Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Thursday, October 31, 2024
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Vol. 47 N° 76
Clause-by-clause consideration of Bill 71, An Act to improve support for persons and to simplify the social assistance regime
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-trois minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : Bonjour,
tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'économie et du travail ouverte...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...la
commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
de... numéro 71, Loi visant à améliorer l'accompagnement des personnes à... et
à simplifier le régime d'assistance sociale.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Mallette (Huntingdon) est remplacée par Mme Poulet
(Laporte); Mme Tremblay (Hull) est remplacée par Mme Blais
(Abitibi-Ouest); Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce); Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey) est remplacée par Mme Prass
(D'Arcy-McGee); et M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par Mme Labrie
(Sherbrooke).
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Lors de l'ajournement de nos travaux, hier, nous en étions à l'étude de
l'amendement proposé par la ministre de l'article 43.3, introduit par l'article
18 du projet de loi.
Maintenant, Mme la ministre, vous aimeriez
avoir une suspension?
Mme Rouleau : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 24)
(Reprise à 11 h 26)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement
de la ministre? Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : ...Mme la
Présidente. Excusez-moi. Je vais reprendre là où on s'est laissés hier, donc la
ministre qui a déposé son amendement et... excusez-moi, je lui demande de
nouveau s'il y aurait de l'ouverture au deuxième alinéa, où elle ajoute «les
prestataires monoparentales ayant un ou des enfants à charge d'âge
préscolaire»... si elle serait ouverte à ajouter les parents d'enfants avec un
handicap, entre autres.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Non. Et je
pourrais expliquer?
Mme Prass : Oui, s'il vous
plaît.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
allez-y.
Mme Rouleau : Bon, alors, en
fait, l'idée de cet amendement, c'est qu'on a bien entendu l'inquiétude qui
touche les familles monoparentales d'enfants de moins de cinq ans, du fait qu'on...
il n'y a plus de CTE comme tel. Alors, on veut bien accompagner ces familles
monoparentales, s'assurer de... du meilleur accompagnement pour les familles
monoparentales avec enfants de moins de cinq ans pour leur permettre,
évidemment... notamment à ces femmes, parce que c'est en grande partie des
femmes, c'est 95 % de femmes qui sont monoparentales, souvent des jeunes
femmes aussi, pouvoir, donc, leur permettre de... en fait, les accompagner dans
le... tout le processus qu'on veut mettre en place, là. Et c'est dans... c'est
vraiment...
Mme Rouleau : ...dans cette
optique-là, d'enlever des inquiétudes et d'assurer le meilleur accompagnement
possible pour ces familles monoparentales, c'est l'intention, vraiment, de cet
amendement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme Prass : Merci. Je vous
donne l'exemple d'un parent d'un enfant avec un handicap dont l'enfant a un
bris de service à l'école, et, maintenant, le parent se retrouve à devoir
quitter leur emploi pour être à temps plein avec leur enfant en attendant qu'il
soit réintégré à l'école... soit réintégré à l'école ou trouve des services
pour s'en occuper. Donc, peut-être que vous voulez me faire des clarifications
pour m'expliquer c'est quoi, pour vous, la distinction entre ces deux groupes
de personnes là dans le contexte de ce que vous présentez?
Mme Rouleau : C'est que la
contrainte pour les parents avec des enfants handicapés est transformée en
prestation spéciale. Alors, il n'y a pas de perte pour ces parents-là avec
un... avec l'enfant. Et là on s'adresse vraiment... on veut s'assurer, là, que
les familles monoparentales, et qui sont, selon toutes nos indications, en
grande majorité, des femmes, puissent être bien accompagnées, puissent aller
vers des formations pour faire de l'intégration, pour qu'elles ne soient pas
isolées à la maison. Parce que c'est ça qui risque de se produire. On ne veut
pas qu'elles soient isolées à la maison, que, comme toutes les femmes de notre
société, elles aient accès au travail ou... si elles peuvent aller travailler.
Si elles ne peuvent pas, bien, on va les accompagner pour cette intégration-là
qu'on veut mettre en place.
Mme Prass : Donc, vous dites
que les familles avec des enfants avec un handicap vont continuer à recevoir
prestations... davantage. Donc, est-ce qu'il y a d'autres groupes? Parce que,
là, vous avez ajouté les parents monoparentaux avec des enfants à charge d'âge
préscolaire. Est-ce qu'il y a d'autres groupes qui seront exclus des programmes,
par exemple, à part les parents monoparentaux? Parce que, là, je comprends, ces
parents-là n'auraient plus, justement, la prestation dont vous parlez, par
exemple, que les familles avec un enfant avec un handicap auraient. C'est bien
ça?
• (11 h 30) •
Mme Rouleau : En fait, pour
les parents qui ont des enfants handicapés, ils auront la prestation.
Mme Prass : Qui continuera.
Mme Rouleau : Qui va avec,
là. La famille monoparentale avec enfant handicapé, il y aura la prestation
parce qu'il y a enfant handicapé. Ça fait qu'il n'y a pas tellement de... Tout
ce qu'on veut indiquer, ici, là, c'est notre préoccupation. On l'a bien
entendu, les organismes, les différentes... tu sais, les... C'est de s'assurer
que les familles monoparentales, qui sont constituées en grande partie de
jeunes femmes avec enfants, puissent avoir accès à l'ensemble des services.
Et je veux noter qu'avec ce qui existe
actuellement, la CTE, elles n'ont accès à rien, à rien. Elles ont un montant de
131 $ par mois, mais c'est tout. Et là on va leur donner accès à des
programmes qui vont améliorer leur situation et leur permettre, comme à toutes
les femmes du Québec, parce qu'on s'est battu beaucoup, au Québec, pour ça, les
femmes... alors permettre à ces femmes qui sont en situation de précarité
d'avoir accès aussi. C'est l'intention de cet amendement.
Mme Prass : Et, pour la
situation, par exemple, de femmes qui sont victimes de violence conjugale,
est-ce qu'elles, elles vont continuer de recevoir la prestation additionnelle?
Parce que nous, on avait compris que la contrainte temporaire à l'emploi était
abolie.
Mme Rouleau : Bien, en fait,
lorsqu'on parle des femmes victimes de violence conjugale qui vont en maison
d'hébergement d'urgence, aujourd'hui, c'est une prestation, c'est une CTE, là,
la contrainte temporaire, de 131 $ pour trois mois, plus 100 $ parce
qu'elles sont en hébergement, donc 261 $. Et dorénavant ce sera une
prestation spéciale de 261 $, qui durera le temps que cette femme, puis
elle est peut-être avec ses enfants, là, si elle est avec ses enfants, sera en
hébergement. Donc, c'étaient trois mois ferme. Là, si la dame elle est là trois
mois et demi, quatre mois, cinq mois, bien, ce sera pendant cinq mois. Et une
seule, une seule prestation, au même montant, là.
Mme Prass : Puis juste pour
m'informer, ma connaissance, une fois que cette...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Prass : ...sort d'une
maison d'hébergement, puis en espérant qu'elle intègre un logement. Quelle
est... Quelle est la suite des choses dans le soutien que le gouvernement lui
amène dans le cadre de ce programme?
Mme Rouleau : Si la dame,
elle est prestataire, elle va... selon son bon vouloir, là, elle aura accès à
un plan... un plan d accompagnement personnalisé.
Mme Prass : Donc, pour vous,
les autres... puis on va parler de femmes, on parle de femmes un petit peu ce matin.
Donc, pour vous, les autres groupes de femmes vulnérables, que ce soient
victimes de violences conjugales, toutes les différentes situations qu'elles
peuvent vivre, sont couvertes avec d'autres mesures?
Mme Rouleau : D'autres
mesures.
Mme Prass : D'autres mesures.
Mme Rouleau : Selon le...
selon le... si elle a un enjeu de santé mentale ou etc., ou d'autres enjeux,
santé physique, là, diagnostiqués. Et puis maintenant, on aura des
professionnels de la santé pour faire ce diagnostic. Bien, elle aura accès aux
prestations, là, aux... pas prestations, aux allocations complémentaires de
contraintes santé ou contraintes sévères.
Mme Prass : Donc, pour vous,
ce groupe-là, qui ne serait pas... qui ne recevrait pas ce que vous venez de
décrire... donc, vous venez boucher le trou un petit peu pour un groupe, les
parents monoparental avec un enfant à charge d'âge préscolaire qui ne sont
pas... bien, avec ce projet de loi, qui ne sont pas dans une autre... bien, qui
ne reçoivent pas... ils ne sont pas dans une catégorie pour recevoir les
prestations dont vous venez de mentionner, c'est bien ça? Donc, vous venez les
spécifier ici parce qu'ils ne font pas partie des autres programmes pour...
Mme Rouleau : Parce qu'on
a... il n'y a plus de contraintes temporaires à l'emploi, et on veut améliorer
l'accompagnement de ces personnes vers... éventuellement vers l'emploi, là,
autant que possible, mais il y a tout un cheminement. Alors, c'est une
amélioration pour ces personnes.
Mme Prass : Et vous allez
faire par règlement les autres groupes qui vont recevoir la prestation dont
vous avez mentionné tantôt? Parce que, là, justement, le... la contrainte
temporaire à l'emploi n'est plus là.
Mme Rouleau : ...règlement.
Mme Prass : Mais vous allez
le faire par règlement, mais j'espère qu'on aura des discussions quand on y
arrivera, juste pour s'assurer qu'il y a... bien, votre engagement qu'il y a
certains groupes qui vont se retrouver, comme vous l'avez mentionné ce matin. O.K.,
merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
J'ai deux personnes, maintenant trois personnes. Je commence par la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, ensuite le député de Jean-Talon, et ensuite vous, Mme la
députée de Sherbrooke. Mme la députée, allez-y.
Mme McGraw : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Donc, j'aimerais enchaîner sur ma collègue, justement, là, on
parle de plan d'accompagnement personnalisé. Et la ministre a reconnu, c'était
effectivement le Collectif pour la petite enfance qui a suggéré ces mots-là.
Donc, je me réfère d'ailleurs à leur mémoire. Alors, ils ont suggéré, et la
ministre a reconnu cette recommandation-là, et on la... on la salue, justement,
pour l'avoir intégrée. La recommandation du collectif... Donc, on reconnaît
aussi, puis on salue le fait que la ministre, elle comprend que, justement, l'impact
sur les femmes de ce projet loi... Parce que les femmes sont surreprésentées
dans tous les groupes, bon, on va dire, vulnérables. Les femmes sont
surreprésentées en termes de familles monoparentales, les victimes de violence
conjugale, les aînés 58 à... 58 à 64 ans, etc. Donc, je pense que, de
toute façon, on a demandé une analyse...
Des voix : ...
Mme Rouleau : Je suis capable
de vous comprendre et...
Mme McGraw : Oui, O.K.
désolée, je... l'analyse différenciée selon les genres de ce projet de loi là,
ce sera important, mais selon les données que nous, on a... mais ce serait bien
d'avoir l'analyse du gouvernement, c'est que les femmes sont surreprésentées
dans ces groupes vulnérables, et donc risquent d'avoir de... plus de pertes d'acquis.
Pour revenir au collectif, donc, on va
revenir sur d'autres groupes et c'est ça que, dans le contexte de l'article 25,
on va en parler davantage, parce qu'on comprend qu'avec le changement de
contraintes à l'emploi, qui devient une contrainte de santé à l'emploi, on perd
des contraintes et on s'attend à ce que psychosociaux soient incluses
là-dedans. Donc, c'est bien, mais les contraintes, on va dire situationnelles,
dont les femmes, dont les familles avec des enfants 0 à 5, donc
préscolaire, on reconnaît... mais il y a d'autres groupes avec des contraintes
situationnelles qui ne sont pas d'ordre de santé ni médicales...
Mme McGraw : ...ni psychosocial,
et c'est... on va revenir sur ces groupes-là pour vraiment s'assurer qu'on
comprend bien ce que la ministre dit à ma collègue, c'est que ces groupes qui
risquent de perdre des acquis avec ce projet de loi, qu'il y a d'autres façons
de les accompagner financièrement, pas juste en termes de plan.
Mais pour revenir sur le plan, le
Collectif pour la petite enfance, ce qu'ils ont suggéré, c'est que toutes les
familles, pas juste les familles monoparentales, toutes les familles ayant des
enfants, e là je cite : «Âgés de moins de cinq ans, inscrits dans un
programme d'aide du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, de
surcroît, lorsque ces familles sont parmi les plus vulnérables, dans l'accès
aux services du réseau de la santé et des services sociaux, que ce soit un
diagnostic plus rapide ou recevoir tous les services nécessaires à s'assurer du
bien être des tout-petits et de leurs parents.» Donc, on parle de prévention,
Agir tôt, santé physique, santé mentale, etc. Donc, ils se réjouissent que
l'intention soit de mieux reconnaître les contraintes de nature psychosociale — ça,
c'est dans le mémoire — et nous aussi, mais ils demandent une
priorisation pour toutes les familles. Avec cet article, avec cet amendement de
la ministre, si on comprend bien, on répond en partie à cette demande, la
demande que les familles avec... les familles parmi les plus vulnérables, avec
des enfants âgés de moins de cinq ans, on y réponde en partie. Alors, ce qu'on
aimerait savoir, dans un premier temps : Pourquoi on a choisi de répondre
en partie à leur demande? Donc, les familles monoparentales à l'intérieur de
ces familles, surtout puisqu'on sait que ces enfants préscolaires sans avoir de
changement au système de services de garde, que ça risque... même des femmes,
mais des mères de famille dans des situations même pas monoparentales, ça soit
elles aussi qui devraient rester normalement, qui vont de façon... c'est
souvent les femmes qui vont rester à la maison avec les enfants. Donc, si la
préoccupation, c'est de s'assurer l'intégration des femmes de pouvoir
travailler, comment est-ce qu'on s'attaque à l'enjeu des familles pas
monoparentales, mais que ces femmes sans avoir recours aux services de garde
abordables ou CPE, comment est- ce qu'on répond à cette demande-là du
Collectif?
• (11 h 40) •
Mme Rouleau : Et la
préoccupation ici, c'est de répondre à cette... à ce qu'on nous a beaucoup...
on a été très interpellés sur le fait que les... déjà, les familles
monoparentales avec un enfant en bas de cinq ans, parce que c'est une... c'est
une population encore plus vulnérable, c'est plus... elle est plus vulnérable
que... que... au-delà des autres, je dirais. Il fallait trouver une... une
solution, là, parce qu'on enlève les contraintes d'emploi... à l'emploi. Cet
aspect-là. Alors, comment mieux accompagner ces femmes qui... qui peuvent être
des jeunes femmes, souvent des jeunes femmes avec enfants de bas de cinq ans?
Je rappelle que 42 % des personnes qui sont prestataires n'ont pas de
diplôme d'études secondaires. Alors là, on va permettre à ces femmes qui, à
l'heure actuelle, parce qu'elles sont dans cette CTE qui leur donne un certain
montant, elles n'ont accès à rien d'autre que ça, là, à moins que l'enfant soit
handicapé ou que la personne ait, bon, quelque... tu sais, quelque chose
d'autre, là. Mais là, on va permettre à ces jeunes femmes d'avoir accès à la
société, de ne pas être isolées et de... d'être... d'être seules avec leur
enfant. Alors, c'est vraiment ce qu'on... ce qu'on fait avec cet... ce qu'on veut
faire avec cet amendement, s'assurer que ces jeunes femmes pourront
entreprendre des études pour obtenir leur secondaire V, pourront être
intégrées dans un... un programme d'aide et d'accompagnement social, pourront
intégrer le Programme objectif emploi, ce qu'elles ne peuvent pas faire. Alors,
ce que ça va leur permettre, c'est d'avoir accès à des programmes qui...
Mme Rouleau : ...Ils vont
aussi leur donner certains montants supplémentaires, et qui vont, fort
probablement, dépasser ce qu'elles ont, à l'heure actuelle, avec la CTE.
Mme McGraw : ...tout à fait
d'accord pour dire que les familles monoparentales sont souvent menées par des
femmes et on est tout à fait d'accord avec...
Mme Rouleau : Bien, c'est
l'objet de cet amendement.
Mme McGraw : Tout à fait,
tout à fait. Mais pour les femmes qui font partie d'une famille pas
monoparentale où, pour une raison ou une autre, rejoignent... n'arrivent pas à
rejoindre les deux bouts, si cette famille-là n'a pas accès aux services de
garde, c'est souvent la femme qui va quand même rester à la maison avec les
enfants, qui ne va pas pouvoir accéder à tout ce que la ministre décrit, avec
les études, etc. Donc, on comprend qu'avec deux parents en famille que, si une
personne travaille, elle est capable de gagner des... Mais si ces familles là
se trouvent dans une situation de précarité, pour une raison ou une autre,
c'est-à-dire qu'ils sont des prestataires, cette famille-là, s'ils n'arrivent
pas à avoir une place...
Et je comprends que ma collègue de... la
députée de Sherbrooke va... elle a indiqué qu'elle va peut-être amener un
sous-amendement ou un amendement dans ce sens là, si on n'arrive pas à régler
la situation des familles de façon plus générale. Donc, si ces familles... il y
a des familles qui ne rejoignent pas les deux bouts, pour une raison ou une
autre... normalement, bon, souvent, c'est la mère, c'est la mère de famille qui
va rester à la maison, qui ne va pas pouvoir... Donc, c'est pour ça, la
question. On comprend que les familles monoparentales, ils ont peut-être des
enjeux supplémentaires, on va dire, mais ça n'empêche pas qu'il y a des
familles qui ne sont pas monoparentales qui ont aussi des enjeux, pour la
femme, en... qui impliquent... qui impactent la femme en particulier.
Mme Rouleau : Mais les
familles, les familles...
Mme McGraw : Avec deux
parents... deux...
Mme Rouleau : ...avec deux...
deux parents, les familles qui sont prestataires ont aussi accès à des
services. Il y a une préoccupation particulière pour permettre à ces familles
d'avoir accès aux CPE et aux services de garde. On intègre... dans la
discussion d'hier... on intègre les... les services de garde dans le réseau
régional d'accompagnement. Ce n'est pas pour rien, c'est pour s'assurer que les
familles, les individus avec... les familles monoparentales avec enfants aient
accès aux services. C'est pour ça qu'on ajoute, qu'on a ajouté cette... ce
partenaire, qui est important, pour être... pour être en mesure de desservir
l'ensemble, et puis j'ai une préoccupation de travailler pour l'ensemble.
Là, on a une... un amendement pour...
parce qu'on sait que dans les changements qu'on amène dans ce projet de loi,
bien, il y a une... il y a particulièrement les familles monoparentales avec
enfants de moins de cinq ans, qui... qui pouvaient... L'interprétation, c'est
que les gens... ces gens-là vont être défavorisés. Je ne veux pas qu'ils soient
défavorisés. Au contraire, puis, au contraire, ne le sont pas, avec le nouveau
projet de loi. Mais on vient, en plus, confirmer qu'elles ne sont pas
défavorisées.
Mme McGraw : Mais est-ce
qu'on... est ce qu'on est d'accord pour dire qu'avec ce changement là de
contraintes sévères à l'emploi qui se réduisent à la notion de contraintes de
santé à l'emploi...
Mme Rouleau : ...
Mme McGraw : Pardon, le CTE
qui devient, se transforme en notion de contraintes de santé à l'emploi... Le
CTE qui devient contraintes de santé, donc, c'est une notion plus restreinte,
parce qu'on... Je répète qu'il y a des contraintes à l'emploi qui ne sont pas
d'ordre ni santé médicale ni psychosociale. Donc, justement, vous créez un
précédent très important...
Mme Rouleau : Je m'excuse,
là, mais il n'y a pas de contrainte, il n'y a pas de contrainte. Il y avait une
contrainte temporaire à l'emploi parce que la femme... la femme, hein, c'est
95 % du temps... la femme avec un enfant de moins de cinq ans restait à la
maison. On veut favoriser le développement de cette femme et de cet...
Mme Rouleau : ...on veut
favoriser le développement de cette femme et de cet enfant. Alors, ce n'est pas
une contrainte en soi. Alors, on ne parle plus de contrainte, pour cette femme,
mais ce qu'on fait, c'est de mieux l'accompagner, bien l'accompagner pour
qu'elle puisse évoluer et qu'elle puisse... comme la majorité des femmes au
Québec. Et je le répète, on s'est battu beaucoup, au Québec, pour que les
femmes sortent de la maison et puissent aller travailler. On veut lui permettre
la même chose, parce qu'à l'heure actuelle, ce qu'on fait, c'est de lui
dire : Reste à la maison, avec rien d'autre. Alors là, on lui dit :
Tu n'es pas obligée de rester à la maison, on va t'aider à aller chercher ton
secondaire V, à aller vers un emploi, mieux t'insérer dans la société s'il y a
des enjeux. On va t'aider si tu as des enjeux psychosociaux, parce que ça
arrive aussi. Alors, c'est un meilleur accompagnement, c'est une amélioration
pour ces femmes-là, puis pas seulement pour les femmes, pour l'ensemble, pour les
familles aussi.
Mme McGraw : Et je suis
100 % d'accord. D'ailleurs, à Notre-Dame-de-Grâce, on a un projet Chance
pour, justement, les familles monoparentales, qui sont largement menées par des
femmes, qu'elles puissent poursuivre leurs études secondaires et autres. Donc,
on va dans la même direction, mais on souligne le fait que nous et le collectif
auraient voulu aller plus loin parce qu'il y a des familles avec des
contraintes financières, qui vivent de la précarité, et, dans ces cas-là, s'ils
n'ont pas accès aux services de garde abordables... Donc, je sais qu'il y a des
changements avec... En tout cas, on voulait souligner ça, mais la ministre, ce
qu'elle dit, c'est très important. Elle dit : Il n'y a plus de contrainte,
et, justement, c'est ça, le nerf de la guerre. Il y a des contraintes qui
persistent, des contraintes à l'emploi qui persistent, qui ne sont pas d'ordre
de santé, ni médicale, ni psychosociale. Donc, oui, ça représente des
contraintes, ce sont des contraintes. C'est ce que les groupes nous disent, et
c'est ce changement-là qu'on veut souligner.
• (11 h 50) •
Est-ce que ces personnes-là, qui ont des
contraintes, on va dire, situationnelles, vont être... vont avoir accès à des
plans d'accompagnement personnalisé? On ne parle même pas de prestations, on va
y revenir, c'est sûr, mais là on parle de plan d'accompagnement. On comprend
que c'est des contraintes. Il y a peut-être un autre mot, mais nous... ce que
les groupes disent, c'est que ce sont des contraintes réelles, réelles, qui ne
sont pas d'ordre de santé, ni médicales, ni psychosociales. Et ces groupes-là,
si on comprend, avec l'élimination de contraintes, CTE, la notion... restreinte
de santé, ils vont perdre des acquis importants.
Donc, pour revenir au questionnement de ma
collègue, les familles qui ont des enfants à charge, et pas juste des enfants,
là, ça peut devenir des proches aidants pour des jeunes adultes, des adultes
avec des... qui vivent avec des handicaps ou des déficiences.
Mme Rouleau : ...amendement.
Mme McGraw : Bien, justement,
justement, parce que ma collègue avait proposé... Comment vous vous situez?
Parce que, là, on parle de familles aussi qui ont des situations, qui n'ont pas
de contraintes de santé. Les proches aidants, par exemple, ils n'ont pas de
contraintes de santé, ni médicales, ni psychosociales, mais c'est des
contraintes réelles à l'emploi. Alors, pourquoi pas de plan d'accompagnement
pour ces familles-là? On ne parle pas de prestations, on va y revenir.
Mme Rouleau : Elles ont un
plan d'accompagnement personnalisé, Mme la députée.
Mme McGraw : O.K., donc
c'est... Là, on parle des personnes... peut-être me souligner, Mme...
Mme Rouleau : Bien, si on
revient à l'amendement, on parle des familles monoparentales avec enfants de
moins de cinq ans.
Mme McGraw : Exact.
Mme Rouleau : Bon. Alors, et
je vous ai amplement expliqué le pourquoi de cet amendement. Et là vous
débordez vers d'autres situations, mais les prestataires ont droit à un plan
d'accompagnement.
Mme McGraw : Alors, c'est
quoi, l'objectif, donc, pour la ministre, de souligner cette catégorie de
personne n'ayant pas de contrainte, nécessairement, de santé et pas d'autres
groupes qui ont des contraintes réelles? Pourquoi? Je comprends ce groupe,
c'est important, puis on le... c'est une bonne chose, mais je souligne le fait.
Est-ce que la ministre a l'intention de
souligner et, dans son projet loi, d'amener des amendements pour reconnaître la
réalité chez d'autres groupes vulnérables au Québec qui n'ont pas des
contraintes de santé mais des contraintes réelles à...
Mme McGraw : ...c'est ça, la
question.
Mme Rouleau : J'ai amplement
répondu, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Mme McGraw : On va donc y
revenir. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Jean-Talon, la parole est à vous.
M. Paradis : Merci. Bien, je
vais quand même continuer un peu dans la foulée de ma collègue de
Notre-Dame-de-Grâce. J'ai bien entendu la ministre qui souligne que cet
amendement est proposé compte tenu des réserves ou des préoccupations qui ont
été exprimées par plusieurs groupes sur la disparition des contraintes
temporaires à l'emploi et leur remplacement par les contraintes de santé,
notamment en ce que... c'est écrit même dans le mémoire de la ministre, en ce
qui concerne les mères monoparentales, puisque généralement il s'agit de
femmes, mères monoparentales d'enfants de moins de cinq ans, et les personnes
de 58 ans et plus. Pour l'instant, en tout cas, il n'y a pas directement de
prestation de remplacement de l'allocation qui est ainsi éliminée.
J'aimerais donc savoir un petit peu de la
part de la ministre quelles sont ses intentions par rapport à
l'article 25. Parce que là je comprends qu'ici on parle de
l'article 43.3 de la loi qui serait amendé, mais le sens de ma question,
c'est de savoir : Est-ce que c'est seulement une solution de remplacement?
Parce que l'accompagnement, c'est bien, mais l'allocation, c'est ça, le nerf de
la guerre.
Est-ce que donc la ministre peut nous
faire part de ses intentions quant à l'article 25, quant à l'allocation
elle-même, pour qu'on puisse juger de la complémentarité ou non de cet
amendement? Parce que, s'il s'agit... je le redis, s'il s'agit d'une solution
de remplacement, oui, on va donner un accompagnement plus personnalisé en ce
qui concerne ces personnes-là, mais on continue de couper une allocation, c'est
une évaluation différente qu'on fait de la... de cette proposition
d'amendement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Oui. C'est...
En fait, on a déterminé qu'on procédait par blocs...
M. Paradis : Et j'ai bien
compris que l'article 25 vient plus tard.
Mme Rouleau : ...et nous
allons parler de l'article 25 dans... ultérieurement.
M. Paradis : Je me doutais
que vous... que la ministre pouvait me répondre ceci, mais néanmoins c'est
important, parce que, là, on parle des mêmes personnes. S'il n'y a rien d'autre
dans le projet de loi, bien, on va peut-être vouloir renforcer cet article-là,
cet amendement-là ou ne pas l'adopter pour plutôt nous concentrer sur
l'article 25. Parce que moi, je veux savoir de la ministre : Est-ce qu'il
s'agit d'une solution de remplacement? Bon, on va leur donner un petit peu plus
d'accompagnement parce que, par ailleurs, on leur coupe l'allocation.
Donc, si on ne veut pas parler directement
de l'article 25, et je le comprends, qu'il vient plus tard, quelles sont
les intentions, globalement, sur ce qu'on va octroyer ou ce qu'on n'octroiera
pas, ou ce qu'on va enlever ou ce qu'on n'enlèvera pas aux mères monoparentales
d'enfants de moins de... de cinq ans et moins?
Mme Rouleau : Je pense que de
permettre à ces femmes monoparentales d'enfants de moins de cinq ans qui sont
sur l'aide de dernier recours... de leur permettre d'avoir accès à des
programmes qui vont leur donner largement plus que cette CTE actuelle, qui vont
leur permettre d'être mieux intégrées dans la société, de ne pas être isolées
et de, comme toutes les femmes au Québec, avoir le droit d'avoir accès au
marché du travail, d'avoir accès aux études, d'avoir accès à des programmes
du... de la solidarité sociale, mais des programmes d'emploi aussi pour
améliorer son sort et ne pas rester dans cette situation qui n'est pas enviable
souvent... On veut l'aider, cette femme.
Actuellement, la façon que le système
actuel fonctionne, et ce depuis de très nombreuses années, on la confine à la
maison, on lui dit : C'est là, ta place, puis on va te donner 131 $
de plus par mois...
Une voix : ...
Mme Rouleau : ...161 $
par... de plus par mois, pardon. Là, on lui dit : Ta vie, elle est
importante, ce que tu es, c'est important, puis on veut t'aider à évoluer dans
la société. On va t'accompagner. On met en place tout un réseau
d'accompagnement. Tu as droit à un plan d'accompagnement personnalisé, comme
les autres prestataires, mais plus encore parce qu'à l'heure actuelle elle n'a
pas droit à ça, parce qu'elle a une contrainte temporaire à l'emploi. Elle n'a
droit à rien d'autre. Alors, on veut la sortir de là, l'aider à sortir...
Mme Rouleau : ...sortir de ça,
et comme toutes les femmes du Québec.
M. Paradis : L'accompagnement,
c'est bien, l'accompagnement et l'allocation, c'est mieux. Tout à l'heure on
parlait par exemple des femmes victimes de violences en maison d'hébergement.
La ministre a pris la peine de mentionner, comme son mémoire au Conseil des
ministres l'indique, qu'il y aura une prestation de remplacement pour compenser
celle qui est abolie avec le changement, donc la disparition des contraintes
temporaires à l'emploi. Elle-même a pris la peine de le mentionner en ce qui
concerne ces personnes-là. Et le mémoire aussi parle d'autres personnes visées
par l'abolition des contraintes temporaires à l'emploi qui vont trouver des
prestations qui ne compensent pas dans le cas des mères monoparentales
d'enfants de cinq ans et moins, pas dans le cas des personnes de 58 ans et
plus, d'où ma question de savoir est-ce qu'on va n'offrir que cette
modification, que cet amendement, ici, à l'article 18, l'amendement à
l'article 43.3, ou est-ce qu'il va y avoir d'autres choses, en convenant
que l'accompagnement, c'est bien, mais l'accompagnement et l'allocation, c'est
mieux.
Mme Rouleau : Alors, si cette
jeune femme a maintenant accès à Objectif emploi, elle va aller chercher...
elle peut aller chercher 475 $ par semaine par ce nouvel emploi, par cette
intégration à l'emploi. Alors, je pense que c'est beaucoup mieux pour cette
personne d'aller... d'être intégrée, d'avoir un emploi, d'avoir un revenu qui
va être nettement supérieur à ce qu'elle a actuellement. C'est ça qu'on fait.
C'est pour ça qu'on a ce projet de loi, c'est pour ça qu'on a cet amendement,
pour s'assurer que ces femmes, particulièrement... puis ça concerne les hommes
aussi, là, le 5 %, ce sont des hommes, eux aussi vont avoir accès à ces
programmes qui vont leur permettre d'améliorer leur situation économique et psychologique,
parce qu'aller travailler ou s'intégrer, ça aide énormément, psychologiquement,
c'est reconnu aussi. Parce que les prestataires à qui j'ai parlé puis des gens
qui sont sortis de l'aide sociale sont heureux d'être sortis de l'aide sociale
et de travailler. Alors, c'est ça qu'on fait, là, c'est cette... c'est ça,
cette intention, c'est ça, et c'est d'améliorer le sort de ces femmes. Et
jamais on n'a été aussi généreux, si je peux me permettre cette expression,
jamais on n'a donné autant. On a pu... On a permis d'améliorer la condition de
ces personnes. Alors, c'est ce que l'accompagnement permet parce que c'est...
ça permet, là, de montrer le chemin à prendre, d'aider à embarquer sur tel
programme ou tel programme selon la condition de la personne.
• (12 heures) •
M. Paradis : Je reconnais les
bonnes intentions et je comprends que, là, la ministre ajoute une autre donne,
celle du programme Objectif emploi, qui peut avoir des résultats positifs, mais
ça, on y reviendra parce que d'autres ont dit que ce n'est peut-être pas la
bonne approche, je comprends qu'il y a ça. Donc, accompagnement, c'est
l'objectif de cette proposition d'amendement, Objectif emploi, c'est bien, mais
je reviens à la question de l'allocation. Est-ce que... Ce qui nous est proposé
dans cet amendement, c'est une solution de remplacement, un pis-aller parce
qu'on coupe, parce que c'est bien indiqué dans le mémoire aussi,
99,7 millions qu'on sauve avec cette mesure-là de la disparition des
contraintes temporaires à l'emploi, notamment pour les femmes monoparentales
d'enfants de moins de cinq ans. Est-ce que la ministre a entendu comme nous,
d'à peu près tous les groupes qui sont venus unanimement se dire très inquiets
de cette mesure-là en particulier? Et est-ce que c'est la seule solution ou
la... Ce qu'elle... elle nous a dit... Tout à l'heure, elle a commencé, elle a
dit : Cet amendement est en réaction à ce qu'on a entendu. Est-ce que
c'est la seule réaction à ce qu'on a entendu, toutes les préoccupations sur
l'article 25? Je comprends, Mme la Présidente, on va analyser
l'article 25 plus tard, mais là ça forme partie d'un tout. Est-ce que cet
amendement... et donc la seule réponse à ce qui nous a été énoncé par tant de
groupes, tant de personnes qui sont venues nous dire : Nous sommes très
préoccupés par cette coupure...
12 h (version non révisée)
M. Paradis : ...Objectif
emploi, très bien, mais là, c'est... La question qui m'intéressait, c'est l'allocation,
parce que c'est ça, la seule réponse.
Mme Rouleau : Il n'y a
pas de coupure. Je vais le répéter, il n'y a pas de coupure. Et simplement vous
rappeler que, lorsqu'on va vers les mesures d'emploi, les frais de garde, les
frais de transport sont payés et sont inclus. À l'heure actuelle, on dit à ces
jeunes femmes avec enfants : On va te donner tel montant pour que tu
restes à la maison, et tu n'as pas droit à rien d'autre. Et tu n'auras donc pas
de frais de garde. Tu ne seras pas... Tu n'as pas de... On ne t'invitera pas à
aller... à ce que ton enfant aille vers un service de garde, un CPE. On ne t'invitera
pas aller vers une mesure d'emploi. On ne t'invitera pas à aller vers une
mesure du PAAS ou de... enfin, des différents programmes. Puis j'ai montré
hier, là, les... On a... Ce sont tous les programmes, là, en fonction d'où se
situe la personne : elle est très, très éloignée du marché du travail;
elle est très éloignée du marché du travail; ou elle est près du marché du
travail. L'ensemble des programmes, là, qu'on a actuellement, qui permettent d'aller
chercher des revenus supplémentaires, qui aident largement.
M. Paradis : Il me
semble très intéressant, ce tableau. Est-ce que la ministre pourrait le déposer
au bénéfice des députés pour qu'on ait cette information-là?
Mme Rouleau : C'est
un... Bien, oui.
Une voix : ...
M. Paradis : Bonne idée.
Est-ce que... Donc, est-ce qu'on peut avoir le dépôt?
Mme Rouleau : Bien, je
vais voir, là, s'il est...
M. Paradis : Vous
allez... La ministre va vérifier.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
avez juste deux possibilités, Mme la ministre. C'est soit qu'on dépose, où là c'est
public, ou distribuer, puis ce n'est que les membres qui ont accès.
Mme Rouleau : Pour les
membres.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
avez deux possibilités.
M. Paradis : Très bien.
Est-ce que... Est-ce que... Bon, la ministre affirme de nouveau qu'il n'y a pas
de coupure. Alors là, je me demande où on va chercher les 99,7 millions...
La Présidente (Mme D'Amours) : Là,
je vous prierais de revenir sur l'amendement.
M. Paradis : Oui, oui,
mais je suis... Non, mais je suis sur l'amendement. Je le redis encore, je
ne... La question est toujours la même. Est-ce que cet amendement est la seule
réponse de la ministre face aux préoccupations nombreuses qui nous ont été
énoncées sur la disparition des contraintes temporaires à l'emploi visant
spécifiquement les femmes monoparentales d'enfants de cinq ans et moins? Donc,
on est vraiment sur l'amendement. Est-ce que, dans... Donc, dans le mémoire, on
spécifie qu'il y a trois types de personnes visées par cette abolition-là, qui
vont faire l'objet de prestations compensatoires.
Par ailleurs, dans le projet de loi, je le
redis, tout à l'heure, en réponse aux questions de ma collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, la ministre a parlé notamment des femmes victimes de
violences en maison d'hébergement, mais les mères monoparentales, les parents
monoparentaux d'enfants de moins de cinq ans et les personnes de 58 ans et
plus ne sont pas visés. Est-ce que la ministre peut nous indiquer s'il va y
avoir des mesures qui vont indiquer, qui vont confirmer que ces personnes-là
vont, elles aussi, faire l'objet de prestations compensatoires ou d'autres
mesures d'aide financière, non pas l'accompagnement, pas d'Objectif emploi, des
mesures d'aide financière?
Mme Rouleau : Très
honnêtement, M. le député, qu'est-ce qui est le mieux? 475 $ par semaine
ou 161 $ par mois.
M. Paradis : Le
475 $, vous voulez dire, si vous participez... si on participe au
programme Objectif emploi, c'est ça?
Mme Rouleau : En
participant aux mesures d'emploi.
M. Paradis : Mais est-ce
que vous convenez quand même... Parce que je comprends que la ministre affirme
de nouveau qu'il n'y a pas de coupure. Mais là il y a la disparition des
contraintes temporaires à l'emploi qui visent un certain nombre de personnes,
dont certaines sont spécifiquement identifiées dans son mémoire comme faisant l'objet
de prestations compensatoires ou d'autres formes de soutien, pas les mères
monoparentales d'enfants de cinq ans et moins. Et là on arrive avec cet
amendement-là. Je suis toujours intéressé. La réponse... La question est assez
simple. Parce que, là, l'idée n'est pas de jouer au poker. C'est de savoir
comment analyser cet argument par rapport à la réponse globale que la ministre
va donner à ce qu'on a entendu en consultations particulières. Est-ce qu'elle
va proposer d'autres mesures pour venir en aide, y compris financièrement, aux
mères monoparentales d'enfants de cinq ans et moins, ou la seule chose qu'elle
va proposer, c'est ce qu'on voit dans cet amendement à l'article 18...
Mme Rouleau : ...M. le député,
permettre à ces femmes de sortir de la maison, parce qu'elles y sont
contraintes à l'heure actuelle, et notre système, à l'heure actuelle, leur pèse
sur la tête pour qu'elles restent là, leur permettre enfin de sortir de la
maison quand c'est possible. Et puis, pour une majorité, c'est possible parce
qu'elles peuvent embarquer sur un programme qui va leur permettre d'améliorer
leur situation, qui va aller au-delà de ce qu'elles reçoivent à l'heure
actuelle avec la contrainte temporaire. C'est ça, la réponse. C'est le projet
de loi qui veut améliorer la situation des prestataires en les amenant, en les
accompagnant, avec un programme personnalisé, programme d'accompagnement
personnalisé, vers l'emploi. C'est ça, la réponse, M. le député.
M. Paradis : Bien, je... je
conviens que l'accompagnement, en soi, est une mesure qui peut être positive,
mais j'aimerais savoir de la ministre si elle convient avec moi qu'on a entendu
pendant trois jours, ou plus, même, toutes les consultations particulières, à
peu près tous les groupes qui représentent les personnes concernées venir nous
dire : Le nerf de la guerre, ce sont les conditions de vie décentes, c'est
le fait que les gens vivent dans des conditions parfois indécentes, avec les
prestations actuelles, et, s'il vous plaît, ne coupez pas les prestations ou
les allocations de personnes qui sont déjà en situation de vulnérabilité, et,
s'il vous plaît, commencez par ne pas couper l'allocation pour les mères
monoparentales d'enfants de cinq ans et moins. Est-ce qu'elle convient que
c'est beaucoup ce qu'on a entendu?
D'où ma question, encore une fois, très
reliée à cet amendement, de savoir est-ce que c'est la seule réponse à ce qu'on
a entendu ou pas? Donc, deux questions : Est-ce qu'elle convient que c'est
ça qu'on a entendu, que le nerf de la guerre, c'est quand même les conditions
de vie décentes, et donc le montant que vous avez à chaque mois pour vivre décemment
et que, là, les gens sont venus nous dire : Il y en a une, coupure, il va
y avoir moins d'argent, puis, oui, de l'accompagnement, peut-être le programme
Objectif emploi, parce qu'il y a eu beaucoup de critiques, mais surtout, ne
coupez pas cette allocation? Alors, est-ce qu'il va y avoir une réponse à cette
préoccupation?
• (12 h 10) •
Mme Rouleau : Bien, il y a...
Évidemment, j'ai la même préoccupation, et c'est pour ça qu'on a cet
amendement, c'est pour ça qu'on a ce projet de loi, c'est pour ça qu'on ne veut
pas maintenir la rétention des femmes monoparentales seules chez elles. On veut
leur permettre d'aller vers un meilleur avenir et leur donner des outils pour
le faire. Si elles sont seules chez elles avec leurs enfants, et la femme, et
l'enfant peuvent avoir... connaître des situations difficiles. On le sait que,
pour l'enfant, c'est favorable d'aller vers les services de garde, les CPE,
socialiser. Et on le sait que, pour la femme, parce qu'on s'est battu amplement
pour ça, au Québec, je le rappelle encore, on le sait que c'est... On veut plus
de femmes au Parlement, on veut plus de femmes au comité exécutif ou au Conseil
des ministres, on veut plus de femmes dirigeantes. C'est parce qu'on veut que
les femmes prennent leur place. Et ce n'est pas parce qu'une femme
monoparentale, une jeune femme monoparentale qui, peut-être, n'a pas terminé
son secondaire V... Est-ce qu'on lui dit : Bien, toi, tu ne vaux pas la
peine, toi, tu dois rester chez toi? Je ne pense pas. Je ne pense pas.
Alors, ce qu'on fait avec le projet de
loi, c'est, enfin, de permettre à ces femmes d'avoir accès pleinement à la
société et d'avoir accès à des programmes qui vont aider cette femme et son
enfant ou ses enfants.
M. Paradis : Je vais tenter
de formuler ma question autrement. Compte tenu du fait que les représentants et
les représentantes des personnes concernées, des mères monoparentales d'enfants
de cinq ans et moins, sont venus nous dire : Commencez donc par ne pas
diminuer nos allocations, est-ce que la ministre va proposer d'autres
amendements plus tard qui visent à répondre à ça ou l'amendement à l'article 18
qui nous est proposé sur l'accompagnement va être la seule réponse à cette
préoccupation?
Mme Rouleau : J'ai
suffisamment répondu, Mme la Présidente.
M. Paradis : Bon. Alors, les
gens...
M. Paradis : ...jugeront de ce
que ça veut dire, cette réponse-là. On va ravoir la discussion sur
l'article 25.
Maintenant, j'aimerais savoir qu'en est-il
des personnes de 58 ans et plus qui sont l'autre catégorie de personnes
non visées par... dans le mémoire de la ministre, par des prestations ou des
allocations qui compensent, par ailleurs? Pourquoi cette proposition
d'amendement ne vise que les prestataires monoparentales ayant un enfant à
charge d'âge préscolaire? Pourquoi pas les personnes de 58 ans et plus?
Mme Rouleau : L'amendement
concerne la préoccupation pour les femmes monoparentales, pour les familles
monoparentales avec enfants de moins de cinq ans, M. le député.
M. Paradis : Les personnes de
58 ans et plus étant une catégorie de personnes visées par la disparition des
contraintes temporaires à l'emploi, au même titre que le prestataire
monoparental ayant un ou des enfants à charge... ayant à charge des enfants
préscolaires, je repose ma question, pourquoi, dans cet amendement-là, ne pas
avoir inclus aussi cette autre catégorie, 58 ans et plus, qui est affectée
par la disparition des contraintes temporaires à l'emploi. Tout en
reconnaissant que c'est très bien peut-être de parler spécifiquement des
familles monoparentales, pourquoi ne pas avoir inclus les personnes de
58 ans?
Mme Rouleau : Ça ne fait pas
partie de l'amendement, M. le député.
M. Paradis : Mais la ministre
ne veut pas répondre pour spécifier l'intention du législateur. Est-ce que ça
veut dire que, justement, on ne les considère pas au même titre que les
familles monoparentales ou les mères monoparentales? Parce que c'est l'autre
catégorie de personnes, là, qui perd... qui perd une allocation, en tout cas,
par la disparition, par la modification proposée à l'article 25 un peu
plus tard.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous rappelle qu'on devrait rester sur l'amendement.
M. Paradis : Je suis sur
l'amendement parce que...
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
parce que vous finissez vos phrases, là, sur... Bien, concernant cet
amendement, vous auriez pu rajouter ça. Je vous laisse aller parce que c'est à
la limite, M. le député, c'est à votre... ce sera de votre choix si vous voulez
en déposer un pour spécifier et parler de ça. Je vous rappelle que la ministre
répond à vos questions. Et donc c'est moi à en juger si elle ne répond pas ou
qu'elle répond. Je pense qu'elle vous répond. Ça ne veut pas dire que parce que
ça ne fait pas votre affaire, la réponse, qu'elle ne répond pas. Elle répond à
vos inquiétudes, elle répond à vos questions. Moi, je vous suggère fortement,
si vous avez des choses à rajouter, de déposer un amendement où ça sera nécessaire
au moment où... au moment opportun. Ça fait que, donc, je vous ramène à
l'amendement qui est spécifique pour ce qui est écrit là, s'il vous plaît.
M. Paradis : Mme la
Présidente, merci pour vos commentaires. Je vous soumets respectueusement que mes
questions visent justement ce dont vous me parlez, c'est-à-dire pour savoir
s'il devrait y avoir un amendement. Je cherche à comprendre pourquoi ces
personnes-là n'ont pas été visées. S'il y a une bonne raison, je veux la
connaître, puis peut-être après ça, si je ne vois pas pourquoi elle a...
pourquoi il y a... pourquoi ils ont été exclus, je vais peut-être proposer un
amendement. Mais nos discussions visent justement à éclairer les députés élus
pour qu'on fasse notre travail le mieux possible. C'est l'objectif de mes
questions, puis je ne le cache même pas. Donc, j'aimerais... je repose la
question parce que je... non, je n'ai pas très bien... ou, si c'est moi qui
n'aie pas saisi, bien, que la ministre complète, mais je demande, encore une
fois, pourquoi c'est les prestataires monoparentaux avec des enfants à charge
d'âge préscolaire et pourquoi pas les personnes de 58 ans et plus, qui
sont par ailleurs visées dans un autre article par l'abolition des contraintes
temporaires à l'emploi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous rappelle qu'il faut demeurer prudents, tout le monde, puis il faut rester
sur le sujet. Puis ce que j'en comprends, c'est... si la ministre ne répond pas
correctement, vous auriez un sous-amendement à cet amendement.
M. Paradis : Peut-être, oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : On
verra, peut-être, mais j'ai...
M. Paradis : Mais, mes
questions sont vraiment informatives, Mme la Présidente, je veux bien
comprendre pour qu'ensuite on puisse voir si on peut évoluer. Puis il y a
peut-être... il y a peut-être... il y a peut-être un bel amendement à faire là,
peut-être.
La Présidente (Mme D'Amours) : Une
ouverture. Parfait. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : Alors, je vais
m'exprimer brièvement sur le 58 ans. Moi, quand j'ai su, très honnêtement,
qu'avoir 58 ans était une contrainte à l'emploi, j'ai été vraiment
étonnée. On est dans une société qui... où les gens travaillent le plus
longtemps possible, sont impliqués le plus longtemps possible, et donc avoir
58 ans en soi n'est pas une contrainte...
Mme Rouleau : ...cependant,
une personne qui a 58 ans, qui a 55 ans, ou qui a 60 ans ou qui
a 45 ans, qui a des contraintes de santé, contraintes de santé ou
contraintes sévères de santé, aura toute l'attention qui lui... qui lui est
due. Et toute personne qui est prestataire peut obtenir un plan
d'accompagnement personnalisé. Alors, c'est la raison pour laquelle on a... on
ne considère pas que 58 ans, c'est une contrainte.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député.
M. Paradis : J'ai eu cette
conversation-là avec le Collectif Pour un Québec sans pauvreté, il y a quelques
jours, parce que je leur ai posé la question, j'ai dit : On est dans un
monde nouveau, puis j'ai... je mettais différents faits sur la table, notamment
ce que la ministre indiquait, là, qu'aujourd'hui on veut travailler plus
longtemps, puis qu'il y a plein de gens qui travaillent bien des années après
58 ans. Et la discussion qu'on a eue est intéressante après, parce qu'elle
démontrait que... Oui, mais 58 ans, là, dans notre monde à nous, mais
58 ans dans le monde des prestataires d'assistance sociale, c'est deux
choses bien différentes.
Et, souvenez vous, Mme la Présidente, de
ce qu'on a entendu, se mettre dans la peau des gens dont on parle, que leur
parcours de vie est bien différent, qu'il y a des gens qui l'ont eu difficile,
des problèmes de santé, sur l'aide sociale, pas sur l'aide sociale, sur l'aide
sociale. Et, quand tu as 58 ans, puis que tu essaies de regagner le marché
de l'emploi, te remettre dans le mouvement vers l'emploi, c'est extrêmement
difficile quand ça a été ça, ton parcours de vie, se mettre dans la peau des
gens dont on parle.
Et moi, ça m'a... ça m'a marqué, cette
conversation-là, parce qu'on le sait, mais là, quand on se fait donner des
exemples, on dit : Bien oui, compte tenu de ça, est-ce que, justement, on
ne devrait pas inclure les personnes de 58 ans et plus dans les personnes
pour qui on a une préoccupation particulière? En parlant d'accompagnement, là,
je ne suis même plus... ce n'est pas que je n'étais pas... j'aurais aimé qu'on
continue la conversation sur la question des allocations. On y reviendra, mais
là on est sur l'accompagnement. C'est difficile à 58 ans, quand tu as un
parcours marqué par le recours à l'aide sociale, de regagner le marché
d'emploi. Est-ce qu'on ne devrait pas dire qu'encore aujourd'hui... avec tout
ce qu'on a entendu, pour la préoccupation pour nos aînés, que plusieurs disent :
Bien, on est une société qui, de plus en plus, laisse nos aînés derrière nous.
Là, on parle des aînés qui sont en situation de vulnérabilité. Est-ce qu'on ne
devrait pas les inscrire ici dans cet amendement, ou sinon, s'il y a une
autre... s'il y a une raison de ne pas le faire, je veux... je suis bien... je
suis bien prêt à l'entendre une nouvelle fois.
• (12 h 20) •
Mme Rouleau : Bien, je veux
vous ramener à... mettons, à l'histoire où, il y a 20 ans, lorsque, dans
notre société, il y avait un taux de chômage très élevé et que, lorsqu'on avait
autour de 50 ans, c'était... la vie s'arrêtait Si tu perdais ton emploi,
tu allais au chômage, puis ensuite l'aide sociale, il n'y avait pas d'autre
solution. C'est comme ça que cette contrainte de l'emploi a été... a été
identifiée à 55 ans, puis ensuite 58 ans. Aujourd'hui, on est dans le
plein emploi, on a un taux de chômage relativement bas comparé à ce que c'était
avant, d'une part, donc.
Il y a des gens, des personnes qui vont
pouvoir aller vers l'emploi ou une mesure qui va leur permettre de mieux
s'insérer et de recréer le réseau par le... par... ou Objectif emploi ou par
différentes... différents programmes. On a... dans ce projet de loi, on élargit
aux professionnels de la santé la possibilité de donner, de faire des
diagnostics. On ne parle pas de santé médicale seulement, on parle d'enjeux...
on ajoute psychosocial. Ce qui fait que, si cette personne de 58 ans a des
enjeux, a une contrainte de santé, ou contrainte sévère, compte tenu du fait qu'on...
on tient compte des enjeux psychosociaux, bien, elle aura tout le support
nécessaire avec les allocations qui vont avec.
À l'heure actuelle, cette personne-là,
elle n'est pas... Je peux continuer? Oui, à l'heure actuelle, cette personne,
elle a un montant supplémentaire, parce qu'elle a 58 ans. Mais encore là,
comme...
Mme Rouleau : ...les familles
monoparentales, cette personne-là n'a pas accès à rien d'autre. Et là on va...
on élargit, on lui permet d'avoir accès à d'autres programmes, à d'autres
allocations, parce que... à cause de... des contraintes de santé médicales et
psychosociales dont on parle aujourd'hui, à cause du plan personnalisé, du plan
d'accompagnement personnalisé.
Alors, cette personne de 58 ans, peut-être
qu'elle n'ira pas sur un emploi... peut-être que oui, peut-être qu'elle va
pouvoir, mais peut-être qu'elle va pouvoir avoir accès au PAAS, ce qu'elle ne
peut pas, là, actuellement... et lui permettre de, encore là, recréer son
réseau, parce que c'est ça qui est important, de refaire son... rétablir ses
liens avec les autres et avec la société, parce que ce sont souvent des gens
qui sont isolés. On veut briser cet isolement-là.
Alors, il n'y a plus cette contrainte
temporaire à l'emploi parce que ça n'existe plus, mais on ouvre toute une
nouvelle perspective à ces personnes.
M. Paradis : Est-ce que...
Est-ce que vous... Est-ce que le... la ministre a des données sur, justement,
la capacité d'accéder à l'emploi selon l'âge? Parce que j'entendais la ministre
mentionner tout à l'heure qu'aujourd'hui, à 58 ans, ce n'est plus vraiment une
contrainte à l'emploi. Moi, on me dit, en tout cas, dans le milieu, qu'à 58
ans, quand tu es sur l'assistance sociale, ça ne va pas bien dans ta vie, c'est
très difficile de regagner le marché de l'emploi. Est-ce que la ministre a des
études, des données?
Mme Rouleau : Le taux
d'emploi des personnes âgées de 60 à 69 ans a connu une grande... une énorme
augmentation, là, depuis... En 2000, dans les années 2000, on avait 17 %
des gens qui étaient en emploi. Aujourd'hui, c'est 40... un peu plus de
40 % des gens qui sont en emploi. Alors, il y a une... il y a... Ce n'est
pas parce que tu as 58 ans que tu es fini, que tu ne peux plus rien faire.
Alors, on permet, on dit à ces gens-là : Aïe! Tu fais partie de la
société, tu n'as pas, toi non plus... autant que la jeune mère monoparentale
avec son enfant, elle fait partie de la société, il fait partie. Ça peut être
des hommes, ça peut être des femmes.
M. Paradis : Je veux juste
spécifier, hein, bien sûr, que l'idée n'est pas de stigmatiser, là, parce que
ce n'est pas parce que tu as 58 ans que tu es fini, mais, à l'inverse,
c'est : Est-ce qu'à cet âge-là...
Une voix : ...
M. Paradis : Bien, c'est
parce que la ministre, là, a mentionné ça, là, mais je pense que personne ne
prétend ça ici. C'est de savoir : Est-ce que ces personnes-là méritent
encore des mesures d'accompagnement ou des allocations spécifiques? C'est ça,
la question qui nous occupe.
Mme Rouleau : Bien, on veut
être inclusifs, M. le député. Et oui, ces personnes-là méritent un plan
d'accompagnement.
M. Paradis : Très bien. Je
vais proposer un sous-amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
12 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 12 h 38)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et je demande au député de Jean-Talon de bien nous faire
la lecture de son sous-amendement, s'il vous plaît.
M. Paradis : Oui, Mme la
Présidente. Alors :
À l'article 43.3 de la Loi sur l'aide aux
personnes et aux familles proposé par l'article 18 du projet de loi, tel qu'amendé,
insérer, dans le paragraphe 1° du premier alinéa, et après...
M. Paradis : ...«y compris
ceux d'un prestataire monoparental ayant un ou des enfants à charge d'âge
préscolaire», «et ceux d'un prestataire âgé de 58 ans et plus».
La Présidente (Mme D'Amours) : Commentaires.
M. Paradis : Oui, bien, c'est
à... c'est dans la foulée de nos discussions précédentes avec la ministre.
Donc, c'est lié à d'autres modifications ailleurs dans le projet de loi, donc,
par... à cause de la disparition des contraintes, de la notion de contraintes
temporaires à l'emploi, et son remplacement par la notion de contraintes de
santé.
Il y a différentes... il y a différents
types de bénéficiaires qui sont visés, des personnes qui sont âgées de 58 ans
et plus, des personnes qui ont la garde d'un enfant à charge d'âge préscolaire,
les proches aidants, les personnes responsables d'une ressource de type
familial, ou responsables d'un foyer d'accueil, les personnes placées en
résidence d'accueil ou prises en charge par une ressource intermédiaire, ou les
personnes qui sont en maison d'hébergement pour victimes de violence. Plusieurs
de ces personnes-là sont visées par des mesures... par d'autres mesures, sauf
les personnes âgées entre... de 58 ans et plus et les familles monoparentales
ayant la garde d'un enfant d'âge préscolaire. La proposition d'amendement de la
ministre vise une de ces deux catégories, les familles monoparentales, et donc
je propose d'ajouter les personnes âgées de 58 ans et plus, compte tenu de nos
discussions.
Donc, je ne sais pas encore s'il y a
d'autres mesures ailleurs dans le projet de loi. J'aurais aimé avoir plus d'informations,
mais, si c'est la seule mesure qui vise les deux types de clientèle de
bénéficiaires visés par les... par les modifications des contraintes
temporaires à l'emploi... J'aimerais les voir apparaître ici, parce que, pour
moi, ça demeure des personnes qui méritent une attention particulière, une
attention spécifique, s'agissant de personnes dont on veut faciliter, donc,
leur sortie de la situation... de la situation de pauvreté ou leur cheminement
vers l'emploi.
• (12 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Rouleau : Bien, je veux
juste rappeler que, dans ce que j'ai entendu lors des consultations
particulières avec les organismes, le 58 ans et plus n'est pas ressorti tant
que cela. Je sais que le collectif s'est opposé, mais, par ailleurs, un autre
intervenant, qui est professeur et chercheur spécialiste dans ce domaine, et
qui a été ministre au gouvernement, qui a fait partie du gouvernement libéral,
a salué, a dit : Bien, vous avez raison, parce que ça n'a plus lieu
d'être, cette... d'avoir ce... de toucher ce segment de... de la population.
C'est... Il a même parlé d'âgisme. Alors, je ne...
Et d'autant plus que ces personnes,
qu'elles aient 58, 59 ou 45, ont droit à un plan d'accompagnement personnalisé,
et que... Et, je le répète, si ces personnes ont des enjeux de santé... santé
de... enjeux de santé ou... des enjeux sévères de santé, bien, elles vont
être... elles vont être, évidemment, je ne dirais pas «dédommagées», mais
avoir... avoir les... les montants qui iront... qui viendront compléter leurs
prestations. Et, dorénavant, avec la loi, ces personnes auront accès à des
programmes auxquels ces personnes n'ont pas accès aujourd'hui.
M. Paradis : Bon, je veux...
je veux m'assurer, pour tout le monde, là, qui nous entendent, là, qui nous
écoutent, qu'on soit très clairs là, il ne s'agit pas de faire... il ne s'agit
pas d'âgisme, là, il ne s'agit pas... puis je ne pense pas que ce soit ce que
la ministre prétende, là. Mais cet amendement-là ou ce sous-amendement là vise
à faire... à compenser le fait que des personnes qui, jusqu'à aujourd'hui, sont
considérées ayant des contraintes temporaires à l'emploi... on le... on retire,
donc, cette notion-là, et il n'y a pas d'autres mesures compensatoires ailleurs
dans le projet de loi... qui sont des personnes... Ça fait partie, je pense,
d'une volonté de... de continuer à prendre soin plus spécifiquement de
personnes qui sont à une étape de leur vie où ça ne demeure pas facile. C'est
ce que je mentionnais plus tôt. À 58 ans, quand ton parcours est jalonné...
M. Paradis : ...par exemple,
de périodes où tu es prestataire de l'aide sociale, où tu ne l'as pas eu
facile, où tu peux avoir eu, oui, des enjeux de santé mentale, de santé
physique. Ton C.V. n'est peut-être pas le même qu'une autre personne de 58 ans
dans une autre situation. Le gouvernement peut encore dire : On veut
continuer à donner un coup de main, on veut continuer à accompagner de manière
spécifique ces personnes-là pour les aider à sortir de la pauvreté, pour les
aider à se mettre sur le chemin de l'emploi. Et je le redis, là, c'est là... Il
y a deux types de bénéficiaires visés par la disparition des contraintes
temporaires à l'emploi, dont on ne sait pas encore s'il y aura d'autres mesures
compensatoires ailleurs. Il y en a une ici qui reprend un certain... une
certaine stature, avec des mesures particulières où ils sont visés par les
mesures d'accompagnement. Je propose d'ajouter la deuxième. C'est ça, le sens
de l'amendement... du sous-amendement, pardon.
Mme Rouleau : Lorsqu'on
parlera, à l'article 25, des contraintes de santé, on verra que l'âge peut
faire partie de l'évaluation d'une personne. Alors, ce n'est pas 58 ans, ça
peut être... La personne peut avoir 57, peut avoir 56, peut avoir 60. Alors,
l'âge va être pris en considération, mais à l'article 25.
M. Paradis : Bon,
intéressant, on commence à parler de l'article 25. Est-ce que la ministre...
Mme Rouleau : À l'article 25,
on en parlera plus.
M. Paradis : Bien, moi je
trouvais que la ministre était bien partie, Mme la Présidente, si elle veut
continuer à nous parler.
Mme Rouleau : J'ai juste
voulu vous guider un peu plus, là, et vous rassurer.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...je
vous ramène, Mme la ministre, au sous-amendement du député de Jean-Talon, s'il
vous plaît!
Donc, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'amendement du collègue? Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Et, oui, on a pris note des commentaires en consultation, en
commission, de l'ancien ministre de l'Emploi, de Travail et Solidarité sociale.
Et on aimerait savoir, parce que je... une note de notre porte-parole en
matière des aînés, et j'aimerais la citer, ses remarques au salon rouge lors de
l'adoption de principe. Mais une première question pour la ministre,
c'est : Sur quelles données le ministère s'est basé pour les données -
donc pas nécessairement, juste, ses opinions, mais les données- pour prendre
cette décision-là vis-à-vis les personnes âgées de 58... de 58 à 64 ans? Parce
que j'imagine que les politiques publiques, bien, se doivent d'être basées sur
des données.
Mme Rouleau : Alors, dans les
données claires, le taux d'emploi des personnes âgées de 60 à 69 ans a connu
une grande augmentation au cours des dernières années. Il y a un peu plus de 20
ans, en 2000, c'était 17 % de ces personnes qui allaient... qui avaient un
emploi. Aujourd'hui, c'est 40 %, plus de 40 % des personnes âgées de
plus de 60 ans qui ont un emploi.
Mme McGraw : Ça, c'est la
population générale pour les personnes qui sont déjà dans une situation de
précarité, parce qu'on parle de prestataires présentement, pas la population en
général. Donc, pour les prestataires, qu'est ce qui fait en sorte que...
Quelles sont les données sur lesquelles, les données plus précises, le
ministère s'est basé pour, bien, effectivement enlever ces allocations? Parce
que c'est des pertes pour ces personnes-là, même si c'est des pertes, c'est des
pertes acquises pour ces personnes-là. C'est ce qu'on nous dit. Je veux juste
comprendre les données qui ont mené à cette décision-là.
Mme Rouleau : Des
statistiques sur le taux d'emploi et sur la participation des personnes à
l'emploi, autant des personnes qui sont sur les mesures d'aide sociale, des
mesures d'emploi, qu'en général.
Mme McGraw : Et est-ce
qu'on...
Mme McGraw : ...on peut vous
donner le temps, mais... d'être... de se saisir de ces informations-là, de ces
données-là, parce que c'est quand même important, c'est des droits acquis qu'un
groupe va perdre, et on veut savoir les données qui ont mené à cette
décision-là. J'imagine que ça n'a pas été une décision prise à la légère. Donc,
on aimerait avoir ces... Puis j'en profite, peut-être, le temps qu'on cherche
ces données-là, de citer ma collègue la députée qui est notre porte-parole en
matière des aînés. Elle souligne, elle a souligné, dans ses remarques, qu'avec
la notion de remplacer la notion de contrainte à l'emploi par la notion de
contrainte de santé... Et, parenthèse, oui, on comprend qu'à l'intérieur de
contrainte de santé, l'âge... il y a des personnes de 58 à 64 qui vont avoir
des contraintes de santé, mais il y a aussi des personnes entre 58 et 64 qui
vont avoir des contraintes réelles qui ne sont pas liées à leur état de santé,
alors ni médicales, ni psychosociales. Et c'est de ce groupe-là qu'on parle.
Alors, je cite la collègue qui...
Mme Rouleau : ...l'occasion
d'en parler à l'article 25.
Mme McGraw : On va revenir,
mais là on parle d'un sous-amendement. Donc, j'essaie de parler en appui, bien,
premièrement, d'avoir les données pour comprendre la décision du ministère.
C'est important de comprendre ça, sur quoi on s'est basé pour prendre une
décision quand même importante qui va avoir un impact réel sur la vie de
beaucoup de Québécois vulnérables. Ma collègue, elle parle... a été récemment à
une chambre de commerce, puis ils ont parlé justement de la pénurie de
main-d'œuvre et les personnes en emploi, la difficulté à trouver un emploi à 50
ans et plus. C'est réel, ça existe encore, malgré la pénurie de main d'une
main-d'œuvre, ça existe, ce n'est pas une vue de l'esprit. Puis la pénibilité
du travail, de certaines tâches, ça existe aussi. La personne n'aura pas
nécessairement un problème de santé, mais elle ne sera plus plus capable
d'effectuer des tâches qui sont pénibles physiquement puis elle n'aura pas
nécessairement de diagnostic ou de rapport médical qui vont lui permettre de
recevoir de l'aide sociale. Puis les technologies, que ce soient des
technologies numériques, de la robotisation... souvent les travailleurs sont
dépassés, les travailleurs de 55 ans et plus, dans des tâches qui exigent...
qui ne sont pas des postes hautement qualifiés, ils sont dépassés.
• (12 h 50) •
Elle parle de son expérience à la Chambre
de commerce et de l'industrie de la Rive-Sud, qui venait d'avoir une rencontre
d'entrepreneurs de la réussite de Montréal. Et un des enjeux qui a été discuté,
c'était justement qu'est-ce qu'on fait avec nos travailleurs qui sont dans la
cinquantaine et qui sont dépassés par la technologie ou qui sont remplacés par
la technologie? Donc là, on parle de facteurs environnementaux, c'est-à-dire le
marché du travail, l'économie. Les entrepreneurs ne veulent pas les laisser
aller, ils ne veulent pas les congédier. Mais qu'est-ce qu'on fait avec?
Qu'est-ce qu'on fait avec pour les requalifier? Les employeurs n'ont pas
toujours ce qu'il faut pour pouvoir le faire. Alors, ces personnes-là, il y en
a peut-être qui vont être obligées de demander de l'aide sociale. Avec la
réforme, elles n'y auront pas droit.
Et juste en conclusion, elle parle encore
de ces gens de 58 à 64 qui veulent bien être sur le marché du travail mais qui
sont dépassées par la technologie, dans des tâches, etc. Comment vont-elles
survivre à l'âge de... 65 ans, où elles vont pouvoir toucher le RRQ, qui ne
sera pas très élevé, on s'entend, et le supplément de revenu garanti? Comment ces
personnes-là vont se rendre jusqu'à 65 ans? Est-ce que la réponse se trouve, je
ne sais pas, dans Objectif emploi, mais pour des personnes qui ont des
contraintes? Alors, on va entendre la ministre là-dessus, en réaction aux
paroles de ma collègue, notre porte-parole en matière des aînés, pour
comprendre les données, les informations sur lesquelles se sont... basé le
ministère pour prendre une décision aussi importante.
Mme Rouleau : Bien, on se fie
évidemment à la situation qu'on vit au Québec, là, où on est en plein emploi,
où le taux de chômage est très bas, où il y a 35 000 emplois qui ne requièrent
aucune qualification qui sont disponibles à l'heure actuelle. On se fie au fait
aussi que... Tout à l'heure, j'ai mentionné qu'il y avait 40 %, là, des
personnes de 60 à 65 ans qui... ou 64... 69... 60 à 69 ans qui sont sur le
marché de l'emploi au Québec, mais ces 40...
Mme Rouleau : ...44 % en
Ontario et pour le Canada, c'est 43 %. Donc on est en dessous de cette...
de ces moyennes, ce qui... ce qui indique qu'il y a... il y a possibilité de
faire, de faire mieux pour aller chercher des gens qui... qui peuvent être
malheureusement, encore là, isolés. On veut les sortir de l'isolement. On veut
bien les accompagner. Ils ont droit à un plan d'accompagnement personnalisé.
Ils peuvent avoir des contraintes de santé. On a ajouté «psychosocial», donc
ces personnes-là peuvent... ces enjeux-là seront pris en compte, ce qui n'était
pas nécessairement le cas. Alors, c'est de mieux intégrer ces personnes.
Et tout... et la raison, c'est ce qu'a
évoqué François Blais, aussi chercheur et professeur à l'université, un éminent
spécialiste qui se promène à travers le monde pour parler de ces enjeux-là.
Alors, il est reconnu pour ça, et qu'il a dit : Bien, vous avez raison,
vous avez raison, il faut enlever cette... cette contrainte-là. Alors, je... Et
puis... et puis la personne, parce qu'on nous dit : Bien, il faut se
mettre dans la peau de la personne. Alors, quand la personne verra l'agent,
bien, on pourra tenir compte, là, de l'ensemble de la situation de cette... de
cette personne avec le plan d'accompagnement personnalisé. Et ce n'est pas
d'enlever quelque chose, c'est plutôt de permettre, c'est d'ouvrir, d'ouvrir
l'espace, d'ouvrir les possibilités et élargir les possibilités pour ces gens
qui ont été reclus, qui ont été mis à part pour certaines raisons, à une
certaine époque. Aujourd'hui, on n'est plus là.
Mme McGraw : Et justement
parce que l'ancien ministre et chercheur, M. Blais, il a effectivement dit que
c'est un peu dépassé de mettre ces... ces personnes âgées de 58 à 64 dans cette
catégorie. On n'a pas pu lui demander de partager les données parce qu'on est,
on est certains comme chercheur, comme professeur, ce n'est pas juste des opinions,
c'est basé sur des données, des informations. Et j'imagine que le ministère a
accès aux mêmes informations, aux mêmes données pour avoir justifié une telle
coupure, parce que c'est pour ces personnes-là, pour ces personnes-là, on va
dire que ça représente une perte d'acquis pour ces... vécus. Pour ces
personnes-là, c'est une perte. Alors, c'est quand même majeur. On va juste
comprendre les données, les informations sur lesquelles se sont basé le
ministère pour prendre une telle décision. Et dans un deuxième temps, si on
voit la solution en partie à la participation de ces personnes de 58 à 64 au
programme de PAS et objectif emploi. O.K. Mais une fois que leur participation
est terminée, parce que c'est des problèmes... des programmes qui ont quand même
une durée limitée, si ces personnes n'ont plus... ne sont pas reconnues avoir
des contraintes temporaires à l'emploi parce que ça n'existe plus elles vont...
elles risquent d'être plus pauvres après leur participation au programme.
Alors, est-ce que je peux juste comprendre qu'est ce qu'on en envisage pour ces
personnes-là? Donc, deux questions, les données sur lesquelles on s'est basé
pour prendre une décision majeure qui va avoir un impact sur des milliers de
Québécois vulnérables et, dans un deuxième temps, c'est quoi donc la voie de
passage pour ces... ces personnes?
Mme Rouleau : C'est la lutte
aux préjugés. C'est la lutte aux préjugés. Ces personnes sont... Il y a une
partie de ces gens qui ont la... probablement la volonté et la capacité aussi
d'aller vers l'emploi, et là, vous venez de dire : Bien, peut-être qu'ils
garderont ou pas leur emploi. Pourquoi? Sur quoi vous basez-vous?
Mme McGraw : Justement, Mme
la ministre, c'est la question que je vous pose pour éviter les...
Mme Rouleau : Bien, je vous
dis, moi que je... on ouvre les perspectives d'avenir parce que la vie ne
s'arrête pas, là, on continu. On ouvre les perspectives, on tient compte de
l'état de la personne et on accompagne cette personne dans différents programmes
pour une mise en mouvement, éviter l'isolement, éviter les préjugés.
Malheureusement, ça persiste encore les préjugés, et ça fait partie de notre
mandat et de mon mandat de lutter contre les préjugés.
Mme McGraw : Et je suis tout
à fait d'accord qu'il faut lutter contre les préjugés...
Mme McGraw : ...on a entendu
beaucoup de personnes... qui ont dit qu'il y a beaucoup de préjugés contre les
personnes qui vivent la précarité, il y a beaucoup de préjugés. Donc c'est pour
ça que je reviens à ma première question, pour justement éviter les préjugés,
on doit, on a le devoir de se baser sur des faits et des données. Alors, sur
quelles données et informations le ministère s'est basé pour prendre une telle
décision?
Mme Rouleau : J'ai répondu.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Jean-Talon.
Mme McGraw : Je voulais juste
ajouter qu'on...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
pouvez revenir tout à l'heure. M. le député de Jean-Talon, terminé? Parfait.
M. Paradis : Non, non. Si ma
collègue veut terminer.
La Présidente (Mme D'Amours) : Allez-y,
allez-y.
Mme McGraw : Bien, c'est sûr
qu'on va revenir dans les autres articles, et on entrevoit aussi proposer des
sous-amendements ou des amendements liés à ces enjeux. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bon, je suggère
qu'on soit tous et toutes très prudents sur la question des préjugés, parce que
là, on veut... L'objectif de ce sous-amendement, c'est d'assurer qu'il y a
encore des mesures d'accompagnement spécifiques pour un certain type de
prestataires. Si faire ça, c'est entretenir des préjugés, bien, alors on peut
se demander pourquoi on ajoute, dans l'amendement de la ministre, «les
prestataires monoparentales ayant un ou des enfants à charge d'âge
préscolaire». Ça, est-ce que ça veut dire que ça entretient les préjugés entre
ces personnes-là? Je ne pense pas. Alors, d'ajouter ici qu'un autre type de
prestataire qui serait visé par ce sous-amendement-là, et donc par l'article,
je ne pense pas qu'on puisse dire que ça entretient des préjugés.
Bon, je remercie ma collègue de
Notre-Dame-de-Grâce d'être revenue sur la question des données, parce qu'il me
manquait de temps un peu tout à l'heure sur l'amendement. La question des
données est importante, et là j'ai entendu...
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
dois vous interrompre, il est 13 heures, je vous remercie de votre
collaboration. Compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 04
)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. La Commission de l'économie et du travail... de l'économie
et du travail. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 71, Loi visant à améliorer l'accompagnement
des personnes et à simplifier le régime d'assistance sociale.
Lors de notre suspension... lors de la
suspension de nos travaux ce midi, pardon, nous étions rendus à l'étude de...
du sous-amendement du député de Jean-Talon. Donc, je redonne la parole au
député de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci, Mme la
Présidente. Donc, avant notre pause, j'allais aborder la question des données
que j'avais déjà évoquée avec la ministre dans la discussion sur l'amendement
lui-même, et que ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce a aussi abordée dans ses
commentaires. J'ai noté que la ministre avait référé à l'ancien ministre
François Blais, dont l'expertise et l'intérêt dans ces questions-là est
reconnu. Et elle a évoqué aussi la question qu'elle suit le taux de chômage, et
là on parle de qu'est-ce qui justifie de... d'abolir les... la notion de
contrainte à l'emploi, temporaire à l'emploi pour les personnes de 58 ans
et plus. C'est ça, la question. Donc, quelles données on a sur la capacité ou
le besoin d'accompagnement particulier de ces personnes-là pour sortir de la
pauvreté et se mettre dans la voie ou dans le mouvement vers l'emploi?
Bon, le taux de chômage, Mme la ministre,
c'est parce que le taux de chômage, ça varie. Nous, on fait une loi, là,
actuellement on adopte une loi pour deux ans, cinq ans, 10 ans, 20 ans,
et le taux de chômage, ça varie. Donc, j'imagine que... à moins que vous n'ayez
une boule de cristal puis que vous soyez à même de me dire qu'on connaît le
taux de chômage dans les prochaines années. Donc, ça ne m'apparaît pas
nécessairement un paramètre... un paramètre, ou en... un paramètre si pertinent
que ça.
Puis l'ancien ministre, je le redis, là,
avec toute l'estime que je lui porte même personnellement, j'aimerais revenir avec
cette question-là, parce que ça va expliquer qu'est-ce qu'on fait avec le
sous-amendement que je propose. Donc, moi, je propose qu'on s'intéresse aux
besoins et à la situation particulière des prestataires âgés de 58 ans et
plus. Et donc, quelles données avez-vous sur la capacité des prestataires et
prestataires, selon leur âge, à se mettre en mouvement vers l'emploi ou sur les
besoins particuliers qu'ils peuvent avoir par rapport à d'autres prestataires?
Mme Rouleau : Je débuterais
en disant que la loi qui existe actuellement et cette notion de 58 ans a
été établie il y a 20 ans alors qu'il y avait plus de 9 % de chômage.
Aujourd'hui, on a moins de 5 % de chômage. Qu'est-ce que je peux rajouter
de plus aux questions que vous m'avez posées précédemment?
M. Paradis : Bien, je vous ai
vu regarder tout à l'heure votre écran d'ordinateur. Est-ce qu'il y a des
données que vous pourriez communiquer ou qui seraient disponibles pour que
nous, les députés... Non, mais en réponse à ces questions-là, s'il y a des
données qui sont d'intérêt pour qu'on puisse exercer notre travail de
législateurs avec plus d'information? C'est un peu ça la question. Je vous
avoue que c'est un... Bien oui, je suis le député le plus récemment élu de l'Assemblée
nationale, puis quand tu n'es pas élu, tu dis : Bien, nos élus travaillent
sur la base, il y a plein de données puis ils ont pris les décisions les plus
éclairées possibles. Donc, est-ce que vous avez quelque chose? Est-ce qu'il y a
un élément qui a conduit à cette décision-là sur les contraintes à l'emploi et
qui peut nous éclairer dans la décision sur le sous-amendement qu'on évalue...
M. Paradis : ...actuellement?
Mme Rouleau : J'ai spécifié
tantôt qu'il y avait 35 000 emplois qui ne requièrent aucune
qualification qui sont disponibles aujourd'hui au Québec. J'ai spécifié qu'il y
avait des statistiques sur le taux d'emploi des personnes âgées de 60 à
69 ans au Québec, en Ontario et au Canada. J'ai mentionné aussi que les
personnes ont... peuvent avoir, là... auront, si elles le désirent, un plan
personnalisé d'accompagnement et qu'on va leur permettre... les aider à avoir
accès à plus de services qu'aujourd'hui.
M. Paradis : Donc, il n'y a
pas de données que vous pourriez nous communiquer sur la décision relativement
avec l'âge?
Mme Rouleau : Bien, je vous
ai communiqué les données, là, certaines données, oui.
M. Paradis : Vous n'avez rien
que vous pouvez déposer, une analyse préalable? Parce que, là, je comprends,
vous répondez à mes questions, mais c'est quand même des questions essentielles
à la base d'un des éléments qui est au cœur du projet de loi, là, cette fameuse
question, là, des contraintes temporaires à l'emploi puis des contraintes de
santé. Est-ce qu'il y a... Est-ce qu'il y a un document, des données que vous
pouvez déposer là-dessus?
Mme Rouleau : Alors, il y a
le rapport sur les effets des mesures d'emploi sur les populations qu'on
veut... qu'on cible, rapports qui sont publics, notamment.
M. Paradis : Vous parlez de
données publiquement accessibles actuellement?
Mme Rouleau : Oui.
• (14 h 10) •
M. Paradis : Très bien. Mais,
vous, dans le cadre de vos travaux de préparation du projet de loi n° 71,
est-ce que vous vous êtes fondés sur ces données-là uniquement ou il y a eu
d'autres études sur l'âge? Là, sur la question, notamment, du 58 ans, là,
les prestataires âgés de 58 ans et plus, est-ce que vous aviez des données
particulières que vous pourriez partager avec nous pour éclairer notre
processus décisionnel sur ces prestataires-là en question?
Mme Rouleau : Il y a eu, par
le passé, là, il y a une vingtaine d'années, des discussions sur 55, 58, et
aujourd'hui on arrive à la conclusion que ça n'a pas lieu d'être, cette
contrainte, ce n'est pas une contrainte, d'autant plus que les personnes, selon
leur état, auront accès à des services ou à des allocations supplémentaires à
cause de la contrainte santé, santé ou sévère de santé, et que, lorsqu'elles
seront... il y aura l'évaluation médicale ou psychosociale, bien, on tient
compte de l'ensemble de la personne.
M. Paradis : Très bien. Mais,
vous dites, vous êtes arrivés à la conclusion, c'est encore la même question,
mais sur la base de?
Mme Rouleau : De la réalité
d'aujourd'hui.
M. Paradis : Établie et
démontrée par?
Des voix : ...
Mme Rouleau : ...consultations
que j'ai pu effectuer, par le travail avec les professionnels du ministère sur
la base des recherches qui ont pu être effectuées, dont celles effectuées par
l'ancien... l'ancien député du Parti libéral, notamment.
M. Paradis : Très bien. Mais,
spécifiquement sur cette question, est-ce que je comprends que vous n'avez pas
de données particulières ou d'analyses particulières qui ont justifié la
décision que vous nous indiquez, que vous nous rappelez, c'est-à-dire de
considérer qu'avoir 58 ans ou plus n'est pas en soi... n'est plus en soi
une contrainte à l'emploi? Parce qu'en date d'aujourd'hui, avant l'adoption du
projet de loi n° 71, si tel est le cas, on considère que c'est le cas. Avoir
58 ans et être généralement dans un parcours d'assistance sociale... Je
vous... Je vous le disais tout à l'heure, j'ai rencontré le collectif, il y a
quelques jours, qui me disait : Pour nous, c'est quelque chose d'encore
essentiel et ça va être une perte pour cette personne-là que d'avoir des
mesures qui les visent spécifiquement. Parce que j'ai noté que vous
dites : Il va y avoir d'autres prestations, mais ce n'est pas ce que votre
mémoire au Conseil des ministres indique. Ça ne fait pas partie des
prestataires visés par des mesures... d'autres mesures qui sont identifiées, en
tout cas, dans votre mémoire au Conseil des ministres.
Mme Rouleau : Il y a des
droits acquis pour les personnes qui ont 58 ans aujourd'hui. Il y a un
taux de chômage qui est très bas. Il y a de nouvelles possibilités pour ces
personnes d'avoir accès à des services auxquels ces personnes n'ont pas accès
aujourd'hui...
Mme Rouleau : ...une députée
qui a été ministre aussi de votre parti a eu... a eu des réflexions sur la
chose, Agnès Maltais, pour...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Rouleau : ...pas la
nommer, bon, je ne l'ai pas nommée.
M. Paradis : L'ancienne
députée de Taschereau. Elle n'est pas élue.
Mme Rouleau : Elle n'est plus
élue.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme...
Ah! pardon, je m'excuse. C'est vrai. Elle n'est pas élue, non, j'avais...
Mme Rouleau : ...bon, alors,
je ne retire plus. Agnès Maltais, en 2003... 2013, 2013, est passé de 55 à 58,
mais l'aurait enlevé, selon les informations que j'ai.
M. Paradis : Bon, très bien,
mais donc, je... au fond, à la fin, la question est : Est-ce qu'il y a des
données particularisées sur l'âge? Et ce qui justifie votre conclusion de ne
plus considérer l'âge de 58 ans comme une contrainte à l'emploi est de ne
pas les avoir inclus dans le... la proposition d'amendement que vous faites à
l'article 18, que moi-même, je me propose de sous-amender. Vous n'avez pas
de données particulières ou d'études particulières à nous communiquer. C'est
bien ça, la réponse?
Mme Rouleau : C'est une
décision qui a été prise sur la base de réflexions, de consultations, de
recherches qui ont été effectuées et qui nous semblent très justifiées.
M. Paradis : Bon, là, c'est
intéressant, vous me parlez de recherches. Donc, il y a des recherches sur
cette question?
Mme Rouleau : Je l'ai nommé,
le professeur Blais qui a fait des recherches. Je vous invite à communiquer
avec lui.
M. Paradis : Puis c'est sur
la base de ces recherches-là que vous avez dit... que vous aviez décidé que...
58 ans et plus.
Mme Rouleau : Il est venu
confirmer que c'était une excellente décision.
M. Paradis : Très bien. Je
comprends que ma collègue de Sherbrooke voulait peut-être prendre la parole. Je
vais m'arrêter ici pour l'instant.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de D'Arcy-McGee, avant, et ensuite la députée de Sherbrooke.
Mme Prass : Premièrement, je
demanderais à la ministre... on vous a demandé ce matin si vous étiez prête à
distribuer le document auquel vous avez référé plus tôt.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Prass : Parfait. Merci.
Mme Rouleau : Est-ce qu'on
suspend ou... ce sera tantôt ou...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...le
secrétariat, et par la suite le secrétariat pourra faire la distribution aux
collègues, aux membres de la commission.
Mme Prass : Pourrais-je
demander la suspension jusqu'à ce qu'on la reçoive?
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien,
vous... Est-ce que vous n'avez qu'une seule question?
Mme Prass : Non. O.K.,
Parfait. Donc, je vais commencer...
La Présidente (Mme D'Amours) : Passer
avec vos autres questions, et on pourra par la suite regarder avec le document.
Mme Prass : Parfait. Vous
avez dit que vous aviez consulté, justement, pour arriver à cette décision. Qui
avez-vous consulté? Avez-vous consulté des groupes, justement, qui représentent
les personnes aînées dont on parle aujourd'hui?
Mme Rouleau : J'ai fait le
tour du Québec. J'ai rencontré autour de 300 organismes qui travaillent
avec des personnes qui sont prestataires ou qui agissent dans le milieu. Et on
a eu des discussions sur cet... j'ai posé la question maintes fois, et ça n'a
jamais soulevé d'enjeu.
Mme Prass : Jamais soulevé
d'enjeu avec 300 groupes.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Prass : O.K. certaines
citations...
Mme Rouleau : Puis
j'ajouterais aussi 400 agents de l'aide sociale que j'ai rencontrés dans
les bureaux de Services Québec qui m'ont parlé de cette... qui m'ont... qui
m'ont indiqué que ça n'avait plus lieu d'être.
Mme Prass : Mais moi, en ce
qui me concerne, aujourd'hui, je pense, c'est la question de consulter les
personnes dont on parle plutôt que des agents qui gèrent leurs dossiers. On se
comprend aussi qu'on est dans un monde qui bouge vite. Il y a des... toujours
des nouvelles technologies. J'imagine que plusieurs des personnes qui se
retrouvent à être dans cette catégorie de 58 à 64 ans, c'est des gens qui
ont... qui sont sur le programme de solidarité sociale depuis des années sans
avoir pu intégrer un emploi.
Donc, encore une fois, quand vous dites
que vous vous êtes basés sur des données, des recherches, par exemple, on sait
que, comme j'ai dit, la technologie avance, ce n'est pas tout le monde qui a
les connaissances, les aptitudes, la capacité dans ce groupe d'âge pour
comprendre comment utiliser certains programmes informatiques, par exemple, qui
sont requis dans certains emplois...
Mme Prass : ...comme j'ai
mentionné souvent, ces personnes-là ont déjà été sur la solidarité sociale et
n'ont pas trouvé d'emploi, et là ils deviennent... ils arrivent à l'âge de 58 à
64 ans. Donc, ce n'est pas nécessairement des personnes qui sont nouvelles,
c'est des personnes qui ont pu démontrer qu'ils avaient de la difficulté
intégrer à l'emploi. Et vous avez mentionné plus tôt qu'il y avait d'autres
programmes pour eux. Donc, je vous demanderai qu'est-ce qui arrive aux
personnes après leur... après que leur participation soit terminée ou passe à
Objectif emploi, parce que ces programmes ont une durée limitée. Si ces
personnes n'ont plus de CTE, bien, elles vont être encore dans une situation de
pauvreté plus précaire.
Donc, vous avez dit qu'il y a d'autres
programmes qui existent plutôt que celle-ci, mais là c'est des programmes qui
sont d'une durée illimitée. Donc, la personne peut toujours se retrouver dans
une situation où il n'y a pas de soutien de la part du gouvernement dans ces programmes.
Mme Rouleau : Je veux vous
rappeler les propos de M. Blais qui a dit que c'était... c'était une règle
d'une autre époque et que ce sont des personnes qui peuvent avoir des défis,
mais pas... ce n'est pas au point de les considérer automatiquement comme
étant... ayant une contrainte à cause de l'âge. Ce qu'on fait, en ce moment,
c'est automatiquement une contrainte à cause de l'âge. Mais ce n'est pas ça,
aujourd'hui, ce n'est plus comme ça aujourd'hui.
Mme Prass : Et je reviens à la
question. Comme le PAS et Objectif Emploi sont d'une durée limitée, qu'est-ce
qui arrive à ces personnes quand les programmes ne sont plus là? Parce qu'une
personne a une opinion, c'est parfait. Mais ce que vous faites aujourd'hui, en
effet, c'est que vous faites disparaître toute cette catégorie de personnes des
programmes. Parce que là, on garde les femmes victimes de violence conjugale,
les parents d'enfants handicapés, les parents monoparentaux des enfants d'âge
préscolaire, eux, ils vont toujours, d'après ce que vous avez dit, que ce soit
dans un règlement ou dans le projet de loi en tant que tel, il y aura toujours
mention d'eux, mais il n'y aura plus mention de la catégorie de 58 à 64 ans,
n'est-ce pas?
• (14 h 20) •
Mme Rouleau : C'est un fait.
Mme Prass : Donc, vous faites
disparaître cette catégorie ciblée... qui était auparavant ciblée.
Mme Rouleau : Ceux qui,
aujourd'hui, reçoivent cette aide continueront à la recevoir. Mais, dans l'avenir,
ce ne sera plus le cas, parce que ces personnes seront accompagnées
personnellement pour aller vers des programmes qui vont les aider à mieux
évoluer dans la société et tenir compte... en tenant compte de toutes leurs
situations.
Mme Prass : O.K. Donc, je
répète, on fait disparaître la catégorie de personnes de 58 à 64 ans dans les
groupes ciblés.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Prass : O.K. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : On
m'informe, avant de donner la parole à M. le député de Jean-Talon et ensuite à
vous, Mme, on m'informe que le document ne sera pas partagé par... sur le
Greffier, mais plutôt copie papier pour que vous ayez de l'information
seulement pour vous. Donc, M. le député de...
Une voix : ...ça va demeurer
confidentiel au sein de...
La Présidente (Mme D'Amours) : Habituellement,
quand c'est distribué, seulement distribué aux membres de la commission, c'est
confidentiel à la commission. Maintenant, juste un point d'information aussi,
on me demande de vous signaler qu'il y a peut-être un cellulaire près d'un
micro et ça fait une distorsion. Ça fait que je vous demanderais de distancer
vos cellulaires des micros, s'il vous plaît.
Donc, M. le député de Jean-Talon, la
parole est à vous.
M. Paradis : Merci, Mme la
Présidente. Est-ce que je pourrais de nouveau demander la référence exacte du
premier document auquel vous avez fait référence tout à l'heure? Vous avez dit
qu'il existait une étude publiquement disponible, puis on n'a pas pris la bonne
référence. Est-ce que vous pourriez me redonner la référence?
Mme Rouleau : Nous aurons le
titre bientôt.
M. Paradis : Très bien. En
attendant, je note bien que là, vous insistez beaucoup sur le fait que cette
décision-là est notamment basée sur les commentaires de l'ex-ministre François
Blais. Alors, j'ai, devant moi, son mémoire. Voici tout ce qu'il dit sur cette
question-là, il n'y a pas de note de bas de page, il n'y a pas d'autres
choses : «Je suis aussi d'accord avec l'idée de ne plus considérer l'âge
de 58 ans...
M. Paradis : ...automatiquement,
c'est en gras, comme une contrainte à l'emploi. C'est une règle d'une autre
époque. Il existe encore des défis pour des personnes de cet âge, mais pas au
point de les considérer automatiquement comme sous contrainte. Cela envoie un
mauvais message. C'est une opinion, une opinion très valable, j'en conviens,
c'est le... c'est l'ancien... l'ex-ministre qui l'indique, mais il n'y a pas de
note de bas de page, il n'y a pas d'étude. Donc, je voudrais quand même
relativiser les commentaires qu'on a entendus parce que, si c'est ça, la base,
ça me semble quand même... En tout cas, j'aurais préféré voir une étude plus
complète. Cela dit, c'est qu'il ne... Il dit que ça ne devrait pas être
automatiquement considéré. Moi, je vous propose un sous-amendement qui dit,
justement, comme il le dit, il y a encore des défis, et on doit encore
considérer ce type de prestataire, donc les personnes âgées de 58 ans et
plus, comme des personnes qui peuvent nécessiter un accompagnement. Est-ce que
la ministre en convient?
Mme Rouleau : Pourquoi
58 ans?
M. Paradis : Bien, c'est
la question que je vous pose.
Mme Rouleau : J'enlève
58 ans.
M. Paradis : Oui, mais
sur quelle base? Parce que là, c'est ce qui est dans la loi depuis longtemps.
Sur quelle base, sur quelle étude vous considérez que ce n'est plus une
contrainte à l'emploi? Le professeur Blais le dit, mais qu'est-ce qu'il y a
d'autre derrière ça? Là, c'est un paragraphe, là. Ça doit faire 40 mots.
Mme Rouleau : Parce que
nous sommes en train de moderniser cette loi qui ne l'avait pas été... qui
n'avait pas été revue en profondeur depuis 20 ans. C'est une règle qui
date d'il y a plus de 20 ans, M. le député.
M. Paradis : Je
comprends. J'aimerais savoir sur quelle base prenez-vous votre décision? On
s'attend d'un gouvernement qu'il propose des changements importants sur la base
de données scientifiques, d'expertises. Je vous indiquais que j'ai parlé de
cette question spécifique aux gens qui, depuis des décennies, sont auprès des
personnes dont on parle et qui m'ont dit : Attention! Là-dessus, soyez
très prudents parce que, si on se met dans la peau des personnes dont on parle,
avoir 58 ans dans un parcours d'assistance sociale, c'est encore très
difficile. Et, oui, c'est encore une contrainte à l'emploi parce qu'il n'y a
pas... Vous avez mentionné tout à l'heure que, oui, mais il peut y avoir une
contrainte de santé. Pas nécessairement. Pas nécessairement. Ça, j'espère que
vous allez en convenir, là. Ce n'est pas ça qui est écrit dans le projet de
loi. Tu n'as pas nécessairement de contrainte de santé, mais le fait que tu
sois âgé de 58 ans et plus, dans notre société, dans certains types de
parcours, ça peut être une contrainte. Et donc je reviens, si on fait ce
changement qui est important... Bien, est-ce que vous convenez que c'est un
changement important?
Mme Rouleau : La
contrainte de santé sera discutée à l'article 25.
M. Paradis : Bon. Alors,
tout à l'heure, on a eu cette discussion-là. Il y a un principe important qui
existe en droit, c'est qu'un projet de loi, les articles d'un projet de loi
doivent s'analyser les uns par rapport aux autres. Et là, tout à l'heure, on a
dit : Non, non, non, on ne veut pas parler de l'article 25. Et
c'était pourtant au tout départ de mes interventions que j'ai demandé, si la
ministre nous indiquait ce qu'elle compte faire en modification ou pas à
l'article 25, on aurait une décision plus éclairée. Mais là, parfois, elle
dit : Non, je ne veux pas en parler tout de suite, ça va être à
l'article 25. Et là elle nous dit : Ah! attendez à l'article 25.
Je pense qu'il y a de la transparence. La franchise nous permettrait d'avoir
des discussions beaucoup plus éclairées.
Mme Rouleau : Je
m'excuse, là, mais ne me parlez pas de transparence et de franchise sur ce
ton-là, s'il vous plaît.
M. Paradis : Bien, je...
Bien, je vous invite à cette transparence parce que, là, vous nous dites :
Attendez, il y a quelque chose qui s'en vient à 25. Bien, discutons-en pour
voir quels sont les impacts sur le sous-amendement que je propose.
Mme Rouleau : Depuis
hier, nous avons convenu de fonctionner par bloc, puis dans le bloc, un des prochains
blocs, c'est le bloc santé, où est situé l'article 25, qui est au coeur.
Alors, terminons ce bloc. Allons le plus rapidement possible vers le bloc des
contraintes de santé, puis on pourra en discuter.
M. Paradis : Je conviens
qu'on va étudier certaines questions à l'article 25, mais là vous venez
dans votre réponse de me dire : Attendez. Ces questions-là, on va en
discuter à l'article 25. Il y a une partie des réponses qui sont là. Je
pense que ça aurait été intéressant, encore une fois, en toute transparence,
d'avoir ce bout-là pour qu'on... pour terminer la discussion sur ce
sous-amendement. Est-ce qu'il y a des mesures... Parce qu'est-ce que vous allez
arriver avec des mesures qui visent les prestataires âgés de 58 ans et
plus, plus tard?
Mme Rouleau : J'ai
répondu, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ça
va. Donc, Mme la députée de Sherbrooke, et ensuite la députée de
Notre-Dame-de-Grâce...
Mme Labrie : ...Merci, Mme la
Présidente. J'ai... bon, puisque, là, c'est le moment où on discute des 58 ans
et plus, j'ai... j'ai quelques commentaires aussi à faire par rapport à ça.
D'abord, je remercie le collègue de Jean-Talon pour son amendement, on
l'appuie, certainement. C'est vrai qu'en général avoir 58 ans, ce n'est pas une
contrainte à l'emploi. Je ne connais pas l'âge des collègues autour de la
table, possible que certains d'entre eux aient plus de 58 ans, je ne sais pas,
mais, en soi, ce n'est pas une contrainte.
Le fait est que, par contre, c'est assez
bien documenté que les personnes qui sont prestataires d'aide sociale à 58 ans,
en particulier celles qui le sont depuis quelques années, sont particulièrement
éloignées du marché de l'emploi, elles ont des besoins très, très, très
spécifiques. Puis là la ministre nous dit : Ces personnes-là vont pouvoir
se faire reconnaître une contrainte, là. S'ils ont d'autres types de
contraintes à l'emploi, bien, ils vont pouvoir se faire... bien, de santé ou,
peu importe comment on appellera ça, on verra rendus là... on va pouvoir la
leur reconnaître par un autre chemin. C'est ce qu'elle nous dit.
Moi, j'aimerais poser quelques questions
d'approfondissement là-dessus, parce qu'il reste encore beaucoup de flou sur la
manière dont ça va être appliqué, là, l'élargissement aux contraintes
psychosociales. Donc, est-ce qu'on parle seulement de personnes qui ont des
enjeux de santé mentale par exemple, ou le fait d'avoir, par exemple... d'être
en situation d'analphabétisme, par exemple? Est ce que ce sont des choses qui vont
être reconnues par le ministère, là, comme une... une contrainte? Parce que ça
fait toute la différence pour ces personnes-là. Ce n'est pas toutes des
personnes qui vont avoir un diagnostic de santé physique ou mentale, là. Donc,
il y a des situations qui sont plus de type social, qui sont de l'ordre de...
Parfois, l'itinérance, parfois, c'est une personne qui a été peu alphabétisée
ou qui a une faible... une faible numératie. Donc, c'est quand même difficile,
pour ces personnes-là, de se... de se trouver un emploi. Donc, moi, je veux
savoir à quel niveau ce type de situation là va être considéré pour la
reconnaissance d'une contrainte.
• (14 h 30) •
Mme Rouleau : On est toujours
dans l'article 43.3, on parle des réseaux sociaux d'accompagnement. On veut...
on veut tenir compte de la situation de la personne. On sait qu'il y a une
proportion importante des prestataires qui ont... qui ont un niveau d'éducation
faible, parfois, ne peuvent pas lire, écrire, etc., alors on tient compte de
cette situation. C'est pour ça qu'on veut les aider, les accompagner le mieux
possible pour régler des situations. Ça peut être ça. Ça peut être des
problèmes de dépendance, de... ça peut être... ça peut être des enjeux de ce
type-là. C'est pour ça qu'on a intégré toute la dimension psychosociale.
Mme Labrie : Ça, j'avais bien
compris ça puis je suis contente que la ministre me le confirme qu'au niveau de
l'accompagnement, l'accompagnement va pouvoir servir à aider une personne par
exemple, qui... qui a une faible littératie ou qui est en situation de
dépendance. Je fais confiance à la ministre que ça va se concrétiser. Ce que je
lui demandais, c'est : Est-ce que ces situations-là vont permettre la
reconnaissance d'une contrainte, par exemple, une dépendance, ou
l'analphabétisme?
Mme Rouleau : L'analphabétisme,
ça peut être... ça peut faire partie... mais, encore là, il faut... il faut
voir à l'article... c'est à l'article 25, là, qu'on voit ça. Déjà, je peux vous
dire que, oui, dépendance, ça fait partie des... des critères pour... Ce qu'on
dit, c'est qu'on veut aider la personne à régler des enjeux qu'elle a. Puis on
parle... c'est écrit, là, on parle de dépendance, on parle de violence, on
parle d'enjeux de santé mentale, etc.
Mme Labrie : Exact. Donc...
Mme Rouleau : Et puis
l'analphabétisme, comme tel, on va... on va voir... Mais sachant qu'il y a une
proportion de la... de cette population qui... qui a certains enjeux en termes
d'éducation là, c'est pour ça qu'on veut favoriser la formation, c'est pour ça
qu'on veut les amener à terminer leur secondaire, parce que, parfois, ils ont
laissé en secondaire II ou III, et c'est pour ça qu'ils ont de la difficulté à
lire ou...
Mme Labrie : Exact. Puis...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Labrie : ...on prend bien
cette intention-là, puis je la salue, de mieux accompagner ces personnes-là qui
ont une situation de dépendance, de violence, de... bon, d'analphabétisme. Des
fois, c'est la littératie numérique. L'accompagnement, ça va, ce n'est pas ça
le sens de ma question. L'accompagnement, c'est bien, mais si la personne est
dans une situation de détresse financière extrême parce qu'elle n'a pas la
reconnaissance de cette contrainte, on se l'est fait dire très clairement en
commission parlementaire que ça devient une entrave à la réinsertion. Donc,
aller suivre des cours pour se faire alphabétiser parce qu'on n'a pas eu l'opportunité
avant d'obtenir son secondaire V, par exemple, bien, c'est une chose, puis
c'est très bien qu'on accompagne la personne là-dedans. Mais, si la personne n'est
pas capable de manger trois fois par jour, ça se peut que ce soit très
difficile d'aller chercher son secondaire V. Donc moi, la question que je
demande à la ministre, c'est des personnes... Ces personnes-là, analphabétisme
très faible ou... ou peu de littératie numérique, par exemple, dépendance,
est-ce que ce sont des choses qui vont être reconnues comme une contrainte dans
son nouveau système? Parce que c'est là tout l'enjeu, à vrai dire.
Mme Rouleau : Oui, ça fait
partie.
Mme Labrie : L'âge en lui-même
n'est pas un facteur. Mais ces conditions-là que plusieurs personnes de cet
âge-là sur l'aide sociale ont devraient être reconnues comme une contrainte. Et
si la ministre nous confirme que ce sera le cas, mais on est devant une
situation très différente. Et là, en ce moment, moi, j'entends quand même un
flou autour de ça. Donc, je voudrais avoir la confirmation que c'est l'intention
de la ministre d'inclure ce type de situation que moi, je qualifierais de
psychosociale, mais peut-être pas la ministre. C'est ça que je veux qu'elle me
le confirme. Est-ce que ça fait partie pour elle d'une contrainte psychosociale
de n'être plus alphabétisée, par exemple?
Mme Rouleau : J'arrive.
Mme Labrie : J'attends la
réponse.
Mme Rouleau : Je pense qu'on
va arriver à clarifier quelque chose. À l'heure actuelle, dans les conditions
actuelles, lorsqu'on évalue une personne dans les conditions actuelles, il y a
la condition de santé médicale et sa condition socioprofessionnelle, dont le
taux d'alphabétisation, là. Est-ce que la personne sait où est-elle rendue? C'est
considéré à l'heure actuelle. Alors, on continue à le considérer, donc ça
répond à la question. Mais en plus on tient compte des enjeux psychosociaux, et
là j'ai parlé, par exemple, de dépendance ou de violence ou de... où on va
pouvoir intervenir et aider, là. Je ne veux pas... On a... on a enlevé
«intervention» pour «accompagnement», mais il y a une... il y a quand même une
certaine intervention pour aider la personne à régler, puis on dit bien
«régler» la situation, par exemple, de dépendance ou de... ou de violence,
ou... Bon. Alors, on a déjà la capacité et on le fait déjà tenir compte de ces
enjeux dont on parle et on élargit, on va plus loin que ça avec le projet de
loi.
Mme Labrie : Puis, par
curiosité, parce que le ministre me dit : L'analphabétisme, par exemple, c'est
déjà quelque chose qui peut être reconnu comme une contrainte. C'était le médecin
qui attestait de ça. Donc, comment ça fonctionnait? Quand la ministre me dit au
moment où on se parle avant la réforme, c'est déjà possible que l'analphabétisme
soit reconnu comme une contrainte à l'emploi. Est-ce que c'est le médecin qui
attestait de ça ou comment ça... comment ça se passait? Est-ce que ce c'est...
ce n'est pas tout à fait l'expertise d'un médecin?
Mme Rouleau : Ce n'est pas
le... J'ai dit qu'il y avait l'évaluation ou le rapport médical et il y a une
évaluation de la personne aussi en ce moment. Alors, sa capacité, ce n'est pas
nécessairement le médecin qui fait ça, ce n'est pas son rôle.
Mme Labrie : C'est qui?
Mme Rouleau : Mais ça peut
être un outil d'évaluation.
Mme Labrie : Donc, du
ministère.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Labrie : Et donc le
changement avec le projet de loi, c'est que la personne qui est dans cette
situation-là, ça va pouvoir être, par exemple, un travailleur social, peut-être
même d'un organisme qui constate que la personne est dans un niveau d'analphabétisme
qui l'empêche, là, de trouver un...
Mme Labrie : ...en emploi
va...
Mme Rouleau : Le
professionnel de la santé relié à un ordre professionnel.
Mme Labrie : Bien sûr, en
vertu... un professionnel qui est habilité en vertu du prochain règlement, là,
pour lequel on n'a pas vu les détails, mais bon, une personne qualifiée comme
ça va pouvoir le faire, ça ne va pas dépendre du ministère. Donc, la première
personne à pouvoir remplir ce document-là, ce ne sera pas le ministère, ça va
être...
Mme Rouleau : Le
professionnel de la santé.
Mme Labrie : Le
professionnel.
Mme Rouleau : Et on a un
réseau régional d'accompagnement avec des professionnels de différents milieux,
services sociaux. On a ajouté les services de garde, le ministère de la
Solidarité sociale, l'Éducation, alors ça permet de... Et ce réseau regarde la
situation de la personne.
Mme Labrie : Puis, par
curiosité, parce que j'ai des données devant moi, là, sur les types de
contraintes, bon, là, c'est des contraintes sévères, là, que j'ai devant moi
qui étaient reconnues. Puis là on voit que, bon... En fait, la proportion la
plus élevée des contraintes reconnues, c'était déjà la santé mentale, là,
45,4 %, 37,8 %, pour la santé physique. La dépendance, ça rentrait où
là-dedans?
Une voix : ...
Mme Labrie : Ça rentrait dans
la santé mentale. O.K. Et c'étaient les médecins qui faisaient ça, jusqu'au
moment où on se parle?
Mme Rouleau : Oui. Oui.
Mme Labrie : Mais ça va
pouvoir être fait par plus de professionnels dorénavant.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Labrie : O.K. Et est-ce
que la ministre a évalué, en fait, sur les, à peu près,
30 000 personnes qui ont 58 ans et plus en ce moment, qui... qui
donc ont la contrainte temporaire à l'emploi? Je comprends qu'il y a un droit
acquis pour celles qui sont déjà là, mais, tu sais, on parle d'un ordre de
grandeur d'à peu près 30 000 personnes. La proportion d'entre elles qui ont
vraisemblablement une autre contrainte dans leur situation personnelle, est-ce
qu'on... est-ce qu'on a une idée du côté du ministère? C'est la moitié d'entre
elles, le trois quarts, 10 %?
• (14 h 40) •
Mme Rouleau : On ne peut pas
l'évaluer parce qu'elles ont la contrainte à l'emploi, donc on ne connaît
pas... on n'a pas tout le portrait encore.
Mme Labrie : O.K. Je pose la
question...
Mme Rouleau : La contrainte à
l'emploi fait que les...
Mme Labrie : Elles n'ont pas
besoin de demander une autre contrainte, donc ça invisibilise un peu d'autres
contraintes qu'ils pourraient avoir.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Labrie : Je pose la
question parce que ça a quand même un impact sur la demande pour rencontrer un
professionnel reconnu dans le cadre du règlement qui va pouvoir remplir ces
documents-là? On a 30 000 personnes qui disent tout d'un coup :
Bien, moi, je... ce ne sera pas le chemin pour moi.
Mme Rouleau : Bien, le
30 000 actuel continue à obtenir leur...
Mme Labrie : Oui, mais ça
fait quand même plusieurs milliers de personnes par année qui vont franchir le
cap de 58 ans et qui vont donc se rendre compte que ce critère-là ne leur
permettra plus d'avoir la reconnaissance d'une contrainte, qui vont...
Mme Rouleau : Le critère
n'existera plus.
Mme Labrie : Exact, plusieurs
d'entre elles, on peut le présumer, qui ont une contrainte pour laquelle elles
seraient admissibles, on vient d'en nommer quelques-unes. Ça fait donc des
milliers de personnes qu'avant... Il y avait quand même un chemin plus simple
qui ne nécessitait pas de rencontrer un professionnel de la santé pour se faire
reconnaître une contrainte, et là ils vont devoir le faire, ils vont devoir
rencontrer un des professionnels reconnu par son ordre qui va être habilité à
faire ça. Ça fait que ça fait quand même quelques milliers de personnes par
année de plus qu'en ce moment qui, pour avoir de la reconnaissance d'une
contrainte, vont devoir faire des démarches. Ça fait que ça, ça a quand même un
poids aussi, d'abord, sur ces personnes-là, d'initier les démarches, de...
d'attendre de pouvoir consulter un de ces professionnels là. Ce n'est pas juste
les médecins qui sont longs à consulter, là, dans le système québécois actuellement,
là, c'est la même chose pour les psychologues, les travailleurs sociaux.
Ensuite, du côté du ministère, il va falloir analyser cette demande-là, alors
qu'on s'entend qu'analyser une demande en vertu de l'âge, c'est quand même pas
mal moins compliqué qu'analyser une demande où on fait le portrait d'une
personne qui a une situation, par exemple, de faible littératie. Ça représente
une charge quand même, pour le ministère, de devoir traiter finalement des
demandes qui avant étaient beaucoup plus faciles à faire à la fois pour le
prestataire mais aussi pour l'analyser, là, du côté du ministère?
Mme Rouleau : Il y a un
changement de paradigme, c'est sûr. On modifie les façons de faire et on
simplifie les façons de faire, on fusionne des programmes, on réduit le nombre
de formulaires, je pense que je l'ai démontré déjà dans certaines situations,
et on fait en sorte que ce sera plus... plus avantageux pour la personne. Et là
ce n'est pas une question qu'elle a... si elle a 58 ans, c'est... elle a,
elle a une contrainte, là, de santé...
Mme Rouleau : ...aussitôt
c'est... ce sera... ce sera établi, c'est une contrainte de santé ou une
contrainte sévère, ce qu'il n'est pas possible de faire à l'heure actuelle,
parce que tu as 58 ans, voilà, O.K., on te met sur une voie de... une voie de
garage. Ce ne sera plus le cas.
Mme Labrie : Bien, en ce
moment, donc, c'est automatique, les gens n'ont pas besoin de faire une demande
quand ils atteignent 58 ans, c'est bien ça?
Mme Rouleau : Il n'y a pas de
demande, c'est automatique?
Une voix : C'est automatique.
Mme Labrie : C'est
automatique. Donc, le fait de changer de paradigme, moi, je comprends que, sur
certains volets du projet de loi, ça va simplifier les choses à la fois pour
les prestataires et pour les fonctionnaires, mais, sur le volet de ce
changement-là, je dois dire que je ne suis pas d'accord avec la ministre sur la
simplification, parce que là, on a des gens qui, avant, de manière automatique,
se faisaient reconnaître une contrainte...
Mme Rouleau : Mais sur la
voie de garage.
Mme Labrie : ...et dorénavant
vont devoir initier des démarches pour rencontrer un professionnel, faire
remplir à un professionnel... pour lesquels il y a par ailleurs beaucoup de
demandes et de listes d'attente, leur faire remplir un document, envoyer ça au
ministère, que ce soit traité, ça occasionne des délais, ça monopolise à la
fois un professionnel et un fonctionnaire pour chacune des personnes qui va
devoir faire ça.
Ça fait que je soumets à la ministre que
c'est... ça peut avoir l'air contre-productif, là, par rapport à tout ce qui
est fait par d'autres collègues du gouvernement pour diminuer les listes
d'attente pour voir un professionnel de la santé, quand même. Là, on vient...
on vient rajouter une demande, en fait.
Mme Rouleau : Bien, peut-être
pas parce que, justement, j'ai des collègues qui travaillent à élargir, à
donner plus de responsabilités à des professionnels de la santé. C'est ça qu'on
fait, c'est dans cette... exactement dans cette même direction là. On est très
cohérents dans ce qui se... ce qui est en train de se travailler en étude
détaillée à l'heure actuelle. Et puis on va rajouter fort probablement d'autres
professionnels de la santé qui auront simplement une responsabilité
supplémentaire. Mais ça ne veut pas dire que la liste d'attente sera jusqu'à la
nuit des temps, là, ce n'est pas ça, c'est : on élargit, on permet à plus
de professionnels de faire ces diagnostics, de manière très professionnelle,
évidemment. Alors, c'est... aujourd'hui c'est le médecin, alors il y en a un,
puis là il y en aura 10. Il me semble que l'accessibilité est plus... sera plus
simple.
Mme Labrie : Là-dessus, on
s'entend. Puis ce que font les collègues aussi en matière de santé, là, pour
que plus de professionnels soient habilités à poser plus de gestes, c'est très
bienvenu.
Mme Rouleau : Et permettre
aux médecins de faire... Dans tous les travaux qui se font, là, il y a la loi
67, mais il y a la loi 63, je pense, là, qui va permettre de réduire la
paperasse que les médecins doivent... doivent faire aujourd'hui. Puis j'ai des
médecins qui me l'ont dit aussi : Trop de paperasse, on n'est plus
capables de voir nos gens. Alors, on réduit... On agit sur plusieurs fronts. Ça
fait que les médecins auront plus de disponibilités, mais on ajoute des
professionnels de la santé qui pourront émettre ces diagnostics.
Et souvent, très souvent, les personnes
qui vont vers l'aide sociale ou qui sont prestataires font déjà... ont déjà une
personne, un professionnel de la santé avec qui ils sont. Ça peut être un
psychologue, un travailleur social. Ils sont déjà en lien avec quelqu'un.
Alors, il n'y a pas nécessairement de
listes d'attente, là, qui vont... qui vont faire que ça va prendre plus de
temps. On va réduire le temps, on va améliorer l'accès, on va améliorer l'accès
à des prestations qui seront faites en fonction de la personne.
Mme Labrie : Moi, il y a
beaucoup de choses que je salue là-dedans. C'est vrai que d'élargir le nombre
de professionnels, puis tout ça, c'est une excellente chose. C'est juste que,
là, il y a des gens qui, avant, n'avaient pas du tout de démarche en ce sens-là
à faire. Alors, même si maintenant elles ont accès à plus de professionnels
pour faire la démarche, et c'est tant mieux, c'est une bonne chose... Tu as
peut-être, quoi, 10 000 personnes par année qui, avant, n'avaient pas
besoin de faire aucune démarche et là vont devoir en initier une. Donc,
c'est...
Tu sais, d'un côté, on vient, par exemple,
enlever la paperasse pour les assureurs, là, le ministre de la Santé a fait ça,
pour libérer, là, au niveau bureaucratique, là, les médecins. Bon, bien, ça
leur sauve quelques milliers de consultations par année, c'est une excellente
chose. Mais là, ici, avec la réforme qu'on fait, on a quelques milliers de
personnes par année qui vont dorénavant avoir besoin d'une consultation avec un
professionnel de la santé, puis là ils auront... ça pourra être différents
professionnels, ce n'est pas seulement les médecins, mais, avant, il n'y avait
pas besoin d'aucun professionnel, c'était automatique.
Donc là, il y a un enjeu d'efficacité de
l'État quand même ici puis d'utilisation des ressources. Ça fait que moi, je
soumets à la ministre que des personnes qui vont... il y a des personnes qui
vont devoir prendre un chemin plus compliqué et plus long qu'avant pour se
faire reconnaître une contrainte, et...
Mme Labrie : ...je me demande
si c'est la meilleure utilisation de nos ressources, mais je suis contente
d'entendre qu'effectivement, ce qui est dépendance, analphabétisme, et tout ça,
va faire partie des contraintes reconnues.
Mme Rouleau : Est pris en
compte. C'est pris en compte.
Mme Labrie : Ça répond à mes
questions, mais je soulève qu'il y a un enjeu d'efficacité, là, puis je dirais
même de cohérence parce qu'on vient... on corrige des problèmes importants d'un
côté puis là on vient rajouter des gens qui vont devoir aller chercher une
consultation avec un professionnel, qui ne sera pas nécessairement médecin,
mais qui est occupé.
Mme Rouleau : Probablement
qu'ils pourraient avoir une prestation supérieure.
Mme Labrie : Oui, on lui
souhaite. Bien sûr.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout?
Mme Labrie : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Alors, on aimerait, éventuellement, avoir cette liste de
contraintes de santé pour avoir une meilleure idée, donc, de quoi on parle,
mais, pour revenir au sous-amendement du collègue de... le député de
Jean-Talon, la ministre, elle cite M. François Blais, qu'on retient très bien
ce qu'il avait dit par rapport à ce groupe-là, de 58 à 64 ans, il a dit :
C'est dépassé puis je pense que... dans son mémoire, et je pense que le
collègue l'a très bien cité. C'est que, justement, ce groupe d'âge n'est pas
automatiquement... ce n'est pas automatiquement considéré comme une contrainte.
Donc, on comprend tout à fait, mais le
projet de loi a été écrit avant la présentation de François Blais. Donc,
j'imagine que le ministère s'est basé sur des données. Merci d'avoir... merci
pour le partage. Je ne peux pas parler du contenu, c'est confidentiel, mais
si... je peux le caractériser plus comme une ligne du temps. Très intéressant,
très utile. Par contre, ça ne vient pas répondre à la question de données sur
lesquelles on s'est basé pour faire... prendre une décision assez importante.
On comprend que la loi cherche à moderniser, moderniser, mais on aimerait avoir
les données.
• (14 h 50) •
Donc, peut-être une question :
Présentement, les programmes où il y a des contraintes temporaires à l'emploi
reconnues pour des personnes âgées de 58 ans et plus, ça... présentement, c'est
quoi, ça a l'air de quoi, ce groupe-là? Quelles sont les contraintes qu'ils
ont? Est-ce qu'on peut entendre... Le statu quo présentement, ça a l'air de
quoi? C'est quoi, le portrait, présentement, de ces personnes là de 58 à 64 ans
dans les... qui qui sont des prestataires présentement? Et j'imagine que c'est
solidarité sociale parce que c'est des contraintes temporaires à l'emploi.
C'est quoi, ce portrait-là?
Mme Rouleau : Le portrait des
personnes de 58 ans et plus?
Mme McGraw : Qui sont des
prestataires de solidarité sociale... actuelle, là, je parle de maintenant, de
la situation actuelle.
Mme Rouleau : Plus d'hommes
que de femmes.
Mme McGraw : Oui. C'est vrai,
oui.
Mme Rouleau : Oui.
Mme McGraw : ...dans le
mémoire que la ministre a déposé au Conseil des ministres en janvier 2024, on
dit qu'on... en contexte, on dénombrait... adultes. Là, on parle aussi
d'enfants. Parmi ces adultes, combien ont 58... sont âgés de 58 à 64 ans?
Combien reçoivent... qui sont sur le programme de solidarité sociale,
présentement, donc qui ont qui sont reconnus comme avoir des contraintes
temporaires à l'emploi?
Des voix : ...
Mme Rouleau : ...les
contraintes temporaires n'ont pas en même temps une contrainte sévère. C'est
CTE parce qu'elles ont 58 ans ou elles ont une contrainte sévère à l'emploi. Ça
fait que ce n'est pas les deux, là...
Mme McGraw : Et quand vous
dites : Par une contrainte sévère, c'est...
Mme Rouleau : ...la
personne... la personne qui aura la contrainte sévère n'aura plus la contrainte
temporaire, elle aura la contrainte sévère.
Mme McGraw : Et qui sont
rendus au PRB.
Mme Rouleau : Et va au PRB.
Mme McGraw : C'est ça, donc,
permanente, persistante. Mais on comprend qu'il y a des contraintes temporaires
qui pourraient être aussi sévères, mais on...
Mme McGraw : ...les personnes
qui ont des contraintes temporaires à l'emploi, qui sont âgées de 58 à 64 ans,
est-ce qu'on peut... C'est quoi, le portrait de ces personnes-là? Il y en a
combien? C'est... ça représente quel pourcentage des prestataires en solidarité
sociale, etc.?
Mme Rouleau : Oui, à l'aide
sociale, 58 ans, à l'aide sociale, CTE, ce sont en grande majorité des
personnes seules, une majorité d'hommes, des... 44 % sans diplôme et une
bonne proportion 10 ans... cumulatif de présence sur l'aide sociale.
Mme McGraw : Et sur... merci.
Et combien? Combien... ça représente combien de personnes?
Mme Rouleau : Ça, ça
représente 31 000 personnes.
Mme McGraw : 30 et?
Mme Rouleau : 31 000
personnes.
Mme McGraw : 1000 personnes.
Et quel pourcentage des personnes... des prestataires sur l'aide sociale?
Mme Rouleau : Qui sont sur
l'aide sociale, qui sont... ça, c'est 58 ans et plus? 58 ans et plus.
Mme McGraw : O.K. quel
pourcentage sur l'aide sociale?
Mme Rouleau : Elles sont sur
l'aide sociale, elles ont 58 ans et plus. Elles ont la contrainte temporaire à
l'emploi, elles ont le 161 $ par mois.
Mme McGraw : Exact. Parfait.
Mme Rouleau : Et puis de ces
personnes, il y en a... Là, en ce moment, là, quand... lorsqu'on le...
lorsqu'on met en place la loi, ces personnes vont continuer à obtenir la
contrainte. Et, pour les prochaines, bien, c'est le plan personnalisé
d'accompagnement, le plan d'accompagnement personnalisé qui va... qui va
permettre une évaluation médicale et psychosociale de ces personnes et de voir
est-ce qu'il y a une contrainte... une contrainte de santé, une contrainte
sévère de santé, en incluant tout le... toute la dimension psychosociale
dont... comme on vient de le mentionner.
Mme McGraw : Puis, tout ça,
c'est des avancées dans la bonne direction. Je pense qu'on est tous d'accord
là-dessus. Je veux juste comprendre, le 31 000... le 31 000, c'est les
personnes âgées de 58 à 64, ça représente quel pourcentage des prestataires en
aide sociale?
Mme Rouleau : 24 %.
Mme McGraw : 24 %. O.K..
Une voix : ...
Mme Rouleau : 11 %.
Mme McGraw : 11%.
Mme Rouleau : O.K. 11 %
de l'ensemble ... pour l'ensemble des programmes, pas seulement qu'en
assistance sociale. 11 %, 11 % de ces personnes... 11 % des
personnes ont 58 ans et plus et...
Mme McGraw : Sortent... 58 à
64 ou...
Mme Rouleau : 58 à 64.
Mme McGraw : Ce que j'essaie
de comprendre, c'est... je comprends, c'est le portrait présentement,
potentiellement, combien de personnes seront impactées par ce changement de...
de CTE à contraintes de santé, c'est... Puis je comprends qu'on ne peut pas le
savoir parce qu'il va y avoir certaines de ces personnes-là qui vont être...
qui vont avoir des contraintes de santé médicales ou psychosociales. Alors, au
niveau des... solidarité sociale, au niveau des personnes de 58 à 64 ans qui
sont prestataires du programme de solidarité sociale...
Mme Rouleau : Bien,
solidarité sociale, c'est parce qu'elles ont une contrainte sévère.
Mme McGraw : Exact, mais ces
personnes-là, si je comprends bien, avec le nouveau projet de loi, puisqu'on ne
va plus à... le programme de solidaité sociale va être fusionné, donc il va y
avoir des impacts...
Mme Rouleau : Et on aura
l'occasion de parler des contraintes dans un prochain bloc.
Mme McGraw : O.K. J'ai essayé
d'avoir...
Mme Rouleau : J'ai bien hâte
d'y arriver. On va avoir beaucoup de plaisir.
Mme McGraw : Et on a bien
hâte d'arriver, mais en même temps, on est sous un... sur un sous... nous, pour
prendre une décision éclairée, c'est important d'avoir les données pour savoir
combien de personnes seront potentiellement impactées sur... par cette
décision-là. Donc, on a essayé... puis je vais juste soulever le fait que ce
serait très utile, en vue de cette discussion-là sur l'article 25, d'avoir un
portrait détaillé, surtout concernant les groupes que la ministre, dans son
mémoire au conseil... Les personnes, et je cite à la page trois : «Compte
tenu des besoins grandissants... il est recommandé de modifier la LAPF... afin
d'abolir certaines situations donnant droit à l'allocation de.. pour CTE.» Et
le premier groupe nommé, c'est être âgé de 58 ans et plus. Ensuite...
Mme McGraw : ...avoir la
garde d'enfants à sa charge ou d'un enfant à sa charge qui est handicapé, et on
continue, être proches aidants, responsables d'une ressource, etc. Ça, ce
serait intéressant, en amont de cette discussion-là, d'avoir le portrait exact,
présentement, pour savoir quels sont... On sait que le total, si on comprend
bien, c'est presque 100 millions de dollars, alors d'avoir un peu l'heure
juste là-dessus. Mais il y a des groupes qui sont nommés, il y en a qui sont
reflétés dans l'amendement de la ministre, qu'on trouve une bonne chose. Et là
on vient de souligner un autre groupe de 58 ans et plus.
Alors, on voudrait... on voulait juste
avoir un portrait de la situation présentement, et ce serait, on va laisser ça
comme ça, mais ça serait utile d'avoir ces informations en amont. Sinon, on va
le demander pour chaque groupe, en amont de cette discussion-là, pour avoir une
discussion bien éclairée, surtout qu'il y a des groupes qui vont se retrouver
dans les règlements, puis on ne connaît pas encore les intentions
réglementaires, encore moins, les règlements. Donc, avoir les données, ce
serait très pertinent. Donc, je pense... Donc pour nous, ça complète là...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur le sous-amendement? M. le député de
Jean-Talon.
M. Paradis : Oui. Je voulais
simplement savoir si on avait des nouvelles du document qu'on a cité là, il y a
quelque temps, comme étant une des sources sur lesquelles le gouvernement s'est
basé pour faire la proposition relative aux 58 ans et plus.
Mme Rouleau : L'étude des
effets nets des mesures actives offertes aux individus de la clientèle des
prestataires de l'assistance sociale, troisième cycle d'évaluation, ça veut
dire que c'est la troisième évaluation, c'est de mars 2022. C'est un rapport
qui est public, qui est public, de la direction de l'évaluation du ministère.
On l'appelle encore travail... Ah oui! C'est en 2022, ministère du Travail,
Emploi, Solidarité sociale. Ça fait que ça se retrouve, quebec.ca.
M. Paradis : Très bien. Mais
on essaie de prendre des notes rapidement, mais si on peut copier-coller puis
envoyer ça...
Mme Rouleau : Rapport
d'évaluation, rapport d'évaluation, qui est le titre, je le répète, Étude des
effets nets des mesures actives offertes aux individus de la clientèle des
prestataires de l'assistance sociale, troisième cycle d'évaluation en mars
2022.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Jean-Talon en demande le dépôt, étant donné que c'est un... Ça
appartient à l'État, c'est le ministère public, c'est public. Est-ce que vous
pouvez le déposer sur Greffier, s'il vous plaît, et on va le partager aux
collègues?
• (15 heures) •
D'autres commentaires sur le
sous-amendement? S'il n'y a pas d'autre commentaire, je vais mettre aux voix le
sous-amendement. Est-ce que le sous-amendement du député de Jean-Talon est
adopté ou rejeté.
Mme Rouleau : Rejeté.
M. Paradis : Par vote
nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
ne pouvez demander le vote...
Une voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Exactement,
j'allais le dire, une collègue peut la demander pour vous. Donc, la députée de
Sherbrooke demande le vote par appel nominal. Mme la secrétaire, s'il vous
plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles)?
Mme Rouleau : Contre.
La Secrétaire
: Mme Poulet
(Laporte)?
Mme Poulet : Contre.
La Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
La Présidente (Mme D'Amours) : ...M.
Dufour, on vous demande si vous êtes pour ou contre le sous-amendement de M. le
député de Jean-Talon.
M. Dufour : Contre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
La Secrétaire : M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Contre.
La Secrétaire
: Mme
McGraw, Notre-Dame-de-Grâce?
Mme McGraw : Abstention.
La Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Abstention.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme D'Amours
(Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : Abstention.
Donc, le sous-amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 43.3, mais il y
avait...pardon, sur l'amendement de la ministre - on va se retrouver... Nous revenons
à l'article... à l'amendement, pardon, de la ministre. J'avais une demande du
député... de la députée de Sherbrooke pour un dépôt de sous- amendement.
Mme Labrie : Exact, Mme la
Présidente. Normalement, le secrétariat l'a déjà.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je vais suspendre les travaux quelques instants afin de prendre connaissance du
sous-amendement de la députée de Sherbrooke.
(Suspension de la séance à 15 h 03)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 06)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et je demanderais à la députée de Sherbrooke de bien
vouloir nous lire son sous-amendement, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Donc, un sous-amendement :
L'amendement à l'article 18 du projet de
loi est modifié par le retrait, dans le deuxième paragraphe du premier alinéa,
du mot «monoparental».
Donc, bien, je peux lire comment ça se
lirait. Donc, ce serait d'insérer dans le deuxième paragraphe... dans le
paragraphe 1° du premier alinéa, et après «besoins», «y compris ceux d'un
prestataire ayant un ou des enfants à charge d'âge préscolaire».
La ministre a fait un excellent plaidoyer
tout à l'heure pour expliquer la raison pour laquelle elle faisait elle-même
cet amendement, pour venir aider plus particulièrement les prestataires
monoparentaux sur le programme. Moi, j'adhère pleinement à son... à son analyse
que ces personnes-là sont dans une situation particulière qui mérite qu'on...
qu'on réponde à leurs besoins, pour pouvoir leur permettre de retourner sur des
programmes d'insertion ou en emploi. Cependant, j'ai... je trouve qu'on se met
une limite inutile en visant seulement les personnes qui sont monoparentales,
parce qu'en fait c'est exactement la même contrainte qui est vécue par les
prestataires qui ont un conjoint ou une conjointe qui ont un enfant d'âge
préscolaire.
Puis, je vous dirais, c'est vrai que la
plupart des prestataires qui sont dans une situation de monoparentalité sont
des femmes, mais, même quand elles sont en couple, la réalité qu'on connaît
dans un Québec où les salaires sont plus bas pour les femmes que pour les
hommes, en particulier dans les milieux de travail non qualifiés, ce qui va se
passer, c'est que, si on a un couple, et que quelqu'un doit rester à la maison
parce qu'il n'y a pas de place en service de garde, c'est que c'est la femme
qui va rester à la maison. C'est ça qui va se passer. Donc, même si elle a un
conjoint, le fait qu'on ne vienne pas la cibler spécifiquement...
Mme Labrie : ...avec
l'amendement de la ministre pour lui trouver une place en service de garde, on
vient un peu la confiner chez elle, tu sais. C'est le vocabulaire que la
ministre utilisait elle-même tout à l'heure pour dire qu'il ne fallait
justement pas confiner chez elles les femmes monoparentales, là, qui avaient un
enfant d'âge préscolaire, il fallait leur permettre d'avoir accès à une place
en service de garde. Moi, je comprends que c'est ça, l'intention de
l'amendement de la ministre, c'est de faire en sorte que les personnes
monoparentales aient accès à une place en services de garde. Elles en ont
besoin, c'est tout à fait légitime, mais c'est aussi vrai pour les personnes
qui sont en couple.
Je vais me permettre de témoigner de ma
propre expérience, là-dessus, là, bien honnêtement, Mme la ministre. Moi, ça
m'est arrivé de... puis je n'ai jamais été monoparentale de ma vie, mais, quand
j'ai fini mon cégep, moi, j'avais un enfant dans les bras, puis, si je n'avais
pas eu de place en service de garde, je ne les aurais pas poursuivies, mes
études, là, je serais restée à la maison, mais j'en avais un, conjoint, là.
C'est ça qui serait arrivé. J'étais... L'aide financière aux études, je veux
dire, je... Moi, je n'avais aucune contrainte à l'emploi ou à retourner aux
études, à l'exception du fait que je n'avais pas de place en service de garde.
C'était la seule et unique contrainte, puis j'en avais un, conjoint, là. Donc,
je ne pense pas être la seule personne à être dans une situation comme ça. Peu
importe l'âge, peu importe le profil de la personne, quand on est en couple,
même si on est... même si on est en couple, on devrait considérer, nous, comme
législateurs, que ces personnes-là valent autant la peine que les personnes monoparentales,
tu sais.
La ministre disait tout à l'heure :
Les prestataires... un prestataire monoparental vaut la peine qu'on lui offre
une place en service de garde pour lui permettre d'aller dans des programmes
d'insertion, de retourner aux études ou sur le marché du travail. Bien sûr, à
100 %, mais si la personne est en couple aussi, ça vaut la peine, là. Il
n'y a pas de raison pour qu'on ne soutienne pas cette personne-là non plus.
Puis les risques sont très, très élevés. On le sait, que le taux de décrochage
est plus élevé chez les garçons que chez les filles, mais on sait aussi que les
filles qui ont décroché sont dans des situations de précarité plus grande parce
que les emplois non qualifiés qu'elles réussissent à trouver sont moins bien
rémunérés que les emplois non qualifiés des hommes qui, eux, réussissent à
trouver. Donc, ça, c'est assez bien documenté, là, c'est bien connu au Québec.
• (15 h 10) •
Ça fait que moi, je m'inquiète de cette
situation-là, où on vient ici cibler juste les prestataires monoparentaux puis
je ne vois pas pourquoi, bien sincèrement. Il y a... On va inutilement
pénaliser des femmes qui ont un conjoint en ne leur mettant pas, elles aussi,
une disposition dans la loi, là, pour leur permettre d'avoir accès à une place
en service de garde rapidement. Puis c'est très souvent une des seules
contraintes à l'emploi ou à un processus d'insertion de ces personnes-là, puis
je ne vois pas pourquoi on leur dirait : Bien là, vous avez un conjoint,
ça fait que... Elles vont rester chez elles. C'est quoi, les chances que ce
soit elle qui entreprenne un parcours d'insertion aux études ou en milieu
professionnel puis que son conjoint reste à la maison avec l'enfant? C'est quoi
les chances, bien sincèrement, Mme la Présidente?
Ça fait que moi, j'incite fortement la
ministre à être sensible à ça, puis à garder en tête tout le plaidoyer qu'elle
a fait elle-même pour les prestataires monoparentaux, puis qu'elle prenne en
considération que ce n'est pas parce que le prestataire a un conjoint que ça ne
va pas l'aider, là. Moi, je pense à la situation dans laquelle j'étais, là, une
place en service de garde, là, j'en ai trouvé une pendant le mois d'août, puis,
si je ne l'avais pas trouvée là, bien, moi, je ne pouvais pas retourner à
l'école, là, après mon cégep, puis je ne pouvais pas rien faire d'autre, là.
J'aurais arrêté de recevoir de l'aide financière aux études parce que je
n'étais pas retournée à l'école. Ça n'aurait pas pris beaucoup de temps, là,
avec le niveau d'économie qu'on réussit à faire, sur l'aide financière aux
études, je me serais retrouvée sur l'aide sociale, ça n'aurait pas été trop
long. Puis la seule affaire que ça m'aurait prise pour m'en sortir, c'est une
place en service de garde. C'est ça, la situation, là, tu sais.
Ça fait que moi, je plaide vraiment pour
qu'on prenne en considération que peu importe qu'on ait un conjoint ou pas, on
devrait trouver une place en service de garde aux personnes prestataires.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre. Commentaires?
Mme Rouleau : Bien, je ne
reprendrai pas tout le plaidoyer, là, qu'on considère comme étant un bon
plaidoyer, mais on a réellement voulu mettre l'accent sur les familles
monoparentales parce que c'est ça qui nous a été très clairement identifié
comme étant une faiblesse. Il fallait trouver des solutions là. Et, par cet
amendement, bien, on veut signifier qu'on a cette grande préoccupation.
Ça n'enlève pas la préoccupation de
l'ensemble de la population et l'ensemble des familles. Et, lorsque les
familles sont...
Mme Rouleau : ...sont
prestataires, bien, elles ont un plan d'accompagnement, elles font partie d'un
réseau régional d'accompagnement. On a inclus les services de garde, on veut
s'assurer que tout le monde puisse avoir accès. D'avoir cet amendement qui est
plus spécifique pour les familles monoparentales, c'est parce que ça touche des
jeunes femmes, particulièrement, qui seraient... qui seraient confinées
autrement.
Puis je comprends, puis je suis très
sensible à ce que la députée nous dit, puis je suis contente qu'elle soit avec
nous aujourd'hui, ses études lui ont permis d'être là. Alors, je suis très
contente de ça. Mais je maintiens, Mme la Présidente, que de donner cette
particularité, là, cette... de faire valoir la préoccupation pour les familles
monoparentales, pour moi, ça demeure important, il faut répondre à cet
enjeu-là, et ça n'exclut pas, d'aucune façon, toutes les interventions et
l'accompagnement pour les familles, les familles qui sont prestataires.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée.
Mme Labrie : Bien, c'est les
études qui permettent d'être ici ou en emploi, où qu'on soit, mais c'est les
places en service de garde qui permettent d'accéder aux études ou à ces
emplois-là. Donc, moi, c'est... c'est un peu le nerf de la guerre, là. C'est
pour ça que je vais poursuivre ma bataille là-dessus, parce qu'elles en valent
la peine aussi, ces femmes-là qui ont un conjoint, elles en valent la peine
aussi qu'on les... qu'on les mette de l'avant pour qu'elles aient accès à une
place en service de garde.
Puis, même si ce n'est pas ça, les mots
exacts de l'amendement de la ministre, elle me corrigera si je me trompe, mais
moi, ce que je comprends de son amendement, c'est qu'elle vient dire ici qu'on
va leur donner une place en service de garde, hein. Le besoin impérieux de ces
femmes-là monoparentales, c'est d'avoir une place en service de garde. Ça fait
que j'aimerais que la ministre me corrige si j'ai mal compris, mais moi, je
comprends de son amendement que, quand on dit qu'on va prendre en charge les
besoins, y compris ceux d'un prestataire ayant un ou des enfants d'âge
préscolaire, le besoin, c'est une place en service de garde, donc on va lui en
trouver une, essentiellement, on va lui trouver une place.
Moi, je pense qu'on devrait avoir le même
souci et le même empressement de trouver une place à une prestataire qui a un
enfant d'âge préscolaire même si elle a un conjoint, même si elle a un
conjoint, parce que, même si elle a un conjoint, si elle n'a pas de place en
service de garde, ça va en prendre un des deux qui va rester à la maison, il va
y en avoir un des deux qui va devoir rester là. Cet enfant ne se gardera pas
tout seul, ou en tout cas on le souhaite, parce que ça serait un autre
problème, puis la DPJ est surchargée.
Donc, dans tous les cas, ça va prendre
quelqu'un là, et le marché de l'emploi est tel que c'est probablement la mère
qui va rester là. C'est ça qui se passe dans la majorité des familles. Même
dans les couples où les deux conjoints ont des études, même quand ils ont des
études poussées, en général c'est ce qui se passe. Et la réalité du marché
d'emploi au Québec, c'est que dans les emplois non qualifiés, ceux qui sont le
mieux rémunérés, c'est ceux qui sont dans les milieux traditionnellement
masculins. Donc, ce qui va se passer, c'est que, s'il y a un des deux qui
entreprend un parcours d'insertion, ça risque d'être le papa, ça ne sera pas la
mère.
Donc, moi, je... je maintiens qu'on
devrait enlever le mot «monoparentale» puis avoir le... le même souci que la
ministre a, qui est très légitime, pour les prestataires monoparentaux. Mais ce
n'est pas parce qu'on est en couple qu'on n'a pas ce besoin-là, puis le... Elle
a raison de dire qu'on ne doit pas confiner à la maison des... que ces
femmes-là ont un potentiel, qu'on doit les aider à l'actualiser puis tout ça,
mais sauf que même si elles ont un conjoint, si elles n'ont pas de place en
service de garde, elles vont être confinées à la maison, c'est ça qui va se
passer, elles vont être confinées à la maison jusqu'à ce qu'elles obtiennent
finalement un jour une place ou que l'enfant soit en âge de rentrer à l'école.
Et ça, c'est long, ça crée un éloignement du marché du travail qui est dur à
rattraper. Quand on vient de passer trois, quatre, cinq ans en dehors du marché
du travail, c'est beaucoup plus difficile de se retrouver un emploi.
Donc, le plus tôt on va réussir à offrir
une place à cette personne-là, le plus tôt on va la faire sortir des programmes
d'aide sociale puis on va l'aider à avoir un tremplin dans la vie, là. Il n'y a
rien à perdre, comme société, là, à dire : Celles-là aussi, là, même si
elles ont un conjoint, on va les aider aussi puis on va leur en trouver une
place.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Rouleau : Bien, Mme la
Présidente, je suis extrêmement sensible, très, très sensible à ce que la
députée dit puis... et je comprends bien. Mais je maintiens que de... d'avoir
cette préoccupation particulière pour les familles monoparentales avec enfants
de moins de cinq ans vient soulager les organismes, qui nous l'ont beaucoup
répété...
Mme Rouleau : ...puis ces
femmes-là en particulier ou, disons, ces familles monoparentales.
Mais je veux rappeler qu'il y a... on est
loin de laisser tomber les familles, là, il y a pour 5,5 milliards de
dollars juste, dans les dernières années, en allocations familiales, en tarif
unique en services de garde, en crédit d'impôt remboursable pour les frais de
garde, pour le soutien pour les enfants handicapés, pour les exemptions des
pensions alimentaires pour enfants à charge. Ce sont... C'est l'ensemble des
mesures gouvernementales qui viennent aider les familles. Alors, on est... Et
c'est un souci constant d'aider les familles, et on ajoute continuellement de
l'argent. Alors là, je parle de 5 milliards... 5,5 milliards, mais on
s'en va, d'ici 2028-2029, à 12 millions...
12 351 000 000 $ d'aide pour les familles.
Alors, c'est un... c'est un ensemble,
c'est le gouvernement qui investit. Ça fait que je crois qu'il est... il
demeure important de mentionner qu'il y a... en fait, de faire cette mention
pour les familles monoparentales avec en bas... avec un enfant en bas de cinq
ans dans le cadre de cette loi. Et puis on poursuit le travail gouvernemental
pour aider les familles le mieux possible et s'assurer qu'une femme comme mon
éminente collègue puisse poursuivre ses études de manière à venir au
gouvernement travailler sur des projets de loi un jour.
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme Labrie : Moi, je ne
voulais pas... J'espère que je n'ai pas eu l'air de ça, là, je ne voulais pas
accuser ma collègue d'abandonner les familles. Je ne pense pas nécessairement
que c'est ce qu'ils font, mais il y a un fait ici, c'est qu'on vient comme
donner une prépondérance aux personnes monoparentales, puis je comprends
pourquoi la ministre le fait. Elles sont dans une situation de précarité de
revenus qui est encore plus importante, là, qui nécessite qu'on les soutienne,
bien sûr. Moi, j'en suis. Mais c'est juste que ça n'enlèverait rien aux
personnes monoparentales si on soutenait aussi les autres... les autres parents
d'enfants d'âge préscolaire, là. Il n'est pas question ici de dire qu'on va
prioriser celles qui sont en couple, du tout, là. L'idée, c'est que, qu'elle
ait un conjoint ou pas ou qu'il ait une conjointe ou pas, un parent d'enfant
d'âge préscolaire devrait avoir accès à la première chose dont il ou elle a
besoin pour se mettre dans un parcours de réinsertion ou de retour en emploi,
et c'est une place en service de garde.
Ça fait que moi, j'aimerais ça que la
ministre nous dise peut-être qu'est-ce qui est fait actuellement, qu'est-ce qui
est déployé actuellement quand une personne prestataire a comme obstacle de ne
pas avoir accès à une place en service de garde.
Mme Rouleau : Il y a des
places réservées, à l'heure actuelle, pour les familles.
Mme Labrie : Pour tous les
prestataires?
Mme Rouleau : Pour les
familles prestataires avec des enfants en bas âge. Les places sont... Il y a
des places réservées dans les services de garde, les CPE.
Mme Labrie : Et est-ce qu'il
y en a suffisamment pour répondre à la demande des personnes prestataires?
Parce que, la demande en général des parents au Québec, on sait qu'il n'y a pas
suffisamment de places pour répondre à cette grande demande, là, mais je parle
des personnes prestataires en particulier. Est-ce qu'on est capable d'avoir
assez de places réservées pour ces personnes-là?
Mme Rouleau : 2022-2023... en
fait, 5 409 enfants ont bénéficié de cette place gratuite. La place
est gratuite, puis les frais de transport sont inclus, là, sont payés aussi.
Alors, les mesures sont là déjà.
Mme Labrie : C'est très bien
que la place soit gratuite, puis j'étais... j'étais au courant de ça, mais
encore faut-il qu'il y ait accès, tu sais. Donc, si le nombre de places
réservées pour les prestataires n'est pas suffisamment élevé, c'est bien beau
qu'elle soit gratuite quand la personne va y avoir accès, mais, si ça prend
trois ans avant qu'elle y ait accès, pendant ce temps-là, elle n'est pas en
train de suivre Objectif Emploi, par exemple, ou...
Mme Rouleau : Bien, c'est à
ça que travaille ma collègue de la Famille, à développer toujours plus de
places, convertir des places... des places privées en places subventionnées
pour les familles. C'est ce qu'on... C'est ce à quoi on travaille, là.
Mme Labrie : Le développement
général du réseau, c'est une chose, puis c'est vrai que c'est plus la
responsabilité de la collègue de la ministre, mais le fait de prévoir
suffisamment de places réservées pour les prestataires, ça, c'est autre
chose...
Mme Labrie : ...la ministre
nous dirait, là, que le développement du réseau. Moi, la ministre m'a dit
combien d'enfants avaient bénéficié de l'accès à une place. J'aimerais savoir
combien il y a d'enfants d'âge préscolaire qui... qui sont dans les... les
prestations en ce moment, là.
Mme Rouleau : Avant la
révision des règlements au ministère de la Famille pour l'accès aux services de
garde, les familles prestataires font partie des critères. Là, c'est le
quatrième, quatrième critère sur, je ne sais pas, sur une liste de critères,
j'imagine, mais ça fait partie de la haute liste des critères pour avoir accès.
Mme Labrie : Quand la
ministre me dit qu'il y a un peu plus de 5 000 enfants, là, qui ont
bénéficié d'une place, c'est quoi le nombre d'enfants d'âge préscolaire parmi
les prestataires?
Mme Rouleau : Là, j'ai ce
chiffre-là, là, 5 000.
Mme Labrie : Ça, c'est ceux
qui en ont bénéficié, mais le nombre total des enfants d'âge préscolaire.
Mme Rouleau : Ce n'est
certainement pas les familles monoparentales avec un enfant de bas... en bas de
cinq ans. On leur... on ne les amenait pas vers les services de garde puisqu'on
leur donnait une contrainte temporaire à l'emploi.
Mme Labrie : Elles n'avaient
pas accès aux services de garde avant.
Mme Rouleau : Bien... bien,
elles n'étaient pas... elles n'étaient pas...
Mme Labrie : Donc, sur les
5 000, la ministre me dit qu'il n'y avait probablement pas de mère
monoparentale là-dedans, là.
Mme Rouleau : On n'a pas
toute l'information. Mais ce qu'on cherche à faire là, c'est justement
d'établir une... une priorité... préoccupation pour les familles
monoparentales, parce que, dans les... les discussions, là...
Mme Labrie : Moi, ma collègue
recherchiste à côté de moi me dit qu'il y a un peu plus de
7 000 personnes qui ont une reconnaissance de contrainte temporaire à
l'emploi pour enfants d'âge préscolaire en ce moment, et donc ça fait un écart
d'à peu près 2 000 entre les personnes qui ont cette contrainte et les
personnes qui ont eu accès à une place selon les chiffres de la ministre. Donc,
c'est un écart quand même important, là. Ça m'inquiète.
Mme Rouleau : Que... qu'il y
ait 5 000 qui aient été en service de garde et qu'il y ait
7 000 personnes monoparentales.
Mme Labrie : Non, pas
personnes monoparentales. En ce moment dans les personnes qui avaient la
contrainte temporaire à l'emploi en vertu du fait qu'elles avaient un enfant
d'âge préscolaire. Donc, on est un peu... un peu plus de
7 000 personnes concernées par ça, dont on parlera aussi à
l'article 25. Ces personnes-là, donc un peu plus de 7 000, mais la
ministre m'a dit que celles qui ont eu accès à une place en services de garde,
c'est autour de 5 000. Là moi, j'aimerais peut-être démêler tout ça puis
savoir est-ce que les personnes qui ont accès à une place en service de garde
font partie des 7 000 qui ont une contrainte temporaire à l'emploi ou
elles n'en font pas partie, premièrement?
Des voix : ...
Mme Rouleau : Euh, je ne peux
pas répondre entièrement à la... en termes de chiffres, là, et puis... mais une
bonne partie des prestataires n'envoient pas leurs enfants au CPE, au service
de garde. Et c'est dans cette... pour essayer de contrer ça que, dans le
troisième Plan de lutte à la pauvreté, il y a eu une mesure pour favoriser
l'accès aux services de garde pour les enfants de familles prestataires. Et de
ça, 5 000... 5 000 enfants sont allés. Mais c'est... il y a comme... puis
ça a été dit aussi pendant les auditions avec les organismes, les familles
gardent les enfants à la maison, il y a comme une... Mais on sait aussi qu'il
est préférable pour l'enfant d'aller vers les services de garde. CPE, pour la
socialisation, pour commencer à apprendre à lire, à écrire. Tu sais, ils
apprennent, là, ils apprennent des choses importantes qui... qui vont se
confirmer lorsqu'ils vont rentrer au primaire. Alors...
Mme Labrie : Voilà.
Mme Rouleau : ...on est sur
la même longueur d'onde là-dessus.
Mme Labrie : Oui, puis il y
aura toujours des gens qui préfèrent ne pas envoyer leurs enfants dans les
services de garde. Donc, malgré tous les bienfaits qu'on connaît de... d'avoir
accès à une place en CPE ou en services de garde éducatifs. Ça reste un choix,
donc il faut respecter. Moi, ce que je veux m'assurer...
Mme Labrie : ...assurer c'est
que les personnes qui souhaitent avoir accès à une place, parce qu'elles ont
notamment un projet pour retourner sur le marché du travail ou aux études,
qu'elles aient accès à une place. Ça fait que moi, j'aimerais savoir peut-être
le...
Mme Rouleau : ...enfants
aient accès, on veut que toutes les familles aient accès. Ça, c'est le... ça,
c'est le souhait et c'est... il faut bâtir des places parce qu'il y a une
augmentation de la population au Québec aussi, là, on l'a remarqué, on en parle
souvent. Il y a une augmentation de la population, ça a explosé, puis on doit
répondre à des besoins.
Mme Labrie : Et est-ce que la
ministre a estimé le nombre de places dont elle et son ministère auraient
besoin pour répondre aux besoins justement des prestataires?
Mme Rouleau : On n'a pas de
données, là, précises sur le nombre de places nécessaires, c'est...
Mme Labrie : Bien, moi,
j'aimerais peut-être avoir un engagement de la ministre à le documenter, parce
que bien sûr qu'on veut des places pour tous les parents, mais, au Québec...
Mme Rouleau : On va
documenter.
Mme Labrie : Vous allez le
documenter. Parfait. Bien, je vous remercie. J'imagine que... puis, à la
présidence, vous pourriez nous faire un suivi quand vous aurez identifié le
chiffre. Je trouve ça important, parce que c'est des places qui devraient être
réservées. Donc, quand l'exercice aura été fait de documenter combien de places
le ministère de la Solidarité sociale a besoin pour répondre aux besoins de ses
prestataires, il faut s'assurer qu'on a ce nombre de places là réservées dans
le réseau, pour les prestataires, pour qu'ils, ils et elles, surtout, puissent
retourner faire des programmes d'insertion, retourner sur le marché du travail
ou aux études. Moi, c'est ça que je souhaite. Donc, j'entends l'engagement de
la ministre de documenter le nombre de places dont elle a besoin pour répondre
aux besoins des prestataires. Et j'aimerais peut-être avoir un engagement aussi
qu'ils vont travailler avec sa collègue à la Famille pour réserver le nombre de
places qui aura été estimé nécessaire.
• (15 h 30) •
Mme Rouleau : On travaille
toujours tous ensemble.
Mme Labrie : Exact. Donc,
j'invite à continuer là-dessus puis à le faire, le réserver... ces places-là.
Quand le décompte aura été fait, de s'assurer qu'on a le bon nombre de places
réservées pour répondre aux besoins. Parce que sinon, cet amendement-là, même
celui de la ministre, là, pas juste le mien, ils ne vont servir à rien, dans le
sens où on peut bien dire qu'on va essayer de répondre à leurs besoins, si on
n'a pas le bon nombre de places réservées pour le faire, ça va être un vœu
pieux, là, ça ne donnera pas de résultat. Puis on est tous ici convaincus qu'il
faut absolument leur trouver une place à ces personnes-là. Donc, si on a de la
suite dans les idées, on va s'assurer qu'on a suffisamment de places réservées.
Donc, j'entends un engagement, première étape pour dénombrer le nombre de
places nécessaires pour répondre aux besoins des prestataires, puis ensuite, il
faut réserver ces places-là.
Mme Rouleau : Mais là on est
en train... O.K., je vous fournirai les informations.
Mme Labrie : Bien, parfait.
Je vous remercie, Mme la Présidente. Puis je... si on s'est bien compris, ce
que j'ai demandé de documenter, ce n'est pas juste le nombre de places pour les
personnes monoparentales, c'est le nombre de places pour tous les prestataires,
là, qui ont des enfants d'âge préscolaire. Je vois des gens hocher la tête,
donc c'est le chiffre qu'on va recevoir. Je pense qu'il faut... il faut l'avoir
en tête. Oui, il y a une précarité particulière des personnes monoparentales,
mais ne laissons pas tomber les conjointes... les personnes qui ont un conjoint
non plus, là, c'est des femmes qui vont se retrouver confinées à la maison
quand même, même si elles ont un conjoint pour les aider à faire l'épicerie.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Oui, merci, Mme
la Présidente. Alors, on aimerait premièrement saluer... on trouve que
l'amendement de la ministre d'amener les besoins particuliers des prestataires
avec des jeunes enfants 0 à 5, la petite enfance, c'est une... c'est
excellent. Et on salue aussi la collègue la députée de Sherbrooke de faire
cette distinction-là ou de... d'élargir, de prendre en considération les
prestataires, qu'ils soient de famille monoparentale ou biparentale, ou autres.
Parce que la distinction, si on prend... C'est ça qu'il faut souligner,
l'importance des femmes, mais pour... du point de vue de l'enfant, du point de
vue de l'enfant de 0 à 5 ans, qui n'a pas de place aux services de garde,
peu importent les raisons, si c'est une... Parce que c'est une famille
monoparentale ou par précarité financière au sein de sa famille, je pense qu'il
y a des données qu'il faudrait souligner.
Là, j'ai devant moi le mémoire de la
Fédération des associations des familles monoparentales et recomposées du
Québec...
15 h 30 (version non révisée)
Mme McGraw : ...et on se
rappelle que c'est le Collectif petite enfance qui ont suggéré, entre autres
dans leurs recommandations de prendre en considération les familles
prestataires, les familles... les prestataires qui sont des familles avec des enfants
de zéro à cinq ans. Ils n'ont pas fait la distinction avec les familles
monoparentales, mais pour les familles monoparentales, les données, je pense
que, ça, ça vaut la peine de le souligner, sur l'ensemble des familles au
Québec, 29,8 % sont des familles monoparentales. De ces familles-là, 23,
donc 23,3 %, leur taux de revenu est faible. O.K.? Donc, 23 % de ces
familles ont un faible revenu comparé à 5 % pour les familles
biparentales. Et ça, on parle de l'année 2021 au Québec. Donc, oui, c'est
vrai que le taux de familles à faible revenu est plus prononcé chez les
familles monoparentales. Mais pour les familles, les autres familles,
biparentales ou autres, c'est quand même, parmi ces 5 % là, c'est quand
même des faibles revenus.
Aussi, si on comprend bien, en date de mai
de cette année, 2024, 20 000, 20 000 familles monoparentales
sont des prestataires prestataires de l'aide sociale. Vous me corrigerez si ce
n'est pas les données que vous avez. Et ça, ça représente... Ces familles
monoparentales représentent 8,3 % de l'ensemble des prestataires à
pareille date. Et de ce nombre, 11 070 étaient reconnues avec des
contraintes temporaires à l'emploi, des CTE, dont une majorité en raison de la
présence d'un enfant au moins de cinq ans.
Alors, j'essaie de dresser un peu le
portrait. Selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté, en 2023, 49,1 %
des familles monoparentales à l'assistance sociale avaient une femme à la tête,
soit 15 %, 15 points de pourcentage de plus que lorsqu'on le compare
à la population générale de femmes responsables de familles monoparentales.
Alors, on comprend que les familles monoparentales avec des enfants de zéro à
cinq ans sont surreprésentées au niveau de présence ou participation aux
programmes d'aide sociale. Donc, de le souligner, c'est une bonne chose.
Par contre, pour revenir à l'amendement de
ma collègue, pourquoi pénaliser... Pourquoi pénaliser les familles à faible
revenu qui sont prestataires, qui n'auraient pas accès à cet accompagnement?
Pourquoi pénaliser? Je peux peut-être voir le sous-amendement au complet, mais
on s'est basé sur l'amendement de la ministre, c'est-à-dire de reconnaître en
particulier les besoins de prestataires monoparentales ayant un ou deux enfants
à charge d'âge préscolaire. La collègue de Sherbrooke recommande d'enlever le
mot «monoparentales» pour, donc, des prestataires avec des enfants à charge de
zéro à cinq ans, donc d'âge préscolaire.
Et la question, c'est selon les données qu'on
a présentement, c'est-à-dire les participants aux programmes d'aide sociale,
quel pourcentage... Quelles seraient les implications financières ou les autres
implications d'inclure toutes les familles, selon le collectif? C'est à dire, j'imagine
qu'il y a une volonté. Je ne doute pas... Je ne doute pas de la bonne volonté
de la ministre par rapport aux femmes puis aux familles, aux jeunes familles,
mais je sais qu'il y a des contraintes financières, et c'est une des raisons, j'imagine,
pour lesquelles le projet de loi était un exercice à coût nul pour le gouvernement,
pas pour des prestataires, mais pour le gouvernement.
Donc, on va y revenir dans l'article 25,
mais ça serait important d'avoir un portrait plus juste de cette catégorie de
familles qui vont se voir...
Mme McGraw : ...mais couper,
effectivement, leur allocation suite à ce changement de contraintes temporaires
à l'emploi à contraintes de santé. Est-ce qu'on peut avoir un portrait de la
situation courante?
Mme Rouleau : ...qui est
coupé. Il y a des droits... des droits acquis, d'une part.
Mme McGraw : Tout à fait,
oui.
Mme Rouleau : Et je ne veux
pas, encore là, m'étendre trop longtemps sur le sujet, mais, pour moi, il
demeure important de... d'avoir la préoccupation d'aider les familles
monoparentales avec enfants de moins de cinq ans, tout en rappelant que toutes
les familles du Québec sont aidées par le gouvernement, par différentes... les
allocations familiales, par les... J'ai fait une nomenclature tantôt, là. En
fait, 5,5 milliards d'investissements juste dans les toutes dernières
années. On va vers 12 milliards d'investissements pour les familles, pour
faire en sorte... on parle des allocations famille... par les tarifs uniques en
garde subventionnée, par les crédits d'impôt remboursables pour les frais de garde
des enfants, pour le soutien pour les enfants handicapés, par les exemptions
des pensions alimentaires pour les enfants à charge. Alors, ce sont des... des
gestes gouvernementaux qui sont très importants et qui ont un poids économique
fort important aussi, 5,5 milliards depuis... de 2018 à 2024, et, au
total, là, en 2029, ce sera 12,3 milliards d'investissements importants
pour le bien-être de nos familles.
• (15 h 40) •
Alors, toutes les familles sont prises en
compte. Et chez les prestataires, pour les familles prestataires, ce qu'on a pu
identifier, ce qu'on s'est fait dire beaucoup par les différents organismes,
pas seulement qu'un mais des organismes, c'est qu'il fallait tenir en compte
les familles monoparentales avec enfants de moins de cinq ans, et c'est ce
qu'on fait... et c'est ce qu'on fait par cet amendement, Mme la Présidente. Et
là j'arrête, j'ai tout dit.
Mme McGraw : Et on comprend
que 23,3 % des familles monoparentales ont un faible revenu au Québec,
comparé à 5 % pour les familles biparentales. Donc, on comprend que, oui,
les familles monoparentales sont dans une situation plus précaire, on va dire,
mais, pour ces familles biparentales, comme on dit, quand même qu'ils sont à
faibles revenus, même si c'est un pourcentage de la population qui est moins...
qui est plus faible, la situation pour ces familles-là est aussi précaire,
surtout si les enfants n'ont pas accès... si on n'a pas accès aux services de
garde, CPE, parce que la contrainte temporaire à l'emploi, qui va disparaître,
c'est la présence d'un enfant préscolaire qui n'a pas accès aux services de
garde. C'est ça, la contrainte temporaire à l'emploi. Là, on enlève cette
contrainte temporaire à l'emploi.
Selon l'aide-mémoire de... du Regroupement
des... des familles monoparentales, alors, selon eux, c'est ça, la contrainte
qui est identifiée, c'est d'avoir des enfants préscolaires à charge. C'est la
définition, selon ce regroupement-là. Alors, comme la ministre l'a dit, on
s'occupe de toutes les familles. Donc, dans ce cas-là, pourquoi on ferait la
distinction? Si c'est des prestataires avec des enfants à charge, pourquoi on
ferait la distinction? On comprend qu'il va y avoir plus de familles
monoparentales mais, pour ces familles qui vivent de la précarité, qui ont des enfants
à charge... Ça n'enlève rien aux familles monoparentales.
Donc, peut-être une question plus précise.
11 000 familles monoparentales sont reconnues avec des contraintes
sévères. 24 000 familles monoparentales sont prestataires de l'aide
sociale. Donc, ceci représente 8,3 % de l'ensemble des prestataires...
Combien sont des familles biparentales? Donc, 24 000 familles
monoparentales. Combien sont des...
Mme McGraw : ...famille autre
que monoparentale.
Mme Rouleau : Couple avec...
Vous voulez dire des familles avec enfants ou sans enfant?
Mme McGraw : Oui, bien, on
parle des familles avec des enfants, des... préscolaires.
Mme Rouleau : Couples avec
enfants, 18 812.
Mme McGraw : Pardon?
Mme Rouleau : Couples avec
enfants, 18 812.
Mme McGraw : Donc, si je
comprends bien, si c'est 12 000 familles, biparentales ou non monoparentales,
et 24 000 sont des familles monoparentales, c'est le double. C'est-à-dire
que...
Mme Rouleau : Là, je ne comprends
plus. Je ne sais pas où est-ce que vous vous en allez, Mme la députée.
Mme McGraw : Ah! 18000,
pardon. Le chiffre, c'est 18 000.
Mme Rouleau : 18 812.
Mme McGraw : Qui sont des
familles, donc...
Mme Rouleau : Avec enfants.
Couples avec enfants.
Mme McGraw : Enfants 0 à 5?
J'essaie de trouver, j'essaie d'arriver...
Mme Rouleau : Je ne sais pas,
qu'est-ce que vous voulez? Posez-moi une question, je vais vous répondre le
plus simplement possible, mais là je ne comprends pas ce que vous voulez.
Mme McGraw : Alors, parmi les
prestataires d'aide sociale, 24 000 sont des familles monoparentales. Combien
sont des familles avec des... là, on... combien sont des familles d'autres
types, biparentales et autres? C'est 18 000?
Mme Rouleau : Alors, 18 812.
Adultes, couples avec enfants... adultes.
Mme McGraw : Alors, le
ratio...
Des voix : ...
Mme McGraw : ...à comprendre
que le ratio, c'est quatre à trois, à peu près. J'essaie de comprendre.
Des voix : ...
Mme Rouleau : Mais c'est
quoi, votre question, là? Pour qu'on puisse avancer.
Mme McGraw : J'essaie de
comprendre pourquoi la ministre... On trouve que c'est très bien que la
ministre ajoute un amendement pour souligner les prestataires qui ont des
enfants préscolaires à charge. C'est une bonne chose.
Mme Rouleau : Bon. Alors,
adoptons cet amendement.
Mme McGraw : Je n'en doute
pas, qu'on va l'adopter, mais, maintenant, il y a un sous-amendement. Ma
collègue parle de... parler des... des familles avec des enfants préscolaires
qui aussi... sont aussi des prestataires et qui ont aussi des contraintes
temporaires à l'emploi. Et, dans ce cas-là, cette contrainte temporaire à
l'emploi, c'est souvent le fait d'avoir des enfants à charge qui n'ont pas
accès à des services de garde.
Pour les familles qui ne sont pas
monoparentales mais qui sont prestataires avec des enfants à charge
préscolaires, j'essaie de comprendre pourquoi la ministre ne pourrait pas
leur... prendre en considération.
Mme Rouleau : ...ont accès
aux services de garde, mais souvent n'envoient pas leurs enfants au service de
garde. Et les familles monoparentales... Pour les familles monoparentales,
c'est plus difficile parce qu'il n'y a qu'un seul parent, et c'est pour ça
qu'il y a cette contrainte. On abolit la contrainte pour permettre... Et, ici,
on fait un amendement, l'amendement que moi, j'ai déposé, pour établir cette
préoccupation pour les familles monoparentales avec enfants, qui sont
constituées de 95 % de femmes, de jeunes femmes. Et là je ne referai pas
tout le plaidoyer. On en parle depuis ce matin, je pense qu'on a amplement
parlé du sujet, et j'ai dit tout ce que je pouvais dire sur... là-dessus.
Mme McGraw : Est-ce qu'on est
d'accord pour dire que si la contrainte sévère à l'emploi, c'est de ne pas
avoir des enfants à charge préscolaires, à charge, pour la femme?
Mme Rouleau : Contrainte
sévère, non.
Mme McGraw : Pour cette
femme, contrainte temporaire. Pour la femme, si elle n'a pas accès pour ses
enfants, si elle a des enfants préscolaires à charge, elle n'a pas accès à un
CPE, de façon générale, c'est elle qui va rester à la maison si elle est mariée
ou non...
Mme Rouleau : ...toutes les
familles ont accès aux services de garde. Et là on a établi... Ce qu'on... Ce
qu'on fait ici, c'est établir une préoccupation particulière pour les familles
monoparentales avec enfants. Toutes les familles ont accès.
Mme McGraw : Mais, si une
famille monoparentale se trouve à avoir accès, elles n'ont donc... Je veux
juste... Je vais juste...
Mme Rouleau : Alors, il faut
poursuivre le combat pour les femmes dans... sur toutes les tribunes, pour que
toutes puissent se développer à leur plein potentiel, mais là on cible, en ce
moment, les familles monoparentales avec enfants.
Mme McGraw : Tout ce que je
veux souligner, c'est que l'empathie et la pensée particulière que la ministre
a pour ces femmes avec des enfants préscolaires à charge, qui ne peut pas
accéder au marché de travail ou poursuivre les études, ça peut être aussi des
femmes qui font partie de familles biparentales, et elles vivent la même
réalité. On comprend que les femmes monoparentales... ou, pardon, les familles
monoparentales sont surreprésentées au niveau des prestations ou des programmes
d'aide sociale, mais, pour ces femmes qui font partie de familles biparentales,
elles ne vivent pas la même réalité, mais oui, au niveau de leur accès au
travail, aux études.
• (15 h 50) •
Mme Rouleau : Ce qu'on veut,
là, c'est faire en sorte que les personnes puissent aller sur le marché du travail.
Vous êtes d'accord avec moi?
Mme McGraw : Tout à fait.
S'il a la capacité.
Mme Rouleau : Il y a... En
fonction de leurs...
Mme McGraw : Capacités, tout
à fait.
Mme Rouleau : ...de leurs
capacités. Puis on a différents programmes selon leurs capacités pour les...
leur permettre de mieux s'intégrer à la société puis de... Bon, il y a... Et
puis vous avez vu le tableau, là, sur le continuum de services.
Mme McGraw : Oui, tout à
fait, oui.
Mme Rouleau : Bon. Déjà,
déjà, lorsqu'une personne va sur un programme d'emploi, la personne a accès aux
CPE, peut avoir accès aux CPE, puis les frais de transport... et les autres
frais, c'est quoi?
Une voix : ...
Mme Rouleau : Les frais de
garde. Bon, frais de garde et... sont payés. S'il n'y a pas de place en CPE, il
peut y avoir une place dans un service de garde, ça peut être un service de
garde privé, ça peut être une dame qui garde des enfants chez elle, et on paie,
on paie jusqu'à 40 $ par jour. Alors, il y a déjà, déjà des mesures qui
sont en place pour les familles et les familles prestataires, je parle de
familles prestataires. Alors, les mesures existent déjà.
Des voix : ...
Mme Rouleau : Alors, la
discussion s'arrête là. Je ne peux pas aller plus loin que ça. Là, on a un
amendement, celui que j'ai déposé, pour spécifier les familles monoparentales.
L'ensemble est pris en compte à travers les différents programmes que nous
avons. J'ai terminé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...sur
le sous-amendement de la députée de Sherbrooke. Alors...
Une voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
je n'avais pas terminé ma phrase, mais j'avais vu que vous aviez levé la main.
Donc, je vous rappelle qu'on doit statuer sur le sous-amendement, par respect
pour le dépôt du sous-amendement de la députée de Sherbrooke. Donc, la parole
est à la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Lors de la création du réseau de CPE au Québec, la raison derrière
était ça... derrière ça était justement pour donner aux femmes une plus grande
opportunité d'intégrer un emploi. À ce moment-là, comparé à l'Ontario, Québec
avait un taux beaucoup plus faible de la participation des femmes sur le marché
du travail. Et, comme on a entendu de tous les collègues aujourd'hui, ce n'est
pas parce qu'on est en vie de couple que la femme n'est pas celle qui... la
majorité du temps va être celle qui reste à la maison avec son enfant. Et,
comme j'ai dit, justement, c'était un petit peu la pensée derrière le réseau...
la création du réseau des CPE au Québec.
Et on a beaucoup... et vous avez parlé,
puis c'est sûr que, premièrement, il y a plus de 30 000 enfants qui
sont sur une liste d'attente présentement pour avoir une place dans un service
de garde. Il y a des... Parmi ces 30 000 là, je suis sûre qu'il y a des
familles que... ceux qui ont les moyens, qui vont... plutôt que d'attendre ou
restent à la maison avec leurs enfants, vont...
Mme Prass : ...envoyer leur
enfant à une école... à une garderie non subventionnée ou familiale, parce
qu'eux, ils peuvent le payer, mais ce qui n'est pas le cas pour les parents,
pour les femmes qui vont se retrouver en situation pour demander la solidarité
sociale.
Et on a beaucoup parlé des femmes et des
parents, mais je vais vous lire quelques statistiques à propos des enfants qui
sont désavantagés quand ils grandissent justement dans un ménage à faible
revenu. Donc, selon le Collectif de la petite enfance, l'enquête québécoise sur
le parcours préscolaire des enfants de maternelle de 2022 met en lumière que
43,8 % des enfants de maternelle vivant dans un ménage, puis on se
comprend, donc là, on parle des enfants qui sont arrivés à la maternelle, mais
tout ce qui fait en sorte qu'ils sont désavantagés quand on ne paie pas, ayant
fréquenté un CPE pour soi. Donc, 43,8 % des enfants de maternelle vivant
dans un ménage à faible revenu et qui est vulnérable dans au moins un domaine
de développement, contre 17,5 % chez les enfants issus de ménages à
revenus élevés. Donc, on ne parle pas juste de l'effet que ces mesures peuvent
avoir sur les parents et les femmes, mais également sur les enfants.
Du point de vue du développement de
l'enfant, il n'y a pas de pire moment pour précariser son ménage qu'au début,
dans les premières années de sa vie. On nous mentionne aussi que d'abord, le
nombre d'enfants en attente d'une place en services de garde éducatifs
s'élèverait présentement à 34 057 enfants. Il n'est pas évident de
trouver une place, même pour un parent ayant un niveau de littératie
bureaucratique élevé ou qui a les moyens de se payer quelque chose à
l'extérieur des CPE.
Donc, on vient ici... Pour moi, ce n'est
pas juste la question d'identifier le type de parent, mais de s'assurer que les
enfants qui sont en... les parents qui sont en situation de précarité
financière aient un accompagnement, comme ceux qui sont monoparentaux, pour
s'assurer que leurs enfants aient un accès, disons, privilégié dans un service
de garde, parce qu'on voit les effets qu'une situation de pauvreté et de
précarité financière peut avoir sur les enfants. Et je vous donne un autre
exemple. Le programme que votre collègue a créé, Agir tôt, qui fait le
dépistage de l'autisme dans les enfants, les tout-petits de zéro à cinq ans qui
sont dans les CPE, bien, les jeunes, ces jeunes-là qui n'auront pas... qui sont
dans une situation... dans une situation de précarité financière à la maison,
n'auront... qui n'ont pas accès à un CPE ou ne trouveront pas de place dans un CPE,
eux n'auront pas justement cet avantage-là d'être dans un milieu, dans un
environnement où le programme Agir tôt est déployé.
Donc, encore une fois, on ne parle pas
juste des parents, mais des effets de ces mesures et de ces réalités sur ces
jeunes qui sont déjà désavantagés à un certain point en raison de la finance...
la précarité financière de leurs parents. Donc, ce qu'on essaie de vous...
L'argument que nous essayons de faire, c'est que ce soit pour ces femmes, que
ce soit pour ces enfants, il ne devrait pas y avoir de distinction entre les
deux parce qu'à la fin de la journée on parle pas mal des mêmes gens, on parle
des femmes, des mamans, que tu sois monoparentale ou non, qui est en situation
de précarité financière. On parle d'enfants qui vont grandir dans ces
ménages-là et qu'on voit avec les statistiques que je viens de vous lire, ont
un désavantage une fois qu'ils arrivent à l'âge scolaire. Donc, ce qu'on vous
demande, et je pense que c'est l'esprit du sous-amendement de ma collègue de
Sherbrooke, c'était une question d'équité pour ces familles, pour ces femmes et
pour ces enfants.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires sur le sous-amendement de la collègue? S'il n'y a pas
d'autre commentaire, je vais mettre aux voix le sous-amendement. Est-ce que
la... le sous... la... le sous-amendement, pardon, est rejeté ou adopté?
Une voix : Rejeté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Rejeté?
Rejeté. Merci. Nous revenons — il ne faut pas que je me trompe, là — à
l'amendement de la ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement
de la ministre? M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Question
pour la ministre. J'aimerais savoir si on a réfléchi à l'impact sur
l'interprétation du projet de loi de nommer une catégorie de prestataire
spécifique, donc, si parents monoparentaux d'enfants en âge préscolaire et de
ne pas nommer d'autres catégories, le fait qu'on singularise ici dans cet
article-là, parce que, l'article, il a un principe général. Il va avoir des
mesures d'accompagnement pour, et particulièrement ceux-ci...
M. Paradis : ...qu'est-ce que
ça veut dire, le législateur ne parlant pas pour ne rien dire?
Mme Rouleau : Ça fait état
d'une préoccupation. C'est à titre d'exemple et ça n'a pas d'impact pour... Ça
n'a pas d'impact législatif, c'est outre mesure. Mais c'est ça vient, ça vient
confirmer la préoccupation, comme je l'ai mentionné.
M. Paradis : Mais, encore une
fois, l'adage, c'est : Le législateur ne parle pas pour ne rien dire.
Donc, le fait que ce soit ajouté par rapport à l'article que vous proposiez au
départ, qu'est-ce que ça signifie pour les autres catégories de prestataires
non nommés, avec l'amendement que vous proposez?
Mme Rouleau : J'ai amplement
expliqué que ça n'enlève rien à personne. Ça vient établir une préoccupation
que nous avons et qui a été largement identifiée par les organismes qui nous
ont rencontrés.
M. Paradis : Et pourquoi eux,
particulièrement, ces prestataires-là, dans le cas de cet article-ci?
Mme Rouleau : Je l'ai
largement expliqué déjà, depuis ce matin.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : En réponse à mon
collègue, la ministre a dit, en fait, que son amendement vient donner un
exemple. On comprend donc qu'il n'y a pas de traitement différencié,
finalement, pour ces prestataires-là, que ça ne va pas amener une priorisation
versus d'autres personnes. Est-ce que c'est bien ce qu'on comprend?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : On confirme la
préoccupation, et j'ai parlé de préoccupation que nous avons à faire en sorte
d'aider ces personnes particulièrement. Alors, on confirme la préoccupation qui
sera tenue en compte.
Mme Labrie : Donc, parce que
la ministre dit que c'est nommé comme un exemple. O.K., en tout respect, on
aurait sauvé beaucoup de temps si elle avait dit ça plus tôt, parce que le fait
qu'elle nomme un groupe de prestataires, en particulier, donne à croire que
c'est priorisé. Donc, si ce n'est pas le cas, et que ce n'est qu'un exemple, et
que les besoins de tout le monde sont répondus, on a discuté de mon
sous-amendement pour rien dans la mesure où que les personnes soient
monoparentales ou non, on va répondre à leurs besoins et on leur offrira une
place, si c'est juste un exemple, en fait, et que ça ne crée pas de traitement
différencié. Est-ce que cette compréhension-là est exacte?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : On a largement
parlé des familles monoparentales, de l'importance de les aider, de faire en
sorte de bien les accompagner. C'est ce que j'ai dit tout le long, et c'est ce
que je maintiens. Et, en l'inscrivant dans la loi, ça souligne cette
préoccupation particulière.
Mme Labrie : Exact. Mais,
quand même, l'intention du législateur est importante ici, parce qu'il y a des
fonctionnaires quelque part qui vont devoir appliquer ce qu'on écrit ici et qui
vont devoir... et qui vont se demander : Doit-on prioriser, par exemple,
l'octroi d'une place à une personne monoparentale versus quelqu'un d'autre?
Doit-on prioriser, quand on accompagne les gens, les personnes monoparentales
versus les personnes de plus de 58 ans? C'est ça que ça crée comme question.
Donc, si c'est juste un exemple, mais que ça ne commande pas un traitement
particulier, alors que la ministre le dise clairement. Et donc on comprendra
ici qu'elle a donné un exemple en nommant les personnes monoparentales, mais
que le niveau d'empressement des équipes du ministère à répondre aux besoins
des différents prestataires sera le même, peu importe leur statut.
Et, si elle voulait envoyer le message
qu'il faut prioriser ces prestataires-là, mais qu'elle le dise clairement
aussi, parce que ce n'est pas la même interprétation à la fin, quand les gens
vont regarder la nouvelle loi, qui vont se dire : Mais comment on donne
vie à ça dans la réalité, là?
Mme Rouleau : Ce n'est pas
pour rien que, dans le réseau régional d'accompagnement, on a intégré les
services de garde, c'est pour s'assurer...
16 h (version non révisée)
Mme Rouleau : ...et que les...
qu'il y ait un travail qui soit fait pour, évidemment, bien accompagner la
personne, les familles, puis les amener vers les ressources qui sont... qui
pourront répondre aux besoins.
Alors, on inscrit dans la loi les
préoccupations avec... en ayant des services de garde en réseaux régionaux. On
inscrit la préoccupation parce que ça a été largement mentionné, parce que c'était
dans l'ancienne loi, il y avait ce groupe de familles monoparentales déjà
identifié. Alors, on confirme la préoccupation. Alors, on confirme la
préoccupation, et puis, dans les règlements, on verra toute l'application qui
pourra se faire, mais je m'arrête là.
Mme Labrie : Donc, ma
compréhension de la réponse de la ministre, c'est que ça ne vient pas induire
une priorisation. Ça vient nommer qu'il y a une préoccupation pour ça, pour
répondre aux discussions qu'il y a eu, notamment autour du dépôt du projet de
loi, mais qu'on n'est pas en train ici de dire qu'il y a un traitement spécial,
là, ou privilégié. Donc, au final, quand il est question de répondre aux
besoins, répondre adéquatement à ces besoins, bien, ce sera le cas pour... ce
sera le cas pour tous les prestataires.
Mme Rouleau : Il y a une
préoccupation particulière, et lorsque les équipes de fonctionnaires vont...
les employés du ministère vont travailler avec les personnes, ils auront cette
préoccupation en tête. Alors, c'est une préoccupation qui devra être mise en
place. Il y aura toute la réglementation aussi qui va suivre puis qui va
permettre de baliser, mais là on a établi une préoccupation particulière pour
ce... pour les familles monoparentales avec enfants en bas âge.
Mme Labrie : J'ai compris ça.
La ministre a aussi dit qu'elle avait nommé un exemple de préoccupation
particulière. Donc, ce n'est pas limitatif, là. C'est comme si on écrivait
«notamment». Moi, c'est comme ça que je comprends, finalement, cet
amendement-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bien, en tout
cas, j'invite la ministre à continuer la réflexion, parce que, si tel est le
cas, que l'intention n'est pas tout à fait claire, il faut faire très attention
aussi, parce que le fait de nommer une catégorie de prestataires, ça a un impact.
Les gens vont se demander, y compris en lisant les débats d'aujourd'hui,
pourquoi on a nommé ceux-là. Est-ce qu'on est en train d'établir une priorité
par rapport aux maisons en femmes... d'hébergement, par rapport aux personnes
de 58 ans et plus, par rapport aux proches aidants? Pourquoi ceux-ci ont été
nommés?
Parce que la phrase est générale :
«Évaluer la situation d'un prestataire afin que ce plan d'accompagnement
personnalisé réponde adéquatement à ses besoins.» Et là on prend la peine d'identifier
spécifiquement une catégorie de prestataires. Pourquoi? Pourquoi on la nomme?
Je comprends qu'on a une préoccupation, mais ça revient à la question dont on
discutait précédemment : Est-ce que c'est parce que c'est un prix
consolation pour ce qui ne se passe pas ailleurs? C'est ça, la question que les
gens qui vont interpréter et appliquer la loi vont se poser. Pourquoi cette
catégorie de prestataires est ici nommée, pourquoi pas les autres? Qu'est-ce
que ça veut dire par rapport aux autres?
La Présidente (Mme D'Amours) : Commentaires,
Mme la ministre?
Mme Rouleau : Non, je n'ai
plus de commentaires, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Je veux juste un éclaircissement avec, justement, ce que mes
collègues viennent d'amener... mettre en lumière ce matin. Plus tôt, quand je
vous ai demandé si vous serez prête à ajouter les parents d'enfants avec un
handicap, vous avez dit non, mais là vous êtes en train de dire que tous les
parents sont compris dans ce que vous proposez. Donc, je pense que ce qui porte
à confusion, c'est la façon dont vous avez présenté ça, parce que, là, bien, à
tout le moins, moi, l'impression, ce que j'ai interprété du langage que vous
avez proposé, comme mes collègues, mettait vraiment l'emphase sur un groupe.
Puis quand vous vous dites : Bien, c'est parce qu'on l'a mis parce qu'on a
des préoccupations particulières pour ce groupe, ça se traduit comment, une
préoccupation particulière? Ça veut dire qu'eux, ils vont être avantagés ou
avoir un accès parmi les autres familles.
Je pense que les mots sont très importants
dans ce qu'on dit aujourd'hui, surtout dans une loi qui va être interprétée par
des fonctionnaires et par des individus. Donc, moi, je reviens à... Vous avez
dit plus tôt que les parents d'enfants avec un handicap, n, on ne va pas les
inclure dans ça, et là vous êtes en train de dire que tous les enfants... tous
les prestataires qui ont des enfants sont couverts avec cet...
Mme Prass : ...donc je ne
comprends pas. Je voudrais des éclaircissements à propos de ce que vous avez
dit ce matin, là, et de ce qui est en train de se dire.
Mme Rouleau : Mme la
Présidente, vraiment, là, tout a été dit. On a discuté des plans
d'accompagnement, on a discuté des réseaux d'accompagnement, on a discuté de
cet amendement pour satisfaire cette préoccupation qui a été largement
identifiée. Alors...
La Présidente (Mme D'Amours) : Tout
à fait. D'autres... Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Il s'est dit beaucoup de choses effectivement. Je pense que, si ça
avait été plus clair dès le départ, il y aurait peut-être eu moins de
sous-amendements, là, sur cet article-là. Moi, j'ai... j'ai énoncé une
interprétation, tout à l'heure, que la ministre n'a pas corrigée, c'est- à-dire
qu'elle vient donner un exemple ici, mais que ça n'induit pas une priorisation.
Et donc comme elle n'a pas corrigé, moi, c'est l'interprétation que j'ai. Si ce
n'est pas ça, qu'elle le dise, mais je... ici, ce qu'on fait, là, puis tout ce
qu'on dit, puis nos échanges, un jour, là, ça sert... ça sert d'outil
d'interprétation pour les gens qui vont travailler avec la loi. Donc, moi,
l'interprétation que j'ai, à la lumière des réponses de la ministre, c'est
qu'elle a voulu donner un exemple ici parce qu'elle sait qu'il y a eu des
inquiétudes dans la société, énoncées par plusieurs groupes, par rapport aux
personnes monoparentales. Elle est venue exemplifier une mesure de son projet
de loi en nommant spécifiquement ces personnes-là, mais le «y compris», de mon
point de vue, s'interprète comme un «notamment», il ne vient pas mener à
l'interprétation d'un traitement particulier de ces personnes-là. Simplement,
il vient les visibiliser dans... dans l'ensemble des prestataires. Moi, c'est
ce que je comprends.
• (16 h 10) •
Mme Rouleau : Je dirai
simplement que le mot «exemple» n'était pas le bon mot à utiliser. J'en suis
fort désolée. Mais je veux maintenir la préoccupation importante que nous avons
et qui devra se refléter dans la réglementation.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de D'Arcy... de Notre-Dame-de-Grâce, pardon.
Mme McGraw : Et on comprend,
il est 4... 16 h 10, c'est l'Halloween, c'est la fin de la semaine,
alors, on est un peu tous fatigués. D'ailleurs, j'ai des bonbons, ça fait
que... mais... puis je pense que c'est une discussion, malgré qu'on est tous et
toutes fatigués, c'est une discussion très, très pertinente, et ça va avoir un
impact aussi sur nos amendements parce que nous, on avait des amendements suite
à cette cet... cet amendement de la ministre, pour parler de beaucoup de
groupes qui ne sont pas nommés, mais qui sont la liste de la ministre dans le
mémoire au conseil des ministres, c'est-à-dire enfant à sa charge qui est
handicapé, proche aidant, responsable d'une... plusieurs groupes. Et la réponse
de la ministre va avoir un impact si on présente des amendements ou des
sous-amendements à cet amendement. Donc, il faudrait vraiment qu'on soit clairs
là-dessus pour la suite des choses, et peut-être le collègue de Jean-Talon va
revenir avec un amendement sur les personnes âgées de 58 ans et plus. Je
ne le sais pas, mais il faudrait avoir une réponse claire de la ministre pour
bien comprendre si c'est un exemple ou si c'est une priorité. C'est un groupe à
prioriser ou c'est un exemple? Moi, je veux juste bien, bien comprendre.
Mme Rouleau : Je viens de
répondre, là, il y a quelques...
Mme McGraw : Bien, j'ai le
droit de poser... Mme la ministre, c'est mon devoir de législatrice de poser
les questions.
Mme Rouleau : Oui, mais je
viens de répondre à cette question-là.
Mme McGraw : Bien...
Mme Rouleau : J'ai répondu,
là, il y a quelques instants.
Mme McGraw : Donc, la
réponse, c'est une priorité.
Mme Rouleau : La réponse,
c'est une préoccupation.
Mme McGraw : On priorise ce
groupe.
Mme Rouleau : Et le souhait,
c'est que ça se retrouve... Ce que je demande, c'est que ça se retrouve dans la
réglementation. Alors, c'est... Et je me suis excusée d'avoir utilisé le mot
«exemple». Ce n'était pas le bon mot que je devais utiliser, je m'en excuse et
je ne veux pas qu'il y ait de mésinterprétation. C'est une préoccupation, je le
dis depuis le début. J'ai commencé toutes mes interventions en disant c'est une
préoccupation. Alors, je maintiens que c'est une préoccupation et qu'il est
important de le mettre dans le projet de loi parce que c'était déjà dans le
projet de loi. On l'enlève parce que ce n'est plus une contrainte d'emploi,
mais on a cette préoccupation, on veut répondre à ce besoin-là, et ça n'exclut
aucunement toutes les autres personnes qui ont des besoins. Ça n'exclut aucunement
les autres personnes, mais on a cette préoccupation...
Mme McGraw : Particulière.
Mme Rouleau : ...particulière.
Mme McGraw : Et puisqu'il y a
d'autres groupes qui vont...
Mme McGraw : ...qui ont
des contraintes temporaires à l'emploi, pour qui... ne sont pas nécessairement
des contraintes de santé, qui sont nommées d'ailleurs dans la mémoire de la
ministre au Conseil des ministres. On a donc l'intention d'amener des
amendements et des sous-amendements pour refléter tous ces groupes-là, parce
que c'est... Ce que le ministre vient de dire, c'est très important parce
qu'il y a d'autres groupes. Et, c'est sûr, les familles, dont les familles
monoparentales, sont hyperimportantes. On est tous et toutes d'accord
là-dessus. Et il y a d'autres groupes qu'on... qui sont venus témoigner devant
nous en commission, lors des consultations particulières, avec des
préoccupations graves, importantes, et c'est de notre devoir de les... de
représenter leurs préoccupations.
Alors, merci de clarifier que c'est une
préoccupation particulière pour la ministre. Ce n'est pas juste un exemple, ce
n'est pas juste un notamment. Alors, ça a un impact sur la suite des choses,
Mme... Mme la Présidente. On aimerait appuyer, on aimerait appuyer cette
attention envers ces familles-là, mais pas... mais aussi, il y a d'autres
groupes qui sont vulnérables pour... qui ont des contraintes temporaires à
l'emploi. Et qui... pour eux autres... pas pour les prestataires présentement,
on comprend que les prestataires présentement ne sont pas touchés, mais pour
des groupes vulnérables, c'est une perte d'acquis.
Alors, pour la suite des choses, Mme la
Présidente, je ne sais pas si on présente des amendements ou des
sous-amendements. On avait présenté... on avait un sous... un amendement à
présenter par rapport aux parents. Maintenant, on... Ça deviendrait un
sous-amendement. C'est ma collègue qui va le présenter, ce n'est pas à moi de
le lui demander, mais, pour la suite des choses, on...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
annoncez quelque chose qui est... Il faudrait le recevoir.
Mme McGraw : On aimerait
avoir votre... ça a été envoyé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
aimeriez avoir mon opinion? Nous sommes sur l'amendement.
Mme McGraw : Mais juste
pour la suite des choses.
La Présidente (Mme D'Amours) : Si
vous jugez qu'il y a... Ce que vous voulez déposer serait un sous-amendement,
il serait temps de le faire, tant et aussi longtemps qu'on travaille sur cet
amendement-là. Si ça ne touche pas cet amendement-là et que c'est un ajout au
43.3, là, à ce moment-là, on peut travailler avec un amendement après
l'amendement de la ministre, parce qu'on est toujours sur le 43.3. Maintenant,
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui, je
vais avoir besoin d'une clarification, Mme la Présidente, parce qu'en essayant
de clarifier, la ministre a fait référence à un règlement. Elle a dit que ce
serait plus clair dans le règlement. À ma connaissance, à moins qu'on m'indique
que c'est ailleurs dans un autre article, il n'y a pas de règlement, là, en
lien avec les articles 43.1, 43.2, 42.3, là, qui parlent de réseaux
régionaux, de plans d'accompagnement. Il n'y a pas de règlement associé à ça,
là, dans le projet de loi. Donc, de quel règlement elle parle?
Mme Rouleau : C'est...
Il y a un niveau normatif, là. Ça va se retrouver dans la réglementation, le
normatif.
Mme Labrie : Ça va se
retrouver dans des directives envoyées aux fonctionnaires, par exemple, ou...
Une voix : ...
Mme Rouleau : Dans les
normes? Dans les normes.
Mme Labrie : Et est-ce
que ces normes-là font l'objet d'un processus de consultation comme pour un
règlement?
Une voix : ...
Mme Rouleau : Il n'y a
pas de consultation. C'est interne, gouvernemental, dans l'administration des
choses.
Mme Labrie : Puis est-ce
que c'est public, ces normes-là?
Mme Rouleau : Oui.
Mme Labrie : C'est
public. Et donc la clarification, elle va éventuellement la rendre publique...
Mme Rouleau : Oui.
Mme Labrie : ...quand
elle va entrer en vigueur, sans qu'il y ait de consultation à cet effet-là.
Est-ce que son intention, c'est de donner des indices de priorisation à
certaines catégories de prestataires?
Une voix : ...
Mme Rouleau : C'est...
Je ne peux pas répondre à ces questions-là. On doit d'abord avoir le projet de
loi. Il y a la... les règlements qui vont suivre et les normes qui vont se
mettre en place.
Mme Labrie : O.K. Mais
je pense que... En tout cas, il va falloir être plus rigoureux sur les... sur
le vocabulaire parce que ça entraîne beaucoup de confusion, là.
Mme Rouleau : Et j'en
suis désolée. C'est un mot que je n'utiliserai plus.
Mme Labrie : O.K. Ça
fait qu'il n'y a pas de règlement associé à ça, qui va éventuellement faire
l'objet d'une consultation. J'avoue avoir une préoccupation sur le fait...
Mme Labrie : ...effectivement,
on nomme ici un groupe en particulier, puis là on nous dit, bon : Bien,
ça... ça va être clarifié, éventuellement, quand les normes vont être publiées,
mais, quand elles vont être publiées, elles vont être en vigueur, là, elles
vont déjà être utilisées, les gens n'auront pas eu le temps de commenter ça.
Je... je ne suis pas sûre de la manière de
procéder, là. Il y avait, effectivement, un article qui était générique, qui
faisait référence à tous les prestataires, et là on vient ajouter une mention
spécifique. Là, on a dit : Finalement, ce n'est pas... c'est un exemple,
non, non, ce n'est pas un exemple, ça va être une préoccupation supplémentaire
pour cette personne-là, on va voir ça dans les normes. Mais ça, ça va être un
endroit où on ne pourra plus en discuter, là, puis personne ne va pouvoir
commenter ça, ça va déjà être en vigueur, les groupes ne pourront pas non plus
aller commenter ça.
Ça fait que j'ai quand même une certaine
forme de malaise, là. Je trouve ça plate, parce que l'intention de la ministre,
je l'appréciais, là, j'ai nommé comment je trouvais que c'était une belle
intention de se soucier, là, des prestataires monoparentales. Mais là je pense
qu'on crée plus de problèmes qu'on en règle en ajoutant cette mention-là. Et je
ne suis pas sûre que c'est le bon chemin du tout, à vrai dire. Donc, je ne sais
même plus, là, si je suis d'accord avec cet amendement-là de la ministre, alors
que je pensais l'être, juste parce que ça crée une confusion qui est non
nécessaire, on dirait.
Ça fait que j'ai l'impression qu'il va
falloir dormir là-dessus, là, en ce qui me concerne, parce que c'est... ce
n'est pas suffisamment clair, le niveau de priorisation que ça va apporter à la
fin, le fait d'ajouter ça. Puis moi, je l'ai, cette préoccupation-là, aussi,
pour les personnes monoparentales, mais j'ai également des préoccupations pour
tous les autres prestataires qui ont, chacun, des situations compliquées,
difficiles, éprouvantes, qui méritent tous qu'on réponde à l'ensemble de leurs
besoins. Donc, moi, que ce soit nommé comme un exemple, pour moi, c'est une
chose, ça peut être rassurant pour certains groupes. Mais si, finalement, c'est
une priorisation, bien là, faudra que je me... il faudra qu'on se pose
sérieusement la question si c'est ça qu'on veut faire, là. Moi, je... je n'en
suis pas convaincue.
• (16 h 20) •
Donc, je ne sais pas ce que mes collègues
en pensent, mais moi, j'ai... je commence à avoir de plus en plus de
difficultés, finalement, alors qu'au début je pensais que je l'aimais, cet
amendement là de la ministre, là. C'est... ça ne fait peut-être pas ce qu'elle
voulait faire, là. Je l'invite à y penser elle-même.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires? Oui, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Si vous étiez
ouverte à faire la liste de tous les groupes qui vont avoir accès à cet
accompagnement, plutôt que de mettre en... un en particulier, je pense que vous
auriez l'adhésion de tout le monde. Parce que c'est ça, la crainte. On veut
rassurer ces familles, ces différentes situations-là que... qui ne voient qu'un
groupe nommé qui ne sera pas exclu de cette mesure. Et, sinon, j'aurais un
sous-amendement à déposer.
Mme Rouleau : ...faire comme
proposition, c'est de retirer l'amendement pour les femmes monoparentales.
Mme Prass : Pardon?
Mme Rouleau : Je vais retirer
l'amendement pour les femmes... les familles monoparentales.
Mme Prass : Donc, vous allez
juste retirer... plutôt que...
Mme Rouleau : Je vais retirer
l'amendement pour les femmes monoparentales.
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...Mme
la ministre... Mme la ministre, si on a bien compris, vous retirez l'amendement
complètement?
Mme Rouleau : Je vais retirer
l'amendement. Ça... C'est trop... Ça s'en va dans toutes les directions, puis
on ne sera pas... on n'aura pas avancé d'ici Noël. Alors...
La Présidente (Mme D'Amours) : J'ai
besoin du consentement pour le retrait de l'amendement de la ministre. Est-ce
que j'ai le consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Consentement?
Mme McGraw : ...pardon,
suspension, Mme la Présidente, pour en discuter? C'est important, cette
décision-là. Je suis désolée, mais est-ce que je peux demander une suspension?
Est-ce que j'ai le droit?
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien,
moi, c'est ma prérogative. Ça fait que, donc, j'aimerais avoir votre réponse
maintenant. Est-ce que vous donnez le consentement de retirer l'amendement pour
revenir discuter au 43.3, où vous aurez le loisir de proposer des choses?
Est-ce que vous avez le consentement?
Une voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
avez... J'ai le vôtre, j'ai le consentement du côté gouvernemental. Vote par
appel nominal? Non, pas de mise aux voix. Bon, désolée, pas de mise aux voix.
Mme McGraw : Est-ce que je
peux demander une clarification? Est ce que... Est-ce que j'ai le droit de
demander une clarification, je ne sais pas, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Une
clarification en ce qui a trait au secrétariat?...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...en
ce qui... est-ce que vous avez besoin d'informations en ce qui a trait au
secrétariat ou sur le côté gouvernemental?
Mme McGraw : Je pense que
c'est le secrétariat.
La Présidente (Mme D'Amours) : Secrétariat.
Alors, allez-y, quelle est votre demande?
Mme McGraw : C'est juste pour
clarifier qu'on va... Si on consent à ce que l'amendement de la ministre soit
retiré, on peut quand même continuer, poursuivre la discussion sur le 43.3 et
les groupes, dont les familles avec des enfants à charge, 0 à 5, et les autres
groupes. Ça... on peut poursuivre cette discussion, là, ce n'est pas complété.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
pourrez, vous avez le loisir de discuter sur le 43.3, apporter des amendements
dans le sens qui vous convient, avec les propositions que vous allez
travailler, mais, maintenant, la demande c'est... je vous demande si j'ai le
consentement pour retirer l'amendement de la ministre. Consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Alors,
l'amendement, il est retiré. Nous revenons au 43.3. Est-ce qu'il y a des
commentaires? Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Au premier alinéa, vous parlez d'évaluer la situation d'un
prestataire afin que ce plan d'intervention individualisé réponde adéquatement
à ses besoins. Quels sont les méthodes ou les outils d'évaluation que vous
allez utiliser, et basé sur quoi, avec quelles attentes, disons?
Mme Rouleau : On parle ici du
réseau... des réseaux... des représentants des réseaux régionaux
d'accompagnement.
Mme Prass : Oui, bien là...
oui, donc, quand on dit, au premier alinéa, «d'évaluer la situation d'un prestataire
afin que ce plan d'intervention individualisé réponde adéquatement à ses
besoins, est-ce que ça va être un questionnaire? Est-ce que ça va être quelque
chose, encore une fois, basé sur les... les réalités particulières de cette
personne-là?
Mme Rouleau : ...tout
simplement l'évaluation médicale et psychosociale.
Mme Prass : O.K.. Donc là,
dépendamment de l'expertise, les connaissances de chacun dans ce réseau, est-ce
qu'eux vont être consultés pour créer le plan ou est-ce qu'ils vont juste être
là pour aider à exécuter le plan?
Mme Rouleau : Certains
pourront... selon le plan qui sera établi, il y a des partenaires, des
représentants qui pourront agir plus directement.
Mme Prass : Donc, ils ne vont
pas être parmi ceux qui vont aider à établir le plan.
Des voix : ...
Mme Rouleau : Oui, bien, en
fait, tout est... tout est indiqué, là, je peux le relire. Je peux relire.
Mme Prass : Bien, en fait, je
veux savoir...
Mme Rouleau : Je vais le
relire, ça va me faire plaisir de le relire.
Mme Prass : Je vous en prie.
Allez-y.
Mme Rouleau : Bon. Tant qu'à
faire. «43.3. Des représentants des réseaux régionaux d'accompagnement peuvent
collaborer à la mise en œuvre d'un plan d'intervention individualisé, notamment
afin de :
1 Évaluer la situation d'un prestataire
afin que ce plan d'intervention individualisé réponde adéquatement à ses
besoins;
2 De fournir un accompagnement adapté à un
prestataire en adoptant une approche centrée sur la connaissance de ses
besoins, de l'outiller face aux difficultés reliées à sa condition et de
l'encourager dans la réalisation des démarches prévues à son plan;
3 Informer un prestataire des services
pouvant répondre à ses besoins, le diriger vers les ressources appropriées, le
cas échéant, de l'assister et de l'accompagner dans ses démarches auprès de
celles-ci;
4 Effectuer un suivi régulier auprès du
prestataire afin de s'assurer que les activités et les services prévus à son
plan sont adéquats et de proposer des ajustements à ce plan.
Et puis, là. Ensuite, ce que les
représentants peuvent faire, également. Ça répond à votre question, je pense.
Mme Prass : Bien, ma
question, c'était, eux... donc eux, ils vont être impliqués au niveau de la
mise en œuvre, mais ils ne vont pas être impliqués au niveau de l'établissement
du plan, si je comprends bien.
Mme Rouleau : L'établissement
du plan se fait...
Mme Prass : C'est ça. Et
c'est est-ce que c'est uniquement l'agent?
Mme Rouleau : C'est avec...
oui, c'est au niveau du ministère, là.
Mme Prass : Parce que...
O.K., donc, dans ce cas-là, on évalue les besoins de la personne, puis là,
justement, on va voir ce... ce réseau régional, pour dire, selon les besoins de
ces personnes, où sont... quelles sont les sources, localement...
Mme Prass : ...pour répondre
à leurs besoins, c'est bien ça?
Mme Rouleau : C'est ce qui
est indiqué là.
Mme Prass : Et au deuxième
alinéa, on parle de fournir à l'accompagnement adapté un prestataire en
adoptant une approche centrée sur la connaissance de ses besoins, de l'outiller
face aux difficultés reliées à son évolution et à l'encourager dans la
réalisation de ses démarches prévues à son plan. Mais pour l'employeur, quel
est le travail qui se fait ou est-ce que... est-ce qu'il y a un rôle pour le
réseau régional, pour les employeurs, par exemple, qui vont... qui sont prêts à
faire de l'insertion à l'emploi pour une personne qui a un handicap? Parce
qu'encore une fois, pour cette population-là...
Mme Rouleau : Là, vous êtes
avec quelqu'un qui est en emploi, là.
Mme Prass : Quelqu'un qui est
en voie de l'être. Donc, on a établi leur plan, là, ils sont dans...
Mme Rouleau : On parle du
prestataire qui a un plan.
Mme Prass : Exacement.
Mme Rouleau : Et puis vous me
parlez de l'employeur.
Mme Prass : Oui, moi, je veux
savoir quel est le travail.... Deux choses, est-ce que le réseau régional va
être impliqué au niveau de la sensibilisation et del'accompagnement avec
l'employeur également?
Mme Rouleau : Vous avez eu le
continuum de services, là, puis vous voyez que dans les.... pour les personnes,
là, qui sont... Est-ce qu'on a ça ici, la formation, formation pour les
employeurs? Bon, bien, alors, c'est un petit peu plus loin. On a... on a de
la... on a de la formation pour des employeurs.
Mme Prass : Et est-ce que les
réseaux....
Mme Rouleau : À L'Emploi, là,
parce que Solidarité sociale et Emploi, alors on a des mesures qui sont
Solidarité sociale, on a des mesures qui sont Emploi et, dans Emploi, on a des
mesures pour la formation des employeurs.
Mme Prass : Et le réseau...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avons. Donc, merci pour votre collaboration. Compte tenu
de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi 5 novembre
2024, à 9 h 45, où elle poursuivra son mandat. Merci, tout le monde!
(Fin de la séance à 16 h 30)