(Neuf heures trente-sept minutes)
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Alors, à l'ordre, s'il
vous plaît! Je déclare la séance de
la Commissiondes finances publiques ouverte. Et je demanderais à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires
La commission est réunie afin de procéder à des consultations
particulières et des auditions publiques sur le rapport intitulé Innover
pour pérenniser le système de retraite, communément appelé le rapport D'Amours
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M. le
Président. M. Dubourg (Viau) est remplacé par M. Bolduc (Mégantic).
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci. Et l'ordre du jour, aujourd'hui : nous recevrons des représentants,représentantes de l'Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite, de l'Association
canadienne desgestionnaires de
caisses de retraite; des représentants de l'Ordre des comptables professionnels
agréés du Québec; desreprésentants
et représentantes de Transcontinental ainsi que de l'institut de planification
financière; nous recevrons, vers16 heures,
M. Claude Castonguay; et finalement l'Association canadienne des compagnies d'assurances
de personnes. S'il y a des
changements, en cours de journée, vous serez avisés en temps et lieu, mais, à
date, c'est l'ordre qui est prévu.
Chaque séance
dure une heure. Alors, nous demandons aux intervenants de faire une
présentation d'une dizaine deminutes;
et ensuite, une période d'échange de cinquante minutes, dont le temps est
réparti de la façon suivante : 22 minutespour le groupe formant le gouvernement, 18 minutes pour l'opposition...
pardon, 20 min 30 s pour l'opposition officielleet 5 min 30 s pour le deuxième
groupe d'opposition. Et, s'il y a un troisième groupe, bien le temps... le
minutage change un peu, mais je vous le dirai si ça se produit.
Auditions (suite)
Alors, merci.
Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association canadienne des
administrateurs de régimesde
retraite : bienvenue, messieurs. Pour une dizaine de minutes, d'abord,
vous vous présentez, présentez votre organisation et présentez votre
mémoire. À vous la parole.
Association canadienne
des administrateurs
de régimes de retraite, section du Québec
(ACARR-section du Québec)
M. Fontaine (Jacques) : Bonjour. Je me présente, Jacques Fontaine,
président du conseil du Québec de l'Association
canadienne des administrateurs de régimes de retraite, dont le sigle est ACARR
ou ACPM. D'entrée de jeu, nous
remercions la commission de l'invitation que vous nous faites : présenter
nos observations et nos commentaires surle rapport Innover pour pérenniser le système de retraite. Je
suis accompagné par M. Vincent Morin, vice-président duconseil du Québec, de M. Chris Brown, président de
l'association, et de M. Bryan Hocking, chef de la direction de l'ACARR.
Je laisse la parole à M. Bryan, chef de direction de l'ACARR. Bryan.
• (9 h 40) •
M.
Hocking (Bryan D.) : Merci, Jacques. Good morning, ladies and gentlemen. Thank you for the
invitation forus to
appear before you this morning. In the interest of time, I'll make my comments fairly brief. I'll provide you with a very brief overview of ACPM. There's more in our document that
explains what we're all about. We are a national non-profit organization; we've
been in existence for almost 40 years. We are described as the informed
voice of the retirement industry in Canada. We represent plan sponsors, plan administrators
and those service providers who supportthe industry. Our membership represents over
400 retirement plans across Canada; it represents about 3 million
members and our assets under management are in excess
of 330 billion dollars.
At
this point, I'd like to introduce our president, Chris Brown, who's to my
right. Chris is a partner of Blakes inCalgary. He's well respected in the pension
industry; he's part of the pension practice at Blakes, long time member ofour Board of Directors and he's in his third
year as our chairman of the present... chairman of ACPM. As a point of
interest,Chris was the cochairman of
the JEPPS process of West, the Joint Expert Panel on Pension Standards.
Therefore, he isbasically the Mr. D'Amours
of the West. So, he brings a lot of experience to ACPM and, I think, to this
discussion, today, for you to hear the comments that represent our
members across Canada. And, at that point, I'll turn it over to Chris.
M.
Brown (Christopher) : Good morning and thank
you Bryan. It's a pleasure
for us to be here today, to share our perspective as an
organization, both from a national perspective as well as the perspective of
our Québec council members, which you'll hear shortly. I'd like to
begin by commending the Government of Québec for engaging in thisprocess and for the
appointment of the expert committee itself. Also, I would like to commend the
committee for the verythorough and
comprehensive consultative process that it went through, including hearing from
this group previously and for the excellent report which we're now all
discussing.
As
Bryan mentioned, this committee and its work is the latest in a series of
similar committees that have beenat work across this country since really 2007.
Alberta and British
Columbia worked together; Ontario, New Brunswick, Nova
Scotia and the federal Government have all engaged in similar processes and
produced similar reports. In this, attention
by governments to these issues is extremely important. What it has provided is
an unprecedented opportunityfor us
in this country to examine the Canadian Retirement Income System and to
consider the issues that it faces. The historically low levels of
private sector pension coverage in this country have reached alarming levels.
For decades, employment-based plans have played a critical role in the Canadian
Retirement Income Landscape. But changing economic environments, increasing
complexity in legislation have led to a precipitous drop in that coverage.
The
risk that we now face with all of this work having been done across the country
is proceeding on a basis thatlacks coordination and cooperation. We risk losing this opportunity that
we have before us to better the Canadian RetirementIncome System as a whole. So, while your
government and your province are considering the expert committee's report,we strongly encourage you to be aware of and
to not ignore the work that has been done elsewhere and to engage in aprocess of comparing and contrasting those
recommendations that have been made across the country and looking for theoptimal solutions. Significant
recommendations have been made elsewhere around the expansion of, for example,target-benefit plans in a single employer
context, the use of solvency-reserve accounts for defined benefits plans. You'llhear more about these in our presentation.
And, ultimately, permitting more innovation in the pension system itself to
allow the private sector to come back to the table and contribute to solutions.
Our
concern is that a failure to coordinate these efforts across the country will
result in further fragmentation of the Canadian
Retirement Income System, further disincentives to employment-based plans
continuing and ultimately further calls on government to take either direct action to fill
the gap through social programs or indirect action throughmandatory increases in
government's sponsored programs. With that, I would like to turn over to
Jacques and Vincent.
M. Morin (Vincent) : Merci, M. Brown. Pour faire ce mémoire, le
conseil du Québec a fait un colloque où plusde 40 administrateurs de régimes de retraite ont participé, colloque qui
a permis de recueillir leurs commentaires; et, à partir de ces
commentaires, nos experts du Comité de politiques nationales ont rédigé ce
mémoire.
Le premier
point, que nous traitons dans le mémoire, est sur le nouveau régime public
proposé, soit la rente delongévité.
L'ACARR reconnaît la nécessité de modifier la façon d'épargner en vue de la
retraite. Les membres de l'ACARR en ont discuté longuement, à savoir si
ces problèmes devaient être réglés par des modifications visant le système du secteur privé ou par le transfert partiel des
responsabilités du secteur privé au secteur public. Après de longues
discussions,les membres n'ont pas pu
arriver à un consensus. Si le gouvernement choisit de mettre en place un
nouveau régime public,tel que la
rente de longévité, l'ACARR demande de respecter les éléments suivants, qui se
trouvent au rapport d'experts :
«Le régime doit être entièrement capitalisé, [et
ce,] sans transfert de coûts aux générations futures;
«La date
prévue du premier versement de la rente est après 65 ans,» soit, par exemple,
comme proposé dans le rapport d'experts, à 75 ans.
Cependant, en
lien avec ses positions antérieures, l'ACARR est d'avis que Le nouveau régime
doit être distinctdes régimes
publics actuels, soit la Régie des rentes ou le RPC. Dans le même sens, La
gouvernance du régime devrait être indépendante du gouvernement.
Que le nouveau régime soit offert partout au
Canada.
Que les
personnes à faibles revenus ne soient pas obligées de cotiser, ou encore que le
supplément de revenu garanti soit ajusté.
Et, compte
tenu que l'intégration est automatique pour les régimes de retraite du secteur
public sous la surveillancede la
Régie des rentes, l'ACARR est d'avis que «les employeurs du secteur privé, qui
offrent déjà un régime de retraite enregistré, devraient pouvoir décider
unilatéralement d'intégrer leur régime au régime de rente de longévité».
Le deuxième point traité dans notre mémoire est
la nouvelle règle proposée, appelée capitalisation améliorée. Concernant cette nouvelle règle de capitalisation
améliorée, l'ACARR trouve que c'est un compromis raisonnable entrela méthode de continuité actuelle et les règles de
solvabilité et se rapproche d'une solution acceptable. Toutefois, l'ACARR
est d'avis que plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour arriver aux mêmes
fins.
Sans entrer
dans un détail exhaustif et technique du mémoire, voici ce que propose l'ACARR : de
tenir compte, dans l'établissement, du taux de capitalisation améliorée.
Pour le taux d'intérêt, pendant la période reliée à la retraite, l'utilisation de paniers de l'indice DEX Univers
et pour permettre un transfert moins drastique du passage passif relié àl'employé au passage relié au retraité,
permettre, dans le calcul, une transition plus graduelle d'un portefeuille
risqué à unportefeuille prudent, tel
que les fonds de cycle de vie, qui est utilisé fréquemment dans les régimes à
cotisation déterminée.
L'ACARR est
en faveur que l'application des règles de capitalisation soit la même pour les
régimes de retraitedu secteur privé
et ceux du secteur public. Cependant, l'ACARR reconnaît que, pour les régimes
du secteur public, étantdonné que la
mise en place de ces nouvelles règles pourrait entraîner des hausses marquées
de cotisation pour les participantsactifs
et pour le promoteur, car ces régimes ont été exemptés de payer le déficit de
solvabilité il y a quelques années...l'ACARR
est d'avis que le législateur devrait prévoir une longue période de transition
pour ces régimes de retraite du secteur public.
De plus, l'ACARR
croit que des modalités différentes au niveau de l'amortissement des déficits
seraient appropriéespour les régimes
du secteur public, et ce, dans le but de refléter le niveau de risque encouru
pour les participants de régimes de retraite du secteur public par
rapport à ceux d'un régime de retraite du secteur privé.
L'ACARR
croit aussi que ces mêmes règles de capitalisation pour le secteur public, sous
la surveillance de la Régie des rentes du
Québec, devraient s'appliquer aussi aux régimes des employés du secteur public
gérés par la CARRA.
D'autres points
importants, mais peut-être plus techniques, comme la consolidation des pertes
actuarielles, l'utilisation de lettres de
crédit, les marges relatives aux autres hypothèses actuarielles et l'utilisation
du lissage de l'actif, sont traités, et, si vous avez des questions, il
nous fera plaisir d'y répondre. Vincent.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci beaucoup. Je pense que votre 10 minutes
serait terminé. Alors,M. Morin, vous
pourriez peut-être présenter votre partie lors des échanges. Alors, je laisse
la parole maintenant à la partie gouvernementale. Mme la ministre.
• (9 h 50) •
Mme
Maltais : Merci, M. le Président. Bonjour, tout le monde. On
en est à cette deuxième journée de commission parlementaire qui étudie
le rapport D'Amours, et je veux remercier l'Association canadienne des
administrateurs de régimes de retraite de se
présenter devant nous. M. Brown, M. Hocking, M. Fontaine, M. Morin, bienvenue.
Merci d'apporter votre éclairage sur un sujet qui est important pour les
Québécois et les Québécoises actuellement. Ça fait plusieurs années qu'on en parle, qu'on apporte des mesures transitoires
pour essayer de pallier aux difficultés
qu'ont nos régimes de retraite privés à l'heure actuelle. Alors, c'est
un débat... on a voulu un débat social, on a voulu examiner, ensemble, véritablement, de façon non partisane,
cet enjeu. Je veux dire que, suite à la journée d'hier, je suis très heureusede voir la collaboration qu'il y a autour de
la table et la qualité des mémoires que nous avons reçus pour essayer vraiment
d'apporter des solutions, un problème, comme vous l'avez dit vous-mêmes, qui
est de plus en plus criant.
J'ai
compris, d'après la petite conversation qu'on a eue un peu avant et d'après l'entrée
qu'ont faite MM. Hockinget Brown, qu'il
y a eu plusieurs examens de la situation des régimes de retraite à travers le Canada.
Je me suis laissé direque M. Brown
avait aussi probablement produit un rapport, qu'il a examiné pour les provinces
de l'Ouest... peut-être qu'il pourra nous expliciter, là, les
conditions de ce rapport et qui ça visait, mais qu'il aurait examiné la situation.
Or,
hier, au cours de la journée, en rencontrant toutes les firmes d'actuaires qui
sont venues une après l'autre, on aexaminé
la difficulté qu'on a... que du fait que tant que le Québec
est une province du Canada, il faut quand
même s'arrimer avec nos régimes de retraite. Ceci dit, ça n'empêchera
pas le problème de compétitivité, parce qu'il y a une proximité qui est
importante et on a aussi plusieurs entreprises qui sont sur le même territoire.
La
question, qui a été posée souvent hier, c'est : Comment a été accueillie
ou comment pourrait être accueillie cetteidée du rapport D'Amours de la rente longévité? Ce que j'aimerais savoir,
d'abord, de MM. Brown et Hocking, c'est : Quel a été le résultat
des études sur les solutions potentielles aux régimes de retraite qui ont été
apportées, qui ont été amenées chez vous?
Une
voix : M.
Brown.
M. Brown (Christopher) : In Alberta and British Columbia, the task force that I
cochaired — not part of the ACPM'swork but a joint initiative of
those two governments — we did produce a report, another
200 pages of light reading foreveryone in the West. And we had many similar ideas to what are… to more report, ideas around defined benefit planfunding rules, around
alternative plan structures. And the result is that both of those provinces,
Alberta and British Columbia,have
passed new legislation, largely based on the report. It is not yet in force,
regulations are in development. So, we'rewaiting to see exactly how closely it mirrors to the report. But the prime thing that it does is it promotes innovation
in theretirement
income system. It allows more flexibility in the rules to create new types of
plans as economic conditions evolve.The
issue that we've had in this country is that in the last 25 or 30 years it's
been very difficult to reopen pension legislation to address the
changing circumstances, faced in particular by the defined benefit plans.
So,
our thinking was: If we have a more flexible system in the legislation already
that allows the regulatory agencies more
discretion in approving new designs, over time we won't need to open the
legislation; we'll be able to deal with it within the system.
Another
key recommendation that we made, again dealing with the coverage issue similar
to the longevity pension, was a concept of…
Well, we have called them ABC plan or Alberta-British Columbia plan, which
would operateon a defined
contribution basis. It was going to be… It was proposed to be mandatory, with
the ability for employers and employees to opt out if their
circumstances didn't permit them to participate or they had something else
already. The governments, as we understand
it, seriously considered that, but it was also, at the same time, that the
Pooled RegisteredPension Plan or the
voluntary… supplemental retirement plans it's called here, was coming into
consideration across thecountry. And
so, that recommendation was tabled in favor of the pooled registration plan.
And again, the governments, in these two provinces, have passed
legislation, which is also not yet in force for those types of plans.
So a lot of the recommendations are
similar across the country, with slight variations and that's why one of our primary considerations and concerns is that there be coordination
between provinces on these issues and certainly the longevity pension has some unique and interesting
and very valuable suggestions to it. But at the same time, governmentsacross the country are also examining changes to the Canada Pension Plan
and Québec Pension Plan system and thosediscussions can't happen in isolation from each other. They need to be
discussed together to come up with what is theoptimal solution, both from an economic perspective as well as the
pension coverage perspective. It would be, I think,difficult for employers, in the province of
Québec, to be the only ones to have a mandatory longevity pension added tothe system here if nothing else is done
elsewhere, because their costs suddenly go up creating an economic disincentivefor employers in this province. And that
would be unfair to them, while we're trying to solve one problem to create
another problem. So we need to have these discussions to keep a level
playing field for employers across the country who are contributing to these
plans.
The details of them, we need to discuss to find what is the
optimal solution. I think there are many aspects of thelongevity pension proposal that are very,
very good, certainly from a cost perspective and from, you know, what it triesto accomplish vis-à-vis other programs that
are already in place. So I think there's value in it, but we need to discuss it
together.
Mme
Maltais
:
Oui.
D'ailleurs, on ne l'a pas beaucoup dit hier, mais le rapport D'Amours disait que, si on allaitvers…
faisait avancer l'idée de la rente longévité, il faudrait en discuter avec le
fédéral, parce qu'il y a un impact — on
l'a soumis hier — sur
la sécurité... sur le supplément de revenu garanti. Donc, il y a un arrimage à
faire, de base.
Donc, si je
comprends bien, vous dites : Cette idée est intéressante. Les travaux que
vous avez faits ne vont pas àl'encontre
de… vous sentez qu'au Canada il n'y aurait pas une réaction nécessairement
négative, puisque tout le monde sent le besoin de protéger les régimes à
prestations déterminées et sent le besoin de renforcer la sécurité financière. Est-ce que ce transfert, parce que c'est
effectivement ce que c'est — d'une
responsabilité accrue du public versus ce quiétait avant privé peut être bien accueillie si c'est fait, on le dit
toujours, de façon harmonieuse, cohérente et avec des règles qui
permettent une compétitivité qui se compare?
• (10 heures) •
M.
Brown (Christopher) : When we discuss the whole concept of transferring some responsibility
from the privatesector,
where it has historically residedin this part of the system, to the public sector, I think it's important
to keep in mindthat
the private sector has been willing to play a role for decades, and the issues
that we're seeing now are largely drivenby the changing economic environment, impacting how those plans operate
by the complexity that we have developedin our regulatory system in this country, you know. It's the nature of
the Canadian system that we have legislation federallyand in every province, making it difficult for
companies that operate in more than one jurisdiction to have to deal with allthose different rules. And all of those
factors together have created these disincentives for employers to stay in this
game.
So,
I think, before we look at transferring that responsibility to the public
sector necessarily, it behooves
us tolook at: Can
we solve the problems that we've created for ourselves, with the complexity
that we've built into our ownsystem?
You know, by speaking to each other, government to government, province to
province and the federal Government: Can we work at solutions that solve
those issues before we take the drastic step? So, as an organization, I don't think we are against some change as
Jacques and Vincent said. We've debated this internally significantly sincede report came out, have not been able to
land on a consensus. And I think that speaks volumes, that the very informedand active members of the Retirement Income
System, who make up our organization, have not yet been able to cometo an agreement internally, even, about whether we endorse this,
at this stage, speaks volumes that it's important that welook at fixing the problems in
the system before we make this very, very drastic step. Or it can be done in
combination.There's nothing to say
we couldn't, you know, do some movement and shift some responsibility into a
private sector or... sorry, a public sector arrangement, while also
fixing the disincentives that exist in our system for the private sector.
Mme
Maltais : Merci.
M. Morin
(Vincent) : Oui, peut-être,
rapidement. Comme le disait M. Brown, j'ai pu participer aux discussionsde l'ACOR nationale sur les recommandations.
Puis, en fait, sur toutes les recommandations du rapport, il y a eu quandmême rapidement un consensus sur presque
tous les aspects, avec peut-être certains commentaires de certains. Mais làc'est vraiment sur cet enjeu-là que ce
groupe de travail là, avec des représentants de toutes les provinces, des
actuaires, des comptables, des avocats, des promoteurs de régimes… c'est
vraiment sur cet enjeu-là qu'il y a eu des discussions,puis les positions pouvaient varier selon les
provinces. Mais, effectivement, il y a eu des mauvaises expériences de
transfertde responsabilité de
risques financiers du privé ou des individus vers le système public. Puis c'est
sur ces bases-là quel'ACOR
souhaitait qu'il y ait des analyses approfondies, s'il n'y a pas d'autre
solution comme le RVER qui pourraient peut-être être une meilleure
solution. Puis c'est pour ça qu'on est allés avec ce point-là dans notre
rapport.
Mme
Maltais :
Le RVER est une... On va avoir le temps d'en discuter, on va avoir une commission
parlementairesur le RVER, mais le
RVER, il n'est pas obligatoire pour les employeurs. Donc, on est dans un autre
univers. C'est unebonne option
complémentaire, ça fait plaisir de déposer... même si ça avait été préparé par
le gouvernement précédent. C'est une option complémentaire, mais ça n'attaque
pas le problème de fond, c'est ça, là. C'est ça, le problème.
J'aimerais
continuer avec vous, messieurs de la section québécoise. Vous avez... Si je
comprends bien, c'est quevous êtes
généralement favorables à cette idée d'une nouvelle méthode qui pourrait être
la rente longévité, mais, si vousdites...
si vous allez vers une nouvelle méthode unique, vous devez avoir... il y a des
conditions à faire, dont arrimage avecle
fédéral, cohérence. Mais il y a une condition qui est vraiment... que vous êtes
les seuls à soulever. Vous dites que ladate de début de la rente devrait être de 65 ans, ou, après 65 ans,
vous... sinon... J'aimerais ça que vous me précisiez ce que vous voulez
dire là-dedans.
M. Fontaine
(Jacques) : O.K. Je me suis
peut-être mal exprimé. C'est après 65 ans. Donc, le 75 ans qui est proposépar le rapport D'Amours nous convient
parfaitement. Donc, c'est après 65 ans, et le 75 ans nous apparaissait une
bonne… Et les explications données par le rapport, là, nous
apparaissaient correctes.
Mme
Maltais :
Parce que le rapport explique bien que c'est… Même s'il y a une plus grande
longévité, l'espérancede vie avec
une santé en qualité, ça n'a pas bougé beaucoup, c'est 75 ans. Donc, cette
date, elle n'est pas prise de façon aléatoire, là. Elle est
véritablement... à partir d'études dans le monde de la santé. D'accord, merci.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
M.
Chapadeau :
Merci, M. le Président. Merci pour votre présentation, votre participation à la
commission parlementaire. Sur la
recommandation 14 du comité d'experts, en ce qui a trait aux restructurations
des régimes, le comitéd'experts a
recommandé une période de cinq ans pour que les parties prenantes puissent s'entendre
en cas de restructuration.Vous, dans
votre mémoire, à la page 9, vous semblez douter, là, de l'utilité de cette
période-là. Donc, j'aimerais avoirvotre
éclairage par rapport à ça. Pourquoi, d'abord, vous jugez que la période est
trop longue? Et quelle serait la période que vous recommanderiez, là, à
la commission parlementaire?
M. Fontaine
(Jacques) : Vincent?
M. Morin
(Vincent) : Il n'y a pas eu énormément de débats à l'interne sur ce
sujet-là. Les experts qui nous supportent
dans la rédaction du document nous ont fait part de leur inquiétude, basée sur
des expériences passées, que,si on
donne un délai de cinq ans, ça va être inutile dans plusieurs des cas parce que
les promoteurs, les administrateursvont
tout simplement attendre à la dernière minute, puis que ça va nuire au
processus de mettre un délai aussi long. C'estpour ça qu'ils recommandaient de mettre des mesures incitatives dans les
règlements entourant une restructuration, pourencourager toutes les parties à régler ça le plus rapidement possible.
Ça pourrait être des mesures incitatives, au niveaudes règles de financement, qui seraient
rattachées. Donc, c'est ce qui était recommandé, là, basé sur des expériences
passées, là, des experts qui nous ont supportés.
M.
Chapadeau :
Ça va pour moi.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Merci. Bienvenue à vous. Écoutez, j'aurais une
question par rapport à, justement, l'idée qu'on devraitétablir ça dans l'ensemble des provinces, une
certaine harmonisation. On parle beaucoup de perte de compétitivité desentreprises. Moi, j'aurais une question, à
savoir : D'abord, si le Québec était, mettons, les seuls à intervenir au
départ…je sais que les autres
pourraient s'arrimer éventuellement, mais, si, au départ, on était les seuls,
on disait que les entreprisesseraient
moins compétitives, les entreprises québécoises, et que ça créerait, comme le
député d'Outremont a mentionnéhier, avec
justesse, un déplacement des entreprises potentiellement vers d'autres
provinces, vers d'autres horizons où est-ce qu'ils sont... c'est plus
accueillant financièrement…
Moi,
j'aurais peut-être pensé à autre chose. Vu que les entreprises peuvent bouger
et que les individus peuventdifficilement
bouger, là, la main-d'oeuvre se bouge beaucoup plus difficilement, les charges
supplémentaires qu'on va donner aux entreprises pour supporter la rente
longévité, est-ce qu'il y aurait possibilité que la charge supplémentaire qu'on va effectivement donner aux employeurs, qui
va faire en sorte qu'on perd de la compétitivité, va être transféréejustement dans la masse salariale pour faire en
sorte que la compétitivité de ces entreprises-là va demeurer par une variationde la masse salariale ou des salaires des
employés, et qu'eux, étant donné qu'ils sont moins mobiles, à ce moment-là, lestravailleurs vont rester quand même dans
leur province — surtout
au Québec, à cause de la langue, on est beaucoup moinsmobiles — et, par conséquent, ça va faire en peu comme
on a ici, dans le privé puis le public? Le privé, généralement,les salaires sont plus élevés que dans le public
parce que les avantages, dans le public, sont plus élevés, les avantages
sociaux,bénéfices marginaux, sont
plus élevés, et donc ça fait en sorte qu'il n'y a pas nécessairement un
transfert aussi évident, même si le salaire est plus faible dans le cas
du secteur public.
Moi,
la question que je vous pose, c'est : Est-ce qu'on pourrait travailler en
silo et penser que le secteur privé vas'adapter
tout simplement en faisant varier et en faisant supporter le fardeau
supplémentaire de cette rente longévité là vers le travailleur? Ça fait qu'en bout de ligne je suis un peu
déprimant, mais, en bout de ligne, ça serait le travailleur qui paierait
toute la rente.
M. Fontaine (Jacques) : Comme on vous a mentionné tantôt, il y a eu des
longues discussions sur la rente denivellement
et l'ACARR, les membres de l'ACARR; il n'y a pas eu de consensus. Effectivement,
ça a été discuté, cettequestion-là,
et, étant une association canadienne, qu'est-ce qu'on recommande, c'est la
coordination entre les différentsrégimes
de retraite sous juridiction fédérale. Il a aussi l'ACOR, l'association de
réglementation qui regarde ça. Donc, c'estpour cette raison-là qu'on n'a pas eu de consensus, entre autres. Je ne
sais pas si M. Brown veut rajouter d'autre chose.
M.
Brown (Christopher) : …the one other point that I might make is broad based plans like this
would be, as wehave
today with QPP and CPP, they're not a targeted solution. Many of the issues
that face retirement savings in this countryare very targeted. Clearly, the more affluent largely take care of
themselves. Lower income earners are largely already taken care of very
well by the programs that we have today. Where we have the primary issues are
in middle income brackets. And whatever is
going to be done needs to take that into consideration, that we have to
coordinate this sort ofarrangement
so that it doesn't in fact hurt people more. Clearly, when CPP, QPP
contribution levels were set, there wasa lot of work, a lot of thinking done at that time, that that was about
the limit that the average working Canadian could sustain by way of
mandatory contributions.
So, if we're going to go down the road
of establishing another mandatory arrangement to which they will be thesole contributors, to your
point, I think we need to do a lot more work and study on how that would impact
working Canadians.
M.
Therrien : Est-ce
que j'ai le temps d'autres questions?
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Oui, M. le député de Sanguinet.
• (10 h 10) •
M.
Therrien :
Oui, O.K. Bien, merci pour ces réponses. Écoutez, on a vu, là, en 2008, s'effondrer
les marchés, puis ça a causé des problèmes dans les fonds de pension,
ça, je veux dire, c'est assez clair.
Vous voulez
maintenir la provision à 7 %,
alors que... Certains considèrent qu'elle devrait être plus élevée, là.On parlait de 15 %, puis même on parlait de
20 %, certains syndicats parlaient plus de 20 %. Est-ce que vous
considérezque 7 % pourrait
protéger correctement le système des fonds de pension, advenant le cas... Ça m'étonnerait
qu'on ait uneautre crise comme on a
eue, mais on ne sait jamais, là, puis personne ne l'avait vue venir. Et moi, je
vous demande : Est-ceque
7 %, c'est suffisant pour affronter les turbulences des conjonctures
économiques, qui des fois sont un peu surprenantes, là?
M. Fontaine (Jacques) : Vincent.
M. Morin
(Vincent) : Oui.
Effectivement, si on prend l'expérience de 2008, effectivement, 7 % n'aurait
pas étésuffisant. Mais, depuis, les
membres de l'ACARR ont revu plusieurs éléments de leurs régimes de retraite,
incluant lespolitiques de placement,
pour réduire les risques. Puis aussi, avec la nouvelle approche de
capitalisation améliorée, oùencore
une fois on réduirait les risques, on croit que 7 % serait suffisant puis
que 15 % serait vraiment un montant tropélevé qui serait mis de côté, qui serait non productif, puis qui, en
plus, même avec les recommandations ici... L'appartenancene serait pas assez claire pour que les
administrateurs soutiennent une augmentation aussi importante, là, du niveau deprovision. C'est pour ça qu'il y avait
vraiment un consensus fort, au niveau de tous les membres de l'ACARR, de
demeurer à 7 %, qui semble être un niveau raisonnable, là, pour une
provision d'écarts défavorables.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci beaucoup.
M.
Therrien : C'est
tout.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Et je passe maintenant la parole du côté de l'opposition officielle. M. le
député de Verdun.
M.
Gautrin :
Je vous remercie, M. le Président. Je vous souhaite la bienvenue ici, à l'Assemblée
nationale. Je vais limiter mes questions à trois sujets, parce que mon
collègue d'Outremont et ma collègue de Laporte auront aussi d'autres questions,
et le temps est limité.
Ma première
question. Nous avons rencontré hier beaucoup des... ce qu'on appelle les
actuaires, c'est-à-dire ceuxqui font
fonctionner les régimes. Vous, vous êtes en quelque sorte les administrateurs.
Parmi les recommandations qui sont celles du rapport D'Amours, quelles
sont celles qu'on pourrait mettre en fonction dans une loi, à court terme?
Je comprends,
et vous l'avez plaidé avec beaucoup d'éloquence, le principe de dire : Il
faudrait qu'il y ait, surla rente de
longévité, par exemple, sur la capitalisation améliorée, une coordination
pancanadienne, et nous en sommes d'accord. Mais qu'est-ce qu'on pourrait
faire à court terme, d'après vous, pour... de le faire en mesure législative? Beaucoup des actuaires sont venus nous dire
hier : Votre loi de la loi des RCR manque de flexibilité, et vous devriez
larevoir pour faciliter... Vous êtes
les gestionnaires : Qu'est-ce que vous nous suggérez de modifier? Alors,
je connais votre page 10 et 11, mais j'imagine que vous allez nous
prioriser les pages 10 et 11.
Une voix : Vincent, c'est ta
partie.
M. Morin
(Vincent) : Il y a deux
éléments qui peuvent apparaître mineurs, mais qui ont été soulevés par
plusieursde nos membres, qui sont
probablement relativement faciles à changer dans les règlements ou les lois. Il
y a la recommandationqui stipule
que, dans le cas d'un achat de rente avec un assureur, il y aurait moyen de complètement se libérer des risques
sans devoir fermer le régime comme c'est le cas actuellement. Ça, celle-là, il
y en a beaucoup qui ont soulevé que ce serait
quelque chose qu'on devrait mettre de l'avant rapidement puis qui devrait créer
un certain consensus, là, au niveau de tous les intervenants et au
niveau des administrateurs.
L'autre chose
qu'on a demandée depuis longtemps, c'est que, pour les régimes à cotisation
déterminée, on lesoublie
quelquefois, mais c'est quand même une avenue intéressante dans certains cas...
Puis on voudrait... puis ça faitlongtemps
qu'on demanderait qu'il y ait un accommodement pour qu'on puisse permettre aux
gens qui terminent leuremploi ou qui
prennent leur retraite de laisser leurs fonds dans le régime à cotisation
déterminée puis de débuter ce qu'onappellerait
un fonds de revenu viager, donc qu'ils puissent continuer de bénéficier des
économies d'échelle; ça aussi, on croit que c'est un changement qui
pourrait être fait rapidement puis qui serait bénéfique pour la grande majorité
des administrateurs.
Il y a d'autres...
La capitalisation améliorée aussi, je crois que ça pourrait être des règles qui
pourraient être mises relativement rapidement. Mais là, c'est sûr, là,
le niveau technique est plus difficile, mais...
M.
Gautrin : Ça
procurerait une harmonisation avec nos collègues des autres provinces.
M. Morin
(Vincent) : C'est surtout la
rente de longévité qui soulevait vraiment des grandes inquiétudes de notre côté pour
qu'il y ait une harmonisation. Au niveau de la capitalisation améliorée, il y a
déjà des règles un petit peu différentes par
province, puis peut-être que celle-là, l'ACARR pourrait vivre avec des
règles qui seraient différentes auQuébec, mais en
poussant pour que, dans les autres provinces, on s'harmonise plus tard, là.
Mais, celle-là, il y aurait peut-être possibilité d'y voir rapidement, selon
nous.
M.
Gautrin : Deuxième
question. Hier soir, les gens... Et en général ça a été un accord aussi par les
actuaires d'envisager de provisionner à part
un fonds pour le risque, et donc on provisionnerait, par exemple, les
contributions pour écarts défavorables dans un fonds à part qui pourrait
être utilisé, s'il y a des excédents d'actif dans ce fonds, pour une indexation
a posteriori, éventuellement, des rentes.
Comment vous,
qui êtes administrateurs de régimes, donc qui aurez peut-être à appliquer une
telle décision, vous vous positionnez par rapport à ça?
M. Morin
(Vincent) : Oui, ça, évidemment,
au niveau de l'ACARR, il y avait aussi un consensus que ce seraitun mécanisme qui serait très intéressant; ce
serait donc d'avoir une fiducie qui serait complètement séparée de la fiducie
principale, laquelle accueillerait toutes les cotisations pour déficit puis qui
pourrait être retournée automatiquement à l'employeur dès qu'il y aurait les
surplus nécessaires.
Il y a
des administrateurs qui nous ont soulevé des moments, là, dans le passé où le
promoteur a eu les fonds pour… les liquidités pour accélérer le
financement, mais, sachant que l'appartenance du surplus n'était pas claire
puis qu'il n'y avait justement pas un compte séparé, comme ça, de solvabilité,
ils ont décidé que c'était trop risqué pour les actionnaires puis ils ont décidé de ne pas le faire. Donc, ça, ça, oui,
on supporterait donc d'aller encore plus loin que les recommandations
puis d'avoir vraiment la possibilité d'avoir un compte qui serait séparé du
compte principal.
M.
Gautrin : Alors, la dernière question va toucher une raison
un peu plus complexe, qui est toute la questiondes rentes de transfert. Vous dites : Actuellement, la formule, qui
est basée sur un taux fixé par les obligations fédéralessur sept ans, qui est la base actuellement du
calcul dans les rentes de transfert, est trop généreuse dans la mesure où, si
lapersonne prend son argent puis
réinvestit dans des obligations, elle ne participe pas au risque qui est
inhérent au régime de pension, et je comprends votre question.
Ma question, néanmoins,
pour moi et comme beaucoup des gens hier, c'est qu'on voudrait avoir un
régime danslequel, si… Vous
comprenez qu'actuellement les jeunes vont presque… vont avoir plusieurs emplois
différents, au fond,dans leur
carrière, dans différents régimes de pension, souvent, alors que des gens plutôt
de mon âge, on rentrait dans uneentreprise
et on faisait carrière complètement dans l'entreprise. Donc, il y a
une différence dans la manière dont les gens abordent le marché du
travail.
L'objectif
serait quand même que, si quelqu'un a travaillé 30 ans, bien, grosso modo, il…
bien, dans différentesentreprises,
finisse par avoir quand même un régime de pension, et optimalement en fonction
des salaires de fin de carrière,qui
soit le même que s'il devait rester tout
le temps. La question des formules de
transfert… donc extrêmement importante à ce moment-là.
Ce que je
veux vous poser, la question, est : Comment vous articulez votre position
sur les formules de transfertpour
ceux qui sortent par rapport au rachat d'années de service à l'intérieur des
régimes sur lesquels vous êtes responsables? Parce qu'optimalement, si
quelqu'un quitte l'entreprise A pour aller dans l'entreprise B, il faudrait que
sa formule de transfert, et je comprends qu'il
y a des variations parce que les régimes de pension ne sont pas tous
identiques… maispuisse procéder à un
rachat, à ce moment-là, d'années de services. Et là vous n'êtes pas rentrés du
tout dans la questiondes rachats d'années
de service. Comment vous vous positionnez? Et vous voulez qu'on reprenne les
mêmes paramètres, à ce moment-là, de ce que vous suggérez pour le rachat
des années de service?
M. Morin
(Vincent) : Effectivement, il n'y a
pas eu de discussion à l'interne là-dessus, mais je peux quand même m'avancer peut-être, avec une réponse, si vous le
voulez.
Je sais que,
dans certains pays, en Europe par
exemple, il y a
une parfaite harmonisation des régimes, donc c'esttoujours
possible justement de transférer d'un régime à un autre, que ce soient des
régimes publics ou privés. Donc, c'estsûr,
ça pourrait paraître intéressant. C'est sûr, l'ACARR représente des
administrateurs du privé puis du public. Dans lepublic, peut-être qu'il pourrait y avoir des règles, là, qui soient
mises en place pour faciliter les rachats entre les diverses
organisations publiques. Puis effectivement on croit qu'il faudrait que ce soit
fait sur une base, là, similaire aux valeurs
de transfert, pour qu'il n'y ait pas des gains ou des pertes importants entre
les régimes. Mais, dans le privé, onn'a
pas vu aucun administrateur, jamais, nous demander d'améliorer ou de forcer la possibilité de rachat. Ce n'est vraiment pas quelque chose qui a été demandé
par aucun administrateur puis qu'on supporterait nécessairement.
• (10 h 20) •
M.
Gautrin : Est-ce
que vous avez de l'information, au
niveau de votre association, sur les politiques de
rachatdans les différents régimes?
Si vous les avez, pouvez-vous nous les communiquer, si vous en avez, à travers
le Canada?
M. Morin (Vincent) : Bien, on
pourrait poser des questions puis vous fournir l'information qu'on a.
M.
Gautrin :
…communiquer aux parlementaires, parce que ça serait utile.
M. Morin (Vincent) : O.K. Pas de
problème.
M.
Gautrin :
Merci. M. le Président, je crois que mon collègue d'Outremont et ma collègue de
Laporte voudraient profiter de l'occasion de leur poser des questions.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : M. le député d'Outremont.
M.
Bachand : Merci, M. le Président. Bonjour. Bonjour,
collègues, ce matin. Bonjour
à tous. Thank you for coming from Calgary and Toronto
to be with us today.
Ma
première question. Vous avez fait un commentaire, à la page 9, sur la
restructuration des régimes, et, la restructuration des régimes, évidemment,
vous faites quelques commentaires. Je ne sais pas si… Et avec ce pouvoir unilatéral de l'employeur qui est recommandé par
le comité d'experts, et qui, évidemment, n'est pas recommandé par,entre autres, le Syndicat canadien de la fonction
publique, qui était ici hier. Je ne sais pas si vous avez pris connaissancedu mémoire du SCFP et si vous avez un
commentaire à faire sur leur proposition, qui est de dire : Oui, parfois,
il faut forcerle jeu, parce qu'il n'y
aura jamais d'entente, et leur proposition de mettre en place dans le Code du
travail un mécanismede conciliation
particulière pour la question des régimes de retraite et de leur
restructuration et qui permettrait soit à laministre, au ministre, unilatéralement, de faire la conciliation avec
des assesseurs, et, même s'il y a une entente, elle prendraitforce, mais que ça serait une pression importante
qui serait… Avez-vous une réaction sur cette suggestion du Syndicat
canadien de la fonction publique?
M. Morin (Vincent) : Je n'ai pas pris connaissance en détail du rapport, là, du Syndicat
canadien de la fonction publique. Ce qui est sorti, là, des membres de l'ACARR,
c'est que, malgré la situation difficile des régimes, il y en a vraiment très peu qui croient que le pouvoir
unilatéral pourrait vraiment être la solution à leur problème. Ils voient plutôt — la
grande majorité — des
solutions au niveau d'une négociation potentielle avec les parties. Donc, il n'y
a pas eu,honnêtement, énormément d'opinions
qui sont sorties là-dessus. Mais il y a, dans certains cas, une minorité de régimes,peut-être en plus grandes difficultés, qui
pourraient voir d'un bon œil une solution comme ça. Mais, effectivement, pour
la grande majorité des membres de l'ACARR, il n'y a pas eu de pression à
pousser vraiment beaucoup sur le pouvoir unilatéral.
Mais, si c'était pour être de l'avant, ce que les gens ont dit, bien, il
faudrait que ce soit fait différemment. C'est ça que le document
stipule.
M.
Bachand : O.K. Merci. Alors, peut-être, si jamais vous
prenez connaissance de cette suggestion du SCFP,si vous avez des commentaires à nous faire, on les apprécierait, parce
que vous êtes quand même au cœur des processus, et ça me semblait être
un commentaire constructif qui peut par ailleurs, dépendant de nos réflexions,
être une étape. Même s'il y avait un pouvoir
unilatéral, ça peut être une étape, comme la médiation, là, est parfois une
étape obligatoire dans un processus.
J'aimerais
revenir à la rente de longévité. Et la question s'adresse à la fois à vous et à
vos collègues, mais avec un préambule, parce que je sais qu'effectivement — et,
M. Brown, vous avez raison — il
y a des discussions, depuis quelques années,
beaucoup de travaux ont été faits, y compris les vôtres. Ça a été une
préoccupation particulière pour B.C.,l'Alberta;
l'Ontario avait des préoccupations, mais semblait favoriser l'augmentation du
régime de rentes, le gouvernementnéo-démocrate
aussi. Et il y avait beaucoup de pression à cet effet-là, avec une résistance
de l'Alberta et du Québec, etM.
Flaherty de Finances Canada aussi, particulièrement… Pour plusieurs raisons,
mais entre autres le coût, parce que laproposition d'augmentation du Canada Pension Plan, Régie des rentes du
SCFP, était à un coût de… elle augmentait lacotisation, je pense, de 6,8 %. C'est un coût, quand on compare, je
regardais ça, sur l'économie, de près de 8 milliards,hein? Si la rente longévité est quatre, c'est plus
que le double. Donc, c'est un coût de 8 milliards, je comprends qu'on peutréduire le coût, il y en a qui… mais c'est
un coût considérable, et l'état de l'économie canadienne ne permettait pas, en
tout cas à court terme, de mettre ça en place. Et donc nous avons résisté.
Ceci
étant, le statu quo n'est pas une option. Et ça, je pense, tout le monde, en
tout cas, semble le dire, je pense que M. Brown aussi, dans vos
commentaires, M. Hocking aussi, disant que le statu quo n'est pas une option.
Il y a
des enjeux fondamentaux au Canada. Les courbes démographiques ont changé, il y a
moins d'enfants, il y ades problèmes dans 30 ans, il y a des problèmes
court terme pour les baby-boomers, mais il y a aussi des problèmes
pourles gens dans 30 ans. Donc, il
est temps que les Canadiens... ou Québécois, mais les Canadiens disent :
Est-ce qu'il nefaut pas créer un
nouvel outil? Et malheureusement, malgré toutes les grandes campagnes d'éducation,
il y a une classede citoyens
qui n'épargnent pas assez pour leur retraite, ce qui va créer, dans 30 ans, des
problèmes sociaux considérables, parce qu'on n'est
pas mieux de ne rien faire puis d'avoir 1 million de pauvres de plus au
Québec dans 30 ans.
Et j'aimerais revenir
sur la rente longévité, qui est une idée qui n'existait pas dans le paysage il
y a un an, en tout cas, et qui m'apparaît
en tout cas être un pas important dans la bonne direction, de viser juste, en
visant 75 ans, comme vous le
soulignez, là — je
suis content de votre précision, ce n'était pas clair — parce
que la longévité, bien sûr, s'est augmentée considérablement depuis la mise sur
pied du régime des rentes du Canada.
Comment voyez-vous, puis… And after
that, I'll ask Mr Brown the same question: How do we have the consensus?Comment on bâtit, dans un
processus qui est politique, mais qui est aussi un processus de consensus de
société que lesgouvernements
essaient de bâtir, donc, en discutant avec des gens comme vous, avec bien sûr
des entreprises, les syndicats,ultimement,
il y a une responsabilité gouvernementale, mais… et il y avait un processus en
cours, comment on reprend ça,en
mettant la rente de longévité dedans, et à travers le Canada? Est-ce que c'est
juste la responsabilité des gouvernements? Ou comment on fait vivre ce
débat-là? Et est-ce que ça vous paraît être une piste qui pourrait faire
consensus dans l'Ouest canadien et en
Ontario? Could this
proposal make consensus in Ontario and in the rest of Canada, Alberta and B.C.?
M. Brown (Christopher) : Clearly, I can't speak for the western
governments, obviously,nor will I ever try, butI would say, if you'd asked me
that question two, three, five years ago, I would have said : Very
unlikely you could get aconsensus on
that point. But, with evolutions and changes in some of the other governments,
there seems, from what we'veobserved,
to have been some softening of positions on the CPP discussion, for example,
including in my home province.
So what that says to me,
and I think to us as an organization, is that governments are recognizing that
these issuesdo need
to be discussed and that, perhaps, part and fast positions that we've seen
historically have softened and that there'san opportunity to have this debate across provincial orders. I'm a
little sceptical. You know, we, as an organization, preachand promote harmonization at every opportunity as
we've done today. We thank you for the opportunity. It's difficultin this country to get that kind of agreement on
anything. But I would strongly encourage you that your government hasthis report before it... It's timely, it's
intriguing, and it provides an excellent opportunity to have the discussion. It
addressesmany of those issues that
you've referred to, with expanding CPP, that have led to those entrenched
positions that we'veheard in the
past. If this can deal with some of those issues, and we can have that dialogue
between governments, maybe there's an opportunity now to do something.
M.
Bachand :
Just to build on the consensus, to build is not only between provinces and it's
not only governmentalissue,
it's a consensus between Canadians, in a sense, and between the private sector
and the public sector in general. And we have to be careful because our
pension system in Canada has different pillars, and the private sector is very,
very important, and the proposal of the CPP,
with the volume it required, basically decapitated part of the private sector,
I think.
Do you think — and
when I think of consensus for the private sector — that this is an acceptable
compromise?Yes, the
public sector grabs a little bit more, because global… as a society, that's
something we should do, and… But does leave enough space, like for the pool
retirement savings plans or other systems.
• (10 h 30) •
M. Brown (Christopher) : Here, I think, as Jacques and so on
discussed earlier, we have not reached internalconsensus, even within our own organization, but,
similar to what I was referring to in perhaps some shifts in governmentviews, if you would have asked us this question
five years ago, as an
organization, we probably would have had consensusand been more strongly opposed. But I think there
is some recognition developing in the private sector that we need to
look at, some of these alternatives as well.
Are
we ready today to sign on to this proposal specifically? Not yet, not there
yet. Could we be, with more discussion, and
some tinkering and some commitment on the other elements that the private sector needs to… in
orderto continue to
play a role? If they are part of a comprehensive set of solutions that address
those issues that we've all been talking about, then it's worth
investigating. I think we would be open to that dialogue.
M.
Bachand : OK, thank you. It's
very constructive. Je vais laisser la place à ma collègue, je pense que…
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Mme la députée de Laporte.
Mme
Ménard : Merci, M. le Président. Bonjour, chers collègues, Mme
la ministre, bonjour messieurs,
welcome to the National Assembly.
J'ai une question.
Dans votre mémoire, à la page 5, vous dites que les nouvelles règles de
capitalisation pourraient entraîner des
hausses marquées, là, des cotisations dans les régimes du secteur public, et
vous mentionnez quele problème
pourrait être réglé en commençant par une plus longue période de transition, et
vous donnez un exemple de20 à 25
ans. Vous ne pensez pas que prolonger la période — parce
que je la trouve assez longue — pourrait mettre en danger la
solvabilité des régimes de retraite?
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) : Normalement, il n'y aurait plus de temps pour la
réponse, mais on va vous laisser répondre.
Mme Ménard :
Merci.
M. Fontaine (Jacques) : Pour les régimes de retraite du secteur public,
il faut comprendre que, depuis quelques années, on ne payait pas la
solvabilité. Donc, de passer d'une règle de capitalisation à une règle de
capitalisation améliorée qui est entre les
deux va créer des déficits. Les participants d'un régime de retraite du secteur
public, il y a uncôté pérenne, bien
entendu, c'est pour ça que, voilà quelques années, la solvabilité n'était pas
tenue en compte. Or, le risque d'un régime de retraite du secteur public
qui fasse faillite, contrairement à un régime de retraite du secteur privé, est
quasi inexistant. C'est pour ça que la
période d'amortissement de ce déficit-là, on rajoutera… on propose de rajouter
de 10 à 15 ans par rapport aux régimes de retraite du secteur privé. Et
c'est un consensus au niveau de l'accord…
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Merci. Et nous passons maintenant à M. le
député de Lévis.
M.
Dubé : Alors, bonjour à mes collègues aussi. Alors, bonjour and welcome again in the
National Assembly of Québec. Thank you for
taking the time.
Moi, j'aimerais vous demander, parce que vous avez
dit tout à l'heure, M. Brown, clairement, qu'un des problèmesque vous avez notés, non seulement dans vos autres
exercices que vous avez faits dans d'autres provinces… qu'il y avait eu un
laisser-aller de la part du privé à ne pas aider les épargnants à prendre en
charge leurs épargnes. Et, si j'ai bien compris
votre propos, aujourd'hui, avant de passer à la prise en charge, par exemple,
soit du gouvernement, comme avecla
rente de longévité, ou une charge plus importante des employeurs que l'on peut
comprendre… qu'il faudrait vraiment essayer de voir ce qu'encore le
privé peut faire pour aider. J'ai bien compris?
Moi, je vous
le demanderais parce que, pour avoir votre opinion, dans vos recommandations,
si je compare la rentede longévité,
qui demande à l'employeur de payer 1,5 % à 2 %, O.K., versus l'employeur
qui ne paie rien, par exemple, pour beaucoup d'employés, où trouvez-vous que
cette zone-là pourrait être acceptable, incluant les efforts qu'on pourrait
faire, nous, sur ce qu'on appelle le RVER ou, en anglais, qu'on appelle VRSPs?
Alors, j'essaie
de vous demander où est le compromis, selon vous, qui permettrait d'aller vers
une solution oùle privé continue d'aider
sans nécessairement reporter toute la balle sur les gouvernements, qui n'ont
déjà pas beaucoup d'argent, si vous saisissez ma question.
M. Brown
(Christopher) : I think so. And it's a very
difficult question to answer and it's…
M. Dubé : In a few minutes.
M.
Brown (Christopher) : Exactly. But it's the real question: Where is
that line? Who can afford it? And the problem we have
is, the longer we wait, the more expensive it becomes to implement anything.
That's the nature of retirement savings. If we don't do it today, it's going to
cost more tomorrow.
In
terms of where that line is, the reason the one size fits all answer, because
it's not a one size fits all problemeither, large employers and small employers,
self-employed, all in drastically different circumstances, and so, to say toanyone of those employers: Your new
obligation is x%,
the response you'll get will be very different. And I think it's important for you to hear from small business, and the
self-employed, and large industry, and get those perspectives. I mean, as an organization that manages and runs
or represents those who manage and run pension plans, that's a difficultquestion for us to answer. But what we have
heard from our members is that there is some willingness to look at the mixbetween privately sponsored plans and
publicly sponsored plans, and shifting some of that may be an appropriate thing
todo. But our members are largely
those who are already in the pension system, and understand, and are willing to
play a role.
The
key in this province and across the country are those who are not in the
pension system today, small employersand the self-employed being the largest groups. We
can't speak for them because they're not our members, and that'sthe problem. We need to get to those employers and
have that discussion with them about what they can bear in order to
contribute to the system.
M. Dubé :
Very good. Merci.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
M. le député de Lévis.
M. Dubé : Est-ce qu'il me
reste encore un peu de temps?
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Il vous reste une 1 min 30 s.
M.
Dubé : Maybe just because I realize I have a little bit more
time: pushing that to the… what you call in English the
VRSP, the Minister Mme Maltais said earlier : This is something we are
going to look also in the coming months because
we treat them separately. Would
you think that it might be… que ce serait beaucoup plus facile d'avoir en place
le VRSP et de voir comment on peut le compléter si on savait que ça allait être
en place? Parce que, pour nous, c'est deux décisions, mais qui, à mon sens,
viennent attaquer le même problème.
Une voix : …
M. Dubé : C'est le RVER. You understand my question? Would the recommendation that you would
make today on what we should do, for example,
on the defined benefits and everything, if we had in place the VRSP,would you have a different recommendation? Because
there would be already something in place for those that have not
pension plan.
M. Brown
(Christopher) : I don't know if you want to
add to it, but…
M. Fontaine (Jacques) : Bien, peut-être… Parce que, vu qu'il y a une
commission parlementaire dans trois semaines, il y a un groupe au niveau de l'ACARR qui travaille sur le RVER. Et puis
là, présentement, il y a une réflexion là-dessus. Compte tenu…
Une voix : …
M.
Fontaine (Jacques) : C'est
ça, dans le groupe de l'ACARR. Compte tenu que, comme M. Brown disait, il y ade l'évolution, présentement, il y a
beaucoup d'évolution. Voilà quatre, cinq ans, il y avait eu… il y a de l'évolution,
et puis on va vous faire part de ça à la prochaine commission
parlementaire.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Messieurs, merci énormément de votre présentation, de votre
participation à notre commission.
Et je
suspends nos travaux quelques minutes pour permettre aux représentants du
prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 10 h 39)
(Reprise à 10 h 44)
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. J'aimerais aussi… peut-être, un petit message à
nos parlementaires, peut-être, entre… lorsqu'on… la période de changementde groupe, je demanderais aux parlementaires, peut-être, de prendre moins de temps. C'est sûr qu'il faut
faire les choses bien, mais je pense qu'on peut prendre un peu moins de
temps pour la suspension entre chaque groupe.
Et nous
recevons… Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association canadienne des gestionnaires decaisses de retraite, et on devrait rencontrer M.
Drolet et M. Paquette. Alors, M. Drolet et M. Paquette, vous avez 10
minutes pour vous présenter, et présenter votre organisme, et présenter
votre mémoire. À vous la parole.
Association canadienne
des gestionnaires de
caisses de retraite, chapitre québécois (PIAC)
M.
Paquette (Jean-Yves) : Eh
bien, bonjour à tous. Merci beaucoup de prendre le temps de nous recevoir et departager les vues de l'Association canadienne des gestionnaires de caisses de retraite au sujet du rapport
D'Amours. Jeme nomme Jean-Yves
Paquette et mon collègue ici, Pierre Drolet. Nous sommes tous deux
gestionnaires de fonds ausein de
caisses de retraite. Et nous sommes ici justement à titre de représentants de l'Association
des gestionnaires de caisses de retraite, donc, pour ce point de vue là.
Et, pour
parler de l'association, qui est souvent vue sous le logo de PIAC, c'est une association qui regroupe desprofessionnels
oeuvrant essentiellement dans la gestion des placements et dans la gestion
des risques au sein d'environ130 des
plus grandes caisses de retraite canadiennes, tant dans le public que dans le
privé, actifs sous gestion d'au-delà de 1 000 milliards de
dollars, donc des grandes caisses de retraite, justement, effectivement.
Et nos
membres, justement, oeuvrent au sein des caisses de retraite. Il n'y a pas,
dans l'association, de fournisseurde
services et autrement. Puis je mentionne ça juste afin que vous puissiez
comprendre l'angle dans lequel on s'est positionnés, si on veut, lorsqu'on a analysé le rapport D'Amours, donc
sous l'angle de la gestion des placements et des risques.
De manière
générale, PIAC aime bien évidemment les régimes de retraite à prestations
déterminées. On considèrequ'ils sont
les meilleurs véhicules de placement pour les retraités, tant pour assurer une
bonne gestion et des faibles coûts,mais
aussi pour un effet… en vue de leurs effets très structurants sur l'économie,
parce que, de par la mutualisation desrisques
de longévité et autres, on peut se permettre d'avoir des stratégies d'investissement
axées sur le long terme, des placements dans le long terme qui sont
peut-être moins adaptés à d'autres fonds ou véhicules de placement.
Et aussi, d'emblée,
je vous le dis tout de suite : On est favorables, on reçoit favorablement
le rapport D'Amoursparce que tout ce
qui peut aider à pérenniser, idéalement, favoriser l'épanouissement des régimes
de retraite à prestationsdéterminées,
bien, nous sommes évidemment d'accord avec ça. Mais on reconnaît effectivement
qu'il y a quand mêmedes gros
compromis à faire, puis on ne sous-estime pas la difficulté de la tâche qui est
devant vous, là. Alors, là-dessus, je vais céder la parole à mon
collègue, qui va vous parler du mémoire.
M. Drolet
(Pierre) : Alors, bonjour.
Merci beaucoup de nous accueillir ici. Alors, ce que j'ai fait — bon, j'imagineque tout le monde, vous avez une copie du mémoire,
vous avez pu passer au travers et lire les choses — j'ai regroupémes commentaires en essentiellement trois points majeurs et deux autres
petits points que je vais couvrir un peu plus tard : lepremier point, l'impact politique de placement; le
deuxième, tout ce qui est asymétrie au sujet du traitement — ça peutêtre dans
différents aspects qu'on voit clairement, des fois un peu moins clairement; et,
troisième aspect, l'aspect gestion des risques. Je vais adresser ces
trois points-là.
Il faut
comprendre que, nous, notre approche comme gestionnaires de caisses de
retraite… surtout des placements. Peut-être
que mes interventions vont être un peu plus techniques. Si vous vous avez des
questions, n'hésitez pas à me revenirlà-dessus,
ça va me faire plaisir. Mais on prend vraiment l'angle plus gestion de
placements, gestion de portefeuilles ici, par rapport à une gestion, une
vue plus globale des caisses de retraite que certains administrateurs ont.
Nous, finalement, en gérant les caisses de
retraite, on a un rôle de fiduciaire qui est quand même important là-dessus et qui représente et à la fois les
contributions de l'employeur, l'employé, les retraités. Donc, on voit un peu
cetarbitrage-là. Puis on sait
évidemment que ce n'est pas facile entre ces différentes parties, là, de bien…
évidemment, il y a toujours des conflits potentiels, là. Alors donc,
voilà.
Alors donc,
premièrement, mon point sur la politique de placement. Nous, ce qu'on mentionne
ici, c'est que c'estimportant que la
politique de placement, telle qu'elle est, elle doit demeurer la propriété, le
contrôle du comité de retraiteet
puis elle doit demeurer aussi flexible pour permettre justement de structurer
des portefeuilles qui ont vraiment un horizon à long terme et qui ont un horizon de placement en fonction, justement, de
l'horizon, effectivement, à long terme des caisses de retraite.
Ce qu'on voit
à l'intérieur du document du rapport D'Amours, ce qu'on veut être certains qu'il
faut faire attention, il faut faire
attention quand on parle de taux d'intérêt corporatifs et d'utiliser les taux d'intérêt
corporatifs pour évaluer le passif, bon, etc. Je pense que cette
mesure-là est intéressante. Là où il faut y faire attention, faire attention
avec les conséquences un peu inattendues d'utiliser
ces mesures-là où on ne veut pas que les règlements et des règles fassent en
sorte qu'il y a des stratégies d'investissement qui soient imposées, qui vont
un peu forcer les gens à se procurer des obligations
de type corporatives parce que le panier et les instruments qui sont
disponibles sur le marché n'ont aucunecommune
mesure avec l'ampleur des fonds qui sont gérés actuellement par les grandes
caisses de retraite… Et, si on incitetrop
fortement les caisses de retraite, par exemple, à seulement acheter des
obligations corporatives, bien, évidemment, ça va créer un biais dans le marché, il va y avoir
des dichotomies dans le marché. Et là il faut faire attention, ça peut être
dangereux, on peut avoir finalement des effets pervers associés à ça. Donc, je
pense, c'est le premier point à faire.
• (10 h 50) •
On est tout à
fait confortables avec les mesures d'évaluation, mais il ne faut pas forcer
trop, trop ces stratégies-là. Donc, c'est
important, dans l'aspect réglementation, de faire attention à cet aspect-là. On
peut voir que, si, évidemment,on se retrouve avec des taux d'intérêt
corporatifs, tout le monde achète ces titres-là, ces titres-là vont prendre de
la valeur,le taux ne reflétera
peut-être plus nécessairement le risque qu'on veut avoir. Donc, il faut y faire
attention. Ça, c'est le premier volet qu'on voulait vous mentionner de
vive voix là-dessus.
Le deuxième
volet qu'on a, c'est l'aspect de la symétrie. La symétrie est traitée très bien
dans le rapport D'Amours, c'est
clair. On a peut-être trois points qu'on voudrait juste reclarifier ici avec
vous, à savoir certains petits ajustements que nous, on ferait.
Le premier
point, quand on parle de consolidation des déficits pour les calculs de
contribution… On a vu que,bon, dans
le cas où on a un déficit, on calcule une contribution supplémentaire, et, si,
par la suite, il y a des changements,des
gains d'expérience, etc., cette cédule-là ne semble pas être révisée à la
baisse pour tenir compte du changement de lasituation financière. Donc, encore ici, si on maintient ça de cette
façon-là, on garde une espèce d'asymétrie, à savoir que,si les choses vont mal, effectivement, on met plus
de sous. On comprend ça, c'est important de bien financer le régime. Mais, si les choses s'améliorent, on ne peut pas
comme retirer la contribution supplémentaire. On ne dit pas d'arrêter defaire des contributions, mais l' «excess».
Alors donc, là-dessus, ça serait peut-être important de faire attention et s'assurer
qu'au niveau… qu'on ramène quelque chose d'un peu plus symétrique de ce
côté-là.
Deuxième
point de l'aspect asymétrique, c'est au niveau plus global — on en a entendu parler précédemment,là — sur les règles de financement équivalentes
pour tous. Nous, c'est clair que, comme gestionnaires de caisses de retraite,
où on a les intérêts des retraités,
des participants actifs et de l'employeur — on a tout ça dans le même pool,
finalement — bien,c'est important qu'un dollar de contribution
doit faire face à un dollar de crédit de rente qu'on donne. Donc, c'est clairqu'on est tout à fait à l'aise à ce que les
régimes publics et privés versent ce que ça coûte vraiment au régime pour
refléterle vrai coût du régime. Et c'est
clair qu'un régime, effectivement — les actuaires vont vous le dire — il y a un coût élevéà ça. C'est clair qu'il y a un coût élevé, mais,
si on veut bien le capitaliser, il faut le refléter dans le régime. Ça, c'est
clair.
Troisième
point d'asymétrie… Il faut faire attention, donc, quand je parle d'asymétrie au
niveau des règles definancement. L'idée,
c'est que tout le monde paie le vrai coût, qu'il n'y ait pas un secteur qui est
favorisé par rapport àd'autres.
Troisième point au niveau de l'asymétrie, c'est au niveau de l'achat de rentes
par le comité de retraite. Effectivement,c'est intéressant, ça permet de réduire le risque au niveau de la
gestion du risque, ça, c'est clair. Par contre, quand on regardele rapport, à certains points, on parle d'employeurs,
on parle de comités de retraite, donc il y a peut-être une clarification
à faire à ce sujet-là, là.
Qui va
acheter les rentes? En théorie, ça viendrait via le comité de retraite, j'imagine,
c'est ce qu'on en comprend.Et, ce
qui est important, on parlait bien, dans le rapport, de dégager l'employeur de
toute responsabilité, sauf que, si lecomité
de retraite demeure responsable, est-ce que lui aussi va être dégagé de ses
responsabilités s'il achète des rentes?C'est important, ça, de le dégager ou de ne pas le dégager. Mais, en
fait, c'est important, je pense, de le dégager pour enleverl'asymétrie, justement, dû au fait que, si on n'achète
pas les rentes, on est responsables de payer les rentes, on assumele risque. Mais, si on achète les rentes, il faut
aussi que le comité de retraite soit dégagé de cette responsabilité-là parceque, sinon, il va toujours y avoir une épée
de Damoclès au-dessus de sa tête où le régime va avoir à acheter une rente,mais va toujours être responsable s'il y a
un problème avec la compagnie d'assurance. Donc, il y a un aspect ici à clarifier
important.
Troisième
point au niveau de la gestion des risques. Nous, quand on regarde ça…
Évidemment, il y a un préambuleimportant
là-dedans où on croit qu'en fait la gestion des risques a été un peu déficiente
dans le passé. Je pense qu'il faut la séparer en deux, la gestion des
risques. Il y a la gestion des placements. Oui, effectivement, et on est à la
merci des soubresauts des marchés, on ne
peut pas s'en cacher. Mais il y a aussi l'aspect politique de financement, et
ce que je vois à l'intérieur du rapport D'Amours, c'est que le gros de l'emphase…
Une voix : …
M. Drolet (Pierre) : Oui? Une
minute?
Une voix : ...
M. Drolet
(Pierre) : O.K. Le gros de l'emphase
est mis sur l'aspect plus politique de financement par rapport à politique de placement. Je pense qu'au niveau des
grandes caisses de retraite beaucoup de mesures ont été mises en placeet sont en place pour gérer les risques des
placements. C'est clair que la clé, c'est l'arbitrage entre l'horizon d'investissement,qui doit nous faire… Si on veut générer des
placements rentables à long terme, quelquefois, on doit augmenter notre horizond'investissement. Ça signifie,
effectivement, des fois, prendre des risques et vivre avec certains
soubresauts. Ça, c'estclair. Donc,
gardons ça en tête, mais je pense que les membres de PIAC, au niveau de la
gestion de caisses de retraite…elle
est quand même assez diligente de ce côté-là, et les mesures sont déjà en place
pour bien gérer nos instruments et nos risques financiers, ça, c'est clair.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci beaucoup. Et nous commençons la période d'échange du côté
gouvernemental. Mme la ministre.
Mme
Maltais :
Merci, M. le Président. Alors, bienvenue à l'association canadienne des
gestionnaires de retraite.MM. Drolet,
Paquette, bienvenue, merci de votre mémoire très intéressant. On voit que vous
êtes ceux qui sont véritablement dans
la gestion des placements, donc vous
avez un intérêt certain, je pense, entre toutes les mesures quisont là pour non seulement proposer des solutions
à long terme, mais voir à améliorer la situation actuelle, à améliorerla loi. Alors, je vais vous dire qu'on a tenu
compte, là, beaucoup de vos suggestions, on va les regarder
attentivement.
Maintenant,
j'ai remarqué que votre mémoire est un des mémoires probablement les plus positifs quant à la rentelongévité et le rapport D'Amours, évidemment en élaborant les
conditions, les bonnes conditions de réussite, ce qu'onconnaît tous et toutes : quand on veut amener
quelque chose de nouveau, on parle des conditions de succès, des conditions
de réussite. Vous notez les conditions, entre autres celles qui ont été
relevées immédiatement par toutes les sociétés d'actuaires et les gens qui sont passés, l'association canadienne des administrateurs
de retraite, qui nous disait : Il fauts'harmoniser absolument avec le fédéral, sinon il va y avoir un coût pour
le Québec. On prend très bien ça en compte.
Mais
une des prémisses du rapport D'Amours et une phrase qu'on a entendue souvent hier,
c'est : Le statu quon'est plus
possible. Vous êtes des gestionnaires de caisses de retraite. C'est avec vous, peut-être,
qu'on peut creuser lesujet. Est-ce
qu'il est possible… Est-ce que le statu quo ou, en tout cas, d'attendre la
montée des taux d'intérêt, ce quiva
sûrement être abordé par d'autres partenaires, d'autres joueurs la semaine
prochaine… Est-ce que d'attendre les taux d'intérêt pourrait nous
permettre soit de régler la situation en elle-même, pour nos régimes à
prestations déterminées, soit d'avoir un espace-temps qui nous permette de
respirer un peu et de voir la situation à plus long terme?
M. Paquette
(Jean-Yves) : …de réponse, elle ne sera peut-être pas si courte que
ça…
Mme
Maltais : Prenez
votre temps, parce que c'est… vous êtes ceux… vous êtes les seuls gestionnaires
directement, là, de caisses de
retraite qu'on ait, alors je veux vraiment qu'on… ça serait le fun de bien vider cela, parce
que c'est un débat qui va revenir.
M. Paquette (Jean-Yves) : Effectivement. Et, effectivement, il y a eu un choc en 2008 qui a été complètementinattendu, mais qui a été mondial. Ça, c'est très,
très clair. Mais, derrière ce choc-là, il
y a quand même un mouvementdepuis de nombreuses années de changements
démographiques, et, à l'échelle mondiale… Et, lorsqu'on regarde, il y a
unebaisse, dans le fond, de
progression de démographie, et puis, si on parle en termes économiques, moins grande démographiesans gain de productivité veut dire, normalement,
croissance économique un peu plus faible que par le passé et avec descibles d'inflation dont… La plupart des pays
développés du monde ont des cibles d'inflation assez claires, aux alentoursde 2 %. Additionnez l'un à l'autre, et
vous avez des taux d'équilibre maintenant, dans le secteur 10 ans, qui risquent
d'êtredorénavant plus de l'ordre du
4 % à 4,5 % que du 6 % à 6,5 % qu'on avait peut-être à la
fin des années 90 puis les belles années à 10 %, 15 %, là,
pour ceux qui ont une mémoire un peu plus longue, là, mais…
Donc,
si on pense que, vraisemblablement, à partir d'ici, les taux peuvent
remonter — ce qu'on
souhaite, parce que ça témoignerait d'une meilleure vigueur économique
au total — on
ne doit pas s'attendre à ce que ça remonte énormément.
Je pense que c'est assez bien expliqué aussi dans le rapport D'Amours, mais,
comme je vous dis, 4 % à 4,5 %,
j'ai lancé ça dans… pour les taux à 10 ans, disons, de nouveaux taux d'équilibre,
je pense que je ne serai pas bien, bien dans le champ gauche. Est-ce que c'est
vraiment suffisant? Peut-être pour gagner un peu de temps, oui, mais, pour le long terme… Puis là toutes les
perspectives d'investissements aussi, là-dedans, parce qu'il faut penser quele marché boursier paie une prime par
rapport au marché obligataire, mais qui n'est quand même pas si démesuré que
ça, on doit s'attendre à ce que les rendements d'investissements soient
dans une cadence peut-être plus modérée qu'elles étaient dans les décennies
précédentes, et c'est...
De ce côté-là,
je ne sais pas si j'ai assez bien répondu, Pierre…
Mme
Maltais : Oui, tout à fait. Donc, cette idée du statu quo qu'il
ne faut pas… on ne peut pas vivre le statu quo encore longtemps parce
que la démographie va nous mettre face à un mur, vous l'entérinez totalement.
M. Paquette
(Jean-Yves) : …là, peu probable qu'il y ait des gros, gros
changements.
Mme
Maltais :
Oui.
• (11 heures) •
M. Drolet (Pierre) : Oui. Bien, écoutez, face à cet aspect-là, sur les taux d'intérêt, je
pense qu'on en a parlé, etc'est sûr
que, la clé, dans toute la gestion de portefeuille… Et, évidemment, s'il y
avait une solution unique, tout le mondel'aurait trouvée, hein? Ce n'est pas facile, cette solution-là. C'est
notre raison d'investissement, à savoir : si on veut avoirun horizon à long terme, pour être sûrs qu'on fait
fructifier l'argent le mieux possible, je vous dirais, c'est important desavoir que, de temps en temps, on va
prendre, comme on dit, une poche d'air, comme on l'a connu en 2008. Ça, c'est
certain, tu sais?
Et
là, l'arbitrage, dans tout ça, évidemment, c'est de quelle façon on est
capables de supporter les difficultés quandelles se produisent. C'est sûr que, si on crée les provisions pour
écarts défavorables, c'est clair que
ça aide, ça, c'est certain.Par
contre, il faut comprendre que, si tout ça augmente le coût du régime et ultimement il y a des gens qui disent,
bien, on ne mettra plus de régime en place ou on va les éliminer parce
que le coût devient trop élevé, c'est là la difficulté de l'arbitrage entre les deux, là. Nous, comme gestionnaires
de l'actif, on tente d'avoir un horizon à long terme en fonctionde nos prestations à payer, c'est certain. Mais c'est
sûr que les mesures qu'on a, qui sont régulières — puis je pense quec'est important d'avoir des mesures maintenant
annuelles au niveau de l'évaluation actuarielle — nous ramènent quelquefois à penser un
peu plus à court terme, et ça peut être, des fois, la difficulté au niveau d'arbitrager
tout ça, là, tu sais.
Mme
Maltais :
Merci. Le rapport D'Amours et les experts qui le composent ont tous dit :
Le rapport est indissociable parce
que, pour enlever la pression sur les prestations déterminées, il faut mettre
en place la rente longévité, il faut renégocier. Ces renégociations des
droits acquis vont avec l'arrivée de la rente longévité. Bon, il y a toute une mécanique qui est mise en place dans le rapport,
qui est extrêmement cohérente. Maintenant, faut-il procéder d'un seulcoup? Faut-il procéder par étapes? La nécessité
elle-même de la rente longévité a été questionnée par certaines personnes en disant : Faites d'abord votre
choix, public ou privé, est-ce qu'on fait ce transfert? Bon, il y a beaucoup de
questions qui sont véritablement importantes, auxquelles on essaie de répondre
à cette commission. Une question qui revient
régulièrement, c'est : Est-il nécessaire de tout faire en même temps ou
quelles sont les choses importantes à faire?Et on cible les améliorations à la loi et la capitalisation améliorée.
On sait que, bon, si on veut aller vers la rente longévité, c'est un choix en soi, mais, sur les deux autres
points, y a-t-il des choses qui seraient faisables rapidement, à court terme,
qui nous permettraient d'obtenir une meilleure gestion de nos caisses de
retraite?
M. Drolet
(Pierre) : L'aspect capitalisation améliorée, je pense que c'est un
point qui peut se faire, je crois, rapidement.
La mesure a été très bien… très clairement établie. Je pense que les règles du
jeu sont là, elles sont claires, et ça, évidemment, en l'établissant clairement
comme ça, encore là, ça enlève un peu l'aspect… l'asymétrie qu'il peut y avoir,
là. Donc, ça, je pense que c'est clair.
Les
deux autres aspects, je pense que l'achat de rentes par le comité de retraite,
ça, c'est un aspect qui peut êtreintéressant
dans l'optique où je mentionnais tout à l'heure qu'il faut vraiment que le
comité de retraite soit dégagé de ses responsabilités parce que sinon on
ramène de l'asymétrie, et ça, ça ne fonctionne pas. Et, l'autre point aussi,
suite à certaines discussions qu'on avait
eues, je pense que le fait de permettre aux régimes à cotisation déterminée, ou
mêmecertains régimes qui sont des
régimes hybrides où on… régimes à prestations déterminées qui ont aussi un
volet cotisation déterminée, c'est-à-dire que la personne, à sa
retraite, a le choix d'acheter une rente ou de prendre ce que le régime a accumulé, donc un peu le meilleur des deux mondes,
si vous voulez, de permettre le décaissement progressif de ces gens-là,ça, c'est intéressant, surtout comme gestionnaire
de caisse de retraite, dans l'optique où les fonds, au lieu que la personnequitte avec son magot et aille ailleurs le
faire gérer, et généralement elle va assumer des frais de gestion beaucoup plusimportants, nous, comme gestionnaires de
caisse de retraite, de pool d'argent quand même important, là, on parle… nosmembres, en général, c'est 500 millions
et plus, donc ça facilite la gestion, ça réduit nos frais de gestion, et puis
donc ça, c'est gagnant, je vous dirais, ça. Donc, c'est les trois volets,
je dirais, que je toucherais.
M. Paquette (Jean-Yves) : Je veux juste rajouter un point à la réponse,
juste pour… justement, sur la capitalisationaméliorée. Cependant, le principe est très beau, mais peut-être que la
période d'introduction, parce que ça peut créer, commeça a été mentionné, des problèmes chez certains…
plusieurs régimes de retraite, la période d'introduction de cela devraêtre très, très bien modulée, avec beaucoup de
flexibilité, puis même possiblement une révision après quelques années,pas trop, trop lointaines, pour s'assurer que ça
atteint bien les buts désirés parce que, souvent, on a tendance à penser qu'on
a réglé un problème puis on l'oublie jusqu'à ce que le problème devienne
insoutenable. Merci.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Merci. Bienvenue. Écoutez, à la page 5, vous nous
parlez de connaissance de niveaux de risque, là.Je vais m'essayer dans quelques questions. Je ne sais pas si je vais
être hors d'ordre, vous me le direz, là, parce que j'imagineque vous devez faire des prévisions économiques
pour évaluer les risques parce que, je veux dire, la rentabilité des fondsde pension dépend en partie de ça. Comment
vous fonctionnez pour faire vos prévisions économiques? Est-ce que vousvous basez sur les grands établissements ou sur
des conjoncturistes reconnus? Comment vous fonctionnez pour les faire?
M. Drolet
(Pierre) : Je dirais… C'est une grosse question.
M.
Therrien :
Oui. Je ne sais pas si je suis hors d'ordre, là, ou…
M. Drolet (Pierre) : Bien, écoutez, je peux vous dire un petit peu… évidemment, nos membres…
ça dépend del'ampleur des membres.
Il y a des membres qui ont 50, 100 milliards et plus. C'est clair que ces
gens-là ont souvent uneéquipe
interne qui va faire certaines prévisions en regardant soit le consensus et
aussi en mettant leur propre biais, leur propre vue pour, finalement,
aligner leur stratégie de placement. Ça, c'est clair.
Pour
les plus petites, là, souvent, 5 milliards et moins — c'est quand même gros, 5 milliards, là,
mais, bon — cesgens-là, souvent, ce qu'on va faire, c'est
qu'à ça les gestionnaires vont en partie gérer des actifs à l'interne mais vontaussi donner des mandats à l'externe à des
firmes de gestion de portefeuille, qui, elles, vont établir leur stratégie de
placementen fonction de leur propre
scénario économique, là. Et le rôle des gestionnaires de caisses de retraite
est à la fois, des fois, une gestion interne des portefeuilles et aussi une
embauche de gestionnaires externes qui ont, finalement, soit un scénario
économique ou des stratégies de placement qui vont en ligne avec leur propre
stratégie, et souvent il faut qu'il y ait complémentarité entre tout ça, là.
M.
Therrien : Donc, il y a quelques régimes qui auraient leur
propre modèle économétrique pour faire, justement, des évaluations.
M. Drolet (Pierre) : Un certain nombre, mais je vous dirais que c'est le plus gros, là. Les
gros majeurs, je dirais. Les autres vont soit faire référence à leurs
gestionnaires, souvent externes, dans le cas des choses précises comme ça.
M.
Therrien : On a vu que, dans les années 80-90, il y avait
une certaine euphorie des marchés. On a eu la débandade
de 2008. J'imagine qu'évidemment personne n'a prévu ça, parce qu'il aurait eu
un prix Nobel, là, s'il y a un modèle qui prévoyait ça.
Est-ce que vous savez
s'ils ont changé leur approche? Parce que ça a vraiment ébranlé, hein, je veux
dire, le rendement des portefeuilles, mais
aussi on s'est aperçu… Hier, on avait des chiffres là-dessus, là, sur le fait
que la conjoncture économique est
branchée très, très fortement sur la solvabilité. Et est-ce que vous avez
changé votre façonde procéder suite
à cette débâcle-là de 2008? Est-ce que vous êtes plus pessimistes? Est-ce que
vous avez introduit denouvelles
variables? Est-ce que vous usez plus de modèles stochastiques? Comment vous
faites pour, justement, là, vous protéger davantage contre une
éventuelle débâcle comme ça, techniquement, là?
M. Drolet (Pierre) : Oui. Je dirais que ce qu'on a vu au niveau de gestionnaires de
portefeuille, c'est un regardbeaucoup
plus précis sur l'appariement actif-passif. Ça, c'est clair au niveau des
caisses de retraite. Auparavant, les grosjoueurs en parlaient, certains gros joueurs qui étaient très… qui
avaient des modèles de gestion de risque très à la finepointe, un peu comme les grandes banques ont ou un
peu… Bon, ces gens-là ont ça. Les plus petites caisses de retraiteen faisaient un peu moins. Je dirais, maintenant,
de plus en plus, les gens ont un modèle d'appariement, un certain modèled'appariement actif-passif. Est-ce qu'ils
vont apparier? J'imagine que non. Je n'ai pas les réponses de tout le monde
ici, là.Mais on a ce modèle-là qui
nous permet de, avec certains scénarios relativement simples, voir l'ampleur de
ce qui peut arriver dans le futur. Évidemment, c'est toujours… ça
demeure des modèles stochastiques, sujets à des prévisions, et derrière chaque modèle il y a une complexité de
prévisions, là. Mais je dirais que les gens sont beaucoup plus à la finepointe de ça. Les évaluations actuarielles
devenant plus fréquentes, ça va aider un petit peu et ça met les gens un peu
plusface à ce qui peut arriver,
effectivement, à court terme. Mais il demeure… Et là le danger, je dirais, c'est
de voir… de ne pas trop raccourcir notre horizon d'investissement parce
que, finalement, on peut laisser une stratégie de placement intéressante sur la table si on regarde seulement
à court terme. Et c'est cet équilibre-là, là, qui n'est pas facile à trouver,
là.
M.
Therrien : Donc, vous seriez plus un petit peu plus à long
terme maintenant qu'avant? Ça, ça serait une des… À part la prudence, ça
serait un autre changement que vous avez effectué dans votre gestion.
M. Drolet (Pierre) : Bien, je dirais, sur l'horizon à long terme, je pense que les gens l'ont
toujours été. En fait, jepourrais
même dire que ça pourrait… Sachant que les gens ont des stratégies de placement
en actions en général, c'estclair
que, si on achète des actions, on n'achète pas ça pour trois à six mois, parce
qu'on ne sait jamais qu'est-ce qui peutarriver en trois à six mois. Les gens ont un horizon à long terme,
effectivement. Donc, ça, je pense que ça a demeuré, maisil y a des mesures à court terme qui nous font
dire : Qu'est-ce qui se passe? Et ça, je pense que c'est beaucoup mieux
intégré maintenant, là.
Je ne sais pas si tu
veux rajouter…
• (11 h 10) •
M. Paquette (Jean-Yves) : Oui, je vais rajouter, certainement. Je peux vous
dire que, depuis… Bien, premièrement, juste
pour, des fois, pour des leçons d'humilité, vous avez parlé de prix Nobel.
Bien, il y a au moins un fonds qui avaiteu un prix Nobel à la fin des années 90, qui a drôlement fait faillite,
Long Term Capital. Alors, il faut toujours prendre,justement, une leçon d'humilité lorsqu'on parle de
prix Nobel et de gestion des risques quelquefois. Mais je dirais que,depuis 2008, même avant… Nous, on est des
gestionnaires, mais par-dessus nous, évidemment, on a les fiduciaires, les
comités de placement et autres, qui, eux…
Évidemment, la
mémoire étant ce qu'elle est, c'est comme, j'imagine… Les gens ont dû être
marqués par la dépression de 1929. Ça reste
longtemps et les questions de risque, on est prudents très, très longtemps,
tout comme, jepourrais supposer, aux
États-Unis, les gens qui ont vu leurs épargnes fondre comme neige au soleil
puis qui avaient prisleur retraite
doivent, avant d'acheter leur troisième télévision, leur troisième auto puis
leur maison toujours plus grande… vont peut-être y penser deux fois. Donc,
de ce côté-là, ça a laissé des traces.
Le
risque qu'on peut voir, c'est que justement, effectivement, on s'assure de
toujours avoir une bonne liquidité. Ily
a, depuis ce temps-là, aussi de nombreux produits qui sont… financiers, il y a
beaucoup d'innovations financières quifavorisent
les placements à long terme avec une certaine liquidité, qui paient un
dividende ou un retour de capital plusfréquent,
peut-être plus adapté à certaines caisses de retraite quelquefois. Mais le
risque étant, comme Pierre disait, defaire
trop le focus sur le court terme parce que cette mémoire est là, puis on a
peur, et d'oublier carrément, et prendre unautre risque, celui de ne rien faire et d'investir là où on devrait
faire parce qu'il faut quand même… Quand tout est sombre, c'est souvent
là que c'est le temps d'investir, alors il faut faire attention à ça.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) : Ça va? Et nous passons du côté de l'opposition
officielle. M. le député de Verdun.
M.
Gautrin :
Je vous remercie. Je vais commencer par quelque chose que je me serais attendu
à voir dans votrerapport et que je n'ai
pas vu. Hier, on a eu… Je touche la rente de longévité. Un certain nombre d'intervenants
sont venusnous dire : Faites
attention, il va y avoir énormément d'argent qui va se trouver dans la rente
longévité, ne confiez pastout ce
capital à la Régie des rentes, il faudrait que vous fractionniez en quelque
sorte. Tout d'abord, vous êtes des gestionnaires,
vous n'abordez pas cette question à l'heure actuelle. Quelle est votre position
par rapport, s'il y a la rente delongévité,
à savoir : Est-ce qu'il faut la confier, la gestion, encore à la Régie des
rentes ou bien avoir un certain nombrede
gestionnaires privés? Ça a été un des éléments qui a été soulevé hier par deux
ou trois groupes d'actuaires qui sont venus témoigner devant nous.
M.
Drolet (Pierre) : C'est clair que, nous, comme gestionnaires de
portefeuille, qui regroupent certains gros gestionnaires
qui gèrent aussi, par exemple, la Régie des rentes, etc., là, alors, c'est
clair que c'est une question pas facile, là.Évidemment, la concentration de portefeuilles peut peut-être amener
certains risques. D'un autre côté, il y a l'économied'échelle qu'on voit avec la taille des
portefeuilles qui peuvent être intéressants. Il y a ça à voir. Ça, c'est une
décisionqui n'est quand même pas
facile de ce côté-là, là. Alors, je dirais qu'il y a un petit peu l'arbitrage
entre les deux, maiscertains ont
cette opinion-là. Je dirais que, là-dessus, on ne s'est pas vraiment penchés
là-dessus, parce que, parmi certainsde
nos membres, certains gèrent ces différends, ces caisses de retraite là et
auraient probablement plus de fonds à gérer.
M.
Gautrin : O.K. Vous comprenez quand même que les actuaires
ont pris… Il y a deux où je pourrais vous le citer, si vous voulez, donc
deux ont pris des positions très claires hier, et on a soulevé cette question
dans le débat.
Deuxième
question. J'ai été étonné, dans votre rapport, lorsque vous utilisez… sur les
règles de transition… Voussavez, les
règles de transfert, vous dites… c'est la recommandation n° 6… et vous
concluez en disant, je vais vous lirece
que vous dites, si vous voulez, à ce moment-là, sur la règle n° 6…
Attendez, il faut que je remonte, c'est toujours unpeu long. Vous dites : À la fin, parce qu'il
y aura moins d'argent… Alors, je comprends vos commentaires, mais vousavez tendance à dire que, essentiellement, si on
change, on donnera moins à la personne qui va transférer d'un régime à
un autre régime.
Moi, j'aimerais
savoir qu'est-ce qui est le plus juste, pas seulement tâcher de minimiser le
transfert. Vous comprenez que les transferts
vont devenir de plus en plus importants actuellement puisque les choix de
carrière des gens sont des choix dans lesquels l'individu va passer d'un
régime, souvent, à un autre régime tout au long de sa carrière. L'objectif qu'on
devrait avoir, c'est de permettre malgré tout qu'il y ait ces nouveaux types de
carrières qui puissent grosso modo avoir
enfin le même… une rente qui soit adaptée en quelque sorte. Donc, les questions
de transfert sont, à mon sens, très importantes.
Là,
je comprends que l'analyse que fait… Et, hier, on a rencontré aussi l'ICA, l'Institut
canadien des actuaires,qui nous
disait : Faites attention. Évidemment, la formule que nous avons établie
minimise, en quelque sorte, le risquede
celui qui s'en va. C'est pour cette raison qu'on veut revoir non pas seulement
par rapport à un taux d'actualisation basésur les bons, c'est-à-dire les obligations fédérales, mais c'est quelque
chose qui tient plus au marché que par rapport à ça.Je pense que vous avez un peu la même position,
mais pas simplement parce que ça va diminuer le coût de transfert. Alors,
je pense…
M. Paquette (Jean-Yves) : Bien, là-dessus, effectivement, ce n'est
peut-être pas, cependant, notre domaine dechoix, là, mais… Cependant, sur le paiement des rentes, là, c'est
surtout, probablement, les rentes subventionnées,
là, cellesqui représentent plus que ce qu'elles devraient autrement parce qu'on laisse la perte
dans le régime, peut-être, qui nous animent. Pierre, c'est…
M. Drolet (Pierre) : Oui, je pense que c'est surtout sur cet aspect-là, je pense,
de transfert, il faut s'assurer qu'il
n'y a pas effectivement transfert de richesse majeur, là, entre une personne et
une autre.
M.
Gautrin :
Je comprends.
M. Drolet (Pierre) : C'est surtout cet aspect-là qu'on voulait traiter, mais ça, comme
gestionnaires de placements, c'est un petit peu moins notre expertise,
je vous dirais, cet aspect-là.
M.
Gautrin : Tiens! Puisqu'on parle de gestionnaires de
placements, je vais vous poser une question qui n'estpeut-être pas tout à fait reliée au rapport D'Amours,
mais je vous la pose quand même. On a, quand on parle aux membres,des gens qui disent : Je voudrais que mes
investissements soient socialement responsables. Est-ce que vous avez sentiune pression, à l'heure actuelle, vers des
investissements plus socialement responsables quand ça arrive à votre niveau?
M. Paquette (Jean-Yves) : Je peux dire qu'il y en a davantage parce qu'aussi
le domaine s'est développé puisl'investissement
responsable n'est plus ce qu'il était il y a une dizaine d'années, alors qu'on
parlait simplement de filtrenégatif,
là, où vous êtes contre le vice et pour vertu. C'était aussi simple que ça,
là : pas de cigarette, pas de de ci, pas de ça.Maintenant, c'est plus subtil, on parle davantage
de discussions avec le management et autrement. Mais je vous diraisqu'aussi les gestionnaires, dans leur approche,
maintenant, tiennent compte de tous ces facteurs-là, même s'ils n'ont pas
de politique comme telle.
C'est
certain qu'un risque réputationnel, bon, les événements malheureux, là, qui se
sont passés au Lac-Mégantic,mais,
même autrement que ça, quand on voit qu'il y a des secteurs d'activité qui sont
plus à risque et puis qu'on voudraitavoir
un peu plus de sécurité, il n'y a pas grand monde qui vont se mettre dans une
situation comme ça sachant très bien qu'un placement peut perdre
beaucoup de sa valeur en peu de temps.
Donc,
oui, il y a de l'utilisation du droit de vote, de la négociation avec le
management, lorsque le rapport de force le permet. Il y a une certaine
tendance normale aussi, et je pense que les gestionnaires ne sont pas non plus
des êtres inhumains, bien au contraire, là,
et, maintenant, il y a quand même un pan de business qui s'est développé qui
est plus intéressant qu'auparavant.
M. Drolet (Pierre) : Juste pour compléter là-dessus rapidement, c'est clair que cet
aspect-là, il dépend évidemment de chacun des régimes et chacune des
valeurs véhiculées par certains régimes, là. Et, je dirais, au niveau de PIAC,
le consensus est plus difficile, selon la perspective que les différentes
caisses de retraite ont, là.
M.
Gautrin :
Je vous remercie. Moi, tout le monde… je dirais, il y avait un consensus sur la
possibilité d'assurerpar une
compagnie d'assurance les rentes éventuellement, c'est-à-dire plus de
flexibilité dans la loi. Vous avez vu l'importance
de nous signaler qu'il était important que, si on modifie la loi, il faut, à ce
moment-là, s'assurer qu'il n'y ait pas une épée de Damoclès et qu'il y a
une déresponsabilisation du comité de retraite à cet effet-là. Je pense que,
très honnêtement, je ne l'avais pas vu et je pense que c'était un point qui est
un point important.
Je
veux soulever, sur une dernière question, avant de passer la parole peut-être à
mes collègues qui auraient desquestions
aussi à vous poser, sur… en ce qui touche la possibilité pour gérer, en quelque
sorte, les écarts défavorablesqu'on
comptabilise dans un compte, séparer en quelque sorte tout ce qui pourrait être
une provision pour écart défavorable,et
donc, si jamais il y a des excédents d'actif à l'intérieur de ce fonds, de
pouvoir utiliser ces excédents d'actif pour une indexation a posteriori.
Le
SCFP est venu témoigner hier soir ici, en commission, nous disant, parce qu'on
avait cette approche-là, qu'ilsavaient
été en mesure… c'est-à-dire la possibilité, s'il y avait des excédents d'actif,
de pouvoir les attribuer à une indexationa posteriori — ils
avaient eu une adhésion à la fois des cols bleus de Montréal, des cols bleus de
Saguenay — de
pouvoiradhérer réellement à des
augmentations de cotisations dans le service courant pour pouvoir provisionner,
en quelque sorte, ces écarts défavorables.
Comment
vous vous positionnez par rapport, donc, à ce moment-là, à avoir deux comptes
différents : un compte qui est un compte pour la sécurisation, en
quelque sorte, du régime et puis un compte pour le service courant?
• (11 h 20) •
M. Drolet (Pierre) : Bon. Évidemment, on peut le voir dans deux comptes séparés ou un seul
compte, là, qui,lui, est
surcapitalisé, là. Donc, à cet effet-là, l'aspect compte, ça me dérange un
petit peu moins parce que c'est peut-êtreun aspect plus comptabilité que vraiment gestion de placements. Et, je vous dirais, au niveau de la provision, c'est
clairque l'important là-dedans,
c'est de faire attention à ne pas mettre une asymétrie encore derrière le fait
que, si on capitaliseune provision
pour écarts défavorables, soit par l'employeur ou par l'employé, selon les
règles du régime, là — évidemment, nous, ça ne nous touche pas, on reçoit les sous, là — c'est
important qu'elles soient symétriques de ce côté-là. Si les genscapitalisent, ce sont deux des trois pôles, par exemple l'employeur, l'employé capitalisent, et, si, ultimement,
surcapitalisentpour protéger, s'il y a
des gains, ça serait bien que ça soit symétrique, que ces gens-là puissent le
retirer de ce côté-là. Si, ultimement,
tous les gains s'en vont vers un autre volet, bien là, ça crée une discussion
entre les trois pôles, les retraités. Et
ça, évidemment, c'est difficile à arbitrager, cet aspect-là.
Nous, on milite plus en faveur d'une symétrie, là, des gains et des
pertes pour que ça soit clair.
M.
Gautrin : Ça, je
suis assez d'accord avec vous. Je terminerais avec vous, mais je pense
que ce n'est pas votredomaine d'expertise,
les nouveaux régimes qui sont, par
exemple, à prestations cibles ou à financement
salarial. Est-ceque vous
avez réfléchi sur ces questions-là? Ça répond, en quelque sorte, à cette
question de resymétriser, en quelque
sorte, les régimes?
M. Drolet (Pierre) : Effectivement, c'est un petit peu l'avantage de ces régimes-là, où on
retrouve finalement une prestation potentiellement un peu plus faible,
mais dite garantie, plus une prestation excédentaire qui bénéficie,
effectivement.
M.
Gautrin : Merci. Je pense que mon collègue d'Outremont et
mon collègue de Laporte avaient des questions à poser aussi.
M.
Bachand :
Oui, merci, merci d'être ici. Deux sujets, brièvement. Le premier, vous parliez
des obligations corporatives, là, et des
problèmes que, si c'est ça qui est choisi comme indice, ça peut créer des
problèmes, mais il y en ad'autres
qui ont parlé… Au fond, l'intention n'était pas de prendre cette base, qui est
ferme dans le marché, globalement, dansun marché, mais plus d'avoir — pour les fins actuarielles, pas pour les
fins de placements, pour les fins actuarielles — untaux
de rendement qui est plus que le Canada, à court terme. Mais il y a des
collègues qui ont suggéré hier, bien, prenezplutôt… créez un indice basé sur le Canada ou un indice composé
Canada-provinces, plus un «spread», plus 100 points, 200 points, etc., puis je suis sûr que les experts
de la Régie des rentes, et des Finances, puis de l'Institut des actuaires sontcapables de bâtir un indice. Ça, est-ce que
ça règle les problèmes? À ce moment-là, vous avez un chiffre qui est un indicebasé sur un univers beaucoup plus approprié,
qui est l'univers des obligations fédérales et provinciales, tenant compte
que votre rendement est plus élevé que ça en général, parce qu'il y a la
composante actions.
M. Drolet (Pierre) : Évidemment, on espère faire un
rendement plus élevé, là, ça, c'est… Ça serait beau, toujoursêtre…
que ça soit garanti. Si c'était garanti, je pense qu'il n'y aurait personne autour de la table, ici, là. On serait tous cheznous, là. C'est clair. Mais, déjà,
cet indice-là a été bâti par l'Institut canadien des actuaires, là, et il y a
une firme de gestion,Fiera Capital, je pense,
qui produisait cet estimé-là. Oui, effectivement, ça reflète une certaine
mesure, là, c'est certain. Donc, ça, c'est le positif de ça.
M.
Bachand :
Et ça élimine les problèmes.
M. Drolet (Pierre) : Oui, bien, à tout le moins, effectivement, mais il demeure que tous ces
titres-là, il y a… même dans cet indice-là, il n'y a pas
assez de titres pour que tout le monde les achète, là. Ça, c'est clair. Ça, c'est
certain.
M.
Bachand : O.K.
M.
Paquette (Jean-Yves) : Je
veux juste rajouter, M. Bachand, parce
qu'on peut se livrer à certains exercices,là, mais c'est sûr que, si on crée, concocte un cocktail d'indices, la
tentation va être bien forte dans certains régimes deretraite d'en mettre une partie puis de le calquer.
Et, si on fait un exercice rapide, l'univers obligataire canadien généralement reconnu de titres investissables,
là — puis ça
comprend le gouvernemental et bien des choses —c'est de1 200 milliards
de dollars, plus ou moins, ça, c'est l'univers, on ne parle pas de la partie
long terme, qui est une fractionde
ça, peut-être un 25 %, 30 % de ça, et des titres corporatifs, qui
sont peut-être un 30 % de ça, et des titres AA, qui sontpeut-être un autre… Donc, on parle de, quoi, une
dizaine, vingtaine, trentaine de milliards, je ne le sais pas exactement,d'obligations AA présentement sur… Et on
représente, nous, au-dessus de 1 000 milliards d'actif. Vous vous
imaginezle déséquilibre, si les gens
commencent à acheter la fameuse prime de risque par rapport au Canada, risque
de… pourraitfondre comme neige au
soleil. Donc, c'est pour ça qu'on dit : Il faut faire attention quand on…
à l'établissement d'un«guideline»,
mais on n'a pas nécessairement une cible en tête, mais certain que, si… quelque
chose qui est au-dessus du Canada va être mieux que le Canada, ça, c'est
sûr.
M.
Bachand : Merci.
Deuxièmement, bien, c'est plus un commentaire, mais sur… parce que vous n'êtes
pas très… vous ne parlez pas longtemps, au fond, de la rente longévité. Si on
peut dire, vous vous réjouissez, et ça ne me surprend pas, mais je salue un peu le sens de la responsabilité, parce qu'au
fond, quand on regarde ça, c'est un peu plusde 100 milliards de dollars qui, à terme, vont être gérés par la
Caisse de dépôt, si on se fie à la recommandation durapport D'Amours. Puis, moi aussi, je suis
favorable à la taille des caisses à la fois dans le privé, mais aussi dans le
public. Ça donne beaucoup de possibilités et de stabilité aux
rendements.
Est-ce que
vous aviez le même commentaire sur tout le débat d'augmenter le Régime des
rentes du Québec et le Canada Pension Plan, qui est en cours depuis
deux, trois ans au Canada et qui était plus de deux fois cette taille-là? Évidemment, là, ça enlevait au privé 250 milliards
juste sur une base québécoise. À ce moment-là, aviez-vous un commentaire?
Avez-vous eu une opinion favorable ou défavorable sur l'augmentation du régime
des rentes?
M. Drolet
(Pierre) : Au total, je
dirais que, là-dessus, par rapport aux différents membres, l'opinion, il n'y a
pas vraiment de gros consensus face à ça, effectivement, un peu comme
les intervenants précédents avaient dit, à savoir qu'il y a peut-être un consensus qui s'approche plus maintenant qu'il y
a cinq, six ans, je vous dirais, là, mais c'est une évolution, je vous
dirais, en termes de pensée face à cette progression-là.
Une chose est
certaine : nous, notre approche au niveau de la rente longévité, c'est
clair qu'on est favorables à çadans
l'optique où s'il y a... Et ici ce qu'on aimerait, c'est qu'il y ait
coordination avec un régime de rentes privé, qui faiten sorte qu'au niveau des régimes de rentes privés
on réduit le risque de longévité, parce qu'évidemment notre contributionaprès 75 ans est plus faible, ça réduit le
risque, et tout ça, finalement, favorise... En fait, la mutualisation du risque
au niveau social, bien, aide un petit
peu face à notre gestion de portefeuille. Ça réduirait énormément les risques,
et là peut-être que... il y aurait peut-être un incitatif à avoir... à
maintenir au moins les DB ou à en avoir d'autres, là, on espère.
M.
Bachand :
Vous avez raison. On ne le soulève pas assez. C'est peut-être une façon de
repopulariser, entreguillemets, les
régimes à prestations déterminées, qui demeurent fondamentalement, à long
terme, la meilleure solution.
M. Drolet
(Pierre) : Bien, d'ailleurs,
le pooling d'actif comme ça nous permet d'avoir des stratégies à plus faiblecoût et souvent des meilleurs rendements à
long terme, probablement généralement meilleurs que peut-être d'autres régimes,
effectivement. Ça, c'est clair.
M.
Bachand : Merci.
Moi, j'ai terminé.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Mme la députée de Laporte.
Mme Ménard :
Merci, M. le Président. Dans votre mémoire, à la page 3, vous parlez de règles
de transition quidevraient être
permises pour le passage de la capitalisation améliorée pour permettre la
restructuration des prestations. Vous voulez nous parler de cette
période de transition, en quoi ça consiste vraiment?
M. Drolet
(Pierre) : L'idée, en fait,
la prémisse de départ, c'est que, sachant que certaines caisses de retraite ontété exclues de capitaliser leur régime basé
sur la règle de solvabilité, là, s'ils doivent se... il va d'abord y avoir un
certainrattrapage à faire au niveau
de la règle de capitalisation améliorée, qui, pour nous, est un bon compromis,
c'est clair. Maisces gens-là partant
de plus loin, il faut leur laisser du temps, là. Et ce temps-là, c'est vraiment
une décision plus politique,à
savoir, là, combien on peut leur permettre, là, en termes de finances
publiques, leur permettre surtout en ayant en têtequ'ultimement un dollar de promesse de rente doit
être capitalisé avec un dollar dans le pot, parce que les gens, ils veulent
avoir une certaine sécurité, là, et c'est tout cet arbitrage-là. Mais c'est
clair que ce n'est pas facile, là. Si on dit une transition de trois mois, on se demande où on va prendre l'argent, tu
sais. Et, si on va 20 ans, bien là, finalement,
on se dit : Ça sert à quoi, 20 ans? Et elle n'est pas facile,
celle-là, je vous le dirais, là. Je n'ai malheureusement pas la solution.
M.
Paquette (Jean-Yves) : Je
veux juste compléter. Effectivement, quand... Bien, même si c'est dans le rapportD'Amours, passer comme ça, pour certains
régimes qui étaient peut-être plus généreux ou autrement qui sont dans unesituation souvent pire que les régimes privés, ça résulterait en une hausse de
cotisation qui serait probablement insupportable.Si le but, c'est justement de favoriser les régimes à prestations
déterminées puis favoriser leur épanouissement, ce n'est pas en amenant des
incitatifs comme ça que ça va arriver. Donc, c'est clair qu'il faut permettre
une transition assez longue.Nous, on
est mal placés pour savoir la période de transition, mais certainement que vous avez des gens à la régie qui saventpas mal mieux que moi et que nous la période qui
pourrait être utilisable, parce que sinon c'est le payeur de taxes municipales, si on parle des régimes municipaux,
ou enfin le contribuable qui, ultimement, va absorber ou le bénéficiairequi va se faire réduire. Mais c'est impensable
dans un cas comme dans l'autre. Donc, il faut vraiment avoir une période de
transition longue, et souple, et adaptée aux circonstances. Là-dessus, on ne
peut pas se prononcer, cependant.
Mme Ménard : Oui. Je peux
continuer, monsieur?
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Oui, madame.
• (11 h 30) •
Mme Ménard : Bon. Vous dites : 20 ans, ce serait probablement trop long. Mais l'Association canadienne des administrateurs de régimes
de retraite, eux, parlaient de 20 à 25 ans.
M. Paquette
(Jean-Yves) : Écoutez, eux,
c'est leur perspective. Nous, on n'a pas vraiment creusé cet aspect-là,je vous dirais, là, c'est difficile à dire.
Évidemment, c'est une décision de risque, de partage de risque, renflouerimmédiatement, ça protège beaucoup les
retraités, mais ça coûte plus cher, alors c'est une décision qui n'est vraiment
pas facile, je vous dirais, là.
Mme Ménard : O.K. Merci.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Lévis.
M. Dubé :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Alors, bienvenue à vous encore ce matin,
merci pour ces éclairages-là. Je vais
focusser sur, peut-être… premièrement, faire avant tout un commentaire sur ce
que vous avez fait tout à l'heure pour la ministre. Je pense que c'est
intéressant de le dire : Vous êtes très, très clair qu'il y a des choses
quipourraient être faites rapidement
pour améliorer la gestion de nos actifs, dont la méthode de capitalisation. Je
pense, c'est très clair, ça ne sert à rien de revenir là-dessus.
Moi, je
serais plus… faire un peu la comparaison envers… avec le groupe qui vous a
précédé. Tout à l'heure, onavait des
administrateurs… vous étiez en salle à ce moment-là, je crois… où les
administrateurs ont une responsabilitéde
regarder exactement la symétrie dont vous avez parlé, de regarder la gestion de
l'actif puis la gestion du passif. Dansvotre cas, dans plusieurs de vos fonds que vos membres gèrent… et votre
expertise, elle est beaucoup plus du côté de l'actifparce que, je vous dirais, on vous impose un
passif qui est là pour vos membres, et vous dites : Je vais essayer de
faire le mieux possible avec la gestion de mon actif.
Je pense qu'on souscrit tous à l'effort et à l'ampleur
du travail qui a été fait par le rapport D'Amours, mais, lorsqu'on voit, par exemple, qu'il y a certains
types de gestions d'actifs, comme par exemple les systèmes à cibles, pourles appeler comme ça, je voudrais avoir
votre opinion là-dessus, si, pour être certains, lorsqu'on aura fini cette
commission-là,que, vous, comme
gestionnaires d'actifs, vous ne dites pas : Bien, peut-être qu'on a oublié
d'en regarder d'autres ou on apeut-être
mis de côté certaines façons de faire, parce que là on essaie de… Puis je pense
qu'il y a beaucoup de solutionsà
essayer d'améliorer les systèmes à prestations déterminées, mais il y a quand
même d'autres solutions. Et je voudraisvous entendre, là, dans les quelques minutes qui me sont allouées, sur
ces autres systèmes de gestion d'actifs par rapport aux passifs qui vous
sont imposés.
M.
Paquette (Jean-Yves) : Qui
nous sont imposés, c'est peut-être un bien grand mot, mais disons que vous avezraison de souligner. Effectivement, nous, le
passif est là, les règlements sont là, voilà, vous avez l'argent ici puis… bon.
Mais on a des politiques de placement… échange, qui suivent généralement les
avantages, et le passif, là, c'est révisé régulièrement.
Donc, on a certaines balises qui nous sont mises, qui nous aident dans notre
travail, puis là, par la suite, c'est à nous à faire du mieux qu'on peut
avec ce qu'on a, puis, en général, ça se fait assez bien.
Sur les
régimes à prestations cibles, bien, effectivement, on n'a pas commenté, mais ça
semble une avenue intéressante, de
toute évidence. Le Nouveau-Brunswick est en train d'essayer, Québec, sauf
erreur, je pense que le rapportD'Amours
dit que ça se fait dans les papetières dans certains cas. C'est peut-être bon
de suivre qu'est-ce qu'il en arrive,mais
c'est probablement un bon compromis étant donné les circonstances difficiles
des régimes. Mais c'est clair que c'est probablement un cran de moins
pour le bénéficiaire que le vrai régime à prestations déterminées.
Si je me…
M. Dubé : Excusez-moi. Qu'est-ce
que vous voulez dire quand vous dites : Un cran de moins? Un cran de
protection de moins?
M. Paquette (Jean-Yves) : C'est-à-dire
que… de sécurité.
M. Dubé : De sécurité.
M.
Paquette (Jean-Yves) : C'est-à-dire
que celui qui prend sa retraite, il n'a pas plus vraiment de soucis à avoir,il sait… il peut avoir… planifier sa… le
reste de la vie, là, mais… en fait basé sur des prestations, alors qu'un
prestations cibles,
qu'il arrive un mauvais moment à l'économie, il dit : Oups! C'est
peut-être que je me fais couper un peu, ou je n'auraipas d'indexation, ou ci, ou ça, là, et c'est clair
que ça va amener des comportements peut-être un peu différents. C'est
peut-être un peu moins bien, mais c'est peut-être mieux de sauver…
De là à dire
qu'on a une réflexion complète là-dessus… Mais, des fois, on est mieux avec
quelque chose, et surtouts'il y a d'autres
régimes qui se mettraient en place. Mais il ne semble pas là-dedans qu'on… avec
le rapport — puis là
je sors vraiment de ce qu'on a écrit, là — D'Amours, en fait, on
semble dire : On ne veut pas utiliser la fiscalité, donc augmenter
finalement la partie qui pourrait être d'impôt reporté, là, à la retraite, on
ne veut pas utiliser ce moyen-là.
Peut-être qu'un
jour, avec le vieillissement de la population, cependant, il va falloir aller
justement de ce côté-là.Je comprends
bien qu'on n'augmente pas l'âge de la retraite là-dedans, on ne le force pas,
mais on donne des incitatifspuis on y va, mais il ne faut pas se fermer les yeux là-dessus
non plus puis regarder ce qui s'est passé en Europe, là, oùest-ce que progressivement, bon, l'âge de retraite
est augmenté. Donc, il faut faire attention, mais, sinon, on n'a pas de
vue particulièrement sur le régime cible, sauf de dire que c'est de plus en
plus intéressant. Pierre.
M. Drolet
(Pierre) : Oui, peut-être
juste pour compléter, c'est clair qu'avec un régime cible, en quelque part, il y aun transfert de risque entre les retraités, et les
participants, et tout le monde, là.
Donc, c'est clair que, pour nous qui géronsun DB, par exemple, un exemple, DB fermé, bien, le risque est supporté
par le régime, mais là, au total, le transfert derisque serait en partie vers les participants. La
question, c'est que, si les fonds sont disponibles, de quelle façon on lesgère? Là il va y avoir une réflexion
importante à faire au niveau où cette surcapitalisation-là, est-ce qu'elle est
gérée de la même façon que le reste qui est plus… qui pourrait être plus
protégé, là.
Donc, il y a
un aspect de politique de placement qui est différent, de gestion de risques
qui doit être différente, quidoit
être réfléchie évidemment face à ça, mais c'est possible qu'on peut avoir deux
types de politique de placement ou une politique intégrée qui tient
compte de ces deux volets-là, je dirais, là.
M. Dubé : D'accord.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Alors, merci beaucoup, M. Drolet, M. Paquette, de votre
participation à cette commission.
Et je suspends quelques minutes nos travaux pour
permettre aux représentants de l'Ordre des comptables professionnels agréés du
Québec de prendre place.
(Suspension de la séance à 11 h 37)
(Reprise à 11 h 38)
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons recommencer nos… reprendre nos travaux. Et il me fait plaisir de
souhaiter la bienvenue à M. Robitaille, président du conseil de l'Ordre des
comptables professionnels agréés du Québec, et M. Daniel McMahon, président et
chef de la direction.
Alors,
messieurs, vous avez 10 minutes pour vous présenter, présenter votre organisme
et présenter votre mémoire. À vous la parole.
Ordre des comptables
professionnels agréés du Québec
M.
Robitaille (Stephan) : M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la commission, au nom de l'Ordre
des comptables professionnels agréés du Québec, je tiens à remercier vivement
la Commission des finances publiques de son
invitation à participer aux consultations particulières qu'elle tient pour
étudier le rapport Innover pourpérenniser le système de retraite déposé par le comité d'experts présidé par M. Alban D'Amours. L'ordre
se réjouit d'avoir ainsi l'occasion de contribuer à la réflexion portant
sur la sécurité financière à la retraite de tous les Québécois.
Avec nos
35 600 membres, nous formons le
troisième ordre professionnel en importance au Québec, et, en tant que
président du conseil de cet ordre, je suis fier d'être aujourd'hui le
porte-parole de tous les comptables professionnels agréés du Québec.
• (11 h 40) •
Conformément au Code des professions, l'Ordre
des CPA a pour mission d'assurer la protection du public en contrôlant l'exercice de la profession de CPA. À
cette fin, l'ordre aide ses membres à exceller dans le but d'optimiser
la performance, la rentabilité et la
croissance du patrimoine des personnes, des entreprises et des organisations,
de favoriserune saine gouvernance
ainsi que la reddition de comptes et d'accroître la fiabilité de l'information.
Les commentairesque nous vous
présentons s'inscrivent donc dans le prolongement de cette mission fondamentale
et ils témoignent de lavolonté de l'ordre
de prendre une part active dans la réflexion sur les grands enjeux auxquels
notre société est confrontée.
Or, il ne
fait aucun doute pour nous que la sécurité du revenu à la retraite de nos concitoyens
est de ces enjeuxde société qui
exigent la mobilisation de tous les acteurs afin de dégager des consensus sur
les principes et les valeursqui
guideront nos choix collectifs. D'entrée de jeu, l'ordre tient à souligner la
justesse des constats que dresse le comité d'experts. Par la lucidité
dont il fait preuve, le comité éveille l'ensemble de notre société à des
réalités complexes et douloureuses, certes,
mais qui requièrent néanmoins un effort concerté et une détermination sans
faille afin d'améliorer la situation. Ainsi, on ne saurait ignorer plus longtemps les lacunes du
système actuel de protection du revenu à la retraitequi risque, si rien n'est fait, d'être un lourd
fardeau pour les générations futures, mais qui ne peut pas non plus garantir
au plus grand nombre un revenu suffisant à la retraite.
Sans
consolider les bases de notre système, on aura beau tenter d'encourager les
Québécois à épargner en vue de leur retraite, une réalité demeure :
les revenus d'un grand nombre d'entre eux sont insuffisants pour leur permettre
d'épargner à long terme. L'ordre appuie donc
sans réserve la volonté du comité d'experts de revenir au fondement mêmede notre système de retraite, dont la
finalité est d'assurer un revenu suffisant pour maintenir un niveau de vie
adéquat à laretraite tout en tenant
compte de notre capacité collective de la financer. Tout comme le comité d'experts,
et même si cetteposition le place à
contre-courant de la tendance observée actuellement au Québec et ailleurs au
Canada, l'ordre reconnaît que le régime idéal est celui à prestations
déterminées. C'est indiscutablement le régime le plus avantageux pour les
travailleurs et, ce faisant, celui qui protège le mieux.
Cela étant
dit, il faut bien reconnaître aussi que ce type de régime n'est pas à la portée
de tous les employeurs.Les petites
entreprises notamment n'ont pas la latitude nécessaire pour assumer les
cotisations qu'exige un tel régime, non
plus que les risques constants de déficit qui peuvent menacer leur propre santé
financière. Par conséquent, il est évidentpour l'ordre qu'avant de prendre le virage en faveur des régimes à
prestations déterminées, il faudra mettre en place les mesures
nécessaires pour atténuer la sensibilité de ce type de régime aux fluctuations
des cycles économiques et, par ricochet, les risques encourus par les
employeurs.
Pour
atteindre les objectifs qu'il a fixés, le comité d'experts souligne l'importance
que les recommandations durapport
fassent l'objet d'un véritable contrat social. Nous ne pouvons qu'abonder dans
le même sens et faire nôtres lesprincipes
de transparence, d'équité intergénérationnelle et de responsabilisation qui
guident le comité. Non seulementces
grands principes sont-ils garants d'un renforcement du système de sécurité
financière à la retraite et de son accessibilité à tous les Québécois, mais ils rejoignent certaines
valeurs communes de la société québécoise, dont celles qui guident laprofession de CPA, à savoir l'intégrité, la
rigueur et l'ouverture d'esprit. Depuis l'adoption de la Charte des
droits et libertés de la personne, le
Québec n'a eu de cesse d'adopter des politiques et des stratégies afin de
lutter contre l'exclusionet d'assurer
l'égalité des chances pour l'ensemble des citoyens. En 2008, le gouvernement a
d'ailleurs adopté une politique pour favoriser la participation de tous
à l'essor du Québec. Dans les principes directeurs qui encadrent cette
politique intitulée La diversité :
une valeur ajoutée, il est établi, et je cite : «[Que tous] doivent
bénéficier de l'égalité des chancesdans
tous les domaines de la vie sociale afin de pouvoir réaliser leur potentiel
[et] leurs aspirations. [Pour ce faire,] l'Étatdoit exercer un leadership ferme et exemplaire qui se traduit par des
interventions structurées récurrentes et à long terme.» Fin de la
citation.
La mise en
place des meilleurs moyens d'assurer la sécurité financière à la retraite du
plus grand nombre, commele
recommande le comité d'experts, constitue pour le gouvernement du Québec une
occasion privilégiée d'innover et de mettre en pratique ces principes
directeurs. Le comité d'experts formule plusieurs recommandations justement
pour permettre au gouvernement d'innover en ce qui a trait aux régimes de
retraite.
La pierre
angulaire de ces recommandations est certainement la création de la rente
longévité. Cette rente permettraitparticulièrement
aux travailleurs qui ne peuvent profiter d'un régime de retraite collectif d'avoir
accès à une source derevenu
importante, considérant que l'espérance
de vie s'est prolongée considérablement si on la compare aux années 50.En outre, cette pression démographique a des
conséquences non négligeables, tant sur les rentes assurées par l'État
et lesrégimes à prestations
déterminées, qui doivent, en conséquence, être versées plus longtemps,
que sur les particuliers quicotisent à un régime à cotisation déterminée et
qui doivent épargner individuellement en fonction de ce risque de longévité.Ainsi, la mise en oeuvre de cette
recommandation permettrait aux particuliers de moduler leur épargne personnelle
pourcombler leurs besoins financiers
entre la date de la retraite, qui demeure un choix personnel, et l'âge de 75
ans, alors que le risque de longévité serait assumé collectivement.
Dans ce contexte, nous considérons la rente
longévité comme une réponse très intéressante à cette pression démographique. Néanmoins, nous doutons de la
capacité de payer de certaines entreprises qui verront cette rente longévitécomme un fardeau supplémentaire. Est-il
besoin de rappeler que les entreprises québécoises ont déjà des charges
socialestrès élevées? Plusieurs
peinent à assurer leur survie, et toute charge additionnelle peut être lourde
de conséquences. Deplus, les
travailleurs à faibles revenus qui ne cotisent pas à un régime de retraite se
verraient imposer une déduction à la source supplémentaire pour la rente
longévité, alors qu'ils n'ont tout simplement pas les moyens d'épargner.
Comme l'illustre
le rapport, les travailleurs à faibles revenus sont déjà bien protégés par le
système de retraitequébécois, qui a
été conçu pour assurer le remplacement des revenus les plus faibles. Tout comme
le comité d'experts, l'ordre croit qu'il
faut maintenir ce principe de solidarité, qui permet d'assurer la sécurité
financière de ces travailleursau
moment de leur retraite, mais leur imposer une cotisation additionnelle durant
leur vie active viendrait les priver d'une source de revenus, alors même
que c'est durant cette période que les besoins financiers sont les plus
importants. Par conséquent, l'ordre est d'avis
qu'il serait opportun de considérer l'établissement d'un seuil de revenus
minimal pour cotiser à la rente longévité.
Par ailleurs,
avant de l'instaurer, il faudrait obtenir du gouvernement fédéral l'assurance
que la rente longévitésera exclue
dans le calcul donnant droit aux prestations du supplément de revenu garanti,
le SRG. Il faut éviter à tout prixl'appauvrissement
du prestataire éventuel du SRG, qui résulterait d'une réduction de son revenu
disponible pendant qu'ilest actif
sur le marché du travail, en raison de la cotisation à la rente longévité, sans
pour autant accroître son revenu à la retraite, la rente longévité
réduisant automatiquement un SRG.
Cela dit, le
gouvernement du Québec devra aussi convaincre le gouvernement fédéral et les
autres gouvernementsprovinciaux de
la justesse des modifications proposées dans le rapport et de la nécessité de
leur réserver le même traitementfiscal.
Ce sont là des conditions essentielles non seulement pour les particuliers et
les petites entreprises, mais aussi pourles moyennes et les grandes entreprises également.
Le pire scénario consisterait, par exemple, à implanter la rente longévitéau Québec seulement, rendant ainsi
avantageux pour une entreprise qui génère peu de bénéfices de transférer des
emplois dans une autre province pour s'éviter une charge sociale
additionnelle.
En
terminant, je tiens à réitérer aux membres de la commission que la
collaboration de l'ordre leur est acquisetout au long des travaux qui mèneront, espérons-le, à des modifications
qui permettront aux travailleurs d'avoir accès à unrevenu suffisant pour maintenir un niveau adéquat
à la retraite, et ce, tout en tenant compte de notre capacité collectivede le financer. À notre avis, le Québec doit
s'attaquer avec détermination et au-delà des intérêts partisans à la
redéfinition du système de revenu de retraite.
Permettez-moi
de vous remercier de nouveau pour tout le temps que vous nous accordez aujourd'hui.
Il nous fera maintenant plaisir de répondre à vos questions et d'échanger
sur notre mémoire. Merci.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci beaucoup, M. Robitaille. Et, pour débuter
cette période d'échange, je cède la parole à Mme la ministre.
• (11 h 50) •
Mme
Maltais : Merci, M. le Président. Alors, M. Robitaille, M.
McMahon, bienvenue, bonjour. Merci de votre éclairage et de la qualité
de votre mémoire.
Je
vois que vous avez des valeurs que vous voyez se refléter potentiellement dans
des gestes posés, c'est-à-diredes
valeurs d'innovation, de rigueur. Je vois que vous faites un comparable entre
les gestes posés, et le rapport D'Amours,et les valeurs de l'ordre, c'est très bien. Je sais que vous avez dit…
vous comprenez que le statu quo est assez difficile, à l'heure actuelle.
Je remarque aussi, de votre mémoire, que vraiment vous considérez que les
régimes à prestations déterminées sont la
meilleure valeur pour les employés, vous avez fait une belle démonstration de
ça, et que le rapportD'Amours vise
finalement à essayer de sauver ces régimes à prestations déterminées en leur
enlevant de la pression, hein? Il y a
toute la question de la rente longévité. Vous, comme beaucoup d'autres, vous
soulevez cette nécessité d'arrimageavec
le fédéral pour ne pas léser les travailleurs à faibles revenus qui peuvent
recevoir le supplément de revenu garanti. Il ne faudrait pas léser,
finalement, les Québécois.
Mais,
vous, une des solutions que vous apportez, c'est de donner un âge… un seuil
minimal de revenus. Je sais qu'il y en a d'autres qui vont dire :
Il y aurait peut-être un âge minimal, parce qu'on sait que c'est entre, à peu
près, 25, 35 ans que les jeunes ont des
plus bas salaires et souvent sont plus préoccupés à rembourser leurs prêts et
bourses, acquérir une première maison, fonder un foyer, bon, des choses
comme ça.
J'aimerais
ça que vous nous expliquiez où vous en êtes arrivés, là, ou quel seuil vous
verriez dans cette idée d'unseuil
minimal de revenu pour cotiser à la rente longévité. Et, l'autre, est-ce qu'on
pourrait voir un mixte? Vous savez, comme quand on prend une auto, qu'elle
a une garantie pour soit tant de kilomètres, soit tant d'années. Est-ce qu'on pourrait établir un seuil qui serait soit un
certain revenu ou un certain âge qui ferait que tu… on t'obligerait, à un
moment donné, à épargner pour la retraite?
M. McMahon (Daniel) : Alors, Mme la ministre, en fait, le point de départ de notre réflexion,
ce n'était pas tantde fixer ce
serait quoi, le seuil, mais d'être conscient de la capacité de payer, par
exemple, de quelqu'un qui est au salaireminimum. Et c'est de là que ça a parti, la réflexion, à cet égard-là.
Quand on regarde une personne qui travaille au salaireminimum — et on a fait un petit exemple, si jamais ça
peut vous intéresser, là — cette personne-là, qui travaille à 10,15 $,40 heures semaines, elle gagne 406 $,
et, une fois qu'on enlève les déductions minimales de quelqu'un qui est un
célibataire,bien, il reste
341 $ dans ses poches. La rente longévité qui est proposée, c'est un coût
annuel de 290 $. 290 $, c'est un mois de nourriture pour une
personne qui est au salaire minimum.
Donc,
c'est de là que ça a parti, notre réflexion, en disant : Cette cotisation
additionnelle là, dans les mains d'unepersonne
qui est à faibles revenus, c'est une charge qui est considérable, même si le
pourcentage a l'air minuscule, de 1,6 %, c'est une charge qui est
considérable ultimement. Et donc est-ce qu'on ne devrait pas, si on veut aller
vers une solution comme celle-là, avoir à
quelque part une mécanique qui dit : Bien, ça commence à un moment donné,
plutôt quede s'appliquer
intégralement à tout le monde? Et pourquoi on est allés sur cette ligne-là?
Bien, c'est tout simplement dereconnaître
que… Et, dans le rapport D'Amours on le cite, le Canada et le Québec s'est doté
d'un régime de protectionpour les
faibles revenus qui est le meilleur, qui est reconnu à travers l'OCDE. Et donc
à quelque part ce n'est pas peut-être eux qu'on visait au départ avec l'idée
de la rente longévité et…
Mais,
si vous nous demandez concrètement où devrait être ce seuil-là, on n'a pas été
plus loin dans notre réflexion.On s'est
simplement dit : Peut-être qu'il y aurait lieu justement de penser, dans
la réflexion, à avoir ce seuil-là, qui, enmême temps, vient tenir compte de l'autre remarque qu'on a faite par
rapport au supplément de revenu garanti. C'est qu'àpartir du moment où on aurait ce seuil-là on
éviterait peut-être le problème de risquer d'aller gruger sur quelqu'un quiperdrait une partie de son revenu garanti
parce qu'il recevrait la rente de longévité, advenant que les autres provinces
et le fédéral ne veulent pas embarquer dans une rente longévité. Donc,
on essayait de trouver un arrimage entre les deux.
Mme
Maltais : Merci. Vous imagez très bien la complexité, là, de
l'introduction d'une nouvelle rente et de…puis à quel point il faut toujours, à chaque fois qu'on pose un geste
gouvernemental, regarder quel va être l'impact sur le citoyen, sur la
personne qui… Ça fait que cette image du 290 $ égale un mois d'épicerie, c'est
assez clair.
En
page 6, vous dites que vous estimez risqué d'instaurer à court terme la
capitalisation améliorée et que, pourles
régimes qui ne sont pas déficitaires, l'adoption de cette règle engendrerait
une charge plus importante que ce n'est le cas actuellement. J'aimerais
ça que vous expliquiez un peu cela.
M.
McMahon (Daniel) : Bien, en
fait, ça a été un peu abordé par les interlocuteurs qui nous ont précédés, c'est
toute la question de nécessaires mesures transitoires qui permettent d'arrimer
le passage. C'est qu'actuellement il peut y
avoir des organisations qui, par les règles qui sont en vigueur, n'ont pas de
coût additionnel à cause de la méthodequi
est utilisée, mais qui, si on transfère avec la méthode de la capitalisation améliorée, se voient de facto avec
un coût supplémentaire. Et, à cet égard-là, ce qu'on dit, c'est qu'il
faut avoir une période aussi qui permette de tempérer cet élément-là, et c'est ça, l'idée qui était
derrière, c'est exactement la même chose qui a été exprimée tantôt par nos
prédécesseurs.
Mme
Maltais : Parfait.
Dernière question. Sur la recommandation n° 16 du rapport D'Amours, sur le
retrait unilatéral de l'indexation après une
période de négociation par l'employeur, vous êtes assez réfractaire à
cela. Puis peu degens… il y en a quand même quelques personnes… on n'a pas encore entendu, remarquez,
les partenaires, les employeurs,les
syndicats, aujourd'hui on est dans… cette semaine, on est plus dans les
gens qui sont des gestionnaires, des actuaires,des penseurs. J'aimerais que vous nous expliquiez votre… On a eu peu de commentaires là-dessus de ce côté-là. J'aimerais que vous nous
expliquiez votre position.
M.
McMahon (Daniel) : Bon, en
fait, comme on le dit dans notre mémoire concernant les recommandations 14, 15, 16,évidemment, ce n'est pas nous qui sommes les mieux placés parce que
c'est la question de la négociation, O.K.? Maintenant,en négociation, ce que nos membres vivent au quotidien, nos 35 600 membres vivent
au quotidien, c'est que, quand tudonnes
ta parole, tu tiens ta parole. Et donc de revenir après coup sur un engagement
pris, on trouve que c'est excessivement
délicat parce que ça change le rapport de force lorsque vient le temps de faire
de la négociation.
Maintenant,
une fois qu'on a dit ça, il faut faire attention à bien respecter les engagements
que l'on a pris, bien, ilfaut aussi
avoir la conscience de ne pas prendre des engagements qu'on ne sera pas
capables de respecter. Et c'est un peu leproblème des régimes de retraite à prestations déterminées des bonnes
années, où on a bonifié des régimes parce
qu'onpensait qu'on avait beaucoup
de sous et on a donné des congés de cotisations, on a donné, bon, des prises de
retraite à55 ans, et on a mis toutes
sortes de gadgets, si vous me permettez l'expression, à l'intérieur de ces régimes-là pour dépenserl'argent parce qu'il y avait trop d'argent, semble-t-il, il y avait
des surplus actuariels qui étaient trop grands. Ce qu'ondit, c'est : Il faut faire attention parce que
ça, c'est le jeu de la négo puis on pense que de donner un pouvoir unilatéral à
l'employeur, bien, c'est lui donner un pouvoir qui, à quelque part, change la
donne sur la façon dont on négocie habituellement une convention collective ou
des conditions de travail. Et c'est la mise en garde qu'on voulait faire.
Mme
Maltais : Merci. Hier, il y a le Syndicat canadien de la fonction publique qui est venu nous présenter uneidée, un modèle de conciliation, conciliation
spéciale. Est-ce que vous avez eu le temps d'écouter, d'entendre là-dessus, cette proposition?
M. McMahon
(Daniel) : Nous, on n'en a
pas discuté au niveau de notre groupe ad hoc de travail à cet égard-là,
mais évidemment, quand on parle de conciliation, c'est déjà une
mécanique qui est très propre à notre mode defonctionnement à nous, c'est
une mécanique avec laquelle nous sommes habitués et qui donne habituellement de bonsrésultats. Parce que
conciliation, si je reviens à ce que je mentionnais tantôt, ça implique que les
deux parties sont sur un pied d'égalité dans l'exercice de conciliation.
Mme
Maltais : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
M. le député de Dubuc.
M.
Claveau : Bonjour,
bienvenue. À votre recommandation n° 11, sur la page 8, vous parlez que
permettre à l'employeur de se dégager de son
risque, c'est une bonne pratique. Et vous appuyez la recommandation que le comitéde retraite
puisse acheter au moyen de l'achat de rentes garanties auprès d'un assureur,
mais cependant de s'assurer d'un mécanisme pour ne pas
compromettre les rentes des bénéficiaires. Est-ce que vous avez une idée des
mécanismes qui pourraient être mis en place?
Et est-ce que vous avez des exemples de d'autres pays, par exemple, qui ont pu mettre des mécanismes en place?
• (12 heures) •
M. McMahon
(Daniel) : Je pense qu'il y a deux éléments dans cette recommandation-là que nous avons en tête.Le
premier élément, bien sûr, c'est toute la question de la gestion de
risque avec laquelle on est parfaitement d'accordde dire que le comité de retraite pourrait
acheter des rentes auprès d'un assureur pour, entre guillemets, se libérer de
ce risque-là. Et, comme le disaient nos prédécesseurs tout à l'heure, c'est
logique de faire ça et c'est très bien.
Maintenant,
là, nous, on a une réserve par
rapport à ça, et, quand on parle qu'on devrait avoir des mécaniques,c'est que le but ultime d'un régime à prestations
déterminées, c'est de protéger le bénéficiaire. Si je prends la responsabilitéen tant que comité de retraite et que je
transfère cette responsabilité-là à une compagnie d'assurance, est-ce qu'on ne
pourraitpas avoir des mécanismes,
minimalement, pour s'assurer, à tout le moins, de la solvabilité, de la
capacité de payer de lacompagnie d'assurance,
et que cette compagnie d'assurance là ne sera pas, par exemple, une compagnie
qui est à risque, demain matin, de faire faillite, et auquel cas, bien,
c'est fait; tout a passé dans le drain — excusez l'expression — là?
Donc, ce qu'on
dit, c'est que, si on veut permettre… Actuellement, la réglementation fait en
sorte que le comitéde retraite ne
peut pas se soustraire à son obligation. Bien, il faut trouver une mécanique
qui permette de donner un certainniveau
de garantie qu'on retrouve cette protection-là dans la compagnie d'assurance,
ou, à tous le moins, que les partiessont
d'accord pour ce transfert-là. Et, quand on dit «les parties», c'est toujours
la même chose, hein, c'est l'employeur, les employés et les retraités, qui sont d'accord pour que tout le monde dise : Oui, on pense que c'est une bonne décisionque l'on prend et on fait le transfert, et que ce
ne soit pas une décision qui soit unilatérale au bénéfice de l'employeur.
M.
Claveau : Alors, c'est
le minimum que vous mettez comme conditions : que les trois parties, au
moins, s'entendent.
M. McMahon (Daniel) : Bien, minimalement, il faudrait que ce soient les trois parties, mais
moi, j'ajouterais :Je pense que
c'est important que, dans cette décision-là, une analyse de la solvabilité de
la compagnie d'assurance quiest
visée… je pense que c'est le minimum du minimum aussi, là, parce qu'on est en train de pelleter le problème à unautre. Je veux bien m'en libérer en tant qu'employeur,
mais je ne veux pas que mes employés, ultimement, soient à risque par
une décision que l'on a prise, qui fait bien notre affaire à nous, de se
libérer de ce risque-là.
M.
Claveau :
C'est beau.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) : Ça va. Merci. Et du côté de l'opposition officielle, M. le
député de Verdun.
M.
Gautrin : Je vous
remercie, monsieur, de venir témoigner devant nous, ça… M. Robitaille. J'ai
quelques questions.Si vous me
permettez, je vais revenir sur les grands principes que vous énoncez avant d'analyser
les recommandationsdu rapport D'Amours. Vous annoncez : «...l'ordre reconnaît que — et je vous cite — le régime idéal est celui à prestationsdéterminées. C'est indiscutablement le
régime le plus avantageux», et pour garantir, en quelque sorte, une prestation
deretraite, mais aussi parce que
vous demandez, puis c'est un objectif, de la maintenir. Alors, vous avez
rappelé très justementque la
longévité va en augmentant. La rente de longévité va avoir un effet, mais aura
un effet à long terme, disons, parce qu'à très court terme, lorsqu'on va
avoir la bulle des baby-boomers qui va rentrer, la rente de longévité ne sera
pas… réellement. Donc, il faut penser éventuellement à des mesures qui
permettent une forme d'indexation, premièrement.
Deuxièmement, vous
rappelez aussi : «...il faudra mettre en place les mesures nécessaires
pour atténuer la sensibilité de ce type de
régime — c'est le
régime à prestations déterminées — aux fluctuations des cycles économiques,
et [aux] risques encourus par les employeurs.»
Hier,
dans le témoignage, on a eu un certain nombre de témoignages, et il y a une
espèce de solution qui a été misede
l'avant, qui est de pouvoir avoir un fonds distinct pour capitaliser en quelque
sorte les prestations pour écarts défavorables,et que ce fonds distinct serait utilisé en quelque sorte dans chacun des
régimes à prestations déterminées pour voir à pallier,en quelque sorte, aux risques encourus en fonction
des cycles économiques, mais, advenant que ce fonds distinct génère
assez d'excédents d'actif, de pouvoir a posteriori, donc ne pas le compter dans
le service courant, mais réellement a posteriori, être en mesure d'avoir des
indexations. Comment vous vous positionnez par rapport à cette démarche?
M. McMahon
(Daniel) : Bien, je pense que c'est une alternative qui est
intéressante, parce que le concept va exactement
dans la ligne qui a été mentionnée, et ça donne une image, une solution à un
des éléments que nous soulevionsnous-mêmes
dans notre régime, où on voulait… La recommandation du régime, c'est de dire…
du rapport D'Amours, pardon, est de dire que, si on excède un
certain pourcentage, il devrait y avoir un maximum de 20 % qui pourrait
être retourné, et nous, on mettait en garde
contre le fait que le 20 %... Est-ce que le 20 % est vraiment
suffisant pour vraiment protéger? Donc, c'est une alternative qui nous
semble être intéressante, qui mérite qu'on la regarde.
M.
Gautrin : J'aurais une question d'ordre plus général à vous
poser. Après, je reviendrai sur les questions detransfert. Là, à l'heure actuelle, vous avez justifié la discussion avec
Mme la ministre, et les collègues ministériels l'ontjustifiée aussi, il faut… il y a un certain nombre
de mesures, de recommandations qui nécessitent une harmonisation avecnos partenaires des autres provinces. Qu'est-ce
que vous nous… Si, dans les recommandations, à l'intérieur du rapport D'Amours… Qu'est-ce que vous pouvez nous suggérer
comme des mesures à faire à court terme? Il est clair qu'il va falloirqu'on ait plus de flexibilité, j'imagine, dans la
Loi sur les RCR. Tout le monde est arrivé dans ce sens-là. La Loi sur lesRCR, à force d'être revue et corrigée, est
devenue un fouillis absolument difficile à s'en sortir. En riant, j'ai toujours
pour analogie : On a réparé la plomberie avec… en changeant un,
deux, trois bouts de tuyau ici, un joint ailleurs. Il serait peut-être temps de
revoir toute la plomberie de la maison, ça serait peut-être utile, dans ce
sens-là.
Mais qu'est-ce qu'il
y a là, à court terme, vous pensez? Quelles sont les mesures qu'on pourrait
faire ici, sans nécessairement attendre l'harmonisation,
dans une loi qu'on pourrait faire à court terme pour faciliter en quelque sortele fonctionnement des régimes de pensions à
prestations déterminées, enfin, disons le régime de pensions globalement?
M.
McMahon (Daniel) : Globalement? Bon, écoutez, je ne vous
cacherai pas qu'on n'a pas discuté de cet élément-là dans notre comité,
donc je vais y aller ad lib, là.
M.
Gautrin :
…discuté, par exemple, de l'assurance, vous en avez parlé.
M. McMahon (Daniel) : En fait, nous, ce qu'on dit, c'est que tout ce qui concerne le filet
social, O.K., il doit y avoir obligatoirement
une coordination qui se fait entre les ministères, entre les gouvernements
là-dessus. C'est la base de notre système de
sécurité sociale, et pourtant chacun y va de sa petite innovation à gauche et à
droite, et on revient à laplomberie,
là. Donc, ça, c'est facile à faire, il s'agit juste d'avoir une volonté
politique de s'asseoir et de dire : On retravaillenos règles de base pour s'assurer qu'il y a
coordination, et toute nouvelle mesure doit s'inscrire dans cette
coordination-làentre les parties. Et
ça, c'est facile à... Bon, vous allez dire que c'est facile pour moi de le
dire, mais je pense que c'est facile à faire s'il y a une volonté de le
faire.
M.
Gautrin : Je vous remercie. Mais vous répondez : la
coordination, etc. Ça, je comprends ça. Mais il y a des mesures qu'on
pourrait faire très rapidement, dans un projet de loi purement Québec, sans
nécessairement penser à l'harmonisation. Je
comprends bien que la rente de longévité, ça nécessite une harmonisation. Bon,
prenez, par exemple, la possibilité d'assurer
actuellement le risque. Et je comprends les éléments que vous avez soulevés
tout à l'heure trèsjustement :
il ne faudrait pas qu'on transfère à un assureur qui va faire faillite, ça, c'est
évident. Et il y en a d'autres que vous voyez comme allégements
rapidement qu'on pourrait avoir dans un projet de loi à court terme?
M. McMahon
(Daniel) : Bien, tout ce qui
est contenu dans le mémoire qui vise la pérennité en fait des régimes à
prestations déterminées, il y a... la majorité des recommandations qui touchent
ces éléments-là peuvent être prises rapidement
au niveau d'un projet de loi, ça ne nécessite pas nécessairement de
coordination avec le fédéral. Ce qui nécessite une bonne coordination, à
notre sens à nous, c'est ce qui touche les régimes qui ne sont pas les régimes
à prestations déterminées.
M.
Gautrin :
Et j'imagine que vous êtes... puisque vous avez plaidé aussi en faveur de la
correction de l'asymétrie,vous êtes
en faveur évidemment des régimes à prestations cibles ou apparentés, c'est-à-dire
à financement salarial ou des choses comme ça?
M. McMahon
(Daniel) : Bien, en fait,
tout ce qui permet de maintenir le rapport d'équilibre est fondamental,
et ça, il y a beaucoup de ces éléments-là que vous pouvez adresser dès
maintenant.
M.
Gautrin :
Vous êtes un peu durs sur les rentes de transfert en disant que… Bon, je
connais assez la situation.C'est sûr
que, quand un régime est déficitaire, il faut éviter de se diriger… mais,
évidemment, quand il est en surplus ouen…
le débat se positionne d'une manière différente. Et vous comprenez bien que le
paiement des rentes de transfert vontdevenir
les plus importants dans le futur, parce que le choix qu'il y a sur le marché
du travail actuellement, les gens quisont
sur le marché du travail... S'il y a 20 ans ou 30 ans… les gens rentraient dans
une entreprise et très souvent faisaientcarrière complètement dans l'entreprise; maintenant, si on regarde le
profil de carrière des gens qui sont plus jeunes, ilsvont fluctuer d'une entreprise à une autre. Autrement
dit, la mobilité de la main-d'oeuvre en est accrue. Il faudrait êtreen mesure qu'on s'adapte, au niveau des régimes de
pensions, à cette mobilité de la main-d'œuvre. Donc, la question ducalcul des rentes de transfert et éventuellement
du rachat d'années, si on rentre dans un nouveau régime de retraite, devient
une question importante.
Je comprends
que vous ne proposez pas de solution, mais vous dites : La solution qui
est actuellement utiliséepar l'IC,
qui a été celle de l'ICA, qui utilise comme le taux d'actualisation, celle du
rendement à sept ans des obligationsfédérales
favorise en quelque sorte celui qui part, parce qu'il ne participe pas au
risque, actuellement, à l'intérieur du fonds.
Est-ce que
vous avez eu des suggestions à faire? Vous critiquez évidemment le… D'Amours,
je crois, a été trèsfortement
critiqué lorsqu'il dit : Utilisez les obligations des meilleures
compagnies, etc., parce qu'il y en a très peu sur lemarché, et, à ce moment-là, on se trouve à avoir
une analyse qui peut fluctuer énormément suivant le moment où vous
prenez votre retraite. Est-ce que vous avez des suggestions, des réflexions?
Quelle serait une méthode de calcul plus adéquate?
Je comprends
que l'ICA, de son côté, réagit. L'ICA… D'Amours suggère d'utiliser la courbe
Fiera, qui était utiliséepour la
comptabilité uniquement des évaluations des régimes de pension sur une base
comptable. Quelle est votre position, vous?
• (12 h 10) •
M. McMahon
(Daniel) : Bien, en fait, je
vais peut-être vous décevoir un petit peu, là, dans le sens
où on n'a pasdiscuté longtemps, parce que cet élément-là, pour nous, était plus une question
de principe qu'une question de quel serale moyen de le résoudre. C'est que les transferts ont débuté il y a quelques
années, mais avec un volume qui était très,
très, très petit, O.K.? Et donc…
M.
Gautrin
: Ça va
aller en augmentant.
M. McMahon
(Daniel) : Et voilà le pourquoi de notre préoccupation. C'est qu'à une
époque où les transfertsétaient très
peu fréquents on ne se préoccupait pas de savoir si ce qu'on transférait avait
un impact par rapport au futur,on s'occupait
du présent et on s'arrêtait là. Donc, les règles de calcul qui sont utilisées
présentement pour faire le transfertsont
nettement… Ce n'est pas une question qu'ils sont favorables aux bénéficiaires,
c'est qu'ils sont inéquitables à l'ensemble
des employés. Et, ce qu'on dit, c'est qu'il faut revoir c'est quoi, la règle,
pour utiliser… pour mieux définir le transfert, de façon à ce que cette
règle-là soit plus juste et équitable.
Maintenant,
quelle devrait-elle être? Quand, nous, on a fait nos propres discussions, on a
dit : Bien, regarde, noschums
actuaires vont regarder de quelle façon on est capables de proposer une
meilleure solution. Parce que, quand nous,on fait les états financiers, sur ce volet-là on s'en remet à l'actuaire.
Alors, malheureusement, je ne suis pas capable deformuler une recommandation sauf de dire que,
présentement, ce n'est pas équitable et qu'on pense que ça devrait l'être.
M.
Gautrin :
Et je ne conteste pas ça non plus, mais je n'ai pas trouvé la solution
équitable. M. le Président, je crois que mon collègue d'Outremont a
quelques questions à poser aussi, et ma collègue de Laporte aussi.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Alors, à la demande du député de Verdun, je laisse la parole à M. le
député d'Outremont.
M.
Gautrin :
Bien, j'ai seulement...
M.
Bachand :
Mais… oh, même si je n'en avais pas, je vais en trouver. Bonjour, ça fait
plaisir de vous voir ici. Félicitations
pour votre fusion des ordres, d'ailleurs, qui a été l'œuvre d'une décennie et
sinon plus. C'est remarquable. Bravo pour avoir fait ça.
Je voudrais revenir sur la rente longévité et
votre suggestion d'exempter les faibles salariés, ou ceux qui ont moins d'argent, étant donné l'impact. Et je
reconnais la sensibilité qui est là. Et il est clair que c'est important, l'impactsur la paie que vous ramenez à la maison, le
«take-home pay» est important. D'ailleurs, quand j'ai suggéré les RVER,
qui sont volontaires, mais qu'il y a une cotisation par défaut, on a pris bien
soin… Je me souviens, quand je disais au ministère
des Finances : Oui, mais il faut mettre ça en œuvre graduellement, parce
que les gens vont tous se désengagersi
leur chèque de paie, le 15 janvier, est plus faible que le chèque de paie du 15
décembre. J'oublie les autres choses. Donc, il faut y aller graduellement. Ton salaire monte de 2 %. Tu peux
peut-être aller en chercher 1 % puis tu as de l'épargne qui s'accumule,
mais tu n'en as pas moins dans tes poches. Ici, vous soulevez un bon problème.
L'inverse,
par ailleurs, il faut… Je ne sais pas si vous y avez réfléchi, c'est peut-être
une injustice, parce que cesgens-là
qui travaillent, mettons, au salaire minimum, n'y resteront pas toute leur vie.
Il y a beaucoup de gens, des jeunes,des
étudiants, des gens qui commencent, ils sont dans un restaurant, ils
travaillent, ils étudient même jusqu'à l'âge de 30 ans,et ils sont dans cette catégorie-là. Puis, après
ça, ils s'en vont au salaire médian, 41 000 $, 40 000 $,
etc. Or, la rente longévité,qui est
une rente pleinement capitalisée, mais est basée sur… Et il n'y a pas de limite
sur le nombre d'années de cotisation, 0,5 %, etc., dans le rapport,
et la prestation augmente... mais elle est basée sur les cinq dernières années,
je pense.
Alors, parce
qu'on veut exempter des gens qui n'ont pas beaucoup de moyens financiers, c'est
le cas de le dire,même si on a
augmenté beaucoup le salaire minimum, on va par ailleurs... Ça va être le
problème entier quand ils auront75
ans, ces gens-là, parce que c'est pour eux qu'on fait ça. Ils vont peut-être
perdre trois, quatre, cinq, sept ans de calcul,de multiplié par leurs meilleures années de salaire, que ce soit
40 000 $, 50 000 $, etc. Par ailleurs, avez-vous pensé à
cette partie-là de l'équation?
M. McMahon (Daniel) : En fait, on
était très sensibles au fait que les personnes qui commencent au salaire minimum et qui auront une augmentation
significative de salaire, ils n'auront pas nécessairement besoin de la
rente delongévité à l'autre bout, O.K.? Par contre,
les personnes qui commencent au salaire
minimum, mais qui n'auront pas la
chance d'augmenter leur salaire parce qu'ils n'auront pas suffisamment de
scolarité, ou peu importe, ces gens-là vont rester
avec le problème perpétuel. Donc, on
était plus préoccupés par ceux qui resteront avec des salaires qui sont à
faibles revenus sur une longue période que par l'effet inverse.
Maintenant,
vous l'avez dit peut-être sans le dire, puis je vais peut-être vous mettre des
mots dans la bouche que vous n'avez pas dits, mais je vais saisir la
balle au bond…
M.
Bachand : C'est les
gens de l'autre bord qui font ça, mais allez-y.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. McMahon (Daniel) : Je ne vois pas
de problème, dans un régime comme celui-là, à avoir un phénomène inverse, qui dit que, dépassé un certain niveau de
revenus, tu ne devrais pas avoir droit de recevoir cette rente-là, commeon fait un peu avec la pension du fédéral,
où on dit : Dépassé un certain niveau de revenus, votre pension du
fédéral, elle baisse.
M.
Bachand :
Non, ça, ce n'est pas des mots que j'ai utilisés, parce que je ne pense pas que
le comité D'Amoursle ferait non
plus, parce que le principe qui est là, c'est vraiment une rente capitalisée,
il y a un seul intervenant, qu'on a entendu cet après-midi, qui en fait
un programme social… qu'on entendra cet après-midi. Mais, pour les autres, c'est
vraiment… c'est capitalisé, c'est fait sur
le long terme. Ce n'est pas de prendre les taxes aujourd'hui pour combler lesgens qui vont avoir 75 ans dans trois ans.
Et, au contraire, je pense que c'est l'intelligence de ce que le comité nous
suggère,parce qu'il y a un problème
de société, puis même les gens… Au fond, il ne vise pas les gens qui sont en
salaire minimumà long terme, parce
qu'ils sont relativement bien protégés par la rente de la sécurité de
vieillesse et le supplément. Puis onprend
tous pour acquis, en tout cas, moi, je ne veux pas mettre des mots dans votre
bouche, mais qu'il faut régler le problème du supplément avec revenu
garanti avec Ottawa, sinon c'est mort-né, bon. Donc, prenons pour acquis que c'est
réglé fiscalement.
Ça vise
plutôt la catégorie classe moyenne, qui n'épargne pas assez, là,
2 millions de Québécois qui n'ont accèsà rien et pour lesquels… Ça va peut-être même les inciter à épargner
plus, parce que, si, à partir de 75 ans, tu as un RRQ2,appelons ça comme ça, bien là l'épargne que tu
accumules pour le 65 à 75 ans, tu peux la calculer de façon plus pointue.
Mais on vise… je pense que ça vise plus la classe moyenne que les pauvres.
M. McMahon
(Daniel) : Mais, à partir du
moment où on vise la classe moyenne, il y a ce mécanisme-là qui en estun; il y a le mécanisme que vous avez, des projets
de loi que vous allez débattre aussi, là, pour les régimes volontairesde retraite. Mais il ne faudrait peut-être pas
perdre de vue également qu'il y a une question aussi d'éducation qui devraitêtre mise en place. On a évacué des
programmes de formation, ce qu'on appelait, dans notre temps, les cours d'économie
sociale ou d'économie familiale, peu importe, là, les différents termes qui ont
été utilisés. Mais ce qu'on constate actuellement,
c'est que — et nous,
on l'a démontré par des publications qui ont été faites dans la
profession — la
littératie financière...
les gens ne savent, les jeunes ne savent pas qu'ils doivent mettre de l'argent
de côté. Ils apprennent à dépenser, ils n'apprennent pas à économiser.
Donc,
il n'y a pas juste ce genre de mesures là qui sont… Ça devrait faire partie d'un
ensemble de sensibilisation et de moyens de sensibilisation qui doivent
être pris en compte.
M.
Bachand : Ah, ça, vous avez raison, on a un problème de fond
dans la société. Mais je pense qu'il faut — touten augmentant l'éducation économique puis la littératie financière, puis
j'ai appuyé ça dans mon dernier budget — il fautprendre acte qu'il y a trop de millions de Québécois qui n'épargnent pas
suffisamment, puis je pense qu'ils ne le feront pas.
Je laisse la parole à
ma collègue, Mme la députée de Laporte.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Mme la députée de Laporte.
Mme
Ménard : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Dans votre
recommandation n° 5, vous vous questionnez
si le fait de limiter la ponction à 20 % de l'excédent est assez
conservateur pour assurer le maintien des régimesdans un marché volatil. Mais on sait que des
municipalités, par exemple, ont pris des congés de cotisation, et, aujourd'hui,ils ont de grandes difficultés. Alors, quel
serait, pour vous, le pourcentage qui devrait être… qui permettrait de bonifier
les régimes, les cotisations, ou bien de prendre congé de cotisation?
• (12 h 20) •
M. McMahon (Daniel) : O.K. Vous allez me permettre de revenir aux années 80 pour comprendre d'où
on vient, à l'intérieur de la… en
fait, la réflexion qui nous a guidés sur cette recommandation-là. Au début des
années 80, les régimes de retraite
avaient le même problème qu'aujourd'hui, c'est-à-dire qu'il y avait de la
sous-capitalisation, et tout le mondeétait
un peu paniqué, à savoir qu'est-ce qui va arriver. Est-ce qu'on risque
justement de devoir mettre fin à des régimesde prestations déterminées? Et, tout d'un coup, il y a eu une embellie,
des taux d'intérêt qui ont grimpé de façon excessive,des taux de rendement de 15 %, 16 %,
17 %, etc. Et la réponse en fait que la société s'est donnée, et on ne
critique personne,c'était :
avec la connaissance du temps, on s'est mis à créer des congés de cotisation,
on s'est mis à créer des bonificationsd'indexation
et etc., alors qu'un régime de retraite, c'est un horizon de 40 ans. C'est
toujours un horizon de 40 ans, unrégime
de retraite, il ne faut pas se le cacher, là; la personne, elle rentre au
travail à 20, 25 ans, puis elle va ressortir à 60, 65.Donc, sur un horizon de 40 ans, les cycles
économiques ont toujours démontré des vagues importantes, plus ou moins
importantes. Et donc le principe de ne pas permettre d'engranger les surplus a
fait en sorte… parce qu'à l'époque la limite,
c'était 110 %, donc a fait qu'on a, entre guillemets, dilapidé ce qui
aurait pu être le trésor qui aurait pu servir à passer au travers les coups
durs.
Donc,
le rapport D'Amours dit : On devrait à 20 %... Et nous, on s'est
questionnés à savoir : Il vient d'où, le 20 %?Est-ce qu'il vient de ce report, qu'on a pris d'expériences
des années antérieures, et qu'il l'est, suffisant? Si tel est le cas, on
n'a pas de problème avec le 20 %, mais, si ce n'est pas le cas, si l'expérience
aurait démontré, par les analyses économiques,
que, si on avait conservé, par exemple, jusqu'à 130 %, puis que le
130 % nous aurait permis à ce moment-làde passer au travers du creux qu'on a connu, bien, à ce moment-là ce n'est
pas le 20 % qu'il faut mettre, c'est peut-être un 25 % ou un
30 %.
Donc,
il faut aller voir dans l'expérience des régimes de retraite antérieurs quel
aurait été le seuil qui aurait permisde
passer au travers de la tempête, et dire... Apprenons au moins de cette
expérience passée là pour se dire : Avant d'allerpiger, gardons plus dans la caisse, le bas de
laine qui nous permettra de passer au travers le temps difficile. C'est de là
qu'est venue notre réflexion.
Mme Ménard :
Et vous n'avez pas fait ce calcul, là?
M. McMahon (Daniel) : Non, parce qu'on n'avait pas les données économiques pour être capables
de faire cetteanalyse-là. Mais on
est à peu près certains que les gens du Régime des rentes du Québec et des
grands régimes les ont, cesdonnées-là,
et c'est une simulation qui serait assez facile à faire et qui pourrait être
bénéfique aux travaux que vous menez.
Mme Ménard :
Merci beaucoup.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Merci. M. le député de Lévis.
M.
Dubé : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, merci beaucoup d'être
là aujourd'hui. Effectivement, je suisd'accord
avec le député d'Outremont : la fusion de votre organisme avec les
organismes comptables, je pense que c'est une très bonne nouvelle, puis
merci du travail que vous avez fait, à tous les deux et à vos collègues.
Moi, j'aimerais vous amener sur une question de
principe, parce que, dans votre rapport, vous parlez des orientations et
des principes directeurs. Je pense que les gens s'entendent bien sur plusieurs
de vos recommandations. Mais en fait — vous étiez en salle tout à l'heure quand j'ai
posé la même question — ce n'est pas tellement de ce qu'on a regardé,mais qu'est-ce qu'on a oublié de regarder,
lorsque, souvent, on fait ce genre d'exercice là. Et je prends dans vos
principesdirecteurs, à la page 3,
vous dites : C'est effectivement… Des régimes à prestations déterminées, c'est
le régime le plusavantageux pour le
travailleur. Vous êtes très clair. Mais il faut dire que, dans la même phrase,
ou je dirais dans la mêmepage, vous
dites bien qu'il y a bien des employeurs qui ne peuvent pas se le permettre et
qu'il faut faire attention. Alors,c'est
pour ça que je veux juste être sûr que, lorsqu'on dit que vous êtes favorables
aux régimes à prestations déterminées, il faut aussi tenir compte de l'autre
paragraphe où vous dites : Soyons assurés que nos employeurs ont les
moyens de se le permettre.
Et
c'est là que je voudrais vous entendre, parce que j'ai posé la même question
tout à l'heure, puis je me répète : Est-ce qu'il y a quelque chose
qu'on a oublié de regarder, comme par exemple les systèmes à prestations
cibles, qui permettraient justement de
dire : Il y a des systèmes en place comme les systèmes à prestations
déterminées? Eux, il fautrégler le
problème. Mais, ceux qui n'en ont pas, est-ce qu'on est nécessairement… on n'est
pas en train de recréer le mêmeproblème
en mettant en place des systèmes à prestations déterminées, alors qu'il y
aurait eu d'autres systèmes qui auraient pu être mis en place pour ceux
qui n'en ont pas?
Alors, je
voudrais vous entendre là-dessus, parce que je pense qu'il faut arrêter de
créer le même problème si onpeut
trouver d'autres solutions, et là-dessus le rapport D'Amours a été un peu
silencieux, sur cet aspect-là, puis j'aimerais vous entendre, si vous me
permettez.
M. McMahon
(Daniel) : Effectivement,
vous avez bien compris la position que nous prenons dans notre rapportà l'effet que, quand on le regarde, le régime à
prestations déterminées est nettement ce qui est le plus intéressant pour les
employés. Maintenant, c'est le régime qui met la plus grande pression sur l'employeur.
Donc, quand on regarde le continuum entre un régime à cotisations, à un
extrême, qui donne peu ou pas de protection à l'employé et le régime à prestations, il y a — et là on parle d'innovation, parce que je
pense que c'est là que vous voulez nous amener — sûrementmoyen
d'avoir une forme de régime hybride, en quelque part, entre les deux, qui
permet de garantir un minimum et de faire en sorte que le risque soit
vraiment partagé. Parce que le problème d'un régime à prestations déterminées,
c'est qu'ultimement le risque n'est pas
partagé. L'employé contribue à un pourcentage x, et c'est fini après, là. Après, c'estl'employeur qui prend la totalité des risques. Et c'est là que, si vous
partez une entreprise aujourd'hui et que vous avez àchoisir quel genre de régime de retraite vous allez mettre sur la table,
vous pouvez déjà prendre le pari que ça va
être 100 %des régimes à cotisation déterminée parce que
personne ne va vouloir prendre le risque, constatant la situation de ceux
qui l'ont pris, ce risque-là.
Bon,
maintenant, est-ce qu'on est capables de se donner une nouvelle forme de régime
qui permettrait effectivementde
garantir un plancher, et, par la suite, d'être pleinement en partage de risques
entre les trois partenaires? Parce qu'à quelquepart le partenaire retraité aussi doit être à l'intérieur de ça. Il va
falloir être imaginatif, parce que… Je ne veux pas renierce que j'ai dit en commençant tout à l'heure. Il n'est
pas question de revenir sur un engagement que l'on a pris dans le passéet renier notre parole, parce que c'est un droit
acquis, mais, dans la négociation, justement, de ce que seront les droits
acquis,il pourrait y avoir une
portion qui permette d'avoir un partage de ce risque-là aussi avec l'employeur,
l'employé et le retraité.
Donc, oui, si
on est capables de designer quelque
chose de ce genre-là, nous, on pense
que ce serait déjà mieux que le régime à cotisation
déterminée, bien sûr.
M. Dubé : J'apprécie votre commentaire.
C'est tout, M. le Président.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci beaucoup. Pour l'heure du lunch, vous pouvez laisser vos
chosesici, la salle va être
sécurisée. M. Robitaille, M. McMahon, merci énormément de votre participation à cette commission.
Et, compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux de la commission jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12
h 26)
(Reprise à 14 heures)
Le
Président (M. Gautrin) : Bien, je vous souhaite la bienvenue et je vous passe la parole à peu
près pour unepériode à peu près de
10 minutes, si je comprends bien, et ensuite les échanges seront de 20 minutes
avec les ministériels,de 20 minutes
avec l'opposition, et, si le deuxième groupe d'opposition continue à être
absent, on se partagera le temps.
TC Transcontinental
M. Olivier
(François) : Merci de nous
recevoir. Merci de nous donner l'opportunité de vous parler d'un enjeuqui sont les régimes de retraite interentreprises, la cotisation négociée. Je suis
accompagné aujourd'hui de Katya Laviolette,qui est vice-présidente ressources humaines chez TC Transcontinental, de
M. Jamie Barbieri, qui est président de Groupe PDI,qui est un imprimeur à Montréal qui emploie 180
personnes dans l'industrie de l'imprimerie. Alors, je suis François Olivier,président et chef de la direction de Transcontinental, une entreprise
pancanadienne publique, mais qui a fièrement son siège social ici, au Québec,
qui emploie 9 500 personnes au Canada, dont 4 500 au Québec.
Alors, je
représente toujours Transcontinental, mais, aujourd'hui, je représente aussi une coalition de 11 entreprisesqui ont toutes des régimes interentreprises à
cotisation négociée, qui sont dans mon secteur d'activité, soit l'imprimerie,mais aussi dans le secteur d'activité de l'alimentation,
et je pense que je me fais le porte-parole aussi de 260 000 Québécoisqui
bénéficient de régimes interentreprises à cotisation négociée, et on est ici
aujourd'hui pour vous parler de la situationqu'on vit avec ces régimes-là, une situation que je qualifierais d'insoutenable
par rapport à la pérennité de ces régimes-là, plus particulièrement ici,
au Québec.
Comme vous
avez pu le constater dans le mémoire qu'on vous a remis, c'est des régimes qui
sont spécifiques.C'est des régimes
qui sont particuliers. Ce n'est pas des régimes à cotisation déterminée, c'est
ni des régimes à prestationsdéterminées,
qui sont les deux régimes de pension les plus populaires. C'est plus un type de
régime qui ressemble plus à un régime de prestations cibles, l'interentreprises
à cotisation négociée.
Ça
a pris son histoire, ces régimes-là, à travers le Canada au début des années
50, le concept étant introduit par lessyndicats,
en fait, pour donner accès à des travailleurs qui n'auraient pas pu avoir accès
à des fonds de pension à cause dela
taille de l'entreprise ou pour donner accès à des régimes plus compétitifs ou
meilleurs en regroupant des entreprisesensemble, donc d'aller chercher une masse critique avec un regroupement
d'entreprises, de là le nom interentreprises.Et pourquoi ça s'appelle à cotisation négociée? C'est que chaque
entreprise qui était, en gros, des PME, contribuait à lahauteur de sa grosseur, de ses capacités, de sa
situation en affaires, et la contribution était négociée avec les employés,donc avec les syndicats. Les représentants,
les employés étaient inclus dans les conditions globales de travail de la PME.Donc, ces régimes-là font partie intégrante
des conventions collectives entre les employés et les entreprises. Donc, de là
le mot «cotisation négociée», parce qu'elles sont négociées et
revisitées à chaque fin de convention.
Comment ça
fonctionne? Un coup qu'on a poolé nos actifs ensemble, les entreprises, souvent
dans un même secteurd'opération, et
c'est souvent multiprovince — c'est beaucoup plus par secteur d'opération
qu'on se regroupe — on formeun conseil de fiducie qui a à gérer les
actifs. Le conseil de fiducie a des représentants, des employés, des syndicats
et desentreprises, évidemment. Il a
deux rôles, ce conseil de fiducie là, c'est de gérer les actifs, donc faire la
stratégie de placementpour s'assurer
que l'actif prend de la valeur, et ils ont comme rôle aussi d'assurer la
pérennité des régimes pour s'assurerque
les prestations cibles qui sont là soient rencontrées par les actifs qu'on a.
Et ceux qui sont sur le conseil de fiducie, les fiduciaires, ont, en
fait, trois outils qu'ils peuvent utiliser, à part les stratégies de placement.
Mais, par rapport à la pérennité du régime,
ils peuvent soit augmenter les prestations si on est en surplus; ils peuvent
laisser les prestations stables si le régime est en balance; et, si le
régime vient en problème, ils peuvent diminuer les prestations.
Donc,
historiquement, qu'est-ce qui s'est passé dans les années 80 à 90? Quand les
taux d'intérêt étaient élevés,quand
les rendements étaient excessivement bons, on a fait des surplus. Donc, on a
augmenté les prestations aux bénéficiaires.
Dans mon industrie, celle de l'imprimerie,
que je connais bien, on a augmenté cinq fois les prestations auxbénéficiaires dans les années 80 pour 66 % d'augmentation. Dans les années 90 à 2005,
les rapports d'actuaires qu'onrecevait,
comme fiduciaires, nous disaient que le régime et les prestations cibles
étaient en balance, donc on n'a pas touché aux prestations.
Et le
problème que je veux discuter aujourd'hui avec la commission : en 2005,
plusieurs des fiduciaires, pas tous mais certains fiduciaires de ces
groupes-là qui s'étaient mis ensemble ont utilisé l'outil de diminuer les
prestations à différents pourcentages pour
assurer la pérennité. Dans l'ensemble des autres juridictions, ce modèle-là est
compris, et lesfiduciaires ont eu le
droit de faire ça. Au Québec, certains ont fait ça en 2005 et 2006, et la
législation fait qu'on ne peut pas gérer ces programmes-là comme ils ont
été imaginés.
Alors, pourquoi on ne peut pas? C'est parce que
la loi a fait... a mal classifié ou a assumé que ces régimes-là n'étaient pas spécifiques, mais que ces régimes-là
étaient plutôt des régimes à prestations déterminées. Et, quand on ditqu'on les classe dans prestations déterminées, là,
il y a un paquet de conséquences. La
première conséquence, je l'ai dit : On ne peut pas gérer, comme
fiduciaires, avec les outils qu'on s'était donnés dans ces programmes-là, on ne
peut pas baisser les prestations. Vu qu'on
ne peut pas le faire ici à cause de la... pas la jurisprudence, mais la loi, la
solvabilité desprogrammes a beaucoup, beaucoup diminué. Dans mon secteur d'imprimerie, on est rendus à 0,44 $ par dollar; dans ceuxqui sont dans la coalition, dans l'alimentation, c'est
0,39 $ par dollar. Donc, la pérennité de ces régimes-là, par le fait qu'onne peut pas les gérer comme ils ont été créés
ou été imaginés, fait que les rapports d'actuaires qu'on reçoit aujourd'huinous disent qu'à très court terme — et, dans les fonds de pension, une quinzaine
d'années, c'est très court terme — qu'il n'y aura plus de fonds
là-dedans.
Qu'est-ce qui
est spécifique aussi à ces régimes de pension là, c'est qu'il y a à peu près
entre 80 % et 85 % desgens
qui sont dans ces régimes-là qui sont retraités. Donc, il y a juste environ
15 % à 20 % des gens qui contribuent del'argent puis il y a 80 % à 85 % des gens
qui sont retirés. Donc, ça, ça met un stress supplémentaire sur cet outil-là.
Et, des 80 % à 85 % qui
sont retirés, plus de la moitié sont ce qu'on appelle des orphelins. Qu'est-ce
que c'est, des orphelins, dans ce
programme-là de régime interentreprises à cotisation négociée? C'est des gens
qui ont resté dans le programme,dont
l'entreprise a disparu, l'entreprise a fait faillite, elle a fermé ses portes.
Il faut vous rappeler : au début, c'était faitpour des PME. Donc, il y en a plusieurs qui ont disparu,
mais les retraités restent dans le programme, et, évidemment,le fait qu'on a été assimilés ou classifiés au
Québec comme un régime de prestations déterminées, quand on dit ça, ça veutdire que les entreprises sont obligées de
payer le déficit, ce qui n'était pas prévu dans ces programmes-là à l'origine.
Alors, ça, ça crée un problème
important, parce qu'il faut se rappeler que la clientèle de ces programmes-là,
c'est beaucoup lesPME. Alors, quand
on dit aux PME : Avec la législation ici vous allez devoir payer les
déficits, pour la plupart des PME, le déficit seulement de leur
entreprise, c'est souvent plus grand que la valeur de leur entreprise, et,
quand on amène le problème des orphelins,
donc à ce moment-là on veut faire payer le déficit aux entreprises pour des
employés qui n'ont jamais travaillé pour eux, bien, toutes, toutes ces
entreprises-là ne peuvent pas survivre à ça.
Donc, les
solutions qu'on a pour régler ce problème-là, il y en a, elles ont été
mentionnées dans le rapport D'Amours.
La recommandation 13 du rapport D'Amours fait référence aux orphelins. Ce qui
est recommandé là-dedans,c'est de
traiter les orphelins, en fait, comme quand un employé quitte une entreprise.
Quand un employé quitte une entreprise,
tout ce que l'employé a contribué, tout ce que l'entreprise a contribué au nom
de l'employé et tout le rendementde
cet argent combiné là est remis à l'employé, et il le met dans un autre
véhicule, qui est gelé, de pension de son choix. Donc, c'est ce que D'Amours
recommande pour les orphelins, puis on est d'accord avec cette
recommandation-là.
Par rapport aux programmes, la solution, pour
nous, les régimes de retraite interentreprises à cotisation négociée, c'est somme toute simple. On voudrait
avoir un changement de législation au Québec pour pouvoir les gérer
comme ils ont été pensés ou comme ils ont été créés. Ça veut dire de laisser
aux fiduciaires ensemble, c'est-à-dire les représentants
des syndicats, les représentants des entreprises, gérer selon les rôles de fiduciaires puis les
outils qu'ils sesont donnés. Et c'est
ce qu'on ne peut pas faire dans la province de Québec. Donc, ce qu'on demande,
c'est une modification législative pour nous permettre de faire ça. Puis
on pense que, si on fait ça, il est encore temps d'assurer la pérennité de
ces régimes-là pour les gens qui sont dedans. Alors, merci de votre attention,
puis on…
• (14 h 10) •
Le
Président (M. Gautrin) : Je vous remercie et je vais passer la parole maintenant
à Mme la ministre, députée
de Taschereau.
Mme
Maltais : Merci,
M. le Président. Merci, M. Olivier, M. Barbieri, Mme Laviolette.
Bienvenue. Merci de nous amener cet éclairage sur une partie méconnue de
nos régimes de retraite, soit ces régimes interentreprises à cotisation négociée, comme vous les appelez, qui sont peu
courants, mais c'est quand même beaucoup de personnes. Vous parlez de
260 000 employés dans votre secteur…
M. Olivier
(François) : On parle de
gens actifs, qui travaillent, qui bénéficient de ça. Je pense que ça n'inclutpas les gens qui en bénéficient. C'est
260 000 au Québec, 740 000 à travers le Canada. Donc, c'est
1 million de personnesqui
contribuent, dans le moment, à ces régimes-là. Donc, c'est peu connu, mais c'est
assez répandu à travers le Canada,et
aussi au Québec et dans d'autres industries que celles que j'ai mentionnées.
Évidemment, dans notre coalition, on a des gens d'imprimerie et d'alimentation.
C'est des programmes qui sont aussi dans la construction, la boulangerie, dans
beaucoup d'autres industries. Il y a plusieurs de ces PME là qui sont
regroupées dans plusieurs industries.
Mme
Laviolette (Katya) : Est-ce
que je peux juste rajouter un point? D'un côté, c'est 260 000 actifs, et
les donnéesqui nous ont été
fournies, c'est à peu près 500 000 dans la province de Québec, actifs,
inactifs et retraités dans les industries que M. Olivier a mentionnées.
Mme
Maltais :
O.K., merci. Je veux aborder deux choses. D'abord, le type de régime puis,
ensuite, les fameuxorphelins qui
font l'objet de la recommandation D'Amours. Mais peut-être un petit mot d'abord
sur les types de régime.
La Loi sur les régimes complémentaires de retraite
au Québec reconnaît seulement deux types de
régime, hein :prestations
déterminées, donc, on s'entend sur les prestations qui seront versées à la
personne qui prendra sa retraite, cesrégimes
qu'on essaie de sauver parce qu'on les considère comme, effectivement, comme les plus sécurisants
pour l'employéqui prendra sa
retraite, et cotisation déterminée, où on s'entend sur la cotisation en donnant
au résultat des placements,des
rentes, en acceptant une certaine variation pour la retraite future. Entre les
deux, il est apparu un nouveau conceptque
nous avons utilisé seulement pour deux entreprises. On a ouvert sur les
prestations cibles à deux papetières. Dans lecas d'un régime qui allait… à cause de difficultés vraiment très
sérieuses dans des régimes. Alors, cette prestation ciblepermet des variations dans les prestations. La
prestation, au lieu d'être déterminée, on lui donne une cible, mais on la
prévoit à long terme, puis on prévoit
aussi une variation, on essaie de se donner des conditions pour éviter que la
variation soittrop imposante. C'est
pour ça qu'on donne une prestation cible, mais la cible, quand même, elle est
prévue à long terme puis elle fait l'objet d'une entente négociée.
À ce que je
ne m'abuse, ce que vous nous avez expliqué, c'est qu'il y a quand même eu des
variations importantesdans les
cotisations qui ont pu être versées. Donc, il y a une différence qui peut être…
on peut en voir l'importance, là, onpeut
en discuter, mais il y a une différence qui est que la variation est importante
dans le cas des régimes que vous offrez,tandis qu'on essaie… si on commence à ouvrir sur des prestations cibles,
on essaie d'éliminer véritablement au maximum les variations pour
essayer de conserver une prévisibilité pour les retraités.
M.
Olivier (François) :
Évidemment, les mouvements ont été importants, à la hausse, des prestations aux
années 80,dans les années 80, parce
qu'on faisait des rendements exceptionnels. Donc, il fallait remettre l'argent
aux employés. Donc,on a beaucoup
monté les prestations. C'est évident que, quand on est en situation où on veut…
on est obligés de diminuerles
bénéfices, on tend à faire ça, si on peut, de façon temporaire, parce que ce n'est
pas parce qu'on les diminue qu'onne
va pas les réaugmenter quand le programme prend du mieux. Le rôle des
fiduciaires, c'est d'assurer la pérennité. Et les fiduciaires, c'est des
représentants des syndicats et des employés et des entreprises. Ce ne sont pas
les entreprises qui contrôlent ces
programmes-là, c'est les fiduciaires. Évidemment, pour l'avoir fait dans d'autres
provinces, ce n'est pastous les groupes d'âge qui ont la même
diminution. Il y en a qui peuvent avoir un, il y en a
qui peuvent avoir quatre. Donc,c'est
toutes des stratégies qui vont par
rapport au regroupement d'entreprises : Quelle est la situation? Combien il y a
deretraités? Combien il y a
de travailleurs? Donc, chaque fiduciaire a la responsabilité d'assurer la
pérennité par rapport aufonds
ou au regroupement d'entreprises qu'il a. Donc, c'est chaque programme,
ce n'est pas une… on ne peut pas appliquerune norme universelle à tous ces régimes-là, et les fiduciaires ont un
rôle spécifique à jouer pour ce qu'ils gèrent et c'est ce qu'ils font
dans les autres juridictions en Amérique du Nord.
Mme
Maltais : C'est évident que, si on décidait — comme
on nous l'a demandé, plusieurs mémoires nous ontdemandé — de
légiférer envers les prestations cibles et d'ouvrir là-dessus — ce
qui est un débat qui n'est pas terminé,là, mais on a commencé, on a commencé à en débattre — vous,
considérez-vous que votre régime véritablement devrait, à ce moment-là, être classé par la Régie des
rentes comme étant un régime à
prestations cibles ou vous voudriez avoir…Parce que, dans votre mémoire, on voit que vous voudriez peut-être
que votre régime soit traité selon le modèle canadien, qui est différent
du modèle québécois. Alors, quelle serait votre préférence à ce moment-là?
M. Olivier
(François) : Bien, c'est un
type de prestations cibles. C'est dur à moi de répondre. Vous parlez d'unrégime à prestations cibles, je ne sais pas
ce que ça pourrait être. On m'a demandé si je veux me joindre à ça, je n'ai
aucune idée de quelle forme ça peut prendre, mais les
faits, c'est qu'on est déjà, nous, un régime — ces régimes-là, multiemployeur à cotisation
négociée — on
est déjà une forme de régime à prestations cibles qui existe depuis 1950.
La
problématique que les fiduciaires qui gèrent ça ont, c'est que, comme j'ai dit,
c'est des régimes qui font desregroupements
d'entreprises, donc ça fait fi des
provinces ou des législations. Donc, c'est des regroupements d'entreprises. Ily a plusieurs entreprises multiprovince qui sont regroupées ensemble,
les fiduciaires gèrent le regroupement d'entreprises.
Et c'est évident que, quand les fiduciaires qui sont les représentants des employés et des entreprises décident de baisserles prestations ou de les monter, c'est évident,
quand les gens des autres provinces baissent leurs prestations et les gensdu Québec restent dans le programme et ne les baissent
pas, ça crée un problème important. Et, dans le moment, il y a
desrégimes où les gens qui se sont
regroupés veulent se désaffilier des gens du Québec à cause de ça, et ça, c'est
grave parcequ'on va isoler les PME du Québec qui avaient
joint d'autres gens dans leur industrie. Donc, c'est une problématique quiexiste dans le moment. Alors, ces régimes-là
sont gérés comme des prestations cibles par les fiduciaires à part dans la
province, ici.
Mme
Maltais : Oui. Encore
une fois, je dis que, dans l'importance
des variations et dans la façon dont on a vujusqu'ici, au Québec, les prestations cibles, qui est tout nouveau, ce
n'est peut-être pas tout
à fait le même
modèle, mais, l'esprit, il y a quelque chose qui peut se rapprocher,
mais on est…
M. Olivier (François) : Mais c'est…
oui.
Mme
Maltais : …en
gros, en gros.
M. Olivier (François) : Je suis d'accord
avec vous.
Mme
Maltais : Puis je vais faire attention parce qu'il y a certaines… vous l'avez dit, il y a
des entreprises quisont en train de
faire des mouvements là-dessus, et vous savez qu'on est en discussions, on est
rendus à la Cour suprême avec
certaines des entreprises qui ont des régimes interentreprises au Québec,
pancanadiennes. Donc, je vais faire attention pour ne pas trop aborder ce
sujet-là, mais on vous a écoutés avec attention puis on a vu votre mémoire.
Sur les
orphelins, vous dites que 50 %
des retraités sont des retraités d'entreprises… sont des orphelins, ce qu'on
appelle des gens d'entreprises, qui sont fermés, dont le régime est fermé.
M. Olivier
(François) : Mon exemple
faisait référence au secteur dans lequel je suis actif, donc dans le secteurimprimerie, c'est un exemple sur mon secteur
que je connais bien, que j'ai les chiffres. En fait, le vrai chiffre pour le
secteur imprimerie, c'est 55 % des gens qui sont retraités sont
orphelins. Donc, évidemment, quand on est fiduciaire de ces régimes-là, ça met beaucoup de pression parce qu'on
a peu de gens qui contribuent et beaucoup de gens qui bénéficient.
Alors, c'était par rapport à cette industrie-là que j'avais…
Mme
Maltais : Est-ce
que vous avez calculé, mettons, dans
votre secteur, dans l'imprimerie, jusqu'à quel point ils sont lourds sur
le régime de retraite? Est-ce que vous avez une… sur le déficit du régime de
retraite, le fait que les orphelins soient
dans votre… soient vraiment comptabilisés, ne soient pas sortis, comme le
propose le rapport D'Amours,mais
soient comptabilisés à l'intérieur de… soient encore… que les retraités et les
actifs soient encore responsables des orphelins, provoque un déficit beaucoup
plus lourd?
• (14 h 20) •
Mme
Laviolette (Katya) : Je veux
juste parler du déficit global puis des chiffres à peu près. Rendus le 31
décembre 2011, on avait un déficit
pour le multiemployeur à 217 millions, et les orphelins représentaient autour de 50, 60 millions.
Mme
Maltais : Donc, c'est
près de 25 %. C'est quand même un…
Une voix : …
Mme
Maltais : …c'est
un morceau, oui. Alors…
M. Olivier
(François) : C'est une
pression additionnelle. Ça serait important de statuer là-dessus, mais la vraiequestion, c'est : Est-ce qu'on peut
gérer ces programmes-là comme ils ont été créés? C'est ça, la vraie… Les
orphelins, c'est une pression additionnelle sur l'outil de retraite que
sont ces programmes-là.
Mme
Maltais : Une
dernière question. Je vois que vous êtes favorables avec la recommandation du
rapport D'Amours, mais, si les employeurs
qui cotisent au régime n'avaient plus à assumer les déficits à l'égard des
participants,des orphelins, est-ce
que vous pensez qu'il serait possible de permettre toutefois aux retraités, aux
participants, de demeurer à l'intérieur
du régime sans avoir d'obligation envers l'employeur? Autrement dit, d'assurer
à l'employé une continuité, sans qu'il y ait d'obligation pour l'employeur
de cotiser ou de se…
M.
Olivier (François) : Bien,
notre position, évidemment, de ces programmes-là, c'est qu'il n'y en a pas, d'obligation,pour personne. Alors, vous me
demandez : Si on ôte l'obligation pour un groupe, est-ce que ça va aider?
Oui, mais ça ne réglera pas le problème. Puis je peux passer la parole à
Jamie Barbieri, qui, lui, a une entreprise qui est une PME, peut-être une grosse PME parce qu'il a acheté
certaines petites autres imprimeries, puis qu'il vous explique sa perspective
par rapport à ça.
M. Barbieri (Jamie) : Merci, M. Olivier. M. le Président, Mme la ministre, merci de nous
accueillir aujourd'hui.Je suis Jamie
Barbieri, président et copropriétaire du Groupe PDI, une imprimerie commerciale
qui est située à Montréal.On est,
parmi les PME au Québec, dans l'imprimerie, un des plus gros. On a 180 employés
qui travaillent pour nous, un chiffre d'affaires d'à peu près
30 millions de dollars.
On a été participants
dans des régimes interentreprises à cotisation négociée pendant toute l'histoire
de notre compagnie. Depuis le jour un, on
participe, et, dans toutes les acquisitions qu'on a faites pendant toutes les
années de notrevie d'entreprise, on
a toujours payé nos cotisations, on a toujours négocié à chaque convention collective
avec nos employés, les syndicats, etc., toutes les modalités du régime
en termes de cotisation et aussi des conditions de travail.
Aujourd'hui,
quand on met notre régime dans la même catégorie d'un régime à prestations
déterminées, pour nous,qu'est-ce que
ça crée? Ça nous met dans une obligation d'une dette qui est supérieure à
peut-être trois ou quatre fois lavaleur
de notre compagnie, et vous allez comprendre que, pour nous, ça va mettre fin à
notre organisation, puis on est un des plus gros dans l'industrie. Les
plus petits, c'est peut-être cinq, six, sept fois la valeur. Il y a un
problème.
Moi,
je pense que le but du régime… Notre participation dans le régime d'origine
était pour offrir à nos employésun
fonds de pension qui était tout à fait raisonnable en termes d'un retour, puis
c'est aussi un modèle… pour eux autres,sauver de l'argent… Pour nous autres, c'était bien parce qu'on pouvait y
participer et y offrir, à un taux qui est raisonnablepour nous aussi. Aujourd'hui, si on change le
plan, on met en péril tout ce qui est PME en termes d'imprimeries. Il n'y apas un imprimeur qui va s'embarquer
là-dedans, qui va être capable... Ce n'est pas une question de vouloir payer ou
nepas vouloir payer, c'est que les
montants sont rendus à un point où est-ce que ça dépasse tellement la valeur de
nos entreprises qu'on n'aura pas le choix, mais de fermer.
Alors,
pour nous, ce serait important qu'on nous… suite à ce que M. Olivier a dit, de
nous… C'est sûr qu'on estd'accord
avec la recommandation 13 du rapport D'Amours, mais, aussi, l'important pour
nous, c'est de nous laisser gérerle
régime comme il a été conçu, d'origine. Et c'est de le reconnaître, peut-être,
avec un projet de loi pour vraiment reconnaître la spécificité de ce
régime-là. Il est différent.
Mme
Maltais :
O.K. Bien, je vous remercie de vos commentaires.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : M. le député de Dubuc.
M.
Claveau : Peut-être une question beaucoup plus globale. Vous
ne traitez que de la recommandation 13, mais qu'est-ce que vous pensez
du rapport D'Amours en général, comme employeur?
M. Olivier (François) : Bien, en général, je pourrais dire qu'on est très contents que ces
discussions-là aient lieu. Je pense que c'est très sain. Il y a plusieurs
des outils qu'on a qui ont été pensés il
y a très longtemps.
Donc, de ravoir cette discussion-là, c'est très sain. La façon que c'est
fait, je pense que c'est aussi très sain. Il faut que les employeurs, les employés, le législateur regardent ça. Des
opportunités comme cette commission-là, c'est très sain. De regarder D'Amours,ce que ça fait, ça regarde à améliorer les
régimes qu'on a. Nous, chez Transcontinental, on a principalement des régimes
PD,à prestations déterminées, on a
aussi des régimes CD. Les deux, c'est 95 % de nos employés, et ce que je parle aujourd'hui, c'est
moins de 4 % des employés de Transcontinental. Pourquoi on est ici aujourd'hui,
c'est surtout pour représenter les PME, parce que, dans toutes les activités qu'on
a, on a acheté quelques-unes de ces entreprises-là.
Donc,
D'Amours regarde qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer les prestations
déterminées, les cotisationsdéterminées,
regarde… Ce que la ministre parlait, des régimes à prestations cibles, pourrait
s'appliquer à certaines industries,certaines
situations, encadrées d'une certaine façon. Je pense que ça, c'est très sain.
Donc, nous, on est très contents queD'Amours
ait été produit puis on est très contents qu'il y ait des discussions pour
essayer d'améliorer et de faire avancer les choses.
Et
ce que nous, on souhaite… On n'attend pas de miracle de D'Amours, mais on
attend qu'il y ait des choses quibougent,
qu'on avance certains dossiers. Et je pense que tout le monde est prêt, les
entreprises sont prêtes, les travailleurssont prêts, et je pense que le législateur aussi, pour assurer la
pérennité de ça. Puis ce qu'on aime de D'Amours, c'est qu'on ne se met pas la tête dans le sable que quelqu'un
va arriver avec une solution miracle, il faut que les trois parties travaillentensemble. Donc, on est, somme toute, très en
accord avec la plupart des recommandations ou des pistes de discussion
qui sont dans D'Amours.
Mme
Maltais :
Ça va.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Ça va? M. le député de Verdun.
M.
Gautrin : Je vous remercie et je vous souhaite la bienvenue
ici, à l'Assemblée nationale, si vous me permettez.Pour bien comprendre, on va prendre l'exemple de votre
secteur, qui est le secteur de l'imprimerie, mais je comprendsque c'est un… À l'heure actuelle, chaque fois que
vous payez un dollar de prestations à vos retraités, à l'heure actuelle,
il n'est financé qu'à 0,44 $. C'est bien ce que je comprends?
M. Olivier (François) : Oui. Selon
les études, évidemment, de solvabilité. C'est sûr que, si les taux d'intérêt
remontent de 1 % ou 1,5 %, on va régler comme toutes les sommes…
M.
Gautrin :
Je comprends ça.
M. Olivier (François) : …mais c'est
les faits, oui.
M.
Gautrin : C'est la
situation. Et à l'heure actuelle, si on continue comme ça, vous dites dans
votre rapport, page 10 : Dans 16 ans, comme on dépense 0,66 $ par
dollar qu'on verse, il ne restera plus une cenne dans la caisse.
M. Olivier
(François) : C'est exactement
ça. Évidemment, quand on est fiduciaires de ces régimes-là, interentreprises, ce n'est pas toutes les
entreprises qui sont sur la fiducie. Donc, quand un représentant des employés
oudes syndicats est sur une fiducie
et une des entreprises, on est là pour représenter tous les autres, on a un
rôle à jouer. Donc,évidemment, dans
ce rôle-là, on prend ça très au sérieux, on fait faire régulièrement des études
actuarielles pour s'assurerque les
prestations cibles vont être rencontrées. Et c'est ce que les actuaires nous
disent évidemment. Avec 80 % à 85 %d'inactifs, avec 55 % des inactifs qui sont des orphelins puis l'incapacité
depuis plusieurs années à ne pas gérer le programme comme il a été
conçu, c'est sûr que les…
M.
Gautrin :
Ma question pourrait être plus précise et je vais distinguer la gestion de vos
régimes de la part des orphelins pour en traiter après, si vous me
permettez, dans une autre question.
Dans les
autres provinces canadiennes, actuellement, la loi est différente, si je
comprends bien, de la loi du Québec.Et
qu'est-ce que vous nous suggérez d'inclure dans la loi, voire d'avoir une loi
plus spécifique dans votre cas… Parceque
vous avez bien compris, si vous avez écouté les décisions ce matin, tout
toucher, c'est une espèce d'immense chantier.Mais, dans votre cas particulier, qu'est-ce qu'on aurait besoin de faire
dans les modifications à la loi à court terme? Parceque c'est quelque chose qu'on peut faire. Parce
que, là, vous nous dites… vous êtes venus nous dire… lever un drapeaurouge en disant : Si vous ne faites rien,
nous, on s'en va sur un mur. C'est ce que, M. Barbieri… c'est à peu près ce que
j'ai compris de votre intervention.
M. Barbieri (Jamie) : C'est exact.
• (14 h 30) •
M. Olivier
(François) : Oui. On s'en va
sur un mur, financièrement. Puis ce qui nous inquiète, c'est ce que j'ai
expliqué plus tôt à la ministre Maltais, c'est que les gens qui sont dans les
autres jurisprudences qui peuvent le gérer comme
ça, ils veulent se désaffilier. Donc là, on va isoler les entreprises du Québec,
et ça va complètement à l'encontre de ces programmes-là. Ces
programmes-là, la force, c'est de regrouper des gens ensemble, pas de les
séparer.
Évidemment,
je ne suis pas… Je suis un spécialiste de communication, de média, d'imprimerie,
un peu de fondsde pension maintenant,
mais, par rapport à la législation — qu'est-ce
qu'il faut qui soit modifié? — ça,
je suis moins dansma compétence.
Mais, en fait, ce qu'on veut, c'est que la législation nous permette de reconnaître que ces programmes-làne sont pas des programmes à prestations
déterminées, puis je pense que la ministre nous a un peu éclairés par rapport
à la législation, que, peut-être, je ne
comprenais pas vraiment, mais qu'il y a vraiment comme deux programmes : c'est
unou c'est l'autre. Évidemment, c'est
peut-être plus proche… C'est-u plus proche d'un CD ou… de contribution
déterminéeou prestations
déterminées? C'est ni l'un ni l'autre, c'est une prestations cibles spécifique
de regroupement d'entreprises.Donc, ce qu'on voudrait, c'est que la législation reconnaisse la spécificité de ça et donne la capacité aux fiduciaires,
quisont des gens, des syndicats
et des entreprises, de jouer le rôle qu'ils jouent partout ailleurs
en Amérique. C'est ce qu'on demande.
M.
Gautrin : Et «ailleurs», ça veut dire : Ce qui vous
manque comme pouvoir, comme outil, c'est la possibilité d'adapter les prestations en fonction des, disons,
comportements, des épargnes que vous avez dans le régime.
M. Olivier
(François) : Exactement.
On a la capacité de les monter, les prestations, on a la capacité de les
laisserstables, mais on n'a pas la
capacité de les baisser dans la province, ici, ce qui est permis partout
ailleurs en Amérique du Nord.
M.
Gautrin : On peut faire la recherche de notre côté,
mais, si vous l'avez sous la main ou si votre collègue l'a, nous
donner des copies des législations qui existent dans les autres provinces, ça
pourrait nous aider, si vous aviez la gentillesse de nous les transmettre.
M. Olivier (François) : On va faire
ça.
M.
Gautrin : Je vais toucher le problème des orphelins maintenant,
si vous me permettez. C'est à vous... Voussuggérez, comme le rapport D'Amours suggère, de
traiter les orphelins comme on traite les gens qui sont en transfert,c'est-à-dire qu'ils quittent un régime avant l'âge normal de la retraite. Si vous
avez écouté, c'est un... la manière dont oncalcule… ces rentes de transfert, à l'heure actuelle, sont
remises en question par beaucoup d'intervenants comme étantnon adaptées ou non équitables. Enfin, je ne
voudrais pas rentrer, donner des mots dans les bouches des gens. Donc, ça vaprendre
un peu de temps en quelque sorte avant que l'ICA, c'est-à-dire l'Institut
canadien des actuaires, réussisse à se mettre d'accord.
Est-ce qu'il faudrait qu'on règle les deux en
même temps? Parce que
moi, j'ai l'impression, quand je vous écouteici, qu'il y a une urgence très rapide du mur que vous avez, de
régler la question des transferts… à mon sens, va prendre une… disons un certain travail avec nos partenaires
des autres provinces. Parce que ça n'a pas de sens qu'au Québec
on transfère de
cette manière, puis que, si vous êtes en Ontario, vous… donc, il y a
une espèce... de travailler ensemble là-dessus, donc ça va prendre un peu plus de temps. Est-ce
qu'on pourrait séparer les deux, d'après vous?
M.
Olivier (François) : Oui, on
peut séparer les deux. En termes de sentiment d'urgence, évidemment, le numéro
un,c'est la capacité de gérer. Donc,
si on a la capacité de gérer, puis les orphelins ne sont pas réglés, on va
gérer les orphelinsaussi, on va… on
les traite, dans le moment, les orphelins, sur le même pied d'égalité que tous
les autres. Donc, en termesde
priorité, pour ramener ces régimes-là en santé, c'est, un, la capacité de
gérer, et, deux, d'adresser la situation particulière des orphelins.
M.
Gautrin :
Alors, je vous remercie. Et là je vais passer la parole à mon collègue d'Outremont.
Mais je dois vous dire qu'on est très sensibles à ce que vous avez
soulevé actuellement comme problème, mais je suis sûr que les ministériels ont
aussi cette même sensibilité à l'heure actuelle, et on va tâcher de voir ce qu'on
peut faire.
M.
Bachand : Oui,
merci. Ça va être très bref, parce que je sais que mes deux collègues veulent
poser des questions. Mais je voulais simplement, particulièrement vous
remercier d'être venus aujourd'hui. Moi, j'ai appris des choses, l'existence… Au fond, vous avez des régimes
très précis, cotisations négociées, des PME à cinq, 10, 15 employés.Tu ne crées pas de régime de retraite, mais, si tu
as un… tes concurrents… tes concurrents ou tes collègues, ça dépend,mais multientreprise, bien là, ça vaut la peine
pour une industrie de le faire. Mais, évidemment, je comprends que c'est lacotisation qui est importante pour l'employeur :
voici mon obligation financière. Et semble-t-il que ça ne fitte pas dans
nos petits carreaux législatifs; c'est une catégorie particulière, et donc ça
créé des enjeux particuliers.
J'aurais des
commentaires à faire, mais comme on me dit qu'il y a des causes en cour, je
vais faire attention à mes commentaires pour ne pas qu'ils soient
utilisés par la suite, puis que les autres provinces canadiennes ont trouvé des
solutions puis le Québec n'en a pas trouvées. Alors, je vous remercie de nous avoir éclairés sur ça, parce
qu'il y a beaucoup de monde qui sont là-dedans, y compris les orphelins.
M. Olivier
(François) : C'était notre objectif.
Et on parle beaucoup au nom des PME, et évidemment, quand on aune entreprise de 10, 12 employés, la complexité de ces
choses-là, je pourrais dire, n'est peut-être pas comprise par tous les propriétaires de
PME. Et on parle beaucoup en leurs noms.
M.
Bachand : Et je
comprends que notre président de GTC, mais que c'est… Vous êtes surtout un
régime de prestations puis de cotisation.
Alors, vous êtes ici avec votre chapeau pour aider l'ensemble
de vos collègues de PME. Merci de le faire. Nicole?
Mme Ménard :
Merci beaucoup. Bonjour à vous trois.
C'est une situation qui me paraît très sérieuse. Et je medemande : Est-ce que vous avez déjà eu
des conversations avec la régie? Et quelle est leur opinion sur ce que vous
vivezprésentement? Est-ce
qu'on vous a démontré une ouverture?
Quels sont les résultats, là, des conversations que vous auriez pu
avoir? J'imagine que vous en avez eu, là?
Mme
Laviolette (Katya) : Oui. On
a eu — je
peux répondre — on a eu, à quelques reprises, la coalition
pourles interentreprises et... était
mise en vigueur, ça fait à peu près un an et demi. Et, depuis ce temps-là, on a
rencontré larégie à deux reprises.
La dernière réunion était au mois de mars. Et la décision était : On veut
attendre pour la commissionparlementaire.
On a parlé. On a commencé déjà à ouvrir sur tout le sujet des orphelins. Et
effectivement on est en attente. On est en attente des résultats de la
commission.
Mme Ménard : O.K. Merci.
M. Olivier
(François) : Mais il y a une
bonne ouverture et il y a des bonnes discussions. Je pense qu'on a amélioré,de part et d'autre, notre compréhension de
la spécificité de ces régimes-là, parce qu'il faut vraiment rentrer dedans. Et
jepense que, dans la dernière année
et demie, ces rencontres-là ont eu lieu, et je pense que, de part et d'autre,
on a une bonnecompréhension de
quelle est la problématique. Puis il faut travailler ensemble à la trouver… les
bonnes solutions pour les adresser.
Mme Ménard :
...parce que c'est vraiment un programme, moi non plus, que je ne connaissais
pas du tout, alors merci. Mon collègue?
M.
Bolduc
(Mégantic) :
Merci, ça me fait plaisir. Écoutez, j'aurais une couple de questions,
parce que l'évolution,surtout dans le secteur de l'imprimerie, a
eu des déboires et des difficultés assez élevés quant à la capacité de
production,puis il y a
eu une rationalisation qui s'est produite. Mais est-ce que vous pourriez nous
donner une idée de l'évolutiondes orphelins? Ou comment ça s'est bâti, ça,
depuis les récentes années? Ou comment on en est arrivés à avoir un pourcentage
aussi élevé d'orphelins?
M. Olivier
(François) : Ah! Bien, l'imprimerie,
c'est un secteur qui a eu moins de croissance, dans les 10 dernièresannées, avec l'avènement de l'Internet. Et les entreprises
qui avaient beaucoup investi dans les technologies ont un peuconsolidé le marché, ce qui a fait qu'en général
le nombre d'imprimeries, au Canada, a beaucoup baissé, et la taille moyenne a
beaucoup augmenté. Donc, ça, ça veut dire que les entreprises
qui ont investi ont pris plus de place dans le marché. Donc, il y a beaucoup
moins de travailleurs dans ce secteur d'opération là. Mais, évidemment, les
gens qui y ont travaillé… Il y a 20 ans, il y avait beaucoup plus de gens dans
ce secteur-là.
Donc,
dans le régime, tous les régimes multiemployeurs imprimeries... À travers le Canada, il y a
2 300 personnesactives, il y en a
15 795 qui sont inactives. C'est
évident qu'on a les entreprises comme la nôtre et celle de Jamie, on a faitbeaucoup d'investissements dans la
technologie. Et c'est des machines qui sont très, très, très performantes et
qui malheureusement requièrent un peu
moins de gens. Donc, quand on prend l'effet combiné de la technologie et la décroissance
du marché, on a la situation qu'on a avec ces fonds-là interentreprises.
Mais,
malgré tout ça, on pense que, si on nous donne les moyens de les gérer comme
ils ont été imaginés, et toutle
monde travaille ensemble, on pense qu'on peut même en assurer la pérennité,
même avec ces chiffres-là. Parce qu'onfait
des bons rendements, il y a beaucoup d'argent dans la caisse, si les taux d'intérêt
remontent, donc, si on peut les gérersur
le long terme, hein... Ce n'est pas, comme je disais en entrée de jeu, ce n'est
pas parce qu'on les baisse aujourd'hui qu'onne va pas les remonter demain. On pense encore que c'est jouable, et
même avec les chiffres d'inactifs ou de retraités qu'on a.
• (14 h 40) •
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci. Les fiduciaires qui sont
responsables de la gestion de ces fonds-là, comme vous nous avez mentionné,
qui étaient constitués de propriétaires de vos entreprises et, j'imagine, de
représentants des employés, et tout, combien
ça fait de temps qu'ils voient ce problème-là se développer? Puis : Est-ce
que vos membres, les entreprises sont bien conscientes de ce qui se
passe à ce chapitre-là?
Mme Laviolette
(Katya) : Ça fait vraiment depuis, je dirais, fin 2008, début 2009.
Et, effectivement, depuis un an et demi,
depuis qu'on a mis la coalition ensemble pour vraiment sensibiliser les
entreprises aux complexités du sujet,les
gens sont tout à fait au courant, depuis un an et demi, en termes… je parle en
termes d'imprimerie, également en termes d'alimentation, mais plus
précisément dans l'industrie des imprimeries.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Juste une question de détail.
Dans le cas des orphelins, parce que je vais supposer qu'uneentreprise A est achetée par l'entreprise B, l'entreprise
A disparaît, elle est intégrée; il peut y avoir une consolidation, une
mise à pied. Est-ce que, ces gens-là, vous les classifiez maintenant comme
orphelins?
M. Olivier
(François) : Non.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Non?
M. Olivier (François) : Non. Quand on achète une entreprise, on l'intègre,
on prend la responsabilité. C'est juste quand l'entreprise disparaît...
Jamie et nous… Nous, on est là parce qu'on a fait quelques consolidations, on a
acheté quelques de ces petites PME là, Jamie
l'a fait aussi. Et, quand on achète, on honore toutes les promesses qui ont été
faitesà ces entreprises-là, et donc
eux ne sont pas calculés comme des orphelins, ils deviennent des PDI ou des
Transcontinental.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Je dois admettre que vous êtes
très courageux, parce que ça fait au-dessus de 60 ans que vous avez
votre opération, puis on retient deux choses : la capacité de gérer puis
gérer les orphelins sont vos deux problèmes principaux. Merci.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Ça va? Alors, vous me permettez de céder à M.
le député de Lévis.
M.
Dubé : Merci, M. le Président. Et alors bienvenue de ma part
aussi, merci beaucoup d'être là pour une présentation qui a, je dirais, entre autres, le mérite d'être très
claire. Vous avez focussé sur deux points, puis je pense queça ne sert à rien de ma part d'aller vers des
questions spécifiques, là; je pense qu'il y a une bonne compréhension ici, de
notre commission, de ces points-là, là, qui n'étaient peut-être pas clairs pour
nous tous. Alors, merci.
Moi,
j'aimerais en profiter, peut-être, si vous me permettez, à vous trois, de vous
demander… Parce que vous avezcommenté,
tout à l'heure, un peu sur l'ensemble du rapport D'Amours, et il y a quand
même… Je vous dis que c'est bon de focusser, mais j'aimerais quand même
avoir votre opinion sur quelques autres éléments.
Est-ce
qu'il y a des choses à l'intérieur… Parce que je connais un peu votre
entreprise, vous avez dit que vousavez
quand même des régimes à prestations déterminées et à cotisation déterminée.
Et, quand on arrive avec un concept,qui
est un élément important du rapport D'Amours, de la rente longévité, est-ce que
vous avez eu la chance d'y penserpuis
d'avoir des commentaires dessus? Je serais curieux... À moins que vous ne
vouliez pas commenter, mais... Parceque
je comprends pourquoi vous avez focussé sur vos points, mais j'en profiterais
peut-être pour avoir vos commentaires là-dessus, si vous permettez.
M. Olivier (François) : Oui, ça me fait plaisir de vous donner nos
commentaires là-dessus. Par rapport à la rentelongévité, on comprend l'intention. L'intention est bonne, il faut juste
s'assurer… En fait, les fonds de pension, si on veuten assurer la pérennité, à la base, il faut créer
de la valeur économique. Si on crée de la valeur économique puis on a desentreprises qui sont en bonne santé, ils
peuvent offrir des conditions de travail très intéressantes aux travailleurs.
Et c'estles travailleurs qui mettent
une partie de leurs salaires dans les fonds de pension et c'est les entreprises
qui mettent unepartie aussi dans les
fonds de pension. Donc, si on a une activité économique saine, on va avoir des
fonds de pension sains, parce qu'on va avoir des travailleurs qui font
des bons salaires, les bonnes conditions de travail, ils vont pouvoir
contribuer dans leurs fonds de pension, puis les entreprises aussi.
Donc,
par rapport à ce programme-là, spécifique là, il va falloir faire bien
attention qu'on n'ôte pas, au Québec,de
la compétitivité aux entreprises, leur habilité de réinvestir puis de créer des
jobs intéressantes. Donc, ça, c'est… L'idéeest bonne, mais : Comment la financer? Il faut faire attention de
ne pas mettre trop de pression sur la compétitivité desentreprises pour attirer les investissements, et
tout ça. Donc, ça, ça serait l'élément qui va être, à mon sens, regardé par
rapport à ça.
Par rapport à
D'Amours, CD, la cotisation déterminée, prestations déterminées, je pense qu'on
peut amener des améliorations à ces deux outils-là, qui vont faire… qui
vont donner plus, peut-être un petit peu plus de latitude aux gestionnaires, c'est-à-dire aux représentants des employés ou aux entreprises,
de gérer selon la situation que l'industrievit, ou la compagnie vit ou le cycle économique dans lequel on est. D'Amours
va dans ce sens-là, donc on est, comme j'ai dit tantôt, somme toute,
contents que ces discussions-là aient lieu à ce point-ci.
M. Dubé : Pour ma curiosité personnelle, chez Transcon,
vous avez combien de pourcentage de vos employés qui étaient à cotisation
déterminée versus à prestations, si… Juste avoir un…
M. Olivier
(François) : On était
depuis… Transcontinental a été formée en 1976. De 1976 à 2010, on était 100 % à prestations déterminées pour
environ 8 000 employés et on a changé ce programme-là à cotisation
déterminée pour l'ensemble des gens en 2010.
Donc, on a des obligations, de 1976 à 2010, qu'on honore. Donc, on paie les
déficits dansle… Donc, on est une
compagnie hybride : 100 % de nos employés, aujourd'hui, sont à
cotisation déterminée et, avant,100 %
étaient à prestations déterminées. Donc, quelqu'un qui fait carrière chez nous
depuis un certain temps a le meilleur des deux mondes : il y a une
partie de sa carrière en prestations puis une partie de sa carrière en
cotisation.
M. Dubé : Je vous remercie
beaucoup. Merci.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Ça va? Merci beaucoup. Je vous remercie beaucoup de votre présentation,
de votre participation à notre commission.
Et je suspends nos travaux, quelques minutes,
pour permettre aux représentants, représentantes de l'Institut québécois de
planification financière de prendre place.
(Suspension de la séance à 14 h 47)
(Reprise à 14 h 52)
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Alors, nous reprenons nos travaux, et ça me fait plaisir de souhaiter
labienvenue à MM. Giroux et Dupras
de l'Institut québécois de planification financière. Vous avez 10 minutes pour vous
présenter et présenter votre organisme et présenter votre mémoire. C'est à vous
la parole.
Institut québécois de
planification
financière (IQPF)
M. Giroux
(Yves L.) : Bien, bonjour,
M. le Président. Merci de nous donner l'occasion de partager nos réflexions
sur le rapport D'Amours. Alors, je suis Yves Giroux, président du conseil d'administration
de l'Institut québécois de planification financière, et, avec moi, aujourd'hui,
M. Martin Dupras, qui est président sortant de l'IQPF.
Alors, l'Institut
québécois de planification financière, vous vous en souviendrez, a été créé en
1989 par la Loi surles
intermédiaires de marché. C'est un organisme à but non lucratif qui forme les
planificateurs financiers du Québec. Il est le seul organisme de la province autorisé à décerner le diplôme de
planificateur financier et à établir les règles relatives à leur
formation continue. C'est aussi le seul regroupement réservé exclusivement aux
planificateurs financiers.
La mission de
l'IQPF est d'assurer la protection du public en matière de finances
personnelles. Cette mission,elle est
accomplie en veillant à la formation des planificateurs financiers. L'IQPF a
élaboré leur programme de formationcontinue
et évidemment leur formation de base. L'IQPF publie La Collection de l'IQPF,
le seul ouvrage de référence, en français, intégrant, dans un même
volume, tous les domaines de la planification financière en plus de La Cible,
le magazine de la planification financière.
Or, depuis sa
création, l'IQPF s'est révélé comme étant un pilier en matière de planification
financière au Québec.Il a su s'imposer,
sur la scène nord-américaine, en se dotant des plus hauts standards. D'ailleurs,
présentement, les critèresactuels
obligent une formation au niveau universitaire, un cours professionnel d'intégration
dans les sept champs de la planification financière et un examen final
uniforme.
Alors, pour le bénéfice de la commission, j'aimerais
souligner que les sept champs sont les aspects légaux : l'assurance, les finances, la fiscalité, les
placements, les aspects successoraux, et évidemment la retraite, la raison pourlaquelle, aujourd'hui, nous souhaitions
intervenir. Alors, sans plus tarder, je vais passer la parole à M. Martin
Dupras, qui va vous présenter sommairement les réflexions que nous
souhaiterions partager avec la commission.
M. Dupras
(Martin) : Alors, bonjour,
mesdames et messieurs. Merci de nous accueillir ici, nous permettre departager avec nous, là, nos réflexions sur la
retraite, qui est un élément tellement important de la vie financière de la vie
des Québécois.
Nous représentons ici,
évidemment, les planificateurs financiers qui sont ceux qui vont aider les
particuliers à atteindre leurs objectifs en
termes de retraite. Donc, si la retraite constitue un défi, évidemment, les
planificateurs financiers constitueront une partie assurément de la
solution à ce défi-là.
La préparation de la retraite, vous le savez, c'est
un défi de grande taille pour beaucoup de Québécois. Et, à ce propos, on vit dans un monde qui
est en constant changement. Nous vivons — et on reviendra plus tard un
petit peu là-dessus — on vit dans un monde où les éléments
financiers changent vite, où l'offre de produits, de services financierschange énormément, et le particulier doit se
retrouver dans ça avec des carrières qui sont forcément moins longues maintenant qu'elles l'étaient il y a 10, 15 ou 25
ans. Donc, on a un contexte assez complexe de préparation à la retraite. Et,
dans ce monde-là, il est très pertinent, je pense, que la commission se penche,
et accepte, et adopte et reçoive les recommandations — du
moins en partie — du
comité D'Amours.
Comme nous le disions dans notre mémoire, nous
réservons nos commentaires à six des recommandations du comité D'Amours. En fait, nous excluons de notre analyse tout ce qui s'appelle
régime de retraite à prestations déterminées,parce qu'on sait pertinemment qu'il y a beaucoup de boîtes d'actuaires
et d'autres entités qui vont couvrir ça. Donc, nous couvrirons, dans l'analyse
ici, les six recommandations qui ne touchent pas les régimes de retraite et les
régimes souvent appelés les régimes PD.
Toutefois, peut-être un commentaire succinct sur
ces régimes-là en ce qui a trait à l'étendue de l'analyse du rapport du comité D'Amours. Je pense qu'il serait
important — et c'est
un peu l'opinion de l'IQPF — que, le cas échéant,les recommandations et changements qui seraient
apportés à la fois à la façon de gérer les régimes de retraite qu'à la loicouvrent essentiellement tous les régimes
sous juridiction québécoise. Donc, pas seulement les régimes sujets à la loi
RCRau Québec. Nous avons
également, dans notre mémoire — vous avez vu ça sans doute — pris la liberté de couvrir trois
recommandations de plus, de façon à aider un peu plus le particulier à préparer
sa retraite adéquatement, donc à atteindre une santé financière adéquate, du
moins, en vue de la retraite.
Avant de
commencer, je pense que, d'entrée de jeu, nous devons saluer, d'une part, l'excellent
travail du comité d'experts et vous dire que nous appuyons, à différents
degrés, l'ensemble des recommandations qui figurent dans ce rapport-là. Et permettez-moi, pour les prochaines
minutes, de commenter certaines de ces recommandations-là. Évidemment, en ce qui nous concerne, la première
recommandation, celle sur la rente longévité, est sans doute la plus
spectaculairequi est présentée dans
ce rapport-là. Et, dans notre mémoire, c'est celle qui fait l'objet de la plus
grande analyse. À notreavis, cette
rente longévité là, oui, comporte certains défis, on le disait avec les
intervenants précédents. Donc, des défispotentiellement de compétitivité au Québec sans doute. Mais, à notre
avis, ça constitue une idée formidable, notamment au niveau de la
mutualisation du risque de survie. Et ça, on a dû vous en parler hier, et vous
l'aurez souvent dans les prochaines semaines. À la retraite, la survie
constitue réellement un risque que le particulier doit pouvoir gérer ou le circonscrire. Donc, la rente longévité aurait cet
effet-là remarquable de pouvoir permettre de mutualiser le risque de survie,
et ce, à un coût possiblement moindre pour
le particulier. Évidemment, le programme de rente longévité, tel que présentédans le rapport D'Amours, le concept, nous l'appuyons
totalement. Mais, par contre, nous proposons différents ajustements à ce
concept-là. Notamment, deux commentaires succincts sur la rente longévité.
Un des
principes chers au comité D'Amours était d'assurer une forme d'équité
intergénérationnelle. Et je pensequ'à
ce propos le travail a été bien fait. Toutefois, quand on regarde la nature
même et le programme qui est proposé dansce rapport-là — pardon, le rapport D'Amours — il y a une forme d'iniquité entre les
générations qui découle de cetteforme
de rente là. Et je m'explique. Dans le rapport D'Amours, ce qu'on propose,
entre autres, c'est, pour les particuliers,peu importe leur âge, de cotiser le même montant à la rente longévité et
d'avoir une rente à 75 ans d'âge. Or, ça impliqueque celui qui va, au moment de la création de la
rente longévité, avoir 18 ans versus celui qui aura 65 ans d'âge… le plusjeune des deux va se ramasser, oui, avec une
plus grosse rente, certes, mais il va financer un coût total beaucoup plus
important.
• (15 heures) •
Donc, dans le
rapport, notre mémoire, nous proposons, à tout le moins, deux modifications,
deux modulations. D'une part, soit à la cotisation ou encore à la
prestation de la rente longévité. Finalement, pour conclure sur la rente longévité, il a été fait grand cas de l'effet
potentiellement négatif que celle-ci aurait sur le revenu garanti, le
supplémentde revenu garanti. C'est
vrai que les particuliers à faibles revenus qui recevraient potentiellement une
nouvelle rente deretraite à 75 ans d'âge
verraient potentiellement leurs prestations de revenu garanti diminuer. Dans
notre mémoire, nousproposons, à tout
le moins, deux façons d'atténuer ce problème-là, qui en est un, évidemment,
donc : soit de permettrede
retirer, éventuellement, pour les très, très faibles salariés, la valeur de la
rente longévité à 75 ans d'âge, ou
encore de permettre d'avoir une exemption de base sur le salaire
cotisable à la rente longévité.
Je poursuis
donc sur d'autres recommandations. Le rapport
D'Amours parle du RVER notamment.
Nous appuyons la création du RVER. Toutefois, une mise en garde, peut-être :
Le modèle d'affaires de la plupart des distributeurs de produits financiers, au
Québec... l'élément conseil financier est très fréquemment inclus, donc le coût
de ce conseil financier là, dans les frais
de gestion du produit financier sous-jacent ou qui va être distribué... Donc,
un peu un point deréflexion à vous
offrir. Si on met en place un régime, le RVER, et, si ce régime-là force à
avoir des taux, des frais de gestionextrêmement
faibles, c'est sûr qu'il y aura potentiellement une plus grande accumulation de
capital à moyen et long terme.L'effet
pervers, c'est que ce qui va sûrement être coupé éventuellement, c'est le
conseil financier. Or, le conseil financier, s'il est difficile parfois
de le quantifier... sa valeur, le conseil financier a une valeur, évidemment.
Dernier élément, je vous le disais d'entrée de
jeu, nous avons pris la liberté de proposer trois nouvelles recommandations également qui s'écartent un peu du rapport du comité D'Amours.
J'en couvre une rapidement. Je ledisais
en début d'exposé, nous avançons dans un monde financier qui se complexifie.
Les règles fiscales sont lourdes,les
produits financiers offerts et les régimes d'épargne offerts se multiplient. Le
particulier qui est face à tout ça, il doitavoir une forme d'outillage, une forme de formation, une forme d'accès à
de l'information financière. Donc, à ce propos, nous appuyons fortement le retour éventuel des
cours de formation financière et/ou économique au secondaire.Évidemment,
c'est un bref survol. Je repasse la parole à mon collègue Yves, après quoi nous
aurons du temps pour vos questions. Merci.
M. Giroux (Yves L.) : Alors, comme la planification financière de la retraite est une partie
indissociable de la planification financière, nous jugions important de
participer à cette réflexion sur l'avenir du système de retraite québécois.
Nous sommes d'ailleurs formés pour analyser des situations
complexes et faire des recommandations. Depuis plusde 25 ans, nous formons les planificateurs financiers de la province. L'IQPF
compte présentement près de 5 000
professionnelsaffiliés qui
pratiquent leur profession, ce qui fait de l'IQPF la référence en matière de
planification financière au Québec.
Le
système de retraite québécois fait face à une crise, et le planificateur
financier fait partie de la solution. En effet, la meilleure façon d'avoir les moyens de prendre sa
retraite, c'est de la planifier le plus tôt possible. On ne peut toutefoispas planifier sa retraite sans penser à tous
les aspects des finances personnelles. Et les planificateurs financiers ont uneformation, comme je l'ai expliqué,
multidisciplinaire, alors le planificateur financier est le mieux placé pour
comprendreet transmettre l'information
financière, et ce qui s'enregistre très bien dans tout le mouvement de la
littératie financière pour les consommateurs.
Mesdames
messieurs de la Commission des finances publiques, nous vous remercions de
votre attention. Nous serons heureux de répondre maintenant à vos
questions.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci beaucoup de votre présentation, et je cède
la parole maintenant à Mme la ministre.
Mme
Maltais : Merci, M. le Président. Alors, M. Giroux, M.
Dupras, bienvenue. Merci à l'IQPF d'avoir pris letemps de nous présenter votre mémoire, d'avoir
préparé cela. C'est un bon débat dans lequel on s'est engagés. Et je lisais les articles de journaux ce matin... puis j'avais
dit aux journalistes : Soyez prudents, soyez attentifs, il y en a pour
deux semaines. Ne vous fiez pas seulement aux commentaires des premiers. Alors,
quels auraient été les articles qui auraient
suivi demain matin, si le premier mémoire avait été celui de l'IQPF, qui
dit : l'IQPF juge légitime, judicieux, voire incontournable l'ensemble des recommandations du rapport D'Amours?
C'est quand même toute une approbationau
rapport D'Amours qu'il y a dans ce mémoire. Donc, je veux dire, on va en voir
de tous les côtés, mais ici il y a une approbation totale.
J'aimerais
ça avoir un commentaire général. Quels sont les principes... quel type de
discussions vous a amenésà une telle
recommandation, véritablement forte, d'aller dans le sens du rapport D'Amours?
Parce qu'il y a plein de gensqui
nous ont dit : Bon, écoutez, on est d'accord sur les constats, mais, sur
les moyens, on discute encore. Vous, vous dites véritablement : Ça
semble être une bonne solution. J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Dupras (Martin) : Évidemment, quand nous appuyons les recommandations du rapport D'Amours,
alors, principalement, ce sont les six que nous avons analysées, donc
les six excluant celles sur les régimes de retraite, les régimes PD. Dans le rapport D'Amours, il y a le…
En fait, ils ont évoqué le principe que ce rapport-là constitue… ou ilcontinue de maintenir des recommandations qui
devraient être considérées comme étant un bloc. Et, par opposition à cequi s'est dit hier, où on disait : Bien, on
pourrait y aller à la pièce, je crois que toutes les recommandations doivent
êtreconsidérées, pour une simple et bonne raison : c'est qu'au Québec
nous avons beaucoup de particuliers qui n'ont pas accès aux
régimes de retraite, aux régimes privés, notamment. Or, ceux-ci, dans les 15 recommandations couvrant ces
régimes-là, ils ne se retrouvent pas, puis on n'améliore pas
nécessairement leur situation ou leur santé financière, d'une part.
D'autre
part, c'est que tous les changements proposés, notamment la rente longévité,
auront forcément un impact, éventuellement,
sur les retraits des FERR, à 75 ans. Également, les participants qui auront
changé de régime de retraiteen cours
de route, qui auront transféré, doivent aussi être considérés. Donc, je pense
que tout ça doit être vu et idéalement doit être vu en même temps, parce
que nous sommes, je crois, à une forme de croisée des chemins où tant les gens
de l'industrie que les particuliers
comprennent qu'il y a un problème grave auquel on fait face, et qu'on doit
absolument lerégler. Les sommes en
jeu vont être colossales, donc je ne pense pas qu'on a huit chances pour régler
cette situation-là. Ce n'est pas une
question d'urgence, c'est une question de véracité des coûts dont on parle,
entre autres. Je pense que c'est important de regarder le tout, comme
les gens du comité D'Amours le proposent.
Mme
Maltais : Vous revenez au principe qui avait été abordé par
les gens du rapport D'Amours, effectivement, dont... vous les renommez... la véracité des coûts... regardons de façon
réaliste ce qui est en train de se passer au Québec.
Vous
dites — assez
étonnant — que le
fait d'instaurer la rente longévité ferait que les cotisants profiteraient d'un
gain d'efficacité. J'aimerais ça que vous vous exprimiez là-dessus.
M. Dupras (Martin) : À deux niveaux. D'une part, vous savez, les régimes de retraite qui sont
collectifs fonctionnent avec la loi
des grands nombres, c'est-à-dire qu'on peut relativement facilement établir,
sur environ 200 personnesou 100
personnes, quel est l'âge moyen auquel ils vont décéder, ces gens-là. Donc, un
régime de retraite va établir qu'unhomme
de 65 ans, par exemple, bien, celui-ci devrait mourir, grosso modo, vers 89
ans. Le particulier, lui, il n'a pas leloisir de compter sur ses voisins, qui vont mourir plus ou moins tard
que lui. Donc, celui-ci, de façon à assurer une pérennitéà sa propre retraite, quand il va épargner, il ne
peut pas viser l'âge moyen de son décès potentiel, il doit viser cinq, six ans
de plus.
Donc, cette
forme de coussin de sécurité là, que celui qui prépare sa retraite tout seul
doit absolument mettre de côté, implique littéralement et directement
une cotisation supplémentaire annuelle. Donc, quand la rente longévité, notamment, vient
mutualiser ce risque-là de survie, ça vient demander une épargne, étonnamment,
moins importante au particulier pour avoir le même niveau de revenus à
la retraite.
Mme
Maltais : Donc, individuellement, on se retrouve avec une
meilleure retraite, avec moins de… en ayant investi moins.
M. Dupras
(Martin) : Littéralement, oui.
Mme
Maltais : Littéralement. Donc, individuellement, on trouve
véritablement un gain là-dedans. Les Québécois trouveraient un gain.
Vous
dites aussi que la rente longévité ne constitue pas une prise en charge
supplémentaire par l'État. Il y a des gens ici qui viennent dire :
C'est vraiment un transfert, pour nous, du privé au public, le fait d'introduire
cette rente longévité. C'est un choix que, d'abord,
le gouvernement, l'Assemblée nationale doit faire : Est-ce qu'on fait ce
transfert? Vous, vous dites :
Non, non, non, ce n'est pas une prise en charge supplémentaire par l'État. J'aimerais
ça, vous entendre là-dessus.
M. Dupras (Martin) : Le concept de prise en charge de l'État, à mes yeux, est vraiment un
concept de financement, par l'État,
de la retraite. Comme, par exemple, le jour où on déciderait d'avoir un régime
public de retraite financé, enpartie
ou en totalité, par le gouvernement, comme le sont les rentes fédérales, par
exemple, voici des régimes qui sont, à mon
avis, des transferts vers l'État de l'obligation de cotisation. Dans ce cas-ci,
l'État va devoir administrer le régime, ensera le fiduciaire, en quelque sorte, mais il ne va pas le financer, ce
régime-là. Donc, voici la nuance qu'on apportait ici.
Mme
Maltais :
Toujours sur la rente longévité, parce que ça m'intéresse beaucoup, ce que vous
nous dites là-dessus, vous dites qu'il y a
un autre moyen de soustraire le supplément de revenu garanti, le SRG, du calcul
de la rente longévité. On parle même de «soustraire le paiement de la
rente longévité du calcul des revenus» en introduisant, par exemple, une
exemption de revenu.
• (15 h 10) •
M. Dupras
(Martin) : C'est clair que, depuis quelques jours, en fait depuis même
la publication du rapport D'Amours, le défi
potentiel et l'impact négatif sur le revenu garanti que la rente longévité
aurait, ça fait couler beaucoupd'encre,
et c'est tout à fait légitime, à mon avis, cette réserve-là. Ce qu'on propose,
c'est deux possibilités. D'une part,c'est
qu'il y aurait peut-être moyen de créer une exemption de base sur le salaire
cotisable à la rente longévité. Donc, lesparticuliers qui passeraient toute leur vie, par exemple, à salaire
relativement faible… Imaginons qu'on fixe l'exemption à 10 000 $ par année. Bien, tant que mon
salaire ne dépasse pas ce seuil-là, je ne cotise pas à cette rente-là. Donc,
ceux quipasseraient leur vie à ce
niveau de salaire là n'auraient forcément pas la rente longévité, par contre,
mais, au moins, ilsn'auraient pas l'impact
négatif en bout de piste. Ce changement-là nécessiterait une modulation, là, de
la cotisation, donc, sur les gains au-delà de 10 000 $.
L'autre
possibilité, l'autre scénario consiste à offrir aux particuliers, lors du
commencement du paiement de larente
à 75 ans d'âge, sur les critères très, très, très précis… et à établir,
permettre parfois de retirer la valeur accumulée dece régime-là. Et ce qu'il suffirait ici de faire,
c'est d'établir justement le profil de celui qui perdrait beaucoup au niveau durevenu garanti, celui donc qui aurait
forcément une faible rente longévité, celui pour lequel les autres revenus
feraienten sorte qu'il aurait droit
au revenu garanti, mais selon ces critères-là, celui-là, on lui permettrait de
retirer d'un seul coup, sur base forfaitaire, un genre de valeur
accumulée de cette rente-là, évidemment imposable. Donc, l'année du retrait,
forcément, il y aurait un impact négatif sur le revenu garanti, mais, années
subséquentes, il n'y aurait pas ça.
Cela
dit, si vous me permettez, malgré le fait que la création de la rente longévité
aurait, oui, un impact négatifsur le
revenu garanti, dans le mémoire, on vous l'a présenté, on vous a montré un peu
les gagnants et les perdants. Or,même
ceux qui perdraient du revenu garanti, ils vont y gagner en termes de revenu
global. Le problème, c'est qu'ils auronteu à le financer et à le cotiser. Donc, c'est ça, un peu, la faiblesse
de ce modèle-là, peut-être, mais, malgré tout, les scénarios,ils sont tous favorables. Et, si vous me permettez
un commentaire éditorial, si, en 1966, on s'était dit : Avec la Régie desrentes du Québec, bien, le fait de créer ça
vous fait perdre l'équivalent du revenu garanti, nous n'aurions pas aujourd'hui
la Régie des rentes du Québec ou le Régime de rentes du Québec, devrais-je
dire.
Mme
Maltais : Mais je pense qu'on peut quand même essayer d'éviter
de soulager le gouvernement fédéral et de charger les employeurs et les
employés, c'est... Tout le monde cotise partout, là, alors, je pense que c'est
normal d'essayer d'en arriver au meilleur
des deux mondes pour les citoyens. Mais j'apprécie beaucoup que vous ayez
travaillésur une modélisation, là,
qui nous permette de trouver quels sont les modèles où il y a des perdants puis
essayer d'éviter qu'il y ait des perdants dans tout ça. Je trouve que c'est
important. Bien, merci beaucoup pour votre contribution.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Bonjour. Merci de votre présence. Moi, quand j'ai regardé votre mémoire, j'ai
trouvé ça très intéressant, mais, l'équilibre
intergénérationnel, je voudrais parler de ça, parce que c'est… je pense que c'est
la premièrefois qu'on observe, là,
ce bémol que je trouve très intéressant. Vous l'expliquez avec un exemple
concret et là vous expliquezque le
travailleur qui commence très, très tôt va être défavorisé par rapport à celui
qui commence plus tard. Vous n'expliquezpas nécessairement pourquoi, en tout cas, je ne l'ai pas lu, là. C'est à
cause de l'effet de levier des intérêts composés? C'est ce qui amène une
plus forte… Ce serait surtout ça, j'imagine?
M. Dupras (Martin) : Bien, en fait, si vous permettez, c'est que le
travailleur… L'exemple chiffré dans le mémoirecompare celui de 18 ans et celui de 65 ans, donc ceux qui ont ces
âges-là lors de la création. Celui de 65 ans, il paie, endollars constants, le même prix que le plus jeune,
mais lui s'achète une rente qui commence dans 10 ans à peine. Celui de18 ans d'âge achète une rente, oui, une bonne
rente, j'en conviens, mais qui est tellement loin. Donc, quand on ramène ça
dollar pour dollar, le plus jeune, ça lui coûte plus cher, cette fameuse rente
là.
M.
Therrien :
À cause de l'intérêt composé. C'est ça.
M. Dupras
(Martin) : À cause de la distance entre... Oui.
M.
Therrien : O.K. Bon, écoutez, c'est parce que c'est la
première fois que je vois ça. J'ai trouvé ça très intéressant.Vous parlez aussi de la RRQ, qui avait, justement,
là, qui était arrivée avec une solution, là, pour éviter justement que
ceux qui cotisent plus longtemps soient défavorisés. Vous proposez cette
formule-là, le facteur d'ajustement, là, une seconde
solution, là. En tout cas, je trouve ça très, très intéressant, franchement; ça
fait trois fois que je le dis, il faut que je le trouve intéressant, il
faut croire, là.
Mais,
moi, ce que je regarde, là, est-ce que… J'arrive avec un élément, un élément...
pas d'explication, mais quelquechose
que je ne sais pas si vous avez pris en compte, là, mais qui peut avoir une
influence, justement, sur la jouissanceque peut avoir le jeune de 18 ans à avoir ce genre de rente là. Est-ce
que vous avez calculé l'espérance de vie? Parce que, là,on parle, là, de coût d'acquisition de la rente,
le 12,35 $ tandis que le travailleur, c'est 7,37 $. Est-ce que ça ne
pourraitpas correspondre à l'évolution
de la longévité puis de l'espérance de vie, par exemple, de dire que le
travailleur de 65 anspeut vivre sept
années plus que 75 ans, donc jusqu'à 82, alors qu'étant donné que l'espérance
de vie augmente avec letemps, si
elle augmentait d'un an par année... ça veut dire qu'on aurait une vie
éternelle, mais en tout cas, ça augmente, là, dans le temps.
Ça
voudrait dire que... Est-ce qu'on peut considérer que le travailleur de 18 ans,
lui, qui va avoir sa rente à partirde
75 et qui a un facteur de 12,35, pourrait l'avoir pendant ces 12 ans là, donc l'espérance
de vie pourrait passer de 82 à 87 et
viendrait combler cette inéquité-là?
M. Dupras (Martin) : En fait, quand on fait cette analyse-là, on ne considère pas que l'espérance
de vie s'amélioreou se détériore. Littéralement, ce qu'on regarde, c'est qu'est-ce
que ces deux travailleurs-là accumulent au fil des ans dansle régime, et on fait la supposition que le régime n'est pas créé, par exemple. Donc, les mêmes cotisations mises de côtédans des REER, donc ces deux-ci se ramasseraient,
un à acheter une rente viagère chez un assureur, par exemple, à 12 $ dudollar de revenu, l'autre à 7 $ du dollar de revenu. Donc, le
travailleur plus expérimenté — disons-le ainsi — lors de lacréation, il fait réellement un bon deal. Donc, il y a une forme de
subvention du travailleur plus jeune au travailleur plus expérimenté.
M.
Therrien : O.K. Donc, vous êtes favorable à la deuxième
solution. Mais ce que... Je vous explique, parce que,là, nous, évidemment, en tant que législateurs, on
essaie de penser, là, dans le bien de l'ensemble de la communauté, puistu dis : Bien, peut-être que le travailleur
de 18 ans va en profiter plus longtemps à cause de l'augmentation de l'espérancede vie, ça fait que peut-être qu'on
devrait — je vous
dis ça comme ça, là, je réfléchis à voix haute — aller avec l'idéedu rapport D'Amours à cause justement de cette
possible croissance de l'espérance de vie. Mais vous me dites que vous,
généralement, on ne fonctionne pas comme ça.
M. Dupras (Martin) : On ne considère pas l'amélioration. C'est vraiment… Toutes choses
égales, par ailleurs, si le travailleur l'a, un paie plus cher que l'autre,
finalement.
M.
Therrien :
Bien, merci. C'est bien. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : M. le député de Dubuc.
M.
Claveau : Oui. En continuité des préoccupations de Mme la
ministre tout à l'heure, le supplément de revenugaranti, advenant que des négociations avec le fédéral ne sont pas
fructueuses, ça veut dire que les cotisants, là, du Québec paieraient
deux fois la cotisation?
M. Dupras (Martin) : Mais en fait ils ne paieraient pas deux fois, parce que, littéralement,
quand on regardaitici l'analyse des
gagnants et des perdants, en revenu global tout le monde gagne, même ceux qui
avaient droit au revenugaranti, en
supposant qu'il n'y ait pas d'entente avec le fédéral. Donc, en supposant qu'on
n'arrive pas à faire soustraire la rente longévité du calcul du revenu
garanti, tout le monde est gagnant.
Le
bémol, toutefois, c'est que ceux qui autrement auraient droit au revenu
garanti, oui, auront un revenu plus élevéglobalement, c'est vrai, mais auront dû financer une plus grande part de
ce revenu-là. Donc, c'est une épargne forcée pourun revenu supplémentaire, certes, mais une épargne
forcée qui auparavant, du moins une partie, n'était pas nécessaire,parce que ce sont, vous le savez, les impôts qui
financent le programme de revenu garanti du gouvernement fédéral, là.
M.
Claveau :
On n'irait pas chercher notre part. C'est bien.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Ça va?
M.
Claveau : Ça va.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Merci. Et je passe à l'opposition officielle.
M. le député de Verdun.
M.
Gautrin : Merci. Bienvenue ici dans cette… au Parlement.
Seulement pour connaître mieux... Les planificateurs financiers, pour
finir, est-ce que vous êtes devenus un ordre professionnel ou pas?
M. Giroux (Yves
L.) : Non, pas encore.
M.
Gautrin :
Pas encore.
M. Giroux (Yves
L.) : Disons que, pour nous, le dossier n'est pas clos. On a fait une
demande à l'Office des professions; ça
remonte à 2004. En 2008, l'office s'était prononcé à l'effet qu'on rencontrait
les cinq critères pour devenir un ordre professionnel, mais l'office
avait jugé à ce moment-là que, disons, l'encadrement actuel était suffisant.
Depuis
2008, il s'est passé beaucoup de choses dans le domaine financier, comme vous
le savez tous. Mais aussi,je dirais,
tout ce qui est la gestion du patrimoine, la planification financière, toutes
les finances personnelles des individusest de plus en plus complexe. On parle de multitudes d'emplois, on parle
de gens qui ont des résidences à l'étranger. Il y ades questions beaucoup plus élaborées que ce qui
existait à l'époque, et on croit maintenant qu'un ordre professionneldes planificateurs financiers pour aider les
Québécois à planifier leur retraite et à mettre de l'ordre dans leurs finances
personnelles, on pense que c'est la voie d'une solution. Et...
M.
Gautrin : Je vous signale qu'on en parlait déjà quand moi, j'étais
responsable de réformer la loi sur les ordres professionnels en 1995. On
en parlait déjà il y a 19 ans, mais...
M. Giroux (Yves
L.) : Bien, écoutez, on souhaite…
• (15 h 20) •
M.
Gautrin : ...je veux rentrer… Vous avez beaucoup… et votre
mémoire insiste énormément sur la rente de longévité, en ayant des
calculs, etc. Vous comprenez bien que c'est un effet à long terme; c'est-à-dire,
en termes de remplacement du revenu, pour
des effets à court terme, ça aura très peu d'effet. Je voulais simplement
planifier le cas,et ça ne veut pas
dire qu'il ne faut pas commencer maintenant si on veut arriver, dans 40 ans, à
quelque chose de significatif, mais ça ne répond pas à certains des
problèmes qu'on fait face en termes de remplacement du revenu.
J'aurais…
Vous avez abordé... et ça, vous ne l'avez pas dans votre présentation, mais c'est
dans votre mémoire,vous suggérez
deux modifications. Actuellement, dans… non pas sur les régimes à prestations
déterminées, mais sur lesrégimes à cotisation déterminée, et en particulier
en ce qui touche les fonds de revenus viagers et les comptes de retraite,alors,
je pense que ce serait… Puisque c'est une modification légère, mais sur
laquelle vous êtes des experts, moi, j'aimeraisque vous nous expliquiez exactement ce que vous vouliez dire par les
deux éléments que vous suggérez à la fois, c'est-à-direl'encaissement des comptes de revenus... des fonds
de revenus viagers en cas de difficultés financières et ensuite permettreque, pour les régimes soumis à la loi sur
les normes de prestation de pension, la désimmobilisation forfaitaire une seule
fois après 55 ans.
Je
pense que c'est assez technique, mais, si on est amenés, comme… Et vous êtes le
seul, dans tous les mémoires que j'ai lus, à parler de cette
question-là. La majeure partie des mémoires parle toujours des régimes à
prestations déterminées ou des régimes à prestations
cibles. Vous êtes un des rares qui s'est intéressé plus particulièrement, en quelquesorte, aux régimes à cotisation déterminée. Et
vous proposez deux modifications; j'aimerais mieux les comprendre. Est-ce que vous pouvez nous les expliquer, parce
que vous êtes, dans ce sens-là, singulier.
M. Dupras
(Martin) : C'est un compliment, j'imagine. Écoutez…
M.
Gautrin :
Non, non, mais ce n'est pas seulement… C'est un compliment.
M. Dupras
(Martin) : Merci.
M.
Gautrin : Non,
non, mais pourquoi? Il faut que je vous explique... en blague, mais moi, j'ai
une formation de mathématicien, et les points singuliers
sont toujours les points qui sont intéressants en mathématiques.
M. Dupras
(Martin) : M. Gautrin, je ne sais pas si c'est hors d'ordre, mais vous
m'avez enseigné au bac…
M.
Gautrin :
Ah oui!
M. Dupras
(Martin) : …alors je me souviens très bien de vos cours. Cela dit,
donc…
M.
Gautrin :
Alors, vous vous rappelez que je suis un mathématicien, hein?
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Dupras (Martin) : En termes
de retraite, il y a différents véhicules financiers, différents
véhicules de retraitequi existent, notamment
le REER, qu'on connaît tous, évidemment. Les participants
à des régimes de retraite, d'une part,les
participants de régime de retraite d'accumulation, donc les régimes CD, qu'on
appelle souvent, ceux-ci, quand ils vontquitter l'employeur et quand ils vont finir leur participation à ce
régime de retraite là, ce n'est pas des rentes qui vont être payables,
on va leur demander de transférer l'accumulation, donc le solde d'épargne, le
pécule.
Ce qui va
être transféré ressemble beaucoup à un REER, donc, au niveau de l'impôt, dans
le sens que j'ai accumulé quelque part, moi, 200 000 $, je
transfère dans un compte de retraite immobilisé, il n'y aura pas d'imposition
sur le transfert, et ce compte-là
maintenant, qui est dans une institution financière, j'en ferai des retraits
qui seront imposables.Donc, ça
ressemble beaucoup aux REER, à deux différences majeures. D'une part, c'est que
les REER accumulés au fildes ans,
peu importe le solde accumulé, rien ne m'empêche de retirer le plein montant d'un
seul coup. Donc, j'ai 65 ans,j'ai un
REER qui vaut 200 000 $, j'ai le droit de le retirer d'un seul coup.
Évidemment, ça va être une décision financière et fiscale très douteuse,
mais je peux faire ça.
L'argent qui,
au contraire, ne revient non pas de REER conventionnels mais d'anciens régimes
de retraite transférés,il y aura des
restrictions de sortie, donc souvent des plafonds annuels de retrait dans le
but d'assurer que justement cessommes-là,
leur caractère viager est préservé, donc il faut que ça me toffe la vie durant.
Et ces règles-là prennent souvent la forme de retrait annuel maximum.
Tout ça
fonctionne relativement bien. Toutefois, il y a certaines situations
où le particulier aurait besoin d'avoirun meilleur accès, de plus gros retraits de ces sommes-là. J'ai, par exemple, 63 ans, j'ai transféré il y
a cinq, six ans, dansun CRI, 150 000 $, et maintenant je suis en très mauvaise santé, j'ai une
espérance de vie très courte. D'autres législationscanadiennes permettent de retirer plus de sommes
de mes anciens fonds de pension, donc de mes sommes immobilisées,dans la mesure où je suis en mauvaise santé
financière ou en mauvaise santé tout court. Et je pense qu'une des plus bellesfaçons peut-être évoquées, là, pour avoir un
meilleur accès à ces sommes-là, dites immobilisées, c'est ce que la loi LNPP,
la loi fédérale donc, propose, pour les
régimes sous règle fédérale, les banques, par exemple. Dès 55 ans d'âge, j'ai l'optionde retirer d'un seul coup la moitié de mes
sommes, on en conserve la moitié immobilisée, donc sujette à des plafonds de
retrait éventuel, mais on donne un meilleur accès aux gens, à tout le moins sur
la moitié de ces fameuses sommes là.
Et tout ça
vient du fait que le particulier qui arrive à la retraite, ça devient souvent
assez lourd pour lui de gérerces
plafonds de retrait là, donc différents scénarios qui permettraient un meilleur
accès aux sommes qu'il détient, par ailleurs, au particulier, nous
apparaissent, là, pertinents.
M.
Gautrin : Et ça serait éventuellement une recommandation à faire au ministre des
Finances pour… parce que ça dépend du ministère... du budget
et du ministre des Finances si je comprends bien.
M. Dupras
(Martin) : Bien, en fait,
les règles que l'on parle ici
découlent de la loi sur les régimes de retraite. Donc, c'est celle-ci,
oui.
M.
Gautrin : Elles
découlent de la Loi sur les RCR?
M. Dupras (Martin) : Oui.
M.
Gautrin :
Est-ce que vous auriez l'amabilité de nous transmettre peut-être les articles à
modifier éventuellementet qu'est-ce
que vous souhaitez voir? Parce que c'est... Comme je vous dis, je crois que
vous soulevez un problème réel, mais il faudrait qu'on sache, nous, les
législateurs, qu'est-ce qu'il en est, etc.
M. Dupras
(Martin) : Le problème, il
est réel, et ce que nous évoquons dans le mémoire, succinctement, c'estque beaucoup de particuliers vont le contourner
avec une suite de transactions et de transferts, que c'est assez lourd en soi.
Donc, si c'est possible de le faire en contournant, ou en jouant, ou en étirant
un peu les règles, permettons donc aux particuliers de faire ça de façon tout à
fait ouverte.
M.
Gautrin : Donc,
vous allez nous transmettre ce que...
M. Dupras (Martin) : Oui.
M.
Gautrin : Merci. Je
veux passer la parole à mon collègue d'Outremont, qui a des questions aussi à
poser.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Alors, moi aussi, je passe la parole à M. le député d'Outremont.
M.
Bachand : Merci, M. le
Président. C'est parce qu'il vous remplace de temps en temps, alors... Merci.
Mercid'être ici aujourd'hui. Un
commentaire, une question sur votre... je le recherche dans le mémoire, mais
votre suggestionde revenir avec un
cours d'éducation économique, littératie financière, appelons ça comme on veut,
évidemment, j'en suis fortement. Il est important... Ça n'empêche pas le
gouvernement d'agir, mais l'éducation de base est un problème fondamental au Québec. C'était une de mes
premières jobs d'été. J'ai fait, pour une firme qui s'appelait CGIR, un rapportde consultants — je suis allé un peu partout à travers le
Québec — qui a
mené un rapport épais de même sur l'éducationéconomique au secondaire, et le gouvernement y avait donné suite à l'époque,
et c'est là que ça avait commencé. Mais ça a été aboli depuis, il n'y a
pas très longtemps d'ailleurs, je pense, malheureusement.
Le
deuxième point est sur la rente longévité et le problème avec le supplément de
revenu garanti. Vous êtes trèsaudacieux,
vous êtes les seuls qui avez dit : Bien, même si on ne s'entendait pas
avec Ottawa, peut-être qu'on devrait allerde l'avant, mais voici des façons d'atténuer ça. Vous avez celle avec l'exemption
d'un seuil, 10 000 $, par exemple, ouun autre, il y a un autre groupe qui a suggéré ça hier, et une des
questions, des interrogations que j'ai, puis j'avais parléà des gens ici, autour de la table, c'est :
Ce n'est pas toujours la même cohorte de personnes qui est au salaire minimum.Peut-être, tu sais, qu'il y a x centaines de
milliers de personnes au salaire minimum, mais ils ne sont pas là toute leur
vie. Il y en a toujours le même
nombre, mais ça roule, et il y a beaucoup de gens qui sortent du salaire
minimum un jour pouraccéder à d'autres
tâches dans la société, ils font plus d'argent, etc. Avec l'exemption de
10 000 $, telle que la rente estconçue, vous venez de perdre plusieurs années de... d'années qui
comptent évidemment dans le multiple du nombre d'annéespour vos cinq meilleures années de rémunération.
Est-ce que c'est un service à rendre de faire ce seuil d'exemption là ouest-ce que... Et peut-être que le ministère
de l'Emploi pourrait nous faire des simulations; peut-être qu'on a un chiffre,
peut-être qu'on n'en a pas.
J'ai vu des
études aux États-Unis sur les gens qui sont soit sur l'aide sociale ou les gens
qui sont au salaire minimum,puis,
entre les générations, ce n'est jamais le même million d'Américains qui est là,
ça tourne, ça rentre, les gens en sortent, et il y a une mobilité sociale dans notre société, en Amérique. En
théorie, vous avez raison, mais je me dis : Au fond, est-ce qu'on rend service, là? Les jeunes qui sont au
salaire minimum, cinq, sept, huit ans, effectivement, ça coûte cher, mais,
dans 50 ans, ça va être payant. Je ne sais pas.
M. Dupras
(Martin) : Oui. Votre
question et le commentaire qui en découle sont très pertinents et légitimes,
évidemment. Dans le mémoire, d'ailleurs, on souligne le fait que, si on
ajoutait une telle exemption, on corrigerait
sûrement une partie du problème, mais le problème qu'on irait recréer, puis
vous l'évoquez vous-même, cesont les
gens qui migrent du salaire minimum à des salaires plus intéressants ou même
les travailleurs autonomes, pourlesquels
les revenus annuels sont très variables, année sur année. Si je gagne cette
année 45 000 $ et la suivante 15 000 $, ça va causer
problème. Et on est très conscients qu'en proposant ça ce n'est pas la panacée.
Donc, est-ce qu'on vise à créerle
régime tel qu'il est, par exemple, actuellement en se disant : Bien, pour
le revenu garanti, allons négocier ailleurs? C'étaitune méthode d'atténuation, mais elle n'est pas
parfaite, je ne vous mentirai pas. Je peux-tu me permettre un commentaire
de plus sur l'éducation financière?
M.
Bachand : Oui, avec
plaisir.
• (15 h 30) •
M. Dupras
(Martin) : Rapidement.
Depuis maintenant trois années, l'IQPF parraine un organisme québécoisqui s'appelle JEQ, Jeunes entreprises du Québec,
où nous donnons entre autres des formations financières en secondaire III,et tant Yves que moi avons animé de telles
formations. Et, dans ces formations-là,
juste pour vous donner un peu l'ampleurde la bête, on distribue des emplois aux étudiants, et ceux-ci… Donc
voici, j'ai un avocat, j'ai un livreur de pizza, j'ai… eton distribue des talons de chèque, et, en général,
au moins un étudiant sur quatre, de secondaire III, sur le talon de
chèque,il va demander : C'est
quoi, ça IRQ ou l'impôt? Alors, on explique : Bien, l'impôt, c'est ce qui
va servir à payer ce quevous voyez
autour, et un sur quatre, un sur cinq va dire : Ah, oui? Je vais payer de
l'impôt? C'est qui, ce monde-là quime
prennent cet argent-là? Alors, c'est juste pour illustrer la nécessité, à plein
d'égards, de retourner avec ces cours-là.
M. Giroux
(Yves L.) : J'aurais un
commentaire additionnel. Les chèques ne sont pas tous les mêmes, et certainsélèves constatent que, par exemple, un ingénieur, ça gagne plus qu'un livreur de journal, et ils
demandent : Qu'est-ce qu'ilfaut faire pour devenir ingénieur?, et puis
là commencent à poser des questions sur le cursus scolaire. Évidemment,
il y a un lien direct avec l'encouragement à persévérer, là, dans les
études.
M.
Bachand : Bien, bravo, bravo de faire ça. Merci. Je pense
que, Nicole, tu as un commentaire à ma question?
Mme Ménard : Oui.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Alors, je suis d'accord moi aussi pour…
M.
Bachand : Si vous
le permettez, M. le Président.
Mme Ménard : Merci.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
…céder la parole à Mme la députée de Laporte.
Mme Ménard : Merci, M.
le Président. Bien, tout d'abord, je vous salue et je veux… J'abonde dans le mêmesens aussi, question de formation. Je voulais
faire le commentaire, c'est très important. Dans ma vie antérieure, j'étaisvice-présidente pour une grande banque et je
connais le travail de l'IQPF avec les qualificateurs financiers. Alors, je saisque c'est très exigeant, très demandant. Je
sais que les planificateurs financiers devaient annuellement, n'est-ce pas, allerse chercher des crédits, hein, et j'imagine que c'est encore… parce que
ça fait quand même, là, six ans que je suis partie, j'imagine que c'est
encore aussi demandant pour les planificateurs financiers, hein?
Une voix : …période de deux
ans.
Mme
Ménard : Oui, hein?
M. Giroux (Yves
L.) : 60 heures sur une période de deux ans.
Mme
Ménard : Oui. Alors, bravo pour le travail que vous faites,
parce que c'est un must, parce que, définitivement,les clients, la clientèle… l'individu trouve très
complexes les produits que les banques et autres organisations peuventoffrir, et les planificateurs financiers se
doivent d'être très, très forts, très connaissants, et vous faites un excellent
travaillà-dessus. Alors, bravo! Et
je veux vous féliciter aussi pour votre présentation, qui est très bonne, très
claire. Merci beaucoup.
Le Président (M. Pelletier,
Rimouski) : Ça va? Merci. Et nous passons la parole à M. le député de
Lévis.
M. Dubé :
Merci, M. le Président. Puis je pense que le commentaire que je ferais sur la
formation, vous êtes probablement, M. Dupras — c'est ça? — un
exemple vivant d'une bonne formation, maintenant qu'on connaît votre professeur de mathématiques. Je pense qu'il faut
continuer d'avoir des bons professeurs et des bons élèves, alors… Et jepense que votre mémoire en est aussi une preuve
vivante aujourd'hui. Alors, merci à tous les deux et à ceux qui ont travaillé
là-dessus.
Je
pense que le rapport D'Amours a fait une originalité assez importante et d'innovation
en parlant de la rentede longévité.
Je comprends bien que vous prenez une position qui respecte les valeurs de l'Institut
québécois de planificationfinancière
quand vous regardez le côté du bénéficiaire. Il y a d'autres intervenants qui
sont venus parler du coût de ça,mais…
si jamais vous voulez commenter… Mais ce que j'aimerais — peut-être profiter des dernières
minutes — c'est de
vousdemander spécifiquement dans
les… parce que vous n'avez pas focussé sur… pas du tout sur les prestations
déterminées,vous l'avez dit : D'autres
le feront ou l'ont fait. Mais, si vous aviez à mettre une priorité pour les six
recommandations, les six blocs que
vous avez… qui ferait que, lorsque ce groupe-là ici… La ministre va dire :
Bon, bien, là, on est rendus, on prend le rapport qui vient de la
commission, on décide d'en faire un projet de loi, qu'est-ce qui fait un consensus,
qu'est-ce qui n'en fait pas? Ça serait quoi,
pour vous, les priorités qu'on devrait donner pour qu'à part les cours de
formationavec M. Gautrin, là,
mais est-ce que… C'est quoi, les autres choses que vous trouvez prioritaires, à
l'intérieur de votre bloc,qui
feraient rapidement consensus, sur lesquelles on devrait tabler pour donner
rapidement une meilleure protection aux gens pour l'avenir?
M. Dupras
(Martin) : La question est excellente, elle est également très large,
parce que, dans le…
M. Dubé :
Mais ce qui vous vient en tête, là.
M. Dupras
(Martin) : Oui.
M. Dubé :
…si je regarde le bloc de six, là, que vous avez là, là.
M. Dupras (Martin) : C'est clair que ce qui est le plus spectaculaire et qui, à mon avis,
aura le plus gros impact à moyen,
long terme, c'est évidemment la rente longévité. Puis, en vous disant ça, puis,
je pense, votre question était biencampée,
nous, on regarde du bord du particulier qui va devoir financer ça en partie,
évidemment, puis de son impact sur lui.On est très conscients des coûts que ça va engendrer. On est très
conscients également, au niveau de la compétitivité duQuébec, de ce que ça peut créer. Mais, du point de
vue du particulier, à très long terme, à mon avis, c'est la pierre angulaire
du particulier qui n'a pas de régime de retraite.
Maintenant,
à votre question, il y a des gains assez faciles et rapides qui peuvent être
faits, je pense, là. Par exemple,on
parlait plutôt de donner un meilleur accès aux particuliers à des sommes immobilisées.
On n'a pas à négocier avec personne, c'est le Québec qui va choisir ou
non de légiférer dans ce sens-là.
Clairement,
vers la fin du mémoire, on parle également des FERR. Donc, éventuellement, à 71
ans d'âge, on vaforcer les
particuliers à retirer des sommes. Nous constatons également que cette règle-là
devrait être changée : soit la reporter, même changer les montants
maximums. Or, elle est fédérale, cette règle-là. Donc, même si vous décidiez de
concentrer vos énergies sur cette règle-là, ça
va vous prendre un consensus avec les autres, ce qui ne sera pas nécessairement
très, très simple.
Donc,
je pense que rente longévité moyen, long terme, un meilleur accès aux sommes
immobilisées à court terme, discussions avec les autres provinces et le
fédéral sur ce qui est du FERR, instauration des cours ou retour des cours d'économie…
Et,
finalement — j'en
passe une petite vite — dans le rapport, également, on parle du caractère saisissable des
REER. Les REER sont des véhicules qui sont, dans souventefois, saisissables,
sauf exception, ce qui implique que le particulier
peut, pour des malchances ou pour différentes raisons, se ramasser à voir son
pécule de retraite saisi, ce quin'est
pas le cas avec les régimes de retraite. Donc, ça aussi, ce n'est pas très
simple, mais ce sont nos règles, nos lois qui pourraient être ajustées
pour ça. On n'a pas à négocier avec personne pour ça.
M. Dubé :
Bien, merci beaucoup pour vos commentaires.
M. Dupras
(Martin) : Merci.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci beaucoup. Justement, vous avez soulevé la question de… Je vaisprendre… Il restait un peu de temps. Vous
avez soulevé la question de la saisissabilité, l'insaisissabilité des REER,
sauf exception, puis ainsi de suite. Quand on investit un REER dans une
compagnie d'assurances, on nous dit que c'est insaisissable,
quand on est dans une banque, c'est saisissable. Mais là ils s'obstinent entre
les deux, puis on donne desconditions
particulières. On nous dit : Des fois, si le bénéficiaire sur le REER est
le même que celui qui est dans notre testament,
ça serait insaisissable ou ça ne le serait pas. Pourriez-vous, étant donné que
vous n'êtes pas ni dans une banque ni dans une compagnie d'assurance,
peut-être nous donner l'heure juste, justement, sur la saisissabilité d'un
REER?
M. Dupras
(Martin) : Alors, l'heure
juste, j'enseigne aux notaires, entre autres, avec la chambre, et une partie demon cours couvre ça, puis c'est environ une
heure qu'on couvre, juste sur ça. L'heure juste, c'est que, pour ce qui est duREER, sauf en cas de faillite… En cas de
faillite, la loi sur les faillites s'applique, et les REER sont assez bien
protégés.En cas de faillite, le REER
est, somme toute, relativement saisissable. Et, oui, vous avez raison, il y a
certaines nuancesà apporter avec les
produits qui sont des produits d'assurance, mais, somme toute, au Québec, le
REER, il semble assez saisissable. Je ne pas si, Yves, tu veux commenter
plus que ça, là?
M. Giroux (Yves L.) : Pas en
particulier.
M. Dupras
(Martin) : Non? Alors, les
régimes qu'on parlait tantôt, les régimes immobilisés, eux, en général,ne le sont pas parce que les lois d'origine sur
les régimes de retraite empêchent la saisie des CRI ou des fonds de revenus
viagers qui sont immobilisés. Mais le REER, c'est un problème, le REER.
Et, si vous
me permettez, un dernier commentaire là-dessus, c'est qu'au Québec beaucoup d'entrepreneurs
n'ontpas de fonds de pension. Donc,
ces gens-là, forcément, prennent des REER de façon à assurer un jour une
retraite, leurpropre retraite. Or,
entre le salarié et l'entrepreneur, qui est le plus à risque d'être poursuivi,
éventuellement? C'est fortprobablement
l'entrepreneur. Donc, non seulement sa chance… — chance… — probabilité d'être poursuivi était plusélevée un petit peu, mais son pécule, lui,
ce n'est pas un fonds de pension au régime de retraite, donc, lui, dans
souventefois,ce qu'il a, c'est
saisissable. Alors, on pourra s'en reparler à votre convenance, mais on en
aurait pour plusieurs heures.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Donc, on peut conclure qu'un REER, il faut s'attendre à ce que ça peut
être saisissable. C'est de l'épargne personnelle.
M. Dupras (Martin) : C'est d'une
grande tristesse, mais, oui, un REER est souvent saisissable.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : C'est ça. D'accord. Merci beaucoup. Alors, merci beaucoup de votre
présentation à cette commission… très intéressante.
Et puis je suspends la commission quelques
minutes pour permettre à M. Castonguay de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
(Reprise à 15 h 42)
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Alors, à l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons reprendre nos
travaux. Et ilme fait plaisir d'accueillir
M. Claude Castonguay. M. Castonguay, bienvenue à notre commission. Même si vous êtesrelativement très connu parmi nous, je vais vous demander quand même, pour les fins d'enregistrement, de vous identifier et ensuite de présenter
votre rapport. Vous avez une dizaine de minutes.
M. Claude Castonguay
M.
Castonguay (Claude) : Alors,
merci, et merci de me recevoir. Je dois dire d'abord que je présente ce
mémoire, là, à titre purement
personnel et à titre de fellow du CIRANO, le centre de recherche. Et je dois
dire que la question despensions
est une question qui m'intéresse depuis de nombreuses années
puisque j'ai eu l'opportunité, en
effet, d'agir commeconseiller auprès du premier ministre Jean Lesage au moment de la
création du Régime de rentes du Québec, de la Caissede dépôt et aussi de la première Loi sur les
régimes complémentaires de retraite. Alors, c'est une question qui m'a toujours
intéressé.
J'ai pris
connaissance évidemment du rapport D'Amours, et le rapport D'Amours traite de
deux grandes questions, bon : la
question de la solvabilité, le financement des caisses de retraite — une question que je ne touche pas — et il traite de la nécessité d'une
forme d'épargne obligatoire, et il propose la création de la rente longévité.
Maintenant, la rente longévité, et d'ailleurs
c'est mentionné en tous mots dans le rapport D'Amours, a été conçue dans le
concept d'une caisse de retraite.
Alors, avant que les gens puissent avoir les pleins bénéfices, il va falloir qu'ils
cotisent 40 ans pour avoir le 20 %,et la rente viendra payable 10 ans plus tard. Alors, pour avoir les
premiers paiements complets, on doit voir s'écouler une période d'à peu
près 50 ans : alors, c'est le concept d'une caisse de retraite.
Moi, je dis
que, comme il y a un grand nombre de travailleurs, à peu près 2 millions,
autour de 2 millions, quin'ont
que la pension de la sécurité de la vieillesse et le Régime de rentes du
Québec, ils se dirigent vers des
retraites bienen deçà d'un seuil de
revenu acceptable, et la rente longévité ne fera rien pour tous ceux qui sont
au-dessus, admettons, de 40 ans aujourd'hui ou 45 ans aujourd'hui. Et on sait que, d'ici
10 ans, il va y avoir au moins
500 000 nouveaux retraités…travailleurs
qui vont arriver à la retraite avec uniquement leur pension de vieillesse et
leurs régimes de rentes du Québec.
Donc,
moi, j'aborde la question dans le sens de la politique de sécurité du revenu du
gouvernement. Vous avez ces 2 millions de travailleurs qui n'ont
pas de régime complémentaire de retraite. Un grand nombre commence déjà à prendre leur retraite. 500 000 vont prendre
la retraite d'ici 10 ans, et, pour eux, la rente longévité va faire à peu près
zéro comme effet. Au bout de 10 ans, ils auront droit à une rente de
5 % de leur salaire sur lequel ils auront cotisé et, non seulement ils auront droit juste à ce 5 % là,
mais la rente va devenir payable 10, 12, 13 ans après leur retraite. Alors,
vousallez avoir un problème sérieux
de personnes qui se dirigent vers la retraite pour laquelle la rente longévité
ne sera pastellement utile. Alors,
ça, c'est mon premier point. J'examine donc la rente de longévité dans une
perspective de politiquede sécurité
du revenu et non pas dans une perspective de caisse de retraite. Cette
perspective-là, elle était correcte pourles problèmes de solvabilité, de financement des régimes de retraite,
mais, à mon avis, elle ne donne pas les résultats voulus pour ce grand
nombre de travailleurs qui se dirigent présentement vers la retraite.
Pour
les employeurs, elle signifie, comme ça a été mentionné, une augmentation de
leurs charges sociales. Et,comme on
le sait, ces charges sociales là sont nombreuses et représentent des coûts
élevés. Je voyais une analyse récemment,qui a été publiée, d'ailleurs, dans un des grands quotidiens, qui
montrait qu'un électricien payé au taux de 34 $ de l'heure,toutes les charges qui viennent s'ajouter
représentent à peu près 20 $ de l'heure en plus, et en plus de tous les
problèmesde gérer toutes ces
charges-là. Ça serait donc une charge additionnelle qui vient s'ajouter à ça,
et on sait que les entreprisesau
Québec sont gérées… elles sont plutôt très taxées par rapport à bien des
entreprises avec lesquelles elles doivent faire concurrence.
Pour
l'économie, la rente longévité signifierait, sur l'économie du Québec, une
ponction de 54 milliards au boutde
10 ans, c'est-à-dire les cotisations accumulées — c'est le chiffre donné dans le rapport D'Amours — et une ponctionde 130 millions au bout de 20 ans. Et alors…
même que très peu de prestations seront payées pendant les 10 premières
années et, les 10 années suivantes, des montants pas tellement élevés.
Le
ministère des Finances a évalué que cette ponction réduirait la croissance du
Québec de 0,6 % à 0,8 % du PIBpar année, et c'est une ponction considérable parce que nous sommes dans
une période où le PIB augmente, bon an, mal an,de 1,5 %, 2 %, 1 % selon les années. Alors, une ponction
considérable sur l'économie qui aurait aussi des effets indirectssur les revenus du gouvernement : si la
croissance économique n'est pas là, les revenus du gouvernement en souffrent,
et on sait que l'état de nos finances publiques présentement ne permet pas ce
genre d'orientation, à mon avis.
• (15 h 50) •
Alors,
moi, ce que je propose, c'est un régime qui s'inspire de ce qui a été fait
notamment en Nouvelle-Zélande eten
Suède, que j'appelle, dans mon mémoire, un régime complémentaire individuel de
retraite. Et, ce régime-là, je crois,moi,
qu'il devrait être planifié pour tenir compte exactement du problème, là, tel
qu'on l'envisage dans une politique desécurité
du revenu. Les personnes, d'abord, en bas de 20 000 $,
25 000 $ de revenus ne seraient pas tenues de cotiser. Ilsne commenceraient aussi à cotiser que vers l'âge
de 35 ans, c'est-à-dire au moment où les charges familiales les plus lourdes
sont passées, où les gens commencent à gagner des revenus un peu plus
intéressants.
En
plus de ce point-là, les cotisations seraient limitées à un maximum de salaire,
un peu comme pour le Régime de rentes du Québec, quelque chose autour
des 60 000 $, parce qu'au-dessus de ces chiffres-là les gens sont
capables davantage de régler leurs propres
problèmes. Je propose un taux de cotisation de l'ordre de 3 %, donc ça s'apparente
au3,6 %, là, de la rente de
longévité, et ça pourrait être atténué au début, un taux de 1 % la
première, 2 % la deuxième, 3 % la suivante, et que, pour inciter les travailleurs
à s'engager dans un tel régime, qu'il y ait un crédit d'impôt assez généreux.
Et ça serait, ça, l'élément, là, de
mutualisation, là, disons, des risques, l'élément dans lequel le gouvernement
pourrait s'impliquer pour ce groupe de personnes.
Évidemment,
en plus de cette obligation, là, des gens de cotiser dans un tel régime, il y
aurait un «opting out»,c'est-à-dire,
lorsque les gens atteignent l'âge de 35 ans, qui signifiera pour eux le début
de cotisation, il y a l'option de pouvoir s'en dégager. Alors, tous ceux
qui disent : On ne veut pas une telle obligation, on veut voir à nos
affaires par nous-mêmes, bien, ils auraient
l'option de se désengager. Cette option existe en Nouvelle-Zélande, elle existe
en Suède,en fait. Et on voit qu'il y
a peut-être un 10 %, 15 %, 20 % qui choisissent de ne pas s'engager
dans un tel régime, et la balance, les 80%, 85 % d'autres le font.
J'ai
calculé que ce type de régime là pourrait apporter une rente qui pourrait être
payée d'abord dès 65 ans au lieude
75. Ça serait une rente, en fait, à cotisation déterminée. Les cotisations des
travailleurs seraient versées dans un compteindividuel. La Régie des rentes, le ministère du Revenu ont tous les
renseignements nécessaires pour faire ce genre, là, dedéductions là et tenir des comptes individuels. Ça
serait géré par la Caisse de dépôt pendant la période jusqu'au momentoù la personne commence à recevoir ses
prestations. Elle pourrait... La personne qui prend sa retraite pourrait opter
de recevoir une rente d'une institution financière, là, acceptée ou
certifiée pour que ce soient des institutions financières sérieuses. Et, si on prend comme hypothèse un
5 % d'intérêt sur les rendements, là, obtenus, c'est une hypothèse
plausible, on arriverait à une rente
de l'ordre d'à peu près 4 280 $ pour quelqu'un qui aurait commencé à
cotiser à l'âge de 45 ans.
C'est beaucoup plus
généreux comme rente, ça apparaît beaucoup plus généreux que la rente longévité
pour deux ou trois raisons très
claires : la garantie de la rente longévité… Parce que, quand c'est à
prestations déterminées, il y a une
garantie. Alors, on prend des hypothèses de taux d'intérêt inférieur. Et, dans
le cas du rapport D'Amours, ils ontpris
comme hypothèse un taux de 3% pour se garantir, pour être capables de donner
cette garantie-là, alors que, si on y va par les cotisations
déterminées, où il n'y a pas de garantie, on peut prendre une hypothèse d'à peu
près 5%.
Deuxièmement,
dans le rapport D'Amours, on dit que, si une personne meurt dans les cinq ans
après sa retraite, on fait un
remboursement des épargnes qui avaient été accumulées par la personne, moins
les prestations de reçues. Dansce
que je propose, il n'y aura pas ce genre, là, de garantie. On propose aussi,
dans le rapport D'Amours, une indexation des prestations, ce qui coûte
très cher.
Alors,
si on tient compte de toutes ces choses-là, c'est clair que la rente, moi, que
je propose, qui serait àcotisation
déterminée, n'a pas les mêmes garanties, mais au moins elle pourrait être payée
dès le 65 ans et elle régleraitou,
en tout les cas, elle améliorerait considérablement la situation de ce
demi-million de travailleurs qui vont prendre leurretraite au cours des 10 prochaines années et
qui n'ont que la pension de la sécurité de la vieillesse, le Régime de rentes
du Québec.
Pour les
employeurs, cette approche-là signifie qu'ils n'ont pas à cotiser, alors un
point positif pour les employeurset
pour l'économie. Comme ils auraient déboursé dès l'âge de 65 ans, au lieu
d'attendre jusqu'à 75 ans, l'accumulationde la réserve serait bien inférieure à celle, là, que j'ai citée, le
59 millions… milliards et le 130 milliards, et ça n'auraitdonc pas la même implication, le même effet
négatif sur notre économie. Il n'y aurait aussi, dans cette approche-là, aucuntransfert intergénérationnel, puisque les
retraités retireraient uniquement les cotisations qu'ils ont versées avec les
intérêts.
Alors, pour
toutes ces raisons-là, moi, je crois qu'il faudrait considérer sérieusement si
la situation des travailleursqui se
dirigent vers la retraite sans régime complémentaire de retraite, est-ce qu'elle
doit être examinée du point de vue d'une caisse de retraite ou du point
de vue de la politique de sécurité du revenu. Je crois, moi, que c'est une
question fondamentale.
L'autre
aspect, très brièvement, qui est mentionné, là, dans le rapport D'Amours, c'est
de favoriser les régimesvolontaires
d'épargne-retraite, les RVER. Je soumets que c'est une approche, évidemment,
qui ne crée aucune résistanceparce
qu'on n'impose absolument rien à personne. On impose à l'employeur d'en créer
un, mais il n'a pas à contribuer. Les
travailleurs ne sont pas tenus de contribuer et, même s'ils cotisent, ils
peuvent retirer leur cotisation avant leur retraite.On sait que les REER, qui inspirent un peu les
RVER, malgré tous les efforts qui ont été faits au cours des 50 dernièresannées, ne donnent qu'un revenu relativement
mineur aux gens à la retraite, hein? En définitive, les revenus des personnesà la retraite, il y a uniquement 7 %
qui vient des REER parce que les gens les retirent, retirent leurs épargnes
avant leur retraite. Je ne vois pas de raison pourquoi les comportements
seraient différents à l'endroit des RVER.
Alors, voilà, c'est ce que je voulais vous
soumettre. Je crois, moi, que la proposition que je fais est adaptée, vraiment, à la situation des travailleurs, de ce
groupe de travailleurs qui se dirigent présentement vers la retraite en n'ayant
que la pension de vieillesse et le Régime de rentes du Québec comme protection.
Merci.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, M. Castonguay. Et je cède maintenant la parole, du côté
ministériel,à Mme la ministre. Et on
va retravailler un petit peu le temps, là, parce que c'est une présentation de
15 minutes, alors ça ferait 20 min 30 s de questions… d'échange.
• (16 heures) •
Mme
Maltais :
Merci, merci, M. le Président. Merci, M. Castonguay, de votre présentation.
Vous avez été aussiun membre de
cette Assemblée nationale, c'est donc… Il faut toujours le souligner quand on
voit des gens qui ont donnédes
années au service public, tant dans la fonction publique, comme vous l'avez
rappelé, mais aussi qui a occupé un siège ministériel dans cette
Assemblée… plaisir de vous voir. Vous avez consacré votre carrière, aussi, à
débattre d'enjeux publics, d'enjeux
politiques, d'enjeux sociaux et toujours avec beaucoup de pertinence. C'est
toujours intéressant. Alors,on est
contents de vous voir aujourd'hui et de vous recevoir. C'est vraiment un… Ça
fait rapidement l'unanimité autour de cette table.
Vous nous rappelez l'objectif ultime finalement
du rapport D'Amours, qui est de sécuriser financièrement les retraités. Je dis «l'objectif ultime» parce que
ce n'était pas nécessairement l'objectif de départ. Au début, c'était de sécuriserles régimes
à prestations déterminées, puis,
étant donné la hauteur de l'enjeu, tranquillement, c'est devenu de sécuriser
véritablement les retraités, sécuriser le régime de retraite du Québec et
donner aux Québécois, Québécoises qui n'ont pas
de régime de… qui n'ont pas de retraite, de leur donner la possibilité d'acquérir
une sécurité financière. Il y a 2 millions — c'est ce que nous rappelait le rapport D'Amours
que vous nous avez rappelé — près de 2 millions de Québécois,
Québécoises qui n'ont pas de régime de retraite. Ça fait beaucoup de monde.
Je vous ai
déjà entendu dans d'autres lieux, en d'autres temps, discuter de cette
obligation d'amener les Québécoisà
sécuriser leur retraite, à cotiser un régime de retraite ou enfin à cotiser à
une sécurisation de leur retraite. Est-ce que, d'entrée de jeu, là, c'est… on en est rendus à une obligation de... c'est-à-dire
d'amener les Québécois à cotiser financièrement
pour leur retraite? Je sais que vous avez plaidé pour qu'on amène les gens à
véritablement préparer leurretraite.
Est-ce qu'on est rendus à ce type d'obligation, peu importe qu'elle s'appelle
rente longévité, régime complémentaireindividuel
de retraite ou autre chose, ou RVER obligatoire? On n'est pas rendus là. Ce n'est
pas ça qu'on propose, mais ça pourrait être ça. Est-ce que cette
obligation, il est rendu, ce temps-là au Québec?
M.
Castonguay (Claude) :
Écoutez, ça fait maintenant une cinquantaine d'années que l'approche, là, qui
est la nôtre, d'avoir trois étages, comme le rapport D'Amours le
mentionne : un premier étage de base avec la pension de vieillesse; deuxième étage où on trouve le Régime
de rentes du Québec; troisième étage, supplément du revenu garanti,
régime de retraite complémentaire…
Et on voit que, malgré tous les efforts qui ont
été faits, les exemptions au plan fiscal qui ont été données, les campagnes de motivation envers les REER, on se
retrouve aujourd'hui avec une situation où on a un 2 millions de travailleurs qui ne sont pas couverts par un
régime quelconque. Et ce sont les travailleurs qui sont dans les plus faiblesniveaux de revenus, en fait. Les
travailleurs à plus hauts niveaux de revenus, on les retrouve avec des régimes
complémentairesde prestations
déterminées, c'est-à-dire les employés des banques, des grandes sociétés d'assurance;
on les retrouve dansle secteur
public, parapublic, les municipalités, les universités. Mais on a ce groupe-là
où l'aspect volontaire de la retraiten'a
pas donné les résultats anticipés. Quand ça a été fait, ça, il y a 50 ans, l'espoir
était que les régimes complémentaires de retraite viendraient, là,
constituer un troisième étage qui rencontrerait l'objectif. Ce n'est pas le
cas.
Alors,
il faut donc, à mon avis, envisager une forme de retraite obligatoire, et c'est
ce que d'ailleurs dit le rapportD'Amours,
qui n'était pas composé de gens dont la première préoccupation était celle d'une
politique du revenu ou de lasécurité
sociale, ce sont des gens qui étaient plutôt issus, là, du secteur privé et,
malgré tout — c'est
dit clairement dans le rapport — ils ont conclu qu'une forme
de retraite obligatoire est nécessaire.
Mme
Maltais :
D'ailleurs, dans les actuaires qu'on a eus hier et toutes les personnes qu'on a
eues, on a eu vraimentun débat
là-dessus, et ils nous disaient que les Québécois et même les gens d'affaires
avaient beaucoup évolué. On nous amême
parlé du haut niveau de vision de la solidarité des gens d'affaires québécois
versus peut-être la version canadienne.Mais donc même les gens d'affaires étaient prêts véritablement à passer
à un autre stade au niveau de la sécurisation des retraites et à faire
un effort collectif.
Vous dites
que ça va être une charge supplémentaire aux entreprises, mais la théorie de M.
D'Amours et des experts, c'est que les
entreprises qui ont déjà des régimes de retraite, comme ils seront soulagés, à
partir de l'âge de 75 ans, de la pression du… parce que c'est la rente
longévité qui va prendre en grande partie la relève des régimes de retraite, que la plupart de ces entreprises,
étant donné qu'elles pourraient, à ce moment-là, dans certaines conditions bien balisées,
renégocier leurs régimes de retraite, donc probablement que, en partant, il y a
la moitié de la facture quidisparaîtrait
parce que ce serait simplement une renégociation pendant
une période plus courte d'un régime de retraitequi était prévu au départ pour être sur du plus long terme. Donc, vous…
L'autre partie, c'est les gens qui n'en ont pas, c'est les employeurs
qui ne cotisent pas à des régimes de retraite actuellement.
Donc, est-ce
que ce que je viens de vous dire ou
ce que je vous rappelle du rapport D'Amours vous amène à vousdire que c'est peut-être possible et que la
charge aux entreprises ne serait peut-être pas si lourde? Il y en a
une là, mais peut-être qu'elle serait moins grosse que ce que les
premières réactions nous ont laissé entrevoir.
M.
Castonguay (Claude) : Bien,
écoutez, les employeurs ne sont pas dans la même situation qu'ils étaient il y a un certain nombre d'années, où les gens faisaient
carrière dans une entreprise et où les employeurs avaient une certaine responsabilité
vis-à-vis de ces employés, étant donné que les gens faisaient carrière avec
eux. Aujourd'hui, il y a un roulement élevé.
Vous avez aussi un grand nombre de travailleurs autonomes. Il y a un roulement élevé dans
les entreprises. Elles
sont soumises à beaucoup plus de concurrence, elles sont soumises à toutes
sortes de charges et elles sont déjà très taxées par rapport aux autres entreprises
des autres provinces, des entreprises avec qui elles sont appelées à faire concurrence aux États-Unis, et c'est une
charge additionnelle. Et on est dans un domaine évidemment où il y a
des opinions qui peuvent diverger.
Est-ce qu'on doit prendre ce risque-là et cette voie-là, tout ça pour donner une
rente qui va arriver à donner desrésultats
uniquement dans 30, 40, 45 ans, alors qu'on a une masse de travailleurs, là, qui s'en va vers la retraite et on saitque c'est assuré qu'ils vont avoir des revenus
insuffisants pour maintenir raisonnablement le niveau de vie auquel ils…
qu'ils ont présentement? Alors, c'est ça, le dilemme.
Évidemment,
si on regarde ça strictement d'un point de vue caisse de retraite, la
perspective est assez différente,et
c'est pour ça, moi, que c'est un peu difficile de discuter ce que je propose
par rapport à ce que le rapport D'Amours propose, parce que ce n'est pas
fait dans la même perspective.
Mme
Maltais :
On avait bien compris que vous êtes en politique de sécurisation du revenu et
non pas en régimecaisse de retraite,
qui est déjà connu, là. Vous êtes véritablement dans : Comment on fait
pour aider les Québécois à passerau
travers une retraite, d'avoir une petite sécurité financière à la retraite,
sans présumer que c'est la caisse de retraite le meilleur moyen?
M.
Castonguay (Claude) : Oui,
parce que les régimes de retraite tels qu'ils ont été conçus, les REER, tout
ça,n'ont pas donné, pour cette
partie-là de la population, les résultats escomptés. Alors, ça fait assez d'années
qu'on peut, je pense, tirer la conclusion qu'il faut prendre une
approche un peu différente.
Mme
Maltais :
Vous n'êtes pas très élogieux envers les REER, enfin, les résultats des REER.
Vous n'avez pas l'air plus élogieux envers le RVER qui va être proposé.
M.
Castonguay (Claude) : Bien,
les REER, ce n'est pas que je ne suis pas élogieux, je prends les statistiquesde l'institut québécois de la statistique,
les statistiques de Statistique Canada, et ça révèle que les revenus des
personnes à la retraite sont constitués uniquement de 7 % de
revenus qui viennent des REER, et c'est un pourcentage qui va en décroissant.
Alors, ce n'est pas une opinion de ma part, c'est une simple constatation.
Les RVER sont
copiés sur les régimes collectifs, les REER collectifs, les RRS, et on sait que
ça n'a pas réglé les problèmes; on a
la constatation devant nous. Alors, pourquoi est-ce que, subitement, les
employeurs changeraient d'attitude, que
les travailleurs changeraient d'attitude devant des approches totalement
volontaires? Moi, je crois que c'est mettre nos espoirs dans quelque
chose qui n'est pas réaliste.
• (16 h 10) •
Mme
Maltais :
Même si, moi-même, par rapport aux
RVER, là, je considère que c'est une option de plus qu'onouvre, mais ce n'est pas une solution magique, les
RVER, là, il y a quand
même un modèle… Semble-t-il que ce
modèleaméricain d'avoir aussi… d'avoir
de l'argent immobilisé… non, pas immobilisé, ça, c'est l'autre modèle,
excusez-moi,mais d'avoir une épargne-retraite qui est cotisée
sur le salaire à toutes les semaines, même si elle n'est pas immobilisée,
a fait… a provoqué plutôt un succès, et que ça a vraiment été assez populaire,
et que ça a fonctionné là-bas.
Ça fait que je veux revenir à la commission
avec des chiffres. J'ai demandé à la régie, ils ne les avaient pas ici,mais on va avoir une commission parlementaire sur les RVER, puis les commentaires que vous faites font qu'on va validercertaines données puis on va essayer d'amener ici le maximum d'information pour que les gens puissent bien, bien, bien juger, là, du
potentiel des RVER, selon les commentaires que vous faites.
Moi, pour le moment,
c'est les questions que j'avais à vous poser. Je vous remercie pour votre
présentation.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Merci
beaucoup. Je tiens à vous saluer. Vous êtes un bâtisseur du Québec moderne,
puis je tiensà vous remercier aussi
de votre apport dans notre vie et dans son amélioration de la qualité de vie.
Au départ, c'est rare qu'on a la chance de rencontrer un bâtisseur.
Moi, j'aurais une
question par rapport au rapport D'Amours. On parle de prestations déterminées,
et la rente longévité est faite en partie
dans le sens de préserver la popularité de ces prestations-là. Est-ce que vous
considérez quece que vous proposez
pourrait aussi servir à ça ou on est dans d'autres eaux? Moi, ce que j'ai vu,
là, ce n'était pas le cas,mais je ne
le sais pas. Est-ce que vous avez quand même l'impression que ça pourrait
servir? Bien, de la manière que vous m'avez parlé, là, c'était un peu…
M. Castonguay (Claude) : O.K. Bien, écoutez, les régimes à prestations déterminées ont perdu beaucoup
de leurvogue. Aujourd'hui, on les retrouve principalement dans les très grandes entreprises,
banques, sociétés d'assurance, etc.,ou
encore dans un groupe comme le groupe
Continental, mais vous avez vu qu'ils
viennent de cesser à prestations déterminées pour aller en cotisation déterminée
à partir de 2012. La Banque Royale a fait la même chose il y a un an ou deux. Tout ce qui a été promis en prestations
déterminées va être respecté, mais, à compter de maintenant, pour tous
les nouveaux employés, c'est cotisation déterminée.
Ce
changement-là, c'est un changement, là, qui est une tendance très lourde. Vous
aviez, il y a une trentaine d'années,à
peu près 7 000 régimes de retraite au Québec; aujourd'hui, on est rendus à
peu près à 2 000, la plupart étaient à prestationsdéterminées, aujourd'hui, elles sont à prestations
déterminées, comme je dis, là, juste dans le secteur public, parapublic,universités, municipalités et grandes
entreprises. Moi, je ne crois pas que, même avec la rente longévité, ça va
favoriserun… ça va donner un regain
de vie aux régimes à prestations déterminées. C'est une tendance lourde qui va
se poursuivre, à mon avis.
Et,
dans le cas évidemment de ce que je propose, ça n'a aucun impact sur les
régimes, là, qu'ils soient à cotisationdéterminée ou à prestations déterminées. C'est un régime, en fait, d'épargne
obligatoire pour les travailleurs qui est modeléselon le groupe, là, visé, mais c'est un régime d'épargne obligatoire
avec une option, par contre, d'«opting out» ou de désengagement pour
ceux qui ne veulent pas se soumettre à ce type d'obligation là.
M.
Therrien : Je sais qu'on va parler des RVER plus tard, là,
mais juste… Parce que, quand vous avez fait ladescription de votre projet, là, ou en tout cas de ce que vous proposez,
moi, j'ai eu un peu en l'idée du… quand vous ditesque vous avez un droit… un «opting out», là, c'est
un peu ce que les RVER voulaient faire au départ, là, c'est dire : Bien,si, tu sais, automatiquement, tu te mets à
cotiser, bien, à moins que tu refuses de cotiser… Disons qu'on essaie de rendreles gens plus vertueux. Alors, quand j'ai
regardé un peu, là, votre propos, je me disais : Bien, ça ressemble aux
RVER.C'est sûr qu'il y a plein de
différences, là. La délimitation de ceux qui veulent… ceux qui vont avoir à
mettre de l'argent dans ce fonds-là, ce n'est pas délimité de la même
façon, mais je trouvais que le principe se ressemblait.
Est-ce que c'est
parce que je n'ai pas bien compris? Moi, je trouve ça très, très bien, on
incite les gens à être vertueux. Moi, je ne
vous cache pas que j'aime bien, là, l'idée des RVER, là, mais, bon, est-ce qu'il
y a quand même des ressemblances dans ce que vous proposez?
M. Castonguay (Claude) : Oui. En fait, dans les RVER, là, l'employeur crée
ce régime-là, il n'est pas tenu decontribuer,
c'est lui qui va l'expliquer à ses employés, dans les petites et moyennes entreprises — je
ne sais pas jusqu'àquel point ils
vont avoir bien du temps à donner à ça — et
c'est lui qui va être pris à faire les prélèvements, et d'envoyerça au ministère
du Revenu, et avec une exigence
additionnelle, alors que, dans l'autre, c'est comme le Régime de rentesdu Québec avec… tout le monde est placé, il n'y a pas d'histoire là, l'employeur n'est pas impliqué,
ça devient une mesureobligatoire
pour tout le monde avec les moyens d'information dont dispose le gouvernement, une information qui peutêtre
très précise, très complète et avec l'«opting out», en expliquant aussi aux
gens quelles sont les répercussions, quellessont les conséquences s'ils prennent la voie de se désengager. Alors, je pense qu'il y a une différence, là, malgré tout.
En
plus, moi, je dis qu'un tel régime les accumulations devraient être
immobilisées… si on veut atteindre le but visé qui est de faire en sorte
que les gens aient un revenu adéquat à la retraite, il faudrait que les
accumulations soient immobilisées;
autrement, les gens — l'expérience
est là, on le voit par les statistiques — retirent leurs épargnes avant leur
retraite.
M.
Therrien :
O.K. Bien, merci beaucoup.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : M. le député de… Non. Ça va? M. le député de Verdun.
M.
Gautrin : Je vous remercie. Premièrement, ça me fait plaisir d'avoir l'honneur de pouvoir
vous poser quelquesquestions,
c'est-à-dire que j'ai été intéressé par ce que vous proposez
par le RCIR, à l'heure actuelle, et je voudrais échanger avec vous, sans
y avoir absolument fait les calculs, voir s'il y a une ouverture pour l'étendre
comme tel.
J'ai
une énorme préoccupation, comme vous l'avez signalé tout à l'heure, à la
situation actuelle de la mobilité sur le marché du travail, c'est-à-dire,
si, dans le temps, les gens rentraient dans une entreprise et faisaient
carrière et faisaient… À l'heure actuelle,
très souvent les gens vont commencer dans une entreprise à accumuler des
parties de retraite,vont aller
peut-être dans un endroit où il n'y aura pas de régime de retraite, recommencer
dans une autre entreprise où il y aura un régime de retraite, donc ils
sont dans une situation de fluctuation.
On a
longtemps échangé sur ce qu'on appelle la valeur de transfert, c'est-à-dire… Je
ne voudrais pas entrer surles
technicalités sur la valeur de transfert, mais on pourra voir comment on les
calcule lorsqu'on les a. Mais je me disais : La question dans une valeur de transfert… Et vous
l'avez abordé très clairement tout à l'heure en disant : Souvent, desgens, lorsqu'ils ont leurs valeurs de
transfert, ne sont pas nécessairement incités à continuer à l'économiser, ils
peuvent avoir une tendance à vouloir la dépenser.
Est-ce qu'il
y a aurait… Et, dans le projet que vous faites en RCIR, chaque individu va donc
avoir son compteimmobilisé à l'intérieur
du RCIR. Est-ce qu'on ne pourrait pas concevoir que, quand vous quittez un
régime de pensionà prestations
déterminées, vous soyez obligés de mettre cet argent dans votre compte
immobilisé au RCIR, de fonctionnerdans
une période où il n'y a pas de régime de pension donc, et, lorsque vous entrez,
au cours de votre carrière, dans une troisième
étape où il y a un régime de pension, pouvoir utiliser ce que vous avez
immobilisé dans le RCIR pour racheter des années dans le nouveau régime
de pension?
Donc, j'ai l'impression
qu'on pourrait, à partir de ce que vous proposez, articuler ça dans ça. Est-ce
que ça a du sens ou pas?
M.
Castonguay (Claude) : D'abord,
juste un petit commentaire, ça me fait plaisir de répondre à une question de mon député, parce que je
demeure dans le comté…
M.
Gautrin : Je sais.
M. Castonguay (Claude) : …dans votre
comté. Et, oui, vous avez raison, d'ailleurs, je pense que, dans mon mémoire, j'ai fait allusion à cette question-là, la
possibilité de transférer des REER dans le RCIR ou encore des accumulations qui proviendraient d'un régime d'employeur.
Je ne crois pas que… Je
ne pense pas que je disais que ça
devrait être une obligation. Je n'ai pas…
M.
Gautrin : C'est une
possibilité.
M.
Castonguay (Claude) :
…réfléchi suffisamment, là. Mais ça devrait être au moins une option qui
devrait être considérée, oui, très clairement.
• (16 h 20) •
M.
Gautrin : Je vous
remercie. Je pense que mon collègue,
M. le Président, de… Et c'est ça, puisqu'on se parlecomme ça, moi, j'ai toujours dans mon bureau un
tableau que vous avez fait, que j'ai acheté quand vous l'avez donné dans
une vente de… Et, bon, M. le Président, est-ce que vous pouvez passer la parole
à mon collègue?
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Est-ce que vous voulez la parole, M. le député d'Outremont?
M.
Bachand : Si vous
voulez me la donner.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
D'accord. Vous avez la parole.
M.
Bachand : Merci beaucoup. Bonjour, M. Castonguay. Plaisir de vous revoir,
merci d'être ici. Et je suis unpeu
confus, puis je vais essayer de clarifier les choses, parce que
votre mémoire est plus… On partage les mêmes objectifs.L'épargne accumulée des Québécois
n'est pas suffisante, il y a un problème social qui s'en vient à l'horizon,
qui est devantnous, et quel est le
meilleur moyen de canaliser cette épargne, et que le statu quo n'est pas
acceptable, il faut faire quelquechose. Puis, au début, il y a
des mots un peu négatifs dans votre mémoire, mais, dans votre solution, elle
est, puis comme le collègue ici… votre solution ressemble très
fortement, même si vous dites non, aux RVER, en tout cas dans leurs conceptions,
et voici pourquoi.
Premièrement, vous dites que, vous, votre régime
de retraite, il serait obligatoire, mais il y a un «opting out». D'ailleurs, le kiwi — kiwi, qui a été une des inspirations qu'on a
eues au ministère des Finances et de l'Emploi — a
un«opting out» aussi. L'employé n'est
pas obligé de participer. L'employeur doit contribuer si l'employé contribue.
On n'a paschoisi ça dans un premier
temps au Québec. Mais donc il y a cette similarité, et le
projet de loi que la ministre a déposé,qui reprend le projet de loi que nous avions déposé… Donc, il y a une
harmonie des deux côtés. Mais, si je regarde l'article 43 : «L'employeur — cinq employés et plus, on a visé très
large — [...] doit
inscrire automatiquement au régimetout
employé visé ainsi que tout employé qui en fait la demande.» Si c'étaient des
plus petites entreprises… doit offrirle
régime, etc. Et il y a un «opting out» prévu de l'employé, comme vous, l'objectif
étant, effectivement, de mobiliser largement les gens.
Maintenant,
la différence de choix, c'est qu'effectivement nous avions choisi que ce soit
le privé qui gère ça. Vousne l'excluez
pas, parce que c'est un mécanisme... Vous envoyez l'argent à la Régie des
rentes, Caisse de dépôt, mais jecomprends à la page 9 que les fonds pourraient
être gérés par une institution financière agréée. Je n'ai pas compris si c'est
juste à la retraite ou dès l'âge de 40 ans que vous avez suggéré ça.
La
raison, puis je voudrais votre commentaire, c'est qu'on a quand même un
équilibre au Québec — les gens
nesont jamais contents de leurs
parts de marché — mais un
équilibre entre ce qui est public, entre ce que sont les régimesde retraite et entre la place que nos institutions
financières… Parce qu'à ma compagnie d'assurance — on va les recevoir tout à l'heure — et
qui… beaucoup de sièges sociaux dans la Capitale-Nationale, et, si on prend des
dizaines et des dizaines de milliards puis
on les canalise à la Caisse de dépôt, il va avoir un effet de cannibalisation,
il va avoir de la nouvelle épargne, mais il va avoir aussi un effet de
cannibalisation, un affaiblissement de notre secteur d'assurance privée.
Mais
c'est quoi, les différences fondamentales que vous voyez avec le RVER tel qu'il
est là? Moi, j'écoute ça puisje me
dis : Dans les deux cas, c'est obligatoire de le mettre en place, il y a
un «opting-out». J'essaie de comprendre si on est si loin que ça dans la
façon de faire les choses.
M. Castonguay (Claude) : Remarquez que, si vous trouvez une ressemblance
entre le RVER et ce que je propose, moi, je trouve que c'est très
positif, d'autant plus que le RVER, si je comprends bien, il a été pas mal
accepté comme principe dans les autres
provinces. Alors, si vous trouvez que ce que je propose s'y apparente, n'entre
pas au conflit, aucontraire, je
trouve, moi, que c'est très positif. En fait, la grande différence, c'est que
je dis qu'au lieu que ce soient les employeurs qui créent ça ce serait
fait par directement Régie des rentes, ministère du Revenu.
Je
dis, par contre, qu'il y aurait une option possible — mon mémoire n'est pas clair — comme vous le dites, ças'applique uniquement pendant la période d'accumulation
ou s'il y aurait l'option après, uniquement après, là, lors dupaiement des rentes. Il y a deux ans, j'avais
préparé un rapport dans le cadre de CIRANO sur les questions des pensions, et
je faisais pour la première fois, là, cette
proposition-là, là, d'un régime individuel, de comptes individuels, et j'avais
dit queça pourrait être géré, les
épargnes, par des institutions financières agréées. Cette proposition-là a été
reçue dans certainsmilieux comme si
j'avais commis la plus grande des hérésies possibles. Alors, évidemment, cette fois-ci, j'ai été plus discret. Mais
je crois, moi, que ce serait un bon principe que la régie des… la Caisse de
dépôt, à l'occasion, soit en certaine concurrence
avec d'autres gestionnaires pour voir qui gère le mieux des banques, des
gestionnaires d'actifs, des institutionsévidemment agréées, pour pas qu'on tombe, là, dans la spéculation, mais
il me semble que ce serait un bon principe, aussi bien pendant la
période d'accumulation que pendant la période de versement des rentes.
Maintenant,
pour revenir à votre question, les deux différences que je verrais, là, en plus
de celle de l'employeur, c'est l'immobilisation
des montants accumulés et aussi… j'en avais une autre, je l'ai oubliée, mais l'accumulation
entre… l'immobilisation des rentes, des montants accumulés pendant la
période d'accumulation.
M.
Bachand : Et c'est une… que vous avez raison. Au fond, ou
bien c'est obligatoire d'épargner, puis là vousarrêtez et vous dites que c'est obligatoire, mais il y a un «opting
out», ce que les RVER font aussi, au fond, ce n'est pasobligatoire, et kiwi n'est pas obligatoire. La
Suède, ça l'est, obligatoire. Si on veut un régime qui force l'épargne, en
Suède,ils ont un régime qui force l'épargne
individuelle, et puis c'est très élevé, mais ça fait partie de… et ça se fait
probablement sur des dizaines d'années, à un moment donné, quoiqu'ils
ont fait des changements brutaux.
Sur
l'immobilisation, c'est une excellente question parce que vous ne voulez pas
que les gens se… vous ne voulezpas
que cet argent-là, cinq ans après, «defeats the purpose», excusez l'anglicisme.
On a hésité et réfléchi longuement parcequ'à partir du moment où on accepte, et vous aussi, qu'il y ait un «opting
out» c'est clair que, dans une société qui n'épargnepas, que, si on disait que c'est immobilisé, le
risque qu'on prend collectivement, c'est qu'il y ait un mouvement massifd'«opting out», particulièrement chez les
jeunes, qui disent : Non, non, moi, mon argent ne sera pas immobilisé
toute ma vie.
Et
donc on avait choisi, par prudence, en lançant ce régime-là, de dire :
Bien, on va… C'est déjà énormequ'automatiquement
tous les employeurs l'offrent. Déjà que l'expérience américaine et
néo-zélandaise montre que, quandl'employeur
vous l'offre, vous embarquez, parce que décider de sortir, c'est compliqué
comme décision... Bonjour, merci.Donc,
probablement qu'on aurait des chances. En plus de ça, le fait que le privé le
gère et que la concurrence… Puis ilsvont
tous être là en disant : Notre plan, c'est bon pour vous, ça va aider
aussi à vendre ça. Mais c'est pour ça. Parce quevous avez raison. Philosophiquement, cet argent-là, vous ne voulez pas
que les gens le retirent dans cinq ans pour s'acheter une auto, une
maison, peut-être, là, mais…
M. Castonguay (Claude) :
D'autant plus que l'État aura contribué par des crédits d'impôt et des
exemptions fiscales. Alors, en retour de ces crédits d'impôt ou exemptions
fiscales qui sont accordés présentement aux REER, il me semble que ce n'est pas
exagéré de dire : Il faut que vous laissiez l'argent là pour que cet
argent-là serve, à la fin, l'objectif pour lequel on vous a donné une exemption
fiscale ou des crédits d'impôt.
M.
Bachand :
…question…
M. Castonguay
(Claude) : Maintenant, j'aimerais, si vous me permettez, revenir sur…
M.
Bachand : Oui, je veux juste cinq secondes puis je vous
repasse la parole. On n'a pas fait de simulation dusondage massif — de toute façon, je ne sais pas s'il serait
représentatif — pour
savoir si les gens, si c'était immobilisé, quelpourcentage se désaffilierait versus quel pourcentage resterait. Alors,
je respecte ce que vous dites. C'est une question de…
• (16 h 30) •
M.
Castonguay (Claude) : Bien,
moi, ce que j'ai lu, c'est que, lorsqu'on a donné l'option de se désengager, çaa été de l'ordre de 15 % à 20 %
qui ont opté pour se désengager. Alors, déjà, si vous atteignez 80 %,
85 %, là, au départ, c'est un bon pourcentage.
L'autre
point que je voulais faire — tantôt, il m'a échappé — je pense, il y a quelqu'un qui a mentionné
que les employeurs semblaient être davantage favorables à une certaine
forme, là, d'implication de l'État dans la question de l'épargne collective. Ce n'est pas tout à fait désintéressé de leur part
parce qu'ils savent fort bien que, s'il n'y a pas cetteobligation-là, d'imposer, les gens vont arriver à
la retraite et l'État va être obligé de les supporter. Alors, dans la mesureoù les gens sauront économiser, bien, l'effort
que l'État aura à faire demain sera moindre. Alors, c'est clair que ce
calcul-là,ils le font, et c'est un
calcul normal, mais ce n'est pas tout à fait désintéressé et ce n'est pas nécessairement non plus uncomportement plus exemplaire des Québécois
vis-à-vis les comportements de nos compatriotes dans les autres provinces.
M.
Bachand : Merci beaucoup d'avoir pris le temps de contribuer et de votre
réflexion. Et c'est un mémoire qui est très pertinent de la commission
RVER aussi.
Une voix : …
M.
Gautrin : Tout à
fait. Est-ce qu'on vous a invité pour la commission RVER?
Une voix : …
M.
Gautrin : Bien, peut-être
qu'on devrait le faire.
M.
Bachand : Merci, M.
Castonguay.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
M. le député de Lévis.
M. Dubé : Oui. Merci
beaucoup. Je veux souscrire aux
commentaires de mes collègues pour vous remercier d'êtreici et de la contribution que vous avez faite pour le Québec dans… je n'énumérerai
pas le nombre d'années, mais je pense que c'est assez impressionnant.
M.
Castonguay, je veux juste continuer dans cette comparaison entre, si vous me
permettez, la rente de longévité,je
vais l'appeler la rente Castsonguay, si vous me permettez, et le RVER. Parce
que j'essayais tout à l'heure de regarder ou de me faire un petit sommaire,
là, des grands critères : la base volontaire, la contribution de l'employeur,
l'immobilisation, l'âge d'application,
le taux, la gestion même, vous avez beaucoup insisté sur ça, et, le dernier
point, parce que je penseque tout le
monde est un peu plus éclairé entre les différences des trois, puis on pourra y
revenir effectivement pour le RVER, c'est que...
Mais je veux
vous entendre sur la rente de longévité versus la vôtre, si je peux me
permettre, ou votre suggestion.C'est
sur le principe de cotisation déterminée versus prestations déterminées. Je
pense que la grande différence entre votreproposition et celle de la rente de longévité, à moins que je n'aie pas
compris, c'est que la vôtre que vous proposez, c'estdes cotisations qui sont déterminées. Il y aura
dans la banque, si je peux… dans le fonds, l'argent qui y aura été déposé,plus généré par les revenus, alors que la
rente de longévité, c'est une prestation déterminée. Et je veux peut-être que
vousm'expliquiez, avec toute votre
connaissance, qu'est-ce qui vous a amené à faire cette différence-là, parce
que, commeMme la ministre l'a bien
dit tout à l'heure, vous avez un objectif, je dirais, de sécurité du revenu, d'accord,
mais vousavez quand même dit :
Je ne veux pas me rendre jusqu'à la prestation déterminée. Est-ce que je peux
vous entendre sur ça, la différence entre votre plan et celui qui est
proposé par le rapport D'Amours?
M.
Castonguay (Claude) : D'abord,
vous avez parfaitement raison. Le rapport D'Amours, c'est une prestationdéterminée, alors que, moi, ce que je
propose, c'est cotisation déterminée. La raison première pour laquelle j'ai
opté, moi,dans ce sens-là, c'est qu'avec
la prestation déterminée vous arrivez à verser des rentes uniquement à compter
de 75 ans,alors… Il reste que les
gens prennent leur retraite, dans le moment, vers 60, 61 ans. Ça va
tranquillement en augmentant, mais il reste qu'il y a une période, là,
de 13, 14 ans où la rente D'Amours ne fera rien. La personne va être obligée de
manœuvrer, là, selon toutes sortes de tours de force, pour se rendre jusqu'à 75
ans et recevoir la rente longévité.
Alors, moi,
je dis : On devrait y aller en versant les rentes plus tôt, dès 65 ans,
parce que les gens tranquillements'orientent
vers cet âge-là, là, comme âge de retraite. Et, si on le fait sur base de
cotisation déterminée, comme il n'y apas
d'argent qui va pour garantir le risque que comporte une prestation déterminée,
comme il n'y aura pas d'indexation,il
n'y a pas de montant fixé à l'avance, on peut verser des rentes très raisonnables
dès 65 ans. Alors, c'est la différence.Il n'y a pas de mystère, hein, il n'y a pas d'argent qui se crée ni dans
un cas ni dans l'autre. Il n'y a pas de solution idéale. Ce que je propose, je réalise que ce n'est pas l'idéal,
mais ça m'apparaît plus adapté au problème qui est devant nous.
M. Dubé : Est-ce qu'il reste
une… Il reste…
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Oui, allez-y, monsieur.
M. Dubé :
Oui? Si vous me permettez, parce que l'autre différence importante — puis je pense que vous aveztrès bien répondu, je l'apprécie — c'est au niveau du taux. Vous avez expliqué
3 % versus 4 %, pas tout à fait 4 %, maisvous avez surtout dit qu'il n'y aurait pas de
contribution de l'employeur, puis ça, ça me surprend un petit peu. Alors, jeveux vous entendre là-dessus. C'est-u parce
que vous dites l'employeur n'a pas les moyens ou c'est parce que vous voulez
que ça soit fait autrement? Sur cet aspect-là, je veux vous entendre aussi.
M.
Castonguay (Claude) :
Écoutez, moi, je crois que l'employeur, sa première responsabilité, c'est de
créer desemplois, de créer la
richesse. Et le gouvernement a la responsabilité, lui, de s'assurer que cette
richesse-là, elle est répartied'une
façon assez équitable. L'employeur a assez de concurrence présentement, il a
assez de difficultés, la liste des chargesqu'il doit déduire, qu'il doit remettre, n'en finit plus. Moi, je crois
que, s'il y a possibilité de solutionner le problème sansle surcharger encore une fois sur cette
question-là… Parce qu'il ne faut pas oublier qu'il contribue lourdement pour leRégime des rentes du Québec :
11 %, là, des revenus, ce n'est pas un mince pourcentage. Alors, c'est
dans ce sens-là, moi, que je crois que seuls les travailleurs devraient
être tenus de cotiser.
M. Dubé : Je vous remercie
beaucoup, M. Castonguay. Merci.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Ça va?
M. Dubé : Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Alors, merci beaucoup, M. Castonguay, de votre apport à notre
commission. Très intéressant.
Et, sur ce,
je suspends nos travaux quelques minutes pour permettre aux représentants de l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Reprise à 16 h 38)
Le Président (M. Gautrin) :
Bonjour. Alors, temporairement, je préside, tant que le président est parti à
des fonctions importantes. D'ailleurs, ça me
fait plaisir, messieurs, de vous recevoir, de l'Association canadienne descompagnies d'assurances de personnes. M.
Charest, M. Toupin et M. Millette, vous êtes les bienvenus ici, au Parlement.Et vous avez compris comment nous
fonctionnons. Vous avez une dizaine de minutes pour présenter votre mémoire etensuite on partagera le temps entre les
ministériels et les partis d'opposition. Alors, c'est vous, M. Toupin, qui
commencez? Non?
Association canadienne
des compagnies
d'assurances de personnes inc. (ACCAP)
M. Charest
(Yvon) : Alors, merci
beaucoup. Alors, effectivement, nous sommes les représentants de l'ACCAP,qui est une association à adhésion libre,
mais qui représente quand même 99 % de l'industrie de l'assurance de
personnesau Canada. Au Québec, ce qu'on
appelle le RACQ, le Regroupement des assureurs à charte du Québec, est membre
entier de l'ACCAP. Alors, on vient vous parler à la fois au nom des
assureurs québécois et des assureurs canadiens.
Je suis
Yvon Charest, je suis membre du conseil d'administration de l'ACCAP. M.
Philippe Toupin est vice-présidentSolutions
collectives à la Standard Life et Yves Millette est un des employés permanents
de l'ACCAP. Il est vice-président principal pour les opérations du
Québec.
• (16 h 40) •
Alors, juste
pour vous donner une idée de la grandeur, là, l'ordre de grandeur, en 2011, les
Québécois ont contribuépour 6,8
milliards de dollars pour les produits de retraite auprès des compagnies d'assurance :
4 milliards dans l'individuel et 2,8 milliards dans les régimes
collectifs.
Alors, ce que
je veux faire avec vous dans un premier temps, c'est vous communiquer trois
messages principaux, trois messages
généraux : je vais revenir sur deux sujets, sur la rente de longévité, et je vais vous parler trois minutes dessoins de longue durée, puis je vais vous
expliquer pourquoi vous devez l'avoir à l'esprit, même en
discutant de ce dossier-ci, et, finalement, je voudrais faire des commentaires
sur quatre recommandations précises.
Donc, dans un premier temps, le régime volontaire d'épargne-retraite, on
partage complètement les constats durapport D'Amours, on espère une mise
en oeuvre rapide, on espère que le projet de loi n° 39 va être adopté. Et, pour nous,le plus important, ça va être de mettre les travailleurs en action, parce que, on s'entend bien, sur les régimes de
retraite, tant que les employeurs
vont penser que c'est le gouvernement qui va combler tous les besoins, les
employés ne se mettrontpas en
action. Puis, nous, on pense que le RVER, ça va être une façon de mettre les employés
en action. On pourra s'en reparler dans deux semaines.
Bon. Le
deuxième message, il va peut-être vous surprendre un peu, en vous disant qu'il y a
deux grandes réformesqui sont en
discussion actuellement ici, au gouvernement : il y a le rapport D'Amours, qui parle de la rente
longévité, maisil y a également le livre blanc sur l'assurance autonomie. Et
notre message, c'est de vous dire que, si on avait commencépar parler du livre blanc sur l'assurance
autonomie puis qu'on avait discuté quel devrait être le panier de services
assuréspar le gouvernement, puis en quoi le privé pourrait être complémentaire, puis, si, un mois
après, on était venu parler durapport
D'Amours puis la rente longévité, je pense qu'on aurait dit : On s'est
attaqué à l'essentiel, l'élément prioritaire, puis que peut-être qu'on n'a
plus de sous pour la rente longévité.
Puis pourquoi
je vous dis que, d'après nous, ce qui est prioritaire, c'est de regarder le
livre blanc sur l'assurance autonomie? C'est que plus le gouvernement va
dire de façon précise ce qu'il a l'intention d'assurer comme panier de services, plus les
individus, plus les compagnies, plus le privé vont pouvoir être en
complémentaire. Alors, je vais revenir dans quelques minutes pour vous
parler de ça.
Le
troisième élément, il y a plusieurs recommandations sur les prestations, les régimes à prestations
déterminées.C'est vrai que les
régimes sont en déclin. D'après nous, la recommandation la plus importante,
c'est la recommandation n° 8,qui
dit qu'il faut tenir compte du profil de risque des régimes de
retraite. Tous les gens, dans les dernières années, quivous ont demandé un délai additionnel pour payer
des cotisations parce que le rendement boursier n'était pas bon, parce que les taux d'intérêt sont à la
baisse, la grande majorité de ces gens-là ont amélioré le régime de retraite à
la fin des années 80 puis dans les années 90
parce que les rendements étaient bons, ça allait bien, on
va rajouter des bénéfices. Puis peut-être ce qu'on a manqué, c'est cette
vision-là à long terme.
Alors,
la façon que les régimes à prestations déterminées fonctionnent actuellement, les employés, quel que soitleur
niveau hiérarchique, là, incluant le président de la compagnie, là, les
employés sur un régime de retraite, ce qu'ilsveulent, c'est avoir les rendements les plus élevés possible, de sorte
que, si ça va bien, il va avoir des bénéfices de pluspour tout
le monde puis que, si ça va
mal, bien, l'employeur aura à combler un déficit. Alors, il y a plusieurs problèmesqu'on
a eus dans les régimes de prestations déterminées qui viennent du fait que la
gestion de risques était déficiente, puis, s'il y a une recommandation
qui est importante, c'est bien celle-là.
On
est effectivement d'accord pour l'achat de rente garantie auprès d'un
assureur. On veut vous mettre deux misesen garde par contre quand vous allez regarder toutes les améliorations sur les régimes à prestations déterminées puis quevous allez vous poser la question : Bon, ça coûte combien, puis est-ce qu'on a le moyen de se le payer? Vous devez savoirdeux choses : c'est qu'avant que vous
preniez quelque décision que ce soit ici il y a une décision qui a été prise
par lesnormes comptables canadiennes
qui fait que, depuis 2013, la charge de retraite pour les régimes à prestations
définiescoûte beaucoup plus cher. La
façon de calculer que la charge de retraite pour fins des états financiers, qui
n'a rien à voiravec ce qu'on appelle
ici le calcul de solvabilité puis qui n'a rien à voir avec le calcul de
capitalisation, c'est un troisièmecalcul
qui sert uniquement pour la charge aux états financiers. Il y a eu un
changement en 2013 et ça coûte beaucoup plus cher.
Alors,
les gens qui sont préoccupés que les régimes de retraite à prestations
définies, c'est en déclin puis c'est plus difficile, sachez qu'il y a
une autre mauvaise nouvelle qui se rajoute en 2013. Vous devez savoir aussi qu'il
y a quelques semaines il y a une étude de l'Institut canadien
des actuaires qui a été publiée concernant la mortalité des rentiers
dans les régimes de retraite à prestations définies, qui confirme que l'espérance
de vie s'est améliorée un peu plus rapidement qu'on s'attendait, ce qui
signifie des coûts additionnels en termes de contributions, en termes de
passif, et il y a un impact sur le déficit. Alors, ayez à l'esprit
que tous les intervenants qui vont venir vous voir aujourd'hui, ils savent qu'il y a déjà deux hausses à
absorber avant qu'on parle de réforme ou avant qu'on parle de coûts
additionnels. Bon.
Maintenant,
on voudrait revenir sur la rente longévité puis vous expliquer — puis, dans notre document, on a étépolis, ici on va essayer d'être le plus francs
possible sans être blessants — c'est quoi, les trois raisons qui nous
amènentà dire non à la rente
longévité. Bon. La première raison, c'est la vérité des coûts. C'est super
comme principe, ça a étémentionné.
Il faut savoir combien coûtent les choses. Alors, le rapport D'Amours
explique : la Régie des rentes actuellement, c'est capitalisé
seulement à 15 %. Le reste, le 85 %, c'est la répartition. Donc, ça
crée le fameux problème d'équité intergénérations.
Le rapport D'Amours dit que le financement, actuellement, de la Régie des
rentes, c'est une faiblesse parce que ce n'est pas pleinement
capitalisé, et ça dit que toute amélioration doit être capitalisée.
Alors,
quand on regarde la vérité des coûts, on se fait dire qu'à la base le système
actuel n'est pas complètementcapitalisé,
mais on propose un ajout, qui, lui, serait capitalisé. Bien, quand on utilise
les principes du rapport D'Amourspuis
la vérité des coûts, notre position initiale, c'est de dire : On devrait
faire comme les régimes privés, on devrait viser d'abord à pleinement
capitaliser ce qu'on a avant de penser à une amélioration.
La
deuxième raison, bien, sachez qu'en fonction des bénéfices actuels, il y a déjà
une hausse de cotisation quiest
prévue à la Régie des rentes, de 2012 à 2017. Ça veut dire : Avant même de
parler d'ajouter un bénéfice puis le coût qui est associé, il faut se
rappeler qu'il y a déjà un coût additionnel qui s'en vient pour les bénéfices
actuels.
Et, la troisième
raison, c'est bien clair pour nous, il y a un vase communicant dans l'épargne d'un
Québécois entre cotiser à un régime public
puis cotiser à un régime privé. Le rapport D'Amours a dit quoi? A dit :
Somme toute, notre régime public est
assez solide. Le parent pauvre, c'est le privé, les gens n'ont pas mis assez de
sous dans le privé.Alors, nous, on
se dit : Si le privé, c'est le parent pauvre, ça devrait être là, la priorité,
plutôt que d'aller mettre de l'argent dans la rente longévité, parce que
c'est un vase communicant au niveau de l'argent. Donc, premier point.
Le
deuxième point qu'on avait à l'esprit, c'est les soins de longue durée. Nous,
on était extrêmement heureux devoir
que le gouvernement s'est positionné avec un livre blanc sur l'autonomie pour
tous parce que la CAP, en juin 2012, a publié un rapport sur le même
sujet et les conclusions sont à peu près les mêmes. Notre rapport s'appelle Améliorer
l'accessibilité, la qualité et la viabilité
des soins de longue durée au Canada. Bon. Puis le message qu'on veut dire augouvernement... Puis on pourrait prendre la comparaison avec les soins
de santé. Les soins de santé, depuis plusieurs années,le gouvernement n'assure pas les gens quand ils s'en
vont en voyage à l'extérieur du Québec. Ça n'a pas toujours été le cas.Mais, à partir du moment que le gouvernement
dit : Ce n'est pas dans mon panier de services assurés par le
gouvernement, bien les individus puis les compagnies se sont mis en
action puis, de façon complémentaire, sont allés s'acheter des assurances. Les chambres semi-privées dans les
hôpitaux, ce n'est pas assuré par le gouvernement. Donc, les individus,puis les compagnies, puis le privé, en complémentarité,
ils ont développé un produit pour assurer ça, puis je pense que ça donne
environ 200 millions par année aux hôpitaux au Québec.
Alors, ce qu'on dit,
c'est que, pour les soins de longue durée, il y a deux produits qui existent
sur le marché actuellement dans le privé, ça
s'appelle l'assurance maladie grave puis ça s'appelle les soins de longue
durée. Mais tantet aussi longtemps
que la population ne saura pas qu'est-ce que le gouvernement va assurer puis qu'est-ce
que le gouvernement va payer, tout le monde va espérer que le
gouvernement va tout payer, puis ces produits-là qui sont disponibles, qui sont
intéressants, bien ils sont plus ou moins populaires actuellement.
Alors, nous autres, ce qu'on vous dit,
c'est de la… quand on regarde… Puis le rapport D'Amours, il est tellementéloquent sur la démographie, puis j'aimerais
juste partager avec vous, parce qu'il y a beaucoup de chiffres, deux façonssimples de s'en souvenir : le premier,
c'est le nombre de… le ratio entre le
temps de vie au travail versus la retraite. En 1970, quand quelqu'un
recevait son chèque de paie de 10 jours de travail, il y avait trois jours à la
retraite. En 2009, quand un employé reçoit
son chèque de paie de 10 jours de travail, il est rendu à six jours à la
retraite. Ça a doublé. Alors, j'ai essayé de vous montrer de
façon simple ce qu'il y avait
à la page 77 du rapport, mais ça veut
dire que ça a doublé.Et plus les gens vont espérer travailler peu d'années
puis avoir plus d'années à la retraite, bien, les coûts de soins de santé
et de soins en longue durée vont coûter excessivement cher. La deuxième donnée
qui est intéressante dans le rapport D'Amours,
parce qu'on dit toujours que la démographie, c'est à long terme, bien, là, le premier baby-boomer qui est né en 1946, il a pris sa
retraite à 65 ans, il y a deux ans. Alors là, la démographie, ce n'est plus à
long terme.
• (16 h 50) •
Alors,
actuellement, on a 16 %
de la population qui a 65 ans et plus. Ça va augmenter de 1 % aux deux
ans : dansdeux ans, ça va être
17 %; dans quatre ans, ça va être 18 %; dans six ans, ça va être
19 %. Ça fait que, nous, quand onregarde
ça, l'ACCAP... Puis on a fait notre papier l'année passée. On s'est dit :
Dans les soins de longue durée, le gouvernement
n'a pas encore positionné qu'est-ce que lui va assurer dans son panier de
services. Puis plus il va le faire tôt, plus la population va pouvoir se
mettre en mode action puis être plus responsable.
Maintenant,
pour finir mes propos, je voudrais faire des commentaires rapides sur quatre recommandations. Lapremière, c'est la recommandation n° 4, où on parle de capitalisation améliorée, de
remplacer les deux systèmes actuelsde solvabilité et capitalisation par
capitalisation améliorée. Alors, nous, on est en faveur de ça. On met seulement
unemise en garde, c'est que la
proposition, actuellement, coûterait plus cher pour les régimes qui sont les
plus capitalisés puisqui vont bien
et donnerait un break pour les régimes qui sont peu capitalisés puis qui ont un
problème de capitalisation. Pourquoi?
C'est qu'à la base, capitalisation améliorée, à la base, ça coûte plus cher que
capitalisation, mais ça donne un répit plus grand quand le régime est en
déficit. Alors, quand votre régime est en gros déficit, à la base, ça coûte
plus cher, mais le gain que j'ai, parce qu'il
est en fort déficit, un dans l'autre, la contribution de l'employeur pourra
baisserun peu, alors que le régime
qui est très capitalisé puis à la limite les régimes qui sont capitalisés à
100 %, bien, capitalisationaméliorée,
ça coûte plus cher que capitalisation. Alors, il faut faire attention pour ne
pas aller frapper les régimes qui ont les mieux performé.
Le
deuxième commentaire, c'est la recommandation n° 12, qui parle d'avoir, à
l'intérieur d'un régime de retraite,deux
caisses : une pour les employés puis une pour les retraités. Alors, on
vous met juste en garde que, si vous allez del'avant avec cette recommandation-là, il faut savoir ça va être quoi,
les prochaines étapes. Alors, il faut comprendre que,quand un régime de retraite allait bien, tout le
monde voulait en bénéficier. Alors, un employé actif voulait avoir un tauxde cotisation plus faible, un employé proche
de la retraite qui était essoufflé aurait bien aimé avoir un cadeau du régimede retraite pour pouvoir prendre sa retraite
immédiatement, et les retraités auraient voulu avoir une indexation. Alors, lagrande question, c'était de savoir comment on
partage ça entre les trois groupes. Alors, il y a quelques années, le gouvernement
a accepté de mettre une clause d'équité qui dit : Il va toujours falloir
être équitable envers les retraités, puis
ça, c'était la première étape. Mais la première étape, ça nous amène ici
aujourd'hui à une deuxième étape de dire :Aïe! Pour s'assurer que les retraités sont traités correctement, on va
avoir une caisse séparée pour eux. Alors, c'est clairque, si vous mettez deux caisses séparées, dans cinq
ans d'ici, les deux groupes vont avoir des rendements différents, il y a
sûrement un des deux groupes qui va dire que ce n'est pas correct, puis il faut
aller plus loin.
Ça
fait que notre point, c'est juste de dire qu'une des raisons majeures pour lesquelles
les régimes de retraite à prestations déterminées sont moins populaires,
c'est que les régimes sont devenus très complexes puis sont lourds à administrer. Faites attention avant d'ajouter un
autre élément, puis sachez que, si vous allez de l'avant avec larecommandation n° 12, on peut gager aujourd'hui
qu'il va y avoir une autre recommandation qui va être nécessaire dans
quelques années.
Finalement, un mot
sur la recommandation 20, qui accepterait un décaissement plus rapide dans
certaines circonstances. Nous, c'est de
dire : L'ensemble du rapport D'Amours, c'est de favoriser qu'il y ait
de l'argent à la retraite,on parle même
pour les REER de permettre aux gens à ce qu'ils les touchent à partir de 75 ans plutôt que 71 ans pour qu'ils aient le plus d'argent
le plus longtemps possible. Alors, on est un peu surpris de la recommandation n° 20,
qui prévoit un décaissement rapide, plus
rapide dans certaines circonstances. Nous, on se dit : Essayons d'être le
plus rigoureuxpossible, puis de
dire : Cet argent-là, laissons-le là le plus longtemps
possible. Alors, on était plus ou moins à l'aise avec la recommandation n° 20.
Ça complète nos remarques intitiales.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci
beaucoup, M. Charest. Et je cède maintenant la parole à Mme
la ministre.
Mme
Maltais : Merci, M. le Président. Bonjour, M. Charest.
Ça fait plaisir de vous retrouver. Bonjour, M. Toupin,M. Millette. Merci beaucoup pour votre mémoire,
votre présentation. Trois messages, donc. Trois messages précis. Onparlera des RVER après. Mais je veux parler avant
de ces hausses à absorber. Vous dites : Il y a deux hausses à absorber.Je veux juste, pour le bien des
parlementaires, là, rappeler quelle est la hausse à absorber à la Régie des
rentes du Québec. En 2012, le taux de
cotisation était de 10,2 %; en 2017, il sera de 10,28 %.
Donc, c'est 0,6 % sur quatre ans, presque cinq ans. Donc, c'est à
peu près ça, la hausse prévue depuis longtemps, et connue, et tout. C'est
important.
L'autre,
j'aimerais ça que vous m'expliquiez quel est le changement puis quel sera...
est-ce que vous avez le chiffre de l'impact de cette hausse due à des
modifications des règles comptables?
M.
Charest (Yvon) : Dans les
deux changements qu'on a mentionnés, changements aux normes comptables…Et la question de l'amélioration de la mortalité,
c'est le premier changement qui est le plus important. Et, dans le fond,
c'est le Conseil des normes comptables
canadiennes qui met ça en place, parce que le Canada a pris la décision, sur uncertain nombre d'années, de faire une
transition des PCGR, les principes comptables généralement reconnus au IFRS,qui est une norme internationale… puis le
Canada a pris cette décision-là en 2006. Alors, il y a des changements qui ont
lieu à chaque année, puis, en 2013, c'était un changement pour le calcul de la
charge de retraite pour fins des états financiers
de toutes les compagnies publiques et privées au Canada, qui amène un
changement dans le taux d'intérêt qu'on peut présumer sur le rendement
de l'actif. Et on n'a pas l'impact pour l'ensemble des régimes, mais l'Industrielle
Alliance est aussi un employeur, et, pour l'Industrielle
Alliance, la hausse de charge de retraite... parce qu'on a un régimeà prestations définies pour nos employés, en 2013,
c'est 15 millions de dollars, de sorte que notre cotisation, en 2013,notre charge de retraite pour fins des états
financiers pour une compagnie, ça passe de 25 millions à 40 millions
de dollars. C'est majeur. Alors, les compagnies publiques qui font des
états financiers à tous les trimestres le savent déjà depuis longtemps. Les
gens qui sont moins familiers avec ça vont peut-être avoir cette mauvaise
nouvelle là.
Le deuxième,
c'est l'amélioration de la mortalité. Pour ce qui est de l'amélioration de
mortalité, on pense que lepassif des
régimes de retraite dépendant de l'hypothèse actuelle pourra augmenter de
5 % à 10 %. Et ça, c'est un développement.L'information, là, on l'a obtenue dans les deux
dernières semaines, l'information finale de l'Institut canadien des actuaires.
C'est sûr, encore là, que les gens qui sont
familiers avec les dossiers savent que c'est quelque chose qui s'en venait,
maisc'est quand même important que
vous sachiez qu'avant de penser à des réformes puis à des coûts additionnels,
il y a cesdeux éléments-là qui
rendent la vie difficile aux régimes à prestations définies. Et il faut savoir
que ça vient après unebaisse quand
même très importante des taux d'intérêt à long terme. Alors, je suis sûr que
les Québécois sont heureux de savoir que le coût de financement du
gouvernement pour ses obligations à long terme a baissé beaucoup.
Mais, juste
pour vous donner une indication puis... Pour un régime de retraite, ce qui est
pertinent, c'est peut-êtrede
regarder le taux des obligations de 30 ans du gouvernement du Québec. Jusqu'en
2009, c'était autour de 5 %, ça s'estmis à baisser en 2010. Puis, ce que je vous dirais, c'est :
Méfiez-vous un petit peu des projections des gens parce que 90 % des
économistes en 2011 avaient prévu qu'ils allaient remonter puis ils ont baissé;
95 % des économistes au début de l'année
2012 ont dit : Là, c'est l'année, ça va vraiment remonter, et ils ont
atteint un taux plancher. Le fameux 5 % estdescendu pour la première fois en bas de 3,5 % puis aujourd'hui, en
2013, il a augmenté un petit peu, de 50 points de base,puis il est rendu à 4 %. Alors, c'est sûr
que, pour les régimes de retraite à prestations définies, d'avoir une baisse de
taux d'intérêt aussi forte que ça après avoir vu les marchés boursiers
baisser de 25 % en 2008, c'est difficile à avaler.
• (17 heures) •
Mme
Maltais :
Vous parlez de charges pour les entreprises, mais il y a… la théorie du rapport
D'Amours et desexperts, c'est que,
si on met sur pied la rente longévité, les régimes à prestations déterminées
vont être renégociés puisqu'ilsauront
une charge moins lourde à assumer à partir de l'âge de 75 ans puisque la
rente longévité va venir prendre un espacesupplémentaire dans le revenu de retraite des personnes. Donc, il sera
possible, à ce moment-là, de renégocier. Et là ondiscute du cadre de négociation parfois avec les
gens, donc de renégocier les régimes de retraite pour essayer justement de
diminuer la charge sur l'économie québécoise et sur les entreprises. Est-ce que
vous êtes d'accord avec ce principe?
M. Charest
(Yvon) : Mais, comme je vous
dis, Mme la ministre, il y a deux choses à se souvenir. Le deuxième, c'est que vous devez mettre la population en
mouvement pour épargner. Et, si les gens pensent que c'est le régime publicqui va régler tous leurs problèmes, puis qu'on vient de faire une autre
amélioration, les individus, ils n'épargneront pas plus.
La beauté du
RVER, si ça fonctionne comme les plans actuels, c'est que, là, l'employeur va
être obligé d'en parler à ses
employés. Ça va être le meilleur système de promotion qu'il n'y aura jamais
existé, dans le fond, là. C'est que vousvous assurez qu'il y a 100 % des gens vont en entendre parler.
Alors, le plus grand danger, c'est que les gens pensent quele régime public va solutionner les choses. Ça
fait que ça, je disais, c'est le deuxième élément, tu sais, de dire :
Peut-être que ça ne mettra pas les gens en mouvement.
Mais, le
premier, ce qu'on dit ensemble, là, on dit : Le Régime des rentes,
actuellement, il n'est pas capitalisé, il est en répartition à
85 %, puis il y a encore beaucoup de chemin à faire pour le capitaliser
pleinement. Mais on est confiants qu'on va
rajouter un morceau, qui, lui, il va être pleinement capitalisé, qu'il n'y aura
pas de mauvaise nouvelle, puis, tout
ça, ça va se payer tout seul. C'est juste là que, quand je regarde la prudence
financière, puis que tout le mondeconnaît
les finances publiques des gouvernements, de dire : Bien, s'il y a un
régime qui n'est pas capitalisé après 50 ans,faisons attention avant de dire que le morceau additionnel va être
capitalisé. Parce que vous savez toutes les pressionsque vous allez avoir des gens qui vont dire :
Non, le bénéfice, il est trop loin, puis il va falloir avoir des bénéfices avant.
Je pense que
la personne avant moi, ici, elle disait : Ça serait peut-être mieux que l'employeur
ne paie pas, puis,le bénéfice, il
est trop tard, il faudrait peut-être le donner avant. Ça fait que c'est long,
50 ans, avant que les gens sachent qu'ils vont voir leurs résultats d'avoir
mis des sommes à côté.
Alors, à la
fin de la journée, tu sais, quand on prend des décisions, on prend les
décisions sur les faits, on prendles
décisions pour ce que les gens veulent puis on prend les décisions sur un
certain nombre de principes moraux. Puis, quand on regarde ça, bien, l'effet est qu'il reste encore pas mal de
travail à faire avec la Régie des rentes sur les bénéfices actuels. Ce
que les gens veulent, c'est sûr, les gens veulent le maximum de bénéfices tout
de suite.
Puis, le troisième, les principes moraux, bien,
le rapport D'Amours disait que, par rapport à d'autres pays, les gens à revenus les plus faibles sont quand même
bien protégés puis mieux protégés que plusieurs autres pays. Ça fait que,quand on regarde ça, on se dit : Si on
a un dollar additionnel à mettre, est-ce que ça ne serait pas mieux de mettre
les gensen mouvement puis s'assurer
que les Québécois épargnent? Puis c'est dans ce sens-là… nous, on pense, la
meilleure façon de mettre les Québécois en mouvement, c'est de mettre
sur pied le RVER.
Et
nous, on a peur que les vases sont communicants, qu'un individu qui va avoir
mis de l'argent dans la rente longévité,
quand on va venir le voir après pour le RVER, parce que, la rente longévité, il
n'a pas le choix, c'est sur sonchèque
de paie… quand on va revenir le revoir après puis on dit : J'aimerais ça
que tu mettes 2 % de plus dans ton régimede retraite, il va dire : Non, non, je l'ai déjà fait. Il va
falloir dire : Non, non, tu ne l'as pas fait, là. Ce qu'on parlait, c'étaitla rente longévité. Là, on parle du RVER. Il faut que tu en mettes un
autre 2 %. Ça peut être difficile à vendre, Mme la ministre.
Mme
Maltais : Oui. Mais, au bout du compte, c'est d'assurer la
sécurité financière de la personne pour nous, ce n'est pas… C'est de
trouver un modèle qui assure la sécurité financière des personnes.
M. Charest (Yvon) : La sécurité financière ou l'autonomie financière
des gens, parce que n'oubliez pas que, tant et aussi longtemps que les
gens vont penser que le gouvernement répond à leurs besoins, les gens ne se
mettront pas nécessairement en mouvement pour épargner eux-mêmes. Puis, à
quelque part, la journée que vous avez dit que le gouvernement ne payait pas pour les chambres semi-privées dans les
hôpitaux, la population a réagi. Elle s'est dit : Si çam'intéresse, je vais le financer d'une autre
façon. Alors, à quelque part, je pense que le gouvernement, il a quand mêmeintérêt… Si on constate que les Québécois n'épargnent pas
assez, le gouvernement a probablement intérêt à mettre lesQuébécois
en action puis dire : Aïe! Vous devez vous en occuper vous-même,
n'attendez pas après le gouvernement. C'est dans ce sens-là qu'on pensait.
Puis
le rapport D'Amours le confirme que, quand il analyse séparément les régimes
publics puis les régimes privés,il
arrive à la conclusion que le parent pauvre actuellement, c'est le régime
privé. Puis, avec ce que je vous ai dit sur lesrégimes à prestations définies, il ne s'en créera pas beaucoup
plus dans les prochaines années, là, Mme
la ministre, desrégimes à prestations définies, là. On espère
juste que le déclin va arrêter, puis, que tout le monde se croise les
doigts — bienà peu près tout le monde, là, ceux qui s'occupent des régimes de retraite — les
taux d'intérêt vont augmenter un
petit peupuis que finalement
les ratios de solvabilité médians, qui étaient à 74 % lors du rapport D'Amours,
qu'ils vont être à unratio plus
acceptable, puis que les gens vont avoir le courage de dire : Oui, je le
conserve, mon régime à prestations définies.
Mme
Maltais : Merci.
Je reviendrai s'il reste du temps. Je sais qu'il y a des collègues
qui veulent vous poser des questions, M. Charest. Vas-y. Vas-y.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Très rapidement.
Vous avez expliqué, là, un peu que la nature avait horreur du vide, à partir du
faitque le gouvernement, là, cible ses interventions ou sort de certaines zones d'intervention,
que le privé va prendre la relèveassez
rapidement puis généralement efficacement. C'est ce que vous avez dit, là. Et vous avez
insisté sur le livre blancà cause de
ça, là, pour définir justement les créneaux avec lesquels on allait intervenir.
Et donc, autrement dit, à
partir du fait que le public décide qu'est-ce qu'il fait, le privé va efficacement,
là, combler les vides.
Mais, depuis deux
jours, ce qu'on entend beaucoup, c'est des gens du privé nous dire, face aux
défis qu'on a actuellement avec les régimes de fonds de pension, là :
Vous les avez bien considérés, les défis, là, par rapport aux difficultésde rendement puis au vieillissement de la population.
Moi, j'ai l'impression que c'est le privé qui vient nous voir, qui nousdit : Écoutez, on a des problèmes.
Aidez-nous. Faites quelque chose. Il faut opérer. Puis, même, à un moment
donné, hier,quand j'ai posé une
question, à un moment donné, dire : Est-ce qu'on est obligés d'intervenir
avec le rapport D'Amours ou d'intervenir de quelconque façon?, puis ils
disaient : Il faut agir dès maintenant et ainsi de suite.
Là,
j'ai l'impression que c'est le contraire qu'on vit, que le privé n'a comme pas
été capable de relever ce défi-là,qui
est considérable. Je ne veux pas blâmer qui que ce soit, mais j'aimerais ça
vous entendre là-dessus, parce que vous nous présentez un peu l'inverse du
processus. Alors là, vous nous dites : Regardez. Bien, les autres nous ont
dit : Aidez-nous,parce que nous, on a de la difficulté à combler nos responsabilités. Mais je veux juste vous entendre là-dessus, là. Je ne
veux pas…
M. Charest (Yvon) : Merci. Oui, merci beaucoup, parce
que ça me donne l'opportunité de faire une distinctionfondamentale entre les régimes à prestations
définies qui ont été étudiés par le rapport D'Amours, qui sont en déclin, quisouffrent, puis que tout le monde lève le
drapeau puis disent : Aidez-nous, versus les régimes à cotisation
déterminée qu'onn'a pas parlé
personne cet après-midi. Et ce qui se passe, c'est que tout le monde va vous
dire que, dans un monde idéal,ils
voudraient avoir un régime à prestations définies parce que c'est la meilleure
façon d'assurer un revenu de retraite parrapport au salaire avant 65 ans. Puis, dans ma propre compagnie, on se
fait encore violence de le garder. Il
a fallu le modifierdeux fois dans
les trois dernières années parce qu'on pense que c'est vraiment la chose à
faire. Puis c'est pour ça que la norme comptable qui change en 2013, on
ne l'aime pas beaucoup.
Bon.
Ça fait que ce que les gens disent, c'est que la meilleure façon d'assurer un
revenu de retraite par rapport au salaire avant la retraite, c'est les
régimes à prestations définies. Tout le monde vous dit : C'est en déclin,
on a tous intérêt à essayer de les protéger
puis d'en garder, parce que c'est ça, la meilleure façon de protéger les
individus. Mais,si ça, ça n'existe
pas, qu'est-ce qu'on va faire? On va continuer à faire comme les 10 dernières
années : les gens vont mettresur
pied des régimes à cotisation déterminée, l'employeur met 5 % du salaire,
l'employé met 5 % du salaire, puis, à laretraite, ça va acheter quoi? Ça va acheter ce que ça va acheter. Puis,
en 2008, les gens, ils ont très bien compris c'étaitquoi, la différence entre les deux régimes. Les
gens qui avaient un régime à cotisation déterminée, qui voulaient prendreleur retraite puis qui ont vu que leur
pécule avait baissé de 25 %, bien, ils ont dit : Je vais travailler
trois ans de plus. Les gens qui avaient un régime à prestations
définies, ils l'ont pris quand même, leur retraite.
Alors, il faut faire une
distinction fondamentale entre les deux. Moi, à la limite, on pourrait
dire : L'intérêt de l'industrie, on a
les deux régimes. Si des gens vont d'un régime à l'autre, on va continuer à
gérer de la retraite. Je vousexpliquais que les gens, ils mettent quand même des sommes
considérables à la retraite. Au Québec, en 2011, ils ont mis
6,8 milliards. Tout ce qu'on dit, en tant que spécialistes des régimes de
retraite, c'est que le meilleur régime pour un employé, c'est un régime à prestations définies. Et oui, si on est
capables de les garder puis de trouver le maximum de changements pour qu'il
y ait une pérennité, faisons-le.
• (17 h 10) •
Une voix : Merci.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Ça va? M. le député de Verdun.
M.
Gautrin :
Je vous remercie. Je vous souhaite la bienvenue, M. Charest. Je m'excuse tout à
l'heure d'avoir confondu sur le nom.
Vous avez lu
le rapport D'Amours, vous êtes en train actuellement de faire un certain nombre
de mises en garde. Il est clair qu'à
l'intérieur du rapport D'Amours, vous ne l'avez pas abordé actuellement, il y a
un certain nombre de chosesqui
nécessitent une harmonisation avec nos partenaires des autres provinces. Qu'est-ce
que, d'après vous et en termes de priorité, il faut qu'on change à court
terme dans une action législative?
M. Charest
(Yvon) : Parfait. Alors, la
première, je l'ai déjà mentionné, c'est la fameuse recommandation n° 8,
sur la gestion de risques. On sait que, dans
les marchés boursiers, il va y avoir des périodes de haut puis de bas, on le
sait. Alors, il faut se faire violence puis de dire : Ce n'est pas
parce qu'on a une bonne période puis on a des surplus qu'on améliore les bénéfices ou des choses comme ça.
Alors, ça, je pense que c'est une recommandation qui est importante puis
qui doit être mise en place.
La question
de la valeur de transfert, la recommandation n° 6. Il y a des gens qui
vont vous dire : Si vous faitesce
changement-là, vous allez être différents des autres provinces au pays. Bon.
Bien, moi, je dirais que ma vue est un peudifférente là-dessus. Les valeurs de transfert actuellement, on conclut
que les gens qui quittent un régime de retraite pouraller vers un autre, avec la valeur de transfert,
c'est comme si on transférait un montant d'argent trop élevé puis qu'onn'était pas équitables en fonction des gens qui
restent là. Alors, à mon avis, c'est une raison suffisante pour dire : Il
fautaller de l'avant, même si ça va
être différent des autres provinces au pays parce que, quand on va avoir
corrigé l'erreurpuis on va avoir
donné l'indication qu'on fait quelque chose de correct, on espère qu'on va
avoir tracé la voie puis qu'aprèsça
les autres provinces vont s'ajuster. Ça fait que moi, je vous encourage à aller
de l'avant quand même avec la recommandation n° 6.
M.
Gautrin : Six ou
quatre, là?
M. Charest (Yvon) : Six.
M.
Gautrin : Six.
M. Charest (Yvon) : Évidemment…
M.
Gautrin :
La question sur la possibilité d'acheter, puisque vous êtes un assureur, d'acheter,
à l'heure actuelle, ou d'assurer une partie des rentes…
M. Charest
(Yvon) : Bon. Alors, pour
être tout à fait candide avec vous, un régime de retraite actuellement, il peutle faire. Il peut acheter une rente auprès d'un
assureur, mais, selon la réglementation actuelle, le régime de retraite resteresponsable si jamais l'assureur faisait
faillite. Il reviendrait responsable. Il ne l'a pas vendu complètement, il y a
commeun élastique entre les deux.
Alors, la recommandation, ce qu'elle dit, c'est que le régime de retraite
devrait avoir le droitde dire :
J'assure auprès d'un assureur, et c'est fini, ce n'est plus moi qui est
responsable, c'est l'assureur. Et la raisonpour laquelle on est d'accord avec ça, c'est que, un, on considère que l'industrie
est très solvable, et, deux, l'industrie,comme les banques au pays, on a notre propre fonds de compensation si
jamais il y avait un problème. Alors, on trouve tout à fait normal qu'un régime de retraite dans une saine gestion de
risques dise : Moi, je veux me démunir d'un risque,je veux le transférer, mais je le transfère
complètement. Alors, oui, on est d'accord avec ça puis on trouve que ça a plein
de bon sens.
M.
Gautrin : Donc, c'est-à-dire,
il y a un fonds de compensation pour les régimes d'assurance, c'est ça?
M. Charest
(Yvon) : Il y a un régime
de… C'est ça, il y a un fonds de compensation pour l'industrie de l'assurance
de personnes au Canada, comme il existe pour les banques canadiennes.
M.
Gautrin :
O.K. Vous avez parlé de la gestion du risque, alors je vais rentrer sur une
proposition qui nous a étéfaite, c'est-à-dire
de faire en sorte, dans la gestion du risque, à l'heure actuelle, de pouvoir
capitaliser les provisions pour écarts défavorables dans un compte qui
soit un compte à part et que le compte serait là en quelque sorte pour gérer éventuellement les mauvais… les déficits,
éventuellement, de capitalisation que vous auriez dans un régime de pension, et que, s'il y a, à l'intérieur
de ce compte, des excédents d'actifs, on puisse les réutiliser pour une
indexation a posteriori. Essentiellement, là, j'essaie de résumer la
position.
Comment vous
vous positionnez par rapport à ça? Autrement dit, voyez-vous, il y aurait donc
deux comptes : leservice
courant, qui serait financé normalement, et après une partie, disons, une
espèce… d'avoir un fonds pour les écarts défavorables, et éventuellement
une capitalisation a posteriori?
M. Toupin
(Philippe) : À partir du
moment où le système permet de mettre des coussins suffisants pour être sûrs
qu'on protège les risques, moi, je pense que c'est une proposition qui est tout
à fait adéquate.
M.
Gautrin : Merci. Je
pense que mon collègue d'Outremont a des questions.
M.
Bachand : Si le
président le veut bien.
M.
Gautrin : M. le
Président, je vous suggère de laisser la parole à mon collègue d'Outremont.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Alors, M. le député d'Outremont, si vous voulez la parole, je vous la
cède.
M.
Bachand : Merci. Merci, M. le Président. Bonjour. Bonjour
tout le monde, bonjour M. Charest. Deux dimensions. J'ai bien
compris que, pour vous, la priorité, c'est la mise en place des régimes
volontaires d'épargne-retraite le plus rapidement
possible. Donc, je sens qu'au gouvernement on a perdu un an, mais là,
normalement, ce projet de loi là pourrait être adopté cet automne, je
pense, et on verra suite à la commission parlementaire.
Et donc, dans
la séquence de temps... Parce que, dans la séquence, ce n'est pas rente
longévité puis, dans deux,trois,
quatre ans, on mettrait des RVER, puis là, effectivement, la réaction des
travailleurs serait de dire : Tu m'as déjà enlevéde l'argent. La séquence de temps, c'est : on
commence avec les RVER, je pense, si on ne se trompe pas, et la rente
longévité,avec tout ce qu'on a
entendu, il faut que ce soit une solution canadienne, idéalement. Donc, ça va
prendre probablement une couple d'années avant qu'elle soit mise sur
pied.
Pour que les
RVER réussissent, on avait choisi… Et vous avez peut-être… vous êtes prêts
probablement, là, parce que vous êtes probablement prêts à un nouveau
produit, à entrer en action comme industrie, globalement. Et ce qu'on souhaite évidemment, c'est qu'il n'y ait pas d'«opting
out», que le plus grand nombre, là, on vise tous les employés, toutesles entreprises de plus de cinq employés et plus…
restent, ils adhèrent de force, mais ils ont droit d'en sortir, et donc qu'ils
soient convaincus de rester dedans.
On avait choisi de ne pas forcer l'immobilisation
des régimes en se disant que ça mettrait une crainte, surtout chez beaucoup de jeunes, puis ils sortiraient dans
les trois premières semaines en disant : Si leur argent estimmobilisé… Avez-vous une opinion, puis on va en
reparler probablement dans deux, trois semaines, mais une opinioncommerciale que c'est… Et, moi, c'était la sagesse
de dire : On fait déjà un grand changement, on va entraîner, partir,comme vous dites, démarrer le mouvement d'épargne
des Québécois. Facilitons-le, puis on verra bien dans trois, quatre,
cinq ans ce qui arrive.
M. Charest
(Yvon) : Dans un premier
temps, la priorité entre le RVER puis la rente longévité, c'est que les rentesRVER n'étaient pas possibles au Canada à
cause de contraintes fiscales. Ce genre de rente là existe aux États-Unis, maisça n'existait pas au Canada à cause des
règles fiscales. Alors, l'industrie a réussi à faire changer les règles
fiscales au niveaufédéral, puis
effectivement… et ça fait un bout de temps que l'industrie y travaille. Puis,
dès qu'on va avoir le feu vertde n'importe
quelle, de quelque province que ce soit au Canada, on va pouvoir aller de l'avant
avec le RVER. Puis on est très confiants, là, que l'industrie va pouvoir
être prête assez rapidement après la mise en place des RVER.
Pour ce qui
est maintenant de la question de l'«opting out» puis de ne pas forcer l'immobilisation,
c'est sûr que leplus important ici,
c'est de faire la promotion de la retraite auprès des employés, qu'un
gouvernement provincial demandeaux employeurs
ou oblige les employeurs à parler de retraite, à mettre sur pied un comité de
retraite sur… à mettre surpied un
système de retraite dans lequel il y a un «opting out», moi, je trouve que c'est
un geste formidable d'un gouvernement,c'est
probablement l'élément le plus important de tout système. Puis, si, au moins,
on réussit ça, je pense qu'il faut être flexible sur les autres
éléments. Puis c'est une question d'acceptabilité par la population.
Alors, je
dirais que la priorité, ce serait certainement de dire que, si un gouvernement
est prêt à dire : J'exige qu'unemployeur
au Québec qui a tant d'employés offre un régime de retraite RVER à ses
employés, pour moi, là, c'est un grandpas
qui a été fait, puis le reste, on est prêts à faire des… je pense qu'il faut
être prêts à faire des compromis. Mais, comme vous dites, on va pouvoir
en parler plus longuement dans quelques semaines.
• (17 h 20) •
M.
Bachand :
Oui, oui, mais ça, normalement ça devrait faire consensus. Il faut s'entendre sur des modalités.En passant, les amendements fiscaux du gouvernement du Canada, ça a été fait suite à beaucoup
de pression du gouvernement du Québec
parce que, dans toutes les
conférences fédérales-provinciales et les rencontres avec Flaherty,on disait : On veut faire les RVER, il y a
tel, tel blocage et finances Québec a beaucoup de difficultés avec Finances Canada, et il a fait le déblocage de ce qui
nous permet maintenant de faire les RVER et au fédéral aussi.
Deuxième question, sur la rente
longévité et les RVER ou «registered pools» et tout le débat Régie des rentes doublée, mettons ça… simplifions, vous laissez
entendre — puis moi, évidemment, je ne suis pas au
gouvernement depuisun an, je suis
moins en contact avec les autres provinces — qu'il y a un consensus partagé par tous les
ministres des Financesau fédéral et
dans les provinces pour renforcer l'équivalent des RVER et le système privé. Je
vous dirais qu'à l'époque,il y a un an et demi, il y avait une opinion fédérale Québec-Alberta de
faire ça et il y avait presque un consensus des autresprovinces d'aller au niveau d'une régie des rentes
plus et même doublée. Est-ce que ça a évolué, ça, dans les derniers… Et,
si ça n'a pas évolué, à ce moment-là, est-ce que la rente longévité n'est pas
une meilleure solution que le Canada Pension Plan plus?
M. Millette (Yves) : Les ministres des Finances du Canada se sont entendus en décembre 2012
pour favoriser…tout le monde était d'accord
pour favoriser une amélioration modeste des régimes, du Régime de rentes du
Québec et celui du Canada, et ils devaient donner leur plan en juin
cette année, mais il semble que ce n'est pas avancé pour l'instant.
M.
Bachand : Parce que, si vous dites qu'il y a comme un
consensus pour dire : On pousse les RVER, je n'avais pas une
adhésion de tous mes collègues sur ça. Mais ça a peut-être évolué,
effectivement.
M. Millette (Yves) : Le consensus à la dernière réunion des… à la dernière… à la conférence
des ministres desFinances de 2012, c'était
qu'on pousse sur les RVER. Toutes les provinces, je pense, sauf l'Ontario,
semblaient d'accord.L'Ontario était
plus réticente, mais même l'Ontario était d'accord pour dire qu'il devrait y
avoir au moins une amélioration modeste des régimes de rentes publics.
M. Charest (Yvon) :
Et, si je peux me…
M.
Bachand :
Et le mot «modeste» n'a jamais été défini.
M. Charest (Yvon) : Exactement, c'est ça, le point clé ici, là, c'est que les gens s'entendent
sur une améliorationmodeste, mais on
n'a aucune idée c'est quoi, la vision que chacune des provinces… sur ça
signifie quoi, le mot «modeste», là.
M.
Bachand : Est-ce que, dans ce contexte-là, dans vos
discussions, parce que, si je comprends bien, aujourd'hui,vous représentez aussi l'association canadienne,
là, je comprends qu'il y a le chapeau québécois… Est-ce que, dans ce
contexte-là, vous pensez qu'au niveau de vos collègues ailleurs au Canada il y
aurait un certain appétit pour la rente longévité
ou un produit équivalent plutôt qu'une augmentation du régime des rentes? Parce
qu'il y a quand même quelque chose d'intéressant dans la rente
longévité : c'est 75 ans plutôt que 65 ans.
M. Charest (Yvon) : Donc, comme il a été mentionné dernièrement par la ministre, c'est
quand même une idéeoriginale et
récente que la rente longévité. Alors, je ne crois pas qu'aujourd'hui, jusqu'à
récemment, il y a eu beaucoupde
discussions au Canada anglais quand on considère que maintenant ça fait quand
même quelques années qu'on parledes
RVER, qu'on parle de l'amélioration à la Régie des rentes. Ça fait que c'est
vraiment un petit bébé qui vient d'arriver dernièrement, là.
M.
Bachand :
Merci. Merci beaucoup. Je ne sais pas si mes collègues…
Une voix :
Non, ça va.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) : Est-ce que vous passez la parole à madame… Non?
M. le député de Lévis.
M.
Dubé : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, messieurs, merci
beaucoup, et je vous dirais merci beaucoup de votre franchise et de
votre transparence, c'est très apprécié.
Ça
m'amène peut-être à revenir sur une des comparaisons que vous avez faite, parce
que je veux bien comprendrele sens d'une
intervention que vous avez faite. Vous dites : Si vous faites le parallèle
avec le système médical, si les genssavent
que tel bénéfice n'est pas supporté par le gouvernement, il y aura au moins une
intention claire d'aller chercherdans
le privé une assurance pour. Mais vous avez dit en même temps, puis je pense
que vous vous adressez au gouvernementde
façon générale en disant : Bien, est-ce qu'on peut penser que, s'il n'y a
pas une place du gouvernement, par exemple,dans la rente de longévité, bien là, à ce moment-là, les gens devront le
compenser ailleurs? C'est bien ça que vous avezdit? Moi, ce que j'essaie de comprendre de votre commentaire, puis c'est
peut-être vous qui devez m'éclairer si j'ai malcompris, l'intervention préconisée par le rapport D'Amours n'est pas
comme telle une intervention du gouvernement,c'est où l'employeur et l'employé vont faire la contribution. C'est-u
parce que le gouvernement l'impose que vous l'appelez une solution
gouvernementale? C'est ça que je veux comprendre de votre part.
M. Charest
(Yvon) : Oui, c'est essentiellement ça.
M. Dubé :
O.K. Parce que c'est…
M. Charest (Yvon) : Alors que le RVER, c'est vraiment un employeur puis un employé qui
doivent se responsabiliser puis dire : Bon, alors, avec quelle
sorte de régime on va de l'avant, effectivement.
M. Dubé :
…intervention, pour bien comprendre votre point, c'est parce que cette
intervention-là suggérée par le rapport D'Amours est imposée à l'employeur
et à l'employé, puis donc vous dites : Si jamais elle était faite avant qu'on ait une discussion
sur les RVER, il se pourrait qu'il y ait moins d'argent disponible pour une autre intervention. C'est bien ce
que vous dites?
M. Charest (Yvon) : Absolument.
M. Dubé : O.K. Je comprends très bien. Je voulais juste
préciser ça parce qu'il n'y a pas plus d'argent... C'estsûr que l'employeur, comme employeur qui est le gouvernement, aurait aussi une contribution supplémentaire à payer, je comprends, mais
ce n'était pas dans ce sens-là. Ça me précise beaucoup.
Vous avez
parlé de... Est-ce qu'il me reste encore une minute? Je pense que oui, M. le Président. Vous
avez parléde rendement, et, tout à l'heure,
vous avez parlé de 4 % à 5 %. J'étais juste curieux de vous entendre
un petit peu là-dessus,parce qu'il
semble toujours avoir cette façon-là d'aller sauver les régimes à prestations
déterminées par les taux d'intérêt. Vous n'y croyez pas du tout?
M. Charest
(Yvon) : Bien, non, non, il
faut faire attention, il y a deux choses. Un, c'est : Qu'est-ce qui va
arriverau taux d'intérêt?, puis
deux : En fonction de ce qui va arriver au taux d'intérêt, dans quelle
mesure ça peut améliorer une caisse de retraite ou pas? Alors, ce que je
dis, c'est qu'il y a les taux d'intérêt à long terme...
M. Dubé :
...préciser ma question, là, pas trop général, mais, dans les hypothèses qui
ont été prises par le rapportD'Amours,
c'est peut-être là que je vous ai perdu, parce que je ne me souvenais pas d'une
hypothèse qui était vue commepeut-être
optimiste de la part du rapport D'Amours. Alors, c'est sur ça que je veux vous
entendre. Trouvez-vous que, dansles
hypothèses qu'ils ont faites, ils étaient optimistes dans leurs taux d'intérêt,
plutôt que ce que vous voyez comme... avec votre expertise aujourd'hui?
C'était ça qui était ma question.
M. Charest
(Yvon) : O.K. Non, je dirais
que le rapport D'Amours était complètement cohérent avec le principequi parlait d'avoir la vérité des coûts. Ce que je
vous dis aujourd'hui, c'est que, pour l'ensemble des régimes de retraite,les gens peuvent penser à tort qu'il va y
avoir une hausse de taux d'intérêt prochainement et que là ça va régler à peu
près tous les problèmes qui existent.
M.
Dubé : C'est ça, parce que, pour moi, je trouvais qu'ils
avaient été conservateurs. Puis mon dernier commentaire,ce que vous dites qu'on ne voit pas dans le
rapport D'Amours, c'est l'effet récent du facteur démographique qui, pour
vous, est un élément très important. Ça vous l'avez...
M. Charest (Yvon) : Exactement.
M. Dubé : Je pense que vous
êtes un des premiers à le dire clairement, là.
M. Charest
(Yvon) : Exactement. Ce qui
n'est pas mentionné dans le rapport D'Amours, puis peut-être ça nefaisait pas l'objet du rapport, mais il faut le
considérer : changement aux normes comptables, janvier 2013, puis nouvelle
table de mortalité, printemps 2013. C'est deux événements récents excessivement
importants.
M. Dubé : Merci beaucoup.
M. Toupin (Philippe) : ...
M. Dubé : Pardon?
M. Toupin
(Philippe) : Puis je
rajouterais, sur les taux d'intérêt, c'est qu'on peut penser qu'on est dans...
queles taux d'intérêt, à leur niveau
actuel, c'est temporaire. Mais, quand on regarde, historiquement, les taux d'intérêt
avantles années 70 ont été à un
niveau très bas, là, pendant une quarantaine d'années. Donc, ça pourrait durer
pendant un bon bout de temps.
M. Dubé : ...parallèle avec
le rapport D'Amours. Merci beaucoup pour les deux points. Merci. Ça va, M. le
Président, c'est très clair. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Alors, M. Charest, M. Toupin et M. Millette, merci
énormément de votre présentation et votre apport à notre commission.
Et, compte
tenu de l'heure, je lève la séance, et la commission ajourne ses travaux au
mardi 20 août, 9 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
(Fin de la séance à 17 h 28)