(Onze
heures trente-six minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, bonjour. À l'ordre, s'il vous plaît!
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de
l'économie et du travail ouverte.
La commission est
réunie afin d'entreprendre l'étude du volet Économie des crédits budgétaires du
portefeuille Économie et Innovation pour l'exercice financier 2021‑2022.
Une enveloppe de 6 heures est allouée à ce volet, dont
4 h 30 min pour la journée.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente : M. Bélanger (Orford) est remplacé par
M. Chassin (Saint-Jérôme); Mme Boutin (Jean-Talon), par M. Émond
(Richelieu); Mme Dansereau (Verchères), par M. Girard (Lac-Saint-Jean);
Mme Jeannotte (Labelle), par Mme Hébert (Saint-François); Mme Robitaille
(Bourassa-Sauvé), par Mme David (Marguerite-Bourgeoys); M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), par M. Marissal (Rosemont); et Mme Richard
(Duplessis), par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
Économie
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, nous allons procéder aux échanges entre les groupes d'opposition et le ministre par bloc variant entre 10 et 20 minutes,
pour permettre à chaque groupe d'écouler graduellement son temps de
parole. Le temps d'échange inclut les questions et les réponses. Puisque nous
avons débuté nos travaux à 11 h 35 et qu'une période de
1 h 30 min doit être consacrée à l'étude des crédits cet
avant-midi, est-ce que nous avons le consentement pour poursuivre les travaux
jusqu'à 13 h 5?
M. Leitão :
Consentement.
Discussion générale
La Présidente
(Mme IsaBelle) : J'ai votre consentement, c'est parfait. Alors, écoutez,
nous sommes maintenant prêts à reconnaître une première intervention de l'opposition
officielle, pour un premier bloc d'échange, avec le député de Robert-Baldwin. À
vous, donc, la parole.
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, bonjour, bonjour, tout le
monde, chers collègues, cher ministre, M. le sous-ministre. Donc, nous allons
passer quelques heures ensemble aujourd'hui et un peu aussi demain matin.
Alors, on va y aller tout de suite, M. le ministre, une question qui est importante.
Comme vous savez très bien,
Mme la Présidente, la Commissaire
à l'éthique a remis deux rapports à l'endroit de M. le ministre et, selon elle, le ministre de l'Économie ne se
conforme pas à notre code d'éthique. La question que j'ai, M. le ministre :
Est-ce que vous pouvez nous confirmer aujourd'hui que, maintenant, vous vous
conformez au code d'éthique?
M. Fitzgibbon :
Premièrement, M. le député, il y a eu quatre rapports, pas deux. Puis il y en a
un qui est sous étude, là, ou sous...
comment je pourrais dire, revu. Donc, je ne suis pas en mesure de pouvoir
parler du cinquième rapport. Alors,
ce qui était public est encore présent. Je ne suis pas en conflit d'intérêts
parce que la société dans laquelle je suis investisseur ne transige pas avec le
gouvernement.
M. Leitão :
Bon. Très bien. Ça ne semble pas être l'avis de la Commissaire à
l'éthique, mais on verra bien pour la suite des choses. Mais est-ce que
vous vous engagez à vous conformer au code d'éthique, cette cinquième partie,
d'ici la fin de la session?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, j'ai dit publiquement que les actions... que j'avais
13 investissements privés, 12 ont été disposés, il m'en reste un.
Alors, dans la mesure où il y avait une possibilité de faire un marché pour
disposer des actions, je le ferais. Mais c'est une petite société en
technologie qui est constamment à la recherche de nouveaux capitaux. Donc,
présentement, il n'y a pas de marché secondaire pour l'investissement. Mais, si
le marché secondaire devient disponible, je vais disposer des actions.
• (11 h 40) •
M. Leitão :
Très bien. Mais, comme vous savez, M. le ministre, un marché secondaire pour ce
genre de... vous l'avez dit vous-même, pour
ce genre d'entreprise n'existe pas. Donc, à un moment donné, ou bien on se
conforme au code d'éthique, ou bien on ne se conforme pas au code d'éthique. Je
pense qu'on ne peut pas attendre éternellement. La question que j'avais, c'est quand est-ce que vous pensez que
vous pouvez faire ça? Il me semble, Mme la Présidente, qu'on ne peut pas
dire : Bon, j'attendrais à ce qu'un marché puisse apparaître pour ce genre
d'entreprise.
M. Fitzgibbon :
Puis j'ai passé une partie de ma vie à investir dans les sociétés, alors je
suis très habilité à comprendre comment le marché secondaire fonctionne. Tout
ce que je vais vous dire, c'est qu'il n'y a pas de marché secondaire, vous
l'avez dit. Il y a des gens qui regardent pour possiblement trouver un
acheteur. Alors, je fais les démarches potentielles. Alors, si acheteur se
pointe, tant mieux, sinon, je vais être obligé de garder les actions. Mais,
entre-temps, mon poste est protégé parce que l'entreprise en question n'a aucun
marché avec l'État, qui est, en fait, la condition précédente pour ne pas avoir
de conflit d'intérêts. Donc, forcément, je ne suis pas en conflit.
M. Leitão : Bon, écoutez, on va
passer à un autre sujet, Mme la Présidente. Mais je pense que cette histoire,
malheureusement, n'est pas terminée. Je pense que nous, en tant que députés,
qu'on soit au gouvernement ou pas, mais surtout quand on est ministre, nous
devons respecter le code d'éthique. Puis je comprends les difficultés de le
faire pour ce genre d'entreprise, mais il faut le faire. Donc, je pense que
cette histoire, malheureusement, pour vous, M. le ministre, cette histoire va
continuer de vous suivre.
Mais passons
à autre chose. La semaine dernière, enfin, il y a... le temps passe, et puis on
ne sait plus si c'était la semaine dernière ou celle d'avant, le ministre
de l'Économie a annoncé, au nom du gouvernement, un nouvel accord avec le Grand
Prix de Montréal. Or, j'aimerais aller... j'aimerais discuter un peu avec vous,
M. le ministre, du Grand Prix de Montréal et
la solution que le gouvernement du Québec a trouvée. Alors, on les connaît
bien, le Grand Prix de Montréal, comme on dit en bon québécois :
«Been there, done that». Donc, je comprends comment ça fonctionne. Mais j'ai
plusieurs questions à cet égard-là.
La première question, M. le ministre, est-ce
qu'il y avait vraiment... et nous sommes ici entre nous et tous ceux qui nous
écoutent, bien sûr, est-ce qu'il y avait vraiment un risque que le Grand Prix
de Montréal puisse partir?
M. Fitzgibbon :
Mme la Présidente, écoutez, quand on regarde la situation mondiale pour la
tenue des Grand Prix, on constate que Montréal est la seule ville au monde,
à ma connaissance, où il n'y aura pas de Grand Prix en 2021. Conséquemment, il
y aura toujours un risque qu'on doive payer les frais de plateau pour
l'année 2021 considérant que le Grand Prix formula 1 à Londres s'est fait
dire, il y a quelques semaines, donc mois que huit semaines avant la tenue du
Grand Prix, que le gouvernement du Québec ne voulait pas tenir le Grand Prix.
Donc, on peut conclure que, sur le 18,8 millions de dollars qui était dû
pour la tenue du Grand Prix, il est possible qu'il y ait une réclamation de la
part du Grand Prix qu'on rembourse une partie ou la totalité du
18,8 millions, encore une fois, considérant que c'était très tôt avant la
tenue du Grand Prix, d'une part, et, d'autre part, considérant que nous sommes
la seule ville au monde où le Grand Prix n'aura pas lieu.
M. Leitão : Très bien. Le Grand
Prix n'aura pas lieu. On sait tous que c'est pour une cause, comme on dit, de
force majeure, c'est une décision de santé publique. Moi, personnellement, même
si je n'ai plus accès à tous les avis
juridiques qu'un gouvernement peut avoir accès, il me semble que c'est très,
très, très peu probable que ce contrat, donc il restait encore huit ans,
que ce contrat soit résilié, parce qu'en 2020 et en 2021, étant donné la
pandémie, le Grand Prix de Montréal aurait été annulé. Donc, je trouve ça très
particulier.
Alors, je me demande, de votre côté, M. le
ministre, est-ce qu'au gouvernement vous aviez regardé cet aspect-là, l'aspect
juridique? Est-ce qu'il y avait véritablement un risque que le contrat soit
résilié?
M. Fitzgibbon : La réponse,
c'est oui. Encore une fois, il faut regarder le contexte. Des forces majeures,
c'est un terme très facile à utiliser. Il faut regarder le contexte. Encore une
fois, je répète, Montréal est la seule ville au monde, puis on n'est pas les
seuls qui sont frappés par la pandémie d'ailleurs, on est la seule ville au
monde où il n'y a pas eu de Grand Prix. Donc, il y avait un risque. Alors,
cause qu'on a décidé de faire au gouvernement, c'est d'être proactif et de parler au groupe pour voir comment on pourrait se
soustraire et ne pas payer aucuns frais pour 2021, ce qui a été le cas,
et de faire d'autre chose. Alors, dans les circonstances, nous sommes très
heureux du dénouement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous êtes dans un échange, peut-être qu'il n'est pas nécessaire de remettre
régulièrement votre masque.
M. Fitzgibbon : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ce n'est pas nécessaire alors.
M. Fitzgibbon : O.K. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Leitão : On est assez loin.
M. Fitzgibbon : Oui.
M. Leitão : On peut se lever maintenant.
Alors, bon, donc si un tel avis juridique vous a
été fourni, et je pense que ça aurait été d'intérêt public qu'on puisse le...
que la commission puisse y avoir accès si vous jugez que cela est pertinent.
Moi, je pense que ça serait très pertinent. Parce que
vous voyez, là, où je suis en désaccord avec vous, c'est que vous... oui, c'est
vrai que le Grand Prix de Montréal serait le seul qui aurait été annulé. Donc, à
première vue, il pourrait y avoir un tel risque. Cependant, le Grand Prix de Montréal
est aussi un de ceux, probablement le seul même en Amérique du Nord dans tous les cas, qui est très prisé par la F1 elle-même.
C'est un emplacement qu'ils ne veulent pas céder. C'est un Grand Prix
qui a déjà une longue histoire, qui a déjà un très bon enracinement dans la population,
dont la cote d'écoute pour ce Grand Prix-là est vraiment extraordinaire.
Et je pense que, s'il y a un Grand Prix à annuler par la F1, ce ne serait certainement
pas celui de Montréal. Mais bon, vous avez décidé, le gouvernement a décidé de
procéder d'une autre façon et donc d'ajouter
deux ans au contrat. Bon. Moi, je n'aurais pas fait la même chose, mais bon,
cela peut se discuter.
Mais là où j'ai un problème, j'ai un malaise, vraiment,
j'ai un très grand malaise, M. le ministre, c'est que... Et je pense qu'il y
avait quand même un certain consensus au Québec, bon, peut-être, c'est la chose
à faire, bon. Mais là le malaise que j'ai et que beaucoup, je ne suis pas le
seul, beaucoup de personnes se sont par la suite dit : Mais bon Dieu, qu'est-ce qu'il se passe? C'est
qu'on apprend par la suite que l'organisation du prix, donc le promoteur
a vendu sa part à Bell Canada. Là, ça change, ça change la donne complètement.
Donc, ce n'est plus une entreprise locale avec des finances relativement
fragiles qui devrait assumer de tels risques, et donc... Mais là c'est une des
plus grandes multinationales canadiennes, Bell Canada. Je pense que Bell Canada
a les reins assez solides pour s'arranger avec la F1.
Et c'est là où j'aimerais savoir, M. le
ministre, comment est-ce que vous justifiez ça. Comment est-ce qu'on peut
justifier que le gouvernement du Québec, et le gouvernement fédéral, et la
ville de Montréal se sont embarqués dans une telle aventure sachant que Bell
était dans le portrait? Il me semble que vous avez dit publiquement, et si je vous cite
mal, s'il vous plaît, corrigez-moi, mais il me semble que vous avez
dit que quand vous avez négocié avec la F1, vous saviez déjà que cette
transaction était en train de se préparer. Et donc vous l'avez fait quand même.
C'est ça, ce que j'essaie de comprendre : pourquoi, sachant que Bell Canada
allait arriver dans le portrait, pourquoi est-ce que le gouvernement du Québec
et du Canada ont quand même décidé de prolonger le contrat de deux ans
additionnels? Il y avait encore huit ans à ce contrat-là, pourquoi les deux ans
additionnels?
• (11 h 50)
•
M. Fitzgibbon : En fait, si j'avais pu, j'aurais fait plus que
deux ans. Le maximum qu'on a pu avoir est deux ans, on est très fiers, d'ailleurs. Il faut aussi...
Je vais vous mettre un peu les faits en perspective, parce que c'est important de le comprendre, Octane, qui a
été acheté par Bell Canada, n'a aucun rapport dans l'entente contractuelle avec
formule 1. Zéro, zéro rapport. Les bâilleurs de fond du Grand Prix sont
respectivement le gouvernement fédéral, le Québec, Tourisme Montréal et la ville
de Montréal. Donc, c'est un contrat entre les quatre bailleurs de fonds et
l'entreprise qui détient les droits du Grand Prix. C'est important de
souligner, donc, que Bell soit actionnaire ou qu'Octane soit actionnaire
elle-même, ça n'a aucun rapport avec l'enjeu.
Deuxièmement, vous étiez l'ancien ministre des
Finances, je vous rappellerais que le Grand Prix de Montréal est l'événement...
c'est pour ça que j'aurais aimé avoir 10 ans plus, si j'avais pu, là, le
Grand Prix de Montréal est l'événement le plus important au Canada au niveau
touristique. Donc, conséquemment, le plus important pour le Québec et le plus
important pour la ville de Montréal. Deuxièmement, le gouvernement du Québec
est responsable de 4/15 des frais de plateau des frais de course. Les frais de
course qui vont être payables en 2030, qui sont de l'ordre de 25 millions
fois 4/15, donnent 6,7 millions de dollars, qui est la contribution du
gouvernement québécois.
Je vous rappellerai qu'en 2015 et en 2019 il y
avait eu des études indépendantes de faites sur les retombées fiscales. Je
pense que je ne vous apprendrai rien en expliquant que les retombées fiscales,
c'est des sommes d'argent qui sont déposées dans le compte de banque du ministère
des Finances. Ces retombées fiscales là, en 2019, validées par des gens indépendants, arrivent à
10,6 millions. La contribution à l'époque, en 2019, était de
5 millions, donc plus que le double.
En sus de ça, la contribution du Grand Prix sur
le PIB du Québec, dépendant des gens qui vont l'évaluer, est entre 40 et
60 millions de dollars. Donc, en 2030, les frais de course payés par le
gouvernement du Québec, le ministère du Tourisme, ma collègue, ministère du
Tourisme, vont être de 6,7 millions, les retombées fiscales en 2019
étaient de 11,6... 10,6 millions, je m'excuse. Donc, à l'inflation, ça va
être probablement 14, 15 millions. Donc, on va avoir un plus grand
bénéfice pour le Québec sur les retombées fiscales, il est tangible, et tout le
monde peut comprendre ça. En plus, on va avoir des retombées sur le PIB de
l'ordre de 60 millions de dollars.
Donc, je pense que c'est une opération... Si
j'avais pu, j'aurais aimé extensionner le Grand Prix pour un autre 10 ans.
Malheureusement, on a eu deux ans seulement.
M. Leitão : Très bien. Et, écoutez,
on pourrait en discuter longuement, des retombées fiscales, comment ce calcul
se fait. Est-ce que c'est vraiment 10,6 millions? Mais, écoutez, disons
que c'est ce montant-là. Pour ce qui est de l'effet du Grand Prix sur le PIB,
on pourrait aussi en discuter. Mais laissons ça de côté maintenant. Je pense
qu'au fil du temps ces retombées-là ont été massivement surévaluées, mais ça,
ça sera une discussion pour un autre jour.
Moi, ce qui me dérange dans ce dossier, que je
trouve un peu difficile à accepter, et donc j'aimerais avoir une meilleure explication,
c'est que la donne a complètement changé avec l'arrivée de Bell.
On sait très bien que, depuis des années et des
années, le Grand Prix de Montréal, financièrement, était toujours relativement
fragile. C'est pour cela que les gouvernements se sont impliqués, le gouvernement
du Québec, Tourisme Montréal, la ville de Montréal, le gouvernement fédéral.
Mais là maintenant nous avons un sponsor qui est
de calibre mondial et qui va bénéficier énormément, parce que Bell est une entreprise...
une multinationale des communications, et donc elle va utiliser sa nouvelle propriété,
le Grand Prix de Montréal, dans toutes ses plateformes et va générer beaucoup
de revenus. Donc, les retombées, les retombées du Grand
Prix vont être d'abord et avant tout pour Bell Canada. Et tant mieux pour eux, O.K.,
tant mieux pour eux.
Mais la question, c'est : Qu'est-ce que
l'État a à faire dans une transaction privée? Pourquoi est-ce que l'État prend ce parti-là pour participer à l'enrichissement d'une entreprise privée? Moi, je
pense qu'on... avec les 10,6 millions, on pourrait bien d'autres
choses.
Donc, c'est cette partie-là, M. le ministre, que
je trouve un peu difficile. Si Bell n'était pas dans le portrait, bon, on pourrait
en discuter... Mais, bon... Mais, avec Bell dans le portrait, c'est... je ne
pense pas que ce soit le rôle de l'État de créer les conditions qui font en
sorte qu'une entreprise privée, qui a des reins solides et qui va faire
beaucoup de profits avec une telle transaction... ce n'est pas à l'État de les
favoriser. C'est juste ça.
M. Fitzgibbon : Écoutez, je
suis surpris d'entendre votre commentaire. De dire que les retombées vont être
à Bell, je m'excuse, je ne veux pas être non respectueux, parce que je vous
respecte beaucoup, c'est ne pas comprendre c'est quoi, le Grand Prix.
Le Grand Prix, les retombées sont pour qui?
L'hébergement, le tourisme. Les 60 millions de PIB, c'est les hot-dogs,
c'est les touristes qui viennent à Montréal. Bell Canada, Octane, peu importe,
le propriétaire du promoteur n'aura aucun des bénéfices. Les bénéfices sont
pour le gouvernement fédéral, on parle d'à peu près 5 millions par année.
Le gouvernement du Québec, et c'est prouvé, recette fiscale, là, c'est des
chèques qui rentrent dans le compte de banque, là, c'est mesuré par des firmes
indépendantes, c'est 10 à 11 millions.
Alors, de dire que Bell qui achète Octane va
avoir des retombées économiques, il faut reconnaître comment ça fonctionne.
Bell n'a pas... Tout ce qu'ils ont, c'est qu'ils opèrent le Grand Prix. Alors,
ils vont faire 1 million, 2 millions, 3 millions,
4 millions. M. Dumontier en faisait un, il en perdait un. Ça, c'est
minuscule. Mais les retombées économiques pour une communauté et pour un
gouvernement sont un multiple des frais de course. Puis je vais corroborer ça
en allant plus loin : Les 5/15 des frais de plateau, frais de course, sont
payés par Tourisme Montréal. On sait qui c'est, Tourisme Montréal? Ce sont les
hôteliers qui paient des frais d'hébergement. Eux sont super contents. Alors,
la réalité, M. le député, c'est que les retombées économiques mécaniquement
sont attribuées au gouvernement de par le fait qu'on a ces
117 000 touristes, duquel 52 % sont des touristes étrangers. Et
les retombées économiques, comme vous savez, c'est calculé avec les retombées
de l'extérieur du Québec. Alors, mécaniquement, c'est une très belle
transaction. Et je regrette de ne pas avoir pu négocier 10 ans de plus au
lieu de deux ans de plus.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il reste une minute à l'échange.
M. Leitão : Bon, M. le
ministre, nous sommes d'accord pour être... pour ne pas être d'accord parce que
je pense que Bell ne fait pas ça... Ce n'est pas une... Ce n'est pas un
organisme de charité. Ils ne font pas ça juste pour aller chercher 1 million de dollars, là. Avec le Grand Prix, ils
vont alimenter toutes leurs plateformes et ils vont faire des sous. Et
tant mieux. Je n'ai rien... Je n'ai rien contre ça. Je trouve seulement que
l'État n'a pas à aider une entreprise à faire ça. Ils peuvent s'aider
eux-mêmes. Mais je pense que nous avons écoulé tout notre temps, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
33, 32, 31 secondes qu'il vous reste.
M. Leitão : Bon. Écoutez, on le
reprendra au prochain bloc, nous avons plusieurs blocs. Donc, pour moi, c'est
tout. Merci... Pour maintenant.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, c'est parfait. Merci pour l'échange. Nous poursuivons avec le deuxième
opposition avec le député de Rosemont. À vous la parole, vous disposez de
14 min 30 s
M. Marissal : Merci,
Mme la Présidente. M. le ministre et votre équipe, chers collègues, bonjour. Des collègues qu'on ne voit
moins souvent dans les commissions, c'est un plaisir.
Je vais y aller dans le même ordre, peut-être
pas dans la même durée ni dans les mêmes axes, mais ça va se ressembler beaucoup. Là, ce que je
comprends de vos réponses quant à votre situation singulière face à la Commissaire à
l'éthique, ou face au code de déontologie, je devrais dire, si je
comprends bien les réponses que vous faites à mon collègue de Robert-Baldwin,
c'est : si vous n'avez pas à trouver un acheteur pour ces actions, là, de
cette entreprise que je ne connais pas, ce
sera donc le statu quo, et vous pourriez très bien terminer votre
premier mandat — je
ne connais pas vos intentions, là, mais allons-y un mandat à la fois — comme
c'est le cas en ce moment, quoi.
Donc, vous, les demandes de la Commissaire
à l'éthique, vous les jugez... comment vous les jugez puisque vous ne
semblez pas vouloir vous conformer?
M. Fitzgibbon :
Bien, premièrement, comme j'ai expliqué, là, je vais le répéter une deuxième
fois, les actions sont disponibles, là, pour être achetées. Il n'y a pas
de marché secondaire. Contrairement à ce que le député de Robert-Baldwin disait tantôt, il y a un marché
secondaire pour des actions privées généralement quand il y a une masse
critique. Ici, il n'y en a pas, la compagnie recherche des sommes d'argent.
D'autre part, quand on lit le code d'éthique, le
code d'éthique restreint des sociétés à transiger avec l'État si un membre du Conseil exécutif est actionnaire.
Donc, dans mon cas, cette société-là n'a aucune transaction avec l'État et a été avertie qu'il n'y en aurait pas non plus.
Conséquemment, il n'y a aucune situation qui peut prévaloir pendant que
je suis encore actionnaire où je serai en conflit d'intérêts.
M. Marissal :
O.K. De toute façon, regardez, ce n'est pas en vos mains ni les miennes. C'est
entre les mains d'une agente du Parlement qui fera son travail. J'ai bien
confiance qu'elle le fera avec diligence et rigoureusement, avec
professionnalisme. On suivra donc cette histoire. Mais ce que je comprends donc
de votre réponse, c'est qu'à moins de trouver un acheteur, ce qui semble peu
probable, de ce que vous nous dites, ce sera le statu quo jusqu'à la fin de ce
présent mandat.
M. Fitzgibbon :
On ne sait pas, ni vous ni moi, si un acheteur va se présenter. Les actions
sont disponibles.
M. Marissal :
Mais si, d'aventure, il n'y a pas d'acheteur, ce sera le statu quo.
M. Fitzgibbon :
Bien, c'est quoi, l'alternative? Je ne peux pas les jeter.
M. Marissal :
Je ne comprends pas ce que vous dites.
M. Fitzgibbon :
C'est quoi l'alternative? Si j'ai des actions, s'il y a un acheteur, je suis
prêt à les vendre. S'il n'y a pas d'acheteur, bien, forcément je les
garde, je ne peux pas les mettre sur un tableau, là.
• (12 heures) •
M. Marissal :
Très bien. Ça a le mérite d'être clair.
Grand Prix, on en
avait discuté la semaine dernière, puis le lendemain matin, j'ai avalé mon
premier café de travers quand j'ai vu la manchette de La Presse.
Pourquoi vous ne nous l'avez pas dit? Vous aviez l'occasion, c'était les crédits,
on a discuté. C'était une partie vraiment importante de la transaction.
Pourquoi vous ne nous l'avez pas dit? Vous
aviez l'occasion, c'était les crédits, on en a discuté. C'était une partie
vraiment importante de la transaction. Pourquoi vous ne l'avez pas dit,
puis pas juste à moi, là, à la population québécoise? Pourquoi vous avez gardé
ça pour vous?
M. Fitzgibbon :
Premièrement, ça n'a aucun rapport avec la transaction qui a été faite. Tu
sais, j'ai expliqué tantôt, s'il fallait que je dise à tout le monde ce qui se
passe dans les coulisses des transactions, je serais ici 24 heures par
jour. Donc, il n'y avait aucune pertinence à ces discussions-là, qui, quand
j'ai été mis au fait, elles n'étaient pas nécessairement concluantes, hein? Les
discussions entre sociétés, j'en ai probablement dans mon cartable, ici, une
cinquantaine, là, alors, s'il fallait que je divulgue ça sur une base continue,
en Chambre, ce serait manquer de respect envers l'éthique que je dois avoir
envers les... sociétés.
Deuxièmement, comme
j'ai dit tantôt à M. le député de Robert-Baldwin, c'est deux transactions qui
n'ont aucun rapport. Les bailleurs de fonds avec qui la formule 1 signe
des contrats sont, respectivement, la ville de Montréal, Tourisme Montréal, le
gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec. D'autre part, il y a un
promoteur qui opère le Grand Prix, durant la semaine du Grand Prix, et ça,
c'est un autre contrat. Donc, il n'y avait aucune corrélation, rapport entre
les deux discussions.
D'autre part, quand
Bell parlait aux gens d'Octane, je n'étais pas au courant du tout de détails.
Je savais qu'il y avait des discussions, mais aucune idée s'il était pour y
avoir une transaction ou non. Il aurait pu ne pas y avoir de transaction.
Alors, pourquoi j'aurais divulgué ça, qui était non pertinent pour la
discussion?
M. Marissal :
Mais vous reconnaissez que l'intervention du gouvernement a sécurisé le Grand
Prix, et pour deux ans de plus. Vous dites même, si vous aviez eu le pouvoir,
vous l'auriez fait pour une décennie. La pérennité d'un événement comme
celui-là, là, dans le temps, là, ça n'a pas une certaine valeur pour le nouvel
acheteur?
M. Fitzgibbon :
Je ne suis pas...
M. Marissal :
La pérennité dans le temps...
M. Fitzgibbon :
Oui.
M. Marissal :
...surtout, connaissant les manoeuvres de la F1, là, qui sont capables de
tordre des bras, là, on l'a vu, là, depuis des années, là, la pérennité dans le
temps, ça n'a pas une certaine valeur pour le nouvel acheteur, qui est Bell,
qui est garantie grâce à votre subvention de deux ans de plus?
M. Fitzgibbon :
Écoutez...
M. Marissal :
Moi, si j'étais Bell, là, je serais mort de rire, là.
M. Fitzgibbon :
Le plus grand bénéficiaire, M. le député, c'est le gouvernement du Québec. Je
l'ai dit tantôt, le frais de course de 2030 va être de 6,6... 7 millions
de dollars.
M. Marissal :
Jusqu'à ce qu'ils reviennent en demander plus, là.
M. Fitzgibbon :
Les retombées fiscales de 2019 étaient le double de ça, donc elles vont
augmenter aussi. C'est une opération financière extraordinaire pour le
gouvernement du Québec. On ne peut pas mélanger qui est propriétaire du promoteur. Pour le gouvernement du
Québec, en 2030, on va payer 6,7 millions, on aura des retombées
qui vont être de l'ordre de 14, 15,
16 millions. Alors, c'est pour ça que, sur cette base-là, j'aurais... le
Grand Prix pour 10 ans.
Quand j'étais en négociation avec les gens du
Grand Prix, je voyais ce qui se passait à l'extérieur. Miami a signé un contrat
pendant qu'on discutait. Alors, moi, je pense que c'est une très belle
transaction. Et le fait que Bell est devenu
actionnaire d'Octane — ce
qui n'était pas connu formellement, il y avait des discussions — n'a
pas rapport. Est-ce que le Grand Prix
est heureux d'avoir Bell? Le Grand Prix aime toujours avoir des opérateurs qui
sont crédibles... pas crédibles, mais
qui sont, financièrement, stables, c'est sûr. Mais pour le gouvernement du
Québec, c'est une très belle opération financière.
M. Marissal : Bien, on est
contents que vous soyez content, mais, vous savez, le Grand Prix, là, ils ne
viennent pas à Montréal pour capter les images du mont Royal, là, ils ne
viennent pas à Montréal pour les marmottes du parc Jean-Drapeau, là, ils
viennent ici parce que c'est payant, là, c'est payant. Puis vous êtes un
entrepreneur, un ancien entrepreneur, là, vous connaissez la valeur d'une
entreprise comme celle-là. Ils sont à Montréal parce que, un, c'est payant,
puis, deux, parce qu'ils se sont plantés aux États-Unis. Ils ne viennent pas
ici pour prendre des photos avec le fleurdelisé, là, ils viennent ici parce que
c'est payant. Ils ont essayé aux États-Unis. Croyez-moi, là, si ça avait marché aux États-Unis, là, Montréal aurait
passé second, là, sans doute. Ils ont essayé fort, fort, fort aux États-Unis
pendant des années, ça ne marche pas, ça ne lève pas. Le marché de NASCAR,
c'est autre chose.
J'ai l'air de
connaître ça, les chars, là. Pas tant que ça, mais j'ai lu puis j'ai fait mes
petites recherches, là, pour prendre une expression à la mode. Je vais vous
lire quelqu'un qui connaît vraiment ça, qui s'appelle Martin Leclerc,
qui est chroniqueur à Radio-Can, qui écrit ceci : «Si vous tentez
d'acheter une épreuve de F1, vous voulez être assuré de pouvoir la présenter le
plus longtemps possible afin de rentabiliser votre investissement.» C'est ce
que vous venez de garantir au nouvel acheteur. Le nouvel acheteur, là, il
arrive, il achète ça à Octane, il a deux ans de plus, puis c'est financé par le gouvernement du Québec. Le
gouvernement du Québec met même, si je comprends bien, 5,5 millions de
dollars en publicité, à l'international, pour vanter le Grand Prix. J'ai-tu
bien compris?
M. Fitzgibbon : Non. Mais on va
recommencer. Je ne sais pas comment vous l'expliquer de différentes façons. Que
le Grand Prix fasse de l'argent, correct. Le gouvernement du Québec, je répète,
le gouvernement du Québec, en 2019, a fait
un chèque de 5 millions de dollars et, à l'époque, a reçu 10 à
11 millions de dollars de retombées fiscales, sans égard au PIB, qui a crû
d'à peu près 42 à 60 millions, dépendant des chiffres qu'on entend. C'est
une opération financière payante pour le gouvernement du Québec. Ça...
puis on peut parler d'autres choses à côté, là... ça, c'est le fondamental du
Grand Prix.
Deuxièmement, allez voir Mme Plante, la
mairesse de... On peut-tu dire son nom? On va dire son nom. La mairesse de Montréal,
demandez-lui si son 1,5 million, elle est contente de le payer. C'est une
retombée économique incroyable pour le Québec, c'est le plus grand bilan
d'activités touristiques du Canada. Alors, moi, je pense que je ne comprends
pas pourquoi on peut être contre la vertu. On peut être contre le fait que
c'est une activité qui n'était pas, environnementalement, acceptable, puis ça,
c'est un autre débat, mais le débat financier est tellement clair, tellement clair. C'est, financièrement, profitable pour le
gouvernement. C'est quoi, le problème, que d'autres fassent de l'argent avec? Tu sais, je sais que Québec solidaire puis
le gouvernement, on a des vues différentes sur l'économie, mais, moi, de
voir des projets avec des étrangers qui viennent au Québec, qui font de
l'argent, puis nous, on crée de la richesse, j'en prendrais à tous les jours,
des projets comme ça, à tous les jours.
M. Marissal : Ah! vous
dites : On ne peut pas être contre la vertu. On n'a pas la même définition
de la vertu, là. Moi, faire un chèque à Bell ou, par la bande, qui profite à
Bell Canada, je... Vous m'avez dit la semaine dernière... Puis peut-être que je
vous ai mal compris ou que vous vous êtes mal exprimé, peut-être qu'on peut
revenir là-dessus. Quand je vous ai posé la
question la semaine dernière — puis je vais essayer d'être le plus précis
sur le verbatim — je vous
ai demandé : Si le gouvernement du Québec n'était pas intervenu, si le
gouvernement du Québec n'avait pas versé cette subvention, est-ce que le Grand
Prix aurait quitté Montréal? Qu'est-ce que vous m'aviez répondu?
M. Fitzgibbon : Je n'ai pas
répondu ce que vous avez lu dans Le Journal de Montréal. Ce que j'ai
répondu, c'est que je ne le savais pas, et, comme je l'ai dit au député de
Robert-Baldwin...
M. Marissal : Vous avez
répondu : Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Fitzgibbon :
...nous sommes la seule ville au monde où il n'y a pas de Grand Prix. À ce que
je sache, la COVID-19, ce n'est pas juste à Montréal. Donc, la question
c'est : Est-ce que le Grand Prix de formule 1, sept semaines,
sept semaines avant l'événement, se faire dire que le gouvernement du Québec...
Une décision que nous avons prise, parce qu'on aurait pu le tenir, le Grand
Prix, en passant, à huis clos. Grand prix à huis clos, ça, c'est intelligent,
là. Là, on aurait dû dépenser encore plus d'argent, on aurait payé
18 millions pour la formule 1 puis on aurait dû payer, probablement,
6 millions à Octane, parce qu'ils auraient perdu de l'argent. On avait
25 millions à risque.
La décision du gouvernement, que je supporte à
100 %, on a dit : Il n'y aura pas de Grand Prix cette année, sept
semaines avant la tenue du Grand Prix. Est-ce que, comme ministre de
l'Économie, qui était responsable de négocier, est-ce qu'on voulait prendre la
chance d'aller en cour, de se faire dire que les frais de course auraient été
payés en partie, en totalité? La transaction qu'on a faite, elle était
parfaite, dans les circonstances.
Alors, la réponse à votre
question spécifique, ce que j'ai répondu, c'est qu'on ne savait pas. Personne
ne connaît la réponse, parce qu'on n'est pas allés là. On n'a pas envoyé une
lettre disant : Il n'y a pas de Grand Prix, attendons de voir si on va se
faire poursuivre ou non. On est allés de l'avant, on a dit : Il n'y a pas
de Grand Prix, puis, «by the way», on veut faire quelque chose pour
l'extensionner, pour montrer qu'on est commis au Grand Prix. C'est ça qui s'est
passé.
M. Marissal : C'est une chose de
dire : Il n'y aura pas de Grand Prix, pour des raisons sanitaires, là,
parce que c'est des raisons sanitaires, là, je pense, qui ont...
M. Fitzgibbon : Oui,
absolument.
M. Marissal :
Bon, voilà. Ça nous rassure, c'est des raisons sanitaires qui ont décidé de ça.
Le gouvernement dit qu'il suit les recommandations de la Santé publique,
puis ce n'était pas une bonne idée de tenir ça puis d'avoir plein de monde. O.K.
Mais c'est une chose de dire ça, il n'y aura pas de Grand Prix, et c'est une
autre chose que de rentrer sur la piste puis mettre de l'argent de plus, en
disant : On va vous attacher pour deux ans de plus, on veut que vous
restiez pour... C'est complètement deux choses, ça, M. le ministre, là, tu
sais. Parce qu'à la fin ce n'est pas vous qui avec décidé qu'il n'y aurait pas
de Grand Prix, là. Peu importe le scénario, là, c'est la Santé publique qui
dit : Ce n'est pas une bonne idée d'amener tout ce monde-là ici. Mais bon,
on s'entend pour ne pas s'entendre.
Il me reste 2 min 30 s, puis j'ai
plein, plein de sujets, puis on a d'autres blocs, cet après-midi, qui seront
consacrés à autre chose.
• (12 h 10) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste 1 min 40 s
M. Marissal :
1 min 40 s On va revenir sur un sujet chaud du mois d'août
dernier. Je veux faire un suivi sur vos projets de partage de données de RAMQ
avec l'industrie. Avez-vous avancé? Où est-ce qu'on en est? C'est tout pour le
moment.
M. Fitzgibbon : Bien, où on en est... Heureusement, l'industrie avance fortement. Comme j'avais dit à l'époque,
il y a des gens qui partagent leurs données, consensuellement, et heureusement.
Le progrès, au niveau des sciences de la
vie, passe par l'intelligence
artificielle, passe par la génomique,
passe par un paquet de choses qui ont rapport aux données. Alors, heureusement,
ça continue.
Par ailleurs, mon collègue ministre à la
Transformation numérique a déposé un projet de loi, ce matin, d'ailleurs, je pense, oui, ce matin, pour revoir comment le côté
éthique va prendre place pour s'assurer que, si, éventuellement, les Québécois
sont, consensuellement, d'accord de partager leurs données, qu'il y ait un code
d'éthique pour le faire. Donc, mon
collègue ministre à la Transformation numérique travaille ce dossier-là. Et,
comme j'ai dit, tant que ça n'arrivera pas, ça va être sur une base
consensuelle, comme moi, d'ailleurs, mes données personnelles sont déjà
disponibles, parce que j'ai accepté. Alors, on le fait sur une base volontaire.
Et des sociétés au Québec travaillent présentement avec des données qui sont...
les données d'individus qui sont prêts à les accorder aux compagnies
d'intelligence artificielle. Alors, le progrès continue.
M. Marissal : Comment on mesure
ça, la consensualité... je ne sais pas si c'est un mot, ça... la consensualité
de l'affaire?
M. Fitzgibbon : On signe un
mot, on signe un papier. Moi, j'ai signé un papier disant : Mes données,
je les rends disponibles.
M. Marissal : De la... Toutes
vos données?
M. Fitzgibbon : Celles que j'ai
choisi de donner, oui.
M. Marissal : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, c'est tout le temps. Nous poursuivons maintenant avec le deuxième
bloc avec l'opposition officielle, avec la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Vous disposez de 19 min 28 s, qu'on a récupérées.
Mme David : Merci beaucoup.
Alors, pour donner suite à la surprise du collègue de Rosemont, que je sois là, bien, c'est ça que je veux faire comme effet,
et c'est voulu. D'abord, j'apporte une solidarité féminine à la collègue
de Gaspé, parce que c'est particulièrement masculin, le domaine de l'économie.
Et puis je ne viens pas vous parler d'économie, parce que vous avez peut-être
oublié ou peut-être pas, mais moi, je suis contente de le dire et d'être là,
qu'il faut aussi parler de recherche. Jusqu'à preuve du contraire, vous êtes
responsable des fonds de recherche.
Ma première question,
évidemment, parce
que j'ai souvent eu à réfléchir à ça
et à parler à mon ex-collègue de l'Économie, qui n'était pas mon collègue
de Robert-Baldwin, que je remercie, par ailleurs, de me donner ce temps-là pour parler d'une partie importante de votre
ministère, qui est la recherche. Et j'insisterai, tout au long de mon
intervention, pour parler de recherche, et ne pas parler
d'innovation. Je vous le dis d'avance, la recherche, ce n'est pas que de
l'innovation. Si tout est innovation, c'est vrai. À ce moment-là, tout
est recherche. Mais je préfère le mot «recherche» pour bien situer l'importance
de ma présence ici, qui se veut, en soi, comme un message.
Puis, si je ne l'avais pas demandé, on ne
parlerait pas de recherche aujourd'hui puis dans les 10 000 blocs que
vous avez pour parler de la business. Mais la recherche, c'est une business
aussi, mais c'est aussi... On aime bien les expressions «socle de la société».
Si, en ce moment, depuis un an et quelques, on n'avait pas eu les chercheurs,
la planète serait vraiment très, très, très
mal prise, puis on n'aurait pas eu tous, la plupart d'entre nous, quelques-uns
d'entre nous, ce merveilleux vaccin, quel qu'il soit. Donc, la
recherche, que ce soit au Québec ou ailleurs, mais au Québec, c'est très, très
important.
Et je sais que, quand on est dans vos fonctions,
on parle de gens très connus, comme Yoshua Bengio. C'est sûr, c'est un collègue à moi, à l'Université de
Montréal. Mais des Yoshua Bengio, il a fallu qu'il, d'abord, apprécie la
recherche pour se rendre là. Il a fallu
qu'il soit le jeune étudiant au secondaire, au cégep, au baccalauréat, à la
maîtrise, au doctorat, au postdoctorat, professeur adjoint, permanent,
professeur agrégé, professeur titulaire, etc. C'est un milieu dur, la
recherche, c'est un milieu extrêmement exigeant, j'en connais quelque chose, et
ça ne se crée pas comme ça en criant ciseau.
Ça se finance et se... Je reconnais que vous avez augmenté le financement et je
salue cela. Mais je trouve qu'on ne parle pas assez de recherche, en
général, au Québec, et d'étudiants, en particulier, parce que, s'il n'y a pas
d'étudiants, il n'y a pas de recherche. Il faut donc créer des vocations.
C'est certain, certain que ce dont on parle
beaucoup, votre premier ministre l'a dit bien clairement, des emplois à plus de
56 000 $, pour ne parler que de ceux-là, ça suppose, évidemment, une
formation, à tout le moins, collégiale,
sinon universitaire, et sinon maîtrise, et sinon doctorat, et sinon
postdoctorat, énormément d'années d'études et d'investissements. Pour aimer la recherche, il faut être sensibilisé
très tôt, dès le secondaire. Moi, j'aimerais savoir, un, ce que vous pensez de
ça. Vous avez été au secondaire, vous aussi, vous avez dû apprécier, à un
moment donné... vous avez eu des enfants, etc. On ne peut pas arriver,
un matin, à être passionné de recherche et dire : Je vais faire carrière
là-dedans. D'abord, c'est trop difficile, trop exigeant. Alors, je voudrais
savoir comment vous voyez, dans vos fonctions, le fait d'assumer la fonction
recherche, telle que, moi, je l'imagine ou je vous la décris.
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, premièrement,
je ne peux pas être en désaccord avec ce que vous avez dit, je partage totalement votre point
de vue. Je pense qu'il y a un
continuum, hein, dans... il y a une chaîne dans l'économie, puis moi, je crois
que la recherche est au coeur... la fondation de ce qui va nous apporter des
retombées économiques, éventuellement. Je pense que
l'innovation vient très peu de temps après la recherche, puis après, on est
dans les entreprises. D'ailleurs, cette année, j'ai nommé un
innovateur en chef, parce que je trouvais important que Rémi Quirion,
Scientifique en chef, soit accompagné d'un innovateur en chef. Donc, vous avez
raison, innovation, c'est plus en aval que la recherche, mais je pense que
c'est important d'avoir les deux positions importantes. J'ai copié le modèle sur Israël, la Corée, qui sont deux communautés
que je respecte beaucoup, quand on regarde ce qu'ils font en recherche.
Vous l'avez dit, on a aussi augmenté les
montants en recherche cette année, et, dans la mise à jour économique, on a
augmenté de 50 millions. Et je regarde les budgets de cette année, vous le
savez, vous les avez vus, on a trois fonds de recherche, comme vous savez, qui
sont séparés pour l'instant : la santé, société et culture, nature et
technologies, puis on est rendus à 250 millions d'investissements dans
l'année en cours, considérant la mise à jour. Donc, je suis d'accord qu'il faut
promouvoir la recherche, il faut aussi avoir un objectif, puis M. Quirion,
qui est avec nous depuis très longtemps maintenant, bien, depuis plusieurs
années, est capable de faire l'arrimage. Il faut que la recherche soit
contextualisée. Je ne crois pas qu'on va dire aux chercheurs quoi chercher,
mais, en même temps, il faut que la recherche ait un contexte, et c'est pour ça
que, moi, je suis très, très heureux d'avoir créé le poste d'innovateur en
chef, parce qu'on va travailler aussi en aval, avec la refonte des centres de valorisation,
parce que c'est sûr que c'est là que ça va se passer. C'est des bleus à
l'université, après ça, c'est toute la recherche fondamentale, où est-ce qu'on...
comment on va transférer ça, puis que M. Sirois prenne ça, puis l'amène
ailleurs.
Alors, on va continuer à supporter les fonds de
recherche. On a trois P.D.G. féminines qui font un travail extraordinaire, que
je rencontre sur une base régulière. Alors, oui, mon expérience, mon acquis est
beaucoup plus au niveau des entreprises que de la recherche, mais, quand même,
je dois avouer qu'en entrant en poste mes premiers contacts avec M. Quirion m'on fait réaliser... je le savais, mais
m'ont fait réaliser que c'était important que la fondation soit en
recherche. Vous avez parlé du Dr Yoshua Bengio. Moi, je pense qu'on est
chanceux d'avoir des gens comme ça, ici, au Québec. Puis en même temps, pour
que ces gens-là soient encore plus accomplis ou plus heureux de leur travail,
bien, ils veulent voir aussi l'application de leurs recherches au niveau entreprises,
au niveau communautaire, là, dans le cas de la santé.
Alors, c'est une longue réponse, là, mais, oui,
je partage vos vues et, oui, comme ministre de l'Économie, j'accorde une
importance à ce segment-là de notre budget puis à nos efforts.
• (12 h 20) •
Mme David : Bien, justement,
vous avez beaucoup répondu dans le volet en aval, comme vous dites, innovation.
Moi, je vais vous ramener en amont, en amont de ça. Je veux vous parler de
recherche au collégial. Nous avons annoncé, à la fin de notre mandat, une
dizaine de nouveaux CCTT, centres collégiaux de transfert de technologie, et il
y a maintenant 12 CCTT, sur les 46, qui sont des CCTT-PSN. CCTT-PSN,
heureusement, il y a le «N», vous allez vous y retrouver à cause du «N». Les
deux premiers mots de l'acronyme, je ne suis pas sûre que vous allez vous
retrouver, mais, au moins, le «n», c'est «novatrices». «Innovation»,
«novatrices», on n'est pas loin. Donc, il y a 12 CCTT pratiques sociales
novatrices. Ça, c'est, par exemple, évaluer la détresse dans les milieux agricoles,
évaluer des situations avec les nouveaux arrivants. Il y a des CCTT pratiques
sociales novatrices dans toutes sortes de choses, même
les arts du cirque, etc. Ça, c'est de la recherche au collégial. J'espère que
vous avez eu l'occasion ou vous aurez l'occasion d'en visiter, des CCTT, parce
que, dans les régions, ils ne pourraient juste pas se passer de ça.
Mais dans les centres collégiaux de transfert de
technologie, que ce soient en pratiques sociales novatrices, ou d'autres,
évidemment que ça prend une exposition à la recherche pour les étudiants. Or,
cette exposition existe très, très peu. Vous avez le collège, typiquement,
puis, des fois, vous avez un petit champ de football ou un petit... et puis là
vous avez un CCTT au bout du terrain, puis ça ne se parle pas, ça ne se parle
pas beaucoup. Et, pire que ça, les étudiants ont très peu la chance, très peu
la chance de pouvoir aller regarder ce qui s'y fait, mais, encore plus, de
pouvoir parler d'intégrer ça à leur formation. Vous avez juste un mot en tête,
je suis certaine que vous pensez au mot «dual», et le mot «dual», je vous ai
entendu dire que la ministre de l'Enseignement supérieur travaillait quasiment
nuit et jour, elle fait juste ça, penser au «dual».
Moi, je vais
vous proposer le «trial», et on avait mis 20 millions dans les CCTT à la
fin de notre mandat — merci,
M. le ministre des Finances de l'époque — et, dans ce 20 millions,
il y en avait 10 millions pour développer, entre autres, ce modèle-là. Et
ça, c'est sous votre responsabilité. «Trial», ça veut dire... et c'est une
idée que j'ai portée, personnellement, beaucoup... ça veut dire études — forcément,
on espère que les étudiants au cégep étudient — ça veut dire apprentissage en
milieu de travail, qui devrait être le mot employé.
D'abord, «dual», ce n'est pas un mot français,
d'une part. D'autre part, la vraie chose, c'est que c'est de l'apprentissage en
milieu de travail. Et c'est tout sauf «dual» allemand. Pour avoir visité
moi-même, pour en avoir le coeur net, ce qu'est le «dual» en Allemagne, chez
Siemens, je suis allée à l'académie Siemens, j'ai tout vérifié, tout... Si vous
saviez les détails de tout ça. Je ne pense pas qu'il y a beaucoup de syndicats
au Québec qui accepteraient ça, et beaucoup
d'entreprises. Il n'y en a pas, d'académie, chez Bombardier pour former,
évaluer, payer les profs et décider qu'un étudiant va passer ou couler à
partir de ça. Ça, on fera la discussion, un jour, si vous voulez, sur le
«dual».
Mais, comme je veux parler de recherche, moi,
j'ai proposé, à tout le moins, le «trial», donc, études, oui, apprentissage en
milieu de travail, typiquement, aller dans un CCTT ou un milieu de travail,
mais aussi faire de la recherche dans le CCTT, participer aux projets de
recherche. Ça, je voudrais savoir, un, qu'est-ce qui est arrivé avec ça, et,
deux, si vous trouvez que c'est une bonne idée de mettre, entre le travail et
les études, quelque chose qui les lie, c'est-à-dire participer aux recherches
qui se font.
M. Fitzgibbon : ...ouvrez la
porte, parce que je dois vous avouer que, le 1er octobre 2018, je
n'étais pas familier avec les CCTT et, depuis, je passe beaucoup de temps...
J'en ai visité, je pense, 13 sur 59, dont un dans mon comté, INÉDI, à
Terrebonne, pour le design industriel, et l'ironie, c'est que je travaillais
dans une société, que j'ai vendue maintenant, et on cherchait des designers
industriels, puis on ne savait pas où aller, alors qu'au cégep de Terrebonne il
y avait le CCTT à l'INÉDI. Alors, je suis vendu à 100 % à ça. Et
d'ailleurs, hier, monsieur, là-bas... Mathieu, mon collègue, nous a proposé un
projet, qu'on va annoncer bientôt, à Trois-Rivières, un CCTT. Je ne divulguerai
pas le projet, mais on l'a approuvé hier. Je crois totalement à ça, parce que
c'est un moyen pour rendre la recherche applicable, c'est un moyen de rendre la
recherche accessible à nos jeunes, aux cégeps, dans ce cas-là, et ils font
partie intégrante de notre approche du développement économique.
Je vais aller plus loin que ça. Les zones
d'innovation, qui est un concept que le premier ministre a établi quand il
avait écrit son livre à l'époque, bien là, on l'a pris au ministère de
l'Économie. Puis les zones d'innovation, c'est quoi? C'est exactement ça, c'est
de prendre les grands donneurs d'ordres, de prendre les start-up, d'avoir une
thématique, et d'avoir la recherche, et d'avoir l'application de la recherche
dans un lieu géographique, si possible. Moi aussi, je suis allé en Allemagne,
j'ai vu des Fraunhofer, qui est un concept que j'aimerais beaucoup avoir ici au
Québec, et j'ai vu Wichita, la grappe industrielle ou la zone d'innovation
aéronautique aux États-Unis, où tout le monde est là. Je suis totalement un
supporteur de ça et je pense que vous... Je n'ai pas les chiffres, ils sont
dans les cahiers, là, mais on a augmenté de façon assez importante le
support via Synchronex, qui gère tous les CCTT, là, les 59, puis on est
totalement... Mon collègue Mathieu Gervais, ici, qui est maintenant sous-ministre
adjoint à l'Innovation, est au coeur de tout ça, puis on est très... je suis
très, très vendu à ça.
Puis le «trial», écoutez, oui, le «trial», je
comprends le concept. Moi, le «dual», je l'aime beaucoup. Je pense qu'il y a
des choses qu'on peut importer, qu'on va commencer à importer. Le «trial», on
va une étape plus loin. Puis, je pense, les zones d'innovation qu'on a
envisagées comme gouvernement, je pense, vont adresser beaucoup de ce que vous
suggérez, qui est quelque chose avec lequel je suis d'accord.
Mme David : Bien, écoutez, la
Fédération étudiante collégiale du Québec a fait... a pris la peine de faire un
mémoire, qu'ils ont déposé, sur la
recherche, et il y a vraiment des propositions intéressantes. J'insiste sur le
collégial, parce qu'on pense toujours à l'universitaire. Mais comment
créer des vocations d'universitaires si on ne commence pas au collégial? Puis
comment les intéresser au collégial si ça ne commence pas en
secondaire IV, secondaire V, leur dire : Vous savez, il pourrait
y avoir des programmes intéressants?
Deux idées
très porteuses des étudiants : que le Fonds de recherche du Québec
pourrait octroyer au moins six bourses par CCTT, des bourses qui
dégageraient des professeurs, des bourses qui pourraient permettre aux étudiants
d'avoir un revenu s'ils font un stage là. Et je trouve que l'idée est très,
très bonne d'avoir des bourses pour intégrer les étudiants dans les CCTT.
D'abord, ça fait de la main-d'oeuvre intéressante, et l'étudiant arrive tout de
suite à l'université après. D'abord, il a le goût de continuer à l'université,
habituellement, c'est le parcours typique, et
ça, on en veut, on en veut des étudiants universitaires qui ont fait déjà de la
recherche, et ça les aide beaucoup. Alors, six bourses par CCTT, ce sera
ma... une des deux propositions. Je viendrai sur la deuxième, après, des
étudiants.
M. Fitzgibbon :
Je vais demander à M. Bahan de prendre ça en note, c'est une bonne
recommandation. Je sais que, je ne me rappelle pas des détails, là, Rémi
Quirion nous demande beaucoup de... des fonds de recherche, beaucoup de fonds
pour les bourses, puis, honnêtement je n'ai pas le détail d'où vont les
bourses, mais je suis d'accord avec vous que d'encourager la recherche au
niveau collégial, c'est important, parce je pense que le cycle, maintenant, d'éducation va changer. Et quand je
regarde ce qui se passe en Allemagne et ce qui se passe aux États-Unis,
pourquoi finir son bac, sa maîtrise ou doctorat à 25 ans? On peut finir à
45 ans, on va travailler jusqu'à 80 «anyway». Ça fait que pourquoi pas
permettre aux jeunes de travailler en entreprise après être entrés au
collégial, puis de revenir à l'université après? Alors, je suis totalement
d'accord avec vous. Je n'ai pas le détail des bourses présentement, mais on va
regarder ce qui peut être fait. Puis c'est une bonne recommandation.
Mme David : Bien, mon objectif, c'est que vous ayez une
conversation avec M. Quirion, que je connais bien, que je salue et qui fait un excellent travail, sur
des idées comme ça, qui pourraient vraiment être très, très, très porteuses.
Les statistiques...
et juste notre présence ici, féminine, va dans ce sens-là, je pense qu'on est à
peu près à 10 %... bien, les statistiques des femmes qui font de la
recherche au collégial, c'est 10 %. C'est évident qu'on est loin, loin,
loin de la parité. Alors... Et ce sont des étudiants collégiaux qui disent
qu'il faudrait absolument que le Fonds de recherche du Québec... les fonds...
le fonds, qui administre trois fonds, puisse procéder à une analyse
différenciée selon les sexes, et de faire en sorte que les femmes non seulement
étudiantes s'intéressent à la recherche, mais que les femmes professeures aussi
aient accès à la recherche puis peut-être accès à des recherches autres que
toujours en santé, éducation, préscolaire, primaire. Ça pourrait être aussi en
technologie. Les femmes en génie sont de plus en plus nombreuses. Poly a
diplômé 30 % de femmes cette année, ils visent le 50 %. Alors, je
pense que ce serait un bon moyen d'intéresser les femmes aussi en leur donnant
des bourses puis en favorisant cette parité. Est-ce que je... C'est dur d'être
en désaccord, j'imagine?
M. Fitzgibbon :
D'une part. D'autre part, je suis fier de dire que, sur... les trois
directrices... les trois directions générales des fonds de recherche,
c'est trois femmes. Alors, Rémi Quirion est, évidemment, en haut de ça, puis il
y a trois femmes qui sont là, puis je suis très content de ça. Au même titre
que, chez Investissement Québec, on est rendus, je pense, à 55 % de la
population qui est féminine. Alors, je suis totalement vendu à l'idée.
Puis d'ailleurs, je
saute du coq à l'âne, là, mais je vous annonce que... bien, vous le savez
probablement, on a une consultation qui a commencé sur la SQRI, qu'on doit faire.
Mme David :
Je m'en viens à ça.
M. Fitzgibbon :
Alors, je pense que vos recommandations, les gens qui vous entourent, qui sont
près de la recherche... Rémi va
participer, avec Luc Sirois... alors, je vous encourage à ramener vos idées,
là, si on les oublie, là.
Mais, pour revenir
aux femmes, oui, je pense que c'est un bassin additionnel de talents qu'on a
besoin au Québec présentement. On parle du 148 000 postes non
comblés, on a... et je pense...
Mme David :
Et vous savez que les femmes sont, évidemment, majoritaires partout aux études
postsecondaires, partout, dans toutes les disciplines, à peu près, sauf
quelques-unes, dont génie, mais elles sont à peu près présentes partout.
Pourquoi? Parce que, bon, elles sont studieuses, et elles ont des bonnes notes,
et elles rentrent à l'université, puis elles sont ambitieuses et déterminées.
Donc, il n'y a aucune raison de les sous-estimer, d'une part, et de ne pas les
reconnaître.
En parlant de reconnaissance,
il y a eu quelque chose qui était...
(Interruption)
Mme David :
Oups! Excusez. Ça, c'est mon minuteur à moi.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...qu'il reste 1 min 45 s
Mme David :
Ah! c'est dommage, hein? Dites à Rémi Quirion qu'il y a quelque chose qui est embêtant
aussi, c'est que, comme vous avez ouvert les
bourses aux étudiants internationaux, au doctorat, entre autres, bien, le
nombre de demandes a augmenté beaucoup, la proportion des subventions
n'a pas nécessairement augmenté autant, ça a fait chuter de 37 % à
28 % le taux de succès. C'est plate au doctorat, ça, taux de succès d'à
peu près un quart, là. Alors, il faudrait,
si on donne plus de places à tous les étudiants, ce avec quoi je suis d'accord,
donner des montants qui permettent de remonter le taux de succès des
bourses. Pas de bourses, pas d'étudiants au doctorat, perte sèche énorme pour
la société.
• (12 h 30) •
M. Fitzgibbon :
Je suis conscient de ça. Le débat qu'on a avec Rémi, c'est de savoir :
C'est-tu le nombre de boursiers ou le
montant de la bourse? Il y a un équilibre à avoir, considérant les budgets.
Puis on a eu ces discussions-là à plusieurs reprises au statutaire. Il y
a beaucoup de gens qui se plaignent qu'on a réduit les bourses parce qu'on a
élargi la base. Puis d'autres disaient qu'on devrait rétrécir la base puis
d'avoir un montant plus... C'est un débat qu'on doit avoir...
Mme David :
Et je le répète, au doctorat, on est quand même assez vieux, là. Alors, si vous
voulez des jobs à 56 000 $ et plus, payez-les au moins un peu plus
que le salaire minimum quand ils font un doctorat en physique quantique. Merci
beaucoup, M. le ministre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Merci pour le bel échange.
Alors, nous poursuivons avec le troisième groupe d'opposition, avec la
députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, tout le monde. Très heureuse de poursuivre les crédits
en économie aujourd'hui avec le ministre, et son équipe, et les homologues des
autres partis. Je vais prendre la balle au bond. Je trouve ça très intéressant
ce que la collègue vient d'amener concernant la recherche. Et comme le ministre
va éventuellement reprendre... En tout cas, on ne sait pas exactement comment
ça sera redistribué, mais demain on sait que c'est le ministre de l'Économie
qui va prendre le développement régional, je vais en profiter pour simplement,
là, le questionner à ce sujet-là parce qu'on sait que c'est difficile d'aller
chercher de la relève en recherche dans les universités de région.
Et j'aurais aimé, j'aurais souhaité savoir, là,
s'il y a des incitatifs qui sont déjà envisagés. On a parlé de bourses pour la
recherche dans les CCTG. Est-ce qu'il y a d'autres incitatifs qui pourraient
mis en place parce que, bien, je ne sais pas si mon centre de recherche fait
partie de ceux que vous avez visités, mais Nergica est un très bel exemple, là,
de ce qu'on est capable de faire à Gaspé pour améliorer la transition
énergétique, notamment. C'est en fait
l'ancien technocentre éolien. Donc, moi, ça m'intéresse particulièrement de
savoir si on va essayer de décentraliser ou du moins, là, d'attirer plus
de... Bien, de promouvoir la création de chaires de recherche en région.
M. Fitzgibbon : Bien, oui, je
pense que c'est conséquent avec ce qu'on a discuté tantôt, mais effectivement
le pense que la solidité d'une entreprise va en grande partie être ancrée sur
l'application et l'innovation qui l'entoure. Puis
je pense que, si on veut survivre, ici, au Québec, considérant notre régionalité,
il faut des... Là, je pense à Merinov, là. Je ne connais celle que vous
avez mentionnée, je connais Merinov, là, parce que récemment j'étais là, là,
mais des projets comme ça en région sont essentiels, je pense, pour créer de la
main-d'oeuvre qualifiée puis qu'il y ait des avantages comparatifs, peut-être
aussi de certains... certains secteurs industriels. Là, l'autre a mentionné les
pales, les fameuses pales d'éolienne.
Alors, oui, je pense qu'on doit... D'ailleurs,
la stratégie de développement régional qu'on va continuer, là, ma collègue
avait commencé puis on va continuer dans ce sens-là avec Mme la ministre
déléguée, on doit absolument, pour permettre l'emploi en région, offrir que les
gens, les jeunes en recherche soient là puis veuillent vouloir continuer à
aller dans les régions. C'est clair que ça va passer là. On ne va pas vite
partout, mais il faut trouver des pôles
thématiques. Dans votre coin, bien, il y a en un au niveau des industries
halieutiques, qui serait pas mal logique.
Mme Perry Mélançon : Absolument.
Puis je pense aussi à l'érosion des berges qui est un sujet chez nous.
L'érosion des berges, c'est vraiment très problématique dans ma région et bien
d'autres. Donc, c'est clair que, pour moi, il y a un beau potentiel de
développement en recherche, là, dans les régions, et je pense que ça vaudrait
la peine que le ministère s'y attarde particulièrement.
Je vais aller dans les sujets que j'avais pour
nous ce matin parce que, bon, le ministre de l'Économie a déjà confié être
allergique au mot subvention. Donc, pour soigner ses symptômes, il nous a
inventé le concept prêt pardonnable. Et le problème, c'est difficile, disons,
de savoir comment le ministre s'y prend pour prescrire, là, les prêts
pardonnables. On a parlé de dossier crédit exemplaire. Il faut que l'entreprise
soit capable de débourser 10 millions dans le projet qui pourrait recevoir
le pardon. Elle doit avoir créé un certain nombre d'emplois payants ou conservé
des emplois, bon, peut-être que oui, peut-être que non. Alors, c'est encore
assez flou. Mais ce qu'on en comprend rapidement comme ça, c'est qu'une
entreprise doit avoir une situation financière assez bien, là, pour pouvoir
toucher à ces prêts-là. C'est comme à se demander, si finalement le programme
avait été imaginé pour des entreprises qui n'en ont pas besoin. Mais ça, c'est
ma petite parenthèse. Peut-être que le ministre pourrait nous donner, là, un
peu plus d'éclaircissement sur les critères qui encadrent les prêts
pardonnables.
M. Fitzgibbon : Je pense que la
première chose que j'aimerais dire, c'est que le prêt pardon, le programme SPRINT qu'on a appelé, là, d'abord, sur le site
Web du ministère, je pense que c'est assez bien décrit. Ce programme-là,
il faut le comprendre, il a été créé pour un objectif très spécifique. Nous
voulions, d'une part, permettre l'innovation en l'entreprise de façon
relativement substantielle, minimum 10 millions, et, d'autre part, nous
voulions augmenter le salaire moyen en supportant les entreprises qui vont
pouvoir payer nos employés, nos Québécois un salaire minimum, là, je pense que
c'est 55 000 $ qu'on a mis sur la feuille, là.
Donc, il y a deux critères. Création d'emplois
bien rémunérés, je pense qu'ici, ça mérite une subvention. Et d'autre part si
l'entreprise investit plus que 10 millions, consolide des postes parce que
souvent ce n'est pas des nouveaux postes, mais on solidifie une base et on peut
augmenter un peu les salaires parce qu'en bout de piste, si on est plus
productifs avec le même nombre d'employés, on peut payer plus d'argent, faire
plus de profit. Alors, tu sais, c'est une roue qui tourne.
Alors ça, ce projet-là, il est très central,
très, très central au développement économique du gouvernement. En date, on a
peut-être une vingtaine de ça qui ont été faits. Il va y en avoir combien? On
l'a ouvert pour un an. On va voir qu'est-ce qui va arriver. Mais ça, ça
n'enlève pas que des entreprises qui ne seraient pas nécessairement éligibles
au programme SPRINT du prêt pardon pourraient avoir d'autres choses. Ce n'est
pas, on est pardon ou on n'a rien, là. On a Investissement Québec. Vous vous rappelez, on a créé
Investissement Québec régional, on a les MRC, avec Accès entreprise Québec,
on a les fonds locaux d'investissement. Donc, on a un paquet de menus
disponibles pour les entreprises.
Mais je dois avouer que celui-là, le programme
SPRINT, là, le prêt pardon, je trouve qu'il est intéressant parce que ça
accomplit deux objectifs. Et d'autre part, pour conclure, on le fait a
posteriori. Le problème des subventions,
dans le passé, c'est qu'on donne une subvention, vous venez me voir : Ah!
je vais créer des jobs. Parfait, on te donne 2 millions. On arrive,
après deux, trois ans, ce n'est pas fait. Là, le pardon, ça se fait a
posteriori. Vous me dites : On va créer des jobs. Parfait. Dans cinq ans,
on ajustera.
Mme Perry Mélançon : Mais
est-ce que le ministre est d'accord que, quand on demande à des entreprises de
créer des emplois, bien là on parle des emplois payants, mais à coûts, quand
même, de dizaines, voire de centaines d'emplois pour accéder à ce pardon-là? On
ne s'adresse pas beaucoup... ou, en tout cas, on n'est pas... ce n'est pas...
les prêts pardonnables ne sont pas très accessibles, là, pour les PME. Puis on
s'entend que les PME sont 99,8 % des entreprises québécoises. Alors,
est-ce que, finalement, le prêt pardonnable... Est-ce qu'on pourrait me donner
un exemple de PME qui pourrait accéder à ces prêts-là, là?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
toutes les PME qui peuvent investir 10 millions. 10 millions, c'est
un gros montant, mais ce n'est pas si gros que ça. Mais je vais répondre
différemment à votre question, parce que la question, c'est : Est-ce qu'on
est capable d'aider les entreprises qui n'ont pas nécessairement la capacité de
dépenser 10 millions sur un projet? La réponse, c'est oui.
Je regarde... Tu sais, j'avais déjà dit ça la
semaine passée. Puis je regarde, là... J'ai les chiffres récents de l'année
complète. Cette année, le fonds... FDE, comme vous savez, c'est le Fonds du
développement économique, géré par le ministère de l'Économie, via
Investissement Québec. On a 68 % de nos interventions qui sont des
entreprises à moins que 50 employés. Bon, là-dedans, y a-tu des prêts
pardon? Probablement pas beaucoup. Il y en a un
peu. Mais il y a d'autres choses. On fait des prêts quand même. On a des prêts
de redevances, on a d'autres formes d'assistance, du capital patient.
Donc, je
pense qu'on est capable de démontrer, cette année, une hausse importante, là.
On parle de 1 000 entreprises qui ont été... 1 000
interventions qui ont été faites en 2020‑2021, alors que la moyenne avait été
de 200, 300 dans les quatre années précédentes. Il y a eu la COVID, c'est sûr,
qui a «requéri» une plus grande intervention, mais il n'en demeure pas moins
que nous sommes présents avec les PME, et que nos programmes doivent être
ajustés.
Donc, je
pense que SPRINT est un bon programme. S'il y a des PME qui ont des projets à
5 millions, on va les aider différemment. Je pense qu'on est capable de
s'ajuster par rapport aux besoins des PME, puis il faut aider les PME.
Mme Perry Mélançon : Oui, il
faut aider les PME. Ça, j'aime ça. Je vais accrocher, je pense, sur cette citation-là,
en plein vol, pour, bien, parler finalement de l'AERAM, qui est une autre forme
d'assistance, qui est, bon, temporaire, on comprend, là, étant donné la crise
COVID, mais qui, finalement, se poursuit, là. On a reconduit le programme
encore cette année.
Et plusieurs nous ont dit qu'il y avait de la difficulté
à s'adapter aux critères pour multiples raisons. Puis là je vais y aller dans
des cas assez concrets pour qu'on puisse regarder ensemble les propositions
qu'a le ministre dans ces situations-là.
Parce que la semaine dernière le ministre a
affirmé que les commerces de détail avaient droit à une aide à travers l'AERAM, mais cette aide-là n'est pas
adaptée à ce secteur-là précisément parce
qu'on sait que les pertes qui sont
entraînées par les inventaires qui ne sont
pas écoulés, donc, tout ce stock-là, ils sont pris avec, et c'est bien
difficile, là, de le projeter dans les autres saisons. Il n'y a aucune
aide, là, qui... en ce moment, pour pallier à ces inventaires-là non écoulés.
Alors, ça, on sait que ça peut facilement mener
à une faillite pour un petit commerce, là. Est-ce qu'on peut s'engager à une forme d'aide plus adaptée pour
soutenir les commerces de détail, qui, je le dis, animent toutes les régions
du Québec?
• (12 h 40) •
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
c'est sûr que... quand on a annoncé les zones rouges ou noires, là, l'AERAM
bonifié, on avait en tête les restaurants parce que, dans leur cas, il y a eu
une réouverture, une deuxième réouverture, il va y en avoir une troisième,
alors c'est sûr dans ces cas-là tout ce qui était inventaire périssable
devenait un enjeu.
Donc, c'est clair qu'il y a un mois, on a fait
l'ajustement, on s'est dit : O.K., ceux qui vont réouvrir deux fois puis
qui se sont fait dire de fermer rapidement ont un problème. Alors, avec mon collègue
Mario Limoges, qui est ici, sous-ministre adjoint aux entreprises, on a ajusté
l'AERAM pour rapidement donner ce support-là.
Ce qu'on a fait pour les autres, c'est qu'on
dit : On donne 15 000 $ de remboursement de frais fixes pour
ceux qui ont fermé en bas de 90 jours, 30 000 $ entre 90-180,
puis 45 000 $, en haut de 180. Donc, des commerces qui auraient été fermés assez longtemps ont droit,
en plus, d'avoir le 15 000 $, 30 000 $ ou
45 000 $. Et ces dépenses-là pourraient être éligibles. On
parle des dépenses complémentaires à ce que le fédéral rembourse. Donc, on
parle de loyer. Donc, il y a un moyen, je pense, d'aller chercher un peu
d'argent quand même pour les commerces qui ont été fermés, de dépenses qui ne sont
pas remboursables par les programmes fédéraux.
Mme Perry Mélançon : C'est ça,
parce qu'en fait, «inventaire périssable», là, c'est très, très subjectif, là,
parce que des manteaux d'hiver pas vendus, là, dans la saison d'hiver, pour
moi, c'est périssable. On ne pourra pas les vendre de
sitôt. Alors, on est pris avec ça. Puis on nous dit que l'aide présentement ne
leur permet pas de pallier à ces pertes colossales.
Plusieurs commerçants
aussi, surtout en région, bien, en tout cas, notamment en région, sont
propriétaires de leur local aussi. Donc,
l'AERAM ne couvre pas les hypothèques. Est-ce que le ministre est prêt à
ajuster son programme pour soutenir un plus grand nombre de commerces?
M. Fitzgibbon :
J'y vais de mémoire, là, je n'ai pas le chiffre dans la tête, mais, si
l'entreprise est propriétaire, elle n'a pas d'hypothèque, mais elle va
avoir quand même des dépenses de taxes, des dépenses liées au... Excusez, je
recommence. Si le commerce loue, il y a un frais de loyer, donc, déductible, il
est éligible. Si le propriétaire détient son commerce, il va y avoir d'autres
dépenses, taxes, intérêts.
Mme Perry
Mélançon : Donc, rien pour l'hypothèque.
M. Fitzgibbon :
Hein?
Mme Perry Mélançon :
Donc, rien pour l'hypothèque, comme telle.
M. Fitzgibbon :
Pour le capital, non. Pour la partie intérêts, oui. Je vais y aller de mémoire.
L'intérêt est-tu couvert, hein?
Mme Perry
Mélançon : L'intérêt, oui, il me semble.
M. Fitzgibbon : Le capital, non, parce que le capital... tu sais,
si je paie mon hypothèque, je paie le capital, bien, c'est de la valeur
que je crée, l'hypothèque. Ça fait que je pense que le loyer versus hypothèque
et taxes, devrait être un peu équivalent.
Mme Perry
Mélançon : O.K. Il faudrait voir avec les propriétaires de ces
commerces-là.
M. Fitzgibbon :
Puis un commentaire sur ça, je pense que les banques ont quand même eu... Moi,
je veux remercier les banques, parce que les institutions financières, souvent,
on les traite méchamment, là, mais plusieurs ont ajusté les remboursements qui
sont dus par les propriétaires d'immeubles, ils ont donné un moratoire, là. Je
pense que, bon, ils repoussent à plus tard, là, mais il y a quand même eu... au
niveau liquidités je pense qu'il y a des choses qui ont été faites qui ont aidé
aussi, de la part des institutions financières.
Mme Perry
Mélançon : C'était... Je le
rappelle, là, je reprends vraiment des... oui, merci, Mme la Présidente, deux minutes, donc je reprends vraiment ce qui
nous est confié, là, par les gens sur le terrain, les commerçants dont, justement,
des entreprises qui ne sont pas couvertes parce qu'elles n'ont pas été fermées par le décret du gouvernement. Mais on s'entend
que des entreprises de sonorisation et éclairage, quand le culturel est pas
mal, était pas à zéro, là, sur le neutre, on n'avait pas besoin de ces
services-là. Il faut dire qu'en région il n'y a pas autant de potentiel, de
débouché présentement, donc il y en a plusieurs qui quittent... on perd des
talents présentement, là, qui vont vers les grands centres. Est-ce que justement
l'AERAM pourrait être plus flexible, puis qu'on rende admissible à un plus
nombre d'entreprises, dont les milieux culturels et corporatifs, donc qui
pourrait être élargie jusqu'à eux, là?
M. Fitzgibbon :
C'est sûr que la décision qui a été prise quand on a créé l'AERAM, c'était pour
dire : Ceux qui sont sujet à un décret ministériel de fermeture sont
éligibles à l'AERAM. C'est facile à réguler, là, parce que c'est par décret. On
a fait des exceptions, par exemple... bien, les restaurants, par exemple, ne
sont pas fermés totalement, hein, ils font de la livraison, ils font de la
prise en charge, les traiteurs qu'on inclut aussi. Écoutez, à ce stade-ci, je
ne pense pas qu'on veuille changer la définition. Par contre, ce qu'on va toujours
réaliser que, ou à comprendre que, les FLI, les Fonds locaux d'investissement
ont une latitude. M. Limoges et son équipe donnent la latitude au FLI de
pouvoir faire des aménagements. Bon, je ne veux pas que ça, ça soit pris comme
étant on va dire oui à tout, là, mais, bon, tu sais, on est réalistes. Une personne
qui a un prêt du FLI dans le programme PAUPME, qui n'a pas d'AERAM, donc il
rembourse son prêt, bien, à un moment donné, il va falloir voir comment le prêt
va être remboursé. On n'ira pas fermer les établissements à qui on a prêté parce
qu'ils ne sont pas capables le repayer.
Mme Perry
Mélançon : Oui, je comprends.
M. Fitzgibbon :
Tu sais, on... je ne veux pas dire qu'on va leur donner un congé, là, mais on
va... on laisse beaucoup de flexibilité aux FLI parce qu'ils sont dans les
régions sur place pour s'ajuster avec les entrepreneurs pour voir comment on
peut s'arranger. Je pense que ça, c'est une réponse générale, mais, je pense,
cette approche-là, je pense qu'elle va fonctionner.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, merci pour l'échange. Nous
poursuivons cette fois avec le dernier bloc, toujours avec l'opposition
officielle, avec le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, Mme la
Présidente. Alors, un autre 20 minutes, n'est-ce pas?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : ...
M. Leitão :
Très bien. M. le ministre, j'aimerais... avant de passer, on parlera
d'exportations, mais avant d'aller aux exportations, j'aimerais quand même
poursuivre un peu avec le Grand Prix. Pour ce qui est du... voyons, le
prolongement du contrat, donc d'ajouter les deux ans, est-ce que c'est la F1
qui vous a demandé ça? C'est vous, c'est le
gouvernement qui a suggéré ça dans le processus de négociation? Comment on est
aboutis à cet événement-là, d'ajouter deux ans au contrat?
M. Fitzgibbon :
En fait, moi, je voulais avoir cinq ans ou 10 ans, même, j'avais essayé.
Écoutez, il y a eu... ça a duré quoi, huit heures, les négociations, là, je ne
sais pas, je n'ai pas le fil du temps complètement, mais c'est sûr que c'est
une négociation, puis en négociation, il y a deux parties qui se parlent. Il
faut comprendre aussi, puis ça, ce n'est pas public, puis je ne le dirai pas
aujourd'hui, mais le contrat existant, encore une fois, qui n'a aucun rapport à
Bell puis à Octane, là, c'est un contrat des quatre bailleurs de fonds, là. Je
répète les quatre, vous les connaissez. Le contrat finissait en 2029. Il y
avait une clause escalatoire. Donc, vous pouvez faire votre calculette, là, on
payait 18,8 millions en 2021, si on avait eu le Grand Prix, mettez
l'escalation de ça, en 2029, vous allez conclure que le 25 millions en
2030, bien, c'est marginalement plus élevé que 2029.
Alors, l'enjeu, il
était plus de voir combien d'années ils pouvaient nous donner que du montant. Alors,
on a conclu que deux ans, c'est un beau chiffre. Deux ans qu'on n'a pas fait de
Grand Prix, en 2020 puis 2021, on rajoute deux ans, ça fait 10 ans. On a
10 ans de Grand Prix. J'aurais aimé en avoir 20, mais on en a eu 10. On va
profiter de ce petit gain là pour enrichir le Québec.
M. Leitão :
Très bien. Donc, ça n'a jamais été vraiment question qu'ils s'en aillent?
M. Fitzgibbon :
Hein?
M. Leitão :
Ce n'était vraiment jamais question qu'ils s'en aillent, que le Grand Prix
annule Montréal, parce que c'était dans l'intérêt de toutes les parties de
s'entendre pour trouver un moyen de pérenniser le Grand Prix, qui est apprécié
tant par Montréal, par l'économie montréalaise, que par le F1 elle-même.
Mais, comme je vous
avais dit tantôt, ce que je trouve qui est différent maintenant, encore une
fois, c'est l'arrivée de Bell dans le portrait. Vous avez mentionné encore
maintenant, dans votre première réponse, les quatre bailleurs de fonds,
gouvernement fédéral, provincial, municipal et Tourisme Montréal. Bell, ils ont
acheté Octane, bon, très bien, mais à part
ça, pourquoi est-ce qu'ils ne participent pas non plus? C'est parce qu'ils ont
assez de... c'est une entreprise qui a les reins très solides, je pense
qu'ils pourraient participer aussi, en tant que bailleurs de fonds.
M. Fitzgibbon :
On aurait pu demander à beaucoup de monde, là, effectivement, mais écoutez,
c'est ça qui était le... il faut comprendre les retombées économiques d'un
Grand Prix vont à qui? Ils ne vont pas à Bell, ils vont au gouvernement. Le gouvernement,
dans tous les états, c'est eux qui paient les Grand Prix, parce que les
retombées économiques, c'est mécanique, on reçoit une piastre, on paie 50 sous,
on en fait à tous les jours, des deals comme ça, alors il n'a jamais été
question, jamais, jamais, jamais, qu'Octane participe. Un promoteur de Grand
Prix n'a pas à payer des frais de course, le promoteur de Grand Prix gère une
opération, alors Bell va gérer ça comme ça aurait pu être géré par d'autres
personnes, alors pour moi, ça n'a aucun rapport avec l'institution, les quatre
institutions. Dans le cas du Québec, Tourisme Montréal était... voulait
participer, parce qu'eux autres, les hôteliers, évidemment, c'est une retombée
extraordinaire, là, et Tourisme Montréal paye 5/15 du... le tiers du frais de
course, mais imaginez des retombées qui rentrent dans les hôtels, alors tout ça
devient mécanique, alors, autant le gouvernement fédéral que le Québec, que
Tourisme Montréal et la ville de Montréal, on est heureux, on est heureux de
faire ce chèque-là. Les retombées sont tellement importantes.
• (12 h 50) •
M. Leitão :
Très bien. Écoutez, moi, je pense que les retombées ne sont pas si importantes
que ça. Que le gouvernement soit content, écoutez, les gouvernements, au fil du
temps, on a mis des sous là-dedans, si on fait un calcul rapide, là, avec toute
la modernisation et les rénovations au Circuit Gilles-Villeneuve, je pense
qu'on n'est pas loin des 500 millions de dollars, là. Donc, oui, il faut
protéger cet investissement collectif qu'on a fait dans cette affaire-là. Très
bien, mais pour ce qui est des retombées, là, année après année, je pense
que... parce que vous l'avez mentionné déjà, plusieurs fois. Les retombées, il
y a des retombées, mais il faut faire un peu attention, là. Il y a, pour le
Grand Prix de Montréal, je ne sais pas, mais 30 000,
40 000 personnes qui viennent de l'extérieur, qui viennent à
Montréal, qui restent quatre, cinq jours. C'est très bien, et pendant cette période,
ils restent ici, ils dépensent beaucoup de sous, et, certainement, ça génère
des retombées, je comprends très bien que pour les hôteliers et l'industrie du
divertissement à Montréal, au centre-ville de Montréal, c'est une période extrêmement
intéressante d'un point de vue affaires. Mais Montréal reçoit, je ne sais pas,
moi, 10, 11 millions de touristes par année, alors 30 000,
40 000 pour un événement particulier, aussi bon soit-il, et il est un
très bon... très belle vitrine pour Montréal, mais en tout cas, moi, je vous
dis, là, je vous dis, à vous et à ceux qui nous écoutent, moi, j'ai toujours
beaucoup douté des retombées. Il y a des
retombées, mais en tout cas je me garderai une petite gêne parce que je ne
pense pas que ce soient des retombées
aussi importantes que cela, notamment pour la ville de Montréal. C'est vrai que
le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial, oui, les revenus
fiscaux sont intéressants, mais pour la ville de Montréal, il y a aussi des
dépenses additionnelles avec l'organisation de cet événement-là, pas sûr que la
ville, net-net comme on dit, va chercher beaucoup de sous.
Mais enfin, passons à
quelque chose d'autre, exportation. Alors, on a beaucoup parlé récemment de
richesse, création de richesse, développement économique, l'importance de
fermer l'écart avec l'Ontario. Personnellement je pense que l'exportation joue
un rôle majeur dans ce processus-là. Le marché québécois, 8 millions de
personnes, c'est quand même un marché
intéressant mais notre capacité de vendre nos produits et nos services à
l'extérieur, je pense que c'est de là que va venir à une très grande
partie de cette création de richesse.
Et si on veut
fermer l'écart avec l'Ontario, alors si on regarde ce que l'Ontario fait, ce
que l'Ontario a fait et ce que l'Ontario continue de faire, c'est
l'exportation, c'est une machine à exporter, une formidable machine à exporter.
Alors, dans cet ordre d'idée là, et vous l'avez
mentionné aussi à plusieurs reprises, M. le ministre, que votre objectif
aussi, c'est de rehausser les exportations, alors pourriez-vous nous dire,
juste de façon générale, comment est-ce que vous allez vous prendre pour
rehausser les exportations québécoises dans le monde postCOVID qui finira par
arriver un jour, là, on l'espère, que ça arrive rapidement, mais comment est-ce
qu'on va faire pour rehausser nos exportations?
M. Fitzgibbon : Écoutez, merci
de poser la question parce que ça me permet de retourner pas plus tard que le mois de novembre 2020 où, avec mon
collègue Hubert Bolduc, le président d'Investissement
Québec International, et M. Leblanc, nous avons annoncé un
programme jamais vu dans le passé de 550 millions pour augmenter nos exportations. Ce programme était divisé en deux
parties, une partie avec capital puis une partie budgétaire sur cinq ans.
Quand on a analysé les compositions, on a vu,
là — puis
j'y vais de mémoire, là, je n'ai pas les chiffres devant moi — après
11 000 exportateurs au Québec, donc il faut évidemment s'assurer
qu'on augmente le nombre de sociétés
qui vont exporter, mais, plus important, la règle de Pareto s'applique ici. Je
pense qu'il y a 1 000 des 11 000 exportateurs — le
chiffre, je peux me tromper, c'était peut-être 800, là — qui
représentent pratiquement 70 % de l'ensemble de l'oeuvre. Or, en même
temps qu'on veut augmenter la base du nombre de sociétés qui vont exporter,
moi, je veux qu'on prenne ceux qui exportent et qu'ils doublent leurs
exportations.
Il y a un des enjeux qu'on a dans l'exportation,
c'est qu'il faut que l'entreprise soit internationale dans son «mindset». Il faut que l'entreprise soit...
métabolise c'est quoi l'internationalité de l'offre. Par exemple, on va
permettre à des sociétés québécoises
de pouvoir établir des places d'affaires à l'international, l'Europe, qui est
le cas le plus évident. Avec l'Accord
de libre-échange de l'Europe, on peut maintenant transiger, comme vous le savez
très bien, plus facilement en Europe. Sauf que l'Europe, c'est
26 pays, 27 langues — ou l'inverse, là — 26...
alors, c'est complexe. Alors, il faut que...
Pour une entreprise québécoise qui veut être performante en Europe, qu'elle ait
une place d'affaires là-bas, donc on va financer au Québec, une
compagnie québécoise. Alors, on a un programme très ambitieux de donner des
munitions à nos sociétés québécoises qui performent déjà, puis on veut qu'ils
doublent leurs exportations.
Alors, je pense que ça, ça va permettre... Parce
que vous savez, comme moi, l'écart commercial international au Québec est
déficitaire, depuis nombre d'années, de 23 milliards en 2019. Il s'est
résorbé un peu en 2020, mais je pense que
c'est plutôt conjoncturel que structurel, puis on a 20 milliards d'écart.
Donc, il faut absolument, puis je suis d'accord avec vous à 100 %,
il faut exporter plus, puis peut-être, dans certains cas, importer moins.
Mais on travaille aujourd'hui sur les
exportations, donc on a un programme de 550 millions, 250 millions de
capital, 200 millions de crédit budgétaire, quatre ans. On verra avec le
gouvernement fédéral sur les ORPEX qui est une belle initiative, ici, au Québec
dans les régions. On a pris des gens de MEI, Export Québec, sont maintenant
chez IQ International. On travaille avec Mme la ministre des Affaires
internationales sur... que l'autoroute fonctionne à deux dimensions ou à deux voies. Donc, les gens dans les délégations
du Québec à l'international travaillent aussi avec Investissement Québec, alors
je pense qu'on a les outils, parce qu'effectivement, pour conclure, il faut
exporter plus.
M. Leitão : Très bien. Oui...
nous sommes d'accord, M. le ministre. Nous sommes entièrement d'accord.
Honnêtement, je ne pense pas qu'il y a, ici, autour de la table, qu'il y aura
grand désaccord là-dessus, nous devons exporter
plus. Et vous avez mentionné, et aussi avec raison, que les entreprises
québécoises, il y a un nombre relativement limité, peut-être 10 %,
qui exportent beaucoup, qui exportent beaucoup plus que les autres. Et ces
entreprises-là, bon, il y a tous ces
programmes-là que vous avez mis en place, et très bien, ça va aider.
Généralement, ces entreprises sont plus grandes. Elles ont les reins
plus solides. Bon, tout ça, est très bien.
Mais quand nous parlons aux entreprises plus
petites. Quand nous parlons aux exportateurs québécois, manufacturiers et
exportateurs. Surtout, encore une fois, ceux qui sont un peu plus petits que
nos grandes multinationales, ils nous disent tous, unanimement, que leurs
problèmes maintenant, leurs freins à la production et à l'exportation c'est la
main-d'oeuvre. Ils n'ont pas assez de travailleurs. Ils ont des contrats qu'ils
ont beaucoup de difficulté à remplir les contrats. Ils n'arrivent pas à
augmenter la cadence de production parce qu'ils leur manquent du monde. Ce qui nous amène à toute la question
que l'on... on en a discuté longuement dans les derniers jours. Moi, je pensais
en discuter de cela avec vous déjà avant que ça devienne à l'ordre du jour,
mais la pénurie de main-d'oeuvre et le manque de main-d'oeuvre pour nos
exportateurs, il est extrêmement sérieux, il est très important. Et ça va
limiter leur capacité à exporter et... Alors, est-ce que votre ministère a un
point de vue là-dessus? Est-ce que vous travaillez avec les exportateurs
manufacturiers, exportateurs, pour essayer d'adresser cet enjeu-là? De s'assurer
qu'ils ne perdent pas de contrat parce qu'ils leur manquent du monde pour faire
rouler la machine.
• (13 heures) •
M. Fitzgibbon : Il y a
deux angles à votre question. La première, c'est que, comme j'ai dit
tantôt, Investissement Québec International via les délégations du Québec à
l'international, je pense, font un très bon travail, beaucoup plus harmonieux
qu'on avait dans le passé, pour accompagner humainement nos entrepreneurs à
comprendre les marchés dans lesquels ils veulent aller. Alors, ça, je pense que
je suis très satisfait du progrès qui a été fait en
faisant la fusion des deux, là. L'autre élément que vous parlez c'est la
pénurie de main-d'oeuvre, évidemment, qui est plus large que juste
l'exportation. On en a parlé ce matin en Chambre. Il y a
148 000 postes vacants au Québec.
Mais moi je persiste à croire, quand je parle à mes collègues ministre du
Travail, de l'Enseignement supérieur, qu'on a un bassin de
289 000 chômeurs. On a 200 000 étudiants qui ne travaillent
pas, desquels il y en a 70 000 dans les chômeurs, il y en a 130 000
qui ne sont pas dans les chômeurs. Ça fait que 130 000, 289 000, ça
fait 419 000. On a un autre bassin de population qui n'est pas compté
là-dedans aussi. On a un bassin de 400 000, 425 000 personnes.
On a 148 000 postes vacants duquel seulement 20 000 requièrent
un dossier universitaire ou un diplôme universitaire, donc il y en a
120 000 que ce n'est pas des diplômes universitaires. Alors, il faut
trouver une façon, puis M. Boulet... le ministre du Travail travaille
fortement sur ça. Il a eu un budget extraordinaire du ministère des Finances
dans la mise à jour au mois de novembre, et il a eu d'autres budgets
additionnels au mois de... les mois récents. Il faut avoir une solution québécoise.
Et je suis 100 % d'accord avec vous que le
plafond de verre, c'est la main-d'oeuvre, mais on a la masse, on a
400 000 personnes au Québec. Donc, il faut trouver une façon que les
employeurs puissent aussi convaincre. Hein, ça marche des deux côtés? Ce n'est
pas juste le gouvernement qui tape sur la tête du monde d'aller travailler, il
faut que les entrepreneurs, les entreprises puissent convaincre les gens qui ne
sont pas à l'emploi veuillent aller travailler. Alors, il y a un travail qui doit être fait, là. On parlait, votre
collègue, du système dual en Allemagne. J'adore beaucoup le système dual
parce que les entreprises, là-bas, commencent au secondaire à dire aux
jeunes : Venez travailler chez nous, voici ce qui se passe.
Alors, il y a un enjeu, je pense qu'on l'a cerné
et je pense que... les programmes, je pense, qu'ils existent.
M. Leitão : Très bien, les
programmes existent, mais force est de constater qu'ils ne portent pas encore
les résultats escomptés, là. Il va falloir qu'on soit plus agile, qu'on soit
plus imaginatif.
Vous
mentionnez qu'il y a 400 000 personnes — ou 800 000 bras, c'est ça? J'ai
bien aimé celle-là — personnes
qui potentiellement pourraient revenir sur le marché du travail. Mais, quand on
regarde ce bassin-là, ce qu'on voit, c'est qu'une grande partie de ces
400 000 personnes sont des personnes qui sont au chômage depuis déjà
un certain temps, donc c'est le chômage de
longue durée. C'est difficile à régler, ça. Ce n'est pas seulement des
personnes qui sont entre deux emplois, donc le chômage frictionnel, là, comme
on mentionnait, mais c'est vraiment le chômage structurel de longue durée. Et plus une personne reste en dehors
du marché du travail, plus difficile ça devient pour qu'elle réintègre
le marché du travail.
Alors, oui, il faut trouver un moyen de les
réintégrer, mais ça va être... Il faut qu'on soit un peu plus imaginatif que ce
qu'on fait jusqu'à maintenant. Par exemple, par exemple, je vous avais déjà
aussi mentionné une telle chose.
Et je vois, Mme la Présidente, qu'on va finir
bientôt. C'est ça? Donc, je vais quand même vous donner le punch, et on
reprendra cet après-midi.
Une des choses qu'on pourrait faire, il me semble,
et qu'on devrait faire, c'est, quand on considère l'aide aux entreprises, que
ce soit le programme SPRINT ou toutes sortes d'autres programmes, qu'on inclue
aussi, comme condition à l'octroi d'aide aux entreprises, des programmes de
formation. Si je suis l'entreprise XYZ, je vais recevoir un prêt pardonnable du
gouvernement du Québec, x millions de dollars, et donc je m'engage à engager,
je ne sais pas, moi, 500 personnes et à les former, puis je m'engage à
aller chercher des personnes... des chômeurs de longue durée et à les ramener
sur le marché du travail, à les former pour qu'ils puissent travailler dans ma
nouvelle usine que le gouvernement va m'aider à financer.
Donc, on reprendra cela cet après-midi.
M. Fitzgibbon : Non, c'est une
bonne suggestion. Puis d'ailleurs je vais juste faire une correction. Tantôt,
là, mon sous-ministre m'a remis à l'ordre. Il y a trois quarts des exportateurs
qui représentent... Non, il y a trois quarts des exportations sont par
750 exportateurs.
M. Leitão : C'est ça.
M. Fitzgibbon : Je n'étais pas loin, là, mais... Puis, bien,
merci pour votre recommandation pour la formation. Mais d'ailleurs le
ministre du Travail travaille sur ça, mais on ne fait jamais assez de
formation.
M. Leitão : Très bien. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Merci pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 14 h 45. Je précise que ça ne sera pas à cette
salle-ci, hein, cet après-midi, c'est à Kirkland, en bas.
(Suspension de la séance à 13 h 05)
(Reprise à 14 h 46)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. Nous reprenons... nous allons reprendre nos travaux.
Je
vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude du volet
Économie des crédits budgétaires du
portefeuille Économie et Innovation pour l'exercice financier 2020‑2021,
2020‑2022. Nous accueillons maintenant les représentants
d'Investissement Québec, effectivement, nous avons deux heures, un bloc sur le
volet Investissement Québec.
Nous donnons
maintenant la parole au député de Robert-Baldwin. La parole est à vous.
M. Leitão :
Merci, Mme la Présidente. Et je vous informe que je vais partager ce bloc avec
mon collègue député de Nelligan, donc, à un moment donné, je lui passerai la
parole.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Vous allez me faire signe.
M. Leitão :
Je vais vous faire signe. Ce sera probablement à la 19e minute. Non, non.
M. Derraji :
...je vous invite à le couper, Mme la Présidente.
M. Leitão :
Mais donc, à un moment donné, on fera ça. Alors, M. LeBlanc, bonjour, M.
le ministre, M. Bahan, rebonjour, on s'était vu plus tôt ce matin,
donc on va continuer nos échanges. M. le ministre, là où on s'était quitté à
13 heures, je peux y aller maintenant, on fera ça après, parce que,
maintenant, on va échanger un peu avec M. LeBlanc et Investissement
Québec. Et, pour ça, écoutez, je pense qu'on ne peut pas éviter... on ne doit
pas éviter d'aller sur l'enjeu qui a fait les manchettes, il n'y a pas si
longtemps que ça, et qui concerne la rémunération des hauts dirigeants d'Investissement Québec. Bien sûr que vous êtes au
courant que cela a choqué beaucoup de personnes, beaucoup de Québécois
ont été surpris d'apprendre que la rémunération des hauts dirigeants pourrait
augmenter d'une telle façon.
Alors, j'ai quelques
questions à cet égard-là, mais d'abord, est-ce que la nouvelle politique de
rémunération, est-ce qu'elle est publique maintenant ou est-ce qu'elle n'a pas
encore été rendue publique? Il y a des choses qu'on a entendues ici et là, dans
les médias, mais est-ce qu'officiellement elle est rendue publique?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, un instant, vous voulez poser une
question à qui, monsieur...
M. Leitão :
À M. LeBlanc ou M. le ministre.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, d'abord, si, M. le ministre, vous donnez
la parole à M. LeBlanc, j'ai besoin du consentement. Est-ce que tout le
monde me donne le consentement? Vous êtes d'accord. M. LeBlanc, je vous
invite à vous présenter et à donner votre titre. Merci.
M. LeBlanc
(Guy) : Oui, bonjour. Guy LeBlanc, P.D.G. d'Investissement Québec.
Alors, est-ce que la politique de rémunération de la haute direction est du
domaine public? Elle le sera dans notre rapport annuel où on va décrire
l'ensemble de la politique et avec le plus de transparence possible.
M. Leitão :
Très bien, merci. Donc, dans le rapport annuel qu'il vise, lequel rapport annuel,
quand est-ce qu'il sera publié?
M. LeBlanc
(Guy) : C'est le rapport annuel pour l'année 2020‑2021 qui
devrait être... On a un conseil d'administration à la fin du mois de mai, il
devrait être déposé vers la mi-juin ou à peu près.
M. Leitão :
Très bien. Merci. Donc, ça nous donne un ordre d'idées du «timeline», très
bien. Merci.
Maintenant, les...
bon, les propos qui ont été lus dans les médias, c'était comme quoi la
rémunération des hauts dirigeants pourrait doubler vis-à-vis ce que c'était avant,
cette nouvelle politique de rémunération là.
Ce que j'aimerais
savoir en fin de compte, c'est deux choses. D'abord, pourquoi? Est-ce que vous
pensez que c'est... pourquoi
est-ce que, soudainement, on dépose une nouvelle politique de rémunération qui
peut mener à... qui peut avoir comme effet que les salaires des cinq ou
six hauts dirigeants puissent doubler? On a entendu dans les médias aussi, je ne l'ai pas entendu de vous, et donc je
ne vous prête pas d'intentions, mais j'ai entendu ici et là que : Ah! il
faut... si on veut les meilleurs, il faut avoir les conditions
appropriées pour qu'ils restent. Est-ce que le comité-direction d'Investissement
Québec était sur le point de quitter,
là, s'il n'y avait pas eu cette nouvelle politique de rémunération?
• (14 h 50) •
M. LeBlanc
(Guy) : Il y a eu... Est-ce qu'ils étaient sur le point de quitter?
Bien, il y en a à peu près la moitié qui ont
quitté. Il y a des gens qu'on est allé chercher parce que c'est important
d'attirer le talent et pas seulement de le retenir. Vous savez, le
nouveau mandat qui a été donné à Investissement Québec, mandat beaucoup plus
large, est la principale raison pour laquelle la politique de rémunération se
devait d'être en ligne avec le mandat, avec des objectifs extrêmement ambitieux
et ça prenait aussi le talent pour livrer ce mandat.
M. Leitão :
Très bien. Mais les personnes qui ont été engagées, vous et certains de vos
collègues qui ont été engagés avec l'arrivée du nouveau gouvernement, vous
aviez été engagés avec l'ancienne politique de rémunération. Donc, si la
nouvelle politique de rémunération n'avait pas été finalisée avec le conseil
d'administration, est-ce que... vous et vos collègues arrivés en 2019‑2020,
est-ce que c'était une condition pour que vous restiez là?
M. LeBlanc
(Guy) : Je vais simplement corriger un point, c'est que je n'ai pas
été engagé avec l'ancienne politique. Au moment de mon embauche, il y a eu un
décret qui stipulait qu'il y aurait un régime d'intéressement à long terme, et
c'était absolument essentiel que ce régime d'intéressement à long terme soit
présent dans le décret pour faire savoir au marché qu'il y avait possibilité
d'aller travailler chez Investissement Québec et d'avoir un traitement salarial
comparable à ce qui existe dans les institutions financières comparables à
Investissement Québec, en l'occurrence, par exemple, un Fonds de solidarité, un
Desjardins Capital ou le Fondaction, banque... la BDC et ainsi de suite. Alors,
on s'est comparés à ces institutions, non pas à la Caisse de dépôt, non pas aux
grandes banques canadiennes, mais clairement dans le 50e percentile des
institutions comparables.
M. Leitão : Bon. Merci de votre
candeur. Je pense que ce que vous venez de dire n'était pas nécessairement connu du grand public, ni même des parlementaires.
Alors, c'est bien d'avoir amené cette précision, qui ne me rassure pas
beaucoup, mais au moins c'est clair.
Je pense que mon collègue député de Nelligan a
quelques questions, mais je vais vous poser une dernière question avant de
passer la parole à mon collègue. Vous avez mentionné d'autres institutions,
Fonds de solidarité et autres. Pensez-vous... Je pense que je connais la
réponse. On se pose une question, est-ce qu'on a la réponse? C'est approprié?
Est-ce que c'est approprié pour un organisme comme Investissement Québec
d'avoir une composante de la rémunération de la haute direction si élevée, une
composante variable de la rémunération? Je dis ça parce qu'évidemment vous avez
dit : Ce n'est pas une banque, ce n'est pas... Alors, il me semble, d'un
point de vue juste des principes, qu'une rémunération avec un élément variable
si élevé peut induire des comportements normaux, mais qui ne sont pas nécessairement
les bienvenus. Donc, c'est cet aspect-là qui me dérange à moi, personnellement.
Le fait que la partie variable soit une partie si importante de la rémunération
globale de la haute direction.
M. Fitzgibbon : ...je vais
répondre à la question parce que cette décision-là a été prise avant l'embauche
de M. LeBlanc. Une chose j'aimerais corriger par contre, c'est que vous
dites : Le public ne le savait pas, là. C'est faux parce que quand
M. LeBlanc a été engagé, cher député, il y a eu un décret ministériel,
c'était public. Donc, toute la rémunération du P.D.G. d'Investissement Québec
est connue depuis deux ans. Donc, juste pour corriger les faits.
Deuxièmement,
effectivement, quand a regardé l'architecture de la rémunération des dirigeants
d'Investissement Québec, il était pour moi très important d'avoir une
partie variable, mais aussi une partie variable sur un cycle qu'on a établi à
trois ans. Alors, ce programme-là a été calqué avec celui qui avait été
fait à la Caisse de dépôt. Ça, j'ai été public sur ça, aussi. Comme
M. LeBlanc l'a mentionné, le quantum n'était pas le même. On parle de près
de 50 % du quantum de la Caisse, mais c'est un design, celui de la Caisse,
qui était très approprié pour la création de richesse.
Deuxièmement, les critères de variabilité qui
ont été choisis sont exactement les mêmes que notre programme de développement
économique. Donc, il y a une cohérence complète avec ce que nous avons décidé
de faire comme gouvernement. Donc, on a
dessiné le programme de rémunération. On l'a appliqué à M. LeBlanc. Il a
été divulgué il y a deux ans. Et là on l'a appliqué pour les autres
membres de la haute direction.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons avec le député de Nelligan. Il vous reste
10 minutes 20 secondes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Et ça confirme comment mon collègue est très équitable par rapport
au temps.
Bonjour, M. LeBlanc. Bonjour, M. le
ministre. Bonjour, à vous tous. Je reviens à une question importante par rapport à ce que vous avez mentionné tout à
l'heure. Vous vous êtes... vous avez accepté le mandat d'Investissement Québec parce qu'on vous a fait une promesse qu'il
va y avoir un changement au niveau de la politique de rémunération, que
l'ancienne politique de rémunération ne sera plus sur la table.
J'aimerais bien, aujourd'hui, savoir le fond de
votre pensée par rapport à la politique de rémunération. Deux, deux choix.
Si on vous dit : Venez travailler chez Investissement Québec avec
l'ancienne politique de rémunération. Est-ce que vous allez dire oui ou non?
M. LeBlanc (Guy) : Je vais être
très... je vais répondre avec candeur. Je n'aurais pas accepté, mais pas par
rapport à moi, mais par rapport à l'attraction de talents.
M. Derraji : Oui. Il y a deux
choses, il y a vous, parce que vous comprenez, je vous pose ces questions, parce que votre rémunération, les gens se posent
des questions. Ils ont le droit, le public, vous l'avez même mentionné que vous n'avez pas raté l'occasion de décocher
aussi une flèche aux journalistes. Vous avez dit, dans un TED Talk à vos
employés, qu'on vous comprend mal, qu'on comprend mal votre politique de
rémunération. On vous comprend mal.
Aujourd'hui, vous avez l'occasion, devant le
public, devant les parlementaires, de vous expliquer. Vous avez accepté un
poste en tant que P.D.G. à Investissement Québec. Est-ce que c'est parce qu'on
vous a promis des revenus aux alentours de 1 million de dollars, ou bien,
si on vous dit : Écoutez, pour l'intérêt de la nation québécoise, pour le développement économique... quand même, ce
n'est pas un petit salaire que l'ancienne politique du gouvernement...
donnait au P.D.G. d'Investissement Québec? Est-ce que vous allez accepter?
M. LeBlanc (Guy) : C'est
certain que j'aurais accepté pour le développement économique du Québec, c'est
très clair, mais je n'aurais pas... et je répète ce que j'ai dit tout à
l'heure, je n'aurais pas accepté si on n'avait pas mis les conditions gagnantes pour attirer le talent que
ça prend pour livrer le nouveau mandat qui était donné à Investissement
Québec. Et d'ailleurs on voit les résultats maintenant. Et je peux...
M. Derraji : Non, non, mais je
comprends, mais on parle d'une politique d'attraction, on parle d'une politique de rémunération, on parle d'Investissement Québec, je ne veux pas parler de la Caisse de dépôt, ni
Desjardins, ni des autres sociétés qui ont le droit d'avoir leur
politique de rémunération. Moi, au début, on nous a expliqué, presque vendu une
chose, c'est que ça prend une nouvelle politique de rémunération, commençons
par le P.D.G. d'Investissement Québec... et de mettre sur la table un chèque de
1 million de dollars, vous pouvez me corriger, 1,1 million ou
1 million de dollars, et...
M. LeBlanc (Guy) : Est-ce que
je peux déjà commencer à corriger?
M. Derraji : Oui, oui, vas-y.
Oui, oui, aucun problème, aucun problème.
M. LeBlanc (Guy) : Le salaire
de base est de 500 000 $.
M. Derraji : Oui.
M. LeBlanc (Guy) : Il y a une
bonification à court terme basée sur la performance de l'année courante, qui
peut aller jusqu'à hauteur de 20 % du salaire de base. Et ensuite il y a
le régime d'intéressement à long terme qui, lui, est basé sur essentiellement
trois grands thèmes, et c'est seulement si on atteint tous les objectifs avec
un indice multiplicateur. Alors, les
probabilités d'arriver à la rémunération maximale, pour l'équipe de direction,
c'est relativement faible.
M. Derraji : Donc, c'est
relativement faible.
• (15 heures) •
M. LeBlanc
(Guy) : Et évidemment les
médias ont rapporté le maximum, puis ils ont bien dit «le maximum», mais les probabilités d'y arriver
sont...
M. Derraji : Je ne veux pas... Oui, bien, vous avez raison.
Donc, c'est utopique, cette politique de rémunération, c'est que ça veut dire
que le maximum, il ne sera plus atteint. Donc, ça tourne autour de combien,
cette politique de rémunération?
M. LeBlanc (Guy) : Je n'ai pas
dit que c'était utopique.
M. Derraji : Non, non, je vous
pose une question, je ne vous pousse pas à dire ce que j'ai dit. Moi, je vous
pose une question. Parce que ce qu'on nous a dit depuis le début, qu'il fallait
agir sur la politique de rémunération si on veut avoir des talents. Vous êtes
en train de me dire aujourd'hui que, pour vous, ce n'est pas le salaire. Tant
mieux, c'est tout à votre honneur, que vous n'êtes pas là pour l'argent, vous
n'êtes pas là pour faire du cash avec Investissement Québec, vous êtes là parce
que vous avez accepté le mandat. C'est ce que je comprends de ce que vous venez
de dire. C'est très bien parce que là vous clarifier les choses à l'ensemble de
la population, que vous acceptez le poste de P.D.G. pas pour l'argent, c'est
pour le développement économique, O.K.? Là, je comprends qu'il y a une politique d'attraction et une politique
de rémunération. Mais vous, en tant que personne à la tête d'Investissement
Québec, il y a un décret. S'il n'y avait pas de signature du décret, est-ce que
vous allez quitter Investissement Québec?
M. LeBlanc
(Guy) : Encore une fois, c'est relié à l'impact pour l'ensemble de l'équipe de direction et
l'impact pour attirer le talent chez Investissement Québec.
M. Derraji : O.K. Donc, vous trouvez que c'est juste pour une société d'État qui utilise l'argent du contribuable, des fonds publics. C'est
sûr que vous travaillez fort, je ne sous-estime pas le travail de l'équipe,
toute l'équipe, tous les employés, mais moi, maintenant, je suis dans la
perception et dans le message qu'on envoie aux Québécois, surtout dans cette
année qui est très difficile, pandémique, où j'ai beaucoup de PME qui ont perdu
des revenus. M. le ministre devra me parler des programmes. C'est très bien, il
y avait des programmes. Mais c'est quoi, la perception du public? Et c'est là l'enjeu. Quand on leur dit : Écoutez, les
dirigeants d'Investissement Québec vont faire presque... ou ils ont
presque la même politique de rémunération que la Caisse de dépôt ou Desjardins,
bien, c'est ce qu'on souhaite avoir?
M. LeBlanc (Guy) : Au cours de
la dernière année, et si on prend les dernières années financières
d'Investissement Québec, là je parle du 1er avril 2020, qui était le tout
début de la pandémie, à aller jusqu'au 31 mars 2021, durant les premiers
mois, j'étais en contact avec une trentaine de dirigeants par jour,
30 compagnies différentes par jour.
Alors, je connais très bien quelle était leur situation au début de la
pandémie, et depuis ce temps-là, c'est
davantage dans des contextes de modernisation, de croissance et de
modernisation, donc, au niveau de transformation numérique. Et jamais... Vous dites «perception du public», et ainsi de
suite, jamais je n'ai eu le moindre commentaire d'un
dirigeant de compagnie, PME, moyenne entreprise, grande entreprise et entreprise
en démarrage qui a fait un commentaire sur la rémunération des gens d'Investissement Québec, ou de
la haute direction, ou de ma rémunération.
M. Derraji : Donc, pour vous...
M. LeBlanc (Guy) : ...
M. Derraji : Oui, un sondage,
parce que vous avez parlé avec 30 PME, c'est ça, ou 30...
M. LeBlanc (Guy) : Par jour.
M. Derraji : Par jour, oui. O.K.
Mais on peut parler du sondage, parce que ce n'est pas la perception qu'on
voit, on peut parler du rendement de l'année dernière d'Investissement Québec,
de moins... Mais je veux juste revenir à une question beaucoup plus
directe : S'il n'y avait pas cette nouvelle politique de rémunération de M.
le ministre et du gouvernement en place, pensez-vous que l'ensemble des
dirigeants vont démissionner?
M. LeBlanc (Guy) : Que l'ensemble...
M. Derraji : De vos dirigeants.
Votre équipe. Genre, là, vous êtes à la tête... j'ai failli dire «entreprise»,
parce qu'on a l'impression que je parle à une entreprise, mais c'est une société
d'État, donc vous êtes à la tête d'Investissement Québec, vous êtes patron d'Investissement
Québec, vous comprenez les gens qui travaillent avec vous pour relever le défi
de développement économique. Le ministre change les règles avec un décret pour
pouvoir avoir une nouvelle politique de rémunération. Si, demain, le décret
n'est plus là, nouvelle politique de rémunération, vous allez perdre l'ensemble
des vice-présidents... Vous m'avez déjà répondu, vous m'avez dit que... je ne
suis pas là pour l'argent, je peux rester. Donc, ça, ça règle ma question, mais
par rapport à la rétention, donc, tout le monde va quitter Investissement
Québec si on change demain les règles de rémunération.
M. LeBlanc (Guy) : La rémunération
de base de toute l'équipe de direction est restée dans la même zone, essentiellement.
Il y a un incitatif à long terme, sur une base de trois ans, qui a été mis en
place, basé sur des résultats où on va faire
bouger l'aiguille de façon importante en matière d'investissements privés non
résidentiels, d'augmentation
de productivité des entreprises, en matière d'exportations, en matière
d'attraction d'investissements étrangers et de talents étrangers. Alors, tous
les paramètres sont axés sur ces objectifs. Et quand on parle d'objectifs
ambitieux, que les exportations représentent 50 % du PIB du Québec et donc
qu'on revienne à un équilibre à peu près de la balance commerciale.
M. Derraji : Oui. C'est très
beau, ce que vous venez...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...minute à l'échange.
M. Derraji : Combien?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Une.
M. Derraji : Oui. C'est très bien, je veux juste que vous
confirmiez une chose. Votre rémunération maximale est passée d'un demi-million à 1,1 million, et celle des vice-présidents
pourrait maintenant friser le 1 million, et celle des autres
vice-présidents pourrait atteindre 775 000 $. Est-ce que les chiffres
que j'ai sont bons?
M. LeBlanc (Guy) : Les chiffres
que vous avez sont bons dans l'optique où chacun d'entre nous frapperait un
coup de circuit en langage de baseball.
M. Derraji : O.K. Mais vous ne
pensez pas que vous allez frapper un coup de circuit avec ça?
M. LeBlanc (Guy) : On fait tout
pour.
M. Derraji : O.K. Vous avez dit
que les médias ne comprennent pas très bien votre rôle et votre mission. Pourquoi, c'est quoi votre crainte? Vous n'aimez
pas les titres des médias, qu'on parle très mal de votre rémunération et
la rémunération des vice-présidents?
M. LeBlanc (Guy) : Je n'ai pas
de crainte par rapport à ça, je dis simplement, et c'est ce que j'ai dit à l'ensemble des employés durant l'enregistrement
qui a été passé aux médias, ce que j'ai dit, puis c'était très respectueux
pour l'ensemble des médias, c'est qu'on
allait faire une tournée des médias pour leur expliquer quel est ce mandat
élargi, et quelles sont les activités d'Investissement Québec et
pourquoi...
M. Derraji : Mais pourquoi vous
vous sentez obligé, pourquoi vous vous sentez obligé?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, attention, c'est tout le temps que nous
disposons pour ce premier bloc. Nous continuons avec le deuxième groupe
d'opposition, avec le député de Rosemont. Vous avez 9 min 40 s.
M. Marissal :
Avant de commencer mon temps, un petit point d'ordre, Mme la Présidente, juste
pour être sûr, parce que je n'ai pas beaucoup de temps. Mon deuxième
bloc serait vers 16 h 5, donc dans une heure?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vers 16 h 6, très...
M. Marissal : Est-ce que
M. Leblanc sera toujours là ou non?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Tout à fait, tout à fait.
M. Marissal : Il sera toujours
là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il est ici pour les deux heures.
M. Marissal : Très bien. Alors,
je vous remercie de la spécification, ça va m'aider à gérer mon temps. J'ai
deux sujets, essentiellement, que vous connaissez, je suis sûr que vous les
avez déjà devinés. Je veux essayer de faire ça parce que j'ai neuf minutes
environ, 9 min 40 s. Je veux continuer sur le salaire et la structure
salariale. Vous dites : On voudrait faire un coup de circuit. Je
comprends, mais si vous faites un simple, si vous faites un double, un triple,
c'est quoi, la probabilité, le salaire probable, il est où, là? Je comprends
qu'un virgule un, je crois, dans votre cas, c'est le max, mais où est-ce qu'il
est, le salaire probable, là, parce que vous avez une idée, quand même.
M. LeBlanc (Guy) : En fait, le
un virgule un, je ne sais pas exactement de quelle façon il a été calculé, là,
je vous ai dit que c'était 500 000 $ de salaire de base. Un boni à
court terme de 20 % du salaire de base, alors ça, ça fait
100 000 $, et un régime d'intéressement à long terme sur une moyenne
de trois ans, qui a un maximum de 70 % du salaire de base, alors ça donne
950 000 $ en ce qui me concerne. Alors, possiblement qu'il y a des
avantages reliés à ce que ce... fonds de pension et ainsi de suite, c'est
probablement ça qui fait arrondir la somme totale à près d'un...
M.
Marissal : Mais en termes de baseball, là, vous allez... «ball park»,
là, votre salaire à vous et aux premiers dirigeants, là, les V.-P., les premiers V.-P., c'est combien, combien
vous visez? Vous avez une idée de ça, M. Leblanc.
• (15 h 10) •
M. LeBlanc (Guy) : Bien, on
s'est fait demander en termes d'exportations — je vais prendre cet
exemple-là encore — 50 %
du PIB. Ça, ça veut dire de 15 à 20 milliards d'exportations de plus. Ce
n'est pas rien. Alors, mon objectif, c'est d'atteindre ce titre...
M. Marissal : Je vous pose la
question, M. Leblanc — je
m'excuse, je n'ai pas beaucoup de temps. Mais ce que vous dites, vous n'auriez
pas attiré les gens que vous vouliez attirer avec les salaires qui étaient là
avant.
M. LeBlanc (Guy) : Exact.
M. Marissal : Et là vous les
attirez avec une mesure d'intéressement. Vous avez bien une idée combien ils
pourraient gagner, sinon ils vont dire : C'est-tu quoi, ton affaire, c'est
cute, là, mais je ne sais pas combien tu vas me verser, ça fait que, sais-tu quoi, je vais rester dans ma banque ou dans
ma grande entreprise, je n'irai pas à Investissement Québec. Si je suis
votre logique. Donc, vous êtes capables de dire, au-delà de tous les critères
puis la grille d'analyse de ce qu'on vous a
demandé, à peu près, là, ces gens-là vont gagner combien? Il pourrait gagner
plutôt près de 500 000 $ ou plutôt près de
800 000 $?
M. LeBlanc (Guy) : S'ils sont
dans une fourchette de 500 $ à 900 $, par exemple, ou de 450 $ à
900 $, là, ils vont être probablement vers le milieu de la fourchette
compte tenu des résultats qu'on a livrés cette année et qu'on espère livrer
l'an prochain, compte tenu du pipeline qu'on a — parce que c'est en
fonction de ça aussi — en
fonction du pipeline et des opportunités qu'on a, compte tenu de l'ensemble...
Puis pas juste sur les activités, là, d'une en particulier de prêt ou de
garantie de prêt ou financement spécialisé, mais en matière de capital de
risque, en matière de fonds d'investissement, en matière de comptes majeurs,
tous les secteurs fonctionnent à plein régime. Alors, on devrait se retrouver
vers le milieu de la fourchette.
M. Marissal : Donc, dans votre
cas, plutôt près de 500 000 $, 600 000 $, donc si je vous
comprends bien, là? Vous n'augmenterez pas tant du salaire minimum? Bien, le
salaire minimum, c'est un drôle de terme ici, là.
M. LeBlanc
(Guy) : Le calcul est plus
compliqué que ça. Ce qui s'applique à moi et ce qui s'applique aux membres de
l'équipe de direction ne se calcule pas exactement de la même façon. Pour ce
qui est des premiers vice-présidents exécutifs, la formule, ça varie
entre une cible qui est à 45 % de boni sur le salaire de base à... jusqu'à
90 %. Pour les autres P.V.P., c'est une
cible qui varie entre 35 % et 70 %. Dans mon cas, c'est une cible qui
est à 70 %, et je n'ai pas d'effet multiplicateur.
M. Marissal : Vous
avez dit, tout à l'heure, en réponse à mon collègue — je crois de Robert-Baldwin — que,
quand vous êtes arrivé, vous avez dit :
On a comparé les salaires qui se passent ailleurs, on a exclu les grandes
banques canadiennes — merci — on
n'a pas regardé la Caisse de dépôt non plus, on a regardé plus du comparable.
Quand vous dites «on», est-ce que «on» inclut la personne qui parle,
c'est-à-dire vous?
M. LeBlanc (Guy) : Non, c'est
une firme externe qui a fait...
M. Marissal : O.K. C'est bon.
Non, c'est bon, c'est bon. C'est bon. Vous avez dit «on», puis là je me
disais : Vous ne pouvez quand même pas évaluer votre propre salaire, là.
M. LeBlanc (Guy) : Ça m'exclut.
M. Marissal : C'est une question de sémantique qui est
importante ici, là, dans la façon dont vous l'avez formulé.
Vous avez dit aussi : On n'aurait pas
attiré les talents nécessaires à l'atteinte de la nouvelle mission qui nous est
donnée si nous n'avions pas adopté une nouvelle structure salariale. C'est donc
dire que vous n'aviez pas les talents nécessaires sous la main quand vous êtes
arrivé.
M. LeBlanc
(Guy) : Bien, en fait, on
nous demandait de faire beaucoup plus de placements privés. On n'était pas
équipés pour faire du placement privé au niveau qui était souhaitable. Il y
avait du talent à l'intérieur, mais ça prenait une personne en charge de ce
groupe-là et ça prenait du recrutement aussi, qu'on a fait. Au niveau de l'investissement direct étranger, ça prenait
aussi... on est allés chercher du talent de ce côté-là, du côté des
exportations également. Alors, on est
allés chercher des vice-présidents... en fait, des directeurs, des
vice-présidentes et vice-présidents et des premiers V.P. pour nous
permettre de livrer.
M. Marissal : O.K. Vous dites
que la moitié des gens qui étaient là, je pense que vous parlez évidemment des
gens dans les postes de haute direction, là, est partie. Je vous ai bien
entendu, vous avez dit à peu près la moitié? D'accord. Ils sont partis où?
Comment? Est-ce qu'il y a eu allocations de départ? J'imagine qu'on ne leur a
pas dit : Tu prends ta petite boîte, puis tu t'en vas, là. Il y a eu un
processus, j'imagine.
M. LeBlanc (Guy) : Il y a eu un
processus, ça a été des discussions, et ils n'étaient pas nécessairement
habilités à livrer ce nouveau mandat ou n'avaient pas nécessairement l'intérêt
de livrer ce nouveau mandat. Et, étant donné que ça s'est fait de façon quand
même assez... de façon hypercourtoise et ça s'est très bien passé... mais ça
prenait quand même une négociation d'une enveloppe des plus raisonnables, et le
rapport annuel en fait état.
M. Marissal : Vous parlez
d'allocations de départ?
M. LeBlanc (Guy) : Oui.
M. Marissal : Généralement, la
norme, ça tourne autour d'un an de salaire. La bonne pratique, là, c'est généralement
un an de salaire, selon le nombre d'années, là, soit à peu près deux mois par
année, si je me souviens bien. C'est à peu près ça que ça a coûté?
M. LeBlanc (Guy) : C'est moins
que ça.
M. Marissal : Moins que ça?
M. LeBlanc (Guy) : Oui.
M. Marissal : O.K. Puis...
M. LeBlanc
(Guy) : Comme je vous ai
dit, ça s'est fait vraiment d'un commun accord, puis on s'est entendus
sur des termes inférieurs à ce que la norme est normalement...
M. Marissal : Est-ce que ces
gens-là ont été...
M. LeBlanc (Guy) : ...pour des
dirigeants, oui.
M. Marissal : Il y en a
combien, d'abord? Là, on parle de combien de gens, là, ici, là?
M. LeBlanc (Guy) :
Trois ou quatre personnes.
M. Marissal :
Trois ou quatre personnes, très bien. Vous ne trouvez pas ça un peu curieux
comme message à envoyer à la population, en général, qui passe un sale moment,
là, tout le monde passe un sale moment, quand votre... quand, pas votre gouvernement,
quand notre gouvernement, quand votre ministre nous dit, puis nous l'a dit l'an dernier, puis je pense qu'il le redirait cette
année : Idéalement, il n'y aurait pas d'aide de l'État à des entreprises
dont les dirigeants se versent des primes salariales. Il m'a déjà dit ça, le
ministre, je pense bien le citer, là, mois d'avril dernier. Ça fait plus d'un
an. Je pense qu'on a rediscuté de ça récemment. De mémoire, il n'était pas
capable exactement de me garantir que c'était le cas dans 100 % des cas,
mais l'idée générale, c'est qu'il n'y a pas de prime en ce moment, là. La SAQ a choisi de se verser des primes. Ça passe
assez mal. Loto-Québec, au contraire, a dit : Non, pas de prime.
Alors, en ce moment
et jusqu'à ce qu'on retrouve un certain niveau d'activités économiques et, je
dirais, de normalité dans notre vie, vous ne pensez pas que ça serait mieux de
vous en tenir à votre salaire de base, je n'ai pas dit minimum, là, de base?
M. LeBlanc (Guy) : Écoutez, il y a des... je pense qu'il y a des
conditions d'emploi. Si on prend pour l'ensemble des employés
d'Investissement Québec, c'est déjà prévu dans les conventions collectives. Au
niveau des gens qu'on a recrutés au cours de la dernière année ou à peu près,
ça fait partie des conditions d'emploi, comme quoi ils vont participer à un régime d'intéressement à long
terme. Alors, c'est sur une... c'est sur trois ans. Oui, on passe un dur
moment. Je pense qu'on le passe mieux qu'ailleurs dans les autres
provinces canadiennes, entre autres, à cause du travail qui a été fait par les
gens d'Investissement Québec, avec les différents programmes qui ont été mis en
place, mais surtout par l'ajout
d'accompagnement qu'on a maintenant chez Investissement Québec avec les gens de
support technologique, avec le CRIQ,
avec les gens d'Export Québec, avec les gens du MEI régional, là, qui ont donné
des conseils stratégiques aux entreprises. On a pris les bonnes
décisions. Et je vous dirais que, quand je regarde la performance de cette
année, ça a été... c'est une année spectaculaire parce que chaque décision
qu'on a prise a été la bonne.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. C'est tout. Alors, nous poursuivons avec,
cette fois-ci, l'opposition officielle pour un autre bloc avec le député de
Nelligan.
M. Derraji :
Donc, j'entends entre les lignes qu'au lieu de moins 5 % l'année dernière,
cette année, ça va être quoi, du 15 %, du 20 %?
M. LeBlanc
(Guy) : Votre limite supérieure.
M. Derraji :
Ma limite supérieure, 20 %. Une très bonne nouvelle. Bravo! Je vais
revenir à votre dernière réunion avec vos
employés, les membres de votre équipe. Pourquoi vous avez senti le besoin de
parler d'une politique de rémunération? Normalement, c'est une bonne
nouvelle pour les employés. Mais pourquoi vous avez senti le besoin de parler
d'une politique de rémunération d'Investissement Québec et d'insister que ce
n'est pas un buffet à volonté. Est-ce que vous avez cette perception que c'est
un buffet à volonté? Mon salaire, il est sur toutes les tribunes. Le salaire de mes V.P., il est sur toutes les tribunes.
Investissement Québec est allé chercher l'ancien P.D.G. de Montréal
International pour venir à Investissement Québec International en doublant son
salaire. Est-ce que vous pensez qu'au lieu de focusser sur notamment ce que
vous venez de me dire, 20 %, on parle trop d'une politique de rémunération
qui, probablement, on aurait ne pas parler de cette politique de rémunération?
M. LeBlanc
(Guy) : Il y avait un article dans le journal qui était tendancieux,
inapproprié.
M. Derraji :
Lequel? Pour vous juste faire... Quel article qui...
M. LeBlanc
(Guy) : Bien, c'est presque toujours le même journal.
M. Derraji :
Mais est-ce que les médias et les journalistes ne vous comprennent pas? Vous
faites allusion à quoi? Au Journal de Montréal, Journal de Québec?
M. LeBlanc
(Guy) : Exactement.
M. Derraji :
Donc, vous pensez que les gens du Journal de Montréal et Journal de
Québec ne vous comprennent pas, ne comprennent pas votre mission, ne
comprennent pas pourquoi vous touchez ce salaire. C'est quoi, le problème?
C'est quoi? Comment vous avez eu le réflexe un jour de se réveiller... Là, là,
je vais aller parler avec mon monde et leur
dire : Ça ne va pas. Ce que le journal dit à propos de nous, ce n'est pas
vrai. Pourquoi vous avez senti ça, cette obligation de le faire?
• (15 h 20) •
M. LeBlanc
(Guy) : Parce que j'ai une responsabilité de... On est une équipe.
J'ai la responsabilité de maintenir une unité dans l'organisation. Et si
certains avaient été... Moi, j'étais... J'étais en train de souper avec mon
épouse et puis je me disais : Il y a 1 000 personnes chez
Investissement Québec qui sont actuellement en train de souper avec leurs
conjoints, leurs conjointes, et qui doivent se poser... Il me semble que le
conjoint dire il me semble que tu avais un poste important, puis que tu fais
beaucoup de choses, puis que ta ta...
M. Derraji :
Tu as un bon salaire et...
M. LeBlanc (Guy) : Puis tu
fais...
M. Derraji :
1 million de dollars?
M. LeBlanc (Guy) : Tu fais...
Non. Tu fais le tiers, le quart ou le cinquième de ce que ton P.D.G. fait.
Bien, j'avais besoin de... J'avais besoin de retourner vers les employés et de
leur expliquer quel était... pourquoi c'était comme
ça et quel était le mandat qu'on avait et de quelle façon aussi il y avait un
décret qui venait de mentionner que, pour ce qui est des employés
syndiqués, que la rémunération serait maintenant au niveau du conseil
d'administration d'Investissement Québec pour l'autorisation finale...
M. Derraji : Mais,
M. LeBlanc...
M. LeBlanc (Guy) : ...et que
les cadres et les membres de la haute direction seraient toujours soumis à l'approbation
du ministère des Finances.
M. Derraji : Oui, mais,
M. LeBlanc, on a tous une vie en dehors de la politique, et sérieusement,
quand je vais entendre que M. LeBlanc a parlé de la stratégie, de la
vision, et j'en suis sûr, probablement que vous l'avez fait avec vos membres pour parler de développement économique, pour parler de la crise, pour parler de la
pandémie, pour parler que des PME souffrent, pour parler du virage
numérique, pour parler de l'automatisation, je vais l'accepter, mais que vous
prenez votre temps — il
est précieux, j'en suis sûr et certain, vous parlez avec 30 entreprises,
votre temps est limité aussi — vous prenez le temps et vous sentez la
lourdeur d'expliquer la politique de rémunération, la nouvelle politique de rémunération
à vos employés.
Est-ce que vous pensez que vraiment le gouvernement
a bien agi en décrétant une nouvelle politique? Est-ce qu'il vous a aidé, le gouvernement,
avec cette nouvelle politique, ou bien il vous a donné un boulet où vous devez toujours
se justifier pourquoi on gagne plus dans cette société d'État, au lieu des
autres sociétés d'État, Hydro-Québec,
la Société
des alcools? Vous serez toujours en train d'expliquer pourquoi cette politique
de rémunération chez Investissement Québec.
M. LeBlanc (Guy) : Mais ça,
c'est vous qui le dites...
M. Derraji : Je vous pose la
question.
M. LeBlanc (Guy) : ...j'ai
passé — c'est
ça, je vais répondre à votre question...
M. Derraji : Désolé.
M. LeBlanc (Guy) : ...j'ai
passé cinq minutes à expliquer cet article qui n'était pas approprié, en ce qui
me concerne, et pour expliquer aux employés. Mais ce qui est le plus important,
vous parlez de stratégie, de passer du temps avec des employés en période de
crise, ainsi de suite, c'est ce que j'ai fait à chaque semaine, durant le mois
de mars, avril, mai, juin, avec l'ensemble des employés : Voici notre
stratégie. On ne lâche pas, le télétravail, ça veut dire ceci, faites attention
à cela. Et c'est extrêmement...
M. Derraji : Je vais vous
citer, M. LeBlanc, et dites-moi si la personne qui vous cite, ce qu'il dit
est vrai, moi, je me base sur l'article, probablement, vous n'aimez pas l'article,
mais, moi, je vous donne le bénéfice de nous expliquer
ce que vous aimez et ce que vous n'aimez pas : «M. LeBlanc s'est, par ailleurs, félicité que le ministre traite de l'économie — je n'ai
pas le droit de citer le nom — donc le ministre de l'Économie se soit porté
à la défense d'Investissement Québec,
alors que l'organisation subissait les foudres de l'opposition.» Mais quelles
foudres, quelles foudres? Qu'est-ce que vous voulez...
M. LeBlanc (Guy) : Je n'ai pas
l'article devant moi, je ne peux pas...
M. Derraji :
Non, non, mais ça, c'est votre citation, c'est la rencontre que vous avez faite
avec vos employés, vous avez cité ça.
Je vais continuer : «Ce que le gouvernement nous a démontré, c'est qu'il
se tient debout pour Investissement
Québec — se tenir
debout, c'est soutenir votre politique de rémunération, vous pourrez
m'expliquer — a-t-il
estimé. En allant au front comme ça, le gouvernement nous confirme la confiance
qu'il a en nous.» Mais vous basez votre intervention sur la politique de
rémunération auprès de vos employés. Vous dites que vous êtes bien épaulé par
le ministre de l'Économie, vous subissez les foudres de l'opposition et que le
gouvernement a bien fait de se tenir debout parce qu'il n'y a personne qui
comprend sauf le ministre de l'Économie et le gouvernement. Selon vous ni les
oppositions ne comprennent rien, les médias non plus.
Parce que vous rajoutez quelque chose d'autre,
les médias, qui ne comprennent pas. Le dirigeant n'a pas raté l'occasion de décocher une flèche aux
journalistes. Donc, si je comprends bien, M. le P.D.G. d'Investissement
Québec, vous avez un problème avec l'opposition, vous avez un problème
avec les médias. Vous n'avez pas de problème avec
le ministre de l'Économie, tant mieux, vous n'avez pas de problème avec le
gouvernement parce qu'il se tient debout.
M. LeBlanc
(Guy) : Et on n'a pas de
problème non plus avec le développement économique. Ça fait
35 minutes que je suis ici et vous m'avez parlé seulement de rémunération.
M. Derraji :
Oui.
M. LeBlanc
(Guy) : Alors, vous comprendrez que j'ai remercié le gouvernement de
s'être tenu debout face aux propos des médias et de l'opposition dans un
contexte de...
M. Derraji :
Mais M. LeBlanc, mais M. LeBlanc, M. LeBlanc, je peux prendre
deux heures et ne vous poser que des questions sur votre rémunération et
la rémunération d'Investissement Québec, c'est mon droit.
M. LeBlanc
(Guy) : Absolument.
M.
Derraji : Comme c'est mon droit de vous poser des questions sur la
performance d'Investissement Québec. Ça va être un peu plus tard. Mais
aujourd'hui, je peux, pour votre propre information, déposer l'article, si
jamais vous le voulez, mais j'arrive juste à comprendre les ennemis,
c'est les autres parce qu'ils ne vous comprennent pas.
Je vais continuer
parce que vous m'avez arrêté : «Clairement, il y a plusieurs médias qui ne
comprennent pas ce que nous faisons et avec notre équipe en communications, on
va planifier une tournée des salles de presse pour leur expliquer, avec des
exemples concrets, l'importance de notre mandat et aussi la diversité de
talents que ça nous prend.» Voilà. «Guy LeBlanc a terminé son allocution en
évoquant de juteux profits pour l'exercice qui a pris fin le 31 mars.»
Donc, «juteux profits».
Donc, vous savez,
entendre ce discours dans une multinationale où j'ai passé ma vie plus de
15 ans, ça me paraît très, très normal. J'ai eu moi aussi deux façons
d'être rémunéré, un salaire et un bonus, qui est très variable. Mais là, on
parle d'un P.D.G. d'une société d'État. Et vous-même, vous êtes en train de
nous dire que vous avez un problème de perception par rapport à la
rémunération, donc il y a un problème, mais ce problème, c'est l'opposition ou
bien les oppositions au pluriel et les médias qui vous comprennent mal.
Donc, est-ce qu'on
peut dire aujourd'hui que la nouvelle politique de rémunération faite par le
gouvernement caquiste et par le ministre de l'Économie, par son décret, vous
pénalise à exercer votre mission?
M. LeBlanc
(Guy) : Absolument pas. Au contraire, elle était essentielle pour
avoir le succès souhaité pour le développement économique du Québec. Et
c'était...
M. Derraji : Donc, le développement
économique, M. Leblanc, passe
par du cash. Le développement
économique du Québec, le développement économique des régions du Québec
passe par avoir du cash pour une bonne politique de rémunération, c'est ce que
vous êtes en train de nous dire.
M. LeBlanc
(Guy) : Les gens de talent qui sont et qui viennent chez Investissement
Québec pourraient faire plus d'argent dans une banque à charte, pourraient
faire plus d'argent dans un autre fonds, s'ils étaient à la Caisse de dépôt, par
exemple...
M. Derraji :
Mais M. LeBlanc, s'il vous plaît... S'il vous plaît, M. LeBlanc, on
ne parle pas de la Caisse de dépôt, on ne parle pas de Desjardins, on parle...
M. LeBlanc
(Guy) : Mais est-ce que je peux finir ma réponse?
M. Derraji :
Aucun problème. Mais, s'il vous plaît, on parle d'une société d'État. Est-ce
que... Mettez-vous à la place d'Hydro-Québec, mettez-vous à la place de la SAQ,
mettez-vous à la place des autres sociétés d'État. Ce que je vous dis aujourd'hui,
en tant que membre de l'opposition, je vous dis... je vous pose la question
directe : Vous savez pourquoi on ne parle pas de la performance d'Investissement
Québec? C'est parce que ce qui est sur la table, c'est que vous êtes les seuls à avoir bénéficié d'un décret. Vous l'avez
même dit, écoutez, maintenant, c'est beaucoup plus clair. Voilà :
«La nouvelle politique d'Investissement Québec est en vigueur depuis 2019, mais
le gouvernement vient tout juste de l'entériner par décret. Dans son message
aux employés, Guy LeBlanc a laissé entendre qu'Investissement Québec n'avait plus
à se rapporter au gouvernement pour les questions de rémunération.»
M. LeBlanc
(Guy) : Je vous ai dit tout à l'heure, pour les employés syndiqués d'Investissement
Québec, c'est-à-dire à peu près 80 %, c'est vrai, mais les cadres et la
haute direction doivent passer par le ministère des Finances, qui a le dernier
mot sur ça.
J'aimerais revenir
sur un détail que vous semblez oublier, c'est qu'Investissement Québec n'est
pas un monopole. Investissement Québec est
une société qui est en concurrence, qui est en compétition avec d'autres
institutions financières, qui est le secteur le mieux rémunéré de
l'ensemble des secteurs de l'économie.
M. Derraji :
M. LeBlanc, l'année prochaine, il va y avoir des élections. O.K.? Vous
avez un plan pour faire du développement économique et régional. L'année
prochaine, le décret ou la politique de rémunération ne sera pas sur l'ordre du
jour et ne sera plus en vigueur. Est-ce que vous allez quitter Investissement
Québec?
• (15 h 30) •
M. LeBlanc (Guy) : Si le régime...
Le régime ne peut pas disparaître comme ça. Si vous voulez couper en morceaux
ce qu'on a construit et défaire ses fondations puis les étages qu'on a montés
au cours des deux dernières années, libre à vous si vous êtes au pouvoir, mais
ça ne serait pas une bonne idée.
M. Fitzgibbon :
Je vais... Point d'ordre, parce que je pense qu'on a déraillé un petit peu.
J'aimerais juste faire un commentaire. J'aimerais qu'à partir de maintenant,
les commentaires sur la rémunération me soient adressés à moi, pour une raison...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Tout à fait. Parfait.
M. Fitzgibbon :
...c'est que la rémunération d'Investissement Québec, c'est moi qui l'ai
décidée, c'est moi qui l'ai recommandée, M. LeBlanc a été engagé avec ma
recommandation. Je suis venu en politique parce qu'il fallait donner un coup de barre énorme à Investissement Québec, ce qu'on
a fait. Alors, Guy LeBlanc a été engagé après que la politique ait
été mise en place par moi et par les gens qu'on a consultés.
M. Derraji :
C'est bon. Bien, c'est très bien que vous avez accepté de répondre, M. le
ministre, parce que j'ai demandé à ce que M. LeBlanc réponde... vous
auriez dû lui dire : Non, ne répondez pas, je vais répondre. Mais... pas
grave, c'est excellent, c'est votre droit. Mais, en attendant, je tiens juste à
rappeler que Loto-Québec est aussi en compétition avec les casinos en ligne.
Donc, on peut bien, bien me faire comprendre qu'Investissement Québec est en
compétition avec les banques, Loto-Québec est en compétition avec les casinos
en ligne.
Alors, M. le
ministre, vous avez entendu M. Guy LeBlanc répondre qu'il n'est pas
là pour l'argent et que la politique de rémunération... — et
corrigez-moi si je me trompe, c'est ce que j'ai bien compris — que,
peu importe, même s'il n'y avait pas de décret, il sera là quand même à
Investissement Québec en tant que P.D.G.. Vous avez choisi, en tant que
ministre, de changer le barème du salaire pour le P.D.G. d'Investissement
Québec. Sur quoi vous vous êtes basé pour changer le barème? Même lui n'est pas
là pour ce salaire.
M. Fitzgibbon :
M. le député, on ne va pas à la guerre avec un tire-pois. Le mandat du
gouvernement était de corriger les lacunes importantes chez Investissement
Québec dans son rôle de développement économique, ce que vous n'aviez pas fait
comme gouvernement. Conséquemment...
M. Derraji :
Oui. On avait à coeur l'argent des contribuables...
M. Fitzgibbon :
C'est moi qui réponds ou c'est moi qui parle...
M. Derraji :
...M. le ministre, on avait à coeur l'argent des contribuables, et on peut...
M. Fitzgibbon :
Je ne l'écoute pas, là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : S'il vous plaît, député de Nelligan, si vous
posez une question, laissez un peu le temps de répondre au ministre.
M. Derraji :
Oui, oui, aucun problème, aucun problème, aucun problème.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci.
M. Fitzgibbon :
Alors, conséquemment, avant même que je décide de me présenter comme candidat,
il devenait impératif pour moi que la rémunération d'Investissement Québec soit
ajustée pour être à la hauteur des ambitions du gouvernement en développement
économique et en complémentarité avec d'autres acteurs comme la Caisse de dépôt, où la rémunération est à peu près
le double, et même le triple. Alors, c'était une condition précédente
pour qu'on puisse livrer les ambitions du gouvernement.
M. Derraji :
O.K. Oui, je comprends, et la différence entre votre gouvernement et notre
gouvernement, l'ancien gouvernement, c'est qu'on ne pense pas qu'un
demi-million, c'est un tire-pois.
M. Fitzgibbon :
Oui. Là, vous avez fait...
M. Derraji :
Bien là, probablement, je viens de savoir que, pour vous, «tire-pois», c'est 1 million
de dollars. Moi, non.
M. Fitzgibbon :
Moi, j'aime autant payer les gens plus cher, puis qu'on n'ait pas d'Airbus,
puis de McInnis, puis de Stornoway.
M. Derraji : Non, non, mais c'est votre choix. Vous allez
vivre avec ça, M. le ministre. Vous avez choisi une politique
de rémunération parce que pour vous c'est du bon sens, vous allez
vivre avec ça. Expliquez-le aux Québécois. C'est ça...
M. Fitzgibbon :
Exactement.
M. Derraji :
...c'est ce qui est très clair. Donc, vous pensez que c'est du tire-pois,
500 000 $? Ouf! Je vais me garder une petite gêne.
M. Fitzgibbon : Il faut
connaître l'industrie.
M. Derraji : Pardon. M. le
ministre, j'ai une question. Ce n'est pas grave. J'ai une question. La politique
de rémunération, pourquoi elle n'est pas publique jusqu'à maintenant?
M. Fitzgibbon : Bien, je pense
qu'elle est publique. Il y a un décret, là, le décret a été passé, puis ça va
être divulgué, là. On a respecté les règles.
M. Derraji : Le décret, je l'ai, mais je parle de la politique
de rémunération d'Investissement
Québec à qui... où M. Guy
LeBlanc fait...
M. Fitzgibbon : C'est divulgué
dans le rapport annuel.
M. Derraji : Donc, ça va
être... O.K. Donc, c'est... il faut attendre le rapport annuel pour que ça soit
public?
M. Fitzgibbon : Bien, c'est le
format normal.
M. Derraji : C'est entériné par
le C.A.?
M. Fitzgibbon : Oui, puis la Caisse
de dépôt fait ça, tout le monde fait ça. C'est la pratique normale, si vous
voulez...
M.
Derraji : Oui, oui, mais
c'est déjà entériné par la caisse... par Investissement Québec, la nouvelle politique de rémunération?
M. Fitzgibbon : C'est une question?
M. Derraji : Oui, oui, c'est...
J'ai posé...
M. Fitzgibbon : Oui. La réponse
est oui.
M. Derraji : C'est... Je n'ai
pas... Est-ce que ça a été entériné, la nouvelle politique de rémunération de
l'ensemble des employés, par le C.A.?
M. LeBlanc (Guy) : Ça a été...
Pour la haute direction, ça a été entériné par un décret.
M. Derraji : Le décret que j'ai
date du 23 avril 2019.
M. LeBlanc (Guy) : Ça, c'était il
y a...
M. Derraji : «... le
décret 1142-2014 du 17 décembre 2014 soit modifié en conséquence. Que
le présent décret prenne effet à compter du 23 avril 2019.» Juste pour que
je me situe, est-ce qu'on parle du même décret, le décret du 18 avril
2019? Et il parle de la... Et, au fait, j'ai tout... j'ai votre rémunération,
publiée dans la Gazette officielle du Québec le 8 mai 2019, donc...
M. LeBlanc (Guy) : Ça, c'était
le décret du P.D.G..
M. Derraji : Oui, oui, absolument.
Donc, il y a un autre décret pour l'ensemble des employés ou bien juste les
vice-présidents?
M. Fitzgibbon : On a le décret,
on l'a passé... D'ailleurs, on en a parlé en Chambre, on en a... un décret qui
était en... récemment, là, en... il y a un mois ou deux, le décret qui a été
approuvé — je
n'ai pas la date exacte, là, M. Bahan va regarder — pour
la haute direction d'Investissement Québec.
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...décret...
M. Fitzgibbon : Et toute la rémunération
va être divulguée dans le rapport annuel qui va sortir fin juin.
M. Derraji : Le rapport annuel sera
divulgué... sera déposé quand? Quelle date?
M. LeBlanc (Guy) : Ça va être
déposé probablement vers la mi-juin, à peu près.
M. Derraji :
Mi-juin. En fait, c'est au même moment... avec le dépôt des résultats
financiers?
M. LeBlanc (Guy) : Exact. Bien,
dans le rapport annuel, il y a les résultats financiers et tout ce qu'on s'est
engagés à faire en termes de développement durable, en termes de...
M. Derraji : Oui, oui. C'est
excellent.
M. LeBlanc (Guy) : ...et de rémunération
aussi.
M. Derraji : Oui. Je ne sais
pas si M. le ministre va accepter que je vous pose une autre question. Mais
vous avez dit que vous parlez avec 30 entreprises par jour. C'est quoi, le
principal défi qu'ils vous partagent?
M. LeBlanc (Guy) : Bien,
c'était... Les 30 par jour, c'était au moment de... au début de la pandémie,
là.
M. Derraji : De la pandémie.
Mais c'est quoi, leur enjeu... l'enjeu de l'année?
M. LeBlanc (Guy) : C'étaient
des enjeux de — excusez
le terme, là — cash-flow
puis... liquidités. Voilà.
M. Derraji : Oui, liquidités,
donc manque de liquidités. Mais, écoutez, M. le ministre, il nous dit toujours :
On est les meilleurs au niveau des liquidités. Donc, vous avez répondu à leurs
problèmes de liquidités, j'imagine?
M. LeBlanc (Guy) : En fait, on
avait des discussions sur ce qu'ils allaient faire...
M. Derraji : O.K.
M. LeBlanc (Guy) : ...sur :
Est-ce qu'ils auraient de l'aide éventuelle?
M. Derraji : O.K.
M. LeBlanc (Guy) : Et la
réponse était... Lorsque je parlais à quelqu'un qui avait une entreprise avec
un bon plan d'affaires et puis... Oui.
M. Derraji : Oui. Plan
d'affaires. C'est quoi, vos critères avant de mettre du cash sur la table?
M. LeBlanc
(Guy) : Mais... Évidemment,
la qualité du plan d'affaires, c'est primordial, la qualité de l'équipe
de direction entre autres; si c'est dans un des secteurs-clés, ça coche encore...
M. Derraji : O.K. Est-ce que...
Est-ce qu'on peut...
M. LeBlanc (Guy) : ...développement
régional, l'importance...
M. Derraji : Est-ce qu'on peut
avoir en commission le dépôt de ces critères? Ça m'intéresse, vos critères pour
choisir les projets.
M. LeBlanc (Guy) : Mais ce
n'est pas une check-list, ça.
M. Derraji : O.K. Donc, vous
travaillez à... je veux dire à l'aveuglette, genre : on choisit deux,
trois critères?
M. LeBlanc (Guy) : Non. Quand
on recrute des gens compétents...
M. Derraji : Ils peuvent...
M. LeBlanc (Guy) : ...ils
savent exactement quelles sont les questions qu'ils doivent poser selon le
secteur d'activité, selon le type : Est-ce qu'on est dans le service, dans
le manufacturier, ainsi de suite?
M. Derraji : Mais vous avez
raison...
M. LeBlanc (Guy) : Et tu amènes
l'expertise sectorielle pour justement analyser.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci,
M. le député. C'est déjà tout pour ce bloc. Alors, nous poursuivons avec le troisième
groupe d'opposition, avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, M. Leblanc, bonjour. Je comprends, là, qu'Investissement Québec a bénéficié d'une bonne conjoncture pour 2020‑2021.
Certes, ce n'est pas la même situation
pour tous, pour tout le monde. Il y a plusieurs entrepreneurs,
par dizaines, centaines, qui ont vu leurs investissements partir en fumée ou se volatiliser complètement. Dans les explications que j'ai eues de M. Leblanc, j'ai cru
comprendre que, bon, la bonification
des salaires a été en partie due au fait qu'on avait aidé ces entrepreneurs-là. Mais ma question est très, très sur le plan humain :
N'aurait-on pas pu attendre, reporter d'un certain temps, pour une période x,
cet octroi de bonis là?
M. LeBlanc (Guy) : Lorsque je
suis entré en fonctions en avril 2019, il est apparu clair qu'il fallait faire
du recrutement de certaines spécialités pour
être capables de livrer le mandat qu'on nous avait confié. Et donc, ces gens-là
ont été embauchés sur la base de ce qui
avait été entendu, c'est-à-dire qu'il y aurait, comme dans beaucoup
d'institutions, un régime basé sur la performance avec
un salaire de base, mais aussi la possibilité d'aller chercher des sommes additionnelles sur... basées sur la performance,
et, dans un fonds, généralement, c'est sur un rendement sur une portion long
terme, c'est là où tu vas chercher le maximum.
Alors, encore une fois, c'est sur une base de
trois ans. Il n'y a rien qui a été versé en 2019‑2020, il n'y a rien qui a
été versé en 2020‑2021 et il n'y a rien qui sera versé avant 2022‑2023. Alors,
on le calcule, on va voir quels vont... qu'est-ce que ça va donner sur une base de trois ans. Je vous ai dit que, dès le
moment où un des objectifs, un des indicateurs
de performance est partiellement
rencontré, bien, déjà, le maximum n'est plus atteignable, et ainsi de suite.
Donc, si on n'atteignait pas, par exemple, le rendement, si l'indice
d'engagement de nos gens n'était pas à un niveau satisfaisant, qui a été placé
au-dessus de la norme des institutions financières au Québec... Alors, on s'est
fixé des objectifs ambitieux. Ce n'est pas... Ce qui me fatigue un peu de la
couverture médiatique, c'est qu'on fait toujours référence au maximum, mais ce
maximum est extrêmement difficile à rencontrer.
• (15 h 40) •
Mme Perry Mélançon : Moi, je
fais référence au timing, M. LeBlanc, je fais vraiment référence au
timing, et c'est pour ça que la question, vraiment, était sur le report. Je ne
questionne pas les compétences de ces gens-là, je comprends qu'on les a engagés
pour de bonnes raisons, je suis certaine de ça. Mais c'est dans le timing,
alors que nos entreprises sont au bord du
gouffre. Je n'ai pas cru comprendre exactement, là... On en a fait l'annonce,
donc... Mais ce que je comprends, c'est que ce sera reporté, tout de
même?
M. LeBlanc
(Guy) : Ça ne... Il n'y a
rien qui va être versé... Dans la bonification à long terme, il n'y a rien qui
va être versé cette année ou qui a été versé l'année dernière.
Mme Perry
Mélançon : Puis, avec ce rendement-là, est-ce qu'on a considéré...
Avec justement des programmes comme le PACTE, qui a rapporté des
intérêts à Investissement Québec, est-ce qu'on n'aurait pas pu justement tenter
de réduire les intérêts aux entreprises sur leurs prêts? Il n'y a rien qu'on aurait pu
faire pour que ça soit dirigé vers l'aide aux entreprises?
M. LeBlanc (Guy) : Ce qui
rentre dans le résultat, dans le rendement d'Investissement Québec, c'est ce qu'on fait avec nos fonds propres. Le PACTE, ça
fait partie du Fonds de développement économique, on est seulement
mandataire. Alors, on fait l'analyse, on fait... on va faire du démarchage, on
va faire l'analyse et on présente notre recommandation au ministre ou au Conseil
des ministres, dépendant des sommes en jeu, et c'est... la décision est prise
là-bas, et ça ne rentre pas dans nos résultats.
Mme Perry Mélançon : Donc, est-ce
que je dois poser la question au ministre?
M. Fitzgibbon : Bien, je n'ai
pas de boni. Alors... Non, mais, farce à part, je pense... c'est important de
rappeler... le FDE est la portion des sommes d'argent qui est allouée par le ministère
des Finances au ministère de l'Économie et qu'on canalise via Investissement
Québec. La rémunération d'Investissement Québec, à court terme, prend seulement
compte des fonds propres d'Investissement Québec. Donc, ces fonds-là, l'intérêt
qui va être gagné sur les prêts ne rentre pas dans le calcul de la
bonification.
Mme Perry Mélançon : Il va
faire... On va faire quoi avec l'intérêt de ces prêts-là, alors?
M. Fitzgibbon : Bien, ça rentre dans les résultats d'Investissement Québec, mais ce n'est pas rémunéré. Donc...
Mme Perry Mélançon : O.K. Oui,
je comprends. Mais...
M. Fitzgibbon : Bien, votre
question est autre. La question, c'est... On revient au point...
Mme Perry Mélançon : ...je veux
savoir s'il y a une façon de communiquer ces... Oui.
M. Fitzgibbon :
...au point de votre question. Je pense, c'est de dire... Le taux, était-ce
3 %, le PACTE? Votre question,
c'est : Est-ce qu'on aurait dû mettre 2 % lieu de 3 %?
Écoutez, je pense que le taux est quand même raisonnable. Je pense que l'enjeu pour les PME à l'époque et les
grandes entreprises, c'était : accès à liquidités, comme M. Leblanc a mentionné. Donc, il n'y a pas
grand monde qui ont critiqué le 3 %. Je ne sais pas s'il y en a eu, là,
mais en tout cas, tu sais, ce n'est pas un taux qui est usurier.
Puis,
comme on a toujours dit aussi, puis on en a parlé ce matin, je pense, on va
être flexibles. Si les entrepreneurs ont de la difficulté à repayer, que
ça soit M. Leblanc, son équipe, ou les gens du... bien, c'est
Investissement Québec ou les FLI, on va s'asseoir avec les entrepreneurs puis
on va regarder ce qu'on va faire, on n'ira pas... on ne sera pas des brutes
pour se faire repayer selon l'échéancier. D'ailleurs, on l'a vu dans l'AERAM,
on l'a reporté, hein, au mois de septembre, puis on le reportera encore s'il
faut.
Mme Perry Mélançon : Sur un
tout autre sujet, la mine de La Corne, en Abitibi, North American Lithium, est
sous la protection de ses créanciers depuis plusieurs années. Investissement
Québec a confié à Raymond Chabot le mandat de mener un processus d'appel
d'offres. Bon, c'était dans l'objectif de trouver un consortium disposé à
racheter les actifs puis à opérer la mine. Le processus a été repris trois
fois, si je ne m'abuse, on n'a pas exactement les raisons de cette... bon, de
cette reprise-là, et, au terme du troisième appel d'offres, Raymond Chabot a
récemment déposé son rapport. Il y a une recommandation, mais on n'a toujours
pas d'annonce qui est faite. Est-ce que c'est parce qu'aucune offre n'était
satisfaisante pour le ministre?
M. Fitzgibbon : Oui. Bien,
écoutez, je vais laisser Guy parler du processus...
Mme Perry Mélançon : Peut-être
de la recommandation de Raymond Chabot, pour commencer.
M. Fitzgibbon :
Bien, ça, on n'est pas dans... Vraiment, Raymond Chabot n'est pas engagé par
Investissement Québec, c'est un contrôleur.
Mme Perry Mélançon : Mandaté.
M. Fitzgibbon : Non, mais c'est
un processus légal, le dépôt, là, de la LACC, donc il y a un juge, il y a un
contrôleur qui est nommé. Donc, c'est eux qui sont indépendants des créanciers.
Il y a deux créanciers garantis, il y a nous
et CATL, la compagnie chinoise. Donc, il y a un processus. Ça a pris trois fois
parce que c'était complexe. Il y a eu six, huit offres, puis ce n'était
pas conforme. Alors là...
Mme Perry
Mélançon : Conforme... «Pas conforme»? Est-ce qu'on peut détailler un
peu le fond de votre pensée?
M. Fitzgibbon : Bien, quand un
contrôleur demande des offres pour un actif, il faut que le financement soit fait, il faut divulguer comment... la revue
diligente. Donc... beaucoup de défaillances sur les conditions précédentes pour
que l'offre soit acceptée. Comme on
voulait... on veut une résolution, on a accepté avec CATL de reporter
l'échéancier, deux reprises, là je pense qu'on est dans la finalité, il
y a eu des gens qui ont été sélectionnés.
Mme Perry Mélançon : Mais il y
a une recommandation du rapport?
M. Fitzgibbon : On est proches,
là. Je pense qu'on va peut-être pouvoir annoncer quelque chose, on espère,
d'ici quelques semaines.
Mme Perry Mélançon : Puis
est-ce que... Je comprends qu'on n'aura pas la recommandation, mais est-ce
qu'elle va être suivie par le ministre?
M. Fitzgibbon : Oui.
D'ailleurs, vous amenez un très, très bon point. Je pense que beaucoup a été
écrit récemment sur, bon, c'est quoi, le processus décisionnel. Il faut
comprendre que c'est un processus légal, donc ce sont le juge et le contrôleur
qui sont responsables d'évaluer les offres. En bout de piste, évidemment, les
créanciers garantis doivent l'accepter dans la mesure où l'offre va être
inférieure aux créances, ce qui va être le cas, là. Alors... Mais c'est le
contrôleur qui décide ou qui légifère qui est finaliste, et, quand il y a un
finaliste qui est choisi, là, les créanciers garantis peuvent, entre
guillemets, «finaliser» avec eux. Donc, on est là-dedans présentement.
Mme Perry Mélançon : O.K. Donc,
on ne peut pas avoir le dépôt du rapport, il ne sera pas... Ce que je
comprends, le ministre ne veut pas le dévoiler?
M. Fitzgibbon :
À ce temps-ci. Puis, quand on annoncera la transaction, je verrai si on peut le
faire. Généralement, on ne le
divulgue pas. Mais il y a eu beaucoup d'éclats ici, alors peut-être qu'on verra
si on peut divulguer les noms, là.
Mme Perry Mélançon : Et les
critères qui ont mené un choix.
M. LeBlanc (Guy) : Mais la
séquence...
M. Fitzgibbon : Critères, oui.
Oui, oui!
M. LeBlanc
(Guy) : Oui. Mais la
séquence, c'est vraiment... Il y a... Comme le ministre a dit, il y a deux
créanciers garantis, dont nous, et
ensuite le contrôleur, qui est Raymond Chabot, fait sa recommandation à la
cour. Et là, le juge, compte tenu... Généralement,
il faut que les créanciers garantis aient été couverts puis ensuite voir s'il y
a des surplus pour l'ensemble des créanciers ordinaires, et ainsi de suite, de
deuxième rang.
On n'est pas rendu là encore, mais on est sur le
point de. Alors, ça devrait être annoncé, là, d'ici ces quelques jours ou
quelques semaines.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, c'est tout pour l'échange.
Nous
poursuivons avec l'opposition officielle. Mais je veux d'abord dire que nous
avons reçu votre document, le député
de Nelligan. Alors, je le confirme,
le secrétariat l'a bien reçu, et nous allons le déposer pour qu'il soit rendu
public.
Maintenant, nous cédons la parole à vous, M. le
député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bien gentille, M. Leblanc peut le voir et peut le consulter.
Je vais revenir au dernier échange sur les
critères. Je suis vraiment très intéressé de recevoir les critères, parce qu'on parle de beaucoup
d'investissements d'Investissement
Québec. Vous semblez être confiant par rapport au prochain rapport. Tant mieux. Mais je suis curieux de voir
l'argent des contribuables est investi où. Donc, pour moi, les critères... Mme la Présidente, j'aimerais bien
vraiment que les critères... que M. le P.D.G. d'Investissement Québec
nous dépose, aux membres de la commission,
les critères d'évaluation des projets sur lesquels Investissement Québec
se base pour dire : Je vais investir
pour tel... dans tel projet versus un autre. Et j'imagine que vous avez refusé
des projets où vous avez dit non...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Attendez que... Député de Nelligan, je vais quand même demander au
ministre : Est-ce que c'est possible de déposer les critères?
M. LeBlanc (Guy) : Bien, c'est parce
que les critères... Les critères, tu sais, ce n'est pas une check-list qu'on applique à chaque compagnie. S'il s'agit de capital
de risque, bien, ça ne sera pas les mêmes critères que pour un financement,
puis, si c'est un financement, ce ne sera pas les mêmes critères pour une dette
subordonnée ou une débenture
convertible, puis...
M. Derraji : Mais je comprends
tout ça, M. Leblanc. Vous avez le droit de nous déposer tous vos critères.
Je vous assure que je vais tout lire, parce que je suis très intéressé et très
curieux de savoir les critères d'une société d'État, comment elle prend la
décision, cette société d'État, avant d'investir l'argent des contribuables
dans une société, une compagnie au Québec, et surtout, ce qui
m'intéresse... Parce qu'il y en a qui
nous disent : J'ai tapé la porte d'Investissement Québec, on m'a
dit non. Je veux savoir pourquoi. Donc...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Oui, je vais
répondre. Écoutez, on ne peut pas répondre à une question ouverte comme ça. La réponse, c'est : Non, on ne répondra pas.
Par contre, ce que j'encourage le député de Nelligan à faire, c'est d'écrire
des questions spécifiques. Ça, c'est trop large. Investissement Québeca plus
de, quoi, 4 milliards d'investis, FDE, 3, 4 milliards. C'est impossible, répondre à cette question-là, ça va
être un livre. Alors... Par contre, par transparence, que le député
écrive des questions spécifiques, puis on va répondre en... ce ne sera pas...
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Donc, il n'y aura pas de dépôt de documents?
M. Fitzgibbon : Non.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est parfait. Merci, c'est compris.
M. Derraji : Oui. Et, au lieu d'écrire, je vais reposer ma
question. Les directives que vous avez utilisées pour investir dans des
compagnies, vous les connaissez. Moi, je suis quand même curieux de les savoir.
Vous dites que c'est très, très spécifique, très large, je pense qu'il y
a des lignes directrices. Je m'attends quand même à ce que le P.D.G.
d'Investissement Québec peut compter sur le nombre de ses doigts les critères.
M. LeBlanc (Guy) : Bien,
écoutez, c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure.
M. Derraji : Bien, bravo! Bien,
c'est ça que je veux que vous déposiez. Donc, si vous êtes capable de les
calculer sur le bout de vos doigts, je ne vous invite pas à aller faire un
exercice très exhaustif, déposez-nous juste vos critères. Parce que, si... en tant que P.D.G., si vous êtes incapable de
me dire : Voilà les critères, je vais avoir des doutes.
M. LeBlanc (Guy) : Bien oui,
d'accord.
M. Derraji : Bien... Bien,
M. le P.D.G...
M. LeBlanc
(Guy) : Mais ce que je vais
vous donner, ça va être critères financement 101, ça va être les cinq ou
six critères de base qu'on retrouve.
M. Derraji :
Aucun problème. Donc, j'espère qu'on va les recevoir, madame...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Donc, vous, vous aimeriez recevoir ces cinq ou six critères?
M. Derraji : Oui, aucun
problème...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que M. le ministre s'engage...
M. Derraji : ...les critères
majeurs qu'il utilise pour voir son tableau de bord avant d'investir. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, M. LeBlanc parle de cinq à six critères. M. le
ministre, est-ce que vous vous engagez à les déposer, cette liste des cinq à six critères?
M. LeBlanc (Guy) : Pas de
problème.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui?
M. Fitzgibbon : Oui. Si mon
collègue veut le faire, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, ils seront déposés, M. le ministre...
M. Derraji : Oui,
prochainement, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...M. le député de Nelligan. Nous poursuivons cette fois avec le député de
Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, nous allons poursuivre,
donc, M. LeBlanc, M. le
ministre, sur le mandat d'Investissement Québec. Vous avez dit que, bon, vous
aviez besoin d'aller chercher les meilleurs, tout ça — écoutez,
je ne veux pas revenir sur les enjeux de rémunération — et
que c'était nécessaire pour exécuter le nouveau mandat d'Investissement Québec,
qu'il fallait attirer le talent pour exécuter ce nouveau mandat. Bon. Pouvez-vous nous parler un petit peu de ce
nouveau mandat, de façon générale, là? Je ne veux pas non plus passer...
vous donner 30 minutes pour répondre à ça. Mais, de façon générale, c'est
quoi, le nouveau mandat? Qu'est-ce qu'il y a de nouveau dans le nouveau mandat?
M. LeBlanc (Guy) : Oui. Merci
pour la question, puis je vais le faire de façon très concise, quelques minutes
seulement. Tout d'abord, on est passés de 500 employés à 1 000. On
faisait du financement... Puis c'est pour ça que je suis un peu mal à l'aise de parler seulement de financement, parce
que les gens qui se sont ajoutés à Investissement Québec, ce sont les gens du CRIQ, ce sont... du
Centre de recherche industrielle du Québec, ce sont les gens d'Export
Québec et ce sont les gens du ministère de l'Économie en région qui sont venus
renforcer notre équipe régionale. Alors,
l'accompagnement est absolument clé pour aider les entreprises à, à la fois,
identifier les besoins, parfois les guider et certainement pour les
financer. Et le réseau régional, on est passés de 160 employés qui
faisaient strictement du financement à 300 employés avec de
l'accompagnement, et ces 300 personnes-là vont chercher le CRIQ quand il y
a un enjeu de transformation numérique, les
gens se déplacent et se rendent sur place à la compagnie. Ça, c'est au niveau du réseau régional. Et les gens
d'Export Québec : 3 600 interventions cette année, dans une période
de pandémie, 3 600 interventions
avec des entreprises de partout au Québec pour les aider à aller chercher des
contrats à l'international, et ça a bien fonctionné. En termes de ventes
nettes, on a, je pense, c'est... au moins doublé le résultat précédent.
M. Leitão : Très bien.
M. LeBlanc (Guy) : Alors, ça,
c'est au niveau du réseau régional.
Au niveau... L'expertise qu'on est allés
chercher se retrouve non seulement dans l'accompagnement, mais aussi au niveau
des placements privés. On est allés chercher une première vice-présidente
placements privés qui provenait des CIBC
World Markets, puis Wood Gundy, et ainsi de suite qui justement a cette
expertise de placements privés et qui a pu aussi recruter des gens de
talent pour renforcer notre équipe. Et, quand on regarde le rendement de cette
année, le capital de risque, nos placements privés et nos sociétés cotées en
bourse ont généré le trois quarts... 70 %, à peu près, de notre rendement
de l'année de 20 % et plus.
M. Leitão : Très bien.
M. LeBlanc (Guy) : Alors, c'est
ça, ça fait partie du mandat.
M. Leitão :
O.K. Et c'est là où je trouve qu'il y a possiblement un problème, à mon
avis : c'est qu'Investissement Québec 2.0 est devenu une entité qui
a un mandat qui a plusieurs facettes, et, dans certaines facettes de ce mandat,
comme vous avez dit, vous avez utilisé le
terme «accompagnement»,et donc c'est très bien, c'est le rôle de promotion,
accompagnement, très bien, mais il y a aussi une partie
du mandat qui est purement une institution financière. Donc, Investissement
Québec se comporte en partie comme une banque, et c'est cet aspect-là que... je
trouve, qui peut nous mener, en termes de politiques publiques, à des décisions
qui ne sont peut-être pas toujours dans l'intérêt public.
M. LeBlanc (Guy) : L'ancien
Investissement Québec se comportait comme une banque, faisait du prêt et de la garantie de prêts, c'était la quasi-totalité de
ses interventions. Le nouvel Investissement Québec... Connaissez-vous des
banques qui font de l'accompagnement comme ça, avec du support technologique,
avec du support à l'exportation puis avec du support stratégique? Maintenant,
on fait non seulement ça, mais aussi du placement privé et d'aider les entreprises qui... On ne peut pas... Il y a
l'effet de levier, que vous connaissez très bien. On ne peut pas
continuellement endetter
l'entreprise, et ça prend une position d'équité où, dans certains secteurs,
l'endettement n'est pas nécessairement possible, et on rentre comme
partenaire en équité. En termes de nombre d'interventions, on n'a jamais été
aussi présents dans le marché. Et, en plus, avec les comités de développement
régional, on a les gens dans chacune des régions administratives... Dans les
17 régions administratives, on a un comité d'une douzaine de personnes,
des gens qui viennent de la communauté
d'affaires qui sont des entrepreneurs et aussi de gens qui sont des agents de
développement et qui connaissent le tissu social et économique de la
région, qui connaissent les jeunes pousses, qui connaissent les entreprises à
fort potentiel et qui nous les réfèrent, c'est... ils nourrissent le pipeline,
et les directeurs régionaux d'Investissement Québec sont sur ces... président
ces comités. Alors, ça fait des échanges avec la communauté et ça nous permet
de jouer davantage notre rôle de développement économique.
M. Leitão : Mais c'est...
Mais... Très bien. Quand j'ai dit : IQ se comporte comme une banque,
j'aurais dû préciser : comme une banque
d'affaires, comme une «investment bank». Et c'est cette partie-là que je trouve
qu'il faut qu'on fasse très attention, je veux qu'on soit très... que
cela soit très, très encadré.
Vous m'avez posé la question : Est-ce que
je connais beaucoup de banques qui font de l'accompagnement? Bon. Posez la
question aux banques commerciales, elles vont toutes vous dire qu'elles font de
l'accompagnement aussi. Mais, par exemple, la BDC fait beaucoup d'accompagnement,
et nous avons déjà eu cette conversation avec M.
le ministre qu'Investissement Québec n'était pas la BDC, ne voulait pas être comme la
BDC. Mais j'ai l'impression que vous vous comportez pas mal comme la BDC
aussi.
• (16 heures) •
M. LeBlanc (Guy) : On n'est pas
à la recherche de rendements à tout prix. Quand on est partenaire avec des
institutions financières, puis on est partenaires avec la BDC dans certains
projets, et on travaille très bien avec eux, et, particulièrement dans le
contexte du PACTE, on a super bien travaillé avec les gens de la BDC, c'est sûr
qu'on est à peu... on va être un marché.
Mais la chose que je considère la plus importante de notre mandat... Bon.
D'augmenter la productivité des entreprises, augmenter les exportations,
c'est clé. Mais de combler les carences dans la chaîne des capitaux, c'est absolument essentiel pour les
entreprises en démarrage, et c'est là
où on fait du... notre équipe de capital de risque qui a... je ne sais
pas... qui a eu des résultats absolument incroyables... Il y a La Presse+
du mois de janvier ou février 2021 faisait état de sept ou... faisait état de
huit compagnies à fort potentiel qui étaient probablement les prochaines
compagnies à faire un premier appel public à l'épargne. Bien, Investissement
Québec était présent dans sept des huit.
M. Leitão : C'est ça, et c'est
dans ce créneau-là qu'il y a une possibilité qu'Investissement Québec joue dans
un... sur un terrain où il y a plusieurs autres joueurs, plusieurs autres
joueurs privés, et donc qui risque d'avoir, bon, une certaine compétition pas
toujours très loyale parce qu'IQ a tout le soutien financier de l'État
québécois.
M. LeBlanc (Guy) : Non, ce
n'est justement pas là qu'il est notre rôle, c'est que... prenons Lightspeed,
par exemple. Lightspeed, les premiers quelques millions ont été mis par
Investissement Québec, mais par la suite est arrivé Inovia, est arrivé la
Caisse de dépôt, est arrivé des joueurs qui en série A, là, on n'est pas
nombreux, alors on joue notre rôle. Quand arrivent les séries B, C puis des D
tardives des fois, on rembarque à ce moment-là.
M. Leitão : ...excusez-moi. Il
n'a pas aimé quelque chose que vous avez dit, probablement. Vous avez dit
«Siri», alors, Bing s'est réveillé. Bon, O.K., tais-toi, Siri. Vous pouvez
continuer, M. LeBlanc. Excusez-moi.
M. LeBlanc (Guy) : Alors, ce
que je dis, c'est que le rôle dans la chaîne des capitaux est absolument
essentiel et on n'est pas en compétition. Ce qu'on nous dit depuis deux
ans : On est content du mandat, vous n'êtes plus en compétition avec nous, les institutions financières, entre
autres, vous n'êtes plus en compétition avec nous, on est partenaires
maintenant. Alors, on vous laisse la place. Si vous pouvez le faire, ce n'est
pas notre rôle d'aller faire un financement
qu'une institution financière peut faire, ce n'est pas notre rôle. Et ça a été
difficile, les premiers temps, avec mon équipe, qui avait un mandat
davantage de volume de leur dire non, c'est la pertinence qui prime. Alors,
quand on est... quand on y va parce qu'il n'y a personne d'autre et que le
projet selon nous est porteur, et là on applique une série de critères, bien,
voilà.
M. Leitão : Voilà les critères,
on revient aux critères, justement. Et vous avez une série de critères. Et je pense
qu'on ne va pas non plus avoir accès à tous les secrets de votre grille de
décision, mais je pense que ce serait quand même utile, d'une façon générale, de pouvoir voir ça.
Comme, par exemple, est-ce que les critères tels qu'une contribution directe à la réduction de gaz
à effet de serre fait partie de la grille de décision d'analyse d'Investissement
Québec?
M. LeBlanc
(Guy) : Absolument, absolument, c'est... Quand vous arrivez à cocher
secteur clé, technologie propre et puis possibilité d'exportation, vous avez un
bon dossier...
M. Leitão : Très bien.
M. LeBlanc (Guy) : ...une bonne
équipe de direction évidemment, puis un plan de match.
M. Leitão : O.K. Très bien.
Alors, on avait commencé à parler un peu plus tôt d'exportation, et vous aviez
aussi dit, M. LeBlanc, que ça fait partie de vos objectifs, donc du
nouveau mandat de contribuer à doubler, à toutes fins pratiques, les
exportations du Québec, vous les amenez à 104 % du PIB, je pense...
M. LeBlanc (Guy) : 50 % du
PIB, c'est à peu près 15 à 20 milliards...
M. Leitão : Ce n'est pas
doublé.
M. LeBlanc (Guy) : ...alors
c'est passé de 200 à 215, 220 à peu près.
M. Leitão : Ce n'est pas tout à
fait doublé, bon, mais c'est très ambitieux. Donc, ce que je voulais dire, c'est
ça, je trouve que cet objectif-là est très, très, très ambitieux, tant mieux si
on peut l'atteindre. Mais là il y a plusieurs obstacles à cela, et c'est là on
avait commencé avant midi avec M. le ministre, parce que le monde a quand même
changé, hein, avec la pandémie et il y a toutes sortes de nouvelles tendances,
de nouvelles façons de faire. On voit surtout que nos voisins aux États-Unis
aussi, il y a une grande... ils essaient de réorienter aussi leur économie.
Donc, l'environnement, l'environnement, pour le
commerce extérieur n'est plus aussi amical, si on peut utiliser un tel terme, qu'il l'était auparavant. Donc, il me semble que
ça va être doublement difficile pour les Québécois, les entreprises
québécoises de continuer dans cet effort d'augmentation d'exportation. Alors,
comment est-ce que vous, vous pensez vous orienter pour réussir cet objectif
dans le contexte d'un monde qui devient un peu plus petit, un monde qui se
referme un peu... un peu sur lui-même?
M. LeBlanc (Guy) : Bien, il n'y
a pas de doute qu'on a un vent de face avec le protectionnisme, et qui s'est développé
avec le contexte pandémique entre autres et l'autonomie, que ça soit
alimentaire ou d'autres produits. Mais on a un gros avantage, c'est qu'on a un
vélo électrique. Et le vent devrait être... devenir même favorable avec tout ce qu'on produit, avec l'importance qu'a
l'environnement, puis vous avez fait référence à ça, avec les technologies
propres dans lesquelles on investit, avec l'aluminium vert qui devient de plus
en plus réglementé à travers la planète. On a des avantages énormes. Puis sans
parler de la filière électrique, tout le transport électrique et toute
l'attention qu'on attire sur le Québec, on est en plein... On est en plein mode
de... On a...
On a approché un certain nombre de joueurs dans
la fabrication à la fois de cathodes, de cellules de batterie puis de... de... excusez le terme anglais,
«battery pack». Alors, il y a des joueurs... Il y a des joueurs européens,
asiatiques, américains qui s'intéressent beaucoup à notre filière, avec
qui on est en discussion, en négociation. Et j'espère que, cette filière, on réussira, toute la chaîne au
complet, à la mettre en place au cours de la prochaine année, les
18 prochains mois. C'est l'objectif qu'on s'est fixé.
M. Leitão : Très bien. Combien
de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) : 20.
M. Leitão : Pardon?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
20 secondes. Bien, 17 secondes.
M. Leitão : Je pensais à 20 minutes. J'étais très
enthousiasmé, là, là. Bon. 20 secondes. Écoutez, on va continuer là
où on a laissé parce que l'aspect électrique, c'est un effet électrisant. On
va... On va... Il y a... Il y a des choses que j'aimerais qu'on aborde de ce
côté-là, mais avec 10 secondes, on n'a pas beaucoup de temps. Donc...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, nous poursuivons avec le député de Rosemont.
Il vous reste 9 min 40 s.
M. Marissal : Merci,
Mme la Présidente. M. le ministre, j'aurais besoin d'une minute ou deux de votre temps pour là, maintenant.
Dites-moi, trouvez-vous que vous êtes assez payé, vous, comme ministre?
M. Fitzgibbon : Bonne question.
Je n'ai jamais pensé à ça, mais oui.
M. Marissal : Oui?
M. Fitzgibbon : J'ai décidé de venir servir comme politicien.
Alors, je savais... Je savais c'était quoi, l'arrangement. Puis dans ma
vie j'étais rendu là.
M. Marissal :
Bien, je savais que vous alliez dire ça. Puis ça vous honore parce que je sais
que vous faisiez pas mal plus d'argent dans votre ancienne vie. C'est vrai de
pas mal de monde ici, là.
Pourquoi ça ne s'applique pas aux gens d'Investissement
Québec? Pourquoi a-t-il fallu catapulter les salaires à ce point?
• (16 h 10) •
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
j'ai dit tantôt, moi, je pense que l'environnement dans lequel Investissement
Québec opère est très compétitif. Oui, on parle d'une société d'État, il n'y a
pas de doute. Mais, tu sais, moi, j'étais sur le conseil d'administration en
1990, quand on a changé la Caisse de dépôt, la rémunération. Mais je ne veux
pas dire que les gens sont drivés par l'argent seulement, c'est faux. Mais,
quand on parle des jeunes, là...
Tu sais, les gens de ma génération, M. LeBlanc, c'est la même chose... M. LeBlanc
n'est pas venu chez Investissement Québec pour faire de l'argent, il est venu
chez Investissement Québec parce qu'il voulait aider à bâtir un engin, à bâtir quelque
chose qui va être performant pour les prochaines générations. Puis moi, je pense
qu'à la Caisse de dépôt je l'ai vécu, puis il y a eu du vent de face, là. Tu
sais, ce que vous faites ici, là, c'était la même chose en 1994, je ne sais pas qui était au pouvoir... avait justifié les gens,
en disant : Caisse de dépôt, ils paient... là. Je me rappelle,
M. Provost était passé de 300 000 $ à 1,5 million. Le monde
déchirait leurs chemises.
La Caisse de dépôt, c'est une des entités les
plus performantes de son environnement au Canada, pas parce que les gens sont
juste pour l'argent. Mais, quand on parle des jeunes qui ont le choix d'aller
travailler pour une banque, d'aller travailler à l'extérieur... Mais, moi, le
Québec, là, je veux qu'on... je veux que nos jeunes, là, disent : On veut aller travailler chez Investissement
Québec. Ce n'est pas juste l'argent, je suis d'accord avec vous, mais l'argent...
Les gens, il faut qu'ils sentent qu'ils sont bien rémunérés.
Alors, ce n'est pas pour les gens de ma
génération qu'on fait ça, on fait ça pour les gens des prochaines générations.
Puis je pense qu'Investissement Québec, en complémentarité de la Caisse de
dépôt... Puis moi, je suis tellement content de voir ce qui se passe. Ça fait
que, quand j'étais sur le «board» de la caisse, là, Investissement Québec
compétitionnait avec la Caisse de dépôt. Là, M. LeBlanc parle à
M. Émond régulièrement, Charles Émond, vous
l'avez rencontré. C'est en complémentarité, puis moi, je veux bâtir un
Investissement Québec qu'on va dire dans 10 ans : Wow! Quel
engin qu'on a là!
Alors, moi, je pense que la rémunération, ce
n'est pas une fin en soi, je vous l'accorde, mais je pense que, pour nos
jeunes, c'est un incitatif. Puis lorsqu'on va bâtir une culture de
performance... puis toute la performance, ça va nous amener, ça va amener le
Québec ailleurs dans 10 ans. C'est pour ça qu'on fait ça.
M. Marissal : Bien, je pourrais
pousser là-dessus parce que moi, je ne pense pas que c'est les juniors qui ont
deux ans d'expérience, qui vont se ramasser V.P. et premier V.P. à
Investissement Québec.
M. Fitzgibbon : Pourquoi pas?
M. Marissal : Là, dans la vraie
vie, ça ne marche pas de même, là. Puis je serais bien content qu'il y en ait
une fois de temps en temps, mais, dans la vraie vie, ce n'est pas de même que
ça marche.
Je ne voudrais juste pas qu'on se laisse sur
l'impression que M. LeBlanc est sous-payé, là. Je ne voudrais juste pas qu'on insinue ça, là, ou qu'il y ait eu
de sacrifices de faits, là. Parce que, si on place l'intérêt du Québec devant
tous les autres, je pense qu'on peut le faire pour 400 000 $ par
année ou 500 000 $, c'est...
M. Fitzgibbon :
Savez-vous quoi? Je vais argumenter un petit peu. Premièrement,
M. LeBlanc, on va l'exclure de ça parce que lui, il est engagé,
puis le package, c'est moi qui l'avais fait.
M. Marissal : Il faut juste que
vous me laissiez du temps.
M. Fitzgibbon :
Je vais revenir à Michael Sabia, à la Caisse de dépôt. Moi, j'étais là quand
c'est arrivé. Quand Michael Sabia est
rentré là, il l'aurait faite gratuitement, la job. M. LeBlanc...
gratuitement, là, mais ce n'est pas
l'argent. M. Sabia a dit, puis
moi, j'étais sur son conseil, là : On va bâtir une organisation qui va
être performante dans le monde. On va
changer la rémunération. Alors, M. LeBlanc fait la même affaire. On bâtit
une structure pour qu'Investissement Québec, là, nos jeunes... Puis vous
avez peut-être peut-être... dans le passé, mais moi, je veux que les gens
soient promus à l'intérieur d'Investissement Québec, parce que plus on fait de
la rotation puis on change les gens, ce n'est pas bon, on veut avoir une
culture d'entreprise. Alors, moi, je pense qu'on est en train de bâtir un
cheval de guerre, là, Investissement Québec qui va être performant, et moi, je
pense que c'est le prix à payer, puis il faut accepter ça, puis dans cinq ans,
on n'en parlera même plus de leur rémunération.
M. Marissal : On verra. M.
LeBlanc, Goodfood, sujet litigieux. Je sais que vous ne pouvez pas parler de ce
qui est sous fiducie sans droit de regard. C'est bon, sur ce bout-là, ça va.
Mais il y a une question que je me pose et à laquelle on n'a pas eu totalement
la réponse : Est-ce que Goodfood, dans ses liens avec Investissement
Québec, est considéré comme une entreprise liée?
M. LeBlanc (Guy) : Non.
M. Marissal : Parce que ça joue
sur la réaction ensuite.
M. LeBlanc
(Guy) : Non, parce que ce qu'on a, dans Goodfood, c'est simplement une
participation à un syndicat bancaire, un financement de 15 millions qui a
été fait auquel je n'ai jamais été...
M. Marissal :
Donc, Goodfood n'est pas considéré comme une entreprise liée.
M. LeBlanc (Guy) : J'aimerais comprendre votre question. Vous
dites... vous demandez si Goodfood devrait être comme une entreprise.
M. Marissal :
Non, pas «devrait», je vous demande si elle l'est...
M. LeBlanc (Guy) : Non, non, mais je veux juste... pour répondre
correctement, je dois comprendre votre question.
M. Marissal :
Bien, je peux vous mettre le contexte, là, parce que le temps file, puis je
veux me rendre à bon port avec cette histoire-là, là. Dans le code d'éthique
des hauts dirigeants d'Investissement Québec, si on a bien compris, là, il est
dit que si... que tout dirigeant doit se départir, dans les deux ans suivant sa
nomination, d'actions qu'il aurait dans une entreprise de participation, mais
qu'il faut que cette entreprise soit considérée comme entreprise liée, auquel
cas les deux ans ne s'appliquent pas.
M. LeBlanc (Guy) : Mais ça ne s'applique pas à mon cas, pour la
simple raison que j'ai dû... j'ai démissionné du conseil d'administration de Goodfood, j'ai... Lorsque je me suis
joint à Investissement Québec, j'ai tout mis... comme le demande le
Secrétariat aux emplois supérieurs, j'ai tout mis dans une fiducie sans droit
de regard. Est-ce que j'ai encore des actions de Goodfood? Je n'en ai pas la
moindre idée. Est-ce que j'ai participé à ce processus d'octroi? La réponse est
non.
M. Marissal :
Vous n'avez jamais été consulté, vous n'êtes jamais intervenu ni de près ni de
loin.
M. LeBlanc
(Guy) : Zéro. Zéro. Zéro.
M. Marissal : Conversation de corridor... Vous dites que...
Parce que vous nous avez dit tout à l'heure : Je parlais à
30 entreprises par jour. Là, ça fait pas mal de volume, là.
M. LeBlanc
(Guy) : Goodfood ne m'a pas appelé, ils étaient pas mal occupés à
livrer des repas.
M. Marissal :
Êtes-vous en train de dire que les autres entrepreneurs qui vous appelaient
n'étaient pas occupés, puis ils avaient le temps de vous parler? C'est
ça que vous... mais ça n'a pas de sens, là.
M. LeBlanc (Guy) : Non, je disais qu'ils étaient en mode croissance,
Goodfood, alors à cause de la
pandémie, alors... mais pas juste à cause de la pandémie, mais entre
autres, alors que les entreprises qui m'appelaient, c'était davantage... mais en fait il y a beaucoup de ces
téléphones, c'est moi qui les faisais pour savoir comment ça se passait.
M. Marissal :
O.K. donc la question c'est : Vous n'avez eu aucun lien ni de près ni de
loin avec Goodfood ou des gens liés à Goodfood depuis que vous êtes...
M. LeBlanc
(Guy) : Non. Dans le processus d'octroi du financement, la réponse
c'est non. Et j'ai appris, quelques mois plus tard, que Goodfood nous avait approchés
durant le mois de juillet 2020. Ça, ce dont vous parlez, c'était en
novembre ou décembre 2020. Durant le mois de juillet 2020, Goodfood nous a
approchés. Investissement Québec leur a fait une proposition de financement qui
a été refusée. Ils ont trouvé un financement à meilleur marché ailleurs. Alors,
je suis...
M. Marissal :
C'est bien.
M. LeBlanc
(Guy) : Puis on m'a informé de ça quelques mois plus tard seulement,
et j'ai su qu'il y avait un financement qui avait été octroyé à Goodfood au
mois de décembre lorsque...
M. Marissal :
Si vous me dites qu'il n'y a aucune trace nulle part jamais de Guy LeBlanc
proche de Goodfood, ça me va. Ça me va. C'est ce que vous dites.
M. LeBlanc
(Guy) : C'est ce que vous je vous dis.
M. Marissal :
C'est que vous êtes enregistré ici. Il me reste une minute, je vais vous poser
une autre question. Je ne sais pas si ça tient toujours, là, mais selon
ce que j'ai trouvé...
M. LeBlanc
(Guy) : Juste répondre... non, mais j'aimerais.
M. Marissal : Non, vous allez
brûler mon temps. Mais, M. LeBlanc, il me reste une minute.
M. LeBlanc
(Guy) : Non, mais je veux répondre correctement à votre question. Vous
dites si j'ai été...
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. LeBlanc, on va laisser le député
poser sa prochaine question. Il a peu de temps.
M. Marissal :
Mais à moins que vous êtes en train de me dire que non, vous n'avez pas eu des
contacts avec Goodfood.
M. LeBlanc
(Guy) : Mais c'est parce que je n'aime pas la façon dont vous répétez
mes paroles, alors je veux juste m'assurer qu'on se comprenne.
M. Marissal : Mais j'ai compris que vous m'avez dit que vous
n'avez pas eu de lien avec Goodfood. C'est
ce que vous avez dit.
M. LeBlanc (Guy) : Ce que je vous ai dit, c'est que je n'ai jamais
participé à ce financement de près ou de loin.
M. Marissal :
O.K. C'est vous qui venez d'ouvrir une porte. Ce n'est pas moi, là.
Je ne sais pas si ça
tient toujours, là, mais ce que je trouve ici, c'est que, ce soir, vous allez
être le président d'honneur d'un gala virtuel qui s'appelle Les As de la
finance.
M. LeBlanc
(Guy) : ...en conflit.
M. Marissal :
Bien, je ne le sais pas, mais c'est quand même drôle que le principal candidat,
ce soir, au titre de Dirigeant financier d'une grande entreprise, c'est
Philippe Adam qui est chef de la direction financière de Marché Goodfood.
Je trouve que vous ne faites pas beaucoup d'efforts pour garder un bras de
distance honnêtement, là. Je sais que c'est virtuel. C'est un gala virtuel,
vous vous ne toucherez pas, là, mais quand même.
M. LeBlanc
(Guy) : Alors, il y a un comité. Je n'ai eu aucune discussion avec Les
As de la finance à part accepter d'être président d'honneur parce qu'ils
n'avaient jamais eu un président d'honneur d'Investissement Québec. Et Philippe Adam est maintenant
vice-président, finance, je pense que c'est chez Pomerleau dans le domaine de la construction. Et vraiment,
là, c'est tiré par les cheveux, c'est n'importe quoi.
M. Marissal :
C'est n'importe quoi. Vous donnez des prix à des gens, c'est peut-être...
M. LeBlanc
(Guy) : Mais ce n'est pas moi, je ne donne pas de prix.
M. Marissal :
Il y a peut-être une raison pour laquelle... Il y a peut-être une raison...
M. LeBlanc
(Guy) : Je ne donne pas prix, je n'ai pas participé...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est tout. Alors, je vous remercie. C'est tout
pour l'échange. Député de Rosemont, la période est terminée. Je vous remercie. Député de
Rosemont... M. LeBlanc, je vous invite à ne pas
répondre. C'est fini.
Nous
poursuivons cette fois avec, et ça sera le dernier bloc de l'opposition officielle, avec le député
de Robert-Baldwin.
• (16 h 20) •
M. Leitão :
Très bien. Merci, Mme la Présidente. Alors, on va continuer avec l'histoire
électrique, parce qu'en effet c'est un
domaine qui est... Bon, il y a beaucoup d'intérêt un peu partout, pas seulement
au Québec, mais un peu partout en
Amérique du Nord et ailleurs pour cette nouvelle filière, disons-le comme ça.
Le Québec a certainement des atouts. Nous avons des atouts importants, mais il
ne faudrait pas être naïf, il y a aussi des compétiteurs qui en ont
aussi des atouts.
L'enjeu que je vois
ici, c'est que, que ce soit pour l'automobile, les voitures électriques, que ce
soit pour les camions où il y a vraiment un
très grand potentiel pour électrifier ces secteurs-là, les grandes entreprises
multinationales qui sont très
présentes, Ford, Volkswagen, etc., s'intéressent beaucoup maintenant à cela. Et
ce qui semble se dessiner, et je trouve que c'est assez... c'est un défi
important pour nous au Québec, au Canada, ce qui semble se dessiner, c'est que ces entreprises-là essaient aussi de
centraliser chez elles, dans leur siège social, que ce soit au Michigan, que
ce soit en Allemagne, tout ce qui est recherche et développement pour ces
nouvelles filières, pour ces nouveaux, nouveaux produits. Donc, ils seraient
peut-être intéressés, oui, à venir chercher nos ressources naturelles, mais
pour le reste, ça va être compliqué.
Alors, comment est-ce
que, vous, comment est-ce que... Quelle est votre stratégie pour essayer de
pénétrer ce marché-là et de, pour une fois, réussir à aller au-delà que juste
extraire les ressources naturelles, et donc développer la filière au complet
chez nous quand Ford va le faire au Michigan et quand Volkswagen va le faire en
Allemagne? Pour les camions, peut-être même
qu'Amazon va se lancer là-dedans, je ne pense pas que la recherche se fasse ici. Comment vous voyez ça?
M. LeBlanc
(Guy) : En fait, ce qu'on faisait jusqu'à tout récemment, c'était de
la vente de spodumène qui était extrait de nos mines ici et envoyé en Asie.
Notre critère numéro un, il faut que la transformation se fasse au Québec,
d'une part.
On attire beaucoup d'intérêts, aussi, avec
l'électricité qui est à la fois verte et renouvelable et à meilleur coût
qu'ailleurs aussi. Alors, ce projet-là, on le travaille avec, entre autres, Hydro-Québec.
On a des discussions avec ces différents
joueurs. Dans la filière batteries, les brevets, la R&D, Hydro-Québec travaille là-dedans depuis plus de
40 ans. Karim Zaghib, qui était
responsable de la recherche et développement, est maintenant chez nous, chezInvestissement Québec. Alors, il
nous ouvre des portes, entre autres avec la plupart des joueurs, que ça soient
des fabricants de cathodes, d'anodes, de cellules de batterie, où encore
il a une crédibilité instantanée par rapport à ce projet de filière électrique.
Et en termes de brevets, de recherche et
développement, donc, il y a tout ce qui a été fait par Hydro-Québec qui est une
mine d'or vraiment et il y a également tout le... au niveau du lithium, par
exemple, Nemaska Lithium, là, avec nos
partenaires là-dedans, la recherche, on est en train de revoir actuellement la
technologie. On est train d'étudier les
sites. On est en train de... On va, après ça, faire l'étude de faisabilité
parce que c'est nécessaire de revoir ce qui avait été fait auparavant.
Ça va être ici en termes de recherche et développement, en termes de brevet, ça
va appartenir au Québec, entre autres.
C'est la même
chose au niveau des anodes, avec le graphite. On a Nouveau Monde Graphite qui
est ici. Et le développement se fait ici, alors il y a des permis à régler au
niveau du minerai, de l'extraction du minerai à Saint-Michel-des-Saints,
mais la transformation se fera au Québec, ça a déjà été annoncé, d'ailleurs, à Bécancour.
Donc, au niveau du «know-how», ça va résider ici dans la majorité des cas.
M. Leitão : Très bien, merci.
Pour cette partie, Mme la Présidente, c'est parce que mon collègue de Nelligan
veut poursuivre, et je reviendrai après.
M. Derraji : ...une seule
question, mon cher collègue, député de Robert-Baldwin.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y, député de Nelligan.
M. Derraji : Vous avez piqué ma
curiosité, vous avez dit que, et c'est une très bonne nouvelle, bravo, la
transformation au Québec, et vous êtes en train d'étudier les options.
Pouvez-vous nous parler de ces options pour Nemaska, la transformation, où,
quel endroit, quel procédé?
M. LeBlanc (Guy) : Ce n'est pas
encore... ce n'est pas... je vous ai dit une étude de site, qui se fait à
l'heure actuelle, et une étude de technologie.
M. Derraji : O.K., excellent.
Donc, il y a deux choses, le site, c'est quoi, les sites que vous étudiez?
M. LeBlanc
(Guy) : C'est Nemaska qui
sont en train de revoir ça, je ne peux pas vous mentionner qu'est-ce qui...
M. Derraji : Mais j'ai cru comprendre
«on», j'ai cru entendre «on», on est en train d'étudier, Investissement Québec
est actionnaire de...
M. LeBlanc
(Guy) : Je suis un joueur
d'équipe, j'ai tendance à dire «on», mais ça exclut la personne qui parle.
M.
Derraji : Ah! c'est très
bien, bien, parce que le «on»... Oui, oui, «on» exclut la personne, vous avez
raison, mais vous semblez être au courant qu'il y a un procédé, il y
avait le procédé à Shawi, donc ce procédé n'est plus sur la table, à
Shawinigan?
M. LeBlanc
(Guy) : C'est toujours sur la table, et je comprends que l'étude
sur le site, entre autres, sera prête dans quelques semaines. Et tout... ça
devrait être la même chose pour la dimension technologique aussi, puis ensuite
on pourra passer en mode faisabilité et j'ose espérer, là, que la construction
va suivre après, à l'intérieur d'un délai raisonnable.
M. Derraji :
Oui. Oui, je veux juste revenir, vous avez dit que les sites et la technologie,
je ne veux pas discuter la technologie, mais je suis curieux de savoir
les sites de prospection que vous avez sur la table.
M. LeBlanc
(Guy) : Bien, vous avez
parlé de Shawinigan, c'était le plan initial, alors, comme plan initial, c'est
certainement sur la table. Il est question de Bécancour également, assurément,
mais il y a d'autres sites qui sont considérés également. Alors, je ne peux pas
vous dire, là, je ne peux pas vous donner plus de détails que ça.
M. Derraji :
Donc, il y a... Non, non, non, aucun problème, mais je suis très intéressé à
savoir, parce qu'il y a quand même, Investissement Québec a mis dehors
25 000 actionnaires. Vous avez repris avec une nouvelle structure de
financement, vous avez, comme on dit en bon français «hands on», vraiment, dans
Nemaska, le ministre compte beaucoup sur le Nemaska 2.0, et j'en suis sûr
et certain que vous avez tout sur la table, mais vous comprenez ce que je suis en train de vous poser comme question. Il
y a le procédé, ça, c'est technologique, il y a des évaluations. Ce qui m'intéresse, c'est les sites. Vous dites qu'il y a deux, il
y a trois, il y a quatre, il n'y a pas 100 sites, il y a deux ou trois
sites, probablement. J'en suis sûr et certain que vous les connaissez parce
qu'autrement investir de l'argent sans savoir le plan... le prochain mouvement sur
l'échiquier, je vais poser des questions.
C'est quoi, les critères de choix du site pour
vous, pour la transformation du lithium?
M. LeBlanc (Guy) : Écoutez, je
suis un financier. Je ne suis pas un ingénieur. Alors, je vais... Je vais me
garder une réserve de répondre à votre question.
M. Derraji : O.K. Aucun problème. Mais vous êtes au courant des sites. Parce que
c'est vous... Vous êtes... Vous avez répondu à mon collègue en
mentionnant qu'il y a des sites. Donc, vous... À mon avis, utiliser «les sites»
au pluriel, ça veut dire que vous êtes au courant des sites. Et si c'était le
plan initial à Shawi, ça veut dire que Shawi est écarté parce qu'il y a
d'autres options sur la table.
M. LeBlanc (Guy) : Je ne sais
pas.
M. Derraji : O.K. O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) : M.
le député de Nelligan, est-ce que vous voulez poursuivre? Oui?
M. Derraji : Une... Non, ce
n'est pas grave. Je comprends que le P.D.G. d'Investissement Québec ne sait pas
ou ne veut pas. Bon, je comprends. Ce n'est pas grave. Je ne vais pas...
M. LeBlanc (Guy) : ...si je
réponds, je ne sais pas...
M. Derraji : Oui, vous ne le
savez pas.
M. LeBlanc (Guy) : ...c'est parce
que je ne sais pas.
M. Derraji : Oui, oui. Non, c'est bon. Vous ne savez pas les
sites... le futur site de transformation du lithium.
M. LeBlanc (Guy) : C'est juste.
M. Derraji : Et que le site qui
était prévu initialement à Shawi, ce n'est pas sûr que c'est ce site-là qui
sera choisi parce que c'est encore à l'étude.
M. LeBlanc (Guy) : Exact.
M. Derraji : Il n'y a aucune
garantie.
M. LeBlanc (Guy) : Exactement.
M. Derraji : O.K.
M. LeBlanc (Guy) : Il n'y a pas
de garantie. Et il y a différents facteurs à considérer aussi. Si vous avez...
Quand la transformation du lithium se fait, les joueurs de cathode...
M. Derraji : Oui.
M. LeBlanc (Guy) : Le lithium
va servir pour la cathode. C'est une composante importante. À quelle place
qu'ils vont être?
M. Derraji : Oui, mais...
Bravo! C'est excellent. Vous êtes un homme très intelligent. Donc, c'est la
cathode qui va déterminer où le lithium sera traité.
M. LeBlanc (Guy) : Ce n'est pas
ce que j'ai dit.
M. Derraji : Mais vous...
M. LeBlanc
(Guy) : J'ai dit... On parle
de critères depuis une heure. Je vous dis que ça peut être un des critères,
mais je ne suis pas ingénieur. Je ne suis pas spécialiste en la matière.
M. Derraji : Aucun problème.
M. LeBlanc (Guy) : Karim Zaghib
répondrait probablement plus facilement à votre question...
M. Derraji :
Aucun problème. La prochaine fois, on va formuler une demande pour le recevoir.
Il fait du bon travail. Une dernière question, Mme la Présidente. M. le
ministre, vous avez annoncé le, je vais trouver juste la date, le
24 octobre 2020, que les... l'électrification des transports, un gros
joueur au Québec d'ici six mois. Je pense qu'on est rendu à plus que six mois. Est-ce
que le joueur est en train... est toujours sur la table, ou c'est toujours en
attente, ou ça s'en vient?
M. Fitzgibbon :
Je vais... la deuxième question. Aujourd'hui, je ne vous donnerai pas de nom,
là. Je ne le ferai jamais.
M. Derraji :
Non. Je sais que... Non, non, je ne cherche pas de nom.
• (16 h 30) •
M. Fitzgibbon :
Mais la réponse à votre question, c'est que, oui, on a une équipe patentée chez
Investissement Québec on a un comité mensuel. Il doit avoir 10,
12 NDA qui sont signés. On des gens qui regardent toute la chaîne au
complet. Comme je l'ai dit, on est en train de bâtir un pont à partir des deux rives.
On va faire l'assemblage de batteries dans le comté de notre ami Youri et on va
faire nos minerais... on est en train de bâtir le pont avec les celluliers, les anodiers, cathodiers. Alors, c'est
un projet qui est très complexe. Alors, on espère annoncer des choses, mais
on suit le cours...
M. Derraji :
Je pense mon collègue est content que ça se développe dans son comté, mais la
prochaine fois, vous pouvez aussi développer dans notre comté. On a de la
place, M. le ministre.
Mais je reviens vraiment
à cette déclaration. Le joueur... parce que je me rappelle de votre déclaration,
je me rappelle même du jour, et j'ai senti dans votre regard une confiance
totale que le joueur, il est sur la porte pour venir.
M. Fitzgibbon :
Je suis très optimiste.
M. Derraji :
Mais là ça fait plus que sept mois, M. le ministre. Est-ce que...
M. Fitzgibbon :
Bien, ça va prendre un autre six mois, peut-être.
M. Derraji :
Un autre...
M. Fitzgibbon :
Dans la vie, il ne faut pas être pressé, hein, M. le député?
M. Derraji :
Non, non, je suis ambitieux, pas pressé. Non, non, M. le ministre...
M. Fitzgibbon :
Parce que la transaction, j'en fais depuis 40 ans, et les transactions,
quand on montre une trop grande anxiété, on fait des mauvaises transactions.
Alors, ça prendra six mois, ça prendra six mois...
M. Derraji :
Oui, mais vous savez quoi?
M. Fitzgibbon :
...c'est un projet de société et on va être fier de le faire.
M. Derraji :
Oui, oui, je comprends, M. le ministre, c'est un projet de société, mais vous
savez quoi? Je me rappelle de votre déclaration. À un certain moment je me
disais : Écoutez, la file d'attente, c'est tant mieux, mais là c'est... je
ne vois pas de joueur.
M. Fitzgibbon :
C'est épouvantable, c'est épouvantable.
M. Derraji : Bien, vous l'avez déclaré le 24 octobre
2020. Je me rappelle de... écoute, j'ai l'extrait. Vous semblez
tellement... très confiant, très, très confiant, six mois, elle est là! Je vais
vous l'envoyer, M. le ministre. Et, sérieux, c'est votre regard et votre façon
de dire : Six mois, j'ai le joueur...
M. Fitzgibbon :
Je vais aller me mettre en boule dans le coin, je vais pleurer.
M. Derraji : ...j'étais emballé. Non, mais j'étais emballé, M. le ministre. Et là je me demande, écoutez, six mois, c'est plus que six mois
maintenant. Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on peut faire pour vous aider?
M. Fitzgibbon :
Vous aimez le théâtre, de toute évidence, alors on va faire du théâtre ensemble
bientôt.
M. Derraji :
Non, non, non, je ne fais pas de théâtre, je vous pose une question. Alors,
vous me prêtez des intentions, Mme la Présidente, je fais tout sauf le théâtre.
M. Fitzgibbon :
Oui, oui, vous avez raison. Je...
M. Derraji :
Non, non, non, ce n'est pas grave, on se connaît. Bon, écoutez, on a notre...
chacun de nous a une façon de challenger l'autre, mais, sérieux, vous avez
annoncé et, sérieux, ça a été une bonne annonce. Moi, j'étais très confiant
parce que ça a été une bonne annonce de votre part. 24 octobre 2020, c'est
presque au-delà de... hein, quoi? 10 mois, là. Quoi? Vous l'avez échappé ou
quoi? Le partenaire ne vient plus?
M. Fitzgibbon : Des fois, on
l'échappe. Alors, restez... j'ai ma liste des projets, on a annoncé quoi?
Quelques milliards de projets depuis six mois, là, on en a annoncé...
M. Derraji : Allez, allez,
envoie, vas-y, vas-y, dévoilez la liste, dévoilez la liste.
M. Fitzgibbon : Alors, restez
attentifs, là, il va y avoir d'autres projets. Alors, ce n'est pas une course,
on est un gouvernement qui est rigoureux, on va prendre le temps qu'il faut.
M. Derraji : O.K., c'est beau, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, je veux juste préciser que le député Youri, c'est le député de Saint-Jérôme.
Et nous poursuivons avec le député de Robert-Baldwin, il vous reste
3 min 40 s.
M. Leitão : 3 minutes. Mon
collègue est hyper, hypergénéreux avec le temps. Mais M. LeBlanc avant
de... parce que je pense que c'est le dernier bloc avec Investissement Québec.
M. LeBlanc, avant de vous laisser partir, parce qu'on va quand même vous
laisser partir, ne vous en faites pas, dans ce nouveau monde postpandémique,
une des réalités, bien sûr, c'est le, bon, c'est le protectionnisme même chez
nos voisins, et surtout, chez nos voisins américains. Je pense qu'il y a une
grande nécessité de rebâtir la filiale industrielle canadienne. Les liens entre
les manufacturiers québécois, ontariens, ces liens ont toujours été très forts.
Vous, de votre côté, comment vous voyez les relations avec vos équivalents,
bon, il n'y a pas tellement d'équivalents à Investissement Québec en Ontario,
mais avec les joueurs canadiens.
Parce que je pense qu'il faut jouer en équipe.
Nos amis américains sont nos amis jusqu'au moment où ils ne le sont plus
tellement. Comment est-ce que vous voyez ça au point de vue de... stratégie
canadienne pour le manufacturier? Le manufacturier est toujours un secteur clé
pour notre économie surtout au Québec et l'Ontario.
M. LeBlanc (Guy) : Bien
évidemment, je me concentre davantage sur le Québec. Il est clair qu'un des
secteurs clés c'est le secteur aéronautique qui passe un mauvais moment à
l'heure actuelle, mais qui va repartir. Les besoins d'avions seront là. Il y a
toute la chaîne qui dépend de ces... Dans l'agroalimentaire on a un rôle à
jouer. Dans l'aéronautique on a vraiment un rôle de leader à jouer au niveau
canadien. Et là-dessus c'est davantage le support du fédéral qu'on travaille
avec le ministère de l'Économie.
Juste une
petite parenthèse, il y a des provinces canadiennes qui aimeraient connaître le
modèle d'Investissement Québec parce qu'ils sont curieux de chercher à
répliquer ce modèle d'accompagnement et de financement. Juste... parenthèse. Et
j'ai eu des discussions déjà à ce sujet-là avec un joueur de l'Ouest.
Secteur des forêts. Tout ce qui est majeur au
niveau de nos régions. Les produits forestiers c'est souvent les... il y a des
villes ou des villages qui ont été construits alentour de l'usine et il n'y a
pas eu d'investissements faits dans plusieurs de ces usines. Certaines sont en
grande difficulté. On a une stratégie sur laquelle on travaille qu'on va
développer puis il va y avoir de l'aide et de la modernisation qui sera
certainement requise.
M. Leitão : Parce que dans plusieurs
de ces secteurs-là que vous avez mentionnés, je pense qu'on a besoin d'avoir
une politique industrielle canadienne parce que ces secteurs-là sont importants
dans plusieurs des provinces canadiennes. Et étant donné le rôle assez unique,
oui, d'Investissement Québec, ça serait bien de le faire aussi avec les autres
provinces.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est tout. Alors, merci beaucoup. Nous poursuivons, et ça sera vraiment la
dernière intervention, avec le troisième groupe d'opposition. Vous disposez de
9 min 46 s.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme
la Présidente. Pour revenir sur la mine de La Corne, parce que j'essaie encore de comprendre quels seront les critères qui
vont guider le choix final, donc, est-ce que, par exemple, la production
ou la transformation du spodumène va être faite au Québec? Est-ce que c'est
dans les critères? Il faut savoir, là, parce que c'est quand même assez
pertinent, là.
M. LeBlanc (Guy) : Je vais vous
dire quels sont nos critères, mais il faut les concilier avec les critères du
joueur chinois, de l'autre créancier garanti.
Mme Perry Mélançon : Tout à
fait, oui. Qui ne produira pas... de ce que je comprends, qui ne transformera
pas ici, au Québec.
M. LeBlanc
(Guy) : Exact. Donc, ils
veulent sortir. Ils veulent sortir au plus fort prix possible, et c'est la
raison pour laquelle il y a eu plusieurs rondes, parce que les offres étaient
insuffisantes. Alors, on les rejoint sur ce critère-là, ça
prend une offre qui est sérieuse, sérieuse d'un point de vue financier, qui est
financée, et aussi un plan de match qui tient la route. Le deuxième critère,
c'est la transformation au Québec, qui doit se faire au Québec. Et le troisième
critère, qui n'est pas un critère comme tel mais qui est une nette préférence,
serait d'avoir un joueur québécois qui nous donnerait une certaine certitude
par rapport à cette question de transformation.
Maintenant, il y a
des propositions qui sont sur la table, il y a notre critère d'argent, de
monnaie avec les créanciers garantis. On avance très bien. Le critère de
transformation, on avance très bien. Et puis pour ce qui est de la préférence
québécoise, bien, on verra en temps et lieu.
Mme Perry
Mélançon : Parce que vous dites avoir une préférence, une nette
préférence pour la propriété québécoise.
Vous l'avez amenée comme un critère numéro trois sans en être un. Est-ce qu'on
peut savoir si, vraiment, la propriété québécoise, pour vous, est un
élément... l'élément ultime à prendre en compte.
M. LeBlanc (Guy) : Ce n'est pas l'élément ultime, parce que ce qu'on
veut, c'est un succès. Alors, si une équipe québécoise est la mieux
qualifiée, avec le meilleur plan, c'est certain qu'on va avoir... ça va devenir
un critère important. Maintenant, il peut y avoir d'autres... bien, il y
a d'autres critères justement, et il y a nos partenaires... les créanciers garantis, qui étaient nos partenaires et qui le
sont encore, qui ont des critères davantage reliés... des critères financiers.
• (16 h 40) •
Mme Perry
Mélançon : Puis est-ce que, par exemple, Investissement Québec
pourrait penser à augmenter sa participation, par exemple, pour aider une entreprise
québécoise, là, à se démarquer dans le...
M. LeBlanc
(Guy) : Bien, ce qui est délicat, c'est qu'on ne peut pas être partie
prenante dans toutes les usines de
transformation de spodumène en lithium. Ce sont de gros chèques. On parle de
plusieurs centaines de millions de dollars. Alors, est-ce que
l'État québécois pourrait se retrouver partenaire dans deux ou trois projets de
lithium?
Mme Perry
Mélançon : Bien, présentement, il n'y a aucun autre projet de
transformation.
M. LeBlanc
(Guy) : Nemaska.
Mme Perry
Mélançon : Ah?
M. LeBlanc
(Guy) : Dans lequel on est déjà impliqués et actionnaires à 50 %.
Mme Perry
Mélançon : Et donc le rôle du ministre dans tout ça, j'essaie de voir,
là, à la fin de tout ça, le choix qui sera fait, est-ce que c'est avec droit de
regard? Est-ce que le ministre a le dernier mot?
M. LeBlanc
(Guy) : Nous sommes mandataires. Investissement Québec est mandataire.
Et la décision finale est au niveau du Conseil des ministres...
M. Fitzgibbon :
Ceci étant dit, comme je disais tantôt, je pense que c'est important qu'il y
ait un processus légal, on n'est pas les seuls qui décident. Donc, on veut se
fier au juge et contrôleur. Vous faites référence, de toute évidence, à des
gens qui se servent des médias pour dire : Bon, pourquoi on n'est pas là,
là? On n'a pas... ça ne sera pas décidé au
bureau du premier ministre, à mon bureau : Bon... il y a un processus très
formel pour lequel Investissement Québec, l'équipe de Guy LeBlanc
travaille avec l'équipe de CATL, puis ils laissent les contrôleurs faire le
travail. Mais on a voulu... bien, pas voulu, la protection légale qui est...
sur laquelle North American Lithium s'est protégé, il faut respecter ce
processus-là. On n'est pas en contrôle complet, c'est important, ça.
Mme Perry
Mélançon : Bien, je n'essaie pas de m'immiscer dans le processus non
plus, là, mais juste à éclairer les
Québécois et tous ceux qui, justement, suivent ça de très près, là. Ça fait
encore... comme vous dites, ça fait encore jaser dans les médias, et ce
n'est pas pour rien. Donc, je pense que c'est important d'essayer de clarifier
ça.
J'aimerais vous
amener, puisque je vous ai, tous les deux, sur toute la filière des
hydrocarbures. On a entendu une première réponse du ministre en Chambre, là, à
l'effet qu'il n'y aurait pas de nouveaux investissements publics dans les
projets pétroliers, ce qui était une première bonne nouvelle, mais qu'est-ce
qu'on en fait de ce 8,4 millions déjà investis par Ressources Québec? Parce
que moi, ce que j'ai, j'ai comme deux informations, on me dit qu'il n'y a pas d'intérêt, pas de volonté à poursuivre les
activités. Mais, d'un autre côté, on nous a dit, le président du... ressource
semblait dire que la transaction était
conditionnelle à ce que le forage se fasse, là. Donc, j'aimerais comprendre,
Ressources Québec là-dedans, son entente, là, de partenariat, est-ce qu'elle
prend en considération qu'on va poursuivre les activités de forage?
M. LeBlanc
(Guy) : En fait, il y a des... C'est le projet Galt, c'est... Le
8,4 millions a été déposé dans un compte dédié et dédié pour le projet il
y a de ça déjà plusieurs années. Vos informations sont les bonnes, on n'a aucun intérêt à... en tout cas, je parle comme Guy
LeBlanc, P.D.G. d'Investissement Québec, zéro intérêt pour ce genre de
projet. Et on va prendre toutes les mesures nécessaires pour récupérer. Il
reste environ 6 millions dans le compte. On va prendre toutes les mesures
appropriées pour essayer de récupérer ce 6 millions.
Mme Perry Mélançon :
Puis parce que j'entendais, bon, le ministre disait qu'on serait prêt à vendre
s'il y avait acheteur effectivement. Mais est-ce qu'on serait prêt à
faire ça à perte? J'essaie de comprendre exactement, là, la question du 6 millions. Je veux dire, s'il y
a une façon de retirer ou de récupérer, comme vous le dites, ce
6 millions-là, est-ce qu'on est obligés, là, d'avoir une
indemnisation à l'entreprise. Comment ça fonctionne?
M. LeBlanc
(Guy) : Bien, en fait, il y a un 6 millions dans un compte dédié
à ce projet-là. On n'a aucun intérêt pour ce projet-là. Il y a des licences ou
des permis à obtenir qu'ils n'ont pas obtenus, et c'est la raison pour laquelle
il y a des procédures légales à l'heure actuelle. Alors, si on peut vendre ou
si on peut simplement récupérer notre mise, ça sera le scénario idéal en ce qui
nous concerne.
M. Fitzgibbon :
...totalement écho à ce que M. LeBlanc vient de dire. Il y a un juge
évidemment qui va prendre une position probablement d'ici un mois, là, ça fait
qu'il va dire oui ou non, est-ce qu'il y a un permis ou pas de permis. S'il
dirait : Oui, il y a un permis, nous, on ne va pas être là, puis là il y
aura une négociation. S'il dit : Non, il n'y a pas de permis, bien là,
tout le monde est dans le même bateau. Mais c'est sûr que nous, on ne veut pas
être là-dedans.
La question que vous
posez, c'est une très bonne question. Le 6 millions qui reste, est-ce
qu'on va aller le chercher? Bien, ce n'est pas à nous autres, là, il est là
pour le développement pétrolier, l'exploration pétrolière. Ça fait que si,
techniquement, le juge dirait : Oui, vous pouvez opérer, bien, ils
pourraient prendre l'argent puis le dépenser. Il est déjà investi, mais nous,
on ne veut pas. Ça fait qu'on va s'asseoir avec eux autres. Mais on va attendre
comment le juge va réagir, mais pour l'instant, c'est un peu difficile.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...minute.
Mme Perry
Mélançon : Mais c'est ça, je profite effectivement, là, pour aller sur
ce sujet-là, mais c'est parce que... Donc, si l'information que j'avais à
l'effet que l'attente qu'il y a eu entre les deux et Investissement Québec,
donc Ressources Québec et l'entreprise, ce n'était pas à ce moment-là, parce
que c'était vraiment, en fait, sous la CAQ. Je parle aux deux, là, mais, je
veux dire, moi, j'avais de l'information qu'il fallait... la condition était
que les activités soient priorisées par l'entreprise dans tous ses projets.
Donc, c'est... j'aimerais juste qu'on me rassure que ce n'est pas la bonne
information.
M. Fitzgibbon :
L'investissement a été fait en 2017, 8,4 millions envoyés dans
l'entreprise pour le développement... exploration pétrolière. On a 17 % de
joint ventures pour ce qui est des fusions. Le 8,4 millions que le
gouvernement précédent a investi dans le projet est dépensé à la hauteur de
2,4. Il reste 6. Techniquement, s'ils font l'exploration pétrolière, ils prennent
l'argent, parce que l'argent a été mis pour ça. Là, on est chanceux, mon
collègue le ministre de l'Environnement a dit : Non, pas de permis. Ça
fait que, là, la société ne peut pas dépenser parce qu'ils ne peuvent pas
exploiter... explorer, je m'excuse. Alors, c'est ça, on va... on est pris, dans
le sens que le 6 millions, on pourrait ne pas le revoir. On va essayer.
Mais si le juge dit : Non, vous ne pouvez pas opérer parce que le
1 000 mètres du milieu humide, là. Si le juge dit : Non...
Mme Perry
Mélançon : Ce que je comprends, pour être certaine, c'est que...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : On ne peut pas poursuivre avec une autre
question. Ça met fin. Vraiment, là, vous avez bénéficié de quelques secondes de
plus parce que je trouvais que tout le monde trouvait ça intéressant.
Mme Perry
Mélançon : Certains de mes collègues veulent connaître la conclusion.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Il fallait les poser avant, ces bonnes
questions.
M. Fitzgibbon :
...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : M. le ministre. Alors, écoutez, ça
met fin au volet, là, si vous voulez, ou au bloc, volet ou à l'échange avec le
volet Investissement Québec. Merci, M. Leblanc. Merci pour votre belle
collaboration à tout le monde.
Alors, nous allons
suspendre quelques instants, une quinzaine de minutes, s'il vous plaît. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 47)
(Reprise à 17 heures)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, votre attention! Nous reprenons nos
travaux pour poursuivre les échanges entre
les groupes d'opposition et le ministre. Nous commençons immédiatement avec le député de Robert-Baldwin. La parole est à
vous.
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, M. le ministre, si vous
voulez bien, on va continuer là où on était ce matin. On parlait
d'exportations, on parlait des défis qui attendent nos exportateurs, qu'un nombre relativement petit d'entreprises est responsable d'une grande majorité des
exportations, mais que les entreprises plus petites jouent quand même un rôle
très important, notamment en région, dans les économies régionales. Alors donc,
ma question va aller un peu dans cette direction-là. On sait tous que, même avant
la pandémie, bon, il fallait se restructurer, il fallait numériser, il fallait
s'automatiser, beaucoup de choses. Évidemment, avec la pandémie, tout ça, il
faut le faire davantage.
Donc, vous avez dit qu'il y a toute une
multitude de programmes du ministère et d'Investissement Québec pour soutenir
les entreprises, surtout les PME, pour qu'elles améliorent et pour qu'elles
augmentent leur production et leurs
exportations. Alors, ma question, enfin, commence... là, je commencerais d'une
façon quand même assez simple. Ces entreprises-là, quand
elles viennent vous voir, elles ont des plans, elles ont des objectifs. Selon
vous — et
je parle ici surtout des plus petites en région — quel est leur
principal problème, quel est leur principal défi? On ne parle pas ici des Bombardier de ce monde, mais les PME qui veulent
exporter, qui veulent se lancer dans le... ou se lancer ou poursuivre
leurs activités d'exportation. Quel est leur plus grand défi à ce moment-ci?
M. Fitzgibbon : Bien, je pense
que le défi important pour une PME, c'est comment s'organiser pour comprendre le marché de l'export qu'ils visent.
Une petite entreprise qui a 20, 30, 40 personnes n'a pas les ressources humaines internes pour
comprendre le marché français, le marché allemand, le marché italien, si on
parle de l'Europe, puis l'Asie, c'est encore pire. Même les États-Unis,
c'est compliqué, parce qu'il y a différents États. Je pense que le gros... Quand on a annoncé avec M. Bolduc d'Investissement Québec le plan d'export de 550 millions, on a fait quand même
des sondages avec des entreprises, parce qu'on voulait un programme, évidemment,
qui soit le plus conforme aux attentes possible, et l'accompagnement humain, je
dirais, était le principal, la compréhension des marchés. Et c'est là qu'on a
décidé d'incorporer, entre guillemets, les délégations du Québec, où il y a
125 gens d'économie dans les délégations qui peuvent être utiles pour
aider aux entrepreneurs de comprendre le marché qu'ils visent. Ça, je pense que
c'est le problème numéro un. Le problème numéro deux, c'est le financement, parce
que, souvent, pour une PME, le côté export, il y a probablement un an, un an et
demi d'investissements à faire avant d'avoir de l'argent, avant de faire des profits, ça fait qu'ils nous
disent : Comment vous pouvez nous accompagner là-dedans?
Donc, il y a humain — c'est
pour ça que les ORPEX sont importants, le programme PEX du MEI — financement,
on a mis 250 millions ou 200 millions, je pense, sur
cinq ans. Bon, on l'ajustera s'il le faut. Je pense que c'est les
deux enjeux principaux. C'est... ils ne connaissent pas le marché comme
tel puis ils n'ont pas des ressources à l'extérieur. Parce que, tu sais, envoyer
quelqu'un prendre un avion d'Air France puis aller en France essayer de
vendre des produits puis revenir ça ne marche pas. Il faut avoir des
commerciaux qui sont sur place. Je pense que c'est les ressources humaines qui
est le problème principal.
M. Leitão : Très bien. Et ce
qu'ils nous disent aussi et ce qu'ils ont déjà dit, d'ailleurs, publiquement, à
plusieurs reprises c'est que présentement la main-d'oeuvre c'est aussi un enjeu
important pour ces entreprises-là. Un certain nombre d'entre elles ont déjà
des, bon, les circuits de... les connaissances et tout ça, mais le... ce qui
leur manque maintenant, ce qui fait défaut, ce qu'il y a de problématique c'est
la main-d'oeuvre. Comment trouver la main-d'oeuvre? On avait commencé à parler
de ça, les fameux 400 000 bras qui sont disponibles. C'est là où
j'avais suggéré que peut-être un des critères, tiens, parlons des critères, un
des critères de l'aide gouvernementale devrait être l'obligation de
l'entreprise qui reçoit de l'aide gouvernementale qu'elle procède aussi à
engager et à former des personnes qui sont
présentement au chômage ou alors qui se sont retirées du marché du travail.
Donc, c'est quelques-uns de ces 400 000 bras, paires de bras.
Vous avez dit que ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée que ça. Comment
est-ce que vous verriez ces... une telle...
M. Fitzgibbon : ...on en
parlait avec mon collègue David après votre intervention. Je ne suis pas contre
le fait parce que j'ai dit à plusieurs reprises que je pense que la solution
doit être québécoise. Il y a quand même 400 000 personnes,
chômeurs et jeunes, puis là j'inclus les gens qui ont été judiciarisés. Il y a
un paquet de monde, là, qui sont disponibles. Puis moi je pense qu'un
des enjeux qu'on a dans les régions, puis d'ailleurs c'est ça on le voit... la
collègue de Gaspé l'a mentionné l'autre fois, une société qui est en croissance
a de la misère à recruter à Gaspé. Il faut trouver une façon, puis je pense que
ça vient des deux. Ça vient de l'employeur et du gouvernement. Puis ce n'est
pas rien que le gouvernement qui peut agir. Je pense qu'il faut trouver une
façon de... puis ce n'est pas le système dual nécessairement comme en
Allemagne, on en parlait ce matin avec votre collègue, mais il faut trouver une façon que les... inciter les gens à aller en
région. Puis moi, je pense que les régions doivent se vendre elles-mêmes.
Puis nous, le gouvernement, on peut faire la formation c'est sûr. Je pense que
c'est une bonne idée de former des gens qui, autrement, ne... seraient sur le
chômage de façon trop lointaine. Puis vous avez raison, plus la «duration» est
longue, puis c'est difficile de réintégrer. Je suis entièrement d'accord avec
vous. Est-ce qu'on peut trouver un moyen?
Puis ça monsieur... mon collègue au Travail, il en est conscient puis il a les
budgets pour le faire. Mais il faut aussi convaincre nos gens,
dire : Ça se passe à Gaspé ou ça se passe ailleurs. Puis je pense que c'est
ça le gros défi. Parce qu'on a les ressources,
je pense qu'on les a. Puis l'immigration, oui, on va augmenter, mais ce n'est pas l'immigration qui va résoudre tous les maux.
Je pense qu'il faut travailler avec ce qu'on a ici, au Québec, mais...
M. Leitão : Là, on est d'accord,
l'immigration est un des moyens, mais c'est loin d'être le seul, très loin,
même, d'être le seul, mais ça peut jouer un rôle. Mais au-delà de ça, que ce
soit l'immigration, que ce soient des Québécois qui sont
parmi les 400 000, 400 000 disponibles, là où j'ai un peu plus... beaucoup
plus de difficulté à suivre la logique gouvernementale, c'est toute l'histoire des salaires. Parce que le premier ministre l'a dit, il l'a répété plusieurs fois, et il le répète, que ce
qui l'intéresse, c'est de créer des emplois payants et que, donc, ça serait des
emplois de 28 $ l'heure ou plus, bon, c'est un barème, là, mais que si
c'est moins que ça, bon, ça ne l'intéresse pas tellement.
Moi, il me semble que, surtout pour ces entreprises
plus petites en région, comme dans les grandes villes, mais surtout en région,
bien, il y a toute une structure salariale, là, on ne peut pas non plus, du
jour au lendemain, leur dire : Bon,
vous allez payer tout votre monde à 28 $ l'heure. Je ne pense pas que l'entreprise
resterait en opération longtemps. Donc, l'aide... si l'aide de l'État se
limite ou est dirigée exclusivement aux entreprises qui vont créer des emplois
de 28 $ l'heure et plus, je pense qu'on a un gros problème, parce que...
M. Fitzgibbon : Oui, mais comme
je disais ce matin à la collègue de Gaspé, je pense qu'il faut juste faire
attention. Le premier ministre réfère beaucoup... le côté immigration, par
exemple, je pense que c'est logique de dire :
Immigration économique temporaire, comblons les postes à valeur ajoutée qu'on n'a pas ici, au Québec. Ça, je pense que c'est une société
honorable et ça va faire un impact sur la richesse du Québec.
Ça étant dit,
il n'y a personne qui argumente que, sur les
148 000 postes, là... si vous vous rappelez bien, il y en a 30 000
qui sont en haut du salaire de 55 000 $, donc le reste, il faut les
combler. Mais ce qu'on dit, c'est qu'on va les combler à l'intérieur du Québec.
Je pense que c'est ça qu'est le message. Est-ce qu'on doit faire de l'immigration
pour tous les postes? Moi, je pense qu'il y a un travail important à faire de
convaincre nos jeunes, convaincre les gens...
Premièrement, il faut convaincre les gens de travailler plus longtemps,
là, les retraites à 55 ans, c'est fini, là, je pense qu'on a un
bassin plus grand, au Québec, de gens qui prennent leur retraite plus jeune
qu'en Ontario, par exemple, il y a un enjeu, là aussi, là. Puis on n'a pas
parlé de ça.
Nos jeunes qui ne sont pas au marché du travail,
il y en a 130 000 qui ne sont même pas dans les chiffres du chômage. Donc,
le message, c'est ça. On est conscient. Et en passant, l'automatisation, je
travaille beaucoup avec mon collègue au
ministère de l'Agriculture, où, évidemment, il y a beaucoup de salaires qui
sont en deçà... en dessous du salaire de 55 000 $ qu'on vise.
On aide les entreprises. On a des décrets qui s'en viennent, vous allez les
voir passer. On va aider ces entreprises-là à s'automatiser parce que
l'automatisation va assurer une pérennité des niveaux d'emploi. Puis on... Moi,
je pense que non seulement ça, si on augmente la productivité de nos
entreprises, les salaires vont augmenter aussi. Oui.
• (17 h 10) •
M. Leitão : Mais voilà, M. le
ministre...
M. Fitzgibbon : Alors... Mais
on est là. Puis le premier ministre est d'accord avec ça aussi parce que les
projets qu'on passe en décret ministériel pour de l'aide aux PME qui ont des
salaires en bas de 55 000 $, on les passe pareil. Ce qu'on focalise
beaucoup, par contre, parce que notre premier ministre est «obnibulé» par ça,
création de richesse, moi, je suis «obnibulé» par l'investissement en
entreprise qui crée la même chose. Alors, je pense qu'on est capables de
respecter ces objectifs-là tout en s'assurant que la base demeure bonne pareil
et je pense... Je pense que ce n'est pas un ou l'autre, là.
M. Leitão : Je suis d'accord
avec vous. Ce n'est surtout pas l'un ou l'autre. Et au contraire, moi, je dois
vous dire que je préfère, et de loin, votre approche parce que, dans une
entreprise, il y a... il y a toutes sortes d'emplois, là. Il y a toute une
échelle salariale. Juste pour prendre un exemple d'une entreprise qui a déjà
reçu de l'aide de l'État, de la participation de l'État, Premier Tech, pour ne
pas les... pour ne pas les nommer, je pense que ce n'est pas... Ce n'est pas un
secret pour personne, mais quand on va sur le site Web de l'entreprise et on
voit les emplois qui sont disponibles, il y en a quelques emplois à
60 000 $ par année, 80 000 $ par année, mais il y en a
beaucoup aussi à 18 $ l'heure, 20 $ l'heure, 17,95 $ l'heure.
Donc, il y a toutes une... toute une gamme
d'emplois dans une entreprise. De dire que les entreprises, tout ce qu'elles
veulent, c'est du «cheap labor», moi, c'est extrêmement réducteur, ça.
M. Fitzgibbon : Mais...
M. Leitão : C'est... C'est même
borderline dangereux de penser comme ça.
M. Fitzgibbon : Mais si je peux
me permettre, Jean Bélanger était le CEO de Premier Tech, a bénéficié de
prêts-pardons pour les emplois rémunérateurs. Il va combler les autres aussi.
Alors, M. Bélanger est très redevable, entre guillemets, à Investissement
Québec d'avoir supporté sa croissance qui va créer beaucoup d'emplois bien
rémunérés à Rivière-du-Loup, mais en même temps ces emplois sont des emplois
inférieurs, même s'ils ne sont pas pardonnés comme tel sur le prêt. Tu sais, il
a quand même eu un prêt, j'oublie le chiffre, là, de 40 millions, je
pense, il est capable... il est capable d'opérer avec ça. Alors, moi, je pense
que le fait qu'on focalise pour augmenter la richesse du Québec qui va venir
des salaires qui vont être plus hauts, ne fait pas en sorte qu'on ne valorise
pas le reste. C'est juste l'effort, l'effort de subventionnaire, je pense que,
ça, c'est le programme SPRINT en est l'exemple, on focalise sur
55 000 $ et plus. Je pense que c'est correct. Des pardons, donc de la
subvention a posteriori, bien, ça, productivité Québec... Productivité innovation,
que M. LeBlanc gère avec 2,4 milliards, c'est des prêts, c'est des
prêts patients, pas d'intérêt. On le fait pour toutes les entreprises, là. Je
pense qu'on est capable de faire les deux.
M. Leitão :
Mais c'est ça, parce qu'en fin de compte, qu'est-ce qui détermine le salaire?
Je pense qu'on est en train de regarder les choses à l'envers. En fin de
compte, le facteur qui détermine un salaire, si le salaire est 30 $ de l'heure ou 10 $ de l'heure, c'est la
productivité. Donc, ce qu'il faut faire, c'est améliorer la productivité de
l'entreprise par l'investissement, par la modernisation, le nouvel
équipement, etc. Et une fois que la productivité de l'entreprise va
s'améliorer, bon, les salaires vont suivre. Mais de vouloir commencer le
processus, au contraire, commençant par le
salaire, bien, il n'y a aucune entreprise qui va pouvoir survivre si, du jour
au lendemain, on dit : Bon, on t'accorde une aide, mais les salaires vont
passer à 28 $ l'heure. Bien, il y a la capacité de payer, qui s'applique
aussi aux entreprises, ce n'est pas seulement à l'État.
M. Fitzgibbon :
Je comprends, mais je peux vous rassurer que nous investissons beaucoup
d'argent dans les sociétés et les PME, je l'ai dit, j'avais le chiffre, à
matin, 1 000 interventions, au FDE, pour... je pense que c'est
900 millions. On est là, là. Mais c'est sûr qu'on focalise beaucoup sur
mesurer... ce qu'on mesure... moi, je mesure trois
choses. Exportations, vous l'avez dit tantôt, je veux les augmenter, mais ça va
être très enrichissant pour le Québec, investissements privés non résidentiels,
les PNR, pour moi, ça, c'est clé, puis le troisième, c'est le salaire moyen. Alors, c'est sûr qu'on focalise beaucoup, puis
quand je rencontre mon patron, assez régulièrement, j'ai les trois chiffres,
on regarde les chiffres à tous les mois, puis qu'est-ce qu'on fait pour changer
ça. On a des projets.
Mais ce n'est pas
parce qu'on fait ça qu'on ne focalise pas sur la base aussi. Je pense qu'on est
capable de faire les deux puis je pense qu'Investissement Québec fait un bon
travail pour... M. LeBLanc a mentionné tantôt, on prend plus de risques,
bon. Évidemment, vous avez dit, avec raison : Il faut mesurer le risque,
on prend plus de risques, donc il faut le
mesurer. Je pense qu'Investissement Québec est plus alerte qu'il l'était, moi,
je pense qu'on est capable de faire les deux.
M. Leitão :
Moi, je vous dirais que, pour ce qui est du salaire, moi, je ne mettrais pas ça
comme étant une condition pour l'octroi ou pas d'une participation
gouvernementale. Je pense que c'est le plan d'affaires, l'équipe, tout ça, les
objectifs, les perspectives à moyen terme, etc. Et si l'entreprise est capable
d'augmenter sa productivité avec cet investissement-là, c'est clair que les
salaires vont suivre après. Mais ne pas insister, d'abord et avant tout, sur les
salaires parce que là on risque de s'enfermer dans un carcan qui n'est pas
très, à mon avis, qui n'est pas très, très, très productif.
Mais, avec
M. LeBlanc, on parlait... on avait commencé un peu la discussion, en
termes de stratégie de collaboration pancanadienne pour essayer de tirer notre
épingle du jeu dans ce processus de cette nouvelle économie postpandémique où
les marchés extérieurs sont un peu plus difficiles, il y a un peu plus de
protectionnisme un peu partout. Alors, le
marché intérieur, le marché canadien pourrait être très intéressant. Votre ministère
aussi est responsable de promouvoir et d'augmenter les échanges
commerciaux entre le Québec et nos partenaires canadiens. Qu'est-ce qu'il y a
de nouveau sous ce ciel-là?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, je suis d'accord avec vous. D'ailleurs, si on regarde les
chiffres de 2019 — là,
je regardais 2020, je ne les ai pas regardés parce qu'ils arrivent tard — 2019,
moins 23 milliards, déficit commercial international,
plus 9 milliards pour le Canada. Donc, on était Québec, on était positif
9 milliards avec le reste du Canada. Ce serait le fun d'être
20 milliards positif.
Vous avez raison que
le commerce interprovincial est très important. Je pense que ce qu'on voit
maintenant avec l'effet de la pandémie,
c'est que les chaînes d'approvisionnement vont être un peu plus courtes. Tu
sais, tantôt on parlait de Nemaska Lithium... pas Nemaska, mais NAL,
spodumène, l'envoyer en Chine pour faire de l'hydroxyde, ça n'a aucun bon sens,
on ne verra plus ça, c'est fini. La pandémie a recentré les communautés sur
elles-mêmes.
Le Canada est une
communauté. Et moi, je travaille... D'ailleurs, la députée de Gaspé me parle
souvent des EPI, là, par exemple. Puis je pense que c'est important que le Canada
soit autosuffisant. Est-ce que le Québec peut être autosuffisant? Je pense que
ça va être difficile. Mais le Canada doit l'être. Puis moi, je suis assez
ouvert. Puis, quand je parle à M. Champagne, mon équivalent à Ottawa, je
dis : Écoute, on va... nous, on va faire les vaccins, l'Ontario fera les
gants, puis les blouses en Alberta, je m'en fous, là, puis travaillons ensemble
pour que...
Alors, je pense qu'on
va voir une plus grande coopération provinciale de par le fait que la pandémie
a créé une psychose un peu des chaînes d'approvisionnement international. Je
vais aller plus loin que ça, les États-Unis aussi. Moi, j'ai un grand focus sur
les États-Unis, ce ne sont pas des ennemis. Les Américains, il faut les
considérer comme des alliés. Puis moi, le 70 % de commerce extérieur qu'on
fait avec les États-Unis, ça m'inquiète, ça m'inquiète de mettre ça en péril,
là, ça fait qu'il faut vraiment... Puis M. Biden est assez
protectionniste, sauf que, bon, l'électricité, il y a des moyens. Moi, je mets
beaucoup, beaucoup d'emphase sur les États-Unis, beaucoup plus que l'Europe
puis l'Asie.
M. Leitão :
Oui. Et d'ailleurs j'allais vous encourager justement à faire ça. Parce qu'avec
tout ce processus d'une plus grande régionalisation du commerce où ce n'est
plus la mondialisation, comme on l'a vu, les chaînes d'approvisionnement sont
beaucoup plus courtes et beaucoup plus régionales. Et donc nos amis américains
sont en train aussi de se lancer dans ce qu'ils appellent le «reshoring», donc
de ramener beaucoup d'activités qui étaient auparavant en Asie surtout. On voit
toute la saga avec les semiconducteurs, ça illustre très bien tout ce
problème-là. Alors, dans ce processus de «reshoring», il ne faudrait pas que
nous, au Québec et au Canada, on se trouve exclus de ce processus-là. Donc, il
faut...
M. Fitzgibbon : Notre gros avantage, là, puis vous avez dit
tantôt... je pense, je ne sais pas si c'est M. Marissal, mais un
avantage qu'on a au Québec, c'est qu'on est le seul, la seule province qui a Investissement
Québec, à un point que M. Fedeli, mon homologue en Ontario, nous demande à
l'aider à partir Investissements Ontario, mais on ne va pas trop l'aider, trop
vite, là, on veut garder un avantage comparatif...
M. Leitão :
Un bureau régional, là.
M. Fitzgibbon :
Aux États-Unis, on a quand même, quoi... combien de bureaux aux États-Unis,
15... peu importe, 10 délégations du Québec. Ça, c'est super important,
parce que ces gens-là sont capables d'interagir avec les gens locaux. Alors,
quand on parle d'aider nos exportateurs dans des États, on n'est pas partout,
là, alors, moi, je pense qu'on a un avantage comparatif par rapport à ça, et on
doit... Ma plus grosse crainte, c'est le marché américain. Puis on met des
efforts pour essayer d'utiliser nos délégations du Québec aux États-Unis pour
être près des... pas des décideurs, parce que le Buy American Act, c'est,
numériquement, c'est Washington, c'est fédéral, ce n'est pas des États. Alors,
il faut travailler dans les États directement pour essayer de continuer. Puis
ça va bien à date, là, mais, tu sais, il faut rester aguerri sur ça, puis je
pense qu'on est bien positionnés, mais il ne faut pas lâcher le morceau.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. C'est tout pour l'échange déjà. Alors,
nous continuerons avec le deuxième groupe d'opposition avec le député de Rosemont.
M. Marissal :
Bien, merci, Mme la Présidente, pour neuf minutes et des poussières.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...
• (17 h 20) •
M. Marissal :
Merci. Rapidement, M. le ministre, j'insiste rapidement, parce que vous avez vraiment
piqué ma curiosité ce matin quand vous m'avez dit que vous aviez signé un consentement
pour partager certaines de vos données. Je
vous pose la question, là, en toute candeur, je ne suis pas au courant
de ça, c'est... Qu'est-ce que vous... Bien, peut-être vous ne voulez pas
partager avec nous ce que vous partagez, mais comment ça fonctionne?
M. Fitzgibbon :
Bien, c'est des génomes. J'ai fait faire mes génomes. Donc, des génomes, tu as
des tests que tu fais, puis j'ai partagé... j'ai signé un consentement que les
tests qui vont faire... Les génomes, c'est qu'ils bâtissent une base de données — pas
sûr qu'ils vont me guérir dans cinq ans, mais, pas mal dans 25 ans — les
gens comme moi qui ont fait ça, ça va aider. Alors, j'ai participé à cet
exercice-là. Puis ça se passe d'une façon élective dans le privé présentement.
M. Marissal :
O.K. Et vous, vous souhaiteriez que ça se généralise?
M. Fitzgibbon :
Moi, je suis convaincu que le Québec... Je regarde les sciences de la vie, là,
on parle de nos clusters, là, de nos... sciences de la vie, on a perdu beaucoup
de marché depuis une dizaine d'années et je pense... Je regarde aujourd'hui,
j'avais eu le discours l'année passée, la médecine personnalisée qu'on a au Québec,
je regarde au HMR, je regarde le neuro, je
regarde l'Institut de cardiologie, je trouve ça extraordinaire. On combine ça
avec Dr Bengio, toute l'intelligence artificielle, ça fait... les
pharmaceutiques étrangères regardent ça puis disent : Wow! On a du
know-how au Québec, on a un potentiel extraordinaire.
Alors là, comme j'ai
dit ce matin, c'est mon collègue ministre de la Transformation numérique qui
doit regarder le côté éthique, parce que le côté éthique, évidemment, fait peur
à beaucoup de gens au Québec, à juste titre, avec
ce qui s'est passé au niveau des services financiers. Mais aucun doute dans ma
tête que la croissance de l'industrie des sciences de la vie va passer
par ça. Puis le Québec, je pense qu'on a un avantage, considérant notre talent.
M. Marissal :
Puis la clé de voûte pour ça, c'est le projet de loi qui a été déposé ce matin,
du n° 90, là, je pense... bien, peu importe, là, le
projet de loi déposé ce matin. Ça, ça vous ouvre la porte.
M.
Fitzgibbon : Bien, ça ouvre la porte... ça va baisser les gardes pour
le côté éthique, parce que ça va légiférer comment est-ce qu'on va prendre les
données, comment est-ce que les gens vont s'assurer que, s'ils veulent partager
quelque chose, c'est les bonnes choses qui vont être partagées.
Alors,
je pense, ça va clairement enlever les gardes, mais il va y avoir d'autres
choses après, parce qu'on n'est pas rendu encore avec les pharmaceutiques, ou
le système de Santé, mais, je pense, c'est un point de départ important.
M. Marissal :
O.K. Je suis au courant un peu de ce qui se prépare, notamment avec HMR. Bon,
vous savez que je travaille plus sur le projet d'un nouvel hôpital. En fait, je
pousse plus pour avoir un nouvel hôpital parce qu'on peut avoir tous les
projets autour, si l'hôpital s'effondre, on ne sera pas tellement avancé. Si
vous pouvez donner un petit coup de main pour qu'on avance là-dedans,
j'apprécierais. Mais je suis au courant aussi qu'il y a des projets. Et pour
l'est de Montréal, pas sûr que je partage votre enthousiasme pour le partage de
données, mais ça, on a déjà eu cette conversation-là.
Avez-vous vu
récemment... et là, en toute candeur encore, là, parce que ça m'a fasciné de
lire ça dans Radio-Canada récemment, un très long reportage sur une entreprise
chinoise qui s'appelle BGI? Est-ce que ça vous dit quelque chose?
M. Fitzgibbon :
Non.
M. Marissal :
Bon. On va passer à autre chose, mais vous devriez aller lire ça. C'est un
article d'un journaliste qui s'appelle Marc Godbout, dans Radio-Can.
BGI, c'est pour Beijing Genomics Institute. On aura l'occasion d'en reparler un
jour. Mais là, vu que vous ne l'avez pas lu, je n'ai pas le temps de vous faire
le résumé de ça.
M. Fitzgibbon : ...
M. Marissal : C'est assez
fascinant. On est à la limite, là, de la science-fiction et de plein de choses
qui se placent. Je serais intéressé d'en parler avec vous un jour.
On va parler d'un des programmes en particulier
d'aide aux petites entreprises — là, je ne sais pas si je le prononce
comme il faut — le
PAUPME, là, parce qu'à un moment donné il y en a eu tellement...
Je fais vite, là, mais je suis, comme mes
collègues d'ailleurs, en contact avec beaucoup d'entrepreneurs. Puis, vous
savez, on l'a dit, au début, ça n'allait pas vite... vous l'avez même reconnu
au début que c'était un peu lent, tout ça. Je vous accorde que c'est plus
rapide, tout ça, mais il y a encore, d'après moi, certaines aberrations. J'ai
parlé... Et je vais les nommer parce que j'ai leur consentement, une entreprise
qui s'appelle O-Volt. Ce n'est pas une entreprise de haute technologie, là, ils
font dans le divertissement pour enfants, escalade, des jeux, des trucs. Ils
ont deux succursales, une à Sherbrooke, une à Blainville, et puis, grosso modo,
ils se sont endettés de 600 000 $, ils ont pris des prêts au début, ils ont fait des moratoires avec leurs
créanciers, ils s'occupent de leurs trucs, là, ils s'occupent de leurs
trucs, là. Mais, à leur grande surprise, ils se sont fait dire non, et là je
parlais de PAUPME mais je recule, là, c'est plus pour le PACTE, au début ils se
sont fait dire non pour une de leurs deux succursales, parce que celle-ci avait
deux ans et neuf mois d'existence, alors que l'autre avait trois ans et
quelques mois. Ils ne comprennent pas, ces gens-là, là, ils ne comprennent pas
pourquoi, tu sais, ils ont tout fait correct, là, tu sais, ils ont vraiment
suivi la marche à suivre, là, ils arrivent, il leur manque deux mois et demi,
là, puis ils n'ont pas l'aide, là.
Je sais que vous êtes sensibilisé à ça, vous
êtes venu, même, parler de façon virtuelle avec les commerçants de ma
circonscription, j'en suis encore reconnaissant, mais je vous l'avais dit à ce
moment-là, oui, très bien, soit, mais vous
ne pourrez pas régler tous les cas un à un. Pourquoi il n'y a pas de
flexibilité pour ces gens-là qui, visiblement, pourraient survivre, là?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
je n'ai pas la réponse à la question spécifique, c'est sûr, mais je peux vous
assurer que... Mario est-tu là?
Une voix : ...
M. Fitzgibbon : Mario W.
Limoges gère... Ah! le PACTE, ce n'est pas lui, le PACTE, c'est Guy Leblanc, le
PACTE, c'est plus les grandes entreprises, le PAUPME, c'est pour les PME, mais
je peux vous dire, pour le PAUPME/les Fonds locaux d'investissement, je pense
qu'on a fait un gros progrès par rapport au début. Dans votre exemple, écoutez,
il y avait même un cas, à un moment donné, on avait augmenté, je pense c'était
les restaurants, il fallait qu'ils aient un an, puis on avait dit : On va
mettre neuf mois. On a fait des changements. Bon, dans votre cas spécifique, je
pense la personne devrait réappliquer, je ne dis pas qu'elle va se faire dire
oui, mais, tu sais, avec le temps, on est devenus plus habiles.
Deuxièmement,
je dois noter qu'à ma surprise, il y a beaucoup moins de demandes maintenant qu'il y en avait.
Moi, je pensais qu'il était pour avoir une «surge» de demandes de prêts, mais
honnêtement, ça n'arrive pas. Je pense ça va
mieux qu'on pense, alors, conséquemment, on a du «bandwidth», on a de l'argent
disponible. Alors, tout ce que je
peux répondre à ça, je pense que, pour un cas spécifique, moi, je demanderais à
l'entrepreneur de refaire une application puis, règle générale, en tout
cas, on en échappe de temps en temps, c'est sûr, là, sur le
250 000 entreprises, mais la bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a pas
tant de demandes que ça présentement, ce qui est une bonne nouvelle en soi.
M. Marissal : Peut-être qu'on
revient un peu au point de départ, que les entreprises ne veulent pas
s'endetter davantage, même avec des prêts, pardon, il reste une grande partie
de prêts, là, peut-être qu'il y a des moratoires ou peut-être qu'ils se
disent : Bon, bien, regarde.
M. Fitzgibbon : Oui. Mais, tu
sais, là, je vous entends puis on a parlé de ça souvent, tu sais, je regardais
les chiffres, je les regarde à toutes les
semaines, mais c'est intéressant, ce chiffre-là. Ceux qui appliquent à l'AERAM,
là, ça, c'est une partie du PAUPME,
là, on avait... ça, c'est en date du 26 avril, bon, ce n'est pas à jour,
mais c'est bon pareil, 194 millions de prêts AERAM, duquel
140 millions est sous forme de pardon. Mais c'est quand même 72 % du
prêt AERAM qui pouvait être pardonné. C'est quand même
pas si pire. Les autres prêts PAUPME ne sont pas AERAM, ça, on en a 320, donc il faut enlever le 194. Il y a
140 millions de prêts AERAM qui sont pardonnés, qui sont remboursables. Comme j'ai dit l'autre fois,
je pense qu'on va devoir être flexible sur le remboursement parce qu'il y a des
gens qui ne pourront pas payer, puis il va falloir accepter qu'on revoie la
façon.
Donc, votre entreprise que vous parlez, je pense
qu'elle devrait réappliquer puis parce que les critères, c'était... Pourquoi
c'était trois ans, j'avais voulu que c'est trois ans parce qu'on voulait qu'il
y ait une histoire de profitabilité un peu, qu'il y ait une histoire là. Mais,
à un moment donné, pour un mois ou deux, je peux convenir que...
M. Marissal :
Bien, regardez, on va... évidemment, là, je garde contact, là.
M. Fitzgibbon :
Oui.
M. Marissal :
Mais je ne pourrai pas, comme vous, faire ça un par un.
M. Fitzgibbon :
Non, non, non, je...
M. Marissal :
Là, tu sais, je n'ai pas assez de mains pour les prendre tous par la main, là,
puis vous non plus, là. Ça fait que je voulais vous sensibiliser à ça.
Un dernier point peut-être, là, votre... le
président d'Investissement Québec tout à l'heure a dit, vers la toute fin, je
crois que c'était à ma collègue de Gaspé : On n'en veut pas des projets
comme... et là il parlait de Galt. Puis là il a parlé ici, dans les critères,
là, de l'effet environnement, là, évidemment, GES, tout ça. Ça n'a pas été
clair, clair, clair, à ce jour, si vous êtes à la même place pour Galt, oui, là, ça, on a compris, là, mais pour
tous les projets gaziers et pétroliers au Québec.
M. Fitzgibbon :
Bien, on est à la même place, gazier, là, on... l'exploration, il n'y en aura
pas.
M. Marissal :
Il n'y en aura pas. Ni gazier ni pétrolier?
M. Fitzgibbon :
Exact.
M. Marissal :
Puis dans ce qui est déjà exploré et prêt à partir ou...
M. Fitzgibbon :
Bien, écoutez, il faudrait les données spécifiques évidemment, là. Mais
Ressources Québec n'a plus beaucoup d'investissements, là, je parle
d'hydrocarbures. Là, bien, il y en a deux, je pense. En tout cas, je n'ai pas
la réponse, mais il y en a moins de trois, là...
Des voix :
...
M. Fitzgibbon :
Il y en a combien? Elle le sait probablement plus que moi, là. Il y en a
combien?
Mme Perry
Mélançon : Bien, il y en a deux, deux sûrs...oui.
M. Fitzgibbon :
Non, mais c'est dans les...
Mme Perry
Mélançon : Deux.
(Consultation)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...seconde.
M. Marissal :
Il y en a deux.
M. Fitzgibbon :
C'est mieux que trois, là, c'est bon.
M. Marissal :
Merci.
Mme Perry
Mélançon : De rien. Je suis prête à être P.D.G..
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est bon. Alors, nous poursuivons. C'était tout
pour l'échange. Nous poursuivons cette fois avec le deuxième groupe... pas le
deuxième groupe, mais le deuxième bloc de l'opposition officielle. C'est le
député de Robert-Baldwin. Allez-y, la parole est à vous.
• (17 h 30) •
M. Leitão :
Très bien. Merci, Mme la Présidente. Et c'est fort probable qu'à un moment
donné je passe la parole à mon collègue. À un moment donné, on verra bien
combien de temps il lui restera.
M.
le ministre, j'aimerais qu'on parle maintenant un petit peu de centres-villes,
les centres-villes, pas seulement le centre-ville de Montréal ou de
Québec, mais les centres-villes des grandes villes du Québec. Bien sûr, avec la pandémie, il y a eu toutes sortes de
bouleversements. En même temps, il y a eu, bon, des programmes d'aide
d'urgence, très bien, mais d'une façon un peu plus générale, quelle est
l'approche du gouvernement? C'est-à-dire comment vous voyez le rôle du
gouvernement, du ministère de
l'Économie, avec ses partenaires, Investissement Québec et autres aussi,
dans le redémarrage de nos centres-villes?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
dans la mise à jour nous avions obtenu 50 millions du ministère des
Finances pour la relance du centre-ville et
dans le budget on a eu 25 millions additionnels, donc la bonne nouvelle,
on a 75 millions de dollars qui est dédié aux relances du
centre-ville.
J'ai travaillé, on a
travaillé étroitement avec Michel Leblanc de la Chambre de commerce Montréal métropolitain et Mme Plante, la mairesse de
Montréal, avec M. Labeaume et M. Monty, donc on a... c'est-tu
annoncé? Oui, c'est annoncé, on a annoncé une aide d'à peu près
25 millions pour Montréal et 10 millions pour Québec, donc
35 sur le 75, là, j'arrondis un petit peu, et là on est en train de
passer en décret le reste de l'argent.
Ce qu'on va faire, là, c'est qu'on va... je me
suis fait faire des critères puis c'est le ministère qui a fait ça,
M. Limoges et son groupe. On a regardé évidemment Montréal, Québec, ça va
de soi. Montréal est le plus souffrant donc
il va y avoir une bonne partie du 75 sur Montréal, Québec va en avoir
aussi mais il va y avoir d'autres centres-villes, Gatineau, qui est un centre-ville où on est
soucieux pour des raisons assez évidentes, et le reste de l'argent, il va y
avoir de l'argent pour 10, 12 municipalités où il y a eu un exode
du centre-ville. Parce qu'il faut... il y a des centres-villes en région qui vont mieux qu'ils allaient avant la
COVID, là, alors il faut faire attention, alors on a des critères :
fermeture, zone rouge, exode des employés qui sont maintenant dans les
banlieues et qui ne retournent pas au centre-ville. Alors donc on a alloué le
75 dans différentes municipalités.
Et dans le cas de Montréal on laisse le soin à
la CCMM et à la ville de gérer le projet. Évidemment, ça se fait avec de la
gouvernance où le ministère de l'Économie doit approuver les projets, mais on
les laisse choisir. La mairesse a choisi des projets, Michel a choisi des
projets, Leblanc, aussi, même chose à Québec, et, là, on va rentrer à Gatineau... et on va se servir d'organismes, ce
n'est pas nous, assis au ministère, qui allons donner des projets spécifiques.
Mais c'est clair qu'il faut encourager.
Maintenant, le timing de ça, c'est ça qui est la
clé. Parce que c'est bien beau aujourd'hui, à Montréal, faire des projets pour
mettre des fleurs puis des beaux bancs de parc mais, tu sais, si le monde est
encore dans les banlieues parce qu'il ne travaille pas dans les tours à
bureaux. Alors, le problème qu'on a, c'est vraiment de santé publique, mais là,
je pense qu'on est tous... je suis assez confiant qu'il fait soleil dehors, là.
Alors, aussitôt qu'on sait qu'on va réouvrir les restaurants, les bureaux vont
commencer à revenir, c'est là que, les programmes, il faut qu'ils soient en
place. Aujourd'hui, ça serait un peu un coup d'épée dans l'eau. Au centre-ville
de Montréal, où je demeure, là, tu sais, c'est assez mort de ce temps-ci...
même qu'on fait des programmes, là, le monde ne reviendront pas, donc... Mais
on arrive là, là. Je pense qu'on y arrive dans les...
M. Leitão : Très bien. Écoutez,
ce n'est pas pour... Je ne veux pas nécessairement que vous dévoiliez tous les
secrets des conseils des ministres, mais est-ce que vous, votre ministère,
est-ce que vous faites partie de... — moi, je pense que oui — vous
faites partie de la cellule de crise? Mais, dans tout ce processus de
réflexion, quant à un éventuel déconfinement graduel, est-ce que vous êtes là,
là? Est-ce que vous participez à ces discussions-là pour...
M. Fitzgibbon : Indirectement.
La cellule de crise pour ça, c'est carrément le bureau du premier ministre,
Santé publique, ministère de la Santé, là, à juste titre, là, parce que, si tu
as trop de chefs dans une cuisine, ça ne marche pas, là. Il y a trois chefs,
là, puis ils font un très bon travail, selon moi. Par contre, on n'est pas loin
en arrière, là. Parce que je pense que ce que les gens nous demandent, c'est la
prévisibilité, n'est-ce pas?
Les restaurateurs, entre autres, ne veulent pas
se faire dire vendredi : Bien, tu rouvres lundi, là, pour des raisons
évidentes. Donc, on est très... moi, je suis très alerté de ça parce que je
parle à ces gens-là. J'ai parlé aux associations, j'ai parlé aux restaurateurs,
et le bureau... la Santé publique, elle est consciente. Et d'ailleurs il y a
beaucoup de discussions, que je ne suis même pas au courant, qui se passent
entre les restaurateurs présentement et la Santé publique, ce qui est la bonne
chose, n'est-ce pas? Parce qu'on veut que... Les restaurateurs ont des vues très
précises sur comment ils devraient réouvrir. Au lieu de se faire dire par Santé
publique comment ils vont réouvrir, ils veulent participer, et ça, ça se passe.
Alors, moi, je suis à l'aise... Je ne suis pas
dans les discussions, parce que je ne peux pas être partout, là, mais je suis à
l'aise que le premier ministre est très, très, très conscient que la
prévisibilité est essentielle parce que ça va être... Puis... qu'on y arrive,
puis je pense qu'on voit tous l'horizon. Alors, les programmes du MEI pour la
relance du centre-ville vont s'arrimer avec la prévisibilité, et moi, je suis
confiant qu'on va être capables de faire des choses qui vont...
M. Leitão : Très bien. Merci.
Mme la Présidente, mon collègue veut absolument...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Veut prendre la parole.
M. Leitão : ...intervenir,
alors...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Nelligan, il vous reste 13 minutes.
M. Derraji :
Oui, oui, Mme la Présidente, parce que le ministre a piqué ma curiosité par
rapport au centre-ville. Je vais lui poser la question, et ça va toucher
directement Gatineau. Je pense que M. le ministre est au courant du communiqué
de presse du centre-ville de Gatineau... déclarait : «"Le
centre-ville de Gatineau est dans une situation critique, et le gouvernement du
Québec tarde à faire connaître ce qu'il entend faire pour lui venir en
aide", dénonce l'organisme Vision
centre-ville.» J'ai devant moi le communiqué de presse. Si les membres de la
commission veulent que je le dépose, je le dépose, je n'ai aucun
problème. «Vision centre-ville Gatineau demande une action immédiate du
gouvernement du Québec pour favoriser la relance du centre-ville de Gatineau.
Un reportage très peu reluisant de La Presse paru le
lundi 12 avril a démontré la situation critique au centre-ville de
Gatineau. Une situation critique pourtant décriée par
vision centre-ville depuis de nombreux mois sur plusieurs plateformes, mais qui
ne semble pas inquiéter le gouvernement du Québec outre mesure.
En novembre 2020,
lors de la mise à jour économique, le gouvernement Legault a annoncé une
enveloppe de 50 millions de dollars répartie sur deux ans pour aider à la
relance des centres-villes du Québec — c'est ce que vous venez de
confirmer.
Les villes de
Montréal et de Québec ont eu confirmation des sommes qui leur étaient octroyées
en 2021, soit une somme de
28,5 millions pour ces deux villes. L'annonce a été faite le 17 mars
dernier par vous. Le ministre, lui-même, de l'Économie a mentionné que
les annonces pour les prochains centres-villes allaient suivre. En date
d'aujourd'hui, aucune annonce n'a été faite pour Gatineau.»
Vous venez de dire un
mot extrêmement cher, M. le ministre, la prévisibilité. Est-ce qu'on peut dire
que pour les gens de Gatineau, aujourd'hui, ils peuvent s'attendre de vous à
une annonce très prochainement? Parce qu'ils ont interpellé votre collègue.
Je ne voulais pas
continuer, mais je peux vous dire : «À quelles fins pourront servir ces
sommes? Quels seront les dépenses et les
projets admissibles? Malgré nos appels répétés auprès des instances
gouvernementales et les démarches
faites par notre députée provinciale, le cabinet du ministre responsable de la
région, personne n'a pu fournir des réponses à nos questions.»
Maintenant,
question très simple : Est-ce qu'on va répondre à Gatineau, oui ou non?
Quand? Quels montants? Quelles modalités?
M. Fitzgibbon :
...question? Vas-y dans l'ordre, là. Vous avez disserté pendant trop longtemps,
je ne vous suivais plus, là. C'est quoi, la question?
M. Derraji :
Ce n'est pas grave.
M. Fitzgibbon :
...
M. Derraji :
Vous me suivez maintenant?
M. Fitzgibbon :
Bien là, je vous suis.
M. Derraji :
Excellent, j'adore ça. Bon, Gatineau. Vous avez répondu à mon collègue sur
Montréal et Québec, mais sérieusement, Gatineau, il y a un vrai problème.
Vision centre-ville, je pense que vous êtes au courant du communiqué de
presse et de ce qu'ils disent. Maintenant, ce qu'ils attendent de nous :
les montants, les modalités et quand est-ce que ça va être fait. Parce que
jusqu'à maintenant, ils sont dans le néant, ne sont pas au courant de rien,
donc éclairez-nous.
M. Fitzgibbon :
Alors, je vais répondre premièrement qu'il faut faire attention, parce que nous
sommes un gouvernement qui est très rigoureux, alors un coup d'épée dans l'eau,
nous n'aimons pas ça. Alors, aujourd'hui, de mettre de l'argent dans les
centres-villes, ça serait de l'argent gaspillé.
Pour Montréal et pour
Québec, il y a eu pas mal de choses qui ont été faites depuis un mois, un mois
et demi. Aucune somme n'est dépensée, parce
qu'on va attendre de voir quand on va être dans un mode de retour à la normale.
Nous sommes en
discussion présentement avec Gatineau. Donc, les gens de la ville sont en
discussion avec les gens du MEI. On a des idées. On travaille avec eux autres.
Et l'annonce va être faite quand? Je ne sais pas, mais ce n'est pas grave, là,
pour moi, parce qu'on va revenir à la prévisibilité. Mais c'est sûr que quand
on va réouvrir Gatineau, entre guillemets, d'une semi-normalité, les programmes
seront en place et annoncés.
M. Derraji :
Est-ce que je... vous dire quelque chose?
M. Fitzgibbon :
Non.
Des voix :
Ha, ha, ha!
• (17 h 40) •
M. Fitzgibbon : On manque de temps... Oui, vous pouvez y aller.
Vous pouvez y aller, vous allez le dire pareil.
M. Derraji :
On se connaît maintenant, ce n'est pas... Mais parce que vous avez dit :
Ce n'est pas grave. Mais c'est grave, M. le
ministre. La lettre de Vision centre-ville, pour moi, c'est un cri de coeur de
ces gens. Ils voient la dégradation de leur centre-ville. Probablement, Montréal,
et avec le surplus de Québec, aujourd'hui, probablement les deux villes sont en
situation... Je ne connais pas toute la situation de la ... internationale ou
de Montréal, mais j'ai devant moi une lettre... Et je vais la déposer, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Allez-y.
M. Derraji : Sérieux, ce
communiqué que j'ai devant moi date du 14 avril. Ils n'ont pas de réponse,
et vous me dites que ce n'est pas grave. Je ne veux pas vous faire interpréter
des choses, parce que je sais que vous n'aimez pas ça, mais je ne veux pas...
Mais je vous le dis, ils nous demandent de l'aide.
Vous avez fait une
déclaration pour Montréal et fait pour Québec, l'argent n'est pas encore
décaissé, parce que vous êtes en train d'attendre, mais ça va mal au
centre-ville de Gatineau. Je pense que personne au Québec, personne qui
n'habite Gatineau ne va vous dire, aujourd'hui, que ça va très bien au centre-ville.
Les gens de Vision centre-ville nous le partagent.
Alors, M. le ministre, je pense que ça mérite
une sensibilité. Je ne discute pas la rigueur, vous êtes rigoureux, je n'ai pas
dit le contraire. Mais par rapport à Gatineau, je pense que c'est urgent agir,
répondre à ces gens et prendre au sérieux la situation telle que mentionnée par
Vision centre-ville Gatineau.
M. Fitzgibbon : Alors, je vous
recommande demain matin quand vous vous levez... Demain matin, quand vous allez
vous lever, appeler vision Gatineau. Il y a des discussions présentement. Et
comme j'ai dit tantôt, je n'ai pas que ce n'était pas grave, j'ai dit qu'il n'y
a rien qui peut être fait aujourd'hui.
M. Derraji : O.K.
M. Fitzgibbon : Ça ne donne absolument rien. Montréal,
c'est un bon exemple. Montréal qui est un cataclysme, là, vous êtes
allé... au centre-ville. Les programmes sont en place. La mairesse est d'accord
avec les programmes, mais il n'y a rien de lancé encore parce qu'il n'y a
personne au centre-ville. Alors, tant qu'il n'y aura pas de monde dans les
bureaux, un peu, les restaurants ouverts...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...minutes à l'échange.
M. Fitzgibbon : O.K. Bien,
alors... Donc, Montréal a ses programmes, mais il n'y a rien de dépensé encore.
Donc, Gatineau va avoir ses programmes parce
qu'il a, disons, été identifié comme le troisième centre-ville important.
Et vision Gatineau — j'oublie
le nom exact...
M. Derraji : Vision
centre-ville Gatineau.
M. Fitzgibbon :
...il parle au ministère. M. Limoges, là, c'est pas mal lui qui nous parle
directement, ou son équipe.
M. Derraji : Donc, on peut...
M. Fitzgibbon : Bien, il ne
vous répondra pas, mais...
M. Derraji : On peut lui
parler?
M. Fitzgibbon : Non, mais on
est là. On est là.
M. Derraji : Non, non, mais,
sérieux, si vous me dites aujourd'hui qu'il y a des discussions avec Vision
centre-ville Gatineau, moi, je prends vos propos à 100 %. Vous êtes
conscient de la réalité de Gatineau.
M. Fitzgibbon : Absolument.
Nous avons les budgets. Nous avons les budgets. Nous avons 75 millions. On
a réparti à travers, je pense, c'est 14, 16, 17... j'ai oublié le chiffre
exact.
M. Derraji : Mais
50 millions, ça, c'est clair pour Montréal et pour Québec. Donc, on enlève
50 de 75, il reste 25. Les 25, ça va être quoi? Sherbrooke, Gatineau,
Trois-Rivières?
M. Fitzgibbon : On a des
critères. On va les annoncer, mais on a des critères, effectivement.
M. Derraji : C'est quoi, les critères?
M. Fitzgibbon : Plusieurs critères : fermeture 90 jours
et plus, exode du centre-ville — parce que
centre-ville, ça ne veut rien dire en soi, il y en a des centres-villes
qui vont mieux qu'ils allaient avant la COVID, alors... ceux qui ont été
affectés — puis
les populations.
M. Derraji : Et ça, si j'ai bien compris, le décaissement va
commencer postCOVID, ça veut dire postpandémie.
M. Fitzgibbon : Ce qu'on veut
faire, c'est qu'on veut... Je n'ai pas la date exacte, là, mais, quand on va
avoir une connaissance de quand on va rouvrir, on veut qu'il y ait des programmes
en place pour que la réouverture des centres-villes soit accompagnée de programmes
qui vont faire que les gens vont dépenser plus, vont aller plus au
centre-ville. Alors, ça va se faire, là, on va voir la Santé publique, ça peut
être dans... j'espère dans trois semaines, dans un mois, un mois et demi, je
n'ai pas l'information. Mais ça va être en coordination avec la réouverture.
M. Derraji : Oui, mais rien
tant qu'on est en pandémie. On est en train de vacciner, il y aura zéro dollar
dépensé pour les centres-villes, Montréal, Québec et Gatineau.
M. Fitzgibbon :
Vous avez raison.
M. Derraji : O.K., ça, c'est
très clair. Excellent. Donc, vous allez être plus en mode postpandémie, relance
des centres-villes.
M. Fitzgibbon : Pendant la
relance, c'est ça.
M. Derraji : O.K., excellent.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous poursuivons avec le député de Robert-Baldwin. Il vous reste cinq
minutes.
M. Leitão : Mon collègue est
extrêmement généreux. Moi, je ne pensais pas qu'il...
Mais restons avec les centres-villes, parce
qu'en effet c'est un enjeu qui extrêmement important. La semaine dernière, par
exemple, on parlait, on discutait dans cet exercice de crédits aussi, on
discutait avec vos collègues de la Caisse de
dépôt, qui sont bien sûr un joueur très important au centre-ville de Montréal,
et pas seulement, dans d'autres villes d'Amérique du Nord aussi. Et donc
il y a toute une réflexion qui se fait à la caisse quant à l'avenir de leurs propriétés.
Pour les immeubles à bureaux, il n'y a peut-être pas un grand... il n'y a pas
grande angoisse, je pense qu'il y a des plans qui s'alignent quand même assez
bien.
Mais surtout pour les centres d'achats, pour le
commercial, c'est beaucoup plus problématique. Bien sûr, ce n'est pas à l'État ni à la Caisse de dépôt de
racheter tous les centres d'achats, bien sûr, ce n'est pas ça. Mais comment
est-ce qu'on va faire ça? Comment est-ce que l'État va aider dans cette
transition-là où on va se trouver avec des lieux de commerce qui vont
inévitablement fermer? Comment est-ce qu'on va les relancer? Comment est-ce que
vous voyez ça? Est-ce que vous voyez un rôle pour l'État dans cette réforme qui
va être faite ou ça, ce n'est pas vraiment... écoutez, ça, c'est les autres
acteurs qui doivent prendre le relais?
M. Fitzgibbon : Pour être
honnête, l'expertise d'Investissement Québec, en immobilier, est pratiquement
nulle, puis je pense, c'est correct parce que le Fonds de solidarité — M. Bélanger
a un groupe très performant, la caisse et Ivanhoé — on a pris la décision,
dans la réforme d'Investissement Québec, ce n'était pas le rôle du gouvernement
de jouer dans l'immobilier. Maintenant, je pense qu'on a un rôle à jouer, par
contre, sur les sociétés immobilières, je pense qu'on peut aider, au niveau du
capital. D'ailleurs, j'en regarde une couple présentement, on en regarde une
couple présentement, où il y a peut-être des situations temporaires, soit un
PACTE. Bien, on a fait un PACTE, je pense, j'oublie... mais, en tout cas, je
pense qu'on a un rôle à jouer pour s'assurer que l'écosystème demeure non
fragilisé, mais je ne pense pas qu'on va jouer dans les édifices comme tels, je
pense qu'il y a trop de monde... pas trop de monde, mais il y a assez de monde
qui font ça, mais l'expertise, on ne l'a pas.
Donc, que je vois dans deux, trois situations,
je vois dans la tête, là, où on pourrait intervenir au capital de la société
pour s'assurer qu'elle demeure québécoise puis que l'opérationnalisation des
édifices, soit commerciale, industrielle ou de bureau, soit maintenue. Mais ce
n'est pas facile pour le gouvernement de décider comment on va jouer là-dedans,
puis je pense qu'il y a du risque que nous ne pensons pas devoir prendre.
M. Leitão : Oui, parce que
quand on regarde ces secteurs-là, ce sont des secteurs qui, entre autres
choses, emploient beaucoup de personnes. Et donc on parlait tantôt de pénuries
de main-d'oeuvre qui sont très réelles, mais paradoxalement, et en même temps,
nous avons des personnes qui ne travaillent pas et probablement que, dans les
mois à venir, ce bassin de travailleurs au chômage pourrait même augmenter.
Donc, je pense qu'on a un grand défi devant nous, de comment relancer nos
centres-villes, comment aider dans ce processus de restructuration.
M. Fitzgibbon : D'ailleurs,
dans le projet centre-ville de Montréal, avec le CCMM, on regarde un projet
justement qu'est-ce qu'on fait avec les espaces libres. Je pense qu'il va avoir
beaucoup d'espace libre à Montréal, je ne pense pas qu'on va revoir les
institutions financières, par exemple, de revenir, 100 % de la
main-d'oeuvre. Il y a tout un débat par rapport à ça, là, qu'est-ce qu'on fait
avec cet espace-là pour le réutiliser.
D'autre part,
je pense aussi que la problématique des compagnies immobilières, pour plusieurs,
c'est qu'il y a eu beaucoup d'endettement, hein, de levier. Dans un
cycle comme celui-là, la bonne nouvelle, c'est qu'ils peuvent vendre des
édifices. Alors, certaines situations qu'on regarde, les propriétaires vont
devoir vendre des édifices puis les prix sont relativement bons. Je pense qu'il
y a une heure juste structurelle les centres d'achat Ivanhoé Cambridge veut
tous les vendre. Nous, on n'ira pas les acheter, c'est sûr, s'ils veulent les
vendre.
Alors, c'est sûr qu'il va y avoir une heure juste
structurelle où les gens vont avoir un mécanisme différent d'achat, d'ailleurs,
on a parlé du Panier bleu, entre autres, la semaine passée, mais il va falloir
suivre comment l'écosystème va s'ajuster.
Puis je ne pense pas qu'on va pouvoir, tu sais, sauver des centres d'achat,
mais il va falloir, peut-être, être capable... être sensible que des gens qui
ont peut-être des emplois dans ces opérations-là, qu'il va
falloir requalifier, puis on revient à mon point de tantôt, là. Si 280 000
de chômeurs devient 320 000, bien là, profitons de ça pour rapidement les
réintégrer ailleurs puis les former. Mais au niveau de gouvernement immobilier,
je pense qu'on va se limiter pour les structures opérationnelles, mais on n'ira
pas entrer dans les édifices comme tels.
M. Leitão : Très bien. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Merci. Alors, nous avons reçu le... C'est
tout, député de Robert-Baldwin, pour vous. C'est fini. Alors, nous avons
bien reçu le document du député de Nelligan qui sera versé sur le Greffier. Alors, c'est fait. Nous terminons avec... Oui,
pour vous, c'est tout. Nous poursuivons avec le troisième groupe d'opposition
avec la députée de Gaspé. Vous avez 9 min 45 s.
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. J'ai l'échange de la fin, mais je
n'aurai pas eu le plus de minutes, quand même, là, dans tous ces
crédits.
J'aimerais prendre en
fait mon chapeau aussi de porte-parole en jeunesse pour ce dossier-là qui
concerne le transfert des entreprises familiales. On sait qu'il y a 32 %
des PME en 2017 qui étaient le fruit du repreneuriat, et bon nombre d'entre
elles, là, sont cédées, là, à un membre de la famille, et il y a... En fait,
là, en ce moment, là, si on vend une entreprise à son enfant, on perd le droit
des exemptions fiscales qui totalisent 860 000 $. Le gouvernement a
mis en place des mesures atténuantes pour pallier au régime fiscal fédéral,
mais reste que pour... que la transaction doit être faite à la hauteur de 50 %
plus un. Ça aussi, ça amène son lot de défis pour une entreprise, là, avec un
parent qui veut encore être là pour éponger ou, en tout cas, pour assurer une
bonne transition, disons-le comme ça, et ça représente des coûts dérisoires
aussi pour les repreneurs.
Alors, est-ce que le
ministre est ouvert à adopter des mesures plus souples en ce qui concerne le
transfert d'une entreprise à un membre de la famille?
• (17 h 50) •
M. Fitzgibbon :
Est-ce que vous vous référez au gain en capital sur la vente d'une entreprise?
Mme Perry
Mélançon : Oui.
M. Fitzgibbon :
O.K. Bon, c'est assez complexe. Évidemment, on parle ici du ministère des
Finances, là, c'est eux qui sont vraiment
responsables du côté fiscal, de la politique gouvernementale. Je vais répondre
différemment, je n'ai pas de réponse spécifique si on veut alléger cette
règle-là, parce qu'honnêtement je n'en ai pas parlé avec monsieur... avec le
ministre des Finances directement, mais on a parlé par contre du fait qu'il y
a... je pense, c'est 35 000 entreprises
qui vont changer de main. C'est le chiffre que j'avais voilà un an, il n'a
pas dû changer, il a peut-être augmenté... Et c'est clair...
Mme Perry
Mélançon : Il doit avoir augmenté.
M. Fitzgibbon :
Hein?
Mme Perry Mélançon :
Il doit avoir même augmenté en temps...
M. Fitzgibbon :
Sûrement. Alors, c'est clair, clair, clair pour moi que protection des sièges
sociaux, même si c'est des PME, il faut qu'il y ait un mécanisme qui soit
fluide pour que les repreneurs soit la progéniture familiale ou soit le
management puissent être... peut être opérationnel.
Bon,
ma collègue, qui n'est plus avec nous maintenant, avait commencé un travail que
je vais continuer avec le CTEQ, le Centre de transfert d'entreprise du Québec.
Je crois qu'il faut bonifier de façon importante le rôle du CTEQ.
Je pense que vous
avez vu probablement dans le budget Femmessor. On va faire une nouvelle mouture
de Femmessor. Je vais annoncer des choses avec Séverine dans... bientôt, je
pense, hein? On va annoncer quelque chose, là, avec Femmessor, un nouveau
Femmessor bonifié, parce que je pense que l'entrepreneur féminin peut être
aussi au rendez-vous, ça peut être un bon moyen de pouvoir s'assurer que...
Alors, je vais
travailler plus du côté aide financière pour le repreneuriat que dans le
fiscal, mais je vais me préoccuper de ça. Je n'ai pas pensé à ça puis je n'ai
pas discuté avec le ministre des Finances, mais s'il y a quelque chose qu'on
pourrait faire, je pense qu'on est capables d'avoir des leviers. Mais
définitivement, le repreneuriat, c'est un métier qui est nouveau pour le
Québec, bien nouveau, pas nouveau, mais qui va prendre une ampleur.
Mme Perry
Mélançon : Oui, qui est de plus en plus populaire. Donc, il y aura des
efforts mis, de ce que je comprends, peut-être pas dans ce budget-ci, ou des
mesures vraiment adaptées, mais, bien, en tout cas, on travaille à ça notamment
avec...
M. Fitzgibbon :
Oui, oui. Puis là, Guy Leblanc avec Sylvie Pinsonnault — Sylvie travaille pour Guy — Sylvie, elle est au stratégique, elle, elle s'occupe de ça aussi. Elle travaille
avec le MEI. On a les bonnes personnes qui regardent ça puis on veut
bonifier le programme.
Mme Perry
Mélançon : Parfait. Donc, parlant de transferts en entreprise
familiale, je vais aller avec un secteur qui connaît beaucoup de transferts familiaux dans le repreneuriat, le
secteur des pêches. J'aimerais entendre le ministre de l'Économie sur sa
vision du secteur des pêches. Je sais que c'est clair que le MAPAQ est le
principal allié, mais tout de même, dans l'innovation dans le secteur des
pêches, il y a quand même beaucoup à faire pour moderniser la flottille, la rendre aussi plus verte, plus
durable. Les bateaux présentement... Les pêcheurs sont vraiment très intéressés
à participer à la transition verte.
Donc, j'aimerais savoir si, éventuellement, on
serait intéressé à créer un programme spécifique pour le secteur des pêches. Je
sais qu'il y a un fonds qui a été créé avec les deux paliers de gouvernement,
mais on me dit qu'il y
a beaucoup de projets qui ne passent pas les critères, c'est très rigide. Je
serais même curieuse de savoir combien de
projets ont été retenus, là, dans ce fonds-là depuis 2019. Donc, j'aimerais
savoir si on peut s'attendre à un programme soit d'innovation ou, bref, aider le secteur des pêches à s'épanouir,
parce qu'il est le mal-aimé au Canada, et ça me rend bien triste parce
que c'est une industrie très, très importante pour nous, au Québec.
M. Fitzgibbon : Je n'aurai pas
toutes les réponses à votre question. Je peux vous dire, la bonne nouvelle,
c'est que je suis un pêcheur.
Mme Perry Mélançon : Ah bon!
M. Fitzgibbon : J'aime la
pêche, j'aime aller en Côte-Nord, j'aime aller en Gaspésie.
Mme Perry Mélançon : Je vais
vous amener au thon cet été, on va avoir du fun.
M. Fitzgibbon : Ça ne fait
pas... le thon avec Claudine, Claudine Roy.
M. Derraji : ...
M. Fitzgibbon : Non, mais farce à part, on a fait l'annonce,
bien, d'ailleurs, vous étiez peut-être là, l'annonce
à Merinov à Gaspé, là.
Mme Perry Mélançon : Oui,
j'étais là.
M. Fitzgibbon : Moi, je
crois... écoutez, je ne connais pas... je ne suis pas un expert de la pêche
puis je ne le deviendrai pas, mais par contre
je suis assez au fait que, dans votre région particulièrement, c'est un élément important. Moi, le CCTT,
Merinov, entre autres, ce que j'ai vu avec le poisson que je n'aime pas, il
n'est pas beau, là, mais il est bon, là,
j'oublie le nom... les Norvégiens, là, qui viennent nous aider... j'ai été
ébloui par ce qu'ils peuvent faire. Alors, je pense qu'on doit supporter
cette industrie-là.
Je vais aller plus loin que ça, moi, je pense
que dans les zones d'innovation, puis je l'ai dit un peu ce matin, je pense, je vois très bien dans la péninsule, je
ne sais pas où elle va être, là, parce qu'il y a des enjeux territoriaux, là,
en Gaspésie, là, je pense qu'il faut avoir
une zone halieutique, je pense que c'est important. Je vais souvent aux Îles-de-la-Madeleine.
Je connais bien les opérateurs des Îles-de-la-Madeleine, une des personnes, je
le connaissais dans mon ancienne vie.
Alors, moi, je pense qu'il y a une industrie là.
Je pense que mon collègue ministre de l'Agriculture est très commis et il est
beaucoup plus qualifié que moi pour savoir ce qu'il y a à faire, mais...
Mme Perry Mélançon : Mais dans
le domaine de l'innovation, par exemple, est-ce qu'on est en mesure de savoir les zones... où est-ce qu'on en est
présentement avec ces zones-là? Parce que ça a été annoncé, mais c'est comme
au point mort.
M. Fitzgibbon : Il va falloir que
vous m'aidiez, parce qu'on essaie de figurer... on en parlait justement hier,
on essaie de figurer, là, comment est-ce qu'on va gérer la Gaspésie, là, parce
que ce n'est pas facile... bon, je fais des farces... là.
Mme Perry Mélançon : On est là
pour ça, on est là pour ça.
M. Fitzgibbon : Mais je pense
qu'il y a des morceaux... Le Rocher-Percé, Gaspé, il y a Rimouski aussi qui a
une expertise incroyable.
Mme Perry Mélançon : Mais vous
savez que le tirage de couverte avec les tables de concertation qui sont
disparues il y a quelques années, là... Quand je vous dis que les tables de
concertation sont importantes...
M. Fitzgibbon : Non, non, je
comprends, je comprends, je comprends.
Mme Perry Mélançon : ...c'est
exactement pour vous donner une idée d'où prioriser. Parce que la Gaspésie,
bien, c'est aussi une question régionale, c'est ça, il y a... tout le monde...
M. Fitzgibbon : Mais... à la
question, définitivement, avec le ministre de l'Agriculture... il sait qu'on
est là. D'ailleurs, on l'a fait dans les serres. On l'a fait ailleurs. Moi, je
pense qu'il faut considérer l'autosuffisance alimentaire, on n'est pas
là-dedans quand on parle des pêches, là, mais l'innovation...
Mme Perry Mélançon : Bien, quand
même... moi, je serais intéressée qu'on valorise les produits marins puis qu'on
les vende plus au Québec, parce qu'il y a beaucoup d'exportations en masse,
mais on pourrait se retourner plus vers les
Québécois. Je suis certaine que les gens de la ville aimeraient pouvoir avoir
plus accès à nos chers produits.
M. Fitzgibbon :
Mais nous sommes... Au ministère, nous sommes ouverts à promouvoir une zone
d'innovation halieutique.
Mme Perry Mélançon : Puis,
parlant de secteur porteur pour les régions, le développement économique
régional, il y a... La filière éolienne, j'aurais aimé le voir un peu plus dans
le budget, là. Je ne sais pas exactement c'est...
où en sont... quelles sont les intentions du gouvernement encore. On a comme un
changement de cap un peu, là, une ouverture qu'on n'avait pas du côté de la CAQ
depuis bien longtemps sur le sujet. Et il y a des projets présentement, là,
en attente d'investissements, comme un projet qui serait porteur pour tout
l'Est du Québec, là, trois régions, dont 16 MRC,
il y aurait des retombées importantes. Je ne sais pas si vous connaissez le projet exactement,
là, lequel je parle.
M. Fitzgibbon : Oui, oui, oui,
j'avais un des trois. Bien, écoutez, je vais répondre global, mais ça va
répondre à la question. Le discours qu'on a aujourd'hui était différent qu'on
avait il y a deux ans. Pourquoi? Moi, je suis un optimiste qui a des projets,
des mégaprojets au Québec qui s'en viennent au niveau industriel qui vont
requérir beaucoup de mégawatts à un point qu'on a une question à se poser sur
comme on doit utiliser nos ressources hydroélectriques. Débat, est-ce qu'on va
faire du bitcoin? On va-tu faire des centres de données? On est-tu mieux de
faire des bouletières ou de l'aluminium vert au Saguenay?
Et je pense que, quand on regarde les besoins
énergétiques dans les prochains cinq à 10 ans, il faut faire attention. Et
là la bonne nouvelle, c'est qu'Hydro-Québec avec Mme Côté et
Mme Brochu qui sont à préparer justement, dans leur évaluation à eux,
comment... quels vont être les besoins hydroélectriques. David Bahan, ici à ma
gauche, regarde tous les projets industriels qu'on a sur la table à dessin au
MEI. Il y en a plusieurs parce que le Québec est attractif avec la source
énergétique.
Il y a une question à se poser : Quelle va
être la source énergétique? On ne va pas parler du gaz, c'est sûr, évidemment,
mais il faut regarder l'hydrogène, il faut regarder le biocarburant, il faut
regarder l'hydroélectricité puis l'éolien. L'éolien a le désavantage de ne pas
avoir de puissance dépendant des besoins. Il faut penser aussi... Tu sais,
l'éolien pourrait être bon pour un centre de données parce que c'est stable,
mais...
Alors, on est là-dedans, puis je pense que ça va
être une discussion importante au niveau du bureau du premier ministre dans les
prochains mois parce qu'il y a des projets qui vont requérir beaucoup de
mégawatts, et là on va devoir décider
lesquels vont créer de la valeur. Alors, l'éolien n'est pas nécessairement le
remplacement de bassins hydrauliques, mais je pense que l'hydrogène va
l'être puis peut-être...
Mme Perry Mélançon : Est-ce
qu'il faut regarder, pour conclure...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ce qui met fin... On vient déjà de vous accorder 30 secondes de plus,
comme vous étiez la dernière. Alors, ça met fin. Alors, je dois préciser, je
pense que j'ai oublié de le préciser tantôt, que votre document, député de
Nelligan, il sera rendu public également, ce que vous aviez demandé.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux à demain, jeudi 6 mai, à 11 h 30, où nous allons pouvoir poursuivre l'étude du volet
Économie des crédits budgétaires. Alors, merci pour l'échange, merci pour
votre belle collaboration, et bon souper, bon dodo, etc.
(Fin de la séance à 18 heures)