(Dix heures quatre minutes)
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la
Commission des finances publiques ouverte.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de La Peltrie au
ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et président du Conseil du trésor sur le sujet suivant :
La gestion des infrastructures par le gouvernement.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Gautrin (Verdun) est remplacé par M. Arcand (Mont-Royal) et M.
Dubé (Lévis), par M. Caire (La Peltrie).
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, Mme la secrétaire. Et je vous rappelle brièvement le
déroulement de l'interpellation. Dans un
premier temps, le député de La Peltrie aura un temps de parole de
10 minutes, suivi du ministre pour
également 10 minutes. Par la suite, des périodes de cinq minutes sont
allouées selon la séquence suivante : d'abord, le député interpellateur, ensuite le ministre,
puis un député du groupe formant le gouvernement, et ainsi de suite sur
des séquences de 15 minutes.
20 minutes avant midi, midi ou midi et quelques, je vais vous en reparler,
j'accorderai 10 minutes de conclusion au ministre et un temps de
réplique égal au député de La Peltrie. Et je comprends qu'il y a une
entente à l'effet que le député de
l'opposition officielle interviendra lors de la troisième et sixième série
d'interventions, sixième si on se rend là évidemment. Enfin, je vous
rappelle que le débat ne peut, à moins d'un consentement, dépasser midi. Ainsi,
la séance a débuté à 10 h 4. Y a-t-il consentement pour poursuivre
nos travaux au-delà de midi, soit jusqu'à 12 h 4? Il y a
consentement. M. le député de La Peltrie, vous avez la parole pour
10 minutes.
Exposé du sujet
M. Éric Caire
M. Caire : Alors, merci beaucoup, M.
le Président. Je veux saluer le président du Conseil du trésor, les gens qui l'accompagnent.
M. le
Président, je pense que, comme moi, le président du Conseil du trésor a été
extrêmement choqué lorsqu'il a pris connaissance du rapport Secor-KPMG.
Ce que le rapport nous a appris, et je pense qu'il n'est pas... ce n'est pas exagéré de dire «appris», je pense que personne ne
pouvait soupçonner à quel point la gestion des infrastructures au Québec
avait été déficiente… Et je vais faire
attention à mon langage, M. le Président, parce que je pense qu'aujourd'hui
l'objectif n'est pas la confrontation, mais bien une volonté mutuelle de faire
progresser les choses et de faire mieux les choses.
Donc,
Secor-KPMG nous apprend que le gouvernement de l'époque, par des annonces
hâtives pour des projets qui
n'avaient pas été évalués correctement — et je ne qualifierai pas les raisons, je
pense que ce n'est pas l'objectif, mais je vais qualifier le
résultat — a
lancé le Québec dans des projets bâclés, irréalistes, dans certains cas
irréalisables, avec les conséquences, M. le Président, qu'on s'est retrouvés
dans une situation où la gestion de nos infrastructures a été extrêmement
déficiente.
J'ajoute à ça, M. le Président, les travaux de
la commission Charbonneau. Je pense qu'on ne peut pas faire abstraction de ce qui se passe aujourd'hui, au
quotidien, ce que les Québécois apprennent avec horreur, jour après
jour, à la commission Charbonneau,
commission que nous avons réclamée pendant des années avant que le gouvernement
se décide à la mettre en place, avec le
résultat qu'on constate maintenant que non seulement il y a un problème de
gestion, non seulement il y a un problème de
mauvaise planification, non seulement il y a un problème d'expertise qui, au
cours des dernières décennies, a mis le
gouvernement dans une situation de faiblesse par rapport à des entreprises qui
en ont tiré parti, comme on le voit, qui nous a amenés dans une
situation de collusion, voire de corruption…
M. le
Président, je pense qu'il y a une volonté partagée, à l'Assemblée nationale et
dans la population du Québec, que cette situation-là prenne fin.
Ça nous amène, M. le Président, à un document
intéressant, qui a été déposé par le président du Conseil du trésor au mois de
novembre, qui s'appelle Mieux gérer nos infrastructures. Je pense que c'était
une réponse correcte, souhaitable au rapport
Secor-KPMG. Il y avait là une promesse de mieux faire, de mieux gérer et de
plus de transparence. Il y avait aussi une intention de donner aux
parlementaires des outils incontournables pour mieux faire le travail que nous
avons à faire. Et là je ne sortirai pas de lapin de mon chapeau, je pense que
le président du Conseil du trésor sait très bien à quoi je veux faire
référence, à une liste des projets d'infrastructures.
Pourquoi
est-ce qu'on a tellement insisté? Parce que, dans le document Mieux gérer
nos infrastructures, je l'ai dit, je pense qu'il y a une volonté de
transparence. Et il n'y aura pas de saine gestion de nos infrastructures sans
une plus grande transparence, j'oserais dire, sans une transparence absolue,
même si je ne pense pas qu'on puisse raisonner dans l'absolu puis je comprends qu'il y a des
limites à ce que le gouvernement peut faire. Mais il n'en demeure pas
moins que l'outil de base pour s'assurer que
tout le plan du gouvernement inscrit dans Mieux gérer nos infrastructures
repose, à mon humble avis, sur la
publication de cette liste-là. Sans la liste, tout le reste du plan s'écroule
parce qu'il devient, à ce moment-là,
impossible, M. le Président, de faire le contrôle parlementaire. Et le
président du Conseil du trésor a énormément d'expérience comme député d'opposition.
Le président du Conseil du trésor sait parfaitement que ces outils-là sont incontournables pour faire notre
travail. Tant et aussi longtemps qu'il y a des zones d'ombre dans l'action
du gouvernement, ça devient difficile, pour l'opposition, de valider, de
corroborer et de contrôler ce qui se fait au niveau du gouvernement.
• (10 h 10) •
Quand
le président du Conseil du trésor a déposé le Plan québécois d'infrastructures,
on a salué le fait qu'il y avait une planification sur 10 ans. Je pense
que c'était une bonne chose. On a salué le fait qu'on regroupait la gestion des
projets ou l'annonce des projets selon trois
grandes catégories : des projets qui sont à l'étude, des projets qui sont
en cours de réalisation... bon, c'est
trois grandes catégories. Même la sous-division, hein : transport,
culture, santé, on voyait... on avait déjà, au niveau de la
planification budgétaire, on avait déjà une idée de là où le gouvernement
voulait s'en aller.
Malheureusement, on a
été extrêmement déçus, extrêmement déçus parce que, noir sur blanc, le
président du Conseil du trésor, dans son
document, nous avait dit : Je vais déposer la liste avec le PQI, et là on
se rendait compte qu'il manquait
l'élément essentiel pour être capable de faire le suivi, nous, les
parlementaires, de cette planification-là. On se rendait compte que, sans la liste des projets, ça devenait impossible,
pour nous, de dire : Est-ce que le gouvernement, sur tel ou tel
projet, a respecté l'échéancier, a respecté les budgets? Est-ce que les
évaluations de tel et tel projets ont été faites correctement? C'est
impossible. On ne sait pas quels projets sont sur la liste.
Je
vous donne un exemple bien, bien, bien précis. Le gouvernement actuel a pris
une bonne décision, selon moi, en stoppant le projet de l'Hôtel-Dieu de
Québec, qui était un très, très, très mauvais projet, et qui est l'exemple
parfait de ce que je vous dis, M. le
Président, parce qu'on ne peut pas faire un suivi au quotidien de ce projet-là,
il y a tellement de flou existentiel.
On sait que c'est un mauvais projet, parce que, bon, là, tous les arguments
militent contre ce projet-là. Mais, au quotidien même, on était
incapables de faire un bon suivi du projet.
Le
gouvernement dit : Il y a un préjugé favorable pour transférer à
L'Enfant-Jésus. Malheureusement, je ne suis pas capable, dans le PQI, de faire le suivi. Est-ce que L'Enfant-Jésus est
au PQI? Est-ce qu'il est à l'étude, est-ce qu'il est en réalisation? À
quelle étape en est-il? Je ne le sais pas, on ne le sait pas, on n'est pas
capables de...
Et
là où le bât blesse, c'est que ça laisse une marge de manoeuvre à mon avis non
nécessaire au gouvernement pour dire :
Bon, bien, voici, moi, j'ai une obligation de respecter les montants qui ont
été budgétés dans le PQI, mais, à partir
de là, les projets... Si, moi, je veux sortir un projet, si je veux en mettre
un autre pour des raisons x, y, si je décide que, ce projet-là, on le laisse tomber, qu'on en
favorise un autre à la place... Pour nous, c'est impossible de savoir : Est-ce
que c'était ça qui était la planification
initiale? Et pourquoi ces projets-là ont été retirés de la liste? Parce qu'il
peut y avoir des bonnes raisons pour arrêter un projet. L'Hôtel-Dieu est
une bonne raison. Puis c'est pour ça que je donne l'exemple. C'est une bonne
raison pour dire : Aïe, ce projet-là, on l'arrête, on le sort de la liste
puis on met un autre. Mais on ne peut pas savoir, parce qu'on n'a pas la liste.
Sans
prêter d'intention, on peut comprendre qu'un agenda électoral peut favoriser
l'annonce d'un projet plutôt qu'un
autre. Je ne peux pas le savoir, je n'ai pas la liste. Je ne sais pas si c'est
ça, la motivation, je n'en ai aucune idée. On ne peut pas, évidemment,
faire le suivi des échéanciers, on ne connaît pas les projets. Est-ce que les
échéanciers sont respectés? Difficile à dire si on n'a pas le projet nommément.
Alors,
c'est la raison pour laquelle, M. le Président, nous avons, mes collègues et
moi, interpellé qui le ministre des Transports, qui le président du
Conseil du trésor sur cette question-là, et je dois vous dire que ça a été une
très grande déception. Parce qu'il y a un dernier élément que je veux amener
dans mon introduction, c'est que le ministre... le président du Conseil du
trésor a déposé un projet de loi qui est intéressant. Je le dis : Le
projet de loi n° 38, il est intéressant,
il y a des éléments très intéressants là-dedans avec lesquels on pourrait
travailler avec le gouvernement, puis on pourrait aller de l'avant avec
le gouvernement. Malheureusement, il y a deux éléments...
Le ministre nous a
dit : Écoutez, sous mon leadership, on peut faire avancer ça. Mais moi, je
veux savoir : Est-ce que je peux faire confiance au président du Conseil
du trésor quand il me dit : Je vais faire quelque chose? Va-t-il le faire?
Puis c'est important. Puis je ne le dis pas de façon menaçante ou narquoise; c'est
important. C'est important parce que, quand on travaille sur un projet de loi,
il faut qu'on puisse avoir confiance. Et, la confiance, ça se bâtit sur des
gestes concrets. Et je dois dire là-dessus que le président du Conseil du
trésor nous a déçus sur cette question-là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le député de La Peltrie. Je vous
rappelle que... D'ailleurs, M. le député de La Peltrie s'en est
rendu compte, vous avez des moniteurs qui... pour suivre votre temps. M. le
ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
Réponse du ministre
M. Stéphane Bédard
M. Bédard :
Merci, M. le Président. Donc, je remercie mon collègue de me donner la chance
de parler d'un élément important,
névralgique de la position gouvernementale, mais, je pense, pour la société
aussi, c'est l'amélioration de la
planification de nos plans d'immobilisation et l'ensemble des infrastructures
au Québec. Et je le remercie de nous donner cet avant-midi pour en
discuter.
Lui
dire d'abord que je suis accompagné de gens qui ont participé à l'élaboration
d'ailleurs du plan gouvernemental au niveau de la planification des
infrastructures, alors Mme Langelier, qui est responsable du bureau du
secrétaire du Conseil du trésor; M. Jean
Léveillé, qui est directeur de la planification des investissements en
infrastructures — c'est cela,
oui — et M. Buteau,
qui est directeur général de la gouvernance des projets d'infrastructure; et M.
Tardif, qui est secrétaire associé aux infrastructures. Évidemment, à ma
droite, il y a M. Yves Ouellet, qui est secrétaire du Conseil du trésor, avec mon collègue le député de
Sanguinet ainsi que les membres du cabinet : Dominic Provost et Mme Jo-Annie
Larocque. Donc, les présentations sont faites.
Très heureux
d'être ici, effectivement, et je salue l'ouverture de mon collègue concernant
son appui au projet de loi, donc, et j'en prends note sur... bien, le
projet de loi qui exprime ce qu'il a trouvé dans les documents Mieux bâtir...
et là j'oublie le...
Une voix : ...
M.
Bédard :
Mieux gérer pour
mieux bâtir, qui était l'autre, effectivement, qui était la réponse
gouvernementale au rapport KPMG.
Le rapport
KPMG, effectivement, a dénoté une problématique claire en matière de gestion
des infrastructures, de planification et dans un cadre qui n'est pas
banal, où le Québec a vu ses investissements en infrastructures tripler en quelques années. Donc, cette façon de planifier
les infrastructures n'était peut-être pas le meilleur, mais était viable.
Mais, en augmentant de façon importante les
investissements en infrastructures, ça a fait en sorte que notre façon de faire a connu rapidement ses limites
jusqu'à un point où littéralement on s'est servi des infrastructures à des
fins, je vous dirais, purement pour tenter de rehausser la cote gouvernementale
sans penser aux conséquences que ça avait sur les choix qu'on avait ensemble
de... quels sont les meilleurs choix qu'on doit faire. Puis là, à un moment
donné, il y a une limite à ce qu'on peut investir, année après année, en
infrastructures.
Donc, le plan
vise, vous le voyez, à faire en sorte de contrôler nos dépenses en
infrastructures parce qu'elles vont directement
sur la dette, mais effectivement à faire un processus qui est beaucoup mieux
planifié, beaucoup plus organisé et standard
pour tout le monde. Donc, il y a trois étapes, comme disait mon collègue, c'est
simple : à l'étude, en planification et en réalisation. À travers
ça, il y a des évaluations qui se font du coût des projets, donc, et, à travers
le processus, il y a une implication
maintenant du Conseil des ministres. C'était quand même assez étonnant qu'on pouvait
engager autant d'argent public sur une simple déclaration d'un ministre
en tournée, peu importe à quel endroit.
Donc, il
fallait s'assurer d'une plus grande transparence, mais de faire en sorte aussi
en même temps, à l'interne, que les
choix qui étaient faits par les différents ministères et les différents
ministres soient approuvés par l'ensemble des collègues. Donc, cette
façon de faire là, elle est nouvelle, elle est simple, mais elle demande
beaucoup de cohésion, de la rigueur, et de la cohérence aussi, et de la
transparence.
• (10 h 20) •
Nous allons investir, sur 10 ans,
92,3 milliards. C'est quand même énorme, et ce 92,3 milliards, il
doit être ordonné et il doit se faire dans
une conjoncture où nous avons une préoccupation d'estimer l'économie,
évidemment, parce que c'est créateur
d'emplois, mais surtout, en matière d'infrastructures, répondre aux besoins,
que ce soit en matière de transport, santé, sécurité publique et
justice, culture, donc à peu près tous les secteurs demandent des investissements
en infrastructures.
Donc, ce
processus, il s'inscrit, je vous dirais, dans ce que nous avons fait au
départ : la loi 1, l'intégrité, parce que, l'intégrité, comme le disait mon collègue, ça touche, évidemment,
ce qu'on voit en matière de contrats publics, la collusion à des
niveaux, là, qu'on ne pensait même pas, qu'on ne soupçonnait pas, là. Ce qui
est dévoilé actuellement à Laval, ce qui a
été dévoilé à Montréal afflige à peu près tout le monde, là. Personne ne
pouvait croire que le système était aussi bien huilé jusqu'à ce qu'on
puisse porter des accusations, même en matière de gangstérisme, là. Tu sais,
quand même, on parle, vraiment, là, d'un
système pyramidal où tout était réglé et tout le monde prenait sa cote. Alors,
c'est une bonne chose qu'on s'assure que ces façons de faire ne se
reproduisent plus et de les mettre à jour, parce que, plaider coupable... une accusation criminelle ne met pas
tout le temps en évidence le processus. Or, la commission d'enquête,
elle, le permet.
Donc, l'intégrité, c'était aussi dans le
processus de décision, dans la transparence que nous devions avoir et dans le
suivi qu'on devait le faire. Nous sommes en période transitoire. Ce que nous
avons eu, quand nous sommes arrivés au
pouvoir, c'est des engagements à une hauteur jamais vue, qui dépassaient notre
capacité de payer, littéralement, et
qui étaient guidés malheureusement parfois par strictement un agenda électoral
au lieu d'être un agenda de capacité de payer ou de besoins. Alors, on
était guidés par des intérêts qui n'étaient pas à la hauteur des
investissements puis des attentes de la population.
Donc, on
arrive avec un nouveau processus, et ce processus-là demande une période
transitoire. Nous sommes dans la période transitoire, actuellement. Ce
qu'on assure aux Québécois, et c'est ce que j'ai dit : À chaque fois qu'un
projet va être annoncé, nous, au niveau du PQI, il va être évalué à la hauteur
de ce qui est prévu, et ça ne sera pas une évaluation
grosso modo. Quand on est à l'étape de l'étude, on annonce les études. Quand on
est à l'étape de la planification, bien, là, on arrive avec combien ça
va coûter, combien ça peut coûter puis dans quelle séquence on va le faire.
Évidemment,
le PQI, lui, la liste qui sera rendue publique et qui sera déposée ici, à
l'Assemblée, ne contiendra pas l'échéancier,
évidemment : c'est les différents ministères qui les ont. Ce qu'on aura,
c'est à quelle étape il est rendu et les sommes qui sont prévues à sa
réalisation. Il peut arriver en cours de route, effectivement, des événements
qui vont porter à la hausse certains
investissements, mais cela devra se faire de façon transparente. La même chose,
comme le disait mon collègue, l'avantage que nous aurons à terme, c'est
qu'un gouvernement qui déciderait d'exclure un important ouvrage d'infrastructure devra être transparent et
le dire. Et ça devra apparaître en temps réel au PQI. Autrement dit, si,
demain matin, je dis que je ne fais plus
telle infrastructure, actuellement, tout ce que le gouvernement libéral
faisait, c'était simple, c'est qu'il
le retirait du PQI, et personne ne le savait. Alors, maintenant, cette décision
devra être connue du public en temps à peu près réel.
Donc, oui, le PQI sera déposé annuellement, mais
nous croyons aussi que cette information devra être rendue publique, dans le cadre d'un gouvernement ouvert
en temps quasi réel. Évidemment, pas à la minute même, là, mais dans...
On n'aura pas à attendre un an avant de savoir que notre projet a été retiré ou
non.
Donc, ce que
je dis au député par rapport aux différents projets, il y en a actuellement qui
sont annoncés, mais les ministères, dans certains cas, ont aussi du
travail à faire. Vous savez, on part... le rapport KPMG disait quoi? C'est qu'on annonçait tout et son contraire, on en
retirait et on avait une stratégie de sous-budgétisation, littéralement, pour
être capable de rentrer le plus de projets possible, alors qu'on était
incapables de les réaliser selon les sommes qui étaient prévues. Alors, vous comprendrez que, si ça faisait deux ans que nous
étions là, nous aurions chacun des projets entièrement réévalués. Or,
les ministères, dans les grands projets, le font, et on en annoncé plusieurs
qui ont fait l'objet d'une réévaluation.
D'ailleurs, M. le Président, vous pouvez en témoigner vous-même, nous sommes
allés annoncer le projet du palais de justice à Rimouski, mais selon une
évaluation qui avait été refaite et plus conforme aux coûts que devraient
représenter la réfection du palais de justice à Rimouski.
Donc, nous
allons procéder de cette façon-là et chaque projet devra suivre cette réalité.
Mais tout ça est une phase transitoire. C'est pour ça que j'informe mon
collègue; il aura toutes ces informations. Moi, mon but, c'est que les
informations que nous donnons actuellement et que nous donnerons dans la liste
représentent la stricte vérité et à partir
des informations que nous détenons des ministères, des organisations, suite à
une évaluation sérieuse. Le but, ce n'est pas de donner strictement une liste, c'est de donner une liste qui est
fiable, qui est juste et qui représente le coût que nous avons anticipé
pour ces immobilisations. Donc, je lui demande simplement un peu de patience.
Si tout le projet de loi est bon, je peux lui dire que la transparence aussi
est au rendez-vous.
Argumentation
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci, M. le ministre, et nous commençons maintenant la période d'échange. M.
le député de La Peltrie, vous avez la parole pour cinq minutes.
M. Caire : Merci, M. le Président.
Écoutez, d'entrée de jeu, je dois dire que je suis un peu déçu. Je vais juste rappeler au ministre que, quand il a déposé le
document Mieux gérer nos infrastructures, à la page 4, on retrouvel'engagement, et je sais qu'il le
connaît : «Le plan décennal — bon, on parle ici du PQI — inclura tous les projets majeurs d'infrastructure,
sans exception. La liste des projets y sera jointe. Le processus de
planification et de réalisation des infrastructures sera ainsi plus clair et
plus transparent.» Nous sommes entièrement d'accord avec cette affirmation-là,
qui fait partie du document.
Le ministre
dit : Écoutez, vous aurez, en temps et lieu, puis on est en période de
transition, puis vous aurez, en temps et lieu, cette liste-là. Mais,
quand le ministre a déposé, rédigé et déposé ce projet-là, c'est-à-dire le
document Mieux gérer nos infrastructures, il n'y avait pas de surprise, au sens où les
projets qui constituaient le PQI, qu'il a déposé, il les connaissait. M.
le Président, si je prends le PQI, on dit : Les réseaux routiers en
réalisation : 15 385 300 000 $; en planification : 7 milliards; à
l'étude : 22 millions, pour un total de
22 410 000 000 $. Je veux dire, je suis convaincu
que le président du Conseil du trésor n'a pas écrit ces chiffres-là à la
légère. Je suis convaincu qu'il n'a pas écrit ça, il a... Il ne s'est pas installé, là, sur le coin de son
bureau en disant : Bon, bien, ça va être à peu près ça. Je suis convaincu
que c'est le résultat de la collection
d'information par rapport à des projets, des estimés de coûts du projet, et on
en arrive à un total assez précis
quand même. Et c'est vrai pour toutes les catégories, que ce soit en transport
collectif... on a même divisé : transport collectif, transport
maritime, aérien, santé et services sociaux — il les connaît très
bien — en
réalisation, en planification, à l'étude,
pour un grand total de 92 milliards, M. le Président. Or, il a déposé un
PQI avec des informations assez
claires, et ces informations-là sont le résultat — j'en suis convaincu — d'une planification. Donc, il y a une
liste derrière cette planification-là,
pourquoi le ministre ne la dépose pas, cette liste-là, maintenant? Pourquoi il
ne nous donne pas la liste qui lui a servi à constituer le PQI?
Je comprends
qu'on est en transition, puis je comprends que, dans les façons de faire, il va
y avoir des ajustements, puis on est prêts là-dessus à être souples,
souples sur les moyens, mais fermes sur les objectifs. Et l'objectif, c'est la transparence. Je cite ici M. le chef du deuxième
groupe d'opposition… Je vois mon collègue, il a un sourire. M. le
Président, donc, quand on a constitué ce
plan-là, on avait la liste... Je ne peux pas me convaincre qu'il n'aura pas été
possible de déposer immédiatement la liste, de remplir un engagement qui
est très clair. C'est écrit noir sur blanc, il n'y a pas de doute, il n'y a pas de place à l'interprétation
dans ce qui a été écrit dans le document par mon collègue, qui... Et il a
livré la marchandise sur le plan du PQI, il l'a déposé, le PQI, il l'a fait, il
l'a divisé en trois grandes catégories, il a divisé ça en sous-catégories, il a
budgété chaque catégorie, chaque sous-catégorie, il en arrive à un grand total.
Donc, sur cet aspect-là, c'est : mission
accomplie. Mais, là où le bât blesse, là où tout s'écroule, c'est que la liste
n'est pas présente. Et, dans mon
discours d'introduction, je pense que j'ai bien expliqué à mon collègue
pourquoi c'était si important pour nous, et à quel point ça faisait une différence entre quelque chose qui était
solide, rigoureux, transparent et quelque chose qui nous ramenait à une
époque où on ne veut pas retourner et où mon collègue ne veut pas retourner, j'en
suis convaincu.
• (10 h 30) •
Et, sans la
liste, malheureusement, ça ouvre la porte à toutes sortes de choses : des
erreurs — même si
ce sont de bonne foi, des erreurs — de la politique, de la
partisanerie. Alors, si on a la liste, on est... bon, pas totalement à l'épreuve de tout ça,
bien sûr, on n'est jamais totalement à... mais je pense que mon collègue et
moi, on va s'entendre sur le fait
qu'avec la liste et avec le PQI qui a été déposé, pour l'ensemble des
parlementaires, pour l'ensemble de la population du Québec, ce serait
extrêmement transparent, ce serait extrêmement clair et ce serait beaucoup plus
difficile pour n'importe quel gouvernement présent ou futur de jouer dans un
film où on ne veut plus rejouer personne.
Donc, encore
une fois, pourquoi le président du Conseil du trésor n'a pas, tel qu'il l'a
écrit dans son document, déposé une liste qu'il a certainement entre les
mains, M. le Président?
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci, M. le député. M. le ministre, maximum cinq minutes.
M.
Bédard : C'est sûr, M. le
Président, j'aurais sincèrement aimé, peut-être, que les élections arrivent un
peu plus vite, puis qu'on fasse la loi
n° 1 plus vite, qu'on arrive avec une position comme ça au niveau des
infrastructures plus rapidement. Je l'aurais souhaité. Peut-être que mon
collègue aussi d'en face l'aurait souhaité, mais, je veux dire, avec une
finalité différente, mais la vie en a fait autrement, là, on est arrivés au
mois de septembre.
Et donc, ce que nous instaurons là, on l'a fait
dans une conjoncture qui n'est quand même pas évidente, où il y a beaucoup de chantiers au Québec actuellement,
où l'ancien gouvernement, le gouvernement libéral, avait littéralement, là, je dirais, aspergé, là, partout, là, des
promesses d'infrastructures, des annonces qui semblaient fermes, jusqu'à...
Et je le donne comme exemple, mais c'est quand même... et c'est arrivé dans ma
région, là, c'est quand même affligeant, là, qu'on annonce carrément une
urgence, alors que, dans le PQI, tout ce qu'il y a, c'est des travaux reliés à
un stationnement. Ça, c'est réel, là. Donc, il n'y avait aucun budget prévu
pour l'urgence elle-même, il n'y en avait que pour
l'urgence... que pour le stationnement. Or, quand on a fait l'annonce, on s'est
bien gardé de dire aux gens d'Alma et de
ma région que ça allait être seulement un stationnement, puis, pour la suite,
bien, on verra. C'est une catastrophe en soi. Mais ça démontre une chose, c'est que ce travail-là d'évaluation ne
s'est pas fait tout le temps sérieusement. Et ce n'est pas de la faute de la fonction publique, là. C'est
qu'il y avait clairement des commandes venant d'en haut, de M. Charest
et de son équipe. On annonce, on tente d'inverser la tangente actuelle. Ça va
mal, donc on annonce tout et son contraire.
Alors,
qu'est-ce qui est arrivé? Si, moi, demain matin, j'annonce un investissement
très important dans les projets majeurs
et que je dis à tout le monde : Ça va être demain matin, là… Et c'est
arrivé, là, un ministre qui arrive dans une région, et l'agence n'est même pas au courant du projet qui va être annoncé,
puis le ministère l'a appris la semaine d'avant. Alors là, qu'est-ce qu'on fait dans ce temps-là? Bien, le ministre, il
veut un chiffre, on lui en donne un. Mais est-ce que ça représente la
stricte vérité sur une évaluation des coûts? Alors, il a fallu faire ce
travail-là, et on continue à le faire. Donc,
ce qu'on annonce actuellement, c'est les projets. Quand on a dit : On
n'arrête pas les projets, c'est que, des fois, il y avait aussi des bons
projets. Le problème, c'est qu'ils n'étaient pas budgétés au bon coût.
Donc, on fait exactement le contraire : on
reprend le travail, et là, maintenant, quand on a une annonce, on l'annonce
avec les sommes qui sont provisionnées. Ce qui fait que le PQI, lui, il
répartit l'ensemble des besoins des différents
ministères. On dit : Voici, si on veut atteindre notre objectif de
contrôle de nos infrastructures, pour ne pas faire surchauffer le secteur puis nous-mêmes provoquer
des conditions où on va payer plus cher nos travaux de construction… Donc, on leur dit, en même temps : Voici
l'enveloppe qui vous est attribuée et vos priorités. C'est sûr que, dans le
PQI, n'apparaîtront pas les projets de plus petite taille, là. Les projets majeurs,
40 millions et plus, les projets majeurs des ministères vont y apparaître. Mais n'y apparaîtront pas, je vous dis,
par exemple, une réfection d'école dans le comté de La Peltrie à 150 000 $ ou à
200 000 $, parce que, sinon, ça serait infini, là, l'information qui
y apparaîtrait. Puis, en même temps, ça demanderait un contrôle de la
part du Conseil du trésor, qui n'a pas de justification.
Alors, c'est pour ça, je dis au député : Il
peut être déçu, mais, dans les faits, sa déception, elle devrait être contenue par le fait qu'on refait le travail et
que cette liste-là, effectivement, quand l'ensemble du travail sera réalisé,
elle sera rendue publique dans son entièreté. Mais, moi, ce que je ne veux
surtout pas envers les Québécois, puis c'est l'engagement
que j'ai pris envers eux — puis, sans me vanter, je vous dirais que c'est un peu ma marque de
commerce ici — c'est
que je ne prêcherai pas quelque chose et faire son contraire, et je ne donnerai
pas une information aux gens que je sais ne pas être juste. Alors, j'ai pris l'engagement
envers la population que, quand on va annoncer un investissement, il sera budgété, et le montant qui est prévu sera inclus
au PQI. Donc, pour être correct avec l'engagement que j'ai pris, il faut que l'ensemble du
travail... il faut laisser le temps aux différents ministères de le faire
correctement dans les délais normaux.
Et ce n'est parce que moi, je le souhaite, comme
on voyait avant, que tout va se faire bien. Si je dis, demain matin, au
secrétaire et à son secrétaire associé : Donnez-moi tous les travaux avec
leur juste coût de l'ensemble de la fonction
publique, puis il me dit : M. le ministre, ce n'est pas possible, puis je
lui dis : Non, non, non, demain matin, bien, il va peut-être m'arriver quelque chose demain matin
qui ne correspond pas à la réalité. Donc, moi, je veux arriver avec un processus qui est sensé, correct et transparent.
Donc, je demande seulement un petit peu de patience à mon collègue d'en face.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Merci, M. le
Président. J'ai écrit «salutations», parce que, des fois, je les oublie. Alors,
je tenais à vous saluer, M. le
Président, ainsi que votre équipe, saluer le ministre, son équipe, saluer mon
collègue de l'opposition, de la deuxième opposition et son collègue
également.
Écoutez, bon,
d'abord, je tiens à vous dire, M. le Président, que je suis... ça fait 20 ans
que j'enseigne l'économie. Je suis
économiste de formation, et j'aime beaucoup parler d'économie. C'est un des
défauts que j'ai, et ce qui m'agace un peu,
c'est de dire que le Parti libéral, c'est le partie de l'économie. Depuis, je
vous dirais, là, depuis des dizaines d'années, on entend toujours ce
propos-là, ce laïus, mais moi, je considère que c'est un mythe, que le Parti
libéral n'est pas le parti
de l'économie. Et ce que je constate, c'est que la CAQ, quand on entend parler
du Parti libéral et de ce mythe libéral là, bien, ils ont un peu embarqué là-dedans. Ils ont dit : Ah! Bien
oui, mais nous, on va maintenant remplacer le Parti libéral comme étant
le parti de l'économie, parce que, vous le savez, récemment, ils ont élu un
médecin à la tête du Parti libéral, et là
les caquistes ont dit : Bien là, ça veut dire qu'un médecin ne peut pas
parler d'économie aussi bien que leur chef, ainsi de suite. Alors, ils
ont embarqué dans ce mythe et ils ont dit : Bien, nous, on va parler
maintenant et on sera le parti de l'économie.
Bien, moi, je
vous dirai que le parti de l'économie, c'est le Parti québécois. Ça fait des
décennies que ça dure. Si on regarde les réalisations qu'on a faites
depuis notre premier accès au pouvoir en 1976, je pense que les propos sont convaincants, et, M. le Président, les faits sont
têtus, et on en a un exemple ici. On regarde le PQI, qui nous est... ou
une réforme de la loi n° 38 qui nous
est proposée, le projet de loi, on regarde ça et on passe à travers, et je
reprends les mots du député de
La Peltrie, parce que je le trouvais très clairvoyant dans ses propos,
alors je tiens à le féliciter pour ça : document intéressant, réponse correcte et souhaitable,
outil incontournable, plan sur 10 ans excellent... non, il a dit «bon», on
peut dire «c'est bon», de catégoriser en trois catégories, c'est bon, sous-divisions,
c'est bon. Alors donc, voyez-vous, la lecture que j'avais, moi aussi, de ce
projet de loi là, va dans le sens du député de La Peltrie, et j'en suis
bien content.
Mais ce
projet de loi là va dans le sens de l'ensemble de l'oeuvre du Parti québécois
depuis qu'on a pris le pouvoir, le 4 septembre, un parti de rigueur, un
parti de réflexion, un parti d'intégrité. Le président du Conseil du trésor a
fait la loi... le projet de loi n° 1, j'ai participé activement à ce
projet de loi et disons que ça a été fait de main de maître, efficacement, et on en est très fiers. Même les
propos du président du Conseil du trésor étaient : On aurait dû faire ça
avant, mais malheureusement on n'a pas pu. Alors, voyez-vous, ce projet de loi
là va dans la rigueur proposée dans la politique économique du Parti québécois.
• (10 h 40) •
Je reviens
rapidement, là, je vais sûrement dépasser mon temps, mais je reviendrai
là-dessus tantôt. Quand on parlait de
la rigueur du budget du ministre des Finances, c'était d'arriver à un déficit
zéro en 2014, et là je parle du déficit des opérations courantes.
Pourquoi arriver à un déficit zéro? Pour une raison simple : parce que le
service de la dette était colossal,
dépassait les 9 milliards par année. C'est autant que ce qu'on dépense en
éducation supérieure au Québec. Aussi, dire
qu'on ne doit jamais emprunter, ou le moins possible emprunter, pour payer
l'épicerie. C'est comme des citoyens ordinaires :
si tu empruntes pour payer ton épicerie, je pense que le signal d'alarme doit
sonner; on est dans une situation problématique.
Alors, le
gouvernement du Parti québécois, sa première ou une de ces premières actions,
ça a été d'arriver avec un budget rigoureux, qui faisait contraste avec
ce qu'on avait eu précédemment, parce que le gouvernement précédent avait amené 30 % plus de dettes publiques
durant leur règne de neuf ans, ce qui est un exploit, pas nécessairement
positif, mais un exploit quand même, qui est
à souligner, et nous, on a coupé, si on veut, ce cercle vicieux de
l'endettement, qui semblait être une
pérennité dans leur cas. Et, de l'autre côté... c'est-à-dire, si on n'emprunte
pas pour payer l'épicerie, bien, ça
va nous permettre d'emprunter pour réaliser des objectifs qui sont dans le sens
d'améliorer la performance économique future
d'un Québec. Et là je vous parle de dépenser pour financer et d'emprunter pour
financer les dépenses en infrastructures.
Alors, si on
n'a pas à... Mon temps est terminé. Si on n'a pas à emprunter pour le déficit
des comptes courants, on doit… on va pouvoir le mettre sur les
investissements. Je suis désolé...
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le député de Sanguinet. M. le député de La Peltrie. Cinq
minutes.
M.
Caire : M. le Président, si
la démarche qui m'a été exposée par le président du Conseil du trésor me
semble correcte, la conclusion, elle, ne
tient pas la route. Puis je vous explique, M. le Président. Le président du
Conseil du trésor dit : Quand on est arrivés, c'était le chantier,
sans mauvais jeu de mots, des projets... il y avait un stationnement, pas d'urgence
au PQI, il y avait... c'était bâclé... On le sait. Puis ça, là-dessus, je le
crois, je suis convaincu que c'était un fouillis
incroyable. Il me dit : On a fait le ménage là-dedans. Il fallait commencer
par faire le ménage, réévaluer les projets, voir ce qui tenait la route,
voir ce qui ne tenait pas la route, voir ce qui respectait notre capacité de
payer, ceux qui ne respectaient pas notre capacité de payer. Ça, je suis
convaincu. Je suis convaincu que cet exercice-là s'est fait. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai salué les trois
catégories. Parce que je me dis : Bon, il y a des projets dont on n'était
pas... dont on n'est pas sûrs; j'imagine que ceux-là sont à l'étude. Il y a des
bons projets, mais qui n'ont peut-être pas été bien planifiés; j'imagine que
ceux-là sont dans la catégorie «en planification». Et il y a des bons projets
qu'on a continués, alors j'imagine qu'ils sont dans la catégorie «en
réalisation».
Si le président du Conseil du trésor a été en
mesure de déposer le PQI, c'est parce que ce travail-là a été fait. Est-ce
qu'il continue d'être fait? Évidemment. C'est la raison pour laquelle
annuellement on va déposer le PQI. C'est la
raison pour laquelle, selon le projet de loi n° 38, si tant est qu'il
est adopté, il y aura une planification annuelle de gestion des
infrastructures qui sera faite par chaque ministère.
Mais, pour en
arriver à ce plan-là, pour en arriver au PQI actuel... Et là je vais référer le
ministre à la page 24 du PQI, le tableau qui est là. Le tableau qui est
là a été constitué par une évaluation de chacun des projets, évaluations diverses, dont une évaluation de coûts, très
certainement, puisqu'on en arrive quand même à des montants. Et donc, M.
le Président, il est sous-entendu, selon le
tableau de la page 24 du PQI, qu'il y a une liste de projets qui a été
corroborée par le président du Conseil du trésor puisque ça, c'est son
PQI à lui, là, et c'est sa planification à lui. Donc, ces projets-là, selon la nouvelle façon de faire, que nous
approuvons, selon la nouvelle façon de faire, il a constitué une liste. Cette
liste-là a donné lieu au tableau du PQI, de la page 24 du PQI pour être plus
précis. C'est cette liste-là qu'on lui demande.
Et, M. le
Président, je vais juste, peut-être... un bref commentaire pour mon collègue de
Sanguinet : c'est vrai que j'ai dit que les choses... les
propositions qui étaient faites étaient intéressantes, mais j'ai aussi dit, et
je répète pour le président
du Conseil du trésor : Tout ça s'écroule si la liste n'est pas publiée.
Donc, quand le président du Conseil du trésor nous demande de faire
preuve d'un peu de patience, je n'ai pas de problème, je n'ai pas de problème à
faire preuve d'un peu de patience parce que nous sommes conscients qu'il y aura
des cultures à changer, nous sommes conscients qu'il y aura une nouvelle façon de faire qui s'implante. Mais à mon tour
de lui demander plus de transparence, plus de rigueur, parce que, si la
démarche est la bonne, la conclusion, elle, ne tient pas la route.
Le président
du Conseil du trésor, M. le Président, par la force des choses, a
nécessairement cette liste-là entre ses mains, parce que, je le redis : Le tableau de la page 24 du PQI est
sans appel. Chaque projet a une catégorie bien propre, une
sous-catégorie bien propre, un estimé de coûts qui a été fait, donc tout le
travail qu'il nous dit avoir été fait et dont je suis convaincu que c'est le
cas, bien, il y a un résultat. Le résultat, c'est le PQI.
Il y a un
engagement clair, sans équivoque, sans interprétation possible dans Mieux
gérer nos infrastructures. La liste
sera jointe au PQI. Cet engagement-là n'a pas été respecté. Donc, on a une
liste qui existe. C'est sûr qu'elle existe, c'est certain. Je suis convaincu que les fonctionnaires
du Conseil du trésor n'ont pas fait ce travail-là dans le vide, ils ont
fait ça à partir de projets précis qu'ils ont
mis dans des catégories précises avec des chiffres précis. Il y a un
engagement, il y a une liste.
Je repose la question au président du Conseil du
trésor, et elle est extrêmement importante pour la suite des choses, comme je lui ai expliqué dans mon discours
d'introduction : Pourquoi il ne rend pas disponible cette liste-là,
qui existe, qui a été constituée par ses
fonctionnaires en fonction de la nouvelle façon de faire, donc qui répond à la
nouvelle façon de faire que le ministre veut imposer au gouvernement, avec
laquelle nous sommes en accord? Pourquoi il ne nous rend pas publique cette
liste-là?
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Bédard : Ce qui est bien, M. le
Président, c'est que ce qu'on propose comme démarche semble faire l'unanimité,
et j'en suis très fier. C'est pour ça que je vais saluer le travail de la
personne qui m'accompagne ici, le secrétaire du Conseil du trésor, M. Meunier
aussi, qui est maintenant P.D.G. des deux... de la SIQ et d'Infrastructure Québec, qu'on souhaite fusionner ensemble. Donc,
je comprends aussi que nous aurons l'accord, donc ça, j'en suis bien heureux. Et, évidemment, les différents ministères
y ont collaboré, les gens du secrétariat aux infrastructures, à l'élaboration
de ce plan-là. Vous comprenez que je n'ai
pas pensé tout ça dans ma cour ou sur mon salon... sur une table, donc... et
je tiens à les remercier. Et je suis content
de voir que tout cela se fera à l'unanimité, puis je pense qu'on va faire une
bonne chose.
Sur la liste, là, je vous dirais... Je donne
plusieurs arguments à mon collègue et je l'invite à les intégrer à son argumentation. Le premier que je lui ai dit, c'est
qu'on est en mode transitoire, puis ça, je ne peux pas faire abstraction
de ça. Des fois, les périodes transitoires, ça dure longtemps, des fois un an,
deux ans, trois ans. Nous, on compte, dans la prochaine année, faire l'ensemble.
Mais, si on veut bien faire, il faut se donner du temps.
Donc, quand
j'annonce mon projet... le... votre projet, M. le Président, à Rimouski, qui
était un bon projet qui avait été annoncé pendant... je ne sais pas
combien de fois, mais sous-budgétisé, bien, nous, ce qu'on a dit : Bien,
on ne peut pas faire tous les projets en
même temps. Il y en a qui sont urgents, sur lesquels on veut avoir la bonne
évaluation. Puis, quand on va se rendre à Rimouski, on va dire aux gens de
Rimouski : Voici votre projet, selon ce qui
est prévu. Est-ce qu'on va arriver exactement dans les coûts? Je le souhaite.
Parce qu'il peut y avoir des... en cours de route, parce qu'on est en réflexion, un problème. Bien, on souhaite
toujours ne pas en avoir, mais on a une contingence qui est liée à la problématique d'une réflexion d'un
immeuble ayant un certain âge. Donc, on ne peut pas dire que tout va se
passer comme si rien n'était. Donc, cette transparence-là est assurée.
Mais vous comprendrez que la liste ne comprend
pas seulement les projets, elle comprend les coûts. Le plus important, c'est
les coûts, pour moi. Et, tant que les évaluations ne seront pas complétées pour
l'ensemble, et c'est pour ça qu'on le fait à tour de rôle, bien, le PQI s'enrichit
de ces projets.
Et là le
député me dit : Oui, mais, là, vous avez des chiffres de prévus. Mais là
je lui ai dit deux choses, je lui ai dit :
Écoutez, il y a, dans le PQI, les projets majeurs, il y a différents petits
projets, mais eux, ils ont une enveloppe et ils devront la respecter à
travers des projets majeurs et des projets de moins grande envergure. Donc, c'est
ça, la disponibilité qu'ils ont dans le PQI.
Mais je lui rajoute un autre argument, là, qui est le suivant : c'est que
chacun des ministères, plus de
8 % ont été alloués de manière préliminaire aux ministères et organismes
dans une réserve pour mieux planifier.
Justement, dans la phase de réévaluation des projets déjà annoncés, ils ont une
réserve, donc ils vont pouvoir jouer.
Mais, moi... C'est bien beau être transparent, encore faut-il donner la bonne
information. Donc, il va y avoir en plus une réserve. Mais, en plus, je dois lui dire, à mon collègue : C'est
qu'on a une réserve de 2 % au Conseil du trésor qui nous permet d'ajuster
si, par exemple, il y avait des événements en cours d'évaluation qui nous
amèneraient à voir que les projets qui avaient été annoncés, qui étaient à une
étape ou à une autre, eh bien étaient à un niveau d'investissement prévu qui n'a
rien à voir avec la réalité.
Je peux vous
donner un exemple : il y en a qu'on a annoncés rapidement, par exemple le
projet à La Malbaie... pas à La
Malbaie, mon Dieu, le projet à Baie-Saint-Paul, l'Hôpital de Baie-Saint-Paul.
La première annonce, et là on pourra me
corriger, mais c'était autour de 150 millions. Imaginez.
150 millions, c'est quand même beaucoup. On s'est dit : Bien,
on peut avoir un hôpital au Québec pour 150 millions. Eh bien, le coût de
l'annonce que nous avons faite avec la première ministre, c'était de
357 millions.
• (10 h 50) •
Une voix : 376.
M.
Bédard : 376 millions.
Vous voyez? Alors, entre 150 et 376, vous comprendrez que ça en fait, des
projets, ça.
Donc,
le message qu'on envoie à la population, c'est que, si je fais une liste pas
d'argent, et là je fais exactement ce que
les libéraux ont fait, je leur fais miroiter des choses qui, dans le temps, ne
pourront pas se produire. Alors, au contraire, on veut être rigoureux,
transparents. Puis, politiquement, ce n'est pas rentable. Et je pense que, pour
nous tous, c'est la meilleure des choses.
Alors, ces listes de projets majeurs, évidemment pas... vous comprendrez qu'on
va mettre seulement les projets majeurs des différents ministères, bien,
elle représentera un coût, qui, lui, sera bien évalué. Alors, ce n'est pas
seulement de la patience que je demande à mon collègue finalement, c'est aussi
de participer à la rigueur que nous avons d'avoir une meilleure planification
et que, quand on indique un montant, bien, il représente un coût réel.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Merci, M. le
Président. Écoutez, je dois d'abord... ça fait quelques interpellations que je
fais, je dois d'abord souligner, là, l'ambiance qui est quand même
agréable en cette matinée. Je pense que ça se fait bien.
C'est sûr que
le député de La Peltrie, en tout cas à répétition, a soulevé les bons
coups de ce projet de loi. Et je tiens
à le remercier et le féliciter pour ça. Il revient toujours, par contre, à la
même question, qui trouve réponse à travers les propos du président du
Conseil du trésor, mais bon, peu importe, je ne veux pas revenir là-dessus.
Moi, écoutez, je fais tout simplement souligner ce que je retenais de l'analyse
de ce projet de loi. Alors donc, je suis allé dans un sens un peu différent de
ce que propose le député de La Peltrie.
Écoutez, on parle d'investissements, là,
92,3 milliards sur 10 ans. C'est quelque chose. Écoutez, on parle d'environ
60 000 emplois par année. Et, en plus, et ce que je suis certain, c'est
que ce 92,3 milliards sera dépensé efficacement. Je pense que, depuis le 4
septembre, on a fait la preuve de la rigueur. Moi, je peux vous dire que le président du Conseil du trésor, à travers ce
dossier extrêmement bien monté, on voit sa rigueur, mais aussi à travers
les cibles budgétaires qu'on est en train de
réaliser, il n'y a pas de dépassement de coûts en termes de dépenses, et il
tient la rampe — puis là, je tiens à l'en féliciter de ça — comparativement
à ce qu'on avait avec le Parti libéral, où est-ce que tu avais des excès des dépenses. Ils étaient très
enthousiastes, et ils étaient obligés, d'un autre côté, d'augmenter les
revenus, les taxes et les tarifs de toutes
sortes pour supporter l'augmentation des dépenses, qui étaient effrénées. Alors
nous, avec le président du Conseil du trésor, on a vraiment la situation
bien en main.
Et aussi on parle d'intégrité. Je pense que
notre gouvernement fait preuve d'intégrité et a montré notre bonne volonté à cet égard-là. Ça fait que le
92,3 milliards, ça ne sera pas une situation comme on a vu et qui a été
dénoncée par le rapport KPMG, dire qu'il y a des excès, qu'il y a des
extras de 80 % et ainsi de suite. On ne peut pas dire ça. Alors, cet argent-là, comme je l'ai dit tantôt, au niveau
économique, quand tu mets 92,3 milliards dans les infrastructures d'une
économie, dans le capital physique d'une économie, c'est un gage de réussite.
Là, je vous parle de 60 000 emplois par année pour la construction, pour l'érection
et la tenue en ordre de nos infrastructures. C'est sûr que c'est des emplois
directs maintenant.
Mais, quand
on parle d'emploi dans le futur, des retombées économiques, vous le savez, M.
le Président, vous êtes un comptable
et un érudit de la comptabilité, vous savez que, quand on met de l'argent dans
l'investissement, c'est qu'on sait
que les retombées seront supérieures, qu'on est train de mettre la place à,
justement, une croissance économique qui sera plus soutenue dans le
futur. C'est un incontournable. Alors, moi, quand je vois que mon gouvernement
va mettre 92,3 milliards dans l'économie de demain, dans la réalisation d'une
croissance économique soutenue, dans la création
d'emplois futurs, dans l'amélioration du niveau des investissements privés, qui
auront une augmentation accrue, bien, moi, je pense qu'on est devant une
réussite et qu'il faut souligner cette réussite-là.
Alors,
voyez-vous, on a beaucoup parlé d'investissements privés. Les investissements
privés, en économie, c'est difficile à stimuler. Pourquoi? Parce que l'investisseur,
quand il décide d'investir, c'est un engagement à long terme. Il faut qu'il soit sécurisé. Et, cette
sécurité-là, cet optimisme-là, il faut qu'il le trouve de plusieurs façons. Et
une des façons de dire à cet investisseur privé là de venir au Québec, s'il
est étranger, ou d'investir son pécule qu'il a épargné ou d'emprunter un pécule pour investir, s'il est
citoyen québécois, une des raisons pourquoi on pourrait... une des
raisons qui ferait en sorte qu'on pourrait
améliorer son esprit d'initiative dans le terme d'investissement, c'est
justement d'amener un climat propice.
Et nous, on le propose, ce climat propice là, de
deux façons. Premièrement, amélioration du capital physique, de dire : Chaque dollar qui est dépensé sera
dépensé et bien dépensé. Deuxième chose, c'est de dire à cet investisseur
privé là que le gouvernement qui travaille pour les Québécois, c'est un
gouvernement intègre, c'est un gouvernement rigoureux et c'est un gouvernement
qui fait le ménage dans les finances publiques et qui propose des projets de
loi qui visent clairement… et même le député de La Peltrie est d'accord
avec moi, qui visent l'amélioration du bien-être collectif. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député
de Mont-Royal pour un maximum de cinq minutes.
M. Arcand : Merci beaucoup, M. le
Président. Vous savez, trop longtemps, surtout dans les années 90, les
infrastructures n'ont pas été une priorité au Québec. Et on a assisté, bien
sûr, à une dégradation de nos structures de façon importante. Et il était
majeur qu'au cours des années 2000 le gouvernement ou les gouvernements de l'époque
décident de vraiment investir de façon importante.
Maintenant,
il y a deux façons de voir les investissements en infrastructures. Il y a la
vision de notre formation politique,
comme quoi une entreprise est plus productive, par exemple, si elle a accès à
un réseau d'autoroute. Ça lui permet de
s'approvisionner, ça donne un réseau d'éducation qui est bien établi, qui
contribue à aider à avoir une main-d'oeuvre qualifiée. Et donc ça, c'est la vision que nous
avons. D'ailleurs, juste pour l'information de tous, dans le cas par
exemple de l'autoroute 30, on dit que l'autoroute 30 a fait bondir la
valeur des projets de la région à 3,1 milliards de dollars, donc ce n'est
pas rien, c'est important de continuer à investir des sommes majeures au niveau
des infrastructures.
Maintenant,
la situation... Malheureusement, ce que je dois constater d'une part, c'est que
nous vivons actuellement une période de ralentissement économique. Et,
ce que l'on doit constater, c'est que le Parti québécois a pris la décision, en
fait, dans le PQI qu'il nous a présenté, par rapport à ce que nous avions fait,
a pris la décision de sabrer 15 milliards
de dollars sur 10 ans par rapport au montant qui était prévu. Alors, je
pense que les conséquences vont se faire sentir, notamment sur l'état
des routes, des hôpitaux et des écoles partout au Québec.
J'aimerais
également, M. le Président, revenir sur toute la question de l'intégrité. Vous
savez que nous avons adopté des
dizaines de lois, c'est nous qui avons créé l'UPAC, l'escouade Marteau, et nous
avons supporté le gouvernement dans toutes
les lois qui touchent la question de l'intégrité. Je pourrais également vous
dire, M. le Président, parmi les éléments qui m'apparaissent très
importants... c'est que le président du Conseil du trésor se veut un peu le roi
de la transparence, actuellement, le roi de la transparence. Je vais simplement
vous donner un exemple aujourd'hui.
Je regarde le PQI, le Plan québécois des
infrastructures, et le détail actuellement sur ce qui doit être fait. Aujourd'hui
même, peut-être au moment où on se parle d'ailleurs, on annonce à Montréal un
plan d'investissement, le prolongement, là,
de l'autoroute 19. C'est des centaines de millions de dollars qui vont
être dépensés. Ce n'est pas un projet,
là, d'entretien ordinaire, là, c'est un projet majeur, que nous allons
d'ailleurs supporter, sauf que... Alors, le roi de la transparence ne l'a pas inscrit aucunement dans
son plan d'infrastructures, il n'y a rien, rien qui indique... Le
ministre de la métropole a annoncé au début mai quelques investissements de
1 milliard de dollars dans la région de Montréal; de la même façon, il n'y avait rien dans le programme
québécois des infrastructures. Alors, pour la question de la
transparence, je dois vous dire qu'il y a le discours, mais il y a la réalité.
Et, la réalité, il est clair qu'elle n'est pas là.
• (11 heures) •
Je voudrais
profiter de l'occasion également pour dire que ça n'a pas été mentionné, mais,
dans les chiffres que nous avons vus, il y a des chiffres d'abord qui ne
balancent pas entre ce que le ministère des Finances a présenté au mois de novembre et le Plan québécois des
infrastructures. Mais je n'ai pas le temps aujourd'hui de commencer à
faire un débat de chiffres, parce que le
temps alloué ne me le permet pas. Mais une chose que je peux dire, M. le
Président, c'est que le Parti
québécois a pris la décision de couper à peu près 10 % des investissements
dans les maintiens d'actifs, et moi, je pense que cette décision m'apparaît
déplorable. On sait ce qu'on a connu, le manque d'effort au cours des
années 90, on en a payé un prix
important. Il y a eu des infrastructures qui ont coûté très cher à réparer
parce qu'on n'avait pas fait les bons
entretiens. Et donc le maintien, M. le Président, de ces actifs est non
seulement essentiel pour assurer aux citoyens du Québec la sécurité des
infrastructures, mais également pour assurer la pérennité et un équilibre
intergénérationnel.
Alors, en
terminant, simplement rappeler au président du Conseil du trésor qu'il doit
être en mode action, et j'espère que
ce qu'il nous dit en termes de transparence, il va continuer à l'exercer, parce
que, pour l'instant, le Plan québécois des infrastructures est mince au
niveau des argents et surtout il est encore plus mince au niveau de la
transparence.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le député de Mont-Royal. M. le ministre, pour
cinq minutes.
M.
Bédard : Écoutez, les propos
du collègue de Mont-Royal représentent assez bien la pensée libérale,
effectivement, il faut lui reconnaître ça. La première chose, c'est, il
dit : Nous devons investir dans les routes parce que ça rapporte, ça développe. Effectivement, c'est comme investir dans
le Stade olympique à une certaine époque; pour faire le stade, c'est
toujours bon d'investir effectivement. Mais qui se soucie du coût? Normalement,
la rentabilité, elle vient de quoi? Toute
entreprise sait cela. Tu mets un coût d'investissement et avec des retombées.
Le régime libéral ne s'est jamais
soucié de contrôle des coûts. Faire des routes, c'est sûr, faire de l'asphalte,
c'est bon. Mais est-ce qu'il y a de la
collusion parce qu'on en fait trop? Personne ne s'est posé la question. Quel
est le juste prix de cela? On ne le sait pas, parce que c'est bon, faire
une route. Alors, qu'elle nous coûte 300 ou 800 millions, c'est bon. Bien,
ce n'est pas comme ça que la vie, elle fonctionne, M. le Président.
Et, si la sagesse est la somme des erreurs
jamais commises deux fois, ce que je vous dirais, c'est que le Parti libéral
est vraiment dans l'idée que : dépensons tous azimuts, c'est bon. Ne
contrôlons pas nos coûts, c'est bon. Cette approche-là
nous amène directement à un étranglement au niveau de la dette, littéralement.
Le Parti libéral est responsable du
tiers de la dette québécoise. Un seul premier ministre, Jean Charest, et un
seul parti pendant deux mandats a battu tous les autres gouvernements réunis ensemble, là, qu'ils soient péquistes ou
libéraux, et même unionistes, Union nationale. Imaginez-vous, M. le
Président, à eux seuls, ils sont hors catégorie.
Alors, ce que
nous dit le député : Continuons dans cette voie, c'est la bonne voie, et
c'est justement ce qu'on ne vise pas
à faire. Il nous parle du projet de loi de... 19, l'autoroute 19. À la veille
de la campagne, les libéraux l'ont annoncé en mettant un prix tout d'un coup, non budgété, non prévu, ce n'était
même pas dans le PQI. Mais ils ont eu l'audace, et, je vous dirais... le
mot est trop fort, mais littéralement induire en erreur la population en leur
disant : On a prévu cet investissement.
Il n'était pas prévu dans le PQI. Alors, moi, j'ai retrouvé des découpures de
presse. Y a-t-il quelqu'un qui est
allé dire à ces gens-là du nord de Montréal que finalement il n'y a pas
d'argent prévu? Il faut arrêter ces façons de faire qui n'ont aucun
sens, M. le Président. Quand c'est à l'étude, c'est à l'étude; quand c'est en
planification et, quand c'est en réalisation... Tout ça ne balance pas. Ce que
j'invite mon collègue, c'est, je vous dirais, à se reprendre en main et à constater que notre capacité
d'investissement, elle est limitée. Tu as beau refaire quatre fois ta toiture,
tu dis que c'est immobilisation, il y a une limite aux coûts que tu vas
avoir, en termes de retour, sur une immobilisation. Alors, nous devons être
mieux planifiés, puis la planification, ça demande de la rigueur, et de la
rigueur et le mot «libéral», ça n'a jamais été lié.
Imaginez-vous, on a été capables de
tripler l'investissement en infrastructures dans les dernières années,
comme il l'a dit, puis on a trouvé le moyen de défoncer le PQI en termes d'annonces,
et d'annoncer des projets qui n'étaient pas
prévus. Imaginez-vous si on avait seulement doublé. Ça veut dire que plus de la
moitié des projets annoncés par le Parti
libéral ne se retrouvaient nulle part. Cette façon d'acheter la population est,
pour moi, révolue, et c'est pour ça que la nouvelle approche, nous devons l'approuver ensemble, parce qu'au moins
elle va s'assurer, comme le disait l'ancien... le collègue d'Outremont, elle va contenir
l'enthousiasme du Parti libéral à faire des annonces qui n'étaient pas
budgétées. Et c'était ça, la marque de commerce de l'ancien gouvernement, du
gouvernement libéral.
Ce
que je vous dis aussi : Les gens sont inquiets au Québec de ce qui se
passe au niveau de la construction et de la collusion. Aujourd'hui, on a des sacrées belles nouvelles, puis il
faut se réjouir ensemble. Je vous invite à lire, M. le Président, l'article de Rudy Le Cours, là, où
on dit, et je vous le cite, là, dans le mille, pendant les 46 prochaines
secondes : «C'est vrai : la
récession a beaucoup moins frappé le Québec et le Canada dans son ensemble,
mais depuis, [son expansion] est plus molle.
«L'année dernière a
été particulièrement éprouvante, avec tout juste 1 % de croissance,
[comparativement à] 1,8 % d'un océan à l'autre.
«Depuis
le début de 2013, contre toute attente, l'économie de la société distincte se distingue
justement par une vigueur qui fait pâlir celle pourtant étonnante du
Canada tout entier.
«En janvier, la croissance réelle du produit
intérieur brut mesuré par industrie avait bondi de 0,9 %, soit trois fois
plusque [l'avance] tout à fait respectable
de 0,3 % du Canada dans son ensemble.» Et j'aurai l'occasion d'en dire un
peu plus.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Sanguinet.
M. Therrien : Merci, M. le Président. Alors, il serait tentant de refaire
l'historique économique du Parti libéral et de parler de son héritage.
Il me semble que ce serait encore à propos, mais je vais essayer de bifurquer,
là, davantage dans le sens des propos de mon collègue de Mont-Royal, que je
salue d'ailleurs.
D'abord,
je dois avouer que je trouve intéressante l'idée, là, de souligner l'importance
de l'investissement, ça va dans le
sens de mes propos tantôt. Donc, je le salue à ce niveau-là. Et il a parlé, là,
de la situation que le Parti libéral avait eu en héritage à partir de
2003, que les investissements étaient quand même moins élevés et ainsi de
suite, et donc il déplorait un peu cette
situation-là. Autrement dit, il blâmait le gouvernement précédent, sauf qu'eux,
ils ont fait ça pendant neuf ans. Nous, on ne fera pas ça pendant neuf
ans.
Alors, je dois vous
souligner qu'à cette époque-là, quand le Parti québécois avait été au pouvoir,
de 1994 à 2003, le gouvernement fédéral avait éliminé son déficit de façon
extrêmement sauvage, en pelletant dans la cour des provinces — je
ne referai pas l'histoire, mais j'imagine qu'ils la connaissent bien, cette
histoire-là, là — à
un point tel que, quand ils ont fait
des coupures dans les transferts aux provinces en 1995, c'est des coupures
historiques. Et, si on regarde actuellement
les transferts du gouvernement fédéral, actuellement, en 2013, elles sont
inférieures à ce qu'elles étaient en termes
réels en 1995. Alors, ça veut vous montrer la situation épouvantable que le
Québec avait entre les mains à cause, justement, du pelletage du fédéral
dans la cour des provinces. Et, par la suite, là, à partir de 2004, on a quand
même rétabli les ponts, d'une certaine
façon, mais même l'augmentation des transferts a été insuffisante pour le
retrouver le niveau de 1995. Ça vous montre à quel point ça a été
catastrophique.
Moi, je suis un peu
tanné de blâmer le gouvernement fédéral. C'est pour ça que j'aimerais qu'on
fasse la souveraineté, mais c'est quand même une réalité, quand même, que ça
représente un bon montant d'argent pour le gouvernement
du Québec. Ensuite, quand ils sont arrivés au pouvoir, ils ont hérité de ce que
nous, on n'avait pas hérité, d'un gouvernement, au niveau des dépenses
publiques, en santé. On avait même éliminé le déficit en 2001. Alors, on avait
un déficit quand même très faible au moment où ils ont pris le pouvoir. Ça, je
ne sais pas s'il l'a oublié.
Et d'où vient l'augmentation
des investissements qu'il a mentionnée, mon valeureux collègue? À partir de 2006‑2007, qu'on a vu une augmentation des
investissements. Il y a comme eu une... vraiment, à partir de 2006‑2007,
une augmentation. Et la raison est
simple : c'est le viaduc de la Concorde, quand il s'est écrasé en 2006, ça
a donné un peu la frousse, et je le comprends bien, à l'ensemble des
Québécois. Et il y a eu un mouvement extrêmement puissant de l'opinion publique pour, justement, encourager le
gouvernement à stimuler davantage l'investissement, et c'est ce qu'ils
ont fait. Et je dois le saluer, ils l'ont fait. Mais disons qu'ils ont hérité d'une
situation quand même triste, mais d'une situation
qui les a un peu poussés vers l'augmentation de ces investissements-là. Et ils
ont été chanceux, parce que cette occasion qu'ils ont eue — malheureuse,
mais quand même — pour
augmenter les investissements fortement dans le domaine des infrastructures… et a permis au Québec d'avoir une crise
économique un peu plus légère que prévu parce qu'ils avaient augmenté
leurs investissements, puis ça a été comme un effet d'amortissement par rapport
à la crise qu'on a connue.
• (11 h 10) •
Et
l'autre chose qui a fait que la crise a été un peu moins sévère au Québec, ce
n'est pas la clairvoyance du Parti libéral,
on s'entend, là. C'était l'augmentation extrêmement importante du prix des
matières premières. Alors,l'augmentation
du prix des matières premières a fait en sorte que le gouvernement, et que le
Québec dans son ensemble, a augmenté ou... en tout cas, une croissance
économique quand même plus soutenue.
Mais
les propos du président du Conseil du trésor sont extrêmement intéressants
quand il souligne, là, le texte de Rudy
Le Cours. Et nous, quand on parle d'un économiste, d'un analyste qui est quand
même assez objectif, Rudy Le Cours… Nous, on ne parle pas d'Alain Dubuc,
qui est teinté rouge vin, mais on parle de quelqu'un qui est beaucoup... qui
est très réfléchi et qui est connu pour sa digne réflexion au niveau
économique.
Et ce qu'on note, au Québec, ce qui est
extrêmement important, c'est que ce qu'on a connu sous le règne libéral, c'est terminé. Le règne libéral a eu une
croissance économique qui était soutenue par l'augmentation du prix des matières premières, qui n'avait rien à voir avec la gestion
du Parti libéral. C'était une augmentation du prix qui était stimulée par un
supercycle causé par la demande élevée du prix des matières premières. Et nous,
quand on a pris le pouvoir, le supercycle était à la baisse, les prix ont
baissé de 25 %.
Par contre,
ce qu'on avait vécu sous le règne du Parti libéral, c'est un effondrement de
l'industrie québécoise. Et ce qu'on
note là-dedans, c'est qu'on commence à revoir l'industrie reprendre sa place et
augmenter leurs productions, et ça, c'est une bonne nouvelle, et je
pense qu'on doit en avoir le mérite. Merci.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le député de Sanguinet. M. le député de La Peltrie pour
un cinq minutes.
M.
Caire : Oui. Merci, M. le
Président. Moi, je veux bien comprendre qu'on est dans une période de
transition, mais, encore là, ça défie la
logique, ce que le président du Conseil du trésor me dit, parce que le tableau
a été constitué à partir du cumul des projets qui sont évalués par le
Conseil du trésor, donc, cette liste-là, elle existe.
L'alternative
à ça, c'est que la liste n'existe pas, et, à ce moment-là, ce qu'on nous dit,
c'est que les ministres du gouvernement
sont autorisés, par exemple, en matière de réseau routier, à annoncer pour
22 410 000 000 $ de projets, quel que soit le projet. Ce n'est pas grave. Ça, ce n'est pas... Parce
que personne ne peut valider que ça faisait partie du PQI. Donc,
promenez-vous sur les routes du Québec pour annoncer des projets d'infrastructures
routières, mais ne dépassez pas 22 410 000 000 $.
C'est ça,
l'alternative au fait qu'il n'y ait pas de liste. Et moi, je ne crois pas ça.
Moi, je pense qu'il y en a une puis je ne comprends pas pourquoi le
président du Conseil du trésor refuse de nous la transmettre.
Le président du Conseil du trésor me dit :
Écoutez, là, on ne va toujours bien pas faire une liste de projets pas d'argent. Ça, ça serait... c'est la méthode
libérale. Oui, mais, là, vous faites une liste de montants pas de projet. Pour
moi, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. C'est la même chose. Il y a une
impossibilité caractérielle à faire un véritable contrôle, à avoir une
véritable transparence si on n'a pas les deux éléments. Ça prend les deux
éléments.
Le ministre
nous invite à participer à la rigueur. Moi, je veux bien. C'est ce que je lui
demande, je veux participer à la
rigueur. Mais, pour faire ça, il faut qu'il fasse plus que de me donner un
coffre à outils; il faut qu'il mette des outils dedans. Puis ça, il ne
veut pas le faire. Il ne veut pas le faire.
Or, M. le
Président, je comprends que la liste qui a aidé le Conseil du trésor à
constituer son PQI, nous ne l'aurons pas pour des raisons obscures, pour
des raisons que je ne qualifierai pas ici, mais c'est extrêmement décevant. Je
vais donc enchaîner sur le projet de
loi n° 38. Et là j'invite tous mes collègues à bien écouter
l'ensemble de mes propos, pas juste
ceux qui font leur affaire. Oui, c'est un projet de loi qui est intéressant,
oui, je pense qu'on peut travailler sur ce projet de loi là. Par contre,
encore là, c'est un rendez-vous manqué parce qu'on va déterminer l'élaboration
du PQI, on va déterminer l'élaboration des
PAGI — excellent — on crée la Société québécoise des
infrastructures — parfait — mais,
à trois endroits, le président du Conseil du trésor pourrait faire obligation
au gouvernement de déposer la liste détaillée tel que promis dans Mieux
gérer nos infrastructures. Parce que ce projet de loi là découle aussi d'un
engagement du document Mieux gérer nos infrastructures, le même document
où il s'engageait à nous donner la liste.
Et là, quand
je parle de la liste, M. le Président, je veux être bien, bien, bien clair,
là : je ne parle pas de celle qu'on retrouve déjà sur Internet, là;
on l'a, celle-là, on l'a. Ce n'est pas de ça dont on parle. On parle de la
liste de tous les projets qui ont aidé le
Conseil du trésor à constituer le PQI. C'est celle-là qu'on veut. C'est de
celle-là dont on a besoin. Et, dans le projet de loi n° 38,
nous ne retrouvons en aucun temps l'obligation, pour le Conseil du trésor, pour
les ministères, de rendre publiques ces informations-là. Et ça, c'est une
grosse, grosse, grosse déception.
Puis là
j'espère que mes collègues l'entendent bien, là : Oui, le projet de loi,
il est intéressant, mais il a un bogue majeur,
et c'est le même bogue que celui qui vient avec le PQI, celui où le président
du Conseil du trésor nous a fait une promesse
qui, à ce jour, il ne remplit pas. Et on nous a renvoyés au projet de loi en
nous disant : Bon, bien, vous allez appuyer le projet de loi parce
que vous allez le retrouver dans le projet de loi. On ne le retrouve pas.
Ça, c'est un
deuxième rendez-vous manqué, parce qu'en aucun temps dans le projet de loi, à
l'adoption de ce projet de loi là, il
y aura une obligation pour le gouvernement de rendre publique la liste, tel que
nous le souhaitons, tel que ça a été promis et en des termes très
clairs, qui ne faisaient aucune place à l'interprétation. On ne parlait pas des
projets de 40 millions et plus, on parlait de l'ensemble des projets qui
constituaient le PQI, qui n'a pas été joint avec le PQI, qu'on ne retrouve pas
dans le projet de loi n° 38. Et, pour la formation politique que je
représente, la Coalition avenir Québec, c'est un grave, grave, grave problème,
c'est une grande lacune, et j'invite le président du Conseil du trésor à
réfléchir à cette question-là : Pourquoi ne pas joindre cette liste-là au
projet de loi, au moins?
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Bédard : Non, non.
Effectivement... Là, écoutez, je ne sais pas de quelle façon, là, on peut se
comprendre là-dessus, là. Ce que je
comprends, d'abord, c'est que la mariée est belle, elle est toute bien
arrangée, tout est beau, tout le monde
l'aime, et là on dit : Écoutez, là, il y a peut-être les ongles, là, qui
font problème, là. Donc, on va garder un bon état d'esprit, je vous
dirais.
D'abord, un,
il est clair que le projet... que le PQI va être déposé à l'Assemblée
nationale. Ça, c'est clair, mais je veux faire plus que ça, parce que,
déposer une fois par année, ce n'est pas suffisant. Je veux qu'il soit modifié
en temps réel, dans le cadre d'un
gouvernement ouvert. Donc, on va aller encore plus loin que ce qui était prévu.
Et donc ça, c'est clair, et on va le
faire, donc. Et c'est ce que j'ai dit. Si le député avait lu l'ensemble des
notes et des engagements que j'ai pris, c'est exactement le cas, M. le
Président.
Donc,
ce plan-là québécois va être déposé ici, à l'Assemblée. Il sera connu, mais, de
façon encore plus importante, je vous
dirais, en termes de transparence, il sera accessible dans le cadre du
gouvernement ouvert, puis je pense que
c'est cette façon-là qui va garantir que le processus est correct et surveillé
par tout le monde, là. Ce ne serait pas bien qu'une fois par année les gens aient une surprise, de dire : Bien,
finalement, il n'était plus dedans et... ou, à la veille d'une campagne
électorale, on en annonce d'autres, puis on en enlève plein, puis on attend l'année
d'après pour dire au nouveau gouvernement qui arrive : Bien, finalement,
on avait enlevé quelques grands projets du PQI.
Donc,
cette transparence, elle est là. Donc, j'imagine que la déception de mon
collègue va se résorber, et il va comprendre que ce PQI sera déposé à l'Assemblée.
Je reviens en termes
économiques parce que c'est fondamental, ce qui se passe aujourd'hui, là. Les statistiques, en termes économiques — parce
que, des infrastructures, c'est de l'économie, c'est ce que disait mon
collègue de Mont-Royal — actuellement,
malgré un contexte international difficile — et on ne se le cache pas — où certains pays ont même entré en récession, le Québec performe
mieux. On parle, en avril... on dénombrait 43 600 emplois de plus
qu'un an plus tôt, M. le Président, et c'est une sacrée bonne nouvelle. On
parle aussi que l'indice des consommateurs, qui s'élevait à 64,1 points en
décembre 2012, est remonté à 67,3, M. le Président. Donc, les gens prennent
confiance dans la performance que nous avons.
• (11 h 20) •
Et
ce n'est pas les seuls : les agences de cotation ont confirmé que
l'approche du gouvernement est la bonne, tant en matière de contrôle des dépenses que de planification de ses
investissements. Et les trois firmes de cotation ont dit que le Québec,
par le budget qui a été déposé, par l'approche qu'il a prise, le nouveau
gouvernement avait donné confiance aux firmes de cotation qui ont confirmé la
cote du Québec.
Mais,
en plus, le lot des bonnes nouvelles, ce n'est pas seulement ça. Et je reprends
l'article de M. Le Cours : on parle de la bonne performance, en février, du Canada, où plusieurs
prévisionnistes craignaient un certain ressac québécois. C'est ce que tout le monde attendait. Surtout le
Parti libéral, je vous dirais, qui, entre vous et moi, j'ai même
tendance à croire qu'ils le souhaitaient
littéralement. Eh bien, c'est tout le contraire : il n'y en a pas eu. Et
c'est lui... Et là je vous le cite : «Selon l'institut [national]
de la statistique, la taille de notre économie s'est même élargie d'un cran.
«Le
plus étonnant, peut-être — même l'économiste avait peut-être été contaminé à la propagande
libérale — c'est que,
de février 2012 à février 2013, l'expansion québécoise a atteint 1,8 %,
[comparativement à] 1,4 % pour le rythme de la croissance
[canadienne.]
«Depuis
le début de l'année, la croissance est assurée par le secteur des
biens. En février, la production en usine a bondi de 1,1 % : 12 segments manufacturiers sur 19 ont
progressé. Hydro-Québec a tiré parti d'un temps peu clément puisque l'output des services publics a augmenté
de 2,3 %, un rythme insoutenable.» Donc, M. le Président, le Québec
va bien en termes économiques, mais en termes budgétaires.
Et
nous sommes préoccupés, nous, des coûts, comparativement au Parti libéral. Ce
n'est pas vrai qu'une route qu'on
peut faire à un certain coût comme les monts Otish… Oui, ça fait travailler du
monde d'investir 150 millions de plus, mais, dans les faits, est-ce que ça rapporte autant que le montant qu'on
investit? C'était non. Alors, on a prévu… Et c'est un bon exemple où on
n'avait pas de contrôle des coûts, les monts Otish, où, pour la même route,
avec les mêmes avantages économiques, les Québécois ont économisé, en trois
semaines, 124 millions parce qu'on s'en est occupés. C'est ça, le vrai
contrôle des coûts, M. le Président.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le ministre. M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
Merci, M. le Président. Écoutez, c'est une interpellation qui m'embête un peu
pour une raison simple : quand j'ai pris conscience du sujet d'interpellation,
j'ai... Bon, j'avais déjà travaillé un peu sur le projet de loi n° 38, alors je l'ai relu et
honnêtement je trouvais qu'il y avait des bons points. Puis je me suis même
posé la question : Comment
allons-nous parler deux heures de temps des failles ou des questionnements
qu'on peut avoir sur ce projet de loi?
Je
suis un jeune parlementaire, M. le député de La Peltrie est un
parlementaire aguerri. Je peux dire ça sans dire que vous êtes vieux, là, mais vous êtes aguerri, il ne
faut pas prendre mal mes propos. Alors, je me suis dit : Bien, j'ai
hâte de voir comment il va procéder. Et il
m'impressionne. Pourquoi? Bien, parce qu'il a vanté les mérites du projet de
loi et il a posé une question sur la
liste détaillée des projets, ce qui allait de soi, puis c'est correct, c'est
une question qui est légitime. Réponse
du ministre ou du président du Conseil du trésor, qui répond à sa question. Il
repose sa question en deuxième bloc, question
répondue une deuxième fois. Là, il fait un tour de passe-passe, il dit :
Là on va parler maintenant du projet
de loi n° 38 dans son ensemble, et écoutez bien mes propos
parce que je vais vous informer de mes impressions. Et qu'est-ce qu'il fait? Il
reparle de la liste détaillée et il refait les mêmes commentaires. Ça, c'est ce
qu'on appelle faire du «moonwalk».
Alors
donc, moi, j'essayais d'avoir un entretien, ou, en tout cas, j'espérais avoir
un entretien sur et d'élaborer sur les propos de mon collègue de
La Peltrie, mais j'ai un peu de difficultés, parce qu'il parle toujours de
la même chose. Et moi, j'ai déjà eu des amis
comme ça, et ce n'est pas tellement agréable, surtout en fin de soirée. Donc,
quand j'entends le député de
Mont-Royal, bien, de ce côté-là, disons qu'il a ratissé plus large, et ça donne
l'occasion de discuter, et c'est toujours agréable.
Je
veux juste revenir sur l'article de Rudy Le Cours, qui, manifestement,
apprécie la performance québécoise. Je sais
que le ministre en a fait l'éloge, de... a fait l'éloge de l'article, mais,
évidemment, par ricochet, l'éloge de l'économie du Québec. Je voulais
juste insister sur un aspect. C'est que le fait que la construction
résidentielle au Québec ait un peu tombé, le
fait que l'aéronautique, qui est notre moteur des exportations, a un peu tombé,
a de la difficulté depuis les 15
derniers mois… Ce qu'on remarque, à travers l'analyse et à travers aussi les
chiffres que j'avais analysés moi-même, c'est que l'exportation semble
reprendre de la vigueur. Et ça, c'est extrêmement important.
Et surtout au niveau de l'industrie du
bois, qui est causée, justement, par la croissance économique
américaine, qui est à la fois surprenante et encourageante. Surprenante parce
que le gouvernement américain a diminué, a fait les compressions budgétaires,
mais malgré ça la croissance économique américaine, même si elle est
vacillante, elle est quand même au
rendez-vous. Et surtout, il y a une croissance résidentielle remarquable aux
États-Unis, et donc, les espoirs sont
permis, justement, pour accroître les exportations au niveau de l'industrie de
la forêt. Et, nous, évidemment, au Québec, on en a bien besoin, c'est une industrie extrêmement importante, qui a
été ignorée par le gouvernement du Canada lors de la récente récession, et ils ont préféré
encourager les pétrolières de l'ouest, les chantiers maritimes de l'est et
l'industrie de l'automobile, à peu près rien pour l'industrie forestière du
Québec.
Ça,
c'est, encore une fois, une des conséquences du fédéralisme canadien. On donne
notre argent à Ottawa et ils encouragent
les emplois à l'extérieur du Québec. Bon, semble-t-il qu'on aura probablement
l'occasion d'en parler dans un débat
qui portera éventuellement sur la souveraineté du Québec parce qu'on va bientôt
faire un référendum, quand on sera majoritaires,
et on aura le temps d'en discuter amplement. Et je me propose de faire des
débats sur la viabilité économique avec mes deux collègues d'en face.
Rapidement,
si on regarde au niveau... Ce qui m'a particulièrement plu, là, la liste est
longue, mais, en résumé, de rajouter cinq ans au PQI, c'est très
intéressant. Parce que, souvent... Mon professeur d'histoire disait toujours
que gouverner, c'est prévoir. Et là on fait
des prévisions sur 10 ans, ce qui est très intéressant parce que ça nous permet
de tirer une ligne beaucoup plus directrice, et souvent que les projets, des
fois, peuvent dépasser ce laps de temps de cinq
ans-là. Et aussi que le PQI va couvrir 100 % des projets, alors
qu'auparavant on en couvrait seulement qu'une partie, 80 %. Alors, ça aussi, c'est très intéressant, parce qu'à
ce moment-là on a une couverture complète qui nous permet justement d'user de plus de transparence et aussi
de plus de rigueur au niveau de nos dépenses. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le député de Sanguinet. M. le député
de La Peltrie.
M. Caire :
Merci, M. le Président. Donc, heureux de savoir qu'un gouvernement majoritaire
péquiste nous lancerait dans une campagne
référendaire. C'est quelque chose qu'on aura certainement l'occasion de
rediscuter à un autre moment donné.
M.
le Président, je vais quand même revenir sur certains arguments que le
président du Conseil du trésor nous a donnés,
quand il nous dit : Écoutez, si je comprends bien, la mariée est belle,
c'est juste les ongles qui font défaut. C'est, de mon point de vue,
réducteur par rapport à l'importance du sujet qu'on aborde. Peut-être que lui
trouve que ce n'est pas important, peut-être
que lui trouve que ce n'est pas essentiel, peut-être que lui trouve que,
d'avoir des montants par catégorie,
c'est bien en masse pour l'opposition. Puis peut-être qu'effectivement c'est
comme ça que le PQI a été constitué. Puis
peut-être qu'effectivement je me trompe, ça n'a pas été constitué à partir
d'analyse de projets, le PQI, ça a été des postes budgétaires, on a mis
des montants comme ça, puis, à partir de là, on dit aux candidats du Parti
québécois qui veulent un gouvernement
majoritaire pour tenir un référendum : Bien, vous avez pour
22 milliards d'annonces à faire par chaque catégorie. Et c'est peut-être ça, la stratégie, finalement. C'est
peut-être ça, la stratégie, la bonne vieille stratégie de promettre de l'asphalte, de promettre des hôpitaux
pour se préparer pour une campagne électorale. Et c'est peut-être pour
ça qu'on ne nous la fournit pas, la liste. Parce que, dans le fond, nous, on
est incapables de dire : Bien, effectivement, c'était prévu au PQI, ce
projet-là. Non, ça permet d'égrener les annonces puis de faire cette bonne
vieille stratégie de couper des rubans.
Ce qui me fait
penser, d'ailleurs, M. le Président, qu'en matière d'annonces… Je veux juste
montrer à mes collègues d'en face :
voici 20 annonces faites par le Parti libéral, reprises textuellement par
le Parti québécois en grande pompe.
C'est peut-être pour ça qu'on ne les retrouve pas. Bien oui, vous voulez avoir
la liste? Pas de problème, je vais vous la transmettre. Hein? La
construction d'une gare fluviale à Lévis, qui a été annoncée par les libéraux
en juillet 2012, qui a été reprise par les péquistes en février 2013... Il y en
a 20 comme ça, là, je ne vous les passerai pas toutes.
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : ...êtes-vous prêt à les déposer, M. le député?
M. Caire :
Ah, M. le Président, ça va tellement me faire plaisir de la déposer, si ça me
fait plaisir, M. le Président, de la
déposer. Je vous la dépose avec beaucoup de plaisir. Je peux déposer tous les
communiqués de presse aussi, M. le Président,
qui ont été faits, et par les libéraux qui ont fait ces annonces et par les
péquistes qui ont recyclé les annonces, là, les communiqués de presse, qui parlent de ça. Je veux juste être sûr que
je ne vous donne pas quelques notes personnelles, M. le Président.
Mais
alors, à partir de là, M. le Président, moi, je veux bien, M. le Président, que
c'est juste les ongles de la mariée, la liste, mais ce n'est pas vrai,
ce n'est pas ça. Puis le président du Conseil du trésor est un homme intelligent et il le sait très bien, il le
sait très bien, l'importance que ça revêt, la liste des projets. Et peut-être
qu'il a été bien conseillé par ses
fonctionnaires quand il a écrit Mieux gérer nos infrastructures, puis
peut-être qu'à son caucus ils ont
dit : Aïe, réalises-tu que, si tu déposes la liste avec le PQI, nous
autres, on n'a plus d'annonce à faire? Es-tu en train de réaliser, là,
que toutes les annonces en infrastructures au Québec sont faites d'une
«shot» : il n'y a plus de ruban, il n'y a plus de photo puis il n'y a plus de recyclage d'annonce? M. le
Président, c'est pas mal plus que les ongles de la mariée qui nous font problème. C'est parce que ça serait
le fun qu'à la nuit de noces la mariée, elle accepte d'enlever sa robe,
puis qu'on voit ce qu'il y a en dessous.
• (11 h 30) •
Une voix :
…
M.
Caire : M. le Président, je
suis content que le président du Trésor aime l'analogie. Mais, M. le
Président...
Une
voix : ...
M. Caire :
Ha, ha, ha! Excusez, oui, oui... Mauvaise analogie peut-être, mais, M. le
Président...
M. le Président, c'est
extrêmement sérieux, c'est extrêmement important. Et je trouve le commentaire
réducteur. Parce que je lui ai dit, tantôt : C'est vrai qu'une liste de
projets pas de montant, ça ne tient pas la route, mais une liste de montants
pas de projet, ça ne tient pas plus la route. La combinaison des deux est
essentielle.
Et, si le ministre
est sérieux dans sa démarche de transparence — admettons, là, admettons, on
ne l'aura pas, la liste avec le PQI,
bon — au moins
peut-il s'engager à amender le projet de loi n° 38 pour s'assurer que
la loi n° 38 fait obligation au gouvernement à déposer la liste de
l'ensemble des projets, pas juste les 40 millions et plus qui sont déjà disponibles sur Internet, l'ensemble des projets,
l'ensemble des projets qui permettent au gouvernement de constituer le PQI. Parce que ça prend une liste pour constituer
le PQI, je veux dire, il faut faire des projets, des analyses de
projets, des estimés de coûts, puis là,
après ça, on les met dans le PQI. Est-ce qu'il peut s'engager à modifier, à
amender le projet de loi pour qu'il y ait une obligation légale de
déposer cette liste-là?
Le Président (M.
Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Bédard :
Oui, M. le Président. Très content. On va se sortir de l'exemple de la mariée
parce que je sens que ça va mal finir effectivement. À force d'y prévoir
des choses qu'elle n'a pas prévues, je pense qu'à la fin elle ne nous aimera
plus puis elle va s'en aller, M. le Président.
Donc, ce que je veux
vous dire, c'est que, le député de La Peltrie, on dit la même chose. Il me
dit : C'est la combinaison des deux qui
est importante. C'est exactement ce que je lui dis depuis le début. Il y a des
projets, il y a de l'argent, puis
c'est l'évaluation des coûts qui fait que le projet est réalisable, et dans
quelle séquence, et à quel moment. Alors,
une liste sans projet, comme des sommes d'argent qui sont prévues sans les
projets, ça prend les deux. Alors, je lui ai dit que le PQI détaillé, comme il le souhaite, va être déposé en
temps et lieu, et je le souhaite le plus rapidement possible. Ça veut dire dans le courant de l'automne,
peut-être... Moi, je me prévois dans le courant de l'automne, d'ici la fin...
Avant le mois de décembre, je souhaiterais que l'ensemble des grands projets
qui sont prévus soient... qu'il y ait un montant qui soit accolé à un projet
qui représente le juste coût.
Si
on jette n'importe quoi à côté puis on dit : On le dépose, comme faisaient
les libéraux avant… Moi, je ne ferai pas ça, M. le Président. Je me suis
donné cet objectif d'agir avec rigueur puis je ne peux pas demander d'ailleurs
aux fonctionnaires… Parce que ce ne sont pas
mes fonctionnaires, je le dis souvent, je ne suis pas assez riche pour tous
les payer, M. le Président. Et donc je ne
peux pas leur demander de faire quelque chose qui est irréalisable, de
dire : Donnez-moi, pour chaque projet, le coût exact en un temps...
sans qu'ils aient le temps de faire l'ensemble. Alors, quand on parle de révision des coûts ou même de coûts en
cours de réalisation, est-ce qu'on est dans les montants exactement
prévus? Pour avoir vraiment un portrait
d'ensemble, il faut donner le temps aux gens. C'est une nouvelle façon de
faire. Donc, il y a une transition.
Et là le député, il
me dit : Bien oui, mais vous annoncez les mêmes projets que les libéraux.
Bien oui, et là c'est là que je vois que son
argument, il se retourne contre lui. C'est exactement ce qu'on a dit. On a
dit : Nous, on va annoncer des
projets. On ne balance pas des projets à la poubelle, mais, quand on va les
annoncer, on va les annoncer avec le juste coût. Alors, le projet de
Baie-Saint-Paul libéral puis notre projet à nous, ce n'est pas le même projet.
C'est le même hôpital, mais là il est au
juste coût. Moi, ça fait toute une différence pour un politicien normal ou
pour... pas normal, mais ce qu'on a vu avant, au Parti libéral, c'est la
même affaire : 150, ou 300 millions, ou 500, c'est la même affaire. Qu'on annonce un hôpital universitaire à
800 millions puis qu'il finisse à quelques milliards, c'est le même
hôpital. Bien voyons, c'est qui qui
paie, là? Demain matin, vous essaierez ça. Chez vous, vous faites des travaux.
Je veux me bâtir un garage, puis il
me coûte 10 000 $ ou il me coûte 50 000 $, est-ce que c'est
la même chose pour vous? C'est-u le même garage? Ce n'est pas le même garage. Alors, s'il y a un entrepreneur qui
vous dit qu'il vous coûte 50 000 $, pour vous, ce n'est pas le même garage en partant, là. Donc,
nous, ça nous semble normal, mais pour un libéral dûment constitué, c'est
la même affaire, c'est le même garage pour
eux autres, qu'il coûte 10 000 $ ou 50 000 $. Il faut se
sortir de ça, actuellement. Et
j'invite mon collègue de La Peltrie, que je respecte beaucoup… c'est de
suivre son raisonnement sur la combinaison. Nous allons le faire.
Et,
quant à l'obligation de dépôt, nous allons y être avec plaisir. On dit :
On étudiera en commission parlementaire, et j'accepte avec plaisir. Et honnêtement, je pensais qu'il s'y
retrouvait. J'en ai discuté avec mon... avec le secrétaire du Conseil du trésor, nous allons effectivement
partager cette obligation de dépôt. Et je veux même inclure des
obligations au niveau de la transparence
plus... sans dire quotidienne, mais, du moins, dans des temps plus définis
qu'une fois par année.
Alors,
on va être au même rendez-vous là-dessus, et je vais voir effectivement, d'ici
l'adoption... d'ici qu'on se présente
en commission, de quelle façon on pourrait intégrer cette obligation, et ça va
me faire un grand plaisir de le faire.
Et,
encore là, je le sais qu'il a cette attente-là, puis, des fois... Tu sais,
quand on dit «réducteur», puis là je ne veux pas provoquer inutilement… Mais, tu sais, quand j'entendais des fois en
Chambre : Poursuivez les gens immédiatement, c'est qu'on peut... Ce n'est pas si simple que ça,
là. Dire : Évaluez tous les projets en même temps, c'est... On ne
peut pas faire ça tout en même temps, de la même façon, avec la même rigueur.
Là, on se contraindrait à faire quelque chose qui ne serait pas correct et qui
ne serait pas, je vous dirais, conforme aux intentions qu'on a données.
Donc, on est en
transition. Souhaitons tous ensemble qu'à très court terme, le plus rapidement
possible, mais correctement, on puisse,
d'ici la fin de l'année, arriver avec des projets, des coûts associés, et tout
le monde va suivre le portrait.
Et,
entre vous et moi, je ne pense pas qu'il y ait d'élection cet automne, là, à
moins que quelqu'un m'annonce qu'il a une intention, de part et d'autre,
de se lancer en élection. Donc, on n'est pas dans du préélectoral, on est dans
une planification correcte.
Et moi, je vais prendre
toutes les suggestions de mon collègue de La Peltrie afin d'améliorer le
projet de loi dans le sens que je viens de
lui dire, la rigueur, mais aussi donner les bons chiffres. Puis donner les bons
chiffres, ça prend un petit peu de temps.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Merci, M. le
Président. Bien, écoutez, la fin de l'argumentation du président du Conseil du
trésor me fait réfléchir à l'idée que la
commission sur le projet de loi n° 38 va être prometteuse, parce
qu'on va pouvoir discuter de choses à
améliorer comme on a fait avec les autres lois. Notre situation de minoritaires
nous amène, même si on l'aurait fait
autrement, bien, nous amène justement à porter une attention particulière aux
propos et aux réflexions des autres partis.
Puis j'ai
participé, entre autres avec mon collègue le président du Conseil du trésor, au
projet de loi n° 1 et puis je dois vous dire que ça a été une
étroite collaboration avec le député de Saint-Jérôme et le député de Chomedey,
qui représentaient leur parti respectif et
qui ont amené, je pense, une amélioration du projet de loi. On peut le dire
comme ça, ça a été un travail d'équipe. Et
moi, je pense que ce projet de loi là va nous permettre justement à faire cet exercice-là
en convivialité au niveau de la commission parlementaire, qui devrait commencer
bientôt; si ce n'est pas la semaine prochaine, c'est l'autre après, là.
Et donc je vois encore une fois, là, que l'idée
de la liste qui empêcherait, là, une bonification à la veille d'une campagne électorale, bien, écoutez, c'est ce qu'on
a eu comme un peu en héritage. C'est qu'on s'est aperçus qu'il y avait eu ce jeu-là qui avait été fait avec le
gouvernement précédent, qui a fait en sorte qu'on a été dans une situation avec
des annonces, mais pas budgétisées. Alors donc, dans le PQI, le nouveau PQI,
bien, justement, on veut arriver avec des annonces
qui sont budgétées et donc, à ce moment-là, éviter l'électoralisme, qui, dans
les faits, ne sert jamais la population québécoise. Et, évidemment, la
fusion d'Infrastructure Québec et de la Société immobilière du Québec, c'est
une bonne nouvelle. On va simplement regrouper l'expertise et faire en sorte qu'elle
soit plus efficace et qui accouche de propositions et de solutions qui seront à
l'avantage de la population.
• (11 h 40) •
J'aimerais juste vous revenir, parce que le
député de La Peltrie avait mentionné que c'était un des bons côtés, là, du PQI, c'était qu'on avait présenté ça sous
forme, là, de sous-groupes, là, si on veut, qu'on parle de réseau
routier… On parle, là, pour une période de
10 ans, quand même de 22 milliards, ce qui est extrêmement important.
Parce que le député de Mont-Royal mentionnait l'importance du réseau
routier pour justement, au niveau économique, rejoindre les clients, écouler notre production. Alors, c'est extrêmement
important. Puis on voit ici qu'il y aura 22 milliards. Et même
chose au niveau du transport maritime, aérien, ferroviaire et autre, qui sera
bonifié de 2,7 milliards. Même chose en économie :
si tu as un réseau de transport efficace, costaud, ça t'amène une amélioration
des ventes, une amélioration de la rentabilité
des entreprises. On regarde aussi le transport collectif, qui a une place de
choix au sein de notre gouvernement, et donc, à ce moment-là, on parle aussi non pas seulement de
6,4 milliards, mais aussi d'un changement du profil du transport en commun. On est en train de travailler
là-dessus. Or, ça montre la bonne volonté du gouvernement justement d'oeuvrer
dans cette catégorie d'avenir, évidemment, s'il en est un.
Et je
terminerais en parlant de l'éducation : que ce soit au primaire, au
secondaire, 8 milliards, et enseignement supérieur et recherche, on
parle de 6,2 milliards, alors c'est extrêmement important. Et on s'aperçoit
ici que la répartition du 92 milliards
va répondre à des besoins du marché, à des besoins de notre économie et va
amener une expertise de long terme qui saura, je pense, combler les
espoirs et les volontés des différents intervenants de ces milieux-là.
Alors, je terminerais tout simplement en
mentionnant que, devant ce projet de loi là, j'y serai probablement, à la commission parlementaire, mais c'est avec un
enthousiasme que... mais non pas comme le député d'Outremont, mais un enthousiasme éclairé, que je vais sûrement
travailler de concert avec... Je ne sais pas si c'est le député de
La Peltrie qui sera là, mais je
pense... Non? Bien, en tout cas. Peu importe. Alors, on aura à oeuvrer pour
tenter de bonifier le projet pour que
nos collègues puissent donner leur aval. Et, dans le fond, on espère bien que
ça va nous amener une amélioration, si c'est possible, de ce projet de
loi. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le député. Et, grâce à votre bonne discipline, nous avons
le temps de commencer une sixième série. M. le député de Mont-Royal, pour trois
minutes, cependant.
M. Arcand : Merci, M. le Président.
Moi, vous savez, j'ai eu l'occasion d'écouter les propos du président du Conseil du trésor et je souhaite que le président
du Conseil du trésor nous dise assez rapidement comment il va s'y
prendre pour être plus transparent. Il nous
promet, là, qu'il va y avoir une mécanique qui va exister et qui va faire en
sorte qu'on va être plus transparents. Alors, moi, je veux bien, je veux
bien le croire, et j'espère juste qu'on aura, le plus rapidement possible, les
détails sur la meilleure façon de s'y prendre pour qu'on ait cette liste-là.
Parce que
moi, j'ai une certaine appréhension par rapport à ce qui se passe actuellement.
Vous savez, le président du Conseil du trésor, de par sa fonction de
leader parlementaire, a un rôle probablement plus politique que n'importe quel président du Conseil du trésor qu'il a pu y
avoir dans l'histoire du Québec. Donc, à partir de ça, il est clair que
son rôle politique est très important. Et je crains justement que, dans des
décisions comme ça, il y ait quand même un impact politique. Et je vais m'expliquer de la façon suivante, parce que je
n'ai pas beaucoup de temps, mais je vois déjà certaines anomalies par rapport au budget, par
exemple : en 2013-2014, au budget, on parlait d'investissements de
10,5 milliards, et là, dans le PQI, on
est à 11 080 000 000 $; dans 2014‑2015, 10,1, et là on
parle d'investissements, dans le PQI, de 11,4; 2015‑2016, 8,7, le PQI,
9,16. Et là ça va en baissant, 2016‑2017 et 2017‑2018, ça va en baissant.
Écoutez, moi, je crois que déjà on voit la décision de la première ministre,
qui a dit, par exemple, à certains syndicats : Les coupures, c'est fini. On voit que
le gouvernement semble retraiter sur son approche de départ et ne veut pas...
Parce que tout le monde pense qu'au
Québec il n'y aura pas une campagne électorale d'ici 2016, ça va probablement
être avant 2016. Alors, les coupures
se font 2016 à 2018 et, tout ce qui est entre 2013 et 2016, on s'aperçoit, là,
qu'il y a eu un petit ajustement qui s'est fait par le président du Conseil du trésor entre le budget qui a été
déposé au mois de novembre et le plan des infrastructures qui a été
déposé. Alors, on aura l'occasion, j'imagine, de discuter là-dessus de façon
plus importante, mais je l'invite évidemment à être très transparent et
continuer ce travail-là.
Conclusions
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le député de Mont-Royal. Et nous en sommes maintenant
aux remarques finales. M. le ministre, pour 10 minutes.
M. Stéphane Bédard
M. Bédard : 10 minutes. Merci,
M. le Président. Donc, tout d'abord, je vais remercier mes collègues de leur participation et, je pense, de l'esprit de
collaboration dans lequel nous allons aborder l'étude du projet de loi. J'ai déjà noté la suggestion de mon collègue de
La Peltrie par rapport à l'obligation de déposer... Et sincèrement je
pensais qu'il s'y trouvait. Donc, nous
allons effectivement profiter de l'occasion pour inclure la demande du député
de La Peltrie et on veut même aller plus loin en termes de
transparence, donc nous serons ouverts aux suggestions.
Quant au
dépôt de l'entièreté, je vais vous demander du temps, là. Je ne pourrais pas le
faire d'ici le mois de juin, ça, c'est
sûr, là. Mais nous allons peut-être se donner des façons de faire pour être
capables d'être entièrement transparents lorsqu'on pourra, à terme, soit dans le délai de un an, là, arriver avec
un PQI où on a l'ensemble des projets, mais avec une révision des coûts
qui y sont prévus. Et nous allons le faire avec grand plaisir.
Je tiens à
dire à mon collègue de Mont-Royal aussi que je comprends son intérêt à
participer à l'élaboration du projet de loi, mais je vais me permettre
un petit commentaire par rapport… Il s'inquiète du contrôle des dépenses. Il vient de nous dire ça, que là finalement, oui, on
a été rigoureux au début, est-ce qu'on va rester rigoureux? Oui, on va rester rigoureux, on va contrôler nos dépenses,
puis on va atteindre l'équilibre budgétaire cette année, M. le
Président, et j'en suis très fier. Pour moi, c'est un acquis important, ça
reste un défi, et tout le monde va être mis à contribution.
Et c'est pour ça que nous avons présenté un
budget qui s'étendait sur une période un peu plus longue, pour permettre justement l'atteinte de ces objectifs,
avec des crédits qui ont résorbé un déficit, on le sait, anticipé
important, là. Donc, on avait un écart entre
les revenus et les dépenses de 1,6 milliard et... pour l'année 2012‑2013,
bien, on fait un travail, je ne vous le cacherai pas, colossal, où il y
a toujours des coûts politiques à faire des choix, mais je pense qu'on est payés pour ça, M. le Président, faire des choix.
Alors, ce n'est pas aux fonctionnaires à faire des choix quand vient le
temps de dire aux gens : Bien, voici ce qu'on fera ou ce qu'on ne fera
pas.
Sur la
remarque du député de Mont-Royal, par rapport à la baisse du PQI, on revient
dans des montants qui sont normaux.
Et je tiens par contre à lui dire que ce qu'avait annoncé le Parti libéral pour
l'année en cours, c'était 12,4 milliards, 12,4 milliards. On
était, pour la campagne électorale qui était prévue à l'automne, là, qui
était... il n'avait pas le choix, c'était
soit le printemps ou l'automne, on avait dépassé à peu près n'importe quel
historique qu'il y avait en matière d'investissements publics.
Dans les
faits, il n'y avait aucune possibilité de les faire, M. le Président, parce
que, déjà, l'économie par rapport à la construction était surchauffée,
et là on en mettait un peu plus en pensant que tout le monde va répondre,
starter les machines en même temps pour une seule année. Donc, ça ne
fonctionnait pas, ça coulait de partout, et, oui, on l'a ramené dans des eaux
qui sont beaucoup plus acceptables et qui donnent, sur un horizon de cinq
ans... L'objectif, c'est d'arriver avec un investissement moyen sur cinq ans de
9,5 milliards, qui est conforme, qui est correct.
Et, cette
année, on en a mis un peu plus, on a tenu compte de la conjoncture économique,
des risques que nous avons, et c'est
peut-être pour ça qu'on a des bonnes nouvelles, actuellement, d'ailleurs. Et,
quant aux bonnes nouvelles, je sais
que le député de Mont-Royal, tout comme moi, est très préoccupé par ce qui se
passe à Montréal. Je l'invite à lire ce qui apparaît sur Portail Québec et qui est les statistiques pures,
là, au niveau de l'investissement à Montréal. Je suis convaincu que, là, il va être... Mardi prochain, il va nous
faire, lui aussi, une déclaration de satisfaction à la période des
questions.
Et je reprends le communiqué mot à mot, là. Ce n'est
pas un communiqué, je vous dirais, politique, là, c'est des statistiques, M. le
Président, frettes, comme on dit : «Selon les intentions exprimées pour
2013, l'investissement non résidentiel du secteur privé devrait atteindre — et là
on parle à Montréal, là — plus
de 6 milliards de dollars en 2012 et
2013, une première depuis 2002.» Et là, je ne le vois pas sourire, mais je suis
convaincu qu'il est content. «Par ailleurs…»
Et là on parle des autres régions : Capitale-Nationale, les Laurentides,
Nord-du-Québec «se démarquent par une
croissance vigoureuse — vigoureuse, et là ce n'est pas moi, là, vigoureuse — de l'investissement total. Ces
résultats portant sur l'investissement régional sont tirés du bulletin Investissements
privés et publics, publié aujourd'hui par l'Institut de la statistique du
Québec».
• (11 h 50) •
Alors, on ne
viendra pas me dire que... Ça ne peut pas être plus froid que ça, là, c'est des
données pures. Donc, l'économie se porte bien, et à Montréal aussi.
Est-ce que la ville de Montréal va bien? Ça, on peut tous avoir notre opinion,
effectivement, puis je pense qu'elle peut sûrement aller mieux, on va s'entendre
là-dessus, mais la ville de Montréal... pas
la ville, mais la situation économique à Montréal, elle va bien, et il y a
beaucoup d'investissements qui y sont prévus dans les prochaines années.
Un gars de région vous dirait «presque trop», mais il y a des besoins en termes
d'infrastructures, et le pont Champlain s'en
vient — un gars de
la Rive-Sud aussi, me dit-on, en face — et donc c'est une période de croissance pour Montréal et ses
environs, c'est clair. Il y a des investissements publics importants, et
des investissements privés sont au
rendez-vous. Mais il faut encore plus les stimuler, dans un contexte
d'incertitude, et c'est pour ça que l'autre statistique que je lisais,
par rapport aux consommateurs… Si les consommateurs reprennent confiance, ils
dépensent plus, quand ils dépensent plus, bien, on produit plus.
Et tous souhaitent aussi, en même temps, que
notre premier partenaire commercial, les États-Unis, que la croissance, qui est quand même correcte
actuellement, reprenne à un rythme beaucoup plus accéléré, là, et beaucoup
plus important pour nous permettre de plus exporter. Ces effets combinés, ça
nous donnerait un résultat où l'économie du Québec
est bien placée pour faire en sorte de relever ces défis-là. Et j'invite mes
collègues, d'ailleurs, à ce niveau-là, à repenser à leur approche par rapport à la banque de développement, qui
sera un outil formidable pour stimuler l'investissement, entre autres la
nouvelle approche qui sort de l'approche bancaire, qui invite les gens d'Investissement
Québec à avoir une approche proactive, et je pense qu'on aurait tout intérêt à
le faire, tout le monde serait gagnant.
Quant au
contrôle des dépenses dont il me faisait mention, il s'inquiète, je tiens à le
rassurer : je ne suis pas libéral. Alors, déjà, ça devrait le rassurer. Parce que j'ai l'historique ici du
contrôle des dépenses de 2003 à aujourd'hui. Et je peux vous dire, en
général, il y a des fois où on est arrivés à peu près où les cibles. En
général, on les a dépassées. On se fixait un montant, et là, à l'époque, là, ce
n'étaient pas des croissances comme on a de 1,8 % ou 2 %, là. Je vais
vous donner seulement un exemple. Vous allez
me dire : C'est peut-être un hasard. 2006-2007, on avait prévu une
augmentation des dépenses de 5,5 %.
C'est du gâteau, ça, 5,5 %. On a manqué la cible de 1,6 %, M. le
Président, 1,6 %. En 2007-2008, comme par hasard, M. le Président,
on avait une cible de croissance de 3,9 %; on est arrivés à 6,8 %, M.
le Président. C'est un écart de 2,9 %,
près de 3 % entre ce qui était prévu... L'écart, la différence est plus
que l'augmentation que nous avons actuellement, imaginez-vous. Mais, par
contre, il est réaliste. On se dit : C'est un objectif qu'on a à se
donner, il est costaud. L'Ontario a prévu…
et là je peux peut-être me tromper, mais je pense que c'est 0,6 %
d'augmentation de ses dépenses pour
cette année, imaginez-vous. Et je pense que la Colombie-Britannique est au même
niveau. Nous, on est à 1,8 %. Ça ne veut pas dire que ça va être
facile, mais ça veut dire qu'on s'est donné des cibles qu'on veut atteindre, parce que, quand tout se met à se déglinguer, là,
c'est là que tu n'as plus de contrôle. Si tu dépasses tes cibles, tu n'es
plus capable de faire accepter aux
autres : Bien, on les dépasse, donc, il faut que tu te compresses un peu,
parce que déjà, la cible, elle n'est pas atteinte.
Nous, on
s'est donné un objectif qui est réaliste et nous sommes très confiants de
l'atteindre, comme nous sommes en train de le faire, parce qu'on finit,
évidemment, la comptabilisation pour 2012‑2013, mais l'effort colossal qu'on a fait va arriver, va nous permettre de confirmer,
je le souhaite, dans les prochaines semaines, les prochains mois, de
façon très précise, la réussite que le
Québec a eue de contrôler ses dépenses. On est exemplaires, je vous dirais, en
Amérique du Nord et même sur la planète. On a vu la France être
incapable d'arriver à ce résultat qu'elle s'était fixé, même en augmentant de
façon importante les impôts, ce que nous ne ferons pas, M. le Président.
Donc,
l'économie va bien. Nous avons un bon contrôle des dépenses, parce que les
coûts, c'est important, et en même temps, maintenant, nous allons
contrôler nos infrastructures. Et, moi, ce que je veux : assurer mes
collègues... Oui, je suis leader et c'est un
rôle plus politique, leader, on s'entend là-dessus. Je l'ai été dans
l'opposition. J'ai eu, en même temps,
la chance de discuter, et vous étiez peut-être présent à l'époque, entre autres
le code d'éthique des députés, dans
des circonstances qui n'étaient quand même pas optimales, je vous dirais, en
termes d'apaisement et de sérénité. Ehbien,
j'ai… Pendant 60 heures, avec mon collègue le leader d'en face, nous sommes
arrivés à un résultat que je trouve tout à fait acceptable et
raisonnable et nous avons maintenu des conditions d'exercice d'une fonction
importante, qui est celle de législateur, la
plus importante. Nous l'avons fait dans un cadre correct, optimal, avec un bon
résultat. Donc, tous ensemble, malgré
le rôle que nous avons dans nos fonctions respectives, celui qu'on se donne à
travers le projet de loi qu'on a
déposé aujourd'hui, il nous transcende, là, il nous dépasse, là, je vous
dirais, par rapport au rôle que nous avons dans nos rôles purement politiques. Et je suis convaincu, à la lumière de ce
que j'ai entendu, que nous serons capables, d'ici la fin de la session,
d'arriver à un résultat tout à fait acceptable et même bonifié, avec ce qui
était déposé, M. le Président.
Le
Président (M. Pelletier, Rimouski) : Merci, M. le ministre. Et, pour vos remarques finales, M. le député
de La Peltrie, 10 minutes.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le
Président. D'entrée de jeu, je voudrais dire... faire peut-être un petit clin
d'oeil à mon collègue de Sanguinet.
Tout à l'heure, il faisait des références à mon âge parlementaire, en
disant : Bon, bien, le député de La Peltrie revient toujours
sur le même sujet. Je pense que ça porte fruit, de revenir toujours sur le même
sujet et de ne pas tirer trop large.
Au départ, M.
le Président, l'objectif de l'interpellation du président du Conseil du trésor
portait évidemment sur la gestion du PQI, et je pense que le président
du Conseil du trésor n'a pas été vraiment surpris par mes questions. Je pense qu'il s'y attendait. On a été suffisamment
clairs sur le fait que nous avions des inquiétudes par rapport à la
fameuse liste. J'ai voulu faire la
démonstration, pendant les différents blocs, de l'importance que ça revêtait,
et, à mon grand plaisir, je pense que le président du Conseil du trésor
et moi, on en est arrivé à la conclusion qu'effectivement, si on n'avait pas
les deux éléments dans un même document, il y avait un problème, il y avait un
problème.
Le problème,
quel est-il? Le président du Conseil du trésor vient de dire quelque chose qui
est assez majeur, dire que la
fonction de législateur, c'est une fonction qui est importante, probablement la
plus importante, je dirais, pour un député.
Et, il le sait mieux que moi, la fonction de contrôleur de l'action du
gouvernement est une fonction extrêmement importante aussi. Et, sans
tous les outils nécessaires, on n'est pas capables de faire ce travail-là. Et
parce que, dans le passé,
on n'avait pas tous les outils nécessaires, les députés d'opposition ont été
mis dans une situation où ils ne pouvaient pas faire ce travail-là de
façon optimale. Et, le président du Conseil du trésor le sait mieux que moi,
puisqu'il a été député à l'opposition officielle à une période charnière, quand
on parle de la collusion, de la corruption et de tous les problèmes qu'on a
vécus au niveau de la planification et de la gestion des infrastructures…
Je reçois donc aujourd'hui la parole du
président du Conseil du trésor à l'effet qu'il déposera la liste, et je comprends, parce que des fois le diable se cache dans
les détails, et je comprends que la liste qu'il entend déposer est bel et bien celle qui lui a permis de constituer le
PQI. Je reçois sa promesse de la déposer cet automne de façon craintive
mais positive. Craintive parce qu'on l'avait
déjà eue par écrit dans Mieux gérer nos infrastructures, mais positive
parce qu'il me dit : Écoutez,
là, la situation est telle que je ne peux pas le faire maintenant, mais je vais
le faire. Donc, pour moi, c'est positif.
Et, à mon collègue de Sanguinet, dire : Bien, de temps en temps, quand on
s'acharne sur le même os, de temps en temps, ça donne des bons
résultats. D'ailleurs, je dois lui dire que le leader du gouvernement a été un
bel exemple d'entêtement, quand il était dans l'opposition, sur certains
sujets. Alors, je fais juste suivre son exemple.
• (12 heures) •
M. le
Président, sur le projet de loi n° 38, parce que je m'en voudrais, là, de
ne pas... Étant donné que cette situation-là en tout cas semble vouloir cheminer dans le bon sens, celle de la
publication de la liste du PQI semble vouloir cheminer dans le bon sens, je m'en voudrais de ne pas
revenir aussi sur le projet de loi n° 38. Bien évidemment, on accueille
très positivement l'idée de fusionner la
Société immobilière du Québec, Infrastructure Québec dans une grande société
de gestion de projets d'infrastructure. Je sais que ce n'est pas son dossier.
Je sais que nous aurons, avec le ministre des Transports,
différents débats sur l'autre projet qui va préoccuper le gouvernement, celui
de l'Agence des transports, mais nous accueillons positivement le projet
de loi n° 38 parce que nous pensons qu'il est intéressant d'avoir, pour le
gouvernement du Québec, une et une seule
grande société de gestion de grands projets. De développer cette
expertise-là au sein du gouvernement, nous
pensons que c'est une bonne idée. Et c'est dans ce sens-là qu'on accueille très
positivementl'idée de fusionner
Infrastructure Québec, qui a l'expertise de la gestion des grands projets, et
la Société immobilière du Québec, qui
a déjà une expertise en gestion de projet d'infrastructure, immobilière,
celle-là, mais de gestion d'infrastructure. Et la combinaison des deux
nous apparaît intéressante pour l'ensemble de la gestion des projets de l'ensemble
des projets d'infrastructure du gouvernement du Québec.
J'accueille très positivement l'engagement que
vient de prendre le président du Conseil du trésor sur les amendements à
apporter au projet de loi n° 38, là. Je comprends que cette
situation-là était peut-être passée, là, entre deux chaises sur le fait qu'il n'y
avait pas d'obligation à, de façon récurrente, déposer la liste. Donc, je
comprends et j'accueille positivement son engagement à modifier le projet de
loi.
Par contre, je soumets bien modestement qu'il
serait important, je pense, que les amendements soient faits en collaboration. De cette façon-là, je pense qu'on
éviterait des débats interminables au moment où on fera l'étude article
par article du projet. Il est très clair pour moi que des amendements qui
auront fait l'objet d'un consensus avant qu'on les dépose, bien, ça va être beaucoup plus facile, en commission
parlementaire, de les étudier et surtout de les adopter. Et, dans ce
sens-là, mon collègue le député de Lévis sera très, très, très heureux, j'en
suis convaincu, d'avoir des franches discussions avec le président du Conseil
du trésor et les collègues de l'opposition officielle pour s'assurer que les
amendements répondent vraiment à nos attentes et qu'on atteint les bonnes
cibles.
Parce que
j'entendais tantôt le président du Conseil du trésor dire : On va déposer
la liste pour l'ensemble des grands
projets. Comme je dis, des fois : Le diable se cache dans les détails. Il
faudra s'entendre sur qu'est-ce qu'un grand projet, puis à partir de quel
montant c'est un grand projet, puis... Je pense qu'on est ouverts à la
discussion, on n'est pas dogmatiques. L'objectif n'est pas de faire de la
suradministration, mais il faut qu'on ait les outils pour faire cet important travail qu'est le nôtre; c'est les
outils de contrôle parlementaire. Et, si un projet mérite de figurer au PQI,
bien, la prémisse de base, c'est qu'il mérite de figurer sur la liste qui vient
avec le PQI.
Mais, là-dessus, je suis convaincu qu'on pourra
avoir des discussions constructives avec le président du Conseil du trésor pour
s'assurer que les amendements répondent à nos attentes et bonifier le projet de
loi. Il y aura certainement d'autres
suggestions qu'on fera au président du Conseil du trésor concernant le projet
de loi n° 38. Je ne pense
pas que ce soit l'objectif ici d'avoir ces discussions-là avec le président du
Conseil du trésor, mais je veux quand même
lui dire que nous sommes très ouverts à travailler, faire avancer le projet de
loi n° 38, conscients, très conscients qu'il y a un échéancier
qui est assez serré aussi, là. On s'entend qu'au 1er juillet 2013 la Société
québécoise des infrastructures devrait voir le jour, et donc il va être
essentiel que ce projet de loi là soit adopté avant la fin de la session. Nous
serons collaboratifs, mais, comme je l'ai dit, nous avons de très grandes
préoccupations. Je reçois positivement le
fait que le président du Conseil du trésor nous dise qu'il est ouvert à
répondre à ces préoccupations-là et que le souci de transparence qui l'anime
devrait se refléter dans les propositions qu'il nous fera.
En terminant, M. le Président, je dois vous dire
que, peut-être, contrairement à une période de questions, on a fait la démonstration qu'une interpellation
pouvait amener des échanges vigoureux, clairs, francs, mais de nature à
faire avancer les discussions.
Et le
résultat de ça, je pense qu'il n'est pas anodin. Et, encore là, un petit clin
d'oeil à mon collègue de Sanguinet. Le
résultat, c'est que les préoccupations de la coalition ont été clairement
exprimées, les arguments que nous avons mis sur la table ont été
clairement exprimés, et, en quelque part, le président du Conseil du trésor
nous a donné raison, et ça, j'en suis content et j'en suis conscient, et je
pense que c'est essentiel pour la suite des choses.
C'est vrai que son travail de leader du
gouvernement l'amène parfois à être irritant un peu, mais il ne faut pas
oublier qu'on a un objectif commun, c'est de faire en sorte qu'au Québec les
projets d'infrastructure soient beaucoup mieux
gérés, beaucoup mieux suivis, que l'Assemblée nationale, que le législateur,
mais que les députés de l'Assemblée nationale aient la capacité de faire
en sorte que ça ne se reproduise plus parce qu'on ne voudrait pas d'un autre rapport KPMG dans un an, deux ans, trois ans. Un, c'est
suffisant dans une vie. Et, pour ça, bien, ça nous prend des outils, et aujourd'hui je suis content de voir
que, ces outils-là, il y a une ouverture à ce que nous puissions les avoir.
Mais évidemment je pense que le président du Conseil du trésor est conscient qu'on
ne lâchera pas le morceau tant que ce ne sera pas effectif.
Là-dessus, je
remercie tous les collègues, collègue de Mont-Royal, le président du Conseil du
trésor, le collègue de Sanguinet, les gens qui nous accompagnent. Et je
conclus en disant que je suis satisfait des réponses du président du Conseil du
trésor.
Le Président (M. Pelletier, Rimouski) :
Merci, M. le député de La Peltrie. Merci, tout le monde, merci, les parlementaires, merci, M. le ministre. Effectivement,
le ton fut respectueux et les arguments très relevés. Moi, je suis... Et
ça, ça nous amène une petite statistique que je regarde de temps en temps lors
des interpellations. C'est que, sur les 120 minutes
qui nous sont dévolues, vous en avez utilisé près de 119 par les
parlementaires. C'est une bonne statistique.
Alors, je
vous remercie et je lève donc la séance de la commission, puisqu'elle a
accompli son mandat, et ajourne ses travaux au mardi 28 mai 2013, à
10 heures.
(Fin de la séance à 12 h 6)