Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, September 10, 2024
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Vol. 47 N° 65
Special consultations and public hearings on Bill 68, An Act mainly to reduce the administrative burden of physicians
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-sept minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'économie et du travail ouverte. Je vous souhaite la bienvenue
et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre
leur sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...afin
de procéder aux consultations particulières et auditions publiques sur le
projet de loi n° 68, Loi visant principalement à réduire la charge
administrative des médecins.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par
M. Marissal (Rosemont).
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous débutons ce matin par les remarques préliminaires puis nous entendrons par
la suite les témoins suivants, soit le Collège des médecins du Québec, la
Fédération des médecins spécialistes du Québec et l'Association des
psychologues du Québec, qui seront en visioconférence.
J'invite maintenant le ministre du Travail
à faire ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de six
minutes. La parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Le micro... Excusez-moi. Bonjour, tout le monde. Mme la Présidente,
merci, représentants, collègues des partis d'opposition, les collègues
gouvernementaux. Je veux saluer aussi l'équipe du ministère de la Santé, du
ministère du Travail. Je suis relativement fier d'entamer des consultations particulières,
parce qu'on le dit fréquemment chaque projet de loi, il y a des précisions, il
y a des perfections. Donc, c'est hyper fondamental de faire l'exercice que nous
entamons pour bonifier notre projet de loi. Essentiellement, quand on parle de
réduction de la charge administrative des médecins, souvenez-vous, la
Fédération des médecins omnipraticiens nous disait : 25 % de leur
travail constituent des tâches administratives. Donc, si on veut améliorer
l'accès aux soins pour les Québécois et Québécoises, il faut travailler à
réduire cette charge-là.
Le projet de loi, je vais le redire aussi
souvent, ce n'est pas une finalité en soi. On a annoncé, mon collègue à la
Santé, que je salue aussi ce matin, que je remercie... on avait annoncé une
réduction de la charge administrative dans des contextes d'accidents de
travail, maladie professionnelle avec la CNESST, 120 000 plages
horaires, et aussi pour l'hébergement des personnes qui doivent aller dans des
centres d'hébergement, soins de longue durée. Donc, c'est une étape.
Ce projet de loi là vise essentiellement à
interdire à des assureurs de requérir un service médical pour obtenir le
remboursement dans certains contextes, notamment les services professionnels
dispensés par des psychologues, des ergothérapeutes, des physiothérapeutes
aussi. Ça, ça nous apparaît extrêmement important de permettre ce
remboursement-là sans exiger un certificat médical.
Le deuxième, c'est les aides techniques,
ce qu'on appelle les cannes, les béquilles. Bon, les personnes ont besoin
d'obtenir un remboursement diligent, et on va interdire aussi aux assureurs
d'exiger un service médical pour obtenir ce remboursement-là.
Le troisième, c'est quand on a à
dispenser... où on a à obtenir, en fait, des prestations d'assurance maladie pour
une maladie de longue durée. Ça peut être un épuisement professionnel, ça peut
être une fracture importante, donc qu'on n'exige pas encore une fois d'aller
voir un médecin à des fréquences prédéterminées et laisser la détermination de
la fréquence et la pertinence des visites médicales au médecin qui a charge de
la personne.
• (9 h 50) •
Et enfin le quatrième, ça intéresse les
employeurs dans leur relation de travail, et ils ne pourront pas exiger un
document dans certaines circonstances, un certificat médical. Je réfère souvent
aux maladies, accidents, aux violences à caractère sexuel, les violences
conjugales, et c'est des absences d'une période de trois journées consécutives
ou moins, prises annuellement. Et si, par exemple, quelqu'un a une gastro-entérite
ou quelqu'un doit prendre soin d'une personne à titre de proche aidant, qu'on
ne requiert pas un certificat médical dans des contextes comme celui-là.
Donc, essentiellement, c'est le contenu du
projet de loi que nous nous apprêtons à analyser avec les collègues des partis
d'opposition, et on veut véritablement bénéficier de ce que vous allez nous
donner comme information et des recommandations que vous allez nous soumettre.
Merci, Mme la Présidente, et, encore une
fois, bon début de commission.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle
et députée de Bourassa-Sauvé à faire ses remarques préliminaires pour une durée
de quatre minutes...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...30 s.
La parole est à vous.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Bonjour, chers collègues. Bonne
rentrée parlementaire. Nous sommes ici de bonne heure pour cette rentrée, mais
j'espère de bonne humeur afin d'étudier un projet de loi important.
Le ministre, donc, vient d'en faire un peu
l'exposé. Donc, le projet de loi n° 78 visant principalement à réduire la
charge administrative des médecins, donc, que nous allons étudier, donc,
modifierait donc deux lois : d'une part la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de médecine spécialisée ainsi que la Loi sur
les normes du travail.
J'ai eu l'occasion de... Mme la
Présidente, de prendre connaissance, donc, des différents mémoires des groupes
que nous allons entendre et d'autres groupes qui se sentent interpelés par
cette thématique qui est absolument importante d'un point de vue de l'accès à
des services de santé de... bon, au Québec. Et, à travers, donc, ce projet de
loi ci, on vient donc agir sur... sur... sur différents fronts.
D'abord, donc, le ministre l'a mentionné,
donc, on viendrait par exemple empêcher l'inclusion de clauses dans les futurs
contrats d'assurances collectives qui exigent d'un individu qu'il se procure un
billet du médecin quand il s'agit d'une condition pour qu'un service comme la
massothérapie, de la... des services de psychothérapie, etc., soit... soit
desservi ou qu'un appareil comme une orthèse, comme une canne, comme une
béquille, qui sont normalement compris dans la couverture, donc qui se trouvent
donc dans la brochure, soit remboursé par les assurances.
Donc, on viendrait jouer d'un côté au
niveau, donc, des assureurs ou des administrateurs de régimes d'avantages
sociaux, et de l'autre, donc, on viendrait ouvrir la Loi sur les normes du
travail, donc, pour empêcher que des employeurs... en fait, d'interdire à des
employeurs d'exiger un document qui atteste des motifs d'une absence,
notamment, pour cause de maladie pour inclure un certificat médical pour les
trois premières absences d'une période d'au plus trois jours consécutifs par
année. La loi, donc, prévoit aussi que l'employeur ne pourrait pas exiger de
certificat médical en cas d'absence pour prendre soin d'un enfant, d'un parent
ou d'une personne pour laquelle la personne agit à titre de proche aidant.
Donc, vous comprendrez donc, Mme la
Présidente, que le projet de loi s'inscrit dans une perspective d'allègement
administratif, donc, dans le but de désengorger la première ligne. Et c'est un
objectif que l'on ne peut que saluer. Mais j'aimerais, donc, surtout, donc,
profiter, donc, des consultations particulières que nous allons tenir pour
pouvoir entendre les réserves ou les questionnements ou les possibilités
d'aller plus loin dans l'atteinte de ces objectifs qui ont été soumis par les
différents représentants.
Nous avons... Nous allons entendre très
prochainement le Collège des médecins, qui aura des commentaires intéressants,
donc, à nous mentionner, notamment avec leur proposition de mise en place d'un
groupe permanent d'allègement des mesures administratives qui sont imposées
actuellement à l'ensemble des médecins ainsi que leur recommandation que
l'exigence d'obtenir l'ordonnance d'un médecin soit retirée des règlements
encadrant l'accès à des services assurés par la RAMQ lorsque la personne a fait
l'objet d'une évaluation par un autre professionnel de la santé apte à le
faire.
Je prends aussi la peine, Mme la
Présidente, de noter que du côté de la FMOQ, elle nous précise que ce n'est pas
juste d'affirmer que le projet de loi ajoutera annuellement
138 000 rendez-vous additionnels, parce que, bon, cette affirmation
tiendrait pour acquis qu'actuellement toute la paperasse administrative est
faite pendant les heures du bureau, alors qu'une bonne partie est faite en
surtemps à la maison le soir et les fins de semaine.
Nous allons aussi entendre, cet
avant-midi... Hein?
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Cadet : En terminant
déjà. Donc, tout ça pour dire, Mme la Présidente, plusieurs groupes ont des
réserves, ont des questionnements, il serait important de les entendre lors des
consultations particulières. Et on sera tout ouïe. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième groupe
d'opposition et député de Rosemont à faire ses remarques préliminaires pour une
durée d'une minute 30 s. La parole est à vous, M. le député.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Je crois que c'est la première fois que j'ai le plaisir de
travailler avec vous. Puis j'en profite pour saluer les collègues. Bon retour.
Mine de rien, on vient de basculer dans la deuxième partie déjà de ce mandat.
Ça va... Ça va rapidement. Et je ne prendrai pas plus de temps pour vous
saluer. Ce n'est pas par manque de politesse, c'est par manque de temps.
Je suis favorable à ce qui est déposé
devant nous aujourd'hui, puis on offre notre collaboration, bien sûr. Moi, je
ne connais personne, à part peut-être les commis dans la maison des fous
d'Astérix, je ne connais personne qui se lève le matin puis qui rêve de plus de
paperasse, qui rêve de plus de ce que les Anglais appellent du «red tape».
Alors, s'il y en a moins, si ça permet aux médecins de voir plus de patients, mais
surtout si ça permet aux patients de ne pas s'enfarger constamment dans toutes
les fleurs du tapis...
M. Marissal : ...du tapis de
la bureaucratie, bien, je pense qu'on fera œuvre utile. Et pour qui on fait un
projet de loi comme ça? J'aime beaucoup les médecins, mais je pense que je le
fais d'abord pour les patients, pour que les patients arrêtent de se prendre la
tête à chaque fois qu'ils sont malades. C'est déjà pénible d'être malade, c'est
déjà difficile d'avoir un arrêt de travail, c'est déjà difficile d'avoir à
subir parfois même la pression de son milieu professionnel. Si, en plus, on est
constamment pris par une bureaucratie qui nous étouffe, bien, tant mieux si on
est capables de régler ça. Et, comme ma collègue de l'opposition officielle, je
vais écouter avec plaisir les recommandations, dont celles du Collège des
médecins, qui me semblent porteuses d'avenir. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le député. Maintenant, nous allons débuter nos auditions, et je
souhaite la bienvenue au Collège des médecins du Québec. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. Gaudreault
(Mauril) :Merci, Mme la Présidente Sylvie
D'Amours, M. le ministre Jean Boulet, membres de la commission, bonjour. Je
vous remercie de donner l'occasion au Collège des médecins du Québec de vous
transmettre ses commentaires sur le projet de loi n° 68. Je suis le Dr Mauril
Gaudreault, j'ai le privilège de présider le collège depuis maintenant six ans.
Je suis accompagné aujourd'hui du Dr Alain Naud, médecin de famille, membre,
lui aussi, de notre conseil d'administration.
Je suis médecin de famille également.
Pendant des décennies, j'ai fait essentiellement deux choses: m'occuper de mes
patients, évidemment, et remplir des formulaires. Mon collègue, Dr Naud, vous
donnera tantôt un exemple de formulaire qui dénote des abus envers les
médecins, à notre avis. Le projet de loi n° 68 et les mesures d'allégement
mises en place en amont pour réduire la charge administrative des médecins
étaient attendus depuis longtemps. Tout le monde convenait de leur nécessité.
Mais il a fallu que vous décidiez d'agir pour que les choses se concrétisent.
La communauté médicale et les patients vous en seront reconnaissants. Ce projet
de loi est une avancée qui contribuera à améliorer l'accès aux soins.
Le collège veut vous proposer aujourd'hui,
si vous le voulez bien, d'aller encore plus loin. Nous proposons au législateur
trois choses: premièrement, retirer l'obligation d'obtenir une ordonnance d'un
médecin pour accéder à des services assurés par la RAMQ quand une évaluation
par un autre professionnel de la santé compétent suffit à démontrer la
nécessité d'un soin, d'un service ou d'un appareil; deuxièmement, mettre sur
pied un comité multipartite permanent qui analysera régulièrement les mesures
administratives imposées à l'ensemble des médecins ou d'autres professionnels
de la santé et qui jugera de la pertinence des formulaires qu'on leur demande
de remplir; troisièmement, revoir toute la notion de «certificat» et de
«service médical» pour empêcher des employeurs ou des assureurs de contourner
les dispositions de la loi et d'imposer leurs exigences administratives auprès
d'autres professionnels de la santé. Trois mesures simples, trois mesures
pragmatiques qui s'ajouteront à celles qui ont été mises en place et à celles
que vous voulez déployer, des mesures qui permettront aux médecins de consacrer
plus de temps aux patientes et aux patients et moins aux certificats, aux
formulaires et aux ordonnances non pertinentes.
À nouveau, on se réjouit des
assouplissements déjà mis en place par le gouvernement, comme par exemple, un
seul exemple, l'élimination de l'exigence... de l'exigence d'une attestation
médicale pour des absences en classe de courte durée. Celle-là, les parents
vont certainement l'apprécier.
• (10 heures) •
Au collège, nous militons depuis longtemps
pour donner plus de latitude aux autres professionnels de la santé au profit
des patients. Nous l'avons fait pour les physiothérapeutes, les podiatres, les
audiologistes également. Pour nous, une fois qu'un professionnel compétent a
procédé à l'évaluation d'une personne, qu'il a identifié le soin, le service ou
l'équipement qui est requis, il est superflu d'aller systématiquement chercher
l'ordonnance d'un médecin. C'est une mesure d'une autre époque, c'est
inutilement lourd, et nous n'en voyons vraiment pas la valeur ajoutée pour le
réseau et la population.
Au sujet du comité que le collège propose
de mettre sur pied, il pourrait également valider et juger de la pertinence des
formulaires que l'on fait remplir aux professionnels ainsi que s'attarder à
l'uniformisation de leur contenu. Le médecin ne doit pas être l'instrument de
compagnies d'assurance ou d'employeurs qui cherchent parfois à réduire les
compensations ou les traitements octroyés aux personnes malades ou accidentées.
Nous avons constaté que certains formulaires comportent des questions si
pointues qu'ils devraient relever d'une évaluation par d'autres professionnels
de la santé ou d'une expertise de pointe. Je prends soin ici d'ailleurs
d'insister sur l'autocritique à laquelle le gouvernement devra soumettre...
10 h (version non révisée)
M. Gaudreault (Mauril) :...ses propres formulaires, ceux, par exemple, de la
CNESST, de la RAMQ, de Retraite Québec et du retrait du Curateur public, par
exemple. N'oublions pas non plus ceux des organismes fédéraux. Le Collège des
médecins, donc, appuie le projet de loi n° 68. C'est
une avancée concrète visant à alléger la tâche administrative des médecins
québécois. C'est aussi un outil permettant de valoriser la contribution des
autres professionnels de la santé. Et au final, cela améliorera l'accès aux
soins, ce qui sera bénéfique pour toute la population. Je propose que mon
collègue, Dr Naud, vous donne un exemple de questionnaire auquel les médecins
doivent répondre au quotidien. Alain.
M. Naud (Alain) :Merci, Dr Gaudreault. Je suis médecin de famille depuis 39 ans.
Dans ma clientèle, il y a beaucoup de personnes vieillissantes aux prises avec
de multiples pathologies, dont certaines dégénératives. Et c'est la tendance,
je dois remplir plusieurs formulaires à tous les jours, sans exception, et il y
en a de plus en plus. J'ai ici un formulaire d'un assureur visant à déterminer
les conditions du retour au travail d'un de mes patients et des mesures
éventuelles de réadaptation, et c'est un cas réel. On me demande dans ce
formulaire, par exemple : Pendant combien de minutes peut-il marcher de
façon continue? De combien une minute de repos aura-t-il besoin, assis ou
debout, avant de continuer à marcher? Combien de minutes peut-il demeurer
debout de manière continue? De combien de minutes de repos devrait-il
bénéficier entre deux périodes, assises ou debout? Combien de kilos peut-il
soulever du sol à la hauteur de son bassin? Dans mon bureau, j'ai un
stéthoscope, un marteau réflexe et un diapason. Ça doit faire à peu près 1/10
de kilo et on me demande d'évaluer combien de kilos il peut soulever du sol à
la hauteur de son bassin. Ensuite, combien de kilos peut-il soulever de son
bassin jusqu'aux épaules? Et combien de kilos ensuite au-dessus de ses épaules?
Aux Jeux olympiques, en haltérophilie, on
a appris que ça s'appelait un épaulé-jeté. Mais je n'ai pas de gym d'haltérophilie
dans mon cabinet pour évaluer ces questions-là. Il peut soulever des poids dans
une proportion de combien de pourcentage du total de son temps de travail
quotidien? Et là j'ai trois choix : de 1 % à 5 %, de 6 % à
33 % ou de 34 % à 66 %? Là, j'hésite. Est-ce que je vais écrire
32 %, 33 %, 34 %? J'imagine que la réponse doit être foutument
importante pour le patient. Je dois aussi déterminer quel est le poids qu'il
peut tirer ou pousser. Dans ce formulaire : Quelle est sa capacité à
monter des escaliers? Quelle est sa capacité à s'agenouiller? Et il en est
ainsi pour cinq pleines pages. Rendu là, Mme la Présidente, le médecin a lui
aussi le goût de mettre le genou à terre. Pour répondre aux questions
auxquelles je peux répondre, c'est plusieurs heures.
Mme la Présidente, M. le ministre et
membre de la commission, voici un exemple de ce qu'on reçoit trop souvent dans
le quotidien de notre clinique, de notre pratique médicale.
M. Gaudreault (Mauril) :Merci, Dr Naud. Cette démonstration, Mme la Présidente, illustre
notamment le bien-fondé de notre demande de comité permanent. Je vous remercie
de nous avoir écoutés. On est prêt maintenant à répondre à vos questions.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Dr Gaudreault et merci, Dr Naud. Maintenant, nous allons passer à la période d'échange
avec le ministre pour une période de 16 min 30 s. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Merci, Dr Gaudreault. Merci, Dr Naud. On réalise à quel
point un projet de loi de cette nature est un incontournable. J'ai même des
amis, moi, qui sont des médecins spécialistes puis des médecins de famille qui
me disent qu'ils n'auraient peut-être pas décidé de s'orienter de cette
manière-là, d'étudier en médecine, s'ils avaient su à quel point le fardeau
administratif pouvait être un obstacle ou pouvait être imposant. Ça fait que je
comprends super bien votre réalité. 25 %, c'est du temps qui ne peut pas
être consacré à des soins cliniques. C'est du temps qui empêche au Québec de
donner un meilleur accès. Puis c'est...
M. Boulet : ...amorcé ce
processus-là dans d'autres provinces au Canada. Donc, il faut aller dans cette
direction-là.
Ce que je voulais vous mentionner, c'est
que, quand vous référez aux services assurés par la RAMQ, il ne faut pas
considérer, encore une fois, que ce projet de loi là est une finalité. Il y a
des choses qui peuvent se faire administrativement. Il y a un comité qui a été
mis en place par le ministère de la Santé, qui débouche sur un plan santé.
L'objectif ultime, c'est de réduire la charge administrative des médecins, puis
il y a plusieurs partenaires externes qui participent au processus menant à des
décisions. J'ai référé tout à l'heure à la CNESST et aux CHSLD, mais la FMOQ,
la FMSQ et autres sont impliqués dans ce processus-là.
Ça fait que moi, c'est sûr que je me
dis : Il faut faire l'analyse. Ce n'est pas tous les services, ce n'est
pas tous les soins qui sont assurés par la RAMQ, mais voir ce qui peut être
fait au plan administratif. En fait, l'exemple que vous donniez par les médias,
c'est une personne qui va voir un professionnel qui se fait recommander par
exemple une imagerie et qui doit, pour obtenir le... Là, ce n'est pas un service
assuré, ou, s'il est un service assuré, qu'il doive obtenir un certificat
médical le confirmant, hein? Je ne sais pas si un des deux, Dr Gaudreault
ou Dr Naud, vous pouvez me confirmer, me donner des précisions sur cet
exemple-là.
M. Gaudreault (Mauril) :En fait, ce n'est pas un exemple dont je veux vous parler.
Ce que je veux vous dire là, puis, tu sais... vraiment ce qui nous anime nous,
là, c'est de ne pas nécessairement toujours passer par l'obligation d'une
ordonnance d'un médecin pour obtenir un service, pour obtenir des choses qui
sont assurées par la RAMQ notamment. Mais tout cela dans le sens de reconnaître
que d'autres professionnels de la santé sont aussi compétents pour pouvoir
signer de telles ordonnances ou de telles recommandations. C'est ça. Ce n'est
pas un exemple, là, notamment, qui va faire en sorte de bien comprendre la
chose. On sera tous d'accord que, pour les patients, M. Marissal en a
parlé tantôt, c'est ça qui des fois fait en sorte que la personne parle d'un
parcours du combattant pour essayer d'avoir... obtenir finalement les
ordonnances qui, si on regardait ça comme il faut, ne serait pas absolument
nécessaire de la part d'un médecin, mais pourrait se faire avec un autre
professionnel de la santé. C'est beaucoup cela. Je ne veux pas aller trop vite,
là, puis dévoiler de choses particulières, mais la semaine prochaine, nous
allons revenir en commission parlementaire pour ce qui est de l'élargissement
des pratiques professionnelles. On va parler à nouveau d'élargir les possibilités
que d'autres professionnels puissent poser des actes et prendre des
responsabilités.
Donc, la pratique de la médecine,
particulièrement de la médecine de famille, maintenant, c'est une pratique en
équipe, avec d'autres professionnels. Il faut faire en sorte que ces autres
professionnels là puissent avoir plus d'autonomie et remplir plus, exemple, de
formulaires pour ce qui est de la question qui nous concerne.
M. Boulet : O.K. Je comprends
super bien. C'est pour ça que j'ai tellement l'impression que l'objectif ou les
objectifs visés par ce projet de loi transcendent tout le reste, là. Et
confirmez-moi que le professionnel de la santé est celui le mieux placé pour
déterminer la fréquence et la pertinence des rencontres et la nécessité d'aller
rencontrer un médecin pour obtenir un service et ultimement un certificat.
• (10 h 10) •
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, c'est... Le professionnel
de la santé, pour moi, il est compétent pour prendre de telles décisions. Et
quand le professionnel de la santé, autre que le médecin, estime que ça lui
prend un avis du médecin, il faudra faire en sorte de faciliter tout cela
également.
M. Boulet : Tout à fait. Je
comprends bien. Puis quand on dit le médecin, ça implique aussi d'autres
intervenants, comme les physiothérapeutes, les psychologues...
M. Gaudreault
(Mauril) :Exemple.
M. Boulet : J'en ai fait
référence, les ergothérapeutes, les kinésiologues. Oui, ça fait partie des
exemples.
M. Gaudreault
(Mauril) :On revient souvent à l'exemple
de l'audiologiste. J'ai des appareils auditifs. L'audiologiste, qui considère
que quelqu'un a besoin d'un appareil auditif. Les appareils auditifs peuvent
être payés par la RAMQ, mais au moment où on se parle, l'audiologiste a encore
besoin, ou la RAMQ l'exige, que l'ordonnance soit signée pas nécessairement par
un médecin, mais par un médecin oto-rhino-laryngologiste. Donc, il y a là un
abus, là, à mon avis...
M. Gaudreault
(Mauril) :...vraiment, vraiment la
nécessité qu'on revoie de telles situations.
M. Boulet : Oui, je
comprends. J'aimerais mieux comprendre, là, tu sais, parce que, là, on parle
plus largement, là, des intervenants du domaine de la santé, j'ai référé à
certains spécialistes du domaine de la santé. Quand vous dites : redéfinir
plus largement ou remplacer par un terme plus inclusif des autres professions
service médical, et, après ça, vous dites : certificat médical,
pouvez-vous me donner plus d'explications pour que je comprenne bien votre
point?
M. Gaudreault
(Mauril) :Bon, je vais y aller avec... je
vais débuter puis Alain va poursuivre, mais certificat et service, nous
proposons d'enlever le mot, le qualificatif «médical», et que ça soit plutôt
«professionnel» pour englober les autres professions de la santé, les autres professionnels
de la santé qui peuvent également justifier par un avis, une absence ou le
besoin de recevoir un soin ou une consultation. Donc, englober ça de façon plus
large afin de faire en sorte que si on enlève juste le mot «médical» et qu'on
n'ajoute pas «professionnel», de faire en sorte que les compagnies d'assurance
ne puissent pas outrepasser cette disposition de la loi, puis, à ce moment-là,
s'adresser à d'autres professionnels. Alain, peut-être des précisions?
M. Naud
(Alain) :Pour reprendre l'exemple que Dr
Gaudreault donnait tantôt, un audiologiste qui évalue l'audition d'un patient
juge qu'il a un déficit suffisant qui pourrait lui permettre d'avoir un
appareil couvert par la RAMQ, bien, dans la démarche pour le patient, pour
pouvoir éventuellement avoir ses appareils, il doit rencontrer un ORL, il doit
produire une attestation médicale lui permettant d'avoir ses appareils et que
ce soit couvert par la RAMQ. A-t-on besoin d'une attestation médicale? Est-ce
qu'une attestation professionnelle d'un audiologiste serait suffisante, ne
devrait pas être suffisante pour lui permettre d'avoir ses appareils? En
définitive, c'est l'audiologiste qui détermine si le patient a besoin d'un
appareil ou pas, là, ce n'est pas l'ORL.
On voit la même chose avec les orthèses
plantaires. Je vous donne un exemple. La semaine dernière, j'ai une patiente
qui me dit : Je voudrais avoir une prescription pour des souliers
orthopédiques parce que mes assurances me demandent une prescription médicale
et c'est couvert par mes assurances. Bon, je lui ai fait une ordonnance,
souliers orthopédiques. Deux jours après, elle me rappelle : Oui, ça a été
refusé par la compagnie d'assurance, il faut que vous marquiez : Souliers
moulés à ses pieds. Bon. Je marque souliers moulés à ses pieds. Ce que j'ai
fait est d'une totale inutilité. Si le patient a besoin d'orthèses plantaires,
ce n'est pas moi qui va le déterminer. Si le patient a besoin de souliers
moulés à ses pieds, ce n'est pas moi qui va le déterminer, c'est l'orthésiste
du pied, c'est le podiatre. Ce sont les spécialistes du domaine et ils
devraient pouvoir faire des attestations podiatriques permettant au patient qui
est assuré par une compagnie d'assurance qui couvrent ce service d'y avoir
accès.
Donc, il faut, encore une fois, quand on
met le terme «médical» pour les attestations, pour les services, ça veut dire
qu'on a l'intention de tout faire passer par le médecin, faire autoriser par le
médecin, alors que ce qu'on dit, c'est qu'il y a des professionnels compétents
qui font du travail, qui font des diagnostics, qui appliquent des traitements,
qui utilisent des modalités diagnostiques. On devrait donner l'autonomie
nécessaire à ces gens là d'aller jusqu'au bout de leurs compétences
professionnelles.
M. Boulet : Je comprends
bien. En même temps, ce que le projet de loi veut faire, c'est d'interdire à
l'assureur d'exiger un service ou un certificat médical, par exemple. Ici, si
c'est un podiatre, par exemple, l'assureur ne pourrait pas exiger qu'il
obtienne un certificat médical. On se comprend bien. C'est parce que j'ai
compris tout à l'heure du Dr Gaudreault que vous recommandiez qu'on remplace
«médical» par «professionnel». Est-ce que c'est bien ce que j'ai compris?
M. Gaudreault
(Mauril) :Pour englober ça aux professionnels
de la santé.
M. Boulet : En fait, ce que
vous souhaitez ou évitez, c'est que l'assureur fasse indirectement ce qu'il ne
peut pas faire indirectement, ce qui inciterait, par exemple, certains
assureurs à dire : Tu n'es pas contraint d'aller voir un médecin, mais
t'es contraint d'aller voir un autre intervenant du domaine de la santé. C'est
essentiellement le point qui fait l'objet de votre recommandation.
M. Gaudreault
(Mauril) :C'est tout à fait cela.
M. Naud
(Alain) :Exactement. Mme la Présidente,
pour reprendre l'exemple de M. le ministre, c'est qu'on pourrait dire : On
va interdire aux compagnies d'assurance d'exiger un certificat médical, mais
les compagnies d'assurance pourraient dire : Bien, on va exiger un certificat...
M. Naud
(Alain) : ...podiatriques, on n'est pas plus avancés, là.
C'est... C'est.... C'est le sens exactement, là, de notre demande.
M. Boulet : Tout à fait. O.K.
On aura l'occasion d'en discuter plus tard en étude détaillée, là, mais la notion,
de même, indirectement, elle est prévue là aussi à l'article 29.1 du
projet de loi.
J'aimerais ça finir avec l'autre
recommandation, un comité multipartite. Bien, comme je vous expliquais, il y a
une structure de gouvernance bien établie au ministère, dont l'objet, c'est de
réduire la charge administrative des médecins. Les médecins omnipraticiens sont
parmi les partenaires externes, les médecins spécialistes, la RAMQ, la CNESST,
les établissements du réseau de la santé. Est-ce qu'un comité multipartite
n'aurait pas les mêmes fins, n'aurait pas le même impact de bureaucratiser ou
de rendre moins efficace ce qui est déjà fait ici et contrôlé par le ministère
de la Santé? J'aimerais ça vous entendre là-dessus, sur ce comité multipartite
là. Parce que je ne veux pas que tout... Tu sais, je reviens encore sur les
avancées extraordinaires qu'on a faites pour le 138 000 plages
horaires qu'on a libérées avec la CNESST et avec les CHSLD, et j'aimerais ça
que vous me donniez un peu plus d'explications sur ce comité-là, qui aurait la
même finalité, c'est-à-dire d'alléger le fardeau administratif des médecins.
M. Gaudreault
(Mauril) :D'alléger, mais pas seulement
d'alléger. Je dirais de préciser, de valider, d'évaluer la pertinence de tous
ces formulaires, de faire en sorte d'uniformiser, d'une certaine façon. Des
formulaires de cinq pages, comme le Dr Naud parle, il y a d'autres formulaires
qui pourraient être faits de façon appropriée, plus pertinente. Et ça, au
moment où on se parle, ça n'existe pas. Donc, un comité multipartite, avec
plusieurs partenaires, le ministère de la Santé évidemment, les fédérations, le
collège, les autres ordres professionnels impliqués, qui pourrait regarder de
façon régulière, exemple de façon trimestrielle, je dirais, des formulaires
afin de valider et de faire en sorte qu'il n'y ait pas une tonne, plusieurs
formulaires de diverses compagnies, divers partenaires, diverses... diverses
organisations à remplir pour le médecin. Donc, c'est pour faciliter le travail
du médecin, mais c'est encore bien plus. Et là, je reprends toujours
l'expression du patient, c'est de rendre ça beaucoup plus facile pour les
patients et de faire en sorte que le parcours d'un patient ne devienne plus
celui d'un combattant.
M. Boulet : On est tellement
d'accord. La personne qui va recevoir des services d'un psychologue ou d'un
physiothérapeute, qui est contrainte d'aller voir un médecin, c'est ça qui
provoque des délais, qui diminue l'accès et puis qui empêche le médecin de se
concentrer sur les services cliniques. Puis c'est la même affaire pour les
aides techniques, pour les prestations d'invalidité. Puis on le dit, comme je
le mentionnais tout à l'heure, une personne a une gastro-entérite ou est une
proche aidante puis elle doit souvent aller, soit parce que c'est imposé par
l'assureur, soit parce que c'est demandé par l'employeur, obtenir un certificat
médical. Il faut, tous ensemble, continuer d'aller dans cette direction-là puis
atteindre l'objectif fondamental de ce projet de loi là.
Il reste deux minutes. Bien, je vais vous
laisser peut-être du temps. Est-ce que vous avez des commentaires additionnels
à faire? Parce que je trouve que votre mémoire est super bien fait. Vous avez
des recommandations qui sont claires, que j'ai aimé les précisions que vous
m'avez apportées. Je ne sais pas s'il y a d'autres éléments que vous
souhaiteriez...
• (10 h 20) •
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, revenir sur le comité
permanent, peut-être, avec plusieurs partenaires pour voir ça de façon
régulière, et tout cela dans le sens de valider ce qu'il y a là-dedans, de
l'optimiser et de le rendre plus pertinent. Et ça, au moment où on se parle, ça
n'existe pas. Et là, ça... ça existerait de par une loi, la formation d'un tel
comité. Ça nous apparaît essentiel.
M. Boulet : Oui. Mais en même
temps, vous savez qu'il y a une procédure qui est prévue, qui va permettre à
Santé Québec d'exiger des informations de l'assureur ou de l'administrateur du
régime d'avantages sociaux, qui va déterminer... Bon, il y aura éventuellement
un processus qui va nous permettre de mesurer, d'évaluer et de vérifier les
avancées concrètes que ça va générer et c'est quoi les angles morts, là,
dans... sur le terrain et de manière à nous permettre de boucher ces angles
morts là. Mais je le répète, il n'y a pas que le projet de loi, il y a les
avancées déjà effectuées. Puis il y en a d'autres qui vont être effectuées,
parce qu'au ministère, on travaille avec une gouvernance...
M. Boulet : ...gouvernance qui
est vraiment serrée et avec beaucoup de consultations. Merci beaucoup, Dr
Gaudreault, merci, Dr Naud, merci au collège aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Maintenant, nous allons passer la parole à la députée de Bourassa-Sauvé. La
parole est à vous.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Dr Gaudreault, bonjour, Dr Naud, merci beaucoup pour votre
exposé effectivement très clair ainsi que votre mémoire, qui... qui était donc
très limpide à lire, avec des recommandations très à propos.
J'aimerais, en premier lieu, revenir donc
sur l'exemple que vous avez donné, Dr Naud, là. Ça... Ça nous semblait... On
avait l'impression, effectivement, d'être un peu dans la maison des fous, avec
les exemples que vous donniez, en disant: Ça, ce n'est qu'une infime partie des
questions auxquelles, donc, vous devez répondre dans... dans le cadre de votre
travail. On comprend bien, donc, toute la... la lourdeur de la charge
administrative et... et à quel point, autant pour le patient que pour vous, que
ça peut constituer un non-sens. Donc, merci pour... pour ça.
Puis ma première question, donc, irait
justement en complément, donc, de... de cet exemple-ci, parce qu'effectivement,
donc, on a mentionné donc les aspects sur lesquels, donc, le projet de loi va
jouer, et je pense qu'on est tous d'accord autour de la table pour dire que
c'est un premier pas. Et là, donc, je vous... je vous amène à... à nous... nous
indiquer, donc, comment est-ce qu'on pourrait faire un... un second pas au
niveau de l'allègement du fardeau administratif des médecins quant aux
formulaires à remplir pour les assureurs privés. Là, j'irais dans le régime
public par après, parce que c'est l'objet de... d'une grande partie de vos
recommandations. Mais, au niveau des assureurs privés, avec l'exemple que vous
donnez, est-ce que vous avez l'impression que le projet de loi vous allège un
tant soit peu avec... avec ce que vous avez nommé, là, comme... comme
questionnements dans vos formulaires?
M. Naud
(Alain) :Mme la Présidente, je remercie
Mme la députée de la question. Non, et c'est pour ça qu'on... qu'on... qu'on
propose ce... ce genre de comité multipartite là central, parce que, malgré ce
que M. le ministre disait tantôt qui est déjà en place, bien, effectivement, de
toutes les organisations privées, compagnies d'assurance privées, on continue
de recevoir des tonnes... Puis, dans l'allocution, je vous ai... je vous en ai
montré un, je peux vous en montrer plein d'autres, là. J'en ai un ici qui est
pire encore, il fait 11 pages, d'une compagnie d'assurance, et 11 pages
pleines, là, et on pose des questions comme par exemple - puis je vous en donne
juste deux, pour vous donner un exemple, là: «Soins personnels et toilette,
soins personnels, se laver le visage, le corps, les membres et le périnée,
toilette, se coiffer, se brosser les dents, se raser, se maquiller. Est-ce que
le patient présente de la difficulté et/ou de la douleur? Est-ce qu'il a besoin
d'aide? Est-ce qu'il a besoin de l'aide d'une autre personne moins de 50 %
du temps, plus de 50 % du temps?»
Une autre question, et... et... et on
sombre parfois, là, dans le ridicule, là: «Douleurs chroniques: Est-ce que le
patient présente une douleur chronique? Décrivez la gravité et la fréquence de
la douleur. S'il y a lieu, décrivez l'effet sur la... de la douleur sur le
sommeil, par exemple les minutes de sommeil perdues chaque nuit en raison de la
douleur. Décrivez la réponse émotionnelle du sujet de la... à la douleur ainsi
que sa capacité de réagir à des conditions stressantes. Décrivez la perte de la
mémoire subjective, le manque de concentration.» Je ne vais pas dormir avec mes
patients chez eux, là, pour savoir combien de minutes ils sont réveillés la
nuit quand ils ont de la douleur chronique, là.
Alors, malgré ça, et c'est le but dans...
du comité central, si on demande à des médecins, et je parle pour n'importe
quel professionnel, de remplir un formulaire, on devrait s'assurer du contenu
aussi, là, pas juste de la quantité, du nombre, d'où ils originent, là, mais
s'assurer que ces formulaires-là soient fonctionnels, soient pertinents, que
les questions soient nécessaires, qu'elles sont du ressort du médecin qui doit
le compléter, et je pense que... Parce qu'actuellement, là, toutes les
organisations privées font leur formulaire maison, envoient ça aux médecins,
exigent aux patients qu'il soit complété pour avoir accès à un service, à une
compensation, peu importe, mais il n'y a personne qui s'assure du contenu de
ces formulaires-là. Donc, on devrait avoir des gens compétents du domaine qui
se réunissent, qui évaluent chacun de ces formulaires-là qu'on impose aux
professionnels de la santé pour s'assurer que... formulaires- là sont
corrects, et qu'on ne sombre pas dans le ridicule.
Mme Cadet : Merci. Je pense
que ça... ça clarifie quelques aspects, puisque... comme on l'a dit, puis je
pense que vous le... vous venez de l'évoquer, Dr Naud. Donc, en ce moment,
donc, on se concentre, dans le cadre du projet de loi, donc, sur la... la
quantité de formulaires à remplir, en disant donc: Comment est-ce qu'on est
capables, donc, de faire sauter, donc, cette étape-là dans le processus pour
éviter que certains patients, donc, ils aient à passer par vous pour pouvoir,
donc... donc, par exemple, donc, se faire rembourser certaines, donc, prestations,
là, ou avoir accès, donc, à... à d'autres services, donc, dans... dans le
cadre, donc, de leur contrat d'assurance collective?
Mais, sur le plan du contenu, donc,
lorsqu'un patient, donc, doit effectivement se rendre chez vous, parce que ça
ne viendra pas éliminer l'ensemble, donc, des... des... bien, des...
Mme Cadet : ...des patients,
donc, qui auront à obtenir un certificat médical. Il y a quand même, donc,
énormément de travail à faire au niveau de la paperasse puis au niveau, donc,
d'uniformiser tout ça.
M. Naud
(Alain) :Exactement. Il ne faut pas
s'occuper juste du contenant, il faut s'occuper du contenu aussi, et ça, c'est
un irritant majeur, je peux vous dire.
Mme Cadet : Et il n'y a
absolument rien qui encadre le contenu? Là, vous dites que les formulaires sont
faits maison.
M. Naud
(Alain) :Il n'y a absolument rien qui
encadre ça pour ce qui est des formulaires de tout ce qui est privé.
Maintenant, du côté gouvernemental, il y a
des formulaires qui sont évidemment produits par les organisations
responsables, mais encore là, je vous montre celui du Curateur public, il fait
huit pages, celui de Retraite Québec, il fait quatre pages. Et il y a beaucoup
de questions là-dedans où que nous qui avons à compléter ces formulaires-là ne
sommes pas certains de la pertinence parfois ou que nous sommes la bonne
personne à être interpellée pour être capable d'y répondre. Donc, s'occuper du
contenu, je pense que le projet de loi là-dessus ne va pas assez loin.
M. Gaudreault
(Mauril) :Et entendons-nous, là...
Mme Cadet : Oui, allez-y.
M. Gaudreault
(Mauril) :...ça prend des formulaires
pour qu'une société fonctionne correctement. Ça en prend, des formulaires. On
n'est pas en train de vous dire qu'il faut arrêter d'avoir des formulaires,
mais il faut les optimiser, ces formulaires-là. Il faut optimiser leur contenu
et faire en sorte que, tout en ayant réponse à des questionnements à l'intérieur
du formulaire, ça soit moins lourd de temps pour les professionnels qui vont
avoir à les remplir. De là tout objectif du comité permanent multipartite.
Mme Cadet : O.K., je
comprends parce que vous dites : Donc la voie législative ne serait pas
nécessairement, donc, la meilleure pour encadrer le contenu des formulaires,
mais la création du comité, donc, le permettrait. Puis le comité, donc, que
vous mettez de l'avant dans votre recommandation n° 2,
donc le comité multipartite permanent, donc serait... bien, dans le fond, il
aurait pour objectif, donc, d'analyser autant les formulaires, donc, au niveau
des assureurs privés que ceux du régime public.
M. Gaudreault
(Mauril) :Oui.
Mme Cadet : O.K.
M. Gaudreault
(Mauril) :Oui, oui, il faut faire ça.
Mme Cadet : Et puis... Et
donc ce serait, donc, une manière aussi, comme vous dites, donc, de
l'optimiser, mais d'actualiser aussi le contenu de façon récurrente, de
façon... Donc, c'est un comité permanent, donc vraiment... lorsque le besoin se
fait sentir que les membres pourraient, donc, se rencontrer pour être en
mesure, donc, de mettre à jour le contenu de ces formulaires là, pour qu'au
moins il y ait une certaine uniformité, puis ce que j'entends de Dr Naud, une
pertinence face aux questions. C'est comme vous dites, vous n'allez pas chez
les patients la nuit pour voir... pour être capable de répondre à chacune de
ces questions là qui semblent... qui ne sont pas tout à fait à propos, là. Pas
toujours. O.K. Donc, ça, ça me semble clair du côté du comité multipartite.
Maintenant, donc, si j'ai bien compris
votre première recommandation, donc de vous assurer que l'exigence d'obtenir
l'ordonnance d'un médecin soit retirée des règlements encadrant l'accès à des
services assurés par la RAMQ également, parce que le projet de loi se concentre
sur les assureurs privés et les administrateurs, donc, de régimes d'avantages
sociaux, et vous dites donc qu'il y a une opportunité, il y a une porte qui est
ouverte ici pour qu'on puisse faire un pas de plus pour réduire la lourdeur
administrative sur le plan de la quantité, là, parce que tantôt on s'est
concentré sur le contenu, mais sur le nombre, on n'est pas sorti de l'auberge
si on se concentre que sur les assureurs privés. C'est bien ça?
• (10 h 30) •
M. Gaudreault
(Mauril) :Oui, on a écrit ça pour
réduire. On parle beaucoup de réduire la charge administrative des médecins,
mais tout cela c'est afin, je dirais, d'augmenter et non pas de réduire tout le
temps consacré au patient et aussi d'optimiser le temps du patient pour aller
chercher de telles ordonnances également. Sans compter, je le répète, là, la
nécessaire reconnaissance de la compétence de ces professionnels-là.
Mme Cadet : O.K., parfait.
Donc, ça, je pense que ça, ça me semble assez clair. Puis dans votre mémoire,
donc, vous donniez, donc, trois exemples distincts, mais vous avez évoqué,
donc, celui des audiologistes plus tôt en commission. Vous parlez, donc, des
examens d'imagerie médicale qui sont prescrits par les podiatres qui ne sont
pas remboursés par la RAMQ parce qu'il faut passer par le... bien, en fait, ils
doivent référer leurs patients sans assurance à un médecin pour être capables
de tenir un billet du médecin qui semble être une étape superflue, là, c'est ce
que vous avancez. Et l'exemple, donc, des ergothérapeutes et des
physiothérapeutes qui pourraient pleinement utiliser leur compétence dans
l'attribution, donc, des appareils qui... déficience physique sans qu'un
médecin ait à le tester pour que l'appareil soit remboursable par la RAMQ.
Est-ce qu'il y en a beaucoup des exemples comme ça?
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, tu sais, il y a plusieurs
exemples de papiers pour lesquels on demande...
10 h 30 (version non révisée)
M. Gaudreault (Mauril) :...une ordonnance médicale d'un patient, patiente qui ont
été évalués par un autre professionnel de la santé, on demande au patient de
remplir le papier, et qui, lui, n'a pas vu ou ne verra pas le patient ou la
patiente. Il y en a plusieurs exemples comme ça, là. Ça fait qu'il faut cesser
ça. Ça n'a pas de bon sens non plus, ça, de fonctionner comme ça, de demander à
un professionnel de signer quelque chose pour un patient qu'il n'a pas vu, tu
sais.
Mme Cadet : Oui. Ce qui est
exactement le même concept que ce qu'on fait au niveau des assurances privées
dans le cadre du projet de loi, en fait, là. Ce que vous dites, c'est que
puisqu'on est en train, donc, d'ouvrir, donc, cette... de se questionner sur
cet enjeu au niveau des assureurs privés, bien, on a une opportunité, donc, de
pouvoir le faire au niveau du régime public, parce qu'on retrouve les mêmes
incohérences, tant sur le plan des dédales et du... du chemin de croix du
patient lorsqu'il veut obtenir, donc, le remboursement d'un service, que ce
soit au niveau, donc, des assureurs privés ou du régime public, là.
Maintenant, avec le temps qu'il nous
reste, je veux juste aussi, donc, me concentrer, donc... vos troisième et
quatrième recommandations au niveau, donc, du... de la terminologie. Parce que
vous nous faites, donc, des... des recommandations aussi, bien, des
modifications terminologiques pour élargir la portée du projet de loi. Donc, si
j'ai bien saisi, parce que le ministre vous a posé la question tantôt, donc ici,
c'est nous assurer, au niveau de... bien, en fait, lorsqu'on se concentre sur
les... les exigences, donc, qu'on viendrait... qu'on... qu'on viendrait, donc,
émettre aux assureurs privés, donc, qu'ils ne puissent pas faire indirectement,
donc, ce que le projet de loi les empêche de faire directement lorsque vous
voulez élargir la terminologie de «service médical» à «service professionnel».
Puis c'est bien la terminologie que vous... parce que dans le mémoire, ce n'est
pas... ce n'est pas indiqué, mais de ce que vous nous avez... et de ce que vous
nous avez évoqué, pour vous, donc, la bonne terminologie, ce serait de parler
de «certificat professionnel» et de «service professionnel»?
M. Gaudreault (Mauril) :Oui. Dans le sens que ce n'est pas seulement «médical» -
comme je l'ai dit tout à l'heure, la pratique de la médecine, des soins de
santé, c'est des soins en équipe maintenant, de plus en plus, ça, c'est reconnu
- donc de faire en sorte que ça ne soit pas seulement «médical», mais que ça
puisse aussi reconnaître la compétence des autres professionnels de la santé.
Donc, pas seulement «médical», il ne faut pas cibler seulement «médical». Moi,
je vous dis le mot «professionnel», là, ça pourrait être d'autre chose, c'est
vous qui allez décider cela, mais vous comprenez ce que je veux dire. C'est
éliminer le mot «médical» et l'élargir de façon suffisante pour y inclure les
autres professionnels de la santé qui seraient impliqués dans de telles
situations.
Mme Cadet : D'accord.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions pour cette période d'échange. Je vais
maintenant céder la parole au député de Rosemont. La parole est à vous pour une
période de quatre minutes huit secondes.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Bienvenue de nouveau. Heureux de vous... de vous revoir. C'est
toujours utile et instructif, ce que vous nous racontez. D'ailleurs, pour le
bénéfice de la commission, Dr Naud, pourriez-vous déposer les formulaires que
vous avez cités? Je présume que je peux les trouver, là, mais pour le bénéfice
de tous.
M. Naud (Alain) :Ceux que j'ai en ma possession, non, parce que je ne les ai
pas anonymisés.
M. Marissal : Non. Je veux le
formulaire vide. Je ne veux pas le contenu.
M. Naud (Alain) :Mais je peux le faire puis le déposer ultérieurement.
M. Marissal : Merci. Ce
serait... Ce serait apprécié. Une petite nuance sur ce que vous avez apporté
comme... comme exemple, là, sur les podiatres, là. Quant à moi, le problème des
podiatres, c'est qu'ils ne sont pas couverts par la RAMQ et que la podiatrie au
Québec est uniquement du domaine privé. Ils n'ont a pas de codes de
facturation, ce qui, à ce jour, me dépasse encore. Parce que, si vous avez un problème
avec pied, essayer de fonctionner, de travailler, je ne sais pas comment on
fait ça. Le reste, à peu près, du corps est couvert mais pas les pieds. Il y a
des choses qui m'échappent, là, dans le grand... dans le grand mystère de la
santé au Québec, là. Mais je pense que le problème, il est plus là, là. Puis,
si on était capables de travailler ensemble, là, pour qu'un jour au moins les
services essentiels des pieds soient couverts, je pense qu'on ferait œuvre
utile pour faire marcher la société.
Quant aux assurances et aux assureurs,
permettez-moi d'être méchant ce matin, là, mais moi je pense que les compagnies
d'assurance vendent des parapluies qui n'ouvrent pas quand il pleut, là, et qu'il
y a toujours 56 façons de ne pas payer. Ce qui me fait dire que, si on
vous décharge d'une responsabilité, par exemple des formulaires absurdes que
vous avez à répondre, à remplir, il est possible que les compagnies d'assurance
ne plient pas si facilement et ne fassent que transférer la responsabilité à d'autres
professionnels. Vous en avez parlé tout à l'heure. Le ministre dit qu'à 29.1 on
va toucher ça, si j'ai bien compris ce qu'il a dit tout à l'heure. Mais comment
on s'assure qu'on ne fait pas juste transférer le problème d'un professionnel à
un autre?
M. Gaudreault (Mauril) :Bien, ce n'est pas ça, ce n'est surtout pas ça qu'on veut
faire. Mais c'est plus dans le sens de reconnaître les compétences des
professionnels et non pas de transférer des responsabilités...
M. Gaudreault
(Mauril) :...aux médecins, à d'autres
professionnels. Il ne faut pas que ça soit vu comme ça. J'espère que ce n'est
pas vu comme ça, sinon, bien, on... on ajustera nos mots puis nos façons de le
dire. Mais c'est... c'est de répartir ensemble le travail et la tâche, et non pas
seulement sur les épaules du médecin. Mais ce n'est pas de transférer, parce
que je vous le dis, là, des fois on remplit quelque chose, tu sais, puis que
c'est un autre professionnel qui l'a vu. Le médecin, il ne l'a pas vu. C'est là
de l'absurdité de la chose, de devoir avoir une ordonnance médicale. Donc, il
faudra faire en sorte, là... nous, c'est une suggestion qu'on fait, il faudra
faire en sorte... puis je me... j'ai confiance en vous, hein, de faire en sorte
que ce ne soit pas vu comme des médecins qui demandent que la charge ne soit
pas juste sur l'épaule des médecins, mais plutôt qu'elle soit répartie de façon
positive et constructive entre les professionnels. Et vous allez recevoir sans
doute aussi des associations de compagnies d'assurance, là, aujourd'hui ou
demain, je ne sais pas. Mais, à ce moment-là, discuter avec eux comment ça
pourrait être fait également. Je pense qu'il faut ensemble voir comment on
pourrait diminuer l'alourdissement de cette tâche-là par rapport à tous ces...
tous ces formulaires dont le Dr Naud vous a parlé.
M. Marissal : Merci pour ça.
Votre comité permanent multipartite, vous verriez qui là-dessus? Puis le
fonctionnement? Parce qu'on n'a peut-être pas nécessairement besoin de plus de
comités. Cela dit, cela dit, je ne sais pas comment fonctionnera Santé Québec
là-dessus. Je ne le sais pas encore pour le moment. Comment vous voyez le
fonctionnement et qui devrait siéger là-dessus?
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, on n'a pas besoin de plus
de comités, mais on a besoin de ce comité-là et, à mon avis, des gens du...
c'est sûr, je vais vous dire, des gens du collège évidemment qui vont être
là-dessus, là, mais du ministère, de santé Québec, des fédérations médicales,
des autres représentants des professionnels également impliqués pour faire en
sorte, de façon régulière, de revoir puis de faire des recommandations par
rapport à ces... à ces... d'en valider le contenu et la pertinence.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. C'est tout le temps que nous avions pour ce bloc d'échange.
Il reste quelques minutes. J'ose vous
poser une question. Avec tout ce que vous avez dit, j'ai l'impression que ça
fait longtemps que vous attendiez ce projet de loi là. Combien de pourcentage
de patients vous auriez la possibilité de voir, si vous n'aviez pas tous ces
documents-là à remplir? Êtes-vous capable de chiffrer, de donner un
pourcentage?
• (10 h 40) •
M. Gaudreault
(Mauril) :Bien, je vais dire un début de
réponse, puis Alain pourra compléter. Mais on... Le sondage de la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec, ils vont sans doute vous en parler, a
démontré que 24 % à 25 % de la charge du médecin de famille moyen est
occupée à remplir des documents, des formulaires. Ils n'en font pas... Ils ne
font pas ça uniquement lors des... des journées et, des fois, ils font ça le
soir, les fins de semaine chez eux, mais ça ne veut pas dire nécessairement que
le médecin verra 25 % de patients de plus parce qu'il y en aura toujours,
du temps consacré à remplir des formulaires. Nous souhaitons qu'ils en voient
plus, mais nous souhaitons aussi qu'ils améliorent... qu'ils puissent... ça
puisse servir aussi à améliorer le temps consacré avec les patients. Donc, en
voir plus, d'accord, mais l'accès, ça veut dire aussi du temps optimal avec le
patient. Le nombre de patients, là, je laisse à... au Dr Naud, qui, lui encore
en pratique active, de... d'estimer.
M. Naud
(Alain) :C'est difficile de chiffrer, Mme
la Présidente, de faire une prédiction là-dessus. Il y en aura certainement
plus. Combien, je ne pourrais vous le dire, évidemment, avec certitude. Il y a
une chose dont je suis certain, c'est qu'on va diminuer l'exaspération,
toutefois, des professionnels. Et une des raisons qui fait que c'est difficile
à chiffrer, c'est que ce temps-là de compléter des papiers n'est pas fait
uniquement sur le temps clinique de bureau, mais est souvent fait le soir et la
fin de semaine aussi, là. Donc, c'est... c'est toute cette complexité-là qui
amène la difficulté de faire une prédiction.
Quelques secondes pour vous sensibiliser
aussi à un aspect, là, qui touche tous les médecins, c'est... On a beaucoup
parlé du formel, mais il y a beaucoup d'informel auquel on doit répondre dans
notre pratique à tous les jours, là - des patients qui veulent des papiers, une
attestation médicale pour déménager, pour faire cesser leur bail, pour changer
d'étage, pour faire enlever les tapis, pour pouvoir garder leur chien, même si
le règlement de condo l'interdit, pour pouvoir rester à la maison, ne pas
retourner en travail au bureau parce qu'ils font en télétravail depuis trois
ans et ils aiment ça- et ça, là, ça aussi, ça prend beaucoup de temps. Et ça,
bien, je comprends que le projet de loi ne pourra pas le régler, là, mais il y
a déjà une partie informelle de paperasserie très importante dans le quotidien
des médecins.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie infiniment d'avoir répondu à mes quelques questions. Merci pour
votre contribution à nos travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux prochains invités de prendre place. Merci infiniment...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...infiniment.
(Suspension de la séance à 10 h 42)
(Reprise à 10 h 49)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je souhaite maintenant la bienvenue à la Fédération
des médecins spécialistes du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à
commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. Oliva (Vincent) : Bonjour,
mesdames et messieurs les parlementaires, Mme la Présidente, je suis docteur
Vincent Oliva, radiologiste d'intervention et président de la Fédération des
médecins spécialistes du Québec. Je suis accompagné du Dr Hoang Duong, qui est
interniste et membre du conseil d'administration à la Fédération des médecins
spécialistes, et Me Marie Rouillard, qui est avocate à la fédération et qui a
largement contribué à la rédaction du mémoire.
On tient à remercier la Commission de
l'économie et du travail pour l'opportunité de discuter du projet de loi no 68
et surtout de se pencher sur le fardeau administratif des médecins. La FMSQ
accueille favorablement les efforts du gouvernement pour alléger le fardeau.
Réduire cette charge, c'est aussi améliorer l'accès aux soins pour l'ensemble
de la population. Dans le contexte d'un réseau aux ressources limitées, on ne
pourrait prendre assez au sérieux ce problème.
Bien que nous accueillions positivement le
projet de loi, il est important de dire que nos associations, après les avoir
consultées, nous ont dit, pour près de la moitié d'entre elles, que le projet
de loi n'aura... peu ou pas d'impact sur la pratique de leurs membres. C'est
notre principale critique. Et, pour l'illustrer, j'inviterais mon collègue, Dr
Duong, à vous donner des exemples concrets de cette charge administrative dans
d'autres aspects qui ne sont pas actuellement couverts par le projet de loi. Dr
Duong.
M. Duong (Hoang) : Merci.
Bonjour, Mme la Présidente, distingués membres du comité. J'aimerais vous
soumettre ce matin deux exemples qui vont, je l'espère, illustrer puis vous
montrer quelle est la lourdeur de la tâche administrative qui incombe aux
médecins spécialistes. Je vais commencer par mon exemple personnel. Je suis
spécialiste en médecine interne et il m'arrive assez souvent de soigner des
patients qui souffrent d'arthrite. Or, des médicaments pour soigner l'arthrite,
il y en a des moins chers, il y en a des plus chers. Puis je pense qu'on
comprend tous que les compagnies d'assurance vont demander aux médecins de
commencer d'abord par des médicaments moins chers, et, s'ils constatent que les
médicaments ne fonctionnent pas, ils peuvent passer à des médicaments qui sont
plus dispendieux...
M. Duong (Hoang) : ...le
problème, donc, c'est qu'à chaque fois qu'un médecin veut prescrire un de ces
médicaments plus dispendieux, il se doit de remplir un formulaire de médicament
d'exception. C'est le jargon officiel, là, et c'est un formulaire quand même
qui peut être assez exhaustif. Il faut marquer le diagnostic, il faut marquer
les symptômes, les médicaments qui ont été essayés. À la rigueur, on
comprendrait qu'il faut le remplir une fois. Mais trois mois plus tard, il faut
déjà en remplir un deuxième qui atteste qu'on a bien utilisé le médicament. Et,
par la suite, à chaque année, il faudra remplir le même formulaire, et ça, même
si la condition du patient n'a pas changé, le médicament n'a pas changé. C'est
comme ça que c'est fait à chaque année, il faut remplir le même formulaire. Non
seulement ça, mais il arrive assez fréquemment qu'un patient va changer de
compagnie d'assurance. Par exemple, s'il change d'emploi, s'il perd son emploi,
bien là, ce n'est pas la même compagnie d'assurance. Des fois, c'est la RAMQ,
des fois, c'est une compagnie d'assurance privée. Et comme chaque compagnie a son
formulaire qui lui est distinct et qui est différent des autres, bien, à chaque
fois, il faut que le médecin remplisse un formulaire. Personnellement, ça m'est
arrivé, pour le même patient, pour le même médicament au cours de la même
année, de devoir remplir trois fois trois formulaires différents simplement
parce que le patient avait changé de compagnie d'assurance. J'avoue qu'on ne la
comprend pas, celle-là, mes collègues et moi.
Le deuxième exemple que j'aimerais vous
soumettre, il m'a été fourni par ma collègue psychiatre, en particulier les
psychiatres pour enfants. Et dans son travail, elle va s'occuper d'enfants qui
ont un diagnostic d'autisme, par exemple, ou d'autres problèmes de santé
mentale. Et les parents de ces enfants-là doivent passer de nombreuses heures,
là, pour soigner, s'occuper de leur enfant. À ce titre, ils peuvent bénéficier
d'un crédit d'impôt pour personnes handicapées. Mais encore une fois, pour
pouvoir bénéficier de ce crédit d'impôt, bien, ils arrivent dans le bureau de
ma collègue et ils leur présentent ce formulaire. Ce formulaire qui compte
16 pages. O.K.. Et là il ne faut pas juste marquer le diagnostic ni les
symptômes, là, il faut décrire dans le menu détail toutes les limitations dont
souffre le patient. Je vais vous donner quelques exemples. Il faut, par
exemple, évaluer la capacité du patient de voir. Mais attention, il faut
distinctement apprécier la vision de l'oeil gauche, puis ensuite la vision de
l'oeil droite, ensuite la capacité d'entendre, encore une fois, l'oreille
gauche d'abord, l'oreille droite ensuite, puis ensuite parler, manger, aller à
la toilette, marcher, s'habiller, penser. Juste la capacité de penser, elle se
décline elle-même en 10 sous catégories qu'il faut évaluer les unes après les
autres. Puis après qu'on ait fait ça, bien là, il faut faire le décompte avec
les parents de toutes les heures qu'ils passent par semaine à s'occuper de leur
enfant.
Mais attention, ce n'est pas tout ce
qu'ils font qui peut être admissible dans le décompte des heures. Certaines
choses qu'ils font le sont, d'autres ne le sont pas. D'ailleurs, il y a un
tableau explicatif d'une demi-page qui indique aux médecins comment remplir ce
formulaire-là. En fait, je vais être honnête avec vous, là, le niveau de détail
qui est demandé aux médecins fait en sorte que c'est souvent impossible pour un
médecin de remplir les 16 pages au complet, ce qui fait que le parent va
devoir prendre un premier rendez-vous, disons, avec le psychiatre, puis ensuite
compléter par un deuxième rendez-vous avec le pédiatre et si ce n'est, des
fois, un troisième rendez-vous avec l'optométriste. Donc, je pense que c'est
nos prédécesseurs qui parlaient d'un parcours du combattant pour les parents,
c'est tout à fait ça, c'est un véritable chemin de croix et c'est aussi une
lourdeur administrative pour les professionnels de la santé.
Puis je veux juste terminer là-dessus.
Mais une fois qu'on a rempli, donc, les 16 pages, bien, les parents vont
nous présenter ce deuxième formulaire parce que ce formulaire-ci, lui, il
venait du gouvernement fédéral. Et ce formulaire-ci, lui, provient du
gouvernement du Québec, il compte neuf pages. Donc, voici un exemple de
circonstances où on se demande si on ne pourrait pas fusionner des formulaires.
Ça abrégerait le travail pour tout le monde.
Et puis, en terminant, là, j'aimerais
juste dire que je vous ai soumis deux exemples, mais il y en a quantité
d'autres. Et dans notre mémoire, vraiment, on recommande la mise sur place d'un
groupe de travail qui va permettre aux médecins de parler des choses concrètes
comme ça et qui va montrer qu'il y a des façons parfois très faciles d'abréger
le travail puis surtout d'abréger le fardeau qui pèse d'abord et avant tout sur
nos patients et leurs familles.
M. Oliva (Vincent) : J'aimerais
juste compléter par certains éléments également pour aller dans le même sens...
M. Oliva (Vincent) : ...pour
aller dans le même sens. En fait, on exige au médecin souvent de confirmer un
diagnostic pour certains enfants pour qu'ils accèdent aux mesures d'adaptation
scolaire. Puis ça, c'est un exemple d'interdisciplinarité. Des mesures
d'adaptation qui sont déjà recommandées par d'autres professionnels en milieu
scolaire. En gros, on ajoute des délais, des étapes, des allers-retours. C'est
un exemple parmi tant d'autres d'étapes inutiles. D'ailleurs, à cet effet, nous
sommes impatients de vous partager nos perspectives lors de l'étude du projet
loi 67, au cours des prochaines semaines, justement, consacré à ce sujet.
On ne pourrait pas non plus parler de
réduction du fardeau administratif sans aborder la question des systèmes
informatiques. On sait que le gouvernement développe actuellement une
infrastructure du dossier santé numérique, mais qui va prendre à peu près
10 ans à voir le jour. Donc, pour nous, il est crucial de ne pas attendre
cette échéance pour permettre aux patients de bénéficier d'un système
informatique efficace et de permettre aux médecins de ne pas avoir à naviguer
entre ces différents systèmes qui sont incompatibles. Puis l'exemple qu'on
donne, c'est celui d'opti lab où les médecins doivent assurer eux-mêmes la
traçabilité des résultats, souvent avec des coups de téléphone et des post-it.
Donc, ça, c'est énormément de temps perdu. Le soutien également à l'intégration
des technologies modernes de l'innovation, comme l'intelligence artificielle et
l'automatisation de certaines tâches, c'est aussi fondamental. Donc, à la FMSQ,
on a un bureau de l'innovation dont un des objectifs est de participer à la
modernisation du réseau et on croit que c'est essentiel que le gouvernement
soutienne ces initiatives pour améliorer l'organisation des soins.
En somme, on exhorte les parlementaires à
plaider et à mettre en place des mesures qui iront au-delà de celles proposées
dans le projet de loi n° 68. Libérer le temps des médecins offrira non
seulement aux patients un meilleur accès aux soins, mais aussi à une meilleure
médecine. Peu importe ce qui est adopté dans le projet de loi, il faut que la
population soit au courant. Il faut une procédure claire pour faire respecter
les droits des patients, sans pour autant imposer aux médecins la nouvelle
responsabilité de signaler les manquements, et, par le fait même, créer une
nouvelle charge administrative. Donc, merci de votre attention et de votre engagement
sur ce dossier crucial. Merci à mes collègues et nous sommes à votre
disposition pour répondre à vos questions.
(Interruption)
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
aviez mis votre minuterie.
M. Oliva (Vincent) : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer
la période d'échange, et M. le ministre, la parole est à vous.
• (11 heures) •
M. Boulet : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation, Dr Oliva, Dr Duong, et je
comprends que Maître a participé beaucoup à la préparation du mémoire. Bravo!
En fait, j'ai vu qu'il y avait neuf recommandations. On va peut-être, de façon
un peu télégraphique, les discuter. Premièrement, procédures claires pour
exempter les médecins de toute responsabilité dans l'application des mesures de
contrôle prévues par la loi. Évidemment, c'est une interdiction qui vise les
assureurs et les administrateurs de régimes d'avantages sociaux, mais je
comprends bien votre préoccupation, là. Vous ne voudriez pas que les médecins,
parce qu'il y a une contradiction ou il y a une violation, que... Mais il y
aurait peut-être remboursement des services médicaux, mais ça rejoint beaucoup
la deuxième recommandation qui dit : Il faut sensibiliser. Donc, ce que
vous anticipez, je présume, c'est qu'une campagne de promotion, une saine
communication pour que tout le monde comprenne bien les tenants et aboutissants
du projet de loi. Est-ce que je vous comprends bien?
M. Oliva (Vincent) : Oui.
Absolument. En fait, ce qu'on veut c'est alléger le... les procédures, la
charge pour... pour tout le monde. Donc, on ne veut pas en fait créer un autre
problème. Et la responsabilité des médecins, c'est de voir des patients. Quand
le patient vient le voir, son travail, c'est de voir le patient. Donc,
évidemment, on comprend que Santé Québec va avoir la responsabilité de
s'assurer que les règles vont être respectées. Ce qu'on ne veut pas, c'est
compromettre la relation patient-médecin. On ne veut pas que le médecin ait à
jouer à la police. Le patient vient le voir, le médecin va le voir et il va
faire son travail. Donc, c'est un petit peu ça le sens de...
M. Duong (Hoang) : Vous avez
entièrement raison. Si... si je peux me permettre, vous savez, il y a la loi,
puis il y a ensuite comment, sur le plancher des vaches, ça va se vivre.
Supposons qu'un patient vienne me voir avec un formulaire, puis là je lui
annonce et je lui apprends que maintenant ce n'est pas nécessaire, il y a une
loi là-dessus. Qu'est-ce qui va arriver par la suite...
11 h (version non révisée)
M. Duong (Hoang) : ...qu'est-ce
que le patient va faire? Ça va être un peu comme David contre Goliath, là. Il
va se retourner contre sa compagnie d'assurance, il va dire : Non, non, c'est
la loi. Il faut que les patients soient bien informés de ce qui leur arrive.
M. Boulet : Tellement,
tellement, là. Puis, je le répète, là, puis je l'ai mentionné avec le Collège
des médecins, ce n'est pas terminé avec ce projet de loi là, tu sais. Une des
estimations qui avait été faite, c'est qu'on allait sauver à peu près 600 000 plages
pour des rendez-vous médicaux, pour permettre aux médecins de famille, aux
médecins spécialistes de se concentrer sur les services cliniques. Si j'avais
un mot pour résumer le projet de loi, c'est permettre un meilleur accès, puis
un accès, c'est pour les patients, qui soit simple puis qui ne soit pas
pénalisant pour les patients, là. Tu sais, on ne veut pas que le projet de loi
impose des obstacles aux patients. Puis c'est d'ailleurs la troisième
recommandation : Éviter que les patients soient pénalisés. Et c'est dans l'application
qu'on va se mesurer, c'est dans le suivi qu'on va faire. Puis, tu sais, je ne
voudrais pas... Dr Duong, tu sais, je trouve tellement que les deux exemples
que vous avez donnés avec l'interniste et le psychiatre, c'est fascinant, là,
puis c'est vrai que c'est compliqué. En même temps, ce qui est crucial pour
nous, c'est que le médecin traitant ou la personne qui intervient auprès du patient
initialement est la mieux placée pour déterminer la fréquence puis la
pertinence des rencontres. Je sais que, parfois, il peut y avoir des
changements d'assureur puis des changements d'employeur, mais je présume que c'est
dans la minorité des cas, mais c'est le menu détail des formulaires parfois.
Puis je pense que moi, je le lancerai le message, là, ce n'est pas moi qui,
avec le projet de loi, va dire : Les formulaires vont être coupés de
moitié ou vous allez vous limiter aux questions A, B, C, D, E. Mais le message,
moi, je vais le partager parce que ça m'ennuie considérablement, Dr Duong, l'impact
des deux cas que vous venez de mentionner. Puis ça décourage, ça finit par
engendrer une négation d'un droit fondamental, c'est-à- dire d'avoir accès à un
service spécialisé.
Quatrième recommandation :
Préalablement à la publication à la Gazette officielle, bon, un règlement pour
définir des modalités de consulter la fédération sur le projet de règlement.
Absolument! Ça, ne soyez pas inquiets de ça.
La cinquième recommandation le soutien
administratif adéquat. Bien, ça, il pourrait y avoir des discussions, là, mais
la fédération a son bout de chemin à faire. Je ne sais pas si vous avez des
commentaires à faire sur un soutien administratif aux médecins spécialistes. En
fait, c'est ce qu'on fait notamment pour leur permettre de se concentrer sur
leur expertise clinique. Puis je le répète, il n'y a pas que la loi ou le
projet de loi, il y a aussi d'autres mesures.
Formulaire unique, peut-être, Dr Duong, est-ce
que vous pensez que c'est réalisable d'avoir un modèle de formulaire unique,
indépendamment de l'assureur ou de l'instance qui en fait la demande? J'aimerais
ça peut-être vous entendre là-dessus.
M. Duong (Hoang) : Bien, la
réponse est très simple c'est le même patient, c'est le même médicament, c'est
les mêmes conditions cliniques. Je ne vois pas pourquoi ce serait des
formulaires différents et compliqués. On est là pas pour remplir des
formulaires, on est là vraiment pour soigner nos patients, puis c'est dans ce
sens-là qu'on veut travailler.
M. Oliva (Vincent) : Je veux
juste ajouter aussi que la... que la simplification est cruciale dans ça, ce n'est
pas de ne pas remplir des formulaires, mais c'est de répondre à des questions
intelligentes. Je m'excuse de le dire comme ça, mais vous avez... Même nos
collègues du Collège des médecins vous ont lu quelques extraits. C'est des
questions auxquelles on ne peut pas répondre. Combien de minutes le patient
perd de sommeil par nuit? Mais voyons donc! Qui peut répondre à ça? Il y a des
choses qui sont vraiment ridicules. Alors, quand on a une série de questions
comme ça, on s'arrache les cheveux, là, ceux qui nous restent.
M. Boulet : Autant je suis d'accord
avec vous. Simplifier les... la recommandation 7, les formalités
administratives liées à la proche aidance, c'est intéressant parce qu'on amende
aussi la Loi sur les normes du travail pour ne pas permettre à un employeur d'exiger
un certificat médical de la part de son employé pour les trois premières
absences de trois journées consécutives au moins prises...
M. Boulet : ...annuellement,
et ça réfère notamment à la personne qui est proche aidante. Bon, Marie, tu
connais bien ce processus-là, mais il y a des travailleurs et travailleuses qui
sont des proches aidants puis ils doivent s'absenter pour aider la personne,
puis ça, c'est tellement humain. Et là, on leur demande un certificat médical,
ou ce qui est prévu dans la Loi sur les normes du travail peut imposer aux
travailleurs et travailleuses d'obtenir un document justificatif ou un
certificat médical, et la loi ne le permettra plus. Évidemment, c'est limité à
trois périodes d'absence pour éviter les abus aussi, là, mais il y a ça, il y a
les phénomènes de violence sexuelle, conjugale, les absences pour maladie ou
accident. Ça fait que je trouvais que ça, ça s'inscrivait bien dans le
processus de simplification qui est visé.
Recommandation n° 8 :
Simplifier les demandes de médicaments et de patients d'exception. Est-ce que
vous pouvez me donner des précisions additionnelles?
M. Duong (Hoang) : Oui,
absolument. Vous savez, là, encore une fois que je vous ai décrit le médical,
le formulaire où on doit mettre le diagnostic, les symptômes, les médicaments.
Il y a une autre façon de procéder que la RAMQ utilise et qui... qui simplement
demande aux médecins d'écrire un code après la prescription, EN179, et ça,
quand on écrit ce code-là, ça certifie qu'on a utilisé le médicament pour tel
diagnostic dans telle circonstance. Donc, vous avez cinq caractères qui peuvent
remplacer tout un formulaire. C'est le genre de simplification qu'on peut faire
qui va respecter quand même les obligations qu'on a envers la RAMQ, mais qui va
nous faire gagner beaucoup de temps.
M. Boulet : Intéressant. Bon,
former le groupe de travail, je pense que vous m'avez entendu m'exprimer à cet
égard-là. Vous faites partie déjà d'un groupe de travail en... comme partenaire
externe, en collaboration avec l'expertise qui est détenue au ministère. Puis
je pense qu'on pourra s'évaluer tous collectivement en équipe avec l'écoulement
du temps.
Le dossier de santé numérique, vous dites
10 ans. Est-ce que c'est... c'est l'échéancier qui est prévu, le DSN?
J'avais l'impression que c'était dans les... Dr Oliva, vous avez un commentaire
à faire?
M. Oliva (Vincent) : C'est-à-dire
que ça ne se déploiera pas tout d'un coup dans une seule région, puis il y a
différentes modalités. Mais à terme, pour que ce soit pleinement fonctionnel
partout, c'est à peu près l'échéancier, disons, réaliste, là, qui... qui est
avancé. Donc, c'est sûr qu'il y a certains éléments du dossier santé numérique
qui vont être déployés avant ça, puis je pense qu'en ce moment il y a une...
une certaine priorisation qui est faite parce qu'entre autres il y a des
éléments qu'il faut améliorer rapidement. C'est les références entre les
médecins omnipraticiens et les spécialistes, ce qu'on appelle le CRDS. Donc, il
y a un volet du DSN qui touche à ça, qui va peut-être être déployé avant. Mais le
10 ans, là, il est... disons qu'il est... il est probablement réaliste
dans le contexte d'un déploiement complet de toutes les modalités du DSN.
• (11 h 10) •
M. Boulet : Super. Merci, Mme
la Présidente. Je vous remercie, Dr Oliva, Dr Duong, Me Marie, puis j'aimerais
ça céder la parole à mon collègue de Val-d'Or, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ça
va me faire plaisir de lui donner la parole, M. le ministre.
M. Boulet : Donnez.
La Présidente (Mme D'Amours) : La
parole est à vous, M. le député.
M. Dufour : Deux questions
rapides, je pense, moi, il reste un petit peu moins de temps. Vous avez...
Entre autres, vous parlez d'un comité. Tantôt aussi, le Collège des médecins en
a parlé aussi. Comment voyez-vous la composition de ce comité-là? Est-ce que
vous avez déjà une idée? C'est la première question. Et la deuxième question si
on a le temps aussi. Nous parler un petit peu de l'intelligence artificielle,
de votre recommandation que vous avez sur l'idée d'amener cette solution-là
pour améliorer justement le travail que vous avez à faire.
M. Oliva (Vincent) : Peut-être
commencer par cette... cette dernière question. En fait, c'est très intéressant
parce que, l'intelligence artificielle, on en entend beaucoup parler en
médecine puis on a l'impression que c'est un outil qui va remplacer les
professionnels, etc. Mais plus on avance là-dedans, puis on a un comité de
têtes sur l'intelligence artificielle qui se penche là-dessus, puis les
constats rejoignent ceux d'autres groupes qui disent de plus en plus que, dans
le fond, la plus-value de l'intelligence artificielle, ça va vraiment être pour
améliorer la gestion du réseau, donc améliorer les interactions entre les
professionnels, justement améliorer la façon dont on gère l'information.
Alors...
M. Oliva (Vincent) : ...Il
faut dire là-dessus qu'on est très préoccupés par la protection des données.
O.K. Il faut le dire. Mais ceci dit, il faut s'assurer que ces données soient
quand même accessibles. Et quand on parlait tantôt de formulaires et
d'uniformisation, je pense que si on arrive à uniformiser les formulaires,
après ça, ces modalités d'intelligence artificielle vont être très bien
capables de remplir ces formulaires s'ils sont bien faits au départ. Donc, il y
a vraiment beaucoup de choses à faire, puis cette... Donc, il faut la voir
comme un outil qui va faciliter beaucoup la gestion dans le réseau et
l'attribution de ces informations au bon endroit. Peut-être je te laisserais
répondre sur la composition du comité parce que tu fais partie déjà d'un comité
mais dont il faudrait revoir sûrement le mandat.
M. Duong (Hoang) : Voilà.
Donc, j'ai l'honneur de siéger sur un comité qui est communément appelé, ce
n'est pas très sexy, là, le comité des formulaires, et il y a les différentes
parties prenantes, là. Il y a le Collège des médecins et les fédérations, il y
a des ordres professionnels, là. Je pense que... Et le ministère, évidemment.
Et je pense que la composition est... Ce n'est pas très compliqué, c'est le
mandat qui doit changer, c'est-à-dire un comité dont le mandat, c'est
explicite, ça doit être d'abréger les formulaires, fusionner les formulaires,
abolir les formulaires dans certains cas, harmoniser les formulaires. C'est le
mandat qui ferait toute la différence pour ces groupes de travail là.
M. Dufour : Je voudrais
juste revenir sur l'intelligence artificielle. Vous mentionniez en fin de
compte qu'il y a une cause à effet. Ça veut dire qu'il y a la modification des
formulaires qui devrait être faite en premier pour naturellement faciliter
l'introduction de l'intelligence artificielle pour remplir, en fin de compte,
les formulaires.
Une voix : Par exemple.
M. Oliva (Vincent) : Ça,
c'est... Oui, c'est un exemple. Absolument. C'est sûr que si on...
L'utilisation de l'intelligence artificielle nécessite effectivement qu'il y
ait des préalables. Tu sais, si on a des formulaires qui sont disparates,
complexes, etc., bien, c'est... Je pense que ça va être tout aussi fastidieux
de les remplir. Donc, il faut à la base que les questions soient... soient
concises, soient pertinentes. Ça nécessite effectivement qu'il y ait une
certaine uniformisation des formulaires. Ça nécessite aussi qu'on ait une
architecture informatique qui permet à ces informations de circuler, parce
qu'actuellement les systèmes d'information ne se parlent pas nécessairement.
Donc, il y a beaucoup de boulot, mais l'urgence d'agir est tout de suite parce
qu'on a déjà pris au Québec un retard technologique très important.
Donc, on ne peut pas se permettre
d'attendre 10 ans parce que non seulement, évidemment, la qualité des soins
peut en souffrir, quoique la qualité, quand même, est excellente, mais ça, ça
prend beaucoup de temps pour la rendre, cette qualité, parce qu'on n'est pas
capable de faire les liens entre tous ces systèmes-là puis on perd du temps.
Tantôt, il était demandé combien de temps on estime qu'on pourrait donner au
patient. L'Association médicale canadienne estime que les médecins passent
jusqu'à 30 % à 35 % de leur temps à faire des tâches administratives
qui ne sont pas de l'expertise médicale. Donc, le temps qu'on pourrait
consacrer aux patients est très, très significatif.
Une voix : Bien, merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions du côté gouvernemental? Sinon, je vais
maintenant céder la parole au député de Rosemont. La parole est à vous.
M. Marissal : Merci. On
a permuté avec ma collègue de l'opposition officielle parce que je vais devoir
vous quitter précipitamment. Mais ce n'est pas par manque d'intérêt, c'est par
manque de temps. Bien, merci pour ça encore une fois, c'est toujours
instructif. Et vos exemples terrain sont très intéressants pour nous. Parce
qu'on en entend parler, là, puis ça devient comme un peu une légende urbaine,
mais vous nous amenez des éléments vraiment importants.
Petite parenthèse pour vous dire que
l'intelligence artificielle, je vous entends parler, le milieu au complet de la
santé en parle, c'est fascinant. C'est en même temps un peu... un peu effrayant
parce qu'on ne sait pas trop où est-ce qu'on s'en va avec ça. Je pense qu'avant
longtemps, là, puis si j'en lance une suggestion, ce n'est pas l'objet de nos
travaux ici, mais je pense qu'avant longtemps, on va être prêt... on va être dû
pour un état des lieux. Je le dis souvent à la blague, il ne faudrait pas qu'on
se retrouve avec l'intelligence artificielle qui gère les fax dans les hôpitaux
qui ne se parlent pas.
Cela dit, vous me trouverez sur votre
chemin si jamais vous voulez discuter de ça. C'est quelque chose qui
m'intéresse de façon fondamentale. Recommandation trois, pouvez-vous élaborer
un peu : Éviter que les patients et les médecins soient pénalisés pour les
manquements commis par un assureur ou un administrateur?
M. Oliva (Vincent) : Bien,
c'est un peu ce qu'on disait tantôt, c'est-à-dire qu'il faut que les règles
soient claires. On interdit aux assureurs d'avoir...
M. Oliva (Vincent) :
...recours à des formulaires pour certaines situations. Si jamais l'assureur ne
suit pas ses directives, il ne faudrait pas que le patient et son médecin en
soient pénalisés. Il faudrait s'assurer que les mécanismes sont en place pour
que cette interdiction soit respectée et que le patient ne se retrouve pas
victime de ça.
M. Marissal : Je comprends
bien en quoi le patient peut être pénalisé, mais comment le médecin pourrait-il
être pénalisé?
M. Oliva (Vincent) : Bien,
par exemple, le médecin qui dit à son patient : Bien, nous, on est au courant
que vous n'avez pas besoin de ce formulaire-là puis, là, le patient, lui, de
par le fait même, il est pris en otage, mais tout le monde perd son temps. Il y
a un rendez-vous médical, un créneau qui est réservé pour ce patient-là.
Finalement, qui ne sera pas utile. Alors, vous comprenez que si on prend du
temps pour un patient, pour lui dire finalement qu'il a pas besoin de ce
formulaire-là, bien, c'est un rendez-vous qui est manqué pour un autre patient.
M. Marissal : En ce sens que
c'est le médecin qui va devoir renégocier, reparler avec son patient pour lui
expliquer qu'il ne... O.K. je comprends. Je comprends bien votre point.
Avez-vous été consulté en amont du dépôt du projet de loi n° 68? Parce que
je sais que ça fait longtemps que la profession médicale parle de la paperasse,
puis de l'absurdistan de la paperasserie, là. Je comprends ça, mais avez vous
été consulté nommément de façon précise sur 68?
Mme Rouillard (Marie) : A ma
connaissance, non, on n'a pas été consultés. D'où notre recommandation aussi
qu'on demande, pour le règlement qu'il va y avoir, d'être consulté sur les
exceptions qui vont permettre à un assureur d'exiger justement un service
médical dans l'énumération qui est indiquée à l'article 29.1, là.
M. Marissal : O.K. dernière
question. Je comprends que vous n'êtes pas opposé fondamentalement à participer
éventuellement, si on allait dans ce sens-là, au comité qui serait, par
exemple, chapeauté par le Collège des médecins. Vous n'êtes pas, vous êtes pas
mal sur la même page en ce qui concerne un comité.
M. Oliva (Vincent) : Bien, on
n'a pas discuté spécifiquement si on est sur la même page ou pas, mais on va
toujours accepter des invitations de collaborer.
M. Marissal : O.K.. Bien,
merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Je vais céder maintenant la parole à la députée de
Bourassa-sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Dr Oliva, Dr Duong et Me Rouillard pour votre présentation
ainsi que pour le mémoire. D'ailleurs, donc, en début de votre... au début de
votre mémoire, donc, vous nous arriviez avec des statistiques peu rassurantes,
je vous... je vous dirais donc, sur le, donc, que vous avez réalisées auprès de
vos associations affiliées pour évaluer l'impact des mesures proposées par le
projet de loi. Et puis, quand on regarde les taux représentant le nombre
d'associations qui ont indiqué que la mesure n'aura aucun impact sur la
réduction du fardeau administratif des membres, on voit donc qu'avec les
différentes mesures proposées par le projet de loi, que, bon, plusieurs
associations se disent le projet, là, ne va pas assez loin. Puis le projet de
loi, bon, c'est un pas dans la bonne direction, que c'est... que c'est
effectif. C'est sans aucun doute bien accueilli, mais, étant donné toute
l'étendue de la paperasse qui incombe donc aux médecins spécialistes qu'il y
a... en fait, que les professionnels ici ne verraient pas l'impact sur leur
charge administrative au quotidien. La première question que j'ai pour vous,
c'est-à-dire en fait, donc, qu'est-ce qui pourrait avoir un impact selon vous,
selon vos membres... selon vos membres? Est-ce que c'est quelque chose que
vous avez sondé?
• (11 h 20) •
M. Oliva (Vincent) : En fait,
pour revenir à ce que vous disiez, puis c'est mon collègue ici, Dr Duong, qui
disait, dans le fond, ce qui est fait ici, c'est la pointe de l'iceberg. Donc,
on ne peut pas être négatif en quelque... de quelque façon que ce soit, mais on
a consulté nos associations pendant l'été, parce que c'est là qu'on a été
informé puis on n'a pas préparé le terrain. On leur a tout simplement posé des
questions par sondage puis c'est ce qu'on a recueilli. Donc on a été surpris
un petit peu de ça aussi, mais on trouve ça quand même intéressant de le dire.
Puis je pense que le message principal de notre passage, c'est ça, c'est que ça
ne va pas assez loin et qu'on gratte seulement la surface. Donc après ça, bien,
Dr Duong pourrait peut-être synthétiser un peu les exemples, mais ce que ça
veut dire c'est que certains médecins, hein, à peu près la moitié dans leur
quotidien, disent : Bien, moi, ce n'est pas ça qui... qui retarde mes
journées puis qui... qui fait en sorte que la charge est très grande. Donc,
peut-être que tu pourrais compléter, encore une fois.
M. Duong (Hoang) : Bien,
c'est... c'est vraiment multifacette, hein? Donc, des fois ça concerne la RAMQ,
par exemple, les médicaments d'exception, des fois ça concerne le ministère du
Revenu avec les crédits d'impôt, des fois ça concerne la CNESST. Donc, c'est
vraiment... parce que la santé, c'est large, ça affecte beaucoup le quotidien
des citoyens. Donc, c'est vraiment une solution à la fois. Mais une fois qu'on
a trouvé des solutions, là, il faut se parler entre nous...
M. Duong (Hoang) : ...parce
qu'encore une fois, si on a fait tel formulaire avec tel acteur, bien,
peut-être qu'on peut utiliser le même pour tout le monde, là. Donc, c'est
vraiment d'aller plus en profondeur pour véritablement alléger.
J'aimerais juste en profiter pour dire
aussi qu'on parle de l'aspect quantitatif, hein, c'est-à-dire : on va
sauver du temps, puis c'est indéniable qu'on va sauver du temps. Mais
j'aimerais parler de l'aspect qualitatif, c'est-à-dire que les formulaires,
quand les patients nous le présentent au bureau, des fois, ça peut être... ça
peut nuire à la relation patient-médecin.
Vous savez, nous, on remplit un
formulaire, on ne décide pas des règles, c'est les compagnies d'assurance qui
en décident. Mais il arrive que le patient n'est pas content de la décision de la
compagnie d'assurance, puis c'est un peu nous, les médecins, qui sommes les
boucs émissaires, alors qu'on n'a pas du tout décidé ça, on a donné de
l'information. Donc, dans certains cas, ça nuit. J'irais même plus loin, là.
Ces formulaires-là qui se multiplient, ça vient parfois même empoisonner la
relation entre le patient puis le médecin. Nous, on aimerait ça, consacrer
notre temps à vraiment, au contraire, établir une relation qui va permettre à
améliorer la santé de nos patients.
Mme Cadet : Là, vous
concentrez sur l'aspect clinique, ce qui améliorerait la relation, alors que ce
que je comprends, c'est que la quantité de formulaires, donc, devient un
irritant, un irritant majeur.
Je vais... Je vais aussi, comme mes
collègues, donc, y aller donc dans l'ordre, un peu, de votre mémoire pour
poursuivre. Donc, par la suite, vous... vous nous amenez donc sur la piste des
mesures de contrôle qui se trouvent au projet de loi. Donc, on... il y aurait
donc trois moyens, donc, de faire appliquer les mesures du projet de loi :
la préparation pour le... par un auditeur pour le compte d'un assureur ou d'un
administrateur de régime d'avantages sociaux d'un rapport de conformité, des
inspections ainsi que le déclenchement d'enquêtes.
Et, si j'ai bien saisi, puis je sais que
mon collègue de la deuxième opposition vous a posé la question, ici, c'est
qu'en fait, bon, non seulement, donc, vous ne voudriez pas que ça vienne
empoisonner la relation patient-médecin, en disant : Bien, nous, on est au
courant que, si vous n'avez pas besoin, donc, de ce... vous n'aviez pas besoin,
donc, de cette visite-là, donc de ce billet-là, mais bon, on est tous en train
de perdre notre temps, mais aussi, donc, vous avez une crainte de... qu'une
responsabilité soit établie, donc, au médecin spécialiste qui viendrait
contrevenir à la loi lui-même. Est-ce que c'est... il y a aussi cet aspect-là?
Je ne sais pas si Me Rouillard...
M. Oliva (Vincent) : Oui, il
y a cet aspect-là.
Mme Rouillard (Marie) : En
fait, ce n'est pas nécessairement qu'on a peur que le médecin contrevienne à la
loi, c'est qu'on ne veut pas que les violations qu'un assureur pourrait
commettre à la loi impactent la relation entre le médecin et le patient et que
le... autant que le... le patient, surtout le patient, ne subisse pas les
contrecoups et soit pris en otage, là, entre... contre la machine, là,
administrative et d'assureur.
Mme Cadet : Merci. C'est...
Ça clarifie, de mon côté. Dans cette même section du mémoire, vous
indiquez : «Dans ce contexte, il devient pertinent de se questionner sur
la possibilité d'introduire une formule de demandeur-payeur afin d'éviter les
abus. Ce principe vise à transférer la responsabilité des coûts des démarches
administratives aux parties qui en font la demande, simplifiant ainsi à la fois
la tâche aux patients et le travail des médecins.» Pouvez-vous... Pouvez-vous
élaborer sur ce point-ci, ce paragraphe?
M. Oliva (Vincent) : Oui.
Bien, c'est... c'est effectivement quelque chose à laquelle on a réfléchi. Il y
a... Il y a des pour et des contre. Alors, c'est... on le lance un peu pour
réflexion, là. C'est un peu ça, le but d'une commission, c'est d'ouvrir le
débat, d'ouvrir la réflexion. Disons que le double tranchant là-dedans, c'est
que : Est-ce qu'ultimement, l'assureur ne va pas refiler la facture au
patient, de toute façon? O.K.? Mais, à la base, on se demande pourquoi est-ce
que le patient aurait des coûts à débourser, hein. Pourquoi? Si c'est
l'assureur qui a besoin de cette information-là, pourquoi ce n'est pas lui qui
paie? C'est ça, l'idée. Donc, c'est... on lance la question pour réflexion. Je
ne sais pas...
M. Duong (Hoang) : Bien oui,
vous avez tout à fait raison, c'est... Dans le fond, c'est de sensibiliser tous
les acteurs. Le niveau de détail d'information qui est demandé, ça a un coût.
Lorsqu'on me demande, par exemple, quand est-ce que les symptômes de mon
patient ont débuté il y a 13 ans, alors que ce n'était même pas moi qui
s'occupais de ce patient-là, alors qu'il n'habitait même pas dans la ville où
je travaille, mais dans une autre ville, là, alors que je dois faire venir des
archives papier, quatre tomes papier pour aller chercher le 12 septembre 1986,
ça...
M. Duong (Hoang) : ...un coût,
il y a des gens qui paient pour ça, puis je pense qu'il faut sensibiliser les
gens que, un : Est-ce que cette information est réellement pertinente?
Puis est-ce que vous réalisez le travail que ça suppose quand vous demandez une
question? Peut-être que, pour vous, c'est anodin, mais, pour nous, c'est beaucoup
de travail.
Mme Cadet : Puis ça nous
amène sur la piste, parce que, plus tôt, vous parliez, donc, du très sexy
comité des formulaires. Et là, donc, comme le Collège des médecins, donc, vous
nous recommandez la création d'un groupe de travail chargé d'évaluer, de
simplifier les formulaires relatifs à la santé et à l'invalidité. Donc, de
votre côté aussi, vous vous concentrez sur le contenu ici, donc, des
formulaires. Je pense que vous nous avez donné, donc, d'autres exemples très
édifiants, donc, des questions qui peuvent parfois, donc, vraiment, porter à
confusion. Donc, ce serait un peu... Ce serait le même objectif ici, là, donc,
de se concentrer sur le contenu. Puis est-ce que ce que vous souhaiteriez...
Parce que je sais, bon, ce que vous avez dit, donc, votre... pour vous,
l'enjeu, ce n'est pas tant la composition du comité, mais c'est son mandat.
Donc, est-ce que ce serait plutôt, donc, une transformation du comité des
formulaires? Est-ce que c'est par là que vous iriez? O.K. C'est vraiment ça.
M. Duong (Hoang) : Oui, tout
à fait ça. C'est le mandat qui est complètement différent.
Mme Cadet : O.K. Et quel est
le mandat du comité des formulaires en ce moment?
M. Duong (Hoang) : Bien, il
s'agit de souvent s'assurer qu'ils sont conformes. Des fois, c'est les normes
de graphisme. Des fois, c'est des fautes de français. Vous savez, c'est... ce
n'est pas toujours, disons, prioritaire au plan clinique, là, mais si on a un
mandat clair qui dit : Bon, bien là, on veut alléger le travail, on veut
abolir, abréger, harmoniser, fusionner, je pense que ça, c'est vraiment payant.
Mme Cadet : Consultation
préalable. Donc, vous disiez plutôt que vous n'aviez pas été consultés
précisément, donc, sur le contenu du p.l. 68. Vous souhaitez être consultés
dans le cadre, donc, de la mise sur pied, donc, d'un règlement du gouvernement,
pour encadrer, donc, les exceptions, donc, aux règles prévues à
l'article 29.1, là, du... créé par l'article cinq du projet de loi. On le
sait, ce règlement-là, donc, viserait donc des exceptions, donc, au principe de
29.1. Est-ce que vous avez déjà en tête, donc, quels types d'exceptions que
vous verriez être mises en place par la voie du règlement, là?
Mme Rouillard (Marie) : En
fait, c'est clair qu'on... c'est clair qu'on pourrait... justement, si on avait
l'opportunité d'être consultés au préalable, nous, on pourrait faire un peu le
même genre d'exercice qu'on a fait avec le projet de loi n° 68,
c'est-à-dire sonder nos membres sur les mesures proposées, puis ensuite on
pourrait faire, donc, le même exercice avec le projet de règlement, puis avoir
des commentaires, le concret sur la pratique de nos membres, là, qui pourrait
peut-être être parlant.
M. Oliva (Vincent) : Il faut
juste se rappeler qu'on représente 35 associations qui composent
59 spécialités médicales. Donc c'est sûr que nous, avant de répondre à ces
questions-là, il faut les consulter, mais ça va rendre l'exercice beaucoup plus
pertinent.
Mme Cadet : Je reviens donc
sur votre recommandation d'adopter un formulaire... un modèle de formulaire
unique pour évaluer l'état de santé, l'invalidité du patient. J'imagine que
cette recommandation-là est un peu en tandem avec le comité. Donc, si vous en
avez, donc, un sur place, donc un comité dont le mandat serait, donc, la
simplification des formulaires, et qui se concentrait sur le contenu, c'est
aussi dans ce cadre-là qu'il pourrait y avoir l'adoption d'un modèle de
formulaire unique?
M. Duong (Hoang) : C'est...
exactement, oui.
Mme Cadet : ...O.K. Parfait.
Puis enfin, de haut niveau, là, ils demandent... de médicaments et de patients
d'exception, c'est pour voir donc... si, donc, le projet de loi tel que rédigé,
donc, viendrait... pourrait donc venir l'encadrer. Donc, vous dites : Lorsqu'un
médicament biologique est remplacé par un médicament biosimilaire à des fins
économiques, le patient ne devrait pas avoir à consulter à nouveau son médecin
pour continuer à bénéficier du remboursement du médicament d'exception. Ça,
c'est autant l'assureur privé que la RAMQ qui fait cette exigence-là?
• (11 h 30) •
M. Duong (Hoang) : Tout à
fait, oui.
Mme Cadet : Donc, ce sont des
éléments qu'on pourrait venir préciser, alors, dans le cadre du projet de loi,
pour au moins aller plus loin.
M. Duong (Hoang) : Oui. Tout
à fait.
Mme Cadet : Parfait. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
reste une minute. C'est terminé?
Mme Cadet : Ah! Il me reste
une minute. Merci, Mme la Présidente. D'abord, alors donc, j'irais...
simplifier les formalités administratives liées à la proche aidance, parce que,
bon, c'est un peu... c'est le troisième volet, là, du projet de loi, donc, sur
lequel on se penche. Pouvez-vous élaborer sur cet aspect-là? Qu'est-ce que vous
verriez en fait?
M. Duong (Hoang) : Bien, la
proche aidance, à la fédération, ça nous tient vraiment à cœur. Les proches
aidants, là, moi, je vous parle en tant que médecin, là, une chance qu'on les
a, parce qu'ils accompagnent les patients, ils les... ils les supportent. Et
ils sont là pour entendre des explications qui parfois sont difficiles...
11 h 30 (version non révisée)
M. Duong (Hoang) : ...Donc, on
a vraiment besoin d'eux. Ça fait que quand il se libère du travail pour
accompagner nos patients, là, on ne veut pas qu'ils soient perdus dans un
dédale administratif. On ne veut pas qu'ils aient à remplir des formulaires, courir
des rendez-vous. On veut qu'ils soient là pour nos patients parce qu'ils nous
aident vraiment beaucoup.
Mme Rouillard (Marie) : ...parfois,
au-delà des exigences, c'est le contenu aussi des formulaires...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, c'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie
pour votre contribution à nos travaux. Et je suspends les travaux quelques
minutes afin que l'on que l'on permette à nos prochains invités de s'installer.
Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 33)
(Reprise à 11 h 42)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît. Nous allons débuter nos travaux. Je souhaite
maintenant la bienvenue à l'Association des psychologues du Québec. Je vous
rappelle... que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé, s'il vous plaît.
Une voix : Alors donc, je
m'appelle...
(Visioconférence)
M. Roussy (Gaëtan) :
...Gaétan Roussy. Je suis le président de l'Association des psychologues du
Québec. Et je suis accompagné de ma vice-présidente, la Dre Tyna Payette. Je
remercie... Je la remercie d'ailleurs d'être présente également.
Mme Paquette (Tyna) : Alors,
Dre Tyna Payette, psychologue, vice-présidente de l'Association des
psychologues du Québec. Merci de l'invitation.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Vous pouvez commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. Roussy (Gaëtan) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, tout d'abord, évidemment, je veux remercier
les membres de la commission de s'intéresser à notre point de vue, à
l'Association des psychologues. On trouvait, on avait certaines préoccupations
par rapport à cette loi. Alors, ce qu'on a fait, c'est qu'on a fait un sondage
auprès de nos membres pour commencer. Et la plupart, excusez-moi, la plupart de
nos membres apprécient cette loi parce que ça va permettre premièrement aux
usagers de services en santé d'éviter de faire des démarches interminables pour
obtenir certains formulaires, certains papiers. De plus, ça libère les médecins
parce que les médecins vont pouvoir se consacrer à ce moment-là à l'exercice
vraiment de leur profession, qui est de donner des soins et à la population. On
sait déjà que les médecins ne sont pas très disponibles, ce n'est pas leur
faute, ils ont déjà beaucoup de choses à faire. Alors, c'est sûr que ça va les
libérer. Alors, il y a des choses évidemment très positives et on voit que les
intentions de ce projet de loi sont excellentes. Sauf que nous, on avait
certaines préoccupations et c'est de ça qu'on voulait vous parler. On veut
juste s'assurer, s'assurer, entre autres choses, que le fait de libérer,
excusez-moi, de libérer les médecins, de devoir remplir tous ces formulaires,
que ces formulaires-là, ces demandes-là ne se retrouveront pas sur les bureaux
des psychologues, qu'il n'y ait pas un refoulement vers les psychologues de la
part des assureurs, étant donné que les assureurs ne pourront plus demander au
médecin de remplir des formulaires. Il y a peut-être un risque que les
psychologues soient beaucoup plus sollicités encore pour remplir des
formulaires. On le fait déjà et on peut le faire et ça nous fait plaisir de le
faire dans une certaine mesure. C'est inévitable, c'est correct, ça fait partie
du travail comme on dit, mais on ne voudrait pas à ce moment-là qu'il y ait
vraiment un reflux vers les psychologues en raison du fait que les compagnies
d'assurance, par exemple, ne pourront plus s'en référer aux médecins autant
qu'auparavant. Une des craintes qu'on a par rapport à ça, c'est : on veut
éviter une certaine ingérence aussi de certains assureurs ou de certains
services, là, de remboursement des frais d'honoraires, d'ingérence dans l'intimité
des patients également. C'est que nous, on hésite toujours les psychologues à
remplir des formulaires de ce type-là parce qu'on doit, on trouve des fois
qu'on doit dévoiler beaucoup de choses pour que la personne puisse se faire
rembourser, par exemple, nos frais de service. Alors, ça, c'est une
préoccupation aussi, on ne veut pas que ça ait pour conséquence de faire en
sorte que les... la psychologie des gens, les dossiers psychologiques des gens
doivent être dévoilés davantage. Alors, même avec l'autorisation de la
personne, la personne, des fois, le patient se sent coincé. Il va autoriser la
divulgation de certains renseignements personnels. Mais quand on sait que ce
n'est pas bon pour lui, ça peut nous mettre dans l'embarras à un moment donné,
les psychologues. On se demandait aussi si tout ça n'amènerait pas...
n'amènerait pas une augmentation des frais d'assurance pour les usagers
également. Étant donné que ça pourrait être plus complexe pour les assureurs,
est-ce qu'ils vont être portés à imposer une augmentation des frais d'assurance
aux patients? On ne voulait pas non plus que ça crée beaucoup, que ça amène
trop de discussions interminables parfois avec les assureurs pour essayer de
s'entendre sur certaines modalités ou certains renseignements demandés. On en a
entendu parler tout à l'heure d'un comité formulaires. Nous, à l'Association
des psychologues, on est très disponibles pour participer à un éventuel comité,
pour assouplir et raffiner, perfectionner certains formulaires...
M. Roussy (Gaëtan) : On
est très ouverts aussi à la discussion. On a déjà des discussions avec des
compagnies d'assurances, même avec l'Association des compagnies d'assurance de
personnes qui sont des gens très bien. On a eu une rencontre récemment qui
était très cordiale, sauf que, évidemment, on n'a pas les mêmes intérêts, on
n'a pas les mêmes visées, on n'a pas les mêmes buts. Alors ça, il y a une
préoccupation aussi. Qu'est-ce que ça va impliquer aussi comme discussion?
Est-ce que les assureurs, à ce moment-là, lorsqu'ils exigeront qu'on remplisse
un formulaire, par exemple, supplémentaire, peut-être, est-ce qu'ils vont
accepter nos approches? Est-ce qu'on va devoir défendre notre approche, nos
méthodes de psychothérapie, notre orientation théorique? Dans quelle mesure ça
peut amener des difficultés?
Parce que la psychothérapie, c'est assez
complexe et ce n'est pas seulement de brèves rencontres qu'on a avec des gens
pour faire une prescription ou tout ça, ou donner des conseils. Et en
psychothérapie, comme vous le savez, c'est des rencontres d'à peu près une
heure à chaque fois, à chaque semaine, et ça doit durer parfois un certain
temps pour que des effets bénéfiques puissent se manifester.
Et la rémunération, on sait que les
médecins, bon, mettons que quelqu'un va consulter un médecin pour faire remplir
un formulaire ou avoir une prescription, on sait que c'est la RAMQ qui va
défrayer les honoraires à ce moment-là du médecin. Mais si un patient vient
nous voir comme psychologue en pratique privée, on n'est pas couverts par la
RAMQ. Alors, qui va s'assurer de défrayer les frais supplémentaires que ça
pourrait engendrer? Parce qu'on ne veut pas que ça incombe au patient et on ne
souhaite pas que ça nous incombe à nous aussi. Ça sera quelque chose à
préciser.
Bien, tout ça pour vous dire que, dans la
loi, s'il y avait un moyen de prévenir certains écueils éventuels, est-ce qu'on
va devoir aussi... de service pour d'autres professionnels de la santé? Est-ce
que des assureurs, par exemple, vont exiger qu'un psychologue réévalue la
situation et fasse une prescription pour que le patient puisse voir, par
exemple, un ergothérapeute ou une travailleuse sociale, d'autres professionnels
impliqués en santé mentale?
Et si, à un moment donné, un patient veut,
par exemple, un papier d'invalidité pour attester d'une invalidité, mais que,
nous, on considère qu'il n'est pas invalide autant qu'il le croit. Parce que
parfois, en psychothérapie, ça prend un certain temps à convaincre quelqu'un
qu'il a certaines possibilités, potentialités qu'il croit ne pas avoir. Alors,
à un moment donné, s'il veut un peu plus d'invalidité parce que, lui, ça a
certains avantages économiques pour lui de l'avoir, mais que, nous, on ne peut
pas lui donner, quel effet ça aura sur la relation de confiance? Qu'est-ce que
ça peut créer? Surtout qu'à ce moment-là, les médecins ne seront plus vraiment
présents dans ce type de processus là.
• (11 h 50) •
Alors, on aime beaucoup travailler dans...
de façon interprofessionnelle. Justement, ça permet, entre autres choses,
d'éviter certains écueils comme ça quand tout le monde se partage un peu les
tâches et les évaluations par rapport, entre autres, à la question
d'invalidité. On sait que la question de l'invalidité, c'est crucial pour les
assureurs par exemple. Et c'est autour de ça, habituellement, souvent, qu'il y
a des débats, qu'il y a des discussions pas mal.
Donc, est-ce qu'aussi on va être
consultés, les psychologues, juste pour remplir des papiers ou des formulaires?
Est-ce qu'on va venir nous voir non pas pour de la psychothérapie ou des
suivis, mais pour remplir un papier et faire une évaluation un peu plus rapide
ou un peu plus intrusive pour... et ça va s'arrêter là sans qu'on ait un suivi,
sans qu'on puisse élaborer une certaine évaluation? Parce que, parfois, pour
évaluer vraiment la situation d'une personne, ça peut prendre quelques
rencontres aussi.
Alors, on sait qu'il y en a, des fois,
dans d'autres professions de la santé, qui font ça très rapidement. Mais nous,
les psychologues, ce n'est pas de cette façon-là qu'on procède. Et qu'est-ce
qui arriverait en cas de contestation judiciaire, mettons qu'on remplit un
formulaire, un papier, et que c'est contesté par un avocat, par la compagnie
d'assurance, par un employeur? Qui défraierait les frais de tout ce que ça
pourrait impliquer comme coût pour les psychologues également s'il fallait
défendre encore là notre point?
Je fais un lien aussi avec la question,
vous savez, le projet de loi no 67 de la ministre LeBel, qui vient d'être
déposé à peu près en même temps que le projet de loi no 68. On s'est
demandé s'il n'y avait pas un lien à quelque part. C'est qu'au moment où les
médecins vont être...
M. Roussy (Gaëtan) : ...le
patient va être dispensé de faire remplir certains documents par des médecins.
Les psychologues obtiennent enfin le diagnostic des troubles mentaux. Est-ce
que ça a un lien? Est-ce que c'est une façon justement de faciliter le
transfert de certaines tâches administratives vers des psychologues qui
désormais pourront diagnostiquer des troubles mentaux? Alors qu'avant il y
pouvait les évaluer mais pas les diagnostiquer, ce qui était un peu étrange,
mais on n'avait pas encore l'autorisation de le faire.
Et finalement il y a toujours la question
de la grande différence de vision entre les psychologues et les assureurs. On
s'entend bien, on discute bien, mais ce n'est pas du tout évidemment les mêmes
enjeux. Vous l'avez vu dernièrement dans les médias, le monsieur, là, qui a
consulté un psychologue et à cause de ça il s'est fait refuser. Je ne sais pas
s'il s'est fait de refuser ou retarder une assurance, ou ses frais ont
augmenté. Alors, parce qu'il avait consulté un psychologue, l'assureur était
inquiet pour son avenir au niveau de la santé, alors que, du point de vue des
psychologues, c'est l'inverse, une personne qui consulte un psychologue a bien
plus de chances d'aller mieux après que si elle ne consulte pas un psychologue,
alors que c'est interprété par des assureurs comme un facteur de risque. En
réalité, consulter un psychologue, c'est un facteur de protection, les gens qui
consultent des psychologues devraient au contraire obtenir une diminution de
leurs primes d'assurance et non pas...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant, M. Roussy.
M. Roussy (Gaëtan) : Merci
bien. Voilà, j'ai terminé. Je vous remercie beaucoup, et on est prêts à
répondre à vos questions. Je m'excuse d'avoir... pour ma gorge au début, là,
j'avais des difficultés.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
n'y a pas de problème. Le ministre a été très généreux puis il a utilisé son
temps pour vous laisser terminer votre... votre allocution. Donc, M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Merci à M. Roussy, Dr Payette aussi, bien sûr. C'est un beau mémoire.
En même temps, sachez — et là je parle pour moi, mais mes collègues
aussi — on a énormément d'estime pour le travail, la nature de la
spécialité exercée par les psychologues. Et souvent j'utilise l'exemple des
psychologues qui donnent des services à une personne. Et essentiellement, ce
que la loi interdit de faire, c'est que l'assureur exige que la personne, après
avoir consulté son psychologue, doive obtenir un certificat médical ou un
service médical pour obtenir un remboursement. Ça, ça confirme la confiance que
nous avons dans l'expertise des psychologues.
Puis j'aime beaucoup le commentaire, M.
Roussy, quand vous dites : «On a sondé nos membres, puis tout le monde
voit ce projet de loi là d'un bon oeil.» Je le souhaite ardemment parce
qu'obtenir un certificat médical suite à un rapport, suite à une opinion
exprimée par un psychologue, ce n'est pas nécessaire, puis c'est le psychologue
aussi. Si c'est une personne qui a un problème émotif ou une anxiété
situationnelle ou autre, c'est le psychologue aussi qui doit déterminer la
fréquence et la pertinence des suivis qui seront faits.
Je sens dans vos propos une inquiétude,
là, que vous appelez ça un «refoulement vers les psychologues». Moi, ce n'est
pas ce que je comprends du projet de loi. Au contraire, on ne veut pas qu'il y
ait un refoulement comme là, dans certains cas, des assureurs refoulent du
travail qui relève de l'expertise d'un psychologue dans les bureaux de
médecins. Ce qui n'est pas utile parce que ça leur occasionne un fardeau qui souvent
ne relève pas de leur domaine de compétence et nuit à l'accès d'autres
personnes qui auraient vraiment besoin d'un travail clinique. Je pense que vous
me comprenez bien, mais il ne faut pas voir ça comme une augmentation du
fardeau des psychologues.
En même temps, on ne pourra pas intervenir
dans la... tu sais, la relation entre un assureur puis un intervenant de la
santé comme un psychologue, ou l'employeur. Il n'y a rien qui empêche d'obtenir
une contre-expertise parce qu'on n'est pas à l'abri d'avoir des opinions qui
divergent. Un employeur qui... qui a des motifs raisonnables de croire que
l'opinion donnée ou le rapport du psychologue peut être réévalué par un autre a
toujours la possibilité de demander une contre-expertise. L'assureur peut, mais
il ne pourra pas exiger que le médecin...
(Visioconférence)
M. Boulet : ...mais sa
compétence qui est utile par ailleurs, mais pas dans un dossier comme le vôtre,
fait que je voulais dissiper un peu cette inquiétude-là que vous aviez. Les frais
d'assurances, les primes, là, en fait, ce que vous exprimez comme
préoccupation, c'est que... puis c'est les compagnies d'assurances qui doivent
gérer l'évaluation des risques. Votre appréhension, c'est que ça puisse avoir
un impact sur le montant des primes, hein? C'est ce que vous dites, M. Roussy?
M. Roussy (Gaëtan) : Oui,
oui. Est-ce que... Oui, O.K., excusez-moi, j'ai eu de la misère à ouvrir mon
micro. Oui, exactement. C'est ça. On veut juste être sûrs, là, qu'il n'y ait
pas... Si jamais, pour une raison ou pour une autre, il y a une certaine
complexité qui s'établit par la suite à cause de la réaction de certains
assureurs. Juste être sûr que ça... ça n'implique pas d'autres conséquences
parce que ce n'est pas votre but justement, votre but c'est d'aider. Et puis il
faudrait... il ne faudrait pas, tu sais, que ça...
M. Boulet : Moi, je... On a
été constamment guidé par la confiance que nous avons dans l'expertise,
notamment des psychologues, pour permettre aux patients et aux patientes d'être
remboursés sans devoir en faire un nouveau parcours de combattant. Une autre
inquiétude que vous soulevez, là, puis la loi ne... n'interpelle pas cette
réalité-là, là, vous semblez référer à la relation de confiance entre un
patient puis son psychologue, ou la confrontation entre le patient puis son
psychologue. Parfois, il peut être moins à l'aise avec ce que vous donnez comme
avis. Est-ce qu'on... tu sais, ça, on ne peut pas intervenir évidemment dans la
nature de la relation que le psychologue, vous comprenez bien, établit avec
son patient. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi?
M. Roussy (Gaëtan) : Oui, je
comprends, là, que vous ne pouvez pas intervenir à ce niveau-là, ça, c'est
certain. C'était plus une préoccupation de s'assurer qu'il n'y ait pas une
complexification de... du...
M. Boulet : Non, puis le but
c'est véritablement de simplifier, puis d'assurer un remboursement sans avoir à
franchir d'autres étapes, spécifiquement la consultation auprès d'un médecin.
Puis ça n'a pas pour effet, le projet de loi, là, à moins qu'il y ait des
choses qui m'échappent, là, M. Roussy puis Dre Payette, là, mais il n'y a rien
dans le projet de loi qui va changer la pratique actuelle des psychologues. Si
je peux vous rassurer, puis si jamais il y a des appréhensions autres n'hésitez
pas à les soulever. Moi, ceci dit, je vais vous remercier véritablement pour
votre participation à nos consultations particulières, c'est hyperapprécié et
soyez assurés que je vais souvent référer à l'expertise des psychologues pour
justifier le bien-fondé de ce projet de loi là qui, ultimement, là, selon la
Fédération des médecins omnipraticiens, viserait à... à libérer pas loin de
600 000 plages horaires, là, mais qui va permettre aux psychologues
d'établir véritablement la fondation de leur expertise auprès de leurs
patients, patientes.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre.
M. Boulet : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vais céder maintenant, la parole à la députée de Hull.
• (12 heures) •
Mme Tremblay : Oui, je pense
que, Mme la vice-présidente, vous voulez intervenir? Vous avez levé... Est-ce
que vous aviez d'autres choses à ajouter puis après, je pourrais poser mes
questions.
Mme Paquette (Tyna) : C'est
votre temps. Je comprends cela aussi...
Mme Tremblay : Allez-y, je
vous laisse aller, après il me reste du temps. On vous écoute.
Mme Paquette (Tyna) : Tout à
fait, je vous remercie, c'est apprécié. Petite piste de réflexion. Vous nous
dites... vous êtes députée de Hull. Je suis installée moi aussi en Outaouais
puis je veux juste amener la piste de réflexion suivante : vous savez
comme moi, et je m'adresse à tous, évidemment, on est limitrophe avec
l'Ontario, ce qui veut donc dire que beaucoup de patients, si vous me passez
l'expression, dans mon cas, qui travaillent du côté de l'Ontario. Ce qui veut
dire aussi que quand il y a des soucis de santé physique et/ou mentale, de
toute évidence, eux vont faire référence avec, excusez-moi pour l'acronyme
anglophone, le WSIB. Donc, je l'ai noté, la Commission de la sécurité
professionnelle de l'assurance contre les accidents de travail du côté de
l'Ontario. Mais somme toute, eux, c'est l'équivalent de notre CNESST, mais
vous... Je veux juste que vous soyez attentifs à la réalité que...
12 h (version non révisée)
Mme Paquette (Tyna) : ...les
citoyens québécois qui travaillent en Ontario ont des soucis aussi dans la
reconnaissance et/ou dans le suivi en lien avec le fait que des assurances sont
octroyées par une autre province. Là, je suis consciente qu'on va gérer nos
trucs ici au Québec, mais on parle de citoyens québécois, somme toute, puis je
voulais simplement juste porter à votre attention cette réalité. C'était mon
intervention. Voilà.
Mme Tremblay : Bien,
merci. C'est bien noté. Donc, ayant vécu des situations, là, dans mon passé,
là, comme vous avez noté, effectivement, il y a des enjeux, mais je pense que c'est
bien de l'avoir porté à l'attention du ministre. Alors, moi, j'aimerais...
Parce que vous avez parlé de vos inquiétudes, remplir plus de formulaires. Le
ministre est revenu là-dessus, mais les autres intervenants, ce matin, là, ont
donné des exemples concrets, là, de leurs inquiétudes. Est-ce que vous pouvez
mieux... nous sensibiliser davantage par des exemples concrets? Quel serait l'impact?
C'est quoi avoir plus de formulaires? Donc, dans votre quotidien à vous,
comment on... ça pourrait se transmettre?
M. Roussy (Gaëtan) : Bien,
par exemple, c'est ça, c'est qu'on reçoit des demandes, parfois justement de
remplir des formulaires qu'on reçoit, mettons, par Internet. Mais c'est le
contenu surtout. C'est comme si, à un moment donné, on a l'impression qu'il y
en a qui veulent avoir des informations qui pourraient servir éventuellement d'argument
pour contrarier la demande du patient, par exemple, la demande de remboursement
ou la demande d'allonger certaines choses ou d'allonger une attestation d'invalidité
pour un certain temps.
Alors, c'est juste qu'on ne veut pas non
plus... Quand on ne veut pas trop élaborer dans les formulaires qu'on reçoit, c'est
en partie pour ne pas donner des arguments, justement, qui pourraient
éventuellement être instrumentalisés contre le patient. Alors, ça peut être des
formulaires parfois très élaborés, et on se demande à un moment donné, bien,
comment ça se fait qu'il faut que je le remplisse. J'ai déjà fourni une
évaluation psychologique. Ça, ça va, parce qu'on a fait une de toute façon. Si
le patient veut la donner, il la donnera. Et quand on fait nos évaluations,
nous, on formule de façon à s'assurer qu'il n'y ait pas de préjudice pour le
patient quand même. Hein, la virgule des fois, hein, il faut qu'elle soit
placée comme il faut. Alors... Sauf que dans les certains formulaires, c'est
assez difficile de pouvoir clarifier ces choses-là sans risquer de mettre le
pied dans un panier de crabes à un moment donné qui ouvre sur autre chose, là,
qu'on ne voulait pas.
Mme Tremblay : Parfait.
Et parlant des formulaires parce que les autres intervenants, ce matin, puis
vous les avez écoutés, vous l'avez mentionné, parlaient parfois d'avoir des
questions qui étaient inutiles ou qu'ils ne pouvaient pas nécessairement
répondre. Est-ce que vous faites face à ces difficultés-là aussi, là, d'avoir
peut-être des questions qui ne sont pas nécessairement faciles de répondre pour
vous? Est-ce que ça arrive? Est-ce qu'il y aurait des améliorations à apporter
de ce côté-là également?
M. Roussy (Gaëtan) : Si
vous permettez, je peux vous répondre, mais j'aimerais juste m'assurer que ma
collègue aussi, si jamais... qu'elle n'hésite pas à intervenir, là, même si on
me pose la question à moi. Par exemple, quand on nous pose des questions, par
exemple, sur les conjoints et conjointes, par exemple. C'est parfois assez
élaboré et, à un moment donné, ça peut être des questions sur la consommation
de substances. Alors, ça aussi, ça peut avoir des... Il peut y avoir des enjeux
par rapport à ça. On nous demande parfois d'évaluer la capacité parentale, par
exemple. Moi, je ne peux pas évaluer la capacité parentale, même si je connais
bien une personne puis que dans mon for intérieur je sais que cette personne-là
peut très bien s'occuper de ses enfants, j'en suis personnellement convaincu,
mais je n'ai pas le droit légalement de l'attester parce que je ne suis pas
spécialisé en évaluation des capacités parentales. C'est une question de
principe ici. Alors, c'est pour ça qu'à un moment donné, on peut se retrouver
un petit peu coincé.
Mme Tremblay : Est-ce
que vous aviez d'autres choses à ajouter avant que je pose une dernière question?
M. Roussy (Gaëtan) : Non,
mais est-ce que ça répond quand même à votre question?
Mme Tremblay : Oui, tout
à fait.
M. Roussy (Gaëtan) : Oui?
O.K.
La Présidente (Mme D'Amours) : Dre Payette,
est-ce que vous vouliez intervenir sur cette question ou on laisse la députée
poser sa dernière question?
Mme Paquette (Tyna) : Rapidement.
Simplement dire aussi qu'il faut faire une distinction. Quand un patient
consulte peut-être pour la raison x, alors qu'il peut y avoir beaucoup de comorbidités
qui sont relevées dans le processus...
Mme Paquette (Tyna) : ...psychothérapeutique.
Alors, nous, on accueille la personne avec la raison ou le motif de
consultation primaire. Mais il peut y avoir d'autres trucs qui sont
sous-jacents. Alors, est-ce qu'on a l'obligation de mettre en reflet tous ces
aspects-là versus respecter entre guillemets les fins et les demandes des
assureurs, et la confidentialité, l'alliance psychothérapeutique que l'on
partage avec notre patient? C'est tout ce que j'avais.
Mme Tremblay : Merci...
M. Roussy (Gaëtan) : C'est
parce que... excusez-moi, c'est parce que des fois aussi il y a des choses
qu'on découvre à mesure, on remplit une évaluation et, un peu plus tard, là, on
découvre des choses qui peuvent nous mettre mal à l'aise, les psychologues.
Alors, on se dit : Est-ce qu'on doit le dévoiler ou pas?
Mme Tremblay : Merci. Alors,
dernière question, dans vos recommandations, vous dites : De s'assurer que
les dispositions de la loi aient bien comme effet de favoriser la
reconnaissance de la profession psychologue. Donc, M. le ministre a dit
qu'effectivement c'était le... c'était le cas par différentes dispositions.
Mais vous, vous dites : Bien... bien, comme effet. Donc, quelle est votre
inquiétude quand vous dites ici : Aient bien comme effet de favoriser la
reconnaissance de la profession?
M. Roussy (Gaëtan) : ...
Mme Tremblay : Avec des
exemples.
M. Roussy (Gaëtan) : Oui, ou
d'éviter que ça ait comme effet de ne pas la reconnaître ou encore de la
contester. Un peu comme je disais tantôt, par exemple, si on nous demande de
remplir un nouveau formulaire, on peut accepter tout ça. Mais je veux dire, si
on donne notre opinion, on donne notre diagnostic, on donne notre pronostic,
c'est-à-dire comment la personne d'après nous va évoluer, on est ouvert à la
discussion avec l'assureur, avec le référent, le tiers payeur, tout ça. Mais,
si à un moment donné ça ne fait pas l'affaire ce qu'on a dit, on ne veut pas
sentir non plus qu'on doit répondre aux attentes des payeurs. Alors... et ça,
c'est toujours, tu sais, parce que c'est déjà arrivé comme des discussions un
peu plus corsées pour ça, tu sais, de... on ne veut pas être instrumentalisés
dans quoi que ce soit, vous savez, et c'est juste pour s'assurer.
Peut-être... Peut-être qu'on a trop de
craintes, mais on souhaitait quand même vous l'exprimer, parce qu'on veut juste
être sûrs, parce qu'on a déjà eu des situations comme ça justement, où c'est
déjà arrivé où on a des relances ou encore des... On a déjà eu des exemples où
le... quelqu'un, un autre intervenant ou un fonctionnaire essayait de retirer
le patient au psychologue pour le référer à un autre qui aurait eu une opinion
différente, plus favorable au point de vue, par exemple, de l'assureur ou du
tiers payant.
Mme Tremblay : Parfait. Je
vous remercie.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Donc, je vais céder la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
• (12 h 10) •
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. Roussy, Mme Payette. Merci pour votre exposé et également
pour le fait donc d'avoir pris le temps de déposer un mémoire très complet. Je
vous ai lus, je vous entends depuis tantôt. Ce que je saisis, c'est que votre
principale préoccupation, c'est d'éviter... Bon, on parlait plus tôt donc de
débordement. Mais on pourrait aussi parler, donc, d'un transfert de
l'allègement de la charge administrative des médecins vers, donc, le
prestataire direct, là, de santé et de services sociaux. Donc, en l'occurrence,
donc, pour vous, donc, des psychologues, donc de ceux vers qui, donc, on
viendrait, donc... donc, transférer, donc, cette charge-là, selon vous.
J'ai entendu, donc, le ministre dans ses
réponses. La question que j'ai pour vous, la première question que j'ai pour
vous, c'est... En fait, quel cadre juridique ou réglementaire, donc, pourrait
vous convaincre d'éviter cet effet? Donc, nous, comme législateurs, donc, on va
être en charge d'étudier ce projet de loi là, avec ce que vous avez lu dans le
projet de loi, quels types de garanties sur le plan du cadre législatif vous
permettraient d'être rassurés quant au fait que ce n'est pas l'intention du
législateur de transposer... de transférer cette charge administrative des
médecins généralistes à vous?
M. Roussy (Gaëtan) : Je
ferais une précision par rapport à ça. C'est que, pour commencer, c'est que
nous savons que ce n'est pas l'intention du législateur. Ça, on le sait, tu
sais, c'est plus... on espère juste que ce n'est pas l'intention de certains...
certaines compagnies d'assurance. Tu sais, on sait que le législateur ne veut
pas ça. Il y a... Au niveau des lois, évidemment, je...
M. Roussy (Gaëtan) : ...je ne
peux pas vous dire exactement quel article pourrait prévenir ça, mais c'est
comme si... je sais que ce n'est pas possible, mais la loi porte sur les
médecins. Peut-être, idéalement, j'aurais souhaité, mettons, une loi qui porte
sur les professionnels de la santé.
Mme Cadet : O.K.
M. Roussy (Gaëtan) : Comprenez-vous?
Alors, si cette loi-là se serait appliquée aux professionnels de la santé en
général, ah! là, il n'y aurait pas eu de possibilité de transfert sur un autre
professionnel de la santé. Mais ça porte sur les médecins parce que les
assureurs vont se dire... Moi, je me mets à la place d'un assureur, puis je
sais bien qu'ils ne sont pas tous comme ça. O.K.? Je veux faire attention de ne
pas trop généraliser. Mais l'assureur se dit : Bien, je ne peux pas
demander... exiger ça de la part d'un médecin. Je ne peux pas exiger qu'il aille
chercher un papier de médecin. Cette affaire, je vais l'exiger d'un autre
professionnel de la santé. Les psychologues viennent d'obtenir des diagnostics,
des troubles mentaux.
Mme Cadet : Donc, dans ce
cas-là, parce que vous disiez que vous écoutiez les pourparlers ce matin et les
exposés des autres groupes. Donc, vous avez entendu le... le Collège des
médecins, nous... nous émettre une recommandation quant à l'élargissement de la
nomenclature qui se trouvait au projet de loi.
M. Roussy (Gaëtan) : Oui.
Mme Cadet : Donc, eux qui
nous... ils nous proposaient donc, justement pour éviter que l'assureur ou
l'administrateur de... de régimes d'avantages sociaux exigent un autre type
d'expertise ou un autre type de billet, de dire : O.K. Bien, O.K., donc,
le projet de loi encadre l'exigence d'aller chercher, donc de requérir un
certificat du médecin, un certificat médical. Donc, d'élargir ça pour que ce...
justement qu'il n'y ait pas ce transfert. Donc, vous, est-ce que vous vous êtes
senti interpellé par cette recommandation-à? Je sais que c'est un peu à pleurer
à brûle-pourpoint, mais est ce que vous aviez une... une opinion là-dessus, que
ça viendrait répondre à vos préoccupations?
M. Roussy (Gaëtan) : Bien,
c'est ça, c'est comme si s'assurer en tout cas que ça concerne, même si ce
n'est pas nommé dans la loi de cette façon-à, mais que ça concerne tous les
professionnels de la santé parce que le but, justement, c'est d'éviter ça à
l'usager des services de santé pour le libérer, puis en vue libérer aussi les
médecins de certaines tâches administratives. Mais je sais que le législateur
et vous tous voulez vous assurer aussi que ça n'incombe pas ensuite à d'autres
professionnels de la santé, alors de trouver une formulation. Je vous avoue tantôt...
c'est... je savais ce qui s'était dit ce matin parce que c'est mon conseiller
en relations publiques qui m'a téléphoné pour me le dire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Problème
de communication avec M. Roussy. Mme Payette, est-ce que vous êtes en mesure de
continuer ce que M. Roussy avait tenté?
Mme Paquette (Tyna) : Je n'ai
pas nécessairement eu la même discussion, alors je ne naviguerai pas dans les
eaux, mais somme toute, voilà, je pense que M. Roussy a eu une discussion avec
notre stratège, puis donnez-moi un instant, ça peut être en lien avec la...
Voilà, j'ai juste texté aussi pour que M. Roussy puisse se réintégrer. Alors,
je suis désolée pour cela.
Mais, si vous permettez, peut-être que je
pourrais ouvrir une autre parenthèse temporaire.
Mme Cadet : Tout à fait.
Mme Paquette (Tyna) : Et je dis
ça avec le plus grand des respects pour les organismes parapublics, etc. Mais
je vais vous donner une réalité. Moi, ça fait plus de 20 ans — ça
m'en dit beaucoup sur mon âge que je suis psychologue et je pratique la
psychologie, puis maintenant, étant un peu plus senior dans mon développement
professionnel, je n'accepte plus malheureusement, et c'est avec tristesse que
je dois vous le mentionner, si vous me passez l'expression, de la CNESST.
Pourquoi? Écoutez, je vais être franche avec vous, j'en ai encore que je le
fais d'une manière très pro bono. Et c'est la carte... c'est mon... c'est ma
carte maîtresse quand je négocie avec la CNESST pour leur dire : Écoutez,
j'ai fait tout ça pro bono parce que ça m'enlève la charge d'écrire, à titre
d'exemple, un rapport trimestriel, etc., de l'évolution symptomatologique ou
des impressions diagnostiques. Pour moi, puis je ne veux pas paraître
pécuniaire, mais je préfère utiliser mon temps avec le patient pour faire la
psychothérapie, puis veiller à son bien être psychologique que de remplir des
trucs et des trucs, et des trucs. Donc c'est un peu cette préoccupation-là, je
vous dirais que le psychologue, je ne veux pas parler pour tous, mais comme je
vous dis, je cite ma propre exemple, quand les dossiers deviennent trop lourds
sur le plan administratif, pour ma part, il y a un... un désengagement.
Évidemment, là, on fait... on est tenus, là, par le code de déontologie des
psychologues, on doit tenir nos notes, la tenue de dossiers, etc., tout est
fait. Mais quand je dois rédiger un rapport pour un assureur quelconque avec
leur canevas...
Mme Paquette (Tyna) : ...avec
leurs exigences, ça... ça... ça devient lourd. Et le temps, comme je mentionne,
je répète et je m'en excuse, le temps que je me mets à rédiger ces trucs-là,
bien, je ne suis en présence patient. Puis je me dis ma liste d'attente, qui
est interminable, bien, c'est un patient de plus en moins pour qui je pourrais
offrir des services. Alors, je voulais nommer cela.
Mme Cadet : Oui. Bien, merci
beaucoup pour cet exemple très, très collé sur votre réalité. Si je vous
entends bien, puis je pense que c'est quand même une transition intéressante
vers la prochaine question que j'avais pour vous, parce que je vous attendais
justement, donc, dans les échanges avec les collègues, nous parler, donc, des
formulaires, donc je comprends que vous aussi, de votre côté, vous... vous...
vous la sentez, donc... ou en fait, vous le sentez, donc, ce fardeau-là,
administratif, donc, d'avoir à remplir des formulaires, donc, pour des
assureurs. Est-ce que vous avez donc des... aussi donc, des exemples de contenu
de formulaires que vous dites : Ah, ça, ce serait des éléments à alléger?
Mme Paquette (Tyna) : Écoutez,
mon Dieu! Puis là je vais... je vais parler pour moi. Ça pourrait être
pertinent d'aller vérifier auprès de collègues et des membres de l'APQ.
Je m'entends en écho. Est-ce que c'est
normal?
Mme Cadet : ...bien, nous. On
vous entend très bien.
Mme Paquette (Tyna) : O.K.
D'accord. Je continue, alors, pas perdre le fil des idées. Je travaille avec
les anciens Combattants Canada, je travaille avec les gens, comme j'ai dit
tantôt, WSIB, excusez pour l'anglicisme, là, la Commission de la sécurité
professionnelle de l'assurance contre les accidents de travail en Ontario, je
travaille avec des gens de la CNESST, je travaille avec Croix Bleue, je
travaille avec un paquet d'organisations. Puis je dois vous admettre que, comme
je faisais référence tantôt, parfois l'assureur personnel privé... plusieurs
fonctionnaires fédéraux, parfois, ils vont demander un truc et ils ont leur
canevas. Mais je me permets, en toute transparence puis en toute humilité, de
rédiger à ma façon ma plume. C'est moi, en toute humilité, qui est l'expert,
c'est moi qui est le psychologue, c'est moi qui a le titre de docteur en
psychologie et qui traite le patient, donc cocher : Est-ce que votre... je
vous dis n'importe quoi, là, est-ce que M. Untel a eu une amélioration dans sa
routine à tous les jours? Bien, crocher, ça ne dit pas grand-chose
nécessairement, alors moi, je préfère rédiger un rapport avec les éléments
symptomatologiques, les éléments pronostiques avec les facteurs de protection,
facteurs de risque.
Puis, des fois, je vais diverger. Pour le
moment, je me.... je ne me suis fait taper sur les doigts par les organisations
notamment dont je vous ai mentionné, mais je pense qu'il faut laisser la place,
la liberté au professionnel de rédiger son... son... son truc, son rapport, son
rapport d'évolution, son rapport psychologique en fonction de ses
connaissances, de ses expertises et non pas nécessairement simplement remplir
le formulaire ou le canevas qui est entre guillemets soumis par... l'assureur,
pardon, ou les tiers payeurs. Je pense que ça, ça serait vraiment préférable à
tenir en considération.
• (12 h 20) •
Mme Cadet : Merci, merci,
merci, Mme Payette. Donc, si je vous ai bien saisie... bien, en fait, ce que
vous nous avancez en commission aujourd'hui, vous nous dites donc : Dans
le cadre de notre travail, donc, on a déjà, donc, une charge administrative qui
existe, d'où le fait que votre principale préoccupation, comme on évoquait un
peu plus tôt, donc, c'est d'éviter, donc, d'en ajouter, qui est ce
transfert-là, et que notre responsabilité à nous, comme législateurs, donc, ce
serait, donc, de veiller au grain pour que le... les articles du projet de loi
soient assez exhaustifs et assez précis pour ne pas permettre que les assureurs
puissent ajouter ce... puissent transférer l'allègement, donc, de la charge
réglementaire qui est imposée, donc, aux médecins généralistes, à vous comme
prestataires directs, donc, de services.
Et il y a donc... C'est dans ce... C'est
dans cet esprit-là aussi que vous aviez des craintes quant à l'augmentation de
la prime ou... bien, d'un côté, puis de l'autre... et de l'autre, je pense que,
dans votre mémoire, vous nous parliez aussi de préoccupations quant à une
hausse éventuelle de la demande de services. Je vois que M. Roussy est de
retour. Il peut peut-être...
M. Roussy (Gaëtan) : Bien
oui. J'ai... Internet a coupé. On ne sait pas pourquoi. Désolé. Mais donc...
Mme Cadet : Il n'y a pas de
problème.
M. Roussy (Gaëtan) : Oui.
Donc, c'est ça, c'est juste de... l'augmentation de consultations pour obtenir
éventuellement qu'on remplisse des formulaires ou des prescriptions uniquement.
Alors, c'est juste ça, là. Tu sais, on veut... on ne veut pas servir à ça,
là...
M. Roussy (Gaëtan) : ...servir
à ça, là, tu sais. Je ne sais pas quel mot prendre, exactement, mais, quand les
gens nous consultent, il faut que ce soit parce qu'ils veulent des services de
psychologie, des services, soit des psychothérapies ou de soutien
psychologique, mais pas nous consulter dans le but spécifiquement d'avoir une
évaluation ou d'avoir une prescription, sauf si, vraiment, le psychologue
s'annonce pour ça, là, il y en a qui le font aussi.
Mme Cadet : Bien, comme, en
fait... En fait, comme la demande, donc, qui est faite, donc, par les médecins
généralistes, par les médecins de famille pour s'assurer de les décharger d'un
fardeau, pour qu'ils aient plus de temps clinique avec les patients. C'est ce
que vous souhaitez aussi, c'est essentiellement, donc le... de ce que vous nous
avancez.
M. Roussy (Gaëtan) : Exactement.
Exactement.
Mme Cadet : Parfait. Alors,
dans ce cas-ci, c'est juste une dernière question. Alors, vous nous
dites : Nous recommandons respectueusement aux parlementaires, considérant
tout ce qui précède, de s'assurer que les dispositions de la loi préservent la
relation de confiance entre le patient et le psychologue. Je sais que ma
collègue de Hull vous avait posé la question sur et bel et bien comme il fait,
de favoriser la connaissance de la profession de psychologue. Je pense que ça,
vous y avez répondu. Ici, la relation de confiance, bien, vos prédécesseurs
l'ont évoquée. Si vous avez eu l'occasion de l'entendre, donc. Et si ça n'a pas
été le cas pour vous, qu'est ce que ça signifie précisément? Vous dites :
Vous assurer que les dispositions de la loi préservent cette relation de
confiance. Est-ce que c'est au niveau des mesures de contrôle qui sont prévues
au projet de loi aussi, ou si vous vous enlignez ailleurs, là, quand vous nous
recommandez d'aller dans cette direction-là?
M. Roussy (Gaëtan) : En
autant que ça ne place pas les psychologues dans une situation embarrassante
par rapport à tout ce qui concerne les enjeux, par rapport à l'invalidité, à
cause de tout ce que ça peut présenter comme enjeu économique pour la
population. Hein, il y en a qui sont... qui ne se sentent pas capables de
travailler. Et à ce moment-là, plus on va multiplier les occasions où les
psychologues vont devoir se pencher spécifiquement là-dessus, plus on risque à
ce moment-là d'augmenter le risque de tension, là, le risque de perte de
relation de confiance entre nous.
Mme Cadet : Ah! Ce n'est
pas... Alors, vous, ce n'est pas au niveau des mesures de contrôle. Donc, vous
ne vous êtes pas, s'il y a plus de formulaires à remplir que ça pourrait avoir
donc un... ça pourrait créer plus de tension avec entre le patient puis le
professionnel. Comme vos prédécesseurs, en fait, vous, vous nous dites que les
tensions, donc, pourraient résulter du...
M. Roussy (Gaëtan) : Des
enjeux, oui.
Mme Cadet : ...d'ambiguïté,
là, dans la décision clinique.
M. Roussy (Gaëtan) : Dans
notre rôle, tu sais, on ne veut pas se retrouver en conflit de rôle ou
d'intérêts.
Mme Cadet : O.K.
M. Roussy (Gaëtan) : ...
Mme Cadet : C'est très clair.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vous remercie, chers invités, pour votre contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux
jusqu'après les avis touchant les travaux des commissions, vers 15 h 15. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 27)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Et la Commission de l'économie
et du travail...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...reprend
ses travaux, oui. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil électronique.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 68, Loi visant
principalement à réduire la charge administrative des médecins. Cet après-midi,
nous entendrons les témoins suivants, soit la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec,
l'Association des chiropraticiens du Québec, la Confédération des syndicats
nationaux et la Commission des normes... des normes, de l'équité, de la santé
et de la sécurité du travail.
Je souhaite maintenant la bienvenue à la
Fédération... Avant de... avant de débuter, merci, Mme la secrétaire. Je
comprends qu'il y a eu un consentement pour que la députée de La Pinière
remplace la députée des Mille-Îles. Il y a eu consentement? Parfait. Je
souhaite maintenant la bienvenue à la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante. Et je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé. Puis nous passerons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé,
s'il vous plaît.
M. Vincent (François) : Merci.
Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, je suis François
Vincent, vice-président pour le Québec de la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante. Aujourd'hui, je suis accompagné d'Alchad Alegbeh qui
est analyste de recherche et Aisha Laperrière qui est à ma gauche,
coordonnatrice aux affaires législatives, les deux travaillant avec moi à la
FCEI, la FCEI série qui est le plus gros regroupement de PME du pays. Au
Québec, on compte 21 000 membres dirigeants de PME de partout au Québec,
de tous les secteurs d'activité économique.
Nous vous remercions de nous recevoir
aujourd'hui dans le cadre des consultations du projet de loi n° 68. Vous
pouvez vous demander, Mme la Présidente, mais qu'est-ce que vous faites ici? Je
pourrais dire : Je me pose la même question, mais je vais vous répondre
clairement avec des résultats assez clairs de la préoccupation et de la
priorité des dirigeants de PME quant à l'amélioration du système de santé.
Actuellement, l'amélioration de la qualité et l'accessibilité des soins de
santé arrivent en tête de liste des mesures à prioriser par le gouvernement du
Québec, selon un sondage de la FCEI.
Le projet de loi par le... le gouvernement
démontre de l'écoute du milieu et une réelle possibilité de faire des
changements positifs pour les citoyens. Aussi, Mme la Présidente, à ma droite,
Alchad a fait un rapport de recherche en janvier 2023. On a une semaine de
sensibilisation à la paperasserie depuis des dizaines d'années pour
sensibiliser toutes les provinces, tous les gouvernements, à l'importance
d'alléger le fardeau pour les petites et moyennes entreprises. Puis la FCEI,
l'année passée, désirait démontrer que la paperasserie, ça n'a pas un impact
seulement sur les dirigeants des petites et moyennes entreprises, mais
également sur les citoyens. Alors, on... M. Alegbeh vu qu'il y avait eu une
enquête qui avait été menée auprès de plus de 500 médecins néoécossais qui
mentionnait que 62 % des... de leurs tâches administratives étaient
nécessaires, mais qu'il y en avait 38 qui étaient... 38 % qui étaient
superflus. Alors, il a appliqué ça aux autres... aux provinces et au pays. Puis
ça a permis d'estimer que les médecins québécois consacrent chaque année
4,4 millions d'heures à des tâches administratives superflues, soit
l'équivalent de 13,2 millions de consultations. C'est énorme.
• (15 h 30) •
Ainsi, nous avons demandé à toutes les
provinces d'agir. Puis, en janvier de cette année, nous avons publié une étude.
Si vous avez des questions spécifiques sur cette étude-là, Alchad sera là pour
y répondre, pour voir quelles étaient les avancées dans les différentes
provinces et au pays. Puis aujourd'hui, on est vraiment content de se retrouver
en commission parlementaire pour parler d'un projet de loi qui va redonner du
temps en allégeant la paperasserie des médecins pour offrir... permettre plus
de consultation des patients.
Vous savez, Mme la Présidente, le fardeau
administratif et réglementaire, c'est un sujet que j'ai abordé à plusieurs
reprises dans cette enceinte, et je le referai aujourd'hui. La paperasserie...
15 h 30 (version non révisée)
M. Vincent (François) : ...paperasserie
freine les entrepreneurs et a une incidence également pour les citoyens.
La paperasserie, ça coûte cher. Notre
estimation faite en 2020 chiffrait à 8,2 milliards de dollars le
fardeau administratif au Québec pour les PME. Pour les entrepreneurs, selon
eux, il serait possible de réduire ce fardeau de 28 % sans nuire à
l'intérêt public. Ainsi, la paperasserie coûte 2,3 milliards de
dollars aux PME québécoises. La paperasserie, elle ne fait pas juste coûter
cher, elle est aussi plus lourde pour les petites entreprises. En effet, les
entreprises de moins de cinq employés se retrouvent avec un coût de 7 023 $
par employé, comparativement à 1 237 $ par employé pour les
entreprises comptant plus de 100 employés. C'est la même histoire pour la
moyenne d'heures consacrées par année par employé, qui est de 165 heures
pour les entreprises de moins de cinq employés, comparativement à 17 heures
pour les entreprises de plus de 100 employés, puis les médecins, bien, se
retrouvent dans la première catégorie, celle qui se fait étouffer par des piles
de papier. Et, dans le contexte de la pénurie de main-d'oeuvre, on a également
fait une étude qui démontre que la pénurie de main-d'œuvre impose des semaines
de huit jours pour les dirigeants d'entreprise, et donc le fardeau
administratif est plus lourd et nuit aussi à la productivité.
Oui, la paperasserie nuit à la
productivité, puis, si on prend une... la définition de la Banque de
développement du Canada, la BDC, la productivité du travail et la valeur qu'une
entreprise ajoute en bien ou en services ou une combinaison des deux, on la
calcule en fonction du nombre d'heures ou de membres du personnel nécessaires
pour produire cette valeur. Elle joue un rôle déterminant dans la compétitivité
et la réussite financière d'une entreprise. Donc, plus vous ajoutez de temps
dévolu par employé aux formalités administratives, moins ces employés-là, ces
personnes-là, ces dirigeants d'entreprise là peuvent consacrer ces heures-là au
développement des entreprises ou, dans ce cas-ci, bien, rencontrer des patients
qui ont besoin de voir des médecins pour leur santé.
Spécifiquement sur le projet de loi n° 68,
on a sondé nos membres, nos... les dirigeants de petites et moyennes
entreprises, et 92 % qui identifient l'amélioration de l'efficacité du
système de santé comme une priorité absolue. Ce soutien est aussi marqué
lorsqu'il s'agit de la productivité du système du secteur de santé: 92 %
sont persuadés que la réduction des tâches administratives non essentielles
chez les médecins permettra de libérer des ressources précieuses et d'améliorer
le rendement global du système. Enfin, les entrepreneurs anticipent également
des bénéfices concrets pour leur propre entreprise. 69 % estiment que
cette simplification administrative pourrait entraîner une diminution du nombre
d'absences en raison... pour des raisons médicales parmi leurs employés. Cela
se traduirait par une meilleure disponibilité des employés et une réduction des
interruptions dans les opérations et, par conséquent, une amélioration de la
productivité au sein des entreprises.
Vous avez compris par mes propos, Mme la
Présidente, que nous soutenons l'adoption du projet de loi n° 68. Je vais
quand même souligner que nous avons des réserves sur certains articles, il n'y
en a pas beaucoup, mais ceux... les 7 à 10. En effet, comme rédigé, nous
craignons que cela n'enlève toute possibilité à un employeur d'utiliser un
outil dans le cas où il pense qu'un employé utilise les congés de maladie à des
fins de congés non autorisés. On comprend la volonté du législateur d'enlever
une charge aux médecins pour des employeurs qui pourraient systématiquement
demander des billets de médecin à n'importe quelle absence. À cet égard, nous
rassurons le législateur, ce n'est pas le cas pour les petites entreprises,
puis les petites entreprises, c'est... ce sont celles qui représentent le plus
d'entreprises au Québec en termes de nombre. Les petites entreprises pratiquent
une gestion de proximité et de confiance envers leurs employés. Pour les
dirigeants, les employés font partie de leur famille. Seulement, puis vous irez
aller voir dans notre mémoire, on a vraiment regardé la pratique par rapport à
l'utilisation des congés puis on a fait des segmentations par rapport au nombre
d'employés dans l'entreprise. Donc, seulement 4 % des petites entreprises
québécoises exigent un billet de médecin - c'est la marge d'erreur, ce n'est
pas peu dire - pour toutes les absences. Il y en a 36 % des entrepreneurs
qui ne demandent tout simplement aucune preuve lorsqu'un employé prend un ou
plusieurs jours de congé de maladie. Les frais...
M. Vincent (François) : ...proportionnels
à la taille de l'entreprise se voient bien aussi dans la proportion de... des
répondants qui disent demander un certificat médical, alors que, pour 65 %
des entreprises ayant quatre employés et moins qui ne demandent jamais un
billet de médecin, elles sont près d'un cinquième des entreprises de 50 à
499 employés qui ne le demandent jamais. Cela démontre que la majorité des
entrepreneurs reconnaissent qu'un certificat médical n'est pas nécessaire pour
chaque absence.
Toutefois, en même temps, il y en a
30 % qui pensent qu'il serait parfois justifié de le demander, notamment
lorsqu'un employé est absent pendant quelques jours ou pour une semaine et
plus, puis il y a 44 % qui souhaiteraient conserver la possibilité de
souhaiter... de solliciter un certificat médical lorsqu'ils soupçonnent un abus
potentiel. Présentement, si l'employé soupçonne qu'une personne utilise le
système, l'employeur peut demander un billet de médecin. Donc, il est essentiel
pour nous de trouver un équilibre entre la prévention des abus du gestionnaire
et l'utilisation du moyen par l'employeur qui pourrait ne pas, au plus, être
justifié puis alourdir le système de santé par des consultations trop
nombreuses.
Le projet de loi, dans sa formule
actuelle, ne prévoit pas de recours possible pour le dirigeant d'entreprise,
selon notre interprétation. Prenons un exemple concret: un employé qui tombe régulièrement
malade deux ou trois jours avant une longue fin de semaine ou systématiquement
quand il y a des congés fériés. Bien, l'employeur ne pourrait pas faire la
demande. Donc, nous croyons qu'une solution équilibrée serait de permettre aux
employeurs de demander un certificat médical dans des cas exceptionnels lorsque
les absences... sont répétitives et injustifiées sont identifiées. Cela
offrirait une protection raisonnable contre les abus tout en respectant les
droits des employés et tout en allant dans le sens du projet de loi de limiter
ou diminuer le nombre de demandes de certificat qui alourdissent les
consultations et le système. Nous demandons aux parlementaires d'évaluer ce
point puis de ne juste pas enlever toutes les possibilités aux employeurs pour
trouver un juste milieu.
Enfin, il est important de poursuivre sur
les avancées pour réduire la paperasserie des médecins. C'est pourquoi nous
recommandons l'adoption d'un plan d'allègement réglementaire spécifique au
milieu de la santé.
Je n'ai plus de temps. ...vous remercie de
nous avoir écoutés. Si vous avez des questions spécifiques sur le plan, on
serait contents d'en parler, puis également sur la question des... de
l'ouverture plus grande aux chiropraticiens. C'est un élément qui est important
pour la FCEI. Merci.
• (15 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait,
Je vous ai laissé aller sur le temps du ministre, donc c'est le ministre qu'il
faut remercier. M. le ministre, la parole est à vous maintenant.
M. Boulet : Une autre fois,
François. Merci à M. Vincent, merci à la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante pour la qualité de votre présentation puis la... le résumé des
recommandations qui apparaît dans votre mémoire.
Évidemment, je pense que l'objectif est
pas mal consensuel, on veut aider les médecins à réduire le pourcentage des
tâches administratives. Ultimement, c'est pour favoriser un meilleur accès et
permettre aux médecins de faire plus de soins cliniques, puis ce n'est pas
d'éliminer, je pense - je parlais avec quelqu'un ce midi - ce n'est pas
d'éliminer des rendez-vous, mais d'éliminer des rendez-vous sans valeur
ajoutée. Souvenez-vous, au mois de février dernier, ce qui a été fait avec la
CNESST puis les CHSLD, c'étaient 120 000 rendez-vous potentiellement
sans valeur ajoutée qui étaient éliminés et, pour l'accueil en hébergement, un
18 000 additionnels.
Ici, évidemment, c'est des estimations,
là. Mais l'objectif avec tout le plan santé, parce que le ministère de la Santé
travaille avec beaucoup de partenaires externes, notamment la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec... pour voir comment mieux réduire ce fardeau
administratif là, et ça, ça va être bénéfique pour tout le monde, vous l'avez
bien mentionné.
Ceci dit, évidemment, il y a des
amendements à la Loi sur les normes du travail qui vous... qui vous
préoccupent. Mais j'ai relevé que vous mentionniez systématiquement quelqu'un
qui s'absente, par exemple, systématiquement le lundi ou le vendredi. Mais je
veux simplement rappeler que c'est les trois premières absences d'une période
de trois journées consécutives ou moins prises annuellement, et ça, c'est... ça
peut être une gastroentérite, ça peut être un accident, ça peut être quelqu'un
qui est victime de violence conjugale ou de violence à caractère sexuel ou une
personne qui est proche aidante aussi, et ces...
M. Boulet : ...ces
circonstances-là, c'est souvent un engorgement qui n'est pas bénéfique pour le
système de santé. Vous vous préoccupez de l'amélioration des services et du
régime, et ça, ça génère un engorgement. Puis simplement se dire que dans les
milieux syndiqués, il y a un pourcentage important maintenant de conventions
collectives de travail qui prévoient qu'il n'y a pas possibilité de demander un
certificat médical pour quatre jours et moins. Ici on est à trois jours, Je
pense qu'on a atteint... on atteint un bon équilibre. Et quelqu'un qui, dans le
libellé actuel du projet de loi, s'absente plus que trois fois une journée
parce que c'est jusqu'à un maximum de trois jours consécutifs. Il peut
s'exposer à se faire demander, exiger de son employeur un certificat médical.
Ceci dit, je peux comprendre les motifs raisonnables qui peuvent parfois
légitimer un employeur de demander un certificat médical. Le 10 %, c'est
l'objectif de fond qui est visé par le ministère de la Santé. Vous vouliez un
peu de temps, M. Vincent, pour parler des chiropraticiens? Allez, je vous
l'offre.
M. Vincent (François) : Oui,
c'était... Juste pour préciser sur la... sur la... l'abus. Nous, la façon qu'on
avait lu ça puis on a peur aussi que des employeurs peuvent la lire comme ça,
c'est il faut que ça soit trois jours consécutifs. Donc si un employé va en
prendre systématiquement le vendredi puis le lundi quand c'est la fête du travail
ou qu'il va tomber systématiquement malade le vendredi, puis il va utiliser sa
banque de congés complets. Bien, de la façon qu'on le lisait, on a dit
peut-être que là, il faut que ça dépasse trois jours, puis après ça donc, si je
fais deux jours systématiquement à tous les trois mois, bien, l'employeur ne va
pas... ne va pas pouvoir le demander du tout. Ça fait que c'est pour ça qu'on
voulait avoir... On a proposé d'ajouter un alinéa ensuite, juste pour préciser
qu'il y aurait possibilité de le demander. Moi, ça m'est arrivé comme
gestionnaire, là, il y avait un employé qui était le seul qui utilisait
l'ensemble de ses congés de maladie durant... durant son année par rapport aux
autres, à chaque fois qu'il partait, c'était le service à la clientèle puis il
y avait du... sa charge de travail était répartie sur les autres puis à un
moment donné, je lui en ai parlé, puis l'année d'après, bien, il n'est pas
tombé malade. Mais on a... Je n'ai pas demandé de billet du médecin. Mais c'est
juste que de la façon que c'est rédigé, là on comprend, mais les employeurs
vont peut-être juste regarder la loi puis ils vont comprendre différemment.
Donc, une précision pourrait être bien. Quant au... Quant aux chiros, on a
envoyé une lettre à Dr Guillaume Corbin, président de l'Association des
chiropraticiens du Québec, pour l'appuyer dans ses revendications, je pense
qu'il est ici dans la salle. Il va... Il va parler et il a un mémoire assez
intéressant et ça rejoint la recommandation 6 de leur mémoire, dans le fond.
Nous, ce qui nous a... qui a beaucoup attiré notre attention, c'est l'impact
que ça pourrait avoir sur la réduction des sommes potentielles en indemnité
salariale. Il y a une pratique comme ça qui est faite dans les autres
provinces, notamment en Ontario de ne pas nécessairement systématiquement
passer par un médecin, mais de pouvoir aller voir directement un chiropraticien
pour pouvoir obtenir de l'aide pour revenir en santé. Puis c'est des sommes qui
pourraient être libérées pour le système. Et bien justement, aider les
personnes qui ont besoin de soins de pouvoir en recevoir. Je ne prendrai pas
plus de temps, je pense que vous allez avoir un bon 45 minutes, mais ça a bien
du sens. Puis leur recommandation aussi amène une solution pour mieux servir
les personnes qui ont besoin de repos en santé, permet aussi des économies
potentielles pour le régime. Donc, je pense que ça vaut la peine pour le
ministre et le législateur de regarder ça avec sérieux.
M. Boulet : Tout à fait,
merci beaucoup, mais je reviens sur le libellé. On réfère à une durée de trois
journées consécutives au moins prises annuellement. Donc on est encore dans le
domaine de la raisonnabilité, là, en termes de quantité, de jours d'absence. Le
reste, moi, ça me convient, là, mais j'apprécierais bénéficier des conclusions
de votre sondage qui a été... que vous avez fait, là, à la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante auprès de vos membres et pour le reste
des recommandations, moi, M. Vincent, vous le savez, on va les analyser, on va
les considérer, puis tout projet de loi est à la base perfectible, puis on va
faire une étude détaillée avec les partis d'opposition, puis on verra comment
on peut l'améliorer. Ceci dit, quand vous référez dans votre mémoire aux
soupçons d'un employeur, moi j'appelle ça plus, des...
M. Boulet : ...motifs
raisonnables de croire, ça revient et c'est exactement l'équivalent, mais j'ai
la même sensibilité que vous. Alors, merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...ministre, c'est un dépôt de documents, s'il vous plaît, le faire parvenir au
secrétariat pour que tous les membres de la commission puissent en bénéficier,
s'il vous plaît.
M. Vincent (François) : Oui,
on va s'acheminer ça par courriel.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Parfait. Merci. Maintenant, je vais céder la parole à la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Bonjour, M. Vincent, M. Alegbeh, Mme Laperrière. Merci
beaucoup pour votre exposé et également pour... pour votre mémoire. J'ai...
J'ai pris connaissance donc, d'ailleurs donc, de ce mémoire portant sur le p.l.
68, mais également sur votre documentation complémentaire sur les patients
avant la paperasse et des différentes études que vous avez faites à travers à
travers le Canada. Puis ça m'amène à vous poser la question suivante à la
lumière des commentaires que nous avons entendus un peu plus tôt aujourd'hui de
la part d'autres groupes qui nous ont tous indiqué jusqu'à présent que donc le
projet de loi, donc, c'était une bonne première étape, que, évidemment que tout
le monde accueillait favorablement l'idéal de réduire la charge administrative
des médecins, mais qu'il y avait possibilité d'aller plus loin. Donc, peut être
que je vous, en fait, d'entrée de jeu, je vous laisserais peut-être élaborer
sur les... ce qu'on n'a pas dans le projet de loi, ce que votre mémoire, par la
suite, donc, se concentre sur les dispositions précises du projet de loi, mais
sur les manières, donc, de réduire de façon accrue le fardeau administratif des
médecins.
• (15 h 50) •
M. Vincent (François) : Pour
répondre à votre question, je vais et je vais... C'est la dernière section de
notre mémoire à la page 15, puis à la recommandation 3. Dans le fond, on sort
notre recette d'allègement administratif et réglementaire, parce que quand on a
commencé ça, j'ai parlé de la semaine de sensibilisation à l'allègement
réglementaire qu'on... qu'on fait à chaque année. Avant ça, il n'y avait rien,
aucun engagement qui était pris dans aucune province, puis non plus au niveau
du gouvernement du Canada. Puis nous, systématiquement dans nos sondages.
C'était la deuxième préoccupation des entrepreneurs. La première, c'était le
fardeau fiscal global. La deuxième, c'était l'allègement réglementaire. Puis
là, maintenant, ces priorités-là ont changé avec le temps parce que les
gouvernements ont fait une différence en agissant sur la question. Puis il y a
des enjeux qui deviennent plus urgents, là, comme, là, actuellement, c'est la
diminution de la demande puis la pression sur les coûts puis, etc., les fonds
de roulement. Donc, tu sais, il y a des fois, ça peut bouger, mais
systématiquement c'est le fardeau fiscal global, puis allègement réglementaire,
mais il n'y avait rien qui était fait. On s'est dit : comment on peut
faire pour rendre ça, excusez-moi l'expression, là, mais sexy. Donc, c'est...
on a chiffré le poids de la réglementation puis ensuite de ça, on a trouvé une
recette qui a permis de faire fonctionner. C'est quoi la recette? Bien,
d'abord, il faut le quantifier. C'est combien? C'est quoi? Là, je sais qu'il y
a des travaux qui sont faits actuellement avec... avec les fédérations des
médecins, puis c'est ce qui a permis aussi à M. Alegbeh d'évaluer la charge,
c'est-à-dire qu'il y a eu une recherche qui a été faite en Nouvelle-Écosse,
puis ça a donné un nombre, donc de vraiment quantifier le fardeau administratif
et réglementaire, mesurer le nombre total d'heures consacrées, qu'est-ce qui
est nécessaire, qu'est-ce qui est superflu. Ensuite de ça, c'est se fixer des
objectifs. Si on ne se fixe pas d'objectif, on ne fait rien. Je fais le
parallèle avec le gouvernement du Québec et avec le plan d'allègement
réglementaire, bon, bien, ils ont chiffré... ils ont une méthodologie sur le...
les formalités administratives et réglementaires. Puis après ça, il y a un plan
avec des objectifs de réduction du volume, du coût puis du nombre de
formalités. Mais c'est la même chose : fixer un objectif, bon, 10 %,
puis voir comment on peut atteindre ça à court, à moyen puis à long terme.
Ensuite de ça, bien, c'est de rendre public, ça, informer le public des progrès
accomplis dans toutes les provinces aussi, c'est ça. Pour l'allègement
réglementaire, ils dévoilent un rapport, un bilan de ce qui se passe. C'est la
même chose avec le plan d'allègement réglementaire. À chaque année, ils vont
dévoiler où ça... où ils en sont rendus, etc. Donc ça crée une imputabilité
puis enfin, c'est de confier à un responsable de réduction du fardeau
administratif et réglementaire de la santé, une entité disposant de ressources
spécifiquement réservées à ce mandat pour que ça fasse bouger les choses. Parce
que quand il n'y a pas de porteur de dossier après ça, on peut se lancer la
balle à tout le monde, mais on n'atteint pas les objectifs, là. Selon nous,
c'est peut-être plus le ministre de... M. Dubé à la Santé qui porterait ça.
Mais ça, c'est la meilleure façon d'arriver concrètement à avoir des
changements à court, à moyen puis à long terme.
Mme Cadet : Donc, merci.
Ensuite, ce matin, on a entendu plusieurs groupes, donc nous parler, nous
donner...
Mme Cadet : ...donc, des
exemples du type de formulaires qu'ils avaient à remplir, et ce qu'on a eu
l'occasion d'entendre, là, au cours de la matinée, c'est donc plusieurs... donc,
plusieurs, donc, exemples de situation où le contenu des formulaires, donc,
contribuait au fardeau administratif, à la charge administrative, donc pas
seulement, donc, la quantité de formulaires à remplir, parce que le... ce que
le projet de loi fait en ce moment, donc, il tente d'alléger en réduisant,
donc, le nombre de patients ayant à aller voir, donc, leur médecin, donc, pour
des visites considérées comme non à valeur ajoutée. Mais il y a quand même,
donc, tout un travail au niveau du fardeau administratif quant à ce qui se
trouve sur les formulaires, quant à la longueur de ceux-ci, et surtout quant à
la disparité quant au contenu des formulaires. Est-ce que... Dans vos
différentes recherches sur... comparatives à l'intérieur du Canada, est-ce que c'est
quelque chose aussi que vous avez vu?
M. Vincent (François) : Bien,
les recherches par rapport au Canada, c'était ce que les... comment les
gouvernements s'étaient engagés à réduire...
Mme Cadet : O.K., d'accord.
O.K.
M. Vincent (François) : ...puis
qu'est-ce qui avait été fait dans les différentes... dans les différentes
provinces.
M. Alegbeh (Alchad) : C'était
plus... Essentiellement, on voulait juste voir qu'est-ce qui a été fait dans
les autres provinces. Donc, globalement, comme au Manitoba, ils ont pris des
engagements fermes, ils ont essayé de construire un groupe de travail avec la
FCEI pour pouvoir comme adresser ces questions. Au-delà de ça, lorsque vous
prenez aussi l'Ontario, l'Ontario a émis une législation qui permettait aux
professionnels du domaine de la santé de venir travailler directement en
Ontario, sans même s'enregistrer auprès de l'ordre, directement. Cela prenait,
comme par exemple, six mois avant qu'ils ne puissent aller s'inscrire auprès de
leur ordre directement. Donc...
Mme Cadet : D'accord. Donc,
c'est... je comprends qu'au niveau comparatif, donc, vos recherches, c'était
beaucoup plus, donc, sur des mesures, donc, plus génériques à prendre, donc, de
la part des gouvernements.
M. Alegbeh (Alchad) : Exact.
Mme Cadet : Mais, dans tous
les cas, donc, ce que je vous nomme donc quant au contenu... au contenu des
formulaires - je ne sais pas si vous avez eu l'occasion d'entendre nos autres
invités aujourd'hui - est-ce que c'est... c'est un élément qui... qui résonne
un peu, que ce soit... peut-être pas dans le cadre, donc, de vos recherches
comparatives, mais est-ce que ça... ça vous sonne des cloches?
M. Vincent (François) : Bien,
je dirais... je dirais oui. Je pense que les acteurs du milieu sont les mieux
placés pour être capables de définir quel... quel formulaire est trop long.
Mais une chose qu'on voit, là, dans le dossier au niveau, tu sais... peu
importe le ministère, c'est que des fois il va y avoir des formulaires qui sont
très longs où des... des informations vont être demandées à plus qu'une place
en même temps puis que l'information pourrait se partager.
Un exemple qui me vient en tête, là, c'est
le processus de francisation des entreprises, là. Pour le... Pour y arriver, il
faut remplir un formulaire .doc de 16 pages. Donc, tu sais, il y a-tu une
manière de prendre ça puis d'en faire un document de huit pages en ligne, tu
sais? Donc, il y a peut-être certaines avenues qui vont diminuer le fardeau
réglementaire.
J'ai une anecdote, peut-être, là. Ça n'a
aucune valeur scientifique. Mais j'ai une amie qui est médecin spécialiste,
puis je lui ai parlé de ce dossier-là l'année passée quand la... notre
recherche était sortie, puis elle, elle dit que c'était une des choses qui la
démotivaient à faire son travail puis qu'elle, elle ne mangeait pas parce
qu'elle voulait voir des patients, puis elle remplissait sa paperasse en
faisant un 10 minutes... en faisant... en prenant son lunch ou après ça en
partant plus tard. Mais c'est un élément qui... qui... qui a sonné une... une
fibre supersensible, là, quand je lui ai parlé de ça, oui. Ça fait que je pense
que c'est... c'est une voie à poursuivre pour... pour le gouvernement du
Québec.
Mme Cadet : Merci. Vous
avez... Vous avez émis, donc, des préoccupations, donc... aux dispositions qui
modifient la Loi sur les normes du travail. J'ai posé une question similaire à
un autre groupe plus tôt. Donc, comment nous, comme législateurs, donc, on
pourrait répondre à vos différentes préoccupations, donc, dans notre libellé,
donc, puisque vous, vous dites, donc, en lisant, donc, le projet de loi tel que
rédigé, nonobstant l'intention du législateur, vous... vous souhaitez donc vous
assurer que... bien, grosso modo, là, que les articles... que les articles 7 à
10 du projet de loi, donc, puissent préserver, donc, le... le droit de gestion,
là, de l'employeur dans... dans ce cadre-là? Donc, comment est-ce que le
législateur pourrait répondre aux préoccupations que vous avez mises dans votre
mémoire?
M. Vincent (François) : Bien,
il y a peut-être... peut-être, les légistes du ministère de la Justice
pourraient aider, ou... ou des normes. Mais quand, moi, je l'ai lu, je me suis
dit : Bien, si, systématiquement, quelqu'un prend un jour, et si ça ne dépasse
pas trois, donc l'employeur ne va pas pouvoir rien demander. Ça fait que nous
autres, notre solution, c'était, bien, rajouter un...
M. Vincent (François) :
...paragraphe ou un alinéa en disant : En cas de, bon, soupçon, on
utilisera le terme exact, de l'employeur peut, etc. Donc nous, c'est ce qui
nous rassurerait pour que justement l'employeur puisse... puisse avoir la
possibilité de le faire. Et il y aura aussi un service, une communication
auprès des employeurs également, là, parce que, oui, il y a des employeurs qui
peuvent exagérer là-dedans puis ça, on le reconnaît. Mais en même temps, ça se
peut qu'il y ait des employés qui le fassent puis après ça bien, c'est quoi,
bien, c'est le coût du congé de l'employé? C'est le coût de l'employé qui fait
de l'overtime ou qui est remplacé par... Pour une petite entreprise, dans la
condition actuelle, ça peut faire très mal aux finances des petites entreprises
qui nous disent qui sont pris par... avec les données du baromètre par des
coûts qui sont significativement plus élevés que 15 ans d'indicateurs, des
salaires de 15 indicateurs, puis une limite et sur les ventes et la production
par... qui est la demande qui est insuffisante. Donc ils n'ont pas assez de
ventes, pénurie de main-d'œuvre qualifiée, donc pression aussi. Donc, juste un
petit élément. J'aimerais ça, si j'ai du temps, là, parler de notre
recommandation 1 aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Il vous reste 1 min 30 s.
Mme Cadet : Oui, tout à fait.
M. Vincent (François) : O.K.
Sur la modification, sur l'article 29.1, on avait des craintes quant aux
absences de longue durée. Donc, on pensait qu'un suivi du médecin était
important aussi pour pas qu'on perde des absences de longue durée puis que les
personnes ne reviennent pas au travail. J'ai vu ce matin que le Conseil du
patronat du Québec dévoilait un mémoire également, puis que ça faisait partie
de leurs préoccupations. Donc, nous, on demande d'ajouter un mécanisme de suivi
qui pourrait revenir aux médecins dire : Il faut que je te voie aux quatre
mois, tu sais, au lieu que ça soit aux semaines. Mais on pense que c'est
important d'avoir un... de porter une attention particulière à cette
disposition. Puis je vous invite aussi à prendre en considération le mémoire du
Conseil du patronat du Québec.
Mme Cadet : Merci. En
Nouvelle-Écosse, vous avez dit tantôt que c'était un modèle de réduction de
paperasserie. Est-ce qu'ils ont éliminé cette obligation de consulter ou de
présenter un billet de médecin à l'employeur?
• (16 heures) •
M. Alegbeh (Alchad) : Non,
actuellement, ils ne l'ont pas éliminé, mais quand même, ils ont essayé de
trouver un mécanisme pour pouvoir le réduire en demandant, comme, aux employés,
de toujours présenter, comme, de venir pour que l'employeur lui-même puisse
vérifier rapidement avec l'employé. Une discussion, comme, cordiale pour
pouvoir vérifier si l'employé est correct ou pas.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. C'est tout le temps que nous avons. Maintenant, je vais passer la parole
au député de Rosemont. La parole est à vous, M. le député.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Bonjour à vous trois. Merci. Merci d'être là. Tout à
l'heure, M. Vincent, j'ai un peu sursauté quand vous avez raconté l'anecdote
d'un employé qui était le vôtre, à qui vous avez souligné qu'il prenait
systématiquement tous ses jours de congé et que l'année suivante il n'en
prenait aucun. Moi, j'ai été patron, à La Presse, de 120 journalistes qui, si
j'avais fait ça, là, je me serais ramassé avec un grief que je traînerais
encore. Et je ne suis pas en désaccord complet avec ce que vous dites, même
qu'il y a plusieurs points, ce qui n'est pas toujours notre cas, on en
convient, mais là-dessus, on s'entend pas mal ça sur la base. Mais je trouve que
vous prenez le projet de loi à l'envers et que vous retournez le soupçon vers
l'employé. Si je me trompe, là, je serais heureux que vous me le disiez, mais
vous employez d'ailleurs le terme «s'il y a un soupçon», l'employeur pourrait
demander, mais le projet de loi, il est raisonnable, là. Je le dis, là, ce
n'est pas tous les jours que le deuxième groupe d'opposition dit ça ici d'un
projet de loi du gouvernement, mais il l'est raisonnable. Il donne quand même
un assez bon équilibre dans un milieu, chez vous, à vos membres où c'est moins
syndiqué que dans d'autres milieux, où il y a quand même aussi cette chose qui
s'appelle la confiance mutuelle. En période de plein emploi, c'est peut-être
plus facile d'abuser de son employeur parce qu'on sait que l'employeur a besoin
de nous. Mais ça ne durera pas, ça ne dure jamais ce genre de chose. Et après
ça, tout finit par s'égaler, tout finit par s'égaliser. Moi, je suis patron
moi-même comme député, tous les députés ici sont patrons de deux, trois ou
quatre employés parfois. La confiance existe. La confiance se présume, la bonne
foi se présume, alors pourquoi vous, vous... Vous vous placez du côté du
soupçon d'emblée...
16 h (version non révisée)
M. Vincent (François) : ...on
ne se place pas du côté du soupçon d'emblée, on se place du côté de ne pas
perdre un outil de gestion qui pourrait être intéressant pour les entreprises.
La notion de confiance est là dans les petites entreprises, puis là-dessus, je
vous réfère à la figure 9, là. On voit qu'il y a une distinction
systématique entre les petites entreprises qui ne font juste pas lui demander
les congés, qui sont compréhensifs, que ce n'est pas nécessairement lui qui va
être malade, mais son enfant, il a la gastro. Tu sais ce que je veux dire :
Occupe-toi de ton enfant puis ne viens pas au bureau là. Mais dans les petites
entreprises, il va y avoir une question de ratio. Donc, si j'ai moins de cinq
employés et que je perds un employé, je perds 20 % de ma force de
production. Donc ça, ça a un impact sur la productivité des entreprises. Et
plus l'entreprise est petite, moins elle va avoir de département de ressources
humaines ou donc... donc ça va être plus complexe. Puis il peut aller sur le site
puis dire ça : Bien, je ne peux pas le demander après trois jours. Puis
quand on parle de soupçon, là, ça veut dire que ça fait quatre ans que j'ai un
employé et puis ça adonne qu'il y a un pattern qui s'applique. On ne dit pas
que, nécessairement, il va s'appliquer, tandis que là on sent que ça peut
enlever une possibilité à un employeur qui ne le demande pas systématiquement
puis il ne va pas le demander. Mais s'il allait le demander, ce n'est pas... ce
n'est pas dans son... dans son schème à lui, ça va être plus les grandes
entreprises ou celles qui sont plus structurées, qui systématiquement vont
demander ou que la direction des ressources humaines va demander, tiens, un
billet de médecin et, etc. Donc, c'est pour ça qu'on arrive avec la
recommandation d'ajouter un alinéa pour que l'employeur sache qu'il y a encore
une possibilité de le demander puis qu'il ne dise pas : Bien, s'il prend
deux jours, systématiquement, tout le temps, bien, je n'ai aucun levier légal à
faire la demande envers mon employé. Puis de la même façon que, tu sais, on
reconnaît que ça peut se faire systématiquement. On ne pense pas que c'est une
bonne idée, c'est pour ça qu'on dit garder l'article mais rajouter une
précision. Donc, on ne regarde pas les employés comme des profiteurs.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
je remercie... je vous remercie, chers invités, pour votre contribution aux
travaux de la commission. Je suspends les travaux deux minutes, alors j'ai
besoin de votre collaboration, afin de permettre aux prochains invités de
prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 05
)
(Reprise à 16 h 07
)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je souhaite maintenant la bienvenue à la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons, pardon, à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à présenter
votre exposé et puis commencer la période d'échange après. Vous avez
10 minutes. Merci.
M. Amyot (Marc-André) : Mme
la Présidente, M. le ministre, mesdames, messieurs les membres de la
commission, je vous remercie pour cette opportunité de discuter du projet de
loi n° 68 visant principalement à réduire la charge
administrative des médecins.
La FMOQ salue cette initiative qui répond
à une préoccupation de longue date pour alléger la surcharge administrative
pesant sur les médecins de famille, un problème récurrent qui impacte la
pratique quotidienne et l'accès aux soins.
Je suis accompagné aujourd'hui, à ma
gauche, du Dr Pierre Martin, premier vice-président de la FMOQ et spécialiste
en médecine de famille, oeuvrant en cabinet à Trois-Rivières et à ma droite, Dr
Pascal Renaud, secrétaire-trésorier de la FMOQ et également spécialiste en
médecine de famille œuvrant à l'urgence, à temps plein, de L'Enfant-Jésus.
Alors, la situation actuelle du système de
santé au Québec est préoccupante. Avec une pénurie de plus de
1500 médecins de famille, cette pénurie, couplée à une charge
administrative excessive, aggrave la situation. Les médecins de famille passent
actuellement jusqu'à 25 % de leur temps à des tâches administratives,
réduisant ainsi le temps disponible pour les soins aux patients. Ce problème
contribue à l'épuisement professionnel et à la fuite des médecins du secteur
public. Le projet de loi n° 68 est donc une mesure
bienvenue pour alléger ce fardeau.
Il est important de bien comprendre
comment les activités visées par le projet de loi impactent le quotidien des
médecins de famille. Il y a de la paperasse qui est effectuée en cabinet et il
y a aussi de la paperasse qui est effectuée en surtemps le soir, la fin de
semaine en dehors du cabinet. Donc, il y a une portion qui va être disponible
pour de la marge de manœuvre supplémentaire, mais il y a une portion qui ne
sera pas disponible pour des gains concrets en termes d'accessibilité aux
patients, mais qui vont avoir un effet important sur la surcharge de travail
des médecins quand ils effectuent ce travail-là le soir et la fin de semaine.
• (16 h 10) •
Également, je vais être bien clair, quand
on va éliminer un rendez-vous pour justifier une absence de trois jours ou
moins, et vous verrez, on va demander jusqu'à cinq jours, je vous expliquerai
tantôt pourquoi. Mais quand on retire dans une journée de travail d'un médecin,
par exemple, en cabinet, le médecin voit 20, 24 patients dans sa journée. Si
j'enlève un patient qui ne vient pas pour un billet médical, je le remplace par
un autre patient qui lui en a vraiment besoin, un patient avec maladie
chronique, vous comprenez la mathématique que je ne viens pas de créer un
rendez-vous, là, hein? Je n'ai pas à rien créer, mais la plage médicale, je
l'ai utilisée de façon beaucoup plus pertinente et optimale. Alors ça, c'est
extrêmement important. Et on travaille avec le ministère pour optimiser le
travail des médecins de famille. Mais c'est important de bien comprendre parce
qu'on essaie de quantifier la... on essaie de quantifier le nombre de
rendez-vous disponibles supplémentaires.
Également, il y aura des mesures
supplémentaires. Le projet de loi, c'est un pas dans la bonne direction, mais
il y aura des mesures supplémentaires qui devront être mises en place. On devra
continuer à travailler en collaboration parce que c'est la seule voie qui va
nous permettre d'améliorer le réseau de la santé, la voie de la collaboration.
Alors, spécifiquement concernant les
assureurs, nous soutenons l'interdiction pour les assureurs de conditionner le
remboursement des services médicaux à la réception de certains formulaires.
Toutefois, nous recommandons de discuter avec nous des règlements qui
encadreront ces exceptions pour éviter des complications futures. Concernant
les employeurs, le projet de loi propose de ne plus exiger de certificats
médicaux pour des absences de trois jours ou moins. Nous appuyons cette mesure
et suggérons même de l'étendre à une...
M. Amyot (Marc-André) : ...à
une période de cinq jours alignée avec celles d'autres provinces comme la
Nouvelle-Écosse, mais également alignée avec la science. Pourquoi? Parce que la
majorité des conditions qui nécessitent des absences de 3 à 5 jours, ce sont
des conditions infectieuses. La grippe, l'influenza, la COVID des
gastroentérites, et ça, non seulement ce n'est pas médicalement requis
d'obtenir un certificat médical. C'est médicalement nuisible. Pourquoi? Parce
que quand je demande à un patient qui n'a pas besoin de voir le médecin, de
consulter, j'expose ma salle d'attente, des patients malades, diabétiques,
cancéreux à des patients infectés, risques de contagion. Donc, vraiment
important de ne pas aller dans cette voie-là et de ne pas exiger que des
patients infectieux doivent se présenter dans le cabinet médical. C'est
médicalement nuisible. Suggestion supplémentaire les «no show». Il faut
absolument travailler avec le ministère pour enrayer ce fléau-là. L'an dernier,
c'est 162 000 rendez-vous qui nous ont été rapportés. Ça, c'est des
rendez-vous disponibles maintenant. Ça, c'est du gain dès maintenant, parce que
les... les rendez-vous sont laissés inoccupés et libres. Un des problèmes,
c'est la difficulté pour les patients d'annuler leur rendez-vous via le GAP,
via le RVSQ. Il faut travailler ensemble pour améliorer le mécanisme
d'annulation quand un patient ne peut pas se présenter à son rendez-vous puis
ça, je vous le dis, c'est minimalement 162 000 rendez-vous récupérables
maintenant. Concernant la RAMQ, bien, la RAMQ utilise un système. Pardon, ce
n'est pas concernant la RAMQ, c'est concernant les assureurs, mais la RAMQ
utilise un système de codification des médicaments d'exception qui fait en
sorte que pour certains produits, un médecin indique simplement un code sur la
prescription plutôt que de devoir compléter un formulaire de demande
d'autorisation. Il serait pertinent que les assureurs privés adoptent un tel
fonctionnement, contrairement à ce qui prévaut actuellement. Il faut
uniformiser et réduire la fréquence de certains formulaires et quelques, en
rafale, pistes de solutions, à la page 10 de notre rapport. Il faudrait être en
mesure de légiférer contre les publicités où ça finit par «parlez-en à votre
médecin». Je laisserai Dr Martin s'exprimer par rapport à ça, mais je
terminerai en deux effets deux minutes. Merci. Je terminerai le plus important
dans ce projet de loi là, vous me permettrez de dire, c'est de reconnaître que
25 % du travail des médecins n'est pas reconnu nulle part. C'est un peu
comme si on disait pour les députés de l'Assemblée nationale ils ne travaillent
que trois jours par semaine, ils siègent trois jours par semaine à l'Assemblée
nationale. On comprend très bien que votre travail, il est beaucoup plus étendu
que ça, beaucoup plus important que ça. Vous vous sentiriez dévalorisés si les
gens disaient ça. Imaginez un médecin à qui on dit : Le seul travail qu'on
te reconnaît, c'est quand il y a un contact patient, alors qu'il remplit des
formulaires le soir en surtemps et la fin de semaine. Alors, au moins, ce
projet de loi là, il a aussi la beauté de reconnaître ce travail-là qui est
effectué. L'anecdote, l'anecdote de M. Vincent, de sa, de son ami médecin
spécialiste n'est pas une anecdote. Alors Pierre, je te passe la parole, il te
reste à peu près une minute.
M. Martin (Pierre) : En fait,
effectivement, c'est un pas dans la bonne direction parce que les médecins se
sont sentis, effectivement, très, très froissés qu'on ne comptabilise pas le
25 % du temps qu'ils font à faire du médico-administratif parce que ce
n'est pas facturé RAMQ et ce n'est pas comptabilisé en jours travaillés, mais
ils le font quand même. Alors, s'il faut figurer que lorsqu'un médecin
travaille quatre jours dans la réalité, il y a cinq jours là-dessus, il y a une
journée qui va être consacrée à faire du papier, de la paperasserie, là. C'est
sûr que le projet de loi va dans la direction de réduire ça, mais il ne faut
pas être dupe, il y en aura toujours du papier à faire et l'important, c'est de
le reconnaître. Et ce projet de loi là, il introduit et introduit la
reconnaissance de ces jours travaillés par les médecins de famille. Et je vous
dirais que sur le terrain, il était grand temps. Puis c'est...
M. Martin (Pierre) : ...allège
un peu le... le discours qu'ont beaucoup de médecins qui s'épuisent à
travailler actuellement dans des conditions qui sont difficiles. En somme, on
ne peut que remercier cette orientation que prend le projet de loi, ne
serait-ce que d'éveiller les consciences à l'importance du travail
administratif qui est faite par les médecins de famille au quotidien.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous trois docteurs. Merci pour la qualité de votre
mémoire. C'est important pour moi, d'emblée, de faire une précision. Ce n'est
pas de créer des rendez-vous additionnels qui nous préoccupe, puis vous l'avez
super bien dit, Dr Amyot, c'est de libérer des rendez-vous qui n'ont pas de
valeur ajoutée et de permettre aux médecins de se consacrer aux soins
cliniques, et ça, ultimement, c'est pour permettre un meilleur accès pour les
Québécois et Québécoises. Eh oui, c'est reconnu puis ça vient notamment de
vous, la Fédération des médecins omnipraticiens, il y a 45 % du travail
qui est consacré à des tâches administratives. Puis, dans un contexte de
pénurie d'effectifs médicaux, il faut travailler. C'est la raison pour laquelle
mon collègue à la Santé, que je salue continuellement, a créé un groupe, puis
l'objectif, c'est de réduire la charge administrative, puis ultimement, c'est
que 1,9 million de places soient consacrées à des activités qui sont essentiellement
cliniques.
Puis je le redis, c'est important, ce
n'est pas des rendez-vous additionnels, et c'est ce que nous avons fait en
matière de santé-sécurité. Vous le savez, Dr Martin, ce qu'on a annoncé en
février, c'est pour remettre aussi dans la juridiction du médecin qui traite,
le médecin qui reçoit le patient ou la patiente, de déterminer la fréquence et
la pertinence des rencontres, que ce soit en santé, sécurité du travail suite à
un accident ou une maladie professionnelle comme dans d'autres secteurs de la
vie humaine. Puis il y a quatre axes principaux c'est : reconnaître
l'expertise aussi des psychologues, puis des physiothérapeutes, puis des
ergothérapeutes, qu'on interdise à l'assureur pour rembourser, d'exiger d'aller
voir un médecin, puis ça, ça n'a pas de valeur ajoutée. Même affaire pour les
béquilles puis les cannes, même à faire pour les prestations d'invalidité qui
font suite à un événement traumatique important qu'il soit de nature
psychologique ou d'ordre mental. Puis même chose pour les employeurs. On va y
revenir.
• (16 h 20) •
J'aimerais ça juste... puis je vais y
aller par une de vos recommandations. Je pense qu'il faut quand même
reconnaître que la fédération a été consultée, a participé et participe aux
travaux du ministère, ça fait que c'est important pour moi de le dire, de le
reconnaître et de permettre aussi que la fédération puisse analyser et être
présente quand ce sera opportun de le faire.
Je veux revenir sur les trois jours, là,
parce que cet après-midi, c'est intéressant. La FCEI puis vous autres vous
parlez de ça, les employeurs. C'est jusqu'à trois jours consécutifs, puis c'est
trois périodes d'absences prises annuellement, puis vous vous dites jusqu'à
cinq jours consécutifs. J'imagine que vous référez à une grippe ou une
gastro-entérite, puis la personne est chez elle puis elle dit : Si mon
employeur me demande un certificat médical, je ne serai pas capable. Puis si
elle est contrainte de le faire pour éviter une mesure disciplinaire ou
administrative, elle va faire la ligne, puis elle va attendre, puis le médecin,
ça ne sera pas une rencontre à valeur ajoutée. Mais pourquoi cinq? C'est parce
que je pense que vous vous référez aux maladies infectieuses où ça peut durer
plus longtemps. Donc, c'est là où vous mettez la ligne. Je vais juste vous dire
qu'on y a pensé, mais il faut trouver un équilibre, hein, parce que les
employeurs et le Conseil du patronat, la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, ils voient ça comme une entorse à leur droit de gérer, leur droit
de diriger et de s'assurer de bien gérer leur taux d'absentéisme. Mais
j'aimerais ça vous entendre sur le... tu sais, notre quête d'équilibre versus
votre cinq jours.
M. Amyot (Marc-André) : Mais
le cinq jours, c'est, je vous dirais, c'est médicalement justifié. Maintenant,
concernant le droit de gestion des employeurs, s'il vous plaît n'utilisez pas
les médecins comme police pour justifier ou non...
M. Amyot (Marc-André) : ...les...
le comportement des employés. C'est un élément extrêmement important. M.
Vincent disait : La majorité des entreprises - je ne me rappelle plus
exactement du pourcentage - n'exigent pas de billets médicaux, il y a une
confiance qui s'établit. Ça doit, hein, ça devrait être comme ça dans un monde
idéal, et de ne pas utiliser le réseau de la santé pour des situations qui ne
sont pas médicalement requises. On a... Avec une pénurie de
1 500 médecins de famille, on a de la difficulté à offrir le service
à ce qui est médicalement requis. Alors, d'ajouter du non médicalement requis
pour le droit de gestion des employeurs d'agir comme police et justificatif,
bien, effectivement, ce n'est pas une valeur ajoutée.
Dernier élément que je veux dire par
rapport à ça, quand un médecin de famille voit un patient dans son bureau et
que le patient lui dit : J'ai été malade, j'ai été... je relève, là, je
termine, je vais mieux, là, j'ai eu des diarrhées, j'ai eu des vomissements, je
ne pouvais même pas venir vous voir, mais là mon employeur exige un papier qui
atteste que... Qui serais-je pour dire : Non, je ne te crois pas? Alors,
de surcroît, moi, comme médecin d'un patient, avec une relation
patient-médecin, je dois croire mon patient.
M. Boulet : Et donc ça
devient une rencontre sans valeur ajoutée et dont l'issue est purement
subjective...
M. Amyot (Marc-André) : Tout
à fait.
M. Boulet : ...qui n'a pas
d'éléments, ou il n'y a pas de critères diagnostiques objectifs que vous pouvez
utiliser?
M. Amyot (Marc-André) : La
clé de la solution là-dedans, elle appartient dans la discussion, dans la
relation entre l'employeur et l'employé beaucoup plus que la solution facile de
dire : Je vais utiliser le médecin comme un effet dissuasif pour le
patient de... de prolonger un arrêt de maladie.
M. Boulet : Oui. En même
temps, quand je dis que nous devons atteindre un certain équilibre, M. Vincent
a dit : Par exemple, une personne qui est systématiquement absente tous
les lundis, ou les vendredis, ou à un moment spécifique, on peut comprendre que
là le lien de confiance n'est pas le même, et le médecin - puis vous avez
raison, là, puis il faut l'analyser comme ça - le médecin est utilisé comme
effet de levier pour mettre de la pression sur la personne et changer un
comportement qui peut être déviant en termes de taux d'absentéisme. Je vous
comprends très bien.
Mais c'est la raison pour laquelle on a
dit : trois périodes d'absence par année. C'est, selon moi, très
raisonnable. On vient comme mettre dans la loi ce qui, au-delà d'une certaine
limite, peut être considéré comme un motif raisonnable de demander à quelqu'un
un certificat médical. Mais ça peut être autre chose, là. Si c'est la garde
d'un enfant ou si c'est pour d'autres raisons, ça peut être un document
justificatif autre qu'un certificat médical, là. Mais je pense que je vous ai
bien compris.
M. Amyot (Marc-André) : Si
vous permettez...
M. Boulet : Oui, allez-y,
docteur.
M. Amyot (Marc-André) : ...je
ne souhaite... Je ne veux pas que mon intervention soit perçue comme de
l'insensibilité à ce que M. Vincent témoignait tantôt, ce n'est pas du tout ça,
là. C'est une problématique que les employeurs vivent réellement, nous le
comprenons. Mais est-ce que... est-ce que la solution de rendre un billet
médical ou une visite médicale est la bonne solution? C'est l'essence de notre
propos.
M. Boulet : Je suis
relativement d'accord avec vous sur le fond. Cependant, il faut mettre une
limite à quelque part, puis je pense que la limite qui est dans la loi est
équilibrée et respecte aussi le droit de l'employeur de mesurer, d'évaluer,
d'analyser, de poser des questions, toujours dans le contexte de la relation de
confiance qui est tellement nécessaire dans un environnement de travail, là.
Les... Adopter par les assureurs un
système de codification, évidemment, ça n'appartient pas à cette loi-là que les
assureurs puissent adopter un système de codification ou, pour les... Ça, si je
comprends, c'est pour les médicaments d'exception, plutôt que de compléter des
formulaires, hein...
M. Boulet : ...C'est ce que
j'ai compris.
M. Amyot (Marc-André) : Tout
à fait.
M. Boulet : Et ce serait
beaucoup plus simple, beaucoup plus efficace, je le comprends, mais c'est des
messages qu'il va falloir véhiculer puis c'est des dialogues qu'il va falloir
amorcer. Évidemment, on n'a pas le contrôle sur tout, là. Tu sais, il y a
l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes, mais je
comprends l'objectif que vous poursuivez. Puis les 162 000 no-show,
c'est vraiment préoccupant, parce que, tu sais, nous, dans ce projet de loi là,
notre estimation, c'est qu'on va libérer un potentiel, là, de
600 000 rendez-vous sans valeur ajoutée, puis là vous me dites simplement
les personnes qui ne se présentent pas. Qu'est-ce que vous suggérez pour lutter
contre ce... ce qui est un quasi-phénomène de no-show. Qu'est-ce que vous
proposeriez?
M. Amyot (Marc-André) : Bien,
on a justement discuté. Je peux peut-être passer la parole à Dr Renaud.
M. Renaud (Pascal) : Bien, il
y a plusieurs moyens technologiques qui permettraient, un, de rappeler au
patient qui est inscrit via la RVSQ qu'il a un rendez-vous le lendemain. Une
amélioration du RVSQ aussi pour que le patient puisse plus facilement annuler
son rendez-vous en ligne, ça semble être très problématique actuellement, là,
pour les patients de le faire.
Donc, utilisons la technologie, utilisons
ce qui... Si vous avez un dentiste, si vous avez eu un rendez-vous récemment,
vous avez assurément eu 48 h avant votre rendez-vous, une demande de
confirmer votre rendez-vous puis vous pouviez même l'annuler directement par
texto, si ça ne fonctionnait pas. Donc, juste utiliser ce genre de technologie
là nous permettrait de diminuer le nombre de no-show, c'est sûr.
M. Boulet : O.K. Puis
uniformiser aussi ces formulaires-là électroniques. Ça, c'est une autre de vos
recommandations.
Une voix : ...
M. Boulet : Oui, allez-y.
Quand vous référez à l'amélioration de la cogestion des soins entre les
médecins, les pharmaciens puis les autres professionnels de la santé,
pouvez-vous me donner un peu plus de détails, Dr Amyot?
• (16 h 30) •
M. Amyot (Marc-André) : Bien,
on a analysé... on a un chantier actuellement avec le ministère pour revoir le modèle
d'organisation puis on a fait appel à des experts universitaires,
M. Jean-Louis Denis, qui est un expert en politique de santé reconnu
internationalement. On a analysé les différents modèles de santé dans le monde,
des pays, évidemment, industrialisés, là, et les modèles qui fonctionnent le
mieux, qui sont le plus optimal, sont les modèles où il y a une collaboration
interprofessionnelle, mais il y a une intégration des soins. Ça veut dire quoi,
ça, l'intégration des soins? Ça veut dire que les gens ne travaillent pas en
silo, mais que la trajectoire de soins des patients est bien déterminée. Et à
ce compte-là, votre collègue de... du Conseil du trésor a un merveilleux projet
de loi, le projet de loi n° 67 et si vous pouvez lui passer le mot de
nous...
M. Boulet : ...commentaire,
oui.
M. Amyot (Marc-André) : ...de
nous inviter à la commission parlementaire, ça pourrait être intéressant. On a
plein de choses à dire en commission parlementaire, notamment sur la pratique
interprofessionnelle.
M. Boulet : Super. Merci,
Dr Amyot. Moi, je pense que ça m'irait. En fait, j'aimerais conclure en
vous remerciant encore une fois, en anticipant votre continuelle collaboration,
votre participation aux consultations, qui sont amorcées avec le groupe de
réduction de la charge administrative des médecins. Puis je pense qu'il y a
quelqu'un qui référait à une anecdote, mais moi j'ai des amis aussi médecins,
omnipraticiens et spécialistes, qui m'ont dit parfois : Si j'avais su
qu'il y avait un fardeau administratif aussi imposant, j'aurais peut-être
décidé de m'orienter et de devenir un avocat, ou une avocate, ou un comptable,
ou un professeur, peu importe, là, mais c'est... Je badine à peine.
M. Amyot (Marc-André) : ...
M. Boulet : Oui, docteur?
M. Amyot (Marc-André) : Est-ce
qu'il nous reste du temps un petit peu? Parce que je passerais la parole au
Dr Martin qui voudrait...
M. Boulet : O.K.
M. Amyot (Marc-André) :
...intervenir... un des éléments importants du projet de loi. Pierre.
M. Martin (Pierre) : ...excessivement
important, parce que ce que l'on constate année après année, c'est qu'on offre
des postes pour la résidence en... spécialité en médecine familiale, et que ces
postes-là ne sont pas comblés. Et quand on parle de créer du rendez-vous, bien,
former des médecins, ça crée du rendez-vous. Et malheureusement, au fil du
temps, c'est environ... on avoisine autour de 175 médecins en moins depuis
quelques années qu'on accumule et qu'on aurait dû voir graduer. Et ces gens-là
auraient été autant de main-d'oeuvre à donner du rendez-vous pour les patients.
Améliorer l'attractivité, c'est reconnaître le travail que les gens font. Et je
peux vous dire que ce projet de loi là...
16 h 30 (version non révisée)
M. Martin (Pierre) : ...c'est
un premier pas dans cette direction-là. Et on va s'attendre, nous, bien sûr,
les apôtres de cette nouvelle-là pour dire aux docteurs : Écoutez, il y a
quelque chose qui se passe au Québec, là, on est en train de reconnaître le
travail que vous faites. Puis enfin ça va rendre la profession de médecin de
famille plus attractive. Et j'ai bon espoir, parce qu'il faut fonder tout ça
sur de l'espoir, qu'on va pouvoir former le nombre de médecins dont on a besoin
pour donner des services à la population et mettre un frein à ces 1 500 médecins,
qu'on traîne depuis des années, en moins au Québec, qui fait en sorte qu'on a
de la difficulté à répondre aux besoins.
M. Boulet : Et à la fin
du processus, Dr Martin, si vous me permettez, c'est d'améliorer l'accès à
une meilleure qualité et une meilleure quantité de soins pour les patients,
patientes du Québec. Je pense que mon collègue de Val-d'Or aimerait poser une
question.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député d'Abitibi-Est, pour une minute.
M. Dufour : Moi, je dis
tout le temps... Rapidement. Ce matin, on avait le groupe des médecins
spécialistes. Et dans leur mémoire, ils ont présenté une des notions qui
pourrait donner un coup de pouce, c'est l'intelligence artificielle. Dans votre
cas, on n'en voit pas d'écrits sur cet aspect-là. Est-ce que vous voyez que ça
pourrait être un apport très intéressant pour la suite de la structure de l'attractivité
que vous venez de parler justement, entre autres?
M. Amyot (Marc-André) : On
pourrait en parler longuement, et ce n'est pas l'objet de ce sommet. On ne
pensait pas que c'était l'objet de ce mémoire-là, mais effectivement, le potentiel
de l'intelligence artificielle en médecine familiale, en médecine de famille,
il est là actuellement. Vous savez, le médecin, là, il doit écrire sa note, là.
Avant, on écrivait ça papier, là, et les gens avaient de la difficulté à nous
relire, là. Et parfois on avait même de la difficulté à se relire.
Une voix : Encore aujourd'hui.
M. Amyot (Marc-André) : Maintenant,
c'est très informatisé. L'intelligence artificielle maintenant nous permet d'écouter
la conversation et de faire la note. Pas de transcrire, de faire la note
médicale. Après, de nous aider dans le diagnostic différentiel et dans le plan
de traitement. C'est... Le potentiel de l'intelligence artificielle pour
améliorer l'accessibilité, améliorer la qualité des soins, aider les médecins
est impressionnant. Il faut vraiment aller dans cette voie-là. Merci de nous
donner l'opportunité de le soulever aujourd'hui. Puis, à tous les moments où c'est
possible de le soulever, on le soulève. Très pertinent comme commentaire, comme
question.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
J'ai laissé dépasser le temps parce que c'est la grande générosité de la
députée de Bourassa-Sauvé, et on vous laissait... on voulait écouter votre
réponse. Maintenant, je vais lui céder la parole, à la députée de
Bourassa-Sauvé, pour votre séance d'échange.
Mme Cadet : Merci.
Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Bonjour, Dr Amyot, Dr Martin et Dr Renaud.
Effectivement, donc, la question du collègue, je la trouvais également, donc,
très pertinente, donc je l'ai laissé, donc, empiéter sur mon temps pour vous
laisser élaborer sur la question de l'intelligence artificielle, parce qu'effectivement,
donc, nous, bien, aujourd'hui, donc, nous nous questionnons, donc, sur les
manières, donc, de réduire encore plus fortement la charge administrative des
médecins.
Puis, au cours de la journée, je pense qu'on
a entendu de la part de vos prédécesseurs beaucoup de commentaires sur le fait
que, bon, ce projet de loi était bien accueilli, que c'était une bonne première
étape. Vous-mêmes, donc, vous avez parlé donc du fait qu'il y avait une
reconnaissance, donc, de ce travail-là que vous effectuez, parce qu'on parle,
donc, d'un quart de la tâche, là, quand même. Puis je me suis sentie très interpelée
lorsque vous faisiez, donc, l'analogie avec... avec le travail des élus, parce
qu'effectivement je pense qu'on... On comprend qu'il y a une reconnaissance,
donc, qui est souhaitée pour le travail que vous faites à l'extérieur, donc, de
la relation clinique avec le patient.
Dans votre mémoire, vous, donc, vous
évoquez, donc, ici les statistiques sur le temps que vous consacrez à remplir
de la paperasse. Et un peu plus loin, donc, en introduction toujours, vous
indiquez : Il n'est pas juste d'affirmer que le projet de loi ajoutera annuellement
138 000 rendez-vous additionnels. Cette information... Cette
affirmation tient pour acquis qu'actuellement toute la paperasse administrative
est faite pendant les heures de bureau alors qu'une bonne partie est faite en
surtemps à la maison le soir et les fins de semaine. Donc, je vous laisserais
peut-être élaborer là-dessus puis nous évaluer, en fait, avec la manière dont
le projet de loi est aujourd'hui, est-ce qu'on est capable d'évaluer combien de
rendez-vous seraient en mesure d'être libérés?
M. Amyot (Marc-André) : C'est
très difficile d'évaluer le nombre de rendez-vous. Environ 70 % des
formulaires sont complétés à la maison en surtemps, le soir, quand les enfants
sont couchés, la fin de semaine. Et ça, c'est difficile d'évaluer...
M. Amyot (Marc-André) : ...évaluer
le nombre de rendez-vous, mais le plus important, c'est quand on diminue cette
charge administrative là, on améliore la qualité de vie de nos médecins. Puis
Dr Martin, il y faisait référence, là. Moi, les jeunes médecins, quand ils me
parlent comme Monsieur le ministre dit : J'ai des amis médecins, il n'y a
pas un médecin qui se lève le matin et qui dit : Wow! je suis content de
faire 25 % de ma journée de paperasse, là. Les médecins, ce qu'ils
veulent, là, c'est voir du monde, soigner du monde. Et les jeunes médecins me
disent : Moi, avoir su effectivement que j'avais autant de paperasse, de
technicalités administratives, j'aurais probablement réfléchi. Ce n'est pas
attractif, ça puis ce n'est pas valorisant comme profession. Alors que, là, au
moins, le projet de loi, c'est un pas dans la bonne direction puis c'est de
dire aux jeunes médecins ou aux jeunes étudiants en médecine : On y
travaille, là, à réduire la paperasse, là. On collabore avec le gouvernement et
on a eu une écoute de la part du gouvernement pour diminuer cette... cette
paperasse-là.
Maintenant, optimiser le rendez-vous.
Tantôt, je vous le disais, si c'est un rendez-vous qui n'a pas de valeur
ajoutée ou qui est médicalement nuisible, je vous l'ai expliqué, bien, je viens
d'optimiser et je viens au moins de m'assurer que le patient qui prend le
rendez-vous, il a besoin de l'expertise médicale, il a besoin de la
consultation médicale. Mais près de 70 % du travail de paperasse des
médecins est effectué à l'extérieur du cabinet.
Mme Cadet : Oui. La
Fédération des médecins spécialistes nous faisait état donc d'un... d'un
sondage auprès de leurs membres qui essentiellement donc illustrait que donc
les gens voyaient qu'effectivement que c'était un pas dans la bonne direction
le contenu du projet de loi, mais que certains considéraient donc dans des
proportions appréciables qu'ils ne verraient pas cet effet-là concrètement dans
leur travail. Est-ce que vous, vous avez fait de tel, de tel sondage ou étude?
Est-ce que l'impression que vous avez de vos membres, c'est qu'eux voient la...
ils la voient, la différence.
• (16 h 40) •
M. Amyot (Marc-André) : Peut
être que l'impact de la paperasse est plus grande chez les... peut-être,
hypothèse, plus grande chez les médecins de famille. Nous, on a l'impression
que les médecins verront un impact pas majeur mais un impact. À tout le moins,
c'est ce qu'ils nous réclamaient depuis des années, et on l'a organisé, on l'a
mentionné au ministère, puis il y a eu un écho favorable, là, à plusieurs
niveaux. Le ministre soulevait la CNESST, les CTMSP pour les patients en
attente d'hébergement longue durée. C'est l'addition de tous ces petits
éléments-là, l'uniformisation des formulaires par les assureurs. À noter que...
Et là, je regarde les gens du ministère de la Santé, le ministère, les
établissements du réseau de la santé n'utilisent pas le formulaire des
compagnies d'assurance standardisé. Donc, les compagnies d'assurance à charte
canadienne se sont entendues sur un formulaire standardisé, mais le réseau de
la santé, lui, je ne connais pas ça les... les assurances, comme ils
s'autoassurent. Hein, il n'y a pas de... il n'y a pas de mutuelle d'assurance.
Mais il pourrait utiliser le même formulaire que les compagnies d'assurance
pour les invalidités physiques ou invalidités en lien avec la santé mentale.
Alors, c'est un appel à l'uniformisation des formulaires. L'ensemble de ces
petites mesures...
Mme Cadet : ...votre tâche.
M. Amyot (Marc-André) : Pardon?
Mme Cadet : Donc, ce qui
simplifierait votre tâche.
M. Amyot (Marc-André) : Tout
à fait.
Mme Cadet : Oui.
M. Amyot (Marc-André) :
D'avoir un formulaire unique standard numérisé, informatisé, ça serait le... le
nirvana.
Mme Cadet : On a aussi
beaucoup entendu parler donc du contenu, parce que, là, vous m'amenez sur les
formulaires uniformisés, puis donc quelques-uns donc de vos collègues un peu
plus tôt aujourd'hui donc nous... ils nous parlaient donc d'à quel point non
seulement donc il y avait une grande différenciation dans le contenu des
formulaires, mais parfois la pertinence des questions n'était pas au
rendez-vous. Je ne vous ai pas entendu là-dessus.
M. Amyot (Marc-André) : Bien,
effectivement, là, je ne sais pas s'ils faisaient référence au formulaire pour
crédit d'impôt pour personnes handicapées, 14 ou 16 pages à remplir pour
le fédéral, 14 ou 16 pages à remplir pour le provincial. Je n'ai pas
abordé spécifiquement le contenu, mais...
Mme Cadet : ...réfèrent aussi
à des formulaires qui étaient demandés par des assureurs privés.
M. Amyot (Marc-André) : Bien,
effectivement, là, il faut... il faut de la pertinence. Mais l'uniformisation
des formulaires des assureurs à charte fédérale, ceux qui ont uniformisé le formulaire,
on a travaillé avec eux, le formulaire. Nous, là, je lève la main, on répond
présent pour travailler avec tous les gens qui font des formulaires pour
s'assurer de la pertinence des questions du formulaire. Et en
Nouvelle-Écosse...
M. Amyot (Marc-André) : ...ça
fait partie, ça, du programme de réduction de la charge administrative. Il y a
des critères d'évaluation des formulaires, par exemple, est-ce que j'ai
vraiment besoin d'un formulaire? Est-ce que le formulaire amène une valeur
ajoutée? Donc avant d'implanter un nouveau formulaire, il doit passer par une
grille. Puis on procède à l'analyse des formulaires déjà existants et à la
révision de ces formulaires-là. Nous, là, on répond présent pour améliorer tous
ceux qui produisent des formulaires, qui ont besoin de formulaires et qui
voudraient ajouter de la pertinence à leurs formulaires.
Mme Cadet : Notamment par le
bien de... le biais d'un comité, ce qu'on a fait, il y a plusieurs groupes qui
nous ont parlé de comité permanent de révision du contenu des formulaires.
Donc, ça, c'est... c'est une formule que vous trouvez intéressante...
M. Amyot (Marc-André) : Tout
à fait, nous, la modalité comité permanent, temporaire, mais ce qu'on
dit : On répond présent puis on va envoyer des médecins compétents qui
vont aider ces gens-là à améliorer la pertinence des questions et des
formulaires.
Mme Cadet : Vous parlez aussi
dans votre mémoire, donc, que vous notez que le projet de loi prévoit qu'un
règlement encadrera les exceptions. Bon, je ne vous demanderai pas qu'est-ce
que vous voudriez voir dans le règlement. Je comprends que vous devez faire
donc les consultations appropriées. Mais vous, vous nous invitez, comme
législateurs, à demeurer vigilants. Donc, peut-être je vous laisserai élaborer
là-dessus, là, quant à toute tentative de s'interposer dans la relation
médecin-patient.
M. Amyot (Marc-André) : Bien,
nous, tout ce qui touche les conditions de pratique des médecins, qui touchent
la relation patient-médecin et tout ce qui touche nos patients comme tels,
bien, nous, on dit : Consultez-nous donc, là, c'est nous qui les donnons,
les soins. C'est les médecins de famille qui les donnons, les soins aux
patients, on la vit, la réalité de ces patients-là. Donc, consultez-nous plutôt
que d'agir parfois dans... dans... dans l'aquarium du... de l'Assemblée
nationale.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Je laisserai la parole à ma collègue de La Pinière.
Mme Caron : Merci. Alors, je
vais revenir aux autres pistes de solution que vous avez identifiées en page 10
de votre mémoire. La sixième m'a fait un peu sursauter : les analyses de
laboratoire que vous recevez sans résultat. De quoi s'agit-il au juste?
M. Amyot (Marc-André) : Je
vais laisser Dr Martin parce que c'est lui qui nous a apporté ça hier
après-midi.
M. Martin (Pierre) : Dans
l'état actuel des choses, on reçoit des résultats d'analyses dans nos DME, dans
nos dossiers médicaux électroniques et chaque fois qu'on a une analyse, bien,
il faut ouvrir le dossier puis regarder ce qui en est. Et il arrive encore très
souvent qu'on reçoit une analyse, et ce qui est... le seul... on a une série de
demandes qui ont été faites et tout ce qu'on a sur le document, c'est : à
venir, à venir, à venir. Nous, ça fait partie de notre tâche d'ouvrir ce
document-là, de le consulter, puis dire : Ah! il n'y a rien. Et là, il
faut le classer. C'est... C'est du temps, en minutes, là, en secondes, en
minutes, mais dans une journée tu en reçois 10 de ça, puis quand tu as un
résultat... quand on a une série de résultats, vous demandez des ions, formule
sanguine, créatinine, mesure de fonction rénale. S'il y a un résultat qui sort
positif, on le reçoit, les autres sont à venir, on reçoit une deuxième feuille.
Il y a deux résultats, les autres sont à venir. Et ça, ça se répète dans notre
dossier médical électronique. On se questionnait : est-ce qu'il y aurait
moyen de ne pas recevoir de façon répétitive ce genre de situation-là pour
éviter, dans le fond, de faire du classement puis de regarder ça ne serait-ce
qu'une seule fois, là, tu sais puis dire : Bien, on l'a classé. Alors,
c'est un peu ce qu'on soulevait hier quand on regardait différents irritants et
qu'on aimerait voir atténués dans la mesure du possible puis qui consomme du
temps.
Mme Caron : Si et le... Oui?
M. Amyot (Marc-André) : Ça,
c'est quand on ne les reçoit pas par fax, là.
Mme Caron : Je pense que tout
le monde a le ras-le-bol des fax du réseau de la santé. Le troisième point,
vous parlez de cogestion des soins entre médecins et pharmaciens et autres
professionnels. Est-ce que vous pouvez nous en dire davantage là-dessus?
M. Amyot (Marc-André) : Bien,
c'est un peu... C'est... C'est... Ce qui est important, c'est de ne pas
travailler en silo et de pas répéter l'acte que l'autre peut faire. La
trajectoire de soins, elle est importante, la détermination des champs de
pratique, elle est importante et c'est... vous pouvez demander à votre collègue
présidente du Conseil du trésor de nous inviter à la commission parlementaire
du projet de loi n° 67 qui parle de ce projet de loi là. Ça va nous faire
plaisir d'aller présenter aux élus, hein, aux législateurs, nos commentaires
plus spécifiques par rapport à ce dossier-là.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, c'est tout le temps que nous avions. Nous allons maintenant céder la
parole au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Bonjour. Merci d'être là, encore une fois. Je vais aller
rapidement. Vous aviez raison de dire tout à l'heure que les pubs-là où
«Parlez-en à votre médecin», ça gosse. Ce qui gosse encore, c'est plus «J'ai
demandé» parce que ça sous-entend «J'ai demandé, puis je l'ai eu» comme ça
parce que les médecins sont des distributeurs de pilules. Ça aussi, ça m'agace.
C'est un commentaire que je voulais partager...
M. Marissal : ...avec vous,
parce que vous avez raison que la publicité sur les médicaments, quoiqu'elle
est extrêmement contraignante au Canada, contrairement à d'autres pays, ça
pousse quand même à la consommation.
Revenons à nos moutons. Moi aussi, j'ai
des amis médecins, puis ils me disent : On va prendre tout allègement de
paperasse, mais ils ne croient pas aux 600 000 plages de rendez-vous,
parce qu'il y a bien d'autre paperasse à remplir, puis il y a de la paperasse
qu'on n'éliminera pas, là. Le travail clérical, là, c'est un peu comme les
devoirs des enseignantes, là, ça fait partie aussi de votre job.
M. Amyot (Marc-André) : ...à
zéro, vous avez tout à fait raison.
M. Marissal : Bien sûr qu'on
ne réduira pas ça à zéro. Mais 600 000, vous y croyez, vous, à
600 000 rendez-vous?
M. Amyot (Marc-André) : Non,
non, non. Et c'est là où on disait, tu sais, encore une fois, là, dans la plage
de... dans la plage de rendez-vous du médecin de 20 à 26 patients ou
24 patients dans la journée, si j'enlève un rendez-vous moins pertinent...
mais ce n'est pas un rendez-vous supplémentaire. Puis les... la paperasse qui
est faite la fin de semaine, le soir à la maison, bien, on ne récupérera pas
des rendez-vous supplémentaires, mais on récupère de la qualité de vie du
médecin, on l'incite à rester au public et pas à partir au privé et on rend la
profession plus attractive. On parlait des postes non comblés de résidence en
médecine familiale. Bien, maintenant, peut-être que ça va être un petit peu
plus encourageant de faire un médecin... de devenir un médecin... un médecin de
famille.
M. Marissal : Vous êtes
habile, là. Vous me prenez par les sentiments en parlant du passage des
médecins au privé. On va être d'accord là-dessus aussi.
Le Collège des médecins, ce matin, disait
vouloir créer un comité ou, en fait, on nous demandait de regarder la
possibilité de créer un comité de suivi, notamment pour arriver à des
formulaires uniformes dans l'appareil gouvernemental, quand la chose est
possible. Vous pensez quoi de cette proposition du collège?
M. Amyot (Marc-André) : Bien,
écoutez, je l'ai dit tantôt, je le répète, les modalités... l'important, ce
n'est pas les modalités, ce n'est pas le comité, ce n'est pas... c'est le
résultat, hein? Il faut arriver à des résultats d'uniformisation. Je pense
qu'il y a une volonté, à l'heure actuelle, là, le projet de loi le démontre, il
y a une volonté de s'attaquer à ce problème-là, puis nous, on répond présent
pour participer à tout processus qui va permettre d'alléger puis de rendre
moins complexe la tâche des médecins de famille.
• (16 h 50) •
M. Marissal : Mais est-ce que
vous partagez l'opinion du collège que le florilège, là, et la disparité des
formulaires dans l'appareil étatique participent à la lourdeur de votre tâche?
M. Renaud (Pascal) : Bien,
comme on le disait tout à l'heure, d'avoir un formulaire unique va faciliter
notre travail. C'est sûr qu'actuellement il y a plusieurs types de formulaires.
Puis, comme Dr Amyot le disait tout à l'heure, celui utilisé par le... les
établissements de santé n'est pas le même qui est utilisé par l'Association
canadienne des assureurs. Donc, pour nous, si on a un seul modèle, ça va être
beaucoup plus facile de le remplir, parce qu'on va le connaître par cœur, qu'à
chaque nouveau patient on a un nouveau modèle de formulaire, ce qui rend la
tâche plus difficile.
M. Marissal : O.K. Je pense,
je n'ai plus de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : 30 secondes.
M. Marissal : Merci.
M. Amyot (Marc-André) : Et
ça...
M. Marissal : Allez-y.
M. Amyot (Marc-André) : ...on
n'a pas besoin d'un... Moi, je peux le prendre, le 30 secondes?
La Présidente (Mme D'Amours) : 25.
M. Marissal : Bien, je vous
le donne.
M. Amyot (Marc-André) : Vous
allez voir que... Mais on n'a pas besoin d'un comité pour utiliser le
formulaire uniformisé des assureurs de personnes, là, dans le réseau de la
santé, on a simplement à dire : Il y a déjà un formulaire uniformisé qui
existe, les établissements de la santé devraient l'utiliser, point.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Amyot (Marc-André) : Pas
besoin d'un comité.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
Et je suspends les travaux trois minutes
afin de permettre aux prochains invités de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 51)
(Reprise à 16 h 55)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et maintenant je souhaite la bienvenue à l'Association
des chiropraticiens du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et puis
à commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. Corbin (Guillaume) : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à tous et à tous. Je suis
Dr Guillaume Corbin, chiropraticien, président de l'Association des
chiropraticiens du Québec, accompagné de la vice-présidente, Dre Marie-Ève
Barrette-Plante, de la directrice générale, Valérie Hélène Gagnon, et de
Mathieu Santerre, conseiller.
C'est avec un sentiment de responsabilité
et d'engagement envers la santé des Québécoises et Québécois que je prends la
parole aujourd'hui au nom de l'association.
Notre association professionnelle a été
fondée en 1967. Notre mission est de contribuer à la santé du Québec en
affirmant le rôle de la chiropratique, en valorisant l'expertise de ses membres
et en collaborant avec l'ensemble des acteurs de la santé. L'association met
sur pied des projets éducatifs informatifs visant l'amélioration de la santé
publique par des approches scientifiques et efficaces. Nous regroupons
1 170 membres, près de 90 % des chiropraticiens la province dans
680 cliniques à travers le Québec. Nous souhaitons à tous les Québécois un
libre... un accès libre équitable aux soins chiropratique complets respectant
les standards internationaux les plus élevés. Cette mission est au cœur de
notre action quotidienne et reflète notre engagement envers la population et la
qualité des soins.
Depuis 1973, soit depuis 50 ans, la
profession chiropratique est régie par le Code des professions et la Loi sur la
chiropratique. Donc, tous les chiropraticiens doivent être inscrits au tableau
de l'ordre, ça va de soi, dont la responsabilité est la protection du public.
L'ordre veille à ce que chaque membre respecte un code de déontologie rigoureux
garantissant des services de qualité et d'intégrité.
Les chiropraticiens, en tant que
professionnels de la santé, sont intégrés au système professionnel québécois
avec toutes les mesures de protection du public qui en découlent.
La pratique de la chiropratique exige une
formation universitaire de cinq ans menant au doctorat de premier cycle en
chiropratique. Le doctorat de premier cycle en chiropratique, c'est un diplôme
équivalent aux dentistes, par exemple, qu'on peut voir en médecine aussi. Au
Québec, cette formation se donne à l'Université du Québec à Trois-Rivières
depuis plus de 30 ans.
Les chiropraticiens détiennent la capacité
de poser un diagnostic dans leur champ de compétence, c'est-à-dire le champ
neuromusculosquelettique. Ils peuvent prescrire, effectuer et interpréter des
clichés radiologiques ainsi que de prescrire des imageries médicales telles
qu'IRM, tomodensitométrie, échographie et ostéodensitométrie. L'accent est mis
sur les soins manuels, oui, mais aussi sur des approches complémentaires, des
recommandations d'exercices et des bonnes habitudes de vie.
Donc, en somme, l'association et ses
membres...
M. Corbin (Guillaume) : ...joue
un rôle crucial dans la santé des Québécois, apportant expertise et rigueur
pour assurer des soins chiropratiques de premier ordre à la population.
Donc, le projet de loi no 68 est une
initiative essentielle qui mérite notre soutien. Ce projet de loi permettra
d'améliorer l'accès aux soins de santé de qualité. Cette mesure contribuera à
désengorger le réseau de la santé et à optimiser l'utilisation des ressources
disponibles, notamment les médecins qui doivent aussi remplir des charges
administratives liées à des rendez-vous médicaux sans valeur ajoutée pour le
patient, sans compter les coûts supplémentaires pour l'État québécois. L'ACQ
est donc fondamentalement favorable au p.l. ou projet de loi no 68.
Alors que nous appuyons les visées et
propositions du projet de loi, nous avons des améliorations visant à prendre en
considération l'expertise des chiropraticiens. Dans ce contexte, l'ACQ formule
plusieurs recommandations clés que nous espérons voir intégrées dans la
proposition finale du projet de loi. Nous sommes particulièrement interpelés
par les articles 29.1 et 29.2 amenés par le projet de loi. Nous
recommandons qu'il soit interdit à un assureur ou à un administrateur du régime
d'avantages sociaux d'exiger d'un bénéficiaire ou d'un adhérent qu'il consulte
préalablement un médecin pour obtenir les versements de certaines prestations
pour les services des chiropraticiens, ceci dans une perspective de libre choix
du patient et d'accès direct aux soins. Cette mesure garantirait un parcours de
soins plus fluide et efficient. Dans cette optique, il ne serait plus
nécessaire pour un assuré de consulter préalablement un médecin avant de
pouvoir consulter un chiropraticien afin qu'il ait accès au remboursement de
certains frais reliés à ses services, au coût d'une... oui, le coût d'une aide
technique comme orthèse, canne, béquilles, par exemple, ou de justifier le
versement de prestations d'invalidité ou d'absence due à une condition traitée
par un chiropraticien.
Or, exiger que le médecin remplisse des
formulaires pour attester de ces éléments crée une surcharge administrative
inutile et dédouble les tâches. Le chiropraticien est pleinement compétent pour
informer l'assureur du diagnostic et faire le suivi. Donc, reconnaître les
compétences des chiropraticiens permettrait non seulement d'optimiser le
travail des médecins en leur permettant de se concentrer davantage sur les
patients nécessitant spécifiquement leurs soins, mais aussi de valoriser
l'expertise des chiropraticiens dans le domaine neuromusculosquelettique.
• (17 heures) •
Il est essentiel de réduire la paperasse
inutile et de libérer les médecins de tâches administratives sans valeur
ajoutée pour le patient. À ce sujet, le Collège des médecins affirme qu'il faut
retirer l'obligation pour un patient d'obtenir une ordonnance d'un médecin pour
avoir accès à des services assurés par la RAMQ dans le cas où il a déjà été
évalué par un autre professionnel de santé apte à déterminer la nécessité d'un
soin. Donc, le collège donne l'exemple suivant, et nous sommes totalement
d'accord avec cet exemple-là. Donc, l'exemple des examens d'imagerie qui sont
prescrits par un autre professionnel de santé compétent et habilité à le faire,
des prescriptions d'imagerie telles que le chiropraticien peut le faire.
Le p.l. no 68 néglige aussi un aspect
important dans l'allègement de la charge administrative des médecins. Nous
proposons deux grandes recommandations afin que soit amendé le projet de loi
no 68 dans le but d'offrir l'accès direct des chiropraticiens pour deux
catégories de clientèle. Oui, j'ai dit deux. Bien, deux, c'est correct,
excusez-moi, sans qu'une consultation médicale préalable ne soit obligatoire.
Parlons dans un premier temps du cas des
accidentés du travail. À l'heure actuelle, au sens de la loi, un accidenté du
travail doit d'abord obtenir une consultation médicale avant d'avoir accès à
des versements de prestations pour les soins chiropratiques. Soulignons que
l'accès direct aux services des chiropraticiens est en vigueur dans toutes les
provinces du Canada, à l'exception du Québec. Les chiropraticiens sont
habilités à poser un diagnostic dans leur champ de compétence, ils sont aptes à
prescrire les examens d'imagerie nécessaires lorsqu'indiqué et à établir un
plan de traitement approprié. Ils sont aussi en mesure de diriger l'accidenté
vers un autre professionnel lorsque la situation l'exige. Il est donc... Ils
sont donc capables de remplir les formulaires reliés à l'ouverture de dossiers
d'un accidenté de la CNESST et d'assurer le suivi, ce qui contribue donc à
décharger les médecins de la paperasse et aux formulaires à compléter pour la
CNESST.
Les données en Ontario démontrent que les
travailleurs accidentés ayant consulté un chiropraticien en premier lieu ont
bénéficié de périodes d'indemnisation plus courtes que ceux ayant à consulter
un médecin en première ligne. En appliquant ces résultats au contexte
québécois, une étude récente, récente, d'un chercheur de l'UQTR, démontre qu'il
est possible d'estimer que si les travailleurs accidentés souffrant de douleurs
au dos, ayant un accès direct aux soins chiropratique, des économies
potentielles de 11,8 millions de dollars annuellement, uniquement en indemnité
de remplacement de revenus seraient envisageables.
Pour permettre l'accès direct aux
accidentés du travail aux services des chiropraticiens, un simple changement
réglementaire est nécessaire puisque l'article 2 de la Loi sur les
maladies professionnelles et des accidentés du travail prévoit déjà l'ajout de
professionnels de la santé par règlement. Le projet de loi...
17 h (version non révisée)
M. Corbin (Guillaume) : ...pourrait
l'imposer. Nous avons d'ailleurs l'appui de la FCEI comme M. Vincent l'a dit
tantôt.
En deuxième lieu, nous appelons également
une modification du règlement sur le remboursement de certains frais de la SAAQ
pour permettre un accès direct des soins chiropratiques pour les accidentés de
la route, favorisant ainsi une récupération rapide et efficace. Le même
raisonnement de la CNESST s'applique ici. Actuellement, les accidentés doivent
consulter un médecin pour ouvrir un dossier à la SAAQ qui inclut le formulaire
puis le diagnostic, traitements et les rapports d'évolution. Cependant, les
chiropraticiens sont pleinement qualifiés pour remplir ces formulaires, poser
les diagnostics, prescrire les examens d'imagerie si nécessaire, établir un
plan de traitement et référer au bon professionnel au bon moment, selon un
esprit de collaboration interprofessionnelle.
Les avantages de l'accès direct, tant pour
l'accidenté du travail ou de la route, sont nombreux : simplification du
parcours de soins pour les accidentés, prise en charge du patient plus rapide,
désengorgement du réseau de la santé, réduction du dédoublement de
consultations, ceci à moindre coût et dans l'objectif ultime de diminuer la
charge administrative des médecins. Nous encourageons vivement les
parlementaires et le gouvernement à adopter ce projet de loi avec des
amendements, non seulement pour réduire la charge administrative des médecins,
mais aussi pour promouvoir un changement de culture dans notre système de
santé. Nous vous appelons donc à utiliser pleinement les ressources
professionnelles compétentes disponibles, telles que les chiropraticiens, comme
nous l'avons... Bon, O.K., comme...
En terminant, l'ACQ est prête à collaborer
activement avec le gouvernement afin d'atteindre l'objectif de ce projet de loi
qui est d'alléger la tâche des médecins afin que ceux-ci puissent se
consacrer... se consacrer davantage aux patients qui nécessitent réellement
leurs soins, le tout pour atteindre cet objectif commun du mieux-être de la
population. Dans notre mémoire, nous avons extrait sept grandes recommandations
que je vous invite à lire. Alors, merci pour votre attention, et nous sommes
maintenant prêts pour vos questions.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Merci, très belle présentation, beau mémoire. Les recommandations
sont claires. Évidemment, il y en a certains qui requièrent une analyse puis
une considération additionnelle. Je vais essayer d'en... de les discuter assez
sommairement, là, parce qu'on est limité dans le temps.
Mais d'abord pour vous dire, à 29.1, que
vous êtes concernés, là, parce qu'on réfère aux intervenants de la santé. Donc,
ce qu'on interdit, dans 29.1, c'est à l'assureur de demander un service
médical, de demander un papier médical avant de rembourser, et ça concerne
aussi les chiropraticiens. Là, j'ai référé ça et je voulais éviter toute
confusion à cet égard-là.
À la première recommandation, bon,
reconnaître la valeur du travail des chiropraticiens. Confirmez-moi donc, parce
que vous connaissez mon intérêt pour la santé-sécurité du travail, la CNESST
est dans mon périmètre d'action, puis ce n'est pas dans le projet de loi qu'on
va régler la revendication que vous faites de reconnaître les chiropraticiens
et praticiennes comme des professionnels de la santé au sens de l'article 2
de la LATMP. Mais vous savez que les travaux réglementaires sont amorcés à la
CNESST, puis c'est une question qui m'interpelle là, parce qu'évidemment il
peut y avoir des avantages. Mais vous pouvez faire un diagnostic. Est-ce que
vous pouvez aussi identifier une date de consolidation? Une date de
consolidation, c'est une... c'est la date où la lésion se stabilise.
M. Corbin (Guillaume) : Bien,
en fait, la réponse est oui.
M. Boulet : O.K.
M. Corbin (Guillaume) : La
réponse est oui, c'est dans notre expertise, oui.
M. Boulet : Donc, la nature,
la suffisance, la durée des traitements aussi, ça, vous en avez parlé.
M. Corbin (Guillaume) : Oui.
M. Boulet : Le pourcentage ou
le niveau de limitation fonctionnelle physique ou psychique, vous êtes...
puis...
M. Corbin (Guillaume) : Évidemment.
M. Boulet : Évidemment, dans
votre cas, puis l'atteinte permanente à l'intégrité physique, la même chose.
M. Corbin (Guillaume) : ...
M. Boulet : Vous avez la
formation pour le faire, tout ça après avoir complété le doctorat à l'UQTR.
M. Corbin (Guillaume) : Oui,
bien sûr, bien sûr, et les formations continues évidemment.
M. Boulet : Oui, bien sûr.
Est-ce que vous avez tout complété, tous et toutes, votre doctorat à l'UQTR?
M. Corbin (Guillaume) : Nous
deux, oui, oui.
M. Boulet : Vous deux, O.K.
Est-ce que vous avez apprécié l'environnement académique?
M. Corbin (Guillaume) : Énormément.
L'UQTR, c'est une université à valeur humaine, à échelle humaine.
M. Boulet : Oui, à dimension
humaine.
M. Corbin (Guillaume) : Dimension
humaine. De toute façon, je suis un... je suis un natif du Cap-de-la-
Madeleine, alors je connais bien la région.
M. Boulet : Ah! bien, voyons
donc! Dr Martin qui précédait était aussi de Cap-de-la-Madeleine...
M. Boulet : ... Puis est-ce
que chiropratique se donne dans d'autres universités au Québec actuellement, ou
c'est toujours la seule?
M. Corbin (Guillaume) : Seulement
à l'UQTR, au Québec, oui.
M. Boulet : O.K. Parce
qu'avant l'UQTR, il fallait aller aux États-Unis, hein, je pense?
M. Corbin (Guillaume) : Ou à
Toronto, oui...
M. Boulet : Ou à Toronto?
M. Corbin (Guillaume) : Exact.
M. Boulet : O.K. Bon. La
deuxième recommandation, bon, les prescriptions, imagerie,
l'ostéodensitométrie, bon, vous avez fait l'énumération, l'interprétation des
radiographies, ça, ça me va, l'exclusivité de votre pratique en vertu de la Loi
sur la chiropratique et le Code des professions, et pour... O.K., dans le
domaine neuro-musculosquelettique, donc les lésions musculosquelettiques, les
tendinites, les bursites, les... ça, vous avez la compétence, l'expertise?
M. Corbin (Guillaume) : 0ui.
Exactement, oui.
M. Boulet : Donc... Mais la
recommandation 5, quand j'ai dit d'entrée de jeu que 29.1... Parce que
vous dites: «Que le projet de loi soit amendé de manière à interdire à un
assureur ou à un administrateur de régime d'avantages sociaux d'exiger qu'il
consulte préalablement un médecin pour obtenir le versement de certaines
prestations d'un chiropraticien.» Vous comprenez que c'est inclus dans le
libellé actuel de 29.1.
M. Corbin (Guillaume) : O.K.
Parfait. Merci.
M. Boulet : O.K. Super. Donc,
6: «Qu'ils soient reconnus comme des professionnels de la santé», il y a un
bout que j'ai manqué, Dr Corbin. Vous dites: Si c'était le cas, ça pourrait
générer un certain niveau d'économies en termes de volume de versements
d'indemnités de remplacement de revenu. Pouvez-vous le reprendre? Parce que
j'ai perdu quelques-uns de vos mots.
M. Corbin (Guillaume) : Bien,
que... il y a beaucoup d'informations. En fait, c'est... Comme je disais dans
le... ma présentation, l'accès direct se fait dans d'autres provinces... toutes
les autres provinces canadiennes, dont l'Ontario. Alors, le chercheur,
justement, de l'UQTR, Marc-André Blanchet, a extrait... a extrapolé les données
ontariennes pour les comparer au Québec. Alors, si on a une pratique accès
direct, à la CNESST, sensiblement le même... le même niveau de, disons, le...
de voir à peu près le même nombre de patients qu'en Ontario, on pourrait
économiser, parce que nous... la recherche démontre que nous... les patients
retournent au travail plus rapidement, tout simplement, parce que le patient
est pris en charge plus vite, puis l'efficacité des soins fait en sorte que le
patient retourne au travail plus rapidement. Donc, il y a une économie à ce
niveau-là.
• (17 h 10) •
M. Boulet : Je suis vraiment
impressionné par ça, parce que, souvenez-vous, en 2021, on a adopté une loi
modernisant le régime de santé-sécurité du travail, puis souvent, quand on se
comparait aux autres provinces, je réalisais qu'on pouvait faire d'importantes
économies de coûts si le retour au travail était plus rapide, plus prompt et
plus durable, parce qu'évidemment la lésion risque de se chroniciser par
l'écoulement du temps, puis il y a plein de personnes qu'on perd qui ne peuvent
jamais revenir au travail en raison de l'écoulement du temps, ça fait qu'il
faut faire de la réadaptation.
C'est la raison pour laquelle la
réadaptation par le biais de conseillers et conseillères en réadaptation se
fait dès la survenance de la lésion professionnelle plutôt que d'attendre la
consolidation puis la détermination d'une atteinte permanente. Et ce que vous
me dites, c'est que l'étude du docteur de l'Université du Québec à
Trois-Rivières démontrerait un lien de causalité entre l'intervention des
chiropraticiens et la période de consolidation, dans le fond, ou la période
requise pour permettre un retour au travail du salarié accidenté. C'est bien
ça?
M. Corbin (Guillaume) : Exactement
ça. ...bien compris.
M. Boulet : Est-ce que...
Cette étude-là, est-ce qu'elle est récente?
M. Corbin (Guillaume) : Elle
est récente. Je n'ai pas l'année.
Mme Barrette-Plante (Marie-Ève) :
2023... 2022-2023.
M. Corbin (Guillaume) : Bon,
bien, Dre...
M. Boulet : 2022-2023? Est-ce
que...
M. Corbin (Guillaume) : ...Barrette-Plante
me dit que c'est bien... c'est récent, oui.
M. Boulet : Est-ce qu'elle a
été partagée avec la CNESST?
M. Corbin (Guillaume) : Oui,
elle a été partagée, parce qu'on a fait une... on a fait un mémoire pour la
CNESST pour présenter notre... notre... nos revendications, ce qu'on fait
aujourd'hui.
M. Boulet : Oui?
M. Corbin (Guillaume) : Oui,
on le... on leur a démontré, on leur a parlé de ça, oui.
M. Boulet : Puis est-ce que
vous leur avez remis l'étude?
M. Corbin (Guillaume) : Oui.
L'étude, je ne pourrais pas dire, mais je pense que oui je pense que oui.
C'était dans le document, en tout cas, l'information était dans le document.
M. Boulet : O.K.
M. Corbin (Guillaume) : Oui.
M. Boulet : Assurez-vous de
le faire, là, puis là...
M. Corbin (Guillaume) : O.K.
M. Boulet : ...je déroge un
peu...
M. Corbin (Guillaume) : Non,
c'est correct.
M. Boulet : ...au contenu du
projet de loi, là, mais... Puis la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, je comprends que vous... vous étiez d'un commun accord pour que
la FCEI...
M. Boulet : ...il supporte
cette recommandation-là de l'Association des chiropraticiens, la FCEI a un
siège au conseil d'administration de la CNESST et peut-être aussi un bon
partenaire pour véhiculer l'intérêt que vous avez. Puis je vais, moi-même, m'y
intéresser plus, puis je vais vérifier, là, les... Pourquoi ce n'est pas fait?
Puis pourquoi ça ne se fait pas? Puis peut-être qu'il y a des choses que
j'ignore, mais il y a peut-être des nuances que je ne fais pas. Mais on est en
révision de tous les règlements pour la période de temps 2024-2027. Et je suis
content de vous avoir entendu, ne serait-ce que pour ça. Puis évidemment, quand
il y aura le règlement de Santé Québec, qui est concerné par des exceptions
potentielles, bien sûr, quand c'est publié à la Gazette officielle du Québec,
c'est ouvert à ce que vous puissiez faire vos propositions puis vos
recommandations.
Ça fait que demeurez près du processus. Le
ministère est superactif dans tout ce dossier-là, de réduction de la charge
administrative des médecins, j'entends, et il y a des partenaires externes.
Mais, bon, je pense que vous avez utilisé un bon forum ici, des consultations
particulières, pour venir vous exprimer. Moi, j'apprécie beaucoup vous avoir
entendus et je vous remercie énormément d'avoir préparé un mémoire. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous passons maintenant à la période d'échange avec la députée de La Pinière
pour commencer.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci pour votre présentation. Dans un premier temps,
j'aimerais juste clarifier pour que ce soit clair, autant pour ma compréhension
que pour les personnes qui m'occupent, à l'heure actuelle, toute personne peut
obtenir directement un rendez-vous avec un chiropraticien ou une
chiropraticienne pour un soin.
Les deux catégories que vous ciblez dans
vos demandes, celles des accidentés de la route et des accidentés du travail,
c'est parce que, même s'ils peuvent aller vous voir, obtenir un rendez-vous
directement, c'est que, jusqu'ici, vos honoraires n'étaient pas remboursables
par les assureurs de ces personnes-là. Et ce que j'ai compris de l'intervention
du ministre, c'est que l'article 29.1 du projet de loi va effectivement régler
ça. Alors, quand on dit que les assureurs, finalement, doivent rembourser
sans un service médical préalable, le coût des services d'un intervenant du
domaine de la santé ou des services sociaux, les chiropraticiens sont bien
inclus dans cette définition-là. Donc ça va... ça va répondre. Alors, je veux
juste le clarifier.
Une question que j'ai pour vous... bien,
en fait, je pense que ce que vous... tout ce que vous avez dit, c'est que, je
pense, vous vous inscrivez dans ce que la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec nous disait tout à l'heure quand elle parlait de
cogestion et de collaboration interprofessionnelle. Alors, c'est bien cette
enseigne-là que vous logez aussi...
M. Corbin (Guillaume) : Oui,
absolument.
Mme Caron : ...c'est ce que
je comprends. D'accord. Pour être, en toute transparence, une utilisatrice des
services professionnels d'une chiropraticienne, je peux témoigner des bons...
des bons résultats dans mon cas à moi. Et une question qui m'intéresse, puisque
je suis porte-parole de l'opposition officielle pour les aînés, est-ce que vous
avez, peut-être des recommandations à faire sur l'accessibilité des soins
chiropratiques pour les aînés et peut-être sur les bienfaits?
Mme Barrette-Plante (Marie-Ève) :
Bien, les soins qu'on offre pour les personnes aînées, ce sont les mêmes
soins que pour les autres types de clientèle, mais évidemment, adaptés. Ce sont
des soins qui font évidemment diminuer la douleur, augmenter la mobilité,
augmenter l'équilibre, favoriser le maintien de l'autonomie. Ça, c'est
extrêmement important. Puis des études démontrent que les soins chiropratique
combinés à des exercices vont être efficaces, mais aussi moins coûteux, là,
pour la clientèle du troisième âge. Est-ce que ça répond bien à votre question?
Mme Caron : Oui, bien... Oui,
ça répond à ma question, mais sur le dernier point que vous avez dit, moins
coûteux que quoi, pour la clientèle du troisième âge?
Mme Barrette-Plante (Marie-Ève) :
Moins coûteux... Dans l'étude que j'ai lue, c'était par rapport à de
simples exercices qu'ils font en résidence. Les exercices de mobilité qu'ils
font en groupe, là. C'est ce que j'ai lu.
Mme Caron : O.K. Donc...
Mme Caron : ...c'est moins
coûteux pour le système de santé en réseau de leur...
Mme Barrette-Plante (Marie-Ève) :
Parce qu'on va préserver l'autonomie, développer l'équilibre, maintenir
l'équilibre, la mobilité. Donc, on parle beaucoup d'autonomie fonctionnelle,
là, de garder les gens le plus longtemps possible autonomes.
Mme Caron : D'accord. Merci
pour ça. Est-ce qu'il y aurait une des recommandations sur laquelle vous n'avez
pas eu le temps de vous exprimer, que vous aimeriez nous en dire... nous donner
plus de détails?
M. Corbin (Guillaume) : Je
pourrais profiter de l'occasion pour vous donner l'exemple type d'une personne
qui pourrait bénéficier de ce que l'on recommande. Et ça, c'est le quotidien.
Ce n'est pas quelque chose qu'on, disons, qu'on imagine, là. C'est vraiment
quelque chose qu'on voit régulièrement. Une personne a un accident, disons, de
travail. Il vient nous voir pour douleurs au cou, au bas du dos par exemple,
parce qu'on la connaît, ou elle veut avoir des... elle veut voir un
chiropraticien. Alors, cette personne-là vient nous voir et elle ne peut pas
avoir le remboursement des soins par la suite, CNESST. Alors, concrètement,
c'est qu'il y a beaucoup de frustration. Ce n'est pas... Ça rend le système pas
fluide. Plus c'est simple et fluide, mieux c'est. Alors là, la personne doit,
elle ne peut pas recevoir de soins, sinon il faut qu'elle paye. C'est correct
aussi, là, mais ce n'est pas tout le monde qui a l'argent pour ça. Ou la
personne a droit à ses prestations CNESST, donc va devoir aller voir un
médecin. La personne va dire : Je n'ai pas de médecin de famille. Elle
appelle le 811, puis là c'est des délais, des délais, puis un moment donné, ça
fait deux, trois, quatre semaines que la personne a eu son accident, puis enfin
elle a sa prescription pour venir voir un chiropraticien. Donc, tout ce
temps-là, ça fait en sorte qu'il y a un délai incroyable. Ce délai-là fait
toute la différence. Puis, le ministre en a parlé, il y a des risques de
chronicité.
Alors, concrètement, ça, pour moi, c'est
important de le dire parce que la trajectoire d'un patient concret pour la
CNESST, ça fait une différence pour la personne, ça fait une différence pour le
médecin qui n'a pas à voir cette personne-là en surcharge, et puis retour au
travail plus rapide. Donc, on parlait d'économie tantôt, c'est exactement ça.
Donc, la personne nous connaît. Je veux le rendez-vous avec toi. J'ai eu un
accident. Parfait. Viens me voir cette semaine et puis on va tout de suite
enclencher les bons soins, les bonnes recommandations et les bonnes références
au besoin. Alors, comme je le disais tantôt, plus c'est fluide et simple, mieux
c'est pour tout le monde. Et puis le chiropraticien, comme je le disais, est
apte à participer à cet effort pour améliorer le système de santé.
• (17 h 20) •
Mme Caron : Et on comprend
que l'obtention d'un rendez-vous avec un chiropraticien peut être plus rapide
qu'avec un médecin de famille qui est surchargé.
M. Corbin (Guillaume) : Oui,
exactement. Ça favorise énormément la prise en charge rapide.
Mme Caron : Je crois que
votre collègue s'apprêtait à ajouter quelque chose. Est-ce que vous voulez?
M. Santerre (Mathieu) : Oui.
Pour répondre pile-poil à la question initiale, la recommandation 6 qui
est dans notre mémoire, je sais que M. le ministre en a parlé, et puis il a
indiqué son souhait de bien suivre les travaux réglementaires. On sait aussi
que, bon, en législation, il peut y avoir plusieurs chemins pour faire la même
chose, simplement pour nous assurer que vous êtes bien conscients que notre
recommandation 6, c'est bien respectueusement de possiblement évaluer la
possibilité, à l'intérieur du projet de loi, d'adopter une disposition qui
aurait le même effet qu'une éventuelle révision réglementaire. Ça se fait dans
le projet de loi no 15 ou dans d'autres, de venir retoucher à ce genre de
choses. Vous le savez davantage que nous. Alors, je voulais simplement le
clarifier.
Maintenant, si d'avance, de toute manière,
pour ce qui est de l'engagement de M. le ministre à bien suivre ça, mais s'il y
a d'autres options, on est bien prêt à vous soumettre toute documentation
nécessaire pour vous aider à aller plus vite et plus loin.
Mme Caron : Merci. Je
laisserais le temps...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vais maintenant céder la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous pour votre exposé et pour votre mémoire très étoffée.
Je prends, donc, le seul... du temps ici parce que j'ai l'impression qu'on...
on est passé à travers différents éléments, donc, très pertinents de ce que
vous nous soumettez. Je reprendrais peut-être la balle au bond justement sur la
recommandation six, donc juste pour bien m'assurer, donc, d'avoir saisi tout,
donc, vous venez de l'expliquer, M. Santerre, donc, votre objectif ici, ce
serait donc de passer par la voie, donc, d'une proposition, donc, à l'actuel
projet de loi, donc, pour venir favoriser l'accès des... des accidentés du
travail aux soins chiropratiques. Et ce que vous dites au niveau, donc, du
parcours du patient, c'est que, donc, lors d'un accident de travail, de... et,
j'imagine, donc la recommandation sept, qui est un peu miroir, donc, au niveau
des victimes d'accidents de la route, il y a un passage obligé vers le médecin
de famille pour pouvoir...
Mme Cadet : ...avoir accès aux
services d'un chiropraticien par la suite.
M. Corbin (Guillaume) : Oui,
exactement. C'est de la façon dont ça fonctionne actuellement et c'est ça, on
suggère de modifier cette façon-là, cette façon de faire, tout simplement.
Donc, les gens puissent nous consulter sans préalablement, avoir besoin d'une
prescription médicale.
Mme Cadet : D'accord. Et ça
vient un peu faire écho à ce qu'on... aux différents exemples nommés par le
Collège des médecins ce matin, parce qu'évidemment, donc, le projet de loi à
l'article donc 29.1 qui est créé et vient, bon, enlever donc cette exigence-là
de la part des assureurs privés ou des administrateurs donc de régimes
d'avantages sociaux, mais au niveau... Mais, lorsqu'on sort donc du cadre des
assureurs privés, il y a quand même donc, ce type d'incohérence là, ce type,
donc d'ajout de délais au parcours du patient, l'ajout de dédales donc
administratifs qui ne sont pas porteurs ni pour le patient ni pour le
professionnel de la santé.
M. Corbin (Guillaume) : C'est
bien? Vous avez bien résumé.
M. Santerre (Mathieu) : Tout
à fait. On va vous prêter notre place quelques instants. Mais, effectivement
puis écoutez, on pourrait difficilement être plus en ligne droite avec les
objectifs du projet de loi qui est... je pense qu'on travaille un peu tous dans
le même sens ici, là, qui est de réduire la charge administrative des médecins,
puis se dispenser de gestes qui coûtent des sous et qui ne sont pas
nécessairement utiles puis qui occasionnent par ailleurs la frustration chez
certaines clientèles puis, ultimement, qui ont un impact sur leur bien-être au
bout du compte.
Mme Cadet : Oui, vous parlez
de frustration ici. Il y a quelques intervenants aujourd'hui qui nous ont parlé
de la relation entre le professionnel de santé et le patient. Donc qui... qui
indiquait que bon, la paperasse où parfois donc certaines exigences des
assureurs donc peuvent étioler un peu la relation de confiance. Est-ce que
c'est ce que vous... c'est ce que vous sous-entendez quand vous parlez donc de
frustration.
M. Corbin (Guillaume) : Non,
ce n'est pas de frustrations envers nous, ça, c'est sûr. Les gens comprennent
très bien. Alors, c'est plutôt à travers la façon dont les choses fonctionnent.
Donc, devoir faire des... des... des démarches pour consulter son médecin.
Donc, ce n'est pas des frustrations entre les deux professionnels en tant que
tels, c'est vraiment de la façon dont le système fonctionne. Je ne sais pas si
ça clarifie votre...
Mme Cadet : Oui, oui, ça
clarifie la question. Puis peut être une dernière ici donc on peut aller dans
d'autres professionnels qui craignaient avec le projet de loi tel que libellé,
qu'il y a un transfert de la charge administrative, donc, on l'enlève aux
médecins, mais qu'on viendrait... qui pourrait donc, selon donc des
préoccupations énoncées, être transférée aux prestataires de service. Je
comprends que vous, de ce que j'ai eu dans le mémoire, ce n'est pas une... ce
n'est pas une crainte que vous avez, là, face à l'intention du législateur ici.
M. Corbin (Guillaume) :
C'est... c'est une bonne question. Au niveau de la paperasserie, les
chiropraticiens, on n'en a pas beaucoup. En fait, c'est ça, on peut, disons
donner un exemple, on peut remplir un formulaire pour une place de
stationnement pour une personne qui a une limitation.
Mme Cadet : Je vais peut-être
reformuler ma question parce que je sens que je ne vous ai peut-être pas amené
sur la bonne piste. En fait, là, c'est donc d'autres professionnels qui nous
disaient ce matin donc c'est-à-dire donc c'est très bien qui était en faveur du
projet de loi qui se disaient donc : Il faut réduire la charge
administrative des médecins, mais surtout donc nous assurer qu'il n'y ait pas
un débordement ou un transfert de cette charge-là, donc, à d'autres
professionnels, mais même de votre intervention, ce que je comprends de la
manière dont le p.l.... dont le projet de loi est libellé, ce n'est pas une...
ce n'est pas une crainte que vous avez que ce fardeau-là soit... soit transmis
ou transposé aux chiropraticiens.
M. Corbin (Guillaume) : Ce
n'est pas une crainte, mais je vais laisser ma collègue.
Mme Barrette-Plante (Marie-Ève) :
Je ne crois pas que c'est une crainte, parce que, de toute façon, il devrait y
avoir des formulaires de complétés. Si on parle des accidentés du travail, il
faut rendre compte à la commission de ce qui se passe. Ces formulaires-là, on
les connaît et ce n'est pas très exhaustif, dans le cas des accidentés du
travail. Donc, non, ce n'est pas une crainte actuellement.
Mme Cadet : Parfait. Donc
nous, de notre côté...
M. Corbin (Guillaume) : Si je
peux renchérir. On a fait un sondage Léger à la profession chiropratique en
2022. Demander à nos membres s'ils étaient intéressés à ce qu'on fasse ces
démarches-là. Alors, oui, de façon en très grande majorité, nos membres sont
prêts, nous supportent et sont prêts à prendre, à prendre, prendre cette
charge-là, on va dire ça comme ça, là.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin de permettre aux prochains
invités de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 27)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 35)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et je souhaite maintenant la bienvenue à la
Confédération des syndicats nationaux. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, et puis nous procéderons par la suite à... à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer votre exposé, s'il vous plaît.
Mme Senneville (Caroline) : Oui.
Alors, je m'appelle Caroline Senneville, je suis présidente de la Confédération
des syndicats nationaux et je suis accompagnée de.
Mme Clermont-Isabelle (Vanessa) :
De Me Vanessa Clermont-Isabelle, avocate au service juridique de la CSN.
M. Lapointe (Jean-François) : Et
Jean-François Lapointe, je suis conseiller politique au comité exécutif de la
CSN.
Mme Senneville (Caroline) : Donc,
nous voici devant vous pour parler du projet de loi n° 68, qui vise à réduire
la charge administrative des médecins. Alors, d'entrée de jeu, on peut dire que
la CSN salue cette initiative-là, qu'on voit beaucoup... en deux parties. D'un
côté, l'obligation qui sera faite aux assureurs de rembourser des services
médicaux ou de l'aide technique et d'ainsi que de maintenir une prestation d'assurance
invalidité sans demander de billets médicaux à répétition. Donc, évidemment, on
est contents de ça. On est aussi contents que le projet de loi prévoie des
sanctions sévères en cas de non-respect de la loi, parce qu'une loi sans
sanction, souvent, bien, ça peut... ça peut rester lettre morte.
Par ailleurs, on se dit que, bien,
pourquoi s'arrêter en si bon chemin? On pense...
Mme Senneville (Caroline) : ...que
cette initiative-là, de ne pas exiger de certificat médical, devrait
s'appliquer aussi à d'autres professionnels de la santé pour ne pas qu'il y ait
de... j'appellerais ça comme ça, là, de sous-traitance de certificats médicaux,
par exemple aux infirmières praticiennes spécialisées, aux psychologues, aux podiatres,
aux sages-femmes, aux physiothérapeutes ou même aux pharmaciens, que chaque
professionnel ait son champ de profession vraiment respecté et qu'on ne les
embourbe pas eux non plus. Et évidemment, bien, ce qu'on va souhaiter, c'est
que, donc... c'est que ces personnes-là puissent, dans certains cas, délivrer
des certificats, parce que, des fois, on a vu, là, on a un billet du physio,
puis la compagnie d'assurance va dire : Non, ce n'est pas le physio que je
veux, c'est le médecin. Donc, vraiment, prévoir ces deux cas-là, là, que la
compagnie d'assurance ne demande pas un certificat médical à une autre
profession puis qu'une profession qui est capable de donner, dans son champ de
profession... de pouvoir donner les certificats initiaux.
On pense aussi qu'il faut rendre cette
obligation-là aussi pour tous les régimes d'indemnisation publics : les
victimes d'actes criminels, la CNESST, la SAAQ. On veut que ça soit formalisé
par une codification législative pour s'assurer que ce qui est bon pour les
régimes d'assureurs privés soit aussi bon pour les régimes d'indemnisation
publics. Il y a beaucoup de volume, si je peux m'exprimer ainsi, là, à la SAAQ
et à la CNESST. Si on veut vraiment réduire la charge administrative des
médecins, il faut être clair, net et précis aussi dans ces cas-là.
Donc, ça, les obligations aux compagnies
d'assurances. Il y a aussi des obligations que le projet de loi prévoit pour
les employeurs, donc qu'ils ne... ils ne puissent plus exiger un certificat
médical pour un congé pour obligations familiales ou un enfant malade et qu'ils
ne puissent pas demander... qu'il y ait une période, je dirais, un sauf-conduit
de trois fois trois jours par année avant de... d'exiger un certificat médical.
On salue aussi cette initiative-là. On est très contents puis on trouve que ça
clarifie aussi. Ça enlève le... je dirais, l'iniquité ou l'arbitraire autour de
qu'est-ce qui est raisonnable, qu'est-ce qui n'est pas raisonnable. La loi le
dit : trois fois trois jours.
• (17 h 40) •
Puis j'aimerais quand même spécifier que
notre régime public, la Loi des normes du travail, ne prévoit que deux jours de
congé de maladie payés. Donc, trois fois trois jours, là... il y a beaucoup,
beaucoup de gens, tous ceux qui ne sont pas syndiqués, là, là-dessus, il y en a
sept qui sont sans solde. Je peux même dire qu'il y a des endroits syndiqués où
ils n'ont pas 10 jours ou neuf jours de congé maladie par année. Donc, il
y a beaucoup de gens qui prennent des congés de maladie qui ne sont pas payés.
Et ça, en soi, je pense que c'est déjà un frein. On l'a dit lorsqu'il y a eu
révision des normes du travail, sous le précédent gouvernement, qui a intégré
les deux jours, on était contents qu'il y ait un nombre minimum. Mais disons
que le fédéral est venu vraiment nous dépasser dans ce cas-là parce que
maintenant, pour les salariés qui sont sous juridiction fédérale, eux, ils ont
droit à 10 jours de congé de maladie par année. Donc, voilà. On tenait à
le dire.
On aimerait aussi, en termes de,
peut-être, principe autour de la loi... pour nous, évidemment, la charte...
devrais-je dire, les chartes sont très claires par rapport à la protection de
la vie privée. Et la protection de la vie privée, elle doit aussi être protégée
au travail, peut-être avec certains aménagements, mais elle doit aussi être
protégée. En ce sens, nous, on pense que... évidemment, les certificats
seulement lorsque nécessaires, le projet de loi en parle. Mais ça serait
intéressant aussi de travailler pour que les certificats médicaux, lorsqu'ils
sont nécessaires, ne portent que sur les éléments essentiels aux congés de
maladie et qu'on ne puisse pas poser des questions... qu'on ne puisse pas poser
des questions sur plein d'habitudes de vie parce que je me suis cassé une
cheville, par exemple.
On pense qu'on pourrait aussi éliminer le
recours systématique à des formulaires qui sont très longs et qui sont... qui
prennent beaucoup, beaucoup de temps. Une autre façon... d'alléger, pardon, la
charge administrative des médecins, c'est non seulement de revoir, tel que le
fait le projet de loi, les moments où on peut exiger des certificats médicaux,
mais... et qui peut les délivrer, mais aussi de réduire la taille de tels
formulaires. Il y en a qui se lisent presque comme des thèses de maîtrise et
qui posent trois fois différemment le même type de question. Donc, ça, ça
alourdit vraiment la charge administrative, je vous dirais.
Permettez-moi une petite note éditoriale
qui dit aussi que la rémunération des médecins, puis je ne parle pas du niveau,
je parle de la façon de le faire, prévoit 13 000 actes différents
codifiés par la RAMQ. Ça aussi, si c'était simplifié, je pense que ça
allégerait les charges administratives.
Ceci dit, nous, on réitère notre appui à
ce projet...
Mme Senneville (Caroline) : ...voilà
qui, sous des dehors administratifs ou techniques, mais c'est avant tout un
projet loi sociale parce que, ce dont il est question, ce dont il s'agit en ce
moment, c'est vraiment en voulant réduire la charge administrative, c'est
l'accès à notre système de santé, et ça aussi, c'est un droit qui est prévu aux
chartes. Les Québécois, les Québécoises ont droit à la santé.
Bien sûr, ce projet de loi là ne réglera
pas tout, mais c'est certainement une contribution. Mais à la CSN, pause
publicitaire, vous l'avez peut être vu ou vous le verrez, on lance une grande
campagne aussi pour que notre système de santé soit vraiment public du début et
à la fin parce que c'est surtout ça qui va accéder... et il va assurer l'accès
à la santé à tout le monde, même si, comme je l'ai dit, le projet de loi no 68
va y contribuer. Voilà.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mme Senneville, Jean-François, Vanessa. C'est un très bon
mémoire, en fait, qui supporte comme, je pense, tous les groupes depuis le
début de nos consultations particulières, l'objectif, puis je trouve que vous
l'exprimez bien, Mme Senneville, ce n'est pas que de réduire la charge, c'est
de diminuer le nombre de rendez-vous qui n'ont pas de valeur ajoutée et donc
permettre de libérer du temps, de l'espace pour faire des soins cliniques, et
je pense qu'ultimement c'est l'accès à des services non seulement en termes de
qualité, mais aussi de quantité, que nous visons l'accès. S'il y avait un mot
clé qui englobait ce projet de loi là, c'est bien celui-là. Donc, c'est très
bien exprimé.
Puis vous soulignez des points positifs
importants, la fréquence et aussi la pertinence des rendez-vous, c'est le
professionnel ou l'intervenant de la santé qui rencontre le patient ou la
patiente, au départ, qui peut le mieux le déterminer. Et vous aimeriez que ça
s'applique à la CNESST? Ça ne m'étonne pas, mais je veux juste qu'on se ramène
au mois de février dernier. Je ne sais pas si vous m'avez entendu un peu plus
tôt dans la journée, mais on a en collaboration avec la CNESST, parce que ce
n'est pas que le projet de loi qui va réduire la charge administrative, il y a
plein d'autres mesures, notamment avec la CNESST. On anticipe pour voir réduire
de 120 000 le nombre de rendez-vous sans valeur ajoutée où, au départ, le
professionnel de la santé dit : Ça ne sera pas consolidé avant deux mois,
par exemple, on ne demandera pas que la personne aille consulter son médecin
dès l'écoulement de deux semaines ou de trois semaines, à des fréquences
prédéterminées. Donc, c'est le médecin du travailleur qui va pouvoir le
déterminer. Et donc la CNESST est une partie qui contribue bien à l'atteinte de
l'objectif, là, de réduction de la charge administrative des médecins.
Bon, je n'ai pas tant à dire là, mais il y a trois
jours, on se rappelle bien. Mme Senneville, puis vous l'exprimez bien dans
votre mémoire, c'est trois périodes d'absence de trois jours pendant une année,
puis c'est trois journées consécutives ou moins. Ça fait que ce n'est pas... Il
n'y a rien d'excessif, il n'y a pas d'empiétement dans l'exercice du droit de
gérance qui est démesuré. Ça, vous l'exprimez bien.
Est-ce que vous pouvez nous donner une
opinion, ou peut-être Vanessa, là, dans les conventions collectives signées par
la CSN, je pense que c'est le trois jours qui est dominant, hein? On voit de
plus en plus le quatre jours, Caroline, en bas de trois jours ou de quatre
jours dans la plupart des conventions collectives de travail au Québec.
L'employeur---évidemment, on est dans un contexte syndiqué---ne peut pas
requérir un certificat médical. Est-ce que c'est trois ou quatre jours,
Caroline ou Vanessa?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
moi, à ma connaissance, c'est autour de trois jours. Est-ce que ça veut dire
qu'il y a des endroits que c'est quatre jours? Est-ce que... Mais trois jours
semblent assez...
M. Boulet : Assez
prépondérant?
Mme Senneville (Caroline) : Assez
prépondérant, oui.
M. Boulet : O.K. Ce qui
n'empêche pas l'employeur de déterminer s'il y a des motifs raisonnables de...
Tu sais, dans le fond, comme j'expliquais ce matin à un groupe qui soulevait
cet élément-là, s'il y a trois absences d'une journée ou... à l'intérieur d'une
année, au-delà de ça, le document justificatif ou le certificat médical peut
être requis, là...
M. Boulet : ...bon,
consultation. En fait, vous mettez le doigt là où il faut le faire. Donc, la
consultation préalable d'un médecin qui n'est pas pertinente pour le
psychologue, la physiothérapeute, l'ergothérapeute, ou pour obtenir le
remboursement d'une aide technique, ou pour une prestation d'invalidité qui se
poursuit dans le temps, que ce soit un épuisement professionnel ou personnel,
que ce soit suite à une fracture. Tu sais, on ne demandera pas en fait on
interdit à l'assureur d'exiger le certificat médical. Ça fait que moi, ça me
va. Je n'ai pas d'autre commentaire, sauf de vous dire un grand, grand merci
pour votre participation et j'apprécie beaucoup, Caroline, on se connaît bien,
que vous mettiez l'adjectif du projet de loi à connotation sociale parce qu'il
est là, le... l'intérêt fondamental de ce projet de loi là de permettre aux
Québécois, Québécoises de pouvoir en bénéficier plus facilement, plus
rapidement d'un médecin, dans un contexte de pénurie d'effectifs médicaux qui
est si aigu au Québec. Je ne sais pas si vous aviez un commentaire à faire, Caroline,
pour... Mais, moi, ça compléterait de mon côté.
Mme Senneville (Caroline) :
Non, bien, peut-être vous avez parlé de l'employeur peut toujours s'il juge,
qu'il abus, etc., là, vous savez, la bonne foi se présume. Puis je pense qu'il
faut faire un régime pour la majorité des gens, des salariés qui, qui peut-être
sont et exagèrent leurs symptômes, sont plus malades en fiction qu'en réalité.
Est-ce que ça existe? Oui. Comme il y a des employeurs qui oublient de payer le
temps supplémentaire à taux et demi, par exemple. Ça arrive, oui, hein?
Alors...
M. Boulet : Vanessa, est-ce
que vous êtes d'accord avec ça?
Mme Senneville (Caroline) :
Donc, je pense qu'il faut faire... Et c'est ça, là, si on cherche... Si on
devient extrêmement pointilleux. Bien, là, ça a un effet... Ça a un effet
pervers puis j'ajouterais aussi que la pandémie nous a appris quelques leçons,
parce que peut-être que je vais vouloir que... tu sais, c'est plate, là se
faire appeler le mardi matin, puis se faire dire écoute, j'ai la gastro, je ne
peux pas rentrer au travail, là. Puis tu sais, peut-être que tu sais, si je
force la note, la personne va pouvoir venir au travail puis je suis contente.
Ça contamine la moitié du bureau. Je vais être moins contente. Tu sais, une
gastro, ça s'attrape par... sur une poignée de porte. Alors il y a ça aussi. Je
pense que la pandémie nous a montré que des fois, pour le bien commun, rester
chez soi puis garder nos microbes pour nous quand on est malade, bien ça, ça
peut avoir des effets bénéfiques sur le milieu de travail. Donc nous, c'est
comme ça, c'est... c'est la philosophie qui nous a guidés dans les commentaires
autour de ce projet de loi là.
• (17 h 50) •
M. Boulet : Et c'est un
commentaire que nous allons utiliser lors de l'étude détaillée. Je partage
totalement votre propos. Puis il n'y a rien d'excessif, là, c'est un équilibre
qui est raisonnable. Trois périodes d'absence de trois jours consécutifs ou
moins. Alors, merci beaucoup à Mme Senneville, Vanessa, Jean-François. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci beaucoup, Mme Senneville, M. Lapointe et Me
Clermont-Isabelle pour votre présentation qui est, encore une fois donc très,
très limpide. Au cours de la journée donc, on a beaucoup, on a eu l'occasion
donc de rencontrer beaucoup plus donc des professionnels du milieu de la santé
qui nous ont parlé de la lourdeur administrative qui... qui serait ôtée un peu
de leurs épaules donc, à travers ce projet de loi là, donc, ils le voient un
peu comme une avancée sur... sur ce plan-là, en vous écoutant puis en regardant
un peu votre mémoire, je me... la première question que je me suis posée, c'est
du côté des travailleurs peut-être. Je vous demanderais donc d'élaborer un peu
plus, donc de voir donc de quelle manière le projet de loi tel que libellé donc
viendrait alléger la lourdeur donc qui incombe aux travailleurs, donc d'aller
chez le médecin aller chercher un papier du... aller chercher un papier parfois
donc pour des symptômes qui ne requièrent pas. Donc, peut-être vous entendre
sur cet aspect-là parce qu'on a peu eu l'occasion d'entendre ce point de vue
aujourd'hui encore.
Mme Senneville (Caroline) :
Ah bien, c'est sûr que pour un travailleur, une travailleuse, ça simplifie sa
vie de savoir c'est quoi les règles, combien de temps je peux m'absenter puis
qu'est-ce qu'on... qu'est-ce qu'on va m'exiger effectivement? C'est
complètement contreproductif. Si vous prenez une seule, une ou deux journées de
congé de maladie, obliger d'avoir un rendez-vous...
Mme Senneville (Caroline) : ...avec
quelqu'un. Je veux dire, je ne sais pas, là, comment on peut avoir un
rendez-vous médical. Puis je vous dirais qu'une préoccupation qu'on pourrait
avoir... certains salariés pourraient se sentir obligés de payer. Parce qu'on
le voit, ça, hein? La santé publique, le service public diminue, beaucoup de la
part du privé augmente. Donc, ça aussi, là, c'est quelque chose qui nous
inquiète, comme travailleurs, comme travailleuses, qu'on sente la pression.
Puis, vous le savez, là, si vous allez sur
le guichet d'accès à la première ligne, bien souvent, vous avez le choix entre
attendre ou payer. Ça, évidemment, c'est pour ceux qui ont les moyens de payer,
alors... Puis ça, je pense que c'est quelque chose contre lequel on s'inscrit,
même si l'employeur paierait, parce que l'idée... le médecin, au privé, qui
fait ce rendez-vous-là, bien, il n'est pas au public, en train de servir
quelqu'un d'autre, non plus. Donc, le... les... qui est plus rare dans le
système de santé, c'est la main-d'œuvre. Alors, ce n'est pas vrai que, quand on
envoie des gens vers d'autres ressources qui sont dans le privé, que ça soulage
le public. Le privé n'est pas complémentaire au public. C'est son concurrent.
Donc, pour nous, de la part du travailleur
ou de la travailleuse, c'est très important de connaître c'est quoi, son
environnement, ce à quoi il a droit, puis qu'il puisse réellement se reposer,
puis revenir en forme.
Mme Cadet : Merci. Par la
suite, dans votre mémoire, donc, vous... En fait, vous y allez avec
l'affirmation suivante : «La démonstration... bon, vous dites, donc...
saisit les effets positifs que pourraient avoir les mesures prévues au projet
de loi sur l'accès plus rapide et les soins de santé, pour tous et toutes. La
démonstration reste toutefois à faire quant au nombre d'heures que cela
permettra de libérer pour des rendez-vous concrets avec des médecins pour l'ensemble
de la population.» J'imagine, par le vocable «concrets», donc, que vous faites
référence à ce que le ministre a évoqué au cours de la journée, qui était,
donc, les rendez-vous à valeur ajoutée, qu'il appelle. Donc, vous, est-ce que
c'est une démonstration que vous souhaiteriez voir dans le cadre de l'étude du
projet de loi? Oui, M. Lapointe.
M. Lapointe (Jean-François) : Bien,
on a entendu, chez des... Chez d'autres intervenants, tu sais, les médecins
disent qu'il y a une partie de la charge administrative qui est faite le soir.
Ça fait que... Est-ce que ça, ça va se transformer nécessairement en
rendez-vous? Peut-être pas, mais ça va peut-être faire qu'il y a des médecins
qui vont garder le moral, puis qui ne tomberont pas malades. Ça fait que... Est-ce
que ça va avoir un effet? Mais ça reste à prouver. Ça fait que c'est la vie du
projet de loi, quand il sera loi, qu'on pourra voir les effets concrets, mais,
pour l'instant, ça demeure incertain. Parce que ce n'est pas une adéquation
concrète. Ce n'est pas comme si, à 4 heures, maintenant, plutôt que de remplir
un formulaire, je vais donner un soin au patient quand c'est un formulaire qui
est rempli, le soir, par un médecin.
Mme Cadet : Donc, ce que
j'entends, c'est que, du côté des travailleurs que vous représentez, donc il y
a... en lien avec ma question précédente, c'est qu'il y a un allègement
certain, donc, pour la capacité, donc, de... bien, en fait, le fait d'éviter,
donc, d'aller chez le médecin pour aller chercher, donc, un billet médical,
parce que cette exigence-là serait levée. Mais ça ne se transformerait pas
nécessairement par un plus grand accès, donc, à ces... à des rendez-vous de
première ligne pour les travailleurs, qui, là... qui devraient s'absenter pour
des rendez-vous à valeur ajoutée, parce que cette charge administrative là,
parfois, se fait les soirs, les fins de semaine, en surtemps.
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
moi, je pense qu'il va y avoir un effet. Lequel? C'est... Il y a beaucoup de...
Notre système de santé est face à plusieurs défis. Ce n'est pas cette mesure-là
qui va tout régler. Comme je dis, ça va contribuer, puis on verra... Je pense
qu'on innove aussi. On contraint quand même les employeurs, les compagnies
d'assurance, ce n'est pas rien. Puis, après ça, bien, on pourra... et,
j'imagine... Puis ça devrait être fait, là, je vous dirais, pour beaucoup de
projets de loi, évaluer puis ajuster le tir, si nécessaire, là. D'ailleurs, tu
sais, c'est pour ça qu'on est tous ici, pour...
Mme Cadet : Pour le rendre...
Mme Senneville (Caroline) : Oui,
c'est ça.
Mme Cadet : Pour rendre le
projet de loi perfectible.
Mme Senneville (Caroline) : Bien
oui, c'est ça. Exactement.
Mme Cadet : ...donc, «la CSN
estime que les mesures prévues au projet de loi rappellent l'importance qu'on
doit reconnaître au médecin traitant concernant l'évaluation clinique de ses
patients», que... donc, «ce dernier, qui est plus apte à déterminer la
fréquence des rendez-vous de suivi nécessaires, et non un tiers, tel un
assureur privé.» Donc, je comprends que vous vous inscrivez, donc, dans la
lignée de ce qui se retrouve au projet de loi, là, en ce qui a trait, donc, à
la levée des exigences de certificat médical, là, pour les congés prolongés
pour invalidité.
Mme Senneville (Caroline) : Oui,
assurément. Puis c'est le médecin qui est à même de dire : Ça ne me donne
rien de la revoir dans quatre semaines, peut-être que six, ça fera. Puis
peut-être que le médecin va dire l'inverse. Peut-être qu'il va dire :
Bien, oui... normalement, c'est quatre semaines, mais là vous, hm, vous...
Peut-être que, dans deux semaines, je vais vouloir vous voir, pour telle et
telle autre raison. Donc, c'est vraiment faire confiance au jugement du...
Mme Senneville (Caroline) : ...de
la santé, là, dans ce cas-ci, les médecins. Effectivement, ils sont à même
de... puis c'est quelque chose qui est beaucoup demandé aussi dans le système
de santé. C'est une relation interpersonnelle. C'est une relation humaine. Nous
sommes tous différents. Ça fait que c'est sûr que, bon, il y a des paramètres,
il y a des statistiques, il y a des... mais des fois il y a des cas qui sont
exceptionnels. Des fois, il y a des cas qui sont plus difficiles. Des fois, il
y a des cas qu'ils le sont moins, difficiles. Puis c'est vrai que c'est
effectivement au personnel soignant de faire valoir leur expertise
professionnelle là-dedans.
Mme Cadet : Et pour vous, de
la manière dont le projet de loi, il est libellé, est-ce que c'est... est-ce
que l'intention du législateur vous semble assez claire, là, sur le fait
justement qu'on reconnaitrait, donc, aux médecins traitants, donc, cette
indépendance-là ou cette capacité-là à déterminer la fréquence des rendez-vous
de suivi?
Mme Senneville (Caroline) : Absolument.
Mme Cadet : Oui. Je vous
dirais, moi, ça... ...il y aurait peut-être, en fait, une autre question, Mme
la Présidente. D'user de la même logique doit d'ailleurs s'appliquer au régime
d'indemnisation de la CNESST. Il y a lieu de revoir l'exigence d'une visite
médicale pour toute durée d'invalidité. Je vous laisserais peut-être élaborer
sur ce point-là.
M. Lapointe (Jean-François) : Bien,
pour être indemnisé à la CNESST, il faut avoir vu un professionnel de la santé.
C'est une condition de la loi. L'exemple qui est pris dans le mémoire, c'est la
question d'une gastro-entérite. Quelqu'un qui a une gastro-entérite, qui
travaille en CHSLD, il y a une épidémie, s'il veut être indemnisé par le
régime, il doit avoir un certificat médical, ça veut dire... On parlait de la
poignée de porte tantôt. Il prend la poignée de porte de la clinique, il va
contaminer d'autres gens pour avoir un certificat médical pour faire rembourser
trois jours par la commission. Est-ce que c'est nécessaire? Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de modifier la Loi sur les accidents de travail pour les cas
qui sont moins de 14 jours ne soient pas nécessairement... qu'il n'y ait
pas une obligation d'avoir un certificat médical pour faire une réclamation
dans ces cas-là? C'est peut-être quelque chose de supplémentaire qu'on pourrait
rajouter.
Mme Cadet : Ça serait une
façon, selon vous, donc, de pouvoir aller un peu plus loin...
M. Lapointe (Jean-François) : Bien,
tu sais, c'est un supplément.
Mme Cadet : Oui. ...un peu
plus loin dans la même lignée... de s'inscrire dans la même lignée que
l'objectif du projet de loi actuel, là. Donc, de réduire à la fois la charge
administrative des médecins, mais aussi, donc, de réduire, donc, la lourdeur
pour le... pour le travailleur, pour le salarié, donc, d'aller dans un
rendez-vous qui... pas de valeur ajoutée.
• (18 heures) •
M. Lapointe (Jean-François) : On
prend l'exemple de la CNESST, mais l'ensemble des régimes étatiques
d'indemnisation exige beaucoup des professionnels de la santé de fournir des
certificats médicaux.
Mme Cadet : Oui. C'est ce que
nous apprenait le Collège des médecins... ou nous réitérait plutôt le Collège
des médecins ce matin à travers différents exemples.
Mme Senneville (Caroline) : Moi,
je me suis déjà assise dans une clinique médicale en attendant mon rendez-vous
puis j'étais assise devant une belle pancarte qui disait qu'ils n'acceptaient
pas de cas de la SAAQ et de la CNESST.
Mme Cadet : Ça dit tout.
Mme Senneville (Caroline) : Voilà.
Mme Cadet : Parfait.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de La Pinière, avez-vous une question?
Mme Caron : Oui. En fait,
simplement pour... parce que votre conclusion a piqué ma curiosité. Vous dites
qu'il existe une panoplie de solutions éprouvées pour garantir un accès plus
efficient aux soins de santé, qui ne sont pas celles choisies jusqu'à présent.
Alors, est-ce que vous pourriez nous élaborer sur ces solutions éprouvées qui
pourraient aider à garantir un accès au système de santé?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
je l'ai dit un peu tout à l'heure. Nous, on... Il y a de moins... Le privé a un
rôle pernicieux dans notre système de santé. Puis quand on voit tous les
efforts, par exemple, qui est fait par le ministre Dubé pour sortir les agences
de placement de notre système de santé, bien... parce qu'il se rend compte
que... on s'est tous rendu compte collectivement que ça nous coûtait de plus en
plus cher, qu'on n'avait pas le contrôle sur les coûts et qu'il y a des gens
qui font des profits sur la... sur notre maladie. Donc, pour nous... On parle
des agences. On parle de médecins qui quittent le système public. Moi, je suis
assez vieille pour me souvenir que jadis, naguère, on avait droit à des services
de physiothérapeute dans notre CLSC, puis là, maintenant, c'est inexistant. Il
se passe exactement la même chose pour les prises de sang. Ça fait que, comme
ça nous rentre dans la tête qu'on doit payer pour des prises de sang, ça glisse
un peu.
Alors nous, ce qu'on aimerait, c'est que
le système de santé soit déprivatisé. Donc, c'est là-dessus qu'on pense que les
énergies devraient être mises. Parce que malheureusement, quand on parle
d'accès, bien, il y a un accès qui est moindre pour des gens maintenant. Au
moment où on se parle, il y a un accès qui est moindre pour des gens qui n'ont
pas d'argent. Quand on appelle au 811 puis qu'ils nous conseillent d'aller dans
une clinique privée, je pense qu'on a un problème de société.
Mme Cadet : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux de la
commission. Je...
18 h (version non révisée)
La Présidente (Mme D'Amours) : ...suspends
les travaux quelques instants afin de permettre aux prochains invités de
prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 03)
(Reprise à 18 h 13)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je souhaite maintenant la bienvenue à la Commission
des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail.
Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à une période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer votre exposé, s'il vous plaît.
Mme Gagné (Anouk) : Mme la
Présidente, permettez-moi d'abord de vous remercier pour l'invitation à prendre
part à cette consultation. Je me présente, Anouk Gagné, présidente-directrice
générale de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la
sécurité du travail. Aujourd'hui, je suis accompagnée par M. Claude
Beauchamp, vice-président à l'indemnisation et à la réintégration au travail,
et Mme Ludny Franklin, directrice générale de l'indemnisation et de la
réadaptation.
Donc, la CNESST, elle est chargée de
l'application de la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, aussi communément appelée la LATMP. Donc, un régime
d'indemnisation sans égard à la faute. Elle offre ainsi une couverture
obligatoire, quasi universelle, capitalisée et entièrement financée par les
employeurs au Québec. Ainsi, la LATMP reconnaît aux personnes victimes d'une
lésion professionnelle le droit à l'assistance médicale que requiert leur état
de santé en fonction de cette lésion, en raison de cette liaison. Pour ce
faire, une lésion professionnelle et les conséquences qu'elle entraîne doivent
être attestées par le professionnel de santé qui a à charge du travailleur.
C'est lui qui doit se prononcer sur le diagnostic, la date de consolidation, la
nature, la nécessité, la suffisance ou la durée des soins ou des traitements,
l'existence d'atteinte permanente à l'intégrité physique ou psychique ainsi que
les limitations fonctionnelles de la personne qui a subi une lésion. C'est la
loi sur l'assurance maladie qui identifie un professionnel de la santé au sens
de la et la LATMP.
De plus, depuis 2021, la CNESST peut, par
règlement, désigner tout autre professionnel au sens du Code des professions
pour agir à titre de professionnel de la santé qui a à charge. Récemment, en
août 2023 entrait en vigueur le règlement désignant une infirmière praticienne
spécialisée à titre de professionnel de la santé pour l'application de la LATMP
et de la Loi sur les accidents du travail. Ainsi, la CNESST a harmonisé ses
pratiques avec le système public de santé et le nouveau partage des
responsabilités du médecin. Il est attendu que la mesure contribue à
l'efficience de la CNEST et en réduisant les délais de traitement des dossiers.
Le rôle du professionnel de la santé qui a
à charge est d'accompagner la personne blessée ou malade tout au long de la
réparation de la lésion professionnelle pour assurer son retour en emploi d'une
façon sécuritaire et en respectant évidemment ses capacités.
En termes de réadaptation, la LATMP
prévoit les situations où le professionnel de santé qui a à charge est
sollicité lors de la mise en place de mesures de réadaptation au bénéfice de la
personne qui a subi une lésion. En effet, le professionnel de la santé qui a à
charge est nécessaire pour s'assurer que les mesures proposées par la CNESST
n'ont pas d'effets néfastes sur l'état de santé physique ou psychique du travailleur
et sont compatibles avec le plan de traitement.
Afin d'assurer la cohérence et la
conformité des renseignements médicaux transmis, la LATMP prévoit l'utilisation
de divers formulaires qui permettent à la CNESST de rendre des décisions en
regard de la lésion professionnelle du travailleur. Les professionnels de la
santé doivent donc compléter ces rapports pour informer la CNESST de
l'évolution de la pathologie ou de sa consultation, ou encore prescrire des
appareillages, des soins et des traitements, préciser des traitements, des
éléments de conditions médicales, confirmer l'existence ou l'ampleur d'une
atteinte permanente ou de limitations fonctionnelles. Ainsi, annuellement, ce
sont environ 805 000 formulaires qui sont remplis par les professionnels
de la santé pour répondre à ces obligations. 70 % concernent l'attestation
de la pathologie et son évolution et près de 15 % sont en lien avec
l'assignation temporaire du travail.
En mars dernier, en soutien aux travaux du
ministère de la Santé et des Services sociaux concernant l'allègement de la
charge administrative des médecins, la CNESST a rappelé les conditions
identifiées par la LATMP pour produire certains de ces rapports. En parallèle,
la CNESST a mis en œuvre une nouvelle orientation, laissant aux professionnels
de la santé qui ont à charge des travailleurs, l'autonomie de juger de la
nécessité et de la fréquence des suivis médicaux, en cohérence avec la LATMP...
Mme Gagné (Anouk) : ... Selon
les évaluations qui ont été réalisées par le ministère de la Santé et des
Services sociaux, cette mesure, elle permettrait de libérer
120 000 plages de rendez-vous pour le réseau de la santé tout en
conservant les rendez-vous avec une valeur ajoutée pour le suivi des lésions
professionnelles.
La CNESST mène d'autres travaux en vue
d'élargir si possible le bassin des intervenants reconnus comme professionnels
de la santé. Or, pour accompagner les personnes qui ont subi une lésion
professionnelle de façon optimale, c'est important de mentionner que le professionnel
de la santé qui a à charge doit être habilité à évaluer l'ensemble des besoins
du patient des points de vue médical, pharmacologique, psychologique,
physiologique, etc. Et ainsi, le but, c'est d'éviter qu'il y ait multiplication
d'opinions sur un même dossier. Rappelons que les intervenants de la santé
agissent dans le champ d'exercice que leur confèrent le Code des professions ou
d'autres lois habilitantes.
L'absence de prise en charge de base de la
personne blessée ou malade est donc un enjeu pouvant avoir comme conséquence de
multiplier les démarches de celle-ci pour accéder à l'ensemble des soins et des
traitements nécessaires à la suite de la lésion professionnelle. Cette
travailleuse ou ce travailleur pourrait également être laissé à lui-même dans
la gestion et la coordination de ses soins, ne bénéficiant pas d'un plan de
traitement à ce moment-là et d'une vision globale particulièrement nécessaire
dans le cas de lésions psychologiques et musculosquelettiques. Cet enjeu, il
est d'autant plus important que la CNESST, étant liée par l'opinion du
professionnel de la santé qui a à charge, ne peut intervenir lorsqu'elle...
elle observe, pardon, une surmédicalisation ou l'atteinte d'un plateau
thérapeutique.
Avant de conclure, je... nous souhaitons
en fait rappeler que la CNESST est l'organisme qui voit également à
l'application de la Loi sur les normes du travail. À cet effet, nous soulignons
que le projet de loi y intègre des mesures d'allègement qui restreignent le
recours aux attestations médicales pour motiver une absence de courte durée au
travail. La CNESST salue la volonté du gouvernement, qui par ce projet de loi
veut... ça a été amplement dit, là, mais simplifier le processus de
remboursement des soins et des traitements, supprimer la nécessité des services
médicaux pour le remboursement de certaines aides techniques, empêcher les
assureurs et les administrateurs de régimes d'avantages sociaux d'exiger un
service médical pour le maintien d'une invalidité, arrimer plus efficacement
les ministères et organismes concernés dans le but d'offrir des services de
qualité qui répondent aux besoins de la population. Or, les obligations de la
CNESST en matière d'indemnisation et de dispensation de soins et de
traitements, d'octroi d'aides techniques ou d'évaluation de capacités, toutes
soutenues par l'opinion du professionnel de la santé, ne sont donc pas
touchées, parce qu'elles sont entièrement enchâssées dans la LATMP et que ce
projet de loi n'a pas d'impact pour l'application de celle-ci.
• (18 h 20) •
Il importe tout de même de rappeler que la
CNESST, à travers sa mission et les lois qui l'encadrent, permet aux
travailleuses et aux travailleurs malades ou accidentés d'accéder à une offre
de services médicaux et psychosociaux et d'un accompagnement professionnel.
Nous poursuivons donc nos réflexions et nos travaux en vue de favoriser une
utilisation optimale des ressources médicales et d'améliorer nos pratiques,
notamment en contribuant à réduire les délais d'obtention des documents
médicaux. Ainsi, pour nous rapprocher des objectifs du projet de loi, nous
visons des solutions qui permettront d'assurer aux travailleuses et
travailleurs une prise en charge adaptée de leurs besoins qui permettrait
d'inciter les travailleuses et les travailleurs, en collaboration avec le
professionnel de la santé qui a à charge, à faire une utilisation des soins
médicaux et des services de santé davantage ciblée en fonction de la réparation
de la lésion professionnelle qui viserait également à éviter les risques de surmédicalisation
et de chronicité et favoriser la contribution du plein potentiel de la
main-d'œuvre du Québec en diminuant la durée des absences au travail.
Les préoccupations du ministère de la
Santé et des Services sociaux rejoignent celles de la CNESST et des... et qui
se positionne comme un partenaire et adhère au principe d'une réduction de la
charge administrative des médecins pour améliorer l'efficacité du système de
santé québécois.
Je vous remercie pour votre temps, et mes
collègues et moi demeurons disponibles pour répondre à vos questions.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la
période d'échange avec M. le ministre. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Merci, bien sûr, à la CNESST, Mme Gagné, Mme Franklin, M.
Claude.
En fait, c'est un excellent mémoire. Moi,
je vous remercie sincèrement d'avoir collaboré à nos consultations
particulières. Vous l'avez bien mentionné, Anouk, le p.l. n° 68 vise à
réduire...
M. Boulet : ...la charge
administrative, et ça passe par une diminution du nombre de rendez-vous sans
valeur ajoutée, de manière à améliorer l'accès pour les patients, patientes du
Québec.
Et je veux vous féliciter pour la
collaboration de la CNESST avec le groupe du ministère de la Santé. En février,
mars, là, vous avez dit... mars, là... il me semble qu'on avait un communiqué
en février. Et, vous le dites tellement bien, hein, la nécessité... moi, je dis
«la pertinence», là, mais... et la fréquence des consultations, c'est le
professionnel de la santé, là - parce qu'on est ici dans le contexte de
l'application de la Loi sur les accidents de travail et maladies
professionnelles - qui est le mieux placé pour les déterminer. Donc, merci.
Juste quelques points, des commentaires
assez brefs, là, Anouk. On nous a parlé... Bon, vous avez parlé des IPS, qui
sont devenues des professionnelles de la santé. Ça a été fait par voie
réglementaire, par souci d'harmonisation avec le corpus législatif, ici, à
Québec. On a rencontré l'Association des chiropraticiens-praticiennes. Ils
m'ont parlé, Anouk. Parce que je veux attirer votre attention sur une étude,
qui aurait été faite par un professeur de chiropratique à l'Université du
Québec à Trois-Rivières, qui établirait un lien de causalité entre
l'implication des chiropraticiens, à titre de professionnels de la santé, et la
durée de la période de consolidation. Et vous savez un peu mon immense
préoccupation pour le retour prompt et durable. D'ailleurs, c'est ce qui nous a
permis, dans notre réforme, de permettre l'accès au processus de réadaptation
dès la survenance de la lésion, plutôt que d'attendre la consolidation et
l'atteinte.
Est-ce que ce serait possible de... Puis
j'ai demandé d'avoir copie de cette étude-là. J'aimerais ça m'assurer que votre
équipe, Mme Gagné, puisse en prendre connaissance, puis voir si, effectivement,
ça peut avoir un impact. Je sais que vous êtes en processus dans le... pour vos
travaux réglementaires 2024-2027, si je me souviens bien. Ce serait
peut-être une... Puis j'ai vu qu'avant le vice-président de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante est venu donner son appui aux
chiropraticiens et chiropraticiennes. Donc c'était un commentaire que je
voulais faire, vous remercier.
Puis, finalement, que vous exprimiez votre
symbiose d'intérêt avec le ministère de la Santé, moi, je trouve ça tout à fait
estimable, puis... Voilà. En gros, c'est ce que je voulais simplement vous dire.
Merci, continuez votre saine collaboration, puis merci pour la qualité de votre
mémoire. Puis, Mme Franklin, M. Beauchamp puis Mme Gagné, au plaisir de vous
rencontrer bientôt. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre.
Mme Gagné (Anouk) : Merci. Ça
va être une...
La Présidente (Mme D'Amours) : Allez-y.
Mme Gagné (Anouk) : Merci, M.
le ministre. Bien, en fait, je pense qu'on l'a bien démontré, la CNESST a
collaboré dans les travaux, dans les derniers mois, et c'est vraiment avec
beaucoup d'ouverture qu'on va continuer à le faire. Puis, effectivement, il y a
des documents dans lesquels on peut prendre connaissance, il y a déjà des
travaux qui sont initiés, qui vont se poursuivre aussi. On est bien ouverts et
à l'écoute, là, des différents points de vue qui ont été exprimés tout au long
de la journée. On a écouté, évidemment, avec attention les différentes parties
qui sont venues s'exprimer sur le projet de loi. Donc, on poursuivra cette
collaboration-là. Vous pouvez être rassuré.
M. Boulet : Merci beaucoup. À
bientôt.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Maintenant, je cède la parole à la députée de Bourassa-Sauvé. La
parole est à vous.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Bonjour, Mme Gagné, M. Beauchamp, Mme Franklin. Enchantée
et au plaisir donc de collaborer avec vous sur différentes... différentes
études, donc, de projets de loi, celui-ci étant le premier. Je voudrais, donc,
également, donc, vous remercier, donc, pour ce mémoire. Je trouve ça toujours
très intéressant, lors des consultations particulières, de pouvoir entendre la
CNESST lorsque c'est pertinent afin de cadrer, de nous aider à cadrer le débat,
nous, comme législateurs, et de nous assurer que les propositions qui nous ont
été faites ou tout ce que nous avons entendu puisse se transposer dans le réel
avec les ressources dont vous disposez.
Le ministre vient de l'évoquer, il a
parlé, donc, des chiropraticiens. Je ne répéterai pas exactement, donc, cette
question-là. Mais, si vous avez la possibilité, donc, de vous prononcer sur la
question, ou du moins, donc, nous parler un peu, donc, du processus que... On
l'a entendu...
Mme Cadet : ...on l'a entendu,
donc, à quelques reprises, donc, de la part, donc, de l'association des
chiropraticiens mais même de la CSN, bon, l'a un peu évoqué, donc, le parcours
du patient... du patient, donc, travailleur, qui, donc, doit, donc... donc, se
doit, donc, de réserver, donc, des rendez-vous qui sont considérés, donc, à
non-valeur ajoutée, puis ensuite, donc, aller voir ledit spécialiste. Et on le
voit, on le sait, donc, dans le contexte de la CNESST.
Je ne sais pas si je vous laisserais... Je
vais... Je vais garder la question très large parce que je sais que vous ne
pouvez pas nécessairement, donc, vous prononcer sur le contenu des mémoires,
mais peut-être vous entendre sur... peut-être, donc, nous aider encore une
fois, donc, à cadrer puis nous dire, donc, qu'est-ce qui est avéré mais
également, s'il fallait que ce soit dans le cadre de ce projet de loi ou d'un
prochain projet de loi, émettre, donc, certaines recommandations. Donc, quels
seraient, donc, les signaux d'alarme ou les éléments, donc, à prendre en
considération, compte tenu du travail que vous faites?
Mme Gagné (Anouk) : Je vais
laisser la parole peut-être à M. Beauchamp. Puis Claude, cher collègue, si
jamais tu as besoin de précisions sur la question, peut-être y aller. Sinon, je
te laisse la parole pour la réponse.
M. Beauchamp (Claude) : Il
n'y a pas... Il n'y a pas de souci. Merci. Merci, Anouk. Bonjour à chacune et
chacun d'entre vous. Merci pour la question.
Alors, effectivement, la commission mène
des travaux réglementaires importants depuis un certain nombre d'années, là,
entre autres pour faire atterrir les règlements qui sont issus de la Loi
modifiant le régime de santé et sécurité du travail. C'est ce qui nous a
occupés, là, depuis un certain temps.
ll est prévu aussi que dans les prochains
travaux réglementaires, la commission va se pencher sur la possibilité
d'élargir cette notion du professionnel de la santé qui a charge à d'autres
intervenants de la santé, d'autres professionnels. Il en est... Certains sont
venus vous présenter leurs mémoires aujourd'hui. Nous sommes en contact
justement avec ces associations-là depuis un certain temps. Les communications
sont ouvertes. Nous avons partagé beaucoup d'informations. Certaines d'entre
ces associations siègent aussi à des tables de travail de la commission pour
partager leurs expertises respectives. Et aussi, avec l'équipe de Mme Franklin,
nous sommes en lien avec les autres commissions d'accidents du travail au
Canada pour aller puiser les meilleures pratiques évidemment dans les autres
provinces et partager les nôtres aussi, hein? On dit souvent on peut être... on
peut être fier de ce qu'on fait au Québec.
Et donc il est prévu dans les travaux
réglementaires à venir que la commission va se pencher... évidemment ça se fait
de concert avec les associations visées ou les professionnels visés, va se
pencher sur cet élargissement, là, du... de la posture de professionnel de la
santé qui a charge.
Et ça se fait aussi dans l'esprit des
travaux que nous venons de compléter, des premiers travaux, avec le ministère
de la Santé, là, sur la réduction de la charge administrative, là, qui était
exigée des médecins.
• (18 h 30) •
Bon. Vous posez la question : Est-ce
qu'il y a des éléments qu'on doit porter à votre connaissance? Je pense que,
dans le mémoire que... dont vous avez pris connaissance, là, de la commission,
il y a cette notion centrale qui est dans la LATMP d'une vision 360 degrés
de prise en charge, là, du travailleur ou de la travailleuse accidentée ou
victime d'une maladie professionnelle. Il est très important d'avoir une vue
qui nous permet de bien comprendre la suffisance des soins nécessaires et pour
rejoindre aussi la préoccupation de M. le ministre, là, de pouvoir intervenir,
dès le départ... d'intervenir pour garantir un retour au travail prompt et
durable, là, le plus rapidement possible. Donc, il y a cette notion-là, cette
complexité-là qu'il faut, disons, réconcilier, si on peut dire, entre les les
soins qui peuvent être... peuvent être offerts par différents professionnels de
la santé, que la commission ne remet pas en question, là, on n'est pas dans ce
genre de réflexion-là, mais de réconcilier cet élément-là avec la capacité de
prendre en charge l'entièreté des besoins du travailleur ou de la travailleuse
pour assurer une vue rapidement complète des besoins, là, de cette personne-là.
Alors c'est peut-être dans vos réflexions futures.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Merci beaucoup. C'est très clair. Peut-être juste une autre petite question.
Parce que, bien, vous avez une section dans votre mémoire, donc, qui parle,
donc, des rapports médicaux. Vous dites donc : «Afin d'assurer la
cohérence et la conformité des renseignements médicaux transmis, donc, l'ATMP
prévoit, donc, l'utilisation de divers formulaires qui permettront à la CNESST
de rendre diverses décisions au regard de la lésion professionnelle du
travailleur. Donc, les professionnels de la santé doivent les compléter pour
informer la CNESST de l'évolution de la pathologie ou de sa consolidation et
donc répondre....
18 h 30 (version non révisée)
Mme Cadet : ...donc,
répondre, donc, à d'autres obligations. Vous dites : Ainsi, annuellement,
ce sont près d'environ 805 000 formulaires qui sont remplis par les
professionnels de la santé pour répondre à ces obligations. Le... Et donc...
donc, en mars dernier, la CNESST, donc, a rappelé les conditions identifiées
par la LATMP pour produire certains de ces rapports. Donc, dans le cadre, donc,
des travaux en cours, je ne suis pas sûre que... que j'ai bien saisi aussi.
Donc, ici, il y a, donc, dans... dans le travail que vous faites, dans les
travaux que vous opérez en ce moment, donc, vous regardez aussi pour un certain
allègement de ces formulaires-là?
Mme Gagné (Anouk) : ...
Mme Franklin (Ludny) : En
fait...
Mme Gagné (Anouk) : Oui,
Ludny, je peux te laisser la parole.
Mme Franklin (Ludny) : Mme la
députée, en fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que, dans ces formulaires-là,
il y a des attestations médicales. L'attestation médicale, ce qu'elle vient
faire, c'est... confirmer la lésion. Ensuite, il y a les rendez-vous de suivi.
Vous voyez dans les... dans certaines... dans certaines lésions, on peut avoir
plusieurs rendez-vous de suivi. Donc, les travaux avec le ministère de la Santé
et des Services sociaux, ce qu'ils vont venir faire, c'est probablement réduire
ces rendez-vous de suivi là, ce qui va entraîner, évidemment, conséquemment, un
nombre moindre de rapports médicaux à compléter puisque les suivis sont
espacés. Donc, c'est ça qu'on vise à faire à travers ces travaux-là et puis s'assurer
que, lorsque le travailleur va voir son médecin, c'est vraiment parce qu'il y a
une évolution dans sa pathologie, et que le médecin juge à ce moment-là que c'est
nécessaire d'intervenir.
Mme Cadet : Donc, on revient
à ce qu'on disait tantôt avec d'autres intervenants, donc, de s'assurer que le
médecin ait cette liberté-là, donc, lui-même, donc, de pouvoir juger avec son
oeil clinique, avec son regard clinique, donc, de la... de la fréquence des
rendez-vous de suivi pour pouvoir soit les espacer... bien, le plus souvent,
donc, les espacer, mais... tout au plus, donc, d'être capable, donc, de faire
cette évaluation-là, ce qui aura un effet collatéral, donc sur la quantité de
formulaires par la suite.
Mme Franklin (Ludny) : C'est
exactement ça.
Mme Cadet : Parfait. C'est
très clair.
M. Boulet : ...
Mme Cadet : Oui, M. le
ministre.
M. Boulet : ...un
commentaire. Il y a un groupe qui est venu lors des consultations
particulières, puis je tenais à le souligner, qui a mentionné que les
formulaires à la CNESST étaient simples, les attestations médicales initiales,
les rapports médicaux d'évolution. Quand c'est consolidé, c'est dans les
formulaires, moi, que j'ai vus les plus simples à compléter. C'était... Merci, Madwa.
Mme Cadet : Merci. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de La Pinière, avez-vous des questions?
Mme Caron : Non, ça va pour
moi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ça
va pour vous.
Mme Cadet : Alors ça
compléterait. Merci beaucoup. Merci pour votre temps.
La Présidente (Mme D'Amours) : Alors,
je vous remercie, chers invités, pour votre contribution à nos travaux.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain, le mercredi 11 septembre, après les avis touchant les travaux
des commissions, où elle poursuivra son mandat. Merci beaucoup, tout le monde.
(Fin de la séance à 18 h 35)