Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, April 25, 2023
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Vol. 47 N° 5
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, volet Économie - Économie
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-six minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Économie des crédits budgétaires du portefeuille Économie,
Innovation et Énergie pour l'exercice financier 2023-2024. Une enveloppe de 3 h
30 min a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Monsieur Leduc, Hochelaga-Maisonneuve, est remplacé par Monsieur
Bouazzi, Maurice-Richard.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par bloc d'échange
incluant les questions et réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit cet après-midi vers 16 h
15.
Je suis maintenant prête à reconnaître une
première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Beauchemin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour à vous tous. Bonjour, M. le ministre. J'ai une liste
exhaustive de plein de sujets que je veux discuter avec vous aujourd'hui, mais
je pense que je vais tout de suite sauter dans les faits d'actualité, là, qui
nous ont apparu cette nuit, en fait, à propos des études qui ont été demandées
à KPMG puis à McKinsey. Je voulais juste comprendre, M. le ministre, pourquoi
avoir demandé une seconde étude presque similaire à McKinsey, par rapport à l'article
qu'on a vu de Thomas Gerbet, là, ce matin.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Fitzgibbon : O.K. Alors,
bonjour, tout le monde. Bienvenue à l'étude de crédits pour les prochaines
heures, ça va être un plaisir. Bien, premièrement, c'est deux mandats qui sont
complètement différents. Le mandat de KPMG est un mandat pour regarder la
relance de certains secteurs spécifiques, entre autres, je pense, aux forêts,
je pense aussi... il y avait un travail sur l'achat local. Alors, c'est un
mandat qui a été fait en quelques mois, là, de janvier, février 2022, dans les
deux, trois mois qui ont suivi... 21, je m'excuse. Après ça, il y a un autre
mandat qui a été donné à McKinsey au courant de l'été 2021, mandat qui était
pour travailler avec nous pour regarder les déterminants qui étaient importants
d'analyser pour toute la question de combler l'écart de richesse que nous avons
avec l'Ontario, les États-Unis et d'autres juridictions qu'on valorise
beaucoup, de faire des études aussi de marqueurs, d'indicateurs internationaux,
chose que nous n'avons pas de disponible au ministère. Donc, McKinsey, c'est un
travail de balisage international, de revoir nos stratégies de création de
valeur et d'innovation, pour s'assurer qu'on avait les bons déterminants, alors
que KPMG est actuellement un exercice pour quelques projets spécifiques pour
faire la balance.
M. Beauchemin : O.K. L'article
du journal de ce matin mentionnait quand même qu'il y avait des très grandes
similitudes entre les deux études, justement, le point au niveau de sonder les
façons de faire à l'international, sans être demandé autant par KPMG que
McKinsey. Ça fait que vous dites que ce n'est pas le cas.
• (9 h 50) •
M. Fitzgibbon : Non, le
balisage était complètement différent. KPMG a regardé ce qu'il pouvait se
faire... je vous parle de l'exemple des forêts, par exemple, c'est un secteur,
ils ont pu regarder ce qui se fait à l'extérieur du Québec, là, j'en conviens,
mais, dans le cas de McKinsey, ils ont été ailleurs, là, c'est vraiment un démarchage...
ou un balisage, je m'excuse, pour voir, dans des juridictions comme Israël,
comme Singapour, comme la Corée puis les juridictions qu'on respecte beaucoup,
quels étaient leurs déterminants à eux pour pouvoir imprégner l'innovation dans
leurs réflexes industriels. Regardez avec nos zones d'innovation. Parce que
moi, j'ai toujours dit que ce qui est important pour le Québec, c'est d'identifier
les secteurs industriels où on peut être des champions mondiaux. Alors, on
avait déterminé avec l'équipe du ministère des secteurs, on a voulu valider
avec McKinsey qu'on avait... Notre prétention était justifiée. C'est deux
choses qui n'étaient pas tout à fait la même chose, là.
M. Beauchemin : O.K. Pourquoi
avoir été gré à gré avec McKinsey, mais pas avec un appel d'offres
traditionnel, là, appel d'offres avec KPMG?
M. Fitzgibbon : On voulait
être efficients et efficaces et on pouvait le faire en gré à gré. On n'a pas...
On a même inclus les règles. On trouvait que McKinsey connaissait quand même le
gouvernement, avait des bonnes connaissances, ça fait qu'on trouvait qu'il
était approprié d'y aller avec...
M. Fitzgibbon : ...on a
respecté les règles.
M. Beauchemin : Un autre des
points qu'on a vu dans l'article, c'était le fait que, pour l'année
fiscale 2019 à 2020, il faisait le comparable en chiffres. Puis je veux
juste avoir votre commentaire là-dessus, c'est... Pour ce qui est de l'ensemble
des dépenses du gouvernement en service-conseil, dans l'ensemble de toute la
machine gouvernementale, la facture était de 3 milliards. Puis pour ce qui
est de la facture, si on veut, de l'ensemble du haut fonctionnariat de la
machine gouvernementale, on parle de 1,9 milliard. Trouvez-vous ça un
petit peu disproportionnel, un peu, l'utilisation d'autant d'argent pour aller
demander conseil quand il y a tout l'appareil gouvernemental qui ont
l'expérience, évidemment, eux autres aussi de la machine, comment ça
fonctionne? Mais il y a eu quand même... pas presque le double, mais c'est au moins
50 % plus élevé, là.
M. Fitzgibbon : Je n'ai pas
le détail de ces chiffres-là. Mais, tu sais, si vous me demandez mon opinion à
haut niveau, il faut revenir où nous étions. Je ne sais pas c'est quoi, les
chiffres...
M. Beauchemin : 2019 à 2020,
avant le COVID.
M. Fitzgibbon : Non, mais, ce
que je veux dire, c'est qu'il faudrait voir les chiffres avant pour voir avant
la pandémie, c'était quoi le ratio, là. Je pense que la pandémie, clairement, a
causé pour le gouvernement un désir de bien faire rapidement, puis on n'avait
pas d'expérience, évidemment, comme pas grand monde ont eu, de toute évidence.
Mais en même temps, tu sais, ces firmes-là, puis je ne sais pas où le milliard
a été dépensé, là, mais il y a toutes sortes de firmes externes qui travaillent
avec les différents gouvernements dans le monde puis ça se passait live. Alors,
moi, je pense que c'était prudent de la part du gouvernement du Québec de
profiter de ressources externes. Encore une fois, je n'ai pas le détail de la
différence. Ça, c'est dur de commenter spécifiquement, là.
M. Beauchemin : Bien, je
comprends dans un contexte où est-ce qu'effectivement on se met dans le
contexte de la pandémie, là, qu'est ce qui se passe dans d'autres coins de la
planète. Ça peut s'expliquer, je suis d'accord. Puis c'est sûr que pandémie,
c'est nouveau. L'appareil gouvernemental n'a peut-être pas toutes les données,
là, mais ils ont des façons de communiquer vers l'externe qui auraient
peut-être pu être faites aussi. Mais les données au niveau des 3 milliards
versus 1,9 milliard, ça, c'est l'année fiscale avant que le COVID arrive.
Donc, c'est par rapport à ça spécifiquement vous, votre opinion sur ça? Parce
qu'avant le COVID, il n'y avait donc pas à... comment on deal avec le COVID,
là. On ne l'a pas eu, donc...
M. Fitzgibbon : Il faut dire
qu'il y a eu beaucoup, pas mal d'argent dépensé dans le premier trimestre, là,
mais, écoutez, que je n'ai pas de réponse. Parce que c'est sûr que la fonction
publique, moi j'ai appris à la respecter beaucoup parce qu'il y a des
connaissances, il n'y a aucun doute, mais quand on parle de règle générale,
quand on parle de mettre des programmes en place qui vont toucher la société,
je pense que c'est correct de demander l'avis externe. Bon, la proportion
externe-interne, on peut questionner, là. Le principe, moi, je le souscris
totalement. De penser qu'on peut tout faire à l'interne, c'est une vision très,
très étroite, je pense. Alors, écoutez, il faudrait que je regarde plus de détails
pour vous donner un commentaire, mais d'emblée, je pense que ce n'est pas
inhabituel de voir ça, mais dans quelle proportion...
M. Beauchemin : Bien, je
comprends puis je suis un peu d'accord avec vous que, de temps en temps,
effectivement, ça peut avoir de l'allure d'aller chercher à l'externe. C'est
juste le... c'est le ratio, 3milliards contre 1.9 milliard dans la même
année que ça je trouve quand même extrêmement significatif, là, c'est juste à
un moment donné, peut être que plus tard aujourd'hui, on pourra avoir plus
d'explications, là, si c'est possible. Étiez-vous satisfait de l'étude de KPMG,
là, la première étude qui a été gagnée en appel d'offres à 1 million de
dollars?
M. Fitzgibbon : Écoutez, ça
nous a donné certains points de repère pour une relance dans certains secteurs.
En fait, tous ces rapports-là ont une valeur. Tu sais, c'est sur d'attribuer,
ça vaut-u 1 million, ça vaut-u 300 000$? C'est un jugement très, très,
difficile à porter. Mais je pense que j'étais satisfait de ce qui a été sorti
de là, comme j'ai été satisfait aussi avec les rapports de McKinsey. De toute
évidence, bien, pas de toute évidence, bien, je peux confirmer aussi que ce
sont des recommandations, ce sont des faits, mais que les décisions sont toujours
prises par le ministère. Ça fait que, là, tu sais, je pense qu'on sort gagnant
d'avoir de l'information externe pour s'assurer qu'on a tous les faits, parce
que l'enjeu qu'on a au gouvernement, c'est que, quand on prend des décisions,
ça a un impact sociétal important. Alors, moi, je suis de nature à dire :
Soyons sûrs, on a de l'information. Alors, KPMG a amené des choses
intéressantes.
M. Beauchemin : Je vous ai
entendu tantôt, c'était deux demandes totalement différentes, là, mais il y a
eu quand même des mandats additionnels qui ont été donnés à KPMG parce
qu'initialement leur contrat gré à gré avait été entendu à
1 750 000 $. Puis, par la suite, il y a eu deux mandats
additionnels qui ont été demandés, de toute évidence, là, en lisant, c'est ce
que j'ai pu comprendre, là, demandant donc un 3 millions de dollars
additionnels de la part de McKinsey pour ces deux réponses-là. Puis je vais...
c'était un qui était sur la main-d'œuvre et l'autre sur la croissance des
entreprises, des secteurs stratégiques...
M. Beauchemin : ...donc, si je
comprends, cette demande-là n'a jamais été faite à KPMG aussi, initialement?
M. Fitzgibbon : Non,
effectivement. Ce qui est arrivé, c'est que durant l'été 2021, le ministère a
contracté un mandat avec McKinsey, qui pouvait aller jusqu'à 4,9 millions,
qui était en deux phases, une première phase pour 1,7, là, je n'ai pas le
chiffre exact, là, où ils devaient livrer des choses, je pense, c'est à... au
début de l'automne 2021.
Et, quand ce travail-là a été terminé, il
a été octroyé une deuxième phase, dans le même mandat, jusqu'à 4,9, pour
couvrir deux choses. Couvrir, effectivement, un côté main-d'œuvre. Et mon
collègue le ministre de l'Emploi, à l'époque, a travaillé avec McKinsey sur
l'approche main-d'oeuvre. Parce que la productivité, c'est deux choses, la
robotisation, l'innovation puis la main-d'oeuvre. Donc, partie main-d'oeuvre
avec mon collègue au ministère du Travail. Et nous, à l'Économie, avec mon
collègue à ma droite, clairement, on voulait valider si nos vues sur les zones
d'innovation, nos vues sur quels sont les secteurs industriels où on peut être
gagnants.... on voulait être sûrs de ne pas se tromper puis de voir... Parce
qu'il y a beaucoup d'argent qu'on va investir dans les zones d'innovation. On
en a fait deux à date, une troisième s'en vient. Donc, on voulait valider si
nos hypothèses internes tenaient la route, considérant l'évolution des
différentes juridictions.
Donc, l'autre mandat, qui était pour le
ministère de l'Économie, était carrément sur des secteurs stratégiques qu'on
voulait valider si on avait raison de penser qu'on pouvait devenir les
champions du monde, dont les batteries, entre autres.
M. Beauchemin : Bien, j'essayais
de comprendre, quand je prenais conscience de cette information-là, j'essayais
de comprendre la chronologie des événements. Il y a quand même eu une première
entente à 1 750 000 $ et...
M. Fitzgibbon : ...je n'ai
pas compris, là...
M. Beauchemin : J'essaie de
comprendre la chronologie des événements. Il y a eu la première entente avec
McKinsey, à 1 750 000 $, puis il y avait aussi une ouverture de
faire tout de suite un... donc, un contrat ouvert, si on peut dire, d'une
certaine façon, pour un total de 3 millions de dollars de plus,
mais les besoins seront à déterminer plus tard. Est-ce que j'ai bien compris la
chronologie? Ça s'est fait de cette façon-là? Donc, on avait réservé le temps
de McKinsey, là, pour qu'ils restent stand-by, d'une certaine façon, là?
M. Fitzgibbon : Non, ce n'est
pas de même que ça fonctionne avec des firmes comme ça. Ce qu'on avait dit à
McKinsey, c'est qu'on voulait commencer la première partie du mandat à
1,7 million, pour revoir l'ensemble de nos politiques, puis on s'était
dit, dépendant du résultat... Je pense qu'il y avait trois mois, quatre mois
pour faire ça, puis, comme vous savez, ces gens-là travaillent à la semaine. Ça
fait qu'on avait dit : O.K., on a un horizon temporel qui va venir octobre
2022... octobre 2021... septembre 2021. Alors, on a dit : Ça, ça vaut
1,7 million. Quand on arrivera vers la fin de cette période-là, on
déterminera si on veut continuer dans un secteur ou l'autre. Ça fait qu'on
n'avait pas d'engagement comme tel. On avait un mandat, qu'on avait obtenu du
Conseil des ministres, et il y n'avait pas de travaux qui avaient été
anticipés, à l'été 2021, sur la deuxième phase.
M. Beauchemin : O.K. Puis
quand vous avez regardé les deux résultats des deux analyses, celle de KPMG
puis celle de McKinsey, il y avait quand même, sur les points qui étaient en
commun... il y avait quand même quelques points qui étaient en commun... il y
avait-u des différences d'opinions de leur part là-dessus ou...
M. Fitzgibbon : Écoutez,
bien, j'y vais de mémoire, là, rien qui me frappe, parce que, tu sais, une
opinion ou des faits... Encore une fois, McKinsey a aligné des faits qui
étaient complètement différents de ceux de KPMG, là, donc on n'était pas sur
les mêmes fuseaux horaires, si je peux dire, puis... bon, puis ils portent des
recommandations, ils portent des jugements sur certaines choses. Mais les
compagnies étaient tellement spécifiques, du mois de février 2021 au mois de
juin 2021 que, quand on a commencé McKinsey après, ce n'était pas de refaire ce
que McKinsey, la compagnie, avait fait, mais... d'autres choses. Alors, il n'y
a pas eu beaucoup de vases communicants entre les deux. Quand on est arrivés à
l'automne puis on a dit : O.K., emploi, ça, ça n'avait aucun rapport avec
KPMG, chantier d'innovation, où on veut mettre de l'argent pour créer de la
valeur, il n'y avait pas réellement de vases communicants non plus... Ça fait
que je ne pourrais pas dire, tu sais, qu'on a pris...
Maintenant, si la question, c'est de dire :
On a... McKinsey pour valider ce que KPMG a fait, la réponse est non, ce
n'était pas ça.
• (10 heures) •
M. Beauchemin : Est-ce qu'on
pourrait avoir accès à ces documents-là de KPMG et de McKinsey, pour
comprendre...
M. Fitzgibbon : Non.
M. Beauchemin : Aucunement
disponibles?
M. Fitzgibbon : Pardon?
M. Beauchemin : Ce n'est
aucunement disponible?
M. Fitzgibbon : Non, parce
que c'est des avis de consultants. Ce n'est pas parce que je veux faire mon
difficile, mais, généralement, on ne donne pas ces rapports-là. Puis certains
documents ont servi au processus décisionnel du gouvernement, et ça le fait
encore. Mais je pense que... De toute façon, il y a des mécanismes de demande
d'information, là. Mais, à ma connaissance, on ne peut pas remettre ces
documents-là.
M. Beauchemin : Donc, on
pourrait y avoir accès par demande d'information.
M. Fitzgibbon : Bien, je
pense que vous allez vous faire dire non, là, mais je ne suis pas sûr, je ne
suis pas expert dans les... Passez par le... normal, vous allez voir, là, je
pense que ça...
10 h (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...pas
disponibles.
M. Beauchemin : O.K. Mais
est-ce qu'on peut conclure que, dans l'optique de ces demandes-là qui ont été
faites à McKinsey et à KPMG, ça a servi quand même de bases de données pour
avoir une idée, là, comme les Anglais disent, «lay of the land», une espèce de
vue d'ensemble de ce que les forces, faiblesses, si on peut dire, d'une
certaine façon, de l'économie, à ce moment-là, étaient, puis, à partir de ce
moment-là, les décisions, suite aux recommandations qui ont été faites dans le
rapport, ont été exécutées? Donc, ça a été la base du processus décisionnel, si
je comprends bien?
M. Fitzgibbon : Bien, j'aurais
une nuance. Je ne dirais pas «la base». La base, je pense qu'elle existait,
elle existe encore au ministère de l'Économie, parce que je pense qu'il n'y a
pas un consultant qui peut mieux comprendre les différents tissus industriels
du Québec, en termes de ce qu'on fait. Ça, je pense, le ministère de l'Économie
est un ministère très performant de ce côté-là. Donc, la base, c'est nous
autres qui l'avions. On a mis les hypothèses sur comment on pourrait gagner en
termes international.
Mais c'est.. certes, avant d'investir des
sommes d'argent importantes, je voulais qu'on valide si on était réalistes par
rapport à ce qui se fait dans le reste du monde. Alors, je dirais que McKinsey
a fait un benchmarking pour voir qu'est-ce qui se passe, quel... c'est quoi...
en fait, c'est quoi, les déterminants qui créent de la richesse, parce qu'en
bout de piste on mesure d'une façon, c'est le PIB par habitant, qui est
probablement la meilleure mesure connue aujourd'hui, qui est mécanique, qu'on
peut établir.
Bon, comment on augmente le PIB par
habitant? Il y a plusieurs déterminants. Puis un des enjeux que moi, j'ai
depuis le début, c'est de dire : O.K., on a 12 déterminants pour une
affaire, on va-tu faire les 12? Non, on va s'enfarger. Quels sont ceux qui ont
le plus d'impact sur les résultats? Et ça, je pense que McKinsey a amené
beaucoup pour voir des pays performants, voir dans certaines filières. Israël,
c'est un bon exemple, là. Je suis allé, d'ailleurs, après... ou avant... après,
oui. Il y a des choses qui marchaient, là, quelques initiatives... ça faisait
bouger l'aiguille. Alors, moi, je voulais qu'on valide si, un, les secteurs qu'on
avait choisis étaient appropriés, deux, si nos initiatives étaient les bonnes.
Puis, souvent, il y en avait de trop. Alors, bien, je ne dirais pas que ça a
été la base, mais ça a été le raffinement de notre réflexion qui a été revue
par McKinsey.
M. Beauchemin : Il ne me
reste pas énormément de temps, 45 secondes approximativement, mais donc les
déterminants, est-ce que vous pourriez les mentionner, lesquels ils sont?
M. Fitzgibbon : Bien, en
fait, une partie est déjà publique. Je pourrais voir, oui. Parce que, si on
regarde dans la SQRI, par exemple, j'ai 15 déterminants qui sont listés à l'annexe,
là. On pourrait voir, oui. Je ne les sais pas par coeur, là, mais...
M. Beauchemin : O.K. Puis est-ce
que, donc, le rapport de McKinsey vous a confirmé que le choix des secteurs
était le bon, que le choix des initiatives était le bon?
M. Fitzgibbon : Oui. En
fait... La réponse, c'est oui. Évidemment, tu sais, si on fait un axe de... où
on fait un axe où on peut être les...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
M. Fitzgibbon : ...on peut
être les plus performants, l'axe, combien il faut investir, là, il y avait des
bulles, là, il fallait choisir, là. Je dirais qu'on ne s'est pas trompés, mais
il fallait... ajuster certaines initiatives, là, je pense que c'est un peu
normal, puis on va les ajuster encore dans les prochaines années aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous sommes maintenant à la deuxième période d'échange. M. le député de
Maurice-Richard, la parole est à vous.
M. Bouazzi : Et j'ai 11
minutes, c'est ça?
La Présidente (Mme D'Amours) : 11 min 12 s...
11 secondes... 10 secondes...
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci, M. le ministre, chers collègues, d'être ici aujourd'hui
pour faire vivre cet exercice démocratique. Ma première question pour vous, M.
le ministre : Est-ce que vous avez suivi la commission Charbonneau?
M. Fitzgibbon : Oui, comme
tout le monde, là.
M. Bouazzi : Et est-ce que la
corruption ou la négligence dans l'attribution de l'argent public vous
inquiète?
M. Fitzgibbon : C'est une
chose importante. Les processus doivent être très rigoureux.
M. Bouazzi : À quoi, d'après
vous, sert un appel d'offres?
M. Fitzgibbon : De comparer
des offres.
M. Bouazzi : Et par rapport à
la question précédente?
M. Fitzgibbon : Qui était?
M. Bouazzi : Qui était l'inquiétude
face aux dépenses publiques. Est-ce qu'un appel d'offres contribue à mettre de
la gouvernance ou une saine gouvernance pour éviter qu'il y ait de la
négligence dans les dépenses publiques ou, carrément, de la corruption?
M. Fitzgibbon : Un des
moyens.
M. Bouazzi : Et est-ce que le
rapport de KPMG dont nous parlions a répondu aux exigences que vous attendez?
M. Fitzgibbon : Oui, comme j'ai
dit tantôt.
M. Bouazzi : Et celui de
McKinsey aussi?
M. Fitzgibbon : Oui.
M. Bouazzi : Je vais vous
lire deux phrases. Donc là, j'ai une phrase, c'est «Balisage économique du
Québec et comparaison avec d'autres juridictions comparables sur des grands
indicateurs de création de richesse»...
M. Bouazzi : ...une autre
phrase, c'est : «Un balisage international de la compétitivité des
secteurs clés du Québec, comprendre les atouts économiques réels de la
province.» Lequel de ces deux s'applique au contrat de KPMG et lequel
s'applique à celui de Mackenzie?
M. Fitzgibbon : Bien, comme
j'ai dit tantôt, KPMG, c'était uniquement pour regarder la relance de certains
secteurs industriels.
M. Bouazzi : Et laquelle des
deux phrases s'applique à KPMG?
M. Fitzgibbon : Répétez-les,
là, je n'ai pas...
M. Bouazzi : Donc, il y en a
une, c'est : «Balisage économique du Québec et comparaison avec d'autres
juridictions comparables sur les grands indicateurs de création de richesse.»
Et l'autre, c'est : «Balisage international de la compétitivité des
secteurs clés du Québec et comprendre les atouts économiques réels de la
province.»
M. Fitzgibbon : C'est la même
chose.
M. Bouazzi : Vous comprenez
que c'est les deux contrats différents, donc vous nous expliquez que c'est deux
missions différentes que vous avez données à deux contrats et que vous n'êtes
pas capables de nous dire laquelle tombe dans quelle case?
M. Fitzgibbon : Non, parce
que... Première fois que je vois ça, là. Moi, les contrats, j'ai travaillé
avec, là, je sais exactement ce qui s'est passé, là. Je suis très à l'aise avec
ce qui est fait.
M. Bouazzi : Ça, c'est les
objectifs qu'il y a dans les contrats qu'il y a eu avec ces deux. Donc, je vous
le dis, KPMG, c'était un balisage international de la compétitivité des
secteurs clés du Québec, comprendre les atouts économiques réels de la
province. Et Mackenzie, c'était balisage économique du Québec et comparaison
avec d'autres juridictions comparables sur les grands indicateurs de la
création de richesse. Est-ce que vous trouvez que les deux phrases sont
différentes?
M. Fitzgibbon : Peut-être
pas, mais les rapports sont complètement différents.
M. Bouazzi : Quel est
l'objectif de diminution de gaz à effet de serre du gouvernement du Québec
d'ici 2030?
M. Fitzgibbon : Répétez la
question, je n'ai pas compris.
M. Bouazzi : Quel est
l'objectif de diminution de gaz à effet de serre du gouvernement du Québec
d'ici 2030?
M. Fitzgibbon : On est en
génies en herbe aujourd'hui.
M. Bouazzi : Non, mais
j'imagine que c'est un chiffre...
M. Fitzgibbon : 30 mégatonnes,
30 mégatonnes d'ici 2030.
M. Bouazzi : Et en
pourcentage?
M. Fitzgibbon : 37,5 %.
Est-ce que j'ai passé le test?
M. Bouazzi : Non, je pense
que c'est très important parce que l'avenir de la planète en dépend. Est-ce que
vous pensez que le 37 %...
M. Fitzgibbon : 37,5.
M. Bouazzi : ...37,5 %
correspond aux balises qui ont été décrites par les rapports du GIEC pour pouvoir
rester dans les limites du 1,5 degré d'augmentation de température
mondiale?
M. Fitzgibbon : Écoutez,
c'est une question très... je ne sais pas à quoi vous jouez, là, c'est une
question très large, là. Si on atteint 37,5 % en 2030, nous devrons être
très contents. C'est une direction qu'il faut aller. Alors, il y a des gens qui
disent n'importe quoi, qui voudraient aller à 50, 60, d'autres à 20. Nous, on a
choisi 37,5, je respecte ça. Je pense qu'on s'en va dans la bonne direction. On
n'est pas là encore, il y a beaucoup de choses doivent être faites. Alors,
j'espère qu'on va se rendre à 37,5. Puis, si c'est le cas, on devrait être
fiers de ce qu'on a fait.
M. Bouazzi : Alors,
laissez-moi poser la question autrement : Est-ce que le gouvernement du
Québec a pour objectif que la planète reste dans l'augmentation de
1,5 degré qui est préconisé par le GIEC pour pouvoir rester dans une
planète habitable?
M. Fitzgibbon : Nous avons
comme objectif, au gouvernement, de faire notre contribution à la réduction des
GES basé sur le fait que nous sommes un des plus bas producteurs de GES en
Amérique du Nord. On est un numéro un, deux ou trois, les chiffres vont sortir
bientôt. On est dans une très bonne position. Et l'approche que nous avons
établie, qui est agressive, contrairement à ce que certains peuvent penser,
37,5, va nous amener à la bonne place. Et je pense que... J'étais à la COP27,
Charm el-Cheikh, en Égypte, au mois de novembre dernier. Comparé à ce qui se
passe avec d'autres juridictions, je suis très fier de ce que le Québec fait.
• (10 h 10) •
M. Bouazzi : Est-ce que
l'objectif de 1,5 degré est un objectif du gouvernement?
M. Fitzgibbon : L'objectif du
gouvernement est de contribuer par des initiatives pour respecter l'ensemble de
l'oeuvre. Le Québec est une très petite géographie. 1,5, oui, c'est un chiffre
intéressant, c'est un chiffre important, mais il faut y aller avec les mesures
que nous avons de disponibles. Alors, ce qu'on fait présentement, c'est une...
on a une stratégie que mon collègue, Benoit Charette, à qui vous devriez
parler, en passant, est très solide, est très articulé. Et, encore une fois, je
suis très fier de ce que nous faisons et je pense qu'on va respecter l'objectif
ultime que la planète s'est donné.
M. Bouazzi : Dans le rapport
du GIEC, pour atteindre le 1,5 %, quelle est la baisse mondiale de GES que
doit se donner la planète d'ici 2030? Est-ce que...
M. Fitzgibbon : Génies en
herbe, je ne me suis pas rendu jusqu'à cette page-là du rapport.
M. Bouazzi : Donc, juste pour
être sûr, on a un plan économique vert du Québec qui vise 37...
M. Bouazzi : ...de baisse de
gaz à effet de serre, et on ne sait pas comment ils s'insèrent dans une
stratégie mondiale pour atteindre le 1,5, alors que c'est la question la plus
importante qu'on a à gérer dans le siècle actuel, d'un point de vue économique.
M. Fitzgibbon : Je ne sais
pas à quel jeu vous jouez, là, mais le «bottom line», c'est que nos objectifs
ont été établis par des gens qualifiés, objectifs qui sont loin d'être simples
à respecter. On met tout en place pour y arriver, et je pense qu'on commence
comme ça, et je suis très, très à l'aise avec...
M. Bouazzi : Je veux juste
être clair, M. le ministre, je ne joue à aucun jeu. Les rapports qui ont été
produits sont très importants, et l'avenir de la planète en dépend, et c'est
très, très loin d'être un jeu. Donc, c'est 50 % de baisse mondiale de gaz
à effet de serre, et, évidemment, les 35 %... 37,5 % sont en dessous
de cet objectif mondial. Sachant que nous, même si on est parmi, effectivement,
les meilleurs en Amérique du Nord, on se compare à une bien basse moyenne
mondiale, est-ce que, dans le rapport actuel de baisse, justement, de votre
Plan sur l'économie verte, on a identifié 100 % de ce qu'il faut faire
pour pouvoir atteindre les objectifs de 2030?
M. Fitzgibbon : Non.
M. Bouazzi : C'est quoi, le
pourcentage?
M. Fitzgibbon : M.
Charette... Premièrement, vous êtes dans la mauvaise commission, là. M.
Charette va sortir bientôt. Alors, on a établi plusieurs initiatives qui vont
arriver à une grande partie de ça. Il y a les crédits carbone aussi,
évidemment, la taxe du carbone. Donc, il y a plusieurs initiatives. Alors, le
temps va nous donner justice.
M. Bouazzi : M. le ministre,
un plan pour l'économie verte, il y a «économie» dedans, donc je ne pense pas
m'être trompé de commission. Juste, est-ce que vous avez demandé dans les
différents rapports, que ce soit KPMG ou à McKinsey, comment est-ce que
l'économie, justement, sur laquelle on doit tabler dans les prochaines années
permet d'atteindre les objectifs de gaz à effet de serre?
M. Fitzgibbon : Non, pas
spécifiquement, parce que, dans tous nos attributions d'aide financière,
maintenant, que nous avons au gouvernement, on regarde, d'une part, la
réduction des GES, et on regarde, d'autre part, l'augmentation de la
productivité. Ce sont les deux créneaux les plus importants pour le ministère de
l'Économie. Donc, de facto, quand on donne... on a des politiques
interventionnistes, la contribution à la réduction de GES est incorporée.
M. Bouazzi : Donc, vous avez
commandé deux rapports, un à KPMG et un à McKinsey, un avec un appel d'offres
et un de gré à gré, et, dans les deux, vous n'avez pas demandé comment cette
économie, l'avenir de l'économie du Québec, peut nous permettre d'atteindre nos
objectifs de gaz à effet... de baisses de gaz à effet de serre?
M. Fitzgibbon : C'est exact.
M. Bouazzi : Donc, dans les
rapports en question, est-ce que les deux rapports demandent... ont conseillé
d'investir dans la filière batterie?
M. Fitzgibbon : Encore une
fois, si vous avez écouté la réponse que j'ai donnée tantôt à votre collègue,
McKinsey n'a pas identifié des secteurs où nous devrions investir. McKinsey a
seulement confirmé où mettre des nuances sur les secteurs que nous avions
privilégiés. Alors, la filière batterie était un secteur que nous avons décidé
de privilégier quelque part à l'été 2019, avant la pandémie. Ça a été établi
par le ministère.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
pensez que les fonctionnaires de votre ministère connaissent les spécificités
économiques du Québec?
M. Fitzgibbon : J'espère.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
pensez qu'une firme internationale comme McKinsey peut se passer de cette
expertise pour comprendre comment se place l'économie du Québec par rapport à
l'économie internationale?
M. Fitzgibbon : Absolument
pas.
M. Bouazzi : Pourquoi, alors,
ne pas avoir respecté la convention collective, par exemple, où on allait,
justement, leur demander leur conseil?
La Présidente (Mme D'Amours) : 10
secondes, M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Bien, je vais
donner plus de temps, là, je n'ai pas compris la question.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
répondrez au prochain bloc. Donc, nous revenons à l'opposition officielle. M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Une dernière question, M. le ministre, là, sur ce sujet-là, là, au
niveau des recherches. Ça fait que, si je comprends bien, il y avait le mandat
d'aller demander à McKinsey qu'est-ce qui se passe, quelles sont les bonnes
initiatives, là, à travers le monde, mais en même temps, ça a été de simplement
confirmer aussi les choix qui avaient été déjà...
M. Beauchemin : ...faits par
le gouvernement, si ça, c'était les bons. Il n'y avait pas comme un... voici
d'autres opportunités que le gouvernement aurait donc pu faire.
M. Fitzgibbon : Effectivement,
le travail de base a été de prendre... ...deuxième mandat, 2b, là. 2a, c'est le
travail, 2b c'était l'initiative zone innovation, pour ne pas les nommer.
Alors, nous avions avec le ministère
établi... et on avait discuté avec le premier ministre des chantiers
industriels, où on croyait qu'on pouvait être les gagnants, et on avait des
initiatives. Alors, on a donné ça à McKinsey puis on leur a demandé de voir le
balisage international. On s'est-u trompés? Est-ce qu'il manque des
déterminants? On s'est-u trompés? Y a-tu des secteurs où on ne pourra pas être
les gagnants. De facto, j'imagine, on leur a demandé : Est-ce que... Bien,
on ne l'a pas demandé, mais ils auraient pu conclure qu'il y avait d'autres
secteurs qu'on aurait à privilégier. Puis ça, ce n'est pas arrivé, pour des
bonnes raisons, parce que nous avons une bonne connaissance d'où on peut être
bons, là. Alors, c'était plus de regarder ce que nous avions fait puis
d'arriver avec des nuances, d'arriver avec des analyses, des faits qui
pourraient nous... qui pourraient affecter comment est-ce qu'on va aiguiller nos
initiatives.
M. Beauchemin : Donc, ils ont
confirmé que les choix étaient les bons, à quelques ajustements près. Il n'y a
pas... Il n'y a aucune mention nulle part dans les rapports comme quoi il faut
faire un 180 degrés ici, on ne s'en va pas à la bonne place du tout, rien
de ça.
M. Fitzgibbon : Non, parce
que ce n'était pas le mandat. Puis je ne pense pas qu'ils auraient pu
déterminer ça. C'est dur de faire ça quand tu es de l'externe. Puis... Par
contre, il y a des secteurs peut-être que, moi, je voyais en avant de d'autres.
Ça fait qu'ils ont modulé un peu notre appétit, notre enthousiasme puis ils ont
mentionné : Il y a des juridictions peut-être plus en avance que vous
pensez. Donc, il y a eu des ajustements en termes d'évaluation, là... pas
d'évaluation, mais en termes d'opportunités.
Alors, ça, ils ont ajusté ça un petit
peu... les boules qui grossissent, rapetissent, là. Ça fait qu'il y en a qui
étaient peut-être plus petites que je pensais... étaient plus grosses. Mais, en
règle générale, les approches... les choix des secteurs ont été reconfirmés.
M. Beauchemin : Est-ce qu'ils
ont changé l'ordre, selon ce que je comprends? Est-ce que... ou pas vraiment?
M. Fitzgibbon : Bien, en
fait... Eux, ce n'était pas seulement de déterminer l'ordre, c'est de dire
l'opportunité. Donc, il y a des secteurs où... L'hydrogène, par exemple, on a
rapidement vu qu'il y avait une opportunité, même si on n'a pas les électrons
pour le faire, là. Donc, ils ont ajusté certains secteurs pour dire :
Woups! Il y a peut-être une plus grande opportunité que vous pensez,
considérant ce qui se passe dans le reste du monde. Ça, il y a eu un peu
d'ajustement dans ce sens-là.
M. Beauchemin : O.K. Est-ce
que vous avez par hasard ici aujourd'hui avec nous, là, la liste des secteurs
qui ont été comme clairement identifiés pour...
M. Fitzgibbon : Bien, je ne
l'ai pas avec moi ici. On pourrait le regarder, mais ça va revenir...
innovation.
M. Beauchemin : O.K.
D'accord. Bien, écoutez, si c'était possible de nous la donner la liste, ça
serait fort apprécié, là, pour la conversation.
Je vous vous amener sur un autre terrain,
en fait, qu'on a tous en commun, là, au Québec, là, je dirais, au Canada puis à
travers le monde. Vous me voyez venir, là, je parle de l'intelligence
artificielle. Il y a... Vous avez... On a tous été témoins, là, de la lettre
qui a été écrite par... Maintenant, c'est rendu quasiment 30 000
signataires. On a eu la rencontre... qui a été faite, là, de façon non
partisane, il y a deux semaines déjà de ça. Le fédéral fait le projet de loi,
puis moi, je dirais que... bon. Bien, de ma façon de voir les choses, j'ai un
peu l'impression, c'est comme pour encadre à haut niveau, hein, les enjeux qui
sont associés. Puis je pense que... a souligné l'importance d'accélérer la mise
en place de ce projet de loi là.
• (10 h 20) •
Mais nous, notre rôle ici à Québec, c'est
plus dans l'intégration de l'intelligence artificielle dans l'ensemble de
l'appareil gouvernemental du Québec, dans nos services, là, qu'on offre aux
citoyens, l'aspect d'une juridiction... J'essaie de vraiment plus jouer
là-dessus, dans les applications plus pratico-pratiques, là, de monsieur et
madame Tout-le-Monde, autant pour le public, en fait, que pour le privé
d'ailleurs. Parce qu'il y a quand même une certaine réglementation qu'on peut
établir au Québec, là, pour ça.
Pour vous, là, c'est quoi, les secteurs
prioritaires pour le gouvernement du Québec... que le gouvernement du Québec
doit interagir pour l'intelligence artificielle, qui sont de compétence
provinciale?
M. Fitzgibbon : Bien,
premièrement... contexte est un petit peu, là... Je pense que... Vous avez
raison, le fédéral avec le C...
M. Fitzgibbon : ...regarde
comment accélérer, peut-être, la mise en place de ce projet de loi là. La bonne
nouvelle, c'est qu'il consulte M. Bengio et d'autres personnes aussi, ce qui
est très favorable, parce que ça démontre la pertinence de nos forces vives en
intelligence artificielle.
Maintenant, je pense qu'ici ce qu'on doit
faire... Puis d'ailleurs, je pense, ça va être demain, là, on va venir public
sur le rôle du mandat que j'ai donné à la CIQ, le Conseil d'innovation du
Québec, là, M. Sirois qui était là, puis Mme D'Amours. Puis, tu sais, il y a eu
des commentaires qui ont été faits. Demain, j'espère qu'on va réconforter les
gens, à savoir que le CIQ, ce n'est pas son travail de recommander. Le CIQ va
consulter tous les intervenants. Puis il y a plusieurs personnes qui ont levé
la main depuis plusieurs semaines, depuis cette rencontre-là, pour dire :
On veut contribuer au débat. Donc, la bonne nouvelle, c'est qu'on va avoir le
CIQ qui va être l'organe qui va solliciter, de façon non partisane, les opinions
des gens.
Maintenant, si je regarde, aujourd'hui,
les secteurs au Québec où l'IA va être pertinente : santé, éducation,
productivité d'entreprise. Je vous dirais, c'est trois... il y en a plus que
ça, là, mais c'est les trois qui, pour moi, sont les plus importants.
M. Beauchemin : Culture?
Justice?
M. Fitzgibbon : Oui, bien,
c'est ça. Bien, il y en a d'autres, là, mais, tu sais, je vais tout laisser les
ministères... Mais, tu sais, je regarde, sur une base pratique, santé, numéro
un, aucun doute. On a une chance, au Québec, d'avoir une très bonne médecine
personnalisée, avec des chercheurs, des thérapistes. On a l'IA, avec le MILA,
Ivado, alors on peut avancer là-dedans. L'éducation, je pense que ça va de soi,
là, la sous-littératie qu'on a au Québec, il faut la corriger. Puis la
productivité. Encore une fois, moi, je pense que le Québec... tantôt, on en a
parlé un peu, là, mais on est sous-productifs. C'est ça qu'on a regardé
beaucoup avec McKinsey, pour valider ce qu'on avait dans notre tête. Alors, il
y a là-dedans aussi. Puis c'est sûr que la justice puis la culture, c'est
important aussi, là.
M. Beauchemin : Ça fait que
le mandat de monsieur Sirois, ça va-tu être de faire des recommandations?
M. Fitzgibbon : Le mandat de
M. Sirois, ça va être d'écouter les gens, d'écouter les intervenants de toute
forme, de toute... toute source, je devrais plutôt dire, je m'excuse, et de
colliger ça, puis de donner un état de la situation, donner les préoccupations.
On se rappelle, M. Bengio avait même mentionné, tu sais, qu'on doit continuer à
investir en IA, il ne faut pas arrêter, au contraire, profitons du leadership.
Puis je pense qu'avec Monsieur Bengio puis les gens d'Apogée, on a des
ressources intéressantes qui vont pouvoir mettre les balises.
Puis on espère que ça va servir aussi au
fédéral. J'ai parlé à Monsieur Champagne de ça. Parce que j'ai dit :
Écoute, on fait un effort ici, au Québec, toutes les provinces devraient en
faire une, je pense. Puis là on va regarder s'il n'y a pas lieu d'avoir une
stratégie canadienne qui serait très logique, il y aura des particularités au
Québec, probablement, on est un peu en avance, mais il ne faut pas non plus se
fermer. Ultimement, ça va être international. Puis je pense que le Québec, on
est capable peut-être de jouer un rôle international. Je pense qu'on est
capable de s'infiltrer dans la discussion.
Alors, M. Sirois, il n'est pas là pour,
lui, recommander, il est là pour colliger l'information qu'il va recevoir. Puis
il va... il va parler... il va être publié sur ça, là, d'ici quelques jours, il
va y avoir une portée très, très large. Puis, s'il y a des gens qui veulent
parler, qui n'ont pas été invités par... par erreur, bien, ils vont être
invités aussi.
M. Beauchemin : Mais on
s'entend que ce qui va arriver, c'est un paquet de monde vont donner leurs
opinions, les acteurs de la société civile. Sirois va collecter cette
information-là. Il va vous faire un rapport qui va avoir, donc, toute cette
information-là un peu digérée d'une certaine façon, là, les enjeux plus
spécifiques, et tout. Mais, par la suite, il va falloir qu'on agisse. Est-ce
que l'esprit non partisan que j'ai voulu initier avec vous sur le sujet...
est-ce que ça va pouvoir se matérialiser à ce niveau-là? Parce que je pense
qu'une fois qu'on va avoir, justement, les commentaires de la société civile,
il va falloir qu'on analyse ça de façon ouverte d'une certaine façon puis qu'on
puisse, par la suite, en arriver à faire des recommandations non partisanes.
Est-ce que ça va être le processus que vous envisagez? Parce qu'il y a quand
même d'autres étapes, là, qui vont s'en venir par la suite, là.
M. Fitzgibbon : La réponse,
c'est oui. Parce que, tu sais, je pense que je n'ai... je ne suis pas contre
une commission parlementaire, ou il y a un autre mot, là, un mandat
d'initiative, mais il faut... il faut filtrer l'information. Tu sais, on ne
peut pas faire venir le monde puis... ça prend un cadre. Puis, honnêtement, je
pense qu'avec M. Vinet, Valérie Pisano, Yoshua Bengio... on a des gens
compétents. Ça fait que je pense c'est à eux... à eux de... puis via le CIQ, de
ramasser ça, puis le structurer. Après ça, ce rapport-là, il va être public.
D'ailleurs, les rencontres vont être publiques aussi. Je pense que tous les
gens vont pouvoir participer, ça ne sera pas enfermé. Le rapport ultime ou le
constat va être clairement public, puis on verra, à ce moment-là, c'est quoi,
la meilleure façon de continuer. Puis, en même temps, on travaille le fédéral,
parce que le fédéral aussi veut faire la même chose. Ça fait que moi, je pense
qu'on...
M. Fitzgibbon : ...je pense
qu'on est à la bonne place, là, puis il faut juste s'assurer que tout le monde
y voit son compte puis que tout le monde ait l'impression qu'ils vont pouvoir
contribuer à un débat qui est très...
M. Beauchemin : Juste pour
clarifier un point que vous venez juste de mentionner. Donc, il y a eu un
paquet d'information qui va être mentionnée, un paquet d'opinions, un paquet de
mémoires potentiels qui pourraient être déposés, c'est l'entière totalité de
tout ça qui va être accessible par la suite, là, il n'y aura pas de... Parce
que ce que vous m'avez dit, c'est, vous voulez résumer le tout un petit peu,
mais on ne discartera pas de l'information qui va avoir été... On va donner
toute carte blanche, là, à l'accès à ça.
M. Fitzgibbon : Absolument.
Moi, je m'en vais à Luc. Luc Sirois, l'innovateur en chef, il faut qu'il
structure ce qu'il va recevoir. Bien, ce qu'on va recevoir... je ne sais pas
comment ça va se faire, probablement un site web, j'imagine, là. Mais les gens
qui vont prendre le temps d'écrire quelque chose, bien, ils méritent d'être
disponibles à tout le monde, là, c'est clair.
M. Beauchemin : Puis donc la
procédure, par la suite, ça va être...
M. Fitzgibbon : Mais on
verra. Je n'ai pas d'idée précise, là. J'ai de la misère à... j'essaie... Je le
sais, qu'est-ce qui va arriver au bout, là, mais c'est clair qu'il y a beaucoup
de gens qui sont concernés par ça et c'est clair qu'il y a un manque de
communication. Il va falloir mieux communiquer. Vous étiez à... la rencontre
puis... Ça fait que je pense qu'il y a des façons de simplifier un peu le
débat, là. Ça fait que moi, je m'attends à beaucoup de Mila et d'Ivado aussi.
Oui, Ivado, c'est plus dans le côté technique de la puissance de calcul. Mais
il faut que ces gens-là nous aident parce que c'est eux qui vont aider à cadrer
la sévérité de la situation. Parce que je pense qu'il y a des gens, tu sais,
qui ont peut-être lu la lettre puis ils ont... ils se sont mis à avoir une
anxiété, à juste titre, parce que ce n'était pas clair. Alors, il faut...
simplifions... bien, pas simplifions, mais cadrons, expliquons c'est quoi,
l'enjeu. Tu sais, on parlait des modèles de puissance générative, c'est ça,
l'enjeu. Tu sais, on l'a vu avec la culture la semaine passée aussi, là,
mais... Alors, ça, il faut expliquer c'est... il faut cadrer c'est quoi, les
risques, puis après ça, bien, quand tu as évalué les risques, les experts nous
disent comment les corriger. Donc, il va falloir rendre ça public.
M. Beauchemin : Un des
risques que j'ai mentionné à la rencontre, c'est le risque réputationnel. Puis
je vais m'expliquer, là, pour que tout le monde puisse être à un niveau
là-dessus. Un risque, c'est un risque qui peut nous affecter plusieurs années
après avoir pris une décision. Puis, dans ce contexte-là, moi, je pense
vraiment plus pour l'appareil gouvernemental, je pense pour tous partis
confondus, je parle pour le gouvernement, là, au service des citoyens. Dans ce
contexte-là, la transparence, l'accessibilité, la possibilité de pouvoir
questionner fait en sorte qu'on ait une acceptabilité sociale. C'est un peu, de
façon plus moderne, là, l'équivalent des conversations sur les gaz de schiste.
Il y a plusieurs de données, il y a un paquet de questions qui ont été posées
pour Hydro-Québec : Nous autres, on veut un barrage, est-ce que c'est
acceptable, est-ce les Premières Nations sont de ce côté-ci ou pas, etc.
Donc, tout ce contexte-là, il faut que ça
soit transparent. Puis c'est pour ça qu'initialement, quand on avait demandé un
mandat d'initiative pour que ça soit plus ouvert, c'était justement pour
éliminer ce risque réputationnel, parce qu'il ne faudrait pas que, dans cinq,
six ans ou plus tard, les Québécois disent : Ah! la génération de 2023,
là, ils n'ont pas fait le bon call, ils auraient donc dû être plus transparents
pour que tout le monde soit mieux éduqué, pour ne pas qu'on ait, justement, des
gens qui partent puis qui commencent à dire des faussetés à tour de bras, là.
Tu sais, c'est... c'est un peu pas le «fake news», mais c'est un peu toutes les
mauvaises informations qui pourraient circuler sur ce sujet-là... vient du fait
qu'on pourrait avoir un manque de transparence.
• (10 h 30) •
Et j'insiste sur le fait qu'il y a
plusieurs véhicules parlementaires qui existent pour nous permettre de
justement rendre ça plus transparent pour éliminer le risque réputationnel.
Moi, je vous dirais que la première étape que vous avez choisie, ce n'est
peut-être pas exactement celle que j'aurais choisi, mais je la comprends, je la
respecte, puis je veux juste vraiment m'assurer que par la suite, tous partis
confondus, là, on va pouvoir s'asseoir avec des gens qu'on va pouvoir
questionner. Ils ont donné des rapports, c'est intéressant. Est-ce qu'on va
pouvoir leur parler à eux devant des caméras, devant des micros, dans une
commission parlementaire, où est-ce que ça serait peut-être plus approprié,
justement, pour s'assurer que l'ensemble de la population puisse être
confortable avec ce qui va être la base des recommandations par la suite, là?
M. Fitzgibbon : Oui, bien, je
pense qu'on dit la même chose. On a la même destination, je pense. La question,
c'est : Comment on s'y rend, là? Puis on... C'est correct, puis
différentes routes. Mais, tu sais, vous rappelez que... Moi, une chose que j'ai
voulu faire avec M. Bengio, Yoshua Bengio, puis Luc, c'est de cibler des
morceaux, là, puis vous vous rappelez... pas les morceaux, sa gouvernance. La
gouvernance de l'IA est très importante et mon collègue le ministre de la
Cybersécurité et du Numérique, gouvernement jouent un rôle important...
10 h 30 (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...avec moi, d'ailleurs,
M. Caire. Il va jouer un rôle important là-dedans. Alors, lui, il va s'occuper
de la gouvernance.
Moi, j'avais trois enjeux importants. La
première, c'était l'investissement. Le ministère de l'Économie, on investit en
innovation, on investit dans l'IA. Ça prend un cadre dans lequel on va dire :
Est-ce qu'on... Est-ce qu'on fait des revues diligentes avant d'investir dans
une compagnie x? On s'assure-tu qu'ils ne font pas des robots tueurs? Il y a
toute sorte... Il y a toute sorte d'éthique, au niveau de l'investissement, qu'on
doit regarder. L'autre, tu l'as mentionné tantôt, c'est l'utilisation de l'IA
par l'État. Moi, je focusse beaucoup sur éducation, santé puis économie, mais
il y a d'autres... d'autres secteurs aussi, culture, justice. Ça, c'est un bloc
en soi. L'autre bloc qui est très important, c'est ma collègue à l'Emploi, c'est
l'impact de l'IA sur l'emploi. Ça, c'est superimportant, puis il y a beaucoup
de craintes par rapport à ça. Ça, c'est un chantier. Puis le dernier, bien, ça,
c'est plus la promotion. Moi, je pense que le Québec, on peut être un joueur
dominant.
Alors, moi, je veux qu'on... qu'on
segmente les enjeux, puis Luc Sirois va travailler là-dedans. Puis on verra. Il
y a peut-être des chantiers où on va dire : Bon, ça va, on est
confortables, d'autres : Oups! On n'est pas confortables, c'est encore
confus, puis là on pourra aller dans un autre mandat d'initiative ou d'autres
consultations. Mais commençons par faire un encadrement, qui va aller
relativement vite, là, bien, une couple de mois. Quand on aura l'information,
on la partagera puis on verra comment... comment procéder pour être le plus
efficace possible.
M. Beauchemin : Une des
choses que...
La Présidente (Mme D'Amours) : 10
secondes, M. le député.
M. Beauchemin : Je vais être
obligé de revenir à la prochaine... prochaine étape. Mais, en tout cas, je vais
vouloir vous parler, effectivement, spécifiquement de l'impact sur l'emploi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je suis maintenant prête à passer à la prochaine intervention. Mais avant, M.
le ministre, le député de Marguerite-Bourgeoys vous avait demandé de déposer
une liste. Vous aviez acquiescé par un oui, en hochant la tête, mais je dois
vous demander de bien dire que vous allez déposer cette liste et la déposer
ici, à la commission, pour qu'on puisse en faire le partage à tous les députés.
M. Fitzgibbon : Oui. Ça ne
sera pas aujourd'hui, là, mais je vais la déposer à un moment donné. On va
monter ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Merci. Donc, je cède maintenant la parole au député d'Abitibi-Est.
M. Dufour : Oui. Donc, M. le
ministre, vous le savez, dans la... l'année passée, on a eu la chance de faire
une annonce conjointe pour la compagnie Uniboard, au niveau de Val-d'Or, mais
pas simplement pour Val-d'Or. C'était un peu tout l'écosystème d'Uniboard, veux
veux pas, à travers l'ensemble du Québec, qui en bénéficie, de cet
investissement-là, qui, veux veux pas, est un investissement de deuxième et
troisième transformation pour une région comme l'Abitibi-Témiscamingue.
La semaine... Cette semaine, c'est la
semaine minière, et on a... Justement, hier, je faisais l'inauguration de la
semaine minière directement sur le site d'Odyssey, et c'est un... je pense, c'est
un sujet qu'on a déjà discuté, mais, je pense, c'est important de vous entendre
un peu. Qu'est-ce qu'est la vision pour une région minière, par exemple, comme
l'Abitibi-Témiscamingue, sur la deuxième... difficilement, peut-être, troisième
transformation, mais, au niveau de la deuxième transformation, quelle est la
vision, justement, du ministère de l'Économie et, justement, du ministre?
M. Fitzgibbon : Bien,
justement, quand on... quand on regardait les filières industrielles où nous
pouvions être des champions du monde un peu, là, c'est clair que, tout le côté
minier, on a passé beaucoup de temps avec nos aviseurs externes pour s'assurer
qu'on avait... qu'on était sur la bonne voie. Principalement, les minéraux
critiques sont très importants. Évidemment, quand on parle du fer, on parle
de... on parle des diamants, de l'or, c'est dur de créer de la valeur ajoutée
dans la chaîne, surtout le diamant. On en envoie en Belgique pour être vendu
sur la bourse. Mais, quand on parle des minéraux critiques, c'est clair qu'on
avait... on avait du recul à prendre puis s'assurer qu'on était pour être
capables de bien utiliser ces minéraux-là.
Je pense, ce qu'on fait dans la filière
batterie est un excellent départ. Ce n'est pas fini, il faut l'exécuter. Mais,
quand on pense au... on pense au lithium, on pense au graphite, on pense au
nickel... On n'a pas de cobalt, au Québec, mais c'est un sous-produit. On a du
vanadium. Donc, c'est clair pour moi qu'il faudrait trouver un moyen de pouvoir
faire la deuxième, troisième et quatrième transformation, et à un point qu'aujourd'hui
on est capables d'établir, quand nous investissons dans des entreprises
minières, d'imposer un peu une intégration horizontale au Québec. Il faut être
prudent, évidemment, à cause de l'entente bilatérale, mais on a réussi à le
faire.
Le lithium, c'est le bon exemple. On est
capables de prendre la roche dans nos mines, dans nos deux mines qui vont être
exploitées présentement, de faire du spodumène, qui est un concentré, de l'envoyer
prochainement à Bécancour pour faire de l'hydroxyde de lithium, qui est une
composante importante de la cathode, puis là de dire au producteur, qui est
nous autres : Bien, ce produit-là va aller dans la chaîne à Bécancour, si
on fait des cathodes. Là, ça adonne qu'on en a un qu'on a annoncé, d'autres s'en
viennent avec GM Posco. Ça fait que d'être capables de prendre notre roche dans
la mine de La Corne ou de Whabouchi puis de l'amener jusqu'à une cathode qui
sera faite...
M. Fitzgibbon : ...à
Bécancour, bien là, on a créé une valeur qu'on n'a jamais eue au Québec. Alors,
il faut faire ça le plus possible dans tous nos minéraux critiques, puis ce
n'est pas évident. On l'a vu... on le voit dans le scandium. On fait ça avec
Rio Tinto fer et titane, la mine qui est à... sur la Côte-Nord. Donc, on essaie
de trouver un moyen de l'amener à Montréal, de la convertir. Alors, c'est sûr
que le ministère, dans notre stratégie industrielle, minière, minéraux
critiques, d'ailleurs, mon collègue le ministre de l'Énergie, à l'époque,
Ressources naturelles, avait mis en place la stratégie des minéraux critiques,
alors il faut exécuter sur ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Bonjour, M. le
ministre. Je vais vous ramener sur un sujet que je trouve très intéressant,
parce que moi, j'aime tout ce qui touche l'innovation et le futur, sur
l'intelligence artificielle. Brièvement, là, le député de Marguerite-Bourgeoys
en a parlé, je pense que c'est un... c'est un secteur qui est névralgique pour
le Québec. On est déjà bien positionnés, là, dans le monde, mais c'est aussi un
secteur qui est névralgique pour les entreprises du Québec. Puis là, je vais
vous amener sur l'offensive de transformation numérique, parce que, dans le
dernier budget, je pense qu'il y a un 888 millions qui a été rajouté pour
améliorer la productivité des entreprises. Puis, bien qu'il y a beaucoup de
préoccupations par rapport... concernant l'intelligence artificielle, il faut
que ça soit déployé et développé de manière intelligente, avec un code
d'éthique, et tout, je pense que c'est aussi une opportunité incroyable pour
nos entreprises. Puis j'aimerais ça que vous nous parliez un petit peu plus de
l'offensive de transformation numérique, où est-ce qu'on est rendu, c'est quoi,
les prochaines étapes.
M. Fitzgibbon : Bien, vous
avez raison, je pense qu'une chose qu'on a observée rapidement quand on a
commencé à réaliser comment on pourrait prendre l'IA puis l'appliquer à nos
entreprises, on a réalisé que, malheureusement, au Québec, il y avait une
marche assez élevée entre la capacité de nos PME d'utiliser l'IA. Je
m'explique. Beaucoup d'entreprises n'avaient même pas de systèmes IRP, de
systèmes de progiciels pour trouver données, les capturer et pouvoir monter des
bases de données. Donc l'OTN, offensive transformation numérique ne se veut pas
d'appliquer l'IA en entreprise, mais de numériser nos entreprises parce que
plusieurs d'entre elles n'étaient pas là. Alors, si tu n'es pas numérisé, c'est
très dur de prendre des algorithmes pour prendre tes données puis devenir
compétitif, parce que les données n'existent pas ou ne sont pas bien... ne sont
pas bien capturées.
Alors, l'OTN se veut un programme où,
comme vous savez, on accompagne l'entrepreneur, 50-50, en gros, 50 % payé
par l'entrepreneur, 50 % payé par le gouvernement, c'est de la subvention,
ce n'est pas des prêts, pour que l'entrepreneur fasse son chemin critique pour
se rendre à un point, dire : O.K., voici ce que j'ai à numériser, voici
des données qui sont pertinentes pour être compétitif, parce que ce n'est pas
toutes les données qui sont algorithmies ou algorithmables, parce que certaines
ne donnent rien. Alors, ça, c'est un travail énorme. Alors, aujourd'hui, on est
rendu... je n'ai pas le chiffre exact, là, le nombre d'entreprises, là, c'est
ça, on a 35 projets. Parce que nous, ce n'est pas le gouvernement qui fait
ça, on engage des gens comme l'ITHQ avec les restaurants, par exemple, ou
InnoCentre le côté industriel. Alors, on a 35 projets où on va voir des
entreprises. Je n'ai pas le nombre d'entreprises, mais je pense qu'on est rendu
à 20 000, 25 000. L'objectif, j'aimerais ça me rendre à 100 000.
Bien, j'aimerais ça...
Mme Boutin : Là, je vais
poser une question pour s'il y a des entrepreneurs qui écoutent, parce qu'on me
pose souvent cette question-là. Concrètement parlant, là, quelqu'un qui veut
avoir accès à des fonds, là, de l'OTN, comment ça fonctionne? Est-ce qu'il doit
faire un plan de transformation numérique? Qui l'accompagne? Parce que c'est
quelque chose qui n'est pas toujours clair. Est-ce que le mandataire, c'est
Investissement Québec, là? Concrètement parlant, ça marche comment?
M. Fitzgibbon : Effectivement,
le... Bon, j'ai le chiffre exact, là, 85 850 ont été sensibilisés, pas
tous sont sont rendus à prendre l'OTN. Mais je pense qu'Investissement
Québec... Parce qu'il y a 35 organismes qui font l'OTN. C'est sûr que je
ne les ai pas dans la tête, là, les 35, mais il faut que les entreprises
puissent parler à Investissement Québec, là, leur contact, Investissement
Québer régional, puis eux vont avoir accès aux 35 organismes qui font
l'accompagnement. Ils appliquent un programme. Puis, à ma connaissance, on ne
dit pas non à grand monde, dans la mesure où, si le programme coûte, je ne sais
pas, moi, 15 000 $ de faire l'étude, bien, l'entreprise en paie la
moitié puis nous, on en paie la moitié. Alors, je pense qu'Investissement
Québec est l'organisme qui va pouvoir le faire. Mon objectif, bon, je dis
85 500 qui ont été sensibilisés, j'aimerais ça que la plupart puisse... on
vise à en sensibiliser 160 000. Combien d'entre elles vont choisir
d'investir? Ça, c'est une autre histoire, là. Évidemment, là, on a eu une
période difficile avec l'inflation, on espère que ça va pouvoir revenir, mais
il faut continuer encore pendant plusieurs années.
• (10 h 40) •
Mme Boutin : Il reste une
minute. Je vais vous une petite question intelligence artificielle. Le secteur
en tant que tel, est-ce qu'il y a un plan de match pour positionner le Québec
encore plus, mondialement, dans l'intelligence artificielle?
M. Fitzgibbon : Bien, on est
chanceux parce que le fédéral va confirmer bientôt, c'est un secret de
polichinelle, qu'ils vont... qu'Apogée va être octroyé au Québec. Donc, le
Québec va reconduire son programme technique du fédéral. Nous avons reconfirmé
au Mila 21 millions récemment...
M. Fitzgibbon : ...dans la
Stratégie québécoise... investissements, innovation, le 117 millions. Je
me rappelle bien, d'investissements IA, donc on en a annoncé 21, il en reste
d'autres. Donc, je pense que le gouvernement du Québec va continuer au niveau
recherche fondamentale qui nous permet d'être notoires au niveau du monde. Le
travail qu'on a à faire, c'est faire le lien avec les entreprises.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Maintenant, nous revenons à l'opposition officielle. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Beauchemin : L'impact sur
l'emploi, donc c'est comme ça que j'ai terminé tantôt. Les trois trucs qui
semblaient... les trois questionnements les plus importants. C'est au niveau de
l'investissement, après ça c'était l'utilisation de... par l'État puis l'impact
sur l'emploi. Je vous dirais que pour faire suite, là, à ce que je disais
tantôt à propos de... le risque réputationnel, puis ce qui se passe
actuellement dans la tête de l'ensemble de la population, c'est cet aspect-là,
parce qu'il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'articles, beaucoup de
commentaires qui ont été faits à ce sujet-là. On l'a vu... des universités rend
certaines nécessités pour les étudiants de ne plus avoir à travailler autant,
etc. Goldman Sachs a mentionné que mondialement, on pourrait penser qu'il y
a... que jusqu'à 300 millions d'emplois sur la planète qui pourraient
être... c'est des gros chiffres. C'est quand même assez impressionnant. Je suis
entièrement d'accord que c'est une opportunité d'affaires, c'est une
opportunité pour aussi améliorer l'économie québécoise, la rendre encore plus
compétitive. Et tout ça. Mais il y a le côté humain de la chose que, pour moi,
c'est vraiment le facteur le plus important actuellement. Comment peut-on
s'assurer qu'il y ait une transition humaine dans cette réalisation de
l'intelligence artificielle? Puis, quand on écoute l'ensemble des intervenants,
il n'y a pas grand-chose qui est comme discarté, non, non, oublie ça, là, il va
y avoir des modifications à leur emploi. Les gens vont réétudier, vont se...
pour avoir d'autres... des outils dans leur coffre d'outils pour être des
nouveaux employés encore plus performants.
On l'a vu, à chaque fois qu'il y a des
transitions économiques significatives, l'arrivée de l'Internet, l'arrivée de
Word puis d'Excel, et cetera, a amélioré la productivité, puis ça peut
peut-être effectivement se rendre là, mais il y a certains emplois qui sont
sujets à être maintenant une application, c'est assez réel. Et maintenant c'est
comme les chaînes de montage. Bien, quand on était plus jeunes, il y avait des
arrivées de robots sur les chaînes de montage à Sainte-Thérèse. Puis on a vu
les gens faire la grève parce que, justement, ils perdaient leur emploi. Ils
n'ont jamais été remplacés, là, il y avait plusieurs postes. Ces gens-là ont eu
à se retrouver une raison d'être au niveau de l'emploi par la suite. Donc,
c'est toute la transition. Et même, moi, je pense que ça, c'est l'impact sur
l'emploi, pour l'acceptabilité sociale, pour avoir le support de la population,
puis pour calmer les inquiétudes de la population, selon moi, c'est la
priorité.
Mais je vous fais une suggestion. Ça
serait probablement cet impact... ce secteur-là de votre questionnement qui
devrait définitivement être le plus rapidement possible envoyé dans une
commission publique comme ici, par exemple, où est-ce qu'on pourrait avoir le
questionnement. Qu'est-ce que vous en pensez de ça?
M. Fitzgibbon : Bien, je suis
entièrement d'accord avec vous qu'il faut bien expliquer l'impact de l'IA et de
la robotisation, c'est relié, la numérisation sur les emplois. Je pense qu'on
est privilégiés que cette discussion-là ait lieu aujourd'hui et non pas voilà
15 ans. Voilà 15 ans, le ministre de l'Économie de l'époque qui était
préoccupé par la création d'emplois, c'était... on était obnubilés par ça. Il y
avait des premiers ministres qui mettaient... qui lançaient des chiffres de
création d'emplois. C'était encourageant pour la société. Alors, si on avait eu
le débat à ce moment-là, ça aurait été un peu en porte à faux. Aujourd'hui,
environnement où il faut accepter qu'il y a une pénurie d'emplois. Il faut
accepter que la démographie n'est pas de notre côté, mais pas juste au Québec,
partout au Canada. Donc, on a une démographie qui va croître de façon très
faible. La population active pourrait augmenter en pourcentage, mais le Québec,
on est déjà très haut par rapport à l'Ontario puis à d'autres provinces du
Canada. Donc on est dans une situation où, oui, il y a un peu d'immigration,
évidemment qu'on va vouloir faire, mais l'immigration, on ne va pas se compter
des peurs, là, les migrants, tout le monde les sollicite, là, les pays, là,
tout le monde va courir après les immigrants. Ça fait qu'à un moment donné,
dans le monde même, on voit l'Inde puis la Chine qui commencent à réduire leur
démographie en termes de croissance. Donc, c'est clair qu'on a un environnement
où...
M. Fitzgibbon : ...il faut que
nos jeunes se repositionnent et... Bon. D'une part, ma collègue à l'Emploi,
elle est très soucieuse de ça et c'est un débat qu'on pourra avoir.
Aujourd'hui, on a des pénuries d'emplois dans certains secteurs. Alors, moi, je
regarde ça puis je dis : O.K., il faut aller soit former les gens ou
requalifier les gens quand c'est possible, souvent ce n'est pas possible, il
faut aller recruter à l'internationale et il faut numériser, ou il faut mettre
de l'IA peut-être dans certains procédés pour enlever la... la pression sur
l'emploi. Comme je disais tantôt à votre collègue, chez Investissement Québec,
maintenant, il y a deux critères importants. Quelqu'un vient me voir pour
réduire les emplois, pour... un investissement qui réduit les emplois, on va le
supporter, ou crédits emplois, mieux rémunérer, on va le supporter, puis
l'autre, c'est le GES. Alors, vous... vous avez absolument raison, puis je
pense qu'on est heureusement dans un environnement où la pression sur l'emploi
est telle que les gens voient ça favorablement. La question va être la
transition, il y a des postes, les collets bleus par exemple, qui pourraient
perdre leur poste parce que ça va être des gens avec les «joysticks» ou des
écrans, ils n'ont peut-être pas la formation pour passer là, donc il y a un
enjeu, je pense, de transition, puis je pense que ma collègue en est
consciente. Puis effectivement, dans l'étude qu'on va faire avec Luc Sirois, on
va voir ce qui va arriver. Puis s'il y a une crainte ou confusion ou anxiété,
il va falloir l'adresser parce qu'on veut... qu'on veut que les gens soient confortables.
M. Beauchemin : Ça rejoint un
petit peu ce que... ce qui était à la base même de cette conversation-là
initialement, là, il y a déjà plusieurs mois déjà, quand j'avais mentionné ça
initialement que les balises, là. Mais on est chanceux au Québec d'avoir une
démocratie qui est en santé, on peut s'en parler, on peut avoir une
conversation, ce n'est pas pareil partout, donc le problème que... que je peux
voir, c'est que l'utilisation, par exemple en Chine, de l'intelligence
artificielle va être faite en silos, totalement de façon différente par rapport
à ce que nous on a l'intention de faire ici. Est-ce que vous voyez là-dedans
une menace? Est-ce que vous voyez là-dedans une opportunité? Est-ce que vous
voyez là-dedans une place, justement, à intervenir à un autre niveau, là,
que... qu'au Québec seulement qu'au Canada seulement? C'est vraiment... c'est
un enjeu qui est mondial rendu là, parce que si de... si des États voyous, si
on peut les appeler comme ça, décident de faire des robots militaires, c'est...
c'est... on s'en va à un autre niveau complètement, là. C'est tout cet
aspect-là, tous les questionnements, l'emploi, la sécurité, c'est tout ça qui
est en enjeu, là.
M. Fitzgibbon : Oui, mais je
vous réponds, c'est une question à haut niveau, là, mais je pense que,
géopolitiquement, ce qu'on voit présentement, c'est que les grands donneurs
d'ordre veulent avoir des chaînes d'approvisionnement beaucoup plus courtes et
résilientes. Je pense que ça, c'est très important.
Ce matin, j'étais avec... dans mon bureau
avant d'arriver ici avec une compagnie coréenne que je ne nommerai pas, qui est
un dominant dans un secteur très spécifique, puis considère maintenant
s'établir en Amérique du Nord, puis le Québec est un de leurs choix, parce
qu'ils se disent : L'Amérique du Nord va être un cluster, va être un....
va... géopolitiquement, va être un secteur puis... Bon. C'est une compagnie
très, très technologiquement avancée, puis dit : Bien là, on veut... on
veut s'établir ici. C'est une compagnie qui n'a aucun «footprint» présentement
en Amérique du Nord. Alors, je pense que ce phénomène-là, on va le voir.
On parle de la Chine, évidemment, il y a
des enjeux par rapport aux valeurs sociales, les gens sont réticents à
travailler avec la Chine, ça va pas mal changer, je pense, il faut être
réaliste, là, mais je pense qu'il va falloir peut-être aussi focaliser sur des
secteurs... parce qu'il y a plusieurs parties de votre question, là, mais je
pense qu'il faut focaliser sur des secteurs où on peut attirer des jeunes, des
emplois qui sont bien rémunérés, je pense aux filières batteries, je pense à
l'aluminium aussi, si on voit qu'Elysis, éventuellement, fait de l'aluminium
vert. Il y a des postes de collets bleus qui n'existeront plus, mais il va y
avoir d'autres postes qui vont être créés. Il faut focaliser sur ça. Et je
pense que... je pense qu'on est capable de le faire, mais ça prend... ça prend
une discipline pour ne pas investir dans... dans tout.
• (11 heures) •
Puis après ça, la question, c'est le code
d'éthique, vous avez parlé du code d'éthique, comment le Québec peut s'insérer
dans l'éthique internationale? On a... on a parlé de ça l'autre fois avec
Yoshua Bengio. Les gens du Mila, entre autres, là, pour être très, très
spécifique, voient une opportunité. Comment le Québec, comment le gouvernement,
les gouvernements, fédéral aussi, on peut aider ces gens-là à prendre leur
position? Puis moi, une chose qui m'inquiète, c'est la puissance de calcul, là,
je déroge, mais on ne peut pas faire du ChatGPT ici, on n'a pas la puissance de
calcul pour le faire. Le quantique, on l'aura un jour, là. Alors, on est un
peu... on est... on est... on est, je pense, bien positionné sur une base
d'éthique, Déclaration de Montréal, la question, c'est comment est-ce qu'on
peut prendre un leadership pour établir des règles internationales? C'est ça
qui est votre question. C'est plus complexe, mais je pense qu'on va... il faut
essayer de le faire dans un temps réaliste sur...
M. Fitzgibbon : ...nos capacités,
mais je pense... Puis, tu sais, pour conclure, vous étiez là, M. Benjio, la
question lui a été posée, à un moment donné... du monde en IA, il a dit oui,
parce qu'à cause de notre notoriété puis d'autres à côté, on peut recruter du
monde, mais profitons-en pour prendre ces gens-là, le talent, puis les faire
travailler, autant sur le côté domestique que le côté éthique internationale,
là.
M. Beauchemin : Je reviens
sur le rôle de l'innovateur en chef. Donc, dans la suite de cette rencontre-là,
justement, son rôle est d'entendre les gens, les groupes, les acteurs de la
société civile, qui, eux, veulent s'exprimer sur les avancées, sur la lettre
qui a été écrite par maintenant presque 30 000 personnes, des craintes, etc.
Mais, parallèlement à ça, est-ce qu'il y aurait... il y aurait-u comme un
contrôle de la réponse gouvernementale? Est-ce que c'est à lui, M. Sirois, de
s'assurer que la réponse gouvernementale soit un peu uniforme à travers
l'ensemble des ministères?
M. Fitzgibbon : Oui, bien,
écoutez, mon collègue, qui était avec moi à la rencontre du 12 avril dernier,
le ministre de la Cybersécurité puis Numérique travaille avec le CIQ aussi,
parce que le cadre de gouvernance du gouvernement a été mis dans ce
ministère-là, il a été créé pour ça. Alors, évidemment, ça avance très vite,
toute cette évolution-là. Alors, clairement, au moment où on se parle, il y a
des discussions qui n'ont pas rapport au ministère de l'Économie qui ont lieu
avec M. Sirois. Parce que M. Sirois, c'est un peu comme Rémi Quirion. Rémi
Quirion, c'est le chef scientifique du Québec, il travaille avec tous les
ministères. Il faut juste qu'il soit «parké» à quelque part, puis il est au
ministère de l'Économie, ministère de l'Innovation. Mais il y a une logique, évidemment,
parce que c'est le trait d'union entre Investissement Québec puis M. Quirion,
mais Luc Sirois travaille avec tous les ministères. Il a des réunions
constamment avec d'autres ministres, d'autres ministères, auxquelles on n'est
pas impliqués. Alors, oui, il faut le faire, parce que, si on n'est pas
cohérents entre nous, ça va être dur de convaincre la population qu'on...
M. Beauchemin : La raison
pour laquelle je pose cette question-là, c'est parce que le ministère de
l'Éducation a appelé à... annoncé , excusez, un forum pour discuter des enjeux
de l'intelligence artificielle dans les cégeps et les universités. Ça, c'est
avant la nomination de M. Sirois, ça fait que je me pose juste une question,
comme, est-ce que c'est possible, donc, alors, que certains ministères vont
aller dans une direction avant même que...
M. Fitzgibbon : Je ne suis
pas familier avec ce à quoi vous référez, mais je suis convaincu, quand on
parle du cégep, on parle de ma collègue à l'Enseignement supérieur, convaincu
que M. Sirois va être partie prenante de la discussion. Peut-être qu'il ne sera
pas aux rencontres, mais il va avoir... il faut qu'il y ait un vase
communicant, clairement, parce que sinon on n'accomplira pas, là.
M. Beauchemin : Juste vous
lire, là : «Lundi le 15 mai, à Montréal, la ministre québécoise de
l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, réunira enseignants, professionnels en
pédagogie, chercheurs, experts en technopédagogie et en intelligence
artificielle, mais aussi étudiants et membres de la direction pour se pencher
sur ce sujet.» Puis ça, c'est dans un peu plus de deux semaines, là. C'est
juste... C'est un peu ça, ce que j'essaie de voir, parce qu'il semble y avoir
une initiative qui est prise de façon individuelle par rapport à l'enseignement
supérieur. Quel est le rôle, quel sera le rôle, alors, de l'innovateur en chef?
Est-ce que ce serait à cette personne, à cet individu-là de ramasser tout le
monde, dire : O.K., on va y aller de façon plus ordonnée? Il y a-tu...
M. Fitzgibbon : Bien, je suis
un peu familier avec l'événement. J'ai pris une note, le 15 mai, là.
Probablement que ça a été organisé avant le 12 avril, je présume, là, mais je
peux me tromper. Mais je n'ai aucune crainte, parce qu'il y a plusieurs comités
interministériels. Luc Sirois et Rémi Quirion, les deux, parce qu'ils sont très
complémentaires, travaillent tous les ministères. Alors, je vais faire un
suivi, là, mais moi, je pense qu'une chose comme celle-là, probablement que
c'est une initiative du ministère de l'Enseignement supérieur, qui est très
bonne, parce que l'IA fait partie du cursus qu'on veut faire avec nos jeunes,
mais, clairement, s'il y a des... si, dans le cadre de ce qu'ils font, il y a
des recommandations qui touchent le côté éthique puis le côté qu'on parle,
clairement, il faut que M. Sirois soit impliqué, et je suis pas mal convaincu
qu'il va l'être.
M. Beauchemin : Moi, je n'ai
pas une énorme expérience de gestion de l'État, là, je suis nouvellement élu,
depuis le 3 octobre, mais je commence à avoir des cheveux gris qui
s'additionnent. Mais ça m'apparaît un petit peu évident, par exemple, qu'il y a
une coordination qui devrait être un peu mieux faite pour ne pas qu'il y ait
justement ces fuites-là, d'une certaine façon, d'aller d'un bord puis de
l'autre, là, donc.
M. Fitzgibbon : Oui, bien,
encore une fois, je vais prendre un peu de recul par rapport à ça. Le 15 mais,
là, c'était organisé avant le 12 avril. L'IA, c'est un domaine important pour
l'enseignement supérieur. On a demandé d'ailleurs à ma collègue la ministre de
l'Enseignement supérieur de produire plus de gradués. Parce que, tantôt, on
parlait de...
M. Fitzgibbon : ...Il
faut atteindre 200 000 entreprises ou peut-être
180 000 entreprises québécoises. Ça prend du monde qui connaissent
l'IA par aller dans l'entremise, pas rien que des docteurs non plus. On a une
pression énorme sur le côté TI, les STEMS... le STGM plutôt. L'enseignement
supérieur, je ne suis pas surpris, je suis... En fait, je suis heureux de voir
qu'il y a une ruée par rapport à ça, mais je peux vous assurer qu'au niveau
éthique, ce qui va sortir de là, c'est clair que ça va s'englober avec
M. Sirois parce qu'il faut... il faut que ça soit cohérent. Alors, moi, je
m'engage à ce que la partie éthique de... la partie éthique de tout ça
s'incorpore dans l'exercice que M. Sirois va commencer.
M. Beauchemin : Je
comprends un peu la genèse, pourquoi que l'enseignement, l'enseignement
supérieur a été, comment je pourrais dire, stimulé à agir plus rapidement parce
que, dans les premiers balbutiements, là, qu'on a vus sur Chat GPT, c'était
justement ce que j'avais mentionné tantôt, des étudiants qui demandaient à Chat
GPT de rédiger leurs rapports de recherche, etc., etc. Donc, il y avait tout le
côté droit d'auteur. Il y avait tout le côté... Est-ce que nos étudiants vont
étudier, finalement? Il y avait tout ce côté-là qui était prévu. Ça fait que
peut-être que ça, c'est en arrière de la raison du pourquoi que, le
15 mai, il y a ça. Mais il y a aussi...
Les mêmes questions peuvent se poser au
niveau de la sécurité de l'information. Le ministre Caire qui peut-être est un
petit peu occupé de ce temps-ci, mais il y a quand même énormément de trucs qui
auraient pu être faits juste au niveau de la sécurité de notre information.
Tous ces questionnements-là reviennent encore. Le dénominateur commun, c'est
transparence. Puis je comprends qu'il y a un processus. Je comprends qu'il y
ait des étapes à suivre et tout. Mais je pense que pour peut-être calmer le
jeu, ça aiderait définitivement déjà juste mentionner...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
M. Beauchemin : ...même
si on prend des chemins différents, de mentionner que, oui, il va y avoir une
ouverture pour une commission québécoise sur l'intelligence artificielle dans
un mandat d'initiative quelconque pour assurer aux gens comme quoi que ça va
être ouvert.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Nous poursuivons nos périodes d'échange
avec le deuxième groupe d'opposition. M. le député de Maurice-Richard, la
parole est à vous.
M. Bouazzi : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, bien évidemment, on a parlé de l'importance
des investissements économiques pour pouvoir atteindre nos objectifs de gaz à
effet de serre. On a aussi parlé, et c'est là où on était, sur l'expertise
du... des fonctionnaires du ministère de l'Économie pour imaginer l'économie de
demain et surtout comprendre nos spécificités à nous. Mais ma question pour M.
le ministre, est-ce que le travail de consultants comme McKenzie serait
meilleur si les fonctionnaires sont consultés?
M. Fitzgibbon : Excusez-moi.
Les fonctionnaires n'ont pas été consultés, ils ont participé.
M. Bouazzi : Ils ont
participé au... à affiner le travail de McKenzie.
M. Fitzgibbon : Eh oui!
Il faut comprendre comment les boîtes fonctionnent. Les consultants ne
travaillent pas dans leurs bureaux, seuls, sans parler à personne. C'est des
fonctionnaires qui travaillent avec eux autres.
M. Bouazzi : Est ce que les
fonctionnaires étaient prévenus qu'un tel contrat était... était demandé à
McKenzie?
M. Fitzgibbon : ...ils
l'ont signé.
M. Bouazzi : Le contrat?
M. Fitzgibbon : Oui.
M. Bouazzi : Dans le
travail sur le fond de ce rapport, il y avait une partie qui touchait à la
pénurie de main-d'œuvre. Est-ce qu'il y avait, dans les conseils de McKenzie,
des conseils sur l'immigration?
M. Fitzgibbon : Non.
M. Bouazzi : Ils ont
fait tout un rapport sur la question de pénurie de main-d'œuvre, sans donner
aucune recommandation sur la question de l'immigration?
M. Fitzgibbon : On ne
leur a pas demandé.
M. Bouazzi : Et vous
avez été satisfait qu'une boîte de consultants vous conseille sur la pénurie de
main-d'œuvre sans qu'il y ait... Je pense qu'on s'entend tous ici,
probablement, en tout cas, je l'espère, que l'immigration est une des solutions
parmi les solutions qui touchent à la pénurie de main-d'œuvre.
M. Fitzgibbon : On a une
très bonne connaissance de l'immigration. On n'a pas besoin de se faire dire
par McKenzie quoi faire, là.
M. Bouazzi : Et donc il
n'y a pas eu aucune recommandation sur ça, mais dans le cadre...
M. Fitzgibbon : ...je
vous l'ai dit, on ne l'a pas demandé. Ça fait qu'ils n'ont pas fait de
recommandation, c'est sûr.
M. Bouazzi : Et dans le
cas de KPMG, est-ce qu'il y a eu une recommandation dans ce sens?
M. Fitzgibbon : Aucun
rapport.
M. Bouazzi : Intéressant.
Donc, on a un rapport sur la pénurie de main-d'œuvre où on ne demande pas de
recommandations sur la question de l'immigration. On a une une étude sur
l'avenir économique du Québec où on ne se pose pas la question d'atteindre ou
pas nos... nos objectifs de gaz à effet de serre. Est-ce que la stratégie
batterie qui a été analysée, donc, analysée par McKenzie, fait partie d'une
stratégie plus large...
11 h (version non révisée)
M. Bouazzi : ...pour atteindre
nos objectifs climatiques.
M. Fitzgibbon : Non.
M. Bouazzi : Donc, le fait d'investir
dans la filière batterie n'a rien à voir avec les objectifs qu'on a pour
diminuer les gaz à effet de serre.
M. Fitzgibbon : On a
différentes initiatives. La... batterie était une stratégie de valeur ajoutée
qui en donne... qui donne un pouvoir, permet la réduction de GES dans l'ensemble
de l'œuvre. On a choisi les secteurs industriels, au Québec, qui pouvaient se
démarquer, qu'il y ait de la richesse ou qu'on est pauvre au Québec.
M. Bouazzi : Donc, le seul
objectif autour de ça, c'est qu'il y a des affaires à se faire dans cette
industrie-là.
M. Fitzgibbon : Québécois.
M. Bouazzi : Des affaires. Il
y a de l'argent.
M. Fitzgibbon : De l'argent,
de la richesse collective, il faut en créer au Québec.
M. Bouazzi : Absolument. Mais
ça ne fait pas partie... J'ai du mal, honnêtement, M. le ministre, à comprendre
comment est-ce qu'investir dans une filière... ne fait pas partie d'une vision
plus large d'atteinte de diminution de gaz à effet de serre, mais je comprends
que ce n'était pas un paramètre qui avait été pris en compte.
M. Fitzgibbon : Non, mais là,
je ne sais pas où vous allez. J'ai beaucoup de misère à vous comprendre. Je m'excuse.
J'ai dit tantôt, d'entrée de jeu, que le ministère de l'Économie a deux
objectifs, le premier, de créer de la richesse collective pour qu'on sorte de
notre pauvreté collective, pour investir dans les missions de l'État
importantes comme l'éducation, la santé. D'autre part, on a une stratégie aussi
de développement économique pour réduire les GES. Donc, on regarde, les deux
sont concomitantes. C'est ça, la stratégie du gouvernement.
M. Bouazzi : Je comprends. Je
veux juste être clair si je n'ai pas été clair. Effectivement, nous, un
gouvernement solidaire, s'assurerait effectivement que la vision économique
soit cohérente en tout temps avec des objectifs de baisse de gaz à effet de
serre de notre économie, tout en s'assurant d'un certain nombre d'objectifs
sociaux, y compris s'assurer du bien-être des travailleuses et des
travailleurs, et des revenus qui y sont associés. Je comprends que, dans le cas
de l'investissement de la filière batterie, ce n'était pas la question, la
question climatique ne faisait pas partie des paramètres de ces
investissements-là, et qu'effectivement le seul paramètre, c'était à quel point
est-ce qu'on va créer de la richesse. Est-ce que... Je vais revenir ici, oui.
Est-ce que...
Donc, on a vu, en décembre, en parlant de
richesse, en décembre dernier, 2022, le P.D.G. d'Investissement Québec nous
dire que nous allons doubler les investissements prévus dans la filière
batterie en 2023. Vous avez déjà dit vouloir investir de 2 à 3 milliards de
fonds publics dans les filières batteries. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui
dans les investissements qui ont été mis en place par le gouvernement, dans
cette filière?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, on a... C'est probablement la filière industrielle la plus imposante
que le gouvernement du Québec contemporain n'aura jamais eue. Présentement, on
a plusieurs projets qui ont été annoncés, principalement à Bécancour, mais il y
a d'autres places aussi. On est la chaîne au complet... Parce que la batterie,
c'est très large, là, on parle du minier, évidemment, on parle des matériaux et
composantes de batteries, on parle de la production de cellules. Éventuellement,
on parle la fabrication de certains véhicules électriques, tels autobus
scolaires, autobus urbains. On parle du recyclage. Alors, écoutez, on est rendu
pas loin de 4 milliards, probablement, 4,5 milliards d'investissement.
Le gouvernement, règles de... règles du
pouce, je m'excuse, mettez 25 % des investissements, c'est ça... du
gouvernement, en prêt, une partie qui serait pardonnable, mais, en gros, on
prête jusqu'à 25 % au fédéral... puis du 25 % qu'on prête, une partie
pardonnable, selon les critères qu'on détermine.
M. Bouazzi : Dans le budget.
Il y avait un certain nombre... un élargissement des congés fiscaux pour les
grands projets d'investissement... notamment la filière des batteries. Sur les
373 millions de cadeaux fiscaux aux entreprises, combien pourraient aller aux
batteries?
M. Fitzgibbon : Nous ne
savons pas, c'est un estimé, il est fait par le ministère des Finances. On
regarde ça, a posteriori, Il est trop tôt pour le savoir, parce qu'il y a des
projets qui ne sont pas nécessairement éligibles, il y a des critères. Alors,
je n'ai pas de réponse à votre question.
M. Bouazzi : Sur chaque
dollar investi, quelles sont les retombées pour le Québec, les retombées
fiscales?
M. Fitzgibbon : C'est une
large question, je vais répondre différemment. Quand on regarde un projet, les
projets structurants, comme celui-ci dans la filière batterie, généralement, on
est ouvert à...
M. Fitzgibbon : ...prêter
25 %, le fédéral fait la même chose, 50 %. Après, avec l'équipe du
ministère des Finances, on regarde les retombées pas juste fiscales, les
retombées globales et on donne un pourcentage de tout ça en pardon. Alors,
généralement, ça peut être un pourcentage qui peut aller de 20 à 50 %, par
exemple, mais, dans aucun cas, on ne va vouloir donner un pardon qui va excéder
les retombées qui ont été calculées sur une période de cinq, 10 et 15 ans.
Alors, je n'ai pas de pattern parce que votre question est trop large. Tu sais,
on a à peu près 90 projets dans les batteries qu'on regarde, certains sont
en ébullition, commencent seulement, donc ce n'est pas toujours le même
pourcentage, mais je peux dire que...
M. Bouazzi : Globalement, M.
le ministre, on parle de 4 milliards de dollars. Ce n'est pas une
petite somme. Quel est le revenu dans les cinq prochaines années, les retombées
de ce 4 milliards de dollars investis? Quel est l'ordre de grandeur?
Je comprends qu'il y a des pardons, ça fait que ça, c'était de l'argent qu'on
perd. Je comprends qu'il y a des...
M. Fitzgibbon : Non, c'est
très mal dit, on ne perd pas l'argent, on gagne de l'argent.
M. Bouazzi : Quand il y a des
pardons?
M. Fitzgibbon : De dire qu'on
perd de l'argent... dire que perdre de l'argent, je pense que vous ne dites pas
les bonnes choses.
M. Bouazzi : Il faudrait que
la somme soit positive, mais, je veux dire, quand on pardonne des prêts, on
s'entend que c'est de l'argent qui ne revient pas, ce n'est pas ça?
M. Fitzgibbon : Non, mais
pourquoi... pourquoi on fait un pardon?
M. Bouazzi : C'est une bonne
question.
M. Fitzgibbon : Parce qu'on
fait des retombées, je viens de l'expliquer. Il y a des retombées qui excèdent
les pardons, donc on ne perd pas de l'argent.
M. Bouazzi : Donc, on est
d'accord, effectivement. Donc, le pardon tombe dans la colonne des moins, et
puis il faudrait que les retombées tombent dans la colonne des plus. Ma
question, c'est : Quelle est l'évaluation de la... de la somme des deux
colonnes sur un investissement aussi immense que 4 milliards? On a compris
que l'investissement dans les batteries n'était pas dirigé par une volonté
d'atteindre les diminutions de gaz à effet de serre. Est-ce qu'on a une idée
claire d'au moins les affaires que font ces compagnies? Et quelles sont les
retombées pour... qu'elles soient fiscales ou pour les travailleuses et
travailleurs du Québec?
M. Fitzgibbon : Les retombées
vont être plus grandes que le pardon.
M. Bouazzi : Mais est-ce que
vous avez des chiffres?
M. Fitzgibbon : Bien, ça peut
varier entre un et deux fois. Chaque cas est différent.
M. Bouazzi : Donc, sur cinq
ans, les 4 milliards dont on parle, il y aurait un 4 milliards, voire
même un 8 milliards de retombées économiques?
M. Fitzgibbon : Possiblement.
M. Bouazzi : O.K. Et les
métriques associées à ça? Je veux dire, aujourd'hui, on en est où, en 2023?
Est-ce que... Ça marche comment?
M. Fitzgibbon : Ça commence,
la filière. En 2019, le mot «batterie» n'était pas dans le vocabulaire du
gouvernement.
M. Bouazzi : O.K. Et là,
en... à partir de quand on va commencer à avoir des métriques associées à ces
retombées économiques?
M. Fitzgibbon : Quand on va
produire des... La plus grosse usine, là, c'est celle de POSCO, GM va produire
en 2027, 2026. Nemaska, hydroxyde, va être en 2027. Nouveau Monde Graphite,
l'anode, en 2028...
M. Bouazzi : Excusez-moi, M.
le ministre, il me reste 20 secondes. Les 10 000 travailleurs dont on
a besoin pour pouvoir produire toute cette richesse, vous allez les enlever de
quelle industrie exactement?
M. Fitzgibbon : On va
produire du talent. On travaille étroitement avec l'Université du Québec à
Trois-Rivières, M. Christian Blanchette, on travaille avec le cégep, on
travaille...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Le temps étant écoulé, nous allons passer à la prochaine période
d'échanges. Nous revenons à l'opposition officielle. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
• (11 h 10) •
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre, tout à l'heure, vous avez parlé du
21 millions, là, qui a fait suite, là, à notre rencontre, là, chez Mila il
y a quelques semaines de ça, le décret pour financer de la recherche. Il y a eu
aussi un 9 millions pour un fonds de recherche pour consolider le programme de
recherche et de partenariat sur l'adoption de l'intelligence artificielle en
santé. Ça, ça a été fait le 22 mars 2023. Spécifiquement, là, c'était :
l'adaptation de l'intelligence artificielle en santé pour le soutien à
l'adoption de l'intelligence artificielle dans les établissements du réseau de
santé. Ensuite, il y a eu 4,5 millions de dollars qui a été décrété
pour le Centre de recherche informatique de Montréal pour soutenir confiance...
Intelligence artificielle confiance AI. Centre de recherche informatique de
Montréal au cours des exercices 2022, 2023, 2024, 2025 afin de soutenir des
activités pour le financement du projet Confiance IA visant l'accélération de
l'adoption de l'intelligence artificielle dans le système de critiques de
l'industrialisation ainsi que la commercialisation de l'intelligence
artificielle de confiance au Québec. C'est quoi, l'implication de l'innovateur
en chef dans ces deux autres décrets là?
M. Fitzgibbon : Bon,
premièrement, la plupart des sommes d'argent, là, je regarde la SQRI carré, là,
la Stratégie québécoise de recherche, d'investissement et d'innovation qu'on a
lancée au printemps 2022, dans laquelle...
M. Fitzgibbon : ...et Luc
Sirois et Rémi Quirion y ont participé, le Scientifique en chef et l'Innovateur
en chef. La plupart des sommes viennent de là. Il y a des sommes qui viennent
aussi du FRQ, là, trois fonds, le Fonds de recherche du Québec. Il y a des
sommes qui viennent de là aussi. Puis il y a probablement des sommes qui venir
de certains secteurs. Bon, là, on parle de santé, sciences de la vie, on parle
de l'aluminium, puis on parle de l'aérospatiale. Il y a des sommes là-dedans
aussi. Alors, il y a plusieurs sources.
Mais je vous dirais que la personne
responsable de l'allocation des fonds de la SQRI s'appelle Mathieu Gervais, qui
est le sous-ministre adjoint à l'Innovation, qui travaille étroitement avec la
députée de Jean-Talon, entre autres, qui est responsable de l'Innovation, et
aussi Rémi et Luc Sirois. Donc, c'est un travail d'équipe, puis c'est Mathieu
Gervais, au ministère, qui s'occupe de l'Innovation, qui est celui qui va travailler
avec les forces vives.
M. Beauchemin : O.K. Puis,
pour ce qui est de la santé, ça, ça se trouve à être qui qui...
M. Fitzgibbon : Bien, santé,
ce qu'on a fait, c'est qu'on a divulgué... je ne me rappelle pas la date... la
stratégie des sciences de la vie, là. J'étais avec mon collègue le ministre de
la Santé, parce qu'évidemment je ne vous apprendrai rien en disant que le
succès de son initiative va passer, en grande partie, par l'innovation, dans le
domaine de la santé. Alors, le ministre était avec moi quand on a lancé la
stratégie des sciences de vie, je pense que ça fait un an, un an et demi, mai
2022... alors, il était avec moi. Alors, il y avait quatre initiatives, il en a
pris une. Alors, lui, il est très, très, très intéressé à ce que l'innovation
soit au rendez-vous, alors. Puis, dans certains cas, il y a des sommes d'argent
qui peuvent venir... parce qu'il y a une espèce de bureau d'innovation, à
l'intérieur du MSSS, qui existe, là. Mais la pierre angulaire, c'est le
ministère de l'Innovation, et on travaille avec eux autres, c'est sûr, très,
très étroitement.
M. Beauchemin : Ça fait que,
donc, la coordination, là, est comme... c'est mobile, dans le sens qu'il y a
comme votre participation dans le secteur académique, avec Mila, le ministre de
la Santé, pour ce qui est de la santé, il y a donc... Mais il y a-tu une place
où est-ce que tout se rejoint en haut, puis on prend la décision, dans un genre
de conseil, ou...
M. Fitzgibbon : Oui. En fait,
le ministère que je représente, c'est le ministère Économie, Innovation,
Énergie. Donc, innovation, tout passe par le MEIE. Maintenant, innovation, je
me rappelle quand on a fait la SQRI², la députée de Châteauguay, à l'époque,
avait été responsable, c'est elle qui travaillait comme la députée de
Jean-Talon. Elle a créé un événement où tous les intervenants étaient venus, et
il y avait beaucoup de comités interministériels, parce qu'effectivement
l'innovation, même si ça réside au ministère de l'Innovation, ça touche tous les
ministères.
Alors, le point central, c'est le MEI. Par
contre, il y a plusieurs initiatives des... interministérielles. Par exemple,
quand on lance une zone d'innovation, c'est sûr qu'il faut parler à
l'Enseignement supérieur, l'Éducation, bon, Santé, dépendamment des cas. Alors,
clairement coordonné par le ministère chez nous, mais qui doit impliquer tous
les ministères concernés.
M. Beauchemin : O.K. Il n'y a
pas... Il ne semble pas d'avoir... Bien, je vous entends, mais je me dis, on
dirait qu'il y a quand même plein d'initiatives qui semblent arriver, puis
c'est peut-être un gros mot, là, que je vais dire, du champ gauche, mais ce
n'est peut-être pas ça. On dirait qu'il y a des initiatives qui semblent se
prendre un petit peu à l'extérieur de ce ministère-là. Je voulais juste quand
même souligner le fait que, de façon très transpartisane, ce serait quand même
intéressant de pouvoir, justement, à un moment donné, avoir tous ces gens-là
pour avoir un son de cloche, là, unanime au niveau de la coordination.
Puis je parle de ça de façon très, très
ouverte, parce que ce que je veux comprendre, c'est qu'actuellement, quand on
le regarde de l'extérieur on a l'impression que ce n'est pas si bien coordonné.
Moi, ce que je veux voir, c'est une meilleure coordination, comme si, par
exemple, au bureau du premier ministre, on aurait à cœur les implications de
l'intelligence artificielle pour l'ensemble de l'appareil gouvernemental, pour
l'ensemble de la province, pour l'ensemble des Québécois. Ça ne semble pas être
le cas, ça ne semble pas être un dossier assez important pour être à la hauteur
du cabinet du premier ministre. Donc, il y a donc ces initiatives-là qui
semblent être un petit peu faites, là, ici et là, qui, des fois, sont
coordonnées par l'Innovateur en chef, mais pas tout le temps. Ça fait que c'est
un peu ça, l'image que ça donne. Êtes-vous en désaccord?
M. Fitzgibbon : Moi, je suis
en total désaccord, en fait, je suis en objection complète à ce que vous venez
de dire, parce que, justement, le... Puis je vous inviterais à la lire, si vous
ne l'avez pas fait...
M. Fitzgibbon : ...La
Stratégie québécoise de recherche, investissement et d'innovation inclut l'IA
là-dedans. Et il y a... c'est la première fois, en fait, qu'on voit un
document, moi, c'est un document qui est aussi holistique sur l'impact de
l'innovation dans toutes les missions de l'État entreprises, toutes les
entreprises, services sociaux. Alors, entre la SQRI 2, dans laquelle Rémi
Quirion est impliqué, parce qu'il y a un volet Fonds de recherche, dans
laquelle Luc est impliqué, Sirois, parce que, luis, c'est le trait d'union des
entreprises puis de la recherche, je pense qu'on a tout l'ensemble de l'oeuvre
qui est tellement bien expliqué. Et que Mathieu Gervais, qui est le
sous-ministre adjoint, il travaille pour David Bahan ici, Mathieu est
responsable, justement, de s'assurer que les initiatives à l'intérieur de la
SQRI soient en conformité avec les objectifs des différents ministères.
Puis, quand on a fait la SQRI, c'est la
première fois qu'on voyait ça au Québec, là. Votre gouvernement avait essayé
puis n'avait pas réussi, avant, là, avant vous, là. Alors, on avait tous les
ministres qui ont participé à cette grande messe là, puis il y a eu une
adhésion, certains ministères plus que d'autres, je dois avouer. Mais
aujourd'hui, que ce soit l'Agriculture, que ce soit l'Enseignement supérieur,
que ça soit... bien, l'Énergie, c'est rendu chez nous, vous avez les Ressources
naturelles.
Moi, je pense qu'il y a une cohésion.
Alors, peut-être qu'il y a un manque de communication, là, si vous n'avez pas
bien saisi ça. Mais, au contraire, moi, je pense qu'on a une... On a un
environnement qui est très, très, très... Monsieur Legault, le premier
ministre, est même venu à la... aux Consultations pour la SQRI puis il avait
participé à la consultation. Puis il y avait exprimé le fait que pour que le
Québec, dans les prochaines années, sorte de sa pauvreté collective, en termes
économiques, bien, il faut que l'innovation soit au rendez-vous. Mais, moi, je
pense qu'on a une bonne cohésion, mais il y a encore beaucoup à faire. Ça a
déjà été mis de l'avant en 2022, et jusqu'en 2027, donc on a encore quelques
années pour conclure... pas «conclure», pour avancer dans la stratégie.
M. Beauchemin : Je vous
entends, mais je réitère que même, par exemple, l'exemple du... de la Réunion
pour la ministre de l'Enseignement, Pascal Déry, le 15 mai, c'était un
fait nouveau pour vous ce matin. Cette coordination-là donne quand même cette
image-là, qu'elle n'existait pas parfaitement. C'est ça, le point que j'essaie
de mentionner, qu'il y a des trucs qui semblent se faire ici et là, que ça ne
semble pas avoir été cautionné de façon centrale.
M. Fitzgibbon : Bien, tu
sais, juste une note, là, une anecdote, là, mais un ministre ne peut pas savoir
tout ce qui se passe au gouvernement, là, ça serait impossible.
Alors, pendant qu'on se parlait tantôt,
David Bahan, mon collègue à côté, me faisait part que Mathieu Gervais, la
fameuse personne, est en contact avec le MES depuis trois semaines sur cette
réunion-là, donc l'Harmonie est parfaite. Le ministère a été impliqué. Luc...
va être impliqué, alors je pense que... Je ne le savais pas, effectivement,
mais je ne peux pas tout savoir, là. J'en sais pas mal, là, mais j'ai des
limites sur ce que je peux lire et entendre.
Donc, la bonne nouvelle, c'est que, malgré
le fait que je ne savais pas que c'était... que ça avait lieu, l'initiative est
coordonnée par le ministère de l'Innovation.
M. Beauchemin : Je vais vous
amener sur un terrain un petit peu plus macro. Lorsque vous êtes arrivé au
pouvoir en 2018, est-ce qu'il y a eu des facteurs qui ont été évalués pour
regarder le portrait économique du Québec, où est-ce que sont nos forces, nos
faiblesses, des opportunités, nos menaces de.... le classique «SWOT analysis»,
là? Est-ce qu'il y a eu un «SWOT analysis», qui aurait été fait, une analyse
SWOT qui aurait été faite en 2018 par votre ministère?
• (11 h 20) •
M. Fitzgibbon : Oui, en fait,
dans la campagne électorale qui a mené à l'élection de la CAQ et qui a été
confirmée après par le travail avec les ministères. En fait, moi, dans les
premiers mois après que j'ai été élu, j'avais trois... bien, je n'avais pas l'Énergie,
à ce moment-là, j'avais trois choses importantes qu'il fallait faire. Il
fallait que la balance commerciale internationale soit plus équilibrée. On
importait beaucoup plus que nous exportions. Deuxièmement, il y avait une
problématique au niveau de l'innovation. C'était clair que nous étions
sous-numérisés, sous-robotisés au Québec, ce qui faisait qu'on avait un écart
de productivité. Puis, la troisième chose, c'est que les investissements
étrangers, là, ce qu'on appelle, là, les investissements directs étrangers,
n'étaient pas à un niveau que je trouvais acceptable. Depuis plusieurs années,
moi, je trouvais que c'était très faible. On voulait les doubler.
Donc, on voulait rétablir l'équilibre
commercial. À l'époque, il y avait un déficit commercial d'à peu près
23 milliards. Là, je parle, en 2017, là, 2018, si j'exclus le Canada, là,
je parle, Québec puis à l'international, déficit, 23 milliards.
Innovation, on avait... je n'avais pas les chiffres, là, mais c'était clair
qu'on était sous-investis. Puis donc, on a voulu... Puis, investissements
directs étrangers, on était à 2 milliards, je pense. On voulait doubler
ça...
M. Fitzgibbon : ...ça,
c'était le constat à l'époque. Je vais arrêter là.
M. Beauchemin : Donc, en
2018, la balance commerciale, l'innovation et puis...
M. Fitzgibbon : L'investissement
étranger.
M. Beauchemin : Investissement.
Quatre ans plus tard, votre analyse, elle ressemble à quoi maintenant?
M. Fitzgibbon : Bon. De très
bonnes nouvelles. Investissements directs étrangers, on a doublé, donc on a
respecté nos engagements, on a... à un point qu'aujourd'hui ce n'est plus une
priorité. On va continuer, évidemment, la filière batterie, évidemment, a aidé
beaucoup. Donc, on a fait un travail extraordinaire, Investissement Québec
International, qui n'existait pas, qu'on a créé avec le gouvernement, qui est
dirigé par M. Hubert Bolduc, a une équipe extraordinaire, Guy Leblanc, comme
chef d'Investissement Québec. Donc, je pense qu'on a des marques ou un bulletin
très, très favorable par rapport à ça.
L'innovation, c'est un travail en progrès.
Est-ce qu'on est rendu où on va être? La réponse, c'est non. On a comme
objectif tangible de réduire le fameux écart de richesse avec l'Ontario, bon,
on a réduit d'une couple de points. Il y a encore beaucoup à faire. C'est un
travail qui va prendre une décennie. Alors, c'est pour ça, d'ailleurs, que la
stratégie québécoise de la recherche en investissements d'innovation a été
faite. Votre gouvernement avait fait la première mouture de cette stratégie-là,
avec Mme Anglade, à l'époque. Donc, on l'a prise puis on l'a augmentée en
termes de ressources financières pour aller plus loin, parce que je pense que
c'est une stratégie excessivement importante. Donc, l'innovation, on a eu un
certain succès, mais on n'est pas rendu où il faut être.
Au niveau de la balance commerciale, bon,
évidemment, il y a eu la pandémie, ça n'a pas été facile, puis donc,
aujourd'hui, on a réduit l'écart, mais pas au niveau où je voulais. Moi,
j'avais comme objectif d'avoir une parité entre import et export. Mais je dois
avouer que cette parité-là, ce n'est pas une fin en soi, là, tu sais, ce n'est
pas parce qu'on a une parité qu'on est bon nécessairement. Donc, pour moi, ce
n'était pas tellement l'atteinte d'un équilibre, comme d'augmenter nos
exportations. Et ça, ce qu'on a fait, on a créé un programme, j'oublie
l'acronyme, là, on a créé un programme pour favoriser les exportations,
qu'Investissement Québec gère, et on a décidé de travailler avec des nouveaux
outils pour permettre non seulement de faire des missions à l'étranger, mais
aussi que les entreprises québécoises puissent ouvrir des bureaux à
l'international. Je pense qu'on a bien fait, mais l'équilibre, là, on n'est pas
là encore, là, puis la pandémie, évidemment, n'a pas aidé non plus. Mais je
pense qu'on s'en va à la bonne place, et ce programme-là continue d'être en
application. Investissements étrangers, on travaille encore sur ça, mais c'est
moins une priorité parce qu'on a atteint un niveau, je pense, qui est adéquat.
Mais là il faut travailler sur l'innovation, sur l'exportation, il faut
continuer.
M. Beauchemin : ...où dans la
balance commerciale, exactement?
M. Fitzgibbon : ...là, je
vais vous le, donner, je ne le sais pas par coeur. Il faut faire attention
aussi parce que, tu sais, l'exploitation, si on envoie 10 A220 plus, ça change
les chiffres beaucoup aussi, ça fait que, tu sais, c'est des chiffres qui sont
macros, il faut être prudent. Mais je vais vous donner les chiffres plus tard,
là.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
les forces, selon vous, 2018, les forces, 2022, du Québec, de l'économie
québécoise?
M. Fitzgibbon : Les forces.
Bien, je pense qu'énergie renouvelable, talents... quand je fais le pitch à
l'international, parce qu'à matin je faisais le pitch, justement, là, à...
énergie renouvelable, talents, 18 universités, culturellement... on peut dire,
c'est, culturellement, une place qui est bien, les étrangers... Je regarde, je
parlais ce matin à cette compagnie-là puis je leur disais : Parlez aux
gens de... Compagnie de... coréenne, ou... Je rencontre régulièrement des
Coréens qui sont ici, là, puis qui adorent être au Québec. Donc, je pense qu'on
est un terroir fertile pour les gens qui viennent travailler ici. On a des
universités, on a des collèges, on a de l'énergie renouvelable puis on a un
gouvernement qui va aider.
Puis j'ai toujours dit que si le support
financier est la raison principale pourquoi une compagnie vient ici, c'est la
mauvaise raison, support... ça vient en deuxième. Alors, moi, je pense,
stratégiquement, on a des forces. Puis le secteur industriel qu'on veut
promouvoir, je pense que ça nous aide aussi, choisir des secteurs, tu as le
quantique, la microélectronique, avec Normand Bourbonnais au... la vallée de la
transition énergétique. Je pense qu'on a des secteurs... l'aérospatiale,
évidemment, c'est un secteur, historiquement, où le Québec a toujours été bien
vu. Moi, je pense qu'il faut aussi mettre notre effort là-dedans, puis je pense
que ça nous sert bien.
La Présidente (Mme D'Amours) : 20
secondes, M. le député.
M. Beauchemin : Un des points
que vous avez mentionnés, c'est le talent. Le problème, c'est qu'on n'a pas de
bassin de population. Comment qu'on peut... Peut-être qu'on va pouvoir répondre
au prochain bloc, là, mais il y a définitivement un problème là, on a le talent
mais le talent, il est occupé, là, il est déjà occupé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous procédons maintenant à la période d'échange avec le deuxième groupe
d'opposition. M. le député, la parole est à vous.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente...
M. Bouazzi : ...donc, on était
rendu au fait que... et la vision économique a été demandée à KPMG et McKinsey
n'était pas basée sur... ou en tout cas n'avait pas comme critère de prendre en
compte les baisses de gaz à effet de serre du Québec, que le gouvernement
lui-même s'est donné, et dont 50 % sont à ce jour non définies, là, comment
on va y arriver. Le fait que la filière batterie ne faisait pas partie d'une
stratégie de baisse de gaz à effet de serre au Québec, la... est-ce que le
gouvernement a pour objectif d'électrifier toutes les voitures du Québec?
M. Fitzgibbon : Bien, mon
collègue... clairement, dans notre initiative d'avoir 37,5 % de réductions
de GES, quand on regarde la provenance des GES, on a 43 % qui viennent du
transport, puis on a à peu près 20 % qui viennent des filières
industrielles, puis, après, 10 % en agriculture. Donc, le transport,
43 %, c'est clair qu'on va électrifier tout ce qu'on peut. On n'a pas les
chiffres précis parce que c'est encore incertain qu'est-ce qu'il va arriver
avec les transports lourds, mais moi, je pense, la grande partie des véhicules
vont être électrifiés, et nous allons clairement encourager les gens à le faire
de différentes façons. Donc, on veut électrifier les transports. Et, ah! c'est
là, O.K., monsieur Charette a annoncé, je ne sais pas quand, hier ou
avant-hier, qu'on augmente la barre de 1,5 million à 2 millions de
voitures électriques par 2030. Donc, oui, on veut aller vers ça, c'est clair.
Puis...
M. Bouazzi : Est-ce que la
stratégie de batteries qu'on se donne fait partie de la solution associée à
l'électrification des véhicules au Québec?
M. Fitzgibbon : Oui, mais,
bon, on ne fera pas de véhicules électriques ici, là. Donc, c'est... on parle
de deux choses séparées, là. Je pense... je pense que les mesures
gouvernementales pour réduire les GES passent par les transports électriques,
il n'y a aucun doute, autant les transports en commun. La filière batterie,
elle, va aider à produire des composants de batteries pour l'Amérique du Nord
principalement. Donc, on va contribuer à l'Amérique du Nord. Mais c'est...
M. Bouazzi : C'est de
connecter, c'est de connecter. Est-ce qu'on a évalué, dans ces rapports, la
quantité de matière première qu'il nous faudrait pour électrifier le
1,45 million de véhicules?
M. Fitzgibbon :
Eh boy! On a... Bien, de toute
façon, on parle... on parle de batteries, les cellules, puis ce qu'on appelle
l'assemblage de packs de batteries. Donc, il va y avoir assez de producteurs de
cellules en Amérique du Nord pour suffire à la demande. D'ailleurs, le nombre
de celluliers va être une fonction de l'adhésion des particuliers à la
conversion électrique. Nous, ici, au Québec, notre stratégie batteries, c'est
de pouvoir produire des cathodes, des anodes, des séparateurs pour suffire à
toutes les celluliers d'Amérique du Nord, et, éventuellement, probablement un
cellulier qui va être ici, il va être ici au Québec.
M. Bouazzi : Et donc il n'y
aura pas de limite dans notre capacité d'avoir assez de lithium pour
électrifier tous les véhicules du Québec?
M. Fitzgibbon : Pas de
limite...
M. Bouazzi : Les limites, les
limites. Combien... combien de tonnes de lithium on a besoin pour électrifier
le parc de voitures au Québec?
• (11 h 30) •
M. Fitzgibbon : On a assez de
lithium au Québec. Premièrement, il faut faire attention, là, le lithium, les
mines, il y en a plusieurs, mines, deux qui sont en vue pour être opérées. Le
spodumène, il y a l'hydroxyde, il y a la cathode, la chaîne est compliquée,
mais il y a assez de lithium au Québec pour électrifier toutes les voitures du
Québec.
M. Bouazzi : O.K. Je
comprends que la stratégie des batteries ne fait pas partie d'une stratégie de
lutte contre le réchauffement climatique, mais à ce... quand même, une question
qui me brûle les lèvres : Est-ce que votre ministère a demandé au
ministère de l'Environnement de relâcher les exigences environnementales pour
la filière des batteries? Pourquoi, à ce moment-là, en début d'année, le
gouvernement a décidé que la filière... d'abaisser les exigences
environnementales pour la filière de batteries, voire même, donc, là, je lis :
«a modifié le règlement relatif, l'évaluation et l'examen des impacts sur
l'environnement de certains projets»? Pourquoi?
M. Fitzgibbon : Pouvez-vous...
relire ce que vous avez dit? Je n'ai pas compris.
M. Bouazzi : Donc, en...
cette année, en début d'année, il y a quelques mois, le gouvernement a abaissé
les exigences environnementales pour la filière batterie. Pourquoi?
M. Fitzgibbon : Demandez à Benoit
Charette. Je ne suis pas au courant du détail.
M. Bouazzi : Donc, le
ministre...
11 h 30 (version non révisée)
M. Bouazzi : ...en charge de l'écologie
a décidé, tout seul, d'abaisser des critères écologiques sans qu'il y ait de
raison? C'est pour des raisons écologiques?
M. Fitzgibbon : Il y a
sûrement des raisons, demandez-lui.
M. Bouazzi : Donc, c'est
quand même très étonnant, M. le ministre. Vous comprenez qu'un ministre de l'Écologie
décide d'abaisser les critères écologiques associés à une industrie et que vous
n'ayez pas d'avis là-dessus... Est-ce que vous pensez que c'était une bonne
idée, d'abaisser les critères écologiques?
M. Fitzgibbon : Je ne sais
pas desquels critères vous parlez, là.
M. Bouazzi : Donc, dans le
cas des usines de fabrication de véhicules, alors que vous savez comme moi qu'à
part pour les véhicules lourds et les bus nous n'en avons pas, on a carrément
aboli l'assujettissement de cette partie-là des critères d'évaluation
environnementale. Pourquoi?
M. Fitzgibbon : Je veux... Je
m'excuse, j'ai de la misère à vous comprendre. Vous me demandez quoi au juste,
là?
M. Bouazzi : M. le ministre,
vous nous avez dit que c'est le plus gros investissement de l'histoire moderne
du Québec économique sur la question des batteries.
M. Fitzgibbon : Oui.
M. Bouazzi : On a un ministre
de l'Écologie, on le ministre et un gouvernement qui a décidé d'abaisser les
critères écologiques sur cette industrie ou, carrément, de faire en sorte que
la construction de véhicules électriques ne serait pas assujettie à ces
réglementations. Ma question c'est : Pour cet investissement qui est si
important et dont vous parlez à peu près à chaque semaine, pourquoi est-ce que
cette décision a été prise par le gouvernement?
M. Fitzgibbon : Je ne sais
pas à quoi vous référez, là, on ne fait pas de voiture électrique, on fait des
composants de batteries qui sont sujettes à toutes les normes
environnementales, là. J'ai de la misère à comprendre votre question. Je m'excuse.
M. Bouazzi : C'est ma
prochaine question. Pourquoi avoir aboli cette obligation pour des choses qu'on
ne fait pas?
M. Fitzgibbon : Je n'ai
aucune idée.
M. Fitzgibbon : Je ne suis
pas capable de vous suivre, là, je m'excuse, là. Je dois êtr1 fatigué ce matin,
là.
M. Bouazzi : Je... pas de
votre état de fatigue, mais c'est quand même, encore une fois, très étonnant.
Dans le cas de... Vous avez un expert d'Investissement Québec, dans la question
des batteries, qui est passé dans le privé, c'est GM, qu'il aide actuellement,
concernant le projet d'usine à Bécancour. Est-ce que ça vous inquiète?
M. Fitzgibbon : Non.
M. Bouazzi : Pourquoi, si ça
ne vous inquiète pas, il y a eu... Aujourd'hui même, on apprenait qu'il y a eu
une demande à tous les fonctionnaires d'Investissement Québec de ne pas parler
à cette personne car elle est sollicitée, justement.
M. Fitzgibbon : Investissement
Québec a bien réagi, a bien... les choses.
M. Bouazzi : Donc, ils
avaient raison d'être inquiets?
M. Fitzgibbon : Pardon?
M. Bouazzi : Est-ce qu'ils
avaient raison d'être inquiets de cette conversation?
M. Fitzgibbon : Investissement
Québec a ses normes. GM, ça fait un an qu'on en parle, puis on en parle encore,
puis on va approuver un beau dossier, bientôt, qui va être fait de façon
normale.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
pensez que ça contribue à avoir une concurrence saine et loyale, d'avoir des
gens qui ont participé à réfléchir à la stratégie batterie dans le ministère et
qui maintenant conseille une partie de l'industrie privée?
M. Fitzgibbon : Ça n'a aucun
rapport. Le dossier déjà fermé. Là, on va l'annoncer bientôt. Je comprends, c'est
une très bonne nouvelle. Je trouve ça bien que nos jeunes Québécois puissent
profiter de filières et travailler avec eux autres. C'est une très bonne
nouvelle pour le Québec.
M. Bouazzi : Vous comprenez, M.
le ministre, qu'il reste encore beaucoup de milliards à investir dans les deux
prochaines années et qu'effectivement le dossier n'est pas clos sur la question
des batteries. C'est une question plus large, ou à moins que vous pensiez que
GM ne va plus avoir de contrats du gouvernement sur la question du... ou des,
du gouvernement sur la question des batteries.
M. Fitzgibbon : GM, c'est un
projet parmi 90, là.
M. Bouazzi : Mais vous venez
de me dire...
M. Fitzgibbon : Alors, c'est
une bonne nouvelle, en fait, que les gens d'Investissement Québec puissent
travailler dans des secteurs clés du Québec. Moi, je trouve, c'est favorable.
M. Bouazzi : Concernant...
Combien il me reste de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : 1
min 40 s.
M. Bouazzi : Ça va être
difficile. Est-ce que je peux reporter la minute pour la prochaine période?
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
M. Bouazzi : Oui. Je vais la
reporter.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Bouazzi : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
revenons à l'opposition officielle. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, la
parole est à vous.
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. le ministre. J'aimerais juste y aller, peut-être, un
petit peu, en rafale, parce que je pense que je me rends compte qu'on déborde
un peu. On a parlé des forces. Quelles sont, selon vous, rapidement les
faiblesses de l'économie québécoise?
M. Fitzgibbon : La plus
grande faiblesse, je pense, c'est le sous-investissement en innovation. Moi,
quand je regarde, en fait... puis quand j'ai... on a travaillé sur la SQRI2, on
a fait beaucoup...
M. Fitzgibbon : ...puis,
pour constater que le public, les fonds publics, plutôt, quand on regarde le
R&D en entreprise, on n'est pas mal pris par rapport aux autres
juridictions. On est pas mal dans le premier quartile. Où il y a une
déficience, c'est que les investissements des entreprises en innovation dans
leurs opérations, on est trop bas, on n'a pas assez de startups. Moi, ça me
désole que le Québec, qui est quand même un terroir fertile pour l'innovation
en termes... cérébral, on a beaucoup de créateurs au Québec. Je pense qu'on a
une déficience au niveau du nombre de startups qu'il faut corriger, qui est
indirectement reliée à l'innovation en entreprise. Ça, c'est une grosse
faiblesse.
M. Beauchemin : Puis, de
façon macro, quelles sont nos... les menaces face à l'économie québécoise?
M. Fitzgibbon : Bien, je
pense que ça... moi, l'écart de productivité, parce que tantôt on parlait de ce
qui va arriver avec... géopolitiquement, il faut avoir des créneaux où on est
compétitifs, sinon on va avoir de la misère à exporter. Alors, moi, je suis...
mon anxiété, c'est que je veux m'assurer que les secteurs industriels porteurs,
qu'on soit supporteurs en innovation, parce que le risque, c'est que l'écart de
richesse va augmenter, l'écart de pauvreté va augmenter... à l'exporter, puis
on va avoir une économie qui va être très, très déficiente.
M. Beauchemin : O.K. Par
rapport à votre analyse, soit de 2018, puis celle de 2022 qui a été faite
postpandémie, quelles sont des grandes différences selon vous, à cause de la
pandémie qui a modifié l'analyse?
M. Fitzgibbon : Bien, la
productivité... En 2018, j'aurais aimé voir une plus grande augmentation de
notre productivité. Ça, c'est ma déception, même si on a quand même pallié à
une partie, soit 2,5 % par rapport à l'Ontario... en Ontario, puis même
aux États-Unis. Alors, je pense que ce n'est pas suffisant. Je pense que ce
n'est pas suffisant. Puis productivité, ça vient de deux choses, ça vient de la
numérisation robotisation, puis ça vient aussi au niveau de l'emploi, comment
est-ce que nos heures de travail sont mieux utilisées. Donc on a deux enjeux.
C'est pour ça que... quand Mackenzie a fini, 2A, 2B, là. 2A, c'était travail
emploi, puis 2 B, c'était la productivité. C'est deux secteurs qu'il faut
corriger. Je ne suis pas... Ça pas été un échec entre 2018 et 2022 mais ce
n'est pas suffisant.
M. Beauchemin : Donc, si
je comprends bien, il n'y a pas eu de progrès, là, entre 2018 et 2022. La
pandémie n'a pas amélioré la situation ou détérioré la situation.
M. Fitzgibbon : Bien
non, il y a eu une amélioration, mais tu sais, l'écart est à quoi, les
16 %, on est rendus à 12 ou 13, là. Bon, tu sais, je pense qu'on accepte
tous intellectuellement qu'on ne va pas corriger l'écart en quatre ans, c'est
possible. Non, je suis content de la progression. Bien, je suis content... Il y
a eu une progression, mais j'aurais aimé que ce soit plus rapide.
• (11 h 40) •
M. Beauchemin : O.K. Je
veux vous amener sur un autre secteur d'intérêt. Les batteries, vous en parliez
un petit peu plus tôt. Je veux juste commencer cette section-là en parlant de
deux citations de M. Michel Ringuette, et je cite : "On risque
de manquer le bateau pour les cinq prochaines décennies. Exporter nos
ressources naturelles sans exiger en retour serait une bien maigre
consolation." C'est quand même gros, là, ce que monsieur Ringuette a dit à
propos de ce que monsieur Champagne a mentionné, et donc indirectement ce que
nous, on a fait aussi. Il parle aussi que le fédéral était équitable, mais
l'Ontario semble avoir... en avoir reçu pas mal plus que nous, là, quand on
regarde l'ensemble de ce qui a été donné par Ottawa. Je vais m'aventurer, en
incluant Volkswagen, qu'on parle de 10 fois plus quasiment, là. Monsieur
Ringuette a dit : "Pendant qu'on parle et qu'on rêve, l'Ontario nous
dame le pion en les attirant les uns après les autres." C'est quand même
des mots forts de la part de monsieur Ringuette à ce sujet.
Quand on parle de Volks et des
13 milliards, vous, vous avez mentionné que, bien, ça prendrait des terrains
plus proches. Ça prendrait du courant, quand vous parlez de Bécancour, parce
que c'est la raison pour laquelle ils n'ont pas été finalement s'installer ici
au Québec, là, il y a-tu d'autres raisons pour lesquelles on a manqué le bateau
avec Volks, selon vous?
M. Fitzgibbon : Bien, il
y a plusieurs parties de votre commentaire que j'aimerais commenter. La
première, c'est qu'avec tout le respect que j'ai pour monsieur Ringuette, je
pense qu'on peut être fiers au Québec de voir ce qui se bâtit au campus de
Bécancour. Moi, quand je suis arrivé en poste, j'ai été nommé de l'Économie en
octobre...
M. Fitzgibbon : ...jusqu'au
printemps 2018, le mot «batterie» n'existait pas dans le vocabulaire du
gouvernement. Je regarde aujourd'hui ce qu'on a, ce qu'on va avoir, bien, moi,
je suis excessivement satisfait. Alors, je nous donne une marque... un bulletin
très, très favorable par rapport à ça.
Et je pense que c'est important de
comprendre aussi que la stratégie du gouvernement qu'on a établie en 2019,
c'était de dire : Partons à la base de nos minéraux critiques, montons
dans la chaîne d'approvisionnement jusqu'aux cathodes, anodes... les
composantes de batteries. Ça, ça va être chez nous pendant des décennies.
Bon, là, on parle de Volkswagen.
Volkswagen, bon, ça n'a pas rapport à Bécancour parce qu'il n'y aura jamais de
cellulier à Bécancour. ...les terrains à Bécancour, là, parce qu'il y a des
terres... des terres agricoles qu'on veut protéger, là. Bécancour, là, il me
reste deux, trois affaires à annoncer, là, qu'on travaille, là, on va fermer
ça, c'est fini. Bécancour va devenir un campus pour les composantes de
batteries, qui va être un campus assez extraordinaire. D'ailleurs, les Coréens
ce matin dans mon bureau sont venus à cause de ça, ils voient ce qui se passe.
On parle de Bécancour maintenant au Japon puis en Corée.
Volkswagen, l'enjeu était : nous
avons besoin de 650 mégawatts premier trimestre 2027. C'est une impossibilité
technique. Hydro-Québec... plus capable. On n'a pas le courant électrique. On
aura pu le faire deux ans plus tard, ce qu'on leur a offert. Ils ont dit :
Non merci, on s'en va prendre du gaz naturel. Où? En Ontario. Donc, Volkswagen,
la discussion a duré une heure. Donc, ce n'est pas le terrain. C'est parce que,
les terrains, oui, on peut en avoir à des places. Puis, de toute façon, ces
celluliers-là veulent avoir... veulent être proches de territoires où il y a
beaucoup de talents. Bécancour, tu ne bâtis pas une usine de 4 000 personnes,
ce serait irréaliste. Donc, il y a des terrains au Québec près des grands
centres, on pense à Québec, on pense à Montréal, où on aurait pu accommoder un
cellulier. On n'a juste pas le courant électrique qui se rendait là pour le
temps qui était requis.
M. Beauchemin : Puis cette
réalisation-là qu'on n'a pas le courant électrique pour satisfaire cette
demande-là, ça a été réalisé, donc, dans les derniers... dans les derniers
mois?
M. Fitzgibbon : Moi, j'ai
commencé à avoir un sentiment qu'on n'aurait pas l'énergie renouvelable requise
au printemps 2022. Il faut comprendre, là, juste pour être clair.... puis on
aura des crédits qui vont avoir lieu sur Hydro-Québec bientôt, là. Juste pour
comprendre, dans les derniers 20 ans, 20 ans, combien de projets au Québec on a
eus qui requièrent plus que 50 mégawatts? Il y en a eu un, la mine de Malartic.
Là, aujourd'hui, on en a 50 en haut de 50 mégawatts. Donc, il y a une
nouveauté, là.
On est dans une situation, le Québec,
privilégiée où on a plus d'opportunités qu'on n'a jamais vu dans l'histoire du
Québec. Mais là, évidemment, voilà cinq ans, est-ce qu'on aurait pu planifier?
Puis, à juste titre, la réponse est non. Est-ce qu'on aurait pu planifier voilà
cinq ans qu'il fallait avoir 10 000, 15 000 mégawatts de plus d'ici 2026, 2027?
La réponse est non. Puis on ne va pas blâmer personne de ne pas avoir pris
cette décision-là. Aujourd'hui, on est dans une situation privilégiée. Et
Volkswagen, pourquoi ils sont venus nous voir? Ils voulaient avoir de l'énergie
verte, il n'y en avait pas. Alors, on va travailler sur ça dans le futur.
M. Beauchemin : Mais,
justement, c'est.... En 2018, quand vous vous êtes décidés... vous vous êtes
assis, vous avez décidé qu'on allait de l'avant avec une stratégie batterie, la
résultante de cette analyse-là allait donc donner comme résultat : ça va
nous prendre un Volkswagen de ce monde, peut-être, potentiellement, qui va
venir s'installer ici et donc du courant, là, qui va venir avec ça. Je pose la
question sincèrement. Les aspirations de réussir en batterie, c'est.... c'est
bien, mais les conditions gagnantes, si je peux utiliser un terme qui... avec
un certain historique ici, les conditions gagnantes pour réussir d'avoir,
justement, Volkswagen, et/ou autre, là, O.K., ils n'ont pas été identifiés en
2018, en tant que tel, comme, ce que ça prendrait... le «power» que ça
prendrait pour pouvoir faire que ça fonctionne?
M. Fitzgibbon : Le succès
qu'on a présentement avec la filière batterie est un succès inégalé depuis 25
ans au Québec, en fait, plus que ça, depuis l'histoire du Québec. Donc,
aujourd'hui, si on arrêtait, avec les projets qu'on va annoncer dans les
prochaines semaines, on aurait un succès qu'on n'a jamais vu au Québec. Donc,
de conclure que, parce qu'on n'a pas eu Volkswagen, c'est un échec, c'est une fausseté.
Deuxièmement, des celluliers, moi, j'en
veux un autre. J'en veux un, un cellulier. Le Québec va avoir un cellulier. Le
Québec travaille présentement avec Hydro-Québec pour avoir d'autres sources
d'énergie. On travaille avec des celluliers présentement qui ont peut-être un
moins grand appétit de mégawatts à court terme. On a un problème à court terme
au Québec d'ici 2028. On a 21 000 mégawatts de demande, on a 1 000 mégawatts de
disponibles, en gros...
M. Fitzgibbon : ...c'est
correct, on va choisir nos projets. Le campus de Bécancour, on a identifié les
mégawatts disponibles, ils sont alloués. Alors, moi, je pense qu'on a un très
grand succès et qu'un jour, on aura un cellulier peut-être plus petit, mais qui
va coûter moins cher aussi aux Québécois et qui va nous permettre de compléter
notre chaîne. Puis il faut juste être patient, puis ce n'est pas une course
qu'on a commencée.
M. Beauchemin : Dans un
contexte de diversification du risque, d'avoir qu'un cellulier, ce n'est pas un
risque en tant que tel?
M. Fitzgibbon : On pourrait
en avoir zéro, je serais content aussi. Ce qu'on a construit avec le campus de
Bécancour, encore une fois, ça ne s'est jamais vu au Québec depuis 25 ans.
Il n'y a jamais eu un projet industriel qui aura aussi contribué, quand on va
avoir fini, là. On risque de se ramasser probablement, dans ma tête, avec les
différentes phases, là, pas loin de 10 milliards, ça ne s'est jamais vu au
Québec. Quand même qu'on arrêterait là, je serais excessivement content. Si on
a un cellulier, tant mieux. Puis sinon, tant mieux.
M. Beauchemin : En 2016, 2017
puis 2018, il y a eu des... des... la politique énergétique de 2016-2030,
plutôt, on parlait d'une augmentation de 25 % totale d'énergie
renouvelable qui... qui serait... a recommandé des cibles ambitieuses et
exigeantes à atteindre. Aujourd'hui, on... on se rend compte, là, qu'il n'y a
pas eu de progrès, là, qui a été fait, là, là-dessus en termes de...
d'augmentation de notre capacité électrique... verte, si on peut dire,
depuis... depuis ces années-là, depuis... depuis 2016. Qu'est-ce que vous
répondez à ça, au niveau, justement, pour attirer d'autres... Parce que je
comprends que vous êtes satisfait avec ce qui arriverait avec Bécancour, là,
O.K., mais on peut quand même penser plus loin un peu. La question c'est, pour
aller plus loin, il faut avoir donc du courant, comment se fait-il qu'on n'a
pas déjà identifié... pas... Je sais que, dans la campagne électorale, ça a été
mentionné, là, mais je veux dire, depuis 2018, c'était écrit dans les
ministères comme quoi c'était essentiel d'y penser, pourquoi qu'on n'a pas
réagi, selon vous?
M. Fitzgibbon : Bien,
premièrement, je pense que c'est faux de... ce que vous dites est faux, là,
c'est faux de dire qu'on n'a pas plus d'énergie renouvelable. Est-ce qu'on
pourrait en avoir plus? La réponse, c'est oui. Est-ce qu'en 2018... On se remet
en 2018, en fait, vous venez de quitter le pouvoir, est-ce qu'on pouvait penser
qu'il y aurait 20 000 mégawatts de demande d'électricité? La réponse,
c'est non. Il n'y a pas, votre gouvernement inclut, il n'y a personne qui
pensait à ça. On se faisait dire qu'il y avait des surplus hydroélectriques,
parce que l'évaluation de la demande assumait qu'il n'y aurait pas de grosse
filière industrielle en 2018, de 2017 aussi. Donc, aujourd'hui, je ne peux pas
blâmer les gens de l'époque, ça serait trop facile de vous blâmer ou blâmer
même mon collègue à l'époque, mais, aujourd'hui, on est en 2022, ça change. Et
avec... avec Hydro-Québec, on a vu Mme Brochu avant son départ, il y a de
quelques semaines, qui a identifié quatre façons d'augmenter, donc elle a
réagi, l'efficience énergétique, parce que la meilleure énergie, c'est celle
qu'on ne consomme pas, puis le Québec, on est très énergivore, on consomme mal.
Deuxièmement, de l'éolien qu'on peut balancer avec l'hydroélectricité.
Troisièmement, les turbines, les turbines qui sont vieilles, qui doivent être
changées, qui vont amener de la puissance. Puis on va regarder aussi possiblement
des grands ouvrages. Alors, je pense qu'Hydro-Québec a identifié, a réagit,
parce qu'il y a, pour la première fois de l'histoire, la première fois de
l'histoire d'Hydro-Québec, les demandes de mégawatts excèdent de beaucoup leurs
anticipations, mais c'est nouveau, ça n'est jamais arrivé. En 2016, il n'y a
personne... votre gouvernement n'avait aucune idée de ça ni au début 2018.
Alors, c'est une nouveauté, alors il faut s'ajuster. Alors, moi, je pense qu'on
est capable, avec Hydro-Québec, de prendre des mesures pour avoir l'énergie
renouvelable qui va être appropriée pour les besoins de l'époque.
• (11 h 50) •
M. Beauchemin : En 2016,
avant même que la filière batterie soit mise en place, le gouvernement libéral
avait déjà identifié le fait que, nonobstant ce qui allait se passer dans la
batterie parce que c'était... «regardless», là, il n'y avait pas ça du tout
dans... dans les cartons, il y avait un besoin d'augmenter la capacité de
production d'énergies renouvelables de 25 %, ça avait déjà été mentionné
en 2016. Donc, il y a eu quand même cet avertissement-là qui avait été
mentionné, il n'y a rien qui a été fait par la suite, là, je le constate, là,
mais...
M. Fitzgibbon : Bien,
premièrement, vous étiez au pouvoir à ce moment-là, vous auriez... vous auriez
pu faire quelque chose. Deuxièmement, il y a quand même eu
4 000 mégawatts de... d'éolien qui a été mis en place, il y a quand
même eu quatre projets de biométhanisation qui ont été mis en place, il y a des
choses qui ont été faites, mais pas suffisantes, ça, je vous l'accorde, mais on
est où on est, puis moi, je pense encore une fois que la filière batterie, on
est à une place extraordinaire où on est. La vie, c'est un courant qui prend du
temps, alors est-ce qu'on est capable d'avoir en 2028, 2029, 203-, 2032 des
capacités additionnelles? La réponse, c'est oui. Puis à ce moment-là, il y
aura... on... on... on bénéficiera... Ce qu'on bâtit aujourd'hui, c'est la
fondation de ce qui va devenir le coeur d'un centre important de développement
économique. Moi, je pense qu'on est capable de dealer avec ça...
M. Fitzgibbon : ...même
s'il y a un délai d'une couple d'années pour un projet ou deux. Entre-temps, on
a amplement d'investissements qui vont justifier cette stratégie-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : 10 secondes,
M. le député.
M. Beauchemin : Combien?
La Présidente (Mme D'Amours) : 10 secondes.
M. Beauchemin : Je vais
continuer tantôt.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Maintenant, le prochain bloc d'échange se fait avec le député de
Camille-Laurin, vous rappelant que vous avez 13 min 42 s
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup. Bonjour, M. le ministre. J'ai seulement 14 minutes. Donc, on va
s'en tenir la plus possible à des questions et des réponses courtes. Plusieurs
sujets importants. Le premier. Vous êtes ministre de l'Économie et quelque
chose d'inquiétant qu'on observe depuis quelques années au Québec dans
l'économie québécoise, c'est l'absence de concurrence dans plusieurs domaines.
En fait, il faudrait parler de cartel. On parle de l'alimentation, des
télécommunications, mais surtout et bien sûr, l'énergie, les pétrolières.
Je vais vous donner quelques chiffres,
juste pour le mettre en contexte sur le plan factuel. Les profits des géants
canadiens comme Suncor ont bondi de plus de 250 % dans les neuf premiers
mois de l'année dernière par rapport à l'année précédente. Ces hausses de
profits ne sont pas liées au prix du baril de pétrole, c'est-à-dire que, oui,
le prix du baril fluctue, mais ce n'est pas en aucun cas une justification de
ces profits-là. Pour vous donner un exemple en termes de chiffres, là, en
termes de super profits, selon le groupe de protection du consommateur, les
grandes pétrolières canadiennes ont engrangé des profits records de
29 milliards de dollars entre octobre 2021 et mars 2022, donc 10,8
milliards de plus que le meilleur trimestre qu'on pouvait trouver auparavant.
Et cette situation ne fait que s'empirer. Je pourrais vous nommer chacune des
multinationales puis leurs profits records.
Ma première question est toute simple.
Est-ce que vous, comme ministre de l'Économie, vous trouvez ça normal comme
situation?
M. Fitzgibbon : Non,
mais écoutez, c'est sûr qu'on veut... on veut un meilleur équilibre de la
richesse, il n'y a aucun doute. On parle d'énergie ici. Bien, on va commencer
des consultations très rapidement, très prochainement plutôt, sur qu'est ce
qu'on veut faire au niveau de la gouvernance, qu'est ce qu'on va faire au
niveau de la tarification. Là, le sujet est large, là, puis au niveau de
l'offre et de la demande, bien...
M. St-Pierre Plamondon : ...vous
ne trouvez pas ça normal.
M. Fitzgibbon : Bien, tu
sais, il faut... Ça serait le fun d'avoir un meilleur équilibre. Oui.
M. St-Pierre Plamondon : Est-ce
que vous avez réfléchi à légiférer de manière à taxer les superprofits de ces
compagnies comme l'Union européenne, l'Angleterre et plusieurs autres pays dans
le monde ont commencé à le faire?
M. Fitzgibbon : Non.
M. St-Pierre Plamondon : Pourquoi?
M. Fitzgibbon : Parce
que je ne pense pas que c'est le rôle du gouvernement du Québec de faire ça. Ce
sont des pétrolières qui ne sont pas établies ici. Alors, je pense qu'on va
laisser les marchés libres opérer. Je pense qu'on doit regarder... Dans le cas
de l'énergie, heureusement, avec l'énergie renouvelable qu'on a au Québec, on
est capables de contrebalancer ça. On peut parler de tarification de l'énergie
renouvelable, mais je ne pense pas que c'est le rôle du gouvernement du Québec
de...
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
je comprends que vous ne trouvez pas ça normal que les Québécois
s'appauvrissent de plusieurs milliers de dollars, mais que vous, vous n'allez...
vous n'allez pas intervenir comme d'autres pays l'ont fait. Est-ce que vous
jugez alors que le Bureau canadien de la concurrence fait son travail dans ce
dossier-là?
M. Fitzgibbon : Écoutez,
c'est une question qui est... qui est d'une importance nationale. Encore une
fois, je suis réaliste et pragmatique sur ce que...
M. St-Pierre Plamondon : Précisez
«national». Pour vous est-ce que c'est...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...M.
le député, laissez finir le ministre. Si vous voulez intervenir, regardez-moi.
J'arrêterai le ministre. Mais c'est moi qui coupe les paroles des gens et non
pas les députés. Alors s'il vous plaît, laissez le ministre finir sa réponse.
M. Fitzgibbon : Alors,
écoutez, je suis très pragmatique et réaliste. Le Québec, il y a des choses
qu'on peut bien contrôler. Alors, de se lancer dans un effort de tarifer ou de
taxer les grands producteurs internationaux au Québec, je pense que ce n'est
pas approprié pour...
M. St-Pierre Plamondon : Mme
la Présidente, il ne répond pas à ma question. Ma question, c'est si le Bureau
de la concurrence canadien fait son travail oui ou non? Et il dit que c'est une
question nationale. J'aimerais savoir si pour le ministre de l'Économie,
«nationale», ça veut dire canadien ou ça veut dire québécois?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Fitzgibbon : Canadien.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. St-Pierre Plamondon : Ça
veut dire canadien. Très bien. Et je comprends que vous ne répondrez pas à ma
question sur le Bureau de la concurrence. Je vous remercie.
Deuxième thématique, les contrats octroyés
à McKenzie. Il y a deux contrats presque identiques qui ont été octroyés, l'un
à KPMG et l'autre à McKenzie. Le premier se penche sur l'avantage concurrentiel
et la relance économique du Québec. Il a été fait au terme d'un processus
concurrentiel dans le cadre duquel McKenzie n'a pas gagné le contrat. C'est
KPMG. On lit la description du deuxième mandat octroyé à McKenzie. C'est, à
toutes fins pratiques, la même chose, évaluer les mêmes objets. J'ai deux
questions pour vous.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer
pourquoi octroyer deux fois le même mandat à deux firmes? Et surtout
pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous ne rendez pas publics ces deux
rapports là pour que nous puissions juger nous-mêmes de la valeur obtenue dans
ces contrats-là et de la différence entre les deux mandats...
M. Fitzgibbon : ...bien,
premièrement, je vous encouragerais à écouter le tape de la conversation, on a
passé une demi-heure sur ça ce matin, là, on a passé à travers, mais je vais
vous faire un sommaire rapide. Premièrement, ce sont deux mandats complètement
différents. Le mot de KPMG était un mandat qui était octroyé pour regarder la
relance de certains secteurs industriels, mandat qui était octroyé en février
2022... 2021, je m'excuse, et qui a été fini en juin 2021. Deuxième mandat de
McKinsey, qui était octroyé à l'été 2021, était pour revoir tout le
balisage international des déterminants pour créer de la richesse. Le
gouvernement, avec la fonction publique, avait identifié des zones
d'innovation, avait identifié des chantiers où nous voulions vouloir investir
pour créer de la richesse collective. Donc, on a voulu que McKinsey balise à
l'international si nous avions les bons déterminants et si nous avions des
bonnes initiatives en regardant ce qui se fait à l'extérieur. Donc, deux
mandats complètement différents. La raison pourquoi les rapports...
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre, merci. M. le député.
M. St-Pierre Plamondon : Si
les mandats sont si différents... Parce que je suis obligé de vous corriger,
là, à la lecture des contrats octroyés, parce que ça, on l'a obtenu, les
descriptions sont étrangement similaires. Mais, dans la mesure où ce que vous
dites est vrai, pourquoi ne rendez-vous pas publics les deux rapports pour
qu'on puisse justement comparer et vérifier ce que vous nous affirmez, à savoir
que ce seraient deux mandats complètement différents?
M. Fitzgibbon : ...répondre à
ça, les rapports ne sont pas publics pour deux raisons. D'ailleurs, vous pouvez
faire une demande d'accès à l'information, là, je pense qu'il y a un processus
normal qui existe. D'une part, des avis de consultants ne sont jamais rendus
publics, parce que c'est la pratique qu'on voit au gouvernement. Et,
deuxièmement, il y a certaines choses dans les rapports en question qui servent
au gouvernement, aux ministères, pour la prise de décision. Donc, dans ces
cas-là, les rapports ne sont pas publics.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
je comprends, juste pour préciser que, malgré le fait que les descriptions de
contrats sont très similaires, vous, vous nous à affirmer que c'est très
différent comme mandat, mais il va falloir vous croire sur parole parce qu'on
n'obtiendra pas copie de ces rapports-là?
M. Fitzgibbon : Exact.
M. St-Pierre Plamondon : Merci.
On apprend aujourd'hui... Prochaine question. On apprend aujourd'hui également
que l'usine d'Alstom de La Pocatière ne sera pas celle qui construit les
voitures de tramway parce qu'elles vont être faites au Mexique. Elles
n'obtiennent que des miettes, c'est-à-dire l'assemblage. Donc, c'est l'histoire
qui se répète, M. le ministre. Après les wagons du REM qui ont été faits en
Inde, on aurait pensé que la CAQ aurait pu... le gouvernement aurait pu
apprendre des erreurs du PLQ, mais on recommence ça.
Et, juste pour vous mettre en contexte
l'historique de votre propre parti, parce que, des fois, la mémoire est une
faculté qui oublie, en 2017, l'actuel ministre de l'Environnement s'était
présenté dans le projet de loi libéral sur le REM et avait déposé un seul
amendement, c'était l'exigence que 25 % du projet soit du contenu
québécois en termes de matériel roulant de transport. Or, votre gouvernement a
déposé un projet de loi n° 12, et on a tout de suite indiqué que ça
n'allait pas assez loin parce que, justement, vous n'exigez pas de contenu
québécois, comme l'a fait nos concurrents, dont les États-Unis qui,
rappelons-le, avec le Buy America Act, va jusqu'à exiger 75, 80 % de
matériel fait aux États-Unis pour leurs projets. Nous, c'est zéro.
Donc, la règle qu'on proposait puis que je
vous suggère à nouveau, c'est le principe de réciprocité. Pourquoi est-ce que,
si des pays concurrents protègent leurs industries puis ont des clauses pour
avoir du matériel de transport roulant fait chez eux... pourquoi nous, au
Québec, on n'est pas capables de faire ça? Pourquoi est-ce qu'on choisit de
faire faire notre tramway au Mexique?
• (12 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Fitzgibbon : Premièrement,
merci de poser la question. J'aimerais corriger les faussetés que vous avez
relayées à la population. Premièrement, on est très fiers de ce qui se passe
avec Alstom. J'étais parti des négociations avec Alstom quand ils ont acheté la
division Bombardier. À l'époque, à La Pocatière, il y avait 100 personnes
qui travaillaient. Aujourd'hui, il y en a 400. L'usine de La Pocatière, elle
est pleine capacité. Deuxièmement, le tramway auquel vous référez a été conçu
au Québec par les gens d'Alstom à Saint-Bruno. Et, deuxièmement, le train va
être assemblé à La Pocatière. C'est un succès énorme qui a été fait. Alors, ce
que vous avez dit est faut.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député.
M. St-Pierre Plamondon : ...que
vous êtes en train de m'accuser de dire une fausseté alors que je viens de dire
qu'il est assemblé à La Pocatière, puis tout ce que vous trouvez à me dire,
c'est que vous êtes fier? L'article de journal, puis là vous vous en prendrez à
nouveau aux journalistes parce que c'est votre fort, vous direz aux
journalistes que ce qu'ils rapportent sur Alstom n'est pas vrai.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député.
Une voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
devez vous adresser à la présidence. Je laisse toujours la discussion aller
quand les deux échanges sont...
12 h (version non révisée)
La Présidente (Mme D'Amours) : ...respectueuse.
Je trouve que, là, on s'en va loin. Autant des deux côtés, je vous demanderais
de la prudence, s'il vous plaît, dans vos propos. Si ce n'est pas de la
fausseté, c'est peut-être de l'exactitude que vous voulez avoir, M. le député.
Je demande au ministre, là, de répondre à la question avec exactitude, s'il
vous plaît.
M. Fitzgibbon : Encore une
fois, donc, je pense qu'on doit être très fiers de ce qui se passe. La
Pocatière n'a jamais été dans une aussi bonne position, tel que promis par
Alstom quand ils ont acheté les opérations de Bombardier...
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais aller à M. le député.
M. St-Pierre Plamondon : N'est-il
pas vrai d'affirmer que les voitures de tramway seront fabriquées au Mexique,
tel qu'on l'a appris dans les médias ce matin, oui ou non?
M. Fitzgibbon : Vous jouez
avec les mots. Premièrement, il a toujours été conçu, depuis le début, que La
Pocatière assemble les trains, donc tous les trains vont être assemblés à La
Pocatière. Il y a un problème de ressources. La Pocatière n'a jamais été aussi
occupée, ils vont être encore très occupés pour les années à venir. Et, encore
une fois, le train a été conçu par les ingénieurs d'Alstom à Saint-Bruno. Et je
pense que, deuxièmement... dernier commentaire, c'est un contrat qui a été
signé par la ville de Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. St-Pierre Plamondon : Deuxième
question, parce que je note qu'il n'y avait pas de réponse à ma première :
N'est-il pas vrai que le gouvernement de la CAQ n'impose aucune exigence de
contenu québécois dans les projets de matériel de transport roulant? Oui ou
non?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Fitzgibbon : Non. Il y a
des contenus, qui n'ont pas été divulgués, mais il y a des contenus. D'ailleurs,
les contenus vont être respectés. On va avoir une grande partie du train de
Québec qui va être conçu et assemblé au Québec. Donc, on est très fiers de
cette situation-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
Mme la Présidente. Durant la pandémie, M. le ministre, votre gouvernement a
accordé 17,4 milliards en contrats de gré à gré sans appel d'offres. 17,4
milliards de dollars. On sait qu'il y a eu une pandémie puis qu'on n'avait
jamais vu une pandémie comme ça de notre vivant.
Maintenant, se pose la question de
plusieurs contrats qui ont été octroyés à des compagnies fictives ou pour
lesquelles on n'a eu aucun rapport quant à ce qu'ils ont offert à l'État
québécois en échange de ces milliards de dollars. Ce sont des contrats sans
appel d'offres qui peuvent donner lieu à des conflits d'intérêts. On se rappelle
qu'un sous-ministre de la Santé avait même contacté un de ses amis pour un
contrat de gré à gré. Bref, ça ressemble à des choses, par exemple, qu'on a
déjà vu lors de la commission Charbonneau. Et là, dans les milliards de
contrats donnés durant la pandémie sans appel d'offres, plusieurs ont été
donnés, et ça a été rapporté dans les médias, vous me direz si vous croyez
cette information ou pas, à des entreprises fantômes, voire frauduleuses,
souvent à l'extérieur, situées à l'extérieur du Québec. On a vu des États comme
l'État de New York, ailleurs dans le monde, tenter de récupérer ces sommes. J'aimerais
savoir si, depuis la pandémie, devant des milliards qui se sont évaporés sans
qu'on ait de réponse, votre gouvernement a entamé des démarches pour qu'on se
fasse rembourser.et, si oui, lesquelles?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Fitzgibbon : Je n'ai pas
la réponse à la question parce que la plupart des contrats auxquels vous
référez viennent du ministère de la Santé. Donc, je n'ai pas la réponse à votre
question.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. St-Pierre Plamondon : Juste
terminer sur cette question-là. Donc, est-ce que je dois comprendre que, depuis
la pandémie, vous n'avez posé aucun geste pour vous informer de si et comment
le gouvernement tente de récupérer ces milliards de dollars là?
M. Fitzgibbon : Je répète ce
que j'ai dit, c'est... La plupart des contrats ont été signés par le ministère
de la Santé, il faudrait leur poser la question.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député, pour 40 secondes.
M. St-Pierre Plamondon : Volkswagen,
le fédéral a donné 13 milliards de dollars pour une filière qui est
supposée être votre fait d'armes, comme ministre de l'Économie. Question très
simple : Est-ce que vous allez demander à Ottawa de nous rembourser la
part du Québec, qui est de 2 virgule quelques milliards de dollars en impôts
qui s'en va en Ontario pour quelque chose qui, en fonction de notre avantage
concurrentiel sur le plan de l'hydroélectricité, aurait dû atterrir au Québec?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre, pour neuf secondes.
M. Fitzgibbon : La réponse, c'est
non, mais, en même temps, nous ne pouvions pas faire ce projet-là, donc ça n'a
même pas été dans les cartons qu'on considère faire Volkswagen. On en fera d'autres,
projets.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est terminé. Nous passons maintenant à l'opposition officielle. M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît.
M. Beauchemin : Mme la
Présidente. M. le ministre, vous venez juste de dire qu'il n'y a aucun rapport
de consultants externes qui devient public. Écoutez, le 17 mai 2022, vous avez
rendu publique l'étude sur l'impact économique des mesures...
M. Beauchemin : ...mis en
place afin de déployer l'Internet à haut débit au Québec, une étude faite par
KPMG. Donc, il y avait la volonté, à ce moment-là, de rendre ça public, mais il
n'y a pas la volonté de rendre l'étude actuelle qu'on discute, de ce matin, de
l'article de... qu'on a entendu ce matin, de rendre ça public. C'est une
question de volonté, je pense. De rendre public le document, c'est juste une
question... Si vous voulez le rendre public, vous pouvez. Ça donne l'impression
comme quoi que, dans certains cas, bien, ça peut peut-être faire en sorte que
le gouvernement peut peut-être mieux paraître, parce qu'on va la rendre
publique. Dans certains cas, on ne va pas la rendre publique, parce que, peut-être,
ça va à l'encontre de ce que nous autres, on a fait, ou peut-être qu'ils nous
disent qu'on n'a peut-être pas fait de la bonne chose ou pas parfaitement.
C'est ça que ça donne comme impression. Est-ce que vous allez rendre publics
les rapports qui ont été... Aucunement? Donc, il n'y a pas de volonté de le
faire public, c'est ça.
M. Fitzgibbon : Non.
M. Beauchemin : Je veux vous
amener sur la pénurie de main-d'oeuvre et l'impact sur l'économie. On connaît
déjà, évidemment, les impacts, c'est-à-dire perte de revenus, difficulté à
livrer les commandes, nos PME qui en arrachent, qui sont, malheureusement, le
plus souvent qu'autrement oubliées par le ministère, augmentation des coûts,
tout le monde paye un loyer qui augmente, évidemment, mais pour les
entreprises, pour les PME, c'est encore plus difficile parce qu'elles n'ont pas
la même réglementation au niveau des loyers, pression de plus en plus grande
sur les employeurs, évidemment, et aussi les employés pour essayer de faire en
sorte qu'on produise les plus qu'on peut avec ce qu'on a dans une contrainte où
est-ce que les gens doivent augmenter leur nombre d'heures travaillées. La CAQ
a dit qu'il y avait des postes vacants, que ça, c'était un bon indicateur.
C'est quoi, les bons... les besoins réels de main-d'oeuvre, selon votre vision,
là, de l'économie du Québec?.
M. Fitzgibbon : Bien, en
termes spécifiques, il y a des chiffres, là, mais je pense qu'un des enjeux
qu'on a dans la main-d'oeuvre, c'est la requalification. La bonne nouvelle, ce
sont les emplois vacants. Je n'ai pas le chiffre précis, il change tous les
mois. Mais sur le chiffre d'emplois vacants, la majorité ne requiert pas de bac
universitaire ou d'enseignement supérieur. Donc, on peut croire qu'on pourrait
requalifier ces gens-là pour occuper ces postes-là, quand on regarde le nombre
de chômeurs, le nombre de gens qui sont sur le marché du travail. Alors, moi,
je pense que le gros enjeu, c'est, justement, d'exécuter le programme que mon
collègue à l'Emploi, dans la dernière législature, avait mis en place,
2,9 milliards, si je me rappelle, de requalifier. La nouvelle ministre de
l'Emploi est à l'oeuvre aussi là-dedans. Donc, je pense, l'enjeu principal,
c'est de requalifier les gens aujourd'hui qui ne travaillent pas, qui
pourraient prendre, je pense, c'est 80 % des emplois vacants présentement.
Deuxièmement, je pense qu'il faut, au
niveau de l'enseignement, éducation, enseignement supérieur, qui inclut les
collèges techniques et les cégeps, CCTT, universités, évidemment, d'avoir un
meilleur appariement entre les besoins en entreprise ou besoins sociétaux dans
les services publics et la formation. Puis je pense que ça, le système
allemand, entre autres, le système dual fonctionne très bien. Donc, je pense,
il faut améliorer un peu la relation entre ce qui sort des collèges et ce qui
est en besoin puis en même temps requalifier, les deux approches importantes
qu'on doit considérer.
• (12 h 10) •
M. Beauchemin : Je vous
entends puis je me pose la question... Parce qu'on a vu que l'augmentation du
nombre de travailleurs temporaires a littéralement, là, explosé dans la
dernière année. C'est comme, en fait, répondre avec des travailleurs étrangers
pour les besoins de main-d'œuvre au Québec. Donc, la requalification que vous
mentionnez, elle, n'est pas prioritaire. Est-ce qu'il y a, comme... on peut-u
faire un lien entre un et autre? Dans le sens que les emplois sont encore là,
les employés ne sont pas requalifiés, mais les emplois qui sont encore là se
font satisfaire par une demande... par par une source étrangère, si on peut
dire, d'une certaine façon, alors...
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, je pense qu'il faut travailler encore plus fort pour que le 4 %
de chômeurs, présentement, puisse se requalifier. Je pense qu'un n'empêche pas
l'autre. C'est sûr que les travailleurs temporaires étrangers, bien, c'est des
besoins spécifiques qu'on n'a pas pu combler puis que le fédéral accepte
qu'on... qu'on ouvre les valves, si je peux dire, pour l'embauche, mais, en
même temps, je pense qu'on continue, la ministre de l'Emploi travaille très
fort pour que... prendre le plus grand nombre de chômeurs possible pour essayer
de les inciter à prendre ces travaux-là. Il faut faire les deux en même temps,
je pense.
M. Beauchemin : Quand on
regarde les juridictions qui sont proches de nous, l'Ontario, les États-Unis,
les réponses par rapport à la pénurie de main-d'oeuvre sont différentes qu'au
Québec. Quand on veut regarder ces conséquences que ça a pour nos PME, selon
vous, c'est quoi, les conséquences à long...
M. Beauchemin : ...terme sur
les PME de notre approche par rapport justement à cette pénurie de
main-d'oeuvre là versus ce qui semble se faire en Ontario puis ce qui semble se
faire aux États-Unis?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, moi, je regarde positivement le fait... Quand on regarde les
investissements privés non résidentiels, qui sont, règle générale, les
investissements d'entreprises, on voit un désir d'investir qui a augmenté de
façon importante au Québec, là, je pense, c'est 14% ou 15 %, dans les
chiffres que j'ai vus, mais c'est des statistiques, mais quand... c'est des
projections, mais quand même faites par les CEO, je regarde l'indice de
confiance de l'économie du Québec de nos entrepreneurs, depuis un an, un an et
demi, on voit une hausse. Moi, je pense qu'il y a un engouement, je pense que
les entrepreneurs veulent investir et je pense que les programmes qu'on a mis
en place sur l'OTM, on en a parlé tantôt, et sur le programme Productivité
Innovation d'Investissement Québec pour investir avec les entreprises dans la
robotisation et la productivité, moi, je pense qu'on va pallier en partie avec
nos programmes incitatifs de rehaussement de la productivité, qui vont faire en
sorte que la pénurie de main-d'oeuvre va avoir une pression moins grande. Mais
elle va toujours demeurer, puis je pense que ça va toujours être important que
les entreprises puissent bien vendre leur... le bienfait des emplois qu'elles
offrent aux employés, et ça va rehausser les salaires, vous voyez, ça risque
d'augmenter. Alors, il y a toutes sortes de mesures qui vont se faire. Mais,
bon, je pense que la productivité, on est dans une position intéressante pour
l'améliorer, considérant qu'on a une pénurie de main-d'oeuvre, avec les
technologies nouvelles.
M. Beauchemin : Quand on
regarde le nombre de chômeurs, on parle de 202 000, 208 000, quelque chose
comme ça, quand on regarde le bassin... la capacité d'additionner du monde dans
le bassin de travailleurs, c'est des gens de 65 ans et plus qu'on pourrait
attirer vers le marché du travail, on parle de 75 000, 78 000. Donc, ce qui est
en jeu, là, pour se rendre finalement à un taux d'emploi de... un taux de
chômage de zéro, là, O.K., qui est économiquement impossible à atteindre, on
parle de 276 000 emplois, avec un bassin de la population qui n'augmente pas,
des gens qui année après année vont prendre leur retraite. Ce nombre de postes
vacants là va donc plutôt augmenter.
Donc, comment qu'on fait pour... Je sais
qu'on a... vous parlez d'innovation, mais, vous l'avez dit tantôt, ce n'est pas
des diplômes universitaires tant que ça qu'on a de besoin. Ça ne va pas
exactement dans ce que le premier ministre avait mentionné, là : Moi, je
veux... Je ne me souviens plus exactement l'expression, là : Je veux des
gens qui aident ma moyenne au-dessus de 50 000 $, ou je ne sais pas quoi
exactement, là. Mais ça n'aide pas à la situation, là. Comment qu'on fait pour
pouvoir justement aider nos PME, qui vont avoir de plus en plus... Ce
problème-là va être de plus en plus criant pour les 10 prochaines années, là.
M. Fitzgibbon : Bien,
premièrement, quand on parle des postes vacants, je pense qu'on comprend dans
l'histoire du Québec et d'ailleurs qu'il y a toujours un nombre minimum
d'emplois vacants comme de chômage, là, puis, règle générale, là, si j'ai bonne
mémoire, là, on parle de 125 000, 150 000 postes vacants, bon an mal an, qu'on
a toujours dans... vécu au Québec. Là, on a un excédent de ça, il y a probablement
un 75 000, 80 000, 100 000... 75 000, 100 000 personnes qu'il faudrait combler
le plus vite possible.
On regarde de l'autre côté, effectivement,
le chômage à 4 %, là, ou 4,1 %, il ne baissera pas à 1,5 %, là, ça va
être un peu utopique, quoique certaines régions peuvent le faire. Il y a quand
même aussi, on oublie souvent, plusieurs... Je pense qu'il y avait 200 000
personnes qui n'étaient pas sur les listes de chômage, qui n'ont pas... des
gens qui ont peut-être des problèmes... santé mentale légers, des problèmes...
des gens qui ne veulent pas travailler, qui ne voulaient pas travailler. Il y a
un bassin de population là-dedans intéressant qu'on va regarder. On parle des
communautés autochtones - j'ai passé beaucoup de temps depuis quelques mois
aussi dans les communautés - il y a probablement un bassin de personnes, là
aussi, qui veulent travailler.
Alors, moi, je pense qu'il faut... Le
travail va être plus complexe, parce qu'il faut convaincre ces gens-là que les
travaux... le travail, l'emploi est intéressant, c'est souvent des emplois
techniques, c'est souvent des emplois qui sont difficiles. Alors, moi, je
pense... moi, je suis confiant qu'on... ça va être... c'est plus compliqué,
mais notre ministre de l'Emploi est sur ça. Les travailleurs d'expérience -
puis les travailleurs d'expérience, ce n'est pas les aînés aujourd'hui - il y
en a effectivement à peu près 80 000, là, quand on parle de l'Ontario. Bon. Au
Québec, on est peut-être... on est sous... on est sous-éduqués, entre
guillemets, par rapport à l'Ontario. Donc, c'est sûr que travailler sur un
modèle Excel, à 68 ans, c'est plus facile que d'être dans une mine de sel aux
Îles-de-la-Madeleine, là. Donc, je pense que, quand on va avoir les cohortes
dans les prochains...
M. Fitzgibbon : ...Prochaines
années, je pense qu'on a une chance d'aller chercher une bonne partie de ces
gens-là. Mon collègue aux Finances a mis quelques incitatifs fiscaux
importants, je... on pourrait peut-être en faire plus éventuellement. Mais
c'est clair qu'on a un bassin intéressant là, puis, si on on allait chercher la
moitié de l'écart avec l'Ontario, on parle de 35 000 personnes, mon
75 000, tantôt, d'excédentaire, travaux vacants, il en manque 40 000.
Les communautés...
Alors, ce n'est pas... Ça ne sera pas
facile, mais je pense qu'on est capables. Puis je pense que mes collègues à
l'Emploi sont... Mon collègue... Ma collègue à l'Emploi travaille parce que
c'est une clé de voûte. Et, en bout de piste, la productivité aussi, oui. On ne
va pas tout mécaniser les 200 quelques mille emplois qui ne sont pas comblés.
Mais je pense qu'on voit, l'innovation est accrue. Les entreprises sont face à
un problème, mais elles veulent le régler, puis le gouvernement ne peut pas
tout régler au complet, ça fait que certains vont aller plus vite, peut-être
dans la productivité, dans l'investissement et l'innovation. On le voit.
Certains secteurs, ça va être plus difficile, il va falloir être plus prudents.
M. Beauchemin : Vous le
disiez tout à l'heure, que, dans les postes qui sont à combler, ce n'est pas
tous des postes qui ont de besoin d'être avec un diplôme universitaire, un.
Deux, vous le mentionniez aussi tantôt, que les gens qui sont sur le chômage,
ce n'est pas tous des gens qui, eux, vont avoir les outils nécessaires pour
pouvoir permettre, disons, une connexion rapide avec les nouveaux postes ou les
postes qui sont disponibles. Est-ce que vous croyez, donc, que les grosso modo,
là, 280 000 personnes, là, qu'on discute depuis tantôt, qui sont relativement
disponibles pour retourner sur le marché du travail, est-ce que ces
280 000 personnes là vont améliorer notre productivité?
M. Fitzgibbon : Bien, juste
pour mettre les chiffres à l'heure, là, les chiffres en place, là, c'est les
mêmes chiffres. On a 207 000 postes vacants puis, quand on regarde
ça, il y a seulement 31 000 qui requièrent une formation universitaire, donc on
a quand même 15 %. Donc, 85 % non universitaires. C'est ce qu'on
disait tantôt, là, c'est le même chiffre. Bon, 280 000, je ne sais pas,
là. Peut-être la mécanique n'était pas 280 000. Le chômage, c'est à peu
près 200 000. Puis c'est ça. À... là, peut-être qu'il y a une autre...
Probablement pas. Probablement qu'il y a
beaucoup de postes à niveau inférieur qu'il faut combler rapidement, qui
n'augmenteront pas la productivité. Mais je pense, dans ces secteurs-là, c'est
là que le plus grand effort, je pense, est, puis au niveau de la robotisation.
Je pense aux plongeurs dans les restaurants, par exemple, tu sais, il y a
beaucoup de travail qui se fait présentement là-dedans par l'ITHQ et d'autres,
ça fait que... Puis ça n'aidait pas la productivité, mais ça va au moins donner
des travailleurs à ceux qui ne sont pas encore rendus à vouloir innover, on
pense aux champs, par exemple. On avait investi dans une société qui faisait la
collecte des brocolis dans le champ, pas robotisée, mais, là, il faut aller
plus vite, là. Alors, c'est sûr qu'il y a une pression pour aller plus vite
dans ces secteurs-là, mais, entretemps, il va falloir engager des gens pour...
M. Beauchemin : Mais vous ne
disiez pas tout à l'heure que l'enjeu et ou la solution pour améliorer notre
performance économique, c'est l'innovation qui va amener, justement, une
augmentation de notre productivité?
• (12 h 20) •
M. Fitzgibbon : Oui, mais, en
même temps... Absolument d'accord. D'ailleurs, chez Investissement Québec
aujourd'hui, les deux critères importants, c'est réduction de GES et augmenter
la productivité même s'il y a moins d'emplois. Pendant ce temps-là, ça prend
des plongeurs dans les restaurants, ça prend des gens qui vont aller cueillir
nos fruits puis nos légumes. Ça fait qu'on a une espèce de... ce n'est pas un
paradoxe, là, mais il y a deux approches. Moi, je pense qu'il faut essayer le
plus possible que l'innovation soit aussi pour les travaux peut-être qui sont
moins intéressants pour les gens qui ne travaillent pas présentement. Parce que
c'est ça qu'est l'enjeu, il faut convaincre les gens d'aller travailler. Puis
il y a des gens qui ne veulent pas faire certains travaux, alors, si c'est le
cas, on a deux choix, immigration temporaire ou on met des robots. Mais, les
robots, ça prend du temps avant de pouvoir les mettre en place, là.
M. Beauchemin : Je comprends.
Écoutez, il y a une page que j'ai beaucoup aimée durant le budget, c'est la
page G-7. Ça fait que je ne sais pas si vous pouvez y avoir accès, là, la
page G-7, qui parle de la contribution des facteurs à la croissance
économique du Québec. Je l'ai même déchirée pour m'assurer de l'avoir proche de
moi. On y voit que le bassin de travailleurs potentiels pour le Québec, de 2024
à 2027, il n'augmentera pas. On voit aussi que le taux d'emploi va avoir une
tendance de 0,5 % pour...
M. Beauchemin : ...moi, ce
qui m'a vraiment retenu mon attention, c'est, on parle de productivité, on
parle d'innovation, à cette même page là, il y a une statistique, ça prend une
calculatrice pour le faire, parce que c'est quand même... ça ne saute saute pas
aux yeux, là, quand on le regarde comme ça. Mais, de 2010 à 2019,
l'augmentation moyenne de la productivité a été de 0,7 % pour toutes ces
années-là. Quand on regarde 2020, 2021, 2022, 2024, 2024 à 2027, c'est la façon
que la page est décrite, la page G.27, qu'on fait la moyenne de tout ça, la
productivité pour ces années-là, donc de 2020 à 2027, est plus petite de
0,6 %, donc moins de productivité, là, depuis 2020.
M. Fitzgibbon : Mais je pense
qu'il faut... avec vous, je pense qu'il faut faire attention aussi, il y a
peut-être un peu d'aberrations. Je voyais, en 2021, 0,6%, moins 3, moins 9, il
faut faire des blocs ensemble. Mais, quand on regarde la projection dans le
cadre financier, on a quand même 1 % d'augmentation, basé sur ce qu'on
pense que nos programmes vont amener. Clairement, au niveau des travailleurs
potentiels, il y a une limite... on a mis zéro. Le taux d'emploi, bien là, on
parle probablement... bien, pas pas probablement, on parle, entre autres, des
gens d'expérience qu'on va augmenter un petit peu. Mais moi, je regarderais, en
même temps, de ce qu'on voit de 2020 à 2023, là... pas ça ensemble, parce qu'il
y a un peu d'aberrations probablement à cause de pandémie, je présume, là. Mais
moi, je pense, le 1 %, je le... c'est un chiffre qu'on peut viser.
M. Beauchemin : Bien, il y a
effectivement eu, à partir de 2020, un changement de gouvernement, d'une
certaine façon. Mais ce que je voulais dire, c'est qu'en moyenne, quand même,
parce qu'il y a des hauts et des bas, il y a des ralentissements, il y a des
expansions économiques, les cycles économiques, étant ce qu'ils sont, c'est
normal. Plus on a un horizon de temps à long terme, plus on est capable d'avoir
une vision des actions gouvernementales, puis voir qu'est-ce que ça a comme
effet, donc, sur l'économie dans son ensemble. C'est pour ça que je regardais
de 2020 à 2027. Puis, quand je vous dis, ce calcul-là vous donne une
productivité moindre que celle qui a été exercée de 2010 à 2019. Donc, c'est
quand même notable.
L'autre conséquence de ça, c'est que,
quand on regarde justement ce qui est mentionné de 2024 à 2027, pour
l'augmentation de la productivité, on parle de 1 % qui est un estimé, on
sait que l'Ontario, c'est plus élevé. Comment on va pouvoir faire le
rattrapage, le fameux rattrapage que monsieur Legault veut, tout le temps, nous
ramener, nous... contre l'Ontario, quand on va avoir... un recul contre
l'Ontario dans ce cas-ci?
La Présidente (Mme D'Amours) : ...secondes.
M. Fitzgibbon : Bien,
premièrement, c'est des projections par le ministère des Finances.
Deuxièmement, les... que vous utilisez avec l'Ontario, quand on mesure depuis
2018, ici, s'est résorbé de 2,5 % à peu près...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci beaucoup. Nous allons passer à la dernière e période d'échange. Mme la
députée de Jean-Talon, la parole est à vous.
Mme Boutin : Merci, Mme la
Présidente. Je vais vous amener sur un autre... dans un autre domaine. Vous
parlez beaucoup, là, justement, de créer de la richesse collective en soutenant
la productivité, créer, soutenir l'innovation également, stimuler les
exportations. Moi, il y a un secteur que j'apprécie particulièrement, là, j'ai
commencé ma carrière dans l'aviation, puis j'ai eu la chance d'aller à Aéro
Montréal récemment, puis j'ai regardé aussi les crédits qui ont été accordés.
L'année passée, vous avez annoncé, en 2022, un 334 millions qui couvrait la
période 2021 à 2024 pour la Stratégie québécoise en aérospatial. J'ai quelques
questions par rapport à ça. Premièrement, c'est quoi, le bilan que vous pouvez
en faire jusqu'à maintenant? Puis 2024, ça arrive bientôt, là, qu'est-ce qui se
passe après 2024?
M. Fitzgibbon : Premièrement,
la semaine dernière, vendredi, je pense, j'étais à Aéro Montréal, réunion
annuelle de la grappe industrielle. C'est le fun de voir…La pandémie, comme on
le sait, a beaucoup affecté le secteur, les emplois ont baissé de façon
significative. Et là on a annoncé... 37 000 emplois, les ventes qui ont
augmenté de 10 à 15 %. Donc, on voit que le secteur a repris du poil de la
bête. Je trouve ça très intéressant. On voit des sociétés qui commencent à
investir, Bombardier, Pratt, Bell...
M. Fitzgibbon : ...Héroux-Devtek
dans des nouveaux projets. Là, la confiance est revenue parce que l'avion civil...
le secteur civil, plutôt, va très bien. On voit avec Airbus, la cadence qui
augmente de façon importante à Mirabel. Pour le A220, c'est très, très
encourageant. Donc, la plateforme ou l'état d'esprit de la communauté est bon.
Je regarde deux secteurs où on commence à bien faire, le secteur spatial. On a
fait, évidemment, du travail avec MDA, on a fait du travail avec GHGSat. Il y a
toutes sortes de sociétés qui sont dans l'espace spatial, et, clairement, dans
les prochains 10 ans, il va y avoir une effervescence de ces
investissements-là, et le Québec est bien positionné à cause de notre base
d'ingénierie. On a annoncé le programme de Télésat, là, qui retarde un petit
peu, mais quand même, qui avait choisi le Québec comme place assise.
L'autre élément important, c'est toute la
question de la migration de transition énergétique. Que ce soit le SAF, que ce
soit les appareils hybrides ou même électriques, on voit que le Québec, à cause
de notre filière batterie, à cause de nos ressources, que les sociétés... sont
intéressantes, de s'établir au Québec. Je pense à H55, une compagnie suisse que
j'avais visitée après mon séjour à Davos au printemps dernier... à l'automne
dernier plutôt... en janvier, en fait. Et cette société-là va faire des moteurs
ou des packs de batteries électriques et a choisi de travailler avec Pratt
& Whitney au Québec, parce qu'on avait Pratt, qui est motoriste, on avait
notre filière batterie.
Donc, moi, je pense qu'on a présentement
une capacité intéressante de pouvoir attirer de nouveaux projets, soit au
niveau de l'espace ou au niveau de la transition énergétique, tout en
continuant de performer avec nos filières plus traditionnelles, comme celles
que j'ai mentionnées précédemment. Donc, je pense que l'engouement est là. On a
annoncé la semaine passée des programmes... des appels de projets pour
l'investissement dans des nouveaux projets. On a annoncé 44 millions de
projets pour lesquels on subventionnait un montant important.
Donc, notre programme de la stratégie
aéronautique dans laquelle nous avions des crédits pour... des subventions pour
la R-D fonctionne bien. Parce que la R-D, c'est ça qui est la base. Si on
investit en recherche, aujourd'hui, appliquée, bien, on va avoir des chances
d'avoir des projets qui vont amener des projets plus commerciaux où les emplois
vont être bien...
Donc, je pense qu'on a une capacité, puis
je conclus en disant que j'étais à l'ENA, l'école nationale d'aéronautique,
c'est là qu'il avait lieu la réunion annuelle de Aéro Montréal. Et un fait important,
il y a quelques années, il y avait beaucoup de sièges de libres à l'ENA et
aujourd'hui les sièges sont moins libres parce que les jeunes veulent revenir
dans cette industrie-là, puis on doit avouer, pendant des années, qui a été
malmenée. Alors, moi, je suis confortable qu'on ait un bon environnement.
Mme Boutin : Bien, quand vous
étiez là la semaine dernière, c'est 47 millions pour soutenir quatre
projets, je pense, spécifiques. Est-ce que vous pouvez en dire un petit peu
plus?
M. Fitzgibbon : Oui, bien,
c'est des projets... beaucoup de projets là-dedans, il y avait par exemple le
SAF. Un SAF, c'est important, on regarde le kérosène vert, hein, si je pourrais
dire. Alors, on a l'habilité, au Québec, d'avoir du CO2, on va le convertir
avec de l'hydrogène vert. Donc : un programme qui travaille avec des
compagnies aériennes et la compagnie SAF+, ça, c'est intéressant; on a un
programme aussi pour les drones, on regarde ce qui va se passer au niveau des
drones dans les prochaines années; et il y a deux sociétés qui se sont mises
ensemble pour dire comment on va travailler ça, Bell Textron, pour un modèle
hybride d'hélicoptère, puis on a aussi Pratt & Whitney qui travaille avec
Flying Whales pour les ballons dirigeables. Donc, il y a quatre projets dans
lesquels il y a huit entreprises qui travaillent conjointement. Puis
l'important, c'est que le... qui va générer de ça va rester au Québec.
• (12 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme Boutin : Ah! je peux-tu
vous poser une petite miniquestion? Question piège : À quand la zone
d'innovation en aérospatiale?
M. Fitzgibbon : Il faut avoir
un chef. On a parlé avec le conseil d'administration. C'est clair qu'on est
voué à en avoir une, il faut juste travailler les morceaux qui restent à
établir en ce moment.
La Présidente (Mme D'Amours) : La
parole au député d'Abitibi-Ouest, en vous rappelant qu'il reste 1 min 30 s.
M. Dufour : Parfait. Donc, on
va passer peut-être dans un autre répertoire. M. le ministre, on vient de
parler de l'aéro, mais il y a aussi, je pense, un beau projet actuellement en
hydrogène vert, qui parle de blocs de stations de ravitaillement pour Val-d'Or
et Saint-Jérôme, entre autres, pour justement permettre d'avoir une autre
source de ravitaillement qui permettrait, justement, d'éliminer du diesel. Je
pense que ça pourrait bien terminer la première période de questions que le
ministre de l'Économie a à faire.
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, l'hydrogène vert, c'est clair que quand... moi, je regarde sur une
base de GES, là. On a, au Québec, l'ambition de réduire de 37,5 % et il y
a des secteurs qui ne seront pas électrifiables, je pense aux transports lourds
et je pense aussi aux industries des... on pense à l'acier, on pense au ciment,
on pense à l'aluminium...
12 h 30 (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...donc ces
secteurs-là, qui représentent quand même probablement un 15 %, 20 %
des GES qui sont émis au Québec, il faut qu'ils soient hydrogénés ou
bioénergisés. Alors, on a deux... deux éléments ici. Donc, on a la bioénergie
pour la méthanisation, pour la biomasse qu'on peut utiliser, puis il y a aussi
l'hydrogène qui peut être utilisé. Alors, moi, je pense que... je vois d'un
très bon oeil que le Québec produise... malgré le manque d'électricité, que le
Québec produise de l'hydrogène pour transport lourd, «fuel cell»,
ravitaillement, je pense, c'est important de faire ça pour décarboner...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
infiniment, M. le ministre.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 h 30. Merci, tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 30)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Je vous rappelle que la commission est réunie afin de
poursuivre l'étude du volet Économie des crédits budgétaires du portefeuille
Économie, Innovation et Énergie pour l'exercice financier 2023-2024. Nous
en sommes maintenant à une période d'intervention de l'opposition. M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Tantôt, on s'est quittés, on parlait de productivité. Je reviens
là-dessus, M. le ministre. C'est quoi, l'objectif qu'on a pour rattraper, donc,
la productivité par rapport à l'Ontario?
M. Fitzgibbon : Oui. De
vouloir combler l'écart, c'est une destination. Puis quand... justement, ce
matin, on parlait de Mackenzie, là, moi et les sous-ministres, l'équipe du
ministère, on a identifié... en fait, je l'ai devant moi, on a identifié des
chantiers qui vont faire qu'on va réduire l'écart, qu'on avait parti de 16, à
un moment donné, durant...
15 h 30 (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...en février
2022, on était à 12,6 %. On a plusieurs facteurs qu'on a identifiés, qui
vont prendre probablement une décennie avant d'arriver à zéro, parce que c'est
un chantier, tu sais, on était à 20 % d'écart à un moment donné, là, dans
le temps. Alors, nous, ce qu'on veut, c'est... On a voulu établir les
déterminants qui feraient en sorte qu'on ait une chance de réduire cet écart-là
et de les adresser un après l'autre puis de voir une progression. On aimerait
avoir un autre 3%, 4%, 5 % dans le mandat présent. Peut-être qu'on va y
arriver, peut-être pas, mais l'important, c'est la pente descendante qu'on veut
faire.
M. Beauchemin : La page G.7,
la page que j'aime beaucoup dans le budget du ministre des Finances, on voit, là,
que la productivité en 2022, l'année, là, que vous mentionniez juste... tout
récemment, là, était une baisse de 0,3 %. 2023, une baisse de 0,9 %.
Donc, si on rattrape, dans le contexte où est-ce que nous, on perd du terrain,
ça veut donc dire que l'Ontario perd encore plus de terrain que nous en
productivité. Si on a fait ce rattrapage-là de 2,5 %, vous dites, là, en
2022, quand nous, on a perdu 0,3 % de productivité, ça veut donc dire que
l'Ontario en a perdu encore beaucoup plus que nous.
M. Fitzgibbon : Oui, ça, je
suis en train de trouver les chiffres, là, parce que... C'est sûr que, pour
moi, ce qui est important, plus que le tableau que vous référez, là, parce que
le tableau... Que ce soit des projections que Finances a fait, là, je les respecte
beaucoup, mais, quand on regarde les chiffres réels, là, la variation avec...
woups! attendez un petit peu, avec l'Ontario, elle est montée jusqu'à
16,4 % sous votre gouvernement, là, c'était à la fin de votre
gouvernement, puis le cumul 2022, on est rendu à 13,8 %. donc 14, 2,4%...
il y a eu 2,6 % de réduction de l'écart depuis ce temps-là. Ça, pour moi,
c'est les vrais chiffres, là. Ça, on parle d'un PIB, on est réel, ici.
Une voix : ...
M. Fitzgibbon : Par habitant,
excusez-moi. PIB par habitant, réel. Donc, de 16,4%, à la fin de votre mandat,
à 13,8%é. Le cumul 2022, je pense qu'il manque un trimestre, là.
M. Beauchemin : O.K. Bien, je
comprends, sauf que je dois quand même me fier sur la page du ministère des
Finances, la page G.7, qui reprend le même data qui va cumuler vers cette
amélioration relative par rapport à l'Ontario à laquelle vous faites référence
sur votre tableau que je n'ai pas, là. Mais j'imagine que c'est le même data
qui doit donner ce résultat-là. Ça ne peut pas être différent, là.
M. Fitzgibbon : ...
M. Beauchemin : Oui, c'est
ça.
M. Fitzgibbon : ...c'est les
bons chiffres, ça.
M. Beauchemin : C'est le même
chiffre que le ministre des Finances a dû utiliser.
M. Fitzgibbon : Oui,
peut-être, mais c'est le bon chiffre, là...
M. Beauchemin : O.K. Donc,
quand on regarde ça, on se dit : Bon, bien, on a eu du rattrapage dans les
dernières années dans un marché qui a été de... baissier, si on peut dire, d'une
certaine façon, en termes de productivité. Si on fait juste juste prendre l'exemple
des batteries, où est-ce qu'avec l'annonce de Volkswagen l'Ontario a eu 10 fois
plus d'investissements dans ce secteur-là, qui était un secteur assez
prometteur, on peut s'entendre, là, ça augure quand même relativement bien
aussi pour l'Ontario au niveau de la productivité pour les années à venir.
Étant donné qu'on parle d'une game qui est relative, ici, là, on parle vraiment
de notre performance relative à la performance de l'Ontario, étant donné que
les prévisions du ministre des Finances sont que la productivité moyenne de
2024 à 2027 va être de 1 %, on doit quand même s'attendre aussi à ce que l'Ontario
aussi va avoir une certaine productivité. Les chiffres que j'ai cru entendre
étaient légèrement supérieurs aux performances que nous, on a eues. Donc, quand
je regarde ça puis je regarde aussi le rapport du Centre de la productivité et
prospérité, la Fondation Somers, HEC, que vous connaissez probablement, premier
paragraphe de la conclusion, on dit : «Au terme de cette 13ᵉ édition — de
ce rapport-là — on comprend que le Québec se trouve à la croisée des
chemins. Sans un changement radical de sa politique industrielle, non seulement
le Québec n'atteindra pas l'objectif fixé pour 2036 — ici, on parle
de productivité — mais son économie risque de s'enliser dans la même
spirale qui entraîne l'économie canadienne depuis le milieu des années 2010.»
Donc, je regarde tout ça, je me dis : Bon, O.K., correct...
M. Beauchemin : ...on planifie
une augmentation de 1 % de productivité. Il y a déjà eu des années
beaucoup plus rentables, si on veut, dans le Québec. Il y a déjà eu des années
beaucoup plus rentables, évidemment, en Ontario aussi. Croyez-vous vraiment,
là, qu'on va être capables de rattraper, même d'atteindre cet objectif-là,
disons, dans les 10 prochaines années?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, il faut y croire, hein, sinon on ne ferait pas le métier que je fais.
Tu sais, je regarde une feuille ici, là, c'est du potentiel quand même, mais je
regarde tous les projets de... juste la filière batteries, là, entre les
discussions engagées, donc les discussions engagées puis jusqu'en opération,
là, on a pour 38 milliards d'investissements. Le Québec n'a jamais vu ça.
Il n'y a jamais eu un dossier industriel où il y a eu autant d'investissements
potentiels. Donc ça, je regarde ça. 38 milliards, est-ce qu'on va faire
38? La réponse est probablement non.Moi, je pense qu'on va se ramasser à 10 à
15 milliards. Jamais vu, là. Sous les libéraux, là, avant vous, là,
pendant 15 ans, il n'y en avait pas de projet comme ça. Je regarde
l'aluminium. Si jamais Elysis est un succès, il y aura des annonces, plus tard,
qui vont se faire pour des milliards. Je regarde le fer. Alors, moi, je pense
qu'on a une situation privilégiée.
Puis le PIB par habitant, il y a un
numérateur et il y a un dénominateur. Alors, c'est sûr qu'au niveau du
dénominateur, il faut comprendre qu'il n'augmentera pas rapidement. Alors, si
on rentre des projets comme ça, sans avoir une pression trop grande sur la
main-d'œuvre ou de replacer de la main-d'oeuvre, clairement on va réduire... en
fait, clairement, on va augmenter le PIB par habitant. Ça, je suis très, très
confiant. Clairement, quand on compare à l'Ontario, moi, je compare aux
États-Unis maintenant aussi beaucoup, parce qu'il faut juste... il faut avoir
une multitude de benchmarks, le monde n'arrêtera pas non plus, là, en Ontario,
ils ont une beaucoup plus grande plateforme d'habitant. Alors, PIB par
habitant, parce que PIB seul, on n'y arrivera pas. Nous, notre croyance, c'est
que notre PIB va croître peut-être égal ou supérieur à l'Ontario, une
main-d'oeuvre qui va être plus stable. Ça fait que le PIB par habitant, on a
une chance de... C'est clair qu'on va l'augmenter. La question, c'est à quel
rythme on va l'augmenter pour réduire l'écart. Alors, moi, je suis très, très
confiant avec ce qu'il y a présentement sur la table à dessin, que, si on
exécute... qu'il faut exécuter, là, c'est des projets encore en discussion, je
pense qu'on va y arriver.
M. Beauchemin : C'est juste
que j'essaie de... c'est parce que, des fois, les chiffres, ils ont de l'air
non significatifs. On parle de 1 %. Pour tout le monde, 1 %, c'est un
arrondissement, ça n'a pas l'air d'une si grosse à faire, mais en augmentation
de la productivité, là, 1 %, c'est quand même relativement majeur comme
changement. Puis ce que j'entends quand vous me dites : C'est 12,5 %
ou 14,5 % qui reste, là, à combler dans les 10 prochaines années, ça
veut dire qu'il faudrait surperformer, l'amélioration en productivité, on
devrait surperformer l'Ontario de 1,5 %. Nous, on table, là, sur
page G7, que j'aime beaucoup, que de 2024 à 2027, on va être à 1 %.
Donc, on va surperformer l'Ontario de 1,5 %. Donc, ce que vous dites
indirectement, c'est que, pour cette période donnée là, assumons, là, une ligne
droite, là, O.K., pour cette période de trois ans qui est là, là, O.K.,
l'Ontario va donc perdre de la productivité de un demi-point par année pour en
arriver à faire ce rattrapage-là.
M. Fitzgibbon : C'est une
bonne...
• (15 h 40) •
M. Beauchemin : Parallèlement
à ça... Excusez, deux secondes. Parallèlement à ça, il y a quand même quelques
milliards de dollars d'investissements qui sont annoncés de façon récurrente en
Ontario dans l'économie. On a entendu parler de Volkswagen tout récemment.
Donc, moi, je ne m'attends pas à ce qu'il y ait un si gros manque de
connexions, si on peut dire, entre ce qui se passe en Ontario puis ce qui va se
passer ici. Ça fait que je ne le vois pas, comment qu'on pourrait être capable
d'avoir 1,5 % de plus de performance relative annuelle en productivité
contre l'Ontario. Ça... c'est... Je comprends que vous avez des bonnes
nouvelles, je comprends que les investissements vont se réaliser, je comprends
tout ça, et on est tous contents que ça aille bien dans notre économie, c'est
sûr et certain, mais là on parle de productivité, qui est une valeur qui est
relative en... C'est comme la deuxième dérivé. Ça fait que je me pose la
question comment on va pouvoir faire ça, parce que, là, on sous-entend une
baisse de productivité en Ontario. Si, nous, on table pour 1 % puis que
notre objectif, c'est de combler le gap, puis c'est 1,5 % par année,
grosso modo, que ça va représenter, on table donc que l'Ontario va perdre un
demi-point de productivité annuellement.
M. Fitzgibbon : Bon,
premièrement, le 1 % auquel vous référez, c'est une hypothèse du MFQ...
M. Fitzgibbon : ...ça fait
que, tu sais, j'oublie ça, là, c'est une hypothèse. On est 12 dans la salle,
une autre a mis 1,5, d'autre, elle a mis 2, d'autres, elle a mis 0,5. Donc, il
faut faire abstraction à ce 1 %, là. C'est une évaluation du ministère des
Finances que je respecte et que... nos vues sont pas mal plus agressives que
ça.
Deuxièmement, dans notre évaluation, qu'on
a validée avec, justement, nos aviseurs, nous croyons que le PIB du Québec
devrait augmenter à peu près au même rythme que celui de l'Ontario, PIB réel,
donc le numérateur. Le dénominateur va nous avantager parce que notre
main-d'oeuvre va rester stable. D'autre part, quand on regarde les
investissements, une donnée qu'on ne suit pas beaucoup, là, mais qu'on devrait
suivre aussi, bien, peut-être vous la suivez, là, c'est les investissements
privés non résidentiels. Pour moi, ça, c'est un gros, gros, gros élément.
Et ce qu'on voit, c'est qu'on a été,
depuis 15 ans, très déficients par rapport à l'Ontario quand on regarde
l'investissement en entreprise qui présuppose que l'investissement robot,
numérisation n'a pas été au rendez-vous, il n'y a pas juste ça. Je pense que
nos programmes en place peuvent faire... En fait, c'est une opportunité. Vu
qu'on est sous-productifs à l'Ontario, moi, je crois qu'on est... c'est plus
facile, pour nous, d'augmenter la productivité par heure travaillée, on parle
par heure travaillée. Moi, je pense qu'on a une meilleure chance que l'Ontario
considérant d'où on part. Si j'ai raison et si on est capables de monter les
heures productives avec le même nombre d'heures, parce qu'assumons qu'il n'y a
rien qui bouge, bien, moi, je pense qu'on a une meilleure... on a une chance
assez forte de pouvoir...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
M. Fitzgibbon : Puis, pour conclure,
PIB-PIB va avoir la même croissance. C'est au dénominateur qu'on va faire la
différence sur le PIB par habitant.
La Présidente (Mme D'Amours) : Quinze
secondes, M. le député.
M. Beauchemin : D'accord.
Écoutez, je vais continuer dans le prochain bloc.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suis prête à entendre, maintenant, le deuxième groupe d'opposition. M. le
député de Maurice-Richard, la parole est à vous.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Pour cette partie, j'aimerais bien parler d'intelligence
artificielle. Et je pense que vous accorderez avec moi, M. le ministre, que le
visage de l'économie et même une bonne partie de la société sera chamboulé,
sera vraiment très différent pour un certain nombre de secteurs d'industries et
de secteurs économiques, de vie sociale par rapport à ce qui est en train
d'être fait actuellement en intelligence artificielle.
Ça fait que je vais... je vais peut-être
commencer par un certain nombre de questions. Évidemment, ça part de la
prémisse où on a un désaccord qui est dû au fait que vous ne voulez pas tenir
une commission parlementaire pour venir écouter, dans un processus qui est
prévu ici, à l'Assemblée nationale, un certain nombre de spécialistes, un
certain nombre de chercheurs, de personnes de l'industrie qui viennent nous
parler comment est-ce qu'eux, ils voient les différents enjeux qui vont nous
toucher. Mais est-ce qu'il va y avoir, dans 10 ans, un certain nombre de
métiers où les gains en efficacité vont faire qu'on va avoir besoin de 50,
voire même moins 50 %, voire même moins, de main-d'œuvre?
M. Fitzgibbon : Écoutez, je
n'ai pas cette capacité intellectuelle de répondre à votre question. Par
contre, c'est clair, je pense, qu'on va devoir former beaucoup de gens, de
jeunes qui vont travailler sur les techniques AI, hein, parce que ce n'est pas
juste des Dr Bengio, là, tout le monde... avoir 50 dans notre environnement,
mais, bon, ça n'arrivera pas. Moi, je pense qu'il y a un gros effort qui est
fait avec les CCTT, l'enseignement supérieur. Tantôt, on en a parlé, le
15 mai, il y a eu une rencontre avec les cégeps pour former des gens.
Alors, il va y avoir un déplacement important, je pense, de main-d'oeuvre. On
risque d'avoir peut-être un peu moins de collets bleus, de gens qui sont... des
métiers difficiles, il va y avoir un «shift» qui va se faire. 50 %, ça
m'apparaît énorme, mais peut-être que vous avez raison. Puis je pense que ce
qui est important, c'est que, dans la transition, c'est un des cinq secteurs
qu'on va analyser, l'impact sur l'emploi.
M. Bouazzi : Je veux juste
être sûr. Quand vous parlez de métier difficile, est-ce que vous êtes en train
de dire que l'intelligence artificielle va plus toucher... les chamboulements
vont plus toucher les cols bleus que les cols blancs dans l'industrie?
M. Fitzgibbon : Non, mais
toute la robotisation doit passer par l'intelligence artificielle, on est
étroitement lié à ça. Je regarde ce qui se passe dans l'aluminium. Donc, il va
y avoir des impacts importants sur les travaux plus manuels, c'est sûr.
M. Bouazzi : Vous comprenez
que l'extrême majorité... à ma connaissance, je ne connais pas d'étude qui dit
que ce qui est en train de se passer actuellement va, justement, toucher de
plein fouet les cols blancs et non pas les...
M. Bouazzi : ...je comprends
que la robotisation touche les cols bleus, évidemment, mais cette
transition-là, elle a beaucoup été faite dans les 30 dernières années, et
les recherches actuelles, à moins que vous ayez des recherches, peut-être, dont
je ne suis pas au courant, qui expliquent que ça ne va pas être majoritairement
les cols blancs qui vont être touchés. Ma question pour vous, c'est :
Quels sont les secteurs de la société parmi ces cols blancs qui vont être le
plus touchés par des baisses drastiques du besoin de main-d'oeuvre?
M. Fitzgibbon : Je pense que
tous les secteurs vont être touchés. Vous avez raison, je pense que
l'intelligence artificielle, en soi, tu sais, il faut garder son application.
L'intelligence artificielle va être utilisée pour aider à mieux robotiser, à
mieux numériser. Donc forcément, ça va permettre d'avoir une plus grande
efficacité innovatrice dans des usines de fabrication. Ça va aussi affecter des
travaux peut-être plus cléricaux au niveau de la comptabilité... je suis un
comptable, par exemple, il va-tu y avoir moins de comptables dans le futur
parce que les robots vont faire le travail? Tant mieux, mais on va tout
simplement déplacer la main-d'oeuvre et on est dans un environnement privilégié
où le Québec a énormément de projets, puis on manque de main-d'œuvre. Alors,
pour moi, c'est une bonne nouvelle, alors il faut juste travailler dans une
transition.
M. Bouazzi : Donc, juste pour
dire, il n'y a pas de... Vous ne voyez pas, vous, un risque... C'est-à-dire
qu'actuellement, il y a des Québécoises et des Québécois qui sont à
l'université, qui rentrent à l'université, qui finissent leur cégep, qui vont
étudier dans une spécialité pendant les trois prochaines années, peut-être
quatre ou cinq prochaines années, et qui, dans 10 ans, le métier qu'ils
auront appris aura pratiquement disparu. En tout cas, il n'y aura largement pas
assez de jobs pour l'extrême majorité de ces gens-là. Est-ce que vous ne pensez
pas qu'il est de notre responsabilité de prévoir aujourd'hui tout de suite les
gens, et pour pouvoir s'assurer que les gens qui rentrent à l'université
maintenant ne vont pas étudier pour rien pendant quatre ans? Parce que six ans
après la fin de leurs études, il n'y aura plus de... je veux dire, et vous
parlez des cols blancs. Encore une fois, je suis très étonné. Je veux dire,
dans la recherche, on parle plus des avocats, effectivement, des comptables, on
parle aussi des assistants, on parle d'un certain nombre de métiers. Et la
question, et je suis d'accord avec vous, on n'a pas une boule de cristal, on
est occupés ici à l'Assemblée nationale. Il y a des chercheurs, par exemple, qui
ne font que ça, étudier ça. Et ne vous ne pensez pas qu'il est du rôle des
législateurs d'avoir une commission ici, à l'Assemblée nationale, pour éviter à
ces jeunes-là d'étudier pendant quatre ans dans une industrie qui va à peu près
disparaître?
M. Fitzgibbon : Bien,
première chose, je pense que vous avez tort. Parce que je pense que... pire que
ça. Moi, je pense qu'il y a beaucoup d'experts qui disent que les métiers que
nos jeunes qui rentrent au secondaire aujourd'hui n'existent pas aujourd'hui.
Alors, c'est sûr qu'on est face à ça. Alors...
M. Bouazzi : M. le
ministre...
M. Fitzgibbon : Je vais
répondre à la question, là.
M. Bouazzi : Oui.
M. Fitzgibbon : Alors, moi,
je pense que clairement, il faut être sensible à ça. Nous le sommes, sensibles.
Avec tout respect, ce n'est pas ici que ça va se régler. Alors, dans les cinq
chantiers que Luc Sirois va modérer, un des chantiers, si vous vous appelez
bien, c'est... ça va être la main-d'oeuvre. Donc il va y avoir des gens qui
vont pouvoir parler, qui vont pouvoir exprimer leurs vues. C'est clair qu'il
faut être sensible à ça. Alors, ce n'est pas en commission parlementaire qu'on
va régler ça. Moi, je dis tout simplement que le chantier qu'on met en place
avec la CIQ, un des cinq chantiers, adresse ce point-là.
M. Bouazzi : Donc, ce n'est
pas ici qu'on va régler ça. Évidemment, nous, on pense que les élus du peuple,
évidemment, ont un rôle important à jouer. Si quelqu'un prend à peu près une
minute de cette conversation qu'on vient d'avoir, est capable de recréer votre
voix, M. le ministre, en train de chanter la Marseillaise, est-ce que c'est
légal aujourd'hui, ça ou pas?
M. Fitzgibbon : Je ne
comprends pas votre question.
M. Bouazzi : Pardon?
M. Fitzgibbon : Je ne
comprends pas votre question.
M. Bouazzi : Est-ce que si
quelqu'un prend une minute d'une conversation, il y a la voix de quelqu'un,
reproduit cette voix-là pour en faire à peu près n'importe quoi, est-ce que c'est
légal actuellement au Québec ou pas?
M. Fitzgibbon : Ah! mais ça,
on en a parlé... on a parlé intimement, le 12 avril, vous étiez à la...
réunion. Les modèles supermodèles de génération d'images, de mots, il faut
qu'ils soient encadrés, alors on est... clairement on peut faire ça. Alors...
• (15 h 50) •
M. Bouazzi : Et ça, ça va se
faire à l'extérieur de la législation de l'Assemblée nationale?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député, voulez-vous laisser M. le ministre finir la question. Vous prenez du
temps. J'essaie de le calculer. M. le ministre répond en moins de temps que
vous prenez. Alors, pour être équitable, laissez le ministre répondre, s'il
vous plaît.
M. Fitzgibbon : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adressez-vous
à moi si vous voulez que j'intervienne, s'il vous plaît.
M. Bouazzi : C'est noté, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Fitzgibbon : Merci, Mme la
Présidente, c'est un débat... dogmatique que nous avons parce que tout ce que
j'ai dit, c'est que Luc Sirois, le Comité d'innovation... Conseil d'innovation
du Québec, son mandat, c'est de recevoir de l'information des gens qui veulent
parler... société civile, les experts, les professeurs, pour ramasser
l'information, pour être structuré en cinq chantiers, dont le chantier de
l'emploi. Et, quand on aura reçu l'information, on va prendre acte de tout ça.
Il parle de la gouvernance, le côté légal, on a un ministre qui ne fait que ça,
le ministre de la...
M. Fitzgibbon : ...la
sécurité du numérique, sa responsabilité au gouvernement, c'est de faire les
lois. Mais avant de faire des lois, il faut comprendre l'environnement dans
lequel nous sommes. Alors, nous voulons organiser...
M. Bouazzi : Je pense
que c'est la responsabilité de tous les élus du peuple du Québec de participer
à créer ces lois-là. Et il est évident qu'on va se poser la question est ce que
oui ou non, reproduire une voix à l'identique pour en faire autre chose est
légal ou pas? Et actuellement c'est un vide juridique. Est-ce que vous
pensez... À moins que vous pensiez que le rôle des députés de l'Assemblée
nationale n'est pas de participer à cette... à cette légifération. Je ne comprends
pas très bien quelle idée en a de la démocratie en se posant la question. Puis
il y en a beaucoup. La question de la responsabilité aujourd'hui, si quelqu'un
crée une intelligence artificielle qui donne des conseils juridiques, on a des
gens qui donnent les données sur laquelle on s'entraîne, d'autres personnes qui
entraînent les modèles, une troisième personne qui donne les conseils.
conséquences graves pour sa vie, pour son avenir,
qui est responsable aujourd'hui? C'est un vide juridique. Est-ce que c'est la
personne qui donne les données? Est-ce que c'est la personne qui fait le
modèle? Est-ce que c'est la personne qui fait le service? En tout respect à
tout le processus que vous faites à l'extérieur des murs de cette Assemblée, on
pense vraiment qu'il est du devoir de la... de cette instance démocratique de
penser à ces choses-là. Vous ne pensez vraiment pas que c'est notre rôle à
nous, en tant que législateurs, de faire ça?
M. Fitzgibbon : C'est
quoi, la question?
M. Bouazzi : Ma question,
c'est que les législateurs doivent réfléchir à la loi. Ça, ce n'est pas le
ministre seul, c'est tous les députés. Et actuellement, vous décidez de faire
des processus à l'extérieur des... de l'enceinte de cette vénérable institution
pour laquelle j'ai un respect immense, et je suis très étonné de la facilité
avec laquelle vous avez de penser que ce n'est pas notre rôle à nous de
réfléchir à ces choses.
M. Fitzgibbon : Alors,
bon, je vais commencer parce que je pense que j'ai été mal compris. Alors, j'ai
dû mal communiquer. Vraiment, ce n'est pas juste les 125 députés qui vont
regarder ça. C'est la population au complet. Ce qu'on fait justement avec
M. Sirois au CIQ, c'est qu'il va solliciter l'input de toute la
population. Les gens qui voudront faire des mémoires, ça peut être par le Web,
on va voir le procédé, il va y avoir un communiqué de presse qui va sortir
bientôt. Alors, je suis très satisfait. Et c'est ce qu'on va suivre comme
procédure, de solliciter l'opinion de tout le monde dans des chantiers
structurés, sinon ça va devenir carrément instructuré.
M. Bouazzi : Mais faites
les deux.
M. Fitzgibbon : Je n'ai
pas fini, madame.
La Présidente (Mme D'Amours) : Allez-y,
M. le député... M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Alors,
j'aimerais aussi que... pour voir... À la fin, on décidera qu'est ce qu'on va
faire avec ça. Et ultimement, le législateur, la personne qui va devoir
regarder si on fait un projet de loi, ça va être le ministère de la
Cybersécurité.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Avant de passer la parole à l'opposition officielle, je rappelle à tous les
membres de cette commission que s'il y a une commission qui veut être débattue
en commission, c'est la commission qui décide et non pas le ministre en
question. Donc, vous pouvez faire vos demandes à la commission concernée. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Beauchemin : Merci,
Mme la Présidente. Donc, M. le ministre, je veux juste continuer, là, en
productivité, quand on était en train de se parler tantôt. Vous avez dit on est
12 dans cette salle, ici. Il pourrait avoir 12 prédictions, là. En faites,
vous, votre prédiction au niveau de la... du gain en productivité pour les
années à venir, c'est quoi? Il y a la page G-7, là, mais votre... Vous,
votre...
M. Fitzgibbon : Je ne me
suis pas... Je ne suis pas... Je n'aime pas la numérologie. Moi, je regarde les
initiatives, les déterminants, et c'est ce qu'on a fait dans l'exercice à
l'automne 2021. Et ce qu'on met en place, par exemple Zone Innovation, les
programmes de productivité innovation, le programme de... OTM, de la SQRI, on
met en place des stratégies qui, selon moi, vont nous permettre d'augmenter
notre productivité, d'augmenter le PIB par habitant. Est-ce que ça va être
2 %, 1,5 %? Vous aviez absolument raison tantôt, que ça ne soit pas
4 % ou 5 % parce que c'est des chiffres énormes. Alors, moi, je
serais très heureux entre 1 % à 2 % de productivité sur un PIB qui va
croître plus de façon intéressante. Je n'ai pas de prédiction à faire parce que
ce n'est pas mon métier, là.
M. Beauchemin : ...évidemment,
dans un contexte, est-ce qu'on met... on met des sous du gouvernement, on a
des... On dit : O.K. mon objectif, c'est de faire tel genre de rendement,
mon objectif, c'est de faire tel genre d'augmentation du produit intérieur
brut, mon objectif, c'est d'avoir x nombres de dollars qui rentrent dans les
coffres de l'État, mon objectif, c'est d'avoir aussi donc une productivité
quelconque à améliorer, j'imagine. Non? Il n'y a pas... Il n'y a pas personne
qui a regardé l'objectif? À part à la page G-7, là, du ministre des
Finances, qui vient du rapport que vous avez mentionné, il n'y a personne qui a
donné un estimé? Grosso modo, si on fait ça, si on fait ça, si on fait ça, tous
ensemble...
M. Beauchemin : ...ça va
donner ça de gain de productivité au Québec?
M. Fitzgibbon : Comme je l'ai
dit tantôt, on a visé de réduire à zéro l'écart sur 10 ans, c'était le cadre
financier, puis là on a des mesures qui vont permettre peut-être d'y arriver.
Étant donné qu'il y a beaucoup de variables qu'on ne contrôle pas, je pense
qu'avancer des énoncés comme ça n'est pas crédible. Ce qui est crédible, par
contre, c'est de dire qu'on a établi des chantiers. Je reviens aux batteries,
là, on a parlé beaucoup de batteries, l'intelligence artificielle. Les deux, en
fait. L'intelligence artificielle, on a continué ce qui avait été commencé par
votre gouvernement. Dans le cas des batteries, c'est nouveau. C'est des
dossiers qui, selon nous, vont faire bouger l'aiguille.
Maintenant, d'avancer ici qu'on va réduire
de 4,5 % en 2027, ce n'est pas la nature de ce que je suis, comme
personne, mais je suis confortable. Par contre, quand les projets qu'on regarde,
qui s'insèrent dans une stratégie globale... qu'on s'en va dans la bonne
direction. Ça fait que je préfère travailler comme ça.
M. Beauchemin : Bien, je
comprends, puis je ne veux pas... C'est dur, des fois, de... comme, une
équation à trois variables. Si on a juste une équation, des fois, c'est dur de
quantifier les autres. Mais moi, je parle de l'information qu'on nous donne,
puis l'information qu'on nous donne, si on veut réduire le gap à zéro, ce
gap-là, c'est à peu près 13 % sur une période de 10 ans, c'est 1,3 %
d'amélioration de productivité de façon annuelle. Bon, je ne m'attends pas à ce
que ce soit une ligne droite, c'est sûr et certain, je m'attends qu'il peut y
avoir des meilleures années que d'autres, mais il va y avoir des moins bonnes
années que d'autres aussi, évidemment.
Mais, de façon totalement cartésienne, je
me dis, il doit sûrement y avoir eu l'exercice pour dire : Bon, bien,
O.K., correct, ce qu'on fait, ça se traduit en ça de productivité. Puis ce que
vous me dites, c'est qu'on a regardé l'objectif «at large» sans se dire :
Bien, O.K., correct, moi, je pense donc que la productivité devrait être
améliorée, hypothétiquement, là, avec un modèle Y, de façon linéaire, de
1,3 % par année...
M. Fitzgibbon : Non, on a plus
que ça. J'ai probablement, à la maison, ça d'épais de documents qu'on a
produits, qu'on a produits avec l'aide des consultants, et on a fait toutes
sortes de modèles empiriques pour les prochains 10 ans, pour arriver... Parce
qu'ultimement, la commande de notre patron, de mon patron, c'est de dire :
Comment est-ce qu'on va vider l'écart, comment est-ce qu'on va réduire l'écart
à zéro? Bon, on a fait un exercice mécanique, qu'on a fait, mais ce que je dis,
c'est que cet exercice-là nous montre qu'on pourrait arriver à zéro dans 10
ans, mais ça va être excessivement difficile, ça prend des conditions gagnantes
à bien des égards.
Alors, au lieu de lancer des chiffres
comme ça, je préfère... On a les cadres, trouvant les déterminants importants.
Parce que le problème d'un gouvernement, c'est qu'on peut se lancer sur bien
des chemins en même temps, puis le risque qu'on a c'est qu'on risque de ne pas
y arriver. Alors on s'est dit, moins de déterminants, allons-y, mais mesurons
l'impact, par contre, parce qu'après un an, un an et demi on pourrait dire :
Woup! on s'est trompés, parce qu'il est possible qu'il y ait un déterminant
qu'on a mal évalué. Moi, j'aime mieux avoir une... dynamique avec
l'environnement stratégique. Alors, on a un cadre qui nous permet, techniquement,
d'arriver à zéro, mais je ne veux pas lancer ça comme ça, parce qu'il y a
beaucoup de variables. Mais moi... On travaille sur les initiatives, puis, si
vous ajustez en cours de route, on va le faire.
La SQRI, qu'on veut... La SQRI, vous allez
voir l'annexe, là, parce qu'il y a 12 ou... plus que... il y a 15... puis je
regardais Joëlle, là... il y a 15 indicateurs, puis on a regardé, l'autre fois,
puis il y en a une couple que ça ne marche pas, là. Donc, il faut s'ajuster,
là, je pense que c'est normal. Alors, je pense qu'il faut avoir cette
capacité-là de dire : Woups! ça ne va pas aussi bien qu'on pensait.
Pourquoi? C'est-u un mauvais «marker» ou on n'est pas bons dans les
initiatives? Alors, je pense que je préfère travailler dans un mode comme ça.
• (16 heures) •
M. Beauchemin : O.K. Je vais
changer de sujet, pour ramener un sujet que vous aimez beaucoup, le Panier
bleu. On a vu que le gouvernement du Québec a investi plus de 5 millions,
en fait, c'est 5 470 000 $, dans le Panier bleu, et, pourtant,
il y a des commerçants et des Québécois qui ne sont pas certains que cette
plateforme soit, effectivement, la plus optimale possible. On comprend qu'il y
a eu 246 marchands qui sont inscrits comme étant des marchands... attendez, il
y a un terme, exactement, là... marchands identifiés... entreprises inscrites
pour faire partie, là, du Panier bleu. Il y a 220 000 entreprises, là, au
Québec, en tout et partout. Est-ce que ça, c'est-u un... il y avait-u un
objectif en termes de nombre d'entreprises qu'on voulait d'avoir d'inscrites?
Est-ce que 246 sur 220 000, c'était l'objectif? Est-ce que ça valait la
peine?
M. Fitzgibbon : Bon, si on
retourne un peu en arrière, le Panier bleu avait été créé, là, à quelque part
au deuxième trimestre de 2020, peut être zéro. Il avait deux objectifs. Le
premier objectif, c'est sensibiliser les Québécois à des produits locaux, puis,
deuxièmement, il avait l'objectif de permettre à certains commerçants.
16 h (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...transiger
en ligne. Alors, le dossier a évolué. Évidemment, la pandémie, là, pas besoin d'expliquer
ce qui s'est passé. ...a évolué, on a décidé de séparer ça en deux. Donc, on a,
d'un côté, les identifiants, comment on peut... comment on permet aux
consommateurs de pouvoir identifier la composante d'un produit en termes de sa
conception, fabrication complète ou partielle. Et, en même temps, on a
travaillé sur la plateforme pour le site transactionnel.
Donc, si on parle du transactionnel, on a,
effectivement, au 31 mars 2023, 250 marchands pour lesquels il y a 100 000 produits,
dont 600 des produits portent des marques de certification des produits du
Québec. Donc, si je regarde plateforme transactionnelle, ce qu'on a réalisé avec
le Panier bleu, c'est qu'il y a un besoin criant d'aider la numérisation de nos
commerçants, puis on le voit dans l'OTM. Donc, c'est pour ça qu'on va mettre
beaucoup d'efforts de ce côté-là.
Et présentement 250 marchands, 100 000 produits,
j'espère que ça va augmenter, mais, en bout de piste, l'idée n'était pas d'avoir
1 000 marchands à une date, l'idée, c'est d'avoir un processus, d'avoir
une plateforme qui permet aux commerçants de commencer à vouloir travailler,
puis éventuellement ils iront sur Amazon, ils iront ailleurs. Donc, l'idée ici
n'est pas de remplacer une plateforme, mais de donner l'occasion à des
commerçants, qui autrement n'auraient pas l'occasion de le faire, de le faire.
Alors, 250 marchands, 100 000
produits, on va... on va continuer d'augmenter. On a investi avec le Fonds de
solidarité, avec Desjardins puis Lightspeed. Donc, on a les bons partenaires.
Donc, on va continuer à vouloir performer plus sur la plateforme Panier bleu
transactionnelle.
M. Beauchemin : Vous avez
mentionné un chiffre tantôt, sur le nombre d'entreprises dont le produit est
totalement québécois, c'est ça?
M. Fitzgibbon : Non, ce que
je dis, c'est que... La plateforme transactionnelle, donc, on a 250 marchands,
100 000 produits, dont 600 des produits seulement, ce n'est pas beaucoup,
c'est... il y a une marque de certification, le label qu'on appelle... pour
Québec.
M. Beauchemin : Que c'est
totalement québécois.
M. Fitzgibbon : Exact...
Conçu... Il y a différents grades, là, tu as trois grades, là. C'est les
fabricants qui ont décidé de vouloir avoir une certification. Donc, il y a 600.
C'est-tu 600 fabricants ou 600 produits?
Une voix : ...
M. Fitzgibbon : Produits.
M. Beauchemin : Donc, 600 sur
100 000. Donc, il y a 99 400 produits qui n'ont aucune
certification.
M. Fitzgibbon : Des marchands
qui... Des fabricants qui n'ont pas... qui veulent... Ils ne voient pas le
mérite pour l'instant d'avoir... de passer par le processus de certification,
effectivement.
M. Beauchemin : Est-ce que ça
veut dire que c'est des... ce n'est pas des produits québécois ou ça veut juste
dire que c'est peut-être des produits québécois, mais ils ne veulent juste pas
se donner le trouble de le faire certifier?
M. Fitzgibbon : Exact. Il y a
un mélange des deux, là, évidemment, mais il y a des gens qui ne voient pas à
ce moment-ci l'utilité, puis ça va devenir avec la demande. Plus il va y
avoir... Plus le consommateur va l'exiger, plus les gens vont le faire. Alors,
c'est ça qu'il faut continuer à promouvoir. Alors, il y a deux choses : la
certification, qui est faite par un OBNL, que le gouvernement organise, et la
plateforme inc., qui elle, elle fait le transactionnel.
M. Beauchemin : Mais il n'y a
pas une façon de motiver les gens à, justement, vouloir l'avoir, cette
certification-là? Dans le sens que, je ne sais pas, moi, comme Métro fait le
produit vedette de la semaine, O.K., bien, ça pourrait être, sur le Panier
bleu, le produit québécois de la semaine va être publicisé sur le Panier bleu.
Donc, pour pouvoir avoir accès à ce genre de publicité gratuite, d'une certaine
façon, il faut avoir la certification.
M. Fitzgibbon : Oui, bien,
mais l'idée... Oui, bien oui, vous avez raison, mais l'idée était aussi de...
que la certification n'était pas seulement Panier bleu. On pourrait avoir une
certification sur Amazon par exemple. Moi, j'ai eu des discussions avec d'autres
plateformes. Je pense, les deux... Il y a deux choses, là, il faut séparer.
Pour la certification, est-ce que les
Québécois aimeraient avoir un label qui leur explique d'où vient le produit? C'est
ça, la question. Comment est-ce qu'on promouvoit ça? Puis ce n'est pas au
gouvernement de décider qu'est-ce que les gens vont acheter, mais on fait un
effort là-dedans. Puis est-ce qu'on est rendus à un niveau où on est
satisfaits? Non. Je pense, il faut continuer à le faire.
Moi, j'ai... j'avais dit ici, en cette
Chambre, voilà un an... puis on m'avait dit que j'étais... j'étais ridicule,
mais moi, j'avais dit : Pourquoi un jour on n'aura pas... Amazon n'aura
pas une section Produits du Québec? On va voir ça dans les prochaines années,
je pense. Alors, pourquoi on n'aurait pas des certifications sur Amazon? Ce qu'on
veut, c'est que les fabricants puissent avoir accès à une plateforme, peu
importe laquelle, où les gens vont pouvoir identifier d'où vient le produit,
ou, en fait, la conception, là. Alors, je pense que c'est... c'est ça qu'est le
focus qu'on va avoir dans le futur.
Une voix : ...
M. Fitzgibbon : Mais on a
quand même... On me montre ici, là... M. Bahan me montre que, sur le Panier
bleu, il y a une place, c'est Certifiés Québec, là. On a quand même accès à ce
qui est certifié Québec, mais ce n'est pas encore assez puissant pour que les
gens veuillent adhérer à faire cette certification, mais on va travailler sur
ça.
M. Beauchemin : Il me reste
une minute 10 à peu près. Je voulais juste vous poser une question vraiment
spécifique par rapport à... à ce qu'on disait ce matin. Donc, les... les
rapports, les secteurs que vous avez...
M. Beauchemin : ...avec
McKinsey et KPMG que vous deviez, aviez-vous eu le temps, durant l'heure du
lunch, là, de pouvoir produire cette liste-là pour la déposer pour qu'on
puisse...
M. Fitzgibbon : Non, mais, en
fait, mon collègue... on va parler de zone d'innovation tantôt.
Une voix : ...
M. Fitzgibbon : On va... on
va... Bien, il va décider... On va en parler... on va en parler verbalement
parce que c'est sur une zone d'innovation, finalement.
M. Beauchemin : Donc, vous
vous engagez à le déposer quand même, là?
(Consultation)
M. Fitzgibbon : O.K. Il est
en train de la faire.
M. Beauchemin : Parfait. Il
me reste combien de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : 45 secondes,
M. le député.
M. Beauchemin : 45 secondes?
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
M. Beauchemin : O.K. J'ai
encore le temps. Revenons d'abord au Panier bleu. Mon... notre minuterie
n'était peut-être pas optimale. C'est juste l'exemple, là, puis j'aimerais ça
peut-être clarifier peut-être c'est... comment la différence peut exister. La
campagne de publicité qui favorisait des pâtes produites à l'extérieur du
Québec à l'intérieur, là, du Panier bleu, vous avez peut-être entendu parler de
cette situation-là, là, il y avait un commerçant qui faisait la promotion de
ses pâtes, mais elles... elles étaient produites à l'extérieur du Québec sur le
Panier bleu.
La Présidente (Mme D'Amours) : 15 secondes.
M. Fitzgibbon : Le... la
qualification du Panier bleu, tu me corrigeras, la qualification du Panier
bleu, c'est que le commerçant doit être Québécois, peu importe ce qu'il vend,
parce que c'est impossible d'avoir un commerçant qui vend seulement des
produits québécois. Donc, panier...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci beaucoup, M. le ministre. Maintenant, je vais céder la parole à... au
député de Nicolet-Bécancour. M. le député, la parole est à vous.
M. Martel : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. le ministre, toute l'équipe. Je m'étais promis de ne
pas parler du parc industriel de Bécancour, mais là j'ai entendu 38 milliards,
10 milliards, filière batterie, je ne pouvais pas pas faire de lien, mais
quand même juste vous dire, avant de parler des... des dossiers, très content
de travailler avec vous, M. le ministre, de continuer notre travail au niveau
du développement des... des zones d'innovation. Avant d'être député, j'ai géré
un centre local de... de... d'investissement et... de développement, je veux
dire, et j'ai travaillé beaucoup avec le ministère de l'Économie, avec
Investissement Québec, j'ai toujours reconnu beaucoup de compétences à ces deux
organisations-là, mais là je veux le dire à micro ouvert que c'est... on est
chanceux d'avoir ces deux organismes-là. Je vois M. Vézina, M. Bahan,
la compétence a toujours été là, mais je pense, M. le ministre, que vous avez
insufflé un... un désir vraiment de travailler fort pour améliorer l'économie.
Moi, je sens la fonction publique, je sens Investissement Québec vraiment
motivés à travailler à la réussite de... de... Puis je veux en profiter de leur
présence pour les remercier, mais aussi les féliciter. C'est vraiment plaisant...
Là, je ne vois pas des gens nécessairement d'Investissement Québec, mais je
pense à Guy LeBlanc, je pense à Sylvie Pinsonnault, Jean-François Béland, Yves
Sicard, avec qui je travaille beaucoup au niveau des... des zones d'innovation.
• (16 h 10) •
Juste... je ne parlerai pas beaucoup du
parc industriel de Bécancour, mais, M. le ministre, le parc industriel de
Bécancour, il a 60 ans à peu près, c'est le seul parc industriel qui
appartient au gouvernement du Québec. Et, quand j'étais dans l'opposition,
évidemment, j'avais beaucoup de critiques à l'égard du... du parc industriel
parce que je disais que, dans les 15 dernières années, avant qu'on soit au
gouvernement, on avait perdu plus d'emplois dans le parc industriel qu'on en
avait créé, alors que c'est le seul parc industriel qui appartient au
gouvernement du Québec. On a perdu la centrale nucléaire de Gentilly, on a
perdu Norsk Hydro. La seule entreprise que les anciens gouvernements ont réussi
à mettre sur pied, c'est Greentone, une usine de cannabis qui n'a
malheureusement pas beaucoup d'affaires dans... dans le parc industriel, mais
depuis qu'on est là, je pense que c'est cinq, six qu'on a déjà en place,
beaucoup de centaines d'emplois de nouveaux, évidemment, tout le développement
de la filière batterie.
Je voulais vous demander, M. le ministre,
on a travaillé beaucoup ensemble au niveau des... des zones d'innovation, on a
déjà annoncé celle de Sherbrooke, celle de Bromont. Je viens de faire une
tournée pour des projets parce que, comme... comme directeur de CLD, ce qu'on a
mis en place, de faire travailler le milieu municipal pour les milieux de vie,
de faire travailler le... le secteur privé, les entreprises privées avec le
milieu du savoir, de voir toute la dynamique qui... qui ressort de tout ça,
moi, je n'ai jamais vu ça, là, dans les... dans les 30 dernières années,
de sorte qu'on a eu une trentaine de projets qui ont été...
M. Martel : ...déposer.
Évidemment, il ne peut pas y avoir 30 projets de zones d'innovation si on veut
développer des zones où est-ce qu'on va avoir un potentiel à l'international,
mais on en a ciblé quelques-unes qui sont quand même assez avancées. Je viens
de retourner... de les voir, et les gens ont travaillé très, très fort.
J'aimerais ça... Moi, le message que je leur ai dit, c'est : Vous êtes
dans la bonne voie. On aime le travail que vous faites, mais on ne veut pas
faire des annonces juste pour faire des annonces, sinon, on en aurait fait un
paquet juste avant la période électorale. On s'est fixé des barèmes, on est
très rigoureux là-dessus, on s'en tient à ça.
Ça fait que moi, je voulais vous demander
si vous aviez un message à adresser aux projets qui sont actuellement en
élaboration, là, qu'est-ce que vous leur diriez, à ces partenaires-là?
M. Fitzgibbon : Merci. Merci
pour les compliments au début. Puis il ne faut pas oublier notre chef, notre
chef a eu la vision, quand il a écrit son livre, que j'ai lu deux fois avant
d'aller en politique, là, Cap Saint-Laurent, donc, qui nous a beaucoup
inspirés. Mais je pense que ça répond un peu la question que le député de
Marguerite-Bourgeoys me posait. Je pense que les zones d'innovation, le
concept, évidemment, c'est d'avoir des thématiques où le Québec peut se
différencier, à laquelle on prend des entreprises privées, on prend
l'institution du savoir, à savoir une université, les collèges techniques et la
recherche. J'ai parlé tantôt qu'on manque de start-up, d'avoir des jeunes
pousses, là-dedans, dans des thématiques où le Québec peut gagner. Donc,
évidemment, on a choisi Sherbrooke, pour le quantique, on a choisi Bromont, la
zone de microélectronique, la vallée de la transition énergétique s'en vient
pour des raisons évidentes, Bécancour, Shawinigan, Trois-Rivières. On peut
penser que l'aéronautique, on peut penser que l'aluminium, on peut penser que
tout le côté minier... on peut penser aussi niveau santé, et on a, au Québec,
des thérapistes de l'intelligence artificielle. Donc, je pense qu'il y a des
thématiques naturelles qui vont faire en sorte qu'on va pouvoir avoir une zone
d'innovation qui va ultimement être le canal d'investissement du gouvernement
dans l'interventionnisme qu'on veut faire pour pouvoir combler l'écart de
richesse.
Ceci étant dit, si on n'est pas une zone
d'innovation, on est quand même pertinent pour le Québec, c'est pour ça que le
programme OTN se veut un programme transversal pour aider tout le monde, parce
qu'on ne peut pas laisser personne en plan. Mais le focus principal va être
dans des zones. On en a deux. Moi, je pense qu'on va finir avec quelque part
entre six et 10 zones.
Et je pense que la raison pourquoi on ne
les a pas toutes annoncées, c'est qu'on ne veut pas... ce n'est pas une course,
et on veut être capable de réunir les conditions gagnantes. Qui vont être quoi?
Une thématique, des joueurs des grands donneurs d'ordres, des start-ups,
universités, collèges, tout ça réuni ensemble avec de l'argent du privé. Parce
que le gouvernement ici va être le «catalyst» qui va animer ces zones-là en
bâtissant les infrastructures, mais on ne veut pas bâtir un stade vide, sans
équipe qui venir jouer dedans. Donc, ce qu'on veut, c'est qu'on veut bâtir des
zones où le privé est déjà engagé. Et c'est-ce qu'on a vu à Sherbrooke, pour
l'institut quantique, et ce qu'on a vu évidemment à... et à Bromont. Donc, moi,
je pense qu'on est... Le message que j'envoie, c'est que ça va être le cœur de
notre développement économique dans les prochains 30, 40 ans, mais, pour être
réuni, il y a des conditions qu'il faut respecter, puis vous faites un très bon
travail de regarder les zones potentielles, là, je les ai listées ici, qui vont
nous permettre de créer de la richesse pour les générations à venir. Mais on va
travailler très fort, dans les prochaines années, pour en faire le plus possible.
Mais, encore une fois, on n'a pas un chiffre en tête, il faut avoir une
thématique qui tient la route.
M. Martel : Puis ce qui est
intéressant, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...secondes.
M. Martel : Ce qui est
intéressant, puis peut-être que je peux conclure là-dessus, c'est que, même
s'il y a 30 projets et plus qui ont été déposés, l'idée de faire travailler
ensemble le milieu de l'éducation, du savoir, avec l'entreprise privée, même si
ça ne sera pas, à la fin, une zone d'innovation, on ne laisse pas tomber ces
beaux projets là. On a déjà commencé à parler de centre d'innovation, donc tous
les gens qui travaillent sur ces projets-là, ils ne travaillent pas pour rien,
là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 17 h 15, où elle entreprendra l'étude du
volet Solidarité sociale et action communautaire des crédits budgétaires du
portefeuille Emploi et Solidarité sociale.
(Fin de la séance à 16 h 16)