(Quinze
heures)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, attention, c'est
commencé. Nous allons reprendre nos travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques. Je vous remercie.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet PME et Innovation des crédits budgétaires du portefeuille Économie et Innovation pour l'exercice
financier 2019‑2020.
Une enveloppe de trois heures a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme
la Présidente. Mme Hébert (Saint-François) remplace M. Allaire
(Maskinongé); M. Chassin (Saint-Jérôme) remplace M. Lévesque (Chauveau); Mme Ghazal
(Mercier) remplace M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve); et M. Ouellet (René-Lévesque)
remplace Mme Richard (Duplessis).
PME
et Innovation
La Présidente (Mme IsaBelle) : Je
vous remercie. Écoutez, en principe, le bloc de cet après-midi, il est de trois heures, de 3 heures à 18 heures. Est-ce que
vous seriez en faveur qu'on prenne une petite pause de 10 minutes, vers
16 h 30, amputée sur le temps du gouvernement? Est-ce que nous avons l'accord de ce côté-ci? Oui? Est-ce que
nous avons l'accord de ce côté-là
aussi? Oui? Parfait. Alors, on ne va pas prolonger. On va quand même
terminer à 18 heures, mais on prendra une petite pause de
10 minutes. On va réajuster le temps de parole par la suite.
Alors, nous allons débuter par les remarques
préliminaires, puis nous allons procéder à une discussion d'ordre générale par blocs d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits
sera effectuée à la fin du temps qui
sera alloué. Alors, comme nous avons débuté nos travaux à 15 heures, nous
allons également terminer à 18 heures, si tout va
bien.
Remarques
préliminaires
Nous y allons avec... Nous débutons donc avec
les remarques préliminaires. C'est bien ça, Mme la secrétaire? M. le ministre
de l'Économie et de l'Innovation, vous disposez de 12 minutes.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : Oui. Merci. Je vais l'écrire pour être sûr de ne
pas... Alors, merci, Mme la
Présidente. Bienvenue à tout
le monde à cette étude de crédits.
Alors, écoutez,
l'innovation, c'est ce qui permet au Québec
de créer encore plus de richesse collective et de faire face au contexte économique toujours
plus compétitif à l'échelle mondiale. Grâce à l'innovation, nous avons...
nous allons créer des emplois de demain, des emplois bien rémunérés et à haute valeur ajoutée. Avec le
budget de 2019‑2020, on se donne réellement
les moyens de soutenir davantage la recherche publique et industrielle afin
d'innover dans toutes les sphères économiques
et sociales du Québec, le tout afin de répondre aux défis sociétaux et
économiques du Québec et de maintenir notre croissance et notre
prospérité.
Beaucoup de travail reste à faire à essayer de
mieux valoriser nos bonnes idées et de faciliter le passage de la découverte pour une plus grande commercialisation
de nos innovations. L'un des indicateurs utilisés est le nombre de brevets,
lequel s'applique aux technologies
nouvellement créées mais aussi aux améliorations apportées aux produits ou aux
procédés. Les brevets accordent un
droit exclusif limité dans le temps et protégé légalement pour créer, utiliser
et vendre une invention. Ils servent donc en quelque sorte à récompenser
l'ingéniosité. Même si, de 2007 à 2016, le nombre d'inventions brevetées
au Québec a plus que doublé, on a encore de la difficulté à convertir nos
efforts de recherche en innovation. En 2016,
le Québec comptait 177 innovations brevetées par million d'habitants, ce
qui est bien en dessous de la moyenne canadienne,
qui compte 222 inventions par million d'habitants. C'est pourquoi je veux
favoriser le rapprochement des activités de recherche, d'innovation et d'entrepreneuriat et bâtir davantage de
ponts entre les milieux scientifiques, les universités, les collèges et
les PME.
Concrètement,
pour convertir nos efforts de recherche en innovation et pour assurer
l'efficacité de notre écosystème de
recherche en innovation, nous devons, d'une part, accroître le nombre
d'inventions québécoises brevetées; protéger nos actifs en propriété intellectuelle, une condition essentielle au
développement et à la consolidation des connaissances et des occasions d'affaires; consolider notre masse
critique de chercheurs de haut calibre dans les domaines de recherche où la Québec excelle, comme l'intelligence
artificielle; mailler nos chercheurs avec les meilleures équipes et des
consortiums de renommée
internationale; bâtir des partenariats en recherche et développement, notamment
à l'international, pour être à l'affût
de l'évolution rapide des connaissances et des marchés; attirer et retenir les
talents au Québec et développer une relève de qualité en recherche et innovation; favoriser
le développement d'une culture
scientifique chez les jeunes, en particulier les filles, pour leur permettre de découvrir les nombreuses possibilités qu'offre l'univers des sciences et ainsi susciter leur intérêt
pour les carrières scientifiques et
technologiques; disposer d'infrastructures de recherche de qualité et
accessibles pour favoriser un plus
grand impact des fonds investis en recherche publique et industrielle; contribuer
au développement des start-up
technologiques, qui élaborent bien souvent des processus et des procédés
socialement innovants, entre autres en
soutenant les incubateurs et les accélérateurs spécialisés; appuyer le
démarrage et la croissance des entreprises technologiques et, bien sûr,
accroître la capacité des entreprises québécoises à s'approprier et à intégrer
les résultats de la recherche afin qu'elles
soient et demeurent innovantes. Ces enjeux sont, pour le Québec, des défis à
relever si on veut garantir la compétitivité de nos entreprises et de
nos organismes de recherche et d'innovation.
Mme la
Présidente, le budget 2019‑2020 du gouvernement du Québec prévoit des
initiatives additionnelles en faveur de
l'innovation totalisant plus de 740 millions de dollars au cours des cinq
prochaines années. Cet argent va servir à investir dans des projets innovants, à soutenir différentes
mesures au profit de la recherche et de l'innovation et à accéder l'adoption
d'applications liées à l'intelligence artificielle dans les différents domaines
d'activité.
Globalement,
une somme de 379 millions sur cinq ans sera notamment injectée dans les
zones d'innovation qui nécessiteront la décontamination de terrains, la
construction d'infrastructures publiques ainsi que l'acquisition et la mise en valeur de terrains stratégiquement situés
et présentant un potentiel de développement économique dans différentes municipalités : le programme Innovation bois,
la recherche en génomique et le consortium de recherche en innovation...
en bioprocédés industriels au Québec.
De
plus, un investissement de plus de 31 millions de dollars nous permettra
de soutenir la recherche et de développer des connaissances pour renforcer
l'adaptation aux changements climatiques et d'appuyer le Réseau des centres
d'expertise industrielle 4.0 pour l'embauche de personnel qui accompagnera
les entreprises manufacturières dans quatre centres d'expertise industrielle 4.0.
À cet effet, l'économie mondiale amène les entreprises à innover, à se
moderniser et à renforcer leur compétitivité en misant sur l'immense potentiel
qu'offre l'industrie 4.0.
Le Québec doit
devenir une économie d'excellence numérique attrayante, ouverte et reconnue sur
les marchés mondiaux pour son savoir, son
écosystème et ses innovations. La transformation numérique des entreprises est
une priorité gouvernementale. Par ailleurs, le gouvernement a renforcé
l'efficacité et l'efficience des outils à la recherche en entreprise en
regroupant plusieurs mesures d'aide financière dans le Programme innovation. Ce
programme vise à renforcer la compétitivité
et la productivité des entreprises. Le Programme innovation ainsi que le Programme de soutien aux organismes de recherche et d'innovation
stimulent le montage de projets de recherche collaboratifs entre les entreprises et les organismes de recherche tels les universités, les centres de recherche publics, les centres collégiaux de
transfert en technologie.
Qui
plus est, des crédits supplémentaires
de 36,4 millions de dollars
d'ici 2024 seront produits pour élargir le programme Essor aux entreprises d'un
plus grand nombre de secteurs d'activité et permettre la réalisation de plus d'interventions. Le budget du Québec prévoit également de
nouvelles initiatives totalisant 892 millions de dollars sur cinq ans pour
soutenir la formation et le développement des compétences.
Mme la
Présidente, en matière d'innovation, l'intelligence
artificielle représente l'avenir. C'est là-dedans que le Québec doit investir et se surpasser.
L'intelligence artificielle n'est pas d'intérêt uniquement pour les gens de
l'informatique, elle l'est également
pour les PME, les start-up et de nombreuses entreprises qui pourraient
optimiser leurs activités dans les
domaines du commerce, du transport, de la logistique, de la finance, de
l'énergie et de la santé. L'intelligence artificielle va révolutionner
l'avenir du Québec, notamment de Montréal, non seulement grâce à son impact
positif sur nos vies et sur les systèmes qui
nous entourent, mais aussi grâce à la position concurrentielle que la métropole
a su se forger dans les dernières années. Pour le gouvernement, il ne suffit
pas simplement d'appuyer les meilleurs chercheurs, le défi est d'amener
ce qui se fait de mieux dans nos centres de recherche jusqu'à nos entreprises.
• (15 h 10) •
Le budgétaire 2019‑2020 nous donne les moyens d'accroître le
leadership du Québec en intelligence artificielle et d'amener, justement, les entreprises à intégrer
davantage de 4.0 pour les
rendre plus productives et compétitives. En tout, c'est
329 millions de dollars qu'on investit pour accélérer l'adoption de
technologies de pointe et pour soutenir les initiatives
majeures en IA grâce à des mesures comme l'élargissement de l'offre de
formation en intelligence artificielle pour les étudiants de tous les niveaux et les travailleurs de ce domaine, l'attraction
au Québec de chercheurs en IA pour consolider la position de leader du Québec en la matière, l'adoption de l'IA en
entreprise, notamment pour qu'elles intègrent davantage les applications en ce domaine, le soutien aux
technologies en appui à l'IA pour développer des technologies, notamment
dans le domaine du design, de
l'électronique, de l'optique photonique et, plus particulièrement, le soutien
aux activités de recherche en
intelligence artificielle, notamment pour le développement d'applications dans
le cadre de projets d'entreprise pour appuyer quatre initiatives majeures grâce
à un montant de 100 millions de dollars, soit Ivado Labs, qui vise
la réalisation de projets permettant aux
entreprises d'accélérer leur transformation numérique, Scale.AI, concernant
l'optimisation des chaînes
d'approvisionnement de l'IA, Mila, l'Institut québécois d'intelligence
artificielle, qui viendra au fonctionnement... ou qui veillera au
fonctionnement et au développement de la grappe en intelligence artificielle au
Québec, et PROMPT-Québec, qui appuiera des projets collaboratifs en
intelligence artificielle réalisés par des entreprises.
La communauté de
chercheurs en IA de l'ensemble du Québec et de sa métropole est reconnue à
l'échelle internationale. Et, pour accroître
ce rayonnement et appuyer les chercheurs québécois dans tous les domaines, le
budget 2019‑2020 inclut des mesures
visant à simplifier et à faciliter l'accès aux données à des fins de recherche.
L'Institut de la statistique du
Québec, qui relève de mon collègue le ministre des Finances, mettra en place un
guichet de services pour répondre aux besoins des chercheurs associés aux
organismes publics. L'ensemble de ces mesures et de ces investissements stimuleront une innovation du Québec et accroîtront
la productivité ainsi que la compétitivité des entreprises québécoises.
Pour
conclure, comme vous voyez, Mme la Présidente, le budget 2019‑2020 de
notre gouvernement donne une impulsion significative au grand potentiel
de recherche et d'innovation du Québec et à son immense créativité, une créativité qu'on trouve
dans toutes les régions du Québec et dans tous les secteurs d'avenir qui
contribuent à l'essor d'une économie
du savoir. Le Québec doit continuer à déployer des efforts majeurs pour
stimuler la recherche publique, la recherche industrielle et
l'innovation sous toutes leurs formes, et c'est ce que nous entendons faire au
cours des années à venir, Mme la Présidente.
Et nous le ferons avec nos partenaires du milieu et notamment les fonds de
recherche du Québec et le CRIQ ici présent. Merci de votre attention.
Discussion générale
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Comme ni
l'opposition officielle, ni le deuxième groupe d'opposition, ni le troisième
groupe d'opposition ne feront de remarques préliminaires, nous allons
immédiatement débuter par la première
de période de questions et réponses. Nous commençons par l'opposition
officielle, le premier groupe... le premier bloc, pardon, avec
20 minutes, et la parole est au député de Nelligan.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Merci au ministre par rapport à ce bref aperçu de sa
vision de l'innovation. Ma première question, très simple, et j'en suis sûr et
certain, que le ministre est aussi sensible à ça... Depuis tout à l'heure, l'énoncé de la création de la richesse
collective, nous sommes tous d'accord par rapport à ça, favoriser la science auprès des jeunes, et ce, dans l'ensemble
des régions. Moi, ce qui m'intéresse, aujourd'hui, c'est la démocratisation
de l'innovation, c'est que ce qu'on voit de
plus en plus, c'est que le fait de concentrer l'innovation au niveau uniquement
de la métropole ou quelques centres ne va
pas aider le Québec et les régions à aller de l'avant. Et, sur ce point,
j'aimerais bien savoir c'est quoi, votre stratégie par rapport à ce que
l'ensemble des régions du Québec puissent en profiter.
M. Fitzgibbon :
Écoutez, je suis d'accord avec vous qu'il ne faut pas... Je pense, il fallait
commencer... l'innovation, on parle
d'IA avec Montréal, il n'y a pas de doute, mais après ça il faut rapidement
élargir les tentacules de l'IA et du reste de l'innovation.
Je
pense que, dans la réforme d'Investissement Québec, on va voir, puis, dans
quelques semaines, je vais être public sur
ça avec une mini-conférence de presse, on va annoncer un rehaussement des
forces en présence dans les régions pour Investissement Québec. Il va falloir avoir autant les ressources
humaines qui vont être polarisées pour aider les différents locaux ou les MRC, entre autres, et aussi avoir de
l'argent qui va être disponible, là, pour pouvoir investir en région. Je
pense qu'il faut aussi que la première
couche... On parle d'IA encore, là, parce que c'est une des sources
d'innovation, la première couche a été bien faite; la deuxième couche, c'est ça qu'il faut
travailler. Qu'on parle de Scale.AI, qu'on parle d'Ivado Labs, qu'on parle d'Imagia, qu'on parle d'Element AI, il
faut que des entreprises se préoccupent de l'application au niveau de la
région. On voit la même chose au niveau du CRIQ. Le CRIQ a fait des choses extraordinaires au niveau du 4.0. Il faut maintenant rendre ça accessible à beaucoup
plus de gens.
Alors,
je pense, ça va passer par IQ régional, ça va
passer par de la formation, on veut créer des écoles d'entrepreneuriat. Moi, je pense qu'il y a des
initiatives qui vont pouvoir, on espère, rapidement pouvoir permettre aux
régions de bénéficier de l'innovation.
M. Derraji :
Oui. Merci, M. le ministre. En fait, c'est très bien, que vous êtes sensible à
ça, mais je veux juste qu'on se comprenne que, par rapport au message de
l'intelligence artificielle, que ce soit un peu compris partout, parce que, oui, il y a la stratégie de l'intelligence
artificielle, l'adaptation au niveau des PME, mais, moi, mon intérêt,
aujourd'hui, c'est que, la PME, que ce
soit dans la Côte-Nord, ou en Gaspésie, ou en Montérégie, ou Laval, on parle le
même langage. Oui, c'est très bien d'investir dans les grappes à la
lumière de l'intelligence artificielle, ça a été fait dans le cadre de notre
gouvernement, la dernière... au dernier mandat, c'est très bien que vous
continuiez dans la même logique, mais il faut s'assurer
que cet impact ait sur le Québec un impact majeur au niveau de nos PME si on
veut attirer le maximum de l'intelligence artificielle.
Mais
mon point, il n'est pas là. Mon point, c'est que, si je veux une stratégie de
l'innovation qui va aider l'ensemble de
nos régions, c'est quoi, à court terme, à moyen terme, votre vision? Je sais
que vous avez évoqué Investissement Québec. On peut revenir à ça après. Mais, avant d'aller à Investissement Québec,
vous avez énuméré des accélérateurs, vous avez parlé des incubateurs.
Est-ce qu'aujourd'hui nous sommes capables de dire que, sur la Côte-Nord, nous
sommes prêts à lancer un accélérateur, un incubateur qui touche, par exemple,
aux métiers qui sont très répandus à la Côte-Nord?
M. Fitzgibbon : Quelques points. Le premier, vous avez raison,
l'IA n'est pas nécessairement applicable aujourd'hui. Vous me nommez sur la Côte-Nord. Je pense que ça
va prendre quelques années avant d'arriver là, vous avez absolument raison. Je
pense qu'on regarde le programme Essor, qui existe déjà, on l'a bonifié... Et
j'ai été public aussi sur... Je reviens à Investissement Québec, qui est
notre véhicule. Il va falloir donner plus d'argent aux entrepreneurs, quand je
dis «donner», là, prêter, une forme
d'investissement quelconque, pour qu'ils accélèrent l'investissement, parce que
force est d'admettre que le
sous-investissement en entreprise a été la cause principale de la
sous-productivité. Alors, évidemment, il
faut que le discours soit conséquent avec les paroles... ou les actes, plutôt,
avec les paroles. Alors, carrément, nous allons mettre d'argent en
disponibilité, plus de ressources humaines en disponibilité pour permettre à
l'innovation d'être plus intégrée dans les régions. Pour la Côte-Nord, pour les
autres régions du Québec où il y a moins d'entrepreneurs, la diversification
économique est quelque chose qui est très important. Quand j'étais sur la
Côte-Nord, il y a quelques semaines, nous
avons annoncé quatre projets petits qui n'ont aucun rapport avec les mines, qui
se veulent des... d'ailleurs, mon
collègue était là avec moi, pour pouvoir, justement, diversifier l'économie.
Alors, je suis totalement à l'aise, confortable.
Et, le
dernier point, le gouvernement a été très clair sur les fameuses zones
d'innovation. Les zones d'innovation, quand
je regarde la liste, il y en a une à Montréal. Présentement, mon collègue M. Martel
est en tournée pour voir, justement... est à l'écoute des gens, parce qu'ils ont
peut-être des idées, et nous voulons investir dans, je pense, c'est
17 pôles d'innovation... pas des pôles, c'est des zones
d'innovation. Alors, je suis d'accord qu'il faut faire des gestes précis.
M. Derraji : Je peux vous
assurer que je vais revenir aux pôles d'innovation, parce que vous savez que
j'aime beaucoup les pôles d'innovation,
c'est dans ma liste, mais je tiens juste à vous sensibiliser par rapport à ce
langage qu'on tient, parce que parler
de l'intelligence artificielle dans toutes les régions du Québec, je pense que
c'est utopique. Ça n'enlève rien aux régions, au contraire. J'adore la
Côte-Nord, j'y suis allé plusieurs fois. Il y a beaucoup d'entrepreneurs,
beaucoup d'entrepreneurs, beaucoup
d'entrepreneurs, que ce soit à Sept-Îles ou... Et mon collègue, je pense, il va
m'appuyer aussi dans ce sens. Mais,
moi, ma crainte, M. le ministre, ma crainte, c'est que je ne veux pas avoir un
retard entre les régions par rapport
à l'innovation. Si on veut se donner une culture d'innovation sur l'ensemble du
territoire québécois, il ne faut pas
qu'il y ait une zone très avancée en intelligence artificielle et dans un autre
endroit, bien, l'intelligence artificielle, elle est artificielle. Donc, ce n'est pas du concret. Et
on peut l'appliquer par rapport aux PME, mais aussi s'assurer que l'écosystème
suit. Et c'est de là ma question. Comment, dans votre stratégie, vous avez, je
dirais, la vision que chaque région puisse bénéficier
d'un accélérateur ou d'un incubateur qui répond aux besoins de la région? Pas
forcément à l'intelligence artificielle à Montréal, où vous avez mis
beaucoup d'argent, où vous continuez à en mettre, mais plutôt comment
démocratiser l'innovation sur l'ensemble du territoire québécois?
• (15 h 20) •
M. Fitzgibbon :
Écoutez, là, vous parlez à un converti, là, je suis totalement d'accord avec
vous. Bien, l'IA en région va être
plus longue à appliquer, mais il y a quand même des applications IA qui sont,
je pense, utilisables aujourd'hui, je
regarde à Imagia, entre autres, ce qu'ils font, pour avoir été là sur place, PROMPT
aussi. Je pense qu'on peut quand même penser
à des entreprises en région. D'ailleurs, il y a des gros donneurs d'ordres sur
la Côte-Nord que j'ai visités qui utilisent l'IA déjà.
Mais force...
Mais je suis d'accord avec vous et je suis totalement aligné sur le fait que
nous devons avoir des mesures tangibles.
Je pense que le rehaussement d'Investissement Québec en région, la synergie des
gens du MEI en région avec Investissement
Québec, le rehaussement du programme Essor, qui est un programme qui se veut un
programme d'assistance à
l'innovation, le rehaussement du capital de risque que nous voulons mettre en
disponibilité, on a fait des... on a vu l'évidence, petite, mais néanmoins on a vu l'évidence à
Baie-Comeau quand j'étais là, il y a quelques semaines. Je suis commis, nous sommes commis. Ma collègue Marie-Eve Proulx, qui
n'est pas ici avec moi, à tous les jours me ramène à l'ordre. Alors,
nous allons mettre des disponibilités, nous avons commencé en région, je suis
100 % d'accord avec vous.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Je veux juste souligner, là, de ne
pas nommer les noms des collègues, des ministres ou des députés, par
leurs prénoms et noms mais bien par leur titre. Merci. Ou leur titre de
circonscription, là. Merci.
M. Fitzgibbon : Je vais
essayer.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. En fait, vous avez évoqué, tout à l'heure, les zones
d'innovation. Je sais qu'on parle beaucoup de pôles d'innovation. Est-ce
qu'il y a un changement par rapport aux pôles d'innovation versus zones
d'innovation ou c'est toujours la même chose?
M. Fitzgibbon : Non, mais,
écoutez, ma collègue la ministre déléguée des régions... économique...
M. Derraji : Développement
économique régional.
M. Fitzgibbon :
...Développement économique, comme vous le savez, a fait une... n'a pas fini,
elle fait une tournée. Et on a dit :
Ce qui fonctionne ne changera pas. Sur les pôles, j'oublie... sur 18, il y en a
huit, neuf de signés, là... cinq de signés.
On ne changera pas ça, ça marche. Il y en a qui ne sont pas signés, qui ne sont
pas signables, on va faire d'autres choses.
Alors, je ne
garantis pas aujourd'hui qu'on va implanter les 18 pôles, mais je vous
garantis que, si ce n'est pas des pôles, ça va être d'autre chose, parce
que le concept d'avoir l'innovation régionale ou locale fait beaucoup de sens.
M. Derraji :
Bien, merci d'évoquer ça. Mais, au fait, je vais aller directement aux pôles
d'innovation, parce que, quand j'ai
échangé avec vous, à la dernière étude de crédits, vous m'avez beaucoup rassuré
par rapport aux régions. Je ne peux
pas vous cacher mon inquiétude par rapport à mon échange avec la ministre
déléguée au Développement régional que le
message que nous avons envoyé aux régions, il était plutôt négatif, et je vous
l'explique. C'est qu'en date d'aujourd'hui il y a uniquement cinq régions qui ont reçu du financement. Et, je
pense, l'ensemble des collègues sont au courant c'est quoi, c'est toujours le
Bas-Saint-Laurent, Montréal, Laval, Lanaudière et Laurentides. Moi aussi, j'ai
parlé avec plusieurs personnes en
région. Le signal que ça envoie, c'est qu'il y a des régions chanceuses et
d'autres, non. Il y a des régions qui méritent
le financement et d'autres, non. Et ça traîne, M. le ministre. Ça traîne parce
que, depuis le début de l'année, il n'y a aucun signal envoyé, négatif
ou positif.
J'aimerais
bien qu'aujourd'hui vous me rassuriez, mais pas uniquement moi, rassuriez les
régions qui ont engagé du financement que leur projet va voir le jour et aussi
permettre au réseau national d'accompagner ces pôles. Parce que, ce qu'on entend, il y a des régions qui n'ont pas
eu l'occasion de déposer. Bien, justement, c'est là le rôle du gouvernement,
c'est accompagner ces régions qui veulent
faire de l'innovation un moteur du développement économique régional, mais
elles n'ont pas les moyens. C'est pour
cela... Le gouvernement a mis en place un réseau national. Ce réseau national a
pour mission d'accompagner les régions qui ne peuvent pas ou qui ne
savent pas comment. Mais me dire aujourd'hui et dire aux régions que c'est que vous n'avez pas de
projet, on ne va rien faire, on ne va pas vous accompagner, je ne pense
pas que c'est une suite logique si on veut démocratiser l'innovation.
Moi, là, l'élément clé, là dans mes questions
aujourd'hui, c'est que je veux m'assurer et qu'on s'assure tous ensemble que, peu importe là où tu es au Québec,
l'innovation et l'accès aux ressources est disponible pour n'importe quel
entrepreneur.
M. Fitzgibbon : Bien,
premièrement, laissez-moi vous rassurer que ma collègue déléguée... ministre
déléguée économique, on va l'appeler comme
ça, et moi, on est totalement liés, on se parle régulièrement. Alors, je veux
vous rassurer qu'il n'y a pas deux langages, là. On parle le même
langage, on est dans le même bureau.
Deuxièmement,
effectivement, on a peut-être... il y a une perception que votre détermination
de comment les pôles régionaux devraient être gérés au niveau national, on
n'est pas d'accord, moi, je ne suis pas d'accord, ça va changer. Ça, je peux vous l'annoncer aujourd'hui, là. Ce n'est
peut-être pas la bonne façon de le faire, puis je vais le faire pareil. Par
contre, je peux vous assurer
que Mme la ministre déléguée est présentement en tournée, elle n'a pas
complété, puis ça se finit très bientôt, et
sa tournée — elle est
dans les régions qu'on a écoutées — en même temps se fait avec la redéfinition
de comment on va opérationnaliser,
d'abord IQ régional plus fort. Bon, là, on a la chance d'avoir un nouveau
président depuis la semaine passée, donc on va faire les choses dans
l'ordre.
Alors, je
peux vous réconforter qu'il n'est pas question que des régions n'aient pas
accès... Parce qu'on parle de deux
choses aussi pour l'innovation. On parle des ressources humaines pour
accompagner les entrepreneurs, accompagner les entreprises. On parle, d'autre part, d'avoir de l'argent disponible
au niveau du capital pour investir. C'est deux choses qui vont être traitées séparément. Et, dans les
deux cas, moi, je suis plus sur... Je vais arrêter, vous avez une question.
Allez-y.
M. Derraji : Oui, mais, pour une fois, M. le ministre, je ne suis pas d'accord avec vous, hein, vraiment, là, je ne suis pas d'accord.
Il y a deux choses différentes, et vous le savez mieux que moi. Le rôle d'Investissement Québec, c'est à
côté, les pôles d'innovation, c'est autre chose, on ne peut pas mélanger ça. La
promotion de l'innovation, pas forcément avec Investissement Québec. Investissement
Québec, si vous cherchez les mêmes
rendements que 2017 et 2018, va avoir un
autre rôle, et on peut en revenir à Investissement
Québec. Là, je parle des pôles
d'innovation qui vont travailler avec un
écosystème, des entrepreneurs avec des start-up, avec des incubateurs et des
accélérateurs qui, probablement, vont atterrir chez Investissement Québec. C'est ça, moi, maintenant que je ne vois pas.
Je vois juste cinq régions qui ont cette chance, il y a d'autres qui ne
l'ont pas eu.
Vous me
parlez, M. le ministre, que la ministre fait une tournée. Pour rappeler
un point très important, la tournée a été déjà faite, hein? Il y a un plan, et le plan, c'est
une demande de l'ensemble des régions d'avoir des hommes ou des pôles d'innovation dans toutes les régions. Là où
on l'a perdu, là où on l'a échappé, c'est qu'on est en train de faire de la
petite politique avec des régions, parce qu'au lieu de les accompagner on est
en train de jouer dans la structure et dire : Pour telle région, probablement ce n'est pas le bon promoteur. Mais, si ce n'est
pas le bon promoteur, c'est là le rôle d'un réseau national, parce que le réseau national... Et les exemples, il y en a
pas mal, même en France. Un réseau national est là pour
accompagner les régions à mettre en place des stratégies d'innovation.
M. Fitzgibbon : Premièrement, je
pense que... avec tout le respect que je vous dois, là, je ne pense pas qu'on a
beaucoup à apprendre de vous sur comment traiter les régions au niveau
économique. Deuxièmement, Investissement Québec, je pense que vous le regardez avec un oeil
historique, et le nouveau Investissement
Québec n'est pas du tout ce
que vous mentionnez. Vous référez à des retours sur investissement et vous avez
absolument raison. Si Investissement Québec continue dans la même lignée que le passé, de
regarder le retour sur le capital investi, vous avez entièrement raison, l'innovation n'entre
pas là-dedans, puis le retour est plus à moyen terme. Alors,
c'est justement la raison pourquoi on fournit un effort d'Investissement
Québec, c'est pour avoir les outils pour pouvoir promouvoir l'innovation.
Quant aux régions qui n'ont pas de pôle de signé
encore, tout ce que je peux vous dire, c'est que les projets de ces régions-là, qui sont en cours d'analyse,
vont être mis en application. Puis ce n'est pas vrai qu'on... ce n'est pas une
course. À ce moment-ci, à ma connaissance,
il n'y a aucun projet innovant d'entreprise qui a été refusé par le MEI ou
refusé par Investissement Québec
parce qu'il n'y a pas de structure. Je l'ai dit à plusieurs reprises, les
structures, on va dealer avec au fur et à mesure. Entre-temps, on ne
refuse aucun projet.
M. Derraji : Très rassurant,
merci, mais ce qu'on entend, c'est que, par exemple, en Outaouais ils ont
engagé des frais, mais ils n'ont pas
encore... la région de l'Outaouais, il y a déjà le pôle qui est presque en
marche, mais l'entente n'a pas été signée, n'a pas reçu l'argent.
Revenons aux
projets. En date du 28 février 2019, votre ministère nous a répondu qu'il
y a 27 projets qui ont été déposés. Est-ce qu'on peut savoir
l'ampleur de ces projets et pourquoi ces 27 projets n'ont pas encore eu de
réponse?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, je ne les ai pas avec moi, les 27 projets, là. C'est des projets
de pôle. Ma collègue les a avec elle. Mon collègue ici, David Bahan, les
a aussi.
(Consultation)
M. Fitzgibbon : Alors, je me
fais confirmer que ma collègue ministre déléguée est en train de finaliser son analyse des projets. Elle va nous en parler
prochainement, puis on va annoncer des projets bientôt. Il n'y a
pas de raison de croire qu'on met ça sur la glace, là.
M. Derraji :
Parce que je reviens juste à votre citation de tantôt, vous avez dit qu'on n'a
pas refusé de projet, mais je tiens juste à rappeler au ministère que, depuis
le 28 février, il y a au moins 27 projets déposés et que, jusqu'à
maintenant, si je suis ce qui a été dit, c'est pour des pôles d'innovation en
région, il n'y a rien qui a été signé ni annoncé. Est-ce que c'est ça qu'on
peut comprendre?
• (15 h 30) •
M. Fitzgibbon : Peut-être qu'on a un problème de sémantique, je m'excuse,
là. Quand je parlais de projets, je parlais d'entreprises. Pendant qu'on
fait des projets, là, c'est des structures, on regarde des projets d'entreprises,
là. Des projets d'entreprises, il y
en a plusieurs qui ont été faits,
qui sont en voie d'exécution. Il n'y a rien qui retarde des projets en entreprise.
Pour
les projets que vous parlez, les 27, je savais qu'il y en avait, je ne savais pas
qu'il y en avait 27, et c'est un appel
d'offres qu'il y a
eu, il y a eu un appel
d'offres pour des projets. Alors, on
les analyse. Alors, ma collègue va rapidement
conclure, et je vais la supporter à 100 % pour une annonce, en temps et lieu,
prochainement. Je n'ai pas de date précise, parce que je ne suis pas
familier avec l'échéancier, là, mais ça ne devrait pas tarder.
M. Derraji :
O.K. Par rapport aux pôles, est-ce que vous êtes à l'aise aujourd'hui qu'il y a
cinq régions, Bas-Saint-Laurent,
280 000 $, Montréal, 280 000 $, Laval, 130 000 $,
Lanaurière, 200 000 $, Laurentides, 200 000 $, et d'autres régions attendent encore leur argent pour
commencer leur travail en innovation? Est-ce que vous êtes à l'aise à
vivre avec ça?
M. Fitzgibbon :
Bien, ce sont des faits que je reconnais. Et, je veux dire, dans notre budget,
nous avons de l'argent pour offrir
aux projets qui ne sont pas encore approuvés, que nous allons, en temps et
lieu, donner l'argent qui a été promis, pas qui a été promis, donner l'argent à des projets d'innovation qui
sont, bien, sous appel d'offres présentement. Mais on ne changera pas
l'approche. Et je pense que, très rapidement, on va pouvoir effectivement
donner aux régions concernées l'argent qu'ils mériteront sur les projets qui
auront été approuvés.
M. Derraji :
Je ne sais pas si vous êtes au courant, M. le ministre, mais on s'entend que
c'est des projets sur cinq ans. La dernière
année... La première année, pour certains pôles et pour certaines régions, est
déjà terminée. Le 31 mars, c'était l'année dernière. Et plusieurs
régions, on l'a vu, suite à la sortie de Mme la ministre, qui a annulé une
rencontre importante au niveau national... Et, à la dernière rencontre avec
elle, elle nous a dit que ça a été suite à une information verbale. J'ai
moi-même posé la question sur quoi elle a basé sa décision pour annuler la
rencontre au niveau national. Il n'y avait
pas de document, il n'y avait pas de facture. Il y avait juste, probablement,
un e-mail ou une information verbale.
Moi,
aujourd'hui, et c'est pour cela que je vous pose la question, parce que je
veux... je ne cherche pas à vous... me rassurer, mais plus à rassurer
les régions que... Est-ce que vous êtes vraiment à l'aise à ce qu'uniquement
ces régions où on a annoncé de l'aide, qui
ont bénéficié la première année, continuent à bénéficier pour les prochaines
années, et on oublie les 13 autres régions?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, je vais juste vous répondre qu'on n'oublie pas... Une minute. On
n'oublie pas les 13 autres régions. Je
pense que... Changement de gouvernement. Structure, personnellement, au niveau
national, que je ne pense pas
appropriée, «by the way». Mais il n'est pas question que nous voulions
pénaliser. Au contraire, on se veut un gouvernement de régions. C'est
les régions qui nous ont élus. Alors, je pense qu'on va être conséquents avec
nos représentations. Et je peux vous
rassurer que loin de moi, et surtout pas de ma collègue, qui ne pense qu'à ça,
qu'on va laisser les régions, il n'en
est pas question. Je suis totalement confortable de m'engager à continuer ce
qui a été fait ou ce qu'on a promis de faire, je devrais dire.
M. Derraji :
Bien, je pense que je vous invite à parler avec votre ministre déléguée pour
qu'elle accélère, parce que ce n'est pas le
cas. Et, sérieusement, perdre le temps à faire une autre tournée pour voir
comment ça marche, les régions, elles ont déjà fait l'exercice, et vous avez
sur votre table des projets. Moi, je pense, ce qu'on devrait faire d'une
manière très urgente, c'est voir les projets
qui sont finançables et qu'on les finance très rapidement. Et, encore une fois,
je ne pense pas que la mission des pôles d'innovation, versus le rôle
d'Investissement Québec...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Je vous remercie, M. le député de
Nelligan. Votre temps est écoulé. Nous y allons avec le premier bloc du
gouvernement, avec le député de Saint-Jérôme. Vous avez 16 minutes.
M. Chassin : Merci, Mme la Présidente. Alors, bien, mes salutations, d'abord. Mes
salutations aux collègues de l'équipe
ministérielle et aux collègues de l'opposition. Salutations à vous, M. le
ministre, et vos collaborateurs du cabinet et du ministère.
On
sent dans les propos du député de Nelligan toute sa passion pour l'innovation.
Et là-dessus, au moins, on peut être en accord. Et, M. le ministre, vous
le mentionniez aussi dans vos notes d'ouverture, ça fait partie des crédos de
ce gouvernement que de défendre l'innovation, qui est une passion, notamment
pour notre premier ministre, qui a écrit abondamment
sur la question, une passion que nous partageons avec de nombreux
entrepreneurs. Les PME québécoises sont absolument passionnées
d'innovation. D'ailleurs, quand on les visite, c'est généralement ce qui fait
l'objet de la visite, hein? On nous montre
ce qu'on fait de différent, ce qu'on a créé dans notre entreprise et que les
autres n'ont pas. Donc, on s'en
vante. C'est aussi une passion pour nos institutions d'enseignement supérieur,
notamment nos universités, nos
cégeps. On a mentionné les centres collégiaux de transfert technologique. Donc,
on a un écosystème au Québec qui est
tourné vers l'innovation. Évidemment, il y a quand même une réflexion en termes
de commercialisation de l'innovation, et c'est vers là que je me dirige,
M. le ministre.
Alors,
évidemment, comme économiste, l'innovation a un rôle particulier à jouer... ou,
en tout cas, comme ancien économiste,
je le lis comme ça. C'est par cette innovation qu'on peut se distinguer. C'est
par cette innovation aussi qu'on met
le plus à contribution le génie québécois, nos travailleurs. La productivité
dont on parle, ce n'est pas de travailler plus fort, c'est de travailler mieux, donc de réussir à avoir les bons outils
pour finalement avoir un résultat plus à l'avenant de nos efforts.
C'est ce qui
fait que, sur la créativité des Québécois, on peut réussir à bâtir quelque
chose d'absolument formidable. On en a, des exemples concrets et précis.
Et, dans les Laurentides et chez moi, par exemple, à Saint-Jérôme, je pense à certaines personnes qui oeuvrent spécifiquement
dans l'innovation, que ce soit, par exemple, pour l'Institut du véhicule
innovant, hein, le bien nommé, donc on retrouve l'innovation, qui réfléchit à
l'électrification des transports, à la voiture autonome, par exemple.
Il y a des
entreprises absolument formidables et, des fois, dans des domaines qui
paraissent traditionnels. Je pense à Baron Soucy, qui a été, d'ailleurs,
récompensée au gala de la Chambre de commerce et d'industrie du Saint-Jérôme métropolitain samedi passé, tout récemment, et qui
produit des articles notamment en caoutchouc, y compris des rondelles de hockey. Mais, dans la ligue nationale, les
rondelles, on ne le réalise pas, mais c'est issu de technologies de pointe. Et c'est drôlement intéressant de voir que derrière
un tout petit disque noir il y a beaucoup d'intelligence, beaucoup de
créativité.
Évidemment,
que ce soit dans nos PME, que ce soit dans nos CCTT, que ce soit dans nos
institutions d'enseignement, l'innovation, elle est présente, il y a
donc de la recherche qui se fait, il y a du développement, on a des bonnes
idées. Mais, de passer de l'idée à un produit ou un service qui remporte un
succès commercial, il y a une marge. Et c'est là qu'intervient, je crois, le ministère de l'Économie et de l'Innovation
pour pouvoir soutenir les initiatives, accompagner, par exemple, les
entreprises, qu'elles soient naissantes ou que simplement elles poussent les
innovations.
Et on
constate donc, dans le classement sur l'innovation 2018 du Conference
Board du Canada, que le Québec est un peu moyen quant à l'innovation. On
récolte, en fait, un C, on se classe au neuvième rang parmi les
26 juridictions comparées. On n'est pas les derniers de classe, on n'est
pas tout à fait les premiers non plus. On a une performance en matière d'innovation qui est particulièrement
décevante dans quatre secteurs, où on obtient un score de D. Les quatre
secteurs qui sont répertoriés par le
Conference Board sont les suivants : les investissements dans les
technologies de l'information et des
communications — on
sait que notre retard d'investissement est préoccupant — dans les brevets — c'est quand même essentiel pour pouvoir innover et avoir, finalement, des produits
et des services innovants et commercialisables, les brevets — dans le pourcentage de nouvelles entreprises par
rapport aux entreprises en activité, et enfin, le quatrième critère, dans la productivité du travail. Le Conference Board
en conclut que le Québec a du mal, comme l'Ontario, d'ailleurs, à
commercialiser ses innovations et à en récolter les fruits.
Évidemment,
le ministère a de nombreuses initiatives pour appuyer les entreprises, les
innovations, ce processus de commercialisation. Alors, il y a vraiment
un processus, hein, il y a différentes phases, certaines phases plus critiques,
certaines phases où il est plus difficile d'avoir, par exemple, accès à du
financement. Mais, dans cette perspective-là, M.
le ministre, j'en arrive un peu à ma question, comment le ministère de
l'Économie et de l'Innovation se propose d'accompagner les gens qui sont innovants, les idées, pour mieux
mettre en valeur ces innovations-là et assurer leur retombées, tant sociales que,
évidemment, économiques?
• (15 h 40) •
M. Fitzgibbon :
Merci. C'est une question qui est excessivement pertinente dans notre programme
de 2019‑2020. L'enjeu de réussir à commercialiser ces
innovations et à récolter les fruits, à les valoriser, en est un de taille, qui
pose d'ailleurs de plus en plus d'enjeux partout où est
l'innovation. Le gouvernement a aussi initié une réflexion sur les meilleures
façons de capitaliser ces investissements en R&D et en... commercial.
Je vais
parler un peu des initiatives. Je vais demander un peu plus tard à mon collègue,
M. Denis Hardy, qui est le
P.D.G. du Centre de recherche
industrielle du Québec, ce qu'il a fait d'extraordinaire depuis quelques
années. Il va nous parler du
développement 4.0. Mais, avant d'arriver là, globalement, le gouvernement
du Québec agit selon quatre axes : on veut soutenir de façon directe les projets de commercialisation et
d'innovation, on veut favoriser la création et la croissance des entreprises par l'adoption puis l'intégration
des innovations, on veut renforcir clairement l'écosystème de la commercialisation
en innovation, et aussi il faut maximiser le transfert puis les retombées de l'innovation,
sociales et technologiques.
Parmi les principales interventions en faveur de
la commercialisation, on note notamment le soutien financier que nous avons aux projets de développement et de
commercialisation des innovations grâce au Programme innovation, un
programme qui est normé, l'appui financier aux organismes d'intermédiation et
aux sociétés de valorisation de la recherche
universitaire permettant de favoriser le développement et la commercialisation
des innovations. J'en nomme un paquet
d'autres. Il y a, entre autres, le soutien aux centres d'expertise 4.0,
que mon collègue M. Hardy va parler tantôt. De plus, le gouvernement a misé sur la réalisation de projets mobilisateurs
et structurants pouvant permettre la commercialisation d'innovations
dans le domaine de l'avenir pour le Québec. On parle notamment de projets en
électrification des transports visant à favoriser le développement de nouveaux
véhicules électriques québécois ou des composantes pour ce type de véhicules susceptibles d'obtenir un succès commercial et de
réduire les émissions polluantes. D'ailleurs, il y a... un premier
projet mobilisateur, évalué à 17,2 millions de dollars, a bénéficié d'une
aide financière de 8,6 millions provenant
du Fonds vert. Il consiste à concevoir des véhicules lourds innovants à
motorisation 100 % électrique et regroupe quatre partenaires : la
Compagnie électrique Lion, de Saint-Jérôme, TM4, AddÉnergie et Centum Adetel
Solution.
Projet mobilisateur de l'aviation écologique, le
projet SA2GE, qui offre la possibilité aux entreprises et centres de recherche
de partager leur expertise pour favoriser le développement et la
commercialisation de nouveaux produits et de
services, le 22 février dernier, le gouvernement a annoncé l'octroi de
25 millions de dollars pour soutenir la mise en oeuvre de la phase III du projet mobilisateur
de l'avion écologique, qui comprend quatre projets mobilisateurs, totalisant 50 millions : le projet Propulsion pour les
opérations urbaines et sécuritaires, le projet Aile intelligente et légère pour
l'environnement de Bombardier, le projet Avionique modulaire intégrée pour
l'éconavigation et le projet Modules photoniques
compacts haute fiabilité pour les systèmes de navigation et de communication
aéroportés de la PME Teraxion.
Je pourrais continuer encore pendant
20 minutes, mais j'aimerais laisser le temps qu'il reste, soit cinq
minutes ou six minutes, à mon collègue Denis
Hardy, qui va nous parler de ce qu'il fait au niveau de l'industrie 4.0.
Denis? Ah! la permission, si M. Hardy...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je vais demander à monsieur de vous présenter, prénom, nom et votre titre.
M. Hardy (Denis) : Oui. Denis
Hardy, P.D.G. du centre de recherche...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oh
mon Dieu! Excusez-moi, j'ai oublié, ça prend le consentement.
M. Hardy (Denis) : Ah! Excusez.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Est-ce qu'on a le consentement pour
faire intervenir... Merci, M. le... monsieur de Nelligan. Parfait.
Alors, allez-y, présentez-vous, prénom, nom ainsi que votre titre.
M. Hardy (Denis) : Oui. Denis
Hardy, président-directeur général d'Investissement Québec.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je vais vous demander de parler un peu plus fort.
M. Hardy (Denis) : Oui, oui,
excusez. Oui. Ça va mieux comme ça?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui.
M. Hardy
(Denis) : Ah! O.K. Alors, je
répète. Denis Hardy, P.D.G. du Centre de recherche industrielle du Québec.
Merci, M. le ministre, de me passer la parole. Mme la Présidente, MM., Mmes les
députés, merci de nous recevoir.
Alors,
peut-être rappeler que le CRIQ, cette année, on va fêter notre
50e anniversaire. Alors, depuis quelque temps, quelques mois, on a quand même revu un peu tout
l'ensemble, si vous voulez, de nos services et de nos... si vous voulez,
de la perspective que le CRIQ doit se donner
au cours des prochaines années, compte tenu, justement, de l'arrivée, disons,
de l'industrie 4.0. Alors, on a entrepris, il y a deux ans, une démarche
en vue de refondre le modèle d'affaires du CRIQ et on avait plusieurs objectifs, notamment de s'assurer de l'adéquation
de l'offre de services du CRIQ avec les tendances et les besoins du marché, notamment en matière de
4.0, et s'aligner aussi avec les meilleures pratiques au niveau international.
On voulait également s'assurer de maximiser les
retombées des interventions du CRIQ auprès notamment du secteur manufacturier
et définir également une nouvelle stratégie de partenariat. On a déjà beaucoup
de partenariats, mais, avec
l'industrie 4.0, avec la vitesse à laquelle les technologies arrivent sur
le marché, il est évident qu'on ne peut pas tout faire, et qu'on trouve important de s'assurer d'avoir des
partenariats qui vont toucher les différentes facettes du 4.0.
Bon, je parle
de 4.0. C'est quoi, le 4.0? On parle de fabrication additive, robotique
collaborative, Internet des objets et évidemment un secteur où Montréal s'est
très bien positionnée, c'est l'intelligence artificielle, évidemment dans le
but de répondre encore mieux aux besoins des
entreprises et de participer encore plus activement à la croissance de
l'économie du Québec.
Une des premières étapes de ce chantier de
révision de notre mission, c'est de revoir évidemment la structure
organisationnelle et également l'offre de services du CRIQ. Donc, au moment où
on se parle, chaque service est évalué. Évidemment,
les plus pertinents vont demeurer. Les autres, évidemment, vont être éliminés
et remplacés par des services qui
sont mieux adaptés et en demande auprès de nos entreprises. D'ores et déjà, on
va regrouper en trois axes, si vous voulez, l'offre de services du CRIQ, soit ce qu'on appelé à l'interne, là, le
manufacturier intelligent, donc tout ce qui touche l'usine intelligente,
et les technologies de fabrication 4.0 vont être regroupées sous ce thème.
Évidemment, il y a le manufacturier conforme.
Nous, au CRIQ, notamment à Montréal, dans nos installations, on réalise aux alentours de 1 000 tests
différents pour les bilans normatifs également et pour l'exportation. Donc, on
peut faire le marquage CE pour les
entreprises, par exemple, qui veulent exporter en Europe. Donc, c'est, encore
là, d'améliorer l'offre de services.
Et finalement, là, ce qu'on appelle le
manufacturier durable, on parle beaucoup de 4.0, mais aussi il y a une composante importante qui est l'environnement.
Donc, de plus en plus, les entreprises sont sensibilisées. Je regarde ce qui
se fait, par exemple, en Europe, les normes
environnementales. Donc, nos entreprises devront prendre le virage pour arriver
avec des produits qui sont, entre guillemets, certifiés verts.
Évidemment,
ce travail-là ne se fait pas, là, disons, «top-down» mais plutôt avec la
collaboration de nos employés. Et à
ce chapitre on a une dizaine de comités qui vont être lancés. Il y en a trois
actuellement en marche justement pour redéfinir avec eux ça va être
quoi, le CRIQ, au cours des prochaines années.
On a déjà mis en place, si vous voulez, des
services d'accompagnement pour le 4.0. Je pense...
Une voix : ...
M. Hardy (Denis) : Oui.
M. Chassin : ...peut-être juste pour bien comprendre, quand vous parlez des comités
pour redéfinir le rôle du CRIQ, juste
pour bien saisir, est-ce que vous voulez dire les relations, par exemple, que
vous avez avec des partenaires ou le type de projets que vous allez mener?
M. Hardy
(Denis) : Ah! ça va toucher
différents secteurs, là. Je parle... Bon, je mentionnais tout à l'heure, là, au
niveau du manufacturier intelligent, j'ai différents... Tous les secteurs se
mettent ensemble pour justement redéfinir quels seraient les nouveaux services, par exemple, ce qu'on garde, ce qu'on ne
garde pas. Au niveau des partenariats, il y a un comité qui va être mis en place justement pour identifier, selon les
besoins des entreprises, c'est quoi, les partenaires qu'on doit aller chercher, autant privés que publics,
soit des CCTT ou des firmes d'ingénierie, par exemple. Donc, on n'a pas la
prétention de pouvoir tout faire, et puis
disons que la demande est assez grande, il y a de la place pour pas mal de
monde. Donc, c'est l'idée qu'on a derrière ces comités-là. Je pense que
ça répond à votre question.
M. Chassin :
Oui, absolument. Donc, mieux définir le choix. Excusez-moi, je vous laisse
continuer.
M. Hardy (Denis) : Non, non,
c'est O.K., c'est correct.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...vous inviter à accélérer, parce qu'il vous reste une minute.
M. Hardy
(Denis) : Ah oui? Une
minute? Excusez-nous. O.K. Bien, je vais aller à l'essentiel. Disons que,
depuis... au cours des trois
dernières années, juste pour donner une indication, on a doublé le nombre de
mandats d'accompagnement avec les
entreprises en termes de besoins technologiques, de diagnostics de
productivité, aide à la conception d'un projet numérique.
D'ailleurs,
c'est... si vous me donnez un petit peu de temps, on a posé la question aux
gens, qu'est-ce qu'étaient les principaux
défis que l'on constate chez les entreprises face au 4.0. Je ne vous donnerai
pas tout, parce que je n'ai pas le temps, mais le principal qu'on
rencontre, c'est que les gens pensent que les projets d'innovation, c'est
nécessairement compliqué. Alors donc, l'accompagnement va prendre de plus en
plus d'importance auprès des entreprises. Ils ont des difficultés, si vous voulez. Souvent, ils n'ont pas, évidemment, le
personnel pour les accompagner. Donc, la stratégie, je pense, du gouvernement, c'est de mettre à la
disposition des entreprises, là, ce qu'il faut pour, si vous voulez, rendre
ça... la vie plus facile.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Je vous remercie. Alors, nous
laissons maintenant la parole au deuxième groupe d'opposition, avec la
députée de Mercier. Vous avez 14 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, tout le monde. Je suis très contente d'être ici. Ma première
question est très simple et s'adresse à
M. le ministre. J'ai été surprise, lors de la nomination du Conseil des
ministres, que, dans le nom du ministère, le mot «Science» a été enlevé,
et j'aimerais ça savoir pourquoi.
• (15 h 50) •
M. Fitzgibbon :
Bonne question. D'ailleurs,
M. Quirion avait la même question, se demandant à qui se rapporter... excusez, le
Scientifique en chef avait la même question. Je ne sais pas, malheureusement. Je pense
que c'est pour des fins de simplification. Mais je peux vous assurer que
M. le Scientifique en chef et moi, on se parle régulièrement et que... de toute évidence, je pense que la chaîne
d'approvisionnement commence par la science, l'innovation et finalement
l'économie. Alors, je peux vous
rassurer que, même s'ils m'ont enlevé le S, je ne suis pas... le MESI, mais je
suis quand même soucieux de la
science.
Mme Ghazal : Donc, c'est juste un changement cosmétique, c'est ça?
Parce que j'ai eu peur. Mais je suis très, très...
D'ailleurs, je suis très contente que le Scientifique en
chef soit présent ici aujourd'hui. Et d'ailleurs c'est une institution importante,
surtout dans notre société d'aujourd'hui où il y
a des changements et des défis extrêmement importants. C'est une institution qui existe, qui a été mise en place depuis 2011 et dont l'objectif,
de ce que je comprends, c'est de conseiller le gouvernement en
matière de science de façon générale.
Et, en fait, je parle des grands défis de notre société
aujourd'hui, un des plus grands défis de notre siècle, c'est, évidemment, les changements climatiques. Et, en fait, ma question s'adresse au
Scientifique en chef, si c'est possible, si les autres donnent le consentement pour qu'il puisse répondre. Est-ce
que vous avez déjà... Est-ce que
le Scientifique en chef a déjà
conseillé le gouvernement de la CAQ, le nouveau gouvernement, sur la question des changements
climatiques? Et est-ce qu'il
s'est senti écouté?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : D'abord, on va demander le consentement. On a le consentement, ce côté-ci? Aussi? Aussi. Alors, je vais vous demander de vous
présenter clairement, prénom, nom, ainsi que votre titre.
M. Quirion (Rémi) : Rémi
Quirion, Scientifique en chef du Québec. Mme la députée, M. le ministre, Mme la
Présidente, très heureux d'être avec vous ici aujourd'hui. Et on peut vous
rassurer, là, la science, je dirais que la science, c'est peut-être un peu
prétentieux, mais la science, elle est partout. Donc, oui, il y a un ministère
de tutelle, mais on se rapporte... on discute avec la très grande majorité,
sinon la totalité des ministères.
Changements climatiques, on a vu, au cours des dernières semaines, avec
les inondations, tout ce qu'on a vécu, tout ce que plusieurs communautés au Québec ont vécu, donc, l'impact des changements climatiques au
niveau de l'environnement, au niveau de notre société, et on a créé, vous l'avez peut-être
vu, on a créé très récemment un
réseau de recherche intersectoriel sur
les inondations, le RIISQ. Le premier directeur du réseau est basé à
l'Université du Québec à Montréal, mais ça inclut toutes les universités, plusieurs CCTT à travers le
Québec. Donc, il y a un aspect de recherche très fondamental, de
cartographie des zones inondables, un autre aspect qui est très important, qui
est beaucoup plus sciences sociales et sciences
humaines, et là, oui, il y a eu beaucoup de discussions à l'intérieur de notre
ministère, mais je dirais aussi avec le ministère de l'Environnement, où, finalement, c'est là que se situent la
majorité des activités, du côté changements climatiques. Et très heureux de travailler avec ce ministère-là
pour tout ce qui est construction du réseau de recherche sur les inondations
et bonifier la recherche sur les changements climatiques au Québec.
Mme Ghazal : Donc, si je
comprends bien, là, vous... Ma question, c'était : Est-ce que vous avez
conseillé le gouvernement plus
spécifiquement pour qu'il puisse avoir un plan digne de ce nom, là, un plan
sérieux en matière de lutte aux
changements climatiques? Puis est-ce que vous pensez qu'on va avoir un plan?
Est-ce que votre parole a été écoutée? Je pourrais poser aussi la
question au ministre de l'Économie.
M. Quirion
(Rémi) : Je pense que le plan, ça s'en vient. Moi, j'ai discuté plus
dans le contexte d'une organisation que
vous connaissez peut-être, qui est basée à Montréal, qui est basée au Québec,
Future Earth, Le futur de la planète, et ils ont des discussions avec le ministère, le ministère de
l'Environnement, pour du financement de Future Earth. Donc, oui, il y a
des ouvertures. Est-ce qu'il y a un plan? Il n'est probablement pas encore
finalisé, à ma connaissance.
M. Fitzgibbon :
Cela étant dit, si peux renchérir, c'est clair que toutes nos initiatives, dans
la mesure du possible, on veut les
voir appuyées par la science, de toute évidence, donc c'est... l'intuition
n'est plus pertinente aujourd'hui, je pense,
considérant la sévérité des enjeux qu'on fait face, et que ce soit Ouranos ou
d'autres organismes. D'ailleurs, il y a un fonds de recherche qui est
pour ça. Donc, je pense qu'on a mis beaucoup d'argent là-dedans. On a continué
ce que le gouvernement précédent avait fait puis on va continuer encore, donc.
Mme Ghazal :
Mais je suis contente aussi que dans... en fait, qu'on ait fait le lien, parce
qu'on ne le faisait pas l'année passée ni en 2017, lors des inondations,
de façon plus directe, entre les changements climatiques et aussi les inondations, ce qu'on n'osait pas faire. Mais là,
avec la récurrence... même, je pense que votre institution aussi a fait le
lien beaucoup plus directement et sans
hésiter, ce qu'avant on disait : Bien, il faut faire attention, c'est
peut-être le climat. Donc... Et la volonté que le gouvernement écoute
les scientifiques, le Scientifique en chef est très important.
Vous parliez
des fonds de recherche, justement, puis j'ai regardé dans le livre des crédits, où
on voit les trois fonds de recherche
qui sont chapeautés par le Scientifique en chef, et les montants n'ont pas
changé. Vous dites que vous continuez, mais
elles n'ont pas augmenté d'un sou. Ça n'a même pas suivi l'inflation. Est-ce que...
Moi, ce que je comprends, quand d'une
année à une autre on n'augmente pas un budget même du niveau de l'inflation, c'est une sorte de
compression, dans le fond,
dans les fonds de recherche. Est-ce que vous le confirmez?
M. Fitzgibbon : Oui, là, écoutez, il y
avait eu une augmentation qui avait été planifiée, je pense, il y a un an ou deux, qu'on a maintenue. On a maintenu les
montants qui avaient été commis. Honnêtement, en arrivant en poste, dans mes premiers jours après mon arrivée en poste, je me
suis assis avec le Scientifique en chef, on a regardé les budgets.
J'ai, un, rassuré de la pérennité des
argents, parce que, souvent, dans la recherche, c'est le problème
qu'on a, hein, c'est ponctuel. Or, le
Scientifique en chef était soucieux de s'assurer qu'on était pour avoir une
vision de continuation, ce que je lui confirmé. Et, au moment approprié, si approprié, on pourra augmenter les sommes
investies. Mais, honnêtement, je pense qu'à ce moment-ci M. Quirion, le Scientifique en chef, était à
l'aise avec les sommes qui étaient allouées, là.
Mme Ghazal : O.K. Mais là, les
défis, on parle des... pour les changements climatiques, qui sont extrêmement importants. Donc, vous, vous allez continuer ce
que le Parti libéral avait fait. Ils ont fait une augmentation en 2018. Vous dites que c'est suffisant, on n'augmente pas plus
que ça. C'est ce que je comprends.
M. Fitzgibbon : Pour l'instant, je pense que c'est 40 millions de plus qu'on a par année, là, si on regarde depuis un an, là, à
peu près, les trois fonds.
Mme Ghazal : Pour les trois
fonds.
M. Fitzgibbon : Mais, s'il
y a des besoins additionnels, on
verra. Pour l'instant, il n'y a pas eu de demande formelle d'augmentation. Je pense qu'il faut... Premièrement, on a comblé des postes de directeur de deux des
fonds de recherche. Alors, il y a beaucoup
de choses à faire au niveau des ressources
humaines. Et, au moment approprié, si
jamais il y avait des besoins
tactiques ou des besoins précis, on a toujours moyen de faire des décrets ministériels.
Alors, j'ai assuré le Scientifique en chef qu'on a va être là, au besoin.
Mme Ghazal : Et que son rôle
est important et va continuer. O.K. Très bien.
Je voulais
aussi vous parler de l'intelligence artificielle où est-ce qu'il y a eu des investissements massifs, là, dans le dernier budget. Puis il
y a vraiment tout un discours
dithyrambique par rapport à ce sujet-là. On a entendu le gouvernement là-dessus beaucoup.
Puis, des fois, on a l'impression que ça suit un peu une certaine mode. On en a
connu quelques-unes. Par
exemple, on parlait beaucoup
des nanotechnologies, biotechnologies. Dans les années 80, pour s'assurer
d'être à un niveau... au rang mondial, à un niveau
important dans l'industrie pharmaceutique, on avait mis beaucoup d'argent dans
BioChem Pharma, par exemple, une entreprise qui a été rachetée et démantelée
dans les années 2000. Donc, beaucoup d'investissements où est-ce
qu'on suit des effets de mode. Je
souhaite que ça ne soit pas le cas pour l'intelligence artificielle,
mais je crains que ça va être le cas. Ça fait que vous allez peut-être pouvoir
me rassurer à ce sujet-là.
Donc, dans le
budget, dans le budget actuel que vous avez soumis, pour les cinq
prochaines années, ce sont des investissements importants de 329 millions. Et, si on
inclut Ottawa, les investissements d'Ottawa et Québec, au total, ça va être beaucoup d'argent, c'est 3 milliards. Donc, c'est
énorme.
Le gouvernement, des fois, j'ai l'impression qu'il fonce tête baissée dans
l'intelligence artificielle. On y croit parce que c'est la chose la plus importante, mais sans
demander de garanties, comme on l'a déjà vu aussi ailleurs dans d'autres secteurs. Le problème, c'est
que c'est un secteur risqué. Donc, ce sont les Québécois. C'est avec l'argent
des Québécois qu'on prend les risques, mais
les profits, par exemple, vont à des entreprises dont certaines, on
a appris récemment, avaient des
connexions un peu plus importantes, peut-être, avec le gouvernement que d'autres, des entreprises qui sont quand même bien nanties.
Et j'aimerais
savoir, dans les ententes pour cet argent-là que vous allez investir dans ces entreprises-là
ou que vous avez déjà
investi, est-ce que vous avez négocié que le gouvernement puisse avoir, le trésor public, des redevances sur les profits ou si est-ce que c'est possible de
s'assurer... En fait, est-ce que, dans les ententes, vous avez inclus des clauses
pour que les retombées économiques restent au Québec et ne s'en aillent
pas à l'étranger?
M. Fitzgibbon : Écoutez, Mme la
députée de Mercier,
vous avez une question que je trouve très pertinente, et elle
mérite une explication. Effectivement, on a noté dans le budget... en fait, on
a même déboursé, avant la fin de l'année financière,
100 millions de dollars, qui étaient accordés à différentes institutions.
J'aimerais préciser un petit peu, parce
que vous faisiez référence à un article
où on n'avait favorisé une personne parmi d'autres, là. Je vais juste essayer
de démystifier un peu ce concept-là, je pense qu'il a été mal compris. Sur
le 100 millions, il y a eu à peu près 32,5 %...
Une voix : ...
• (16 heures) •
M. Fitzgibbon : Il y a eu,
disons, 30 % qui est allé chez Mila. Alors, Mila et Ivado sont nos deux
instituts de recherche fondamentale. Et je
suis d'accord avec vous qu'il faut faire attention pour ne pas que le fondamental devienne
le seul moyen dans lequel on va faire
l'intelligence artificielle. Ça, ça va devenir tout simplement des concepts
théoriques qui ne pourront pas aider les entreprises québécoises. Alors,
conséquemment, le reste du 100 millions a été divisé en trois. Il y a, premièrement, Ivado Labs, il y a Scale.AI
et il y a PROMPT. Ces trois organismes-là, leur raison d'être est de, justement,
faire le pont entre le fondamental au niveau de la recherche et le côté
applicatif. Dans le cas de Scale.AI, c'est la chaîne d'appro, d'approvisionnement. Dans le cas d'Ivado Labs, ce sont les
consultants qui travaillent pour des firmes qui peuvent aider les
entreprises à utiliser l'intelligence artificielle. Et le troisième, PROMPT,
fait un peu la même chose.
Alors, je
peux vous rassurer que mon intérêt, notre intérêt au gouvernement, c'est de
s'assurer qu'on mette les étages en place pour qu'en bout de piste nos
PME du Québec puissent utiliser l'avantage de l'intelligence artificielle. Ça
ne se fera pas en deux jours. Aujourd'hui,
on a à peu près 250 000 PME au Québec, peut-être 10 % peuvent,
aujourd'hui, utiliser l'intelligence artificielle. Mais, avec le temps,
je pense qu'on va pouvoir démystifier un peu ces concepts-là, c'est très galvaudé, je suis d'accord avec vous. Mais
l'intelligence artificielle va permettre l'efficience opérationnelle qui va
être requise pour être plus
productif, qui est un des problèmes majeurs que nous avons au Québec. Alors
donc, le point que je veux faire ici,
c'est que beaucoup d'argents vont être investis dans l'application de l'IA en
entreprise, que ce soit économie sociale, que ce soit économie
traditionnelle.
L'autre élément que vous mentionnez, c'est
comment le gouvernement va s'assurer que les retombées soient québécoises. Il est évident que l'idéal serait
d'avoir des redevances. Je ne sais pas si le modèle s'applique pour toutes les
sauces, mais c'est sûr que le brevet, le PI,
profil intellectuel, doit résider ici. Nous ne voulons pas utiliser les
ressources de M. Bengio, et
compagnie, pour pouvoir permettre à des compagnies étrangères de bénéficier de
ça. Je pense, je suis d'accord avec
vous, ce serait immature de la part du gouvernement ou non responsable, je
devrais dire, de laisser notre intelligence servir à des fins
économiques à l'extérieur du Québec.
Mme Ghazal : Vous avez... Parce que, là, il me reste peu de
temps. Vous avez comme opposé recherche fondamentale et recherche appliquée, puis il y a toujours
cette opposition-là, mais je veux juste... c'est comme si vous disiez :
Oui, on ne peut pas juste faire de la
recherche appliquée puis rester dans les nuages, et tout ça, il faut quand même
être plus terre à terre, c'est ce que
j'entends de ce que vous me dites, mais, vous savez, les plus grandes
découvertes dans l'histoire ont été faites grâce à la recherche fondamentale, on ne savait pas trop qu'est-ce qu'on
cherchait. Et ça, je vois le Scientifique
en chef opiner de la tête. Donc,
regardez-le, c'est important. C'est ça, je lui avais posé la question
s'il se sent écouté. Donc, c'est important aussi d'investir là-dedans.
Et ça m'amène à ma question. Par rapport
au budget des trois fonds de recherche, est-ce que vous
êtes capable de me dire quel est le pourcentage de ces budgets-là qui sont alloués à de la recherche
fondamentale dans les budgets que vous mettez,
là, le pourcentage qui va à la recherche fondamentale versus appliquée?
Est-ce que vous pouvez me donner ça?
M. Fitzgibbon : Bien, on peut répondre de différentes façons, là.
Si on parle de Ivado, Apogée, on a quoi... on a 130 millions. C'est un projet qui a une pérennité. Donc, il n'y a
pas d'autre argent. Mila, on a mis combien à date? On a mis 100, 150? On va en
mettre d'autres. C'est les deux centres de recherche fondamentaux. Bien là, le reste, c'est tout de
l'appliqué, là.
Alors,
tantôt, ou je ne suis mal expliqué ou vous avez mal compris, mais loin de moi
l'idée que l'appliqué est contre le
fondamental. Mais je peux vous confirmer que les gens qui font de la recherche
fondamentale sont aussi intéressés que moi à voir leurs recherches être
appliquées. Alors, je pense qu'on peut concilier les deux. Mais, effectivement,
c'est deux paliers séparés. Donc, nos
chercheurs chez Mila, chez Ivado ou au Mile-Ex, vous êtes sûrement allée, il
faut leur donner un environnement qui
va être porteur pour qu'ils créent de la recherche. Cependant, à côté d'eux
autres, pas loin, il doit avoir des
centres, des laboratoires corporatifs, il doit avoir des Ivado Labs qui est là
avec des chercheurs. Alors, il faut faire les deux.
Je n'ai pas
la réponse précise à votre question, mais je peux vous dire que nous continuons
à mettre de l'argent, comme les
libéraux avaient commencé, dans le fondamental, et vont continuer à... Au
moment où on se parle, les deux instituts de recherche semblent très
satisfaits de ce qu'ils ont.
Mme Ghazal : ...parce que, là,
vous dites que vous n'étiez pas certain de me donner la réponse par rapport au pourcentage des fonds de recherche du Québec qui
sont alloués à la recherche fondamentale. Mais est-ce que le Scientifique
en chef a cette réponse?
M. Quirion
(Rémi) : Pour les fonds de recherche du Québec, les trois fonds de
recherche du Québec, c'est environ 80 %
qui va à la recherche non dirigée, la recherche fondamentale. Donc, les
chercheurs appliquent. Les comités de pairs évaluent. Ce n'est pas nous qui décide, là, c'est décidé par les pairs.
Et c'est au moins 80 % qui va à la recherche non dirigée.
Mme Ghazal : O.K., mais les
trois fonds, là, les montants qui sont mis, 80 %...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...est terminé.
Mme Ghazal : Ah! O.K. Bien,
merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Nous avons déjà empiété de près de
50 secondes sur le temps du gouvernement. Comme c'était la réponse, alors, on l'a accepté. Nous allons donc...
Merci pour l'échange enrichissant. Parfait. Nous allons donc avec le côté du gouvernement, son deuxième
bloc. Nous y allons avec la députée de Labelle. Il vous reste
14 min 20 s.
Mme Jeannotte : Alors,
rebonjour, Mme la Présidente, rebonjour, chers collègues députés de
l'opposition et collègues députés
ministériels ainsi que membres de la fonction publique. Donc, je vais vous
parler des femmes en science, M. le ministre.
L'équité
entre les hommes et les femmes est un sujet récurrent dans notre société. Les
femmes aspirent à une équité avec
leurs collègues masculins, comme vous le savez. Des avancées ont été faites
concernant l'augmentation de la présence des femmes dans certains domaines, autant au niveau scolaire que de
l'emploi. Cependant, les données statistiques concernant la
représentation des femmes dans les carrières scientifiques et technologiques
démontrent qu'il reste encore beaucoup de
travail à faire. La présence des femmes en sciences, technologies, ingénierie
et mathématiques doit être encouragée. Leur place dans ces domaines est
cruciale dans un contexte de mondialisation et d'ouverture des marchés où les
sciences et les technologies deviennent les lieux stratégiques de
pouvoir et d'action dans notre société.
Donc, les
enjeux, Mme la Présidente, sont les suivants. On observe par exemple, là, chez
les élèves qui passent du primaire au
secondaire, une baisse importante de leur intérêt pour les sciences et les
technologies de même qu'une baisse de
confiance en leur capacité de réussir dans ces matières. En particulier, selon
certaines études, les jeunes filles auraient une perception de facilité
inférieure à celle des garçons considérant les disciplines des mathématiques,
des sciences et technologies et de l'univers
social. Ce constat se refléterait dans la plupart des diplômes décernés aux
femmes en sciences pures et
appliquées, qui augmentent peu, et par le fait que relativement peu de femmes
occupent des emplois en sciences et
en technologies. Enfin, les femmes sont sous-représentées au sein des
titulaires de chaire de recherche du Canada. Bien que des progrès dans l'égalité des hommes et des
femmes aient été accomplis depuis plusieurs années, des lacunes subsistent
encore dans certains secteurs d'activité ou certaines professions.
Alors, M. le
ministre, quelles sont les actions posées par le ministère de l'Économie et de
l'Innovation afin d'accroître concrètement la progression des femmes en
sciences et en technologies?
M. Fitzgibbon :
Merci, chère collègue. Je peux vous réconforter que le rôle des femmes en
sciences, c'est quelque chose qui est
très important pour notre gouvernement. D'ailleurs, je vais commencer un
élément de réponse et je vais demander tantôt
au Scientifique en chef, qui, lui aussi, se préoccupe de cet enjeu-là dans un
des fonds de recherche, de pouvoir aussi commenter sur la question.
L'équité
entre les hommes et les femmes est un sujet important. Depuis plusieurs années,
le ministère de l'Économie et de l'Innovation travaille à améliorer la
progression des femmes en sciences et technologies. Le plus récent bilan
de la progression des Québécoises en
sciences et technologies, particulièrement en sciences naturelles et sciences
appliquées, date de trois ans. Parmi
les avancées présentées, notons la progression de la représentation féminine
dans le corps professoral en sciences, l'augmentation de la
représentation féminine dans des programmes d'études de troisième cycle menant
au doctorat, la forte présence des femmes en sciences au collégial tant en
formation technique qu'en formation préuniversitaire, la progression de la
représentation des femmes dans les techniques physiques au collégial.
Un budget de 750 000 $ est prévu sur
cinq ans pour la promotion des carrières en sciences auprès des femmes. À cet effet, des appels de projets ont été lancés
en 2017‑2018 et en 2018‑2019 par le ministère de l'Économie et de l'Innovation
dans le cadre du programme NovaScience. Au total, ces
10 projets, soit sept en 2017‑2018 et trois en 2018‑2019, ont été sélectionnés avec l'objectif de contribuer à
favoriser la présence des femmes dans les carrières ainsi que dans certains
domaines d'études en sciences et technologies, où elles sont peu représentées.
• (16 h 10) •
De plus, notre ministère soutient des organismes,
des événements et des concours qui
encouragent la contribution des
femmes dans des carrières scientifiques ou traditionnellement masculines.
Ainsi, il soutient la mission de l'organisme Les Scientifines, qui fait la promotion des sciences et de la
technologie auprès des jeunes filles afin de leur permettre de développer des compétences et de compter le
décrochage... et de contrer, plutôt, je m'excuse, le décrochage et la pauvreté.
De juin 2017 à 2018, ce sont 163 filles
qui ont participé au programme d'activités scientifiques pour filles dans les
locaux de l'organisme, totalisant 13 756 présences depuis
30 ans.
On appuie
également Les Catalys, une websérie de 10 épisodes mettant de
l'avant des jeunes professionnelles évoluant dans le domaine des sciences, technologies, de l'ingénierie et des
mathématiques. Les objectifs visés par Les Catalys sont de stimuler l'intérêt des jeunes femmes âgées de
13 à 19 ans envers les domaines scientifiques et de les amener à les
considérer lorsque viendra le temps de prendre une décision par rapport
à leur cheminement scolaire et professionnel.
Le ministère a été présent à toutes les éditions
du concours Chapeau, les filles! et son volet Excelle science, organisé par le ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur. Chapeau, les filles! s'adresse aux femmes inscrites
à un programme d'études en formation
professionnelle et technique menant à l'exercice d'une profession ou d'un
métier traditionnellement masculin.
Son volet Excelle Science s'adresse aux femmes poursuivant une carrière
universitaire dans une discipline
traditionnellement masculine. Le ministère de l'Économie et de l'Innovation est
un partenaire majeur, et ce, autant par ses contributions en prix que
par son soutien à l'organisation
Le ministère
appuie également au fonctionnement le magazine Québec Science de
l'ACFAS, qui coproduisent le balado 20 %, une série d'entretiens réalisée avec des femmes qui oeuvrent en
sciences humaines, sociales et naturelles, et en technologies, et en ingénierie. La série est diffusée sur la chaîne de
balados du magazine Québec Science à raison d'un par semaine
depuis le 11 février 2019, Journée internationale des femmes et des filles
en sciences.
Avant que je continue, il reste combien de
temps?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste sept minutes.
M. Fitzgibbon :
Sept minutes. Alors, pour ça, je vais passer la parole avec mon collègue le
Scientifique en chef, qui a beaucoup à dire sur le sujet aussi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On est d'accord, oui. Vous pouvez...
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On l'a demandé tantôt. L'avez-vous encore? Oui, c'est ça, oui.
M. Quirion
(Rémi) : Merci. Merci. Merci beaucoup. Et seulement ajouter, d'entrée
de jeu, qu'on a besoin de 100 % de
tous les Québécois et toutes les Québécoises, là. Donc, il faut vraiment... il
ne faut pas qu'on laisse quelqu'un à côté parce que les sciences, ça
peut sembler un peu difficile.
On essaie de
faire notre part. Au Fonds de recherche du Québec, mes collègues, en termes de
direction scientifique et direction
administrative, présentement, c'est toutes des femmes, toutes des femmes. Donc,
on fait notre petite part de ce
côté-là. Aussi, ce qu'on a fait récemment, soutien financier en partenariat
avec le Secrétariat à la condition féminine, une action concertée d'un
projet de recherche pour voir comment les femmes peuvent être mieux
représentées dans des professions traditionnellement plus réservées aux hommes.
Ce qu'on a
fait aussi, c'est d'augmenter le congé parental offert aux jeunes qui reçoivent
des bourses des Fonds de recherche du Québec. Hier, on annonçait plus de
1 600 nouvelles bourses dans les domaines de la santé et dans les
domaines des sciences sociales et sciences humaines, il y a plus de
femmes. Il reste du travail à faire encore dans le domaine des sciences, des mathématiques et du génie, mais on a
augmenté. On est rendus à 35 %, 36 % des bourses offertes hier qui
ont été offertes à des jeunes femmes.
On donne aussi des frais de déplacement beaucoup
plus consistants qu'avant et on permet à toute la famille de voyager ensemble. Si, par exemple, une étudiante
va pour faire des études à San Francisco, elle peut être accompagnée par son conjoint et la famille, et on va rembourser
tous ces frais-là. Aussi, on a majoré nos bourses, les montants donnés pour
chacune des bourses, et on les rendu
beaucoup plus flexibles, beaucoup moins linéaires que dans mon temps, où,
finalement, quelqu'un commençait une
maîtrise, faisait ses deux doctorats, et tout était très linéaire. Maintenant,
on permet au titulaire d'une bourse
d'arrêter, congé de maternité ou autres, et de revenir dans le système par la
suite. Donc, beaucoup plus de flexibilité.
Et vous avez peut-être vu récemment, on a parlé beaucoup d'intelligence
artificielle avec Ivado. Il y des chaires Ivado qui ont été offertes à des jeunes femmes de très, très niveau dans
le domaine de l'intelligence artificielle. Donc, il reste encore du
travail à faire, puis on a fait un bout de chemin.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Vous pouvez continuer. Il reste 4 min 30 s.
Mme Jeannotte : Effectivement. Donc, je reconnais les beaux efforts qui ont été
faits. C'est très intéressant. Et puis,
pour avoir voyagé un peu dans ma vie, je pense que le Québec, on a quand même
fait des progrès puis qu'on n'a pas à avoir honte, là, de notre positionnement. Ma
mère a 94 ans, rêvait d'être professeure, mon père avait une
3e année, puis moi, j'ai trois
diplômes universitaires. Ça
fait que, franchement, comme société,
je pense qu'on peut quand même, là, se dire
bravo.
Mais
moi, j'aimerais entendre le ministre, j'aimerais savoir son opinion personnelle.
Je vous donne un exemple. Moi, j'ai fait une carrière au sein de la fonction
publique du Canada et je
pense que, s'il n'y avait pas eu des hommes à des positions
stratégiques qui donnaient... qui
étaient en faveur, donc, de donner la chance à des femmes, bien, ça n'aurait
pas été aussi rapide comme
progression. Mais j'aimerais savoir votre position personnelle, M. le
ministre. Qu'est-ce que vous pensez,
vous, personnellement, peut-être des quotas et puis de... Comment vous le
percevez, vous, l'aide, justement, aux jeunes femmes en sciences?
Comment vous-même, personnellement, vous percevez cet enjeu-là de société?
M. Fitzgibbon :
Bien, je pense que, quand on parle de quotas, j'ai toujours... puis je vais
parler de la science, je vais parler
des affaires en général, je ne veux pas être spécifique, je pense qu'il a fallu
établir des quotas, des normes, parce qu'on
avait une situation un peu aberrante, et j'espère que, rapidement, on n'aura
plus besoin d'avoir ces quotas-là, ça va être naturel de la part des
hommes de pouvoir réaliser que la cohabitation, elle est non seulement
désirable, mais même favorable à l'innovation.
Moi,
je crois pertinemment qu'au niveau des jeunes entrepreneurs les femmes ont
souvent plus à offrir. Alors, moi, je
suis un de ceux, depuis longtemps, qui ne veulent plus avoir des quotas ou des
normes, parce que ça devrait être naturel, et je pense qu'on voit une évolution
assez rapide, et je suis la personne la plus heureuse. Puis la diversité, elle
se mesure à différents niveaux, pas
juste hommes-femmes, elle va ailleurs aussi, au niveau générationnel, au niveau
genre, et ainsi de suite. Alors, moi,
je suis excessivement favorable à ça, puis je n'ai jamais eu aucune difficulté
à pouvoir promouvoir des femmes dans
mon environnement, et j'espère que c'est une chose qui est partagée par
beaucoup de monde. Pas j'espère, je sais que c'est partagé par beaucoup
de monde.
Mais,
juste pour conclure, je pense qu'il y a beaucoup de progrès qui a été fait au
niveau également hommes-femmes depuis
plusieurs années. Il y a encore des lacunes qui subsistent dans certains
secteurs d'activité et professions. Et je pense qu'avant... afin de combler ces lacunes, je peux confirmer et m'engager
que le ministère de l'Économie et de l'Innovation, on travaille à améliorer... à avoir une
progression des femmes en sciences et technologies, pour être plus spécifique
au sujet d'aujourd'hui, et on va soutenir, on va continuer à soutenir
des organismes, des événements et différents concours qui encouragent la
contribution des femmes dans des carrières scientifiques ou traditionnellement
masculines, autres que scientifiques. Et mon engagement va être soutenu et va
être cohésif avec les autres sources de mon ministère.
Mme Jeannotte :
Merci, M. le ministre.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Il reste 1 min 20 s.
M. Fitzgibbon :
On va la donner à notre collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Ou on va la garder pour notre pause
tantôt. Nous allons l'accumuler pour notre pause tantôt, parce que, prendre
10 minutes, on sait que vous en prenez 12. Parfait. On vous en donne 10,
mais vous en prenez 12. Alors, on va le garder pour là.
Nous
y allons maintenant avec le deuxième bloc de parole pour l'opposition
officielle. Nous laissons la parole à la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Vous avez 20 minutes.
• (16 h 20) •
Mme Anglade :
D'abord, je vois que vous ne manquez pas de... vous réagissez bien, donc, vous
avez tout de suite récupéré la minute, hein, vous êtes à vos affaires,
Mme la Présidente.
Bien,
contente que le débat tourne autour de la question des femmes. C'est un sujet
qui m'interpelle particulièrement, lorsque
l'on parle de science, d'autant plus que je ne sais pas si le ministre a pris
connaissance de ce rapport, qui est très bon, qui parle du plus grand potentiel économique au Québec, potentiel
économique qui est en fait le fait que l'on ait plus de femmes sur le marché du travail et plus de femmes
qui occupent des fonctions dans les domaines de la finance, du secteur manufacturier, des secteurs qu'on va qualifier de
plus lourds. Ce rapport-là met en évidence le potentiel de croissance sur
le PIB du Québec. On parle de
35 milliards de dollars en termes de croissance sur 10 ans, donc
c'est quand même extrêmement significatif.
Est-ce
que, lorsque le ministre voit ce potentiel-là... Je sais qu'il y a plusieurs
initiatives au sein du ministère de l'Économie,
mais, lorsqu'il voit ce potentiel-là, comment est-ce qu'il conjugue ça avec
toute la transformation qu'il veut faire,
notamment chez Investissement Québec mais dans la société de manière large?
Comment est-ce qu'il réconcilie les deux? Puis quelles sont les actions
concrètes qu'il souhaite mettre de l'avant par rapport à ça?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, je ne sais pas où partir avec la question... ou la réponse, plutôt. Je
pense que, l'émergence de femmes
entrepreneures, ce qu'on note de façon assez importante depuis quelques années,
va faire en sorte que les programmes que
nous voulons mettre en place vont être en arrimage avec cette masse-là. La
question, c'est : Est-ce qu'on peut développer des programmes plus spécifiques, en région particulièrement,
pour encourager... Dans plusieurs régions, en fait, il y a un manque, je
dirais, d'entrepreneuriat. Est-ce qu'on pourrait moduler les programmes pour
que les femmes soient plus ciblées?
Honnêtement, je n'ai pas réellement réfléchi à ça. Ma collègue ministre
déléguée va sûrement pouvoir m'aider, mais je suis ouvert à moduler,
s'il faut moduler. Je n'ai pas l'impression qu'on doit le faire. J'ai
l'impression que la nouvelle génération de
femmes aux écoles supérieures, qui est équilibrée, va faire en sorte qu'elles
vont avoir les mêmes privilèges. J'ai peut-être mal compris la question.
Mme Anglade :
En fait, si je peux me permettre, Mme la Présidente, en fait, ce qui a été
démontré, dans les 20 dernières années,
c'est que, malgré le fait qu'on ait des femmes qui sont dans les universités à
des proportions supérieures dans le
domaine scientifique, ça ne se traduit pas dans les échelons supérieurs des
organisations. Et c'est la raison pour laquelle il m'apparaît essentiel qu'il y ait des décisions qui soient prises qui
fassent en sorte qu'on favorise l'arrivée des femmes, notamment dans les
postes décisionnels.
Alors,
je vais rebondir là-dessus, parce que vous avez un nouveau P.D.G. chez
Investissement Québec. Avez-vous eu une discussion par rapport à la
parité hommes-femmes? Quelles en ont été les conclusions? Quelle est sa vision
par rapport à ça dans le rôle qu'il va occuper, que vous souhaitez qu'il
occupe?
M. Fitzgibbon :
Bien, premièrement, vous serez heureuse d'apprendre qu'une dernière fois qu'on
a eu une interaction comme celle-là, très civilisée, d'ailleurs, c'était dans
les crédits, vous m'aviez mentionné que vous trouviez surprenant que les quatre postes occupés par des femmes étaient les
moins payants, alors j'ai discuté avec Guy en fin de semaine, de dire... — il n'a pas la réponse encore, il s'en vient à
Québec au moment où on se parle — j'ai dit : J'aimerais ça avoir la réponse à ça, parce que je ne l'avais
pas, la réponse. Alors, je pense que j'ai tenu compte de vos commentaires,
qui étaient très pertinents. J'ose croire
que la rémunération d'Investissement Québec est fonction... elle est agnostique
à la diversité mais plutôt en
fonction du poste. Et la question, donc, corollaire, ça va être : Pourquoi
les femmes n'ont pas réussi à avoir un poste dans les autres fonctions?
Heureusement,
M. LeBlanc vient de chez Price Waterhouse. Et, si on regarde, aujourd'hui,
la population dans les bureaux de comptables, elle est plus féminine que
masculine, hein, au niveau des gens qui vont entrer là. Alors, j'ose croire qu'il est très ouvert à ça et qu'il va
favoriser, dans le futur, que les femmes puissent atteindre des postes
importants.
Tantôt, dans votre
question de tantôt, je pense qu'il y avait deux enjeux : les écoles
supérieures, les femmes en affaires. Je
pense qu'il y a le côté... Moi, je crois que le côté entrepreneurial... je suis
très, très... enfin, je pense que les femmes peuvent être beaucoup plus
novatrices que les hommes à un jeune âge. Alors, moi, je suis très favorable à
ce que nos programmes en entrepreneuriat...
Je regardais même au niveau de l'École d'entrepreneuriat de Beauce, il y a
beaucoup de femmes qui sont là. Moi, je pense qu'on est en bonne voie
pour ça.
Là où c'est plus les
femmes qui s'en vont en carrière professionnelle dans des grandes institutions,
comment est-ce qu'on peut faire en sorte
qu'elles puissent avoir la même chance, opportunité que les hommes? Bien, j'ai
l'impression qu'on y arrive de par la
base des emplois qui sont là. Alors, évidemment, c'est un peu galvaudé, ce que
je dis là, mais, si on peut trouver
des façons d'accélérer ou des façons d'inciter les entreprises à avoir plus de
femmes aux comités de direction, nous
allons le faire, mais je pense que c'est une réflexion que tous les employeurs
ont présentement ou sont conscients de ça. Je ne sais pas le rôle du
gouvernement au juste là-dedans.
Mme Anglade :
Je pense que le rôle... Bien, d'abord, je vous remercie et je suis enchantée
d'entendre que vous avez eu la
discussion avec le nouveau P.D.G. d'Investissement Québec, parce que je pense
que ce sont des questions qui sont
importantes à aborder. Et, dans ce que vous répondez, vous... en tout cas, ce
que vous laissez entendre, c'est que vous avez l'impression que les choses vont quand même mieux, et qu'elles
devraient aller mieux pour la suite, et que, l'intervention, je ne sais pas jusqu'à quel point elle va être
pertinente. Bien, moi, M. le ministre... Mme la Présidente, je veux dire aussi
à M. le ministre qu'en fait la recherche
nous montre qu'il faut agir, qu'il faut poser des gestes concrets, parce qu'à
chaque échelon le pourcentage... Vous parliez des femmes dans le domaine
de la comptabilité, mais il y a bien des bureaux de comptables où il n'y a pas de... la parité au niveau des associés ne se
retrouve pas nécessairement, hein? Donc, vous allez avoir des défis qui
vont être importants, puis je pense qu'il y a un devoir d'exemplarité.
Lorsque
l'on parle d'intelligence artificielle, vous en avez abondamment parlé lorsque
vous avez pris la parole, tout à
l'heure, pendant 12 minutes, l'intelligence artificielle, on trouve déjà
des biais importants justement entre les hommes et les femmes, parce que
la manière dont c'est développé, présentement, c'est essentiellement fait par
la gent masculine, et conséquemment il y a
des résultats concrets là-dessus. Amazon utilise un logiciel qui, pour faire du
recrutement, a eu des facteurs discriminants
par rapport aux femmes. Quand Google fait de la traduction, il y a des éléments
qui reviennent systématiquement qui montrent bien qu'il y a des biais.
Donc, il y a des études qui soutiennent ça.
Quels sont les moyens
que vous envisagez pour corriger ces biais? Si nous sommes à un endroit où on
performe en matière d'intelligence artificielle, on devrait être aussi un
endroit où on se questionne sur ces enjeux-là puis on agit concrètement
là-dessus. Quelle est votre vision par rapport à ça, notamment en ce qui a
trait à l'intelligence artificielle?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, je suis très, très sensible au commentaire. Ce que vous demandez, si
le plan d'action a été défini, la
réponse est non. Je pense que nous avons clairement... Je partage votre vue
aussi. Je discutais récemment avec la
présidente du conseil de Ivado, qui partage certainement vos vues sur ça. Elle
est dans une position influente chez Ivado, chez Ivado Labs. Moi, je
pense que c'est... je ne suis pas sûr qu'il faille avoir des programmes
spécifiques, mais je... l'encouragement du gouvernement quand nous allons
investir dans des fonds de recherche, M. Quirion a peut-être des commentaires à dire sur ça, mais je pense qu'on a
eu la discussion, moi et lui, ensemble, et on est conscients, on est favorables,
on est prêts à poser des gestes, et je n'ai
pas, à ce stade-ci, de réponse spécifique à vous donner. Mais j'ai une collègue
féminine qui partage... est dans
votre vue aussi, dans les régions, et on va tout faire ce qui est possible, en
notre ressort, pour y arriver.
Je
ne sais pas, M. Quirion, voulez-vous peut-être rajouter? Permettez-vous
que M. Quirion ajoute ses commentaires?
Mme Anglade :
Certainement.
M. Quirion (Rémi) : Peut-être
mentionner qu'au niveau des fonds de recherche maintenant on a une personne qui regarde tout ça, là, tout ce qui est équité,
diversité et inclusion. On forme à l'interne et aussi nos comités de pairs pour
diminuer les biais,
mais encore plus important, je vous dirais, c'est la création de l'Observatoire
international sur les impacts sociétaux
de l'intelligence artificielle, où, là, il va y avoir beaucoup de recherche
sous l'égide, là, de l'Université Laval et d'autres collègues qui vont regarder tout ça pour essayer d'éliminer les
biais dans les algorithmes actuels. Et c'est, oui, par rapport aux femmes, par rapport à l'âge, par
rapport à différentes communautés culturelles. Donc, je pense que c'est très,
très important de devenir un leader là-dedans
à travers le monde. Je pense qu'avec l'observatoire on s'est donné le moyen
de faire ça.
M. Fitzgibbon : Puis n'hésitez
pas à faire des suggestions si vous en avez.
Mme Anglade : ...trop, hein?
M. Fitzgibbon : De quoi?
Mme Anglade : En général, je
n'hésite pas trop, trop, hein? Là où il y a de la gêne il n'y a pas de plaisir,
hein?
Question
peut-être... Alors, je ne sais pas si c'est plus pertinent de la poser
directement au Scientifique en chef ou au
ministre, à vous de voir. Il y avait le projet Athena SWAN, qui était une belle
initiative où le Québec prenait un leadership, et je ne sais pas si le ministre est au courant de ce projet-là. Alors,
je ne sais pas s'il veut en parler, mais j'aimerais bien savoir comment ça évolue,
présentement, ce projet-là.
M. Fitzgibbon :
On travaille beaucoup avec le fédéral avec ça, mais je vais laisser quand même
M. Quirion... qui est plus pertinent.
M. Quirion
(Rémi) : Oui. Donc, je parlais d'une personne qu'on avait nommée pour
tout ce qui est équité, diversité, Fanny
Eugène, qui continue sur ça et le projet Athena SWAN, donc les partenariats
avec nos collègues au fédéral, le conseil national en recherche naturelle et génie, travaille avec eux, et là on
est après, si on veut, adapter un Athena SWAN pour que ce soit peut-être un peu plus près, là, des
valeurs québécoises. Donc, on travaille aussi en partenariat avec l'équipe de Maryse Lassonde et Fanny pour vraiment s'assurer
que nous, du côté des fonds de recherche, mais en milieu académique on
tient compte de tout ça. Et on espère que ça va faire boule de neige dans toute
la société québécoise, là. Ça progresse. Ça prend un peu plus de temps que
prévu.
Mme Anglade :
Est-ce qu'il y a des rencontres de prévues dans les prochains mois dans des
forums où ça va être discuté?
M. Quirion
(Rémi) : Il y en avait, il y a eu une rencontre récemment avec le
ministère ici, ministère de l'Éducation, notre ministère, Fanny, les fonds de recherche, les gens au fédéral.
Donc, ça, il y en a eu plusieurs. Et il y en a plusieurs en Europe
aussi, et Fanny participe à plusieurs de ces réunions-là.
• (16 h 30) •
Mme Anglade :
Une des... puis là je retourne la question au ministre, une des préoccupations que nous avons, qui est réelle, à mon avis, c'est que les politiques
publiques de tout gouvernement devraient être basées sur la science. Et on
a déploré le fait, par exemple, que le ministère n'ait plus le mot «science», même dans son nom,
même s'il en garde la responsabilité. Par
contre, la science n'est pas le
propre de l'économie. La science a un impact considérable sur l'ensemble des acteurs au sein du gouvernement.
Comment est-ce que,
comme ministre... Comment est-ce que le ministre de l'Économie voit le rôle que peut jouer le Scientifique en chef à travers l'ensemble
du gouvernement? Et comment spécifiquement... Je pense, par exemple, au cannabis, je pense, par exemple, à d'autres enjeux
que nous avons, qui sont transversaux au domaine scientifique, puis je crois
que le gouvernement profiterait grandement des connaissances des fonds de
recherche, des connaissances du Scientifique en chef. Alors, comment est-ce que
vous pensez utiliser cette connaissance que nous avons pour la rendre
transversale au sein de votre gouvernement?
M. Fitzgibbon :
Bien, je pense, en premier lieu, quand j'ai eu la première rencontre avec le
Scientifique en chef, quelques jours
après mon arrivée en fonction... Vous n'étiez pas là tantôt, mais j'ai dit...
je faisais une petite farce, mais je
disais que, bon, il était très inquiet que le S avait disparu de mon nom.
Première chose que j'ai faite, parce que, bon, je ne suis pas un scientifique, moi-même, c'est de voir :
O.K., c'est moi qui s'occupe de la science, au gouvernement, donc c'est beaucoup de responsabilités. Alors, première chose
que j'ai faite, j'ai demandé comment ça fonctionne. Et, je pense, depuis
le 1er octobre... 18 octobre, j'ai
eu à travailler avec M. Quirion, il est apparu clair, que ce soit
l'environnement, que ce soient différents
ministères, ses relations, à cause des trois fonds de recherche, sont très
diversifiées, au niveau du gouvernement, alors je n'ai pas toute la responsabilité de m'assurer que la science
soit bien expliquée au niveau des ministères. Ça, ça m'a beaucoup
sécurisé, parce que c'était une tâche assez grosse parmi les autres que j'ai.
Personnellement,
par contre, quand je parle à M. Bahan, sur une base régulière, bien, il
réfère toujours à l'institut de
recherche, mais toutes les discussions que nous avons, toutes les données que
je veux utiliser pour qu'on parle de la démographie, des emplois, un sujet qui vous est très, très cher, qu'on
parle la répartition de nos secteurs industriels en région, tout
s'appuie pas sur la science pure mais sur toutes des données précises.
Alors, moi,
je suis, personnellement... Dans mes champs d'expertise, dans les décisions que
j'ai à prendre, je suis conscient que
le plus de science je vais avoir, plus de support je vais avoir, mes décisions
vont être meilleures. Et, parallèlement à ça, je pense que le Scientifique en chef est
très sollicité, je pense, par les... pas je pense, il est très sollicité par
les autres ministères et peut lui-même, de par sa personnalité, émerger,
consulter ou aviser les autres ministres.
Alors, je
suis d'accord avec vous. Je n'ai pas de réponse précise à dire, comment on va
le faire, mais même notre premier
ministre lui-même est très conscient qu'il faut avoir de l'appui. Oui, je pense
que oui, il faut avoir de l'appui pour faire nos...
Mme Anglade : Oui, faire... Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous avez une question?
Mme Anglade :
Bien, un commentaire. Simplement que j'espère que l'influence du ministre sera
grande au sein des autres membres du
gouvernement par rapport à cette réflexion qu'il vient de partager avec nous.
Je vais céder la parole au...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste 5 min 21 s.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Au fait, dans la même...
M. Fitzgibbon : ...pas en
break, là? On n'a pas un break, là?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Pardon?
M. Fitzgibbon : On n'a pas un
break, là?
M. Derraji :
Dans la même logique de science, écoutez, le Scientifique en chef nous a
préparé une très bonne séance d'information
avec l'économiste M. Pierre Fortin, et le constat, il était alarmant. Et,
je pense, il va être d'accord avec nous, c'est que l'ennemi, l'ennemi de notre nation, c'est le décrochage
scolaire. Et c'est de là où je me dis : Dans un monde idéal, on veut être des créateurs d'innovation. On veut
être les leaders en innovation et non pas, excusez-moi le terme, des
importateurs de cerveaux, mais on crée nos cerveaux, on crée
l'innovation.
Comment, au
sein de votre... Et je comprends que le mot «science» n'existe pas dans le nom
du ministère, mais je ne vais pas
focusser sur ça, parce que je sais que vous êtes convaincu de la science. Pour
moi, on peut mettre un nom sans avoir
de stratégie. Donc, ce n'est pas ça vraiment, mon débat, là. Je ne vais pas
vous questionner sur l'absence du «science» dans le nom du ministère. Mais, s'il y a une action urgente à mettre en
concertation avec le Scientifique en chef aussi, parce que c'est une réelle problématique, comment vous
comptez pallier à cette problématique du décrochage scolaire et promouvoir
la science au Québec?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, question très... Premièrement, je veux faire le plus possible d'être
aussi un MESI comme votre collègue
l'a été pendant ses années au ministère. Maintenant, moi, une chose, je vais
répondre à votre question peut-être différemment, mais une chose que je
me préoccupe beaucoup, c'est l'adéquation du curriculum en éducation avec les besoins de la main-d'oeuvre. Et j'ai passé
beaucoup, beaucoup de temps sur ça. Entre autres, j'ai analysé beaucoup les
CCTT, que j'adore en termes de
qu'est-ce qu'ils peuvent donner aux entreprises. J'ai passé beaucoup de temps
aussi à étudier le système
d'éducation dual en Allemagne, où on a beaucoup d'étudiants en études
supérieures, on parle de supérieures, quand même, là, qui vont en entreprise
pour comprendre mieux les besoins. On s'entend tous qu'aujourd'hui, l'école
primaire, il y a probablement 50 % des emplois qui vont être comblés par
les jeunes qui n'existent pas aujourd'hui. Donc, conséquemment, c'est
très important d'inclure les entreprises dans le cours
industriel. Il n'y a pas juste l'industrie, il y a
la science, ainsi de suite.
Alors, je
réponds à la question tout simplement en disant qu'avec mon collègue
le ministre de l'Éducation on a passé,
à date, assez de temps pour ça, puis je
pense qu'on doit ajuster nos curriculums. Je pense qu'il y a une déficience par
rapport à même d'autres provinces, comme
l'Ontario, où est-ce que les curriculums sont plus adaptés. Bon, je ne veux pas...
votre question, décrochage scolaire, mais
plus on va être capables d'avoir des programmes que les jeunes puissent
comprendre plus quels vont être les
emplois qui vont pouvoir avoir un futur, peut-être plus longtemps on va les
garder à l'école. Et je pense qu'il
faut aussi valoriser beaucoup les études techniques. Je crois beaucoup... Cet
été, là, je pense que... c'est extraordinaire,
on en a 59, au Québec, il y en a deux que j'ai visités, il m'en manque 57, ce
que j'ai visité, à date, c'est sur la coche, puis je pense que c'est des
genres de programmes éducatifs qui vont peut-être attirer nos jeunes.
M. Derraji :
J'ai juste une petite note, rien à voir avec nos débats aujourd'hui. Vous avez
dit, vous voulez être le Messi du
MESI. Je veux juste vous dire, c'est mon joueur préféré, hein? C'est juste...
faites attention aux fans de Real Madrid, parce que le Messi est un joueur du Barça. Donc, pour moi... On est
d'accord, hein? Si vous voulez être Messi, je vais vous appuyer et vous
applaudir.
Parlons de la formation, là, école-entreprise.
Je pense que la conférence de M. Pierre Fortin, elle est tellement
importante. Je ne sais pas si vous l'avez vue. Ce n'est pas grave. Mais
vraiment j'invite le Scientifique en chef... parce qu'il y a de très, très bonnes conclusions. Ma crainte, ce n'est pas la
fuite des cerveaux. Ma crainte, c'est avoir nos cerveaux au Québec.
Donc, juste garder ça sous votre loupe.
Je ne sais pas, Mme la Présidente, s'il me reste
encore du temps. Une minute?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : 1 min 14 s.
M.
Derraji : Donc, je sais que vous avez sur la table... vous travaillez
avec votre collègue de l'Éducation, et j'espère, hein, j'espère que ça va être ça, sa priorité — je vais ajouter une petite couche — et non pas les maternelles quatre ans,
hein? Vous allez sourire. Mais je pense que
c'est très urgent, avoir ça sous l'oeil, parce que le décrochage scolaire a,
un, un coût économique; deux, ça va affecter la productivité de nos
entreprises. Merci, Mme la Présidente.
M. Fitzgibbon :
Entièrement d'accord.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est tout?
M. Derraji :
Oui. On reporte. Je vais l'utiliser au troisième bloc.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : On reporte.
Bien, alors, écoutez,
il est 16 h 38, on peut prendre une pause jusqu'à 16 h 50.
Ça vous va? Mais il faut être... Vraiment, on recommence à 16 h 50, là. On vient
d'utiliser toutes nos ressources. Et après ce sera à vous, troisième bloc.
Ça vous va? O.K.
(Suspension de la séance à
16 h 38)
(Reprise à 16 h 50)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Écoutez, on va l'avoir pris,
finalement, notre 12 minutes. Ah! il n'y a pas de clac. Je
m'excuse, c'est moi.
Alors,
écoutez, on va demander... je vous demande si on peut passer le troisième
groupe d'opposition immédiatement, plutôt
que la prise de parole qui devrait être au gouvernement, puisque le député de
René-Lévesque doit quitter. Donc, est-ce qu'on peut lui donner son temps
de parole immédiatement? Est-ce qu'on a le consentement?
Une voix :
...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, on donne la parole au député
de René-Lévesque. Vous avez
14 min 45 s. Allons-y.
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. M. le ministre, on a eu l'occasion de se rencontrer dans la région de Baie-Comeau
dernièrement, et je vous ai remis, lors de votre passage, le fruit du travail
du Parti québécois pendant un an et demi,
c'est-à-dire la tournée Priorité PME qu'on a faite autour du Québec au grand
complet. On a rencontré plus d'une
centaine d'entreprises et, à l'intérieur de cette tournée-là, on a identifié
16 pistes de solution qui permettraient à nos PME du Québec, dans certains cas, de prendre leur
envol, de mieux développer leurs affaires, mais surtout d'avoir plus de
facilité en matière de développement des affaires.
Le
premier point que j'aimerais valider avec vous, M. le ministre, le retard de
paiement. Des retards de paiement à
la suite d'une prestation de services ou de livraison de biens ont été décrits
par les entrepreneurs comme étant un problème important, qui affecte la liquidité. Et, dans certains cas, M. le
ministre, ça a causé des faillites chez des entreprises que nous avons rencontrées. Puis je vais donner un exemple.
Une grande entreprise requiert les services d'une PME comptant une trentaine d'employés afin de construire, exemple,
des étagères pour un nouveau centre de distribution. Pour bien mener ce
contrat, la PME doit débourser des sommes importantes non seulement pour les
salaires, mais également en matériaux. Le problème, c'est qu'une fois que le travail est achevé la grande
entreprise n'a pas d'incitatif à payer rapidement son fournisseur, et là on étire, 30, 60, 90, 120 et, dans certains
cas, même plus. Vous avez rapidement compris, M. le ministre, que ça vient
grever les liquidités d'une petite
entreprise et, dans certains cas, ça la fragilise. Donc, il se passe deux
choses : soit qu'elle se fait
acheter par un groupe, on coupe la concurrence, ou, dans certains cas,
malheureusement, elle doit déclarer faillite, et on recommence à zéro.
Bref,
ma première question, M. le ministre : Est-ce que vous vous engagez à
modifier la loi actuelle afin d'obliger les paiements des services et
des biens à l'intérieur d'un délai de 30 jours?
M. Fitzgibbon :
Juste pour être clair, vous référez au... quand le payeur est le gouvernement?
M. Ouellet : Il y a un projet pilote qui a existé au sein du gouvernement, mais
est-ce qu'on pourrait aller plus loin dans
toute l'industrie, c'est-à-dire que, lorsqu'il y a un contrat qui est donné par
une entreprise et qui a un sous-contractant, est-ce qu'un délai de 30 jours devrait être le délai de rigueur, et
non pas étirer ça, dans les comptes fournisseurs, jusqu'à 90 et, dans
certains cas, même jusqu'à 120 jours?
M. Fitzgibbon :
J'ai lu votre rapport, vous l'avez donné quand on était ensemble. D'ailleurs,
j'avais répondu qu'il y avait des pistes de solution là-dedans que je
trouve intéressantes, qu'on voulait considérer, qui sont sur notre liste.
Je pense qu'il
faut séparer en deux. Quand le payeur est le gouvernement, il y a plusieurs
groupes qui m'ont demandé ça, et je
suis sensible à ça. Et on a vu, dans certains cas, Investissement Québec, si je
suis très spécifique, faire le «bridge» pour recherche... le crédit d'impôt, hein, on a vu
beaucoup ça, et on le fait, puis on le fait encore parce que ce sont des
montants, je dirais même importants, et le retard, souvent, est un an.
Au niveau du
gouvernement, je pense que la question est très pertinente, puis est-ce que
c'est possible de mettre en place le
30 jours, je ne le sais pas. J'ai déjà initié la conversation avec, entre
autres, le président du Conseil du trésor, mais j'ai aussi initié la conversation avec Investissement Québec pour
voir si, dans des cas particuliers, on pourrait au moins permettre à
Investissement Québec de faire le pont entre le gouvernement et... Alors, ça,
c'est un bout du dossier où je suis à l'aise de continuer, je ne peux
pas faire de promesses.
Dans le cas
du privé, c'est un peu plus compliqué. On est dedans présentement, moi et le
sous-ministre, dans le dossier de
North American Lithium, que vous connaissez très bien, où, là, on est dans un
cas extrême, là, je pense que ça fait un
an que ça n'a pas été payé. Je comprends, j'accepte que c'est problématique.
Est-ce que nous pouvons, comme gouvernement, légiférer sur ça? Je n'ai pas la réponse. On va le regarder, ça peut
être problématique. Mais peut-être que ce qu'on doit faire, dans les cas où c'est normal ou standard qu'un fournisseur
prenne beaucoup de temps, tu sais... qu'on fait un prêt-relais de la
part d'Investissement Québec. C'est là qu'on peut aider.
M. Ouellet : J'entends que ce serait pertinent pour le
gouvernement, mais il faudrait aussi porter la réflexion aux contrats publics
qui sont donnés, aussi. Donc, le gouvernement est le donneur d'ordres mais pas
l'exécutant. Et là il y a toute une séquence d'entrepreneurs qui
viennent s'installer, mais c'est souvent le premier qui commence. Exemple, je pense au ministère des Transports, qui a fait la
construction de chemins, entre autres. Alors, le premier commence à faire
les travaux, mais là l'entrepreneur général
retient le 10 %, mais retient un peu plus aussi et malheureusement, dans
certains cas, fragilise l'entreprise en question.
Donc,
seriez-vous prêt aussi à regarder cette alternative-là? Lorsque le gouvernement
du Québec est un donneur d'ordres, un donneur de contrats mais pas l'exécutant,
mais les deniers viennent du public, est-ce qu'effectivement on ne pourrait pas être capable de resserrer la vis pour
permettre... Parce que l'argent est là, là, c'est juste que l'entrepreneur
général le garde en main et se
finance sur le dos des petites entreprises. C'est ça, le grand «clash» que,
malheureusement, on fait face.
M. Fitzgibbon :
Je suis plus à l'aise de m'engager à ce qu'on regarde les contrats publics,
parce que c'est plus facile parce
que... dans notre territoire que le privé. Alors, oui, je vais pouvoir le
regarder. Je n'ai pas la réponse, mais je vais... C'est un bon point, parce qu'effectivement, la PME
qui est prise dans le cycle contractuel, de faire un pont ou une route, qui doit attendre à cause que la firme
d'ingénierie, et tout ça... Je suis d'accord avec vous que ce n'est pas logique
qu'une PME soit à risque financier.
M. Ouellet : O.K. Je ne sais pas si votre collègue de La Peltrie
vous a titillé à l'oreille, mais votre sous-ministre était là, et je vais
faire un peu de pouce sur ce que j'ai dit lundi dernier sur la Stratégie
numérique. Le député de La Peltrie, ministre délégué à la
Transformation numérique, nous disait qu'il voulait implanter Accès UniQc, donc
un accès unique pour les citoyens du Québec, avoir accès sur un seul
portail à l'ensemble des services et des dossiers qui touchent le client en question, mais j'ai posé la réflexion aussi un peu
plus loin pour ce qui est des entreprises, et, encore une fois, dans notre
tournée Priorité PME, ce que les entreprises nous ont dit, c'est que,
un, ils étaient embourbés dans la paperasse, mais souvent un ministère leur
demandait l'information, et un deuxième et un troisième ministères lui
demandaient la même information qui existait dans l'appareil gouvernemental, et
ils étaient obligés de le retourner une deuxième puis une troisième fois, alors
qu'elle était déjà présente à l'intérieur même du gouvernement.
Donc, est-ce qu'on pourrait effectivement
instaurer... une seule fois suffit et s'assurer que, pour ce qui est des
entreprises, une fois que j'ai transmis mes informations au gouvernement, ce
soit au gouvernement de se démêler dans l'appareil
gouvernemental pour trouver l'information pertinente, et laisser les
entreprises gérer leur business et être sur le plancher en train de développer leur entreprise plutôt que devoir
répondre à des demandes multiples, qui sont incessantes, dans certains
ministères, mais qui sont déjà présentes puisqu'elles ont été transmises à
d'autres organismes?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, le guichet unique pour les entreprises, c'est quand... Avant de me
joindre en politique, j'avais eu une
discussion avec le premier ministre actuel, on s'était mis d'accord sur des
choses qu'il fallait faire au niveau de
l'économie, un, entre autres, Investissement Québec, qu'on a réglé, et l'autre
chose qu'il me rappelle continuellement, c'est que, le premier ministre, son point numéro un, sa plus grande
frustration, c'est qu'il écoutait, il entendait parler les entrepreneurs se plaindre continuellement que la
lourdeur réglementaire devient très néfaste pour la santé mentale d'entrepreneurs. Alors, nous sommes présentement à
regarder ça, parce que je suis constamment à devoir répondre à cette
question-là. Je préside d'ailleurs le comité d'allègement réglementaire. Alors,
aujourd'hui, on a eu une réunion où j'ai mentionné
clairement... parce que, lundi, je rencontre les participants industriels de ce
comité-là, et qu'on va leur annoncer officiellement
qu'on va internaliser la problématique interministérielle pour que, justement,
Investissement Québec devienne le
guichet unique. Bon, guichet unique, il faut faire attention, c'est un mot très
galvaudé, mais, clairement, je suis totalement d'accord qu'il faut que les
entrepreneurs aient un guichet à aller. La lourdeur administrative va continuer
à exister pendant un bout de temps. Ça fait des années qu'on essaie, ce
n'est pas facile. Et, étant maintenant au gouvernement, je peux apprécier qu'il faut de la réglementation aussi.
Ça marche pour les deux côtés, là. Dans l'ancien temps, je n'aimais pas ça,
mais là, aujourd'hui, je réalise qu'il en
faut. Alors, on va au moins internaliser chez nous la complexité
interministérielle, puis espérons
qu'entre nous autres on va pouvoir la régler plus facilement que
l'entrepreneur. Mais je suis d'accord avec vous.
M. Ouellet : D'accord. Merci. Au fil de notre tournée aussi,
plusieurs leaders nous ont affirmé que les entrepreneurs connaissaient mal ou ne connaissent pas du tout
certains programmes de l'État québécois pour faciliter la croissance des
jeunes entreprises,
dont notamment les petites entreprises comprenant moins de cinq employés. Est‑ce
que vous êtes d'accord pour mettre en place une équipe ou mettre en
place des fonds pour financer des OBNL un peu comme Développement PME en Beauce, une organisation qui va directement
à la rencontre des gens d'affaires pour les aider dans leur développement?
Est-ce que vous voulez travailler avec
Investissement Québec dans votre grand déploiement ou plutôt déjà financer
l'aide à certaines ressources dans des organisations qui sont déjà
existantes, qui ont apparu après l'écrasement des CLD?
M. Fitzgibbon :
On a eu un peu, tantôt, la conversation informellement, vous et moi, sur ça. Je
pense qu'il faut faire attention. Je
ne veux pas non plus qu'Investissement Québec régional soit responsabilisé de
faire l'incubation en région, je pense que ça va être très difficile,
parce que la région... une région... il y en a 17, au Québec, elles ne sont pas
toutes... les régions ne sont pas toutes connectées sur tout le local. Alors,
je pense qu'on a commencé déjà, et, avec mon sous-ministre, on a vu un groupe qui sont des incubateurs, ils font de
l'assistance de ressources humaines. Ils sont prêts à investir eux-mêmes dans des PME dans une région spécifique,
dans ce cas-ci. Et on considère, aujourd'hui, donner un fonds à ces
gens-là, qui vont investir.
Alors, je
pense que ce qu'on a décidé de faire, M. Bahan et moi, c'est d'offrir ou
d'avoir une espèce d'appel de services,
parce que je pense qu'en région, local, pour les start-up, petites entreprises...
je ne pense pas que ce serait approprié qu'Investissement Québec les
fasse toutes, parce qu'on n'aura pas les ressources pour les faire. Puis en
même temps il faut assurer une rigueur financière à l'intérieur des régions.
Et, comme je l'ai mentionné tantôt, je pense qu'il faut dissocier l'accompagnement aux ressources humaines, qui va être fait
carrément par les MRC, les CLD de l'époque, et d'avoir
des fonds disponibles dans des fonds d'incubation qui vont être gérés par des
entrepreneurs, pour lesquels Investissement Québec... Mais, oui, je pense
qu'il faut aller à ce niveau-là.
• (17 heures) •
M. Ouellet : On a parlé
beaucoup de relève entrepreneuriale, nos fameux repreneurs. Dans le cas de
rachat d'entreprises, est-ce que vous
trouvez, M. le ministre, suffisants les programmes qui existent présentement
pour permettre à des familles ou à
des groupes de travailleurs de reprendre les entreprises? Et, sinon, quelles
seraient les prochaines avenues de
votre gouvernement pour mettre en place des programmes ou des facilitants pour
permettre à nos repreneurs d'exister dans les régions du Québec?
M. Fitzgibbon : C'est un sujet
qui est discuté au Québec depuis plusieurs générations, hein? Moi, j'étais à la
Banque Nationale au début des
années 2000, et c'était une des choses que je devais implanter au niveau
du commercial en région. On regarde
après 15 ans, et beaucoup a été fait, je pense... le Fonds Desjardins, je
pense à Capital Desjardins, je pense
à Banque Nationale. Les banques sont plus ouvertes à permettre des transferts intergénérationnels
ou de permettre aux entreprises d'être achetées par les dirigeants.
Au niveau
d'Investissement Québec, il y a des programmes, programme relève... le Fonds
Relève existe déjà. La question que
vous posez, c'est : Est-ce que le Fonds Relève est assez agressif, est
assez présent un peu partout pour pouvoir répondre aux besoins? Probablement pas. Je n'ai pas la réponse, mais
c'est définitivement, je pense, le rôle... Tu sais, je disais l'autre fois
que... pas l'autre fois, je disais ça depuis quelque temps, qu'Investissement
Québec doit prendre plus de risques. Un des risques qui va devoir être pris, je
pense, c'est de pouvoir permettre à la progéniture de prendre en main une entreprise, payer le fondateur ou pour le
management. Je ne suis pas sûr qu'il va y avoir des programmes formels pour
ça, mais je pense que les dirigeants
d'Investissement Québec en région devraient avoir carrément à l'esprit que la
démographie du Québec force cette
réflexion-là de par le fait que les entreprises ont souvent des dirigeants qui
sont maintenant plus âgés.
M. Ouellet : M. le ministre, depuis que vous êtes ministre,
vous êtes allé à l'international faire des foires commerciales, vous avez été accompagné par
plusieurs entreprises, et c'est souvent des entreprises qui ont l'habitude de
le faire. Malheureusement, dans les régions du Québec, de petites PME ne
connaissent pas les réseaux ou, du moins, n'ont pas les moyens de faire partie de ces foires
commerciales là. Est-ce que vous trouvez pertinent... Et, si oui, de quelle
façon on pourrait favoriser le
jumelage de PME et des grandes entreprises qui participent à ces grandes foires
commerciales, justement, pour favoriser le maillage et le développement
de marché?
Vous savez tout comme moi, pour en avoir... Moi,
j'en ai fait quelques-unes, je présume que vous en avez fait beaucoup, comme homme d'affaires, mais ce qui se
négocie, c'est souvent dans le voyage d'aller ou le voyage de retour, ce n'est pas tant tout ce qu'on va voir dans la
foire commerciale. Alors, comme les petites et moyennes entreprises ne sont
pas présentes là, est-ce qu'il ne faudrait
pas trouver un moyen de les mettre en contact avec ces grandes entreprises là,
qui développent des marchés, pour favoriser
le maillage dans la chaîne de production ou de distribution dans tous les
différents secteurs du Québec?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, je pense... je suis d'accord avec vous, on peut le faire de deux
façons. Quand je suis allé à Hanovre
avec la foire du 4.0, j'étais heureux de voir qu'il y avait avec nous
130 dirigeants d'entreprise, 80 entreprises, je pense. Et, au
début, je trouvais qu'il y avait beaucoup de monde, il y avait beaucoup de
monde du MEI, du CRIQ, Montréal
International. En arrivant sur place, j'ai réalisé que j'avais tort, parce que
beaucoup des gens qui étaient de chez nous
étaient là pour s'occuper, justement, des entreprises, des PME, parce que, si
on va à la foire à Hanovre pas accompagné, bien, il va y avoir Disneyland, là. On arrive là, puis on voit un paquet
de beaux jouets, puis, on retourne l'année d'après, les jouets ont changé. Alors, pour s'assurer que les
entreprises puissent connecter, j'étais impressionné par le fait que nous
avions des gens du ministère.
Votre question est très pertinente, parce que ce
qui manquait à Hanovre, c'est qu'il n'y avait pas de grosses entreprises, parce
qu'eux n'ont pas besoin de nous autres. La question, c'est : Est-ce qu'on
peut demander aux Kruger de ce monde, aux CGI de ce monde de venir avec nous pour pouvoir aider
des entreprises? Et la réponse, je pense, c'est : Il faut le regarder. Est-ce que ces gens-là vont être
assez généreux pour le faire? Ils devraient, parce qu'on a été généreux avec
eux. Alors, c'est un très bon point. Je vais
m'assurer qu'au moins les gens du ministère font leur effort, mais ce serait
bon de complémenter avec des gens qui sont en entreprise.
M. Ouellet : Il ne me reste pas beaucoup de temps, M. le ministre. Je présume qu'incessamment Investissement
Québec va annoncer sa prochaine mouture. Je vous ai entendu tout à l'heure, mais j'aimerais que vous me le confirmiez encore aujourd'hui. La régionalisation des décisions, la régionalisation du portefeuille, la régionalisation de l'aide, est-ce que ça va faire partie des nouveaux mandats d'Investissement Québec pour que partout à l'intérieur du Québec
on ait les mêmes chances de compétition, entre toutes les régions, pour
avoir accès à des nouveaux marchés?
M. Fitzgibbon : La réponse est oui, et je pense qu'il y a beaucoup
de détails qui doivent être communiqués. Et, tantôt on en parlait, j'ai parlé, la semaine passée, à la Fédération
québécoise des municipalités, je pense que j'ai rassuré pas mal les gens sur nos intentions, mais il y a
beaucoup de questionnements encore ou d'interrogations que je suis conscient,
familier. Je pense qu'il faut rapidement... Je pense être en mesure d'ici
peut-être trois semaines, quand on va déposer le projet de loi en Chambre... Je vais faire une conférence
de presse avec M. LeBlanc, et ça va être définitivement un sujet qu'il
faut adresser, parce que je sais qu'il y a beaucoup d'interrogations encore,
mais je pense qu'on n'est loin de...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Je vous remercie. Vous n'avez plus de
temps. On a déjà pris quelques secondes sur le temps du gouvernement. Merci. Merci pour cet échange
enrichissant. Nous y allons avec le groupe du gouvernement, le troisième
bloc. Je laisse la parole à la députée de Saint-François. Il vous reste
19 min 25 s.
Mme Hébert :
Merci, Mme la Présidente. Bien, bonjour à tous. Mon sujet que je vais vous
parler, c'est la relève. Et je vais prendre le temps de vous faire une
petite parenthèse. Quand on parle de relève, on parle souvent d'institution d'enseignement, et je vais profiter de ce temps
pour vous partager une belle collaboration qu'on peut qualifier de pionnière
dans ma circonscription, la belle circonscription de Saint-François. Et j'en
suis très fière, parce que j'étais là lors de l'annonce. Donc, c'est le
partenariat de Productique Québec, du cégep de Sherbrooke, et de l'Université
de Sherbrooke. Chez nous, on collabore
énormément ensemble, les institutions d'enseignement supérieur. Et ensemble ils
ont concrétisé le projet de mettre
sur pied un centre d'excellence en gestion de l'entreprise manufacturière
innovante. Alors, avec ce centre d'excellence là, bien, ils ont relevé le défi
de l'économie 4.0. Donc, on peut constater que c'est un bel exemple,
lorsqu'on unit nos forces, qu'il peut
y avoir des belles collaborations. Et c'est ce qu'on retrouve souvent en
Estrie. Donc, je suis contente, parce
qu'un petit peu M. Hardy, tantôt, en a mentionné. Donc, je voulais
souligner cette fierté-là dans ma belle circonscription.
Alors, si je reviens au contexte de ma question,
dans la plupart des pays développés, l'insertion professionnelle des nouvelles générations est une préoccupation
majeure. Dans un contexte de concurrence mondiale sans cesse croissant,
l'évolution rapide des technologies et des modèles d'affaires exige un
développement et une mise à jour continus des compétences
des individus et des organisations. Dans un contexte où ces compétences sont de
plus en plus transversales, l'adéquation
formation-emploi, comme une intelligence artificielle, devient un enjeu majeur.
Plusieurs grappes industrielles, les comités intersectoriels de
main-d'oeuvre ont approché le ministère de l'Économie et de l'Innovation dans
ce sens. L'enjeu de la relève revêt un
caractère d'autant plus critique qu'en 2014 le Québec se classait au huitième
rang au Canada quant aux diplômés
universitaires en sciences naturelles et génie. Le pourcentage de la
diplomation universitaire total était de
20,3 %. Ce résultat peut s'expliquer par une baisse importante de
l'intérêt pour les sciences et la technologie observée chez les élèves
qui passent du primaire au secondaire.
En fait, la
formation de la relève concerne l'ensemble de la société. Favoriser un meilleur
arrimage entre les besoins des
organisations innovantes et la formation disponible a fait ressortir
l'importance d'encourager l'essor des générations d'entrepreneurs parmi les citoyens en développant
une culture scientifique et une culture de l'innovation. Enfin, l'attraction et la rétention des talents sont d'autres enjeux
majeurs sur lesquels le gouvernement du Québec déploie des efforts importants.
Alors,
Mme la Présidente, ma question pour M. le ministre : Quelles sont les
actions posées par le ministère de l'Économie afin de promouvoir la
relève en science et en innovation?
• (17 h 10) •
M. Fitzgibbon :
Mme la Présidente, merci, chère collègue, pour, encore une fois, une question
très pertinente. Le gouvernement a comme objectif de soutenir la
jeunesse dans la poursuite de ses ambitions pour que les jeunes puissent pouvoir se s'accomplir et d'assurer la relève tant
requise et pouvoir continuer la prospérité économique du Québec. Or, il est très important qu'il faille doter cette
relève de compétences transversales qui soient adaptées au contexte d'évolution
rapide des modèles d'affaires et des
technologies. C'est la raison pour laquelle le développement de la relève en
science et technologie, d'ingénierie
et mathématique ainsi que son intégration sur le marché du travail justifie
l'intervention gouvernementale auprès d'une grande variété de publics
cibles.
Les actions du ministère de l'Économie en
matière de développement et de compétence de relève et culture scientifique, pour la plupart, sont structurées à
travers du programme NovaScience. Ce programme contribue au développement d'une société du savoir par le
soutien à des projets novateurs et à l'appui aux activités offertes par les nombreux
organismes oeuvrant pour la promotion
de la science. Ce programme appuie notamment la formation en quantité suffisante d'une relève qualifiée, motivée et
innovante en science, en technologie, en génie et en mathématiques, notamment,
puis encourageant la persévérance et la réussite scolaire, la mise en oeuvre de solutions à des enjeux de relève sectorielle ou propres à des plans d'action, la culture
scientifique des jeunes et celle de l'innovation, le développement de l'intérêt pour les cheminements et les carrières des domaines
scientifiques et technologiques. Le soutien aux projets vise à rendre la relève plus motivée, et plus innovante, et certainement
mieux outillée pour répondre aux différents défis et aux enjeux actuels de
l'économie du savoir. Une enveloppe d'à peu près 2,8... bien, pas à peu près,
une enveloppe de 2,8 millions, dans le
cadre du programme NovaScience, est prévue afin d'appuyer les projets en lien
avec les milieux scolaires ainsi que le codage et la programmation.
Un
partenariat avec Mitacs, la mesure Stages d'innovation en entreprise est un
outil d'une grande importance tant pour
les entreprises et les organisations qui reçoivent des stagiaires que pour les
étudiants qui en bénéficient. Pour les premiers, en plus de l'apport de leurs
stagiaires, elles bénéficient du savoir-faire et de professeurs superviseurs.
Pour les seconds, un stage en entreprise équivaut à une première
expérience de travail et un tremplin privilégié vers une carrière de R&D en entreprise. Plus de 50 millions de dollars
sont investis afin de faire passer le nombre de stages de 1 000, en 2015‑2016,
à 2 750, qu'on vise pour 2021‑2022.
Le programme
Premier emploi en recherche permet à des diplômés du collégial et des
universités d'acquérir une expérience de travail en recherche au sein d'un
organisme membre de QuébecInnove dans le cadre d'un projet mené en
partenariat avec une entreprise, une coopérative ou un organisme à but non
lucratif. Il permet de financer, entre autres, jusqu'à 50 % du salaire du
titulaire pour une durée maximale de deux ans.
L'appui à
l'entrepreneuriat innovant et scientifique chez les jeunes peut répondre aux
lacunes soulevées par les incubateurs,
les accélérateurs et les jeunes entreprises, notamment au niveau du développement
de l'esprit entrepreneurial, de la
connaissance du contexte d'affaires et de la maîtrise des concepts économiques.
Cette année, un concours d'entrepreneuriat en design industriel qu'on
appelle L'Odyssée de l'objet a notamment permis à 28 équipes de présenter
des objets innovants et d'en tirer une expérience entrepreneuriale.
Au-delà de
ces mesures qui lui sont spécifiquement dédiées, il faut savoir que le
développement de la relève et des
compétences figure parmi les retombées attendues de l'ensemble des programmes
et mesures de soutien à la recherche et à l'innovation du ministère.
Enfin,
rappelons que, lors des cérémonies du Prix du Québec, un prix Relève
scientifique est attribué à une personne de 40 ans ou moins se
distinguant par l'excellence de ses travaux.
Dans le
budget de 2019‑2020, le gouvernement du Québec a des investissements annoncés
de plus de 900 millions dans
diverses mesures sectorielles ou à caractère plus général en faveur du développement
de la relève et des compétences. On a 50,5 millions dans le domaine
de l'intelligence artificielle pour élargir l'offre de formation pour les
étudiants, les travailleurs et pour
favoriser l'attraction de chercheurs dans ce domaine dans les universités, une
somme additionnelle de 5 millions
pour adapter la formation aux besoins du marché du travail, on a
16 millions par année pour offrir des bourses d'excellence aux futurs enseignants, on a
29 millions de dollars par année pour adapter la formation collégiale aux
nouveaux besoins de formation, on a
5 millions par année pour déployer des mesures en formation
professionnelle, on a 45 millions par
année pour bonifier... pas par année, 45 millions pour bonifier le
programme de formations de courte durée dans les professions priorisées
par la Commission des partenaires du marché, on a 20 millions pour adapter
l'offre de services publics et d'emplois,
des sommes totalisant 730 millions sur cinq ans pour favoriser une
meilleure intégration au sein des communautés et au marché du travail
des personnes immigrantes.
Mis en place
par le conseil d'administration des Fonds de recherche du Québec, le comité
intersectoriel étudiant conseille le
Scientifique en chef et avec le mandat d'identifier des stratégies afin de
pouvoir... de promouvoir, je m'excuse, l'accessibilité
des études aux cycles supérieurs, d'oeuvrer à l'excellence de la relève en
recherche et participer aux efforts de
rayonnement de la recherche, et les membres
de ce comité proposent des consultations ralliant des parties prenantes du
milieu étudiant par des innovations ciblées d'experts pour les dossiers en
cours et des rencontres périodiques avec les associations étudiantes.
À l'occasion
de la rentrée universitaire, l'ACFAS et les Fonds de recherche du Québec
coorganisent deux journées entièrement
consacrées à la valorisation et l'accompagnement de la relève en recherche.
Près de 200 étudiantes chercheuses, étudiants chercheurs des deuxième et troisième cycles et des stagiaires
postdoctoraux issus de toutes les régions du Québec sont invités à
participer à une vingtaine d'activités de formation, discussion et de
réseautage.
Si vous le
permettez, je demanderais à mon collègue le Scientifique en chef de nous parler
des efforts déployés par Fonds de recherche du Québec en matière de
relève.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Consentement?
M. Fitzgibbon : Avec la
permission de...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Oui, nous avons le consentement. Vous pouvez y aller.
M. Quirion
(Rémi) : Merci. Peut-être, d'entrée de jeu, je pourrais souligner, là,
que je viens du cégep de Sherbrooke et de l'Université de Sherbrooke.
Donc, je connais très, très, très bien la région, le comté de Saint-François.
Pour nous, en
termes de relève, bien sûr, c'est une grande proportion des budgets des fonds
de recherche, environ 40 %, qui vont pour la relève de différentes façons,
mais c'est par rapport aux trois grands défis de société que j'aimerais peut-être ajouter un petit peu ici, là. Nos grands
défis de société, on l'a déjà mentionné quelque peu : changements
démographiques, vieillissement de notre population; deuxièmement, changements
climatiques, tout ce qui est relié au développement
durable; et, le troisième, qui a été discuté ici aussi aujourd'hui directement
et indirectement, tout ce qui est entrepreneuriat
et créativité. Le peuple québécois est très créatif. Des fois, le petit bout ou
le bout très important, là, vers l'entrepreneuriat
peut manquer quelque peu. Donc, différentes activités et partenariats qu'on a
développés, un modèle avec District 3,
qui est à l'Université Concordia et qui permet à des jeunes, des jeunes
entrepreneurs très créatifs, d'avoir un peu plus de
formation et, avec des mentors, de travailler à développer leur petite
entreprise. Et je dois dire que ça marche très, très bien.
L'autre
modèle que l'on aime beaucoup est avec Adopte, avec Nicolas Duvernois et son
équipe. Alors, M. Duvernois, c'est lui qui a développé la vodka Pur et le
gin Romeo et, par la suite, avec des collègues, a décidé de redonner à
la société. Donc, nous, on a fait un
partenariat avec eux, et là, à chaque année, on supporte des jeunes qui
terminent leur doctorat, qui travaillent
avec des mentors qui vont à l'École d'entrepreneuriat de Beauce, etc. Et ça
aussi, c'est très, très, très stimulant, pour ces jeunes-là, de
travailler avec des mentors qui leur ouvrent leurs carnets d'adresses.
Et peut-être,
en terminant, ça a été mentionné, les Prix du Québec.
Le prix de la Relève scientifique pour un jeune de moins de 40 ans, bien, cette année ou l'automne dernier, le
gagnant du prix est Jérôme Dupras. Je ne sais pas si vous connaissez
M. Dupras. Finalement, lui travaille en association avec l'Université du
Québec en Outaouais et le réseau de l'Université
du Québec, et, par exemple, un de ses grands projets, c'est tout ce qui ceinture verte autour de Montréal,
donc de s'assurer que nos petites
grenouilles, par exemple, peuvent aller d'une partie de la ville à
l'autre. Mais Jérôme, en plus de ça, c'est un des trois Cowboys fringants.
Donc, en termes de modèle pour la relève, il est tout simplement fabuleux,
donc, il peut parler d'environnement, et aussi, avec les Cowboys fringants, que
tout le monde aime, vraiment, il est un conférencier
excellent pour convaincre nos jeunes, de ne pas trop décrocher. On a parlé de
décrochage scolaire avant. Donc, on doit multiplier les Jérômes Dupras
ici, au Québec.
M. Fitzgibbon : Merci. J'espère avoir convaincu ma collègue
députée de Saint-François que le gouvernement du Québec pose les actions adéquates pour promouvoir
la relève en sciences et en innovation. Alors, merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Mme
la députée de Saint-François, est-ce que vous avez d'autres questions?
Mme Hébert : Non,
ça va bien pour moi. Merci beaucoup pour vos réponses. Très encourageant.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, on va passer à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster : Bonjour. Il me
reste combien de temps?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Cinq minutes.
• (17 h 20) •
Mme Foster : O.K. Je vais prendre la balle au bond. Je vais
continuer la discussion, si vous me le permettez, avec M. le Scientifique en chef du Québec.
On a l'honneur de sa présence aujourd'hui, et j'en suis très, très heureuse. D'abord,
salutations à tous mes collègues aujourd'hui. Un plaisir d'être ici.
Quand on
parle d'innovation, on n'est jamais bien loin de la
science. En fait, comme le ministre, tout à
l'heure, le soulignait, on est souvent dans la chaîne science, innovation, économie. La science, c'est
un domaine qui m'anime beaucoup, qui
me passionne, en fait, parce que je viens du monde scientifique et
universitaire. C'est sûr que science et université ne sont pas
nécessairement mutuellement exclusives et synonymes, mais mettons qu'ils se
fréquentent souvent. Donc, ce sont deux
mondes très, très, très... qui s'autonourrissent l'un et l'autre. Il se fait
également de la très bonne recherche du côté collégial. Je pense, entre
autres, aux CCTT, dont on ne parle pas assez souvent, qui sont extraordinaires.
De mon côté,
mon cheminement personnel, j'ai complété un doctorat, plusieurs années qui ont
été interrompues, entre autres, par
mon travail comme conseillère politique à l'Assemblée nationale, et je suis
retournée terminer par la suite. Ça a
totalisé sept ans demi en tout, mais qui ont été entrecoupés de tout près de
quatre ans ici. Je vous dirais que ça m'a menée à faire plusieurs réflexions sur la science au Québec, sur la
place des chercheurs. Ça m'a permis de faire plusieurs constats, et la
première, c'est que la science et son apport concret à la société québécoise,
je pense, est souvent un peu, peut-être, mal
saisi, si j'oserais dire. C'est quelque chose qui est un peu... qui est encore
à démystifier pour beaucoup de gens.
Et je raconte une anecdote. Nous étions
plusieurs doctorants à la table d'un restaurant à un moment donné, et on s'est aperçus que, quand on parlait à nos
familles du fait qu'on était au doctorat, bien, on se trouvait des exutoires, on
disait... ah! bien, on dit qu'on enseigne, qu'on fait une charge de cours, on
dit qu'on est auxiliaire de recherche, mais, tu
sais, dire qu'on est au doctorat, là, des fois, ce n'est pas drôle à dire, mais
c'est presque encore tabou. Bon. Donc, je ne veux pas prendre tout le
temps qui restait. Au pire, je reviendrai dans l'autre bloc, mais c'était un
préambule qui était nécessaire pour mettre la table.
Ma première
question, et on pourra revenir, là, dans l'autre bloc, s'il n'a pas le temps de
tout y répondre, mais je voudrais savoir comment se portent la recherche et
l'innovation scientifiques ici, au Québec, versus d'autres juridictions,
mais pas tant en termes de nombre de
publications, parce que, ça, je sais que le Québec se classe bien, mais plus au
niveau de la mentalité ou de la valorisation qu'on apporte à la science
et à la recherche au Québec.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : ...2 min 30 s, mais,
comme elle l'a souligné, vous pourrez poursuivre la réponse par la
suite.
M. Quirion (Rémi) : Parfait,
merci. Merci beaucoup pour la question. Et, tout d'abord, félicitations pour
avoir complété le doctorat. Trop souvent,
nos jeunes abandonnent en parcours. Et moi, je dois dire que mes parents, qui
étaient restaurateurs, là, n'avaient pas vraiment beaucoup d'éducation.
Quand je faisais mes études doctorales, ils me disaient toujours : Bien, vas-tu finir, hein, vas-tu finir un jour d'apprendre,
là, vas-tu trouver quelque chose? Ça fait que de terminer le doctorat,
d'avoir le diplôme, c'est tout à fait exceptionnel.
Le
Québec, on est bien positionnés. On peut toujours faire mieux, mais je dois
dire que... On a parlé un peu régions, là,
mais, CCTT, très vrai, je suis un grand, grand fan des CCTT. Les collèges, le
réseau universitaire, on parle souvent de Montréal et de Québec, mais le réseau de l'Université du Québec, qui est
implanté partout sur le territoire québécois, c'est une très grande
richesse. Donc, on essaie de fédérer davantage, depuis quelques années, tout le
réseau. Et, par exemple, le Réseau Québec
maritime, la recherche dans le secteur maritime, toutes les universités sont
impliquées, même chose les inondations,
de plus en plus l'intelligence artificielle. Donc, je pense que c'est... on est
de plus en plus réseautés, connectés.
Il reste un bout de chemin à faire avec vous,
avec les élus, c'est peut-être pour ça qu'on a nos petits-déjeuners à l'Assemblée nationale avec des chercheurs de
très haut niveau qui viennent démystifier la science, si on veut, mais aussi on
veut valoriser davantage les chercheurs qui prennent le temps d'aller sur la
place publique, d'expliquer leur science, d'expliquer leurs recherches à leurs
concitoyens. Et on veut démarrer, au cours des prochains mois, un programme de recherche en science citoyenne, en science
participative où, là, le citoyen, entre guillemets, ordinaire pourra travailler
avec des équipes de chercheurs sur des projets de recherche d'intérêt.
Donc, ça s'en vient.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. Quirion. Il reste 28 secondes. On va s'arrêter là puis
on...
Mme Foster : Oui, non, bien, 28 secondes,
là. Je reviendrai à l'autre bloc.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, parfait. Il est déjà rendu à 20 secondes.
Alors, nous y
allons avec le dernier bloc de l'opposition officielle, avec la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Et vous avez 19 minutes.
Mme Anglade : 19 minutes. Parfait.
Alors, je vais partager le temps avec mon collègue de Nelligan.
Je vais
revenir sur Investissement Québec puis la réforme. Ce matin, en période de
questions, le ministre a mentionné que
l'actuel P.D.G. d'Investissement Québec quittait au 31 juillet. Juste une question spécifique
par rapport à ça : Le contrat du P.D.G. d'Investissement Québec se
terminait à quelle date originellement?
M. Fitzgibbon : Il y a eu un peu de confusion sur ça hier, quand
je suis allé donner l'entrevue, là. Le contrat original finissait le 11 janvier 2020, une drôle de
date. Et, juste pour continuer, parce
que l'autre question après, ça va
être l'indemnité, dans le décret
original il y avait une fameuse allocation de transition qui est fonction du
nombre de mois où le P.D.G. va être
en fonction. Donc, s'il avait terminé son mandat à la date prévue, c'est un
contrat de duration limitée, il aurait eu le droit à cinq mois d'allocation de transition après le 11 janvier
2020. Alors, quand on... on ne s'est pas compris, là, c'est que ce qui se passe, en réalité, c'est que le contrat
du P.D.G. se termine le 31... en fait, c'est le 26 juillet, je pense, là,
bien, 2019. Donc, il est payé à son
salaire existant, il n'est plus employé du gouvernement et va recevoir
son allocation de transition pour une
période un peu moindre, parce qu'il y a moins de mois qu'il a gagnés. Donc, la
période... l'allocation de transition n'est pas un montant additionnel, un montant qu'il aurait eu droit peu importe quand il aurait terminé, donc le chevauchement et... de la nomination
de M. LeBlanc au 26 juillet, donc, probablement, sur trois mois.
Mme Anglade : Je veux juste
clarifier la situation. Présentement, l'ancien P.D.G. n'est plus à l'emploi du gouvernement,
c'est ce que vous dites?
M. Fitzgibbon : Non, il l'est.
Non, il l'est jusqu'au 26 juillet.
Mme Anglade : Il l'est jusqu'au
26 juillet, O.K., il l'est jusqu'au 26 juillet.
M. Fitzgibbon : Oui. Il n'est
pas P.D.G., mais il a la même rémunération qu'il avait avant.
Mme Anglade : Et le tout va être fait en termes de... en termes
pas de pénalité, plutôt d'allocation de transition en fonction du nombre
de mois qu'il a faits sur les quatre ans qu'il devait...
M. Fitzgibbon : Exact. Il va avoir cinq mois moins quelques... En
fait, je n'ai pas le chiffre. C'est par semaine, hein? Il avait le droit à cinq mois après cinq ans. Ça fait
que, là, il a moins que cinq ans, ça fait qu'il va avoir cinq mois moins
quelques semaines, là.
Mme Anglade : D'accord, très bien. Vous avez mentionné également
qu'il allait y avoir d'autres nouvelles, hein? Alors, vous avez mentionné qu'il y aurait d'autres nouvelles. Nous
sommes fort intéressés par ces autres
nouvelles. Alors, quand vous disiez ça, est-ce que c'était en fonction
de personnes qui allaient travailler pour le nouveau P.D.G.?
M. Fitzgibbon :
Bon, écoutez, premièrement, juste pour rassurer les gens qui vont écouter, si
des gens écoutent, chez
Investissement Québec il n'est pas question de délester des gens au
niveau du comité de direction, il n'y a pas d'agenda de remplacer des gens. Par contre, étant donné que
le mandat va être pas mal plus large en termes de prise de risques, en équité, entre autres, il va devoir y avoir des
embauches qui vont se faire dans les prochains mois. Entre autres,
Investissement Québec international,
je veux rehausser cet organe-là, parce que je pense qu'on peut faire mieux, et
on a des ambitions assez grandes. Donc, ça va être en complémentarité
avec les gens en place, mais il va y avoir fort probablement de nouvelles
embauches qui vont être déterminées, décidées par le P.D.G. et non pas par le
ministre de l'Économie, par contre.
Mme Anglade :
Voilà qui est fort sage, M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Hein?
Mme Anglade :
Voilà qui est fort sage, M. le ministre. Objectifs, résultats sont des éléments,
évidemment, importants. Dans un mois,
vous allez déposer tous les éléments par rapport à la rémunération. Je présume
que l'ensemble des objectifs que vous
allez vouloir rencontrer, de même que la manière d'évaluer ces objectifs-là, va
être présenté à ce moment-là?
• (17 h 30) •
M. Fitzgibbon :
Je ne sais pas. Ce qui va arriver, c'est que le programme des rémunérations que
j'ai conçu a été conçu à partir
d'expériences personnelles que j'ai eues avec différents organismes semblables
à Investissement Québec. Comme j'ai
promis ce matin en Chambre, je vais partager avec la population comment je suis
arrivé avec cette détermination-là, qui
a été faite au mois de juillet 2018, là, n'a pas été faite récemment, là. Avant
d'aller en fonction, je voulais m'assurer avec le premier ministre qu'on
avait une entente sur ce qu'il fallait faire. Donc, elle date de plusieurs mois
maintenant.
Maintenant,
il faut comprendre les objectifs. Je ne sais pas si j'avais été clair, là.
C'est l'occasion de reclarifier si je n'avais
pas été clair. Il va y avoir deux programmes de bonification, un programme
court terme, un programme long terme. Le
programme court terme, l'objectif va être plus soft, court terme, un an, qui va
donner entre zéro et 20 % du salaire de base en bonification, donc pas nécessairement 20 %, ça peut être
zéro, ça peut être... On espère que ce n'est pas zéro, là, parce que, si c'est zéro, on a la mauvaise
personne. Et la résolution à long terme, ça va être une base triennale, un peu
comme la Caisse de dépôt, qui va donner, elle, une bonification entre zéro et
70 %. Donc, quand on combine les deux, au maximum nous aurions 90 %,
variable.
Le long
terme, qui est plus important, est arrimé sur les trois objectifs
fondamentaux que nous avons mis en place au niveau d'Investissement
Québec, à savoir innovations accrues dans les entreprises, 4.0 numérique, IA,
exportations accrues et investissements
directs étrangers accrus, qui rentrent au Canada... au Québec. Alors, il est
clair... Alors, dans le décret, on va
référer à ça, largement défini, c'est le conseil d'administration qui va
déterminer les cibles spécifiques, probablement
qu'on va en avoir quatre au niveau du long terme, trois au niveau... c'est le
conseil d'administration. Donc, quand,
dans un mois, je vais divulguer le programme des rémunérations, je vais être
spécifique sur ça, mais, le quantum de la bonification, c'est le conseil
qui va le faire, probablement durant l'été, pour être réaliste.
Mme Anglade :
Alors, ce qui va être présenté, dans le fond, ce sont vos objectifs.
Indépendamment de qui reçoit quoi en
termes de pourcentage à l'intérieur de la boîte, ce sont vos objectifs généraux
qui vont être présentés par rapport aux trois piliers dont vous parlez.
M. Fitzgibbon : Oui.
Mme Anglade :
Oui. Alors, c'est rémunération pour le P.D.G., les comparables, etc., plus les
objectifs, que vous allez présenter au 1er juin.
M. Fitzgibbon :
Exact. Et le conseil d'administration va être responsabilisé pour mettre la
spécificité des objectifs.
Mme Anglade : Parfait.
M. Fitzgibbon :
Et, en bout de piste... Le conseil d'administration va faire la recommandation,
puis le Conseil des ministres va
approuver... le gouvernement va approuver, ultimement, les cibles. Puis elles
vont être établies par le conseil d'administration.
Mme Anglade : D'accord. Et ce
sera présenté une fois que ça aura présenté au Conseil des ministres?
M. Fitzgibbon : Pardon?
Mme Anglade : Ça va être
présenté une fois que vous l'aurez présenté au Conseil des ministres?
(Consultation)
M. Fitzgibbon : Réponds donc.
Il peut-u répondre?
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Anglade : Le sous-ministre
peut répondre, certainement.
M. Fitzgibbon :
Non, non, la réalité, c'est que... la mécanique, c'est que c'est le conseil
d'IQ qui va établir ça selon les
objectifs, ils vont faire la recommandation. Je vais prendre la recommandation,
je le recommande au Conseil des ministres, qui l'approuve, ça devient un décret. Alors, ça va être divulgué à ce
moment-là. Mais ça, soyons réalistes, ça va se faire probablement, je vous dirais, dans les prochains
trois, quatre mois, là. Je veux que le conseil d'administration soit capable
de prendre nos objectifs, de pouvoir travailler avec.
Mme Anglade :
Quand vous dites... Excusez-moi. Quand vous dites : Les prochains trois,
quatre mois, c'est parce que, dans quatre mois, nous ne siégerons plus ici, à
l'Assemblée nationale. Est-ce que c'est quelque chose qui va être fait à
l'intérieur de... Ce que j'avais compris que
vous me disiez, c'est que ça allait être présenté au début du mois de juin.
C'est ça que j'avais compris.
M. Fitzgibbon :
Non, non, O.K., on parle de deux choses, je me suis mal exprimé. Le projet de
loi devrait être déposé bientôt, disons...
il y a une procédure interne, là, je ne suis pas familier avec comment ça
marche, là, mais disons qu'au début juin on dépose le projet de loi. En
même temps, je vais faire une présentation avec M. LeBlanc plus spécifique
sur les programmes d'Investissement Québec,
dans laquelle on va divulguer les grands objectifs sur lesquels la rémunération
variable va être déterminée. Le conseil d'administration, lui, va prendre ça, je
vais laisser le temps pour le faire. Il a déjà commencé avec Mme Leroux, mais ça va prendre quelques mois pour
qu'il puisse mettre les bons chiffres dans les bonnes cases. Et ça, ça
va être aussi divulgué mais plus tard, août, septembre.
Mme Anglade :
O.K. Alors, juste pour être très clairs, juste pour être très clairs, je
comprends qu'il y a un projet de loi
qui va être déposé, ça, c'est une chose, puis vous souhaitez qu'il soit déposé
avant la fin de la session parlementaire. C'est ce que je comprends, c'est ce que votre sous-ministre aussi a
l'air de dire. Ça, c'est une chose. Deuxième chose, tout programme de rémunération... en fait, pas tout
programme mais tous les comparables, des études vont être déposées au
1er juin.
M. Fitzgibbon : La réponse est
oui.
Mme Anglade : Mais vous l'avez
déjà, je l'espère. C'est ce que je me posais comme question.
M. Fitzgibbon : Je l'avais au
mois de juillet, l'année passée. C'est fait, c'est fait.
Mme Anglade :
Donc, vous pourriez envisager de le déposer avant, vous pourriez envisager de
le déposer avant, cet élément-là.
M. Fitzgibbon : Oui, mais ce
serait logique de le faire au mois de juin, là, mais...
Mme Anglade :
Les objectifs qui sont associés aux trois piliers que sont innovation,
l'exportation... ces objectifs-là vont être présentés également au
1er juin?
M. Fitzgibbon : Les critères...
Mme Anglade :
Il n'y a pas besoin d'être... Ma question, c'est : Est-ce que vous
attendez un... À quel moment est-ce qu'il y a une rencontre avec le... Avant
le Conseil des ministres? Après le Conseil des ministres? Après que le conseil
d'administration se soit penché sur la question? À quel moment, comme parlementaires,
on va être saisis de ces informations-là?
Parce que, si vous le présentez... si le ministre décide de le présenter le
25 juin, à mon avis, on ne siégera pas ici pour avoir cette information-là. Donc, ma question est très
spécifique. Je veux savoir quelles informations nous allons recevoir
avant la fin de la session parlementaire.
M. Fitzgibbon :
La seule chose que vous allez recevoir, ça va être... je vais faire une
présentation formelle du nouveau Investissement Québec — que
j'ai pas mal annoncé déjà, en passant, là, mais il y aura un beau petit
PowerPoint, puis on parlera de ça — dans laquelle il y aura les piliers sur
lesquels la bonification va s'appuyer. Mais les cibles spécifiques vont être faites durant le courant de l'été, puis ce
sera... j'irai le présenter quand on commencera, en septembre, par exemple. Je
n'aurai pas les données spécifiques pour la présentation du 1er juin, ça
va être trop tôt. Le conseil doit
passer du temps sur ça.
Mme Anglade : O.K. Par contre, il
y a une première présentation qui va avoir lieu autour du 1er juin.
M. Fitzgibbon : Oui, absolument.
Mme Anglade : Très
bien. C'est bon, ça répond à mes questions, Mme la Présidente. J'aimerais céder
la parole à...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, on laisse la parole au député de Nelligan.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Au fait, dans le même ordre d'idées, par rapport à
Investissement Québec, je ne vais pas
poser de question par rapport à la rémunération du P.D.G., je pense qu'on va
savoir ça un peu plus tard, mais je vais plus me mettre à la place des autres
niveaux, donc le niveau 1, 2, 3, tous les niveaux. C'est quel message on
envoie, à l'intérieur d'une
organisation, vous savez mieux que moi çav quand, un patron, on arrive, on lui
double le salaire? Est-ce que ça va être aussi le cas pour les autres
niveaux au sein d'Investissement Québec?
M. Fitzgibbon : Écoutez, le
programme de rémunération que j'ai conçu va s'appliquer au P.D.G. ainsi qu'aux
dirigeants d'Investissement Québec qui vont avoir impact sur les objectifs du
gouvernement. Donc, ce n'est pas une personne seulement. D'ailleurs, la raison d'être
du changement de la rémunération, c'est pour pouvoir, justement, attirer
dans l'organisation des ressources pour les... le remplacement, pour
complémenter ce qui existe déjà.
Et
je pense que le message, c'est qu'il faut... puis je veux que la population
comprenne, et je vais essayer de l'illustrer le mieux possible, que de payer une bonification sur les résultats
tangibles qui vont être apportés à Investissement Québec, qui vont augmenter la richesse des Québécois, est
justifiée. Alors, il va falloir que je prouve cet élément-là, évidemment,
puis je vais essayer... bien, j'ai déjà commencé,
à bien pouvoir expliquer aux gens pourquoi nous voulons augmenter la rémunération variable, qui va, elle, être
clairement reliée à la performance. Et je pense que, si on réussit à payer la
bonification maximale, les Québécois devraient être très heureux de ce
qui va être la résultante pour la richesse collective.
M. Derraji :
Oui. J'ai une question philosophique, M. le ministre : Au sein de
l'organisation, au sein d'Investissement Québec, c'est qui, les acteurs du changement, à part le P.D.G., qui,
selon vous, méritent une rémunération avec une bonification?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, c'est une très bonne question, et je n'ai pas la réponse spécifique.
M. LeBlanc, le nouveau P.D.G., c'est sa
première responsabilité. Au moment où on se parle, là, au moment où on se
parle, il est dans le train, là,
mais, jusqu'à trois heures, il était à revoir toute son organisation. Et je ne
veux pas lancer de chiffre comme ça, mais
je m'attends à ce qu'il y ait quand même probablement une dizaine de personnes,
peut-être, puis je n'ai pas le chiffre précis,
qui vont avoir un impact direct sur les objectifs et qui devraient avoir une
rémunération qui va être calquée sur celle du président. Pas le million
de dollars auquel votre collègue référait, mais la structure de rémunération
dans laquelle il va y avoir une bonification
à court terme, qui existait déjà mais de long terme. Le long terme, pour moi,
c'est important, un terme de trois ans... Ça, ça va être implanté pour
d'autres personnes à Investissement Québec.
M. Derraji :
Donc, on peut... Au fait, si je comprends bien votre réponse, c'est qu'on doit
s'attendre à... je n'aime pas le mot «explosion des coûts», là, mais... Je ne
sais pas si vous comprenez ce que je veux dire. C'est qu'au‑delà...
M. Fitzgibbon :
Augmentation des...
M. Derraji :
Oui, une augmentation, O.K., une augmentation de la rémunération pas uniquement
du P.D.G., mais probablement une
dizaine de personnes, et que ce qu'on a vu aujourd'hui, c'est juste,
probablement, une petite pointe de l'iceberg,
mais il va y avoir vraiment une augmentation de salaire d'au moins une dizaine
de personnes chez Investissement Québec.
M. Fitzgibbon :
Oui. Là, je ne dirais pas une pointe de l'iceberg, là, parce qu'il faut voir le
contexte de ça, et le pourcentage de la révision variable va être
applicable au salaire qui va être payé. Tout le monde ne gagne pas
500 000 $. Alors, effectivement,
par contre, il va y avoir une hausse de bonification potentielle sur les
résultats. Et, en fait, c'est pas mal... ça, c'est pas mal l'information que je
devrais divulguer au mois de juin, montrer à la population du Québec on parle de combien. On ne parle pas de
50 millions de dollars ici. Alors, je vais vouloir démystifier que ce
n'est pas la pointe de l'iceberg,
mais c'est tout simplement d'aligner l'intérêt des Québécois, l'intérêt des...
excusez, l'intérêt des dirigeants d'Investissement Québec avec l'intérêt
des Québécois. C'est le but de l'exercice.
M. Derraji :
Oui. Ce n'est pas vraiment ça, ma question. J'aimerais juste savoir : Dans
votre lecture de la performance et le rendement d'Investissement Québec,
c'est 10 personnes qui ont la tâche de s'assurer du rendement, donc,
incluant le P.D.G.? C'est ça, votre compréhension du rendement et les exigences
que vous attendez d'Investissement Québec?
M. Fitzgibbon :
Répétez la question, j'ai mal compris, je m'excuse. Enlevez le temps, là, je
veux juste être sûr de répondre à la question. Répétez votre question.
M. Derraji :
Oui. Ma question, c'est que...
M. Fitzgibbon :
Prenez sur mon temps.
M. Derraji :
Votre philosophie du rendement d'Investissement Québec se limite au P.D.G. et
une dizaine de personnes qui vont recevoir
une augmentation conséquente en fonction du rendement qu'ils vont aller
chercher, et c'est... pour cela, ils vont mériter une bonification?
Est-ce que...
• (17 h 40) •
M. Fitzgibbon :
Ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit tout simplement qu'il fallait aligner
l'intérêt des exécutifs de l'entreprise avec l'intérêt du gouvernement. Alors, j'ai dit 10, mais ça peut être 12, ça
peut être huit, là, je n'ai pas le chiffre précis, mais on va devoir... les
gens qui vont diriger Investissement
Québec, collectivement, vont être sur
la même patinoire, donc ils vont
avoir des objectifs de rendement élevés pour pouvoir respecter nos engagements
du gouvernement, et ces gens-là, oui, vont avoir droit à
une bonification variable basée sur les résultats.
M. Derraji :
Donc, si j'ai bien compris, c'est vraiment les gens de la haute direction, à
savoir le P.D.G. et éventuellement ses V.P.
M. Fitzgibbon :
C'est sûr, c'est sûr.
M. Derraji :
O.K. Donc, une augmentation importante par rapport à l'équipe du P.D.G.
Maintenant, l'autre problématique, et je pense,
même, le collègue de la Côte-Nord... et dans plusieurs régions on le voit, c'est le manque de personnes-ressources
d'Investissement Québec en région. L'exemple qu'on cite souvent, la
Côte-Nord, il y a une seule personne. Et on sait
l'éloignement du territoire. Et, si on veut assurer une bonne présence sur
le terrain, est-ce que, dans le plan, et je
sais que c'est M. LeBlanc, je pense, qui va le mettre en place, il y a une préoccupation
par rapport à la motivation de ces troupes à qui on envoie un message qu'on double
la bonification de leurs patrons, mais on ne va rien
changer pour eux, sachant que c'est eux qui sont sur le terrain?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, je ne sais pas si vous êtes allé dans l'entreprise,
là, j'imagine que oui, là, ce que je fais,
chez Investissement Québec, c'est de l'hygiène, qu'on voit dans toutes les entreprises.
Je n'invente rien. D'ailleurs, le programme, je ne l'ai pas inventé chez nous, dans ma
piscine, là, je l'ai inventé en regardant ce que je fais dans l'entreprise.
J'ai travaillé pendant toute ma vie en entreprise puis je n'invente rien, je
fais ce qui est l'hygiène de base pour que la direction
soit alignée avec les objectifs de l'actionnaire. L'actionnaire d'Investissement Québec, c'est le gouvernement, c'est moi, qui représente le gouvernement au
complet.
Pour les
régions, on va avoir un programme de rémunération qui sera approprié sur ce qu'ils vont contribuer.
Puis je ne suis pas en train de dire qu'on va s'occuper de huit personnes
en haut, puis, les autres, on ne s'en occupera pas. D'ailleurs, s'il manque des personnes
en région, bien, peut-être que c'est vous que je blâme, là. En tout cas, ce
n'est pas moi, là. Alors, on va faire les choses qui sont appropriées.
Puis la rémunération, c'est très important, la rémunération,
juste pour parler de ça, parce que c'est un sujet important, il faut qu'elle
soit au marché. Alors, si on veut recruter quelqu'un sur la Côte-Nord pour
aider le député de René-Lévesque dans sa région, on va payer le salaire qui doit
être payé pour débaucher quelqu'un de chez Desjardins, par exemple. Alors, je pense que, la rémunération,
il faut la voir dans un contexte de marché.
M. Derraji : Mais c'est... Je n'ai pas douté que votre plan de
rémunération a été fait au cours... à côté d'une piscine,
loin de là. Je sais que vous êtes sensible à
ça. Moi, c'est que je n'ai jamais entendu, depuis le début : un plan de rémunération globale, incluant l'ensemble des employés d'Investissement Québec. C'est
ça qui manque au langage. Je n'ai pas
douté que vous... J'ai travaillé dans
l'entreprise privée aussi, je sais que la bonification, c'est pour l'ensemble des employés. C'est juste... Ma question
et ma crainte, c'est plus envoyer un message négatif aux employés d'Investissement
Québec qu'on s'intéresse uniquement, au plan
de rémunération du P.D.G. et ses amis, bien, ses amis proches... ses
collaborateurs, non, non, désolé, ses
collaborateurs — c'est
juste une erreur — donc
au P.D.G. et ses collaborateurs, et qu'on n'envoie pas le
message aux gens qui sont sur le terrain qu'on s'intéresse à eux et qu'on va
aussi changer leur plan de rémunération.
M. Fitzgibbon : Je vous rassure
avec certitude que M. LeBlanc, il va y aller étape par étape. Je ne
connais pas, pour être honnête avec vous, la
rémunération, le programme de rémunération des gens d'Investissement Québec, peut-être que
je devrais le savoir, je ne sais pas, je m'en excuse, mais je peux vous assurer
que M. LeBlanc, qui est une personne honnête, intègre
et juste, quand j'ai discuté avec lui pour la rémunération, était plus
inquiet de qui... quel était pour être le programme de ses subalternes,
parce que le succès d'une équipe — je
vais finir puis je vais... — le
succès d'une équipe est parti de l'équipe au complet.
Alors, je
suis d'accord avec vous qu'il ne faut pas négliger les gens en région, les gens
subalternes. Et, s'il y a des ajustements
à faire, M. LeBlanc... Parce que la rémunération d'Investissement Québec, elle est importante, mais, honnêtement, sur l'impact que ça va avoir
sur l'économie du Québec, c'est de minimis. Alors, il faut que les gens
dans l'organisation se sentent bien traités, et je suis
d'accord avec vous.
M. Derraji : Est-ce que je peux
utiliser une minute du ministre?
M. Fitzgibbon : Oui, oui,
allez-y.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous l'accordez?
M. Fitzgibbon : Oui, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Sur vos minutes à vous?
M. Fitzgibbon : Oui, oui,
allez-y.
M. Derraji : Il est généreux.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On l'accorde, parce que... Parfait.
M. Derraji : Très content d'entendre ça. Et, sérieusement, j'espère que, quand vous allez déposer votre plan... j'espère qu'avec le P.D.G. vous ayez juste une
lecture — et
je pense que vous l'avez et que lui aussi — que ça n'inclut pas juste les collaborateurs proches. Vous savez mieux que
moi, en entreprise privée, c'est quoi, le message qu'on envoie aux
troupes. Parce que, c'est vrai, on a
tous besoin d'Investissement Québec, et j'espère qu'on va dépasser les rendements de
2017 et 2018, parce que c'est ça qu'on veut, mais juste ne pas oublier
les autres niveaux à l'intérieur d'Investissement Québec.
M. Fitzgibbon :
Vous avez raison. Vous avez raison, puis on va le tenir en compte.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci pour cet échange enrichissant. C'était le dernier bloc pour l'opposition
officielle. Nous y allons maintenant avec le dernier bloc du gouvernement. Il
vous reste 13 min 45 s. La parole est à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Et je crois qu'aussi le député d'Orford interviendra, c'est bien ça?
Mme Foster : Exactement, Mme la
Présidente. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
Mme Foster :
Moi, je poursuis, là, sur ma lancée de ma passionnante discussion avec le
Scientifique en chef du Québec, que
nous avons le plaisir d'avoir aujourd'hui avec nous. Tout à l'heure, nous avons
fini la séquence, et il a parlé d'un
programme de science citoyenne participative, mais on a eu, je pense,
l'occasion de l'effleurer pendant une minute. J'aimerais peut-être qu'il
m'en dise un peu plus là-dessus.
M. Quirion
(Rémi) : Oui. Ça va? Donc, depuis, je dirais, peut-être une dizaine
d'années, maintenant, au moins, en
particulier en Californie, aussi en Angleterre et dans différents pays
européens, différents programmes de recherche qui impliquent le citoyen et des chercheurs en milieu
académique, donc, sur des sujets souvent reliés à l'environnement, ça a commencé beaucoup dans ce secteur-là, et
finalement les équipes de chercheurs, souvent, travaillent avec des citoyens
pour ramasser des données. Un exemple ici,
au Québec, c'est pour le papillon monarque. Donc, le Jardin botanique avait
demandé aux citoyens : Est-ce que vous pouvez nous aider? Si vous voyez
des monarques chez vous, dans votre cour, laissez-nous-le
savoir, donc, de participer au projet de recherche pour évaluer l'état de santé
de cette population de papillons au Québec. Il s'en est fait beaucoup en
Angleterre sur les oiseaux, différents types d'oiseaux. Donc, tu travailles
avec le citoyen, qui devient un acteur de la
recherche. C'était un peu le début. Et maintenant c'est rendu plus loin, plus
loin que ça.
Donc, nous, ce qu'on veut faire, et on a
organisé différents ateliers, ministères et fonds de recherche depuis l'an dernier, c'est d'avoir un appel à projets où
on va avoir des citoyens qui vont interagir avec des chercheurs et nous faire
une proposition de recherche. Et ça va être
dans tous les secteurs. Ça peut être en santé, ça peut être en sciences
sociales, sciences humaines, ça peut être en génie. Si on se base sur ce
qui a été fait dans d'autres régions du monde, je m'attends peut-être... au
point de départ, ça va peut-être être plus du côté environnement, mais on
verra.
Et je dois
dire qu'il y a eu beaucoup d'intérêt. On a déjà organisé des ateliers comme ça,
et il y a beaucoup d'intérêt. Et je
pense que le citoyen ordinaire québécois, si on veut, là, est beaucoup plus
intéressé qu'on pense par la recherche, par la science, par l'innovation pour vraiment... de travailler et,
ensemble, arriver à des solutions peut-être concrètes pour certaines
problématiques de notre société.
Mme Foster :
Je suis très heureuse d'entendre ces propos-là de la bouche du Scientifique en
chef, parce que ça participe à la
démocratisation de la science. Et c'est comme ça... Tout à l'heure, hein, je
parlais des mentalités. Entre autres, en
regard du doctorat, c'est souvent à démystifier encore, je pense. Donc, ça, ça
participe, entre autres, à démystifier la science, à mieux faire comprendre qu'est-ce que la science et comment on
peut concrètement en faire et participer, faire avancer les connaissances également dans une société. C'est vraiment...
J'aime beaucoup entendre ce genre d'initiative là.
D'ailleurs,
parlant de la place de la science, je pense qu'au niveau des publications
scientifiques au Québec, nos publications représentent 1 % des
publications scientifiques à l'échelle mondiale, et ce qui est bien au-delà,
là, de notre poids démographique, là, qui
est d'à peu près un peu moins de 1/10 de 1 % de la population mondiale. Ça
fait que je crois qu'au niveau des
publications scientifiques on se situe bien, donc on a une bonne production
scientifique, souvent dans une tradition
plus proche anglo-saxonne, je dirais, que française en général, dans la plupart
des domaines, ce qui m'amène à dire que la science, c'est important, on
produit un corpus scientifique important.
Ça amène deux
questions : un, la diffusion de ce corpus-là et la vulgarisation, donc le
volet... comment on peut faire connaître.
Là, on a parlé de faire participer les citoyens à la science, mais comment,
maintenant, on peut diffuser et faire connaître
les résultats des recherches que nos chercheurs mènent? Alors, ça m'amène à
poser la question. Qu'est-ce qui est prévu pour la diffusion? Est-ce
qu'on veut améliorer les choses pour la diffusion, la vulgarisation? Parce que
ça, également, ça peut contribuer à faire avancer les mentalités là-dessus.
• (17 h 50) •
M. Quirion
(Rémi) : Oui. Deux bonnes,
très bonnes questions. Premier volet, publications scientifiques,
comme vous dites, la majorité
en anglais. Mais là on a une politique qu'on a lancée récemment, là, de libre accès,
donc libre accès aux publications scientifiques. Le Québec a
à peu près le même modèle qu'au niveau canadien.
On est un peu en retard par rapport à l'Europe. Donc, on discute avec notre collègue
européen pour s'assurer que les publications scientifiques, dans le futur, vont être de plus en plus en libre
accès, ce qui fait que tout le monde, chercheurs et citoyen, peuvent... vont
regarder tout ça.
Ce qu'il faut
faire, après, c'est de mieux valoriser la participation des chercheurs
sur la scène publique, si on veut, là, c'est vraiment de s'assurer que
nous, et que nos universités, et que nos collèges vont mieux reconnaître ce
genre d'activité là comme une activité
qui va être incluse dans les tâches d'un professeur et d'un chercheur. Parce que
très souvent, encore, oui, on
valorise énormément la publication scientifique, mais peut-être
un peu moins le fait que ce chercheur-là est allé sur la place publique pour expliquer sa science et
ses résultats de recherche. Donc, ça, on veut le valoriser davantage
dans le futur. On est au début du processus.
Ce n'est pas unique au Québec, mais je pense qu'on veut avoir un leadership, au Québec, dans ce secteur-là.
Mme Foster : Décidément,
j'aime beaucoup mon échange avec le Scientifique en chef, aujourd'hui, parce
que c'est un enjeu, hein? Le nombre
de publications et la pression à la publication, c'est un enjeu. C'est bien, il
faut publier, c'est clair, ça fait
partie de la science, mais j'aime entendre qu'on va valoriser davantage le
volet de la diffusion, parce que c'est un des trois grands volets à l'université, hein? On a le volet faire la
recherche, publier, on a le volet de l'enseignement, on a aussi le volet de diffusion dans la société des
résultats de la recherche. On oublie souvent ce troisième pilier là du monde
universitaire, parce que c'en est vraiment
un. Mais, effectivement, là, je suis heureuse d'entendre qu'on a le souci de
faire avancer les choses là-dessus.
Dernière
question, que j'adresserais au Scientifique en chef. Moi, personnellement, j'ai
la profonde conviction que la science, c'est un moteur économique en soi. Je le
dis souvent, l'enseignement supérieur, c'est un moteur économique en soi, qu'on
pense aux cégeps et aux universités, et, sous-jascent à ça, c'est la science
qui se fait, les découvertes qui se font, l'innovation, mais, bon, tout ce qui peut produire... tout ce qui peut
être produit par rapport à ça. Et je me demandais : Est-ce qu'on une idée de l'évolution... je ne sais pas si
ces chiffres-là existent, parce que c'est quand même complexe à colliger,
mais est-ce qu'on a au moins une idée de la création de richesse liée à la
science au Québec?
M. Quirion
(Rémi) : Oui. Peut-être je vais ajouter un petit peu à la question
précédente, là. Il y a aussi, bien sûr, et le ministre l'avait mentionné
plus tôt, lors des échanges, tout ce que NovaScience, au niveau du ministère,
fait, les différentes activités supportées
par NovaScience, c'est très, très apprécié. Et il y a le volet, là, expliquer
la science aux jeunes, expliquer la science à nos concitoyens.
L'autre
aspect de quantifier peut-être l'impact économique de la science, très souvent,
ou de la recherche, je dis très souvent, là, et M. le ministre le sait
déjà, là, investir en recherche, c'est payant. Et il y a une étude qui a été
faite par KPMG en 2016... en 2015, et c'étaient
4,6 milliards et 53 000 emplois. Donc c'est à peu près
l'équivalent de tous les emplois en
sciences de la vie ou de tous les emplois en aérospatiale, là, au Québec, donc,
la recherche dans les collèges et les universités. Alors, c'est quand
même un moteur économique important.
Mme Foster :
...souvent on parle d'un moteur économique au Québec, mais souvent on ne
mentionne pas la science. Alors, on en a la
preuve avec les chiffres aujourd'hui, c'est clair. Maintenant, je vais laisser
la parole à mon collègue député d'Orford, qui avait, je crois, des
questions.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Je veux juste souligner au député qu'il ne reste
que 4 min 50 s.
M. Bélanger :
Merci, Mme la Présidente. Je serais tenté de revenir sur la définition de
l'intelligence artificielle, qui touche
le comportement, normalement, des humains, mais je ne le ferai pas. Il y a un
sujet qui me préoccupe, c'est l'écosystème au niveau de l'intelligence
artificielle.
On
sait qu'à peu près au-dessus de 65 % des emplois des types d'emplois
actuels vont être éliminés. J'ai une petite note ici, là. L'intelligence
artificielle devra aussi créer des professions qui restent à inventer.
65 % des enfants entrant actuellement au secondaire exerceront des emplois
qui n'existent pas encore.
Moi, j'ai une
préoccupation au niveau de cet écosystème-là. On sait qu'on va avoir des jobs
qui vont être créées à 40 $, 50 $, 60 $ de l'heure, des gens,
des femmes et des hommes qui vont avoir une expertise au niveau de création
d'algorithmes et de bases de données pour alimenter tout cet écosystème-là.
Mais, M. le ministre, qu'est-ce que votre gouvernement
va faire pour s'assurer de la pérennité au niveau de cet écosystème-là de façon à garder un peu
l'homogénéité ou ce coeur-là? Tout l'investissement, on parle de 500 millions, là, à
peu près 500 millions, si on compte aussi un peu l'argent du fédéral, comment on va
pouvoir retenir ces nouveaux talents-là au Québec?
M. Fitzgibbon : Premièrement, je dirais au député d'Orford que c'est votre gouvernement aussi, on va faire ça
ensemble, là. En fait, tu es même adjoint
parlementaire du ministère de l'Économie, donc je m'assume que tu vas m'aider
à pouvoir... Mais je pense que, trêve de
fantaisies... Combien de temps qu'il nous reste? Combien de temps qu'il nous
reste?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Il vous reste trois minutes.
M. Fitzgibbon :
Trois minutes. Trêve de fantaisies, je pense que c'est clair qu'il faut... Tantôt,
on a parlé de ça, je pense que, les
chercheurs fondamentaux — ah! c'est ça, on parlait de... — il faut que les gens voient le fruit de leurs
efforts, le fruit de leurs efforts. De
voir des jeunes qui vont dans les entreprises occuper des postes qui vont avoir
été créés, qui vont avoir été
valorisés par ces chercheurs-là va être, je pense, la force de notre relève.
Alors, moi, je pense qu'on est capable d'y arriver puis je compte sur
votre aide pour m'aider à y arriver.
Je vais finir le
temps qu'il me reste pour... J'aimerais remercier fortement toute l'équipe qui
est ici. C'est mes premiers crédits
budgétaires, et je suis ébloui de voir le travail qui a été fait, les livres
qui ont été montés. Alors, j'aimerais remercier
les gens qui sont ici aujourd'hui, les gens qui étaient ici la dernière fois,
où je n'ai pas eu le temps de les remercier formellement, les nouveaux
collègues que je ne connaissais pas, des fonds de recherche. Un gros merci à
toute l'équipe.
Merci aussi au niveau
des gens de l'opposition, parce que ça a été des heures, oui, 13 heures
qui ont été dans l'harmonie, puis je suis
très stimulé par ce genre de discussions là. Et j'espère qu'on pourra faire la
même chose à la période de questions dans le salon bleu, mais ce n'est
probablement pas possible. Alors, merci à tout le monde ici présent pour ça.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est parfait. Écoutez, il reste deux minutes, si
vous voulez...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Comment? Vous voulez remercier? Oui.
Pour remercier, je vous donne une minute, oui.
Mme Anglade : ...Mme la
Présidente.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Comment?
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : On
aura le vote après. Il nous reste... il me reste encore une minute. Allons‑y.
Mme Anglade : Simplement pour
remercier l'ensemble... bien, l'ensemble des fonctionnaires, M. le ministre,
félicitations pour votre première période de crédits, et remercier les gens du
gouvernement puis les oppositions, nos collègues,
aussi, qui ont travaillé là-dedans. Et, comme je le dis souvent, je sais que le
travail pour la fonction publique, c'est un travail énorme, pour arriver à des crédits. Donc, merci à l'ensemble
de la fonction publique. Un petit merci spécial quand même au député
d'Orford pour avoir égayé nos échanges avec ses anecdotes, quand même, hein?
Alors, merci,
Mme la Présidente, à vous. Vous avez bien mené les travaux. Vous avez une main
assez... assez forte, oui, voilà. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, écoutez, ça met fin,
effectivement... Le temps alloué à l'étude du volet PME et Innovation
est terminé. Je tiens effectivement à remercier tout le monde pour cette belle
collaboration et les échanges enrichissants.
Adoption des crédits
Nous allons maintenant procéder à la mise aux
voix des crédits. Le programme 2, intitulé Développement de l'économie,
est-il adopté?
Des
voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Sur division. Le programme 3,
intitulé Développement de la science, de la recherche et de
l'innovation, est-il adopté?
Des
voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Sur division.
Adoption de l'ensemble des crédits
L'ensemble
des crédits budgétaires du portefeuille Économie et Innovation pour l'exercice
financier 2018‑2019 est-il adopté?
Des
voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Sur division. Écoutez, compte tenu de
l'heure, bien, on se dit merci à tout le monde et puis on se dit bravo
également.
Et la
commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30 afin de procéder à
l'étude du volet Travail. Merci encore pour tout le monde, merci à tous.
(Fin de la séance à 17 h 59)