(Dix
heures)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, ayant constaté... Bonjour, tout le monde, d'abord.
Ayant constaté le quorum, je déclare
la séance de la Commission de
l'économie et du travail ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet Emploi et Solidarité sociale des crédits
budgétaires du portefeuille Travail,
Emploi et Solidarité sociale pour l'exercice financier 2019‑2020. Une
enveloppe de quatre heures a été allouée à l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. M. LeBel (Rimouski) remplace Mme Richard
(Duplessis).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est tout?
La Secrétaire :
Oui.
Emploi et Solidarité
sociale
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, on va d'abord débuter par les remarques préliminaires.
Ensuite, nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions
et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin
du temps qui y est alloué, c'est-à-dire demain avant midi
Parfait. Alors, nous
avons bien débuté les travaux à 10 heures.
Remarques préliminaires
Nous
commençons immédiatement par les remarques
préliminaires. M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, vous disposez de 12 minutes.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci,
Mme la Présidente. Chers collègues,
députés de l'opposition, mesdames et messieurs, bonjour. Il me fait plaisir de prendre part à l'étude des
crédits du ministère du Travail, de
l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Pour l'occasion, je suis accompagné par mon directeur de cabinet,
Pierre Schetagne, et par la sous-ministre du
Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, Mme Brigitte
Pelletier. Des membres de mon ministère sont également avec nous aujourd'hui, et je les en remercie.
Mme la Présidente, je suis en poste depuis maintenant un peu plus de six mois. J'ai vraiment
à coeur les responsabilités qui
m'ont été confiées. Elles s'inscrivent dans un contexte très favorable
puisqu'actuellement l'économie du
Québec tourne à plein régime. À cet
effet, je salue le dynamisme de nos entreprises et le savoir-faire de nos
travailleuses et nos travailleurs.
Cette situation
positive comporte cependant certains défis en lien avec l'emploi. Le phénomène
de la rareté de la main-d'oeuvre touche toutes les entreprises de toutes les
régions et tous les secteurs d'activité. Cette conjoncture est causée par un
marché du travail en constante évolution qui a changé de façon marquée ces
dernières années.
D'abord, notons les
changements démographiques importants, dont la diminution de la population
active de 15 à 64 ans. Il faut
également souligner la forte croissance économique au Québec. Le taux de
chômage, en mars dernier, au Québec
se situait à seulement 5,2 %, et la situation de plein-emploi que vivent
plusieurs régions se prolongera. Il est prévu que plus de 1,4 million d'emplois seront à pourvoir au cours
de la période 2017‑2026. Finalement, selon les dernières données disponibles, il y avait près de
118 000 postes vacants au Québec au quatrième trimestre de 2018, une
augmentation de 27,5 % par rapport au même trimestre en 2017.
Dans un tel contexte,
il est important que nous agissions pour soutenir nos entreprises et nos
travailleurs en favorisant la participation au marché du travail du plus grand
nombre de personnes. Pour répondre concrètement à la problématique de la
rareté, j'ai entamé en février une tournée du Québec afin de mettre en oeuvre
des actions avec les partenaires et
intervenants du marché du travail. J'ai visité huit régions, et mon plan se
déploie sur quatre fronts. Premier front :
intégrer le plus grand nombre de personnes au marché du travail, entre autres
les personnes handicapées, les travailleurs expérimentés, les autochtones et les immigrants. Deuxième front : adapter
la main-d'oeuvre en soutenant les travailleurs dans l'adaptation de leurs compétences aux transformations de l'économie.
Troisième front : préparer la future main-d'oeuvre en offrant des formations adaptées à l'évolution
des besoins et inciter les jeunes à s'y inscrire. Quatrième front :
accroître la productivité des
entreprises en les accompagnant dans la mise en place de solutions pour
compenser la rareté de main-d'oeuvre.
Pour réaliser ce plan, nous sommes déjà en
action. Mon ministère a entamé, en janvier, une grande corvée afin d'écouter et
d'outiller les entreprises ayant de la difficulté à recruter de la
main-d'oeuvre. Près de 220 conseillers aux entreprises se trouvant dans toutes les régions du
Québec sont présentement à l'oeuvre pour aller au-devant des besoins des
entreprises. Au cours de nos discussions
d'aujourd'hui, nous aurons l'occasion d'en reparler plus en détail avec
l'ensemble des données, mais, d'ores et déjà, je peux vous dire que notre
nouvelle approche reçoit un écho très positif puisqu'elle répond à un
besoin réel.
Afin de soutenir
encore mieux nos entreprises, j'ai aussi annoncé plusieurs mesures depuis le
début de ma tournée, dont une bonification
du soutien financier pour les frais de formation liés à l'acquisition d'une nouvelle technologie visant à accroître la productivité, une bonification du soutien
financier pour les entreprises qui revoient l'organisation du travail afin de compenser la rareté de la main-d'oeuvre par des gains en productivité, la mise en place d'un projet pilote qui a pour but d'intégrer, réintégrer ou maintenir en emploi des
personnes en situation de handicap et d'accompagner les employeurs qui les accueillent en entreprise, et du soutien
financier afin de compenser une partie des frais de recrutement et d'installation de travailleuses et de travailleurs qui s'installent dans une autre région. Comme
vous le voyez, je tiens à ce que nos entreprises et nos travailleuses
disposent de plus d'outils possibles pour se développer à leur plein potentiel.
En ce sens, nous
avons repris, au cours des derniers mois, les discussions avec le gouvernement
fédéral sur les ententes relatives au marché du travail. Celles-ci étaient suspendues depuis mai 2018. Dans le cadre de ces négociations, je poursuis l'objectif d'éliminer les
dédoublements avec les programmes fédéraux de façon à ce que le Québec dispose de tous les leviers nécessaires pour permettre à
un maximum de jeunes, de personnes
handicapées et de clientèles
appartenant à des groupes sous représentés d'accéder à un emploi dans le
contexte actuel de la rareté de main-d'oeuvre.
Dans l'atteinte de
ces objectifs d'intégration à l'emploi, mon ministère s'appuie notamment sur le
travail des employés et des conseillers de Services Québec. Sur tout le territoire du Québec, Services
Québec offre aux citoyens
et aux entreprises un guichet
multiservices afin de leur procurer un accès simplifié aux services gouvernementaux. Dans la dernière année,
le déploiement des bureaux de Services
Québec s'est poursuivi, et neuf
centres locaux d'emploi sont devenus des
bureaux de Services Québec. Ils offrent sous un même toit plusieurs
services de différents ministères et organismes. C'est donc la porte d'entrée pour les entreprises
et pour tous les citoyens.
Le
ministère du Travail,
de l'Emploi et de la Solidarité sociale
fournit également un filet social de qualité à ceux qui en ont besoin. En ce sens, Mme la Présidente, nous versons une aide financière aux personnes et aux familles
n'ayant pas de revenus suffisants ou
qui vivent des situations problématiques particulières. Nous offrons également
du soutien et de l'accompagnement pour qu'elles puissent retrouver leur autonomie
personnelle, sociale et professionnelle.
Depuis plusieurs
années, les clientèles au programme d'assistance sociale sont en baisse. Cette
tendance s'est poursuivie en 2018. De
janvier 2018 à janvier 2019, le nombre de ménages prestataires est passé de
298 485 à 284 101, une diminution de 14 384 ménages. Enfin, le taux
d'assistance sociale se situait à un niveau plancher de 5,6 % en février
dernier, alors qu'il était à 6 %
en février 2018 et à 6,7 % en 2014. Notre gouvernement a l'intention de
contribuer à améliorer les conditions
de vie des personnes en situation de pauvreté. J'ai annoncé, le 12 décembre
dernier, des investissements de près de
1,5 milliard d'ici 2023 pour venir en aide aux personnes avec
des contraintes sévères à l'emploi et pour lutter contre la pauvreté et
l'exclusion sociale.
Ce
soutien a été confirmé par l'adoption de modifications au Règlement sur l'aide aux personnes et aux familles qui contribueront notamment à la mise en place
progressive, d'ici 2023, du Programme de revenu
de base pour des personnes
ayant des contraintes sévères à l'emploi. À
terme, ce programme permettra aux personnes bénéficiaires
d'augmenter leurs revenus disponibles
au-delà du seuil de faibles revenus et contribuera à améliorer leurs conditions de vie. Par exemple, une personne seule avec des contraintes sévères à l'emploi,
qui est admissible, reçoit, depuis le 1er janvier dernier, 72 $ de
plus par mois. Ce montant augmentera progressivement pour atteindre 367 $ de plus
mensuellement dans quatre ans. Plus de 84 000 personnes
bénéficieront de cette augmentation.
• (10 h 10) •
Mme
la Présidente, notre gouvernement reconnaît aussi l'apport des organismes
communautaires dans le développement social
et économique du Québec. Leur engagement permet de faire une différence
concrète et positive dans nos communautés. J'ai l'intention de déposer un nouveau plan d'action gouvernemental en
matière d'action communautaire avec l'objectif d'offrir un meilleur soutien et une plus grande reconnaissance à ces
organismes. Nous consulterons le milieu communautaire afin de nous
assurer que nos actions répondent à leurs besoins et renforceront leur capacité
d'agir.
L'action
bénévole est également d'une grande importance pour nos concitoyennes et
concitoyens. Je tiens à rappeler que
près de 2,4 millions de personnes font du bénévolat chaque année au
Québec. J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'honorer l'engagement exceptionnel de
35 bénévoles et cinq organismes de partout au Québec, le 9 avril
dernier, lors de la 22e édition du Prix Hommage bénévolat-Québec.
C'était très inspirant.
Avant
de conclure cette allocution d'ouverture, Mme la Présidente, je souhaite faire
un tour d'horizon rapide de certains de nos investissements.
Les
crédits accordés au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale pour 2019‑2020 se chiffrent à plus de 4,4 milliards de dollars.
Puisque les travailleurs expérimentés contribuent grandement au dynamisme du
marché du travail, le budget 2019‑2020
prévoit des mesures concrètes pour inciter les travailleurs expérimentés à
prolonger leur carrière avec des
investissements de 892 millions de dollars sur cinq ans. Un financement
additionnel de 64,8 millions sur cinq ans est aussi annoncé pour la Stratégie nationale pour l'intégration et le
maintien en emploi des personnes handicapées 2019‑2024. Le budget prévoit également une bonification de
l'enveloppe du Programme de formations de courte durée privilégiant les stages dans les professions priorisées par la
Commission des partenaires du marché du travail, qui passera de 30 à
75 millions.
Enfin,
comme il est essentiel d'aider les familles qui ont besoin de soutien pour
améliorer leurs conditions de vie, notre
gouvernement prévoit un montant de 173,2 millions sur cinq ans distribué
entre quatre ministères, dont le MTESS, pour mieux soutenir les familles à
faibles revenus. De cette somme, un total de 146 est alloué au MTESS pour
hausser le seuil d'exclusion des pensions alimentaires de 100 $ à
350 $ par enfant de familles qui bénéficient d'un programme d'assistance
sociale.
Pour conclure, Mme la Présidente, je
vous assure que le MTESS continuera d'agir concrètement pour contribuer au dynamisme de notre économie, bien-être de nos
travailleurs et pour offrir des services répondant encore davantage aux
besoins des citoyens. Merci. Je suis disponible pour répondre aux questions.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. J'invite
maintenant la porte-parole de l'opposition officielle en matière d'emploi et de solidarité sociale à
faire ses remarques préliminaires pour un maximum de huit minutes. Alors,
à vous la parole, la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je veux saluer, bien sûr le
ministre de l'Emploi, du Travail et de la Solidarité sociale, les
collègues de l'équipe gouvernementale, mon cher collègue de Vimont qui est avec
moi aujourd'hui, collègue lavallois
également. Je veux remercier, bien sûr, les grandes équipes du ministère, de la
Commission des partenaires du marché
du travail, tous les gens qui sont là et qui vont nourrir et contribuer
grandement, j'en suis certaine, à la qualité de nos échanges.
Mme la Présidente, je
ne prendrai pas mon huit minutes, je vous avise tout de suite, mais j'aurai un
seul petit commentaire. Je sais que les
crédits vont bien se passer parce qu'on est dans un dialogue constructif. Mais,
en même temps, il y a un élément que
je veux absolument mentionner, qui est question de rectification des faits, et
ça va faire en sorte que ce petit deux minutes va faire en sorte que je
vais me sentir encore mieux pour la suite des choses.
Alors, je sais qu'au
fil des présentations devant les médias et les allocutions du ministre de
l'Emploi, il y a eu grandement cette
information à l'effet que dans l'ère libérale on n'avait rien fait en matière
de pénurie de la main-d'oeuvre. Alors,
on a même parlé de lacunes et tout ça. Moi, je veux ramener simplement les
faits très gentiment et, en tout respect, je veux simplement dire que le 8 mai 2018, il y avait tout de même,
tout de même une stratégie nationale de la main-d'oeuvre pour 1,3 milliard, qui était transversale à
bien des ministères et qui était très porteuse, et ça s'est passé bien avant
que soient prononcés les mots
«pénurie de main-d'oeuvre», qui s'est fait lors du discours inaugural du
premier ministre. Je l'ai fait avec
le bon ton et je l'ai fait avec beaucoup d'ouverture, mais ça m'a fait du bien
d'en parler dans mon introduction, Mme la Présidente. Je vous remercie.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Nous cédons maintenant la...
Il n'y a pas de remarques préliminaires pour le deuxième groupe de
l'opposition ni du troisième groupe d'opposition.
Discussion générale
Alors,
nous allons procéder immédiatement à une première intervention de l'opposition
officielle pour un premier bloc
d'échange de 20 minutes. On a réajusté le temps. Alors, vous avez déjà
20 minutes. Alors, Mme la députée de Fabre, la parole est à vous
encore.
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, écoutez, vous ne serez pas surpris d'apprendre que je veux bien
sûr commencer avec la situation de la pénurie. Je pense que j'ai mis un peu la
table.
Évidemment,
la pénurie de main-d'oeuvre, c'est une situation criante, critique.
Et avant de faire un peu le bilan de ce qui a été fait auparavant
dans l'ancien gouvernement et de comparer ce qui se fait, je vais parler des initiatives
du ministre et je vais lui adresser plusieurs questions, entre
autres, par rapport à la Grande Corvée. Alors, il a débuté cette Grande
Corvée, cette tournée de plusieurs régions du Québec en début d'année. Je pense, si ma lecture est bonne, je pense
qu'il a déjà visité huit ou neuf
régions... c'est le cas. Le ministre me dit que c'est le cas, alors j'ai bien fait mes
devoirs. Donc, je suis tout ça de près.
Et
évidemment, la Grande Corvée, bien, c'est l'occasion
d'adresser le dialogue avec les acteurs du marché du travail, les gens d'entreprises, les gens de la commission
des... pardon, les membres des conseils régionaux des partenaires du marché du travail, à chaque fois pour essayer de, bien sûr, adresser différentes
solutions, mais surtout d'abord de les écouter.
Alors,
il y a eu plusieurs, plusieurs couvertures de presse autour de la Grande Corvée,
et on parlait d'une... le ministre
parlait souvent d'une nouvelle culture d'organisation, parlait souvent d'un
nouveau paradigme autant dans le rôle des conseillers aux entreprises, Emploi-Québec,
que dans le service offert et l'accompagnement des entreprises.
Mais
avant d'y aller plus dans le coeur de ce sujet-là, moi, j'ai eu une grande
préoccupation lorsque j'ai entendu les commentaires du premier ministre
lors de ses propres crédits. Et les premiers mots qu'il a eus pour parler de
solutions à la pénurie de main-d'oeuvre, ce
furent les mots «robotisation» et «transformation du marché du travail». Et
nous en sommes jusqu'à un certain
point, mais, quand on sait que le portrait des emplois disponibles au Québec,
c'est... 87 %, ce sont pour les entreprises qui ont moins de
20 employés, je ne suis pas sûre que la robotisation est la panacée.
Première chose.
Et
deuxièmement, transformation du marché du travail, encore là, je veux bien,
mais encore faut-il se dire que tout cela prend du temps. Donc, moi, je
veux un peu entendre le ministre sur la question suivante, parce qu'en même
temps, robotisation et transformation du
marché du travail, on n'envisage certainement pas la robotisation pour le
réseau de la santé et on n'envisage certainement pas la robotisation
pour le secteur de l'éducation.
Alors,
ma première question très globale : Est-ce que le ministre de l'Emploi,
qui est leader du dossier pour les solutions
à la pénurie, est-ce qu'il s'assoit avec ses collègues de l'Éducation et de la
Santé pour avoir une vision transversale de solutions pour la pénurie?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre.
M. Boulet :
Merci de votre préoccupation. Encore une fois, ma collègue de Sauvé exprime
très bien ce qui l'intéresse dans le
dossier de la rareté de main-d'oeuvre. Effectivement, c'est un changement de
culture ou de paradigme. On était habitué, à Services Québec, à recevoir
des personnes qui cherchaient des emplois, alors que maintenant on demande à nos 220 conseillers et conseillères
en entreprise, qui sont répartis dans les 17 régions administratives du
Québec, d'aller au-devant des
entreprises, donc d'essayer de travailler le plus possible en amont. Puis je
vous assure que les conseillers et
conseillères que j'ai rencontrés à ce jour sont extrêmement heureux que leur
travail soit ainsi valorisé. Ils ont les outils, ils sont maintenant en mesure de frapper à la porte des entreprises, les
rencontrer, établir un diagnostic et proposer un plan d'action. Et, à ce
jour, on a communiqué avec au-delà de 6 000 entreprises et près de
40 % de ces entreprises-là nous disent : On a besoin de vous.
• (10 h 20) •
La
robotisation à laquelle... qui est un des moyens d'augmenter la productivité,
c'est évidemment une des façons de
s'intéresser à la rareté de main-d'oeuvre, parce qu'on améliore la qualité de
vie des salariés au travail, on améliore la productivité et souvent ça
permet de générer des nouveaux emplois et souvent mieux rémunérés, avec de
meilleures conditions de travail. Et ça, ça
s'applique... j'aime ça aussi que vous parliez des petites, des moyennes
entreprises de moins de 20 travailleurs. C'est généralement les
organisations qui ont le plus besoin d'être accompagnées. Et nos conseillers, conseillères le réalisent quotidiennement, ces
petites entreprises là n'ont pas de département de ressources humaines, ne
sont pas équipées pour faire de la formation, du développement de compétences
et du recrutement.
C'est, à ce jour, extrêmement bénéfique. Et
j'essaie de travailler non seulement avec mes collègues de Santé, Éducation, mais avec tous mes collègues du Conseil
des ministres. Avec ma collègue de la Santé, on s'est assis ensemble, on se
préoccupe de la rareté de main-d'oeuvre pour les préposés aux bénéficiaires,
pour les infirmiers, infirmières. À l'Éducation, avec mon collègue de l'Éducation, on se donne des plans d'action qui
sont plus spécifiques. En Santé, par exemple, on parle de formations de
courte durée, on parle de formations dans les CISSS ou dans les CIUSSS. On a
des mesures concrètes.
On travaille
de façon transversale, on essaie d'éviter le plus possible de travailler en
silo parce que le phénomène de rareté
de main-d'oeuvre, il nous concerne tous, il affecte tous les secteurs
d'activité et toutes les régions du Québec de façon plus ou moins aiguë,
mais ma tournée m'a permis de constater que partout, les partenaires puis les
acteurs étaient extrêmement préoccupés. Il y a des idées, il y a des
initiatives. Moi, j'ai fait des annonces, je l'ai précisé dans mon allocution d'ouverture et je vais continuer de
faire des annonces pour faire en sorte que notre plan de match, il soit
évolutif, pas statique, et qu'il soit en mesure de s'adapter en temps
réel aux besoins évolutifs du marché.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
Mme Sauvé : Merci, Mme la
Présidente. J'avais un peu peur que le mot soit prononcé, et il l'a été, c'est
le mot «outils». Vous savez, quand une
entreprise de 20 employés et moins appelle son conseiller aux entreprises...
Mais là, pour maintenant, avec la
Grande Corvée, c'est l'inverse, hein? Le conseiller aux entreprises n'attend
plus d'avoir l'appel de la petite entreprise, il l'appelle. Moi, je me
mets à la place, là, du gestionnaire qui n'a pas de service de ressources humaines, qui n'a plus de stratégie de recrutement
qui fonctionne. Il a des contrats à honorer, il veut développer son entreprise,
alors il n'a pas le goût d'entendre parler
d'outils. Des outils formidables, en passant, de Services Québec,
d'Emploi-Québec, qui sont les
mesures, les subventions salariales, PRIIME, le Programme d'apprentissage en
milieu de travail, les mesures de
formation MFOR. Il y a plein d'outils fort pertinents, mais la question que le
gestionnaire, l'entrepreneur va poser lorsqu'il se fait appeler par le conseiller aux entreprises, dans ce grand
changement de paradigme, c'est : Où je vais trouver mon monde
demain matin?
Alors, mettons-nous à la place de
l'entrepreneur. Qu'est-ce que le ministre répondrait s'il était conseiller aux
entreprises?
M. Boulet :
Comme je le mentionnais un peu plus tôt, Mme la Présidente, en les aidant à
recruter. On a tellement de beaux
exemples concrets d'entreprises qui ont des besoins dans les technologies de
l'information, dans à peu près tous les secteurs d'activité humaine, et
ils ne savent pas comment s'y prendre. Et le conseiller, conseillère s'assoit
avec l'entrepreneur, lui explique comment
faire, et on a même aidé à structurer des départements de ressources humaines,
on a aidé à préparer des entrevues,
établir des questions, cerner le profil des personnes qui répondent aux besoins
de l'entreprise, identifier de façon claire les exigences et les
qualifications.
En fait, nos conseillers, conseillères
deviennent des guides. Ils prennent par la main les entrepreneurs, les aident à combler leurs besoins en main-d'oeuvre puis de
bien des façons, parce que je l'ai mentionné tout à l'heure, mais on assume
85 % des frais de formation, peu
importe la grosseur de l'entreprise, qui vise à accroître notamment la
productivité ou qui vise à réorganiser le travail de façon à faire suite
à l'acquisition d'équipement ou de changements technologiques.
On est là
pour que ce soient, et je le dis clairement à ma collègue, pour que ce soient
des solutions adaptées. Ce n'est pas
du mur-à-mur, comme on était habitués de le voir dans le passé. C'est vraiment
du cas par cas, adapté à chacune des
situations. Et, à ce jour, je le mentionnais tout à l'heure, 3 087 entreprises,
des petites, des moyennes et des plus grandes, nous ont dit : On a besoin de main-d'oeuvre et on a besoin d'être
accompagnées. Jamais on n'avait su dans le passé qu'on pouvait se fier sur des conseillers, conseillères
aussi bien outillés que vous. Il y a des personnes là-dedans qui sont formées
en relations de travail, en travail social, en droit, en économie. Ils sont
capables de mettre les mains à la pâte.
Mme Sauvé : Mme la
Présidente, merci. Alors, je reviens,
je continue dans cet échange. D'accompagner... Puis je connais bien, très bien la qualité de la
compétence des conseillers aux entreprises de Services Québec pour avoir été
présidente du Conseil régional des
partenaires du marché du travail
pendant plus d'une décennie à Laval. Alors, je sais à quel point ils sont effectivement très
dévoués, et très dédiés, et porteurs de solutions. Mais ma question
était : Où on trouve les personnes? Alors, j'entends que l'accompagnement, c'est très important. J'en conviens,
très d'accord avec ce que dit le ministre. Mais la question demeure très, très terrain : Qu'est-ce que le
conseiller aux entreprises dit à la petite entreprise? Où sont les bassins
de main-d'oeuvre? Alors, c'est vraiment ça.
Je vais
poursuivre en faisant un peu le tour de... comme je vous dis, j'ai porté une
grande attention à sa tournée de la Grande
Corvée et je sais qu'effectivement il a fait des annonces au fil... presque
toutes les régions, si je ne me trompe
pas. Mais j'ai fait un peu le bilan des
annonces qu'il a faites... parce qu'on s'entend, hein, que la pénurie de
main-d'oeuvre, c'est vraiment un
enjeu global, criant. C'est l'enjeu prioritaire au niveau de l'économie du
Québec présentement. Et, au fil des huit régions qu'il a visitées, quand
on annualise les différents montants d'annonces, parce que parfois il a annoncé
des montants sur trois ans, sur cinq ans,
mais, quand on ramène ça à l'exercice financier 2019‑2020, sur huit
régions, le total, c'est 22 millions
qui a été octroyé. Et, pour ce dont je parlais tantôt, la difficulté de
recruter des entreprises, c'est un simple cinq millions. Je trouve que
c'est très, très, très peu d'argent. Alors, je sais que le ministre vise un
plan d'action, que j'attends impatiemment.
Je vois, au fur à mesure des annonces, je vois des gestes posés, parfois très
locaux aussi, et c'est intéressant, mais 22 millions après huit
régions, je trouve ça trop peu, vraiment trop peu et peut-être un peu trop
tard.
Alors,
j'aimerais ça qu'il nous en dise un petit peu plus sur la fameuse planification
plus globale qu'il entend faire et annoncer très bientôt.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Oui, les bassins de main-d'oeuvre, ça, ça fait partie
de notre premier front d'intervention, qui réfère à l'intégration des
bassins de main-d'oeuvre qui sont sous-représentés dans le marché.
Et où on les
trouve, ces personnes-là? D'abord, chez les travailleurs expérimentés, qui
bénéficient de beaucoup de sagesse et de maturité, qui ont souvent intérêt à
prolonger leur carrière ou à revenir en emploi. Et ça, on en parlera de façon plus détaillée plus tard, mais mon collègue
Eric Girard a annoncé des mesures concrètes extrêmement intéressantes.
Donc, les travailleurs expérimentés, les jeunes.
Les jeunes représentent à peu près 54 % des
besoins en main-d'oeuvre pour les 10 prochaines années. On a, à ce jour, 120 000 postes vacants à
combler dans les 10 prochaines années. Donc, on a des stratégies de
valorisation et de promotion des métiers et des professions qui sont
déficitaires dans le marché. On promotionne ces métiers-là pour s'assurer
que les jeunes s'orientent dans ces secteurs-là et comblent les besoins réels
du marché du travail.
• (10 h 30) •
Les personnes
handicapées, ma collègue
le sait très bien, elle est sensible, on en fait la promotion. J'ai
parlé de l'embauche de 28 agents
d'intégration de personnes
handicapées. C'est là qu'on va les
chercher, ma collègue. Les femmes, les autochtones, les personnes judiciarisées, les travailleurs étrangers temporaires, les immigrants, on est en discussion, mon collègue
du MIDI et moi, avec nos homologues à Ottawa, on est en train de s'assurer de
piger dans tous les bassins de main-d'oeuvre sous-représentés dans le marché.
Et je
rappellerai à ma collègue, ce n'est pas une question de montants d'argent.
Quand je fais des annonces, là, que
ce soit 30 ou 40 millions, je souhaite ardemment, puis je le dis à chaque
fois, qu'on aille bien au-delà de ces montants-là. Il faut
faire la promotion de l'assumation des frais de formation, de ce que les entreprises
font pour se distinguer et accroître leur productivité. Et, contrairement
à votre plan d'action, je rappellerai à ma collègue que la rareté de main-d'oeuvre,
c'est documenté depuis 2007‑2008.
Il y en a qui me disent... puis j'ai lu des articles
d'économistes en 2003-2004, et nos prédécesseurs
ont abouti avec une stratégie nationale qu'ils ont soumise en mai 2018. Nous, on a
hérité de cette problématique-là qui va nous suivre encore pendant cinq
ans, huit ans, 10 ans. Qu'a-t-on fait avant?
Nous, on
agit, et tous reconnaissent, les partenaires et les acteurs rencontrés, qu'on
est dans l'action. On a un plan de match, encore une fois, qui ne sera pas
statique, mais qui va évoluer en temps réel. Et c'est ça, la façon de notre gouvernement ou de votre gouvernement d'agir. On va avoir des solutions adaptées,
spécifiques et répondant aux besoins concrets des entreprises.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est tout? Merci.
Mme Sauvé : Merci,
Mme la Présidente. Écoutez,
on aura l'occasion de revenir dans l'autre bloc, mais il me reste
très peu de temps. Il me reste...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
2 min 30 s.
Mme Sauvé : Bon, alors, je vais y aller. Puis évidemment
le ministre a ramené un peu, là, la responsabilité de l'ancien gouvernement, qui a presque créé la pénurie de main-d'oeuvre, là, mais, en même temps, je vous dirais, encore là, dans un ton très contrôlé... je vous dirais que ça fait
bien longtemps, effectivement, que c'est documenté, parce qu'il y a une réalité démographique,
au Québec. Alors là, je veux bien, là, qu'on soit dans l'attaque partisane,
mais, en même temps, très simplement, là, si
on suit le dossier depuis tant d'années, on sait qu'il y a une réalité de la
pyramide des âges, là, puis la réalité
démographique, elle était là. Puis, dans un contexte de santé économique
accélérée, bien, effectivement, on avait eu à se positionner, et il y a eu le rendez-vous de la main-d'oeuvre, une
consultation très large qui a mené à la Stratégie nationale de la
main-d'oeuvre, mais j'y reviendrai.
Le ministre
dit souvent qu'il a une lecture précise par région des perspectives d'emploi,
et c'est très bien. Ça aussi, ça
existe depuis très longtemps. Mais, dans notre fameuse Stratégie nationale de
la main-d'oeuvre de mai 2018, puis j'en reparlerai tantôt. Mais je veux dire ceci, il me
reste très peu de temps, ce n'est pas tout de connaître les besoins par rapport
aux métiers en demande, encore faut-il les
diffuser aux bonnes personnes, et les diffuser aux bonnes personnes, ça passe
par les conseillers en orientation.
Alors, il y
avait un article récemment qui parlait, entre autres, de l'Ordre des
conseillers et conseillères d'orientation du Québec qui disait : Dans les écoles, il manque de conseillers,
les jeunes n'y ont pas accès. Alors, c'est un grand problème. Je pense
que mon temps est en train de s'écouler.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y. Il vous reste 50 secondes.
Mme Sauvé : Ah! bien, c'est merveilleux. Je vais le prendre.
Donc, c'est un problème. Alors, on a beau dire qu'on a la lecture des métiers en demande, encore
faut-il avoir le lien avec le collègue de l'éducation, il faut avoir le lien
sur le terrain entre les conseils
régionaux et les tables interordres et il faut aussi, surtout, parler sur le
terrain aux conseillers d'orientation.
Alors, s'il
n'y a pas suffisamment de conseillers d'orientation dans les écoles, comment
est-ce qu'on peut inciter les jeunes
à aller vers les métiers en demande, alors qu'ils combleront 54 % des
emplois d'ici les prochaines années? J'ai failli perdre la voix.
Excusez-moi. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien. Alors, nous allons poursuivre. Merci pour l'échange, nous allons poursuivre avec le premier bloc du gouvernement
avec 18 minutes et nous commençons avec la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Un
plaisir d'être ici ce matin. Je salue tous les collègues présents et les équipes également qui les
accompagnent. Ce matin, on parle beaucoup de pénurie, de rareté de main-d'oeuvre, là, depuis tout à l'heure, et j'aimerais discuter avec le ministre d'un sujet particulièrement saillant dans ce contexte-là que sont les clientèles éloignées
du marché du travail.
Vous savez,
en contexte de pénurie de
main-d'oeuvre, il y a plusieurs
moyens qui doivent être pensés pour permettre aux entreprises de demeurer compétitives et de trouver de la main-d'oeuvre qualifiée. Parce que le contexte démographique pèse dans la balance, il faut innover, il faut
oser, il faut trouver des nouvelles façons
de faire. Moi, je pense entre autres, dans ma circonscription, à une entreprise de Clermont, Fibrotech, une entreprise
qui oeuvre dans le domaine de la fabrication des pièces de fibre de carbone, une entreprise qui est dans un domaine d'avenir, parce qu'on le sait, la fibre de carbone, c'est plus léger. Donc, ça remplace les pièces dans les automobiles, dans les
avions. C'est un marché d'avenir parce
que ça permet des économies d'essence, entre autres, dans nos
automobiles, dans nos avions, un marché qui est estimé, mondialement,
là, à 2,3 milliards.
Et cet employeur-là dans ma circonscription fait
face régulièrement à des problèmes de rareté, de pénurie de main-d'oeuvre parce que c'est de la main-d'oeuvre, entre autres, spécialisée, et ce n'est pas évident. Il a même une classe, là.
Il s'est créé une classe dans sa propre entreprise,
où est-ce qu'il fait venir des professeurs, de la région de
Terrebonne entre autres,
pour pouvoir enseigner aux gens les techniques. Et régulièrement, il doit faire venir de la main-d'oeuvre spécialisée même d'Amérique latine. Donc, ce n'est pas simple. Il faut qu'il use de
créativité pour pouvoir trouver des gens pour travailler, alors que son entreprise est en pleine
croissance. Mais un de ses freins, c'est justement cette rareté de main-d'oeuvre là et elle doit être spécialisée également.
Donc, ça mène
justement à parler de ces bassins de main-d'oeuvre là, entre autres les personnes immigrantes qui sont représentées
en grande quantité dans les grands centres, mais moins en région. La
répartition n'est pas égale dans la province
au Québec. Les personnes handicapées, souvent, ayant des contraintes à
l'emploi, mais avec une adaptation du milieu, ces personnes-là
pourraient intégrer le marché du travail. Les jeunes, comment les orienter vers
les métiers, les professions du futur?
Comment rattraper ceux qui décrochent? Parce que ça va devenir, là, la
question, là, parce qu'on ne pourra
plus se permettre d'avoir des jeunes qui sont hors du marché du travail.
Également, les personnes autochtones qui souvent, en région, constituent un
bassin de main-d'oeuvre très... potentiel très très intéressant, mais ayant
souvent besoin de formation.
Donc,
concrètement, j'aimerais interroger le ministre à savoir quels sont les moyens,
les actions mises en oeuvre qui vont permettre à ces groupes de
personnes d'accéder au marché du travail et d'atténuer le nombre de postes
vacants.
M. Boulet :
Merci à ma collègue pour sa question qui démontre son intérêt pour la rareté de
main-d'oeuvre et qui démontre aussi
sa connaissance des entreprises qui oeuvrent notamment dans son comté, et
particulièrement Fibrotech qui, effectivement, est dans un domaine
d'expertise d'avenir.
Je vais
essayer de les adresser de façon un peu télégraphique. D'abord, je comprends
que c'est du travail spécialisé, et
ça, au ministère, on peut certainement les accompagner. Puis c'est certainement
une entreprise, demain matin, avec laquelle on pourrait céduler une rencontre, établir ses besoins en formation, ses
besoins en matière de développement des compétences et qualifications puis, après ça, s'assurer de
bien les connecter aux ressources, non seulement de mon ministère, mais du
ministère de l'Éducation, et aussi de lui
proposer les programmes d'aide financière appropriés à sa réalité comme
entreprise qui a une vision de l'avenir et qui constitue un modèle qui
doit être reproduit partout au Québec.
• (10 h 40) •
Pour les
autochtones, il y a effectivement un bassin de main-d'oeuvre qui est
sous-représenté. Je rencontrais une personne,
bien, notamment dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue, où on me parlait du
fort potentiel de personnes autochtones qui pourraient intégrer le
marché du travail. Il y a une dame que j'ai rencontrée dans le cadre de ma
tournée provinciale,
qui s'occupe de développement économique à La Tuque, qui me disait que
30 % des personnes disponibles pour intégrer le marché du travail étaient des autochtones. Il faut que nos
entreprises au Québec s'ouvrent à la réalité autochtone et se préparent à bien les intégrer tant au plan
culturel qu'au plan de l'organisation du travail. Et ça, on peut aussi, avec
nos conseillers, faire l'accompagnement qui s'impose.
Les
personnes handicapées, j'en ai parlé tout à l'heure puis, à chaque fois, j'aime
ça en rediscuter. 28 agents d'intégration, puis on fait ça avec le ROSEPH, qui est le Regroupement des organismes
en matière d'employabilité pour les personnes handicapées au Québec, et les agents d'intégration vont aider les
personnes handicapées. Ils vont les accompagner dans l'environnement de travail. Ils vont aider les
employeurs à développer des pratiques compatibles avec les limitations soit
physiques ou intellectuelles des personnes handicapées.
Mais Radio-Canada en faisait état récemment d'un
jeune autiste qui avait intégré un environnement de travail... qu'il faisait de façon digne, de façon bénéfique,
tant pour lui que pour l'entreprise qui en retirait des avantages. Il faut
qu'au Québec on devienne une société
ouverte au handicap sous toutes ses formes. Et c'est la raison pour laquelle
mon collègue aussi Eric Girard
annonçait qu'on allait mettre en application une stratégie nationale pour
l'intégration et le maintien en emploi
des personnes handicapées. Et je pourrai certainement, dans les prochains mois,
aller plus en détail sur les paramètres de cette stratégie-là.
Les jeunes,
on en a parlé et on travaille en collaboration avec le ministère de
l'Éducation. On promotionne, on diffuse, on informe. Puis, dans le cadre de ma tournée provinciale, je le dis, je
le répète à tous les médias, il y a des régions où ils vivent un problème d'exode des jeunes. Je pense à
l'Abitibi, je pense au Saguenay—Lac-Saint-Jean, où ils perdent les jeunes. Eux autres, ils ont besoin de développer des
stratégies de rétention des jeunes, et on travaille à des mesures concrètes
pour les aider. Mettre l'énergie à
faire connaître les facteurs attractifs pour garder les jeunes dans nos
régions, c'est extrêmement important.
Les
immigrants, c'est un dossier dans lequel on travaille toujours, mon collègue du
MIDI et moi, avec nos homologues fédéraux, et on aura, on le souhaite,
des annonces intéressantes et positives à faire dans un délai raisonnable.
Merci.
Mme Foster :
Merci. On parlait tout à l'heure de la clientèle, des personnes qui ont des
déficiences ou en situation de
handicap. Le 18 mars dernier, à Drummondville, vous avez annoncé... bien,
le ministre a annoncé un projet pilote visant à accompagner les personnes qui
rencontrent des obstacles importants pour s'intégrer ou se maintenir en emploi
en raison d'un trouble de santé
mentale, d'une déficience intellectuelle, d'un trouble du spectre de l'autisme.
Il y a 28 agents d'intégration qui
vont être embauchés partout au Québec, et puis, bien, j'aimerais que le
ministre puisse m'en parler davantage, mais également j'aurais comme une deuxième sous-question. L'enjeu des
personnes immigrantes aussi, là, qui était beaucoup soulevé dans la réponse du ministre tout à
l'heure... souvent, les entreprises cherchent des ressources pour mieux
intégrer les immigrants et, en région, c'est d'autant plus vrai, comme
on en discutait.
Puis est-ce
qu'Emploi-Québec pourrait offrir ce genre de service là qui aiderait les
entreprises en région? Quel type de programme ou de service les
entreprises peuvent avoir?
M. Boulet : Merci. Les
personnes handicapées, quand j'étais, Mme la Présidente, à Drummondville,
région Centre-du-Québec, dans le contexte de
ma tournée provinciale, quand j'ai fait l'annonce, ce n'était pas pour
dire : Nous allons embaucher.
Nous avions déjà embauché. Le directeur général de ROSEPH était présent, ils
étaient déjà à établir un plan de
coordination. Il y a des agents d'intégration qui étaient déjà en mode
accompagnement de personnes handicapées en milieu de travail.
Et ça me fait
toujours penser, quand on parle des personnes handicapées, le cas qui a été
fortement documenté par les médias
récemment d'une personne qui était atteinte de paralysie cérébrale, qui a
réussi, de peine et de misère, à compléter un baccalauréat aux Hautes Études commerciales à Montréal et qui est
devenue responsable des relations publiques d'une entreprise reconnue au Québec, et c'est une
histoire à succès. J'ai eu l'occasion de le rencontrer récemment dans une
activité à Montréal. Il avait presque
les larmes aux yeux d'avoir réussi à
surmonter le défi cérébral qui le confrontait sur une base quotidienne. C'est des histoires à succès. Il y en
a partout au Québec, et l'ouverture des Québécois
et des Québécoises se fait de plus en plus sentir.
Les immigrants, bien, on le sait tous, hein, mon
collègue du MIDI a déposé un projet de loi et active un système qui était en place, mais qui était inactif, celui
d'Arrima, pour s'assurer que les personnes qui viennent chez nous, au Québec, soient bien connectées aux entreprises,
aux besoins de notre marché. C'est ce qu'on appelle l'arrimage entre le profil
de l'immigrant et le besoin de nos entreprises québécoises. Et vous le
soulignez, parce qu'on l'a dit souvent en campagne électorale, il faut s'assurer
de régionaliser l'immigration, assurer les frais de transport, permettre un
accueil en région, parce que les
besoins sont surtout dans nos régions. Et le taux de chômage des immigrants
dans la grande région de Montréal, il est trop élevé. Et on a besoin d'immigrants
et de travailleurs étrangers temporaires dans nos régions, mais il
faut s'assurer d'assumer une
harmonieuse intégration avec le milieu régional et permettre que ces personnes-là
apprennent notre langue et respectent nos valeurs qui sont bien
inscrites dans la Charte des droits et libertés de la personne. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. La parole est au député de Chauveau. Il vous reste six minutes.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je me permets rapidement de saluer mes collègues,
M. le ministre, vous-même, Mme la Présidente, les collègues
de la partie gouvernementale ainsi que les collègues de l'opposition.
Toujours un plaisir de vous revoir.
Et, Mme la Présidente, aujourd'hui, je veux
parler brièvement, mais quand même d'un sujet qui m'interpelle beaucoup
dans le secteur de l'emploi et de la solidarité sociale, c'est les carrefours jeunesse-emploi, et je partage ça avec la collègue de Fabre. On a travaillé quand même
collectivement pendant quelques années à se croiser dans un autre contexte
pour ces beaux organismes qui sont répartis
partout sur le territoire. Moi, j'ai travaillé au sein du Carrefour
jeunesse-emploi Comté-de-Saguenay,
qui aujourd'hui s'appelle Haute-Côte-Nord, et surtout au
Carrefour jeunesse-emploi Montmorency. Je
peux dire, Mme la Présidente, que c'est l'endroit où j'ai appris à travailler.
Vraiment, dans ce contexte-là, c'est une belle organisation.
On se
rappelle tous du contexte de création, là, dans les années 90, où Jacques
Parizeau avait fait une tournée. La femme de Jacques Parizeau, Lisette
Lapointe, avait fait une tournée, avait été impressionnée par le CJE de
l'Outaouais, notamment, et avait décidé d'implanter ça un peu partout au
Québec. Et à cette époque-là, bien, c'est évident, le taux de chômage était très élevé, aux alentours de quoi, 12 %, 13 %. Il y avait 815 000 personnes
sur l'aide sociale. C'est dans ce contexte-là où on a commencé à
travailler au sein des carrefours jeunesse-emploi.
Et les CJE,
qui ont aidé tellement de jeunes adultes de 16 à 35 ans, au fil des ans, à
se réaliser, à développer des projets
en employabilité, en orientation scolaire, orientation professionnelle,
l'entrepreneuriat et... Il y a eu plein de projets dynamiques. Moi, j'étais à cette époque-là aussi
agent de développement, je développais des projets avec les jeunes et je
suis préoccupé quand même sur la continuité
des carrefours jeunesse-emploi. Ça prend une vision. Vers où qu'on s'en va
avec nos CJE? Parce que je pense que tout le
monde est assez d'accord, là, il y a des CJE dans toutes nos régions, et ils
ont un rôle capital à jouer pour...
Parce que ça a bien changé, car le taux de chômage, j'en parlais tantôt, ce
n'est plus ça à cette heure. Les
réalités, c'est le maintien à l'école, le maintien en entreprise,
l'accompagnement des gens qui sont plus éloignés du marché du travail. Alors, je suis très préoccupé, comme le député de
Beauce-Sud peut l'être aussi, qui est responsable du volet jeunesse.
Et ma
question à M. le ministre : J'aimerais savoir quelle est sa vision à lui présentement,
là, du réseau des CJE.
• (10 h 50) •
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Je profiterais de l'occasion pour saluer mon collègue, qui a une
vaste expertise, puis c'est reconnu par mes
collègues de l'opposition d'ailleurs, dans les carrefours jeunesse-emploi, non
seulement par son expérience
personnelle et professionnelle, mais par ses intérêts maintes fois déclarés. Et
ce que je pense des CJE, et ma vision est en partie... vous avez une partie de la
réponse. Quand on a décidé de faire affaire ensemble, que vous êtes
devenu mon adjoint parlementaire, je voulais imprimer ma proximité avec la mission des CJE au Québec qui
est essentiellement de favoriser l'intégration socioprofessionnelle
des jeunes. On ne le répétera jamais assez, c'est un bassin qui n'est pas encore suffisamment représenté sur le marché. Il
y a un potentiel immense, et les CJE,
je souhaite ardemment qu'ils
développent encore plus de synergie avec les Services Québec et avec les autres
organismes en
matière d'employabilité. Ça, c'est certainement un volet de ma vision.
Deuxièmement, il faut s'assurer que sa mission ne subisse aucun
obstacle. Parce qu'on me dit
parfois : J'ai visité un CJE en
campagne électorale, j'ai eu l'opportunité de rencontrer les personnes du
regroupement et du collectif. Je sais qu'il y a une certaine division au
sein des CJE à l'échelle du Québec. Il y en a à peu près 80 quelques qui sont
dans un regroupement puis une vingtaine d'autres dans un autre regroupement, et
j'ai demandé que tout le monde travaille ensemble.
On n'a pas d'intérêts divergents, nous n'avons que des intérêts communs. Ça, ça
fait partie aussi de ma vision des CJE pour l'avenir. Apprenons à
travailler tout le monde ensemble.
Puis troisièmement, le financement, c'est
extrêmement important qu'on accentue le financement à la mission des CJE, qu'on essaie de diminuer autant que
possible les ententes à la pièce qui sont longues, coûteuses, beaucoup trop bureaucratisées
et qui freinent le développement puis l'affirmation des CJE. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste 47 secondes.
M. Lévesque
(Chauveau) : Mme la Présidente, je suis enthousiaste d'une déclaration
du ministre. Honnêtement, les
carrefours que j'ai connus étaient flexibles, étaient malléables. Ils étaient
capables d'agir selon la réalité terrain de leur territoire. Ce n'est pas la même chose à Laval, que ça peut l'être à
Québec, que ça peut l'être sur la Côte-Nord, c'est évident. Et l'action, quand tu es seulement financé par ententes
de services, ça fait que tu pourrais refuser des jeunes qui auraient besoin
d'un coup de pouce ou qui ont des projets
novateurs, parce que tu n'es pas financé par projets, tu es financé pour aider
quelqu'un sur l'insertion.
Ce que le
ministre nous dit, c'est qu'il a l'intention de travailler davantage en mission
globale, un peu plus que c'est le cas actuellement. Je trouve ça fort
positif. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Nous poursuivons avec le
deuxième groupe d'opposition avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Vous avez 19 min 40 s.
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Salutations à M. le ministre, salutations à toute son
équipe, autant au cabinet que les gens qui l'accompagnent de la partie
gouvernementale, aux députés du gouvernement, aux députés de... mes collègues de l'opposition, aux gens de la
commission. Et je tiens toujours à saluer les gens du service audiovisuel,
qu'on oublie souvent dans nos remerciements, mais qui sont importants
pour notre travail ici.
Je vais avoir
trois thèmes pour mes questions. Je les annonce d'avance, je suis fin comme ça.
Comme ça, le ministre peut se mettre
un peu... il sait que c'est mon ministre préféré, de toute façon, il peut se
mettre en position de confort. Je vais
avoir une première question sur le RQAP, une question sur les corporations de
développement communautaire, ensuite des questions sur l'aide sociale.
D'abord, sur
le RQAP, j'ai la chance d'être un jeune père d'une petite fille de 18 mois
et j'ai eu la chance de pouvoir avoir
l'arrivée de cette petite fille là dans ma vie bien avant les élections,
quelques mois avant les élections. Et j'ai donc profité de ce merveilleux régime
qu'est le RQAP pendant le maximum de semaines qui étaient permises pour un
père, donc en utilisant le court
congé pour le père et les semaines prévues à partager entre les deux parents.
Je les ai utilisées au grand complet.
Je me suis abonné à toutes sortes d'infolettres à ce moment-là et j'ai su, à un
moment donné, que, bon, il y avait des
bonnes nouvelles, de plus en plus de pères utilisaient leurs semaines, mais une
très large minorité de pères utilisaient l'essentiel des semaines à
partager. C'étaient presque tout le temps, dans les proportions, les mères qui
les utilisaient.
Et il y a toute une
réflexion à avoir sur la question du féminisme. Et souvent, dans la question du
féminisme, on met tout le poids de cette bataille-là sur les épaules des
femmes, alors que les hommes ont un rôle à jouer dans l'avancée de cette
cause-là de l'équilibre entre les hommes et les femmes. Et il y a beaucoup
d'études qui démontrent que plus un père prend du temps, lors de la naissance
de son enfant, pour s'en occuper, plus il aura tendance à partager
équitablement les tâches tout au long de la vie de cet enfant-là.
Alors, ça, les études
sont assez concluantes à ce sujet-là, et ça fait plusieurs années qu'il y a des
gens qui revendiquent qu'il y ait
des semaines supplémentaires au RQAP qui soient réservées aux hommes, qui ne
soient pas partagées. Donc, si
l'homme ne les prend pas, elles disparaissent. Ça inviterait donc davantage
d'hommes à utiliser ces semaines-là et ça
pourrait participer à conscientiser davantage de pères à l'importance d'être, d'abord,
présent avec son enfant et ensuite de partager les tâches équitablement
avec sa conjointe.
Est-ce
que le ministre a une réflexion là-dessus? Est-ce que c'est quelque chose qui pourrait être étudié en détail par son ministère?
M. Boulet : Mme la
Présidente, c'est une réflexion intéressante. J'avoue que plus un père s'engage, plus son niveau d'attachement est élevé et plus il pourra
contribuer de façon la plus équitable possible aux charges du ménage et de la
famille.
Il y a une
conjoncture. Je suis en train actuellement d'analyser, avec le conseil de
gestion du Régime québécois d'assurance
parentale, quelles sont les avenues
de bonification qui pourraient se présenter à nous. Je trouve que
c'est une idée intéressante, qui mérite d'être analysée et certainement d'être mesurée.
Il faut savoir, en même temps, et mon collègue
le sait très bien, que l'avenir des enfants et la qualité de vie des familles,
c'est au coeur de nos préoccupations.
On
a, ceci dit, un régime québécois qui
est extrêmement généreux, quand il est comparé ailleurs au Canada et aux
États-Unis. On a un régime qui confère des
conditions intéressantes pour les parents, en termes de congés parentaux,
notamment. Mais on est toujours
ouvert à améliorer ce qui se fait déjà et s'assurer que le régime réponde bien
à la réalité des besoins spécifiques, tant des mères que des pères.
Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc :
Je comprends qu'il y a de l'ouverture, il y en a souvent quand je discute avec
M. le ministre. Donc, au-delà de
l'ouverture, est-ce qu'on peut peut-être s'engager à aller un peu plus loin?
Parce que ce qui est devant vous ici, c'est
vraiment un projet où, par une optique de bonus, plutôt que de malus, on peut
influencer un changement de culture au Québec et être encore plus à
l'avant-garde de l'équilibre hommes-femmes.
Je
sais que c'est une cause qui lui tient à coeur, le gouvernement. Il y a toutes
sortes de facettes, en ce moment, de discussions,
la représentativité sur la réforme du mode de scrutin, la question des délais
de prescription pour les agressions sexuelles.
Ce serait une autre façon, et là, cette fois-ci, par une influence, un
encouragement aux hommes, aux pères à prendre un rôle plus important. Donc, en tout cas, je ne reformule pas ma
question, j'ai eu ma réponse, mais j'entends que le ministre est
intéressé, et on pourra peut-être lui faire parvenir des documents en ce sens.
Ma prochaine question
traite des corporations de développement communautaire, les fameuses CDC. Il y
en a à peu près partout au Québec, je pense qu'il
y a deux régions seulement où il n'y en a pas, mais sinon c'est quelque chose
qui est très, très représentatif du
territoire, des gens qui font beaucoup de travail de concertation, du
développement, oui, communautaire, mais socioéconomique aussi.
Il
y a deux aspects que je voudrais... deux questions, en fait, deux courtes
questions que je pose au ministre. Tout d'abord, dans le budget 2019‑2020,
est-ce qu'il y a un réinvestissement dans le réseau des CDC et, si oui, à
quelle hauteur? Et finalement, est-ce
que le ministre pourrait s'engager à financer les nouvelles CDC qui sont
accréditées, mais qui ont souvent à
attendre plusieurs mois, voire plusieurs années, pour être financées? C'est un
problème, donc, une accréditation qui
arrive, une nouvelle CDC, dans une nouvelle région, elle existe, mais elle doit
attendre un long moment avant de recevoir le financement, donc il n'y a
pas de financement relié à l'accréditation.
Est-ce que c'est
quelque chose que le ministre pourrait s'engager à régler dans les plus brefs
délais?
• (11 heures) •
M. Boulet :
Je profiterais, Mme la Présidente, de cette question pour donner quelques
précisions sur le financement octroyé
par le MTESS. D'abord, il y a un financement principalement à la mission
globale d'organismes communautaires
voués à la défense collective de droits, via
ce qu'on appelle le Fonds d'aide à l'action communautaire autonome, le FAACA.
Et l'autre source de financement, à laquelle vous faites référence, on finance également
la mission des corporations de développement
communautaire via le Programme de soutien financier aux corporations de
développement communautaire, le
PSCDC. Et ça, à cet égard-là, dans le budget, il y a des sommes... Vous me
permettrez, hein, de vérifier le montant spécifique. Pour 2019‑2020,
c'est 5 607 400 $.
Une voix :
...
M. Boulet :
C'est le budget, et le montant additionnel est de 301 900 $, O.K.,
quand même.
M. Leduc :
Et par rapport aux problèmes d'accréditation et de financement, donc il y a un
délai entre l'accréditation de la CDC
et le financement qui arrive très tard après son accréditation. Est-ce qu'il y
a quelque chose qui peut être fait de votre côté?
M. Boulet :
Absolument. Non, non, mais vous dites : Entre l'accréditation et le
financement... Quand la corporation de
développement communautaire aura complété le processus d'accréditation et
obtenu son accréditation, elle va pouvoir bénéficier selon les mêmes
règles, selon les mêmes conditions du financement octroyé dans le cadre du
PSCDC.
M. Leduc :
Bien, ce que je comprends, c'est qu'il y a un long délai entre ces deux
affaires-là, entre l'accréditation complète
et le financement, et que, là, on a reconnu une instance, elle se dote d'une
organisation, mais elle n'a pas de moyens pour fonctionner. Alors, c'est là qu'on demande s'il n'y aurait pas
moyen de rapprocher l'accréditation et le financement en termes
temporels.
M. Boulet :
C'est un bon point. Je ne pourrais pas vous donner de réponse précise sur le
délai entre l'accréditation et le
financement, mais je le dis quand même d'emblée, j'anticipe qu'on fasse tout ce
qui est possible pour diminuer le plus
possible ce délai-là, pour permettre à la corporation de bien fonctionner. Je
comprends bien votre intervention, et on a bien entendu le message.
M. Leduc :
Merci beaucoup. Je passe maintenant aux questions sur l'aide sociale. J'en ai
quelques-unes, on verra si j'ai le temps de toutes les poser. On ira au
bout de la logique.
Tout d'abord, une
question sur ce que je pourrais appeler le rapport coût-bénéfice de certaines
pratiques de contrôle qu'il y a à l'aide
sociale. Donc, vous savez qu'il y a évidemment plusieurs fonctionnaires qui
visent à l'application du programme. Ils font toutes sortes de contrôle pour
s'assurer que les prestataires respectent la loi et le règlement qui en
découle.
Parfois,
soit par ignorance de la loi ou parce qu'il y a insuffisance du montant de l'aide
versée, il peut y avoir des accrocs
qui se font, qui se génèrent par rapport à cette loi ou au règlement et donc
résulter en des réclamations monétaires qui est demandé par le ministère envers
la personne qui reçoit l'argent. Ces montants-là peuvent parfois être quand
même assez élevés, mais parfois, ils sont
aussi très faibles, les montants exigés. Parfois, ça va même largement en deçà
de 1 000 $, donc quelques
centaines de dollars. Le prestataire peut alors contester, par une démarche
administrative quasi judiciaire, la réclamation. C'est correct, on salue ça,
c'est normal. Il peut même aller parfois un peu plus loin, s'il y a un appel
qui est refusé. Il peut donc aller dans une contestation plus judiciaire.
Mais donc, la
question qui vient et qu'on se pose... c'est que les coûts associés à toute
cette démarche-là sont assumés par le
gouvernement, par votre ministère, bien sûr. Il y a bientôt... donc, un avocat
probablement qui va être payé par
l'aide juridique, il y a le fonctionnaire qui va être en charge de faire la
révision administrative, qui va allouer du temps à ça. Dans le cas d'une décision maintenue, si c'est contesté devant un
tribunal, bien, il y a tout l'appareil judiciaire qui va être impliqué
là-dedans. C'est beaucoup de coûts. Alors, de toute évidence, à sa face même,
quand une réclamation est de bien en deçà de 1 000 $,
visiblement, il y a un rapport coût-bénéfice qui n'est pas présent pour l'État.
Alors, la question
qu'on se pose : Est-ce qu'au ministère vous avez déjà évalué ces coûts-là?
M. Boulet :
Mme la Présidente, moi, je prends acte de cette demande. Moi, je vais faire la
vérification. On est dans un contexte
où on gère des fonds publics, donc l'argent qui appartient à l'ensemble des
contribuables du Québec. Donc, il faut
s'assurer que ce soit bien géré dans le respect des règles. Si des prestataires
ne déclarent pas de revenus, ou séjournent à l'extérieur ou à l'étranger
pour des périodes qui excèdent ce qui est prévu à la loi, ou ne respectent pas
les conditions d'admissibilité à un statut de prestataire d'aide sociale,
évidemment, tout bon gestionnaire, qu'il soit privé, public ou parapublic, doit s'assurer de réclamer. On a
effectivement, au ministère, des ressources qui s'occupent des réclamations et des recours. Ils le font et elles le font de façon
humaine, respectueuse de la condition des prestataires, et ne font pas une
application restrictive des dispositions de la loi. On le fait de manière,
encore une fois, respectueuse.
Il
y a la possibilité, comme mon collègue le sait peut-être, d'obtenir même des
remises de dette pour des circonstances exceptionnelles, parfois purement humanitaires. Parfois, il y a des
remises de dette qui tiennent compte d'une réalité vraiment spécifique, mais qui démontrent encore une fois
que les personnes qui oeuvrent au sein de mon ministère le font de façon
tout à fait en harmonie avec la mission du ministère.
Et
le coût-bénéfice, oui, c'est une approche qui m'étonne provenant de mon
collègue, une approche comptable. Moi, ce
qui me préoccupe, c'est qu'on ait une approche humaine et respectueuse du droit
des personnes d'avoir des prestations, mais
de ne pas entourlouper le système ou penser au-delà des règles. Encore une
fois, on les applique avec souplesse, mais on les applique de façon à bien
gérer les fonds publics. Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc :
Puis je suis content d'étonner mon vis-à-vis le ministre. J'aime ça le
surprendre, des fois. Il est moins dans son confort.
Évidemment
qu'on ne dit pas de ne rien faire, hein, dans ces circonstances-là. Ce n'est
pas ça du tout, notre logique. On me
corrigera si j'ai tort, mais il me semble que l'Agence du revenu fait à peu
près la même chose quand on parle d'évasion fiscale. Ils regardent, est-ce que ça vaut la peine d'investir temps et
argent pour les retrouver? Est-ce que ça vaut la peine d'investir des
dollars, des deniers publics pour aller en retrouver un?
Donc,
c'est un peu cette logique qu'on... on voulait savoir si, d'abord, seulement,
si ça avait été évalué chez vous. Je
comprends que vous n'êtes pas au courant, je comprends que vous vous êtes
engagé, donc, à les vérifier. Ce que je vous demanderais donc, c'est : Est-ce qu'on pourra avoir les résultats,
donc, de cette vérification-là, lorsque vous aurez vérifié si ça a déjà
été fait ou si ça pourrait être fait aussi, ce genre de vérification là?
M. Boulet :
Tout à fait. On va faire la vérification puis on va vous revenir dans un délai
le plus rapproché possible. Mais la
question, c'est de savoir : Est-ce que nous faisons l'exercice
coût-bénéfice? Combien ça coûte pour réclamer puis les bénéfices
générés? Je vais vérifier si on fait l'exercice et je vous reviens dès que
possible.
M. Leduc :
Merci, M. le ministre.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Vous passerez par nous pour donner la réponse.
M. Boulet :
Tout à fait.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci.
M. Leduc :
On ne vous oublie pas, Mme la Présidente, on ne vous oublie pas.
M. Boulet :
On ne s'oublie pas.
M. Leduc :
On ne s'oublie pas.
Prochaine
question sur les petits dons. Il y a une pétition en cours en ce moment, là, à
l'Assemblée nationale, parce que,
jusqu'à récemment, les prestataires d'aide de dernier recours, ils pouvaient se
voir déduire de l'aide versée l'entièreté des dons qu'ils auraient pu recevoir par des proches. Et, depuis le 1er janvier
2019, il y a eu un changement, et les personnes, donc, peuvent recevoir des dons d'un maximum de 100 $ par mois sans
être coupées par... sans voir leur prestation être coupée. Il s'agit
d'une bonne mesure, on l'a d'ailleurs saluée.
Cependant,
ça, ça ne compte que pour l'avenir, et là toutes les réclamations qui ont été
faites pour des dons dans le passé
relativement récent continuent d'être administrées, sont encore dans la machine
du ministère. Puis on a évidemment des
exemples, là, qu'on a consultés auprès d'associations de droit, notamment
l'association des droits sociaux du Québec métropolitain. Des gens qui recevaient, par exemple, un petit 20 $ par
semaine de leurs proches pour essayer de survivre, bien, des fois se font réclamer jusqu'à
3 000 $ au bout de quelques mois, quelques années. Et on leur demande
de rembourser cette dette-là par une
amputation de leur chèque. Dans le cas que je vous parle, là, donc, de Marie,
qui recevait un 20 $ par semaine, donc jusqu'à 112 $ par mois, elle
est amputée dans son chèque, qui est déjà un chèque qu'on considère, en tout
cas, nous, à Québec solidaire, largement insuffisant.
Est-ce
que le ministre considère que c'est une pratique qui devrait continuer à
exister, donc, de... Là, on comprend que
c'est corrigé pour le futur, mais, dans ce qui s'est fait dans les dernières
années, on ne pourrait pas leur donner un petit peu de lousse et, dans le fond, élargir l'exemption pour ce qui s'est
passé dans les derniers mois, dans les dernières années?
• (11 h 10) •
M. Boulet :
Mme la Présidente, on ne peut pas donner du lousse, comme mon collègue
l'affirme, alors que nous n'étions
pas au pouvoir à ce moment-là. C'est
une correction que nous avons faite, qui était planifiée, puis je le reconnais,
par mon prédécesseur à l'Emploi et la
Solidarité sociale, mais les lois n'ont pas d'effet rétroactif, de façon
générale. Et cette exemption-là de
100 $ visait... puis j'apprécie
que vous reconfirmiez que vous étiez confortable avec cette mesure-là. Ça visait essentiellement à encourager l'entraide
au sein des familles, les 20 $, les 50 $, les jusqu'à 100 $, et
ça, je pense que c'est un ajustement
qui a été salué, qui va être extrêmement bénéfique pour promotionner l'entraide
entre les membres d'une même famille, ou l'amitié, tout simplement, mais ce
n'est pas rétroactif et c'est sûr qu'il faut adapter ce règlement-là en tenant compte du moment de survenance de la
réalité qui nous est présentée au sein du ministère. Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc :
Il reste très peu de temps. J'aurais voulu débattre davantage de ce sujet-là,
mais je voudrais poser d'autres questions
dans le temps qui m'est imparti, notamment sur le bilan du programme Objectif
emploi, qui était un programme qui a
été mis sur pied par mes collègues de l'opposition officielle quand ils étaient
au pouvoir, une mesure que vous aviez adoptée à la CAQ, je pense, quand
vous étiez dans l'opposition.
Ça
va faire déjà quelque temps qu'il est en fonction, et on est à la recherche de
statistiques. Il y en a quelques-unes qui
ont circulé, il y a quelques mois, mais on aimerait ça avoir un portrait
beaucoup plus complet, notamment combien il y a de participants à Objectif emploi, combien il y a de retours en emploi,
comment il y a de pénalités infligées. On se rappelle qu'il y avait des pénalités sévères, qu'on avait
dénoncées et qu'on dénonce toujours, pour les gens qui n'utilisent pas le
parcours d'emploi. Donc, combien de
gens ont été pénalisés par rapport à ce nouveau programme? Et il y avait
différentes formes de coupures, là. Il y avait des coupures de
56 $, 112 $ et 224 $.
Est-ce
que le ministère peut ventiler, à l'intérieur, j'imagine, d'une enveloppe plus
générale des coupures qui ont été faites, combien de ces différentes
tranches de coupures ont été administrées?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste 38 secondes.
M. Boulet :
En 38 secondes, Objectif emploi, je rappelle à tout le monde, c'est pour
les primodemandeurs, qui demandent pour la première fois. On fait de la
formation, on développe les habiletés sociales.
Du 1er avril
2018 au 15 février 2019, 7 846 participants. 59 ont subi au
moins une sanction, ce qui représente 0,8 %.
11 ont reçu deux sanctions, et un seul a reçu trois sanctions, pour un total de
70 émises. Dans la presque totalité, c'étaient des absences non
justifiées, dont le motif a été jugé non valable par l'agent. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, nous retournons avec un
deuxième bloc, côté du gouvernement, avec le député de Chauveau. Vous
avez 18 minutes.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je suis heureux de vous parler aujourd'hui, Mme la Présidente, d'un sujet qui, pour moi, est
central dans mon action politique, c'est l'aspect du milieu communautaire.
Toute ma
carrière, en fait, avant de devenir politicien, en 2012, je l'ai consacrée au
milieu communautaire. J'en suis très
fier, parce que je considère que le communautaire nous prépare énormément à
faire de la politique, parce que le communautaire, c'est un peu le
centre de nos circonscriptions. Tous les collègues députés passent beaucoup de
temps à l'intérieur des organismes communautaires de leur territoire.
Moi, Mme la
Présidente, jeune adulte, j'ai travaillé quelques mois dans une maison des
jeunes, par exemple. J'ai été animateur de maison de jeunes, j'ai
travaillé avec des ados, et ça a développé, je vais vous dire, pas mal
d'habiletés transversales. On apprend à
travailler. On apprend à travailler avec cette clientèle-là qui n'est pas
toujours facile, qui vit un bouleversement.
Et après ça, bien, tantôt j'en ai parlé, là, j'ai travaillé dans les CJE et,
par la suite, j'ai eu le privilège de devenir
directeur général d'une association québécoise qui lutte contre la violence
conjugale, À coeur d'homme pour ne pas le nommer. M. le ministre a un de ces organismes
sur son territoire, qui s'appelle l'Accord Mauricie, qui est membre, qui
aide les hommes ayant des comportements
violents, qui fait partie de sa région, la Mauricie, et qui s'occupe de cette
clientèle-là.
J'ai eu le
privilège également d'être président ou vice-président de beaucoup
d'organismes, notamment en immigration,
dans des centres communautaires, et j'en passe, et j'en passe, parce que, si on
faisait la nomenclature, comme plusieurs
d'entre nous ici, l'implication communautaire fait partie de notre réalité
quotidienne. Mais le réseau communautaire, le bénévolat et tout, ils ont
beaucoup de revendications. Ils ont beaucoup de revendications. J'ai même fait
partie, à un certain moment, de ces groupes
de revendication là, où j'allais rencontrer des élus, des ministres à l'époque,
du parti de l'opposition officielle.
On allait leur présenter nos points de vue. On recevait de bons accueils. Les
gens étaient ouverts à discuter avec
nous, parce que je ne pense pas qu'il n'y ait personne, ici, dans cette salle,
là, qui est contre le communautaire. Honnêtement,
il n'y a pas un parti politique, une formation politique qui, un jour, va
dire : Le communautaire, on met la hache là-dedans, on ne veut pas
avoir de communautaire. C'est impensable.
C'est
toujours de trouver, par contre, Mme la Présidente, la meilleure façon de
travailler avec le communautaire. Et puisque j'ai le privilège d'être
l'adjoint parlementaire de M. le ministre, j'ai le privilège de creuser un peu
plus cette question-là depuis mon entrée en
fonction, en octobre dernier, et pour constater qu'il y a 27 ministères et
organismes, au gouvernement du
Québec, qui financent les organismes communautaires, qui parfois, dans certains
secteurs d'activité, vont financer à
la mission, vont financer pour des ententes de service, sur des projets
spéciaux. Il y a beaucoup, beaucoup de ces organismes-là qui ont des
idées, qui ont des projets puis qui vont les pousser, les envoyer vers le
communautaire.
Et c'est un
peu complexe, mais il y a 1,1 milliard, grosso modo, qui est investi, un
petit peu plus que 1,1 milliard qui
est investi au sein de nos organismes communautaires. C'est beaucoup de sous,
mais, en même temps, tout le monde le
sait, là, il n'y a pas un organisme communautaire qui va vous dire qu'il a
assez d'argent, pas un. Ça n'arrivera pas, oubliez ça, quelqu'un qui
vient dire : Moi, je suis satisfait entièrement, je ne veux pas plus
d'argent.
Mais ce que
les organismes vont nous dire, au-delà de ça, c'est que, dans les dernières
années, il y a eu un glissement, un glissement d'un peu moins, je dirais,
d'argent qui est consacré à la mission globale, mais plus en ententes de
service. On a enlevé un peu d'autonomie aux
organismes communautaires par rapport à on va acheter vos services, on va vous
demander de réaliser des projets
particuliers. Et ça, ça agace beaucoup le milieu communautaire, parce que la
philosophie qui va derrière le
communautaire, c'est : on connaît notre territoire, on connaît notre milieu,
on connaît notre terrain puis on sait comment la faire, la job.
Là, il faut repenser ce communautaire-là. On est
un peu à cette étape-là, revoir, réanalyser qu'est-ce qu'on fait de bien. Parce que, soyons honnêtes, il y a
beaucoup de bonnes choses qui se fait déjà. Mais peut-on faire mieux? Peut-on
améliorer la situation en matière
communautaire? Peut-être que vous ne le savez pas, Mme la Présidente, mais ça
fait 20 ans... en 2021, ça fera 20 ans, en fait, pour parler
mieux, qu'on a voté, au Québec, une politique nationale en matière d'action communautaire. Ça fera 20 ans. A découlé de
cette politique-là un premier plan d'action gouvernemental en 2004. Ça fait
15 ans. Il n'y en a pas eu d'autres après, de plans d'action
gouvernementaux en matière d'action communautaire autonome, pas d'autre plan d'action. Il y a eu une
évaluation qui a démontré qu'il y avait des bons et des moins bons coups à
l'intérieur de ça.
Tout à l'heure, je vous ai dit, Mme la
Présidente, qu'il y avait 27 organismes gouvernementaux, ministères,
organismes qui financent le communautaire. Mais la coordination de tout ça,
c'est le ministère de l'Emploi et Solidarité sociale
qui l'a, via le Secrétariat à l'action communautaire, le SACAIS. M. le ministre
a annoncé, en février, son désir de refaire,
de repenser l'action communautaire par un nouveau plan d'action. Je salue
d'ailleurs cette initiative-là. C'est vraiment très, très bien, et je
pense que le milieu communautaire est très heureux de ça.
Mais ma
première question au ministre en lien avec ce sujet : Quelles sont vos
intentions en lien avec le plan d'action et de quelle façon entendez-vous consulter le milieu, consulter les
organismes communautaires? Parce que, pour les connaître bien, les organismes communautaires, ils sont
chatouilleux. Si on ne les écoute pas, si on ne les entend pas, et on ne leur
offre pas l'opportunité de s'exprimer, et on
leur impose un plan d'action communautaire, vous pouvez être sûr que vous
courrez après le trouble.
Alors,
j'aimerais savoir de M. le ministre, Mme la Présidente, quelles sont ses
intentions en lien avec la consultation des organismes communautaires.
• (11 h 20) •
M. Boulet :
Merci de la question. Mme la Présidente, encore une fois, vous constatez
pourquoi mon collègue de Chauveau est mon adjoint parlementaire, reflet
encore une fois de mes intérêts et de mes préoccupations.
On
a effectivement octroyé 1 105 541 $ et 601 $ en 2017‑2018. Il y a 614,5 millions en appui
à la mission globale, ce qui est
quand même assez étonnant, 55,6 %; 403,7 millions en ententes de
service, 36,5 %; et 87,3 millions pour des projets ponctuels
et d'immobilisations.
Le
18 février cette année, en 2019, on a transmis une lettre au Réseau
québécois de l'action communautaire autonome, qui est l'interlocuteur privilégié dans la matière, pour leur dire qu'on
amorçait l'élaboration des travaux pour un nouveau plan d'action gouvernemental en matière d'action
communautaire. Et vous l'indiquez bien, il n'y en a pas de plan d'action,
depuis 2004.
Depuis cette année-là, on se fait promettre un
plan d'action, mais il n'y en a pas de plan d'action. Et on a formé, comme vous le savez bien, un comité de travail que
vous chapeautez — merci,
encore une fois, à mon collègue de Chauveau — et on a sondé l'intérêt d'un certain nombre
de nos collègues députées du parti gouvernemental, et elles sont toutes intéressées à s'impliquer dans ce comité-là
qui commence à consulter, à se donner un plan de consultation, parce que
c'est extrêmement important de consulter
pour bien définir les besoins et s'assurer que notre plan d'action soit
compatible et réponde bien aux besoins des organismes communautaires.
Et l'action
communautaire, ça regroupe plus de 5 100 organismes financés à la
hauteur dont on vient de parler, et ça
implique plus de 20 ministères et organismes publics. Et souvent, mon
collègue et moi, on échange là-dessus, 20 ministères, il faut faire l'inventaire, comment et à qui on
donne, à qui on fournit notre aide, de façon à éviter la duplication, toujours
dans une perspective de saine gestion des fonds publics.
Et dans le
plan d'action, le PAGIEPS, qui vise l'intégration économique et la
participation sociale, on annonçait encore une fois l'intention. Là, on
est en action et on souhaite, et je le répète, là, je sais que c'est
extrêmement important pour vous, consulter,
consulter, consulter. C'est ça qui va nous permettre d'avoir un plan qui est
spécifique puis adapté. Je le disais
pour notre plan d'action en matière de main-d'oeuvre, ce n'est pas des plans
statiques qu'on a besoin, c'est des plans qui sont évolutifs. Et on va faire connaître nos intentions plus
précises lors de la présentation de ce plan-là. On va faire nos consultations. On va faire un projet de plan. On
va le discuter en équipe. On va s'assurer que tous les ministères y adhèrent.
On va le partager au caucus, au Conseil des ministres et, après ça, on va
l'annoncer. Merci, Mme la Présidente.
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente, au ministre, très
intéressant. Je vais tenter de reprendre
certains éléments que j'entends beaucoup au niveau du milieu communautaire pour
voir si le ministre a de l'intérêt à travailler sur différentes
facettes.
Comme je le
disais précédemment, l'élément du financement, c'est toujours le nerf de la
guerre. C'est sûr, ça va prendre beaucoup de sous, éventuellement, si on
veut améliorer la situation des organismes communautaires. C'est toujours complexe, les deniers publics sont rares,
les deniers publics doivent être mis dans différents aspects, je dirais, des
missions gouvernementales, mais on peut
travailler, au-delà de l'argent, sur le montant d'argent qu'on octroie.
Évidemment, je ne demanderai pas au
ministre aujourd'hui de se prononcer sur le budget futur des prochaines années. Je le sais
qu'il fait déjà des représentations pour accroître le financement des organismes communautaires. D'ailleurs, il y a eu un 30 millions
supplémentaire qui a été annoncé dans le budget, il faut le dire.
Mais, sur les
modes de financement, les trois modes, là, qu'on vient de parler,
peut-il y avoir, du côté du ministre,
un intérêt à travailler sur l'accroissement
de la mission globale des organismes, le financement... sous le mode de
financement en mission globale? Parce
que je le sais que c'est ce que les groupes communautaires souhaitent, veulent
et espèrent, avoir un peu moins d'ententes de service, un peu plus
d'autonomie.
M. Boulet : Mme la Présidente, tout à fait. D'ailleurs, en
campagne électorale, on a souvent débattu de cette question-là et on s'est
engagés à accroître le financement à la mission. Et, depuis le 1er octobre,
on s'affaire à respecter nos engagements, ça en fait partie. On a donné
la main aux organismes communautaires et on a l'intention de respecter la
parole donnée.
Et donc la mission globale, il y avait deux
bénéfices principaux qui étaient soulevés souvent par les organismes communautaires : c'est moins long et c'est
moins coûteux, d'une part, puis deux, c'est moins de bureaucratie, parce que,
par ententes, il faut constamment
recommencer, il faut constamment resoumettre des projets en respectant des
paramètres. Les organismes souvent
nous mentionnaient que c'était compliqué, puis souvent les petits organismes
qui ont peu de ressources n'étaient pas bien équipés pour répondre à
tous les critères assurant leur fonctionnement.
Et donc la
mission, elle respecte le financement, respecte la volonté d'interagir avec le
milieu, respecte les objectifs fixés
par les organismes communautaires, et c'est beaucoup plus simple, beaucoup plus
respectueux. Mais je m'attendrai, et
je le dis à mon collègue, qu'on s'assure de bien définir les missions des
organismes communautaires. Parfois, je constatais que beaucoup d'organismes
communautaires étaient dans la même cuisine et répondaient aux mêmes intérêts
sur le terrain. Ça, il va falloir
s'assurer d'éviter la duplication des organismes communautaires, parfois
peut-être proposer des regroupements pour
assurer certaines économies d'échelle, s'assurer d'une meilleure disposition
des fonds publics. Ça, il faut vraiment être attentif à ça. Alors,
voilà, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Il vous reste 2 min 48 s.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Le ministre vient de nous faire part de la lourdeur bureaucratique. Il est clair qu'on
l'entend beaucoup dans le milieu des entreprises privées, c'est lourd, c'est
pesant, mais honnêtement, on l'entend beaucoup au sein de nos organismes
communautaires.
Les gens nous
disent : La reddition de comptes est lourde. On doit remettre des rapports
financiers à n'en plus finir, de la
paperasse, des documents. Puis ça, c'est pour les rapports de reddition de
comptes. Si on ajoute à ça toutes les demandes de financement, là... Puis quand on dit : Un organisme pourrait
peut-être demander à Emploi et Solidarité un montant d'argent... parfois il va à Santé et
Services sociaux, il s'en va à Centraide, il s'en va à des communautés
religieuses, toujours en train de remplir des papiers et des papiers. Et
nos directeurs, nos directrices, coordonnateurs, coordonnatrices d'organismes communautaires nous disent : Je ne fais que
ça, je ne fais plus le travail pour lequel je suis payé. Et, pire que ça, il
faut que je le refasse à chaque
année. Puis là le monde ont l'impression qu'ils remplissent des papiers qui ne
sont même pas lus, parce qu'évidemment, M. le ministre vient de le dire,
5 100 organismes, comment voulez-vous que les fonctionnaires
responsables aient le temps de lire tout. C'est impensable.
Est-ce
que M. le ministre, Mme la Présidente, serait ouvert à travailler sur une
réduction bureaucratique pour aider
les organismes à dégager un peu de temps, dans
le fond, et, en même temps, pourrait-il être ouvert à travailler sur une plus
grande prévisibilité? Autrement dit, un
financement sur... peut-être sur deux, trois ans. On s'entend, là, on les
finance pour quelques années à l'avance. Ils savent qu'ils vont avoir
leurs sous.
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste 52 secondes pour répondre.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Oui, absolument, le financement doit assurer une
certaine stabilité à l'organisme, et, pour
ça, ça prend une prévisibilité. Et plus on finance à la mission globale, plus
c'est facile de prévoir et de s'assurer
que les besoins seront rencontrés dans les deux ou trois prochaines années. Je
suis totalement ouvert à ça et je sais qu'en équipe on va travailler
dans cette direction-là. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Nous allons
avec le deuxième bloc de l'opposition officielle, avec la députée de
Fabre. Vous avez 20 minutes.
Mme Sauvé :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je veux revenir sur certains points.
Tout
d'abord, je veux saluer le ministre qui a reconnu tantôt l'importance du projet
ROSEPH avec l'intégration en emploi
des personnes handicapées. Je voulais simplement le souligner parce que ça
démontre bien la transpartisanerie et aussi
le travail d'équipe. Nous, l'ancien gouvernement avait soutenu financièrement
le projet pilote, et le gouvernement actuel a renouvelé, donc, ce projet qui est très prometteur. Alors, beau
travail d'équipe d'un côté comme de l'autre, et c'est une initiative que je salue. D'ailleurs, je salue le
directeur, M. Giulione, avec amitié. Je sais qu'il est certainement à
l'écoute. Alors, je voulais revenir là-dessus et saluer le ministre pour
ce renouvellement d'un beau projet.
Tantôt, le député de
Chauveau a parlé des carrefours jeunesse-emploi. Il ne sera pas surpris de
m'entendre dire que j'ai toujours une grande
émotion lorsque j'entends parler des carrefours jeunesse-emploi et, bien sûr,
de faire valoir tous les services et l'accompagnement extraordinaire qui est
fait auprès des jeunes. J'ai une préoccupation très grande parce que le député de Chauveau, quand il s'est adressé au
ministre, a parlé, entre autres, des services d'orientation professionnelle.
Vous
le savez, tantôt, j'ai mentionné à quel point c'était important, pour faire
face à la pénurie de main-d'oeuvre, qu'on
puisse transmettre l'information très précieuse et très stratégique des métiers
en demande auprès des jeunes, donc vis-à-vis
les conseillers d'orientation. J'ai nommé tantôt que l'ordre des conseillers
d'orientation... D'ailleurs, j'ai ici le communiqué qu'ils ont fait pour
l'accès difficile dans les écoles avec les conseillers d'orientation, mais il y
a aussi des conseillers d'orientation professionnelle
dans les carrefours jeunesse-emploi. Alors, si on veut travailler à la pénurie
de main-d'oeuvre puis à l'intégration
en emploi des jeunes, non seulement les carrefours jeunesse-emploi sont des
partenaires de premier plan, mais ils
le sont aussi pour l'orientation professionnelle de ces jeunes vers les bons
métiers, les métiers à perspectives... dans le langage de Services
Québec, on dit à perspectives très favorables.
Donc,
ma question au ministre, c'est : Si c'est le cas, l'importance des carrefours
jeunesse-emploi, de l'action de retour
aux études, de l'action d'orientation professionnelle vers les métiers en
demande face à un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, comment se fait-il qu'un des deux indicateurs de
résultats principaux, qui est le retour aux études, va être aboli lors
des prochaines ententes qui débuteront le 1er juillet?
M. Boulet :
D'abord, Mme la Présidente, j'aimerais vous retourner le remerciement. Votre
sensibilité aux agents d'intégration
que nous avons embauchés pour favoriser les personnes handicapées, soit les
maintenir ou soit les intégrer en milieu
de travail, je pense qu'à tellement bien d'égards, nos sujets de conversation
sont transpartisans. Je pense qu'on a tous ici, dans la salle, des
objectifs humains qui transcendent nos opinions relevant de nos partis
politiques.
Deuxièmement,
je collabore beaucoup avec mon collègue de l'Éducation. Les conseillers en
orientation aux CJE, on s'assure...
puis ça fait partie d'ailleurs du mandat du comité de travail, quand on parle
du plan d'action et quand on a aussi
des contacts avec les CJE pour revoir leur financement, on veut s'assurer que
les CJE, par le financement, aient les ressources appropriées pour
répondre à leurs besoins. Et l'orientation des jeunes vers les bons secteurs en
déficit, ça fait, bien sûr, partie de nos
priorités. D'ailleurs, le rapport dont je faisais référence, qu'on a publié en
ligne voilà quelques semaines, sur
l'état de déficit de centaines de métiers et professions au Québec nous permet,
en collaboration avec le ministère de
l'Éducation et la Commission des partenaires du marché du travail, d'en faire
la promotion, la diffusion dans le réseau de l'éducation, auprès des
marchés du travail.
Et
enfin, dernier point, l'information dont vous faites référence, le retour aux
études, ce n'est pas un indicateur. C'est plutôt, comme je le dis, une information de gestion qui continue à
suivre son cours. Donc, il n'est pas question de mettre une barre
là-dessus. On continue à utiliser, bien sûr, cette information-là qui
m'apparaît totalement cruciale.
Merci, Mme la
Présidente.
Mme Sauvé : Mme la Présidente, alors, j'entends bien la réponse du ministre et, en
tout respect, j'ai quand même été
gestionnaire pendant 20 ans d'un carrefour jeunesse-emploi, et le retour
aux études était bien un indicateur de reddition de comptes, et, quand
on n'atteindait pas nos résultats, il fallait justifier les écarts.
Donc,
ça s'appelle de la reddition de comptes. Mais ce que je suis contente
d'entendre... Et moi, je suis quelqu'un qui aime beaucoup les suivis, alors je vais m'assurer de faire un suivi
à cet égard. Ce que j'entends, c'est que... qu'il l'appelle information
de gestion ou indicateur, tel qu'il est, le retour aux études sera toujours
dans les ententes de services au 1er juillet. Alors, je l'en remercie.
Je veux
revenir à la Stratégie nationale de main-d'oeuvre dont j'ai brièvement parlé
tantôt. Je vous l'ai dit, je viens de
le dire, je suis quelqu'un qui aime beaucoup les suivis. J'aime ça. Je suis
assez persévérante à ce niveau-là. Certains diront que ça peut être un petit peu agaçant, mais ça
fait partie de ma personnalité. Alors, quand on regarde la Stratégie nationale
de main-d'oeuvre et qu'on regarde les
renseignements particuliers, la réponse, dans le fond, à la question 75,
on dit que... Parce qu'on a posé la
question : Où on en est avec la Stratégie nationale de main-d'oeuvre?
Alors, on nous répond : Aucun bilan
des 10 premiers mois de la stratégie nationale, aucun, aucun bilan, alors
qu'il y a quand même prévu qu'il y ait un bilan après un certain temps.
D'ailleurs,
dans la stratégie comme telle, il y avait... on parlait tantôt de reddition de
comptes, il y a un paragraphe, à la page 78 de la Stratégie
nationale de main-d'oeuvre, qui dit : Chaque année, le ministre de
l'Emploi devra produire un rapport de suivi
des actions inscrites dans la stratégie, qu'il transmettra au gouvernement et
rendra public. Dans les faits, on sait très bien qu'il n'y a jamais une année
entière qui se passe sans qu'il n'y ait pas des rapports trimestriels, des
bilans qui se font au fil des mois
avant de terminer l'exercice financier. Et, toujours dans cette Stratégie
nationale de la main-d'oeuvre qu'on avait diffusée dès le mois de mai de
l'année dernière, il y avait quand même huit cibles de reddition de comptes.
Alors, aucun
bilan, aucun document. Pourtant, dans des articles, le ministre avait bien
nommé... je reprends l'article du Soleil, il avait bien nommé que
la stratégie serait revue et bonifiée. Mais pour moi, quand on
dit bonifiée, ça veut dire qu'on part
de ça puis on est en amélioration continue. Mais de dire qu'honnêtement il n'y
a pas de bilan, il n'y a pas de
document disponible... Ça fait quand même presque un an que c'est déployé,
alors, dans mon suivi un petit peu agaçant, j'aimerais demander au
ministre où on en est avec la Stratégie nationale de main-d'oeuvre.
• (11 h 40) •
M. Boulet :
Merci à ma collègue, Mme la Présidente. Oui, vous aviez lancé, en mai 2018, une
stratégie nationale de main-d'oeuvre
qui faisait suite à un grand rendez-vous, là, national sur la main-d'oeuvre.
Vous aviez un certain nombre d'orientations,
et je ne contesterai jamais le fait que c'était un premier pas, très tardif,
au-delà de 10 ans suivant la connaissance bien approfondie qu'au Québec nous avions de ce phénomène-là de la
rareté de main-d'oeuvre. Le vieillissement de la population, ce n'est
pas depuis six mois. La croissance économique, ce n'est pas depuis six mois. La
diminution de la population active, ce n'est
pas depuis six mois. Et votre stratégie, elle était statique, passive, puis ça
ressemblait davantage à une
grande discussion qu'à un véritable plan pour renverser la tendance.
Et nous,
notre vision, je l'ai mentionné, elle se veut proactive, elle se veut évolutive
et surtout, par la voie de notre tournée provinciale, à l'écoute des besoins
des acteurs et des partenaires du marché
du travail. Et c'est la raison pour
laquelle on a entrepris le changement de paradigme au sein du ministère,
incarné par la Grande Corvée.
Pour le bilan
de la stratégie, je répondrais à ma collègue
que j'ai une rencontre le 10 juin avec la Commission des partenaires du marché du travail et j'aurai un bilan
de ce que la stratégie pouvait proposer, et, par la suite, notre plan d'action en matière de main-d'oeuvre qui va tenir compte de l'ensemble des commentaires de tous les acteurs et partenaires répartis sur le territoire québécois... nous auront permis... On va alimenter notre plan d'action et on le
proposera au moment opportun, après avoir fini nos consultations et
notre tournée. Merci, Mme la Présidente.
Mme Sauvé : Mme la
Présidente, je suis très surprise
d'entendre ce que j'entends, parce
que clairement il y a
une volonté... je vais faire
attention à mes mots parce que je ne veux pas prêter d'intentions, je connais
bien les règles, mais ce que j'entends, c'est quand même possiblement de
mettre de côté, on va dire comme ça, la Stratégie nationale de main-d'oeuvre, s'attarder à ce qu'il y ait un comité national pour suivre la chose... et
c'est certainement là, on parlait de reddition de comptes, un
indicateur de l'intention à suivre.
Moi, quand on fait un certain procès de cette
mobilisation de tous les acteurs du marché du travail, une stratégie nationale qui a mis dans une mobilisation sans précédent
lors du rendez-vous de la main-d'oeuvre, la réflexion de tous les acteurs, syndicats, patrons, les entreprises de toutes tailles,
le secteur de l'éducation... Je regarde les 47 mesures de la Stratégie
nationale de la main-d'oeuvre, qui est très transversale, qui se préoccupe bien sûr
de la pénurie de main-d'oeuvre
dans l'entreprise... parce
que je sens que la Grande Corvée,
c'est vraiment ciblé à l'entreprise et c'est très
bien, mais il faut voir plus large.
Alors, quand on dit que c'est théorique, qu'il
n'y a pas de mesures concrètes, c'est 47 mesures très concrètes, transversales à l'ensemble des secteurs, dont l'éducation et la santé, et cette stratégie a été saluée par l'ensemble des acteurs
et partenaires du marché du travail. Alors, de dire tout de go que ce n'était
pas très bon et théorique, c'est de dire que l'ensemble des partenaires du marché du travail se sont
trompés. Donc, j'amènerais quand même le ministre à une certaine prudence.
Toujours
dans mes suivis, on parle maintenant de solidarité sociale. Alors, je laisse un peu le
côté de l'emploi, mais j'y reviendrai très certainement. Et là il y a un
dossier qui me touche vraiment de façon particulière, et je vais vouloir vraiment,
vraiment entendre le ministre là-dessus,
c'est la suite du plan de lutte à la pauvreté, le troisième d'un gouvernement libéral. Et lié à ça, il y avait bien
sûr la situation du revenu, la prestation de solidarité sociale pour les
personnes handicapées. Quand on a fait nos demandes de renseignements
particuliers pour connaître, dans le fond, la nouvelle réalité des prestations de solidarité sociale pour les
personnes handicapées, on a vraiment demandé s'il y avait une distinction entre
les personnes handicapées, hébergées en
ressources intermédiaires, comparativement à un milieu familial. Et je vous lis
telle quelle la réponse, Mme la
Présidente : «Les prestations de solidarité sociale pour les personnes
handicapées, hébergées en ressources intermédiaires, en milieu familial
sont les mêmes.»
Alors, j'aimerais
entendre... c'est un commentaire, question. J'aimerais entendre le
ministre me dire : Est-ce qu'effectivement c'est ça, c'est du pareil au
même?
M. Boulet : Mme la Présidente,
en février 2018, suite à l'augmentation des prestations de 73 $ par mois
au Programme de solidarité sociale, les
prestataires hébergés en ressource intermédiaire type familial ont immédiatement eu une augmentation équivalente de leur contribution pour frais d'hébergement, conformément au montant qui était établi par
règlement du ministère de la
Santé et Services sociaux, soit
215 $ à l'époque. Donc, un prestataire en ressource intermédiaire
verse la totalité de sa prestation et reçoit un montant mensuel pour ses
dépenses personnelles.
En réaction,
le ministère avait donné la directive aux établissements de ne pas hausser les contributions, permettant ainsi aux adultes de conserver la hausse totale des prestations et ainsi
de bénéficier d'une allocation pour dépenses personnelles mensuelles allant
jusqu'à 288 $ par mois. À la suite des travaux, il a été décidé par ma collègue
responsable des Aînés et des Proches
aidants d'assurer un traitement équitable en prévoyant une allocation pour
dépenses personnelles de 245 $ par mois à l'ensemble de la
clientèle hébergée prestataire de l'AFDR ou non.
Bon, je sais
que cette décision ne fait pas l'unanimité. Selon les données de la RAMQ et du ministère
de la Santé et des Services sociaux, il y en aurait 6 780, adultes prestataires
en ressource intermédiaire, et 6 682 personnes
prestataires ou non en RTF, pour un
potentiel total de 13 462 prestataires. Donc, on est soucieux du sort
de ces personnes-là qui sont évidemment vulnérables.
À la suite
des travaux de ma collègue à la Santé et des Services sociaux, auxquels je
réfère, on a convenu de régler une
inéquité qui avait été créée par l'ancien gouvernement, puis l'uniformisation à
245 $ représente une augmentation de 30 $ par mois par rapport à ce que l'ensemble des personnes
hébergées recevaient en janvier 2018. Et là il y a une augmentation
annuelle de 10 $ qui est prévue jusqu'en 2023, soit 285 $ de plus à
terme.
Alors, on poursuit encore les discussions avec
nos collègues du ministère de la Santé et des Services sociaux. Merci, Mme la
Présidente.
Mme Sauvé : Merci, Mme la
Présidente. Alors, dans le fond, avec l'éclairage que nous donne le ministre,
on comprend bien effectivement qu'il y a une distinction, mais il y a une
partie de l'histoire qu'il a racontée qu'il manque. Il y a un chapitre de l'histoire qu'il manque. Il a parlé des directives
que l'ancien gouvernement... donc on était au gouvernement... qu'on avait émises. Et il y avait effectivement,
pour les personnes qui sont hébergées en ressource intermédiaire, il y avait une directive temporaire à l'époque qui faisait en
sorte que, par mois, la reconnaissance de leurs dépenses personnelles
passait de 215 $ à 288 $.
Ensuite, le
chapitre qui a été sauté, je vais y revenir, mais le ministre est allé tout de
suite en parlant de sa collègue ministre
des Aînés qui a augmenté de 10 $ par année, là, la reconnaissance des
dépenses pour ces personnes hébergées en RI. Dans les faits, le chapitre qu'il manque, c'est que la directive
temporaire que nous, nous avions mise en place pour tenir compte de la réalité des personnes handicapées en
ressource intermédiaire, l'augmentation de 215 $ à 288 $, qui était
une directive du printemps dernier, ça a été annulé en février 2019.
Il y a eu l'annulation de cette directive
temporaire et donc, du même coup, la hausse qui était prévue dans le plan de lutte à la pauvreté, la hausse qui était
prévue de 73 $, qui était accordée en 2018. Alors donc, j'espère bien que
le ministre travaille à régler une
injustice sociale, mais il est faux de dire qu'on est dans la bonne voie, parce
qu'il y avait une directive que nous avions mise en place et qui
méritait un règlement.
Dans le fond,
ce qu'a fait le ministre, suite au plan de lutte à la pauvreté, pour tenir
compte de l'augmentation de la prestation de solidarité sociale... Il y
avait deux règlements à être émis, il en a émis un seul. Et donc le deuxième,
qui aurait dû prendre en compte la directive temporaire et la concrétiser dans
un règlement à la Gazette officielle, bien, ce règlement-là, on l'attend
toujours.
Alors donc,
ça fait en sorte... et il y a eu des articles dans les journaux. Il y a eu
vraiment des parents qui se rendent compte
que les frais d'hébergement pour leurs parents qui sont hébergés en RI ont augmenté. Pourquoi? Conséquence de tout
cela.
Alors, le ministre le dit, c'est plus de 6 000 personnes
aînées dans les RI qui se voient pénalisées parce qu'une injustice sociale... faute d'avoir publié un
règlement sur deux. Alors, il faut aller en accéléré. Qu'est-ce que le ministre
a à répondre à ça?
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste 35 secondes.
M. Boulet :
Simplement, Mme la Présidente, redire à quel point on veut lutter contre... quelle que soit la forme
de marginalité qu'elle soit. Le plan
d'action gouvernemental pour l'intégration économique
et la participation sociale, on y voit. Il y a un règlement.
Le deuxième,
on est en analyse et, en temps opportun, on fera le suivi, mais je prends acte
des remarques de ma collègue de Sauvé... de Fabre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Merci, M. le ministre. Merci. Nous allons maintenant
avec... Le temps est écoulé. Nous allons maintenant avec le troisième groupe... c'est-à-dire le troisième bloc du gouvernement, avec le député d'Orford. Vous avez 8 min 30 s.
M. Bélanger : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens à
remercier et saluer notre ministre et aussi tout le personnel de fonction
publique qui effectue un travail remarquable, collègues, députés. J'ai aussi
une pensée ce matin pour nos collègues qui sont restés soit en région ou près de certaines
municipalités qui font face aux inondations. Il faut comprendre qu'aujourd'hui, comme ça s'est stabilisé hier, il y en a
plusieurs qui retournent à la maison et qui font face à un échec ou, en tous cas, toute une surprise. C'est souvent
pour eux des économies d'une vie. Ça fait que j'ai une pensée pour eux
autres.
Le sujet que
je veux aborder, c'est la main-d'oeuvre expérimentée. Moi, dans Orford,
on a beaucoup de main-d'oeuvre
expérimentée. Il ne faut pas penser que c'est
des gens qui sont à la retraite, c'est pour ça qu'ils sont âgés et
expérimentés, parce que ça ne fait pas partie de mes citoyens. Et puis
j'ai un peu un mea culpa à faire aujourd'hui,
parce que les 30 dernières
années, j'ai oeuvré en redressement d'entreprises.
Donc, j'ai eu
des clients comme General Motors à Sainte-Thérèse, qui a fermé l'usine. Ça fait
que ça représente des milliers et des
milliers d'emplois. Il y a eu des redressements d'entreprises
ou de l'automatisation qui se sont bien déroulés. On peut penser à Bell Canada,
où on a fait... où j'étais responsable de la réorganisation, à travers le Canada,
de tous les centres de distribution
et les cueillettes. Donc, ce qu'on faisait, c'est qu'on transformait
l'opération et ça représentait quand
même beaucoup de coupures de main-d'oeuvre.
On peut penser à l'intelligence artificielle.
Notre gouvernement a annoncé 320 millions d'investissements en intelligence artificielle. Ça va avoir un impact. L'intelligence artificielle et l'automatisation, ce que ça fait, souvent, ça
simplifie, ou ça automatise, ou...
dans le but d'éliminer des tâches qui sont fournies par du personnel, souvent,
d'un certain âge, expérimenté et qui est payé à des salaires, souvent 20 $
et moins.
Le bénéfice,
c'est que, comme notre premier ministre le veut, on veut augmenter le taux
horaire, de passer de 20 $ à 30 $ et 40 $. Ça, c'est le
bénéfice. Par contre, l'impact, c'est qu'on se retrouve avec une main-d'oeuvre
expérimentée disponible sur le marché. Et si
je peux prendre, exemple, dans ma circonscription, on a... actuellement, il y a
25,6 % de la population, des
citoyens qui ont 65 ans et plus au sein de la MRC. Dans sept ans, on va
approcher 40 %. C'est majeur, et, dans
la circonscription d'Orford, l'autre particularité, il y a eu des entreprises
comme la C.S. Brooks, la Divco et Québecor... Ce que ça a fait au cours des dernières décennies, il y a eu 5 000 emplois
qui ont été perdus. Ça fait qu'il y a des familles que... ça a eu des
impacts significatifs au niveau des familles, des impacts au niveau de
l'économie.
Ça fait que M. le ministre, moi, j'aimerais
savoir qu'est-ce que vous allez faire comme programmes ou comme services que
vous pouvez offrir pour ces personnes-là qui sont souvent, là... il faut
comprendre, ces personnes-là sont dédiées,
ils sont fiables, hein? Ils n'ont plus de jeunes enfants à la maison, ça fait
qu'ils ne risquent pas de rater l'arrivée au travail le matin parce qu'il faut qu'ils aillent les reconduire à
l'école à cause de la neige. Donc c'est une main-d'oeuvre fiable. Moi, je les ai rencontrés, ils ont un désir de
travailler. Ils aimeraient beaucoup savoir, M. le ministre, qu'est-ce que vous
à leur offrir.
M. Boulet : Mme la Présidente,
merci à mon collègue d'Orford. Encore une fois, j'apprécie ce type de question qui démontre votre connaissance du marché non
seulement de votre comté, mais du marché québécois. Et les travailleurs,
moi, je les appelle les travailleurs
expérimentés. Ça fait partie d'un des bassins de main-d'oeuvre sous-représentée
sur le marché du travail, et moi,
j'ai toujours considéré ce bassin-là comme étant une de mes
priorités. D'ailleurs, vous l'avez vu dans le dépôt du budget de notre collègue Eric Girard, il y a quelques semaines, il y a eu des mesures qui visent
non seulement les travailleurs, mais
qui visent aussi les entreprises pour les encourager à embaucher des
travailleurs expérimentés. Et je vous
rappellerai que, si le taux d'emploi des 60 ans ou plus du Québec
rejoignait celui de l'Ontario, le Québec bénéficierait de 89 000 travailleurs
de plus sur son marché du travail.
Donc, ce que mon collègue met en relief, c'est
tellement essentiel et fondamental. On a parlé de 120 000 postes vacants dans les 10 prochaines années, mais
là, actuellement, on bénéficierait de 89 000 travailleurs
additionnels. Imaginez-vous l'impact
que ça pourrait avoir. Et vous le dites, avec l'augmentation de l'espérance de
vie, leurs charges familiales n'étant plus
les mêmes, ces personnes-là sont disponibles pour enrichir le Québec, nos entreprises
et enrichir leur environnement de travail.
Et je ferais
référence aux deux mesures. Il y a le crédit d'impôt pour prolongation de
carrière, qui permet aux personnes de bénéficier d'un incitatif fiscal pour
prolonger leur carrière, et, pour les entreprises, il y a une réduction des
charges de leur masse salariale par travailleur expérimenté. Et j'espère que
j'aurai l'opportunité de les détailler un peu plus peut-être à une
prochaine intervention.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Il reste 2 min 19 s. Merci.
M. Bélanger :
Merci, M. le ministre. C'est des très bonnes nouvelles, puis ce qui est
l'impact... Ce qui me surprend beaucoup, c'est la disponibilité de cette
main-d'oeuvre-là et l'impact que ça pourrait avoir au niveau des pressions sur
l'immigration. Parce qu'on sait très bien qu'ils n'ont pas besoin d'immigrer,
ils sont déjà là.
Moi,
j'aimerais ça vous lire une note. On m'a envoyé ça, puis ça vient de ma
circonscription, puis ça ne sera pas trop long. Mais plusieurs acteurs de ma
communauté se sont réunis à l'initiative de la Coopérative de solidarité de
services à domicile de Memphrémagog
pour mettre sur pied un projet afin de répondre aux besoins des travailleurs
expérimentés tant sur le plan du
travail que de la flexibilité. En résumé, les travailleurs expérimentés qui le
souhaitent pourraient offrir des
heures de disponibilité afin de se rendre disponibles pour travailler, ayant
ainsi la réponse à un besoin financier ou encore tout simplement pour
rester actifs socialement — ça,
c'est important, au niveau social — et contribuant au roulement
économique de la communauté. Ce sont plusieurs personnes qui pourraient ainsi
bénéficier de ce service : aînés dans l'impossibilité
d'effectuer les travaux eux-mêmes, familles qui manquent de temps et souhaitent
économiser. Les possibilités sont illimitées.
M. le ministre, comment pouvons-nous favoriser
la réalisation de telles initiatives tout en permettant à nos travailleurs
expérimentés de contribuer au marché du travail et ainsi répondre aux besoins
de main-d'oeuvre?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste 37 secondes.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. En encourageant cette initiative-là, en la dénonçant
à Services Québec et en voyant
comment, et financièrement, et d'autres façons au niveau des ressources, on
peut les aider à rencontrer leur objectif, quand on accumule l'ensemble de ce type d'initiative là que nous devons
tous, dans la salle, encourager, on se donne un plan collectif qui est beaucoup plus valable pour régler notre problème
de rareté de main-d'oeuvre. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Je veux juste
souligner qu'à la demande du député d'Hochelaga-Maisonneuve, M. le ministre, vous vous êtes engagé à nous remettre un
document portant sur le coût-bénéfice de relancer des prestataires qui
ont certaines pratiques, si j'ai bien compris.
Alors, compte
tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 1er mai, après les affaires courantes,
où nous poursuivrons l'étude du volet Emploi et Solidarité sociale. Alors, je
vous souhaite bonne fin de journée à tous.
(Fin de la séance à 12 heures)