(Onze heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Tremblay) : Alors,
bonjour à tous et à toutes. Votre attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail
ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le
régime de santé et de sécurité au travail.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Bélanger (Orford)
est remplacé par Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré); Mme Boutin
(Jean-Talon), par Mme Picard (Soulanges); Mme Chassé (Châteauguay),
par M. Reid (Beauharnois); Mme Rotiroti, par M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par
M. Gaudreault (Jonquière).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Tremblay) :
Parfait. Par ailleurs, je comprends qu'il y a consentement afin que nous puissions procéder par appel nominal à toutes les
mises aux voix au cours de la présente séance. Il y a consentement? Parfait.
Nous poursuivons, ce matin, avec le sujet 5,
Prévention; 5.2. Soutien au milieu de travail; 5.2.4. Financement d'organismes
et attestation de formation. Et, lors de l'ajournement des travaux hier, la commission
en était à l'étude de l'article 207 tel qu'amendé.
Alors, on m'a signifié qu'il y avait une demande
de suspension. Je demanderai de suspendre les travaux, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
(Reprise à 12 h 08)
Le Président (M. Tremblay) : Alors,
on reprend nos travaux avec l'article 207 tel qu'amendé. La parole est au député
d'Hochelaga-Maisonneuve pour la présentation d'un amendement.
M. Leduc : Merci, M. le Président.
Je me permets de vous saluer. C'est la première fois, je pense, que vous
présidez notre projet de loi.
Le Président (M. Tremblay) : Oui,
avec plaisir, je crois.
M. Leduc : Bienvenue, bienvenue.
Le Président (M. Tremblay) :
Deuxième fois? Bon.
M. Leduc : Deuxième fois déjà? Bon.
Le Président (M. Tremblay) : Encore
davantage de plaisir.
M. Leduc : Oui, c'est ça.
Rebienvenue, alors. Alors, ça va comme suit : Article 207 :
Insérer, après le paragraphe 1° de l'article 207
du projet de loi, les paragraphes suivants :
1.0.1° par l'insertion, après le paragraphe
1°, du paragraphe suivant :
«1.1° informer et renseigner les travailleurs et
les employeurs sur leurs droits et leurs obligations prévus à la présente loi;
«1.0.2° par l'insertion, à la fin du paragraphe
3°, de «, incluant ces mesures de soutien pour les travailleurs non
représentés par une association accréditée;».
En gros, M. le Président, hier, avant de fermer,
j'ai soumis au ministre que j'avais quatre sujets que je voulais traiter dans
cet article-là. On a eu des échanges et là on réussit à en... je dirais, à en
régler deux avec cet amendement-là. Le premier est la question du devoir d'information,
et la seconde, c'est les mesures de soutien. Alors, ça me réjouit. Je pense que
c'est une bonne nouvelle. C'est des suggestions, là, qu'on avait reçues de la
part de différentes personnes, des professeurs de droit, notamment, entre
autres à l'UQAM, avec qui on collabore, avec qui on a regardé, là, plus attentivement
les mémoires qu'ils avaient... qu'elles avaient, je devrais dire, «elles»,
c'est beaucoup des femmes, qu'elles avaient déposées au
tout début, là, de cette aventure du p.l. n° 59, il y a presque un an
de cela. Et voilà.
Donc, il y a un volet qui est le devoir
d'information. C'est le premier paragraphe qu'on rajoute, le 1.1°, parce que la
CSST, contrairement à la CNT, l'ancienne Commission des normes du travail,
n'avait pas nécessairement un devoir d'information auprès des non-salariés.
C'était dans un environnement presque à 100 % syndiqué qu'elle évoluait. Cette culture-là n'était pas
particulièrement développée, alors on voulait s'assurer, en rajoutant cette
référence-là, que se développe, donc, cette
culture à la CNESST maintenant d'aller vers les travailleurs et les employeurs
aussi, bien sûr, et pour les informer,
pour les renseigner sur leurs droits, sur leurs obligations. Ce n'est pas
quelque chose qui est nécessairement inné. On n'est pas en train de dire
qu'il n'y avait absolument rien qui se faisait à la CNESST, mais là on voulait,
tant qu'à rouvrir la loi, tant qu'à avoir les fonctions de la commission
d'ouvertes devant nous, venir rajouter ça pour que ça soit vraiment clair, que
ce soit vraiment précis, que ça devienne un objectif, que ça devienne une
fonction de la commission d'informer et renseigner le travailleur.
• (12 h 10) •
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M.
Boulet : Bien, écoutez, oui, on a pris connaissance du projet
d'amendement. On en a discuté, effectivement, M. le Président, puis ce que je comprends, c'est que la CNESST aura à
informer les parties, pas seulement les travailleurs, les employeurs,
parce que c'est un régime qui doit tenir compte d'une réalité un peu articulée
autour des travailleurs et des employeurs et s'assurer que les informations
pertinentes liées à l'exercice de sa mission soient bien respectées.
Donc, moi, je prends acte du projet
d'amendement, puis on va se comporter en conséquence.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci. Le deuxième sujet,
c'étaient les mesures de soutien. Bon, c'est une chose d'informer les travailleurs et travailleuses, en particulier les
non-syndiqués, c'en est une autre de les soutenir. En effet, la
Commission des normes du travail avait cette
fonction et l'a toujours, à travers la CNESST, de soutenir les travailleurs, de
les accompagner dans l'exercice de leurs droits.
Là, on ouvre toutes sortes de nouveaux droits,
toutes sortes de nouvelles fonctions en prévention du travail. C'est une bonne
chose, mais comment ça va s'appliquer? Comment la CNESST va accompagner le
travailleur ou la travailleuse là-dedans? C'était un peu flou, à notre avis,
d'où l'insertion du deuxième paragraphe au paragraphe 3° de... voyons, de
l'article du ministre, de l'article du projet de loi du ministre, qui disait...
qui dit, pardon, «incluant des mesures de soutien pour les travailleurs non
représentés par une association accréditée».
Évidemment, on parle ici d'un non-syndiqué, qui
sont vraiment les parents pauvres, là, à peu près dans tous les domaines du
droit du travail. N'étant pas syndiqués, ils ont difficilement accès à une
représentation, ils ont difficilement accès à l'information, ça, on venait de
le régler. Mais les mesures de soutien, on n'est pas allés dans tous les fins détails, mais on voulait quand même
que ça soit précisé, mesures de soutien, pour que la CNESST, encore une
fois, ait ces fonctions pas seulement d'informer, mais d'accompagner, de
soutenir les travailleurs non syndiqués dans leur exercice... dans l'exercice
de leurs droits. Ça nous apparaissait un incontournable d'une réforme, d'une
vraie réforme de santé et sécurité. Je suis content de voir que le ministre est
ouvert à cette modification.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le ministre.
M.
Boulet : Bien, oui, tout à fait, mais je comprends bien l'objectif.
Mais c'est important pour moi de préciser que ce n'est pas un
encadrement, ce n'est pas une représentation. La CNESST ne représente pas une
partie. Elle soutient les parties, elle leur donne l'information, elle leur
permet de respecter les droits et obligations prévus dans la loi, mais il faut
simplement éviter la confusion. C'est la raison pour laquelle ce n'est pas le
mot «représentation», mais c'est véritablement du soutien. Merci.
M. Leduc : Bien, il est entendu que
j'aurais préféré avoir du soutien, là, que ça soit vraiment l'approche plus
complète comme celle qu'il y a à la CNT, mais, bon, il faut discuter, dans la
vie, il faut trouver des compromis. Là, on avait celui-là, de mesures de
soutien. Il n'y avait pas la partie d'encadrement, ça viendra peut-être dans
une autre législature, on verra bien, mais au moins on a la mesure de soutien
qui est sur la table, là, puis qui est une avancée, à mon avis, importante.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions sur l'amendement? M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci, M. le
Président. Merci de présider. Bienvenue dans cette commission très importante. Je voudrais en profiter pour saluer
également les manifestants qui étaient présents devant le Parlement ce
matin, les représentants de plusieurs corps
syndicaux. Je ne veux pas commencer à les nommer parce que je vais en oublier,
là, mais il y en avait vraiment beaucoup qui
étaient présents. Et je pense que leur manifestation démontre l'importance
du travail que l'on fait mais également le fait
qu'aucun recul n'est acceptable sur la santé et sécurité, la prévention en
matière de santé et sécurité au travail.
Évidemment, on est là pour améliorer et bonifier la loi, je pense qu'on l'a
fait beaucoup et largement, puis on va continuer de le faire, mais les
syndiqués qui étaient présents ce matin comprennent très bien ce travail, mais
évidemment ils refusent tout recul là-dessus. Alors, on en sera les gardiens,
certainement, de ce côté-ci.
Maintenant, sur
l'amendement comme tel, moi, je suis favorable, là, à cet amendement, donc...
On ne peut pas être contre d'informer, de renseigner les travailleurs, les
employeurs sur leurs droits et leurs obligations. Je pense que c'est
intéressant de le nommer.
Et effectivement, des mesures de soutien... on sait
à quel point les travailleurs non représentés par une association accréditée
peuvent être vulnérables dans des milieux de travail, des milieux de travail
parfois qui sont difficiles, qui sont à
risque de problèmes de santé et sécurité. Et moi, j'ai toujours plaidé pour que
la CNESST se positionne non pas juste
comme une instance étatique, gouvernementale, un peu au-dessus de tout le
monde, qui gère les indemnités, bon, mais je le vois aussi, moi, comme
une institution qui doit faire en sorte que les travailleurs soient de plus en
plus autonomes, comme travailleurs, mais aussi par rapport à leur santé et
sécurité au travail.
Donc, c'est dans cet esprit-là que, quand on dit
«des mesures de soutien», bien, ça vient... moi, je veux le voir dans un esprit
où on donne plus de moyens aux travailleurs non représentés par une association
accréditée pour s'affirmer davantage dans un contexte de relations
patron-employés, mais aussi pour être plus autonomes pour faire plus de
démarches, là, pour prendre en charge leur propre santé et sécurité au travail.
Alors, moi, c'est dans cet esprit-là que je le vois, puis évidemment je vais
appuyer cet amendement. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : Merci.
D'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (12 h 20) •
M. Leduc : Oui. Je veux également
saluer les manifestants qui étaient là ce matin, là. On a eu l'occasion
d'échanger longuement ce matin avec eux, et je veux surtout saluer leur courage
de se présenter sous la pluie, au froid, pour défendre leurs convictions. C'est
super.
Je voulais
juste rajouter, en fait, tant qu'à être dans l'amendement... Je vous avais
mentionné que j'avais cinq sujets que je voulais traiter. Il y en a un
troisième qui ne se retrouve pas dans l'amendement, mais je voulais qu'on ait
la discussion, M. le ministre et moi, parce qu'il n'y avait peut-être pas
besoin de faire un amendement, c'est ce qu'il m'avait indiqué, puis on pourrait
juste le clarifier, là, avant de voter celui-là, à savoir la possibilité de
faire des aides financières pour des associations représentant des salariés non
syndiqués. J'ai cru comprendre que c'était déjà couvert par l'article 207
du projet de loi. Est-ce que le ministre pourrait m'indiquer où exactement
c'est le cas?
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Boulet : Oui, merci. Donc, c'est
le paragraphe 15° qui prévoit la possibilité d'accorder une aide financière à
une association ou à un organisme pour un projet qui vise la formation ou
l'information en matière de santé et sécurité du travail. Voilà. C'est prévu
clairement dans ce paragraphe.
M. Leduc : Est-ce que... puis
ça, c'est un nouveau paragraphe. Ce n'est pas quelque chose qui existe déjà, là.
Il n'y a pas de référence à du financement comme ça dans la loi actuelle?
M. Boulet : Effectivement.
M. Leduc : O.K. Puis est-ce que, par exemple, pour
concrétiser, là, ce que ça peut vouloir dire... tu sais, il y a quand
même plusieurs groupes que j'ai en tête, là, qui évoluent avec des
non-syndiqués, par exemple, Au bas de l'échelle ou, en Mauricie, il y a CANOS,
C-A-N-O-S, il y a le CIAFT, C-I-A-F-T, qu'on a entendu ici, il y a le CTI,
centre des travailleurs immigrants.
Est-ce que c'est des exemples de groupes qui
pourraient, j'utilise bien sûr le conditionnel, là, qui pourraient obtenir une
telle subvention, tel que précisé au paragraphe 15°?
M. Boulet : Excusez-moi.
M. Leduc : Je faisais la liste
des groupes, par exemple, là... sans vouloir garantir qu'ils vont recevoir un
financement, toujours bien qu'il va falloir qu'ils déposent un projet. Mais,
pour concrétiser ce que vous venez de me dire, là, que c'est avec 15° qu'on se
donne la possibilité de faire du financement à des groupes, je donnais quelques
exemples, là, par exemple, Au bas de l'échelle, que vous connaissez, dans votre
région de Mauricie, il y a CANOS, le CIAFT, le CTI, centre des travailleurs
immigrants.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
L'important, c'est de respecter la condition, là, pourvu qu'ils n'aient pas
reçu d'autres sommes pour une même personne en vertu de notre loi. Donc, ça
vise les organismes auxquels vous faites référence. Il n'y a pas de limitation
à cet égard-là.
M. Leduc : Qu'est-ce que ça
veut dire, donc, d'autres sommes pour la même loi pour...
M. Boulet : Bien, c'est
qu'on... dans la même période de temps, en vertu de la loi en santé et
sécurité, ils n'ont pas reçu de somme pour éviter la duplication. C'est la
condition qui était prévue. Je pense que c'est de la saine gestion, tout
simplement.
M. Leduc : Oui. On dirait que
j'ai de la misère à imaginer un cas concret. Avez-vous un exemple?
M. Boulet :
Bien, c'est parce que, s'il redemande, pour le même projet de formation, les
mêmes montants d'argent pour la même période de temps, bien, on ne versera pas
en double. C'est simplement ça, là.
M. Leduc : O.K. Ça m'aurait
paru une évidence, là, pas nécessaire de préciser dans la loi. Mais je suis mal
placé pour vous dire ça, au nombre de choses que j'ai demandé à préciser.
M. Boulet : Oui, surtout avec
les appréhensions que parfois vous exprimez à l'égard des employeurs, je pense
que vous comprenez que ça puisse y apparaître ici.
M. Leduc : Il faut un peu
d'autodérision... faire ce métier-là. Vous êtes d'accord avec moi, M. le
ministre?
M. Boulet : Un peu
d'autodérision à...
M. Leduc : Pour faire le métier
de politicien.
M. Boulet : Ça prend un certain
sens d'autocritique puis de respect de l'opinion opposée, oui.
M. Leduc : Moi, ça complète
pour mon amendement, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le député.
D'autres interventions sur l'amendement? Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix
par appel nominal. On est sur l'article 207 tel qu'amendé. Alors, sur
l'amendement, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire : M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
Le Secrétaire : Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M.
Reid : Pour.
Le Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire : M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Président (M. Tremblay) :
Abstention. L'article 207... excusez, l'amendement est donc adopté.
J'ai une intervention du côté du député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : M. le Président, on vous
a fait acheminer deux autres amendements. Je ne sais pas s'ils sont déjà sur le
Greffier. Si c'est le cas, je pourrais en lire un tout de suite.
Le
Président (M. Tremblay) : Je n'ai pas reçu les documents. Ça ne
devrait pas être très long.
M. Leduc :
Parfait. Merci.
Le Président (M.
Tremblay) : Alors, on revient, finalement, sur 207 tel qu'amendé.
Une voix :
...
Le Président (M.
Tremblay) : Parfait. Alors, on m'indique que les documents sont sur
Greffier. On peut poursuivre.
M. Leduc :
...
Le Président (M.
Tremblay) : Oui, on peut poursuivre avec la lecture des amendements, M.
le député.
M.
Leduc : Merveilleux. Merci.
Je commence avec le premier. Insérer, après le paragraphe 1° de
l'article 207 du projet de loi, le paragraphe suivant :
1.0.3° par
l'insertion, après le paragraphe 11°, du suivant :
«11.1° évaluer ou
faire évaluer périodiquement et au minimum aux cinq ans l'implantation des
mécanismes de prévention et de participation (comité de santé et de sécurité,
représentant en santé et en sécurité, agent de liaison) en appliquant, entre
autres, une analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle, incluant
la présence ou non d'une association accréditée;».
Dans le fond, la clé,
là... je fais référence à l'ADS, mais on y reviendra, la clé de cet
amendement-là, c'est surtout le cyclique de cinq ans. Je sais qu'on a déjà eu
des discussions dans cette commission, à savoir que, dans les dispositions
transitoires, on aura un article qui va créer un rapport d'application avec
différents marqueurs, là, dans le temps. Je
pense qu'on en avait discuté, de deux marqueurs de temps, mais dont le plus
long, je crois, était le cinq ans. C'est une bonne chose, là. Ça me
semble, moi, une évidence qu'on doit faire ça avec à peu près toutes les lois
qu'on vote ici, ou, en tout cas, le plus souvent possible.
Mais
la question que je vous soumets aujourd'hui, M. le ministre, n'est pas celle
d'une évaluation aux cinq ans... après
cinq ans, pardon, mais bien d'un cycle d'évaluations aux cinq ans. C'est que,
oui, on va faire le premier à cinq ans, mais qu'après ça ça ne soit pas
la fin des haricots, parce que l'application des nouveaux mécanismes de
prévention... vont être particulièrement importants dans les prochaines cinq
années, mais elle va être tout aussi importante dans les cinq années suivantes,
et celles d'après, et celles d'après.
C'est une bataille
permanente, la question de la prévention en santé et sécurité du travail. On ne
doit jamais baisser les bras. Et, même si, dans un rapport annuel, la
commission pourrait faire des... pas des évaluations, mais faire quelques
commentaires sur la mise en application post cinq ans, ça ne sera jamais la
même chose qu'une vraie évaluation en bonne et due forme aux cinq ans.
C'est quelque chose
qui se fait dans d'autres pays, là. On a fait des recherches. En Europe, il y a
des enquêtes qui sont faites, de ce genre-là, sur une base régulière. Il y a
des groupes qui ont déposé des mémoires. J'ai, entre autres, ici, le mémoire de
l'équipe SAGE, S-A-G-E, qui proposait, à leurs pages 24 et 25, là, de leur
mémoire, qu'on fasse ce genre d'étude périodique d'application, d'implantation
de nouvelles mesures. Ça nous semblait important de le débattre aujourd'hui, de le soumettre et évidemment
de préciser que cette évaluation-là, aux cinq ans, doit se faire...
devrait se faire avec le prisme d'analyse qui est l'analyse différenciée selon
les sexes et intersectionnelle, appelée communément l'ADS+. Voilà.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Boulet :
Bien, écoutez, ça va être assez bref, là. On a vérifié dans le corpus
législatif québécois, puis ce qu'on avait discuté et, selon moi, convenu, c'est
que, dans les dispositions transitoires, on allait prévoir un rapport de mise
en application, donc un bilan, au bout de cinq ans. On ne s'engage pas à ce que
ce soit périodique par la suite. On ne veut pas s'engager à ce qu'il y ait des ressources
ou des temps de commissions, mais le bilan ou le rapport de mise en application
sera fait et déposé après une période de cinq ans de la sanction de la loi.
Et deuxièmement,
l'ADS, ça aussi, on a eu des discussions puis on a convenu d'un texte où on
s'engageait à prendre en considération la réalité des hommes et des femmes. Et
c'est un texte aussi qui va apparaître dans les dispositions transitoires.
L'ADS, l'analyse différenciée selon les sexes, est une des options, mais ce
n'est pas le seul outil qui est dans le coffre à la disposition des institutions
et des organismes pour s'assurer que, dans l'application ou l'opérationnalisation
d'une loi, l'égalité entre les hommes et les femmes soit totalement respectée.
Je vais limiter mes commentaires à ça. Merci.
Le Président (M.
Tremblay) : Parfait. Merci, M. le ministre. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Oui. Quand même, je veux juste citer un extrait, là, du fameux mémoire dont je
faisais référence, de l'équipe SAGE qu'on a reçue, là, page 25... 24, 25
du mémoire :
«Dans la perspective d'une réforme majeure, il
est impératif que des études soient menées, sur une base régulière, pour
documenter l'implantation des mécanismes de prévention et de participation
prévus par la LSST, ainsi que du mécanisme parallèle que
constituent les mutuelles de prévention. On pourra s'inspirer à cet effet des
études successives ESENER menées en Europe à différents niveaux.
«En plus de fournir des indications sur la
conformité des mécanismes de prévention et de leur implantation, ces études pourraient fournir des informations
précieuses sur les leviers et obstacles à l'implantation ou au maintien
des mécanismes, fournissant ainsi des pistes
sur l'adéquation et sur les ressources et les réalités évolutives des
entreprises.»
Moi, je trouve ça intéressant, parce qu'on peut
imaginer que, là, on fait une grosse réforme de la santé et sécurité — on peut souhaiter que ça ne soit pas la
dernière réforme de santé et sécurité avant un autre 40 ans, on
espère qu'il y aura d'autres personnes qui vont se repencher sur le sujet — et
les différents rapports cycliques des cinq ans seraient de merveilleux outils
pour des prochaines personnes qui seront assises dans le siège de mon collègue
le ministre, dans le futur, pour faire une
analyse vraiment intéressante de ce qui se fait, ce qui fonctionne, ce qui
fonctionne moins bien, et des analyses à jour qui sont faites, là, soit par la
machine interne du ministère, à la limite par des gens de l'externe. Mais le
fait de le faire aux cinq ans me semblait, à moi, en tout cas, un élément important,
sur lequel on devait faire une proposition aujourd'hui.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. D'autres interventions? M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Si j'ai bien compris, on peut comprendre
qu'on ne veut pas, en quelque part, menotter la commission par un seul
critère qui se présente, si j'ai bien compris, de façon différente dans un
secteur ou un autre. On va en convenir qu'il y a des secteurs où c'est un enjeu
assez significatif, où des données vont être pertinentes et risquent de nous
amener à identifier, décortiquer des problèmes ou des enjeux particuliers qui
ont besoin d'être remédiés, en quelque part.
Alors, est-ce que le ministre peut nous assurer
qu'il y a, en quelque part, un mécanisme moins que juste, bon, discrétionnaire
afin de nous assurer qu'il y aura un suivi là où même le ministre identifierait
un enjeu réel?
M.
Boulet : Je peux vous l'assurer. D'ailleurs, dans la mise en
application de cette réforme-là, il y aura des données qui seront
accumulées, des statistiques qui seront tenues de manière à s'assurer que le
droit fondamental, qui est d'ailleurs reconnu dans la Charte des droits et
libertés de la personne, qui a un statut de prépondérance dans le corpus
législatif québécois, soit totalement respecté. Puis, dans le rapport de mise
en application, bien sûr, dans la mesure où il
y a une obligation légale de prendre en considération l'égalité des hommes et
des femmes, ce sera fait, et je vous l'assure.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions sur l'amendement? M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (12 h 30) •
M. Leduc : Oui, bien, peut-être une
petite dernière. C'est que je suis toujours un peu intrigué par l'argument
voulant qu'il faut maintenir une forme de cohérence du corpus législatif et que
ça n'existe pas ailleurs, cette idée-là d'une révision cyclique aux cinq ans,
parce que, mettons, même l'idée de faire une évaluation après cinq ans, il a bien fallu que ça commence une fois, en quelque
part. Il a bien fallu qu'une loi donnée dise : Aïe! on devrait faire ça,
une évaluation aux cinq ans. Il a bien fallu
que quelqu'un ouvre le chemin pour que ça devienne presque une norme
législative.
Alors, l'idée de le rajouter aux cinq ans, je
comprends que ce n'est pas une norme, en ce moment, dans l'ensemble des lois. D'accord,
mais ça ne devrait pas nous menotter, nous limiter dans notre réflexion, à
savoir, si c'est une bonne idée, bien, on la fait, puis peut-être que ça va
ouvrir une nouvelle norme dans les autres lois que nous adoptons ici, dans
cette enceinte.
Alors, je voudrais vraiment qu'on ouvre
peut-être un peu plus nos perspectives par rapport à ça et qu'on se permette
d'innover et qu'on se permette de définir des nouvelles normes. De toute façon,
c'est ce qu'on fait à la journée longue ici, dans le projet de loi n° 59,
définir des nouvelles normes. Alors, je ne vois pas pourquoi on ne se
permettrait pas d'en définir une nouvelle, à savoir une analyse aux cinq ans de
l'implantation de cette nouvelle loi, de ces nouveaux mécanismes. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions? Alors, nous pourrions procéder à la mise aux
voix par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : C'est pour quel,
là?
Le Président (M. Tremblay) :
C'est pour l'amendement, toujours sur 207.
M. Boulet : C'est contre,
effectivement. Contre.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire : Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M. Reid : Contre.
Le Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire : M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Abstention.
Le Secrétaire : Et M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Président (M. Tremblay) : L'amendement
est donc rejeté. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, une intervention?
M. Leduc : Merci. J'avais un
dernier amendement au sujet de l'article à l'étude. Il est sûrement déjà sur
Greffier également.
Le Président (M. Tremblay) :
Tous les collègues ont accès au document? Ça va? Alors, on peut procéder à la
lecture.
M. Leduc : Insérer, après le
paragraphe 1° de l'article 207 du projet de loi, le paragraphe
suivant :
1.0.4° par l'insertion, après le paragraphe 11°,
du suivant :
«19° produire et rendre publiques des données
permettant des analyses différenciées selon les sexes et intersectionnelles,
incluant notamment la présence ou non d'une association accréditée, concernant
les fonctions décrites aux paragraphes 1° à
4°, 7° à 9° et 11°, et demander l'application d'une telle analyse dans le cas
des fonctions prévues aux paragraphes 5° et 6°.»
En gros, M. le Président, c'est le même enjeu, à
savoir l'ADS+. Tantôt, je l'exprimais en lien avec l'analyse cyclique des cinq
ans. Je voulais qu'elle se fasse avec une ADS+. Là, on est dans une perspective
qui est peut-être plus générale, donc produire et rendre publiques des données
permettant des analyses différenciées selon les sexes et intersectionnelles.
Donc, ce n'est pas nécessairement un seul rapport aussi. C'est de manière
semi-permanente, j'oserais dire, d'avoir des données de cette nature-là qui
permettent des analyses, là, d'ADS+.
Vous savez que c'est un combat, là, qu'on ramène
depuis le début. Le ministre a déjà annoncé qu'il y aurait des éléments d'analyse, pas différenciée selon les
sexes, mais, en tout cas, tenant compte des différences entre les hommes
et les femmes. Ce n'est pas la même chose,
évidemment. C'est mieux que rien, mais c'est pour ça que je tenais quand
même à déposer l'amendement ici, pour tenter une dernière fois, peut-être, de
rajouter la référence à l'ADS+ directement dans la LSST.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci. M. le ministre, souhaitiez-vous intervenir?
M. Boulet : Non. J'ai fait mes
commentaires. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. D'autres interventions? Alors, nous pourrions... M. le député de
D'Arcy-McGee? Alors, nous pourrions procéder à la mise aux voix par appel
nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le
Secrétaire : M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Abstention.
Le Secrétaire :
Et M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
Le Président
(M. Tremblay) : L'amendement est donc rejeté.
On revient donc sur
207 tel qu'amendé. Des interventions? Je n'ai pas d'intervention, alors nous
pourrions procéder à la mise aux voix de 207 tel qu'amendé. Par appel nominal,
M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Abstention... Pour. Désolé.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire : Et
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Président (M. Tremblay) : L'article 207,
tel qu'amendé, est donc adopté.
Nous pourrions, sur le thème Habilitation
réglementaire... Oui. M. le député.
M. Leduc : Avant de passer au
prochain thème, j'aurais peut-être des nouveaux articles à déposer dans le
thème Financement et organisation. Donc, je demanderais peut-être une courte
suspension. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Nous allons suspendre.
(Suspension de la séance à 12 h 36)
(Reprise à 12 h 44)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, voilà, on revient.
Très simplement, compte tenu de l'heure, je vous
remercie pour la précieuse collaboration, nous allons reprendre les travaux à
15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
(Reprise à 15 h 02)
Le Président (M. Tremblay) : Alors,
votre attention! Votre attention, chers collègues. La Commission de l'économie
et du travail reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité
au travail.
À la suspension,
nous en étions à l'article 207 amendé. La parole, je crois, au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : N'avions-nous pas adopté
207, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay) : Ah oui!
207 a été adopté. Ceci dit, vous aviez...
M. Leduc : ...un nouvel article, toujours
dans la section, là, 5.2.4, Financement des organismes.
Le Président (M. Tremblay) :
Précisément.
M. Leduc : Parfait. Alors, je peux y
aller? Il est déposé sur le Greffier, logiquement, tout le monde l'aurait.
Le Président (M. Tremblay) : Tous
les collègues ont le document? Parfait.
M. Leduc : Ça va comme suit :
Insérer, après l'article 207 du projet de loi, le suivant :
207.1. L'article 179 de cette loi est
modifié par l'insertion, après le deuxième alinéa, du suivant :
«Sauf dans un cas prévu par règlement,
l'inspecteur ne doit pas aviser l'employeur avant de se présenter sur un lieu
de travail pour effectuer une inspection. Quiconque annonce une inspection à
l'employeur en contravention du présent alinéa est passible d'une amende prévue
à l'article 236 de la présente loi.»
C'est vraiment très simple à expliquer, M. le
Président. Moi, il m'apparaît complètement antinomique qu'un inspecteur annonce
sa venue dans une inspection. Il me semble que, par définition, un inspecteur
doit... à moins de quelques exceptions, là,
qui pourraient être prévues par règlement, comme on le propose, l'inspection doit être de
manière spontanée, doit être une inspection
surprise. Appeler quelqu'un pour dire : Je m'en viens faire une
inspection chez vous, c'est un peu comme dire à son enfant :
Prépare bien ta chambre, là, je m'en viens voir si tu as rangé tes jouets. Tu
es mieux d'aller voir direct si sa chambre est bien... c'est bien rangé ou pas.
C'est comme une indication à la personne : Bien là, ramasse, là, mets la
poussière, vite, vite, sous le tapis, là, on s'en vient voir si tout est beau.
Ça n'a pas de bon sens. Que ça puisse
arriver qu'en effet il faille avertir d'avance notre arrivée, si c'est pour
inspecter, par exemple, une machinerie ou un processus qui doit être enclenché
pour voir s'il fonctionne bien, ça, il y a des cas qu'on
peut prévoir.
Mais que la culture, que je comprends est la
culture actuelle de la CNESST, c'est de prévenir le plus souvent possible
d'avance avant une visite, moi, je pense que ça n'a pas de sens. Je pense qu'on
a l'occasion, donc, avec le projet de loi n° 59, de renverser cette
culture-là, d'envoyer un autre signal de culture différente, et on y propose à
travers un nouvel article qui serait le 207.1. Merci.
Le Président
(M. Tremblay) : Parfait. M. le ministre, souhaitiez-vous
intervenir?
M. Boulet : Bien, écoutez, pour
moi, c'est une règle fondamentale de civilité. Quand on fait une enquête, quand
on fait une inspection, on avise. C'est exceptionnel qu'il ne peut pas ou qu'il
ne doit pas. Puis c'est déjà bien encadré
dans la loi, parce qu'à 179 il a,
comme vous savez, les pouvoirs d'un commissaire d'enquête puis il peut,
dans l'exercice de ses fonctions, pénétrer à
toute heure raisonnable. Et on dit, à 181, qu'à son arrivée il doit, avant
d'entreprendre une enquête, prendre les mesures raisonnables pour aviser
l'employeur, l'association accréditée puis le représentant à la prévention, sur
un chantier de construction, et en avise le maître d'oeuvre et le représentant
à la prévention.
Là, vous inversez ça. Au lieu d'être... Ce qui
est prévu dans la loi, la règle, c'est qu'il avise puis c'est normal. Puis, tu sais, quand on va à son rôle, c'est
d'aider, c'est d'accompagner, c'est de faire des prélèvements, c'est
d'enquêter, c'est de faire des essais, c'est
de demander des documents, c'est
d'installer... et c'est se faire accompagner. Comment tu te fais
accompagner si tu arrives à l'improviste, sans aviser?
Alors, pour moi, ça m'apparaît une règle claire.
Il avise les parties puis il s'assure que son enquête est en bonne et due forme.
Sinon, il n'avisera pas puis il va attendre dans la salle d'attente ou il va
être contraint d'attendre une heure ou deux avant de pouvoir faire ce qu'il
peut ou doit faire. Donc, pour ces raisons, nous ne sommes pas à l'aise avec le
projet d'amendement soumis, avec respect, là. Parce que mon collègue de Québec
solidaire connaît les façons de faire, puis, s'il y a quelqu'un qui a une connaissance
pratique du terrain, c'est bien lui. C'est pour ça que je respecte son point de
vue. Je sais qu'il connaît le mien, puis il est exprimé maintenant.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. D'autres interventions? M. le député.
M. Leduc : Merci. Bien, c'est sûr
que je ne suis pas nécessairement d'accord au fait qu'on oppose ce concept, donc, d'une visite, qui devrait normalement être une visite surprise ou, en
tout cas, non annoncée, avec le
projet d'accompagnement. Pour moi, ce n'est pas deux choses contradictoires. On
peut très bien normaliser, maintenant, des visites non annoncées... Oui, beau
veston, M. le ministre.
M. Boulet : Je me suis toujours
demandé pourquoi c'était essentiel, essentiel.
M. Leduc : Pourquoi on portait un
veston?
M. Boulet : Oui, mais je le
comprends maintenant.
M. Leduc : On peut se poser la question
pour les cotons ouatés aussi, mais...
M. Boulet : Pardon?
M. Leduc : On peut se poser la question
pour les cotons ouatés aussi, mais ça, c'est un autre débat.
M. Boulet : Oui, mais il y a une question
de respect...
M.
Leduc : Si on revenait sur
le sujet? Vous êtes d'accord avec moi, M. le Président, qu'on revienne sur le
sujet?
Le Président (M. Tremblay) : Oui. Absolument,
oui.
M. Leduc : Faire une visite non
annoncée, une visite surprise, constater plein de lacunes, ça ne ferme pas la
porte à un accompagnement pour la suite, au contraire. Si on fait une visite
non annoncée, on a bien plus de chances d'avoir un portrait réel de la situation,
d'identifier des véritables problèmes et de procéder à un accompagnement par la
suite.
Moi, ce qui m'inquiète, dans la culture de la
visite annoncée, c'est la tentative... pas la tentative, mais la tentation très forte de vouloir gommer tous les problèmes,
écarter les problèmes, invisibiliser le plus possible quelques problèmes, et que l'inspection se passe vite faite, bien
faite, merci, il n'y a pas de
problème ici, mais... vous
continuez votre chemin, particulièrement dans des endroits non syndiqués, maintenant, qui vont être systématiquement couverts par le mécanisme
de prévention, où la liberté de parole n'est pas la même que dans un endroit
syndiqué, par définition.
Je trouve ça important que l'inspecteur casse
cette culture d'appeler, de prévenir avant de visiter, pour être certains
d'avoir le portrait réel de l'endroit qu'il s'en vient inspecter.
• (15 h 10) •
M. Boulet : Je comprends, mais, en
même temps, moi, je me dis, ce n'est pas un jeu de cachette. Puis l'inspecteur,
ce n'est pas un espion. Il a des pouvoirs généraux puis des pouvoirs
spécifiques, puis il va enquêter sur une matière qui relève de sa compétence,
puis il le fait de manière transparente et de bonne foi. Je sais ce que vous
appréhendez, c'est qu'en avisant il y en a qui organisent leurs affaires pour
éviter de... mais, comme il a les pouvoirs d'un commissaire d'enquête, il peut
aller au-delà de ce qu'il voit, il peut demander des livres, il peut demander
des documents, il peut poser des questions. Moi, ça ne m'inquiète pas.
À moins que vous me disiez que,
systématiquement, ils ne le font pas ou ils le font, mais je pense qu'il faut
suivre la règle. Tu sais, par exemple, c'est un droit de refus. Tu sais, si le représentant
à la prévention appelle, bien, il avise tout le monde,
là. Tu sais, il n'ira pas seul avec le travailleur qui exerce un droit de
refus, là. Des fois, ce n'est pas le représentant à la prévention qui appelle,
mais il avise au préalable. Puis, même dans l'application des dispositions
antibriseurs de grève, je pense que c'est important qu'il y ait un préavis.
Puis, encore une fois, c'est du cas par cas,
mais, tu sais, ce que la loi dit... dit quand même qu'il doit prendre les
mesures raisonnables pour aviser l'employeur, l'association accréditée et le représentant
à la prévention quand il arrive sur les lieux de travail. Tu sais, ce n'est pas
un gros seuil, là. Ça fait que c'est... Moi, je ne suis vraiment pas de l'avis
que l'inspecteur, la règle, ça serait : Tu ne dois pas aviser, sauf dans
les cas prévus par règlement de la CNESST. Je pense qu'on alourdit le système
puis on complexifie le travail d'un inspecteur, qui est pourtant relativement
simple. C'est d'aller s'assurer que les lieux de travail sont conformes puis
soient respectueux des dispositions de la loi.
M. Leduc : Est-ce qu'il existe
des moments, actuellement, dans la pratique des inspecteurs de la CNESST, où on
a tendance à ne pas aviser avant de se déplacer?
M. Boulet : Est-ce qu'il y a
des tendances? Je ne le sais pas, s'il y a des tendances, mais c'est sûr que,
si c'est une urgence, par exemple... puis ça peut varier. Il y a des droits de
refus qui peuvent être urgents puis des droits de refus qui peuvent ne pas être
urgents. Il y a des violations des dispositions antibriseurs de grève où les
cas peuvent être urgents. Le cas où il y a un danger immédiat, ça peut être
urgent.
Je pense que,
même un règlement, ça serait drôlement compliqué, parce que tu ne peux pas
dire, systématiquement, les droits de
refus, tu n'avises pas, ou, systématiquement, les dispositions antibriseurs de grève...
Non, c'est faux, il faut le faire en prenant les mesures raisonnables. Quand tu
arrives... puis le seuil est bas, là, mais je pense qu'il n'y a pas de
tendance, c'est vraiment du cas par cas. Puis je pense que les inspecteurs ont
suffisamment de jugement pour accumuler les faits, puis, après ça, se déplacer,
puis faire une enquête sans qu'on joue à la cachette.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Moi, ça me
donne quasiment le goût de... le masque, là, de parler plus. Ça permet de le
retirer. Moi, je... Le ministre vient d'en parler un petit peu, là, en
répondant à la question du député d'Hochelaga-Maisonneuve, mais moi, j'aimerais
qu'il nous explique c'est quoi, la procédure actuelle par rapport aux visites
des inspecteurs. Que prévoit le règlement? Parce que moi, je veux bien
comprendre, là, la situation actuelle, c'est quoi. Et, autrement dit, la
proposition du député d'Hochelaga-Maisonneuve viendrait faire que la règle,
c'est de ne pas aviser, puis l'exception, ça serait d'aviser. Là, moi, je veux
comprendre. La situation actuelle, c'est quoi? Comment ça marche? Puis, après
ça, on va pouvoir discuter des bonnes choses.
M. Boulet : Ah! c'est une bonne
question. L'inspecteur, il intervient sur demande, donc c'est une plainte ou
une requête de quelqu'un. Ça peut être une association syndicale, ou un
travailleur, ou un employeur. Puis je pense que
ce qui encadre bien le sujet qui est soumis par notre collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est vraiment 179 et 181. Il peut, dans
l'exercice de ses fonctions, pénétrer, à toute heure raisonnable du jour ou de
la nuit, dans un lieu où sont exercées des activités dans les domaines visés
par la présente loi. Donc, il pourrait le faire sans aviser, par exemple, s'il
constate qu'il y a une circonstance exceptionnelle ou une situation d'urgence.
Mais, encore une fois, ce que dit aussi le
deuxième paragraphe, bien, vous les connaissez bien, là, les pouvoirs des
commissaires d'enquête, là, c'est prévu, par ailleurs, mais il a accès aux
livres, aux registres, aux dossiers. Bon. Puis évidemment il peut demander ces
documents-là puis il est contraint de s'identifier, si quelqu'un lui demande,
il doit exhiber son certificat.
Puis à 181... 180, il y a tous ses pouvoirs, en
plus des pouvoirs généraux. Il y a 181 qui prévoit que, s'il arrive sur un lieu
de travail, il doit, avant d'entreprendre son enquête, prendre les mesures
raisonnables pour aviser x, y et z, parce qu'il doit rencontrer, généralement,
l'employeur et le travailleur. Si on est dans un milieu syndiqué, c'est
l'employeur et l'association accréditée. Et ça lui permet de faire une enquête
complète, en bonne et due forme, et de savoir... Puis, tu sais, je dirais au
collègue de Jonquière : Vous le savez, en pratique, si tu penses, là... tu
es représentant syndical, parce que c'est l'exemple, sûrement, que notre
collègue a en tête, penses que l'employeur n'a pas donné l'information juste ou
a caché une organisation de travail, si on pense aux dispositions antibriseurs
de grève, il va le dire. Puis l'inspecteur, il...
Tu sais, ça se fait quand même, tu sais, par des
êtres humains, puis ça donne des bons résultats, là. Moi, j'en ai vu, en
pratique puis depuis que je suis ministre, beaucoup, des rapports où il y avait
violation des dispositions antibriseurs de grève. Puis je n'ai jamais un
syndicat ou un employeur qui m'a dit : Ils ont camouflé. S'il y a une
preuve de camouflage, l'enquêteur va s'en assurer, tu sais, ou, si vous êtes
employeur, collègue de Jonquière, puis vous dites : Il a camouflé telle
information ou il ne vous a pas dit telle information, vous allez avoir
quelqu'un qui est là puis vous allez le dire à l'inspecteur. Puis lui, il fait
tout son rapport d'intervention puis, s'il y a matière, il va faire un avis de
correction ou il va faire un constat d'infraction, puis ça se fait. C'est
simplement, là... Mais, en droit administratif, c'est la méthode classique qui
est utilisée et qui est appliquée.
Maintenant,
de dire, du jour au lendemain : La règle, c'est que tu n'avises pas, sauf
dans les cas... puis, encore une fois,
même si on disait : Les cas de droit de refus, tu dois aviser. C'est faux,
il y a des droits de refus qui sont urgents, puis qui requièrent un déplacement rapide, puis tu
arrives là, puis tu informes les parties. Puis, pour un droit de refus,
d'ailleurs, les articles autour de 30, là, de la loi santé-sécurité prévoient
qu'il doit rencontrer tout le monde. Ça fait que...
M.
Gaudreault : Parce que moi,
je suis, bien, très sensible à ce que le député d'Hochelaga-Maisonneuve dit, pour éviter qu'étant avisé... Tu sais, ça, c'est comme quand moi, je faisais
des partys chez nous quand j'étais au secondaire...
M. Boulet : Pas vous, quand même?
M. Gaudreault : ...si je savais...
non, j'allais chez des amis qui faisaient des partys. Si mes amis savaient que, tu sais, son père l'a appelé, puis je m'en
viens, tu sais, on ramassait tout dans la maison puis on écoutait
Pavarotti. Tu sais, je veux dire, c'était vraiment...
c'était autre chose, là. Donc, c'est un peu la même chose, si on ne veut pas
que le... tu sais, que l'employeur se
mette à écouter Pavarotti avant l'arrivée de l'inspecteur, moi, je suis très
sensible à ce qu'il dit.
M. Boulet : Pas parce que vous
n'aimez pas Pavarotti?
M. Gaudreault : Non, non, c'est un
exemple complètement tiré au hasard, mais je veux bien comprendre, O.K.? Puis,
encore une fois, M. le Président, je ne suis pas hors d'ordre, là, parce que
c'est pour comprendre l'amendement du député. L'article 181, il faut bien
le lire. L'article 181 dit : «À son arrivée sur un lieu de travail,
l'inspecteur doit, avant d'entreprendre l'enquête ou l'inspection, prendre les
mesures raisonnables pour aviser l'employeur.» Est-ce que ça veut dire qu'il
arrive une situation où l'inspecteur décide, en vertu de 179, «de pénétrer à
toute heure raisonnable du jour ou de la nuit dans un lieu»?
Il y va, il est à l'entrée de l'usine ou il
vient, même, de mettre pied dans le bureau, je ne sais pas, dans l'accueil ou
dans le vestibule, puis là il est... donc il est dans le premier picot, bien,
le premier début de phrase de 181, «à son arrivée sur un lieu de travail». Il
est dans la cour de l'usine, là, il prend son téléphone puis il appelle
l'employeur, qui n'a pas le temps de mettre le disque de Pavarotti. Donc, je me
demande si, tu sais...
Parce que je comprends, quand vous dites :
Et il faut quand même, tu sais, faire confiance à l'inspecteur en vertu des
pouvoirs d'enquête qui lui sont conférés, etc., mais il y a quand même la
possibilité, à 181, de se présenter sur les lieux du travail, «à toute heure
raisonnable du jour ou de la nuit», et, rendu sur les lieux du travail, là, il
avise l'inspecteur : Moi, là, regarde, je suis devant ta porte de garage,
ouvre-moi ça, il faut que j'aille voir le droit de refus, ou je ne sais pas
quoi. Est-ce que je comprends bien?
M. Boulet : Clairement. C'est très,
très, très bien exprimé, vous le dites très bien. Totalement d'accord avec votre
propos.
M. Gaudreault : Ça veut dire que la
loi actuelle, 181 donne la possibilité à l'inspecteur d'aller directement sans
aviser.
• (15 h 20) •
M. Boulet : Ah oui! puis ça m'est
arrivé, à quelques reprises, collègue, où des employeurs le déploraient. Ça
arrive puis ça arrive que des syndicats le déplorent aussi. Mais ce que vous
énoncez comme scénario, c'est tout à fait possible et c'est compatible avec le
libellé de la loi.
M. Gaudreault : Ça va aller pour
l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Mon collègue de Jonquière
a raison, là, de nous identifier le 181, je pense. C'est bel et bien comme ça
que la loi est prévue. mais, dans les faits, moi, la pratique que j'ai vue, que
j'ai entendue, ce que les praticiens me disent, c'est qu'il s'est installé une
culture où on appelle, on avertit systématiquement, parce qu'il ne faut pas se
mettre à dos des employeurs, parce qu'il faut être collaboratif, parce qu'il
faut être gentil.
Moi, c'est cette culture-là de systématisation
d'appel préventif, là, j'annonce que j'arrive dans une, deux, trois journées,
des fois une semaine... il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Si c'est la
norme, maintenant, parce qu'on recherche une forme de bienséance, une forme de
collaboration avec les entreprises, c'est là que je décroche. C'est là que je
pense qu'il faut, au contraire, casser le moule dans l'autre sens puis
dire : La norme, maintenant, c'est de ne pas appeler.
M. Boulet : Vous voyez, hein, parce
qu'on ne pratiquait pas du même côté, la culture de systémisation, là, à
laquelle vous faites référence, c'est une perception, probablement, des
syndicats, alors que, du côté patronal, c'est l'inverse, une culture de systématisation
du non-avis ou du non-préavis. Ça fait que c'est pour ça que moi, je ne veux
pas m'exprimer là-dedans. Je ne veux pas orienter, dire : Vous devez
aviser systématiquement ou vous n'avisez pas systématiquement. Je pense qu'il
faut coller à la réalité des cas, il faut faire confiance au bon jugement des
inspecteurs, mais il y a une règle de civilité, là, puis c'est exprimé bien à
181.
Tu sais, tu prends les mesures raisonnables pour
aviser les personnes qui sont concernées par ton enquête. Puis, tu sais, tu ne
peux pas aller faire une enquête à une heure où il n'y a pas personne de la
partie syndicale ou pas personne de la partie patronale. Tu sais, il faut que
tu t'assures que le monde... Tu sais, il y a un but au préavis, là, aussi, là,
c'est s'assurer qu'on puisse faire une enquête qui est complète et dans le
respect... j'allais dire d'une règle de justice fondamentale, mais ce
n'est pas le cas, là, mais que tu peux entendre les gens puis questionner les personnes
qui sont concernées par le cas. Alors, j'ai pas mal fait tous mes commentaires,
M. le Président.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Moi, je n'ai pas
entendu souvent un syndicat se plaindre qu'il n'avait pas été averti avant le
début d'une enquête. J'ai surtout entendu le syndicat se plaindre que le patron
avait été averti de la visite d'un inspecteur et d'une enquête. Donc, de dire
que le syndicat souhaiterait lui aussi se faire aviser d'avance, je pense que
ce n'est pas un exemple particulièrement fondé sur la réalité. Oui, il y a un
enjeu de perception, je ne le nie pas. Après ça, est-ce qu'à l'intérieur de la
CNESST il y a des directives en ce sens? Est-ce que la CNESST donne une
directive, comme employeur, à ses agents, à ses inspecteurs, de faire d'une...
ou d'une manière ou d'une autre, en ce moment? Est-ce que c'est le cas?
M. Boulet : Non, il n'y a pas de ce
type de directive là, puis, si directive il y a, il faut que ça reprenne les
termes de 179 et 181, parce que tu ne peux pas avoir une directive qui est
incompatible avec le libellé de la loi. Merci, M. le Président.
M. Leduc : Oui, mais moi, ce que je
vous dépose, là, ce n'est pas du tout incompatible, là, avec le libellé de la
loi. Vous me l'auriez soulevé si c'était le cas.
M. Boulet : Non, non, mais là c'est
un amendement que vous soumettez.
M. Leduc : Oui, oui, mais mon
amendement n'est pas incompatible avec la loi actuelle. La loi actuelle...
M. Boulet : Non, non, mais c'est un
ajout à la loi actuelle.
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : Bien, c'est pour ça que
c'est un amendement. Tout ce que je vous dis, c'est que... Oui, ça serait
incompatible, selon moi, parce que, là, vous introduisez une règle, puis c'est
d'ailleurs la raison pour laquelle vous faites un amendement. La règle,
c'est : Ne doit pas aviser, sauf prévu dans un règlement. C'est tout.
Merci.
M. Leduc : En tout cas, je vous ai
un peu perdu, là, dans votre raisonnement, mais ce que je veux dire, c'est que,
s'il y avait... s'il y a une culture, en ce moment, d'accord, elle n'est peut-être
pas normée par un article pointu. Moi, ce que j'entends, c'est que la culture,
c'est celle du préavis systématique ou, du moins, d'une manière très majoritaire. Elle peut être corrigée de deux
manières, cette culture-là, par une directive interne de l'employeur, s'il y a nécessité, envers ses employés, pour dire : Là,
lâchez la pédale du préavis, ou elle peut être changée par un article de loi,
comme je le propose. Les deux chemins sont possibles. Elles peuvent être
complémentaires, d'ailleurs.
C'est un sujet sur lequel, moi, je pense qu'il y
aurait intérêt à démontrer un certain sérieux de législateur, en ce sens qu'il
faudrait se pencher plus en détail sur cette culture-là, quels sont ses
impacts, est-ce qu'elle a... Est-ce qu'elle mène vraiment à une meilleure
collaboration ou est-ce qu'elle mène à une meilleure façon de cacher les problèmes? J'ai l'impression que... dans un but
recherché de bienséance, de bonne camaraderie avec une des deux parties fondamentales du paritarisme, qui est la partie
patronale, j'ai l'impression que le bilan, si on faisait une étude
approfondie de cette culture-là, ne serait pas nécessairement très positif.
Alors là, je n'entends pas qu'il y a un intérêt
de faire une analyse plus approfondie, je n'entends pas qu'il y a un intérêt de
faire une directive à l'intérieur de la CNESST pour changer cette culture-là.
J'ai essayé de la changer à travers un amendement. Ce n'est pas possible,
malheureusement, mais je suis néanmoins content d'avoir soulevé l'enjeu ici, à
cette commission. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait.
M. Boulet : Merci, collègue.
Le Président (M. Tremblay) :
D'autres interventions? Alors, nous allons procéder à la mise aux voix. On
parle ici de la proposition d'amendement qui cible à insérer 207.1. Par appel
nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M.
Reid : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Abstention.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Président (M. Tremblay) : La
proposition d'amendement est rejetée.
Bon, interventions? M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le Président.
J'aurais un nouvel article à proposer, toujours dans le bloc. Ce serait mon
dernier dans ce bloc-ci. Il est déjà acheminé au Greffier, je pense qu'il est
en ligne.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
secrétaire?
M. Leduc : C'est bien le cas?
Le Président (M. Tremblay) : Est-ce
que tous les collègues ont en leur possession le document?
Nous allons suspendre une petite minute, s'il
vous plaît.
(Suspension de la séance à 15 h 27)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Tremblay) : Alors,
nous reprenons, et il va y avoir une correction de forme sur la proposition d'amendement qui vise à insérer... je laisse M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve préciser à 207.1 et en faire aussi la
lecture. Merci.
M.
Leduc : Exactement.
Merci, M. le Président. Donc, petite coquille, là, par rapport au document
électronique que les collègues ont. Donc, c'est bien 207.1 et non 212.1, mais
tout le reste, évidemment, est le même. Alors, ça va comme suit :
L'article suivant est ajouté au projet de
loi :
207.1 Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 193, du chapitre suivant :
«Chapitre X.1.
«Bureau de soutien des travailleurs en
prévention.
«Section I.
«Institution et mandat.
«193.1. Est institué le Bureau de soutien des travailleurs
en prévention.
«193.2. Le bureau a pour mandat de soutenir le
droit à la participation des travailleurs qui ne sont pas représentés par une
association accréditée.
«193.3. Le bureau soutient la désignation et les
activités des représentants en santé et en sécurité et d'agents de liaison pour
les travailleurs qui ne sont pas représentés par une association accréditée.
«193.4. Le bureau offre des services
d'information, de formation et d'accompagnement en matière de prévention
destinés aux travailleurs qui ne sont pas représentés par une association
accréditée.
«Section II.
«Composition et administration.
«193.5. Le bureau est
administré par un conseil d'administration composé de cinq membres nommés par
le gouvernement, après consultation des associations représentant les droits et
intérêts des travailleurs qui ne sont pas représentés par une association
accréditée et des associations syndicales les plus représentatives.
«193.6. Le président du bureau est désigné par
le gouvernement parmi les membres de son conseil d'administration du bureau.
«Le gouvernement détermine les rémunérations et
les autres conditions de travail des membres du bureau.
«193.7. Le mandat du président du bureau et
celui des autres membres de son conseil d'administration est d'une durée d'au plus cinq ans et est
renouvelable. À l'expiration de leur mandat, les membres du conseil d'administration demeurent en
fonction jusqu'à ce qu'ils soient nommés de nouveau ou remplacés.
«193.8. Toute vacance survenant au cours de la
durée du mandat des membres du conseil d'administration du bureau est comblée
en suivant le mode de nomination du membre à remplacer.
«Section III.
«Conseillers des travailleurs en prévention.
«193.9. Afin de réaliser son mandat, le bureau
emploie des équipes régionales de conseillers des travailleurs en prévention.
«Pour réaliser le mandat du bureau, les
conseillers des travailleurs peuvent visiter au besoin les lieux de travail.
Lorsqu'un employeur refuse ou fait obstacle à la visite d'un conseiller des travailleurs,
le bureau peut faire appel à un inspecteur de la commission.
«193.10. Lorsque la présente loi prévoit que des
travailleurs non représentés par une association accréditée peuvent désigner un
représentant en santé et en sécurité ou un agent de liaison, le bureau soutient
l'organisation de cette désignation de ces derniers.
«Lorsque des travailleurs non représentés par
une association accréditée procèdent à la désignation d'un représentant en
santé et en sécurité ou d'un agent de liaison, ils peuvent choisir de désigner
un conseiller du bureau. Dans un tel cas, ce conseiller assume toutes les
fonctions rattachées à cette désignation et est considéré comme tel aux fins de
la présente loi et des règlements qui en découlent.
«193.11. Un travailleur qui n'est pas représenté
par une association accréditée, un représentant en santé et en sécurité ou un
agent de liaison qui ne sont pas représentés par une association accréditée
peuvent faire appel au bureau pour obtenir de l'information, du soutien et de
la formation.
«Section IV.
«Services d'information, de formation et
d'accompagnement.
«193.12. Le bureau offre des services
d'information et de conseil aux travailleurs qui exercent un droit prévu par la
présente loi, qui envisagent de le faire ou qui ont des questions concernant
cette loi.
«193.13. Le bureau offre des services de
formation aux représentants en santé et en sécurité et aux agents de liaison
qui ne sont pas représentés par une association accréditée.
«193.14. Le bureau offre gratuitement des
services de représentation aux travailleurs, dans le cadre d'un litige au Tribunal administratif du travail
relevant de la présente loi (chapitre S-2.1) ou des règlements qui en
découlent.
«Section V.
«Rapport, financement et informations requises à
la réalisation du mandat.
«193.15. Le président du bureau doit, chaque
année, transmettre au ministre, à la date que ce dernier détermine, un rapport
des activités du bureau.
«Ce rapport doit contenir tous les
renseignements exigés par le ministre.
«193.16. Le ministre assure le financement des
dépenses relatives aux activités du bureau.
«À cette fin, le bureau et le ministre concluent
annuellement une entente, laquelle doit notamment prévoir l'autorisation des
dépenses annuelles du bureau tenant compte des besoins du bureau pour la
réalisation de l'entièreté de son mandat.
«193.17. La commission rembourse le ministre des
sommes qu'il verse en vertu de l'article 193.16.
«193.18. La commission fournit au bureau les
informations requises pour la réalisation de son mandat.»
Explications, M. le Président. C'est le pendant
d'un article similaire qu'on a déposé il y a de cela plusieurs mois dans le
volet Réparation. Nous visions à ce que se développe d'une manière assez
similaire à ce qu'il y avait dans d'autres provinces, l'Ontario de mémoire, une
organisation qui allait faire de la représentation, de la défense de droits.
C'était quelque chose qui a été malheureusement refusé par le ministre au
moment de le débattre, il y a donc plusieurs mois, comme je l'indiquais.
Tantôt, on a eu le débat à savoir : Est-ce
que la commission devrait ou pas faire de la représentation? Le ministre a
écarté cette possibilité-là, donc d'où l'idée que ça soit une organisation
différente, alternative, ce qu'on appelle donc ce bureau de représentation qui
se dédierait donc aux travailleurs non syndiqués, considérant, bien sûr, que
les travailleurs syndiqués ont accès à un outil de représentation qui est leur
syndicat. Mais les non-syndiqués n'ont pas cet outil-là. Parfois, ils peuvent
avoir un petit peu d'accompagnement d'un groupe communautaire, mais ce n'est
pas évident. C'est surtout une goutte d'eau dans l'océan des demandes, et ils
ont droit à une représentation. Quand on a un problème en matière de normes du
travail, on est accompagnés et représentés par la Commission des normes du travail
quand on se présente au tribunal. Pourquoi n'en est-il pas de même quand on
voudrait, donc, avoir des meilleurs outils de prévention? C'est ce qui est en
question ici.
On a déjà fait le débat pour la représentation
en matière de réparation. On ne le refera pas, mais, en matière de prévention, d'application de la prévention, il
devrait y avoir un même système de représentation, d'accompagnement, et
c'est, dans le fond, l'essence de l'amendement que je dépose aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci. M. le ministre, souhaitiez-vous réagir?
M. Boulet : Moi, je vous demanderais
une suspension de quelques minutes et je reviens. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. On va suspendre. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 45)
Le
Président (M. Tremblay) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je rappelle que nous sommes sur la proposition
d'amendement qui vise à insérer l'article 207.1. C'est une proposition du député
d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le ministre, vous souhaitiez réagir? Sinon, une
intervention?
M. Boulet : Oui, une brève
intervention.
(Interruption)
M. Boulet : Eh! mon Dieu.
Le Président (M. Tremblay) : On va
calmer l'atmosphère internationale.
M. Boulet : Bon, est-ce qu'on peut
débuter?
Le Président (M. Tremblay) : Oui, M.
le ministre. La parole est à vous.
M. Boulet : Donc, simplement, puis
je le dis encore une fois en tout respect pour la proposition d'amendement
soumise par Québec solidaire, mais ce qui est important en matière de
prévention, c'est que les parties se prennent en charge. Puis ça, c'est un
principe qui a été souvent discuté au Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, la prise en charge par les
parties. C'est les principaux acteurs qui connaissent leur milieu de
travail, et qui mettent en place les mécanismes, et qui font ce qu'il faut pour
faire de la prévention. Ça ne serait pas utile, mais absolument pas, de créer
un bureau de soutien qui serait une autre structure en parallèle avec ce que la
CNESST doit faire. Vous l'avez proposé comme
amendement ce matin. On a rajouté, je pense que c'est à 207, le devoir
d'informer et de renseigner.
Puis les ASP ont un devoir de conseil et de
formation. Donc, il y a déjà un écosystème qui permet aux travailleurs non
syndiqués... d'autant plus qu'on a adopté tous ensemble la possibilité de faire
des associations sectorielles paritaires dans des milieux non syndiqués. Donc,
la structure, elle est là, en place, pour répondre aux besoins des travailleurs
non syndiqués, que je salue.
Puis, encore
une fois, c'est une opportunité pour moi de saluer l'UTTAM, qui a dû... qui a
peut-être contribué à... comme on en
avait discuté dans le volet Réparation, mais j'ai beaucoup de respect pour ceux
qui n'ont pas le... non, mais qui ne sont pas dans un environnement de
rapport collectif de travail, parce que ce n'est pas la même dynamique quand on
est dans un contexte individuel, d'où, selon moi, l'avancée importante qu'on a
faite en permettant la création d'associations sectorielles paritaires dans les
milieux qui sont aussi non syndiqués. Puis je sais que l'UTTAM... puis
vous les avez nommés ce matin, Au bas de l'échelle, puis le CANOS, et autres,
parce qu'il y en a dans toutes les régions du Québec, assurent bien la
défense, la représentation puis l'encadrement des travailleurs non syndiqués.
Merci.
Le Président (M. Tremblay) : ...M.
le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Il y a des chiffres qui parlent,
hein? On se rappellera qu'au Québec on a une société qui est quand même assez
syndiquée, là, par rapport à d'autres sociétés en Amérique du Nord, à
40 %, mais ça veut donc dire qu'il y a quand même
une majorité de salariés, 60 %, qui sont non syndiqués.
Et, quand on prend isolément le secteur privé, qui est évidemment le
plus gros secteur par rapport au public, 82,5 % du secteur privé est
non-syndiqué, et le rapport de force dans un secteur privé est toujours plus
dur que dans le secteur public. La syndicalisation, pour en avoir fait dans le
secteur privé, est infiniment plus difficile que dans le secteur public en
raison de cette question du rapport de force, en raison de la crainte qu'on a,
permanente, quand on est dans un milieu non syndiqué, de se faire renvoyer, de
perdre son travail.
Et là on instaure toutes sortes de droits. Il y
en a qui existent déjà, les droits de refus, le retrait préventif. On instaure
des nouveaux droits en matière de plan d'action en prévention, qui est une
bonne chose, mais c'est comme si on espérait que, naturellement, tous ces
nouveaux droits là et ceux qui existent déjà s'appliquent, nonobstant le
rapport de force qui est complètement défavorable au travailleur non syndiqué,
et qu'en quelque sorte, j'oserais dire, magiquement,
tout ça fonctionne puis qu'il n'y a pas de problème. Mais, si tout fonctionne,
d'un point de vue externe, il
ne suffit que de gratter 30 secondes pour constater que, souvent, c'est
que les gens ne connaissent pas leurs droits et, surtout,
n'exercent pas leurs droits par crainte de représailles, par crainte de perdre
leur travail, parce qu'ils sont précaires, parce qu'ils ne peuvent pas se
permettre de perdre une semaine, une paie pour continuer à survivre.
Alors, quand on veut aller faire du droit et
rendre vivant ce droit, le rendre effectif, ce droit, il faut se pencher sur la
manière dont on va rendre vivant ce droit-là, et ce ne peut pas être qu'à
travers des beaux articles dans une loi ou dans un projet de loi, ça doit être
aussi à travers les institutions. Chanceux et chanceuse sont ceux et celles qui
ont l'institution syndicale à leur défense, mais, pour les 60 % de Québécois
et Québécoises salariés qui n'ont pas la représentation, qu'est-ce qu'il leur
reste? On ne peut pas que se dire : Bien, bonne chance, puis allez lire un
livre de droit avant de vous présenter devant le tribunal ou avant de convoquer
la CNESST. C'est de la pensée magique. Ça ne peut pas fonctionner comme ça. Il
faut qu'on ait une manière de les accompagner, puis plus que de les
accompagner, de les aider, de les encadrer.
M. le ministre avait raison de dire qu'on a fait
un peu le débat tantôt par rapport à la commission. Moi, je pense que ça aurait
été plus simple de tout faire ça à la commission, mais c'est devant son refus
que je me vois contraint d'arriver avec une autre solution, qui est celle,
donc, du bureau qui, je crois, pourrait être même... qui aurait des avantages à être indépendant de la commission,
cela étant dit. Mais, au final, il faut qu'on ait un outil de
représentation devant le TAT pour les
non-syndiqués. Autrement, on les jette carrément en pâture devant les patrons
et leurs avocats, devant les mutuelles de prévention et leurs avocats.
Ce n'est pas un système qui favorise l'égalité, le système du droit du travail, dans son point de vue juridique,
j'entends. Mais ici, on n'a aucun mécanisme pour le tempérer un tant soit peu. Je pense qu'on échoue
collectivement à assurer un vrai droit du travail pour l'ensemble des salariés
au Québec.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre.
M. Boulet : Non, je comprends, puis
c'est intéressant, en plus, quand on sort la statistique. Oui, c'est à peu près
ça, 80 % dans le secteur privé qui ne sont pas syndiqués. Et, dans les
secteurs 1 et 2, qui sont actuellement couverts impérativement par des
mécanismes de prévention et de participation, c'est fortement syndiqué, c'est
probablement l'inverse. Dans le secteur de la foresterie puis des mines,
notamment, il y a des syndicats qui sont extrêmement présents.
Et là, maintenant, dans les secteurs 3, 4, 5,
6 — 3
partiellement, parce qu'il y avait déjà de la prévention, mais pas de la
participation — tout
le monde va être couvert. Donc, on fait vraiment des pas de géant.
Puis je suis fier parce que... de redire qu'on a
fait un amendement, puis à votre suggestion, pour le devoir d'information et de
renseignements de la CNESST, puis que vous ayez aussi contribué à l'adoption
des articles pour des associations
sectorielles paritaires qui vont faire du service formation, du
service-conseil. On a déjà un encadrement qui est supérieur.
Puis il ne faut pas penser que, dans les milieux
de travail non syndiqués, ça va mal partout. Je pense que ça va bien dans la
majorité des endroits non syndiqués. Et, quand je réfère à la prise en charge
par les parties, ça va se faire de façon très collaborative. Tu sais, ce n'est
pas parce qu'il n'y a pas...
Puis, quand
il y a un syndicat, il y a une convention collective. Quand il n'y a pas de
syndicat, on dit : Il y a un faisceau
de conventions individuelles, mais il y a aussi, généralement, des manuels de
conditions de travail, puis ça va aussi
bien, là... Moi, je pense qu'en matière de prévention les parties vont se
prendre en main. On leur donne les outils.
Puis les inspecteurs... il ne faut jamais
oublier le rôle des inspecteurs, qui sont là à la demande de n'importe qui. Même si c'est un travailleur non syndiqué,
l'inspecteur va être là puis il va s'assurer qu'il y ait des avis de
correction, le cas échéant, ou des rapports d'intervention, ou des constats
d'infraction. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Leduc : Moi, je veux faire une
correction quand même importante. Quand M. le ministre dit... Dans un contexte
non syndiqué, il fait une profession de foi. Il dit : Les parties vont se
prendre en main. Je suis désolé, mais, dans un contexte non syndiqué, il n'y a
pas une partie qui représente les travailleurs ou les salariés. Il y a autant
de parties qu'il y a de salariés, par définition. Dans une boîte avec 50 salariés,
il y a 50 parties.
M. Boulet : Bien, j'ai dit, c'est un
contexte de rapports individuels, mais les parties sont là, s'il y a deux
travailleurs, s'il y a un employeur, puis deux parties travailleurs. Mais c'est
sûr que ce n'est pas... On n'est pas dans un contexte de rapports collectifs.
Je connais bien la distinction, là. Ce n'est pas... Il n'y a pas de monopole de
représentation. C'est chaque personne qui peut demander l'intervention de l'inspecteur.
Puis, même dans un milieu syndiqué, le
syndicat peut le faire, comme n'importe quel travailleur syndiqué pourrait
demander l'intervention d'un inspecteur.
M. Leduc : Il y a quand même une
contradiction, je trouve, dans notre droit, puis c'était, si je me rappelle bien mes cours à l'université, Me Dalia
Gesualdi-Fecteau, qui est professeure à l'UQAM, qui parlait de la
conséquence ou les conséquences de la division du droit du travail. Parce qu'on
le sait qu'au fédéral c'est tout rassemblé, hein? Santé et sécurité, normes,
Code du travail, c'est tout rassemblé dans une seule loi. Il y a une cohérence
assez grande, Code canadien du travail.
Au niveau du Québec, c'est dans plein de lois
différentes, et ça provoque des contradictions. Puis je pense qu'une des plus
fortes, c'est celle-là. C'est que, quand on a un problème en termes de normes
du travail puis qu'on est non syndiqué, une agence de l'État, une institution
qui s'appelle la Commission des normes du travail, qui est maintenant intégrée
à la CNESST, va vous représenter au tribunal. Ça va être votre avocate. Elle va
venir vous aider, elle va prendre votre défense. Mais,
face à un même employeur, si vous avez un problème en santé et sécurité, que ce
soit en prévention ou en réparation, vous êtes seul. Cette même bibitte,
maintenant qu'on appelle la CNESST, soudainement, parce que, là, on est dans un
droit connexe, un autre droit du travail, pourtant, mais pas la bonne loi...
dans le fond, là, cette fois-ci, bonne chance. Vous avez raison de souligner
que, maintenant, on va vous informer, je suis content du gain qu'on a fait
tantôt, là, mais, au final, est-ce qu'elle va vous aider à venir vous
représenter pour exercer votre droit, pour rendre effectif votre droit? Non. On
vous dit : Bonne chance, allez faire un cours à l'université, là, puis
allez plaider.
M. Boulet : Mais permettez-moi
d'être en désaccord à certains égards. Tu sais, des fois, je réfère souvent à
l'avis de correction, mais l'avis de correction, c'est une décision qui est
exécutoire puis qui peut être mise en exécution,
là, en utilisant les procédures qui sont prévues dans la loi, là. Tu peux... Tu
sais, ce n'est pas... L'inspecteur, il joue un rôle fondamental, là,
puis, quand on réfère à ses pouvoirs spéciaux d'enquête, ça donne des
résultats. Puis les avis de corrections qui sont reçus des inspecteurs en
pratique, vous en avez déjà vus, là, il peut y avoir huit points,
12 points, 14 points, avec des délais, puis je vous assure que les
employeurs, puis les travailleurs, puis les syndicats prennent ça très au
sérieux, là.
Puis les droits de refus, moi, je n'ai jamais eu
d'écho que, les inspecteurs, ça ne donnait pas les résultats anticipés dans
l'exercice des droits de refus. Au contraire, c'est une mécanique qui va bien.
Moi, ceci dit, là, encore une fois, je comprends
votre amendement, mais je n'y souscris pas.
M. Leduc : Quand on fait une
plainte, M. le Président, aux normes du travail puis quand on annonce à son
patron qu'on fait une plainte aux Normes du travail, peu importe le sujet,
c'est entendu que cette plainte-là va être encadrée et menée potentiellement
jusqu'au bout, au tribunal, avec la Commission des normes du travail, la
CNESST. Alors, dans le rapport de force qui s'exerce, d'une part, dans la
confiance du salarié envers le processus, il n'est pas seul, au point de
départ. Il est accompagné par la commission des normes, au point de départ. Il
n'a pas à faire face seul à cette machine et à son patron.
S'il a un problème en santé et sécurité, il est
complètement laissé à lui-même. Il devra d'abord lire la LSST ou la LATMP, la
maîtriser, savoir où trouver comment faire une plainte, potentiellement se
trouver un avocat, s'il veut avoir une moindre chance d'avoir gain de cause au
TAT, ou sinon lire des traités de droit administratif pour se représenter au
TAT. On n'est pas du tout dans le même environnement, on n'est pas du tout dans
le même rapport de force. On n'est pas du tout dans la même égalité des
chances, et je pense que notre société, peu importent les divisions politiques,
recherche cette égalité des chances.
Et je trouve regrettable qu'une bonne pratique,
qui est celle des normes du travail, où on représente et on encadre le
travailleur ou la travailleuse, bien, on ne veuille pas la multiplier dans les
autres droits du travail, que ça soit en prévention ou réparation.
Je
terminerais avec un extrait, M. le Président, d'un mémoire... pas d'un mémoire,
pardon, d'un rapport. C'est un rapport auquel a participé la même
Pre Dalia Gesualdi-Fecteau, qui a été déposé il y a deux ans, en 2019.
Extrait du rapport du comité d'experts sur
les normes du travail fédérales. Il y avait une révision des normes du travail
fédérales. Il y a un gros rapport qui a été déposé, puis ils avaient fait quand
même une grosse réflexion. Je vous lis l'extrait :
«Des études révèlent que de nombreux
travailleurs n'ont pas tendance à s'exprimer sur les problèmes vécus en milieu
de travail s'ils n'ont pas accès à des mécanismes de voix collective, parce
qu'ils craignent les représailles. Cette situation est tout particulièrement
vraie chez les travailleurs non syndiqués, ceux qui occupent une forme d'emploi
atypique, de même que chez les femmes. Par exemple, au moyen des données
d'enquête recueillies en 2005 — là, on cite une étude, Lewchuk 2013 — Lewchuk en conclut que "les
travailleurs précaires avaient six à sept fois plus tendance à affirmer
que le signalement de problèmes de santé et de sécurité aurait [des
conséquences graves], des conséquences négatives sur leur emploi".»
On est donc dans un contexte où le système ne
nous pousse pas à exercer notre droit, ne nous pousse pas à rendre effectifs
nos droits, nos droits du travail qui sont durement négociés, entre autres,
dans cette commission. Alors, je trouve ça regrettable qu'on n'ait pas la
volonté d'étendre ce principe de représentation à tout le pan santé et sécurité
au travail, que ça soit la prévention ou la réparation. Merci.
• (16 heures) •
M. Boulet : Je comprends. Un très,
très bref commentaire. Ne négligez pas non plus le paragraphe 15° qu'on a
étudié ce matin, là, la possibilité pour la CNESST de financer des organismes,
comme nous avons discuté ce matin, qui sont dévoués à la formation en matière
de santé et sécurité, notamment, en plus de l'information qu'ils doivent
dispenser. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. J'ai lu avec attention la proposition d'amendement
du député d'Hochelaga-Maisonneuve. J'ai écouté aussi avec attention
l'échange entre le ministre et le député. Et moi, je n'ai pas le choix de
constater, avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve puis sûrement avec d'autres
collègues ici, incluant le ministre, que les oubliés du système, c'est le
travailleur qui n'est pas représenté par une association collective, c'est le
travailleur, dans des emplois atypiques, des
emplois qui sont difficiles, des emplois précaires, parfois, le travailleur ou
la travailleuse aussi qui est dans un contexte, par exemple, d'une
sous-scolarisation, un problème de langue, dans certains cas, même. Et tout ça
crée un cercle vicieux qui fait en sorte que ce travailleur ou cette
travailleuse se trouve l'oublié du système.
Puis moi, je le sais, là,
que ça existe, des situations abominables, parce que j'en ai vécues, dans mon
bureau de circonscription, où des travailleurs viennent nous voir un peu en
panique. Ils ne veulent pas faire de sortie publique
parce qu'ils ont peur aux représailles et qu'il y a des situations qui met à
risque leur santé et leur sécurité au travail. Alors, moi, je suis profondément préoccupé par ces oubliés du système.
Et si, dans la réforme qu'on fait présentement, on n'a pas la première
préoccupation envers eux et envers elles, on aura raté notre travail, d'une
certaine manière. Oui, on bonifie, oui, on fait un travail très, très fort,
oui, on se préoccupe de la parité, les associations de syndiqués, etc., les
forces syndicales, les patrons, bon, mais il reste que le travailleur non
représenté est fragile ou fragilisé, et ça doit être notre première
préoccupation.
Moi, je suis particulièrement sensible au fait
d'avoir une instance, sans exclure le travail des organisations communautaires,
parce que moi, j'ai beaucoup de respect pour les organismes communautaires
autonomes, puis j'insiste sur «autonomes»,
donc qui ont leur indépendance... qui n'est pas dans l'appareil administratif
du gouvernement, qui n'est pas une société d'État, mais qui sont des organismes
communautaires autonomes, qui peuvent, par ailleurs, recevoir du financement de
l'État, dans des programmes normés, par exemple, au SAIC ou ailleurs, mais...
pas au SAIC, mais au SACAIS, au Secrétariat de l'action communautaire autonome.
Donc, il peut y avoir, effectivement, des
organismes communautaires, qu'il faut respecter et qui auront toujours leur
rôle, mais que l'État prenne en charge, par un bureau, comme le député
d'Hochelaga-Maisonneuve veut créer, ou autres, une forme de représentation, en
toute confidentialité pour la dénonciation, mais aussi pour le soutien pour des
travailleurs qui voudraient s'organiser, moi, je pense, c'est intéressant. En
fait, la comparaison avec les normes du travail tient la route. Si c'est vrai
pour des normes, ça devrait être vrai pour des normes de santé-sécurité. Donc,
dans ce sens-là, je pense que c'est intéressant.
Puis moi, je me dis, on pourrait peut-être même
élargir le rôle de ce bureau, comme organisation en soutien, par exemple, pour
le soutien à l'élaboration des programmes de prévention, ce qu'on a adopté plus
tôt, en vertu de 58, entre autres, l'article 58 sur l'élaboration et la mise
en application des programmes de prévention pour les établissements groupant au
moins 20 travailleurs... moins de 20 travailleurs, pardon. Je pense
que ça, ça serait important aussi, d'avoir un soutien qui pourrait venir aussi
par ce bureau-là, un genre d'instance dédiée entièrement aux plus vulnérables,
à ceux qui sont les plus fragiles dans le système. Moi, je pense que c'est ça.
Maintenant, entre ce que le député propose et un
refus catégorique du ministre, est-ce qu'il y a une voie de passage? Parce que
le souci que j'ai, moi, c'est... la CNESST ne peut pas vraiment faire ça.
Tu sais, ça pourrait être une direction de la CNESST, peut-être, carrément
dédiée à ça, mais la mission de la CNESST... puis je suis retourné dans les
articles, tout à l'heure, pendant la suspension, là, sur la mission de la
CNESST, on n'est pas là-dedans, là. Donc, d'avoir un bureau indépendant, oui,
une structure de l'État, mais un bureau indépendant, qui pourrait travailler en
concertation avec les organismes communautaires autonomes, comme l'UTTAM ou
comme d'autres organismes, moi, j'en ai, dans ma région, je pense que ça
pourrait être intéressant, un genre de service de proximité.
Parce que moi, dans la proposition du député d'Hochelaga-Maisonneuve,
puis je pense que vous allez me reconnaître, là, ce que j'aime en particulier,
c'est le côté décentralisation. Le député ne l'a pas formulé comme ça, parce
que c'est un gars de Montréal, mais, en région, c'est important. Puis là
j'essaie de le retrouver, là, peut-être, le député... ah! je l'ai, 193.9 :
«Afin de réaliser son mandat, le bureau emploie des équipes régionales de
conseillers des travailleurs en prévention.» Bon, moi, ça, il y a un aspect
décentralisation que j'aime. Puis on en parle beaucoup, de ce temps-ci, de la
décentralisation, là, avec ce qui se passe dans le réseau de la santé puis les
réformes précédentes du gouvernement précédent, qui ont énormément centralisé.
Alors, d'avoir un outil décentralisé, en soutien aux travailleurs, moi, ça, je
trouve ça intéressant.
La question que je me pose, c'est : Est-ce
qu'il y a une voie de passage entre quelque chose qui est quand même à... puis
moi, je suis bien soucieux de ne pas ajouter de la démocratie, là, puis un non
catégorique du ministre? Moi, j'ai lutté très, très fort pour avoir, dans ma
circonscription... puis je l'ai obtenu, puis là, c'est bête, j'oublie le nom en
voulant le dire, le nom exact, le service de proximité en justice, là, le
centre de...
Une voix : ...
M. Gaudreault : Non, pas Juripop,
centre de services... Centres de justice de proximité, voilà, bon, Centres de
justice de proximité qui ont été créés par le gouvernement précédent. C'était
d'abord, en projet pilote, à Québec puis à Montréal, après ça, ils ont fait un
déploiement dans les régions. Et moi, j'ai lutté, puis on a annoncé le Centre
de justice de proximité à Jonquière, bon, qui marche bien, qui est à la fois
hybride, donc qui est à la fois une institution gouvernementale, mais à la fois
animée puis administrée par les gens du terrain, un conseil d'administration indépendant,
mais qui a un financement garanti par le ministère de la Justice... pourrait
être comme un juste milieu entre l'aide juridique, qui n'est pas admissible
pour tout le monde, même, des gens qui ont peu de moyens, puis la
judiciarisation du système via les cours puis les requêtes en Cour supérieure,
Cour d'appel, Cour du Québec, etc., bon. Donc, il y a comme un juste milieu qui
vise à accompagner.
Moi, en tout cas, je réfère beaucoup des citoyens
qui débarquent dans mon bureau, là, puis ils ne savent pas trop où aller, puis
nous autres, on est un peu démunis, on les envoie au centre de services de
justice de proximité. Puis ça a beaucoup aidé à développer des... à solutionner
des problèmes puis à aider des citoyens.
Et là où je vois un élément important, dans ce
que le ministre dit, puis je suis sûr que ça nous rassemble tous, c'est qu'on
vise à ce que les travailleurs puis les travailleuses prennent en charge,
eux-mêmes, leur propre... deviennent autonomes, donc prennent en charge, eux-mêmes,
leur propre organisation, qu'ils soient capables de se prendre en main puis
soient capables, justement, d'affirmer leurs droits. Parce que, si on fait face
à des travailleurs qui ont des problèmes de scolarité,
bien, il faut qu'ils soient soutenus dans la prise en charge de leurs droits,
un genre d'«empowerment», là, puis le centre de services de justice de
proximité sert à ça.
Donc, est-ce qu'on ne pourrait pas trouver une
forme hybride, qui permettrait de soutenir les travailleurs qui sont laissés à
eux-mêmes puis qui permettrait de soutenir les travailleurs en prévention,
comme le titre du bureau que le député d'Hochelaga-Maisonneuve veut créer, qui
serait une voie de passage, au moins, qui serait un début? Ça, ça pourrait être
intéressant. En tout cas, tu sais, c'est ce que moi, je soumets.
Au final, je veux dire, je vais voter en faveur
de l'amendement, mais, si on avait la possibilité de faire quelque chose qui
est décentralisé, qui est autonome, qui vise à soutenir les travailleurs
laissés à eux-mêmes, toujours dans le souci de la prévention, le service direct
aux citoyens, mais aussi avec un souci de prise en charge par les travailleurs
eux-mêmes, pour créer ce cercle vicieux de patrons qui ont beaucoup trop de
contrôle, moi, je pense que ça pourrait être une formule intéressante. Alors,
c'est ma façon de réagir à la proposition d'amendement du député puis, voilà,
c'est ce que je soumets.
• (16 h 10) •
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. D'autres interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix, par appel nominal, de la
proposition d'amendement qui vise à insérer 207.1. M. le secrétaire, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M.
Reid : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire : M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Abstention.
Le Secrétaire : Et M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Président (M. Tremblay) : L'amendement
est donc rejeté. Nous revenons à 228, sous le thème Habilitation réglementaire.
Je demande à M. le ministre de faire...
M. Boulet : Avec le consentement des
collègues des partis d'opposition, je demanderais qu'on suspende cet article-là
sur les habilitations réglementaires, parce que ça concerne des articles qui
ont fait l'objet de suspension, notamment le multiétablissement. Donc, avec le
consentement des collègues, on irait à l'article qui suit.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Est-ce qu'il y a consentement? M. le député...
M. Leduc : ...question avant. Donc,
on le suspend, en effet, parce qu'il y a d'autres questions qui ne sont pas
encore réglées?
M. Boulet :
Exact.
M. Leduc : C'est donc... Ça veut
dire qu'il va falloir régler ces questions-là avant d'y revenir, à celui-là.
M. Boulet : Tout à fait.
M. Leduc : Puis est-ce que vous
prévoyez régler toutes ces questions-là avant les dispositions transitoires?
M. Boulet : On ferait les
habilitations... Pardon?
Une voix : ...
M. Boulet : Il faut régler les
habilitations réglementaires avant le transitoire. C'était ma compréhension.
M.
Leduc : Donc, si je comprends bien, il reste quelques blocs, là, avant
les transitoires, le «autres dispositions». Dans le fond, 6.1, amendes;
6.2, propriétaires d'édifice...
M. Boulet : Oui, là, on arriverait
aux amendes, effectivement.
M. Leduc : 6.3, cotisations; 6.4,
corrections. S'il y a en a d'autres, là, mais...
M. Boulet : Oui, il y a...
M. Leduc : Non, ça semble être tout,
puis, après ça, on tombe dans dispositions transitoires. Donc, si je comprends,
il faut faire 6, 6.1, 6.2, 6.3, 6.4, il faut faire les sujets qui sont
suspendus depuis le tout début. Ensuite, on fait le pouvoir réglementaire et on
termine avec les dispositions transitoires.
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : C'est bien compris.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. On a consentement?
M. Leduc : Oui, ça va.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Alors, nous...
M. Boulet : Est-ce qu'on peut
suspendre une minute avant de commencer le bloc des amendes?
Le Président (M. Tremblay) : Oui, M.
le ministre.
Nous allons suspendre, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise à 16 h 24)
Le Président (M. Tremblay) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous avons eu consentement pour suspendre 228. Nous
allons passer au thème Autres dispositions, 6.1, les amendes. Je ne parle pas
de protéines, là, ici, là... par les amendes. Alors, M. le ministre, je vous
invite à faire lecture de l'article 118.
M. Boulet : Merci, M. le Président.
Les articles 458 à 460 de cette loi sont modifiés par le remplacement de
«d'au moins 500 $ et d'au plus 1 000 $ s'il s'agit d'une
personne physique et d'une amende d'au moins 1 000 $ et d'au plus
2 000 $ s'il s'agit d'une personne morale» par «d'au moins
1 000 $ et d'au plus 5 000 $ s'il s'agit d'une personne
physique, et d'une amende d'au moins 2 000 $ et d'au plus
10 000 $ dans les autres cas».
Explication. Donc, on
revalorise ici les amendes pour certaines infractions à la Loi sur les
accidents de travail et maladies professionnelles. Simplement vous mentionner
que les montants des amendes n'ont pas été amendés
depuis 1985 dans la Loi sur les accidents de travail et maladies professionnelles,
et, dans la loi santé-sécurité, on n'y touche pas, parce qu'ils ont tous
été revalorisés en 2009. Et vous comprendrez qu'en ce qui concerne le montant
des amendes je n'ai pas véritablement de marge de manoeuvre, parce que c'est le
ministère de la Justice, comme mon collègue de Jonquière s'en doute bien, qui
les établit, en tenant compte d'une certaine cohésion avec les autres lois
statutaires qui ont des dispositions pénales, donc qui tiennent compte d'un
certain nombre de critères, dont la nature des infractions, les circonstances
de commission de ces dites infractions là. Et on s'assure qu'il y ait une
cohésion, parmi toutes les lois, en ce qui concerne les montants des amendes.
Donc, 118, c'est une augmentation des amendes pour les
infractions qui sont visées aux articles 458 à 460 de la Loi sur les
accidents de travail et maladies professionnelles. Merci.
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
L'explication du ministre me mène à un point. Quand on a discuté, là,
longuement, il y a quelques jours, quelques semaines, de la revalorisation du
seuil d'un chantier de construction à partir duquel on pouvait avoir accès à des représentants de santé-sécurité, le ministre
nous avait expliqué que, pour arriver à son nouveau seuil, il avait fait
tout un calcul, là, de... dans le fond, d'inflation à partir d'une certaine
année, et c'est ça qui justifiait ce nouveau montant là, ce nouveau seuil là.
Ce que je comprends, c'est que, comme il s'agit d'infractions de nature pénale,
le ministre n'a pas la même liberté de décider à quel montant l'infraction peut
être majorée.
M.
Boulet : Bien, en partie,
là, parce qu'évidemment, dans le cas
des infractions en vertu de la LATMP, il y a des comparables, là, dans le corpus législatif, alors que la valeur d'un
chantier de construction, il n'y avait pas de comparable. Donc, on
n'avait pas de mécanisme de la même nature pour revaloriser ou pour mettre à
jour le montant du chantier de 8 millions, là, simplement. Effectivement,
je pense que vous l'exprimez assez bien aussi, là.
M. Leduc :
Et donc, là, le ministère de la Justice a une espèce de rôle de supervision de l'ensemble
des projets de loi qui sont discutés ici?
M. Boulet :
Oui, un rôle de cohésion. Puis il y a des conseillers à la législation qui
s'assurent de cette cohésion-là, puis c'est étudié de façon très rigoureuse,
là, pour s'assurer qu'il n'y ait pas des écarts, que, pour le même type
d'infraction, en vertu de telle loi, c'est une amende de 800 $, alors que
c'est 125 $ en vertu de l'autre loi. Et ça, c'est bénéfique pour le
contribuable, le citoyen puis les personnes visées par les lois pertinentes.
M.
Leduc : Mais, quand on a un
montant fixe comme ça, dans une loi, qui est inchangé pendant une
quarantaine d'années, immanquablement, on va
avoir des écarts de cette nature-là. Est-ce
qu'il n'est donc pas prévu, ou
souhaitable, en tout cas, d'intégrer des mécanismes automatiques de
revalorisation, dans cette loi-ci ou dans l'ensemble des lois?
M. Boulet :
Il n'y a pas de mécanisme d'indexation. C'est pour ça que, parfois, ça devient
un impératif. Puis tu n'ajustes pas les amendes à tous les cinq ans ou à tous
les 10 ans, tu l'ajustes au moment où tu révises les fondements d'une loi. Ici, dans le cas de la
LATMP, ça n'avait pas été touché depuis 1985. Je vous dirais, c'est peut-être une des raisons, pas principales,
mais c'est certainement une des raisons, quand on va voir les différents
tentacules à la base de notre réforme, qui justifient qu'on mette à jour ces
montants-là d'amendes.
M. Leduc :
Ah! moi, ça me semble une évidence qu'on les mette à jour. Ce n'est pas là,
l'enjeu. C'est : Pourquoi, si on le
sait que... Vu qu'on ne retouchera potentiellement pas cette loi-là avant un
maudit bon bout, pourquoi on ne les met pas tout de suite à niveau...
mais qu'on ne met pas un mécanisme d'inflation, ou je ne sais pas trop? Parce
que, si on ne touche pas à ça pendant un autre 40 ans, on fait juste se
remagasiner un autre écart, là.
• (16 h 30) •
M. Boulet :
Non, mais il y va de la sécurité des Québécois, des Québécoises, là. Il faut
qu'ils sachent le montant. Puis on ne le mettra pas plus haut en disant :
D'un coup la loi n'est pas amendée avant 15 ans, 20 ans, 25 ans. Je pense qu'il faut l'adapter au
moment où la nouvelle loi est adoptée, puis, après ça, il n'y a rien qui
empêche, dans huit ans, de faire des amendements juste sur ces articles-là, ou
dans quatre ans, ou dans 12 ans, ou dans 20 ans. Mais il n'y a rien
qui empêche un législateur d'amender un article ou huit articles de quelque loi
que ce soit, là, si, par exemple, on réalise que la gravité intrinsèque ou
objective d'une infraction est rendue tellement puissante dans le système
législatif québécois. Il n'y a rien qui empêcherait un législateur
d'intervenir, mais moi, je suis d'avis qu'il faut
véritablement se fier à nos conseillers en législation du ministère de la
Justice pour s'assurer d'une cohésion. En fait, le mot-clé, je pense,
c'est la cohésion avec les autres lois où les montants d'amendes concernent des
infractions qui ont certaines similitudes, là, disons. Ils ont certainement
leurs critères, puis je ne suis pas un spécialiste là-dedans, là.
M. Leduc :
M. le ministre, dans quelques jours, ça va bientôt faire trois ans qu'on a reçu
la confiance de tout un chacun de nos populations respectives pour siéger ici.
Moi, je n'ai pas vu souvent, puis vous me corrigerez, là, mais je n'ai pas vu
souvent des projets de loi déposés dans l'unique but d'aller corriger des
montants d'amendes, là.
M. Boulet :
Bien, oui, il n'y a rien qui empêche ça. Puis ici on a quand même une certaine
marge de manoeuvre, parce qu'on avait calculé que le montant de revalorisation
était supérieur à l'inflation depuis 1985. Ça fait qu'on va au-delà de
l'inflation, ce qui est quand même assez respectable, puis c'est accepté.
Parce que moi,
j'étais plus un partisan à la marge supérieure, là. En santé et sécurité, si on
veut faire de la prévention puis on veut s'assurer que quelqu'un ait une bonne
tape sur les doigts... Il faut voir, d'ailleurs, la nature des infractions de
458 à 460. Laissez-moi un petit instant, parce qu'il y a toujours une
corrélation à faire.
M. Leduc :
Vous disiez que vous étiez partisan de la marge supérieure, mais avez-vous
gagné votre débat?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc :
Oui?
M. Boulet : Bien oui. C'est pour ça
que je vous dis que la revalorisation est supérieure à l'inflation. Puis je pense que vous auriez été un allié. C'est toutes
des infractions... Bon, 32, 33, 59, et sans entrer dans le détail, là,
mais, tu sais, c'est quand même... il y a
quand même une marge de manoeuvre considérable qui est laissée aux décideurs,
là, parce que, pour une personne
morale, c'est de 2 000 $ à 10 000 $, puis pour une personne
physique, de 1 000 $ à 5 000 $, là. C'est quand même
des montants substantiels, puis évidemment, encore une fois, dans le respect de
la nécessaire compatibilité entre le montant de nos amendes et ceux
apparaissant dans d'autres lois de même nature.
M. Leduc :
Mais, tu sais, par exemple, pour un Walmart, là, 10 000 $, ce n'est
pas... ça ne fait pas pleurer, là.
Mais je
comprends que vous avez poussé un peu la machine pour le faire augmenter. Je
n'ai pas nécessairement un chiffre
magique à vous soumettre, mais je ne suis pas sûr qu'on est dans un endroit
avec un effet dissuasif particulièrement fort.
M. Boulet :
Je ne suis pas... Laissez-moi... Le juge tient compte de l'ensemble des
circonstances, là, sa marge de manoeuvre.
Bon, quand c'est un individu, entre 1 000 $
et 5 000 $. Évidemment, on peut dire quelqu'un qui a les
moyens financiers x, y et z... puis je ne suis pas un juge, là, dans ces
matières-là, là. Est-ce qu'ils tiennent compte de la valeur de l'individu, ou de son salaire, ou de... je n'ai
aucune idée de ça, là, mais il y a quand
même une marge de manoeuvre, et, dans le cas d'une entreprise,
la même affaire. Est-ce qu'il va considérer que, parce que c'est une PME, le
montant devrait être moins élevé?
Mais, encore une fois, je ne veux pas m'immiscer
dans l'exercice du pouvoir qu'exerceront les juges en semblable matière, mais
il y a quand même une marge de manoeuvre. Puis, encore une fois, il y a le
respect de l'incontournable compatibilité ou cohésion avec les autres lois, là.
M. Leduc : Je peux laisser...
Le Président (M. Tremblay) : Oui. M.
le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci. Alors
là, on est dans les dispositions pénales. Dans le fond, ce qu'on change, c'est... pour les personnes physiques, on passe de
500 $ à au plus 1 000 $, de 1 000 $ à au plus
5 000 $, puis, dans les autres cas... parce que, dans le texte
actuel, on dit «s'il s'agit d'une personne morale». On dit : «dans les
autres cas»... Je ne sais pas ce que ça peut être, dans les autres cas, à part
une personne physique, que l'autre cas soit une personne morale. Ça, en soi, il
faudrait que le ministre m'explique c'est quoi, les autres cas qu'une personne
physique, là, si ce n'est pas une personne morale. Mais, enfin, là, ça serait, à
ce moment-là... au lieu de 1 000 $ à 2 000 $, là, on fait
2 000 $ à 10 000 $. Bon.
Moi, le député d'Hochelaga-Maisonneuve est allé exactement
où je voulais aller avec la comparaison. Je sais que toute chose... Quand on
commence à comparer, là, c'est... Toute chose n'est pas nécessairement
comparable, mais, avec le seuil de l'inflation pour les chantiers de
construction, qui était de 8 à 25 millions, on a ramené le pendule,
finalement, à 12 millions. Là, le ministre nous dit, comme argumentaire
pour les dispositions pénales : C'est assez normé par le ministère de la
Justice. Première question, moi, je veux connaître ces critères-là. Le ministre
nous dit : Il y a des critères du ministère de la Justice. Je le crois,
mais j'aimerais avoir les critères.
Et moi, j'ai étudié longuement, en commission
parlementaire, avec David Heurtel, le projet de loi n° 102
pour modifier la Loi sur la qualité de l'environnement. Ça fait que je me suis
dit : Tiens, on va retourner à ça. Puis des infractions en matière
d'environnement, bien, c'est certainement aussi important que des infractions
sur la santé puis la sécurité des personnes. Moi, je suis un tenant, vous le
savez, là, de la protection de l'environnement, puis lutter contre la
décontamination des sols, puis les entreprises qui font des infractions. Ça
fait qu'à 115.29 de la Loi sur la qualité de
l'environnement : «Commet une infraction et est passible, dans le cas
d'une personne physique, d'une amende de 1 000 $ à
100 000 $, et, dans les autres cas, d'une amende de 3 000 $
à 600 000 $.» Bon, j'aimerais bien connaître les critères du
ministère de la Justice.
À 115.30 : «Commet une infraction et est
passible, dans le cas d'une personne physique, d'une amende de 2 500 $ à 250 000 $ [...] dans
les autres cas, d'une amende de 7 500 $ à 1,5 million, quiconque
contrevient», blablabla.
À 115.31 de la Loi sur la qualité de
l'environnement : «Commet une infraction et est passible, dans le cas
d'une personne physique, d'une amende de 5 000 $ à
500 000 $ ou, malgré l'article 231 du Code de procédure pénale, d'une
peine d'emprisonnement maximale de 18 mois, ou des deux à la fois et, dans les
autres cas, d'une amende de 15 000 $ à 3 millions, quiconque
contrevient à l'article 22...» Évidemment, l'article 22, on le sait,
la Loi sur la qualité de l'environnement, c'est le coeur, l'article 22,
puis je comprends ça.
Article 115.32 de la Loi sur la qualité de
l'environnement : «Commet une infraction et est passible, dans le cas
d'une personne physique, d'une amende de 10 000 $ à
1 million $ ou, malgré l'article 231 du Code de procédure pénale,
d'une peine d'emprisonnement maximale de trois ans, ou des deux à la fois et,
dans les autres cas, d'une amende de 30 000 $ à 6 millions,
quiconque», blablabla. Alors, je pourrais continuer comme ça.
Puis le ministre disait : On n'a pas
modifié, depuis longtemps, les dispositions pénales de la loi sur la santé et
sécurité au travail... non, voyons, les accidents du travail et les maladies
professionnelles. C'est vrai. Dans le cas de la Loi sur la qualité de
l'environnement, les articles dont je vous parle... 2011, modifiés en 2013,
modifiés en 2017, modifiés en 2021. Donc, on est capables de l'ouvrir assez
régulièrement pour revoir les dispositions pénales.
Alors, moi, je veux dire,
là on a des peines qui vont autour de 500 000 $, 3 millions de
dollars, 6 millions de dollars dans le secteur de l'environnement. Puis je
ne veux pas moi-même tomber dans le piège de : on compare des pommes avec des oranges, mais un sol contaminé qui
n'est pas décontaminé, en vertu de la loi, c'est certainement aussi important qu'une personne qui travaille puis qui
se blesse, peut-être pour le reste de ses jours, dans un milieu de
travail. Donc, je me questionne. Quand on
passe, nous, de 500 $ à 1 000 $ et d'au plus 1 000 $ à
5 000 $, il y a comme une marge.
Donc, moi, je veux bien croire, en tout respect,
évidemment, pour le ministre, qu'il y a des critères du ministère de la Justice, mais là, moi, je veux les connaître, ces critères-là,
là. Parce que je viens juste de prendre deux lois, celle que nous
étudions et la Loi sur la qualité de l'environnement, puis on est dans deux
univers complètement différents en termes de montants des infractions. Alors,
voilà, c'est un peu ce que j'ai à dire là-dessus. Puis je veux surtout
entendre, de la part du ministre, s'il peut nous déposer les critères qui
guident le ministère de la Justice en cette matière. Merci.
• (16 h 40) •
Le Président (M. Tremblay) : M. le
ministre, oui.
M. Boulet : M. le Président,
j'aimerais pouvoir le faire, mais c'est des critères qui appartiennent à des
avis juridiques... en fait, qui sont contenus dans des avis juridiques, et moi,
je n'y ai pas accès, là. Mais, ceci dit, je pense que ce qui est important...
puis j'aimerais ça les partager avec vous, collègue. Puis je pense que vous me
connaissez assez bien pour savoir que tout ce qui est sous ma main pourrait
être partagé avec vous, là, en termes d'informations.
Mais je reviens à... tu sais, les comparaisons
avec la Loi sur la qualité de l'environnement, évidemment, le ministère de la
Justice les fait, ces types de comparaison là. Mais il ne faut pas comparer...
vous disiez des pommes avec des oranges, là, je ne sais pas si c'est les deux
fruits que vous utilisiez, mais ici, la nature des infractions, il ne faut
pas... ça n'a aucune mesure avec la qualité de l'environnement. C'est, mettons,
l'employeur, il ne paie pas le salaire. Tu sais, quand un travailleur a une
lésion, un accident de travail ou une maladie professionnelle une journée, il
doit lui payer son salaire ce jour-là puis, après ça, il paie l'indemnité de remplacement
de revenu pour les 14 jours suivants. Après ça, il fait un avis de
l'employeur, il demande le remboursement. S'il omet de payer au travailleur ce
jour-là, c'est une infraction qui peut donner ouverture à jusqu'à 10 000 $.
Évidemment, vous le savez très bien parce que
vous êtes de même formation que moi. Puis le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
puis le collègue de D'Arcy-McGee le savent, quand il y a récidive,
évidemment, les montants d'amende montent.
Mais ça, s'il
fournit... s'il ne transmet pas des copies... il y a beaucoup de ces
infractions-là, c'est qu'il ne transmet pas copie d'un rapport puis
qu'il n'assiste pas le travailleur dans la rédaction de son formulaire de
réclamation. S'il ne paie pas... tu sais, mettons, durant son absence, le
travailleur paie ses cotisations à son régime de retraite puis à son régime
d'assurance, puis l'employeur omet de payer sa cotisation, c'est toutes des
affaires qui se corrigent, mais qui constituent des infractions et qui mènent
aux amendes, là.
Ça fait qu'il y a quand même beaucoup de cas,
là, mais c'est la gravité de l'infraction, si je peux dire. Parce qu'en mesure
disciplinaire on utilise ça, là, les circonstances aggravantes, les
circonstances atténuantes, mais d'abord la gravité de l'infraction. Vous vous
souvenez, on disait : Il n'y a pas de petit vol, il n'y a que des vols de
petites choses. Mais un vol, c'était une faute grave qui amenait souvent...
M. Gaudreault : ...
M. Boulet : Pardon?
M. Gaudreault : Qui vole un oeuf
vole un boeuf.
M. Boulet : Oui, exactement. Oui, je
l'ai entendue, celle-là aussi. Mais donc, dans l'échelle de gravité des infractions,
on n'est pas haut. Ça fait que c'était l'explication que je pouvais vous
fournir, collègue.
M. Gaudreault : Je comprends
l'argument du ministre qui dit : Il y a une question de gradation, il y a
une question d'échelle de gravité, entre guillemets, aussi. C'est sûr que de ne
pas envoyer un document, là, ce n'est pas comme aller déverser, dans un champ
de patates, les sols contaminés en dessous du REM, mettons. Tu sais, on
s'entend que ce n'est pas la même chose. Mais il reste que... il m'apparaît, à
sa face même, qu'on est quand même dans un ordre peu élevé, là, tu sais, quand
on dit : au moins 1 000 $, au plus 5 000 $.
Moi, je dirais deux choses. Je ne sais pas si le
ministre, avec son équipe... on n'est pas obligés d'avoir ça dans la prochaine
minute, là, mais moi, j'aimerais obtenir une espèce de tableau, là, de ce qu'il
vient de nous dire, quand on dit : On a, d'une part, tel défaut de
l'employeur, par exemple, et on a telle amende qui va avec tel défaut, pour
qu'on puisse un peu comparer. Parce que, là, je comprends que les articles,
là... on nous fait référence aux articles 32 ou 33, par exemple, ou
l'article 59, mais ça demeure un peu théorique. Moi, j'aimerais obtenir du
ministre un genre d'outil de travail qui pourrait tous nous éclairer, les
parlementaires, sur le type d'infraction et, deuxième colonne, le type d'amende
ou de pénalité qui va avec. Peut-être que, si le ministre nous donnait ça,
déjà, on pourrait avancer un petit peu plus.
Puis avant de... juste avant de terminer,
l'autre chose, c'est aussi de... Ah oui! les critères. Parce que le ministre
nous a déjà... C'en est un, critère, ça. Quand il me dit : C'est la
sévérité des défauts ou la gravité des défauts, c'est un critère. Mais quand il
me dit : Le ministère de la Justice ont des avis juridiques, puis on ne
peut pas dévoiler les avis juridiques, bien, il y a sûrement, depuis que le
ministère de la Justice existe, des guides qui peuvent nous alimenter, là, à part les avis juridiques.
J'aurais de la difficulté à croire que le ministère n'a pas d'outil nous permettant de savoir un petit peu où
on s'en va avec ça.
M. Boulet : On n'est pas pire, parce
que notre discussion d'équipe, après-midi, nous permet... Il y a trois familles de critères qu'on me donne, là, qu'on
peut me donner comme information. Le premier critère, c'est la gravité,
dont on vient de discuter, l'oeuf et le boeuf; deux, la cohésion; et trois,
l'effet dissuasif, donc évitons la récidive.
Deuxième point que j'aimerais soulever, collègue,
c'est : Il n'y a pas d'automatisme. Ce n'est pas : tel défaut encourt tel montant d'amende. C'est
vraiment : tel défaut encourt une amende qui varie entre tant et tant.
Puis il y a quand même une marge d'appréciation, vous le savez aussi
bien que moi, de la part du juge, qui tient compte des circonstances
aggravantes et des circonstances atténuantes.
Troisième point, si vous voulez, oui, je peux
vous envoyer la liste des infractions, de la nature des infractions, mais, après ça, ça va pas mal s'arrêter là, là. Mais je peux...
Je l'ai ici puis je n'ai pas de problème à vous la partager. Puis je ne
sais pas si on peut la détacher puis la transmettre. Je ne sais pas si le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve puis de D'Arcy-McGee en veulent. On va la transmettre à
vous trois, hein, Marc-Antoine?
M. Gaudreault : Via le Greffier? Via
les documents déposés au Greffier?
M. Boulet : Puis on pourra le faire,
là, pour les autres, là, mais... Moi, ça complète ce que j'ai à dire.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. On me confirme que les documents vont être déposés.
M. Boulet : On peut peut-être
suspendre deux minutes pour qu'ils le regardent puis qu'on puisse adopter l'article,
là. Est-ce que ça vous va, M. le Président?
Le
Président (M. Tremblay) :
Oui. Oui, merci, M. le ministre. Avez-vous besoin qu'on suspende, collègues?
M. Gaudreault : ...
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait.
On va suspendre quelques minutes, s'il vous
plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 47)
(Reprise à 17 h 16)
Le Président (M. Tremblay) :
Alors, nous reprenons les travaux. Je rappelle que le document, tel que
demandé, a été distribué aux collègues. Maintenant, on revient à l'article 118.
Il y avait d'autres interventions? M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président, et merci, M. le ministre, pour les documents. Je crois que ça nous
aide à évaluer l'étendue et la légitimité des genres d'amendes qui sont
suggérées et... il me reste quelques questions.
Dans un premier temps, si on fait le tour du
document, c'est intéressant qu'on parle souvent des infractions qui risquent d'être... bon, anodines serait un
trop grand mot, sérieuses, mais qui auraient l'air légitimement
assujetties aux genres d'amendes que je qualifierais comme modestes, qu'on voit
dans l'article.
Par contre, je fais le survol, et il me semble
que je vois des exemples qui risquent d'être d'une certaine ampleur, là. À
titre d'exemple, tout au début de 118, plus d'emplois qui exercent une mesure
prohibée contre un travailleur, mesure de représailles ou de congédiement.
Article 30, c'est d'un certain ordre. Ça peut inciter des conséquences
assez sérieuses pour la personne concernée.
Je me demande si un des derniers... quand on
dit : N'assiste pas le travailleur dans la rédaction de sa réclamation, article 270, je me permets d'inventer l'exemple d'un employé dans une PME,
qui est peut-être nouvellement
arrivé au Québec, en bonne foi, qui travaille d'arrache-pied, qui n'aurait pas
eu l'opportunité de se faire trop d'amis au sein de l'endroit de l'emploi, qui
essaie de bâtir une complicité avec son superviseur, mais pas facile, qui se
trouve devant une situation assez grave, peut-être il a un travail avec un
contaminant qui n'aurait pas été bien identifié, et qu'un collègue plus équipé
ou plus habitué aurait été en mesure de signaler de façon plus claire. Bien, peut-être,
cet employé-là est visé par le 270, aurait besoin de l'aide, sérieux. Et, s'il
ne l'aurait pas eu... s'il ne l'avait pas eu, selon l'exemple que j'offre, il y
aurait eu des conséquences d'une certaine gravité. Donc, est-ce qu'on peut
savoir si les amendes suggérées sont appropriées?
Et là ça m'amène à deux questions. Le ministre a
parlé de trois critères pour m'aider à relativiser, à contextualiser les
amendes de proposées ici. Et, bon, gravité, je peux comprendre, peut-être ça
serait intéressant d'avoir l'élaboration sur le grand... le genre de
sous-critère qui décrit gravité, mais surtout la deuxième question de précision
en dedans de mes questions, cohésion, je ne comprends pas plus que ça le
concept.
Troisième question ou suggestion, j'aimerais que
le ministre nous éclaircisse, c'est le Vérificateur général, en 2019, qui a
fait le constat, premièrement, qu'il n'y aurait pas eu d'ajustement d'amendes
depuis un long bout. Et je le cite dans son rapport de
mai 2019, chapitre III, où il note que «les amendes prévues au Québec
ainsi que les amendes et les peines d'emprisonnement prévues dans d'autres
administrations canadiennes sont présentées à l'annexe 4», mais il se pose
la question sur où se situent les amendes au Québec et par rapport aux autres
juridictions canadiennes. Je peux imaginer tout de suite qu'il y a des enjeux
macros qui nous distinguent d'Alberta et d'Ontario, pour n'en donner que deux
exemples, où les multinationaux, les très grandes entreprises sont plus
présents. Mais est-ce que... quand même, y a-t-il une façon de comprendre où on
se situe, avec ces modifications proposées, par rapport aux autres juridictions
canadiennes?
• (17 h 20) •
M. Boulet : Je vais commencer par le
troisième élément, M. le Président. Il n'y a pas d'étude comparative, le
collègue de Jonquière m'en parlait, comment on se compare avec l'Ontario. Mais,
tu sais, la cohésion, elle est recherchée au Québec. On est, en soi, une société
qui a ses valeurs, qui a ses façons de faire, qui a ses façons de se comporter,
et donc on tient compte de notre spécificité pour déterminer ce qui est
cohérent. Tu sais, la nature d'une infraction en Ontario ou en Alberta peut
être différente, là, mais il n'y a pas de telles études, là, où on compare nos
amendes avec celles des autres provinces.
Puis les deux premiers éléments, bien,
évidemment, c'est variable, là, mais, tu sais, les pratiques interdites, là, ou l'assistance d'un travailleur, oui... mais
c'est pour ça que le juge a une marge de manoeuvre, là, parce que, s'il
y a des éléments aggravants, il va tenir compte
de l'impact de l'infraction. Vous comprenez, collègue de D'Arcy-McGee?
Tu sais, si le dommage est plus grand, forcément, ça va être une circonstance
aggravante.
Moi, j'ai toujours fait des représentations de
cette nature-là en matière disciplinaire, puis c'est un peu la même approche en
matière pénale statutaire, tu regardes les éléments aggravants puis les
éléments atténuants. Et donc ne pas assister un travailleur puis que ça a des
impacts plus importants, bien, tu te rapproches plus du 10 000 $, si c'est
une société ou une compagnie, et tu te rapproches plus du 5 000 $ si
tu es un individu. Puis, la même affaire, ne pas assister un travailleur, ça a
les mêmes conséquences. Puis le devoir d'assistance, il est maintenant bien
imprégné dans la culture de santé et sécurité du travail au Québec, puis les
employeurs sont assez à l'affût de ça, là, parce que le travailleur a besoin
d'être assisté. Puis ce devoir d'assistance médicale là, s'il n'est pas
respecté, bien, va engendrer... peut mener ultimement à une amende, là. Donc,
il y a quand même une marge de manoeuvre.
Puis je
reprends le propos de tout à l'heure. Ce n'est pas : l'infraction x donne
automatiquement l'amende y. C'est vraiment
une évaluation et c'est vraiment une fourchette. Puis, si je me souviens bien,
même dans la loi sur les normes, les pratiques interdites, c'est des
amendes maximales de 6 000 $. Là, on est à 10 000 $, là. Tu
sais, c'est quand même... Ça m'apparaît
tellement cohérent, là. Ça fait qu'on est dans une... Quand je les regarde
toutes, là, une après l'autre, là, la
nature des infractions, moi, je trouve qu'on est vraiment dans une fourchette
qui est raisonnable et qui donne une marge
de manoeuvre considérable aux juges. Puis, encore une fois, on est allés
au-delà de l'inflation. Merci,
collègue.
Le Président (M. Tremblay) : Merci.
Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Oui, une précision et
une question supplémentaire. Précision, le ministre a tendance à suggérer
autrement, mais que ça soit clair que ma question, en ce qui concerne les
valeurs comparatives avec les autres
juridictions canadiennes, c'est pour éclairer et pour situer nos propositions ici. Évidemment, je ne remets pas le moindrement en question le fait qu'on ait à gérer ce genre de projet de loi de notre façon. C'est évident, c'est évident.
Petite question, et je comprends et j'accepte
que chaque cas est différent, et là il y a... d'amende possible. Quand même,
dans les deux exemples, il y en a d'autres, bon, dans d'autres articles qui s'en
viennent, on parle des infractions... assez intéressant quand même. Je parlerai
donc, à titre d'exemple, de la limite maximale de 10 000 $. Et je
peux reprendre l'exemple de Walmart ou l'exemple que j'essaie d'offrir à
l'article 270. Si mon exemple est recevable, disons, et cet employé, en
quelque part, vulnérable et pas si appuyé par ses collègues parce qu'il est
nouvellement embauché, tout ça, se trouvait dans une situation où il avait à
manipuler, comme je dis, un contaminant qui n'aurait pas été bien identifié et
qui s'est... il a eu des séquelles, à cause de ça, assez, assez graves, pour
moi, ce qui serait possible, dans le 270, je vois qu'on a une variété de
possibilités en termes d'amendes. Est-ce qu'on peut imaginer que
10 000 $, dans un tel cas que j'ose décrire, serait raisonnable comme
règlement?
M.
Boulet : Tout à fait, puis, je le répète, c'est une marge de
manoeuvre, entre 2 000 $ et 10 000 $, qui permet au juge de tenir compte des circonstances aggravantes
comme celles que vous soulevez, collègue de D'Arcy-McGee. Ça fait que,
oui, je suis... je considère que c'est respectueux des trois critères auxquels
je faisais référence tout à l'heure, là, la gravité, la cohésion puis l'effet
dissuasif, même si ça engendre des conséquences graves. Mais plus les
conséquences seront graves, plus on s'approche du maximum de la fourchette.
Le Président (M. Tremblay) : Merci.
Oui, M. le député.
M. Birnbaum : Là, je vais prêter
l'exemple de mon collègue de Jonquière, de Walmart. Moi, je trouve que mon
exemple peut tenir la route quand même, mais je reprends les circonstances que
je viens de décrire. C'est un employé de Walmart, une multinationale, et
l'individu se trouve devant les séquelles très graves suite aux causes du fait
qu'il a manipulé un contaminant qui n'aurait pas été bien identifié et, pour
les raisons que j'avais énumérées, n'était pas trop en mesure de formuler sa
réclamation suite au fait qu'il n'a pas été accompagné de la façon exigée dans
d'autres articles de la loi actuelle. Est-ce que, pour Walmart, dans un tel
cas, d'être assujetti à... même le maximum, à 10 000 $, le ministre
juge ça à propos?
Et c'est là où je me
permets de nous inviter à nous comparer à d'autres juridictions. Est-ce qu'une
telle probabilité, possibilité serait assujettie à une amende maximale si
modeste dans autres juridictions comparables?
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Boulet : Quand c'est...
Attendez, je vais juste vérifier un article. C'est parce qu'à chaque fois,
quand on est... on conseille, il faut déterminer le bon véhicule statutaire
pénal. Et, dans le cas que vous décrivez, là, quelqu'un qui agit par action ou
omission de manière à compromettre sérieusement la santé et sécurité de
quelqu'un, vous iriez à 237 de la loi santé et sécurité, puis la peine
maximale, c'est jusqu'à 300 000 $, là. C'est une amende d'au moins
60 000 $ et d'au plus 300 000 $ pour toute récidive, là.
Mais il y a des amendes entre 30 000 $ et d'au plus
150 000 $. Tu sais, c'est des amendes beaucoup plus élevées, là,
parce que c'est des infractions...
Tu sais, en santé et sécurité, ceux qui
pratiquent beaucoup en pénal statutaire, ils disent : C'est-tu un 236 ou
un 237? Le 237, il est grave. C'est que, par action ou par omission... puis ça
répond bien à ce que vous décrivez, collègue. Merci.
• (17 h 30) •
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions? Monsieur, vous êtes... Oui, M.
le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Le député de D'Arcy-McGee
avait terminé? Oui?
Le Président (M. Tremblay) :
Oui. Parfait.
M. Gaudreault : Ça va. Alors,
il parlait du Walmart à Jonquière, je pense, c'est le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
qui faisait référence, tout à l'heure, au travers de Walmart, mais nous, à
Jonquière, on a quand même l'événement historique du seul Walmart qui a été
fermé pour des causes... des raisons de volonté syndicale. Alors, ça a été longtemps
un bâtiment vide, qu'on essaie de remplir maintenant, mais on n'est pas là pour
parler de ça.
Moi, je veux revenir sur le document que nous a
présenté le ministre. Il nous a dit, tout à l'heure, avant de le déposer... en fait, avant de le rendre pour consultation, là, pour les fins de notre commission, que c'étaient souvent des formulaires, par exemple, qui n'étaient pas remis ou des choses comme ça, le défaut de remplir à
temps des documents.
Mais, quand
je regarde le document de travail, par exemple, l'article 458
de la LATMP, ça vise un employeur qui exerce une mesure prohibée contre
un travailleur, exemple, des mesures de représailles ou de congédiement.
Ensuite, puis je les prends un peu au hasard, là, mais je prends ceux qui me
frappent le plus, ne fournit pas les premiers secours
à un travailleur qui subit une lésion professionnelle, à l'article 190
de 458, là, qui est cité par l'article 458... donc, ne fournit pas
les premiers secours à un travailleur qui subit une lésion professionnelle,
c'est quand même important.
Qui ne maintient pas, à ses frais, un service de
premiers secours et un service de premiers répondants, c'est
l'article 191. C'est vrai, qui ne transmet pas les copies des rapports,
ça, c'est l'article 215. Je suis d'accord, ça, c'est mineur, c'est... il a oublié de le mettre dans la
malle la bonne date, là, puis il arrive plus tard. Bon, c'est
l'article 215. Mais c'est parce
qu'il y a quand même d'autres éléments plus importants, comme ceux que je vous
ai nommés, là, de ne pas prêter secours, les premiers secours à un
travailleur qui subit une lésion professionnelle, l'article 118 du projet
de loi.
L'article 459, ça, c'est l'article suivant,
l'article 459 de la LATMP, ça vise un maître d'oeuvre qui, sur un chantier
de construction, ne fournit pas les premiers secours à un travailleur qui subit
une lésion professionnelle, ne maintient
pas, à ses frais, un service de premiers secours et un service de premiers
répondants. Ensuite, j'essaie... parce que j'en avais vu un autre, assez
impressionnant aussi. Par exemple, une personne qui ne se soumet pas à l'examen
médical que son employeur requiert, c'est quand même assez important. Ça, c'est
l'article 211.
Donc, il y a quand même beaucoup d'éléments
là-dedans qui sont importants. Quand on parle de ne pas fournir les premiers
secours, moi, ça m'apparaît important, de ne pas tenir, à ses frais, le maître
d'oeuvre ou l'employeur, un service de premiers secours et un service de
premiers répondants. C'est des mesures quand même assez importantes, puis on
les met au même pied que d'oublier d'envoyer un rapport. Alors, c'est un peu
pour ça qu'on pose ces questions-là.
Puis je ne sais pas comment le ministre réagit,
là, à ces premiers... il y a quand même... parce qu'il nous parle de cohésion,
je suis d'accord, il nous parle de gravité, d'effet dissuasif. C'étaient les
trois critères qu'il nous a évoqués tout à l'heure et qui sont probablement les
trois critères du ministère de la Justice, gravité, cohésion, effet dissuasif,
mais, dans la diversité des défauts que j'ai soulevés, là, en regardant
rapidement le document qu'il nous a envoyé, il y a quand même beaucoup
d'éléments qui ne sont pas tout à fait cohérents, là. Donc, moi, je veux bien
qu'on parle de cohésion dans les peines, mais il faut qu'on parle aussi de
cohésion à la source même des peines, donc du défaut qui est relevé.
M. Boulet : Merci. Je comprends les
commentaires du collègue. En même temps, je pense que j'ai fait mes
commentaires. Puis juste vous rappeler que c'est des infractions qui sont
prévues dans la LATMP, là, la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, et c'est beaucoup plus de la nature de la transmission de rapports d'information, de documents, de suivis,
d'assistance. Dans la loi santé et sécurité, c'est assez large, là. Je
vous...
Tu sais, 237, que je soulevais tout à l'heure,
de la loi santé et sécurité, il y a des amendes beaucoup plus costaudes, puis 236, la même affaire. Donc, c'est
vraiment une affaire factuelle, tu sais, c'est vraiment une description sommaire. Puis, quand on va voir le
contexte dans lequel l'infraction est commise, dans la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles,
c'est là qu'on est capables de reconnecter avec la cohésion, la gravité puis
l'effet dissuasif. Puis, encore une fois, c'est fait de façon très rigoureuse
et minutieuse, là, par nos collègues à nous tous, là, du ministère de la
Justice. Ça fait que ça compléterait mes commentaires.
Le Président (M. Tremblay) : O.K. M.
le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. On a retrouvé
un article de Radio-Canada, du 29 novembre 2017, bon, vous allez me dire,
ça fait quatre ans, mais ce n'est quand même pas si vieux que ça, sur les
relations de travail, Morts au travail : les sanctions pour manquement
à la sécurité ne sont pas assez sévères, disent les familles. Alors :
«Une enquête menée par Radio-Canada révèle que seul un très petit nombre
d'employeurs ont été emprisonnés après avoir été reconnus coupables d'une
infraction aux lois sur la sécurité du travail en lien avec la mort d'un
employé.»
Bon, ça parle beaucoup de l'Ouest canadien, mais
là où c'est un petit peu gênant... Puis je sais que le premier ministre aime
toujours se comparer avec l'Ontario, là, au niveau, par exemple, des salaires,
ou il veut qu'on obtienne les mêmes... Je me souviens, pendant plusieurs
années, avant qu'il soit premier ministre, il se levait toujours, à la période
de questions, en disant : On est le 57e État sur les 60 États...
les 10 provinces puis les 50 États américains. Bon, bien, dans cet
article de 2017, il y a le cas du Québec. Écoutez bien ça, M. le Président, le
cas du Québec : «Le Québec était la seule province qui n'ait pas pu
fournir des statistiques relatives aux décès en milieu de travail. D'ailleurs,
les pénalités maximales prévues par la loi québécoise sont les plus faibles au
pays pour une première infraction, soit 3 310 $ pour les particuliers
et 66 183 $ pour les entreprises. La Belle Province est également la
seule juridiction qui ne prévoit pas la possibilité d'imposer une peine
d'emprisonnement en vertu de sa loi provinciale sur la santé et sécurité au
travail.»
Bon, je comprends qu'on est dans la LATMP, mais il
y a quand même un signal important à poser quand on parle des amendes, là. Et
on parle, depuis tout à l'heure, entre autres avec le député de D'Arcy-McGee,
des comparaisons avec les autres provinces. Puis là, dans cet article qu'on
peut retrouver rapidement avec quelques clics, là, sur Radio-Canada, bien, on
nous dit que le Québec, ce n'est pas le meilleur élève.
Alors, je ne sais pas si on ne pourrait pas,
dans l'optique où le premier ministre nous dit toujours : Il faut qu'on
soit les meilleurs, qu'on se compare avantageusement à l'Ontario... bien, je
pense qu'en matière de peines, aussi sur les infractions en matière de...
larges, de santé-sécurité au travail, on pourrait être les meilleurs aussi.
M. Boulet : ...je suis d'accord avec
ça, puis l'article de Radio-Canada, s'il a été fait... puis je ne connais pas
la méthodologie, mais c'est avec les amendes actuelles. Et, dans le projet de
loi n° 59, on les monte au-delà du coût d'inflation puis de façon
cohérente avec nos autres lois. Ça fait que je pense qu'on doit se saluer de
contribuer à l'augmentation de ces amendes-là.
Deuxièmement,
je me méfie toujours des comparaisons. Un, on n'en a pas, mais deux, quand même
qu'il y aurait une amende maximale de 15 000 $ au lieu de
10 000 $, si elle n'est pas appliquée, ça ne donne rien. Il faut voir
l'état de la jurisprudence, peut-être
canadienne, en matière de droit pénal statutaire. Là, on aurait des véritables
comparatifs. Ça, c'est mon premier élément.
Puis le deuxième élément, ce que vous soulevez,
là, les faits, parce que vous savez à quel point les faits, les circonstances
sont importantes pour déterminer c'est quoi, le bon véhicule pénal, mais on est
clairement dans le corridor de la loi santé-sécurité du travail, puis c'est
237, puis c'est des amendes nettement plus élevées.
Puis dernier point, collègue de Jonquière, le
Code criminel. Le Code criminel a été amendé, il y a beaucoup d'années, de
façon à prévoir... parce que le criminel, comme vous savez, ça ne relève pas de
la juridiction du Québec, ça relève de la juridiction Ottawa, fédérale. Et,
dans le Code criminel du Canada, il y a aussi des pénalités et des amendes substantielles, là, pour les personnes
qui... les administrateurs ou les dirigeants qui ont des comportements qui engendrent des blessures corporelles graves,
là, dans les milieux de travail, notamment, là, mais ça dépend véritablement...
Puis ce dont nous traitons actuellement, et je
vous le dis, là, c'est de la... accidents de travail, puis c'est plus de la
gestion, là. Puis 10 000 $, c'est quand même revalorisé de façon
importante, puis il y a une fourchette de 2 000 $ à
10 000 $. Puis il ne faut pas oublier, collègue, qu'il y a des
individus aussi, là, puis c'est quand même 1 000 $ à
5 000 $. Tu omets de faire de quoi, puis l'impact est quand même
assez important. Merci.
• (17 h 40) •
M. Gaudreault : Mais on
s'entend qu'on est dans la LATMP, je suis conscient de ça, puis là on joue un
peu sur deux lois, la... la loi sur la santé et sécurité au travail, la LATMP,
mais on n'a pas touché aux amendes dans la loi sur la santé-sécurité.
M. Boulet : Bien, c'est la
raison pour laquelle je disais : Là, c'est LATMP, parce que ça n'a pas été
modifié depuis 1985, donc ça fait 36 ans, alors que la loi santé-sécurité,
ça a été tout revalorisé en 2009. Ça fait qu'on n'est pas rendu au stade où...
Les amendes sont substantielles, là, en vertu de 236 et 237. Vous allez les
voir, là, c'est des amendes quand même assez importantes, là. À 237, là, quand
il y a des impacts, puis c'est large, là, quiconque, par action ou par
omission, agit de manière à compromettre directement, sérieusement, la
santé-sécurité et l'intégrité de quelqu'un. Dans le cas d'une personne
physique, là, et dans le cas d'une personne morale, c'est des amendes quand
même très substantielles.
Ça fait que tout ça, évidemment, la gang de
justice, collègue, c'est sûr qu'on pourrait en parler pendant des heures, mais
ils tiennent compte de l'ensemble de ces dispositions statutaires pénales là
pour assurer de tenir compte des trois critères dont on parlait, là :
gravité, cohésion puis effet dissuasif, là.
M. Gaudreault :
Bien, c'est sûr que, si la LATMP n'a pas été retouchée depuis 1985, 1990, ce
qu'on a vu tout à l'heure, et la loi sur la santé-sécurité au travail depuis
2009, moi, j'aurais tendance à dire, de mon côté : Bien, on va en
profiter, parce que 2009, ce n'est quand même pas hier non plus, là. 2009, ça
fait 13 ans... 12 ans, 13 ans. Donc, je pense que ça pourrait
être l'occasion aussi de le rouvrir. Mais moi, ce que je dis, c'est que, tant
qu'à être dans le projet de loi n° 59 puis toucher un chapitre sur les amendes,
on pourrait... je pense, c'est au moins l'occasion de faire un petit bilan, là,
de la situation.
Puis on a
retrouvé un article aussi dans la revue Relations industrielles,
volume 55, n° 2, c'est en 2000 : « Une étude américaine montre que le régime québécois
se classe au dernier rang parmi 63 législations américaines, donc comprenant les états américains et les provinces
canadiennes, pour la couverture insuffisante des mesures préventives et des amendes en cas de non-conformité aux
dispositions réglementaires. Par exemple, au Québec, l'amende maximale
pour une première infraction pour une personne physique est de
3 437 $, alors qu'en Colombie-Britannique, elle est de 725 000 $», plus 36 000...
232,25 $ qui s'ajoute par journée de non-conformité. Alors là, ça, c'était
quand même en 2000, là.
Ensuite, on a eu le mémoire de Mme Katherine
Lippel, qui est venue ici, en commission parlementaire, et qui nous dit :
«Cependant, selon une analyse comparative, les amendes les plus élevées prévues
au Québec sont bien inférieures à celles établies par d'autres administrations
canadiennes. Les amendes prévues au Québec ainsi que les amendes et les peines d'emprisonnement prévues
dans d'autres administrations canadiennes sont présentées à
l'annexe 4.» Bon, puis là, elle
présente... elle cite, en fait, le rapport du Vérificateur général, déposé en
2019, qui contient un tableau comparatif des amendes imposables en
matière de prévention.
Et on est allés voir, justement, l'annexe 4
du rapport du Vérificateur général, qui fait vraiment cette comparaison qu'on
demandait tout à l'heure. Puis le député de D'Arcy-McGee l'a demandé, au
ministre, puis le ministre a dit : On ne l'a pas. Moi, je lui avais
demandé aussi à micro fermé. Le Vérificateur général, en tout cas, lui, il l'a,
en ce qui concerne la loi sur la santé-sécurité au travail. Puis là on voit,
par exemple au Québec, pour les personnes physiques, première infraction,
1 719 $... Puis là c'est 2019, là, c'est récent, première infraction,
au Québec, 1 719 $ à
3 437 $; une récidive : de 3 437 $ à
6 871 $; alors qu'en Ontario, amende maximale de
100 000 $ ou peine
d'emprisonnement maximale de 12 mois, ou les deux peines combinées; en
Alberta, première infraction, amende maximale de 500 000 $
plus 30 000 $ par jour.
Donc, encore une fois, là, je sais, là, M. le
Président, qu'on est dans la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, puis le Vérificateur général, dans son rapport en 2019,
parlait de la Loi sur la santé et sécurité
au travail, mais on l'ouvre, là.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, au moins, dans ce qu'on peut contrôler,
d'avoir des signaux un petit peu plus élevés en matière d'infraction?
M. Boulet : Ceci dit avec respect,
je pense que j'ai fait mes commentaires, là, ça a tout été revalorisé en 2009
puis ça sera réouvert, le cas échéant, là, quand besoin en est. Mais ici ça
s'imposait, là, parce que ça n'avait pas été touché depuis 1985. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. D'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : Merci, M. le
Président. J'aurais pu faire un amendement, mais je ne veux pas étirer la
sauce, là. On a quand même abondamment beaucoup parlé de cet
article-là, mais c'est un débat qu'on a, M. le ministre et moi, depuis
plusieurs projets de loi. C'est notre cinquième, je pense, qu'on discute
ensemble, lui et moi, quatrième ou cinquième.
Pourquoi on ne réfléchit pas à l'idée d'avoir
des pourcentages de revenus plutôt que des montants fixes? Pourquoi ce n'est
pas quelque chose qui ne peut être appliqué? Est-ce que la raison pour laquelle
on ne pourrait pas le faire, par exemple, dans ce projet de loi là, c'est la
raison que vous m'avez mentionnée en tout début d'échange, à savoir qu'il faut soi-disant maintenir la
cohérence du corpus législatif? Est-ce que... Si on avait une décision qui
était prise ici de dire : On va passer d'un système de montant fixe
à un système de pourcentage de revenus qui pourrait être passablement plus dissuasif, est-ce que ça, ça se
briserait au ministère de la Justice, qui dirait : Non, désolé, ce n'est
pas comme ça que ça fonctionne au Québec, puis, pour maintenir de la cohérence,
il faut rester dans des montants fixes?
M. Boulet : Pour maintenir la
cohésion, c'est des marges de manoeuvre de tel montant à tel montant, donc ça
tient compte de la réalité factuelle et circonstancielle. De tenir compte des
montants de revenus, c'est vraiment une autre philosophie pénale, qui n'est pas
celle qui est en cours au Québec.
M. Leduc : Mais on n'a pas fait
quelque chose de similaire, au projet de loi n° 64, introduire des
pourcentages de revenus, là? C'étaient les questions de fraude, si je ne me
trompe pas.
M. Boulet : Ah! pas à ma
connaissance.
M.
Leduc : Sur les renseignements personnels, la loi sur les
renseignements personnels? Pas à votre connaissance.
M. Boulet : Pas à ma... pas dans mon
cas.
M. Leduc :
Ça fait que, si on voulait virer l'ensemble du corpus législatif pour le passer
à une nouvelle philosophie de pourcentage, puis là, quand je dis «pourcentage»,
je parle d'une fourchette aussi, là, dans le même modèle que vous avez, avec une fourchette de
montants fixes, il faudrait faire un projet de loi là-dessus, qui
couvrirait l'ensemble ou, en tout cas, une partie substantielle des amendes?
M. Boulet :
Bien, c'est sûr, ça prendrait un véhicule législatif, là. Vous dites :
Est-ce qu'il pourrait y avoir un omnibus, puis le collègue de Jonquière
pourrait répondre à ça aussi bien que moi, là, pour modifier toutes les
dispositions statutaires, pénales au Québec, puis, au lieu d'avoir des marges
ou des fourchettes, que ce soit en fonction de revenus? Je présume que ça pourrait
se réfléchir, là, mais ce n'est vraiment pas l'objet de notre débat.
M. Leduc :
Je comprends. Je trouve ça important de le soulever, parce que le montant
fixe... Puis mes collègues l'ont soulevé précédemment, d'une part, c'est un peu
étrange, parce qu'on est condamnés à le réouvrir systématiquement. Comme il n'y
a pas une clause de revalorisation automatique, il va falloir le retoucher dans
une couple d'années. Il va devenir désuet par la force des choses.
Et, d'autre part, je
trouve que sa force dissuasive n'est pas aussi forte que si on parle d'un
pourcentage de revenus. On utilisait, tantôt, l'expression de Walmart qui, en
effet, peut trouver ça, à la limite, risible, une amende de 10 000 $,
alors qu'ils ont un chiffre d'affaires de plusieurs millions pour un commerce
puis, des fois, plusieurs milliards, évidemment, pour la bannière. Bref, alors,
je tenais à le soulever dans la discussion. Merci.
Le Président
(M. Tremblay) : Oui. Parfait. Pas d'autre intervention? Nous
pourrions procéder à la mise aux voix, par appel nominal, sur
l'article 118. M. le secrétaire.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques :
Pour
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
• (17 h 50) •
Le Président
(M. Tremblay) : L'article 118 est donc adopté. Nous pouvons
procédons à la lecture de l'article 120. M. le ministre.
M. Boulet :
Merci. L'article 462 de cette loi est modifié par le remplacement de «d'au
moins 300 $ et d'au plus 500 $ s'il s'agit d'une personne physique,
et d'une amende d'au moins 500 $ et d'au plus 1 000 $ s'il
s'agit d'une personne morale» par «d'au moins 500 $ et d'au plus
1 000 $ s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende d'au
moins 1 000 $ et d'au plus 2 000 $ dans les autres cas».
Explication. Bon, ça revalorise les
amendes pour certaines infractions. Ici, c'est l'article 462, un
professionnel de la santé qui refuse ou néglige de faire une attestation, un
avis ou un rapport, tel que prévu à un certain nombre d'articles, là. Je ne sais
pas si c'était dans la description qu'on vous avait envoyée.
Une
voix : ...
M. Boulet :
Oui, c'était dans la description qu'on vous avait transmise. C'est complet, M.
le Président.
Le Président
(M. Tremblay) : Parfait, M. le ministre. M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Bien, on ne refera pas le débat sur le montant des amendes, là, je pense
qu'on a largement parlé de ça, sauf qu'un détail, le ministre n'avait pas eu le
temps de me répondre, ou on l'a peut-être oublié dans la discussion, là, si ce
n'est pas une personne physique, c'est quoi, les autres cas, finalement?
M. Boulet :
C'est les sociétés, tu sais, parce que maintenant, tu sais, la personne morale,
c'est celle qui est incorporée, celle qui est sous forme de compagnie. Puis il
y a des sociétés...
M. Gaudreault :
Sociétés en commandite.
M. Boulet :
Exact, ou en nom collectif ou... oui.
M. Gaudreault :
Oui, O.K. Donc, ça couvre les autres cas.
M. Boulet :
Donc, tu as la personne physique puis tu as les autres. Ça fait qu'on n'échappe
personne.
M. Gaudreault : Est-ce que ça couvre le gouvernement du Québec,
si le gouvernement du Québec fait défaut?
M. Boulet : Bien, le gouvernement du Québec, par ses entités,
n'est pas à l'abri, non. Effectivement, oui. Merci.
M. Gaudreault :
O.K. Ça va.
Le Président
(M. Tremblay) : D'autres interventions sur 120? Non. Alors, nous
pourrions procéder à la mise aux voix de l'article 120. Par appel nominal,
M. le secrétaire.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le
Président (M. Tremblay) :
L'article 120 est donc adopté. Nous pouvons procéder à la lecture de
l'article 121.
M. Boulet : Merci.
L'article 463 de cette loi est modifié par le remplacement de «d'au moins
500 $ et d'au plus 2 000 $ s'il s'agit d'une personne physique,
et d'une amende d'au moins 2 000 $ et d'au plus 8 000 $
s'il s'agit d'une personne morale» par «d'au moins 1 000 $ et d'au
plus 10 000 $ s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende
d'au moins 2 000 $ et d'au plus 20 000 $ dans les autres
cas».
Explication. Bon, ça revalorise les amendes
auxquelle... là, la personne qui agit ou omet d'agir en vue d'obtenir un
avantage auquel il sait ne pas avoir droit. Il s'agit d'une infraction plus
grave que les autres, qui requiert la preuve d'une intention coupable. C'est
pourquoi le montant de l'amende est plus élevé. Merci. C'est tout.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Des interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. J'ai fait acheminer un amendement, tantôt, au ministre. Je ne sais
pas s'ils ont eu le temps de l'analyser. Je pourrais peut-être suspendre, là,
qu'on en discute.
Le Président (M. Tremblay) :
Est-ce nécessaire de suspendre, M. le...
M. Boulet : Non, ce n'est pas
nécessaire.
Le Président (M. Tremblay) :
Est-ce que les collègues ont pris connaissance du...
M. Leduc : Bien, je ne sais pas
si c'est sur le Greffier. Il l'est déjà?
Le Président (M. Tremblay) :
Oui. Parfait. On peut l'avoir à l'écran ou...
M. Leduc : Ça va comme suit.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci.
M. Leduc : L'article 121
du projet de loi est amendé par l'insertion, après le premier alinéa, du
suivant :
«Cependant, si l'avantage obtenu sans droit est
la réception périodique d'une indemnité de remplacement de revenu, cela ne
constitue qu'une seule infraction au sens du présent article.»
Alors, explication. Il y a donc une amende, là,
une fourchette de 1 000 $ à 10 000 $, qui est dans
l'article, là, 463, qu'on propose donc de bonifier avec le paragraphe suivant,
là. Ces amendes-là peuvent... ces infractions-là, pardon, peuvent doubler ou
tripler en cas de récidive. Ça nous semble quand même important, voire
disproportionné. Puis il faut savoir que la réception d'une indemnité de
remplacement de revenu, à chaque deux semaines, à chaque paie, en quelque
sorte, constitue des infractions distinctes l'une de l'autre.
Il y a une décision, la décision qui date de
2012, de la Commission de la santé et de la sécurité du travail contre Bleau,
2012, où une travailleuse a été reconnue coupable de 92 chefs
d'infraction, soit chaque chèque reçu aux deux semaines. Il faut savoir qu'en
plus de l'amende la travailleuse doit également rembourser l'intégralité de
l'indemnité reçue sans droit. Ça nous semble quand même intense, pour le dire
en «slang», peut-être, ou, en tout cas, excessif et disproportionné.
Et on pense qu'il y aurait lieu de rajouter,
donc, le petit paragraphe qui dit que, si, dans ce cas-là, il y a eu, en
effet, plusieurs versements, on ne va pas commencer à multiplier, à l'infini,
quasiment, le nombre de pénalités, là, à chaque deux semaines, à chaque paie
qu'il y a eu. Ça ne constituerait donc qu'une seule infraction, étant entendu,
bien sûr, que la personne doit quand même rembourser l'indemnité reçue sans
droit.
Le Président (M. Tremblay) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bien, je comprends
le projet d'amendement, mais, en même temps, c'est incompatible avec le droit
pénal, notamment au Québec, là, c'est celui que je connais, mais chaque
événement constitue une infraction. Puis le collègue de Jonquière connaît aussi
ce type d'infraction là. Et c'est qu'on est dans un contexte... puis là je
reviens à 463, c'est «quiconque agit ou omet d'agir en vue d'obtenir un
avantage». Donc, si la personne, à chaque deux
semaines, elle reçoit une indemnité de remplacement de revenu, donc elle reçoit
90 % d'un revenu net, à chaque deux semaines. Elle reçoit un
chèque, donc elle agit ou omet d'agir...
Puis là c'est une question de preuve, là, parce
qu'admettons, dans l'hypothèse où le juge en vient à la conclusion qu'elle a
agi en vue d'obtenir un avantage auquel elle n'avait pas droit, bien, chaque
événement constitue une infraction. Puis ce n'est pas que dans ce cas-là. Puis
je comprends, là, le cas que vous m'expliquez, mais, dans toutes les infractions
de nature pénale, l'amende tient compte de chaque infraction. Sinon, tu vas
répéter... sachant, tu va répéter constamment la même infraction puis tu
dis : Je vais avoir juste la même amende.
Ceci
dit, est-ce qu'un juge va considérer, dans un cas comme celui-là, la
répétitivité? Oui, sûrement. Est-ce qu'il va le considérer comme une circonstance atténuante ou aggravante? Chacun peut
avoir son point de vue. Je pense que ça va devoir être démontré puis mis
en preuve, mais malheureusement, je ne peux pas aller dans la direction de
l'amendement proposé par le collègue, même si je le comprends, parce que ce
serait totalement... bien, en tout cas, incompatible avec la façon dont les
juges, en matière pénale, ont toujours analysé ce type d'infraction là. Encore
une fois, c'est une infraction où quelqu'un obtient un avantage auquel il sait
ne pas avoir droit, et sa connaissance est l'élément déterminant.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Il y a quand même quelque chose d'absurde, parce que l'infraction, c'est le
fait de recevoir l'indemnité à laquelle elle n'a pas droit. Après ça, qu'on commence
à décider que le mode de versement de cette infraction-là détermine le montant
de la pénalité que la personne aura à payer, ça ne fonctionne pas.
Qu'est-ce qui arrive
si, tout d'un coup, on décide de... à la CNESST, qu'on passe d'un système
d'indemnité aux deux semaines à un système par semaine? On va doubler le nombre
d'infractions? Et l'inverse, si on passe à un système de versements par mois,
on va baisser le nombre d'infractions. Ça n'a pas de bon sens. Ça reste la même
infraction. En quoi la modalité de versement de l'indemnité devient le prisme
principal du montant final que la personne aura à payer comme amende?
• (18 heures) •
M. Boulet :
Mais ce n'est pas la modalité de versement qui constitue la base de
l'infraction, c'est la connaissance de la personne. À chaque fois qu'elle
reçoit un chèque, elle sait ne pas y avoir droit. Puis, si elle l'a fait cinq
fois, bien, elle a un comportement répréhensible à cinq reprises. Puis je
pense, collègue, le gros bon sens nous amène à conclure de cette manière-là à
chaque fois qu'elle recevait un...
Puis, encore une
fois, c'est une question de preuve, parce que les faits peuvent démontrer
qu'elle ne le savait pas ou qu'il y avait des circonstances qui faisaient en
sorte qu'elle avait une perception légitime ou qu'elle croyait légitimement y
avoir droit. Encore une fois, tout est une question de preuve. Puis c'est assez
nuancé, je pense, ce que nous discutons, mais là on est devant quelqu'un qui
sait ne pas avoir droit et qui, à chaque deux semaines, reçoit un chèque de la CNESST lui donnant une indemnité de
remplacement de revenu. Donc, elle commet l'infraction à chaque fois qu'elle sait, et qu'elle reçoit, et qu'elle
encaisse, et qu'elle bénéficie. C'est ça, la nature d'une disposition pénale,
c'est de donner une pénalité pour un comportement qui est répréhensible, mais,
encore une fois, qui est jugé répréhensible.
M.
Leduc : ...vous confirmez mon argument. Si on passe à un système de
versement de chèques à chaque mois, si on passe dans un système à chaque
mois, ça veut dire que la personne va être deux fois moins répréhensible parce
qu'on aura...
M. Boulet :
Oui, parce que sa connaissance se multiplie ou s'additionne à chaque fois
qu'elle reçoit un chèque. Puis là je comprends dans quel sens vous utilisez la
modalité de versement. Si c'était payé à toutes les semaines, ce serait à
chaque semaine qu'elle commettrait un comportement répréhensible. Puis la même
affaire d'un employeur, puis vous le savez, tu sais, qui ne paie pas, tu sais.
Puis il peut commettre la même infraction à plusieurs reprises, même si c'est
le même comportement fautif, là, que ce soit un employeur ou un travailleur.
Mais je vous dis juste que c'est comme ça qu'a toujours été appliqué le droit
pénal au Québec puis dans les juridictions où il y a des dispositions pénales
de même nature.
M. Leduc :
Ça fait qu'une personne, là, avec les amendes qu'on va être en train de
multiplier... je ne suis pas contre le fait qu'on multiplie les amendes. Bien
sûr, dans le même scénario, là, elle pourrait se ramasser quasiment avec pas
loin d'une facture de presque 1 million parce qu'on aura multiplié... à
chaque deux semaines, là, on aura renouvelé sa culpabilité avec des montants
supérieurs. Puis tantôt, on vient de voter que Walmart, là, ils vont payer
10 000 $ s'ils font un renvoi, là, puis... pour un congédiement non
approprié.
M. Boulet :
Mais Walmart, la même affaire, s'ils ont eu une omission ou s'ils n'ont pas
payé tant de fois, ils vont commettre la même infraction à répétition, ça fait
qu'ils s'exposent à un 10 000 $ multiplié par... Puis, encore une
fois, il faudrait que ça soit le Walmart qui sait... qui agit ou omet d'agir en
vue d'obtenir un avantage, et ça, ça peut arriver, ou en vue de soustraire à
une obligation, parce que c'est prévu à 463. Dans le cas d'un Walmart, c'est
plus «agit en vue d'obtenir un avantage auquel il sait ne pas avoir droit
ou de se soustraire à une obligation que la présente loi lui impose.» Et, s'il
se soustrait plusieurs fois, par exemple, il omet de payer un salarié à
plusieurs reprises, c'est le même raisonnement.
Puis je veux juste
vous rassurer pour la modalité de versement de l'indemnité de remplacement de
revenu en vertu de 125 de la Loi sur les accidents de travail, maladies
professionnelles, c'est versé aux deux semaines. Ça fait que la modalité ou la
fréquence de versement ne sera pas changée.
Mais le raisonnement
pénal auquel je réfère s'applique exactement de la même manière à un Walmart ou
à n'importe quelle compagnie. Puis je ne sais pas pourquoi vous référez souvent
à cette entreprise-là, mais, que ce soit Walmart ou X, Y incorporé, ce serait
le même raisonnement.
M.
Leduc : Je pense
que vous vous doutez, évidemment, pourquoi je fais référence à cette compagnie-là. Ce
que je ne comprends pas de votre raisonnement, là, c'est que vous me dites que,
si un employeur produit une non-paie à chaque deux semaines, le juge... vous pensez que
le juge va dire : Vous ne l'avez pas payé à chaque deux semaines, ça
fait que, votre amende, je vais la multiplier à chaque deux semaines que vous ne
l'avez pas payée? Un non-événement va être considéré comme une
infraction?
M. Boulet :
Oui, s'il ne respecte pas une obligation de transmission de rapports ou de
donner des informations et que ça se répète dans le temps, bien, il recommet
l'infraction. À chaque fois qu'il sait, à chaque fois qu'il... ou qu'il omet
d'agir en vue de se soustraire à une obligation que la présente loi lui impose,
à chaque fois...
M. Leduc :
Qu'est-ce qui est comparable à une paie qui rentre automatiquement aux deux
semaines?
M. Boulet :
Bien, on pourrait peut-être en trouver un, exemple, là, d'une compagnie qui...
M. Leduc :
Bien, je serais bien curieux.
M. Boulet :
...bien, qui se soustrait à une obligation qui se répète dans le temps, peu
importe la nature de l'obligation. Bien, à ce moment-là, il serait contraint de
payer l'amende. Mais, peu importe la nature de l'obligation, s'il ne respecte
pas cette obligation-là, c'est le même raisonnement, la même philosophie d'application.
M. Leduc :
Ça, je le comprends puis je ne suis pas contre cette logique-là dans l'absolu.
Ce que je vous dis, c'est que, dans le... ce que je vous propose, c'est que,
dans le cas d'une réception périodique d'une indemnité, c'est un peu bizarre de
dire qu'à chaque deux semaines elle renouvelle son infraction et qu'on doit la
repunir séparément pour chacune des petites paies qu'elle a reçues.
L'infraction, c'est
le fait d'avoir une indemnité qu'on n'avait pas droit, qu'elle doit rembourser,
de toute façon. Puis là, en plus, on lui dit : Tu rembourses au complet,
ça va de soi, mais en plus je te tape sur les doigts pour chaque prestation
individuelle. Tu es également coupable pour chaque petit deux semaines où tu as
vu... pas une paie passer, là. Ça n'a pas de bon sens.
M. Boulet :
Je respecte ça, mais...
M. Leduc :
Puis ça, ça veut dire aussi qu'entre les deux semaines, la semaine entre les
deux, là, là elle n'est pas coupable. Là, là, la sanction est juste pour la
semaine un puis trois. Ça fait que la semaine deux, ça, elle est tranquille
puis elle n'a pas fait d'infraction. La semaine quatre... tous les chiffres
pairs, là, elle est non coupable, puis les chiffres impairs, elle est coupable.
Ça ne tient pas la route. Il faut qu'on ait une façon de trouver une voie de
passage. Il faut que cette personne-là soit reconnue coupable. Il faut qu'elle
rembourse. Je ne suis pas en train de vouloir donner un passer Go et réclamer
200$, là.
M. Boulet :
Je vous dirais, collègue... On n'est pas en accord, là. C'est une philosophie
d'application de dispositions pénales. Mais, je vous dirais, plaidez-le devant
le juge, utilisez-le comme circonstance atténuante, assurez-vous que ça a un
impact sur le montant de l'amende, qu'elle soit toujours la même plutôt que
considérer que c'est une... Ça peut se plaider, si c'est si insensé que ça. Ça
se plaide, puis un conseiller peut le présenter devant un tribunal. Moi, je
vous dis, à l'amendement que vous me soumettez, je ne peux pas parce que ce
n'est pas compatible avec l'application judiciaire des dispositions pénales.
M. Leduc :
Je vais demander une suspension, M. le Président. À moins que d'autres collègues
veuillent rouler là-dessus?
Le Président (M.
Tremblay) : Non? Parfait. On va suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à
18 h 07)
(Reprise à 18 h 20)
Le Président (M.
Tremblay) : Alors, nous allons reprendre les travaux. Nous en étions à
la proposition d'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve sur l'article 121.
Est-ce qu'il y avait d'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve d'abord.
M. Leduc :
Bien, on a cherché, on a réfléchi, puis je ne vois pas d'équivalent, pour un
employeur, d'avoir quelque chose comme ça qui est cyclique et qui fait comme
un... qui est le compteur, que... des fois, on utilise l'expression «le
compteur d'Hydro continue à tourner», là, par rapport aux amendes, puis, à
chaque deux semaines, il passe Go et réclame maintenant 10 000 $
plutôt que 2 000 $. Puis est-ce qu'il n'y a pas là un danger d'avoir,
donc, une hausse des amendes? Mais c'est très bien qu'on ait haussé les
amendes, ça, je ne m'y oppose pas, bien au contraire. Mais il n'y a pas là un
danger que laisser aller ce système-là, qui rend possible un jugement comme
celui que je vous faisais référence, là, la CSST c. Bleau, 2012, laisser aller
ce système-là où on répète l'infraction de manière un peu bête, en quelque
sorte, aux deux semaines, au système de paie, n'est pas dangereux, en ce sens
que...
Vous le savez que, dans la
conciliation, à l'étape de la conciliation préprésentation devant le TAT, il y
a toutes sortes de bras de fer qui se jouent. Mais maintenant qu'un employeur
est bien au courant, là, qu'une personne qui est... avec qui il y a une
contestation, un de ses employés avec qui c'est contesté, là, son état de
lésion puis les indemnités qu'il reçoit, ne pourrait pas abuser de cette
situation et lui dire : Écoute bien, maintenant, c'est très clair, tu vas
être reconnu coupable à chacune des paies que tu as eues, puis ça fait quatre
mois, six mois, plusieurs mois que tu es chez vous en rémission alors que tu...
visiblement, j'ai des preuves que tu ne l'es pas, ou autre scénario.
N'y a-t-il pas là un danger inquiétant d'abuser
de cette drôle d'idée qu'on est coupable le nombre de fois de paies qu'on a
reçues, plutôt que coupable de l'ensemble de l'oeuvre? Puis évidemment le juge
pourra apprécier l'ensemble de l'oeuvre, si ça s'étire sur deux semaines ou sur
deux ans. On s'entend qu'il peut y avoir une variation, là, de la culpabilité.
Mais n'y a-t-il pas quelque chose d'absurde de multiplier, là, de manière... en
termes de gradation, à chaque deux semaines, un peu arbitrairement, parce que
ça aurait pu être aux semaines, ça aurait pu être au mois, on a décidé que les
paies étaient aux deux semaines, mais n'y a-t-il pas là un danger d'abus, de
profiter de cette situation-là, de menacer,
dans le fond, le salarié, de lui magasiner une amende particulièrement salée en
espérant, évidemment, le faire plier, que le salarié retire sa requête,
retire... accepte de concéder qu'il n'est pas malade ou lésionné et qu'il y ait donc, là, encore une fois, une disproportion du
rapport de force entre l'employeur et l'employé?
M. Boulet : Non, je n'ai pas de
commentaire, ceci dit avec respect, là. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Parfait. Merci, M. le ministre. M. le député de D'Arcy-McGee?
M. Leduc : Peut-être une dernière
question. Est-ce que, pendant la... Excusez, juste une dernière question.
Est-ce que, pendant la pause, vous avez trouvé d'autres exemples d'employeurs
qui pourraient être dans une même situation où le compteur tourne?
M. Boulet : Ah! bien, on a pensé à
plusieurs, là, des employeurs qui, de façon répétitive, n'envoient pas des avis
de l'employeur et demandent un remboursement, n'envoient pas de déclaration, ne
fournissent pas les renseignements. Puis oui, il y en a, mais c'est tellement
variable. Puis on n'est pas un juge. Le tribunal aurait à apprécier les
circonstances de chaque cas. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le Président.
J'avoue que je trouve, en quelque part, l'amendement intéressant pour deux
raisons. N'y a-t-il pas, en quelque part, si je fais le tour de quelques
exemples possibles dans le cas d'un employeur ou un employé qui abuserait de
ses obligations de sens qui est prévu dans l'article, n'y a-t-il pas, en
quelque part, un genre de concept d'exemplarité au sein des obligations morales
et autres sur un employeur?
Écoutez, je me permets de penser... pas pour
justifier pour une seconde un employé qui recevait un bénéfice sur un chèque de
paie, il constatait que ce n'était pas mérité et continuait à accepter cet
argent-là en connaissance de cause. Je ne veux pas, évidemment, aucunement,
justifier ça, et l'article prévoit des amendes.
En même temps, l'employeur... et on ne fait pas
de distinction, ici, d'abstraction entre un petit employeur ou... Une autre
fois, on ne va pas harceler Walmart. Je vais choisir une autre... bon, une
autre grande compagnie. On ne fait pas d'abstraction ou on ne fait pas de
distinction. Alors, je me permets de le dire, n'y a-t-il pas un principe,
premièrement, de... une exigence d'exemplarité ou... quand il s'agit d'un
employeur, dans un premier temps?
Et, dans un
deuxième temps, est-ce que c'est... n'y a-t-il pas un enjeu légitime de
suggérer que l'impact même d'un abus d'un employé est d'un autre ordre
d'un employeur qui aurait abusé de ses droits... de ses privilèges et droits, selon cet article-là, et qu'il l'aurait peut-être
multiplié à maintes reprises et au détriment de plusieurs employés?
Si j'ai le moindrement raison, j'offre juste une
autre observation. S'il y a une différenciation à faire entre les deux, je
soumets que l'article est totalement insuffisant. Et là je m'adresse au
différentiel dans les amendes comme telles. Qu'on soit honnêtes de dire que
c'est le double pour l'employeur, ce n'est pas si significatif que ça dans
un... quand on peut être en train de parler d'un employé au salaire minimum
dans une entreprise où... une entreprise d'une valeur annuelle de vente de
quelques millions de dollars.
Alors, la
question que je pose : Est-ce qu'il y a ce principe, en quelque... ce
principe d'exemplarité à considérer, en quelque part?
M. Boulet : Tout de suite, là,
étant donné... Oui, l'exemplarité, oui, ça fait partie de l'exercice du pouvoir
judiciaire. Le tribunal a à le considérer. D'ailleurs, quand il y a récidive,
c'en est une, circonstance aggravante. Ça, c'est le premier point.
Deuxième point, rapidement, parce que je vois
qu'on est limités dans le temps, c'est... la personne physique, c'est un
montant, puis la personne autre, société ou compagnie, c'est des montants
d'amende qui sont plus élevés. Ça fait qu'on tient compte si c'est un individu
par rapport à une personne morale, puis ça, c'est dans tout le corpus
législatif du Québec, là. Merci.
M. Birnbaum :
Donc, premièrement, ça me surprend un petit peu de constater soudainement qu'on
est devant une contrainte temporelle. Évidemment, on veut faire notre travail
de façon constructive, mais si, comme je dis, en quelque part, on comprend...
pas en quelque part, si on veut, c'est tout à fait le principe recevable que le
poids de responsabilité, en quelque part, est différent
pour l'employeur que pour l'employé, n'y a-t-il pas lieu, donc, à considérer
l'amendement devant nous, qui fait une différenciation qui est significative et
intéressante?
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Boulet :
Merci. Je n'ai pas de commentaire.
Le Président (M.
Tremblay) : Parfait. D'autres interventions? Alors, nous pourrions
procéder à la mise aux voix de l'amendement par appel nominal. M. le
secrétaire.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
Et M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Abstention.
Le Président (M.
Tremblay) : L'amendement est donc rejeté.
On
revient sur l'article 121. D'autres interventions? Nous pourrions procéder
à la mise aux voix de l'article 121 par appel nominal. M. le
secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le
Secrétaire : M. Reid (Beauharnois)?
M.
Reid :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Abstention.
Le Président (M.
Tremblay) : L'article 121 est donc adopté.
M. le ministre, nous
pouvons procéder à la lecture de l'article 122.
• (18 h 30) •
M. Boulet :
Merci. L'article 464 de cette loi est modifié par le remplacement de «d'au
moins 300 $ et d'au plus 500 $
s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende d'au moins 500 $ et
d'au plus 1 000 $ s'il s'agit d'une personne morale» par «d'au moins 1 000 $ et d'au plus
10 000 $ s'il s'agit d'une personne physique, et d'une amende
d'au moins 2 000 $ et d'au plus 20 000 $ dans les autres
cas».
Explication. Bon,
c'est une revalorisation. C'est quelqu'un qui fait une fausse déclaration,
entrave ou tente d'entraver une enquête, une vérification ou fait défaut de se
soumettre à une ordonnance ou à une décision de la commission. Merci.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci. Des interventions sur 122? Alors, je n'ai
pas d'intervention. Nous pourrions procéder à la mise aux voix. Par appel
nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
L'article 122 est adopté. Nous pouvons procéder à l'article 123.
M. Boulet : Merci.
L'article 465 de cette loi est modifié par le remplacement de «n'excédant
pas 300 $ s'il s'agit d'une personne physique et d'une amende n'excédant
pas 500 $ s'il s'agit d'une personne morale» par «d'au moins 500 $ et
d'au plus 1 000 $ s'il s'agit d'une personne physique et d'une amende
d'au moins 1 000 $ et d'au plus 2 000 $ dans les autres
cas».
Explication. Bon, ça revalorise, puis là c'est
les infractions à la Loi sur les accidents de travail et maladies
professionnelles, qui ne sont pas, par ailleurs, prévues dans les dispositions
précédentes. Merci, c'est complet.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Des interventions sur 123? Je n'ai pas d'intervention.
Alors, nous pourrions procéder à la mise aux voix. Par appel nominal, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
Le Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M. Reid : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire : Et
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Président (M. Tremblay) :
L'article 123 est adopté. M. le ministre, l'article 124.
M. Boulet : Oui.
L'article 467 de cette loi est remplacé par le suivant :
«Les montants minimal et maximal des amendes
prévues par la présente loi sont portés au double pour une première récidive et
au triple pour toute récidive additionnelle.»
Explication. Cette nouvelle reformulation vise à
le rendre conforme aux autres dispositions de même nature dans les lois du
Québec. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Des interventions sur 124? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Est-ce que cet
article-là s'applique au cas qu'on a étudié il y a quelques instants?
M. Boulet : Bien, comme je vous
dis, encore une fois, il faudrait une preuve claire qu'elle a agi ou a omis
d'agir en vue de. Tu sais, ça fait que ça prend une intention, une preuve
d'intention, puis, par la suite, il faut une preuve que c'est une récidive,
qu'elle fait de nouveau ou qu'elle fait...
Moi... puis je ne veux pas
rentrer dans les bottines d'un juge, là, parce que je ne voudrais pas embarquer
dans la définition de ce qu'est une récidive, je ne suis pas un expert en droit
pénal, là, mais j'aime mieux ne pas me prononcer sur le cas auquel vous faites
référence. Puis, à mon avis, ceci dit avec réserve, parce que je ne connais pas
les faits, c'est que ça serait quand même un peu surprenant qu'un juge en
vienne à la conclusion qu'elle a agi... qu'elle avait l'intention à chaque
fois. J'imagine, si c'est 60 fois, j'imagine qu'il y a des éléments qui
permettent de déterminer qu'elle n'avait pas l'intention. Et je ne vais pas
plus loin, mais je vous donne une piste.
M. Leduc : Oui, sauf que, là,
en théorie, non seulement on retape un nouveau coup de règle, là, à chaque deux
semaines... puis qu'on repasse Go et on lui réclame 200 $, là, pour
reprendre l'expression bien connue. Là, en fait, on pourrait, en théorie, avec cet
article-là, au lieu de répéter un nouveau 200 $ à chaque deux semaines,
là, ça pourrait devenir 200 $, 400 $, 800 $. Ça pourrait devenir
particulièrement exponentiel, là.
M. Boulet : Puis c'est
intéressant, mais il n'y a aucune jurisprudence, puis j'ai fait vérifier, là,
il n'y a aucune jurisprudence en semblable
matière. Ça fait que c'est difficile pour moi de me prononcer, mais non
seulement il faudrait une preuve d'intention, mais, en plus, il faudrait une
preuve que c'est une récidive au sens de la définition qui est retenue par les
tribunaux pénaux.
M. Leduc : Oui, et je comprends
qu'il n'y a peut-être pas de jurisprudence avec ce modèle-là, mais vous me
comprenez que ça serait théoriquement possible. Moi, ça me...
M. Boulet : Je ne me
prononcerai pas là-dessus. Est-ce que c'est théoriquement possible? Je pense
qu'on pourrait avoir des opinions qui divergent d'un à l'autre, là, puis j'aime
mieux ne pas me prononcer. En fait, c'est... puis parce que je ne connais
tellement pas les faits. Tu sais, c'est vraiment un cas... pas hypothétique,
là, mais c'est un cas réel, mais j'aurais tellement de questions à poser avant
de me prononcer puis de donner une opinion qui est correcte puis qui est
raisonnée, là.
M. Leduc : ...ça va sonner
bizarre, mais, peu importent les faits, il n'y a pas une limite, à un moment
donné, à ce qu'un individu qu'on reconnaît coupable de fraude... Dans le fond,
il n'y a pas une limite à ce qu'on peut lui réclamer, au-delà évidemment des
sommes qu'elle a reçues, mais comme pénalité? Là, à chaque deux semaines, on a décidé que c'était bien correct qu'on puisse lui
retaper sur les doigts, puis de multiplier, autant qu'il y a eu de
chèques de paie, l'infraction.
M. Boulet : J'ai une réponse,
Alexandre.
M. Leduc : Ah! bon, parfait.
M. Boulet : J'ai une réponse. Une
chance qu'on a une équipe.
M. Leduc : Une chance.
M. Boulet : En fait, c'est notre
équipe. Mais, dans le Code de procédure pénale, c'est superintéressant, puis je
ne le savais pas, là, puis peut-être qu'il y en a qui le savaient, là, mais
l'article 236 : «Lorsqu'une loi prévoit une peine plus forte en cas de
récidive, elle ne peut être imposée que si la récidive a lieu dans les deux ans
de la déclaration de culpabilité du défendeur pour une infraction à la même
disposition...»
M. Leduc : Donc, le concept de
récidive est nécessairement étalé sur deux ans?
M. Boulet : Donc, pour que ce soit
une récidive, il faudrait, dans votre... il faudrait une condamnation, et que
la personne qui a fraudé, là, parce qu'on prend pour acquis qu'elle a
l'intention, continue à le faire. Et donc, oui, on pourrait, après
condamnation, un, poursuivre en récidive, mais, dans le cas que vous soumettez,
ça ne me semble pas... encore une fois, je ne connais pas tous les faits, là,
mais ça ne répond pas à ça.
M.
Leduc : Et la récidive, on pourrait la repoursuivre que si elle a lieu
post deux ans ou à l'intérieur du deux ans?
M.
Boulet : Si elle a lieu dans
les deux ans d'une déclaration de culpabilité pour une infraction à la même
disposition.
M. Leduc : Je n'ai pas compris le
début. Donc, à l'intérieur de deux ans ou après deux ans?
M. Boulet : Oui, dans les deux ans.
M. Leduc : Ça fait que, si on a une
reconnaissance de culpabilité, qu'il se passe deux ans...
M. Boulet : Donc, s'il y a une
déclaration de culpabilité, le 1er octobre 2021, si, dans les deux ans de
cette déclaration de culpabilité là, elle
commet une infraction à la même disposition, là, ça sera considéré comme une
récidive.
M.
Leduc : Ça devient une récidive avec le double ou le triple...
M. Boulet :
Exact. Bien là... Oui, c'est ça.
M. Leduc :
Puis la récidive additionnelle, pour le triple, c'est-tu un nouveau deux ans?
Comment ça marche?
M. Boulet :
Bien, pour que ce soit une récidive, quand... s'il y a une peine plus forte en
cas de récidive, oui, ce serait... selon moi, là, puis je ne connais pas la
jurisprudence applicable là-dedans, là, mais ça serait une peine plus forte en
cas de récidive. Il faudrait normalement que ça soit dans les deux ans de la
déclaration de culpabilité pour une infraction à la même disposition.
M. Leduc :
Mais, si la récidive doit être faite à l'intérieur du deux ans, ça s'applique,
dans notre cas de figure... d'un chèque de paie qui rentre aux deux semaines?
M. Boulet :
Ça serait, donc, suite à la deuxième récidive, une déclaration de culpabilité.
Il faudrait que ce soit dans les deux ans de l'autre récidive, là, la deuxième
récidive ou la troisième infraction.
M. Leduc :
Ça fait que c'est peu probable, rendu là. Je comprends.
M. Boulet :
Absolument.
M. Leduc :
Je comprends. Donc, le cas d'espèce avec les chèques aux deux semaines, on ne
peut pas isolément prendre le chèque comme une culpabilité qui est en récidive.
Il faut que la culpabilité soit sur l'événement en soi puis qu'on le refasse,
exactement la même chose, à l'intérieur du deux ans.
M. Boulet :
Vous avez compris.
M. Leduc :
Il faut quelqu'un de motivé, là, pour se mettre dans des beaux draps de cette
nature-là.
M. Boulet :
Souhaitons qu'il n'y ait pas personne qui est aussi motivé que ça.
Le Président
(M. Tremblay) : D'autres interventions sur 124?
M. Leduc :
Il est tard, M. le Président.
• (18 h 40) •
Le Président
(M. Tremblay) : Alors, nous pouvons procéder à la mise aux voix.
Par appel nominal, M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le
Secrétaire : Et M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Pour.
Le Président (M. Tremblay) :
L'article 124 est donc adopté. Nous pouvons poursuivre avec le segment
6.2, les propriétaires d'édifices. M. le ministre, l'article 145, s'il
vous plaît.
M. Boulet :
Oui, rapidement. L'article 56 de cette loi est modifié par le remplacement
de «Lorsqu'un même édifice est utilisé par plusieurs employeurs, le
propriétaire» par «Le propriétaire d'un édifice qui est utilisé par au moins un
employeur».
Explication. C'est
une modification qui vise à établir la responsabilité d'un propriétaire d'un édifice
qui est utilisé par au moins un employeur pour les parties communes, parce
qu'actuellement... Je vais donner une explication additionnelle. Actuellement,
le propriétaire est responsable d'assurer la sécurité des travailleurs dans les
parties communes d'un édifice occupées par plus d'un employeur. Le libellé
actuel ne permet pas d'établir la responsabilité du propriétaire pour les
parties communes, si un édifice est occupé par plusieurs personnes, dont une
seule est un employeur. La modification proposée vise alors à combler ce vide.
Voilà. C'est tout.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci, M. le ministre. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
J'ai de la misère à comprendre un peu, là, mais je ne veux pas vous faire
répéter, mais avez-vous un exemple pour m'aider à comprendre la logique de ça?
M. Boulet :
Donc, un employeur est à l'intérieur d'un édifice, à l'intérieur de l'édifice,
il y a plusieurs pigistes. Donc, il y avait une ambiguïté, là, sur la
responsabilité d'un employeur pour les parties communes, parce qu'il y avait
plusieurs employeurs, hein? C'est ce que je comprends, hein?
Une
voix : ...
M. Boulet : O.K. Parce qu'il y avait des travailleurs
autonomes, donc des pigistes qui ne sont pas des employeurs.
M. Leduc :
...qui partagent le même espace.
M. Boulet :
...ou un commerçant en bas avec des condos. C'est un article que je connais moins,
là, mais ça vise véritablement à s'assurer de la responsabilité du propriétaire
de l'édifice, indépendamment du statut puis de la nature de ceux qui y exercent
leurs activités.
M. Leduc :
Donc, si je suis propriétaire d'un édifice puis que des parties de mon édifice
ne sont pas sous la direction d'un
employeur, je deviens le responsable
de l'application de la prévention de la santé-sécurité dans cette partie-là?
M. Boulet :
Dans les parties communes.
M. Leduc :
Communes.
M. Boulet :
Oui, exactement.
M. Leduc :
Donc, l'escalier, l'ascenseur, le lobby.
M. Boulet :
Totalement. Les corridors, les ascenseurs, les espaces communs, tu sais...
M. Leduc :
Mais, par exemple, un étage non loué, là, ça, ça tombe...
M. Boulet :
Ce n'est pas un espace commun. Un espace commun, c'est ce qui est utilisé par
ceux qui occupent l'édifice.
M. Leduc :
Mais c'est un espace qui appartient... qui n'est pas sous l'autorité d'un
employeur, à moins qu'on considère que c'est moi, l'employeur d'un étage non
loué.
M. Boulet :
C'est sous la responsabilité du propriétaire de l'édifice.
M. Leduc :
O.K. Ça fait que tout ce qui est non loué puis tout ce qui sont des aires
communes, je deviens le responsable de tout ça.
M. Boulet :
Exact. Oui, absolument.
M. Leduc :
Puis ça, c'est... Mais qu'est-ce qui est nouveau? Parce que ça, ça existait
déjà à 56? C'est une façon de l'écrire différemment?
M. Boulet : Bien, avant, ça laissait
entendre... le propriétaire est responsable, actuellement, d'assurer la
sécurité des travailleurs dans les parties communes d'un édifice occupé par plus
d'un employeur. Le libellé actuel ne permet
pas d'établir la responsabilité du propriétaire pour les parties communes, si
un édifice est occupé par plusieurs personnes dont une seule est un
employeur. Ça peut être d'autres personnes que des employeurs.
En fait, ce
que je comprends, c'est que ça peut être des travailleurs autonomes, ça peut
être des pigistes. Donc, la modification, elle vise à combler ce
vide-là, parce que ça laissait entendre que ce n'était... Lorsqu'un même
édifice est utilisé par plusieurs
employeurs... puis là on dit : Le propriétaire est responsable quand c'est
utilisé par au moins un employeur. Donc, il y a un employeur et d'autres
qui peuvent ne pas être des employeurs, qui peuvent être des travailleurs
autonomes.
M. Leduc : Qui viennent, dans le
fond, combler la place précédemment...
M. Boulet : Exact. Puis ce qui
créait un vide, avant, c'est qu'on disait : «Lorsqu'un même édifice est
utilisé par plusieurs employeurs», mais, des fois, il y en a juste un, employeur, puis
c'est pour ça qu'on vient dire «par au moins un employeur». Donc,
il y a des espaces communs. Avant, il fallait que ce soient plusieurs, au moins
deux employeurs, puis là, maintenant, juste
un qui est propriétaire des parties communes. Il est responsable des parties
communes s'il y en a au moins un. Donc, les autres peuvent être des travailleurs autonomes ou des pigistes. C'est simplement pour combler
ça.
M. Leduc : Puis, dans ce
scénario-là, le travailleur autonome ou pigiste, c'est quoi, sa responsabilité?
M. Boulet : Il n'en a pas plus, mais
c'est pour venir confirmer que le propriétaire est responsable des parties
communes, même si c'est des pigistes, même si c'est des travailleurs autonomes,
même si c'est des personnes qui ne sont pas des employeurs.
M. Leduc : ...plus, mais est-ce
qu'il y en a moins?
M. Boulet : Il peut y en avoir
moins. Il peut y en avoir plus ou moins, mais c'est parce qu'avant l'exemple...
M. Leduc : Ça veut dire moins de
responsabilités.
M. Boulet : ...on disait :
L'édifice est utilisé par plusieurs employeurs. C'est juste là-dessus qu'il
faut mettre l'accent. Avant, on disait : «Lorsqu'un édifice est occupé par
plusieurs employeurs», et là on dit «par au moins un employeur». C'est ça,
la différence. La responsabilité des parties communes, ça ne change pas.
Le Président (M. Tremblay) : Chers collègues,
je vous remercie pour la précieuse collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 46)