(Neuf
heures trente-cinq minutes)
La Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du
travail ouverte. Je demande à toutes les personnes présentes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La
commission est réunie afin de poursuivre les consultations particulières et
auditions publiques sur le projet de loi n° 36, Loi sur la Banque
de développement économique du Québec.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Claveau (Dubuc) est remplacé
par M. Chapadeau (Rouyn-Noranda—Témiscamingue); M. Villeneuve (Berthier), par Mme
Proulx (Sainte-Rose); et M. Le Bouyonnec (La Prairie), par M.
Deltell (Chauveau).
Auditions
(suite)
La Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) : Merci. Alors, ce matin, nous recevons les
représentants du Réseau québécois du crédit communautaire, Commerce
international Québec et le Syndicat des professionnels du gouvernement du
Québec.
Alors, sans plus
tarder, j'inviterais les représentants du Réseau québécois du crédit
communautaire à se présenter et à faire leur
exposé. Vous disposez d'une dizaine de minutes pour faire votre exposé. Alors,
la parole est à vous.
Réseau
québécois du crédit communautaire (RQCC)
Mme Mavungu (Roselyne) : Mme la Présidente, Mme la ministre, Mmes et MM.
les députés, bonjour. Je me présente,
je suis Roselyne Mavungu, présidente du Réseau québécois du crédit
communautaire, directrice générale de Compagnie
F, entrepreneurship pour femmes, premier organisme montréalais dédié à l'entrepreneuriat
des femmes et l'un des quatre organismes du Réseau québécois du crédit
communautaire dédiés à cet entrepreneuriat-là. Je suis accompagnée par Mme Anne
Kettenbeil, administratrice du Réseau québécois du crédit communautaire et
directrice générale de l'Association
communautaire d'emprunt de Montréal, fonds d'emprunt à Montréal depuis 23 ans.
M. Wilson Angarita, administrateur du
réseau et directeur du Fonds d'entraide de Chicoutimi, m'accompagne, et Mme
Linda Maziade, directrice générale du
Fonds d'emprunt de Québec, membre du RQCC, qui opère dans la capitale nationale
depuis 1997.
Premièrement, j'aimerais
vous remercier de nous avoir invités à participer aux activités de cette
commission sur le projet de loi n° 36.
Nous saluons la volonté du gouvernement de vouloir simplifier la vie des
entrepreneurs et de mettre en place
des mécanismes qui sauront assurément alléger les démarches au moment de se
lancer en affaires ou de développer, voire de consolider son entreprise.
Bien que le Réseau québécois du crédit communautaire reçoive avec grand intérêt ce projet de loi, nous avons des
questionnements sur le rôle de la Banque de développement économique, nous avons des préoccupations concernant les
entrepreneurs que nous représentons et nous avons aussi des recommandations
dont nous allons vous faire part.
Pour le bénéfice de tous, je vais d'abord vous
présenter sommairement le Réseau québécois du crédit communautaire et le
crédit communautaire original, dont nous faisons des pratiques depuis plus de
23 ans. Fondé en 2000, le Réseau québécois du crédit communautaire est un outil
unique de développement économique et de lutte à la pauvreté. Il regroupe 23 organismes membres qui opèrent dans 12
régions administratives du Québec. Le Réseau québécois du crédit
communautaire, c'est une capitalisation de 5,5 millions qui vient
exclusivement de la collectivité. Nous parlons de 20 500 personnes accompagnées, plus de 3 650 entreprises
créées ou maintenues, et c'est 6 785 emplois créés et maintenus et un bagage de 440 heures d'accompagnement de
proximité et de formation. En 13 ans, c'est 1 900 prêts d'honneur
qui ont été prêtés, pour un total de 11,3 millions. En tant qu'acteur de
soutien à l'entrepreneuriat, le Réseau québécois du crédit communautaire est le premier échelon dans la chaîne québécoise
des mécanismes de financement solidaire. En effet, le crédit communautaire est la première porte d'entrée
pour des entrepreneurs qui n'accèdent pas aux produits financiers
présents dans les institutions bancaires et dans les programmes normés d'autres
organismes.
• (9 h 40) •
Notre première préoccupation concerne l'article 3
du projet de loi. Nous comprenons que la volonté du gouvernement est d'avoir
un guichet unique, et, bien qu'au premier abord l'idée de l'unification semble
bonne, il faut être prudent dans sa mise en place, car, trop souvent, nous
avons vu qu'unification pouvait rimer avec un manque de diversité et de
flexibilité. Donc, à notre sens, il faudra s'assurer de bien arrimer le tout
pour que les acteurs déjà en place conservent leur autonomie. Et cela, c'est
dans le but d'assurer à tous les entrepreneurs du Québec, quel que soit leur
type d'entreprise, leur secteur d'activité, d'avoir accès facilement à du
soutien technique et à de l'aide financière adaptés à leurs besoins.
De plus, à la lecture des articles 4 et 5, notre
préoccupation se situe au niveau de la porte d'entrée de la banque incarnée par
les CLD. Bien que nous ne remettions pas en question la place et le rôle des
CLD au sein de la Banque
de développement économique du Québec, nous avons des réserves à savoir à quel
point cette porte sera ouverte, car
la clientèle que nous desservons n'accède pas aux programmes normés. Alors, qu'arrivera-t-il
à cette clientèle quand elle se
présentera dans les CLD? Sera-t-elle interpellée, d'abord? Sera-t-elle invitée?
Y aura-t-il des outils adaptés à ses besoins particuliers et
spécifiques?
Par ailleurs, en ce qui concerne l'article 8,
toujours dans le but de s'assurer de représenter nos promoteurs partout au Québec, nous désirons que les
stratégies de développement économique de toutes les régions du Québec,
et non seulement celles des régions de
Montréal et Québec, soient développées en collaboration par les CLD et d'autres
acteurs de l'économie. Je tiens à vous
signaler que le Réseau québécois du crédit communautaire se retrouve dans 12
des 14 régions dévitalisées selon le MAMROT.
De plus, à
prime abord, l'article 9 semble être préjudiciable pour notre clientèle. En
effet, ceux-ci sont peu souvent considérés comme porteurs de
développement économique. Il y a donc un risque qu'ils soient marginalisés.
Alors, l'approche de développement des
membres du Réseau québécois du crédit communautaire, qui est sans secteur
d'exclusion, assure de créer une richesse
économique, sociale, culturelle et environnementale équitable tout en stimulant
la diversité des types d'entreprises
et des entrepreneurs. Alors, notre souci est que la pérennité et la cohérence
soient mises en avant dans la
stratégie de développement économique qui sera mise en place par la Banque de
développement en collaboration avec les CLD, et nous nous questionnons
aussi à savoir quelles seront les symétries entre les plans d'action au niveau
local versus le niveau national.
Et, pour
conclure, nous voulons nous assurer que cette cohésion va suivre son cours de
la façon la plus adéquate et nous recommandons que le conseil d'administration
de la Banque de développement soit composé de divers acteurs provenant notamment de l'économie sociale et de la
finance solidaire, portées par CAP finance, réseau auquel le crédit
communautaire que nous sommes appartient. Merci.
La
Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) : Merci beaucoup, Mme Mavungu. Alors, nous allons maintenant permettre
aux membres d'échanger avec les invités en
débutant par le groupe parlementaire formant le gouvernement. Mme la
ministre, la parole est à vous pour une période de 16 minutes.
Mme Zakaïb : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, monsieur, mesdames. Il me fait plaisir de vous avoir à l'Assemblée nationale. Merci pour votre mémoire. J'ai
quelques questions concernant vos questionnements, justement. Vous dites que les CLD n'ont pas d'outils adaptés
à vos besoins ou à votre type d'entrepreneuriat. Pourriez-vous
développer un peu plus là-dessus, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) :
Mme Mavungu.
Mme
Mavungu (Roselyne) : Oui,
bien sûr. Je pense qu'il faut prendre en compte la diversité des
entrepreneurs, qu'il faut prendre en compte
le fait qu'ils sont, pour ceux que nous, nous représentons, loin des circuits
traditionnels et que, souvent, les
créneaux dans lesquels ils opèrent ne sont pas forcément pris en compte. On
pourrait parler de la restauration, d'éléments comme ça, ils sont
souvent mis de côté. Mais j'aimerais vraiment céder la parole à Mme Maziade,
qui va vous éclairer davantage.
La Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) :
Mme Maziade.
Mme
Maziade (Linda) : Oui.
Écoutez, on collabore, hein, souvent avec les CLD dans nos territoires
respectifs. Ce qu'on constate, c'est que, très fréquemment, les CLD, par
rapport à la clientèle qu'on accueille, vont nous les référer. C'est donc dire
que les CLD n'ont pas le type… Ils font un excellent travail — ce n'est
pas ça qu'on remet en question — mais ils n'ont pas nécessairement le type
d'accompagnement que nous, on appelle accompagnement de proximité, qui va permettre à ces personnes-là qui ont besoin d'un encadrement
un peu plus serré pour pouvoir développer leur potentiel…
Par ailleurs,
les CLD ont leurs stratégies, leurs PALEE, là, leurs... qui sont intéressants,
qu'on ne remet pas en question, mais qui, encore là, vont cibler, vont
prioriser ou des secteurs géographiques ou des secteurs d'activité dans lesquels nos propres clientèles, je vous dirais…
dans lesquels ils ne sont pas nécessairement. Ça ne veut pas dire qu'ils
sont dans des secteurs non rentables qui ne
se tiennent pas — on voit
les résultats qu'on a au réseau québécois — c'est
tout simplement qu'à un moment donné il y a des priorités qui sont faites, et
souvent — et
vous le savez sans doute — les
gens qui sont un peu plus éloignés, qui ont moins de moyens ou qui ont besoin d'être...
Ce qu'on appelle la très petite entreprise de proximité, ce n'est pas le
premier volet d'intervention des CLD. On peut le comprendre. Donc, ce qu'on
dit, c'est que c'est important d'avoir différents outils, et non pas uniquement
la porte d'entrée des CLD.
La Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) :
Mme la ministre.
Mme
Zakaïb : Je comprends que
les CLD, finalement, offrent des services qui sont très complémentaires
aux vôtres, dans le sens qu'ils n'entrent
pas en concurrence avec vous. Puis, quand les gens se présentent chez eux pour
des très, très, très petits montants
ou dans des clientèles, par exemple, en restauration, ils vous les envoient.
Est-ce que c'est un problème que ce soit comme ça? Est-ce que ça ne peut
pas rester comme ça, justement, que les CLD aient leur champ d'activité selon
les plans de développement locaux, puis, quand la banque sera en place, ce
seront les plans de développement
régionaux qui vont se répercuter dans les plans locaux? Est-ce que ce n'est pas
correct que ça demeure comme ça?
La
Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) : Mme Mavungu.
Mme Mavungu
(Roselyne) : Je vais laisser Mme Kettenbeil répondre à la
question.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme Kettenbeil.
Mme Kettenbeil (Anne) : Oui. Au fond, la problématique est sur deux
niveaux. Dans le cas des très petits prêts, c'est un cas, on le sait, bien décrit. Mais, même dans des projets qui
pourraient être plus porteurs, il faut comprendre bien que les critères
et des normes pour le financement sont aussi une barrière importante pour nos
clientèles, car nous travaillons
majoritairement avec des personnes à faibles revenus qui n'ont souvent pas une
garantie, qui n'ont souvent pas une
mise de fonds non plus, et, donc, c'est un autre aspect des barrières qui
existent dans les structures actuelles des CLD.
Donc,
ça non plus… il faut... Ce n'est pas tous nos entrepreneurs qui portent des
projets qui ont besoin d'un très petit
financement non plus. Et, malgré ça, ils n'en acceptent pas souvent en des
services qui sont offerts dans les CLD.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme la ministre.
Mme Zakaïb : Je comprends bien ce que vous dites, mais je vais répéter ma question
différemment. Vous êtes un organisme...
et l'association que vous représentez, ce sont des organismes qui ont fait
leurs preuves, qui ont démontré leur capacité à accompagner ces gens-là.
Pourquoi il faudrait changer la mission des CLD, puisque vous faites déjà le
travail, puis les CLD en font un autre, puis je pense que ça peut cohabiter
très bien comme ça, et ça peut continuer comme
ça? Est-ce qu'on se comprend? C'est parce que, je me demandais, est-ce que vous
vouliez qu'on change la vocation des CLD? C'est le but de ma question.
Mme Maziade (Linda) :
...
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme Maziade.
• (9 h 50) •
Mme Maziade (Linda) : Excusez-moi. C'est peut-être dans la formulation du projet de loi tel
qu'il est. Ce que nous, on comprend — et peut-être qu'on comprend
mal, et tant mieux si on ne le comprend pas très bien — ce qu'on
comprend dans le projet de loi, c'est qu'on
nous dit que la porte d'entrée va être, pour l'entrepreneuriat quel qu'il
soit… sera les CLD. Et c'est cet élément-là
qui nous inquiète, où on dit : Si c'est ça, ça veut donc dire qu'il y a
une partie des entrepreneurs du Québec qui auront des difficultés d'accès
aux services.
Et
c'est un peu ce que notre présidente vous disait, l'importance de la diversité
des outils, des ressources. Il y a des organisations, notamment la
nôtre, qui répondent à des besoins qui ne sont pas répondus présentement dans
les CLD, et on le comprend, ce n'est pas...
Puis on dit : Oui, effectivement, que les CLD aient une clientèle et que
nous, on en ait une, tout ça peut s'arrimer. Dans les milieux, dans nos
régions, généralement on s'entend bien. Mais ce qu'on craint un peu dans la formulation de la loi telle qu'elle est faite, c'est
que, justement, les gens qu'on accompagne se heurtent à des portes plus
ou moins ouvertes dans les CLD.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme la ministre.
Mme Zakaïb : Alors, si je comprends bien, c'est que vous avez des craintes que,
parce qu'on dit que les CLD sont une
porte d'entrée privilégiée de la banque, ça enlève quelque chose à votre
organisme, que votre organisme ne sera plus
soutenu comme il l'a été à venir jusqu'à maintenant, là. Est-ce que c'est ça?
Parce qu'en fait c'est les portes d'entrée de la Banque de développement
économique du Québec. Les CLD sont des portes d'entrée. Ils ne sont pas les
uniques parce que les gens vont pouvoir se
rendre directement à la banque aussi. On ne veut pas changer le mandat des CLD,
ils vont... Notre but, c'était de les garder dans ce qu'ils font maintenant
parce qu'ils le font bien. On veut, par contre, les arrimer avec la banque pour ne pas qu'ils travaillent en silo. Et on
veut donc... Quelqu'un qui va se présenter dans un CLD, c'est comme s'il
rentrait à la banque, qu'il ne soit pas obligé de réexpliquer son affaire quand
il va avoir besoin de financement plus élevé
ou... On veut faire travailler tout ce monde ensemble, les arrimer, mais on ne
veut rien enlever aux autres
organismes qui font déjà leur travail dans chacun des milieux. On veut vraiment
que ces organismes-là continuent de rendre
leurs services et on ne veut pas que la banque et les CLD remplacent tout ce
qui existe, que ce soit les Femmessor, la Fondation de l'entrepreneurship.
Tous les gens qui travaillent à accompagner des entrepreneurs ou à leur donner
du financement, comme vous le faites, pour
les petits projets, ce n'est pas le rôle des CLD parce que, écoutez, ce
serait... Déjà les CLD regardent beaucoup de
demandes. S'il fallait qu'en plus ils fassent ce que tout le monde fait au
Québec...
C'est
pour ça qu'on parle d'un guichet unifié, et non pas d'un guichet unique. Ce n'est
pas qu'il va n'y en avoir qu'un, c'est
qu'on veut tenter d'unifier les interventions qui proviennent de l'État, et pas
celles qui proviennent d'organismes à but non lucratif comme les vôtres.
Peut-être que c'est ça qui était moins bien compris.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme Mavungu.
Mme Mavungu (Roselyne) : Merci de cet éclaircissement. Effectivement, pour
nous, le mot «complémentarité» rime avec concertation. Nous avons
toujours travaillé en complémentarité des CLD et nous pensons que l'unification
continuera de permettre un travail de
concertation avec les dynamiques régionales, locales. L'autonomie des
organismes déjà en place qui va demeurer, c'est parfait pour nous.
La Présidente (Mme
Proul, Sainte-Rose) : Mme la ministre.
Mme Zakaïb : Moi, je n'ai pas d'autre
question, Mme la Présidente. Je pense qu'on peut passer la parole à...
La Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) :
Si vous le permettez, j'aurais une question pour le Réseau de créditcommunautaire.
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre mémoire, et il y a certaines données qui
me semblent fort intéressantes. Vous
mentionnez, par exemple, pour vos clients, dont on sait qu'ils possèdent au
départ très peu de ressources financières… mais vous mentionnez un taux
de survie des projets d'entreprise pratiquement le double de celui
des entreprises plus standard, selon les données du MDEIE, là, qui est autour
de 34 % de taux de survie,comparativement
à 70 %. J'aimerais ça que vous puissiez nous dire à quoi vous attribuez
spécifiquement cet excellent résultat que vous avez vos clients.
Mme
Mavungu (Roselyne) :
Premièrement, je vous dirais ceci. Ce qui est important, pour nous, c'est que
le geste de prêt est obligatoirement
assorti de l'accompagnement. C'est un accompagnement qui déborde de l'accompagnement
personnalisé. C'est vraiment un accompagnement de suivi régulier et qui demeure
avec les entrepreneurs.
Maintenant, pour expliquer le taux de 70 %
, donc, d'entreprises qui, après cinq ans, sont encore en affaires, je vous dirais ceci. Bien sûr qu'il y a nos
pratiques, que, depuis 13 ans, nous avons su rendre pointues, particulières
et adaptées aux différents types de
clientèle qui se retrouvent dans le bassin du crédit communautaire. Il y a
aussi le fait de savoir que l'argent
que nous prêtons, c'est de l'argent qui nous vient de la collectivité. L'accompagnement
de proximité nous allie tellement
avec les entrepreneurs qu'il devient la garantie du remboursement. Il faut que
je le dise aussi, c'est que 91 %
des 11,3 millions que nous avons prêtés en 13 ans qui nous sont revenus,
et c'est le fait de cet accompagnement de proximité, de ce cheminement
qui nous a allié ces entrepreneurs-là. Mais il ne faut pas oublier le potentiel
de ces personnes-là. Ces personnes à faibles revenus, ces personnes qui se
voient fermer des portes ont un potentiel égal à celui de tout entrepreneur, et, donc, c'est eux-mêmes, ces
entrepreneurs, qui sont l'opportunité d'affaires pour eux-mêmes. Et vous
voyez qu'ils sont assez isolés, marginalisés, qu'ils viennent de loin. Alors,
ce levier qu'on leur donne d'avoir du financement et de l'accompagnement les
rend à 100 % désireux d'atteindre leur objectif.
Et ce que
nous voyons aussi, c'est que, les projets d'entreprise qui n'ont pas abouti,
qui se sont arrêtés en cours de route,
les entrepreneurs continuent de rembourser. Pourquoi? À cause de cet
accompagnement de proximité et du souci de savoir que l'argent que nous avons reçu nous est venu d'un capital
collectif amassé par le crédit communautaire auprès du privé, du
communautaire. C'est l'héritage des enfants de quelqu'un, qu'il y avait des
personnes qui avaient à coeur le souci d'un impact social au-delà d'un impact
financier.
La
Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) : Donc, j'entends bien qu'en fait l'accès au
financement et l'accompagnement sont parmi
les mesures qui vous semblent les plus pertinentes, là, pour mener à bien des
projets. Et, juste en terminant, il nousreste quelques minutes, est-ce que vous pourriez nous donner des idées…
pas des idées, pardon, des exemples — peut-être, des idées aussi — de
projets que vos clients... Parce que j'ai vu que vous avez quand même dans vos
données une création d'emplois de plus de 6 000 emplois créés dans
les dernières années, j'aimerais ça que vous nous donniez des exemples du type
d'entreprises que vous aidez et que vous accompagnez.
Mme Mavungu (Roselyne) : Pour ce
faire, je vais laisser mon collègue Wilson Angarita répondre.
La Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) :
M. Angarita.
M.
Angarita (Wilson) : …c'est
la valeur ajoutée du crédit communautaire, c'est l'accompagnement de
proximité qui nous permet de développer un
lien de confiance avec les entrepreneurs. Un exemple simple d'une entreprise,
c'est Écofondation, travail dans la
construction. Et, l'année dernière, elle a été soutenue par le fonds d'entraide
communautaire, par une démarche du réseau. Et, malheureusement, dans son
secteur d'activité, il y avait beaucoup de concurrence, mais elle ne pouvait pas avoir accès à d'autres services. Donc, cette
entreprise a démarré avec le soutien de membres du réseau et a créé
quatre emplois et, en plus d'avoir trouvé un seuil de rentabilité, elle a créé
un chiffre d'affaires de 200 000 $.
Donc, on voit la pertinence d'un crédit communautaire qui va soutenir des
entrepreneurs, en grande partie des travailleurs autonomes, et qui va
permettre de soutenir surtout la collectivité en bien des régions qui sont
éloignées, mais que les entreprises comme ça vont permettre aussi de
revitaliser le milieu.
La
Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) : Merci beaucoup, M. Angarita. C'est très intéressant. Alors, le
temps du premier échange est maintenant
écoulé. La parole est maintenant au premier groupe d'opposition. Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Oui. Bonjour. Merci, Mme
la Présidente. Donc, je vous accueille aussi très chaleureusement, Mme Mavungu. Et c'est M. Gauthier et
Mme Maziade. Et je pense que, certains d'entre vous, je vais vous revoir
dans le cadre de la Loi sur l'économie
sociale, je crois bien, parce que c'est deux dossiers qui s'entrecroisent de
façon importante.
Si je comprends bien votre message, c'est bien
résumé dans votre conclusion où vous dites : «En travaillant sur le
renforcement des capacités, nous suscitions le passage de l'exclusion vers l'inclusion
et de l'isolement vers la mise en action.»
Donc, vous voulez vous assurer que le gouvernement, généralement, soit très
sensible, par toutes ses institutions et ses instances, soit sensible à
vos efforts.
Et moi, j'ai participé lors de la
consultation qu'on a faite sur l'entrepreneurship, et c'était avec des
collègues... C'était, à l'époque, le
ministre du Développement économique et mon collègue de Jean-Lesage, ils sont
venus à Montréal, et on a... Vous vous rappelez… Je ne sais pas si
certains d'entre vous étaient là, mais, en tout cas, c'était vraiment
intéressant. Intéressant parce que c'était la première fois qu'ils pouvaient
entendre l'énergie, et la créativité, et la contribution de cette
diversité — vous
parlez beaucoup de diversité — et cette diversité à tous les niveaux, d'idées,
évidemment culturelles, de langue, de pont,
de lien, de lien entre régions, de lien entre les régions et le monde aussi.
Ça, c'était intéressant. Et donc, par la
suite, il y a eu, donc, le plan, et il y a l'axe 3 … le plan qui s'appelait
Foncez! tout le Québec vous admire.
Et, si je comprends — je n'étais
pas aux crédits, évidemment, de la ministre — la ministre a bien dit que ces
efforts vont se poursuivre, que ce plan...
• (10 heures) •
Et, je pense, c'est
intéressant peut-être de parler de l'axe 3. Je ne sais pas si vous, vous vous
souvenez de ça, mais on parlait... Là,
évidemment, je vais parler beaucoup de la clientèle qui était ici parce que c'est
beaucoup ce que j'ai vu à Montréal.
On s'est souvent vus sur le terrain, les initiatives que vous avez eues puis le
support que vous cherchez pour mener
à terme vos projets, puis c'est souvent des jeunes, des immigrants, les
communautés culturelles, les artistes, les autochtones ou encore les
personnes exclues des réseaux de financement conventionnels.
Donc, il y avait des
mesures... Et puis ça s'appelait «un appui sur mesure». Et, si je comprends
bien, c'est ce message-là... Ça vaudrait peut-être la peine… Je n'ai pas
beaucoup de temps, là. Mais, si vous vous rappelez de ça, il y avait l'indispensable
entrepreneuriat féminin, et on avait ciblé un montant de 25 millions. Il y
avait un engagement renouvelé vers le crédit
communautaire, et on avait prévu un montant de 3,6 millions de prêts, et
on parlait, bon, à l'époque, de 2 400 emplois créés ou maintenus et
un renforcement de l'entrepreneuriat au sein des communautés culturelles. Là aussi, il y avait un montant qui est ciblé de
700 000 $ de prêts pour... Ça, c'étaient des cibles pour 2014. Et,
finalement, plus d'entrepreneurs étrangers
en réponse aux besoins du Québec, et ça, c'est le programme des immigrants
entrepreneurs. Évidemment, ça, c'est au ministère de l'Immigration, mais il y
avait une refonte de ce programme-là. Mais c'est des dossiers qui s'entrecroisent.
Moi,
ce que je voulais vous dire, c'est que... vous demander, c'est que, là, il y a
plusieurs ministères, hein, qui sont interpellés
par votre message. Il y a Emploi et Solidarité, il y a le ministère de l'Immigration,
Développement économique. Donc là, il
y a une banque qui sera créée. Si je comprends bien votre message, c'est que
vous voulez que le gouvernement poursuive... Parce que vous n'êtes pas
nécessairement convaincus, évidemment, que c'est la banque qui répond à vos demandes, mais qu'en créant les nouveaux
programmes, les initiatives qu'on n'oublie pas que vous êtes là et que
vous avez besoin de tous ces genres de
mesures micro. Si c'est des mesures qui sont à un panier... comme vous dites,
vous êtes un peu invisibles peut-être dans ces réseaux-là, mais vous
avez développé depuis quelques années des initiatives et une écoute. Moi, ce que j'ai vraiment saisi — puis
ça m'a épatée — c'était,
lors de cette consultation, que votre message a réussi à traverser la
barrière gouvernementale, si vous voulez, avec un programme très structuré.
Donc,
est-ce que j'ai bien compris? C'est que vous voulez vous assurer qu'en créant
la banque on poursuive tous ces efforts et qu'on poursuive dans ce
sens-là. Puis, comme je vous dis, on vous entendra sûrement dans le cadre de l'économie sociale, où votre message va... J'imagine
qu'on va réentendre votre message où vous allez vouloir bonifier ce projet
de loi. Peut-être vous entendre un peu là-dessus, s'il vous plaît. Merci.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme Mavungu.
Mme Mavungu
(Roselyne) : Je vais laisser ma collègue Mme Maziade répondre.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme Maziade.
Mme Maziade
(Linda) : Bien, oui, vous avez raison, notre compréhension du projet
de loi, c'est qu'on serait davantage
associés à l'organe, là, Développement économique Québec. C'est ce qu'on peut
comprendre dans la définition qui en
est faite. Ce qui nous importe aussi dans notre message… Vous savez, on a des
résultats extraordinaires. Vous avez tout à fait raison, la capacité qu'on
a de faire ressortir les potentiels, de réaliser des potentiels, de créer de l'emploi,
de générer de la richesse et générer de la distribution de la richesse, pour
nous c'est ce qui nous anime.
Par contre, ça nous
prend aussi des moyens pour le faire. Vous avez nommé des chiffres tout à l'heure,
là, c'est intéressant. Mais on comprendra
aussi que ces chiffres-là, en termes de développement, ils sont assez limités.
On pense qu'on fait nos preuves comme il le faut. Puis on fait nos preuves
comment? C'est avec les entrepreneurs avec lesquels qu'on travaille qui
démontrent que, oui, on est capables, si on nous fait confiance, on est
capables de créer de l'activité économique.
Maintenant,
il faut aussi être appuyé financièrement, il n'y a pas de magie, là, dans ça,
hein, il n'y a pas de... Et on pense
que, dans la refonte des programmes, c'est ce qu'on peut comprendre dans la
loi, bien, il faut qu'il y ait une place pour le crédit communautaire,
il faut qu'il y ait une place pour l'économie sociale, il faut qu'il y ait une
place pour la diversité économique. Puis
nous, on pense beaucoup qu'au Québec on va être gagnants, tout le monde, si on
met en place une économie plurielle, hein? Il y a différents modèles, il
y a différents besoins. Comment peut-on répondre à ces besoins-là avec différents outils qui doivent se parler, qui doivent
être arrimés, bien sûr, sans nécessairement dédoubler, recréer des
structures, bon, etc.?
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Oui, Mme Mavungu.
Mme Mavungu (Roselyne) : Oui, j'aimerais juste souligner que j'ai aimé de
quelle façon, Mme Veil, vous avez synthétisé la voix qu'on veut porter
plus haut, effectivement. C'est important d'être connu, reconnu, et il est
temps que cette reconnaissance soit, si je
puis dire, maximisée pour que nous puissions avoir le plein potentiel pour
donner le plein potentiel à ceux avec
qui nous cheminons. Vous avez parlé de jeunes, vous avez parlé d'immigrants,
d'autochtones, les femmes — c'est
aussi important à l'intérieur des personnes que nous accompagnons — des
anglophones aussi se retrouvent… Donc, nous sommes au coeur de la pluralité et
de la diversité de l'entrepreneuriat. Merci.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme la députée, c'est tout? M. le député de
Louis-Hébert.
M. Hamad :
Merci, Mme la Présidente. Bienvenue, Mme Mavungu, Mme Kettenbeil, et M.
Gauthier, et Mme Talbot. D'abord, je me souviens, quand j'étais... En fait, je
ne voyais pas votre nom...
La Présidente (Mme Proulx, Sainte-Rose) : M. le député de Louis-Hébert, je pense qu'on peut permettre aux
personnes de se présenter. Vous avez salué des personnes qui ne sont pas
présentes.
M. Hamad :
Je n'ai pas les bons noms parce que j'ai vu un bel accent du Lac-Saint-Jean
tantôt, c'est…
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Alors, c'est M. Angarita, Mme Kettenbeil, Mme
Maziade et Mme Mavungu.
M. Hamad :
Bien oui, c'est ça. Mme Maziade, je ne vous voyais plus, là. O.K.
Mme Maziade
(Linda) : Vous m'avez baptisée Mme Talbot.
M. Hamad :
Bien oui, c'est ça. Mais vous êtes rendue une Mme Talbot après trois
générations, n'est-ce pas?
Mme Maziade
(Linda) : Bien oui, exactement. C'est, hein, l'évolution.
M. Hamad :
Alors, vous êtes une Québécoise de troisième génération, probablement comme Mme
Zakaïb. Ses grands-parents sont arrivés...
Mme Zakaïb :
On n'est pas parents.
M. Hamad :
Non, je sais. Non, non. Non, non. Je sais, je fais la différence, mais parce
que ses parents ont la même origine que vos parents et moi, là, juste
vous le dire, et c'est des immigrants...
Une voix :
Ah! M. Tremblay ici?
M. Hamad :
Oui, oui, c'est un Tremblay de première génération, comme le monsieur là-bas,
monsieur... Alors, vous avez un bel accent du Lac-Saint-Jean. C'est
rafraîchissant de voir ça... du Saguenay, plutôt, Chicoutimi, hein?
M. Angarita
(Wilson) : Je viens de Jonquière-Est.
M. Hamad :
Jonquière-Est? O.K. C'est important, Jonquière-Est, par rapport à... Il y a-tu
de l'ouest là-bas, oui, Jonquière-Ouest aussi?
M. Angarita
(Wilson) : Ah oui! il y a tout. Il y a toute une diversité.
M. Hamad :
C'est bien. Vous faites la différence entre les deux, c'est bon. Ça, c'est le
premier élément d'intégration, faire la subtilité.
Moi, j'ai une
question pour vous très simple. En passant, je me souviens, je suis allé à un
de vos événements à Laval il y a quelques
années, quand j'étais ministre de l'Emploi, j'étais impressionné, j'étais
impressionné, et c'est un mouvement intéressant. C'est un mouvement d'entrepreneurship
intéressant de permettre, dans tous les domaines, à partir sa business — évidemment,
une petite affaire, mais, après ça, ça peut grandir — et
être entouré, être encouragé. Moi, ça
m'a impressionné, et, surtout aussi, j'ai vu beaucoup d'impact pour les
immigrants, pour les femmes, encourager les femmes à aller de l'avant dans l'entrepreneuriat. Ça m'a marqué dans
le temps, et, lorsqu'on a bâti la stratégie pour l'entrepreneuriat, ça a toujours resté, puis vous avez la meilleure
défenseuse pour... défenseure pour vous — défenseure — c'est ma collègue députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Je ne veux pas être
trop long. L'article 9, dans vos recommandations, j'ai compris que vous avez
des craintes envers les CLD. Puis je vous
comprends très bien, en fait, parce que le message qu'on véhicule, on dit que c'est
les CLD, la porte d'entrée
principale. Hier, on a vu M. Généreux, président de la FQM, lui, il voyait que
les CLD vont tout prendre, les grandes entreprises vont passer par les
CLD, tout le monde va passer par les CLD, puis, pour lui, c'est une nouvelle étape. Et, de plus en plus qu'on fait ces
messages-là, de plus en plus inquiétant pour les groupes comme vous et d'autres.
Alors, si je comprends bien, vous avez du
respect, comme nous tous ici, pour le rôle des CLD, on a une
reconnaissance pour leur rôle, mais chacun a
son rôle dans la vie, tu sais, on ne peut pas... et on se limite avec les
moyens et les capacités qu'on peut faire. Et, donc, je comprends qu'il y a comme une réserve, une
crainte de dire : Les CLD, c'est la porte d'entrée parce que vous êtes une porte d'entrée aussi. Vous
êtes une porte d'entrée pour les gens qui veulent entreprendre, pour les
gens... Et le microcrédit, aussi, c'est une
philosophie, c'est une façon de faire qui est différente, et ce n'est pas une
façon de faire traditionnelle d'une banque,
et on a vu monsieur… Comment il s'appelle qui a gagné le prix Nobel pour le
microcrédit, de Bangladesh?
Une voix :
…
M. Hamad :
Muhammad Yousef?
Une voix :
Yunus.
• (10 h 10) •
M. Hamad :
Yunus. Yunus. O.K. C'est ça, je n'étais pas loin. O.K. Yunus. O.K. Et là-bas,
peut-être, Yunus puis Yussef, c'est comme Tremblay et Picard ici. Mais,
pour nous, de loin, ce n'est pas loin. Alors, O.K.
Alors
donc, c'est vraiment une organisation complètement différente. Alors, j'aimerais
ça, vous entendre sur vos réserves sur la porte d'entrée des CLD.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme Mavungu.
Mme Mavungu (Roselyne) : Ce que je pourrais dire en premier lieu, c'est
que le souci, pour nous — je pense qu'on l'a déjà
martelé assez — c'est d'assurer
la diversité d'outils, de répondre aux différents besoins. Ce que je
pourrais rajouter en même temps, c'est que nous sommes professionnels de l'entrepreneuriat
et du créneau dans lequel nous évoluons, le microcrédit. Et, juste pour faire
un petit peu écho à ce que vous disiez tout à l'heure par rapport à la philosophie, deux membres ici présents revenons d'un
voyage au Moyen-Orient, où on avait été, donc, porter le modèle de microcrédit québécois, et c'est important pour
nous de vous dire que ça faisait sens encore que le microcrédit que nous
opérons est différent du modèle de microcrédit porté par M. Yunus et tout le
système de la Grameen Bank.
M. Hamad :
…vous étiez où? C'est grand.
Mme Mavungu
(Roselyne) : En Jordanie, où se tenait la conférence.
M. Hamad :
La Jordanie?
Mme Mavungu (Roselyne) : En Jordanie, effectivement. C'est une conférence
internationale autour de l'«empowerment» économique des femmes. Parce qu'il
faut savoir aussi que c'est 62 %, si je ne me trompe pas, des... 62 % des entrepreneurs accompagnés par
le microcrédit que nous sommes sont des femmes. Et, de mon chapeau de
directrice générale de Compagnie F, je peux dire que ça a un impact aussi sur
le beau taux de remboursement des sommes que
nous consentons parce que les femmes mettent en avant certaines valeurs qui
leur imposent de rembourser.
M. Hamad :
Avouons-le, elles sont plus responsables, les femmes.
Mme Mavungu
(Roselyne) : De rembourser. Donc, ce qui est important pour nous,
donc, je dirais : diversité d'outils;
réponse à des besoins adaptés, donc les besoins qui sont les nôtres; création
de richesse; et d'assurer, moi, je dirais, la complémentarité, la
concertation un petit peu dans tout ce qui se fait. Je ne sais pas si un de mes
collègues veut rajouter des éléments. Wilson Angarita, donc, va...
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Alors, M. Angarita, je vous informe qu'il vous
reste un petit peu moins qu'une minute.
M. Angarita (Wilson) : …on parle de développement économique, mais on
parle aussi de la culture entrepreneurialequébécoise. C'est une culture entrepreneuriale qui a différents
caractères. Il y a un caractère collectif, il y a un caractère privé. Et nous, pour le réseau, on développe une
culture entrepreneuriale à caractère communautaire et solidaire. C'est
ça qui fait la diversité. C'est ça qui fait
la concertation de nos maillages afin de développer une culture
entrepreneuriale qui devienne une richesse collective. Donc, pour nous
autres, comme réseau, c'est important de voir une porte d'entrée, mais une
porte d'entrée diversifiée, pas unique. Elle peut rester unique, mais, en même
temps, diversifiée.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : D'accord, merci beaucoup, M. Angarita. Alors,
la parole est maintenant au deuxième groupe d'opposition, M. le député de
Chauveau, pour une période de trois minutes.
M. Deltell : Merci, Mme la Présidente. Mes salutations aux collègues. Mes
salutations aux invités. Et juste un petit
cinq secondes pour joindre ma voix au fait que moi aussi, je suis un Québécois
de deuxième génération. Et, si on regarde
tous les gens autour de la table, on ne peut pas donner notre nom de famille,
chacun, mais je pense que ça démontre l'extraordinaire capacité d'accueil
qu'est la société québécoise.
Mme la Présidente,
merci beaucoup pour vos invités, qui ont offert un témoignage très intéressant.
Et, pour moi, il n'y a jamais de petits projets, il n'y a que des beaux projets
qui méritent de grossir et de grandir. Et rappelons que notre plus grand champion industriel,
Bombardier, a commencé dans un petit garage de Valcourt et est devenu
une entreprise milliardaire, et on en est
tous fiers. Donc, ce que vous faites est important, et nous l'apprécions. Même
si on parle de microbudget…
microcrédit, vous avez une importance sur l'ensemble de l'oeuvre, et vos
succès, tel que témoigné par les questions de la présidente, méritent d'être
mis en valeur.
Ma question est la
suivante. L'objectif que poursuit le gouvernement, c'est de créer un guichet
unique, un objectif avec lequel on est d'accord.
On a des réticences sur l'application, mais, sur l'objectif principal, on est
d'accord. Est-ce que vous souhaitez, vous,
être intégrés dans cette approche-là du guichet unique ou vous souhaitez être
davantage indépendants et dire : Bien,
continuons nos affaires de notre bord plutôt que de s'intégrer à l'intérieur de
la banque, dont l'objectif est d'être un guichet unique?
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme Mavungu.
Mme Mavungu (Roselyne) : Je vous dirais ceci. Nous avons une vision, et,
pour que la vision qui est la nôtre, donc
d'accompagner des entrepreneurs à forte potentialité économique qui sont
marginalisés et qui n'ont pas accès aux ressources traditionnelles de
financement, pour continuer cette vision, il faut une provision, si je puis
dire. Alors, à ce moment-ci, pour nous, la
loi est générale encore pour bien comprendre les sections différentes.
Devons-nous être inclus ou devons-nous être à part? Linda, qu'est-ce que
vous diriez de ça?
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme Maziade.
Mme Maziade (Linda) : Moi, je pense qu'il faut qu'il y ait des passerelles, le crédit
communautaire ne peut pas être exclu
de quoi que ce soit. Pour moi, c'est très clair, je pense que, pour nous, c'est
très clair, nous sommes un outil de développement économique au côté de
d'autres outils économiques. Comment la banque va traduire ça? On espère qu'on va être appelés dans une autre étape pour le
travailler avec le gouvernement du Québec, mais c'est clair que nous ne pouvons pas être à l'extérieur de cet outil-là
qui va définir des stratégies, une stratégie de développement
économique, et qui va définir des
politiques. Alors, ça a un impact directement sur les entrepreneurs avec
lesquels on travaille, donc il faut qu'on
soit là. C'est pour ça qu'on recommandait aussi qu'au conseil d'administration
on puisse intervenir. Mais c'est sûr qu'on
n'est pas à part du milieu du développement économique. Quelles vont être les
passerelles, comment tout ça va se faire, c'est ça qui nous préoccupe,
et ça va être dans un plan d'action dont je ne sais trop quelles vont être...
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : M. le député de Chauveau.
M. Deltell :
Souhaitez-vous être — merci,
Mme la Présidente — souhaitez-vous
être intégrés dans le...
Mme Maziade
(Linda) : Qu'est-ce que ça veut dire, intégrés? Moi...
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Mme Maziade.
Mme Maziade (Linda) : ...j'aimerais qu'on me le dise. Ce qu'on veut, c'est être reconnus
comme un outil de développement économique et que la Banque de
développement économique du Québec, par le biais, on le pense, de Développement
économique Québec, reconnaisse le travail terrain et l'impact économique et
social du crédit communautaire. C'est ça qu'on veut. Est-ce que c'est ça que
vous parlez quand vous parlez d'intégration? Je ne sais trop, mais...
M. Deltell :
Moi, je veux vous entendre, je veux savoir votre vision.
La Présidente (Mme
Proulx, Sainte-Rose) : Merci beaucoup. Le temps est écoulé. Alors, je
vous remercie, Mme Mavungu, Mme Maziade, M. Angarita et Mme Kettenbeil, de
votre présentation.
Je suspends les
travaux quelques instants pour permettre au prochain groupe de prendre place.
Merci.
(Suspension de la séance à
10 h 18)
(Reprise à 10 h 21)
Le Président (M. Leclair) : Alors, j'invite maintenant les représentants de
Commerce international Québec à se présenter et faire leur exposé. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes. Alors, la parole est à vous.
Commerce international Québec
Mme Proulx
(Véronique) : Alors, bonjour. Merci. Je me présente, Véronique Proulx.
Je suis directrice du Centre des affaires
internationales de Laval technopole, qui est l'organisme régional de promotion
des exportations de Laval, communément appelé ORPEX. Et je suis
également présidente de Commerce international Québec, que je représente
aujourd'hui, qui est le regroupement des 19 ORPEX présents à travers le Québec.
Je vous présente notre directeur général, M. Jean-François Lamarche, qui est directeur
général de Commerce international Québec.
Alors,
tout d'abord, merci aux membres de la commission de nous avoir invités à
présenter ce mémoire sur le projet de
loi de la Banque de développement économique du Québec. Dans le cadre du
mémoire déposé et pour cette présentation, nous concentrerons nos commentaires sur le développement des
exportations en région et sur l'arrimage qui est requis entre les ORPEX et la BDEQ, et j'espère qu'au terme de
cette présentation vous serez en mesure d'apprécier l'importance des
ORPEX dans le développement régional des exportations, la contribution que nous
aurons à l'atteinte des objectifs de la BDEQ et, donc, l'importance d'arrimer
nos processus d'affaires.
Alors, qui
sommes-nous? Le premier ORPEX a été créé en 1994 par le ministère de l'Industrie
et du Commerce. L'objectif était de doter chaque région d'un spécialiste
en exportation. Aujourd'hui, nous sommes financés par Export Québec et Développement économique Canada. Certains ORPEX
reçoivent du financement de leur CRE, et tous ont une contribution du secteur privé, qu'il s'agisse
des entreprises qui participent à leurs activités ou des partenaires
privés.
Nous comptons
plus de 50 professionnels qui travaillent auprès des 10 000 exportateurs à
travers le Québec. Nos professionnels, nos employés sont des experts en
affaires internationales qui sont titulaires d'un ou deux diplômes en commerce international. Ils parlent plusieurs
langues et ont visité plusieurs pays. Ils ont l'expérience dans l'interculturel
et, surtout, ils comptent un important
réseau de contacts local et international pour appuyer les exportateurs, et ce,
partout à travers le Québec.
Alors, je ne pense pas que je vais vous
sensibiliser à l'importance de l'exportation pour le développement économique du Québec. Quand on regarde les données — soit
25 % du PIB, et le tiers des emplois relèvent des activités reliées aux exportations — ces
données parlent de soi. Par contre, ce à quoi je souhaiterais vous
sensibiliser, ce sont les complexités
techniques reliées à une exportation réussie. Alors, il ne suffit pas de se
rendre en mission commerciale de groupe,
de rencontrer des partenaires potentiels pour réussir à l'étranger, il faut
aller plus loin. Il faut adresser les questions légales par rapport à
notre contrat, l'aspect douanier, le Buy American Act si on est aux États-Unis,
les stratégies de gestion de taux de change,
et j'en passe. Et, en même temps, on doit s'assurer d'optimiser sa chaîne de
valeur mondiale. Alors, la PME doit
être capable d'adresser tous ces défis techniques tout en ayant une approche
stratégique. Il faut rappeler que la majorité des PME au Québec ont
moins de 50 employés. Alors, souvent, c'est le P.D.G. qui doit avoir une
compréhension des aspects techniques tout en ayant le volet stratégique.
Devant ces
complexités, si on veut assurer la pérennité et la croissance de nos
exportateurs, il y a deux gestes que l'on
doit poser. Le premier, c'est d'utiliser les experts en commerce international
qui sont présents partout à travers le Québec
afin qu'ils accompagnent les entreprises. Et le deuxième est de s'assurer de
soutenir les PME qui sont les plus prometteuses à l'international.
Alors, ce sont des entreprises qui ont les ressources humaines, financières
pour mener à terme leur projet d'exportation,
mais également des entreprises dont il y a un engagement très fort de la haute
direction. Parce qu'on sait que, pour réussir à l'exportation, ça peut prendre
plusieurs années, on peut facilement investir un 200 000 $. Donc, ça prend des gens qui sont vraiment engagés
et qui ont les reins solides, comme on dit, pour pouvoir réussir sur ces
marchés-là.
Dans ce
contexte, il est donc important que les ORPEX puissent rapidement identifier
ces bonnes entreprises pour que le
temps en accompagnement soit consacré à ces exportateurs-là, à celles qui sont
les plus prometteuses. Il faut savoir que les ORPEX sont des organismes
qui ont des équipes assez restreintes. On parle, en moyenne, de trois employés par
ORPEX. Donc, si on prend l'exemple de Lanaudière, où on a trois personnes,
effectivement, pour couvrir tout le territoire, c'est important que ce soient
les bonnes entreprises qui leur soient référées pour qu'encore une fois on
puisse atteindre l'objectif d'assurer la pérennité et la croissance des
exportateurs à travers le Québec.
On pense donc
qu'il est primordial qu'il y ait davantage de synergie entre les intervenants
en région. Alors, on parle, bien sûr, des CLD, éventuellement de la
Banque de développement économique du Québec. Il est important que ces organismes puissent nous référer les bonnes
entreprises, et pas seulement celles qui sont très petites et qui ont très
peu de chances de succès à l'international ou celles qui ont tellement de défis
à relever qu'il est fort probable qu'elles ne réussiront pas.
Maintenant, je vous mentionne qu'on est des
experts en commerce international, qu'on est des experts en accompagnement. Nos interventions donnent des
résultats mesurables. Alors, pour l'année financière 2011-2012, à titre d'exemple, plus de 800 entreprises ont été
accompagnées de façon individuelle, et ces dernières évaluent leurs
retombées à plus de 160 millions de
ventes. Il faut savoir aussi que, généralement, les entreprises reviennent deux
ou trois fois au cours de l'année. Donc, on comprend qu'il y a une
appréciation du service et on comprend qu'il y a une utilité, qu'ils perçoivent
l'utilité du service qui leur est rendu.
Vous savez,
on n'est pas les seuls, au Québec, à avoir à faire face à ces défis, plusieurs
entreprises à travers le monde doivent faire affaire à la même
complexité. Et vous retrouverez dans le mémoire une revue de littérature, une étude qui a été réalisée par l'International Trade
Centre, qui est mandaté par l'OMC et l'ONU, qui a réalisé plusieurs
études auprès des exportateurs à travers le monde et auprès des organismes de
promotion du commerce. Et ce que relève cette
étude, c'est que les organismes qui ont le plus de succès, ce sont ceux qui
ciblent les bonnes entreprises, donc qui concentrent leurs efforts, et ceux qui mettent l'effort également sur l'accompagnement
individuel. Et c'est exactement la tangente qu'ont prise nos membres à
travers le Québec. D'ailleurs, le deux tiers de notre temps va généralement à
de l'accompagnement en entreprise, de l'accompagnement individuel. Et nous
cherchons, comme je le mentionnais tout à l'heure,
à investir notre temps sur les PME qui sont les plus prometteuses et qui ont
les ressources pour réussir sur les marchés étrangers, et c'est là où
nous devons nous arrimer avec la banque.
Alors, nos
recommandations. Nous en avons trois, qui sont basées essentiellement sur la
notion d'intégrer les ORPEX dans les
processus d'affaires de la BDEQ. La première recommandation se lit comme suit.
Alors, les entreprises qui
demanderont une aide financière à la BEDQ pour un projet d'exportation devront
automatiquement être référées à leurs
experts régionaux en commerce international, qui sont les ORPEX. Pourquoi? Pour
qu'on puisse faire un diagnostic, évaluer la
capacité de l'entreprise à exporter. D'ailleurs, on est financés par le MRIFCE
pour le faire. Et, dans un deuxième temps, pour s'assurer de la faisabilité du
projet sur les marchés étrangers. Et cette façon de faire doit être formalisée
dans les processus d'affaires de la banque pour que ça se fasse.
Deuxième
recommandation, c'est qu'au-delà des seuls projets d'exportation un processus
de communication formel doit être
établi afin que l'ORPEX soit mis courant des dossiers qui sont présentés à la
banque. Par exemple, une entreprise se
présente à la banque pour un projet d'immobilisations, pour un accompagnement
quelconque. Dès que la finalité est l'exportation,
ce sont des entreprises qui devraient nous être référées. Pourquoi? Parce que,
si vous choisissez de supporter ce
genre d'entreprises, c'est nécessairement qu'elles ont un potentiel de
développement intéressant, et c'est là où on doit s'arrimer pour que nos
efforts soient sur les mêmes entreprises.
Et
finalement, dans toutes les régions — la
troisième recommandation — l'ORPEX
devrait systématiquement faire partie
des organismes qui décident du plan régional de développement. Alors, dans le
projet de loi, on mentionne que c'est
les CLD qui vont faire le plan de développement régional. Nous, on pense qu'on
doit également être partie prenante de ce
plan régional là. Pourquoi? Parce que, dans un premier temps, on fait déjà une
planification stratégique, chacun dans nos régions, avec ce qui était le MDEIE avant et Développement économique
Canada, et ce plan stratégique là est relié à celui du MRIFCE. Nous
avons toutefois beaucoup de latitude pour le régionaliser, ce qui est très
bien. Parce qu'on a des différences sectorielles et d'autres différences, en le
régionalisant, c'est très bien. Donc, je pense que ce plan-là doit être intégré éventuellement dans le plan de
développement économique régional. Et, au-delà de ça, les ORPEX ont,
oui, une expérience en commerce
international, mais aussi des expertises sectorielles. Et on n'a qu'à penser à
GIMXPORT en Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine au niveau de la pêche. Ou, au
niveau du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
on a le SERDEX, qui a, bien sûr, une
expertise au niveau de l'aluminium. Et ce même constat s'applique pour les
ORPEX qui sont dans des régions dont le tissus économique est plus
diversifié, ne serait-ce que la SODIL à Lanaudière ou Laval technopole, bien
sûr, à Laval. Donc, on pense qu'effectivement les ORPEX devraient être
impliqués systématiquement dans ces plans de développement.
Est-ce qu'il me reste
beaucoup de temps?
Le Président (M.
Leclair) : 1 min 30 s.
Mme Proulx
(Véronique) : Une minute. En fait, je terminerais peut-être là-dessus
et je pourrai peut-être compléter ou répondre à certaines questions par la
suite.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Leclair) : Aucun problème. Alors, merci beaucoup, Mme
Proulx. Je prête maintenant la parole au groupe ministériel pour une
période de 16 minutes et je reconnais Mme la ministre. La parole est à
vous.
Mme Zakaïb : Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Proulx, M. Lamarche. Merci de vous
être déplacés. Merci pour votre
rapport. Tout d'abord, je tiens à souligner l'appui de vos organismes à la
création de la Banque de développement économique
du Québec. Je sais que c'est dans votre mémoire et c'est dans votre communiqué
de presse. Mais, comme vous êtes
venus vous présenter et présenter ce que vous pouvez apporter de plus à la
banque, je pense que vous ne l'avez pas mentionné d'entrée de jeu, mais
je tenais à le souligner.
Je
trouve très intéressant ce que font les ORPEX, l'importance de l'exportation.
Parce qu'on sait que la création de richesse,
ça passe par l'exportation, et les entreprises qui exportent sont celles qui
créent le plus de richesse. Et ça rejoint plusieurs des buts de la
création de la Banque de développement économique du Québec, c'est-à-dire une
meilleure concertation, mais également... Puis là je tiens à, peut-être, vous
expliquer un peu de quelle façon ça va procéder, ces plans de développement
régionaux, là.
En
fait, la politique industrielle et manufacturière… les politiques
gouvernementales économiques que sont la politique industrielle et manufacturière, la politique de l'exportation
et celle de l'innovation vont être gérées par la Banque de développement, ce sont les grandes politiques.
De là va découler un plan stratégique de la banque et, dans chacune des régions du Québec, un plan de développement
économique régional qui va découler de tout ça. Dans le plan de
développement économique régional, on veut travailler beaucoup autour des
créneaux ACCORD, qui ont déjà été identifiés comme les créneaux à succès. On
veut regarder la chaîne de valeur de ces créneaux-là, s'assurer qu'on a
vraiment dans la chaîne de valeur toutes les entreprises nécessaires puis,
sinon, trouver et cibler des entreprises qui pourraient
combler cette chaîne de valeur là, naturellement, parce que la chaîne de valeur
nous permet d'exporter en bout de
ligne, hein? C'est pour ça qu'on veut créer des chaînes de valeur. Ensuite, on
veut également, dans ces plans-là, cibler les petites entreprises qui pourraient devenir de moyennes entreprises
parce que, selon nous, il n'y a pas suffisamment de moyennes entreprises
au Québec, et là je pense que l'apport des ORPEX peut être très intéressant.
Puis,
quand vous nous dites que vous aimeriez être intégrés dans les processus d'affaires,
en fait, pour cibler ces entreprises-là, pour regarder lesquelles sont
en mesure de devenir les moyennes entreprises de demain et lesquelles devraient bénéficier d'un ateurement personnalisé,
accompagnement qui pourrait, pour la portion exportation, provenir de votre organisme... Parce qu'à la banque on n'aura
pas toutes les expertises. On veut avoir à la banque un conseiller pour
chaque dossier stratégique, mais ce conseiller-là n'a pas toutes les expertises.
Sauf que lui, il doit s'associer dans sa région
les expertises qui existent et lui, il les connaît, il connaît le tissu de la
région. Et là les ORPEX pourraient travailler conjointement avec la
banque, premièrement, pour identifier puis, par la suite, pour accompagner les
entreprises vers l'exportation. Parce que vous nous dites — et
ça, je trouve ça important — qu'il
faut soutenir les PME les plus prometteuses.
Et, pour ça, il faut les cibler. Il faut trouver les critères pour les cibler,
puis, ensuite, il faut les cibler et les accompagner. Alors, je retiens votre suggestion à l'effet d'être
intégrés dans le processus pour identifier ces entreprises-là, pour,
ensuite, être intégrés dans la façon de les accompagner, qu'on se serve des
ORPEX pour les accompagner.
Maintenant, dans votre
mémoire, vous nous parlez un peu de comment ça va s'arrimer, ça, les CLD avec
la banque, puis vous dites : Les CLD
vont avoir le mandat d'établir le plan. Ce n'est pas vraiment ça. C'est que le
mandat est donné à la banque, mais elle va
le faire conjointement avec les CLD et les autres acteurs économiques. Ça ne va
pas se faire en un jour, ça. Il faut partir
du plan national, il faut regarder les créneaux ACCORD, il faut établir la
chaîne de valeur des créneaux ACCORD,
il faut cibler des entreprises. Bon. Alors, ça, ça va être le travail qui va
devoir être fait, et je retiens qu'effectivement,
dans une portion de ce travail-là, vos organismes pourraient contribuer de
façon très positive à cibler, à définir de quelle façon on est capable d'identifier
les entreprises à succès.
Dites-moi,
selon vous... Puis vous avez beaucoup parlé de l'importance de l'entrepreneur d'être
engagé. Je suis d'accord avec vous, j'ai
accompagné plusieurs entreprises à l'exportation de façons différentes, là,
parce que je travaillais dans des
organismes de financement, ça prend beaucoup de volonté parce que c'est très
difficile, l'exportation. Ce n'est pas une décision qu'on prend à la
légère, là, c'est très difficile. Dites-moi de quelle façon… Selon vous, quels
sont les critères? Si vous aviez des
critères objectifs à définir, comment on est capable de cibler l'entreprise à
succès? Ce serait quoi?
Le Président (M. Leclair) : Merci,
Mme la ministre. Mme Proulx.
Mme Proulx (Véronique) : C'est une
excellente question, comment est-ce qu'on fait pour les cibler? Je le mentionnais tout à l'heure, quand on parle de
ressources… Dans un premier temps, c'est l'engagement. Donc, on voit que
la direction, la haute direction est prête à dégager les ressources
nécessaires, tant les ressources humaines que les ressources financières. Donc, c'est de regarder... On commence par le
diagnostic. On regarde qui est l'entreprise, quel est son projet, et est-ce qu'il est réaliste, et, s'il
ne l'est pas, s'il y a des barrières importantes, est-ce que l'entrepreneur
est prêt à mettre en place les conditions de
succès nécessaires, donc d'allouer des ressources humaines, par exemple.
Parce que, souvent, on s'engage dans l'exportation
et on n'a pas de ressources qui y sont allouées. Ça prend quelqu'un qui
est dédié, souvent. Après ça, les ressources
financières. On a fait un plan d'action, un plan stratégique sur le
développement du marché américain, par
exemple, on pense que ça va coûter tant. Comment est-ce que vous allez le
financer, ce projet-là? Et combien de temps vous êtes prêts à attendre
pour pouvoir avoir un retour sur investissement?
Donc, tout
ça, ça se fait justement dans le diagnostic et, après, dans l'évaluation de la
faisabilité du projet, et c'est là où
on va voir si l'entrepreneur est prêt à mettre le temps. Et, de façon très
informelle, quand on se met à discuter, à négocier avec lui et qu'on lui demande de travailler sur
son plan d'action, sur son plan d'affaires, ceux qui sont engagés, on le
voit parce qu'ils le font rapidement et ils
le font bien. Les autres, souvent, ne vont pas nous revenir, donc on comprend
que ce sont des gens avec qui, pour l'instant, on n'est pas nécessairement
prêts à mettre beaucoup de temps, peut-être, dans une deuxième phase ou un
deuxième temps.
Mme Zakaïb : Question
additionnelle : Est-ce que vous êtes rémunérés pour les services que vous
rendez? De quelle façon vous recevez votre financement?
Mme Proulx
(Véronique) : On est
financés par Export Québec et Développement économique Canada.
Donc, on a une structure qui est
relativement similaire à travers le Québec, mais on doit tous aller chercher de
l'autofinancement, donc participation des entreprises. Certains
services-conseils vont être payés en dedans des ORPEX. Ce n'est pas partout qu'on facture pour les services-conseils,
mais toutes les activités sont payantes parce qu'on doit, au minimum,
faire nos frais. Après ça, on va aller chercher des commandites, par exemple,
dans nos bulletins d'information ou dans des conférences, des congrès qu'on
organise via différentes banques ou professionnels.
Mme Zakaïb : Pouvez-vous me donner
un ordre de grandeur, là? Quand vous accompagnez une entreprise, ça lui coûte
combien, à peu près, là?
Mme Proulx (Véronique) : Il y a de l'accompagnement
qui va être gratuit...
Mme Zakaïb : C'est différent, j'imagine…
Mme Proulx
(Véronique) : Oui, c'est ça,
j'essaie de penser à quelques exemples. Par exemple, une entreprise qui fait son plan d'affaires international — dans notre cas, je vais parler de Laval, c'est
un cas que je connais bien — on va charger une quarantaine d'heures à 80 $ de
l'heure. Donc, c'est vraiment un ticket modérateur. Dans d'autres
régions, on va facturer davantage d'heures parce qu'on va aller plus loin dans
l'étude de marché pour ce plan d'affaires là. Mais on est autour de 80 $
de l'heure, je vous dirais, pour ceux qui facturent.
Par contre,
on a un projet qui est en cours présentement où quelques ORPEX participent, un
projet d'accompagnement sur un an, et c'est minime, ce qu'on facture. Et
c'est vraiment un projet d'encadrement. L'objectif, c'est d'amener l'entreprise du point A au point B. On a des
objectifs très bien définis en termes d'augmentation des ventes à l'exportation,
on le rencontre une fois par mois, on voit
de quelles ressources il a besoin, comment est-ce qu'on peut l'accompagner.
L'idée, c'est vraiment d'accélérer et
faciliter le développement de marché international. Et ça, vous voyez, il y en
a qui l'offrent gratuitement, d'autres qui chargent 2 500 $
pour l'année. Donc, c'est minime.
Mme Zakaïb : Effectivement. Je vais
maintenant laisser la parole à ma collègue, qui a des questions à poser.
Le Président (M. Leclair) : Alors,
Mme la députée, la parole est à vous.
Mme
Proulx (Sainte-Rose) :
Merci, M. le Président. Alors, Mme Proulx, M. Lamarche, ça me fait plaisir de
vous saluer à titre de représentants d'ORPEX, mais aussi, bien sûr, à titre de
présidente et directeur général du Centre des affaires
internationales de Laval Technopole. Écoutez, j'ai lu votre mémoire avec
beaucoup d'intérêt, je vous ai entendus ce matin, et ce que j'entends bien de votre message, c'est la nécessité
de préserver l'expertise que vous avez, notamment au niveau des exportations, d'accompagner des projets
d'entreprise, des entrepreneurs vers l'exportation. Et, cette notion d'accompagnement
que vous mentionnez, le Réseau du crédit communautaire nous a mentionné aussi
juste avant vous l'importance... Si on veut faire un succès des projets d'entreprise,
quelle que soit la taille du projet, cette notion d'accompagnement semble vraiment être une mesure tout à fait porteuse,
et c'est justement cette volonté d'accompagner les projets qui est au
coeur du projet de la création de la BDEQ.
Vous savez,
on entend beaucoup de choses sur ce que sera la Banque de développement
économique du Québec et ce qu'elle ne sera pas. Moi, je pense qu'il ne
faut pas présumer que la création de la banque, ce qu'on souhaite, c'est devenir un gouvernement dans un autre
gouvernement et d'intégrer l'ensemble de tous ceux qui interviennent
auprès des entreprises. Ce n'est absolument
pas le cas, il y a d'autres... Vous avez une expertise en exportation. Il y a
Emploi-Québec qui a une expertise au niveau
de la main-d'oeuvre. Il y a le ministère du Revenu qui a une expertise au
niveau de la fiscalité. Donc, l'objectif premier de la création de la banque, c'est
vraiment de regrouper les bureaux régionaux du ministère des Finances et de l'Économie et les bureaux d'Investissement
Québec. En fait, ça revient à dire : Donner accès à du financement,
et accompagner les projets les plus porteurs, et référer aux bons partenaires.
Vous avez des
membres dans toutes les régions ou dans plusieurs... majorité des régions du Québec.
Est-ce que c'est une préoccupation que vous entendez dans les
différentes régions, besoin d'une meilleure coordination entre les services proposés, besoin d'un meilleur arrimage
et cette nécessaire concertation des intervenants et des acteurs? Est-ce
que ce sont des éléments que vous entendez de la part de vos membres?
• (10 h 40) •
Le Président (M. Leclair) : Merci,
Mme la députée de Sainte-Rose. Alors, Mme Proulx.
Mme Proulx
(Véronique) : Oui, tout à
fait. De la part des entreprises, on l'entend : C'est compliqué, on ne
sait pas à quelle porte frapper. On doit
frapper à plusieurs portes avant d'avoir l'information, avoir accès à... ou on
doit se représenter à plusieurs
partenaires. Mais, effectivement, on l'entend. Et de là notre préoccupation par
rapport aux ORPEX, de dire : Il
ne faut pas créer deux structures en parallèle. Et, que ce soit avec la Banque
de développement économique ou les
structures qui sont en place présentement, ce qu'on dit, c'est que ça doit
faire partie des processus d'affaires. Il doit y avoir un processus très
clair à quel moment est-ce que l'entreprise est référée à l'ORPEX. Et, à l'inverse
aussi, ça va, bien sûr, nous faire plaisir — et
on le fait déjà — de
référer les entreprises qui arrivent chez nous, parce qu'on est aussi un guichet unique pour l'exportation en région, de
les retourner vers les différents partenaires gouvernementaux qui sont
en place. Donc, effectivement, c'est une
préoccupation de la part des entreprises. On doit mieux communiquer qui fait
quoi et faciliter le trajet pour eux. Et ça, on le fait déjà en en tant qu'ORPEX
auprès des différents partenaires.
Mme Proulx
(Sainte-Rose) : Et, à partir
du moment où, comme vous le recommandez, là, il y a un arrimage et un
partenariat très clair entre la BDEQ et un réseau comme le réseau des ORPEX,
est-ce que vous considérez que la mise en place de la Banque de développement
économique du Québec pourrait accroître le dynamisme du Québec en matière de
développement et de diversification des marchés à l'étranger?
Mme Proulx (Véronique) : Tout va
dépendre de notre capacité à opérationnaliser ça, donc, concrètement, d'être capables d'arrimer nos processus d'affaires
et de faire en sorte de créer plus de valeur auprès des entreprises. Je pense qu'en soi, en intégrant nos processus…
Encore une fois, je me répète, mais, en intégrant nos processus d'affaires
et en s'assurant d'identifier et de se faire référer les bonnes entreprises,
oui, on va contribuer à favoriser, à augmenter le nombre d'exportateurs et à
accompagner celles qui sont déjà présentes sur les marchés internationaux.
Mme Proulx (Sainte-Rose) : D'accord,
merci.
Le Président (M. Leclair) : Alors,
merci beaucoup, Mme Proulx. Je reconnais maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle en matière de développement économique, le député de Louis-Hébert.
La parole est à vous pour une période de 15 min 12 s.
M.
Hamad : Merci.
Mme Proulx, M. Lamarche, bienvenue. J'ai compris, dans votre mémoire,
ce que vous voulez, participer à l'élaboration des stratégies
régionales.
Mme Proulx (Véronique) : Tout à
fait.
M. Hamad : Tout à fait. O.K. Donc,
vous ne voulez pas juste être un spectateur puis qu'on vous envoie des clients,
là.
Mme Proulx (Véronique) : Non. On
veut participer, effectivement. Oui.
M.
Hamad : Vous voulez
participer. O.K. Je voulais juste être clair là-dessus. Et donc, dans l'élaboration
des stratégies régionales, vous allez avoir le CLD, vous allez être là, vous
allez voir la banque, la CRE, vous allez... si vous êtes à Montréal, la CMM, et il va y avoir du
monde là pour préparer des stratégies. Actuellement, est-ce que ça va
très bien, vos affaires?
Mme Proulx (Véronique) : Dans quel
sens?
M. Hamad : Le système actuellement.
Avec le système actuellement, est-ce que ça va bien?
Mme Proulx
(Véronique) : Bien, je vous
dirais que nous, en tant qu'ORPEX, on va très bien, effectivement. Mais,
je ne pense pas que ça soit optimal présentement en région entre les différents
partenaires qui sont en place. Je pense qu'il y a davantage de synergie qui
peut avoir lieu, certainement, pour faciliter la vie des entrepreneurs et s'assurer
d'optimiser nos ressources aussi.
M.
Hamad : Pensez-vous, dans
votre esprit, qu'Export Québec va être dans la banque? Parce que, là, il
n'est plus là, Export Québec est rendu à Commerce international, comme vous le
savez.
Mme Proulx (Véronique) : Il n'est
pas dans la banque.
M. Hamad : Il n'est pas dans la
banque.
Mme Proulx (Véronique) : Non,
effectivement.
M. Hamad : Pensez-vous qu'elle
devrait être dans la banque?
Mme Proulx (Véronique) : Mon Dieu!
Je pense qu'Export Québec, c'est une équipe de gens spécialisés en exportation, et, non, je ne crois pas qu'elle
devrait faire partie de la banque. Je pense que le fait d'être en lien avec le
MRI est très bien parce qu'on est en lien
avec nos gens qui sont à l'international. Et je pense que c'est une expertise
qu'on doit préserver maintenant, cette expertise-là doit être préservée. Je ne
suis pas en mesure de commenter, en fait, si elle devrait ou non être dans la
banque, mais l'expertise doit demeurer. Ça, c'est sûr.
M. Hamad : Parce que, si on parle d'un
guichet unique, on parle d'un guichet unique, on parle de ramasser l'expertise à la même place. Puis là, lorsqu'on
arrive à Export Québec, peut-être qu'on est un petit peu... Vous savez,
la stratégie Export Québec, vous avez participé
là-dedans, là, vous avez été un élément important là-dedans. C'est qu'on
disait, dans Export Québec, on avait le
programme d'aller dans je ne me rappelle pas combien de villes dans le monde
puis avoir des pied-à-terre avec une
organisation internationale. Puis on a dit que, dans l'exportation, on va tout
concentrer nos efforts.
Il y avait deux niveaux d'exportation. Il y
avait les petites entreprises, où elles ont besoin beaucoup d'aide, puis il y avait les grandes entreprises. Les
grandes entreprises n'ont pas besoin de nous, tu sais. Et, les petites,
petites, bien là il faut peut-être prendre le temps avec elles parce que ça
coûte cher, l'exportation. Et on visait la moyenne, petite, moyenne entreprise parce qu'eux autres, ils ont un
potentiel d'exportation. Cependant, ce n'est pas évident d'aller dans un
pays où tu ne connais pas les règlements, tu
n'as pas de contacts, tu n'as pas de réseau, puis quel est... Alors là, on a
mis Export Québec pour faire les études de
marketing, pour faciliter ça puis travailler avec vous. Tout est vraiment un
mariage important. Donc, on a comme pris l'exportation
puis on l'a bien cadrée. Et c'est sûr que, le principe de guichet
unique, tout le monde est d'accord. Tout le
monde est d'accord, mais, lorsqu'on arrive à la faisabilité, vous l'avez dit d'ailleurs,
là… Quand vous avez répondu à la députée de Sainte-Rose, vous avez été claire,
tout dépend comment ça va fonctionner, l'opérationalisation, qui va donner le
succès ou non, dépend comment elle est.
Mais on se comprend
que l'exportation, surtout dans votre domaine, ce que vous... Là, vous
dites : Si vous avez un dossier d'exportation, référez-nous-le.
O.K.? Et vous savez que, pour le gouvernement, leur porte d'entrée, c'est les
CLD. Et, actuellement, vous travaillez avec les CLD?
Mme Proulx (Véronique) : Oui. C'est
inégal, je vous dirais, dans les régions.
M. Hamad : Inégal?
Mme Proulx (Véronique) : Oui.
M.
Hamad : Et, donc, comment
vous pensez qu'avec cette nouvelle structure ça va travailler mieux avec les
CLD? Pensez-vous que les CLD vont devenir meilleurs?
Mme Proulx (Véronique) : Bien, je ne
sais pas s'ils vont devenir meilleurs, mais ce que j'ai compris... D'abord,
Export Québec ne fait pas partie de la BDEQ.
M. Hamad : Je ne pense pas à date,
là. Je ne le sais pas. Je ne le sais pas plus que vous, là.
Mme Proulx (Véronique) : O.K. Bien, j'avais compris, jusqu'à présent, qu'Export
Québec était à l'extérieur de la
BDEQ. Maintenant, en région, comment ça va nous aider à mieux travailler, ce
que je comprends, c'est que les CLD sont arrimés sur la Banque de développement économique.
Donc, ils ont un mandat clair, précis et bien encadré de la part de la BDEQ, qui est présente en région avec eux. Et, à
ce moment-là, si nous, on arrime nos processus d'affaires avec la
banque, automatiquement on est en train de
les arrimer, de ce que je comprends, avec ceux des CLD. Donc, pour nous, c'était
une façon de mieux travailler, à la limite d'obliger
cette synergie-là puis ce travail qui devrait se faire en synergie en
région.
M. Hamad :
Vous savez, le gouvernement finance… Je ne sais pas, là, 80 % des CLD
actuellement financés par le
gouvernement. Le gouvernement peut dire aux CLD : Vous allez, à partir de
ce matin… On peut faire ça, là, demain matin,
on va dire aux CLD : Dossiers d'exportation, automatique, ORPEX. On a-tu
besoin d'une structure pour faire ça?
Mme Proulx
(Véronique) : Bien, on a besoin de le dire puis on a besoin de passer
le message.
M. Hamad :
Juste le dire, mais on n'a pas besoin de créer une banque pour dire aux
CLD : Vous devrez arrimer avec les ORPEX.
Mme Proulx (Véronique) : Est-ce que la banque va rendre ça obligatoire?
Ça, je ne le sais pas. Mais ce que je dis, c'est que ça se doit d'être
une obligation. Est-ce que c'est par la banque ou un autre moyen...
M. Hamad :
Mais ce que je suis en train de vous dire, Mme Proulx, c'est qu'on finance à
80 % les CLD. Puis, en passant,
on les a demandé l'année passée, on les a demandé des redditions de comptes
parce qu'on veut qu'ils performent puis
on veut savoir qu'est-ce qu'ils font dans l'année puis c'est quoi, les dossiers
qu'ils traitent, puis comment ça marche. Puis, en même temps, on voulait qu'ils s'impliquent sur leur mission
principale. Parce qu'il y a quelques CLD, ils sont rendus qu'ils veulent faire beaucoup large ce qu'ils
étaient mandatés, puis, eux-mêmes, leur association est très consciente.
Puis il y avait même des CLD que le D.G. du
CLD était le D.G. de la MRC. Ça fait que là, à un moment donné, il y
avait des dossiers différents puis des intérêts différents. Là, on a dit aux
CLD : On va vous renouveler votre financement, il y a des conditions.
Alors,
demain matin, si vous sentez... Parce que moi, quand j'étais ministre, je ne l'ai
pas entendu, ce problème-là entre
vous et les CLD. Mais, mettons, on veut davantage... Et c'est une bonne idée en
passant, Mme Proulx. Ce qu'on peut faire,
on va dire demain matin à un CLD : Dans votre mandat, quand je vais vous
subventionner, bien, c'est bien de valeur, les dossiers d'exportation,
vous allez référer automatique. Ça reconnaît votre rôle, puis ça règle leur
problème.
Mme Proulx
(Véronique) : …
M. Hamad : O.K. Merci.
Le Président (M. Leclair) : Alors, merci beaucoup, M. le député de Louis-Hébert. Je reconnais
maintenant le député de Chauveau pour une période de
3 min 48 s. La parole est à vous.
• (10 h 50) •
M. Deltell :
Et 4/10. Merci, M. le Président. Monsieur, madame, soyez les bienvenus dans
votre Assemblée nationale. Essentiellement, à chaque fois que des gens viennent
ici, ce que je demande à nos témoins, c'est de leur demander : Est-ce que vous croyez que la banque est un outil qui,
tel que proposé par le gouvernement, est un outil qui va permettre d'être
plus efficace, d'être plus rentable, que les gens vont arrêter de frapper à
huit portes, comme vous le disiez tout à l'heure?
Ça
fait quatre ans que je suis député, j'ai sillonné pas mal le Québec. Je disais
toujours à mes gens : Si vous voulez me faire plaisir, faites-moi
visiter une entreprise. Moi, je vais être content parce que j'aime ça, voir de
la création d'emplois, création de richesse. Et, à chaque fois que je
rencontrais un entrepreneur, il me disait tout le temps : C'est épouvantable comment c'est compliqué, il faut
frapper à plein de portes. Et moi, je veux savoir, est-ce que, selon
vous, le projet, tel qu'il est actuellement, va permettre, justement, d'éliminer
ça et d'être beaucoup plus efficace pour nos entrepreneurs?
Mme Proulx (Véronique) : Bien, je vous dirais que, dans la définition du
projet de loi, ce qu'on voit, c'est le concept,
c'est la coquille, c'est de dire : On regroupe. Alors, je répète ce que j'ai
dit tout à l'heure : Ça dépend vraiment de l'opérationalisation qu'on en fait. C'est vraiment là où ça va jouer. Et
ça se doit d'être égal partout, en région aussi. Donc, c'est sûr que c'est un défi majeur. Il ne faut pas
que ça soit seulement une coquille autour du système qui est déjà
présent.
M. Deltell : C'est ce qu'on pense, nous aussi. L'objectif, on le partage, sauf que,
dans l'application, là, on a de très sérieuses réserves, et c'est là où
nous sommes.
Pour
la dernière minute qu'il me reste, j'aimerais juste savoir, pour un
entrepreneur de chez vous, par exemple, c'est quoi, les marchés d'exportation les plus porteurs, vers quoi on se
dirige. On parle beaucoup de la Chine, est-ce que c'est le cas ou encore
on est toujours orienté États-Unis? Parce que c'est quand même un marché qui
est solide, mettons, là.
Mme Proulx (Véronique) : …États-Unis, effectivement. La majorité des
exportations vont vers le nord-est. On fait
beaucoup d'efforts de diversification. Les pays du BRIC sont intéressants, mais
ils sont… Les pays du BRIC — Brésil,
Russie, Inde, Chine — sont
vraiment intéressants, mais pour une niche d'entreprises. Mais c'est sûr que,
si on amène davantage de petites entreprises
à être de moyennes entreprises, on peut en amener davantage à saisir ces
opportunités-là parce qu'il y en a beaucoup. Mais ce n'est pas accessible à
tout le monde.
M. Deltell :
Merci.
Le Président (M. Leclair) : Alors,
merci beaucoup. Je vous remercie, Mme Proulx, M. Lamarche.
Alors, je suspends les travaux pour quelques
instants afin de permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 10 h 52)
(Reprise à 10 h 54)
Le Président (M. Leclair) : Alors, j'invite
maintenant les représentants des syndicats des professionnels du gouvernement
du Québec à se présenter, ainsi que les gens qui les accompagnent, à faire leur
exposé. Vous possédez maintenant 10 minutes de temps à pouvoir aider à nos
travaux. Alors, la parole est à vous, messieurs.
Syndicat de
professionnelles et professionnels
du gouvernement du Québec (SPGQ)
M. Perron (Richard) : Bon, bien, d'abord, merci, M. le Président. Mmes
MM. les députés, je suis accompagné, ici,
de M. Joël Girard, qui est un de nos professionnels à Investissement Québec,
ainsi que de M. Jacques Lajoie, qui est conseiller syndical aux accréditations, dont celle d'Investissement
Québec, et de M. Pierre Riopel, conseiller à la recherche au SPGQ.
Le Syndicat
des professionnels du gouvernement du Québec, le SPGQ, remercie les membres de
la Commission de l'économie et du travail de prendre en considération le
mémoire que nous lui présentons sur le projet de loi créant la Banque de
développement économique du Québec, la BDEQ.
Fondé en 1968,
le SPGQ est le plus grand syndicat de professionnels au Québec. Il représente
près de 25 000 personnes, 13 000 femmes et 12 000 hommes,
dont environ 18 000 dans la fonction publique, les ministères et les organismes dont l'embauche est soumise à l'application
de la Loi sur la fonction publique, près de 4 000 à Revenu Québec, 3 000 en santé et en éducation, dans
les commissions scolaires et dans les cégeps également, et dans les
sociétés d'État. Le SPGQ représente les
professionnelles et professionnels d'Investissement Québec, qui sont environ
250 membres à Investissement Québec, ainsi que ceux du ministère des
Finances et de l'Économie qui vont être transférés à la future BDEQ, dont
environ 190 membres.
Les
professionnels, là — juste
pour vous rappeler — d'Investissement
Québec ou nos professionnels dans tous les ministères et organismes, c'est un peu comme des avocats dans une firme
d'avocats ou des médecins dans un hôpital, ce sont ceux qui sont
essentiels à la réalisation de la mission. C'est ceux qui détiennent l'expertise
pour que le ministère ou l'organisme puisse accomplir sa mission.
Le SPGQ accueille avec réserve le projet de
loi n° 36 créant la BDEQ, mais nous offrons néanmoins notre collaboration
dans un esprit constructif. Nous avons à coeur l'intérêt de la population et
des professionnels que nous représentons, et
c'est avec cet objectif en tête que nous avons rédigé le présent mémoire que
nous vous avons soumis.
Je voudrais souligner ici l'expertise et la
compétence de ces femmes et de ces hommes, nos membres, qui ont choisi de mettre leur talent au service de l'intérêt
public. Nous avons entendu certains préjugés, hélas, trop faciles à
propos de leur efficacité. Sachez, M. le
Président, que, pour nos membres, l'intérêt et le service public ne sont pas de
vains mots. Parfois, hélas, nos
membres se retrouvent malgré eux dans des contextes qui nuisent à l'intérêt
public. C'est justement le cas des
professionnels d'Investissement Québec, qui sont sans contrat de travail depuis
quatre ans, comme l'a justement rappelé même, cette semaine encore, le
Conseil du patronat dans son mémoire.
La fusion d'Investissement
Québec avec la SGF, qui a eu lieu il y a quelques années, a permis à la culture
de gestion de la SGF de littéralement
envahir Investissement Québec. Vous trouverez dans notre mémoire les détails de
cet épisode malheureux dans l'histoire
d'Investissement Québec, et nous pourrons répondre à vos questions au besoin
tout à l'heure.
Mais, réunis en assemblée générale, les
professionnelles et professionnels d'Investissement Québec ont voté récemment à
plus de 88 % un mandat de grève de cinq jours à exercer au moment jugé
opportun. Il est temps que les autorités d'Investissement
Québec aient un mandat de négocier, mais surtout que la commande soit très
claire quant au retour d'une gestion
des ressources humaines respectueuse à la fois de nos membres et de celles et
ceux qui les représentent.
Dans notre
mémoire, nous demandons que le projet de loi soit modifié pour garantir le
respect des conventions collectives et des accréditations syndicales en
place. Pour ce faire, vous, les législateurs, pourriez vous inspirer des
clauses du projet de loi qui a créé l'Agence de revenu du Québec. Ça, c'était
notre première réserve.
Maintenant,
la deuxième réserve concerne la capacité de la BDEQ de marier des cultures
différentes, soit celle d'Investissement
Québec et celle de l'ancien MDEIE, ministère du Développement économique, de l'Innovation
et de l'Exportation, qui, avant, était le MDER, qui, avant, était le
MFER, en tout cas qui a changé de nom depuis qu'il s'appelait le ministère de l'Industrie
et du Commerce, il y a quelques années déjà.
Tout d'abord,
je tiens à insister, hein, à chaque fois que le gouvernement sort des personnes
professionnelles du périmètre de la fonction publique, le contribuable
continue à payer, sauf que l'indépendance garantie par la Loi sur la fonction
publique ne s'applique plus, et il est loin d'être certain que le contribuable
y gagne au change.
Ceci étant dit, la BDEQ aura, selon notre compréhension,
deux volets : un volet financement, l'actuel Investissement Québec, et un volet accompagnement exercé en ce moment
par le ministère des Finances et de l'Économie, nos professionnels qui
vont être transférés qui venaient du MDEIE.
À première vue, une
intégration harmonieuse n'apparaît pas évidente. De fait, cette intégration du
personnel d'Investissement Québec et du
personnel régional du ministère des Finances et de l'Économie du Québec doit
d'abord reposer sur le partage d'une même
vision, d'une même gestion du changement. Il faudra, en ce sens, bien gérer le
choc des deux cultures très différentes que représentent ces deux volets.
• (11 heures) •
La première culture est liée à Investissement
Québec et à ses spécialistes en financement, toujours soucieux de la saine gestion des fonds publics qui leurs
sont confiés. Au fil des ans, Investissement Québec a comblé avec une
grande efficacité un espace que les
institutions financières privées ne pouvaient occuper. Il a ainsi su remplir
pleinement son rôle de développement économique tout en dégageant de la
profitabilité. Rappelons que, depuis sa création en 1998, Investissement Québec
a autorisé plus de 20 000 interventions, pour un total de
15 milliards de dollars, permettant la réalisation
de projets pour ses clients situés dans toutes les régions du Québec. D'ailleurs,
ses clients, les entrepreneurs, reconnaissent
la qualité des services de ses employés en leur accordant année après année des
taux de satisfaction excédant largement
les 90 %. L'indépendance des fonctions a permis à Investissement Québec de
se forger une notoriété enviable dans
le marché financier québécois. Comment préserver cette indépendance au sein de
la nouvelle structure? Comment pouvez-vous, Mme la ministre, nous
assurer de l'indépendance entre la fonction économique et la fonction
politique? Comment pourrez-vous concilier la
volonté de faire aboutir un projet sur un territoire et la logique économique?
Comment pourrons-nous, à la fois, être promoteurs et principaux bailleurs de
fonds?
La deuxième
culture, maintenant, est celle des conseillères et conseillers de l'ancien
ministère du Développement économique,
de l'Innovation et de l'Exportation qui seront transférés. Ce sont des accompagnateurs
d'entreprises en matière de
services-conseils. Ceux-ci ont développé une certaine aptitude à déceler, à
reconnaître et à appuyer le grand potentiel et les qualités souvent peu
apparentes ou informelles des entrepreneurs. Ils font de l'accompagnement
conseil, aident aux opérations des
entreprises, mais ne font pas de démarrage comme tel. Parmi les différences
importantes, mentionnons la méthode d'approche des entreprises, le
démarchage, le temps consacré aux projets et à la taille des entreprises, le
tout nécessitant des compétences distinctes.
Notre troisième réserve, maintenant, porte sur
la capacité de la Banque de développement économique du Québec d'agir comme guichet unifié, tel que souhaité par la ministre. La
BDEQ constituera-t-elle vraiment un guichet unique regroupant sous un
même toit les services d'aide aux entreprises offerts par le gouvernement du
Québec en oeuvrant en concertation avec les
organismes des autres paliers de gouvernement ainsi qu'avec ceux du secteur
privé? De nombreux éléments devront faire l'objet
d'une coordination, par exemple : le soutien à l'internationalisation du
ministère des Relations internationales pour
les entreprises de la Francophonie et du commerce extérieur; le soutien à
l'innovation du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la
Science et de la Technologie; le soutien sectoriel, par exemple, dans divers
ministères, par exemple le MAPAQ dans le secteur de la transformation et de la
distribution alimentaire; le soutien au développement régional.
En plus des
centres locaux de développement, les CLD, il faudra coordonner l'ensemble des
autres acteurs locaux comme les services d'aide au développement des
collectivités, les centres d'aide aux entreprises, deux organismes oeuvrant dans le démarrage et relevant du
gouvernement fédéral, la concertation avec les intervenants du secteur
privé et, dernier exemple, la
complémentarité des outils en matière de soutien au développement économique,
soit les mesures d'aide indirecte aux entreprises, c'est-à-dire les
mesures fiscales.
La volonté
sous-jacente au projet de loi de simplifier la vie des entrepreneurs en offrant
un service d'accompagnementest tout
à fait louable, mais nous croyons que son succès n'est pas tributaire des
structures, il relève plutôt d'une volonté des acteurs. Une coordination
bien structurée est souvent plus efficace que le mariage forcé des
organisations.
La future
BDEQ fonctionnera dans une logique selon laquelle elle doit répondre à la
demande de l'ensemble des entreprises québécoises. Ce sera donc à la
future politique économique et industrielle de planifier le développement
économique, c'est-à-dire de choisir les créneaux et les secteurs à prioriser,
tout comme en ce qui concerne le type d'entreprise,
c'est-à-dire la taille, l'intensité technologique, pour maximiser l'effet de
levier des interventions, car on ne peut, malheureusement, pas plaire à
tout le monde.
Les professionnels d'Investissement Québec et
ceux de l'ancien MDEIE sont présents dans toutes les régions administratives du
Québec et, dans certains cas, ils y ont des racines profondes. Année après
année, par des gestes méthodiques, rigoureux
et transparents, ces professionnels ont bâti des relations privilégiées avec
les entrepreneurs de toutes les régions du Québec. D'ailleurs, ils
collaborent étroitement avec plusieurs partenaires tels les institutions financières, les firmes comptables et les CLD de
toutes les MRC du Québec afin d'être présents dès l'amorçage d'un projet
d'entreprise. Il serait très pertinent d'avoir
le plus rapidement possible toutes les précisions nécessaires pour
comprendre comment tout cela fonctionnera.
Les meilleures façons de faire seraient que la BDEQ harmonise d'abord ses
orientations et ses politiques avec ses
activités. À ce propos, les conseillers de l'ancien MDEIE nous disent vouloir
continuer à jouer leur rôle d'accompagnateurs et de conseillers au
développement économique auprès des entreprises.
Par ailleurs,
comme la ministre responsable de la politique économique et industrielle et de
la BDEQ mentionne souvent que la
nouvelle politique viendra préciser plusieurs éléments concernant les
orientations, les priorités structurelles et fonctionnelles de celle-ci, etc., il aurait été beaucoup plus simple
pour tout le monde que le gouvernement diffuse la nouvelle politique
économique et industrielle en même temps que le dépôt du projet de loi de la
BDEQ. Cette façon de faire aurait permis de répondre à plusieurs de nos
questions.
Je conclurai
en vous disant que le principe de simplification du développement économique
est louable. Cependant, nous croyons que son succès n'est pas tributaire
des structures, mais relève plutôt d'une volonté des acteurs. Une coordination
bien structurée est souvent plus efficace que, comme je le répète, le mariage
forcé d'organisations de cultures différentes. Je vous remercie, M. le
Président.
Le
Président (M. Leclair) :
Merci beaucoup, M. Perron. Je reconnais maintenant le groupe ministériel pour
une période de 16 minutes. Alors, Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Zakaïb : Merci, M. le
Président. Bonjour, MM. Perron, Lajoie, Riopel, Girard. Merci de vous être
déplacés. Merci pour votre mémoire. Tout d'abord,
je suis consternée de savoir que... En fait, je sais depuis quelques mois que,
depuis quatre ans, la convention collective traîne, que la convention est échue
depuis quatre ans. Je viens d'un milieu où les relations de travail sont importantes, et soyez assurés que le mandat a
été donné à Investissement Québec de négocier. Et soyez également
assurés que, lorsque nous créerons la Banque de développement économique du
Québec, ça ne prendra pas quatre ans et que l'intégration des ressources va se
faire avec respect des travailleurs, avec respect des conventions collectives, avec respect des relations de travail parce
que, selon moi, les relations de travail sont au centre de la réussite,
sont au centre de la motivation. Et, je suis d'accord avec vous, on a un enjeu
de taille, mais on va le relever puis on va le faire en harmonisation.
Maintenant,
je comprends que vous ayez des réserves, chat échaudé craint l'eau froide. Je
comprends ça, mais je suis d'opinion
que le jeu en vaut la chandelle, que la solution que nous allons apporter va
être bénéfique pour le Québec, va être
bénéfique pour les entrepreneurs. Et je pense qu'il y a lieu de le faire, mais
de le faire dans le respect et de le faire dans le respect des gens,
dans le respect des conventions collectives, dans le respect des droits des
travailleurs et de leurs conditions de travail.
Maintenant,
je comprends qu'une fois qu'on a dit ça vous nous dites : Écoutez, on
pourrait harmoniser sans le faire.
Écoutez, ça ne fonctionne pas, il faut qu'on fasse plus. Il faut qu'on fasse
plus parce que c'est devenu très difficile pour les entrepreneurs au
Québec, très difficile de financer des projets, et on veut également avoir un
impact sur le développement économique. On
veut être pas en réaction, on veut être en action dans chacune des régions du
Québec. Et, je suis d'accord avec vous, on a
des professionnels de qualité, de très grande qualité au ministère et chez
Investissement Québec, et on veut que ces
professionnels-là travaillent à établir un plan de développement économique
pour le Québec, pour chacune des régions, travaillent de façon proactive
dans chacune des régions.
Maintenant,
je suis très sensible à vos remarques et je peux vous assurer que nous allons
travailler pour faire en sorte que ça
ne prenne pas quatre ans. Et je suis également très consciente… je suis
assurée, avec le professionnalisme de vos
gens, que, malgré le fait qu'on va brasser les structures, ils vont continuer
de rendre des services comme ils l'ont fait lors de la fusion entre SGF et Investissement Québec. Et je sais que,
malgré que ça a été difficile, malgré que ce n'est même pas encore
réglé, cette histoire de fusion là, puis qu'il reste encore des choses à
régler, les gens ont continué de faire le travail et ils l'ont fait avec
professionnalisme, et je suis convaincue que ça va se faire pendant la
prochaine fusion.
Maintenant,
selon moi, ce qui va en résulter va amener à faciliter la vie des
entrepreneurs, et on va le faire — encore
une fois, je le répète — dans
le respect des gens, dans le respect des conventions collectives, et vous ne
verrez plus ça, des choses traîner pendant quatre ans, comme on l'a fait
à venir jusqu'à maintenant. Et, hier ou avant-hier, mon collègue de Louis-Hébert disait que j'étais le boss d'Investissement
Québec, je ne suis pas vraiment le boss d'Investissement Québec. Parce
que, si j'étais le boss d'Investissement Québec, on ne serait pas là aujourd'hui
à vous dire que ça traîne depuis quatre ans. Mais soyez assurés que, lors de la
prochaine fusion, ça ne se fera pas comme ça s'est fait la dernière fois. Et,
là-dessus, je n'ai pas de question.
• (11 h 10) •
Le Président (M. Leclair) : Merci,
Mme la ministre. Alors, je...
Mme Proulx (Sainte-Rose) : ...
Le
Président (M. Leclair) :
Oui, il reste toujours quelques minutes. Alors, si la députée de Sainte-Rose a
des questions, la parole est à vous.
Mme Proulx
(Sainte-Rose): Merci, M. le Président. Alors, bonjour,
messieurs. Ça me fait plaisir de vous saluer. Écoutez, je dispose de
combien de temps, M. le Président, à peu près? Quelques minutes?
Le Président (M. Leclair) : Environ
10 minutes.
Mme Proulx
(Sainte-Rose): D'accord.
M. Hamad : …le président veut
commenter les propos de la ministre, peut-être.
Le Président
(M. Leclair) : Bien,
sûrement qu'il aura le temps de commenter. Suite à la question de la
députée de Sainte-Rose, il pourra prendre la parole. Alors, Mme la députée de
Sainte-Rose, je vous...
Mme Proulx
(Sainte-Rose): Merci, M. le Président. Alors, écoutez, moi
aussi, je veux vous dire à quel point je suis très sensible à ce que
vous avez vécu. Puisque ça transparaît beaucoup dans votre mémoire, ça a
certainement été des moments très difficiles pour vous et pour l'ensemble de
vos membres. Mais, vous savez, je pense que c'est important d'apprendre de nos
erreurs du passé. Alors, je suis convaincue que vous avez certainement des
recommandations.
Pour vous
assurer et nous assurer qu'on ne répétera pas les mêmes erreurs, j'aimerais ça
que vous me parliez un peu plus de ce
qui n'a pas fonctionné, qu'est-ce qu'on aurait pu faire autrement, il y a deux
ans, trois ans, quatre ans, pour, d'une part, nous assurer d'installer
un climat de travail sain, d'avoir des relations de travail de qualité. Qu'est-ce
qui n'a pas été fait?
Qu'est-ce qui aurait dû être fait? Et quelles seraient vos recommandations pour
ne pas répéter ces mêmes erreurs et
pour pouvoir aller vers une intégration harmonieuse d'Investissement Québec et
des bureaux régionaux et faire en sorte que l'expertise de tous vos
membres soit utilisée de la bonne façon?
Le Président (M. Leclair) : Merci,
Mme la députée de Sainte-Rose. Alors, M. Perron.
M. Perron (Richard) : Bien, écoutez,
j'osais espérer que notre présence ici puis notre dénonciation de cette situation inacceptable qui a mené au vote massif
du mandat de grève puissent faire bouger les choses. On m'apprenait ce
matin que, bien, soudainement, la partie patronale... Il était paradoxal, hein,
de voir que, la journée où vous avez annoncé
la création... à peu près en même temps, là, où vous avez annoncé la création
de la Banque de développement économique,
au même moment, nos représentants syndicaux, à la table de négociation, se
faisaient dire par les représentants patronaux d'Investissement Québec
qu'ils n'avaient toujours pas de mandat de négocier. Pas de mandat de négocier,
là, après quatre années sans contrat de travail valide.
C'est donc de la musique à mes oreilles d'entendre
vos engagements, votre sensibilité. Je dois dire, Mme la ministre, que j'étais un peu inquiet quand les
journalistes m'ont appelé suite au vote du mandat de grève et que j'ai
pu constater, dans le même article de journal où j'étais cité, que vous disiez
que vous ne voulez pas vous en mêler puis vous
laissiez le soin à Investissement Québec de régler cette histoire de conflit de
travail. Je pense que vos prises de position, votre sensibilisation,
votre intérêt à faire en sorte que ça fonctionne...
Parce qu'ici
on parle, là, de structures. Mais les structures, là — que ce soit à l'Assemblée nationale, en
commission parlementaire — d'un
gouvernement, en relations internationales, en relations de travail, c'est
toujours tributaire des êtres humains qui
les font fonctionner. Et ces êtres humains là, nos membres, en l'occurrence,
qui sont très importants pour le
succès d'une telle entreprise, doivent être motivés, doivent être prêts à
donner leur plein potentiel. Et ça, ça ne se fait pas dans le cadre du type de gestion qu'a exercé Investissement
Québec depuis deux ans, depuis la fusion avec la SGF.
On est
passés, là, du statut d'employeur exemplaire à Investissement Québec, où les
relations de travail étaient harmonieuses...
On n'avait pas de griefs, tout allait bien. C'est une machine bien huilée, qui fonctionnait
bien, et nous, on le donnait en
exemple aux autres institutions parapubliques, ou organismes, ou ministères.
Donc, on est passés de ce statut-là en deux ans au statut du pire
employeur, où tout doit se régler par confrontation, par griefs, où toute
demande est rejetée, où le syndicat est
passé de partenaire à obstacle à éviter, à contourner ou même à abattre. Et,
donc, ça prend une intervention politique. Et je pense que ce n'est pas
un hasard si, aujourd'hui même, là, notre partie syndicale nous dit que, ah!
finalement, après quatre ans, les représentants patronaux ont un mandat de
négocier.
Regardez, qu'est-ce
que vous auriez pu faire? Je vous présente — une image vaut mille mots, O.K. — l'organigramme, ici, de mars 2011, O.K., où on avait 37
boîtes dans l'organigramme pour 408 professionnels; celui du 31 mars 2012, où on est passé à 50 boîtes après 12 mois
pour 452 professionnels; pour aboutir à celui de mars 2013, le plus
récent, où on est à 56 boîtes pour toujours
56 professionnels... c'est-à-dire pour 450 professionnels, 56 boîtes pour 450
professionnels. On s'est plus
préoccupé des structures, de pouvoir implanter une logique de gestion des
relations de travail qui était à la SGF par de généreux programmes de
primes de départ des cadres d'Investissement Québec, qui avaient des bonnes relations avec les professionnels, et je pense que
le gouvernement, la ministre responsable ne peut se déresponsabiliser,
doit s'impliquer pour s'assurer… lancer un message clair à ceux qui dirigent,
ceux qui gèrent les relations de travail à
Investissement Québec, que les professionnels doivent être motivés et respectés
pour être capables de donner leur plein potentiel et faire en sorte,
comme tous le souhaitent, que cette nouvelle Banque de développement économique
là soit un succès, puisque vous avez décidé de la créer.
Maintenant,
je laisserai peut-être le soin à notre représentant, ici, qui a suivi la saga
que vous avez en annexedepuis deux
ans, et à notre membre le soin de peut-être compléter mes informations sur...
Vous savez, des recommandations… Vous me demandiez qu'est-ce qu'on
pourrait faire. Il y en a une recommandation qui est assez simple, et je l'ai
mentionnée, là. C'est d'ajouter des articles de loi qui vont nous assurer que
les professionnels vont continuer à être représentés par leur accréditation et
que les conventions collectives applicables vont continuer de s'appliquer.
Donc, textuellement, on vous a même proposé
des textes de loi, des articles à ajouter. Donc, ce serait la première chose à
faire parce qu'un des grands problèmes qu'on
a eus dans la fusion SGF-Investissement Québec est directement lié à ça.
Vous l'avez fait pour l'Agence de revenu du Québec, le gouvernement précédent l'a
fait, vous pouvez le faire pour cet organisme-là.
En voilà une, recommandation. Mais je laisserai le soin à ceux qui sont très
collés à cette réalité-là depuis des années de répondre.
Le
Président (M. Leclair) :
Merci beaucoup, M. Perron. Je vais maintenant céder la parole à Mme la ministre.
Mme Zakaïb : Juste un petit point avant que... parce qu'après
je vais être coupée puis je n'aurai plus de temps. Ça fait que je ne pourrai pas vous le dire, là. Je
veux que vous sachiez que, quand un journaliste me pose une question,
là, je ne veux pas négocier une convention collective sur la place publique, c'est
à Investissement Québec de négocier sa convention collective. Maintenant,
immédiatement quand j'ai su ce qui se passait, j'ai donné le mandat de négocier
à Investissement Québec. Et je veux que vous
sachiez que je n'ai jamais été dans une organisation où les gens n'étaient
pas respectés, que les conditions de travail n'étaient pas respectées, et je
suis en total désaccord avec la façon dont les choses sont gérées présentement.
Maintenant, une culture, ça prend du temps à
changer. Puis, quand on va mettre tout ça ensemble, on va amener une culture différente, une culture de
développement économique et, j'espère, une culture de respect. Et c'est
dans ce sens-là qu'on va intervenir, et je peux vous assurer que, quand on va
procéder à la fusion, on va le faire avec des gens qui sont dans le respect des conditions de
travail. Souvent, c'est les gens qui font la différence, et ça provient de
là. Et on est à une étape très préliminaire,
là, puis je veux que vous sachiez, encore une fois, que je respecte beaucoup le
travail... Écoutez, pendant 20 ans, j'ai travaillé avec des gens d'Investissement
Québec. Je n'étais pas chez Investissement Québec,
mais je travaillais avec les gens, je connais le professionnalisme. Sauf qu'ils
travaillaient avec un certain mandat, puis
là on va changer le mandat. Mais je veux que tout le monde sache que je
reconnais le travail, le professionnalisme des gens autant au ministère
que chez Investissement Québec. Et c'est pour ça que je crois que ça va être
faisable de créer la Banque de développement
économique avec le mandat qu'on lui donne, et je pense que ça va être un mandat
qui va être porteur. C'est une vision pour
le Québec, et je pense que ça va mobiliser les gens parce qu'ils vont faire
beaucoup… Je pense que le travail... C'est vrai que ça prend des bonnes
conditions de travail pour être motivé, mais ça prend une vision. Il faut avoir l'impression qu'on travaille
pour changer des choses puis un travail positif. Et je pense que ce qu'on
offre comme vision, c'est porteur.
Ça fait que je vais laisser quand même monsieur,
maintenant, répondre à la question de ma collègue.
Le Président (M. Leclair) : Alors,
merci, Mme la ministre. Alors, je reconnais maintenant M. Girard?
Une voix : M. Lajoie, en fait.
• (11 h 20) •
M. Perron
(Richard) : Juste un
instant. Je voulais vous dire, là, que ce que vous me dites là, c'est ce que
j'espérais que vous puissiez dire ce matin, c'est de la musique à mes oreilles.
Sachez qu'on va être très attentifs à l'évolution future de la gestion des relations de travail de nos membres concernés,
de leur capacité de s'impliquer dans les comités de transition, de voir
la partie syndicale respectée. On va être très attentifs à ça et on saura vous
rendre hommage si intervention aura pu permettre de changer cette culture de
gestion des relations de travail qui est très néfaste pour le travail de nos
professionnels. Donc, je...
Le Président (M. Leclair) :
…M. Perron. Alors, M. Lajoie.
M. Lajoie (Jacques) : Merci. Je vais
répondre à vos questions, que je trouve fort intéressantes, comment on procède dans une fusion pour que ça fonctionne
bien. J'ai la chance d'avoir, au cours des 15 dernières années,
collaboré à la fusion dans le cas, par exemple, de la Commission des valeurs
mobilières, qui est devenue l'Autorité des marchés financiers, où on fusionnait cinq organismes. Donc, je représentais à
titre de conseiller dès 98 la CVMQ, j'ai vécu ces fusions-là. Également, plus récemment, la fusion
de la Société immobilière du Québec avec la Corporation d'hébergement du Québec. C'est également une de mes unités
depuis 98 également, depuis que je suis au SPGQ. Et il y en a une autre
qui se prépare avec Infrastructure Québec,
toujours avec la Société immobilière du Québec. Il y a des expériences à tirer
de ça et... Puis, après ça, je vais réagir peut-être aux propos de la ministre
si vous le voulez bien.
Mais ce n'est
pas compliqué, hein? Les fusions, ça se fait dans l'harmonie, au-delà des
projets de loi, là, des articles clairs qui ne donnent pas lieu à de l'interprétation
ou au moins grand nombre possible d'interprétations devant la Commission des
relations de travail. C'est simple, le gouvernement, législateur, que ce soit d'un
gouvernement ou l'autre, l'a généralement fait dans les différents projets de
loi qui ont créé des fusions ou qui ont suscité des fusions. Ça, c'est un
premier... on a des recommandations écrites qui sont dans le mémoire.
L'autre volet,
il est relativement simple, honnêtement, sur le plan théorique, et, en
pratique, ça se fait bien aussi. Lorsqu'on intègre deux groupes, on n'a
pas des tonnes d'affaires à vérifier, hein? Les rémunérations sont souvent différentes. Il faut se préoccuper de qu'est-ce qu'on
fait avec ce qu'on appelle communément l'ancienneté ou le service des gens. S'il y a des banques de vacances qui sont
différentes, des régimes d'assurance maladie, on s'assoit, employeurs,
syndicats, syndicats de l'autre unité qui est représentée si c'est un syndicat
différent. Quand c'est les deux, le SPGQ, ça
va bien, on n'est pas trop en train de se chicaner entre nous autres. Mais ça
arrive que c'est d'autres syndicats, comme dans le cas de l'Autorité des marchés financiers. Donc, on s'assoit,
tout le monde ensemble, et on détermine... Et on le fait un peu d'avance. Même avant que la nouvelle
organisation soit officiellement en place, on assoit les interlocuteurs et
on le fait de façon tout à fait informelle,
on n'a pas de cadre légal pour ça, et on regarde... Bon, on regarde la liste
des emplois qu'il y a dans les
différents organismes. Il y en a où, en peu de temps... Quand je dis peu de
temps, là, une demi-journée, on est capables, par simple appareillement,
dire : Ça, c'est comme ça; ça, c'est comme ça. Les autres qui sont
différents, qui n'existaient pas dans une organisation, on les prend... On a
tous des plans d'évaluation des emplois suite à la Loi sur l'équité salariale,
qui a obligé les employeurs...
En fait, a des outils de mesure que tout le
monde maîtrise dans chacune des organisations, autant du côté patronal que
syndical. On prend la même règle et on les mesure, ceux qu'on ne connaît pas et
qui arrivent. Ce n'est pas compliqué, on les mesure tous puis on regarde dans
quelles échelles ils devraient être intégrés. Il nous reste à déterminer : Est-ce qu'on les met échelon
pour échelon, maximum, maximum... des détails techniques qui sont
facilement réglables. L'ancienneté, on la reconnaît généralement à 100 %.
C'est d'une simplicité... Ça s'est fait dans le cadre d'une fusion avec cinq organismes pour créer l'Autorité des marchés
financiers, ça s'est fait dans l'harmonie, juste un petit bout sous le
comité de transition où ça a été pénible. On s'est juste assis, puis on a
attendu que ça finisse, puis, après ça, on a repris nos démarches. L'ACIQ,
quelques petits accrochages également, mais ça s'est fait quand même dans l'harmonie,
et on est prêts à une deuxième fusion après à peine un an.
Dans le cas
de la fusion avec l'ex-SGF, ça a pris, comme c'est écrit dans le mémoire... Mme
la ministre disait à juste titre que
c'est une question d'individus. Du côté syndical, il n'y a pas eu de
changements. Je suis là depuis 1998. Ce n'est pas compliqué, nos
relations de travail — je
vais y aller le plus brièvement possible — ça a été un charme, sauf une année où il y a eu
une série de griefs qui ont été faits, mais ça ressemblait plus à une pétition
qu'à une série de griefs, ça ne s'est jamais rendu en arbitrage et ça s'est
réglé tout de suite. Les griefs qui ont été pointés en arbitrage, en
14 ans, depuis 1998, ils se comptent sur les doigts d'une seule main, une
main pour 200 professionnels.
Les relations
de travail, on fait de la prévention, mais c'est une question d'individus. La
culture de l'entreprise, c'est une
question d'individus. Puis je ne vous parle pas d'un président-directeur
général, je vous parle des plus proches collaborateurs de ces gens-là qui inculquent à l'organisation une espèce
de culture. Donc, pourquoi ça a dérapé cette fois-ci? Un simple regard
sur les organigrammes. Je vous invite juste... J'aurais voulu les produire, il
était trop tard hier soir. Prenez l'organigramme
qui est au rapport annuel — il n'y a rien de plus officiel — d'Investissement Québec, prenez celui
de 2009‑2010, 2010‑2011, vous allez voir qu'il
y a une vice-présidence ressources humaines, il n'y a même pas de
directeur des ressources humaines. Quand on parle puis qu'on se téléphone pour
régler des cas en prévention, on parle au vice-président ressources humaines : Salut, Rodrigue, c'est Jacques...
Et l'inverse est aussi vrai. On se rencontre au moins une fois par mois, puis plus souvent que ça si besoin
est. On fait nos comptes rendus de façon conjointe en dedans de 48
heures. Ce n'est pas qu'on n'a pas de
problèmes, on les règle rapidement. Lorsqu'on a eu quelques différends au fil
des années, on s'est entendus. Bien,
regarde, on ne s'entend pas, puis on va aller devant un arbitre. On va devant
un arbitre, il n'y a pas de niaisage, il n'y a pas de taponnage. On est
là, on fait nos présentations, on fait nos témoignages. On ne demande pas des
remises, on ne joue pas au chat et à la souris, Et, en l'espace d'une seule
journée, le litige est tranché, puis on vit avec la décision. C'est ce qui se
fait généralement dans toutes les unités où j'ai travaillé depuis 20 ans.
Là, la seule
conjonction qu'on a d'événements, elle est malheureuse, puis peut-être qu'elle
ne se reproduira jamais. Mais, dans
ce cas-ci, on a eu un programme de départs assistés. Puis, il me reste à peu
près une minute, pas plus, pour vous expliquer l'ensemble de la patente,
je vois que peut-être... Mais on a le vice-président ressources humaines qui a quitté lors du programme de départs volontaires.
On a également son patron à lui qui a quitté en même temps, à la même époque. Les deux postes se sont libérés, et on se
rend compte que c'était 99 % de la culture de l'organisation qu'on a
bâtie et entretenue minutieusement pendant 14 ans qui venait de disparaître. On
a vu l'apparition... Vous regarderez les organigrammes
encore une fois, vous allez voir qui a occupé les postes. Au-delà des
individus, ce sont tous des gens qui venaient
de l'ex-SGF. Ce n'est pas un hasard, c'est une autre culture. C'est une culture
plus d'entreprise privée qui... Mêlez-vous
pas de nos affaires, vous autres, le gouvernement. On fait ce qu'on a à faire,
puis mêlez-vous pas de nos affaires. Un syndicat, écoute, ça ne peut pas
exister dans le milieu financier, puis encore moins dans le milieu des
professionnels. Donc, ça a été instantané,
mais il y a une conjonction là qui ne s'était pas produite dans mes 20
dernières années, là. Mais ça a donné
ça, là, les astres étant enlignés pour que ça se produise comme ça. Et ça, ça
doit changer, et il n'y a pas 26 façons de changer ça.
En terminant, je veux juste vous rassurer, les
troupes sur le plancher, en tout cas les gens que je représente... Je n'ai jamais vu une organisation, dans les 14
premières années, où ces gens-là étaient comme... C'est comme une famille.
Les gens étaient heureux de travailler et
fiers de travailler à Investissement Québec. Là, ça marche la falle basse.
C'est vrai, Mme la ministre, qu'ils livrent
le service, hein, ils sont à la clientèle. Tu ne peux pas niaiser ta clientèle.
Mais le caquet est plus bas, les gens
ont les oreilles basses, puis ils se disent : Bon sang! comment ça se fait
que notre organisation vient d'être transformée à ce point-là? Est-ce qu'on
va s'en sortir un jour? Puis, je ne suis pas dans la négociation de la convention
collective, on est dans autre chose. J'arrête là.
Le Président (M. Leclair) : Merci
beaucoup, M. Lajoie. Je donne maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Zakaïb : Il me reste combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Leclair) :
Quasiment deux jours… Trois minutes, Mme la ministre.
Mme
Zakaïb : Je comprends de
votre intervention qu'une fusion, c'est faisable si les personnes veulent que
ça se fasse, que ça se fasse dans le
respect. Vous me dites : C'est simple, on prend les descriptions, puis je
suis d'accord avec vous, j'en ai fait, des processus d'équité salariale.
Maintenant, quand on a passé à travers ce processus-là, tous les emplois, il y a des systèmes de pointage. Ça fait
que c'est facile... Bien, c'est facile… Il faut prendre le temps. Puis,
quand les gens sont de bonne volonté, c'est
faisable. Puis, quand on enlève cette portion-là de la structure puis des
évaluations d'emplois de côté, on est capables après, une fois qu'on a réglé
ça, de mettre les gens à travailler ensemble. Puis je suis d'accord avec vous
que des organisations qui multiplient les étapes de gestionnaires, là, ça fait
en sorte que les employés se sentent loin du centre décisionnel, puis il faut
essayer d'aplatir un peu nos structures pour qu'il y ait moins de paliers. Ça
fait en sorte aussi que les gens se sentent plus partie prenante des décisions
puis également de la vision de l'entreprise.
Je
comprends les difficultés qui peuvent venir. Mais, encore une fois, je pense
que c'est faisable, vous l'avez fait dans
d'autres organisations. Celle-là a été difficile, on a vécu une expérience
difficile. Mais, si on met les bonnes personnes, si on s'y prend d'avance... Parce que, d'après moi, on va voir comment
ça se passe avec le projet de loi, là, mais, une fois qu'on saura si ce
projet de loi là a des chances d'être adopté, on peut former des comités de
travail pendant... Parce qu'on n'ouvrira
pas… Je vous ai dit, je l'ai dit à d'autres, puis je pense, vous l'avez
entendu, là, on va déposer la politique industrielle avant d'ouvrir la
Banque de développement. Mais on pense les ouvrir à l'automne si tout est
possible. D'ici là, on peut travailler à
mettre ça en place pour que, le jour où on se dit : On a la Banque de
développement, on n'a pas besoin de retravailler ça, c'est fait d'avance,
c'est fait en amont, puis là on a intégré les gens. Puis, la politique, la première politique, je pense que c'est important
que les gens l'aient aussi d'avance, la politique que le conseild'administration va se doter. Ça prend une
politique de gestion de risque, ça prend également une politique d'investissement.
Tout ça, ça peut être
travaillé en amont, puis, le jour où on dit : On ouvre la banque, bien, on
sait à quoi s'attendre puis on peut
les travailler ensemble. C'est ça qui va nous permettre d'avancer, c'est qu'on
le travaille ensemble. Que les gens, que vos syndiqués soient partie prenante des tables de bureaux... les tables
de travail de transition, je pense que ça va assurer un meilleur succès.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Leclair) : Merci, Mme la ministre. Alors, c'est tout le
temps que nous avions pour cet échange. Je cède maintenant la parole au
porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement économique,
le député de Louis-Hébert, pour une période de 20 min 48 s. M.
le député, la parole est à vous.
M. Hamad :
Merci, M. le Président. Nous, on a moins de temps que le gouvernement. Alors j'apprécierais,
si on est capable... Puis, de toute façon, êtes tellement clairs, vous n'avez
pas besoin de faire une grande démonstration dans vos réponses.
M.
Perron, M. Lajoie, M. Riopel, M. Girard, bienvenue. Et je suis très
impressionné, mais je ne suis pas surpris. Très impressionné de la
qualité de votre mémoire, mais je ne suis pas surpris parce que, pour avoir
côtoyé les gens d'Investissement Québec,
pour avoir côtoyé les professionnels au gouvernement du Québec, je n'ai jamais
eu de doute sur la compétence et la
qualité que nous avons et j'ai toujours dit — et, je me souviens, M. Charest le disait
aussi : On a une très bonne fonction publique, puis Investissement
Québec, c'est des gens très, très professionnels. Alors, s'il vous plaît, transmettez ce message-là au nom de notre parti.
On a toujours respecté, on a toujours... En tout cas, moi,
personnellement, pour avoir occupé cinq ministères et côtoyé les gens d'Investissement
Québec et d'autres... 22 organismes d'État et sociétés
d'État, j'ai toujours vu que c'est des gens compétents. Et, en fait... Puis je
disais aux gens : Ces professionnels-là, ils ont étudié à la même université que le privé. Ce n'est pas parce que
tu es parti là, tu as un lavage de cerveau en rentrant au gouvernement
ou au privé. Tu as le même bac, tu as le même professeur puis tu as la même
formation, des défis différents, complètement différents.
Ceci
étant dit, votre mémoire est très clair, est très clair, c'est une belle
structure. J'ai aimé ça parce que vous avez adressé tous les points. Et,
il y a plein de groupes qui sont venus avant vous, ils prenaient un point.
Évidemment, leur intérêt était dans un...
mais vous, vous avez fait le portrait global. Et vous avez dépassé votre
mission comme syndicat, mais vous
êtes allés plus large que l'ensemble, comme un gestionnaire. Vous vous êtes mis
à la place du gouvernement, vous avez
dit... pour la première fois, de dire : Si je suis le gouvernement puis je
dois faire cette fusion-là pour créer la banque, comment ça va arriver?
Vous l'avez fait.
Juste
vous rappeler que la première ministre, la boss du gouvernement, elle a dit le
23 avril : «La banque intégrera donc Investissement Québec, de même
que les fonctionnaires du Développement économique, éliminant ainsi un ministère.» Ça, c'est déclaration de la première
ministre, et publique, là, ce n'est pas... Alors, elle, dans sa tête, là,
elle élimine le ministère. Alors, voilà, juste que vous sachiez...
Probablement, vous l'avez vu dans les revues de presse...
Une voix :
…
M. Hamad :
Ce n'est pas vrai? Bien, c'est écrit, M. le Président.
Une voix :
...
M. Hamad :
Bien là…
Le Président (M.
Leclair) : S'il vous plaît.
M. Hamad :
Je vais le lire encore une fois pour être sûr que j'ai bien lu.
Mme Zakaïb :
...
Le Président (M.
Leclair) : Mme la ministre.
M. Hamad :
«La banque intégrera donc Investissement Québec, de même que les fonctionnaire
du Développement économique,
éliminant ainsi un ministère. La banque n'est donc pas une structure de plus,
mais un regroupement, et même des structures de moins. Ça facilitera la
vie des entreprises et des entrepreneurs…» On va faire une copie, donner ça
pour la connaissance de la ministre, elle n'a pas l'air au courant.
Je
reviens à notre point. Le point important, vous savez, selon la première
ministre, on va éliminer le ministère. Mettons, elle n'a pas raison,
peut-être que la ministre a plus raison que sa première ministre, là il va y
avoir une convention collective des
développements économiques, des gens qui travaillent au gouvernement. Et vous
avez, mettons, convention collective…
peut-être elle est faite, peut-être elle ne sera pas négociée. Là, vous avez
deux... là, vous finissez une convention collective, vous allez
recommencer une parce que l'arrivée des nouveaux, ça crée un autre défi pour la
convention collective. J'aimerais avoir votre opinion là-dessus.
Le Président (M.
Leclair) : Alors, M. Perron, la parole est à vous.
M. Perron
(Richard) : Bien, écoutez, on apprécie beaucoup, beaucoup vos
commentaires sur la qualité du travail rendu par nos professionnels. On avait
bien noté les propos du premier ministre sortant, M. Charest, lorsqu'il avait rendu hommage à la qualité de la fonction publique.
Malheureusement, aucune ligne dans le journal n'avait rapporté cette conclusion très importante quand il a dit : Je veux
rendre... je veux dire, rendre un service à la population québécoise, leur dire à quel point ils ont une
fonction publique compétente et de qualité. Aucun journal, aucun média n'a
rapporté ça. Quand la première ministre l'a
dit à peu près dans les mêmes mots dans son discours inaugural lorsqu'elle
a nommé son premier Conseil des ministres,
ça aussi, ça n'a pas été rapporté dans aucun journal. Maintenant, vous
êtes bien placés, vous, les députés,
ministres, politiciens, pour dire à vos dirigeants d'organisme, de ministère,
aux cadres que nos professionnels
méritent d'être respectés et que leurs représentants syndicaux méritent d'être
vus comme des partenaires, et non
comme des adversaires. Donc, ce que vous me dites, c'est de la musique à nos
oreilles. Maintenant, il faut que ça se traduise dans la réalité. Le cas d'Investissement Québec sera un cas
auquel nous serons très attentifs. Donc, je vous remercie.
Vous
dites qu'on a dépassé notre mission comme syndicat. Nous, là, au Syndicat des
professionnels dugouvernement du
Québec, on représente des gens qui sont dans des endroits stratégiques partout
et qui sont très bien placés pour
être les garants de l'intégrité et de la qualité des services publics. Tous nos
membres sont mus — et
vous avez pu le constater dans vos
relations de politiciens — par
un grand dévouement pour l'intérêt et le service public. D'ailleurs, nos
conditions salariales, des professionnels au
gouvernement du Québec, sont en deçà de ce qu'on doit avoir sur le
marché du travail, et le Conseil du trésor doit engager 15 000 personnes
au cours des cinq prochaines années pour remplacer les 17 500 fonctionnaires qui partent à la retraite. Ce n'est pas avec
du vinaigre qu'on attire des mouches, et il va falloir, à un moment donné, que le gouvernement s'assoie et qu'il
reconsidère l'attraction ou la capacité des ministères et organismes d'attirer du personnel compétent pour redonner ou
préserver, à tout le moins, l'expertise des ministères et organismes
pour le bien du contribuable québécois.
Donc, notre mission,
elle n'est pas corporatiste, elle ne vise pas qu'à protéger nos employés. Parce
que, nos employés, ce qu'ils veulent, c'est
travailler. Vous parliez tout à l'heure, là, d'avenir, de vision, d'avoir le
sentiment d'être d'une entreprise qui
sert à la collectivité, qui sert, pour nos professionnels, à leurs parents,
amis, enfants pour l'avenir du Québec. Donc, on est très heureux de vous
entendre aborder de tels propos. Et, ne soyez pas surpris, nous, on a été élus depuis un an, là, et on s'est donné pour
mission d'aller sur la place publique pour être un agent de changement
et intervenir pour que la population comprenne bien leur intérêt à avoir une
fonction publique de qualité, compétente et, donc, respectée.
Ceci dit...
M. Hamad :
...convention collective, là, de...
M. Perron
(Richard) : C'est ça. Ceci dit, pour les deux conventions
collectives...
M. Hamad :
Mais rapidement parce que je n'ai pas beaucoup de temps, j'ai moins de temps
que le gouvernement. Alors, si vous voulez qu'on discute bien, j'apprécierais…
M. Perron
(Richard) : C'est ça. Je vous remercie. Puis c'est pour ça que je vais
passer la parole pour les conventions collectives, l'aspect plus technique.
Le Président (M.
Leclair) : Alors, M. Lajoie, la parole est à vous.
M. Lajoie (Jacques) : Merci. Je vais tenter d'être aussi clair que vous prétendez que nous le
sommes. Et merci. Les conventions collectives, vous avez tout à fait
raison. Dans les quatre entités qui vont composer la banque et ses filiales, s'il y a des gens qui sont versés dans
chacune de ces entités-là, il y a un endroit actuellement où il y a un
syndicat… en fait, il y en a deux :
tout le monde qui va venir de la fonction publique et les gens qui sont actuellement
à Investissement Québec qui, à ma
compréhension, vont devenir Développement économique du Québec. Donc, on peut
se retrouver et on va se retrouver,
avec le transfert des accréditations et des conventions collectives, avec, dans
un même employeur, un groupe représenté par le SPGQ, qui va avoir la
convention collective renouvelée ou pas — ça n'a pas d'importance, ça
continue à courir — d'Investissement
Québec actuelle, à côté une autre bulle complètement étanche avec une
convention collective fonction publique qui va être transférée avec le SPGQ
itou, mais ça pourrait être la CSN ou les travailleurs amalgamés du textile. Ça
fait deux syndicats pareil, avec deux conventions collectives, mais tout ce
monde-là est professionnel, travaille côte à côte dans les écrans de tapis.
Là
où la collaboration est importante et facilement trouvable, puis c'est
faisable, ça s'est fait ailleurs… Même
si les conventions ne sont pas échues ou ne sont pas renouvelées, on s'assoit,
on s'assure que les deux groupes, quels que soient leurs représentants
syndicaux, s'entendent sur qu'est-ce qui serait acceptable — évidemment,
avec l'employeur — pour dire : Comment on les intégrerait,
puis avec quelles conditions de travail? Ça peut se faire en une
demi-journée, comme ça peut prendre quelques séances. Mais, ce n'est pas
sorcier, les conventions collectives ne sont
pas si différentes que ça. Donc, on met fin… on en resigne une nouvelle, là. Le
Code du travail nous permet de faire ça. Tout le monde flushe ses affaires, puis on en fait une nouvelle ou on
décide que c'est la a qu'on utilise, et, les autres, on se présente à la
Commission des relations du travail, puis on dit : Pouvez-vous me flusher
ça, puis on l'embarque dans celle-là? Ça se fait, ça aussi.
M. Hamad :
Tout se fait, mais, des fois, peut se faire plus longtemps. Des fois, c'est
plus compliqué. Tu sais, on ne peut pas dire tout le temps...
M. Lajoie (Jacques) : Techniquement,
ils pourraient être côte à côte...
M. Hamad : Par
expérience...
M. Lajoie (Jacques) : ...et cheminer
côte à côte jusqu'à échéance.
M.
Hamad : Mais il y a des
complications. Je reviens à la page 4 de votre mémoire. Vous dites, à l'article
2.2: «Simplifier le soutien au développement
économique : une volonté louable…» En passant, là, il n'y a personne qui
est venu ici qui nous a dit qu'un guichet unique, c'est une mauvaise idée. Tout
le monde est d'accord, tout le monde est d'accord, puis vous aussi, puis nous
aussi, puis, je pense, nos collègues aussi à la CAQ. Cependant, il y a toujours
un «mais», en passant, tout le temps un
«mais». Même, il y a un sondage à la chambre de commerce des gens de la
région de Québec, ils ont dit : C'est
une bonne idée, mais... Mais le gouvernement, il a pris juste la première
phrase, il n'écoute pas après, ce qui
est le «mais» après. Il y a un «mais» tout le temps, puis, ce «mais»-là, ce qu'il
dit, «mais illusoire», ce que vous dites, là, dans votre mémoire.
Et, quand je
suis votre logique après qui est… Là, vous parlez de culture. Une culture, là,
ce n'est pas... L'être humain, ce n'est
pas une machine, hein? Ce n'est pas, malheureusement… Mais heureusement en même
temps parce que, donc, il y a des cultures. Là, vous m'avez parlé de la
culture entre la SGF puis Investissement Québec longtemps, puis c'est encore là, là. Et là on arrive avec des
directions régionales, des gens du ministère, on arrive avec tout le
monde. Puis les CLD, qui sont des portes d'entrée,
rappelez-vous de ça parce que le gouvernement dit : Quand les CLD sont
là, ils sont la porte d'entrée du MIC. Puis,
quand les CLD ne sont pas là, on fait une nuance. Mais les CLD sont là. Alors
là, là, ça va être un — vous
l'avez dit, je pense — choc
de cultures. J'ai entendu ça, dire il y a un choc de cultures. Donc, en
plus de la fusion, il y a un choc de cultures. Puis là, alors, comment... Juste
me décrire, là, votre choc de cultures que vous prévoyez arriver.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Leclair) : Merci,
M. le député. Alors, M. Perron.
M. Perron
(Richard) : Bien, écoutez,
brièvement, là, le choc de cultures, on a des gens d'Investissement
Québec qui ont joué un rôle traditionnel de
financiers, hein, étant soucieux de la bonne gestion des fonds publics qu'ils
engageaient, et donc où le facteur de risque
n'était pas la priorité numéro un. Et, parallèlement à ça, on a des gens de
Développement économique qui, eux, ont
développé un flair pour déceler le nouvel entrepreneur qui a tout le potentiel
de se développer — tel
que les entrepreneurs du Québec l'ont démontré, les Desjardins, les Bombardier,
et tout ça — d'aller
trouver les entrepreneurs qui, vraiment… et, donc, de prendre un risque en les
appuyant parce qu'ils ont développé cette fine connaissance. Donc, comment
arrimer ces deux cultures, une qui est dans la fonction publique et l'autre qui
ne l'était pas jusqu'à présent, c'est un grand défi.
Et c'est pour
ça que — vous
parliez d'êtres humains — pour régler ce défi-là, bien, il faut nommer les bonnes personnes, hein? Il le disait tout à l'heure, il n'y
a pas 56 façons de régler ça, il faut nommer les bonnes personnes qui
vont être capables d'avoir l'harmonie
nécessaire pour qu'il y ait une intégration qui soit harmonieuse, hein, d'aller
nommer des bonnes personnes, pas celles qui vont jouer aux toffes puis qui vont
mépriser et déconsidérer les syndicats, mais des gens qui vont être capables d'aller
chercher une adhésion chez des gens qui ont une culture très différente, nommer
les bonnes personnes.
M. Hamad : Une question, peut-être,
si j'ai du temps. Pensez-vous, tout ça va se faire à coût nul?
Le Président (M. Leclair) :
M. Perron.
M. Perron (Richard) : Bien, si on ne
passe pas, là, d'un organigramme à 40 boîtes à un organigramme à
56 boîtes, si on arrête de multiplier les boîtes, déjà ça va permettre d'éviter
un dépassement de coûts trop évident.
M. Hamad : Vraiment, avec tout le
monde qui vont arriver du ministère puis avec les services qu'on ajoute, qu'on
ne créera pas des nouvelles boîtes.
M. Perron (Richard) : Qu'on ne
créera pas quoi?
M. Hamad : Des nouvelles boîtes.
M. Perron (Richard) : Bien,
écoutez...
M. Hamad : Il y en a déjà de
prévues. Capital Émergence, c'est une nouvelle boite.
M. Perron
(Richard) : Oui. Oui, mais
est-ce qu'on va saisir l'opportunité d'en éliminer certaines qui ont été
créées à grand rythme depuis deux ans? Espérons-le.
M.
Hamad : Mais, à part des
boîtes, à part les boîtes, il y a plus que ça, là. Les conventions collectives,
si on les ajuste, on ne les ajuste pas à la baisse. Vous n'êtes pas là
pour nous dire : Pas de problème, on prend la convention collective la
moins généreuse, puis on va la prendre. On va monter les conventions
collectives, votre souhait, là. Ne venez pas
me dire qu'on va baisser, là. Donc, ça, il y a un coût, là. Et, quand je dis un
coût, c'est un bénéfice pour d'autres, mais il y a un coût quand même à la fin de
journée. Après ça, l'intégration, il y a aussi un élément facteur humain
qu'on ne peut pas le mesurer, le détailler,
mais toute l'intégration, la productivité de tout le monde, la... et ajouter du
personnel, ajouter des gens, alors, ça, pensez-vous qu'il va y avoir des coûts
ou ça va être à coût nul?
M. Perron
(Richard) : Bien, moi, je
vois plus ça en termes d'investissement — sans
faire de vilain jeu de mots, là — qu'en termes de coûts. On
vous le disait tout à l'heure, il y a une problématique, il y a un départ
massif à la retraite des baby-boomers qui
ont l'expertise et la compétence. On veut créer... tout le monde est d'accord
pour dire que c'est une bonne idée de créer une banque de développement
économique. Mais ça va prendre du monde, des êtres humains pour la faire fonctionner, et, ces gens-là, on veut qu'ils
soient compétents parce que leur rôle va être essentiel pour le développement économique du Québec. L'effet
multiplicateur de leur travail va être extrêmement important dans la croissance économique du Québec, de ses
entreprises, et, donc, ce n'est pas un coût que de donner des conditions
salariales et de travail pour attirer les meilleurs,
c'est un investissement. Les entreprises privées verraient ça comme ça. Donc,
il est évident que de mieux payer les gens
qui vont arriver là et qui vont être plus compétents, comme on l'a fait pour
l'Autorité des marchés financiers pour avoir des gens qui vont être vraiment
aguerris, qui vont éviter du gaspillage de fonds publics, bien moi, j'appelle
ça des investissements qui vont profiter aux contribuables québécois, et non
des coûts.
Le Président (M. Leclair) : Merci,
M. Perron. M. le député.
M. Hamad : ...temps, M. le
Président?
Le Président (M. Leclair) : Cinq
minutes.
M. Hamad : Cinq minutes? Parfait.
Donc, moi, si je prends, là, votre... D'abord, vous avez vu, au niveau
opérationnel, vous avez sorti les lacunes, les problèmes. Et, dans le fond, ce
que vous dites, là, à la fin, vous dites au gouvernement : Écoutez, là, on
a une convention collection, elle n'est pas signée malgré qu'Investissement
Québec, 20 000 entreprises servies, il
y a une performance… Malgré le climat de travail, les gens performent,
Investissement Québec donne des bons
services, on rend service à la population, les entreprises du Québec, parce que
c'est des gens honnêtes, ils prennent ça à coeur malgré que leur... il y
a toujours un nuage noir sur la convention collective.
Là, vous
dites : Laissez-nous régler ça, laissez-nous établir, puis digérer toute
la fusion, puis rendre les conditions viables
pour tout le monde, et aussi que le guichet unique, là, selon votre expérience,
vous le savez, c'est illusoire, et, donc, ça ne donne rien d'embarquer
dans une autre aventure, même si le gouvernement a une bonne volonté. Moi, je
suis convaincu aujourd'hui que la ministre,
elle a une très bonne volonté, je n'ai pas de doute sur la volonté de la
ministre. Mais, dans la vie, il y a la
volonté, mais il y a aussi la réalité devant nous, puis, des fois, il peut
arriver des barrières, des obstacles qui
peuvent aussi affaiblir notre volonté. Mais ce que je dis, c'est que ce que
vous dites au gouvernement, finalement : Laissez-nous faire ça au moins, là, pour qu'on ait la convention
collective, qu'on règle les conditions. Puis on sait que c'est un gros
problème qui s'en... on n'embarquera pas tout de suite dans le gros problème.
Puis l'autre
élément que j'ai aimé aussi, ce que vous avez dit : Faites donc votre
politique, là, avant, puis qu'on voie c'est quoi qu'on parle, puis,
après ça, on va faire des mesures en fonction de ça, puis on va l'ajuster.
Donc, en fait, vous êtes à un niveau comme
nous, puis l'autre… Je vais aller à l'autre page parce que vous avez des
questions qui sont exactement les
mêmes qu'on pose. En passant, à la page 14, vous dites — conclusions
et recommandations, deuxième ligne — vous
dites que vous êtes perplexes face à la création… Et un, deux, trois,
quatre, cinq, six lignes, là… «Qu'apporte au juste la création d'une
agence? Quels en sont les risques? Ce qui est attendu ne pourrait-il pas être
fait par les structures administratives existantes? Ces questions [...] ne sont
pas toujours posées…»
C'est exactement les questionnements que nous
aussi… Tu sais, on veut travailler le projet de loi, on veut travailler avec la ministre, le gouvernement, mais
on a des questions au préalable, exactement les mêmes questions que vous
avez. On n'a pas eu de réponses, mais je
pense qu'il faut répondre à ces questions-là, mettre ça clair, tout le monde,
ne pas avoir un discours avec le groupe, puis, un autre groupe, un discours
différent, dépend comment les gens veulent s'insérer.
J'ai appris ça, moi, avec cinq ministères qu'on a fait, qu'on fait des
mémoires, des lois, il y a des groupes qui veulent davantage que leur
rôle devienne important, ils veulent s'insérer dans la structure ou dans ça,
mais il faut être conséquent dans tout ça, puis dire les choses claires, puis
qu'on ait une vision claire. Alors, moi, je pense que nous partageons
exactement votre questionnement, puis, pour vous, ça, c'est important d'avoir
les réponses avant d'aller à l'autre étape, de créer la banque.
M. Perron
(Richard) : Oui, évidemment.
Et on pose les questions non pas pour embêter les promoteurs du projet de loi, mais dans un esprit constructif parce que
nous… comme vous aussi, députés de l'opposition, avez tout intérêt à ce
que la population québécoise, en bout de ligne, soit bien servie par ça et,
donc, de contribuer à trouver les réponses à ces
questions-là avec le gouvernement. Donc, si on pose les questions, c'est dans
le but d'aider le gouvernement à faire quelque chose qui, on le pense,
va se donner de meilleures chances de fonctionner. Et on espère que c'est dans
cet esprit-là que l'opposition aussi va aborder ces questions-là.
M. Hamad : Félicitations.
Le
Président (M. Leclair) :
Alors, merci beaucoup. Nous passons maintenant la parole au député de
Chauveau. Vous possédez 5 min 12 s, M. le député. Alors, la
parole est à vous.
M.
Deltell : Merci, M. le
Président. Messieurs, soyez les bienvenus dans votre Assemblée nationale. Je
tiens, moi aussi, à porter un jugement
très positif sur la qualité de notre fonction publique, de la haute fonction
publique, les gens que vous représentez. On sait que le syndicat
professionnel, c'est évidemment des gens qui ont un parcours riche, des gens
qui ont fait carrière et qui représentent très bien l'État, et nous en sommes
très fiers.
• (11 h 50) •
C'est bien
beau, les paroles, mais encore vaut mieux les résultats. Alors, je suis
toujours un peu surpris lorsque j'entends
des gens vanter la fonction publique, mais, quand les mercredis, jour de
Conseil des ministres, on voit, à la suite de ça, quelques nominations
qui sont faites, on trouve toujours ça étrange de voir que, quand vient le
temps de faire des nominations, on va
davantage chercher des amis de carrière plutôt que des fonctionnaires de
carrière. Alors, c'est bien beau, les
paroles, mais les actions portent davantage, et vous pouvez compter sur moi
pour dénoncer vigoureusement le fait qu'à chaque fois qu'il y a des
nominations, avant de penser à la fonction publique, on pense aux amis du
régime, et ça, c'est dommage.
Et, parlant
de la qualité de la fonction publique, ça va me faire plaisir, M. le Président,
de rappeler ce que j'ai déjà dit dans
mon comté et de vous raconter un événement qui est survenu dans mon comté. D'ailleurs,
remercier la ministre et son cabinet
pour ces efforts-là parce que j'ai une entreprise… Je n'ai pas beaucoup d'entreprises
manufacturières dans mon comté de
Chauveau. C'est essentiellement des gens qui y résident, et il n'y a pas
vraiment d'entreprises manufacturières. Mais j'en ai quelques-unes et, entre autres, des manufacturiers très
fragiles parce que c'est la fabrication de chaussures et fabrication de bottes. Et, d'ailleurs, j'ai acheté
mes bottes là-bas, et j'ai passé l'hiver avec les bottes fabriquées dans
mon comté. Eh bien, ces gens-là, Auclair et Martineau, avaient une aide du
gouvernement à tous les ans pour aller à une foire
commerciale à l'étranger, et c'est une aide d'environ 30 000 $,
40 000 $. Arrive le changement de gouvernement, c'est tout à fait légitime, arrive un changement
de structure, donc l'aide qui devait leur être accordée selon tel
ministère avait été changée puis était en attente. Et ça arrive, ça, c'est
normal. Et on avait pris contact avec le cabinet de la ministre, et les gens ont été très professionnels dans leur
travail, et je l'apprécie grandement. Ça me fait plaisir de rendre
hommage à la ministre qui a suivi et à son personnel.
Je l'avais fait publiquement, je tiens à le
refaire ici, en Chambre, mais aussi rappeler que, lorsque j'étais en négociation… enfin, en discussion avec les
entrepreneurs de mon comté, Auclair et Martineau, ils me disaient qu'ils
étaient emballés par le travail de Mme Arsenault — je ne nommerai pas son
prénom, mais enfin… — Mme
Arsenault qui était au ministère du
Développement économique et qui les accompagnait de façon sérieuse et
rigoureuse à chacune des étapes. Et j'ai eu, moi, à lui parler pour
savoir où est-ce qu'on en était dans ce dossier-là, et Mme Arsenault avait également
été très attentive à ça. Maintenant, évidemment, elle aussi, elle était un peu,
entre guillemets — je
le dis bien, entre guillemets — victime des changements administratifs qui s'en
venaient. Et je pense que, lorsque vient le temps de faire des changements
comme ça — vous
le disiez à juste titre tout à l'heure, au-delà des structures, c'est des êtres
humains qui les font fonctionner — on sent un certain flou quand vient le
temps de faire ces changements-là, et moi, j'aimerais
savoir, de votre côté, comment les gens que vous représentez vivent ces
situations-là. Et on est d'accord avec le fait que le parti est élu, a
un mandat, a eu un programme, promet une nouvelle structure, la banque, veut
rassembler les gens, ça fait partie de leur
programme, ça va, mais comment vous, les gens que vous représentez, comment
vous vivez ça? Comment vous vivez ces
changements-là? Et est-ce que vous pensez qu'on pourrait faire les choses
différemment lorsque des changements comme ça surviennent?
Le Président (M. Leclair) : Merci,
M. le député. Alors, M. Perron.
M. Perron
(Richard) : On n'en fait
jamais trop lorsqu'il est question de gestion du changement. On vous le
disait tout à l'heure, nommer les bonnes personnes qui auront une approche
dédiée à la qualité des services publics, qui sauront mettre leur opinion ou
intérêt personnel, ou vision, ou préjugés de côté pour s'assurer que les
changements qui sont nécessaires, des fois, puissent bien se passer et être
bien gérés. Et ça dépend toujours, toujours des qualités humaines de ceux qui dirigent. Un gestionnaire,
là, son rôle, ce n'est pas de produire l'expertise. Il change d'un
ministère à l'autre. Son rôle, c'est de
mettre ses employés, comme un coach de hockey avec ses joueurs, dans un
environnement qui va lui permettre de
performer à 110 % et, donc, qui aura le souci de leur satisfaction à
participer à une entreprise qui a de la vision. Et, donc, tout ce flou artistique ou cette tentation de nommer
des gens plus pour leur fidélité ou leur amitié, qui peut se passer tous partis confondus, là, doit être
mise de côté pour céder le pas à la nomination de gens qui sont intègres
et qui sont dévoués à ce que les choses fonctionnent.
Maintenant, il n'y a rien qui empêche que ces
personnes-là puissent aussi être également des amis et des gens qui sont
dévoués. Mme la ministre a travaillé à la FTQ — en tout cas, au Fonds de
solidarité de la FTQ pendant longtemps — il
est fort possible qu'elle ait pu rencontrer à Investissement Québec ou partout
ailleurs des gens avec qui elle s'est
liée d'amitié et qui aient ces qualités-là. L'un n'empêche pas l'autre, mais la
priorité, le premier souci devrait être vraiment les qualités humaines
des personnes que l'on nomme pour gérer ces changements-là, des changements
auxquels on doit faire face avec la création d'une telle structure.
Le
Président (M. Leclair) :
Alors, merci beaucoup, M. Perron. Alors, M. Riopel, M. Perron, M. Lajoie, M.
Girard, on vous remercie pour vos précieux commentaires.
Et la commission ajourne ses travaux au jeudi le
23 mai, à la salle des Premiers-Ministres, après les affaires courantes, afin
de poursuivre les auditions publiques sur le projet de loi n° 36.
(Fin de la séance à 11 h 56)