(Onze heures trente-trois minutes)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare
la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission
est réunie afin d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 51, Loi visant
principalement à améliorer la flexibilité du régime d'assurance parentale afin
de favoriser la conciliation famille-travail.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Bélanger (Orford) est
remplacé par M. Caron (Portneuf); Mme Chassé (Châteauguay) est
remplacée par M. Poulin (Beauce-Sud); M. Jacques (Mégantic), par
M. Provençal (Beauce-Nord); Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), par
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis);
et Mme Richard (Duplessis), par Mme Hivon (Joliette).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Mme la secrétaire, y a-t-il des droits de vote par procuration?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Derraji (Nelligan) dispose d'un droit de vote par procuration au
nom de M. Leitão (Robert-Baldwin).
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
tout?
La Secrétaire : Oui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Avant de commencer, je vous informe qu'en vertu de la motion
adoptée par l'Assemblée le 15 septembre 2020 les votes pour ce mandat devront se
tenir par appel nominal, et ce, jusqu'au 9 octobre 2020.
Remarques préliminaires
Nous débutons avec les remarques préliminaires.
Alors, M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, vous
disposez de 20 minutes.
M. Jean Boulet
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Permetttez-moi d'abord de saluer l'ensemble des
collègues. On entame l'étude
détaillée du projet de loi n° 51. Je pense qu'on a un excellent climat de
travail, ça a été souligné au moment des interventions sur l'adoption de principe du projet de loi n° 51. Je suis extrêmement reconnaissant à
mes collègues des partis d'opposition pour leurs commentaires, pour leur état d'esprit
positif et je réalise constamment, quand on parle d'assurance parentale, qu'au-delà des commentaires que nous
entendons souvent c'est un régime qui est généreux, qui est
progressiste, qui fait l'envie de plusieurs
pays à l'échelle internationale. Nous
partageons, tous les partis politiques, un intérêt commun ou un objectif
commun, c'est d'aller plus loin pour améliorer le régime actuel, en partageant
trois principaux objectifs, qui sont sous-jacents à ce projet de loi là.
Un, améliorer
sa flexibilité, il faut tenir compte aussi de l'évolution du marché du travail. Il faut, deuxièmement, encourager un plus grand partage des prestations
parentales. Ce qu'on réalise, on l'a répété souvent : les pères ne s'investissent pas suffisamment dans la sphère
familiale. Il faut certainement convenir d'un incitatif qui va permettre
aux pères de partager beaucoup plus dans les prestations parentales. Trop
souvent, on se limite au congé de paternité de cinq semaines. Mais je réfère souvent à l'exemple de mon collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, qui disait : Je suis allé dans un parc récemment puis j'ai réalisé qu'il y avait
beaucoup de pères. Et ça, c'est un courant social que nous devons
entretenir et développer avec le temps. Et
enfin il faut adapter notre régime à l'égard de parents qui vivent des
situations particulières, vous le
savez, les naissances, adoptions multiples, quand il y a des décès puis... Bon.
Je pense que le projet de loi n° 51 rencontre ces trois principaux
objectifs là.
Quant à ses
modifications, quand on parle de flexibilité... Et ça, ça me tient à coeur
parce que ça réfère notamment aux
besoins du marché du travail, les employeurs sont confrontés à un phénomène de
pénurie de main-d'oeuvre. Tout ce qui concerne les revenus concurrents,
donc ce qu'on peut gagner au-delà de la prestation parentale que nous recevons,
actuellement c'est limité à 25 %. Cette exemption-là va être augmentée à
l'équivalent entre la prestation et le revenu habituel de la personne. Donc, si
son revenu habituel était de 700 $ et que sa prestation est de 400 $,
la personne peut gagner
l'équivalent de 300 $ par semaine sans être affectée. Donc, ça, ça va
jouer un rôle qui m'apparaît extrêmement bénéfique pour le marché,
permettre aux parents de travailler à temps partiel et de répondre à leurs
besoins aussi en même temps.
L'augmentation
de 52 à 78 semaines pour la prise effective, donc c'est un étalement dans
le temps pour la prise des semaines
de prestations. Même chose pour le congé de maternité, quand il y a des
accouchements prématurés notamment, la période de temps va passer de 18
à 20 semaines pour la prise des prestations de maternité.
Je le mentionnais, il y a des semaines
additionnelles. Le mécanisme qui, nous trouvons, répond le plus aux besoins d'y aller de manière graduelle dans la
société, c'est d'ajouter un quatre semaines additionnel partageable
entre les deux parents, qui dialoguent et
qui conviennent de prendre minimalement 10 semaines de congé parental partageables. On pense que c'est bénéfique parce que ça encourage
la discussion et ça fait comprendre au
papa l'importance de s'impliquer. Et plus il s'implique, plus ce sera bénéfique, d'où l'incitatif de
quatre semaines additionnelles. Il y a d'autres façons de faire, j'ai entendu les partis d'opposition, nous avons
entendu des groupes venir s'exprimer là-dessus, mais, tenant compte de
la situation financière du fonds et tenant
compte de notre besoin d'y aller de façon graduelle, on pense que c'est la
meilleure formule. Ceci dit, vous me
connaissez, on n'est pas fermés, on va regarder les options en tenant compte
des avantages et des inconvénients mais en ne perdant jamais de vue
l'importance de la santé financière du Fonds d'assurance parentale.
• (11 h 40) •
Il y a,
au-delà de ça, des mesures qui sont proposées afin d'améliorer et d'adapter le
régime. Et ça, j'en suis fier, mais
c'est une fierté que je partage notamment avec ma collègue du Parti québécois, et la professeure, Mme Lavallée, que nous avons entendue
lors des consultations particulières, et, bien sûr, mes collègues de Québec
solidaire et du Parti libéral, la création — c'est une grande première sociale au Québec — d'une
prestation d'accueil et de soutien relative à une adoption. Ça nous
permet d'accroître la période de temps consacrée à l'enfant adopté, qui vit des
problématiques humaines et sociales qui lui sont vraiment spécifiques.
Et, au-delà
de tout ça, bon, on atteint l'égalité parfaite, le nombre de semaines, que ce
soit le régime de base ou le régime
particulier, entre les parents adoptants puis les parents biologiques. Vous
vous souvenez de l'historique du projet de loi. Au départ, on faisait un grand pas en avant, on réduisait
substantiellement l'écart. Et donc on a respecté notre engagement, on a
écouté, on s'est adaptés, et je ne redirai jamais assez souvent l'importance de
la contribution de ma collègue de Joliette dans ce dossier-là.
Il y a le
report, aussi, de la cessation du versement des prestations lors du décès de
l'enfant. Ça, c'est un dossier qui est
cher à plusieurs collègues aussi. Actuellement... pas la mère qui continue à
recevoir ses prestations de maternité, mais il y avait cessation du versement des prestations dès la semaine où
intervenait le décès. Donc là, il y a une présomption de deux semaines.
Donc, on reporte de deux semaines la cessation du versement des prestations.
Il y a des
semaines de prestations additionnelles exclusives à chacun des parents lors
d'une naissance ou d'une adoption
multiple. Il y a aussi une habilitation réglementaire, qu'on va devoir
peaufiner en équipe, en coopérant tous les uns avec les autres, pour mettre en place des projets pilotes. Parce
que, malheureusement, les lois sont souvent enracinées ou s'accrochent à un temps qui n'évolue plus. Il
faut, avec le projet pilote ou les projets pilotes, se donner la capacité
de s'adapter à des nouvelles réalités
sociales qu'on ne peut peut-être même pas anticiper en date d'aujourd'hui ou que nous réalisons suite
aux consultations particulières. On a parlé des étudiants, étudiantes, on a parlé
des jeunes entrepreneurs autonomes,
on m'a parlé des proches aidants, on m'a parlé de plusieurs... Évidemment, il va
falloir que ce soit bien défini, il va
falloir que ça colle bien à la réalité d'un projet pilote, qui est, donc,
limité dans le temps et qui fait l'objet d'une reddition de comptes. On détermine les avantages et les
inconvénients, et on décide par la suite de la pertinence ou de
l'opportunité de pérenniser.
Enfin, il y a
des modifications techniques et de concordance au Règlement d'application de la
Loi sur l'assurance parentale, et
nous estimons, parce que ce n'est jamais coupé au couteau, là, que les
nouvelles mesures proposées dans le projet
de loi augmenteront les déboursés du
fonds de 95,1 millions de dollars. Encore une fois, c'est une estimation.
Il y a des mesures qui peuvent, dans le
concret, dans la réalité du terrain, être beaucoup plus attrayantes et beaucoup
plus utilisées que ce que nous pouvons anticiper.
Donc, moi, Mme la Présidente, ça complète mes
remarques préliminaires. Mais je veux remettre l'accent sur l'importance de la discussion raisonnée que nous
avons amorcée. Quand je parle de collaboration, ça va au-delà de
l'esprit de nos communications, ça va dans
l'argumentaire. On n'est pas ici pour défendre des intérêts opposés, on est ici
parce qu'on a des objectifs communs. Je le
redis, il y a des solutions. Et, quand, dans une commission parlementaire, on
embarque en équipe dans un processus de recherche de solutions, on est
condamnés à avoir un grand succès pour le bénéfice de la société québécoise.
Merci, Mme la Présidente. On peut débuter l'étude détaillée du projet de loi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci, M. le ministre. Nous invitons maintenant le porte-parole de
l'opposition officielle et le député de Nelligan de faire ses remarques
préliminaires pour une durée maximale de 20 minutes.
M. Monsef Derraji
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, chers membres
de la commission, collègues, M. le ministre,
ma collègue qui m'accompagne. Encore une fois, comme je l'ai dit, M. le
ministre, on a eu l'occasion de connaître mon sentiment quant audit projet de loi. Donc, je l'ai exprimé au salon
bleu, je l'ai exprimé au début des consultations. Ma motivation, elle est double. Je dirais, c'est très rare que je mets des
sentiments en analysant un projet de loi. J'essaie de laisser mes sentiments en rentrant dans la salle
où on étudie les articles... par articles, mais je suis interpelé par ce
projet de loi parce que je suis aussi père et je me
demande moi-même, si j'analyse ce projet de loi à l'extérieur de l'Assemblée nationale,
en tant que père : Est-ce que je vais vraiment être motivé à jouer mon rôle en tant que père
avec les mesures qu'on s'apprête à voter?
Et
je salue encore une fois l'esprit de collaboration de la part de l'ensemble des
membres de cette commission, l'esprit d'ouverture du ministre, je le
redis encore une fois. Et j'en suis sûr et certain, que nous avons un bon
climat, Mme la Présidente, de continuer nos
échanges par rapport à ce projet de loi, et, probablement, on va s'entendre sur
pas mal de choses. Je sens en vous, M. le
ministre, la volonté, vraiment, d'avoir un impact et je veux aussi qu'on
contribue. Et je l'ai dit, au salon bleu, qu'en 2006, lors de l'annonce
de ce projet... du projet de loi de l'assurance... du RQAP, j'étais étudiant à l'université. Donc, on voit l'impact
que, parfois, certaines lois peuvent avoir. Et c'est vrai, ce projet de loi
ramène pas mal de nouveautés, et, sur ce point, je tiens à rassurer le ministre
qu'on va avoir un bon climat d'échange, dans le respect, parce que l'impact, il
est énorme sur la société.
Donc,
dans le cas des politiques de congés parentaux, deux préoccupations, Mme la
Présidente, ont entré initialement en
jeu : le bien-être de l'enfant et l'intérêt de soutenir l'égalité entre
les sexes, et nous l'avons entendu de la part du groupe valorisation de la paternité, un groupe qui m'a interpelé,
probablement, peut-être, parce que je suis un père moi-même, comme je l'ai dit, et que je sais que
beaucoup de papas autour de moi ne disent pas du tout ce que tout le
monde sait tout haut. Il y a aussi la
Pre Lavallée, de l'Université de Sherbrooke, que nous avons reçue ici, qui
a bien mis le doigt sur le coeur de
ce qui devrait être notre préoccupation commune. C'est bien là l'objectif à
atteindre, outre bonifier les avantages conférés aux mamans, celui de
donner davantage de latitude aux enfants pour nouer des liens forts, dès la
naissance, avec les pères, mais aussi, aux pères, de l'effet de s'insérer dans
le développement des enfants.
Dans
le rapport réalisé à l'attention du conseil de gestion en 2016, qui s'intitule Revue
de la littérature — Impacts sociaux du Régime québécois d'assurance parentale
et d'autres régimes comparables,
l'auteure entendait jeter la lumière sur
l'impact des congés parentaux sur les mères. Les résultats ont pu démontrer que
«les congés payés pris par les mères auraient
comme effet de réduire la dépression et l'anxiété. [...]Les congés [...] pris
par les pères peuvent également réduire les symptômes dépressifs chez les mères. Cependant, il s'agirait
davantage de l'implication du père dans les soins prodigués aux enfants
plus que seulement sa présence qui influencerait positivement la santé mentale
des mères.»
Donc,
encore une fois, la volonté d'impliquer les pères est quelque chose qui est extrêmement important. Il est évident
que, s'il s'agit de la mère, il s'agit aussi plus que jamais du père. L'arrivée
d'un enfant est un événement important
pour l'ensemble de la famille. Nous
devenons des parents. Donc, ce n'est pas quelque chose qu'on apprend
sur les rangs de l'université, ce n'est pas quelque chose où on peut
aller chercher un diplôme pour devenir parent.
Je pense qu'il y a
une raison pour laquelle on considère que le Québec est le paradis des
familles, ça a été mentionné à pas mal de
reprises par des conférenciers que nous avons eu l'occasion de rencontrer en commission,
que... Ils nous ont partagé, Mme la Présidente, leur fierté, leur fierté de parler de notre modèle à l'extérieur, et
je les ai invités à continuer à être nos ambassadeurs et ambassadrices
aussi de ce climat qui aide les familles au Québec.
Mme
la Présidente, nous entreprenons l'étude détaillée du projet de loi n° 51.
Je garde à l'esprit que, lors du dépôt de
la première mouture de ce projet de loi, notre collègue la députée de Joliette
avait réagi fortement sur le fait qu'il existe une inégalité, dans le projet de loi, envers les parents adoptant à
l'international, qui disposent de moins de semaines de congé. En effet, avec le dépôt de ce projet de loi,
le ministre venait à l'encontre d'une promesse de son gouvernement à
l'effet d'accorder le même nombre de semaines de congés parentaux pour les
parents biologiques et adoptants.
• (11 h 50) •
Le
ministre s'est engagé, par la suite, à revoir cette facette de son projet de
loi et il a déposé des amendements, et je salue son ouverture. C'est très rare de le voir, mais je tiens à le
saluer, Mme la Présidente. Par ce signe d'ouverture, nous serons tout
aussi disposés à bonifier avec lui le projet de loi afin de répondre aussi aux
quelques préoccupations des groupes qui ont été consultés et qui sont venus
s'exprimer ici.
M.
le ministre, je profite donc de ces remarques préliminaires pour vous tendre la
main. Du côté de l'opposition officielle,
nous avons bien compris que les nécessités familiales, d'une part, et le
contexte économique, d'autre part, vont nous demander de trouver un
juste milieu afin que ce projet de loi puisse aller de l'avant. Je suis aussi
très sensible, comme vous, M. le ministre, à ce que ce projet de loi puisse
aller de l'avant et à garder en tête le juste milieu.
J'ai dit, dans mon
intervention sur le principe de projet de loi, des groupes qui sont venus nous
dire lors des consultations
particulières : Écoutez, le régime, il y a 10 000 personnes qui
ne l'utilisent pas. Et il y a aussi des groupes qui nous ont dit : Écoutez, il y a des situations
exceptionnelles que, parfois, le régime oublie. Et ces groupes nous ont
tous invités à regarder ça de près. Mme la
Présidente, je peux vous assurer que je vais être en mode solution pour ces
gens. Je veux qu'on fasse un pas de plus, et il y a des oubliés, et j'ai entendu
l'ouverture du ministre.
J'ai entendu aussi la
volonté du ministre, avec des projets pilotes, de passer à l'action. Je ne passerai
pas par quatre chemins, je vais vous dire les principaux objectifs que j'ai et
je suis ouvert à cheminer avec le ministre.
Le
Conseil du statut de la femme, premier groupe qui nous a interpelés par rapport à l'impact de la monoparentalité après la naissance, et le congé du parent absent, donc, père très
souvent, pourrait être transféré à la mère. Là, on parle de 2 200 cas
par année. Le ministre a démontré une ouverture, mais est-ce qu'on va tout
passer cela sur le cas des projets pilotes?
Donc, est-ce que, la plupart des exclus ou des oubliés, la solution du ministre
qu'il a devant lui aujourd'hui pour nous,
c'est passer via les projets pilotes? Pourquoi ne pas intégrer cette
problématique directement dans la loi et laisser une marge de manoeuvre
au ministre pour la mettre en oeuvre? On pourra en discuter, Mme la Présidente.
Un
autre impact majeur... Ça, ça a été aussi, Mme la Présidente, un des éléments
ramenés sur la table par le Conseil du statut de la femme, et j'ai été
moi-même interpelé, parce que, comme je vous ai dit, j'étais étudiant au moment
du lancement du RQAP, et ça concerne les étudiants universitaires qui
recevaient une bourse et qu'avec cette bourse ces 1 300 étudiants
n'arrivaient pas à bénéficier de notre régime. Donc, M. le ministre, j'aimerais
aussi qu'on trouve des solutions pour ces oubliés.
Le projet de loi prévoit
un partage de semaines entre le père et la mère. On devrait plutôt proposer
plus de semaines dédiées au père. Peut-on en
discuter sérieusement? Là, ce que le Conseil du statut de la femme nous
mentionne, c'est qu'il est pour l'idée, mais
il faut dédier plus de semaines au père. J'en suis sûr et certain, Mme la
Présidente, que le ministre a entendu
avec moi les mêmes groupes. Encore une fois, renoncer aux semaines pour la
mère, ce n'est pas quelque chose qui
est souhaitable. Je tiens à le souligner, car c'est important et c'est ce qui
va me guider tout au long de cette étude.
Je veux qu'on
parle des pères, de leur implication, de leur engagement pour la famille. Je ne
suis pas en mode soustraction, je
suis en mode bonification pragmatique. Au Québec, les hommes ont droit à cinq
semaines de prestations de congé de paternité. Ils peuvent aussi
partager avec leurs conjointes les 32 semaines de prestations de congé
parental qu'accorde le Régime québécois d'assurance parentale aux deux parents.
Que se
passe-t-il dans la réalité, Mme la Présidente? Là, je vais vous ramener à
l'étude de CRHA en 2016. 78 % des naissances ont donné lieu à
l'octroi de la prestation RQAP en 2014. À titre de référence, 69 %
seulement en 2006. C'est une excellente nouvelle puisque cela veut dire qu'il y
a une amélioration. Mais l'inconvénient est que 50 % des hommes considèrent que la prise du congé paternité
pourrait nuire à leur travail. 29 % des gestionnaires
dissuaderaient des pères de profiter de leur congé parental, contre 3 % des cas
pour les femmes. Un tiers des travailleurs estiment que le congé paternité est mal perçu par la direction. Dans les
faits, seules neuf semaines sont prises par les pères en termes de
prestations du RQAP. Et j'en sûr et certain,
Mme la Présidente, l'essence même de cette étude, et c'est pour
cela que je la partage avec M. le
ministre, son combat, et le mien, est
le même, c'est que nous avons des préjugés, nous avons un constat clair,
et sa volonté, c'est avoir une implication
des pères. Donc, donnons-nous les moyens pour réellement atteindre l'objectif escompté en impliquant les pères
au sein de la cellule familiale.
Donc, Mme la Présidente, vous auriez bien compris qu'il est fondamental d'aider davantage
les mères et les enfants par une
meilleure implication des pères. C'est un point très important,
beaucoup le désirent, mais encore faut-il aider
notre société à faire un pas drastique en avant. Ce sont autant de pistes que nous
devrions envisager sérieusement pour faciliter le cheminement des
mentalités. Et j'insiste sur «le cheminement des mentalités». Il y a des
groupes qui nous ont dit : Probablement, il faut aller pas à pas pour atteindre l'objectif.
Est-ce qu'on va l'atteindre à la
première année de la mise en application de la loi, la deuxième année,
troisième année, quatrième année, cinquième année? Mais donnons-nous cet
objectif que nous avons en face de nous une montagne à déplacer.
Côté
économique, Mme la Présidente, ce que l'on doit garder à l'esprit dans nos
discussions : toutes les entreprises ne sont pas équipées d'un département de ressources humaines pour
pouvoir arbitrer les départs et organiser les quarts de travail. C'est de veiller à ne pas faire peser une
charge trop importante sur les épaules de nos entreprises et de nos entrepreneurs. Ils sont tous ouverts à la
possibilité de développer des projets pilotes, mais sans que l'analyse
réglementaire ne soit pas importante sur
leurs épaules, surtout dans le contexte de la COVID. Ils demandent tous à ce
que les projets pilotes soient encadrés et qu'ils ne puissent en aucun
cas porter préjudice à la charge et au fardeau qui pèsent déjà sur les épaules.
Les femmes
entrepreneures. Plusieurs groupes nous ont mentionné ça, et, j'en suis sûr et
certain, il y a même des groupes qui ont fait des représentations auprès
du ministre. C'est un drapeau rouge levé par plusieurs femmes entrepreneures au Québec. Puisque nous abordons la
dimension économique, l'autonomie des femmes, nous devrions nous appesantir davantage sur la question des
femmes entrepreneures qui se trouvent dans la situation délicate de
vouloir prendre un congé maternité.
Lorsque vous
écoutez à la fois le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec,
mais aussi en lisant le mémoire de la Jeune Chambre de commerce de
Montréal, on se rend compte que, les femmes entrepreneures, c'est encore plus compliqué. Pourtant, elles constituent
la moitié du poumon économique du Québec. La croissance économique dépend d'elles aussi, et surtout dans le contexte
de la pandémie, Mme la Présidente, où la plupart des études nous démontrent
que les femmes sont les plus affectées par la pandémie. Donc, sans toute
autre considération, je pense que nous avons l'opportunité numéro un
d'envoyer un signal positif à ces femmes.
Comment
voulez-vous qu'elles se prévalent de leurs congés lorsque l'enjeu financier est
cause d'un stress énorme provenant de
l'incertitude quant à leur capacité à subvenir aux besoins de leurs enfants
tout en menant à bout de bras une entreprise
ou un organisme? C'est un indice, d'ailleurs, qui nous permet de comprendre parfois pourquoi
des entreprises portées par des
femmes ferment. Comment voulez-vous qu'elles se prévalent de leurs congés lorsque
c'est difficile pour elles d'assurer une stabilité opérationnelle de
leurs activités, ou encore lorsque des investisseurs ne parviennent pas à
justifier la baisse des investissements, ou encore qu'elles soient obligées de
contracter des dettes supplémentaires pour continuer?
Les étudiants
étrangers. Un autre angle qui n'a pas été abordé, et que nous devrions garder à
l'esprit lors de l'étude détaillée,
est celui des étudiants. L'angle mis de l'avant par la Fédération étudiante collégiale du Québec est celui
des stages. En effet, pour les
étudiants stagiaires, la durée et la nature des activités de stage privent,
dans 71 % des cas, les stagiaires d'un type de compensation
financière. Bien entendu, encore une fois, les populations les plus touchées
restent les femmes, historiquement majoritaires dans des programmes d'études en
santé, en éducation et en services sociaux.
Donc, Mme la
Présidente, j'interpelle le ministre par rapport à cette problématique parce
que, les trois programmes que j'ai
mentionnés, la plupart, c'est des femmes ciblées. Encore là, devrait-on
réfléchir à une idée innovante par le but de projets pilotes? Je tends une perche au ministre, Mme la Présidente. Et,
quand il y avait des étudiants, dans le contexte de l'immigration et de la société de savoir que nous
souhaitons créer, plusieurs étudiants doctorants et/ou des immigrants
pourraient contribuer de devenir des bénéficiaires du RQAP.
Mme la
Présidente, la banque d'heures était l'une des plus importantes innovations du
projet de loi n° 74, non pas des
semaines, mais une banque de journées pour les enfants. Ces journées-là
pouvaient être prises à partir de la naissance de l'enfant sur une période de trois ans. Et on sait
bien que, les premières années, les enfants sont malades, notamment
quand ils rentrent à
la garderie. Donc, les parents ont besoin de temps pour s'en occuper. Très
concrètement, ça signifie que les parents,
au lieu de prendre tout leur congé parental, pouvaient se réserver jusqu'à
10 jours de congé pour les prendre sur une période de trois ans,
jour après jour.
• (12 heures) •
Je
m'explique, Mme la Présidente. L'implication du père, elle est extrêmement
importante. La première année, c'est
la découverte d'avoir ce sentiment d'être père et impliqué au sein d'une
cellule familiale. Les problèmes commencent parfois à la première année où l'enfant quitte la maison pour une garderie ou un CPE. Et c'est là où on voit
l'implication du père et l'implication de la
mère. Est-ce qu'ils vont plus
utiliser leurs congés de maladie? Est-ce qu'ils vont utiliser plus leurs
vacances? Et qui utilise son congé de
maladie ou ses vacances? Majoritairement, c'est des femmes, Mme la
Présidente.
Donc, somme
toute, la logique du ministre, elle est très bonne. Mais est-ce qu'on s'attend
à ce que l'implication du père soit
uniquement la première année de la naissance, avec le partage de ces semaines
avec sa conjointe ou son conjoint? Et c'est là, Mme la Présidente, que
j'aimerais bien qu'on chemine tous ensemble dans cette réflexion, parce que l'implication des pères, pour moi, ce n'est pas
uniquement la première année, aussi la deuxième année, la troisième
année, mais tout au long du processus de
développement de l'enfant. Mais, somme toute, si on ne règle aujourd'hui rien
qu'un petit pas d'avoir une réelle
implication, y compris quand l'enfant va à la garderie ou au CPE, je pense
qu'en tant que membres de cette commission on va être fiers du résultat
qu'on va atteindre.
En terminant, peut-être est-ce que le Québec
pourrait se saisir de ce moment pour soutenir cette évolution de mentalité. Les
groupes qui se sont succédé aux consultations ont apporté des points
pertinents. Nous devrions garder à l'esprit
leurs préoccupations. Le ministre a déjà fait un pas, il est devant un moment
historique de faire un autre grand pas. Et moi, aujourd'hui, à partir de l'étude du premier article, je vais
l'aider, je vais... je nous invite tous à garder en tête que nous sommes devant un moment historique d'avoir
une implication des pères, mais faisons le grand pas et non pas des
petits pas. Il y aura, définitivement, des
amendements et une bonification à laquelle nous serons heureux de contribuer
pour bonifier un régime qui fait déjà du Québec le paradis des familles. Merci,
Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci au député de Nelligan. Nous cédons
maintenant la parole au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition, au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous disposez
de 20 minutes pour vos remarques préliminaires.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Avant de plonger dans le coeur du projet de loi, une
première remarque, une première
constatation. Le matin, au caucus de mon parti, on nous distribue une petite
feuille avec toutes les choses qui vont se passer aujourd'hui, les commissions qui roulent, les projets de loi
au salon bleu, et aujourd'hui j'ai mis deux petites flèches parce que je suis supposé d'être à deux
places en même temps. Je suis supposé d'être ici et je suis supposé
d'être juste à côté, dans le salon Marois, en train de discuter, en train de
faire des remarques préliminaires sur le projet de loi n° 45 sur les
coroners.
M. le
ministre me connaît bien depuis deux ans maintenant, Mme la ministre de la
Sécurité publique me connaît bien aussi, ce n'est pas nos premiers
projets de loi qu'on travaille ensemble. Il connaît le sérieux que je mets dans
la préparation de l'étude détaillée et dans
la livraison de nos échanges sur l'étude détaillée. Je mets donc tout autant de
sérieux et j'ai mis tout autant de sérieux dans
ce projet de loi ci. On aura des amendements, des bonnes discussions. On a
pris plusieurs notes, ma collègue et moi. Et j'ai donc aussi mis beaucoup
de sérieux dans la préparation du projet
de loi n° 45 du coroner.
Il y a
eu toute une valse, cette semaine, de desquels deux projets de loi seraient convoqués, quand, où, comment. Il y a eu
des modifications de dernière minute. On a demandé des accommodements parce que, Mme la
Présidente, on est un caucus de 10 députés. Là, en ce moment, il y en a deux qui sont en congé de maternité, justement
le thème en question aujourd'hui, mais, quand même, on est
10 députés.
Moi, dans le fond, avec mes différents dossiers, j'ai deux ministres vis-à-vis,
le ministre du Travail, de
l'Emploi et de la Solidarité sociale et la ministre
de la Sécurité publique. Les chances qu'il y ait deux projets de loi en étude
détaillée en même temps, de ces deux
ministres, est très rare. C'est arrivé, je pense, une seule fois depuis le
début de la législature, puis on s'était accommodés.
Là, ça arrive. Deux projets de loi somme toute
quand même assez consensuels, somme toute bien discutés. Les audiences se sont bien passées. On a des
choses à proposer, on a des choses à dire. On travaille avec des groupes
pour préparer des choses, pour échanger. On
espère pouvoir relayer leur parole. Les différentes oppositions font la même
chose. Mais, Mme la Présidente, pour moi, ce ne sera pas possible aujourd'hui
parce que je suis ici en train de livrer mes remarques
préliminaires sur le projet de loi du RQAP, le n° 51.
Je ne suis donc pas en train de faire la même chose, ce que je devrais
être en train de faire, de l'autre côté de la salle, dans la salle Marois.
C'est dommage
parce que ce qu'on a demandé comme accommodement, ce n'était pas compliqué,
c'était d'en décaler peut-être un des
deux, de le faire commencer plutôt mardi qu'aujourd'hui, peu importe lequel, le
temps qu'on commence un des projets
de loi, puis que je puisse peut-être aller faire un tour au début de l'autre
projet de loi. Refusé.
Deuxième
demande : Peut-on faire en sorte qu'au moins la deuxième journée ne soit
pas encore aussi conjointe? Refusé.
On a su ce matin que, mardi prochain, nous sommes de nouveau convoqués, les
deux projets de loi, en même temps.
C'est comme
si, Mme la Présidente... Aujourd'hui, c'est l'anniversaire des deux ans de nos
élections respectives. Bonne fête,
tout le monde! C'est comme si on n'avait pas pris la pleine mesure de la
nouvelle réalité politique du Québec, où
on a quatre partis reconnus. Bien sûr, quatre partis reconnus, ça implique que
les deuxième et troisième oppositions n'auront pas autant de députés que l'opposition
officielle et, comme de raison, évidemment, pas autant de députés que le
parti au gouvernement. Par définition, nous
aurons une plus petite équipe. Par définition, nous aurons
potentiellement un petit peu plus de conflits d'horaire. Pas tant que ça, des conflits d'horaire, à l'occasion,
parfois.
Aujourd'hui,
sur un projet de loi qui je... Je fais une estimation, je ne pense pas que ça
va durer très longtemps. J'ai bien
confiance qu'à l'issue des deux journées de bon travail et de bons échanges on
aura probablement terminé, peut-être une
troisième journée. Ce ne sera pas un projet de loi très compliqué. Même chose pour le projet de loi
sur les coroners, Mme la Présidente.
Je suis assez confiant qu'avec deux bonnes journées on aurait fait le tour,
peut-être une troisième.
Donc, quel
aurait été le compromis si difficile à faire de la part du leader du
gouvernement, le député de Borduas, d'accepter
de décaler ne serait-ce que d'une seule journée, dans l'idéal de deux journées,
pour que je puisse participer pleinement
aux deux travaux, Mme la Présidente? Quel aurait été le prix de cet
accommodement-là? Il aurait été très faible.
Et c'est regrettable parce que, franchement,
cette nouvelle réalité là des quatre partis, de quatre vrais groupes parlementaires... On verra dans deux ans quel sera
le résultat des élections, mais j'ai l'impression qu'elle est là pour
rester, pour un petit bout en tout cas, une
pluralité politique qui s'exprime maintenant. On a sorti du bipartisme, pour le
meilleur, à mon avis. C'est fini cette
réalité-là de deux grands partis qui s'échangent le pouvoir puis qui peuvent
travailler, donc, de manière
régulière puis changer de place, puis on a plusieurs députés qui peuvent se
donner la main. Ce n'est pas possible... en tout cas, c'est certainement
moins possible quand on a un caucus d'une dizaine de personnes.
Hier, pour
essayer, dans une dernière tentative, de faire débloquer cette situation-là, il
y a eu un débat en Chambre, au salon
bleu, dans les remarques. On a appris de la bouche du député de René-Lévesque,
notre collègue du Parti québécois, que,
dans une situation similaire, où il avait deux projets de loi en même temps et
où il a dû quitter un projet de loi avec qui son ministre était le député de Borduas, le leader du gouvernement, il
s'est fait dire, en se levant et en devant quitter, pendant une espèce de petite pause, j'imagine : Tu
dois t'en aller, Martin — c'est son nom, bien sûr — qu'est-ce qui se passe? Pourquoi tu
ne restes pas? Là, il dit : Bien, c'est parce que, là, j'ai un autre
projet de loi, tu le sais. Et il lui aurait dit : Bien, c'est dommage,
vous n'aviez rien qu'à faire élire plus de députés.
M. Poulin : ...est un moment pour
pouvoir parler du projet de loi, et, si j'entends bien, le député veut profiter
de chaque minute pour aborder les questions qui concernent le projet de loi.
Alors, je ne sais pas si on va y venir.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, est-ce qu'on peut inviter le député d'Hochelaga-Maisonneuve de faire ses
remarques préliminaires sur le projet de loi, si c'est possible, oui?
M. Leduc : Comme on ouvre la porte,
Mme la Présidente, je pense que je demanderais une décision écrite sur le
sujet.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 09)
(Reprise à 12 h 11)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous poursuivons les travaux avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, qui va terminer
ses remarques préliminaires. Il vous restait une douzaine de minutes, là, ça
vous va?
M.
Leduc : Sur le fond, Mme la Présidente, j'étais dans mon droit de dire ce que je disais, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Je
n'ai pas eu de confirmation, mais on vous laisse continuer, ça vous va?
M. Leduc : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : On
s'informera puis on vous le dira plus tard. Merci.
M.
Leduc : C'est drôle parce que
je terminais justement mon segment sur cette réalité qui est particulière
puis qui est répétée, puis ça fait deux ans
qu'on la vit, et, à chaque fois qu'on demande des accommodements, je vous
dirais que, neuf fois sur 10, c'est
non. C'est non, c'est non, c'est non, c'est tout le temps non. C'est
regrettable. Ça ne facilite pas mon travail, ça ne respecte pas le
travail des oppositions, en particulier des deuxième et troisième oppositions.
J'en appelle
à mes collègues de la partie gouvernementale à sensibiliser leur leader parlementaire à cette réalité-là et de le
faire changer d'attitude, parce que je ne pense pas que j'aurais dû choisir entre le
RQAP et le PLQ... et le p.l. n° 45 sur les
coroners...
Des voix : ...
M.
Leduc : Oui, c'est ça. Ce
n'est pas la même chose, bien sûr. Vous comprendrez que j'ai fourché la
langue. Mais tout ça pour dire que je
n'aurais pas eu à choisir. Ça aurait été un accommodement très simple sur des projets de loi très simples, des projets de
loi consensuels.
Pour en arriver, donc, sur le fond du
p.l. n° 51 du RQAP, un projet de loi qui me tient beaucoup
à coeur, le ministre le sait. Je suis
intervenu en amont du projet de loi, quelques semaines, en fait, avant le dépôt du projet de loi, où on sentait qu'il s'en
venait avec quelque chose. Tout
de suite, dans l'espace public, à la
fin de l'été 2019, si je ne me trompe pas, j'ai émis la suggestion,
j'ai dit : Tant qu'à avoir des surplus, évitons de les dilapider dans une
baisse de cotisation, dont il y en a déjà eu,
de toute façon, dans le passé, investissons les surplus pour bonifier le régime. Oui,
on se targue que c'est un des
meilleurs en Amérique du Nord. C'est bien. Il est perfectible, cela dit. On se
l'est fait dire d'ailleurs à plusieurs reprises. Et investissons les
surplus pour bonifier le projet de loi.
Malheureusement, la baisse de cotisation a été appliquée quand même. Ça a, dans une
certaine mesure, lié les mains du ministre,
je pense, d'un point de vue financier, bien sûr. Je ne sais pas
quelle était l'intention du ministre par
rapport au maintien de ces baisses de cotisation
là. Si c'était, peut-être, d'acheter la paix avec certains groupes
patronaux, fort est de constater,
avec les audiences qu'on a eues il y
a deux semaines, que cette stratégie-là,
en tout cas, d'acheter la paix avec les groupes patronaux, n'a pas fonctionné parce qu'ils sont venus ici, ils nous ont réclamé de nouvelles baisses
de cotisation, ils nous ont réclamé
le rejet pur et simple du projet de
loi, avec des nuances, bien sûr, et à l'exception notable de la
jeune chambre de commerce.
Donc,
moi, je nous mets en garde souvent dans cette volonté, parfois, de toujours
vouloir acheter la paix à tout prix. Le RQAP, c'est un bon régime. Les
modifications qu'on a à mettre de l'avant sont bonnes. J'ai hâte de voir les amendements du ministre, parce que
le patronat est venu à plusieurs reprises demander, donc, le rejet du projet de loi ou, à tout le moins, le
report de son application, ce qui serait, à mon avis, tout aussi dommageable.
Donc, j'espère que le ministre n'a pas entendu leur appel et qu'il va maintenir
l'application du projet de loi dans les délais prévus.
Une
chose, Mme la Présidente, qui m'a choqué et dont j'ai dénoncé la chose
sur-le-champ et dans les discussions au
salon bleu cette semaine, c'est la référence, qu'on a encore entendue en
audiences, au fait que le RQAP serait, dans le fond, une politique nataliste, et on remettait en question
l'existence même du RQAP en nous présentant un graphique qui nous démontrait que, malgré l'instauration du RQAP
en 2006, il n'y avait pas eu un accroissement de naissances notable par rapport aux autres provinces du Canada qui ne
bénéficient pas d'un tel régime. Donc, conclusion, selon cette logique,
le RQAP ne fonctionnait pas, ne produisait
pas plus de bébés. Ça me choque, Mme
la Présidente, parce que, d'une part,
ça fait des années qu'on ne dit plus ça, une
politique nataliste. C'est à peu près disparu du vocable politique. D'autre part,
ça n'a jamais été l'intention du RQAP. Ça
n'a jamais été ça, l'objectif du RQAP. Si c'est un effet, que les gens se
mettent à faire plus d'enfants, on ne s'en plaindra pas, tant mieux,
mais ce n'est pas l'objectif du RQAP.
L'objectif
du RQAP, c'est de maintenir, et je tiens à le répéter, c'est de maintenir le
lien d'emploi des femmes. Trop de
femmes se faisaient mettre à la porte pour toutes sortes d'autres prétextes,
frauduleux évidemment, mais en raison de leurs grossesses, de leurs accouchements à venir. Je l'ai dit pendant
les audiences, ça a été le cas de ma propre mère. Je l'ai appris très tard dans ma vie, qu'elle n'avait pas
été rappelée à son travail parce qu'elle m'avait eu. Je suis le premier
de ma famille, de trois enfants. C'était légion, ça.
Et
ça existe encore, même aujourd'hui, que, dans des entretiens d'embauche, on demande à
des femmes : Quels sont tes
plans pour les 10 prochaines années? Surtout des jeunes femmes, fin
vingtaine, début trentaine. Quels sont tes plans? As-tu des ambitions
familiales? Où te vois-tu dans 10 ans? Toutes des questions pas frontales, bien
sûr. On ne demande jamais : Veux-tu des enfants dans les trois prochaines années? Ce n'est jamais
ça qu'on va demander, bien sûr.
Mais certaines techniques de gestion de
ressources humaines sont habiles et vont demander des questions connexes
mais dont l'objectif réel, bien sûr,
est de savoir est-ce que, la personne que j'embauche, je devrai la remplacer dans
quelques années parce qu'elle sera partie en congé de maternité, et peut-être même d'un congé
répété sur deux ou trois années parce qu'il y aura d'autres naissances
par la suite.
Ça,
ça a changé, Mme la Présidente, de plus en plus, puis je pense que
l'instauration du RQAP en 2006 fait partie de ce changement de culture là et a fonctionné en bonne partie. C'est loin
d'être terminé. On en entend encore, des histoires comme ça. Il y a encore des plaintes à la CNESST
pour des renvois pour grossesse. Ça existe encore. Ça existe encore trop
souvent. Mais ça a changé. Il faut s'en
réjouir et il faut... Et j'espère que, si jamais on refait un autre projet de
loi, dans les prochaines années, sur
le RQAP, il n'y a personne qui va venir nous présenter cet argument, qui est
devenu surréaliste, d'une politique nataliste qui ne fonctionnerait pas.
Le RQAP, ce n'est pas ça du tout.
Sur
l'enjeu des parents adoptants, ça a été superintéressant comme séquence, parce
que je pense, puis le ministre l'a reconnu
de toute manière, que sa première mouture n'était pas idéale, de son projet de
loi, sur les parents adoptants. Ça a levé
tout un tollé dans l'espace public, les éditoriaux, les lettres ouvertes, les
motions, les prises de parole, les entrevues. Il a été assez rapide à réagir, à déposer ses
amendements. Je l'ai salué d'ailleurs à l'époque, je le resalue de nouveau. Je
pense que ses amendements qu'il a déposés en
Chambre a fait en sorte d'avoir des audiences beaucoup plus agréables.
Comme c'était derrière nous, en bonne
partie, les irritants alentour des parents adoptants, les audiences ont été
agréables. Il y aura encore des
choses, peut-être, à discuter, avec des amendements, ou des angles particuliers,
puis j'ai bien hâte d'en discuter avec M. le ministre.
Malheureusement...
ou plutôt cependant, alors qu'on a pas mal réglé en amont la question des
parents adoptants, l'autre débat, du
congé des pères, de la meilleure présence des pères, on ne l'a pas tout à fait
réglé avant. J'ai hâte de voir si le
ministre va maintenir sa bonne habitude de nous déposer en liasse ses
amendements au début de l'étude détaillée. On verra quelles sont ses
orientations pour l'article 30, si je ne me trompe pas, qui traite de sa
formule pour avoir une meilleure présence du père, le fameux partage d'au moins
10 semaines des deux parents avec un bonus.
• (12 h 20) •
Dès
le départ, moi, j'ai dit : Ce n'est pas l'idéal. On comprend l'intention,
on partage l'objectif d'une meilleure présence
du père, tout le monde est d'accord avec ça. Ce n'est pas le meilleur chemin
parce qu'elle a un effet certainement... peut-être, en fait, indésiré, je souhaite, indésiré, mais certainement
indésirable, de faire en sorte qu'il y aura certainement moins de mères
qui auront moins de semaines utilisées à l'issue de cet exercice-là.
Et j'ai encore plus hâte de voir les
projections qui ont été préparées par le ministère sur combien de pères, de
mères allaient utiliser cette mesure-là.
Parce que, pour chiffrer à 93, 95 millions de dollars le projet de loi, il
faut bien qu'ils aient fait une
étude, une projection de chaque mesure, combien ça va coûter. Alors, celle-là
en particulier, le partage 10-10 plus quatre, il y a bien un chiffre attaché à ça, j'imagine qu'on va nous le
présenter tantôt, et ce chiffre-là, il se base sur une projection. Est-ce que cette mesure-là va être
beaucoup utilisée, peu utilisée, moyennement utilisée? J'ai bien hâte de
voir ça, parce qu'à moins que ça soit une
mesure dont on projette qu'elle soit très utilisée, tout ce qui va être en bas
de ça, donc moyennement utilisé et surtout peu utilisé, sera un argument
contre ce chemin-là.
Parce
que l'alternative qu'on propose, Mme la Présidente, qu'on proposait même avant
le dépôt du projet de loi, qu'on
propose encore, que nos collègues de l'opposition officielle proposaient à
l'instant, que la majorité des mémoires ont soutenue, c'est de plutôt bonifier les semaines réservées aux parents,
les semaines paternelles, le congé paternel, parce qu'on sait précisément que ces semaines-là sont
utilisées dans une large proportion, pour des bonnes et des mauvaises
raisons, les bonnes étant, évidemment :
les pères veulent bénéficier d'un congé, être présents auprès de leurs enfants
à la naissance, moins bonne
raison : parce que c'est parfois plus difficile pour un père de convaincre
son employeur de quitter pour le congé.
Ça,
ce bout de culture là, là, il n'est pas encore complètement changé. Il
progresse, il est bien mieux qu'il était il y a quelques années, mais il est loin d'être arrivé à destination.
Et, si c'est ça, l'objectif, de changer la culture, je pense qu'on va y
aller encore mieux en bonifiant le congé paternel plutôt que la formule
proposée par le ministre.
Il y a
la question des parents étudiants, et des parents étudiantes
en particulier, qui est un angle mort. C'est sûr que c'est un régime assurantiel. On paie une partie
d'une cotisation sur notre salaire, on se qualifie. Quand on est
étudiant, parfois on travaille très peu,
voire pas parce qu'on a des prêts et
bourses ou des bourses, qui sont considérés comme du revenu mais pas tout le temps assurable. Bref, il
y a un angle mort. Mon collègue de l'opposition officielle le soulevait
tantôt avec raison.
On
ne le traite pas dans le projet de loi. C'est un peu dommage. On ne rouvre pas
le RQAP à chaque année, bien sûr. On
peut peut-être se réjouir qu'il y aura des projets pilotes. Est-ce que, dans
les projets pilotes, on pourra faire quelque chose pour étudier, tester
une avenue qui pourrait faire qualifier certaines personnes dans une situation
étudiante, qui pourraient avoir accès au RQAP? C'est une demande qui existe
depuis des années et c'est une demande qui est justifiée, à mon avis.
Alors,
il y a sûrement moyen de trouver une voie de passage. Je connais la créativité
de mon vis-à-vis le ministre sur
trouver une formule qui pourrait fonctionner. Encore une fois, on aurait aimé
ça pouvoir le régler avec le projet de loi, ce n'est pas devant nous, mais peut-être que le projet pilote permettra un
atterrissage sur ce débat-là, qui doit se conclure bientôt, Mme la
Présidente. Ça fait longtemps que ça traîne, la question des parents étudiants.
Il
y a plusieurs personnes qui ont soulevé l'idée de changer ou de transformer une
partie des semaines, peu importe, là,
parentales, ou paternelles, ou maternelles en congés mobiles, en congés
flexibles, dans les faits, en congés familiaux. Moi, je trouve ça intéressant, puis on aura l'occasion de les débattre.
Puis je trouve ça surtout intéressant parce que ça souligne l'insuffisance de la Loi des normes du
travail. Les lois des normes du travail comportent 10 congés pour
raison familiale dont seulement deux sont
payés, deux sont rémunérés, les huit autres sont non rémunérés. On imagine que,
dans le réel, ça fait en sorte que peu de
gens sont susceptibles de les prendre, surtout des gens dans une situation
d'économie précaire.
Alors,
peut-être que le RQAP peut venir jouer un rôle. C'est intéressant, ce n'est pas
contradictoire avec les normes du
travail, mais certainement le fait qu'on vienne demander de bonifier le RQAP,
de permettre une flexibilité pour en faire des congés familiaux, bien, ça montre du doigt que la LNT est
insuffisante. Puis j'espère que, si on a l'occasion de rouvrir cette loi-là
dans les prochaines semaines, dans les prochaines années, on aura un débat à ce
sujet-là.
Puis
maintenant, en conclusion, Mme la Présidente, plusieurs personnes appelaient à
maintenir le dialogue social alentour
du RQAP, et je pense que le projet de loi, par son existence même, a participé
à un débat d'idées, a participé à des articles,
a participé à des chroniques et a fait en sorte de ramener sur l'avant-scène la
question de la conciliation travail-famille, de la présence du père.
Moi, ça me réjouit. C'est des thèmes qui me sont chers puis c'est bien qu'on en
discute.
Là,
le projet de loi va être adopté dans les prochaines semaines. Peut-être
qu'on aura moins de place dans le débat public pour ce sujet-là. Il serait donc intéressant, et on en fera
certainement un amendement en
temps et lieu, de demander qu'un rapport d'application, qu'un rapport
sur les nouvelles mesures qu'on va adopter soit déposé d'ici quelques
années à l'Assemblée nationale et qu'on en ait un débat, soit en commission,
soit... peu importe la manière, mais qu'on puisse en débattre pour ramener à l'avant-scène ce sujet-là
qui est important, qui est fondamental, parce que le fait qu'on en
discute puis qu'on fasse un projet de loi participe aussi au changement de
culture, et on aura l'occasion d'en discuter plus en avant. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Y a-t-il d'autres
membres qui souhaitent faire des remarques préliminaires? Alors, nous donnons la parole à la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Je suis ravie d'être parmi vous aujourd'hui. Je dois avouer que j'aime
beaucoup les études détaillées. Ça me rejoint énormément parce que
je vois vraiment une belle façon de travailler au bénéfice de tous nos citoyennes et citoyens pour
bonifier les projets de loi, puis je pense que c'est une belle façon
que nous pouvons travailler ensemble. J'ai toujours
eu des beaux échanges avec les ministres et les collègues dans tous les
autres projets de loi dans lesquels que j'ai assisté. Alors, Mme la Présidente et tous les collègues, vous pouvez compter sur moi d'être très
collaborative.
C'est sûr, si je fais
des erreurs en français, je m'attends après vous de corriger mes erreurs. J'ai déjà
dit, en commission parlementaire quand on étudiait le projet de loi n° 18, que je pensais de ressusciter le monde. J'ai
appris que ce
n'est pas ça, c'est «réanimer». Alors, si je fais des telles erreurs, vous
pouvez rire avec moi, aucun problème. Mais, vraiment, je suis contente
d'être ici.
J'ai
entendu mon collègue le député de Nelligan quand il disait qu'il a des
sentiments envers ce projet de loi.
Puis je sais, des fois, c'est rare, mais je
vous confirme, d'un esprit vraiment ouvert, que j'ai des sentiments personnels dans
tous les projets de loi dont j'assiste puis que je dis... les collègues qui ont
déjà travaillé avec moi, je pense qu'ils vont pouvoir témoigner de ça, parce que je m'y vois, à l'intérieur de tous les
travaux que nous faisions, puis je vois mes enfants, je vois vos enfants, je vois les gens de mon comté, je
vois vraiment nous tous à l'intérieur de ce que nous
faisions ici. Alors, pour moi, c'est
toujours très personnel. Alors, je ne vous cache pas que je vais probablement
partager un esprit un peu personnel dans tout ce que je vais dire au
micro et hors micro avec vous.
D'emblée,
je veux aussi mentionner... Ce que j'ai dit aussi dans la Chambre, quand on a
fait nos remarques au salon bleu,
c'est que moi, je vois vraiment les travaux à l'intérieur du projet de loi n° 51... On dit souvent que ce qu'on fait, c'est pour le congé parental, c'est les
prestations parentales, mais, dans le fond, ce que nous faisons à l'intérieur
de ce projet de loi, c'est pour les enfants, tu sais, puis je pense
que c'est l'esprit familial, puis j'y crois fondamentalement. Je pense que nous avons tous ça à coeur, hein? On est
ici vraiment pour aider les enfants québécois,
puis, en leur aidant, on aide leurs
parents, puis, en aidant leurs parents, bien, on aide vraiment
la société. Alors, je vois vraiment une belle occasion pour nous d'aider la population puis les citoyens du Québec. Alors, je suis vraiment contente de partager
ceci avec vous.
Je
vois aussi une façon... Je pense que c'est notre collègue du deuxième groupe d'opposition qui a mentionné que c'est aussi... c'est une occasion d'encourager nos
familles d'avoir des enfants, de contribuer vraiment à notre belle
province, à avoir des enfants, à avoir des
plus grandes familles. On sait que ce n'est pas facile pour plusieurs
familles québécoises parce que, souvent, c'est très cher, avoir des enfants,
c'est très coûteux. Mais je vois vraiment une façon qu'on va pouvoir améliorer leurs vies et faciliter les familles à
prendre des décisions qui vont avoir un impact pour le restant de leurs
jours. Quand on commence à avoir des
enfants, c'est pour le restant de nos jours. On est toujours
parent quand on a des enfants. Alors, c'est une belle façon de commencer
ce chemin ensemble, puis aussi pour la conciliation famille-travail.
Je regrette que c'est
après que j'ai eu des enfants que ceci sera mis en place, parce que je vois vraiment
comment les familles vont pouvoir en
bénéficier aussi. Quand on parle de conciliation famille-travail, ce n'est
jamais facile quand les deux parents
travaillent à l'extérieur, puis aujourd'hui c'est vraiment une réalité, pour toutes les familles,
d'avoir deux parents qui travaillent. Alors, je vois aussi qu'on amène un peu
de flexibilité pour ces familles-là à l'intérieur de la conciliation
famille-travail.
• (12 h 30) •
Mon
collègue, et ainsi que le ministre, a parlé de l'importance du rôle du père. J'y
crois, évidemment, fondamentalement. Ça me fait penser que, toujours, dans le passé, quand mes enfants étaient petits, puis, mettons, j'ai dû quitter la maison pour aller au travail ou parce que
j'avais quelque chose à faire, puis les gens m'ont posé les questions :
Bien, est-ce que c'est le papa qui
va garder l'enfant?, j'ai dit : Il ne va jamais garder son enfant, il va
s'occuper de son enfant. Puis je
pense que ça aussi, c'est... Il faut changer un peu la perspective du rôle du
père, puis je pense qu'on est rendus là. Je pense que, tu sais, il faut changer l'esprit de penser que c'est
toujours la maman qui s'occupe des enfants, ou la personne qui a porté le bébé. Je pense qu'on est rendus à
un point où on peut dire que c'est le partenaire ou c'est le père qui va
jouer un rôle entier en élevant son enfant,
et à participer à sa vie pleinement, surtout quand ils sont petits. Puis c'est
très important, je pense qu'on est
une société qui est en évolution, et il faut vraiment
valoriser le rôle des deux parents. Ce n'est pas pour diminuer le rôle de la mère ou la personne qui a
porté l'enfant, mais c'est vraiment de favoriser, et de bonifier, et de
valoriser le rôle des deux parents, pour les familles qui en ont deux.
Parce
que c'est sûr, il y a des gens qui l'ont mentionné, on a aussi des
familles qui sont monoparentales. Alors, je vois une façon qu'on va pouvoir... en espérant bonifier un peu le projet de loi pour aider ces familles-là, parce que c'est quand même
une réalité pour plusieurs personnes aujourd'hui. J'en connais plein. Probablement, entre collègues, on va pouvoir
dire qu'on en connaît plusieurs, personnes qui ont pris la décision d'avoir des enfants. On
est rendus là, hein, c'est 2020, puis
même bien avant, on a dit qu'on a la capacité, avec la science aujourd'hui, d'avoir des enfants tout seul si c'est souhaité, alors je pense qu'il faut respecter ces familles-là et trouver
une porte d'entrée pour eux, pour leur aider. Parce qu'à deux c'est mieux, Mme la Présidente, quand on a des enfants, ça prend un village, mais, quand on est
seul... Et ils ont tout mon respect. Ça fait que, s'il y a quelque chose
qu'on peut faire pour aider ces parents, bien, pourquoi pas?
Je
dirais aussi que, quand j'entends, tu sais, les collègues, je trouve que c'est
très intéressant que tout
le monde amène, évidemment, leurs points de vue un peu personnels ou à l'intérieur des dossiers qu'eux, ils s'occupent. C'est sûr, mon
collègue, il pense beaucoup
d'économie, il pense beaucoup de son rôle de père.
J'entends mon autre collègue
qui parlait d'une détresse, de, tu sais, son
travail, il n'a pas la possibilité d'être à deux places en même temps, puis c'est regrettable. C'est
sûr, je comprends, j'étais face à ça aussi puis je sais que ce n'est vraiment
pas facile, surtout quand ça nous tient à coeur, les travaux que nous
faisons ensemble.
Mais,
pour moi, c'est sûr, je vais parler un peu à l'intérieur des dossiers que
je porte ici, à l'Assemblée
nationale, un peu pour la communauté
LGBTQ2, Mme la Présidente, parce que je vois vraiment une possibilité, pour nous, de faire des avancées
pour la population, pour les
communautés qui sont moins visibles, une façon de changer un peu le jargon.
Alors, j'espère que le ministre et les
collègues autour de la table auront quand même une ouverture à avoir une
discussion par rapport aux paroles que nous utilisons aujourd'hui.
Encore
une fois, ce n'est pas pour enlever ou diminuer les titres de mère et de père, mais c'est très
hétéronormatif. Alors, je pense qu'il y a quand même une façon de voir
les titres que nous utilisons sans en supprimant mais peut-être en rajoutant des paroles. En anglais, on
dirait : «Birthing parent and birthing parent's partner», ça fait qu'en
français on dirait que ce serait le
parent qui accouche puis le conjoint, conjointe ou le parent qui accompagne
celui qui accouche. Je pense que ce
serait une façon de rajouter quelque chose pour que cette communauté se voie
visiblement à l'intérieur des travaux que nous faisons ici.
Puis j'ai déjà eu ces discussions,
encore une fois, à l'intérieur du projet de loi n° 18 quand on dit que les
droits de représentation de la mère et du
père... Tu sais, j'aurais voulu voir plus «parent». Puis je comprends qu'il y a
des choses qu'on peut faire à
l'intérieur du Code civil. Je ne vous demande pas, surtout pas de changer le
Code civil, qui est vraiment complexe,
ce n'est pas nécessairement ça que je souhaite, mais j'aimerais, si c'est
possible, de rajouter quelques paroles pour
qu'eux, ils se voient à l'intérieur de ceci. Écoute, comme j'ai dit, c'est
2020, bientôt 2021. Tu sais, le parent qui donne naissance pourrait bien être un homme si c'est une personne
transsexuelle. On est rendus là, on voit ces familles qui font partie de notre belle grande famille québécoise.
Alors, pourquoi ne pas trouver une façon pour rejoindre tout le monde,
pour que ça soit égalitaire?
Je
peux dire que... Tu sais, quand je me mets dans la place de quelqu'un,
aujourd'hui, qui va probablement faire une demande auprès du Régime québécois d'assurance parentale, puis, si, par
exemple, c'est deux femmes, ça fait que c'est des lesbiennes, bien, il faut qu'un parent demande d'avoir le congé
parental pour le père. Je pense que c'est... Comme je dis, les termes, ça blesse. On sait, surtout
aujourd'hui, que les termes sont importants, les titres sont importants, tout
le monde est sensible, mais je pense qu'il faut avoir un tel respect
pour ces personnes. Il y a beaucoup de gens qui sont aussi... ils s'identifient comme non binaires. Alors, tu sais,
de demander, deux personnes du même sexe, deux femmes, qu'il faut prendre un congé de paternité, c'est particulier,
ou, si c'est deux hommes, de prendre un congé de maternité. Encore une
fois, j'espère qu'on va pouvoir travailler ensemble pour trouver une telle
solution pour ceci.
Une
autre place où j'aimerais aussi voir de la flexibilité, et j'en ai déjà parlé
avec mon collègue, ça fait que je sais que
c'est une demande qui sera peut-être partagée, c'est : plusieurs personnes
ont mentionné qu'on cherchait aussi un peu de flexibilité par rapport aux banques de congés mobiles. Moi, je trouve ça d'un oeil qui est superintéressant,
oui, parce que ce n'est pas facile quand les enfants sont petits
puis ils vont débuter leur carrière dans le réseau des services de garde éducatifs. C'est vrai, c'est plein de microbes, c'est beaucoup
d'enfants ensemble. Ça doit être vraiment difficile actuellement, le port
du masque, la santé et sécurité, toutes les mesures pour les petits bouts de
chou, mais ça va au-delà.
Pour
moi, quand je pense, par exemple, à une expérience personnelle... Vous savez
tous, j'ai deux enfants autistes. Quand
ils étaient petits, ce n'est pas parce que mes enfants étaient souvent malades,
mais j'avais plein de rendez-vous médicaux,
plein, plein, plein, surtout au début, quand ils sont petits, quand on fait le
dépistage. C'est préoccupant, et j'ai dû prendre énormément de congés. Puis c'était moi qui prenais les congés
parce que je faisais moins d'argent, dans le temps, que mon partenaire,
alors c'était plus facile, ça faisait moins mal financièrement si c'était moi.
Alors,
je vois vraiment une façon qu'on va pouvoir, en espérant... même si c'est par
l'entremise, peut-être, d'un projet
pilote, mais j'espère qu'on aura peut-être un peu de flexibilité, quand on
regarde ceci, que c'est non seulement parce qu'on a des enfants qui sont
malades, mais aussi que c'est parce qu'on a vraiment un besoin quand on a un
enfant qui souffre d'un handicap, d'autisme, d'une déficience intellectuelle ou
même avant qu'on sait exactement c'est quoi, la difficulté que cet enfant a. Ce
n'est pas parce qu'ils sont malades.
Puis,
avant qu'on commence à avoir des parents qui vont, tu sais, essayer de trouver
des moyens de «controvertir», qu'est-ce que nous allons faire, parce qu'il y a
ce besoin, puis ils vont vouloir en profiter, pourquoi ne pas juste
l'ancrer directement dans la loi pour qu'ils
se voient aussi à l'intérieur de ce que nous allons faire? Parce que c'est
vraiment angoissant. Si je parle de l'autisme, c'est un enfant sur
66... une personne sur 66, excusez-moi, qui a un diagnostic, puis c'est en
croissance.
Alors,
je pense que ce serait une mesure qui serait peut-être le temps de le faire,
peut-être une primeur. Et pourquoi pas
aujourd'hui, actuellement, à l'intérieur de ce projet de loi? Je pense que ce
serait une belle avancée pour ces familles qui ont vraiment des grands
besoins. Alors, je verrais ça vraiment d'un bon oeil puis j'espère qu'on va
pouvoir avoir ce dialogue, parce qu'il y a des familles qui ont vraiment besoin
de ceci.
Moi
aussi, j'étais vraiment contente de voir le cheminement quand on parlait de
l'adoption à l'intérieur de ce projet de
loi. Alors, je rejoins ma voix à celles de mes collègues, qui ont quand même
remercié le ministre de son ouverture et de son travail préliminaire, à
l'intérieur du projet de loi, pour aider ces familles à être présentes pour
leurs enfants.
J'en
connais aussi encore, probablement comme plusieurs d'entre vous, plein de familles
qui ont fait des adoptions à
l'extérieur du Québec, en Chine, en Thaïlande, et c'est vraiment
un changement exponentiel pour ces enfants qui viennent ici. C'est très, très, très difficile,
ils sont en train d'adapter, de s'intégrer, d'apprendre une nouvelle langue
dans plusieurs cas, ce n'est pas du tout, peut-être, le même climat,
c'est avec des étrangers. Et ils ne sont pas bébés naissants, alors ils ont
déjà une conscience qui est quand
même établie un peu.
Alors, c'est un apprentissage pour l'enfant puis c'est aussi un
apprentissage pour les parents. Alors, je pense que c'est excellent qu'eux, ils auront autant de temps de congé, puis tellement
nécessaire.
• (12 h 40) •
J'ai
une de mes très proches amies qui a adopté une petite fille de la Chine. Ça a pris un bon
deux ans, parce que, tu sais, souvent ces enfants-là... Je ne vous demande
pas nécessairement de faire ceci, ce n'est pas le propos que je
fais, mais ça a pris deux ans pour
cette enfant-là à vraiment s'intégrer comme il faut. Elle était mal nourrie
dans son petit village, alors, quand
elle est venue ici, au Québec, bien, mon Dieu, elle mangeait, mangeait,
mangeait sans arrêt. Puis, à avoir peut-être
juste 10, 12, 15 semaines,
18 semaines de congé, elle n'aurait pas pu vraiment, comme parent,
accompagner cette enfant-là à
comprendre qu'il n'y en aura jamais, un manque de nourriture, ici, que tu vas être
bien entourée, on t'aime, puis tu vas être vraiment correcte. Alors, vraiment,
j'étais contente de voir ce changement-là puis cet amendement
qui s'en vient déjà.
Puis, en terminant mes remarques préliminaires, Mme la Présidente, je veux aussi remercier tous les groupes qui ont nourri notre réflexion jusqu'à
ce moment-ci. Parce que, malheureusement, je n'ai pas été présente pour la commission
avec tous les témoignages, puis je regrette
que c'est le cas, mais j'étais contente de lire tous les mémoires puis toutes
les recommandations que les gens ont partagés. Surtout qu'il y en a
plusieurs... puis c'est à l'honneur du ministre, qu'il y en a plusieurs qui sont favorables mais qu'ils voient ça vraiment
d'une façon que c'est un bon départ, alors, comment que nous pouvions le
bonifier ensemble.
Alors,
je remercie le ministre et son équipe aussi pour tout le travail qui est
investi à produire un projet de
loi. J'ai déposé mon premier projet de loi,
Mme la Présidente, le 599 contre la thérapie de conversion, moi-même,
alors, je peux vous dire, je sais c'est quoi, le
travail, maintenant, à l'intérieur, le dépôt d'un projet de loi. Ça fait que
c'est vraiment apprécié, tout le travail du ministre ainsi que son équipe.
Surtout
parce que, les personnes qui sont venues travailler aussi pour nous
accompagner dans la présentation
soit en commission parlementaire ou
dans leurs mémoires, j'ai beaucoup appris, entre
autres. Parce qu'on n'est pas... on
ne peut pas tout savoir, on ne peut pas tout
connaître, même pas les ministres, avec beaucoup de respect. Alors, en espérant qu'on a
tous appris quelque chose avec les présentations que les personnes, elles ont
pris le soin de faire, puis tout ce qu'elles
ont préparé comme mémoires, parce qu'on sait que ça prend énormément
de temps de faire ceci et énormément de réflexion. Et ce que je peux
dire, c'est que j'ai trouvé exceptionnellement que c'était vraiment réfléchi,
parce que c'est complexe.
Puis
j'ai hâte à entendre le ministre faire sa présentation par
rapport au briefing, avec tout ce qui
vient avec le côté financier puis
comment ça va décaler, parce que j'ose espérer que les gens qui ont déposé
leurs mémoires puis ceux qui sont venus
témoigner vont être à l'écoute, parce que, probablement, ça va être
enrichissant pour eux aussi, parce qu'ils ont vraiment pris le temps de
nous aider dans notre réflexion.
Alors,
sur ce, Mme la Présidente, je vous remercie pour votre attention précieuse
et celle de mes collègues. Et j'ai hâte à commencer à travailler
ensemble. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la députée. Y
a-t-il d'autres membres qui
souhaiteraient faire des remarques préliminaires? Alors, s'il n'y a pas
d'autre membre, nous allons poursuivre. S'il n'y a pas de motion préliminaire, nous allons continuer... ou, si vous
voulez, nous allons continuer l'étude détaillée, mais, avant ça, je
crois que, M. le ministre, vous avez une demande à nous faire.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Bravo, hein, pour les présentations faites. Bien
apprécié.
Avant de débuter,
parce que le socle de notre projet de loi a beaucoup de tentacules financiers,
je ferais une présentation, avec le
consentement des oppositions, sur la situation financière du Fonds d'assurance
parentale. Je ne sais pas si on peut le présenter de façon... Non, hein?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...M. le ministre, on va demander si on a le consentement
officiellement, nous allons le demander.
M. Boulet :
Oui, tout à fait. Et ça va durer à peu près 10 minutes, puis...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est pour une durée de 10 minutes. Avons-nous
consentement? Oui?
M.
Derraji : ...si la présentation est sur un support, nous aimerions la
recevoir, comme ça, ça va nous permettre de suivre M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Boulet :
Totalement. Alors, c'est ce que nous allons faire. Est-ce qu'on peut
l'acheminer rapidement? On pourrait vous l'acheminer, puis ça me permettrait de
faire la présentation.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Vous allez l'acheminer aux membres ou à la
commission? À la commission, d'accord. Est-ce que vous voulez que ça
soit une distribution large, M. le ministre...
M. Boulet :
Ah! moi, je n'ai aucun problème.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...ou un dépôt officiel pour une...
M. Boulet :
Un dépôt officiel, oui, oui.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Ah! d'accord. O.K., alors...
M. Boulet :
Pour les membres, là, oui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Pour les membres seulement. O.K., juste
une distribution, dans ce cas-là. C'est beau. On a le consentement, député d'Hochelaga-Maisonneuve? Oui,
d'accord. Est-ce que... M. le ministre peut quand même commencer. Vous pouvez commencer, puis vous
allez recevoir le document bientôt. C'est bien ça, Mme la secrétaire?
Parfait. Alors, vous pouvez commencer, M. le ministre.
Présentation du document
intitulé Situation financière du
Fonds d'assurance parentale
M. Jean Boulet
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Sachez que je suis accompagné de
l'actuaire qui a préparé le document, Claudia
Giguère, qui est actuaire au conseil de gestion, là. Si, dans nos échanges ou
dans les questions plus techniques, on a besoin d'aide, Claudia saura
nous épauler.
Donc, le document est divisé en six
parties. Je vais commencer par la première partie, qui concerne le
financement du RQAP. D'abord, c'est la Loi
sur l'assurance parentale qui institue un fonds d'assurance parentale, qui est
ce qu'on appelle un patrimoine
fiduciaire d'utilité sociale. C'est un fonds autonome, puis ses revenus
proviennent... C'est un fonds qui
reçoit des cotisations et qui verse des prestations. Ça fait que c'est les
revenus et les dépenses. Et donc les cotisations des travailleurs et des
employeurs québécois servent aux paiements des prestations et, bien sûr, des
frais afférents.
Le Conseil de gestion
de l'assurance parentale, c'est le fiduciaire du fonds puis c'est lui, ce
conseil-là, qui est responsable d'en assurer l'équilibre financier. Il fixe le
taux par règlement, puis ces règlements-là sont soumis à l'approbation du
gouvernement, ce que nous avons fait, et vous avez témoigné de la façon dont le
processus se fait.
Les
déficits du fonds, selon la loi, doivent être résorbés dans un horizon d'environ
cinq ans puis, en vertu de la loi, je
l'ai précisé d'ailleurs lors des consultations préliminaires, doivent servir à
deux choses : à diminuer les taux de cotisation ou à bonifier les prestations. Les deux dernières
baisses, vous les connaissez : 4 % le 1er janvier 2019, 6 %
le 1er janvier 2020. Et ça, ça a
généré des économies de 103 millions de dollars pour les travailleurs et
131 millions pour les employeurs.
Puis
souvenez-vous que la cotisation, elle est partagée : 7/12 payés par les
employeurs, 5/12 par les travailleurs. Il y avait un groupe, d'ailleurs, qui nous a demandé que ce soit la parité, là, que ce soit 50-50, mais j'ai référé
à l'entente qu'on avait avec Ottawa à
l'époque, en 2006, il y a une clause d'équivalence, puis on veut s'assurer
que le régime soit minimalement aussi généreux que ce qui est prévu dans
la loi fédérale sur l'assurance-emploi.
La
page suivante, il y a un historique. Vous allez voir l'évolution du
fonds sur base de liquidités en millions de dollars au 31 décembre et les variations des taux de cotisation de
2006 à 2020. Ça, je vous le laisse pour votre attention. Moi, je l'ai analysé. Vous allez voir, par exemple, dans les trois dernières années, le taux de cotisation, il y a
eu une baisse de 2 %, de 4 % et de 6 %.
Donc,
la page suivante, c'est la situation financière du fonds. Et, selon les états
financiers vérifiés au 31 décembre 2019, on a perçu
2,3 milliards de cotisation et on a versé 2 070 000 000 de
prestations. Les frais d'administration : 39 millions de dollars.
Donc, on a perçu...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...m'assurer que tout le monde a bien reçu le document.
Vous l'avez?
• (12 h 50) •
Des voix :
...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, vous l'avez, député de Nelligan. Député d'Hochelaga-Maisonneuve,
l'avez-vous reçu? Parfait. Députée de Westmount—Saint-Louis, vous allez aller le
chercher? Parfait.
M. Boulet :
L'aviez-vous...
Des voix :
...
M. Boulet :
C'est réglé? O.K. Alexandre, est-ce que ça va? Oui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve, il
l'a. Alors, je crois que tout le monde l'a reçu, vous pouvez poursuivre. Parce qu'il y a beaucoup de chiffres,
alors je me disais que c'était important que tout le monde ait le
document.
M.
Boulet : Bon, je pense qu'au début c'était... Je pense qu'on s'est
bien compris. Donc, je suis à la page après le graphique sur le...
Une voix :
...
M.
Boulet : C'est ça, exactement. Selon les états financiers vérifiés,
donc, on a perçu 2,3 milliards de cotisations, on a versé 2 070 000 000 de
prestations, donc, et les frais d'administration de 39 millions, ce qui
fait un solde du fonds, toujours selon les états financiers vérifiés au
31 décembre 2019, sur base de liquidités, à 415 millions de dollars.
Puis
ce montant-là, c'est aussi ce dont j'avais déjà parlé, c'est ce qui sert de
marge pour fluctuations du fonds. L'objectif
de cette marge-là, c'est d'assurer la santé, mais, d'abord et avant tout, la
stabilité et la prévisibilité des taux de cotisation. Puis la marge visée, elle se situe entre 10 % et
20 % des prestations à verser annuellement.
Et on est dans cette bracket-là, là, entre 10 % et 20 %, quand
on regarde les chiffres que je viens de vous présenter.
La
page suivante, le coût global des mesures découlant du projet de loi n° 51 tel qu'il est libellé, c'est estimé à 95 millions
par année. Je vais le dire tout de suite, parce que ce n'est pas dans le document,
là, mais, les mesures de flexibilité, les revenus concurrents : 9,4 millions. La période de prestations parentales,
donc l'étalement de 52 à 78 semaines, c'est estimé à
29,6 millions. La période de prestations de maternité, donc on passe de 18
à 20 semaines, ça représente 2,4 millions.
Pour
le partage, pour le volet partage, le partage des prestations parentales et
d'adoption, ça, c'est le quatre semaines additionnel, ça, évidemment, il y a des scénarios, là, mais le scénario
graduel, il a un coût, le quatre semaines, de 39,8 millions de dollars. Il y a le quatre semaines, mais, au-delà
de ça, la discussion entre le papa et la maman ou le parent A puis le parent B peut avoir un effet
d'augmentation aussi du nombre de semaines de prestations parentales. C'est
tout ça qu'on a évalué et qui représente 39,8 millions.
Les prestations
d'adoption exclusives et partageables, vous vous souvenez qu'avant notre projet
de loi, depuis 2006, il y avait
37 semaines pour les parents adoptants, puis là on diminue à
32 semaines, mais on ajoute cinq semaines exclusives pour les deux parents. Ça, on estime le
coût à 1,5 million. La prestation d'accueil et de soutien relative à
une adoption, ça, c'est le 13 semaines
que nous allons tous, j'en suis convaincu, contribuer à établir et... j'allais
dire «embed», à mettre dans notre
loi, ça représente 4,3 millions de dollars, les naissances et adoptions
multiples, 6,3. Le décès de l'enfant, donc
la prolongation de la période de versement des prestations, 0,5 million.
Les projets pilotes et autres, c'est technique, là, les affaires de
concordance et de transition, c'est peu, là, c'est à peu près 1,3 million.
Ça
nous donne une enveloppe globale de 95,1 millions. Les actuaires nous
diraient — Claudia,
si je me trompe, tu me
reprends : Ça peut être un peu plus bas, ça peut être un peu plus haut,
mais vous savez que l'actuariat est une science qui permet d'évaluer un risque ou un impact monétaire,
et moi, je me fie tellement à la
façon de travailler de nos actuaires.
Je
reviens au document. Certaines mesures sont susceptibles d'induire des
changements de comportement, bon,
je pense, c'est ce que je viens de mentionner, qui sont plus difficiles à
anticiper. Donc, la prolongation de la période de prestations à 78 semaines, le temps additionnel octroyé aux
parents, ça peut augmenter la proportion des familles qui se prévalent de la totalité des prestations
auxquelles elles ont doit, et ça, il y a une estimation du coût annuel de
30 millions, mais le coût maximal
possible, c'est 80 millions. Donc, il y a une marge quand même assez
importante. C'est pour ça que l'actuariat est une science qui nous
permet d'évaluer puis de tenir compte des risques.
Les semaines
additionnelles en cas de partage suffisant des prestations parentales, ça, j'y
référais dans nos consultations
préliminaires, l'avantage de la solution que nous proposons, c'est qu'on
anticipe un changement de comportement progressif
dans le temps : en 2021, 40 millions; en 2025, 61 millions.
Donc, le fait que les pères partagent plus, qu'on se rende aux 10 semaines, ça va changer des
comportements pour accéder à l'incitatif de quatre semaines, mais plus on
baisse le 10 semaines, plus il y a un impact qui peut être différent et
des coûts qui sont plus élevés aussi.
Bon,
les risques ont été considérés afin de préserver la santé financière du fonds à
long terme. Je veux finir avant 1 heure parce que Mme la présidente
va m'arrêter.
Les effets de la
pandémie sur le fonds, bien, il y a deux principaux effets. Vous l'avez deviné,
bien sûr, une diminution des cotisations.
Les fermetures d'entreprise, les mises à pied, les licenciements collectifs
aussi, ça, ça a généré des pertes de cotisation de 80 millions par
rapport à ce que nous anticipions pour l'année 2020.
Les
prestations versées, bien, il y a eu une augmentation d'environ
35 millions, et l'hypothèse la plus probable, c'est qu'il y ait une augmentation de la durée
moyenne des prestations de plusieurs parents qui pourraient, bien sûr,
avoir perdu leur emploi pendant leur congé
parental. Ils auraient pu revenir, mais, tenant compte de la rupture du lien d'emploi,
ou de la mise à pied, ou du licenciement, ils ont continué leur congé parental.
Le solde du fonds, au 31 décembre cette
année, devrait se situer à environ 300 millions, soit une perte de
200 millions par rapport aux
prévisions. La marge pour fluctuations, on avait parlé de 415 millions un
peu plus tôt, détenue en début d'année
a permis d'absorber ces pertes sans avoir recours à un emprunt. Un emprunt,
vous vous souvenez, j'en avais parlé au mois de mai, on a négocié une
marge de crédit avec Financement-Québec, de 500 millions, mais on n'a pas
eu à l'utiliser du tout.
Par
la suite, vous avez les projections financières du fonds, dans le tableau
suivant, pour les années 2020 à 2023. Le A, la courbe plus foncée, c'est la projection initiale. Ça, c'est
les projections du rapport actuariel au 31 décembre 2018, qui tenaient compte, là, de la diminution du taux
de cotisation de 6 % au 1er janvier 2020, donc vous voyez la courbe
qui est plus élevée. La deuxième bleue un
peu plus pâle, ça, ça tient compte des effets du projet de loi. Donc, vous
voyez qu'on conservait une santé
financière du régime, selon moi, extrêmement intéressante. Et enfin la
courbe C, c'est pour tenir compte à
la fois du p.l. n° 51 et des coûts réels et anticipés de la pandémie
sur le fonds jusqu'au 31 décembre 2021. Là, on ne peut pas aller
plus loin, évidemment.
Donc, pour conclure,
le conseil de gestion prépare annuellement une évaluation actuarielle
présentant une projection des entrées et des
sorties sur cinq ans. C'est transmis à mon attention, en fait au ministre du
Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale. Puis le rapport de cette année apportera une lecture plus
actualisée des prévisions financières, puis ça va se baser notamment sur la mise à jour économique que nous anticipons
tous bientôt, présentée par le gouvernement du Québec, les données les
plus récentes sur la progression de la fécondité et le comportement de la
clientèle du RQAP.
Voilà,
je pense que c'est extrêmement important puis je pense qu'au fil du temps,
«down the road» — Jessica, est-ce
que c'est correct? — on va
avoir à revenir sur ces chiffres-là et se donner des précisions additionnelles.
Puis, même si Claudia n'est pas tout le temps là, n'hésitez pas à me
poser des questions, Claudia sera certainement disponible pour répondre à mes
questions qui sont plus sophistiquées. Voilà, merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, vous faites allusion à
Mme Claudia. Je vais préciser, c'est Mme Claudia Giguère,
actuaire en chef au Conseil de gestion de l'assurance parentale. C'est bien
cela? Parfait.
Alors, écoutez,
merci, M. le ministre. Ça vous va? Alors, oui, vous aviez une question, député
de Nelligan.
M. Derraji :
...est-ce que Mme Giguère, elle est là en après-midi?
M. Boulet :
Claudia, est-ce que tu es disponible? O.K. Si vous le souhaitez, bien oui.
M. Derraji :
Oui, parce qu'avec cette mise en place...
M. Boulet :
Il n'y a rien qu'on ne fait pas pour notre collègue de l'opposition officielle,
hein?
M. Derraji :
Non, mais, c'est une excellente...
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
bon, je vous remercie. Donc...
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci pour votre belle collaboration.
Compte tenu de l'heure, nous suspendons les
travaux de la commission jusqu'à 15 heures. Bon dîner.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 04)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 51,
Loi visant principalement à améliorer
la flexibilité du régime d'assurance parentale afin de favoriser la
conciliation travail-famille.
Lors de notre
suspension de ce midi, nous étions en discussion suite à une présentation du
ministre. Alors, si vous êtes
d'accord, nous allons poursuivre... ou commencer l'échange sur cette
présentation-là. Alors, est-ce que c'est le député de Nelligan qui a une
première question pour le ministre ou est-ce qu'il y a... Oui.
Discussion sur le document
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Mes questions, c'est pour
Mme Giguère, si j'ai bien prononcé son nom, donc, si vous le
permettez.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Oui. Alors, est-ce qu'on a le consentement
pour laisser la parole à Mme Giguère? Parfait. Mme Giguère, je
vous invite à bien vous présenter avant de commencer à parler.
M. Boulet : ...dans la mesure où
c'est une question de nature actuarielle, il n'y aura pas de problème, là.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Mais est-ce que... D'accord. Donc, on laisse poser la question d'abord, si vous voulez, M. le ministre? D'accord. On va laisser poser la question
au député de Nelligan, et ensuite le ministre décidera. Merci.
Merci, M. le ministre.
M.
Derraji : Aucun problème.
Merci, Mme la Présidente. Premièrement, merci pour la présentation. C'est très clair. Ça donne pas mal de chiffres et une vision
claire par rapport à l'avenir. J'ai une série de questions,
mais je vais aller par blocs parce que, sinon... je ne veux pas monopoliser
tout seul la parole.
Vous avez
dit, dans la page 4 : «Les déficits du fonds doivent être résorbés
sur un horizon d'environ cinq ans.» C'est
un constat de combien d'années de déficit, ou ce qu'est le déficit en date d'aujourd'hui, ou c'est un déficit prévisionnel, vu ce qu'on vit? Juste pour me
mettre dans le contexte, ce déficit vient d'où?
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
ministre, est-ce que vous laissez la parole ou vous répondez?
M.
Boulet : Bien, peut-être un
premier élément de réponse, puis après ça, Claudia, tu pourras y aller. Il y a eu quand
même un certain nombre d'années... Je
rappellerais à mon collègue : La page suivante, il y a l'évolution du solde du fonds sur base de liquidités, en millions de
dollars, et, on voyait, il y a des années où il y avait beaucoup plus de naissances, et donc ça exerçait des pressions sur
le fonds en
termes de volume de prestations, puis
les cotisations n'étaient pas nécessairement les mêmes. Donc là, maintenant,
depuis un certain nombre d'années, on est en situation de surplus.
Ce que je comprends de la question, c'est qu'on dit que les déficits doivent être
résorbés sur un horizon d'environ cinq ans. Ça, est-ce que ça a été
mesuré, dans le fond, mesuré dans le temps?
M. Derraji :
Non, ce n'est pas ça, ma question, c'est que... On vient, à ce moment dans la
présentation... On dit : «Les
déficits du fonds doivent être résorbés sur un horizon d'environ cinq ans.»
Donc, il y a deux volets. Premier volet : Est-ce qu'il y a des déficits maintenant qu'on doit résorber d'ici cinq
ans? Ou bien c'est juste un énoncé que, s'il y a un déficit, le déficit, il est échelonné sur cinq ans
pour être résorbé? Juste pour... Je demande une clarification. Ce n'est pas...
M. Boulet : O.K. Mais ça me va.
Mais on est en situation de surplus, comme j'expliquais ce matin, depuis un certain nombre d'années puis on a même une marge
pour fluctuations, qui nous a permis, d'ailleurs, en raison... malgré la
pandémie, de ne pas utiliser la marge de crédit qu'on a négociée avec
Financement-Québec, là. Mais est-ce qu'il y a un autre élément de réponse,
Claudia?
Mme Giguère
(Claudia) : Donc, je dois me
présenter? Mon nom est Claudia Giguère. Je suis actuaire en chef au Conseil
de gestion de l'assurance parentale.
En fait, la
deuxième réponse que vous avez donnée, c'est hypothétique. S'il y avait un
déficit dans le futur, il faudrait qu'on prenne les moyens pour
s'assurer de le résorber à l'intérieur d'une période de cinq ans.
M.
Derraji : Excellent. Ça clarifie. Donc là, je vais relancer avec une
deuxième. En date d'aujourd'hui, il n'y a pas de déficit. Nous avons le contexte de la COVID qui impacte, selon vos
prévisions, on va y arriver un peu plus tard. Donc, si jamais il y a un déficit, vu le contexte
économique... Et on sait que la pandémie, selon les prévisions qu'on a, avec
l'arrivée d'un vaccin ou autres, c'est, on
va dire, au courant 2021-2022. Donc, si jamais le conseil de gestion
enregistre un déficit, chose que je
ne vois pas dans vos calculs, même avec 51... en date d'aujourd'hui, il n'y
aura pas de déficit ni 2021 ni 2022 malgré le contexte de la COVID.
Donc,
admettons le cas... on est beaucoup plus gourmands que ce que le 51 propose aujourd'hui, ça veut dire la... pas la
pression, mais la marge diminue entre
ce qu'on a présentement et ce qu'on veut rajouter comme demande pour le régime, la loi vous permet, permet au régime
d'atteindre ou de résorber le déficit sur cinq ans. Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Boulet : Oui. Tout à fait. Mais là je ne comprends pas bien la question.
Désolé, hein?
M. Derraji : Bon, O.K. Je vais être
beaucoup plus clair, parce que vous avez insisté à ce qu'on ait cette présentation, que je trouve extrêmement pertinente. Donc, nous sommes... En
fait, je veux savoir, avant qu'on débute l'étude article par article, c'est
quoi, les marges de manoeuvre que nous avons. Le fonds fonctionne bien. La
preuve que le fonds fonctionne bien quand même,
c'est qu'on s'est même permis d'avoir des réductions. Et on les voit, les
réductions, moins 4 %, moins 6 %. Moi, ma question, c'est
pour se projeter dans l'avenir, parce que je veux qu'on élimine... Ou bien je
vais mettre une hypothèse nulle en date
d'aujourd'hui, maintenant, avant le début de l'étude article par article, que
je n'ai pas une marge de manoeuvre ou
bien j'ai une marge de manoeuvre avec une certaine limite. Et, si j'ai une
marge de manoeuvre qui va affecter le
résultat net du conseil de gestion, on peut avoir une hypothèse par rapport à
ce qu'on va avoir comme impact, et,
même si on a un déficit, bien, le fonds se donne quand même cinq ans pour
atteindre son objectif. En fait, je veux
qu'on cadre jusqu'à quel point on veut aller dans le déficit si jamais il y a
un déficit. Là, j'ai compris, c'est cinq ans. C'est ça, ma question.
Alors, je ne sais pas si c'est plus clair ou pas.
• (15 h 10) •
M.
Boulet : Oui. Comme on mentionnait, la loi nous impose soit
d'améliorer le régime ou de baisser le taux de cotisation. Ce que je disais ce matin, c'est que le solde du fonds, ce
qu'on prévoit au 31 décembre 2020, devrait se situer à environ
300 millions, donc la perte de 200 millions associée à la pandémie,
ce qui est venu avoir un impact sur la marge pour fluctuations, qui nous a
permis de ne pas aller dans la marge de crédit.
Donc, en
gros, le coût des améliorations, on l'évalue à 95,1 millions de dollars,
ce qui est dans le projet de loi n° 51. Donc, on a encore la capacité de le faire. C'est ce que je dis, mais évidemment,
tout n'étant pas une science exacte, c'est fondé sur des scénarios ou des hypothèses comme les actuaires le font.
Donc, on a la capacité, actuellement, de bonifier selon ce qui est contenu dans le p.l. n° 51 sans affecter considérablement la santé financière du régime. Mais,
s'il y avait d'autres types de bonification, il faudrait mesurer les
estimations et les impacts réels sur la santé financière du fonds.
Ce que je veux dire, c'est qu'avec ce qu'il y a
dans le p.l. n° 51 on est corrects. Mais, s'il y
avait des bonifications additionnelles ou
s'il y avait des bonifications amendées, ça pourrait avoir un impact sur la
santé financière mais dépendamment
des paramètres de ce que nous allons discuter et convenir au sein de notre commission
parlementaire.
Mais c'est
sûr qu'il ne doit pas, à mon avis, y avoir d'impact négatif sur le taux de cotisation,
parce que c'est sûr qu'il y en a qui pourraient nous dire : Ne
faites que baisser le taux de cotisation. Je me souviens, dans les discussions embryonnaires que nous avions avec les membres du
conseil de gestion et avec Mme
Thériault, on a essayé de
trouver un bon équilibre.
Je pense que le marché du travail et la conciliation
famille-travail nous imposaient
d'améliorer le RQAP. Même s'il était
progressiste, même s'il était un régime dont on pouvait être fiers, il fallait,
à notre avis, trouver un bon équilibre entre les deux.
Mais on a certainement la bonne marge de manoeuvre pour faire ce qu'il y a dans
le projet de loi n° 51, mais on ne peut pas aller
bien au-delà de ça. En gros, c'est ça.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Si vous acceptez... Député de Nelligan, c'est terminé? Je laisserais la parole...
Vous n'avez pas terminé? Est-ce qu'on y va en alternance? C'est sur le même
point?
M. Derraji : Oui, sur le même point,
mais...
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y, dans ce cas-là, et après ça sera au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Derraji : ...ça va être la
dernière, ne vous inquiétez pas.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci.
M.
Derraji : Vous avez bien
répondu. Et c'est cette marge, moi, que je veux savoir, parce que je sais que
vous avez tout calculé, que les mesures que vous ramenez dans le p.l. n° 51, en date d'aujourd'hui, avant les amendements, ou nos
propositions, ou bonifications, c'est dans les 95. Maintenant, s'il y a
d'autres scénarios, bien, nous aimerions les avoir, donc...
M.
Boulet : Bien, il y a
des scénarios qui sont évolutifs dans le temps. Tu sais, là, on est en contexte
de seconde vague, on pouvait anticiper des licenciements collectifs cet
automne, et donc je ne sais pas quel sera l'impact sur l'économie. Tu sais, c'est sûr
que, si on pouvait se projeter dans l'avenir, dans x mois, on pourrait avoir
une idée beaucoup plus claire, mais, en date d'aujourd'hui, si on me
disait : Ce n'est pas 95,1 millions de bonifications qu'on veut,
c'est 128 millions, il faudrait certainement mesurer l'impact sur... C'est sûr qu'il y aurait
une incidence négative sur la santé financière
du fonds. Je pense qu'on a une marge
de manoeuvre pour bien faire ce qu'on
a dans le projet de loi, mais, aller au-delà de ça, il faudrait faire des calculs puis il faudrait se servir
des sciences actuarielles pour déterminer quel serait l'impact dans l'avenir. Parce que le solde du
fonds au 31 décembre 2020, il est quand
même assez clair, là, 300 millions.
Ça fait qu'on est encore en contexte de surplus.
M. Derraji : C'est ça. Je vais
revenir après.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
beau? Merci. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous avez des questions?
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Première question, j'imagine que ça
existe, ce chiffre-là, combien c'est évalué,
le prix d'une semaine de congé paternel à un taux de remplacement de revenu de
75 %, si je ne me trompe pas, et une semaine de congé parental à
55 %.
M. Boulet : Là, je ne suis pas en
mesure de répondre. Claudia?
Mme
Giguère (Claudia) : Oui. Une
semaine de congé de paternité additionnelle, c'est environ 48 millions
par année, puis une semaine de congé parental, c'est 37 millions.
M. Leduc : 37?
Mme Giguère (Claudia) : Oui.
M.
Boulet : C'est exactement ce que nous avions discuté avec vous trois à
la fin de la dernière consultation que nous
avions faite en commission parlementaire. Le coût d'une semaine de paternité additionnelle,
c'est estimé à 48 millions, comme Claudia vient de le mentionner.
C'est quand même...
M. Leduc : Oui, c'est une bonne
somme. Pour arriver à ce chiffre-là, vous vous basez, j'imagine, sur le taux d'utilisation des dernières années ou de l'année
dernière. Comment vous arrivez à ce chiffre-là? Pouvez-vous nous
expliquer, grosso modo?
Mme
Giguère (Claudia) : Oui, en
fait, c'est vraiment ça, c'est basé sur l'expérience du régime, qui est
quand même assez stable depuis plusieurs
années. Puis les pères, en moyenne, les 60 000 pères qui participent au RQAP, prennent la quasi-totalité des prestations, donc cinq
semaines sur cinq, en moyenne, au régime de base puis 2,9 sur trois au
régime particulier. Donc, c'est très près du 100 % d'utilisation.
M. Leduc : 2,9 sur trois pour le...
Mme
Giguère (Claudia) :
Semaines, pour le régime plus court, qui accorde seulement trois semaines de
paternité.
M.
Leduc : Oui, oui, c'est ça. O.K. Si je suis, donc, cette logique-là,
pour arriver dans la mesure du 10-10 partagé plus quatre, quand vous dites : On anticipe un changement — à la diapositive 7 — on anticipe un changement de comportement progressif, coût estimé 2021,
donc l'an prochain, 40 millions, 2025, 61 millions, donc vous
projetez qu'elle va gagner en
popularité, cette mesure-là. Mais donc concentrons-nous peut-être sur 2021, sur
le 40 millions. On se base sur une projection d'utilisation de
combien de personnes?
Mme
Giguère (Claudia) : En fait,
c'est qu'on suppose que, la première année, comme on disait, ça allait
être progressif. Donc, la première année, ça
va être surtout des familles qui avaient déjà tendance à partager le congé
mais, on a supposé, qui allaient tenter
d'optimiser ce partage-là pour avoir droit au bonus, donc, de quatre semaines.
Donc, ça implique que le père
augmente ses semaines, parce qu'en moyenne il y a quand même plus de la moitié
des pères qui prennent déjà du
parental qui prennent moins de... qui prennent quatre semaines ou moins, là.
Donc, il y a quand même un mouvement nécessaire pour atteindre le
10 semaines. Donc, on suppose qu'il y a 10 000 familles qui
partagent déjà puis qui ne se qualifieraient
pas mais qui vont faire l'effort additionnel pour avoir droit à ce mois
additionnel là de prestations. Ça, c'est pour les coûts de la première
année.
M. Leduc : Ce
10 000 familles là, si on le traduisait en pourcentage, ça donnerait
combien?
Mme
Giguère (Claudia) : Dans le
fond, c'est 10 000 qui s'ajoutent aux 3 000 qui partagent déjà
assez. Donc, ça fait
13 000 familles sur un potentiel d'à peu près 50 000,
51 000 familles où les deux parents sont déjà
admissibles aux prestations, parce que, pour partager, il faut que les
deux soient admissibles, là.
M.
Leduc : Quand on parle,
mettons, d'un taux d'utilisation, puis si je reviens aux semaines paternelles,
quand on est dans les 80 % à peu près, là, si je me rappelle bien, ou...
Mme Giguère
(Claudia) : C'est 70 % des pères qui prennent des prestations.
M.
Leduc : 70 %. Donc, on parle
de 70 % de 50 000, 51 000 familles ici ou là, vu qu'on
parle des pères, c'est un peu moins?
Mme
Giguère (Claudia) : Bien,
c'est deux choses. Parce que, dans le paternité, on a plus de pères. Les
pères... Le 70 %, dans le fond, c'est
qu'on a sept pères, sept nouveaux pères sur 10, par année, qui vont venir au
RQAP prendre au moins une semaine de
prestations. Donc, le 70 %, c'est
ça. Puis ils ont tendance à prendre quand même, généralement, toutes leurs semaines de paternité, comme on
disait tout à l'heure, mais on en a très peu qui... On en a environ... Ça
dépend, là, parce que des pères seuls, la
mère n'est pas admissible, ils ont tendance à en prendre plus, des prestations
parentales, puis on en a que, quand la mère
est là, ils ont... en moyenne, prennent six ou sept semaines quand ils prennent
des prestations parentales.
• (15 h 20) •
M.
Leduc : Puis, comme, cette mesure-là, l'objectif, c'est une meilleure
présence du père, est-ce que, là, quand vous fournissez des chiffres, mettons, 50 000,
51 000 familles, 10 000 familles vous estimez qu'au début
vont utiliser cette mesure-là? Avez-vous une analyse plus fine sur
pères, mères, comment ça va se reproduire, etc.?
Mme
Giguère (Claudia) : Ce qu'on
a supposé, c'est que ces 13 000... bien, les 10 000 qui ne
partageaient pas dans la bonne
proportion pour avoir droit aux prestations additionnelles vont faire l'effort.
Donc, la plupart, c'est des pères qui en prenaient moins que 10, qui vont devoir augmenter leurs prestations,
donc la mère va en prendre un peu moins. Donc, ça va réduire l'écart puis ça va les qualifier à prendre
les quatre semaines additionnelles. Donc, le père, au total, par
exemple, au régime de base, ça voudrait dire
qu'il prendrait ses cinq semaines de paternité plus 10 semaines de
prestations parentales, pour un total de 15.
M.
Leduc : Je ne suis évidemment pas un actuaire, mais j'avais comme une
intuition, puis vous me corrigerez si elle
est erronée, mais que cette idée-là, donc, de proposer le partage pour obtenir
plus de semaines... Est-ce que j'ai raison de supposer qu'à la fin de la
journée, si cette mesure-là est très populaire, nécessairement, en chiffres
absolus, les femmes utiliseront moins de semaines?
M.
Boulet : Là-dessus, bien, deux commentaires. L'estimation du coût
d'une semaine de paternité additionnelle, c'est beaucoup plus près de la réalité, donc c'est plus précis, alors
que l'impact de ce que nous proposons, il est beaucoup plus estimatif.
Il tient compte d'hypothèses de participation des deux parents qui
utiliseraient, chacun de leur côté, 10 semaines pour avoir accès aux
quatre semaines additionnelles.
Et, comme
Claudia l'a dit, c'est sûr qu'ultimement la mère en prendrait un peu moins, mais ça, ça vise aussi
à combattre, je rappellerais à mon collègue,
la perception que ça appartient à la mère, ce qui est partageable dans le
parental. Ça fait que ça tient compte beaucoup de cette approche-là ou de cette
philosophie qui est à la base de notre mesure incitative.
On veut que les deux parents discutent, conviennent et partagent. Ça fait que
ça, ça incite le père à s'investir dans la sphère familiale et ça incite
les deux parents à bénéficier... à dialoguer, s'entendre puis prendre du
parental partageable de manière à bénéficier de l'incitatif additionnel.
Mais ce n'est
pas... selon moi, là, ceci dit avec respect, ce n'est pas pour se faire au
détriment de la mère, ce n'est pas
pour enlever des semaines à la mère, c'est pour combattre cette perception-là. Parce que les
mères, les jeunes mères me le
disaient souvent : Jean, tout le
monde a l'impression que le parental
partageable, c'est juste nous autres. Ce n'est pas le cas, donc, d'où la
valeur additionnelle, selon moi, que les chiffres confèrent à notre approche,
que c'est vraiment un incitatif qui bénéficie au père autant qu'à la mère.
M. Leduc : Moi, j'ai bien hâte
d'avoir le débat politique, le débat de fond.
M. Boulet : Bien, c'est parce que la
question...
M. Leduc : Ma question, elle est statistique
pour, évidemment, alimenter le débat politique.
M. Boulet : Ah! elle était politique
aussi.
M.
Leduc : Bien oui, mais... D'accord. Mais on peut-tu au moins discuter
en ayant tous les mêmes chiffres? Là, je cherche à valider, est-ce que mon intuition statistique est la bonne?
Elle ne l'est peut-être pas, puis j'aimerais ça qu'on me l'explique. Là, vous m'avez offert une réponse
politique, puis c'est bien, puis on en débattra, puis on en a déjà
débattu, puis on va en débattre encore. Mais
est-ce que j'ai raison de croire mon intuition qui me dit que, si, dans votre
progression, là, où vous arrivez, mettons,
en 2025 avec 61 millions du coût, dans ce modèle-là, que vous avez
calculé, que vous avez prévu... Est-ce que, dans ce modèle-là, en 2025,
au final, les femmes utilisent moins de semaines qu'en ce moment?
M.
Boulet : C'est une intuition qui est mathématique. Puis forcément, si
on incite les deux parties à prendre un minimum de 10 semaines et qu'actuellement, dans le modèle familial
de l'exemple qu'on utiliserait, où c'est la mère qui prend toutes les semaines parentales partageables...
forcément, elle va en prendre moins, mais au bénéfice de la famille dans
son ensemble et au bénéfice de l'enfant, qui
va avoir plus de temps consacré par le papa... puis par la mère, qui va
avoir plus de temps à
consacrer peut-être pour un retour progressif au travail ou
pour un travail à temps partiel. Et mesure qui va contribuer à combattre la philosophie ou la
perception que le parental partageable, c'est uniquement à la mère. C'est
pour ça que je veux répondre à ça, parce que
c'est forcément mathématique. Si on partage puis qu'actuellement la mère prend tout, forcément elle va en
prendre moins, ceci dit.
M. Leduc : Donc, vous confirmez mon
intuition statistique, mais...
M. Boulet : Je confirme.
M. Leduc : Mon cours de statistique
de cégep n'était peut-être pas si inutile.
M.
Boulet : Je ne sais pas
c'est quoi, l'intuition. Je ne veux pas que... L'intuition que j'ai déjà
entendue, c'est que ça va se faire au détriment...
M. Leduc : Mais je n'ai pas utilisé
ce mot-là, M. le ministre.
M.
Boulet : O.K.
Mais, l'intuition, je la partage. En fait, c'est plus qu'une intuition, c'est
forcément une réalité.
M. Leduc : D'accord. Donc...
M. Boulet : Elle est d'accord. C'est
ce qu'elle...
M. Leduc : Parfait.
M. Boulet : Et c'est mathématique,
c'est mathématique.
M. Leduc : Maintenant que vous me confirmez que j'ai mis le doigt sur quelque chose, je m'en voudrais de ne pas...
M. Boulet : Ah! on avait mis tous
nos doigts dessus, nous autres aussi.
M. Leduc : Oui, mais, jusqu'à aujourd'hui,
on ne me l'avait pas encore confirmé, et là on me le confirme.
M. Boulet : Ah! bien oui, je le
confirme.
M.
Leduc : Ça va faciliter
notre débat tantôt, je crois. Et donc, pour aller au bout de cette logique-là,
si, en effet, vous me confirmez
l'intuition statistique que les femmes utiliseront moins de semaines à la fin
du cycle de progression, en 2025, avez-vous calculé combien de semaines
seront moins utilisées qu'en ce moment? Une, deux, trois, cinq?
M. Boulet : C'est variable, là,
c'est...
M. Leduc : Alors, rendu en 2025...
M.
Boulet : Puis, même à la
première semaine... La question qu'il pose, si je comprends bien, c'est :
Combien de semaines les mères vont utiliser de moins...
M. Leduc : Qu'en ce moment, aujourd'hui.
M. Boulet : ...pour pouvoir partager
10-10 et avoir accès à l'incitatif de quatre semaines?
M. Leduc : Rendu en 2025.
Mme Giguère (Claudia) : En moyenne
globale de toutes les mères? Là, je n'ai pas le chiffre, ce chiffre-là. Il
faudrait que je vous revienne pour le... globalement, mais c'est ça...
M.
Boulet : Mais je trouve que
la question est pertinente. Dans le fond, ça serait de savoir
le pourcentage des mères qui prennent
tout puis qui auraient à prendre moins de semaines, en tenant compte que le
père participe à la sphère familiale. On pourrait l'avoir dans le temps.
C'est un calcul qui est fin.
M.
Leduc : Bien, vous l'avez nécessairement.
Si vous avez chiffré 61 millions pour 2025, vous l'avez nécessairement, ce
chiffre-là.
M. Boulet : Oui, le calcul...
Mme Giguère (Claudia) : C'est juste
une affaire de modèle de calcul, mais...
M.
Leduc : Oui, je comprends.
Mme Giguère (Claudia) : Oui. Mais il y a
36 000 femmes, présentement, qui sont exactement dans ce
schéma-là, là, la femme prend tout le
parental, papa prend le paternité. Donc, ces femmes-là prendraient
10 semaines de moins puis, les semaines additionnelles, peut-être
qu'elles les prendraient. Donc...
M. Boulet :
Puis là, Claudia...
Mme Giguère
(Claudia) : ...ça monterait à moins six.
M.
Boulet : Oui. Puis, au-delà des
36 000, il y en a dont les pères prennent une semaine ou deux semaines, tu
sais. Puis, en moyenne, ils prennent
huit à neuf semaines, les pères. Ça fait qu'ils prennent le cinq semaines de
paternité puis...
Une voix :
...
M. Boulet :
C'est sept? C'est sept. Il me semble, j'avais dit : Huit, neuf.
Mme Giguère (Claudia) : Bien, ça dépend. Vous avez raison. Le neuf, c'est
quand on regarde vraiment globalement, tous régimes confondus...
M. Boulet :
C'est ça. C'est huit, neuf, exact.
Mme Giguère
(Claudia) : ...incluant le paternité, incluant les pères seuls au
dossier.
M. Boulet :
Incluant le paternité.
M.
Leduc : Je comprends.
Parfait. Mais je serais curieux, si vous êtes capables de nous trouver, dans
votre modèle, le chiffre, en moyenne, de personnes qui... combien de
semaines de moins sont utilisées par les femmes.
M. Boulet : Il a un intérêt actuariel, mon collègue. Mais, oui, tout à fait, moi,
je suis d'accord à ce qu'on partage l'info.
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions? Députée de
Joliette.
Mme
Hivon : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. C'est
vraiment très intéressant, très informatif. Puis moi, je remercie le
ministre d'avoir mis ça au jeu en partant, là. Vous avez dit qu'il y avait
36 000 juste pour... Là, c'est vraiment...
Je vais le mettre comme ça. On vit des nouvelles réalités. Donc, vous avez dit
qu'il y avait 36 000 femmes qui, dans le fond, prenaient l'ensemble du parental sur... il y a à peu près
80 quelques mille naissances par année, ça ne veut pas dire qu'il y a
pour toutes un congé parental, mais sur combien de femmes au total?
Mme Giguère (Claudia) : Ça dépend. Là, je parlais plus dans un pattern où
le père également est admissible. Parce
que c'est sûr qu'en plus de ces 36 000 mères là il y en a d'autres
qui prennent le parental à elles seules parce qu'elles sont seules, puis
le père n'en prend pas.
Mme
Hivon : Oui. Mais j'aime votre logique, là, quand le père
est admissible aussi, quand ça se pose comme vraie question, disons.
Mme Giguère
(Claudia) : Oui. Non, c'est ça. Donc, on en a 36 000. Puis vous
vouliez...
Mme
Hivon :
Oui. Sur combien de femmes?
Mme Giguère
(Claudia) : Sur, en fait... Attendez un petit peu, là, je vais le
calculer.
Mme
Hivon :
Juste savoir, mettons, c'est quoi, la proportion de...
Mme Giguère (Claudia) : On a 66 000 femmes par année. Mais là,
sur celles qui sont en couple, là, je vais juste... C'est environ
50 000, 51 000.
Mme
Hivon : O.K. Parfait. Puis tantôt — c'est juste vraiment, là, pour qu'on ait la
base la plus claire possible — vous avez dit qu'en ce moment il y a
environ 3 000 familles qui partagent déjà les semaines du parental.
Mme Giguère
(Claudia) : Qui partagent déjà à hauteur de 10 chacun.
Mme
Hivon :
Exact, à la hauteur de. Alors qu'il y en aurait combien qui partagent déjà un
certain nombre mais pas nécessairement à la hauteur de 10?
Mme Giguère
(Claudia) : Environ 10 000.
Mme
Hivon : O.K. Parfait. Puis votre projection... Parce que, le
10 000, je pensais que c'était votre projection avec la nouvelle
mesure qui incite à partager. Mais votre projection, c'est combien de familles?
Mme Giguère
(Claudia) : Pour l'année 1, ça serait environ
13 000 familles qui se qualifieraient.
Mme
Hivon : 13 000, donc 3 000 de plus que maintenant,
qui est votre estimé qui... En fait, c'est plus que ça, mais il y en
aurait donc 10 000 de plus que maintenant qui prendraient le 10-10.
Mme Giguère
(Claudia) : Oui, exactement.
Mme
Hivon :
O.K. Parfait. Ça, c'est bon. En fait, c'est qu'il y a deux fois le
chiffre 10 000, c'est ça que je comprends?
Il y en aurait 10 000 de plus qui prendraient 10 semaines, qui
partageraient vraiment 10-10? Parce que vous...
Mme Giguère (Claudia) : Bien, dans l'année 1, c'étaient des gens...
Le 10 000, c'est vraiment des familles qui partageaient déjà mais
pas encore assez pour se qualifier.
Mme
Hivon :
Pas à la hauteur de 10-10.
Mme Giguère
(Claudia) : C'est ça. C'est le seul 10 000.
Mme
Hivon :
O.K.
• (15 h 30) •
Mme Giguère (Claudia) : C'est ça. Puis il y avait le 3 000 qui
partageaient déjà assez pour se qualifier, donc qui n'ont pas un effort additionnel à faire. Donc, à
l'année 1, on suppose que les deux vont s'additionner. Donc, on a 10 000 familles qui vont faire l'effort
additionnel parce qu'ils étaient déjà ouverts au partage. Donc, le père,
souvent, c'était celui qui partageait le moins dans les deux, là il va
augmenter, on a supposé qu'il allait augmenter suffisamment pour atteindre le 10 semaines. Donc, ces
10 000 familles là s'ajouteraient aux 3 000 déjà qualifiées à
l'année 1. Donc, on aurait vraiment 13 000 familles, puis
c'est ça qui génère le coût de 40 millions pour l'année 1.
Mme Hivon :
Donc, excusez, là, peut-être que vous trouvez qu'on est vraiment dans le
technique, mais c'est parce qu'on va en discuter pas mal, je pense, de
cette question-là, ça fait que...
M. Boulet :
C'est superpertinent.
Mme Hivon :
Donc, on part du 3 000 qui partagent 10-10, qui est un très petit nombre
en ce moment, à... si j'ai bien compris, vous me dites qu'il y en a
environ 10 000 qui partagent mais inéquitablement, peut-être le père prend
deux du parental, ou tout ça. Puis là vous
nous dites : On estime qu'on va en avoir 10 000 qui vont partager
10-10 si on crée l'incitatif. C'est bien ça?
Mme Giguère
(Claudia) : Oui.
Mme Hivon :
Puis vous les prenez essentiellement dans celles qui déjà ont commencé à
partager puis vous en ajoutez un petit peu, un 3 000, en gros.
Mme Giguère
(Claudia) : Oui, bien, pour les prochaines années, c'est ça. Puis,
comme on disait, là c'est progressif. Donc, dans nos coûts pour les années
subséquentes, on suppose une augmentation.
Mme Hivon : Parfait. Ça, c'est une hypothèse
qui est faite sur la base de quelle recherche scientifique sur
l'effet d'un boni sur la volonté de
partager? Parce que le regroupement des pères pour la valorisation de la... bien, le
Regroupement pour la valorisation de la paternité, lui, il avait l'air à penser que les choses
resteraient à peu près stables parce
que déjà on voit que la réalité,
c'est que les pères prennent peu du parental, puis donc il militait, ça, c'est
l'aspect plus politique, là, pour le congé de paternité en propre.
Mais,
vous, pour penser que cet ajout-là va changer les comportements... c'est
peut-être plus politique ou actuariel, je ne sais pas, mais sur quoi
vous vous basez?
Mme Giguère (Claudia) : Je peux répondre pour l'hypothèse. Pour l'hypothèse,
on voit déjà les tendances de fond,
puis on est beaucoup basés sur l'expérience du régime, là, puis, les tendances
de fond, on voit qu'il y a peut-être une petite tendance, mais elle est lente, à l'augmentation des... bien, du
nombre de pères qui prennent des prestations parentales puis l'augmentation du nombre de familles qui
décident de partager aussi le congé, là. Puis donc, jumelé à une mesure
incitative, on s'attend à ce que ça augmente le nombre.
M. Boulet : Puis,
juste un commentaire additionnel, c'est pour ça qu'on plaidait en faveur de la
progressivité de notre mesure, alors
que l'ajout d'une semaine de paternité, il y a une incidence qui est directe,
qui est précise et qui est facilement
calculable, qui est estimée à 48 millions. Donc, je pense qu'on atteint le
même objectif mais graduellement dans le temps.
Mme Hivon :
Bien, il y a un enjeu de coût, là. Ça, je pense qu'on le voit tous, là.
Puis,
juste pour être certaine, moi, j'étais sous l'impression qu'il y avait
80 % des pères, il me semble, c'est un chiffre qu'on a entendu beaucoup, qui prenaient le congé de paternité.
Là, tantôt, vous avez dit 70 %, mais j'ai peut-être mal compris,
70 % des pères prennent...
Mme Giguère (Claudia) : Oui, c'est parce que le chiffre de 80 % a
déjà circulé, vous avez raison de l'avoir déjà entendu, c'est quand on prend nos familles admissibles au RQAP. Donc,
chaque année, on a environ 84 000 naissances, puis on en a à peu près 74 000,
75 000 qui vont donner lieu à des prestations à au moins un des deux
parents. Puis, quand on regarde
seulement ces familles admissibles là puis qu'on les sépare en sous-groupes, le
sous-groupe qui inclut le père, et le père et la mère, là, dans le fond,
c'est 80 %.
Mme
Hivon :
Quand les deux sont admissibles.
Mme Giguère
(Claudia) : C'est ça. Bien, les deux admissibles ou le père seul,
ensemble, là, ces deux sous-groupes-là
ensemble, ça donne 80 % des naissances couvertes par le RQAP, mais, si on
le rapporte sur les naissances totales au Québec, là, ça donne
70 %, d'où les deux chiffres.
Mme
Hivon :
O.K. Excellent, très limpide, vous m'avez éclairé ça.
Moi,
je voulais juste... En terminant, la fiche qui est sur les projections
financières du fonds 2020-2023, donc, si toutes choses demeuraient égales en 2023, on aurait un surplus de
814 millions. Si on fait exactement ce qui est proposé comme mesures, on aurait un surplus de
536 millions. Mais là vous nous arrivez avec votre courbe C
correspondant à la courbe à ajuster
pour tenir compte à la fois des coûts projetés du p.l. n° 51
et des effets réels et anticipés de la pandémie sur le fonds jusqu'au
31 décembre 2001. En avez-vous parlé ce matin, de ça?
M. Boulet :
Oui, oui.
Mme
Hivon :
O.K. Excusez-moi si...
M.
Boulet : En fait, la pandémie a eu un impact important sur le fonds
parce qu'il y a eu une baisse de cotisation en raison des mises à pied, des licenciements, des fermetures d'entreprise
et une augmentation des prestations. On a une autre fiche où on a les
chiffres plus précis en termes de... Regarde bien, je vais te le trouver.
Mme
Hivon :
Essentiellement, ça...
M.
Boulet : Juste à la page précédente, on anticipe... Bien, les
fermetures d'entreprise, les mises à pied ont généré des pertes
d'environ 80 millions pour les cotisations, puis il y a eu une
augmentation de 35 millions des prestations. Évidemment, ce n'est pas terminé, ça va perdurer pendant un certain
nombre de temps. C'est pour ça que la courbe C tient compte à la
fois du p.l. n° 51 et de l'effet de la pandémie.
Mme
Hivon :
C'est beau.
M. Boulet :
Est-ce que c'est... Ça va, Claudia?
Mme Giguère
(Claudia) : Oui.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : ...questions en provoquent d'autres par la suite. Tantôt,
quand on discutait, donc, sur le nombre de familles qui seraient susceptibles d'utiliser la nouvelle mesure,
toujours sur le 10-10 plus quatre, on
a bien cerné, je pense, là, la question pour 2021, les 3 000 familles qui partagent déjà 10-10 qui se qualifieraient,
donc le 10 000 familles qui seraient susceptibles de se qualifier parce qu'ils partagent déjà un certain
nombre, ça nous donne un total de 13 000 familles, toujours sur 50 000 familles environ, c'est ça?
Donc, 13 000 sur 50 000, c'est notre ratio d'utilisation de cette
mesure-là l'année 1, l'année 2021.
Donc, si je projette, maintenant, pour 2025, si on est rendus à 61 millions
d'estimation, on est à combien de familles qui l'utiliseraient en 2025?
Mme Giguère (Claudia) : À peu près une sur trois qu'on a supposé, donc
17 000 familles sur les 50 000, 33 %.
M. Leduc : O.K. Est-ce que vous
faites des projections à plus long terme que ça?
Mme Giguère
(Claudia) : Pour l'instant, on n'en a pas fait.
M. Leduc :
J'ai compris plus loin que c'est, quoi, sur cinq ans que vous faites ça.
Mme Giguère
(Claudia) : Oui, dans le prochain rapport actuariel, il va y avoir des
projections jusqu'à la fin de l'année 2024.
M. Leduc :
Puis, quand vous faites des projections, j'imagine qu'il y a des fourchettes
plus optimistes, moins optimistes. Ce
que vous nous présentez, c'est quoi? La somme un peu? C'est le milieu? Est-ce
que le un tiers d'utilisation en 2025, c'est la fourchette optimiste, la
fourchette régulière?
Mme Giguère
(Claudia) : C'est notre meilleur estimé dans...
M. Leduc :
C'est en haut de la fourchette.
Mme Giguère
(Claudia) : Non, au centre, en fait, oui.
M. Leduc :
O.K., parfait, c'est bon. Puis donc, dernière question, si... En ouverture,
vous m'avez dit qu'une semaine de congé
parental coûtait environ 37 millions mais que l'application de ces quatre
nouvelles semaines de bonus pour 2021
coûtait 40 millions, c'est donc qu'on estime que ça ne sera pas... Si ça
coûte 37 millions une semaine, mais là qu'il y en a quatre d'offertes, mais que le coût du programme coûte
quasiment le même prix que si c'était juste une semaine, on est dans le
ratio ici de 13 000 sur 50 000.
Mme Giguère
(Claudia) : C'est parce qu'on a à peu près 25 % des familles, la
première année, qui vont se qualifier. Donc, c'est à peu près...
M. Leduc :
O.K., c'est parfait. Je n'étais pas si mauvais dans mes statistiques au cégep.
C'est bon, ça a servi. Merci beaucoup.
M. Boulet :
On pourra, Mme la Présidente... Tu sais, s'il y a d'autres questions qui
sont... Vous en avez une autre?
Des voix :
...
M. Boulet :
Non, mais on pourra aussi, quand on... Moi, j'anticipe qu'on commence l'étude
détaillée article par article, là,
cet après-midi, là, dans les meilleurs délais, mais ça ne veut pas dire qu'il
n'y aura pas d'autres questions, là, sur la situation financière. Je
pense qu'on va en parler de façon épisodique, là, dans notre commission
parlementaire, mais on peut peut-être aller encore un peu... Oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. On s'était donné une
heure. Là, je sais qu'il y en a deux autres
qui ont des questions. Alors, on va y aller avec la députée Westmount—Saint-Louis, et je sais que le député de
Nelligan a une autre question aussi, puis après ça on évaluera. Merci.
Mme Maccarone :
Merci. Moi, ma question, c'est aussi pour expliquer l'écart. Vous avez
mentionné qu'une semaine de congé de
maternité, c'est 37 millions, mais 48 millions pour une semaine de
paternité. Qu'est-ce qui explique l'écart entre les deux?
Mme Giguère (Claudia) : En fait, une semaine de congé parental coûte
moins cher qu'une semaine de paternité pour
deux raisons. En fait, elle est à 55 % de remplacement de revenus au lieu
de 70 %, donc ça fait que le coût est moins élevé, mais il y a la... Puis la semaine de congé de paternité est
seulement utilisée par des hommes, et les hommes ont des revenus assurables plus élevés, tandis que les
semaines de congé parental sont utilisées soit par des pères ou des
mères, donc ça diminue un peu le coût.
• (15 h 40) •
Mme
Maccarone : La vérité fait mal, Mme la Présidente, la vérité fait mal.
Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Alors, député de Nelligan.
M.
Derraji : Je ne vais pas
abuser de la gentillesse du ministre, parce que je sais qu'il tient à commencer l'étude
article par article, et moi aussi, donc j'ai une seule question.
Page 7, vous avez mis l'estimation du coût annuel à 30 millions,
j'imagine, c'est le minimum, et le coût
maximal possible, environ 80 millions. Ça, c'est pour les 78 semaines. Et,
pour la semaine additionnelle en cas de partage suffisant des prestations
parentales, vous avez mis 40 minimum et 61 max. Donc, ça, c'est votre
intervalle où vous jouer un minimum-max.
Et
ma question est la suivante : Par
rapport aux deux minimums, c'est quoi,
le pourcentage par rapport au... je veux dire, clientèle ciblée, min
et max?
M. Boulet :
Mon Dieu! Ce n'est pas coût minimum et coût maximum, c'est coût estimé en 2021,
40, et coût estimé en 2025, 61.
Mme Giguère (Claudia) : Oui, c'est
ça, oui. Dans ce cas-là, c'était pour montrer le côté progressif de cette mesure-là tandis que la première, vous avez
raison, c'est vraiment le coût maximal. On voulait vous donner une idée.
Ça, ça voudrait vraiment dire que, si tous
les parents prestataires du RQAP, demain matin, se mettaient à utiliser la
totalité des semaines, alors que présentement c'est 80 % des familles qui
utilisent la totalité, ça coûterait 80 millions.
M. Derraji : O.K., désolé.
M.
Boulet : C'est pour ça que, le changement de culture et de
comportement parental, on anticipe qu'il soit graduel, là, je répète
souvent ça, là, mais c'est ce qui explique que les coûts estimés augmentent
année après année.
M.
Derraji : Je l'ai bien entendu. Moi, c'est la projection du 30 à 80,
parce que c'est comme... Moi, quand j'ai vu 30 à 80, il n'y a pas de
date, ça m'a interpelé, donc...
M. Boulet : Ça, c'est l'étalement,
ça.
M.
Derraji : Oui, oui, c'est excellent, mais l'étalement, ce n'est pas
clair. Est-ce que l'étalement, c'est sur cinq ans? Est-ce que vous avez un plan sur cinq ans? Et là
la question : Comment on va arriver à 80? Parce que c'est quand
même une bonne augmentation. Tant mieux, je ne dis pas le contraire, tant mieux
si on va arriver à ça, mais éclairez-nous.
Mme
Giguère (Claudia) : On ne
s'attend pas que le coût atteigne 80 millions, en fait. C'était seulement
pour vous montrer un peu la...
M. Boulet : La fourchette.
Mme
Giguère (Claudia) : ...le
côté extrême, la sensibilité à l'extrême de la mesure, mais on ne pense pas
que ça n'arrive jamais que les prestataires
au RQAP, dans la totalité, utilisent toutes les prestations, parce qu'il y en a certains qui ont des raisons
professionnelles, ou peu importe, tu sais, des travailleurs autonomes.
M.
Boulet : Non, mais
l'étalement, Claudia, va faire en sorte que les parents vont utiliser plus de
semaines de prestations, c'est ça
qui... Et c'est une estimation de coût annuel, le 30 millions. Et, si c'était utilisé en totalité, en raison de cet étalement-là qui est maintenant
permis sur un an et demi, là il y aurait un coût maximal possible de 80 millions,
mais c'est annuel tout le temps.
M.
Derraji : Bon. Je n'ai pas
terminé. Je vous ai dit au début que le ministre aime répondre, c'est très bien.
Ce n'est pas ça, ma question. Parce que ça va m'aider vraiment à ne plus poser
de question, donc, parce que je veux vraiment comprendre...
On dirait, quand le ministre répond encore, ça me donne l'envie de continuer à
poser des questions. Je vous donne la clé, ne posez plus de...
n'intervenez plus.
M. Boulet : Non, mais c'est des questions
ambivalentes des fois, je veux être certain de bien comprendre.
M.
Derraji : Non, non, mais
c'est bien, ça se voit que vous maîtrisez très bien, c'est excellent.
Moi, c'est juste : ce n'est pas
encore clair. Désolé, hein? O.K. Donc, le minimum, c'est 30 millions, ça, c'est en date d'aujourd'hui, on n'a pas encore mis en application les mesures incitatives pour arriver à
utiliser les semaines supplémentaires. «Fine», excellent. 80 millions,
vous avez fait votre projection actuaire sur cinq ans?
Mme Giguère (Claudia) : Non, on
n'anticipe pas du tout d'atteindre jamais 80 millions.
M. Derraji : O.K. C'est excellent.
Mme Giguère (Claudia) : C'est vraiment
à titre indicatif qu'on vous l'a mis.
M.
Derraji : Oui. Je vais le
dire autrement : C'est quoi, vos projections? Parce que, si on met un
chiffre juste à titre indicatif pour
un coût maximal, c'est parce que vous, dans votre... En fait, tout à l'heure, on a dit : On est à 200 millions maintenant.
En date de fin décembre, il y a une projection, 300 millions, et il y a
une projection 2020-2021, je l'ai vue. Donc, dans cette projection 2020-2021, qu'est-ce qu'il y a
dedans? Est-ce qu'il y a les 80 millions ou il y
a un autre chiffre?
Mme
Giguère (Claudia) : Il y a
30 millions, il y a 30 millions, puis, l'année d'après, 32 peut-être,
juste à cause de l'indexation des salaires, mais c'est juste ce
montant-là qui est indexé sur les cinq années.
M.
Boulet : Le 80, c'est une
année puis c'est le coût maximum potentiel si tout le monde, en raison de l'étalement, utilisait la totalité
des semaines. Puis...
M.
Derraji : Juste une question, et j'en suis sûr... parce que là je veux
vous poser la question, et j'en suis sûr que, dans vos calculs, c'est
impossible d'atteindre le 100 % de l'utilisation. On espère, mais c'est...
M.
Boulet : Bien, il faut quand même le donner à titre indicatif, hein?
Oui, c'est un scénario absolu qui est à peu près impossible, mais, en
actuariat, il faut tenir compte de tous les scénarios potentiels, puis on
trouvait opportun de le mentionner.
M.
Derraji : Oui, c'est
excellent, mais ce qui m'intéresse, moi, c'est la moyenne d'utilisation ou la médiane de l'utilisation. Parce que...
M. Boulet : C'est 30 millions.
M. Derraji : 30 millions, c'est
la médiane ou la moyenne?
M.
Boulet : C'est comme j'ai
dit ce matin, le 29,6 millions,
c'est l'hypothèse la plus raisonnable en tenant compte de notre
historique.
M.
Derraji : O.K. Et qui correspond à combien de nombre de personnes?
Juste pour... Parce que 30 millions, ça veut dire rien et ça veut
dire beaucoup de choses.
Mme
Giguère (Claudia) : En
nombre de personnes, ce serait un peu difficile de vous le dire. On est plus
allés en termes de comportement dépendamment
des familles. Dans les familles où il y a deux parents, le taux d'utilisation
est déjà très élevé. Ça fait qu'il leur
manque, des fois, peut-être une ou deux semaines pour atteindre le 100 %.
Donc, on a supposé, dans les familles
biparentales, qu'il y aurait une utilisation maximale. Puis souvent, comme je
disais, il ne manque qu'une semaine ou deux pour l'atteindre.
Dans les
familles où il y a un seul des deux parents qui participe au RQAP, on a supposé
que le fait d'avoir six mois de plus
pour prendre les semaines, ça allait inciter peut-être certains parents à en
prendre quelques-unes de plus. Donc, on a supposé qu'ils allaient prendre deux semaines de plus pour ceux qui ne
prenaient déjà pas tout, parce qu'il y en a qui prennent déjà tout,
mais, pour ceux qui ne prenaient déjà pas tout, on a fait une évaluation qu'ils
allaient prolonger leur congé, là.
M.
Derraji : O.K. Donc, ceux qui prenaient déjà 100 %, dans vos
prévisions, vous êtes sûrs à 100 % qu'ils vont utiliser les deux
semaines de plus.
M.
Boulet : En fait, là, ces chiffres-là, c'est... On permet d'étaler le
paternité, parental, adoption sur 78 semaines plutôt que
52 semaines, et l'estimation qu'il faut faire, c'est : Quel sera
l'impact de cet étalement-là sur le nombre de semaines
que les familles vont prendre, que les deux parents vont prendre? Et c'est ça
qui a été mesuré pour déterminer le coût
ou l'impact financier de 29,5 millions, là, ce que j'avais mentionné ce
matin, 29,6 millions, le 30 millions qui est là.
M.
Derraji : 30 millions. Mais vous comprenez ma question? Parce que
je pense que je vais la poser plus politique que statistique.
M. Boulet : Bien oui!
M.
Derraji : Oui, non, parce que j'essaie d'utiliser les chiffres pour
pouvoir comprendre l'énoncé politique d'avoir une implication des pères. Donc là, on parle des semaines qu'on augmente
de 52 à 78. Dans certains cas, on est sûrs qu'on va utiliser à
100 % si la famille, déjà, utilise l'entièreté. Là, vous avez déjà une
idée. Donc, les gens qui vont... qui utilisent les 52 vont utiliser 78.
Corrigez-moi ou arrêtez-moi si je me suis trompé. Ceux qui n'utilisent pas
les...
M.
Boulet : Ils vont encore les prendre, mais ils peuvent l'étaler, parce
qu'ils peuvent décider de revenir au travail pendant deux semaines,
trois semaines, à une période de pointe chez leur employeur puis recommencer.
Ça fait qu'il n'y a pas que l'impact en termes de coûts, il y a aussi la
flexibilité que ça confère aux parents, qui est extrêmement bénéfique, là, autant pour le père que pour la
mère. Câline! On n'est pas dans un carcan temporel de 52 semaines, on
donne plus de marge de manoeuvre dans le temps.
M. Derraji : Sur ça, nous sommes
d'accord à 100 %.
M. Boulet : Oui, oui, vous étiez
même... Oui, tout à fait.
M. Derraji : Oui, oui, ce n'est pas
la première fois... Je ne vous surprends pas de dire que...
M. Boulet : Non, non, non, puis vous
êtes en accord avec le projet de loi n° 74, et...
M. Derraji : Oui, oui, vous me
connaissez.
M. Boulet :
Puis il y en a qui plaident pour qu'on aille à 104, d'autres qui disent :
52, c'est déjà suffisant. On connaît les thèses, là.
M.
Derraji : Oui, mais là, à
votre énoncé d'avoir une implication des pères, c'est là où moi, je me
dis : Quand je vois les chiffres de 30 ou 80, à vrai dire, il n'y a
pas d'impact énorme d'avoir les quatre semaines additionnelles pour
l'implication du père?
M.
Boulet : Oui, là, c'est
l'autre donnée, c'est l'autre, là... C'est parce que le 30 et 80, cher
collègue, c'est pour la prolongation de l'étalement. C'est l'étalement
de 52 à 78. L'incitatif de quatre semaines, s'ils partagent les deux 10, minimalement, c'est celui-là qu'on anticipe un
changement de comportement qui est progressif et qu'on évalue à
40 millions en 2021 et à 61 millions en 2025. Donc, c'est deux
choses différentes.
• (15 h 50) •
M. Derraji : Oui, oui, vous avez
raison, mais... Écoutez mon «mais».
M. Boulet : Ça, il faut isoler ça,
«oui, oui, oui, vous avez raison.»
M.
Derraji : Non, non, mais
c'est très bien parce que... Non, non, parce que vous avez... Et,
sérieux, je veux être très méthodique
par rapport à ça. J'ai l'impression de comprendre que le coût, il est énorme
par rapport aux quatre semaines que
le père... vous proposez dans votre projet
de loi, là, quand je vois, le coût
maximal, que c'est une hypothèse presque impossible d'atteindre, les
80 millions, mais, dans les projections actuarielles, c'est calculé, c'est
pris en charge.
M.
Boulet : Mais le
80 millions, je reviens, là, c'est pour l'étalement. Pour l'incitatif pour
encourager les pères, et pour
favoriser un meilleur partage entre le père et la mère, et combattre la
perception que ça n'appartient qu'à la mère, ça, ça va se faire
graduellement dans le temps, et c'est là qu'on n'aboutit pas à 80 mais à
61 millions en 2025.
La semaine de
congé de paternité, en tout cas, je
sens le besoin d'y revenir, là, c'est 48 millions. Puis ça, c'est
un coût... Tu sais, si on mettait quatre
semaines de paternité additionnelles, c'est 48 fois quatre. Ce n'est
vraiment pas la même incidence, mais
là-dessus, là, je vais reconnaître... puis je ne nierai jamais l'effet qui
pourrait être bénéfique, puis l'effet serait
probablement plus immédiat, alors que notre mesure est plus progressive. Bien,
c'est sûr qu'on peut tout faire, mais il faut tenir compte d'un bon équilibre entre les bonifications de notre
régime puis la capacité financière,
aussi, du fonds.
M. Derraji : Oui. Dernière question,
je vous promets...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : ...10 minutes à l'échange, hein? On
s'était dit une heure, alors il ne reste que 10 minutes.
M. Derraji : Oui, oui, je surveille
aussi le temps. La dernière question...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Nelligan, et ensuite...
M. Boulet : Ça fait plusieurs
dernières questions, mais...
La Présidente (Mme IsaBelle) : À
16 heures, nous allons arrêter.
M. Derraji :
Non, non, mais... parce que le plus que vous parlez, vous donnez le goût à ce
qu'on vous pose des questions, je vous le dis.
Des voix : ...
M. Boulet : Ah! totalement, moi, je
n'ai pas de problème.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y. Allez-y, député de Nelligan, le temps coule.
M.
Derraji : J'ai entendu
quelque chose qui m'a... Bien, je ne pense pas qu'on perd notre temps, parce
que moi, je pense que je ne le perds pas.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y.
M. Derraji : Et personnellement ça
clarifie beaucoup de choses.
M.
Boulet : Ce qui est
important, c'est que chacun, on est capable d'évaluer la pertinence de nos
interventions. Puis il faut respecter votre
volonté de savoir plus clairement comment on a fait les calculs, puis ça, je
respecte ça. Ça fait que continuons, moi, je n'ai pas de problème.
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
député de Nelligan.
M. Derraji :
Non, c'est bon.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
fini?
M. Derraji : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, on y va avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : Quand on avait
proposé d'y aller plutôt par le congé paternel, vous avez dit : On partage
l'objectif, plus de présence du père. Mais
vous, vous aviez un second objectif qui se superposait à celui-là aussi,
c'était de favoriser le partage des semaines.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Quand je regarde le
scénario que vous nous présentez aujourd'hui pour 2021, où vous dites : 13 000 familles se qualifieront à cette
mesure ou utiliseront cette mesure, 3 000 partageaient déjà 10 sur 10, les
10 000 autres partageaient déjà un
certain nombre de semaines, est-ce que j'ai raison de conclure, pour l'année 1,
pour 2021, pour votre objectif de favoriser
le partage des semaines, on est... c'est le statu quo parce que les
13 000 familles qui vont utiliser votre régime se partageaient déjà
des semaines?
M. Boulet : Oui, mais ils vont
partager un minimum de 10 semaines dans un nombre plus important année
après année.
M.
Leduc : D'accord, mais il
n'y aura pas plus de familles qui vont partager que ce qu'il y en avait déjà
avant votre mesure.
M.
Boulet : Bien, ça, c'est
difficile d'évaluer. À mon avis, oui — Claudia
confirme — mais
il y en a certainement beaucoup plus.
En tout cas, beaucoup plus... L'estimation qu'on fait, c'est qu'il y en a le
nombre, là, le 10 000 dont on parlait,
qui vont se rendre jusqu'à 10-10. Ça fait que ça va encourager un partage plus
équitable en raison de l'incitatif de quatre semaines partageables
additionnelles.
M.
Leduc : Mais, sur l'ensemble
des familles, il n'y en aura pas davantage. Ceux qui le faisaient déjà vont
mieux le faire, vont davantage le faire...
M. Boulet : À mon avis, il va y
avoir les deux...
M. Leduc : Mais ce n'est pas ça que
vous avez...
M.
Boulet : ...il va y avoir
davantage de familles, il y en a d'autres que ça va inciter... des familles — certainement,
Claudia? — qui
ne partagent pas du tout qui vont se mettre à partager en tenant compte de cet
incitatif-là. Il y a des jeunes mères, moi personnellement, puis je le dis avec
beaucoup de transparence, qui m'ont dit : Mon chum, c'est cinq semaines, «that's it», puis là il va
comprendre que ce n'est pas rien qu'à moi, puis c'est à nous deux, puis il va
en...
M. Leduc : Ça, je comprends.
M. Boulet : Donc, ça, à mon avis,
c'est un phénomène qui va être réel.
M. Leduc : Puis vous projetez
qu'en 2025 il y en aura plus.
M. Boulet : Bien oui, bien sûr.
M. Leduc : Puis ça, je
comprends, mais, si on parle des
chiffres ici, là, pour 2021, votre projection, c'est qu'il y a... Peut-être
que c'est marginal, mais, dans ce que vous nous avez présenté, 3 000 familles utilisent déjà un certain
partage à 10-10, 10 000 familles
ont un certain partage. Ces 10 000 là vont le faire plus à 10-10, mais,
sur l'assiette générale des familles, des 50 000 familles,
pour l'an 1, il n'y en aura pas davantage.
M. Boulet :
Bien, moi, je vais donner une opinion néophyte, là, mais, Claudia, tu pourras
compléter. Selon moi, il y a des familles qui ne partagent pas du tout
qui vont commencer à partager.
M. Leduc : Oui, oui, il y en
aura quelques-unes, mais ce n'est pas ce qu'on nous a présenté tantôt.
Mme Giguère (Claudia) : Je peux peut-être apporter une petite nuance. En
fait, c'est sûr que les chiffres qu'on vous présente, c'était, à la
base, pour des évaluations de coûts. Donc, c'est sûr que, quand on utilise des
modèles mathématiques, il faut apporter
certaines simplifications. Ce qui risque d'arriver, c'est qu'il y a possiblement
des familles qui
ne partagent pas du tout présentement qui vont se mettre à partager et vont le
faire suffisamment. Puis il y en a d'autres qui partageaient déjà mais de façon pas assez suffisante pour avoir le
bonus puis peut-être, à l'année 1, ne rencontreront pas les critères comme nous, on l'a supposé. Donc, il
va possiblement y avoir des nouvelles familles, mais, au net, on
s'attend que ça donne environ 13 000 familles puis que ça va évoluer,
là, mais ça donne un même coût.
M. Boulet :
C'est intéressant parce qu'on voit un peu les limites de la mathématique. Tu
sais, on évalue, c'est une estimation
qui tient compte des expériences passées. Puis, les expériences passées, bien,
il y en avait un bloc limité quant au nombre de familles, de parents qui
partageaient, mais, comme on vient de mentionner, on anticipe quand même qu'il
y en a d'autres qui vont embarquer dans le véhicule du partage.
M. Leduc :
Il y en aura, on s'entend, là, on parle de portion significative de personnes,
pas... C'est sûr qu'il y en aura quelques-unes, là, c'est une évidence,
mais c'est ça que je constate, c'est : pour l'année 1, l'effet n'est
pas... Ce n'est pas un levier, on n'a pas un effet levier ici, à
l'année 1.
M. Boulet :
Mais ça sera à nous autres d'en faire la promotion, d'accélérer le changement
de culture chez les parents, qu'il y a
possibilité de partager, puis le parental partageable, c'est aux deux. Puis le
Québec a une opportunité de se distinguer en faisant... en sensibilisant
les familles du Québec à cette réalité nouvelle là. Et donc non seulement ça va
encourager les parents qui partagent déjà à
faire un partage plus équitable, mais, à ceux qui ne partagent pas, de le
faire puis de s'engager pour le bénéfice, ultimement, des enfants puis des
familles du Québec.
Et on le fera tout le
monde ensemble. Je pense que, ce projet de loi là n° 51,
indépendamment de la formule à laquelle on
va aboutir pour inciter les pères à plus s'investir, on va en faire une... Je pense qu'il va falloir tous
ensemble contribuer à sensibiliser les familles du Québec à cette avancée
sociale là qui est, à notre avis, fondamentale.
M.
Leduc : Moi, j'en suis,
puis... J'en suis là-dessus, puis ça sera ma dernière intervention, Mme la Présidente, mais j'avoue que je suis quand
même très surpris que, même après
cinq années de campagne et d'information, vous estimez qu'il y a à peine
une personne sur trois qui va utiliser cette mesure-là. C'est surprenant.
M. Boulet :
Bien, il y a des chiffres qui m'impressionnent. Là, on parlait du 80 %,
là, tu sais, les pères, là, le cinq semaines
de congé de paternité. Dans le reste du Canada, j'ai entendu des
chiffres de 18 %, mais, moi, ce que j'avais lu dans la littérature, c'est plus 12 %,
12 % des pères dans le reste du Canada. C'est deux mondes, deux approches
parentales qui sont opposées, là. Ça fait
que, oui, on a encore du chemin à parcourir, mais on en a... on a fait beaucoup
au Québec.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est tout? Alors, merci. Merci beaucoup pour l'échange.
Étude détaillée
Nous
allons commencer vraiment l'étude article
par article. Alors, j'invite M. le ministre à lire l'article n° 1 du projet de loi, de nous faire la
lecture ainsi que de nous donner les explications. Est-ce que ça va, M. le
ministre?
M. Boulet :
Oui, oui, je suis prêt.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Vous êtes prêt.
• (16 heures) •
M.
Boulet : Il faut.
L'article 1 du projet de loi proposé se lit comme suit — désolé,
hein, d'être un peu littéraire, là, il faut...
1. L'article 2
de la Loi sur l'assurance parentale est modifié :
1° par l'insertion, dans le paragraphe 1° et
après «de maternité», de «à l'occasion de la grossesse ou de l'accouchement»;
2° par le
remplacement du paragraphe 2° par le suivant :
«2° des prestations
de paternité et des prestations parentales exclusives ou partageables à
l'occasion de la naissance d'un enfant;»;
3° par le
remplacement du paragraphe 3° par le suivant :
«3° des prestations
d'adoption exclusives et partageables.»
Il
faut que je lise tel que modifié aussi? Non. O.K. Donc, essentiellement, aux
paragraphes 1° et 2°, on précise les fins pour lesquelles les
différentes prestations sont accordées, donc grossesse ou accouchement, puis, à
2° et 3°, on introduit les prestations partageables et exclusives pour les
prestations parentales et d'adoption.
Puis,
bon, l'introduction des notions de prestations partageables et exclusives en
est une de concordance avec les modifications qui seront introduites par
les articles 5 et 6 du projet de loi.
Puis,
à ce stade-ci, j'aurais des
amendements, parce que vous savez qu'au mois mars j'ai présenté des
amendements au salon bleu pour la nouvelle
prestation d'accueil et de soutien. Donc, déjà à l'article 1, il faut
rajouter les prestations d'accueil et de soutien relatives à une
adoption. C'est un nouveau concept.
Et
j'aimerais ça déposer en liasse les amendements pour... Puis ça a été envoyé à
la secrétaire de la commission pour
dépôt quand vous voudrez, mais j'aimerais ça peut-être qu'on suspende pour vous
permettre, aux partis d'opposition, de prendre connaissance de ces
amendements qui découlent de ce que j'ai déposé au salon bleu. Et il faut les
déposer ici, en commission parlementaire, maintenant pour fins d'adoption.
Amendements déposés
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, mais on me dit qu'ils sont déjà sur le Greffier, n'est-ce pas?
M. Boulet : Oui, vous pourrez peut-être en prendre connaissance. On peut peut-être suspendre un cinq, 10 minutes.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 01)
(Reprise à 16 h 08)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Attention, s'il vous plaît! Nous reprenons. Alors, M. le ministre, vous venez de déposer un amendement. Je vais vous inviter à le
lire, s'il vous plaît.
M. Boulet : Mon Dieu! Un instant.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Mon
Dieu, hein?
M. Boulet : Oui. Donc, je vais lire l'amendement
pour l'article 1. Donc, ajouter, après le paragraphe 3° de
l'article 1 du projet de loi, le paragraphe suivant :
4° par l'ajout, à la fin, du paragraphe suivant :
«4° des prestations d'accueil et de soutien
relatives à une adoption.»
Donc, comme je mentionnais un peu plus tôt, ça
modifie l'article 2 puis ça vise à ajouter dans la liste des prestations offertes par le régime une nouvelle
prestation d'accueil et de soutien, qui sera introduite par un autre amendement
au projet de loi. Donc, c'est vraiment une modification de concordance.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas
d'intervention sur l'amendement, nous allons procéder à la mise aux voix.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : ...nominal maintenant. Alors, nous allons
procéder... pour l'amendement, nous allons procéder par vote nominal.
Vous avez une intervention? Ah! pardon, députée de Joliette.
Mme
Hivon :
...puisque c'est la première fois qu'on voit apparaître le vocable, donc,
d'adoption, d'accueil et de soutien,
que c'est vraiment une très grande avancée pour les parents adoptants et donc
que ça vient vraiment marquer le coup
et rendre clair ce qu'est la réalité et le besoin des familles adoptantes.
Donc, je veux signifier ça au micro, comme on dit, pour qu'on soit
conscients de l'importance de ce changement-là, même si on va le voir plus en
détail plus loin.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous y allons par... Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Là, on a les amendements
qui ont été déposés en Chambre?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allons-y seulement pour l'article n° 1, l'article 1.
M. Leduc : Oui, c'est
ça, mais vous allez voir ma question, c'est que le ministre a l'habitude quand
même de déposer tous ses amendements en
début d'audience. Est-ce que ça veut dire qu'il n'y a pas d'autre amendement à
part ceux qui ont été déposés en Chambre?
M.
Boulet : À chaque article,
on va déposer... sur un sujet, on dépose tous nos amendements,
mais on va le faire au fur et à mesure, Alexandre.
M.
Leduc : Donc, vous ne
retenez pas votre propre habitude de les déposer au complet au départ. C'est
dommage. Pourtant, vous étiez bien parti, les deux précédents, c'était comme
ça.
M. Boulet : Oui, mais on a étudié
après les consultations... Là, on n'a pas... On va y aller au fur et à mesure.
M. Leduc : Ils sont déjà écrits,
j'espère.
M. Boulet : Ils vont s'écrire rapidement.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous y allons donc par vote
nominal, s'il vous plaît, sur l'amendement.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
La Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Pour.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji :
Pour.
La Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon :
Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Nous poursuivons... (panne de son) ...maintenant. Oui.
M. Boulet :
...de Joliette, ce matin, encore une fois, dans mes remarques préliminaires,
j'ai mentionné qu'on collaborait tous à
cette avancée sociale là pour le bénéfice des familles et du Québec, je pense
qu'on améliore la politique familiale
québécoise dans son ensemble, et c'est grâce notamment
à une excellente coopération de ma collègue de Joliette. Et, comme c'est adopté à l'unanimité puis que
c'est une première dans la Loi sur l'assurance
parentale, félicitons-nous tous et toutes ensemble. Merci, Véronique.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est bien, merci. Alors, est-ce qu'il y a
maintenant des interventions sur l'article? S'il n'y a pas... Oui,
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Je veux tenir mes paroles de mes remarques préliminaires, Mme la Présidente. Est-ce qu'on
est rendus à une occasion où on pourrait reconnaître, tel que mentionné... Puis
je ne veux pas tout répéter. Quand on dit : «Les prestations de maternité», est-ce que ça sera une occasion où on
pourrait rajouter du jargon qui est plus inclusif, qui reflète vraiment
la réalité de la communauté LGBTQ2?
M.
Boulet : On a... Excusez-moi, Mme la Présidente, merci. Il n'y a
aucune disposition, dans la Loi sur l'assurance parentale, en matière de
filiation. Mon collègue à la Justice revoit... Il y aura un projet de réforme
du droit familial québécois.
Les concepts seront revus, mais je veux juste qu'on se rassure encore une fois
que, dans l'application, le conseil de
gestion parentale applique exactement tout sans égard... que ce soit de
l'homoparentalité, que ce soit... peu importe la nature. Je pense que la façon de l'appliquer est un reflet de
l'évolution sociale québécoise. Et, si c'est un homme et une femme, ou
deux hommes, ou deux femmes...
Il
y a un concept qui n'est pas tout à fait adapté, c'est la mère porteuse, là,
parce qu'il y a des enjeux juridiques au Québec. Je sais que ça va être revu dans le contexte de la réforme du
droit familial, mais il y a ça qu'on aura à faire des adaptations qui s'imposent, mais, si c'est deux
mères, là, il y en a une qui va bénéficier du congé de maternité,
l'autre, du congé de paternité, le parental
va être partageable. J'ai pris beaucoup de cas de figure, puis vous pourrez
m'en soumettre en temps opportun, puis, je vous dis, dans l'application,
c'est d'une équité parfaite.
Mme
Maccarone : Je constate puis je suis contente de l'entendre puis
d'avoir les précisions au micro, parce que je pense que c'est important aussi de mentionner que nous avons fait cette
évolution, mais, tel que mentionné tantôt, les paroles sont importantes, les titres sont importants. Ça
fait bizarre pas mal pour un homme de demander pour avoir un congé de
maternité puis pour aussi une femme demander pour un congé de paternité. Alors,
c'est pour ça que je voulais savoir.
Puis
je ne vous demande pas de tout réécrire, mais est-ce qu'on peut peut-être
penser : virgule, «parent qui porte l'enfant» ou, tu sais, le conjoint, partenaire? Est-ce que, sans
changer... Comme j'ai dit, je comprends que votre collègue le ministre de la Justice... Je sais qu'il y a une
réforme de la justice de la famille qui s'en vient, mais, à l'intérieur de
nos travaux ici, est-ce qu'il y aura une ouverture de faire ceci?
M.
Boulet : Bien, vous allez voir, dans la Loi sur l'assurance parentale,
ces termes-là, «père», «mère», sont très, très peu utilisés. Et ce qui est le plus logique au plan de la cohésion
législative, c'est d'abord de refaire le Code civil du Québec en matière de droit familial et réécrire
clairement les règles de filiation avec les nouveaux concepts. Et après
ça on va adapter la Loi sur l'assurance parentale, pour ne pas le faire à
l'envers.
Mais
c'est important, ce que vous dites là, parce que, sur le fond, j'ai eu des
observations qui ressemblent aux vôtres.
Et c'est pour ça que j'ai utilisé plusieurs cas de figure, puis, à chaque fois,
ça me rassurait. Et, comme juriste, je reconnais
le caractère impératif, d'abord et avant tout, de revoir les règles de
filiation, d'adapter les concepts par la suite dans la Loi sur
l'assurance parentale.
Mme Maccarone : Bien entendu. Ma crainte, c'est vraiment qu'un
projet de loi... Bon, j'attends puis la communauté attend avec impatience un projet de loi qui va
adresser la filiation, qui va adresser la pluriparentalité. C'est quelque
chose, évidemment, qui préoccupe énormément
la communauté LGBTQ2. Puis nous sommes en train de travailler
actuellement sur un projet de loi qui aura un impact majeur, évidemment, en
termes de reconnaissance pour ces familles.
Ça
fait que ma crainte, c'est qu'il nous reste deux ans. Félicitations à tout le
monde, on fête nos élections, ça fait deux
ans, mais ma crainte, c'est qu'il nous reste deux ans. Deux ans, ce n'est pas
long, puis c'est un gros projet de loi. Ça fait que j'ai des préoccupations que ça ne serait pas appelé, déposé
puis étudié avant la fin de notre mandat, qui aura un impact,
évidemment, sur les travaux puis sur quoi nous sommes en train de travailler,
mais je comprends.
M. Boulet :
Je comprends la nature de vos interventions. Vous créez des nouvelles
opportunités de me faire dire que,
dans l'application, il faut rassurer notamment la communauté LGBTQ2 qu'il
n'y a absolument aucune discrimination et
que c'est appliqué de façon totalement équitable et de façon respectueuse des
droits et libertés fondamentales qui sont reconnus non seulement dans nos lois, mais dans la Charte des droits et
libertés de la personne, qui est une loi aussi, là, mais n'ayez aucune
inquiétude, on va faire les choses de manière ordonnée. Et je m'engage à en
rediscuter avec mon collègue de la Justice pour que ça procède avec la
meilleure diligence possible.
Mme Maccarone :
Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député de Nelligan.
M. Derraji :
Juste une proposition, Mme la Présidente, parce que je sens la sensibilité du
ministre, mais, prenant en considération
ce que ma collègue vient de dire, je pense que le message aussi peut être
envoyé au conseil de la gestion d'avoir,
dans sa façon de communiquer, cette sensibilité. Je sais que, probablement, on
a comme les mains liées parce qu'il y
a quelque chose qui se prépare dans un autre ministère, mais je pense que ça
serait une bonne opportunité que, le conseil de gestion, dans ses
communications, quand il parle aux parents, peu importe le parent ou la notion
de famille, il y ait une sensibilité par
rapport à des groupes. Je pense, ça va nous permettre d'avancer. Et je
comprends vraiment que vous êtes aussi sensible à la question, M. le
ministre.
M.
Boulet : Totalement. Puis je le répète, les noms ne sont pas genrés,
c'est appliqué de façon respectueuse du niveau d'évolution de la société au Québec. Et le seul concept, là, à
l'égard duquel c'est moins simple, là, c'est la mère porteuse à l'extérieur du Québec, notamment, là.
Ça, on a besoin, dans la révision des règles de filiation, de s'asseoir,
d'écouter les groupes et de prendre les bonnes décisions.
Mais je le redis, là,
soumettez-moi des cas de figure, que ce soit la communauté LGBTQ2, ou
autres, dans l'application, il y a une
sensibilité profonde de tous les membres du conseil de gestion à ce que ce soit
appliqué de façon harmonieuse avec les droits et libertés de chacun et
chacune.
M. Derraji : Bravo!
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 2? S'il n'y a pas... L'article 1,
pardon, j'étais déjà rendu à 2, hein? C'est parce qu'on étude l'article 2
dans l'article 1. Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 1? Merci. Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce
que l'article 1, tel qu'amendé, est adopté? Alors, on y va par vote
nominal.
• (16 h 20) •
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Pour.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
La Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Pour.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji :
Pour.
La Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon :
Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Alors, l'article 1, tel
qu'amendé, est adopté. M. le ministre, nous poursuivons avec
l'article 2, s'il vous plaît.
M.
Boulet : Bon, l'article 2 du projet de loi proposé :
L'article 3 de cette loi est modifié par la suppression, dans le
paragraphe 3° du premier alinéa, de «gagné».
Donc,
l'article 3, tel que modifié, se lirait comme suit :
«Est admissible au
régime d'assurance parentale la personne qui remplit les conditions
suivantes :
«3°
son revenu assurable — on enlève "gagné" — pendant sa période de référence, est égal ou
supérieur à 2 000 $.»
Commentaire. L'article 2 du projet de loi
modifie le paragraphe 3° de l'article 3 de la loi afin de supprimer
le mot «gagné». La Loi sur l'assurance
parentale prévoit certaines conditions pour être admissible au RQAP, dont celle
d'avoir un revenu
assurable égal ou supérieur à 2 000 $. Pour établir le montant
assurable, celui-ci n'a pas nécessairement à être gagné. En effet, différents revenus assurables
peuvent être obtenus au cours d'une période de référence et ceux-ci ne
doivent pas nécessairement être gagnés afin
de satisfaire à l'exigence d'avoir un revenu assurable de 2 000 $. Le
mot «gagné» implique généralement l'existence d'une contrepartie sous
forme de prestation de services. Or, la notion de revenu assurable est beaucoup
plus large.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il des interventions? Député de Nelligan. Député de
Nelligan, à vous.
M. Derraji : Oui, merci. Quand
vous dites : «La notion de revenu assurable, elle est beaucoup plus
large», est-ce qu'on peut considérer que,
les questions liées à tout ce qui est bourses, c'est dans ce sens qu'on peut
l'interpréter?
M. Boulet : De bourses?
M. Derraji : Bien, en fait, le
problème qu'on a avec les parents étudiants, où ils n'ont pas accès.
M. Boulet : Oui, ça peut être
un exemple, mais il y en a beaucoup, d'exemples, là, de revenus assurables, là.
M. Derraji : Juste si on peut
nous partager, s'il y a une liste...
(Consultation)
M. Derraji : Si vous avez une
liste, vous pouvez nous la partager, ça va nous faire gagner du temps.
M. Boulet :
Bon, oui, je pourrais déposer une liste de ce qu'est un revenu assurable. Là,
je vais vous donner un exemple qui
m'est soumis, là. Il y a des revenus non assurables qui ne permettent pas aux
nouveaux parents de recevoir des prestations,
comme certaines assurances salaire, collectives ou privées, les indemnités de
la SAAQ, les bourses d'études auxquelles vous faites référence...
M. Derraji : C'est ça, ma
question, oui.
M. Boulet : ...et les
subventions de recherche. Pour diverses raisons, une personne pourrait ne pas
avoir eu la possibilité de cumuler au moins
2 000 $ pour être admissible au RQAP, par exemple une personne aux
études, par exemple une mère de plusieurs enfants étant absente du
marché du travail pendant une certaine période.
M. Derraji : Ça, excusez-moi...
M.
Boulet : En fait, il y a
trois grands revenus... trois grands types de revenus assurables, bon : le
revenu assurable d'employé, le revenu assurable provenant d'une
entreprise, travailleur autonome puis le revenu assurable à titre de ressources
de type familial ou de ressources intermédiaires.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Est-ce
que vous en avez une à partager?
M.
Boulet : Bien, j'en ai une
qui vient de... qui est un aide-mémoire sur la notion de revenu assurable, qui
provient d'Ottawa, parce que
c'est appliqué en vertu de la loi fédérale sur l'assurance-emploi. Vous vous
souvenez qu'en 2006 on avait sorti de
la loi fédérale sur l'assurance-emploi pour créer notre RQAP. Et ça, je pourrais
la partager, là, la liste des revenus
qui sont considérés comme étant assurables, faisant partie du 2 000 $
donnant accès aux prestations du RQAP.
M.
Derraji : Juste pour être
clair, ma question vise aussi les oubliés. Donc, je veux juste voir est-ce que,
dans cette liste de personnes assurables et non assurables, on ne rate pas un
groupe. C'est pour cela que ça serait intéressant de l'avoir déposée.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, est-ce que vous... Monsieur... Alors, est-ce
que c'est possible d'avoir cette liste ou ce n'est pas...
M. Boulet : Oui, on pourra la
partager. Ce qui est important de souligner, c'est que le concept de revenu assurable ou le concept «gagné» qui était lié au
revenu assurable était plus restrictif. Je pense que c'est beaucoup plus
clair. Ce concept-là n'avait pas ou ne
justifiait pas d'être dans la loi pour déterminer ce qui est le
2 000 $ de revenus donnant accès aux prestations de RQAP. Et,
oui, je peux partager cette liste-là. Oui, on peut... On dépose?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Donc, on peut le faire tout de suite par
le Greffier, toujours. C'est fait? Là, vous voulez la regarder avant, je
présume, ou...
M. Boulet : Parce qu'il y en a une
liste très large, là. Il y a les assurances salaire, les allocations de
dépenses d'anciens combattants, les allocations de formation, les allocations
de jury, il y en a...
M. Derraji :
Est-ce qu'il y a le revenu non assurable dans cette liste?
M. Boulet : Non, mais à peu près
tout est là-dedans.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Ça va, député de Nelligan? Parfait. Député
d'Hochelaga-Maisonneuve, vous aviez une intervention.
M.
Leduc : Oui, c'était, en fait, la même intervention, mais
là je me pose juste la question :
Dans la réponse du ministre,
qui dit que c'est lié à l'assurance-emploi avec Ottawa, est-ce que ça veut dire
qu'on ne peut pas...
M. Boulet : Le concept de
revenu assurable.
M. Leduc : O.K., mais on peut,
sur nos propres bases, rajouter ou retirer des éléments de revenus assurables
pour le RQAP?
M. Boulet : Bien oui, bien oui,
tout à fait.
M. Leduc : Parfait.
M. Boulet : Donc, on va déposer
ce document-là.
Document déposé
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, on va le déposer...
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve, une autre question? Oui.
M. Leduc : Donc, en termes de
mécanique, si on voulait faire une intervention, comme je le disais dans mes remarques
préliminaires, puis M. le député, aussi, de Nelligan le disait également, pour
la question des bourses, des étudiants,
étudiantes qui n'ont pas accès, en ce moment, au RQAP... Est-ce que, pour
rajouter une bourse d'excellence, par exemple, comme revenus assurables,
on n'aurait pas besoin d'un projet de loi, ce serait simplement une mesure administrative
qui serait de rajouter ça dans la liste en question?
M. Boulet : Bien, la bourse, selon moi, c'est du revenu
assurable, là. Il faudrait peut-être s'arrimer avec Revenu Québec pour le
conclure de façon claire. Est-ce que...
Une voix : ...
M. Boulet : Non? O.K. Et la
raison? Parce que ce n'est pas un revenu assurable?
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, alors, avant de... Effectivement, avant...
Mme Thériault
(Brigitte) : Brigitte
Thériault, présidente-directrice générale du Conseil de gestion de l'assurance parentale. Bienvenue.
Les bourses
ne sont pas considérées, règle générale, comme des revenus assurables. Elles ne
sont pas, par ailleurs,
comptabilisables lorsqu'une personne reçoit une prestation, ce qui veut dire
qu'elle ne réduit pas les prestations.
M. Boulet : Mais, quand tu dis,
Brigitte, que ce n'est pas généralement assurable, c'est-tu parfois assurable? Il
y a-tu des conditions?
Mme Thériault
(Brigitte) : À quelques
exceptions près, quand une bourse est donnée, à titre d'exemple, par une
entreprise privée puis qu'elle s'apparente davantage à, on dirait, un salaire
pour faire de la recherche. Mais de façon générale c'est non assurable.
M. Boulet : Donc, si c'est une bourse qui vise à... c'est
comme une allocation de formation pour ton travail, ça, c'est du revenu
assurable.
Mme Thériault (Brigitte) :
Régime des prêts et bourses, non. Comme le régime des prêts et bourses, non.
M. Boulet : O.K., mais, si c'est pour une formation pratique en
milieu de travail, est-ce que c'est un revenu assurable?
Mme Thériault
(Brigitte) : Bien là, vous parlez plus de stage ou de...
M. Boulet :
Oui.
Mme Thériault (Brigitte) : Bon, il y a des stages qui sont rémunérés. S'ils
sont rémunérés, ils sont assurables.
M. Boulet :
C'est du revenu assurable. O.K.
M. Leduc :
Donc, juste pour conclure, Mme la Présidente, là-dessus, si on voulait
transformer les bourses comme revenus assurables, faut-il nécessairement
passer par Revenu Québec ou ça peut se faire à l'intérieur du RQAP?
Mme Thériault
(Brigitte) : C'est le ministère du Revenu du Québec qui est
responsable d'établir le caractère d'assurabilité des revenus. Il le
fait en concordance avec le niveau de la fiscalité à la fois fédéral et
québécois. Habituellement, quand on
fiscalise un revenu, on retire de l'assurance-emploi, assurance parentale,
Régie des rentes du Québec et de l'impôt.
• (16 h 30) •
M. Leduc :
Mais cette décision, donc, appartient
au ministère du Revenu. Est-ce qu'elle nécessiterait un projet de loi ou un règlement?
Mme Thériault
(Brigitte) : Ça fait partie des directives ou des normes. Ils
changent... Dans le fond, ils vont modifier leurs dispositions.
M. Leduc :
O.K. Pas besoin de se retrouver en commission parlementaire pour ça. Parfait.
M. Boulet :
Mais, tu sais, c'est intéressant parce que, quand on enlève le mot «gagné»...
Le mot «gagné» faisait référence à
l'argent en retour d'une prestation de services. C'est pour ça que je dis que
la notion de revenus assurables est beaucoup
plus large et facilite un accès accru aux prestations du RQAP. Le mot «gagné»,
pour moi, c'était un fardeau qui était rattaché à la notion de revenus
assurables, tu comprends, Alexandre? Tu sais, quand on dit «gagné», là...
M. Leduc :
Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Boulet :
...ça fait référence à un lien de subordination puis c'est une prestation de
services contre une rémunération.
M. Leduc :
J'aimerais que vous vous référiez à moi avec mon titre, M. le ministre.
M. Boulet :
Mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Merci.
M. Boulet :
Avec tout le respect que vous méritez, oui, tout à fait. Donc, c'est
vraiment... Il faut le voir dans une perspective d'élargissement de
l'accès aux prestations RQAP. À mon avis, c'est dépassé.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, je veux juste... On est
vraiment rouillés, là, hein? Ça fait longtemps qu'on n'a pas fait d'étude détaillée. Je veux juste bien
préciser que, tantôt, c'est Mme Thériault, présidente du conseil d'administration, Conseil de gestion de
l'assurance parentale, qui a pris la parole. Et je n'ai pas eu le temps de
demander le consentement, elle a parlé, donc
je présume qu'on l'avait, n'est-ce pas, pour qu'elle prenne la parole. Alors,
nous y allons maintenant avec le député de Nelligan, qui a une autre
question.
M. Derraji :
...M. le ministre, à la lumière de ce que je viens d'entendre maintenant...
Aujourd'hui, il y a des groupes qui sont
venus nous parler des étudiants boursiers. Donc, si j'ai bien compris les
explications, ils ne peuvent pas bénéficier
du régime si on les inclut, par exemple, dans un projet pilote parce que leur
revenu, il n'est pas dans la catégorie que vous dites, revenus
assurables.
M. Boulet :
C'est une excellente question. On aura l'opportunité d'en rediscuter quand on
va parler de l'habilitation réglementaire
pour les projets pilotes. Si cette habilitation réglementaire permet de mettre
en place des projets pilotes qui ont
un impact sur les conditions d'application, ce serait plus compliqué, mais, si
les projets pilotes peuvent avoir un impact
sur les conditions l'éligibilité ou d'admissibilité au régime, on pourrait
aller de l'avant avec un projet pilote. Ça fait qu'il n'y a rien qui
nous empêcherait de l'imaginer. Ça fait que c'est un débat qu'on va ravoir
éventuellement.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Donc, je remercie le ministre de pouvoir clarifier
cette notion...
M. Boulet :
Il y a un autre volet...
M. Derraji : Oui, je n'ai pas
terminé.
M. Boulet :
Oui, O.K. Non, mais il y avait un complément de réponse. Il y avait un
complément de réponse, puis on pourra
peut-être ravoir la discussion, mais
le conseil peut aussi modifier la période de référence de parents étudiants
pour déterminer s'ils ont suffisamment de
revenus assurables pour leur donner accès au RQAP. Ça fait que, sans projet
pilote, il y a aussi la possibilité, pour des parents étudiants, d'être
admissible en élargissant ou en prolongeant la période de référence. Voilà.
Excusez-moi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Mme la Présidente, je ne peux pas m'empêcher
de... l'arrêter parce qu'à chaque fois il bonifie. C'est excellent. C'est excellent. Et c'est rare que je
fais ça dans une commission. Vous avez présidé pas mal de commissions où
j'étais un vis-à-vis d'un de vos collègues ministres. Merci pour les
clarifications, et je...
Et c'est très bien que vous me dites qu'on peut
changer la période de référence. Moi, ça me rassure qu'on ne catégorise pas ces gens dans un revenu assurable.
C'est clair, le mot «gagné» empêche... nous limitait avant. Et je vous annonce qu'on va préparer un amendement dans ce
sens, pas dans cet article, mais par rapport... Rendu à l'étape où on va
parler des parents étudiants, je vais le
déposer. Donc, vous me rassurez qu'il
n'y a rien qui nous empêche, en date
d'aujourd'hui, ni avec Revenu Québec ni par rapport aux revenus assurables,
d'inclure les parents étudiants.
M. Boulet : On va en discuter,
mais, si le projet pilote nous permet d'avoir un impact tant sur les conditions
d'admissibilité que d'application, la réponse, c'est oui.
M. Derraji : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Derraji : Moi, ça fait le
tour. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 2? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix par vote
nominal.
La Secrétaire : Pour, contre
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire : Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme Dansereau :
Pour.
La Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire : M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Pour.
La Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
La Secrétaire : M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La
Secrétaire : M. Derraji (Nelligan) pour M. Leitão
(Robert-Baldwin)?
M. Derraji :
Pour.
La Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme Hivon :
Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 2
est adopté. Nous poursuivons, M. le ministre, avec l'article 3,
s'il vous plaît.
Des voix :
...
M. Boulet :
O.K. Est-ce qu'on peut suspendre quelques minutes, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 36)
(Reprise à 16 h 41)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre, nous pouvons poursuivre. Alors, nous sommes en
ondes. M. le ministre, est-ce possible de lire l'article 3, s'il vous
plaît?
M. Boulet :
Oui. On va attendre que ma collègue puisse s'asseoir.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Députée de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
M. Boulet :
Ça va? Donc, l'article 3 du projet de loi proposé : L'article 7
de cette loi est modifié par le remplacement des
deuxième et troisième alinéas par les suivants :
«Le
paiement de ces prestations débute au plus tôt la seizième semaine précédant
celle prévue pour l'accouchement et
se termine au plus tard 20 semaines après la semaine de l'accouchement. Le paiement peut toutefois se
terminer après l'expiration de ces
20 semaines, mais ne peut [pas] excéder la cinquante-deuxième semaine
suivant celle de l'accouchement si l'enfant est hospitalisé et que, sur
demande, la période de prestations de maternité est prolongée pour la durée de
cette hospitalisation.
«Le paiement des
prestations de maternité peut également se terminer après l'expiration de la
période de 20 semaines, mais ne peut
[pas] excéder la cinquante-deuxième semaine suivant celle de l'accouchement
lorsque, dans les cas et selon la
durée déterminée par règlement du conseil de gestion, la période de prestations
de maternité est prolongée.»
Commentaire.
L'article 3 du projet de loi modifie l'article 7 de la loi, d'une
part, afin d'augmenter de 18 à 20 semaines
la période à l'intérieur de laquelle les prestations de maternité peuvent être
prises après l'accouchement. Cette modification accordera une période
supplémentaire aux femmes pour se prévaloir des prestations de maternité dans certaines situations, tel un accouchement
prématuré durant une période de vacances ou une période au cours de
laquelle une rémunération est reçue dans les
premières semaines après l'accouchement, et, d'autre part, de prévoir la
possibilité de prolonger la période de
prestations de maternité jusqu'à la 52e semaine suivant l'accouchement en
cas d'hospitalisation de l'enfant ou dans les cas et dans les conditions
prévues par règlement du conseil.
Cette
modification facilite les conditions de prolongation de la période de
prestations puisque la mère n'aura plus à déposer une demande de prestations pour ensuite demander la suspension
du versement des prestations, comme c'est le cas actuellement. Dans la mesure où la mère se trouve dans l'une des
situations prévues, elle sera admissible à une prolongation de la période de prestations de maternité, et ce, même si
le motif de prolongation est antérieur au dépôt de la demande de
prestations. Il s'agit ici d'introduire plus de flexibilité dans le régime.
Donc, ça fait partie
des mesures qui visent à accroître la flexibilité du régime. On prévoit
l'étalement de 18 à 20 semaines. Le cas
classique : la mère est en vacances, elle accouche prématurément et elle
perd le bénéfice d'une semaine ou
deux semaines de prestations. Ça, c'est revendiqué depuis longtemps, et ça, le
coût estimé, comme je vous l'ai mentionné ce matin, c'est 2,4 millions de dollars. Et
il y en a... J'ai vérifié la statistique, il y a près de 45 % des mamans
qui ont perdu d'une à deux semaines
de prestations de maternité en raison
de l'étalement limité à 18 semaines. Donc, c'est l'amendement dans
sa substance.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci, M.
le ministre. Y a-t-il des
interventions pour l'article 3? Députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui. Merci, Mme la Présidente. Juste pour que je comprends bien, la CSN nous a fait une présentation, puis eux, ils demandent que le... Parce qu'actuellement le régime oblige les
travailleuses qui sont en retrait préventif
de demander leurs prestations du RQAP quatre semaines avant la date prévue
de leur accouchement. Alors, eux, ils
demandent que la Loi sur la santé et services... santé et sécurité de travail
ainsi que la Loi sur les normes du travail soient modifiées «afin que les travailleuses qui sont en
retrait préventif ne soient pas obligées de demander leurs prestations
au RQAP quatre semaines avant la date prévue de leur accouchement».
Avec
cet article, est-ce que ce serait couvert pour eux? Est-ce qu'il y aurait une
volonté de faire une modification pour que ça soit couvert pour ces
personnes qui doivent quitter plus tôt?
M.
Boulet : Bien, une volonté certainement à en discuter. Je me souviens
des propos de la CSN. En même temps, ici
on est dans le forum visant à amender la Loi sur l'assurance parentale, pas la
loi... en fait, la Loi sur les accidents de travail et les maladies professionnelles ou la Loi sur les normes du
travail. Mais je comprends le mérite de cette recommandation-là, là,
mais ça ne s'inscrit pas dans l'objet du projet de loi n° 51.
C'est
vraiment de faire passer... Tu sais, le cas classique, là, c'est vraiment les
mères qui sont en vacances et qui accouchent
prématurément. Parce que c'est limité à 18 semaines, ça les bloque. Ils
perdent une ou jusqu'à deux semaines de prestations. Donc, en augmentant la période d'étalement à
20 semaines, c'est un avantage qu'on considère intéressant pour les
mères parce qu'ils ont une période de temps plus longue pour bénéficier de
leurs prestations de maternité.
Mme
Maccarone : Parce que, si je comprends bien, les personnes qui sont
visées par ce que je viens de décrire, c'est
parce qu'eux, quand ils quittent en retrait préventif pour les
quatre semaines, ça veut dire, c'est la CNESST qui paie. Puis on n'a pas manière de trouver un lien pour
aider à cette subvention? Parce que c'est quand même pour la santé de la
personne qui est enceinte ainsi que leur enfant.
M.
Boulet : Oui, tout à fait. Ça, c'est des demandes de retrait préventif
suite à l'émission d'un certificat parce qu'il y a un danger pour la santé, ou la sécurité, ou l'intégrité physique de la mère ou de l'enfant à naître.
Puis, oui, c'est des indemnités qui sont versées, des indemnités de
remplacement de revenu versées par la CNESST. Après ça, il y a le pont,
parce que la personne fait une demande pour recevoir des prestations RQAP.
Ça
me fait réaliser, avec votre question, que ça vise aussi les personnes qui font
des demandes... des dépôts tardifs de
demande de prestations puis qui perdent des semaines. En l'étalant sur
20 semaines, ça leur donne un... j'allais dire, une marge de
manoeuvre additionnelle.
Ça
fait que ce qui est important, c'est d'assurer... de soutenir financièrement la
mère pendant cette période-là. Et je pense que le retrait préventif lui
donne une avenue dans certains cas, là, parce que ce n'est pas toutes les mères
qui décident d'aller consulter un médecin puis d'obtenir un certificat visant
le retrait préventif. Ça dépend, bien sûr, de l'environnement
de travail, quand elle est exposée puis qu'il y a un danger ou un risque. Il
faudrait revoir le libellé, là, des articles
pertinents, mais c'est dans la Loi santé et sécurité, qui est une loi de nature
préventive. Mais l'indemnisation est faite en vertu de la Loi sur les
accidents de travail, maladies professionnelles.
Mme
Maccarone : O.K. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'article 3, nous allons
procéder à la mise aux voix. Ou il y a d'autres interventions?
M. Leduc :
Oui, bien sûr.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Merci. Alors, on aurait un amendement à déposer, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Tout à fait. Alors, il est... Il n'a pas...
Est-ce qu'il a été déjà acheminé?
M. Leduc :
On l'a envoyé...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Mais nous allons suspendre quand même.
Alors, nous
suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 50)
(Reprise à 16 h 57)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous reprenons, s'il vous plaît! Alors, à l'article 3, nous avons un
amendement qui a été déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous
invite à le lire et à l'expliquer, s'il vous plaît.
M. Leduc : Alors, juste pour qu'on se situe, dans le fond,
l'article 3 modifie les alinéas deux et trois de
l'article 7, et nous, on fait un rajout
au premier alinéa de l'article 7, qui n'est pas dans l'article 3 du
projet de loi. Tout le monde me suit jusqu'à date? Alors, ça se... Dans
le fond, on propose de remplacer l'article 7, mais on garde, dans le fond,
tout ce qui est déjà modifié par l'article 3.
Et
ça se lit comme suit : «Le nombre maximal de semaines de prestations de
maternité est de 18 ou, en cas d'option conformément à
l'article 18, de 15 — et
là la phrase se rajoute : Une mère seule peut bénéficier des prestations
de paternité non utilisée.»
Et les deux autres
alinéas sont les mêmes que dans l'article 3 déjà prévu.
Est-ce que j'explique
mon amendement, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Allez-y, oui.
M.
Leduc : Alors, c'est quelque chose qui a été discuté dans les audiences. C'est le Conseil du statut de la femme qui nous en a
fait la recommandation dans son mémoire. Nous, on trouvait ça intéressant.
Il
y a déjà un article dans la loi, l'article 17, qui dit
qu'en «cas de décès d'un des parents [ou] si au moins l'un d'eux est admissible au présent régime, le nombre
de semaines de prestations de maternité ou de paternité du parent décédé
non utilisées à [sa] date [ou] son décès s'ajoute au nombre total de semaines
de prestations», mais ça met l'obligation qu'il
y ait un décès. Alors que, dans le mémoire du Conseil du statut de la femme,
ils disent : Il y a beaucoup de naissances au Québec, 2 200 pour être précis, où le père n'est
pas déclaré. Donc, on a une mère seule, une mère monoparentale. Et le Conseil du statut de la femme disait : Bien, dans ce cas-là, pourquoi ne
pas utiliser la même logique que l'article 17? Si un des parents décède, l'autre peut bénéficier des semaines qui seront non
utilisées. Bien, si la mère accouche et qu'elle est seule, qu'il n'y a pas de père, pas de père
déclaré, en tout cas, mais pourquoi elle ne pourrait pas bénéficier de ces
mêmes cinq semaines du père, qui sont non utilisées?
Bien
sûr, on imagine que ça aurait un certain coût comme mesure. On n'a pas accès
aux services de l'actuaire en chef
pour préparer notre amendement, on le devinera, mais on trouvait ça important de
le soumettre pour faire écho à ce qui avait
été demandé par le Conseil du statut
de la femme et pour en discuter, Mme la Présidente. Et j'aimerais préciser qu'une mesure
similaire existe en Finlande et en Norvège, où les mères seules peuvent
utiliser les semaines de congé réservées aux pères.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci.
M. Boulet :
...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : M. le ministre, oui.
M. Boulet :
Pour bien comprendre, la deuxième phrase du premier paragraphe de votre amendement,
c'est : «Une mère seule peut bénéficier des prestations de paternité non
utilisées», alors que c'est déjà possible de le faire en vertu de
l'article 17.
M. Leduc :
S'il y a décès.
M.
Boulet : S'il y a décès. Là,
vous dites : Ça pourrait se faire suite à la seule volonté du père et de
la mère. Le père dit : Moi,
j'utilise trois semaines de paternité puis je te transfère deux semaines à toi,
la mère. C'est ce que vous dites?
M. Leduc :
On n'est pas allés dans...
M. Boulet :
Bien là, de la façon dont c'est écrit, ça mène à ça.
M. Leduc :
Bien, mère seule, c'est ça que je dis, là.
M. Boulet :
Oui, mais mère seule... Le père...
M. Leduc :
Quand je dis qu'il y a 2 200 naissances par année...
• (17 heures) •
M.
Boulet : Oui, mais, de la
façon dont c'est écrit, ça aboutit à ce type de résultat là. La mère est seule,
mais, s'ils se séparent, puis le
père, il dit : Je te donne mon paternité, ça finit là. C'est possible de
le faire selon votre texte. Je veux juste comprendre la deuxième phrase.
La première phrase : «Le nombre [de semaines] maximal...
M. Leduc :
C'est la phrase de la loi actuelle, M. le ministre.
M. Boulet :
...est de 18 ou, en cas d'option conformément à l'article 18, de 15»...
M. Leduc :
Ça, c'est la loi actuelle.
M.
Boulet : ...ça, c'est les
régimes, effectivement. Ça, ça existe. Donc, votre amendement...
Le reste du texte... Parce que je l'ai lu, là, mais je n'ai pas vérifié,
côte à côte, s'il y avait... Il
n'y a pas de changement dans les deux
autres grands paragraphes.
M. Leduc : Exact.
M. Boulet : Donc, votre amendement...
Est-ce que je comprends implicitement que la période d'étalement à
20 semaines, ça vous va?
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : Mais vous souhaiteriez qu'une mère monoparentale
bénéficie des semaines de paternité non utilisées par le père sous la simple démonstration... Au-delà du fardeau administratif,
ça m'apparaît... Est-ce que je peux faire un commentaire? Ça m'apparaît
difficilement gérable et difficilement concevable.
Puis je
comprends que le Conseil du statut de la femme ait pu référer à cette idée-là.
Ça vient comme encourager la dépossession
du père de son droit à un congé de paternité, alors que c'est ce qu'on veut
encourager quand on parle de conciliation
famille-travail puis d'investissement du père dans la sphère familiale. Ça
m'apparaît... puis c'est peut-être juste
une perception, là, on se connaît, on est capables de se dire ce qu'on pense
assez profondément, là, mais ça m'apparaît aller à contre-courant des
objectifs qui sous-tendent le projet de loi n° 51. Et je le dis avec
beaucoup de respect.
M. Leduc : Comme d'habitude. On
pourra le réécrire, M. le ministre, Mme la Présidente. On pourra faire un sous-amendement. Le but... On n'est pas des
juristes, ni moi ni ma collègue, on a mis ce qui nous semblait être le
plus propice à générer une discussion. Nous
avons cette discussion-là. Donc, si le ministre est intéressé à ouvrir une
fenêtre, bien sûr, on suspend ou on le met
en dépôt puis on y reviendra quand les juristes auront trouvé une tournure de
phrase qui clarifie l'intention.
Moi, mon
intention, puis j'aurais peut-être dû utiliser ce terme-là, c'est : dont
le père n'est pas déclaré. Quand je dis qu'il y a
2 200 naissances par année dont le père n'est pas déclaré, il n'y en
aura pas, de toute façon, de semaines de paternité,
là. Il n'y en aura juste pas, le père n'est pas déclaré. Est-ce que c'est ce
terme-là qu'on devrait utiliser dans la phrase pour réduire la portée ou ne pas qu'il y ait d'interprétation?
J'en suis. Je le répète, on n'a pas la prétention d'être des juristes puis d'avoir écrit la meilleure
phrase au monde. Ça fait que, si c'est un débat, si c'est une direction qui
intéresse le ministre, on va le faire.
Puis le
fardeau administratif, ce n'est pas un argument que j'achète beaucoup. On
prévoit déjà cette situation-là si l'autre
parent décède, c'est l'article 17 de la loi actuelle. Et la Finlande et la
Norvège ont une disposition similaire. Ça ne doit pas être si compliqué à faire. On aime ça dire que le RQAP, c'est
un des meilleurs régimes au monde, le meilleur en Amérique du Nord. On
n'est pas les meilleurs partout, visiblement. Finlande et Norvège ont une
petite coche à ce niveau-là. Donc, ça doit être faisable, là, de l'écrire de la
bonne manière.
M.
Boulet : J'ai deux options. L'option, c'est qu'on fasse le débat
maintenant. Moi, j'ai mes réserves. Je suis loin d'être prêt à être convaincu de votre argumentaire. Ou ma deuxième
option, c'est : dans la mesure où on est d'accord sur l'étalement, la prolongation de l'étalement de 18
à 20 semaines, parce que c'est le centre de l'amendement qui est
dans le projet de loi n° 51,
on peut adopter cet article-là, en faisant passer l'étalement, évidemment sous
réserve des commentaires de nos amis
libéraux et péquistes, mais... puis de le rediscuter plus tard, là, quand on
verra les quantums, les nombres de semaines
de prestations. Il y aura, à 10 et 11, là, sous réserve, là... mais il y a des
articles, plus loin, où on aura une autre opportunité de discuter de ce débat-là, là, de transférer... Alors que,
là, c'est toujours possible, vous le dites bien, là, en vertu de l'article 17, en cas de décès, si la
personne ne peut pas utiliser ce qui reste, il y a possibilité de transfert à
l'autre.
Moi, je pense
qu'on devrait... Ceci dit, là, on devrait en discuter plus tard puis adopter
l'article 3, mais je ne suis pas
fermé à en discuter tout de suite non plus, là, mais ça serait peut-être une façon
d'avancer. On a 33 articles en tout. Ça nous permettrait d'avancer
puis d'aller au coeur de ce type de débat là plus tard.
M. Leduc : Moi, je... Oui?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Moi, j'aurais juste une réserve, là, sur
l'amendement qui est apporté, parce que, là, vous apportez un amendement
contenant tout l'article, et ça, c'est délicat.
M. Leduc : Bien, il aurait peut-être
fallu nous dire ça avant d'ouvrir le débat, était-il recevable ou pas, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
c'est un fait. On verra tantôt si on ne peut pas... On a le député de
Beauce-Nord qui voudrait parler, s'il vous plaît.
M. Leduc : Il est recevable ou pas,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
était recevable, mais moi, je trouve ça dangereux tel que rédigé.
M. Leduc : Il l'était, mais est-ce
qu'il l'est encore?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Attendez. On va entendre le commentaire de Beauce-Nord...
député de Beauce-Nord, pardon.
M.
Provençal : Merci, Mme la
Présidente. Malgré que je trouve très intéressant ce que le député de
Maisonneuve-Rosemont...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Provençal
: ...Hochelaga-Maisonneuve — merci beaucoup — apporte, je m'interroge, moi, au niveau de
la recevabilité, parce que l'article 197
dit toujours qu'au niveau des amendements il y a certains principes. Bon, dans
les principes... Ici, on introduit un
nouveau principe par rapport à l'article déposé par M. le ministre. Et, en
plus, je m'interroge aussi :
Dans la modification que le député demande, est-ce que ça va engager
expressément des sommes d'argent ou dicter précisément des choix budgétaires au gouvernement? Donc, tantôt, on a eu
des projections budgétaires, et normalement une modification ne doit pas
amener une pression budgétaire sur le projet de loi.
C'est un
commentaire, Mme la Présidente, que je me permets de faire parce que je pense
qu'il est à propos, mais je comprends très bien l'intervention de M. le
député.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, à cette étape-ci, vous
suggérez quoi? M. le ministre, vous suggérez d'attendre?
M. Boulet :
Moi, je suggère d'attendre. Puis, ceci dit, on pourra en refaire une discussion
plus approfondie quant à son mérite,
et moi, je verrai si on est ouverts. Je ne serais peut-être même pas fermé à
faire une contreproposition. Tel que libellé,
je pense qu'on s'entend tous que ça ne passe pas la rampe. Mais moi, je
m'engagerais à ce qu'on en rediscute plus tard, quand on va discuter du quantum des semaines de prestations puis
des occasions, peut-être même à l'article plus... à 10 et 11, et on
verra s'il y a des propositions à faire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Moi, ça ne me dérange pas de le retirer pour l'instant, mais je voudrais juste,
peut-être, qu'on prenne une
suspension de quelques instants pour que vous m'indiquiez, vous, clairement où
est-ce que vous voulez qu'on en discute.
M. Boulet : O.K. Parfait.
M. Leduc : Ça fait que
suspendons quelques minutes.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 08)
(Reprise à 17 h 14)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons reprendre, M. le ministre... M.
le ministre? On va remettre à
l'ordre M. le ministre. C'est beau.
M. Boulet : ...sur cet article-là,
3, du projet de loi...
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...de
lumière d'allumée...
M. Boulet : Oui, elle est allumée.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, la lumière est allumée maintenant. C'est à vous, M. le ministre. Vous pouvez répéter. Je m'excuse.
M.
Boulet : Ah! désolé. Merci, Mme la Présidente. Donc, la deuxième option que je soumettais à mon collègue, on procéderait à l'adoption de l'article 3 du projet de loi n° 51, qui vise fondamentalement à accroître la période d'étalement pour le congé
de maternité de 18 à 20 semaines. Et on est en train d'analyser la
soumission d'une contreproposition à l'article 5 du projet de loi. Donc,
ça répond bien à la question de mon collègue.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, avec l'amendement que nous
avons, est-ce que vous souhaitez, député d'Hochelaga-Maisonneuve, de le
retirer?
M. Leduc : Oui, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, est-ce que nous avons le
consentement pour retirer l'article... l'amendement proposé à
l'article 3?
Des voix : Consentement.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, l'amendement est retiré.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou
interventions sur l'article 3? S'il n'y a pas d'autre intervention ou
commentaire, nous allons procéder à la mise aux voix par appel nominal.
La Secrétaire : Oui. Pour...
Oh! pardon.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est beau? On va s'ajuster, ce n'est pas grave.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Pour.
La Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire :
Mme Maccarone... M. Derraji (Nelligan) pour M. Leitão
(Robert-Baldwin)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme Hivon : Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Alors, l'article 3
est adopté. M. le ministre, nous poursuivons avec l'article 4. À
vous la parole.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. L'article 4 du projet de loi proposé :
L'article 8 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier alinéa,
de «18» par «20»;
2°
par le remplacement du deuxième alinéa par le suivant :
«Le
paiement peut toutefois se terminer après l'expiration de la période de
20 semaines, mais ne peut excéder la cinquante-deuxième semaine suivant celle où survient l'interruption
de grossesse lorsque, dans les cas et selon la durée déterminés par
règlement du conseil de gestion, la période de prestations de maternité est
prolongée.»
Commentaire.
L'article 4 du projet de loi modifie l'article 8 de la loi. Il s'agit
d'une modification de concordance avec
l'article 3 du projet de loi afin que les interruptions de grossesse
postérieures à la 19e semaine de gestation soient également prises en compte pour la prolongation de
la période de prestations de la même façon que pour un accouchement.
Ainsi, le
paragraphe 1° de l'article 4 du projet de loi augmente la période de
prestations de maternité de 18 à 20 semaines
lors d'une interruption de grossesse postérieure à la 19e semaine de
gestation. Cette période pourrait être prolongée
dans les cas et dans les conditions prévus par règlement du conseil de gestion,
sous réserve qu'elle ne puisse excéder la 52e semaine suivant celle
où survient l'interruption de grossesse.
Le paragraphe 2°
de l'article 4 du projet de loi facilite aussi les conditions de
prolongation de la période de prestations de
maternité puisque la prestataire n'aura plus à déposer une demande de
prestations pour ensuite demander la suspension du versement des
prestations. Dans la mesure où elle se trouve dans l'une des situations
prévues, elle sera admissible à une prolongation de la
période de prestations de maternité, et ce, même si le motif de prolongation
est antérieur au dépôt de la demande de prestations. Il s'agit ici d'introduire
plus de flexibilité dans le régime. Voilà.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas d'intervention à l'article 4, nous allons
procéder à la mise aux voix par vote nominal. C'est beau?
La Secrétaire :
Oui.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous y allons.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Pour.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
La Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Pour.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji :
Pour.
La Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon : Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Alors, l'article 4 est
adopté. Nous avons une question. Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : On aurait un amendement
pour déposer un 4.1, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, nous allons suspendre quelques
instants pour déposer un nouvel article. Parfait?
M. Leduc : Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 19)
(Reprise à 17 h 24)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, nous avons reçu un nouvel article,
l'article 4.1, par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous
invite à le lire et à l'expliquer.
M.
Leduc : Oui. Merci, Mme la Présidente. Donc, l'article 4.1 qui
modifie l'article 9 de la loi, c'est très simple.
Article 4.1 : Modifier l'article 9 de la loi en changeant le
chiffre 5 pour le chiffre 7.
Et donc je
peux l'expliquer. C'est l'article, dans la loi, qui détermine le nombre de
semaines de paternité qui sont accessibles.
Je précise tout de suite qu'encore une fois on n'est pas des juristes et que je
n'ai pas été en mesure d'estimer quel
serait l'impact sur le régime plus court, parce que, dans le même article de la
loi, juste après, c'est précisé : «Ou, en cas d'option conformément à l'article 18, de 3». Je ne sais pas si
bonifier de cinq à sept les semaines du régime régulier, ça voudrait dire de trois à cinq, ou de trois à
quatre, ou de trois et demi... Bref, je voulais surtout avoir la discussion
avec M. le ministre et je m'en serais voulu
de ne pas l'avoir déposé, de ne pas l'avoir voté aussi, parce que plusieurs
mémoires ont proposé différentes avenues à
ce sujet-là. Il y en a qui allaient à sept, il y en a qui allaient à huit, il y
en a qui allaient jusqu'à 10, même
qui allaient un peu plus loin, je pense. Celui de la CSD allait beaucoup plus
loin. C'était-tu 15 ou 16? Bref,
plusieurs chiffres ont circulé. Je suis allé sur le chiffre le plus modéré,
dirons-nous, parce que je pense que le chemin idéal pour favoriser la
présence du père, c'est celui-là.
Puis, écoutez,
on m'a suggéré pendant la pause, puis ce n'était pas une mauvaise suggestion,
d'avoir cette discussion-là quand on
sera rendus plus loin dans le projet de loi, sur l'article 30. Or, moi, je
ne le sais pas, ce que prépare M. le
ministre comme amendement à l'article 30. S'il était en mesure de le
déposer tout de suite, peut-être que je pourrais retirer mon amendement
puis qu'on en discuterait, en effet, rendus à l'article 30. Sinon,
j'aimerais mieux qu'on le discute maintenant.
Parce que ce
qu'on a compris tantôt, sur le chemin qu'emprunte le ministre beaucoup plus
tard, m'a beaucoup étonné, puis on a
eu un peu de discussion, je ne referai pas le débat qu'on a eu tantôt, mais je
vais juste me rasseoir sur deux ou
trois chiffres. Quand on choisit un chemin qui, selon nos propres projections
de mesure, ne sera utilisé que par une
famille sur quatre la première année et peut-être une famille sur cinq... une
famille sur trois au bout de cinq ans, je pense qu'on confirme que ce n'est pas le meilleur chemin. Parce que, si
on veut que plus de pères passent plus de temps, bien, visiblement, il
faut y aller par le congé de paternité.
Après ça,
quelles sont nos marges de manoeuvre réelles? Je n'ai pas tous les leviers. On
a eu une présentation ce matin. J'ai
préparé mes amendements plus tôt. Puis, de toute façon, même avec la
présentation de ce matin, je n'étais pas en mesure de calculer les
marges de manoeuvre pour une semaine, deux semaines, trois semaines de congé de
paternité.
Cela étant
dit, c'est ce qu'on a proposé dès le départ, bien avant le dépôt du projet de loi. Je pense que c'est la meilleure façon de favoriser la présence
de plus de pères, et c'est pour ça que je dépose l'amendement.
Je répète, Mme la Présidente, si M. le ministre est prêt à me déposer tout de suite, d'avance, l'amendement sur le 30, je retire tout de suite mon amendement, puis on en discutera plus tard, au 30, mais, s'il
veut qu'on tienne le débat tout de suite, faisons-le, puis ça sera chose
réglée sur ce sujet-là des semaines de paternité. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre, à vous la parole.
M.
Boulet : Évidemment,
Mme la Présidente, je ne ferai pas le débat sur l'article 30
avant de compléter les autres articles qui précèdent, mais je vais me
prononcer sur le mérite de l'amendement.
Vous avez entendu l'actuaire du
conseil ce matin. Ajouter une semaine de congé de paternité, l'estimation,
puis ce n'est pas une estimation trop tenant
compte d'hypothèses, mais c'est sur l'expérience, ça représente à peu près 48 millions. Et j'ai demandé, si on le faisait passer de cinq à
sept... Parce que ce n'est pas tous les pères qui prennent deux semaines,
il y en a qui se limitent à un. Ça fait que
ce n'est pas à chaque semaine 48 millions de plus, mais on me souligne que l'impact
de deux semaines additionnelles, c'est 85 millions.
Donc,
moi, je mettrais tout de côté, les 10 bonifications, ou à peu près, du projet de loi n° 51, pour aller dans la direction de l'amendement, en termes de
coût, j'entends. Donc, pour cette raison-là prise isolément, ce ne serait pas
justifiable.
Je
ne pense pas qu'on ferait une avancée sociale avec une simple augmentation du
congé de paternité. En plus, c'est contraire
aux objectifs qu'on recherche. Ça, je l'ai souvent dit. À l'article 30,
on essaie d'inciter les parents au dialogue, on essaie d'encourager le partage et de faire bénéficier d'un quatre
semaines additionnel. Et ce quatre semaines additionnel là représente un coût de 39,8 millions de dollars. Et ça, il y a un changement de culture qui
s'opère de façon progressive dans la société québécoise.
Et,
autre motif, ça vient cristalliser la perception chez les parents que, «fine»,
le père, il va continuer. Cinq, six, sept, on va lui en donner huit.
Oui, j'ai entendu des groupes, puis le conseil... Il y a des groupes qui
promotionnent la paternité prise isolément,
qui vont dire : Ça devrait être 10. Oui, mais, encore une fois, je le répète, là, on cristallise la perception que la mère, tu
as ce qui t'appartient, puis ce qui est parental partageable, c'est à toi, ce
n'est pas au père.
Moi,
je ne vois pas... Puis je sais que vous pouvez en débattre, là, puis qu'on peut
en débattre, puis je suis ouvert à l'argumentaire
là-dessus, mais je ne suis vraiment pas d'opinion que ça
favorise le partage, encore moins que ça tend vers une meilleure équité
entre le père et la mère, et encore moins que ce soit un amendement qui est
compatible avec les objectifs du projet de loi n° 51. Et je ne peux pas...
On
va le faire, le débat, à l'article 30, je le redis à mon collègue.
Allons-y étape par étape, de manière ordonnée, puis respectons la
structure puis la cohésion de ce projet de loi là qui se colle à la réalité, à
l'économie de la Loi sur l'assurance parentale. Merci.
• (17 h 30) •
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député de Nelligan.
M. Derraji : Merci,
Mme la Présidente. Je remercie le ministre
pour les clarifications. Moi aussi, je suis un peu surpris,
parce que je
pense qu'on va faire les choses dans
l'ordre. Et le débat, il est extrêmement important par rapport à cet enjeu. Le ministre
m'a entendu aussi en Chambre, que, pour moi, c'est quelque chose qui est important, que nous avons tous entendu.
Et
je rassure le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve et aussi le ministre qu'on va déposer,
rendus à l'article 30... Parce
que le débat, il est extrêmement important, un débat de fond. Je
pense que... Là où nous sommes rendus
dans cet article, je ne
pense pas que c'est le moment d'en
parler, mais je tiens quand même à le mentionner à M. le ministre, qu'on veut avoir le débat. Le débat, on doit
l'avoir, M. le ministre. Et je pense que les organismes que nous avons reçus en
commission nous ont tous... bien, pas tous, je retire le mot «tous», quelques organismes
nous ont avisés de cette réalité. Et, le débat, on doit le faire en
temps et lieu, rendus à l'article 30.
Donc,
moi, je pense que c'est un débat qui est nécessaire, et, je pense même, c'est l'essence même du projet de loi. Donc, rendus à l'article 30, je vais et on va déposer aussi un amendement
qui touche le contexte de l'article 30. Mais je pense que... Là où on est
rendus maintenant, je ne pense pas que c'est... si j'ai bien compris, ce n'est
pas le moment d'en parler.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Juste souligner, Mme la Présidente, que c'est un peu particulier de faire une critique
de fond, un commentaire de fond et de terminer par un commentaire de forme sur le doute de la recevabilité de l'amendement. Si on n'est pas d'accord avec la recevabilité de l'amendement,
on le dit d'emblée quand il est déposé. Une fois que vous l'acceptez puis qu'on en discute, il n'y a plus
beaucoup de mérite, à mon avis, de revenir sur la recevabilité. Faut-tu
en discuter là? Faut-tu en discuter plus tard? Là, il est là, on en discute, on
en discute.
J'ai
aussi des amendements prévus pour l'article 30, mais ce n'est pas du tout ma meilleure
solution. Moi, c'est mon plan B,
mon plan C, mon plan D. J'en ai deux, trois de prévus, j'attends de
voir quelle sera la main que jouera le ministre, mais ce n'est pas ma meilleure solution. Ma meilleure solution, c'est de
bonifier le congé du père. C'est pour ça que je dépose l'amendement, Mme
la Présidente.
Puis
je ne m'éterniserai pas très longtemps, mais je m'en serais voulu, je n'aurais
pas été honnête avec moi-même de ne
pas le faire à ce moment-ci, alors qu'on est rendus à l'article
en question. Évidemment qu'il y aurait une concordance à faire si on adoptait cet amendement-là.
On ne pourrait pas adopter l'article 30 plus tard, ça va de soi. Donc, c'est
pour ça qu'encore une fois je trouve ça bien logique qu'on en discute maintenant.
Maintenant,
le ministre a réutilisé l'argument qu'il veut encourager le
partage par l'autre chemin qu'il favorise, mais précisément, tantôt, on s'est fait expliquer que, l'an 1, il n'y a
presque rien qui va changer. Les gens qui partagent déjà 10 sur 10 vont pouvoir bonifier du nouveau régime,
puis, les gens qui partagent déjà un peu moins mais qui partagent quand même,
on espère, et on estime, et on projette qu'ils vont se qualifier au nouveau
régime. On projette... On ne m'a pas présenté
de chiffre sur des nouvelles familles... un nombre substantiel de nouvelles
familles qui ne partageaient pas du tout et qui vont pouvoir, du jour au lendemain, partager suffisamment pour se qualifier. Donc, l'effet réel sur le partage, il n'est peut-être
pas nul, mais il n'est pas loin d'être nul.
Alors, encourager le partage, j'ai
entendu cet argument-là du début à la fin de ce débat, et là, ce matin, avec
les chiffres qu'on a — je
me rends compte, j'aurais clairement dû les demander plus tôt — je
trouve que cet argument-là est beaucoup moins pesant qu'il l'était au début.
Et,
pour terminer, sur l'argument de M.
le ministre sur le coût, il a raison
de dire qu'en effet deux semaines de prestations parentales
supplémentaires auraient un coût alentour de 80, 86, je ne me rappelle plus du
chiffre exact...
M. Boulet :
85.
M.
Leduc : ...85, qui est beaucoup
plus élevé, bien sûr, que le 40 millions prévu pour l'an prochain avec sa mesure.
Deux
choses là-dedans. La première, moi, je n'ai pas renoncé... bien,
pas renoncé... Il faut se rappeler qu'il
y a une baisse de cotisation, là, en janvier. On s'est volontairement
privés de ressources. Alors, il ne faut pas l'oublier.
Deuxième chose, si on
me dit qu'une semaine c'est 48 millions environ, de paternité, et que la
mesure du gouvernement, c'est
40 millions, je serais quasiment tenté de sous-amender ma propre
proposition, Mme la Présidente, pour dire :
Bien, d'accord, faisons, dans ce cas-là, une seule semaine supplémentaire de
paternité, parce que je suis convaincu qu'elle
va être davantage utilisée. Puis là, en plus, non seulement je suis convaincu,
mais on m'a démontré qu'elle va être davantage
utilisée, cette nouvelle semaine, par plus de pères. Donc, dans le réel, en
termes ne serait-ce que d'heures, ça va produire plus d'heures de pères
près de leurs enfants que le chemin du ministre, qui va être utilisé par une
famille sur quatre, Mme la Présidente.
Alors, comme je vous dis, on ne s'éternisera pas.
On a fait le débat, je tenais à déposer mon amendement, et voilà. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : M. le ministre, oui.
M.
Boulet : Mme la Présidente,
je comprends et je respecte la volonté de mon collègue de déposer
l'amendement à ce stade-ci. On peut faire un
débat, mais on va le faire à l'article 30. Je pense qu'il faut essayer de
ne pas multiplier les débats sur un
enjeu qui nous concerne tous. On va tous avoir un point de vue, mais moi, je
vais constamment redire que ce n'est pas en ajoutant une semaine de
paternité qu'on va provoquer un changement de culture, qui doit s'opérer de
façon progressive dans la société québécoise.
Mais,
ceci dit, je vais arrêter là. Puis, pour moi, ce n'était pas nécessairement une
question de recevabilité, c'est une
question de travailler de façon ordonnée, structurée. Et on va aboutir, de
toute façon, dans un corridor qui va nous permettre de faire cette
discussion-là. C'est tout, simplement. Ça fait que...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Il y a la députée de Joliette qui aimerait prendre
la parole aussi.
Mme
Hivon : Merci, Mme
la Présidente. D'abord, sur la question de procédure, je pense que mon collègue
a tout à fait raison de dire que,
quand il y a des enjeux de recevabilité, c'est important d'en débattre dès le
départ pour savoir si on travaille sur des bonnes bases. Je nous invite
aussi à ne pas être trop...
Une voix :
...
Mme
Hivon :
Oui, il est recevable, c'est beau. C'est juste que ça fait deux fois que mon
collègue dépose des amendements, puis, en
cours de débat, la question de la recevabilité revient. Je nous invite juste,
là, pour la clarté de nos travaux, à
faire en sorte qu'on en débatte dès le départ si on a des questions sur la
recevabilité. Dans les échanges, là, je ne parle pas de vous, Mme la
Présidente, pas de...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : O.K. O.K. Mais, en fait, il était recevable, hein? Ce
nouvel article, il était recevable. C'est peut-être... Je ne sais pas qui a
utilisé le terme qu'il ne l'était plus, là.
M.
Boulet : ...ce que ma
collègue suggère, c'est que, dès le départ, on parle d'irrecevabilité plutôt
que de faire une discussion au
mérite. Et ça, moi, je suis totalement d'accord avec ça. Moi, je ne prétendais
pas que c'était irrecevable.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est ça.
M. Boulet :
Donc, voilà. Mais est-ce qu'on comprend que c'est reporté à plus tard?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Attendez, là, par contre, M. le ministre...
Mme
Hivon :
Mais j'ai un deuxième élément.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...elle n'avait pas terminé.
Mme
Hivon : Merci beaucoup. Ça fait que c'est super. Je ne
veux pas, moi, qu'on soit archiformalistes puis qu'à chaque fois on
se demande... On pressent que, si vous dites qu'on y va, on y va, il est
recevable. Mais tout ce que je veux dire, c'est que, pour notre bonne gouverne, si quelqu'un a des
doutes, bien, qu'on le soulève tout de suite plutôt que de revenir
là-dessus.
Sur le fond des
choses, moi, je pense qu'il y a beaucoup de mérite dans l'amendement qui est
amené par mon collègue. On en a discuté lors des auditions, lors de
l'adoption de principe, et moi, je suis prête à ce qu'on dise : O.K. Le
coeur de cette
discussion-là va avoir lieu quand on va parler de l'article 30,
mais je comprends en même temps que ce n'est pas simple parce qu'il y a
comme un acte de foi, si on décide d'autre chose et de modifications, quand on
arrive à l'article 30, et que ça demande des changements plus
tôt dans le projet de loi, ce qui pourrait arriver, bien, qu'après
on ne se fera pas dire : Non, non, non, ces articles-là, ils sont tous adoptés,
puis on passe à d'autre chose.
M. Boulet :
Non, pas d'inquiétude.
• (17 h 40) •
Mme
Hivon : Donc, moi,
je veux juste qu'on s'entende que, s'il y a une nécessité de revenir en
arrière, de rouvrir des articles ou d'amener éventuellement un 4.1 parce
qu'on trouverait une autre position qui serait optimale, bien, on va avoir ce
loisir-là de le faire puis cette ouverture-là de tous les membres de la commission
pour le faire.
M. Boulet :
Moi, vous avez mon engagement à ça, absolument.
Mme
Hivon :
Parfait.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, avec le nouvel article proposé, 4.1, nous passons à la mise aux voix? Alors, nous passons à la mise
aux voix par appel nominal.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
La Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
La Secrétaire :
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Contre.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Contre.
La Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Contre.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Contre.
La Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Contre.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon :
Abstention.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Alors, le nouvel article 4.1 est rejeté. Nous poursuivons avec
l'article 5. M. le ministre, je vous invite à le lire et à nous
l'expliquer, s'il vous plaît.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. L'article 5 du projet de loi proposé : L'article 10
de cette loi est remplacé par les suivants :
«10. Le
nombre de semaines de prestations parentales partageables dont peuvent
bénéficier les parents est de 32 ou,
en cas d'option conformément à l'article 18, de 25. Le paiement peut débuter au plus tôt
la semaine de la naissance de l'enfant, mais ne peut excéder la période
de prestations.
«10.1. Lors d'une naissance de plus d'un enfant
à la suite d'une même grossesse, sont allouées à chacun des parents cinq semaines de prestations parentales
exclusives ou, en cas d'option conformément à l'article 18, trois
semaines.
«10.2. Le conseil de gestion peut, par règlement,
augmenter le nombre de semaines de prestations parentales partageables afin de favoriser le partage de
celles-ci entre les parents, dans les cas et selon les modalités qu'il
détermine pour ces semaines additionnelles. Il fixe également le taux des
prestations pour ces semaines.»
Commentaire. L'article 5 du projet de loi concerne les
prestations parentales accordées lors des naissances. Il vise à
remplacer l'article 10 de la loi et à introduire de nouvelles
dispositions.
Tout d'abord,
l'article 5 du projet de loi remplace l'article 10
de la loi afin d'ajouter le qualificatif «partageables» aux prestations parentales afin de les distinguer des
nouvelles prestations parentales exclusives à être introduites. Le
nombre de semaines de prestations accordées
reste le même qu'actuellement, soit 32 semaines ou, en cas d'option pour
le régime particulier, 25 semaines.
Introduction
aux nouvelles dispositions. L'article 5 du projet de loi introduit également
deux nouveaux articles. L'article 10.1 accorde cinq semaines de prestations
parentales exclusives lors d'une naissance multiple ou, en cas d'option pour le régime particulier, trois semaines. L'article 10.2
introduit une habilitation réglementaire permettant au conseil d'augmenter le nombre de semaines de prestations
parentales partageables dans certaines situations afin de favoriser le partage de prestations entre les parents. Le
conseil fixera le nombre de semaines additionnelles et établira le taux
applicable à ces semaines. Voilà, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Y
a-t-il des interventions? Député de Nelligan.
M. Derraji : Oui. Merci, Mme la
Présidente. J'ai quelques questions, juste pour précision.
Le ministre vient de dire que «l'article 10.2
introduit une habilitation réglementaire permettant au Conseil [de gestion de l'assurance parentale] d'augmenter le nombre de semaines de prestations
parentales partageables dans certaines situations
afin de favoriser le partage des prestations entre les parents. Est-ce qu'on décrit ces situations ou c'est large? Dans quels cas de... C'est
quoi, ces situations?
La Présidente (Mme IsaBelle) : M.
le ministre.
M. Boulet : Excusez-moi, j'ai
perdu la fin de la question.
M. Derraji : Ce n'est pas grave. Vous dites que vous voulez
introduire «une habilitation réglementaire
permettant au conseil [de gestion]
d'augmenter le nombre de semaines de prestations parentales partageables dans
certaines situations afin de favoriser le partage de prestations entre
les parents».
M. Boulet : Avec votre
permission, Mme la Présidente, on va...
M. Derraji : Oui. Je vais juste préciser la question.
Je veux savoir c'est quoi, ces situations, c'est quoi, les cas de
figure, s'il vous plaît.
M. Boulet : O.K. Est-ce qu'on
peut suspendre quelques minutes?
M. Derraji : Et j'ai d'autres
questions, je n'ai pas terminé, donc, après.
M. Boulet : Oui. Puis vous vous
souvenez que, tout à l'heure, j'ai dit que j'allais soumettre un projet, une proposition à mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve sur l'article 5, et on est en train de l'écrire, la
contreproposition.
M. Derraji : Aucun problème.
M.
Boulet : Donc, on pourra...
On peut peut-être suspendre quelques minutes. Je ne sais pas si on
va être capables de revenir... Mais on va suspendre au moins quelques
minutes, puis on vous revient.
La Présidente (Mme IsaBelle) : O.K.
Nous allons suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 45)
(Reprise à 17 h 55)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Attention, s'il vous plaît! Nous reprenons les travaux. Nous reprenons les
travaux. Alors, M. le ministre, vous vouliez ajouter un commentaire? Vous avez
lu l'article 5 et les explications. Vous vouliez ajouter un commentaire?
M.
Boulet : Oui. Bien, en fait,
tenant compte de l'écoulement du temps, nous, ce qu'on avait mentionné un
peu plus tôt, c'est qu'on allait soumettre
une contreproposition à l'amendement qui avait été fait par mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve pour le bénéfice des mères monoparentales, pour qu'il puisse y avoir un
potentiel transfert. On aurait une proposition
à faire à ce sujet-là, avec certaines conditions puis certaines limites, et on
est à rédiger cette contreproposition-là, d'une part, qu'on pourrait
présenter au début de la prochaine Commission de l'économie et du travail.
Et,
deuxièmement, pour faire suite à mon collègue de Nelligan, eu égard à 10.2, on
va reconsidérer le libellé de ce 10.2
là. Mais je veux dire qu'il est là, le 10.2, il est en relation aussi avec 30,
tu sais, parce qu'on avait le 10-10
pour donner accès à quatre, d'où la
pertinence du 10.2, mais j'ai besoin de refaire une réflexion là-dessus, là.
Avec tous les débats puis toutes les
consultations que nous avons complétées au début de la commission
parlementaire, je n'ai plus nécessairement la même opinion sur ce libellé-là qui dit que le conseil peut augmenter le
nombre de semaines afin de favoriser le partage. Notre principale mesure afin de favoriser le partage, c'est le quatre
semaines, l'incitatif qui est à l'article 30. Donc, on va avoir à
prendre une décision, là. Je ne veux pas préjuger tout de suite, mais je ne
suis pas convaincu qu'on va garder ce paragraphe-là.
Puis, enfin, bien, il y aura peut-être d'autres
propositions ou des projets... des amendements, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député de Nelligan.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Et je salue l'ouverture du ministre. Et sérieusement
ça me donne le goût de continuer dans
l'analyse article par article, parce que l'essence même de ma première
question, le ministre l'a très bien compris,
c'est, justement : son objectif de départ, que je partage, l'article 10.2
nous lie les mains. Donc, s'il veut prendre le temps, pas de problème.
Nous, nous
avons des amendements à cette étape-ci, concernant même lorsque...
dans le 10.1, donc : «Lors d'une naissance de plus d'un enfant à la
suite d'une même grossesse, sont allouées à chacun des parents cinq semaines de
prestations parentales exclusives...» Même sur le 10.1 et le 10.2, nous aurons
des propositions.
Donc, je
préfère qu'on laisse le temps à M. le
ministre de nous revenir avec son amendement
par rapport au 10.2. À la lumière de cet amendement, probablement,
parce que j'attends de le voir avant de le juger, on va avoir d'autres propositions
dans le sens. Mais, j'en suis sûr, il a compris l'essence même de notre
réflexion par rapport au 10.2 et par rapport à 10.1.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Députée de Joliette.
Mme
Hivon : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Je veux bien comprendre. Le 10.2, en fait, il vient
créer une habilitation réglementaire pour pouvoir offrir un partage. Pourquoi ce choix-là plutôt
que de l'inscrire directement
dans la loi comme à 10 et 10.1? C'est pour plus de flexibilité?
M.
Boulet : Bien, c'est plus en
rapport avec l'article 30, si les deux prennent au moins 10, ils ont accès
à l'incitatif de quatre, et pour permettre au conseil de gestion, en
tenant compte de l'évolution de comportements des parents au fil des années, d'éventuellement
adopter un règlement pour augmenter le nombre de semaines, les deux
fois 10.
Mais je soumets respectueusement à ma collègue
qu'après le début de la commission parlementaire je remets en question cette
habilitation réglementaire là. Et j'ai une opinion que je vous partagerai au
début de la prochaine commission parlementaire.
Mme
Hivon :
O.K. Parce que moi, je veux simplement que le ministre sache que j'ai des
réserves sur cette manière de faire,
parce que ça veut dire que, dans les faits, ça se modifierait éventuellement
par règlement et non plus par loi. Et je pense que c'est des changements
significatifs qui méritent le regard des parlementaires et pas juste de
l'Exécutif.
M.
Boulet : On est deux juristes. Vous reprenez exactement ce que je
viens de dire à certaines personnes. Il ne faut pas que, par règlement, on amende une loi adoptée par des parlementaires
parce que ce serait de faire les choses au-delà de la compétence du conseil. Et vous connaissez la
notion d'ultra petita, puis je ne suis pas confortable avec ça moi non
plus.
Mme
Hivon : Je suis
contente de l'entendre.
M.
Boulet : Ça fait que vous savez l'orientation que nous allons prendre
au début de la prochaine commission parlementaire. Mais le but visé,
c'est celui que je viens d'exprimer.
Mme
Hivon : C'est bon.
M. Boulet : Ça fait que ça complète,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est bien. Alors, je vous remercie pour votre
collaboration.
Compte tenu de l'heure, bien, nous ajournons les travaux de
la commission, et on se retrouve mardi le
6 octobre, à 10 heures, pour poursuivre notre mandat. Merci. Bonne
fin de journée à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 18 heures)