(Onze heures vingt-six minutes)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Bonjour, tout le monde. Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude du volet Emploi et Solidarité sociale des crédits budgétaires du portefeuille Travail, Emploi et Solidarité
sociale pour l'exercice financier 2019‑2020. Nous allons terminer l'enveloppe
de quatre heures qui a été allouée à l'étude
de ces crédits et nous procéderons à leur mise aux voix quelques minutes avant la fin de la séance.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements aujourd'hui?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Hébert (Saint-François) remplace M. Allaire (Maskinongé); Mme Dansereau (Verchères) remplace M. Bélanger
(Orford); M. Thouin (Rousseau) remplace Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré); et M. LeBel (Rimouski)
remplace Mme Richard (Duplessis).
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Puisque nous avons débuté nos travaux à 11 h 25 et
qu'une période de deux heures doit être consacrée à l'étude des crédits, est-ce que
nous avons le consentement pour diminuer le temps de 25 minutes sur le temps de parole du gouvernement? Avons-nous le consentement?
M. le ministre? Les autres partis aussi, nous avons le consentement?
Parfait.
Emploi et Solidarité sociale
Discussion générale (suite)
Alors,
lorsque nous avons ajourné nos travaux, hier, sur ce volet, nous avions
commencé un bloc d'échange du côté du groupe parlementaire formant le
gouvernement. Nous allons donc poursuivre ce bloc d'échange, et je donne
maintenant la parole au troisième groupe d'opposition, avec le député de
Rimouski. C'est bien ça? Vous avez 19 min 40 s.
M.
LeBel : C'est bon. C'est le 40 que j'aime. Bonjour, tout le monde.
Content d'être ici. Merci, Mme la Présidente. C'est toujours impressionnant, les crédits, de voir toute l'équipe
autour du ministre. Ça fait que je vais essayer de faire ça comme du
monde.
Tantôt, j'ai
posé une question à la ministre responsable des Aînés, je lui ai posé une
question sur les droits des aînés puis
le droit à l'information des aînés. Il y a quelques années, les centres
d'action bénévole, un peu partout dans les régions, avaient des subventions pour faire des lignes
Info-Aînés, pour donner de l'information aux aînés. Il y a deux ans, le gouvernement de l'époque avait décidé de couper ce
financement-là aux centres d'action bénévole pour préférer donner le mandat à Services Québec de donner de
l'information aux aînés.
Dans les
crédits de la ministre des Aînés, je le vois, là, Services Québec a réalisé et
publié des documents, Services Québec a mis à jour son guide, mais... un
portail, etc., un site Internet. Moi, j'aimerais savoir, concrètement, un aîné qui
est en Abitibi, qui veut avoir de
l'information, comment ça fonctionne avec Services Québec? Il appelle où?
Comment ça marche? Puis est-ce qu'il y a des gens chez eux, en région,
pour répondre à ces informations-là?
• (11 h 30) •
M. Boulet : Merci à mon collègue de
Rimouski, encore une fois, d'exprimer sa préoccupation puis son intérêt pour le bien-être des aînés. J'ai bien apprécié,
d'ailleurs, votre intervention au salon bleu. Il faut être sensible à ce que
les aînés vivent au Québec, être aussi préoccupé par la maltraitance,
leur confort, leur sécurité.
Et cette
réalité-là... les personnes qui sont à Services Québec, je rappellerai à mon
collègue qu'elles sont réparties dans
17 régions administratives au Québec. Il y a 165 bureaux administratifs. On est
extrêmement accessibles. On fait la promotion
de tous nos services. On est disponibles. Il y a des conseillers,
conseillères, il y a des préposés qui s'assurent d'un lien de communication
avec les personnes aînées pour bien comprendre leurs besoins, répondre à leurs
attentes et leur proposer l'inventaire des services dont ils ont besoin.
Si vous aviez des cas où vous sentiez que l'accessibilité
n'est pas totale, faites-moi signe, parce que c'est une préoccupation que je partage. Oui, faites-moi signe. C'est une
préoccupation que je partage. Et s'il
y a des moyens actuels qui peuvent être améliorés pour les rejoindre et
répondre à leurs besoins, moi, ma porte sera toujours ouverte et mon collègue le sait très bien. Merci, Mme la
Présidente.
M. LeBel : Merci. Mais est-ce que je
peux savoir, dans votre... l'organisation de Services Québec, dans un... Ce que je comprends, à travers les CLE, c'est beaucoup
plus l'emploi, la main-d'oeuvre. Mais on va dans un CLE... Tu vas dans un CLE à Rouyn. Est-ce qu'il y a quelqu'un, là, qui a un mandat de donner de l'information aux aînés ou si c'est par téléphone ou je
ne sais pas trop comment? Mais est-ce qu'il y a quelqu'un dans chaque CLE ou
dans... qui a ce mandat-là, qui connaît les
services aux aînés, qui est capable de les accompagner, qui est capable de les
accueillir pour leur parler? Est-ce que ça existe dans les CLE du Québec?
M. Boulet :
Tout à fait, Mme la Présidente. C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle
on a créé Services Québec. Comme vous savez, les centres d'emploi
deviennent des bureaux Services
Québec parce qu'on a centralisé. Et on a
maintenant un guichet unique qui permet d'avoir l'information sur l'ensemble
des services gouvernementaux. Et ça, c'est vraiment une accessibilité à toutes les informations générales, que ce
soit sur les programmes, les services du gouvernement, les ententes entre les ministères pour répondre à
des besoins spécifiques, comment on peut donner la prestation de services,
accompagnement de clientèle. Parce que
souvent, les personnes aînées, vous le savez, ils ont besoin d'être accompagnés
pour naviguer, pour comprendre les méthodes
électroniques leur permettant d'être bien informés sur la nature des services
gouvernementaux.
Et la clientèle, peu
importe qu'elle soit aînée ou autre, peut nous joindre partout au Québec en
tout temps par téléphone. J'ai les numéros
des lignes de Services Québec, Entreprises Québec, par courriel. Tous les
moyens permettant d'accéder à nos
services sont à la disposition des personnes aînées. Et il y a des
interconnexions, hein? Juste pour compléter, il y a des interconnexions téléphoniques pour tous les ministères et les
organismes partenaires. Merci, Mme la Présidente.
M.
LeBel : Dans le fond, ce que j'essaie de voir, c'est... À une certaine
époque, avec les centres d'action bénévole, avec les subventions aux
organismes, il y avait le côté humain qui était là, qui était très présent. La
personne pouvait aller au centre
d'action bénévole, ou les gens du centre d'action bénévole pouvaient se
déplacer. Ça a été une perte, là, dans beaucoup de régions, d'avoir
arrêté ça.
Et
ce que je voulais juste savoir, c'est que, dans le transfert à Services Québec,
est-ce qu'on a perdu ce côté humain? Est-ce
qu'on est beaucoup sur le portail, les lignes téléphoniques, les... Puis je me
demandais... Ce que je voulais voir un peu, dans le fond, c'est... quand une personne aînée appelle dans un CLE ou
se déplace dans un CLE, est-ce qu'il peut rencontrer quelqu'un qui connaît la problématique des aînés
et connaît ça? Et ça, je vous avoue, puis ce n'est pas de votre faute, là,
j'avoue qu'à mon avis on a perdu beaucoup en faisant ce transfert-là. Ce n'est
pas contre les gens de Services Québec que
je dis ça, mais, pour les aînés, là, le portail puis toutes ces affaires-là,
là, ce n'est pas toujours évident, aller sur la ligne, par Internet. D'ailleurs, il y a plein de régions qui
n'ont pas encore Internet. Ça, il faudrait juste le rappeler. Ça fait qu'il y a, c'est ça, cette perte-là que je veux
essayer de voir, là. Est-ce que, depuis deux ans, Services Québec s'est un peu
adapté à cette clientèle-là qui est un peu différente des autres? C'est un peu
ça, ma question.
M.
Boulet : C'est intéressant, ce que vous soulevez, Mme la
Présidente, et je le dis avec tout le respect que j'ai envers mon collègue. Depuis notre élection, je
pense qu'on travaille en collaboration, de façon transparente. Et ce que ça
met en relief, votre propos, c'est :
est-ce qu'on se dépersonnalise avec le temps? Et ça, moi, je veux m'assurer
qu'on évite d'entrer dans ce corridor-là, qu'on assure un service
d'accompagnement qui est humain. Puis ce n'est pas simplement les aînés, c'est dans toutes les tranches d'âge. Il y
a des personnes qui ont des besoins spécifiques,
et, je le dis pour les gens de mon ministère, il faut s'assurer que dans
nos bureaux il y a des personnes qui soient dévouées à l'approche humaine à
laquelle vous faites référence.
Vous
connaissez mes sensibilités. Puis je
ne voudrais pas être confronté à des témoignages de personnes aînées, par
exemple, qui me diraient : Jean, on est
allés là puis on n'a pas été capables d'obtenir les informations qu'on avait
besoin, puis il faut tout faire en ligne, puis je ne suis pas équipé, je
ne sais pas comment. Vous avez beau me parler d'un portail ou de ligne électronique, je ne sais pas comment
ça marche. Moi, je respecte ça beaucoup et je veux m'assurer qu'à Services
Québec, indépendamment de la nature du
service, il faut être en mesure... Puis ce n'est pas suffisant non plus de
dire : Ça relève du Curateur public ou du ministère des Transports.
Il faut dire à la personne comment se rendre au bon endroit, à destination pour avoir les informations et qu'on
puisse répondre à leurs besoins et les accompagner. Et je pense que c'est
extrêmement important, ce que vous soulevez.
M.
LeBel : Pour finir avec ce dossier-là, ça fait peut-être deux ans, là,
qu'il y a cette entente avec... deux ans ou trois ans qu'il y a cette entente-là avec le Secrétariat aux aînés.
Est-ce qu'il y a eu une évaluation de faite depuis trois ans, évaluation
du service, évaluation de la réponse des aînés? Est-ce qu'il y a une évaluation
qui a été faite de l'entente?
M. Boulet :
Bien, Mme la Présidente, on fait des évaluations des services que nous rendons.
On le fait de façon épisodique. Je vais
m'assurer qu'il y a eu une vérification ou qu'on fait un processus de diligence
raisonnable pour s'assurer que non
seulement nos services sont rendus, mais qu'ils soient rendus avec une qualité
et en quantité suffisante. Je vais demander l'information et je pourrai
faire le suivi avec mon collègue de Rimouski. Merci, Mme la Présidente.
M. LeBel :
O.K. Il me reste 10 minutes, ça fait que je vais essayer d'aller plus vite.
Dans
les... Il faut que je mette mes lunettes. C'est ça, le vieillissement de la
population, ça prend des lunettes. Je lis que, par rapport à l'aide
sociale, les statistiques sur les adultes prestataires des programmes
d'assistance sociale, je regarde sur l'île de Montréal, il y aurait
11 500 que c'est des demandeurs d'asile. Ma question, dans le fond,
c'est... Je voudrais savoir c'en est
où, les négociations avec le fédéral sur le remboursement de l'aide sociale par
rapport aux demandeurs d'asile. On est rendus où? Ça avance-tu? On est-u
content, on n'est-u pas content? On est-u...
M.
Boulet : Mme la Présidente, il y a des pourparlers avec nos homologues
fédéraux. On a eu, il y a quelques semaines,
à mon bureau... On a convoqué une rencontre avec le ministre fédéral, qui
malheureusement est atteint d'un cancer, Dominic LeBlanc, qui est responsable des relations
fédérales-provinciales, et il y avait la ministre Patricia Hajdu, qui est
mon homologue à Ottawa. J'étais accompagné
de Sonia LeBel, ma collègue à la Justice, et mon collègue à l'Immigration,
Diversité et Inclusion, et il y avait bien
sûr nos équipes respectives, sous-ministres et membres de nos cabinets et
ministères, et on a eu des discussions qui ont notamment porté sur ce
sujet-là.
Les
pourparlers demeurent confidentiels. Je vous dirais que le climat de
communication est bon. Et j'en parle de façon régulière, quasi quotidienne avec mon collègue à l'Immigration,
et, quand il y aura conclusion de nos pourparlers, on vous transmettra
bien sûr l'information pertinente.
M. LeBel : On parle de combien
d'argent? On parle d'autour de 75 millions, c'est ça?
M.
Boulet : Oui, c'est un montant qui a circulé. Je ne veux pas
m'avancer. Je sais que mon collègue à l'Immigration est en discussion sérieuse sur les montants et je
ne veux pas préjuger de quelque montant que ce soit, Mme la Présidente.
M.
LeBel : En tout cas, ce que j'ai ici, au niveau de l'aide sociale,
c'est ça, 73 millions, puis au total, avec les autres, c'est autour
de 150 millions. Ça fait combien de temps que ça négocie avec Ottawa?
M. Boulet : Ça ne peut pas faire
deux ans, on est au pouvoir depuis...
M. LeBel : Mais ça négociait avant
vous, là.
• (11 h 40) •
M.
Boulet : ...le 18 octobre dernier, où on a été assermentés. Donc, on a pris connaissance de nos dossiers.
Moi, j'ai été sensibilisé, comme vous
le savez, à nos ententes de transfert pour le développement de la main-d'oeuvre et une autre entente de
transfert pour le marché du travail, et on travaille en équipe. Mon collègue
de l'Immigration est préoccupé par les travailleurs étrangers
temporaires, les seuils d'immigration, les demandeurs d'asile, les prestataires aussi
dont on fait référence, et on a eu
des discussions communes, et ça a dû débuter, je vous dirais, au mois de
décembre, et ça s'intensifie avec le temps. Et je pense qu'à l'égard de
certaines ententes on n'est pas loin du but. Voilà.
M. LeBel : Mais, avant vous, ça
avait négocié, ça... avant vous, ça négociait aussi, là. L'ancien gouvernement
négociait aussi. Ça devait... une bonne année, deux ans, peut-être trois ans
que ça négocie avec Ottawa.
M. Boulet : Bien, moi, Mme la
Présidente, je peux parler de nos ententes de transfert.
M. LeBel : Je ne veux pas parler
des...
M. Boulet : Ça ne négociait pas
au même rythme que nous tentons de le faire et que nous le faisons depuis notre
élection. Je pense que c'est la réponse la plus claire, précise et respectueuse
que je peux vous donner.
M.
LeBel : Vous me voyez venir?
Je veux dire que ça prend du temps, c'est... puis je sais bien que vous
travaillez fort, mais ça fait au
moins deux, trois ans que ça négocie avec Ottawa pour quelque chose qui devrait être plutôt clair, et c'est les Québécois qui paient
la facture.
Une autre question par rapport aux... Je
reviens, là, au programme Objectif emploi. Je me souviens d'avoir participé au projet de loi, là, de l'ancien
gouvernement là-dessus. Je disais : Est-ce que... parce que
je regarde... et j'ai écouté les
réponses que vous avez données à mes collègues, là, c'est... bon, ça a pris du
temps à partir, le programme Objectif emploi. Les primodemandeurs, est-ce que...
on est rendus à combien, là, qui participent, au Québec?
M. Boulet : Excellente question, Mme la Présidente. Actuellement, pour la période du 1er avril 2018 au 15 février 2019, on a recensé
7 846 participants au programme Objectif emploi. Est-ce
que vous souhaiteriez que je réfère
aux sanctions?
M. LeBel : Non, non, je ne suis pas
rendu là encore.
M. Boulet : Mais c'est le
nombre de participants. C'est la réponse précise à votre question, Mme la
Présidente.
M. LeBel : Sur les 7 000, il y
en a combien sur l'île de Montréal?
M. Boulet : Mme la Présidente,
je ne suis pas en mesure de vous donner la réponse... Mais je l'ai ici.
M. LeBel : Cette dame-là a toujours
les réponses, en arrière.
M. Boulet : Vous la connaissez,
hein?
M. LeBel : Oh oui! Je l'ai déjà vue
aller.
M. Boulet : Elle est tellement
fiable — j'apprécie
votre commentaire — Chantal.
2 835, sur l'île de
Montréal, participent au programme Objectif emploi, comme vous savez, qui
concerne les primodemandeurs à l'aide sociale.
M.
LeBel : À l'époque, j'avais posé beaucoup de questions sur la façon
qu'on accueillait ces primodemandeurs-là, qu'on évaluait leurs besoins, et on m'avait dit que...parce que je
doutais ou ce que je trouvais plate, c'est qu'on accueille des gens qui sont déjà en difficulté, là, qui ont des
problèmes avec ça... d'arriver à l'aide sociale comme ça, ce n'est pas évident,
là, tu es... et là on les accueillait dans
un bureau plutôt froid, dans des cubicules, pour leur dire : Tu as-tu
un... quelle sorte de parcours du voudrais prendre? Je trouvais ça un peu...
pas très respectueux, là, des personnes qui arrivent, qui ont beaucoup
de pression sur eux autres. Et là on m'avait
dit qu'il y a des ententes avec des organismes communautaires et des gens qui
sont plus prêts à écouter puis à mieux saisir les besoins de la
personne.
Est-ce qu'il
y a eu beaucoup d'ententes comme ça avec des organismes communautaires, avec
des réseaux qui... puis la députée de
Fabre se rappelle. Est-ce qu'il y a beaucoup d'ententes comme ça qui ont été
faites avec des réseaux de groupes communautaires pour introduire les
gens à Objectif emploi?
M. Boulet : Mme la Présidente,
oui, tout à fait, il y en a eu. Il y a eu beaucoup d'ententes avec des groupes communautaires. Je rappellerai à toutes les
personnes présentes ici ce matin que ce programme-là, essentiellement, il vise
à aider les personnes à cheminer vers un
potentiel retour au marché du travail. Et il y a trois volets qui sont prévus
pour tenir compte de la particularité de chaque participant.
M. LeBel : Il me reste trois
minutes, ça fait que les trois volets...
M. Boulet : Pardon?
M.
LeBel : Il me reste juste trois minutes, puis j'aurais peut-être une
dernière question, mais allez-y. Je vous mets de la pression aussi.
M. Boulet :
Ah! pas du tout. Moi, ça me fait plaisir de répondre à... et d'informer, et de
profiter de ce forum, mon collègue le
sait très bien, pour donner des informations sur la nature de ce programme-là,
Objectif emploi. Je vais y aller très succinctement. Le premier volet,
c'est pour les aider à rechercher un emploi; le deuxième, pour développer leurs
compétences; et, enfin, pour développer
leurs habiletés sociales, parce que c'est souvent des personnes qui ont des
besoins vraiment spécifiques d'accompagnement pour leur permettre
de réintégrer le marché du travail dans des délais intéressants puis surtout dans le contexte de rareté de main-d'oeuvre que
vous connaissez. Merci, Mme la Présidente...
M. LeBel : Merci. Je connais un peu
le programme...
M. Boulet : Vous me mettez de la
pression, là.
M. LeBel : J'y vais rapidement.
Bien, c'est parce que je connais le programme, là. C'est bien correct, mais...
M. Boulet : Je vois ça, oui.
M.
LeBel : Dans le fond, ce que
je veux savoir, c'est : Est-ce
qu'il y a eu vraiment
des ententes, des collaborations avec des groupes communautaires dans
les régions du Québec?
M. Boulet : Oui, tout à fait.
M. LeBel : L'autre affaire, puis là
je n'ai pas beaucoup de temps, il me reste...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
1 min 40 s.
M. Boulet : Profitez de votre temps.
M.
LeBel : Dans toutes les
analyses par rapport à la lutte à la pauvreté... parce qu'à l'époque
j'étais, là, avec la ministre qui a
adopté le projet de loi de la lutte à
la pauvreté, j'étais le chef de cabinet de la ministre à l'époque, Mme Goupil. Ça fait déjà 20 ans, ça va vite. Depuis les études que... Là-dessus,
on nous démontre que c'est les personnes seules. On a gagné... on a beaucoup
lutté contre la pauvreté, au Québec, mais, les personnes seules, on n'a pas
réussi beaucoup.
Je
voudrais savoir, une personne seule à l'aide sociale, elle gagne peut-être...
gagne, quoi... reçoit peut-être 600 $ par mois, autour de ça, est-ce qu'il y a du
travail chez vous qui se fait pour analyser qu'est-ce qu'on pourrait faire de
mieux pour s'assurer que ces personnes-là puissent vivre décemment?
M. Boulet : Mme la
Présidente, je ne suis pas certain d'avoir bien compris la nature de votre
question.
M.
LeBel : Dans tous les programmes d'aide, de lutte à la pauvreté qu'on
a faits, les anciens plans d'action, on a aidé beaucoup
les familles à sortir de la pauvreté. Ça, on a fait des gains, pas
complètement, mais on a fait des gains. Où on n'a pas fait de gain, c'est par rapport aux
personnes seules qui vivent à l'aide sociale, et là-dessus c'était un peu un
échec. Je voudrais savoir, de votre côté... Parce
que quelqu'un qui vit avec 600 $ par mois n'est pas capable de se sortir
de la pauvreté. Je voulais voir si,
de votre côté, vous étiez prêt à regarder... Est-ce qu'on pourrait, par
d'autres interventions, réussir à aller répondre à cette
problématique-là qui est identifiée partout?
M. Boulet : Oui, absolument, puis je
suis totalement conscient de cette problématique-là, Mme
la Présidente. L'espèce de notion de vie
maritale, là... Souvent, on considère l'admissibilité aux prestations d'aide
sociale en tenant compte d'une
réalité qui s'appuie sur trois critères : la cohabitation, le secours
mutuel et la commune renommée. Et parfois, surtout avec le développement du
profil des proches aidants, par individu... Oui, on est en analyse, et ça, je
suis totalement concerné par cette réalité-là. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Vous avez dépassé de quelques secondes, mais, comme
c'était sur le bloc du gouvernement, on va
poursuivre immédiatement avec la députée de Labelle. Il vous reste
11 min 45 s. Merci pour l'échange précédent. Merci,
monsieur.
Mme
Jeannotte : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, chers collègues de
l'opposition, et du gouvernement, ainsi que tous les
membres de l'équipe de la fonction publique. C'est avec beaucoup d'enthousiasme
que je prends la parole dans cette
commission afin de porter, en quelque sorte, le message, là, des acteurs
économiques de ma région. Je suis dans les
Laurentides, les
Hautes-Laurentides plus particulièrement, et j'ai été moi-même au coeur du
développement économique régional
pendant plus de 17 ans dans ma vie, Mme la Présidente. J'ai oeuvré dans
plusieurs MRC, donc, en développement économique, Joliette, D'Autray,
Laval, Laurentides. J'ai même oeuvré sur la Côte-Nord.
Donc, j'ai
pris connaissance de La Grande Corvée, là, l'initiative du ministre, et puis je
suis vraiment... je salue son initiative
et puis vraiment toutes les mesures qui ont été en place. Je trouve que c'est
vraiment quelque chose qui démarre bien.
M. le ministre, il y a, en fait, une première campagne électorale l'été
dernier... vous me permettrez de vous parler de ce que j'ai entendu sur
le terrain dans ma circonscription.
Vous savez, je crois qu'on est dans un contexte
qu'on... c'est vraiment extraordinaire. On ne connaissait pas ça, nous, hein?
Moi, je suis dans la cinquantaine, alors vraiment c'est quelque chose, la
pénurie de la... la rareté de la main-d'oeuvre,
quelque chose qu'on fait toujours un saut. Moi, mes jeunes sont à 26 ans,
24 ans, puis je me dis : Comment ça se fait qu'ils ont tant de possibilités? Nous, on se cherchait des
emplois. Moi, mon premier emploi était en Alberta. Bref, on fait face à une concurrence mondiale, puis je
pense qu'il faut vraiment... il va falloir faire état... être encore plus
créatifs et faire preuve d'audace, comme le disait notre premier
ministre.
• (11 h 50) •
Puis, vous savez, je trouve qu'il y a tellement
d'enjeux qui se recoupent. Prenons l'exemple des professeurs, où on a des jeunes qui ont de la difficulté avec
leur français. Et j'entendais sur le terrain, par exemple, dans le domaine de
la santé, que ça prend un secondaire
V. Donc, est-ce qu'on va être capable, donc, de peut-être faciliter de ce
côté-là pour que ces jeunes-là qui
ont de la... par exemple, une personne qui est dyslexique, qui a de la misère à
avoir son secondaire V puis qui pourtant ferait tellement un bon
bénéficiaire... préposé aux bénéficiaires. Bon, je vous donne cet exemple-là,
M. le ministre.
Un autre exemple dans le tourisme. Moi, je suis
à Mont-Tremblant, il y a 3 000 emplois à la montagne. Alors, le premier
dirigeant de la montagne me disait dans le cadre de ma campagne : Vous
savez, Mme Jeannotte, si on avait deux
semaines de plus pour les étudiants... Bien, moi, ces deux semaines-là, là,
elles me causent un immense problème avec mes chambres d'hôtel, là. Je n'ai plus personne ou en tout cas... Ça
fait que c'est toutes des petites affaires comme ça que j'ai entendues
sur le terrain.
Un dernier exemple, peut-être, c'est, dans le
fond, les professeurs aussi. Il y a une pénurie aussi au niveau des
professeurs, puis j'entendais que le test de français n'avait pas de bon sens.
Tout ça m'amène à dire que... Est-ce que, M.
le ministre, vous travaillez en collégialité avec vos collègues qui
recoupent — bon,
c'est l'immigration que je cherchais tout
à l'heure, là — qui
recoupent les enjeux de l'immigration, les enjeux du français, les enjeux de
l'éducation. Après ça, tantôt,
j'étais dans le tourisme, là. Comment travaillez-vous pour que... Parce que
tout le monde est pour l'objectif de combler la rareté de la
main-d'oeuvre, mais vous comprenez que les détails, hein, c'est dans les
moyens.
Qu'est-ce que
vous faites pour qu'on sorte des sentiers battus, puis qu'on aille peut-être
au-delà des programmes aussi, puis
qu'on pense à autre chose? Est-ce qu'il y a quelque chose, là, que vous
pourriez me dire, que je peux dire à mes concitoyens?
Mme Jeannotte : J'en ai dit des
affaires.
M.
Boulet : Mme la Présidente, bon, excellente question d'abord, qui
démontre l'intérêt profond de ma collègue de Labelle pour le marché de l'emploi, pour le développement économique
de son comté et de sa région. Une personne que je côtoie depuis
plusieurs mois et qui, à chaque fois, l'exprime de façon vivante, de façon
concrète.
La rareté de
main-d'oeuvre, profitons-en pour revenir, un, sur le phénomène de rareté de
main-d'oeuvre, deux, sur La Grande Corvée, puis, trois, sur la tournée
et les mesures concrètes.
Rareté de
main-d'oeuvre, on sait tous que la population vieillit rapidement au Québec,
même à l'échelle internationale. On
est une population qui vieillit à un rythme effarant. Ça, combiné à la
croissance économique, ça fait en sorte que la tranche des personnes en âge de travailler, entre 15 et 64 ans,
diminue. C'est ce qui provoque le phénomène de rareté de main-d'oeuvre. Et quand on est arrivé au pouvoir,
à Services Québec, il n'y avait pas... pas une culture, mais on était habitué
à recevoir des personnes qui cherchaient des
emplois et on essaie tranquillement, tout le monde, en équipe, de changer la
façon de faire,
changer le paradigme et aller voir les entreprises, cogner à leur porte, les
rencontrer, établir un diagnostic et, après ça, élaborer un plan
d'action avec eux autres pour recruter la main-d'oeuvre qui est vraiment
nécessaire.
Je
profite de l'occasion, Mme la Présidente, pour dire qu'à ce jour on a déjà
communiqué avec 5 994 entreprises au Québec. 3 087 de ces
entreprises-là nous ont dit : On a des besoins en main-d'oeuvre et on veut
vous rencontrer. On a 220 conseillers,
conseillères en entreprise qui ont toutes les qualifications pour aider les
entreprises québécoises à relever le défi
de la main-d'oeuvre et ces personnes-là sentent que leur travail est valorisé
et ils trouvent ça parfaitement bénéfique.
Enfin,
tournée... On fait une tournée. Actuellement, on a visité huit régions et on
rencontre l'ensemble des acteurs et
partenaires du marché du travail et il y a des spécificités dans chaque région.
On essaie de coller aux particularités de chaque région et on a des mesures concrètes, qu'on annonce, qui
répondent aux besoins de chaque région. Mais ça peut être... On assume
85 % des frais de formation, on assume... tu sais, il y a beaucoup de
programmes d'aide financière, de l'accompagnement,
et on le fait en collégialité avec nos collègues à l'éducation, à
l'immigration, à l'économie. On travaille tout le monde ensemble et on
met en place des mesures qui répondent vraiment aux besoins des entreprises
dans chaque région. Et quand on ira vous
rencontrer, vous allez voir, vos partenaires et vos acteurs du marché du
travail vont nous dire : Jean,
ça, on en aurait besoin, ça, ça répondrait à nos particularités, et on va
rapidement y donner suite avec nos conseillers, conseillères, qui sont
chez vous. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il vous reste 4 min 21 s.
Mme
Jeannotte : Je remercie le
ministre pour ces renseignements. En effet, c'est encourageant. Je conviens que
les chiffres sont impressionnants, avec la
quantité des personnes impliquées, là, dans... cette opération est vraiment
impressionnante.
Considérons-nous
que nous pourrions rencontrer davantage d'entreprises et peut-être d'autres types d'entreprise? Par exemple, est-ce que les petits commerçants... Moi, je me
souviendrai toujours, à Mont-Laurier, là, j'ai été étonnée par
le nombre, je donne un exemple, de concessionnaires automobiles. Est-ce que les
petits commerçants sont également rencontrés ou est-ce que... quand vous dites
les entreprises, de quel type d'entreprise vous parlez plus précisément?
M. Boulet :
Bien, toutes les entreprises qui bénéficient, Mme la Présidente, des services
du gouvernement et notamment de mon ministère, indépendamment du nombre d'employés. Évidemment,
il y a les entreprises de juridiction fédérale qui ne bénéficient pas nécessairement des mêmes services, mais les petites entreprises,
encore une fois, indépendamment du nombre de travailleurs,
peuvent bénéficier de nos services.
Et
ce qui est intéressant, c'est que ça met en relief le fait et la réalité
que beaucoup de ces petites entreprises là n'ont
pas de département de ressources humaines, n'ont pas les ressources pour
répondre à leurs besoins. Si vous saviez le nombre de très petites organisations
qu'on a accompagnées et qui, aujourd'hui, ont les moyens. Parce qu'il ne faut
pas simplement dire quoi faire et comment faire, il faut apprendre à ces
petites organisations là à devenir autonomes et à avoir accès aux ressources qui leur permettent de répondre à leurs besoins,
de faire du recrutement, de savoir comment passer des entrevues, comment tracer le profil des
personnes dont on a besoin, les exigences, les qualifications, les plans de formation.
Ce
n'est pas parce qu'on a huit travailleurs qu'on n'a pas besoin de formation.
Il y a des changements technologiques,
le marché du travail évolue de façon
constante. Il faut s'adapter. On est là pour aider ces petites organisations là
à s'adapter, à former leurs employés et à améliorer leur productivité.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : 1 min 50 s.
Mme
Jeannotte : Très intéressant. Donc là, je comprends mieux, dans
le fond, l'intégration puis
l'adaptation, là, les quatre volets,
là. J'aimerais vous réentendre dans le contexte de l'intégration. On a donc,
comme je le disais en introduction, des
enjeux d'immigration, particulièrement dans les régions éloignées. Donc, en intégration,
le plus grand nombre possible, sur le marché du travail, est-ce qu'il va
y avoir, là, à travers les programmes que vous avez développés, des liens avec l'immigration?
M.
Boulet : Absolument.
Mme la Présidente, encore
une fois, je loue la qualité, la
pertinence de cette question. Notre plan
de match, il se déploie sur quatre fronts d'intervention. On a parlé
d'adaptation, de formation, d'augmentation de la productivité, et le premier front,
c'est l'intégration. Et vous en avez fait référence dans vos trois questions,
intégration, ça réfère aux bassins de
main-d'oeuvre sous-représentés dans le marché du travail, les travailleurs
expérimentés, les jeunes. Les jeunes,
c'est 54 % des besoins que nous aurons dans les 10 prochaines années.
Ils vont être en mesure de combler 54 % des postes à pourvoir.
On est attentif, on a
identifié les métiers et professions d'avenir. On a mis en place une campagne
de promotion et de diffusion avec notre
collègue à l'éducation et les membres de la Commission des partenaires du
marché du travail, dont la présidente est ici avec nous ce matin. Il y a aussi
des femmes, des travailleurs autochtones. Dans certaines régions, il y a un
pourcentage impressionnant de travailleurs autochtones, mais l'intégration,
c'est vraiment un front extrêmement important.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci, M. le ministre.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. La parole est maintenant à
l'opposition officielle avec la députée de Fabre. Vous avez
18 min 30 s.
• (12 heures) •
Mme
Sauvé : Bonjour, Mme la
Présidente, M. le ministre, les collègues, mon cher collègue lavallois, de
Vimont. Alors, je nous souhaite une bonne deuxième journée de crédits
pour, bien sûr, l'Emploi et la Solidarité sociale.
En intro, deux petits points sur lesquels je veux
revenir. Hier, j'ai nommé que je pouvais, et je m'assume, que
je pouvais être
agaçante dans mes suivis. Alors, je commence un peu avec ça. Hier, on a
adressé, dans le grand volet de la solidarité
sociale, toute la question de la prestation de solidarité sociale pour les
personnes handicapées en hébergement ressource
intermédiaire. Je ne reviendrai pas là-dessus, mais, dans le fond, ce que je
veux dire, c'est que, quand on parle de ça, on se rattache au grand,
grand, grand volet qui est le revenu de base, qui a été adopté, et la loi n° 173, par l'ancien gouvernement,
qui était historique. Et, sur cinq ans, il avait été prévu
1 250 000 000 $, donc beaucoup de sous pour vraiment
améliorer la qualité de vie des personnes handicapées ayant des contraintes
sévères à l'emploi.
Alors, ma
question de petit suivi agaçant, pour commencer, c'est celle-ci... Il me semble
que c'est un gros dossier, il me
semble que c'est quelque chose de très porteur. C'était attendu. Or, quand on a
posé la question n° 34, fournir copie de tout document, notes, rapports, états de situation concernant le
revenu minimum garanti depuis le 18 octobre 2018, la réponse est : Aucun document n'a été produit
depuis le 18 octobre. Ça m'inquiète un peu. Alors, j'aimerais que le
ministre me rassure, s'il vous plaît, Mme la Présidente.
M.
Boulet : J'aimerais ça, Mme la Présidente, profiter de l'occasion pour
exprimer l'importance de ce programme-là, qui permet d'accéder au revenu de base, qui s'échelonne d'ailleurs
jusqu'en 2023, qui permet d'excéder ce qu'on appelle le MPC, la mesure du panier de consommation en
2023. Et j'ai souligné à maintes reprises, quand j'ai annoncé, le 12 décembre dernier, l'injection de près de
1,5 milliard pour augmenter les prestations de solidarité sociale pour les
personnes, donc, qui ont des contraintes sévères à l'emploi...
Et ça,
j'étais aussi fier d'annoncer que nos prédécesseurs, et je le souligne... Celui
qui m'a précédé à l'Emploi et la Solidarité
sociale, je l'avais invité à la conférence de presse à Montréal le
12 décembre dernier, et il était touché de cette invitation-là. Puis, quand on est capable de
travailler de façon transversale, ma collègue de Fabre le sait très bien... Puis
on va travailler main dans la main, il faut
combattre la marginalité, la pauvreté, l'exclusion sociale. Et c'est un volet
du programme de revenu de base, et on
est toujours en action, puis j'ai demandé qu'on continue de faire des
réflexions et de me proposer des mesures concrètes.
Et, comme vous savez, il y a un comité conjoint
sur l'accès au programme de revenu de base, et il est composé de l'Alliance québécoise des regroupements
régionaux pour l'intégration des personnes handicapées, la Confédération des
organismes des personnes handicapées du
Québec, Réseau communautaire en santé mentale, Société québécoise de déficience
intellectuelle, l'Office des personnes
handicapées et mon ministère. Et ce comité conjoint là travaille toujours et va
me proposer des mesures concrètes pour continuer à aller de l'avant avec
ce que vous aviez déjà très bien entamé, ma collègue de Fabre, puis vous pouvez faire le message à celui qui m'a précédé et à
toute l'équipe qui l'appuyait. Merci, Mme la Présidente.
Mme Sauvé : Merci, Mme la
Présidente. Je poursuis. Merci au ministre pour ces bons mots, message que je transmettrai bien sûr. Je pense qu'encore une fois
on est à la même place dans l'importance qu'on doit donner à ce grand
dossier du revenu de base.
Mais alors
que le ministre parle d'un comité conjoint, d'autant plus je m'attendrais à y
trouver de la documentation. Est-ce
qu'il s'est réuni? Parce qu'on aura beau dire que la volonté et la
reconnaissance sont là, mais, dans l'action, il y a quand même plusieurs
mois qui se sont écoulés. Et je répète la réponse que nous avons eue : il
n'y a aucun document. Il y a un comité
conjoint qui est effectivement composé d'expertises indéniables, mais, en même temps, est-ce qu'il a eu des rencontres? Et, s'il y en a eu, pourquoi on ne retrouve aucune documentation? Je trouve que ça mériterait qu'on puisse suivre attentivement ce dossier. J'ai le goût de
suivre ce dossier-là attentivement parce qu'on a ça très à coeur, M. le
ministre.
M.
Boulet : Mme la Présidente, très bonne question. Ma collègue de Fabre
connaît ce dossier. Et, oui, il y a eu des rencontres du comité
conjoint, il y a des délibérations qui demeurent, à ce stade, confidentielles.
Il est prévu qu'un rapport me sera remis au
mois de décembre 2019. Il est destiné au ministre. Il devrait circuler de façon
limitée entre les membres du comité conjoint et de façon restreinte au
sein de mon ministère.
Mais, je vous
assure, on demeure en contact, on ne se voit pas seulement au salon bleu.
Recommençons nos rencontres qu'on
avait entreprises l'automne passé, après mon assermentation. Moi, je vais vous
inviter, qu'on se rencontre de nouveau de
façon épisodique, et l'information que je pourrai partager avec ma collègue de
Fabre, ça me fera plaisir de collaborer et de la partager. Je le répète,
nous n'avons que des intérêts communs dans ce dossier. Merci, Mme la
Présidente.
Mme
Sauvé : Alors, Mme la
Présidente, je suis très contente. J'attendrai l'invitation avec grand plaisir.
On avait eu effectivement de bons échanges, et je pense que ça fera partie d'un
des dossiers dont on parlera. Néanmoins, je trouve que c'est un peu tardif, le rapport en décembre.
Mais néanmoins, si on a l'occasion et si j'ai le privilège de pouvoir être
informée, le ministre aura compris que j'ai
grand intérêt à pouvoir suivre ce dossier. Alors donc, voilà pour ma première
question.
Deuxième question, aussi toujours un retour sur
des choses qui ont été dites, et là c'est vraiment une notion de clarification, le ministre a annoncé... a envoyé
une lettre, il l'a dit hier, et puis ça fait partie aussi des demandes
d'information qu'on a eues, il a
envoyé une lettre au RQ-ACA, le Réseau québécois de l'action communautaire
autonome, pour dire qu'il entamait
avec eux, bien sûr, qui est l'interlocuteur privilégié du gouvernement, des
démarches pour renouveler le plan d'action gouvernemental.
Alors là, j'ai besoin vraiment d'une
clarification. Et, si mon collègue de Rimouski était là, je sais qu'il serait
sensible à ma question puisqu'il a été très présent lors de la politique
québécoise de l'action communautaire autonome de
2001. Il y a eu cette grande politique qui a été mise en place et il y a eu un
plan d'action qui a été mis en place par la suite comme cadre de référence pour l'application
de la politique. Dans le fond, c'est un cadre qui permet d'élaborer des
paramètres, comment les valeurs qui sont dans la politique peuvent se déployer
et dans le financement et dans l'action communautaire terrain.
Alors,
je trouve ça très bien que le ministre ait la volonté d'amorcer des travaux
dans ce sens-là, mais parle-t-il véritablement du plan d'action ou de la
politique québécoise? Parce que le plan d'action découle, il est un peu plus administratif... La politique québécoise, elle
est... à vrai dire, c'est l'ADN de l'action communautaire autonome. Et, quand
je rencontre, et je l'ai fait à plusieurs
reprises, le Réseau québécois d'action communautaire autonome, ce dont il me
parle, c'est davantage de la politique québécoise. Alors, j'ai besoin de
clarifications, M. le ministre, là-dessus.
• (12 h 10) •
M.
Boulet : Alors, je vais le faire avec plaisir, Mme la Présidente.
C'est un sujet à l'égard duquel je suis un peu moins fier de mes prédécesseurs, parce que le plan d'action relatif à
l'action communautaire autonome, le dernier remonte à 2004. Il est attendu de façon insistante par le
milieu communautaire québécois. Et j'ai effectivement transmis une lettre, le
18 février 2019, à l'attention du président
du Réseau québécois de l'action communautaire autonome, et on amorce les
travaux.
Et moi, je n'ai pas
l'intention de confondre le plan d'action ou la politique gouvernementale,
c'est l'ensemble de l'oeuvre. C'est tout ce
qui concerne l'action communautaire. Et j'ai l'intention de le faire de façon
transversale, de parler de
financement, de parler de déploiement sur le territoire québécois, sur les
missions des organismes communautaires. Moi, je veux qu'on ait une vision d'ensemble du monde communautaire autonome,
et c'est vraiment dans cette direction-là que je veux que nous nous
orientions.
Et,
encore une fois, j'offrirai ma collaboration aux partis d'opposition, dont ma
collègue de Fabre, pour que vous puissiez
contribuer, parce qu'on va entreprendre... évidemment, il y a toujours une
phase de consultation, et on est en train d'établir, avec le groupe de ma sous-ministre associée, un échéancier de
consultations pour s'assurer qu'on entende d'abord, qu'on soit à l'écoute des organismes
communautaires, qu'on comprenne bien leurs besoins et que ce plan-là soit la
meilleure façon de répondre à leurs intérêts et à leurs besoins.
J'ai
d'ailleurs un calendrier qui m'avait déjà été soumis, un calendrier des travaux
d'élaboration du Plan d'action gouvernemental en action communautaire,
et on pourra le partager à une de nos prochaines rencontres. On se fera un ordre du jour puis on partagera. Ce type
d'information là, je n'ai aucun problème à le partager. Merci, Mme la
Présidente.
Mme Sauvé : Alors, je poursuis. Merci au ministre. Je poursuis avec une autre
question, et là on entre dans les chiffres,
toujours liés au plan de lutte aussi évidemment, parce qu'on a eu, bien sûr, le
dépôt du troisième plan de lutte d'un gouvernement libéral et avec
toutes ses mesures et, entre autres, le revenu de base.
Mais il y a un plus
petit volet, qui peut passer inaperçu, mais qui est très important pour
plusieurs groupes communautaires, et c'est
le FQIS le Fonds québécois des initiatives sociales. Alors, moi, j'ai une
disparité de chiffres, là, alors...
puis c'est quand même 12 millions, ça fait que j'aimerais comprendre.
Donc, quand je regarde, dans le fond, au plan budgétaire et qu'on fait
état des crédits pour le FQIS, 2018‑2019, donc l'exercice qui s'est terminé, on
parle de 29 649 000 $. Et,
quand je regarde aux réponses aux questions, la question 13, je me rends
compte qu'à la fin du mois de février, donc on est juste un mois avant
la fin de l'exercice, on est à 17 millions.
Ça fait que c'est
quand même une différence de 12 millions, puis je sais que ça compte
beaucoup dans les communautés, ces projets
qui s'ajoutent au financement des organismes communautaires. Je pense à, par
exemple, chez nous, là, je vais être un petit peu... ça m'arrive parfois d'être
un peu chauviniste et lavalloise, hein, tu me donnes la... vous me donnez
la permission, mon cher collègue de Vimont?
Alors, Le Centre communautaire Val-Martin, qui a un projet, Ça cliq, pour
les jeunes adolescents, c'en est un projet,
entre autres, un très beau projet, qui est financé FQIS. Mais il y en a bien
d'autres dans toutes les régions du Québec.
Alors,
j'ai deux questions autour du FQIS. Tout d'abord, je ne vois pas, entre 2018,
2019, une indexation. On passe... même,
il y a une légère diminution, de 29 649 000 $ à
29 624 000 $. Déjà, ça, ça me préoccupe. Et la disparité entre
l'état des résultats au mois de février et l'information au plan
budgétaire, une disparité de 12 millions...
M. Boulet :
Alors, Mme la Présidente, les questions sont très précises. Il y a quand même
un élément que vous avez soulevé, le
17,4 millions, ça, c'est des montants d'argent qui sont dus, qui doivent
être payés et qui découlent de plans de travail déjà soumis. Et ça, je vous
assure que les montants d'argent découlant de ce qu'on appelle, là, les
Alliances pour la solidarité, là, du FQIS, ça, ça va être payé, on me
l'assure, dans les prochains mois.
Quant
aux deux questions plus spécifiques, moi, ce que je vais faire, je vais obtenir
les réponses et je pourrai les partager,
vous donner des chiffres, parce que c'est des chiffres précis, là, puis je ne
veux pas m'aventurer dans un territoire où je ne suis pas capable de donner des réponses très précises. Et on
pourra le faire dans des délais, là, raisonnables.
Une voix :
...
M. Boulet : O.K. Bien, je vais vous donner... On me fournit les
réponses. Avec votre permission, Mme
la Présidente... Il n'y a
pas d'indexation. Pour l'année 2018‑2019, le total pour les alliances, c'était
29 539 200 $, et c'est
exactement le même montant pour 2019‑2020. Donc, il n'y a pas
d'indexation.
Mme Sauvé : Alors, je pense que le ministre peut deviner ma prochaine question,
très simple. Pourquoi? Pourquoi il
n'y a pas d'indexation? Pourquoi il n'y a pas de valorisation de ces
initiatives qui peuvent faire une grande différence dans l'action
communautaire terrain dans toutes les communautés?
M. Boulet :
Alors, avec votre permission, Mme la Présidente, je demanderais à ma
sous-ministre de donner un élément de réponse à la question de ma
collègue de Fabre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Je vais demander à madame de se
présenter, c'est-à-dire de donner votre prénom, votre nom et votre
titre.
Mme Pelletier (Brigitte) : Oui,
bonjour. Alors, Brigitte Pelletier. Je suis sous-ministre au Travail, Emploi et
Solidarité sociale.
Alors, Mme la
Présidente, les ajustements qu'il y a, au fil des années, au fonds, c'est des
montants qui peuvent varier, mais il
n'y a pas d'indexation. Donc, c'est en lien plutôt avec les projets. Il y en a
eu, des ajustements, avec le PAGIEPS. Et
cette année, par rapport à l'année passée, c'est à peu près le même montant,
mais les variations sont dues à des projets, et il n'y a pas
d'indexation.
Mme Sauvé : Mme la Présidente,
est-ce que je m'adresse directement à madame, à la sous-ministre?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, vous pouvez vous adresser directement à la sous-ministre.
Mme Sauvé : Oui. Je veux être
dans le respect de...
Mme Pelletier
(Brigitte) : Puis, un
complément d'information, Mme la Présidente, dans le cadre du PAGIEPS,
il y a eu justement un réinvestissement de 115 millions à
160 millions dans le fonds.
Mme Sauvé : O.K. D'accord.
Merci pour l'information.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il reste 1 min 20 s.
Mme Sauvé : Une minute? Parfait. Alors, je vais sauter à
un autre sujet. J'aime ça, parce que c'est un grand dossier, l'emploi et
la solidarité sociale. Alors donc, on y va.
Je veux
parler du premier trimestre, les chiffres de l'emploi. J'entends beaucoup le
premier ministre parler des emplois payants.
D'ailleurs, dans ses propres crédits, il a nommé qu'il avait demandé au
ministre de l'Emploi de sortir les chiffres des emplois payants dans chaque
région du Québec. Alors, quand on regarde les chiffres de janvier à mars et
qu'on compare à janvier et mars 2018, on se rend compte que les
emplois à temps partiel ont augmenté de 6,3 %, alors que le temps plein a
chuté.
Quand le
premier ministre parle d'emplois plus payants, est-ce que ça veut dire que
c'est plus d'emplois à temps partiel? Là, je ne comprends plus. Alors,
j'aimerais que le ministre m'explique.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste 30 secondes.
M. Boulet :
Mme la Présidente, ce que le premier ministre met souvent en perspective, c'est
qu'il y a un écart de 6 000 $ entre le salaire moyen québécois et le
salaire moyen ontarien. Il faut combler cet écart-là. On veut, avec notre
plan de match, contribuer à la création
d'emplois mieux rémunérés au Québec, et ça passe notamment par l'augmentation
de la productivité.
Il y a des
emplois à temps partiel dans certains secteurs qui sont nécessaires. Nous, ce
qu'on vise, c'est le plus possible le plein emploi. Évidemment, on
essaie d'accompagner les entreprises, soit par des plans de formation ou des
plans de développement des compétences, pour leur permettre de mieux rémunérer
leurs salariés. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Merci de
l'échange. Vous aurez compris que nous avons empiété sur le temps de la députée. C'est maintenant au tour du
gouvernement. Alors, on revient à la députée de Labelle. Il vous reste
11 min 25 s.
Mme Jeannotte :
D'accord. Merci, Mme la Présidente. Donc, je vais reprendre à la... en ce qui a
trait... Nous avons parlé
d'intégration, je vais donc maintenant vous parler d'adaptation de la
main-d'oeuvre. Au fond, M. le ministre, j'aimerais vous entendre... Qu'est-ce qu'on pourrait proposer
afin de venir en aide aux régions qui peinent à trouver de la main-d'oeuvre,
là, non disponible, mais... Voyons! de la main-d'oeuvre non pas disponible,
mais simplement existante.
• (12 h 20) •
M. Boulet :
De la main-d'oeuvre disponible, il y en a, Mme la Présidente, effectivement
dans toutes les régions, et ça, ça
nous ramène au front d'intervention intégration, comment nos conseillers,
conseillères peuvent aider les entreprises à recruter une main-d'oeuvre
qui est présente et disponible. On a une initiative ciblée qu'on a l'intention
de mettre en application, où nos
conseillers, conseillères pourront entrer en communication, par exemple, avec
les travailleurs expérimentés, identifier les personnes de 50 ans
et plus qui, dans une région donnée, ne travaillent pas ou ont pris leur
retraite, cogner à leur porte, vérifier leur profil, vérifier leur intention ou
leur volonté de réintégrer éventuellement le marché du travail, mettre à niveau
leurs compétences ou leurs qualifications. Et, comme ces conseillers,
conseillères là savent déjà les entreprises
qui ont des besoins, ils ont établi des diagnostics, élaboré un plan d'action.
Ils vont être en mesure de les mettre en communication. Et ça, cette
initiative ciblée là, j'ai l'intention de l'annoncer bientôt et que ça concerne
toutes les personnes âgées de 50 ans et plus.
Les jeunes, on essaie de les
rejoindre, avec mon collègue à l'Éducation, leur faire comprendre les métiers
puis les professions qui sont en
déficit, là où la demande est plus importante que l'offre, et les inciter à
aller vers ces métiers-là puis ces
professions-là d'avenir. Il y a des métiers actuellement qui existent, qui
n'existeront plus dans deux ans, d'autres qui vont apparaître dans six mois ou dans quatre ans. On essaie de se
donner une vision d'avenir puis de promotionner le plus possible ce qui sera en demande pour éviter
que nos jeunes aient des problèmes d'orientation et puissent bien connecter
avec le marché du travail. On a des
programmes de formation, des stages rémunérés en emploi dans le secteur de la
santé. Je travaille avec ma collègue
de la Santé pour mettre en contact des écoles secondaires avec des CISSS et des
CIUSSS pour combler les besoins pour les infirmiers, infirmières,
préposés aux bénéficiaires. Avec ma collègue aux Aînés, on a des services, dans mon ministère, de formation pour
aider les personnes qui viennent aussi de l'étranger à bien s'adapter. Ici,
particulièrement, on manque de préposés aux
bénéficiaires dans les résidences privées. Ça a été fortement documenté, ça a
fait l'actualité, des résidences privées qui ferment dans à peu près toutes les
régions.
Il faut éviter le
plus d'être confronté à cette réalité-là, et on va s'assurer, au sein de mon
ministère, d'aller les rencontrer, d'établir leurs besoins puis de s'assurer de
leur pérennité dans notre marché du travail. On en a beaucoup, Mme la
Présidente. Je pourrais parler... combien de temps on peut utiliser, madame...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Vous avez 7 min 23 s.
M. Boulet :
Non, je vais laisser le temps à ma collègue de Labelle. Merci, Mme la
Présidente.
Mme
Jeannotte : Bien, merci, M. le ministre. C'est vraiment rassurant de
vous entendre parler, surtout pour les régions éloignées. Par exemple,
moi aussi, je vais me permettre d'être un peu chauvine, là, de revenir à ma
région.
Donc,
dans Antoine-Labelle, contrairement à d'autres régions, le taux de chômage est
un peu plus élevé. Et donc je voudrais vous entendre sur l'enjeu de la
productivité, parce que, justement, la semaine dernière... non, c'est il y a deux semaines, j'ai eu la chance d'avoir votre
collègue... notre collègue respectif, le ministre des Forêts, qui est venu
faire un bel investissement dans le
secteur de la forêt à Mont-Laurier, une usine, pour ne pas la nommer, Uniboard,
et l'objectif était justement d'augmenter la productivité... donc, par
exemple, une centaine d'employés, là, dans nos usines.
Donc,
si je comprends bien, du côté de la main-d'oeuvre, vos objectifs, vos mesures pour augmenter la productivité
sont, dans le fond, complémentaires
au ministre de l'Économie qui, lui, travaille sur le front de l'augmentation des capacités de production
au niveau de la machinerie, de ces usines-là. Mais vous, donc, vous travaillez
donc pour que cette usine puisse avoir des employés qui sont capables de
répondre, là, aux besoins de cette usine-là.
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Encore
une fois, une question qui démontre
une fine connaissance de ma collègue de Labelle du marché du travail. L'augmentation de la productivité, c'est un des éléments
cruciaux qui vont aider le Québec à
relever le défi de la main-d'oeuvre. L'augmentation de la productivité, comment on fait ça? Ça peut
être par la robotisation. Je suis
allé dans le Parc technologique de Québec récemment, où j'ai constaté de visu comment les
robots travaillaient et le bonheur
des salariés qui étaient... qui travaillaient en collaboration, bien sûr,
avec les robots et qui me disaient à
quel point ils avaient amélioré leur qualité
de vie au travail, ils avaient
augmenté leur rémunération, ils participaient aux bénéfices de l'entreprise.
La robotisation, c'est une des voies privilégiées.
Il y a
la numérisation. Quand on parle de l'usine 4.0, la numérisation, on est en
train au Québec, dans les entreprises manufacturières, d'emprunter cette voie-là de façon
significative. Ça peut être par l'intelligence artificielle. On
contribue... et mon collègue de
l'Économie, on a un centre où Montréal et le Québec se distingueront en matière d'intelligence artificielle. On est des partenaires pour accroître et permettre aux entreprises, peu
importe leur grosseur, de se donner cette intelligence-là pour améliorer
leur productivité.
Ça
peut être aussi par l'acquisition de machines et d'équipements. Ça peut aussi
être par la recherche, le développement,
l'innovation. Mais on est là concrètement, parce que j'ai annoncé à
Trois-Rivières qu'on assumait 85 %
des frais de formation des salariés
pour toute mesure qui vise à accroître la productivité. Puis, si accroître la
productivité a un impact sur l'organisation du travail et que ça aussi, ça
implique des coûts, on est là aussi, on assume 85 % des coûts. Ça,
c'est des mesures concrètes qui sont au coeur de la priorité de notre
gouvernement : formation, éducation. On est des compagnons privilégiés de
l'augmentation de la productivité et on le fait de façon hypercollégiale avec
nos collègues à l'Économie, Innovation, ma
collègue au Développement économique régional, mon collègue à... puis tout le
monde, puis tous nos collègues au
caucus font part de leurs préoccupations par rapport à ce défi-là de la rareté
de main-d'oeuvre. Il y a eu des mesures, il y en a d'autres.
Comme
je vous le disais un peu plus tôt, dans chaque région, il y a des mesures
adaptées spécifiques, et, contrairement à nos prédécesseurs, on a un plan de
match qui est évolutif, qui s'adapte en temps réel à l'évolution des besoins du
marché du travail. On ne veut pas de plan
statique, linéaire, qui n'évolue pas, avec des mesures, avec... Bon, je ne veux
pas faire trop référence à nos
prédécesseurs, mais on veut vraiment que ça s'adapte, et ce qui est requis par
le marché demain n'est pas nécessairement ce qui est exigé aujourd'hui.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Il vous reste deux minutes.
Mme
Jeannotte : J'ai eu la chance, parlant de collègues, de faire une
annonce pour notre collègue Mme McCann, encore là, dans mon comté, à Rivière-Rouge, où on a fait une annonce de
7,3 millions pour une buanderie, et — encore une fois, je reviens à la
productivité — des
emplois de qualité grâce à cette annonce-là, et puis c'est le secteur... En
région, on a beaucoup le secteur du service. Donc, c'était majeur, là, de...
Donc, voyez-vous, c'est un autre exemple, là, où la collègue McCann, par cette
mesure-là, donc, venait donc...
Une voix :
...
Mme Jeannotte : Pardon?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Je veux juste soulever qu'il faut faire
attention, hein? On ne peut pas nommer les ministres par leur nom, mais
bien par le nom de circonscription ou par leur titre.
Mme
Jeannotte : D'accord. Je m'excuse, Mme la Présidente. Donc,
effectivement, j'entends par la voix du ministre que c'est énorme, le travail qui se fait en collégialité, que ce soit
avec notre collègue de la Santé, Forêt, donc Travail, c'est impressionnant, et je salue vraiment, là, à quel
point j'ai l'impression de faire partie d'un gouvernement qui est efficace.
Donc, c'est très encourageant.
Donc,
finalement, M. le ministre, peut-être un dernier aspect, là, que j'avais
soulevé dans mon introduction, au niveau
de l'éducation, peut-être revenir là-dessus... Avec votre collègue de
l'Éducation, qu'est-ce... vous avez, tout à l'heure, mentionné, là, qu'il y avait des mesures. Puis, si
vous pourriez peut-être m'éclairer encore plus, qu'est-ce qu'on fait, là,
en lien avec votre ministère et celui de l'Éducation.
• (12 h 30) •
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
ministre, il vous reste 13 secondes.
M. Boulet : Deux choses, Mme la
Présidente. Un, la bonification du programme de formations de courte durée privilégiant les stages dans les formations
priorisées par la Commission des
partenaires du marché du travail, on
fait ça en collaboration avec
l'Éducation, et 45 millions supplémentaires dans le budget de notre
collègue Eric Girard, sur cinq ans,
ont été octroyés au Fonds de développement
et reconnaissance des compétences de la main-d'oeuvre pour renforcer... pour
permettre l'adaptation de la main-d'oeuvre
de plus d'entreprises à travers le Québec. C'est deux des mesures, et ça, c'est
fait vraiment de façon collégiale. Merci, Mme la Présidente. Désolé, hein?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Vous avez quand même empiété de 29 secondes qu'on prendra sur le temps du prochain tour. Merci, M.
le ministre. Nous y allons maintenant, avec l'opposition officielle avec
la députée de Fabre. C'est bien ça toujours?
Mme Sauvé : Oui. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord, avec 18 min 30 s.
Mme
Sauvé : Quel plaisir. Merci,
Mme la Présidente. Je vais revenir avec un commentaire sur ma dernière question,
alors que je questionnais le ministre sur la
notion très importante, je dirais même presque l'obsession du premier
ministre d'aller vers les emplois
payants. Puis je le nomme, là, sans aucun commentaire négatif, mais c'est un
élément qu'il nomme beaucoup, et j'ai
ramené le portrait des chiffres de l'emploi du premier trimestre. Alors, je
vais juste faire un commentaire avec une image.
Moi, la fin
de semaine, quand je suis chez moi puis je veux faire une recette... en
passant, je ne suis pas très bonne, mais
je fais quand même des efforts. Mais je prends une recette, et je regarde ma
recette, et ça aide beaucoup s'il y a des ingrédients pour faire la recette. Alors, le ministre a beau dire :
Oui, effectivement, l'objectif, on se compare à l'Ontario... et je
comprends très bien ça, mais la réalité, l'ingrédient d'avoir un état de
situation... En passant, on est déjà dans le plein-emploi.
Le ministre mentionnait : L'objectif, c'est le plein-emploi. On y est déjà.
Mais, quand l'ingrédient, c'est une majorité...
pas une majorité mais une croissance importante de l'emploi à temps partiel,
nous ne sommes pas dans l'ingrédient qui
nous lie à des emplois plus payants dans une réalité, une recette qui doit
marcher. Alors donc, vous avez compris mon image puis vous avez retenu
que je ne fais pas des bons ragoûts. Mais ça, c'est une autre histoire.
Alors,
j'irais maintenant, sur un bloc, parler de Services Québec, évidemment. Il faut
en parler parce que le ministre en a
parlé à travers sa Grande Corvée, changement de paradigme, et là je vais faire
plein de liens avec ça, là, le changement de paradigme pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre, parce que
c'est un paradigme qui m'apparaît très, très partiel. Puis, pour moi, quand le ministre a dit hier, puis
il l'a dit dans plusieurs communiqués, devant les médias, que la
transformation, c'était d'abord et
avant tout de dire aux conseillers en entreprise de Services Québec d'appeler
les entreprises avant qu'on les appelle, je n'y vois pas là une grande
révolution, mais j'y reviendrai.
Services
Québec, évidemment, il y a un modèle qui est très important, puis qu'il faut
nommer, puis le ministre connaît très bien ce modèle, et c'est la Commission
des partenaires du marché du travail, qui se décline dans chaque région du Québec avec ses conseils régionaux. Alors, je
vais vouloir entendre un peu le ministre sur sa vision qu'il a de la commission
pour plusieurs raisons. C'est un modèle qui
date de plusieurs années. Je me souviens, à l'époque de l'implantation... ça ne
me rajeunit pas, Mme la Présidente, mais
c'est ça, la vie. C'était à l'époque des ministres... donc, c'était Mme Louise Harel, à l'époque, suivie de Mme Diane Lemieux du Parti
québécois, qui ont mis en place ce modèle unique de cogestion avec le ministère pour s'assurer que, quand on regarde
les stratégies de main-d'oeuvre, bien, on regarde : Est-ce qu'on a les
bonnes mesures? Est-ce qu'on a le bon plan d'action de façon très
annualisée?
Alors donc, c'est un modèle qui
est regardé par le fédéral dans la négociation pour les ententes Canada-Québec par rapport à la formation de la main-d'oeuvre, le
ministre en a parlé avant. Mais la Commission des partenaires, c'est fort
important comme modèle au fil des ans parce
qu'il y a autour de la table tous les acteurs du marché du travail : les
syndicats, les patrons, l'éducation, le communautaire, les différents
ministères qui sont présents aussi, évidemment les gens de Services Québec. Alors donc, il y a là une
représentativité des acteurs du marché du travail qui est toujours très, très
éloquente, en soi.
Quand
il y a eu la loi n° 70, on a parlé d'Objectif emploi, mais il y a
un volet aussi dans cette loi-là, et c'est la modification,
je dirais, ou... la modification du rôle et du mandat de la Commission
des partenaires du marché du travail avec un rôle beaucoup plus stratégique
par rapport aux enjeux.
Alors,
moi, ma première question sur Services Québec et en lien avec la Commission des
partenaires au ministre, c'est :
Est-ce qu'il a assisté à plusieurs rencontres depuis son élection? Est-ce qu'il y a des documents
qu'il peut nous déposer, des comptes rendus ou, à tout le moins, nous dire un peu, toujours dans la notion de son
nouveau paradigme, est-ce qu'il
a donné des directives précises en lien avec
les nouveaux enjeux du marché du travail à la Commission des partenaires du
marché du travail?
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Merci à ma collègue de Fabre. Question très complète
qui démontre sa connaissance du volet emploi, solidarité sociale.
Après
mon assermentation, rapidement, j'ai rencontré, pour le volet emploi, solidarité
sociale, les membres du conseil de la
Commission des partenaires du marché
du travail. J'ai fait une rencontre là-bas,
à Montréal, à mon bureau de Montréal. On a échangé sur l'importance du paritarisme, et j'étais extrêmement ravi de constater,
comme vous l'avez mentionné, la présence
des personnes impliquées dans le monde syndical, le monde patronal, le monde
communautaire et le monde de l'éducation.
Et
je vous dirais que, pour moi, la Commission des partenaires, c'est précieux.
D'ailleurs, sa présidente est avec nous,
que vous connaissez vraisemblablement, Mme Audrey Murray, avec qui j'ai des
échanges et des contacts. Et, dans le
cadre de ma grande tournée... parce que vous me dites : Comment vous
l'impliquez dans ce changement de paradigme là? Audrey, dans les huit régions
que j'ai faites, je l'ai souvent vue. Elle était présente. Elle était une
porte-parole éloquente de la Commission
des partenaires du marché du travail. Elle contribuait à alimenter mes
réflexions et à écouter les partenaires, à participer aux conférences de
presse où on faisait des annonces concrètes.
Je
vous dirais, pour moi, la Commission des partenaires et mon ministère, c'est
main dans la main. Et pour moi, tout
ce qui concerne l'emploi et la solidarité sociale, je considère cette
commission-là comme un guide. Sur La Grande Corvée, tous et toutes, unanimement, à la commission, que
je les aie rencontrés collectivement ou individuellement, sont extrêmement
heureux et heureuses de cette initiative-là
qu'est La Grande Corvée, et on continue à échanger sur une base régulière. Je
les ai rencontrés hier, il y avait un
gala où on remettait des prix pour souligner les mesures de prévention en santé
et sécurité. Il y avait des gens du
monde syndical, du monde patronal. C'est une collaboration de tous les
instants, et ma collègue de Fabre le sait très bien. Merci, Mme la
Présidente.
• (12 h 40) •
Mme Sauvé :
Merci. Merci au ministre pour cette réponse. En même temps, vous avez compris
que je suis une fan des conseils
régionaux et de la commission parce que je trouve que c'est un modèle unique.
Alors donc, vous n'avez pas à me
convaincre. Mais j'aurais quand même apprécié, de la part du ministre, une
réponse au-delà du dialogue et de la proximité
qui est absolument nécessaire, sa vision de directive claire en lien avec la
veille stratégique d'action pour répondre à la pénurie de main-d'oeuvre.
Mais on pourra y revenir, j'ai beaucoup d'autres questions.
Évidemment,
on en a parlé de l'entente qui se négocie présentement, et je voyais qu'avec...
par rapport à la formation de la main-d'oeuvre, bon, le ministre a tantôt émis
un commentaire par rapport, bon, aux prédécesseurs que nous étions. Alors, je rappelle qu'il y a eu une signature de
l'ancien... de son prédécesseur, de M. Jean-Marc Fournier, du ministre Duclos.
Alors, il faut se rappeler que cette entente-là,
qui a eu 20 ans en 2017, en
fait, il n'y a pas eu tant de modifications et de négociations au cours des 20 ans. Il
y a eu des définitions qui se sont
ajoutées. Il y a eu des négociations de mon temps. J'ai refait un
peu le fil de l'histoire, mais de
renégocier l'entente comme telle, ça ne s'est pas fait dans une première
mouture, ça s'est fait au bout de
10 ans. Donc, de dire, là, encore là, d'amener un jugement là-dessus, il y a beaucoup
plus de nuances que cela.
Mais là, présentement,
il y a une négociation, et c'est beaucoup d'argent. Et c'est vraiment beaucoup,
beaucoup d'argent qui est envoyé au Québec
et qui est envoyé... Et je me souviens des dernières négociations des ministres précédents, que ce soit de notre gouvernement ou du gouvernement du Parti
québécois, il y avait
tout ce travail-là, encore une fois, de la Commission des partenaires à faire de la représentation, le ministère également. Puis à
chaque fois que c'était modifié ou
resigné, il y avait une reconnaissance, justement, du modèle unique au Québec,
à chaque fois. Mais il y avait un travail immense derrière ça.
Alors,
au-delà de se dire que la négociation va bon train... Parce qu'il faut bien
comprendre, là, que cette entente-là, là,
elle a beaucoup d'objectifs. Elle permet, dans le fond, d'offrir à la
population du Québec les services de qualité touchant le marché du travail, les mesures et les services
d'emploi intégrés, le fonctionnement du marché du travail, associer les partenaires du marché du travail à l'emploi et la
gestion des mesures. Il y a plein d'objectifs, et il y a les responsabilités du
Québec, et, attaché à ça, il y a le fonds du
marché du travail qui vient financer des services de Services Québec, qui vient
financer beaucoup d'organismes en
employabilité. On a parlé des carrefours jeunesse-emploi, mais tous les
services d'aide à l'emploi aussi qui sont financés par le fédéral.
Alors,
moi, j'ai le goût d'entendre plus que : On est en train de négocier, puis
le gouvernement précédent n'a pas nécessairement
fait grand-chose. À chaque fois qu'il y avait à négocier, on a signé l'entente,
que ce soit notre gouvernement, celui du Parti québécois avant. Alors, j'ai le
goût de savoir qu'est-ce qui est sur la table, quel était le montant
précédent qui a été octroyé au Québec, où on
en est dans la volonté présente, et si le marché du travail a évolué. Est-ce
qu'on va avoir le même rapport de force cette fois-ci alors qu'on est
dans un plein emploi?
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Merci pour la question. Je vais
aller le plus loin possible dans le détail tout
en respectant, bien sûr, la confidentialité des échanges. Je veux revenir sur
votre question précédente. Le plan de match dont j'ai parlé tout à l'heure, qui s'appuie sur quatre fronts
d'intervention pour lutter contre la rareté de main-d'oeuvre, il a été
présenté et assimilé par les membres de la Commission des partenaires du marché
du travail et accepté.
Le
paritarisme, oui, je l'avais dit aux médias, le modèle de partenariat québécois
a été un argument de négociation extrêmement
important. Quand on a eu la rencontre de négociation dont j'ai fait référence
un peu plus tôt, les partenaires étaient
là, Mme Murray était là, le monde syndical, patronal, l'éducation et le
communautaire étaient représentés. Et c'est ça qui distingue le Québec du reste du Canada. Donc, on a plaidé notre
modèle de partenariat, on a plaidé aussi la flexibilité et l'asymétrie. Ce n'est pas parce que c'est de
même dans le reste du Canada que ça doit nécessairement être comme ça au
Québec.
Et
ça, je pense que ça a été compris. Est-ce qu'on va atteindre tous nos
objectifs? On est bien avancés. Je me déplace à Ottawa ce vendredi pour
rencontrer Mme Hajdu et j'espère qu'on pourra confirmer une entente de principe.
Les
sujets sur lesquels nos discussions portent, c'est le transfert de la juste
part du Québec des sommes fédérales destinées...
Vous le connaissez, le Fonds d'intégration pour les personnes handicapées ainsi
que les fonds relatifs à la Stratégie emploi jeunesse. Deuxièmement, il
y a le financement des personnes handicapées dans le cadre des ententes de
transfert du marché du travail. Il y a aussi nos revendications, troisièmement,
à l'égard des programmes de travailleurs étrangers temporaires. Et, bon, il y a des éléments plus secondaires, mais les
frais administratifs puis l'admissibilité des travailleurs... des TET, ça, je vous en ai parlé. Mais c'est
essentiellement les sujets sur lesquels nos discussions portent, et on le fait
toujours dans l'intérêt du Québec et
dans le respect des défis que le marché du travail québécois a à relever.
Merci, Mme la Présidente.
Mme Sauvé :
Il me reste quatre minutes. J'ai deux
questions fort importantes, alors vous me pardonnerez, M. le ministre, je vais y aller un peu en
rafale parce que je veux vous entendre. Mais, en même temps, je reviendrai
aussi, Mme la Présidente, parce
que par rapport à l'entente
j'aurais posé la question... je la pose, là, mais le temps est
limité : Combien il y a d'argent sur la table? Pour moi, c'est important d'avoir
cette réponse-là. Combien d'argent il y a sur la table? Combien d'argent on avait
avec l'entente et qu'est-ce qui est demandé?
J'y vais avec mes
deux questions. Hier, il y a eu beaucoup... le député de Chauveau a parlé des
organismes communautaires, les carrefours
jeunesses emploi, mais les ressources externes, tous les organismes en
employabilité. Je sais que le
dialogue est au rendez-vous entre le ministre et les organismes, je sais que la
conversation est conviviale. Mais, en même temps, là, pour faire face
aux défis du marché du travail avec la pénurie, là, c'est des acteurs tellement
importants parce qu'ils ont accès à tous ces
bassins de main-d'oeuvre, des bassins de main-d'oeuvre de personnes sous-représentées
sur le marché du travail. Alors, c'est
excessivement précieux pour les entreprises qui cherchent du monde, et cet
accès-là, qui passe par
l'accompagnement qu'offrent les ressources externes, c'est majeur. Autrement
dit, Mme la Présidente, ce sont des partenaires de premier plan.
Et,
quand je fais le calcul de ce qui a été donné dans les différentes réponses des
renseignements qu'on a demandés, quand je regarde le financement au
niveau des Services d'aide à l'emploi, ce qu'on appelle les SAE, et que je
regarde la participation, donc les gens qui ont participé à toutes les ententes
des organismes, ressources externes et carrefours jeunesse-emploi, finalement,
un participant qui est actif dans une démarche, c'est à peu près 100 $. On
s'entend que ce n'est pas beaucoup de sous
pour avoir une différence sociale et une différence essentielle pour
l'intégration en emploi. Le financement ne suit pas, Mme la Présidente.
Quand je regarde les mesures d'aide à l'emploi, les crédits, le plan budgétaire, on augmente de 2 %. 2 %, là,
c'est l'IPC du mois de mars. Donc, c'est une indexation tellement timide qu'on
aura beau me dire que la conversation est conviviale, ces acteurs-là, ils sont
précieux.
Moi, je demande au
ministre : S'il vous plaît, pour ces partenaires qui sont un enjeu de
solution pour la pénurie, est-ce qu'on ne
peut pas envisager un 4 % d'indexation? Et je sais que ça se fait parce
qu'on peut amender des protocoles d'entente.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Les ententes de transfert, marché du travail et
développement de la main-d'oeuvre, c'est une
enveloppe d'à peu près 850 millions. Comme vous savez, le Fonds de
développement du marché du travail, on est à près de 1 milliard. Vous
connaissez bien ces chiffres-là. C'est dans ces environs-là, les chiffres
que nous discutons avec nos homologues
fédéraux. Donc, comme vous vous en doutez bien, c'est des chiffres quand même
assez importants.
Les
ressources externes, que ce soient les carrefours jeunesse-emploi, parce que
vous connaissez bien ce secteur-là qui...
les carrefours qui permettent une intégration socioprofessionnelle des jeunes,
vous savez qu'on a eu des rencontres avec
le regroupement puis le collectif, on leur a demandé de travailler ensemble
dans un but commun pour respecter leur mission,
et on est en discussion. J'ai des collègues de mon caucus et du conseil qui
sont en discussion avec moi puis avec les carrefours jeunesse-emploi
pour améliorer la méthode de financement.
L'indexation
de 2 %, on pourrait en discuter. Est-ce que ça aurait pu être moins?
Est-ce que ça aurait pu être plus? Si
vous voulez, par un pourcentage, que nous reconnaissions l'important des
ressources externes, on est exactement sur la même longueur d'onde.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Elle désire poser une
autre question.
M. Boulet :
Mais là est-ce qu'il faut que je réponde plus rapidement pour permettre plus de
questions à ma collègue de Fabre?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Bien, il reste 22... en fait, il lui reste 22 secondes, là.
M. Boulet :
D'accord. Je vous écoute.
Mme Sauvé : Bien, je tends la main, M. le ministre. Vous avez
démontré de l'ouverture. Moi, je pense que ça mérite une discussion, parce que franchement, un
4 %, c'est la reconnaissance de tout le travail qu'ils font, eux qui
majoritairement contribuent aux résultats de Services Québec.
Un dernier commentaire, question. Je veux juste
vous dire, l'intégration...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Le temps est terminé. Le temps est vraiment terminé.
Mme Sauvé : C'est vraiment
terminé. Alors, on aura l'occasion de se reparler. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est bien. Merci. Merci pour
l'échange. Nous y allons avec notre dernier bloc de discussion ou
d'échange avec le gouvernement et la députée d'Abitibi-Ouest. Vous avez
11 min 30 s.
• (12 h 50) •
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Merci, Mme la Présidente. M. le
ministre, chers collègues, représentants du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, il me
fait plaisir d'être ici aujourd'hui. Selon les prévisions, plus de
1,4 million d'emplois seront à
pourvoir au Québec au cours de la période de 2017 à 2026. Cette demande de
main-d'oeuvre repose sur deux facteurs principaux :
la demande de remplacement générée par les travailleurs et travailleuses qui
quitteront le marché du travail, soit
majoritairement les départs à la retraite et les demandes d'expansion, soit la
création nette d'emplois durant cette période, causée par la bonne
performance économique du Québec au cours des dernières années.
Effectivement,
si on revient sur le départ des retraites, ma région, l'Abitibi-Témiscamingue,
subit très durement le vieillissement
de la population. À titre d'exemple, dans la période 2017‑2021, pour
l'Abitibi-Témiscamingue, les perspectives d'emploi font état de 14 200 emplois à pourvoir dans ma région. De
ce nombre, 12 100 seront remplacement des retraites, qui quittent le marché du travail. Ainsi, Mme la
Présidente, c'est 85 % des emplois qui seront à pourvoir en Abitibi et qui
le seront uniquement en raison du vieillissement de la population et des
départs à la retraite. Cette situation, accentuée par l'exode de nos
jeunes, particulièrement de ceux qui vont faire leurs études dans les grands
centres urbains et les jeunes professionnels,
rassemblait toutes les conditions pour créer un déséquilibre entre la demande
et l'offre de main-d'oeuvre chez nous, comme partout au Québec.
La réalité
régionale... j'ai l'occasion de constater différents mouvements de
main-d'oeuvre et j'ai bien peur d'une dévitalisation dans ma région. Je fais
allusion surtout aux municipalités. On sait qu'il y a 20 ans il y avait
beaucoup de fermes, ces choses-là,
les municipalités étaient beaucoup... très actives. Et maintenant, avec l'exode
des jeunes... et on sait aussi, chez
nous, on a aussi l'exode des boomers qui prennent leur retraite et qui quittent
aussi. Alors, c'est une dévitalisation pour la municipalité. De plus,
l'Abitibi-Témiscamingue subit un des plus hauts taux de postes vacants de la
province, soit 3,7 %. Ce sont donc 2 705 postes qui demeurent non
comblés par nos employeurs et qui ont des effets néfastes sur l'économie de
notre région.
Avec de
telles données, on ne se surprendra pas que plusieurs groupes de professions se
retrouvent en déficit de main-d'oeuvre.
Ma réflexion, dans tous ces échos, me porte à me demander si une stabilité de
ressources peut être envisagée, M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la Présidente.
Je veux saluer, bien sûr, ma collègue d'Abitibi-Ouest. On a toujours énormément
de plaisir à se côtoyer et à travailler ensemble. J'ai eu le grand bonheur, Mme la Présidente, d'aller dans son comté, il y a deux semaines, trois semaines...
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Un mois.
M.
Boulet : Un mois déjà, le
temps va vite, hein? Mais on a eu une rencontre qui était extrêmement bénéfique avec les acteurs et
les partenaires du marché du travail. Notre invitation avait été accueillie de façon
très positive, et on a eu des échanges particulièrement intéressants. Et
je trouve que ma collègue identifie bien les enjeux, quand vous référez au taux
de vacance, qui est des plus élevés au Québec, votre taux de chômage est le
deuxième plus bas au Québec et votre nombre
de postes vacants, il est important. Et un des défis de la région d'Abitibi-Témiscamingue, c'est, comme vous l'avez mentionné,
l'exode des jeunes. C'est un bassin de main-d'oeuvre dont on ne parlera pas
assez souvent.
Et les
personnes jeunes quittent pour aller, souvent... bon, il y a
une constituante du réseau de l'Université
du Québec dans la région, mais parfois, pour des raisons de programme ou
pour des raisons personnelles ou autres, les jeunes de l'Abitibi-Témiscamingue vont à
Montréal, à Québec ou ailleurs et ne reviennent pas. Ça fait qu'il
faut mettre énormément d'énergie à faire valoir les facteurs attractifs
de l'Abitibi-Témiscamingue. Et, quand j'ai rencontré les élus, notamment préfets, j'étais impressionné par leur volonté de
se démarquer et d'attirer non seulement les jeunes qui ont quitté pour des
études, mais des jeunes à venir s'établir.
Puis il y a des histoires à succès en Abitibi-Témiscamingue, non seulement de jeunes, mais de travailleurs étrangers temporaires puis d'immigrants. Le
niveau d'acceptabilité sociale là-bas vis-à-vis des immigrants est extrêmement
élevé.
Et j'en ai
profité, rappelez-vous, pour annoncer des mesures qui étaient spécifiques à
votre région. Premièrement, qu'on
assumait ou qu'on remboursait 50 % des frais pour une activité de
recrutement à plus de 50 kilomètres de l'entreprise. Donc, une entreprise qui organise une activité
pour recruter, par exemple, à Montréal, on assume 50 % de leurs frais et on va jusqu'à un maximum de 500 $ par employé
qui sont délégués, qui sont impliqués dans l'activité de recrutement. Et le
complément à cette mesure-là, c'était le
remboursement des frais de déménagement des employés. Si on recrute des
personnes à Montréal,
qui viennent travailler en Abitibi-Témiscamingue,
notre ministère assume jusqu'à un maximum de 1 000 $ par
employé pour leurs frais de déplacement et de déménagement.
Donc, c'est
vraiment des mesures qui sont compatibles avec un des défis que vous avez,
c'est-à-dire d'aller à l'extérieur,
d'adresser le problème d'exode des jeunes et d'attirer des personnes. Et moi,
je comprends aisément les personnes qui
vont là. Moi, l'Abitibi-Témiscamingue, c'est une région que je connaissais peu,
et je comprends qu'on peut facilement et aisément tomber en amour avec
l'environnement de votre région. Merci à ma collègue d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Merci,
M. le ministre.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste 2 min 30 s.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : On parle de fierté, M. le ministre, Mme la
Présidente, mais on parle aussi de grandes souffrances.
Je voudrais
partager avec vous une réalité chez nous, à La Sarre. La semaine passée,
j'étais dans ma circonscription de La Sarre et j'ai rencontré un
regroupement qui s'appelle les femmes Érige. On m'a fait part qu'encore à
La Sarre, et ça, j'avais pris
connaissance de ça lors de ma campagne électorale, qu'il n'y a pas
d'établissement pour les femmes qui souffrent de violence conjugale. C'est triste, parce que ces femmes-là,
lorsqu'elles sont emmenées soit par un policier... il n'y a pas de ressource, il n'y a rien, L'Érige ne peut pas les
recevoir. Alors, on les emmène au centre hospitalier, et il y a des lits de
libres en psychiatrie, et ces femmes-là dorment là.
C'est
inacceptable de faire vivre ça à ces femmes-là, surtout qu'elles ont une
souffrance physique et psychologique souvent.
Et que font ces femmes-là? Elles ne veulent pas revivre ça, alors elles
retournent dans le même milieu. M. le ministre, pouvons-nous
compter sur votre aide pour ce beau dossier?
• (13 heures) •
M.
Boulet : Mme la Présidente, dans un premier temps, j'aimerais exprimer
ma sensibilité à l'épreuve que vivent les femmes victimes de violence
conjugale ou parfois les hommes victimes de violence conjugale dans la mesure
où il n'y a pas de ressource à ville de
La Sarre. Je déplore cette situation-là et j'invite ma collègue
d'Abitibi-Ouest à en rediscuter avec moi.
Moi, je vais demander de voir comment on peut
être interpelé, quelle est la nature des services qu'on pourrait dispenser à ville de La Sarre, qui pourraient
répondre aux besoins des personnes victimes de violence conjugale, frais de
transport, ou accompagnement, ou renseignements. Puis enfin, il faut en
discuter avec ma collègue de la Santé, parce que
je sais que soit à Val-d'Or ou à Rouyn-Noranda il y a ce type de ressource là,
mais ça prend 1 h 15 min, 1 h 30 min, puis je sais que c'est certainement un obstacle pour
une femme victime de violence. Elle a besoin d'une ressource proche. Donc,
on va essayer de trouver une solution. Merci.
Adoption des crédits
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, je vous remercie. Écoutez, ça met
fin à l'étude, si vous voulez, ou le temps
alloué pour l'étude du volet Emploi
et Solidarité sociale des crédits budgétaires du portefeuille Travail, Emploi
et Solidarité sociale, étant
maintenant presque terminé... Je vous remercie, d'ailleurs, pour les échanges
enrichissants de chacun des côtés. On doit maintenant procéder à la mise
aux voix des crédits.
Le programme 2, intitulé Mesures d'aide
financière, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Le programme 3, intitulé Mesures d'aide à l'emploi, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Sur
division. Parfait.
Alors,
écoutez, compte tenu de l'heure, je le répète, je vous remercie beaucoup pour
les échanges, puisque ça met un terme à cette étude budgétaire.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures afin de procéder, cette fois, à
l'étude du volet PME et Innovation. Je vous souhaite donc une bonne fin de
journée. Et merci encore.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 19 h 29)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre. Il est...
Des
voix : ...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : M. le ministre, s'il vous plaît!
Des voix :
...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
quand même plus efficace ici qu'à l'université.
Excusez-moi. Alors, il est 19 h 30... Ah! Elle ne fait
plus de clip. O.K.
Alors,
s'il vous plaît, nous allons reprendre nos travaux. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie
de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet
Travail des crédits budgétaires du portefeuille Travail, Emploi
et Solidarité sociale pour l'exercice financier 2019‑2020.
Une enveloppe de trois heures a été allouée pour l'étude
de ces crédits.
Alors, Mme la
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
• (19 h 30) •
La Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Hébert
(Saint-François) remplace M. Allaire (Maskinongé); M. Lemay
(Masson) remplace M. Bélanger
(Orford); M. Thouin (Rousseau) remplace Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré); et M. Ouellet (René-Lévesque)
remplace Mme Richard (Duplessis).
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Je vous remercie. Je demande le consentement pour prendre un
10 minutes de pause vers
8 h 30, 8 h 45, quelque
chose du genre. Est-ce qu'on a le consentement? Qui sera pris sur le temps du gouvernement.
Une voix :
...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Un 10 minutes de pause, je pense que ça
s'impose.
Une voix :
...pris sur le temps du gouvernement.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Sur le temps du gouvernement, effectivement. Vous êtes d'accord? Parfait. Je
sens que la soirée va être longue. Excusez.
Travail
Remarques préliminaires
Alors,
nous allons débuter par les remarques préliminaires, puis nous allons procéder
à une discussion d'ordre général par blocs de 20 minutes, incluant les questions et les réponses, et
nous aurons la mise aux voix des crédits à la toute fin. Nous débutons donc avec les remarques
préliminaires. M. le ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, vous disposez de 12 minutes.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Chers collègues du parti ministériel, députés de l'opposition,
Mmes et MM. du ministère,
il me fait plaisir de prendre part à l'étude
des crédits pour la portion Travail
du ministère du Travail, de
l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Pour
l'occasion, je suis accompagné par mon directeur de cabinet, Pierre Schetagne,
qui n'est pas loin derrière moi, et par la sous-ministre du Travail, de
l'Emploi et de la Solidarité sociale, Mme Brigitte Pelletier, qui est à ma
gauche. Puisque mon ministère a sous sa responsabilité différents organismes et
comités, nous comptons aujourd'hui sur la présence
de la présidente de la CNESST, Mme Manuelle Oudar; de la présidente de la Commission de la construction du Québec,
Mme Diane Lemieux; de la présidente du Tribunal administratif du travail, Mme Lucie Nadeau; du président du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, qui,
en passant, le conseil souligne son 50e anniversaire cette année. Je souligne
la présence de M. François Lamoureux; du président du CCLP,
M. Richard Gravel; et de la présidente du CEPE, Mme Céline
Bellot. Des membres de mon ministère sont également avec nous aujourd'hui.
Avec
mon passé d'avocat en droit du travail, j'ai accueilli avec beaucoup
de contentement les responsabilités de mon
ministère. Je crois également que mon expérience
me permet d'avoir un regard encore plus pointu à l'égard des dossiers qui relèvent du volet Travail. Nous sommes ici aujourd'hui pour nous attarder sur ce volet. Mon ministère est responsabilité de la législation et de la réglementation
en matière de conditions et de relations de travail.
Ainsi,
j'ai annoncé en janvier dernier qu'à compter du 1er mai 2019 le taux
général du salaire minimum passera de 12 $ à 12,50 $ l'heure, soit une
augmentation de 0,50 $ du taux horaire. Cette hausse représente
4,17 % d'augmentation. Le salaire minimum payable aux salariés rémunérés
au pourboire sera à 10,05 $, une augmentation de 0,25 $, et celui des
cueilleurs de framboises ou de fraises
passera respectivement à 3,71 $, plus 0,15 $, et à 0,99 $ plus
0,04 $ du kilogramme. Cette
hausse s'inscrit dans l'engagement du gouvernement de rehausser le ratio entre
le salaire minimum et le salaire horaire moyen afin d'atteindre
50 % en 2019‑2020, une première dans l'histoire des relations du travail
au Québec.
Aussi, au
niveau des questions salariales, le projet de loi modifiant la Loi sur l'équité
salariale afin principalement d'améliorer
l'évaluation du maintien de l'équité salariale a été adopté le 9 avril
dernier. Il s'agissait de ma toute première commission
parlementaire. J'ai beaucoup apprécié me prêter à cet exercice de travail et de
réflexion avec mes collègues, dont
plusieurs sont présents aujourd'hui. Nous avons entendu des points de vue provenant de différents organismes, et nos
échanges se sont passés dans la considération et le respect. Je les en
remercie.
Le projet de loi modifiant la Loi sur l'équité salariale permet de soutenir encore davantage
les employeurs et les personnes
salariées dans l'évaluation du maintien de l'équité salariale, et ce, dans le
but de favoriser l'atteinte de conditions de travail équitables pour
l'ensemble des travailleuses et des travailleurs.
Les modifications apportées à la loi concernent
principalement l'évaluation du maintien de l'équité salariale. Elles visent à rendre le processus d'évaluation de
l'équité conforme à la décision de la Cour
suprême du Canada, favoriser la participation des personnes salariées lors d'une
évaluation du maintien de l'équité, encadrer le traitement d'une plainte,
améliorer des éléments de mise en oeuvre de
la Loi sur l'équité salariale. Les modifications adoptées permettront de
poursuivre la lutte contre la discrimination systémique à l'égard des
emplois traditionnellement ou majoritairement féminins.
Maintenant,
dans les dossiers touchant la construction, le comité d'experts indépendants
sur les grutiers m'a remis ses
recommandations le 28 février dernier. Je rappelle que ce comité a été
formé le 28 septembre 2018 afin de se pencher sur l'aspect
sécuritaire des modifications réglementaires concernant l'encadrement du métier
de grutier dans l'industrie de la
construction. Je souhaite réitérer que notre gouvernement a à coeur la
santé et la sécurité de tous les travailleurs sur les chantiers de construction ainsi que celle du
public. Pour aller de l'avant dans ce dossier, j'ai demandé d'organiser une
grande rencontre le 2 mai. Elle
sera chapeautée par les experts et regroupera les représentants syndicaux et
patronaux, la CNESST, la CCQ ainsi que des représentants du ministère.
Par ailleurs,
j'ai l'intention de moderniser les lois qui constituent le régime de santé et
de sécurité du travail afin qu'il
réponde davantage aux besoins actuels. Je crois que tout le monde sortira gagnant de cet exercice. Les travaux sont en cours, et les recommandations contenues dans
l'avis du comité... du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre permettront d'enrichir
notre réflexion.
Le gouvernement
a également fait connaître son intention d'éliminer les disparités de
traitement existantes fondées — il est quelle heure,
Alexa? — sur
la date d'embauche dans les régimes de retraite et les régimes d'avantages sociaux. L'élimination des disparités de
traitement existantes est un processus complexe qui pourrait avoir des impacts
sur les conditions de retraite des salariés et sur la flexibilité des
entreprises. Un comité formé du MTESS, des Finances et de Retraite
Québec est actuellement à l'oeuvre pour évaluer cette question. Il s'agit d'un
travail d'envergure, qui demande temps et
rigueur. Les libéraux ont refusé de s'y attarder. Nous allons, pour notre part,
nous en occuper de façon diligente.
J'ai
également présenté un règlement sur les agences de placement de personnel et
les agences de recrutement de travailleurs
étrangers temporaires afin notamment d'établir les modalités des permis
obligatoires pour ces agences délivrés par
la CNESST. Un projet de règlement en ce sens a d'ailleurs été publié à la Gazette
officielle du Québec le 10 avril pour une période de
consultation publique de 45 jours.
Mme la
Présidente, permettez-moi de revenir rapidement sur les interventions réalisées
par le ministère au cours de la dernière année en matière de conflits de
travail. Grâce à leur expertise, les médiateurs-conciliateurs du ministère ont aidé plusieurs parties à conclure des ententes
lors du renouvellement de leur convention collective. Mentionnons, par exemple,
la Société des alcools du Québec, la Société des transports de Montréal et
Loto-Québec. Nos médiateurs-conciliateurs interviennent dans environ
700 dossiers annuellement.
• (19 h 40) •
Mon gouvernement est intervenu à plusieurs
reprises afin d'aider le Syndicat des métallos et la direction de l'Aluminerie
de Bécancour dans le cadre du renouvellement de leur convention collective.
J'ai rencontré la direction locale d'ABI, le
Syndicat des métallos et, à
Pittsburgh, les dirigeants d'Alcoa. Un conseil de médiation a été mis sur pied
le 7 novembre 2018 dans le but de
relancer les négociations. Nous avons prolongé son mandat jusqu'au 21
décembre afin que les parties en viennent à un accord avant cette date.
J'ai formé,
le 11 janvier dernier, un groupe de travail composé de spécialistes de mon
ministère, en vue d'accompagner les parties dans
l'atteinte de leurs objectifs de négociation. J'ai également rencontré les
parties séparément le 21 février. Le
1er avril, le premier ministre et moi-même avons rencontré séparément les
parties. Le 17 avril, j'ai présenté une hypothèse de règlement accompagnée par un protocole de retour au travail
aux parties. Le 24 avril, la partie patronale a fait savoir qu'elle
accueillait favorablement l'hypothèse de règlement
proposée, et le syndicat a, à ce jour, refusé de la présenter en assemblée
générale.
Vendredi
dernier, j'ai rencontré le syndicat pour discuter de la suite des choses.
Lundi, j'ai discuté avec la partie patronale
pour m'assurer de la relance des négociations. Je suis convaincu que la résolution du conflit
passe par une entente négociée entre les parties. Je vais continuer à
les soutenir en jouant un rôle de facilitateur.
Pour
conclure, je souhaite réitérer, Mme
la Présidente, que le ministère
du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale met la paix industrielle au coeur de ses
actions pour un monde du travail juste et équitable pour toutes et tous. Merci,
je suis disponible pour répondre aux questions.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Nous allons maintenant avec... nous
invitons le porte-parole de l'opposition
officielle en matière de travail à
faire ses remarques préliminaires pour un maximum de huit minutes. Alors,
M. le député de Vimont.
M. Jean Rousselle
M.
Rousselle : Merci, Mme la Présidente. Premièrement, je voudrais saluer le ministre,
avec sous-ministre, et les présidentes
et présidents, donc tout le personnel qui vous accompagne. Donc, merci d'être
ici, surtout à des heures comme ça, dans une journée que je voudrais souligner, la
Journée internationale des travailleurs et travailleuses.
Donc, on vous en demande beaucoup aujourd'hui.
Donc, écoutez, on le
sait qu'on fait des crédits, justement, dans une journée qui tombe en plein la
journée des travailleurs et travailleuses,
et je pense que le travail qu'on va faire aujourd'hui, c'est dans l'objectif,
justement, d'améliorer le cas de tous
ces travailleurs et travailleuses-là qu'on a salués aujourd'hui au salon
bleu, même si on se retrouve ici, là, mais on se retrouve dans un autre contexte, et justement parce
qu'on le sait que ces travailleurs et travailleuses là, c'est sur eux
qu'on peut se fier, justement, pour faire avancer, justement, notre Québec.
Je
m'en voudrais d'oublier ma collègue de Fabre, qui est une collègue qui m'appuie
à tout moment. Donc, merci d'être
ici. Isabelle Paquet, qui est attachée politique, et, bien souvent... nous, on
a moins d'employés que vous, sur votre côté,
mais je peux vous dire que Mme Paquet, elle a beaucoup de talent, puis on
réussit à s'en sortir vraiment bien. Je voudrais saluer mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve aussi, qui est ici, et tous
les gens qui nous accompagnent, que ça soit au niveau de la table ou
ceux qui sont au niveau du son et tout.
Je
ne prendrai pas tout mon temps, parce que je vais garder mon temps pour les
questions, c'est certain, parce que c'est
bien beau qu'on a trois blocs sur notre côté, mais les trois blocs, ça passe
assez vite et puis... Donc, juste vous dire qu'on va travailler ensemble
pour éclaircir des dossiers. On va faire ça ce soir. Donc, merci à vous.
Discussion générale
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Comme il n'y a pas de remarques
préliminaires du deuxième et du troisième groupe d'opposition, nous allons donc commencer immédiatement à une première
intervention et nous commençons par l'opposition
officielle pour un premier bloc d'échange. Alors, M. le député de Vimont, à
vous la parole. Vous avez 20 minutes. Nous avons réparti les
minutes non utilisées dans le...
M.
Rousselle : Oui, c'est ça. Bien,
merci, Mme la Présidente. D'ailleurs, c'est pour ça que je n'ai pas pris
tout mon temps, je savais que mon temps était pour s'allonger un petit
peu plus.
Comme
je disais tantôt, effectivement, c'est la journée internationale des travailleurs, travailleuses, et, comme le ministre en a mentionné tantôt,
j'en ai beaucoup pour les travailleurs de Bécancour, dont vous êtes d'ailleurs
député, Trois-Rivières, et aussi ministre
régional de ce coin-là. Donc, je vais parler des gens de chez vous, des gens
que vous représentez.
1 030
travailleurs de l'aluminerie qui sont en lock-out actuellement, environ, ça fait quoi, 16 mois,
donc ça fait déjà un bout. Ce conflit
de travail là a des répercussions, justement, pas seulement sur eux, mais sur
toute la famille, mais aussi également
sur l'économie de toute la région. Quand on sait que l'aluminerie aussi, ABI, a
des compagnies qui les fournissent, donc ils ont des fournisseurs dans
la région et dans tout le Québec, et tous ces fournisseurs-là en subissent
aussi les conséquences... parce que quand
une compagnie ne fonctionne pas à plein, donc ils n'ont pas besoin de pièces,
ils n'ont pas besoin de renouveler leur matériel, donc ça a une
répercussion vraiment d'une manière régionale.
Le premier ministre
avait donné sa parole aux syndiqués pendant la campagne électorale. J'ai
rencontré les travailleurs, d'ailleurs
aujourd'hui même, sûrement qu'ils vous ont rencontré aussi. Moi, ils m'ont
rencontré aussi, ils ont fait le tour de tous les députés, je pense, de
l'Assemblée nationale, en tout cas, les députés qui voulaient les rencontrer.
Et justement, ça adonnait bien, j'avais un des représentants là-dedans qui
était de la compagnie... il y avait un travailleur d'ABI, et justement, qu'est-ce qu'il me parlait, justement, que pendant
la campagne électorale, là, il y avait eu une promesse formelle, qu'on me dit, du premier ministre d'en
faire, justement, une priorité de régler ça le plus rapidement possible, et
avait laissé vraiment un vent d'espoir, justement, à tous ces
travailleurs-là qui étaient en lock-out.
Et
justement, ces gens-là, actuellement, sont déçus, parce que là, en plus de voir
briser cette promesse-là qu'ils ont eue du premier ministre, voient le
premier ministre, justement, s'immiscer à l'intérieur de la négociation. Je
pense que quand on est au gouvernement,
quand on est représentant du monde, de toute la population québécoise, et quand
c'est un contrat qui est tout de même
un problème privé, on s'entend que c'est un conflit privé, je pense qu'il faut
y aller d'une manière comme un grand
frère ou comme un père. C'est comme deux frères qui s'obstinent sur un
règlement, puis je pense que c'est plus d'agir comme une personne qui
est au-dessus du problème, puis tu essaies d'essayer de régler le problème.
• (19 h 50) •
Dans
ce cas-ci, ce n'est pas ça qui est arrivé. On prend parti, donc c'est comme si
on dirait : Bien, écoute, je vais prendre
pour Paul, je vais préférer Paul qu'à Jacques... je sors des noms, là, comme
ça, là, faites-vous-en pas, je ne vise pas
personne. C'est pour ça, j'ai pris Paul et Jacques, puis y a-tu un Paul et
Jacques ici? Non, je ne pense pas. Bon. Donc, c'est comme si on prendrait parti pour quelqu'un et puis on dit à
l'autre : Écoute, tu n'es pas raisonnable, puis... donc, on demande juste à un côté de faire des... de laisser
tomber un petit peu des choses qu'ils ont négociées avec le temps, avec
les conditions de travail. Surtout que ces
gens-là vivent vraiment l'enfer, là, parce que, là, il faut se mettre à leur
place, ces gens-là, juste... le
syndicat m'informait que, pour maintenir la couverture d'assurances... parce
que temps et aussi longtemps que le
conflit n'est pas réglé, la compagnie ne fournit pas les assurances. Donc, pour
maintenir les assurances aux familles, aux gens, aux familles, à leurs
enfants, ça coûte 80 000 $ par semaine, au syndicat, pour maintenir
ça.
Donc,
je peux vous dire, c'est comme... je ne pense pas que... je pense que ces
gens-là veulent en venir à un règlement mais pas à tout prix non plus, comprenez-vous. C'est surtout quand on
voit que la personne qui est au-dessus de lui, qui est supposé fonctionner
comme plus... comme un père ou un grand frère, les laisse de côté, en tout cas,
c'est qu'est-ce qu'ils sentent, là, ils se sont même laissé... on me dit
qu'ils se sont même sentis trahis.
Donc,
c'est difficile après ça d'arriver pour dire : Écoute, j'ai un règlement,
je m'en viens, puis je vous ai entendu, les deux côtés. C'est difficile de leur faire avaler ça, comprenez-vous.
C'est qu'eux, déjà, là, ils disent : Écoute, tu n'as même pas pris... le règlement que tu nous donnes est
encore pire de qu'est-ce que l'employeur nous donnait ou... bien, 90 %,
comme on me dit, c'est du copier-coller, et on me dit : Jean, ça
n'a pas d'allure.
Donc, j'aimerais ça vous entendre là-dessus,
voir c'est quoi, les suites. Parce
que, là, il y a
aussi une question de sous-traitance, là-dedans. Puis, l'hypothèse de règlement, il semblerait que ça fait longtemps
qu'il était supposément écrit. Et on m'informe comme quoi, bizarrement... qu'il y avait des mots exacts qui étaient sortis par l'employeur qui se
retrouvaient dans le règlement. Donc, je voudrais vous entendre là-dessus.
M.
Boulet : Absolument.
Ça me fait plaisir, Mme la Présidente. Il y a évidemment plusieurs questions dans votre intervention. Ça illustre, en même temps, votre intérêt puis votre préoccupation pour le sort des familles et des travailleurs affectés.
À certains
égards, vos propos sont contradictoires, parce que vous dites : Le
gouvernement devrait jouer le rôle de grand frère, et votre
chef, ce matin, proposait une loi spéciale pour régler ce conflit-là. Donc,
vous êtes aux antipodes des propos
tenus par votre chef ici même, ce matin, au salon bleu. Ça fait que c'est quand même
assez étonnant. Que ce soit un
conflit privé, j'en conviens, mais un conflit privé peut devenir d'intérêt
public. Et, de façon constante, pendant la campagne électorale et après, les parties, mais plus spécifiquement le syndicat, requéraient l'intervention du gouvernement pour aider à résoudre ce conflit-là. Ils demandaient l'intervention du gouvernement basée sur un contrat dont nous avons hérité,
quand, en campagne électorale, nous
n'avions pas le libellé complet. Mais c'est vous, comme gouvernement, qui avez négocié une clause de force majeure, qui incluait la
notion de lock-out et de grève.
Et, jusqu'à il y a peu de temps, le syndicat ne
faisait qu'anticiper une intervention gouvernementale pour mettre un terme ou pour briser le contrat et mettre fin à
l'application de cette clause-là de force majeure, bien sûr
qui permet à la compagnie de ne pas payer le bloc d'électricité qui lui a été
réservé depuis le début du lock-out, ce qui représente des sommes importantes.
Et effectivement les Québécois et les Québécoises en font les frais. Mais, je
le redis, on ne peut pas arriver, comme
nouveau gouvernement, puis dire à une entreprise privée :
Final, le contrat, on le brise. On ne peut rupturer un contrat comme
celui-là, en droit. Ce ne serait ni fondé en fait ni en droit.
Et c'est sur
cette base-là que le Syndicat des métallos réitérait constamment que le rapport de force était déséquilibré en faveur
d'ABI, qui n'avait pas à payer ce bloc d'électricité. Et, encore une fois, ce que le premier ministre est venu dire, suite à la rencontre, c'est
qu'on ne pouvait pas... Puis moi, j'étais là, en campagne électorale, puis ce
dont le premier ministre a toujours été préoccupé, c'est la résolution de ce
conflit-là, le sort des familles des travailleurs, l'impact sur l'économie,
sur le produit intérieur brut du Québec dans son ensemble. Les activités générées par ABI représentent à peu près 500 millions de dollars.
C'est une incidence qui est majeure.
D'ailleurs,
quand j'ai été assermenté, peu de temps après, on s'est déplacés à Pittsburgh.
J'étais accompagné de ma sous-ministre associée en relations de travail. On avait parlé
des retombées pour convaincre la maison mère de Pittsburgh de reprendre les discussions. Je rappellerais à
mon collègue de Vimont que, quand on a été élus, il n'y avait plus de discussion. Le lock-out avait été déclaré le 11 janvier,
puis le 1er octobre, il ne se passait plus rien, on était dans une
impasse. Alors, le défi qu'on avait,
c'était de rencontrer les parties, les écouter et relancer le processus de négociation. Et on a permis ça par nos rencontres, notre écoute. Et je pense
que ma sous-ministre et moi, on a réussi à les convaincre que les retombées
humaines, sociales et économiques justifiaient une reprise des discussions.
Un autre
élément que vous soulevez... C'est sûr que, que ce soit... un lock-out,
évidemment, c'est un moyen de pression
que le Code du travail donne légalement, légitimement à un employeur pour
mettre de la pression sur un syndicat pour accepter des conditions de
travail. C'est l'équivalent d'une grève pour un syndicat. Ça aurait pu être une
grève, le syndicat aurait déclaré une grève
pour mettre de la pression sur l'employeur, pour le forcer à accepter des
conditions de travail. Moi, là, M. le député de Vimont, je vous le redis, la volonté des parties, elle
m'a été exprimée à maintes reprises, mais
il faut que l'action soit en ligne avec la volonté. Et la raison pour laquelle
l'hypothèse n'a pas été déposée plus rapidement, c'est que je me fiais constamment aux
souhaits des parties. Par périodes, on souhaitait négocier seul à seul. Les
parties voulaient en venir à une entente. On
les laisse faire quand elles veulent travailler d'elles-mêmes, mais ça ne donne
aucun résultat. Le conseil de médiation, composé de personnes
chevronnées, ça ne donnait aucun résultat.
L'hypothèse
de règlement, au moins, c'est une proposition faite par le ministre pour
reprendre, pour contribuer à une
reprise des discussions entre les parties. Si ce n'est pas entériné par les
deux parties, comme ça semble être éventuellement le cas, au moins que
ça serve de base à une reprise des discussions. Et toute personne qui connaît
les relations de travail sait que les termes
se retrouvent dans les offres. On n'est pas partis... on n'a pas fait table
rase. On a étudié les offres
respectives des parties, et il y a des concessions qui sont demandées aux deux
parties. Et je le dis à mon collègue, puis
par respect pour la confidentialité du contenu de l'hypothèse, je vais taire
les concessions demandées, mais c'est loin d'être un copier-coller.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
• (20 heures) •
M. Rousselle : Je trouve ça
incroyable, mais vraiment, et là je viens de l'entendre. Effectivement, ce
matin, la question de mon chef... pour moi,
vous avez... il y a quelqu'un qui n'a pas... parce que le premier ministre l'a
tournée à son avantage, mais la
question était... On n'espère pas que vous allez aller dans une loi spéciale.
C'était ça, la question. Parce que
vous avez tellement mis le bras à l'intérieur, vous êtes tellement impliqué
directement dans ce conflit-là, vous êtes vraiment mis dans un état dangereux, parce que, là, vous
êtes impliqué, vous avez pris parti. Et c'était dans ce sens-là que mon chef a
mentionné la loi spéciale.
Je trouve
ça malheureux de vous en parler, parce qu'on essaie justement de trouver des
solutions pour ces travailleurs-là qui
subissent, justement, ces problèmes-là. Et ce matin, le premier ministre a mis
ça... même, il a ridiculisé, justement... Je vous dirais, je vais jusque-là et je trouve ça malheureux que vous, le
ministre, que vous le sortez encore ce soir. Ça, je trouve ça incroyable. Vous avez juste à sortir le
verbatim, si vous voulez vraiment... si vous avez manqué un bout, là, sortez le
verbatim, là, puis
vous allez le voir vraiment. La question était : J'espère que vous ne
sortirez pas une loi spéciale, parce que
vous êtes tellement impliqué, vous êtes tellement... vous avez pris tellement
parti, on s'est dit : Un coup parti, vous allez demander
une loi spéciale. C'était ça, la question. J'espère que vous l'avez compris
comme ça. J'espère que c'est... En tout cas, je trouve ça incroyable.
Force
majeure, c'est justement... le premier ministre l'avait mentionné quand il a
rencontré les travailleurs, tout se
déchire, tous les contrats se déchirent, puis on va vous régler ça, et puis
c'est ça qui a été dit. Puis on a des découpures de journaux quelque part,
c'est... Je l'ai lu, donc c'est sûr qu'on l'a. Donc, ça, là, par la suite, on
change un petit peu l'histoire. À un
moment donné, comme, non, non, non, ce n'est pas ça qu'on a dit. Là, on ne peut
pas la corriger, on ne peut pas changer ça. Mais ce n'est pas ça qui a été dit puis ce n'est pas ça... puis les
travailleurs, justement, d'ABI, là, eux autres, ils s'attendaient
justement à un règlement, dire : Enfin, eux autres, ils vont régler ça.
Mais ce n'est pas ça qui arrive pantoute.
En plus, vous
prenez parti. Là, eux autres, c'est du jamais-vu, mais du jamais-vu, en tout
cas, à mémoire d'homme, je n'ai
jamais vu ça, un premier ministre puis un ministre qui prend parti. Voyons!
Comme je vous dis tantôt, vous êtes supposé
fonctionner comme un grand frère ou un père pour, justement, toutes les parties
puis d'essayer, justement, de les ramener à une solution. Bien oui, des fois
c'est plus long que d'autres, c'est vrai. Il y a des conflits plus compliqués
que d'autres. Vous le savez, vous
avez été justement comme moi dans le milieu du travail, vous en avez connu un,
justement, qui a été très long. Donc,
vous savez, des fois, ça s'étire. On n'a pas nécessairement le contrôle, sauf
que là, je vous dirais, c'est des
gens qui attendent juste que peut-être qu'on mette un autre médiateur, qu'on
trouve une autre solution. Mais ça, c'est...
les parties, il faut qu'elles
s'entendent, il faut qu'elles se sentent... d'une manière égale. Ce n'est pas
ça qui arrive actuellement. Là, tout
le monde prétend... puis tout le monde prétend comme quoi vous avez pris... on l'a entendu, vous prenez
parti et là vous écoutez juste un côté d'une médaille. Je pense que ce serait important
de ramener, justement, la confiance, que ces
gens-là, ils aient un peu d'espoir, dire : Bien, le ministre
va nous écouter un peu plus puis le ministre va voir,
justement... il va essayer de trouver une solution à ce
conflit-là, il va arrêter peut-être d'écouter seulement un côté.
Donc, moi, je
ne sais pas, mais... en tout cas, je n'en reviens pas encore, vous avez parlé
de... comme mon chef l'a demandé, de la loi spéciale, là... je capote,
là. Ce n'est pas ça pantoute. Comme je vous dis, je vous suggère fortement
d'écouter... de lire le verbatim.
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Donc, je comprends que... Je donnerai certains commentaires. Je n'ai pas dit qu'il avait
demandé, mais il proposait la loi spéciale, puis je pense que ce n'est pas
opportun... Je pense qu'on a un intérêt commun, tout le monde, dans ce salon, de voir de conflit-là se régler le plus rapidement possible. Il faut effectivement faire confiance
aux parties, respecter leur volonté de négocier. Ça fait cependant
15 mois qu'on entend ce message, ce discours qui ne donne aucun
résultat.
Aujourd'hui,
j'ai envoyé deux clarifications par voie de communiqué au président du syndicat
local et à la directrice générale
de ABI confirmant que, dans l'hypothèse de règlement pour le volet
protocole de retour au travail, il y
avait une renonciation de la part de la compagnie à
poursuivre le grief patronal pour une valeur de 19 millions de dollars, ce qui n'était pas dans l'offre patronale dernière, et ça représentait à peu près
21 000 $ par salarié et ça
faisait référence à des ralentissements de travail illégaux et des actes de vandalisme précédant le
déclenchement du lock-out, grief qui a été soumis par l'employeur trois mois après le début du lock-out. Ça, c'est
une clarification que j'ai faite aujourd'hui, et le texte du protocole était
clair à cet effet-là.
Deuxièmement,
la compagnie, dans les textes qu'on a soumis, devait produire un échéancier,
et, pour l'étalement du rappel au
travail, il y a un engagement à ce que la compagnie rappelle les salariés au
travail, 85 % des salariés à l'expiration de six mois de la signature du protocole et 100 % des salariés sept
mois et demi après la signature du protocole. Et pendant la période
intermédiaire, sept mois et demi, 100 % des salariés seraient rappelés.
Et, en plus, je demandais que la compagnie paie une allocation
équivalente à l'indemnité de grève reçue par les salariés.
Essayons de
travailler ensemble. Ne demeurons pas passifs quand un conflit de travail, même
s'il est privé, a une connotation
aussi publique que celle-là. On est élus tous ensemble pour représenter la
population du Québec et aider les parties...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Veuillez conclure, M. le ministre. Merci.
M. Boulet : ...à régler. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Rousselle : La suggestion de loi
spéciale que vous dites, 9 %, je vous suggère vraiment de lire le
verbatim. Il n'y a jamais eu de suggestion
de la sorte. Ça, là, vous êtes... excusez le terme, mais il est dans le champ
complètement. Donc, j'aimerais ça que
vous lisiez... Avant de dire des choses, ça serait le fun de s'informer un
petit peu avant. Aussi, le côté syndical me dit que ça serait le fun,
peut-être...
M.
Lévesque (Chauveau) : ...je vais demander à mon collègue, qui,
habituellement, a un bon commentaire, de faire attention aux propos. De
dire au ministre qu'il est dans le champ... On va lui demander d'être prudent,
simplement. Habituellement, ça se passe très
bien avec le collègue de Vimont. Donc, je vais lui demander, s'il vous plaît,
de faire attention à ses commentaires.
M.
Rousselle : Madame, il n'est pas au lexique, de un. Donc, il faudrait
qu'il regarde le lexique. Écoutez, merci...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Écoutez, on va poursuivre... On va faire
attention à son vocabulaire, mais on va poursuivre.
M.
Rousselle : Oui, mais il n'est pas dans le lexique, donc je vous
informe. Donc, juste pour vous dire aussi, c'est
que le syndicat, il aimerait bien ça, tu sais, qu'à un moment donné, qu'on
s'adresse à eux, parce que je ne pense pas que vous pouvez vous considérer comme le médiateur ou le conciliateur.
Il y a des gens qui sont attitrés à ça. Donc, je pense que, là, vous
agissez... Oui?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est terminé, M. le député.
M.
Rousselle : Terminé?
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous y allons avec le premier bloc du côté de gouvernement, avec le député de Rousseau. Vous avez 13 minutes.
M.
Thouin : Merci, Mme la Présidente. D'abord, je tiens à saluer, bien sûr,
mes collègues présents ce soir, M. le
ministre, ainsi que l'imposante équipe qui vous accompagne, et vous dire que je
suis très heureux de participer à ce segment des crédits en votre
compagnie.
M. le ministre, on parle beaucoup au Québec de la rareté de main-d'oeuvre, et ce, depuis
un bon moment. Plusieurs employeurs
ont du mal à trouver des gens dont ils ont besoin pour opérer leur entreprise.
Chez moi, dans Rousseau, un comté,
comme vous le savez, avec une bonne présence agricole, de nombreuses fermes
font appel à des travailleurs étrangers temporaires. Les cultivateurs de carottes de Saint-Roch-de-l'Achigan,
des cultivateurs de légumes à Saint-Alexis... Et je vous donne des exemples
dans mon comté, mais c'est une réalité partout au Québec.
Je lisais dans un article
dernièrement que e Québec accueille environ 13 000 travailleurs
temporaires à chaque année. Vous avez, M. le
ministre, dernièrement déposé un projet pour mieux encadrer les agences de
placement et aussi pour mieux protéger ces travailleurs. C'est un
dossier qui était en travail depuis déjà plusieurs mois.
En juin 2018, la loi
sur la réforme de la Loi sur les normes du travail, la LNT, a été adoptée à
l'unanimité. Les parlementaires se sont
entendus pour introduire, dans les normes minimales du travail, des obligations
et responsabilités additionnelles
pour les agences de placement de personnel et de recrutement de travailleurs
étrangers temporaires. À noter que
ces amendements ne devaient toutefois entrer en vigueur qu'au jour de
l'adoption par le gouvernement d'un règlement précisant les normes et
procédures destinées à donner effet à ces modifications à la loi sur les
normes.
Et
enfin, le 10 avril dernier, vous avez donc publié le projet de règlement
sur les agences de placement de personnel et les agences de recrutement
de travailleurs étrangers temporaires. Donc, j'ai quelques questions, mais en
deux volets. D'abord, quelques questions sur la forme. Dans ce dossier, on
parle d'agences de placement et d'agences de travailleurs étrangers
temporaires. J'aimerais savoir, avant toute chose, là, c'est quoi, la
différence entre les deux.
M. Boulet :
Mme la Présidente, j'aimerais remercier mon collègue de Rousseau de
s'intéresser, évidemment, à un défi qui est
majeur pour la société québécoise, c'est-à-dire celui de la rareté de
main-d'oeuvre. On la vit dans tous les secteurs
et dans toutes les régions, provoquée essentiellement par le vieillissement de
la population, et la croissance économique, et par la diminution du
nombre de personnes en âge de travailler, qui se situe entre 15 et 64 ans.
Et
évidemment, les travailleurs étrangers temporaires, c'est un bassin de
main-d'oeuvre qui peut potentiellement être disponible pour répondre et
ce type de travailleurs est souvent extrêmement vulnérable. Il y a des cas qui
ont été documentés par les médias, de travailleurs bafoués, congédiés, non
respectés, non informés de leurs droits et de leurs obligations et c'est la raison pour laquelle ce règlement-là sera édité,
pour mieux encadrer le travail des agences de placement, vous le
soulignez bien, et les agences de recrutement de travailleurs étrangers
temporaires.
Et
je vous les lis, les définitions. L'agence de placement de personnel, ça, c'est
large. Il y en a au-delà de 1 000 au Québec. C'est une personne, une
société ou une entité dont au moins l'une des activités consiste à offrir des
services de location de personnel, en
fournissant des salariés à une entreprise cliente pour combler des besoins de
main-d'oeuvre. Donc, ça, c'est assez classique. On en a, des agences de
placement traditionnelles qui exercent au Québec, et, je vous dirais, la
majorité des agences de placement opèrent de façon adéquate et respectueuse.
• (20 h 10) •
Les
agences de recrutement de travailleurs étrangers temporaires, elles sont plus
récentes. Elles coïncident plus avec la problématique de la rareté de
main-d'oeuvre. Elle est définie comme une personne, société ou autre entité
dont au moins l'une des activités consiste à offrir des services de
recrutement de travailleurs étrangers temporaires pour une entreprise cliente ou assister celle-ci dans ses démarches
pour recruter de tels travailleurs. Donc, c'est des agences qui sont dévouées
spécifiquement au recrutement de
travailleurs étrangers temporaires, et un travailleur étranger temporaire, pour
compléter la définition, on le
définissait comme un ressortissant étranger qui, conformément au Programme des
travailleurs étrangers temporaires du gouvernement du Canada, exécute un
travail pour un employeur.
Donc,
ça, c'est un des volets de notre règlement, de bien définir ce qu'est une agence placement et une agence de
recrutement. Merci, Mme la Présidente.
M. Thouin : Avant d'aller plus sur le fond, là, dans le règlement
comme tel, là, M. le ministre, j'aimerais... Tantôt, je l'ai mentionné, il y a
plus de 13 000 travailleurs temporaires qui viennent au Québec
par année. Donc, forcément, il y a plusieurs agences, hein? J'aimerais ça si vous pouviez nous
dire c'est quoi, les secteurs où on retrouve les agences, puis combien
il y en a, de ces agences-là, s'il vous plaît.
M. Boulet : Des agences de placement, il y en a à peu près
1 000. Des agences de recrutement de travailleurs étrangers temporaires, je pense qu'il y en a à peu près
108, là. Il y en a beaucoup moins. Ils sont dans tous les secteurs maintenant.
On les voyait surtout dans le domaine
agricole au départ, mais maintenant... On côtoie, dans le cadre de notre tournée
provinciale, des entreprises manufacturières, indépendamment du secteur
d'activité.
Hier,
j'étais à un gala avec la présidente de la CNESST pour des prix sur des
initiatives de prévention en santé et sécurité,
et on me présentait quelqu'un de la Gaspésie qui me disait avoir embauché plusieurs
travailleurs étrangers temporaires,
puis la problématique, c'est qu'ils sont limités à 10 % du nombre de leurs
travailleurs qui peuvent être des travailleurs
étrangers temporaires. Il me demandait... Comme on le négocie, mon collègue de
l'Immigration et moi avec nos homologues fédéraux, il faut augmenter ce
seuil-là.
Notre
problématique, elle est aiguë, au Québec, et les travailleurs étrangers temporaires et les
immigrants, on calcule qu'ils
représentent à peu près 20 % de nos besoins en main-d'oeuvre dans les 10 prochaines années. Donc, il faut augmenter le nombre de travailleurs étrangers temporaires,
et ce, dans toutes les régions et tous les secteurs d'activité. Merci pour
votre question.
M.
Thouin : Donc, Mme la Présidente, si vous me permettez, je continuerais maintenant pour aller un peu
plus sur le fond, là, sur le règlement
comme tel, le projet de règlement. Donc, le projet de règlement
instaure un régime de permis obligatoire pour les agences de placement
de personnel et de recrutement de travailleurs étrangers temporaires.
Pour
obtenir le permis d'opération émis par la Commission des normes, de l'équité et de la santé et de sécurité du
travail, les agences et leurs dirigeants doivent satisfaire à une série de critères
de probité, de transparence et de solvabilité. En fait, il ne faut pas être en défaut de respecter une ordonnance
rendue par la CNESST, il ne faut pas être en faillite, ne pas agir comme prête-nom. Pour les agences de
placement de personnel unique, fournir un cautionnement de 15 000 $
visant à indemniser les salariés en cas de non-paiement des sommes qui
leur sont dues.
M.
le ministre, pourquoi est-ce nécessaire d'instaurer un régime de permis? Et
j'aurai d'autres questions, par la suite, si le temps nous le permet.
J'en ai quelques-unes pour vous.
M.
Boulet : O.K. Bien, le permis, Mme la Présidente, permet de contrôler
et de s'assurer que les agences qui font du recrutement de travailleurs étrangers temporaires respectent
certaines règles et certaines conditions. D'abord, informer les travailleurs étrangers temporaires, s'assurer
de leur intégration en milieu de travail, s'assurer que les travailleurs
étrangers temporaires soient totalement conscients qu'ils ont les mêmes
protections que les travailleurs québécois en vertu de la Loi sur la santé et sécurité du travail, de la Loi sur
les normes du travail. Ils vont, ces agences-là, avoir une responsabilité
conjointe et solidaire avec les entreprises clientes relativement à toutes les
obligations pécuniaires qui découlent de l'application de la Loi sur les
normes du travail.
Il y a aussi des
possibilités pour la CNESST de suspendre ou de révoquer ces permis-là si les
agences ne se comportent pas de façon respectueuse avec les travailleurs étrangers
temporaires, ne les informent pas adéquatement.
Il
y a eu des frais aussi. Ça, j'ai besoin de le souligner. Il y a eu des cas de
travailleurs étrangers temporaires où les agences réclamaient des frais
ou demandaient des documents et retenaient les documents, ou donnaient des
mauvaises informations sur leurs
possibilités d'embauche. Il fallait cesser ce type de pratique là. Il fallait
faire en sorte que le Québec soit une société accueillante à l'égard des
travailleurs étrangers temporaires.
Au-delà
des mots, on voulait être dans l'action, et je pense qu'on est vraiment dans la
bonne direction. Et ailleurs au Canada, dans plusieurs provinces, il y a
des règlements qui varient, là, d'une province à l'autre, là, mais on était, au
Québec, un endroit où l'accueil de nos
travailleurs étrangers temporaires était à peu près le moins réglementé, où il
y avait du à peu près tout permis. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : M. le député de Rousseau, il vous reste
trois minutes.
M.
Thouin : Parfait. Je vais tenter d'être un peu plus concis. Donc, avec
le régime de permis, on parle d'un permis de 890 $ par année renouvelable à tous les deux ans auprès de la
CNESST et d'une caution de 15 000 $ visant à indemniser les salariés, comme je vous disais, en cas de
non-paiement des sommes qui leur sont dues. Mais, dans le contexte où les
entreprises ont besoin de ces travailleurs
et plusieurs en réclament davantage, même, on arrive avec ces changements pour
les agences.
Ma
question : Est-ce que ce n'est pas un peu lourd pour les entreprises et
est-ce que tout cet encadrement ne va pas... vous ne pensez pas que ça
pourrait ralentir l'arrivée de travailleurs temporaires?
M.
Boulet : Excellente question, Mme la Présidente. Non, ça ne sera
jamais assez lourd. Ce n'est même pas très lourd pour assurer un accueil
digne, un accueil respectueux des travailleurs étrangers temporaires. Le coût
du permis, à 890 $, n'est pas
particulièrement élevé, et la caution de 15 000 $, je vous
rappellerai que c'est l'agence qui doit la payer, la caution, et cette caution-là sert simplement à
assumer le paiement des obligations pécuniaires. Ça, c'est dans le cas où
l'entreprise ne respecte pas, par exemple, la Loi sur les normes du
travail, ne paie pas le salaire minimum, ne paie pas les congés pour absence familiale, n'assure nullement le travailleur
étranger temporaire qu'il bénéficie de tous les droits minimaux. Puis je rappelle que la Loi sur les
normes du travail, c'est des conditions minimales de travail. Et la caution
vise simplement à s'assurer... Les
agences sérieuses n'ont pas de problème. Les agences qui se conforment à la Loi
sur les normes du travail n'auront
pas de souci à payer une caution de 15 000 $ pour s'assurer que les
obligations pécuniaires prévues à la loi soient pleinement respectées.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste une minute.
M. Thouin : Bien, écoutez,
rapidement, une minute, je vais aller à la dernière question. Donc, on disait
que votre projet, M. le ministre... Vous dites qu'il n'y aura pas d'impact, en
fait, négatif, là, parce que ça va être un peu plus compliqué pour l'employeur, mais est-ce qu'à l'inverse vous
pensez, donc, qu'il y aurait un impact positif parce que les travailleurs
vont revenir à chaque année avec des meilleures conditions?
M.
Boulet : Tout à fait. On va, Mme la Présidente, améliorer la
réputation du Québec, et on va s'assurer, et c'est ce qu'on fait avec Ottawa,
de négocier une augmentation des seuils, une augmentation des travailleurs
étrangers temporaires, et on va mieux ainsi affronter le défi de
main-d'oeuvre qui nous confronte tous. Merci à mon collègue. Bien apprécié.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Merci pour l'échange. Nous y allons
maintenant avec le deuxième groupe d'opposition, avec le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous avez 14 min 45 s.
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Salutations très rapides à tous les
gens qui sont présents ici ce soir, étant dans un espace-temps réduit, et je fais donc des salutations tout aussi
réduites. J'aurais voulu pouvoir cuisiner mon ministre préféré pendant
trois heures, j'aurais eu du stock en masse, j'aurais apprécié le faire, mais,
bon, on va se contenter.
M. Boulet :
On va se reprendre.
M.
Leduc : On va se reprendre. Mais justement je vais me contenter de
questions assez courtes et je vous invite à la même discipline avec des
réponses tout aussi courtes et incisives que, j'espère, mes questions seront.
Je
n'avais pas prévu parler de ça, mais mon collègue de Vimont m'a donné le goût,
on va faire une petite question sur
ABI. Pourquoi pas? On va se gâter. Est-ce que... Il y a deux semaines, si je ne
me trompe pas, précisément deux semaines, quand M. le ministre s'est levé le matin, et c'était le jour qu'il
allait déposer son hypothèse de règlement, est-ce qu'il était au courant
que son premier ministre allait faire, le jour même, une remarque, une critique
envers le syndicat?
M. Boulet :
Mme la Présidente, la réponse est simple et courte : Non.
M.
Leduc : Est-ce que le ministre a apprécié que son premier ministre
fasse ce genre de remarque le jour même du dépôt de son hypothèse de
règlement?
• (20 h 20) •
M. Boulet :
Le premier ministre a tenu des propos qui reflètent sa profonde préoccupation
pour la préservation d'emplois bien
rémunérés et pour la survie d'une entreprise qui est dans un domaine d'avenir
pour le Québec, un secteur névralgique
pour le Québec. Moi, j'ai l'impression qu'il ne faut pas jouer avec le feu puis
je nous invite tous à ne pas jouer avec
le feu. On a vu des scénarios similaires qui se concluaient mal, et ce que le
premier ministre a mis aussi en relief, parfois, c'est des conditions de
travail qui sont incluses dans une convention collective de travail. Et, quand
les médias m'en parlaient, je leur
disais : Mais, ceci dit, ces conditions de travail là ont été négociées et
incluses dans une convention collective de travail. Donc, merci, Mme la
Présidente.
M. Leduc :
M. le ministre, je veux qu'on aille sur des questions... Sur Hydro-Québec, vous
avez raison de dire que c'est quelque chose qui existait avant vous, quelque
chose... des clauses qui n'étaient pas peut-être nécessairement à propos,
mais vous ne vous êtes jamais engagé à ce
que, lors de la prochaine négociation de cette entente-là, vous allez
revendiquer le retrait de cette
clause-là. Vous n'êtes jamais allé jusque-là. Et ce que je comprends, on a
commencé à fouiller un peu ce fameux
décret là, il y aurait une ouverture à l'article 18 dans le décret... ouvrirait en 2020, donc en janvier prochain,
une renégociation de la clause. Est-ce que vous vous engagez
ce soir à revendiquer auprès de l'entreprise le retrait de la clause de force majeure
dès janvier 2020?
M. Boulet : Mme la
Présidente, et je me permets de
l'avouer avec une certaine candeur, quand j'ai lu ce contrat la première fois, j'ai été étonné que la notion de
force majeure inclue notamment le lock-out. La grève, un peu plus facile à comprendre quand on connaît bien la définition
légale de force majeure. C'est un événement imprévisible et irrésistible.
Est-ce qu'un lock-out est nécessairement
imprévisible et irrésistible? Ça s'interprète. Mais j'étais étonné quand même
du contenu ou du libellé de cette définition-là de clause majeure.
M. Leduc :
Tout le monde s'entend, mais sur l'avenir...
M. Boulet :
Cependant, je n'étais pas présent lors...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...donner le temps au ministre de répondre.
M. Leduc :
Parfait.
M. Boulet :
Je n'étais pas présent lors des pourparlers de négociation qui ont été tenus en
2008. Il y a eu une lettre d'entente en 2014
et il y avait eu des contrats qui précédaient aussi 2008, qui ont été négociés
par nos prédécesseurs. Lors d'une
prochaine négociation, je ne prends aucun engagement. Ce sera négocié en tenant
compte des facteurs objectifs et
subjectifs de négociation au moment opportun. Et moi, je ne m'immiscerai pas
dans un processus de négociation futur. Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc :
Je ne peux m'empêcher un deux poids, deux mesures, où est-ce qu'on puisse
critiquer des choses envers le syndicat, la partie syndicale, mais s'abstenir
de tout commentaire sur un contrat d'Hydro-Québec qui favorise la partie
patronale, mais je cesserai mes remarques sur ABI maintenant. On a déjà eu
l'occasion de le faire. On aura certainement l'occasion
de le refaire dans les prochaines semaines, malheureusement, parce que le
conflit n'a pas l'air de se terminer bientôt.
J'ai des
questions concernant la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de
la sécurité du travail. J'étais, lors
de la fusion de ces entités-là, au service de recherche d'une centrale
syndicale. J'avais préparé le mémoire. On avait étudié beaucoup en détail ce projet-là. Il y avait quelque chose qui
nous avait inquiétés à l'époque. Et j'ai l'occasion, donc, d'y revenir
ce soir. Ça me fait plaisir de souligner cet enjeu-là. C'est qu'il y a quand
même une certaine contradiction au final
entre les différentes composantes de l'agence. D'abord, la Commission des
normes du travail qui, dans le cas d'un salarié non syndiqué, va venir
jouer le rôle à peu près de son avocat, va prendre sa défense, tandis que la
commission de la santé et sécurité au
travail va plutôt jouer un rôle assurantiel où il va venir vouloir en quelque
sorte planter le salarié pour ne pas
avoir à payer les réclamations qu'il fait. Donc, d'un côté on veut aller aider
le salarié. De l'autre, on cherche à le planter, si vous me permettez
l'expression. Donc, deux rôles contradictoires quand même, il faut le
remarquer.
Et la
question qu'on avait posée à l'époque : Qu'est-ce qui arrive si un même
individu a deux causes distinctes, donc une cause en normes du travail et une cause en santé et sécurité? Est-ce
que la même agence va venir d'un côté, pas nécessairement en même temps, mais d'un côté venir l'aider et, d'un
autre côté, vouloir le planter? Et on m'avait assuré à l'époque, on nous avait
assuré qu'il y aurait un mur de Chine dans les règlements, ça ne serait pas les
mêmes gens, etc.
Ma question,
donc, est assez pointue ce soir. Depuis la fusion des différentes agences,
combien de cas peut-on recenser où
une même personne, un même individu a déposé deux requêtes, une traitée par les
normes du travail et une autre par la SST? Est-ce qu'une telle
statistique existe, d'abord? Si elle n'existe pas, est-ce qu'on peut la
trouver?
M.
Boulet : Mme la Présidente, on n'a pas le nombre précis, mais c'est
essentiellement des plaintes de harcèlement psychologique. C'est soit
des plaintes en vertu de l'article 124 ou des plaintes de harcèlement
psychologique, mais ça, c'est plus des
plaintes en vertu de la Loi sur les accidents du travail et maladies
professionnelles, mais il n'y en a pas... Bien, il y en a quand même un certain nombre, mais généralement les
travailleurs ou les travailleuses prennent un des deux véhicules.
M.
Leduc : Bien, je vais reformuler ma question parce que ma question
est... Nonobstant le type de plainte, les deux véhicules, on cherche à savoir comment la commission joue avec ses
deux rôles, ses deux branches. Donc, combien d'individus ont logé, peu importent les types de plaintes, mais deux
plaintes, d'une part en normes du travail, d'autre part en santé et
sécurité? Est-ce que vous pouvez regarder ça puis peut-être nous revenir par la
suite?
M.
Boulet : Je peux demander à la présidente de la CNESST. C'est des
plaintes soumises en vertu de la Loi sur les normes du travail, donc l'ancienne Commission des normes du travail,
et des plaintes soumises en vertu de la Loi santé et sécurité du travail et de la Loi sur les
accidents de travail et des maladies professionnelles. Ça, ces deux lois-là,
les plaintes étaient soumises à la
défunte Commission de santé et sécurité du travail, qui, comme on sait tous,
avec la commission d'équité salariale,
ont été regroupées. Et ça, on va obtenir l'information, puis je pourrai
transmettre l'information à l'attention de mon collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, et ça me fera plaisir.
M. Leduc : Merci, c'est apprécié.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...l'information via la commission. Merci.
M.
Leduc : Deuxième et dernière sur la CNESST. Lors de la fusion, un des
arguments qui nous étaient soumis, qui est un argument valable, c'était
que la CSST avait des bureaux partout, à peu près, dans toutes les régions du
Québec, ce qui n'était pas le cas de la
Commission des normes du travail, encore moins de la Commission de l'équité
salariale. Et donc, par son réseau
bien implanté, elle faciliterait l'accès aux autres types de recours de droit
du travail, donc l'équité et les normes du travail, argument
intéressant.
Il y a un
grand problème, vous savez peut-être, en lien avec l'IVAC. J'ai posé des
questions sur le fond, il y a toutes sortes de réformes qui s'en viennent,
soi-disant, avec la ministre de la Justice. Mes questions, ce soir, sont plus
sur la forme. Une des grandes critiques qui est adressée à l'IVAC, c'est
sa centralisation et son inaccessibilité physique. Tout est concentré à Montréal. Or, est-ce qu'on pourrait
imaginer que le réseau de la CNESST, toujours avec l'argument d'avoir rendu ouvertes d'autres lois du travail, pourrait
également recevoir des gens qui visent à faire des réclamations en matière
d'IVAC?
M.
Boulet : Avec votre consentement, Mme la Présidente, je demanderais à
la présidente de la CNESST si elle pouvait répondre à la question.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, est-ce qu'on a le consentement pour
que... Oui. Alors, je vais vous demander, madame, d'énoncer votre
prénom, nom et votre titre.
• (20 h 30) •
Mme Oudar
(Manuelle) : Manuelle Oudar,
présidente de la CNESST. Merci de me permettre de répondre à la question. En même temps, je pourrai revenir sur la
première préoccupation aussi que vous avez exprimée. Sur la question de l'IVAC, c'est bien important, on est dans des
lois différentes. C'est une loi qui est administrée par la CNESST, mais
qui relève de la ministre de la Justice. Elle est effectivement appliquée par
une équipe qui se trouve à Montréal, sur la rue
Bleury. C'est une équipe dédiée à ce service très, très spécialisé. C'est des
gens qui sont formés spécialement, là, pour traiter ces dossiers. Il y a un service
téléphonique, 24 heures sur 24, un service vraiment dédié de façon
spécifique. Alors, je tiens à le
souligner, parce que c'est un service bien particulier, là, que dessert la
CNESST pour la clientèle de l'IVAC.
Sur
la première question, je veux juste rappeler que la structure a, en fait, pour
effet de fusionner les unités. Donc, on se retrouve avec une seule
commission, une seule porte d'entrée unique, donc un seul numéro de téléphone,
un seul site Web. Pas de coupures en région,
on a gardé tous les satellites, toutes les directions régionales. Donc,
l'équité salariale, maintenant, vous
l'avez souligné à juste titre, se trouve à être aussi desservie en région, elle
ne l'était pas auparavant, les normes
du travail aussi également, la santé et sécurité aussi. Mais les avocats ne
sont pas... défendre le régime de santé et sécurité, ils ne sont pas en
train d'aller à l'encontre des droits du salarié.
Je
tiens à souligner, pour la première question, qu'il y a une directive qui a été
adoptée sur les conflits d'intérêts, en collaboration avec le Barreau du Québec, à l'époque de la création, pour
s'assurer qu'il n'y aurait pas de conflit d'intérêts, effectivement, puis qu'on préserverait les droits
des travailleurs. Mais il n'y a aucun droit qui a été aboli, les droits sont
maintenus, ceux qui étaient dans la Loi sur les normes du travail sont
maintenus.
Dans
le fond, la commission prend fait et cause pour les travailleurs. C'est des
travailleurs démunis, vulnérables, souvent,
qui ont seulement la loi sur les normes pour se défendre. On reçoit près de
40 000 plaintes chaque année, juste en normes du travail, et on en règle beaucoup en médiation, près de
80 %, mais malheureusement il y a des cas qui se retrouvent devant
les tribunaux. Donc, la commission prend fait et cause pour les travailleurs.
Et,
en santé et sécurité, bien, le régime est différent. Le rôle de la commission,
c'est de défendre le régime, s'assurer que
le régime demeure viable, et ce, aussi
à la défense des travailleurs, mais que le fonds demeure aussi également
viable pour s'assurer d'une pérennité du fonds, également pour permettre
l'indemnisation des travailleurs.
Pour les données plus
spécifiques que vous avez demandées, les chiffres, on va vous les fournir. M.
le ministre a mentionné des cas spécifiques
au niveau du harcèlement psychologique, puisqu'on veut aussi, en même temps,
qu'une personne qui subit du harcèlement psychologique, qui a un recours
en vertu de la loi sur les normes puisse également bénéficier des services de la commission en matière de lésions
professionnelles et qu'elle n'ait pas deux fois à répéter la même histoire, surtout quand on a été victime de
lésions psychologiques. Donc, c'est un plus pour les victimes aussi de
ce côté-là.
M.
Leduc : Vous allez m'excuser de vous interrompre. J'ai plusieurs
autres questions à poser à M. le ministre. Mais merci de votre
témoignage, je l'apprécie beaucoup.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Il vous reste deux minutes.
M.
Leduc : Bon, parfait. On y va. Alors, j'ai une question à M. le
ministre par rapport à ce qui a été évoqué tantôt, les travailleurs étrangers temporaires. Il y avait
une revendication qui était sur la table depuis longtemps, qui était de lever
l'espèce d'idée qu'on peut interdire à un
travailleur étranger d'aller travailler en quelque part d'autre, donc qu'il
soit dédié seulement à un employeur,
sauf qu'on dirait que vous avez fait un peu la moitié du chemin. Vous avez dit
que c'est correct que ça soit là pour six mois. Après ça, c'est levé.
Mais
là on se demande pourquoi avoir mis six mois, parce que ce que je comprends,
c'est que, si jamais un salarié tombe sur un mauvais patron, il est obligé de
rester là pendant six mois, il n'aura pas la liberté de changer de place. Et
je trouve ça un peu paradoxal, parce que
vous avez fait une critique envers mes collègues de l'opposition officielle sur
le fait qu'ils n'ont pas fait tout le chemin sur les clauses de disparité de
traitement, et là-dessus, vous le savez, on est d'accord. Mais
visiblement, vous tombez dans le même panneau par rapport aux travailleurs
étrangers temporaires, où, à la place d'avoir
simplement ces clauses-là, vous avez gardé une espèce de pied dans l'eau en
disant : On va laisser six mois, alors que je ne vois pas de
justification logique pour avoir laissé ce six mois-là.
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Il y a une complémentarité avec les
règles du programme fédéral relatif aux travailleurs étrangers temporaires.
Effectivement, dans notre règlement, on réfère aux restrictions à la liberté
d'emploi en cas d'embauche. Dans les six premiers mois suivant le début de
l'affectation, elles sont rendues nulles. Effectivement, on a fait un bout
de chemin sur ce qui relevait de nos compétences.
Au-delà
de ça, il faut quand même laisser une certaine place à la liberté
contractuelle, et je pense qu'on est allés suffisamment loin. Je me souviens
que vous faisiez souvent référence à des agences ou à des employeurs qui
disaient aux travailleurs étrangers temporaires : Tu es attaché là,
tu ne peux pas bouger, tu ne peux pas aller travailler ailleurs. Ils faisaient l'objet de congédiement, ils ne savaient
pas s'ils avaient droit à des recours, ils étaient laissés à eux-mêmes. Puis
ça, je pense que Le Devoir l'avait documenté, des travailleurs
étrangers temporaires qui arrivaient en sol québécois, qui étaient, au
bout d'une semaine et demie, deux semaines, laissés à eux-mêmes alors qu'ils
avaient amené leurs familles avec eux. Et ça, c'étaient des situations qu'on
considérait comme étant inacceptables et intolérables.
On n'a pas tout fait.
Comme mon collègue de Rousseau disait, il faut penser aussi à l'impact
administratif que ça peut imposer aux petites
organisations. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante était peu
confortable avec notre règlement en
disant : La vaste majorité des employeurs se comportent correctement, puis
là vous faites un règlement mur à mur
qui s'applique à tout le monde. Mais c'est ainsi qu'on légifère, puis je pense
que les cas déviants justifient parfois qu'on adopte des lois qui peuvent être considérées comme n'étant pas
justes pour certains employeurs ou certaines agences qui sont correctes,
mais, bon, je pense qu'on a fait un bon bout de chemin. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Nous avons effectivement empiété
sur le temps du gouvernement pour... enfin,
sur le bloc du gouvernement pour la réponse. Alors, nous y allons maintenant
avec la députée de Labelle. Il vous reste 11 min 30 s.
Mme
Jeannotte : D'accord. Merci, Mme la Présidente. Bonsoir, tout le
monde, chers collègues députés ministériels, députés de l'opposition ainsi que M. le ministre, membres de la fonction
publique, distingués invités, mesdames et messieurs.
Donc, M. le
ministre, j'aimerais discuter de la question des licenciements collectifs. On
le sait, perdre un emploi, c'est
difficile. Il y a des conséquences, évidemment, financières. C'est aussi
difficile émotivement. C'est difficile pour la famille, pour les proches. Dans
plusieurs cas, un licenciement peut avoir des répercussions sur le reste de sa
carrière, sur sa santé mentale, sur sa santé tout court. On sait à quel
point les entreprises peuvent aussi servir de tissu social dans leur communauté.
Alors, dans le cas des licenciements collectifs, les effets peuvent être
multipliés au sein d'une communauté.
Toutefois, il
existe une multitude de services offerts aux travailleurs et travailleuses, et
j'aimerais ça qu'on en discute. J'aimerais
ça vous entendre là-dessus. Si on prend un exemple précis, le dossier de
Peinture Sico, on a un bel exemple de licenciement collectif qui a touché
l'imaginaire des Québécois. Peinture Sico est, était un fleuron d'ici. On parle
d'une centaine de travailleurs qui ont
appris, le 15 novembre dernier, qu'ils perdaient, à leur terme, leur
emploi, la production étant relocalisée
en Ontario. Dans le cas de Sico, je crois que l'entreprise a
mis en place des services pour que les employés se trouvent un nouvel
emploi.
Pouvez-vous nous expliquer un peu les services
disponibles pour les travailleurs lorsque ceux-ci sont licenciés collectivement par leur employeur? Je sais qu'on
appelle ça un comité d'aide au reclassement, le CAR, mais pouvez-vous
nous expliquer ce que ça fait pour le commun des mortels, le CAR? Merci.
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Une question qui reflète la
variété des intérêts et des préoccupations de ma collègue de Labelle.
Malheureusement,
il y a trop de licenciements collectifs au Québec. Le côté positif, cependant,
c'est que, comme on vit avec une
rareté de main-d'oeuvre, on peut permettre aux personnes de se replacer assez
rapidement et minimiser les impacts négatifs découlant d'un licenciement
collectif. Il faut savoir que c'est la Loi sur les normes du travail qui régit les licenciements collectifs, et, dépendamment du
nombre de personnes licenciées, il faut que la compagnie donne un avis
d'une durée qui dépend du nombre de salariés. Et quand il y en a 50 et plus, il
y a une des obligations qui incombent à
l'employeur, c'est de former un comité d'aide au reclassement. À moins que 50
salariés, ça peut quand même se faire, mais
c'est facultatif ou volontaire; mais à 50 et plus, il y a un comité d'aide au
reclassement, et nous, on intervient pour s'assurer de la composition...
En fait,
quand on reçoit l'avis qui nous informe d'un licenciement collectif, on
communique avec l'employeur, on s'assure
d'avoir toutes les informations, la liste des salariés, les postes occupés. Et
après ça, quand il y a plus que 50 personnes, on aide à la
constitution du comité d'aide au reclassement et on fournit tous les services
qui sont requis dans un contexte comme
celui-là. Ça peut être des services de nature plus humaine, plus sociale, plus
professionnelle. S'il y a des personnes qui ont besoin d'être orientées vers une formation spécifique pour leur
permettre de réintégrer le marché par ailleurs, on va les soutenir, on va les accompagner. Quand c'est
dans le même domaine d'activité, on s'assure, via Services Québec, de pouvoir
les mettre en communication avec les employeurs concernés. Dans le cas de Sico,
ça a été fait. Dans le cas de Bombardier,
dans le domaine de l'aéronautique, il y a une rareté aiguë de main-d'oeuvre, et
on a replacé les quelques centaines de
salariés affectés très rapidement dans d'autres entreprises, d'autres divisions
de Bombardier ou des entreprises concurrentes.
Donc, c'est
essentiellement d'être là, aider, accompagner et assurer de minimiser l'impact
du licenciement collectif. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
Mme Jeannotte : M. le ministre,
est-ce que ça arrive qu'un employeur refuse de mettre en place un tel comité?
M. Boulet : Il y a des... puis là je
n'entrerai pas dans tous les détails, là, mais il y a des dispositions pénales,
Mme la Présidente.
Une voix : ...
• (20 h 40) •
M.
Boulet : Oui, dans la Loi sur les normes du travail, et il pourrait,
si un employeur ne respecte pas les prescriptions de la loi, notamment sur l'avis ou la durée de
l'avis, il pourrait être contraint de payer des indemnités pour compenser la
durée restante de l'avis de licenciement collectif ou d'autres obligations. On
pourrait les énumérer, les obligations de la
loi, mais si ce n'est pas respecté,
on pourrait prendre des recours pour s'assurer que la compagnie soit bien
informée et que, si elle est coupable, qu'elle paie les amendes qui en
découlent. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste cinq minutes.
Mme Jeannotte : Cinq minutes? Bien, je vais en profiter, j'ai
d'autres questions, M. le... Merci,
Mme la Présidente.
M. le ministre, les entreprises de construction, par exemple, donc je vais y
aller... les entreprises sont-elles obligées de mettre en place un comité
d'aide au reclassement? Si on prend les entreprises de construction qui sont en
opération depuis... quelques mois par année seulement, doivent-elles
envoyer un avis de licenciement?
M. Boulet : C'est une bonne question. Mme la Présidente, c'est prévu spécifiquement dans la loi que les entreprises en
construction sont exclues de la section portant sur l'avis de licenciement
collectif. C'est un autre domaine où on vit cependant une rareté de main-d'oeuvre, et les entrepreneurs... puis la présidente de la Commission
de la construction du Québec est ici, mais je sais
que beaucoup d'entrepreneurs dans le domaine de la construction assurent,
accompagnent. Et ces personnes-là,
dépendamment... puis le nombre de chantiers est en augmentation constante, les personnes, généralement,
se replacent en tenant compte des bassins,
puis des régions, puis du respect des conventions
collectives pertinentes. Merci.
Mme Jeannotte : Je peux
continuer?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...quatre minutes.
Mme Jeannotte : Les licenciements collectifs sont tributaires en
partie de la vitalité économique de la province et, plus largement, du contexte économique canadien et international, on le sait. Heureusement, l'économie
du Québec se porte bien.
Toutefois, comme nous le rappelait le
bilan 2018 du Centre de la productivité et de la prospérité de la
Fondation Walter Somers des HEC Montréal,
nous faisons face à une productivité moindre de nos entreprises comparativement
à celle de nos voisins. Malgré cela, notre économie reste forte et les
besoins de main-d'oeuvre ne cessent de faire manchette. Malheureusement, cela ne nous protège pas contre les pertes d'emploi. On
n'a qu'à penser à l'annonce de Bombardier en novembre dernier, qui licenciait 2 500 travailleurs au Québec,
une centaine chez Sico ainsi que les employés de Téo Taxi. Ces pertes
d'emploi sont considérables pour le Québec.
Est-ce que le
nombre d'avis de licenciement collectif et, par conséquent, le nombre de
travailleurs touchés varie dans le temps ou est-ce qu'il est similaire
d'une année à l'autre?
M. Boulet : C'est une question intéressante, Mme la Présidente. Oui, la croissance économique... il
faut penser aussi à l'augmentation de la productivité chez les entreprises. Depuis qu'on a été élus
l'automne dernier, on a annoncé plusieurs mesures concrètes pour aider les entreprises à se
réorganiser, à améliorer leur productivité, et, quand elles se voient confrontées à une
concurrence qui les force à se... soit se numériser, ou se robotiser, ou
acheter des nouveaux équipements, ou
à innover, on est là pour les aider. On les soutient notamment
en assurant 85 % des frais de
formation pour l'acquisition de
nouvelles technologies. On essaie de tout mettre en place pour éviter, autant
que possible, les licenciements collectifs. Malheureusement, c'est des
occurrences parfois inévitables.
Je suis
préoccupé parfois, parce que je disais souvent, je suis un peu tanné que
l'actualité quasi quotidienne nous annonce
la fermeture de x, y ou z pour des raisons de rareté main-d'oeuvre. Je ne
voudrais pas que la rareté de main-d'oeuvre devienne une panacée ou un
prétexte à la fermeture de certaines entreprises qui ont besoin d'investir, de
se moderniser, d'innover pour faire face à
la concurrence, et c'est souvent le cas. Donc, c'est important que vous
souleviez cette question-là.
Et, quant au
nombre d'avis, ça varie, mais, bon, j'ai des chiffres, moi, ici. Je pense
qu'on... Tu sais, d'avril 2018 à mars 2019, je vois que, par exemple, si on va
dans les... depuis septembre 2018... ça varie tellement d'un mois à l'autre.
En septembre, c'est 14 avis, mais, des
fois, c'est beaucoup d'avis pour peu de salariés. Ici, c'était 14 avis
pour 1 291 salariés. Octobre,
24 avis pour 543 salariés, donc plus d'avis mais beaucoup moins de
salariés. Novembre, 51 et
3 604 salariés. C'est quand
même important. En décembre, six
avis, 168 salariés, donc un mois généralement plus tranquille, mais ça, c'est probablement
caractéristique de la fin de l'année. Janvier, 36, 2 095...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Je
vous invite, M. le ministre, de...
M. Boulet : J'achève. Février, 26 et
850. Mars, 40 pour 1 834. Donc, c'est vraiment variable. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Je pense que tout le monde a hâte à la
pause. Alors, écoutez, on va prendre la pause. Il est
20 h 45, on se retrouve à 20 h 55. Merci.
(Suspension de la séance à 20 h 46)
<
(Reprise à 20 h 55)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons commencer. C'est beau, merci. Alors, nous poursuivons avec l'opposition officielle. Vous avez un bloc
de 20 minutes. Alors, la parole est au député de Vimont.
M.
Rousselle : Merci, Mme la Présidente. Je voudrais juste... je veux être sûr que j'ai
bien compris tantôt la réponse que vous avez donnée à une collègue du gouvernement sur la dernière question d'ailleurs.
Si j'ai bien compris, vous avez dit :
Il ne faudrait pas que les entreprises voient cela comme une panacée, la rareté de la main-d'oeuvre, pour les excuser de la fermeture de leur entreprise. Est-ce que
c'est ça que vous avez dit?
M.
Boulet : Ce que j'ai dit,
plus précisément, c'est qu'il y a des fermetures qui ne sont pas provoquées que par
la rareté de main-d'oeuvre. Il y a
parfois des entreprises qui peuvent fermer pour d'autres raisons, mais
qui invoquent la rareté de main-d'oeuvre comme étant le motif essentiel.
Ça fait qu'il faut être prudent dans l'analyse
des motifs qui sont invoqués par une entreprise pour soutenir le licenciement
collectif. Ça fait que c'est vraiment du cas par cas. Alors, c'est
essentiellement ce que je voulais dire, et on l'a répété constamment, puis je l'entends sur
le marché du travail. Parfois, on dit rareté de main-d'oeuvre, mais on est là.
Il y a possibilité parfois de recruter et parfois ça pourrait éviter des fermetures.
Merci, Mme la Présidente.
M.
Rousselle : Parce que là vous avez dit aussi : Il faudrait qu'ils
s'inscrivent à l'innovation. Là, l'affaire que je trouve là-dedans, là... C'est-u la faute des
entreprises, s'il manque des employés? Parce que moi, je pense toujours aux
petites entreprises qui sont sept,
huit, 10, que la personne n'a pas de RH à sa compagnie, que lui, il fait tout
pour trouver des employés.
Juste pour
vous dire, moi, dans ma circonscription à Vimont, la plus belle
circonscription, excusez, les autres, mais juste pour vous dire, c'est qu'il y a même à l'intérieur des marchés
d'alimentation, il y a même de la surenchère qui se fait, là, puis là je
vous parle d'emballeurs. Donc là, là, c'est des jeunes qui vont aller voir une
bannière, puis ils vont aller voir l'autre
bannière, pour ne pas en nommer, et puis là ça fonctionne comme ça. Là, je
continue encore dans des entreprises qui ont... des petites entreprises, soit des cordonniers ou quoi que ce
soit, qui ont de la difficulté à recruter ou encore des restaurants qui ont de la difficulté à recruter. Là, c'est
bien beau, essayer de trouver, mais la panacée de la rareté de la
main-d'oeuvre, c'est là-dessus que là je... ça sonnait mal à mon
oreille, honnêtement, tantôt, là.
M. Boulet : Je pense qu'avec les
précisions vous comprenez mieux, mais vous soulevez quand même un point intéressant. Les petites entreprises ou
organisations qui n'ont souvent pas les ressources pour faire un recrutement
adéquat, qui n'ont pas de département
de ressources humaines... et je sais qu'on en a parlé ce matin puis hier, dans
le volet Emploi de mon ministère,
quand on faisait référence à La Grande Corvée, nos conseillers et conseillères
en entreprise, qui sont dans les
17 régions administratives au Québec, frappent à la porte et, à ce jour,
ont frappé à la porte d'au-delà de 6 000 entreprises. Puis il
y en a 40 % de ces entreprises-là qui nous ont dit : On a des besoins
en main-d'oeuvre, puis on a besoin d'être accompagnés,
puis on n'a pas les ressources, à l'interne, pour faire du recrutement et on
n'a pas de département de ressources humaines,
d'où l'immense signification de La Grande Corvée, parce que nos conseillers et
conseillères, que vous connaissez aussi,
cher collègue de Vimont, peuvent se déplacer, rencontrer les petites, moyennes
et plus grandes organisations, établir un
diagnostic et élaborer un plan d'action pour permettre de recruter la
main-d'oeuvre qui est nécessaire à la poursuite des opérations. Et j'espère qu'un jour on aura des
statistiques qui démontreront qu'on a pu éviter des fermetures et donc des
licenciements collectifs par l'aide et le soutien de nos conseillers et conseillères
qui sont au sein de Services Québec. Merci, Mme la Présidente.
• (21 heures) •
M. Rousselle :
Toujours dans la même lancée... Je ne voulais pas commencer par ça, mais je
vais y aller. Moi, j'ai rencontré...
puis vous avez peut-être rencontré les restaurateurs dernièrement, ils étaient
au Parlementaire, et j'ai rencontré des
restaurateurs. J'ai rencontré aussi des représentants des hôtels, là, des
hôteliers, donc l'Association des hôteliers du Québec. J'espère que je ne me trompe pas sur le nom de l'association,
mais je pense que c'est ça, et puis, justement, ils me parlaient justement du manque d'employés. Eux
autres, ils ont déjà fait une... en tout cas, il semblerait qu'ils vous ont fait
une suggestion, ou c'est une suggestion qui va arriver, là, je ne peux pas vous
le dire, dans le temps, si elle est arrivée ou pas, mais on m'a parlé...
On m'a
dit : Vous avez actuellement changé des choses pour les personnes
expérimentées. Les gens... Il y a un montant
d'argent, je pense, si je ne me trompe pas, vous n'avez pas modifié qu'au
niveau fiscal les personnes âgées, plus âgées ou expérimentées, pouvaient avoir, justement, un crédit d'impôt.
Les gens, qu'est-ce qu'ils me disent dans le terrain... comme vous pouvez voir, je suis vraiment
terrain. Je peux même vous parler des emballeurs chez nous, là, ils me disent
que ce n'est pas assez généreux, parce
qu'ils me disent : Écoute, Jean, nous autres, on a pris notre retraite, on
s'est sorti du milieu de travail, et, si je rentre dans le milieu de
travail, de un, je vais être imposé d'une manière incroyable parce que ça va être un surplus. Et, encore une fois, il
y a en a qui demeurent dans des résidences où c'est calculé... le loyer est
calculé selon le salaire. Donc là, il me
dit, juste pour même travailler au niveau des Élections Québec
ou Élections Canada, bien,
ces gens-là ne veulent même aller travailler pour la période électorale, encore
moins pour un restaurant pour une fin de semaine ou une soirée, parce
qu'il dit : On va être brimé, on va être pénalisé.
Donc, est-ce que vous avez pensé à aider, justement,
parce qu'on parle de manque d'emploi... il y a un manque d'emploi, puis les restaurants, justement,
on parle de petites compagnies qui... on ne veut pas qu'ils se servent de la
rareté d'emploi pour fermer leurs
portes. Est-ce que vous avez pensé, peut-être, à ajouter quelque chose de plus pour que ces
gens-là soient intéressés à revenir?
M.
Boulet : Oui, tout à fait.
Ça fait référence à un sujet que nous avons abordé ce matin et hier, et, dans
le contexte des consultations prébudgétaires,
j'en faisais une priorité, des travailleurs expérimentés. Et le crédit d'impôt
pour prolongation de carrière... bon,
quand vous vous êtes fait dire : Jean, ce n'est pas assez, moi, je me suis
fait dire souvent : Jean, c'est un pas dans la bonne direction.
Si on avait
le même taux d'emploi des 60 ans ou plus au Québec que celui qui existe en
Ontario, on bénéficierait, ça, je
l'ai mentionné, de 89 000 travailleurs de plus sur le marché du travail, ce qui justifie en soi toutes les énergies que nous devons mettent pour faire en sorte que les
personnes prolongent leur carrière ou reviennent au travail après avoir quitté
le marché
du travail. Et le ministre
des Finances, lors du dépôt de son dernier budget, annonçait des investissements de 892 millions de dollars sur cinq ans pour favoriser la prolongation et le maintien en emploi des
travailleurs expérimentés.
Puis si vous
voulez que je rentre dans les détails, c'est quand même assez intéressant. La
valeur du crédit d'impôt a été uniformisée à 10 000 $ pour les
travailleurs de 60 à 64 ans et à 11 000 $ pour les
travailleurs de 65 ans et plus. Et, en plus, il y a des montants qui ont été réduits sur la taxation des
masses salariales des entreprises, peu importe... surtout les petites entreprises qui embauchent des
travailleurs expérimentés, et les restaurants sont des organisations qui
peuvent en bénéficier. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
M.
Rousselle : Je vais changer de dossier. Je vais aller sur le dossier
de la loi n° 10, donc la Loi sur l'équité salariale. Je vais en profiter parce qu'on a la présidente
ici... donc, en passant, équité salariale, donc je suis content de voir en plus
qu'il y a beaucoup de femmes ici puis beaucoup de femmes présidentes ou
sous-ministres. Donc, en tout cas, on tombe vraiment
dans le bon sujet puis c'est... bien content de ça. Parce qu'en passant, ce
n'est pas juste la responsabilité des femmes, ce dossier-là, c'est la
responsabilité de tout le monde. Donc, vraiment, c'est un dossier qu'on a eu le
plaisir de travailler ensemble.
J'ai
parlé pendant, justement, le projet de loi, j'avais demandé au ministre, voir
les ressources additionnelles qu'on avait de besoin pour s'occuper,
justement, avec la loi n° 10... donc, on arrive avec,
justement, des demandes, peut-être, supplémentaires.
Et, quand je regarde aussi avec... j'ai vu des articles de journaux, donc mon collègue... oui, je ne peux
pas nommer son nom, là, mais, en tout cas, on parle concernant Unipêche et Paspébiac, là, vous savez de quel
dossier je parle, d'Unipêche.
Donc,
je me dis, est-ce que c'est un cas isolé? Donc, est-ce que la CNESST a assez
d'employés, justement, pour faire
les vérifications, faire les enquêtes? Surtout que, là, on
vient de rajouter quelque chose d'autre sur l'équité salariale, donc ça fait beaucoup de choses à faire.
Donc, j'aimerais savoir s'ils ont assez d'employés puis... ou si on est sur le
point d'embaucher.
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. C'est des questions souvent à volets variables, hein? D'abord, la
Loi sur l'équité salariale, j'ai aussi eu du plaisir à collaborer avec mon collègue
de Vimont, avec ma collègue de Fabre et avec mon collègue
de René-Lévesque, celui d'Hochelaga-Maisonneuve aussi. J'ai trouvé ça... Moi, c'était ma première
commission parlementaire, ma première loi qui a été sanctionnée au bureau du lieutenant-gouverneur du Québec, puis j'étais heureux de le faire en compagnie de
vous. Et donc la Loi sur l'équité
salariale... Moi, je veux juste dire
une chose, j'ai toujours dit qu'on voulait lutter contre la discrimination
systémique envers les emplois à prépondérance féminine et je pense que
c'est ce qui nous a tous, ici, dans le salon bleu, guidés dans le processus qui
nous a menés à l'adoption de cette loi-là. Et
il y a d'autres étapes qui vont venir. Comme vous savez, le 28 mai, on fera le
bilan de 10 années d'application de cette loi-là et on aura des
pistes, peut-être, et des orientations pour l'avenir.
Ressources
additionnelles, oui, on en a parlé abondamment en commission parlementaire et on est en recrutement. On va s'assurer
d'avoir le nombre de conciliateurs ou le nombre de ressources suffisantes pour
répondre aux besoins. Actuellement, on a six personnes de plus qui ont été
embauchées pour réaliser les enquêtes et les vérifications, quatre personnes additionnelles pour réaliser le processus de conciliation, médiation, et quatre personnes
additionnelles pour assurer le soutien aux clientèles, c'est-à-dire les
employeurs et les personnes salariées.
Enfin,
dernier commentaire, ce que notre collègue de Bonaventure...
Moi, il m'a informé de cet avis d'affichage là, où on offrait un salaire
plus élevé si la personne qui obtenait le poste était un homme. Et, comme nous
tous, j'ai exprimé mon désaccord profond,
que je considérais que c'était inacceptable, et j'ai répété sur les réseaux
sociaux qu'à travail égal ou
équivalent, c'était un salaire égal. Et j'ai demandé à la CNESST de faire enquête,
de faire les vérifications qui s'imposent, et le 29 avril, la CNESST a communiqué avec les représentants de l'entreprise Unipêche, puis une enquête a été ouverte,
puis des vérifications sont en cours afin de s'assurer que l'entreprise
respecte la loi.
Alors, je suis extrêmement
heureux que vous ayez soulevé ce cas-là, qui est vraiment inacceptable et qui
nous étonne tous dans la société inclusive dans laquelle nous voulons tous et
toutes vivre. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci.
M.
Rousselle : Je voudrais
savoir exactement le nombre d'employés occasionnels à la CNESST. Je
vais y aller plus précis... je vais y aller moins large, je vais y
aller...
M. Boulet :
Alors, Mme la Présidente, c'est à peu près...
M.
Rousselle : ...à la page 13...
M. Boulet :
Bien, c'est quoi, la question? C'est le nombre de salariés occasionnels?
M.
Rousselle : Occasionnels, oui, à la CNESST.
M. Boulet :
Donc, il y en a à peu près 800 sur 4 800. C'est ce que vous avez devant
les yeux?
M.
Rousselle : Je demande le nombre, oui.
M. Boulet :
Donc, vous posez la question dont vous connaissez la réponse?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...réponse, c'est ça, c'est 800.
M. Boulet :
Oui, c'est ça.
M. Rousselle : Non, je voulais juste
vous aider, là.
M. Boulet : O.K.
Je n'ai pas le rapport devant moi.
• (21 h 10) •
M. Rousselle : La suite, c'est
que... Est-ce que vous avez l'intention de mettre ces gens-là permanents?
M.
Boulet : Bien, les salariés occasionnels, Mme la Présidente, il y en a
dans toutes les organisations. Et, quand il y aura des postes qui deviendront vacants suite à des démissions, ou
des départs à la retraite, ou des mises à pied, ou des congédiements, il y aura possibilité certainement,
pour les personnes occasionnelles, d'obtenir un poste permanent. Comme dans toute organisation, la CNESST est guidée par
l'efficacité de ses opérations puis la saine gestion de ses affaires. Merci,
Mme la Présidente.
M.
Rousselle : Je fais toujours le suivi. C'est que je parlais tantôt,
là, le niveau de ressources additionnelles de la CNESST qui avait besoin... Donc, j'essaie de voir la stabilité qu'il y a
à l'intérieur de la CNESST au niveau du personnel, parce qu'on sait bien, comme vous l'avez dit, le
personnel occasionnel, il est occasionnel, donc il peut changer d'endroit.
Oui, vous avez soulevé justement le fait
qu'il y a des retraites, il y a des gens qui vont avoir des postes, sûrement, à
l'intérieur du gouvernement.
Donc, moi,
c'est surtout... Qu'est-ce qui m'intéresse, c'est que, dû au fait qu'on a fait
des lois... dû au fait qu'on a fait
une loi d'équité salariale, qu'il y a maintenant une charge supplémentaire au
niveau de la CNESST... et justement, on le voit justement avec des cas qu'on espère isolés, en tout cas en espérant
qu'il n'y en ait pas d'autres. Je voulais juste voir si on avait le
personnel nécessaire, parce que, comme je vous dis, le personnel occasionnel,
ce n'est pas avec ce personnel occasionnel
là qu'on va avoir aussi un suivi dans le dossier. La personne, si elle est là
pour six mois, vous le savez comme moi,
l'expérience de la personne va quitter. Donc, ce n'est pas... L'expérience ne
restera pas à la CNESST à ce moment-là. C'est ça qui m'inquiète.
M. Boulet : Ah! tout à fait,
puis je partage la préoccupation de mon collègue de Vimont, Mme la Présidente. Effectivement, on va s'assurer... À la CNESST, je
le répète, c'est une commission qui est constamment guidée par la nécessité
de l'efficacité de ses opérations puis la
saine gestion de ses affaires. Puis, si les besoins évoluent, ils évolueront
nécessairement suite à l'adoption de la Loi sur l'équité salariale,
parce qu'il y aura beaucoup de vérifications à faire sur les exercices d'évaluation du maintien de l'équité salariale. On
a des ressources additionnelles, on vient de vous le mentionner. Et l'expertise,
comme dans toute organisation, on essaie de
la protéger. Et je partage la préoccupation de mon collègue, mais je l'assure
qu'à la CNESST on fait tout ce qui est nécessaire pour protéger et garder
l'expertise là où elle doit s'exercer. Merci.
M.
Rousselle : Dû au fait qu'on
a la présidente de la CNESST ici, ça serait intéressant de... J'aimerais
entendre... voir si elle, elle peut nous confirmer justement
qu'elle a tout le personnel nécessaire, justement, pour bien fonctionner dans son mandat, parce que, tout de même, elle a un mandat assez important. Je comprends
que vous faites le suivi aussi. Mais ça
serait intéressant de l'entendre ici nous confirmer qu'elle a tous les outils
nécessaires pour faire son mandat qu'on lui attribue, qu'on lui donne.
M. Boulet :
Avec votre consentement, je comprends que la question m'est adressée, mais vous
voudriez que la présidente de la
CNESST, absolument... Avec votre consentement, je demanderais à la présidente
de faire une intervention.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je voudrais lui souligner par contre qu'il lui reste 1 min 30 s.
M. Boulet : Elle est capable de
parler rapidement aussi.
Mme Oudar
(Manuelle) : Merci, Mme la
Présidente. Merci de poser la question. C'est une excellente question, et, oui, la commission a le personnel nécessaire
pour remplir ses obligations en vertu de la loi. Il faut savoir aussi que,
chaque fois qu'une nouvelle loi est
adoptée par l'Assemblée nationale, il y a un exercice qui est fait, qui est
effectué de concert avec les
collègues gouvernementaux pour s'assurer que la commission puisse bien
appliquer les nouvelles dispositions qui sont adoptées par les
parlementaires.
Une chose
aussi que je voudrais mentionner, c'est que, dans notre planification
stratégique, puisque vous avez parlé de l'expertise nécessaire de la
commission... le fait aussi que cette expertise-là, il faut qu'elle évolue, il
faut que les gens continuent à bien
se former et qu'on assure la relève aussi. Donc, dans notre planification
stratégique, dès qu'on s'est regroupé, on
a adopté une nouvelle planification stratégique comme nouvelle organisation. Et
on s'est mis, dans un de nos objectifs, le développement de nos compétences puis, dans nos indicateurs,
s'assurer qu'on assure la relève et le maintien de l'expertise.
Et on s'est
mis, s'il me reste du temps, Mme la Présidente, des indicateurs très précis sur
la proportion des emplois qui
nécessitaient de la formation additionnelle. Et j'ai fixé à chaque employé une
cible de 3,5 jours de formation par an. Et là je suis très heureuse
de vous dire qu'on l'a dépassé de loin. On est à cinq jours, donc on est très,
très loin du seuil minimal de 1 % de la masse salariale, là, auquel
toute organisation est soumise. Donc, ça, c'est aussi un des objectifs
de professionnalisme, et d'assurer la relève, et l'expertise,
là, qui animent les travailleurs et les travailleuses de la commission,
pour s'assurer, bien entendu, de maintenir le lien de confiance avec les citoyens et de continuer à
bien les servir. Alors, oui, je veux rassurer le député de Vimont puis
je le remercie, là, d'avoir posé la question ce soir.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien, merci. Alors, nous poursuivons avec le troisième bloc du gouvernement. La parole est donnée au député de Rousseau. Il vous reste
12 min 26 s.
M. Thouin : O.K.
Donc, merci, Mme la Présidente. Bien, je souhaite aussi, M. le ministre,
échanger avec vous sur le sujet d'ABI, mais
avant, puisqu'il se raconte toutes sortes de choses sur ce que le gouvernement peut faire, doit faire, ne
doit pas faire, ne peut pas faire, j'aimerais ça qu'on discute un peu peut-être,
là, pour comprendre l'offre de
services en relations de travail, là, du gouvernement. Mais avant, puisque j'ai un grand respect pour mon collègue
de Vimont, à sa suggestion...
il nous a demandé tantôt de... à quatre reprises, là, de vérifier le verbatim
de l'échange de ce matin. Et j'ai fait ça et je vais même tenter de vous
lire, avec le ton enthousiaste, coloré et dynamique que l'on reconnaît tous au chef
de l'opposition officielle et... Alors, voilà, ça se lit comme suit...
Des voix : ...
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Je m'excuse, là, je l'ai manqué, parce
que j'ai demandé de l'eau pour le ministre, là.
Il s'est passé quelque chose? Alors, écoutez, peut-être... Je ne l'ai pas entendu, je m'en excuse profondément, parce que j'ai demandé de
l'eau.
M. Thouin : Donc, je vais continuer,
si vous me permettez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, continuez. Vous aviez émis des excuses ou...
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : O.K.
Alors, je vous demande au moins de faire attention, s'il vous plaît.
M. Thouin : Parfait. Parfait, c'est
noté. «Donc, M. le Président — et là c'est les paroles du chef de
l'opposition officielle, de ce matin — M. le Président, le ministre du Travail avait
promis une entente pour le 30 novembre 2018. L'échéance, ensuite, a été repoussée au
21 décembre, puis finalement la dernière hypothèse de règlement ne semble
pas passer. Une fois de plus, le conflit de travail chez ABI est dans
l'impasse.
«Est-ce que
le premier ministre envisage maintenant de présenter une loi spéciale pour
mettre fin à ce conflit de travail qui perdure?»
Voici les
mots exacts du verbatim de ce matin. Je vous dis, là, moi, je pense qu'avoir été
dans le siège du premier ministre, j'aurais compris exactement la même
chose que lui a comprise.
Ceci étant
dit, passons maintenant à l'offre de services en relations de travail du
gouvernement. Donc, je pense que ça
serait éclairant pour les gens qui nous écoutent de comprendre le rôle du
ministère. Vous savez, dans les relations de travail au Québec, le dialogue entre les parties patronales et
syndicales est bien établi depuis longtemps. Mais, dans quelques cas, lors d'un conflit de travail, une grève ou un
lock-out, les parties ont parfois, voire souvent même, besoin d'un tiers,
d'une tierce partie, en fait, d'une tierce partie neutre pour les aider dans
leurs négociations.
Donc, M. le
ministre, d'abord, et j'aurai quelques autres questions complémentaires, mais
quels sont les services offerts par
le ministère afin d'aider les parties patronales et syndicales dans les
différents stades de négociation, lorsqu'il y a un différend, un
problème entre elles?
• (21 h 20) •
M.
Boulet : Mme la Présidente, j'aimerais d'abord remercier le collègue
de Rousseau, qui est reconnu pour son sens
aiguisé de l'interprétation et de la compréhension de son environnement et des
propos qu'il entend. Et les services qui sont offerts au ministère sont quand même assez variés. Ils s'appuient
évidemment sur l'importance des relations du travail dans toute
entreprise, et il y a cinq domaines d'expertise vraiment spécifiques.
Le premier,
c'est l'aide à la négociation de conventions collectives. Le deuxième, c'est la
médiation en amélioration de
relations du travail. Souvent, quand il y a des climats tendus ou il y a des
problèmes d'harmonie dans les communications entre les parties, on peut s'assurer, via notre service de
médiation-conciliation, qu'une personne qui a les habilités et les qualifications puisse être déléguée dans
l'entreprise pour améliorer les relations du travail. Troisième domaine
d'expertise, c'est la médiation
préarbitrale de griefs. Il y a des entreprises qui accumulent les griefs. Je me
souviens que chez ABI, on parle de
cette entreprise-là, un jour, ils ont créé un comité des
1 000 griefs. Ils avaient accumulé 1 000 griefs et là ils
étaient empêtrés dans ces griefs-là.
Et, à mon souvenir, ils avaient demandé l'intervention du service de
médiation-conciliation pour les accompagner dans le règlement de ces
griefs-là.
Quatrièmement,
c'est la nomination d'arbitres de griefs et de différends. Les griefs, c'est...
à chaque fois qu'il y a un problème d'interprétation ou d'application d'une
convention collective, un arbitre est nommé pour entendre les parties, écouter les arguments des procureurs et rendre une
sentence arbitrale de grief qui est comme un jugement de la cour et qui détermine qui des deux parties a raison. Et le
différend, c'est... Comme dans le cas d'ABI, un différend, c'est un problème
au moment du renouvellement d'une convention
collective. On négocie, on ne parvient pas à s'entendre, puis un arbitre peut
être nommé par mon ministère pour rendre une sentence arbitrale, comme un
grief, mais là on appelle ça une sentence arbitrale de différend qui tiendrait
lieu de convention collective de travail. Mais, quand c'est une première
convention collective, un arbitre de
différend peut être nommé à la demande d'une seule des parties. Comme dans ABI,
quand c'est un renouvellement de convention, ça prend le consentement des deux
parties pour que je puisse nommer un arbitre pour entendre les parties
et décider du contenu de la convention.
Et enfin, le
cinquième domaine d'expertise, c'est les enquêtes réalisées dans le cadre des
dispositions antibriseurs de grève.
Il y a un article dans le Code du travail, 109.1, qui empêche un employeur,
dans un contexte de grève ou de lock-out, d'utiliser des travailleurs de remplacement, des scabs comme on appelle
plus communément, et, si le syndicat, par exemple, croit
que l'employeur ne respecte pas les dispositions antibriseurs de grève, parce
qu'il fait travailler des gens de l'extérieur ou des cadres qui ont été embauchés après le début de la phase des... le
début des négociations, il fait une plainte. Nous, on envoie un enquêteur qui va sur les lieux de
travail et qui pose les questions, qui fait un rapport et qui nous indique si,
effectivement, il y a eu violation des
dispositions antibriseurs de grève, et, si c'est le cas, il y a des recours
appropriés qui sont intentés. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste 5 min 40 s pour poursuivre.
M.
Thouin : O.K.
Donc, je vais devoir couper encore. Mais, mettons, juste pour que ça soit
simple, là, M. le ministre, la différence entre la médiation et
l'arbitrage puis aussi à quel moment est-ce qu'on part sur l'arbitrage,
simplement?
M.
Boulet : Excellente
question. Je vais essayer d'être très simple. Un arbitre, il a un pouvoir
décisionnel, et sa décision est
exécutoire, donc elle s'impose aux parties, alors qu'un médiateur n'est qu'un
facilitateur, il essaie de rapprocher les
parties. Il ne rend pas de décision, ce qu'il fait n'est pas exécutoire et ce
qu'il fait ne s'impose pas aux parties. Je pense que c'est la meilleure
façon de résumer la différence entre un arbitre et un médiateur. Est-ce que ça
va?
M. Thouin : Ça répond à ma question.
M. Boulet : Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste encore 4 min 40 s.
M. Thouin : J'en ai quelques autres,
bien sûr.
Donc, bien que vous en ayez parlé déjà un peu
plus tôt avec d'autres collègues et vous-même, M. le ministre, j'aimerais tout de même aborder un peu le
dossier d'ABI plus en détail. Un conflit
de travail, ce n'est jamais agréable, ce n'est jamais facile. Ce n'est jamais facile pour les travailleuses, les
travailleurs touchés, mais pas non plus pour les entreprises. Dans un
cas comme celui d'ABI, c'est un conflit de travail qui a des impacts
économiques pour toute la région.
M. le
ministre, vous le savez probablement, j'ai eu le privilège par le passé d'avoir
été maire, préfet et président de la
table des préfets de ma région administrative, et je comprends à quel point
quand une grande entreprise de la région, un des plus gros employeurs et donneurs d'ouvrage tombe en conflit de
travail, les impacts sont grands. Les travailleurs touchés vivent des
impacts financiers, mais aussi le stress, la fatigue, peut-être du
découragement. Tout ça touche leur famille également,
et dans le cas d'ABI, c'est toute la Mauricie qui est touchée. Une grande
entreprise comme ça en conflit de travail, ça veut dire aussi plusieurs autres entreprises, des fournisseurs
notamment, qui perdent des contrats, des commandes. C'est un conflit de
travail qui touche toute la communauté.
Juste avant d'arriver à mes questions... j'ai
quelques questions pour vous, mais j'aurais envie de faire un bref historique de ce conflit de travail. D'abord, les
trois conventions collectives d'ABI sont échues depuis le 22 novembre
2017. Le 11 janvier 2018,
l'employeur a décrété un lock-out conformément aux dispositions du Code du travail.
10 mois plus tard, le
26 octobre 2018, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale rencontre le médiateur spécial et le conciliateur au dossier.
Avant de
continuer sur mes prochaines dates, je vais m'arrêter maintenant puis j'aurai
une question courte, qui se répondrait
probablement en un ou deux trois mots. Dans les 10 mois écoulés de janvier
jusqu'au 26 octobre, qu'a fait le gouvernement libéral dans ce
dossier-là?
M.
Boulet : Merci, encore une fois. Puis j'ai beaucoup d'estime, hein,
pour le passé de mon collègue de Rousseau, de maire, de préfet et ses autres expériences professionnelles. Ça fait
réaliser l'importance des répercussions humaines, sociales et économiques d'un conflit comme celui qui est
vécu chez ABI. Ce que le gouvernement précédent a fait, c'est de nommer
un médiateur spécial, et, après ça, j'aurais de la misère à me rappeler... le
médiateur spécial a suspendu la médiation, il
a fait des rencontres de façon épisodique, mais ça n'a pas donné de résultat
parce qu'on est encore en conflit de travail. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Vous pouvez poursuivre. 2 min 11 s.
M.
Thouin : 2 min 11 s. Je vais aller en rafale, donc, les
dates, ce qui est arrivé, parce que depuis que vous êtes là, M. le
ministre, semble-t-il qu'il y a eu beaucoup d'interventions.
Le
29 octobre, le ministre rencontre la partie patronale. Le
1er novembre, le ministre rencontre la partie syndicale. Le 6 novembre, le ministre rencontre les hauts
dirigeants à Pittsburgh. Le 7 novembre, le ministre annonce la mise sur
pied d'un conseil de médiation pour
aider les parties à conclure une convention collective. Le 29 novembre, le
ministre prolonge le mandat du conseil de médiation jusqu'au 21 décembre.
Le 21 décembre, c'est la fin du mandat qui a été prolongé. Le
7 janvier, le conseil de médiation fait rapport au ministre.
Le
14 janvier, le ministre forme un groupe de travail afin de recenser tous
les services susceptibles de soutenir les parties dans la résolution de
leurs différends. Ce groupe d'experts travaille à partir des objectifs de
négociation qui sont d'accroître la
flexibilité opérationnelle, d'améliorer la productivité, d'assurer la stabilité
des emplois, d'assurer la pérennité de
l'usine et d'améliorer les relations de travail. Le 21 février, le
ministre rencontre les partis à Québec, qui confirment leur volonté d'en
arriver à une entente négociée. Le 4 mars, l'employeur présente une
nouvelle offre définitive au syndicat.
Le 11 mars, le Syndicat des
métallos rejette l'offre. Le 21 mars, le syndicat présente une
contre-offre. Le 1er avril, le
premier ministre et le ministre du Travail rencontrent les deux parties. Le
3 avril, la direction de l'Aluminerie de Bécancour rejette à son
tour la proposition du syndicat. Le 17 avril, le ministre présente son
hypothèse de règlement aux parties. Le
24 avril, la partie patronale fait savoir qu'elle accueille favorablement
l'hypothèse. Et le 24 avril — exact — la partie syndicale s'est dite déçue
de l'hypothèse de règlement.
J'ai
quelques questions maintenant rapidement. M. le ministre, soyez sincère, est-ce
que votre hypothèse de règlement était syndicale ou patronale?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il vous reste 35 secondes.
M. Boulet :
Alors, Mme la Présidente, en toute sincérité, j'ai fait l'hypothèse de
règlement en équipe avec des personnes
aguerries, et on a vraiment utilisé des critères objectifs reconnus. Le plus
important, c'est qu'on a analysé les conditions
de travail applicables dans des entreprises semblables ou qui évoluent dans des
circonstances similaires à celles d'ABI et on a demandé des concessions
aux deux parties.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Je vous remercie. Je vous remercie, M. le ministre.
M. Boulet :
On pense que c'est un beau compromis.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Je vous remercie. Nous embarquons maintenant avec le bloc du troisième groupe d'opposition.
Alors, on ne pouvait pas poursuivre. Alors, le troisième groupe d'opposition,
la parole est à vous, au député de René-Lévesque. Vous avez
14 min 45 s.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de prendre la parole dans
ces crédits du Travail en ce 1er mai, le jour international des travailleurs et
des travailleuses. Et je tiens à saluer les gens qui vous accompagnent, M. le ministre, les gens de la
CNESST, les gens du TAQ, les gens de l'équité salariale, les gens de la CCQ.
C'est toujours un peu intimidant de voir
l'équipe gouvernementale devant l'équipe de l'opposition, c'est-à-dire le
député de René-Lévesque et Thierry,
qui m'accompagne ce soir pour qu'on parle travail. Mais, à deux personnes, je
pense qu'on va avoir des discussions intéressantes, M. le ministre.
Donc, d'entrée de jeu, je voudrais qu'on se parle de régimes de retraite à
prestations cibles.
De
plus en plus, au Québec, on a des entreprises et des syndicats qui commencent à
avoir une nouvelle façon de négocier
avec leurs régimes de retraite. On a connu les prestations déterminées, nous
avons connu les cotisations déterminées, et ce régime fait de plus en plus partie des discussions lors des
négociations entre les patrons et les syndicats. Et on sait que ce
régime est présentement appliqué exclusivement dans le domaine du secteur du
papier, soit Produits forestiers Résolu et
Papiers White Birch, considérant que leurs régimes de retraite ont dû être
restructurés suite à des dispositions pour lesquelles ils se sont mis
sur la loi C-36.
Donc,
présentement, je sais de source sûre qu'il y a des compagnies, des syndicats
qui commencent à négocier, qui commencent à voir le régime à prestations
cibles comme étant peut-être une avenue de règlement qui satisferait les deux
parties.
Alors, ma question
sera très simple, M. le ministre. Est-ce qu'il est temps au Québec de légiférer
pour rendre accessible à tout autre secteur
le régime à prestations cibles? Et, si oui, à quel moment on peut commencer à
voir ce régime-là être disponible
pour les entreprises et les syndicats qui, d'un commun accord, veulent se
tourner vers ce régime de prestations?
• (21 h 30) •
M.
Boulet : Oui, tout à fait. C'est une excellente question, Mme la
Présidente. Je n'aurai pas de réponse précise, parce que mon collègue des Finances
est en train de faire une analyse pour vérifier les incidences. Je sais qu'il y a La
Presse aussi, il me semble, qui a
ce type de régime à prestations cibles, au-delà de Résolu puis White Birch.
Mais je pense qu'il faudrait, écoute... puis je ne veux pas orienter le tir. Je
pense qu'il faut analyser les impacts, voir les incidences, mais au
moins se pencher sur cette question-là.
M. Ouellet : Nous savons que probablement qu'il y a des hypothèses qui sont en train d'être évaluées du côté de Retraite Québec. Malheureusement, ce matin, je n'ai pas eu l'opportunité, avec le très peu de temps que
j'avais, de poser la question à Retraite Québec, mais j'attire quand
même votre attention, M. le ministre.
Ce
que je vous dis, c'est qu'on a des employeurs et des syndicats qui commencent à
regarder ça, dans les conventions collectives
qui arrivent à échéance et qui aimeraient probablement appliquer ce modèle-là.
Donc, ils ont besoin peut-être de connaître
pas juste l'intention du gouvernement, mais est-ce qu'on a un horizon de temps
pour voir cette mesure-là appliquée et
est-ce qu'on pourrait prochainement, un peu connaître les orientations du
gouvernement dans cette matière. Est-ce qu'on évalue ça et, dans six
mois, on rendra une décision ou est-ce qu'on peut parler d'un horizon plus vers
2021?
Bref,
on a des gens qui nous écoutent ce soir et ils voudraient savoir, est-ce qu'on
peut penser que voir ce régime-là... parce
que dans d'autres provinces du Québec... du Canada, pardon, on est en train de
le faire. Donc, est-ce qu'on peut penser que ça fait partie d'une... sans dire
que c'est une priorité, que ça serait un enjeu qu'il serait important de
regarder et qu'on puisse avoir des
réponses franches très prochainement sur les prochains échéanciers pour la mise
sur pied ou la non-mise sur pied des régimes à prestations cibles?
M. Boulet : Mme la Présidente, je ne
suis pas en mesure ce soir de préciser soit une orientation ou une priorité quelle qu'elle soit. Je sais que mon collègue des
Finances a formé un comité au sein de son ministère, qui analyse la question,
comme je vous ai
précisé lors de ma première réponse et ce serait préjugé de ma part que de
donner un échéancier que je ne connais pas ou penser à des conclusions
avant que celles-ci soient soumises. Mais il faudra suivre le dossier. Merci.
M. Ouellet : Du côté des arbitrages de griefs, M. le ministre, les délais de
traitement pour l'arbitrage de griefs sont souvent très longs. Selon le Code du travail, l'arbitre doit rendre sa
sentence à l'intérieur d'un délai fixe dans les conventions collectives
ou dans les 80 jours suivant la fin des séances d'arbitrage. Or, il n'est
pas... on entend souvent, pardon, des histoires
où est-ce que ça a pris deux ans pour se régler. Et j'ai le cas, dans les
médias, qu'on a pris comme ça, un cas fortuit, Mme Côté, congédiée le 26 avril 2016 et réintégrée dans ses
fonctions le 6 décembre 2018 suite à une décision d'arbitrage de griefs. On parle d'un délai de deux ans sept
mois, soit 954 jours. Je comprends que la décision, elle est rétroactive,
mais vous avez rapidement compris, M. le ministre, que pendant deux ans, madame
était sans revenu et était présumée coupable avant que le jugement soit
rendu.
On
sait qu'il y a présentement 78 arbitres professionnels inscrits sur la
liste prévue à l'article 77 du Code du travail. Il y en a
26 arbitres qui ne sont pas inscrits sur cette liste, ce qui nous donne un
chiffre de 104 arbitres au total.
Alors,
M. le ministre, comme cette situation de délai revient fréquemment, est-ce
qu'il est de bon augure, selon vous, de
procéder rapidement à des embauches supplémentaires de nouveaux arbitres? Et,
si oui, combien et sur combien de temps on pourrait voir de nouveaux
arbitres arriver sur le marché du travail?
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Merci à mon collègue de René-Lévesque pour cette
question.
Souvenons-nous
tous ensemble que l'arbitrage de griefs se voulait une méthode alternative de
justice expéditive et, au fil des
années, les arbitrages sont peut-être, pour certains arbitres, beaucoup moins
nombreux qu'à une certaine époque, mais
il y a beaucoup plus de journées d'audience et les arbitrages sont devenus
extrêmement sophistiqués et complexes, et on ne respecte plus l'objectif
d'expédition qu'on s'était donné au départ.
Et les délais — je l'ai vécu en pratique — sont extrêmement longs, mais il faut savoir
que, dans la liste confectionnée par
le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, il y a le délai
moyen, puis le délai moyen d'arbitrage, quand les parties conviennent de l'identité d'un arbitre,
elles sont à même d'évaluer la capacité d'un arbitre de rendre une décision
dans des délais intéressants. Moi, je me
souviens que c'était un des critères qui nous motivait de choisir un arbitre x
plutôt que l'arbitre y, parce que le délai moyen de reddition de la
décision était beaucoup plus intéressant.
Et je sais qu'au
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, ils sont extrêmement
préoccupés et ils se penchent sur la question des délais, qui sont beaucoup
trop longs et mon collègue de René-Lévesque le mentionnait, particulièrement dans des cas de congédiement.
Parce qu'on sait, quand quelqu'un est congédié, l'employeur, par exemple...
On se met dans les bottines de l'employeur.
Il attend huit mois avant d'être entendu, puis il attend un autre quatre mois
avant d'avoir la décision, puis, s'il
y a une ordonnance, si le congédiement est cassé, puis que l'arbitre ordonne la
réintégration, il a 14 mois de
salaire à payer rétroactivement. Et, si je me mets dans les bottines du salarié
syndiqué, lui, il est 14 mois sans avoir de certitude. Il n'est pas capable de se replacer sur le marché du
travail. Il n'est pas capable, dans bien des cas, de bénéficier de prestations. C'est pathétique. C'est
comme ça pour les tribunaux judiciaires et c'est devenu de plus en plus
comme ça pour les tribunaux administratifs.
Je
sais que certains ont réussi à réduire le délai moyen de reddition de la
décision. Pour les arbitres de griefs, c'est certainement un défi important. Puis je sais que le conseil... Puis moi,
je vais demander des résultats, parce que tu ne peux pas te maintenir sur une
liste du conseil consultatif. Je ne pense pas que le conseil va accepter de
maintenir des arbitres qui font très
peu d'arbitrage et qui ne rendent pas les décisions dans le délai que vous
précisez bien, qui est de 90 jours, prévu dans Code du travail.
Voilà. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci.
M. Ouellet : Je comprends qu'il faut que les parties s'entendent sur l'arbitre. Il y
a des questions de disponibilité, et,
comme les meilleurs sortent en premier, il y a des délais qui sont
effectivement sujets aussi à occasionner des retards. Mais, si on en avait plus puis si on en avait plus
qui pouvaient pratiquer, probablement qu'on pourrait créer, effectivement,
une meilleure offre pour permettre, effectivement, aux deux parties de choisir.
Donc,
si je comprends bien, vous allez regarder ça, M. le ministre, mais il n'est pas
question aujourd'hui d'annoncer l'embauche
ou... parce que vous disiez tout à l'heure : On va peut-être... on
pourrait peut-être clairer la liste pour ceux et celles qui ne rendent peu ou pas de décisions ou que très rarement dans
les derniers temps pour faire apparaître une nouvelle liste de gens qui
sont effectivement disponibles et habilités à rendre des décisions.
M.
Boulet : Mme la Présidente, soulever la question des délais nous amène
à soulever la question des coûts aussi, parce qu'il y a un bassin limité d'arbitres et qu'on est régi par
l'offre et la demande, de façon générale, là, parce que la plupart des
arbitres sont nommés suite à une entente entre les parties. On vit dans un
système de marché qui crée des déséquilibres
quant à la durée pour rendre des décisions et quant au coût, parce qu'il y a
des arbitres dont les taux horaires sont nettement plus élevés que le
règlement sur la rémunération ou que d'autres, là. Ça varie énormément.
Et
moi, personnellement, si j'avais à en discuter avec le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, moi, je n'ai absolument aucune fermeture
à ce que des personnes qualifiées et compétentes et qui le désirent bien, et
qui se soumettent à l'examen de qualification, et qui complètent le stage prévu
par les règlements appropriés puissent devenir des arbitres et qu'il y ait
peut-être un meilleur équilibre entre l'offre et la demande. Donc, vous avez
mon orientation là-dessus. Merci.
M. Ouellet : Troisième enjeu que j'aimerais discuter avec
vous, M. le ministre, le télétravail. De plus en plus, le monde professionnel change, une productivité qui
est accrue, une diminution du stress, et on veut surtout donner plus de
flexibilité à l'organisation du travail. Or, les employeurs qui souhaitent
favoriser cette pratique se heurtent à certaines limites : limitation du nombre de personnes pouvant travailler dans
une même résidence, obligation de respecter une superficie maximale au
sein du domicile pour les activités professionnelles, limitation du nombre de
clients pouvant être reçus à la maison.
Bref, la question que
je vous pose, M. le ministre : Est-ce qu'il serait temps de légiférer, de
donner un cadre législatif à ce phénomène
qui n'est plus un phénomène mais qui va devenir assurément, dans les cinq, 10,
15 prochaines années, une façon d'organiser
le travail, notamment pour éviter les déplacements de gens qui restent,
exemple, en banlieue vers le
centre-ville, favoriser une meilleure transition entre le travail et son milieu
de vie? Bref, est-ce qu'il est temps aujourd'hui de commencer à jeter
les bases, et, si oui, est-ce que c'est dans votre intérêt de le faire dans
cette présente législature?
• (21 h 40) •
M.
Boulet : Je n'ai, Mme la Présidente, pas l'intention actuellement de
légiférer en matière de télétravail. Je sais que c'est un phénomène grandissant. Quand je parle, même, d'assumation
des frais de formation pour améliorer la productivité, j'ai récemment fait référence au télétravail comme
une façon d'accroître la productivité d'une entreprise. Et, bien au-delà de ça, les personnes handicapées peuvent bénéficier grandement du
télétravail pour insérer le marché du
travail ou pour y être maintenues. Et quand on parlera, de façon
plus spécifique, des tenants et aboutissants de la stratégie qu'on veut mettre
en place pour l'intégration et le maintien
en emploi des personnes handicapées, j'ai l'intention d'utiliser ça comme exemple,
le télétravail. Souvent,
les personnes qui ont une mobilité réduite ou qui ont des déficits, peu importe la nature des déficits, peuvent bénéficier du télétravail.
Mais
maintenant, est-ce
qu'on doit légiférer pour interdire aux employeurs d'avoir
des clauses de non-concurrence ou des
clauses d'exclusivité dans des contrats de travail? Non. Je n'en vois pas
l'opportunité, certainement pas à ce stade-ci. On va voir le phénomène
croître et on s'adaptera en conséquence. Et on m'informe, Mme la Présidente,
qu'on participe actuellement à un projet
pilote à mon ministère, qui concerne le télétravail, avec le Secrétariat du
Conseil du trésor pour voir comment on peut bénéficier, tout en assurant
la même efficacité, puis même en augmentant notre efficacité, notre productivité, du télétravail. Et il y a
110 personnes qui participent à ce projet pilote là. Et que vous le
souligniez dans ce forum-ci, moi, je trouve ça particulièrement
intéressant, puis c'est le type de discussion auquel il faut participer.
Je
le dis, encore une fois, parce que mon collègue de René-Lévesque connaît aussi
l'estime que j'ai pour lui. Moi, c'est
le genre de discussion que j'aime avoir, parce que ça nous fait avancer, puis
moi, ça me force à réfléchir aussi sur les façons de travailler dans
l'avenir. Et ça nous incite à avoir une vision du futur du marché du travail.
Merci.
M. Ouellet :
Il ne me reste pas beaucoup de temps, hein?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il vous reste 50 secondes. C'est beau?
M. Ouellet :
Bien, allez-y.
M.
Boulet : Ah! si vous me permettez... Merci à mon collègue de
René-Lévesque. La CNESST m'informe aussi qu'à la CNESST ils ont un projet où 93 personnes sont impliquées
dans du télétravail. Ça fait qu'on est vraiment là. On est conscients de cette
réalité-là. Et ces projets-là qu'on a, on va certainement les rendre
permanents, on va en mesurer l'impact puis les incidences, puis
peut-être que dans deux ans, on fera la réflexion que vous me suggérez. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est bien, merci. Merci pour l'échange.
Nous y allons maintenant avec le quatrième bloc du gouvernement, avec le
député de Chauveau. Vous avez 14 minutes.
M.
Lévesque (Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Permettez-moi
tout d'abord les salutations d'usage, tout d'abord à vous-même ainsi qu'à M. le
ministre et les membres de son cabinet. Je salue les collègues de l'opposition
officielle. Malgré quelques chicanes
parfois, je pense qu'on s'apprécie bien, on a du plaisir... et les collègues de
la deuxième et de la troisième opposition, évidemment l'ensemble de mes
collègues ici, du côté ministériel.
Et,
Mme la Présidente, je suis très heureux de vous parler ce soir de ce sujet-là,
le travail. Ce n'est pas le sujet que je maîtrise le plus. C'est le sujet...
quand je regarde le ministre aller, j'ai été très impressionné, Mme la
Présidente, de sa performance lors du projet de loi n° 10 sur l'équité
salariale. Honnêtement, vous étiez là et l'ensemble des collègues étaient
présents, ça m'a impressionné de voir
l'expertise et les compétences du ministre en la matière. Moi, j'ai le
privilège d'être son adjoint parlementaire, et ce n'est pas un hasard, si on a
inscrit volet Emploi et Solidarité sociale à côté de mon titre, parce
que sur le volet de travail, c'est clair pour moi, il n'a pas besoin d'un grand
coup de main.
Alors,
c'est pour ça que je vais lui demander ce soir de m'aider un peu à comprendre
le Tribunal administratif du travail,
le TAT. Évidemment, j'ai fait quelques recherches, j'ai regardé les
définitions, j'ai regardé un peu l'historique pour bien le comprendre, pour savoir évidemment, tout
le monde le sait, mais depuis le 1er janvier 2016 qu'a été créé le
tribunal, et ça a été la fusion de deux organisations : la Commission des
lésions professionnelles et la Commission des relations de travail. Et l'objectif, j'imagine, était de le
rendre plus efficace et d'en assurer une application, disons, un peu plus
diligente. Et cette organisation-là,
ce tribunal-là permet de statuer sur une quarantaine de lois, notamment en
relations de travail, dans les
services essentiels, dans la construction
et la qualification professionnelle, en matière de santé et sécurité au travail
et tout ce qui est lié au monde du travail.
Les questions
que je me pose, c'est... Suite à la fusion, ce qui s'est passé en 2016, depuis
la création de ce tribunal-là, je me
demande comment ça s'est passé, cette fusion-là. C'est sûr que toute fusion d'organisme — d'un
tribunal, c'est la même chose — ça
a son lot de défis, son lot de problèmes. Alors, je voudrais savoir, Mme la Présidente, du ministre, quels ont été les avantages et peut-être
même les inconvénients, s'il y en a, de cette fusion-là pour la population.
M.
Boulet : Mme la Présidente, merci à mon collègue qui, je le dis souvent, est un excellent adjoint parlementaire, extrêmement dévoué à... particulièrement le développement de l'action communautaire au Québec. Il le fait non seulement avec dévotion, mais avec une fine connaissance du
réseau communautaire québécois. J'apprécie toujours pouvoir collaborer
avec lui.
Et le domaine du travail en est un qui suscite
beaucoup de questions, puis le Tribunal administratif du travail... Je vais essayer d'y aller simplement. Il y a
effectivement le regroupement de la Commission des relations du travail, de la
Commission des lésions professionnelles, il y a aussi la commission des
services essentiels.
Mais
actuellement, ce qu'on appelle le TAT, il y a quatre divisions. Il y a la
division des relations du travail, c'est tous les recours qui peuvent être intentés, en vertu du Code du travail,
sur le droit d'association, la protection de l'emploi, des plaintes de
congédiement sans cause juste et suffisante. Ça, c'est une division. La
deuxième, c'est santé et sécurité, tous les
recours employeur, travailleur, surtout des cas d'indemnisation. Un travailleur
subit un accident de travail ou une maladie
professionnelle, il faisait une réclamation à la CSST, maintenant, il la fait à
la nouvelle commission, et ultimement, il
est entendu au TAT, plus à la CLP. La troisième division, c'est les services
essentiels. Ça, c'est essentiellement les services qui doivent être
maintenus en cas de conflit, en cas de grève, pour préserver la santé et la
sécurité de la population. Puis enfin il y a
une quatrième division, construction et qualification professionnelle. Ça,
c'est pour entendre les recours prévus dans des lois particulières
concernant l'industrie de la construction.
Je veux
profiter de l'occasion pour dire que le tribunal encourage le règlement à
l'amiable de tous les litiges, et il
y a un service de conciliation, des conciliateurs qui sont nommés pour aider les
parties dans chacune de ces divisions-là pour éviter l'audience devant
le Tribunal administratif du travail. Pour le bénéfice de ceux qui nous
écoutent, le TAT prévoyait... Il y a un
défi, là... c'est sûr qu'il y a deux cultures dominantes : les relations
de travail puis la santé et sécurité. Et
d'intégrer... Comme n'importe quelle fusion d'entreprise, il faut fusionner des
cultures, des façons de faire, des façons de penser, et ça, c'est un
défi important du TAT.
Et ce qui
m'avait impressionné, dans la personne qui assume actuellement, Lucie Nadeau,
la présidence du TAT, c'est cette
espèce de préoccupation là qu'elle avait pour l'intégration des deux cultures,
que tout le monde travaille ensemble avec beaucoup plus d'intérêts
communs et plus du tout d'intérêt divergent. Et elle provenait du milieu santé
et sécurité, puis quand elle est devenue
vice-présidente à la cohésion, elle se préoccupait... en allant sur l'avenue
Port-Royal assister à des audiences
en matière de relations de travail, pour s'imbiber de la philosophie, de la
culture des relations de travail, pour être en mesure de mieux faire son
travail d'intégration.
Elle est
maintenant à la tête du TAT, et j'en profite pour la féliciter. Elle est avec
nous aussi ce soir. Et je sais qu'à sa première année d'existence, c'est
il y a trois ans, le TAT prévoyait des économies substantielles et récurrentes
de près de 6 millions, puis
aujourd'hui, il y a eu une réduction
du budget du TAT de 5,5 millions pour 2019‑2020.
Ça, c'est une retombée concrète de la
fusion des commissions et de la création d'un tribunal qui chapeaute les quatre
divisions depuis un peu au-delà de trois ans maintenant. Merci, Mme la
Présidente.
• (21 h 50) •
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste 6 min 30 s.
M.
Lévesque (Chauveau) :
Rapidement, Mme la Présidente, je me permets de saluer également
la présidente du Tribunal administratif du travail. Et M. le ministre
semblait nous parler de certains défis, là, justement, là, des enjeux de culture, à mixer ensemble et à favoriser le
travail. Mais la question suivante, bon, c'est toujours un défi d'adaptation,
c'est évident, deux structures qui
sont différentes, mais il y a certainement eu des gains à quelque part, puis
c'est là que je voudrais entendre le ministre, si possible, Mme la
Présidente, sur, est-ce qu'il y a eu des gains d'efficacité, est-ce qu'on...
Finalement,
est-ce que trois ans plus tard, là, trois ans plus tard, après la fusion des
deux entités précédentes, est-ce qu'il y a des gains d'efficacité et qu'on
peut en faire un bilan positif ou, au contraire, peut-être... ça peut être une
erreur, mais je voudrais entendre le ministre sur cette question-là.
M.
Boulet : Oui, tout à fait. Mme la Présidente, merci à mon collègue de
Chauveau. C'est important de parler des retombées. Quand on fusionne, on a l'impression qu'on va faire des
économies d'échelle, qu'on va faire des gains d'efficacité, mais
attardons-nous à une conséquence concrète
On a
déployé, au TAT, au cours des dernières années, des salles d'audience
numériques qui permettent aux juges administratifs de tenir des
audiences sans papier, et ça, c'est une avancée considérable. Chacune des
salles d'audience est dotée d'écrans
d'affichage pour le juge, les parties et les témoins, puis le juge contrôle
l'affichage des documents sur les écrans. Les parties peuvent déposer
des pièces numériques en cours d'audience grâce à des ports USB.
Donc, comme
dans une audience régulière où les parties arrivent leurs cahiers de
jurisprudence, avec leurs listes de
pièces en liasses et ils déposent ça, ça fait des accumulations de papier. Moi,
je l'ai vécu, mon collègue de René-Lévesque l'a probablement connu, les dossiers de la CLP, on recevait les dossiers
recto verso, quelques pouces d'épais. Il n'y a plus ça, c'est en train de
disparaître, on fait des audiences purement numériques. Et là je pense qu'il y
a 24 de nos 65 salles qui sont dotées de l'infrastructure
numérique, et ça, selon moi, c'est vraiment une incidence concrète qui démontre
la capacité de la nouvelle structure de se
doter d'outils efficaces, et au bénéfice des justiciables, de ceux qui
contestent, de ceux qui ont besoin,
puis il y a des rencontres de conciliation qui vont pouvoir bénéficier des
mêmes avantages numériques.
Donc, voilà,
et sans oublier le fait que ces audiences-là se déploient partout sur le
territoire du Québec. Donc, même dans
les régions, qu'on soit à Gaspé, à Saguenay, à Val-d'Or, on bénéficie de ce
même type d'audience là. Moi, j'appelle ça un accroissement de la régionalisation des
services d'un tribunal qui rend des décisions qui ont des impacts partout au
Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Il vous reste trois minutes.
M.
Lévesque (Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Justement, le
ministre débute un peu la réponse, mais
une question que j'avais... c'est parce que j'ai vu que, dans les valeurs du
tribunal, il y a trois valeurs fondamentales : l'accès à la
justice, l'impartialité, et l'écoute et le respect, les trois valeurs
principales, écoute et respect étant ensemble.
L'accès à la justice, c'est une préoccupation
que j'ai. Étant originaire... Même si je suis député dans la région de Québec, de Chauveau, il n'en demeure pas moins
que je suis un gars de région. Je suis originaire de la Côte-Nord, j'ai grandi à Baie-Comeau. Et malheureusement on n'a
pas toujours les mêmes services, en région, que les grandes villes. On part de notre petite région qu'on adore pour avoir
plus de services. C'est malheureux, parce que nos régions sont magnifiques,
elles sont regorgées de talent, elles sont
regorgées de beautés naturelles, mais malheureusement, moi, c'est ce que je
vivais quand j'étais sur la
Côte-Nord, mon collègue de René-Lévesque étant ici, je le salue, et je pense
qu'il est d'accord avec moi, il faut travailler pour nos régions. Sachez,
M. le député de René-Lévesque, que je suis un allié.
Mais, ce tribunal-là, est-ce qu'il a rapproché
les services des citoyens? Est-ce qu'il a permis davantage que les travailleurs des différentes régions, et pas seulement
les travailleurs, mais ceux qui y ont accès, qui ont des besoins en matière de justice, au niveau du
travail, est-ce que ça a rapproché... c'est plus accessible maintenant?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous avez une minute, M. le ministre, pour répondre.
M. Boulet : Merci,
Mme la Présidente. J'aimerais... oui,
j'avais donné un début de réponse précédemment, mais je veux d'abord souligner, quand
vous référez à l'accès et à l'impartialité, l'écoute et le respect, c'est des
valeurs qui m'apparaissent essentielles à la
vitalité d'un tribunal aussi important que celui-là. Et on s'assure de la
compétence et de l'expertise des
personnes qui siègent au tribunal administratif.
On a un processus de sélection qui est extrêmement rigoureux. On s'assure de nommer des personnes qui sont en
mesure de respecter ces valeurs-là d'accessibilité, d'impartialité et de
respect. Le conseil consultatif nous fait
des recommandations. On s'assure que les personnes qui y siègent sont
acceptées, tant par les employeurs que par les syndicats.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je vous invite à conclure, M. le ministre.
M. Boulet : Et deuxièmement,
les audiences numériques qui se déploient partout au Québec permettent des
audiences virtuelles qui sont extrêmement bénéfiques pour les justiciables.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Alors, nous passons au troisième bloc de l'opposition
officielle. Alors, la parole est au député de Vimont. Vous avez
17 minutes.
M.
Rousselle : Merci, Mme la Présidente. En tout cas, je peux vous dire
que j'ai remarqué que l'adjoint parlementaire a un amour fou pour son
ministre, je peux vous dire...
Une voix : Le «bromance».
M. Rousselle : C'est du «bromance»
total. Bon.
Une voix : ...
M. Rousselle : Pardon?
Une voix : ...
M. Rousselle : C'est sûr, vous avez
raison.
Tantôt,
j'écoutais, au niveau des arbitres. Je sais que vous avez une expérience,
justement, au niveau du travail, moi aussi.
J'ai été 23 ans au niveau de la négociation, mais moi, sur le côté
syndical, vous, côté patronal. Je veux voir... Parce que je veux parler au niveau
médiateur-conciliateur. On le sait qu'il y en a qui sont choisis du côté
syndical, d'autres patronal. Je
voudrais vous parler du mode d'embauche. À un moment donné, vous savez comme
moi, il y en a qui... en tout cas, je pense,
avec l'expérience que j'ai, puis là je ne sais pas si vous allez être d'avis
avec moi, c'est qu'à un moment donné ça prend des gens d'expérience aussi là-dedans. Vous savez, quand tu veux
régler des cas... tu sais, tout à l'heure, je faisais une relation entre le père avec les deux enfants, mais
c'est un peu ça. Donc, ça prend quelqu'un qui a une expérience pour... ou
une expertise aussi pour embarquer dans des dossiers qui peuvent être
compliqués.
Donc, je voudrais voir si vous avez... vous
voulez regarder ça ou vous avez une pensée là-dedans, sur le mode d'embauche. Parce que je sais que des fois il y a
une question aussi de salaire là-dedans. Vous savez bien que, quand tu vas
chercher quelqu'un qui est plus connaissant
qu'un autre, plus d'expérience, bien, des fois, il va demander un salaire plus
onéreux, si on veut l'avoir. Donc, je voulais voir votre réflexion là-dessus,
si vous avez réfléchi à ça.
• (22 heures) •
M. Boulet : Oui, tout
à fait. Mme la Présidente, je suis un grand partisan des méthodes alternatives
de résolution de litige,
particulièrement en relations de travail. Et, pour moi, le service de
conciliation-médiation, il est vraiment au coeur de nos activités et de notre mission. Et il faut savoir qu'on recrute
avec énormément de rigueur. On demande à nos conciliateurs de posséder au moins 12 ans d'expérience en
relations de travail, dont quatre années minimalement consacrées à la
négociation collective, que ce soit pour les patrons ou les syndicats. Ils
bénéficient d'un coaching à leur entrée en fonction puis ils profitent d'une formation continue tout au long de leur
carrière. Donc, ils ont un coffre à outils qui est très garni, mais ce n'est
pas...
Ceci
dit, là, je vais être très franc, encore une fois, avec mon collègue de Vimont,
ce n'est pas facile de recruter. Puis c'est sûr que parfois je me fais interpeler
sur leurs conditions de travail, leur rémunération, et ça me force à faire des réflexions, parce que c'est important
d'avoir des bonnes personnes, des personnes non seulement qui ont les années
puis les expériences auxquelles je fais référence, mais qui ont aussi le
profil puis les habiletés d'être de bons conciliateurs. Et ça, ce n'est pas donné à tout
le monde. Ça s'acquiert en partie,
mais il y en a pour qui c'est vraiment naturel. Et ça, c'est
important, il faut que ces personnes-là se soient façonnées avec un habit puis
un profil de conciliateur.
Et
peut-être qu'il y
a des personnes, dans les milieux privés,
publics ou parapublics, qui ont ce profil-là, qui ont les expériences et les habiletés. Il faudrait peut-être
hausser un peu la rémunération, mais c'est une réflexion que je fais et
que je pourrai partager, dans le temps, avec vous. Je pense que ça vous
préoccupe aussi. Je l'ai vu à la commission parlementaire, équité
salariale, les ressources
en conciliation. N'hésitez pas, on
pourra se rencontrer de façon épisodique pour en discuter. On a un concours, d'ailleurs, de recrutement en cours,
si vous connaissez des personnes. Là, on a sept nouvelles ressources
puis on a un concours de recrutement...
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Boulet : Non, mais je le dis pour le bénéfice de tout le monde, je ne
le dis pas en badinant. Si on connaît des personnes qui ont
l'expérience, l'expertise et le profil... Et vous savez qu'on offre aussi...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est bien, M. le ministre. Je pense qu'on
va poursuivre, il y a une autre question.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Il faudrait...
M.
Rousselle : ...je n'ai même plus 17 minutes. Je voudrais vous
parler, justement, concernant... Écoutez, j'ai été dernièrement, justement, aux
commémorations concernant les gens qui ont été blessés en accident de travail,
qui sont morts aussi en accident de travail. Et vous avez parlé d'une réforme,
à un moment donné, de la Loi de la santé et sécurité au travail.
Aujourd'hui, je
parlais justement avec d'autres gens, des représentants syndicaux qui, comme je
vous disais tantôt, ont fait le tour de
l'Assemblée nationale. Et puis ça, c'est justement une loi, je pense, qui est
due pour être revue, qu'il faut actualiser, parce qu'aujourd'hui il y a
tellement de choses qui ont été modifiées au travail, autant au niveau de la construction, peu importe. Mais je voulais
voir, la réforme, j'ai entendu parler, à un moment donné, que vous étiez
pour en faire une à l'automne ou dans ce
coin-là. Dans quelle forme que vous allez la présenter? Ça va-tu être un projet
de loi? Ça va-tu être... Je vous laisse aller là-dessus.
M.
Boulet : Oui, j'en ai fait une priorité. La Loi sur la santé et
sécurité du travail a été adoptée en 1979. La Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles a été adoptée en 1985. À l'époque, le Québec était
progressiste, était à l'avant-garde. Aujourd'hui, on est en arrière sur
tellement d'aspects en matière de prévention et d'indemnisation. On n'a rien fait, on n'a pas amendé ces lois-là,
sauf pour des éléments vraiment cosmétiques. Mais tant en santé et sécurité
qu'en accidents de travail, maladies
professionnelles, on a besoin de moderniser notre régime à bien des égards pour
permettre un meilleur accès à l'indemnisation, promotionner la valeur de
la prévention pour réduire la fréquence et la gravité des accidents de travail, adapter la prévention dans
les milieux de travail en tenant compte du niveau de risque, assurer un
meilleur soutien aux travailleurs accidentés, puis répondre à tous les
enjeux liés à la santé psychologique.
Et
mon collègue de Vimont le sait très bien, on pourrait parler du développement
des... l'augmentation du nombre de
cas de surdité professionnelle, le développement et la multiplicité des cancers
chez les pompiers, les nouvelles maladies professionnelles qui sont apparues depuis l'adoption de ces deux
lois-là. La reconsidération de l'annexe I de la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, décembre 2019 est mon objectif, en termes de temps, pour un
projet de loi. Merci.
M.
Rousselle : Merci. Réponse... Question courte, juste... je n'ai pas
beaucoup de temps.
Écoutez,
les risques du métier augmentent toujours
avec les gens qui viennent de l'étranger. On le sait que, là, l'été approche,
donc les gens... des travailleurs saisonniers arrivent, et bien souvent ces
gens-là, ils ne peuvent pas justement...
ils ont peur de représailles, ils arrivent d'ailleurs,
donc ils ne veulent pas perdre leur emploi. Ils arrivent ici pour travailler,
pour amener de l'argent chez eux.
Je
sais que la CNESST, elle a blâmé des entreprises, justement, sur de la déficience au niveau... il y a des gens qui se sont noyés, je
vois justement un Mexicain qui s'est noyé. Est-ce qu'on va faire quelque chose
de vraiment ponctuel là, parce que là l'été approche et puis... Je ne
sais pas si la CNESST, elle peut être plus sur le terrain pour aller regarder
qu'est-ce qui se passe vraiment, parce que, là, le danger s'en vient.
M.
Boulet : Absolument. Merci, Mme la Présidente. On en a parlé, on ne
fera pas de quoi de ponctuel, on va faire de quoi de permanent, et le règlement sur les agences de recrutement de
travailleurs étrangers temporaires vise essentiellement à permettre à ces personnes-là de connaître leurs
droits et de s'assurer que les employeurs, ou ce qu'on appelle les entreprises
clientes, accueillent ces travailleurs-là de
façon respectueuse, que ces travailleurs-là sachent bien qu'ils sont protégés
par le régime d'indemnisation qui est
contenu dans la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, et la CNESST va pouvoir intervenir, faire des enquêtes
et des vérifications.
Et au-delà de tout ça, j'informerai mon collègue
de Vimont qu'il y a des actions de sensibilisation qui vont être amorcées à la CNESST, et une stratégie à
l'intention spécifique des immigrants et des travailleurs étrangers temporaires
est en cours de réalisation pour
s'assurer que ces personnes-là connaissent bien leurs droits et qu'elles soient
bien encadrées, non seulement que les
agences aient des permis, mais qu'on fasse un suivi, qu'on se donne les outils
de bien accueillir et de bien protéger ces personnes-là. Merci, Mme la
Présidente.
M. Rousselle : Oui, c'est beau.
M. Boulet : C'est bon? O.K. On va...
M.
Rousselle : On va continuer toujours dans le même sens. C'est que là,
tantôt, il y a un de mes collègues qui nous a parlé des travailleurs et
travailleuses domestiques. On sait qu'ils ne sont pas couverts ou... il y a quelque
chose qui arrive là-dedans, parce que là,
bien souvent, encore une fois, ils ne veulent pas avoir de représailles, ils ne
veulent pas perdre leur emploi, et puis il y a aussi ceux qui... parce
qu'il y a... la majorité, c'est des femmes. Oui, il y a des hommes là-dedans, mais la majorité, c'est des femmes, et
justement ils ne veulent pas retourner dans leurs pays parce qu'ils veulent
justement garder... ils veulent avoir leur permanence... une manière de parler,
leur permanence canadienne ici.
Donc, est-ce
que la CNESST va s'occuper de ça un petit peu ou... Est-ce que vous allez voir,
avec la modification de loi que vous allez amener...
M.
Boulet : Oui. Mme la Présidente, très brièvement, c'est une question
que nous analysons présentement et qui va être considérée lors du dépôt de
projet de loi, puis on aura l'opportunité d'en discuter assurément. Et puis,
comme je le proposais à mon collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, essayons de nous rencontrer de façon épisodique pour
discuter de l'avancement de ces dossiers-là qui sont vraiment plus
spécifiques. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...5 min 32 s. Je laisse la parole à la députée de Fabre.
• (22 h 10) •
Mme
Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je veux revenir sur les propos de mon collègue de René-Lévesque
et sur le télétravail. Je vous avouerai que
je suis vraiment très surprise et déçue de la réponse du ministre, parce qu'à
mon avis il y avait une belle
invitation, qui était celle de légiférer sur cette question, et finalement
l'occasion, ce que j'entends, c'est
que c'est un peu... c'est vraiment raté et manqué. Deux projets pilotes, deux
ans plus tard, on regardera ce que ça donne. Je pense que c'est vraiment de manquer une belle opportunité d'autant
plus que, quand on parle de pénurie de main-d'oeuvre... et là je ne veux pas rentrer dans le dossier de
l'emploi, mais je vais faire le lien rapidement avec le travail, pour répondre
à la pénurie de main-d'oeuvre, le ministre invite à l'innovation, il invite à
la productivité. Qu'en est-il de l'attractivité?
Et moi, pour
moi, les entreprises doivent se doter de stratégies d'attractivité pour
recruter et garder du personnel. Alors,
je n'entends rien là-dessus. Donc, le ministre veut que les entreprises innovent,
mais qu'en est-il de sa propre innovation? Je trouve qu'il y a là une
occasion excessivement privilégiée de faire face à un élan qui existe. On le
sait, sur les routes, il y a de la
congestion, il y a des travaux, il y a beaucoup, beaucoup d'opportunités pour
aller dans le sens du télétravail. On est
en retard au Québec, on est sous la barre du 10 % alors que, dans les pays
scandinaves, c'est jusqu'à 15 % des emplois qui sont en
télétravail. Je sais qu'il y a des secteurs qui sont plus favorables au
télétravail. Je pense entre autres aux TI, je
pense à l'entreprise Telus qui a mis en place une politique pour favoriser le
télétravail et, 10 ans plus tard, se retrouve avec 70 % de ses employés en 2016 qui sont dans
cette optique-là. Il y a une étude ce matin qui est sortie dans Le
Huffington Post, une enquête SOM
qui vérifie un peu la motivation des gens à aller vers tel type d'entreprise,
puis la notion d'autonomie puis de créativité faisait partie des
questions.
Tout ça pour dire qu'il y a une réalité, puis il
y a un contexte de pénurie, puis il me semble que l'attractivité qui passe par le télétravail, c'est une solution
qui ne peut pas attendre deux ans. Alors, moi, franchement, je regarde aussi
par rapport aux travaux routiers qui se
font. Ce matin, il y avait un article de la Banque Nationale, le secteur
banquier qui réaménage des locaux dans certains secteurs parce qu'il y
aura des routes bloquées, puis on veut favoriser les travaux du REM, les grands
transports... les grands travaux routiers.
Donc, les
entreprises commencent à avoir un élan, mais en même temps, deux projets
pilotes au coeur de la fonction publique,
c'est vraiment trop peu, trop tard, d'autant plus qu'il y a des outils qui
existent dans le propre ministère. Je fais appel au comité sectoriel de main-d'oeuvre, dont on n'a pas du tout
parlé durant les crédits, et je pense à TechnoCompétences, qui a un guide extraordinaire d'implantation de
télétravail dans les entreprises. Alors, moi, j'invite vraiment le ministre...
Je ne suis pas satisfaite de sa réponse et
je veux vraiment une affirmation beaucoup plus claire pour le télétravail, et
pour prendre l'élan, puis faire en sorte que les entreprises, en même temps, se
dotent de solutions pour la pénurie de main-d'oeuvre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Je suis un peu... je vais partager l'étonnement de ma collègue de
Fabre. Parler de télétravail sans référer
aux personnes handicapées m'étonne venant de vous, qui êtes une personne
extrêmement empathique, extrêmement
intéressée par les personnes qui sont en situation de handicap. Et à chaque
fois qu'on soulève la question du télétravail, on
réfère notamment aux stratégies visant à l'intégration ou le maintien en emploi
des personnes handicapées.
Et on ne
légiférera pas sur tout ce qu'on considère important. On va-tu faire une loi
pour dire qu'on est d'accord avec le
télétravail? Puis dire qu'il y a deux projets pilotes dans la fonction publique
sur le télétravail, ce n'est jamais ce qu'on a dit. On parle de mon ministère, on parle du ministère du Travail, de
l'Emploi et de la Solidarité sociale et on parle de la CNESST, Mme la collègue, ma collègue de Fabre. Ce
n'est pas dans l'ensemble de la fonction publique. Si on en faisait
l'inventaire, il y en a beaucoup du
télétravail. Et, si vous voulez savoir mon ouverture ou ma fermeture, je suis
totalement ouvert. Puis je l'ai dit
tout à l'heure, on est même prêts à assumer 85 % des frais de formation
des personnes visant à s'adapter au télétravail et suite à l'acquisition
de nouvelles technologies ou visant à accroître la productivité. On est
totalement ouverts à ça.
Mais ce n'est
pas parce qu'on est ouverts ou favorables qu'on va se mettre à faire des lois
puis dire aux entreprises... Vous
savez, on est d'accord. On n'a pas que des projets pilotes, on a des projets en
action. Le télétravail, c'est important. Allez-y, faites du télétravail. Il faut savoir que le télétravail dépend
aussi de chaque secteur. Il y a des secteurs d'activité qui ne se prêtent pas à
la mise en place du télétravail ou au développement du télétravail. Voilà, je
pense que, Mme la Présidente, vous m'avez entendu. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Je vous remercie. Merci pour l'échange
pertinent. Nous y allons maintenant avec le dernier bloc du
gouvernement, avec la députée de Saint-François. Il vous reste 13 min 44 s.
Mme
Hébert :
Merci, Mme la Présidente. Bonsoir à toutes et à tous. Alors, M. le ministre, je
sais qu'il est tard, qu'on est fatigués, mais je vais essayer quand même de
vous animer ça un peu pour que... au lieu de vous endormir.
Donc,
j'aimerais aborder le dossier de la rareté de la main-d'oeuvre dans le domaine
de la construction et de la CCQ également. Bon, comme on a pu constater ce
soir, c'est un dossier qui touche autant votre chapeau de ministre du Travail,
mais aussi de l'Emploi. Donc, la rareté de
la main-d'oeuvre, c'est une problématique qui, on le sait, est reliée à
plusieurs facteurs, et, ce soir, vous en avez énuméré quelques-uns.
Aussi, je suis très heureuse de discuter de
construction ce soir avec vous. Ça va peut-être en surprendre quelques-uns, mais j'ai
oeuvré dans le domaine de la construction dans les dernières années. J'ai été
chargée de projet en construction résidentielle
et semi-commerciale pour la même compagnie où mon conjoint oeuvre encore comme
charpentier menuisier depuis près de
12 ans. Évidemment, je ne prétends pas être une experte après sept
ans dans le domaine, mais je le connais quand même un peu et j'ai mes
cartes de santé et sécurité. Je me suis souvent levée très tôt pour enfiler mes
bottes et mon casque, d'un beau rose
comme votre tailleur, Mme la
Présidente, pour aller superviser les
chantiers. Donc, je vous dirais que j'en faisais sourire plusieurs le
matin.
Je connais le
parcours des gens qui pratiquent les métiers de la construction. Mon conjoint,
mon gendre, d'autres de mes proches
sont dans le domaine. Le milieu de la construction, c'est un domaine où les
compétences sont bien catégorisées en différents corps de métier. Les gens qui
les pratiquent doivent aller chercher une expertise précise. Ça, je peux vous
l'assurer, c'est très bien encadré. Je crois que c'est ce qui fait la qualité
et la force du domaine : sa main-d'oeuvre compétente et bien formée. Les travailleuses et
les travailleurs de l'industrie de la construction, ce sont des bâtisseurs, au
sens propre puis au sens figuré. L'industrie est primordiale pour
l'économie du Québec.
Je dis que je connais un peu le domaine pour y
avoir travaillé, mais j'aimerais vous entendre, M. le ministre, si vous
permettez, Mme la Présidente. Qu'est-ce qui caractérise l'industrie de la
construction, contrairement à d'autres industries
au Québec, selon vous? Et pouvez-vous nous en dire un petit peu plus, comment
on accède à l'industrie? Parce que je crois que cet élément-là est
essentiel dans la compréhension du domaine.
M. Boulet : Mme la Présidente, avec
votre consentement, je vais me fier, pour la réponse, à une personne pour qui j'ai entièrement confiance, la présidente de
la Commission de la construction du Québec. Sur la façon d'accéder, moi,
j'ai des éléments de réponse, mais Diane, si ça...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que nous avons le consentement pour faire intervenir... Nous avons le
consentement? Oui. Alors, je vais vous demander de vous présenter, prénom, nom
et le titre.
Mme
Lemieux (Diane) : Bonjour.
Je suis Diane Lemieux, présidente-directrice générale de la Commission de la
construction du Québec.
Alors, il y a
un certain nombre d'années, l'industrie a fait un virage important pour
favoriser l'entrée dans l'industrie de
gens qui ont des diplômes. Ça a été un engagement important de l'industrie,
parce que, vous l'avez dit, il y avait des enjeux de compétence. Alors, le chemin principal, actuellement, je n'ai
peut-être pas toutes les données sous les yeux, mais le plus grand nombre de
travailleurs et de travailleuses qui entrent dans l'industrie, c'est des gens
qui ont suivi un D.E.P. dans les différents métiers. Alors, c'est
vraiment le plus gros volume.
Ceci étant
dit, on peut aussi entrer dans l'industrie de la construction, par exemple,
lorsqu'il y a un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, lorsque, donc, il n'y a
pas suffisamment d'apprentis, de compagnons qui sont disponibles pour le travail. Donc, par pénurie de main-d'oeuvre, il
y a toute une mécanique, un certain nombre de critères. Et, à partir de là,
les gens sont donc des apprentis, et puis, là,
ils complètent leurs heures, puis éventuellement ils vont devenir des
compagnons. On peut aussi entrer dans
l'industrie de la construction par certaines cartes de compétence qu'on appelle... par des exemptions. Par exemple, il y a un élément dans la réglementation qui permet
d'émettre une carte de compétence à un conjoint, ou une conjointe, ou un fils, ou une fille d'un employeur. Et ça, c'est
un peu en lien avec le fait que la structure de l'industrie est beaucoup...
on a beaucoup de petites entreprises, qui sont fantastiques même si elles sont
petites, mais beaucoup d'entreprises
familiales. Donc, c'est beaucoup dans le souci aussi du passage de l'entreprise
aux enfants ou de l'accompagnement du conjoint ou de la conjointe. Alors, je dirais que c'est les trois
chemins les plus souvent empruntés, le principal étant tout de même par
voie de diplomation.
• (22 h 20) •
Mme
Hébert : Donc, maintenant, j'aimerais parler plus précisément de la pénurie de main-d'oeuvre dans le domaine de la construction, on vient... on vient de parler. La Commission de la construction du Québec, la CCQ, doit s'assurer de maintenir
l'équilibre entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre dans les métiers de l'industrie
de la construction et différentes régions que vous venez d'énumérer, doit
également avoir une connaissance réelle de la disponibilité de la main-d'oeuvre pour assurer une gestion efficace
des bassins dans toutes les régions. Donc, je résume bien ce que vous avez dit.
À l'instar
des autres industries, celle de la construction doit faire face à des enjeux de
main-d'oeuvre. La main-d'oeuvre
qualifiée devient de plus en plus rare et fortement sollicitée, notamment à
cause du vieillissement de la population, la concurrence avec d'autres industries
et l'épuisement du bassin traditionnel de la main-d'oeuvre.
Là,
j'aimerais vous amener sur une situation à Sherbrooke. Moi, je suis de la circonscription de Saint-François, donc il y a une bonne partie qui
appartient à Sherbrooke. Présentement, il y a une pénurie de main-d'oeuvre de
compagnons. Donc, j'ai été sensibilisée par rapport au ratio de compagnon-apprenti, qui est un pour un, et que c'est très
difficile de respecter ces ratios-là
qui sont exigés par la CCQ. Puis, suite avec des discussions avec un
représentant syndical en Estrie, on m'a souligné qu'il y a souvent des demandes pour qu'on ouvre les bassins,
puis, bien, il faut savoir que l'an passé le bassin a juste été ouvert
une fois au mois de septembre en Estrie, là, je parle bien.
Donc, les
entrepreneurs, ils aimeraient savoir si c'est possible d'avoir un peu plus de
souplesse, si c'est dans votre vision,
avec la pénurie de main-d'oeuvre, pour les ratios un par un. Ils veulent avoir des
solutions viables pour permettre justement d'engager plus d'apprentis et des... Ils veulent
des engagements pour respecter... Il leur manque de main-d'oeuvre. Est-ce que le pourcentage de travailleurs sans emploi avec
des cartes pourrait être augmenté pour pallier à ce problème?
Présentement, il est de 10 % en Estrie. Mais ce n'était pas ma question,
hein, j'ai lancé des pistes de solution.
Alors, maintenant,
Mme la Présidente, là, je lance la grande question : Y a-t-il vraiment
une pénurie de main-d'oeuvre
dans l'industrie de la construction ou c'est seulement en Estrie?
M. Boulet : Bien, il y en a une,
pénurie de main-d'oeuvre. Moi, je veux amorcer, puis, Diane, tu compléteras. Il y en a une, pénurie de main-d'oeuvre. Il y en a qui réfèrent à la rareté de main-d'oeuvre, d'autres à la
pénurie. Je pense que, du côté
syndical et du côté patronal, on ne s'entend pas nécessairement sur le concept,
mais il y a un nombre de postes vacants
important, et les règles d'accès pour certaines
personnes... La solution, pour les syndicats, ça passe par la mobilité
puis, pour le patronat, ça passe par l'entrée de nouvelle main-d'oeuvre.
Mais je sais qu'ils sont très actifs à la Commission
de la construction du Québec. Ils considèrent beaucoup les bassins de main-d'oeuvre
sous-représentés, comment mieux intégrer les femmes. Ils se sont donné une
cible de 3 %, ils sont actuellement à 2,1 %, mais il faut
accroître le nombre de femmes dans le secteur de la construction. Il faut
humaniser, il faut développer les préjugés
parfois négatifs qu'on a souvent à l'égard du domaine de la construction pour
le rendre plus attractif, plus
accueillant. Il y a les autochtones aussi parce que dans certaines régions...
Je le mentionnais, je pense, ce matin, il
y a des régions où il y a 20 %, 25 %, 30 % de main-d'oeuvre disponible qui sont des autochtones et des personnes prêtes à intégrer, si on les accompagne bien, on les
intègre bien. Il y a les immigrants puis il y a d'autres groupes
sous-représentés.
Je sais que
la commission est très active aussi au
niveau de la formation et je vais
laisser, à cet égard-là, peut-être la présidente de la commission, avec votre
consentement, compléter ma réponse.
Mme
Lemieux (Diane) : Alors, merci. M. le ministre met la table.
Je vais essayer de rester dans la même foulée.
Effectivement, bon, il y a une sensibilité dans le milieu de la construction
sur le choix des mots, mais, comme je dis, la langue française est formidable, alors on peut parler de rareté, de
problématique, de difficulté de recrutement, d'insuffisance. Mais nous
avons produit une étude qu'on a mise en ligne, d'ailleurs, il y a très peu...
sur notre site... il y a peu de temps sur notre site. Si vous le souhaitez,
vous pouvez la consulter. Je vais vous en dire les grands éléments. Nous
constatons qu'il y a des enjeux de
recrutement, de rareté de main-d'oeuvre dans certains métiers et dans certaines régions.
Ce n'est pas sur l'ensemble du territoire, mais il y a des
problématiques de recrutement, clairement.
Et il y a plusieurs
facteurs. Alors, il y a la réalité d'aujourd'hui et il y a plusieurs
facteurs qui doivent nous... pour lesquels on doit être extrêmement
attentifs. Vous l'avez nommé, comme dans d'autres secteurs d'activité, nous
faisons face à une main-d'oeuvre de la construction qui est vieillissante. C'est la réalité, mais jumelé
à ça, au fait que nous avons constaté
une baisse relativement significative du nombre de gens qui s'inscrivent
et qui complètent des diplômes. Donc, ça
fait en sorte... quand on combine ces
deux éléments-là, il y a là, donc, une combinaison dangereuse, si on pense à
l'avenir, d'autant plus que l'activité économique, dans le domaine de la
construction, elle est vraiment au rendez-vous.
L'autre
indice qui nous fait dire qu'il y a une problématique de recrutement, c'est
qu'on a émis... par exemple, en 2018,
on a entré des gens dans l'industrie par ouverture de bassins, pour reprendre
votre expression. On a entré 9 000 personnes,
et c'est exceptionnel autant... entrer autant de gens par pénurie de
main-d'oeuvre dans une année, c'est exceptionnel. C'est donc le signe
qu'il y a des problématiques.
Alors, il y a
plusieurs défis. On a épuisé un peu les stratégies habituelles d'embauche. Il
faut aller ailleurs, il faut aller en chercher ailleurs. Les femmes, le
ministre l'a signalé, on a de l'espace encore qu'on peut occuper. La population...
La main-d'oeuvre dite de la diversité, elle
n'est pas présente dans l'industrie de la construction. Au Québec, la
main-d'oeuvre dite de la diversité
représente 6 % de la main-d'oeuvre de l'industrie de la construction,
13 % au Canada. Ça veut dire qu'on a de l'espace qu'on peut occuper
encore. Même chose pour les autochtones.
Moi,
je travaille activement, actuellement, notamment avec l'Assemblée des Premières
Nations, sur la question des autochtones, notamment en région. Ils ont
le droit de profiter des bénéfices d'un grand projet. Ils ont toute la
légitimité de vouloir donner des emplois à
leurs jeunes, qu'ils puissent gagner leur vie. Et on a encore, là... on a moins
de 1 % de la main-d'oeuvre autochtone dans l'industrie. Alors, il faut
aussi aller vers d'autres sources d'embauche pour nous permettre de
relever ces défis-là.
La bonne
nouvelle, c'est que j'ai provoqué, il y a quelques semaines, une rencontre de
l'ensemble de l'industrie sur ce sujet-là. Ce n'est pas le mandat de la
commission. La commission n'est pas l'employeur, on n'emploie pas sur les
chantiers. On peut documenter. Donc, on a un
rôle relativement limité, mais je trouvais que... je sentais qu'il y avait un
besoin des grands partenaires de l'industrie
d'avoir un moment d'échange. Et on a convenu de se revoir pour discuter
ensemble des stratégies qui nous permettraient de...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Mme
Lemieux, je vais vous inviter à conclure. Je vais vous inviter à conclure, il
reste 30 secondes.
Mme
Lemieux (Diane) : ... — oui, parfait — qui vont nous permettre, j'espère, de résoudre ces
problèmes-là pour l'avenir. Et je suis originaire de Sherbrooke.
Des voix : Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, je vous remercie. Merci pour l'échange.
Adoption des crédits
Écoutez,
ça met... c'est tout le temps qui était alloué pour l'étude de crédits du volet
Travail, du portefeuille Travail, Emploi et Solidarité sociale, alors, maintenant,
nous allons procéder à la mise aux voix des crédits.
Alors, le programme 1, intitulé
Gouvernance, administration et services à la clientèle, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Adoption de l'ensemble des crédits
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Sur division. L'ensemble des crédits
budgétaires du portefeuille Travail, Emploi et Solidarité pour
l'exercice financier 2018‑2019 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Sur
division.
Je veux juste
répéter la demande ou, enfin, de bien... Je précise qu'il y avait une demande
du député d'Hochelaga-Maisonneuve
quant au nombre de plaintes déposées aux deux organismes. Vous vous êtes
engagé, M. le ministre, de lui remettre... de nous remettre
l'information.
M. Boulet : Tout à fait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Écoutez, moi, j'aimerais...
Documents déposés
Oh! En
terminant, je dois déposer... nous devons déposer également les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition. C'est ici, je les dépose.
C'est parfait.
Écoutez, je
tiens sincèrement à vous remercier, ça a été des journées assez longues, merci,
tant pour vous que pour nous. Alors,
merci sincèrement pour votre patience, pour vos échanges constructifs, merci à
toutes et à tous, ainsi qu'aux invités. Alors, merci. Bonne fin de
journée.
(Fin de la séance à 22 h 29)