y ait un suivi des finances publiques adéquat, au contraire on est d'accord, on a toujours été
d'accord avec ça, on n'est pas contre. Par contre, on est conscients que, quand
on est dans une situation économique telle qu'on est là, ce n'est pas mauvais
nécessairement de reporter le déficit et d'essayer
de créer une croissance. Parce que toutes les fois qu'on est sorti des périodes
difficiles, ce n'est pas juste en mettant
des mesures d'austérité, c'est toujours en poussant la croissance, en mettant
des mesures pour faire de sorte que la croissance reprenne.
À l'heure
actuelle, le climat qu'on est en train de créer, c'est un climat d'austérité à
la grandeur de la province, qui va
faire de sorte qu'au lieu de relancer l'économie on est en train de s'endetter
davantage, qui va faire de sorte qu'il y
ait moins de revenus, qui va faire de sorte qu'on va venir nous revoir pour
nous dire : On coupe encore sur les services pour équilibrer le budget. Ça, on ne partage pas
ça. D'ailleurs, les différentes mesures qu'on a mises de l'avant hier, c'est
des mesures pour relancer le Québec, des mesures pour faire de sorte de créer
une croissance.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Therrien :
Merci. Ah! j'ai oublié de vous
saluer. Bon, Mme Chantal, Mme de Sève et M. Forget, bienvenue.
Je suis désolé, je suis impoli, ça n'a pas de bon sens. O.K.
Donc, j'ai lu
à quelque part ou j'ai entendu que vous disiez que la situation
économique était un prétexte pour arriver à d'autres fins que d'arriver à l'équilibre budgétaire, c'est ce que j'ai compris tantôt. Vous dites, et
je vous prends en deuxième paragraphe,
là, de la même page : «À l'évidence, le projet de loi n° 15 ne s'inscrit pas dans une telle démarche.
Il constitue plutôt une action précipitée...» «Une telle démarche» pour
atteindre l'équilibre zéro, là, j'imagine. Alors, pourquoi vous dites que c'est
une action précipitée?
Le Président (M. Bernier) :
Mme Chantal.
Mme Chantal (France) : Oui. Bien, en
fait, quand on parle de démarche mettant à contribution toutes les composantes
de la société, c'est qu'on veut un débat large sur les questions fiscales, les questions
fiscales incluant le déséquilibre fiscal qui
persiste par rapport au Canada. On veut que le débat se fasse vraiment de façon large et on insiste beaucoup sur les différentes composantes de la société.
On veut que tout puisse être sur la table dans les discussions, autant les révisions de programmes que la vitesse à
laquelle il faut redresser les finances publiques, Michel l'a bien placé. Pour nous, ce n'est
pas le moment d'aller rapidement là-dessus, c'est à ça qu'on réfère.
Et, en 1999, il y avait
eu, effectivement, une démarche qui regardait tous les pans, effectivement,
fiscalité, choix budgétaire, pas
nécessairement les programmes, etc., mais, cette fois-ci, ça pourrait
comprendre tous ces éléments-là mais vraiment dans une démarche où il y
a de l'échange, de l'écoute, et pas, dans le fond, des décisions déjà prises à l'avance. Parce qu'un des problèmes à l'intérieur
du projet de loi, c'est que, sous la base de contrôle d'effectif, ce qu'on
va faire, c'est qu'on va faire disparaître
certains services ou à tout le moins les rendre tellement ratatinés ou rétrécis
que ça va donner des effets
permanents. Ils vont soit disparaître, les services, ou encore être
complètement privatisés. Donc, sous
apparence d'un 18 mois de contrôle juste sur les effectifs, on va changer la
face même des services qui sont donnés puis
on va même en faire disparaître. C'est à ça qu'on s'oppose. On ne dit pas qu'il
ne faut pas faire de débat. C'est vrai qu'effectivement
les besoins de la population ont pu changer, c'est vrai qu'il faut regarder
effectivement ces nouveaux besoins
là, voir comment on peut y répondre, mais on considère qu'on le prend par la
mauvaise lorgnette du contrôle des effectifs.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Therrien : Merci. J'aurais une autre question. À la
page 9, en bas de la page 9, vous dites : «Le projet de loi
n° 15 fait exactement le
contraire, il mène tout droit à [la] démotivation des gestionnaires, des
travailleuses et des travailleurs du
réseau, et place la gestion publique en situation d'échec.» Ça, est-ce que vous
exprimez de cette façon-là un genre de gestion
qu'on... Tu sais, souvent on parle d'école de gestion, là, de gérer à l'envers,
c'est de dire que les gens qui sont plus
près des besoins, les gens qui sont plus près des services offerts, souvent,
c'est eux qui vont avoir une meilleure idée des solutions à apporter pour rendre plus efficace le réseau dans son
ensemble. Je ne sais pas ce que je vous... Est-ce que j'interprète bien
ce que vous écrivez ici? Et donc, bien, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme de Sève.
Mme de
Sève (Véronique) : Bien, en fait, moi, je suis psychoéducatrice, je
travaille au Centre jeunesse de Laval, donc
je suis directement avec des jeunes qui ont des difficultés de comportement, et
on est là en situation très directe avec une population vulnérable puis on a des solutions. Parce que ce n'est
pas toujours simple, des fois, les beaux programmes qui sont mis en place peuvent avoir des bons
objectifs, mais, dans le pratico-pratique, il faut les adapter. Donc,
effectivement, si ces personnes-là
n'ont plus le temps et la latitude de pouvoir réfléchir à comment on peut mieux
donner des services, c'est clair qu'il
va y avoir une démotivation. On travaille avec des gens... et même les
gestionnaires, parce que les gestionnaires
aussi peuvent participer. On est, nous, dans des programmes d'organisation du
travail, on peut avoir des dialogues, mais,
si on n'a pas le temps, et l'énergie, et les capacités de pouvoir le faire, il
est clair qu'il va y avoir une démotivation. Je ne sais pas si tu veux
rajouter quelque chose.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Chantal.
• (15 h 50) •
Mme Chantal (France) : Très
brièvement, c'est qu'en fait, notre esprit, c'est tout à fait ça. Quand on veut
regarder les services, il faut faire regarder
ça et travailler ça avec les gens qui donnent les services, qui sont en proximité avec les personnes qui les reçoivent,
parce que ce sont ces personnes-là qui sont mieux à même de bien cerner
le besoin et de développer, développer, effectivement, des approches plus innovatrices.
Il y a
même certaines études, particulièrement dans le secteur de la santé, qui vont dire :
En fait, les espaces de créativité
les plus grands, pour effectivement les questions de services, ça va se développer au niveau
des gestionnaires intermédiaires et
de leurs équipes. C'est là que ça a plus de chances d'être dans l'innovation, vraiment,
dans la pertinence du service.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Therrien : Oui, merci. Donc, c'est pour ça que vous dites
que vous êtes pour le calcul des effectifs, mais vous dites : On a
peur, on a peur — parce
que, là, on n'est sûrs de rien encore, là, on est dans l'étude, là — qu'il
y ait une centralisation, qu'on utilise le
dénombrement des effectifs pour arriver avec une centralisation des prises de
décision, et qui font en sorte que
les gens qui sont près des milieux se trouvent dépourvus d'un processus
de décision et d'une amélioration
de l'efficacité.
Vous me dites
si je me trompe. Ça veut dire que, selon vous, on veut, à travers le projet de loi n° 15, amener une meilleure gestion des fonds publics afin d'éliminer le déficit. Mais ce
que vous me dites, c'est que, de par la centralisation qu'on va avoir ici, au lieu d'améliorer
l'efficacité des services publics, on va les amoindrir, et ça nous éloignerait,
à ce moment-là, d'une situation
d'une gestion efficace des services publics. Est-ce que c'est ce que je
comprends?
Le Président (M. Bernier) :
M. Forget.
M. Forget
(Michel) : Je vous
traduirais ça de la façon suivante : que ça soit le projet de loi n° 10 ou le projet
de loi n° 15, ce n'est pas fait en fonction de maximiser les
services, hein? La pensée qui est en arrière de ça, c'est uniquement une pensée de dire... de réduire le coût du système.
Et, à partir de ça, pour les gens qui oeuvrent dans le réseau, quand tu émanes de la santé, ils vont vous dire qu'ils
ont l'impression que ça fait plus de 20 ans qu'on les compresse, compte tenu des services qui sont offerts. Ça fait que, quand on dit : On va contrôler les services, les effectifs, on va
les geler, on va
les contrôler, mais on vous oblige à faire de sorte de maintenir les services à
la population, ça se traduit de deux façons, soit d'une baisse de services — c'est ce qu'on prétend, c'est impossible de
maintenir ça — ou
un épuisement professionnel de la part des gens qui oeuvrent là-dedans.
Et les conditions de
travail à l'heure actuelle dans le réseau de la santé ou dans le réseau de l'éducation,
la pression qui est faite sur les gens fait
de sorte... — vous
avez probablement les chiffres — une augmentation constante au niveau soit des gens qui
sont en assurance salaire, plus particulièrement des problèmes reliés ou des problèmes d'ordre psychologique. Donc, on a un avantage à regarder
ça de façon importante et de travailler peut-être
à l'envers de ce qui nous est proposé à l'heure actuelle.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Forget. Nous allons donc passer maintenant
au deuxième groupe d'opposition, M. le député de Groulx, oui? Vous avez
environ sept minutes.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, on comprend qu'on a un climat d'austérité qui a peut-être
été occasionné par des ballons
d'essai, qui n'est peut-être pas l'apanage du président du Conseil du trésor, mais enfin il y a de l'incertitude
dans la population, on en convient. Par contre, il faut
comprendre qu'il y a des décisions qui doivent être prises quand
même pour contrôler les dépenses de
l'État. À l'heure actuelle, vous savez qu'il y avait environ
6 250 emplois de plus qui
s'accumulaient année après année, des dépenses, donc, qui augmentaient
d'environ 500 millions de
dollars. Alors, c'était insoutenable.
Alors,
je crois donc que... Vous mentionniez tantôt qu'il y avait des risques
peut-être d'épuisement, de burnout, je
ne sais pas si vous avez utilisé le mot, là, mais enfin il y aurait peut-être
aussi lieu de penser qu'il pourrait peut-être y avoir des gains d'efficacité aussi au niveau du système.
Alors, j'entends souvent, à écouter des gens dans différents services, qu'ils sont épuisés parce qu'ils ont des
frustrations au niveau, là, de l'absence de changement. Alors, peut-être une
culture à revoir à mon avis. Et puis
il y a peut-être même possibilité peut-être de réfléchir à des modèles de
rémunération qui vont inciter
finalement... qui vont créer de la motivation, au contraire, donc peut-être
revoir un peu la culture, donc, de productivité.
Alors,
actuellement, on est conscients qu'on — je vous reparle de l'Ontario, les autres
provinces — avait un
écart de cinq points de pourcentage
de dépenses gouvernementales dans le support de l'économie il y a quelques
années. On est rendus à 6,25 %
d'écart, c'est une hausse, donc, de 30 %, d'où, à mon avis, là,
l'importance d'agir. Le fossé... Ce n'est peut-être pas le bon mot, mais l'écart s'est creusé, et puis, comme je
vous disais tantôt, défavorablement parce qu'on n'a pas la situation financière pour se permettre de creuser l'écart par
rapport aux autres provinces. Donc, c'est important qu'il y ait des
changements.
Alors, ma question est celle-ci. À l'égard de mon point de vue quant aux gains possibles d'efficacité, est-ce que vous seriez
favorables peut-être à l'instauration de mesures qui pourraient au
contraire encourager l'efficacité au
niveau des modèles de rémunération au niveau de l'État.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme de Sève.
Mme
de Sève (Véronique) : Bien,
dans un premier temps, je voudrais vous dire que, quand vous parlez de «prétendu épuisement professionnel»,
je dirais «épuisement professionnel». Moi, je pense que ce n'est pas prétendu. Au
contraire, ça existe. Les gens font plus que... Non, mais c'est parce que je
trouve ça important de le dire, ils font plus avec moins depuis...
Le Président (M.
Bernier) : Allez-y, M. le... Excusez. M. le député de Groulx, vous
voulez...
M.
Surprenant : Je veux juste préciser. Je ne crois pas avoir utilisé le
mot prétendu. Il y a effectivement de l'épuisement
professionnel, mais les causes de ça, je les vois peut-être autrement que vous,
là, simplement.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Vous pouvez poursuivre, Mme de Sève.
Mme
de Sève (Véronique) :
Parfait. Donc, depuis de nombreuses années, que ça soit dans l'éducation ou même dans la santé et les services sociaux, on fait plus avec moins depuis tout le temps. M. Forget l'a dit, ça
fait 20 ans qu'il y a des
compressions, qu'il y a des changements. On fait beaucoup
de réformes, et il y a eu des changements qui ont été faits, puis ça met une pression sur les gens qui
sont directement liés à une population, qui sont souvent
dans des situations vulnérables.
Quand on est pris dans un problème de santé, quand on est pris dans un problème de santé mentale, on n'est pas toujours en mesure de voir les choses
correctement.
Ceci
étant dit, moi, je pense que... Vous parlez de modèle de rémunération, on n'est pas dans l'entreprise privée puis
on n'est pas dans... en fait, une shop, je vais le dire en bon québécois.
On parle d'enfants qui apprennent à l'école, qui apprennent à lire, qui apprennent aussi d'être des citoyens.
On parle d'enfants, d'adolescents, de jeunes adultes, On parle aussi de personnes en situation
de santé précaire ou même de vulnérabilité. Il faut voir ça sur un autre
angle que juste dire : Est-ce qu'on va travailler une rémunération
sur une productivité?
Moi,
je pense, il faut faire attention quand on parle de ces mots-là parce que ce
n'est pas tout à fait dans ce même angle là qu'on doit le voir.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Surprenant : Ma deuxième question
au niveau donc de la main-d'oeuvre, encore une fois. Quel est votre point de vue
au niveau de l'impartition? Si on voudrait rendre plus efficace l'État et faire
travailler les gens pour des ouvrages qu'ils
ont régulièrement à faire et l'impartition, les ouvrages qui sont
plus ponctuels, donc des gains d'efficacité, quel est votre point de vue
à cet égard-là?
Le Président (M. Bernier) :
M. Forget.
M.
Forget (Michel) : Déjà, je
crois qu'il s'en fait beaucoup, d'impartition, probablement beaucoup trop
d'impartition dans le réseau. Et je ne sais pas ce que vous visez comme
impartition, mais, si vous pensez, entre autres, aux services auxiliaires que ce soit entretien ménager,
buanderie ou autres, l'expérience nous montre, depuis les 20 dernières années,
que le secteur public est plus rentable que
le secteur privé, et ça, sans exception. Tous les travaux qui ont été faits à
ce niveau-là, que ce soit au niveau
des buanderies — parce
que plusieurs fois on a travaillé au niveau des buanderies — au niveau des cuisines, au niveau de
l'entretien ménager, en termes d'expertise, en termes de coûts et en termes
également de qualité du travail qui
est fait, le privé ne bat pas le service public. Et ça, là, il n'y a aucune
étude gouvernementale qui va pouvoir venir dire le contraire de ce qu'on
dit là.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député. Oui, M. le député de Beauce-Sud...
M.
Spénard : Nord.
Le Président (M. Bernier) : ...Beauce-Nord.
Excusez.
M.
Spénard : Merci. Merci, M. le Président. Alors, à mon
tour, de vous souhaiter la bienvenue, Mme de Sève, Mme Chantal et M.
Forget. Moi, il y a deux, trois affaires qui me chicotent dans la tête.
Lorsqu'on parle de faire un dénombrement en ce qui concerne la fonction publique et la fonction parapublique, il faut
bien se mettre dans la tête que l'État,
c'est lui qui paie et, quand on parle d'État, c'est lui, le payeur. L'État,
moi, je ramène ça toujours à dire que l'État, c'est le contribuable avec ses
taxes, ses impôts qu'il paie, là. Ça fait que, quand on met l'État, il faut
penser, là, à la madame qui brasse sa
soupe, là, qui est en train de nous écouter, là, puis qui est tannée de payer
des taxes puis des impôts puis, à un
moment donné, il faut que ça arrête. Puis, moi, en homme d'affaires que
j'étais, j'aimais bien savoir comment j'avais d'employés sous ma charge.
Ça, je pense que c'est une prémisse de base.
Moi, je vous
regarde, là, puis vous dites que ce projet-là, c'est la centralisation, le
projet de loi, puis on est pour la
décentralisation. Alors, moi, j'aimerais ça que vous m'expliquiez en quoi ce
projet de loi là centralise les services donnés aux citoyens, parce que...
• (16 heures) •
Le
Président (M. Bernier) : Je vous donne 30 secondes pour répondre à la question
du député de Beauce-Nord. Mme Chantal, 30 secondes
Mme
Chantal (France) : Bien, ça
ne centralise pas les services, ça centralise les décisions quant aux services
à rendre à la population.
Et ça, quand on donne le type de services, particulièrement en santé et
en éducation, c'est un mauvais choix.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, vous avez un bloc d'environ trois minutes.
Mme Massé : Trois minutes? Hé! Je
suis privilégiée! Bonjour, tout le monde, bonjour. On fait ça court.
Bien, merci, premièrement, pour votre présentation.
C'est sûr qu'avec 325 000 personnes sur le terrain, vous représentez des yeux et des oreilles assez
intéressants. C'est des gens qui, d'ailleurs, sont au service de l'ensemble de
la population du Québec, peu importent leurs revenus, peu importe leur
situation géographique, régionale, etc.
Bien sûr, toute cette logique, le ministre nous
le rappelait, se base sur l'idée qu'il faut atteindre l'équilibre budgétaire en 2015‑2016. Vous vous avez exprimé en
disant : Hum! peut-être que c'est rapide. Hier, nous avons aussi amené... Je vous amène sur autre chose juste pour
placer, puis je n'aurais pas le temps de faire 28 questions avec. On a
amené aussi l'idée que l'équilibre
budgétaire en 2015‑2016, au nom de l'équité intergénérationnelle, geler des emplois,
ou diminuer des emplois, ou faire en sorte
que les emplois ne se développent pas dans la perspective des besoins, c'est
aussi ne pas offrir aux jeunes la
possibilité de travailler en 2015‑2016, alors qu'on estime probablement un
surplus de plus 2 milliards en 2015‑2016.
Alors, l'équité intergénérationnelle, dans ce
projet de loi là, vous en pensez quoi?
Le Président (M. Bernier) :
Mme de Sève
Mme de
Sève (Véronique) : Je vais vous dire, bien que... je ne sais pas si ça
s'applique à moi, je ne suis pas si vieille
que ça, moi, j'ai connu... En fait, c'est que j'ai connu, hein, les cégeps,
l'université, la démocratisation de l'éducation, j'ai connu aussi la question de la santé et services sociaux, qui
étaient là, qui étaient présents. J'ai pu bénéficier de ça, de ces
services-là, et je pense que ça fait partie du modèle qu'on a envie de léguer à
nos générations.
Quand je fais le débat avec mes comités de
jeunes à la CSN, que ce soit dans les régions ou même le comité national des
jeunes, pour eux l'opération actuelle du gouvernement, ils ne la voient pas
comme une question d'équité intergénérationnelle. Bien au contraire, on est en train de mettre à mal
les services qui permettent encore plus d'avancer.
Vous
le dites, en plus, il y a une question aussi d'emploi. Il y a des jeunes qui
pourraient avoir accès à des emplois bien
rémunérés avec des bonnes conditions de travail, qui permet aussi un retour
dans l'économie. Parce que, quand on a
des bonnes conditions de travail, quand on a des emplois de qualité, bien,
évidemment, on est à la consommation, on va aussi avoir des enfants, des familles, tout ça, et je pense que ça fait
rouler, ça fait rouler l'économie, mais ça fait surtout une société
dynamique, vitale pour l'ensemble. Et je pense que ça, on oublie ça dans tout
ce discours-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Une dernière question, Mme la députée.
Mme
Massé : Si je ne m'abuse, beaucoup de femmes travaillent dans votre
vaste réseau. J'aimerais ça entendre donc l'impact.
Le Président (M.
Bernier) : Mme de Sève.
Mme
de Sève (Véronique) : Je peux vous dire que, dans le réseau de la
santé et des services sociaux et même dans l'éducation, si je ne me
trompe pas, 75 %, c'est des femmes.
Une voix :
...
Mme
de Sève (Véronique) : Pardon? Beaucoup, par contre, à temps partiel,
hein? Le travail atypique, on le voit, est
de plus en plus typique, là, ça il faudra faire une réflexion sur cette
question-là, mais à temps partiel parce qu'elles ont d'autres obligations, elles sont des aidantes naturelles, elles sont
des mères qui parfois doivent faire des choix pour s'occuper de leur enfant. Et je pense qu'il faut
aussi faire attention, lorsqu'on fait ce type d'opération là, l'impact que ça
va avoir va être beaucoup plus grand que peut-être juste un gel, comme M. le
ministre est en train de nous le dire.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Merci de votre présentation.
Votre baptême s'est bien passé, hein? J'imagine que ça va bien... ça
s'est bien...
Mme de Sève (Véronique) :
Oui, merci beaucoup.
Le Président (M.
Bernier) : Donc, Mme de Sève, M. Forget, Mme Chantal,
merci de votre participation à la Commission des finances publiques.
(Suspension de la séance à
16 h 4)
(Reprise à 16 h 7)
Le Président (M.
Bernier) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons donc
reprendre nos travaux. Alors, bienvenue à la Fédération autonome de
l'enseignement. M. Martin Lauzon et Mme Marie-Andrée Bernard, on vous souhaite la bienvenue. Vous avez un premier bloc
de 10 minutes pour faire votre présentation. La parole est donc à vous.
Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
M. Lauzon
(Martin) : Merci beaucoup. Donc, je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui
sur le projet de loi n° 15. Donc, c'est Marie-Andrée Bénard, juste pour
préciser...
Le Président (M.
Bernier) : Mme Bénard.
M.
Lauzon (Martin) : Bénard.
Alors, c'est notre première expérience en commission parlementaire. Vous
nous direz s'il y a quoi que ce soit au niveau des règles et procédures
qu'on ne respecte pas.
Le Président (M.
Bernier) : ...le plus simple possible, ce qu'on veut, c'est des
échanges.
M.
Lauzon (Martin) : C'est
beau. Alors, on y va. Donc, Mme Bénard, elle est avocate et conseillère à la
Fédération autonome de l'enseignement
au niveau des relations du travail, et moi, je suis d'abord et avant tout un enseignant, donc un enseignant au secondaire en histoire et je suis
également vice-président aux relations de travail à la FAE, la Fédération
autonome de l'enseignement, et responsable du dossier de la négociation.
Donc,
qui est la FAE exactement, pour que tout
le monde sache bien qui nous sommes?
C'est 32 000 enseignantes
et enseignants. Donc, on enseigne aux élèves
du préscolaire, du primaire, du secondaire, de la formation professionnelle,
de l'éducation des adultes. Il y a même une
trentaine d'enseignants en milieu carcéral. En fait, ils enseignent en milieu
carcéral, vous comprenez, donc ils n'y sont
pas. Et puis donc c'est une fédération qui est autonome, qui n'est pas affiliée
à une centrale, quoique, dans le cadre de la
négociation actuelle, vous en avez peut-être pris compte dans les derniers
jours, nous sommes affiliés avec la Fédération interprofessionnelle de
la santé du Québec dans le cadre de la négociation.
On est également, je pense, une
fédération qui est reconnue pour la recherche de solutions parce qu'il faut,
bien entendu, identifier un certain
nombre de problèmes qui existent, mais il faut également être en mesure de
proposer des solutions, puis c'est quelque chose qu'on s'efforce de
faire depuis notre création, en 2006.
Au
niveau de l'avis, je dois avouer qu'au niveau des délais ça a été très rapide,
ça s'est bousculé rapidement : donc, le dépôt autour du 9 octobre, si je ne me trompe pas; on a eu la
convocation la semaine dernière, jeudi passé, donc on a pu vous déposer, là, un avis sommaire, là,
aujourd'hui. Je comprends que vous n'avez pas pu en prendre connaissance, on
vient tout juste de le faire, mais on va être en mesure, là, de vous expliquer
ça rapidement, les grandes lignes de notre position sur le projet de loi
n° 15.
Alors,
il y a, bien entendu, comme je vous dirais, des impacts nombreux au projet de
loi n° 15, mais, pour l'objectif de
la présentation, qui est très courte, on va se concentrer particulièrement sur
ce qui touche le milieu de l'enseignement et des enseignantes et des enseignants, les membres qu'on représente. Donc,
je vais vous donner les grandes lignes de cet avis-là en parcourant, si
vous voulez, le projet de loi par partie d'article, et puis on pourra, au
niveau des périodes de questions, là, revenir avec plus de détails.
• (16 h 10) •
En premier lieu, on comprend que l'objectif
du projet de loi, c'est de renforcer les mécanismes de gestion et
de contrôle des organismes publics. Ceci étant dit, on a quand
même une grande mise en garde à faire là-dessus, c'est qu'à travers les années, quand on a mis des mesures de
contrôle, particulièrement dans le milieu de l'éducation, ça s'est traduit
par l'embauche de gens qui surveillent des
gens qui surveillent des gens qui surveillent à leur tour des gens. Et c'est
quelque chose qu'on voit
régulièrement dans le milieu de l'éducation, dans les écoles. J'ai entendu
beaucoup, dans les derniers mois, les
dernières semaines, entre autres du premier ministre, dire que ce qui est
important, et du ministre de l'Éducation, c'est ce qui se passe dans la classe entre l'élève et l'enseignant.
Donc, nous aussi, on partage ce point de vue là, c'est très important,
c'est fondamental, mais on ne peut pas dire que, dans les décisions des
dernières années, on a vraiment ressenti ça. C'est vraiment les mesures
d'encadrement qui se sont multipliées.
Sur
le calcul de l'effectif, qui touche les articles 4 et 5, bon, on comprend du
projet de loi que les commissions scolaires
devront informer le ministère de l'état de ses effectifs et de la répartition.
C'est la compréhension que nous en avons.
Nous, on veut quand même amener des questionnements ou amener, si vous voulez,
des remarques en lien avec ça. On a des inquiétudes importantes sur
qu'est-ce que l'effectif — on
va commencer par ça — par
exemple, l'effectif enseignant. Dans les
budgets des commissions scolaires, vous savez, le personnel de direction est
considéré comme du soutien à
l'enseignement. D'ailleurs, vous entendez les commissions scolaires répéter
sans arrêt que le taux de gestion est
de 4 %, ou 4,2 %, ou 4,4 % et vous entendez les établissements
d'enseignement privé parler d'un taux de gestion autour de 13,7 %. Ce n'est pas étranger au fait que
les commissions scolaires, n'incluent pas les frais d'encadrement du personnel
de direction, qui se qualifie pourtant comme
des gestionnaires. Donc, c'est un élément très important. Je peux vous dire
que, si les directions d'établissement
actuellement sont du soutien à l'enseignement, les enseignantes et enseignants
ne s'en rendent pas compte. On est
beaucoup plus dans un concept de gestion, d'encadrement, et, si l'ensemble...
si vous voulez, si une commission
scolaire est un seul et gros établissement, ce qui se produirait probablement,
là, c'est que le calcul du taux de gestion inclurait le personnel de
direction, le personnel de conseillance pédagogique, donc tous ces éléments-là. Nous, ce qui est important, au niveau
des enseignantes et des enseignants, il y a, bien entendu, des éléments de
la convention collective qui protègent un certain nombre de choses, mais on
vous met en garde : Dans le calcul de l'effectif enseignant, qu'est-ce que
ça représente, qui en fait partie? Donc, on a des questionnements là-dessus.
Ensuite,
sur la planification triennale, qui sont les articles 6 à 8, je vais passer
très rapidement, mais je peux quand même
vous dire qu'à notre compréhension il y a déjà beaucoup de données qui sont à
la disposition du gouvernement via,
par exemple, le Comité patronal de négociation des commissions scolaires
francophones, le CPNCF, ou bien d'autres organismes, il y a les statistiques de l'éducation qui nous donnent
beaucoup de données, il y a les plans d'effectifs des écoles, les plans
d'effectifs des commissions scolaires. Je pense qu'on peut savoir il y a
combien de monde dans les commissions
scolaires. Donc, c'est un élément important à tenir en compte. Il y a déjà
beaucoup de données qui se donnent.
Sur
le contrôle de l'effectif, là, on parle plus des articles 10 à 12, là. Bon, on
nous donne une période de référence, puis
on nous dit : C'est du 1er janvier au 31 mars 2014, ça doit se faire en
maintenant les services. Bon. Donc, au mieux, ce sera un gel, là, ce
qu'on comprend, là, au mieux. Au mieux, ce sera un gel, parce qu'il y a eu des
gens qui ont été embauchés depuis ce
temps-là, là, depuis cette période de référence là. Donc, ça, il y a une
inquiétude, puis on a de la misère à concilier cet élément-là avec le fait de
maintenir les services et la façon dont les services vont être maintenus.
On se pose beaucoup de questions, d'autant
plus qu'il n'y a pas de réel mécanisme pour s'assurer que les services sont
maintenus. Il y a un mécanisme qui est prévu
pour s'assurer qu'il y a un contrôle de l'effectif, mais il ne nous apparaît
pas clair qu'il y a également un mécanisme
pour s'assurer du même coup que les services sont maintenus et de quelle
façon ils sont maintenus. Alors, par
exemple, pour s'assurer que les services sont maintenus, est-ce que, par
exemple, le Protecteur du citoyen
pourrait être quelqu'un qui pourrait se pencher là-dessus, avoir une position,
faire une vérification. On soumet ça à votre réflexion.
Sur
les vérifications, les mesures rectificatives et les sanctions, là, les
articles 20 à 26 ou environ, bon, toute la question de pouvoir mettre en tutelle et de diminuer les subventions aux
établissements ou aux commissions scolaires, nous, on pense qu'il y a un risque important de ce côté-là. Le
gouvernement, le ministère se retrouveraient peut-être dans une position de juge et partie jusqu'à un certain
point. Est-ce qu'encore là cette vérification-là du contrôle des effectifs
devrait se faire par quelqu'un ou un
organisme indépendant? Je ne sais pas. Par exemple, est-ce qu'on pourrait
penser au Vérificateur général par
exemple avant de passer à des étapes comme la mise en tutelle ou comme la coupe
de subvention? Encore là, on soumet cet élément-là à votre réflexion.
Je veux m'attarder davantage sur le respect des dispositions
des conventions collectives, l'article 33. Vous comprendrez que c'est un élément fondamental pour nous. Nous en
comprenons que les conventions collectives devront être respectées, bien entendu. Au-delà de ça, au niveau de l'enseignement, il y a des éléments présents dans la convention collective qui, permettez-moi l'expression,
protègent l'effectif enseignant, ce qu'on appelle les règles de formation de
groupes : il y a
tant d'élèves dans une classe, on embauche un enseignant, on forme des groupes
selon les niveaux, selon les secteurs. Donc, ça protège jusqu'à un
certain point les enseignantes et les enseignants, mais il y a des endroits où
il n'y a pas de règle de formation de groupes.
Je vais vous donner
l'exemple de l'éducation des adultes. L'éducation des adultes, c'est une
revendication de longue date. On ne fera pas
de négociation ici, mais, quand même, on demande qu'il y ait ce qu'on appelle des ratios, des
règles de formation de groupes, qu'on nous dise un groupe à l'éducation des adultes, ça devrait ressembler à quoi. Il n'y en a pas. Actuellement, par
exemple, un enseignant à l'éducation des adultes peut avoir 35 élèves devant
lui. Est-ce qu'on pourrait, demain matin, lui en mettre 45, 50 et dire :
J'ai assuré le service, il y a encore un enseignant, et les élèves ont
un enseignant. Moi, je ne suis pas certain qu'on a assuré le service ou la
qualité de ce service-là.
Une
minute? Ça va très rapidement. Il y aura des coupures également indirectes avec
l'ensemble du personnel qui travaille
aux côtés des enseignantes et des enseignants, là. Donc, on imagine que, de ce
côté-là... il y avait un groupe qui a été très éloquent là-dessus, juste
avant nous, donc la CSN a bien expliqué ces éléments-là.
Au
niveau de la conclusion, bien, je vous dirais, il y a beaucoup de rumeurs
d'annonces, je ne veux pas faire un débat
de sémantique, là, mais toutes sortes d'annonces qui ont été lancées ou pas
lancées. Encore ce matin, on parlait des écoles privées. Moi, je vous inviterais à travailler de concert avec les
représentants dûment élus et choisis par les enseignantes et les enseignants, et discuter avec eux, ça serait à
l'avantage... et discuter avec l'ensemble, dans le fond, des organisations syndicales, je crois que c'est à
l'avantage de tous. On est tous gagnants. On pense que, dans le projet
de loi, il y a des risques importants
d'alourdissement de la tâche, donc, qui vont se faire. Les risques sont
omniprésents, et particulièrement pour les enseignants de certains
secteurs. Nous, on va, bien entendu, suivre ça de très près. Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Lauzon, de votre
présentation. Merci. M. le ministre, vous avez un bloc de 16 minutes qui
vous est accordé pour échanger avec nos invités.
M. Coiteux :
O.K. Écoutez, je vais... j'ai manqué un tout petit peu de temps tout à l'heure,
et puis j'avais peut-être certaines
remarques qui valaient autant pour le groupe précédent, de la CSN, que pour
vous. Parce que je sais une chose qui
est... puis c'est important de le mentionner, quand on fait des changements,
hein, des changements importants, quels
qu'ils soient, c'est normal qu'il y ait de l'inquiétude, hein? Je pense, c'est
normal que, si, tout d'un coup, on va faire les choses différemment de
comment on les a faites dans le passé, ça génère de l'inquiétude.
Ce que je veux dire aujourd'hui, puis je le dis à
l'ensemble des Québécois, là, comme aux groupes qui viennent nous
soumettre, là, leurs remarques, et leurs observations, puis leurs questions à
l'égard du projet de loi, c'est que les changements
qu'on propose, essentiellement, c'est pour améliorer notre sort. C'est vraiment
pour qu'on puisse faire mieux, là,
avec notre secteur public au Québec. Et, dans ce contexte général... puis nos
partenaires syndicaux connaissent quels sont les paramètres, là, ils savent que... Tout à l'heure, dans la
présentation de la CSN, ils nous disaient : Bien, peut-être qu'on
pourrait reporter l'équilibre budgétaire. Je pense que tout le monde le sait,
on ne le fera pas. Alors, à partir du moment
où tout le monde connaît les paramètres de base, qu'on va retourner à
l'équilibre budgétaire en 2015‑2016, qu'on va le maintenir, dans le fond, ce qu'on souhaite, dans tout cet
exercice-là, c'est de trouver les façons de travailler ensemble pour
bien réussir pour l'ensemble des Québécois cet exercice-là.
Alors,
lorsqu'on parle d'un projet de loi comme celui-ci, qui est l'un des vecteurs
des changements qu'on propose à l'heure
actuelle, il poursuit des objectifs, puis vous y avez fait référence, d'abord
de dénombrement, là, il y a la question du dénombrement. Vous avez soumis un certain nombre
d'observations : Faites attention à comment on va vous donner les chiffres, là, dans les commissions scolaires,
soyez attentifs à ce que les chiffres qui vont vous être soumis représentent. On
prend bonne note de ça parce qu'effectivement on veut que ce dénombrement ne
soit pas global, on veut qu'il soit par catégories d'emploi, et puis, dans les
modalités d'application de la loi, on va vouloir effectivement s'assurer qu'on
ait des catégories qui parlent, là,
qui nous permettent de voir dans quels secteurs les choses évoluent dans le
temps. Donc, c'est des
commentaires que j'accueille avec beaucoup d'intérêt parce que justement on va
en tenir compte.
• (16 h 20) •
Mais
il y a l'aspect ensuite du contrôle des effectifs. Puis là vous avez bien
mentionné, et c'est notre intention effectivement
de respecter les conventions collectives. vous avez dit : Bien, les conventions collectives ne sont pas les
mêmes partout, c'est vrai, mais, néanmoins,
on va les respecter. Mais vous avez dit : Bon, dans le contrôle des
effectifs, vous avez une crainte, peut-être,
hein, quand je parle des inquiétudes, ça soulève une crainte que ça puisse
alourdir la tâche.
Bien,
ce n'est pas forcément le cas. Ce
n'est pas forcément le cas. Pourquoi je dis ça? C'est parce que... Puis l'État,
ce n'est pas la seule organisation qui a été
confrontée à des problèmes financiers, où il a dû revoir ses façons de faire,
où il a dû se moderniser, trouver des
façons de mieux rendre les services, mais, dans plusieurs organisations,
effectivement, on a cherché à
réorganiser le travail, à un moment donné, c'est-à-dire, bien, si on a du mal à
livrer les services dans les moyens
qui sont les nôtres, puis qu'il va falloir que, peut-être, par rapport à une
situation précédente où on engageait, je ne sais pas, globalement 6 500 personnes par année, là, on va vivre
une petite période pendant laquelle on ne pourra pas le faire, c'est l'occasion de réorganiser un petit
peu nos façons de faire à l'intérieur du secteur public. C'est l'occasion de se
réorganiser si on fait preuve, là, de
collaboration, pour livrer les services d'une meilleure façon avec ce qu'on a
comme moyens. Et ça, bien, cette
réorganisation-là, ça demande de la flexibilité, ça demande de l'ouverture
d'esprit, ça demande de la collaboration.
Alors, ma première question, c'est :
Comment vous voyez ça, votre rôle, vous, pour participer à cet effort-là? Qu'est-ce que vous pouvez apporter, là, en termes
de flexibilité, dans l'organisation des choses pour qu'on puisse réussir
ensemble cet exercice-là?
Le
Président (M. Bernier) : M. Lauzon.
M. Lauzon
(Martin) : Oui. Bien, je voudrais rassurer M. le ministre, là. Au
niveau du changement, nous, là, il n'y a pas nécessairement d'inquiétude. On
n'a pas de peur face au changement comme tel, encore faut-il que les changements qui sont proposés... considère qu'ils
soient positifs, qu'ils apportent quelque chose d'intéressant. Alors, un
changement n'est pas, dans notre tête, synonyme, là, disons, d'un mauvais
changement ou d'une mauvaise pratique.
Alors, pour nous, il
y a tellement... Oui, il y a beaucoup de choses à faire. Je vous le disais
d'entrée de jeu, la fédération, depuis sa
création, s'est appliquée à proposer une multitude de propositions, non
seulement des propositions qui
touchent la tâche ou la convention collective des enseignantes et des
enseignants, mais également au niveau directement du service à l'élève. Nous avons produit une
plateforme pédagogique, nous avons réécrit un programme en français de première et deuxième années. Comme fédération, on
a pris nos cotisations syndicales, on s'est installés puis on a ramassé
un paquet de profs autour d'une table, puis qu'est-ce que ça devrait être, un
parcours pour des élèves de première, deuxième années en français. On s'inscrit
beaucoup là-dedans, on est très proactifs, il y a beaucoup de mesures...
S'il
y a eu une constante depuis des années et des années, c'est qu'on a rarement
écouté ceux qui sont en première ligne, sur le terrain. Je pense qu'il
n'y a pas grand-monde qui perdrait une chance, là, depuis 15 ans qu'on se pose
la question, là, comment on peut améliorer les choses, peut-être que, si on
prenait une chance de nous écouter, là, puis d'écouter
nos propositions, puis de les mettre en application, je pense qu'on pourrait
vraiment, là, gagner, gagner à tous les
niveaux, là. Il faut que vous le sachiez : les enseignantes et les
enseignants, ils sont d'abord et avant tout là parce qu'ils adorent les élèves. Ils aiment les enfants, ils
aiment enseigner, ils veulent leur bien. Tout ce qu'ils font au quotidien, c'est
pour ça. Alors, on a à coeur, bien entendu,
que tout fonctionne pour le mieux, c'est clair. Il n'y a personne qui cherche
l'inefficacité, il n'y a personne qui cherche à ce que ça ne fonctionne pas.
Alors,
il y a tellement de choses qui peuvent se faire. Tantôt, je vous parlais de
gens qui surveillent des gens qui surveillent des gens. Si je donnais un
exemple, c'est peut-être anecdotique, mais c'est quand même... Dans une école secondaire, où il y a 130 enseignantes et
enseignants, la direction d'établissement va les rencontrer une fois par étape pour questionner les résultats des élèves.
Trois fois 130 enseignants, ça fait 390 rencontres. Certains peuvent voir ça d'un
signe très positif : on s'assure de la réussite des élèves, etc., on veut
s'assurer qu'il y ait une meilleure réussite. Vous savez, je pense que tout ce
temps-là, toute cette énergie-là, elle pourrait être consacrée à beaucoup
d'autres choses, en soutien, justement.
Alors,
il y a un paquet de mesures qui ont été ajoutées avec le temps. Toute la
question du projet de loi n° 88 de l'époque, on pourrait vous en
parler très, très, très longtemps, et toute la question des conventions de
gestion et des conventions de partenariat. Peut-être qu'au niveau des
indicateurs, et puis tout ça, ça a permis à un certain nombre de personnes de
se fixer des cibles, mais, dans les établissements, ça n'a assurément pas eu
des résultats positifs et des retombées positives. Alors, ça, pour nous, je
pense qu'il y a beaucoup de choses à faire. On a beaucoup de choses à proposer, non
seulement dans le cadre de la négociation, mais dans le cadre de nombreux autres éléments
qui sont, je ne dirais pas
périphériques parce qu'ils sont très
importants, mais je parle de progression des apprentissages, je parle des
programmes. Comme fédération, on s'est
attardés récemment sur le programme d'histoire, toute la question... la
révision du programme d'histoire, là,
qui est mise en branle, qui est fort intéressante, d'ailleurs, donc il y a
beaucoup de choses à changer dans le
quotidien des élèves puis, du même coup, des enseignantes et des enseignants.
Alors, on est ouverts à toutes sortes de rencontres.
Pour
ce qui est de l'effort, qu'est-ce qu'on est prêts à faire, nous, on est prêts,
là, à s'asseoir demain matin avec tout le monde pour essayer de voir
comment on peut améliorer les choses.
Ceci
étant dit, pour nous, améliorer les choses, ce n'est pas le faire au détriment
de ceux qui travaillent dans le réseau.
Si l'équation est faite comme ça, vous n'avez pas trouvé nécessairement des
partenaires avec nous. Nous, on peut améliorer les choses, on pense qu'il y a
des choses à faire. Mais améliorer les choses, ce n'est pas de dire : On
va accepter un gel de salaire, ce n'est pas : On va accepter d'avoir plus
d'élèves dans les classes. Ce n'est pas ça, améliorer les choses. Ça, c'est sauver de l'argent. Ce n'est pas
améliorer les choses. Nous, on est dans cette logique-là.
Une voix :
Merci.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Coiteux :
Je pense que mon collègue le député de Laval-des-Rapides a peut-être une
question.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Laval-des-Rapides, vous avez une
question à nos invités.
M.
Polo : Oui, M. le Président. J'avais une question parce que je suis...
Je vous entends et je suis très sensible à vos arguments qui résument votre présentation, mais, en même temps,
j'écoute le ministre qui vous explique un peu, là, l'action de rigueur
et de l'importance d'être bien informés sur les effectifs qui sont membres de
votre réseau, et moi, j'aimerais vous
interpeller, à travers le président, sur comment vous conciliez donc vos
questions sur votre mémoire et comment
vous expliquez cela versus, par exemple, des commissions scolaires, qui, au
cours des dernières années, présentent des
déficits après déficits après déficits. Et, pour nous, au niveau de
l'administration du gouvernement, on n'a pas tous les outils d'information pour nous permettre de
bien comprendre, justement, ce déploiement, comment le réseau se déploie
sur le terrain.
Et donc, c'est là, je pense, qu'à tout le moins
il y a peut-être un enjeu que j'aimerais que vous m'expliquiez, comment vous conciliez ces deux choses-là. Parce
que, pour nous, on cherche à comprendre, puis des fois c'est difficile à comprendre. Mais je
pense qu'un projet de loi comme celui du ministre nous permettrait justement de
mieux comprendre la structure et les éléments du réseau.
Le Président (M.
Bernier) : M. Lauzon.
M.
Lauzon (Martin) : Bien, je vous dirais, sur l'importance d'être bien
informés, là, nous y sommes, nous aussi, bien entendu. Ne serait-ce que
pour s'assurer du respect des conventions collectives, on souhaite être bien
informés, connaître l'état de l'effectif
dans les écoles. Est-ce que les ratios sont respectés? Est-ce que les règles de
formation de groupes ont été respectées?
Tout
ce qu'on voulait vous souligner dans l'avis qu'on vous a déposé, c'est que,
selon nous, il y a déjà beaucoup, beaucoup d'information dans divers
documents, ne serait-ce que les budgets des commissions scolaires qui... Les commissions scolaires font des assemblées
publiques, déposent leur budget, avec des détails — pour y avoir assisté à de nombreuses reprises, M. le député de Groulx, qui
est là, moi, je viens de cette région, alors, la commission scolaire chez
vous, la Commission scolaire de la
Seigneurie-des-Mille-Îles, on pouvait assister à ça, poser toutes les
questions — donc
il y a de l'information, il y a les
statistiques de l'éducation. Je ne dis pas que ce n'est pas important de savoir
quel est l'état de l'effectif, ce
n'est pas ce que je prétends; ce qu'on prétend, nous, actuellement, c'est qu'il
y a beaucoup d'informations qui sont
disponibles à ce niveau-là. Est-ce qu'elles sont insuffisantes à l'égard des
informations que vous avez besoin? Ça, ce
n'est pas moi qui peux y répondre actuellement. Mais, au niveau de la
transparence des informations, je pense que ça peut être présent.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
de Santis : Merci, M. le Président. J'aimerais que
vous soyez un peu plus clair et que vous vous expliquiez un peu plus
quand vous dites qu'il y a des cadres, des cadres, des cadres ou...
Une voix :
...
Mme
de Santis : ...des gens qui surveillent, des gens
qui surveillent... J'aimerais que vous soyez plus précis dans votre
présentation de ça et j'aimerais savoir qu'est-ce que vous suggérez concernant
cet aspect-là de la structure.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. Lauzon.
M.
Lauzon (Martin) : C'est très
intéressant, puis on pourrait en discuter très, très, très longtemps, des suggestions. Puis je suis intéressé à
rencontrer qui veut le faire.
Une voix :
...
• (16 h 30) •
M.
Lauzon (Martin) : Non, ça ne
pourra pas se faire dans les trois minutes, les suggestions, mais, ce que je
veux dire, par exemple, dans un établissement... Là, on va prendre un établissement. Généralement les établissements primaires de moins de 500 élèves, il
y a un membre du personnel de
direction, hein? Quand on tombe généralement, tout dépendant des règles,
là, à 550 élèves dans une école, on en ajoute un deuxième. Il n'est pas
rare qu'on ait vu, dans des écoles secondaires,
là, quatre, cinq, six, sept directions — sept
directions dans un établissement qui organisent des rencontres, qui organisent des comités, qui rencontrent les enseignants
pour questionner sur les résultats... D'ailleurs, quand on
approche les enseignants, on leur dit : Je vais te poser des questions
sur tes résultats. Comme si c'étaient les enseignantes et les enseignants qui avaient complété l'examen.
Tu sais, on ne les questionne pas sur les résultats des élèves, de ses élèves.
Donc, il y a tout le personnel d'encadrement à la commission scolaire, il y a des services pédagogiques, il y a toutes sortes de services.
Ceci
étant dit, nous — je
ne sais pas si vous connaissez notre position là-dessus — on pense que les commissions scolaires doivent demeurer, on pense qu'elles sont
utiles dans le système actuel et qu'elles apportent des bénéfices au réseau de l'éducation.
Ceci étant dit, il y a, bien entendu, des choses à améliorer de ce côté-là également.
Donc, il y a beaucoup, beaucoup de gens... Vous regarderez la croissance, et vous
avez les données... ou c'est peut-être ce projet-là
qui va vous le permettre, vous avez des
données qui vont vous permettre de constater rapidement que l'augmentation du personnel que je vais
appeler d'encadrement est beaucoup plus spectaculaire que l'encadrement du personnel tout court, là, toutes proportions gardées. Ces
données-là, je pense, sont parlantes : il y a plus de monde... Il y a,
bien entendu, des obligations qui ont été ajoutées à ces gens-là.
Je vous parlais tantôt
des conventions de gestion, des conventions de partenariat où il y a une
pression qui est exercée pour : Il faut faire réussir les
élèves. Et à quel prix? Et, même s'ils n'ont pas réussi, est-ce qu'on les fait réussir quand même? Puis, oui, puis ils ont une pression
qui déboule jusqu'à l'enseignante ou à l'enseignant. Alors, il y aurait beaucoup de suggestions :
travail de collaboration des établissements, plus de discussions, plus de prises de décision par les enseignantes et les enseignants, par exemple, ou plus de collaboration. Il y a différentes pistes qui peuvent être évaluées, mais, dans le court laps de temps,
ça me fera plaisir, si vous voulez, de vous rencontrer pour en discuter.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. D'autres questions? Non?
Mme de Santis :
Mon collègue...
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Mégantic, vous aviez une question?
M.
Bolduc
(Mégantic) : Oui, j'avais une couple d'éléments, ici, qui
étaient intéressants, parce que vous nous avez parlé de... À la page 5 de 7, au milieu de la page, vous nous
parlez que les mandats de vérification... puis qu'à la fin le MELS est juge et partie. Et là vous nous
proposez de mettre le Vérificateur général à l'intérieur de ça. Est-ce que vous
pourriez nous clarifier pourquoi vous en
arrivez à une représentation comme ça? Parce que vous nous dites, ici, là, un
peu, que le ministère est juge et partie de
lui-même, donc on ne peut pas se fier dessus. C'est comment je l'interprète. Je
m'excuse, je suis un peu...
Le Président (M. Bernier) :
M. Lauzon, pour répondre à cette question.
M. Lauzon
(Martin) : ...sans dire
qu'on ne pas se fier sur le gouvernement. Dans une situation où le gouvernement est là et doit prendre la décision de mettre en tutelle ou de retirer
les subventions qui sont versées, nous, ce qu'on croit, c'est qu'il serait préférable qu'il y ait quelqu'un
d'externe qui vérifie si les dispositions n'ont pas été respectées. Donc,
c'est notre croyance, finalement, que, par exemple, le Vérificateur général
pourrait faire ce travail-là, vous dire : Les dispositions n'ont pas été
respectées. Ensuite, on ne vous dit pas que les dispositions de mise en tutelle
et, par exemple, de réduction
des subventions ne peuvent pas être appliquées par la suite.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Lauzon. Merci de votre réponse. Nous allons donc passer du côté
de l'opposition officielle. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Merci, M.
le Président. D'abord,
je souhaiterais la bienvenue à M. Lauzon et Mme Bénard. Merci d'être avec nous dans cette commission.
Je dois vous dire que ça... Je vous entends parler, et vous êtes des
enseignants... En tout cas, M. Lauzon, vous êtes enseignant, j'imagine
que Mme Bénard aussi, non? Et je vois dans vos yeux, quand vous parlez de votre métier, la flamme qui vous
motive. Et, dans mon autre vie, j'ai été enseignant, donc je suis capable
de reconnaître ça. Alors, je vous salue, M. le professeur.
Écoutez,
d'abord, ce qui, en tout cas, m'a frappé au départ : quand vous disiez
qu'historiquement, quand il y avait
des mesures comme on proposait dans le projet de loi, c'était l'éclosion du
nombre de surveillants, de la création d'emplois,
là, dans l'appareil public qui servait à surveiller les gens et non pas à
offrir des services. Et nous, dans notre laïus du départ, on s'était dit... bien, on avait apporté la
réflexion : Il faudrait trouver une façon d'être le plus efficace possible
pour retirer ces informations-là pour ne pas
qu'il y ait d'excès de ce genre de travail qui va faire en
sorte qu'on va payer des gens tout simplement pour faire de la
surveillance.
Je voudrais
revenir sur ce que vous avez dit à la page 3. Je trouvais ça intéressant quand vous disiez que... à la fin de la page 3, là, quand
vous dites que, des fois, on travestit un peu le titre de l'employé pour avoir
des chiffres qui correspondent davantage à une situation qui est en notre faveur. C'est ce que j'ai
entendu, ce que j'ai vu, ce que j'ai entendu de votre part. Et je voulais vous poser la question, à savoir :
L'arrivée d'une loi comme ça, si elle est votée et comme elle est présentement, est-ce que ça n'arrivera pas
justement... ça ne provoquera pas une augmentation — comment je pourrais dire ça? — de
l'utilisation de titres pour certains emplois qu'on va travestir pour arriver
avec une situation qui nous protégerait
éventuellement à un contrôle d'effectif? Je ne sais pas si vous me suivez, là?
Je voudrais vous entendre là-dessus : s'il n'y aura pas une
augmentation de cette pratique-là avec un projet de loi qui vise le contrôle
des effectifs.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. Lauzon.
M. Lauzon
(Martin) : Disons que je voudrais... Je vous remercie, mais je vous
dirais que, sans vouloir jouer sur les
mots, moi, je ne pense pas nécessairement que les chiffres sont travestis ou
qu'ils sont manipulés. Je dis simplement que, dans les présentations dans les règles budgétaires, on nous
présente dans les commissions scolaires, parce qu'on entend régulièrement
ce discours-là, là, des taux de gestion autour 4 % et 4,2 %.
M.
Therrien : Oui.
M. Lauzon (Martin) : Et on voit dans
les établissements privés que ça tourne autour du 13 %, 14 %. De deux choses l'une : ou ceux qui gèrent le
système privé sont de fort mauvais gestionnaires et, si c'était le cas, ça
pourrait inviter le gouvernement à
réduire leurs subventions pour investir dans le réseau public, mais je ne pense
pas qu'on en est là; je pense que, tout simplement, les deux réseaux ne
calculent pas les mêmes choses. Donc, c'est de l'encadrement, là. Écoutez, les directions d'établissement se
déclarent eux-mêmes gestionnaires, ils se déclarent eux-mêmes, s'autoproclament
gestionnaires.
M.
Therrien : Oui,
oui.
M. Lauzon
(Martin) : Donc, on ne peut pas qualifier ça de soutien à
l'enseignement. Notre crainte, pour vous l'illustrer, c'est que, si on mettait tout ce monde-là dans la catégorie
Enseignants — toute la
question de la conseillance pédagogique, des directions d'établissement,
des enseignantes et enseignants ou plus — puis on dise : Bien, on
a un nombre x à la période de référence, il
faut qu'il y ait le même nombre l'an prochain, puis là on fait des choix à
l'intérieur de ça puis que le choix
ou le sacrifice, entre guillemets, soit fait au niveau du personnel enseignant,
bien là on s'éloigne d'assurer la qualité des services, qui est un autre objectif ou, en tout
cas, qui est un autre élément qui est soulevé par le projet de loi. Est-ce que ça pourrait augmenter
tout ça? Là, je vous dirais, là, bien franchement, je ne sais pas si Marie-Andrée... mais,
de mon côté, j'ai de la difficulté à vous répondre à ça, c'est très
hypothétique. Je pense que les conventions
collectives, comme je vous le disais, viennent protéger une grande partie au
niveau du personnel enseignant, étant
donné qu'il y a des ratios, sauf à l'éducation des adultes et dans certaines
spécialités à la formation professionnelle, donc ça vient assurer des
enseignantes et enseignants devant un certain nombre d'élèves.
Donc, ce
n'est pas nécessairement qu'on a une crainte, une crainte importante, c'est
qu'à notre mission essentielle, c'est
tout le personnel également qui travaille avec nous, tous les autres corps
d'emploi qui sont essentiels, bien entendu... Ça va avoir un impact majeur, là, pour notre travail et pour les élèves
si les choix qui étaient faits, c'est que, par exemple, au niveau des techniciens en éducation
spécialisée, les services de psychologie, de psychoéducateurs... Tout le monde
qui travaille auprès des élèves, s'il y a
des baisses parce que les choix sont faits dans ce sens-là, bien entendu, il y
aura un impact majeur non seulement pour les enseignantes et
enseignants, mais pour les élèves.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Therrien :
O.K. Je vais y aller d'une réflexion, puis dites-moi ce que vous en pensez,
O.K., à partir de... parce que vous m'avez fait beaucoup réfléchir dans
votre présentation, qui était excellente d'ailleurs.
On contrôle les effectifs. Il y a des domaines
qui sont en expansion, que les besoins sont en expansion, par exemple dans la
santé. Il y a d'autres domaines où peut-être que c'est... hein, peut-être que
les besoins sont en baisse relative là. Et
moi, vu que je gèle les effectifs, ce qui peut-être peut arriver, c'est, dans
les endroits où les besoins pourraient diminuer,
ces gens-là pourraient tout simplement dire : Bien, moi, mon employé... À
la place de couper les employés, ce que
je peux faire, l'employé va offrir moins de services, on va garder cet
emploi-là. De l'autre côté, où est-ce qu'il y a des besoins qui sont en augmentation, comme dans la santé par exemple,
on va dire : Bien, écoutez, les besoins sont là, mais on veut geler les effectifs. À ce moment-là,
l'employé qui est là, puis vous l'avez mentionné tantôt, l'employé risque
d'avoir une surcharge de travail. Est-ce que
vous pensez que c'est quelque chose qui peut arriver, ou je n'ai tout
simplement pas compris le mécanisme, là, ou on pourrait adapter le
mécanisme pour ne pas que ça se produise?
Le Président (M. Bernier) :
M. Lauzon.
• (16 h 40) •
M. Lauzon
(Martin) : Entre les secteurs comme tels, comme vous en avez parlé,
là, je ne pense pas que c'est l'objectif,
parce que c'est... Peut-être que j'ai mal compris votre intervention, mais je
comprenais que c'était vraiment par
ministère. Mais, à votre dernier élément : Est-ce que ça va amener une
augmentation de la charge de travail?, c'est clair, c'est clair. À partir du moment où... On donne la période de
référence au 31 mars 2014 — je ne veux pas me tromper. L'an prochain... Il y a déjà du monde qui a été embauché. Il y aura plus
d'élèves l'année prochaine. Il y a des ratios, dans les conventions collectives, il y aura plus
d'enseignantes et d'enseignants. Donc, si on a un gel de l'effectif, il y a
quelqu'un, à quelque part, qui n'est
plus là, là. On va engager des nouveaux profs pour les classes et puis, à ce
moment-là, on va se retrouver...
S'il faut qu'il y ait un gel de l'effectif pour
l'ensemble, il y a quelqu'un qui va payer le prix dans un système comme ça. Non seulement on va payer le prix par
l'existence même de l'emploi, mais, même pour ceux qui restent, à ce moment-là, tout le soutien qui est apporté,
soutien qui est essentiel, bien, il va disparaître. Puis je vous dirais qu'il
faut même se poser des questions sur
les coûts que ça pourrait engendrer. Parce qu'on se pose beaucoup de questions
à chaque fois qu'on ajoute quelque
chose au système puis on le calcule en coûts. Mais il faut également se poser
des questions sur les coûts de
l'épuisement professionnel, sur les coûts de la désertion professionnelle, hein?
Il y a un enseignant sur quatre qui quitte
dans les cinq premières années. On a, comme société, fait le choix de payer une
partie des études universitaires de ces gens-là. Moi, vous savez, je
suis un enseignant en histoire, là. Si je n'enseigne plus l'histoire...
Le Président (M. Bernier) : ...devenir
un avocat.
Mme Bénard (Marie-Andrée) : En fait...
M. Lauzon (Martin) : Elle l'est, là,
mais...
Mme Bénard (Marie-Andrée) : ...je
suis une enseignante qui a déserté.
M. Lauzon
(Martin) : ...elle devrait... Elle a dû y retourner, elle a dû y
retourner. Donc, il y a un coût à la désertion. Il y a un coût important également au décrochage scolaire; ça, je pense
que ça a été largement documenté. Donc, il y a des coûts importants à ces phénomènes-là. Je comprends
que c'est moins, disons, direct que dire : On ajoute une mesure, on
ajoute des services aux élèves, ça coûte
tant. Ça se mesure moins facilement, c'est moins facilement prévisible. Mais,
évidemment, je pense que ça peut avoir un impact de ce côté-là.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Therrien :
Merci. Vous parliez tantôt que, là, on était à la gestion d'effectif, mais,
d'un autre côté, on ne gérait pas les
services. Bien, on ne faisait pas de suivi de gestion de services. Vous
disiez : On regarde ce qui se passe dans les effectifs, mais, sur le terrain, on ne tient pas
compte des services qu'on distribue et, surtout, des besoins qu'on a face à ces
services-là. Et, à moins que je me sois
trompé, vous avez entendu parler de... Protecteur du citoyen qui pourrait, à
quelque part, vérifier si les
services — je ne me
suis pas trompé, là — sont
adéquats pour les besoins que la population a. Ça veut dire que, là, ce que vous nous suggérez, puis je
veux vous entendre là-dessus : C'est le président du Conseil du
trésor qui contrôle les effectifs,
qui vérifie les effectifs, et le Protecteur du citoyen qui vérifie les
services. On n'est pas dans une surveillance aiguë de ce qui se passe
dans l'État québécois et...
Le Président (M.
Bernier) : 30 secondes, M. Lauzon.
M.
Lauzon (Martin) : O.K., 30 secondes. Nous, notre volonté... C'est que
le projet de loi dit : On va mettre des mécanismes en place pour surveiller la croissance des effectifs tout en
maintenant les services, et actuellement il n'y a pas de mécanisme pour s'assurer que les services
soient maintenus. Je vous donnais l'exemple de l'éducation des adultes. Si on a 25 étudiants en éducation des adultes avec
un enseignant, demain matin, on en met 45, est-ce qu'on peut prétendre
que le service est maintenu? Nous, on considère que non.
Donc,
il ne s'agit pas... Je pense que vous avez bien compris notre présentation. Au
niveau des mécanismes de surveillance,
on pense qu'il y en a beaucoup, beaucoup, et on ne veut pas en rajouter. Nous,
on parle, dans le cadre... pour s'assurer qu'il y a une... Parce que
l'essentiel, c'est ça : il faut s'assurer que les services soient
maintenus.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, M. Lauzon, dans votre
document que vous avez déposé, vous mentionnez
que la fusion des commissions scolaires, en 1997, devait générer des économies
d'échelle, particulièrement au niveau
du personnel administratif; malheureusement, l'expérience a démontré que le
poids des structures administratives s'est
alourdi depuis. Alors, c'est en préambule. Vous mentionniez également tantôt
que, pour vous, c'est important d'assurer un support à l'enseignant, qui a des besoins parfois spécialisés. Il y a
peut-être un manque de ce côté-là, et les besoins semblent grandir.
Par
contre, dans votre même paragraphe, tantôt, vous disiez aussi que le personnel
d'encadrement des commissions scolaires
est déjà très nombreux. Alors, dans un contexte où on veut geler les
ressources, comment vous voyez l'avenir? Il me semble y avoir une dichotomie, un peu, dans vos énoncés, là. Vous
voulez supporter les jeunes et vous ne voulez pas toucher aux commissions scolaires. Vous dites
qu'il y a trop de monde, mais alors on prend où, les ressources pour aider
ces jeunes qui ont des besoins?
Le Président (M.
Bernier) : M. Lauzon.
M.
Lauzon (Martin) : Oui. Bien,
je vous dirais d'abord et avant tout que, dans l'exposé, je ne l'ai peut-être
pas fait suffisamment ressortir, mais, pour nous, le personnel d'encadrement des commissions scolaires inclut les directions d'établissement et les nombreuses directions adjointes et directions de toutes sortes
qui existent à l'intérieur des établissements. Quand je vous ai parlé plus tôt des frais de
gestion qui sont avancés, pour nous, là, ce sont tous des gens qui font
partie du personnel d'encadrement des commissions scolaires, mais qui sont dans
les établissements. Alors, s'il y avait moins de mesures de contrôle de ce type-là
existantes actuellement, nous, on pense qu'il y aurait, premièrement, plus de latitude. On perd un temps fou à l'intérieur des établissements, temps et énergie, à débattre sur ces questions-là. On pense que les enseignantes et enseignants sont
dûment formés et sont tout à fait capables de livrer le service aux élèves
sans être continuellement dans un processus de reddition de comptes.
Et,
au niveau des commissions scolaires, je pense que les commissions scolaires, je l'ai
dit tantôt un petit peu plus rapidement, mais les commissions scolaires ont leur
raison d'être. Ceci étant dit, est-ce
que ça veut dire qu'il n'y a pas d'amélioration
à apporter à l'intérieur des commissions scolaires? Vous savez, une commission
scolaire, c'est regroupé d'une multitude de services, hein : le
service des ressources humaines et services, par exemple, à la pédagogie. Donc,
est-ce que, par exemple, les services à la
pédagogie, c'est quelque chose qui est absolument essentiel dans chacune des
commissions scolaires? On peut se poser la
question. Est-ce que l'organisation du transport... Il y a un paquet de
questions qui sont soulevées
actuellement. L'abolition pure et simple, comme ça, et de tout lancer ça aux
écoles, nous, on ne pense pas que
c'est une formule gagnante, loin de là. Pour l'organisation, on pense que ça va
être plus problématique. Là, je comprends que je m'éloigne un petit peu
du sujet, mais c'est pour répondre à votre question.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Groulx... M. le député de
Beauce-Nord.
M.
Spénard : O.K.,
merci. Bienvenue, Mme Bénard et M. Lauzon. J'avais une autre question, mais
vous venez de me chatouiller les oreilles avec, comme vous venez de
dire, les mesures de contrôle. Vous venez de dire qu'il y a beaucoup de
personnel à l'intérieur des commissions scolaires qui ne sont pas
nécessairement des enseignants pour, justement, essayer de prendre les mesures de contrôle qui
sont exigées soit par le MELS soit par la commission scolaire, etc. Moi, dans vos mots puis assez brièvement,
pourriez-vous me décrire, premièrement, si les mesures de contrôle sont excessives, si on ne fait pas assez confiance
au monde ou si on veut contrôler les virgules que le professeur met sur le
tableau? Et est-ce qu'il y a eu un
accroissement des mesures de contrôle demandées ou exigées, ce qui a entraîné évidemment
du personnel supplémentaire pour suivre ces mesures de contrôle là?
Pourriez-vous être plus clair là-dessus?
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. Lauzon.
M.
Lauzière (Marc) : Donc, le projet de loi n° 88, adopté il y a quand
même plusieurs années, amenait un
certain nombre d'éléments, dont les
conventions de partenariat entre le ministère
de l'Éducation et les commissions scolaires, où on ciblait des objectifs de taux de
diplomation et de qualification. On disait : Telle commission scolaire doit avoir un taux de
diplomation, qualification de 77 %
ou de 80 %. Il y a donc
une pression qui a été mise sur un résultat; indépendamment du profil de la population d'élèves ou quoi que
ce soit, il y a une attente. Les commissions scolaires se retournent... dans le
même projet de loi, disent : On doit maintenant faire des conventions de
gestion et de réussite éducative, ce que
vous avez peut-être entendu comme des conventions GRE, des termes
qu'on utilise. Donc, les commissions
scolaires font des conventions de gestion et de réussite éducative avec chacune
des écoles. Ensuite, les écoles s'installent avec leur personnel, établissent des cibles et nous disent : On
doit avoir tant d'élèves, tu sais. Comment ça s'articule? Si vous
voulez, je pourrais vous acheminer
des exemples de convention de gestion et de réussite éducative. Il faut qu'il y ait
six élèves de plus qui réussissent l'année prochaine en secondaire I dans la
compétence lecture, indépendamment du profil
des élèves qui arrivent. C'est des cibles d'augmentation continuelle.
C'est comme ça à chaque année, on cible des objectifs chiffrés.
En soi, là,
le but d'améliorer les choses est
tout à fait noble, là, ce n'est pas ça. Toutes les enseignantes et tous les enseignants souhaitent ça, là. Que tous leurs
élèves réussissent, là, ça, c'est...
c'est dans le coeur, là, ça fait partie, là, de leur quotidien, ils veulent ça. Maintenant, est-ce qu'on peut chiffrer ça, rendre des comptes là-dessus, se justifier de
pourquoi on n'a pas eu six élèves de
plus cette année qui ont réussi que
l'année passée, il y en a juste eu trois de plus puis... ou il y
en a eu deux de moins? Mais c'est ça,
les conventions de gestion et de réussite éducative actuellement, c'est... Et je ne veux pas
mettre tout le blâme non plus sur le personnel de direction ou sur les commissions scolaires. Tout ça, cette pression-là déboule et
elle arrive.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de Beauce-Nord, je vous arrête. Oui.
M.
Spénard : Je vous
arrête, parce qu'il ne doit plus rester beaucoup de temps.
Le Président (M. Bernier) :
Il reste environ une minute. Allez-y.
M.
Spénard : O.K.
Avez-vous l'impression que c'est excessif?
• (16 h 50) •
M. Lauzière (Marc) : C'est sûr que
les enseignantes et les enseignants, là, d'utiliser... Moi, je veux dire, le qualificatif, je vais être prudent. Est-ce que
c'est excessif? Je pense qu'il y
a beaucoup d'enseignants qui le
trouvent, oui, il y a beaucoup d'enseignants qui qualifient ça d'excessif. Quand
on se fait rencontrer trois fois par année pour se faire questionner...
Vous savez, la réforme de l'éducation a amené un principe que l'enseignant
devait porter un jugement. L'enseignant met
un jugement, dit : L'élève a 55. Une direction qui rencontre
l'enseignant : Tu es sûr qu'il a 55, sûr qu'il n'a pas 60? Sûr, sûr, sûr trois fois? Il y en a
peut-être certains qui vont considérer ça comme excessif
pour augmenter les taux de réussite,
satisfaire aux conventions de gestion, bon. Bien entendu, les enseignants,
ils tiennent leur bout puis ils maintiennent
les notes des élèves, mais c'est difficile, là, il y a une pression, puis une
pression, je pense, qui est excessive, qui est en lien, qui
déboule de tout ça.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Bien, bonjour, merci d'être là. J'aimerais ça
vous partager une préoccupation. En
fait, je pense que le ministre qui est porteur de ce projet de loi là a été clair, considérant le refus de notre gouvernement d'aller chercher de l'argent ailleurs, nous met dans un état où on doit, avec
un train qui va, de façon très accélérée
pour 2015‑2016, atteindre le déficit zéro, qui... dans les faits — ou, en fait, l'équilibre budgétaire, le
nouveau mot — si on les regarde de plus près, au nom de l'équité
intergénérationnelle — vous travaillez avec les enfants — il y a plus de 2,3 milliards qui
sont versés au Fonds des générations.
Je serais
curieuse de vous entendre pour voir, parce que vous travaillez avec les
enfants, vous travaillez avec des personnels enseignants qui sont,
aussi, souvent, des jeunes personnes puisque plusieurs décrochent après cinq
ans, comment les gens autour de vous
réagiraient s'ils savaient qu'on procède à un gel, on n'ajoute pas des
ressources aux enfants et que, dans
un an et demi, on va prendre 2 milliards et plus qu'on va mettre dans le
Fonds des générations au nom de
l'équité intergénérationnelle, et non pas prendre soin de votre réseau, et pas
seulement du vôtre, vous entendez. Comment les gens réagiraient autour
de vous?
Le Président (M. Bernier) :
Merci, Mme la députée. M. Lauzon.
M. Lauzon
(Martin) : Oui. Est-ce qu'on peut aller chercher de l'argent ailleurs?
Pour ce premier bout là, pour nous,
c'est très clair, là, on a plusieurs positions de développées là-dessus, en
commençant par le financement public des écoles privées, là. Bon, c'est déjà un morceau très, très important.
L'État engloutit beaucoup d'argent dans un système qui n'est pas
accessible à tous. Ça, c'est la première des choses.
Au niveau de l'équité intergénérationnelle, je
dois avouer que ça me fait un petit peu sourire, cet argument, parce que moi, je suis enseignant, bien entendu,
mes parents ont été enseignants, mes grands-parents aussi, presque toute
ma famille, en fait. Et puis les conditions
ont été très variables à travers les années, à travers les décennies. Je ne
veux pas tomber dans l'anecdote, mais
j'ai moi-même trois enfants, un au cégep, un au secondaire puis un à la
maternelle. Donc, je vois l'ensemble du spectre comme parent également, parce qu'on est
aussi, dans bien des cas, des parents. Et on voit également le système à travers, également, cet
oeil-là à l'occasion. Alors, moi, je pense que l'équité, les changements et les
non-réinvestissements provoquent un
déséquilibre et annulent cette équité intergénérationnelle. À partir du moment
où on n'offre pas des services qui étaient existants, à ce moment-là, le
principe d'équité, si vous voulez, là, est mis en péril, finalement. Moi, je trouve ça très difficile. Et,
si on dit qu'aujourd'hui on se prive pour que demain on ait ce qu'on n'a pas
aujourd'hui, bien on n'est plus dans le principe de l'équité
intergénérationnelle selon moi.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Lauzon. Mme Bénard, merci de
votre participation. Donc, je suspends les travaux pour permettre aux
gens du Conseil du patronat du Québec de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprise à 16 h 56)
Le
Président (M. Bernier) : Donc, à l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons donc reprendre nos
travaux. Nous avons le plaisir de
recevoir maintenant le Conseil
du patronat du Québec. Alors, bienvenue. On aura l'occasion de vous présenter
tout à l'heure.
Vous avez une
période de 10 minutes pour faire votre présentation, M. Dorval, M. Lamy et
madame... Pouvez-vous me rappeler votre nom?
Conseil du patronat du
Québec (CPQ)
Mme Laflamme (Carmel) : Carmel
Laflamme.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Laflamme. Donc, la parole est à vous.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Merci, M. le Président. Merci à la commission de nous entendre. Donc, je m'appelle Yves-Thomas Dorval. Je suis président et directeur général du Conseil du patronat du Québec, une organisation qui est une
confédération d'employeurs. Donc, on est évidemment toujours
intéressés à tout ce qui touche la notion d'employeur, la gestion des
effectifs, ça fait partie de ça, et nous représentons plus de 75 000
employeurs au Québec.
Je suis
accompagné, à ma droite, par Mme Carmel Laflamme, qui est vice-présidente Santé
et sécurité du travail au sein du
Conseil du patronat; et, à ma gauche, de M. Guy-François Lamy, qui est notre
directeur des affaires juridiques.
Alors, merci
de nous écouter. Le Conseil du patronat appuie les grands principes de ce
projet de loi qui vise une meilleure
gestion des effectifs. Par contre, il ne représente qu'un élément, et M. le
ministre l'a dit dans d'autres remarques avant nous, d'un ensemble, d'un assemblage de mesures qui devront
s'inscrire dans une vision d'ensemble de redressement des finances
publiques.
Le Conseil du patronat reconnaît que ce projet
de loi est une pièce pertinente dans cet assemblage de mesures requises pour assainir les finances publiques,
bien que le contrôle des effectifs ne puisse à lui seul constituer la solution
au contrôle des dépenses de l'État. Il est
donc nécessaire que le gouvernement garde précisément le cap sur l'ensemble
de ces mesures intégrées, et le conseil veut
également rappeler qu'on ne peut pas parler uniquement de contrôle des dépenses
sans parler simultanément de développement
économique. Il y a deux colonnes, la partie dépenses et la partie revenus.
C'est important pour nous, vous comprendrez,
puisque notre signature, c'est S'allier pour la prospérité, d'avoir
toujours en tête cet élément-là. Je laisse M. Lamy maintenant vous
parler un petit peu plus de quelques recommandations.
Le Président (M. Bernier) :
M. Lamy, la parole est à vous.
• (17 heures) •
M. Lamy (Guy-François) : Merci, M.
le Président. En fait, il y a quatre grands axes de commentaires ou de réflexions que je souhaite partager avec vous cet
après-midi sur le contenu spécifique du projet de loi. Premièrement, ce qu'il faut garder en tête, c'est que, quand on
parle de contrôle des effectifs de l'État, c'est un exercice qui ne doit pas se
faire aveuglément. Alors, on ne doit pas
simplement passer comme commande de réduire tel ou tel nombre de personnes
au sein de tel ou tel organisme. On doit
garder en tête un objectif plus large d'efficience des ministères et des
organismes plutôt qu'une simple réduction aveugle du nombre d'effectifs.
Ensuite, le
contrôle des effectifs de l'État passe inévitablement par une révision du
panier de services offerts par les
ministères et organismes. Je comprends, j'ai bien lu dans le projet de loi
qu'on souhaite que le niveau de service soit maintenu, mais, de l'avis
du Conseil du patronat, lorsqu'on s'intéresse à la gestion des effectifs, on
doit le faire de concert avec les
préoccupations qu'on a de façon plus large de révision des programmes qui ont
actuellement cours. Il doit y avoir
une interrelation entre ces deux
éléments-là. Encore une fois, pour revenir à mon commentaire précédent, c'est un exercice qui ne doit pas se faire aveuglément.
Ensuite, le
contrôle des effectifs doit se faire suivant une démarche rigoureuse d'analyse
des besoins, et particulièrement, particulièrement, de l'expertise qui est requise au sein de chaque ministère
et de chaque organisme, et ça, ça
implique que le gouvernement apporte une attention particulière à combler les postes stratégiques au
sein de l'appareil public en ayant
recours aux meilleurs talents. Autrement dit, ce n'est pas parce qu'on procède
à une réduction des effectifs — et je reviens à mon premier commentaire de
base où je vous disais que ça ne doit pas se faire aveuglément — qu'on ne doit
pas, dans l'exercice de planification qui est proposé dans le projet de loi,
éluder l'importance de regarnir les ministères
et organismes d'une importante expertise pour assurer leur mission, encore une
fois avec les objectifs d'efficience que j'ai exposés plus tôt.
Et ensuite le
projet de loi ne doit pas devenir un obstacle à la conclusion de contrats
publics. Il y a une disposition dans
le projet de loi qui prévoit qu'on ne peut pas éluder ces obligations, en tant
que dirigeants d'organismes publics, de contrôle des effectifs en concluant des contrats de services qui
viendraient contourner l'objectif de la loi. C'est une bonne mesure. Par contre, il ne faudrait pas que cette
préoccupation, cette obligation-là vienne teinter les dirigeants des organismes
publics d'une telle façon que les contrats
qui sont usuellement et habituellement accordés en tant que contrats de
services ne soient plus accordés
parce qu'il y a une crainte ici de contrevenir à cette obligation-là qu'on a
dans le projet de loi ici. En fait,
l'État n'a pas besoin de tout opérer, surtout lorsque le secteur privé ou le
secteur communautaire peut représenter une plus grande efficacité.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Par
ailleurs, au-delà de l'objectif de plus d'informations sur les effectifs
financiers à même les crédits
budgétaires du gouvernement, une gestion plus rigoureuse de certains dossiers
des ressources humaines, notamment en
matière de santé et sécurité du travail et d'assurance invalidité, permettrait
au gouvernement d'économiser plusieurs dizaines de millions de dollars
par année. Et j'inviterais Mme Laflamme à vous expliciter ce propos.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Laflamme.
Mme
Laflamme (Carmel) : Merci, M. le Président. Alors, simplement, l'État
entreprend prochainement ou a commencé
des négociations pour les conventions collectives dans le secteur public. Je
pense qu'il y a là une belle occasion à saisir pour le gouvernement, sans toucher aux services, pour réajuster
certains éléments et les rapprocher des bénéfices qui sont versés dans
le secteur privé par rapport au secteur public. Je vous donne quelques
exemples.
Le
gouvernement du Québec verse actuellement environ 500 millions de dollars
par année en cotisations à la CSST. C'est
une cotisation évidemment qui est obligatoire, mais c'est 25 % de
l'ensemble des cotisations qui sont versées à la CSST en une année par l'ensemble des employeurs. Comme employeurs, c'est
ce que vous versez. Dans les quatre dernières années, on a réussi, à la CSST, à réduire... Je dis «on a réussi» parce
qu'évidemment on siège au conseil d'administration de la CSST. On a réduit le taux moyen de
cotisations, pour l'ensemble des employeurs du Québec, de 0,25 $ du
100 $ de masse salariale assurable, ce qui veut dire,
pour les employeurs du Québec, une économie de 325 millions. Il n'y a
pas d'autre programme au Québec qui a réussi à faire ça. On est très heureux de
ça.
Cependant,
lorsqu'on regarde le secteur public, bien, on a l'impression et on voit que les
données des unités qui touchent le secteur public, la réduction a été
plus lente. Il n'y a pas eu 0,25 $ de réduction dans le secteur public. Un
exemple, dans les établissements de santé,
c'est 0,06 $ seulement, au niveau des courtes durées, qui est, dans le
fond, la masse de... la masse
salariale dans les courtes durées, qui a été gagné. Donc, de 0,06 $ à
0,25 $, il y a une marge, là, assez importante, et certainement... peut-être que 0,25 $, c'était trop,
parce que c'est déjà un secteur qui ne paie pas très cher, mais on aurait pu au moins aller chercher au moins
la moitié du 0,25 $. Alors, il y a là un relâchement au niveau de la
gestion des réclamations, et il y a certainement des activités qui doivent être
faites pour repositionner un peu mieux le secteur de la santé et les
autres secteurs publics... et le reste du secteur public.
En plus, les conventions collectives prévoient,
dans le secteur public, une surindemnisation des travailleurs accidentés. Alors
que la Loi des accidents de travail dit que vous allez payer 90 % du
revenu net, avec un maximum assurable, bien
nous, dans nos conventions collectives — nous comme contribuables — on a décidé qu'on ajoutait à ce salaire-là
90 % du revenu net sans maximum assurable pour une bonne partie des
travailleurs de la fonction publique, et
même, dans certains cas, comme dans le cas des enseignants, on paie jusqu'à
100 % du salaire. Je vous demande : Où est l'incitatif pour
venir travailler si, en restant chez moi, je gagne le même montant que si je
suis à la maison?
De plus, vos
régimes d'assurance salaire dans le secteur public, qui coûtent plus d'un
milliard par année, les régimes d'assurance
salaire, 770 millions, mais qui vont jusqu'à 1 milliard, si on va
chercher les données 2013, ces régimes-là, on les compense, nous, dans
le secteur public, par des régimes autoassurés. Vous le savez, c'est le
gouvernement qui est l'assureur. On paie
80 % du revenu de la personne qui est en assurance salaire; tous les
régimes privés paient 70 %, parfois un peu moins. Pourquoi ne pas regarder ce volet-là? Vous savez,
10 % de 1 milliard, ça fait, M. le ministre, je pense, pas mal de sous, et sans qu'on ait touché aux
services, sans qu'on ait touché à la prestation des services pour la
population. Il y a là des pistes de solution.
Et on ne l'a
pas noté, mais vous avez aussi, également, le nombre de libérations syndicales
qui sont quand même assumées par le gouvernement, qui est quand même un
nombre faramineux.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Il
reste...
Le Président (M. Bernier) :
M. Dorval.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Merci, M.
le Président. Bref, il y a toutes sortes de pistes. Le projet de loi, nous
l'appuyons. Et, en même temps, ce qu'on dit, c'est qu'il y a aussi d'autres
pistes que le projet de loi. Et je terminerais là-dessus, en vous disant
pourquoi on l'appuie.
J'ai eu
l'occasion de travailler pour de grandes multinationales, et j'ai des membres
qui sont de grandes entreprises. Et,
à chaque fois qu'il y a eu des intégrations, qu'il y a eu des acquisitions pour
faire grandir les organisations, une des premières tâches était
justement d'aller chercher, dans toutes les filiales, à travers la planète s'il
le faut, un portrait global
des effectifs pour que le siège social, pour que l'organisation soit en
contrôle des... parce que, dans la plupart des organisations, la masse
salariale, c'est un des éléments les plus importants dans les coûts. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Dorval. M. le ministre, oui?
• (17 h 10) •
M.
Coiteux : Alors, d'abord et avant tout, je veux vous remercier d'être
venus présenter ce mémoire aujourd'hui, de nous avoir fait part de vos
commentaires. Donc, à vous, M. Dorval, à vous, M. Lamy et à vous,
Mme Laflamme.
Je voudrais
revenir sur un certain nombre de points que vous avez soulevés. Peut-être que
j'aurai quelques petites questions aussi en même temps. De un, je pense
que c'est vous, M. Lamy, qui avez insisté sur cet aspect-là, sur le fait
que cet exercice-là ne pouvait pas être indépendant de la révision des
programmes qui est en cours et que, de fait,
c'était un exercice parmi une série de choses que nous faisons
actuellement pour à la fois améliorer la prestation des services, mais surtout nous assurer que ça se fasse à l'intérieur de
nos moyens financiers réels. On revient beaucoup sur cette question-là.
Vous avez
dit : Ce n'est pas juste une question de contrôle des effectifs, c'est une
question du panier de services. Là,
j'en profiterais peut-être pour clarifier un peu comment on voit les choses
là-dessus, nous. Il y a une façon de voir le panier de services de façon très horizontale, alors : Combien de
services sont offerts qui ne seraient pas offerts ailleurs? Je pense que, de façon générale, ce n'est pas
là-dessus qu'on se distingue particulièrement au Québec par rapport à d'autres,
là. Ce n'est pas tellement qu'il y a des
choses qui n'existent pas ailleurs et qui existent ici, c'est beaucoup plus le
coût de ce qu'on fait dans certains
cas. Et il y a à la fois le panier de services de façon horizontale puis il y a
aussi de voir la façon verticale,
c'est-à-dire de le livrer d'une manière qui soit plus compatible avec nos
moyens, bon. Alors, il y a deux
façons de faire ça. Des fois, c'est de revoir les paramètres des programmes,
lorsqu'il s'agit de programmes, puis, quand
il s'agit de la pure prestation de services, bien, c'est d'améliorer
l'efficience avec laquelle on offre les services. Alors, l'exercice de
révision des programmes dont il s'agit est beaucoup axé autour de ça.
Puis il y a
d'autres initiatives gouvernementales en même temps, notamment la réforme dans
le secteur de la santé, qui visent
non pas à éliminer les services de la santé, mais, au contraire, à les livrer
de manière plus efficiente en réorientant les ressources à la bonne place puis en évitant à certains endroits,
disons, un excès de structures bureaucratiques qui ne fait... je ne dis pas que ça ne rend rien comme
services, mais ça ajoute plus de coûts que ça rend de services. Alors, tous
ces exercices-là sont tout à fait complémentaires, et il y en aura certainement
d'autres.
Maintenant,
vous avez fait référence à l'expertise critique. Dans le projet de loi, il est
prévu, effectivement, que le dénombrement
des effectifs va devoir se faire par catégorie d'emplois, et l'allocation des
enveloppes d'effectif va être décentralisée. Le Conseil du trésor ne va
pas déterminer en lieu et place du ministre de la Santé comment allouer les ressources qui vont lui être affectées, à la fois
budgétaires comme en effectif. Ce n'est pas au Conseil du trésor à déterminer
comment ça va être fait concrètement, là, donc, cette allocation-là. Même
chose pour le secteur de l'éducation et l'ensemble des autres secteurs.
Donc, il y a
moyen, dans cette période de contrôle des effectifs, de... Un peu comme, M.
Dorval, vous le disiez tout à
l'heure, c'est-à-dire, cette connaissance-là va nous permettre de déployer plus
facilement... je ne dis pas avec totale facilité, parce qu'il y a quand même des contraintes dans les réseaux
qui vont dicter un peu qu'est-ce qu'il est possible de faire, mais qui va nous permettre d'allouer avec
un petit peu plus de flexibilité les ressources à la bonne place, et surtout,
je dirais, en s'assurant de préserver les ressources critiques.
Alors,
peut-être que ma première question serait celle-là, parce que vous y avez fait
allusion, il ne faudrait pas que, dans cet exercice-là, l'État
ne voie pas à pourvoir... Dans l'expertise critique dont il a besoin pour
assurer ses fonctions, il ne faudrait
pas qu'il la perde; il faudrait même aussi qu'il puisse continuer de la
recruter. Alors, ma première question — parce qu'on a notre vision de
ça aussi, là— j'aimerais
vous entendre sur les secteurs ou les sphères dans lesquelles vous pensez que l'État a besoin de construire davantage son
expertise puis les secteurs dans lesquels, finalement, il y aurait moins d'enjeux pour l'État et puis finalement
on... À quel endroit, selon vous, vous pensez qu'on devrait porter une
attention particulière dans le recrutement puis à quel endroit, au contraire,
on pourrait, à travers notamment l'attrition, diminuer les effectifs?
Le Président (M. Bernier) :
M. Dorval.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Merci, M. le Président. On n'a pas la prétention d'avoir la connaissance de l'ensemble. Mais, d'entrée de jeu, je dirais qu'il y a des endroits, soit des catégories d'emploi ou
soit des secteurs, où on a eu certains éléments d'information qui nous
permettent de comprendre qu'on a des enjeux en termes de recrutement, et
ainsi de suite.
Prenons
l'exemple des emplois à haute valeur technologique, toutes les questions
d'informatique, les questions aussi
de génie. À l'intérieur du gouvernement, on sait très
bien que — et, quand je dis «le gouvernement», on
parle, là, de l'ensemble du
réseau — l'État,
le secteur public a besoin d'avoir des personnes clés pour mieux planifier,
mieux contrôler, mieux évaluer, dans
le fond, l'ensemble des activités, que ce soient des activités confiées à des
firmes externes ou des activités à
l'interne. Également, dans les postes comme l'informatique, par exemple, ça
demeure une problématique à un moment donné, dans certains endroits,
d'aller recruter des gens de talent lorsqu'on est en concurrence avec le
secteur privé, et, comme c'est une expertise
qui est, je dirais, moins abondante, bien, il y a une problématique pour
attirer là. Il y a des fonctions, je
viens d'en nommer quelques-unes, mais évidemment il y en a un certain nombre
que vous êtes plus à même que moi d'évaluer.
Dans certains
domaines... Je vais vous donner l'exemple qu'aujourd'hui, dans bien des cas,
dans... ministères, et je pense entre
autres au ministère des Ressources naturelles, un des enjeux, hein, que le gouvernement
a mis comme l'un de ses piliers de développement et ainsi
de suite, lorsque les organisations ont besoin de faire avancer un dossier, d'aller chercher des approbations, d'aller voir
des évaluations, il y a un besoin de ressources additionnelles pour faire en
sorte que les dossiers soient administrés de
façon plus rapide et que l'expertise... Parce que, si je prends le domaine des
hydrocarbures, par exemple, au Québec, il y
en a déjà eu avec SOQUIP, etc. On l'a perdue, cette expertise-là. C'est bien
sûr que le gouvernement, lorsqu'il reçoit
les dossiers, s'il n'a pas l'expertise pour être en mesure d'évaluer ça, bien,
à ce moment-là, le gouvernement perd
une fonction stratégique importante.
Je ne peux pas faire le tour de tous les domaines, mais je viens de vous
donner quelques idées.
Cela dit,
vous avez fait quelques commentaires. Je vais me permettre de dire des petites
choses sur le panier de services.
Nous avons, avant la dernière élection, mentionné publiquement à tous les
partis qu'un des problèmes — puis vous l'avez identifié — c'était la question d'efficacité. Mais on a
identifié aussi la générosité des programmes, parce que la majorité des programmes sont plus généreux au
Québec que les comparables, alors que le revenu qu'on a en termes de production, en termes de croissance, PIB, etc.,
est moins élevé. Alors, on ne peut pas arriver à payer toujours des choses plus généreuses avec moins de revenus. Donc, il y a
aussi une question de générosité, donc de ramener un peu la générosité, mais aussi une question de priorités. Ça fait
35 ans que je côtoie les gens du secteur public. Il y a plein d'initiatives qui
sont faites, qui sont préparées, qui sont développées au sein de l'appareil. Mais, M. le
ministre — et ça
n'est pas nécessairement à vous que
j'attribue cette question-là — pour des raisons politiques, les différents
gouvernements qui se sont succédé n'ont pas toujours pris en compte les
questions d'efficacité dans le choix final, parce que ça faisait politiquement
plus difficile à supporter dans tel comté, dans tel comté. Essentiellement,
vous avez une révision de programmes, vous
allez regarder ça, puis ce n'est pas facile qu'après ça, quand vous arrivez
dans les caucus, quels que soient les
partis pour dire : Bon, tel bureau, il faudrait le fermer... C'est un
emploi, deux emplois de moins dans la région. Mais la réponse à la question,
ce n'est pas seulement l'emploi, c'est : Est-ce qu'il y a un besoin
spécifique pour ça?
Donc, le
panier de services, même en santé, même dans certains domaines, doit être revu
aussi parce qu'à la fin les
organisations qui font face à de la rationalisation dans le secteur privé ne se
posent pas seulement la question... Ils se posent la question, comme
vous le faites : Comment on peut faire davantage avec les ressources qu'on
a à notre disposition?, ce qu'on appelle
l'efficacité, même l'efficience, mais, en même temps, les directions doivent
prendre des choix en disant : Il y a tels aspects, tels aspects
dans notre panier de services, dans nos interventions qui ne sont plus
nécessaires.
Sinon, on va
effectivement porter énormément de poids sur les effectifs qui seront moins
nombreux pour faire toujours
davantage de tâches. Alors, la question ici — et, là-dessus, il faut être transparents et
honnêtes — je ne
pense pas qu'on puisse arriver à
réduire vraiment, je dirais, à contrôler les dépenses sans se poser la question
sur des services qui ne sont pas
nécessairement essentiels, sur la hauteur ou la valeur des produits, mais, vous
l'avez dit, c'est le but du projet de loi, sur la façon de livrer aussi.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M.
Coiteux : M. Dorval, bien,
je pense que c'est exactement ça, c'est que... C'est à ça que je faisais
allusion sur la... parce qu'en même temps, bon, on est autour de la
table et puis on peut échanger, puis les Québécois, à travers la discussion qu'on a aujourd'hui, peuvent aussi
entendre ce message-là. Le panier de services, on peut le regarder dans son
étendue, c'est-à-dire on fait des choses, il
y a peut-être des choses qu'on devrait ne plus faire, et là, dans le panier,
c'est le caractère horizontal, là,
qu'on réduit un petit peu. Il y a peut-être des choses qui aujourd'hui ne sont
plus justifiées, et puis effectivement on peut faire les choses différemment.
Mais très
souvent, puis vous avez, selon moi, tout à fait raison, les mêmes services on
peut continuer de les livrer et
atteindre des résultats qui sont tout à fait acceptables d'un point de vue
économique, social ou d'un point de vue des missions de l'État sans qu'on dépense autant. Donc, on change les
paramètres, et ce que vous appelez la générosité, ça peut rester très généreux, mais un peu plus
conforme, tout en étant généreux, à notre capacité de payer. Donc, c'est la
hauteur du panier plutôt que la
largeur du panier. Et puis il y a des choses qu'on livre et qu'on peut livrer
de façon plus efficace. Alors, on
livre les mêmes services, on n'affecte pas l'horizontal, on n'affecte même pas
le vertical, mais on affecte notre efficience, donc les coûts inhérents
à la livraison du service.
Alors, vous
avez raison, on doit jouer sur les trois tableaux, on doit jouer sur les trois
tableaux en révision des programmes,
et je dirais que, dans cette intention aussi de mettre au moins, là, pendant la
période de contrôle, un frein à la croissance
des effectifs, il y a aussi, bien entendu, la possibilité pour tout le monde
sur le terrain de dire : Bien alors, plutôt que d'aller de façon habituelle, c'est-à-dire on va engager 10 personnes
de plus, 50 personnes de plus ou 1 000 personnes de plus, selon les réalités, pour livrer les
services tels qu'on les a toujours faits, est-ce qu'on ne pourrait pas
réfléchir à le faire de manière plus efficace, d'une manière différente,
compte tenu du fait qu'on n'aura pas la possibilité de faire croître les
effectifs? Donc, c'est une occasion unique, c'est une occasion unique de faire
preuve d'innovation dans la livraison des
services dans nos grands réseaux, dans le secteur public en général. C'est pour
ça qu'on le voit, nous, comme l'un des leviers de la modernisation de
l'État québécois, et c'est en ce sens-là.
J'ai encore un petit peu de temps?
• (17 h 20) •
Le Président (M. Bernier) :
Oui, oui, allez-y.
M.
Coiteux : J'aurais une autre question. J'aurais une autre question
pour vous, et ça a trait aux contrats de services parce que j'ai senti
qu'il y avait, à la fois... oui, vous étiez favorable, en tout cas c'est ce que
j'ai compris, hein, vous aviez l'air d'être favorables à l'idée qu'on ne puisse
pas, disons, demain matin, perdre un employé salarié puis le remplacer le lendemain matin par quelqu'un qui va
avoir un contrat de services personnel, qui fait exactement la même tâche que le salarié. Ça, je pense que vous avez
compris le principe, là, du projet de loi, c'est d'éviter qu'il y ait comme
une espèce de voie d'évitement et qu'on se
retrouve après coup, si on n'avait pas inclus cette disposition-là... Oui, il
n'y a pas d'effectifs salariés qui
ont crû dans telle organisation, mais, par contre, il y a une explosion des
contrats de services avec une personne à la fois pour faire exactement
la même chose. Évidemment, en termes d'efficience, on n'aurait probablement pas gagné grand-chose, hein, bon.
C'est ça qu'on cherche à éviter. On ne veut pas interdire qu'une entité publique, un organisme public, lorsque ça a du
sens... Puis il y en a, des cas actuellement, je ne parle pas d'aller en
expansion à la prochaine année sur ce
terrain-là, mais il y a des contrats de services qui existent qui sont tout à
fait naturels. Ça existe, et puis des fois c'est tout à fait approprié. Donc,
il n'y a pas l'objectif d'empêcher de faire les choses qui ont du sens. L'objectif
ici, c'est d'éviter une voie de contournement pendant la période de contrôle.
Alors, ma question, ça serait : Comment
vous voyez ça? Comment ça peut être balisé de votre point de vue, ça, que les contrats de services tout à fait légitimes
dans la continuité des opérations actuelles puissent se maintenir de façon correcte
mais qu'en même temps on puisse éviter la
voie de contournement pour qu'il n'y ait pas cette espèce de porte
tournante : je sors d'un côté puis je rentre de l'autre côté, puis finalement
on n'a rien gagné.
Le Président (M.
Bernier) : Il vous reste 3 min 30 s.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : M. le Président, c'est vraiment une intéressante
question. Puis d'ailleurs on est, Mme
Laflamme et moi, sur le conseil
d'administration d'une organisation
du domaine public, et justement on
est dans ces discussions-là
présentement, dans une organisation où une quantité importante de services
informatiques sont donnés à l'externe
et on a fait... En fait, il y a eu, au niveau de la direction de
l'organisation, un examen attentif de la nature des activités. On s'est aperçus qu'une partie de ces
activités-là était récurrente, et elle était nécessaire, et à long terme, sans
être nécessairement stratégique tout le temps, mais il n'y avait pas de raison
pour laquelle ces activités-là seraient faites en contrat de services dans ce
cas-ci, il n'y avait pas nécessairement une valeur ajoutée.
En fait, quand on
fait l'examen plus pointu, il y a même des économies à la faire faire à
l'interne par des employés de l'État. Alors
donc, ce que vous dites est tout à fait exact. Ce qu'on disait, c'est qu'il ne
faudrait pas que le projet de loi...
Parce que, vous savez, vous êtes président, M. le ministre... M. le député est
président du Conseil du trésor, et,
en haut, on n'a pas tous les détails. Et, à notre avis, ce qui est important,
c'est que le signal qui est lancé dans le projet de loi, ce n'est quand même pas de dire : Ah! c'est mauvais de
faire de l'impartition, d'externaliser certains services parce que, parfois, il y a, au niveau des services
externes soit des activités complémentaires à valeur ajoutée, mais on retrouve
aussi souvent — c'est ce qui est la recherche de votre
projet de loi — des
gains d'efficacité. Parce que, parfois dans le secteur privé, ce n'est pas toujours moins cher, le salaire peut être
plus élevé, etc., ce n'est pas toujours moins cher, mais on peut peut-être faire réaliser des gains
d'efficacité parce que, dans le secteur privé, la mentalité et
l'orientation — excusez-moi
l'anglicisme — c'est
comme une shop, à un moment donné, il faut réaliser.
Je
vous donne juste des exemples dans le domaine de la santé. Moi, je crois
sincèrement que, dans les activités qui
requièrent, par exemple, de l'hospitalisation, le secteur public n'a pas de
comparable dans le secteur privé. Il est plus efficace. Par contre, dans ce qui concerne des activités aux jours sans
hospitalisation, etc., l'activité n'est peut-être pas moins chère dans le privé, mais l'efficacité du
rendu du service peut faire des gains d'efficacité au système si on choisit
des bonnes activités qui peuvent être
confiées en partenariat. C'est la même chose dans le domaine communautaire. Il
y a des organisations dans le domaine,
par exemple, de l'employabilité, notamment des personnes handicapées, des organisations qui sont plus efficaces que l'État pour
amener les handicapés, par exemple, sur le marché du travail à moindre
coût. Donc, il ne faudrait pas penser que, parce que l'activité se fait puis
qu'elle n'est pas comptabilisée dans le
total des effectifs, on se dise : Bien, on ne le fera pas, parce qu'il y a
des gains d'efficacité probablement à aller chercher là-dedans.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Nous allons passer maintenant
du côté de l'opposition officielle. M. député de Sanguinet.
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Je souhaite la bienvenue
à Mme Laflamme, à M. Dorval et à M. Lamy. Merci d'être ici avec nous. Très intéressant. Écoutez, d'entrée de jeu,
vous êtes arrivé avec le propos suivant : c'est un élément d'un ensemble, le projet de loi
n° 15. Et ce que j'ai compris : parmi l'ensemble dont vous parliez,
il y avait des mesures fiscales et des mesures d'évaluation du panier de
services. Et moi, ce que j'aimerais, c'est m'expliquer à ce moment-là, parce que, là, je pense que... Pour les
deux autres, vous m'avez convaincu. Tu sais, par rapport aux mesures fiscales, Mme Laflamme est arrivée, là, avec
des éléments intéressants par rapport à la réduction de services... ou, en tout
cas, à la réévaluation du panier de services. Vous avez discuté avec le
ministre, puis je pense qu'on a bien compris. Moi, je veux juste qu'on insiste maintenant sur
l'importance du projet de loi n° 3 dans l'amélioration de l'efficacité du
gouvernement. Pouvez-vous juste me dire...
Une voix :
Projet de loi n° 3?
M.
Therrien :
J'ai-tu dit 3?
Une voix :
Oui.
M.
Therrien : Ah! je
suis désolé, parce que...
Le Président (M.
Bernier) : ...à vos occupations.
M.
Therrien : Ah!
c'est parce que je suis très sur le projet de loi n° 3. Bien vite, je vais
vous appeler...
Le Président (M. Bernier) :
C'est dû à vos occupations.
M.
Therrien : Je suis
désolé.
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) :
On est rendus...
M.
Therrien : Bon, O.K. Donc, on est rendus à 15. Donc je veux
juste que vous... en une minute ou deux, là...
Le Président (M. Bernier) :
Moi, je vous pardonne, parce que je sais que vous êtes très occupé.
Une voix : Moi, je ne m'en
étais pas rendu compte.
M.
Therrien : Je suis vraiment désolé. Juste à vous entendre là-dessus parce que
je suis sûr que vous allez être intéressant sur cet aspect-là.
Le Président (M. Bernier) :
M. Dorval.
M. Dorval (Yves-Thomas) : M. le
Président, dans une organisation, il y a différents types de stratégie.
Aujourd'hui plus que jamais, les
stratégies qui concernent le capital humain, les ressources humaines, sont
essentielles pour la réussite d'une
organisation, c'est essentiel. Ça devient, pour plusieurs employeurs de toute
nature, très important dans la réalisation de la mission, ce qui n'était pas toujours le cas autrefois, en passant.
Alors, on n'en a pas... toujours occupé de cette question-là.
Aujourd'hui, si vous regardez n'importe quelle
grande organisation — j'espère
que je réponds bien à votre question — la connaissance de l'état général des
effectifs, des ressources humaines, de l'efficacité, de la productivité — pro-ductivité n'étant pas toujours,
hein, le nombre d'heures travaillées mais davantage la valeur qu'on produit par
heure travaillée — tant qu'on ne se pose pas ces questions-là,
qu'on ne fait pas de l'étalonnage avec d'autres organisations ailleurs pour
voir où est-ce qu'on se situe... Exemple, à la CSST, on a demandé à la CSST il
y a quelques années de faire un étalonnage avec d'autres organisations dans le
même domaine, dans toutes les provinces canadiennes. Surprise très intéressante, le coût administratif à la CSST est
parmi les meilleurs. Cependant, le régime est plus coûteux, dans certains cas, surtout sur les questions de chronicité qu'on
a plus au Québec qu'ailleurs, donc pour faire un diagnostic puis dire :
C'est là qu'on va pointer pour faire des
gains d'efficacité. Et c'est pour ça qu'on a développé à la CSST un programme
de gestion de la chronicité, parce qu'on avait un portrait global.
Alors, c'est
important pour l'État, comme n'importe quelle organisation, au central, d'avoir
une bonne compréhension, une bonne
connaissance de l'État des effectifs, de la productivité des effectifs, de la
mobilité, de l'absentéisme et le présentéisme. Ce sont des éléments
extrêmement importants.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M.
Therrien :
Merci. Merci pour l'information. Donc, vous nous dites en gros, si je résume,
c'est : Ça nous donne de
l'information pour ensuite faire une meilleure gestion des fonds publics. C'est
ce que j'ai compris de votre propos. Parfait.
Je vais
maintenant parler de quelque chose qui m'intéresse beaucoup par rapport aux
meilleurs talents. Vous avez dit :
Il faut amener les meilleurs talents. Évidemment, l'État est en concurrence
avec d'autres employeurs, dont vous êtes les représentants. À ce moment-là, bien, c'est important, dans des fonctions
précises, d'avoir des talents extraordinaires pour nous permettre
d'avoir une meilleure rentabilité de nos services. Moi, je n'ai pas de problème
avec ça du tout.
Je vous
parlerais de la Caisse de dépôt et placement, qui est incluse dans le projet de
loi n° 15. De toute façon, on
aura le temps d'en discuter, là, mais moi, quand j'ai vu que la Caisse de dépôt
et placement était incluse là-dedans, je me suis dit un peu ce que vous disiez : Écoutez, la Caisse de dépôt
est en concurrence avec d'autres boîtes de placements financiers, est-ce que le fait d'arriver avec un
contrôle d'effectif, ou, en tout cas, d'évaluer les effectifs, ça peut amener
un frein à la compétitivité de la Caisse de
dépôt pour aller chercher des gens qui ont une meilleure... en tout cas, des
gens qui sont compétitifs puis, comme
vous dites, des meilleurs talents? Est-ce que vous voyez que ça peut être une
entrave? Puis éventuellement on pourrait en discuter avec le ministre,
de toute façon, on pourrait élaborer plus tard, me dire : Est-ce qu'on ne peut, à ce moment-là, pas tout
simplement enlever la Caisse de dépôt et placement de ce projet de loi là?
Je veux vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. Dorval.
• (17 h 30) •
M. Dorval
(Yves-Thomas) : M. le
Président, il y a des organisations qui ont leur propre conseil
d'administration au sein du secteur public, et les conseils
d'administration — je
ne parlerai pas pour l'histoire — mais de plus en plus les membres des conseils d'administration ont
énormément à coeur la réalisation, l'efficacité, l'accomplissement de la
mission au meilleur coût dans chacune des
organisations. C'est vrai dans plusieurs organisations, le conseil... La Caisse
de dépôt a son conseil d'administration. Il
faut laisser une marge de manoeuvre aussi aux conseils d'administration pour
être en mesure d'apporter le meilleur résultat. Ce qui n'empêche pas,
quand même, l'appareil public d'avoir une bonne connaissance de l'ensemble de
ses effectifs.
En termes de
talent, une des choses qu'on a faites à travers le temps, on a beaucoup pris
des... la rémunération comme étant
tellement globale sans aller nécessairement accompagner les décisions en termes
de conventions collectives et autres,
de règlements, en fonction des besoins, en fonction du marché par
catégories — tu sais,
on le fait de façon assez paramétrique
pour des secteurs assez larges — et on n'a pas tellement intégré non plus des
questions de rendement à la performance.
Le gouvernement, dans la dernière convention collective, a amené un élément, mais sur lequel les employés
de l'État n'ont pas nécessairement beaucoup,
beaucoup d'impact, c'est une question reliée à la
croissance économique. Mme Laflamme tout à l'heure vous a parlé, par exemple, de gestion des ressources humaines, comment c'est important d'améliorer et, je dirais, d'aller plus
profondément dans la gestion des dossiers de ressources humaines, comment on
pouvait... Et, si, dans l'appareil étatique...
Le Président (M. Bernier) :
Juste une petite minute. M. le député veut ajouter à sa question.
M.
Therrien : Oui, c'est parce que j'ai juste 10 minutes. Vous
êtes très intéressant, mais j'aimerais vous orienter vers une direction précise, parce que je sais que
vous allez y répondre, mais je n'ai pas beaucoup de temps. Moi, je
veux savoir : Entre autres, là, je suis à la Caisse de dépôt
et placement, j'ai tant d'employés. Pour x raisons, parce que j'ai des
besoins pour avoir plus d'employés, une plus grande masse d'individus qui
travaillent chez nous, il faut que j'aille chercher
ces gens-là. Mais, si j'ai un contrôle des effectifs qui me dit : Regarde,
mettons, je le sais pas, si je ne convaincs pas le ministre, qu'il supporte la Caisse de dépôt, dire : Écoute,
ça me prend plus d'effectifs parce que je veux améliorer le rendement de mon portefeuille pour x raisons, j'ai
besoin de plus de recherchistes ou d'économistes, est-ce qu'on ne devrait
tout simplement pas, pour permettre
justement à la Caisse de dépôt d'avoir plus de monde, d'être plus compétitive,
l'enlever de ce projet de loi là? Question simple.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. Dorval.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Je ne peux
pas parler pour la Caisse de dépôt. Je n'ai pas suffisamment d'information
là-dessus, mais je crois sincèrement que les
conseils d'administration et les gens qui en font partie ont des
responsabilités, doivent les assumer.
Ils ont des objectifs qui sont faits par le législateur. C'est à eux autres
aussi à livrer à l'intérieur de ça, ce qui n'empêche pas l'État d'avoir
l'importance d'avoir une bonne connaissance. Mais vous avez abordé une petite question — puis c'est pour ça que j'y arrivais — tout à l'heure, sur la rémunération et
l'incitatif. La Caisse de dépôt est un
bon exemple. On ne pourrait pas avoir une rémunération type standard au niveau
de la fonction publique à la Caisse de
dépôt parce que la philosophie et le fonctionnement... Pour attirer les talents
à la Caisse de dépôt, il faut tenir compte des rendements, parce que ça fait partie intégrale de la motivation des
gens lorsqu'ils travaillent dans ce secteur-là. Mais ça, ça existe déjà, là. Alors, il y a une
question, il y a un moyen d'arriver. Est-ce que la Caisse de dépôt... Je ne
peux pas répondre à leur place. Je
peux vous dire une question... À la CSST, je peux me poser la question parce
qu'on fait une mosus de bonne job au conseil d'administration.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M.
Therrien :
O.K. Juste... Donc, je sais que vous ne pouvez pas répondre à la... Bien, en
tout cas, c'est difficile pour vous
puis vous êtes très honnête intellectuellement à dire : Bien écoute...
Puis moi-même, si le ministre me posait la question : Est-ce que tu
voudrais qu'on l'enlève?, je vous dirais : Bien là, attends, regardons ça
ensemble avec plus d'insistance, Mais ce que
je comprends, c'est que, si on décidait, mettons, d'enlever ça, vous ne
tomberiez pas en bas de votre chaise.
Vous dites : Bien, regarde, ça fait partie d'une évaluation qu'on peut
faire dans certains domaines très précis comme la Caisse de dépôt, dire : Bien, regarde, on peut-u se dire...
Regarde, on va sortir du contrôle de l'effectif certains pans de notre
fonction publique qui, dans le fond, auraient plus des freins à son
développement que d'encourager son développement.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Ce qui est
le plus délicat pour le gouvernement, chaque fois, c'est s'il y a une organisation dans le secteur public qui a des
façons de fonctionner, qui peuvent combler des postes, puis d'autres ne l'ont
pas. Il y a une pression énorme sur le
gouvernement à dire : Pourquoi lui, pas lui? Alors, ça dépend, il y a
toujours cette problématique-là. Mais
la réalité, c'est que pour des organisations, c'est important dans la gestion,
dans l'orientation, la planification
stratégique d'avoir une stratégie ressources humaines qui complète
l'organisation dans sa mission globale.
Le Président (M. Bernier) :
Une dernière question, oui?
M.
Therrien :
Oui, oui, une dernière question. Écoutez, merci, hein, pour vos explications...
On parle, dans la page 4, de
centralisation. D'entrée de jeu, vous dites : Bien oui, il y a une
centralisation au projet de loi n° 10, au projet de loi n° 15. Moi, je viendrais... Puis, plus
loin, vous dites que le contrôle des effectifs, dans les objectifs que M. Lamy a mentionnés, il y avait
l'efficience. Alors, moi, je voudrais vous entendre là-dessus, le lien entre
centralisation et efficience. Est-ce
que vous voyez une entrave du fait qu'on centralise par rapport à l'efficience
qu'on souhaite avoir ou si, pour vous, vous dites : On ne voit pas
de problème là-dedans. Je veux vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Bernier) :
M. Dorval, vous avez une minute.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Il y a bien
des chemins qui mènent à Rome, et chaque façon de le faire va dépendre bien plus de la cohérence des décisions qu'on
prend en cours de route que d'autres choses. Prenez le système de la santé.
J'ai eu l'occasion de participer, dans le
milieu des années 80, à une commission d'enquête sur la santé et services
sociaux où les conclusions étaient de
décentraliser, de créer des instances régionales, d'aller plus loin dans...
Aujourd'hui, on se retrouve toujours
avec des problématiques similaires à ce qu'il y avait il y a 25 ans. Alors,
est-ce que la centralisation pourrait l'apporter?
Moi, ce que je dis simplement, c'est que les décisions, les orientations qu'on
fait, il faut que l'ensemble aille avec,
que la cohérence se fasse avec. Puis, à quelque part, plus on crée des paliers
hiérarchiques au niveau régional, au niveau local... Il faut se rappeler
qu'au Québec on est juste 8,3 millions de population, le territoire est très
vaste, d'où l'importance d'avoir de la présence
dans les régions. Mais 8,3 millions, c'est l'équivalent, même pas, de la ville de New York, à 8,5 millions. Alors, on ne
peut pas avoir, comme organisation, pour 8,3 millions d'habitants,
une structure tentaculaire avec plein d'organisations partout.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Merci, M. Dorval. Vous aurez l'occasion de poursuivre les
échanges, mais cette fois-ci avec M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Merci, M. le
Président. Alors, mon collègue, tantôt, parlait de la CDPQ, Caisse de dépôt et placement du Québec, leur attribuer peut-être un privilège d'exception pour demeurer
compétitifs au niveau, là, de
l'embauche de main-d'oeuvre de qualité. Pour ma part, moi, je parlerais plus au
niveau de l'informatique. Vous savez,
j'en ai fait état plusieurs fois au cours de la dernière semaine au niveau du
dossier informatique, là, au Québec. Alors,
on serait très en faveur effectivement d'instaurer des mesures pour combler les
postes stratégiques et qu'on puisse aller chercher des gens de qualité,
et donc peut-être de revoir l'échelle salariale.
Également, vous avez fait état tantôt de
peut-être rapatrier certains services, des services qui peuvent être soit
permanents ou qui, à tout événement, coûteraient moins cher que d'y aller par
impartition. Je pense qu'on ne devrait peut-être
pas se limiter, puis peut-être... un autre astérisque au niveau de ce
service-là, puis peut-être permettre de l'embauche pour réduire
finalement nos dépenses générales dans ce service-là.
Alors, je souligne
également Mme Laflamme tantôt qui a parlé au niveau de pistes de solution sans
toucher aux services, donc d'aller
chercher des sous au niveau, là, de certains éléments au niveau des soins de
santé, d'avantages sociaux et autres,
et puis... Donc, ça serait peut-être... Je crois qu'on a lancé des ballons,
encore une fois, peut-être, on a peut-être fait peur à la population en
disant qu'on voulait contrôler l'emploi.
Je pense que
votre première conclusion dans votre rapport qui... et je le cite : «Le
contrôle des effectifs de l'État doit
se faire dans un objectif plus large d'efficience des ministères et des
organismes et non simplement de réduction aveugle du nombre
d'effectifs.»
Alors,
j'apprécie beaucoup cette conclusion-là. Donc, il ne faut peut-être pas juste
dire : On n'embauchera plus, mais revoir finalement le
fonctionnement de l'État. Donc, à cet égard-là, je crois qu'on devrait
peut-être mettre plus d'emphase sur le
contrôle des dépenses que peut-être sur les revenus, qu'on peut moins
contrôler. Et donc ma question, finalement,
elle serait celle-ci : Est-ce que vous voyez d'autres endroits où on
pourrait porter une attention particulière au niveau des dépenses que
l'on pourrait peut-être mieux contrôler?
Le Président (M. Bernier) :
M. Dorval.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Merci, M. le
Président. Mon Dieu! On va remettre à la commission de révision de
programmes un mémoire prochainement. On a déjà traité de la fiscalité, ça fait
partie de l'ensemble.
En passant, votre collègue de droite, le député
qui a été ministre des Finances auparavant, lorsqu'il a rendu public son dernier budget, il y avait aussi des
rapports d'experts qui avaient été livrés, notamment sur le secteur de la santé,
et c'était très intéressant, parce qu'on a
aujourd'hui un exemple où le gouvernement a fait le choix d'aller chercher
davantage d'informations sur les
effectifs pour prendre les meilleures décisions. Un des rapports d'experts dans
le domaine de la santé disait :
Il faudrait davantage travailler l'information au niveau de la santé pour être
en mesure de prendre les bonnes décisions.
On a un
problème au Québec : on a fait beaucoup de choses, on n'a pas toujours
évalué les résultats. Je pense que c'est
ce qu'on entend. Et la commission de révision de la fiscalité, commission de
révision de programmes, c'est ça qu'ils veulent faire, regarder la pertinence, si on leur laisse suffisamment de
temps pour le faire, là. Mais, honnêtement, il y a beaucoup de pistes à
l'intérieur de ça. Ce qui est important, c'est non seulement de regarder est-ce
qu'on a besoin du service, mais est-ce que
le service en question donne des résultats. Quand on n'a pas tous les moyens
disponibles, il y a une logique dans
le domaine des affaires, on appelle ça le 20-80. Quels sont les 20 %
d'efforts qui vont nous permettre d'obtenir
80 % de résultats? Et très souvent, malheureusement, dans l'ensemble des
services, on travaille aussi 80 % du temps pour aller chercher
seulement 20 % de résultats.
Alors, ce
qu'on est en train de vous dire, c'est qu'il y a beaucoup d'autres pistes, on
va en faire part dans notre mémoire sur la révision de programmes, mais,
d'ores et déjà, il y a déjà beaucoup de pistes. Puis, je vous l'ai dit tout à l'heure, dans la
fonction publique, il y a déjà eu beaucoup de pistes. Des fois, ce n'est pas
toujours l'efficacité qui prône. Des fois, c'est des pressions
politiques pour faire plaisir à certains groupes ou à certaines personnes.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de Groulx.
M. Surprenant : Je vais laisser la
parole à mon collègue.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Beauce-Nord.
• (17 h 40) •
M.
Spénard :
Merci, M. le Président. Tantôt, vous
parliez... Vous avez fini, dans vos conclusions... vous finissez par une affaire qui touche certains dossiers de ressources humaines, notamment en matière de santé et sécurité au travail, assurance
invalidité, etc. Et vous dites... C'est Mme Laflamme, que je salue d'ailleurs,
qui disait : Le gouvernement, 500
millions en cotisations à la CSST. Et vous dites que vous, vous avez baissé
0,25 $ du 100 $, 0,25 $ la cotisation. Mais le
0,25 $ que vous avez obtenu, c'est quoi en termes de pourcentage de votre
cotisation, ça?
Mme Laflamme (Carmel) : Bien, la...
Le Président (M. Bernier) :
Mme Laflamme.
Mme
Laflamme (Carmel) : Pardon.
La cotisation à la CSST était de 2,19 $ au départ. On est à 1,94 $
actuellement. Vous me permettrez de me tromper d'un sou ou deux.
Une voix : ...
Mme
Laflamme (Carmel) :
M. Marceau, ça le fait rire. Alors, c'est par 100 $ de masse salariale
assurable. Donc, le 0,25 $,
c'est une réduction sur quatre ans pour l'ensemble des employeurs du Québec, ce
qu'on appelle le taux moyen.
M.
Spénard : ...à peu
près 22 %, 23 %, là.
Mme Laflamme (Carmel) : Bien, c'est
0,25 $... Quand je l'ai... C'est 0,25 $. Oui, 22 %, 23 %.
M.
Spénard :
22 %, 23 %. O.K.
Mme Laflamme (Carmel) : Et on a
ramené la capitalisation, qui était à 68 %, à 99 %.
M.
Spénard : O.K.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M.
Spénard : Puis pouvez-vous me dire une raison pourquoi
qu'en tant qu'employeur le gouvernement ne peut pas faire la même chose?
Est-ce qu'il y a une raison particulière? Parce que j'ai...
Le Président (M. Bernier) :
Mme Laflamme.
Mme Laflamme (Carmel) : J'ai combien
de temps?
Le Président (M. Bernier) :
Vous avez une minute. Vous avez une minute, Mme Laflamme.
Mme Laflamme (Carmel) : D'accord.
Alors, je vais vous parler...
Le Président (M. Bernier) :
Parler de la CSST dans une minute, c'est difficile. Moi, je peux en témoigner.
Mme Laflamme (Carmel) : Oui. Mais je
vais vous parler... Je viens du réseau de la santé. J'ai été 10 ans au ministère et je m'occupais de l'équipe qui devait
voir à une meilleure gestion de la santé et sécurité. Lorsque j'ai été dans
cette équipe-là, j'avais le mandat, notamment,
de réduire le taux d'absence en assurance salaire et en CSST, et à l'époque,
entre 1995 et 2005... Allez voir les
chiffres. Regardez comment les chiffres ont fondu dans le réseau de la santé parce qu'on s'est occupé... C'était une priorité du gouvernement, c'était
une priorité du ministre, et on s'est occupé de donner les outils aux établissements, d'avoir des équipes qui géraient
efficacement autant l'assurance salaire que la CSST. En assurance salaire, en trois ans, on est allé chercher
l'équivalent de 1 500 postes à temps complet où les gens n'étaient pas à
l'extérieur en maladie, mais étaient en milieu de travail. Alors, ça,
c'est plusieurs millions.
Le Président (M. Bernier) : Je
vous permets une dernière question, 10 secondes.
M.
Spénard : De 2005 à
2014, c'est rendu où, ça?
Mme
Laflamme (Carmel) : C'est reparti à la hausse pour beaucoup. On a
perdu de l'expertise au niveau des gens
qui faisaient ça. Et je vous dirai que l'orientation, les priorités des
gestionnaires ou des dirigeants ont été peut-être tournées vers d'autres
éléments, malheureusement. On a perdu de vue...
Le
Président (M. Bernier) : Merci, Mme Laflamme, M. Dorval, M.
Lamy. Merci de votre participation à cette commission parlementaire.
Donc, le
temps étant écoulé, nos invités sont maintenant tous présentés pour
aujourd'hui, je lève la séance, et la commission ajourne ses travaux à
demain, 9 h 30.
(Fin de la séance à 17 h 43)