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(Quatorze heures dix minutes)
Question avec débat:
Le financement des commissions scolaires
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, messieurs!
La commission élue permanente des finances et des comptes publics
est réunie au salon bleu ce vendredi 5 décembre 1980, à 14
heures, pour discuter la question avec débat du député de
Marguerite-Bourgeoys au ministre des Finances et président du Conseil du
trésor sur le sujet suivant: Le financement des commissions
scolaires.
Les membres de cette commission sont: M. Desbiens (Dubuc), M. Goulet
(Bellechasse), M. Grégoire (Frontenac), M. Laplante (Bourassa), M.
Lavoie (Laval) remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M.
Michaud (Laprairie), M. Parizeau (L'Assomption), M. Perron (Duplessis), M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) remplacé par Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie); M. Tremblay (Gouin).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Ciaccia (Mont-Royal) remplacé par M. Lalande
(Maisonneuve); M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Fallu (Terrebonne), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Martel (Richelieu).
Je voudrais simplement, avant de débuter, rappeler un peu les
règles des commissions parlementaires où la personne qui
interpelle au début a droit à 20 minutes d'intervention. Le
ministre interpellé a droit à 20 minutes d'intervention. Ensuite,
c'est selon les demandes de chacun, toujours en tenant compte des 20 minutes et
en gardant pour la fin 10 minutes pour la personne qui a interpellé et
10 minutes pour le ministre, pour la conclusion.
La parole est au député de Marguerite-Bourgeoys.
Exposé du sujet M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Vous aurez
remarqué, M. le Président, que le ministre que nous avons
invité aujourd'hui n'est pas le ministre de l'Éducation,
quoiqu'on parle de financement des commissions scolaires. C'est à
dessein, étant donné que, fatalement et de façon
définitive, c'est au Conseil du trésor que les décisions
finales sont prises. C'est au Conseil du trésor que l'on retrouve les
moyens, les ressources nécessaires pour déterminer le financement
définitif des commissions scolaires comme du reste du gouvernement.
Je ne veux pas non plus accabler le ministre des Finances. On sait que
les temps sont durs. Les chiffres sont immenses, qu'on parle de déficits
ou d'autres choses. Je ne voudrais pas non plus qu'il m'accuse de vouloir miner
le crédit de la province en discutant, pendant les minutes qui nous sont
allouées par le règlement de problèmes qui touchent
à la capacité administrative du gouvernement.
Le financement des commissions scolaires, c'est-à-dire de
l'enseignement primaire et secondaire, a connu des problèmes graves
depuis quatre ans en particulier; avant aussi, mais surtout depuis quatre ans,
étant donné que ce gouvernement en est à sa
cinquième année d'exercice du pouvoir. C'est de cette
période que je vais parler plus particulièrement. On peut
même parler d'un dossier noir que le ministre des Finances a
lui-même qualifié de trou. Je voudrais donc parler de ce fameux
trou de $500,000,000 qui s'est creusé depuis quatre ans dans le
financement des commissions scolaires.
D'abord, j'aimerais décrire ce que c'est. Disons, en premier
lieu, ce que ce n'est pas. Ce n'est pas de l'argent qui est disparu dans les
poches de quelqu'un. On n'accuse aucun ministre de fraude ou de malversation;
ce n'est pas cela. Le ministre pourra corriger ce que je dis si je fais erreur,
mais, en ce qui nous concerne, nous croyons que ce trou veut dire que le
financement de l'enseignement primaire et secondaire au Québec a
coûté, pour cette période que je veux toucher, plus cher
chaque jour et chaque année que ce que le ministre des Finances avait
décidé qu'il coûterait. Il a coûté, pour cette
même période, un montant que le ministre des Finances
lui-même nous a déterminé à $500,000,000. (14 h
15)
Un certain écart dans les prévisions de dépenses du
gouvernement est tout à fait normal, mais ce qui est incroyable dans le
cas de ce trou de $500,000,000, c'est que le ministre des Finances et
président du Conseil du trésor ne s'est pas aperçu qu'il
se creusait quotidiennement, pendant trois ans, sous ses pieds. Je sais que le
ministre - il l'a fait - va se vanter que c'est lui qui a découvert le
trou et qu'il a été le premier à en parler. D'ailleurs,
c'est touchant de le voir ainsi nous faire remarquer qu'il a bravement
avoué son incurie le 25 mars 1980, lors du discours du budget. Je dis
que le moins qu'il pouvait faire, c'était justement de l'avouer. On se
serait attendu qu'il contrôle les coûts plutôt que de se
féliciter d'avouer son incapacité à les
contrôler.
Le ministre des Finances a donc trouvé en novembre 1979 - il y a
un an - que, depuis le début de l'exercice de ses fonctions, il se
dépensait beaucoup plus pour le financement des commissions scolaires
que ce qu'il croyait et il a déclenché une enquête du
vérificateur, tel que prévu par la Loi de l'administration
financière. Pourquoi? parce que le ministre des Finances,
président du Conseil du trésor, a le pouvoir, d'après
cette loi, de faire faire des enquêtes par le vérificateur pour
aller chercher les raisons, pour trouver des choses qu'autrement il ne peut
trouver; c'est un pouvoir qu'il a le droit d'exercer.
Le vérificateur a fait un rapport préliminaire qui a
été déposé en Chambre et, beaucoup plus tard, un
rapport final. Je pense que
le verdict est assez clair, là-dessus, on pourrait s'entendre:
c'est le fouillis administratif dans l'administration du ministère de
l'Éducation. Il faut peut-être préciser que l'enquête
portait sur le ministère de l'Éducation et sur une douzaine de
commissions scolaires choisies non pas au hasard, mais probablement suivant un
certain découpage, pour que ce soit représentatif.
Quant aux commissions scolaires, il y aurait naturellement d'autres
lieux où en parler, ce sont des organismes élus, qui sont
responsables de leur administration à leur population et je leur laisse
le soin de faire la démonstration de leur bonne administration, s'il y a
lieu. Nous allons parler du gouvernement.
Donc, c'est le fouillis administratif dans l'administration du
ministère de l'Éducation. Cela ressort partout dans ce rapport;
c'est réglé, c'est entendu, c'est définitif. Je vais vous
faire grâce, naturellement, de la lecture de ce rapport, il est
disponible pour qui veut le lire, mais j'aimerais souligner les remarques du
Vérificateur général, à savoir que son mandat ne
prévoyait pas qu'il puisse aller jusqu'au Conseil du trésor.
À deux reprises dans ce rapport, dans le rapport final, le
Vérificateur général souligne: "Nous nous devons de
préciser que nous n'avons fait aucun travail à l'égard du
processus de l'établissement des crédits budgétaires du
gouvernement, notre mandat ne le prévoyant pas". Il précise cette
remarque, à la page 6, où il dit: "L'examen du processus en vertu
duquel les sommes nécessaires au financement étaient
établies et portées aux prévisions budgétaires du
ministère de l'Éducation au cours de la même période
ne fait pas l'objet de notre mandat, comme nous l'avons noté
précédemment. Nous croyons quand même utile d'en
évoquer brièvement les principales étapes."
Même si le vérificateur répète a deux
reprises... Je ne veux pas lui prêter d'intention, mais j'ai droit
à mes interprétations, je lis un certain regret de n'avoir pu
aller plus loin parce que, fatalement, son travail est incomplet. C'est
tellement vrai que, s'il n'a pas le mandat d'aller enquêter sur ce
processus d'établissement des prévisions budgétaires,
à ce moment, il aurait fallu qu'il reçoive le mandat du
président du Conseil du trésor d'aller enquêter sur le
Conseil du trésor, ce que le président a refusé de faire
ou, enfin, n'a pas fait. Même s'il n'a pas ce mandat, il évoque
brièvement les principales étapes de l'établissement des
prévisions budgétaires, à la page 7 en particulier, ainsi
qu'à la page 8.
Compte tenu de ce rapport, compte tenu aussi du fait que les
prévisions budgétaires sont déterminées par le
Conseil du trésor en vertu de la Loi sur l'administration
financière... La loi sur l'administration financière, M. le
Président, c'est le patron du ministre des Finances, c'est son
maître. Rapidement, cette loi crée les moyens de contrôler;
il y a la fonction de contrôleur des finances, par exemple, qui
prévoit comment le ministère des Finances peut contrôler
les finances dans tous les ministères. À l'article 23, on dit: Le
Conseil du trésor est chargé de soumettre au Conseil
exécutif - le Conseil exécutif, c'est le Conseil des ministres -
chaque année un projet de prévisions budgétaires. À
ces fins - il y a plusieurs pouvoirs qui sont créés par la loi
qui donnent au Conseil du trésor des moyens d'établir ces
prévisions budgétaires - il analyse les implications
financières des plans et programmes des ministères et organismes
du gouvernement et recueille auprès d'eux les données requises
pour la préparation de ces prévisions. Le conseil
détermine la forme et la teneur des documents -le contenu, ce qu'il doit
demander - au moyen desquels ces données doivent lui être
transmises. Alors, les ministères n'ont pas le choix de transmettre
n'importe quoi. Si, comme dans ce cas-ci, les ministères, comme le
ministère de l'Éducation, ont transmis à peu près
n'importe quoi, c'est-à-dire tout sauf la véritable situation,
c'est le Conseil du trésor qui a posé les questions. Donc, c'est
le Conseil du trésor qui a le pouvoir d'établir les
prévisions budgétaires; c'est le Conseil du trésor qui a
déclenché l'enquête. Le vérificateur
répète à deux endroits qu'il n'a pas le mandat d'aller
voir au Conseil du trésor. Alors, fatalement, logiquement, j'ai
posé la question au président du Conseil du trésor, il y a
quelques semaines, à savoir pourquoi il avait arrêté
l'enquête à sa porte. Il m'a répondu: C'est évident,
on n'enquête pas sur ce qui est connu, on enquête sur ce qui est
inconnu. C'est simple. Il aurait fallu que j'y pense.
Il y a une autre chose qui est simple aussi. C'est que, ce que le
ministre connaît du Conseil du trésor, nous ne le connaissons pas.
L'Assemblée nationale ne le connaît pas, la population non plus.
La population se pose les mêmes questions que nous: Comment se fait-il
que le Conseil du trésor, cet organisme tout-puissant, paraît-il,
avec les pouvoirs d'établir les prévisions budgétaires
annuellement, ne s'est pas aperçu, pendant trois ans, que les questions
qu'il posait au ministère de l'Éducation n'étaient pas les
bonnes ou que les réponses qu'on lui donnait n'étaient pas les
bonnes? Comment cela se fait-il?
Le Conseil du trésor étant donc le premier responsable, le
responsable ultime de ce que les journalistes ont appelé un gouffre,
fatalement, il fallait poser les questions. J'ai demandé une
enquête. Le ministre dit qu'il connaît ce qui se passe au Conseil
du trésor, donc qu'il n'a pas besoin d'enquête. Il a
refusé. Pourtant, cette enquête, je n'ai pas été le
seul à la demander. Je n'ai pas été le seul.
Je vais vous faire état de quelques remarques qui ont
été faites par des éditorialistes, des observateurs
politiques qui ne sont pas des membres de l'Opposition. Par exemple, Claude
Bruneau, dans le Nouvelliste, écrivait, le 28 mars 1980: "On sait
gré au ministre des Finances de ne pas chercher de bouc
émissaire. Rien n'indique qu'il y ait quelque indice de
malhonnêteté. Je l'ai bien établi, je pense, au
départ. Mais il est difficile de ne pas y voir de l'incurie, de la
maladresse ou de l'incompétence administrative, comme on voudra. Le plus
étonnant - je poursuis la lecture de Claude Bruneau - est qu'on dit
qu'il en était de même sous la précédente
administration et qu'en 1976, le gouvernement a hérité de quelque
$500,000,000 d'arrérages qu'on vient à peine de terminer de
payer. N'est-ce pas étonnant qu'on n'ait pas questionné le
système à ce moment-là et qu'on arrive aujourd'hui avec la
même surprise?"
Jean Vigneault, dans la Tribune, sous le titre "Le trou du
siècle", ce n'est pas un vulgaire député d'Opposition qui
dit cela, M. le Président, c'est un observateur indépendant, dit
ceci:
"Expliquer par le seul gigantisme du système scolaire un trou
aussi béant serait, pour le ministre des Finances, un aveu d'impuissance
que les contribuables québécois ne sauraient tolérer. Plus
une machine est complexe, plus les contrôles doivent être
rigoureux."
Jean-Guy Dubuc, dans la Presse du 3 avril 1980, dit ceci: "Quand les
péquistes ont pris le pouvoir en 1976, ils ont dû combler des
"arrérages" - entre guillemets, dit-il - de $500,000,000 laissés
par les libéraux, selon M. Parizeau." Je poursuis la citation. "C'est
dire que le système était alors déficient. Le gouvernement
a accepté de payer la note, mais il n'a rien fait pour remédier
au mal qui a permis de laisser cours à l'incompétence et
peut-être aussi à la fraude." C'est la suggestion de
l'éditorialiste.
Lise Bissonnette, dans le Devoir, 3 avril 1980: Un trou et un gouffre,
dit-elle. "Le trou d'un demi-milliard - vous savez ce que c'est, un
demi-milliard, M. le Président, c'est 500 fois un million, $500,000,000
- dans le financement des commissions scolaires devient, avec les premiers
éléments d'analyse à nous parvenir, un gouffre de mauvaise
administration publique." Elle poursuit, toujours Lise Bissonnette. "Mais le
premier, M. Parizeau, qui est aussi président du Conseil du
trésor, doit d'abord s'en prendre à lui-même. Gestionnaire
miracle qui se plaît à se montrer futé et responsable, M.
Parizeau n'a découvert qu'en fin de mandat ce chaos financier." Je
poursuis la citation: "Encore une fois, on ne peut comprendre comment M.
Parizeau, grand maître des négociations dans les secteurs public
et parapublic qu'il a toujours prétendu avoir préparées
longtemps à l'avance, n'a décelé à aucun moment
l'anarchie dans les méthodes de calcul du nombre d'enseignants ou
d'élèves au Québec."
Jean-Pierre Proulx, dans le Devoir du 24 octobre 1980, dit ceci:
"À la lecture du rapport, on constate finalement que deux grands types
de causes expliquent ce gâchis; d'abord, le principe même du
financement des commissions était en soi générateur
d'anomalies. Ensuite, la façon dont on l'a administré ne pouvait
qu'entraîner un enlisement plus profond encore." Je poursuis la citation:
"Le système était donc dans son principe déficient. On a
mis fort longtemps à s'en rendre compte puisque l'on vient tout juste de
le changer."
Enfin, une dernière citation pour le moment. Gilles Lesage, dans
le Soleil du 24 octobre, dit ceci: "Qui blâmer? Le système, bien
sûr, mais le système fonctionne parce qu'il y a du monde dedans et
dans ce cas, à peu près tous les intervenants ont leur part dans
ce gouffre monstrueux - le mot n'est pas de moi - à partir de cette
ingouvernable pétaudière du ministère de
l'Éducation en passant par les anachroniques commissions scolaires et le
Conseil du trésor, sans oublier les intraitables enseignants qui ont
profité sinon abusé d'un système où le laxisme et
l'anarchie avaient droit de cité." (14 h 30)
M. le Président, j'ai demandé une enquête. Jean
Vigneault, dans la Tribune du 31 mars, demande une enquête
complète, une étude complète. Jacques Mongeau,
président de la Fédération des commissions scolaires,
demande une enquête. Jean-Guy Dubuc, dans la Presse du 3 avril 1980,
demande une enquête. Il dit ceci: "Les enquêtes sont toujours
ennuyeuses. Elles discréditent parfois des gens. Elles jettent des
doutes sur d'autres. Elles obligent à condamner des coupables, mais
aussi elles servent à la protection de la démocratie. Le
gouvernement péquiste n'a pas hésité à ordonner une
enquête pour faire le jour sur le déficit olympique. Son souci de
transparence va l'obliger à faire de même pour élucider le
mystère d'une bizarre administration qui nous coûte très
cher." Je termine là-dessus, M. le Président. Gilles Lesage, le
24 octobre, dit: "Le rapport sur le trou de $500,000,000 dans le financement
scolaire ne doit pas subir un enterrement de première classe."
N'ayant pas d'enquête, il ne me reste plus qu'à utiliser
les moyens, comme parlementaire, que j'utilise aujourd'hui et demander au
ministre d'expliquer sa responsabilité, comme président du
Conseil du trésor, à l'égard de ce trou de $500,000,000.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député.
M. le ministre des Finances.
Réponse du ministre M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, au mois de mai 1976, on
pouvait lire dans le discours du budget de l'époque, en page 28, les
phrases suivantes: "La diminution graduelle du poids de l'impôt - et je
cite au texte tout ce qui concernait l'éducation - foncier scolaire dans
le financement de l'éducation a évidemment, comme contrepartie,
une augmentation correspondante des subventions d'équilibre
budgétaire versées par le gouvernement aux commissions scolaires
dans le but de combler la différence entre les dépenses et les
revenus normalisés. "Le ministère de l'Éducation et le
Conseil du trésor ont procédé, au cours des deux
dernières années, à une analyse approfondie des
états financiers des commissions scolaires pour les années
1970-1971 à 1974-1975 inclusivement. Cette analyse montre un
écart - là, c'est de moi, pas un trou, un écart, le choix
des mots - entre les coûts réels des réseaux
élémentaire et secondaire et l'estimation résultant de
l'application des règles budgétaires gouvernementales qui sont,
pour la plupart, fonction du nombre des élèves inscrits dans les
commissions scolaires. "Les sommes dues aux commissions scolaires au 30 juin
1974 ont été entièrement versées. Au 30 juin 1975,
les subventions additionnelles à payer aux commissions scolaires
totalisaient $145,000,000. À cette fin, je déposerai sous peu
-disait mon prédécesseur - un budget supplémentaire qui
sera ajouté aux crédits du ministère de
l'Éducation. En ce qui concerne l'année scolaire qui se terminera
le 30 juin 1976, les états financiers seront disponibles à
l'automne. C'est l'intention du gouvernement, à la lumière des
chiffres qui seront révélés, d'affecter les ressources
nécessaires pour ramener, sur une période de quelques
années, le paiement des subventions d'équilibre budgétaire
sur la base de 70% des coûts de fonctionnement de l'année en cours
et de 30% de ceux de l'année précédente."
Il est évident que lorsqu'on écrit cela, on
n'a pas d'éditoriaux dans les journaux parce que, de toute
façon, il n'y a rien à y comprendre. Qu'est-ce que cela couvrait?
Ce que cela couvrait, c'étaient des arrérages, dus aux
commissions scolaires, de $491,000,000. Le chiffre n'apparaît pas. Il n'y
a pas de trou de $500,000,000; c'est un écart non chiffré, sauf
que c'était $500,000,000 d'arrérages aux commissions scolaires,
bien sûr. $500,000,000 de 1976. Je vous rappelle que dans l'intervalle
les prix ont augmenté de presque 50%. En fait, le trou qu'on nous a
laissé, il n'était pas de $500,000,000, il était de
$750,000,000 en dollars d'aujourd'hui, sauf que: a) on ne donnait pas le
montant; b) on prenait un certain nombre de précautions oratoires
où, de toute façon, il n'y avait pas lieu d'en faire quelque
état que ce soit dans un éditorial puisque, de toute
façon, personne n'y comprenait quoi que ce soit; et c) on envoyait cela
au gouvernement suivant en disant: Débrouillez-vous avec.
C'est très exactement ce que nous avons fait. On s'est
débrouillé avec. Et on a commencé à payer des
arrérages qui étaient dus aux commissions scolaires.
Un des problèmes majeurs, contrairement à ce qui est dit
dans le texte que je viens de citer, c'est quand on dit: On va avoir les
états financiers des commissions scolaires pour l'année 1976-1977
à l'automne. En pratique, on sait que ce n'est pas de cette façon
que cela se présente. L'examen des états financiers, leur
conciliation et leur analyse prennent et ont pris beaucoup de temps. Donc, au
moment même où le présent gouvernement pensait avoir
réglé le plus clair des arrérages dont on avait
hérité du gouvernement précédent, voilà
qu'à l'examen, à la fin de 1979, des états financiers
définitifs pour l'année 1976-1977 des commissions scolaires, on
se rend compte que, dans l'intervalle, elles avaient recommencé
exactement le même coup, c'est-à-dire d'accumuler des sommes pour
lesquelles les crédits n'avaient pas été votés, si
bien que, en pratique, cela nous ramenait exactement dans la même
situation que le gouverenement précédent; à un montant,
encore une fois, en dollars d'aujourd'hui, inférieur - $500,000,000,
c'est moins que les $500,000,000 dont on a hérité du
précédent gouvernement, simplement à cause de l'inflation
- mais c'était la même chose.
Constatant cela et puisque le député de
Marguerite-Bourgeoys me met en cause personnellement comme président du
Conseil du trésor, je vais me permettre de citer le dernier discours du
budget. On va voir si c'est plus précis ou moins précis que le
précédent trou de $750,000,000 en dollars d'aujourd'hui. J'ai
cité le discours du budget de 1976. Voyons, à l'occasion de
l'apparition, à nouveau, d'arrérages dus aux commissions
scolaires, comment c'était présenté. On va voir si c'est
un peu plus vague ou un peu plus précis. Je cite à partir de la
page 23. C'est un peu long, M. le Président, mais dans la mesure
où, effectivement, on me met directement en cause, j'aurais bien tort de
ne pas me citer.
Après avoir parlé des efforts faits pour contracter et
pour comprimer des dépenses dans d'autres secteurs, je disais donc:
"Alors que tous ces efforts étaient déployés et que
certains enfin aboutissaient à des résultats substantiels et
concrets, éclatait une crise de premier ordre dans le financement des
commissions scolaires qui nous a forcés à réorganiser en
profondeur tous les contrôles de ce secteur, mais qui a perturbé
profondément la préparation du budget de 1980-1981. Cet
épisode exige des explications assez détaillées. "À
la fin de novembre 1979, on apprenait que le niveau des subventions
payées aux commissions scolaires était nettement inférieur
à ce qu'il fallait pour faire fonctionner le système à son
coût véritable, qu'il faudrait ajouter $210,000,000 au budget de
1980-1981 pour qu'il reflète la réalité et que, depuis
1976-1977, les arrérages à payer atteindraient vraisemblablement
$300,000,000. Une vérification rapide des emprunts des commissions
scolaires auprès des banques confirmait l'ordre de grandeur des
montants. "Cette constatation découlait de ce que la consolidation
préliminaire des états financiers des commissions scolaires pour
l'année 1977-1978 venait d'être communiquée au Conseil du
trésor. Une analyse faisait, en quelques jours, apparaître une
sous-estimation des coûts de l'enseignement primaire et secondaire pour
toutes les années depuis 1976-1977." Je répète: "Une
analyse faisait, en quelques jours", parce que, effectivement, c'est en
quelques jours, dès qu'on a eu la consolidation des états
financiers, que cela nous a sauté au nez. "Comment une situation aussi
étonnante a-t-elle pu se produire? Il faut comprendre que les
commissions scolaires doivent transmettre leurs états financiers au
ministère de l'Éducation dans les trois mois qui suivent la fin
de leur année financière. Certaines le font, d'autres non.
Lorsque suffisamment de ces états sont entrés, ils sont rendus
comparables, ajustés en fonction des autorisations reçues et,
finalement, consolidés. Cette consolidation est d'abord
préliminaire parce qu'elle comporte des extrapolations à
l'égard des commissions scolaires pour lesquelles tout le travail n'est
pas terminé. Puis, on part en chasse pour rattraper les données
qui manquent. Plus tard, beaucoup plus tard, on procède à nouveau
pendant plusieurs mois à une nouvelle consolidation, celle-là
définitive. "Pendant des années, le gouvernement ne s'est pas
trop soucié de tels délais. D'année en année, on
accumulait parfois des arrérages énormes qu'on repayait ensuite
graduellement. C'est ainsi que, quand le précédent gouvernement
est arrivé au pouvoir, les arrérages connus étaient de
l'ordre de $500,000,000 - c'est de cela que je parlais tout à l'heure -
et c'est cette année qu'on devait finir de les payer. "Bien sûr,
la combinaison d'une cascade d'ajustements annuels sur des données
anciennes et de paiements occasionnels ou variables d'arrérages fait que
les crédits inscrits chaque année au titre de l'enseiqnement
primaire et secondaire n'avaient pas beaucoup de rapport avec le coût
réel de l'enseignement lui-même. "Ce qu'il y a de nouveau dans la
situation qui vient d'éclater, c'est qu'il est maintenant établi
que les états financiers consolidés de 1976-1977 étaient
faux, non pas en ce sens qu'ils avaient été faussés, mais
qu'ils reflétaient des données incorrectes. Les études
faites depuis trois mois nous apprennent que, non seulement on ne connaît
pas le nombre exact des enseignants -cela, on le savait déjà -
mais qu'entre la description des années de scolarité et
d'expé-
rience des enseignants, telles qu'elles apparaissent dans les registres
des commissions scolaires et dans celui du ministère de
l'Éducation, il y a des écarts très significatifs. Comment
peut-on alors établir une masse salariale exacte? Même le nombre
des étudiants n'est pas exactement connu. Des étudiants qui ont
déménagé sont, par milliers, comptés à deux
endroits. Un rapport sur ces questions fut demandé à la fin de
décembre au Vérificateur général du Québec
qui commença par examiner une douzaine de commissions scolaires et la
nature des contrôles exercés par le ministère de
l'Éducation. Les résultats préliminaires semblent
confirmer les constatations dont on vient de faire état et en rendent
plus sérieuses encore les conséquences. "Je ne voudrais pas
charger indûment les commissions scolaires et le ministère de
l'Éducation. Dans les chiffres justement apportés chaque
année au Conseil du trésor pour la préparation des
budgets, on n'a pas non plus été suffisamment alerte au fait que,
pour faire balancer les comptes, certains calculs étaient manifestement
douteux. De même, le ministère des Finances se contentait un peu
trop facilement de payer les comptes sans se demander suffisamment sur quelle
base ils étaient établis. "En fait, un vieux système
arrive à son terme en nous laissant un coût de l'enseignement
nettement plus élevé que ce qui était connu. Ainsi se
confirme on ne peut plus clairement que, de période en période,
de convention collective en convention collective, on en est arrivé
à un coût par élève qui est de $500 par an plus
élevé qu'en Ontario; il n'y a pas de quoi en être fier.
Cela étant dit, il faut maintenant reprendre le contrôle du
système et, pour cela, on ne peut y arriver par ajustements mineurs ou
réorientations anodines, il faut tout changer. "Depuis deux mois, le
ministère de l'Éducation a mis au point un nouveau système
budgétaire et en discute actuellement avec les commissions scolaires.
L'objectif qui doit être atteint, c'est qu'à partir de cette
année, chaque commission scolaire recevrait au début de
l'année un budget fermé qui devrait satisfaire les besoins de
l'année. Ce budget serait révisé après le 30
septembre, date où est fait le relevé des étudiants dans
la commission scolaire. Il n'y aurait pas d'autres ajustements. "En second
lieu, les vérificateurs externes de la commission scolaire devraient
procéder à la vérification précise de ces
données centrales pour la compréhension des états
financiers que sont le nombre et les caractéristiques des professeurs et
des étudiants. "En troisième lieu, les pénalités
seraient renforcées pour tout délai dans la production des
états financiers. "Enfin, la machine gouvernementale de contrôle
sera modifiée de fond en comble à chacun de ces paliers. "Cette
année, j'ai inscrit dans le budget du ministère de
l'Éducation toutes les sommes nécessaires pour que les
crédits reflètent le coût véritable du
système, y compris les intérêts à payer sur les
arrérages. Quant aux $300,000,000 d'arrérages, le budget de
l'éducation primaire et secondaire du ministère de
l'Éducation va les assumer grace à des coupures annuelles qui ont
déjà été fixées à $30,000,000 pour
1980-1981, à $50,000,000 en 1981-1982, à $53,000,000 en 1982-
1983. "Ces quelques commentaires devraient remettre en perspective
l'énorme accroissement de 1980-1981 du budget du ministère de
l'Éducation, etc."
Est-ce qu'on peut comparer les deux, M. le Président? Je cesse
ici ma citation. Nous voyons d'abord paraître en 1976, avant que nous
prenions le pouvoir, un déficit qui, en dollars d'aujourd'hui, est de
l'ordre de $750,000,000. On n'en dit à peu près rien, on ne
mentionne surtout pas le montant, on ne dit surtout pas de quoi il s'agit et il
n'y a pas d'éditoriaux. Évidemment, il n'y pas
d'éditoriaux. Quand on n'en parle pas, les journaux n'en parlent
pas.
Plusieurs années plus tard, on se rend compte que les commissions
scolaires ont recommencé à accumuler des arrérages; cette
fois-là, on donne les montants, on indique de quoi il s'agit, on essaie
de trouver les sources du problème, on indique les corrections qui sont
apportées et on fait cela de façon très
détaillée. Résultat: il y a des éditoriaux. Mais je
reste persuadé, en dépit de ce que dit le député de
Marguerite-Bourgeoys, que la démocratie est infiniment mieux servie par
cette façon de procéder que par l'ancienne.
Qu'est-ce qu'il y a vraiment de changé? Ceci. Le
précédent gouvernement nous a laissé un trou, en dollars
d'aujourd'hui, plus gros que celui auquel nous avons eu à faire face. La
même chose nous est arrivée. Le précédent
gouvernement n'avait rien changé; nous, nous avons pris les dispositions
pour que plus jamais cela ne se reproduise. Avec un budget fermé, les
commissions scolaires ne pourront plus forcément compter sur des
ajustements de deux ans, trois ans, quatre ans plus tard pour faire entrer un
certain nombre de dépenses qui n'avaient pas été
prévues.
Donc, ce que le présent gouvernement a fait, puisque ça
lui arrivait aussi à lui, ce fut, dans le cas du présent
gouvernement, de prendre les mesures pour que cela ne recommence plus jamais.
Effectivement, elles ont été mises en vigueur et le budget actuel
des commissions scolaires est un budget fermé dans le sens de ce que le
discours du budget annonçait. (14 h 45)
Le député de Marguerite-Bourgeoys me demandait, d'autre
part, pourquoi l'enquête s'était arrêtée au Conseil
du trésor. Je lui avais répondu, dans le cadre assez restreint
d'une période de questions, qu'on n'enquête pas sur le connu. Je
vais développer cela un peu davantage.
Qu'est-ce qu'il nous fallait? Qu'est-ce qui est arrivé dans les
états financiers de 1976-1977, tel que communiqué au Conseil du
trésor en 1979? C'est qu'on s'est rendu compte que les états
financiers étaient faux. Non pas dans le sens qu'ils avaient
été faussés, mais dans le sens qu'ils n'étaient pas
exacts. Qu'est-ce qu'on demande dans ces conditions au Vérificateur
général? Non pas de dire: Voulez-vous nous expliquer pourquoi,
partant de documents faux, le Conseil du trésor arrive à une
conclusion fausse? Pour cela, on n'a pas besoin du Vérificateur
général. Le principe du "garbage in, garbage out" est bien connu.
Si les renseignements ne sont pas bons, les résultats ne vont pas
être bons non plus. Il s'agissait de savoir pourquoi les renseignements
dont on disposait n'étaient pas exacts. Où est-ce
que cela se trouve cette vérification que les renseignements ne
sont pas exacts? À deux endroits: Les commissions scolaires et le
ministère de l'Éducation. Ce n'est pas que je leur en veux en
particulier, M. le Président. Vous aurez noté que dans le
discours du budget je ne cherchais surtout pas à établir des
responsabilités particulières au niveau des commissions scolaires
ou du ministère de l'Éducation ou du Conseil du trésor ou
du ministère des Finances. Je les mentionnais tous les quatre. Mais, si
on se rend compte que les états financiers sur lesquels on travaille ne
sont pas exacts, on s'en va faire des vérifications là où
ils sont préparés, là où ils sont analysés,
c'est-à-dire pas aux finances, pas au trésor, mais dans les
commissions scolaires et au ministère de l'Éducation d'où
le mandat du Vérificateur général dont je rappelle
certaines des données.
On demandait au Vérificateur général de faire
enquête dans les commissions scolaires mentionnées en annexe et au
ministère de l'Éducation pour vérifier: 1- la
conformité, l'authenticité et l'intégralité des
informations portées aux états financiers de ces commissions
scolaires pour les années 1976-1977, 1977-1978, 1978-1979. On dit au
vérificateur: Allez donc voir comment cela se fait que les
données qu'on a tirées de là n'étaient pas les
bonnes. Cela ne sert à rien d'aller au ministère des Finances
pour vérifier cela. Ce n'est pas au ministère des Finances qu'on
fait les états financiers des commissions scolaires. C'est dans les
commissions scolaires. C'est la raison pour laquelle le mandat du
vérificateur n'a pas été donné d'aller
vérifier ce qui se fait en bout de piste. Ce n'est pas le "garbage out"
qu'on est allé vérifier. C'est le "garbage in",
évidemment, parce que, si les renseignements qui rentrent dans la
machine à saucisse ne sont pas bons, il ne faut pas s'étonner que
la machine à saucisse sorte des résultats qui ne sont pas bons
non plus.
Voilà à peu près ce que je voulais dire dans un
premier temps, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Discussion générale
M. Lalonde: C'est un peu court, disait l'auteur. J'aurais
quelques questions plus précises. C'est de bonne guerre, naturellement,
M. le Président, de retourner en arrière et dire: Les anciens
gouvernements étaient pires que nous autres. Je vais laisser cette
démonstration au ministre. Le ministre passe allègrement de 1976,
novembre, à 1979, novembre, trois ans. Il commence par faire des
reproches à l'ancien gouvernement parce qu'il y avait eu un grand
écart, et, tout de suite, il saute à son discours du budget, dont
on a eu l'honneur d'avoir une deuxième lecture, aujourd'hui. Mais entre
le mois de novembre 1976 - le jour où le ministre des Finances actuel
est entré triomphalement dans son bureau - jusqu'à la fin
novembre 1979 - le jour où il a reçu la mauvaise nouvelle du
ministre de l'Éducation - pas un mot. Je comprends que si le "garbage
in" n'est pas acceptable, si c'est de la saucisse avariée, on ne peut
pas sortir autre chose à l'autre bout. Mais la machine à
saucisse, j'aimerais bien voir ce qu'il y a là-dedans aussi, comment
cela se fait que la machine à saucisse, le Conseil du trésor, a
reçu du "garbage" pendant trois ans sans s'en apercevoir, sans poser de
question. Pourtant, c'était si facile quand, tout à coup, le
petit drapeau rouge s'est levé!
Je reprends le discours sur budget du ministre des Finances qu'il vient
de nous lire. Il dit ceci, à la page 23: "Une vérification rapide
des emprunts des commissions scolaires auprès des banques confirmait
l'ordre de grandeur des montants." Je me suis toujours demandé comment
il se faisait que les commissions scolaires pouvaient être à court
de $500,000,000 et payer leurs comptes. La réponse, c'est qu'elles
empruntaient aux banques. C'est l'enfance de l'art pour le ministre des
Finances de placer un petit appel téléphonique. Sa petite
vérification rapide qu'il a faite, il aurait pu faire cela en 1977, en
1978, en 1979. Le président du Conseil du trésor, pas une seule
fois en trois ans, n'a pensé s'informer; il me semble qu'un enfant
d'école y aurait pensé au moins une fois, mais pas une seule fois
en trois ans. Il a dit: Les commissions scolaires, certaines le font, d'autres
non. Il faut lire toute la phrase. Je cite le ministre: "Comment une situation
aussi étonnante a-t-elle pu se produire? Il faut comprendre que les
commissions scolaires doivent transmettre leurs états financiers au
ministère de l'Éducation dans les trois mois qui suivent la fin
de leur année financière. Certaines le font, d'autres non."
Là aussi, c'est court. Je dirais même, M. le ministre, que c'est
trop court. Il faut quand même être plus franc que cela et plus
honnête.
J'ai posé des questions à plusieurs reprises ici à
l'ancien ministre de l'Éducation, lors de l'étude de ses
crédits au mois de juin. Les questions que je lui ai posées
étaient fort précises. Je suis allé aux renseignements et
j'ai appris... Parce que, pour le ministre de l'Éducation, cela a
été sa première accusation; pour se défendre, il
s'est caché derrière les commissions scolaires et a dit: Les
commissions scolaires sont trois ans en retard dans leurs états
financiers. Ce n'est pas cela. C'est le ministère de l'Éducation
et le Conseil du trésor qui prenaient trop de temps pour en faire la
consolidation. Alors, on est allé aux sources. Voici ce que cela donne.
Il faut comprendre que c'est pour 1976-1977 que cela commence, c'est le
plancher. Si on avait su, au mois de juillet 1977, c'est-à-dire tout de
suite après la fin de l'exercice financier de 1976-1977, le coût
exact, à ce moment, le budget de 1977-1978 du ministre des Finances
aurait été correct, ses prévisions budgétaires
auraient pu être établies de façon correcte.
Parlons de 1976-1977. L'exercice financier se termine le 30 juin de
chague année; juillet, août, septembre. Elles ont jusqu'au 31
octobre pour fabriquer, préparer, faire vérifier leurs
états financiers et les transmettre au ministère de
l'Éducation. À entendre le ministre de l'Éducation et le
ministre des Finances quand ils disent: Certaines le font, d'autres non, et
à entendre les commissions scolaires, on pourrait conclure que les
commissions scolaires décident si elles font des états
financiers, oui ou non, et les envoient au ministère, peut-être ou
peut-être pas. Ce n'est pas cela qui est arrivé.
Pour 1976-1977, sur 254 commissions scolaires, 195 ont envoyé
leurs états financiers
vérifiés au ministère de l'Éducation avant
le 31 octobre, date limite; 45 autres, au mois de novembre; 12 autres au mois
de décembre; 2 autres en janvier 1978. Même en oubliant les
retardataires, vous en avez 195 sur 254 à temps. Deux mois plus tard,
non pas en novembre 1979, mais le 31 décembre 1977, toutes sauf 2 ont
fait parvenir leurs états financiers. Quand le ministre des Finances
dit: Certaines le font, d'autres non, je pense qu'il n'est pas juste à
l'égard des commissions scolaires.
C'est ainsi. C'est encore mieux pour 1977- 1978. Je n'ai pas les
chiffres avec moi. Je pourrais aussi vous les donner pour 1979. Enfin, cela
s'est amélioré à mesure que le temps passait. Mais, c'est
l'année de base.
Le ministre dit: S'il s'agissait d'examiner les états financiers
pour savoir s'ils étaient bien faits ou non, cela prenait un
Vérificateur général. Il a les ressources
nécessaires. Fort bien! Une enquête au Conseil du trésor
pour savoir s'ils ont fait leur boulot devrait être faite par quelqu'un
d'autre que le Vérificateur général. Peut-être qu'il
n'a pas les ressources nécessaires pour le faire. Je suis parfaitement
d'accord. Pourvu que ce soit une personne compétente et
indépendante qui fasse l'enquête, qu'on choisisse quelqu'un
d'autre que le Vérificateur général, je n'ai pas
d'objection, mais qu'on la fasse, l'enquête.
Le ministre - là, on est rendu en mars 1980 - nous dit qu'il a
découvert, fin novembre 1979, le coût véritable de
1976-1977. Qu'est-ce qu'a dit le vérificateur là-dedans? Dans son
rapport préliminaire, il disait ceci: Le temps requis pour ce travail de
consolidation des états financiers est relativement long si l'on
considère que, pour l'année 1976-1977, le rapport concernant le
coût préliminaire du système est daté d'octobre
1978, un an après, alors que celui portant sur le coût
définitif est daté de novembre 1979. Selon les informations
obtenues, les renseignements concernant le coût définitif du
système 1976-1977 auraient cependant pu être connus en novembre
1979. C'est le Vérificateur général qui dit cela. Il dit
que le ministère de l'Education n'a pas fait son boulot. Mais, si le
ministère de l'Éducation n'a pas fait son boulot, c'est
peut-être parce que le Conseil du trésor ne l'a pas
épaulé, n'a pas posé de bonnes questions, n'a pas fait de
bonne analyses, ne s'est pas préoccupé de savoir si le
ministère de l'Éducation recevait les bonnes données.
C'est d'autant plus important, cette date-là, M. le Président,
que le ministre des Finances, dans son discours sur le budget, a avoué
que, s'il avait connu l'ampleur de ce déficit, de ce trou - il fait cet
aveu à la page 15 - il n'aurait pas offert les 1600 postes d'enseignants
qu'il a offerts dans la négociation de la convention collective de
1979-1980.
Le ministre des Finances dit ceci: "Enfin, les enseignants ont
reçu un allégement de tâches comportant l'addition
d'environ 1600 enseignants de plus dans le système. C'est, à mon
sens, la seule incongruité du règlement - cela me fait penser au
choix du mot "écart" pour un trou. Comme incongruité, M. le
Président, c'en est toute une. Si l'on avait su, au moment où ces
offres ont été formulées, ce que l'on sait maintenant sur
le coût réel de l'enseignement primaire et secondaire - j'aurai
l'occasion de revenir longuement sur cette question un peu plus tard - une
telle offre n'eût jamais été faite."
Vous savez combien coûtent 1600 enseignants à peu
près? Entre $30,000,000 et $40,000,000 par année. Cela
s'étale sur une période de trois ans, le temps de la convention
collective. C'est une offre qui vaut à peu près au moins
$100,000,000. Donc, ce n'est pas un trou de $500,000,000 qu'on a, c'en est
probablement un de $600,000,000. Cette offre a été faite. On ne
sait pas exactement - j'espère que le ministre va nous répondre
tout à l'heure - à quelle date l'offre de 1600 a
été faite. On verra jusqu'à quel point le mois ou les deux
mois de retard de trop nous ont coûté cher, jusqu'à quel
point l'incurie administrative du ministère de l'Éducation,
contrôlée par le Conseil du trésor, nous a
coûté cher. (15 heures)
J'aimerais que le ministre nous dise ce qu'il a fait entre le 23 ou le
25 novembre 1976 -quand il est entré dans son bureau comme
président du Conseil du Trésor - et la fin de novembre 1979, pour
s'assurer que les renseignements qu'il recevait du ministère de
l'Éducation étaient valables. Est-ce que pas une seule fois,
pendant ces trois ans, un seul fonctionnaire ne s'est posé la question?
N'y aurait-il pas un fonctionnaire pendant cette période qui serait
allé voir un membre du cabinet du ministre pour dire: Je ne suis pas
sûr qu'on calcule les élèves comme il faut. Je ne suis pas
sûr que les caractéristiques du corps enseignant sont bonnes. Pas
une seule fois? Je vous dis, M. le ministre, que personne ne vous croit quand
vous dites cela. Je trouve incroyable - je retire cela si M. le ministre se
sent blessé - que pendant trois ans, un organisme comme le Conseil du
trésor, dont la seule fonction est de contrôler, ne se soit
posé une seule fois la question: Est-ce que c'est bon, ce qu'on nous
donne? Est-ce qu'on ne devrait pas aller voir? Pourtant, il a tous les
pouvoirs. La loi du ministre lui donne tous les pouvoirs de faire des
règlements et des directives. J'ai fouillé. Nos recherchistes ont
fouillé à peu près tout ce qu'il y a de publié pour
savoir s'il n'y aurait pas eu une directive quelque part en 1977. Il vient d'y
avoir un trou. Il arrive là et il voit un trou. Il me fait penser
à un gars qui arrive dans une maison. Le toit coule et la cave est
pleine. Il passe trois ans à vider la cave, le toit lui coule encore sur
la tête et il ne s'en aperçoit pas. Tout à coup, grande
surprise! Courageusement, il avoue avoir vu que le toit coulait, trois ans
après.
M. le Président, on ne parle pas de choses ridicules. On parle de
$500,000,000 et ce n'est pas le gouvernement qui va les payer. Un
éditorialiste tout à l'heure disait: Fort bien! Le gouvernement a
accepté de les payer. Ce sont les contribuables. Si, M. le
Président, vous avez un banquier qui fait un trou dans votre compte de
banque et que c'est vous qui allez le payer, je sais que vous allez changer de
banquier. C'est probablement ce qui va arriver aux prochaines élections,
mais il semble, M. le ministre, que c'est assez important, $500,000,000, pour
qu'on se pose des questions. Je m'excuse de devoir vous les poser ici. Vous
n'avez pas voulu faire d'enquête. On est obligé de vous les poser.
Je voudrais que vous nous disiez quels gestes concrets vous avez faits entre
novembre 1976 et novembre 1979 pour vous assurer que les états
financiers, que les données que vous receviez du
ministère de l'Éducation étaient valables.
Pourtant, vous deviez savoir que les subventions, comme vous dites, que les
prévisions budgétaires sont reliées directement à
la clientèle, par exemple. Je m'en remets aux mesures adoptées
par le ministère de l'Éducation du Québec pour
l'allocation de ressources financières aux commissions scolaires, les
mesures correctives que vous vous vantez d'avoir mises en oeuvre. Dans ces
mesures, vous dites, à la page 5: " II s'agit, pour l'essentiel, de
mieux s'assurer de la quantité et la qualité des services que la
commission scolaire a l'obligation de fournir selon les lois et les
règlements, de la clientèle totale par niveau, qui est le
critère de base du calcul des subventions." C'est la première
fois que vous posez cette question pendant trois ans? Vous ne vous êtes
pas inquiété une seule fois de la clientèle totale,
sachant très bien que c'est la base du calcul? "Ensuite, de la
scolarité et de l'expérience des enseignants, lesquelles servent
à déterminer l'évolution du salaire moyen." Vous saviez
ça, en 1977, que c'était la scolarité et
l'expérience des enseignants qui servaient à déterminer
l'évolution du salaire moyen. Ne vous êtes-vous pas posé la
question une seule fois?
Je ne pense pas que ce soit acceptable. Je vais attendre la
réponse du ministre. Je vais attendre qu'il nous décrive toutes
les mesures qu'il a prises, tous les gestes concrets qu'il a faits pour
s'assurer que le ministère de l'Éducation lui donne des
données justes. En ce qui nous concerne, dire: On a été
surpris, trois ans après, il y avait un autre trou, ce n'est pas
suffisant. Ce n'est pas responsable. On peut faire preuve de bonhommie. Cela
égaie nos semblables, mais il y a plus que cela. Faute avouée,
à moitié pardonnée, ça va très bien aussi
pour les petits enfants à la maison, mais quand on est le grand
argentier d'un gouvernement qui a un budget de $17,000,000,000 et qu'on voit un
trou de $500,000,000, ce n'est pas suffisant de l'avouer. Il faut savoir
exactement ce que vous avez fait. C'est dans votre administration au Conseil du
trésor qu'on doit aller voir ce que vous avez fait.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais d'abord
protester. J'essaie de me contrôler là-dessus, parce que je vous
avouerai que des accusations de cet ordre me paraissent tout à fait
odieuses dans une enceinte où on ne peut pas poser de question de
privilège. Venir dire que moi, j'ai affirmé, où que ce
soit, que jamais un fonctionnaire n'était venu m'alerter à
quelque bizarrerie, je n'ai jamais dit cela à qui que ce soit. Et je ne
vois pas en vertu de quoi le député de Marguerite-Bourgeoys
affirmerait une chose pareille.
Évidemment, c'est très grave. Et il sait très bien
ce gu'il dit quand il affirme une chose comme celle-là. Il va essayer de
faire passer une forme d'incurie en soulignant que j'aurais affirmé que
personne n'est venu discuter avec moi de ce genre de chose ou m'alerter
à des possibilités d'écart, ou de trou, ou de tout ce
qu'on voudra. Ce faisant, je prends cela comme de la diffamation. Je n'ai
jamais dit cela où que ce soit. Il est le premier à
littéralement mettre ces mots dans ma bouche cet après-midi. Il
sait que je n'ai jamais dit cela. Je ne vois pas qui pourrait s'imaginer un
instant que j'aie pu dire quoi que ce soit de cet ordre-là à qui
que ce soit.
En fait, la préparation, chaque année, des crédits,
pour chacun des ministères, donne lieu non seulement à des
discussions, mais a toute une série de calculs pour essayer de
déterminer combien il faut donner dans ce qu'on appelle les ajustements
mécaniques, pour qu'un système d'enseignement de santé
économique puisse fournir les mêmes services que l'année
précédente. Et, à l'occasion de ces ajustements
mécaniques, on passe des heures à essayer de déterminer,
à partir de la base de l'année précédente, ce qu'il
faut donner pour l'année suivante.
Cela fait, bien sûr, plusieurs années, que je sais qu'on ne
sait pas quel est le nombre exact des enseignants au Québec. Un des
problèmes majeurs que nous avons toujours eus au Québec, c'est
effectivement de savoir jusqu'où l'autonomie des commissions scolaires
doit aller à l'égard des renseignements qu'elles doivent fournir.
Dans la mesure où on veut maintenir les commissions scolaires comme
entités distinctes, il a fallu accepter, pendant plusieurs
années, qu'elles nous fournissent des renseignements dont on savait
très bien que pour certaines cela pouvait être excellent, pour
d'autres, très approximatif.
Le nombre d'élèves au Québec et, en particulier, le
fait qu'un élève peut être compté deux fois si ses
parents déménagent d'une commission scolaire à une autre
en cours d'année, on le sait depuis longtemps, sauf que s'il y a des
commissions scolaires qui semblent faire des rapports exacts et excellents, il
y en a d'autres qui en étaient même, il y a quelques
années, à soutenir que le relevé du 30 septembre n'avait
pas d'importance.
Le résultat c'est que forcément, dans
l'établissement des budgets chaque année, on fonctionne sur des
approximations basées sur un bon nombre de commissions scolaires qui
fournissent des rapports corrects - je pense que l'enquête du
Vérificateur général à cet égard est assez
révélatrice - et d'autres où, au contraire, c'est beaucoup
plus douteux.
Le député de Marguerite-Bourgeoys disait que les
commissions scolaires sont d'une rapidité extraordinaire, dans la
plupart des cas, pour fournir leurs états financiers dans les
délais prévus. Oui, mais il faut s'entendre. Un bon nombre
d'entre elles fournissent cela dans les délais prévus; pas
toutes, comme le disait d'ailleurs le député de
Marguerite-Bourgeoys. Mais il manque des renseignements. Alors, il faut que le
ministère de l'Éducation s'adresse à la commission
scolaire en disant: Vos états financiers sont exacts, mais vous avez
oublié de nous donner le nombre d'élèves. Alors, le nombre
d'élèves est envoyé par la poste. On dit: C'est parfait,
mais maintenant vous deviez fournir tel et tel renseignement; ce n'est pas
dedans. Je vous rappellerai, à cet égard, que, pour les
états financiers de 1976-1977, dont le député de
Marguerite-Bourgeoys disait à quel point un grand nombre de commissions
scolaires avaient fourni cela dans les délais prévus, les
derniers renseignements complets pour une toute petite commission scolaire au
Québec, toute petite, c'est juste le Conseil scolaire de l'île de
Montréal, sont rentrés en juin 1978. Excusez du peu! Le Conseil
scolaire de l'île de Montréal, si on ne l'a
pas, c'est un peu difficile de faire une consolidation des états
financiers au Québec. Encore une fois, ce n'est pas parce que dans les
délais prévus des papiers n'entrent pas, mais il arrive
très souvent que ces papiers-là ne sont pas complets.
Qu'est-ce qui s'est passé? Là, je vais rentrer dans des
choses assez précises parce que, contrairement à certaines
accusations que j'ai trouvées odieuses de la part du
député de Marguerite-Bourgeoys, il y a un certain nombre de
questions qu'il a posées qui sont très intéressantes et,
dès qu'on entre dans la technique, habituellement, il y a moyen de
discuter de façon un peu intelligible. Il m'a posé une question
qui me paraît très importante et qui est la suivante: Comment se
fait-il qu'on ne se soit pas rendu compte qu'au niveau des emprunts en banque
des commissions scolaires il pouvait y avoir un problème?
Forcément, si cela a monté jusqu'à atteindre $300,000,000
- pas $500,000,000, mais $300,000,000 - il fallait bien, j'imagine, que les
banques, à un moment donné, puissent manifester qu'elles
prêtaient beaucoup d'argent aux commissions scolaires.
Justement pas. Comme on remboursait les $500,000,000 d'arrérages
de 1976 par tranches, chaque année, au fur et à mesure qu'on
faisait des remboursements sur l'ancien trou, les commissions scolaires se
trouvaient à avoir des paiements, chaque année, qui leur
permettaient de démontrer à leur banque qu'après tout,
leur dette n'augmentait pas tant que cela. Cela a été
particulièrement visible en 1977-1978 où il y a eu d'assez gros
paiements d'arrérages et où, finalement, l'endettement des
commissions scolaires a été relativement bas. Il est tout
à fait évident à cet égard que, comme on
remboursait des anciens arrérages et que, d'autre part, un nouveau trou
se creusait, les banques ne manifestaient pas d'inquiétude
particulière et les commissions scolaires, non plus puisqu'elles
s'endettaient à la banque et, d'autre part, recevaient, chaque
année, du gouvernement des montants pour payer les arrérages
antérieurs. En fait, c'est comme cela et c'est pour cela qu'il n'y a pas
eu, finalement, tellement de pétard dans les milieux bancaires autour de
cette opération.
Deuxièmement, le député de Marguerite-Bourgeoys me
demandait quand on avait décidé d'offrir 1600 postes dans les
négociations avec les enseignants, qu'on n'aurait jamais offerts si on
avait su quelle était la véritable situation. C'est tout à
fait exact: jamais je n'aurais offert ces 1600 postes si j'avais su combien,
effectivement, il y avait d'enseignants dans le système. Cela a
été offert par tranches correspondant à des demandes
spécifiques, c'est-à-dire que ce n'est pas un bloc de 1600 qui a
été offert. Cela a été offert sur toute une
série de mois, dans le genre: si on corrigeait ceci et si on limitait la
taille des classes à tant d'élèves, voici à peu
près ce que cela représenterait d'accroissement des effectifs.
Donc, le chiffre de 1600 est une sorte de total. Il n'y a pas eu un jour, en
somme, où on a mis 1600 enseignants sur la table; seulement, il reste
que le résultat est celui-là. Effectivement, c'est, je pense,
dommage parce que cela veut dire que le nombre d'enseignants au total dans le
système est plus élevé, à mon sens, que ce qu'il
devrait être.
La troisième question que soulevait le député de
Marguerite-Bourgeoys, parmi les questions un peu sérieuses, c'est:
Pourquoi pas d'enquête? Une fois ce qui a été
déterminé dans le discours du budget, d'autre part, sur la base
de ce que le Vérificateur général a trouvé et,
troisièmement, maintenant sur la base des discussions qui ont eu lieu
abondamment, qu'est-ce qu'une enquête sortirait exactement? Le
député de Marguerite-Bourgeoys était le premier à
dire: II n'y a pas de fraude là-dedans. Il y a peut-être trop
d'enseignants. Il y a peut-être des enseignants qui sont classés
à une scolarité supérieure à celle qu'ils devraient
avoir. Il y a peut-être des étudiants qui sont comptés deux
fois, mais il n'y a pas de fraude. (15 h 15)
Alors, ce serait une enquête destinée à quoi? Il est
beaucoup plus important, à cet égard, d'avoir mis au point pour
la première fois des règles d'administration budgétaire
des commissions scolaires qui ferment leur budget et qui assurent que cela ne
se produira plus jamais. Je pense, comme président du Conseil du
trésor, avoir pris toutes mesures pour comprendre ce qui s'est
passé et le corriger. À partir du moment où les
corrections sont en place comme elles le sont, ce n'est pas une promesse qu'on
fait. Les correctifs, à l'heure actuelle, sont en place depuis le 1er
juillet dernier. Si on veut nous dire que ces correctifs ne sont pas
suffisants, qu'il en faudrait d'autres; peut-être; on peut en discuter.
Si on dit que ces correctifs ne sont pas les correctifs appropriés, je
veux bien qu'on en discute, mais je pense qu'à partir de maintenant, le
fond de la question est de savoir si ces correctifs vont nous assurer que cela
ne se reproduira plus jamais. C'est ce qui est fondamental.
Si j'ai un regret dans cette affaire, il est d'un tout autre ordre,
c'est qu'on se soit livré, depuis quelques mois, à une sorte de
chasse aux boucs émissaires. En fait, dans la mesure même
où on reconnaissait aux commissions scolaires - et on le reconnaît
encore aux commissions scolaires - une assez large mesure d'autonomie, alors
qu'il y en a aux environs de 250, alors que chaque commission scolaire a quand
même une certaine latitude de fonctionnement, il est dommage - je pense
que c'est indiscutable - qu'on ne soit pas intervenu plus tôt pour fermer
leur budget, comme on vient de le faire, sur des doutes. Nous avons attendu,
pour fermer leur budget, des preuves. Ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys veut dire, c'est que j'aurais dû fermer leur budget
sur des doutes.
Je pense que, dans la mesure où on croit vraiment qu'il doit y
avoir des administrations locales relativement autonomes dans notre
système, on ne peut pas modifier de fond en comble un système de
financement sur des doutes, on est mieux d'attendre d'avoir des preuves. Mais
il faut reconnaître aussi que dès que les preuves ont
été disponibles, le gouvernement a bougé
immédiatement.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre. Avant de
redonner la parole au député de Marguerite-Bourgeoys, je dois
dire qu'il y a d'autres personnes qui ont aussi demandé la parole. Il y
a les députés de Berthier, de Terrebonne, de Laprairie, de
L'Acadie et de Marguerite-Bourgeoys, dans le principe de l'alternance au niveau
des questions, tout en tenant compte aussi que le député de
Berthier n'est pas
membre ni intervenant à la commission, s'il intervenait, ce
serait sur consentement de la commission.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Oui, M. le Président. Je vois que le ministre
va rester à l'écoute. Tout d'abord, je regrette qu'il se soit
senti blessé par mes propos, il a peut-être mal compris ou je me
suis peut-être mal exprimé. Je n'ai pas affirmé qu'il avait
dit que personne ne l'avait alerté. J'ai posé la question et je
me suis posé la question: Est-ce que, pendant trois ans, personne dans
son ministère ne l'a alerté? Je trouverais incroyable que ce soit
le cas. La réponse à cela est: Si quelqu'un l'a alerté,
pourquoi n'a-t-il rien fait? Si personne ne l'a alerté, c'est toute une
enquête qu'on doit faire sur le Conseil du trésor. Si cela apris trois ans pour penser qu'il fallait faire quelque chose, à ce
moment-là, c'est une enquête complète sur le Conseil du
trésor qu'on devrait faire.
Donc, j'ai posé la question: Qu'est-ce que vous avez fait de
concret? La réponse c'est: Rien. Il attendait d'avoir des preuves. Il a
fermé les portes de la grange quand le troupeau était parti. Elle
est vide, la grange. Il attendait d'avoir les preuves alors que la loi, sa loi,
la loi de l'administration financière lui donne tous les pouvoirs s'il a
un doute à un moment donné, s'il y a quelque chose qui peut ne
pas marcher. On a un trou en arrière de nous de $500,000,000, dit-il; il
l'a vu, il savait que le système était défectueux et il a
attendu que le système fasse une deuxième preuve de sa
défectuosité, mais au coût de $500,000,000. Je trouve cela
incroyable. Là-dessus, j'espère qu'il ne se sentira pas
insulté, le ministre, mais je trouve cela irresponsable. Et il pose la
question: Qu'est-ce qu'on veut prouver? Il n'y a pas de fraude. Je ne
présume pas de fraude du tout, je l'ai dit au début. Mais est-ce
que le ministre n'a pas une responsabilité à l'égard des
électeurs et de l'Assemblée nationale? Est-ce que la
négligence et l'incurie administratives ne sont pas des choses qui se
démontrent dans une enquête? Avec l'absence de réponses
qu'on a aujourd'hui sur la période de trois ans, entre novembre 1976 et
novembre 1979, il me semble qu'on est en train de faire la preuve de la
nécessité d'une enquête.
Le ministre déplore cette chasse aux boucs émissaires et
pourtant les premiers boucs émissaires ont été les douze
commissions scolaires. On a fait une enquête sur douze commissions
scolaires. En passant, j'aimerais que le ministre me réponde
là-dessus: Est-ce que le ministre a répondu favorablement aux
demandes que certaines commissions scolaires, sinon toutes, lui ont faites de
leur faire parvenir le rapport détaillé du Vérificateur en
ce qui concerne chacune d'elles? J'ai une demande ici, par exemple, de la
Commission scolaire Meilleur qui a été formulée sous forme
de résolution adoptée au conseil d'administration le 22 octobre
1980. Après plusieurs demandes au ministre, cette commission scolaire
n'a pas son rapport et, pourtant, cela la concerne. Je sais, j'en ai
déjà discuté et on dit: Oui, mais, s'il fallait publier
ces rapports, cela pourrait entacher la réputation... C'est pire de dire
cela que de leur donner.
Deuxièmement, c'est faire preuve d'un paternalisme inacceptable
que de ne pas donner à un corps élu le résultat complet de
l'enquête qu'on a faite sur lui. Ce sera à la commission scolaire
de le rendre public, si elle le veut. C'est à elle, en ce qui concerne
ses affaires, de s'en servir pour se défendre parce que là il y a
une accusation générale contre les douze commissions scolaires,
la façon dont cela a été traité dans le rapport
final. Pourtant je pense, et le ministre pourrait nous le dire, que certaines
d'entre elles ne sont pas si mal, mais elles entrent dans le paquet. Ces
commissaires qui sont élus, comment peuvent-ils se défendre? Ils
ne peuvent pas se défendre vis-à-vis de l'administration. Comment
pourront-ils faire les correctifs nécessaires? Cela est impossible. Ils
ont peut-être eu un sommaire. Le ministre pourrait peut-être aussi
nous dire -une autre question - est-ce que l'enquête sur les douze
commissions scolaires, cet échantillonnage, lui a fait trouver son trou
de $500,000,000?
Le coût de l'enquête, je ne le sais pas. C'est
peut-être $1,000,000. Il pourrait nous dire aussi combien cela a
coûté. Autrement dit, est-ce que c'est concluant? Là on a
fait enquête sur l'échantillonnage, douze commissions scolaires,
et voici, pour telles et telles raisons si on multiplie cela, si on fait un
calcul savant, on arrive à nos $500,000,000; c'est réglé,
c'est trouvé, on a trouvé toutes les réponses. Je ne pense
pas que jusqu'à maintenant on ait cette réponse.
Je reviens encore une fois, M. le Président, à
l'administration du ministre. Comme président du Conseil du
trésor, il avait le devoir d'aller voir, de demander des preuves, s'il
avait un doute. Je lui pose la question et je veux bien qu'il me comprenne. Ce
n'est pas une accusation. Est-ce qu'en aucun moment pendant ces trois ans,
prenons le mois de janvier 1977, par exemple, un seul fonctionnaire lui a
parlé de la possibilité que les chiffres des commissions
scolaires ou du ministère de l'Éducation ne soient pas
parfaitement exacts. Qu'est-ce qu'il a fait de concret pour s'assurer que ces
chiffres soient corrigés immédiatement, pas trois ans plus tard,
au coût de $500,000,000, mais corrigés maintenant?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: J'aime beaucoup mieux que le député de
Marguerite-Bourgeoys pose des questions plutôt que de faire des
affirmations, dans la mesure où, sur les questions, je serai ravi de lui
donner des réponses.
Qu'est-ce qu'on a fait, dans un premier temps? De décembre 1976,
quand on s'est installé dans nos fauteuils, jusqu'assez avancé
dans l'année 1977, savez-vous ce qu'on a fait? On a regardé
grimper les évaluations des arrérages des commissions scolaires
de l'ancienne administration. Cela s'est arrêté à
$491,000,000, avec des révisions à tout bout de champ. Là,
on a préparé un programme de remboursement des arrérages.
Pendant ce temps, l'analyse des états financiers de 1976-1977, qui sont
la base du problème dont on discute cet après-midi, a
été effectuée entre novembre 1977 - parce qu'ils entrent
en octobre -et juillet 1978. Après cela, il y a eu trois mois de
compilation de données pour mettre cela ensemble, août, septembre,
octobre 1978. Ensuite, il y a eu un mois de consolidation de tout cela, avec
une sorte de document consolidé, mais préliminaire.
Pendant ce temps, effectivement, j'ai eu l'occasion de poser bien des
questions au Conseil du trésor sur le nombre et les
caractéristiques des enseignants. Cela me paraissait extraordinaire de
penser qu'avec le genre d'ordinateur qu'on a à notre époque, on
ne pouvait pas avoir des renseignements plus précis que ceux dont nous
disposions. On se souviendra peut-être que, justement, cela a
été à peu près à cette époque que
j'ai demandé une réorganisation d'un certain nombre de nos
services d'informatique au gouvernement, parce que, encore une fois, cela
paraissait étonnant qu'un gouvernement disposant d'autant d'informatique
pouvait avoir un bon nombre de renseignements anodins ou sans beaucoup
d'importance sur la gestion, mais que, sur un certain nombre
d'éléments de base, ce n'était pas possible d'en
avoir.
Effectivement, SIMEQ, le système d'informatique du
ministère de l'Éducation, a mis en place, à partir de
1978-1979, d'abord un système de détection des
élèves en conflit de localisation, c'est-à-dire qui sont
comptés dans deux commissions scolaires différentes, et, d'autre
part, a mis au point un fichier de personnel enseignant qui devrait
normalement, dans les années à venir, nous donner les
renseignements qu'il nous faut, sauf que cela a pris un certain temps. On me
dit que ce système du fichier de personnel des commissions scolaires
s'appelle PERCOS. Il a été mis au point pendant cette
période. Ceci n'empêche pas que, disposant en novembre 1978 de la
consolidation préliminaire pour 1976-1977 des commissions scolaires, on
a eu la consolidation définitive seulement en novembre 1979,
après d'ailleurs des grèves à SIMEQ qui n'avaient pas
aidé les choses. C'est donc en novembre 1979 que les renseignements ont
été disponibles et qu'on a bougé.
Je répète encore une fois qu'entre le moment où les
renseignements sont entrés et où les gestes de correction se sont
produits, il s'est passé très peu de temps. Je
répète à nouveau que, quelles que soient les
hésitations que j'aie pu avoir à l'égard de certains
chiffres, non seulement on a pris un certain nombre de mesures pour faire en
sorte qu'on ait des chiffres meilleurs, mais que, finalement, on commence
effectivement à avoir des chiffres qui sont passablement plus solides
que ceux dont on disposait avant. Dans ce sens-là, je garde la
conviction que ce dont nous disposons à l'heure actuelle est infiniment
meilleur que les renseignements dont nous avions hérité. Je pense
qu'effectivement on a, à l'heure actuelle, ce qu'il faut pour être
capable de s'assurer que ce genre d'incident, plus que d'incident, d'accident,
ne puisse jamais se reproduire. (15 h 30)
J'en viens à la question des douze commissions scolaires dont
parlait le député de Marguerite-Bourgeoys. Nous avons choisi,
pour l'enquête du Vérificateur, douze commissions scolaires, parce
qu'il fallait bien en choisir un certain nombre. Je pouvais demander au
Vérificateur général d'enquêter sur 250 commissions
scolaires. On aurait eu le rapport dans cinq ans. On en a choisi douze, au fond
un peu au hasard, c'est-à-dire des francophones et des anglophones, des
petites, des moyennes, des grosses. On a fait une sorte de panier de douze
commissions scolaires et on a dit au Vérificateur: Allez donc voir de ce
côté-là.
J'ai rendu public le rapport final du Vérificateur
général, mais non pas l'annexe des douze commissions scolaires,
parce qu'il faut bien comprendre ici qu'on pourrait être taxé
d'injustice que de dire: Sur les 250, voici, on en met 12 sur la table.
Débrouillez-vous.
Le rapport du Vérificateur général est largement
assez nuancé pour faire en sorte qu'aucune des douze ne se sente la
victime de l'enquête. Le Vérificateur général est
très clair que, dans certains cas, il n'a rien à redire; dans
d'autres cas, au contraire, il y a des problèmes. Mais dans le rapport
général, aucune des douze n'est spécifiquement
désignée.
Il n'en reste pas moins que j'ai bien pensé que l'annexe
où le Vérificateur général examine chacune des
douze, on me reprocherait probablement de ne pas la rendre publique, comme si
j'avais quelque chose à cacher.
Dans ces conditions, j'ai procédé de la façon
suivante: J'ai fait avertir les partis de l'Opposition, dès le
dépôt du rapport du Vérificateur général,
dès qu'il a été rendu public, que, s'ils voulaient
désigner des gens pour venir regarder l'annexe, ils étaient les
bienvenus.
Deuxièmement, j'ai remis une copie de l'annexe au
président de la Fédération des commissions scolaires
catholiques et j'en ai remis une au président de la
Fédération des commissions scolaires protestantes en disant:
Regardez cela et vous me direz, comme président de la
Fédération des commissions scolaires, ce que vous me
suggérez de faire. Tant que je n'aurai pas entendu parler de vous, je
garderai l'annexe dans mes bureaux, je ne la rendrai pas publique.
J'ai l'impression, à cet égard, de m'être conduit
correctement. Je ne vois pas pourquoi, ayant choisi douze commissions scolaires
au hasard, je rendrais le rapport sur les douze public. Mais j'ai fait en sorte
que les parlementaires soient en mesure de regarder cela -après tout,
cela les concerne finalement indirectement - et, d'autre part, les
présidents des deux fédérations ont reçu l'annexe
et je leur ai demandé de me dire ce qu'ils me suggéraient de
faire. Je n'en ai plus entendu parler.
Si, les fédérations, qui, après tout,
représentent ces commissions scolaires, me disaient, demain matin:
Auriez-vous l'obligeance de rendre cela public, je le ferais
immédiatement, mais je pense que c'est une question de correction de ma
part, de bonne manière - cela existe encore - de leur dire: Vous me
direz ce que vous avez l'intention de faire. Il est exact qu'une des douze
voudrait avoir sa copie. Mais je pense qu'il est plus normal qu'elles
s'adressent à leur propre fédération, c'est-à-dire
à leur représentant et que les présidents des
fédérations me disent: Voici ce qu'on va faire pour tout le monde
ou pour personne. Quand les fédérations m'auront dit si elles
suggèrent que je le garde ou que je le rende public, je me rendrai
à leurs désirs.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre. M. le
député de Berthier.
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Jolivet): Je demande le
consentement, sinon, non.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le Président, on ne
voudrait pas lui...
Le Président (M. Jolivet): S'il n'y a pas de consentement,
non.
Mme Lavoie-Roux: ... enlever un droit de parole, mais il faudrait
peut-être donner la chance aux autres avant.
M. Lalonde: On n'aura pas assez de temps. Le Président
(M. Jolivet): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: S'il reste du temps, c'est une autre chose.
Le Président (M. Jolivet): Le suivant, c'était le
député de Terrebonne.
M. Lalonde: Vous demandez un consentement pour que le
député de Berthier parle?
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Lalonde: J'ai tout d'abord une question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Lalonde: Le leader m'avait demandé de terminer à
16 h 30, M. le ministre devant se rendre quelque part. Je voudrais que vous le
sachiez pour calculer vos dix minutes.
Le Président (M. Jolivet): Vous êtes gentil de me le
dire parce que je ne le savais pas.
M. Lalonde: Bon! Cela veut dire qu'il nous reste, avant les deux
périodes de conclusion, environ une demi-heure.
Le Président (M. Jolivet): C'est ça.
M. Lalonde: C'est pour cette raison que s'il y a trois ou quatre
députés ministériels qui veulent parler, la
députée de L'Acadie n'aura pas le temps de le faire.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, on va au moins faire une partie de l'alternance et on va ajuster le
temps en conséquence.
M. le député de Terrebonne.
Autres interventions M. Élie Fallu
M. Fallu: Merci, M. le Président. Je suis un peu
étonné cet après-midi de l'allure du débat parce
que, étant donné que des correctifs avaient été
apportés, que tout avait été fait de bonne foi, qu'il n'y
avait pas d'accusations à porter au criminel et qu'on n'avait pas
à suivre le dossier plus qu'il ne le fallait, je croyais donc qu'au
contraire on s'appliquerait cet après-midi à voir comment avait
fonctionné la réforme du financement des commissions scolaires.
Je croyais, un peu bêtement, j'imagine, M. le Président, que
l'Opposition, des gens qui vivent avec les citoyens québécois,
à l'écoute des gens, nous demanderait plutôt comment le
ministre des Finances entend ajuster le prix de l'huile à chauffage des
commissions scolaires à la suite du dernier budget
fédéral, comment on va aider les commissions scolaires à
régler les chicanes d'inscription d'enfants entre le 15 et le 30
septembre, entre autres, comment on va les aider à régler les
chicanes de commissions scolaires qui ont lieu actuellement au moment de
transferts d'étudiants où on stipule qu'on ne peut pas inscrire
l'enfant dans la commission scolaire X, dans telle école, dans telle
classe parce que c'est l'autre commission scolaire qui sera
subventionnée pour toute l'année alors que pour une
journée, pour 24 heures, une commission scolaire va se faire payer un
étudiant à plein temps, alors que l'autre, pour 179 jours, va
avoir à supporter des frais de scolarité d'un élève
sans être rémunérée. Je pensais que c'étaient
des questions de cet ordre qu'on allait nous apporter.
Évidemment, le débat, je vous avouerai, du point de vue de
l'esthétisme est quand même intéressant. Du point de vue de
l'éthique, par ailleurs, il l'est un peu moins, venant notamment de
l'ancien contrôleur des finances olympiques, de gens qui sont encore
assis sur un déficit de $750,000,000, plus de $1,000,000,000
aujourd'hui, M. le Président, dans un dossier où traînent
maintenant devant les tribunaux des accusations très précises,
pour celles dont un rapport très sérieux a pu donner quelque
indication - je ne veux pas entrer dans les faits, évidemment - du point
de vue de l'éthique, donc, M. le Président, voilà ce qu'on
a devant nous. De quoi s'agit-il? On revient encore sur des
élèves qui ont reçu une éducation, sur du chauffage
qui a été payé dans les écoles, sur des professeurs
qui ont été embauchés, qui ont gagné des salaires,
qui les ont dépensés et qui ont même payé des
impôts là-dessus. On revient sur des administrateurs qui ont
mangé et qui ont fait manger leur famille. On revient sur du papier qui
a été acheté à la Rolland avec la politique
d'achat, d'ailleurs, du gouvernement. On revient sur l'achat de manuels
scolaires et sur l'ensemble des règles administratives qui avaient
été mises sur pied il y a quinze ans par un ancien gouvernement
libéral à l'époque, perpétuées par un
gouvernement unioniste et perpétuées de nouveau par six
années d'administration dont, pour ce que je vois, à l'exception
d'un...
Pour ce qui a trait au député de Marguerite-Bourgeoys, il
était présent et présent au Conseil des ministres, M. le
Président. Etait-il membre du Conseil du trésor? Je ne sais pas.
Il me fait signe que non, heureusement. Voilà que ces gens-là
viennent remettre en cause une réforme qui a été faite. Ce
que j'aimerais savoir - et je me permets de poser la question - c'est s'ils
sont d'accord avec la réforme qui a été effectuée?
Est-ce qu'ils ont des suggestions à apporter? Est-ce qu'ils ont des
points très précis de correction supplémentaire?
M. Verreault: Est-ce qu'il parle au nom du ministre ou s'il pose
une question?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Shefford, vous n'avez pas droit de parole, puisque vous n'êtes pas membre
de cette commission.
M. Verreault: De toute façon, je peux parler assez fort
pour que vous me compreniez.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
cela a bien été jusqu'à maintenant. Je voudrais que le
député de Terrebonne qui, lui, a droit de parole en vertu du
règlement, qui, lui, a droit à 20 minutes, puisse les utiliser
s'il le désire.
M. le député de Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, j'aimerais savoir si ces gens
ont rencontré des représentants des commissions scolaires, comme
je l'ai fait chez moi, comme je l'ai fait un peu partout au Québec,
comme, avec le ministre des Finances, nous l'avons fait pour l'une des
commissions scolaires qui nous est commune, dont nous partageons le territoire.
Nous sommes allés les rencontrer pour tester sur le terrain; nous leur
avons demandé de nous faire rapport, ce qu'elles se sont
empressées de faire, de nous faire rapport sur les nouvelles politiques
budgétaires.
Je croyais qu'il s'agissait de cela, cet après-midi. Ce sont des
gens qui vivent dans le passé, qui vivent leur époque, justement,
l'époque qui est révolue, celle de tous ces trous olympiques,
celle de tous ces trous des commissions scolaires que nous avons
récupérés.
M. le Président, j'aurais plutôt tendance à poser
des questions au ministre des Finances, président du Conseil du
trésor, pour savoir quels sont les échos qu'il a maintenant de la
réforme entreprise, quelles sont les remarques que les commissions
scolaires lui ont transmises, quel degré de satisfaction, quel
degré d'insatisfaction aussi, qu'est-ce qu'il faudra préciser
lors des prochaines rencontres du comité mixte. Est-ce que
lui-même entend bientôt rencontrer à nouveau le
président de la fédération? Voilà les questions que
j'ai à poser au ministre des Finances.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je pense qu'effectivement
les mesures qui ont été prises pour modifier les budgets des
commissions scolaires, les normes et les règlements d'utilisation,
évoquent jusqu'à maintenant les échos suivants.
D'abord, il semble assez évident que l'idée qu'une
commission scolaire reçoive un budget annuel à dépenser,
qui ne peut être ajusté qu'une seule fois dans l'année,
c'est-à-dire après vérification du nombre des
élèves le 30 septembre, mais année pendant laquelle elle
doit vivre, en y ajoutant son pouvoir de taxation pour des dépenses non
admissibles aux subventions, cette idée, je pense, est passée.
Non seulement elle est passée, mais je crois, par certains des
échos que nous avons eus de la fédération qu'elle trouve
que c'est une excellente chose.
C'est une formule que nous avions commencée avant. Les
collèges, les CEGEP, sont soumis à cette formule depuis quelque
temps, les universités aussi. C'est une des innovations du
présent gouvernement que d'amener les institutions d'enseignement
à vivre dans un budget annuel défini qui, justement,
élimine toute possibilité du genre de problème dont nous
avons parlé jusqu'à maintenant. L'idée de fond va, je
pense.
Deuxièmement, il y a certaines caractéristiques du nouveau
système de financement qui sont assez bien passées. Je pense ici
à cette formule de péréquation que nous avons introduite
dans le système. Evidemment, il y a eu des réticences, que vous
connaissez bien, de la part des commissions scolaires à l'égard
du retrait de l'impôt foncier normalisé. Je pense -et on le sait
tous - que les commissions scolaires auraient préféré
qu'au lieu de passer l'essentiel des impôts fonciers aux
municipalités on leur garde ce droit d'imposer l'impôt foncier
scolaire normalisé. Elles auraient préféré le
garder.
Il y avait là une part de symbolisme, en ce sens que le
rôle d'évaluation était déterminé chaque
année par le ministre des Finances. Le taux en était fixé
par le ministre des Finances. Cela avait cessé d'être un
impôt local et, à l'opposé, il était important que
ces impôts fonciers locaux aillent aux municipalités. Cela a
été l'essence même de la réforme fiscale municipale.
Cela a fait l'affaire des municipalités. Je reconnais, cependant, qu'il
y a eu passablement de réticences dans les commissions scolaires. (15 h
45)
Quatrièmement, il y a, je pense, un certain nombre de commissions
scolaires dont la clientèle augmente - il n'y en a pas beaucoup au
Québec dont c'est le cas, mais il y en a quand même quelques-unes
- qui soutiennent que les règles budgétaires de cette
année ont tendance à les pénaliser et qu'elles ont
été davantage orientées vers des commissions scolaires
dont la clientèle est en baisse ou stable plutôt que vers
l'expansion. Encore une fois, il n'y en a pas un très grand nombre, mais
j'ai eu des échos, à cet égard, de problèmes ici.
Nous sommes en train de faire faire une étude au ministère de
l'Éducation justement pour voir si, dans le cas de ces commissions
scolaires dont la clientèle, encore une fois, est en hausse, les normes
de ces budgets fermés que nous leur avons données correspondent
vraiment à leurs besoins.
En résumé, je pourrai dire ceci au député de
Terrebonne. Je pense que, dans l'ensemble, les nouvelles règles
budgétaires ont été très bien acceptées, les
réticences quant à l'impôt foncier scolaire sont bien
connues et il y a peut-être certains problèmes de
vérification à faire dans les commissions scolaires où la
clientèle est en hausse.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis très
heureuse de voir que le ministre semble aussi satisfait de son nouveau
régime. Mais je dois vous dire que je m'étonne d'entendre le
député de Terrebonne qui, soi-disant, est allé sur le
terrain. Ce doit être comme quand le premier ministre a marché le
boisé. Ils n'ont pas observé grand-chose, ni l'un ni l'autre.
L'autre chose qui m'amuse un peu aussi, c'est qu'il parle d'un trou qui
a été rendu public au mois de mars 1980 comme étant une
chose du passé. Nous voulons vivre dans le passé. C'est
extraordinaire d'entendre cela des gens d'en face!
Une voix: Comme logique, c'est incroyable.
Mme Lavoie-Roux: C'est extraordinaire quand on les entend
remémorer des faits qui remontent parfois jusqu'à sept ans, huit
ans et dix ans. Tout à coup, le trou annoncé au mois de mars ou
rendu public plutôt au mois de mars 1980, c'est vivre dans le
passé. Mais c'est le budget présent que nous vivons. C'est celui
qui a une répercussion sur les coupures actuelles ou sur le rattrapage
actuel que doivent faire les commissions scolaires dont le ministre des
Finances nous a parlé et qui est légitime: $30,000,000 cette
année, $50,000,000 l'an prochain, $53,000,000 l'année d'ensuite.
Alors, ce n'est pas encore du passé, je le regrette.
Le ministre des Finances nous a dit qu'il aimait bien répondre
aux questions. Le député de Terrebonne s'inquiétait que
nous nous préoccupions si peu du nouveau régime de financement
des commissions scolaires. Au point de départ, le fait que le ministre
des Finances ait dit: À partir de maintenant, les commissions scolaires
devront fonctionner à partir d'un budget fermé, je pense que,
dans l'état actuel des choses, c'est une mesure de correction qui
semblait s'imposer. Le temps prouvera si elle est la meilleure. Je n'ai rien
contre le fait que le ministre ait posé ce geste-là et, de fait,
je ne pense pas que, sur le principe même, les commissions scolaires,
comme l'a indiqué le ministre, se soient opposées.
Dans la vie concrète des choses, je me demande si le ministre des
Finances a entendu parler de ces choses-là. D'abord, pourrait-il nous
dire à quel moment le ministère de l'Éducation a
fixé les paramètres à l'intérieur desquels les
commissions scolaires doivent fonctionner avec cette nouvelle formule
budgétaire? On m'a dit -le ministre me corrigera si l'information est
fausse - que, déjà, les budgets des commissions scolaires
étaient complétés, que les paramètres ont
été fixés par la suite et que, même encore
aujourd'hui, les commissions scolaires s'attendent à des changements
quant aux paramètres.
J'ai une deuxième question. Le ministre peut-il nous dire dans
quelle mesure le budget fermé va permettre une certaine souplesse quant
à l'alourdissement des clientèles? Je m'explique. Le budget
fermé est basé sur l'année historique 1979-1980 quant
à la structure des clientèles. Le ministre lui-même dit
qu'il y a des commissions scolaires en progression, que la majorité est
en diminution, mais il se peut également qu'à l'intérieur
des commissions scolaires vous vous retrouviez avec une hausse de
clientèles mésadaptées ou exceptionnelles; vous pouvez
vous retrouver aussi avec une hausse du côté de l'enseignement
professionnel. Ce n'est pas une chose qu'on établit avant que les
étudiants soient rendus à l'école.
Ceci peut impliquer des coûts. Est-ce que ce seront les
commissions scolaires qui devront assumer ces coûts ou si le
ministère des Finances ou le ministère de l'Éducation
prévoit que les commissions scolaires seront remboursées?
Deuxième question ou peut-être la troisième. On sait
que le gouvernement a signé avec ses enseignants de nouvelles
conventions collectives qui prévoient des augmentations de salaires,
etc. et qui prévoient aussi ce qu'on appelle la bonification des
conventions collectives, c'est-à-dire qu'à l'intérieur des
conventions collectives, mis à part les salaires, il y a des avantages
sociaux qui sont accordés. Par exemple, cette année, le
gouvernement a accordé le congé de maternité à
plein salaire, si je ne m'abuse, de 20 semaines. On sait qu'une partie de ces
congés de maternité est payée par le délai de
carence de deux semaines, de $240, une autre partie est assumée par
l'assurance-chômage, mais la convention prévoit que c'est la
totalité du salaire de l'enseignante qui devra être
assumée. Qui va payer la différence entre ce que
l'assurance-chômage paie et ce que le congé de maternité
assure aux enseignantes durant cette période? Est-ce que ce seront les
commissions scolaires ou si le ministre des Finances ou le ministère de
l'Éducation a donné l'assurance aux commissions scolaires que
c'est le gouvernement qui les assumera?
Le ministre des Finances peut-il nous dire comment s'établit le
taux de vieillissement des enseignants? Est-ce qu'il y a un taux national qui
est calculé et qui, ensuite, est appliqué à l'ensemble
pour qu'à ce moment-là on ne tienne pas compte d'un taux de
vieillissement différent d'une commission scolaire à une autre,
ce qui pourrait vouloir dire, pour des commissions scolaires, des frais
supplémentaires à assumer? Je poserais la même question en
ce qui a trait à la norme prévue pour la suppléance ou le
taux national prévu pour la suppléance. S'agit-il d'un taux
uniforme et qui, encore une fois, pourrait pénaliser des commissions
scolaires alors que, pour d'autres, ce pourrait être satisfaisant?
Je me suis laissé dire, à tort ou à raison -si
c'est à tort, je pense que non seulement nous, de l'Opposition, mais
également les principaux intéressés seraient fort heureux
de l'entendre de la part du ministre - que, dans le cas des professeurs en
surplus et en disponibilité, les commissions scolaires... Il y en a une
partie qui est affectée à la suppléance, c'est normal,
mais, avec ce système, le gouvernement n'assume que 50% du coût de
la sécurité d'emploi. J'admets qu'une partie est assumée
par les frais de suppléance, mais il resterait un déficit
à assumer par les commissions scolaires de l'ordre d'environ 30%.
Je pourrais également demander au ministre des Finances qui va
financer, par exemple, la clause ou cette nouvelle bonification des conventions
collectives qui assure un nombre maximal d'étudiants par classe.
Là, il y a une série de conditions, comment on décide
qu'ils peuvent rester dans la même école ou être
envoyés ailleurs, mais tout cela se traduit soit par du salaire
supplémentaire ou encore par des jours de congé des enseignants.
D'un côté comme de l'autre, cela implique des frais
supplémentaires. Je pense bien que, là-dessus, le ministre des
Finances va certainement être d'accord, mais qui va assumer ce
coût?
M. le Président, je pourrais allonger la liste de tous ces points
qui ont été accordés lors de la dernière
négociation et ma question précise c'est à l'égard
de tous ces points que j'ai mentionnés: Quelles seront les
responsabilités que financièrement les commissions scolaires
devront assumer et quelles sont celles que le ministre des Finances assumera?
Nous partons de l'hypothèse que tout ce qui est le résultat de la
négociation d'une convention collective, qu'il s'agisse des salaires ou
des aspects de la bonification des conventions collectives, devrait être
assumé par
le gouvernement. Je voudrais avoir, aujourd'hui, l'assurance du ministre
des Finances que tous ces aspects découlant des conventions collectives
seront assumés par le gouvernement. Sinon, M. le Président, je ne
sais pas quelle expression le ministre des Finances va trouver pour le prochain
budget, il n'y aura peut-être pas de trou au ministère de
l'Éducation et au trésor, mais les trous seront rendus dans les
commissions scolaires. On sait fort bien que l'indexation qui leur a
été accordée pour des dépenses courantes -on
parlait de chauffage tout à l'heure - est insuffisante, mais va-t-on, en
plus de cela, ajouter toutes ces obligations dont je viens de parler? Si le
ministre des Finances peut m'assurer qu'il n'y a pas de problème de ce
côté, que le gouvernement assume tout, ma question était
inutile.
Au moins, elle aura été rassurante pour les populations
touchées, M. le Président. Je préférerais que le
ministre des Finances, qui aime répondre aux questions, tente de
répondre à celle-ci.
Le Président (M. Jolivet): Avant de donner la parole
à M. le ministre des Finances, j'aimerais dire, compte tenu qu'il y
avait eu entente pour terminer à 16 h 30 que, dépendant de la
réponse du ministre, il pourrait y avoir une question du
député de Laprairie; sinon, à 16 h 10, je devrai passer au
député de Marguerite-Bourgeoys pour conclusion.
M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Je pense que je peux répondre assez
rapidement au député de L'Acadie, M. le Président. Je
pense qu'elle a tout à fait raison. Il est hors de question que le
gouvernement s'imagine que le coût des conventions collectives,
qu'après tout il a négociées en dernier ressort, c'est
tout de même le gouvernement qui est le responsable du "monétaire"
lourd... On l'a assez souvent répété. Il serait
inconcevable que le gouvernement ne paie pas, ne transforme pas en subventions
aux commissions scolaires le coût de ce qui a été
négocié. Donc, sur le principe général, on
s'entend. Là où je pense qu'à l'heure actuelle il y a
certaines discussions, non pas quant au principe, mais quant au montant qui
pourrait apparaître aujourd'hui ou être inscrit dans les chiffres,
c'est ceci: Cela a trait fondamentalement à l'application des clauses de
sécurité d'emploi et, en particulier, à l'application des
fameux 50 kilomètres. Si un enseignant ne peut pas avoir son poste
là où il l'occupait, il doit être casé dans un rayon
de 50 kilomètres.
Cela, nous n'avons jamais, jusqu'à maintenant, appliqué
cette formule. Donc, on ne sait pas, en courant d'année, combien elle va
coûter. On s'entend bien que cela va être à la charge du
gouvernement, mais il est évident qu'on n'a pas pu mettre de montant
parce que c'est la première fois qu'une formule comme celle-là
est appliquée. Il est tout à fait clair qu'au fur et à
mesure qu'on avance dans le courant de l'année on voit plus clair.
D'autre part, on s'est entendu pour que l'application de cette clause de
sécurité d'emploi ne donne pas lieu à cette situation un
peu baroque où un enseignant pourrait être placé en
surplus, mais néanmoins payé, alors que la commission scolaire
ferait appel pour la suppléance à d'autres gens.
C'est là où la règle des 50% intervient.
C'est-à-dire qu'on dit à la commission scolaire: Dans, comment
dire? le pool de suppléance que vous avez à votre disposition,
utilisez quand même un certain nombre de gens qui sont temporairement en
surplus chez vous en attendant d'être casés dans les 50
kilomètres. Sur ce plan, cela peut laisser temporairement, pendant
quelques mois, un peu d'incertitude dans le système quant au montant,
non pas parce que le gouvernement ne paiera pas, mais parce qu'on attend les
factures pour voir comment spécifiquement cette clause va coûter,
et c'est la première fois qu'on l'applique. Il est évident que
très vite on va le savoir. (16 heures)
Pour le reste des conventions collectives, pour ce qui a trait aux
augmentations de salaires, aux ratios, etc., il va de soi que c'est le
gouvernement qui assume ces charges. Je vous rappellerai à ce sujet
qu'à l'occasion de la réforme fiscale municipale il y avait eu
beaucoup de craintes, à la fois de la part des commissions scolaires,
des commissaires d'écoles et des conseils municipaux, que le
gouvernement en fournissant l'essentiel du budget des commissions scolaires,
puisqu'il n'y avait plus d'impôt foncier normalisé, repousse un
peu dans le sens que suggérait la députée de L'Acadie
comme étant une possibilité, tout à l'heure, des
dépenses vers les commissions scolaires et ne les assume pas. Et,
disait-on, cela va amener les commissions scolaires à augmenter
considérablement leur taxation locale, la taxation pour des
dépenses non admissibles. De part et d'autre, on voyait à cette
occasion que les commissions scolaires pourraient aller chercher en taxation
locale $100,000,000, $150,000,000. J'ai vu beaucoup de chiffres qui, à
ce moment, apparaissaient comme des possibilités. On se rend compte que
ce n'est pas du tout comme cela que cela se présente et qu'en fait,
à l'heure actuelle, la taxation pour des dépenses non admissibles
aux subventions est inférieure à $50,000,000, c'est-à-dire
exactement du même ordre que ce qu'on trouvait avant la réforme
fiscale. Il n'y a nulle part, à l'heure actuelle, de signe visible que
le nouveau système de financement des commissions scolaires
amènerait les commissions scolaires à accroître leur
fardeau fiscal. Il n'y a pas de signe de cela. S'il n'y a pas de signe de cela,
cela veut donc dire que le gouvernement, dans l'établissement de ses
subventions pour les commissions scolaires, ne s'est pas trompé beaucoup
et que cela correspond vraiment à leurs besoins réels, compte
tenu des conventions collectives qui ont été signées.
Mme Lavoie-Roux: Juste une toute petite question. Le ministre des
Finances a dit: C'est entendu. Il l'a dit sans restriction, au moins à
l'égard de la masse salariale, du ratio
maître/élèves, etc., du rapport
maître/élèves. Est-ce qu'il peut aussi affirmer que tout ce
qui découle de la bonification des conventions collectives - je lui ai
parlé du congé de maternité - serait assumé par le
gouvernement? Une seule autre question: Dans le cas de l'alourdissement des
clientèles qui, elles, sont reliées plutôt au budget
fermé et non pas aux conventions collectives, est-ce que cela aussi sera
également assumé par le gouvernement?
M. Parizeau: On s'entend bien. Quand je parle du
"monétaire lourd" dans la convention collective, cela inclut aussi bien
les congés de maternité que tout le reste. Comme cela, il n'y a
pas de problème. C'est le gouvernement qui a négocié cela.
Cela n'a aucun bon sens qu'il cherche à en transférer le
coût.
Pour ce qui a trait aux alourdissements de clientèle, le nombre
d'étudiants et la répartition des étudiants se constatent
au 30 septembre. C'est le relevé des élèves au 30
septembre qui va permettre de faire justement ce seul ajustement du budget
fermé, parce qu'on constatera, au 30 septembre, combien il y a
d'élèves et à quelle catégorie ils appartiennent.
C'est le relevé du 30 septembre qui fait foi.
Mme Lavoie-Roux: II peut survenir des choses en cours
d'année. La clientèle ne reste pas fixe au 30 septembre.
M. Parizeau: Forcément. Enfin, cela reste quand même
relativement secondaire. Il y a suffisamment de marge de manoeuvre à
l'intérieur des commissions scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Ferez-vous des remboursements en fin
d'année si les chiffres vous sont présentés comme
étant justifiés?
M. Parizeau: Non. Je ne veux pas faire de remboursements, pas
plus que je ne veux récupérer de sommes. Je pense qu'à
partir du moment où une commission scolaire a un budget fermé qui
est ajusté en fonction de ses clientèles, on a tout
intérêt à faire en sorte qu'elle porte ce qu'elle
dépasse et qu'elle garde ce qu'elle gagne, si on veut. Nous avons
appliqué cela depuis deux ans dans les CEGEP et c'est étonnant
comme résultat. À une époque où un bon nombre de
CEGEP au Québec faisaient des déficits, parce qu'ils savaient que
le gouvernement, de toute façon, ferait un ajustement un an ou deux ans
plus tard... On a cessé cela et on leur a dit: Voici, vous avez un
budget fermé. Si vous avez un surplus, vous le gardez.
L'atmosphère a changé. Il y a des surplus dans un bon nombre
d'endroits. Le jour où ils ont su qu'ils gardaient leur surplus, ils ont
commencé à vérifier leurs comptes de plus près. La
nature humaine? Peut-être. Ce ne sont pas des surplus gigantesques,
entendons-nous bien! Mais le seul fait de savoir qu'il y a un budget
fermé et que, s'il y a un petit excédent d'argent, ils le
gardent, c'est fou ce que cela rend les crayons plus aiguisés, et
pourquoi pas!
Mme Lavoie-Roux: II y a une autre question que j'ai posée
au ministre et à laquelle il n'a pas répondu.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, madame.
Mme Lavoie-Roux: Normalement, j'ai droit à 20 minutes, M.
le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, Mme la
députée de L'Acadie. Je sais que vous avez droit à 20
minutes, sauf qu'au niveau du nombre de questions, si on permettait au moins au
député de Laprairie de poser une question...
Mme Lavoie-Roux: Deux petites questions, seulement deux
secondes...
Le Président (M. Jolivet): Allez-y pour les deux
dernières, Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: ...auxquelles le ministre n'a pas
répondu. Je lui ai demandé s'il était exact qu'on avait
établi un coût de rémunération de la
suppléance au plan national et que ce taux était affecté
à l'ensemble des commissions scolaires, alors que le taux pouvait varier
d'une commission scolaire à l'autre. Il y avait à l'égard
de la suppléance et il y avait également à l'égard
du taux de vieillissement. Est-ce que c'est appliqué d'une façon
uniforme à travers le Québec ou est-ce selon chacune des
commissions scolaires?
M. Parizeau: Je vais à la fois répondre et en
profiter pour corriger une erreur que j'ai faite par emballement, et je m'en
excuse. Les taux, aussi bien de vieillissement que les taux de
suppléance, sont établis commission scolaire par commission
scolaire. Ce n'est pas un taux national. Le taux de 50% dont la
députée de L'Acadie parlait, c'était cette espèce
d'affectation, enfin d'utilisation de personnel en surplus pour de la
suppléance, mais les taux sont établis par commission
scolaire.
Je voudrais corriger deux erreurs que j'ai faites, M. le
Président, et je profite de l'occasion rapidement. Effectivement, les
taxes locales restent autour de $100,000,000, comme c'était le cas
avant, les taxes inadmissibles, et non pas à 50%. Je m'excuse,
c'était de l'enthousiasme, mais ce n'est pas exact. Seulement, il n'y a
manifestement pas d'effet de report sur les commissions scolaires à la
suite d'éléments que le gouvernement ne paierait pas.
Deuxième erreur, les enquêtes sur chacune des douze
commissions scolaires. On m'indique que, justement à la suite de
tractations qui ont lieu avec le ministère de l'Éducation, le
ministère de l'Éducation a envoyé à chaque
commission scolaire le rapport qui la concernait. C'est postérieur aux
discussions que j'avais eues avec les deux présidents de
fédérations. Il est possible qu'ils se soient adressés
directement au ministère de l'Éducation, mais, en tout cas,
chaque commission scolaire, me dit-on, a reçu l'enquête qui la
concernait.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laprairie.
M. Gilles Michaud
M. Michaud: Merci, M. le Président. Je devrai être
bref, parce qu'il reste à peine quelques minutes. De toute façon,
je voulais faire tout simplement quelques petits commentaires sur cette
commission parlementaire et dire que je trouve loufoque que ce soit le
député de Marguerite-Bourgeoys qui amène ce débat
ici cet après-midi. Il joue un peu le rôle d'un Don Quichotte,
dans cette situation-là, d'autant plus que c'est lui qui a
été le contrôleur des Jeux olympiques, si on se rappelle
bien, qui a laissé passer sous ses yeux un écart de
$1,023,000,000. Celui-là, on ne peut pas dire qu'il n'y avait aucun
indice de malhonnêteté, parce qu'il devait voir les pots-de-vin
de
$500,000 passer, mais quand même: S'il avait été si
perspicace, lui qui a connu l'ancienne administration, lui qui était au
Conseil des ministres, il l'a connu quotidiennement, l'écart de
$491,000,000 que M. Garneau avait laissé monter et n'avait jamais
découvert. S'il avait été si perspicace et s'il avait fait
son job d'opposition, dès 1977, il aurait dû poser des questions.
Il savait que cela se faisait, parce qu'il a vécu dans le bain pendant
trois ans au Conseil des ministres. Il savait que M. Garneau montait un
déficit de $491,000,000. S'il avait fait son job d'opposition, il
l'aurait bien fait, mais il ne l'a pas fait. Ce qui est curieux, tout ce qu'il
sait aujourd'hui, c'est nous qui le lui avons dit.
Il faudrait peut-être dire aussi la même chose de la
députée de L'Acadie. Elle a été, si je ne m'abuse,
présidente de la Commission des écoles catholiques de
Montréal. Elle connaissait la situation.
Une voix: Vous avez étudié cela, les budgets.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée,
sur une question de règlement. J'espère que c'est une question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour ma part, au moment
de l'étude des crédits et des budgets, chaque année, en
mai ou juin, je pense que j'ai continuellement demandé des chiffres au
ministère de l'Éducation et, là, c'est le ministère
de l'Éducation qui devrait être mis en question, puisque,
année après année, il m'a donné des chiffres qui
étaient faux.
Le Président (M. Jolivet): Merci, Mme la
députée.
M. le député de Laprairie.
M. Michaud: Elle connaissait la situation; elle connaissait les
budgets, parce qu'elle a été présidente de la Commission
des écoles catholiques de Montréal, une grande...
Mme Lavoie-Roux: Pas du ministère de l'Éducation,
M. le Président.
M. Michaud: ... commission scolaire, une très grande
commission scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Qui était bien administrée.
Une voix: ...
M. Michaud: Exactement, vous savez. Je pense, sans me tromper,
que cette commission scolaire avait même des amendes, parce qu'elle
envoyait ses rapports en retard.
Une voix: Ah oui!
M. Michaud: Oui, des rapports en retard.
Une voix: Oh! la la, un bel exemple!
M. Michaud: Mais, de toute façon, vous deviez
connaître assez la situation que, si vous aviez fait votre travail
d'opposition, vous auriez posé des questions avant qu'on vous dise tout.
Vous avez même des amis dans le système. On a appris,
malheureusement par les journaux, des situations dramatiques, des pratiques
curieuses. C'est par hasard qu'on a appris ces pratiques curieuses: onze
délégués au lieu de deux au congrès de Las Vegas.
Finalement, il y a des directeurs généraux qui sont vos bons
amis. Même, il y en a un par hasard qui est candidat de votre parti dans
le comté de l'Assomption. Il aurait dû, lui, au moins, vous
planter des questions si vous aviez bien fait votre travail d'opposition, parce
que tout ce que vous savez, c'est nous qui l'avons découvert. Nous vous
l'avons dit. Chose extraordinaire, c'est nous qui avons pris les mesures pour
le corriger et vous savez maintenant que les commissions scolaires ont un
budget fermé. Elle peuvent administrer et, en général, ce
sont de bons administrateurs quand elles ont les responsabilités.
Il y a une dernière chose sur laquelle je voudrais insister
encore une fois. Si vous aviez fait votre travail d'opposition avec les
connaissances ou la perspicacité qu'on vous connaît, on n'en
serait peut-être pas là. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Jolivet): Une minute, Mme la
députée.
M. Michaud: Deuxièmement, Mme la députée, il
ne faut pas oublier que dans ce dossier, il n'y a aucun indice de
malhonnêteté. On ne peut pas en dire autant des dossiers qu'on
déterre de votre administration.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): ...en tenant compte... Je
m'excuse, je vais vous donner tout de suite ce droit de parole. Vous avez
jusqu'à maintenant disposé de votre temps et vous avez dix
minutes à votre disposition pour compléter.
Conclusion
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je ne
m'étendrai pas longtemps sur les âneries du député
de Laprairie. Heureusement qu'il n'ouvre pas la bouche trop souvent. Mais il a
quand même porté une accusation à laquelle le
règlement m'empêchait de répondre par une question de
privilège, à l'égard des Olympiques; une accusation
salope, comme lui seul peut le faire, au sujet de pots-de-vin et tout cela,
alors qu'il sait très bien - s'il ne le sait pas, je vais le lui
répéter - que son gouvernement, le gouvernement du Parti
québécois, a fait une enquête complète sur les
Olympiques, une enquête indépendante, trois ans d'enquête,
une centaine de témoins et des tonnes de documents. Celui qui vous parle
fait partie, à peu près tout seul avec ses collègues, du
chapitre des félicitations. La commission Malouf a dit que j'avais fait,
ainsi que les membres de mon comité...
M. Michaud: Elle vous a félicité d'avoir
fermé les yeux à temps!
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, M. le
député!
M. Lalonde: ...un excellent travail. C'est mot à mot. Je
me sens donc bien à l'aise d'en parler. Il me donne la chance d'en
parler, mais quand allez-vous cesser de cracher? Il nous accuse de ne pas avoir
contrôlé ce gouvernement-là. Quand je pose des questions
sur la Société d'habitation du Québec, M. le
Président, ça me prend deux semaines pour avoir une petite
réponse, pour voir la connexion péquiste dans les saloperies du
ministre Tardif. C'est ça. On a fait notre...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lalonde: ...travail chaque année. La
députée de L'Acadie qui était le critique, le porte-parole
de l'Opposition officielle en matière d'éducation pour les
crédits de 1977, 1978 et 1979, a demandé chaque fois au ministre
de l'Éducation: Vos chiffres sont-ils bons? Oui, madame. Vous le
connaissiez: Oui, madame. Et vous voyez? Le député de Terrebonne
ne veut pas qu'on parle du trou, lui, n'est-ce pas? Il était là
tout le temps, lui, tout le temps comme adjoint parlementaire du ministre de
l'Éducation. Il a creusé le trou. Il ne veut pas en parler, par
exemple. Il dit: Oh, les gens ont mangé. Les enfants ont
été... Il l'a creusé, le trou. Il ne veut plus en parler
du tout.
Revenons aux choses sérieuses. J'aimerais que le ministre des
Finances apporte une précision quant à l'annexe. Il me semble
qu'il y a une équivoque. Quand il parle de l'annexe au rapport du
vérificateur et que les commissions scolaires nous parlent du rapport de
l'enquêteur, enfin, de ceux qui ont été envoyés par
les vérificateurs - c'étaient des vérificateurs
privés souvent - il semble qu'on ne parle pas de la même chose.
Est-il possible que l'annexe soit un sommaire? (16 h 15)
Si le ministre nous dit que c'est le rapport complet, à ce
moment, il y a encore des problèmes parce que, encore ce midi, il y a
une commission scolaire qui disait qu'elle ne l'avait pas reçu.
J'aimerais qu'on s'entende sur les mots. Je n'ai jamais
suggéré... Je voudrais apporter une précision au ministre
des Finances là-dessus. Je n'ai jamais suggéré que vous
rendiez public ce rapport. Jamais. Je sais que cela pourrait être non
courtois, incorrect, mais j'ai demandé de considérer
favorablement, parce que cela m'apparaît raisonnable, la demande que
plusieurs commissions scolaires - j'en connais quelques-unes - ont faite au
ministre de l'Éducation ou chez vous de leur transmettre le rapport
complet. Et dans une commission scolaire en particulier, la Commission scolaire
Meilleur, ils savent quel est le rapport final, parce que les
vérificateurs qui étaient là, les enquêteurs, l'ont
lu devant eux. Mais ils n'en ont pas de copie. Ils ne peuvent pas se
défendre. Ils passent, comme ce gouvernement, dans le trou, alors que
d'après les renseignements que j'ai ils n'ont absolument rien à
se reprocher. Au contraire, c'est le ministère qui leur devrait de
l'argent. C'est important pour ces administrateurs publics.
En conclusion de cette question avec débat, c'est
extrêmement décevant. J'ai demandé au ministre des Finances
de nous dire ce qu'il avait fait, entre novembre 1976 et novembre 1979, pour
corriger la situation, pour empêcher que le trou ne se creuse à
nouveau, alors qu'il est en train d'en remplir un autre.
D'abord, il a attendu que les banques l'appellent. Les banques ne nous
appellent pas. Cela équivaut à cela. Les banques étaient
remboursées, donc il n'y avait pas trop de bruit de ce
côté-là. Il aurait pu faire ce qu'il a fait lorsque cela
s'est découvert, appeler les banques et dire: Combien d'emprunt
avez-vous? Cela m'a l'air qu'il attendait. Et il nous a décrit ce que le
ministre de l'Éducation nous a décrit aussi à
l'étude des crédits:, les lenteurs interminables du
ministère de l'Éducation et du Conseil du trésor pour
arriver à déterminer le montant final, le coût final, le
coût définitif. Lenteur interminable que le vérificateur
dit trop longue. Cela aurait pu être fait, mais c'est resté
là. Cela aurait pu être fait plus rapidement, dit le
vérificateur, mais il n'en dit pas plus.
Qu'est-ce qui fait que cela n'a pas été fait plus
rapidement? Est-ce que c'est de la négligence? De l'incurie? Je dis que
le ministre n'a absolument rien ajouté. Il a dit qu'il avait certaines
inquiétudes. Mais c'est bien peu. Il aurait dû être non
seulement inquiet, mais il aurait dû agir. Il a attendu en 1979, trois
ans, avec des bonnes chances que ce soit aussi mauvais qu'auparavant, puisqu'il
n'avait rien corrigé. Il n'a rien corrigé, il n'a rien fait. Pas
une seule directive n'a été publiée dans la Gazette
officielle - et le Conseil du trésor a le pouvoir de le faire - pour
corriger la situation qui a creusé ce trou.
Lenteur interminable qui équivaut à de la
négligence et à de l'incurie, mais aussi inconséquence
troublante, M. le Président. Si je vous disais que les effectifs du
Conseil du trésor ont presque doublé de 1974-1975 à
1980-1981, qu'ils sont passés de 112 permanents à 205. C'est le
total, mais prenons les chiffres section par section. Pour la section de la
politique administrative, ils sont passés de 23 à 40; cela a
presque doublé. Pour la section de la politique de personnel et de
relations de travail, ils sont passés de 25 en 1976-1977 à 65
pour 1980-1981. Pour le soutien administratif et technique, ils ont
augmenté de 25 à 52. Mais - c'est là que
l'inconséquence du ministre est troublante - pour la section
programmation et contrôle budgétaire -regardez bien cela - en
1975-1976, 61; en 1976-1977, 64 - il arrive au pouvoir - en 1977-1978, 60; en
1978-1979, 54; en 1979-1980, 50. Il a réduit ses permanents. Et les
employés à temps partiel, c'est trois par année pendant
toutes ces années-là. Pour les permanents, de 1976-1977 à
1979-1980, cela a baissé de 64 à 50. Il réduit le
personnel qui contrôle. Le personnel qui doit contrôler au
ministère de l'Éducation et ailleurs est réduit.
Une voix: II augmente les secrétaires.
M. Lalonde: Pourtant, cela a augmenté partout à
part là; cela a presque doublé dans l'ensemble, mais là
c'est réduit. Pour l'année 1980-1981, par exemple - on vient de
découvrir le
trou - il y a un saut de 50 à 68, mais il est trop tard, le
troupeau n'est plus dans la grange; il ferme les portes de la grange et il n'y
a plus rien. Alors, si on ne veut pas faire d'enquête -Dn aime bien les
faire sur les autres - si ce n'est pas suffisant $500,000,000 pour faire une
enquête, à ce moment-là, la population fera
l'équation de bon gouvernement versus trou de $500,000,000 et on
jugera.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député.
M. le ministre, en conclusion, vous avez dix minutes.
M. Parizeau: Oui, M. le Président. Je vous avouerai
qu'à certains moments, cet après-midi, la discussion volait assez
bas. Il y a un certain nombre de choses que je ne peux vraiment pas laisser
passer et je vais m'en débarrasser vite pour passer à des choses
plus sérieuses. Le député de Marguerite-Bourgeoys me
disait: Quand allez-vous cesser de cracher - j'imagine - autour et alentour de
cette question des Jeux olympiques et de leur contrôle? Je ne sais pas si
on crache ou pas, mais enfin il y a une chose. Il y a peut-être des
chances, oui, qu'on cesse d'en parler le jour où la caisse du Parti
libéral aura remboursé les $750,000 que le parti garde à
l'heure actuelle et qui ont été payés à l'occasion
de ces jeux. Oui, peut-être qu'une des façons de faire cesser les
discussions à ce sujet serait de rembourser. Le premier ministre a eu
l'occasion de le soutenir à quelques reprises. Je ne peux pas laisser
passer, non plus, ce que disait le député de Marguerite-Bourgeoys
et qu'il appelait les saloperies du ministre Tardif, si si j'ai bien compris.
L'expression, franchement, me semble tout à fait indigne.
M. Lalonde: Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
M. Parizeau: Bon. Je suis ravi que nous puissions nous
débarrasser de cette expression, j'en sais gré au
député de Marguerite-Bourgeoys. Je pense que cela permet de
situer notre débat à un niveau préférable cet
après-midi.
Je conclurai, cet après-midi, de la façon suivante: II y a
constamment, dans les machines gouvernementales, qui sont considérables,
qui sont très lourdes, qui sont très pesantes à notre
époque, des possibilités qu'un gouvernement perde le
contrôle de certains programmes ou de leur coût. Il ne faut pas
nier que cela existe, il faut simplement être en mesure de prendre les
moyens nécessaires pour que justement ces tentations normales d'une
machine complexe et lourde ne donnent pas lieu à un abandon complet du
contrôle.
Puisqu'on parlait des Jeux olympiques, je pense que, pour les Jeux
olympiques, c'est exactement ce qu'on a constaté. Ce devait être
des jeux modestes, cela a finalement coûté une fortune. Dans
d'autres domaines, une des premières choses qu'on a constatées en
arrivant au pouvoir, c'était que les hôpitaux commençaient
à accumuler des déficits tout à fait en dehors des normes
budgétaires dans lesquelles ils devaient fonctionner. Quand je dis les
hôpitaux, j'exagère, parce que beaucoup n'en faisaient pas, mais
il y a un certain nombre de très gros hôpitaux qui, effectivement,
commençaient à accumuler des déficits importants.
Immédiatement, il fallait de notre part, si on voulait gérer
correctement les choses, fermer le robinet, mettre sur pied un certain nombre
de plans de redressement budgétaire dont on a assez entendu parler
depuis quelque temps pour savoir que: a) ils existent; b) ils mordent; c) ils
corrigent manifestement quelque chose. Autrement, il n'y aurait pas autant de
gens qui en parleraient.
Un gouvernement qui veut être bien géré doit
premièrement être conscient qu'il y a effectivement des
possibilités, à un moment donné, de perte de
contrôle ou de débordement et faire en sorte de reprendre
constamment les contrôles et de corriger les machines. Je pense que cela
fait quatre ans qu'on le fait systématiquement, très
systématiquement dans chacun des secteurs. Quand nous sommes
arrivés au pouvoir, nous étions en face d'un gouvernement du
Québec qui, au cours des trois dernières années, avait
laissé monter les dépenses de 21% par an. Ce que nous avons fait,
avec des contrôles systématiques comme ceux qu'on a essayé
d'entreprendre, c'est de faire en sorte que, dans les trois années qui
ont suivi, sur la même base comptable, les dépenses du
gouvernement du Québec, n'ont pas augmenté de 21% en moyenne,
elles ont augmenté de 11%. On a réduit de moitié la
progression annuelle des dépenses du Québec et cela impliquait de
fermer des portes, de reprendre le contrôle constamment sur les
programmes. Il est clair, aussi, que dans le cas des commissions scolaires,
à cause d'un système dont un de mes collègues disait que
cela faisait quinze ans qu'il durait, nous nous trouvions devant un
système de financement qui, par ajustements successifs pendant des
années, faisait qu'on avait des mauvaises surprises et plus que des
mauvaises surprises, des trous béants. Que cela nous ait pris un certain
temps à cause des retards à obtenir les preuves de cela, que cela
nous ait pris du temps pour le corriger, je veux bien, mais il faut
reconnaître aussi que nous sommes le premier gouvernement depuis quinze
ans à corriger cela et à empêcher que cela se refasse. Ce
n'est pas les autres. Ce système de financement est bien connu, encore
une fois, cela fait quinze ans qu'il est connu et il a provoqué, sous
les gens qui nous ont précédés, un déficit bien
plus gros que celui auquel nous avons eu à faire face.
Mais nous sommes le premier gouvernement qui dit: Cela suffit. On va
prendre les moyens pour que cela ne se reproduise plus jamais. Je suis
désolé, M. le Président, je prends cela comme une preuve,
effectivement, de bon gouvernement et de bonne gestion. Je ne vois pas pourquoi
on se défendrait ou qu'on serait le moindrement sur la défensive
à cet égard. Nous sommes le premier gouvernement depuis quinze
ans qui décide de faire quelque chose à ce sujet. D'autre part,
j'en arrive à des choses un petit peu plus spécifiques. Le
député de Marguerite-Bourgeoys me posait une question - je vais
essayer de terminer rapidement - au sujet de ce que j'ai appelé l'annexe
du rapport du vérificateur pour chacune des douze commissions scolaires.
On s'entend, on parle bien du même document.
L'annexe est constituée du résultat de l'enquête
dans chacune des commissions scolaires isolées l'une de l'autre. Par
exemple, Jeune-Lorette, c'est pages 5 à 8. Commission scolaire
Valin, 8 à 12. C'est donc bien divisé. Ce qui s'est
produit, les 26 et 27 novembre, donc, la semaine dernière, c'est que le
sous-ministre de l'Éducation a distribué aux directeurs
généraux, si je comprends bien, de ces douze commissions
scolaires, à chacune d'entre elles, la partie qui la concernait et l'a
remise au directeur général. Il est tout à fait possible
que le directeur général de Meilleur n'ait pas contacté
depuis la semaine dernière la personne qui aurait parlé au
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est possible. Mais le rapport
qu'on me fait à moi, c'est que chacune l'aurait reçue la
journée du 26 ou du 27 novembre. Encore une fois, on me donne ces
renseignements. Je n'ai pas de raison de croire qu'ils ne seraient pas
corrects.
On s'entend bien qu'il s'agit de chacune des tranches de l'annexe qui
concernent chaque commission scolaire.
Une dernière chose. Je me suis bien amusé des
dernières observations du député de Marguerite-Bourgeoys
sur la composition du Conseil du trésor. Le Conseil du trésor,
effectivement, a 214 personnes. Compte tenu du nombre de fois qu'on entend
parler de cet organisme, on imaginerait à première vue qu'il
puisse y avoir des centaines et des centaines, sinon des milliers de personnes.
Le Conseil du trésor, avec la réputation qu'il a d'être
impliqué dans toute espèce de dossier, je pense que, sur le plan
de la gestion des fonds publics, c'est une excellente chose que le
député de Marguerite-Bourgeoys ait souligné pesamment
qu'il y avait 214 personnes là-dedans. On s'attendrait à beaucoup
plus. Effectivement, c'est - je pense que tous ceux qui y participent en sont
particulièrement fiers - une boîte qui a réussi à
rester petite, tout en restant efficace. Quant à savoir comment le
personnel se répartit entre chacun des services, les chiffres dont
parlait le député de Marguerite-Bourgeoys ne sont pas
nécessairement très significatifs, parce qu'il est évident
que l'organigramme du Conseil du trésor, on le reprend de temps à
autre et que des gens, tout en ayant la même fonction, peuvent être
changés de service. Donc, cela n'a pas beaucoup de signification de
s'imaginer qu'ils étaient 60 ici, alors qu'ils sont 50 et qu'ailleurs,
ils étaient 50, alors qu'ils sont 60. Tout ce que cela peut vouloir
dire, c'est qu'on a décidé qu'un groupe de cinq ou six personnes
changeait de service. (16 h 30)
En fait - cela me permet de conclure là-dessus - je pense que le
Conseil du trésor aura joué, depuis sa création - j'en
rendrai, en un certain sens, témoignage à mes
prédécesseurs - le Conseil du trésor est relativement
nouveau dans notre système de gouvernement. À l'époque
où j'étais fonctionnaire, dans les années soixante, il
n'existait pas sous cette forme. Le Conseil du trésor, tel qu'il s'est
développé dans le gouvernement du Québec depuis un certain
nombre d'années - encore une fois, ce n'est pas le présent
gouvernement, je reconnais que c'est avant nous que cela a été
fait - a eu et a gardé une tradition non pas seulement
d'intégrité, mais d'efficacité dans le travail de
contrôle, contrôle à ce point sévère que le
Conseil du trésor parfois fait un peu peur à ceux qui
défilent devant lui. Mais je pense qu'il s'est développé
graduellement comme un des instruments centraux d'un contrôle efficace
des finances publiques, si tant est que la volonté politique de bien
contrôler les finances publiques est là, ce qui est certainement
le cas avec le présent gouvernement. M. le Président, et je vous
remercie.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question de
règlement, parce que, pendant le discours du ministre, j'ai
retiré des paroles. Je ne l'ai pas fait au journal des Débats. Je
veux remplacer les paroles que j'ai retirées par "le patronage du
ministre Tardif".
Le Président (M. Jolivet): Merci à tous les
participants...
M. Parizeau: C'est désolant, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): ... de cette commission. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 311