(Onze heures trente-quatre minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...séance
de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle qui ont un appareil cellulaire de bien le fermer.
La commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 27, Loi concernant
principalement l'organisation gouvernementale en matière d'économie et
d'innovation.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Lévesque
(Chauveau) est remplacé par M. Martel (Nicolet-Bécancour); Mme Sauvé (Fabre) est remplacée par
M. Leitão (Robert-Baldwin); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est
remplacé par M. Marissal (Rosemont); Mme Richard (Duplessis)
est remplacée par M. Ouellet (René-Lévesque).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Nous commençons maintenant la période d'auditions.
Alors, nous
accueillons M. Dorval et Mme Kozhaya du Conseil du patronat du
Québec. Vous avez 10 minutes pour votre exposé, et je vous invite à
bien vous présenter avant de commencer. Merci.
Conseil du patronat du Québec (CPQ)
M.
Dorval (Yves-Thomas) :
Merci, Mme la Présidente, merci, membres de la commission, de nous avoir
invités à partager avec vous quelques réflexions sur le projet de loi
n° 27. Alors, mon nom est Yves-Thomas Dorval, je suis président et chef de
la direction du CPQ, le Conseil du patronat du Québec qui célèbre son
50e anniversaire. Et je suis accompagné,
à ma gauche, de Mme Norma Kozhaya, qui est économiste en chef et
vice-présidente à la recherche au
CPQ.
En soulignant
que, si ça fait 50 ans qu'on existe, je pense qu'il est plus important de
savoir que nous représentons plus de 70 000 employeurs au Québec,
soit à travers une structure d'associations sectorielles dans tous les
domaines, ressources naturelles, transformation, services, dans tous les
secteurs et ainsi que des entreprises de toutes tailles.
Donc, ça nous
fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui, de partager nos réflexions sur le
projet de loi n° 27 et, d'entrée de jeu, de dire qu'évidemment ce projet de loi... les orientations
s'inscrivent directement dans au moins trois des domaines d'intervention principaux parmi les six domaines
d'intervention du CPQ dans sa plateforme économique, à savoir, finances publiques, parce qu'on touche les leviers
financiers des entreprises, les défis publics, l'agilité de l'État, on parle de
structure de services et
d'accompagnement, de moteurs de croissance, puisqu'on parle d'entrepreneuriat,
d'innovation, technologie, marchés
extérieurs, diversité économique. Bref, ce sont des éléments sur lesquels les
gens pourront prendre connaissance de nos points de vue, des points de
vue des membres du CPQ dans notre plateforme économique 2018‑2021.
Nous avons
accueilli favorablement l'annonce du projet de loi. Nous continuons à appuyer
le projet de loi dans ses orientations. Nous croyons que ces
orientations sont pertinentes puisqu'on parle de développement économique,
autant sur une base régionale
qu'internationale. Et on voudrait souligner ici que les objectifs... qu'on
appuie les objectifs du projet de loi
pour une plus grande prospérité. Vous comprendrez que le CPQ, c'est normal,
puisque notre signature, c'est prospérer ensemble, que nous avons mené, au Québec, dans tous les coins, une
campagne sur la prospérité. La prospérité est au coeur de notre mission,
est au coeur des objectifs que l'on poursuit.
On est
également très heureux de voir que l'orientation en matière d'amélioration de
la productivité fait partie des objectifs
principaux. Juste une petite note à ce sujet-là, Mme la Présidente, hier, nous
tenions notre colloque sur les prévisions salariales, avec nos membres. On avait 140 personnes spécialisées
en rémunération avec nous à Montréal pour discuter des augmentations salariales pour 2020, les prévisions
salariales. C'est une étude que l'on fait chaque année, très courue, qui
intéresse beaucoup les employeurs du Québec.
Et, lors des
discussions, des débats, puisqu'on parlait d'une moyenne d'augmentation
d'environ 2,8 %, pour 2020, des
salaires, des budgets de salaires pour l'année prochaine, pour les employeurs,
plusieurs nous ont demandé : Mais comment vous croyez que certaines
entreprises qui sont à faible marge vont être en mesure de répondre à cette
question? Parce qu'il y a de plus en plus de
contre-offres, les employeurs s'arrachent les employés, on a surenchère d'un
côté et de l'autre. Et
essentiellement les gens sont revenus sur un thème : les salaires vont augmenter
avec la productivité. C'est la productivité, si on peut l'améliorer... c'est de générer plus de valeur par heure
travaillée qui va faire en sorte que les employeurs vont être en mesure de verser des plus grands salaires.
Donc, cette prospérité-là est une prospérité inclusive à chaque fois qu'on
en parle de notre côté.
Stimulation et diversification des exportations,
les projets qui... ce qui fait partie de ça, du projet de loi, ses objectifs,
et l'attraction d'investissements étrangers, évidemment, pour nous, c'est
au coeur de la prospérité économique
puis du développement économique
du Québec. Pas plus tard qu'il y a deux semaines, on a
publié notre étude sur les grandes entreprises — vous
voyez qu'on est très actifs, comme le gouvernement, Mme la
Présidente — grandes
entreprises au coeur du Québec. Alors, on a fait
une démonstration de la structure des entreprises au Québec, des impacts, des
besoins, notamment en matière d'exportation, d'attirer des investissements
étrangers, et ainsi de suite.
Et il faut savoir, puisqu'on parle de
développement économique et d'aide aux entreprises avec Investissement Québec, il faut savoir quelques données que je
voudrais partager avec vous. D'abord, savoir qu'au Québec il n'y a que
0,18 % des entreprises qui ont
plus de 500 employés, mais qui représentent... qui emploient 27 % de
la main-d'oeuvre au Québec. Je parle d'entreprises privées. Évidemment,
si on inclut les sociétés d'État ou les emplacements, les établissements du secteur public, évidemment, c'est plus grand. Mais
quand on parle des entreprises non du secteur public, on parle de même pas 2 % des employeurs qui ont plus de
500 employés. Et on parle... si on rajoute les entreprises de
100 employés et plus, on ne
parle même pas de 2 % du total. Donc, l'économie du Québec, c'est, plus de
98 %, de la petite entreprise. Si on inclut que la moyenne, c'est
de 100 à 500, et la grande, de 500 et plus, moins de 100 employés, c'est
98 % des entreprises.
• (11 h 40) •
Donc, quand on parle d'approche, d'aide, d'accompagnement,
d'investissements, de programmes, il faut tenir compte de ce tissu économique un peu particulier. Et on a du retard
quand on se compare en termes de productivité, mais on a du retard aussi en termes de taille d'entreprise puisqu'au Québec nous n'avons
que 390 entreprises de plus de 500 employés.
Ça représente... la population du Québec, c'est 23 %, alors que les
grandes entreprises au Canada représentent 19 %, celles du Québec, en ligne avec le PIB qui est de 19 %
aussi. Mais quand on se compare avec nos voisins de l'Ontario, la population de l'Ontario, c'est 39 % du
Canada, eux autres, ils ont 44 % des grandes entreprises de plus
500 employés et ils occupent
38 % du PIB. Donc, on a un défi de faire croître nos moyennes à grandes
entreprises, de petites à moyennes, nos
moyennes à grandes entreprises, et c'est là tout le... je dirais, l'intérêt du
projet de loi et surtout des actions que pourrait avoir Investissement
Québec sur le développement de nos entreprises et leur croissance.
Alors, on a regardé
évidemment plusieurs éléments qu'on appuie, notamment l'amélioration de la
puissance du moteur économique que
peut constituer Investissement Québec avec l'ajout de 1 milliard de
capital-actions, 1 milliard pour un fonds pour la croissance des
entreprises. Donc, ce sont des éléments qu'on appuie et qu'on supporte.
Évidemment,
toute cette approche-là, si on parle de développement économique, ça touche des
éléments spécifiques, par exemple,
l'aide aux entreprises, le financement, c'est aussi l'aide pour améliorer la
productivité, pour l'investissement dans
les technologies, et ainsi de suite. Mais les enjeux de développement
économique des employeurs, quand on leur pose la question, le premier enjeu, c'est la question de la main-d'oeuvre.
Donc, évidemment, le projet ne tient pas compte ici de cette question-là, il y a d'autres ministères,
il y a d'autres ministres qui s'en occupent, mais on veut réitérer auprès de la
commission et des membres de la commission
que le développement économique va dépendre beaucoup de ce qu'on va
pouvoir réussir à faire au niveau des enjeux de main-d'oeuvre et de rareté de
main-d'oeuvre.
De la même façon, on parle un petit peu, dans le
projet de loi, de l'intégration du CRIQ, on parle évidemment, dans les
programmes d'investissement en innovation, mais la question de la recherche et
développement, de la science aussi, c'est
des éléments importants pour le développement économique du Québec, et
finalement, quand on pose la question aux
employeurs : C'est quoi, vos plus grands enjeux?, le premier étant la
main-d'oeuvre; le deuxième, le fardeau fiscal; le troisième, la réglementation, évidemment le projet
de loi ne touche pas ça, mais peut aider, par de l'accompagnement aux
entreprises, à naviguer à travers tout ça. Il reste quand même que c'est un
défi très grand.
Dans le
mémoire, Mme la Présidente, nous soulignons évidemment les éléments qu'on
appuie, mais on pose des questions,
et ces questions-là, je les résume brièvement. Au niveau de l'offre du service
clé en main, on a ici une très bonne suggestion,
qu'on déploie des guichets uniques dans chacune des régions. Mais là on voit
tous les ministères qui développent des
guichets uniques. Ça fait beaucoup de guichets, qui deviennent de moins en
moins uniques, pour le service des entreprises ou de la population. Ce qu'on dit, c'est une très bonne initiative, il
faut juste qu'à la fin tout ce soit quand même coordonné et intégré.
Augmenter la
présence du Québec à l'international. Le projet de loi est un peu silencieux
quant au futur d'organisations qui sont déjà impliquées de ce côté-là,
du côté de Montréal International ou de Québec International.
Concernant les comités de développement
régionaux, on appuie fortement, évidemment, des comités régionaux avec la présence du milieu des affaires, mais là
on pose une série de questions, et ces questions-là n'ont pas pour objectif de
dire que ce n'est pas une bonne chose, mais
il faut se poser ces questions-là dans la mise en oeuvre de cette stratégie-là.
Par exemple, est-ce que la présence de ces
comités occasionnerait des délais dans l'approbation des projets? On a déjà des
problèmes en termes de rapidité, il ne faudrait pas que la présence de ces
comités-là ralentisse.
Sur quelles
bases les projets devraient être soumis à l'examen d'un comité et être
sélectionnés pour cela? Y a-t-il un seuil au-dessus duquel les projets
devraient être examinés? Et par ailleurs comment seront gérés les risques de
conflit d'intérêts ou de perception
de conflit d'intérêts lorsque nous avons des gens aussi du milieu des affaires?
On peut se rappeler de certaines situations perçues ou réelles de
certains FIER à l'époque.
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
conclusion.
M.
Dorval (Yves-Thomas) : En
conclusion, il y a beaucoup d'autres éléments, je pourrai continuer de répondre
aux questions. Chose certaine, nous croyons que c'est un bon projet de loi, que
ça ne répond pas à tous les enjeux de développement
économique, comme je l'ai mentionné, mais que certainement Investissement
Québec peut être un moteur puissant
pour aider au développement et à la croissance de nos entreprises. Et je suis
prêt à répondre à vos questions avec ma collègue.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci beaucoup. Merci pour l'exposé. Nous
allons maintenant débuter la période d'échange. Alors, M. le ministre, à
vous la parole, et vous disposez de 16 min 30 s.
M. Fitzgibbon : Alors,
merci beaucoup à vous deux. Le rapport est très bien fait, puis je pense que la
plupart des points que vous
mentionnez méritent qu'on s'y penche. Je pense qu'on aura le temps, en
15 minutes, de tout revoir. J'ai des collègues ici, j'aimerais
qu'ils posent des questions aussi. Alors, on aura l'occasion de s'en reparler
après, parce qu'il y a beaucoup de choses là-dedans qui sont dans
l'implantation de la loi et non pas dans la loi comme telle.
Mais
je vais commencer avec quelques questions. Je pense que... Vous parlez
d'investissements étrangers, et je suis d'accord avec vous que
l'existence de Montréal International, Québec International, le nouveau IQ
International, il y a une dose de complexité à ça, mais je pense que ça peut
être bien coordonné. C'est l'intention, à tout le moins.
Donnez-moi
un peu d'idées ou de... votre opinion sur comment on marie ça avec aussi le
développement régional, parce qu'un des enjeux, je pense, qu'on doit
faire, c'est que nos investisseurs étrangers doivent aussi regarder d'autres endroits que Montréal et Québec. Alors, comment...
une couple de pistes de solution qu'il pourrait y avoir pour être sûr
qu'on n'échappe pas ce ballon-là.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Merci, Mme la Présidente. D'abord, première des
choses, je pense que d'avoir un rôle plus central, de travailler avec le
ministère des Relations internationales, d'avoir un objectif plus, justement,
commercialisation, mais aussi attraction d'investissements étrangers,
sans compter la question de l'attraction de la main-d'oeuvre, c'est des éléments importants, d'où l'importance d'une
coordination très grande. Le gouvernement, d'ailleurs, dans le projet de loi,
parle d'un comité de coordination avec le
ministère des Relations internationales, avec Investissement Québec et avec le
ministère de l'Économie et de l'Innovation. Donc, ça commence par là.
Beaucoup
de régions se donnent aussi, soit volontairement ou autre... ont conservé un
conseil de développement économique
ou ont créé d'autres instances au niveau des MRC, par exemple, et ainsi de
suite, par rapport au développement économique et vont faire même des
missions pour essayer d'attirer des joueurs chez eux.
Alors,
tout ça, ça peut amener, vu de l'étranger, plusieurs personnes qui débarquent
sur le terrain, chez eux, pour les
solliciter de toutes sortes de manières. Et n'oublions pas... parce que, là, on
est au gouvernement du Québec, on parle d'une loi à l'Assemblée
nationale, mais il y a aussi d'autres joueurs au niveau canadien, que ce soit
Exportation Canada, développement... la BDC, et ainsi de suite.
Donc,
il y a d'autres joueurs sur le terrain, et c'est un élément que vous allez
retrouver dans notre mémoire vers la
fin, parce qu'il y a beaucoup de joueurs sur le terrain, et comment le rôle
d'Investissement Québec peut être en complémentarité, peut être un
moteur sans faire de la duplication. Et là je rajouterais à ça d'autres joueurs
qui sont des institutions financières déjà sur le terrain, que ce soit dans le
domaine du crédit, que ce soit dans le domaine de capital de risque, etc. Donc,
ça fait beaucoup de joueurs sur le terrain, et honnêtement, pour une population
de 8 point quelques millions d'habitants, c'est beaucoup de monde sur le
terrain.
Et,
en même temps, c'est intéressant parce que chacune de ces parties-là sont
vraiment passionnées par le développement de leur région, de leur coin de pays. Et comment peut-on catalyser,
hein, comment on peut ramener tout ça pour en faire de la valeur ajoutée et non pas de la duplication?
C'est un gros défi, et là-dessus j'ajouterais, Mme la Présidente, le rôle
des municipalités.
Alors,
il y a beaucoup de gens, dans le milieu des affaires, qui disent : Oh! les
municipalités, c'est un autre joueur, puis
là, etc., est-ce qu'ils sont bien équipés pour ça? Bien, il y a une réalité
aussi, c'est que les municipalités ont un rôle fondamental dans le développement économique local aussi. Elles ont un
rôle dans des autorisations, que ce soit dans le domaine, des fois, de transport, d'infrastructure, d'acceptabilité, et
ainsi de suite. Donc, comment s'assurer que les municipalités soient
aussi... fassent partie prenante de tout ça?
Alors, je n'ai pas la
réponse, parce que le Québec s'est doté de multiples organisations sur le
terrain. La seule chose que je sais, c'est
que, vu de l'extérieur, parfois, ça peut avoir l'air un peu complexe, et, Dieu
merci, c'est peut-être là où le rôle
d'Investissement Québec ou du ministère pourra aider en ayant de
l'accompagnement pour essayer d'amener tous ces gens-là ensemble.
M.
Fitzgibbon : D'ailleurs, mon autre question... Je suis d'accord avec
vous parce qu'au début, quand je suis arrivé en poste, je trouvais qu'il y
avait trop de patentes. Je pense, c'est bon d'en avoir beaucoup parce que ça
nous distingue de toutes les autres provinces.
Je dirais même plus
loin, la complémentarité avec le reste du Canada, j'y crois beaucoup, mais je
dois vous avouer qu'Invest Canada, là, qui
est dirigée par un de nos bons Montréalais, des fois, je pense, ils sont dans
notre terrain, là. Ça fait qu'on va
prendre la place, là. Je pense qu'il va falloir faire attention, comment est-ce
qu'on va s'adapter à la mission du Canada, mais je pense qu'on a quand
même des bons outils.
Je veux parler de
l'export, l'exportation. Vous savez que c'est un des deux chantiers importants
pour notre gouvernement, et on a des
programmes, à Investissement Québec, qui existent depuis plusieurs années, qui
fonctionnent bien, le programme PEX, où on aide les compagnies à
exporter, mais je pense qu'il faut d'autres choses, puis vous le mentionnez
dans un de vos paragraphes.
Avez-vous
des idées sur comment on peut, au Québec, s'assurer que nos 2 000,
3 000, 4 000 peut-être sociétés, sur les 250 000, soient plus performantes sur le niveau export? Je ne
parle pas de la compétitivité, productivité. Ça, c'est un enjeu en soi,
là. Un coup qu'elles sont productives, là, assumons ça.
Comment
vous suggéreriez qu'on travaille pour être... parce que je suis d'accord avec
vous, puis il y a plusieurs outils possibles,
et ils ont tous des coûts, alors il va falloir être très parcimonieux sur ce
qu'on va faire. Alors, j'aimerais vous entendre sur ça.
• (11 h 50) •
M. Dorval (Yves-Thomas) : Mme la Présidente, bon, la question de la
diversité des marchés devient importante. Pourtant, on est quand même relativement, en termes de population, un
petit État. Donc, il n'y a pas tant de joueurs que ça.
Comment
peut-on équilibrer entre la diversité et en même temps être performant, ou
est-ce qu'il faut, à un moment donné,
avoir des priorités de marché? Chose certaine, on dépend beaucoup du marché
américain, et le marché américain... je
dirais sans prétention que probablement la plupart des employeurs qui sont déjà
dans l'exportation connaissent bien le marché américain, même s'ils
sous-estiment toujours l'aspect concurrentiel, l'aspect de la réalité des
affaires en milieu américain.
On oublie
trop souvent, d'abord, le commerce interprovincial. Déjà, en termes
d'exportation, est-ce qu'on parle d'exportation
ici ou de commerce interprovincial? On a déjà un joueur quand même avec lequel
on peut travailler puis on a des
traités de libre-échange. Alors, pourquoi ne pas focusser et prioriser des
terrains où est-ce qu'on a déjà, je dirais, une communauté d'intérêts, une entente qui peut accélérer le commerce avec,
notamment, l'Europe? Et il y a d'autres marchés qui s'ouvrent également.
Chose
certaine, c'est qu'à chaque fois qu'on regarde ça, on se dit : Pour une
entreprise... puis j'en ai connu personnellement
des entreprises qui ont fait faillite parce qu'ils ont sous-estimé la
capacité... et de pouvoir intervenir à l'extérieur. Donc, ça nous
prend des réseaux et ça nous prend des partenaires, très souvent, pour
accélérer l'exportation. Il ne faut pas
penser qu'on est capable de tout faire soi-même. Il faut bâtir sur l'expertise
que les gens peuvent connaître en région, y compris les personnes
immigrantes qui sont ici, qui connaissent aussi les milieux dans lesquels on
peut opérer, avec le ministère des Relations
internationales, avec Investissement Québec, avec sa volonté justement
d'accroître, mais il y a les partenaires canadiens. Dans plusieurs
endroits à travers le monde, je veux dire, l'ambassade canadienne ou les
consulats sont aussi des endroits avec lesquels il faut travailler. On ne peut
pas ignorer l'impact ou le réseau qui existe.
À la fin, il
reste qu'on a certaines valeurs aussi. On le voit dans certains cas
d'entreprises qui ont connu des difficultés. Je pense qu'on peut exploiter, justement, les valeurs positives, les
éléments sur lesquels le Québec a des forces. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas accompagner les autres
qui sont dans des nouveaux domaines, etc., mais chose certaine, l'exportation, on a concentré ça beaucoup sur le manufacturier,
et j'en suis, sur les ressources naturelles, et j'en suis, mais de plus en
plus, le marché d'exportation, c'est aussi les services. Il ne faut pas
l'oublier.
Et là-dessus, très souvent, on a quelques grands
joueurs, on pense à des CGI de ce monde, à des SNC-Lavalin, des WSP, mais, dans des projets puis la gestion de
projet, il y a peut-être lieu de voir comment on pourrait aider la création de
consortiums. N'oublions pas que, lorsqu'on fait des grands projets ici,
souvent, c'est des consortiums étrangers qui arrivent ici. Alors,
pourquoi on ne pourrait pas aussi considérer la même chose pour nos services à
l'extérieur?
M.
Fitzgibbon : Dernière question, puis je vais laisser mes collègues...
dont le député d'Orford en a une couple, je suis sûr. Dernière question. Je veux vous entendre, vous en avez
parlé à plusieurs reprises, puis je pense, je suis d'accord avec vous,
mais c'est une espèce de paradoxe, sièges sociaux. On a 250 000 PME
au Québec, donc, techniquement, 250 000 sièges
sociaux. On veut... puis je suis d'accord avec vous que ça prend des bons
sièges sociaux, ça prend de la globalisation.
Ce n'est pas juste un rêve, c'est une réalité, et je pense que, si on maintient
trop de sièges sociaux puis ils ne sont pas assez gros, on va avoir un
enjeu. On peut faire les deux en même temps, c'est sûr.
Alors, votre
vue, vous, je pense que vous l'avez dit, mais je veux le réentendre, c'est que,
s'il y a un choix à faire, puis ce
n'est pas Le choix de Sophie ici, mais d'en laisser partir une couple de
temps en temps, parce qu'on focusse sur d'autres qui vont donner des
gros, vous n'êtes pas en désaccord avec ça.
M.
Dorval (Yves-Thomas) : En
fait, il faut toujours regarder qu'on est aussi des acheteurs étrangers. On
fait quand même des investissements à
l'étranger. Donc, on voit qu'il y a plusieurs «success stories» au Québec,
d'entreprises qui ont progressé grâce
à l'achat, d'acquisition de compagnies. Donc, on ne peut pas avoir cette vision
de dire qu'on va acquérir à l'étranger, mais qu'on veut refuser
complètement des investissements étrangers ici.
C'est sûr
qu'à chaque fois, les gouvernements ont des pressions publiques aussi, hein, pressions
politiques, pressions de... ça part de certaines régions, de certains
types de fournisseurs. Alors, toujours la question, c'est : Qu'est-ce qui
est stratégique ou non? Il n'y a pas une
réponse unique à ça. Il va falloir faire l'examen de chacun des éléments. Mais
c'est sûr que, lorsqu'on est, par exemple, un grand donneur d'ouvrage avec un
écosystème dans lequel on est un joueur majeur, bien, il faut regarder l'aspect stratégique en
disant : Bien, si celui-là part, bien, il y a peut-être une partie de
l'écosystème qui va souffrir énormément.
Alors, ça, ça
fait partie des enjeux. Même chose dans une région où un moteur économique et
une entreprise ou un secteur en particulier... l'effet que ça va avoir
complètement sur la région, il n'y a pas de doute. Et notre étude sur les grandes entreprises, on parle du bénéfice des
sièges sociaux, on parle du bénéfice des grandes entreprises. La question des
moyennes entreprises, on croit qu'elles
doivent être aidées à grandir. Dans le fond, toutes nos grandes entreprises,
qu'on parle de Couche-Tard, qu'on
parle de CGI, etc., ont toutes été d'abord des petites qui sont devenues des
moyennes et des grandes. On a eu la chance d'avoir des leaders
inspirants dans ces entreprises-là très souvent. On a eu l'État qui a pu
accompagner, soit comme donneur d'ordres aussi. N'oublions pas qu'un des
éléments pour aider les entreprises à se développer,
c'est que l'État soit un donneur d'ordres ou soit une vitrine pour les
innovations technologiques. On voit trop souvent d'entreprises qui s'en vont à l'exportation, qui n'ont même pas
réussi à avoir un contrat avec le secteur public au Québec.
Donc, pour ce
qui est de la question des sièges sociaux, il y a énormément de bénéfices. On
nage dans un monde de concurrence. On ne peut pas nier qu'il y en a qui vont
venir. Je pense que, là-dessus, on a quand même un bon résultat, une bonne feuille de route sur l'acquisition à
l'étranger. Mais, en même temps, on vit dans un monde d'économie ouverte,
puis il faut travailler avec ça. Alors, la
réflexion doit être une analyse très approfondie de qu'est-ce qui est
stratégique ou non.
La Présidente (Mme IsaBelle) : La
parole est au député... Nicolet-Bécancour, il vous reste
4 min 50 s.
M.
Martel :
Bonjour vous deux. Vous savez, je suis député de Nicolet-Bécancour, et, à
l'intérieur du comté, il y a le parc
industriel de Bécancour, le seul parc industriel qui appartient au gouvernement
du Québec. Et moi, j'aimais ça dire
qu'on pouvait évaluer la performance du gouvernement du Québec en matière de
développement économique un peu en
parallèle avec les résultats obtenus au niveau du parc industriel de Bécancour.
Au fil des années, il y a eu des projets qui ne se sont jamais réalisés.
Je pense, entre autres, à Rio Tinto, STO Oil & Gas, Société métallurgique
internationale, terres rares, Ivco et même une usine hydrolienne. Si tous ces
projets-là s'étaient faits, probablement qu'on aurait eu 7, 8, 9 milliards
d'investissements de plus dans le parc industriel de Bécancour.
Moi, je
prétends qu'un des... On est capables d'attirer des investisseurs, on est
capables de... On a des côtés attrayants. Le parc industriel, c'en est un. Mais moi, je prétends qu'au niveau de
l'accompagnement, quand on a un investisseur intéressé, il manque un peu
d'accompagnement. Le projet de loi qu'on présente, évidemment, on mandate
Investissement Québec à continuer à faire ce qu'ils faisaient, c'est-à-dire
investir dans les entreprises, mais on leur donne aussi un mandat d'accompagnement, justement, pour... Moi, je l'ai
dit, j'étais très heureux de ce projet de loi là. J'aimerais ça avoir votre
opinion par rapport à tout l'aspect d'accompagnement pour réussir, là, à
débloquer des projets.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Merci, Mme
la Présidente. D'abord, un mot pour dire que nous croyons beaucoup aux parcs
industriels, et on a même une alliance avec une corporation des parcs
industriels au Québec parce qu'on croit que les parcs industriels sont
un terreau fertile pour le développement économique.
Donc, pour ce
qui est de la question de l'accompagnement, écoutez, dans le fond, quelles sont
les préoccupations des potentiels investisseurs pour venir s'établir ici ou
pour faire un investissement? Il y a des questions de réglementation, beaucoup. Avant même de parler d'accompagnement
financier et d'aide, il y a une question de réglementation. Souvent, les projets... Puis là je parle de réglementation
ou de l'accompagnement financier, il y a un enjeu commun, c'est la rapidité
de prendre des décisions. Moi, j'ai entendu
des projets qui sont arrivés, proposés, puis la rapidité des décisions n'était
pas là. À un moment donné, on n'est
pas tout seul. Ce n'est pas comme si on était le seul endroit au monde où il
faisait beau, où est-ce qu'on pouvait accompagner... avoir des
entreprises puis qu'on a de la bonne main-d'oeuvre. Il y en a d'autres endroits
à travers le monde, y compris au Canada.
• (12 heures) •
Donc, c'est
important, d'abord et avant tout, d'avoir une certaine agilité puis une
certaine rapidité. Et ça, ça fait partie
de l'accompagnement. Il faut que les employeurs... Les entreprises qui veulent
investir ici vont se poser la question aussi
sur... O.K. Un, est-ce que je vais avoir mon autorisation environnementale par
rapport à l'impact? Ça, c'est déjà un problème.
Deuxièmement, est-ce que je vais avoir les ressources humaines disponibles?
Parce que la qualité est réputée, mais
la quantité, actuellement, on sait le problème et l'enjeu qu'on a. Alors, c'est
une question légitime que de plus en plus d'entreprises investisseuses
commencent à se poser quand ils viennent au Québec.
C'est possible de répondre à ces besoins-là.
C'est juste qu'il faut avoir plus d'agilité dans tous nos systèmes, y compris éducation et ainsi de suite, pour y
répondre. Puis là, encore là, ça prend une très bonne coordination, pas
seulement avec le ministère des Relations internationales ou le
ministère de l'Économie, puis Investissement Québec, mais avec Emploi-Québec,
avec le ministère de l'Éducation, avec les Affaires municipales. Tout ça, c'est
lié ensemble.
Troisièmement, ils vont se poser la question sur
la fiscalité. Le fardeau fiscal est un peu plus lourd au Québec qu'ailleurs en
Amérique du Nord à cause des cotisations sur la masse salariale. Ils vont se
poser des questions comme celle-là. Par
contre, le coût du loyer est plus intéressant que bien des endroits. Le coût de
la main-d'oeuvre, toutes proportions gardées,
est encore très compétitif au Québec. Ça peut changer avec les raretés de
main-d'oeuvre, mais c'est le cas actuellement.
Ils vont se poser la question également au
niveau de... lorsqu'on a à construire quelque chose. Et ça, c'est un élément qui n'a pas été discuté du tout en termes
de développement économique, la construction, tout l'élément qui touche l'écosystème de la construction. Si on avait
poursuivi, au CPQ, une initiative avec le précédent gouvernement, qui avait
été extraordinaire, de mobiliser tout le
secteur de la construction, parce qu'on a des retards de productivité, on a des
retards d'innovation, on a des retards aussi en termes de
complémentarité...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
En conclusion. Il reste 15 secondes.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Alors, juste
cette question-là, j'ai entendu des investisseurs dire : Oupelaïe! c'est
pas mal plus compliqué au Québec qu'ailleurs. Alors...
Une voix : ...
M. Dorval
(Yves-Thomas) : C'est moins
productif, ça peut être plus long, puis on n'est pas sûr du délai de résultat.
Ça ne veut pas dire que ça va coûter plus
cher. On a plein de projets où est-ce que les coûts ont été très... mais on a
besoin de travailler sur cet
élément-là, et le ministère de l'Économie peut jouer un rôle au niveau de la
construction comme source d'innovation et de productivité.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci pour l'échange. Alors, nous cédons maintenant la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle, à la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Vous avez 11 minutes.
Mme Anglade :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Alors, merci d'être avec nous. Je
reconnais votre énergie, votre
dynamisme. Vous avez dit que vous êtes actif depuis fort longtemps. On le sait,
on vous voit aller. Alors, contente de vous accueillir ici.
Question spécifique par rapport à ce
qui a été discuté. On se projette dans cinq ans. Comment allez-vous mesurer
l'impact du projet de loi qu'on met de
l'avant? Comment le mesureriez-vous? Qu'est-ce que vous mettriez de l'avant
pour dire : Ça a marché, cette
transition-là, ça n'a pas marché? Qu'est-ce que vous auriez à proposer par
rapport à ça, en termes d'évaluation, évidemment, de productivité, de
mesure?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Mme la Présidente, il y a plusieurs types
d'indicateurs de mesure qu'on peut regarder, qui sont, à la fois, ou quantitatifs ou qualitatifs, et ça, c'est
important. On ne peut pas faire l'évaluation que sur des réalisations, des moyens, des activités, des actions.
Malheureusement, ça, c'est trop souvent le cas. Il faut regarder les résultats
aussi au niveau quantitatif mais également qualitatif.
Donc, au niveau
quantitatif, si on a un objectif d'améliorer l'exportation, d'accroître
l'exportation, bien, il faut mesurer
l'exportation aujourd'hui puis voir l'exportation dans cinq ans. Cependant,
pendant cette période de cinq années là, il va y arriver aussi des
phénomènes dans l'économie qui peuvent jouer un rôle. Donc, ce n'est pas
quelque chose avec lequel on peut avoir une
garantie de résultat. D'ailleurs, Investissement Québec devra prendre de plus
en plus de risques dans son approche.
Mais, à tout le moins, on peut se donner des indicateurs en tenant compte de
facteurs incontrôlables qui peuvent
arriver dans l'environnement externe. Que ce soit au niveau de l'exportation,
il faut mesurer : Est-ce qu'on a accru l'exportation? Pas seulement
en termes de dollars constants, mais en termes de valeur aussi ajoutée dans
l'exportation.
Même
chose pour attirer les investissements. Est-ce qu'on a réussi à attirer
davantage d'investissements? Ça, c'est des choses quantitatives qu'on
peut mesurer.
La question du
développement des entreprises, nous, on vient de faire une étude qui n'existait
pas, soit dit en passant, où on a vraiment fait le tour de la structure
économique. Comment peut-on faire passer davantage de petites entreprises... Là, je ne parle pas des très
petites, là, je parle des petites à moyennes et des moyennes à grandes. Ça peut
être un indicateur où on peut dire : Ah! voici, on a réussi, avec
le développement économique, à faire ça.
Comment
on peut améliorer le PIB du Québec? Qui dépend de plein de facteurs, mais le
développement économique en fait partie.
La productivité est
probablement un élément qui est très, très au coeur du long terme. Alors, il y
a des données sur la productivité, comment on va avoir réussi à donner un coup
de pouce. Encore là, ce n'est pas juste Investissement Québec, ce n'est pas juste le ministère. C'est l'ensemble des
interventions gouvernementales, y compris les questions de formation de main-d'oeuvre, y compris la question
d'améliorer tous ces éléments-là. Donc, il y a des indicateurs quantitatifs
qu'on peut utiliser et qu'on doit utiliser pour mesurer la performance.
Et
le qualitatif, à la fin, il ne faut pas que ça se fasse au détriment d'autres enjeux,
parce qu'on parle de développement durable, que ce soit sociaux ou
environnemental. Donc, à la fin, il faut que le résultat net de ça ne soit pas
une situation qui amène le Québec à
contre-courant sur les efforts qu'on doit faire, par exemple, d'amélioration
des émissions de gaz à effet de
serre, de l'amélioration des impacts sur l'environnement ou des écarts qui pourraient se creuser entre les
riches et les plus pauvres.
On
a l'avantage au Québec d'avoir une société où l'écart entre les
riches et les pauvres est un modèle. Il
y a seulement la Suède et l'Australie, si je ne me trompe pas,
qui ont une performance supérieure au Québec. Mais à travers les pays de l'OCDE, à travers les économies modernes, le Québec
est très égalitaire. Alors, ça, c'est un avantage qu'on a. Bien là, donc,
l'impact doit être mesuré tant au plan quantitatif que, également, qualitatif.
Mme
Anglade : Très bien. Merci
pour votre réponse. Je vous amène à un commentaire que vous écrivez dans votre
mémoire. «L'ajout d'un volet de financement des exportations, notamment dans la
perspective de financer des consortiums d'exportation québécois pour le
financement de projets à l'étranger, devrait être aussi considéré.»
J'aimerais
que vous élaboriez là-dessus. C'est toujours... On veut que nos entreprises exportent. Les
programmes que l'on a souvent
sont des programmes qui encouragent des emplois locaux, hein, parce qu'on veut créer des emplois ici. Par contre, le nerf de la guerre, c'est de trouver
des opportunités d'affaires ailleurs. Alors, est-ce qu'il y a des mesures en
particulier auxquelles vous pensez qui devraient être considérées là-dedans?
M.
Dorval (Yves-Thomas) : Étant donnée la taille de notre
économie, quand on veut faire partie de grands projets à l'étranger, ça prend une certaine masse critique puis ça prend
plusieurs intervenants parfois. Donc, comment on peut favoriser puis aider la constitution de
certains consortiums est un bon exemple. Puis c'est aussi le cas à l'interne
pour faire face à des entreprises qui viennent réaliser des projets ici.
C'est un enjeu important.
Deuxièmement,
on est très axé souvent sur le
manufacturier, ce qui est très bien. Puis le Québec, en passant, fait
très bonne figure en termes de production manufacturière, même si on a des
enjeux, de ce côté-là, très grands. Mais l'économie du savoir, le domaine des
services est aussi très important, et quand on parle de délocalisation
d'entreprise, lorsque le siège social ou
l'activité centrale du quartier général se fait ici, bien souvent, l'ingénierie
de base va se faire ici, la conception de base va se faire ici, le
travail qui génère, dans le fond, davantage de valeur ajoutée par le type
d'emploi.
Ce n'est pas
tellement l'exécution locale qui va apporter beaucoup de valeur ajoutée comme
l'ensemble de l'écosystème au niveau de la valeur ajoutée de la conception, de
la... Et, en plus de ça, le Québec a un potentiel extraordinaire de ce côté-là. Quand je dis extraordinaire, en termes
d'expérience, il ne faudrait pas voir d'ailleurs certaines mesures venir... et non pas, je ne parle pas d'ici
au Québec, mais je parle d'ailleurs au Canada, venir bouleverser un peu
cet écosystème. Mais, en même temps, même si on a un enjeu de main-d'oeuvre, on
a ce potentiel-là extraordinaire.
Mme
Anglade : Quelques autres questions. On a peu parlé de secteur quand
même jusqu'à présent. Lorsque vous regardez
le projet de loi, est-ce que vous avez des secteurs en particulier où vous vous
dites : Il faudrait vraiment qu'on... une attention particulière à porter
sur certains de ces secteurs-là, en termes de développement économique au
Québec?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Mme la Présidente, c'est peut-être un des enjeux
avec lequel on a le plus de difficulté dans
certaines approches parfois. C'est qu'en même temps qu'on dit : On n'a pas
une masse critique immense, puis qu'il faut
avoir des priorités, en même temps, on est toujours... parce qu'on a un
membership très multisectoriel, qui est dans les tous les domaines, que
ce soit le commerce de détail, que ce soit l'agriculture, que ce soit la
transformation de haute technologie, l'aéronautique, et j'en passe.
Le gros enjeu, c'est
que le gouvernement devienne celui qui décide quels sont les secteurs qui
doivent être privilégiés. Moi, je crois, et
nous croyons, au CPQ, puis c'est normal puisque nos membres sont représentatifs
de tous les secteurs, que tous les
secteurs sont légitimes. Il faut d'abord travailler à faire en sorte que le
secteur puisse lui-même, je vous dirais, avoir la créativité et le
développement de projets et...
Mais
c'est certain que, si on regarde la notion de productivité, et là, là, je me
mets dans les souliers du gouvernement, c'est sûr que les secteurs à
plus grande valeur ajoutée vont modifier plus rapidement l'indice de productivité
au Québec, parce qu'on dit : C'est la
valeur produite par heure travaillée. C'est sûr que lorsqu'on vend un aéronef,
la valeur ajoutée est pas mal grande.
Quand on vend une boulette d'acier, de métal, de fer, c'est moins grand. C'est
pour ça qu'on doit favoriser de la transformation un peu plus
localement. Mais, en même temps, il y a des régions qui dépendent de ça, il y a
des éléments, il y a des emplois, il y a des
régions, puis, à la fin, ça fait partie quand même de l'ensemble de notre
balance commerciale.
Alors,
comment faire un choix? C'est très difficile. C'est sûr que le gouvernement
doit toujours se dire : Bien, si je peux améliorer la productivité, je vais me concentrer dans les endroits
où il y a plus de valeur ajoutée, et il n'a pas tort en termes d'impact sur le résultat. Mais, en même
temps, ça vient couper les ailes à des entrepreneurs tout à fait légitimes qui
peuvent être dans des secteurs à moins
grande valeur ajoutée et pour lequel, surtout dans plusieurs régions, c'est
l'essence même de la vitalité de la région.
• (12 h 10) •
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il vous reste 2 min 20 s. Alors...
Mme
Anglade : O.K., je
vais y aller, je vais la prendre. Rapidement, le projet
de loi reste silencieux quant au
futur d'autres organismes, Québec International, Montréal
International, etc. Souhaitez-vous voir une clarification à l'intérieur
du projet de loi?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Actuellement, comme on n'a pas de renseignement, on voudrait
avoir, que ce soit le projet de loi ou le gouvernement, mais d'avoir plus de réponses à ces questions-là.
Et, bon... et c'est un peu normal parce
qu'il y a des joueurs qui, actuellement, travaillent avec ces organisations-là.
Je
n'en ai pas parlé parce que je n'ai pas eu le temps, Mme la Présidente, de la
gestion du changement, mais un des plus grands défis du projet de loi,
parce que ça, c'est directement rattaché au projet de loi, ça va être la
gestion du changement. La gestion du
changement, ça veut dire qu'il y a des gens à l'interne puis il y a des gens à
l'externe qui vont être touchés. Il y
a des organismes comme le CRIQ est touché, il y a du personnel qui était dans
un ministère ou du personnel qui
était à Investissement Québec, il y a également des partenaires, des gens qui
sont actuellement en démarche de réflexion d'investissement, etc. La gestion du changement, c'est comment être en
mesure de répondre efficacement, sans ralentir le processus, à tout ça
en même temps qu'on fait des changements.
Alors,
si on travaille actuellement... une entreprise travaille avec Montréal
International, elle va peut-être se poser la question : Qu'est-ce qui va se passer? Si elle travaille avec le
CRIQ, elle va peut-être se poser la question. Donc, ça prend des
messages, pas nécessairement le projet de loi. Le gouvernement peut être
très transparent et très clair quant aux orientations à donner là-dessus.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Le député de Nelligan, à vous la parole. Il vous reste
50 secondes.
M.
Derraji : O.K., je vais être très rapide. Merci pour votre présence.
Vous avez exprimé d'autres inquiétudes dans le même sens que la dernière question de ma collègue, l'intégration du
Centre de recherche industrielle du Québec et du Bureau de normalisation
du Québec. Vous, vous êtes sur le terrain, vous avez vu l'efficacité de ce
centre de recherche. C'est quoi, vos
inquiétudes? Je sais que vous avez proposé quelque chose, qu'un membre soit sur
le conseil d'administration, mais partagez-nous vos inquiétudes par rapport
à ça, à cette fusion.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : En 20 secondes.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Mme la Présidente, je comprends la question. Ce
n'est pas des inquiétudes, ce sont des questions qu'on pose. Et
là-dessus, je pense, c'est très correct de poser des questions pour que le
gouvernement et Investissement Québec, dans le futur, puissent y répondre.
C'est des questions légitimes parce que les gens sont très satisfaits. Ceux qui font affaire avec le CRIQ
sont très satisfaits. Alors, ils veulent s'assurer qu'ils vont être encore très
satisfaits avec les interventions...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, merci. Merci pour l'échange. Nous donnons la
parole, maintenant, au porte-parole du deuxième groupe d'opposition, au député
de Rosemont.
M.
Marissal : Merci, Mme la Présidente. Avant de commencer, je
demanderais le consentement de mes collègues ici pour récupérer le temps
de mon collègue de René-Lévesque qui ne...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Avons-nous le consentement? Alors, vous aurez droit à 5 min 30s
M. Marissal : Wow! Merci.
Bonjour. Je sais que vous êtes un habitué de ce genre d'exercice et j'apprécie
les réponses courtes que vous
formulez. C'est assez clair, de toute façon, dans votre mémoire. J'ai noté
plusieurs éléments dans votre présentation
et je vais continuer sur la question de mon collègue de Nelligan, à laquelle
vous n'avez peut-être pas eu le temps
de répondre complètement, puisque c'était un point que j'ai noté. Vous dites
que le milieu a des questions. Vous vous en faites donc le porte-voix.
Quelles sont ces questions par rapport à l'intégration du CRIQ?
M.
Dorval (Yves-Thomas) : Lorsqu'on parle de changement et de
transformation, c'est normal, tout individu, toute
organisation se pose la question : Qu'est-ce que ça va donner? Quelle va
en être la valeur ajoutée ou qu'est-ce que je risque de perdre?
La gestion du
changement, il y a une crainte. Tu sais, à 90 %, les gens ont toujours une
crainte par rapport au changement. Alors, la question légitime, c'est
dire : O.K., Montréal International a rempli un mandat, et on l'a vu avez l'augmentation des investissements qui sont faits,
Québec International... Il n'y a pas que ces deux organisations-là, c'est
juste qu'elles sont les plus connues qu'on
les a mentionnées. Le CRIQ, les gens sont contents de l'accompagnement, de
l'aide que le CRIQ a pu apporter dans leur développement.
Alors,
comme elles sont satisfaites, quand on fait un changement, on se pose la
question : Qu'est-ce que va donner le changement? Qu'est-ce que je risque de perdre s'il y a un changement?
Est-ce que je vais perdre le lien que j'ai avec le CRIQ? Est-ce que je vais perdre le lien que j'ai
avec Montréal International? Est-ce que la décision ou l'orientation qui va
être prise va prendre plus de temps parce que l'organisation est plus
grande, parce que ça nécessite plus de coordination, parce que, parce que... Mais c'est des craintes normales. On n'est pas
en train de que les gens sont paniqués, là, mais ce sont des questions que les gens se posent, et
j'imagine qu'avec le temps, hein, quand Investissement Québec va être mis
en place, il va y avoir des réponses à ces questions-là, et ainsi de suite. On
l'espère.
Mais
ce qu'il faut faire très rapidement... Personnellement, j'ai travaillé dans de
la réorganisation d'entreprise très souvent. Les gens ont besoin d'être
rassurés rapidement. Quelle va être la ligne, l'orientation? Puis les gens vont
partir avec ça. En autant que les gens sentent qu'à la fin il y a une
valeur ajoutée, il n'y aura pas une perte en cours de route.
M.
Marissal : O.K. Est-ce qu'il n'est pas aussi question... Puisqu'on
parle du CRIQ, est-ce qu'il n'est pas aussi question de l'indépendance nécessaire que le CRIQ doit avoir, justement,
dans ses activités de recherche, ce qui est apprécié aussi, je crois,
par le milieu?
M.
Dorval (Yves-Thomas) : Je ne vois pas, dans un projet de loi, nécessairement
une menace quant à ça, mais c'est des
questions légitimes. Ça fait partie des questions que les gens peuvent se
poser. Mais le fait est que les gens peuvent penser qu'il va y avoir plus de dirigisme, hein, parfois,
quand on intègre des... Mais, personnellement, je travaille sur le conseil d'administration d'une organisation qui a
été fusionnée entre plusieurs puis je trouve que finalement les choses se
font pas mal bien. Mais beaucoup de
réorganisations n'ont pas réussi dans la vie, que ce soit dans le secteur privé
ou public.
Alors,
c'est des questions légitimes. Ça doit être accompagné... C'est pour ça qu'on
souligne, je pense, pas dans un paragraphe, dans plusieurs paragraphes de notre
mémoire, toute cette gestion de changement, c'est majeur. C'est majeur, c'est la clé du succès. Vous pouvez
implanter la plus belle technologie, SAP, progiciel ou ce que vous voulez, si
vous n'avez pas... si vous ne vous êtes pas
occupé, de manière très importante, de la gestion du changement, et pas juste
avec la clientèle interne... d'abord avec la
clientèle interne, mais aussi avec les clientèles externes, si vous ne vous en
occupez pas, c'est là où des restructurations ou des changements
provoquent des enjeux négatifs plutôt que positifs.
M.
Marissal : Merci. Le temps file, M. Dorval. Un mot sur Montréal
International. Les gens de la CMM étaient ici hier soir... après-midi, je ne sais plus, hier après-midi, et ils
manifestaient certaines craintes quant à la pérennité et à la survie de
l'organisme qu'ils chérissent, de toute évidence. Est-ce que vous partagez, de
un, leur sentiment par rapport à cet organisme et leurs craintes quant à sa
possible disparition?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Je reviens sur la même réponse que j'ai faite
tout à l'heure. Ce n'est pas nécessairement des craintes, c'est des questions, des questions légitimes devant
l'inconnu, devant le changement, et, dépendamment des réponses qui
seront apportées, les gens pourront être rassurés ou non. Mais vous avez raison
de souligner ça, il y a des personnes qui
reçoivent, ou qui bénéficient, ou qui travaillent très bien avec ces
organisations-là, et la question... S'ils veulent avoir l'assurance que ça va bien fonctionner
encore, il n'y a pas juste une façon de fonctionner, les choses peuvent
évoluer. Les gouvernements successifs ont modifié des choses. Parfois ça
a fonctionné, parfois ça n'a pas fonctionné.
Et
la question ici, c'est la bonne volonté, puis il faut s'assurer que les gens
qui vont travailler dans ces organisations-là partagent la même direction et participent ensemble. Et, encore une
fois, quand je dis à l'intérieur, mais aussi avec l'extérieur, il faut avoir une communication très transparente,
il ne faut pas que nos dossiers soient ralentis en processus, parce que, si
c'est ralenti, là, on va imputer tout de suite ça aux décisions sur les
changements.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : En conclusion, 30 secondes, 28.
M.
Marissal : ...rapidement, vous parlez des start-up et de l'injection
de capitaux à des moments cruciaux. Quelle forme? Puisqu'il s'agit d'une
aide gouvernementale, quelle forme prendrait cette injection de capitaux?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oupelaïe! 16 secondes.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Dans notre mémoire, on parle de différents types
d'accompagnement selon le stade différent
des entreprises. Il est très clair qu'il y a une vallée qu'on appelle la vallée
de la mort, qui est souvent... qui fait suite à la recherche. Mais, quand on arrive à la commercialisation...
Alors, c'est important de s'en occuper. On l'a vu dans le dernier budget
puis au fédéral aussi, mais c'est important de le souligner.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci, M. Dorval, merci, Mme Kozhaya, du
Conseil du patronat du Québec. Alors, merci pour votre contribution aux
travaux.
Nous suspendons quelques secondes, le temps de
donner au deuxième groupe... de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 19)
(Reprise à 12 h 21)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : O.K. C'est beau. Alors, nous invitons Mme Proulx, Mme Limoges, des
Manufacturiers et exportateurs du Québec. Bonjour. Nous vous invitons à
faire votre exposé de 10 minutes. Vous savez que vous avez 10 minutes
pour faire votre exposé. Et, avant de commencer, nous vous invitons à vous
présenter.
Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ)
Mme
Proulx (Véronique) : Alors,
bonjour à tous. Véronique Proulx, présidente-directrice
générale de Manufacturiers et exportateurs du Québec. Je suis accompagnée de
ma collègue Isabelle Limoges qui est directrice, Affaires
publiques et affaires gouvernementales.
Mme Limoges (Isabelle) : Bonjour.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Vous pouvez commencer. Merci.
Mme
Proulx (Véronique) :
Excellent. Parfait. Alors, bonjour. Merci à tous de nous donner l'opportunité
de venir présenter notre mémoire sur le projet de loi n° 27.
Nous avons
cinq grandes recommandations que nous avons formulées, mais, avant de rentrer
dans le vif du sujet, je voulais vous
présenter quelques données sur la productivité des entreprises
manufacturières et aussi sur l'exportation, pour remettre en contexte
nos recommandations.
Alors, je
vous invite à aller à la page 2 de notre mémoire, où on parle d'investissements et de productivité, qui sont en
lien avec les objectifs visés du projet de loi. Alors, au
graphique 1, on parle de la croissance de l'investissement en capital
des entreprises, qui est un très bon indicateur du niveau de
productivité dans le secteur manufacturier. Alors, on voit qu'au cours des cinq dernières années, le Canada a
eu une croissance de 8,8%, alors que le Royaume-Uni et les États-Unis
étaient respectivement à 30,4 %,
28,1 %. Alors, on sait qu'on a un retard de productivité au Québec et au Canada. Ce retard ne fait que
s'accroître.
Le graphique n° 2, ici, on voit
l'investissement direct étranger entre le Québec... entre le Canada, pardon, et
les États-Unis, et ici, on parle de tous
secteurs confondus. Donc, 2009, on était plus ou moins à 20 milliards...
Je n'ai pas le tableau en couleur... Juste
m'assurer que je suis en train de vous donner la bonne donnée. On était autour
de 20 milliards, effectivement,
d'investissements directs entre les deux pays, alors qu'en 2017 les Américains
avaient maintenu leur niveau d'investissements, et nous, on investissait
quatre fois plus.
Qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu'on
n'investit pas assez, qu'on a un retard de productivité et que, plutôt que d'investir dans nos usines au Québec,
on est en train d'investir aux États-Unis, au détriment des entreprises, des
usines qui sont ici. Alors, nécessairement, c'est une donnée qui nous préoccupe
beaucoup.
Je vous amène
ensuite à la page 3, le tableau I, on parle d'exportations, parce qu'on
parle beaucoup de diversification des
marchés. Ça fait des années que l'on dit aux entreprises : Vous devez vous
diversifier. Ça fait des années que les
gouvernements se succèdent et mettent en place des mesures pour aider
les entreprises. Et, quand on regarde le secteur de la fabrication, qui est le secteur manufacturier, de 2013 à 2017, il
n'y a pratiquement pas de changement au niveau du pourcentage de nos
exportations sur le marché américain. Pourquoi? Si on va au tableau II, il y a
un début de réponse. On voit les cinq
principales catégories de produits qui sont exportés aux États-Unis et qui
représentent 25 % de nos exportations.
Alors, ce sont tous des produits, dont les chaînes d'approvisionnement
nord-américaines sont excessivement bien intégrées, donc difficile, pour
ces entreprises-là, d'exporter leurs produits sur d'autres marchés.
On remarque
aussi, avec ces produits-là, que ce sont des grandes entreprises qui sont
présentes. Alors, si on veut faire
bouger l'aiguille de la diversification des marchés, ça va vraiment être de
travailler avec les PME et dans une multitude de secteurs d'activité, mais j'y reviendrai dans nos recommandations,
alors... Et je vais passer la question de la pénurie de main-d'oeuvre, on en a beaucoup parlé sur d'autres
tribunes. Je pense qu'on est tous très connaissants sur ce sujet, mais
je pourrai y revenir, au besoin, dans les échanges.
Donc, nos cinq
recommandations sont vraiment... se font sous la loupe de la compétitivité du
secteur manufacturier, soit productivité et diversification des
exportations.
Première
recommandation : des gestes concrets pour supporter le développement
économique. Je suis à la page 4. On
salue la volonté du gouvernement d'inclure, dans la mission d'Investissement
Québec, le développement économique. Maintenant, le développement économique, ça veut
dire quoi? Ça veut dire de prendre plus de risques. Ça veut dire d'accepter
d'avoir un rendement moins élevé parfois que
par le passé. Ça veut dire, donc, d'être capable de bien supporter les
entreprises existantes et les
secteurs d'avenir. Et on demande à IQ, on demande au gouvernement à ce que IQ
puisse devenir le leader pour identifier les secteurs prioritaires et
les filières qui vont construire le Québec de demain, donc les identifier mais également les supporter. Il est évident que nos
membres demandent à ce que IQ ait une vision forte, mais que ça ne se fasse pas
au détriment des piliers économiques, des secteurs plus traditionnels qui
contribuent à la croissance économique depuis de nombreuses années.
Un mot sur
les comités de développement régionaux. Alors, on est très favorables à ce que
ces comités soient mises en place, qu'ils puissent identifier les priorités
régionales, mais on veut s'assurer qu'il y a une vue d'ensemble pour éviter
qu'il y ait une compétition ou une... en
fait, une compétition, c'est le bon terme, entre différentes régions. Donc,
l'information, les priorités
remontent pour qu'on ait une vue d'ensemble et une vue stratégique sur le
développement qui se fait au Québec. On a vu, par exemple, que ça s'est fait
parfois avec les créneaux ACCORD, où il y a une espèce de compétition
interrégionale qui n'a pas lieu d'être. Il faut se rappeler que notre
compétition, elle est internationale, elle n'est pas locale.
Deuxième
recommandation : un accompagnement et les services-conseils pertinents.
Alors, si on veut augmenter la productivité, les exportations, c'est
bien d'avoir de l'argent, mais il faut aussi avoir de l'accompagnement. Alors, relativement au guichet unique, encore une fois,
c'est très bien accueilli. Tous souhaiteraient pouvoir cogner à une seule
porte puis avoir accès à l'ensemble des
services gouvernementaux, mais c'est clair qu'il y a un certain scepticisme,
parce que, depuis de nombreuses années, plusieurs essaient d'implanter
des guichets uniques.
Ce qu'on
propose au gouvernement, c'est de mettre en place un service de conciergerie,
donc que les conseillers aux
entreprises d'Investissement Québec soient en mesure d'accompagner les
entreprises vers les différents programmes, vers les différentes expertises pour qu'ils y aient accès au bon moment.
On ne veut pas demander à l'entrepreneur d'être un expert de l'appareil gouvernemental, mais on peut demander aux
conseillers de IQ de les accompagner dans ce processus-là. Et bien sûr
ça'impliquera de la formation pour les conseillers, pour qu'ils soient en
mesure d'y arriver.
Relativement
au comité du développement régional, encore une fois, pour nous, on est
favorables à cette idée, mais on
demande d'aller au gouvernement d'aller une étape plus loin. Alors, en région,
on va avoir les bureaux de IQ, on va aussi avoir les bureaux de Services
Québec et les bureaux du MIFI maintenant, donc au niveau de l'immigration. Un
entrepreneur qui a un projet de robotisation va se présenter chez IQ pour un
prêt, peut aller au MEI pour une subvention en lien avec l'innovation, il va
aller chez Services Québec pour aller chercher de la formation, du financement
pour la formation de sa main-d'oeuvre. Et,
compte tenu qu'il ne va pas nécessairement trouver la main-d'oeuvre dans sa
région ou au Québec, il va se retourner vers le MIFI pour recruter à
l'international. Donc, le comité pourrait permettre de coordonner l'effort du gouvernement dans le service aux
entreprises dans chacune des régions, s'assurer que les différents ministères
connaissent les offres de services de leurs
collègues, qu'ils soient capables de référer des dossiers, idéalement éviter
que les entreprises aient à cogner à trois ou quatre portes différentes pour
présenter leur dossier dans une seule région.
Relativement
au développement de l'offre de services de IQ, alors on parle de l'intégration
du CRIQ, pour nous, c'est positif. Lorsqu'une entreprise va chercher un prêt
pour un nouvel équipement, pour un robot ou autre, ça peut être pertinent d'avoir le CRIQ qui est intégré à la
structure pour être capable de faire un audit 4.0, de faire une évaluation plus profonde
des besoins de l'entreprise, pour s'assurer qu'elle fasse la bonne acquisition,
qu'elle ait l'accompagnement nécessaire pour le mettre en place et également le
financement.
Ceci étant dit, on comprend que IQ va également offrir d'autres services, pourrait être appelé à
développer d'autres services. Si on
veut que les entrepreneurs se retournent vers Investissement Québec pour aller chercher du support financier, mais du support de façon générale, il faut
s'assurer que les gens qui répondent à l'appel aient une culture d'affaires
très forte. Alors, pour nous, c'est quelque chose qui devra être
apporté, inculqué au sein de l'organisation.
Troisième recommandation : des aides
financières qui ont de l'impact. Alors, je n'irai pas dans le détail de tout ce
qu'on a écrit, mais on pourra y revenir dans les échanges. On nous a... Nos
membres nous ont proposé plusieurs choses,
mais je vous dirais que, de façon générale, les entrepreneurs nous
disent : Cessez de saupoudrer, on veut des aides financières qui ont de l'impact sur les bonnes entreprises.
Et les besoins de la start-up, de la petite, de la moyenne et de la
grande ne sont pas les mêmes. Est-ce qu'on peut avoir un soutien financier qui
est adapté à notre réalité? Et je pourrai y revenir encore une fois dans les
détails ou les différentes mesures qui sont proposées.
Un dernier point sur les financements offerts. Plusieurs
nous ont dit : Il faut que IQ soit complémentaire à l'offre de financement qui existe. Est-ce qu'on
pourrait faire une cartographie, identifier là où il y a des manquements et
qu'Investissement Québec, si c'est possible,
puisse être présente à ces endroits-là? Et je vais faire un lien avec la notion
de développement économique. Quand
une entreprise se présente chez Investissement Québec, par le passé, elle
allait chercher du financement, on
poussait le financement d'Investissement Québec. Maintenant qu'elle a un mandat
de développement économique, il faudra s'assurer de proposer à
l'entreprise le meilleur financement possible, indépendamment qu'il soit chez
IQ ou à l'extérieur, auprès d'un autre prêteur.
Relativement
aux délais, à la paperasse, rapidement, on dit souvent qu'Investissement
Québec, c'est long, c'est lourd, ça
coûte cher. C'est beaucoup les PME qui nous rapportent ces commentaires-là. On
a entendu parler de dossiers qui, parfois, attendent neuf mois avant d'avoir un retour d'une réponse suite à une
demande de prêt. Donc, on demande au gouvernement d'être agile dans les services aux entreprises pour
effectivement confirmer à l'entreprise s'il n'y a pas d'intérêt à le financer,
pour qu'elle puisse se retrouver vers d'autres bâilleurs et ne pas couper son
élan.
• (12 h 30) •
Quatrième
recommandation : pour une attraction d'investissement et une diversification
des marchés ambitieux. Je le
mentionnais tout à l'heure, et je vais terminer rapidement, il me reste
une minute, l'aiguille de la diversification des marchés n'a pas beaucoup bougé. Pourquoi? Parce
qu'on a toujours eu des mesures... là, j'ai juste l'anglicisme en tête, de
«one size fits all».
Si on veut vraiment amener les entreprises à développer des nouveaux marchés,
il faut regarder quels sont les
secteurs qui ont la capacité de se développer à l'international, quels sont les
secteurs qui ont la capacité de se diversifier et aussi d'identifier les bonnes entreprises, celles qui ont les
ressources, la capacité pour pouvoir... et la volonté de développer les marchés internationaux, et ce n'est que de
cette façon qu'on arrivera à réellement avoir un impact sur nos exportations
au Québec.
En terminant, une
mise en oeuvre efficace. Alors, on demande au gouvernement de s'assurer que,
pendant la transition, parce qu'il y aura
une transition, il y aura de la gestion du changement, s'assurer que les
entreprises aient accès aux services,
que les délais de traitement ne soient pas retardés et qu'il y ait le plus de
communication possible, un bon plan de
communication, pour bien aiguiller, outiller les entreprises pour pas qu'elles
ne se perdent et qu'elles soient perdantes pendant la transition qui
pourra se dérouler sur quelques années.
Alors,
on offre notre collaboration au gouvernement pour mettre en place des solutions
optimales pour le secteur manufacturier. Je vous remercie de votre attention.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci pour votre exposé. Écoutez,
nous serons obligés... Est-ce que j'ai le consentement ou est-ce que
nous avons le consentement... Parce que nous serons obligés de prolonger
au-delà de midi.
M. Fitzgibbon :
Midi? Il est déjà midi.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : De 13 heures, oui, excusez. Oui,
13 heures, effectivement. Est-ce que nous avons le consentement?
Une voix :
...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : D'à peu près cinq à six minutes. On est
d'accord avec ou on retranche uniformément le six minutes à tout le
monde. Alors, réponse rapide : On prolonge ou on retranche?
Mme Anglade :
C'est correct.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Pardon?
Mme Anglade :
Nous, c'est bien avec nous.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Donc, on prolonge?
Mme Anglade :
Oui, c'est ce que j'ai compris.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : O.K., on prolonge. C'est parce que,
là, il y a monsieur... Je suis la présidente. Merci. Parce que, là, il y avait
deux questions en même temps. Merci. Alors, nous allons prolonger de cinq à six
minutes.
Nous commençons donc
immédiatement la période de questions. M. le ministre, vous avez
16 min 30 s.
M. Fitzgibbon :
Cinq minutes?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : 16.
M. Fitzgibbon :
16 minutes. Parfait. Alors, merci beaucoup, Mme Proulx et
Mme Limoges, pour votre document qui est, en passant, très bien
fait et très concis, ce que j'aime beaucoup. Ça va faciliter dans mon cas.
Je
peux vous le dire tout de suite, les recommandations 3, 4 et 5, je suis
100 % d'accord avec vous, donc on n'en parlera pas beaucoup. Puis
le numéro 5, sans vouloir... sans avoir la prétention de dire que la loi
va être adoptée, on a commencé à appliquer
certains régimes dans la loi. On est déjà en application. Je pense qu'on va
être capable, au 1er avril 2020, assumant qu'elle est
approuvée, d'être efficace sur le terrain.
Par
contre, j'aimerais vous entendre sur la deuxième recommandation, qui est très
importante pour moi et qui n'est pas facile à cibler, vous parlez
d'accompagnement et de service-conseil pertinents sur le terrain. Comme on
sait, on a 250 000 PME au Québec, 17 régions administratives. On
va créer des bureaux régionaux.
J'aimerais
vous entendre sur comment peut-on s'organiser... parce que le support aux entreprises va être double :
le capital et l'accompagnement humain. Le capital, c'est relativement facile,
là. Là, le capital, on a des mécanismes de comité
d'investissement qu'on va mettre en place. L'accompagnement humain est plus
difficile, puis on n'a pas toutes les ressources
nécessairement au gouvernement, au MEI, pour accompagner les entreprises.
Alors, qu'est-ce que c'est... vous êtes
sur le terrain. Qu'est-ce que c'est que vous nous recommandez de faire,
certaines initiatives ou certaines choses qu'on devrait avoir en tête pour
être efficace sur le terrain comme ça?
Mme Proulx (Véronique) : Bien, je vous dirais que la première chose, c'est
que les gens qui font le financement doivent être capables de faire
rayonner l'offre de services du gouvernement, parce que ça, c'est le premier
point de contact, et souvent, pour
l'entrepreneur, c'est le plus important parce qu'on parle d'argent. Donc, c'est
lui qui doit être capable de dire à
l'entrepreneur : Voici ce qui existe, voici le... il existe... tu parles
d'acheter tel équipement, est-ce que tu as regardé, avec le CRIQ, ce qui
se fait?
Donc, d'être capable de mettre en
valeur l'offre de services du gouvernement, je pense que c'est le premier
point, et ça paraît simple, mais ce
n'est pas simple, parce que ça prend des gens qui ont cette ouverture-là, qui
ont cette connaissance-là et qui sont
capables de rapidement identifier les besoins et les bons services dont
l'entrepreneur a besoin.
Après,
quand on parle d'accompagnement, on comprend que le gouvernement a quand même
des ressources limitées, ressources
humaines. Donc, c'est sûr que, s'il y a une expertise à l'interne qui peut
venir contribuer aux projets des entreprises, c'est bien, mais je sais qu'ils ne sont pas nombreux. Alors, par la
suite, c'est de retourner vers de l'aide externe. D'ailleurs, dans nos recommandations au niveau de l'impact
financier, on en parle, d'être capable de financer des heures de consultation
pour des experts qui peuvent venir
accompagner l'entreprise, par exemple, dans leurs projets de numérisation.
Parce que le dirigeant de PME, souvent, a plein d'idées, il a plein
d'ambition, il a des projets. Il entend parler d'industrie 4.0, mais concrètement, il choisit quel équipement, il fait
ça comment, il forme ses gens comment? Il n'a aucune idée puis il n'a pas le
temps de s'en occuper.
Donc,
si on part du financement, parce que souvent ça va être la porte d'entrée,
c'est là où les gens vont aller, et qu'on
est capable de faire rayonner l'offre de services, et qu'on est capable
d'offrir du support financier... et là je parle de subvention, surtout pour la
PME, pour les aider dans le virage numérique. Les subventions, c'est vraiment
important pour les PME. Pourquoi?
Parce qu'il y a un risque élevé. La grande entreprise, on le sait, a pris le
virage numérique. La PME, elle tarde.
Entre autres, une des raisons qui a été invoquée, c'est justement le manque de
connaissances, de compétences, et le retour sur investissement qui est
inconnu.
M. Fitzgibbon :
O.K. Parce qu'effectivement, là, je pense que le guichet unique, il faut faire
attention, c'est un peu galvaudé, ça. Mais la façon qu'on a, nous, c'est
d'avoir des personnes qui vont mieux recevoir l'entrepreneur, qui vont, après ça, interministériel, regarder qui va
s'en occuper. Ça, je pense que ce n'est pas des experts à chacun des domaines.
Mais
ce que vous dites, c'est que vous seriez ouverte à ce que le gouvernement fasse
ouvrir la BDC, qualifie des consultants
qui pourraient aider à discerner quelles sont les entreprises qui sont prêtes à
recevoir du 4.0 ou de la numérisation. Parce
qu'un des problèmes qu'on va avoir, c'est qu'il faut filtrer nos entreprises.
Ce n'est pas tout le monde qui est prêt à prendre le capital.
Mme Proulx (Véronique) : Mais peut-être sur un modèle différent, dans le
sens où la BDC, ce sont ses consultants.
M. Fitzgibbon :
Les deux.
Mme Proulx
(Véronique) : Mais souvent ce sont ses consultants qu'on est
encouragés à prendre, si on est un entrepreneur.
Moi, ce que je dis, c'est que le support financier soit là pour que
l'entreprise puisse identifier les bons acteurs pour elle.
M. Fitzgibbon :
Dernière question, rapidement, puis je veux être sûr que j'ai le temps puis...
mais on parle beaucoup de l'approche gouvernementale, déterminer quels
secteurs on va privilégier, puis on parle aussi des régions qu'on veut
dynamiser. Donc, la région va devoir se prendre en mains, les comités régions
régionaux.
Comment
on concilie ça? Vous avez dit qu'il faudrait que le gouvernement maintienne,
avec raison, je pense, une stratégie globale de diversification, des
pôles, les clusters... puis, d'autre part, on a les régions qui poussent puis
qui disent : Nous, on a quelque chose
ici qu'on veut dynamiser. Est-ce que c'est... C'est conciliable, de toute
évidence, mais avez-vous des... à haut niveau, en deux minutes, des
pistes de solution?
Mme Proulx (Véronique) : C'est conciliable, mais ce n'est pas évident, là.
Ayant travaillé en région... En fait, je pense que les idées vont venir
des régions, vont remonter, mais il faut s'assurer que les régions travaillent
ensemble et que ce soit complémentaire, pour
pas qu'on soit en train de développer deux choses très similaires, chacun dans
leur silo, dans deux régions différentes. Je l'ai beaucoup vu, par
exemple, dans les sciences de la vie, ayant travaillé longtemps à Laval. Il faut s'assurer que les régions...
l'information remonte pour qu'on puisse amener, encourager fortement les
acteurs à travailler ensemble au bénéfice du Québec.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, merci. La parole est au député
d'Orford.
M. Bélanger :
Merci, Mme la Présidente. Moi, je veux revenir aux régions, parce que tantôt
vous avez mentionné : Il faut
éviter la concurrence entre les régions. On sait que, bon, il y a un nouveau
pacte qui va se faire au niveau FQM puis UMQ. Puis les régions, les MRC
ont un devoir de se développer économiquement parlant.
Quel
rôle que vous voyez au niveau de... dans le projet, là, qui est la... IQ, avec
le ministère de l'Économie. Quel est le rôle que vous voyez à ce niveau-là de
façon à faciliter, justement, cet écart-là entre la compétitivité des régions...
De quelle façon vous voyez, là, le rôle que IQ doit jouer?
Mme Proulx
(Véronique) : Mais via son comité, le comité de développement,
bien, je pense que c'est là où IQ peut être
à l'affût de tout ce qui se passe dans la région et assumer un certain
leadership pour s'assurer que le développement, qu'il soit... les priorités identifiées puis le développement que l'on
va faire soient bénéfiques à d'autres régions également. Ça prend une structure
où les gens qui sont dans les régions siègent aussi sur un comité plus large
pour qu'on choisisse les priorités collectivement et globalement. Mais
j'entends...
Puis je vais
faire le lien avec l'UMQ ou, dans le fond, les organismes... les villes.
Lorsque les CLD ont été fermés, cette responsabilité-là est revenue au niveau
des municipalités. Et là je n'ai pas fait mention dans le mémoire, mais je
pense que c'est important que ce comité-là de
développement soit en lien avec les municipalités et les villes pour faire le
lien au niveau du développement économique
régional, encore une fois, pour ne pas qu'il y ait deux silos au sein d'une
même région.
M. Bélanger : Donc, vous
sous-entendez une collaboration, peut-être, avec la FQM ou des entités comme
ça.
Mme Proulx
(Véronique) : Absolument.
M. Bélanger :
Ma deuxième question, traditionnellement on évaluait, lorsqu'on finançait...
Vous avez parlé de subventions, là. Des fois, le terme «subvention»... On est
obligé de passer par une subvention, je ne suis pas sûr que c'est toujours la meilleure solution, parce que des fois
tu veux mesurer ton retour sur investissement, mais traditionnellement on
mesurait avec le nombre d'emplois créés et l'impact économique direct, que ce
soit d'une usine en particulier.
Comment vous voyez, dans cette
restructuration-là... Qu'est-ce que vous suggérez comme moyens de mesure?
Est-ce que vous suggérez plus l'impact économique indirect? Est-ce que vous
suggérez peut-être l'impact que ça peut avoir
au niveau du Trésor public en termes de retour sur investissement? J'aimerais
ça vous entendre à ce niveau-là, les moyens de mesurer, justement, le
dollar public qu'on va investir au niveau de ces PME manufacturières.
• (12 h 40) •
Mme Proulx
(Véronique) : Bien,
généralement, lorsqu'on investit au niveau de l'automatisation et de la
robotisation, on se retrouve avec des salaires... avec des emplois différents,
souvent des emplois plus techniques, mieux payés. Alors, c'est vrai qu'on ne crée pas nécessairement des emplois,
mais il peut y avoir un impact sur la masse salariale parce que ce ne
seront pas les mêmes emplois et les mêmes besoins. Ça peut être un indicateur.
Je vous dirais ici que les entreprises qui
augmentent leur productivité, pour celles qui exportent, devraient être en mesure d'exporter davantage. Donc, ça peut être
une série d'indicateurs que l'on suit pour voir, l'investissement que l'on fait, est-ce qu'il sert à augmenter
réellement la productivité de l'entreprise
et à augmenter sa compétitivité sur les marchés internationaux? Mais
c'est sûr qu'on n'est plus dans la dynamique de création d'emplois.
M. Bélanger : Il nous reste combien
de temps avant que je pose...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
reste sept minutes.
M. Bélanger : Sept minutes.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Sept.
M. Bélanger : Sept. Je peux laisser
mon collègue...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, je m'en occupe. Alors, la parole est au député de Labelle.
Mme
Jeannotte : Merci. Bonjour,
Madame. J'ai eu la chance de travailler pendant longtemps en développement économique local et régional. Je crois beaucoup à la synergie, les
vigies de développement économique où est-ce que tous les acteurs
de développement économique étaient assis autour d'une même table. Les CLD, les
SADC, Développement économique Canada, MEI, IQ, BDC, on a tous le même objectif,
puis ça fonctionne.
Là, par
contre où moi, j'ai vécu des difficultés, c'est que les besoins, et
j'aimerais vous entendre là-dessus... dans le
fond, les entrepreneurs, c'est beaucoup...
parce que, quand on fait affaire avec le gouvernement, veux veux pas, il faut
répondre aux impératifs. Il faut répondre.
Alors, le fonctionnaire, il est placé... il fait son travail parce qu'il y a
une machine administrative aussi à qui il doit répondre, parce qu'ultimement
c'est le ministre puis toute la reddition de comptes, etc.
L'accompagnement, le fameux accompagnement, vos
membres, ils ne le voient pas d'un mauvais oeil que, par exemple, un conseiller économique irait s'asseoir
carrément dans la PME. Est-ce qu'il le voit d'un bon oeil? J'aimerais vous
entendre là-dessus.
Mme
Proulx (Véronique) : Ça
dépend du conseiller économique. Alors, je vous dirais que, pour la grande entreprise, ce n'est pas nécessairement
nécessaire. Pour la PME, l'accompagnement l'est, mais tout dépend de la
personne.
Je reviens à
la culture d'affaires, dont je mentionnais tout à l'heure... Si vous avez
travaillé en région, vous savez très bien que, dans un bureau régional, il y
certains conseillers avec qui les entrepreneurs aiment travailler et d'autres
moins, puis c'est normal aussi, mais c'est
là où on doit travailler sur la notion de service à la clientèle, d'inculquer
une culture d'affaires pour que les gens soient vraiment en mode
solution avec l'entrepreneur pour l'aider à progresser dans son projet versus que l'entrepreneur ait la perception
qu'il se retrouve avec quelqu'un qui lui met des freins devant lui. Je pense
que la notion...
Mme
Jeannotte : ...au niveau de
la formation de ces gens-là aussi, parce que, des fois, ils sont très fort en
finances, mais par contre, au niveau, par
exemple, de l'élaboration d'un plan
d'affaires, il faut également qu'ils soient capables.
J'aimerais
aussi vous entendre, la délégation de pouvoirs. Souvent, dans les administrations publiques, l'autorité, ça
monte dans la machine puis ça va jusqu'au sous-ministre pour pouvoir
approuver les projets d'investissement. Est-ce que
vous seriez favorables à ce que la décision de l'approbation des projets d'investissement descende davantage sur le terrain
plutôt que de laisser le... Par souci d'efficacité et de rapidité dont... vos
prédécesseurs en parlaient tout à
l'heure, c'est important, la rapidité
avec laquelle on travaille quand on travaille sur des projets d'affaires.
Est-ce que vous seriez favorables à ce que la décision soit prise plus
localement plutôt qu'au national, Québec, entre guillemets?
Mme Proulx (Véronique) : Oui, dans la mesure où c'est bien normé et bien
cadré, puis je vais vous faire le parallèle avec Développement économique
Canada. À une certaine époque, les prêts se faisaient en région, et, à un moment donné, il y a eu un changement et tout devait être signé par le ministre,
et là on a eu des délais impossibles au niveau des réponses et la signature des prêts. Donc, oui, il faut bien
le cadrer pour que ce soit équivalent à travers le Québec
et qu'il y ait une certaine cohérence dans ce qu'on supporte ou non.
Mme
Jeannotte : Puis finalement, dans la complémentarité, vous le
verriez... IQ, vous le verriez comment au niveau
des outils? On le sait qu'il y a du financement,
c'est quand même assez facile de trouver du financement au Québec. En tout cas, moi, personnellement, je ne vois pas
l'enjeu là, là, mais j'aimerais vous entendre là-dessus. Dans le fond, la
structure présente du projet de loi, vous, vous la voyez favorablement, mais la
valeur ajoutée, vous la voyez comment?
Mme Proulx (Véronique) : La valeur ajoutée de la nouvelle structure, ça va
être dans... mon Dieu, ça va être dans l'efficacité
avec laquelle elle va être capable de supporter les entreprises au niveau des
deux enjeux clés qui sont la productivité
et l'exportation.
Et, si je reviens à
la question pour le financement, souvent on a eu des entreprises qui avaient
des beaux projets, un bon potentiel, le niveau de risque était trop élevé,
alors IQ n'était pas présent. Alors, c'est là où je reviens à la notion d'identifier les filières, les secteurs d'avenir
où on veut se positionner et que IQ soit présent même si le niveau de rendement
est plus faible ou si c'est un dossier qui est très risqué.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. La parole est au député de Nicolet-Bécancour. Il
vous reste 3 min 17 s.
M.
Martel : Merci, Mme la Présidente. Bienvenue à vous deux.
Bravo! Sincèrement, j'aime beaucoup votre mémoire puis je trouve que
vous nous faites penser à des choses vraiment importantes.
Je vais rassurer le
ministre tout de suite, je ne parlerai pas du parc industriel de Bécancour, je
vais parler des entreprises, un peu
comme... je suis certain, tous les députés, souvent, on va aller voir nos
entrepreneurs, des entreprises de zéro-50
employés, potentiel d'amélioration de production, potentiel de faire de
l'exportation, mais le propriétaire, souvent, il est
dans l'usine, il n'a pas beaucoup le temps de s'occuper de ça. Il faut
qu'il gère ses employés, c'est lui qui est un peu le maître à tout faire dans la business.
Est-ce que
vous pensez que ce serait une bonne idée qu'Investissement Québec, là,
dans son rôle d'accompagnement, là,
fasse une espèce de prospection dans ces entreprises de zéro–50 employés?
Arrêtons-nous pas trop sur le... mais vous comprenez le type d'entreprise. Est-ce
que ce serait une bonne idée? Est-ce que
les propriétaires apprécieraient ou ils auraient l'impression un peu de
recevoir des «peddlers», là, qui veulent vendre leurs services? Comment ce serait
perçu, ça?
Mme
Proulx (Véronique) : ... pour les inciter à l'exportation?
M.
Martel :
Bien, aller les rencontrer, est-ce que vous avez des projets, est-ce que vous
avez des projets de modernisation, est-ce qu'on peut vous aider.
Mme Proulx (Véronique) : Bien sûr. Absolument. Pour moi, c'est la bonne
approche. Après, il faut travailler avec les acteurs régionaux. Quand on parle d'exportation, il y a les
organismes régionaux de promotion des exportations qui sont présents
aussi, ça fait que ça revient à la notion de complémentarité sur le terrain.
Mais de faire cette approche-là, c'est bien reçu de la part des entreprises, et
ça va permettre à IQ d'identifier ceux qui ont la capacité, parce qu'en bas de
50 employés, ce n'est pas les entreprises qui ont le plus de capacités de se
déployer à l'international.
Ça
fait que je reviens aussi à ce que je disais tout à l'heure, il faut cibler les
bonnes entreprises. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas en bas de 50, mais il faut identifier celles qui sont
vraiment dans des secteurs très bien nichés, hautement technologiques,
qui auront la capacité de se déployer à l'étranger.
M.
Martel : Bien, moi, je parle de 50, puis je vous ai dit, ce
n'est pas un chiffre absolu. C'est dans le sens, c'est le type d'entreprise...
évidemment, ce n'est pas toutes les entreprises qui ont ce potentiel-là, mais
la fabrication qu'ils font, l'originalité, etc., ça pourrait être des
produits exportables.
Moi,
j'ai été dans le développement économique pendant une quinzaine d'années. Ce
n'est pas quelque chose qui se faisait systématiquement, d'aller les rencontrer
puis dire : Regarde, je sais, tu es occupé dans ta business, mais on va
t'aider, on... Moi, je pense que ce serait une façon, là, qu'on pourrait...
Mme Proulx (Véronique) : ...façon de faire de la sensibilisation plus
directe, parce qu'en même temps les gens... Quand on parle des conseillers régionaux du MEI, ils ont une
connaissance des entreprises de leur territoire et ils seraient en
mesure de faire ça, si c'est la directive qu'on donne, donc tout à fait.
M.
Martel :
Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, nous cédons la parole,
maintenant, à la porte-parole de l'opposition officielle, à la députée
de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Anglade : Merci. Merci, Mme la Présidente. Moi, je n'ai qu'une
question, ce sont mes collègues qui vont poser la plupart des questions.
Merci, donc, de la présentation.
J'aimerais
qu'on revienne sur quelque chose dont vous avez parlé, vous en faites mention,
votre recommandation au gouvernement
de mettre en place un système de conciergerie similaire au modèle PerforME.
Vous en avez parlé, j'aimerais vous
entendre davantage. Je sais que, par le passé, vous aviez déjà présenté un
certain nombre de propositions par rapport à ça. Comment vous le verriez
déployer, ce modèle, dans les... au sein des différentes instances?
Mme
Proulx (Véronique) : Oui. En
fait, l'idée, ce n'était pas de reproduire PerforME, mais ce qui était
intéressant, dans PerforME, c'est la
notion de conciergerie. C'est que l'entreprise avait un conseiller qui lui
était attitré, qui connaissait bien
l'entreprise et qui était en mesure, justement, d'être son expert dans
l'appareil gouvernemental, donc d'identifier les bons ministères, les bons programmes pour pouvoir l'accompagner. Et
c'est ce qu'on recommandait de mettre en place. Alors, je sais qu'il existe le portail d'Entreprises Québec. Le portail
d'Entreprises Québec, il faut connaître les programmes pour y aller. L'entrepreneur ne connaît pas les
programmes, ça prend quelqu'un qui le prend par la main puis qui va l'aider
à naviguer.
Alors, je
reviens, les gens vont aller chez IQ pour aller chercher du financement. Il ne
faut pas juste... Il faut s'ouvrir les oeillères, pas juste regarder le
financement, mais regarder quels sont les autres besoins et accompagner
l'entreprise auprès de l'expertise et des
programmes qui existent au sein du ministère. Donc, c'est vraiment... ça prend
des gens qui ont les connaissances, compétences, identification des
besoins et qui connaissent l'appareil également.
Mme Anglade : Et ces gens-là, ultimement,
ce serait qui que vous verriez occuper ces fonctions-là?
Mme
Proulx (Véronique) : Alors, ce
sera au gouvernement de décider s'ils veulent le faire à l'interne ou à
l'externe.
Mme Anglade : ...pas de
recommandation particulière?
Mme Proulx (Véronique) :
Moi, je pense que ça devrait se faire à l'externe parce qu'encore une fois ça
prend des gens qui ont une culture d'affaire
très forte. Et, c'est ça, on les retrouve moins, traditionnellement, de par
leur nature, au sein de l'appareil gouvernemental.
Mme Anglade : Très bien. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : La
parole est au député de Nelligan.
• (12 h 50) •
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bienvenue, mesdames. Merci pour le rapport.
Première question, vous représentez un secteur
pour l'économie du Québec et pour l'économie régionale. Je vous ai entendues lors de la commission de la
planification sur l'immigration. Vous avez évoqué un point superimportant
par rapport à la disponibilité de la main-d'oeuvre. C'est un point que j'ai
déjà partagé avec le ministre de l'Économie, concernant le capital humain.
Vos membres
sur le terrain, maintenant, leur préoccupation majeure, à part ce que nous
sommes en train d'étudier au niveau
d'Investissement Québec... Est-ce que vous voyez que la mise à jour
d'Investissement Québec, avec des délégations au niveau régional, va
répondre aux besoins de vos membres pour aller chercher cette productivité
qu'on aimerait?
Mme Proulx (Véronique) : En fait, je vous dirais, la préoccupation première, c'est la pénurie de
main-d'oeuvre. Alors, même quand on
leur parle de formation, d'investissement et autre, ils ne sont pas là. On est
dans la pénurie. Mais ceci étant dit,
lorsqu'ils ont des projets, ils veulent avoir accès, ils veulent avoir accès
aux programmes, à de l'information, de
façon simple, efficace et rapide. Il ne faut pas qu'Investissement Québec
soit... on est obligé de passer par là. On souhaite que les entrepreneurs puissent dire : Je m'en
vais chez Investissement Québec, je vais aller chercher le support dont j'ai
besoin pour réaliser mes projets. On n'était
pas là. Est-ce que la structure va le permettre? Je souhaite que ce soit le cas,
surtout avec la coordination qui va se faire entre IQ, MEI, en fait les structures
qui vont être intégrées...
M.
Derraji : Je vous comprends, et c'est pour cela que j'ai commencé avec
cette question, ayant moi-même été sur
le terrain plus que quatre ans. On ne peut pas pitcher en avant un problème
réel, qui est le capital humain, et aller chercher du financement. C'est comme... c'est des choses
qu'on ne peut pas concilier. Et vous avez... une de vos propositions, c'est
les comités de coordination. En quoi ces
comités de coordination, si Investissement Québec met ça en place, va soulager
ou va aider les entrepreneurs à aller de l'avant?
Mme
Proulx (Véronique) : Bien,
l'entreprise, la PME de 50, 100 employés, 150, elle ne connaît pas
nécessairement le bureau de Services
Québec, encore moins celui du MIFI, qui était le MIDI, parce que c'est tout
nouveau. Alors, elle ne connaît pas
l'offre de services gouvernementale. Et ce qu'on veut éviter, c'est qu'elle ait
à se présenter trois fois ou, pire encore, qu'elle aille chez IQ puis
qu'on ne lui parle même pas que ça existe et qu'ils sont juste à côté.
Donc, le
comité de coordination, ça commence par les équipes internes, qu'elles se
connaissent, qu'elles sachent quelle
est leur offre de services. Parce qu'on sait qu'au niveau... il y a un nouveau
déploiement qui se fait au niveau de Services
Québec, mais du MIFI également. Le continuum est en train d'être développé, les
services sont en train d'être mis en oeuvre. Donc, je pense que c'est un
moment critique pour amener tous ces gens-là à travailler ensemble pour qu'ils soient au courant de ce qui se fait puis qu'ils soient en
mesure de référer les bons ministères, les bons programmes aux entreprises.
M. Derraji : Avez-vous des exemples
concrets, pour le bénéfice des membres de la commission, où la lenteur
administrative d'Investissement Québec a nui à certaines entreprises en région
ou à certains projets en région?
Mme
Proulx (Véronique) : Bien,
je reprends l'exemple du neuf mois de tout à l'heure. Alors, dans les
consultations qu'on avait faites, on
parlait des différentes mesures de financement, et deux entreprises nous ont
dit clairement... deux en région,
donc une dans les Cantons-de-l'Est, l'autre dans le coin de Rimouski, nous
disaient : On a déposé des projets, c'est des projets d'investissement, automatisation, des nouveaux équipements
qui étaient implantés, en fait. On parlait de délais de six mois et neuf mois, ou on n'avait même pas
de retour, aucune réponse. Alors, si, pour le gouvernement... si, pour IQ,
ce n'est pas un bon projet, il faut être capable de le dire pour que
l'entreprise se retourne ailleurs.
M.
Derraji : Six mois de délai ou neuf mois, là, on entame une
réorganisation. Donc, votre besoin à court terme, c'est qu'Investissement Québec continue à répondre
d'une manière très rapide, mais on s'entend qu'une gestion de changement,
ça va prendre encore du temps. Donc, vos préoccupations, c'est vraiment le
délai pour répondre.
Mme
Proulx (Véronique) : Oui,
les délais puis la qualité des services, il ne faut pas que ce soient les
entrepreneurs qui en paient le prix.
C'est pour ça que ça va prendre un plan de transition puis de gestion du
changement qui est exceptionnel pour pouvoir y arriver.
M.
Derraji : Dernière question. Au niveau des exportations, il y a une
panoplie d'acteurs. Parfois, c'est bon pour une économie, parfois, ce n'est pas bon. C'est quoi, votre lecture de la
dimension nouvelle d'Investissement Québec au niveau de l'international?
Mme
Proulx (Véronique) : Bien,
au niveau de l'international, je trouve ça positif, parce que j'ai toujours...
Ça prenait plus de synergie au niveau de la concertation à l'international, au
niveau de l'action internationale. Donc, je pense qu'avec Investissement Québec
International, c'est l'objectif qui est visé, alors, pour nous, ça, c'est très
positif. D'intégrer les équipes d'Export Québec fait aussi du sens pour
moi parce qu'il y a beaucoup de synergie à faire entre l'attraction d'investissements étrangers et l'exportation. On
parle avec les mêmes entreprises, on est capables d'ouvrir des portes. Donc,
pour nous, c'est favorable de créer cette synergie-là. Il faut que ça puisse
permettre de générer davantage de résultats.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. La parole est au député de
Robert-Baldwin. Il vous reste quatre minutes.
M.
Leitão : Très bien.
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, bonjour. Merci
d'être là. On n'a pas le droit de dire qui est présent, qui ne l'est
pas, mais moi, je n'y étais pas avant, je m'excuse, mais j'ai lu votre mémoire.
J'aimerais vous amener sur un sujet peut-être un
peu délicat, mais que je trouve qui est important dans le contexte du projet de loi n° 27, c'est la
notion de risque versus rendement. Vous avez mentionné tantôt
qu'un des problèmes auparavant, c'était que pour certains projets, puisque
le risque était relativement élevé, donc Investissement Québec ne
participait pas à ce projet-là. Donc là, maintenant,
on s'en va vers une nouvelle structure et donc je présume que IQ version 2.0 serait beaucoup
plus... son appétit au risque serait beaucoup plus élevé. Mais c'est là où j'ai un peu... le
problème que je me pose... la question
que je me pose, c'est : Comment on va gérer ça? C'est-à-dire qu'on veut que IQ prenne plus de risques, mais je ne pense pas
qu'on veuille non plus que IQ perdre de l'argent.
Alors, dans un organisme qui pourrait être beaucoup
plus gros — son
P.D.G. parlait même, à terme, d'atteindre 1 000 employés — donc comment est-ce qu'on peut s'assurer...
parce que ce qui me concerne vraiment, ce qui me préoccupe vraiment, c'est pour les plus petites entreprises.
Pour les gros projets, je pense qu'on s'entend que l'expertise est là, et je
n'ai pas de crainte personnellement. Pour
les PME, pour les plus petits projets, concrètement, comment est-ce que cette
adéquation risque-rendement va se déployer
dans le... Est-ce que vous voyez des obstacles à cela? Comment vous voyez
cette chose-là évoluer?
Mme Proulx (Véronique) :
C'est une très bonne question. J'ai l'impression que vous êtes plus apte que
moi à y répondre. Je ne suis pas économiste
et je n'ai pas été en finances non plus, donc je vais essayer tout de même.
Mais je vous dirais que ça va prendre une diversification du
portefeuille puis déterminer quel est le risque, le niveau de risque, jusqu'où
on est prêt à aller avec les PME.
Mais c'est
clair, je reviens à la notion de filières que l'on veut développer, que l'on veut
pousser, ça peut être un des
indicateurs que l'on peut choisir pour investir dans certains projets plus
risqués dans la petite entreprise. Mais la notion de prise de risque, on l'a entendue autant auprès
de la grande entreprise que de la petite qui disaient : Oui, j'ai un
projet risqué, j'ai un produit qui est
très novateur, on n'est pas encore rentable, IQ ne veut pas nous
supporter. Moi, je pense qu'Investissement
Québec doit être là, dans certains projets. Ce serait peut-être en lien avec
les secteurs prioritaires ou les filières d'avenir qu'ils souhaitent
développer.
M.
Leitão : Donc, ce serait, disons, normal que, si Investissement Québec
va prendre plus de risque, qu'elle soit aussi capable et prête à
accepter certaines pertes, parce qu'inévitablement ça va venir avec le mandat.
Mme Proulx
(Véronique) : Oui, puis je
vais faire le parallèle avec la notion de fonds souverains, auquel j'ai fait
référence dans le mémoire. Plusieurs
pays avec qui nos entreprises compétitionnent ont des fonds souverains
qui investissent massivement dans certaines industries, certaines
entreprises. Au Québec, on a Investissement Québec, alors on s'attend à ce que IQ prenne plus de risques, quitte à avoir
moins de rendement, pour pouvoir supporter et propulser nos entreprises.
M. Leitão :
Très bien. Une dernière question, si j'ai encore un peu de temps.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : 40 secondes.
M. Leitão :
Bon. Très bien, merci. Et la... la question, pardon, c'est, encore une fois, au
niveau des ressources humaines, mais cette
fois-ci, les ressources humaines de IQ puisque, bon, elle va grossir,
1 000 employés, etc. Comment vous
voyez l'intégration de cette nouvelle entité qui arrive avec ce qui se fait
déjà sur le terrain? Il y a déjà des institutions financières qui existent sur le terrain, il y a
déjà des fonds de capital de risque et autres qui sont sur le terrain. Comment
vous voyez, là aussi...
Mme Proulx (Véronique) : C'est un changement de culture drastique, parce
que, justement, IQ avait l'habitude de
travailler en silo pour ses dossiers. Et là, quand on parle de développement
économique, on parle de travailler avec les autres, de faire des projets
communs et même des fois de le laisser à d'autres au bénéfice de l'entreprise.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, c'est tout. Nous donnons
maintenant la parole au deuxième groupe d'opposition avec le député de
Rosemont.
M.
Marissal : Merci, Mme la Présidente. J'ai une question à la fois très,
très large et qui demanderait peut-être une réponse plus pointue, que je n'ai pas nécessairement trouvée dans
votre mémoire. Notamment, la conclusion me laisse un peu perplexe. Je
comprends que vous appuyiez le p.l. n° 27 avec
modérément d'enthousiasme, parce que vous avez quand même levé quelques
drapeaux rouges.
Mme Proulx (Véronique) : ...favorables. En fait, on est très favorables au
projet de loi. Je crois beaucoup à la synergie
entre les acteurs. Le Québec a toujours travaillé en silo entre les différents
ministères, les différentes organisations qu'il supporte, alors, pour moi, c'est très positif. Mais il y a une
notion de gestion du changement qui va être très importante et qui ne doit
pas être sous-estimée si on veut réaliser le projet.
M.
Marissal : O.K. Alors, la question, là : Ça change quoi, sur le
terrain, le p.l. n° 27 et qu'est-ce qu'on ne peut pas faire, en
ce moment, qu'on pourra faire éventuellement?
• (13 heures) •
Mme Proulx (Véronique) : En
fait, on manque beaucoup d'opportunités. Quand vous êtes un entrepreneur
puis vous allez chez IQ, vous vous
présentez chez Investissement Québec, on va vous parler juste des prêts qui existent
chez Investissement Québec. Et, si on vous ferme la porte ou, au contraire,
on décide de vous financer, on n'est pas en train de regarder qu'est-ce
qui est le plus bénéfique pour l'entreprise, on est en train... on se concentre
uniquement sur le produit d'Investissement
Québec. Alors, on manque des
opportunités pour développer les entreprises à travers la province. Ça, c'est
très clair pour moi.
L'autre
chose, c'est qu'encore une fois, au-delà
du fait qu'ils présentaient seulement leurs produits, ils travaillent
peu avec les autres organisations, autres organismes. Alors, encore une fois,
l'entreprise doit se présenter à trois, quatre, cinq portes différentes.
Madame
faisait allusion tout à l'heure au fait que, dans certaines régions, les
acteurs travaillaient ensemble. Nous, on
mettait en place des tables des partenaires où on mettait autour de la table
autant Investissement Québec, BDC, et autres, et l'entrepreneur présentait son projet une fois, et ceux qui étaient
intéressés poursuivaient avec lui. Mais ça ne se fait pas partout.
Avec IQ et le
regroupement de structures, on espère qu'on va pouvoir être beaucoup plus
efficaces pour aider l'entreprise et lui éviter de faire ça, cet exercice-là.
M.
Marissal : O.K. Vous dites que IQ ne parle que de ses produits. Vous
voulez qu'il parle de quel autre produit?
Mme
Proulx (Véronique) : Bien, par exemple, ce qui existe :
les crédits d'impôt, les subventions qui peuvent exister au niveau du MEI, de parler... L'entreprise cherche à s'acheter
un robot. Il existe du financement chez Services Québec pour former la main-d'oeuvre. Qu'on parle de
formation de la main-d'oeuvre aussi. Donc, qu'on regarde plus large que le
seul besoin que l'entreprise a nommé.
M. Marissal :
C'est bon. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est tout?
M. Marissal :
Oui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Eh bien, on vient de récupérer du temps.
Alors, on vous remercie beaucoup, Mme Proulx, Mme Limoges, de l'entreprise Manufacturiers
et exportateurs du Québec.
Nous suspendons les travaux
jusqu'à 15 heures. Alors, merci, tout le monde.
(Suspension de la séance à
13 h 02)
(Reprise à 15 h 01)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, je vous rappelle que... Nous avons commencé. La
commission reprend ses travaux. Je demande donc à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre leurs appareils. C'est fait.
Alors,
la commission est réunie afin de procéder aux consultations particulières et
aux auditions publiques sur le projet
de loi n° 27, Loi concernant principalement l'organisation gouvernementale
en matière d'économie et d'innovation. Est-ce que ça va? C'est beau?
Nous
souhaitons, pour cet après-midi, la bienvenue à M. Simon Gaudreault, directeur
principal de la recherche nationale à
la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Alors, M. Gaudreault,
vous avez 10 minutes pour votre exposé.
Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante (FCEI)
M.
Gaudreault (Simon) : Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, distingués membres de la commission,
je me présente, je suis Simon Gaudreault, directeur principal de la
recherche nationale pour la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la
FCEI, qui est le plus grand regroupement de PME au Canada,
avec 110 000 propriétaires
de PME, dont environ un sur cinq opère au Québec.
Alors,
c'est avec un esprit d'ouverture et de collaboration que la FCEI se présente
aujourd'hui devant la Commission parlementaire de l'économie et du
travail pour faire valoir le point de vue des PME, des PME du Québec, sur
l'avenir d'Investissement Québec et, plus
largement, sur les conditions propices à davantage de développement économique
au Québec. Les PME jouent un rôle
central dans la création de la richesse au Québec. En fait, près de 99 %
de nos entreprises sont des PME et plus d'un emploi sur deux est dans
les PME. Ainsi, les PME sont les premières concernées par les discussions sur
l'aide aux entreprises et l'entrepreneuriat.
Dès le dépôt du
projet de loi n° 27 par le ministre de l'Économie et de l'Innovation en
juin dernier, la FCEI a salué les grandes
orientations préconisées par celui-ci. En effet, la FCEI voit d'un très bon
oeil les efforts d'optimisation de
l'offre gouvernementale en matière d'innovation et de développement économique.
Néanmoins, lorsqu'il est question du
soutien économique favorisé par les PME, il convient de souligner d'abord que
seule une minorité d'entreprises, selon les dernières données de la
FCEI, bénéficient de l'aide directe des gouvernements, tandis qu'une majorité
sont plutôt préoccupées par l'environnement
d'affaires général et, au premier chef, les fardeaux fiscal et réglementaire,
ainsi que les questions de
main-d'oeuvre. Les chefs de PME sont résolument dans la classe moyenne. En fait,
il n'est pas rare que leur rémunération, lorsque mesurée en taux
horaire, soit inférieure au salaire minimum, en raison de revenus relativement
modestes et de très longues heures de travail. La marge de manoeuvre est aussi
plutôt mince.
Ce n'est donc pas
surprenant que, dans un sondage de la FCEI réalisé l'année dernière, seulement
38 % de nos membres québécois ont
indiqué que l'élément des gains ou profits supplémentaires les motivaient à
rester à la tête de leur entreprise,
une proportion qui est plus basse que partout ailleurs au pays. Plus de
50 % ont d'ailleurs indiqué aussi avoir, dans le passé, suspendu leur rémunération ou celle de membres de leur
famille afin de pouvoir payer le reste de leurs employés.
Les entrepreneurs du
Québec ne sont pas que sous pression fiscale et financière, ils manquent aussi
de temps. Lorsque nous avons demandé aux
répondants du même sondage, quels avaient été leur plus grand défi, au cours de
leurs premières années, comme
propriétaire d'entreprise, le choix de réponse le plus populaire, sélectionné à
près de 64 %, a été «jouer
simultanément plusieurs rôles au sein de mon entreprise». En matière de pire
gruge-temps empêchant les entrepreneurs
de consacrer davantage de temps au développement des affaires, à l'optimisation
des opérations ou à l'innovation, on ne peut passer sous silence le
poids de la réglementation.
Notre
dernier grand sondage sur l'impact de la paperasserie révèle d'ailleurs que ce
sont les entreprises de moins de cinq
employés, qui comptent en fait pour la moitié des employeurs du Québec, qui
font le plus les frais de la réglementation. Elles dépensent
6 109 $ par employé pour se conformer à la réglementation, alors que
les entreprises ayant au moins 100 employés dépensent, pour leur part,
1 253 $ par employé.
Par ailleurs, la même
recherche de la FCEI fait quelques constatations préoccupantes. Près de la
moitié des propriétaires de PME du Canada ne
conseilleraient pas à leurs enfants de se lancer en affaires en raison du
fardeau lié à la réglementation. Près de sept sur 10 estiment que
l'excès de réglementation mine la productivité de leur entreprise. Près de huit sur 10 disent que l'excès de règlements
ajoute un stress important dans leur vie. Près de neuf sur 10, enfin, jugent
que la réglementation gouvernementale tient davantage compte de la réalité des
grandes entreprises que des petites.
Au fardeau fiscal et réglementaire s'ajoute bien
sûr, depuis quelques années, de manière beaucoup plus marquée, la problématique
des pénuries de main-d'oeuvre, qui n'a malheureusement plus besoin de
présentation tant elle est répandue et
connue des Québécois. Citons seulement notre dernier rapport sur les postes
vacants où le Québec affichait le taux de postes à pourvoir à
3,9 %, le plus élevé de toutes les provinces, au deuxième trimestre de
2019, à égalité avec la Colombie-Britannique.
Ainsi, comme
la FCEI l'a déjà indiqué dans le passé, s'il veut vraiment jouer un rôle
significatif pour stimuler le développement économique au Québec, le
gouvernement doit d'abord formuler une réponse appropriée à une question fondamentale :
Quelles sont les principales préoccupations des entreprises et comment le
gouvernement peut-il y répondre de la manière la plus efficiente?
Comme le
montre notre mémoire, nos sondages récents indiquent que ces principales
préoccupations, soient les principales
contraintes au développement des ventes ou de la production, ou encore les
principales pressions sur les coûts mentionnées par les PME sont les
pénuries de main-d'oeuvre, qualifiée ou non qualifiée, la pression fiscale et
les coûts réglementaires.
Les membres
de la FCEI affirment que la marge de manoeuvre obtenue par une baisse du
fardeau fiscal irait en priorité dans de meilleures conditions
salariales pour leurs employés et dans de la machinerie susceptible d'augmenter
leur productivité, des objectifs qui sont
d'ailleurs partagés par le gouvernement du Québec. C'est pourquoi les deux
premières de nos sept recommandations
invitent le ministre de l'Économie et de l'Innovation à collaborer avec son
homologue des Finances afin de
réduire puis d'éliminer la contribution des PME au Fonds des services de santé,
qui est une véritable taxe sur le capital humain, qui mine l'essor de
nos entreprises québécoises.
Par ailleurs,
les entrepreneurs québécois estiment qu'environ 22 % de la paperasse qu'on
leur impose est superflue ou excessive et pourrait être éliminée sans
compromettre l'intérêt public. Il est clair que de réduire la paperasse
permettrait à nos PME de consacrer davantage de temps au développement des
affaires, à l'optimisation de leurs opérations ou à l'innovation, et ce, à l'intérieur d'une semaine de travail ayant
toujours la même durée. Donc, c'est un gain de productivité et de compétitivité
potentiellement énorme pour l'économie québécoise. Notre troisième
recommandation encourage donc le ministre à poursuivre activement et sur
plusieurs fronts les efforts en matière d'allègement réglementaire et lui offre
l'expertise et la pleine et entière collaboration de la FCEI à cet égard.
Cela étant, la contribution d'Investissement
Québec, créé en 1998, à l'écosystème québécois du développement économique, est significative. À l'aube des
20 ans d'existence d'Investissement Québec, l'intention du gouvernement du
Québec de bonifier le mandat et la portée de son bras financier est salutaire.
Nous avons donc formulé nos quatre dernières recommandations dans le
cadre des présentes consultations pour suggérer des orientations et des pistes
de réflexion pouvant bonifier le projet de loi n° 27.
Nos membres
nous l'indiquent constamment, au-delà des mesures et programmes gouvernementaux
eux-mêmes, c'est souvent la
démystification et l'accès à ceux-ci qui font défaut. Il faut rejoindre les
dirigeants de PME et leur parler dans leur langage. La FCEI formule donc
comme quatrième recommandation aujourd'hui d'investir dans des outils de communication efficaces afin de rejoindre les
différents segments de la population entrepreneuriale, qu'elle soit actuelle
ou prospective, lesquels segments gagneraient à connaître les services offerts
par Investissement Québec.
Comme mentionné précédemment, la FCEI était
l'une des premières organisations à applaudir le dépôt du projet de loi n° 27 en juin dernier. Dans son
ensemble, il est aligné avec plusieurs demandes historiques de la FCEI et
propose de grandes orientations intéressantes pour soutenir le milieu
des affaires québécois. Le regroupement des bureaux du ministère de l'Économie et de l'Innovation avec les antennes régionales
de IQ afin de créer un guichet unique aux PME en matière d'aide financière et d'accompagnement, de démarchage de nouveaux
marchés, pourrait, à notre avis, contribuer à créer une bonne synergie entre l'offre de services gouvernementale aux
PME, en plus de diminuer la lourdeur administrative.
Mais, en fait, pourquoi on devrait s'arrêter là?
Notre cinquième recommandation suggère en effet au ministre d'unir les forces avec son collègue de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration et son collègue du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale afin de regrouper tous leurs services aux entreprises sous un même
toit, et ce, dans toutes les régions du Québec.
• (15 h 10) •
Le
renforcement de IQ en région proposé par le projet de loi n° 26... 27,
pardon, mérite d'être souligné. Cependant, la FCEI estime que le
ministère devrait orienter ce déploiement avec la mise en place d'une réelle
politique industrielle régionale. En effet,
les données compilées par Réseau Capital démontrent que Montréal reste la
région administrative la plus active en matière d'investissement, de
capital de risque et de capital de développement. En 2017, certaines régions
administratives comme les Laurentides ou la Gaspésie—Les Îles-de-la-Madeleine
n'ont obtenu aucun investissement de capital
de risque. Notre avant-dernière recommandation suggère donc au ministre de
procéder à une consultation élargie afin
de mettre en place une politique industrielle régionale dans le but de
coordonner non seulement les actions
de IQ, mais de tout le gouvernement.
Par ailleurs, la bonification du mandat de IQ
signifierait que la taille de cette société serait amenée à doubler. La FCEI croit que le ministre
devrait saisir cette occasion afin d'instaurer ou de renforcer des mécanismes
d'évaluation de programme transparents. Deux fois plus de ressources ne
signifient pas nécessairement deux fois plus de résultats.
De plus, il
est important que IQ demeure agile dans un contexte de
transformation rapide de l'économie. Ainsi, notre recommandation finale est de mettre en place ou de renforcer des mécanismes
d'évaluation de programme transparents afin d'adapter IQ à la même
vitesse que l'économie québécoise.
En conclusion, Mme la Présidente, le projet de
loi n° 27 propose plusieurs orientations intéressantes pour le développement économique du Québec. La FCEI reconnait qu'auprès plus de 20 ans
d'activité, Investissement Québec est à un point charnière de son parcours. Ainsi,
la FCEI appuie ce projet de loi, mais
invite le gouvernement à orienter les actions de IQ grâce à une politique
industrielle régionale et à suivre soigneusement le progrès de la société. En
matière d'optimisation, la FCEI souhaite que
le gouvernement fasse un pas de plus afin de créer un vrai guichet unique pour
les PME qui souhaitent bénéficier des différents services disponibles.
Enfin, la FCEI rappelle que la meilleure aide
possible pour toute entreprise serait d'améliorer l'environnement d'affaires
général au Québec, ce qui passe notamment par un allègement du fardeau fiscal
et réglementaire et l'accès à une
main-d'oeuvre qui répond aux véritables besoins de notre économie. Nous vous
remercions du temps que vous nous avez accordé aujourd'hui pour faire
valoir la perspective des membres de la FCEI. Nous vous offrons notre entière collaboration pour la
suite et nous sommes heureux de répondre maintenant aux questions des membres
de la commission. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, merci pour votre exposé. Nous
allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, à vous
la parole. Vous avez 16 min 30 s.
M.
Fitzgibbon : Merci. Écoutez, M. Gaudreault, ça va être assez
simple, là. Je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit là-dedans. Je veux dire, c'est très bien
fait. Chacun des points, je suis d'accord. Je dois... je vais mettre un petit
caveat par contre, les deux premières
recommandations émanent de mon collègue Eric Girard aux Finances. Je ne
m'engagerai pas, au nom du ministère des Finances, sur l'allègement
fiscal, mais je comprends qu'il y a des choses là-dedans.
La troisième recommandation sur l'allègement
réglementaire, c'est une tâche qui n'a pas rapport au projet de loi n° 27, une tâche qui m'a été confiée
quand je suis arrivé au gouvernement. Et j'ai avec moi un collègue, Youri
Chassin, qui est un excellent député
à Saint-Jérôme, qui a pris ce dossier-là en main. Je peux vous dire qu'il est
assez efficace parce qu'on commence à
voir déjà des améliorations. Je partage à 100 % le fait qu'on doit faire
un meilleur travail réglementaire, puis
ça, ce n'est pas juste au Québec, c'est au Canada, parce que le commerce
intercanadien, interprovincial, à l'intérieur des ministères... Alors, ça, je suis 100 % d'accord et c'est à
l'agenda au moment où on se parle avec des gens qualifiés pour s'en
occuper.
Du côté d'Investissement Québec, meilleure
communication, ça va de soi. Je pense qu'on est reprochés d'avoir un Investissement Québec qui va être très large.
En même temps, plus il va être large, plus il va être visible, alors le ballon
de plage va être gros de même, alors on va
s'assurer qu'il soit encore mieux connu. Et j'accepte aussi le fait que nous
voulions toucher à
250 000 PME au Québec, il va falloir que... Il va falloir s'aider
nous-mêmes, alors, moi, je pense que c'est une très bonne recommandation. Le détail va être évidemment important.
Investissement Québec a des gens en communication qui vont faire...
Le guichet
unique, je suis d'accord aussi, là. Vous dites, à juste titre, c'est un peu ce
que M. Legault a décidé avant même
que je sois avec lui, c'est qu'il faut simplifier l'entrée des entrepreneurs au
gouvernement. C'est très compliqué, je l'ai dit tantôt en Chambre, je veux qu'il y ait un ascenseur qui vienne à mon
bureau parce que je veux accélérer l'accès à mon ministère, à moi comme personne, mais en plus, je pense qu'il faut que
les entrepreneurs aient l'impression que quelqu'un chez Investissement
Québec va être capable d'au moins faire le dispatching à l'interne.
Alors, je pense qu'Investissement Québec carrément
va être ça. Puis ça va toucher le travail, ça va toucher l'immigration, ça va toucher l'environnement. Pas
que les gens en économie vont faire de l'immigration ou de l'environnement,
au contraire, mais ça va être à nous après ça, avec Youri Chassin puis sa gang,
de gérer l'interne.
Alors, moi,
je pense que ça, ça va se faire, et je pense que ça prend des gens qui sont
capables de comprendre c'est quoi, un
entrepreneur puis comment qu'un entrepreneur réfléchit, qu'est-ce qu'il a
besoin comme services. Puis c'est ça qu'on va faire comme changements
importants au niveau d'Investissement Québec.
Là, je vous
parle plus que je vous pose des questions, mais ce n'est pas grave, c'est... Je
suis d'accord avec ce que vous dites, donc...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : ...ministre de vous souligner qu'on ne
peut pas nommer les noms des députés par leur prénom, mais bien par leur
nom de comté. Merci.
M. Fitzgibbon : Je m'excuse, je ne
recommencerai plus.
Bon, pour les résultats, je vais revenir au...
Les résultats, j'ai fait part ce matin à ma collègue la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne que j'étais pour être transparent et
je pense que c'est important d'avoir les bonnes mesures de performance.
Investissement Québec, l'année passée, par hasard... par exemple, il y avait 26
ou 27 KPI, il va y en avoir trois cette
année. Alors, je m'engage que les
trois choses qu'on va mesurer vont être pertinentes pour notre politique économique et je vais être très heureux de
faire une reddition de comptes constamment.
Le dernier
point, c'est sur la politique industrielle régionale. Je suis d'accord
avec vous, mais j'aimerais ça vous entendre
sur ce point-là, parce qu'honnêtement
c'est un enjeu qui n'est pas facile, parce qu'on veut, d'une part... j'ai dit
ça ce matin à d'autres groupes d'intervention, je pense qu'on doit, au niveau
du gouvernement, du MEI, être capable de définir des politiques nationales où on veut performer puis, d'autre part, on est
un gouvernement qui veut s'occuper des régions. Alors, est-ce que les
deux sont compatibles? Parce qu'on parle du «bottom-up» puis on parle du
«top-down».
Alors,
j'aimerais ça vous entendre, comment... vous êtes pas mal proche de tout ce
monde-là. Comment vous nous recommandez, comment vous donnez des
conseils au gouvernement pour être efficace et livrer cet objectif-là qui est
fondamental à notre mission?
M. Gaudreault (Simon) : Oui. Merci
pour votre question, M. le ministre. Puis sans vouloir peut-être être trop
prescriptif et spécifique, ce que les membres de la FCEI nous ont dit, quand on
les a consultés sur cet élément-là, hein : Est-ce que vous souhaitez que
le gouvernement du Québec joue un rôle actif dans la planification du
développement économique... On est allés
tester ça, parce qu'on n'était pas franchement certains d'où les membres de la
FCEI, les chefs de PME au Québec
logeaient là-dessus. Ils nous ont dit qu'ils souhaitaient effectivement que le
gouvernement joue un rôle.
Alors, maintenant, dans les détails ici, dans le
cadre du projet de loi, on propose une politique industrielle régionale. Est-ce
qu'il y a quelque chose aussi de québécois et ça peut s'imbriquer, hein, pour
qu'il y ait une certaine cohésion mais, en
même temps, une certaine couleur, hein, dans chaque région? Je suis un gars des
régions, M. le ministre, alors j'ai
travaillé en développement économique dans les régions, je sais que c'est
important parfois d'avoir des outils qui sont adaptés à
la réalité. Mais, en même temps, ça prend une cohésion dans l'action
gouvernementale, et je pense que c'est ça
que les membres de la FCEI sont venus nous dire quand on a validé le concept
d'une politique de développement économique.
Alors,
je pense que les deux pourraient tout à fait cohabiter, là, hein, lorsque c'est
bien conçu, lorsqu'on a consulté nos
acteurs sur le terrain, incluant, évidemment, les entrepreneurs dans les
différentes régions. Je pense qu'il y a moyen de faire quelque chose qui, sans être un cadre trop contraignant, donne une
certaine ligne de force à l'action gouvernementale en développement
économique.
M.
Fitzgibbon : Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Ça va? Alors, la parole est au député d'Orford.
M.
Bélanger : Ma question est dans cette continuité-là. Vous parliez de
consultations régionales. Est-ce que vous en avez fait ou vous suggérez des consultations régionales pour
justement être capable de définir une politique régionale? Parce que ça,
ce n'est pas clair, là. Vous en avez parlé tantôt, mais...
M.
Gaudreault (Simon) : Merci pour votre question, M. le député. Et puis
la réponse courte, ce serait que la FCEI est en mode consultation régionale permanent, hein? On rencontre
800 entrepreneurs québécois par semaine au Québec, on reçoit plus d'une centaine d'appels à nos
bureaux Ee on fait au-delà d'une quinzaine de sondages par année auprès des
entrepreneurs spécifiquement pour le Québec.
Et donc, ça nous permet, ça, d'obtenir le pouls des entreprises québécoises
d'une manière assez bien connectée sur ce qui se passe sur le terrain. Et donc,
on est en mesure de partager certaines informations, évidemment, avec le
gouvernement, pour l'aider à mieux orienter les actions gouvernementales.
Maintenant,
le gouvernement, lui, généralement, peut utiliser ces outils-là qui sont à sa
disposition, de faire des consultations
régionales. Et, si ça permet de mieux arrimer la politique de développement
industriel régional aux besoins des entrepreneurs dans chaque région, on
ne voit pas pourquoi le gouvernement se priverait de mener cet exercice-là.
M.
Bélanger : Comme vous dites que vous êtes quelqu'un des régions et
puis qu'il y a peu de capital de risque... puis certaines régions n'en ont pas du tout, qu'est-ce que vous suggérez
de façon à être capable d'initier ce capital de risque là ou ce niveau de risque là en région? Et puis
quelles vont être les mesures de performance? On parlait de «key performance
indicator», là, les KPI ou les mesures de
performance. Qu'est-ce que vous suggérez de façon à permettre de sécuriser un
peu plus au niveau de ce capital de risque là en région?
M.
Gaudreault (Simon) : Bien, je pense que souvent ça part, hein, par de
la connexion, de la communication. Alors, c'est sûr que, si nos sources de capital de risque sont plus éloignées,
hein, des régions, il faut se trouver des mécanismes qui permettent aux
gens de se parler, puis de se connaître, puis de le faire dans le concret,
hein? Alors, est-ce qu'on peut trouver une
façon d'amener les gens des régions ou d'amener les gens de capital de risque à
se rencontrer en personne? Ça peut
être très simplement, là, une façon de faire qui améliorerait la notoriété, par
exemple, des entreprises ou des projets en région auprès des bailleurs de fonds, mais aussi qui permettrait à ces
gens-là dans le domaine du capital de risque de mieux connaître la
réalité des entreprises en région.
Alors,
sans être des spécialistes, hein, du capital de risque, à la FCEI, là... il
faut bien comprendre ça, nos membres sont des entreprises indépendantes souvent de plus petite taille, mais il y en a
quelques-unes qui vont bénéficier de certaines mesures de cette nature-là, sans être cotées en
bourse évidemment. Il y
a... ce qu'on peut dire, c'est que ce que les entreprises en région, souvent, vont rechercher, c'est des
gens qui vont comprendre leur réalité. Alors, comme je viens de le dire, ça se
fait, ça, en établissant des canaux de communication plus forts.
• (15 h 20) •
M.
Bélanger : Mais en ayant... en donnant une certaine autonomie au
niveau des régions, est-ce qu'on ne devrait pas avoir une... Si on prend une cartographie du Québec, par exemple, il
y a certaines régions qui sont propices à certains types d'industrie, certains types d'entreprise
manufacturière. Est-ce qu'on ne devrait pas penser à une certaine gouvernance
ou gestion du risque plus centralisée et non décentralisée par régions
administratives?
M.
Gaudreault (Simon) : Bien, ma compréhension du projet de loi et notre
compréhension à l'analyse du projet de
loi à la FCEI, c'est que le projet de loi vise notamment à établir une présence
plus forte en région et c'est une orientation que nous, on partage à la
FCEI, là, donc qu'il y ait des services plus de proximité.
Maintenant,
qu'il y ait une cohésion à l'échelon québécois, là, des actions, ce n'est pas
une mauvaise chose non plus. Mais notre compréhension, encore une fois, du
projet de loi, c'est qu'on cherche à renforcer une certaine présence
régionale d'Investissement Québec.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : La parole est maintenant au député de Labelle.
Mme
Jeannotte : Dans le fond, moi aussi, j'aimerais préciser la question
sur la politique industrielle. Par exemple, est-ce que... Prenons les Laurentides. Est-ce que vous voulez dire que ce
serait... la région des Laurentides pourrait avoir une politique sur la forêt, par exemple, alors
qu'une autre région pourrait avoir une politique dans un autre secteur
d'activité? Est-ce que c'est un peu ça que vous avez voulu dire?
M. Gaudreault
(Simon) : Oui, absolument. Écoutez, il y a des forces, hein, dans
chaque région. On a nos créneaux porteurs,
nos fleurons. Appelons-les comme on veut, là. Mais il y a des locomotives
économiques dans chaque région, et, pour toutes sortes de
raisons, les régions vont vouloir se donner des priorités qui leur sont
propres, qui portent leurs couleurs, et,
de notre point de vue, c'est correct d'avoir ça. Ça permet d'adapter les
programmes et les actions du gouvernement plus concrètement aux besoins
et à la réalité des entreprises dans chacune des régions du Québec.
Mme
Jeannotte : Bien que là on aurait des couleurs différentes par rapport
aux régions en fonction de leurs créneaux respectifs, il faudrait assurer la
cohérence quand même via, justement, une meilleure coordination par nos bureaux qu'on veut implanter. Ça, vous êtes à
l'aise avec ça, puis ce serait... C'est un peu comme ça que vous le voyez
aussi.
M. Gaudreault
(Simon) : Oui, absolument. L'un n'exclut pas nécessairement l'autre.
Mme
Jeannotte : Au niveau de l'accompagnement des entrepreneurs, qu'est-ce
que vous entendez le plus au niveau des besoins?
M.
Gaudreault (Simon) : Je l'ai mentionné un peu, peut-être brièvement,
là, dans mon allocution, mais c'est clair que lorsque,nous, on teste ça auprès des chefs d'entreprise, on leur
demande : Avez-vous bénéficié d'aide du gouvernement dans les cinq dernières années?, on nous dit... Il
y en a un sur cinq qui nous dit oui, généralement. C'est à peu près ça, le
ratio.
La notoriété des
organismes de développement économique n'est pas mauvaise. Il y a quand même
une bonne connaissance. Investissement
Québec... À l'époque, bon, il y avait des noms qui étaient peut-être un peu
plus répandus que le CLD, mais on
connaissait et on connaît encore, je pense, aujourd'hui souvent les organismes
qui sont disponibles. Par contre,
souvent, là où ça se complique, c'est le fait, puis je le mentionnais
encore dans mon allocution, c'est le fait que les journées des entrepreneurs sont... se déroulent
très, très vite, et on a souvent... on est des hommes ou des femmes-orchestres,
on fait plein de choses en même temps et on
n'a souvent pas le temps de se pencher sur le formulaire, sur les détails du
programme, sur le parcours du combattant, d'aller
chercher différentes validations auprès de firmes externes, et c'est ça,
souvent, qui est très complexe.
Alors,
oui, des fois, les interventions du gouvernement sont plus ciblées, nécessitent
d'être un peu plus techniques. Mais,
dans ces cas-là, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il devrait y avoir un
accompagnement bien ciblé de la part du gouvernement pour aider les
entreprises à se diriger dans le labyrinthe puis dans le dédale. Mais
évidemment, avant ça, lorsque c'est possible,
essayer de simplifier le plus possible le langage du gouvernement, le nombre
d'étapes, la duplication des démarches, ça, c'est une première étape, et, lorsque, malgré tout, ça devient quand
même un peu technique, c'est de bien accompagner les entrepreneurs pour qu'ils puissent effectivement se rendre du point
a aux points b, c, d, e, jusqu'à tant qu'ils aient le soutien dont ils
ont besoin pour faire la croissance de l'entreprise.
Mme
Jeannotte : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. La parole est maintenant au député d'Orford. Il
vous reste 3 min 45 s.
M.
Bélanger : ...comme vous
avez le pouls des PME en région, moi, je serais curieux de savoir : Vos
membres veulent se faire mesurer sur
quoi lorsqu'ils reçoivent un financement? Je comprends qu'ils
veulent un peu plus de financement, un certain capital de
risque. Mais ils veulent se faire mesurer sur quel type de succès, quel type de
critères de performance?
M.
Gaudreault (Simon) : Vous
voulez dire... Je veux juste être sûr de bien comprendre votre question. C'est
sur... Le programme comme tel, lui,
c'est mesuré par le gouvernement, mais vous voulez dire l'accès au programme et
les critères d'accès au programme?
M. Bélanger :
Pas l'accès. En termes de mesure de performance, c'est-u par les emplois créés?
C'est-u par la productivité? Ils sont prêts à se faire mesurer de quelle façon?
M.
Gaudreault (Simon) : Bien,
je vous dirais que lorsque vous posez la question aux chefs d'entreprise,
les gens d'affaires, c'est des gens
pragmatiques. Donc, c'est sûr que souvent, on a eu des indicateurs d'efforts,
hein, mais ce qui les intéresse beaucoup
plus, c'est les résultats, hein, non
seulement pour eux-mêmes, mais pour
la gestion du programme comme tel. Ils comprennent très bien que, si on
ne mesure pas véritablement les résultats, comment s'assurer que le programme,
les sommes sont livrées à bon port puis sont maximisées pour le bénéfice de la
collectivité? Et ça, ça les préoccupe, parce que
c'est sûr que, si on n'a pas les bons indicateurs, on a de
la difficulté à avoir de la bonne gestion, et c'est là, à
un moment donné, que ça coûte trop cher pour chaque dollar investi.
Alors,
je vous dirais, ma réponse est peut-être plus générale dans ce sens-là, ce que les chefs
d'entreprise veulent, ils sont très
pragmatiques, c'est de l'efficience dans le programme. Donc, c'est de choisir
les indicateurs qui vont permettre vraiment de mesurer le résultat final
pour chaque dollar investi.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. C'est tout? Alors, écoutez...
C'est tout? Parfait. Alors, nous cédons... Merci pour l'échange
pertinent. Nous cédons maintenant la parole...
Une voix :
...
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est beau. Nous cédons maintenant la parole à la porte-parole de l'opposition officielle. Vous disposez de
11 minutes. Alors, c'est à vous, députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Anglade : Merci beaucoup. Alors, merci de la présentation.
Écoutez,
j'apprécie la manière simple et efficace dont vous avez présenté le rapport
avec vos recommandations et... Quelques questions. Vous voyez, évidemment,
beaucoup de petites entreprises. La question du transfert d'entreprise,
j'aimerais vous entendre là-dessus, parce que c'est véritablement un enjeu que
l'on a au Québec, transfert d'entreprise. Les
entreprises ont besoin d'être accompagnées. Les leaders de ces... ces
présidents de boîtes ont besoin de trouver des manières de passer la
main à une autre génération ou à d'autres repreneurs. Le rôle que vous voyez
pour Investissement Québec à l'intérieur de ça et l'importance de ce
dossier-là, selon vous...
M.
Gaudreault (Simon) : Merci
pour votre question, Mme la
députée. Vous savez, vous avez raison
de soulever cette question-là.
C'est une question très importante, à l'heure actuelle, dans le
monde des PME. Il y a toute une génération d'entrepreneurs qui sont prêts à passer le
flambeau et on doit s'assurer de la pérennité de ces actifs-là et que ça se
pense de la bonne façon.
Ce
que nous, à la FCEI, on a fait dans les dernières années, c'est de collaborer
avec le Centre de transfert d'entreprise du Québec qui, d'un point de vue, nous offre une
bonne collaboration, c'est-à-dire que les membres qui s'adressent à nos gens chez nous, à la FCEI, pour avoir de l'information générale... Ensuite, ça fonctionne bien, on est capables de les
orienter vers le Centre de transfert
d'entreprise et ils obtiennent vraiment l'aide ciblée dont ils ont besoin dans leurs
démarches de transfert d'entreprise. Donc, les échos que l'on a, c'est
que ça fonctionne quand même bien de ce côté-là.
Maintenant, il y a tellement
d'actifs, là, qui doivent être transférés dans les prochaines années, il y a tellement
d'entreprises qui vont devoir passer le
flambeau à la prochaine génération que c'est clair que si on peut trouver une
façon de mettre davantage
de ressources à la contribution du transfert d'entreprise, ça peut absolument
être bénéfique, à condition que ce
soit fait, bien entendu, d'une manière bien coordonnée, mais différents
types d'entreprises vont avoir différents besoins.
Donc,
est-ce que c'est possible qu'Investissement
Québec, qui a une pertinence, dans certains cas, qu'ils interviennent ou que le gouvernement du Québec développe
d'autres programmes plus spécialisés? On verrait ça d'un bon oeil parce que
l'enjeu est définitivement important.
On
a publié, l'automne passé, à la FCEI, notre dernier sondage sur le transfert
d'entreprise, qui révélait qu'il y avait de plus en plus d'entrepreneurs qui comptaient céder les rênes de leur
entreprise et que, par contre, trop peu étaient suffisamment bien
préparés et sensibilisés à la question. Donc, de notre point de vue, il y a du
travail encore à faire de ce côté-là, mais
le gouvernement du Québec, dans le passé, a mis en place des mesures fiscales
pour favoriser le transfert à la
famille. C'est une bonne chose. On est présentement en campagne électorale
fédérale et c'est une des recommandations, en fait, de la FCEI pour les différents partis politiques fédéraux,
qu'ils suivent l'exemple du Québec et mettent en place leurs mesures
d'allègement fiscal pour les transferts familiaux.
• (15 h 30) •
Mme
Anglade : Effectivement, le dernier gouvernement a fait un bon bout de
chemin, là-dedans, au provincial. Merci,
parce que cet enjeu-là, je pense qu'il va falloir qu'on le mette de l'avant
puis qu'on voie de quelle manière on doit intervenir avec Investissement
Québec puis avec le CTEQ. On va les voir, de toute façon, cette semaine.
Des gens qui sont
venus présenter avant vous ont parlé de la nécessité d'avoir non seulement un
guichet unique, mais un service au niveau de
la conciergerie, c'est-à-dire fournir les informations. On parle du site
Entreprises Québec, qui fait en sorte que ça rassemble de l'information,
mais, malgré la simplification qui a été amenée, il y a toujours... tout est perfectible. Il y a toujours du travail à faire
pour faire en sorte que les entreprises puissent vraiment identifier les
programmes auxquels elles ont accès.
Que
pensez-vous, vous, des besoins en matière de conciergerie, d'orientation de nos
entreprises? Est-ce que ça doit
relever de l'interne d'Investissement Québec? Est-ce que c'est quelque chose
qui devrait être donné à l'extérieur, comme mandat, à l'extérieur de
l'organisation? Comment est-ce que vous voyez les choses?
M.
Gaudreault (Simon) : Bien, si vous voulez dire, par exemple, d'avoir
une autre porte d'entrée pour l'entrepreneur en région, par un réseau régional ou par le biais des services de
développement économique des municipalités, par exemple, je dirais qu'il s'agirait, à chaque région, de
trouver la formule qui fonctionne le mieux et, de là, de se donner une certaine
souplesse.
Maintenant,
si Investissement Québec peut apporter sa contribution là-dedans, ce que je
vous dirais, de notre expérience, nous, à la FCEI, c'est qu'il y a
toujours un besoin de simplifier et de faciliter l'accès. On le vit, nous, en communiquant avec nos membres sur une base
quotidienne. Il faut toujours être plus clair, plus direct. Les entrepreneurs,
là, ce n'est vraiment pas les grands experts en tout qu'on s'imagine. Ils ont
besoin d'être accompagnés pour bien comprendre les enjeux avant de
prendre leurs décisions et aussi ils ont besoin qu'on leur parle dans leur
propre langage, là.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, merci. Nous donnons la parole au député de
Robert-Baldwin.
M.
Leitão : Très bien. M. Gaudreault, bonjour. Merci. Merci d'être là,
très intéressant. Juste quelques questions, je passerai la parole après
à mon collègue de Nelligan.
Vous
avez mentionné, et c'est bien décrit dans votre mémoire, à la page 4, je
pense, quand on pose la question : Quel est le type d'aide aux entreprises le plus approprié... et 64 % des
chefs de PME parlent d'allègement fiscal. Et puis vous avez aussi mentionné la contribution au FSS, ça
fait partie du fardeau fiscal. Donc, il me semble que, dans le contexte des
PME, l'action gouvernementale la plus
efficace, la plus bienvenue serait justement une continuation de l'allègement
fiscal. C'est un petit commentaire éditorial.
Maintenant,
l'autre chose qui est aussi intéressante, à votre page 3, quand vous
parlez des principales préoccupations des
PME québécoises, en termes de limites à l'augmentation de la production, de la
pénurie de main-d'oeuvre et tout ça... mais les compétences en gestion,
ça devient... après les pénuries de main-d'oeuvre, c'est l'élément le plus
important.
Donc, pour
revenir à ce que ma collègue mentionnait tantôt, donc ce service de
conciergerie, je pense qu'au-delà de
l'aide financière qu'éventuellement Investissement Québec pourrait fournir ou
pas aux PME, je pense que ce type d'aide, ce type d'accompagnement, il me
semble qu'il serait, enfin, peut-être plus important que tout simplement de
distribuer des subventions.
M.
Gaudreault (Simon) : Vous avez raison, M. le député, de dire que
souvent, là, il y a un grand besoin, auprès des entreprises, de mieux se faire accompagner, hein, pour mieux
démystifier les programmes, les comprendre et pouvoir en tirer le plein
bénéfice.
Alors, vous
avez mentionné les compétences en gestion. Vous me permettrez de déborder un
petit peu, je vais donner un autre exemple. Par exemple, on parle un
petit peu aussi, dans le cadre du présent projet de loi, du développement à
l'international, hein? Et malgré que, dans le contexte actuel, on ait davantage
d'opportunités à l'international pour les entreprises
québécoises, plus que jamais, ce qu'on voit, paradoxalement, c'est souvent
qu'on ne sait pas par où commencer, hein? On ne sait pas à qui
s'adresser, à quelle porte cogner et comment s'y prendre.
Alors, les
entreprises, je pense, de ce point de vue là, et ce n'est qu'un exemple, là,
pourraient bénéficier effectivement d'une
aide technique bonifiée, avant même, là, justement, de penser à davantage de
support financier. Je ne dis pas que le support financier n'est pas important dans certains cas bien spécifiques,
de là la mission, là, d'Investissement Québec et d'autres organismes gouvernementaux. Mais il reste qu'effectivement
c'est ce qui s'est... ce que les PME nous disent souvent : J'aurais
besoin, moi, plutôt d'aide technique, j'aurais besoin d'être accompagné puis de
pouvoir aller chercher des bonnes ressources pour être capable de maximiser ma
participation dans le programme ou la mesure gouvernementale.
M. Leitão : Bien, juste un
dernier point avant de passer la parole à mon collègue, parce que moi, ce qui
me concerne un peu dans... La préoccupation
que j'ai dans le cadre du projet de loi n° 27, c'est qu'on est en train de
créer une nouvelle superbureaucratie,
un Investissement Québec 2.0 avec probablement 1 000 employés, et
j'ai un peu de difficulté à voir
comment cela va rapprocher l'organisme des enjeux très, très, très particuliers
et très, très individuels des différentes PME. Donc, moi, j'ai une
préoccupation sur cette capacité-là d'aider vraiment les PME.
M. Gaudreault
(Simon) : Bien, je pense que je ramènerais les membres de la
commission à la question que j'ai soulignée
dans mon allocution, hein, quelles sont les principales préoccupations des
chefs de PME du Québec et comment peut-on
y répondre de la manière la plus efficiente possible. Donc, évidemment, ça
suppose de ramener plus et pas moins d'efficience
dans le système, incluant dans notre système d'aide au développement
économique. Alors... et pour ça, bien, pour
revenir un peu sur la discussion qu'on avait tout à l'heure, ça prend
effectivement des bons indicateurs de performance pour arriver à faire
ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. La parole est au député de Nelligan. Il vous reste
1 min 19 s.
M. Leitão : Je suis généreux.
M. Derraji :
Ah oui! généreux... Je t'ai laissé quatre la dernière fois. Parlons
d'environnement d'affaires. Je sais, nous sommes en train de parler d'une
réforme d'Investissement Québec. Vous êtes un des acteurs les plus privilégiés
au niveau des PME. Comme la question de mon
collègue le député d'Orford, c'est quoi, le pouls que vous avez du terrain par
rapport à l'environnement d'affaires? Je
sais qu'on s'est séparé la dernière fois en commission sur l'immigration où
vous avez levé déjà un drapeau rouge. La situation est rendue où
aujourd'hui par rapport au climat d'affaires, environnement d'affaires?
M. Gaudreault
(Simon) : Je dirais, très rapidement, que ce serait facile de penser
que tout va bien, parce qu'effectivement, d'un point de vue macro,
l'économie québécoise fonctionne, hein? L'optimisme des PME est le plus élevé
au Québec parmi toutes les provinces.
Cela étant
dit, ça masque plusieurs problématiques importantes : les pénuries de
main-d'oeuvre, on en a parlé, la concurrence
du commerce électronique et des grands géants qui mènent une concurrence
difficile, là, pour nos détaillants et nos commerçants qui ont pignon
sur rue au Québec.
M. Derraji :
Justement, le gouvernement est en train de mettre en place cette stratégie qui,
selon le gouvernement caquiste, va
résoudre pas mal de problèmes, surtout au niveau régional. En quoi vous voulez
que le gouvernement mette plus d'emphase pour qu'on vous donne les
meilleurs outils.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, c'est tout. Nous n'avons plus
de temps. On vous remercie pour la bonne question. Nous cédons la parole
au porte-parole du deuxième groupe d'opposition, au député de Rosemont.
M. Marissal : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Bonjour. Merci d'être là.
Je
comprends le fait que vous ayez saisi l'occasion d'être ici, dans une tribune
nationale, devant un ministre influent du
gouvernement, pour faire part de vos revendications, mais très
respectueusement, sur vos sept recommandations, je pense qu'il
y en a trois qui n'ont pas rapport avec le p.l. n° 27,
deux pas particulièrement, puis il y en a deux sur la cible. Je ne pensais pas qu'on discutait ici d'allègement
fiscal des entreprises. Cela dit, je comprends que vous ayez saisi l'occasion,
mais le projet de loi me semble assez costaud et assez important pour qu'on
focusse là-dessus.
J'ai deux questions
pour vous. À la page 6, vous écrivez : «Ainsi, même si le
gouvernement prévoit augmenter de
1 milliard le capital-actions d'Investissement Québec, la FCEI craint
qu'il rate sa cible en matière de diversification de son action.»
Pouvez-vous élaborer brièvement là-dessus, s'il vous plaît?
M. Gaudreault
(Simon) : Oui. Donc, M. le député, merci pour votre question. Ce que
ça veut dire, c'est qu'historiquement
le Québec donne plus d'aide aux entreprises que les autres provinces. Par
exemple, il va en donner plus de
manière absolue que l'Ontario, dont l'économie a deux fois notre taille, sans
que ça ait nécessairement historiquement donné des résultats de manière
éclatante, plus probants qu'en Ontario ou qu'ailleurs au Canada.
Alors,
il faut justement, de ce point de vue là, se poser la question : Comment
on peut effectivement soutenir nos entreprises
avec certains programmes et mesures ciblées dans certains cas bien spécifiques,
mais en faisant en sorte que chaque dollar investi par l'État, qu'on
maximise le rendement pour que le système soit plus efficient et que l'aide aux
entreprises soit la plus efficiente possible. C'est ce que veulent les chefs de
PME du Québec.
• (15 h 40) •
M. Marissal : O.K. Puis rapidement, page 7,
recommandation 5, vous souhaitez la création d'un vrai guichet unique.
Ce sont vos mots, c'est votre mot.
Là,
si je comprends bien, vous dites qu'il faudrait, à la limite, fusionner tous
les services d'Économie et Innovation, le
ministère de l'Immigration, Francisation, Intégration et celui du Travail, de
l'Emploi et de Solidarité pour qu'un employeur ou une PME arrive avec
tous les services dans ce bureau avec les trois ministères.
M.
Gaudreault (Simon) : S'il y a des synergies à réaliser, et on croit
qu'il y en a, effectivement, ça devrait être un endroit où l'entrepreneur peut venir chercher du soutien sous
différents canaux. Si les mesures peuvent être coordonnées pour que l'employeur n'ait pas, par exemple, à
déposer une demande pour un projet, parce que le projet a différents angles,
avec différents ministères, trois fois, hein...
C'est
ça, en fait, souvent, ce qu'on dit dans la réglementation, ce n'est pas de
couper la réglementation tout court, c'est
de la faire de manière plus intelligente, et ça s'applique aussi pour le
support aux entreprises, de notre point de vue. Il y a des synergies à
réaliser là-dessus.
Maintenant, même si
ça, ça arrivait demain matin, il resterait une diversité d'organismes en
développement économique au Québec. On sait
qu'ils se partagent entre les différents paliers de gouvernement. Alors, il
resterait quand même encore
différents organismes en fonction de la réalité des entreprises et de leurs...
à la limite, je vous dirais même, de leurs particularités et de leurs
préférences, des différentes portes auxquelles ils pourraient cogner demain
matin, là.
Mais
nous, de notre point de vue, que le gouvernement envisage de se doter de cette
approche-là, d'avoir une plus grande synergie, même aller encore plus
loin que le projet de loi le prévoit, ce n'est pas une mauvaise chose en
matière de réflexion sur notre développement économique.
M. Marissal :
Je vous remercie.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est tout?
M. Marissal :
M'aviez-vous donné le temps de mon collègue sans même que j'aie à le demander?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Bien, vous l'aviez demandé cet avant-midi.
Alors, moi, je prends pour acquis que vous l'avez tout le temps
maintenant, le 5 min 30 s.
M. Marissal :
Ah! bien, c'est extraordinaire. J'ai un guichet unique moi aussi, de temps...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Mais là il vous reste une minute à peine.
M. Marissal :
Non, c'est bon. J'ai terminé. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Vous avez terminé. C'est parfait. Alors,
on remercie... Je vous remercie, M. Gaudreault, de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, pour votre contribution à la
commission. Merci.
(Suspension de la séance à
15 h 42)
(Reprise à 15 h 44)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons commencer. Nous souhaitons la bienvenue à M. Bernard et M. Bouchard de Montréal International. Vous
disposez de 10 minutes pour exposer votre discours et vous... Je vous
invite à vous présenter avant de commencer votre exposé.
Montréal
International (MI)
M. Bernard
(Christian) : Merci, Mme la Présidente. Alors, c'est parti. Nous
sommes très heureux d'être ici aujourd'hui. Alors, merci beaucoup de nous
donner l'occasion, mesdames messieurs, d'exprimer les points de vue de Montréal
International par rapport à cet important projet de loi.
Je suis accompagné de
Francis Bouchard, mon collègue à Montréal International, directeur Stratégie et
affaires économiques, et moi-même, donc
Christian Bernard, économiste en chef et vice-président Communications
et marketing.
Et
donc je vous invite... Là, vous avez, je présume, sous les yeux le mémoire
qu'on a acheminé à la commission. Je vous
invite à tourner les pages et à suivre ma présentation. Ça va être assez bref,
question d'avoir le plus de temps pour échanger avec vous.
Donc, je vous amène directement
à la page 4, quelques mots sur Montréal International. On est un partenariat privé-public créé en 1996. Fait important, on ne couvre pas seulement la ville de
Montréal, on couvre les 82 villes de la Communauté métropolitaine de Montréal, donc on parle de plus de la
moitié de la population et de l'économie du Québec, et financé par les
trois paliers de gouvernement ainsi que par quelque 185 entreprises du
secteur privé.
On
intervient, à la page 5, essentiellement sur trois fronts pour créer de la
richesse en provenance de l'international. Le premier, qui est notre
coeur de métier, l'attraction, la rétention d'entreprises étrangères au sein du
territoire, donc, du Grand Montréal, mais on
a le même mandat au niveau des organisations internationales. Je passe vite
là-dessus parce que ce n'est pas le
sujet d'aujourd'hui, mais, pour ceux qui suivent l'actualité, vous savez que
c'est le 75e anniversaire de l'OACI.
C'est une des quelque 65 organisations qu'on abrite à Montréal, et c'est
un mandat important pour nous. Et le dernier,
mais non le moindre, celui d'attirer et de retenir les étudiants, les
travailleurs qualifiés dans le Grand Montréal. Et vous le savez comme
moi, la rareté de main-d'oeuvre est un phénomène qui frappe un nombre
grandissant d'entreprises montréalaises,
notamment dans les secteurs technologiques. Et donc nos activités sont en forte
croissance à ce niveau-là. On pourra y revenir, parce que ça va de pair,
bien entendu, avec l'attraction d'investissements étrangers.
À
la page 6, c'est important de souligner que l'attraction d'investissements
étrangers, le développement économique, c'est un sport d'équipe. Alors, notre succès, on le doit aux gens qui
travaillent à Montréal International. Je trouvais intéressant de vous présenter quelques statistiques,
rapidement, du fait que plus du tiers de nos quelque 85 employés sont nés
à l'extérieur du Canada, 61 %
sont des femmes et 93 %, quand même, ont un diplôme universitaire, dont
près de 60 % un diplôme universitaire de cycle supérieur.
À
la page 7, le pari qu'on s'est lancé, il y a quelques années, ça a été de
dire à nos bailleurs de fonds gouvernementaux : Donnez-nous plus de ressources, puis on va vous
livrer plus de marchandises. Et donc vous voyez, à la page 7, là, une
diapo qui résume très bien nos
résultats des quatre dernières années, où on a réussi ce pari-là puis on a
livré, là. En ce qui concerne les
projets d'investissements étrangers qu'on a accompagnés, ça a augmenté de... la
valeur de ces projets-là a augmenté de près
de 150 %, même chose au niveau des embauches de travailleurs qualifiés
découlant de nos missions à l'étranger. Ça a augmenté... Ça a passé de 142 à 640. Donc, on est très fiers de cette
forte progression au niveau de nos résultats au cours de la dernière
période.
Et,
bien entendu, à la page 8, étant donné que la valeur des projets
d'investissements étrangers que l'on a accompagnés a augmenté, eh bien, les
retombées fiscales engendrées pour les différents paliers de gouvernement, donc
nos bailleurs de... bailleurs de
fonds gouvernementaux, pardon, ont également augmenté. On parle de
216 millions pour le gouvernement du Québec en 2018.
À
la page 9, c'est un peu notre bulletin annuel, à Montréal International.
C'est un sondage qui est fait sur une base annuelle, qui est très important pour nous et qui démontre la pertinence
que... du rôle joué par Montréal International dans les projets d'investissements que l'on accompagne.
Par exemple, en 2018, il y a 63 projets d'investissements étrangers que
l'on a accompagnés pour une valeur totale de
2,5 milliards. Et 37 % de ces projets-là ont répondu que, n'eût été
de Montréal International,
l'investissement aurait eu lieu ailleurs, dans une autre région concurrente, ou
n'aurait tout simplement pas eu lieu.
Mais je porte à votre attention 47 % aussi, qui est un chiffre important.
On n'a pas été indispensables dans ces 47 % de projets là, mais on a fait une différence dans la mesure où on a
accéléré les délais. Et on le sait que, pour les dirigeants d'entreprise, la rapidité d'action, c'est
souvent... des autorités gouvernementales, je pense... je parle, et bien
entendu des agences de promotion de
l'investissement comme Montréal International, c'est souvent tout aussi
important que l'ampleur des subventions qui peuvent leur être offertes à
ces entreprises étrangères.
Alors,
ce beau travail des dernières années a récemment été récompensé par le fDi
Magazine, qui est une branche du...
Financial Times, pardon. À la page 10, alors vous voyez qu'on est
numéro un au Canada pour notre stratégie d'attraction d'investissements
étrangers.
• (15 h 50) •
Alors,
je vous amène à la page 12. Je pense que le message... un des messages
importants que je veux vous transmettre aujourd'hui, c'est que, bon, vous le savez, Montréal connaît un bel élan
économique, joue finalement son rôle tant attendu de locomotive économique du Québec, mais que cette
situation-là n'est pas spécifique au Québec, parce qu'un peu partout
ailleurs dans le monde les grandes villes sont les foyers de la croissance, et
c'est particulièrement vrai au niveau de l'attraction
d'investissements étrangers. C'est une joute qui se déroule à l'échelle des grandes villes. Ce sont principalement les grandes villes qui sont en concurrence les unes avec les autres. Et
vous le voyez à la page 12, 77 % des projets d'investissements étrangers au cours des dernières années qui sont
atterris au Québec sont concentrés dans le Grand Montréal.
À
la page 13... simplement pour vous dire que nous ne sommes pas une juridiction différente des autres. Un peu partout ailleurs dans le monde, il
y a des agences de promotion de l'investissement étatiques, comme Investissement
Québec, qui travaillent main dans la main avec des API, donc, des agences de
promotion de l'investissement métropolitaines.
Maintenant,
à la page 14, on connaît... Je l'ai évoqué précédemment, mais je vous le
répète, parce qu'on est très fiers de
dire que, depuis deux ans, Montréal a la plus forte croissance économique
des grandes villes au Canada. Donc, il faut
maintenir cet élan et même l'accélérer. Et, pour l'accélérer, pour soutenir sa
croissance économique, on est d'avis qu'une
petite métropole... parce que Montréal est une métropole de rang deux et qui fait partie
d'une petite économie ouverte, qui
est celle du Québec et du Canada, et on pense qu'on n'a d'autre choix que de se...
de se tourner, pardon, vers l'international pour soutenir cette
croissance.
Donc, on voit d'un très bon oeil l'objectif du gouvernement
du Québec de vouloir doubler les investissements étrangers au Québec, de vouloir augmenter, de façon significative,
les exportations, parce qu'on pense qu'on n'a pas le poids du nombre puis que,
si on veut soutenir, puis même accélérer cette croissance-là, puis combler le
retard de richesse qui nous sépare
des autres juridictions, de la plupart des juridictions en Amérique du Nord, une bonne solution, c'est de miser sur
les échanges économiques en provenance de l'international.
À la
page 16, si on veut doubler, évidemment, les investissements
étrangers, ça va forcément passer par l'élargissement du bassin de talents, parce que la disponibilité
de main-d'oeuvre, c'est le nerf de la guerre, c'est le principal facteur
d'attraction des investissements
étrangers. Et c'est notamment pour cette raison qu'on est très actifs au niveau
de l'attraction de travailleurs et d'étudiants internationaux dans le Grand
Montréal, afin de grossir, si vous me prêtez l'expression, la tarte du talent,
pour justement nourrir l'investissement étranger et que ces deux volets-là se
nourrissent mutuellement.
À la
page 18, vous avez une synthèse de notre plan stratégique 2020‑2022, qu'on
est en train de finaliser au niveau de
sa présentation auprès de nos bailleurs de fonds gouvernementaux, pour
évidemment les convaincre de renouveler leur confiance à l'égard de Montréal International, renouveler leur entente
de financement à notre égard. Je voulais juste porter à votre attention nos objectifs ambitieux au
niveau des investissements étrangers et des embauches de travailleurs
étrangers, où on a l'intention
respectivement de doubler et de tripler nos résultats au cours de la prochaine
période, un peu comme on l'a fait au
cours de la dernière période. Alors, forts de nos récents succès, on pense
qu'on est en mesure de continuer à faire
bouger les aiguilles de façon significative. Et aussi l'effet de levier, au
niveau de notre financement, les 5,5 millions de dollars qui nous viennent du gouvernement du
Québec nous permettent d'aller chercher plus de 11 millions de dollars
ailleurs, notamment au niveau du secteur privé.
Alors, en
conclusion, on salue le projet de loi n° 27, la volonté du
gouvernement de réunir les forces et de mieux travailler en équipe, notamment pour doubler les investissements
étrangers. On l'invite à miser sur Montréal International pour générer plus d'investissements étrangers dans
la région de Montréal, parce qu'on le sait, si on veut doubler, au Québec,
ça va passer inévitablement par la région de Montréal. Donc, on est une
organisation, j'espère que j'ai réussi à vous le démontrer, qui est performante, qui a fait ses preuves, qui est
agile, qui est dans l'action, qui a un système de mesure de la
performance qui est axé sur des résultats concrets et mesurables, et qui est
concurrence, bien entendu, avec toutes les autres grandes villes du monde.
Et je terminerais avec ma dernière planche, la
page 21, essentiellement pour vous dire...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, c'est tout le temps que vous aviez. Je vous remercie beaucoup...
M. Bernard (Christian) : Parfait.
Alors, ça va me faire plaisir de parler de pistes de collaboration possibles.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci pour votre exposé. Nous allons
maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, à vous la
parole. Vous avez 16 min 30 s.
M. Fitzgibbon : Je peux-tu lui en
donner une du 16 pour qu'il finisse?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Je peux, parfaitement. Si vous l'accordez,
je lui accorde la minute ou le temps... si vous voulez, on peut lui donner tout le temps pour qu'il termine, là,
une minute ou deux, là. Je pense qu'il en aurait pour une minute ou
deux. Allez-y.
M. Bernard (Christian) : Très bien.
Merci. Bien, en synthèse, au niveau de notre dernière planche, le message que je veux vous transmettre, c'est que
l'attraction d'investissements étrangers, c'est un sport d'équipe qui... Donc,
si on veut atteindre cet objectif
ambitieux de doubler les investissements étrangers, il faut mieux soutenir
cette collaboration. Je pense qu'il y a lieu de l'optimiser. Je pense que ce
serait une bonne chose, par exemple, qu'Investissement Québec International
focalise sur les régions du Québec. Je
pense, ce serait une autre bonne chose qu'il y ait une certaine complémentarité
au niveau de nos expertises
sectorielles. L'intervenant précédent parlait de miser sur les avantages
concurrentiels spécifiques de chacune
des régions du Québec. Donc, je pense qu'il y a lieu d'optimiser cette
collaboration et que ça va permettre, bien entendu, d'en faire plus puis de se démarquer davantage sur la scène
internationale. C'était le principal message que je voulais vous passer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Fitzgibbon : Merci. Les 15
minutes qui me restent, écoutez, je n'ai pas beaucoup de commentaires à faire, parce que, d'une part, j'ai vu votre présentation,
la semaine passée ou il y a deux semaines, par votre ancien président, qui
avait une page de plus, qui était celle du budget que vous vouliez avoir
l'année prochaine... et l'exercice que je vais regarder avec mon collègue David, ici, en temps et lieu, à l'automne. On
est très conscients du travail extraordinaire que vous avez fait.
D'ailleurs, vous continuez à exister, c'en est la preuve.
Mais
j'aimerais ça juste vous entendre, peut-être... donnez-moi deux préoccupations
que vous pourriez avoir. La première,
vous l'avez exprimée il y a 30 secondes, tantôt. Je vais rentrer dedans
tout de suite puis je vais, s'il y en a d'autres... Vous
parliez que IQ International, évidemment, qui est une nouvelle création, soit
en complémentarité, puis je suis d'accord
avec vous. J'ai une partie... j'ai passé une partie de ma vie à faire du
développement international puis je suis super content de voir le coffre
à outils que nous avons, qui est plein d'outils.
Alors,
évidemment, quand on s'en va en guerre, on s'en va quelque part, on va prendre
les bons outils, alors c'est le
travail du gouvernement de s'assurer... ou des démarcheurs en chef, qui va être
votre ancien patron, de prendre les meilleures ressources disponibles, peu
importe où elles vont être, selon les objectifs du gouvernement. Ça je peux
vous rassurer sur ça. Mais j'aimerais
ça vous entendre sur d'autres préoccupations que vous pourriez avoir sur la loi
n° 27, là, parce que le document que vous présentez là fait un bon état de votre
accomplissement, de votre... ce que vous avez livré depuis quelques années.
Puis chapeau à ce que vous avez fait, encore
une fois, mais je veux mieux comprendre, p.l. n° 27,
c'est quoi les deux patentes, là, qui pourraient vous préoccuper, s'il y
en a? S'il n'y en a pas, tant mieux, on va passer la loi tout de suite.
M. Bernard
(Christian) : Bien, je vais commencer par ce qui me rend optimiste. Ce
qui me rend optimiste, c'est que je pense que le meilleur allié de Montréal
International va maintenant être chez Investissement Québec International, donc
ça ne peut qu'aider à la collaboration entre les deux organisations. Donc, ça,
je vois ça d'un très bon oeil.
J'ai envie de
reprendre la même idée qui a été formulée hier, je ne me souviens plus par quel
intervenant, à l'effet qu'on a beau
avoir les meilleures intentions du monde, la réalité, c'est qu'on retombe vite
dans notre quotidien puis on retombe
vite dans nos projets. Donc, si on veut vraiment que ça fonctionne, la
collaboration, il faut des ententes, il faut des mécanismes. Il faut la
provoquer parce qu'autrement cette collaboration va fonctionner en fonction des
affinités qu'il peut y avoir entre les individus en place ou le manque
d'affinités dans le cas contraire.
Alors, moi,
ça fait plusieurs années que je suis chez Montréal International. Hubert était
mon... est encore, là, mon septième
P.D.G. Il y a eu des périodes où ça fonctionnait plus que d'autres au niveau de
la collaboration. Tout dépendait, en
fin de compte, de la propension des individus en place à vouloir collaborer.
Alors, dans le projet de loi n° 27, ce que je pense qui serait intéressant, c'est de s'assurer... puis je sais que
c'est le cas, là, à certains endroits, là... la mise en place de comités
pour bien coordonner... pour bien identifier des cibles communes, pour bien
s'assurer d'être coordonnés, notamment au niveau de la visite des filiales
étrangères qui sont présentes sur le territoire du grand Montréal.
Alors, moi,
je vous invite à mettre en place des mécanismes formels, des ententes de
principe pour être sûr qu'on puisse
optimiser cette collaboration puis qu'elle fonctionne au-delà des intentions
qui sont exprimées puis qui sont tout à fait louables.
M. Fitzgibbon : Merci. Je suis
totalement en accord avec vous. D'ailleurs, vendredi, j'ai la chance de parler devant la communauté des affaires de Montréal.
Donc, je pense que pas mal de monde va être là puis je vais donner l'état de la situation de Mitsubishi qui est carrément...
en tout cas, en trois mois, ce qu'on a réussi à faire avec le ministère, IQ, le
MRIF et Montréal International, c'est un
exemple qu'on veut répliquer à tous les trimestres pour les prochains
25 ans. Alors, merci beaucoup. Moi, je n'ai pas d'autre question.
Mes collègues...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, la parole est au député d'Orford.
• (16 heures) •
M.
Bélanger : Merci, Mme la Présidente. Moi, j'ai une question en... je
reviens encore au niveau des régions. Vous savez qu'on veut développer une stratégie de développement économique en
région et puis, bon, vous venez de confirmer que tout passe par Montréal. Montréal est la numéro un au Canada. Vous
avez un désir de collaborer, mais vous ne m'avez pas donné les moyens.
Et puis ce
qui bouge beaucoup aussi aujourd'hui, c'est évidemment les technologies de
l'information, l'intelligence artificielle.
Le recrutement, je crois, se fait...
des compétences, du talent se fait plus facilement vers Montréal
que vers les régions.
Est-ce que vous croyez que c'est peine perdue
d'essayer de développer une économie en région? Si ce n'est pas le cas, comment vous voyez le développement des technologies de l'information, de l'intelligence
artificielle en région? Est-ce
qu'il y a place pour ça en région ou ça doit rester un petit peu plus
manufacturier ou un type d'industrie en particulier? Ça fait que j'aimerais beaucoup
vous entendre à ce niveau-là. Comment vous voyez le rôle des régions? Est-ce que vous voyez effectivement un potentiel de développement
économique et quel type de développement économique?
M. Bernard
(Christian) : Bien, je vais
parler pour ce que je connais, c'est-à-dire le volet investissement étranger du
développement économique. C'est vrai que les trois quarts des projets d'investissement étranger aboutissent à Montréal, comme
je l'ai énoncé dans ma présentation. Ce n'est pas spécifique au Québec,
c'est un peu comme ça un peu partout ailleurs.
Est-ce que ça
veut dire qu'il n'y a pas de place pour les villes de plus petites
tailles, pour les régions? Absolument
pas. Il y a quand même
23 % des projets, au cours des
dernières années, des projets d'investissement étranger qui ont atterri ailleurs dans des régions du Québec. Est-ce qu'il
y a un travail qui pourrait être fait pour que ces régions et ces villes-là
puissent mieux se mettre en valeur, puissent
mieux documenter leurs forces sectorielles spécifiques, puissent être en
mesure, prêtez-moi l'anglicisme, mais d'être... de documenter puis de
développer des pitchs de vente qui sont plus percutants? Je pense que
oui.
Quel est le
pitch de vente de Sherbrooke, Shawinigan, Gatineau? Quels sont les secteurs
qu'ils mettent de l'avant? Je ne le
sais pas, mais est-ce qu'ils pourraient en faire davantage? Je pense que oui.
Je pense que oui puis je pense que c'est un des éléments qui permettent à Montréal de se démarquer sur la scène
internationale. C'est tout le travail qu'on a fait au cours des
dernières années pour développer toute une panoplie d'outils, des vidéos, des
sites Web, des infographies, des profils qu'ils mettent de l'avant, vraiment,
les atouts, les facteurs d'attractivité de notre métropole dans différents
secteurs.
Et je peux vous dire qu'en
amont du processus d'attraction d'investissement étranger, ça fait une
différence. Ça nous permet de se mettre sur
le radar des investisseurs à l'échelle internationale. Et je pense que toutes
les régions du Québec pourraient bénéficier de l'expertise qui a été
développée, au fil des dernières années, non seulement à Montréal
International, mais aussi à Québec International.
M.
Bélanger : O.K.
Quel devrait être, selon vous, le rôle des pôles ou des zones d'innovation qui
gravitent autour des universités en région?
M. Bernard
(Christian) : C'est une
bonne question. Je ne suis pas un expert des zones d'innovation,
par contre, ce que je peux vous dire,
c'est n'importe quel actif, je vais dire ça comme ça, qui va permettre au Québec,
à Montréal, de se démarquer
sur la scène internationale... Donc, une zone d'innovation, une nouvelle université,
un nouveau pôle, si on pense, par
exemple, au Mile-Ex, qui est maintenant rendu le pôle où se développe à la
vitesse grand V l'intelligence artificielle à Montréal... donc, n'importe quel
élément qu'on peut mettre en vitrine, parce que nous, on est dans la business
de la promotion économique de notre
métropole à l'international. Alors,
n'importe quel élément qu'on peut mettre dans notre vitrine de magasin pour faire rayonner notre
métropole et convaincre des entreprises étrangères et des travailleurs
étrangers de venir investir puis travailler ici, pour nous, on le voit
d'un très bon oeil.
M.
Bélanger : Je ne parlais pas
de l'université régionale à Montréal, mais c'est correct,
j'ai compris un peu l'essence de votre explication. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
La parole est maintenant au député de Labelle.
Mme
Jeannotte : Au niveau des
outils, on comprend qu'il y a plusieurs joueurs, mais qu'il y a
place à la complémentarité, que vous
ne voyez quand même pas ça... que c'est possible, que ça va se
faire dans l'harmonie. C'est ce que je crois comprendre. Mais est-ce que
vous voyez des dédoublements dans les outils qui sont évidemment, là, utilisés
pour nos entrepreneurs, là, qui visent les exportations puis le contraire
aussi, les gens d'ailleurs qui viennent investir ici?
Est-ce que
vous avez un son de cloche de ce côté-là que vous pensez que ce serait utile que le
ministre entende? Parce que je ne vois rien sur les outils, là, pour le
financement, là, utile pour les entrepreneurs. Est-ce qu'il y a
des dédoublements ou est-ce que vous trouvez que tout va bien?
M. Bernard
(Christian) : Bien, bien honnêtement, lorsqu'on se compare, on se
console, parce que la réalité, c'est que, outre Montréal International, et
Québec International, et Investissement Québec qui est l'agence étatique
qui couvre la province en entier, il n'y a pas d'autre joueur
véritablement au niveau de l'attraction d'investissements étrangers.
Et donc, si on se compare à d'autres
juridictions, je prends l'Ontario, par exemple, ou pendant longtemps... là, récemment, ils ont mis en place
Toronto Global qui est l'équivalent de Montréal International pour la
région métropolitaine de Toronto.
Parce que ce qu'il faut savoir, c'est qu'une entreprise étrangère ne regarde
pas Montréal comme étant une mosaïque de
régions administratives, regarde Montréal vraiment comme étant une entité
économique, comme une région métropolitaine, comme une seule et même zone de travail. Alors, moi, je pense que ça se
passe vraiment au niveau des régions métropolitaines, l'attraction des
investissements étrangers. Mais, pendant longtemps à Toronto, jusqu'à l'année
dernière, chaque ville d'importance avait
son agence de promotion des investissements. Alors, il y avait Invest in York,
il y avait Invest in Markham, il y avait Invest in Mississauga, et là je
pense que ça devient contre-productif.
Alors, moi, je trouve que le modèle québécois
est intéressant dans la mesure où ses deux plus grandes régions métropolitaines ont des agences de promotion qui
ont une certaine... qui ont des ressources qui leur permettent... ils ont
les moyens de leur ambition, et puis ensuite
on a l'agence étatique qui couvre l'ensemble des régions du Québec. Je pense
que le nouvel Investissement Québec
International pourrait en faire davantage pour les régions du Québec, devrait
focaliser davantage sur les régions
du Québec et travailler en étroite collaboration avec
Montréal International et Québec International pour être en
mesure que ces deux grandes villes là puissent se démarquer à l'international
parce que la concurrence est extrêmement vive.
Mme Jeannotte :
Est-ce que ça voudrait dire que les gens de votre organisation pourraient
travailler davantage en région, offrir plus de services en région?
Est-ce que vous le voyez comme ça?
M. Bernard
(Christian) : Est-ce que les organisations en région pourraient
profiter de l'expertise qu'on a développée au cours des
15 dernières années à Montréal International? Je pense que oui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est tout? C'est bien. Merci. Est-ce
qu'il y a d'autres questions? Non. Alors, nous cédons maintenant la parole à la porte-parole de l'opposition
officielle, à la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne. Vous disposez de
11 minutes.
Mme Anglade : Parfait, merci. Alors, merci de la présentation.
Plusieurs des intervenants qui sont venus, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le Conseil du patronat, la Communauté métropolitaine de Montréal, sont
venus ici et ont mentionné le fait qu'il n'y avait rien dans le projet
de loi qui mentionnait Montréal International et que, dans certains cas, il faudrait trouver des mécanismes
pour s'assurer d'une entente. Vous, comment vous voyez ça? Je veux dire,
au-delà de la formalisation puis de se
dire : On est content qu'il y ait plus de coordination, etc., par rapport
au projet de loi qui
est quand même assez significatif dans son contenu, est-ce que vous aimeriez
qu'il y ait quelque chose qui soit formalisé à l'intérieur du projet de loi? Est-ce que ça vous est plus ou moins
égal? Comment est-ce que vous vous positionnez, de manière concrète,
là-dessus?
M. Bernard
(Christian) : Merci pour votre question. Comme je le disais
précédemment au ministre, ce qui est important pour
Montréal International, c'est qu'on formalise la collaboration, que ça se
fasse à l'intérieur ou non du projet de loi n° 27. On ne voit pas vraiment pourquoi... on n'a pas vraiment de
préférence. Je pense que ce qui est important, c'est qu'on mette en
place des mécanismes formels de collaboration.
Mais cela dit, à la lecture du projet de loi,
constater qu'on ne faisait ni référence à Montréal International ni référence à Québec International, alors qu'on
est deux joueurs importants sur la patinoire de l'attraction d'investissements
étrangers au Québec. Alors, on l'a noté.
Mais cela dit, si ce mécanisme de collaboration s'inscrit dans à l'extérieur du
projet de loi, c'est tout à fait correct aussi.
Mme Anglade : Quand vous dites
que vous l'avez noté, ça veut dire quoi, vous l'avez noté?
M. Bernard (Christian) : Bon,
on a noté qu'on ne faisait pas partie du projet de loi, alors on a constaté...
Mme Anglade : Donc, vous n'avez
pas d'aspiration particulière.
• (16 h 10) •
M. Bernard
(Christian) : Oui. Mais, après ça, est-ce que c'est parce qu'on est un
partenariat privé-public ou on a du
financement aussi... Vous le savez mieux que moi, le gouvernement du Québec,
c'est un petit peu moins que le tiers du
financement de Montréal International. Alors, comme on n'est pas un organisme
financé majoritairement ou totalement
par le gouvernement du Québec, on
s'est dit que ça expliquait pourquoi on ne se retrouvait pas explicitement dans le projet de loi. Mais on salue l'intention du gouvernement de vouloir mettre en place des mécanismes formels
de collaboration.
Mme Anglade : O.K. Donc, vous avez pris pour acquis que, parce que
vous étiez un organisme qui était
financé par différents partenariats, vous ne faisiez pas partie du
projet de loi. C'est ça, votre interprétation.
M. Bernard (Christian) :
C'était mon hypothèse quand j'ai lu le projet de loi.
Mme Anglade :
Parfait. Dans la collaboration, tout à l'heure, vous avez dit quelque chose
d'important, vous avez mentionné :
Québec International... enfin, Investissement Québec International ferait en
sorte qu'il pourrait se concentrer sur
les régions puis Montréal International pourrait se concentrer sur Montréal.
C'est ce que j'ai cru percevoir dans ce que vous avez dit. Est-ce que
c'est bien ce que vous avez tenu comme propos?
M. Bernard
(Christian) : En fait, ce que je dis, c'est que ce serait intéressant
que IQI focalise davantage sur les régions
du Québec. Pour ce qui est de Montréal, je pense que c'est un travail d'équipe
puis qu'on gagnerait à ce qu'il y ait une
meilleure cohérence, une meilleure complémentarité entre les équipes d'IQI et
de MI, et ça pourrait se faire notamment par un meilleur partage des rôles et responsabilités, par des plans
d'action qui sont conjoints, par... Je sais qu'il y a beaucoup à faire au niveau des visites de filiales. Il y en
a plus de 2 000, entreprises étrangères, dans le Grand Montréal. On en
visite, à Montréal International, à
peu près 350 par année, alors qu'il y en a plus de 1 000 qui sont stratégiques.
Donc, je pense qu'il y a vraiment lieu d'améliorer le travail qui est
fait sur le terrain avec IQI à Montréal.
Même chose au
niveau des expertises sectorielles. La réalité, c'est qu'on a des experts
sectoriels chez nous dans les
secteurs où se concentrent la grande majorité des projets d'investissement
étranger que l'on accompagne, notamment l'intelligence artificielle, les technologies de l'information, les jeux
vidéo, les effets visuels. On a de l'expertise chez nous. Est-ce qu'il y aurait lieu de penser que ce serait
plus efficient si les experts sectoriels d'Investissement Québec viendraient
couvrir d'autres secteurs? On est d'avis qu'il y aurait lieu d'avoir une
meilleure répartition à ce niveau-là.
Mme Anglade : Je vais juste
faire un commentaire, c'est que vous avez l'air d'avoir une opinion sur comment
ça devrait fonctionner. Je ne suis pas
certaine du tout que ce soit l'intention, dans le projet de loi, de fonctionner
de cette manière-là. Donc, c'est un exemple où c'est correct d'avoir des
voeux pieux un peu puis de dire : Bien là, on aimerait que ça se passe comme ça. Mais je suis sûr que
quand le ministre entend votre commentaire puis qu'il dit : Bien, ce
serait bien qu'Investissement Québec se concentre sur le volet régional puis qu'après
ça ce soit Montréal International... je n'ai pas du tout perçu ça à la lecture du projet de loi. Je ne pense pas que
ce soit ça, l'intention, non plus. Donc, je le mentionne parce que je pense que ça... Si vos voeux veulent
avoir des dents, bien, il faut y mettre des dents. C'est ce que je
mentionnerais.
M. Bernard
(Christian) : Ce que je retiens, moi, à haut niveau, de ce projet de
loi là... Effectivement, il n'y a pas beaucoup
de détails par rapport à ce que vous venez de souligner. Mais ce que je
retiens, par contre, c'est que le principal message qui ressort, c'est l'importance d'unir les forces puis de
travailler mieux en équipe pour pouvoir générer plus de résultats.
Alors, pour nous, c'est de la musique à nos oreilles.
Mme Anglade : C'est bon.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
La parole est au député de Nelligan.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Première question : Pourquoi vous êtes venus à
la commission?
M. Bernard
(Christian) : Bien, c'est une bonne question. Bien, je pense que le
principal message qu'on voulait passer,
c'est le fait que le domaine de l'attraction d'investissements étrangers en est
un où la concurrence se situe surtout au
niveau des grandes villes. Et donc on voulait être sûrs que les membres de la
commission puissent prendre conscience de
l'importance, pour une métropole comme Montréal, de pouvoir miser sur une
agence comme Montréal International. Je pense que...
Donc, je
pense que le principal objectif de notre présence aujourd'hui, c'était de vous
présenter Montréal International, de
vous présenter notre modèle et de vous dire avec fierté que c'est un modèle qui
a fait ses preuves, qui fonctionne bien et qui existe un peu partout ailleurs dans le monde. Et donc l'idée,
c'était de positionner Montréal International et de réitérer l'importance pour nous de collaborer avec IQI pour
générer encore plus de résultats pour le Québec. Parce que je le disais lors de mon exposé, on vit vraiment un bel élan
économique à Montréal, au Québec, et je pense qu'on peut vraiment faire
encore plus et faire encore mieux les choses.
Alors,
c'était pour nous positionner puis voir comment on pouvait travailler encore
plus main dans la main pour se démarquer de la concurrence, qui est très
vive à l'international.
M.
Derraji : Justement, parce que j'aurais aimé... et ce n'est pas des
critiques que je vous envoie, mais, à la lumière du rapport... Moi,
personnellement, je connais très bien Montréal International et je pense que
beaucoup de personnes autour de la table
connaissent très bien Montréal International. Mais quand je lis deux pages uniquement, sur tout le rapport, sur Investissement
Québec... parce que moi, j'ai des préoccupations, c'est sur ça que je veux vous
questionner.
Il n'y a même pas trois mois, le gouvernement a
arrêté le PEQ. Le PEQ, c'est pour l'intégration des étudiants étrangers. Montréal
International a un programme pour retenir les étudiants étrangers. Votre ancien
P.D.G. se retrouve maintenant dans une nouvelle organisation qui va presque
jouer le même rôle qu'il jouait dans Montréal International. Vous-même,
vous dites qu'il y a une concurrence mondiale. Il y a
Investir au Canada, il y a Montréal
International, il y a Investissement
Québec qui va jouer le rôle maintenant
pour les régions, il y a Québec
international. Tant mieux s'il y a autant d'organisations.
Mais vous, à
l'interne, vous, à l'interne, comment
vous vivez ça? C'est ça que j'aurais aimé que vous veniez nous dire, nous sensibiliser par rapport à ce projet de loi. À moins que vous me dites : Écoute, ça va très bien
à l'interne, on ne voit pas de problème par rapport à notre mode de fonctionnement futur, par rapport au fonctionnement de Montréal
International.
M. Bernard
(Christian) : Bien, moi, je
suis... en fait, je trouve que c'est une excellente idée que le gouvernement du Québec ait l'intention de doubler les investissements étrangers et les exportations du Québec. C'est de la musique à
nos oreilles, parce que
ça aurait pu être facile de dire... dans le contexte de rareté de main-d'oeuvre que le Québec vit, de dire : Non, non, non, on va arrêter de s'ouvrir sur l'international, on va déployer des politiques puis des mesures protectionnistes. Eh non, au contraire, on a cette intention de
vouloir doubler les investissements étrangers pour accroître la productivité, pour
augmenter le salaire moyen des Québécois
et des Québécoises, des Montréalais et des Montréalaises. Alors, on voit ça, bien honnêtement,
d'un très bon oeil.
Et maintenant
reste à trouver un modus operandi, puis je pense que c'est l'intention
du projet de loi, c'est-à-dire comment
on peut mieux travailler ensemble, puis simplifier les processus,
puis donner plus de muscle à l'API étatique, qui est Investissement Québec International,
qui, en travaillant en équipe, va pouvoir générer plus de richesse en
provenance de l'international puis accélérer la croissance du Québec.
M. Derraji : Moi, je ne parle pas de
ça, je ne parle pas de l'intention. L'intention, nous la partageons tous, on veut du développement économique, on veut une
vitalité régionale, etc. Moi, je parle en tant qu'organisme qui reçoit de
l'argent public pour des programmes, que ce
soit au niveau de l'international ou autre, et je sais... je comprends que
c'est un tiers qui vient du
gouvernement, ça, je le comprends, du financement. Mais mon inquiétude, c'est
que le marché, il est saturé au niveau international. Ne me dites pas
maintenant que demain Montréal International, en cherchant un marché, Investissement Québec, Québec International,
Investir au Canada... là, je ne parle pas des autres joueurs, parce que je
parle des quatre joueurs majeurs.
Pensez-vous
que ce serait légitime de continuer à ce que Montréal International joue ce
rôle, sachant la volonté du ministre qui est allé chercher le P.D.G. de
Montréal International pour jouer un rôle probablement, je dis bien, similaire
à Investissement Québec?
M. Bernard
(Christian) : Considérant le nombre de secteurs en pleine croissance,
le nombre de marchés, notamment les marchés émergents qui sont en pleine
croissance, je pense que c'est tellement une bonne idée de consacrer plus de ressources et plus d'énergie, parce qu'il y a
tellement de choses qu'on ne fait pas, en ce moment, en ce qui concerne la
prospection à l'international puis qu'on pourrait faire davantage, alors, non,
je ne suis pas inquiet.
Cela dit, la
blague qu'on fait à l'interne... ça fait 17 ans que je suis chez Montréal
International, puis on me dit que chaque
année est une année charnière. Alors, on est constamment en situation où on est
préoccupés par le renouvellement de nos ententes...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci pour votre intervention. Nous cédons
maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition,
avec le député de Rosemont. Vous disposez de 2 min 45 s.
• (16 h 20) •
M. Marissal : Merci, Mme
la Présidente. Merci, messieurs, pour l'éclairante présentation. Par contre,
j'ai un petit malaise, je vous le
dis, là, d'emblée. J'ai l'impression d'être dans une téléréalité où vous êtes
sur un siège éjectable, puis vous
êtes venus ici aujourd'hui pour nous dire de vous sauver, parce qu'il n'y a
pas, dans le projet de loi, ce qui permettrait d'assurer la pérennité de votre organisme. C'est ce que vous avez dit, à
moins que j'aie mal compris. Et votre présentation, qui est vraiment bien faite, est plus un
plaidoyer, et je le dis, il est bien fait. Il est bien fait, puis je connais
Montréal International. C'est un
plaidoyer qui est convaincant, mais cela dit, il n'y a pas de recommandation
directement sur le p.l. n° 27, sinon que vous avez dit après, en
réponse, que vous voudriez voir des mécanismes formels de collaboration.
Est-ce que vous les
voyez, en ce moment, dans le p.l. n° 27? Sinon,
comment peut-on les y voir?
M. Bernard
(Christian) : Effectivement, on a profité de l'occasion pour mettre en
valeur notre organisation. Comme je le
disais précédemment, on est constamment en mode où on met de l'avant nos
résultats puis on renouvelle nos ententes
de financement. Est-ce qu'on est inquiets par rapport au projet de loi
n° 27? Absolument pas. Est-ce que c'était une belle occasion de nous
mettre en valeur puis d'expliquer concrètement ce que l'on fait puis les
objectifs ambitieux que l'on se fixe? Oui, c'était une belle occasion.
Si
vous vous référez aux deux dernières pages de notre mémoire, vous avez une
série de recommandations, dont la plupart sont quelques pistes de solution pour
accroître cette collaboration. J'ai parlé notamment du focus sur les régions
du Québec pour IQI, de la complémentarité au
niveau des expertises sectorielles. Il y en a... on a d'autres idées à Montréal
International.
Est-ce qu'il faut que
ça se retrouve forcément dans le projet de loi? Je ne pense pas, mais je peux
vous en énumérer quelques-unes. Notamment, ce
serait une bonne idée d'avoir des représentants sur nos conseils
d'administration respectifs, de
mettre en place des comités de coordination, d'avoir un meilleur travail de
coordination au niveau des visites de
filiales avec les gens d'IQI, parce qu'il y a beaucoup à faire, partager nos
cibles, travailler des plans d'action conjoints. Alors, c'est le genre de choses qu'on a faites, au fil des ans, de façon
asymétrique, et je pense qu'on aurait lieu de mettre en place des
processus qui nous permettraient d'en faire beaucoup plus.
M. Marissal :
Rapidement, est-ce que vous ne craignez pas de vous retrouver un peu dans
l'ombre d'IQI, et qu'il y aura dédoublement, et vous vous ferez notamment vider
de vos ressources?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il vous reste neuf secondes.
M.
Bernard (Christian) : Je
n'ai pas cette crainte, parce que je connais très bien Hubert Bolduc, qui
sera désormais à la tête d'Investissement Québec International.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Merci pour l'échange. Nous cédons
maintenant la parole au porte-parole du troisième groupe d'opposition,
au député de René-Lévesque. Vous disposez de 2 min 45 s.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, dans le projet de loi en
question, certaines organisations
économiques sur différents territoires du Québec ont levé un peu du drapeau,
avaient peur de se faire avaler par Investissement Québec, et, lorsqu'on
regarde le projet de loi en question, différents organismes de développement économique qui ont apparu après le désengagement
du gouvernement à travers les CLD se sont vu offrir la possibilité, dans
le projet de loi, de s'associer, s'ils le
désirent, en région, à l'intérieur même d'Investissement Québec ou tout
simplement exister tel qu'on les
connaît aujourd'hui, mais de participer à un comité qui permettrait de
recommander des investissements à faire en fonction des projets en place
en région et qui serait un peu un comité aviseur pour Investissement Québec.
Est-ce que Montréal
International aimerait avoir cette opportunité-là, c'est-à-dire d'être intégrée
à l'intérieur d'Investissement Québec, ou
vous nous dites : Non, non, nous, on veut rester indépendants, mais on
aimerait faire partie d'un comité
aviseur ou d'un comité qui fait que, dans les deux cas, les deux organisations
qui sont, dans certains cas, sur les
mêmes terres ou qui travaillent sur les mêmes projets, puissent s'échanger de
l'information pour éviter de se dédoubler?
M.
Bernard (Christian) : Je ne suis pas sûr de bien comprendre votre
question. Est-ce qu'on aimerait être intégrés dans la structure
d'Investissement Québec International?
M. Ouellet :
Première question, oui.
M. Bernard
(Christian) : Alors, la réponse est non.
M. Ouellet :
Donc, vous voulez exister par votre pleine autonomie.
M.
Bernard (Christian) : Absolument. En fait, on a un bel effet de
levier. Le financement du gouvernement du Québec permet d'aller en chercher... chaque dollar investi par Québec
permet d'aller en chercher à peu près deux et demi ailleurs, au fédéral, à la CMM, et surtout dans le
secteur privé. Et le fait qu'on est un partenariat privé-public nous donne
beaucoup de légitimité, de crédibilité dans nos discussions avec les
entreprises étrangères.
Et,
lorsqu'on regarde les modèles d'agences de promotion, un peu partout dans les
grandes villes nord-américaines, le
modèle qui est le plus répandu et le plus efficace, c'est celui des
partenariats public-privé, comme Montréal International. Alors, non. On est très fiers de ce modèle-là, et
ça nous permet une certaine agilité, et ça nous permet aussi d'agir avec une
rapidité d'action qui, je pense, fait l'envie de beaucoup d'autres agences à
travers le monde.
M.
Ouellet : Et donc, dans le
projet de loi, il y a cette possibilité-là. Vous me dites : On ne veut pas
l'utiliser. Parfait. Mais il y a
aussi la possibilité en région d'avoir ces fameux comités qui permettent de
donner des recommandations à IQ. Est-ce que, ça, vous aimeriez voir ça,
ce genre de...
M. Bernard (Christian) : Ça, je
pense que ce serait une bonne idée. Ça, ce serait une bonne idée, de pouvoir siéger sur un comité avec d'autres régions, les
gens de Québec International, les gens d'IQI, les gens des régions, les bureaux
régionaux d'IQ, question de partager les
meilleures pratiques puis pouvoir s'inspirer de comment on fait pour finalement
élever le niveau du lac pour que le Québec
en entier puisse être en mesure de se démarquer davantage sur la scène internationale.
M. Ouellet : Oui, parce que vous
dites : Il faut faire attention...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Une seconde. Et c'est terminé. Alors, merci, M. Bernard, monsieur, aussi,
Bouchard, de Montréal International. Merci pour votre contribution à la commission.
Merci.
Alors, on va
prendre quelques minutes. On prend quelques minutes. On n'a pas le prochain intervenant, je crois.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
(Reprise à 16 h 31)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Je souhaite la bienvenue à M. Christian Daigle, président général, et Pierre-Alexandre
Caron, conseiller au Service de la recherche et défense des services publics du
Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec.
Vous savez que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé. Je vous invite aussi à vous présenter avant de commencer
l'exposé.
Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec
(SFPQ)
M.
Daigle (Christian) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, Christian Daigle, président général du Syndicat de la
fonction publique et parapublique du Québec.
Je suis accompagné de M. Pierre-Alexandre Caron, conseiller au service de
la recherche de notre organisation.
Alors, Mme la
Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, bonjour. Le Syndicat de la
fonction publique et parapublique du Québec est un syndicat indépendant
qui regroupe environ 40 000 membres répartis dans plus de 35 accréditations québécoises, incluant
notamment les employés de bureau et techniciens du ministère de l'Économie et
de l'Innovation et d'Investissement Québec également.
La mission du
SFPQ consiste à défendre les conditions de travail et les intérêts de ses
membres. Le SFPQ défend aussi, plus
largement, un projet de société axé sur la démocratie, le développement
durable, le partage, l'équité, la solidarité et le progrès.
Le projet de
loi n° 27 aura un impact important pour certains membres
du SFPQ. Il suscite également des inquiétudes concernant le transfert de
responsabilités du ministère de l'Économie et de l'Innovation vers
Investissement Québec.
Les objectifs
de ce projet de loi sont fort louables, et nous les partageons en partie. Quand
il s'agit de simplifier la vie des entreprises ou d'augmenter leurs ventes au
Canada comme à l'étranger, le SFPQ partage cet objectif. Lorsqu'il s'agit
d'attirer des investissements étrangers, le SFPQ est aussi de la partie.
Par contre,
s'il s'agit de confier la mise en oeuvre de politiques publiques et de
stratégies économiques à un organisme qui
ne fait pas partie de la fonction publique et qui a tous les traits d'une
banque, des craintes et des questionnements surgissent.
Soyons
clairs, le rôle que joue Investissement Québec pour l'économie québécoise est
primordial. Ses activités de financement,
qu'elle effectue à des risques plus élevés qu'une institution financière
classique, comblent un vide permettant à de nombreuses entreprises de se
développer, d'innover et de créer des emplois.
Nous appuyons
aussi Investissement Québec dans son rôle de soutien à l'économie sociale. Il
ne faut pas, par contre, oublier que l'objectif premier d'Investissement
Québec est la maximisation de son rendement, ce qui est bien normal puisqu'il
s'agit d'une institution financière.
Mais, aux
yeux du SFPQ, la mise en oeuvre de politiques publiques doit être confiée à une
organisation qui a comme objectif
premier l'amélioration de toute l'économie québécoise et dont l'évaluation de
sa performance ne dépend pas de ses propres
profits. Cette organisation devrait aussi relever directement du ministre, sans
l'intermédiaire d'un conseil d'administration. Seul le ministère de
l'Économie et de l'Innovation remplit tous ces critères.
Comme
mentionné d'entrée de jeu, le projet de loi n° 27
aura des conséquences pour certains membres du SFPQ. Selon les articles
51 et 54, les personnes transférées au MEIQ et... à Investissement Québec
devront être identifiées d'ici le
30 juin 2020. Le transfert sera effectif au plus tard le 1er octobre
2020. Certains membres pourraient donc avoir moins de trois mois pour décider de leur avenir et
réorganiser leur vie personnelle et familiale pour s'adapter à un nouveau lieu
de travail. Le SFPQ voudrait savoir combien
de ses membres parmi les 169 seront touchés par ce transfert. Nous sommes
pour l'instant tenus dans l'ignorance.
Nous croyons
que les services et mandats qui seront transférés du ministère vers
Investissement Québec concerneront principalement les directions régionales du
ministère, dont plusieurs pourraient être déménagées vers les bureaux
régionaux d'Investissement Québec.
Malgré
que les deux organisations possèdent une structure régionale, dans certaines
régions, les bureaux du ministère et
d'Investissement Québec sont situés dans des villes assez éloignées les unes
des autres. Par exemple, dans la région de la Côte-Nord, un bureau du ministère
est situé à Baie-Comeau tandis que celui d'Investissement Québec est à Sept-Îles. Plus de 200 kilomètres séparent
ces deux villes, une distance qui peut certainement avoir un impact sur le quotidien
des travailleurs et travailleuses appelés à être transférés.
Nous
pourrions aussi donner les exemples des bureaux de Montmagny, Victoriaville,
New Carlisle, Gaspé, Joliette et
Chibougamau, sans compter qu'Investissement Québec ne possède pas, pour
l'instant, de bureau dans les régions de Lanaudière, Laurentides ou du
Nord-du-Québec.
Ainsi, le SFPQ
recommande de modifier le projet de loi afin d'inclure l'obligation pour
Investissement Québec d'avoir des bureaux dans toutes les régions administratives
du Québec.
Nous
recommandons aussi de modifier l'article 51 du projet de loi afin
d'inclure la garantie que le lieu de travail du nouveau personnel d'Investissement Québec ne sera pas situé à plus de
50 kilomètres de leur lieu de travail actuel. S'il n'est pas
possible de respecter la limite de 50 kilomètres, le projet de loi doit
pouvoir prévoir le transfert de la personne employée vers un ministère ou un
organisme respectant la limite, et ce, peu importe le statut de l'employé.
Le
SFPQ déplore de plus que, pour ses membres employés occasionnels et temporaires,
ce transfert signifierait de perdre la possibilité d'obtenir un statut
d'employé permanentdans la fonction publique avec la mobilité et la
sécurité d'emploi qui vient avec.
Passons maintenant à
nos questionnements sur la sortie de la fonction publique de tout un pan du
ministère et dont l'effet premier sera de réduire la portée de la Loi de la
fonction publique. Pourtant, elle permet l'égalité d'accès à fonction publique
pour tous les citoyens et citoyennes, l'impartialité, l'équité, la contribution
optimale des diverses composantes de la
société québécoise de même que la prise en compte des attentes exprimées par
les citoyennes et les citoyens.
Le
SFPQ se doit donc de condamner toute sortie de la fonction publique au nom de
la démocratie et de la qualité des
services publics, d'autant plus que cette sortie s'inscrit au sein d'une
tendance lourde que l'on remarque depuis quelques années. Pensons à la conversion de la SEPAQ en
société d'État, à la transformation du ministère du Revenu en agences, ou,
plus récemment, au départ de l'ITHQ.
Rappelons
que tout ça est d'autant plus inquiétant que des allégations de nominations
partisanes chez Investissement Québec ont été entendues dans les derniers
mois, sans oublier le récent décret qui donne toute la latitude nécessaire à Investissement Québec pour réaliser toutes les
embauches et octroyer tous les contrats de service voulus sans devoir en
rendre compte au Conseil du trésor.
Ainsi,
pour éviter une autre sortie de la fonction publique, le SFPQ suggère au
ministre qu'Investissement Québec pourrait
très bien servir de porte d'entrée pour les entreprises afin d'avoir accès à
toutes sortes de services. Lorsqu'un de ces services est offert par le ministère, Investissement Québec n'aurait
qu'à orienter l'entreprise vers la bonne ressource. Ainsi, les deux
organisations seraient complémentaires et travailleraient dans le même sens.
Un
autre élément important concernant la gestion par conseil d'administration
d'Investissement Québec : si IQ est mandaté pour mettre en oeuvre diverses
politiques et stratégies, qui sera imputable des résultats et à quel degré? De
quelle marge de manoeuvre bénéficiera le conseil d'administration?
Est-ce qu'il jouera son rôle de manière indépendante?
Dans
l'état actuel des choses, il est bien difficile de répondre à ces questions. Le
syndicat admet bien sûr que la nature de l'offre de services d'Investissement
Québec requiert un conseil d'administration pour assurer la neutralité dans
l'attribution des prêts ou l'acquisition de
parts de diverses entreprises. À l'inverse, lorsqu'il est question de concevoir
des politiques et des stratégies, il
est évident que c'est le ministre qui doit en être responsable, mais nous jugeons
que la mise en oeuvre aussi doit
faire partie de la responsabilité directe du ministre. N'est-elle pas
l'incarnation concrète de ce qui a été conçu en des termes plus
abstraits par son équipe?
Le
syndicat veut que la redevabilité du ministre devant l'Assemblée nationale soit
garantie. Il faut que le ministre continue d'être le responsable direct de tout
ce qui est de nature politique et stratégique dans son ministère, sans
l'intermédiaire d'un conseil
d'administration. Dans le cas contraire, nous craignons un affaiblissement du
principe de responsabilité ministérielle individuelle.
En
sous-traitant la mise en oeuvre des politiques et stratégies à un organisme
externe à l'appareil gouvernemental, on
vide de son sens premier le rôle des élus et des ministres. Les seules choses
qui devraient être confiées à Investissement Québec sont l'exécution de mandats
précis et la gestion de programmes aux règles bien définies, comme c'est le cas
actuellement.
En plus des enjeux
concernant les conséquences pour les membres du syndicat et la responsabilité
du ministre, il existe des enjeux relatifs
aux différences organisationnelles entre le ministère et Investissement Québec.
Elles sont, à notre avis, trop importantes pour que le transfert
d'activités du ministère vers Investissement Québec soit opportun.
Bien que les missions
du ministère et d'Investissement Québec soient très semblables, c'est-à-dire
favoriser la vigueur économique du Québec, des différences importantes existent
dans la manière dont elle les réalise. Du côté du ministère, il agit tant sur le plan des grandes politiques que sur le
plan des services de proximité aux entreprises du Québec. Les résultats
de ses actions sont jugés en fonction de la santé économique générale du
Québec.
Quant à Investissement
Québec, elle réalise sa mission en offrant principalement des solutions
financières aux entreprises québécoises.
Elle agit comme une banque de développement commercial et ses résultats sont
évalués en fonction de sa propre performance financière.
Dit
simplement, la différence entre le MEIQ et IQ est que le ministère recherche le
développement du Québec alors qu'IQ
recherche du rendement. Il ne faut pas voir dans ce constat la critique
d'Investissement Québec qui réalise simplement le mandat qui lui a été confié par le gouvernement lors de sa création.
Le syndicat croit que le ministère et IQ ont des rôles importants à jouer et qu'ils sont complémentaires,
mais que leurs objectifs ne sont pas compatibles. Le syndicat estime que le
projet de loi n° 27 entraînerait une forme de
bancarisation des politiques économiques du Québec.
• (16 h 40) •
Nos
inquiétudes touchent également le développement durable et la transition
écologique. Bien qu'Investissement Québec
soit assujettie à des obligations en matière de prise en compte des principes
de développement durable, on peut supposer qu'elle ne pourra pas
sacrifier son rendement économique au nom de l'environnement et que cela
pourrait se refléter dans la manière dont
elle assumerait ses nouvelles fonctions, d'autant plus que, selon l'évaluation
que fait Investissement Québec de la pertinence des enjeux de
développement durable dans son rapport annuel 2018‑2019, aucun des
10 enjeux incontournables ne concernent la préservation de
l'environnement.
Finalement, advenant la concrétisation du
transfert d'une partie du ministère vers Investissement Québec, nous envisageons que des problèmes d'au moins deux
ordres pourraient survenir, c'est-à-dire des apparences de conflit d'intérêts et un problème de type principal agent.
D'abord, l'apparence de conflit d'intérêts
pourrait prendre la forme d'une situation semblable à la suivante. Investissement
Québec détient un éventail d'actions plutôt complet dans un secteur de l'économie
en particulier, et le ministre lui confie la tâche de mettre en oeuvre une stratégie de développement dans cette même industrie. Si la mise en oeuvre implique des crédits d'impôt ciblés ou
d'autres mesures d'appui financier, comment garantir la neutralité d'Investissement Québec?
Ensuite, pour
ce qui est du problème de type principal agent, imaginons une entreprise
en difficulté. L'agent, qui fait d'abord affaire avec le ministère,
le principal, pour obtenir des conseils stratégiques... l'entreprise doit montrer ses livres comptables à
son conseiller, mais ne veut pas que ça affecte ses chances futures de
financement...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : On vous remercie. Le 10 minutes
est écoulé. Alors, merci pour votre exposé. Nous allons maintenant
débuter la période d'échange. M. le ministre, vous disposez toujours de
16 min 30 s.
M. Fitzgibbon :
Alors, merci, Mme la Présidente. Ce que je vais faire, c'est qu'au lieu de
poser des questions, je vais juste commenter sur vos commentaires, parce que
vous avez... commenter sur vos points, parce qu'il y a des très bons points
dans votre lettre. Puis comme on ne s'est jamais rencontré, ça va être
l'occasion pour moi de vous donner un peu la perspective. Puis je vais
laisser un peu de temps pour mes collègues, là, s'il y en a qui ont des
questions. Oui? O.K.
Alors, premièrement, vous mentionnez à juste titre
que votre crainte, c'est que... l'évaluation d'Investissement Québec jadis était sur les rendements. Puis j'ai
toujours dit qu'un des problèmes que j'avais avec Investissement Québec,
c'est qu'il se comporte comme une banque.
Alors, c'est sûr qu'avec de telles mesures de performance, il y a une
incompatibilité avec une direction ministérielle puis une direction
gouvernementale, je vous l'accorde à 100 %.
Ce que vous
allez voir, c'est qu'on change complètement, mais complètement, comment on va
évaluer la performance d'Investissement Québec, parce qu'on va lui
incorporer des mesures de performance qui vont avoir un impact sur le développement économique du Québec. Le premier...
Il y en a trois, en fait. Le premier, c'est l'innovation, parce que nous
sommes sous-performants, sous-productifs au
Québec depuis plusieurs années. Le deuxième, c'est qu'on veut avoir plus
d'investissements directs étrangers stratégiques. Et le troisième, on veut plus
d'exportations.
Alors, c'est
clair qu'on va mettre, dans l'évaluation d'Investissement Québec, des critères
que vous n'avez jamais vus à date. Alors, votre point est très pertinent.
Deuxièmement, je pense que beaucoup de monde ont pensé que l'intention
du ministère était de basculer toutes les ressources du MEI dans Investissement
Québec. J'exagère quand je dis ça, là. Et
c'est sûr que, quand on regarde ça, on peut avoir des craintes justifiées.
Moi-même, je dois avouer, avec le passage d'une année, je réalise qu'il
y a des choses qui doivent rester au niveau du ministère. Et le sous-ministre
qui est ici avec moi, aujourd'hui, David Bahan, on a eu un échange très, très,
très poussé sur ça. Tout ce qui va être stratégie, la politique... quand je dis
politique, pas la politique, ici, là, ce n'est même pas ça, la vraie politique,
là, des politiques nationales de développement économique, ça, ça va résider au
MEI. Ce n'est pas à Investissement Québec.
Alors, je pense que je veux... On va vous
convaincre, dans les prochains mois, dans les prochaines années, que
l'exécution du plan qui va être défini par le gouvernement via le ministère de
l'Économie, c'est Investissement Québec élargi
qui va le faire. Tous les points de contact avec des entrepreneurs, des
entreprises, des gens, là, qu'on veut s'occuper, c'est Investissement Québec. Tout ce qui est politique nationale, où on
développe les régions, les grappes puis c'est quoi, les facteurs
stratégiques, où on met l'argent, ça va être fait au niveau du ministère.
Je pense que
ça, c'est important de le noter, parce qu'effectivement en lisant votre lettre,
votre note, je réalisais que peut-être
qu'il y avait eu une mauvaise compréhension. Puis je vais prendre le blâme pour
ça, peut-être qu'on ne l'a pas bien
expliqué. On est très transparent, donc on le fait aujourd'hui. Alors, je pense,
c'est important de le noter qu'effectivement on va dissocier ce qui est opérations tactiques d'intervention avec des
entreprises puis ce qui est politique nationale. J'y vais, là, ensuite.
Vos
recommandations, vous avez mentionné que vous voulez changer la loi pour
inclure tous les bureaux dans les régions.
Écoutez, c'est très bien noté. C'est l'intention, on verra si on le met dans la
loi. Je peux dire tout de suite que mes collègues qui sont ici... que MI ne sera jamais dans la loi. Je peux
vous le dire tout de suite, là, ça n'arrivera pas. Ça, par contre, on pourrait le considérer en temps et lieu
parce que c'est l'intention du gouvernement d'avoir des bureaux partout.
La deuxième recommandation, lieu de travail,
50 kilomètres, j'en ai parlé ce midi avec mon collègue David... M. le sous-ministre, je m'excuse, et on est...
puis on parle peut-être de 200 personnes, là, qui transféreraient
éventuellement, là, si le projet de loi est approuvé. On va être très
sensibles aux lieux géographiques. On va être très sensibles, là, aux intentions... pas aux intentions, aux désirs des
employés d'être mobilisés de MEI à IQ. Je pense que c'est une opportunité,
mais c'est moi qui conclus ça, peut-être à
tort. Alors, je peux vous assurer... puis le détail va être important, là, mais
je peux vous assurer que M. le
sous-ministre, ici, est très conscient de ça puis il a déjà commencé à avoir eu
des discussions avec les employés
pour dire comment ça se ferait,
assumant que le projet va être approuvé. Donc, on va respecter les gens
puis on va faire les transferts dans l'ordre.
Après
ça, bien, c'est ça, le ministère de l'Économie, IQ, tu vois, j'en ai parlé, il va
y avoir deux groupes, on parle de 200 personnes, à peu près, qui
transfèrent de MEI à IQ, là, sur 700. La majorité du côté stratégique va rester là-bas.
Vous avez
parlé du conseil d'administration, vous avez entièrement raison... D'ailleurs,
le conseil d'administration d'Investissement
Québec, il faut comprendre, dans le passé, était comme sur une île déserte,
hein, si on peut dire. Ça va changer. Ça va changer complètement. Les
gens du conseil d'administration d'Investissement Québec n'auront pas à déterminer les politiques gouvernementales. Ils
vont être là pour exécuter la stratégie que le gouvernement, mon ministère,
va établir. Alors, il n'y aura pas deux plans stratégiques, celui du ministère
de l'Économie puis celui d'Investissement Québec. Il va y en avoir un seul puis
il part du gouvernement, parce que je pense que c'est de là que ça doit partir.
Les gens du conseil d'administration vont avoir
état de ce plan-là. M. le sous-ministre va être sur le conseil d'administration pour qu'il parle au nom du
gouvernement. Donc, on va avoir directement une communication avec les gens du
conseil. Et on veut que les gens du conseil soient là pour aider les
démarcheurs, aider à exécuter la stratégie, d'aller chercher des investissements étrangers, de prendre
nos gazelles québécoises, de les sortir de la terre pour qu'elles performent.
Ça va être ça, le rôle du conseil. C'est
d'aider nos démarcheurs, nos gens transactionnels et non pas de faire de la
stratégie. Ça va être le gouvernement qui va le faire directement.
Dernier
point. Vous avez mentionné que... puis je comprends, j'ai travaillé dans une
banque dans mon ancienne vie. Vous
dites : Il y a un conflit d'intérêts peut-être ou... oui, conflit
d'intérêts, si les gens qui sont des conseillers aux entreprises sont à côté des gens qui vont faire les prêts pour
les investissements. On peut le voir de deux façons. Je peux comprendre d'où vous arrivez. Je dirais, moi, que peut-être
que l'expérience sectorielle du MEI, qui, en passant, va rester au MEI, va
pouvoir être mise en collaboration pour les gens de transaction. Alors, il faut
faire attention, les gens de MEI régional, ce n'est pas nécessairement les gens
stratégiques... les gens sectoriels plutôt. Alors, clairement, pour que nous
puissions décharger d'avoir une bonne politique sectorielle, on va le faire au
niveau du gouvernement, mais tout ce qui est transactionnel...
Donc, je pense, la relation MEI, consultation régions et Investissement Québec
traditionnel, transactionnel, je
pense que c'est un mariage qui ne cause pas de conflit. Mais il faut par
contre, pour arriver à ça, qu'au niveau stratégique on soit clairs sur ce qu'on veut de la santé...
des différents secteurs. Moi, je pense qu'on va pouvoir, dans les détails, bien
adresser ces enjeux-là. J'arrête là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, la parole est au député de Labelle.
Mme Jeannotte :
Oui, bonjour, monsieur. Merci pour votre mémoire, c'est vraiment pertinent.
J'ai vraiment apprécié les commentaires que vous avez apportés. Ayant
travaillé moi-même comme fonctionnaire dans le développement économique
régional et ayant vécu moi-même des coupures, mais c'était au niveau fédéral,
je trouve ça très, très important, la
contribution que vous apportez au ministre, parce qu'on parle d'êtres humains,
on parle de descriptions de tâches, on parle d'enjeux de formation. Oui, les
gens, ils sont... vont vivre de l'anxiété. Toutes les questions que vous avez
soulevées sont extrêmement importantes pour
le ministre, et je vous en remercie. Et sachez que nous, on l'entend bien, là,
que le ministre est très sensible également à vos préoccupations.
Maintenant,
est-ce que, par ailleurs, vos membres voient ça peut-être d'un bon oeil
également? Parce que, bien que l'être
humain, au départ, soit anxieux, voit les difficultés, peut-être qu'il y en a
d'autres qui voient ça comme une possibilité d'avancement ou de changement,
qu'au contraire, une bonification de leur emploi et que... Vous savez, des
fois, les fonctionnaires sont tannés d'être devant leur ordinateur. Autrefois,
on sortait des bureaux, on embarquait dans nos voitures, puis on sillonnait le Québec, puis on y allait
dans les entreprises. Et puis, tout à coup, il y a eu un vent de changement,
puis on ne pouvait plus sortir de nos bureaux, puis maudit que la job
est plate devant un ordinateur.
Est-ce que
vos membres sont par ailleurs, peut-être, au... Est-ce que vous entendez aussi
l'autre côté de la médaille, qui
est : Bien, peut-être que ça va être le fun puis qu'il va y avoir des
opportunités aussi? Est-ce que vous entendez ça aussi?
• (16 h 50) •
M.
Daigle (Christian) : Pour
certaines personnes, effectivement, on peut y voir un nouveau... un vent de
changement. Des fois, quelqu'un qui
est dans sa job depuis fort longtemps... Par contre, pour l'instant, nous ne
savons pas qui va être visé à travers ce changement-là. Les gens, c'est
beaucoup plus de l'insécurité qu'ils vivent présentement là-dessus.
Je
reviendrais sur le fait des bureaux régionaux. Comme j'ai souligné, quand on
prend Baie-Comeau et Sept-Îles, c'est
200 kilomètres entre les deux. Quand j'ai une personne qui est
occasionnelle ou temporaire, qu'elle n'a pas la sécurité d'emploi, qu'elle ne
peut pas refuser un transfert si on
lui dit : Tu transfères dans le nouvel organisme, elle, ça veut dire
qu'elle perd sa job ou, à ce moment-là, il faut qu'elle transfère de
ville. Puis à 200 kilomètres, tu ne peux pas faire ça soir et matin.
Donc, la difficulté est plus là présentement.
Si on disait... puis on le sait présentement qu'il
y a une pénurie de main-d'oeuvre dans différents ministères et organismes. Si on disait que toute personne qui
serait à plus de 50 kilomètres serait protégée puis on pourrait la
replacer ailleurs, qu'elle n'aurait
pas à faire elle-même de recherche d'emploi... parce qu'il nous manque des secrétaires, il nous manque des agents de bureau, il manque des techniciens en
informatique, il manque plein de corps d'emploi qui pourraenit être visés
là-dedans. Moi, je pense qu'on pourrait déjà enlever ce niveau d'anxiété là.
Puis
peut-être que les personnes, à l'intérieur d'un autre ministère trouverait
également une plus-value à changer, mais
à rester dans la fonction publique, à ne pas perdre leur emploi comme
occasionnel. Comme permanent, on peut refuser ce transfert-là, ce qui est différent. Mais là encore, quand on refuse
l'emploi ou on refuse un transfert, qu'est-ce que ça amène comme situation ou comme replacement après
ça? Où est-ce qu'on va se ramasser, où est-ce qu'on va être? C'est plus
difficile en région. Dans les grands centres urbains, Québec, Montréal,
Sherbrooke, Trois-Rivières, c'est moins difficile.
Il y a plusieurs ministères, plusieurs opportunités qui arrivent. Mais
ailleurs, c'est plus difficile, à ce moment-là, de se trouver.
Donc, les gens chez nous ont beaucoup
de questionnement à savoir qui va être visé, qui ne sera pas visé par ça,
vivent une certaine insécurité aussi.
Il y a une rencontre qui s'en vient avec le ministère, mais pour l'instant, on
est dans le néant puis les gens le
sont également aussi. Il y a quelques informations qui ont circulé sur le
transfert d'effectifs, mais très peu présentement.
Alors,
pour nous, c'est plus une source d'inquiétude, je dirais, qu'une source de
joie, de dire : il va y avoir quelque chose de nouveau qui s'en vient.
Puis en plus, l'autre aspect, d'aller dans les organismes parapublics, plutôt
que de rester dans la fonction publique, où est-ce que, là, on peut
changer de ministère plus facilement, c'est plus difficile aussi.
Mme
Jeannotte : D'accord. Donc, le message de la communication va être
extrêmement important, de se parler. Donc,
ça, c'est vraiment important pour vos membres. Est-ce que, par ailleurs, ce que
vous avez entendu du ministre vous a rassuré
au niveau quand même, là... puis sinon qu'est-ce que vous avez... Est-ce que
vous avez des commentaires par rapport à ce que le ministre a élaboré,
là, par rapport au point que vous, vous aviez soulevé?
M. Daigle (Christian) : Oui, il y a certaines réponses que le ministre a
apportées... parce que le projet de loi reste assez vague sur certains aspects. Donc, ça répond en partie, mais on
aimerait ça en savoir en petit peu plus. Donc, on aimerait ça être
impliqué à travers ça.
Depuis un certain
temps, ça circule, le projet de loi a été déposé, il y avait des vents même
d'information qui circulaient à savoir
qu'est-ce qui pourrait s'en venir. D'être invité peut-être à partager plus avec
vous autres sur qu'est-ce qui s'en
vient, pour pouvoir rassurer nos membres. Que le sous-ministre, que
l'employeur, que le ministre même rassure ses membres, c'est une chose, mais que le syndicat va les accompagner
là-dedans, c'est une assurance supplémentaire, je dirais, pour nos
membres, à ce moment-là, puis je pense que ce serait souhaitable aussi dans
cette circonstance-là.
Que
le projet aille de l'avant, c'est votre choix, c'est votre prérogative. On ne
pourra pas l'empêcher, nous, comme syndicat, bien qu'on essaie de
l'améliorer ou on essaie de voir des modifications possibles, mais ce qu'on
espère, c'est pouvoir au moins accompagner nos gens puis essayer de protéger le
plus possible les gens qu'on représente là-dedans. Certains aspects, comme on
dit, on peut ouvrir des bureaux, on va avoir différentes choses.
Sur
l'aspect également au niveau des politiques qui vont rester au niveau du
ministère, j'aimerais ça en savoir un petit peu plus, parce que je pense que
ça, c'est des choses qu'il faut regarder. Il faut s'assurer que le tout reste
au niveau du ministère, que le tout
reste vraiment... que ce soit le ministre qui soit responsable au niveau... la
responsabilité ministérielle, c'est très important pour nous, parce que
sinon, on dénature le rôle même des élus et des ministres qui font partie du
gouvernement à ce moment-là.
Puis
la dernière chose que je voulais reprendre, le ministre, désolé de le faire,
mais ce n'est pas la première fois qu'on
se rencontre. On s'était déjà vus à Joliette lors d'une... ou à Lanaudière,
lors d'un caucus qui s'est fait, de votre parti. C'est tout.
Mme
Jeannotte : Il me reste-tu du temps?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il vous reste quatre minutes.
Mme
Jeannotte : Maintenant, vous savez, quand on compare IQ à une banque,
c'est un peu fort, à mon humble avis, parce
que, dans le fond, lorsqu'on est conseiller, et qu'on rencontre les
entreprises, et qu'on représente les gouvernements, c'est beaucoup plus
complexe qu'une banque. Puis les travailleurs sont...
J'aimerais
entendre ce que disent vos membres par ailleurs sur l'objectif du projet de
loi, pour les entrepreneurs, pour
l'amélioration de la productivité, des investissements, de l'exportation.
Est-ce que, de ce côté-là, ils voient ça d'un bon oeil, au niveau de
l'objectif?
M. Daigle (Christian) : Comme je vous l'indiquais tout à l'heure, c'est
encore un petit peu flou sur le comment qu'on va opérationnaliser le tout.
Donc, ça, c'est plus difficile pour nos gens d'avoir à l'apprécier. Parce que
nous, vous savez, on représente autant les gens d'Investissement Québec que les
gens du ministère aussi. Donc, ce n'est pas de dire : On va perdre des membres. Qu'ils aillent d'un côté
ou de l'autre, ça reste pareil nos membres. Ça fait que ça, il n'y a pas
de difficulté à ce niveau-là.
Mais
l'opérationnalisation, comment va s'effectuer ce transfert-là, quelles vont
être les nouvelles responsabilités dévolues
à Investissement Québec à travers tout ça et comment ça va s'opérationnaliser
pour les gens que nous représentons, qui sont plus des employés de
soutien, c'est peut-être différent des professionnels qui viendront demain, je
pense, en commission parlementaire, vous en parler.
Alors,
pour nous, il y a peut-être un intérêt, oui. Quand je disais que c'est une
banque, c'est une façon de s'exprimer, c'est
une façon plus facile, si vous voulez. Parce que je sais que le travail de mes
membres est beaucoup plus complexe, à
travers tous les travaux qu'ils font puis à
travers tout le quotidien qu'ils ont. Mais ce que je voulais, c'était plus
imager la situation que d'autre chose. Et comme on l'a indiqué,
d'ailleurs, dans notre avis, autant que dans mon allocution tout à l'heure, nous sommes tout à fait en accord avec les
deux missions, autant celle du ministère que celle d'Investissement Québec,
qui se doit de développer le côté économique du Québec à tous les niveaux.
Mme
Jeannotte : Une autre chose,
au niveau des outils, vous savez, quand on est un
fonctionnaire puis que les outils
sont lourds, c'est dur aussi pour les fonctionnaires. Alors, quand on voit que
l'État veut améliorer les programmes pour que
ce soit plus simple... Vous savez, quand on fait une analyse qui monte au ministre
puis que ça lui prend 18 pages, ce n'est pas le fun, ni pour l'entrepreneur
ni pour le fonctionnaire.
Alors,
vous serez d'accord avec moi que l'objectif est également d'alléger la tâche des gens qui travaillent si
fort pour nos entrepreneurs aussi. Donc, de ce côté-là, je pense que, quand même,
il faut saluer, de ce côté-là, le projet
de loi.
M. Daigle (Christian) :
Nous l'avons d'ailleurs fait dans les premières pages de notre avis, où nous
saluons justement ce fardeau-là qui va être de moins pour les entreprises et
qui va permettre d'avancer un peu plus rapidement aussi pour eux, pour elles.
Mme Jeannotte : Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien. Il reste 1 min 26 s. La parole... Ça va? O.K.,
alors on donne la parole au député de Nicolet-Bécancour pour
1 min 18 s.
M.
Martel : La présidente ne voulait plus que je pose de question
quand il restait 30 secondes. Mais je veux vous féliciter, moi, pour l'ouverture que vous avez par rapport au projet de loi. Je pense que vos préoccupations ont été très, très bien exprimées. J'ai beaucoup...
puis je ne suis pas surpris de l'attitude du ministre par rapport au suivi des
employés.
Moi, je veux
juste dire, j'ai travaillé très longtemps avec les fonctionnaires du ministère
de l'Économie. C'est des gens extrêmement compétents, très agréables à
travailler, mais souvent il leur manquait des outils. Avec Investissement Québec,
là, ils devaient transférer ça avec leurs recommandations, il y avait
des délais qui ajoutaient beaucoup de frustration. Là, on englobe ça ensemble. Moi, je pense... Je comprends l'insécurité,
le moment qu'il peut y avoir, puis je suis convaincu de l'attitude du ministre. Mais, à mon avis,
c'est vraiment un beau challenge pour les employés qui vont
vouloir embarquer dans ce nouveau Investissement Québec là. Merci
beaucoup.
M. Daigle (Christian) :
Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous donnons maintenant la parole à l'opposition officielle avec le député de Nelligan. Vous disposez de
11 minutes.
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Merci pour votre présence, et votre rapport, et les préoccupations, et les choses à quoi on devrait faire attention.
Première question, vous avez parlé du décret,
vous avez parlé du devoir de rendre compte au Conseil du trésor. Est-ce que je peux comprendre que, pour vous, le
décret, il y a un problème de transparence ou il y a
des préoccupations?
M.
Daigle (Christian) :
Effectivement, il y a
des préoccupations pour nous, parce qu'on se retrouve avec un peu
trop de latitude, je dirais, au niveau
d'Investissement Québec, à travers tout ça, où on n'aura pas de reddition de comptes à donner, où est-ce qu'il n'y aura pas de transparence puis de responsabilités ministérielles qui seront amenées à travers ça.
Alors, pour
nous, d'avoir cette latitude-là au
niveau des effectifs qui sont amenés,
de dire : On lève... pas l'embargo, mais on lève pour la nomination
de nouveaux effectifs, de nouveaux employés qui pourraient être embauchés, ça
pose problème pour nous aussi, parce qu'on veut savoir comment va s'effectuer
cette reddition de comptes là, qui va être responsable,
ministériellement, à travers tout ça. Parce que c'est un conseil d'administration qui gère Investissement
Québec, et non pas le ministre directement. Alors, pour nous, ça nous
pose problème, effectivement, puis on voit des difficultés à travers tout ça.
M.
Derraji : O.K.
Donc, selon vous, le ministre fait fausse route avec ce décret. On a entendu le
ministre, en Chambre, nous dire le pourquoi du décret,
mais de votre point de vue, compréhension de l'organisation, ça met en doute la transparence, ça met en doute un peu la reddition
de comptes que normalement le MEI devrait suivre.
M. Daigle (Christian) :
De ce que nous, nous avons analysé du décret, de ce que nous avons v, à travers
tout ça, nous n'avons pas vu les mêmes
choses que le ministre a annoncées en Chambre à ce moment-là. Nous n'avons pas
vu le décret de la même manière, effectivement.
M.
Derraji : Page 11, vous avez parlé d'un autre problème, les
apparences de conflit d'intérêts. Et, je pense, le conflit d'intérêts est venu à pas mal de reprises
sur... pas mal de fois dans votre rapport. En quoi vous pensez à venir nous sensibiliser par
rapport au conflit d'intérêts que risque d'avoir la prochaine fusion
Investissement Québec et MEI?
• (17 heures) •
M.
Daigle (Christian) : Si je
peux l'exprimer autrement, présentement, le ministère a un rôle un petit peu de conseil, je dirais, des fois, pour des entreprises en difficulté,
pour avoir, après ça, un développement pour s'aider. Investissement Québec a plusieurs rôles de prêter de l'argent dans
ce temps-là.
C'est comme
si on faisait, en parallèle, un syndic qui travaillerait dans une banque. Le
syndic, quand il va rencontrer quelqu'un qui est en difficulté financière, va
essayer de l'aider de se sortir de ses dettes, va essayer de trouver une façon
de pouvoir régulariser la situation
monétaire de la personne. Et la personne se revirait de guichet puis, après ça,
elle irait voir la personne qui est
au comptoir ou un conseiller financier pour avoir un prêt. Alors, si l'information transite entre les deux,
c'est sûr qu'elle aura peut-être moins d'intérêt à avoir un prêt ou la banque va
avoir moins d'intérêt à vouloir y passer, sachant qu'elle a une difficulté, elle peut avoir des difficultés financières ou
qu'elle a déjà eu des difficultés dans les dernières
années ou dans les derniers mois.
Alors, pour nous, si
jamais on poursuit dans ce sens-là, il faut vraiment avoir un mur étanche à
tous les niveaux, de bas jusqu'en haut, pour
éviter justement cette transmission-là d'information qu'il pourrait y avoir entre les deux volets qu'Investissement
Québec aurait à faire par la suite, parce que, présentement, c'est le ministère
qui fait d'un côté puis Investissement Québec qui fait de l'autre.
M.
Derraji : Oui. Vous avez lu
le projet de loi, j'en suis sûr et certain, et d'où la mise en
garde que vous décrivez ici. Comment
vous pensez qu'au niveau du projet de
loi, parce qu'il y a
une étape qui s'en vient, une autre étape par rapport à l'étude article par article... à quel moment vous
ressentez ou vous pensez que ce serait important pour nous de garantir,
en fait, que la formation va respecter l'anonymat, si j'ose dire l'anonymat?
M. Daigle (Christian) :
Bien, peut-être que mon collègue pourrait plus y aller, parce qu'il a plus
étudié le projet de loi avec les différents
articles, mais où, dans le projet de loi, on doit le voir, moi, je pense qu'il
doit y avoir quelque chose d'énoncé clairement à travers tout ça, où
est-ce que... il faut qu'on démontre, je dirais, aux entreprises, même à l'économie, que ce n'est pas le même rôle qu'on va
avoir d'un côté comme de l'autre. Donc, on se doit, à ce moment-là...
puis peut-être que mon collègue pourrait vous donner un peu plus.
M. Caron (Pierre-Alexandre) : Loin
de moi l'idée, là, de me considérer juriste, mais, dans le cas de ce projet de loi
là, si je ne me trompe pas, à l'article 2, on vient modifier quand même
assez substantiellement la Loi sur Investissement
Québec. À ce moment-là, est-ce que ces paramètres-là, ces clôtures et ces murs
étanches là devraient finalement apparaître, là, dans cet article-là, l'article 2,
dans un article, là, que vous pourrez choisir, de la Loi sur Investissement
Québec?
M.
Derraji : Dernière question,
après, c'est mon collègue de Robert-Baldwin
qui va continuer. Vos membres vivent ça comment? C'est quoi, l'état de
situation de vos troupes, pour vos membres?
M.
Daigle (Christian) : Bien,
comme je le disais tantôt, c'est une grande insécurité présentement, parce qu'on ne sait pas qui peut être visé, comment que ça peut arriver
également aussi. Présentement, on a des gens qui sont occasionnels, qui ont des statuts temporaires également,
qui, eux, ne pourront pas refuser d'être cédés, si jamais il y avait
une difficulté à occuper un
nouvel emploi. Ils ne savent pas non plus vers quel emploi ils s'en iraient,
comment va se transformer leur emploi. Pour
certains, ça peut être la même chose, mais pour d'autres, ça peut être un nouvel
emploi complètement aussi. Donc, c'est des difficultés que ces
gens-là appréhendent.
C'est certain
que, pour certains, comme madame le disait tantôt, ça peut être un
nouveau défi, ça peut être intéressant,
mais, pour certaines personnes, il y a
une sécurité également d'avoir ce même travail là à faire, jour après jour, et de savoir dans quoi qu'on
s'en va. Tu sais, les pantoufles, des fois, sont confortables même si
elles sont vieilles puis elles sont un petit
peu trouées. Des fois, c'est le fun également aussi. Ça fait que des difficultés
d'avoir un nouvel emploi, pour certains, ils voient ça comme un défi, pour certains, ils voient ça peut-être
comme une petite colline à monter ou une petite montagne à surmonter.
M. Derraji : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. La parole est maintenant au député de Robert-Baldwin. Il vous reste
cinq minutes.
M. Leitão : Très bien. Ça confirme.
Je ne vous surveille pas, madame, mais c'est surtout pour mon collègue.
Bonjour, messieurs.
J'aimerais revenir sur un des sujets que vous
avez abordés, qui est la sortie de la fonction publique, donc un certain nombre de fonctionnaires du ministère
vont maintenant sortir de la fonction publique. Peut-être
que vous pourrez nous expliquer
qu'est-ce que ça veut dire concrètement. Certaines personnes vont peut-être
penser que, bof, et puis «so what». Mais je pense que, si vous pouvez peut-être
expliquer ça, ce serait utile.
M.
Daigle (Christian) : Oui, effectivement, il y a de l'importance, lorsqu'on sort de la fonction
publique, parce qu'on n'est plus soumis aux mêmes règles, à ce moment-là.
Présentement, on a, pour les gens qui sont dans la fonction publique, une certaine mobilité. Donc, les
personnes qui sont permanentes ont la possibilité de transférer d'un ministère à l'autre,
suivant des promotions, suivant des mutations, suivant des réaffectations qu'il
pourrait y avoir également aussi. Les gens
ont une possibilité également de promotion, comme je disais tantôt,
à travers leur ministère, mais à travers également d'autres ministères. Les occasionnels également ont la possibilité,
à ce moment-là, de pouvoir également transférer d'emploi, s'il y a un emploi plus intéressant, ils se font
offrir une permanence ailleurs, alors qu'ils sont sur des listes de
déclaration d'aptitudes.
Donc, c'est
toutes ces possibilités-là qui vont être tassées et qui vont être
empêchées maintenant avec ce transfert-là à Investissement Québec, parce que c'est un organisme parapublic et n'a
pas les mêmes règles, à
ce moment-là, d'application que la Loi de la fonction publique. Alors, pour
nous, pour les 169 personnes, peut-être... un peu moins de 200 personnes qui pourraient être transférées, il y a
un impact véritable pour ces gens-là dans leur vie professionnelle,
je dirais, à ce niveau-là.
M.
Leitão : Il y a
aussi... Si j'ai bien compris, ce qui complique davantage la situation,
c'est que, pour l'ensemble, vous ne savez pas qui sont les personnes
qui sont affectées. La décision devra se prendre assez rapidement quand le...
M. Daigle
(Christian) : Tout à fait. Et le temps qui
va se faire entre l'identification et le transfert n'est que de trois mois. Alors, ça va être un grand
chambardement, je dirais, un grand chamboulement pour ces personnes-là, ne
sachant pas présentement qui est visé, qui n'est pas visé, également aussi où est-ce qu'ils seront transférés. Donc, c'est une grande difficulté
qu'on va avoir à ce niveau-là pour les gens, à savoir : Est-ce que
je pars de Sept-Îles pour m'en aller à Baie-Comeau? Quand
je suis à Chandler ou quand je suis à Gaspé, quel sera l'autre bureau qui va
m'accueillir à ce moment-là? Ça aussi, ça pose problème au niveau des
gens.
Vous savez,
le déplacement en région n'est pas toujours aussi facile, quand on prend les périodes
hivernales, que ce qu'on peut avoir en été ou durant le printemps, au début de
l'automne aussi. Donc, il peut y avoir des difficultés à ce niveau-là. Et même, pour les gens, même de voir à
transférer une famille complète... parce
que souvent, en région, l'emploi
dans la fonction publique est le premier
salaire et la première source de revenus pour une famille également.
Donc, si cette source de revenus là
vient qu'à tomber ou vient qu'à changer, est-ce qu'on suit la source de
revenus ou on prend une chance de trouver un emploi ailleurs, qui sera peut-être
moins payant et moins stable également aussi?
M. Leitão : Merci. Une dernière question.
En 2014, le gouvernement de l'époque avait passé la Loi sur la gestion
et le contrôle des effectifs, et cette loi
était... l'objectif, le but était de pouvoir suivre... que le gouvernement puisse... le Conseil du trésor puisse suivre l'évolution des
effectifs gouvernementaux. Là, ici, évidemment, Investissement Québec maintenant
est comme exempté de cette loi. Comment vous voyez ça? Quel est votre...
M. Daigle
(Christian) : Si c'est pour
amener un développement puis amener de l'embauche, on ne sera pas contre,
c'est certain, parce
qu'on va pouvoir développer certaines
parties. Par contre, de ne pas avoir de reddition de comptes à faire là-dessus, ça, ça nous pose problème parce que
c'est le Conseil du trésor qui devrait s'occuper d'octroyer les effectifs
ou pas ou, du moins, de suivre l'évolution de ces effectifs-là, et là Investissement
Québec ne sera plus soumis à cette
règle-là. Alors, pour nous, c'est problématique. Déjà que le Conseil
du trésor n'est qu'un
ministère-conseil, si je peux appeler, n'a pas grand pouvoir, des fois, à certains ministères, sur la façon de
travailler, mais il y a au moins le contrôle des effectifs qui pouvait s'effectuer via le Conseil du trésor. Alors, pour nous, ce serait important quand même d'avoir cette reddition de comptes là qui se fasse au
niveau du Conseil du trésor.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. La parole est à la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne. Il vous reste une
minute.
Mme Anglade : Bien, écoutez, on a parlé beaucoup, dans toutes les
discussions qu'on a eues jusqu'à présent, de l'importance de la transition dans
ce processus-là. Quel rôle voyez-vous votre organisation jouer dans cette transition-là? Au-delà même du projet de loi, quel rôle voulez-vous avoir dans cette transition qui s'amorcerait
avec l'adoption d'un tel projet
de loi?
M. Daigle
(Christian) : Bien, le premier rôle qu'on pourrait avoir, c'est
un rôle vraiment corporatif, je dirais, d'accompagner nos membres à travers
tout ça parce qu'ils vont vivre beaucoup d'insécurité. Comme je le disais
tantôt, ils ont besoin de se faire rassurer.
D'avoir des délégués, nous, dans chacun des milieux de travail, va nous
permettre de suivre ça, de pouvoir
donner de l'information ponctuelle à nos gens, de pouvoir avoir également leurs
interrogations et de les faire suivre également au niveau du ministère.
Des fois, ils n'ont pas l'opportunité ou la facilité de parler avec leur gestionnaire ou avec leur directeur, qui des fois
n'est pas dans le bureau régional directement, qui est peut-être à distance
aussi, et qu'il y a des fois une certaine,
je dirais, gêne de pouvoir parler à son directeur ou son gestionnaire
directement. Donc, nous, on a une facilité là-dessus.
Au niveau,
par la suite, si on peut accompagner également aussi à travers tout ça, d'avoir
une oreille attentive auprès du
ministre, bien, ça nous permettrait peut-être de pouvoir amoindrir certains
écueils qu'on voit à travers le projet de loi et dont nous avons soulevé
différentes recommandations pour l'améliorer également aussi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous cédons maintenant la parole au porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, au député de Rosemont. Vous avez 2 min 45 s.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Merci, messieurs. Merci d'être là. Merci pour la présentation.
J'ai peu de
temps, alors je vais vous lire rapidement, page 10 et 11, c'est vous qui êtes cités
ici : «Notre inquiétude peut
aussi être examinée sous la lorgnette du développement durable et la nécessaire
transition écologique. Bien que Investissement Québec soit assujetti à
des obligations en matière de prise en compte des principes de développement durable, les mêmes que pour le MEIQ, on peut
supposer qu'une entité à vocation lucrative telle que IQ ne pourra sacrifier
son rendement économique au nom de l'environnement.» Pourriez-vous élaborer là-dessus,
s'il vous plaît?
• (17 h 10) •
M. Daigle
(Christian) : Oui. Alors, au niveau des 20 critères qu'Investissement
Québec s'est doté pour voir la
performance d'Investissement Québec, le premier étant le rendement, au niveau de l'environnement, on le retrouve à peine dans les
20 premiers... dans la dernière strate des 20 premiers critères.
Alors, pour nous, c'est parlant.
Puis on sait
qu'Investissement Québec n'a pas à être une entreprise verte dès le départ
avec ce premier critère là. Elle se doit d'avoir un certain rendement,
de voir au développement des entreprises. Mais c'est incompatible, on trouve, présentement, avec le rôle du ministère qui, lui, est à voir le développement économique du Québec dans son entier. Il n'a pas à
regarder, je dirais, la performance des prêts qui sont faits ou des investissements
qui sont faits par Investissement Québec, mais à regarder l'économie globale du Québec, plutôt que le
rendement qui est fait dans certains pans de l'économie québécoise, via
les travaux qu'Investissement Québec fait.
M.
Marissal : Est-ce que vous faites un lien — je veux bien comprendre — entre ce que vous venez de dire et ce
que je viens de lire, là? Et, aux notes explicatives du projet de loi, on voit
que ce projet de loi permettrait des prises de participation dans des projets de ressources naturelles et d'énergie. On
peut penser à GNL, par exemple, ou à d'autres projets qui sont dans
l'air. Est-ce que vous faites un lien entre ces deux éléments?
M. Daigle (Christian) : On n'a pas été jusque-là au niveau de notre
étude. Est-ce que c'est possible? Je pense que oui. Est-ce que c'est là qu'ils vont vouloir aller? Je ne le sais pas.
Je ne suis pas au conseil d'administration, je ne sais pas les
orientations qu'ils vont donner au niveau des prêts.
Par
contre, on sait que c'est le rendement qui est visé par Investissement Québec.
C'est la rentabilité, si vous voulez, du
retour sur l'investissement puis de voir au développement des compagnies.
Est-ce que ça s'orientera vers ça, plutôt que vers d'autre chose? Je ne
saurais vous dire pour l'instant.
M.
Marissal : Et comment ferait-on pour s'assurer, qu'au moins sur la
liste des priorités de IQ, le développement durable remonte un petit
peu, plutôt que de stagner dans la 20e place, là?
M.
Daigle (Christian) : Bien, moi, je crois que c'est le rôle du
ministère de voir à donner les orientations pour Investissement Québec. C'est
le gouvernement du Québec qui a créé Investissement Québec. C'est à lui de
donner les orientations dont... devrait utiliser Investissement Québec pour se
gouverner par la suite.
Alors,
moi, je pense que c'est le rôle ministériel et du ministère également aussi de
tracer les orientations et, en ce sens-là, d'avoir une plus grande
préoccupation environnementale... devrait venir, à ce moment-là, du ministère
vers Investissement Québec, et Investissement Québec devra se gérer en
conséquence par la suite.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, merci. Nous donnons maintenant la
parole au porte-parole du troisième groupe d'opposition, avec le député
de René-Lévesque. Vous disposez de 2 min 45 s.
M. Ouellet : Merci. Je serai court. Est-ce que vous avez appris, dans le projet de
loi, que le ministère de l'Économie allait
être avalé par Investissement Québec ou vous avez eu des rencontres préalables,
du moins, pour comprendre l'intention du gouvernement?
M.
Daigle (Christian) : Ce que nous avions eu comme information,
c'est une tournée que M. le sous-ministre avait
faite à travers les différents bureaux pour annoncer des changements. C'est là
que les membres et les délégués, qui étaient
une structure syndicale, nous ont appelés pour nous aviser à ce moment-là
aussi, avant que le projet de loi ne prenne forme à ce moment-là.
M. Ouellet : Comme exécutif syndical, vous n'avez eu aucune rencontre formelle avec
le sous-ministre avant la présentation
du projet de loi, du moins, pas pour connaître... parce que ce serait un
outrage au tribunal, mais du moins, pour discuter un peu de l'impact que ça aurait chez vos membres et peut-être
même de faire atterrir certaines dispositions avant même leur dépôt ici,
à l'Assemblée nationale?
M. Daigle (Christian) : Effectivement, il n'y a aucune rencontre qui a eu
lieu entre nous et le gouvernement là-dessus.
M. Ouellet : O.K. Lorsqu'on a transformé l'agence... Revenu Québec, pardon...
lorsqu'on a créé, pardon, l'Agence du
revenu, les employés qui sont allés à l'agence ont eu l'opportunité d'avoir la
possibilité de changer d'idée et de revenir à l'intérieur même de la
fonction publique.
Est-ce
que vous voyez cette opportunité-là à l'intérieur du projet de loi ou
c'est : on fait un choix, puis, une fois que le choix est fait, il
est définitif?
M. Daigle (Christian) : Le droit de retour, de mémoire, est enchâssé de
par la convention collective, donc il n'a pas besoin d'être dans le projet de
loi pour permettre ce retour-là pour les employés permanents. Toutefois, tout
employé occasionnel n'a pas le droit de retour. Donc, ça, c'est une
difficulté qu'on retrouve à l'intérieur de ça. Et également, il n'y a pas de protection pour les employés
temporaires, ce qu'on avait dans le projet de loi de Revenu Québec. Les
employés temporaires, eux, avaient un
droit de retour, le même droit que les personnes permanentes, ce qui n'est pas
dans le projet de loi actuel et qui serait une bonification, selon nous.
M. Ouellet :
Parfait.
M. Caron (Pierre-Alexandre) : Puis également, si je ne me trompe pas, la Loi
sur la fonction publique aussi, là, prévoit, à l'article 100, un
droit de retour dans la fonction publique pour les personnes qui l'auraient
quittée pour un organisme externe.
M. Ouellet : Vous avez fait beaucoup
mention de l'exemple de Baie-Comeau et de Sept-Îles sur la Côte-Nord.
Effectivement, un seul bureau de IQ, à Sept-Îles, et le ministère, la
direction, du côté de Baie-Comeau, 200 kilomètres entre les deux. M. le ministre a dit tout à
l'heure que, s'il faut le mettre dans le projet de loi, l'obligation d'avoir
minimalement un bureau par région, ça
pourrait être inscrit. Je pense que je reprends ses paroles, mais évidemment,
ça ne règle pas le problème de la Côte-Nord, considérant le territoire.
Donc, quel
genre de garantie vous aimeriez voir si, exemple, dans une région donnée, on
avait un bureau de IQ et un bureau du
ministère de l'Économie? Est-ce qu'il devrait minimalement y avoir deux bureaux
pour s'assurer du moins de la
possibilité, aux gens qui restent... qui vont transférer, mettons, chez IQ
d'avoir l'opportunité de rester dans la ville avec laquelle ils sont
présentement?
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
20 secondes.
M.
Daigle (Christian) : Oui.
Alors, bien, pour nous, l'important, c'est vraiment d'avoir une protection au
niveau du 50 kilomètres. Si on
ne peut pas garantir qu'il va y avoir un bureau dans chacune des villes où le
ministère est présentement, minimalement,
de pouvoir retransférer les employés dans un autre ministère ou organisme. On
est en manque d'effectifs partout au
gouvernement du Québec. Je pense que c'est facilement possible de les replacer
à l'intérieur d'un autre ministère et d'avoir le même emploi, au même
niveau d'emploi, qu'ils ont présentement.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, merci, M. Daigle,
M. Caron, du Syndicat de la fonction publique et parapublique du
Québec. Merci pour votre contribution aux travaux de la commission.
La commission ajourne ses travaux au jeudi 26 septembre,
après les affaires courantes, à 11 h 30. Merci, et bonne fin
de journée.
(Fin de la séance à 17 h 15)