(Neuf
heures quarante-cinq minutes)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour à toutes et à tous. Alors, ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je vous
souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions publiques
sur le projet de loi n° 103, Loi modifiant diverses
dispositions législatives principalement aux fins d'allègement du fardeau
administratif.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Chassin
(Saint-Jérôme); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par Mme Ghazal
(Mercier); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par Mme Perry Mélançon
(Gaspé).
Remarques préliminaires
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Alors, nous débuterons ce matin par les remarques
préliminaires puis ensuite nous allons
entendre les personnes et organismes suivants : L'Union des producteurs agricoles, Manufacturiers et exportateurs du Québec
et la Fédération québécoise des municipalités.
J'invite donc maintenant
la ministre déléguée de l'Économie... ou à l'Économie à faire ses remarques
préliminaires. Mme la ministre, vous disposez de six minutes. La parole est à
vous.
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours (Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Tout d'abord, je veux...
avant d'entamer les remarques, je veux souligner la présence de tout le monde
ici. Au départ, évidemment, mes collègues de Nelligan, de Mercier et de Gaspé,
merci d'être avec nous aujourd'hui pour cette étude... ce premier projet de loi.
Je veux aussi souligner la présence du sous-ministre adjoint, M. Richard Masse, ainsi que notre légiste, Mme
Geneviève Desbiens; évidemment, l'équipe de mon cabinet, à commencer par mon
conseiller politique, M. Jonathan Guay; évidemment, les membres de la banquette aussi ministérielle qui sont ici, merci d'être avec nous; et évidemment mon collègue de... il ne faut
pas que je dise les noms, bien évidemment, mon collègue de Saint-Jérôme, qui se
faisait un devoir d'être avec moi,
évidemment, pour ce premier projet de loi. Alors, très heureuse d'être ensemble
aujourd'hui dans le cadre des
consultations particulières du projet de loi n° 103
visant à alléger le fardeau administratif des entreprises.
Mme la Présidente, je
suis particulièrement fière de ce projet de loi, qui a pour but de simplifier
la vie des entrepreneurs et d'optimiser leur efficacité et leur capacité à
innover. Il aidera à bâtir un environnement d'affaires plus compétitif et à
créer plus de richesse au Québec. Il permettra aussi d'alléger le fardeau
administratif des municipalités, qui sont
des acteurs économiques locaux de premier plan. Nous proposons donc
25 mesures d'allègement qui
touchent à plusieurs secteurs d'activité, notamment les secteurs manufacturier,
agroalimentaire, minier et environnemental, mais nous touchons également
au domaine municipal et aux coopératives.
Mme la Présidente,
dès le début de notre mandat, notre gouvernement s'est engagé à réduire la
paperasse, et on a livré la marchandise, Mme la Présidente, comme le témoigne
le dépôt de ce projet de loi, mais aussi celui de notre Plan d'action
gouvernemental en allègement réglementaire et administratif, en décembre
dernier, qui a été piloté de main de maître par mon collègue de Saint-Jérôme,
qui est à mes côtés aujourd'hui, avec qui nous avons une précieuse
collaboration.
Avec le projet de loi
n° 103, on parle de retombées significatives en temps et en argent pour
des milliers d'entreprises de différentes tailles et actives dans plusieurs
secteurs de l'économie québécoise. Ces entreprises profiteront de l'abolition
ou de l'atténuation d'irritants afin de déployer leurs efforts ailleurs pour se
concentrer, justement, sur le développement de leur entreprise. Notre priorité,
c'est de hausser la compétitivité des entreprises, et la pièce législative que
nous présentons est un outil de plus à notre disposition pour y parvenir.
Avec ce premier
projet de loi au Québec voué spécifiquement à l'allègement réglementaire et
administratif, on pose la première pierre d'une longue tradition dédiée à
alléger le fardeau administratif qui pèse sur les épaules de nos entrepreneurs. En effet, chaque année, nous
présenterons un projet de loi qui simplifiera les modalités
administratives dans différents domaines. Comme ça, on s'adaptera en temps réel
aux besoins de nos entrepreneurs, des besoins qui évoluent de façon constante.
Ce qui importe aujourd'hui, c'est qu'on maintiendra les avancées à jour.
C'est le moins qu'on
puisse dire, on doit aider nos entrepreneurs, et c'est une façon d'y arriver,
parce que, comme je vous le dis, on leur doit. Ces allègements montrent que
notre gouvernement est à leur écoute. Ça démontre également que nous agissons
pour leur offrir un environnement d'affaires stimulant et encore plus
compétitif.
Alors, chers partenaires,
merci de participer à cette belle réflexion, un sujet qui est vraiment très
important pour l'économie du Québec.
Mme la Présidente, si vous le permettez,
j'aimerais laisser la parole à mon collègue de Saint-Jérôme pour poursuivre ces
remarques préliminaires.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Nous
avons le consentement? Oui? Parfait. Alors, député de Saint-Jérôme, à vous la
parole.
M. Chassin : En
quelques secondes, j'imagine, Mme la Présidente. Combien de temps?
• (9 h 50) •
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste 1 min 55 s.
M. Youri Chassin
M. Chassin :
Formidable. C'est plus qu'il ne m'en faut. Alors, merci, Mme la Présidente.
Bonjour à tous les collègues et bonjour, évidemment, à tous ceux qui nous
accompagnent aussi. Je pense que, fondamentalement, pour ajouter à ce que
disait la ministre, on peut respecter les objectifs de la réglementation tout
en étant plus efficaces et tout en étant plus efficients. Et c'est exactement
l'idée du projet de loi n° 103, soit vraiment de simplifier et de moderniser la
réglementation.
Alors, je pense qu'on va avoir la chance de
toucher ensemble à un grand nombre de sujets, parfois dans des mesures assez
pointues. En tout cas, personnellement, je trouve que c'est un exercice de
modestie parce qu'il est difficile d'être à la fois généraliste et spécialiste.
Et je pense que c'est la raison, là, pour laquelle les consultations
particulières sont particulièrement importantes, là, permettez-moi, puisqu'on a
justement des acteurs spécialistes qui vont
venir nous expliquer, dans les différents domaines, les impacts du projet de loi. Donc, je pense que c'est un exercice fort intéressant qui nous
attend, Mme la Présidente. Merci à tous.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, merci, Mme la ministre, et merci, le député de Saint-Jérôme.
Nous poursuivons maintenant avec le porte-parole de l'opposition officielle et
le député de Nelligan. Vous disposez de quatre minutes.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Oui. Merci, Mme la Présidente. Bonjour.
Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, cher collègue député de Saint-Jérôme. Merci aux autres membres de la
banquette ministérielle. Salutations aussi aux collègues de
l'opposition.
Écoutez, très content de prendre part à cette
commission. J'ai eu une discussion, il y a longtemps, avec le député de
Saint-Jérôme. En fait, ça remonte à une ancienne vie. On parlait beaucoup de la
paperasse, et je suis très content de voir, aujourd'hui, l'aboutissement avec
ce projet de loi.
Il faut juste rappeler qu'il y a un travail,
j'aurais aimé l'entendre, il y a un travail qui a été commencé par ma collègue
députée d'Anjou—Louis-Riel
et, il faut le mentionner, les 25 recommandations. Et j'en suis... j'en
conviens qu'il y a une continuité dans certaines actions gouvernementales, mais
je salue, je salue votre courage d'attaquer la paperasse. Je pense que ça va
être bénéfique pour l'ensemble des entrepreneurs.
Mais aussi, comme le projet de loi le mentionne,
le fardeau administratif, c'est plusieurs dispositions législatives. Et on le
voit que ce projet de loi essaie au moins de régler quelques aspects de la
paperasse, parce qu'on ne peut pas tout régler. Mais je salue l'initiative
d'aller étape par étape, de dire : Écoute, il y a des enjeux dans tels
secteurs, on va s'attaquer à ces secteurs.
Ceci étant dit, donc, oui, il y a toujours des
bons points qui semblent être de bonnes idées. La question que je soulève,
c'est l'encadrement. Et je saisis l'occasion de voir en face de moi l'UPA. J'en
suis sûr et certain qu'ils vont faire mention de ça. C'est en matière agricole.
Le projet de loi propose de revoir la mission de la commission de protection du
territoire du Québec — donc,
je vous avise que ça va être une de mes questions, donc, je vous le dis,
préparez-vous — pour
permettre la réalisation en terre agricole de projets agroalimentaires et tenir
compte de nouvelles réalités.
Je pense que le diable est dans le détail de ce
qu'on va faire. Je ne discute pas la volonté du législateur et j'en suis sûr et
certain qu'avec les amendements de l'ensemble des trois partis de l'opposition
on va arriver quand même à s'entendre, et à trouver un bon terrain d'entente,
et avoir des bonnes recommandations pour éviter la paperasse, mais ça reste
qu'il y a des questions qui restent. C'est des questions de fond, notamment par
rapport à la mission de la commission de protection de territoire du Québec. Il
y a aussi la Loi sur les mines, qui prévoit six répétitions pour la prospection
sans investissement. Aujourd'hui, une entreprise peut profiter d'un claim
pendant sept ans sans faire d'investissement... avec la modification dans le projet
de loi, techniquement, le faire pour 21 ans.
Donc, il y a des questions très techniques, Mme
la Présidente, et je pense que, vous et moi, on est habitués aux questions
techniques. Je pense qu'on a siégé pas mal depuis le début de ce mandat. On
vient de finir un sept... un huit mois de gérer dans un projet de loi sur la
santé et sécurité au travail. Mais, comme je l'ai mentionné, mon... notre
entière collaboration à bonifier ce projet de loi. C'est sûr qu'on va avoir des
questions par rapport à certains articles dans ce projet de loi. Bien hâte
d'entendre les groupes qui ont accepté de venir, de partager leur point de vue
par rapport à ce projet de loi et bien hâte à commencer le travail. Donc,
merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci beaucoup au député de Nelligan. Nous
poursuivons maintenant avec le deuxième groupe d'opposition, avec la députée de
Mercier. À vous la parole. Vous disposez d'une minute.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Mme la ministre, messieurs dames les collègues
députés et aussi tout le personnel qui nous accompagne, je suis contente d'être
ici. Évidemment, personne n'est contre la vertu. Tout le monde, on veut plus
d'efficacité, on veut moins de paperasse, mais ce qui est important, comme l'a
dit le député de Saint-Jérôme, c'est de s'assurer qu'on ne réduise pas les
exigences réglementaires et la loi.
Moi, je suis aussi
sur le projet de loi sur la langue française, projet de loi n° 96. J'ai
parlé avec le député de Saint-Jérôme, il m'a dit que non, ce n'est pas vrai que
c'est trop lourd, contrairement à ce que disent les gens du monde des affaires,
qui se plaignent souvent de ça.
On se rappelle aussi
du projet de loi n° 61, où on voulait contourner la réglementation
environnementale. J'espère... Je ne sens pas que c'est ça, l'objectif de cette
loi-là, mais, comme le disait mon collègue, le diable est dans les détails, et
je vais écouter très, très, très attentivement les gens, notamment les groupes
écologistes qui vont être ici, qu'on va entendre en commission, pour m'assurer
que ça ne soit pas le cas. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, merci à la députée de Mercier. Nous poursuivons
avec le troisième groupe d'opposition, avec la députée de Gaspé. Vous aussi,
vous disposez d'une minute.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de
saluer l'ensemble des collègues,
particulièrement Mme la ministre déléguée à l'Économie, qui, je crois, pilote
son tout premier projet de loi.
Alors, c'est un plaisir de vous retrouver en commission parlementaire,
également le député de Saint-Jérôme, que j'ai eu l'occasion de
rencontrer. Donc, je le remercie également de nous avoir ouvert sa porte pour
pouvoir en discuter avant le projet de loi.
C'est effectivement
dans l'intérêt de tous, je pense, hein, l'allègement réglementaire et réduire
le fardeau administratif de nos entreprises
et nos organisations. On a vécu quand
même quelques épisodes durant la COVID
avec les programmes d'aide d'urgence où on a eu justement à démontrer à quel
point l'exercice pouvait être difficile pour des petits entrepreneurs, là. Je veux dire, pas des petits entrepreneurs,
mais des petites entreprises qui ont moins de ressources. Alors, on
partage effectivement, là, cet intérêt-là, mais il faut le faire avec
précaution. Alors, on sera attentifs à tout ce qui va se dire aujourd'hui et
dans les prochains jours. Alors, voilà pour l'instant.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Merci à la députée de Gaspé et merci à
vous toutes et tous pour vos remarques préliminaires.
Nous allons suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 58)
(Reprise à 9 h 59)
Auditions
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous allons maintenant débuter les auditions. Nous
souhaitons la bienvenue aux représentants de L'Union des producteurs agricoles,
avec M. Caron et Mme Chahine. Avant de commencer votre exposé de
10 minutes, je vous inviterais à bien vous présenter, et ensuite vous
pourrez continuer avec votre exposé.
Union des producteurs
agricoles (UPA)
M. Caron
(Martin) : Bien, merci bien, Mme la Présidente. Salutations, Mme la
ministre et MM., Mmes les députés. Tout d'abord, je me présente, Martin Caron. Je suis premier vice-président de L'Union des producteurs
agricoles, mais, avant toute chose, je suis
producteur laitier et céréalier à Louiseville en Mauricie. Je suis accompagné
de Ghalia Chahine, entre autres, qui
est responsable au niveau de l'environnement, et de l'aménagement, et des
services-conseils à l'UPA. Nous sommes très heureux d'être avec vous
aujourd'hui pour venir parler du projet de loi n° 103.
• (10 heures) •
L'environnement
législatif et réglementaire dans le secteur agricole est extrêmement lourd et complexe.
Réduire la lourdeur administrative vécue par les agriculteurs est donc un
objectif intéressant. Toutefois, le projet de loi réduirait de très peu ce
fardeau administratif. Il introduit plutôt des automatismes d'exclusion et
d'aliénation qui simplifieront les tâches de la Commission de protection du
territoire agricole. Dans les faits, ces automatismes compliqueront de façon
importante la pratique de l'agriculture en zone agricole.
D'abord, quelques informations sur l'agriculture
de chez nous. Les 28 000 entreprises agricoles du Québec sont
majoritairement familiales, procurent de l'emploi à près de
60 000 personnes et ont généré, en 2020, des recettes monétaires de plus de 10 milliards de dollars. Les
28 100 producteurs forestiers génèrent, quant à eux, un chiffre
d'affaires de 4,3 milliards par la transformation de leur bois.
L'agriculture et la foresterie contribuent donc fortement au développement
régional et au tissu rural québécois.
La zone
agricole au Québec est au coeur de cette contribution. Elle couvre
6,3 millions d'hectares, c'est-à-dire
4,7 % de la superficie totale de la province, mais, dans les faits, on y
retrouve des milieux naturels, comme des lacs, des cours d'eau, des milieux humides et des boisés, des contraintes
naturelles comme des affleurements de rocheux, des usages non agricoles
comme des résidences, des commerces, des industries et des infrastructures,
d'unités publiques, d'énergie, de transport et de communications, et des
milliers de kilomètres de routes.
Dans les faits, les agriculteurs et les
agricultrices du Québec n'ont accès qu'à 2 % du territoire pour cultiver
la terre. C'est beaucoup moins que plusieurs autres provinces au Canada. Et, si
on se compare, en France, c'est 58 %, et aux États-Unis, c'est 45 %.
Donc, il s'agit d'une ressource limitée inestimable et non renouvelable pour
l'alimentaire des Québécois.
Au Québec, la zone agricole est protégée, depuis
1978, par la loi sur la protection du territoire agricole et au niveau de la
commission, mais, malgré cette protection, les terres agricoles sont sous
pression constante. Elles sont constamment
grugées par l'étalement urbain, l'activité des spéculateurs financiers et
immobiliers, les projets industriels de la construction
d'infrastructures.
Au Québec,
ces cinq dernières années, près de 10 000 hectares agricoles ont été
sacrifiés à d'autres usages que l'agriculture.
On parle d'exclusions, nouvelles utilisations non agricoles, utilisations
d'accessoires ou d'agrandissements ou
utilisations non agricoles existantes. En chiffres absolus, c'est-à-dire que...
les superficies exclues moins les superficies incluses, la zone agricole
dans son ensemble peut sembler relativement stable. Les inclusions sont
toutefois rarement de qualité agronomique et géographique équivalent aux
exclusions. On comprend donc pourquoi que le projet de loi n° 103, qui
apporte des changements importants à la LPTAA et au fonctionnement des
compétences de la CPTAQ, interpelle de façon particulière les agricultrices et
les agriculteurs du Québec.
D'abord, le positif du projet de loi pour
introduire les modifications nécessaires à la LPTAA qui étaient souhaitées et
attendues par les producteurs. À titre d'exemple, le projet de loi prévoit une
protection plus explicite des activités
agricoles, une implication accrue des
municipalités régionales de comté et des communautés métropolitaines
dans les demandes formulées à la CPTAQ, ainsi qu'une plus grande flexibilité
lors de l'agrandissement d'une installation d'élevage à des fins de bien-être
animal.
Le projet de loi prévoit aussi la réinclusion
d'un lot quand un projet inscrit à la demande initiale de la CPTAQ n'est pas
réalisé. Il permet également l'application de mesures d'atténuation suffisantes
dans le cas d'une décision du gouvernement autorisant soit une utilisation non
agricole en zone agricole ou soit une exclusion.
Rappelons que l'installation de serveurs
informatiques de Google en zone agricole à Beauharnois... cette décision
gouvernementale est accompagnée d'une entente qui venait limiter les dommages
en réintroduisant un nouveau terrain en zone verte, en protégeant d'autres
terres menacées par le développement urbain et en facilitant leur mise en
valeur par de nouveaux projets agricoles. Ces changements prévus au projet de
loi permettent des mesures d'atténuation et de même nature.
Cela dit, l'UPA privilégie toujours de s'en
remettre à l'expertise de la CPTAQ pour autoriser un changement à vocation des
terres agricoles. L'avenue de favoriser de toutes circonstances est de laisser
la commission faire son travail, surtout lorsqu'il s'agit de projets privés.
Soustraire un dossier privé à la compétence de la CPTAQ est politiser l'accès
aux terres agricoles en bâillonnant la commission.
Certains changements d'envisagés par le projet
de loi méritent qu'on s'y attarde davantage. Je fais notamment référence à
l'article 70 du projet de loi, l'accès aux documents. Dans le formulaire
actuel, il n'est pas clair à quel document
l'association accréditée par le gouvernement du Québec, autrement dit l'UPA et
ses fédérations régionales, auront dorénavant accès. La LPTAA reconnaît
pourtant explicitement à l'association accréditée le droit d'intervenir sur toutes les demandes formulées à
la commission. Cette responsabilité que l'UPA prend très grandement au
sérieux serait affaiblie par le manque de transparence de ces changements au
niveau actuel, supposément.
Je fais aussi référence aux nouvelles
dispositions qui ouvrent la porte
à une diversité de modèles nécessitant des superficies
variées. Ce faisant, il favorise une ouverture trop large, trop peu balisée et floue à une augmentation des
demandes de morcellement de zones agricoles. Il est vrai que
l'agriculture se diversifie, se spécialise et évolue. En certaines
circonstances, le morcellement des terres peut favoriser le démarrage de
nouvelles entreprises agricoles ou encore le développement ou la réorientation
d'entreprises existantes, mais ces changements
envisagés ne doivent pas laisser une porte ouverte à l'établissement d'un
non-agriculteur en zone agricole. L'introduction de pratiques non
agricoles en zone verte est une ouverture accrue à des projets agricoles non
viables.
Rappelons que
chaque fois qu'on permet une activité non agricole en zone agricole les
activités agricoles reculent en raison des distances séparatrices.
Ajoutons que le remembrement d'un lot, une fois morcelé, est presque impossible.
Signalons finalement que la superficie moyenne
des fermes, au Québec, est de 113 hectares... est déjà beaucoup plus
petite qu'ailleurs au Canada, qui est de 332 hectares. Il faut aussi
savoir que, de façon générale, la commission autorise déjà à plus de 86 %
de la création de parcelles de 30 hectares et plus et de 60 % des
entités entre 20 hectares et
30 hectares. Le morcellement des terres en propriété de faible superficie
peut aussi faire augmenter leur valeur marchande et celle des terres
avoisinantes.
Dans un document de réflexion sur le
morcellement, en 2017, la CPTAQ affirmait elle-même, et je cite : «le
morcellement des terres agricoles influence la hausse des prix de la terre
agricole», car la taille d'une terre agricole est une variante importante pour
déterminer la valeur. En multipliant le nombre d'unités foncières de superficie
réduite sur le territoire donné, on affecte l'homogénéité et la communauté
agricole.
Dans le cas de
morcellement qui requiert la construction d'une résidence, il faut être encore
plus prudent. Selon une étude du ministre de l'Économie et de l'Innovation, le
taux de survie des nouvelles microentreprises de moins de cinq employés dans le
secteur de l'agriculture, foresterie, et de la chasse et des pêches serait de
41 % après cinq ans et de 25 % après neuf ans. C'est donc dire que
75 % des nouvelles entreprises cessent leurs activités après neuf ans. On peut donc se demander qui aura les
moyens d'acheter ces terres advenant la cessation des activités
agricoles.
Comme le reconnaît aussi la CPTAQ, les terres
morcelées deviennent automatiquement des cibles idéales pour une maison manoir
ou un petit lopin de terre en campagne. Ce phénomène est de plus en plus
courant, comme on le voit dans les régions de l'Estrie, Laurentides et
Charlevoix. C'est autant des terres qui sont souvent... elles ne sont plus
disponibles pour l'agriculture ni accessibles à la relève agricole.
En terminant, sans les critères clairs et sans
connaître la réglementation à venir, le risque potentiel de la multiplication
des demandes de morcellement, d'étalement diffus en zone agricole et de projets
agricoles non viables et de multiplication à court terme des résidences de la
zone agricole est trop grand. On peut véritablement parler ici d'une mauvaise
bonne idée. Les Québécois et les Québécoises ne peuvent pas appuyer un avenir
alimentaire sur un bar ouvert aux usages non agricoles. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci pour votre exposé.
Alors, nous pouvons commencer maintenant la période
d'échange avec Mme la ministre. À vous la parole.
Mme
Lecours (Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Tout
d'abord, bien, permettez-moi, M.
Caron et Mme Chahine — je
prononce bien votre nom? — permettez-moi
de vous remercier d'être ici aujourd'hui. Je pense
que c'est important qu'on puisse évidemment bien écouter pendant... on s'est
consultés avant, mais, pendant l'étude du projet de loi, je pense que
c'est important aussi, avec l'ensemble des gens, qu'on puisse échanger, qu'on
puisse se poser des questions, qu'on puisse éclaircir aussi certains points.
Merci pour le dépôt de votre mémoire également.
Vous savez, vous l'avez dit dans votre exposé,
la lourdeur administrative, elle est présente. C'est important d'y voir, c'est
important aussi pour l'avenir des entrepreneurs actuels et des futurs
entrepreneurs. Et notamment, dans votre secteur d'économie, le secteur de
l'agriculture est un secteur important. C'est un secteur qui, justement, avec les derniers 20 mois qu'on a vécus, a
pris un nouveau sens, a pris une nouvelle tournure. Alors, il faut s'en
préoccuper. Il faut vous aider aussi à pouvoir avancer, à pouvoir aussi
innover. Parce que ça, c'est important, vous l'avez dit dans votre exposé
également, comment c'est important qu'on puisse regarder l'avenir avec un oeil
différent aussi et agir avec un oeil différent également.
Je disais donc, d'entrée de jeu, que votre
secteur est important, votre secteur non seulement en termes de poids économique, vous avez mentionné les
chiffres, mais aussi en termes d'incidence, hein? L'autonomie
alimentaire, on en a parlé, ce n'est plus une lubie, c'est une réalité. Donc,
on le vit.
Écoutez, moi,
ce que... j'aimerais vous entendre sur, justement... le coeur de cette
discussion-là, c'est beaucoup le morcellement,
ce sont les... le morcellement vu dans l'angle de nouveaux modèles économiques.
Et c'est une demande... c'est manifestement une réalité de plus en
plus... Justement, à cause des derniers mois qu'on a vécus, les nouveaux modèles économiques s'implantent. À votre avis,
comment est-ce qu'on pourrait voir à l'accélération de ces nouveaux
modèles économiques là puis comment les aider à émerger dans la façon dont nous
fonctionnons actuellement?
• (10 h 10) •
M. Caron (Martin) : Bien,
merci, Mme la ministre. Bien, dans un premier temps, je pense qu'on amène
le point pour dire que, présentement, avec le projet de loi, ça ouvre quelque
chose qu'on se dit qui ne sera peut-être pas favorable, vraiment, à la diversité
puis à différents modèles au niveau de l'agriculture. Je pense qu'on a déjà des
parcelles de terrain, puis, comme
j'expliquais aussi, la moyenne qu'on a ici, au Québec, comparativement au
Canada, en moyenne, on voit qu'on a déjà des petits lots, tout ça. Ça fait que,
je pense, c'est d'accompagner, au niveau de nos entreprises, plus.
Puis il y a différentes choses qui sont déjà
mises en place, mais je pense qu'on pourrait soutenir davantage, entre autres,
parce qu'il y a des gens qui vont sur des incubateurs, côté agricole, qui vont
faire des essais sur trois à cinq ans avant de se lancer un petit peu plus
loin. Puis il y a tout, aussi, sur un volet, aussi, qu'on pourrait regarder sur
des baux de location qui pourraient se faire, aussi, sur des terres agricoles
que déjà des producteurs détiennent. Ça fait que, donc, il y a d'autres options
que d'arriver avec un morcellement, sachant aussi... puis, au niveau de la
CPTAQ, vous l'avez vu, déjà là, on y va entre 20 et 30 hectares.
On a des exemples de ça. Durant le dernier mois,
j'ai été en Abitibi-Témiscamingue. J'ai été même à Laval, entre autres, pour
voir différents projets, différents jeunes producteurs, productrices démarrer
leur entreprise puis qui étaient en concertation avec d'autres. Et, je vous dirai,
ce n'était pas, là, les demandes, de dire : J'ai besoin de morcellement
des plus petits lopins de terre, nécessairement, là. C'était, je pense, sur
l'accompagnement au niveau du développement des entreprises, et ils y ont déjà
accès. Entre autres, celui d'Abitibi-Témiscamingue, entre autres, bien, il y a eu une entente avec un producteur qui
loue présentement cinq hectares, qui a un contrat sur 25 ans de
location et que ça lui permet d'avoir une stabilité en tant que producteur, là.
Et c'est pour ça... il y a différents modèles qui sont là, mais on pense que
d'ouvrir ça et de passer à côté de la commission seraient vraiment une
problématique. Et, si on démembre — entre autres, quand on
morcelle, on démembre ces lots-là — bien, on risque juste
d'amener ça au niveau de la spéculation.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Dans votre allocution, vous avez également parlé de la nécessité aussi... en mentionnant les statistiques que nous avions fait
faire au ministère, effectivement, et avec lesquelles on travaille
beaucoup, justement, pour trouver des solutions, pour
aider à l'amélioration de nos programmes également, autant les nôtres que ceux du MAPAQ, bien évidemment, parce que vous
êtes beaucoup en relation avec le ministère de l'Agriculture... bien évidemment,
le repreneuriat est une réalité sur laquelle il faut non seulement se pencher,
mais agir rapidement, et, dans votre milieu, dans votre sphère d'économie,
c'est d'autant plus important. Vous l'avez mentionné, il y a beaucoup d'agriculteurs qui vont... faute d'aide,
faute d'appui du milieu, faute de trouver aussi des solutions innovantes
ou de vouloir y adhérer, il y a les deux
aussi, il y a des entreprises qui vont devoir fermer. Et il y a des repreneurs,
par contre, qui veulent agir sur le terrain, mais ils ont en tête une
nouvelle façon de travailler, de nouveaux modèles d'affaires.
Donc, je reprends ma question. Avec, dans la
lorgnette, là, d'avoir dans sa vision le repreneuriat, est-ce que ce ne serait
pas, justement, aider à des nouvelles façons d'agir sur le terrain, des
nouveaux modèles, justement?
M. Caron (Martin) : Je
laisserais peut-être Ghalia, peut-être, compléter un petit peu la discussion
qu'on a eue en avant-plan.
Mme Chahine (Ghalia) : Bien,
c'est... le morcellement n'est pas nécessairement la solution, et les solutions
innovantes peuvent passer par des formules, des solutions alternatives entre
producteurs. M. Caron a référé à l'idée de baux à très long terme. Ça
sécurise une relève, peu importe le modèle qui s'en vient.
La CPTAQ, déjà, autorise beaucoup de
morcellements. Simplement l'année dernière, il y a eu 3 780 hectares
qui ont été autorisés par la CPTAQ. Donc, l'enjeu du morcellement n'est pas
nécessairement celui qui est le plus important
à régler, c'est probablement dans les solutions alternatives qui peuvent être
proposées aux relèves en termes de soutien, en termes de modèle
d'affaires.
L'enjeu aussi
du morcellement, c'est l'ajout de beaucoup de résidences qui viendront avec ces
morcellements-là. Et là on rentre dans des enjeux de planification et
d'aménagement du territoire. Multiplication de résidences en zone agricole,
c'est de l'étalement urbain diffus. Ça a des impacts en termes de coût,
d'investissement, d'infrastructure, mais aussi en termes de hausse des prix pour
les producteurs agricoles eux-mêmes. Et le remembrement, par exemple, dont
on... qui préoccupe beaucoup dans le cas de Laval et de Saint-Hubert, a pris
plusieurs décennies, et ce n'est pas encore fini. C'est très, très complexe
comme structure. Donc, quand on émiette le territoire, c'est très difficile de
le ramener, éventuellement, quand l'innovation va ramener d'autres modèles,
éventuellement.
Donc, il y a probablement des solutions
alternatives qui sont très intéressantes à développer, mais ça ne passe pas
nécessairement par le morcellement.
M. Caron (Martin) : Si je peux me
permettre, Mme la ministre, de faire juste un ajout, présentement, on a un
outil qui s'appelle Arterre, qui a été mis en place et qui a été soutenu par le
gouvernement, entre autres, et qui permet d'avoir des banques de données au
niveau des banques de ferme qui veulent faire un transfert. Et donc ceux qui
veulent avoir des projets au niveau agricole et agroalimentaire peuvent
aller... Ça fait que cet outil-là est en place. On commence à... ça fait juste
quelques années qu'il commence, et ça, ça va nous permettre, entre autres,
d'aller plus loin. Mais on va avoir besoin aussi d'un soutien par rapport à ces
entreprises-là au niveau du démarrage et du côté de l'innovation aussi, bien
entendu, mais je sens que, le ministère de l'Agriculture, au niveau du
gouvernement, il y a une volonté d'aller vers ce style-là.
Mme
Lecours (Les Plaines) : Mme la Présidente, je sais que le temps file. Je vais laisser la parole, si vous
me le permettez, à mon collègue qui
va avoir d'autres questions, puis je reviendrai plus tard, s'il nous reste
du temps. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Saint-Jérôme, c'est bien ça? C'est vous qui voulez prendre la
parole immédiatement?
M. Chassin :
Oui, absolument.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Chassin :
Pour combien de temps?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste 8 min 50 s.
M. Chassin :
D'accord. Merci, Mme la Présidente. Merci de votre présentation. Je vous amène peut-être
sur un autre sujet. Vous aviez, dans le fond, là, déjà émis des commentaires, notamment préoccupés, là, sur l'aménagement du territoire
puis sur notamment les décisions à la pièce, au gré du moment et des intervenants
par rapport, dans le fond, aux MRC, et aux municipalités, et aux communautés
métropolitaines qui parfois, donc, viennent proposer des exclusions et des
demandes d'exclusion. Puis là, dans le fond, moi, j'aimerais attirer votre
attention sur ce que vous dites par rapport aux articles 73 et 75 du projet de
loi. Est-ce que, selon vous, ça contribuerait au moins en partie à diminuer ces
incohérences et ces décisions à la pièce?
Mme Chahine (Ghalia) : Donc, pour
l'article 73, on le mentionne dans notre mémoire à la page 17, on parle... c'est essentiellement par rapport aux
pouvoirs aux MRC, aux comités métropolitains de déposer des demandes
d'exclusion à la CPTAQ. Il y a une logique d'aménagement qui se tient à ce
niveau-là, de monter cette autorisation à l'échelle
régionale et de communautés métropolitaines parce que la planification du
territoire se fait à cette échelle-là. Donc,
en termes de détermination du besoin ou du futur territorial, c'est vraiment
une bonne échelle. On amènerait ça peut-être un peu plus loin en
disant : Lorsqu'il y a une communauté métropolitaine, bien, c'est à la
communauté métropolitaine que ça devrait
peut-être remonter aussi haut. Il y a une logique territoriale qui se suit dans
cette réflexion-là.
M. Chassin :
O.K. Donc, pour vous, c'est le bon palier à la MRC, en général. S'il y a une
communauté métropolitaine, on monte ça au palier supérieur.
Mme Chahine (Ghalia) : Oui.
M. Caron (Martin) : Si je peux me
permettre, l'ajout de la réponse, c'est qu'en plus de ça, c'est qu'on a
différents outils qui sont là, qui n'ont pas été mentionnés, mais les PDZA sont
là, les plans de développement de la zone agricole qui est là et qui est géré
par rapport à ces instances-là. Ça fait que ça nous permet d'être cohérents aussi par rapport à un plan qui est là, un schéma
d'aménagement qui est là aussi, puis d'avoir une vision de développement
cohérente, naturellement, au niveau des superficies agricoles et de la zone
verte.
M. Chassin :
O.K. Bien, merci de ces explications-là. Je vous amène sur un autre sujet
maintenant. Il y a, dans votre mémoire, là, des éléments qui prévoient, dans le
fond, là, de laisser vraiment seulement la protection du territoire agricole et des activités agricoles à
la CPTAQ par rapport à favoriser le développement, voire le
développement durable. C'est quelque chose qui semble, là, poser problème.
Est-ce que vous pensez que cet ajout de favoriser le développement des activités ou le développement durable peut nuire au
rôle que la CPTAQ a de protéger le territoire? J'essaie de voir comment
ça peut être contradictoire pour vous.
• (10 h 20) •
M. Caron (Martin) : Bien, en quelque
part, il y a un enjeu majeur, c'est la protection de nos territoires agricoles.
On l'a mentionné, juste 2 % présentement, puis qu'on en perd à l'occasion,
durant les cinq dernières années, comme on l'a vu. Mais il y a aussi
l'autre volet des activités agricoles. De plus en plus, on a de pression sur
les activités agricoles. Ça fait que j'ai beau protéger le territoire agricole,
mais, si je n'ai pas quand même cette reconnaissance-là des activités agricoles
et si on laisse la réglementation aller un petit peu partout, ça amène des
impacts majeurs sur la compétitivité de nos entreprises agricoles, entre
autres. Et c'est ça, l'élément majeur qu'on voit présentement, la tendance qui
s'en va par rapport à la protection de nos activités agricoles, en voulant dire
la reconnaissance que... bien, on fait une activité agricole selon les guides.
On a déjà des guides, au niveau environnemental, sur le bien-être animal, mais
il faut être capable d'avoir cette reconnaissance-là aussi, là, pour ne pas
être obligé de se défendre durant ces actions-là, que ce soit au niveau des communautés
ou au niveau municipal.
M. Chassin :
Puis est-ce que... puis là peut-être que c'est une question un peu
philosophique, là, mais est-ce que la meilleure façon d'assurer la protection
du territoire agricole, ce n'est pas justement de s'assurer qu'il y a des
activités dynamiques qui se déroulent sur le territoire agricole? Dans le fond,
c'est un peu ça que vous nous dites, là. C'est que c'est... la façon de
protéger les terres agricoles, c'est que ça soit des activités agricoles dynamiques
qu'on favorise puis que le développement des entreprises qui sont là continue
de croître, d'être rentables, etc. Moi, c'est un peu comme ça que je l'entends.
M. Caron (Martin) : Oui, mais
c'est... Au niveau de l'activité, c'est un des éléments essentiels. Puis c'est
pour ça qu'on dit : Il y a un rôle, quand même, au niveau de la CPTAQ,
qu'elle peut détenir, sachant qu'il y a un projet qui est là. Mais, si le
projet n'est pas réalisé ou l'activité n'est pas agricole, entre autres, bien,
elle peut être capable de retirer ça. Ça fait que c'est au niveau de cette
compétence-là aussi qu'on veut s'assurer de maintenir au niveau de la CPTAQ, de
l'autre côté, là.
M. Chassin :
O.K. Je ne suis peut-être pas certain de saisir la contradiction entre développement,
développement durable, mais néanmoins... puis là je vous ramène peut-être un
peu aux questions de morcellement, là, indirectement, puis je profite de ma collègue
de Labelle qui est à côté de moi pour citer un exemple de chez elle. Je vous
donne un exemple, là, d'une activité agricole d'une petite superficie. La Ferme
aux petits oignons, située à Mont-Tremblant, on parle de 4,5 hectares.
Donc, vous nous parliez, là, d'une moyenne de
13 hectares, qui est plus petite que d'autres endroits au Canada. Sur
4,5 hectares, elle génère des revenus totaux de 750 000 $ en
2017. C'est les données, là, publiques, en 2017. Moi, je trouve que c'est une
activité agricole prospère qui est intéressante sur une petite superficie puis
qui assure, finalement, que ces 4,5 hectares-là sont effectivement
utilisés à des fins agricoles. Puis le développement de ce modèle-là... évidemment,
il y a toujours un risque, mais ça permet aussi de multiplier les différents
efforts.
Ça fait que, là, j'essaie de réconcilier, par
exemple, cet exemple-là avec ce que j'ai entendu tout à l'heure de votre part.
M. Caron (Martin) : Moi, je vous
dirais... Puis je connais très bien M. François Handfield, entre autres, et
sa... et d'autres personnes qui étaient actionnaires avec, je les connais très
bien. Mais, avant d'arriver là, qu'est-ce qu'on arrive là, il y a eu un
cheminement qui s'est fait, entre autres. Et François, je suis allé à une
rencontre, entre autres, qu'il était là puis qu'il expliquait à d'autres gens
en voulant dire : Bien, avant de commencer, puis de penser d'acheter une terre, puis
de bâtir une maison, bien, il faut faire nos preuves. Et il y a fait un
démarrage, entre autres, en amont
pour préparer ses choses puis pour démontrer que ce soit viable. Ça fait qu'il
y a quand même un cheminement.
C'est pour ça qu'on vous présenterait, entre
autres, incubateurs et d'autres processus qui sont là qui vont permettre...
Mais de commencer à dire : Bien, regarde, on va donner cinq hectares parce
qu'il a un modèle qui réussit, puis quelqu'un le propose comme ça, nous, on
dit : C'est trop à risque, il n'y a pas d'évaluation, puis... aussi
s'assurer, entre autres, du processus puis de... vraiment l'objectif réel.
Mais on est favorables, on est vraiment ouverts
sur ces projets comme ça, mais on a l'autre côté, par contre, qu'on voie qu'il
y en a qui ne réussissent pas, puis qu'il y en a, c'est des maisons manoirs qui
s'installent là. Et d'ailleurs, peut-être Ghalia pourrait le mentionner, mais
on a quelques exemples qu'un coup que les maisons sont bâties, puis c'est des
gros châteaux, puis ça arrive pour être revendu, mais il n'y aura jamais
quelqu'un agricole qui va acheter ça, là, par rapport à d'autres exemples qu'on
a sur des sites immobiliers, qu'est-ce qu'on voit, là.
M. Chassin :
Oui. Bien là, il y a quand même un enjeu, parce que ça ne peut pas être
complètement séparé de l'activité. En fait, ça ne peut pas être séparé de
l'activité agricole. Donc, se construire, par exemple, une maison familiale sur
une terre agricole, c'est plus difficile, par exemple, d'obtenir une
hypothèque, là, parce que, par exemple, en
cas de sinistre, la reconstruction de la résidence n'est pas nécessairement
assurée. Il y a quand même une certaine surveillance à ce propos-là.
Puis moi, ce que je comprends de vos propos, c'est que vous...
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
député de Saint-Jérôme, je pense que votre ministre voulait poser une dernière
question, puis il lui reste 50 secondes.
M. Chassin : Ah
oui! Bien, je vais laisser la ministre. Pardon. Bien oui, le temps file.
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci.
Toute dernière question parce que le temps file, effectivement. On va laisser
aussi la parole à nos collègues.
J'aimerais rapidement vous entendre sur les
mesures d'atténuation que le gouvernement aussi veut... Ce sont les
articles 66 et 96. J'aimerais vous entendre là-dessus parce que c'est
quand même un allègement important aussi dans tout le modèle économique qu'on
essaie d'implanter aussi au Québec. J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Caron (Martin) : Bien, dans un
premier temps, comme on l'a mentionné, que ce soit dans notre mémoire ou quand... en discussion, pour nous, on
se doit de passer au niveau de la commission. Mais, quand il arrive,
exemple, une demande pour des infrastructures ou pour des services publics,
tout ça, puis que le gouvernement veut y aller, nous, on se dit : O.K.,
passons par la commission, dans un premier temps, pour voir un peu ces
aspects-là puis les... d'autres possibilités ou d'autres terrains qui
pourraient être utilisés et ensuite de ça, bien, d'avoir des mesures
d'atténuation. Et puis là ce n'est pas du un égale un, là, parce qu'au niveau
des types de sols, bien souvent, puis c'est l'exemple qu'on vous donnait par
rapport au discours que j'ai mentionné, dire... il faut évaluer par rapport au
côté géographique puis la capacité aussi de la catégorie des sols qui est bien
importante.
Mme
Lecours (Les Plaines) : Mais
vous êtes favorables aux mesures d'atténuation. C'est ce que je
comprends?
M. Caron (Martin) : Bien, c'est
vraiment en dernier recours puis sachant qu'il y a peut-être des dossiers
prioritaires d'infrastructures publiques. Et là, dans ces cas-là, on se
dit : Bon, bien, O.K., il faut trouver une façon de faire pour vraiment
protéger les zones alentour et d'emmener ces éléments-là, entre autres, pour
atténuer ces impacts-là au niveau de la zone agricole et des activités
agricoles aussi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, c'est tout le temps que nous disposons. Nous poursuivons maintenant
avec le député de Nelligan. Vous disposez de 11 min 40 s pour votre
échange.
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Caron. Bonjour, Mme Chahine. Merci pour votre
excellent rapport, premièrement, exposé.
Je vais aller très rapidement à un constat que
vous faites du projet de loi. «Le projet de loi réduira de très peu ce fardeau
administratif. Il introduit plutôt des automatismes d'exclusion et d'aliénation
qui simplifieront les tâches de la Commission de protection du territoire
agricole, la CPTAQ. Dans les faits, ces automatismes compliqueront de façon
importante la pratique de l'agriculture en zone agricole.» Est-ce qu'on vous a
consultés avant la rédaction de projet de loi?
Mme Chahine (Ghalia) : Il y a eu des
discussions, mais, dans le texte, c'est sûr qu'on réagit à ce stade-ci de la commission.
M. Derraji : Est-ce que vous êtes
déçus de voir qu'on élargit la mission de la CPTAQ et ça vient en contradiction
avec ce que vous défendez depuis plusieurs années sur la protection des terres
agricoles?
M. Caron (Martin) : Moi, je pense
qu'à travers ça, c'est qu'on le dit très bien, très clairement dans notre
mémoire, on ne peut se passer de l'expertise qu'il y a au niveau de la Commission
de la protection du territoire agricole. Je pense que les
gens sont là. Il faut leur donner les outils pour être capable d'analyser. Mais
on se doit... surtout sachant qu'on a juste 2 % du territoire qui est au niveau
des terres agricoles cultivables.
M.
Derraji : Oui, mais vous pensez que le projet passe à côté de
l'allègement réglementaire, mais il ouvre aussi une autre porte qui
n'est pas souhaitable. Dites-le clairement. Je n'ai que 11 minutes, hein?
J'ai plein de questions.
M. Caron (Martin) : Non, non, c'est
sûr, mais on l'a expliqué, ce n'est vraiment pas souhaitable sur ce volet-là,
quand on ouvre ces éléments-là.
M. Derraji : J'ai des questions
d'ordre technique, parce que j'essaie de comprendre, parce que ce n'est pas
facile. Bon, vous êtes un producteur laitier. Si je vous dis que... une
poutinerie dans votre ferme, est-ce qu'on pourrait accepter une telle activité?
Est-ce qu'on devrait en restreindre la taille? Est-ce qu'on permet au prochain
acquéreur de grossir la taille de la poutinerie, si le projet devient plus
profitable?
Mme Chahine (Ghalia) : D'une
poutinerie?
M. Derraji : Oui, oui.
Mme Chahine (Ghalia) : Bien, pour...
O.K.
M. Derraji : Oui, élargir les
activités. En fait, je veux voir jusqu'à quel point vous êtes à l'aise à aller
avec...
Mme Chahine (Ghalia) : Les activités
agricoles qui sont permises en territoire agricole liées à la ferme, donc, si
c'est dans le cadre d'une activité avec un pourcentage qui est majoritairement
issu de la ferme, ce sont des activités qui sont connexes ou qui sont
accessoires à l'activité... à l'exploitation agricole. Ils sont paramétrés, notamment
dans l'article 80, pour les acériculteurs et au niveau de l'équestre, des
activités équestres.
L'enjeu qu'on a, c'est que la porte est un peu
trop ouverte. Donc, on ne sait pas c'est quoi, les paramètres pour d'autres
exploitations. On sait que, par exemple, pour les activités agrotouristiques ou
les accessoires, c'est des... ça doit être directement lié à l'activité
principale de la ferme.
• (10 h 30) •
M. Derraji : Excellent. Donc, c'est
un drapeau rouge que vous levez aujourd'hui.
Mme Chahine (Ghalia) : Oui.
M. Derraji : O.K. Excellent. J'adore
les réponses directes, ça nous aide.
Je reviens au rôle de la CPTAQ. Comment... quand
on ouvre la loi, est-ce qu'il n'y aurait pas une modification supplémentaire
qu'on devrait mettre en place pour améliorer ses activités? Vous êtes très,
très directe par rapport au rôle de la CPTAQ. Est-ce que vous pensez que, du
moment qu'on ouvre la loi, est-ce qu'on doit aussi mettre en place... ou
améliorer ses activités, pour la commission?
Mme Chahine (Ghalia) : Les activités
de la CPTAQ?
M. Derraji : Oui.
M. Caron (Martin) : Bien, peut-être,
dans un premier temps, je vais vous dire qu'au niveau des activités de la
CPTAQ, c'est au niveau de la protection du territoire agricole. On n'est pas
là, nécessairement, sur le côté développement. C'est plus au niveau du ministère
de l'Agriculture qui est là.
Mais je vais ramener un petit peu les discussions
que j'ai eues tantôt. Une importance, c'est nos activités agricoles.
M. Derraji : Ça, c'est clair.
M. Caron (Martin) : Ça fait que,
dans ce sens-là, on aimerait aller plus loin avec la CPTAQ, entre autres, de
jouer par rapport à ce rôle-là. Parce qu'on a beau protéger le territoire,
mais, si on ne protège pas les activités, bien, on risque de passer à côté de
l'objectif.
M. Derraji : Je suis très d'accord
avec vous, surtout qu'on veut... Parmi les leçons de la pandémie, c'est
l'autonomie alimentaire, et, si on veut atteindre l'autonomie alimentaire, il
faut absolument préserver nos terres agricoles. Il y a beaucoup de sens dans ce
que vous dites.
Je vais rebondir à une question du collègue de
Saint-Jérôme et j'aimerais bien vous entendre. En fait, est-ce que vous pensez
qu'on n'est pas en train d'avoir ou de pousser à une guerre de clochers? Si,
par exemple, un village... je vous donne l'exemple que j'ai noté : village
x aurait besoin d'un dézonage pour des raisons x, y, mais la CM n'est pas
d'accord, donc. Pourtant, le projet est pertinent et pourrait être compensé.
Mais la CPTAQ ne se penchera jamais sur le projet, parce que la CM ne veut pas
aller de l'avant avec une demande.
Est-ce que vous pensez
qu'on est en train de pitcher un problème vers d'autres instances? Au lieu
d'alléger le fardeau, on va augmenter, multiplier, quadrupler le problème?
M. Caron (Martin) : Je vais y aller,
dans un premier temps, puis je vais laisse Ghalia compléter. C'est que
qu'est-ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on veut être cohérent avec tous
les outils qu'il y a, au niveau de la communauté métropolitaine, exemple, des
exemples comme ça, ou que ce soit au niveau des MRC. Tantôt, je parlais, au
niveau des cohérences par rapport aux plans, aux outils de schémas
d'aménagement. Ça fait que, pour nous, il y a une instance qui est là, qu'on
doit utiliser, là, qu'on doit être capable d'utiliser puis d'aller un petit peu
plus loin, là. Je laisserais Ghalia.
Mme Chahine (Ghalia) : Au niveau
d'une MRC ou d'une communauté métropolitaine, ils ont ce regard qui est de 20, 30, 40, 100 ans sur la
planification du territoire. Donc, c'est logique que ce soient eux qui ont
cette réflexion-là, mais il y a des communautés, comme... la Communauté
métropolitaine de Montréal a un programme spécifique pour les municipalités,
lorsqu'il y a un besoin de développement, pour compenser ce développement-là
puis de le mettre à la bonne place.
L'enjeu de
l'aménagement, c'est de mettre le développement à la bonne place et non pas là où il y a un promoteur. Donc,
l'idée, c'est... une municipalité peut avoir honnêtement exprimé un besoin, la communauté
métropolitaine a une perspective beaucoup plus longue, et il existe, en ce
moment, des programmes qui compensent cette volonté de développer local pour
pallier à un besoin qui peut être exprimé très, très localement. Mais c'est aux
MRC et aux communautés métropolitaines que cette réflexion beaucoup plus long
terme se fait.
M. Derraji : O.K. Je vais
revenir à la nature d'activité. Pensons à la femme ou le mari qui ont des
activités autres qui pourraient ouvrir dans le domicile de la ferme. S'il n'y a
pas de modification au zonage agricole, outre l'activité, possibilité d'un
permis temporaire pour exploitation spécifique, est-ce que la femme ou la mari
qui ont des activités autres pourraient oeuvrer dans le domicile, s'il n'y a
pas de modification au zonage agricole outre l'activité?
Mme Chahine (Ghalia) : Ça
dépend des affectations qui sont données au niveau des municipalités et du
zonage local. Il y a des autorisations qui peuvent être faites, mais, de façon
générale, les activités non liées à la ferme devraient se situer ailleurs. Mais
on peut en retrouver dans des situations... un salon de coiffure, ou autre,
tout peut se retrouver, mais ça dépend vraiment de la réglementation locale et
des affectations qui peuvent être attribuées. Normalement, ces affectations
peuvent se retrouver dans un îlot déstructuré un peu plus loin ou dans le noyau
villageois, dans une perspective de consolidation des activités commerciales
dans les noyaux urbains.
M. Derraji : Avez-vous vu des
problèmes dans ce sens à nous soulever, aujourd'hui, en commission, pour qu'on
garde cela en tête quand on va commencer à étudier le projet de loi article par
article?
Mme Chahine (Ghalia) : Dans le
sens de ces enjeux-là d'usage?
M. Derraji : Oui, oui, des
activités. Oui, oui, l'usage, absolument, le local. On voit que c'est
profitable, on demande d'autres zonages, on augmente la superficie, ainsi de
suite, et on perd la mission.
Mme Chahine (Ghalia) : Les
enjeux principaux, c'est... si on fait du morcellement, on se retrouve avec
plus de résidences en zone agricole, on a des problèmes de cohabitation, on a
des problèmes de coût pour les municipalités à long terme et on a un problème
d'étalement diffus. Donc, la zone agricole, qui est la ressource non
renouvelable qui est là pour cultiver et pour servir l'autonomie alimentaire,
va avoir une difficulté parce qu'un usage urbain en zone agricole établit des
distances séparatrices et donc fait reculer l'agriculture. Donc, ça, c'est un
impact qui est assez direct sur les activités.
M. Derraji : J'entends beaucoup
de... entre les lignes, faire reculer l'agriculture. Avez-vous des inquiétudes
que... Encore une fois, je sais que l'objectif du projet de loi, il est
louable, c'est par rapport à la paperasse. Est-ce que vous pensez qu'on fait fausse
route par rapport au domaine agricole et on n'a pas encore approfondi la
question? On doit faire attention, si on doit faire attention, à quoi?
M. Caron (Martin) : Bien, moi,
je pense qu'ici, aujourd'hui, par rapport au projet de loi, c'est qu'on a amené
nos éléments, nos éléments qu'on était d'accord avec le projet de loi, où est-ce
qu'il y avait des ouvertures puis qu'on était d'accord. Puis il y avait
d'autres éléments aussi qu'on a amenés pour dire qu'il faut être préoccupé par rapport à cette ouverture-là. Puis on ne peut pas, en tant que société,
au niveau québécois, qu'on dit qu'on
veut y aller sur une autonomie alimentaire, mettre à risque, entre
autres, au niveau de l'activité agricole précise et de mettre un monde
spéculatif ou immobilier à travers tout ça, puis qu'on va risquer de perdre
notre premier outil qu'on a. Côté producteurs et productrices, là, c'est nos
terres agricoles.
M. Derraji : Oui, oui, je vous
seconde. C'est nos terres qui nous donnent cette richesse. Et, si je comprends très bien, si le projet de loi est adopté tel
qu'il est aujourd'hui, vous craignez que le slogan de l'autonomie
alimentaire, la préservation de nos terres agricoles seront menacées.
M. Caron
(Martin) : Oui, exactement. Je pense que c'est un des éléments. Je
pense autant qu'on ouvre sur des éléments qui peuvent amener cet aspect-là,
mais sur d'autres côtés, je pense qu'il faut clarifier. Puis il y a des choses
qu'il faut vraiment modifier au niveau du projet de loi, présentement, pour
vraiment protéger les terres agricoles et les activités d'autant plus. Et je
pense qu'il y a d'autres moyens aussi qu'on peut vraiment favoriser le
développement de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je prendrais exemple au niveau de la production
bio, là. Présentement, on soutient pour la transition, mais on ne soutient pas
après ça. Et pourtant, dans les autres pays, en Europe, aux États-Unis, on
soutient sur la certification. Ça fait qu'il
y a d'autres éléments qu'on peut aider nos producteurs qui veulent se lancer.
Que ce soit dans bio ou dans d'autres productions, il y a d'autres
outils qu'on peut vraiment faciliter la tâche à nos producteurs, productrices,
là, et des nouveaux de la relève aussi, des jeunes qui veulent aller dans ce
beau métier là.
M. Derraji : Avez-vous quelque chose
d'autre à ajouter? J'ai vu comme un moment d'hésitation. Vous voulez ajouter
quelque chose? O.K., excellent. Merci pour votre rapport. On va... Merci aussi
pour les propositions d'amendements. C'était
très clair. C'est un rapport très bien détaillé. Donc, merci pour votre passage
en commission. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, merci pour le bel échange. Nous
poursuivons cette fois-ci avec la députée de Mercier. Vous disposez de
2 min 55 s.
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Merci beaucoup, M. Caron, Mme Chahine. Merci
pour votre présence et votre présentation.
Je veux revenir à la question des pressions qui
sont subies par les terres agricoles. Justement, on parle d'autonomie alimentaire. Malheureusement, dans les
dernières années, vous l'avez souligné, on en a perdu beaucoup. On a
perdu aussi, récemment, sous le gouvernement de la CAQ, 94 hectares à
Beauharnois, 160 hectares de bonnes terres
agricoles dans la MRC de Montcalm. Donc, ça ne va pas dans la bonne direction. Et vous avez répondu oui à
mon collègue. Je veux vraiment être certaine. Le projet de loi, tel qu'il est,
augmente cette pression sur les terres agricoles? Tel qu'il est, donc, votre
réponse est oui. Je veux être sûre que la ministre l'entende.
M. Caron (Martin) : Bien,
présentement, je vais dire comme j'ai dit, sur un côté, ça nous ouvre des
choses... puis qu'on amène une cohérence de développement au niveau des régions
et tout ça. Mais sur l'autre côté, oui,
c'est vrai que, quand on a et qu'on ne se sert pas de l'outil principal qui est
au niveau de la commission, bien, on se met à risque, entre autres, pour
avoir des projets qui n'ont peut-être pas une visée nécessairement de développement
agricole. Puis on sait que le remembrement de ces terres-là qui peuvent être
morcelées ou enclavées, bien, va être très, très difficile. Et d'autant plus...
et je laisserais Ghalia donner, peut-être, un des exemples, entre autres, qu'on
voit, là, sur l'impact, là, au niveau financier un coup qu'il y a une
résistance qui est mise avec cette terre-là.
• (10 h 40) •
Mme Chahine (Ghalia) : Donc, en
termes d'impact, c'est aussi... c'est noté dans le document de la Stratégie
nationale d'urbanisme et d'aménagement des territoires, des impacts directs et
indirects de l'expansion urbaine sur la zone agricole. Donc, ils sont vraiment
détaillés dans le document de consultation de cet été. Donc, à part la perte de
ressources... de la ressource et des
superficies cultivables, on parle de morcellement, enclavement, d'enjeux de
cohabitation entre les usages et entre voisins, entre autres, surtout avec la
statistique de 75 % des nouvelles entreprises qui cessent après neuf
années. On a un enjeu de vraiment vérifier la viabilité des projets qui sont
proposés lorsqu'ils sont agricoles et ils sont menés par des producteurs.
Et, en termes d'augmentation de la valeur
moyenne des terres en culture au Québec, on parle de 24 234 $ par
hectare en 2019 versus 6 280 $ en 2007. On parle de 3,8 fois le
prix initial. Et, lorsqu'on parle de certaines résidences, les maisons manoirs auxquels on réfère... et ça a un effet
qu'on voit partout. On parle d'un hectare, 1,4 hectare, une maison
de 15 pièces qui est vendue à, à peu près, 357 000 $ de
l'hectare. Donc, on voit l'impact direct de l'implantation des résidences, et,
au niveau des superficies elles-mêmes, c'est quoi l'impact pour les
producteurs.
Mme Ghazal : Puis, dans le fond,
dans votre mémoire, vous amenez des amendements pour éviter ça. Je veux revenir
rapidement, parce que je ne sais pas combien de temps il me reste, pour
l'article...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il ne
vous en reste plus.
Mme Ghazal : C'est ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) : J'ai
laissé quelques secondes pour qu'elle puisse terminer sa réponse, mais c'est
déjà terminé. Nous poursuivons donc, maintenant, avec la députée de Gaspé.
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Ça va très rapidement, mais c'est vraiment intéressant que vous soyez là pour nous éclairer sur les enjeux,
là, précis, là, concernant vos activités. On entend, justement, parler
de zonages qui vont être difficiles à
revenir, si on touche à la notion de zonage agricole, puis que c'est une ressource limitée. Est-ce que, selon vous, on est plus dans l'ordre de la déréglementation,
à ce compte-là, que de l'allègement réglementaire?
Mme Chahine (Ghalia) : Ça crée des
flous qui vont créer des situations qui vont être difficiles à long terme.
Mme
Perry Mélançon : Donc, l'objectif du morcellement, quand on dit que
c'est de favoriser les petites exploitations, comment on pourrait mieux
réglementer, que ce soit plus clair dans les orientations du projet de loi?
M. Caron
(Martin) : Bien, présentement, je pense qu'on le mentionne, quand on
dit déjà : Il y a quand même du morcellement... Puis il y a déjà, au
niveau de la commission, qui est là puis qui a... Je tiens à répéter à tout le
monde, il y a déjà des terres qui sont en bas de ça, là. L'outil l'Arterre, que
je vous ai dit, nous permet entre autres d'avoir
une banque de données, d'avoir ces terres-là où est-ce que les gens qui
voudraient avoir des ancrages plus petits, entre autres, pourraient
favoriser qu'il y aurait un transfert de fermes, puis qu'il y aurait un
soutien, entre autres.
Ça fait que je pense
qu'on a quelques outils qui sont là, mais qui ne sont pas développés à leur
plein potentiel. Ça, je pense qu'on va aller dans ce style-là, en plus des
autres outils au niveau des incubateurs. Puis je rajoute quelque chose que j'ai
mentionné très rapidement tantôt, en tant que producteurs, on a un ancrage.
Moi, j'en vois plein de jeunes, là, qui sont
par chez nous, qui voudraient avoir... être en démarrage. Ça ne m'empêche pas
que moi, avec la terre que j'ai, que je pourrais leur louer une terre
directement, peut-être cinq ou 10 hectares, à long terme, sur 25 ans,
et faciliter ce transfert-là. On le voit déjà, là, il y a déjà des gens, là,
qui le font présentement.
Ça fait que je pense
qu'il faut accentuer, il faut peut-être trouver d'autres outils, côté... au
niveau fiscal, pour favoriser ces échanges-là. Mais il y a des options qui sont
là, il faut peut-être juste un petit peu plus les déployer.
Mme Perry
Mélançon : Merci. Rapidement, deuxième question. Par le projet de loi,
on ajoute le principe de développement des activités agricoles. Vous en avez
parlé, pourquoi on tente de mélanger... en fait, d'élargir votre mandat. Ce n'était pas une demande que vous aviez.
Selon vous, pourquoi on essaie d'ajouter la notion de développement?
Est-ce que ça affaiblit votre mandat, selon vous, de protection?
Mme Chahine (Ghalia) : Bien, le développement, il est déjà dans les
fonctions du ministère de l'Agriculture. Donc, il s'agit de le garder à
la place qu'il a. D'ajouter ça au niveau de la CPTAQ, il nous semble que ça
ajoute une subjectivité au niveau de l'analyse ou d'une évaluation plus
subjective des projets, ce qui n'est pas nécessairement souhaitable, parce
qu'on veut laisser la marge de manoeuvre des producteurs, selon leurs besoins,
selon les opportunités qui existent de se développer comme ils le souhaitent.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci à la députée de Gaspé pour le bel échange. Merci, M.
Caron, merci, Mme Chahine, pour votre collaboration, très instructive,
d'ailleurs. Alors, c'est tout le moment... c'est tout le temps que nous avons.
Nous allons suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 45)
(Reprise à 10 h 54
)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous poursuivons avec le groupe Manufacturiers et
exportateurs du Québec qui sont... où le groupe est en visioconférence avec
Mme Proulx et Mme Labranche. Je vous invite, Mme Proulx, à bien vous
présenter avant de commencer votre exposé.
Manufacturiers et exportateurs
du Québec (MEQ)
Mme Proulx (Véronique) : Alors, Véronique Proulx, je suis présidente-directrice générale des Manufacturiers
et exportateurs du Québec et je suis accompagnée de Marie-Ève Labranche qui est
directrice des affaires publiques et gouvernementales de notre association.
Excellent. Alors, Mme la Présidente, bonjour. Bonjour aux membres de la commission.
Très heureuse de venir vous présenter le mémoire sur le projet de loi n° 103
qui vise l'allègement réglementaire pour les entreprises, notamment pour le
secteur manufacturier.
Alors, je me permets
brièvement de présenter notre association. Manufacturiers et exportateurs du
Québec, on représente 1 100 entreprises partout à travers le Québec,
des petites, des moyennes, des grandes entreprises, et notre membership est vraiment
à l'image du tissu industriel du Québec. Notre raison d'être, eh bien, c'est d'accroître... de contribuer à la croissance du
secteur manufacturier québécois. Avant de rentrer dans les recommandations,
je me permets de vous parler brièvement du secteur, mais surtout des grands
défis qui nous animent présentement pour remettre en contexte nos cinq recommandations
qui vont suivre.
Alors, le secteur
manufacturier québécois compte 23 000 entreprises. C'est 13,5 %
du PIB, mais c'est surtout 86,5 % de nos exportations. Donc, nous sommes
de grands exportateurs pour qui... sommes donc fortement exposés à la
concurrence internationale. On compte plus ou moins 450 000... 475 000 emplois,
présentement, dans le secteur... donc, on est revenus à un niveau prépandémie
pour la plupart des sous-secteurs manufacturiers. C'est donc dire que le
secteur manufacturier a bien repris ses activités suite à la pandémie. Il n'en
demeure pas moins que certains secteurs sont toujours affectés par la crise. Je
pense notamment au secteur de l'aérospatial.
Alors,
écoutez, sachant que notre secteur est autant exposé à la concurrence
internationale, il faut comprendre que c'est vraiment la notion de la
compétitivité qui est un enjeu majeur et central pour nous. Ça l'a toujours
été, ça va le demeurer. On se doit d'être compétitif, si on veut être capable
de maintenir et d'accroître, et on parle d'un marché sur les marchés
internationaux.
Alors, présentement, il y
a deux grands défis qui nous occupent, qui nous amènent, premièrement, la
pénurie de main-d'oeuvre et, deuxièmement, les perturbations dans les chaînes
d'approvisionnement qui nous affectent maintenant depuis près de deux ans.
Alors, rapidement, sur la question de la pénurie
de main-d'oeuvre, présentement, on compte 25 000 postes vacants dans
le secteur manufacturier. C'est 5 000 de plus qu'en 2019. Donc, la
situation s'empire année après année. En septembre, on a publié un sondage où on
démontrait que le secteur manufacturier est fortement affecté par la pénurie de
main-d'oeuvre. Donc, ce sont 18 milliards de pertes économiques sur
deux ans qu'on a eues, faute d'avoir les travailleurs nécessaires.
Alors, essentiellement, ce sont des entreprises
qui ont soit dû refuser des contrats, délaisser des clients qu'elles
desservaient depuis très longtemps, des entreprises qui ont réduit leur
empreinte manufacturière, donc leur output manufacturier, faute d'avoir les
travailleurs nécessaires et, finalement, les entreprises qui ont dû payer des
pénalités importantes parce qu'elles n'arrivaient pas à respecter les délais de
livraison qui étaient prévus auprès de leurs clients.
Alors, je vous en parle parce que la pénurie de
main-d'oeuvre a un impact économique. Ça a un impact sur la compétitivité de
notre secteur. Et je vous dirais qu'en plus, bien, c'est souvent aussi... En
fait, il y a une étude de la BDC qui démontre que le fait de ne pas avoir les
bras ou les cerveaux nécessaires, bien, on reporte certains projets
d'investissement. Et on le sait, pour être compétitif, il faut investir en
automatisation, en robotisation pour pouvoir être plus productif, compétitif.
Et la pénurie de main-d'oeuvre, encore une fois, est un frein à cette
productivité et à cette compétitivité-là.
En parallèle,
rapidement, sur les perturbations dans les chaînes d'approvisionnement...
Écoutez, depuis deux ans, on a connu des grèves au port de Montréal. On
a des usines qui ont fermé partout à travers le monde, des ports qui ont fermé, je pense, notamment en Chine, à cause
d'éclosions qui ont eu lieu sur leurs sites. Et en parallèle, bien, il y
a vraiment eu une transformation des besoins de la part des consommateurs, ce
qui fait en sorte qu'aujourd'hui, là, on a énormément de difficulté à avoir
accès à des pièces, des composantes, des matières premières dont on a besoin.
Les coûts ont augmenté, les coûts ont explosé, ce qui a une incidence directe
sur la compétitivité.
Alors, dans ce contexte-là, c'est d'autant plus
important pour nous aujourd'hui de venir présenter nos recommandations dans le
cadre de ce projet de loi pour s'assurer que l'on puisse réduire le plus
possible le fardeau administratif réglementaire et financier du secteur
manufacturier.
Alors, sans plus tarder, je me lance dans les
cinq recommandations. Je vous amène à la page 5. Alors, la première
recommandation, c'est de réduire... ou d'aller de l'avant, pardon, avec
l'abrogation de la Loi sur les matériaux de rembourrage et les articles
rembourrés. Essentiellement, là, des fabricants, des gens qui sont dans l'ameublement, par exemple, qui font des coussins
de siège, coussins d'avions ou des meubles, étaient limités dans le type
de fibre qu'ils pouvaient utiliser. Avec l'abrogation de cette loi-là, bien, on
va pouvoir utiliser différents mélanges de fibre, donc on va pouvoir participer
à l'économie circulaire. C'était des produits qui auparavant étaient envoyés,
par exemple, au dépotoir. Donc, ça nous donne une opportunité d'utiliser des
produits qui autrement auraient été jetés et donc de contribuer à réduire notre
empreinte environnementale en parallèle.
Deuxièmement,
il y avait un permis qui était associé à la fabrication de ce type de coussins
là. Donc, la loi... en fait, en abrogeant la loi, on vient enlever le
permis. Ce n'était pas énorme, mais ça fait quand même une différence.
Et finalement je tiens à souligner que le Québec
était la seule province a avoir cette loi-là. Alors, on vient uniformiser, si vous voulez, la réglementation
pour des entreprises qui font affaire au Québec ou dans les autres
provinces.
Alors, on encourage la commission, et
éventuellement des prochains projets de loi, à avoir ce regard-là sur
l'uniformisation des règles, de la réglementation entre les différentes
provinces pour pouvoir favoriser le commerce au sein de l'ALEC, bon, l'accord
de libre-échange économique Canada.
• (11 heures) •
Notre deuxième recommandation, c'est de
s'assurer d'avoir des propositions concrètes qui ont des impacts concrets,
significatifs dans les omnibus qui seront présentés dans les prochaines années.
Alors, je pense que la première recommandation témoigne fortement d'un impact
concret qu'on peut sentir, là, sur le terrain. Ce qu'on souhaite vous dire, par cette recommandation-là, c'est qu'il faut continuer en ce sens et il
faut que les recommandations qui soient
mises en place dans les projets de
loi puissent se sentir, encore une fois, au quotidien auprès du secteur manufacturier.
La troisième recommandation, c'est de réduire
les délais et la paperasse au sein du MIFI. Écoutez, je vous ai amplement parlé
de la pénurie de main-d'oeuvre. De plus en plus, le secteur manufacturier va se
retourner vers le MIFI pour pouvoir... accès à davantage de travailleurs
étrangers temporaires, pour pouvoir avoir accès à davantage d'immigration
permanente. D'ailleurs, on encourage le gouvernement à poursuivre sur sa lancée
de hausser les seuils d'immigration. On va dans le bon sens. Mais tout ça pour
dire que nos membres, de plus en plus, vont devoir travailler avec le MIFI.
Et je me permets de faire le parallèle. Dans le
secteur manufacturier, on parle de «lean manufacturing», ce qui veut dire qu'on
réduit, on cherche à réduire des délais, les pertes, les coûts pour être le
plus agile et le plus productif possible. Le MIFI va devoir prendre ce
virage-là, hausser sa productivité, être plus agile pour mieux accompagner les
entreprises, encore une fois. Alors, ici, on parle vraiment d'allègement
réglementaire, d'allègement administratif pour permettre aux entreprises
d'accéder plus rapidement aux travailleurs dont ils auront besoin, mais aussi
plus facilement. Alors, ça va avoir un impact sur les coûts, sur le temps, et
on parle également de délais d'immigration dans cette recommandation.
La recommandation numéro quatre, lever les
barrières au sein du ministère de l'Environnement afin de mieux soutenir les entreprises.
Écoutez, c'est certainement le ministère avec lequel c'est le plus difficile de
travailler, pour le secteur manufacturier. Et notre objectif,
ici, ce n'est pas de dire : Bien, il faut... de réduire la réglementation
ou de tourner les coins ronds, loin de là. Ce qu'on dit, c'est que les entreprises
doivent travailler avec le ministère de l'Environnement, comment est-ce qu'on
peut réduire la paperasse, le fardeau administratif, financier, faciliter
l'accès, accompagner les entreprises pour qu'elles puissent se conformer aux
règles et aux réglementations du ministère de l'Environnement.
Alors, c'est un enjeu, écoutez, dont on parle
depuis plusieurs années, et, avec la transition énergétique qui est en cours,
avec les objectifs de carboneutralité des entreprises dans notre secteur, de
plus en plus, elles vont devoir faire affaire avec le ministère de
l'Environnement, et on pense que ça doit vraiment être une priorité au cours
des prochains mois et au cours des prochains projets de loi qui se mettront en
place.
Et finalement, la recommandation n° 5,
écoutez, c'est d'instaurer la règle du un-pour-un pour compenser, pour un
allègement, l'augmentation du fardeau administratif en tenant compte du poids
relatif de ces mesures. Et là j'insiste sur «en tenant compte du poids relatif
de ces mesures». Il faut s'assurer... Il faut avoir, comme objectif ultime, de
réduire le fardeau administratif. Alors, si on est dans du un-pour-un, et qu'on
enlève un formulaire d'une page, et qu'on le remplace par un formulaire de
10 pages... là, je donne un exemple et j'exagère un peu, mais vous
comprendrez qu'on n'améliore pas la situation.
Donc, ça va
être un défi énorme et colossal, je pense, pour le gouvernement, mais je pense
que, si la volonté y est, c'est possible de le faire. Et, encore une
fois, dans un contexte où nos entreprises sont assujetties à une hausse de la
compétitivité, où elles rencontrent de nombreux défis, bien, de réduire le
fardeau administratif et réglementaire des entreprises, c'est certainement une
excellente... pour le gouvernement du Québec, de pouvoir les supporter.
Alors, écoutez, ça a été bref, mais je m'arrête
ici. Il me fera plaisir de répondre à vos questions pour la suite, et merci
d'avoir pris le temps de m'écouter.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci, Mme Proulx, pour votre exposé. Nous allons commencer la
période d'échange avec Mme la ministre. Vous disposez de
16 min 30 s.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, dans un premier temps, vous allez me
permettre de faire un petit aparté pour souligner que Mme Proulx s'est
taillée, on a vu ça récemment, dans les derniers jours, une place parmi les
100 Canadiennes les plus influentes du monde des affaires. Alors, je pense
qu'au nom de tout le monde ici on tenait à vous féliciter. Je pense que c'est
bien mérité.
Donc, merci pour votre exposé, merci pour les
précisions que vous avez amenées aussi par rapport au projet de loi. Mais ma
première question va être assez rapide, assez directe : Comment vos
membres ont réagi au dépôt du projet de loi n° 103? Quelle était leur
réaction?
Mme Proulx
(Véronique) : Je me permets quand même de vous remercier d'avoir
souligné ça, je l'apprécie énormément. C'est une très belle reconnaissance,
merci de l'avoir souligné.
Alors, écoutez, les membres sont satisfaits de
voir qu'il y a un projet de loi qui a été mis sur la table avec des mesures
concrètes puis une volonté de poursuivre dans ce sens-là. L'allègement
réglementaire, ça fait longtemps qu'on en parle. Et nous-mêmes, d'ailleurs, je
tiens à souligner, on siège sur le comité d'allègement réglementaire avec vous,
avec le député Youri Chassin aussi. Il y a de nombreux... qui ont été faits,
mais c'est vraiment la première fois qu'on voit qu'il y a quelque chose de
concret qui est mis sur la table. Et nos membres nous encouragent, vous
encouragent à poursuivre en ce sens.
Mme Lecours (Les Plaines) :
...beaucoup parlé de la nécessité de la compétitivité. Évidemment, c'est ce qui
fait qu'on avance, que l'économie prend du gallon au Québec. Est-ce que
l'approche du type de projet de loi qu'on a là... on parle d'un omnibus, on
vise plusieurs secteurs d'activité, dont le vôtre, qui en mène quand même assez
large, on va s'entendre. Est-ce que cette pièce législative là mais cette façon
aussi de procéder va aider? Comment ça va aider, justement, la compétitivité, notamment,
de vos membres?
Mme Proulx (Véronique) :
Bien, écoutez, je pense qu'avec ce projet de loi là vous arrivez avec des
mesures très concrètes et des changements législatifs. Et je pense que c'est ce
qui nous permet... Je le mentionnais tout à l'heure, pour nous, ce qui est
important, c'est de le ressentir sur le terrain. Il faut que ça se sente sur le
terrain. Quand on remplace un formulaire par un autre formulaire, ça ne change
pas grand-chose, honnêtement, dans le quotidien des chefs d'entreprise,
particulièrement pour les PME. Mais, quand vous arrivez avec une mesure
concrète comme celle sur le rembourrage, où on leur permet... c'est un peu un
non-sens. Cette loi-là, vous l'enlevez. Donc, sur le terrain, ce qu'on sent,
c'est que, bon, on peut se retourner vers d'autres types de produits, on n'a
plus de permis à payer et, en plus, on harmonise avec ce qui est en place dans
les autres provinces. Donc, c'est très, très concret, très pratico-pratique. On
le sent sur le terrain que ça a un impact immédiat.
Et comment est-ce que ça améliore la compétitivité?
Écoutez, je pense que c'est la série de mesures que vous pouvez annoncer comme
celle-là qui vont avoir un impact global sur la compétitivité, mais c'est déjà
un premier bon pas, c'est déjà un élément où on va être capable de ressentir
l'impact. Et c'est vraiment la somme de toutes ces mesures-là qui vont avoir un
impact ultimement sur la compétitivité du secteur.
Mme Lecours (Les Plaines) : Justement,
parlant de rembourrage, parce que c'est quand même une des mesures les plus importantes,
là, qui va avoir une incidence quand même immédiate, vous l'avez mentionné,
nous étions la dernière province qui avait encore... qui
légiférait encore à cet égard-là. Donc, avec... j'ai toujours de la difficulté
avec ce mot-là, l'abrogation... en tout cas, bon, la levée de cette loi-là.
Est-ce que, justement, puis j'aimerais vous
entendre parler là-dessus, est-ce que ça va créer aussi des nouveaux modèles? Est-ce
que ça va faire en sorte qu'on va encore stimuler davantage notre économie, justement,
avec le fait qu'on n'aura plus à procéder et
aussi en termes d'économie de temps,
ne serait-ce que de demander un permis, il y a économie d'argent, mais
il y a l'économie de temps aussi qui va être... pouvoir consacrer à autre
chose?
Mme Proulx (Véronique) :
Oui. Bien, je pense qu'en fait c'est l'économie de temps qui est d'autant plus
intéressante, au-delà du coût, là. Le coût, il est peu élevé. C'est ça quand
même qui est enlevé, mais c'est vraiment le temps de compléter le formulaire,
de faire la démarche. Puis là on peut se dire : Bien, c'est un formulaire,
c'est une démarche, mais, encore une fois,
c'est la somme de tout ce qui est à temps qui fait en sorte que le fardeau
administratif devient lourd pour les entreprises. Alors, ça, c'est un premier élément.
Puis le deuxième, j'ai envie de parler
d'innovation. Vous savez, si on veut pouvoir être compétitif, si on veut
pouvoir innover, bien là, c'est un bel exemple qu'on a ici parce qu'on est en
mesure d'utiliser des fibres qu'on ne pouvait pas utiliser auparavant et des
fibres qui étaient souvent envoyées au dépotoir, parce qu'on n'était pas en
mesure des recycler, parce que ce sont des fibres mélangées. Ceci étant dit, il
n'y a pas d'enjeu, au contraire, à pouvoir les utiliser pour le rembourrage.
Alors, c'est un peu un non-sens. Alors là, ça va
permettre aux entreprises d'utiliser des matières qui étaient là, qui étaient
disponibles. Encore une fois, on contribue à l'économie circulaire, ce qui, à
mon avis, va être l'enjeu des prochaines années. Comment est-ce qu'on amène le
secteur manufacturier à s'inscrire, en fait, pas à contribuer, mais à
s'inscrire dans l'économie circulaire pour pouvoir réduire notre empreinte
environnementale? Et c'est tous ces petits gestes là, en fait, qui vont faire
la différence.
Alors, c'est pourquoi on saluait, je vais
utiliser le même terme que vous, la levée, parce que je n'arrive pas à le dire,
la levée de cette loi-là pour permettre aux entreprises d'avoir accès aux
composantes, en fait, aux fibres dont elles ont besoin.
Mme Lecours (Les Plaines) : Je vais
vous poser une dernière question parce que le temps file. Je vais laisser aussi
mon collègue ou mes collègues poser des questions.
On parle d'économie circulaire, ça me fait
sauter à l'environnement. Évidemment, on a quelques mesures aussi en
environnement. Vous dites qu'on a avantage, évidemment, à tisser des liens
encore plus serrés avec toutes nos mesures en environnement pour faire en sorte
qu'on soit tous respectueux. J'aimerais vous... vous dites que c'est un premier
pas. C'est un premier pas qui est important. Parlez-moi-z-en davantage, s'il
vous plaît.
Mme
Proulx (Véronique) : Bien,
écoutez, au niveau de l'environnement, puis on a eu plusieurs
conversations au cours des dernières années avec différents représentants du ministère
de l'Environnement, avec des hauts fonctionnaires également, il y a clairement
une volonté, on le sent. On le sent qu'il y a une volonté de changer les
choses, de changer la façon de faire les choses et de mieux accompagner les
entreprises. Alors, je tiens à le souligner, Mme
la ministre, c'est vraiment important, puis on encourage le gouvernement à
accélérer le pas dans cette directive-là.
Puis je comprends que ce n'est pas facile, c'est
le ministère de l'Environnement. Il y a plusieurs mesures coercitives, c'est
très correct, mais comment est-ce qu'on peut continuer à accompagner les
entreprises pour qu'elles puissent mieux travailler avec le ministère de
l'Environnement, réduire le fardeau administratif puis le fardeau financier aussi, parce que du temps, c'est de
l'argent, là. Le temps qu'on met là, on ne le met pas ailleurs. On n'est
pas dans notre «core» business.
Alors, c'est pourquoi on vous encourage à
poursuivre. Et on aura la chance d'en rediscuter, là, mais de proposer
différentes mesures concrètes pour que ce soit plus simple pour les employeurs.
• (11 h 10) •
Mme Lecours (Les Plaines) : Bien, le
mot «accompagnement», c'est la lettre de l'alphabet, ça fait que c'est mon
premier mot qui vient souvent. Merci beaucoup, Mme Proulx, merci. Je vais
laisser la parole, si vous me permettez, à mon collègue. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, député de Saint-Jérôme, il vous reste 10 minutes.
M.
Chassin : Merci. Bien,
évidemment, Mme Proulx, Mme Labranche, bonjour. Merci de votre
présentation. Je trouve que vous soulevez beaucoup d'éléments qui sont
effectivement très intéressants, puis notamment dans la discussion sur la demande... comment dire, l'innovation suite à
l'abrogation de la Loi sur le rembourrage. Il y a... je pense, effectivement, en tout cas, moi, je pense, à Saint-Jérôme, là, à une entreprise d'économie sociale qui fait de l'insertion
professionnelle, qui fait des articles recyclés à partir de différents
matériaux, dont les textiles, sacs, sacs à main, etc., qui là, tout à coup, voit son modèle d'affaires élargi. On pourrait
faire des coussins, des poupées, que sais-je, et justement, que sais-je,
je ne peux pas le prévoir, mais cette entreprise-là, elle, va pouvoir innover.
Ça fait que je trouve que c'est un élément qui est important à souligner.
Là,
évidemment, je pense qu'il faut aussi comprendre que, dans cette perspective,
là, où on enlève, finalement, une loi et un règlement, il y a toujours
un peu la question de dire : Mais est-ce qu'on perd des protections pour
les consommateurs? Puis là j'aimerais
peut-être attirer votre attention sur certains éléments. Donc là, ce que je
comprends, puis corrigez-moi si je me trompe, là, vous êtes probablement mieux
placés que moi pour le dire, mais ce que je comprends, c'est qu'il y a, à l'heure actuelle,
donc, la loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation
qui, donc, s'appliquerait et des lois
québécoises, donc Loi sur la
protection du consommateur, qui
continue aussi de s'appliquer.
Ça fait qu'autrement dit, là, de ce que je
comprends, d'enlever la loi sur le rembourrage, ce n'est pas qu'il n'y a plus
de protection, c'est que les protections sont dans d'autres lois puis que sur,
par exemple, l'étiquette, à l'heure actuelle, on a l'obligation d'indiquer,
comme manufacturier, les... dans le fond, «fait de matériaux neufs», alors que,
là, ça ne sera plus le cas puis que, dans le fond, il faut aussi indiquer son
numéro de permis de fabricant et les principaux matériaux de rembourrage. Ça
fait que ça, c'est des obligations, prévues à la loi actuelle, qui ne seront
plus là. Mais ce que je comprends, puis là corrigez-moi si je me trompe, c'est qu'il
y a un environnement de lois, à l'heure actuelle, qui vont continuer de
s'appliquer puis de protéger, par exemple, le consommateur.
Mme Proulx (Véronique) :
Exactement. Alors, ma compréhension, c'est que la loi fédérale qui est en place
va permettre de respecter tous les éléments que vous venez de souligner. Là, présentement,
il y avait vraiment un dédoublement de lois, plus des contraintes
additionnelles au niveau de l'utilisation des types de matériaux. Donc, en
enlevant la loi au Québec, on va pouvoir diversifier les sources au niveau du
rembourrage, ce qui est très positif. Comme
vous l'avez mentionné, ça permet l'innovation, ça permet de développer des nouvelles
opportunités d'affaires et ça permet, encore une fois, de s'inscrire au
niveau du recyclage de matériaux. Mais, en parallèle, il y a quand même la loi
fédérale qui est en place qui vient assurer ou garantir aux consommateurs
d'avoir accès à toutes les informations dont ils ont besoin.
Là, je
regarde ma collègue Marie-Ève. Marie-Ève, est-ce que tu souhaitais
ajouter quelque chose sur ce point-là?
Mme Labranche (Marie-Ève) : Non,
puis... Non, mais il y a également la Loi de la protection du consommateur, effectivement,
qui s'applique également, là.
M. Chassin :
Laissez-moi vous amener sur un autre sujet complètement, parce que, comme on
l'a dit d'entrée de jeu, ce projet
de loi est constitué de plusieurs
mesures assez spécifiques, mais dans toutes sortes de domaines. Alors,
je voudrais vous parler des contrats en approvisionnement, parce qu'à l'heure
actuelle les organismes publics peuvent passer des contrats en
approvisionnement qu'on appelle, dans le fond, des contrats à commandes.
Donc là, on souhaiterait permettre aux
municipalités, aux organismes municipaux d'utiliser ces contrats à commandes en
approvisionnement, donc des contrats, puis en fait, là, je ne sais pas si vous
pouvez peut-être rajouter, là, mais l'explication, de ce que j'en comprends, c'est
vraiment un contrat où on sait qu'on va acheter des éléments, mais on ne sait
pas combien et quand. Donc, on se donne une période où il y a des entreprises
qui sont qualifiées vers qui on peut se tourner pour dire : Pouvez-vous me
fournir, que ce soit... puis là, peu importe, là, du papier à imprimante, que
ce soit, etc. Pour les manufacturiers qui sont aussi des fournisseurs publics,
est-ce que cette piste de contrats à commandes en approvisionnement est
intéressante?
Mme Proulx (Véronique) :
En fait, ce que je comprends, c'est qu'on va avoir des entreprises qui vont
être préqualifiées, donc une espèce de... dans un rang quelconque, pour pouvoir
avoir accès à ces contrats-là, et donc, par exemple, si la première entreprise
qui s'était qualifiée, pour une raison quelconque, ne peut pas répondre à
l'appel d'offres, on passerait à la deuxième. C'est ce que je comprends.
Dans ce contexte-là, je pense que ça va être
reçu positivement de la part des entreprises, parce que c'est toujours un long
processus de faire affaire... de soumissionner sur des contrats publics, notamment,
avec des municipalités. Je comprends également que c'étaient des dispositions
qui étaient prévues au niveau des contrats... des appels d'offres provinciaux, au
niveau du gouvernement du Québec. Alors, de
façon générale, c'est reçu
positivement de la part des manufacturiers. L'idée, c'est de ne pas avoir à
recommencer le processus. Ils sont déjà inscrits, donc ils peuvent poursuivre.
Donc, on réduit le temps.
M. Chassin :
Exact. C'est un peu ça l'idée, là. Évidemment, comment dire, on donne une flexibilité
supplémentaire à des municipalités et des organismes municipaux dans un projet
de loi d'allègement réglementaire pour les entreprises. Mais je pense que vous
faites bien le lien, là, autrement dit, pour les entreprises qui souhaitent se
préqualifier... bien, en fait, qui souhaitent répondre à une demande, cette
préqualification-là, pour une durée dans le temps, permet un gain d'efficacité,
là. Ça simplifie sa vie.
Mme Proulx (Véronique) :
Tout à fait. C'est plus simple, plus agile aussi, comme processus. Ça fait
beaucoup de sens.
M.
Chassin : D'accord. Là,
évidemment, bon, il y a d'autres éléments, là. J'aimerais peut-être vous amener
sur... Dans votre mémoire, vous parlez de l'importance d'avoir des mesures
d'impact pour les différentes lois omnibus, là, comme celle qu'on présente aujourd'hui, mais qui, idéalement, vont
continuer d'être présentées. Alors, juste, peut-être, pour notre bénéfice,
là, quand vous parlez de mesures d'impact, c'est... de quoi il s'agit?
Mme
Proulx (Véronique) : Bien, écoutez, en fait, la première
recommandation qu'on a faite, de lever... où on
était favorable à lever la loi sur le rembourrage, c'est un exemple de mesure
d'impact, c'est-à-dire que, concrètement, les fabricants ou les gens qui
font du rembourrage vont être en mesure de changer leurs façons de faire et de
réduire leur fardeau administratif et financier. Donc, ça, c'est une mesure
d'impact, ce n'est pas seulement un formulaire. Encore
une fois, je réitère, là, c'est bien, là, tu sais, le un-pour-un, on y tient.
C'est important de réduire le nombre de formulaires que les entreprises doivent
compléter, mais là ça a un impact sur les coûts puis ça a un impact sur les
façons de faire. Ça a même un impact, là... je poursuis sur ma lancée, là, mais
ça a aussi un impact sur la réduction de l'empreinte environnementale et ça
favorise l'accord de libre-échange économique Canada.
Donc là, on est
vraiment dans l'impact. C'est un petit élément, là, le rembourrage, ça touche
un petit nombre d'entreprises, mais, quand même, il y a une mesure d'impact.
Alors, ce qu'on souhaite poursuivre dans le futur, c'est de continuer à
travailler avec vous pour identifier d'autres mesures d'impact comme celle-là
qui peuvent avoir un impact sur plusieurs entreprises, sur un petit nombre
d'entreprises, et qui se recentrent sur le terrain, concrètement. C'est
vraiment ce qui est important pour nos membres.
M.
Chassin : Puis évidemment, entre... Je
tiens à souligner, là, je pense qu'on est d'accord là-dessus, c'est de la musique à mes oreilles, ce que j'entends,
mais c'est toujours difficile de trouver des endroits où on peut,
justement, enlever de la réglementation sans remettre en question les objectifs
de la réglementation, que ce soit en protection du consommateur, en protection
de l'environnement. Mais ce que je comprends, autrement dit, c'est ce que vous
parlez, de mesures d'impact, là, c'est quand on fait vraiment un grand pas en
avant, là, il y a quelque chose qui... parce que c'est quand même 7 800 entreprises qui détiennent un permis. Ça
fait qu'autrement dit l'impact de cette mesure-là est particulièrement
grand par rapport à d'autres mesures où on simplifie peut-être ou on modernise
la réglementation, mais sans la changer profondément. C'est ça?
Mme
Proulx (Véronique) : Exactement. Si je peux faire le parallèle
avec les allègements qui ont été annoncés pour les travailleurs étrangers
temporaires, il y a une annonce qui a été faite d'ailleurs ce matin, on va
avoir... plutôt que de faire deux EIMT, je ne rentrai pas dans tous les
détails, là, mais, pour certains métiers, on va en faire une seule. Ça, c'est
une mesure d'impact qui est énormément appréciée par le secteur manufacturier.
Ça réduit les délais, c'est beaucoup plus simple puis c'est un non-sens d'avoir
deux EIMT pour des métiers où il y avait un déficit connu et documenté de la
part du gouvernement du Québec. Alors, ça, c'est un autre exemple de mesures d'impact
fort importantes. Je vous encourage à poursuivre en ce sens.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, il ne reste que 1 min 20 s. J'invite
la ministre à poursuivre.
Mme Lecours (Les
Plaines) : Très rapidement, parce que, pour moi, cette question-là est
très importante. Je veux revenir aux contrats qu'on dit à commande. Est-ce que
vous pensez que, pour les entreprises, ça va les aider, ça va les inciter,
justement, à être préqualifiées auprès de leur municipalité ou des MRC? Parce
que, pourquoi c'est important pour moi, c'est qu'on parle beaucoup d'achats de
proximité, mais pas en... mais en B2G, le gouvernement, mais, bon, on va
appeler ça aussi au niveau du municipal. Est-ce que vous pensez que c'est une
mesure qui va avoir un impact sur les entreprises qui veulent, justement... qui
demandent ça depuis un certain temps?
Mme
Proulx (Véronique) : Moi, je pense que oui. Je pense que, comme
vous l'avez souligné, c'est quelque chose qui est demandé. Je pense que c'est
une mesure qui va être facilitante pour les entreprises, parce qu'une fois que
tu es préqualifié, c'est beaucoup plus simple pour la suite des choses de faire
affaire avec la municipalité versus avoir à recommencer à chaque fois à faire
des propositions. Puis, tu sais, c'est normal, là, qu'il y ait une procédure et
des délais pour faire affaire avec le gouvernement, c'est tout à fait normal.
Mais ça va être une façon de simplifier le processus, tout en assurant la
rigueur du processus.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. C'est tout... que nous avons pour
l'échange. Merci. Nous poursuivons cette fois-ci avec le député de
Nelligan. Vous disposez de 11 minutes.
• (11 h 20) •
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme Proulx. Bonjour, Mme Labranche. Bien,
écoutez, je vous ai félicitée sur Twitter, bien, écoute, je vois que Mme la
ministre l'a fait, bien, encore une fois, félicitations. C'est toujours,
toujours extrêmement avec fierté qu'on voit des femmes qui s'illustrent dans le
domaine des affaires au Québec, surtout au niveau de nos Manufacturiers
exportateurs du Québec. Mais le fait d'être soulignée parmi les
100 Canadiennes les plus influentes, c'est tout un honneur. Merci de très
bien représenter vos membres. Donc, mes félicitations encore une fois.
Je n'ai que
11 minutes. J'ai eu l'occasion d'échanger avec vous pas une fois, pas
deux, durant la dernière année, et le point en commun, c'est la paperasse. Je
vais faire un petit résumé de ce que les manufacturiers ont vécu au sein de ce
Parlement. Je vais commencer avec le p.l. n° 59 et
avec le p.l. n° 96 qui s'en viennent. Le p.l. n° 59, c'est la santé et la sécurité au travail. Vous avez
dit, lors de votre exposé, que vous voulez appliquer la loi un pour un. Si
j'applique une balance, est-ce qu'aujourd'hui les Manufacturiers exportateurs
du Québec, malgré ce premier pas, sortent avec un déficit en termes de
paperasse aux réductions de l'allègement réglementaire?
Mme
Proulx (Véronique) : Aujourd'hui, non. C'est pourquoi il faut
viser le un-pour-un. C'est ce qui va nous permettre... parce qu'en fait, vous
savez, la réglementation, elle arrive d'un peu partout, des différents
ministères, et, je pense, c'est pourquoi c'est important que le gouvernement se
donne cet objectif-là ou mette en place le
un-pour-un toujours en tenant compte du poids des différentes mesures qui sont
enlevées, qui sont ajoutées, si on veut
vraiment avoir une vue d'ensemble du fardeau administratif des entreprises. Et
le projet de loi sur la santé-sécurité au travail et le projet de loi n° 96 contiennent différentes mesures
qui alourdissent le fardeau administratif des entreprises.
Donc, je réitère, je pense
qu'on avance dans la bonne direction avec ce projet de loi là, mais ça va être
essentiel pour le gouvernement de mettre en place le un-pour-un, si on veut
s'assurer de maintenir le cap.
M. Derraji : Et vous comprenez,
Mme Proulx, qu'on est très, très loin du un-pour-un. Moi, si je suis juste
ce que je vois depuis le début, surtout avec le projet de loi n° 59 qui
est devenu une loi sur la santé-sécurité au travail, si je vois avec le futur 96,
j'ai de sérieux doutes par rapport à l'allègement réglementaire. Parce qu'au
contraire, ce que je vois, c'est que, oui, aujourd'hui, vous soulignez la loi
sur le rembourrage, mais il ne faut pas que... à moins, si j'ai mal compris,
que, oui, on est dans la bonne direction, mais j'espère que votre organisation
et les membres que vous représentez demandent plus au niveau de l'allègement
réglementaire.
Mme Proulx (Véronique) :
C'est sûr qu'on demande plus. En fait, je vous dirais, là, puis je reviens, je
me ramène encore au un-pour-un, pour nous,
c'est la seule façon de s'assurer que le gouvernement soit capable de
mesurer qu'il avance dans la bonne direction. Souvent, on dit que, pour
atteindre les objectifs, il faut mesurer. Le un-pour-un, ça va permettre de
mesurer à tous les niveaux pour s'assurer qu'on réduise le fardeau
administratif. Et je reviens à ce que je
disais, tout à l'heure, les mesures d'impact, il faut le sentir sur le terrain,
qu'il y ait le un-pour-un puis, en parallèle, s'assurer que ça ait un
impact direct, concret sur le secteur manufacturier québécois.
M. Derraji : Excellent, par rapport
à l'impact, par l'impact. Je tiens à vous remercier pour l'excellente analyse
économique pour l'ensemble des régions. C'est triste de voir que le Québec a
perdu, sous la gouverne de ce gouvernement,
18 milliards de dollars, les deux dernières années, avec un déficit de
25 000 postes vacants. Le gouvernement se réveille trois ans
plus tard pour frapper le mur de la pénurie de main-d'oeuvre qu'il a niée au
début.
Est-ce que vous pensez, aujourd'hui, que ce
qu'on vous propose pour amener les travailleurs temporaires étrangers peut
combler, peut combler ce que vos membres vivent depuis trois ans, surtout
avec les pertes annoncées de votre part qui affectent plusieurs régions au
Québec?
Mme Proulx (Véronique) :
En fait, les assouplissements qui ont été annoncés... puis, ce matin encore, je
réitère, il y a la liste des métiers à traitement simplifié, et, en fonction
des différentes catégories d'assouplissement qui ont été publiées, ça va
permettre de pallier en partie à la pénurie de main-d'oeuvre, mais je vous
dirais à court terme, alors ça va venir atténuer l'impact. Et les
assouplissements... Honnêtement, les assouplissements qui ont été proposés sont
reçus très positivement parce qu'on réduit le fardeau pour les entreprises.
Maintenant,
est-ce que ça vient régler la pénurie de main-d'oeuvre? Est-ce que va nous
permettre de combler nos 25 000 postes vacants? Je ne pense
pas. Il y a plusieurs autres solutions sur lesquelles il faut travailler en
parallèle.
M. Derraji : Donc, aujourd'hui,
vous saluez quand même ce point de départ, mais malheureusement, vos membres
sentent encore la pression de la pénurie. Vous avez vu la dernière annonce
que... ça a surpris beaucoup de gens depuis plusieurs semaines, et moi, je
dirais même années. Le premier ministre du Québec disait qu'on a dépassé la
capacité d'accueil. Comment vous expliquez que, d'un seul coup, on passe à
70 000? Est-ce que ça peut... vous pensez que ça va alléger un peu le
fardeau sur vos membres?
Mme Proulx
(Véronique) : Écoutez, c'est une bonne question. Je n'ai pas le
détail de qui sont ces gens. De ce que je comprends, plusieurs de ces gens sont
déjà au Québec, sont déjà en emploi, ont déjà leur CSQ. Donc, est-ce que ce
sont des gens qui travaillaient dans le secteur manufacturier? Malheureusement,
je ne suis pas en mesure de commenter, donc c'est difficile pour moi de savoir
est-ce que ça va atténuer concrètement la pénurie dans notre secteur. Ce qui
est important pour nous, puis je le réitère, c'est de s'assurer que
l'immigration puisse répondre aux besoins du secteur manufacturier. Et, dans
les allègements qui ont été proposés au niveau du programme des travailleurs
étrangers temporaires, il y a des allègements positifs, néanmoins, pour le
secteur manufacturier.
M. Derraji : Dans votre recommandation
n° 3, vous parlez beaucoup, beaucoup du MIFI, donc le
MEQ, de réduire les délais et la paperasse au sein du ministère de l'Immigration,
de la Francisation et de l'Intégration. Est-ce qu'à la lumière de votre lecture
de ce projet de loi, est-ce que ce projet de loi arrive quand même à diminuer
juste un peu la paperasse au niveau du MIFI, ou vous pensez qu'encore une fois
on oublie un des secteurs qui contribue à ne pas répondre à ce nombre... au
nombre de 25 000 postes vacants que vos membres expriment depuis
quelques mois?
Mme Proulx
(Véronique) : En fait, la recommandation qu'on a faite au
niveau du MIFI, c'est de dire que le MIFI doit devenir un chantier prioritaire
pour l'allègement réglementaire. C'est un ministère avec lequel le secteur
manufacturier va travailler de plus en plus pour pallier la pénurie de
main-d'oeuvre à court terme via les travailleurs étrangers temporaires, mais
aussi parce qu'on souhaite que... on souhaite pouvoir accueillir davantage
d'immigration permanente, donc on faisait référence aux délais. Et si
l'immigration... si le ministère de l'Immigration veut et doit jouer son plein
rôle pour pallier la pénurie de main-d'oeuvre, il y a vraiment une
transformation qui est à faire. Je reviens au «lean manufacturing», il faut
revoir les processus, il faut être plus agile pour être capable de réduire les
délais et de mieux accompagner les entreprises. Puis j'ai envie de vous dire,
pour le secteur manufacturier, là, ça va être une priorité absolue.
Lors de la tournée de
consultations qu'on a faite, plusieurs PME nous ont dit à quel point c'était
difficile pour eux d'aller chercher les travailleurs issus de l'immigration.
Vous savez, les dirigeants de PME n'ont pas beaucoup de ressources,
n'ont pas beaucoup de ressources ou d'expertise en ressources humaines, ne sont
pas des experts en immigration, donc ça devient excessivement complexe. Et, si
le gouvernement du Québec veut réussir son projet avec les travailleurs
étrangers temporaires, ce qui rentre en vigueur à partir de... en fait, qui rentre
en vigueur sous peu, bien, il va devoir revoir son accompagnement pour mieux
supporter les entreprises dans le processus.
M. Derraji :
Est-ce que vous êtes déçue qu'on ne voie pas le ministère de l'Immigration
figurer parmi les ministères ciblés par la réduction de la paperasse dans le
cadre de ce projet de loi? Parce que ce projet de loi touche plusieurs
secteurs, plusieurs ministères, et, si on veut tester vraiment la réelle
volonté du gouvernement d'éviter, de diminuer
la paperasse et l'impact de l'allègement réglementaire
sur le bon fonctionnement de nos ministères, est-ce que vous êtes déçue de ne pas voir cette lecture dans
ce projet de loi et d'attaquer au fond même du fonctionnement du MIFI?
Mme Proulx
(Véronique) : Écoutez, c'est clair que, pour nous, le MIFI doit
s'y retrouver. Il y a des travaux qui
doivent être faits, si ce n'est pas dans le projet de loi, au sein du comité
d'allègement réglementaire. Je le souligne à nouveau, là, c'est vraiment une priorité pour le secteur manufacturier.
Si on veut atténuer la pénurie de main-d'oeuvre dans notre secteur
d'activité, il faut revoir les façons de faire, réduire la lourdeur
administrative pour faire affaire avec le MIFI. Alors, si n'est pas dans le
projet de loi, ça doit se faire au sein des travaux du comité-conseil et ça
doit être une priorité avec des actions concrètes qui arrivent, mais ceci étant
dit...
M. Derraji :
Mais vous ne pensez pas que les secteurs ciblés, hein, je vous les nomme,
secteur municipal, secteur minier, secteur
agricole, les coopératives non financières... mais, quand on vient au secteur
manufacturier, c'est l'essence même de notre économie. Les
Manufacturiers exportateurs du Québec, c'est la richesse du Québec. Et on ne
voit pas l'élément central qui vous empêche de produire, sachant ce que vous
avez vu, que les deux dernières années, avec une perte de 18 milliards de
dollars... et vous dites qu'il n'y a pas de l'allègement par rapport au MIFI.
Est-ce que vous
pensez que c'est un oubli ou c'est un désintéressement de la part du
gouvernement d'attaquer le vrai problème qui vous empêche de produire et
d'exporter?
Mme Proulx
(Véronique) : Écoutez, je ne peux pas parler au nom du
gouvernement, mais c'est clair que, pour nous, le secteur manufacturier doit
être une priorité économique, doit être une priorité, et ça doit se traduire
dans les différentes mesures, les différentes politiques qui se mettent en
place. Et d'ailleurs, quand on a présenté le résultat de sondage sur la pénurie
de main-d'oeuvre en septembre, qu'on a présenté nos 13 recommandations, on
a surtout demandé au gouvernement du Québec d'identifier le secteur
manufacturier comme étant une priorité économique pour que ça puisse
transcender dans les différentes politiques, mesures et projets de loi qui se
mettent en place. Alors, compte tenu du rôle du secteur manufacturier, c'est
clair qu'il doit se retrouver dans les priorités aussi pour l'allègement
réglementaire.
• (11 h 30) •
M. Derraji :
Mais clairement, je ne le vois pas. Je vois le secteur agricole, je vois le
secteur minier, je vois le secteur municipal. À part la loi sur le rembourrage,
connaissant que j'ai en face de moi une femme qui a beaucoup, beaucoup d'ambition pour le secteur manufacturier,
est-ce que vous êtes déçue aujourd'hui que vous voyiez qu'il n'y a pas
une priorité par rapport à ce secteur qui est le secteur manufacturier?
Mme
Proulx (Véronique) : On souhaiterait avoir davantage, on
souhaiterait avoir davantage de mesures pour notre secteur, c'est très clair.
M. Derraji :
Merci beaucoup. Merci, Mme la Présidente. Merci à vous deux.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci, M. le député de Nelligan. Nous
poursuivons avec la députée de Mercier. Je vous rappelle que vous avez
2 min 45 s.
Mme Ghazal :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, Mmes Proulx et Labranche.
Félicitations aussi pour votre prix.
Écoutez, je comprends
l'idéologie du un pour un, mais c'est important de ne pas perdre de vue pour
quelles raisons est-ce que les lois et les réglementations sont mises en place,
pas juste une opération de mathématique. Je suis certaine que vous êtes
d'accord avec moi.
Je vais aller sur ce
que vous dites par rapport au ministère de l'Environnement. Est-ce que les
dispositions et les changements qui sont faits, par exemple, à la Loi sur la
qualité de l'environnement du projet de loi, répondent aux critiques que vous
avez par rapport aux délais et à la paperasse du ministère de l'Environnement?
Mme
Proulx (Véronique) : Écoutez, je ne serai pas en mesure de
commenter tout à fait sur cet élément-là parce que je n'ai pas... dans les
consultations qu'on a faites avec nos membres, ce n'est pas nécessairement
ressorti. Donc, je n'ai pas vu qu'il y avait un impact majeur.
Ceci étant dit, je
suis tout à fait d'accord que les réglementations sont là pour une bonne raison
et doivent rester là. Mais je vais faire le
parallèle avec l'EIMT, si je peux me permettre, sur les travailleurs étrangers
temporaires. C'était un non-sens d'avoir deux EIMT, un au provincial et un
au fédéral. Donc, on dédoublait l'étude d'analyse d'impact et, en plus, on le
faisait dans un contexte où les métiers qui étaient en demande étaient reconnus
comme des métiers où il y avait des déficits au niveau du Québec.
Donc, c'est ce genre
d'allègement là puis d'assouplissement que l'on cherche où il y a vraiment...
il n'y a pas de raison d'avoir de la réglementation qui est en place. Et, si je
fais le parallèle avec l'environnement, bien, c'est ce qu'on souhaite
développer davantage ou creuser davantage : Où sont les dédoublements et
les choses qui pourraient être simplifiées pour le secteur?
Mme Ghazal : Donc, c'est surtout le
dédoublement avec le fédéral. Est-ce que les problèmes avec le ministère de
l'Environnement... est-ce que vous pouvez un peu plus les préciser? Est-ce que
c'est les délais ou la documentation? Parce qu'il y a une critique que moi, je
fais par rapport au ministère de l'Environnement depuis longtemps, c'est le nombre d'embauches. C'est un des plus petits
ministères au gouvernement du Québec, alors que les exigences
réglementaires n'ont cessé d'augmenter, pas juste par une volonté politique.
C'est parce que c'est obligé, on le voit, que ce soit avec... pour la lutte aux
changements climatiques ou d'autres enjeux environnementaux. Donc, ça augmente,
mais le personnel, lui, il stagne.
Mme Proulx (Véronique) :
En fait, c'est un bon point. Moi, j'ai envie de vous dire : Quand les
entreprises font affaire avec le ministère, peut-être qu'il manque de gens.
C'est ce qui explique peut-être les délais, et autres, mais c'est aussi très
lourd, il n'y a pas cette... ils sont vraiment dans une approche coercitive
plutôt qu'une approche d'accompagnement. Et,
lorsqu'on change son chapeau puis on dit : O.K., comment on aide
l'entreprise à se conformer, comment qu'on l'accompagne dans le
processus, où sont... tu sais, où est-ce qu'on pourrait faciliter puis
accélérer les démarches pour l'entreprise, c'est un peu le sens de notre intervention.
Et j'ai envie de dire : Il y a une pénurie
de main-d'oeuvre qui nous touche mais qui touche aussi le gouvernement du
Québec et ses différents ministères. Nous, on nous demande d'innover, ce qu'on
fait puis qu'on va continuer à faire. Je pense qu'au niveau du ministère, je
parle de l'Immigration, de l'Environnement, il doit y avoir cette
introspection-là qui se fait puis cette analyse pour voir, O.K., comment on
peut faire les choses différemment, comment on peut continuer à assurer la
bonne conduite de nos opérations tout en desservant mieux notre clientèle.
C'est un peu l'objectif de l'intervention.
Mme
Ghazal : Donc, garder la réglementation, mais, pour accompagner, encore faut-il qu'il y ait du personnel
qui le fasse, et ça, ça fait très, très
longtemps, là, que les embauches stagnent, malgré ce que le
ministre de
l'Environnement disait, là, dans d'autres commissions. Et donc ça pourrait peut-être
aider aussi les entreprises à ce qu'on respecte la réglementation que... On ne
peut pas les réduire. Ça ne va aller qu'en augmentant, dans notre monde d'aujourd'hui,
mais il faut qu'ils...
Mme Proulx (Véronique) :
Mieux les accompagner.
Mme Ghazal : Parfait. On se
comprend. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci à la députée de Mercier. Nous poursuivons avec la députée
de Gaspé.
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, mesdames, un plaisir de vous voir, et félicitations également
pour votre belle reconnaissance, Mme Labranche.
J'aimerais, en fait, revenir sur la recommandation
qui concerne le MIFI. Je pense qu'on a là quelque chose de vraiment important,
et ce n'est pas du tout abordé dans le projet de loi, puis j'étais surprise
parce que c'est... dans le plan d'action du gouvernement, il y avait quelques
mesures d'allègement, notamment, là, pour le permis de travail, de pouvoir
faire plus d'une tâche, là, pour un travailleur étranger temporaire. Bon, il y avait
ce genre de recommandation là.
Alors, moi, j'aimerais vous entendre, parce que
vous représentez des membres qui sont en région. Vous avez parlé du peu
d'accompagnement qui est fait. Donc, est-ce que, selon vous, on en fait
suffisamment pour déployer les travailleurs partout dans les régions du Québec?
Mme Proulx (Véronique) :
C'est-à-dire qu'au niveau de l'immigration temporaire, les gens sont...
lorsqu'une entreprise, par exemple, dans le Bas-Saint-Laurent, fait venir des
travailleurs étrangers, ils sont rattachés à l'entreprise, à la région. Donc,
ça, ça va de soi. Maintenant, je pense que votre question, c'est par rapport à
l'immigration permanente. Est-ce qu'on fait assez pour prendre les gens qui
sont à Montréal, par exemple, les amener en région, c'est bien ça?
Mme Perry Mélançon : En fait, qu'ils
ne touchent pas le sol montréalais, par exemple, qu'on puisse déjà les arrimer
avec les besoins en région. Donc, la régionalisation de l'immigration, pour
nous, il y a quelque chose là qui est un peu déficient dans la gouvernance
actuelle. Est-ce qu'on devrait en faire davantage?
Mme Proulx (Véronique) :
Bien, écoutez, on a fait plusieurs propositions au gouvernement en ce sens. Ce qu'on a dit, c'est que, d'une part, on a des gens
qui sont déjà arrivés à Montréal, des travailleurs issus de
l'immigration qui sont des immigrants permanents. Comment est-ce qu'on les
amène en région? Est-ce qu'on peut mettre en place des incitatifs financiers,
comme on fait avec les jeunes étudiants, par exemple, 10 000 $ par
année sur deux ans, pour les inciter à partir en région? Ça peut être un des
éléments.
Mais je pense aussi qu'il
faut travailler sur le volet concertation en région. Qui s'assure d'avoir le
leadership pour s'assurer qu'on a du logement abordable, du transport en
commun, des places en garderie, des places dans les écoles? Ça prend un
leadership fort pour mettre tous les ministères et tous les intervenants
socioéconomiques ensemble pour que la capacité d'accueil soit en place.
Là, on s'apprête à accueillir beaucoup plus de
travailleurs étrangers temporaires qui vont débarquer dans les régions, dans le
secteur manufacturier notamment. C'est clair qu'il va y avoir un enjeu au
niveau de la capacité d'accueil. Donc, c'est
autant vrai pour l'immigration temporaire que pour l'immigration permanente
dans une perspective de régionalisation de l'immigration. Et, à mon
avis, il n'y a pas assez de mesures et d'efforts qui ont été faits, du moins,
jusqu'à présent. On ne voit pas de résultat concluant.
Mme Perry Mélançon : Merci de le
rappeler.
Mme Proulx (Véronique) :
Et nos membres sont prêts à y contribuer, ils sont prêts à se mettre... à
s'asseoir à la table avec le gouvernement pour y contribuer.
Mme Perry Mélançon : Puis
rapidement, parce que vous avez parlé de travailleurs étrangers temporaires
également, nous, au Parti québécois, on demandait à ce qu'on puisse élargir un
permis de travail à un bassin régional plutôt qu'à un seul employeur. Est-ce
que vous seriez d'accord avec une telle proposition?
Mme Proulx (Véronique) :
Oui, tout à fait. Alors, présentement, dans les assouplissements proposés, on
peut... en fait, on ne peut même pas échanger... on ne peut même pas avoir des
travailleurs qui travaillent dans différentes
usines. Ils sont toujours rattachés à une usine. Mais, oui, ça ferait du sens
de pouvoir l'ouvrir à une région, à un ensemble... à un bassin
d'employeurs.
Mme Perry Mélançon : C'est tout le
temps... Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci
à la députée de Gaspé. Merci aussi à Mme Proulx et ainsi qu'à
Mme Labranche. Et je réitère la même chose que mes collègues,
félicitations pour votre prix, Mme Proulx. Alors, c'est tout pour notre
échange, et merci encore, et à la prochaine.
Nous allons suspendre quelques instants, s'il
vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 37)
(Reprise à 11 h 50)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. Nous reprenons. Nous avons maintenant avec nous M. Soucy
et M. Châteauvert de la Fédération québécoise des municipalités. Je vous
invite, messieurs, à bien vous présenter avant de commencer votre exposé de
10 minutes.
Fédération québécoise des municipalités (FQM)
M. Soucy (Yvon) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je me présente, je suis
Yvon Soucy, préfet de la MRC de Kamouraska et premier vice-président
de la Fédération québécoise des municipalités. Puis est avec moi
M. Pierre Châteauvert, que plusieurs connaissent ici, directeur des politiques
à la FQM.
Mme la Présidente, Mme la ministre, Mmes et MM.
les députés, merci d'accueillir la Fédération québécoise des municipalités dans
le cadre de cette commission parlementaire sur le projet de loi n° 103 modifiant
diverses dispositions législatives principalement aux fins d'allègement du
fardeau administratif. C'est en tant que porte-parole des régions que la FQM
vous transmet aujourd'hui ses commentaires et recommandations sur ce projet de
loi. Mais d'abord, permettez-moi de vous dire quelques mots sur la FQM.
Fondée en 1944, la Fédération québécoise des
municipalités est la porte-parole des régions. Regroupant près de
1 000 municipalités locales et régionales du Québec, notre rôle est
de faire entendre la voix des régions, de porter les ambitions locales et
régionales et de défendre les intérêts des gouvernements de proximité. La FQM
constitue le plus grand rassemblement du monde municipal au Québec.
Le projet de loi n° 103 propose des
modifications à diverses lois principalement dans le but d'alléger le fardeau
administratif des entreprises et des organisations. L'allègement du fardeau
administratif est une priorité pour le monde municipal. En 2015, le rapport du
Groupe de travail sur la simplification des redditions de comptes des
municipalités proposait une reddition de comptes au service des citoyens. En
2016, le gouvernement a initié le Plan d'action
gouvernemental pour alléger le fardeau administratif des municipalités.
Finalement, en 2020, le gouvernement mettait
de l'avant le Plan d'action gouvernemental en matière d'allègement
réglementaire et administratif 2020‑2025.
La FQM salue les actions prises dans le cadre de
ces plans d'action et encourage le gouvernement à poursuivre les efforts de
simplification du fardeau administratif des entreprises et des organisations
municipales. Le projet de loi contient des
mesures qui vont en ce sens et qui sont accueillies favorablement par la
Fédération québécoise des municipalités. La FQM formule des propositions
pour améliorer davantage les mesures mises de l'avant.
Domaine municipal.
Concernant le domaine municipal, la FQM propose que les contrats à commandes
puissent s'échelonner sur une plus longue durée que ce qui est prévu au projet
de loi. Allonger la durée des contrats de trois à cinq ans permettrait
davantage de stabilité dans l'approvisionnement des municipalités.
Secteur agricole. Concernant le secteur
agricole, nous saluons les propositions visant à faciliter le développement de
nouveaux projets agricoles. Nous sommes toutefois d'avis que les modifications
proposées au mécanisme de demandes d'exclusion par le gouvernement devraient
viser à consolider davantage les schémas d'aménagement. De plus, elles ne
tiennent pas compte de la réalité des régions. En effet, la gestion du
territoire diffère selon la région, et
l'approche mur à mur proposée ne répond pas aux besoins de nos membres. Nous
demandons donc que le projet de loi prévoie
la mise en place d'un mécanisme dans le schéma d'aménagement et de
développement énonçant les conditions de recevabilité d'une demande d'exclusion
pour l'agrandissement d'un périmètre urbain.
Concernant la notion de morcellement et de
superficie des terres, nous accueillons positivement les propositions contenues
dans le projet de loi qui permettront d'adapter l'agriculture de nos régions
aux nouvelles réalités. Toutefois, nous
sommes d'avis que la Commission de protection du territoire agricole devra
modifier ses critères d'analyse de
rentabilité pour inclure davantage la réalité des petites superficies et des
modèles agricoles non conventionnels pour que la volonté exprimée dans
le projet de loi se concrétise.
Nous demandons aussi le retrait de la notion d'agglomération
de recensement, des critères sur lesquels la CPTAQ doit s'appuyer pour rendre
une décision ou émettre un avis relatif à une demande d'utilisation d'un lot à
des fins autres que l'agriculture. Cette notion d'agglomération ne concorde en
effet pas toujours avec les territoires des MRC et peut aller à l'encontre du
rôle du schéma d'aménagement.
Toujours concernant le territoire agricole, le
ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
demande aux MRC d'élaborer un document de réflexion stratégique qui vise à
intégrer la conservation des milieux humides et hydriques à la planification de
l'aménagement du territoire en favorisant un développement durable et
structurant. L'élaboration de ces plans régionaux des milieux humides et
hydriques est une obligation légale des MRC découlant de l'adoption de la Loi
concernant la conservation des milieux humides et hydriques adoptée en 2017.
Afin de préserver la vocation agricole, il est
préférable de procéder à une subdivision de lots afin de créer un lot distinct
pour les milieux humides et hydriques d'intérêt, sur lequel un statut de
conservation en milieu privé s'appliquerait. Cela permettrait le maintien de la
vocation agricole du restant du lot.
Secteur minier. Le secteur minier constitue
finalement une activité économique primordiale pour de nombreuses
municipalités. D'importantes retombées économiques y sont générées. La
fédération est d'avis que les modifications au projet de loi pourraient :
un, contrebalancer les allègements réglementaires proposés, notamment lorsqu'il est question d'enlever des obligations
au secteur minier et de retirer l'information; deux, pallier des
problématiques soulevées par nos membres concernant le développement rapide de
l'exploration et l'exploitation des mines; et, trois, permettre aux
municipalités, de concert avec le gouvernement du Québec, de mieux gérer le
territoire québécois.
Nous proposons donc que le gouvernement modifie
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme afin d'abroger l'article 246 de
cette loi. Nous lui recommandons aussi de simplifier et d'élargir la liste des
critères des territoires incompatibles avec l'activité minière pour accélérer
la mise en place de cette mesure sur le territoire et de maintenir la période
de validité des claims à deux ans.
En conclusion, la FQM souligne encore une fois
l'effort fait par le gouvernement pour alléger le fardeau administratif des entreprises et des
municipalités. En tant que porte-parole des régions, nous travaillons
continuellement à établir des consensus et formuler des propositions permettant
l'élaboration de la gestion des municipalités, le développement harmonieux de
nos milieux et la prospérité de nos entreprises. Nous nous appuyons donc, dans
cet exercice, sur les préoccupations et la
contribution de nos membres. L'approvisionnement des municipalités, le
déploiement des bornes de recharge électrique rapide, la protection du
territoire agricole et de l'environnement ainsi que le développement minier
sont autant de façons de voir la prospérité des régions et l'attractivité de
nos communautés.
En ce sens, la FQM souhaite que les commentaires
émis dans le cadre de ce projet de loi soient reçus avec ouverture par le
gouvernement. Je vous remercie.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci pour votre exposé. Nous allons donc débuter avec la période
d'échange avec Mme la ministre.
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bien, tout d'abord, merci d'être ici aujourd'hui,
M. Soucy, M. Châteauvert. Bien contente de vous voir en personne. On
s'est vus de façon virtuelle. On a ce bonheur-là aujourd'hui de se voir en personne,
surtout pour un projet de loi qui est important. Je pense que vous l'avez
souligné, l'allègement réglementaire et administratif sont une des priorités
des municipalités aussi. C'est celle du gouvernement, manifestement, avec le dépôt
de ce projet de loi, qui est le premier spécifiquement concentré sur l'allègement,
justement, au Québec.
Vous nous invitez à poursuivre nos efforts. Vous
savez, c'est un omnibus, donc ça touche plusieurs secteurs d'activité. Et
l'objectif est, de façon très rapide, en période de relance économique comme
nous vivons actuellement, d'aller, justement, retirer des irritants. Et je
pense que le projet de loi qu'on présente aujourd'hui a cet effet-là d'enlever
le plus d'irritants possible avec ce qu'on peut faire actuellement.
Écoutez, je vous
entends aussi au niveau du domaine agricole. J'aimerais vous en entendre parler
un petit peu davantage, parce que le rôle des municipalités est important, on
l'a vécu dans la dernière année. Je souligne tout le travail que vous avez fait
aussi avec le ministère de l'Économie pour aider les entreprises de façon
générale, avec tous les programmes qu'on a mis sur pied
rapidement, avec toute la... aussi l'agilité dans laquelle on a travaillé
ensemble avec les municipalités, les MRC. Parlez-moi, justement, du rôle des
municipalités en matière de protection puis de mise en valeur du territoire
agricole.
• (12 heures) •
M.
Soucy (Yvon) : Écoutez, je peux débuter, puis
M. Châteauvert pourra poursuivre. Mais évidemment, là, dans le cadre de
l'élaboration d'un schéma d'aménagement et de développement sur nos territoires
de MRC, donc, on prévoit les besoins de nos municipalités pour les années à
venir puis toujours dans un souci de préserver, évidemment, là, le territoire
agricole. Donc, on propose souvent des ajustements dans les zones, là, qui sont
moins importantes, disons, pour l'agriculture, là. Si je prends chez nous, au
Kamouraska, c'est comme ça qu'on le prévoit. On fait également des plans de
développement de la zone agricole, hein, qui prévoient comment mettre en valeur
le plus possible notre zone agricole avec un plan d'action qui est concret,
donc.
Puis je vous dirais
également, là, qu'on travaille de concert avec le milieu agricole, là. Chez
nous, lorsqu'on propose des modifications, par exemple, des ajustements sur un
périmètre urbain, on va toujours rencontrer les différents acteurs, dont l'UPA,
pour s'assurer que ces demandes-là sont cohérentes pour eux également. Donc, on
travaille toujours, là, en partenariat, toujours dans la recherche du
consensus. Puis je vous dirais, moi, en tout cas, au Kamouraska, chez nous, là,
ça va très bien, là. On travaille très bien avec les différents acteurs, dont
l'UPA.
Mais on a également
des réalités qui sont différentes d'un territoire de MRC à l'autre, là. Nous,
on a une réalité chez nous, on a 17 municipalités puis on en a 16 qui sont ceinturées complètement, là, par le territoire agricole. Donc, on doit
composer avec ça puis... mais on affirme toujours, là, l'importance du secteur
agricole, là, dans nos actions.
Mme Lecours (Les
Plaines) : Bien, justement, moi aussi, j'habite un territoire où les
municipalités sont vraiment très, très ceinturées par des territoires
agricoles, territoires qui sont très importants. Ce sont aussi des entreprises
qui travaillent très fort, qui ont aussi des nouveaux modèles d'affaires à
proposer dans certains cas, quand on parle de reprises, justement, de
repreneuriat.
Et
comment pensez-vous... ou est-ce que vous êtes d'accord avec le fait de
renforcer le... on va dire le pouvoir, mais de renforcer l'aide ou, à
tout le moins, là, la concertation qu'il doit y avoir avec les MRC? C'est
conciliable, ça?
M. Soucy (Yvon) : Oui, évidemment, là. Donc, bien, je ne sais pas
si vous pouvez être un peu plus précise dans votre question, là, je ne
sais pas, mais...
Mme
Lecours (Les Plaines) : Bien, par rapport, justement, au fait, là, de
regarder les schémas d'aménagement, de travailler avec les agriculteurs,
donc d'avoir une meilleure cohésion, une meilleure concertation.
M.
Soucy (Yvon) : Oui, tout à fait, puis on le fait, là, comme je
vous dis, depuis des années chez nous, là, je vous dirais, pratiquement main
dans la main, là, avec les acteurs du monde agricole, là. Puis on a également
des réalités... je ne sais pas si... j'aurai peut-être l'occasion d'en reparler
tantôt, mais nos régions sont de plus en plus convoitées,
regardées, là, par des jeunes, là, qui souhaitent s'y établir, qui ont des
projets qui sont différents, peut-être, des projets conventionnels qu'on
connaît.
Comme chez nous, on
est une MRC, là, où la production laitière est très importante. Je pense qu'on
est la cinquième MRC en termes de production laitière puis on en est fiers, là,
mais on a également des jeunes qui s'établissent, qui ont des projets
d'agriculture plus modestes. Dans les dernières années, là, on a dénombré
25 nouvelles entreprises agricoles, principalement au niveau maraîcher,
là, puis souvent ce sont des jeunes familles qui s'établissent, là, chez nous
puis qui ont des projets de vie comme ceux-là, puis on trouve ça vraiment
intéressant. On aimerait, là, pouvoir les accommoder davantage, évidemment.
Donc, c'est sûr que
la question du morcellement, nous, on voit ça d'un bon oeil, là, puis... pas
l'imposer, mais, encore une fois, en pouvant discuter... En ayant la
possibilité d'en discuter avec les acteurs concernés, bien, si ça permet à des
petites entreprises comme celles-là puis à des jeunes de venir s'établir chez
nous puis de dynamiser notre milieu, on ne demande pas mieux, là.
Mme
Lecours (Les Plaines) :
Donc, c'est une façon, justement, de voir la nouvelle génération
d'entrepreneurs agriculteurs, d'amener des nouveaux modèles et de faire en
sorte que l'autonomie alimentaire, parce qu'on en parle, prenne aussi un
nouveau visage et s'adapte à la réalité que nous vivons actuellement, et
d'intéresser, comme je disais en préambule, d'intéresser une nouvelle
génération au repreneuriat, de faire les choses autrement, mais de le faire
tout en ayant en tête de protéger nos territoires, de protéger nos territoires
agricoles et de le faire avec des bonnes discussions, des bonnes collaborations
avec les MRC.
M.
Soucy (Yvon) : Oui, mais tout en reconnaissant, là, les entreprises
qui sont déjà installées, les...
Bon, en tout cas, je
prends encore... je prends un exemple que je connais bien. Chez nous, on a des
fermes à dimension humaine qui sont encore des fermes familiales, là, puis on
en est fiers aussi, donc. Mais il y a de la place également... Au Kamouraska, on
n'a pas tellement de terres en friche, mais on en a quand même un petit peu. Au
Bas-Saint-Laurent, il y a des MRC où il y a pas mal de terres en friche. Donc, il
y a des opportunités, là, je pense, là, intéressantes. Puis, s'il y a possibilité
de morceler plus facilement, bien, il y en aurait encore, parce que je vous dis
que, sur un hectare, là, vous en faites pousser des carottes, là.
M.
Châteauvert (Pierre) : Si vous permettez, lors du congrès, ça a
été discuté, tout ça. Bien, en fait nous, comme
orientation, c'est fondamental, pour le développement des régions,
pour l'occupation du territoire, de favoriser, d'augmenter la production, la productivité, la superficie exploitée parce que,
ça, c'est du développement économique.
Le modèle qu'on a vu se développer ces dernières
décennies, ça a fait qu'avant, sur le rang, il y avait huit fermes, bon, je dis n'importe quoi, il y avait
huit familles, il y avait du monde. Maintenant, on a une
exploitation, une entreprise agricole qui
produit puis qui est essentielle, mais, le rang, il n'y a plus personne dedans.
Et ça, on voit ça partout.
Le morcellement, ça permet d'augmenter la
productivité, d'aller exploiter des superficies plus petites à certains
endroits qui... le grand agriculteur n'ira pas parce qu'il n'y a pas de
rentabilité, parce qu'il se promène avec de la machinerie qui est grosse, tellement
grosse qu'ils sont obligés de fermer les rues, les routes et... mais, ils m'ont
dit, c'est essentiel.
Mais, en même temps, il y a d'autres modèles qui
répondent à un besoin, qui permettent le développement, le développement aussi de la restauration, l'appui,
et tout, le maraîcher, et on a besoin... Et souvent ces cultures
nouvelles là, intensives, ont besoin d'attention plus grande, ce qui fait que
c'est pour ça qu'on a besoin d'une forme de flexibilité.
Puis, quand on dit que la CPTA devra revoir un peu
ses... en discuter avec les gens du ministère de l'Agriculture, on dit :
Bien, c'est parce que la CPTA, dans ses papiers, quand on voit, ils réfèrent...
ils définissent la rentabilité d'un projet selon ce qu'on a vécu des dernières
décennies. Donc, c'est la grande culture, des choses comme ça. C'est pour ça qu'on dit, dans notre mémoire, la CPTA devra
adapter ses méthodes d'analyse aux nouvelles réalités, aux nouveaux
marchés, parce que ça se transforme. Donc, c'est une question d'occupation de
territoire, de développement de territoire,
effectivement d'autosuffisance alimentaire, mais aussi de... Pour nous, là,
c'est fondamental.
Pour vous dire, il y a une relation intéressante
sur le terrain, puis, ça, on rend hommage à l'UPA, l'UPA a changé ses structures.
Avant, ses syndicats de base ne correspondaient pas aux MRC. Ils ont modifié
leurs limites, puis c'est... et ça correspond aux MRC. Depuis, il y a une
discussion qui est faite, hein, puis ça a permis des PDZA partout puis des initiatives. Arterre, qui est la
relève agricole, ça vient de ces échanges-là, ça vient de Brome-Missisquoi
puis ça se multiplie partout à travers les MRC. Puis le monde met de l'argent
pour assurer la relève agricole, puis cette relève-là, oui, il y a des
exploitations en place, mais aussi des nouveaux modèles.
Mme Lecours (Les Plaines) : Ça va
assurer la pérennité, hein?
M. Châteauvert (Pierre) :
La pérennité, puis le développement, puis l'occupation de notre territoire
partout sur notre territoire, la vitalité de nos régions, parce que... Puis
aussi, surtout, fondamentalement, un dossier au Kamouraska, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
ne peut pas être traité de la même façon qu'un dossier dans la région de
Montréal, sur la Rive-Sud de Montréal. La pression n'est pas la même, la
réalité n'est pas la même, la notion de vitalité n'est pas la même, et c'est...
Nous autres, ça, c'est fondamental, de là l'importance de consolider le schéma
puis de passer par le schéma d'aménagement.
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci.
Avant de passer... une dernière petite question, parce que je veux laisser mes
collègues aussi poser des questions. Une des mesures qui touchent directement
les municipalités, ce sont les contrats à
commandes. En quoi les dispositions qui sont dans le projet de loi aujourd'hui
vont faciliter... je vais y aller bien
simplement, vont faciliter la vie des municipalités et aussi celle des
entrepreneurs avec lesquels les municipalités font affaire?
M. Châteauvert (Pierre) :
Ces contrats-là, c'est important pour nous, parce qu'il y a bien des affaires
qu'on achète puis qu'on ne sait les quantités, le prix puis... parce qu'on ne
sait jamais c'est quand qu'on en a besoin, là. Tu sais, le sel, je me souviens,
il y a deux ans, je pense que tout le monde cherchait du sel en fin de
saison, puis tout ça, puis... et ce n'est... il fallait changer de fournisseur,
puis là la flexibilité n'était pas dans le contrat. Donc, c'est essentiel. Il
faut cette flexibilité-là.
Mais nous, ce qu'on demande et ce qu'on pense,
c'est que la période, ça ne devrait pas être trois ans, mais prolongée à
cinq ans pour qu'il y ait une meilleure relation entre la municipalité et
l'acheteur, et le fournisseur, et les différents fournisseurs. Il y a des... et
ça, c'est vrai dans toutes sortes d'affaires. Autant il y a des étés qu'on a
besoin de certains éléments,
d'abat-poussières, de... ça dépend. Ça, c'est le genre de mécanisme qu'on a
besoin, de flexibilité pour répondre à un besoin qui est très difficile
à définir à l'avance, parce que c'est ça souvent...
La caractéristique des achats municipaux, c'est
qu'on demande à la municipalité : Il faut que tu prévoies tout à l'avance,
tatata, tu as besoin de... Oui, mais, il y a des fois ce n'est pas possible.
Puis, en plus, un fournisseur qui disparaît ou... parce que ça arrive, ça, on
l'a vu, là, mais... Donc, on en a besoin dans certains secteurs, et c'est
encore plus vrai dans les plus grandes municipalités où est-ce que les volumes
sont encore plus importants, mais c'est vrai aussi pour les plus petites. Nous,
on a 1 100... on a 1 000... au-dessus de 1 000 municipalités,
puis notre plus gros, c'est Victoriaville... mais les plus petites sont toutes
chez nous aussi, là. Mais on a besoin de cette flexibilité-là. Mais ce qu'on
demande, nous, c'est que le délai soit prolongé de trois à cinq ans pour qu'il
y ait une relation d'affaires plus constructive, plus efficace et plus
flexible.
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci, Mme la Présidente. Je pense que mes collègues ont des questions à poser.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Alors, la parole est au député de Saint-Jérôme. Il vous reste
quatre minutes.
M. Chassin : Merci, messieurs, pour votre présentation.
J'essaie juste de comprendre. Entre trois et cinq ans... parce
qu'évidemment, bon, trois ans, c'est une période, après ça, on refait un
contrat à commandes dans l'approvisionnement. Il peut y avoir des
entreprises qui, évidemment, se repréqualifient, en quelque sorte.
À quel point, la
durée, elle est importante entre trois et cinq ans? Puis je vous avoue que, tu
sais, spontanément, j'ai tendance à
dire : Bien là, cinq ans, c'est même plus long qu'une période électorale,
puisqu'au municipal aussi vous avez ces cycles-là. J'essaie de voir, là,
à quel point...
• (12 h 10) •
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui, c'est ça, mais l'approvisionnement, on ne pense
que ça doit être avec les périodes électorales, là. Il faut justement se sortir
de ces périodes-là. Mais nous, c'est une question de... Et ça, c'est les gens
de chez nous — parce
qu'on a des services, nous, on offre aux municipalités des achats — qui
nous disent clairement que cette période-là permettrait une plus grande
flexibilité et aussi une... pas une flexibilité, mais une assurance au niveau
de certains approvisionnements, parce qu'il y a des fois où il faut faire
affaire avec trois, quatre, cinq
fournisseurs dans certains secteurs. C'est évident que... Et, des fois aussi,
la difficulté qu'on a, c'est l'éloignement des fournisseurs, parce que
notre territoire... On le sait, au Québec, on a des territoires immenses. Donc,
à ce moment-là, des gens, des fois, en Gaspésie, il faut qu'ils aillent un peu
plus loin pour aller chercher le même matériel, tout ça.
Donc, à ce moment-là,
quand on a une sécurité... en fait, en termes de prix, tu sais, ça varie, puis,
avec l'inflation, on le voit actuellement en matière de... la fourniture
d'équipement, bien là, c'est... ça ne sera pas ce genre de contrat là, mais ça
me fait penser à... On est en train de tout remplacer les camions pour ramasser
la récupération, tout ça, parce qu'ils installent toutes sortes de technologies
là-dedans. Je peux-tu vous dire qu'il y a des grosses modifications au niveau du prix puis de... Tu sais, à un moment donné,
le contrat à long terme, même dans ces secteurs-là, nous protège au
niveau du prix...
M. Chassin :
La prévisibilité du prix. Intéressant. Je comprends.
M. Châteauvert
(Pierre) : ...la prévisibilité aussi, parce que, ça, là-dessus,
si ça... il peut y avoir une rupture. On le voit actuellement avec la pandémie,
il y a des ruptures dans plusieurs domaines. En informatique, là, n'essayez pas
d'acheter un écran, là, tu sais, bon, tout ça. Et c'est toutes ces
questions-là... C'est une question de... Il ne faut pas être à la merci aussi
du fournisseur.
M.
Chassin : Puis, quand vous parlez, dans le fond, dans votre
recommandation 3, je pense, «que le projet de loi prévoit la mise en place
d'un mécanisme dans le schéma d'aménagement et développement énonçant les
conditions de recevabilité d'une demande d'exclusion», j'imagine que, là aussi,
c'est un peu la prévisibilité que vous cherchez, d'avoir les critères.
M. Châteauvert
(Pierre) : ...au niveau de la protection du territoire agricole...
Puis ça, là-dessus, le schéma d'aménagement est toujours le résultat d'une
discussion entre la MRC et les municipalités — la MRC, il y a une
hiérarchie — et
avec le gouvernement du Québec. Donc, à ce moment-là, c'est un contexte qu'on a
établi puis c'est une définition que, lorsqu'une municipalité veut faire une
demande ou fait une demande d'exclusion, il faut que ça concorde au schéma. Et
là, à ce moment-là, c'est que ça donne la possibilité aussi à une demande,
d'avoir l'opinion de l'ensemble des ministères, dont le ministère de
l'Agriculture... tout le monde. De toute façon, nos demandes aussi doivent être
appuyées par le comité consultatif agricole, donc l'UPA.
M.
Chassin : Ça, il y a tout un monde autour de ça.
M.
Châteauvert (Pierre) : C'est toute une démarche.
M.
Chassin : Je vais vite parce que je manque de temps, mais la
recommandation 10, vous parlez de maintenir la période de validité des
claims à deux ans. Nous, dans le projet de loi, on prévoit d'augmenter à trois
ans, mais seulement pour la première période. Donc, après ça, on maintient
effectivement à deux ans compte tenu du fait que, bon, pour démarrer les
travaux, ce n'est pas toujours facile.
M.
Châteauvert (Pierre) : Ça, c'est sérieux. Actuellement, ce qui
se passe sur le territoire, c'est très sérieux, vous savez, avec l'ensemble
des... les voitures électriques, toute la conversion, il y a des matériaux
qu'on... en fait, des minerais qui sont recherchés. Ça s'adonne que plusieurs
de ces minerais-là sont à des endroits où est-ce qu'il y a beaucoup de monde.
Moi, j'ai des cas de municipalités où est-ce que les gens, justement, qui ont
des claims, qui débarquent, là... puis que ça crée des conflits, et tout ça.
Puis de prolonger ces périodes-là peut augmenter le conflit. On ne pense pas
que ça doit être... On comprend que, du point de vue de l'industrie, c'est
intéressant d'augmenter d'une période d'un an, mais, au niveau de la gestion du
territoire, avec les collectivités puis l'impact sur les populations, on pense
que le deux ans est plus raisonnable que de le monter.
M. Chassin : Vous ne pensez pas... parce que, dans le fond, ça... il y a des enjeux,
justement, de communication puis de concertation avec les communautés
autochtones présentes, etc. Est-ce que ce n'est pas logique qu'on leur donne un
trois ans pour démarrer des travaux?
M. Châteauvert (Pierre) : Bien, si ça se
passait avec... ce qu'on observe actuellement puis la façon que ça se comporte,
on ne pense pas, O.K., parce que... Dans un monde idéal, je serais bien
d'accord avec vous.
M.
Chassin : Dans un monde idéal, ça serait... O.K.
M.
Châteauvert (Pierre) : Mais, dans un monde idéal, le schéma
d'aménagement s'appliquerait aussi à l'ensemble
des claims, ce qui n'est pas le cas. D'ailleurs, notre demande de retirer
l'article 246 de la Loi sur l'aménagement... qui est une vieille
revendication du monde municipal. Ça s'est beaucoup amélioré, en passant, avec
les... on l'a vu dernièrement, Vaudreuil-Soulanges, les choses se font, il y a
des ajustements.
Aïe! Il y a des...
c'est des sources d'eau potable qui est en jeu, puis tout ça. C'est important.
La MRC a mis énormément d'argent dans des études, puis je pense que, là, on
est... En fait, là, aux dernières nouvelles, là, ça va bien. Il y a bien des
exemples comme ça que ça va mieux. Mais le minier, dans les territoires
habités, ça constitue un problème encore, et il n'y a pas de... en fait, il y a
des bonnes discussions à avoir.
M.
Chassin : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Alors, nous poursuivons avec le député de Nelligan.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Messieurs, excellent rapport. Merci beaucoup. C'est
très clair, avec des recommandations très pertinentes pour améliorer le projet
de loi.
J'ai bien suivi votre
échange avec le collègue député de Saint-Jérôme. À moins, si vous voulez
ajouter quelque chose par rapport à la
recommandation 10, mais je pense que je suis... je pense la même chose que
vous au niveau de l'acceptabilité, au
niveau de l'impact. Avez-vous d'autres informations pour éclairer les membres
de la commission?
M. Soucy (Yvon) : À ce sujet-là, M. Châteauvert l'a dit, là, mais
l'article 246 a souvent causé des frustrations, là, auprès du monde
municipal. Puis de ne pas pouvoir,
là... Parce qu'on a une responsabilité de planifier le développement de nos territoires,
de planifier les usages puis d'avoir une loi, là, qui a préséance sur... bien,
en fait, qui fait en sorte qu'il ne tient pas compte du consensus qu'on fait
sur un territoire de MRC, là, un consensus large qui est le schéma de développement...
d'aménagement et de développement, pardon, bien, ça a toujours été une source
de frustration pour le monde municipal. Donc, c'est pour ça qu'on retrouve
cette recommandation-là à notre rapport.
M.
Châteauvert (Pierre) : ...
M. Derraji :
Oui, allez-y, allez-y.
M.
Châteauvert (Pierre) : Si vous permettez, je vais ajouter un exemple
concret, là. D'abord, quand il y a des problèmes, les gens, ils débarquent au
bureau, au conseil municipal. De cette nature-là, ça débarque au conseil
municipal, puis c'est là que ça se passe. Puis là ça brasse puis ça demande des
comptes au maire et au conseil, puis le maire ou le conseil, il ne peut pas...
ou au conseil de la MRC. On le voit régulièrement.
Mais des... c'est il
n'y a pas longtemps, là, une mairesse qui m'appelle puis qui me dit :
Pierre, elle dit, qu'est-ce qui se passe? Elle dit : Il y a du monde, là,
dans... en plein milieu de la terre, à l'intersection de ta terre, puis là ils
sont en train de creuser. Ils ont fouillé, puis effectivement c'était un claim,
puis aucun avertissement, rien. Puis ça creuse, puis ça regarde, puis tout
ça... puis là c'est quoi? Puis là c'est dans un territoire où est-ce qu'il y
avait du schiste... Donc, c'est parti. C'est ça.
Dans le meilleur des
mondes, peut-être, effectivement, si tout était parfait... Mais je comprends,
là, que c'est des vieilles pratiques. C'est des choses... Tu sais, il y a des
changements de comportement à faire, puis ce n'est pas de lancer la pierre,
c'est juste de gérer cette réalité-là.
M. Derraji :
Mais vous étiez très, très... J'ai vraiment aimé votre réponse, parce que c'est
parmi les points que j'ai soulevés. Vraiment, c'est une très bonne réponse par
rapport aux préoccupations, jusqu'à quel point... juste pour rire un peu de la
situation. Mais probablement, la volonté, c'est encourager les gens à aller
assister au conseil municipal, parce que je
sais que, les claims, c'est un des sujets qui risque d'augmenter l'achalandage
au niveau des conseils.
Mais abstraction
faite, vous, aujourd'hui, vous dites : Faites attention, en tant que
législateurs, d'ouvrir la porte. Malgré la bonne intention du gouvernement,
d'aller à trois ans et revenir à deux ans, aujourd'hui, la FQM est très claire,
n'embarquez pas dans le jeu de trois ans, restez sur deux ans. Est-ce que c'est
ce qu'on doit conclure?
M. Châteauvert (Pierre) : Bien, nous, on aimerait bien, peut-être,
permettre... si, supposons, dans un contexte, et tout, tu sais, d'aller
à trois, quatre, cinq ans, mais là, actuellement, on ne pense pas que ça soit
prêt pour dépasser deux ans. On pense que c'est préférable. On comprend très
bien pourquoi l'allègement puis les entreprises qui demandaient ça, mais nous,
ce qu'on dit, c'est... De notre côté, comme on a à gérer le territoire, nos
membres sont responsables du territoire, de la gestion du territoire, et aussi
gèrent la collectivité, puis l'acceptation sociale des projets qui ont un lien
avec le territoire, ça passe par le conseil municipal, le conseil de la MRC, on
dit qu'il est préférable de rester à deux ans.
M. Derraji :
C'est très clair. Merci beaucoup.
Je vais revenir à un autre sujet qui a été
soulevé aussi. À part l'argument économie et la prévisibilité, est-ce qu'il y a
un autre argument qui vous pousse, aujourd'hui, à demander cinq ans au
lieu de trois ans par rapport aux contrats à commandes?
M. Châteauvert (Pierre) :
C'est... En fait, le prix, ça demeure toujours l'élément le plus fondamental,
et la possibilité de faire affaire avec plusieurs fournisseurs dans
ces secteurs-là, parce que, des fois, les approvisionnements ne sont
pas toujours là.
M. Derraji : Je vous donne un exemple
concret. Vous lancez un appel d'offres. Aujourd'hui, des contrats à commandes
sur trois ans, pensez-vous qu'il y aura une économie d'échelle à réaliser
pour les municipalités, si ça a été le cas avec cinq ans? Avez-vous fait
des évaluations?
M. Châteauvert (Pierre) :
Nous, on a des experts, en fait, des gens qui travaillent là-dedans, et c'est
ce qu'ils nous disent. Je peux... Là, actuellement... actuellement, là, le
marché, comment qu'il se comporte avec les pénuries qu'on trouve dans certains
secteurs, là, c'est un problème, puis je ne suis pas capable de vous répondre
de façon précise dans ces secteurs. Mais ce que je peux vous dire, c'est que,
dans plusieurs domaines d'activité, en informatique, tout ce qui est relié avec
l'informatique, les approvisionnements, on a souvent des nouveaux employés, des... Ça varie, le nombre d'employés au niveau
des municipalités. Il y a des activités d'été, il y a des activités
d'hiver. Ça varie. On a besoin d'équipement
informatique. C'est extrêmement difficile de... On est obligés de retarder
l'embauche de certaines personnes à cause de ces réalités-là. C'est...
Il y a deux ans, au niveau du sel, il y a
eu une quasi-pénurie, en fait, de certains... à certaines compagnies, puis il y en avait d'autres qui avaient des
surplus. Bien, on avait eu cette flexibilité-là, mais ça, c'est... Mais ça, là-dessus,
donc, on a ce problème-là.
Puis, pour le cinq ans, c'est beaucoup au
niveau du nombre de fournisseurs, mais aussi au niveau du prix pour nous
protéger.
M. Derraji : Moi, j'aime votre
argumentaire, mais j'ai besoin de plus de jus. Vous savez qu'on s'en va vers
article par article. Si j'ai envie de convaincre la partie qui est en face de
moi... je ne sais pas où il loge. Le projet de loi est trois ans, vous
demandez cinq ans. J'ai besoin de plus d'arguments parce que je ne veux
pas faire du temps pour faire du temps. Je dois les convaincre.
M. Châteauvert (Pierre) :
On pourra peut-être... On pourra... En tout cas, on pourra
vous envoyer un ajout.
M. Derraji : Oui, on va avoir encore
le temps, mais je trouve que votre réponse au collègue de Saint-Jérôme était extrêmement
pertinente. En fait, je n'avais pas d'idée avant de venir. J'ai vu la recommandation,
ça fait du sens.
Mais prenez le temps. Si vos experts ont plus de
détails, je pense que ça va bénéficier à l'ensemble des membres de cette commission.
• (12 h 20) •
M. Châteauvert (Pierre) :
On pourra vous envoyer d'autres informations par rapport à ça, mais ce que je
vous dis, c'est le prix, la protection du prix.
C'est comme quelqu'un qui est dans une
hypothèque, pour vous faire un parallèle. Il y a des gens qui n'ont pas de problème
à y aller à l'année, tu sais, et il y en a qui prenne des contrats de
cinq ans pour leur hypothèque parce qu'ils veulent avoir un prix fixe.
Nous, on gère... Une municipalité, ça gère
aussi... Il faut que ça... Ça aime ça, prévoir à l'avance. Avec le gouvernement,
on a réformé l'ensemble de la facture de la Sûreté du Québec avec une formule
qui nous permet de prévoir à l'avance des choses. On sait qu'il va y avoir une
augmentation, donc les gens, par rapport au compte de taxe, on sait ce qu'on va
pouvoir... ce que ça va coûter aux citoyens. Donc, nous, c'est un élément,
la...
M. Derraji : Prévisibilité.
M. Châteauvert
(Pierre) : ...en tout cas, ce
terme-là, c'est quelque chose de fondamental dans la gestion du
municipal.
M. Derraji : Mais je peux vous
assurer que l'amendement est déjà en cours de rédaction.
Maintenant, O.K., la pression est de votre côté
parce qu'il va y avoir tout un débat. Vous connaissez très bien les collègues,
Mme la ministre, le collègue député de Saint-Jérôme, les collègues de
l'opposition. J'adore votre argumentaire, mais je pense que ça nous prend plus
qu'un parallèle ou une comparaison avec d'autres secteurs. Vous êtes les maîtres des municipalités. Vous voyez
qu'avec cinq ans vous allez avoir plus d'impact et plus de prévisibilité.
Vous avez des experts autour de vous. Je vous laisse le soin de nous envoyer
d'autres informations.
Je veux finir avec un autre point, et j'ai posé
la question, je ne sais pas si vous avez suivi un peu mon échange avec l'UPA. Je vous donne un exemple
concret et je veux vous questionner par rapport à la Commission de
protection du territoire agricole. Et, tout à l'heure, vous avez dit :
Enfin, écoutez, il faut faire attention avec du mur-à-mur. Mais qu'est-ce qu'on
peut conclure de votre constat par rapport à la commission... la CMM, où
parfois il y a comme cette guerre de clochers entre CMM,
Commission de protection du territoire agricole, qui doit prendre le lead à
l'extérieur de la CMM? Comment on peut naviguer dans tout cela?
M. Soucy (Yvon) :
Je pourrai commencer, puis M. Châteauvert pourra compléter, là.
Évidemment, là, il y a des réalités qui sont différentes, là, sur l'ensemble du
territoire du Québec. Moi, je viens davantage, là, de la ruralité des régions. Donc, nous, les problèmes de
circulation, de densification, tout ça, en fait, c'est moins nos
préoccupations, là. On ne parle pas beaucoup
de ça, chez nous, au conseil de la MRC. Et on comprend que, dans la CMM, la
CMQ, bien, c'est des enjeux qui sont primordiaux, hein? On le voit, les
problèmes de circulation sont de plus en plus flagrants puis, bon, tout ça.
Donc, c'est des réalités qui leur sont propres comme on a nos réalités qui nous
sont propres.
Puis nous, ce
qu'on dit, c'est qu'il doit y avoir de la modulation. C'est qu'il ne doit pas y
avoir de mur-à-mur, justement, pour tenir compte des différentes
réalités de chaque territoire du Québec, là. Nous, notre réalité, comme je vous
le disais au départ, c'est qu'on a 16 de nos 17 périmètres urbains, si je
prends ma MRC, qui sont complètement ceinturés par la zone agricole puis qui
ont, de temps à autre, des besoins puis auxquels on doit répondre. Donc, on planifie ce besoin-là dans le
schéma d'aménagement. Après ça, on les accompagne pour les demandes, on discute avec les différentes autorités, les
ministères, avec l'UPA, puis ainsi de suite, puis on arrive à des
consensus. Puis, après ça, bien, on se retrouve la commission, puis les
décisions ne sont malheureusement pas souvent celles qu'on souhaiterait, puis
on recommence. Puis c'est notre réalité.
Moi, ça fait 12 ans que je suis préfet, là,
je termine, là, je ne me représente pas, puis je vous dirais que c'est
probablement la principale frustration que j'ai eue dans les 12 dernières
années, c'est souvent ces décisions-là qui allaient à l'encontre des consensus qu'on
établissait, là, dans nos territoires. Donc, moi, c'est la réponse que je
pourrais vous donner, là.
M. Derraji : Merci pour vos loyaux
services pour la communauté.
M. Soucy (Yvon) : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste une minute.
M. Derraji : Oui, oui, oui. La ligne
rouge, schéma d'aménagement du développement, donc vous demandez que le pouvoir de demande d'exclusion d'une municipalité soit maintenu, et, pour vous, la ligne, le cadre, le «framework»,
c'est le schéma d'aménagement du développement, aucune autre interprétation,
aucun... au fait, aucun laisser-aller par rapport à ça. Recommandation 4.
M. Châteauvert (Pierre) : Bien,
nous, en fait, c'est... L'aménagement, c'est dynamique, c'est des échanges,
c'est de l'interaction. Il y a une hiérarchie. Le municipal, la municipalité,
c'est la gestion du territoire directe, c'est l'inspection, en fait, c'est la réglementation
d'urbanisme, et tout ça. Tout ça se doit d'être conforme au schéma d'aménagement,
et le schéma d'aménagement doit être conforme aux orientations
gouvernementales. Donc, c'est un échange, et le schéma... Mais le schéma, c'est
le document dans lequel l'ensemble de ces paliers-là inscrivent leur conception
du territoire. Donc, nous, c'est ce qu'on pense qui doit être développé, mais
c'est certain qu'un règlement municipal ne peut pas aller à l'encontre du
schéma, et tout ça. Donc, ça, c'est fondamental. C'est la hiérarchie.
Et nous, ce qu'on dit simplement, c'est que
l'ensemble... Et on l'avait oublié avec le temps, l'ensemble des gouvernements
puis l'ensemble de la société avaient oublié ce processus-là. D'ailleurs, il
est défaillant, puis on est en train de le réviser, on a des discussions
intéressantes à ce niveau-là. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut consolider
cette façon... pour mieux gérer notre territoire au Québec puis adapter les
interventions aux réalités de chacun des territoires. Parce qu'on le répète,
gérer un territoire au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
ce n'est pas comme gérer sur la Rive-Sud de Montréal, ou ailleurs, ou à Québec.
Il faut qu'on table puis qu'on consolide ce processus-là qui implique
énormément de monde et qui a un immense potentiel encore pour régler beaucoup
de problèmes.
M. Derraji : Merci à vous deux,
encore une fois. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci pour l'échange. Nous poursuivons maintenant avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci, MM. Soucy et Châteauvert, pour votre présentation. Vous avez
sûrement tenu compte ou, en tout cas, entendu les critiques de l'UPA par
rapport au morcellement du territoire. Ils disent que ça augmente la pression
sur les terres agricoles, leur protection, l'autonomie alimentaire. Ce n'est
pas du tout ce que vous nous avez dit et ce que vous dites aussi dans votre
mémoire. Est-ce que c'est totalement irréconciliable ou, pour vous, comme vous
dites qu'il ne faut pas qu'il y ait du mur-à-mur, peut-être qu'il y aurait une
solution de compromis entre le fait d'avoir... de permettre le morcellement
infini et qui pourrait créer des pressions sur les territoires agricoles et
leur protection et la... favoriser, si on veut, toutes sortes d'activités qui
pourraient être faites des entreprises émergentes, comme vous en avez parlé?
M. Soucy (Yvon) :
Moi, je vous dirais, là, qu'il faut... au départ, il faut peut-être que les
règles soient claires ou les orientations soient claires. Puis, en fixant, en
établissant, là, ces conditions-là, par exemple, dans le schéma d'aménagement et de développement de la MRC, bien, c'est
clair pour tout le monde. C'est un outil qu'on... comme je le dis depuis le début, qui est un large consensus, qu'on a discuté
avec tout le monde, bon, les différents acteurs, dont l'UPA, les ministères, tout ça, puis, bon, on
parvient à un document qu'on présente puis que le gouvernement accepte.
Il y a le volet 2 de l'article 59,
là, sur lequel il y avait un moratoire, là, que... bon, nous, on reprend
les discussions pour aller de l'avant avec
ça parce que, vous l'avez vu, il y a de l'engouement, là. Je l'ai dit au début,
il y a de l'engouement pour les petits projets agricoles. Puis nous, on
a eu la discussion, là, en commission d'aménagement chez nous, bon. Ça fait que quelles conditions qu'on met, là? Puis on
s'est dit : Bien oui, on va en mettre, des conditions, parce qu'on ne voudra pas, justement... puis peut-être
que ça va un petit peu dans le sens, là, des craintes de l'UPA de... en
fait, de les minimiser, si je peux dire. C'est que nous, on a dit : Bien,
on va en accepter, des projets, mais justement à la condition qu'on ait un
projet qui soit présenté, qui va être porteur pour notre milieu.
Donc, on ne morcellera pas avec l'article... le volet 2
de l'article 59 à tout prix, là. On va accepter de le faire pour des
projets concrets puis des projets qui vont amener un plus pour notre
territoire, comme, par exemple, amener des jeunes familles à s'établir avec un
projet, là, qui est souvent le projet de leur vie, là.
Mme Ghazal : Donc, vous,
vous... Oui, allez-y. Allez-y, allez-y.
• (12 h 30) •
M. Châteauvert
(Pierre) : Nous, on ne veut pas simplement protéger ce qui est
là, on veut le développer puis on veut augmenter. Et je vais vous donner un
autre exemple sur... et ce n'est pas sur les résidences, ce qui est arrivé
concrètement. Et là peut-être qu'on va pouvoir le régler. Vous savez, là, on a
joué avec les cours d'eau, hein... à Québec. J'ai une MRC, de Brome-Missisquoi
pour ne pas la nommer, on avait un beau projet où est-ce que... depuis que l'ensemble des cours d'eau... en fait,
deux cours d'eau dans un secteur avaient été détournés pour favoriser
l'agriculture parce que c'était... on asséchait les terres, des choses comme
ça. Finalement, ce que ça faisait, c'est que ça créait des embâcles et donc la
production a diminué avec le temps. Les agriculteurs du coin se sont aperçus
que le retrait de l'eau au printemps était retardé parce qu'on avait joué avec
le système.
Là, on a monté un projet, tous les gens dans ce
coin-là, L'UPA, la MRC... c'est la MRC qui l'a fait, L'UPA, tout le monde est
embarqué, les propriétaires, pour dire : Bon, O.K., d'accord, on redonne
le cours d'eau naturel, le fil naturel au
cours d'eau, et ça permet l'évacuation de l'eau, on... O.K. Il y a une bande de
terre qui était jaune et verte, mais qu'il faut mettre un parc, donc on
va demander le dézonage, et tout ça. Et, en bout de ligne, les agriculteurs
voyaient leur profit parce qu'ils augmentaient la productivité des terres, et
tout ça. Puis, même, on leur donnait d'autres
petites parcelles, donc ils... Ça n'a pas été possible parce que la CPTA ne pouvait pas, ne peut pas tenir
compte, actuellement, dans l'état actuel du droit, de ce genre de projets là.
C'est zoné vert. On ne dézone pas pour ce genre d'affaires là. On ne peut pas.
Ce n'est que...
Donc, la flexibilité qui était à l'avantage de
tout le monde était impossible à cause du cadre légal. Et, en plus, il y avait
une incompatibilité totale entre la loi qui a été adoptée à l'Assemblée
nationale sur les milieux humides et la loi de la protection du territoire
agricole dans ce cas-là. Donc, à quelque part, il faut revoir les choses pour
augmenter, pour améliorer les...
Mme Ghazal : Mais il ne faut pas que
ce soit comme un bar ouvert, c'est-à-dire qu'il faut...
M. Châteauvert (Pierre) :
Ah non! Mais ça, nous, on ne veut pas ça, personne.
Mme Ghazal : ...il faut que les
conditions soient respectées. O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) : On a
eu une belle explication, là, de M. Châteauvert, mais on a beaucoup dépassé le
temps.
Mme Ghazal : Oh! O.K. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Nous
poursuivons avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme la
Présidente. C'est tellement intéressant. M. Soucy, M. Châteauvert, merci d'être
là et de représenter fièrement nos régions, justement.
Vous avez parlé de développement des activités
agricoles, et en complémentarité avec la protection, et non pas en
confrontation. C'est inscrit dans le projet de loi, justement, qu'on veut
confier, là, dans le mandat de la CPTAQ, la notion de développement, le
principe de développement des activités. Selon vous, à qui devrait revenir
cette responsabilité-là? Est-ce que, vraiment, on doit l'intégrer au mandat de
la CPTAQ?
M. Châteauvert (Pierre) :
Bien, moi, je vais vous dire, ça demeure un tribunal, mais le développement de
l'activité agricole, ça devrait être inscrit au schéma des PDZA puis ça devrait
inclure l'ensemble des partenaires que sont les élus, les gens de l'UPA et
l'ensemble aussi... tous les gens de l'acériculture, le forestier.
Un tribunal administratif peut difficilement...
Je veux dire, on va développer des choses, lui, il répond à ces demandes. Ça,
ça...
Arterre, je ne sais pas si vous connaissez le
programme Arterre, qui était la relève agricole. C'est une initiative d'une
MRC, puis là ça se multiplie, puis là, tout ça, c'est ça. Et de plus en plus,
un peu partout, l'ensemble de nos services de
développement dans les MRC avec qui... Mme la ministre y faisait référence,
avec qui on travaille, là, puis qu'on a fait
des affaires assez extraordinaires depuis le début de la pandémie, puis avant,
là, ces gens-là, là, l'agriculture, c'est un vecteur de développement,
là. Et l'intensité... les nouveaux modèles d'agriculture, les jeunes familles,
la possibilité de réimplanter des jeunes familles dans nos territoires,
l'occuper, le développer, le mettre en valeur,
exporter, tu sais, occuper des marchés, c'est la responsabilité de ces gens-là.
Un tribunal... Le tribunal administratif, lui, il faut qu'il réponde
puis il faut qu'il favorise, il faut qu'il ait un cadre législatif pour
favoriser ça, mais il ne peut pas développer à la place de ces gens-là.
Mme Perry Mélançon : Puis est-ce que
cette concertation-là entre les acteurs, est-ce qu'elle est bien inscrite dans
le projet de loi, selon vous, ou est-ce qu'on pourrait avoir des améliorations?
En quelques secondes, j'imagine, Mme la Présidente?
M. Châteauvert (Pierre) :
Ça, là-dessus, le projet de loi, il propose des choses très intéressantes au
niveau de la flexibilité dont on parlait, au niveau du morcellement, des choses
comme ça. Mais c'est certain que, si on entre dans
ce débat-là, on pourrait faire des colloques de plusieurs jours, et tout ça,
puis d'arriver à des idées. Puis ça, là-dessus, on a bien des idées
là-dessus. Ça, on est disponibles, si vous le désirez, si vous en avez besoin.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Écoutez, il vous reste 12 secondes.
Mme Perry Mélançon :
12 secondes. Bien, je vous remercie d'être là et de nous avoir éclairés
sur tous les points du projet de loi. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, effectivement, merci, M. Soucy, M. Châteauvert, pour votre
contribution, votre précieuse contribution à l'avancement des travaux de la
commission.
Alors, compte tenu de l'heure, nous suspendons
les travaux jusqu'après les affaires courantes, cet après-midi. Merci. Bon
dîner à tous et à toutes.
(Suspension de la séance à 12 h 34)
(Reprise à 15 h 25)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, rebonjour. Nous allons poursuivre. La Commission de l'économie et du
travail reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de son appareil électronique ou de leur
appareil électronique.
Nous poursuivons les consultations particulières
et auditions publiques sur le projet de loi n° 103, Loi modifiant diverses
dispositions législatives principalement aux fins d'allègement du fardeau
administratif.
Cet après-midi, nous entendrons les organismes
suivants : la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, M. Jean-Martin Fortier, la
Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! et l'Union des
municipalités du Québec.
Nous souhaitons maintenant la bienvenue à
M. Vincent et à M. Bérubé de la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante. Bonjour, messieurs. Alors, nous allons vous céder la parole.
Avant, toutefois, de faire votre exposé de 10 minutes, je vous inviterais
à bien vous présenter, et vous pouvez commencer immédiatement, par la suite,
votre exposé de 10 minutes.
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI)
M. Vincent (François) : Mme la
Présidente, merci. Mme la ministre, Mmes et MM. les députés, bonjour. Je me présente, François Vincent. Je suis
vice-président du Québec de la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, la FCEI, dans le fond, l'organisation qui représente les petites
et moyennes entreprises. Je suis accompagné de mon collègue, le rédacteur du
mémoire, Francis Bérubé, qui est analyste principal des politiques.
La FCEI est
le plus grand regroupement de PME au pays qui compte 95 000 membres,
dont 20 000 au Québec. Nous représentons tous les secteurs
d'activité économique et nous sommes dans toutes les régions du Québec.
D'emblée, nous tenons à remercier la Commission
de l'économie et du travail de cette opportunité de présenter l'opinion des petites et moyennes entreprises dans le présent
projet de loi. Et on voulait aussi saluer la volonté exprimée par la
ministre déléguée à l'Économie de déposer ce projet de loi là qui propose de
réduire les formalités administratives dans plusieurs secteurs. Nous tenons
également à saluer l'excellent travail du député de Saint-Jérôme dans le
processus.
Nous désirons au départ souligner l'intention
affirmée de faire du dépôt d'un projet de loi omnibus visant à réduire les formalités administratives comme une
tradition annuelle. Nous demandons d'ailleurs, dans notre mémoire, de confirmer cette intention lors des présents
travaux. C'est un signal extrêmement positif que vous envoyez aux
dirigeants d'entreprises petites, moyennes et grandes. Et, rappelons-le, les
petites entreprises subissent encore plus les effets de la lourdeur
administrative que les grandes entreprises. Le poids est cinq fois plus lourd à
porter pour des entreprises de moins de cinq employés comparativement à des
entreprises de plus de 100 employés.
Avec le projet de loi
n° 103, vous démontrez du leadership et une écoute du milieu
entrepreneurial. Le projet de loi apportera des résultats tangibles, des
économies nettes évaluées à 12,6 millions de dollars pour sept secteurs économiques, notamment les secteurs
manufacturiers, agricoles et environnementaux, évaluation de l'analyse
d'impact réglementaire qui était extrêmement bien faite. Nous ne pouvons que
saluer le gouvernement et encourager les parlementaires
à aller de l'avant dans le présent processus législatif, parce que, Mme la
Présidente, la FCEI... la croissance des petites entreprises, la
croissance de l'économie.
En 2019, quand la situation économique se
trouvait dans une conjoncture favorable au Québec, il y a 86 % des PME qui
citaient, c'était la première position, la réduction du fardeau administratif
et réglementaire comme mesure efficace pour favoriser la croissance économique
du Québec. Puis, en période de pandémie, bien, l'enjeu de la paperasse est
demeuré en tête de liste. Comme mesure de relance économique, bien, c'étaient
75 % des PME qui disaient : Bien,
favorisons la réduction du fardeau administratif et réglementaire. Parce que
vous le savez, l'allègement réglementaire,
c'est un levier, sans coût pour le gouvernement, pour donner du temps à nos
entrepreneurs de s'occuper de leurs défis et de leur entreprise et
stimuler la relance économique. Donc, le projet de loi n° 103, c'est
définitivement un projet de loi qui va dans la bonne direction.
Puis je tiens à rappeler l'importance des PME,
parce que l'allègement réglementaire va les aider, sur le visage
entrepreneurial du Québec. Les entreprises de moins de 50 employés représentent
entre 89 % et 90 % des entreprises des régions administratives du
Québec. Elles représentent 30 % du PIB du Québec et 67 % des emplois du secteur privé. Le 30 % puis le 67 %,
c'est l'apport des petites entreprises dans l'économie du Québec. Donc,
intervenir dans l'allègement réglementaire,
comme vous le faites aujourd'hui, améliorera notre économie et notre compétitivité.
Maintenant,
pour aller plus dans le détail dans les articles du projet de loi, je cède la parole à mon collègue
Francis.
• (15 h 30) •
M. Bérubé
(Francis) : Merci, François.
Plus concrètement, dans le projet de
loi qui nous occupe aujourd'hui,
il y a plusieurs éléments intéressants qui sont proposés. Tout d'abord,
l'abolition de la Loi sur les matériaux de rembourrage et les articles
rembourrés est une bonne nouvelle. C'était un dédoublement législatif et réglementaire
dans le secteur manufacturier. En effet, le Québec, en fait, était la dernière juridiction
canadienne à conserver une réglementation ayant trait aux matériaux de rembourrage,
sous-vêtements, meubles, matelas, jouets, etc. Donc, la réalité, c'est qu'une loi canadienne encadre déjà ce
type d'activité, puis ça engendrait un cumul inutile de formalités administratives.
De plus, la FCEI accueille positivement la
volonté du gouvernement de permettre au milieu municipal d'adjuger des contrats à commandes en
approvisionnement. Nous jugeons que cette mesure a le potentiel de
favoriser l'achat local, notamment en facilitant la gestion des contrats
d'approvisionnement des organismes municipaux au bénéfice d'acteurs économiques
locaux.
Autre élément d'intérêt, sur une note très
positive, sachant que les laboratoires doivent demander des accréditations
distinctes lorsqu'ils veulent ajouter des nouveaux domaines ou des nouveaux
paramètres à leurs accréditations existantes, le projet de loi va permettre une
simplification de la gestion de ces accréditations avec une certification dite
évolutive, donc des accréditations renouvelables à date fixe aussi, ce qui va
faciliter la poursuite des opérations des PME qui oeuvrent dans ce secteur bien
précis.
Nous tenons également
à souligner la mise en place de délais plus compréhensifs de 12 mois pour
les entreprises qui cessent leurs activités et doivent procéder à une
étude de caractérisation de terrain. Donc, actuellement, le délai est de six
mois suivant la cessation des activités. Ce délai s'avère relativement court et
permet difficilement l'atteinte de la conformité dans certains cas. Donc, c'est
un délai plus compréhensif de la réalité très terrain de certaines PME.
Ensuite, la FCEI est satisfaite des propositions
qui visent le secteur agricole qui, avec le cadre actuel... ne peuvent pas toujours
se développer à leur plein potentiel, de se mettre en valeur ou encore de faire
connaître leurs produits aux Québécois. Les restrictions actuelles les
freinent, par exemple, pour développer un volet réception ou faire de la transformation
à la ferme. Les modifications du projet de loi n° 103
aideront à la valorisation des produits d'ici et la création de lieux qui
encourageront le tourisme local, notamment.
Finalement, le projet de loi propose de procéder
à une modernisation législative dans le secteur minier, une mise à jour de ses
pratiques, donc, en fonction des nouveaux outils technologiques déjà utilisés
dans... qui ont déjà cours. En fait, c'était devenu nécessaire, ça allait de
soi. Donc, on assiste vraiment, dans ce cas bien précis, à une modernisation, là, en fonction des outils
disponibles. Donc, je cède à mon tour la parole à mon collègue. À toi,
François.
M. Vincent (François) : Merci.
Maintenant, on va faire une recommandation qu'on a dans le mémoire, puis le
projet de loi n° 103, puis l'allègement réglementaire en tant que tel,
bien, c'est d'essayer de trouver une façon de mieux... de réglementer
intelligemment puis de mieux réglementer. Donc, on fait une recommandation à
cet égard. On voit que le projet de loi, l'orientation de faire un omnibus, bien,
le Québec va rejoindre l'Ontario et la Colombie-Britannique. Maintenant, on
pense qu'on pourrait aller encore plus loin en intégrant la Politique
gouvernementale sur l'allègement réglementaire et administratif comme section
dans le projet de loi pour en faire une loi.
Le gouvernement du Québec a démontré tout son
sérieux dans le processus en faisant en sorte que sa politique soit un décret
et ait une force de loi. Maintenant, on voudrait que le Québec joigne
l'Alberta, le Manitoba, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse
pour avoir un projet de loi, justement, qui définit un peu plus clairement...
pas clairement, qui donne un poids plus grand à l'importance de cet enjeu-là.
Et on voit que la politique d'allègement réglementaire fait consensus. Il y a
eu des gouvernements qui se sont succédé et qui l'ont améliorée. Donc, on pense
que ça pourrait envoyer encore un message encore plus fort aux entrepreneurs
par rapport à ça.
Puis on aimerait aussi... Ça, on pense que ça
pourrait aider à, justement, mettre un petit peu plus de poids à la règle du un
pour un, c'est-à-dire de réduire du coût similaire les nouvelles lois qui sont
adoptées. Parce qu'on peut avoir un objectif puis des
directions qui sont claires, mais si, en même temps, on adopte plein de
réglementations, bien, on se retrouve à la fin à ne pas nécessairement avoir
allégé le fardeau administratif et réglementaire. Quand on regarde le décompte
des derniers plans d'action, on voit que le volume diminue, le coût diminue,
mais que le nombre de formalités demeure.
Donc, on pense que ça serait vraiment une
orientation à prendre, et on le soumet pour discussion au gouvernement du Québec et aux parlementaires ici
pour améliorer, de façon significative, le projet de loi n° 103.
Parce que, si, du côté gouvernemental, on procède à des allègements
administratifs de 10 millions, par exemple, puis, de l'autre, on génère de
nouveaux coûts pour 100 millions, bien, le bilan, au bout de la ligne,
s'alourdit. Puis ici on veut vraiment envoyer un message encore plus fort.
Donc, en terminant, pour montrer son sérieux et
une action, le projet de loi n° 103 représente une opportunité unique
offerte aux parlementaires de transformer, justement, cette politique en loi.
La fenêtre est là, la volonté, et c'est possible de le faire, et c'est une
occasion à saisir, selon les petites et moyennes entreprises. Cela enverrait un
message fort aux ministères qui véhiculeraient l'importance de l'appliquer, et,
enfin, ça démontrerait que c'est un enjeu important pour les parlementaires
pour mieux réglementer pour notre avenir collectif et notre dynamisme
économique. Merci pour votre écoute. Il nous fera plaisir de répondre à vos
questions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. Vincent, M. Bérubé également. Alors, nous allons commencer
la période d'échange avec Mme la ministre.
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. Vincent, M. Bérubé, merci d'être avec
nous en virtuel aujourd'hui. Effectivement, c'est un beau moment, c'est un
premier projet de loi en allègement réglementaire, vous l'avez bien souligné.
C'est un effort colossal, en période de relance économique, qu'il nous fallait
faire. C'est un omnibus. Et là-dessus vous m'invitiez, tout à l'heure, à
confirmer la volonté que nous avons au gouvernement
de poursuivre cet exercice-là, justement, pour avancer, pour pouvoir enlever
des irritants. Nous l'avons dit, mon collègue de Saint-Jérôme et moi,
lorsque le dépôt du projet de loi a été fait à l'Assemblée nationale, au sortir
de cet exercice-là, ça a été fait. Je vous le redis, c'est dans notre volonté,
bien évidemment.
Et c'est justement le type de véhicule, un
omnibus, qui est favorisé parce qu'il permet d'aller chercher des irritants
très, très tangibles. Vous parliez de résultat tangible, tantôt, mais d'aller
chercher des irritants très tangibles dans les lois qui existent au travers nos
différents ministères, auxquels on pourrait attendre trop de temps, trop de
mois, peut-être même voire trop d'années, dans certains cas, pour y arriver.
Donc, à cet égard-là, je réitère justement notre volonté d'agir.
J'aimerais juste que vous me parliez rapidement,
là, justement de ça, le fait que ce soit un omnibus, comment ça été accueilli
chez vous.
M. Vincent (François) : Bien,
accueilli très positivement, puis ça a démontré la volonté, vraiment, du
gouvernement de faire les choses différemment puis de concrétiser ses
engagements. Je disais, dans l'introduction, puis on le dit dans le mémoire
aussi, tu sais, on peut se donner un plan d'action très fort, mais maintenant,
tu sais, l'appareil étatique continue de réglementer, c'est normal, puis donc
ça peut... il peut arriver au bout de la ligne que, oui, j'ai rempli mes
objectifs du plan d'action, mais que mon bilan ne va pas nécessairement avoir
réduit le nombre de formulaires. Donc, en procédant par un omnibus, bien, ça
permet au gouvernement de concrétiser concrètement les modifications pour
permettre un réel allègement réglementaire pour faire une différence pour les
PME, puis je le mentionne, là, des économies de 12,6... 12,6, c'est ça,
12 millions, au moins, de dollars. C'est à mentionner pour justement
des... une économie qui a besoin, justement, d'une relance économique forte.
Puis je vous dirais aussi que cet omnibus-là va
vous permettre aussi de mieux réglementer. Puis je référais aux dispositions
qu'il y a pour l'agriculture, tu sais, ça vous permet même de remplir des
objectifs pour un plan d'action pour la protection de... pour le bien-être
animal, d'une certaine façon. Ça fait qu'il ne faut pas voir l'allègement
réglementaire nécessairement comme moins de règlements. L'allègement
réglementaire, c'est mieux réglementer puis c'est être capable de réagir
rapidement pour même atteindre des objectifs gouvernementaux qui, par une
réglementation trop stricte ou une paperasserie, l'empêchent même de pouvoir
atteindre ses propres objectifs. Donc, je lève mon chapeau, vraiment, bravo.
Mme Lecours (Les Plaines) : Vous me
facilitez la vie en disant que l'allègement réglementaire, ce n'est justement
pas moins réglementer, mais mieux réglementer. Donc, ça fait partie de ce que
nous faisons et ce que nous voulons continuer à faire. Par ailleurs, ça
s'appelle allègement réglementaire et administratif. On veut retirer soit des formulaires, soit ce qui... je vais utiliser le
mot, ce qui horripile les entrepreneurs, parce que ce n'est pas une valeur
ajoutée, non seulement pour nous, mais pour
eux aussi, parce que ça existe, et c'est ce qu'il faut faire, et c'est ce que
nous faisons.
Vous intitulez votre mémoire, à juste titre,
mais je veux vous entendre, j'ai bien aimé votre titre, Une marque de saine
gouvernance et d'amélioration continue. Donc, on parlait tantôt de faire
d'autres projets de loi omnibus. Pourquoi vous avez décidé d'intituler votre
mémoire de cette façon-là?
• (15 h 40) •
M. Vincent (François) : Veux-tu la
prendre, Francis?
M. Bérubé
(Francis) : Bien, en fait,
justement, je pense que c'est... ça vient rejoindre un peu ce que
François disait tantôt, ce projet de loi là, puis surtout en le présentant
comme une étape de plusieurs projets de loi à venir, justement,
ça démontre une saine gouvernance. Un omnibus comme celui-là permet
essentiellement de s'assurer que la réglementation en cours, s'il y a lieu de
la moderniser... Si je regarde, par exemple, dans le projet de loi actuel, au
niveau minier, on voit que c'est une modernisation. On a utilisé ce véhicule-là
pour aller moderniser un secteur qui en avait drôlement de besoin.
En fait, ça faisait plusieurs années, les
nouvelles technologies nécessitaient justement de venir arrimer ce qui se
faisait probablement dans plusieurs cas déjà sur le terrain. Donc, on voit qu'à
cet égard-là c'est un... en soi, c'est un outil de bonne gouvernance, je dirais
même de modernisation potentielle ou d'ajustement, en fonction de la réalité terrain, ou d'aujourd'hui, ou du moment, en fait,
en fonction des nouveaux outils disponibles ou des meilleures pratiques
disponibles. Donc, annuellement, si on peut faire cet exercice-là,
nécessairement, bien, on pense que la gouvernance s'en trouve améliorée.
M. Vincent (François) : Et si je
peux rajouter, si vous me permettez.
Mme Lecours (Les Plaines) : Allez-y.
M. Vincent (François) : L'allègement
réglementaire, c'est comment je fais pour faire mieux, c'est ça aussi, comment
je réglemente mieux. Puis vos dispositions sur l'agriculture, c'est une bonne
démonstration aussi, là. Je veux dire, il y a des agriculteurs qui peuvent se
diversifier, améliorer le tourisme en région, pouvoir mettre en valeur leurs
produits locaux, pouvoir permettre de la dégustation sur les lieux. Puis la
réglementation était trop stricte pour leur empêcher de créer une valeur
ajoutée dans nos régions et pour les Québécois dans d'autres régions d'aller
visiter ces régions-là. Donc, ça, c'est vraiment un élément significatif.
Puis on l'a aussi titré comme ça parce que la
politique d'allègement réglementaire permet aussi une amélioration continue,
parce qu'il y a une analyse qui est faite, avant de déposer un projet de loi et
un règlement, pour vraiment voir quels sont
les impacts, comment je fais pour réglementer ça, pourquoi je le fais, et des
dispositions du un pour un pour... O.K., je vais imposer des nouvelles formalités,
mais, au bout de la ligne, ça ne coûtera pas plus cher à mon économie. Donc,
c'est pour ça qu'on a vu cette opportunité-là de vous faire la recommandation
de rajouter une section à votre projet de loi.
Mme Lecours (Les Plaines) : Bien, écoutez...
Combien de temps me reste-t-il, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
reste 9 min 50 s.
Mme Lecours (Les Plaines) : Neuf
minutes, parfait. Alors, j'ai le temps d'une dernière question. Je sais que
j'ai des collègues qui veulent poser des questions aussi.
Dans le type
d'entreprises que vous représentez, effectivement, vous avez quand même
beaucoup d'entreprises en
agroalimentaire, d'agriculteurs également. Et une section, justement,
d'allègements pour ce milieu d'affaires
prévoit justement qu'on puisse aider
les entrepreneurs agricoles, donc, les agriculteurs avec le morcellement, à
avoir des modèles d'affaires différents, tout en préservant nos terres,
tout en préservant nos terres agricoles. Ça, c'est très important.
Qu'est-ce que vous avez à dire là-dessus,
justement? Est-ce que vous craignez qu'on puisse sortir des modèles qui ne
feraient pas nécessairement l'unanimité ou... Comment vous voyez ça? Parce que,
justement, c'est important, certes, de
protéger nos terres agricoles, mais de s'assurer qu'on puisse avoir de la
relève aussi en agriculture. Comment vous voyez ça?
M. Vincent (François) : Bien, tu
sais, sur la protection agricole, là, je pense que les agriculteurs, ce sont
les premiers qui veulent avoir des terres pour être capables de les faire... de
les utiliser pour nourrir les Québécoises et les Québécois. Donc, s'ils font
une demande, c'est parce que ça ne va pas aller à l'encontre de ça, là. Si je
veux créer une salle de réception adjacente à ma maison pour être capable de
faire déguster mes vins ou faire déguster... pouvoir créer une expérience
touristique, je vois mal comment les agriculteurs vont aller à l'encontre du
fait de protéger le territoire, là. Je pense que c'est un... Je ne vois pas en
quoi que ça pourrait créer cela.
Puis, sur la
relève entrepreneuriale, bien, je vous citerais le récent sondage qu'on a fait,
où il y a trois entrepreneurs sur cinq qui ne recommandent pas de se
lancer en affaires. Puis on a listé les différentes raisons. La première, c'est
la pénurie de main-d'oeuvre, à 89 %, mais le fardeau administratif et
réglementaire arrive à 42 %. Donc, ça, c'est à prendre aussi en
considération, là. Si on veut, justement, favoriser la relève, bien, il faut
faire en sorte que l'entrepreneur, il ne passe pas du temps à essayer de
remplir des papiers ou à convaincre certaines instances du bien-fondé de mettre
en valeur les projets de son entreprise pour les personnes... la communauté et
les citoyens québécois.
Mme
Lecours (Les Plaines) : O.K.,
petite dernière question. Donc, avec l'ensemble des 25 mesures, c'est donc, pour
vous, un premier pas, justement, pour faire en sorte de revirer la vapeur et faire
en sorte que les... on va dire, les jeunes,
mais les gens qui ont l'entrepreneurship à coeur puissent se relancer ou
dire : Oui, je me lance en affaires, je vois que notre gouvernement est en marche pour alléger le fardeau
administratif et réglementaire des entreprises non seulement dans
différents secteurs, mais qu'on va continuer à travailler en ce sens. Est-ce
que c'est ce que je comprends?
M. Vincent (François) : Bien,
j'invite l'ensemble des parlementaires à voter le projet de loi maintenant pour
la rentrée en vigueur le plus rapidement
possible. Le projet de loi s'inscrit aussi dans le plan d'action gouvernemental qui est très fort et qui veut diminuer aussi le nombre de
formalités. C'est la première fois, là, depuis qu'on fait des plans d'action au
Québec qu'on fait ça. Puis la FCEI, on pense qu'on pourrait même aller plus
loin, notamment en faisant de la politique une loi puis en renforçant le un
pour un. Parce que je ne peux pas vous cacher, là, qu'on fait plusieurs
demandes pour le respect du un pour un, puis on ne le voit pas, tu sais. Je
peux vous donner l'exemple, là, récemment du projet de loi n° 59, où on a
fait notre demande principale puis on n'a pas reçu... on a demandé que le un pour un soit déposé durant l'étude détaillée,
ça n'a pas été fait. On a fait la même demande pour le projet de loi n° 51, on n'a pas eu de nouvelle là-dessus
aussi.
Donc, on a foi, tu sais, on est des éternels
positifs, moi puis Francis, puis on sent qu'il y a une vraie grande volonté
gouvernementale. Maintenant, on pense que peut-être qu'en élevant la politique
sous forme de loi, bien, ça donnera un peu plus de mordant pour inciter encore
plus les organismes et les ministères à livrer les différentes dispositions
qu'ils sont obligés de livrer, parce que, dans le fond, le décret a force de loi,
là, mais on pense que ça enverrait un
message très fort de la part du gouvernement du Québec et même des députés,
parce que c'est les députés de l'Assemblée nationale qui viendraient
entériner cette politique-là, en disant : C'est non seulement une priorité
gouvernementale, mais c'est une priorité de l'ensemble des députés de
l'Assemblée nationale.
Mme Lecours (Les Plaines) : Bien,
merci, M. Vincent. Vous savez aussi que vous siégez comme membre du
comité-conseil avec mon collègue de Saint-Jérôme, ici, qui a beaucoup de
questions, justement, à vous poser. Vous savez qu'on travaille très fort,
justement, sur cette éventualité, là, du un pour un qui est, à certains égards,
déjà en application, mais qu'on veut poursuivre aussi. Je vais laisser, si vous
me permettez, Mme la Présidente, mon collègue poser des questions. Merci
beaucoup pour votre présence aujourd'hui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, la parole est au député de
Saint-Jérôme. Il vous reste 4 min 20 s.
M.
Chassin : Ah oui, hein, ça
va être court, Mme la Présidente, merci. Merci, M. Vincent, et merci,
M. Bérubé. Là, est-ce que je comprends,
M. Vincent, qu'on vous sort de votre congé de paternité pour siéger avec
nous aujourd'hui?
M. Vincent (François) : Non.
M. Chassin :
Non, ça va? Ceci étant dit, félicitations.
M. Vincent (François) : De la
rénovation de ma nouvelle maison.
M. Chassin :
Oui, d'accord. Félicitations pour cette naissance. Écoutez, je vais juste
peut-être, là, vous amener à préciser un point, parce qu'il faut le souligner,
là, je pense qu'on est tous... tous les partis ici, là, on reconnaît le grand
travail de la FCEI sur la réglementation, la lourdeur administrative que ça
peut représenter, notamment pour la chiffrer. Évidemment, dans le projet de loi
n° 103, on a essayé aussi, justement, avec l'analyse d'impact
réglementaire, de chiffrer au mieux ce que ça pouvait représenter comme gain
pour les entreprises.
Mais j'aimerais peut-être vous faire préciser...
La ministre, dans ses remarques préliminaires, parlait, oui, d'un gain
financier, mais aussi d'un gain de temps qui est peut-être moins facile à
chiffrer. Mais est-ce que vous avez le sentiment que ce projet de loi permet
aussi des gains de temps en termes, là, de casse-tête de moins, de bâton dans
les roues de moins pour les entreprises?
M. Vincent (François) : Bien, je
dirais oui, c'est certain. On parle souvent en termes de coût, mais on a les
mêmes données au niveau du temps qui est donné aux entrepreneurs. Là, on ne l'a
pas mis dans le mémoire, mais on réfère à la recherche sur l'allègement
réglementaire, puis, là-dedans, il y a un tableau qui est similaire. Plus tu es
petit, plus ça va te prendre du temps à t'occuper de la paperasserie. Du coup,
bien, ça va te coûter plus cher en termes de
volume de main-d'oeuvre, ça va te coûter plus cher sur ton ratio si tu vas à
l'extérieur pour t'aider dans ta formalité administrative, notamment
avec les comptables. Mais, en termes de temps, ça prend beaucoup plus de temps,
oui.
Donc, les allègements de formalités que vous
proposez vont aussi donner un bon souffle aux entrepreneurs qui travaillent
plus à cause de la pénurie de main-d'oeuvre, qui ont travaillé plus à cause de
la pandémie, puis là qui vont pouvoir justement sentir, là, qu'ils ont du temps
pour pouvoir s'occuper de leur entreprise.
• (15 h 50) •
M. Chassin : Je
vous amène peut-être sur un autre sujet, donc, pour la loi sur le rembourrage.
Vous l'avez mentionné, on était la dernière province à avoir cet élément-là.
Est-ce que, donc, je me trompe, si je vous fais dire, là, dans ma tête, qu'en
termes d'harmonisation, de supprimer cette réglementation-là va aider la
compétitivité d'un certain nombre de nos entreprises manufacturières qui
étaient soumises à un régime, finalement, unique au Québec?
M. Vincent (François) : Clairement,
oui. On avait envoyé une lettre spécifique là-dessus aussi. Vraiment content
que vous entériniez rapidement là-dessus puis même si ça faisait partie de
l'évaluation de notre bulletin des provinces. Puis, s'il y a d'autres éléments
dans l'accord de commerce canadien où on peut réduire au maximum les barrières,
ça serait vraiment quelque chose d'intéressant à faire. Je sais qu'il y en a...
il y a 35 spécificités. Je ne sais pas dans le détail, là, vous l'avez
dit, je sors d'un congé de paternité, là, puis merci pour votre bon mot, ça
fait que je n'ai pas eu le temps de me remettre à 100 % là-dessus, là. Ça
fait que, si vous pouvez porter une attention là-dessus pour les prochains
projets de loi, ça serait extraordinaire.
M.
Chassin : Dans les 30 secondes qu'il me reste, je voudrais
peut-être juste sortir un petit peu du projet de loi puis parler de la règle du un pour un. Vous parlez d'une règle de
deux pour un. Évidemment, dans le plan d'action, on prévoit une réduction de 10 % des formalités
elles-mêmes, pas du coût ni du volume, mais des formalités elles-mêmes. Ça fait
que, finalement, on pourrait presque dire que, pour les cinq prochaines années,
on est dans une règle au moins du 1,1 pour un, peut-être un peu plus.
Est-ce qu'au moins c'est un pas dans la bonne direction, même si ce n'est
peut-être pas l'objectif que vous nous demandez?
M. Vincent (François) : Non, mais on
le suggère, parce qu'on a vu qu'il y a d'autres provinces qui faisaient le deux
pour un. Ça fait qu'on a dit : Bon, bien, on va demander d'être... on va
se comparer aux meilleurs. Maintenant, bien, pour le un pour un, le minimum, ça
serait de le faire, hein? Puis votre engagement est clair, vos actions le
démontrent, maintenant, il faut faire attention puis regarder dans l'angle mort
parce qu'il y en a d'autres, formalités administratives, qui arrivent. Puis
c'est pour ça que nous autres, on dit : Il faut faire quelque chose pour
améliorer, justement, la reddition de comptes sur le un pour un. Puis on a eu
l'idée, justement, de faire adopter la politique sous forme de loi pour
justement envoyer un message, toute l'importance que les députés de l'Assemblée
nationale ont de mieux réglementer par l'allègement réglementaire.
M. Chassin :
Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci.
Alors, nous poursuivons l'échange avec, cette fois-ci, le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. Bérubé. Bonjour, M. Vincent. Content de vous
revoir, toujours un plaisir d'échanger avec la FCEI. Mais laissez-moi vous dire
un peu que je suis un peu déçu, un peu déçu parce
que je m'attendais toujours à une vision beaucoup plus claire de la FCEI par
rapport à l'allègement réglementaire. Et je vais vous donner juste un
petit aperçu.
Vous avez déchiré votre chemise sur le projet de
loi n° 59. On vous entend sur le projet de loi n° 96. Vous venez
aujourd'hui nous dire que le un pour un, c'est correct. J'aurais aimé entendre
pourquoi pas le trois pour un, parce que,
quand je regarde votre dernier communiqué de presse au Québec : «Trois
propriétaires de PME sur cinq ne recommandent pas de se lancer en
affaires, il faut agir pour changer cette tendance.» Dernier communiqué de
presse qui date du 27 octobre 2021.
J'ai entendu
votre échange avec Mme la ministre où ils parlent, avec raison, au niveau de la
relève. Pensez-vous vraiment que les mesures louables... Je salue
l'effort des collègues. Je ne dis pas qu'ils n'ont pas fait un bon travail.
C'est un bon pas. Mais pensez-vous vraiment qu'aujourd'hui les membres de la
FCEI, avec ce que vous avez sur la table, on règle l'allègement réglementaire
et la paperasse?
M. Vincent
(François) : Bien, je veux
dire, tu sais, si je veux me rendre à Québec, ça va me prendre 2 h 45 en
voiture, là. Je ne peux pas me rendre plus
vite que ça, tu sais. Ça fait que l'allègement réglementaire, c'est un pas à
la fois. Ça fait que, tu sais, si je vais chercher 12,6 millions d'économies,
bien, je vais le reconnaître puis je vais être content.
Sur le un pour un, on n'a pas... l'objectif du gouvernement
est clair. Maintenant, je l'ai mentionné, dans la réponse à la ministre, qu'on
avait des inquiétudes sur le projet de loi n° 59,
qu'on avait fait la demande sur le projet de loi n° 51
aussi. Puis c'est pour ça qu'on demande de renforcer le principe du un pour un,
c'est pour ça qu'on fait la recommandation aux députés de la commission, députés de l'Assemblée nationale de faire
de la politique d'allègement réglementaire une loi pour que
maintenant, les ministères, bien, peut-être qu'ils voient cette obligation-là
qu'ils ont, depuis la dernière réforme de la
politique d'allègement réglementaire, de livrer le un
pour un, de livrer des analyses d'impact réglementaire rigoureuses,
comme la majorité des ministères le font. Puis on est un chien de garde puis,
lorsqu'on a à montrer notre sourire, on le
fait, lorsqu'on a à montrer nos dents, on le fait, puis on peut faire les deux
en même temps.
M. Derraji : Donc, aujourd'hui, vous
montrez vos dents et votre sourire ou juste un des deux?
M. Vincent
(François) : Bien, les deux,
un beau grand sourire qui... Maintenant, on arrive avec des... Tu sais,
on n'est pas juste allé... On aurait pu regarder le projet de loi puis
dire : Bon, bien, ça a accéléré certains allègements qui n'étaient même
pas prévus dans le plan d'allègement réglementaire. On a dit : On va aller
plus loin, puis c'est pour ça qu'on fait les recommandations sur la politique
d'allègement réglementaire. Puis, si vous êtes capables d'arriver à faire cela,
bien, je pense que ce serait un grand jour pour l'allègement réglementaire au
Québec, ce serait un grand jour pour les petites et moyennes entreprises.
M. Derraji : O.K. Revenons au défi que
vous mentionnez dans votre communiqué de presse du 27 octobre. Vous dites
que les gens, maintenant, pensent carrément à ne pas se lancer en affaires, et
vous nommez la pénurie de main-d'oeuvre. J'ai posé la même question à vos
collègues les Manufacturiers et exportateurs du Québec. Eux, ils mentionnaient
d'une manière très claire les allègements par rapport au programme travailleurs
temporaires étrangers, par rapport aux structures au niveau du MIFI.
Pensez-vous que le grand absent, le grand ministère absent de cette réforme, où
il y a zéro, zéro mesure, c'est le MIFI?
M. Vincent
(François) : Bien, sur l'immigration, il y a eu l'annonce aujourd'hui
du consensus de la CPMT pour être capable d'accélérer les travailleurs étrangers
temporaires puis de cibler 71 secteurs, si je me rappelle. Il y a aussi un certain rattrapage au niveau de l'immigration, puis
la pénurie de main-d'oeuvre est tellement forte qu'il faut avoir des mesures
qui sont diversifiées. Donc, oui, il faut accélérer les processus, mais là ça
se fait bien puis ça se fait par étapes. Mais maintenant, je vous dirais, pour
la pénurie de main-d'oeuvre, il faudrait aller un petit peu plus loin puis
assurer une équité dans la prestation des crédits d'impôt, là. Les petites
entreprises, les secteurs de construction puis de services n'ont même pas accès
aux crédits d'impôt pour les personnes très éloignées du marché du travail puis
les personnes expérimentées parce qu'elles ne génèrent pas
5 500 heures. Donc, si tu n'as pas... tu as en bas de trois employés
au Québec ou plus dans le saisonnier, bien, non seulement tu paies le taux
d'impôt de la multinationale, mais tu n'as même pas accès au crédit d'impôt
dédié aux PME pour réduire les taxes sur la masse salariale de ces employés-là. Donc, ça, pour nous, ça serait un gros
minimum que d'assurer que toutes les entreprises, peu importe leur
secteur, leur région ou leur grandeur, puissent avoir accès aux mêmes crédits
d'impôt, aux mêmes taux d'impôt parce qu'elles sont petites, là.
M. Derraji :
Je reviens à la page 5 où vous mentionnez, bon, le coût annuel de la
réglementation par employé, selon la taille de l'entreprise. Est-ce que cette
analyse de coût annuel prend en considération l'impact du projet de loi qui...
en fait, la loi n° 59, donc la santé-sécurité au
travail?
M. Vincent
(François) : Non.
M. Derraji :
Est-ce que vous avez des prévisions par rapport à cet impact? Et est-ce que
vous avez une prévision par rapport à la loi n° 96
aussi?
M. Vincent
(François) : Pour le projet de loi n° 59,
l'analyse qui a été faite n'inclut pas cela, parce que le sondage a été fait
avant. Pour le projet de loi n° 59, bien, c'est sûr
que ça va augmenter le fardeau, là. On va demander
à des entreprises de deux employés de faire un plan d'action puis de définir
entre les deux employés qu'il y ait un responsable de santé-sécurité au
travail, là. C'est sûr que ça va augmenter le fardeau administratif et
réglementaire des petites entreprises. C'est pour ça qu'on avait demandé au
ministre, là, à la... quand on est allés en commission parlementaire, de
s'engager sur le un pour un, parce qu'on voyait qu'il allait y avoir un
allègement... un alourdissement... en tout
cas, le fardeau administratif et réglementaire, il grossirait. Donc, on avait
dit : C'est important de prendre un engagement important pour le
réduire en même temps.
Sur le n° 96,
on a fait une évaluation seulement pour le volet francisation, pas pour les
autres éléments, là, de l'affichage ou de la gestion, là, des dossiers pour
démontrer que ton employé, il savait le français, puis c'était... Francis, tu
me rappelles, je ne peux pas dire, c'était neuf à 25, je pense, là.
M. Bérubé (Francis) : Oui, dans ces eaux-là, c'était autour de 14, 15 millions, là, le
processus de francisation, que nous, on avait évalué en fonction d'un
processus interne, là.
• (16 heures) •
M. Derraji :
Et là vous comprenez pourquoi au début j'étais surpris, j'ai commencé que... Je
m'attendais à ce que la FCEI déchire sa chemise aujourd'hui, parce que, si je
me mets à la place de vos membres et je fais la somme annuelle de ce que j'ai
devant moi, j'ai les frais liés à la francisation. Et vous savez très bien que
j'étais là présent au p.l. n° 59, nous avons réussi quelques, quelques, quelques améliorations. Mais,
je dirais, la facture, au bout de la ligne, si je fais juste le
calcul... encore une fois, l'objectif est louable, des collègues, Mme la
ministre et le député de Saint-Jérôme, mais, si je fais le bilan de l'année, il
est quand même négatif.
C'est quoi, le gain
réel, si, au bout de la ligne, vos membres... il va y avoir une augmentation de
la paperasse, une augmentation des colliers en lien direct avec le projet de
loi n° 96, mais si je rajoute la santé et sécurité au travail... C'est là
où je suis un peu surpris aujourd'hui de la confirmation de la FCEI et en
commission parlementaire.
M. Vincent (François) :
Ah! moi, je suis... bien, moi, je suis agréablement surpris du projet de loi
n° 103, puis je pense que la clé, c'est l'objectif, l'objectif que le
gouvernement se donne, dans le plan d'action, de réduire en cinq ans de
10 % le nombre de formalités administratives. Donc, si aujourd'hui, là,
après la fin de l'année, on augmente de 12
ou de 15 à cause des différents projets de loi, bien, ça, ça rentre dans le
bilan du gouvernement. Au bout de ligne, bien, il faut qu'il réduise de
10 par rapport à 2004, je crois. Donc, à terme du plan d'action, il s'est donné
un objectif qu'aucun gouvernement ne s'est donné. Donc, c'est sûr que la
photographie d'aujourd'hui, c'est... oui, peut-être qu'il y a une certaine
augmentation, mais l'objectif est important, puis d'autant plus que l'omnibus
joue son rôle et que la FCEI est heureuse, parce que le gouvernement du Québec
rejoint deux provinces dans le fait de vouloir faire de l'allègement
réglementaire une priorité.
Donc, on fait un
omnibus pour concrétiser ces changements-là. Ça fait que peut-être que, l'année
prochaine, quand il va y avoir eu des évaluations ou s'il y a un plan d'action
qui est déposé pour le un pour un, pour réduire d'autant les obligations qui
ont été créées par le projet de loi n° 59, bien, il pourrait y avoir des
éléments à proposer l'année prochaine, parce que, justement, le gouvernement
propose d'aller à l'Assemblée nationale pour justement apporter des
modifications au niveau de l'allègement réglementaire.
Donc, je vous
encourage fortement, là, à aller de l'avant avec ces allègements, de voir ça
positivement puis d'utiliser cette fenêtre pour aller encore plus loin,
notamment, là, pour donner plus de dents à la politique du un pour un puis à la
politique d'allègement réglementaire.
M. Derraji :
Oui. Donc, est-ce qu'on peut comprendre que le prochain champ de bataille de la
FCEI c'est du deux pour un ou vous comptez du un pour un? C'est quoi, votre
orientation lors de cette commission?
M. Vincent
(François) : Moi, je veux
qu'on assure que le un pour un soit réglé. Je sème l'idée du deux pour
un, puis si, bien, il y a des formations
politiques qui veulent en faire la recommandation en septembre prochain, libre
à eux.
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Merci à vous deux pour la présence
et les explications. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons avec députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci, messieurs, pour votre présentation. Vous parlez de... j'ai
juste 2 min 45 s, c'est ça, de rendre accessible les contrats à
commandes au milieu municipal que... puis que ça favorise, dans le fond,
l'achat local. Puis c'est quelque chose de très, très bien vu, là, par vos
membres, qu'on s'approvisionne, que le ministère des agences gouvernementales
s'approvisionne auprès des PME locales.
Le Centre d'acquisitions gouvernementales ne va
pas l'encontre de ça? Ça, c'est l'autre projet de loi sur... où on
centralisait, le projet de loi n° 37, où on centralisait les achats du
gouvernement, ce qui faisait que, par exemple, des entrepreneurs dans des
régions, bien, n'avaient plus accès au public. Donc là, ici, il y a comme une
avancée, mais il n'y a pas eu un recul avec le CAG?
M. Vincent (François) : Bon, on
avait écrit une lettre là-dessus dans le temps, qui démontrait, justement,
qu'on avait des craintes. Puis on a eu certains cas de membres, là, qui ont
perdu des approvisionnements en région, parce que, justement, il y avait une
centralisation.
Maintenant, là, ici, il y a une avancée pour
permettre, justement, de ne pas repartir sur un appel d'offres puis d'aller
avec les entreprises qui sont déjà là, pouvoir aller trouver les fournisseurs
locaux. Puis le gouvernement est en processus, actuellement, de... on fait une
consultation, puis devrait annoncer un plan à cet égard. Je sais que nous, on a
rencontré le gouvernement, je ne me rappelle plus, c'est... je n'ai plus la
notion du temps, là, depuis la pandémie, là,
mais on a fait nos recommandations, puis on est persuadé qu'il va y avoir des
changements positifs pour les entreprises d'ici, surtout si le
gouvernement veut suivre les objectifs du gouvernement de fabriquer... de ne
pas seulement faire de l'achat local, mais aussi de fabriquer local, bien, ça
passe par un approvisionnement des PME de la région.
Mme
Ghazal : Donc, cette mesure-là ne corrige pas les défauts du CAG, mais
vous êtes positifs pour l'avenir.
M. Vincent (François) : Oui. Moi, je
prends ce qui est bon, je le reconnais. Puis on travaille pour améliorer les
choses. Puis les chiffres du sondage sont assez clairs, là, la majorité des
PME... il y a trois PME sur 10 qui ont été sauvées,
dans le fond, en raison de l'achat local. Puis ils demandent au gouvernement de
faire plus, notamment sur les approvisionnements, notamment sur les...
je ne me rappelle plus le terme, là, mais il y a une... là, vous m'excuserez.
Mme Ghazal : Ce n'est pas grave.
Est-ce...
M. Vincent (François) : Donc, oui,
c'est une orientation que le gouvernement, avec les députés, devrait mettre en
priorité.
Mme Ghazal : O.K. Puis par rapport
au projet de loi, dans le fond, vous n'avez aucune critique autre qu'ils
pourraient éventuellement un jour peut-être aller encore plus loin avec votre
deux pour un, là. Je ne sais comment vous allez faire. Il va falloir rouler
entre Québec et Montréal à 130 kilomètres pour atteindre le deux pour un.
M. Vincent (François) : Bien, il
pourrait y avoir un train à haute vitesse, hein, puis là on pourrait s'y rendre
en une heure.
Mme Ghazal : L'innovation nous sauve
tout le temps.
M. Vincent (François) : Mais non, je
dirais, le deux pour un, ça pourrait, mais, avant ça, il faut assurer de régler
le un pour un. Puis vous, en tant que parlementaires, vous... on a mis, on a
joint la politique d'allègement réglementaire. Vous pourriez faire un
copier-coller puis la mettre en section dans le projet de loi, puis la
politique d'allègement réglementaire deviendrait une loi. C'est quelque chose
que les députés peuvent faire s'ils veulent améliorer, de façon assez majeure,
le projet de loi...
Mme Ghazal : Oui, mais, comme
je l'ai dit tout à l'heure pour les Manufacturiers exportateurs du Québec, ce n'est pas non plus... Il ne faut pas... C'est parce que
cette idéologie-là du un pour un, ou deux pour un, ou trois pour un,
comme mon collègue... je veux dire, ce n'est pas une opération mathématique. Il
ne faut pas perdre à l'esprit pourquoi est-ce qu'on a ces réglementations-là
puis ne pas juste dire : Bien, il faut... il y a un formulaire, on
l'enlève. Des fois, c'est les délais, les délais, par exemple, au ministère de
l'Environnement, parce qu'il n'y a pas assez... on n'embauche pas assez. Il y a
aussi la pénurie de la main-d'oeuvre, mais ça fait très, très longtemps que ça
dure. C'est un petit ministère. Peut-être que s'il y a
plus de monde pour accompagner les entreprises, alors que les exigences réglementaires,
bien, on ne veut pas qu'elles baissent, elles vont continuer à augmenter, bien,
ça serait peut-être aussi une façon... Ce n'est pas juste des formulaires puis
de la paperasserie, c'est aussi du personnel.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...que nous avons.
Mme Ghazal : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, députée de Mercier. Nous poursuivons avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, M. Vincent, M. Bérubé. Malgré, là, l'annonce
qu'il y a eu ce matin, du ministre, donc, du Travail concernant certaines
mesures en immigration, comme j'ai cru comprendre, M. Vincent, que vous
étiez sur un comité-travail pour l'allègement réglementaire, et je sais que
c'était dans le plan d'action quand même qu'on retrouvait certaines mesures
pour l'immigration, est-ce qu'on aurait pu faire quand même quelque chose dans
le cadre du projet de loi pour alléger le fardeau des entreprises, là, dans tout...
et mieux les accompagner dans leurs
démarches en immigration, qui ne se retrouvent pas, ce matin, dans l'annonce?
Parce que manufacturiers et exportations du
Québec avaient quand même certaines critiques à faire aujourd'hui par rapport
à ça.
M. Vincent (François) : Bien,
ce qu'il y a dans le plan, c'est rapatrier le programme des travailleurs
étrangers temporaires. Maintenant, il y a eu... travail qui a été fait, assez
important. Puis ça, ce n'est pas quelque chose
qui peut... que le gouvernement du Québec décide unilatéralement, là. Il y a de
la négociation là-dedans puis il y a eu du travail assez important de
fait pour avoir une entente avant les élections fédérales. Puis le gouvernement
n'a pas fait les choses juste de son côté,
d'aller vers la Commission des partenaires du marché du travail, où il y a
syndicats, patrons, organismes
communautaires et éducation. Il faut vraiment aller chercher un consensus du
marché du travail pour des
modifications. Donc, je pense que c'était la bonne marche à suivre au niveau
des travailleurs... au niveau de l'immigration.
Pour la pénurie de main-d'oeuvre, bien, oui, il
aurait pu... le gouvernement aurait pu abolir la notion des heures rémunérées
pour les petites et... les entreprises qui n'ont pas accès à la déduction pour
entreprise, qui est la même distinction qui leur coupe l'accès au crédit
d'impôt pour avoir accès à plus de travailleurs.
Donc, ça, ça aurait pu être quelque chose qui
vienne dans ce projet de loi là. La problématique, c'est que les mesures fiscales
ne sont pas touchées par l'allègement réglementaire, justement, pour éviter,
là, d'avoir à jouer dans le système d'imposition qui est assez complexe. Mais
ça, ça aurait pu être quelque chose qui aurait fait une grande différence pour
les plus petites entreprises qui n'ont pas les mêmes... qui sont défavorisées
par une injustice qui est unique au Québec, par rapport aux autres provinces
canadiennes.
Mme Perry Mélançon : Puis j'aurais
aimé aller sur un autre sujet, rapidement, là. Par rapport à l'article 246
de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, on a entendu la FQM faire une
recommandation, là, de retirer, d'abroger l'article. Qu'est-ce que vous en
pensez? Est-ce que vous avez besoin qu'on...
M. Vincent (François) : Je n'ai pas
écouté la FQM puis je n'ai pas l'article devant moi... difficile de vous dire
sur le fly, là, qu'est-ce que j'en pense.
Mme Perry Mélançon : On parle ici,
là, du fait que les claims sont... ont préséance, finalement, sur les schémas
d'aménagement.
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...nous
avons. Alors, nous n'avons plus de temps pour vous, députée de Gaspé. Alors,
nous vous remercions, M. Vincent, M. Bérubé. Merci pour votre contribution
à l'avancement des travaux de notre commission. Nous vous souhaitons bonne fin
de journée. Merci.
Alors, nous allons suspendre quelques instants
afin d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 10)
(Reprise à 16 h 21)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous accueillons maintenant M. Jean-Martin Fortier. Je vous invite,
M. Fortier, à bien vous présenter avant de commencer votre exposé de
10 minutes.
M. Jean-Martin Fortier
M. Fortier (Jean-Martin) : Parfait.
Merci beaucoup. Mon nom est Jean-Martin Fortier, je suis un maraîcher biologique. Je me spécialise de ce qu'on appelle
les microfermes maraîchères, donc c'est des techniques et des méthodes qui nous permettent de cultiver des petites
surfaces maraîchères et de les rentabiliser. Et j'ai écrit un livre à ce sujet-là
en 2011, je crois, qui est devenu très
populaire non seulement au Québec, mais autour du monde. Et je suis aussi
formateur, je forme une relève agricole à la Ferme des Quatre-Temps, à
Hemmingford, dans le sud du Québec, où... Alors, voilà.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, je vous invite à commencer votre exposé.
M. Fortier (Jean-Martin) :
Premièrement, merci de m'avoir pour la commission. C'est un sujet qui me tient très à coeur. Je vais être bref dans mon
10 minutes, mais je vais quand même exposer mon point de vue en trois
points.
Le premier, ça va être de rapidement vous
raconter mon expérience, pour ceux et celles qui ne savent pas qui je suis et
pourquoi, peut-être, ma présence ici est pertinente.
Deuxièmement, je vais vous livrer mon constat de
la situation, surtout en ce qui a trait à la relève agricole et tous ces jeunes
et moins jeunes, où en sont-ils et quels sont leurs aspirations.
Et troisièmement, je vais conclure en vous
disant pourquoi les changements proposés dans le projet de loi, à mon avis,
sont essentiels, sont importants, mais essentiels à avoir une relève agricole
dans les prochaines années.
Donc, pour vous raconter rapidement qui je suis,
moi, je ne viens pas d'un milieu agricole, mais j'ai commencé ma ferme en 2004,
ici, aux Jardins de la Grelinette. Et je travaille toujours cette parcelle de
terre là avec ma conjointe Maude-Hélène Desroches. Et nous, on a la
particularité de travailler sur moins d'un hectare en légumes diversifiés qu'on
vend directement à des clients à travers des paniers bios sous la formule
qu'Équiterre avait développée dans les marchés fermiers. Et non seulement,
notre ferme, elle est sur moins d'un hectare, mais elle est une des plus
productives et rentables au Canada. Donc, l'année dernière, le chiffre
d'affaires se situait au-delà de 200 000 $ de légumes produits sur
l'hectare, avec des marges bénéficiaires nettes qui sont très importantes, qui
sont beaucoup plus importantes que beaucoup d'autres secteurs agricoles. Donc,
c'est à partir de là que j'ai écrit un livre qui a été publié, diffusé, qui est
maintenant traduit en 10 langues, vendu à plus de
200 000 copies. Et j'enseigne, depuis
ce temps-là, les méthodes et les techniques qui permettent aux gens de vraiment
rentabiliser des petites surfaces maraîchères et de permettre de faire
de l'agriculture qui est à la fois écologique mais également rentable.
Depuis mes débuts en agriculture, j'ai toujours
été passionné par l'idée de dire qu'on pouvait faire les choses autrement. Et le constat que je fais 10 ans
plus tard, après avoir publié mon livre... j'ai aussi participé à une émission
de télé qui s'appelait Les fermiers,
qui était sur Unis, deux saisons, où le travail que je fais à la Ferme des
Quatre-Temps, qui est le lieu de formation
dont je vous parlais en introduction, était présenté. Mon constat, c'est qu'il
existe présentement un engouement que même moi, je n'aurais jamais
imaginé. Les écoles d'agriculture biologique, notamment celle du cégep de
Victoriaville, débordent. Il y a plus de gens qui veulent faire le programme
que de places puis on vient de construire un nouveau campus. Il y a un
engouement réel de plusieurs jeunes et moins jeunes qui veulent faire de l'agriculture, qui veulent vivre à la campagne,
qui veulent élever leurs enfants et qui veulent surtout faire une
agriculture qui est très différente de ce qu'on a pu voir depuis les
30 dernières années.
Donc, c'est
des jeunes qui veulent commencer sur des petites terres, qui veulent travailler
avec des investissements qui sont beaucoup moindres que ce que
l'agriculture plus conventionnelle exige. C'est des jeunes qui veulent faire ce
qu'on appelle de l'agriculture de proximité, c'est-à-dire qui veulent vendre
eux-mêmes directement leurs produits à des clients qu'ils rencontrent soit dans
des marchés fermiers, soit à travers des paniers bios, soit à travers d'autres
canaux de mise en marché directe.
C'est une agriculture qui a fait ses preuves
depuis les 15 dernières années. Des pionniers comme moi mais comme aussi beaucoup
d'autres ont démontré la viabilité de ces petites fermes là et je crois que
c'est ce qui fait l'engouement. Parce que les gens qui veulent s'imaginer, qui
veulent démarrer des projets agricoles voient que non seulement c'est possible,
parce qu'ils n'ont pas besoin d'avoir des immenses lopins de terre ou d'être
issus du milieu agricole, d'hériter de leurs parents, mais que ces petites
fermes là... encore là, je vous le dis, nous, on travaille sur moins de
un hectare, et la plupart des maraîchers qui sont dans ce circuit
travaillent sur des fermes de moins de cinq hectares. Il y a un engouement
qui est réellement palpable et réel, une relève qui est bien formée, qui est
intelligente, qui veut réussir.
Et le frein majeur à l'essor de cette
agriculture-là, encore plus aujourd'hui que ce qu'elle a démontré, c'est
l'accès à la propriété et surtout l'accès à la terre au niveau d'avoir des
morceaux de terre qui sont appropriés pour ces dimensions de ferme là. Cultiver deux hectares, ce n'est pas la même chose
que cultiver 50 hectares. Ce sont deux réalités complètement
différentes. Et il y a toute une génération qui veut travailler sur des petites
parcelles cultivées. Malheureusement, avec tout le bien que la CPTAQ fait pour
protéger notre territoire agricole, mon constat, c'est que ça freine le développement
puis l'essor de toute une nouvelle agriculture qui est dynamique, qui est jeune
puis qui se pointe à l'horizon.
Pour finir avec mon 10 minutes, je peux
vous dire que, quand moi, j'ai commencé en agriculture, on a acheté un clapier
sur un terrain de quatre hectares. Il était zoné vert. Et, si on n'avait pas eu
une permission exceptionnelle de la CPTAQ de permettre le projet ici de se
développer, de construire notre maison à l'intérieur du bâtiment agricole qui
était un clapier, ma ferme n'aurait jamais eu lieu, les centaines de milliers
de personnes que j'influence partout dans le
monde n'auraient jamais été influencées par notre exemple
puis mon travail. Et l'impact de mon travail est réel, il est mesurable,
pas juste au Québec, mais partout dans le monde, parce qu'on propose quelque
chose qui est intelligent, qui est possible. Et encore là, je vous le répète,
si ça n'avait pas été d'une permission exceptionnelle de la part des commissaires
de la CPTAQ, mon projet et tout ce que je représente seraient morts dans
l'oeuf.
Donc, inutile de vous dire que, pour moi, c'est
un dossier qui me tient à coeur et ça me ferait plaisir de répondre à vos questions.
J'ai pris connaissance, ce matin, du mémoire qui a été déposé par l'UPA, et je
tiens quand même à dire que moi, je n'ai pas le même constat
qu'eux. Moi, je crois qu'au contraire c'est très, très important
qu'il y ait une réforme pour permettre plus de morcellement, pour que
plus de maraîchers puissent avoir des petites fermes, mais évidemment, il faut
que ça, ce soit contrôlé pour que ça reste de l'agricole ou de l'agriculture.
Donc, voilà, c'est mon message.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci, M. Fortier. Alors, nous allons commencer la période
d'échange avec Mme la ministre.
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. Fortier, merci beaucoup d'être avec nous
aujourd'hui. Je pense que c'est important, vous avez un témoignage qui jette un
éclairage vraiment intéressant, avec une
portion aussi de la population des agriculteurs qui est représentée, justement,
de la nouveauté, des nouveaux modèles d'affaires, on l'a dit. Vous
formez une relève agricole aussi, c'est tout à votre honneur, parce qu'on a
besoin d'une relève agricole forte avec des idées intéressantes.
Vous l'avez dit vers la fin de votre allocution,
bon, ce matin, les représentants de l'UPA ont été un petit peu plus ambivalents
par rapport aux propositions que nous avons dans le projet de loi. Mais ce qui
m'a un petit peu accrochée, puis j'aimerais vous entendre là-dessus, c'est que,
selon eux, les propositions qu'on fait pourraient déstructurer la zone agricole
puis étaient incompatibles avec une plus grande autonomie alimentaire.
Pourtant, c'est ce qu'on voit, une plus grande... Comment vous le voyez, vous?
Êtes-vous d'accord avec ça?
• (16 h 30) •
M. Fortier (Jean-Martin) : Non. Moi,
j'arrive à un constat différent. Moi, je crois que les unités qui ont été
formées, qui sont protégées par la CPTAQ... Donc, l'idée avec la CPTAQ, c'était
d'avoir le plus de terrain pour permettre une agriculture qui est plus à grande
échelle. Cette agriculture-là, à mon avis, est en perte de vitesse puis elle ne
représente pas nécessairement l'avenir de l'agriculture au Québec. Et le modèle
qui est en place, évidemment, veut se préserver. Mais il faut juste sortir et
aller à la rencontre des agriculteurs, il faut aller voir les néoagriculteurs
puis leur demander quelles sont leurs aspirations pour rapidement comprendre
qu'il faut leur faire une place. Puis les terres agricoles, elles devraient
servir pas seulement à un usage ou à quelques usagers, mais elles devraient
permettre la multiplication de plusieurs, plusieurs modèles agricoles sur le
même territoire, tout en étant protégés. Je crois que ce qui est proposé à la commission,
c'est ça qui est le cas.
Mme
Lecours (Les Plaines) : Vous
le dites, vous êtes un néoagriculteur aussi. Vous ne venez pas nécessairement
de ce milieu-là puis, bon, vous avez décidé de changer votre vie de famille
puis d'adopter ce nouveau modèle d'affaires là. Je répète, vous formez aussi de
la relève agricole. Votre volume, votre livre a été un succès, est encore un succès. Il est consulté puis il est appliqué, je
le crois, bien sûr. Donc, l'agriculture de proximité et de petite échelle, vous le dites, vous en êtes, est en forte
croissance depuis quelques années et aussi beaucoup depuis la pandémie, on va
se le dire, là, depuis le début de la pandémie. Ça a changé aussi notre façon
puis ça a accéléré cette tendance-là.
On voit aussi beaucoup
se développer des projets qui pourraient être à petite échelle, mais aussi avec
l'automatisation. Ça, ça n'empêche pas aussi tous des nouveaux modèles,
d'appliquer, justement, une façon de faire différente qui va faire en sorte qu'on
ne sera pas toujours tributaire d'une main-d'oeuvre à tout prix. Est-ce que
vous êtes d'accord avec moi sur le fait que, justement, vous l'avez dit tantôt,
là, la CPTAQ vous a permis de... parce qu'ils ont les mains liées actuellement...
mais de la façon dont on voudrait, justement, assouplir ces règles-là, aider le
milieu à encore plus travailler ensemble, est-ce que, pour vous, c'est quelque
chose qui est concret, qui devrait se réaliser et qui est concret sur le
terrain actuellement?
M. Fortier (Jean-Martin) : Bien,
oui. Moi, je crois que les changements qui sont proposés, là, sont plus que dus. Et ça fait depuis que moi, j'ai commencé en agriculture que je milite pour dire : Il faut qu'il y ait
une ouverture à la CPTAQ. Puis il faut toujours... Je pense que tout le monde est toujours d'accord à dire : Il faut protéger le territoire
agricole. Ça, ce n'est jamais l'enjeu. Après ça, il faut bien mesurer pour
toutes les fermettes et les gentlemen-farmers qui vont peut-être contourner les règles, qu'on va empêcher... combien de
jeunes qui veulent démarrer des fermes? On va aussi empêcher...
C'est ça pour moi, c'est là où là, moi, je
trouve que le bât blesse. Il faut que la CPTAQ, dans son mécanisme, ait beaucoup
plus d'ouverture à permettre l'acquisition de petites parcelles maraîchères.
Encore là, je vous le répète, nous, on
travaille sur un hectare. Donc, imaginez, s'il faut que, pour m'établir en
agriculture, j'acquière 50 ou 100 hectares... Premièrement, ce
n'est pas le même coût d'achat puis c'est ce qui fait que les néoagriculteurs
ne peuvent souvent pas commencer en agriculture. C'est qu'ils n'ont pas les
fonds pour acheter 50 hectares. Puis deuxièmement, le plus important,
c'est que leur utilité n'est pas là.
Donc, moi, je ne pense pas qu'il faut tout
balancer, mais il faut certainement éviter que toute une nouvelle génération
d'agriculteurs soit empêchée de travailler. Présentement, moi, je vous le dis, parce
que je suis sur le terrain puis je parle à beaucoup de gens, les mécanismes de
la CPTAQ empêchent, encore aujourd'hui, beaucoup trop de jeunes et de moins
jeunes à démarrer leur ferme sur les petites surfaces. Ça, c'est un fait, oui.
Mme Lecours (Les Plaines) : Puis
votre modèle d'affaire, il fonctionne. Vous le dites que c'est rentable.
C'est... non seulement ça répond à un besoin, c'est écologique, mais c'est
payant, c'est rentable. Je ne pense pas qu'avec vos droits d'auteur sur votre
livre que c'est rentable, je pense, c'est plus votre modèle d'affaires.
Écoutez, je veux vous amener aussi sur le fait
que, dans les propositions qu'on amène, il y a aussi la possibilité, justement,
de... et ça, là-dessus, je veux vous entendre. Selon vous, est-ce que ça va à
l'encontre, la possibilité de faire des activités autres, mais pour amener les
gens à bien apprivoiser le travail d'un agriculteur, la production qui fait...
donc d'amener les gens sur le terrain?
Moi, dans ma circonscription, il y a des groupes
d'élèves agriculteurs qui sont créés à chaque année. Ça se fait... C'est des
activités récréatives, c'est en milieu agricole. Donc, ce genre d'activités là,
que ce soit au niveau des jeunes mais que ce soit aussi, par
exemple, au niveau des familles, de pouvoir aller déguster des produits, et
tout ça, est-ce que c'est incohérent et est-ce que vous craigniez justement que
ce soit non seulement incompatible, mais qu'à un moment donné ça devienne plus important
que l'agriculture? Comment vous voyez ça?
M. Fortier (Jean-Martin) : Moi, je
ne vois pas ça comme un problème. Au contraire, moi, je pense que la clé de
l'agriculture de demain, c'est de créer de la proximité entre les citoyens et
les agriculteurs. Il y a beaucoup de détresse dans l'agriculture depuis
30 ans parce qu'il n'y a plus de contact entre les agriculteurs et les
gens qui consomment les produits.
Inversement, nous, ce qu'on fait... puis notre
réseau, c'est de l'agriculture de proximité, donc, nous, on va dans les marchés
fermiers, on rencontre les gens. Si les gens viennent à ma ferme puis ils
viennent chercher des légumes, ils viennent chercher des oeufs, si moi, j'ai
une cuisine de transformation puis je peux leur vendre des produits, moi, je ne
vois absolument aucun problème avec cet usage-là. Au contraire, ce qu'on fait,
c'est qu'on permet, on donne des outils pour
que les agriculteurs puissent eux-mêmes se développer pour que les fermes...
puis leurs fermes soient plus
viables. Donc, tu sais, les agriculteurs de demain, c'est des entrepreneurs, ce
n'est pas des opérateurs de machinerie.
Donc, je m'explique très mal pourquoi il y a une
si forte opposition à ces idées-là pour ce qui est de la transformation puis le développement de différents
secteurs au sein d'une même ferme. Je pense que la diversification des
opérations d'une ferme, c'est la force. Donc, je m'explique très mal pourquoi
il y a une opposition à ça, pour vous dire la vérité.
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci,
M. Fortier. Je vais... la parole à mon collègue, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Saint-Jérôme, il vous reste huit minutes.
M. Chassin :
Merci, Mme la Présidente. Merci, M. Fortier, de votre présentation, parce
qu'effectivement vous apportez une vision, là, qui est différente. Puis là, permettez,
c'est vraiment en tout respect, mais j'ai envie de vous traiter de magnifique
énergumène, là. Vous sortez des cadres actuels, puis, en termes
d'entrepreneuriat, en termes d'innovation, je trouve que votre histoire est
vraiment porteuse.
C'est exactement ce qu'on cherche à faire avec
le projet de loi actuellement sur la table, notamment par rapport au
morcellement. Là, l'idée étant qu'on cherche vraiment, puis les collègues, là,
des oppositions, là, aussi l'ont mentionné, on cherche vraiment la meilleure
façon d'arriver à ça. On a entendu l'UPA dire... puis ils proposent des moyens
de soutenir la relève agricole, notamment avec des baux de location, par
exemple, des locations à long terme de parcelles de terrain, mais vous, ce que
vous avez dit, dans votre présentation, c'est que le frein majeur, c'est
l'accès à la propriété de terrains de bonne dimension.
Donc, est-ce
que, pour vous, entre être locataire à long terme puis être propriétaire, il y
a une grande différence?
M. Fortier (Jean-Martin) : Je suis
très content que vous souligniez ça, parce qu'en effet, oui, il y a une énorme
différence. Je crois que les jeunes agriculteurs aspirent à devenir
propriétaires, comme les générations avant eux le faisaient. Je ne crois pas
qu'on devrait leur enlever cette aspiration-là. Au contraire, je crois que
l'idée de la location, elle est bonne avec des options d'achat, mais il faut
que tout ça soit vraiment bien mis en place pour qu'on ne crée pas un système féodal où les gens deviennent... sont en location par défaut, à cause qu'on a une
loi qui devrait protéger le monde agricole mais qui, en fait, va
protéger les propriétaires terriens en zone agricole. Il ne faut pas non plus
créer un monstre de l'autre côté, mais je peux vous dire que, pour n'importe
qui qui démarre un projet de ferme, l'idée d'être propriétaire de sa propre
ferme, surtout quand on travaille en agriculture biologique, on investit dans
les sols, on devient partenaires avec la
santé des sols, c'est quelque chose qu'on bâtit sur du long terme. Je connais
peu de gens qui veulent ménager leur
ferme, là, après cinq ou 10 ans. L'idée, c'est de se dire : On va se bâtir
ici puis on ne va avoir aucun héritage au bout de l'histoire. Ce n'est
pas très différent des agriculteurs qui ont commencé il y a 30 ans.
Puis si je peux me permettre une espèce de
vision un peu différente, c'est que ma lecture des choses... c'est qu'on a
cherché à développer un modèle agricole qui se développait en faisant des volumes.
Donc, la CPTAQ et le mandat qu'elle avait,
c'était de protéger les terres, mais aussi de les regrouper. Et beaucoup de
gens ont bâti des grandes entreprises agricoles, c'est super, c'est
parfait, mais, si on veut qu'il y ait une relève, il faut que ces grandes
fermes là puissent réduire, à la fin de leur cycle, pour que des jeunes
puissent rentrer en agriculture. Moi, je ne connais aucun jeune qui veut
acheter une entreprise agricole de 5 millions quand on a 20 ans...
25 ans et moins, puis on n'a pas encore fait nos preuves. Le taux
d'endettement que ça exige est trop...
Donc, tu sais, il faut comme un peu réimaginer
comment l'agriculture va faire son transfert d'un type de propriété à un autre.
Je ne sais pas si le projet de loi est parfait, je ne suis pas juriste puis je
n'ai pas assez d'expertise en politique pour
bien comprendre peut-être tous les dénouements, mais je peux vous confirmer
qu'il faut absolument qu'il y ait un changement qui se produit. Il ne
faut pas attendre plus longtemps.
• (16 h 40) •
M. Chassin :
Puis, en fait, en toute honnêteté, je pense qu'on n'est personne, là, des
experts de l'agriculture. Donc, dans le projet de loi, on cherche effectivement
à alléger les démarches administratives et à enlever des bâtons dans les roues
de différents projets, de différents modèles qui pourraient émerger, notamment
par rapport à la relève agricole, là. Mme la
ministre le mentionnait, mais on n'est pas nécessairement expert, on a été
chercher les suggestions du milieu puis on a intégré ça dans un projet
de loi. Et ce n'est qu'un premier projet de loi, c'est-à-dire que, s'il y a d'autres allègements qu'on peut faire dans un éventuel
deuxième projet de loi, on pourra toujours y revenir. Et si vous avez des
suggestions éventuelles, là, à cet égard, n'hésitez pas. Je pense qu'on sera
certainement preneurs.
Là, j'aimerais comprendre, parce que, dans le
fond, ne connaissant pas vraiment le milieu agricole, en tout cas, certainement
pas comme Mme la présidente, qui est députée de Huntingdon, où est située votre
Ferme des Quatre-Temps, il y a vraiment une
vision que vous défendez, une vision d'agriculture à l'échelle humaine,
écologique, durable. Je veux juste essayer
de comprendre. Quand on parle, par exemple, d'une superficie moyenne de
113 hectares pour les fermes, au Québec... puis là on s'est fait dire que,
d'ailleurs, c'était inférieur à la moyenne de bien d'autres provinces, mais
113 hectares, par rapport à un hectare, par exemple, pour La Grelinette,
je comprends que ce n'est pas du tout le modèle, là. Il y a... C'est quoi,
c'est la machinerie qui est présente, l'épandage, il y a peut-être d'autres techniques, etc. C'est ça que je comprends. La
différence de superficie modèle entre... transforme le modèle
d'affaires, on va dire ça comme ça.
M. Fortier (Jean-Martin) : Oui,
c'est juste puis c'est... quand on parle d'agriculture, tu sais, il y a souvent
plusieurs types d'élevage, tu sais, il y a tout ce qui est animalier, il y a
tout ce qui est céréalier, il y a tout ce qui est maraîcher. Il y a la culture
en serre aussi qui est très différente. Ce qu'on fait sur un hectare de serre,
évidemment, hein, c'est des chiffres d'affaires qui sont dans les millions,
comparativement à ce qu'on fait sur un hectare de maïs, soya, qui est... tu
sais, qui est des milliers de dollars.
Donc, aussi, il y a toute la question de
l'usage... le bon usage du territoire agricole, quel genre d'agriculture on
veut favoriser. Donc, moi, je prêche pour ma paroisse, évidemment, je suis
maraîcher. Je crois beaucoup à l'agriculture de proximité, je crois qu'elle est
en développement au Québec, je crois qu'elle a fait ses preuves. Je crois que
les gens dans les communautés ont vu l'impact que ça a quand des jeunes
démarrent des fermes, puis moi, ma mission, c'est de les aider à se développer.
Donc, vous comprenez que ma position, elle est très...
M. Chassin :
... claire, absolument.
M. Fortier (Jean-Martin) : ...très
blanc contre noir sur celle-là.
M. Chassin :
Puis quand vous parlez... très rapidement parce qu'il ne me reste pas beaucoup
de temps, mais la CPTAQ vous a donc donné
une autorisation spéciale. Est-ce que vous sentez de leur part une certaine
collaboration, mais qu'ils ont... ils sont un peu menottés par la législation
actuelle? Diriez-vous ça ou est-ce que vous avez l'impression qu'ils n'avaient
pas du tout, là, envie de collaborer avec vous?
M. Fortier (Jean-Martin) : Non, je
ne dirais pas ça, au contraire. Moi, les gens que j'ai rencontrés, de la CPTAQ,
dans les dernières années, je les sens très au parfum de ce qui se passe sur le
terrain. Je crois qu'en effet les mécanismes font en... tu sais, c'est sûr
qu'il y en a certains qui ne le sont pas. Malheureusement, ça, c'est un peu
tout le temps comme ça. Il y a la vieille garde puis il y a la nouvelle garde,
mais non, je crois que c'est les mécanismes qui font en sorte que c'est
difficile pour même les gens qui sont bienveillants puis qui veulent aider...
que ça ne permet pas nécessairement d'avancer.
M.
Chassin : Parfait. Bien,
c'est ça, notre rôle ici aujourd'hui avec ce projet de loi là. Merci beaucoup,
M. Fortier, c'était très instructif.
M. Fortier (Jean-Martin) : Avec
plaisir.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci
pour l'échange. Nous poursuivons, cette fois-ci, l'échange avec le député de
Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. En tout cas, vous m'avez donné le goût d'aller vous visiter. Donc,
c'est sûr, sûr, sûr que je vais venir vous voir.
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...
M. Derraji : Hein? Oui, oui,
sérieux, sérieux...
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...
M. Derraji : Bien, on va vous
aviser, Mme la Présidente. On va vous aviser. Heureusement, vous êtes
indépendante en présidant la commission. Je voulais vous le dire que c'est
votre comté, mais je vais le souligner quand même. Mais j'ai vraiment aimé
l'échange avec mon collègue le député de Saint-Jérôme et à écouter... Je vais
prendre quelques secondes pour vous remercier d'avoir quand même innové et
trouvé un moyen pour se démarquer dans ce monde que je qualifie de fou, parce
que c'est extrêmement difficile, naviguer à travers la réglementation, et les
règles, et la paperasse, et tout ce qui est réglementaire.
Vous avez soulevé pas
mal de points. J'aimerais bien vous entendre sur la CPTAQ. Je pense que vous
êtes le parfait exemple qui ait navigué dans le système. Si je vous demande
aujourd'hui, d'une manière très claire, résumer les
embûches sur lesquelles... que ce soit sur le projet de loi est en train de se
pencher, ou bien les choses que vous voyez que c'est nécessaire, qu'en tant que
députés on doit prendre le temps nécessaire pour revoir ces règles qui ne font
pas... qui ne font qu'empirer la situation de nos maraîchers au Québec et qui
nous empêchent d'avoir une agriculture humaine à votre image.
M. Fortier
(Jean-Martin) : Bien, je vais répondre, c'est très, très simple, je
n'ai pas besoin d'aller dans tous les détails, de toute manière, je ne les
connais pas, tous les rouages. Le classique, c'est qu'encore là je dis souvent
les jeunes, mais ce n'est pas uniquement des jeunes. Il y a beaucoup de gens
qui font une reconversion professionnelle, les gens veulent se démarrer un
projet. Ce qu'ils cherchent, c'est une ferme entre cinq et 10 hectares
qu'ils sont capables de cultiver moins et c'est impossible de trouver ça sur le
marché aujourd'hui.
Donc, le constat est
bien simple, c'est que, si c'est impossible à trouver, bien, ça va empêcher plusieurs
projets d'aboutir, ça va mettre des gens dans des situations précaires où ils
sont en location, où les infrastructures ne sont pas idéales pour eux, où c'est
très difficile d'avoir accès à des prêts, parce qu'on n'a pas de truc, on n'a
pas le bâtiment ou le fonds de terre qu'on peut mettre en garantie.
Donc, c'est vraiment
un cercle vicieux pour les gens qui veulent travailler sur des petites
surfaces. Le problème également, à mon avis, c'est qu'il y a aussi beaucoup
d'agriculteurs qui ont des immenses terres, des centaines d'hectares qui, pour
eux, d'en laisser partir deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, 10,
peu importe, pour eux, n'impacterait aucunement leur entreprise agricole, mais
pourrait permettre d'avoir une relève sur leur terrain, pourrait permettre de
redonner à la communauté agricole, pourrait permettre aussi de peut-être
rentabiliser une partie des investissements qu'ils ont à faire.
Ça fait que, quand on
parle de morcellement, on a tendance à voir ça de manière très négative, mais
ça peut être un levier très intéressant pour plusieurs agriculteurs qui
pourraient facilement se départir de 10 hectares. Puis entendons-nous, en autant que ces terres-là soient
protégées pour des usages agricoles, moi, je ne vois pas nécessairement
où est le problème.
M. Derraji :
Oui. Non, je... L'idée, elle est très claire. Donc, je vais revenir sur
l'aspect financier, parce que vous l'avez
mentionné, et je comprends que parfois c'est très difficile. Accompagner, ça
prend quand même des sous, et c'est là l'agilité de l'État,
d'accompagner des entrepreneurs comme vous. Mais je reviens à l'idée que je
trouve extrêmement intéressante, c'est le
morcellement avec des obligations d'opérations agricoles. Et, pour vous, une
solution très claire, avoir une relève agricole, changer le visage de
l'agriculture, avoir plus de maraîchers et avoir plus d'agriculture de
proximité et finalement parler d'une certaine autonomie alimentaire un peu
partout dans plusieurs régions, est-ce que j'ai bien résumé votre fond de
pensée?
M. Fortier (Jean-Martin) : Oui. Oui, puis c'est très facile de voir
comment... par deux exemples qui, pour moi, là, illustrent bien les changements, c'est ce qu'on a vécu au niveau des
fromages, tout ce qu'on a développé au Québec au niveau, là, d'avoir une belle offre de fromages artisanaux, de fromages
qui sont nés de compétences puis qui sont vraiment issus des terroirs,
donc qui ne sont pas industriels. Puis un exemple qui n'est pas en agriculture,
mais qui a fait... pour moi, qui exprime bien l'idée, c'est toutes les microbrasseries
au Québec, à quel point les microbrasseries dans toutes les régions créent de
l'emploi, créent une identité, une dynamique communautaire de village, de
petite ville.
Les petites fermes
jouent ce rôle-là présentement, mais ils ont des bâtons dans les roues. Puis,
en plus, la CPTAQ devrait être là pour les accompagner, eux, parce que c'est
aussi à eux de bénéficier du fait qu'on protège l'usage agricole. Ça, c'est une
bonne idée en soi.
• (16 h 50) •
M.
Derraji : Donc, ce que vous proposez, c'est carrément une révolution
au niveau de la mission de la CPTAQ. Parce que, ce matin, je dois vous
avouer que j'ai posé moi-même une question à l'UPA, je leur dis : Écoutez,
est-ce que ce n'est pas le moment, du moment
qu'on ouvre la loi, de parler des modifications supplémentaires qu'on
devrait mettre en place pour améliorer les activités du CPTAQ? Mais vous,
aujourd'hui, votre passage en commission, le projet de loi règle quelque chose,
mais ce que vous êtes en train de nous dire : Élus, si vous pouvez revoir
la mission de la CPTAQ, vous allez rendre un énorme service à des jeunes comme
moi qui veulent se lancer en affaires, mais tout en préservant nos terres
agricoles. Est-ce que c'est ce qu'on doit comprendre?
M. Fortier
(Jean-Martin) : Oui, tout à fait.
M. Derraji :
O.K. Combien il me reste encore, Mme la Présidente? Cinq minutes, O.K. Je vais
revenir aux autres activités qu'on peut avoir sur les terres agricoles. Vous,
vous avez créé un modèle d'affaires, j'imagine, qui est rentable. La
rentabilité... Ça fait combien de temps que vous êtes en affaires?
M. Fortier
(Jean-Martin) : Depuis 2004, donc ça va faire 18 ans.
M. Derraji :
O.K. Bravo! Parce qu'on sait c'est quoi, la survie des entreprises hors agriculture,
entre deux, trois ans. Parfois, si on dépasse cinq ans, on est chanceux. Donc,
mes félicitations, 14 ans. Votre projet est devenu rentable au bout de
combien de temps, au bout de combien d'années?
M. Fortier (Jean-Martin) :
Nous, quand on a démarré notre projet, en 2004, on a eu une rentabilité à la
troisième année d'opération, ce qui nous avait valu, à l'époque, d'être
finalistes pour un concours que la MAPAQ orchestrait, à l'époque, sur la relève agricole.
Et les ratios derrière notre modèle étaient tellement supérieurs à tous
les autres qu'ils nous ont octroyé ce
prix-là même si la surface cultivée était moins d'un hectare et même si le
chiffre d'affaires, à l'époque, était
plus autour de 100 000 $ à l'hectare. Aujourd'hui, comme je vous
disais, là, on est à plus que 200 000 $.
Donc, c'est
un exemple parmi d'autres de faire autrement. Mais, tu sais,
la transformation, la vente de produits à la ferme, tu sais, pour moi,
ça, c'est des choses qui renforcent le terroir. Puis je crois qu'il faut vraiment
s'ouvrir puis réaliser qu'il y a autre chose que du maïs grain à faire en
campagne.
M. Derraji : Mais non, vous
avez raison. Vous avez raison, et je vous appuie à 100 %. Combien
d'employés sur votre ferme?
M. Fortier (Jean-Martin) : Aux
Jardins de la grelinette, on est quatre qui travaillent durant huit mois sur un
hectare, puis à Hemmingford, à La Ferme des
Quatre-Temps, on est 26. Mais il faut dire qu'à la ferme de Hemmingford
il n'y a pas juste des légumes, il y a aussi une cuisine de transformation, il
y a aussi des cochons qui sont en forêt, on a 500 poules pondeuses, on a
aussi 70 vaches, veaux. Donc, c'est une ferme qui est complète au niveau
des cycles, c'est un modèle agricole qui est différent puis, encore là, qui, je
crois, moi, est celui de demain. Ce modèle-là est uniquement possible, parce
que nous, on a une marque qui s'appelle La Ferme des Quatre-Temps, duquel nous,
on vend directement nos produits à des gens qui veulent encourager un modèle
agricole comme le nôtre. Donc, on est en circuit court.
M. Derraji : Vous êtes en
contact, sûrement, avec deux, trois personnes. Et aujourd'hui les collègues de
la partie gouvernementale commencent un pas dans la bonne direction de
l'allègement réglementaire. À part ce que vous
avez sur la table, à part que vous... je ne veux pas dire critiquez, mais vous
proposez qu'on revoie la CPTAQ, quel autre
outil aimeriez-vous voir à part le morcellement avec des obligations
d'opérations agricoles? Quel autre outil aimeriez avoir pour pouvoir, je
dirais, donner la possibilité à des gens comme vous à se lancer en affaires au Québec?
M. Fortier
(Jean-Martin) : Merci de
poser la question. En parallèle, moi, ce que je vois, c'est que le
système de quota, présentement, c'est la même dynamique. Le système de quota
permet seulement les grosses unités de production. Il faut revoir ça pour que,
si quelqu'un veut s'acheter...
M. Derraji : Est-ce que vous
voulez juste être beaucoup plus précis sur les quotas? Dans quels secteurs...
est-ce qu'on parle du lait? On parle...
M. Fortier (Jean-Martin) : Oui,
le lait, les poules. Il faut juste... Il ne faut pas nécessairement tout
changer. Il faut juste permettre d'avoir des plus petites fermes avec des plus
petites unités de production, qui sont basées sur un autre ratio, sur un autre
modèle économique. Donc, moi, je vous disais qu'à la Ferme des Quatre-Temps, on
a 500 poules pondeuses, donc on a dû acheter un quota. On a
400 quotas pour faire ça, puis le prix du quota ne justifie pas le coût d'opération.
Donc, on le fait pour démontrer que c'est
possible puis que c'est une bonne idée, parce qu'on... si on ôte le quota du
modèle, on est capable de démontrer la rentabilité. Mais vous m'avez... la question,
je vous réponds. Je ne pense pas qu'aujourd'hui je veux rentrer là-dedans. Je
ne suis pas préparé pour répondre à des questions sur les quotas, mais c'est la même logique, tu sais. Il
faut juste revoir le système pour protéger les agriculteurs tout en
permettant à une nouvelle agriculture de pouvoir pénétrer puis de faire sa
place. C'est la même logique qu'avec la CPTAQ.
M. Derraji : Oui. Bien, c'est
clairement que vous ouvrez la porte à une très bonne discussion. J'en suis sûr
et certain que je vais venir vous voir, et votre modèle m'intéresse. Et ce que
je vous pose comme question par rapport aux quotas, c'est justement pour faire
le 360, si on veut vraiment aider ce modèle d'affaires. Comme je vous ai
mentionné au début, c'est un pas dans la bonne direction d'agir au niveau de la
paperasse. Mais, si aujourd'hui, on veut vous offrir un bon package, il y a la
CPTAQ qu'il faut revoir un peu la mission et il y a aussi l'histoire des
quotas, si on veut avoir ce que vous êtes en train de faire. Parce que, vous,
vous êtes un cas unique, sinon votre livre ne serait pas un best-seller, il ne
serait pas traduit en plusieurs langues.
Donc, la chance qu'on a, c'est avoir un expert
dans le domaine devant nous. Mon but, c'est vraiment comprendre votre business.
Je tiens vraiment à vous remercier. C'est toujours intéressant, voir un
entrepreneur qui, malgré les règles, il essaie toujours de travailler avec les
règles et avec les normes, qui sont parfois très complexes, qui ne sont pas
adaptées à la nouvelle réalité. Mais je tiens vraiment à vous remercier. Mais
ma promesse, elle est là, je vais venir vous voir très prochainement. Merci
beaucoup pour votre passage en commission.
M. Fortier (Jean-Martin) : Merci.
Vous êtes le bienvenu.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons cette fois-ci avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup d'être avec nous, M. Fortier. C'est vraiment
intéressant, ce que vous amenez comme discussion aujourd'hui. Et puis vous êtes
un cas unique, mais c'est vrai que, de plus en plus, les jeunes entrepreneurs
dans le secteur agricole veulent sortir du modèle traditionnel. J'en ai
plusieurs modèles, justement, dans ma circonscription, même un projet d'école
de permaculture aussi qui est en train de se travailler,
là, chez nous. Alors, il y a vraiment un engouement, puis c'est vrai qu'il faut
améliorer le plus possible, là, les pratiques et la réglementation.
Je pense que votre demande a été très claire
concernant le morcellement puis je pense que vous seriez aussi ouvert à ce que ce soit clair, quels critères, au
sein de la loi, là, pour pouvoir morceler, donc qu'on garde les
opérations dans le secteur agricole, ce genre de... Donc, ça, ça pourrait être quelque
chose qui se propose en amendement.
Mais je voudrais peut-être vous entendre sur
d'autres... par exemple, le sujet de la transformation, à savoir si, pour vous, il y a des embûches, au niveau de la réglementation, pour opérer d'autres activités, d'autres secteurs
agroalimentaires, par exemple, au sein de votre propriété. Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus là-dessus?
M. Fortier (Jean-Martin) : Oui, mais
je peux vous en dire un peu plus, mais, tu sais, je me suis vraiment spécialisé dans le maraîchage, donc je suis au
parfum des problèmes. C'est souvent avec les permis, la réglementation
qui est compliquée ou qui est difficile à obtenir, qui n'est pas impossible, par
contre... contrairement au problème de morcellement où le constat, c'est que
c'est vraiment impossible de récupérer des petites surfaces. Nous, c'était une
exception, ici, à la Grelinette, là, c'était avant que la loi de 1978
de la CPTAQ soit mise en place. Ça fait que ce terrain-là avait déjà été
morcelé.
Mais je pense que mon message, c'est de dire que
tout ce qu'on peut favoriser pour aider une relève à faire de la
transformation, de la vente de produits à la ferme, moi, je pense qu'il faut
renforcer ce modèle-là. Puis je crois, si je comprends bien, là, vous semblez
tous être d'accord sur l'idée qu'il faut peut-être éliminer des barrières, il
faut éliminer des procédures qui peuvent être encombrantes. Il y en a beaucoup,
pour vous dire la vérité, là, au niveau même
du MAPAQ puis de tous les organismes qu'on a créés. C'est très difficile pour
moi aujourd'hui, là, de vous dire exactement lesquels qui
sont inefficaces, mais, de manière générale, je crois qu'il faut ouvrir le
modèle puis... voilà.
• (17 heures) •
Mme Perry Mélançon : Est-ce que j'ai
le temps, Mme la Présidente? Bien, est-ce que, selon vous, M. Fortier, il y a suffisamment de
concertation pour aider le gouvernement à améliorer ses pratiques, la
réglementation ou même juste pour votre secteur? Est-ce que, dans le milieu
agricole, la concertation est favorable présentement?
M. Fortier (Jean-Martin) :
Bien, je vais vous dire la vérité, je ne pensais vraiment pas aller là
aujourd'hui, puis ce n'était pas mon intention, mais, quand je vois que le
syndicat a pris cette position-là aujourd'hui, moi, ça me concerne beaucoup,
parce que je le sais que ce n'est pas la réalité sur le terrain. Je sais que la
nouvelle réalité agricole, c'est de vouloir... de permettre à des jeunes
d'aller sur des plus petites surfaces.
Donc, je crois qu'il y a beaucoup, oui, de
discussion, de concertation, mais le fait d'avoir peut-être une voix unique qui
nous représente et qui, en fait, ne nous représente pas tous, moi, je suis
comme... aujourd'hui, je trouve ça très décevant, là, comme prise de position,
pour dire la vérité. Je trouve que ça envoie un mauvais signal parce que ça ne reflète
pas la pluralité des opérations agricoles au Québec.
Mme Perry Mélançon : Je vous
remercie beaucoup pour ces éclaircissements.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci, M. Fortier, pour, effectivement, votre contribution
toutefois précieuse, oui, pour les travaux de la commission. Et je pense que
vous allez avoir de la visite, alors je vous invite à bien vous préparer.
Merci.
M. Fortier
(Jean-Martin) : Vous êtes
tous les bienvenus. Merci beaucoup. Au revoir. Merci pour votre travail.
M. Derraji : C'est sûr, c'est
ma promesse, Mme la Présidente, je vais vous aviser.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah oui! au moins, au moins.
M. Derraji : Je ne suis pas le
genre qui débarque dans les comtés sans aviser, hein?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, merci, M. Fortier, pour votre précieuse collaboration.
Bonne fin de journée.
(Suspension de la séance à 17 h 02)
(Reprise à 17 h 15)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous accueillons maintenant l'organisme Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! Nous avons avec nous M.
Lapointe et M. St-Hilaire. Alors, je vous invite à bien vous présenter
et ensuite à commencer votre exposé.
Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!
M. Lapointe (Ugo) :
Bien, merci, Mme la Présidente, membres de la commission, ministre déléguée à
l'Économie et au Travail. Je me présente, Ugo Lapointe, je suis cofondateur et
co-porte-parole de la Coalition Pour que le Québec ait
meilleure mine! et je suis également coordonnateur national à Mining Watch
Canada. Je vous parle aujourd'hui de
Gatineau. J'ai avec moi, qui m'accompagne ce soir, M. Louis St-Hilaire, porte-parole du
Regroupement pour la protection des lacs de la Petite-Nation, dans la MRC de Papineau,
dans la région de l'Outaouais, qui est un peu à cheval aussi avec les
Laurentides, limitrophe, là, des Laurentides.
Donc, merci de nous accueillir, merci de nous
avoir invités à cette commission. On a reçu l'invitation tardivement, donc on
n'a pas de mémoire complété qu'on a pu vous transmettre d'avance. Cela dit, je
pense que nos commentaires vont être assez simples et concis. Nous avons révisé
le projet de loi n° 103, particulièrement en ce qui a trait à la Loi sur les mines du Québec. Donc, il
y a plusieurs articles du projet de loi qui touchent la Loi sur les
mines. Il y en a une quarantaine, d'articles, là, grosso modo, là. Je crois que
ça commence à l'article 22 jusqu'à l'article 65 du projet de loi.
Essentiellement, notre propos, notre message principal pour vous, c'est que ce
n'est pas tant ce qui est dans le projet de loi n° 103 qui nous semble
problématique concernant la Loi sur les mines, c'est ce qui est absent du projet
de loi n° 103 qui nous préoccupe, et je m'explique.
Ça fait maintenant près de deux ans, sinon trois
ans, qu'il y a une forte mobilisation citoyenne et des municipalités, dans
plusieurs régions du Québec, et qui demande au ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles, M. Julien, et au gouvernement actuel de revoir
certaines dispositions de la Loi sur les mines et également les orientations
gouvernementales pour la désignation des territoires incompatibles à l'activité
minière afin de mieux protéger les milieux sensibles tels que des milieux touristiques,
des milieux de villégiature, des lacs, des rivières, des sources d'eau potable, des parcs régionaux, des
eskers, j'en passe, à cause du problème que posent les claims miniers, l'acquisition des claims miniers, et du peu
d'encadrement qui existe actuellement au niveau des travaux
d'exploration minière et des étapes qui s'ensuivent.
Il y a eu plusieurs rencontres avec le
gouvernement du Québec, avec le ministre, différents ministres au cours des deux, trois dernières années, que ce soit de
la part de notre coalition ou des élus municipaux avec lesquels on
travaille un peu partout au Québec, où on a réitéré ces demandes-là. On a
proposé une feuille de route avec des solutions, notamment des articles précis
de la Loi sur les mines qui sont visés, qui pourraient faire partie d'un
bouquet, là, de solutions pour régler ces problèmes d'harmonisation des usages
du territoire entre les activités minières et le schéma d'aménagement des municipalités,
notamment. Mais, jusqu'à ce jour, on n'a toujours pas reçu de réponse positive
pour prendre action sur ces solutions.
Donc, on nous a dit, en janvier 2020... on a
fait des déclarations publiques à l'effet que, oui, on procéderait à la modification
de la Loi sur les mines, notamment pour répondre aux demandes des municipalités
et des citoyens à cet effet-là. On nous a signalé, encore une fois dans les
médias, au début du mois d'octobre 2021, qu'il y aurait effectivement une modernisation
des articles de la Loi sur les mines suite à des mobilisations de municipalités,
encore une fois, à cet effet-là, mais on se retrouve aujourd'hui avec des propositions
qui ne touchent pas du tout, en fait, ce que
les citoyens des municipalités ont demandé ces dernières années. Et donc on se
pose la question
aujourd'hui : Est-ce que ce qui est proposé actuellement dans le projet de
loi n° 103... est-ce que c'est ça, la modernisation
ou les ajustements que le ministre proposait depuis janvier 2020, ou est-ce
qu'il y a d'autres étapes à suivre, ce qu'on souhaite vivement, là, ce qu'on
espère, et ce qui est dans le projet de loi n° 103
présentement ne s'arrêtera pas, dans le fond, au niveau des mesures de
modernisation que le ministre s'est engagé à faire en janvier 2020 et réitérer
au début du mois d'octobre 2021?
Lors de l'entretien qu'on aura par la suite,
nous serons heureux de détailler avec vous quels sont les problèmes actuels de
la Loi sur les mines et des orientations gouvernementales sur les territoires
incompatibles à l'activité minière, de même que les solutions proposées et les
articles de loi qui pourraient être modifiés pour régler la situation. Mon
collègue aussi, Louis St-Hilaire qui est avec moi aujourd'hui, pourra parler de
son expérience terrain à la MRC de Papineau, avec présentement près de 24, 25
municipalités qui ont passé des résolutions qui vont dans le sens des propos que nous tenons ce soir. Et cette MRC là n'est
pas seule, il y a d'autres MRC, dans les régions de l'Estrie, des
Laurentides, qui se sont manifestées aussi, ces dernières années, dans la même
direction.
Voilà. Je vais m'en tenir à ça. C'est la note
d'introduction. Puis je vais vous laisser poser vos questions, et ça va nous
faire plaisir aussi de... suite à notre entretien ce soir, là, à vous faire
parvenir un mémoire plus détaillé. Et donc, ne vous gênez pas, dites-nous dans
quel axe, quel angle, là, ça pourrait être le plus utile. Rendu à cette
étape-ci, on veut se rendre le plus efficace pour vous, là, pour votre travail.
Donc, merci de votre attention.
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Effectivement, merci, M. Lapointe. Alors, nous allons commencer la
période d'échange avec Mme la ministre.
Mme
Lecours (Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, tout
d'abord, M. St-Hilaire, M. Lapointe,
bienvenue à cette commission parlementaire sur le projet de loi n° 103.
Pour faire un petit historique... oui, effectivement,
peut-être que vous l'avez eu tardivement. Pour faire un petit historique du
dépôt de ce projet de loi là, vous savez qu'en décembre dernier mon collègue
ici présent a déposé un plan d'action en allègement réglementaire et
administratif, un plan d'action ambitieux qui touche l'ensemble de tous les
ministères et organismes du gouvernement du Québec. Et, avec l'urgence que nous
vivons à cause de la pandémie, on va ressortir le mot encore, à cause de
l'urgence de la pandémie, de la relance économique, au cours de l'été dernier,
on a lancé un appel à l'ensemble de nos collègues, justement, pour avoir des
allègements possibles, que ce soit administratif, que ce soit réglementaire,
avoir des allègements possibles à déposer pour stimuler l'économie, pour
relancer l'économie. Donc, l'ensemble des ministères ont eu cet appel-là.
Certains nous ont répondu parce qu'ils sont dans des processus, mais ce qui
pouvait être fait de façon rapide, ils nous les ont envoyés. Donc, ça fait en sorte qu'on a un certain nombre de mesures qui touchent un
certain nombre de domaines, vous l'avez bien lu dans le projet de loi. Donc, ça
explique un peu peut-être l'historique, que vous aviez fort probablement, mais
que je tenais quand même à préciser.
Cela dit, l'exercice qu'on a donc aujourd'hui,
qui est un omnibus, donc un projet de loi qui accueille les irritants que nous
pourrions ensemble régler d'une façon quand même assez rapide, est important,
est important pour la relance de l'économie. Dans le secteur particulier qui
vous occupe, est-ce que, parmi vos membres, il a été porté à votre attention
des enjeux, justement, liés au fardeau administratif?
M. Lapointe (Ugo) :
Merci, Mme la ministre déléguée. Vous m'entendez bien?
Mme Lecours (Les Plaines) : Oui, je
vous entends.
M. Lapointe (Ugo) : O.K. Donc, en révisant les différentes propositions du projet
de loi n° 103 sur... pour alléger, justement, le
fardeau administratif, en toute honnêteté, là, ce qui est proposé, là, beaucoup
des mesures qui sont proposées actuellement, là, c'est des mesures de
concordance, remettre un peu au goût du jour des articles de loi qui n'ont plus
lieu d'être. Par exemple, le jalonnement, là, sur le terrain, ça ne se fait
plus. Moi-même, qui vient du secteur minier, originellement en exploration
minière, il y a maintenant 25 ans, je claimais mes premiers claims avec
les arbres, les vieux poteaux. Là, ça ne fait plus comme ça. C'est du «click
and claim», c'est sur Internet. Donc, beaucoup des mesures qui sont proposées
dans le projet de loi, c'est des mesures de concordance pour éliminer cet archétype, ces trucs un peu vieillots, là, dans le
fond. Donc, ça, il n'y a pas de souci à ce niveau-là. Pour les autres
articles, il y a quelques articles qui peuvent susciter certaines questions,
mais, encore là, ce n'est pas très, très majeur.
Cela dit, je
vais quand même en souligner quelques-uns qui préoccupaient certains de nos
membres, par exemple, le retrait du permis de prospection,
l'article 20 du projet de loi. Ici, plusieurs de nos membres se posent la
question : Est-ce qu'on ne rate pas une occasion de garder un outil que
l'État possédait, qui était celui de demander, dans le fond, un permis pour le
prospecteur avant que le prospecteur ou l'entreprise, si on veut, débarque sur
le terrain?
Actuellement, il faut qu'elle ait un permis de
prospection, O.K.? Ce permis-là, il est assez minimaliste dans les conditions
qu'on doit donner pour l'obtenir, mais, en Ontario, par exemple, notre voisine
utilise cet outil-là pour exiger une formation des prospecteurs, notamment en
ce qui concerne les enjeux d'acceptabilité sociale, mais surtout les enjeux du
respect des droits des Premières Nations, donc des peuples autochtones : informations,
consultations... obligations, informations, consultations, accommodements,
obligations constitutionnelles. Donc, l'Ontario a fait le choix de garder cet
outil-là puis de l'utiliser pour exiger des formations de ceux qui sont dans
l'industrie, parce qu'on sait que... C'est
ça, l'enjeu, là, puis on va le voir avec M. St-Hilaire, là, il y a des
enjeux d'acceptabilité sociale lorsque des claims miniers sont acquis
dans certains secteurs sensibles et lorsque les entrepreneurs débarquent
sans... Il y a souvent des enjeux avec les citoyens, les populations locales.
Donc, ça, voilà un premier enjeu qu'on soulève.
Deuxième enjeu, l'article 48 du projet de
loi, bon, on parle de prolonger la première période de validité du claim miner
à trois ans. Actuellement, la période de validité du claim minier est de
deux ans. Donc là, on vient donner... dans le fond, on vient alléger le
fardeau pour l'entreprise. Elle n'a pas besoin de renouveler son premier
renouvellement avant trois ans, alors qu'elle devait le faire en deux ans. Bon,
en soi, ce n'est pas majeur comme changement.
Cela dit, normalement, avant qu'une entreprise renouvelle son claim minier
après deux ans, elle doit faire des paiements, elle a des conditions de
paiement minimum à faire en travaux d'exploration minière, et là on ne vient
pas ajuster cette cédule des paiements. Donc, ça, ça préoccupe certains de nos
membres qui auraient souhaité que la cédule des paiements soit aussi ajustée en
conséquence du prolongement.
Les deux derniers que je vais dire rapidement,
c'est l'article 49 du projet de loi et l'article 53 du projet de loi.
L'article 49, l'État envoie l'avis au propriétaire de surface. Dans la loi
actuelle, lorsqu'un entrepreneur acquiert un claim minier par le système du
«click and claim» en ligne, il est responsable, l'entrepreneur minier,
d'envoyer un avis d'information au propriétaire de surface. Vous, vous êtes
propriétaire d'une maison, vous êtes propriétaire d'un chalet. Vous avez une
terre. Quelqu'un peut claimer en dessous de chez vous, en dessous de votre propriété,
mais maintenant la loi, actuellement, au moment où on se parle, exige que celui
qui claime, celui ou celle qui claime, doit vous envoyer un avis.
Maintenant,
dans le projet de loi, on vient proposer que ce fardeau-là n'est plus
mis sur le dos de l'entrepreneur, mais
bien sur celui du ministère, qui doit procéder avec cet avis. Bon, au final,
pour nous, ce qui est important, c'est que le citoyen, que la
municipalité soit informée. Que le ministère décide de prendre ce fardeau-là,
soit, c'est peut-être même mieux, surtout,
avec un registre, le ministère a plus d'accès à plus d'informations au niveau
des terres du public.
Et le dernier article qui a suscité le plus de
réactions ou de commentaires chez nos membres, c'était l'article 53,
agrandissement du bail minier, donc une possibilité d'agrandir le bail minier,
la surface du bail minier. Et là je vous
avoue que, ce soir, on a plus de questionnements sur cette modification-là. Une
des préoccupations qui a été soulevée, c'est : Est-ce qu'en faisant
cela on va permettre, dans le fond, à des projets de s'agrandir sans qu'il y
ait les évaluations environnementales
nécessaires, sans qu'il y ait les consultations publiques nécessaires, qui sont
présentement exigées pour la plupart des
projets miniers, là, mais pas tous, mais la plupart avec le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement dans le
sud du Québec, et avec les instances, là, cries et inuites, là, dans les
territoires conventionnés?
Donc, voilà pour ce qui concerne le projet de
loi, et les préoccupations, et les questions de nos membres.
Mme Lecours (Les Plaines) : O.K.
Vous avez dit, d'entrée de jeu, que c'est... je vous cite à peu près, là, que
ce n'est pas tant ce qu'il y a dans le projet de loi que ce qu'il n'y a pas
dedans. Donc, avec ce qu'il y a dans le projet de loi, soulevant certaines de vos questions, on
parle de modernisation. Donc, ça, je pense que vous êtes d'accord à ce
qu'on modernise parce qu'il faut moderniser avant de passer à autre chose. Vous
êtes d'accord avec moi là-dessus?
• (17 h 30) •
M. Lapointe (Ugo) :
Absolument. Et là ce qui est le problème, par contre, c'est qu'on vient de
faire toute une série de mesures qui
facilitent l'entrepreneur minier pour accéder au territoire, claimer le
territoire, mais là il n'y a aucune
mesure pour les citoyens, les municipalités, comme je viens de le dire, là, qui
demandent depuis deux, trois ans au
ministre Julien et à votre gouvernement d'agir aussi dans ce sens-là, parce
qu'on a des très grandes préoccupations, ne serait-ce que le plan du
gouvernement de soutenir la filière des minéraux critiques et stratégiques,
d'accroître l'accès au territoire pour
valoriser ces ressources... minéraux critiques et stratégiques, notamment pour
l'électrification des transports. Je pense qu'en général on ne peut pas
nécessairement être contre l'idée qu'on veut faire ça au Québec. Ça va, mais il faut le faire de façon
intelligente. Et là actuellement on a des problèmes, notamment dans le
sud du Québec, l'Outaouais, les Laurentides, l'Estrie, Lanaudière, mais aussi
dans certaines régions du Nord-du-Québec avec le lithium près d'eskers d'eau
potable qui sont sensibles.
Donc, ce que je veux dire, c'est qu'il faut...
notre coalition a dit qu'il faut baliser les activités minières de façon plus
intelligente. Il faut donner des outils aux municipalités pour mieux harmoniser
ces activités, là, avec les autres économies déjà en place. Et il faut aussi
outiller le ministre et le gouvernement avec des outils qu'il n'a pas
actuellement pour gérer les conflits d'usage du territoire. Et nous, ce qu'on
craint, c'est que le backlash que ça pourrait créer, c'est que, dans le fond,
on veut favoriser le développement d'une filière des mines aux batteries, oui, mais là il va y avoir un enjeu d'acceptabilité
sociale. Il y a déjà un enjeu d'acceptabilité sociale dans certaines
régions et on risque d'avoir un «backlash»,
là, de la part de dizaines de municipalités, si on n'agit pas. Donc, peut-être,
là-dessus, j'inviterais mon collègue Louis St-Hilaire à ajouter des
commentaires.
M. St-Hilaire (Louis) : On m'entend
bien?
Une voix : Oui.
M. St-Hilaire (Louis) : Merci.
Alors, bien, ce que je dirais dans un premier temps, pour faire le lien, c'est
que, bon, vous parlez de modernisation. On ne peut pas être, évidemment, contre
ça, mais il faut aussi mettre ça dans le contexte, puis Ugo l'a abordé, d'une
transformation majeure qui est en train de se passer, comme il en arrive
généralement... au point de vue économique, ça n'arrive pas souvent dans un
siècle, des transformations comme ce qu'on est en train de vivre et ce qu'on va
vivre. Et là je parle, évidemment, de la transformation, là... où on va passer d'une période où, ce qui prédomine, c'est
l'extraction du pétrole, puis on s'en va à grande vitesse dans ce qui
s'appelle l'extraction des minéraux, et ce qui fait que le Québec, qui est très
riche en minéraux, qui a déjà une activité économique importante dans le domaine
minier vise et travaille fort pour devenir un joueur majeur là-dedans.
Alors, dans ce contexte-là, il faut être assez
prudent, parce que cette transformation-là, ce n'est pas petit. C'est
l'ensemble de tout ce qui s'appelle l'extraction qui va se déplacer vers les
minéraux avec les années. Alors, oui à une modernisation, mais il faut faire
attention, lorsqu'on favorise l'industrie dans un contexte comme ça. Il faut
être très prudent.
Ici, nous, on est... Ugo disait qu'on était...
on est de la région de Papineau, alors nous, on le vit, ça, là, déjà. On le vit et surtout on le découvre. Ce n'est pas
quelque chose qui... les gens du sud du Québec n'étaient pas conscients
de ça, ils sont en train de le découvrir et ils sont... Et quand je dis
découvrir, je ne parle pas juste de voir une carte de claims, là, qui arrive, là. Je parle de voir, dans le sud du Québec, des
cartes d'implantation. On est rendu à des niveaux où les compagnies
minières commencent à déposer des cartes d'implantation, avec tout ce que
serait le complexe minier. Et ça se passe dans des régions où il n'y en a
jamais eu et aussi dans des régions qui ont d'autres usages, un autre type
d'économie.
Alors, on assiste actuellement vraiment à un
clash, on le voit ici, ça se manifeste. Une bonne source pour le voir, ça se passe entre autres dans des élections
municipales qui sont en cours, où on voit des petites municipalités où
ça devient le débat principal dans le cadre d'une élection. Et les gens qui
nous parlent, qui ont décidé de s'impliquer dans ces élections-là nous disent
que, quand ils cognent aux portes, bien, c'est neuf personnes sur 10 qui ont
des très, très, très grosses réserves avec ces projets-là dans leur milieu.
Alors, et c'est nous... puis, pour faire un
résumé très rapide, bien, on a au regroupement, ici, une position quant à ça
qui a été adoptée, qui est supportée par les 24 municipalités de la MRC de
Papineau et aussi un grand nombre d'organismes importants, là, qui ont des
très, très grandes réserves. Même la MRC a déposé un mémoire à la commission de
l'environnement, sur une réforme des TIAM et ils ont l'appui de la chambre de
commerce pour ça. Alors, oui, une modernisation, mais dans un contexte où
l'industrie minière est appelée à se développer énormément et dans des endroits
où ils n'étaient pas auparavant.
Mme Lecours (Les Plaines) : Donc, on
s'entend bien que la loi actuelle, c'est les dispositions de l'omnibus, a besoin de modernisation. Passons à la modernisation. On est d'accord aussi sur le fait, si on l'a mis dans le projet de loi, qu'il était justement pour
stimuler l'économie. On veut justement des milieux dynamiques. Ça fait aussi partie... vous le voyez, les mines, c'est une
richesse que nous avons. Tout ce qui est minier, c'est une richesse que
nous avons et qu'il faut aller de l'avant.
Et ce que je vous entends dire aussi, c'est qu'il faut le faire de façon
respectueuse, respectueuse de l'environnement.
Aucunement, dans le projet de loi, il n'y a aussi le fait qu'on veut retirer quelque
droit que ce soit aux citoyens, quelque droit que ce soit en matière d'environnement.
Tout va se faire dans le respect. Je vous entends là-dessus.
Est-ce que vous avez
des... J'aimerais vous amener là-dessus. Est-ce que vous avez une façon de
relancer, justement, des... pensez-vous à d'autres mesures qui pourraient
contribuer, justement, à relancer l'économie via ce secteur d'activité là?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Mais
brièvement parce qu'il reste à peine... Il ne reste pas une minute. Alors, brièvement.
Nous ne vous entendons pas.
M. Lapointe (Ugo) :
Est-ce qu'il reste une minute pour répondre?
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, même moins qu'une minute pour répondre. Allez-y, il reste
40 secondes.
M. Lapointe (Ugo) :
Écoutez, je ne suis pas sûr que vous nous entendez bien. Ce qu'on essaie de
vous dire, c'est que pour relancer
l'économie, s'il n'y a pas des mesures d'harmonisation des activités minières
avec les autres usages du territoire, la relance va frapper un mur, là.
C'est ça qu'on est en train de vous dire, dans plusieurs régions du Québec,
actuellement.
Donc, il manque des mesures d'harmonisation des
activités minières avec les autres économies locales déjà en place dans plusieurs MRC du Québec. On a des
solutions à vous proposer, elles pourraient faire partie de ce projet de
loi là ou... à moins que vous avez l'intention, comme gouvernement, d'en
déposer un autre, là, très prochainement, là, mais il faut s'attaquer à ces problèmes-là.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
tout le temps que nous disposons. Nous poursuivons maintenant avec le député de
Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre exposé. Et je tiens à réitérer que... prenez votre
temps pour nous envoyer vos commentaires. Ne prenez pas le temps à détailler un
rapport, soyez plus directs, parce que vous avez soulevé pas mal, pas mal de
points. Et vous avez piqué ma curiosité parce que j'avais noté les claims comme
point d'échange avec vous.
Vous avez mis sur la table beaucoup de questions,
ayant moi-même un intérêt par rapport aux minerais stratégiques, que je suis
depuis le début. Première question : Pensez-vous qu'on est en train, au Québec,
de donner un passe-droit pour l'exploitation des minerais stratégiques?
M. Lapointe (Ugo) :
Pour répondre simplement, oui, c'est ce qu'on craint. Et à vouloir s'entêter à
ne pas voir les problèmes d'acceptabilité sociale que ça suscite dans plusieurs
MRC, ça risque de nuire, à court et à moyen terme,
à la lancée de cette nouvelle économie du Québec là, que je pense qu'on souhaite tous, mais actuellement il manque des outils pour bien la baliser, cette nouvelle économie
là, surtout dans des régions non traditionnellement minières, mais même dans
des régions minières, actuellement, ça cause problème.
• (17 h 40) •
M. Derraji : Est-ce
que vous avez des exemples?
Votre collègue parlait beaucoup du sud, parlait de l'Outaouais, parlait de
pas mal de régions que j'ai notées, mais il était très rapide dans la façon
avec laquelle il ramenait des exemples.
Pouvez-vous être beaucoup plus concrets, nous donner, partager des exemples, s'il
vous plaît?
M. Lapointe (Ugo) :
Oui, absolument. Donc, d'abord, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'en 2013 on
s'est doté d'un nouvel outil, dans la Loi sur les mines, qui s'appelle les
territoires incompatibles à l'activité minière. Depuis 2013, en théorie, sur le principe, les municipalités peuvent désigner des territoires incompatibles à l'activité
minière. On a développé des orientations gouvernementales, en 2016, pour
appliquer ce nouvel outil là. Maintenant, ça fait cinq ans qu'on applique cet
outil-là au Québec et on s'en rend compte qu'il y a des problèmes dans l'application
de ces mesures-là, notamment pour protéger des milieux touristiques, des
milieux de villégiature, des lacs, des rivières, des milieux agricoles.
Des exemples concrets. Sur une quarantaine de
MRC qui ont déposé, là, des territoires incompatibles à l'activité minière, à
peine 30 %, 35 %, si on est généreux 40 %, ont réussi à obtenir
ce qu'ils voulaient ou ce qu'elles voulaient comme MRC. Dans les récentes
années, on parle, par exemple, du cas de la MRC de Coaticook, qui a été
incapable de protéger les monts Sutton et Hereford, pourtant qui sont prisés
pour le plein air et leur paysage culturel. La MRC Rocher-Percé, une des MRC
les plus visitées par le tourisme au Québec, n'a pu protéger que 6 % de
son territoire de l'activité minière. La MRC de Papineau, dont le slogan est le
Pays de l'or vert, qui dit tout, en fait, est actuellement incapable de protéger des lacs valorisés pour l'économie
récréotouristique. En 2019, la petite municipalité de Grenville-sur-la-Rouge, qui est dans les
Basses-Laurentides, a dû faire face à une poursuite de 96 millions de
dollars d'une minière junior de Vancouver qui contestait le droit de la
municipalité à protéger son milieu de villégiature, son économie de villégiature.
Ce sont autant d'exemples et on sera heureux de vous en transmettre...
M.
Derraji : Excellent. Et oui, oui... Désolé, parce que je n'ai pas
beaucoup de temps, mais très intéressé à recevoir votre liste. Et de là, je vous ramène à la question
de départ et le «statement» que vous avez fait au début. L'article 53,
vous ne comprenez pas pourquoi cette
modification. Vous pensez qu'on ne semble... Pour répondre à l'allègement
réglementaire, vous craignez qu'on mette de
côté les évaluations environnementales, et le BAPE, et, de facto, et les
claims. Ma question : Est-ce qu'il y a un réel problème de claims au
Québec? Si c'est oui, pensez-vous que l'article 53 va l'amplifier?
M. Lapointe (Ugo) : Donc, la première question :
Y a-t-il un problème de... Oui, il y a un problème dans le système du «click
and claim», et du droit des propriétaires de surface, et des municipalités qui
manquent de balises actuellement dans la loi. Et ce qui est proposé dans le projet
de loi ne va pas aider à régler ce problème-là. Est-ce qu'il va l'exacerber?
Sans doute, oui. Est-ce qu'il va l'exacerber de façon majeure? Peut-être pas,
pour être honnêtes avec vous, là, peut-être pas, mais une chose est certaine,
c'est qu'aujourd'hui on est déçus, dans le fond, que le projet de loi
n'inclue pas des mesures que les municipalités et les citoyens demandent au gouvernement depuis plus de
deux ans. Tu sais, c'est ça qui nous
déçoit. En même temps, si le gouvernement nous disait, ce soir ou dans les prochains
jours : Écoutez, il va y avoir un autre projet de loi pour répondre aux préoccupations des municipalités, alors on serait
heureux, mais on n'a pas ce signal-là actuellement. C'est ça qui nous inquiète.
M.
Derraji : O.K.
Donc, tel que présenté, l'article 53, aujourd'hui, si vous êtes à ma place, s'il n'est pas
amendé, vous pensez qu'il s'éloigne un peu
de l'objectif voulu au
niveau du titre du projet de loi de l'allègement réglementaire, mais, au
contraire, on ouvre la porte à d'autres choses?
M.
Lapointe (Ugo) : Pour l'article 53, moi, ce que je vous
inviterais à faire pour les parlementaires, c'est qu'il faut clarifier : Est-ce que ça risque d'ouvrir la porte à un
agrandissement des projets d'exploitations minières sans évaluation environnementale? Nous, on l'a regardé
rapidement, on n'était pas convaincu.
On dirait qu'il y a un risque,
là, que les compagnies puissent
saucissonner des projets, agrandir des projets sans évaluation
environnementale, mais, en toute franchise, on n'a pas l'analyse détaillée pour ça, mais on vous invite, vous,
comme parlementaires, à nous poser cette question-là.
Par ailleurs, notre
message principal, ce soir, c'est de dire : Au-delà des mesures qui sont
proposées dans le projet de loi n° 103, ce n'est pas tant ces mesures-là
qui sont problématiques pour nous, c'est ce qui n'est pas dans le projet de loi
n° 103.
M.
Derraji : Oui, oui, vous
étiez très clair au début. Vous étiez très clair. Écoutez,
malheureusement, je n'ai que l'opportunité de parler de ce
projet de loi, mais j'ai bien saisi... j'ai bien saisi, je ferai le suivi avec
notre porte-parole dans le domaine de
l'énergie. Donc, ce que vous demandez, ce que vous réclamez, c'est que c'est la
Loi sur les mines... Votre demande était très claire, c'est que vous,
vos attentes étaient très claires que c'était la Loi sur les mines, alors,
qu'on aurait dû régler aujourd'hui et non pas avoir un omnibus. On rajoute un
article 53 qui ne réglait pas vos problèmes, et ce que votre coalition
soulève, donc la Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!... En fait,
j'aime beaucoup le nom.
M. St-Hilaire
(Louis) : Bien, si vous permettez, moi, je... Ugo l'a dit, mais je me
permets de le répéter, c'est qu'on essaie de favoriser actuellement, de rendre
ça plus facile pour les compagnies minières, mais le risque est beaucoup plus
grand que ce que le gouvernement essaie de gagner par ce projet de loi là,
parce que, si on facilite la vie aux compagnies minières dans un contexte comme
celui qu'on vit, il va y avoir un «backlash»...
M. Derraji :
Oui, mais c'était très clair...
M. St-Hilaire
(Louis) : ...et ça va ralentir.
M. Derraji :
...c'était très clair, pour vous, le «backlash», je l'ai entendu au moins
quatre fois. Donc, pour vous, aujourd'hui, si le projet de loi est adopté tel
qu'il est, surtout dans le cadre de l'article 53, on s'en va avec un
«backlash», un client, les problèmes de l'acceptabilité sociale, incluant les problèmes
au niveau des villes qui vont se ramasser avec ce genre de problème, incluant
aussi des problèmes où vous voyez des exploitations proches d'eaux douces au Québec.
Est-ce que c'est ce qu'on doit retenir de votre passage aujourd'hui en commission
parlementaire?
M.
Lapointe (Ugo) : Est-ce que c'est une question?
M. Derraji :
Je cherche une affirmation parce que je ne veux pas vous faire dire ce que vous
ne voulez pas. J'ai un constat, je veux savoir, est-ce que vraiment... parce
que, rendu à l'étude article par article, on doit prendre position sur l'article 53.
Je dois soit amender... demande l'avis de la partie gouvernementale, mais là,
aidez-nous à vous aider aussi. Je veux comprendre la réalité. Je ne peux pas
agir sur la Loi des mines, ce n'est pas l'objectif de ce projet de loi. Ce projet
de loi, c'est un omnibus qui touche beaucoup de secteurs. Concentrons-nous sur
les mines. Ce que vous êtes en train de nous dire aujourd'hui, tel que présenté
à l'article 53... ne vous convient pas, au contraire, il offre... il ouvre
la porte à d'autres problèmes.
M.
Lapointe (Ugo) : Oui, exactement, et... Mais parlons des
solutions. Ce qui aurait été bien de voir dans le projet de loi n° 103,
c'est un article qui viserait à modifier l'article 82 de la Loi sur les
mines. L'article 82 permet actuellement au ministre de gérer des conflits
d'usage du territoire pour des fins d'utilité publique.
Nous, ce qu'on souhaiterait, c'est d'élargir la
portée de l'article 82 de la Loi sur les mines pour que le ministre ait le
pouvoir de gérer les conflits d'usage pour des raisons d'intérêt public, donc
changer l'utilité publique en «intérêt public», élargir. Comme le principe
d'intérêt public est déjà inscrit dans la Loi sur les mines dans d'autres
articles, ce serait tout naturel de l'inscrire à cet article-là aussi,
l'article 82. Et ça permettrait, par exemple, d'éviter des situations
comme on a vu à Grenville-sur-la-Rouge, une petite compagnie minière qui
poursuit tout de même une petite municipalité pour 96 millions de dollars
à cause que la municipalité souhaite protéger son milieu de villégiature,
et ça permettrait au ministre d'intervenir. Présentement, le ministre n'a pas
d'outil dans son coffre à outils pour gérer des conflits d'usage avec des
claims miniers.
L'autre souhait qu'on aurait voulu voir, c'est
une possibilité pour le ministre d'imposer des conditions à l'exploration
minière, surtout dans les milieux sensibles, donc au niveau de l'octroi du
claim minier, de tout claim minier qui est
octroyé. Le ministre devrait se garder le pouvoir d'exiger des conditions.
Actuellement, il ne fait pas ça.
M.
Derraji : Je vous remercie,
parce que vous avez soulevé pas mal de bons points. On va attendre votre
envoi de rapport, mais ne perdez pas le
temps dans le rapport. Les points que vous avez soulevés, c'est extrêmement
important.
Pour vous,
déjà, les claims, c'est un problème. Le fait d'augmenter à trois ans, c'est
encore un autre problème.
• (17 h 50) •
M. Lapointe (Ugo) :
Absolument. Et juste pour illustrer un peu la problématique dans certains
secteurs, par exemple, dans les Laurentides, les claims miniers, les titres
miniers, là, les projets avec plusieurs titres miniers ont pratiquement doublé
depuis 2015. On est passés de 88 titres miniers à 171 titres miniers
dans les Laurentides. Dans Lanaudière, on a presque triplé, passant de
129 titres miniers, en 2015, à 301 titres miniers, en 2020. On voit
une présence assez forte aussi dans la région de l'Outaouais. Et ça, c'est
simplement pour le graphite, qui est un des minéraux critiques visés par la stratégie
du gouvernement actuel.
M. Derraji : Merci, messieurs,
pour votre temps et votre passage en commission. Bien hâte à continuer nos
échanges avec vous pour améliorer, amender le projet de loi. Merci encore une
fois.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons cette fois-ci avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci, messieurs, pour votre présence en commission. J'ai
2 min 45 s. Écoutez, j'ai manqué votre présentation puis je
n'avais rien à me mettre sous la dent, Mais ce n'est pas grave, je connais bien
votre Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!
Puis je vais peut-être poser... un peu plus
générale. Évidemment, avant d'aller dans l'extractivisme à tout crin puis de
foncer tête baissée, parce qu'on veut des minerais stratégiques, on veut les
exploiter, une des conditions que vous avez et que nous avons aussi fait nôtre,
c'est qu'il faut qu'il y ait un contrat social minier. C'est quoi, les éléments
du contrat social minier que ce projet de loi... si c'est possible de faire le
lien parce que je ne veux pas vous me parliez de tous les critères, là. Vous
pouvez le faire, mais on n'a pas assez de temps. Qu'est-ce qui fait que, dans
ce projet de loi là, la loi n° 103, que ces
dispositions-là vont à l'encontre du contrat social minier ou de certains
critères comme l'acceptabilité sociale ou autres?
M. Lapointe (Ugo) :
Bien, comme on l'a dit, on va le répéter, c'est ce qui n'est pas dans le projet
de loi qui est problématique. Le projet de loi déploie un paquet de mesures qui
facilitent l'accès aux claims miniers et aux territoires par les entreprises
minières, mais n'inclut rien de nouveau pour les municipalités, pour les citoyens
pour mieux baliser cette activité minière là, surtout dans les milieux
sensibles.
Donc, on est loin de ce contrat social là. Sans
ces mesures-là, on n'y arrivera pas. Et c'est ce que nous, on répète maintenant
depuis deux ans, un petit plus de deux ans. Les cinq conditions pour que
l'électrification ait une meilleure mine, des mines aux batteries, ça fait
partie de ces cinq conditions-là effectivement.
Mme Ghazal : ...vous aviez
nommé au début, juste pour le bénéfice des gens qui sont ici, peut-être vous
pouvez en parler, ou un qui est important. Vous avez parlé aussi de
l'acceptabilité sociale. Est-ce que vous pouvez un peu élaborer sur les
conditions, les cinq conditions?
M. Lapointe (Ugo) :
Bien, absolument, une des conditions fondamentales, c'est d'outiller les municipalités
et les collectivités locales avec une loi sur les mines digne du
XXIe siècle pour une économie verte et propre, qu'on souhaite, avec des outils qui vont venir protéger
des lacs, des rivières, des parcs régionaux, des monts
récréotouristiques d'importance. Actuellement, les municipalités n'ont pas ces outils-là. On pensait qu'avec les
territoires incompatibles à l'activité minière qu'on s'était dotés en
2016... qu'on a mis en application en 2016, qu'on réglerait ces problèmes-là, mais ce n'est pas réglé. Et, cinq ans plus tard,
force est de constater qu'on doit améliorer cet outil-là, et là aujourd'hui,
avec le projet de loi, on ne vient pas
faire ça. C'est ça qui nous inquiète. Donc, je pense, ça, c'est une des
conditions fondamentales.
L'autre, ça serait aussi au niveau des droits autochtones.
C'est très connu, dans le secteur minier... je vous dirais même que la Loi sur
les mines actuelle, elle est inconstitutionnelle d'un point de vue de droit autochtone.
Il y a une poursuite actuellement devant les tribunaux contre le gouvernement
du Québec et la Loi sur les mines parce qu'elle est incompatible avec les
obligations constitutionnelles d'information, de consultation, d'accommodement des Premières
Nations. Juste vous illustrer très,
très concrètement, n'importe qui aujourd'hui sur la planète, avec 35 $ et une carte de
crédit, peut aller acquérir un claim minier en dessous d'une propriété ou d'un
territoire autochtone sans même informer ou consulter cette dernière. Donc, ça,
de l'avis de plusieurs juristes, c'est inconstitutionnel. Et ça n'aidera pas
l'économie, la relance de l'économie, de se mettre la tête dans le sable par
rapport à ces enjeux-là. Il faut les régler pour avoir de la prévisibilité
aussi pour l'industrie, mais surtout pour les communautés.
Mme Ghazal : Puis est-ce que le projet
de loi... vu que c'est de l'allègement réglementaire, donc moins de
paperasserie, comme disent certains, est-ce que ça rend encore plus facile ce
que vous dites? Est-ce que ça l'empire? Parce que vous
dites que ce qui est problématique, c'est ce qui n'est pas contenu dans le projet
de loi. Mais ce qui est dans le projet de loi, est-ce qu'il est problématique
ou pas?
M.
Lapointe (Ugo) : Ça, je vais
être bien honnête avec vous, c'est... il y a beaucoup de mesures de
concordance, là, qui ne sont pas dramatiques, là. Je vais être honnête avec
vous, là.
Mme Ghazal : Parfait.
M. Lapointe (Ugo) :
Mais il y a certaines mesures, dont j'ai parlé un peu plus tôt, qui nous
apparaissent questionnables. Et, oui, ça va faciliter l'accès au territoire,
faciliter les activités minières, et ça risque d'exacerber, s'il n'y a pas la
contrebalance qu'on demande, les outils pour les citoyens, les outils pour les municipalités.
C'est ça qui est le problème, bien, c'est qu'il n'y a pas la contrebalance.
Mme Ghazal : Je comprends. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous poursuivons, et ça sera la dernière, avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme la
Présidente. M. St-Hilaire, M. Lapointe, merci pour votre présence et pour
votre présentation. Je pense que le message a bien été compris, en tout cas,
sachez qu'on vous a entendus sur les manquements, finalement, ce qu'il manque
et comment on pourrait bonifier plutôt la Loi sur les mines.
J'aimerais tout de même vous entendre peut-être
sur la recommandation de la FQM sur l'abrogation de l'article 246 qui donne
préséance, là, aux claims plutôt qu'aux municipalités. Quel est votre
avis là-dessus? Et peut-être
nous éclairer sur les effets indésirables de cet article-là comme tel.
M. Lapointe (Ugo) :
Ah! absolument, là, vous mettez le doigt sur un exemple concret, là. Dans le
fond, la Loi sur les mines a toujours
préséance, primauté, elle a le dessus sur la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, à travers l'article 246
de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, qui vient essentiellement interdire à toute municipalité
d'avoir son mot à dire sur l'activité minière, là, sur son territoire. Je le
résume simplement, mais c'est ça, le problème.
Donc, oui,
les demandes historiques de l'Union
des municipalités du Québec, de la Fédération québécoise des municipalités
d'abroger cet article-là pour favoriser l'acceptabilité sociale, harmoniser les
activités minières avec les autres usages du territoire, ça serait ça,
ultimement, qu'il faudrait faire. Mais, au-delà de ça, il y a des outils un
petit peu plus fins, là, qu'on pourrait se doter, au Québec.
Et, oui, à travers la Loi sur les mines, en modifiant quelques
articles, mais aussi en modifiant les
critères des territoires incompatibles à l'activité minière, je pense
qu'on pourrait faire beaucoup de chemin avec ces deux outils-là. Même, à
la limite... je vous dirais, même, à la limite, sans abroger complètement l'article 246, on pourrait faire beaucoup
de chemin avec ces autres outils là qu'on va vous soumettre, là, dans un
mémoire, là.
Mme Perry
Mélançon : Excellent. Merci.
Et dernière courte question, est-ce
que vous pouvez nous expliquer
pourquoi faire passer de deux à trois ans, là, le renouvellement des claims, ça
serait problématique?
M.
Lapointe (Ugo) : Bien, c'est
un autre bonbon qu'on vient donner à l'industrie, dans
le fond, aux compagnies
d'exploration minière, en soi, de prolonger. Et c'est seulement à la première
période, là, d'existence du claim qu'on prolonge
de trois ans. Les périodes subséquentes sont toujours à deux ans, on les
garde... le renouvellement aux deux ans. C'est seulement la première
période.
Ce qu'on a fait comme commentaire, plus tôt,
c'est de dire : Si on fait ça, bien, il faudrait aussi augmenter les
frais, la cédule des frais exigibles pour pouvoir renouveler ces claims-là. Actuellement,
il n'y a rien dans le projet de loi. Dans le fond, non seulement on prolonge la
durée du claim, mais on vient diminuer le coût du claim minier, qui est déjà
très bas, là. Il est pratiquement à moins de 1 $ l'hectare, 2 $
l'hectare, maximum, au Québec, là. Déjà, on donne des claims miniers, mais là
on vient donner pour trois ans au lieu de deux ans. Donc, il y a quelque chose,
là... Encore une fois, j'insiste, c'est aussi la contrepartie qui est
manquante, qui nous inquiète beaucoup, là. On vient tout donner ces bonbons-là, mais on ne vient rien donner aux municipalités, rien donner aux citoyens. C'est
ça qui nous inquiète.
Mme Perry Mélançon : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Alors, merci, M. Lapointe et M. St-Hilaire, pour votre contribution
à l'avancement des travaux de la commission. Merci beaucoup pour vos interventions.
Merci et bonne fin de journée. Au revoir.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 18 h 05)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous poursuivons avec l'Union des municipalités du Québec, avec
M. Côté et M. Sabourin. Je vous invite à bien vous présenter avec de
commencer votre exposé de 10 minutes.
Union des municipalités du Québec (UMQ)
M. Côté
(Daniel) : Parfait. Merci beaucoup, Mme la Présidente de la commission.
Je salue Mme la ministre déléguée à l'Économie, Mmes et MM. les membres de
la commission. Je m'appelle Daniel Côté et je suis maire de Gaspé et président
de l'Union des municipalités du Québec. Je suis accompagné aujourd'hui par
M. Jean-François Sabourin, qui est conseiller aux politiques à l'UMQ.
Alors, je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui dans le cadre des
consultations sur le projet de loi n° 103, Loi modifiant diverses
dispositions législatives principalement aux fins d'allègement du fardeau
administratif.
D'abord, j'aimerais
rappeler que depuis maintenant plus de 100 ans, l'UMQ rassemble les
gouvernements de proximité de toutes les régions du Québec afin de mobiliser
l'expertise municipale, accompagner ses membres dans l'exercice de leurs
compétences et valoriser la démocratie municipale. Nos membres représentent
plus de 85 % de la population et du territoire du Québec.
Alors, d'entrée de
jeu, l'UMQ accueille favorablement le projet de loi n° 103. En effet, il
met en oeuvre plusieurs demandes que nous avons formulées au cours des
dernières années. Tout comme le gouvernement, nous pensons qu'il est essentiel
de s'attaquer à la lourdeur et à la complexité administrative à tous les
niveaux de gouvernance. Le projet de loi
permettra de faire de gains d'efficacité et de productivité aux municipalités
et aux entreprises. De plus, nous saluons
l'intention du gouvernement de déposer un projet de loi qui vise à alléger le
fardeau administratif à chaque année.
C'est un grand chantier. Il y a beaucoup à faire, et l'UMQ vous offre son
entière collaboration dans ce dossier-là.
Alors, nous voulons
travailler avec vous pour doter le Québec d'appareils administratifs
performants et dignes du XXIe siècle.
Et comme nous sommes favorables au projet de loi de manière générale, nous
allons vous suggérer simplement quatre recommandations qui se veulent constructives.
Alors, notre première
recommandation concerne l'industrie minière et devrait permettre d'appuyer le
développement économique de nos régions. Comme la cohabitation des différentes
activités et l'aménagement du territoire
sont des responsabilités fondamentales des municipalités, nous sommes souvent
interpelés par nos concitoyennes et concitoyens lorsqu'il s'agit du
développement des activités de l'industrie minière. Cependant, notre rôle est
balisé par l'orientation gouvernementale en aménagement du territoire.
Depuis décembre 2016,
les MRC et les territoires équivalents peuvent identifier les secteurs de leur
territoire comme des territoires incompatibles à l'activité minière, qu'on
appelle des TIAM. Dès qu'un territoire est identifié comme tel, tout projet minier est interdit, peu importe sa taille, et
ce, sans faire de distinction entre les activités minières qui visent
l'extraction de substances minérales de surface comme les carrières et
sablières ou les autres substances minérales qui sont plus enfouies, qui sont
des sites, souvent, de nature très industrielle. Donc, on applique la même
restriction à une future mine faisant 10 fois la taille d'un terrain de
football ou à un autre qui exporte des minéraux à travers le monde. C'est la
même restriction qui s'applique à des sablières familiales.
Donc, pour l'UMQ, une
approche noir ou blanc gagnerait à être peut-être un peu plus nuancée afin de
s'assurer de ne pas entraver des projets inutilement, car on a tous besoin de
carrières et de sablières pour réaliser nos projets d'infrastructure routière
et autres. D'ailleurs, à peu près toutes les lois distinguent les extractions
de surface comme les carrières versus les extractions minières plus lourdes
sauf la question des TIAM qui ne fait pas cette distinction-là. Donc, notre première recommandation serait de modifier
la Loi sur les mines pour qu'une municipalité puisse permettre
l'extraction de substances minérales de surface même dans un secteur identifié
comme TIAM, et ce, aux conditions qu'elle détermine, évidemment.
Ensuite, le projet de
loi propose plusieurs très bons ajustements sur la... à propos de la Loi sur la
protection du territoire et des activités
agricoles. Plusieurs de ces ajustements-là ont été demandés par les
municipalités il y a longtemps. Ils contribueront certainement au
dynamisme agricole du Québec, notamment en faisant une place plus importante à
la reconnaissance des particularités régionales et en reconnaissant la valeur
des différents modèles agricoles.
Toutefois, nos recommandations 2
et 3 concernent des changements spécifiques à l'étude de demande d'exclusion de
la zone agricole. L'article 75 du projet de loi relèvera les exigences
pour qu'une demande d'exclusion d'un site de la zone agricole soit étudiée par
la CPTAQ. Nous comprenons que le gouvernement veuille réduire le nombre de
demandes pour minimiser les délais, mais ça entraînerait des enjeux pour les municipalités,
si l'article 75 était adopté. En effet, les municipalités devront
démontrer qu'il n'y a aucun autre terrain disponible aux fins visées par la demande d'exclusion dans toute la MRC. La
CPTAQ pourra donc automatiquement rejeter la demande sans prendre en
considération le reste du contexte ou le contexte général. Par exemple,
présentement, une municipalité locale qui souhaite agrandir son parc industriel
doit démontrer qu'il n'y a plus d'espace disponible sur son territoire pour
accueillir des entreprises industrielles hors de la zone agricole. Avec
l'adoption du projet de loi et de l'article 75 dans sa forme actuelle,
elle devra désormais le démontrer pour toutes les autres municipalités de sa
MRC qui sont souvent des territoires immenses aux réalités disparates.
• (18 h 10) •
Alors, notre deuxième
recommandation est de retirer l'article 75 du projet de loi pour respecter
le principe de subsidiarité et ne pas limiter la possibilité aux municipalités
de faire valoir leur point de vue lorsqu'elles présentent des demandes
d'exclusion de la zone agricole.
Et je poursuis sur ma
troisième recommandation dans le même sujet. Le projet de loi propose de
retirer la possibilité pour les municipalités locales de présenter une demande
d'exclusion de la zone agricole. Ce type de demande devra maintenant être porté
par une MRC ou une communauté métropolitaine, alors que cette option est
facultative à l'heure actuelle. Pour l'UMQ, la modification proposée est
problématique parce qu'on pense que les municipalités locales sont les plus
près de la population et donc les mieux placées pour porter leurs demandes...
ou leurs propres demandes, dis-je, concernant l'aménagement de leur territoire.
Alors, on craint que cette
modification-là engendre de nouveaux conflits si une MRC ou communauté
métropolitaine ne défend pas une demande avec suffisamment de vigueur au goût
d'une municipalité locale. On pense aussi que cette modification-là serait
inefficace pour réduire le nombre de demandes présentées à la CPTAQ. Parce que, dans la vraie vie, là, les MRC vont
représenter tous leurs membres et ils n'excluront pas les demandes de
leurs membres qu'ils veulent porter à la CPTAQ. Donc, ça ne réduira pas le
nombre de demandes.
En fait, l'UMQ s'attend à ce que les documents
soient préparés par les municipalités locales, et les gouvernements régionaux
se contenteraient seulement de porter leurs demandes qui sont présentées. Donc,
notre troisième recommandation, c'est de maintenir la possibilité pour les
municipalités locales de demander l'exclusion d'un lot de la zone agricole et
de porter elles-mêmes leurs dossiers devant la CPTAQ.
J'aimerais maintenant vous glisser un mot au
sujet de l'article 92 du projet de loi qui prévoit que le ministère de la
Culture et des Communications pourrait abréger le délai administratif pour
l'étude de la valeur patrimoniale d'un bâtiment lorsqu'un dossier est dûment
traité. Pour l'UMQ, cette correction administrative là est une excellente
nouvelle. À l'été 2021, la démolition de bâtiments sans valeur patrimoniale
a parfois été retardée de plusieurs mois afin
de laisser le délai de 90 jours s'épuiser même si la ministre de la
Culture reconnaissait que le bâtiment n'avait pas de valeur
patrimoniale.
Alors, cette
situation-là a compliqué la réalisation de projets dans une industrie déjà
affectée par la main-d'oeuvre,
dans un contexte de pénurie de logements, etc., autant en région que dans les
grands centres du Québec. Alors, on est très satisfaits de la correction qui
est proposée.
Et pour terminer, j'aimerais profiter de
l'occasion pour attirer l'attention des parlementaires sur la nécessité de
réformer aussi la Loi sur l'expropriation du Québec, qui n'a pas été modifiée
substantiellement depuis 1983. Dans les
faits, le gouvernement reconnaît lui-même que la loi est problématique.
Chaque fois qu'on doit réaliser collectivement des projets importants
comme la ligne bleue du métro à Montréal, le REM, le réseau structurant de
transport collectif à Québec, bien, on doit adopter des lois spéciales pour
contourner la Loi sur l'expropriation. C'est un signe qu'elle est due pour être
réformée, hein? C'est la même chose avec le projet de loi n° 66 pour
faciliter la relance et c'est des délais énormes que ça engendre. La Loi sur
l'expropriation met, en raison de ces délais-là, met en péril la réalisation de
projets stratégiques.
Et je parlais de réseaux de transport collectif,
mais il y a plein de domaines que ça concerne également, comme la protection
des milieux naturels, la construction d'écoles à de meilleurs emplacements, la
construction de logements sociaux. Pourquoi est-ce si compliqué? Bien, parce
que la Loi sur l'expropriation ne précise pas la manière de calculer
l'indemnité à la personne expropriée. Elle repose sur le principe de valeur au
propriétaire, ce qui engendre une grande part d'arbitraire dans le processus.
Dans le cadre du dernier pacte fiscal Québec-municipalités,
bien, il y a eu un engagement du gouvernement d'analyser l'opportunité de revoir
la Loi sur l'expropriation. Il y a un comité de travail qui a mené des travaux
à cet effet-là et on est prêts à aller de
l'avant, là. Donc, dans le contexte... dans ce contexte-là, notre dernière recommandation, c'est que le
ministre des Transports dépose aussi un projet de loi mettant en oeuvre une
réforme de la Loi sur l'expropriation. Ça serait un autre pas exactement dans
le même sens que le projet de loi n° 103 qui est à l'étude.
Alors, finalement, l'UMQ réitère son entière
collaboration au gouvernement du Québec. On est satisfaits, de façon très
générale et globale, du projet de loi n° 103. On est prêts à travailler
avec vous pour la suite des choses. Je vous remercie de votre attention et je
suis prêt à prendre vos questions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. Côté. Alors, nous allons effectivement commencer la période
d'échange avec Mme la ministre.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous avez fait ça d'un souffle, là, vous
n'avez pas eu le temps... voulez-vous prendre une petite gorgée d'eau? Bonjour,
M. Côté, bonjour, M. Sabourin. Bien heureuse de vous retrouver aujourd'hui.
Je veux juste vous rappeler, évidemment... parce
qu'il y a beaucoup de choses dans ce que vous avez dit, hein, vous l'avez dit
d'un souffle, mais il y a beaucoup de choses... beaucoup de recommandations. On
les a bien évidemment notées, puis je vais laisser la parole aussi à mes
collègues, je suis sûre qu'ils ont beaucoup, beaucoup de questions. Je vais y
aller en rafale, mais avant de... quelques questions en rafale. C'est un
omnibus. C'est un omnibus en allègements réglementaires avec, aussi, de...
voyons, allègements réglementaires et administratifs, pardon, donc vraiment
pour relancer, je le dis à tous les groupes, pour relancer l'économie. C'est un
premier pas, c'est un premier jalon. On va
éventuellement déposer d'autres
omnibus, évidemment. Et derrière tout ça, je le répète, c'est
l'allègement réglementaire et administratif pour aider les entreprises
à reprendre vigueur, actuellement, et à continuer à être encore plus
performantes et à amener de la richesse.
Bon, première question, vous dites... Je suis
bien contente lorsque vous dites que plusieurs demandes que vous aviez faites
dans le passé s'y retrouvent. J'imagine que vous parlez notamment des contrats
à commande. C'est un bénéficie non seulement pour les municipalités, en termes
de délais aussi, mais il y a certainement un bénéfice pour les entreprises. Est-ce
que je me trompe?
M. Côté (Daniel) : Effectivement, le
bénéfice est autant pour les municipalités, que pour leurs citoyens, que pour les entreprises en général. Le principe, c'est que ça va nous
permettre ni plus ni moins que le nécessaire. On gagne en prévisibilité, également.
Donc, en termes de fonds publics, c'est excellent, autant qu'au niveau des entreprises
aussi pour la prévisibilité et le fait de sécuriser les achats, si on veut.
Mme
Lecours (Les Plaines) : Ça
va permettre aussi à plusieurs entreprises de s'inscrire dans ce processus-là,
alors que, peut-être, elles auraient peut-être hésité, là, avec la forme
actuelle.
M. Côté (Daniel) : Exactement. Vous
avez entièrement raison.
Mme Lecours (Les Plaines) : Parfait.
Vous parlez aussi... rapidement, vous avez parlé de la correction pour ce qui
est du délai de 90 jours pour un bâtiment de moins de 1940, avant 1940,
mais non patrimonial, avec aucune instance patrimoniale. Il y a toute la question
de la sécurité, hein, quand il y a eu des feux, et tout ça. On l'a vu... on a
lu les journaux, dans les dernières années, les derniers mois, là-dessus. Mais
il y a aussi des entreprises aussi qui pourraient
se permettre, là, justement... À partir du moment où il y a une sécurité, ce
n'est pas un bâtiment patrimonial, et tout ça, là, on aide non seulement
la municipalité à aller plus rapidement, mais aussi les entreprises.
M. Côté (Daniel) : Effectivement,
vous avez raison, ça permet d'aller beaucoup plus rapidement, d'aller plus
rondement dans les processus, surtout quand l'immeuble n'est pas reconnu comme
étant patrimonial. Donc, on peut sauver
trois mois dans le déploiement d'une entreprise, et ça apporte des gains importants
pour les communautés également.
Mme Lecours (Les Plaines) : Ma
dernière question, avant de laisser mes collègues poser des questions. Vous
avez justement parlé... et je comprends que vous voyez d'un bon oeil le fait
que, justement, au niveau agricole, que
les... c'est-à-dire minier, que vous pourriez récupérer, avec ce qui
est proposé dans les allègements et la modernisation, les contrats, les
ententes, c'est-à-dire à avoir, avec les entreprises, pour ce qui est de
l'extraction de surface...
Bon, ma question est la... Ma question est la
suivante, parce que ça a été soulevé avec le groupe précédemment : toute
la question de l'acceptabilité sociale, la cohabitation, comment est-ce que
vous le voyez, vous?
M. Côté (Daniel) : Bien, en
fait, c'est un enjeu qui est majeur, quand on parle d'extraction minière, la
question de la cohabitation des usages. C'est pour ça qu'on préfère toujours se
référer à l'instance la plus proche du citoyen,
c'est-à-dire la municipalité locale ou, à défaut, dans le cas du schéma
d'aménagement, aux MRC pour déterminer les
endroits où les conflits d'usage sont les... dans le fond, sont les... où les
potentiels de conflit d'usage sont plus grands versus où c'est moins grand. Donc, de faire confiance au milieu, je
pense, c'est la clé du succès pour l'acceptabilité sociale.
Ce qu'on demande présentement ici, dans le fond,
c'est de faire une distinction entre les activités, en fait, qu'on appelle
minières mais les activités de surface, l'extraction de surface comme des
carrières, sablières versus les extractions minières de plus grande envergure,
où plus c'est grand... en fait, plus c'est grand, plus il y a un potentiel que
ce soit grand, plus c'est lourd comme usage et plus il y a un risque de conflit
d'usage sur le terrain.
Donc, ce qu'on demande, c'est un peu de faire
cette distinction-là. Ça nous permettrait, dans le fond, d'assurer de meilleure
manière l'acceptabilité sociale, que ce soit pour les carrières, les sablières,
que ce soit pour les grandes industries minières.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Merci. Mme la Présidente, je vais laisser la parole à mes collègues.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Oui. Alors, député de Saint-Jérôme, à
vous la parole. Il vous reste 11 minutes.
M. Chassin :
D'accord. Merci, Mme la Présidente. Merci à vous, M. Côté,
M. Sabourin. Je vais peut-être juste revenir sur un élément pour les
contrats à commandes parce que vous le soulignez... Puis là, peut-être juste...
pour moi, c'est une précision qui est comme
importante. Il y a une espèce de, comment dire, d'effet miroir, c'est-à-dire
qu'à l'heure actuelle, l'incongruité, c'est
que les organismes publics ont la possibilité de passer des contrats à
commandes. Puis là ce qu'on donne, c'est un peu ce même pouvoir d'avoir des
contrats à commandes en approvisionnement dans... bien, en fait, pour les
municipalités et les organismes municipaux aussi d'ailleurs.
Puis là on fait un peu du un pour un, là,
c'est-à-dire que c'est un peu la même mesure. Les organismes municipaux ont
droit à des contrats à commandes pour une durée de trois ans. Les organismes
publics... pardon, les organismes municipaux, ça serait la même chose. Est-ce
que cette période de trois ans vous convient?
M. Côté (Daniel) : Bien, en
fait, la période de trois ans nous convient. Honnêtement, on n'avait pas mis le
focus là-dessus dans nos recommandations.
Par contre, j'entendais mes collègues de la
Fédération québécoise des municipalités parler de cinq ans. Ça conviendrait
tout aussi bien. En fait, il y a des avantages puis des inconvénients entre le
trois ans et le cinq ans, autant pour les entreprises que pour les
municipalités. Donc, je vous dirais, on n'en fera pas un cheval de bataille,
mais que ce soient trois ans ou cinq ans, ça ferait bien le travail.
• (18 h 20) •
M. Chassin :
D'accord. Je veux revenir sur l'article 75. Donc, vous avez cette
préoccupation par rapport à, dans le fond, donner à la MRC... puis vous parlez justement
du fait que c'est les MRC qui sont responsables des schémas d'aménagement, de
donner à ce palier-là particulièrement les possibilités de demande d'exclusion.
Puis là, évidemment, je ne suis pas du tout un spécialiste des affaires
municipales, alors je vous demande de nous éclairer. Puisque c'est les MRC qui
sont finalement responsables du schéma d'aménagement, est-ce que le principe de
subsidiarité ne dirait pas : Bien, effectivement, c'est ce palier-là qui
est adéquat? Surtout que de toute façon, même à l'heure
actuelle, quand les municipalités locales pouvaient faire des demandes, il
fallait qu'ils obtiennent un appui de la MRC, de toute manière.
M. Côté (Daniel) : Effectivement.
Ceci dit, il y a le schéma d'aménagement en urbanisme, mais il y a aussi les
plans d'urbanisme et toute la réglementation d'urbanisme qui relèvent des
municipalités locales. C'est beaucoup plus précis, c'est beaucoup plus, je
dirais, concret que le schéma d'aménagement de la MRC, sans rien enlever à la
nécessité du schéma d'aménagement, évidemment. C'est pour ça qu'on... En fait,
on se rabat souvent sur la municipalité locale, parce que c'est plus proche du
citoyen, parce que les territoires de MRC sont immenses, et les schémas
d'aménagement, c'est des schémas de... on voit que c'est beaucoup des principes
beaucoup plus larges, alors que, quand on
arrive dans une modification de territoire agricole, on est vraiment sur le
concret, sur le plancher des vaches, sans faire de mauvais jeu de mots,
et c'est... ça relève beaucoup plus des municipalités locales, quant à moi.
Je vous donne un exemple, par exemple, où il y
a... ça pourrait... où l'article 75 pourrait nous conduire à des
situations un peu particulières. Par exemple, on est sur le bord de l'autoroute
dans une zone considérée agricole, un dépanneur veut s'implanter sur le bord de
la sortie d'autoroute. Bien oui, c'est zoné agricole, mais on s'entend qu'il
n'y aura pas d'activité agricole, parce qu'on est dans... pratiquement sur...
aux limites de l'emprise routière. Bien, à ce moment-là, il faudrait que ce
soit la... en fait, ça s'implante sur le territoire d'une municipalité, mais là
il faudrait que ce soit la MRC qui pilote et qui repropulse le dossier de la
municipalité locale, mais sans avoir la connaissance approfondie que la
municipalité locale a sur le territoire. Est-ce qu'on gagne en efficacité de
cette manière-là? Pas convaincu. Donc, c'est pour ça qu'on privilégie que le
palier qui connaît le plus le dossier concret, c'est-à-dire la municipalité
locale, soit celui qui le plaide et celui qui fasse les représentations. Ça va?
M.
Chassin : Et puis... O.K.
Puis donc je comprends bien, je trouve que votre exemple est très parlant. S'il
y avait, mettons, trois municipalités dans une même MRC qui faisaient,
en même temps, une même demande pour un dépanneur en bordure de l'autoroute,
bien, est-ce que le fait de le confier à la MRC ne ferait pas que, bon, on
éviterait peut-être ces différentes demandes concurrentes et parallèles?
M. Côté
(Daniel) : Bien, en fait, c'est peut-être un... Oui, effectivement,
j'apprécie votre exemple. Mais est-ce que la MRC arbitrerait ces
demandes-là ou voudrait les propulser toutes les trois? Moi, je fais le pari
qu'il n'y aurait pas d'arbitrage qui serait fait. Honnêtement, le rôle de la
MRC serait de pousser les trois demandes comme les municipalités locales le
feraient d'elles-mêmes, sauf que la MRC n'aura pas la connaissance pointue qu'a
la municipalité locale. Donc, je fais le pari que la MRC n'agira pas comme
arbitre. En fait, ce n'est pas nécessairement son rôle d'arbitrer non plus les
débats entre les municipalités locales. Son rôle va être beaucoup plus de
propulser toutes les demandes. Donc, au final, on va arriver avec le même
nombre de dossiers traités par la CPTAQ, mais sans avoir l'expertise de
l'entité locale la plus proche du citoyen pour faire de la représentation.
Donc, je pense qu'on ne gagnera pas nécessairement en efficacité.
M. Chassin :
D'accord. Bien, écoutez, j'apprécie beaucoup l'explication, parce que je vous
le dis, moi, je ne suis pas expert puis ça donne à réfléchir, à tout le moins.
Il y a un élément qui, moi, me réjouissait beaucoup,
là, dans le projet de loi, puis j'ai vu aussi que vous aviez réagi positivement
à la prise en compte des particularités régionales par la CPTAQ. Puis là ce
qu'on m'a expliqué, là, en toute honnêteté, c'est qu'à l'heure actuelle,
parfois, c'est pris en compte, mais parfois ça l'est moins ou pas. Ça fait
que... est-ce que vous pouvez me donner, peut-être, là... dans votre
expérience, est-ce que ça ajoute vraiment quelque chose de demander que,
systématiquement, les particularités régionales soient prises en compte? Est-ce
que pour certains projets d'entrepreneurs, par exemple, ça va vraiment
permettre que la saveur locale du projet soit mieux... soit favorable, soit un
facteur décisif peut-être même pour certains projets?
M. Côté (Daniel) : Je vais me
confesser, je ne suis pas plus un... je ne suis pas un grand spécialiste en
activités agricoles. Jean-François pourra compléter ma réponse. En fait, à la
base, plus on reconnaît les particularités régionales, plus on se rapproche du
palier décisionnel le plus proche du citoyen, meilleures sont les décisions et
meilleurs sont les dossiers, parce qu'on est garants de l'acceptabilité sociale
des projets. Un élément que l'UMQ préconise depuis un certain temps, c'est le
fait qu'il y a plusieurs modèles agricoles. Les grandes, grandes fermes commerciales... en fait, les immenses fermes,
c'est un modèle, mais il y a des modèles beaucoup plus de proximité qui
se développement présentement. Donc, ces éléments-là, c'est quelque chose
auquel on tient beaucoup, et on reconnaît ça dans le projet de loi
actuellement.
M.
Chassin : D'accord. Encore
quatre minutes, Mme la Présidente? Parfait. Il y a, dans... puis là je
m'excuse, hein, je ne sais pas si M.
Sabourin... J'ai comme commencé ma prochaine question. Voulez-vous compléter
peut-être?
M.
Sabourin (Jean-François) :
Non, mais c'était bon. Je pense, c'est assez complet. Bien, sur les
particularités régionales, c'est une demande historique des municipalités, là,
entre autres, notamment, dans le cadre de la politique nationale d'aménagement...
bien, d'architecture et d'aménagement du territoire, là. Les dossiers se
recoupent tout le temps puis c'est justement une manière de tenir compte des
particularités de chaque région. Par exemple, un salon de coiffure dans un
sous-sol, en banlieue de Montréal, une région agricole, ça peut apporter
peut-être un peu plus de pression sur la zone agricole, mais dans un autre
domaine où est-ce que la municipalité est 99 % en zone agricole, bien, à un moment donné, on a besoin d'aller se faire couper
les cheveux quelque part, là. Donc, tu sais, c'est ça, les particularités
régionales concrètement.
M.
Chassin : O.K. Bien, puis
c'est ça, je pense... puis surtout dans les régions du Québec, je veux dire...
Donc, la ministre et moi, on est voisins de comté, là, permettez-moi cet
exemple-là. Évidemment, moi, c'est Saint-Jérôme, c'est pas mal urbain, puis ma
collègue, c'est un brin moins urbain, on va dire, elle a des exploitations
agricoles, etc. Ça fait que, même si on est côte à côte, je pense que c'est des
bons exemples, là, où des projets similaires pourraient justement argumenter.
Puis je trouve que l'exemple du salon de coiffure est parlant, parce
qu'effectivement, à un moment donné, on ne veut peut-être pas faire
100 kilomètres pour aller trouver un salon de coiffure.
Là, j'essaie
de... puis c'est encore une fois, excusez-moi, sur la question agricole, mais
on a une préoccupation pour le bien-être animal. Il y a évidemment des
règles qui ont été ajoutées, puis ça signifie que, dans le bon voisinage des
exploitations agricoles qui font de l'élevage, là, il peut y avoir, donc, des
agrandissements qui vont être automatiques sans ajout d'unité animale
simplement pour respecter les nouvelles normes de bien-être animal. Ça fait que
ça, je pense que ça doit être assez consensuel. Certains souhaiteraient
peut-être qu'on puisse accroître le nombre d'unités animales aussi. Est-ce que vous êtes à l'aise avec ça? Comment vous le
voyez? Est-ce que ça serait un recul? Est-ce que ça... considérerait, dans le fond, finalement, une activité agricole
supplémentaire? Je ne sais pas. Votre position là-dessus.
M. Sabourin (Jean-François) : Bien,
je vais y aller. Oui, en fait, bon, il y a eu des discussions, justement, parce que ça fait longtemps qu'on sait que ces
normes-là s'en viennent avec les accords de libre-échange et tout. Pour
nous, c'est très important que le nombre d'unités animales reste le même. Puis
on a travaillé beaucoup la question avec
l'équipe du MAPAQ notamment, là, pour essayer de trouver la manière de le
faire, de l'autoriser d'une manière plus simple, là, pour éviter le plus
possible le cas par cas puis justement respecter le voisinage. Puis il y a des
dispositions qui sont prévues dans le projet de loi qui reflètent tout à fait
ça.
C'est sûr qu'idéalement, tu sais, si... On va
quand même agrandir des bâtiments, puis ça, c'est sûr que ça peut quand même
soulever une certaine préoccupation pour les populations autour, mais, quand
même, il y a des choses qui... il y a des
manières de faire, là, qui permettent de rassurer. Bien... sauf que là, si on
vient ajouter des unités animales, là, on
change la donne pas mal. Puis pour nous, ça, ça ne serait pas quelque chose à
retenir pour justement assurer l'acceptabilité sociale de ces nouvelles normes
là, mais, tu sais, par exemple, si on agrandit un bâtiment, on va probablement déplacer des éléments de ventilation,
par exemple. C'est très important, la ventilation, pour les bâtiments
qu'il y a des animaux dedans.
Est-ce qu'on approche ces unités-là du voisinage
à côté? Si on agrandit d'un côté, disons qu'il y a des distances séparatrices
des deux côtés, il y a nécessairement quelqu'un qui est perdant là-dedans.
Donc, oui, on est contents que ce soit pris en compte. On comprend que c'est
pour des bonnes raisons, sauf qu'on ne veut pas non plus que ce soit une boîte
de Pandore, entre guillemets, là, sans dire que c'est la fin du monde non plus,
là, mais c'est important pour les personnes qui habitent à côté.
• (18 h 30) •
M.
Chassin : Je comprends.
Donc, autrement dit, pour vous, c'est l'espèce de position de compromis, là, de
dire : Bien, on n'en ajoutera pas,
comme ça, on est certains que le bon voisinage et l'équilibre actuel est
respecté le plus possible.
M. Sabourin (Jean-François) :
Exactement.
M. Chassin : Je
traduis bien vos propos?
M. Sabourin (Jean-François) : Oui.
M. Chassin :
D'accord. Bien, merci beaucoup. Je pense que c'est pas mal tout le temps que
j'avais. Merci beaucoup de votre présentation et de votre participation. C'est
bien gentil.
M. Sabourin (Jean-François) : Merci
à vous.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Nous poursuivons l'échange, cette fois-ci, avec le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Merci pour votre présence, merci pour les
clarifications. Je vais aller à vos recommandations, et je veux commencer avec
la recommandation n° 1. Vous dites qu'il
faut modifier la Loi sur les mines afin qu'une municipalité qui le souhaite
puisse permettre l'extraction de substances minérales de surface, même
dans un secteur identifié comme territoire incompatible avec l'activité
minière, et ce, aux conditions qu'il détermine. Pourquoi aller avec cette
recommandation?
M. Côté (Daniel) : En fait, parce
qu'à peu près toute... je vais faire un pas en arrière. À peu près toute la
législation reconnaît une différence entre les carrières et les sablières, donc
les activités de surface versus les autres activités minières en profondeur,
qui sont beaucoup plus lourdes et qui sont de nature beaucoup plus
industrielle. Donc, on souhaite que cette différenciation-là s'applique
également lorsqu'on parle de territoires incompatibles à l'activité minière. Ça
nous permettrait, par exemple, de permettre des petites carrières ou des
petites sablières familiales, par exemple,
qui sont très utiles à nos travaux routiers, par exemple, ou à nos autres
travaux d'infrastructures. Ça nous permettrait de
les permettre même si le territoire est déclaré incompatible à l'activité
minière, parce qu'il y a quand même une différence fondamentale entre activités
de carrière et de sablière versus activités minières au sens où on l'entend
habituellement. Bien, cette différenciation-là n'est pas prévue actuellement.
Donc, on aimerait que ce soit différencié, et ensuite la municipalité, comme
garante de l'acceptabilité sociale, pourra décider de la grosseur puis de
l'ampleur que prend la carrière ou la sablière qui est permise dans un
territoire incompatible à l'activité minière. Je ne sais pas si c'est plus
clair.
M.
Derraji : Oh! non, non,
c'est très clair. Je voulais voir votre point de vue avant de vous poser la
prochaine question. Vous l'avez soulevé, par rapport à l'acceptabilité sociale
des minières, et le groupe qui était là avant vous, je ne sais pas si avez eu
l'occasion de suivre la présentation de la Coalition Pour que le Québec ait
meilleure mine!, ils nous parlaient de l'article 53. Et, tout au long de
leur présentation, ils parlaient vraiment que, si l'article 53 et ce
projet de loi est adopté tel qu'il est, c'est qu'il va y avoir quand même un
problème au niveau des municipalités. Donc, ils ont levé vraiment le drapeau
rouge par rapport à l'acceptabilité sociale. Vous, c'est quoi, votre point de
vue par rapport aux claims? Un. Deux, pensez-vous que c'est bon d'augmenter de
deux à trois ans la première fois et, par la suite, deux ans?
M. Côté
(Daniel) : Bon, vous me
pardonnerez de ne pas avoir suivi les travaux du témoignage précédent,
mais...
M. Derraji : Ce n'est pas grave. Je
vous ai résumé... mais, en fait, je vous ai résumé un peu ce qu'il disait, le
groupe avant vous, parce qu'ils ont beaucoup parlé de l'acceptabilité sociale.
Ils ont beaucoup parlé de l'impact sur les municipalités. Donc, un, vous êtes
les meilleurs représentants des municipalités. Jusqu'à aujourd'hui, l'Union des
municipalités, d'après ce que j'entends, du
Québec, est un acteur important, l'Union des municipalités. Donc, avez-vous
des inquiétudes par rapport à l'augmentation de la durée des claims de deux à
trois ans? J'aimerais bien vous entendre par rapport à ça et j'aimerais bien
vous entendre... Je sais que vous avec mentionné l'article 75, ça concerne
autre chose, mais j'aimerais bien vous entendre sur l'article 53, aussi,
de ce projet de loi.
M. Côté (Daniel) : Parfait. Je vais
laisser Jean-François compléter ma réponse. De façon très générale, je crois
que les municipalités sont les garantes de l'acceptabilité sociale. On est sur
le terrain, on vit au quotidien avec les
gens qui habitent le territoire en question. Nos réglementations d'urbanisme
sont en place pour permettre la meilleure conciliation des usages sur le
territoire. Dans nos MRC, on a adopté les territoires compatibles à l'activité
minière. Donc, toute la question... Puis il y a aussi une revendication
historique de l'UMQ, et je ne passerai pas à côté, c'est l'abrogation de
l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, où nos pouvoirs
sont soustraits. Lorsqu'on parle de mines ou d'activités pétrolières et
gazières sur nos territoires, on ne peut pas les réglementer avec notre
réglementation municipale. Donc, ça, c'est au niveau historique.
Maintenant, sur votre question précise,
Jean-François, est-ce que tu aurais une piste de réponse pour nous?
M. Sabourin (Jean-François) : Oui.
Bien, en fait, je partage l'avis de M. Lapointe qui a parlé tantôt, Ugo
Lapointe, si je ne me trompe pas... j'ai pu écouter le début seulement, là, par
rapport au fait que le projet de loi, essentiellement,
en matière minière, c'est des ajustements, c'est des corrections de choses
administratives, essentiellement. Deux
à trois ans, pour nous, ça rentre là-dedans. Ça n'empêche pas que c'est très
important, la question de l'encadrement de l'acceptabilité sociale.
Justement, comme M. Côté le mentionnait, c'est le rôle des municipalités de
faire cet arbitrage-là, de ramener le monde ensemble, au final.
Les TIAM sont un outil très intéressant à ce
niveau-là. Les TIAM, justement, le cadre légal actuel nous permet d'en faire, d'en identifier, des
territoires incompatibles avec l'activité minière, mais notamment, là-dedans,
c'est balisé par des orientations gouvernementales. Les orientations
gouvernementales, on a des demandes à ce niveau-là. Par contre, ce n'est pas
dans la loi, c'est vraiment dans les orientations du gouvernement. Ça, on
travaille déjà en collaboration avec le MERN à ce sujet-là.
Donc, concernant, après ça, la question de
l'augmentation de la taille des baux miniers, donc, bien, ça... en fait, l'article 53, là, exactement, là,
c'est... pour nous, le fait que ce soit soumis à... dans notre analyse, le fait que ce soit soumis à
l'approbation du ministre de l'Environnement à nouveau, là, donc comme si
c'était un peu une nouvelle mine, pour nous, ça nous rassure un peu parce que
les exigences vont pouvoir être là. À ce moment-là, ça va avec le même esprit.
Après ça, si un territoire est, de toute façon, indentifié comme incompatible
avec l'activité minière, il ne pourra pas être non plus agrandi. Donc, ça va...
c'est un peu la continuité. Pour nous, c'est ça. Comme je disais, c'est des
ajustements, c'est un peu des questions administratives.
M. Derraji : Je vais répéter ma
question. Donc, il n'y a pas de problème réel de claims au Québec, d'un point
de vue des municipalités de l'UMQ? L'UMQ, aujourd'hui, dit qu'il n'y a pas de
problème de claims réel au Québec, il n'y a pas de problème.
M. Sabourin (Jean-François) : Il y a
des enjeux, certainement, de cohabitation des activités minières avec les
autres activités. Ça, on est tout à fait clairs là-dessus. Soyons clairs là-dessus.
Après ça, les claims font partie du système, des activités minières. Ça, c'est une chose, mais, dans la mécanique, on ne se prononce pas là-dessus. Ce n'est pas nécessairement
de notre ressort. Notre ressort, c'est la cohabitation des différentes
activités par l'aménagement...
M.
Derraji : Oui, on s'entend, parce que c'est votre rôle aussi, au
niveau de la cohabitation et l'acceptabilité sociale. Au bout de la ligne, s'il
n'y a pas d'acceptabilité sociale, c'est sûr que vous allez augmenter
l'achalandage au niveau de vos conseils, les gens vont venir vous voir. Moi,
c'est le but cherché et recherché par l'UMQ d'avoir une... Encourager les gens
à venir au conseil, ça, c'est autre chose. Je vous laisse le soin d'augmenter
l'achalandage au niveau de nos conseils. C'est très bon pour la démocratie.
Je reviens à ma
question. De deux à trois ans ne vous pose aucun problème aujourd'hui,
l'augmentation des délais? Ah! pas les délais, désolé.
M. Côté
(Daniel) : À valider. Honnêtement, honnêtement, moi, je n'ai pas la
réponse précise à cette question précise, là, mais ce qu'on dit toujours, c'est
que, plus on a de possibilités au niveau local, plus les municipalités ont de
pouvoirs, plus les municipalités ont leurs... on applique les responsabilités
en aménagement du territoire et plus on évite les conflits d'usage. Ça fait
que... voilà, mais je n'ai pas de réponse précise sur le deux ou trois ans.
M. Derraji :
O.K. Vous proposez aussi de retirer l'article 75 du projet de loi afin de
ne pas limiter davantage la possibilité pour
les municipalités de faire valoir leur point de vue lorsqu'elles présentent des demandes d'exclusion de la zone
agricole. C'est quoi, l'enjeu derrière l'article 75? Et pourquoi vous
voulez le retirer? Je comprends ce que vous dites, mais pouvez-vous juste
élaborer un peu, s'il vous plaît?
M.
Côté (Daniel) : Bien, en fait, l'article 75 remet tout ça entre
les mains des MRC. Donc, ce qu'on souhaite, c'est que les municipalités
locales conservent leur pouvoir de représentation auprès de la CPTAQ, et non
pas tout transférer ça entre les mains des
MRC. L'objectif de ces dispositions administratives là, c'est probablement
qu'il y ait moins de demandes qui
arrivent à la CPTAQ, mais ce qu'on dit, c'est qu'il va y avoir autant de
demandes parce que la MRC n'arbitrera
pas les demandes. Je ne dirais pas
c'est utopique, mais c'est quasi utopique de penser que la MRC va rejeter une demande d'une de ses municipalités
locales. Non. La MRC va toutes les pousser auprès de la CPTAQ, donc on ne gagnera pas plus en efficacité. Et on
souhaite que les municipalités locales, qui connaissent très bien leur
terrain, qui connaissent très bien leurs citoyens, puissent conserver le
pouvoir de faire leurs représentations à la CPTAQ.
M. Derraji :
Oui. Donc, c'est question, pour vous, connaissance du territoire. Les maîtres
d'oeuvre, c'est les municipalités qui doivent mener le combat au niveau de
l'exclusion, demandes d'exclusion. J'ai bien compris?
M. Côté
(Daniel) : Exact. Exactement.
• (18 h 40) •
M. Derraji :
Excellent. Je termine avec le dernier point. Si vous voulez juste aller un peu
rapidement parce qu'il me manque du temps. La Loi sur l'expropriation, est-ce
que, pour vous, c'est un enjeu que vous ne voyez pas dans ce projet de loi ou
c'est une urgence pour l'UMQ?
M. Côté
(Daniel) : En fait, c'est pratiquement une urgence. Ça a été... on l'a
inclus dans le dernier pacte fiscal Québec-municipalités en 2020. Il y a, en
fait, un engagement gouvernemental de veiller à la modification de la Loi sur
l'expropriation. On ne le voit pas dans le projet de loi en cours, mais on
demande, depuis un certain temps, qu'il y ait un projet de loi pour modifier la
Loi sur l'expropriation pour qu'elle soit plus...
M. Derraji :
Oui. J'imagine que vous étiez consultés parce que je vois le domaine municipal
parmi les six secteurs où l'omnibus
règle. Vous étiez consultés au début de ce projet de loi, j'imagine? Vous avez
formulé vos recommandations pour l'allègement réglementaire?
M. Côté
(Daniel) : Effectivement, oui.
M. Derraji :
Et aujourd'hui vous ne voyez pas la Loi sur l'expropriation. Est-ce que vous
avez une idée pourquoi il y a cet oubli ou vous voulez le voir...
M. Côté
(Daniel) : En fait, j'ai l'impression que c'est deux demandes qui
étaient connexes. On profite de la tribune
pour le remarteler, mais c'était deux demandes qu'on faisait de manière
connexe. Donc, on espère d'être convoqués bientôt pour une étude de la
Loi sur l'expropriation.
M. Derraji :
Bien, ils sont là. La partie gouvernementale, ils sont tous là. J'imagine
qu'ils vont faire transférer votre message qu'il y a une urgence de
l'UMQ de réformer la Loi sur l'expropriation. Je l'ai bien reformulé?
M. Côté
(Daniel) : Voilà.
M. Derraji :
Ah! voilà. Donc, je joue votre rôle même en commission, hein? Je vous remercie
pour la clarté des réponses. Merci à vous deux. Merci, Mme la Présidente.
M. Côté
(Daniel) : Merci, M. le député.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Merci. Merci beaucoup, messiers, pour votre présentation. Par rapport à l'industrie
minière, vous, vous dites... vous parlez de sablière familiale pour les routes,
et tout ça. Donc, ce que vous dites, c'est qu'une carrière et une sablière, ça
n'a pas d'impact environnemental.
M. Côté (Daniel) : Non, ce n'est
pas ça qu'on dit. Ils ont un impact environnemental. Par contre, il est souvent
beaucoup moindre qu'une grosse industrie minière qui va aller extraire en
profondeur. Donc, il y a un impact environnemental. Il y a un impact au niveau
de l'acceptabilité sociale, mais elle est souvent moindre. Une petite carrière
a beaucoup moins d'impact qu'une méga-industrie, soyons clairs.
Mme Ghazal : Puis comment
est-ce qu'on pourrait en tenir compte avec la proposition que vous faites, où
vous dites qu'on pourrait... il pourrait quand même y en avoir dans un territoire
incompatible avec l'activité minière? Comment est-ce qu'on peut tenir compte de
ces impacts-là?
M. Côté (Daniel) : En fait,
c'est nous qui déterminons les territoires incompatibles à une activité
minière, hein? Ça, c'est un pouvoir qu'on a à l'échelle de nos MRC ou de nos
CM, donc on les détermine. Mais ça, c'est pour empêcher, justement, qu'il y ait
des activités minières lourdes sur des territoires où l'acceptabilité sociale
ne serait pas au rendez-vous, où les risques environnementaux seraient trop au rendez-vous
aussi.
Donc, par contre, on veut, on souhaite une
distinction... comme à peu près toute la législation québécoise prévoit toujours
une distinction entre carrière et sablière et les grosses mines, là, bien, dans
les cas des TIAM, cette distinction-là n'existe pas. Ça fait qu'on souhaite que
cette distinction-là prenne un peu de marge de manoeuvre des fois. Si on a
besoin, par exemple, sur le bord d'un chantier, pour une école, ou un hôpital,
ou peu importe, bien, si on a besoin d'une carrière puis qu'il y en a une
effectivement qui est juste à côté, bien, plutôt que de faire promener des
camions sur de très longues distances, bien, souvent, à ce moment-là, l'impact
environnemental devient moindre.
Donc, c'est tout ça qu'on veut. On veut avoir la
marge de manoeuvre pour le faire puis de faire confiance aux municipalités. Au
niveau de l'acceptabilité sociale, je pense que c'est un gage de succès.
Donc, si vous nous laissez un peu plus de marge
de manoeuvre là-dessus, je ne vois pas de problème. D'ailleurs, toutes les
autres lois nous laissent la marge de manoeuvre.
Mme Ghazal : O.K., puis je
comprends.
Pour la question sur le patrimoine, parce que
c'est le seul chapitre où vous n'avez pas vraiment de recommandation, je l'ai
lu, vous en avez parlé, est-ce que vous pouvez, comme, m'expliquer un peu plus qu'est-ce
que vous voulez? C'est enlever le délai de 90 jours pour les bâtiments à
démolir avant 1940, s'ils n'ont pas de valeur patrimoniale, c'est ça? C'est ça,
la recommandation?
M. Côté (Daniel) :
Effectivement, c'est ce qui est prévu au projet de loi. Donc, on est d'accord
avec ce qui figure au projet de loi, tout simplement.
Mme Ghazal : Ah! O.K. Ça fait
qu'il n'y a pas de recommandation, mais vous le marquez pour dire que c'est une
bonne chose?
M. Côté (Daniel) :
Effectivement. En fait, ce qu'on mentionne, c'est : ce qui est prévu au
projet de loi fait notre affaire. Dans le fond, il y a un gain d'efficacité
qu'on peut gagner là, surtout quand un bâtiment est déjà... est reconnu comme
n'ayant pas de valeur patrimoniale. S'il y a un risque ou une possibilité de
valeur patrimoniale, bien oui, il faut l'étudier à fond, parce qu'on veut
préserver notre patrimoine, évidemment, avec le financement qui pourrait venir
avec. C'est un clin d'oeil qui n'a pas rapport avec le p.l. n° 103,
mais, quand même, c'est ça...
Mme Ghazal : ...vous écoute.
M. Côté (Daniel) : Ah! on a
tout intérêt à préserver notre patrimoine.
C'est juste que, dans ce cas-ci, si on a, par
exemple, un bâtiment qui est... en fait, qui est en toute apparence et que personne ne reconnaît comme ayant une
valeur patrimoniale, bien, plutôt que d'attendre 90 jours avant de
permettre de libérer l'espace, bien, on pourrait aller plus rapidement. C'est
ce que prévoit le projet de loi, et on est d'accord.
Mme Ghazal : C'est ce prévoit,
de toute façon, le projet de loi n° 69, c'est ça?
M. Côté (Daniel) : Voilà.
Mme Ghazal : O.K. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons maintenant avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme
la Présidente. Bonsoir à vous deux. On va laisser faire les formalités, Daniel.
Bienheureuse de te voir. J'imagine que c'est la salle de conférence derrière.
Dommage qu'on n'ait pas une vue sur la baie
de Gaspé, qui se trouve juste derrière, parce que ça vous ferait un très beau
spectacle à toute la salle ici.
Bien,
je vais simplement demander peut-être plus de détails sur la question de revoir la Loi
sur l'expropriation. Bon, on en a
parlé en surface, mais quels seraient les allègements réglementaires par
rapport à cette loi-là? Et qu'est-ce qui serait bénéfique pour les
municipalités, là, dans la... en termes de réduction du fardeau administratif?
Je n'ai pas beaucoup de temps, j'en ai déjà grugé quelques secondes, donc...
M. Côté (Daniel) : Pas de
problème, Mme la députée. En fait, très brièvement, je vais essayer
d'aller très brièvement, mais c'est complexe, l'expropriation, là. Dans le
fond, le cadre légal n'a pas été revu depuis un certain temps. Il est tellement dépassé que, dans... En fait, ça prend une loi
spéciale ou le gouvernement décrète des lois spéciales pour contourner
la loi qui est dépassée pour permettre d'aller plus rapidement, de se soutirer
à certains processus.
D'habitude, quand on fait une expropriation, ce
n'est pas de gaieté de coeur, là. Il n'y a personne qui le fait de gaieté de
coeur. C'est parce qu'on a vraiment besoin des terrains en question ou des
propriétés en question pour... à des fins d'utilité publique. D'ailleurs, ça
n'a jamais arrivé qu'une municipalité s'est fait débouter par la cour parce que
ce n'était pas dans l'intérêt public qu'elle faisait une expropriation.
Il y a la question de la valeur au propriétaire
qui pose un certain problème. Au fond, c'est très arbitraire comme processus.
C'est pour ça qu'on veut que ce soit un peu mieux encadré, un peu comme l'a
fait l'Ontario dans les dernières années ou la Colombie-Britannique, qui ont
revu leur loi sur l'expropriation pour la mettre au goût du jour. Plus la Loi
sur l'expropriation est modernisée, plus on a, dans le fond, les coudées
franches pour réaliser des parcs, des espaces verts ou des projets d'utilité
publique.
C'est tout ça qu'on veut revoir. Il y a une
table technique qui a été mise en place. L'UMQ y participe avec le ministère des Transports, qui est responsable de
cette loi-là, mais on veut continuer d'aller de l'avant. Donc, on
profitait de la tribune, parce que c'est un dossier... d'allègement
administratif, on profitait de la tribune pour le marteler.
Mme Perry Mélançon : Comme mon
collègue de Nelligan, je vous ai laissé la tribune pour un petit rappel au
gouvernement. Je vois le député de Saint-Jérôme qui vous fait un signe. Bien,
merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, merci, M. Côté, merci, M. Sabourin, pour votre
contribution à la commission, aux travaux de la commission. Alors, on va vous
souhaiter aussi une bonne fin de journée.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux au mercredi 3 novembre 2021, après les affaires
courantes, pour poursuivre son mandat. Merci beaucoup et bonne soirée à toutes
et à tous. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 48)