(Onze
heures vingt minutes)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, bonjour. Bonjour à toutes et à tous. Ayant constaté
le quorum, nous déclarons la séance de la Commission de l'économie et du
travail ouverte.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 103,
Loi modifiant diverses dispositions législatives principalement aux fins
d'allègement du fardeau administratif.
Je suis avec des collègues
et membres de la commission qui sont situés aussi dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine. Alors, nous avons donc deux salles pour cette
commission-ci ce matin.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Dansereau (Verchères) est remplacée par M. Chassin (Saint-Jérôme); M. Leitão (Robert-Baldwin), par M. Fortin (Pontiac);
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
par Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), par Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue); et Mme Richard (Duplessis),
par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Hier, nous en étions rendus au secteur agricole,
et, suite à la motion préliminaire, il y a eu des décisions qui ont été prises — je
veux juste les renouveler — c'est-à-dire
que le ministre de l'Agriculture agira au nom de la ministre déléguée de
l'Économie. Et nous avons aussi une nouvelle équipe de députés. Alors, je vais
y aller, là, par ordre. Alors, nous avons maintenant avec nous le député de
Pontiac, la députée de Bourassa-Sauvé ainsi
que la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Nous avions aussi la députée de Gaspé.
Alors, je crois
comprendre également que, M. le ministre, vous aimeriez prendre quelques
minutes pour bien camper les articles qui sont du bloc du secteur agricole.
C'est bien ça?
M. Lamontagne :
Oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous avons bien... Tout le monde est bien
d'accord, alors nous vous donnons la parole.
M. Lamontagne :
Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Salutations à mes collègues. Je voudrais
d'abord remercier aussi ma collègue la ministre déléguée à l'Économie, députée
de Les Plaines, de faire en sorte que je
l'accompagne dans son travail aujourd'hui. Le projet
de loi qu'elle a déposé, ça a été
beaucoup de travail, beaucoup de travail
de collégialité aussi avec plusieurs collègues de l'équipe gouvernementale. Et
puis, pour ce bloc-là, il a été convenu, là, que je venais en soutien à
toute l'équipe dans l'objectif de bien saisir la portée de ce qu'on est en
train de faire.
Alors, aujourd'hui,
je suis accompagné de mon directeur de cabinet, qui est M. Sébastien
Benedict, Mme Geneviève Masse, qui est
la sous-ministre adjointe au développement durable et régional, et puis
M. Stéphane Labrie, qui est le président de la Commission de
protection du territoire agricole.
D'entrée de jeu, je
vous dirais que ce serait le... ce qui est présenté, les quelques articles qui
sont présentés aux parlementaires, là, pour fins d'adoption... pour fins
d'analyse et fins d'adoption s'inscrivent dans une démarche qui est dans la
continuité de beaucoup de travaux qui ont été faits, qui touchent le monde
agricole, qui touchent le territoire agricole, qui touchent la prospérité de
nos entreprises agricoles, qui touchent, ultimement, la vitalité de notre monde
agricole quand on regarde par en avant. Parce qu'ultimement on peut avoir le
plus beau territoire et le plus grand territoire agricole, mais, si, en même
temps, bien, on n'a pas des entreprises agricoles qui sont dynamiques, on n'a
pas des entreprises agricoles qui peuvent se développer, bien, ultimement, on
peut avoir beaucoup de territoire avec pas
grand monde qui font grand-chose dessus. Alors, il y a eu, au fil des années,
beaucoup de travaux qui ont été faits, surtout depuis une douzaine d'années,
qui visaient un peu à faire un constat de la situation et puis d'émettre des
directions ou des recommandations, et tout ça.
Et puis ce qu'on fait
par l'entremise des articles qu'on présente, bien, en réalité, je dirais, il y
a quatre volets. Un premier volet, c'est qu'on vient reconnaître officiellement
dans la loi qu'on a un pluraliste modèle agricole au Québec. Il y a plusieurs
modèles d'agriculture au Québec. L'agriculture se pratique, et se pratique
selon une variété de modèles. Alors, ça, on vient spécifier ça dans la loi.
L'autre chose qu'on
vient faire, c'est qu'on vient donner... La Commission de protection du
territoire agricole, et ses commissaires, et
ses analystes ont un coffre à outils pour viser à l'application de la loi. Puis
cette loi-là, si on va voir l'article 1 de la loi de la protection
du territoire agricole, vise à protéger le territoire, vise à protéger les
activités agricoles, vise à accompagner le développement des entreprises
agricole. Alors, première des choses, on vient inscrire dans la loi la
pluralité des modèles.
Après ça, on vient donner des... on vient
rajouter des outils dans le coffre de la CPTAQ, à savoir les outils additionnels pour venir en soutien encore
davantage au développement de nos entreprises agricoles, après ça,
d'autres outils pour venir en soutien à nos commissaires
et à la commission pour avoir encore une capacité plus fine à rendre les
décisions appropriées pour s'assurer de protéger notre territoire agricole. Et
puis, parallèlement à ça, dans l'esprit du projet de loi n° 103 qui a été
déposé, il y a un certain nombre d'articles qui ont une portée vraiment
d'allègement réglementaire, si on veut, ce qui est recherché par le p.l. n° 103.
Et puis ce qu'on propose, ça s'inscrit d'abord
en droite ligne avec les travaux de la commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire du
Québec, qui est le rapport connu sous le vocable de rapport Pronovost. Si
on a à lire, mettons... Si on va à la page 205 du rapport Pronovost, on
parle du territoire agricole et puis de la revitalisation des milieux ruraux.
Et puis, le premier point, on parle de fermes de petite taille. Alors, on dit,
dans le paragraphe... On dit : «Plusieurs participants ont déploré le
manque de flexibilité de la réglementation sur la protection du territoire
agricole, qui empêche ou rend très difficile le démarrage d'une petite ferme,
même lorsque le promoteur a manifestement
les compétences professionnelles pour gérer une telle installation et que le
projet, malgré sa faible taille, paraît viable. On doit reconnaître que
certaines productions maraîchères biologiques ou émergentes ne nécessitent pas
de grandes superficies mais n'en sont pas moins importantes ou rentables.» Ça,
ça a été publié en 2009.
Parallèlement à ça, dans les pages qui suivent,
ce que le rapport vient dire : «Il y a cependant moyen de gérer ces
risques...» Parce qu'on dit : Si on va avec des plus petites superficies,
bien, ça peut entraîner des risques qu'à un moment donné les projets ne
fonctionnent pas, et tout ça. Alors, c'est à l'appréciation des analystes
financiers puis des commissaires d'évaluer ces projets-là. Bien, «il y a
cependant moyen de gérer ces risques en analysant rigoureusement les plans
d'affaires. Les projets soumis doivent notamment présenter de réelles
perspectives de viabilité et être portés par des promoteurs qui ont une
formation adéquate pour les réaliser.»
Ça, les paragraphes que je viens de vous
mentionner, ça porte sur trois articles parmi les 10 qu'on vient vous
soumettre. Et puis, comme je vous dis, ça s'inscrit dans le rapport Pronovost,
ça s'inscrit dans le rapport Ouimet de 2009, ça s'inscrit dans les travaux de
la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles de 2015, mais ça s'inscrit surtout dans la planification stratégique
de la Commission de protection du territoire agricole. Ça s'inscrit aussi dans
la volonté de la Commission de protection du territoire agricole de disposer de
moyens additionnels pour venir poser des gestes qui vont dans le sens d'une
plus grande vitalité de notre territoire agricole puis, en même temps, de lui
donner les moyens pour faire ce qu'elle fait depuis 40 ans à tous les
jours, c'est d'être le gardien, la gardienne de notre territoire agricole.
Et puis les commissaires rendent chaque année
des milliers de décisions qui portent sur toutes sortes de demandes qui, des
fois, souvent, vont porter sur l'aliénation ou un morcellement, une
municipalité, une MRC, pour toutes sortes de raisons. Puis, parmi ces
raisons-là, bien, à partir de... En 1996, il y a eu des changements dans la
loi, puis on a introduit la notion de
particularité régionale. Et puis cette notion-là a été développée, a été
raffinée. 2005, il y a des travaux qui ont été faits là-dessus. Et puis,
quand on est arrivés en 2009, il était question, dans le rapport Pronovost et
le rapport Ouimet, justement, de ces particularités régionales là.
En 2015, la commission, la CAPERN, dans ses
recommandations, a émis trois recommandations qui touchaient justement les particularités régionales. Suite à ça, dans son
plan stratégique 2017‑2021, la CPTAQ a parti un chantier pour vraiment venir raffiner qu'est-ce
que c'est, les particularités régionales, a accouché, en 2019, de cinq
piliers, cinq axes avec 23 indicateurs qui venaient vraiment baliser
qu'est-ce que c'était que les particularités régionales.
• (11 h 30) •
Alors, dans ce contexte-là, je vous dirais que
le travail qu'on cherche à faire, c'est, ultimement, de donner les outils à la Commission de protection du territoire
agricole de continuer à poursuivre son mandat dans un environnement où
notre agriculture a changé, mais aussi dans un environnement où on a
aujourd'hui une meilleure compréhension des
réalités qu'on a sur le territoire, partout dans les régions, partout dans les
places plus urbaines, si on veut, mais aussi une meilleure compréhension de l'évolution de notre agriculture puis aussi des particularités associées à certains modèles.
Puis, dans ce contexte-là, quand Pronovost dit
qu'on doit faire des analyses rigoureuses, là, de la rentabilité, de la
viabilité, tout ça, bien, dans cette optique-là, bien, au dernier budget, en
2021, en mars, on a donné des crédits additionnels à la CPTAQ pour qu'elle
puisse se doter d'outils additionnels qui visent à augmenter son intelligence pour faire en sorte qu'elle ait encore une
meilleure compréhension, une compréhension plus fine des réalités
territoriales puis aussi une compréhension
plus fine des réalités puis des nouveaux modèles agricoles qui sont émergents
aujourd'hui. Alors, tout ça, là, c'est tout synchronisé, je vous dirais, à
partir de Pronovost, à partir de Ouimet, la CAPERN, les besoins de la CPTAQ. On
a comme tout attaché ça ensemble. Alors, c'est quelques articles qui viennent,
de façon chirurgicale, si on veut, donner ces moyens-là à la CPTAQ.
Force est de constater aussi, je vous dirais que
j'ai pu le mentionner à plusieurs reprises, ce n'est pas quelque chose qu'on a
improvisé. D'abord, on se base sur un corpus qui est existant, mais on a
travaillé, depuis avril 2019, avec différents partenaires, dont l'UPA,
pour faire en sorte de convenir d'un certain nombre d'interventions
chirurgicales pour arriver aux fins qu'on recherche et puis, naturellement,
bien, la FQM, l'UMQ, la CMM. Et puis, en
tout temps, bien, les fonctionnaires ont travaillé étroitement avec la Commission de protection du territoire
agricole, qui recherche ces outils-là. Et d'ailleurs elle le mentionne dans son
mémoire, là. Si on va lire la dernière phrase, si on veut, le dernier paragraphe du mémoire de la CPTAQ... Attendez, je l'ai pris
en note, là, parce que... «Le Québec continue d'évoluer, les modèles d'affaires changent, et les modifications
proposées à la loi, dans le projet de loi déposé, offrent une occasion de procéder à des ajustements dans
l'intérêt de tous.» Alors, c'est comme ça que la CPTAQ conclut son
mémoire.
Mais, malgré tout ça, j'ai pu comprendre que,
suite à la publication des textes, parce qu'on n'a pas pu partager ces
textes-là, c'est en exclusivité aux parlementaires avant de le partager avec
les gens... Bien, il semblerait que la façon dont c'est écrit, la façon dont
c'est présenté, bien, ça a soulevé des craintes, des craintes qui, je vous dirais,
peuvent être légitimes. Puis alors je me suis mis vraiment en mode, si on veut,
depuis plusieurs jours, là, de faire en sorte de
réconforter, si on veut, ces craintes-là. Parce que, s'il y a une chose qu'on
vise par le travail qu'on fait là, quand j'entends qu'on fait pointer
l'étalement urbain, bien, je vous dirais, vraiment, ce qu'il y a en arrière de
ce qu'on fait là, là, on vise vraiment à créer de l'étalement agricole. Alors,
tu sais, on n'est pas à la même place.
Alors, j'ai pris acte, là, tu sais, de cette
dichotomie-là un petit peu, puis on a été très actifs, là, pour faire en sorte
qu'on puisse amener des propositions pour s'aligner puis faire en sorte
d'accomplir le travail qu'on cherche à accomplir, puis qu'ultimement... bien,
que mes collègues parlementaires puis différents groupes, bien, puissent
comprendre ce qu'on est en train de faire, puis l'apprécier, puis après ça,
ultimement, l'applaudir. Parce que ce qu'on va réaliser ensemble, bien, tu
sais, c'est au bénéfice de la protection de notre territoire agricole, c'est au
bénéfice de la protection des activités agricoles, c'est au bénéfice du
dynamisme de tout notre tissu agricole. Puis le grand bénéficiaire de tout ça
au fil des années, ça va être qui? Ça va être notre territoire, ça va être
notre ruralité. Ultimement, ça va se traduire par l'occupation dynamique de
notre territoire. Alors, c'est ça qui est devant nous.
Alors, ce que je recherche, dans un premier
temps, je vous dirais, pour qu'on parte les travaux sur le bon pied, O.K., c'est
d'avoir aussi un sens de direction ou un sens à savoir où mes collègues se
logent un peu. Parce que, je vous dirais, tu sais, il arrive, des fois, que
vous voyiez un titre dans le journal puis vous dites : Bien là, le ministre
a dit ça, puis, dans le fond, ce n'est pas vraiment ça que... les
24 minutes que j'ai pu parler avec quelqu'un, ce n'est pas tout à fait ça
que j'expliquais, mais c'est le titre, puis là, bien, on dit que le ministre a
dit ça. Bien, moi, depuis sept, huit jours, j'ai entendu bien des affaires que
mes collègues ont pu dire puis des représentations qu'ils ont faites, mais, en
même temps, c'est rapporté de la façon que c'est rapporté.
Alors, moi, je veux évaluer où on démarre, à
quelle place on part. Ma collègue disait : Bon, il semblerait que vous auriez des amendements. Ma collègue, aussi,
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue
m'a fait part de ça : Pourriez-vous les déposer avant? Bien,
honnêtement, j'ai dit à mon équipe, j'ai dit : Avant de déposer quelque
amendement que ce soit, bien, je veux savoir à qui j'ai affaire puis je veux
savoir quelle sorte d'échange on va avoir par rapport à ce qu'on cherche à faire. Ça fait que moi, je vais
vouloir voir un peu où vous logez là-dedans, votre compréhension de ce qu'on est en train de faire, votre appréciation de
ce qu'on est en train de faire, parce que ce qu'on est en train de
faire, c'est bon pour notre monde agricole. Alors... Puis après ça, bien,
honnêtement, il y en a qui... Vous avez travaillé avec moi, ma collègue de
Rouyn-Noranda, ma collègue de Bourassa-Sauvé, on a toujours fait atterrir nos
projets à la bonne place puis de façon très, très, très collaborative. Alors,
je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas la même chose avec les
10 articles qu'on a à s'occuper ensemble. Ça fait que c'est ça que je
voulais mentionner, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres membres qui
aimeraient intervenir? Oui? Alors, à vous la parole, Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Oui. Je pense qu'on
voudra tous intervenir et toutes intervenir. Bien, j'entends le ministre ce matin,
mais je veux lui rappeler qu'on n'est pas devant la CAPERN aujourd'hui, on
n'est pas devant la commission qui s'occupe d'agriculture aujourd'hui, on est
devant la commission qui traite d'économie. Et ce projet de loi là, le projet
de loi omnibus, là, est un projet de loi qui est porté par la ministre déléguée
à l'Économie, et, dans ça, il y a un bloc qui traite d'agriculture.
Je pense qu'on est tous ouverts et on est tous
pour le morcellement, l'idée d'un morcellement, là, des terres agricoles fait en
bonne et due forme pour aider notre relève agricole, pour aider une nouvelle
agriculture, pour faire une place à tout le monde, mais je pense que l'enjeu en
ce moment, c'est beaucoup plus que ça. Et, depuis les discours qu'on a eus sur
le principe de tout ce grand projet de loi là, et, quand on a traité du bloc
agriculture, entre autres, bien, on a vu la
réaction de bien du monde, de beaucoup, beaucoup, beaucoup d'experts en matière
de protection des terres agricoles, de groupes. Je pense à la FRAQ, je pense
à la CAPE, je pense à l'Union paysanne, je pense à plein de monde qui
voudraient avoir leur mot à dire et qui ont l'impression de s'être fait passer
une petite vite. Et ça, c'est plate, parce qu'on touche à une loi sacrée qui
est la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. Mme la
Présidente, cette loi-là, c'est une loi sacrée, c'est une loi qui touche notre
patrimoine collectif, qui touche nos terres agricoles. Et il y a des reportages
récents, là, qu'on a vus, très parlant, là, je pense à Québec, terre
d'asphalte, je pense aussi à une série, au canal Savoir média, sur
l'agriculture qui nous dit, qui nous rappelle comment la superficie agricole au
Québec est en train de se rétrécir, et il faut être très, très, très prudent.
Et on a vu, durant les 10 derniers jours,
les réactions de tout le monde, là, suite aux modifications qui sont proposées. Ça a fait couler beaucoup d'encre. Et
je pense qu'il faut écouter ces gens-là.
Et la preuve que ça trouble, c'est que
le ministre nous dit aujourd'hui qu'il y aura des amendements. Moi, j'ai ouï
dire qu'il y aura plusieurs amendements.
• (11 h 40) •
On a donc un bloc agriculture dans un projet
omnibus qui est porté par le ministère de l'Économie. Les modifications qui
sont proposées, Mme la Présidente, sont tellement importantes, et ça, je le
dis, là, à la lumière de tout le monde qui est intervenu durant les
10 derniers jours, sont tellement importantes. Et ça a des ramifications,
là.
On a le président de la CPTAQ qui est ici. Moi,
M. le président, j'ai été commissaire dans une commission au fédéral, mais je
pense que l'idée est toujours la même et que, quand on touche à des points
très, très pertinents ailleurs dans la loi, bien, les commissaires, bien, ils
devront se retrouver avec ça. Et ça veut peut-être dire une charge de travail
de plus pour vos commissaires, ça veut peut-être dire la nécessité de plus de
commissaires aussi à la CPTAQ. Et, quand je lis la loi, là, sur la protection
du territoire et des activités agricoles, je vois qu'on a déjà, à
l'article 4, un nombre très déterminé de membres, hein, et ça, on ne peut
pas toucher à ça. Bien là, si on change la mission de la CPTAQ, hein, puis elle
fait plus du développement et de l'analyse de projets, en plus de sa mission
originale qui est la protection des terres, bien, est-ce qu'on a les ressources
pour faire ça, est-ce qu'on a l'expertise, Mme la Présidente, pour faire ça? Parce que, pour
les commissaires de la CPTAQ, là, c'est un gros nouveau morceau, là,
hein, et ils sont, je suis sûre, déjà très débordés.
Alors, on a ce bloc-là. La sagesse appellerait,
Mme la Présidente, à ce que le ministre prenne ce bloc-là, en fasse un projet de loi, et qu'on ait une
réflexion, là, une réflexion en bonne et due forme. Bien, la démocratie, ça
demande... Et, on le sait, là, le processus parlementaire, quand on a un projet
de loi, là, hein, c'est guidé par nos grands principes de démocratie quand on
touche à une loi sacrée comme celle-là, hein, et qu'on veut la modifier d'une
façon profonde. Parce que, veux veux pas,
là, hein, ça touche quand même... Le ministre parle de modifications
chirurgicales, mais ça vient quand même chercher des éléments importants de
l'esprit de la loi. Quand on touche à ça, hein, bien, si on veut agir d'une
façon démocratique et dans le respect de nos agriculteurs et de nos... de tous
les gens qui oeuvrent dans le milieu agricole, et si on veut être respectueux
du Québec aussi en général, parce que c'est nos terres agricoles, c'est notre
patrimoine collectif, comme je l'ai dit, bien, il faudrait agir en bonne et due
forme, c'est-à-dire avoir un projet de loi,
avoir des consultations, écouter, là, tout le monde, comme il faut, pas dans un
omnibus, là, mais tout le monde, comme il faut, dans la bonne
commission, c'est-à-dire la Commission de l'agriculture, hein, et là s'asseoir
tout le monde ensemble, comme on l'a fait avec beaucoup de plaisir, là, lors du
projet de loi n° 99 qu'on a eu il n'y a pas longtemps avec le ministre, et
bonifier la loi.
La sagesse appelle le ministre à prendre ce
bloc-là, là, le retirer pour que, hein, du côté de la Commission de l'économie,
on puisse adopter la loi, hein? On le prend et on soumet un projet de loi. Et,
vu que c'est une priorité, je suis sûre que d'ici le mois de juin, et mon
collègue leader parlementaire pour l'opposition officielle est là... et je suis
sûre que, si le ministre le désire, mon
collègue, ici, va faire tout ce qu'il peut aussi pour contribuer à ce qu'on lui
fasse une place, à ce projet de loi là. Mais je pense que, si c'est une
priorité du ministre et de ce gouvernement-là, bien, on va trouver une place
pour déposer un projet de loi qui va répondre aux inquiétudes des gens, parce
que, là, les gens sont très, très inquiets, là.
Je veux dire, je peux continuer longtemps, là,
Mme la Présidente. Diane Parent, une professeure émérite, là, en matière d'agriculture, une spécialiste de la
protection du territoire agricole, bien, elle est un peu surprise. Elle
parle de désinvolture du ministre. Moi, je
sais que le ministre a l'agriculture à coeur, mais c'est l'impression que ça
donne, et c'est parce qu'on le passe
dans un projet de loi comme celui-là. Elle dit : «Un sérieux débat
s'impose, n'en déplaise au ministre!»
On a un autre chroniqueur très connu dans le
milieu de l'agriculture, Yvon Laprade, qui a écrit, il n'y a pas
longtemps : «Les terres agricoles ne sont plus achetables.» Et puis, dans
ce sens-là, il disait que, les modifications, lui, de la façon dont il les
comprend, c'est que, de la façon dont elles sont écrites là, bien, c'est que le
morcellement, ça va juste entraîner plus de surenchère, plus de surenchère,
ultimement, l'inquiétude d'un étalement urbain.
Alors, encore une fois, moi, je demande au
ministre d'y aller, là. Tout le monde nous écoute, là. Je suis sûre qu'il y a beaucoup de gens qui nous écoutent en ce moment, là, du
monde de l'agriculture, parce que j'ai parlé à beaucoup de monde, là,
durant les 10 derniers jours, j'ai parlé à des gens de l'UPA, les gens de
la FRAQ, les gens de l'Union paysanne, j'ai parlé à beaucoup d'agriculteurs
individuellement, là, j'étais dans Charlevoix il n'y a pas longtemps, tout le
monde est inquiet. Je lui demande de prendre ça, là, puis de nous faire un beau
projet de loi, là, qui pourrait nous amener... puis on procéderait comme il
faut. Et puis alors le ministre est là, est-ce qu'il pourrait, est-ce qu'il
pourrait souscrire à nos demandes, puis de retirer ce bout-là, et puis de nous
faire un projet de loi qui pourrait nous amener à la CAPERN? Est-ce que je peux
poser la question au ministre, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Ce
n'est pas tellement une période d'échange, là, à cette étape-ci, là, c'est
plutôt des commentaires. Mais, si le ministre veut répondre, on peut peut-être
l'accorder. Mais, si vous ne voulez pas, vous n'êtes pas obligé, M. le
ministre, parce qu'ici, là, à ce moment-ci, c'est une période pas d'échange,
c'est une période de commentaires.
M. Lamontagne : Alors, je vais faire
un commentaire suite à...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y, M. le ministre.
M. Lamontagne : Bien, je vous
dirais, Mme la Présidente, c'est qu'il y a une différence d'appréciation
considérable entre les propos de ma collègue et puis les interventions qu'on
est en train de faire. Quand je dis à ma collègue que c'est vraiment
chirurgical, ce qu'on est en train de faire, puis ma collègue parle de partir
un chantier pour réformer la Loi sur la protection du territoire et des
activités agricoles, il n'est pas du tout dans nos intentions de lancer un
chantier pour venir réformer la Loi sur la protection du territoire et des
activités agricoles. On a déjà un chantier qui a été lancé par ma collègue des
Affaires municipales, qui vise à tout établir une stratégie au niveau de...
excusez-moi, l'aménagement du territoire.
Et puis alors ce qu'on fait, vraiment, par ce projet
de loi là, là, c'est au service de nos entreprises agricoles puis c'est au
service de la vitalité de notre territoire agricole. Puis c'est très, très
limité, très limité, comme portée, ce qu'on est en train de faire, Mme la
Présidente. Alors, il n'est vraiment pas... On n'est pas du tout devant un
chantier, là, de convoquer les états généraux pour réformer la Loi sur la
protection du territoire et des activités agricoles, là. On n'est vraiment pas
là, là.
Ce qu'on vient faire, là, c'est répondre à un
besoin qui a été exprimé d'abord par la Commission de protection du territoire
agricole, mais aussi en ligne avec... La commission sur l'agriculture et puis
l'agroalimentaire du Québec, là, la commission Pronovost, là, elle a... écoute,
je ne me souviens pas du nombre de mois qu'elle a entendu tout ce qu'il pouvait
y avoir à entendre au Québec, là, puis elle a accouché de recommandations. Puis
ce qui est un petit peu triste, je vous dirais, bien
honnêtement, sans tomber dans la partisanerie, c'est que, tu sais, c'est votre
formation politique qui avait pris la peine de lancer ça, puis vous n'avez
jamais donné aucune suite à ça. Mais, honnêtement, on s'inscrit dans la
continuité des gouvernements. Alors, de venir finir le travail que vous avez commencé
et de contribuer à faire ça, moi, honnêtement, je le fais en toute
collégialité.
Mais pour répondre à votre question, non, il
n'est pas dans nos intentions, là, de partir un chantier, là, pour venir réformer la loi. La loi n'a pas besoin
d'être réformée. Au service des entreprises agricoles, on vient poser quelques
gestes, là, vraiment chirurgicaux qui vont être... de soutien pour la Commission
de protection du territoire agricole.
Puis je voudrais aussi mentionner, puis
j'inviterais madame ma collègue députée de peut-être élargir un petit peu votre
compréhension, en tout respect, du...
Une voix : ...
M. Lamontagne : Non, non, non, mais
c'est parce que, quand on mentionne que ce qu'on se prépare à faire là, ce
n'est plus dans le mandat de la CPTAQ, ce n'est plus dans sa mission, puis que
les gens qui travaillent là n'ont probablement pas les qualifications pour
donner suite à ça, bien, je m'excuse, M. le député de Pontiac, mais, en quelque
part, il y a une erreur, il y a une erreur sur l'organisme de qui on parle. Ça
fait 40 ans que ces gens-là, «day in, day out»... qu'ils
travaillent à assurer la protection du territoire agricole et des activités
agricoles. C'est juste dans ce sens-là, monsieur... Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
oui, oui. Là, vous savez, là, qu'il y a un temps de parole limité, hein, quand
c'est des commentaires, au départ, là. Alors, vous avez déjà parlé
9 min 30 s. Je vais vous laisser poursuivre parce que le
ministre a quand même parlé un peu plus encore, et ensuite on vous donnera la
parole, aux autres, là. Alors, le député de... Parce que ce n'est pas une
période d'échange, en principe, à moins que vous vouliez qu'on aille vers ça, mais là il faudrait que j'aie le
consentement de tout le monde. Mais ce n'est pas ça, l'objectif des
commentaires.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
M. le ministre.
• (11 h 50) •
M. Lamontagne : Je veux manifester à
ma collègue, là, que j'ai été malhabile dans les mots que j'ai utilisés puis je
lui présente mes excuses. Je connais la qualité de son travail, je connais sa
curiosité et puis j'ai été malhabile, là, dans les mots que j'ai utilisés, Mme
la députée, là. Mes excuses.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
bien. Alors, on peut poursuivre avec votre échange avec la députée de... Oui.
Mme Robitaille : Oui. Bien, je veux
dire, le ministre parle de modifications chirurgicales, bien, ce n'est pas ce
qu'on voit en ce moment. C'est peut-être ce qu'il va y avoir dans ses
amendements, mais ce qu'on voit, ce n'est pas du tout chirurgical. Puis,
écoutez, Mme la Présidente, j'entends le ministre, là, mais ce n'est pas moi
qui le dis, hein, c'est tout le monde qu'on a entendu depuis les
10 derniers jours. Encore une fois, Diane Parent, c'est quand même
une experte, hein, en la matière qui nous dit que les changements qu'elle voit,
ce n'est pas chirurgical. Il y a aussi les gens de la FRAQ, la Fédération de la
relève agricole, qui ont dit que ce n'était pas rien et que ce n'était pas si
chirurgical que ça, que ça avait des ramifications.
Et, sur les commissaires, je ne parle pas de...
En fait, ce que je dis, c'est que ces gens-là doivent avoir une formation, une
formation qui va être... Si la CPTAQ doit faire une analyse du plan d'affaires,
ce n'est quand même pas quelque chose qu'ils faisaient avant. Donc, moi, je me
mets à la place des commissaires, là, bien, il faut quand même une formation,
une formation pour, bien, s'adapter au changement.
Mais tout ça pour dire que je pense que, si
Jean Pronovost était là aujourd'hui, il serait déçu. Il serait déçu parce
que c'est une... Encore une fois, c'est porté par le ministère de l'Économie,
hein, et on a l'impression, puis en tout respect, là, qu'on vient rabouter quelque
chose, là, qu'ils ont fait ça... Puis les amendements ne sont même pas... on ne
les voit pas, on ne les a même pas encore, là. Ils avaient 10 jours, entre
le discours sur le principe puis aujourd'hui, pour nous les soumettre, on ne
les a même pas. Et puis il paraît... Ce que j'entends, le ministre peut me dire
si c'est vrai ou faux, bien, c'est qu'ils sont encore en train de rédiger les amendements.
Alors, moi, j'ai un problème avec ça. On touche
à une loi fondamentale et puis on n'est pas capables de voir venir. Alors, moi,
j'aimerais bien, aussi, avoir... connaître l'ensemble de l'oeuvre, connaître
l'ensemble des amendements qu'on va avoir avant de me pencher sur ce qui est à
venir. Parce que, malheureusement, je comprends que le ministre ne veut pas
nous soumettre un projet de loi en bonne et due forme qui pourrait être procédé
devant la commission, la CAPERN, et puis on pourrait avoir les consultations
qui s'imposent. Mais là on n'aura pas ça. Est-ce qu'on peut au moins avoir tous
les amendements, qui, à la lumière de ce que j'entends, là, seront nombreux?
Parce que même l'UPA est inquiète, hein, puis l'Union paysanne aussi, puis bien
du monde. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Merci.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
M. Lamontagne : Juste pour corriger
quelque chose avant que ma collègue intervienne, pour préciser à ma collègue,
en tout respect, là, étudier des plans d'affaires, faire des analyses de
viabilité de différents projets qui sont présentés, là, depuis 40 ans, les
analystes puis les spécialistes de la CPTAQ font ça à tous les jours. Chacune
des décisions qu'ils rendent est basée sur des analyses très fines des projets
qui sont présentés. Je veux juste vous dire ça. Ce n'est pas quelque chose de
nouveau. Ils veulent avoir des outils additionnels, mais c'est quelque chose
pour laquelle ils sont très compétents. Ils sont compétents depuis 40 ans
pour le faire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, merci. Alors, nous poursuivons, cette fois-ci, avec la députée
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Merci, Mme la
Présidente. Je pense que la discussion qu'on a en ce moment, elle est extrêmement
importante. C'est une discussion qu'on n'a pas eu l'occasion d'avoir
précédemment, qui, à mon sens, est fondamentale.
Le ministre n'a pas répondu clairement à la
question de la collègue, à savoir pourquoi ce projet de loi là n'est pas
présenté avec la CAPERN. Pourquoi est-ce que ce n'est pas un projet de loi à
part entière? Je considère que les réponses que le ministre nous a fournies ne
sont pas... ne sont pas suffisamment claires, d'autant plus que le ministre a quand
même dit, puis, bon, on nous a dit que c'est des propos qui ont été rapportés
sur une entrevue de 20 minutes, mais c'est quand même lui qui les a dits,
a peut-être un peu... a accusé, en fait, les groupes de faire des raccourcis,
de faire des raccourcis puis de parler de l'interprétation, de l'imagination
qu'on peut faire avec ce qui est présenté ici, dans le projet de loi n° 103. Mais je me demande, en fait, qui fait le plus
de raccourcis entre ce que les gens interprètent, à ce stade-ci du projet
de loi n° 103, et le ministre, qui dépose ces modifications-là qui sont extrêmement
importantes à travers un projet de loi omnibus et la commission en économie. Je
me pose la question.
Le ministre parle de mesures chirurgicales. En
même temps, moi, je pense qu'il ne faut pas diminuer les impacts de ce qu'il
propose ici. Puis il revient quand même sur le rapport Pronovost, qui était un
grand changement. Il revient aussi sur la nécessité de ces modifications
chirurgicales là pour la vitalité du milieu agricole, pour le soutien de la
relève, donc reconnaît quand même que ces modifications chirurgicales là ont le
potentiel de transformer le paysage agricole au Québec pour le bien, pour le
bien, Mme la Présidente.
Puis moi, je veux insister là-dessus, je l'ai
dit sur plusieurs tribunes, mais le morcellement des terres agricoles, c'est
comme... c'est comme de la tarte aux pommes, là. Je pense que tout le monde est
en faveur de ça. Les groupes sont en faveur de ça. En ce moment, on ne s'entend
pas sur l'ustensile à utiliser pour couper la fameuse tarte. Puis cet
ustensile-là, pour l'avis des groupes, pour notre avis de ce côté-ci, c'est définitivement
d'utiliser le bon véhicule, qui est la
commission en agriculture, de passer par un projet de loi pour qu'on puisse
entendre aussi les groupes.
La collègue de Bourassa-Sauvé a parlé de
Mme Parent. Si on regarde les groupes qui ont été entendus sur le projet
de loi n° 103, qui sont concernés par ce qui se passe ici, c'est
Équiterre, le Centre québécois du droit de l'environnement, L'Union des
producteurs agricoles, Jean-Martin Fortier, qui est maraîcher, auteur d'un
livre qui est quand même, je pense, une pièce, une oeuvre fondamentale dans le
nouvel essor que connaît notre agriculture à l'heure actuelle, mais il y a
plein d'autres groupes qui n'ont pas été entendus et qu'il serait extrêmement
important d'entendre, puis qui sont tous là, probablement, connectés, puis qui
nous suivent parce qu'ils ont hâte de savoir, bien, qu'est-ce que le ministre
va faire avec le projet de loi n° 103 et quels sont les amendements qu'il
va apporter pour nous rassurer. Parce que, oui, les gens ont raison d'être
préoccupés.
Vous savez, j'ai été élue le 1er octobre
2018, là. Bien, quoi, cinq semaines après, j'étais au sommet de la tour du Stade olympique pour célébrer les 40 ans
de la loi sur la protection du territoire agricole puis de suivre les
échanges qu'il y avait avec les gens de la
commission, avec les gens de l'UPA.
Puis moi, je viens d'une région qui est extrêmement agricole, le
Témiscamingue, puis on les voit, les limites que peut avoir la loi sur la protection
du territoire agricole pour développer nos activités agricoles.
Puis, d'un autre côté, on voit ce qui se passe
dans les grands centres, où il y a des centaines, des milliers d'hectares de
terres agricoles qui ont été dézonés dans les dernières années. Puis le gouvernement
actuel ne fait pas exception à la règle. Sous ce gouvernement-là, il y a
94 hectares qui ont été dézonés pour le centre de données Google, il
y a 24 hectares qui ont été
dézonés pour la construction de l'hôpital Vaudreuil-Soulanges, il y a 200 hectares qui ont été ou qui
vont être dézonés pour de la construction résidentielle dans Montcalm. Les
craintes des groupes, elles sont extrêmement justifiées. Et c'est plus facile, on le sait, de dézoner des terres qui
sont plus petites. Puis peut-être
que le ministre a vu l'excellent
reportage de Nicolas Mesly, Québec, terre d'asphalte,où on voit
la pression, la pression sur nos
terres agricoles. Quand on annonce des terres agricoles en pieds carrés, ce
n'est clairement pas dans un objectif de faire de l'agriculture,
où, là, on va parler en hectares ou en acres. Là, on vend des terres en
millions de pieds carrés.
Puis je le sais, que
le ministre va me dire : Oui, mais la CMM, ils sont très rigoureux, ils
n'ont pas dézoné depuis x années. Peut-être. Peut-être, mais on a dézoné ailleurs,
on a quand même dézoné ailleurs. Puis je pense aussi qu'on n'atteint peut-être
pas tous les objectifs qu'on souhaite atteindre avec ce qui nous est présenté
dans cette pièce législative
là, où on veut favoriser l'établissement de la relève. Puis morceler les terres, ça fait
partie de l'équation, bien sûr, c'est un outil,
mais il n'y a rien qui aborde la question de la financiarisation des terres
agricoles. Et le prix de ces terres-là, il va être extrêmement cher. Ça fait
que c'est quoi, le gain qu'on va aller faire, si ça reste autant inabordable
pour la relève?
Donc, il y a beaucoup
de questions, il y a beaucoup de préoccupations qui sont extrêmement légitimes,
et moi, je veux savoir pourquoi le ministre ne procède pas à l'intérieur de la
CAPERN pour traiter de ces questions. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, même chose, M. le ministre, si vous voulez
répondre, vous pouvez. Sinon, nous... S'il n'y a pas d'autre intervention...
Vous voulez répondre? Oui, allez-y.
• (12 heures) •
M.
Lamontagne : Non, non, non. Bien, je voudrais juste préciser,
m'assurer qu'on partage des bonnes informations,
là. Si ma collègue a bien lu les différentes nouvelles, dans un
premier temps, pour le projet de Beauharnois,
ce n'est pas 94 hectares qui ont été dézonés, c'est 62,8 hectares. Et
puis, parallèlement à ça, parallèlement à ça, il y a eu la réintégration
de propriétés adjacentes à ce projet-là de 62,8 hectares, qui est... d'une
terre agricole de tout à fait la même qualité, qui était vouée à du développement
industriel, qui est réintégrée dans la zone agricole.
En sus de tout ça, Hydro-Québec
a cédé à la fiducie UPA-Fondaction 130 hectares de terres agricoles qui
lui appartenaient. Elle l'a cédé à la fondation pour contribuer à la relève.
Et, en sus de ça, il y a 6,3 millions de dollars qui ont été versés, 2,7 millions
à la fiducie du REM, à Boisbriand, pour permettre à la... pardon, à Brossard,
pour permettre à la CMM de compléter sa ceinture verte autour du REM. Et puis il
y a 3,7 millions de dollars qui ont été versés à la fiducie Fondaction-UPA
pour permettre d'acheter des terres agricoles, les mettre au bénéfice de la
relève, de remettre en culture des terres agricoles.
Alors, si j'avais à
qualifier cette intervention-là du gouvernement, Mme la députée, là, le territoire
agricole sort renforci de l'intervention qu'on a faite. Puis c'est l'engagement
que j'avais pris envers la communauté agricole, que, si on allait intervenir à Beauharnois... que le résultat final
ferait en sorte que le secteur agricole aurait fait des gains.
Alors, des gains,
c'est qu'il n'y a pas eu de perte de superficie agricole. Il y a eu
130 hectares de plus qui a été cédé à la fiducie Fondaction, il y a eu 6,3 millions
de dollars pour permettre de réaliser la ceinture verte autour du REM puis
3,7 millions pour permettre d'acheter des terres agricoles au bénéfice de
la relève puis de remettre en culture les terres qui sont aujourd'hui en
friche. Ça fait que, quand vous parlez de ce dossier-là, parlez de l'entièreté
du dossier, Mme la députée.
Pour répondre à votre
question, il y a 10 articles qu'on devait... qu'on a présentés. On n'était
pas du tout dans un mode de venir réformer la Loi sur la protection du
territoire et des activités agricoles. Et puis c'était de trouver un véhicule
pour permettre de faire ces changements-là au bénéfice de notre agriculture et
puis c'est le véhicule qui a pu... grâce à la bonté, la générosité de ma
collègue, bien, qu'on a pu s'arrimer à son projet pour être capables de faire
bénéficier le monde agricole, là, de ces changements-là qu'on veut faire.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Je veux juste rappeler quelques mesures. Je sais que le
sujet est captivant, là, en ce moment, mais vous devez quand même vous adresser
à la présidence et non pas directement aux députés ou au ministre.
Alors, je pense qu'on
a le député de Pontiac. Est-ce que vous aviez terminé... Excusez-moi,
effectivement. Est-ce que vous aviez terminé, la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue?
Mme
Lessard-Therrien : Bien, juste pour rebondir, Mme la Présidente,
j'entends les bons coups du gouvernement,
mais il reste que, je veux dire, dans les dernières années, c'est près de
14 000 hectares de terres agricoles qui ont été sacrifiés pour
des activités autres que de l'agriculture. Donc, c'est bien que le gouvernement
compense ce qu'il dézone, mais, je veux dire, on a une dette. Le gouvernement
du Québec a une dette qui dépasse quand même ce que le ministre vient de nous
dire en regard du territoire agricole.
Puis une terre
agricole qui est perdue, Mme la Présidente, là, ça ne se ramène pas, là. Puis
on pourrait parler de l'autoroute 30, on pourrait donner bien d'autres
exemples. Une terre agricole qui est perdue, c'est une perte nette pour le
Québec. Puis, de la pression sur le territoire agricole, il va y en avoir
d'autre. Donc, ce serait le fun que le gouvernement ne soit pas lui-même
complice de plus de pertes du territoire agricole.
Puis, bon, on
pourrait continuer d'aborder d'autres sujets qui touchent à la loi, les
réponses du ministre ne me satisfont quand même pas sur le fait qu'on n'utilise
pas le bon véhicule, en ce moment, pour traiter ces questions-là.
Et j'ajouterais que
je m'attends à ce qu'il dépose également des amendements pour répondre aux
préoccupations des groupes, et je ferai du pouce sur ce que la collègue de
Bourassa-Sauvé a dit, mais ce serait extrêmement justifié, pertinent et
nécessaire que ces amendements-là puissent nous être déposés d'avance pour que les groupes puissent en prendre connaissance, puis
qu'on puisse en prendre connaissance, puis se faire une tête là-dessus. Si vous êtes pour changer des choses, il faut
qu'on puisse le faire en meilleure connaissance de cause et que les
groupes qui sont extrêmement préoccupés à l'heure actuelle puissent faire
valoir leurs points. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, nous poursuivons... ou
nous donnons la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Merci de m'accueillir à votre commission. Je
dois vous dire, là, que j'ai entendu certains des commentaires de ma collègue
de Bourassa-Sauvé et de ma voisine de comté du Témiscamingue, et il y a des
éléments qui sont importants dans ce qui a été mentionné déjà. Le fait que les
groupes... Et le ministre semble avoir prêté oreille à ce qu'ils ont dit au
cours des derniers jours, mais le fait que les groupes sortent
sur la place publique, c'est parce qu'ils n'ont pas pu venir s'exprimer en
commission parlementaire, comme ils le font habituellement lorsque la CAPERN
étudie les projets de loi qui sont liés à l'agriculture.
Là, aujourd'hui, le
ministre nous dit : Bien, c'est parce qu'on a une approche chirurgicale.
Je dois lui dire, Mme la ministre, que cette approche chirurgicale là, elle
semble avoir été faite avec une certaine désinvolture de la part du
gouvernement, peut-être pas du ministre, de la part du gouvernement de façon
générale. Quand on présente des changements à la loi sur la protection du
territoire agricole, qu'on ne prévoit pas la présence du ministre de
l'Agriculture pour venir débattre de ces choses-là, que les différents partis
d'opposition, mon collègue de Nelligan, entre
autres, doivent faire la démonstration de la nécessité de cette présence-là, de
cette intervention-là, de ce débat-là qui doit se faire avec le ministre de l'Agriculture, quand le gouvernement
prévoit que c'est la ministre déléguée à l'Économie qui va faire ce
débat-là pour la protection des terres agricoles, moi, ça m'inquiète. Ça
m'inquiète que ce ne soit pas le ministre de l'Agriculture qui ait été prévu
pour faire ça.
S'il est ici
aujourd'hui, tant mieux, c'est une bonne affaire, ça permet d'avoir des
discussions qui sont encore plus des discussions de fond sur l'enjeu. Mais ça
démontre que ce n'était peut-être pas le premier objectif de ce projet de loi
là, que ce n'était peut-être pas la première priorité, puis qu'on a peut-être
juste voulu inclure des mesures à l'intérieur de quelque chose d'autre sans
avoir tout l'apport des groupes qui auraient pu venir s'exprimer en commission
parlementaire, puis que, là, ils n'ont pas pu avoir cette occasion-là.
Et là ils sortent sur
la place publique, mais ils ne savent pas exactement ce que le ministre va
faire à la fin de la journée. Parce que le ministre nous dit : O.K., bien
là, il y avait quelque chose dans le projet de loi, j'entends les groupes, je
vais faire des modifications, j'en ai. On ne sait pas encore ce que c'est. Mais
j'en ai, des modifications. Ça aurait été le
fun d'avoir cet échange-là entre le ministre de l'Agriculture, les députés
d'opposition et ces groupes-là. Là, on ne sait pas ce qu'il pense des
modifications qui sont à venir.
Dans quelques
instants, là, quand on va finir toutes ces remarques-là, Mme la Présidente, le
ministre va nous déposer des amendements. J'aimerais ça savoir ce que ces
groupes-là en pensent. On a une idée générale d'où ils veulent s'en aller, ma
collègue a eu plusieurs discussions avec eux, moi, j'ai des discussions
régulièrement avec les gens de l'UPA, de la relève agricole et d'autres dans
mon comté, dans ma circonscription, mais de ne pas les avoir avec nous pour
qu'ils puissent, eux, prendre connaissance de ça, pour qu'on puisse tous savoir
si ce que le ministre va nous présenter satisfait à leurs exigences, à leurs
priorités, à leurs mandats, c'est de valeur, c'est problématique, ce n'est pas
la façon de faire qu'on devrait avoir.
Alors, je soumets
que, même lorsque... Si le ministre, réellement, là, a pris connaissance de
leurs inquiétudes et que les interventions ou les amendements qu'il s'apprête à
faire changent de façon substantielle les articles qui sont devant nous, ce que
j'espère... Parce que c'est loin d'être chirurgical, ce qu'on a là, là. C'est
quand même un gros pinceau qu'on a pris à certains niveaux, puis on risque de
dépasser les lignes de ce qu'on veut faire. Alors, si le ministre a pris un
intérêt à leurs propositions, ce que je n'ai aucun doute qu'il a fait, puis
qu'il nous arrive avec des amendements qui
sont substantiels, je pense que ce serait raisonnable de prendre le temps de
faire les choses correctement, de pouvoir parler à ces groupes-là, de
pouvoir consulter ces groupes-là. Je comprends que...
Et c'est pour ça que
ma collègue fait la demande d'avoir une autre instance pour le faire. Si le
ministre veut s'en tenir à l'instance qu'on a devant nous, là, je lui suggère
de ne pas se presser à travers tout ça. On va le faire, les choses. On l'a dit, tout le monde l'a dit, le
morcellement des terres, je pense qu'on a utilisé l'expression de la tarte
aux pommes, là, mais c'est vrai, tout le
monde y voit du positif. Mais il faut faire attention de ne pas tomber dans le
négatif.
Alors,
ce que le ministre va nous présenter, on va vouloir l'étudier de fond, on va
vouloir avoir les discussions avec lui, je suis content qu'il est ici,
mais on va vouloir avoir les discussions avec les groupes qui sont concernés
aussi. Alors, je pense que le processus qu'on s'apprête à lancer du côté de la
commission et du gouvernement, là... Il
faudra avoir une certaine souplesse, disons, avec notre formule habituelle pour
que ces groupes-là puissent se prononcer sur les mesures, pour qu'on
puisse prendre le temps d'étudier comme il faut. Moi, c'est ce que je demande
au ministre.
Si la demande de mes
collègues ne fait pas l'affaire du gouvernement, s'ils ont l'intention de
procéder tout de suite, aujourd'hui, avec
l'étude de ce projet de loi là puis ces amendements-là, qu'on fasse les choses
dans le respect de ces groupes-là qui vont vouloir se prononcer sur les
mesures qu'on va mettre de l'avant mais sur l'avenir des terres agricoles au
Québec. Merci, Mme la Présidente.
• (12 h 10) •
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, est-ce que vous vouliez
faire une autre intervention, M. le ministre?
M.
Lamontagne : Oui, bien, juste une. En tout respect pour mon collègue,
que j'apprécie beaucoup, là... Parce qu'il parle de désinvolture. Je comprends
qu'il a dit : Ce n'est pas le ministre, là, mais... Qu'en saviez-vous, M.
le député de Pontiac? Quand vous dites... M. le député de Pontiac, qu'en
saviez-vous, à savoir, pour le bloc agricole, si j'allais être présent ou pas
présent? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous avait dit que le ministre ne
serait pas présent? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous avait déjà dit ça dans
le passé?
M.
Fortin : ...le projet de loi? Bien, je le regarde, le projet de
loi, le projet de loi n° 103, là, c'est un projet de loi qui est déposé
par une ministre, une seule ministre. Il n'y a pas personne d'autre que... Le
nom du ministre de l'Agriculture n'est pas inclus. Moi, j'en ai présenté,
d'autres projets de loi avec des ministres, des autres ministres, des projets
de loi où, comme ministre, je ne suis pas venu débattre en commission
parlementaire, mais les articles qui me concernaient, les articles qui
concernaient, à cette époque-là, le ministère des Transports, bien, notre nom
apparaissait. Je pense qu'on... trois, quatre ministres à le faire.
Alors, je suis surpris que le ministre nous dise
qu'il était pour venir, que c'était ça, le plan de match. Si c'est ce qu'il est
en train de nous dire, là, je suis surpris. C'est peut-être une bonne chose.
Si, dans sa tête, c'était comme ça que ça devait
fonctionner, c'est une bonne affaire, mais je suis surpris. Ce n'est même pas
lui qui a présenté le projet de loi qu'il a déposé, qu'il a présenté à ses
collègues du Conseil des ministres. Alors, je vous avoue que ça me surprend, ce
que le ministre avance. Mais, si c'était le cas, tant mieux.
M. Lamontagne : Excellent. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
...parfait. Alors, écoutez... Alors, je pense que les commentaires sont
terminés.
Étude détaillée (suite)
Nous allons commencer, effectivement, l'étude
détaillée. Nous allons commencer... Il y a sept sections dans le secteur,
ou dans le thème, ou dans le sujet agricole. Nous allons commencer par la
première section, si vous êtes d'accord, Développement des activités agricoles
en favorisant le morcellement, pour les articles 67 à 69 et 72. Alors, M.
le ministre, je vous invite à lire l'article 67, s'il vous plaît.
M.
Lamontagne : Oui. Alors, article 67 : L'article 1.1 de cette loi est modifié par
l'insertion, après «l'agriculture», de «, selon une diversité de modèles
nécessitant notamment des superficies variées,».
Commentaire. L'article 67 du projet de loi
modifie l'objet du régime de protection du territoire agricole institué par
l'article 1.1 de la Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles afin d'y préciser que la pratique de l'agriculture peut être faite
selon une diversité de modèles nécessitant notamment des superficies variées.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci, M. le ministre. Je crois qu'il y a un amendement. Est-ce qu'il
y aura un amendement à cet article-ci?
M. Lamontagne : Oui. J'aurai un amendement
à déposer, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que vous pouvez le déposer afin que les... Il sera soumis. Alors,
écoutez, afin que l'adjointe puisse regarder, nous allons suspendre quelques
instants. Oui?
Mme Robitaille : Oui. J'ai une
question au ministre. C'est-à-dire qu'on nous présente un amendement. Moi, je
comprends qu'il va y avoir beaucoup d'amendements, et, comme l'a dit mon
collègue et ma collègue, on aimerait avoir l'ensemble de l'oeuvre. On veut
pouvoir regarder tous les amendements et consulter les groupes qui sont appelés
à commenter et qui sont ciblés par... qui auraient des commentaires à faire. On
voudrait pouvoir voir l'ensemble de
l'oeuvre, là. On veut voir tous les amendements qui vont être amenés, là, durant les prochains
jours, durant les prochaines séances pour comprendre ce qui va se
passer. On ne peut pas y aller à la pièce, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Je comprends ce que vous dites. Je pense que le ministre aussi l'a bien
entendu, mais vous savez que c'est son choix, hein? C'est au choix du ministre
de décider si, oui ou non, il veut déposer tous les amendements. À cette
étape-ci, peut-être qu'il n'a pas encore la réponse pour cette question-là,
mais... Est-ce que vous avez une réponse ou... Qu'est-ce que vous souhaitez, M.
le ministre, à cette demande-là?
M. Lamontagne : Bien, en réalité, Mme
la Présidente, je pourrais entendre mes collègues, là, sur le texte qui est
proposé, là, à l'article 67, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
ça. O.K. C'est ça. Alors, pour le moment... Oui. Alors, pour le moment, nous
pourrions suspendre pour que vous puissiez au moins prendre connaissance de cet
amendement-là.
Mme
Robitaille : Un instant.
Moi, ce qui me trouble là-dedans, là, c'est qu'il y a déjà un amendement.
Il y en aura d'autres, il y en a qui sont en rédaction. Personnellement,
je ne trouve pas ça sérieux. On a des groupes qui sont intervenus, qui ont
voulu parler, qui ont parlé sur la place publique, et, de toute évidence, ces
gens-là doivent être consultés. Ils sont directement impliqués dans tout ça. Et
je pense que c'est par respect pour eux, là. On devrait savoir ce qui est à
venir et on devrait pouvoir voir ces amendements-là.
Alors, on va suspendre, s'il vous plaît, on
aimerait suspendre, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous accordons la suspension pour regarder l'amendement à
l'article 67 déposé par le ministre. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
(Reprise à 12 h 27)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, avant d'étudier l'amendement, je pense que, M. le ministre, vous
aimeriez donner une information aux députés. C'est bien cela?
M. Lamontagne :
Oui, effectivement. Bien, écoutez, je me rends aux représentations de mes
collègues, hein, pour faire en sorte qu'on travaille de la façon la plus
efficace possible. Alors, au total, là, on a trois amendements qu'on dépose. Il
y en a deux qui visent le bloc, là, qui touche... qu'on a appelé un peu... qui
favorise le morcellement. Et puis après ça on va avoir un autre amendement, qui
vise l'article qui touche la transparence. Il y avait un enjeu au niveau de la
transparence. Alors, vous avez déjà un premier amendement qui est là, et puis
il y a deux autres amendements qui vont suivre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que je comprends, M. le ministre, que, les deux autres amendements qui vont venir, vous souhaitez qu'on les mette
déjà sur le Greffier pour que les députés puissent en prendre
connaissance?
M. Lamontagne : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, d'accord. Ils seront greffés... greffés, oui... téléchargés, je ne sais
plus, là, mais ils seront dans le Greffier bientôt. C'est bien ça? Oui.
Parfait.
Alors, est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on
puisse... que le ministre puisse lire l'amendement à l'article 67? Oui?
Mme Robitaille : Oui, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Merci. Alors, M. le ministre, je vous invite à lire l'amendement de l'article 67. Sinon, M. le ministre, si
vous avez des bons yeux, vous pouvez le lire à distance, mais... Oui.
D'accord.
M. Lamontagne : Alors, l'amendement
proposé pour l'article 67, c'est de supprimer, à l'article 67 du
projet de loi, «nécessitant notamment des superficies variées».
Puis l'amendement propose de retirer la notion
de superficies variées de la disposition d'objet du régime de protection du
territoire agricole. Alors, quand on regarde la loi, l'article 1.1 de la
loi sur la protection du territoire agricole est un article général sur la
portée de la loi. Alors, tout ce qu'on vient faire à ce moment-là, c'est de
consacrer dans la loi qu'on a, au Québec, une agriculture qui est formée d'une
variété de modèles.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement à
l'article 67?
Mme Robitaille : ...j'ai plusieurs
questions. Pourquoi c'était nécessaire pour le ministre? C'est parce que ça
donne l'impression d'être un recul, là, parce que vous enlevez une grosse
portion de... le ministre enlève une portion, là, de ce qui était proposé.
Alors, est-ce qu'il y a des... Quel est le fondement de sa décision de retirer
ce libellé-là?
• (12 h 30) •
M. Lamontagne : Bien, c'est que, dans
un premier temps, comme je vous dis, l'article 1.1, c'est vraiment un article
de portée générale. Et puis ce qui est important dans ce qu'on cherche à faire,
c'est qu'il soit convenu qu'il y a une pluralité de modèles agricoles. Et puis,
dans cet article-là, de portée générale, bien, on vient inscrire que, dans la
loi... qu'il y a une pluralité de modèles agricoles.
Mme Robitaille : Mais ce qu'on
retire, là, c'est «nécessitant notamment des superficies variées». Donc,
«superficies variées», ça semblait être important, là, dans... tout ce qui
était l'idée du morcellement des terres.
M. Lamontagne : Honnêtement, pour
les fins de l'article 1.1, ce qui est de portée générale, ce qui est
important, là, c'est de venir inscrire la pluralité des modèles agricoles au
Québec, là. On ne cherchera pas à faire d'autre chose que ça avec l'article,
là.
Mme Robitaille : Mais la pluralité
des modèles, ça va nécessairement avec la superficie des terres, qui... La
relève le dit, hein, ils veulent travailler des... ils disent pouvoir
travailler des plus petites terres, donc des superficies variées. Donc,
pourquoi ce terme-là n'est plus pertinent, tout à coup?
M. Lamontagne : Bien, c'est-à-dire,
ce n'est pas qu'il n'est plus pertinent. Ce que j'explique, Mme la Présidente, c'est que, pour cet article-là qui est
de contexte général, ce qui est important, c'est de mentionner qu'il y a
une pluralité de modèles au Québec. À savoir
cette pluralité de modèles là va se traduire comment, bien, en bout de
ligne, bien, c'est beaucoup à l'appréciation de la Commission de protection du
territoire agricole, là. Alors, on ne vient pas mettre dans la généralité... on
ne vient pas exprimer un souhait où on veut, on fait juste reconnaître qu'il y
a une pluralité de modèles agricoles.
Mme Robitaille : Moi, j'ai une
question, j'ai une question pour le ministre, Mme la Présidente. Moi, j'aimerais savoir quels groupes il a consultés
depuis la fin, là, des déclarations de principe, durant la dernière
semaine, là. Quels groupes a-t-il consultés pour en arriver...
M. Lamontagne : Je n'ai pas à
partager avec ma collègue, là, les gens à qui j'ai parlé depuis une semaine. Je
peux juste vous dire que le texte qu'on vous propose, là, va certainement dans
le sens de craintes... ou vient répondre à des... à
beaucoup de commentaires que j'ai pu avoir et des craintes qu'on a pu voir.
Alors... Puis aussi, à travers toutes les discussions que j'ai eues, il n'y a
pas une personne qui m'a expliqué qu'il n'y avait pas de pluralisme de modèles
agricoles au Québec, là. Alors, c'est ce qu'on vient mettre dans
l'article 1.1 de la loi, là.
Mme Robitaille : Parce que... Comme
on l'a dit tout à l'heure, Mme la Présidente, les gens sont sortis sur la place
publique parce qu'ils n'avaient pas de tribune, ici, pour parler, parce qu'ils
n'avaient pas été invités à... Bien, ils auraient voulu, à la lumière de ce
qu'ils ont vu, là, durant les dernières semaines, ils auraient voulu venir
participer aux consultations, mais ils ne sont pas venus. Et là, sur la place
publique, ils sont sortis.
J'ai entendu aussi Jean-Martin Fortier avant
tout ça, là, et moi, j'aimerais ça avoir... j'aurais aimé ça avoir ses
commentaires à lui, là, suite à l'amendement d'aujourd'hui. J'aimerais ça aussi
avoir les commentaires de la FRAQ, la Fédération de la relève agricole du
Québec, suite au fait qu'on enlève ce libellé-là qui est quand même très... qui
était quand même important, même chose avec l'Union paysanne, même chose avec
un paquet de groupes. Et là on n'a pas leurs commentaires, on n'a pas leur son
de cloche. On fait un peu ça à l'aveugle. Moi, j'ai beaucoup de problèmes avec
ça.
Et donc on enlève le terme «superficies
variées», mais, je veux dire, est-ce qu'on peut... Est-ce qu'il y aura plus de
latitude pour la CPTAQ, malgré tout, de jouer avec les superficies?
M. Lamontagne : Bien, en réalité, la
commission, aujourd'hui, a une latitude pour prendre les décisions qu'elle juge
approprié de prendre, là. Puis tout ce qui touche... Les demandes d'aliénation
de portion de territoire agricole sont traitées à un article spécifique, là, de
la Loi sur la protection du territoire agricole, là, qui est à
l'article 12, je crois. Mais, en réalité, dans notre projet de loi, là,
c'est...
Une voix : ...
M. Lamontagne : 72, c'est ça.
Une voix : ...
M. Lamontagne : C'est ça, 62 de la
loi. Pardon, excusez-moi. Alors, pour les fins d'une présentation générale de
la loi, on a jugé que simplement s'assurer d'inscrire qu'il y a une pluralité de
modèles agricoles au Québec s'inscrivait, là, dans la définition, si on veut,
de cette loi-là, là, puis que ce n'était pas nécessaire, là, d'aller plus loin
que ce qu'on vous propose aujourd'hui, là, pour remplir l'objectif, qui est
d'inscrire dans la loi qu'il y a un pluralisme de modèles agricoles au Québec.
Mme Robitaille : Donc, si je
comprends bien le ministre, Mme la Présidente, à la lumière de ce qui a été
dit, là, durant les dernières semaines, à la lumière de ce qui a été dit, le
ministre s'est aperçu que, dans le fond, c'était superflu que d'insérer dans la
loi, là, l'idée de superficies variées, que, dans le fond, on pouvait déjà
faire le travail. Donc, ce n'était pas nécessaire de... De la façon dont la loi
était libellée déjà, le terme «superficies variées» n'était pas nécessaire à
inclure dans la loi. Donc, c'était superflu?
M. Lamontagne : Non. Ce qu'on a
convenu, puis ce que j'ai réalisé, c'est que, pour les fins de
l'article 1.1, qui se veut un article de généralité par rapport à la
portée de la loi... bien, qu'il n'était pas d'une plus grande utilité, là,
d'avoir le texte qu'on avait soumis, là. Alors, on retire ce bout de texte là
pour s'en tenir juste à la pluralité de modèles, la diversité de modèles, là.
Mme Robitaille : Mme la Présidente,
est-ce que, dans la loi actuelle, l'idée de diversité de modèles n'est pas
quelque chose, de toute façon, qui est pris en compte par les commissaires?
M. Lamontagne : Bien, ce que je vous
dirais, il y a une diversité de commissaires, et puis on a une loi à
interpréter, puis il y a une jurisprudence, et puis, textuellement, dans la
loi, ce n'est pas inscrit qu'il y a une pluralité de modèles agricoles. Alors,
pour s'assurer que tous ceux qui ont à accueillir des projets et interpréter la
loi, bien, le fassent sur les mêmes bases, c'est l'importance de venir ajouter
ce texte-là dans la portée de la loi, là.
Mme Robitaille : Bien, est-ce qu'on
ne pourrait pas... Quelle est la définition du ministre de «diversité»? Bien,
d'abord, quelle est la définition du ministre de «modèle», «modèle agricole»?
Ça va jusqu'où? Est-ce qu'on va jusqu'au transformateur, par exemple? Ça va
jusqu'où, «diversité de modèles»?
M. Lamontagne : Bien, c'est les
entreprises... nos entreprises agricoles qui sont engagées dans une activité
qui vise à une production agricole. Les activités agricoles sont définies dans
la loi, là, dans les premiers articles de la loi. Qu'est-ce que c'est que les
activités agricoles, là, c'est bien défini dans la loi, là. Alors, ce sont...
Quand on parle d'une diversité de modèles, c'est qu'autant on peut avoir des
entreprises qui font une monoculture, autant on peut avoir des entreprises qui
ne sont strictement que dans de la production animale, autant on peut avoir des
types d'entreprises qui ont une variété de contribution à leur mix de
production agricole, autant on peut avoir, aujourd'hui, des entreprises, comme
on l'a vu, qui, sur des superficies plus petites, avec des nouvelles
techniques, peuvent approvisionner presque des villages,
si on veut. Alors, c'est dans ce contexte-là qu'on dit qu'il y a une diversité
de modèles agricoles.
Mme Robitaille : Et qu'est-ce que,
Mme la Présidente, cet ajout-là... Parce que, déjà, l'idée était là, elle
existait. Et le ministre l'a dit, là, «modèle», c'est un paquet de choses, et
c'est bien déterminé dans l'article premier, là, qui traite des définitions.
Mais, quand même, qu'est-ce que le ministre pense que l'ajout de ça,
spécifiquement, ça va faire, grosso modo, là? Quel impact ça va avoir?
M. Lamontagne : Bien, en réalité,
comme je vous dis... Vous avez mentionné tantôt qu'il y a un certain nombre de
commissaires, là, qui ont à rendre des décisions. Et puis les gens passent au
fil des années. Alors, c'est de s'assurer que, dans la loi, quel que soit le
commissaire qui a à apprécier un projet dont il va hériter, là, si on veut,
l'analyse, là, bien, qu'il soit convenu qu'il y a une pluralité de modèles
agricoles au Québec.
Mme Robitaille : Je n'ai pas
d'autre question pour le moment. Je vais laisser aller mes collègues.
• (12 h 40) •
La
Présidente (Mme IsaBelle) : D'accord. Alors, nous allons y aller avec la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Merci, Mme
la Présidente. Je suis vraiment surprise de voir l'amendement que nous propose le ministre, Mme la Présidente, vraiment surprise. Je pense que tous les groupes étaient unanimes
qu'on ne remet pas en question le morcellement des terres. On remet en question...
En fait, on questionne l'absence de garantie pour garder la vocation agricole
de ces terres-là. Et là ce que le ministre vient de faire, à mon avis, c'est un
recul. C'est un grand recul sur la question
du morcellement des terres en venant retirer la mention de superficies
variées.
Puis le ministre
nous a beaucoup parlé du rapport Pronovost. Puis j'aimerais lui
rappeler la recommandation 43 du rapport Pronovost, où c'est écrit
noir sur blanc : «...que le territoire agricole serve d'assise au
développement rural, dans une perspective de multifonctionnalité de
l'agriculture et de l'occupation dynamique du territoire. À cette fin — je
vous épargne quelques mots, là, mais... — que
soient également autorisées dans la zone agricole permanente des
activités de production agricole et de transformation qui utilisent une faible
superficie de terre, qui requièrent des installations de plus petite taille...»
On mentionne explicitement la question de la
superficie. À mon avis, c'est fondamental. Si c'est ça, son objectif, de permettre l'établissement de
l'agriculture sur plus petite taille... sur plus petite superficie, il faut
qu'il mentionne la question de la superficie.
Bon, on parle de la diversité de modèles. Bien,
il le mentionnait déjà. Là, on vient restreindre toute l'interprétation que les membres de la commission peuvent faire,
d'avoir tout d'un coup le go pour agir sur les superficies.
Puis tantôt je parlais de... Dès le début de mon
mandat, quand j'étais aux 40 ans de la loi sur la protection du territoire
agricole, deux semaines après, ou même avant ça, un des premiers gestes que
j'ai posés comme députée, c'est
d'accompagner une municipalité, au Témiscamingue, qui avait un projet
supernovateur de petites terres agricoles, justement pour faire des... comme l'objectif... comme le ministre
poursuit cet objectif-là à l'heure actuelle, de pouvoir morceler un lot
qui n'était pas cultivé, pour toutes sortes de raisons, en petits lots de
25 acres pour des petits projets agricoles.
Puis j'ai accompagné la municipalité devant la Commission de protection du
territoire agricole pour faire valoir l'importance
de ce projet-là, puis la commission était... bien, était frileuse avec toutes
les... Ils jouaient leur rôle. Puis c'était totalement justifié qu'ils
jouent leur rôle. Mais, en retirant la mention de superficies variées, on vient
d'enlever un outil précieux pour les commissaires de pouvoir vraiment
prendre en considération la question des superficies variées.
Par contre, moi, j'aimerais ça que le ministre
nous justifie davantage pourquoi il retire cette mention-là, alors que ce n'est
pas la demande des groupes et que les groupes voulaient avoir des garanties.
C'est ça, l'enjeu, les garanties que ça va rester à vocation agricole.
M. Lamontagne : En tout respect, Mme
la députée, quand vous vous présentez devant la Commission de protection du
territoire agricole et que vous faites une demande qui vise à aliéner le territoire
ou à morceler, dans certains cas, le territoire, c'est en vertu de l'article 62.
Ce n'est pas en vertu de l'article 1.1. Alors, en faisant ce qu'on fait à l'article 1.1,
tout ce qu'on fait, c'est que, de façon générale, on explique que l'agriculture
qui se pratique au Québec se pratique selon différents modèles.
Ce qui touche des demandes d'aliénation, c'est
traité à l'article 62, dans lequel le commissaire a 11 critères
auxquels il se réfère pour faire ses analyses et prendre ses décisions. Mais,
dans le cas qui nous concerne, le fait d'enlever ça, ça ne vient pas du tout...
Ce n'est pas en lien avec l'article 62. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on
reconnaît que cette loi-là... l'activité agricole au Québec est constituée, est
pratiquée par une diversité de modèles.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Écoutez...
Oui, on sera obligés de poursuivre, parce que, compte tenu de l'heure, on va
ajourner. Mais avant ça je veux préciser que l'adjointe a déjà mis dans le
Greffier... ou sur le Greffier tous les amendements proposés jusqu'à présent.
Alors, écoutez, compte tenu de l'heure, effectivement,
on doit ajourner la séance — merci
de votre belle collaboration — alors, sine die. Je vous souhaite un bon
dîner et de bonnes lectures.
(Fin de la séance à 12 h 44)